La chimie durable
Objectifs
Voir comment certaines évolutions des méthodes employées en chimie (matières
premières utilisées, réactions provoquées, catalyseurs, …) peuvent permettre la
synthèse de substances chimiques de manières plus économiques, propres et plus
respectueuses de l’environnement.
Le pétrole, en plus de son utilisation en tant que source d’énergie (voir 1ère S), est une
matière première omniprésente en chimie. En effet, la plupart des produits synthétisées par
la chimie industrielle se fait actuellement via cette ressource fossile. Nos civilisations actuelles
sont dépendantes du pétrole.
Mais, si le pétrole fut une ressource abondante et relativement peu chère, ce n’est plus le cas
de nos jours. Les ressources fossiles ne sont pas inépuisables, et leur consommation
actuelle est largement supérieure au temps requis pour que le pétrole se reforme
naturellement (plusieurs millions d’années …).
Il est alors proposé la notion de chimie durable, dont le concept est basé sur celui du
développement durable. Plus précisément, l’idée est d’utiliser des ressources naturelles
renouvelables. Les biocarburants sont un exemple typique de cette démarche :
Avantages :
• Ressources naturelles pouvant être produites en grandes quantités par l’agriculture.
• Production potentiellement moins polluante : à comparer à l’extraction pétrolière des sables
bitumineux hautement polluants, marées noires, etc.
• Produits issus de la chimie durable eux-mêmes moins polluants que les produits pétroliers,
contenant du soufre et autres polluants.
• Démarche à long terme, où il n’est plus à craindre la raréfaction du pétrole et des troubles
qui en découleraient : hausse des prix, conflits, etc.
• Même si un biocarburant rejette du , celui-ci avait été fixé par la plante lors de sa
croissance. La combustion des produits pétroliers rejette quant à elle du qui était piégé
dans le sous-sol, donc hors cycle du carbone : bilan carbone meilleur pour les biocarburants.
Inconvénients :
• Les biocarburants sont accusés d’être une source de concurrence par rapport à la
production alimentaire humaine, pouvant accentuer les difficultés des régions où l’accès à la
nourriture est difficile.
• Quid de la déforestation qui serait engendrée pour produire de nouvelles terres cultivables
?
• L’agriculture n’est pas sans conséquence pour l’environnement : pesticides, épuisement des
sols et des ressources, dont l’eau douce …
• Même si le bilan carbone est meilleur qu’avec le pétrole, il persiste des rejets de avec
les biocarburants.
Mis à part l’aspect énergétique, cette transition pétrole / agro-ressources est également
possible pour d’autres applications : matières plastiques, solvants, etc. Autrement dit, le
pétrole serait remplaçable.
Dans une réaction chimique, un ou des réactif(s) produisent un ou plusieurs produit(s). Très
souvent, seule une des espèces chimiques synthétisées est réellement utile industriellement.
En outre, certaines synthèses industrielles requièrent de nombreuses réactions se déroulant
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les unes après les autres. Habituellement, les espèces chimiques non utiles sont rarement
valorisées.
Un des enjeux de la chimie verte est alors de choisir les réactions de synthèse qui
minimisent le nombre de réactions et évitent les pertes au maximum. Pour quantifier
l’efficacité d’une synthèse par rapport à la limitation des pertes, on considère deux grandeurs
: l’économie d’atomes et le facteur E.
La valeur obtenue est un pourcentage. Dans ce calcul, chaque masse molaire est pondérée
par le coefficient stœchiométrique de l’élément chimique apparaissant dans le ou les
réaction(s).
Remarque : le facteur E ne rend pas compte que la dangerosité des sous-produits formés par
les réactions. D’autre part, il apporte autant d’information que l’UA, pas plus, pas moins.
Le choix de solvants s’inscrit également dans la démarche de la chimie verte. L’idée est d’une
part d’optimiser l’extraction de l’espèce chimique voulue et d’autre part de prendre en
compte des critères environnementaux : solvants non toxiques, non volatils …
D’autre part, l’utilisation de catalyseurs permet de provoquer les réactions chimiques voulues
dans des conditions de température et pression moins exigeantes que sans leur emploi.
L’avantage immédiat est l’économie d’énergie, puisqu’il n’est plus besoin de chauffer le
système ou de le porter à de hautes pressions.
Dans cet esprit, la chimie douce désigne des synthèses chimiques se déroulant dans des
conditions proches des conditions « normales » : température ambiante, pression
atmosphérique normale, pH neutre ... Cette notion s’oppose à celle de chimie dite « dure », où
des températures et pressions fortes sont atteintes (raffinage du pétrole …). D’ailleurs, en
travaillant dans des conditions moins agressives, on limite le risque d’accident industriel :
explosion d’une conduite sous pression …
Exemple : les diatomées sont des organismes unicellulaires. Certaines ont la particularité de
synthétiser une carapace de verre (frustule). Actuellement, en laboratoire, les chercheurs
savent reproduire les réactions utilisées par les diatomées, dans un procédé nommé « sol-gel
», afin de synthétiser divers types de verre.
Limitation des déchets : Via l’économie d’atomes, le choix des solvants, l’optimisation du
processus opératoire, on cherche à minimiser la production de déchets et leur toxicité.
Diminuer l’impact environnemental est une finalité de cette démarche. D’autre part, en
élaborant un produit de consommation avec des matériaux biodégradables, l’impact des
déchets engendrés se trouve alors réduit.
Recyclage : Pour certains produits en fin de vie, le recyclage consiste à récupérer les
matériaux qui les constituent pour pouvoir les exploiter de nouveaux. Il y a plusieurs
avantages à cela :
• Face à l’épuisement des ressources naturelles, le prix de certaines matières premières
tendra forcément à augmenter. Cela concerne tout particulièrement les métaux. D’ailleurs, ces
derniers sont pleinement recyclables, par leur refonte.
• Diminuer les coûts de fabrication. Par exemple, recycler un déchet métallique évite de
devoir extraire les métaux à partir de minerais.
• Economie d’énergie. Pour le verre, l’économie de matière première (sable) n’est pas
l’argument majoritaire. Par contre, sa fabrication demande de hautes températures (1500
°C). Pour recycler le verre, les températures atteintes sont plus basses.
Cependant, une difficulté est d’ordre économique : une méthode de recyclage peu rentable
financièrement sera forcément de portée limitée dans la vie de tous les jours.
Valorisation des déchets : Certains déchets ne peuvent pas être recyclés. Dans ce cas, il
convient de trouver des solutions afin d’éviter qu’ils soient rejetés dans la Nature. L'une
d’entre elle est de les valoriser, c'est-à-dire de leur trouver une utilité afin de rendre
rentable leur traitement. La valorisation énergétique des déchets via leur combustion est
possible pour certains d’entre eux : déchets alimentaires, etc.
Un exemple important est la valorisation du dioxyde de carbone. Ce gaz est rejeté lors de
toute combustion, mis à part celle du dihydrogène. Son rôle dans le phénomène de
réchauffement climatique a été mis en avant, car c’est un gaz à effet de serre. L’idée est alors
à la fois de limiter son rejet dans l’atmosphère terrestre et de rendre sa valorisation
économiquement viable.
• Certaines pistes envisagent de le liquéfier est de le stocker dans les fonds marins où dans
les gisements pétrolifères épuisés. La pression régnant dans ces deux sites permettrait de le
conserver à l’état liquide. Toutefois, la nocivité éventuelle de cette solution (fuite à l’air libre,
impact sur l’écosystème) est encore mal connue.
• Exploitation du dioxyde de carbone en tant que fluide réfrigérant, propulseur (bombe
aérosol), solvant.
• Notion de réacteur biologique utilisant la photosynthèse, et le dioxyde de carbone comme
matière première. Les algues marines présentent un rendement intéressant pour ce type
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d’application, pouvant alors produire des biocarburants.
Une difficulté pour valoriser le dioxyde de carbone est de pouvoir le capter dès sa production.
Si cela est possible au niveau d’installations industrielles, cela semble nettement plus délicat
pour les voitures !
L'essentiel
La chimie durable concerne certaines étapes importantes des processus de chimie
industrielle. Il s’agit d’une modification des pratiques usitées en chimie selon plusieurs
points :
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