Bulletin Monumental

Christian Norberg-Schulz, Architecture baroque et classique

Bertrand Jestaz

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Jestaz Bertrand. Christian Norberg-Schulz, Architecture baroque et classique. In: Bulletin Monumental, tome 138, n°4, année
1980. p. 450;

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 BIBLIOGRAPHIE
Christian Norberg-Schulz, Architecture baroque et
classique, Paris, Berger-Levrault, 1979, in-4°, 392 p. -f- index,
395 ill. en noir.
Dans le cadre d'une Histoire mondiale de l'architecture
dont on connaît déjà une Architecture gothique de L. Grodecki
et une Architecture de la Renaissance de P. Murray (cf.
Bulletin monumental, 1974, p. 249-250), voici maintenant
un volume sur le xvne siècle. Dans son introduction, P. L.
Nervi, qui dirige la collection, reproche aux historiens d'avoir
accordé trop d'attention au seul « aspect visuel » des
monuments, leur rappelle que « chaque ouvrage architectural
est par définition une construction » et les invite à se
préoccuper aussi des nécessités de programme et de technique
qui, autant que les choix stylistiques, ont pu déterminer
leurs formes. C'est là un point de vue auquel on ne peut que
souscrire. Curieusement, cependant, le texte qui suit est
une analyse esthétique fondée sur de pures sensations
visuelles sans aucun égard pour ces basses considérations
matérielles. Son titre est également trompeur, car on n'y
trouve en fait ni analyse ni exposé de l'architecture que
nous appelons classique dans le sens où l'entendait Wolfïlin ;
toute l'architecture du siècle est présentée comme baroque
en fonction de certains critères qui ont été posés en préalable
et qui sont non pas des données stylistiques, mais des
concepts abstraits : l'ouverture, le dynamisme, la persuasion,
l'imagination, la participation, l'intégration et l'extension
spatiales. Une fois posés ces critères, le propos de l'auteur
n'est point d'analyser objectivement les œuvres, mais de
montrer qu'elles se conforment toutes à ces concepts : on
croirait que les artistes les avaient tous à l'esprit et ne
pensaient qu'à les appliquer pour pouvoir être considérés comme
baroques par la postérité ; ce nouveau lit de Procuste a
heureusement des contours assez: vagues pour qu'il soit,
possible d'y faire entrer à la fois Borromini, Guarini, J. Har-
douin-Mansart et Le Nostre. L'inconvénient de ce système
de contrainte n'est pas seulement de fausser les réalités au
point de les rendre méconnaissables, c'est aussi de présenter
sous le nom d'histoire une interprétation idéologique. Mais
le plus grave me paraît encore de croire et de faire croire
que les monuments — ou plus généralement les œuvres d'art
— sont déterminés par des idées et voués à les exprimer,
alors qu'il faudrait sans cesse rappeler, contre une tradition
romantique invétérée, que l'œuvre d'art n'est ni une thèse
ni une confession, qu'elle est création d'harmonie, qu'elle
n'exprime rien et n'a rien à exprimer.
Le plan de l'ouvrage prête également à discussion. La
place essentielle est accordée aux maîtres italiens et nul ne
saurait s'en étonner. Mais à côté de l'Italie, la France reçoit
un traitement privilégié — car en matière d'urbanisme, par
exemple, le système français est baroque « dans la mesure
où on y trouve aussi une forte aspiration à l'intégration,
à la continuité et à l'ouverture » — , de sorte qu'elle devient
le seul autre pays digne d'étude : les autres n'apparaissent
que dans un dernier chapitre sur la « diffusion de
l'architecture baroque » et comme furtivement, l'Espagne traitée
en une page, la Grande-Bretagne en deux pages et demie,
1' « Allemagne » (entendez l'Empire) en deux pages. Si l'on
descend au détail, il y aurait aussi beaucoup à reprendre.
Je ne me lancerai pas dans une réflexion idéologique pour
examiner si vraiment la place Saint-Pierre est «
simultanément ouverte et fermée », mais je vois nombre
d'affirmations qui mériteraient d'être discutées ou corrigées : ainsi
que la place centrée sur une statue serait née en France,
mais que l'idée de place royale serait dérivée de la place du
Capitole ; que les fortifications de Paris auraient été
remplacées par des boulevards sous le règne de Louis XIII ;
que Versailles ait été « réservé au seul Louis XIV » ; que le
dôme des Invalides ait été ajouté par J. Hardouin-Mansart
à une « chapelle » élevée par Bruant (alors que sa structure
d'église à coupole dotée d'un chœur rectangulaire la rattache
justement à un type italien comme celui de la Salute) ; que
Lepautre soit mort en 1691, etc. D'une manière générale,
les informations sur la France semblent insuffisantes, la
bibliographie périmée ou non assimilée. A ce propos, une
coquille plaisante mérite d'être rectifiée : Siebenhühner
n'est pas l'auteur de Das Kapital, mais d'une histoire du
Capitole.
L'auteur pourtant ne manque ni d'ingéniosité, ni de
sensibilité à l'architecture, et l'on salue au passage quelques
analyses heureuses, ainsi à propos de Borromini ou même
de J. Hardouin-Mansart. Mais il a rarement le bonheur
d'expression qui permette au lecteur de partager son
interprétation. La traduction a dû être difficile et eût mérité
d'être signée. J'y relève pourtant une faute grossière qui
rend maint passage incompréhensible au lecteur non averti :
l'emploi du mot presbytère (p. 115, 129, 161, 223) pour
désigner le chœur, par translittération de l'italien presbiterio.
L'illustration est très abondante, avec nombre de plans et
de vues axonométriques, et les vues sont souvent belles,
mais un agrandissement excessif leur fait parfois perdre
de la netteté.
Bertrand Jestaz.
Léon De wez, dir. et collab., Œuvres maîtresses du Musée
d'art religieux et d'art mosan, Catalogue de l'exposition,
Liège, 1980, in-8°, 116 p., ill.
Le Musée diocésain fondé il y a un siècle par la Société
d'art et d'histoire du diocèse de Liège s'appelle, désormais,
à la suite d'un accord intervenu avec la ville, Musée d'art
religieux et d'art mosan, et ses collections seront présentées