INADMISSIBLE !
Ils mettent
des additifs
dans nos yaourts
Ces aliments
qui nous
empoisonnent
Pesticides,
additifs,
sucres cachés...
Comment
les repérer
témoigner
s’informer
échanger des
es aviss
alerter
site 100 % indépendant
accessible sur PC, tablettes et smartphones
Magazine édité par l’Institut national
de la consommation (Établissement
public à caractère industriel et commercial) éditorial
/« 60»
18, rue Tiphaine, 75732 Paris Cedex 15
Tél. : 01 45 66 20 20
NO
www.inc-conso.fr
CA
TOUR DE PASSE-PASSE
IS
Directrice de la publication
CH
J.
Agnès-Christine Tomas-Lacoste
Rédactrice en chef
Sylvie Metzelard Quel est l’ingrédient principal d’une boîte de Nesquik,
Rédactrice en chef déléguée (hors-série)
Adeline Trégouët « la boisson cacaotée la plus vendue au monde » (dixit
Rédacteurs en chef adjoints Nestlé). Du cacao ? Si vous examinez la composition,
Benjamin Douriez (mensuel)
Christelle Pangrazzi (hors-série) vous verrez que le premier ingrédient est le sucre, la part
Directrice artistique
Véronique Touraille-Sfeir de cacao ne représentant qu’un maigre 21 %. Mais alors,
Secrétaire générale de la rédaction
Martine Fédor quelle est la quantité de sucre ? Reportons-nous aux
Rédaction
Sabine Casalonga, Hélène Colau,
informations nutritionnelles apposées par la marque sur
Cécile Coumeau, Gwénaëlle Deboutte,
Valérie Devillaine, Emmanuelle Figueiras,
l’emballage. Dans la colonne “sucres”, on peut lire : « 9,5 g
Gilles Godard, Gwen Hamp,
Pascal Nguyên, Christelle Pangrazzi,
pour 100 ml. » Et, à côté : « Pour 1 bol de Nesquik + 200 ml
Adeline Trégouët, Julia Zimmerlich
de lait ½ écrémé : 20 g de sucres. » Faites le test autour de
Collaboration technique
Farid Bensaid, ingénieur vous. Si vous demandez quel est le pourcentage de sucre
Secrétariat de rédaction
Bertrand Loiseaux, Jocelyne Vandellos du produit, on vous répondra 9,5 %. Erreur : en réalité,
(premiers secrétaires de rédaction)
Jean-Emmanuel Dèbes, Gilles Godard Nesquik contient 76 % de sucres ! Petit tour de passe-passe
Maquette
Valérie Lefeuvre de Nestlé, par ailleurs fervent opposant au système Nutri-
(première rédactrice graphique)
Guillaume Steudler Score (voir page 10). Car si les clients se rendaient compte
Responsable photo qu’ils achètent surtout du sucre, à 3 fois son prix qui plus
Michèle Héline
Photos de couverture est, nul doute qu’ils prendraient la poudre… d’escampette.
iStock ; Fotolia ; J. Chiscano/«60» ; DR
Site Internet Ce genre d’entourloupes, nous en dénonçons
www.60millions-mag.com
Fabienne Loiseau (coordinatrice) quotidiennement à «60». Bien sûr, cela ne plaît pas
Matthieu Crocq (éditeur Web)
Brigitte Glass (relations avec les internautes) aux géants de l’agroalimentaire, prompts à nous accuser
redactionweb@inc60.fr
Diffusion
d’en faire trop. Mais les statistiques sont têtues,
William Tétrel (responsable)
Gilles Tailliandier (adjoint)
et nous aussi. Les aliments ultratransformés (pauvres
Chloé Leroi (assistante)
en nutriments, riches en sucres, graisses et additifs)
Relations presse
Anne-Juliette Reissier-Algrain participent désormais pour 25 à 50 % des apports
Tél. : 01 45 66 20 35
Contact dépositaires, diffuseurs et caloriques dans les pays développés. Même si
réassorts : Promévente. Tél. : 01 42 36 80 84
Service abonnements les maladies sont multifactorielles – pollution, stress, tabac
60 Millions de consommateurs
4, rue de Mouchy, 60438 Noailles Cedex. sont également à l’œuvre –, la mauvaise qualité
Tél. : 01 55 56 70 40
Tarif des abonnements annuels
nutritionnelle de nombreux produits industriels ne doit pas
11 numéros mensuels + Spécial impôts : être sous-estimée. Nous n’entendons pas rester silencieux
46 € ; étranger : 59,50 € ;
11 numéros mensuels + Spécial impôts face aux dérives des tartuffes du “manger sain”, les mêmes
+ 7 hors-séries : 78 € ; étranger 103 €
Dépôt légal : avril 2018 qui saupoudrent nos yaourts d’additifs en contournant
Commission paritaire : N° 0922 K 89330
Photogravure : Key Graphic
la réglementation. Nous sommes les yeux, la loupe
Impression : RFI et le décodeur des consommateurs. Et nous assumons
Distribution : Presstalis
ISSN : 1270-5225 de frapper les esprits pour que l’information passe !
Imprimé sur papier : Galerie Lite Bulk 54 g
Origine du papier : Kirkniemi, Finlande
Taux de fibres recyclées : 0 % recyclées ADELINE TRÉGOUËT
Certification : PEFC. Eutrophisation : 0,00 kg/t
© Il est interdit de reproduire intégralement
RÉDACTRICE EN CHEF DÉLÉGUÉE
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revue sans l’autorisation de l’INC.
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À PROSCRIRE p. 57
E122
E124 • Azorubine,
gé S RISQUES
ASSOCIÉ
E129 • Ponceau
ou carmoisin S:
E131 • 4R, e
Rouge allur ou rouge cochenill
• Allergisant
E150c • Bleu pate
a AC e A • Cancérogène
• nté
• Diabétogène
Nous avons examiné à la loupe les aliments que nous
E150d Caramel amm V
E170 • Caramel au oniacal • Perturbate
• sulfite d’am ur endo
E171
E172 •• Carbonat
e de
Dioxyde de calcium
monium
• Inflammatoire c
consommons au quotidien. Beaucoup contiennent Leur nombre a explosé E173
E211
•
•
• Oxyde et
titane
diox
Aluminium yde de fer
• Perturbe le micr
• Troubles neurologobi
E218
• Benzoate • etTroudebles du compoiq
encore trop de sel, trop de sucre ou trop de gras.
de
E220 4-hydroxybensodium
depuis 20 ans, ce qui n’a fait E221
E222
•
• Anhydrid
Sulfite de
zoate de
e sulfureux méthyle • des
l’attention
Additif pouv
ant
nanoparti con
che
E223 • sodi
Sulfite acid um • lesMaupers
cules
• e
Disulfite de de sodium, ou hydr
x de tête,
roug
E228 • calc
Sulfite acid ium
• e
Sulfite acid de calcium, ou hydr
des consommateurs. E249
pesticides bactéries
toxines
XIQUES
DUSTRIE LES ENNEMIS
nitrites
DANS LA CUISINE
Peu de matières nobles, mais beaucoup d’artifices…
salmonelles Listérias, salmonelles, staphylocoques… Invisibles et pourtant
bien connus, ils sont nombreux, ces virus et bactéries
Les aliments ultratransformés occupent une bonne place dans qui guettent le moment où s’installer dans une aile de poulet,
les rayons des supermarchés. Très utilisés par les industriels, un œuf ou un hamburger. La cuisine est un terrain de jeux
certains additifs, parmi les 390 autorisés dans l’Union de choix. Le mieux est encore de leur barrer l’entrée
européenne, ne sont pourtant pas sans conséquences des lieux. Après avoir dressé l’inventaire de ces indésirables,
sur la santé. D’autant qu’ils peuvent aussi se retrouver sous «60» vous dévoile toutes les parades pour éviter
la forme nano. Et qu’en est-il de leur combinaison les intoxications alimentaires.
et des effets cocktails ? Sans compter la problématique
virus
des pesticides. Manger bio peut-il nous protéger ?
Malgré les jolis discours des grandes marques On sait depuis longtemps qu’une alimentation trop
et la signature de chartes de “bonnes pratiques”, “riche” favorise les maladies cardio-vasculaires,
nous n’en avons pas fini avec la malbouffe. le diabète ou l’hypertension. Mais d’autres indices
Pire, les déséquilibres s’aggravent. D’après mettent en cause les produits industriels.
l’Étude nationale individuelle des consommations
alimentaires (Inca 2) exploitée en 2017, plus de LES EXCÈS DE L’ALIMENTATION
4 Français sur 10 dépassent le seuil maximal INDUSTRIELLE MIS EN CAUSE
de consommation de sucre fixé par l’Organisa- En 2015, le Centre international de recherche sur
tion mondiale de la santé (OMS). En 2006, ils le cancer (CIRC) a épinglé les viandes transfor-
n’étaient que 26 % à franchir la ligne jaune. Les mées et les charcuteries comme cancérogènes
Français absorbent en moyenne 8 g de sel par probables. Dans une étude internationale publiée
jour, soit 60 % de plus que la recommandation début 2018 dans le British Medical Journal, un
de l’OMS. Aujourd’hui, 17 % des enfants et la lien sérieux a été fait entre nourriture ultratrans-
moitié des adultes sont en surpoids. Parmi formée (pauvre en nutriments et riche en sel,
ces derniers, 1 personne sur 6 souffre d’obésité. sucres, graisses et additifs) et risque de cancer.
Les assiettes réelles des Français ont été analy-
sées à grande échelle, grâce aux données four-
nies quotidiennement par 105 000 volontaires
au programme NutriNet, initié en 2009 par le
Pr Serge Hercberg.
8 TOMATES
Par exemple, une petite barquette de ca-
rottes râpées peut contenir dans sa vi-
naigrette un demi-morceau de sucre.
De la même façon, le sel s’invite
dans des denrées sucrées, comme ET 22 SUCRES
les biscuits ou les céréales du petit Tomato ketchup Heinz
déjeuner (Corn Flakes Kellogg’s).
• 23 % de sucre
DES ALLÉGATIONS
EN TROMPE L’ŒIL • Peu de fibres
Pour couronner le tout, nombre d’ingré-
dients qui fâchent sont dissimulés derrière pas moins de 12 ad-
des allégations alléchantes. « La saveur ditifs ont été incorpo-
légumes et sauce soja s’inspire d’une tech- rés, dont 4 figurent
nique culinaire japonaise, le kinpira. C’est dans notre liste des
une préparation de légumes d’automne 50 additifs à proscrire
croquants sautés et mijotés dans une (voir page 56). Pire :
sauce soja », peut-on lire sur le pot de nouilles la plupart des grandes
instantanées Tanoshi. Un exemple parfait de marques n’hésitent pas à user d’allégations
storytelling (récit marketing). Dans ce produit – santé ou de visuels en trompe l’œil pour faire
qui, soit dit en passant, n’a rien de japonais –, il croire à un produit sain, alors qu’il ne l’est pas.
n’y a que 0,4 % de légumes déshydratés. Pour On ne compte plus les aliments ciblant les
leur donner un semblant de saveur et de texture, enfants et les ados qui comportent des mentions
DES ADDITIFS AJOUTÉS CARREFOUR YAOURT AUX FRUITS RECETTE CRÉMEUSE 9 ADDITIFS !
DANS NOS YAOURTS ! E120 carmin de cochenille, E160c extrait de paprika, E163 anthocyanes,
E407 carraghénanes, E412 gomme de guar, E440i pectine, E1403 amidons
n C’est une spécificité modifiés (tapioca, maïs, pomme de terre).
française : notre réglemen- TAILLEFINE YAOURT FRAISE 7 ADDITIFS !
tation prohibe l’ajout
E270 acide lactique, E330 acide citrique, E331 citrates de sodium,
d’additifs dans les yaourts. Pourtant, E407 carraghénanes, E950 acésulfame K, E955 sucralose, E1422 amidon modifié.
les grandes marques en incorporent VELOUTÉ FRUITS FRAISE, FRAMBOISE, PÊCHE, ABRICOT 3 ADDITIFS !
en quantité dans leurs yaourts
E330 acide citrique, E331 citrates de sodium, E1422 adipate de diamidon acétylé.
aux fruits, comme le montrent
les exemples ci-contre. Comment MAMIE NOVA GOURMAND YAOURT AUX FRUITS 7 ADDITIFS !
E120 carmin de cochenille, E160c extrait de paprika, E161b lutéine,
ISTOCK ; J. CHISCANO/«60»
est-ce possible ?
E407 carraghénanes, E415 gomme xanthane, E440i pectine, E1403 amidon modifié.
n Les industriels prétendent ne pas
ajouter d’additifs au yaourt lui-même, PANIER DE YOPLAIT NATURE SUR FRUITS 12 ADDITIFS !
mais au mélange de fruits qu’il E100 curcumine, E160c extrait de paprika, E161b lutéine, E163 anthocyanes,
E202 sorbate de potassium, E330 acide citrique (acidifiant et correcteur d’acidité),
contient (voir page 59). Un subterfuge E331 citrates de sodium, E407 carraghénanes, E415 gomme xanthane,
qui ternit un produit supposé sain. E440i pectine, E1403 amidon modifié.
SOUPE !
d’achat des consommateurs jouent
ISTOCK ; J. CHISCANO/«60»
AU LEVER
Comme avec l’étiquette énergie,
les aliments les plus sains portent
la lettre A (verte), et les moins
Super Poulain équilibrés, la lettre E (rouge).
• Les produits avec un score A
• 86 % de sucre ou B, les plus favorables en termes
de nutrition, peuvent être
• 14 % de cacao consommés régulièrement.
• Les produits portant les lettres C
et D sont à consommer en quantité
modérée et moins fréquemment.
J. CHISCANO/«60»
DÉSÉQ
sel
DANS
Nous avons examiné à la loupe les produits que nous
consommons au quotidien. Beaucoup contiennent encore
trop de sel, trop de sucre ou trop de gras. Souvent cachés,
ces ingrédients nuisent pourtant à notre santé. D’autant que
les “portions” affichées par les fabricants ne sont pas toujours
réalistes. Reste que succomber à la mode du “sans”
(gluten, produits laitiers ou viande) n’est pas une solution.
Au contraire. Ces régimes “tendance” peuvent engendrer
des carences. Plus que jamais, la vigilance s’impose !
12
12
60 Millions de consommateurs.
60 Millions Hors-Série
de consommateurs. N°118SN°125S
Hors-Série - janvier/février 2016
- mai/juin 2018
sucres
UILIBRE
L’ASSIETTE
ISTOCK
60
60 Millions
Millions de
de consommateurs.
consommateurs. Hors-Série
Hors-Série N°118S
N°125S -- janvier/février
mai/juin 2018 2016 13
13 z
SUCRE
L’ennemi public
Les preuves des dégâts du sucre sur la santé s’accumulent. Consommé en excès, car
souvent caché dans de nombreux produits industriels, il se révèle aussi dangereux
que les graisses. La chasse au sucre est ouverte, mais elle se révèle délicate.
Les Français consomment 35 kg de sucre par an, Une canette de 33 cl de Coca-Cola, avec
contre 20 kg en moyenne dans le reste du monde. ses 35 g de sucre, dépasse largement
Et pas moins de 4 Français sur 10 mangent trop ce niveau. 6 cuillerées à café de sucre par
de sucres dits “libres”. L’Organisation mondiale jour, cela correspond à la dose que notre
de la santé (OMS) recommande depuis 2015 organisme peut métaboliser sans danger.
que ces sucres ajoutés par le fabricant ou par le
consommateur ainsi que ceux présents naturel- LE NOMBRE D’OBÈSES
lement dans le miel, les jus de fruits et les sirops POURRAIT FONDRE
ne représentent pas plus de 10 % des apports Au-delà, le glucose se transforme en gras. La
énergétiques totaux (soit 50 g par jour). Or, d’après responsabilité du sucre dans l’obésité et le
l’enquête Inca 2, exploitée en 2017, 41 % des surpoids est aujourd’hui démontrée. D’après
Français dépassent ce seuil. En 2006, ils n’étaient une étude publiée dans The Lancet en 2016, si
que 26 % à franchir la ligne jaune. L’OMS conseille les industriels diminuaient de 40 % la quantité
même de réduire les apports en sucres ajoutés à de sucres ajoutés dans les sodas, et ce pendant
25 g par jour, c’est-à-dire 6 cuillerées à café. 5 ans, la Grande-Bretagne compterait 1 million
Trop,
c’est trop !
UN CONCENTRÉ DE SUCRES
Tomato ketchup Heinz
Au milieu de l’étiquette au design “American way of life” trône une tomate.
Pourtant, le fruit rouge est loin d’être le seul ingrédient de cette préparation. Nous avons calculé
qu’un flacon de tomato ketchup de 700 g (photo ci-contre) nécessite 8 tomates et… 22 morceaux
de sucre. Les proportions sont à peu près les mêmes pour l’ensemble des ketchups
commercialisés. En fin de compte, une pression de sauce (20 g) contient autant de sucre que
2 Petit-Beurre de la marque Lu… Il s’agit d’un véritable problème, d’autant
VALEUR EN
V
que nous avons l’habitude de consommer le ketchup avec des aliments SUCRE
Pour 100 g 22
P
gras et souvent, eux aussi, sucrés, tels les frites et les hamburgers. ,8 g
Pour 20 g
P
Enfin, rappelons que cet apport en sucre stimule et entretient 4,6 g
consommateurs d’avoir accès à des produits produits laitiers ou barres de céréales contiennent
moins sucrés. Le syndicat professionnel Boissons déjà de l’inuline. « Mais cela a tout de même
rafraîchissantes de France (BFR) annonce un demandé 3 ans de recherche », souligne Christian
taux de réduction des sucres ajoutés de 14 % Salles. Le projet est maintenant clos. La balle est
en 10 ans. Il y a 1 an, Nestlé s’est engagé à sup- dans le camp des industriels. n
Depuis une dizaine d’années, des études sèment • Le sucralose (E955) aurait plus la cote auprès des
le doute sur l’innocuité des édulcorants de synthèse. industriels aujourd’hui. Cet édulcorant a notamment
Les consommateurs se sont alors laissé séduire par fait son apparition dans le Pepsi Cola en 2015. Le
de nouveaux édulcorants naturels, comme la stévia et sucralose pourrait augmenter le risque de maladies
le sirop d’agave. Les études manquent pour affirmer inflammatoires de l’intestin, mais rien n’est confirmé.
que les édulcorants naturels peuvent être consommés • Le cyclamate (E952) est très utilisé, notamment
sans modération. Naturels ou synthétiques, dans les boissons light et dans les sucreries. Sa DJA
ils entretiennent notre appétence pour le sucre. est limitée à 11 mg/kg de poids corporel. Des études
Des recherches sont encore nécessaires pour mesurer chez l’animal ont mis en évidence un surrisque
l’impact des édulcorants sur la santé, notamment de cancer des testicules. Sa commercialisation a été
l’effet combiné de plusieurs édulcorants. interdite au Japon et aux États-Unis.
• L’advantame (E969) se distingue par son pouvoir
LES ÉDULCORANTS INTENSES sucrant 30 000 fois supérieur à celui du saccharose.
• L’aspartame (E951) a longtemps été le principal Autorisé en 2013 par l’Efsa, cet édulcorant contient
édulcorant de synthèse. Mais il a été accusé de du palladium et du platine. La DJA est relativement
favoriser le cancer et les accouchements prématurés. basse (5 mg/kg de poids corporel).
Réévalué par l’Autorité européenne de sécurité des
aliments (Efsa), il a été jugé, en 2013, sans danger à LES ÉDULCORANTS NATURELS
condition de respecter la dose journalière admissible • Les glycosides de stéviol sont issus d’une plante,
(DJA) de 40 mg par kilogramme de poids corporel. la stévia, venue du Paraguay. Ses feuilles séchées
et broyées donnent une poudre verte avec un arrière-
goût de réglisse. Une version raffinée plus neutre a
été mise au point par les industriels. En 2014,
la DGCCRF estimait que « ces deux produits sont
bien différents. L’origine végétale de la molécule puri-
fiée est mise en avant comme plus “naturelle” que
les édulcorants de synthèse. Or, les glycosides
de stéviol sont purifiés à plus de 95 %, ce qui en fait
un produit aussi éloigné de la plante d’origine que
le saccharose l’est de la betterave. »
• Le sirop d’agave provient aussi d’une plante
exotique, cultivée au Mexique. Pour la transformer
en sirop, la plante est chauffée pendant de longues
heures. Ce processus peut faire grimper son index
glycémique autour de 90, ce qui le rend quasi
identique à celui du traditionnel sucre blanc.
Très concentré en fructose, le sirop d’agave pourrait
avoir les mêmes travers que ce dernier.
z
60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°125S - mai/juin 2018 21
SEL
Un faux ami
Bien qu’essentiel, le sel augmente le risque d’hypertension, de maladies et de décès
lorsqu’il est consommé en excès. Or, les Français en mangent encore trop, souvent
à leur insu, puisque 80 % du sel qu’ils avalent proviennent des aliments transformés.
« Le sel est indispensable à la vie, affirme le Chez une personne en bonne santé, les reins
Pr Jacques Blacher, cardiologue et spécialiste éliminent le sel absorbé en excès. Toutefois,
de l’hypertension à l’Hôtel-Dieu de Paris. Sans un excès chronique de sel augmente les risques
lui, nous risquerions de mourir de déshydra- d’hypertension artérielle, de maladies cardio-
tation ! » De fait, le sel (chlorure de sodium) vasculaires ou rénales, mais aussi de cancer
joue un rôle essentiel dans la régulation de la de l’estomac, et il peut favoriser l’ostéoporose.
teneur en eau de notre corps, ainsi que dans la
production des influx nerveux et la contraction LA MOITIÉ DES FRANÇAIS
musculaire. « L’apport minimal pour vivre est CONSOMME TROP DE SEL
d’environ 2 grammes par jour (2 g/j) », précise « Le sel provoque une hausse de la tension
Jacques Blacher. Cette quantité est fournie artérielle, ce qui accroît le risque d’hyperten-
par les aliments non transformés (comme les sion. Or, l’hypertension est un facteur de risque
légumes, le lait ou les œufs), qui contiennent de maladies cardio-vasculaires, en particulier
tous naturellement un peu de sel. d’hypertrophie ventriculaire gauche, d’infarc-
Trop,
c’est trop !
23 z
Pr François Delahaye. Plusieurs travaux ré- seraient majorés par un déficit en potassium,
cents, dont une étude réalisée auprès de qui contribuerait à l’hypertension artérielle.
plus 130 000 personnes publiée en 2016 dans Selon l’Organisation mondiale de la santé, le
la revue médicale britannique The Lancet, rapport entre les apports en sodium et en potas-
suggèrent qu’une faible consommation de sium doit être proche de 1. Or, de nombreux
sel (moins de 7,5 g/j) peut être paradoxale- Français absorbent à la fois trop de sel et trop
ment associée à un risque de maladies cardio- peu de potassium.
vasculaires chez les personnes sans hyper-
tension. « Des études isolées ne remettent pas LE PAIN, UN GRAND POURVOYEUR
en cause un consensus établi depuis 50 ans QUI SE FAIT DISCRET
par des dizaines d’expertises collectives sur Certes, la situation est moins dramatique qu’il
le risque de l’excès de sel chronique pour la y a 20 ans. Entre 1999 et 2007, les Français ont
population », déclare Pierre Meneton, cher- diminué leur consommation de sel moyenne de
cheur à l’Institut national de la santé et de la re- 5 % et la part des forts consommateurs (plus
cherche médicale (Inserm) et fer de 12 g/j) a baissé de 20 à 30 %. Reflet de ces
de lance de l’alerte sur le sel. changements de comportements, entre 2000
Il faut néanmoins rappeler que et 2015, les ventes totales en France de sel,
le sel n’est qu’ un des facteurs destiné à la fois aux particuliers, aux industriels
de risques d’hypertension et et aux restaurateurs, ont diminué de 16,8 %.
de maladies cardio-vasculaires Et pourtant, la part du sel dans nos assiettes
parmi d’autres, à côté du tabac, semble n’avoir que très peu baissé depuis 2007.
notamment. Par ailleurs, les effets La consommation excessive de sel est la
délétères de l’excès de sel plupart du temps involontaire et inconsciente.
Pointé du doigt depuis plusieurs années, le les résultats sont décevants pour les autres
secteur agroalimentaire a signé 37 chartes produits de charcuterie, les pains industriels
d’engagement volontaire pour un progrès nutri- et les gâteaux.
tionnel entre 2008 et 2016, dont 27 prévoyaient À titre d’exemple, les petits-beurre ont vu
une réduction du sel. Le bilan réalisé par l’Oqali, leur taux en sel croître de 83 % entre 2008
section nutritionnelle de l’Observatoire de et 2011. Chez Lu, le Véritable Petit Beurre
Les graisses ont souvent été accusées de graisses, on pensait perdre du poids en réduisant
favoriser la prise de poids et les maladies cardio- les apports… en gras. » D’où l’apparition des
vasculaires. « Jusqu’à récemment, le principe du régimes amincissants pauvres en lipides et des
“je suis ce que je mange” prévalait », se souvient produits allégés de l’agroalimentaire.
le Pr Philippe Legrand, spécialiste en nutrition Mais les recherches scientifiques ont montré
humaine à Agrocampus-Ouest-Institut national que le mécanisme du stockage des graisses
de recherche agronomique (Inra). « Comme le est plus complexe qu’il n’y paraît. Da-
tissu adipeux est essentiellement constitué de vantage que les lipides, c’est surtout la
consommation excessive de glucides
(céréales, féculents et sucres), couplée
au manque d’exercice, qui fait grossir.
Les conclusions des chercheurs vont
aujourd’hui toutes dans le même sens :
dans le cadre d’un régime équilibré,
les graisses doivent être réhabi-
litées. Ainsi, l’étude canadienne
Pure (pour Prospective Urban Rural
Epidemiological ), menée sur plus
de 135 000 personnes dans 18 pays,
a montré récemment qu’un ré-
gime riche en graisses n’était
pas associé à un risque
accru de morta-
lité ou de maladies coronariennes. Mais pas toutes les matières grasses, ils favorisent la
question pour autant de dévorer un paquet de prise de poids lorsqu’ils sont consommés en
chips en ayant bonne conscience ! L’excès de trop grande quantité.
graisses est toujours présenté comme néfaste Parmi les acides gras essentiels au corps
pour la santé. L’Agence nationale de sécurité humain, les oméga 3 et les oméga 6 sont
sanitaire de l’alimentation (Anses) estime que apportés par les acides gras polyinsaturés.
les lipides doivent représenter entre 35 et 40 % Les oméga 6 se trouvent en abondance dans
de l’apport calorique journalier. Pas plus ! la nature, surtout dans les céréales (blé) et
En outre, il faut bien se méfier car toutes les les huiles issues des graines (maïs, tournesol,
graisses ne se valent pas. « Elles ne constituent soja, noix…). Ils sont aussi présents en quantité
pas un groupe homogène », précise Philippe importante dans les viandes dès lors que les
Legrand. Les lipides sont en effet composés de animaux ont été nourris de ces céréales et de
chaînes d’atomes de carbone, d’hydrogène et ces graines. Les oméga 3, moins présents dans
d’oxygène, appelés “acides gras” (voir encadré notre alimentation, se trouvent plutôt dans les
page 33). En fonction de leur organisation et de poissons gras (saumon, thon, sardine, maque-
leur longueur, ces derniers assurent différentes reau, hareng), ainsi que dans les huiles de lin
fonctions dans l’organisme. Et certains peuvent
être plus nuisibles que bénéfiques. Voici dans le Repères
détail ceux à privilégier et ceux à éviter, ainsi que
les aliments dans lesquels les trouver. MANGER DES ŒUFS
DONNE-T-IL DU CHOLESTÉROL ?
À PRIVILÉGIER :
n Comme le jaune d’œuf contient une grande quantité
LES OMÉGA 3, 6 ET 9
de cholestérol (de 200 à 250 mg environ par œuf de 60 g),
En termes scientifiques, les oméga 9 sont des
acides gras mono-insaturés. Le plus courant on l’a longtemps accusé d’augmenter le taux de cholestérol
est l’acide oléique, très présent dans l’huile dans le sang. À tort.
d’olive. Une cuillerée à soupe (15 g) contient n Rappelons qu’un tiers seulement du cholestérol provient
ISTOCK ; FOTOLIA ; J. CHISCANO/«60»
ainsi 75 % d’oméga 9. L’huile de colza en est de l’alimentation. Le reste est endogène, c’est-à-dire
aussi majoritairement dotée (60 % de sa com- produit par l’organisme. Les études scientifiques ont par
position). On en trouve également en plus ou ailleurs démontré que celui qui est apporté par les œufs
moins grande quantité dans les produits d’origine serait plutôt du “bon” cholestérol.
animale et leurs dérivés : beurre (21 %), viande n Aussi les recommandations sur la consommation des
de porc (4 %) ou de bœuf (6 %)… Les oméga 9 œufs ont-elles changé. Chez les individus en bonne santé,
n’auraient pas d’incidence dans l’apparition des
maladies cardio-vasculaires. Toutefois, comme
une moyenne de 1 œuf par jour est tout à fait acceptable. z
60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°125S - mai/juin 2018 29
et de colza. « Il existe un déséquilibre entre sionnellement, pour la cuisson par exemple. »
nos apports en oméga 6, très nombreux, et nos Les poissons gras, riches en oméga 3, doivent
apports en oméga 3, trop peu nombreux », alerte être consommés 1 fois par semaine (1 portion de
Philippe Legrand. Depuis la Seconde Guerre 100 à 150 g). Depuis 10 ans, les produits portant
mondiale, notre régime alimentaire a évolué. l’estampille Bleu-Blanc-Cœur sont élaborés à
Nous nous sommes tournés vers les produits partir d’animaux (porcs, vaches, poulets…) dont
céréaliers, riches en oméga 6. Par ailleurs, les l’alimentation a été enrichie en lin. Mais, si ces
animaux d’élevage sont davantage nourris avec aliments ont un apport intéressant en oméga 3,
du soja et du maïs, qui ne contiennent pas ou ils coûtent souvent plus cher.
renferment peu d’oméga 3, qu’avec de l’herbe
et du foin, qui en recèlent beaucoup. Par consé- À LIMITER :
quent, la consommation des produits animaux LES ACIDES GRAS SATURÉS
et de leurs dérivés (œufs, produits laitiers) crée Les acides gras saturés (AGS) ont longtemps
un excès en oméga 6 qui expliquerait l’apparition eu mauvaise réputation. Et, même si ces
de maladies inflammatoires (système digestif, derniers sont aujourd’hui réhabilités par les
articulations, système nerveux) et de maladies scientifiques, les risques de développer des
cardio-vasculaires. maladies cardio-vasculaires restent forts en cas
« Dans l’idéal, il faudrait doubler nos apports en de consommation excessive. La limite fixée
oméga 3 », insiste Philippe Legrand. Comment ? par l’Anses est de 25 g par jour. Un seuil très
« On peut commencer par remplacer l’huile de rapidement atteint, car les acides gras saturés
tournesol ou d’arachide par de l’huile de colza sont partout dans notre alimentation : dans les
pour assaisonner les plats au quotidien, conseille produits d’origine animale (fromage, beurre,
Brigitte Coudray, diététicienne et nutritionniste. crème fraîche, viandes grasses…), mais aussi
L’huile de tournesol doit être utilisée plus occa- dans les huiles végétales incorporées dans
a quant à elle un ratio de lipides de 2,4 g pour aux aliments renfermant de l’huile de coco, encore
100 g. Le fabricant conseille d’ailleurs dans son plus saturée (90 %).
mode d’emploi de ne pas ajouter de matières
grasses lors de la cuisson à la poêle.
z
60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°125S - mai/juin 2018 31
À ÉVITER : LES HUILES les aliments panés. Pas étonnant qu’elle entre
DE PALME ET DE COCO dans la composition d’un nombre si important
Parmi les ingrédients qu’il faut traquer sur les de produits : margarines, pâtes à tartiner, biscuits
étiquettes, l’huile de palme arrive en bonne apéritifs, gâteaux roulés et fourrés…
place. « Elle est très riche en acides gras satu- Face à la pression de certains consommateurs,
rés, à hauteur de 50 %, relève Philippe Legrand. qui dénoncent les méfaits de la production de
En soi, elle n’est pas nocive pour la santé. » l’huile de palme sur l’environnement, certains
Pour autant, son omniprésence dans les pro- industriels ont pris le taureau par les cornes et
duits de l’agroalimentaire peut présenter un revu la composition de leurs produits. C’est le
danger. Selon l’Anses, cette huile ne devrait cas des fabricants de margarine, jusqu’alors très
pas représenter plus de 8 % des apports en décriés. St Hubert 41 sans huile de palme est
acides gras. Or, l’étude Inca 3 (réalisée auprès ainsi désormais composée d’huiles de colza, de
de 5 800 personnes en 2014 et 2015) a montré coco et de karité. Fruit d’Or Bio sans huile de
que, pour certains groupes à risques, comme palme va plus loin en jouant la transparence sur
les adolescents, l’acide palmitique représentait la composition de son mélange : 50 % de colza,
la moitié des apports en acides gras. Le résultat, 16 % d’allanblackia et 4 % de coco, l’allanblackia
entre autres, d’une consommation excessive étant un arbre cultivé en Afrique, dont l’huile,
d’aliments ultratransformés. tirée de ses graines, est moins riche en acides
Depuis une dizaine d’années, l’huile de palme gras que l’huile de palme.
a en effet conquis l’industrie agroalimentaire. « Le remplacement dans les produits finis de
Pour les fabricants, elle présente plusieurs avan- l’huile de palme par de l’huile de colza, riche en
tages : peu chère, elle a un goût neutre, est oméga 3, va dans le bon sens », estime Brigitte
solide à température ambiante et fait croustiller Coudray. De plus en plus de produits dans les
rayons en contiennent en petite quantité. Nous
en avons trouvé, par exemple, dans les biscuits
Repères Prince de Lu ou dans la pâte brisée de Marie. À
l’inverse, le remplacement de l’huile de palme
POURQUOI SOMMES-NOUS par l’huile de coco doit être surveillé, afin qu’il
ATTIRÉS PAR LE GRAS ? ne se généralise pas. Celle-ci se montre en effet
n Tout se joue dans le cerveau ! Une équipe encore plus riche en acides gras saturés (90 %)
du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), et pourrait jouer un rôle dans l’augmentation
dirigée par le neurobiologiste Serge Luquet, a mis en du “mauvais” cholestérol LDL (pour Low Den-
évidence que les triglycérides, issus des matières grasses, sity Lipoprotein, lipoprotéines à faible densité).
activent les mêmes zones du cerveau que lors de la prise Nous en avons trouvé – en quantité minime
de drogues dures. et associée à des huiles de meilleure qualité
nutritionnelle (colza, tournesol) – dans la pâte à
n Il s’agit du fameux circuit de la récompense. Une équipe
tartiner sans huile de palme Auchan ou dans le
américaine a quant à elle montré en 2015 que manger
dessert glacé Viennetta parfum crème brûlée.
en grande quantité des aliments riches en graisses pouvait
provoquer des dérèglements des signaux cérébraux À OUBLIER (SANS REGRETS) :
de satiété. Résultat : le corps en réclame toujours plus ! LES ACIDES GRAS TRANS
La prochaine fois que vous mangerez un gâteau à la crème, Il existe deux sortes d’acides gras trans. Il y a
n’écoutez donc pas trop votre cerveau… ceux qui sont produits naturellement dans l’esto-
mac des ruminants et que l’on retrouve dans
les graisses des viandes et des produits laitiers.
Ces derniers n’ont aucun impact négatif sur la
santé. Puis il y a ceux d’origine technologique.
Présentés sur les étiquettes comme « huiles
végétales partiellement hydrogénées », ils sont
issus de l’opération visant à rendre solides et
détriment du goût et du naturel du produit. n consulter les emballages, où leur teneur est indiquée.
Dans les années 1950, le gouvernement avait cette méfiance, les Français en consomment de
instauré la distribution quotidienne d’un verre moins en moins : 50 l en moyenne par personne
de lait pour les petits écoliers. L’objectif était en 2016, contre près de 60 l en 2008, soit une
double : lutter contre les carences alimentaires baisse de près de 17 % en 8 ans.
de l’après-guerre et soutenir l’industrie laitière
nationale. À l’époque, on ne trouvait que des LES DÉTRACTEURS
qualités à ce liquide blanc, riche en protéines NE MANQUENT PAS DE GRIEFS
bon marché, en calcium et en vitamines. Sur la Toile, on ne compte plus les forums et
Il n’est pas sûr pourtant qu’il en serait de même les blogs qui vantent les mérites d’une alimen-
aujourd’hui. Plus d'un demi-siècle plus tard, tation sans produits laitiers. « Nous sommes
l’image du lait est en effet plus trouble. Preuve de dans une période d’orthodoxie alimentaire,
Trop,
c'est trop !
RICHE EN SUCRE…
Lulu l’ourson Lu
Malgré la mention « riche en lait »
du paquet, chaque ourson ne contient que 5 %
de lait en poudre. Pour absorber l’équivalent
d’un petit verre de lait, il faudrait par conséquent avaler IN RÉDIENTS
ING
p de glucose-fructose,
F ine de blé 23 %, siro colza 11 %, chocolat
Far
plus de 10 oursons. Sachant qu’un biscuit (30 g) apporte près œ fs 12 %, suc
œu re, hui le de
sucre, cacao maigre
de 5 g de lipides. Et énormément de sucre : 9,3 g, soit n r 6 % [pâte de cacao,
noi soja), arôme],
t (léc ithi ne de
d , émulsifian
en poudre et lait entier 2 %
2 petits morceaux de sucre ! Sans oublier des additifs lait écr ém é 3 %
stabilisant (glycérol), 53 %), am ido n (de blé),
t lait
(3 émulsifiants et 1 stabilisant), employés pour donner en poudre (équivalen te diso diq ue, carbonate
pha
au biscuit une texture moelleuse. Contrairement à ce poudres à lever (diphos fiants (E472b, E475, lécithine
acide de sodium), ém ulsi
s.
igre en poudre, arôme
qu’il suggère, ce produit ne constitue pas un goûter équilibré. de soja), sel, cacao ma
UNE MAUVAISE
RÉPUTATION INFONDÉE ?
Alors, qu’en est-il réellement ? Les produits
laitiers rendent-ils malades ou sont-ils, comme
le prétendent les producteurs laitiers, « nos amis
pour la vie » ? Le lait possède une spécificité
qui explique pour beaucoup sa mauvaise répu-
tation : une grande partie de la population ne le
supporte pas, ou mal. La faute en revient à un
sucre qu’il renferme, le lactose. Pour le digérer,
l’estomac a besoin d’une enzyme, la lactase.
Présente naturellement chez les nourrissons,
cette capacité à la sécréter disparaît après le
sevrage du lait maternel, sauf chez les individus
qui ont développé une particularité génétique
leur permettant de continuer à produire la lactase
tout au long de leur vie. Statistiquement, il s’agit
surtout des populations du nord de l’Europe,
d’Amérique du Nord, d’Afrique de l’Ouest et de la
péninsule arabique. À l’inverse, en Asie, jusqu’à
90 % des habitants présentent une intolérance
au lactose. En France, cette malabsorption est
également assez fréquente. De 30 à 50 % de la
population serait concernée, avec des disparités
géographiques marquées : 20 % des habitants
du nord de l’Hexagone seraient intolérants,
contre 50 % dans le Sud.
FOTOLIA ; J. CHISCANO/«60» ; ISTOCK
Dans le détail, une méta-analyse réalisée pour verts et aromates, sardines, fruits à coque ou algues –
le Fonds mondial de recherche contre le cancer doivent donc être multipliées.
(WCRF) a ainsi démontré que le risque de can-
cer colorectal était diminué de 9 % pour une
z
60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°125S - mai/juin 2018 37
consommation quotidienne de 200 g de lait ou
de 50 g de fromage. En d’autres termes, les
produits laitiers jouent ici un rôle protecteur.
Au contraire, une étude de l'American Society
for Nutrition réalisée en 2015 en compulsant
32 analyses prospectives a jeté un sérieux
pavé dans la mare concernant le cancer de la
prostate. Selon ses auteurs, une augmentation
du risque de 7 % a été observée pour chaque
augmentation de 400 g de produits laitiers par
À CHAQUE LAIT SES
jour, et de 9 % pour chaque augmentation de LE LAIT CRU
50 g de fromage par jour. Reconnaissable au bouchon jaune
de sa bouteille, il est refroidi,
DES PRÉCONISATIONS REVUES puis embouteillé directement
À LA BAISSE EN FRANCE sur le lieu de production après la
Si ces surrisques restent modérés et si d’autres traite. Comme il n’a subi aucun
facteurs, comme les antécédents familiaux ou traitement, c’est le plus riche des
une alimentation trop riche, peuvent entrer en laits, avec des vitamines A, B et
jeu, les niveaux de preuve ont été jugés suffi- D, des protéines et des lipides (près de
samment suggestifs pour pousser les autorités 10 g pour 1 verre de 25 cl). Il est aussi très
de santé françaises à revoir leurs conseils en aromatique. Mais, revers de la médaille, les
nutrition envers la population. enzymes continuent de le dégrader. C’est
En 2017, le Haut Conseil de la santé publique pourquoi il doit être conservé au réfrigé-
(HCSP) a donc proposé de réduire le niveau de rateur et consommé dans les 72 heures
recommandations pour les adultes, de 3 produits après ouverture de la bouteille. Avant de le
laitiers actuellement à 2 à l’avenir. Rappelons boire, il doit être chauffé à 70 °C au moins
qu’une portion représente, par exemple, 1 verre pour éliminer les germes éventuels.
de lait, 1 yaourt de 125 g ou 30 g de fromage.
Du fait de leur teneur en lipides, le beurre et la LE LAIT FRAIS
crème fraîche en sont exclus et sont à classer Pour allonger sa durée de
du côté des matières grasses animales. Les conservation – une dizaine de
jours au réfrigérateur –, ce lait
a subi un traitement. Le plus
Repères courant est la pasteurisation,
qui consiste à le chauffer
LES PRODUITS LAITIERS
FAVORISENT-ILS LE DIABÈTE ?
■ C’est l’un des reproches les plus fréquents formulés
à l’encontre des produits laitiers. Ils seraient à l’origine desserts lactés (crèmes desserts, flans…) sont
de l’augmentation des cas de diabète de type 2. aussi de faux amis, car ils contiennent trop
peu de lait pour appartenir à la catégorie des
■ Depuis 2010, plusieurs études scientifiques se sont
produits laitiers. En vue de la réactualisation
penchées sur la question, et leurs résultats vont tous dans
de ses repères pour la période 2017-2021, le
le même sens : une consommation quotidienne de 400 g
Programme national nutrition santé (PNNS),
de produits laitiers diminue en fait de 5 à 10 % le risque
qui claironne notamment le fameux « 5 fruits et
de diabète de type 2. légumes par jour », est appelé à rendre son avis
■ Par ailleurs, les yaourts nature, le fromage ainsi que dans les prochaines semaines. Cependant, il n’a
les laitages à faible teneur en matières grasses seraient, pas encore été indiqué si ces nouvelles recom-
de ce point de vue, les plus efficaces. mandations concerneront toute la population ou
seulement les hommes et si les préconisations
pour les enfants et les personnes âgées (4 por- de l’Institut Pasteur de Lille et membre du comité
tions de laitage par jour) évolueront également scientifique du Centre national interprofessionnel
vers une réduction. de l’économie laitière (Cniel). « Cela risque donc
de jeter encore plus le trouble, alors que nous
DES APPORTS EN CALCIUM sommes déjà dans une période de méfiance
DIFFICILES À PRÉSERVER envers ces produits. » Selon lui, un abaissement
En attendant, cette perspective est vue d’un de la consommation mettrait aussi en péril
œil critique par l’industrie laitière et par certains les bénéfices observés sur plusieurs patho-
nutritionnistes. « Ce jugement sous-entend logies, comme les maladies cardio-vasculaires
qu’il y a un problème avec la prise de 3 produits ou le diabète (voir Repères page précédente).
ISTOCK ; DR
et faire de l’exercice au soleil et au bon air ! trouver sa place, sans risques, dans le cadre
d’une alimentation variée. n
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OUI, je profite de cette offre pour recevoir 60 Millions de consommateurs. Je choisis l’abonnement suivant :
Le gluten est un ensemble de protéines conte- jectif est d’améliorer la consistance, le goût et le
nues naturellement dans les grains des diffé- volume de leurs produits. On estime aujourd’hui
rentes variétés de blé (l’épeautre notamment), que 1 % de la population serait allergique au
de seigle et d’orge. Cette substance, dont gluten. Pourtant, depuis une dizaine d’années,
l’origine latine du nom signifie “colle”, texturise les produits “sans allergènes” se sont multipliés.
les aliments et participe à leur élasticité.
Durant la levée de la pâte à pain, par exemple, en UN MARCHÉ QUI CONNAÎT
emprisonnant les gaz de fermentation, le gluten UNE CROISSANCE À 2 CHIFFRES
confère du volume et du moelleux au produit fini. Au point que, selon une étude de l’institut Xerfi,
Des qualités qui ont encouragé les industriels à ce marché s’est élevé à 520 millions d’euros
en ajouter dans les pâtes à gâteaux, dans les en 2016 et a connu une croissance à 2 chiffres
brioches, dans les pizzas, etc., et aussi dans les (+ 10 %) par rapport à l’année précédente.
préparations de mets qui n’en contenaient pas à En 2018, la vente de ces produits d’épicerie
l’origine : charcuteries, plats en sauce… Leur ob- sans gluten devrait encore afficher une belle
Trop,
c’est trop !
majorité des consommateurs, les produits qui Selon ces personnalités, ce régime permettrait de garder
contiennent du gluten sont absolument inoffen- la ligne. Pas étonnant, dans la mesure où il bannit pâtes,
sifs, voire nutritionnellement importants. pain et gâteaux. Autre argument avancé : une qualité de vie
améliorée. Possible ! Mais de nombreux adeptes du “no
LES CÉRÉALES MODERNES SONT- glu” adoptent aussi un mode de vie sain : moins d’alcool
ELLES PLUS RICHES EN GLUTEN ? et de tabac, davantage de sommeil, de fruits, de légumes et
Et pourtant, après avoir touché les États-Unis,
de légumineuses pour pallier le manque de féculents.
le sans gluten (no glu) a conquis la France. Et
pour cause : il fait écho aux différents scan-
J. CHISCANO/«60»
igre
maltée 3,4 %, cacao ma %, arôme naturel Même si elle est bio, la barre de céréales est
1,5 %, farine de ma ïs* 1,3
mes naturels,
de cacao avec autres arô en tocophérols, sel. une gourmandise à consommer avec
e
antioxydant : extrait rich iqu e. modération.
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50 INGRÉDIENTS EN BARQUETTE
Pané “façon cordon bleu” Vegan Deli
Ce cordon bleu végétalien comporte une cinquantaine d’ingrédients,
alors qu’un cordon bleu classique en nécessite 7. Avec 14 g de matières grasses
pour 100 g, il se révèle aussi gras qu’un pain au chocolat. Il est aussi très salé : un seul
cordon bleu couvre un peu moins de la moitié de l’apport quotidien maximal.
Nous avons relevé la présence de 12 additifs pour l’épaissir, le colorer, l’acidifier
ou lui donner du goût. Pourquoi tant d’efforts pour ressembler à la viande ? Enfin,
pourquoi ce produit a-t-il été décongelé ? Trop de mauvais points.
IN
INGRÉDIENTS (E160a), arôme], jambon vegan 4,9 % maltodextrine, extrait de levure, sucre,
Eau, farine de blé, protéines
E [eau, huile de colza, protéines de pois, épices (contient céleri), extrait de céleri,
de blé, oignon, huile de
d stabilisants (E410, E415, E407), épices, amidon de maïs modifié, protéines de
tournesol,
t fromage vegan maltodextrine, sel de mer, extrait pommes de terre, fibres de pommes
8,7 % [eau, amidon modifié, huiles de de levure, arôme naturel, acidifiant de terre, épaississant (E407), amidon
coco et d’olive, protéines de riz, sel, (E333), concentré de betterave rouge], (maïs, blé), émulsifiant (E412), levure,
fibres, stabilisant (E417), conservateur moutarde, (eau, graines de moutarde, curcuma. Peut contenir soja et noix.
(E202), acidifiant (E330), colorant vinaigre, sel, sucre, épices), sel, Produit décongelé. Ne pas recongeler.
ni le matcha (poudre de thé vert), ni les algues notre corps n’est pas capable de synthéti-
ne sont des sources fiables de B12. ser. Les céréales manquent de lysine, et les
La spiruline légumineuses, de méthionine. D’où l’intérêt
contient une d’alterner les apports de céréales et de légu-
molécule analogue mineuses au cours de la journée ou du repas,
à la B12, mais elle en associant par exemple riz et haricots rouges.
est inactive ! « Les personnes qui réduisent leurs apports en
protéines animales risquent plutôt une insuf-
z
60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°125S - mai/juin 2018 49
fisance d’apport en protéines qu’un problème Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Cette gymnas-
de qualité, par un manque de lysine », indique tique fastidieuse pousse de nombreux végéta-
François Mariotti. Il est donc nécessaire de liens à se tourner vers les aliments transformés
consommer suffisamment de légumineuses, à base de soja comme le tofu et le tempeh,
mais aussi de fruits à coque et de graines empruntés aux menus asiatiques, ou vers
(cacahuètes, noix, amandes), riches en pro- les steaks végétaux industriels, qui imitent
téines. Nous avons besoin d’environ 0,8 g les produits à base de viande. « Les vegans
de protéines par kilogramme de poids et par consomment en moyenne 60 g par jour d’ali-
jour. Une personne de 50 kg doit ainsi manger ments à base de soja. Leur consommation de
40 g de protéines par jour, soit l’équivalent de steak végétal est de 6 à 12 fois supérieure à
2 steaks de 100 g de bœuf. « Pour compenser celle des omnivores », précise Benjamin Allès.
200 g de viande, poisson ou œufs par jour, Une portion de 150 g de tofu ou d’un steak
un vegan doit consommer de 300 à 400 g à base de soja contient de fait à peu près la
de légumineuses accompagnées de céréales », même quantité de protéines (environ 20 g)
souligne Vanessa Gouyot, diététicienne à qu’un steak de bœuf haché de 100 g.
privilégier le tofu nature bio, un produit peu trans- vegan garantissent l’absence d’OGM, et Eve vegan,
formé avec seulement deux coagulants (chlorure le caractère vegan de l’emballage.
de magnésium et sulfate de calcium) nécessaires
à sa fabrication. n
z
60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°125S - mai/juin 2018 51
LES TO
DE L’IN
émulsifiants
colorants
52 60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°125S - mai/juin 2018
pesticides
O XIQUES
DUSTRIE
nitrites
Peu de matières nobles, mais beaucoup d’artifices…
Les aliments ultratransformés occupent une bonne place dans
les rayons des supermarchés. Très utilisés par les industriels,
certains additifs, parmi les 390 autorisés dans l’Union
européenne, ne sont pourtant pas sans conséquences
sur la santé. D’autant qu’ils peuvent aussi se retrouver sous
la forme nano. Et qu’en est-il de leur combinaison
et des effets cocktails ? Sans compter la problématique
des pesticides. Manger bio peut-il nous protéger ?
ISTOCK
Une nourriture ultratransformée serait poten- (voir Repères page 60). Mais les chercheurs ne
tiellement associée à un risque plus élevé de peuvent établir un lien certain de cause à effet,
cancer. C’est la conclusion d’une étude scienti- car ils ne s’appuient pas sur des expériences
fique française publiée en février 2018 dans le de laboratoire, au cours desquelles ils auraient
très sérieux British Medical Journal. pu isoler chaque facteur. Néanmoins, certains
L’étude a porté sur près de 105 000 participants, biais, comme le tabac ou l’activité physique,
dont les habitudes alimentaires ont été scru- ont pu être écartés.
tées à la loupe. De nombreux produits indus- Ainsi, l’accroissement du risque de cancer
triels sont ultratransformés, en raison de l’ajout se retrouve aussi bien chez les fumeurs que
massif d’additifs destinés à donner un goût chez les non-fumeurs, et chez les sportifs
et une texture à des ingrédients bon marché comme chez les sédentaires… En outre, à
Trop,
c’est trop !
z
60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°125S - mai/juin 2018 55
experts de l’Autorité européenne de sécurité Outre le risque cancérogène, qu’en est-il d’éven-
des aliments (Efsa), qui rend un avis consultatif. tuels troubles métaboliques, immunitaires ou
Avis qui peut être suivi ou non par la Commission neurologiques, ou bien des perturbateurs endo-
européenne et par les États membres, qui ont criniens ? Qu’en est-il quand plusieurs additifs
le dernier mot. Les additifs sont alors autorisés sont mélangés ? Quels effets ces additifs ont-ils
pour des gammes de produits précises et dans pendant toute une vie d’humain ou à certaines
des quantités parfois limitées. On parle de périodes sensibles (grossesse, enfance, puber-
dose journalière admissible (DJA), c’est-à-dire té…) ? Silence radio.
la quantité d’une substance qu’un individu peut Pour autant, tous les additifs ne sont pas à mettre
ingérer quotidiennement tout au long de sa vie dans le même panier. Certains sont utilisés de
sans risques pour sa santé. longue date et ne présentent pas de risque
particulier. Ils servent, par exemple, à empêcher
TROP DE QUESTIONS les aliments de rancir, comme l’E300 (acide
RESTENT SANS RÉPONSES ascorbique), qui n’est autre que de la vitamine C.
La DJA est calculée en divisant au moins par Mais de plus en plus de doutes ternissent
100 la dose à partir de laquelle un effet est noté leur image au vu de l’augmentation de leur
chez l’animal. C’est pourquoi des substances nombre et de leur omniprésence dans l’alimen-
classées cancérogènes peuvent continuer à être tation industrielle, et au regard de l’augmentation
employées par les industriels. Citons notamment de pathologies comme les cancers, les allergies
le caramel E150d, utilisé pour colorer des colas ou les maladies inflammatoires intestinales.
ou des vinaigres balsamiques, ou encore l’E320, En 2008, l’Union européenne a d’ailleurs
alias butylhydroxyanisol (BHA), un antioxydant. (Suite page 60)
Glutamate d’ammonium
les hypothèses émises par les études
E625 • Diglutamate de magnésium
E950
E951
••
•••
Acésulfame K
Aspartame
ne sont pas forcément confirmées.
D’où de possibles controverses sur
les excès du principe de précaution.
z
60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°125S - mai/juin 2018 57
LA LISTE DES 50 ADDITIFS
À PROSCRIRE Ordre alphabétique
RISQUES ASSOCIÉS :
4-hydroxybenzoate de méthyle E218 •
Acésulfame K E950 • • Allergisant
Acide glutamique E620 • • Cancérogène
Aluminium E173 • • Diabétogène
Anhydride sulfureux E220 •
Aspartame E951 ••• • Perturbateur endocrinien
Azorubine, ou carmoisine E122 • • Inflammatoire
Benzoate de sodium E211 • • Perturbe le microbiote intestinal
Bleu patenté V E131 • • Troubles neurologiques
Butylhydroxyanisol (BHA) E320 ••
Butylhydroxytoluène (BHT) E321 • • Troubles du comportement
et de l’attention chez les enfants
Caramel ammoniacal E150c •
Caramel au sulfite d’ammonium E150d • • Additif pouvant contenir
des nanoparticules
Carbonate de calcium E170 •
Carboxyméthylcellulose, ou gomme cellulosique E466 ••• • Maux de tête, rougeurs (pour
les personnes sensibles),
Diglutamate de calcium E623 • prise de poids…)
Diglutamate de magnésium E625 •
Dioxyde de silicium E551 •
Dioxyde de titane E171 ••
Disulfite de potassium E224 •
Disulfite de sodium E223 •
Glutamate d’ammonium E624 •
Glutamate monopotassique E622 •
Glutamate monosodique E621 •
Jaune de quinoléine E104 •
Jaune orangé S E110 •
Monolaurate de polyoxyéthylène sorbitane (polysorbate 20) E432 ••
Monooléate de polyoxyéthylène sorbitane (polysorbate 80) E433 ••
Monopalmilate de polyoxyéthylène sorbitane (polysorbate 40) E434 ••
Monostéarate de polyoxyéthylène sorbitane (polysorbate 60) E435 ••
Nitrate de potassium E252 •
Nitrate de sodium E251 •
Nitrite de potassium E249 •
Nitrite de sodium E250 •
Oxyde et dioxyde de fer E172 •
Phosphate d’aluminium sodique acide E541 ••
Ponceau 4R, ou rouge cochenille A E124 •
Rouge allura AC E129 •
Silicate alumino-sodique E554 ••
Sulfate d’aluminium E520 ••
Sulfate d’aluminium ammonique E523 ••
Sulfate d’aluminium potassique E522 ••
Sulfate d’aluminium sodique E521 ••
Sulfite acide de calcium, ou hydrogénosulfite de calcium E227 •
Sulfite acide de potassium, ou hydrogénosulfite de potassium E228 •
Sulfite acide de sodium, ou hydrogénosulfite de sodium E222 •
Sulfite de calcium E226 •
✂
Qu’il soit d’origine turque ou bulgare n’y change rien. a laissé la porte ouverte à toutes les interprétations.
Le yaourt est devenu une spécialité tricolore, Yoplait, Mamie Nova et consorts ont ainsi décidé
qui a conquis le monde entier et qui possède sa d’incorporer des “préparations de fruits”
réglementation propre. En France (et seulement chez à leurs yaourts et, à l’intérieur de ces préparations,
nous !), pour avoir le droit de porter la dénomination une pléthore d’additifs : colorants, épaississants,
“yaourt”, le lait doit avoir été ensemencé uniquement correcteurs d’acidité et même conservateurs.
avec les bactéries Lactobacillus bulgaricus et
Streptococcus thermophilus. Elles doivent rester LES CONSOMMATEURS SONT BERNÉS
vivantes à raison d’au moins 10 millions de bactéries Le mélange de fruits sert en somme de cheval de Troie
par gramme jusqu’à la date limite de consommation. pour contourner la loi. Ainsi, les Panier de Yoplait
Cet aspect vivant a contribué à la réputation d’un Nature sur fruits contiennent 12 additifs ; on en
produit naturel et sain, sans ingrédients artificiels. comptabilise 7 dans les Mamie Nova Gourmand aux
fruits, et 9 dans les yaourts Recette crémeuse
LES ADDITIFS ONT COLONISÉ LES FRUITS Carrefour. Danone est parfois “honnête” (sa Recette
Le décret n° 88-1203 du 30 décembre 1988 relatif aux crémeuse, avec 8 additifs, porte le nom de “spécialité
laits fermentés et au yaourt spécifie les ingrédients laitière sucrée”), parfois “filou” (3 additifs dans le
autorisés. Il s’agit d’une énumération “positive” : tout Velouté Fruix fruits rouges et 7 dans son Taillefine aux
ce qui n’est pas mentionné est interdit. Puisqu’il n’y a fraises). Certes, la plupart de ces additifs ne sont pas
aucune référence aux additifs, ils sont en principe parmi les plus problématiques (voir pages 7 et 57-58).
prohibés. Pourtant, le texte réglementaire comporte Mais s’arroger le droit d’étiqueter “yaourt” un produit
une faille. L’article 3 indique : « Les laits fermentés dénaturé qui contient autant voire davantage d’additifs
peuvent être additionnés des produits suivants : qu’un “vulgaire” dessert lacté revient à berner
arômes ainsi que, dans la limite de 30 % en poids le consommateur. Et à altérer ses papilles et ses yeux
du produit fini, sucres et autres denrées alimentaires avec des leurres sous la forme d’amidon modifié, de
conférant une saveur spécifique. » Qu’entend carraghénanes, de citrate de sodium, de rouge carmin
la réglementation par « autres denrées alimentaires de cochenille… Sans compter le recours fréquent
conférant une saveur spécifique » ? En utilisant au sirop de glucose-fructose. Une dérive inadmissible
une formulation aussi vague, le pouvoir exécutif que nous dénonçons avec la plus grande fermeté.
3 ADDITIFS 9 ADDITIFS
z
59
décidé de procéder à une réévaluation de controversé E171 (dioxyde de titane), présent
tous les additifs mis sur le marché avant 2009. dans de nombreuses sucreries, l’Autorité a
En juillet 2016, l’Efsa a finalisé l’examen de conclu que ce colorant ne présentait pas de
41 colorants alimentaires. Les DJA de 3 colo- danger pour la santé, tout en reconnaissant
rants (E104, E110 et E124) ont été réduites ne pas pouvoir déterminer de DJA… faute de
et le colorant rouge 2G (E128) a été retiré du données. Elle ajoute que le dioxyde de titane
marché. comme l’acide montanique (E912), n’est pas à considérer comme un nanomaté-
un agent de glaçage. En revanche, l’Efsa n’a riau, car il ne contiendrait pas plus de 3,2 % de
pas fait évoluer sa position sur les nitrites, particules de taille inférieure à 100 nanomètres
pourtant mis en cause dans le classement (millionièmes de millimètre).
des charcuteries comme cancérogènes (lire Difficile, néanmoins de se fier les yeux fermés
page 82) et malgré le risque, qu’elle a constaté, aux avis de l’Efsa. En effet, au début de 2017,
de dépassement des DJA chez les enfants. deux chercheurs de l’Institut national de la
recherche agronomique (Inra) ont trouvé entre 10
POUR LE DIOXYDE DE TITANE, et 45 % de nanoparticules dans les échantillons
L’EFSA BOTTE EN TOUCHE de dioxyde de titane alimentaire qu’ils ont exa-
Par ailleurs, toute réévaluation est à prendre minés. «60» a également fait procéder à des
avec des pincettes, car l’Efsa arguë de l’insuf- analyses sur 18 gâteaux et bonbons contenant
fisance d’études pour établir des seuils de de l’E171. Elles ont révélé la présence systé-
toxicité. Ainsi, en 2016, concernant le très matique de nanoparticules, à une concentration
variant entre 10 et 100 % ! (Voir «60» n° 529,
de septembre 2017.)
Les chercheurs de l’Inra ont de leur côté fait
ingérer à des rats du dioxyde de titane utilisé par
l’industrie pâtissière, à des doses équivalentes
à celles que les humains absorberaient. Après
100 jours d’exposition, ils ont vu apparaître des
lésions précancéreuses de l’intestin et une
accélération de la maladie chez des animaux
déjà atteints de tumeurs. « Ce n’est qu’une pre-
mière étude, mais c’est alarmant, soulignent Éric
Houdeau et Fabrice Pierre, chercheurs à l’Inra,
Repères car cet additif est utilisé depuis les années 1960
en quantités suffisantes pour avoir ces effets. Il
QU’EST-CE QU’UN ALIMENT est autorisé sur la seule base qu’il est faiblement
ULTRATRANSFORMÉ ? absorbé par l’intestin. Or, nous montrons qu’il
n Le concept de “nourriture ultratransformée” est suffisamment actif pour induire des effets
a été présenté en 2009 par le département nutrition biologiques. »
de l’université de Sao Paulo (Brésil).
CHAQUE JOUR, UN ENFANT AVALE
n À la différence des aliments industriels classiques
(boîtes de conserve de légumes ou de poissons,
UNE CINQUANTAINE D’ADDITIFS
Le dioxyde de titane n’est pas le seul additif pou-
fromages pasteurisés…), les ultratransformés (soupes
vant être incorporé sous la forme nano. L’E170
instantanées, desserts lactés…) ont la particularité (carbonate de calcium), l’E172 (oxyde de fer) et
d’être fabriqués avec très peu de matières premières l’E551 (dioxyde de silicium) peuvent également
brutes (fruits, lait, viande…) et beaucoup d’additifs contenir des nanoparticules. C’est ce qu’ont
ou d’ingrédients dénaturés (fibres reconstituées, montré des analyses de la Direction générale
maltodextrine…) dans le but de leurrer le goût du de la concurrence, de la consommation et de
consommateur et d’obtenir un produit facile à utiliser. la répression des fraudes (DGCCRF), révélées
au début de 2018 lors des États généraux de
Combien de résidus de pesticides avalons-nous lac Léman a augmenté, puis a baissé les années
chaque jour ? 10 ? 50 ? 100 ? Dans son rapport pu- suivantes », souligne Nathalie Chèvre, écotoxico-
blié en 2016, l’Autorité européenne de sécurité des logue à l’université de Lausanne. Observera-t-on
aliments (European Food Safety Authority, Efsa) le même phénomène avec le glyphosate, dont
indiquait qu’un tiers des fruits et des légumes la fin de la commercialisation est reportée à
analysés en contenait au moins 2. Et certains, l’après-2022 ? À ce jour, la substance active du
tels les raisins, les fraises, les pommes, les poires Roundup reste la matière active herbicide décla-
et les poivrons, en affichaient jusqu’à 10. Si les rée la plus utilisée au monde. Elle représente à
pesticides ont permis à l’agriculture d’obtenir une elle seule près de 13 % des ventes de pesticides
rentabilité exceptionnelle, il n’en demeure pas en France, selon Générations futures, association
moins que nous n’en maîtrisons pas aujourd’hui qui se consacre à la lutte contre les pesticides.
toutes les conséquences sanitaires et environ-
nementales. En 20 ans, les résidus multiples LES CONSOMMATEURS
dans les fruits, légumes et céréales ont explosé : DE FRUITS PLUS EXPOSÉS
en 2015, ils étaient présents dans 28 % des Quels sont les impacts d’une exposi-
échantillons analysés, contre 15,4 % en 1997. tion chronique à ces molécules
de synthèse ? De nom-
UN SURSIS DE 5 ANNÉES breux travaux tendent
POUR LE GLYPHOSATE à établir un lien entre
« Nous sommes potentiellement exposés aux la manipulation des
423 substances actives autorisées en Europe. pesticides et le risque
Mais aussi à de nombreuses autres, désormais de développer cer-
interdites », pointe Emmanuelle Kesse-Guyot, épi- taines pathologies,
démiologiste à l’Institut national de la recherche notamment la mala-
agronomique (Inra). Les pesticides se révèlent die de Parkinson, le
très persistants dans l’environnement. Ainsi, lymphome non hodgki-
le DDT est encore présent dans certains fruits nien, le cancer de la prostate
et légumes, alors que ce produit considéré ou le myélome multiple, comme
comme hautement cancérogène est interdit en le souligne une synthèse de l’Ins-
France depuis 1971. titut national de la santé et de la
On peut noter une recrudescence de l’utilisation recherche médicale (Inserm) publiée
d’une molécule dans les années qui suivent son en juin 2013. Cette étude a aussi établi
interdiction. « Les agriculteurs veulent écouler un lien entre l’exposition de profes-
leurs stocks. Un an après l’interdiction effective de sionnelles pendant la grossesse et
l’atrazine en Suisse (en 2011), la contamination du la survenue de tumeurs cérébrales,
se révèle très efficace contre les nuisibles du colza avec le risque non négligeable de mise sur le marché
tels les pucerons ou les méligèthes, d’où sa de miels frelatés. En 2015, une étude menée
surreprésentation dans les pays européens, où ces à l’initiative de la Commission européenne constatait
cultures sont abondantes », détaille Alexandre Aebi,
chercheur à l’université de Neuchâtel et l’un des
que 1 miel sur 3 n’était pas conforme et contenait
du sirop de sucre et du miel récolté prématurément.
z
60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°125S - mai/juin 2018 67
a été testé in vitro sur des cellules humaines. glyphosate. Le 27 novembre 2017, il a bénéficié
Résultat ? Sur les 9 pesticides, 8 formulations d’une nouvelle autorisation européenne pour
se sont révélées plus toxiques que le principe 5 ans, contre l’avis de la France. Au centre des
actif seul. De nombreux adjuvants – tels des débats, une question : le glyphosate est-il
métaux lourds, comme l’arsenic ou le plomb, ou cancérogène ? En mars 2015, le Centre inter-
encore le POEA, un tensioactif – sont ajoutés à national de recherche sur le cancer (CIRC) des
la substance active. Le laboratoire BioMEA de Nations unies le désignait comme « cancérogène
l’université de Caen a mesuré l’effet du POEA probable ». Or, ce classement empêchait d’office
seul sur des larves d’huîtres, à des concentra- sa commercialisation, puisque la réglementation
tions similaires à celles mesurées dans les cours européenne interdit l’usage des pesticides cancé-
d’eau proches de champs traités au Roundup. rogènes certains ou probables. Pourtant, en 2017,
Après 24 heures d’exposition, le POEA stoppe l’Agence européenne des produits chimiques
le développement de 50 % des larves. (Echa) publiait un avis niant le risque cancéro-
gène du glyphosate pour l’homme ! Beaucoup
LA MATIÈRE TRÈS NOIRE se sont interrogés sur le poids des lobbys et les
DE LA TOXICOLOGIE raisons d’un tel revirement. D’autant que, peu
Ces adjuvants, jamais recherchés dans l’envi- de temps après le rapport de l’Echa, l’association
ronnement, se révèlent être la matière noire autrichienne Global 2000 révélait dans un rapport
de la toxicologie des pesticides. « Les doses publié en juin 2017 que les agences d’évaluation
journalières admissibles (DJA) devraient prendre de l’Union européenne avaient ignoré 7 des
en compte les formulations des pesticides dans 12 études disponibles sur la souris et le rat
leur ensemble. De fait, ces dernières devraient montrant des augmentations significatives des
alors être divisées par 1 000 : cela suffirait pour tumeurs sous l’influence du glyphosate.
assurer une protection efficace, mais ce serait Il faudra donc attendre 5 ans pour réévaluer la
admettre aussi la fin programmée de l’agricul- toxicité de cette substance. La France a choisi
ture intensive ! » relate le Pr Gilles-Éric Séralini. d’appliquer le principe de précaution en inter-
Mais les substances actives ne sont pas pour disant le glyphosate dans les espaces publics
autant dénuées de toxicité. C’est le cas du en France depuis le 1er janvier 2017, et pour les
particuliers au 1er janvier 2019. D’autres États ont
fait de même, telle la Californie, qui reconnaissait,
Bon à savoir l’année dernière, le caractère cancérogène du
glyphosate et ordonnait que soit mentionnée
SANS LIMITE DANS LE VIN sur les emballages la présence de la substance.
n Les vignes françaises occupent
755 000 hectares en France, soit 3 % de
LE SUBSTITUT DU GLYPHOSATE
la surface agricole. Mais elles utilisent
PEUT-ÊTRE PIRE ENCORE
« Les enjeux et les débats autour de cette molé-
environ 20 % du volume des pesticides
cule permettent de sensibiliser le grand public
épandus en France.
aux pesticides, mais l’interdire ne réglerait pas le
n Contrairement à l’eau, le vin n’a pas de concentration problème. Aux États-Unis, les agriculteurs l’ont
maximale de pesticides autorisée. Auteurs de l’ouvrage remplacée par le dicamba, car les cultures sont
« le Goût des pesticides dans le vin » (voir page 110), devenues résistantes au glyphosate », explique
le chercheur Gilles-Éric Séralini et le chef cuisinier Jérôme Nathalie Chèvre. Herbicide dont la toxicité serait
Douzelet ont fait analyser de nombreuses bouteilles de vin. de 75 à 400 fois supérieure à la substance active
n Le chercheur a ainsi montré que des pesticides étaient du glyphosate, le dicamba est autorisé et déjà
présents à des taux plus de 10 000 fois supérieurs à ce qui utilisé (en petites quantités) en France. « Il y a
est autorisé dans l’eau du robinet. Ces pesticides dénaturent des produits autorisés tout aussi préoccupants
le goût, à tel point que les auteurs estiment qu’il est difficile pour la santé publique. Je pense notamment aux
de se faire une idée exacte de ce qu’est un vin. néonicotinoïdes, à l’origine de la disparition pro-
(Suite page 70)
l’environnement. » n
Est-ce un sain réflexe de se tourner vers les Pour bénéficier d’un label bio, l’aliment doit
aliments issus de l’agriculture biologique ? être produit suivant un cahier des charges précis,
D’après la dernière enquête de l’Agence bio même si celui-ci autorise certains traitements :
(février 2018), 90 % des Français consomment il exclut l’utilisation de produits de synthèse
au moins occasionnellement des produits bio (herbicides, pesticides, engrais…), d’antibio-
dans l’année, contre 54 % en 2003. Soit presque tiques, d’organismes génétiquement modifiés
2 fois plus qu’il y a 15 ans. Une très large majorité (OGM), d’exhausteurs de goût, de colorants
de consommateurs (82 %) fait en effet confiance et d’arômes non naturels, tout comme il limite
aux produits bio, persuadée qu’ils sont meilleurs le nombre d’additifs, autorisés à 47, contre
pour la santé (69 %). 390 en conventionnel.
L’éviction des produits chimiques suffit-elle
à rendre les aliments bio meilleurs pour la
santé ? Voilà des années que les chercheurs
planchent sur la question, sans réussir à clore
ce débat qui divise toujours la communauté
scientifique. C’est pour tenter d’apporter des
réponses plus précises que le Parlement euro-
péen a commandé une nouvelle enquête, la
plus vaste à ce jour, publiée dans la revue
Environmental Health en octobre 2017.
Menée par différents chercheurs
d’universités, elle regroupe
280 études inter-
prématuré. Enfin, 3 études menées aux États- l’exposition aux pesticides des agriculteurs, voire
Unis rappellent les effets négatifs des insecti- des riverains, et le risque accru de développer
cides sur les fonctions cérébrales au cours des
7 premières années de vie : elles démontrent
certaines maladies (maladie de Parkinson, dia-
bète de type 2…), dont ce type de cancer.
z
60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°125S - mai/juin 2018 73
D’autres travaux menés en France sur une Les consommateurs réguliers de produits
cohorte de 62 000 personnes ont révélé une bio mangent plus de fruits (+ 20 % pour les
baisse de 31 % du risque d’obésité chez les hommes et + 31 % pour les femmes), de
gros consommateurs de produits bio, ainsi légumes (+ 27 %) ou de légumes secs (+ 49 %
qu’une réduction des maladies chroniques pour les hommes et + 85 % pour les femmes),
comme l’hypertension, le diabète de type 2 ou et ils consomment moins d’alcool (– 18 %), de
l’hypercholestérolémie. Mais les scientifiques boissons sucrées (– 34 % pour les hommes
tempèrent les résultats de l’étude, rapportant et – 46 % pour les femmes), de charcuteries
que « la preuve n’est pas concluante, car les (– 31 %) ou de viande (– 34 %).
consommateurs d’aliments biologiques ont Bien sûr, une hygiène de vie plus saine est béné-
généralement un mode de vie plus sain ». fique pour la santé, et même si les scientifiques
tiennent compte de ce facteur, celui-ci ne peut
PRODUITS BIO ET HYGIÈNE DE VIE, jamais être complètement éliminé.
LA MEILLEURE ÉQUATION
D’après les premiers résultats de l’étude MOINS D’ANTIBIORÉSISTANCE
BioNutriNet lancée en France en 2014 dans le GRÂCE AUX ÉLEVAGES BIO
cadre du programme NutriNet-Santé, on sait en L’enquête scientifique commandée par le Parle-
effet qu’il existe plusieurs profils de consom- ment européen ne compare pas le taux éventuel
mateurs de produits bio. Et, contrairement aux de résidus d’antibiotiques dans les viandes
idées reçues, les gros consommateurs de issues d’élevages bio et conventionnels. Mais,
bio ne sont ni plus riches ni plus citadins que dans ses conclusions, elle insiste sur l’aspect
les consommateurs occasionnels ou les non- « préoccupant de l’utilisation répandue d’anti-
consommateurs. Mais ils sont davantage édu- biotiques dans la production animale conven-
qués et sportifs, tout en suivant un régime tionnelle, comme facteur clé de la résistance
nutritionnel plus équilibré. aux antibiotiques ». D’après l’Organisation
affaiblisse durablement. n sans huile de palme (même bio), sans traces d’OGM.
Pour avoir une santé de fer, la consommation environ 4 mg de fer, mais une escalope de
régulière de viandes rouges a longtemps été poulet du même poids, seulement un peu plus
recommandée. Aussi bien le bœuf, le porc que de 1 mg. Difficile de croire qu’un composé
le veau et l’agneau couvrent les besoins du corps aussi crucial puisse se retourner contre nous.
humain en certains nutriments essentiels, en « Pourtant, c’est le cas », assure Fabrice Pierre,
raison de leur richesse en protéines, en zinc, directeur de recherches à l’Institut national de
en sélénium, en vitamines B, et surtout en fer. la recherche agronomique (Inra). « Les études
Cet oligoélément, principal constituant des que nous avons menées montrent que le fer
globules rouges, transporte l’oxygène de-
puis les poumons vers les muscles, afin qu’ils
puissent fonctionner correctement. Une carence
importante en fer conduira à l’anémie, une patho-
logie grave. Elle entraîne non seulement une
augmentation dangereuse du rythme cardiaque
– le cœur tentant de compenser le mauvais
transport de l’oxygène en accélérant le débit
sanguin –, mais aussi des difficultés respiratoires
et d’autres symptômes gênants (fatigue, pâleur,
chute de cheveux…). Dans les cas les plus
extrêmes, les personnes non traitées tombent
dans le coma et meurent.
UN IMPACT DÉMONTRÉ
SUR TOUS LES CANCERS
Par ailleurs, le spectre de nuisance des
viandes rouges ne se limiterait pas au
côlon et au rectum. L’analyse des don-
nées du programme NutriNet-Santé,
coordonné par l’Institut national de
la santé et de la recherche médicale
(Inserm), a démontré une incidence sur
l’ensemble des cancers. Après avoir
suivi les habitudes alimentaires de
61 476 volontaires pendant 5 ans, il
a pu être établi que les personnes
consommant le plus de viande
ISTOCK ; FOTOLIA
CARENCES CHEZ LES FEMMES, Les besoins en fer des femmes sont de 9 mg par jour
EXCÈS CHEZ LES HOMMES si elles sont ménopausées. En revanche, lorsqu’elles
En janvier 2017, l’Agence nationale de sécurité sont encore réglées, ils sont plus importants :
sanitaire de l’alimentation (Anses) a donné de de 11 mg/j (règles faibles à normales) à 16 mg/j (règles
nouvelles directives nutritionnelles, recom- abondantes). En outre, le fer avalé n’est pas totalement
mandant une consommation de 500 g par métabolisé : le fer héminique (viandes, poissons)
semaine, soit 70 g par jour, de viande rouge est absorbé à hauteur de 25 %, alors que le fer non
cuite. Ces recommandations sont très généra- héminique (œufs, produits laitiers, légumes secs…)
listes au regard des besoins en fer, qui varient ne l’est qu’à hauteur de 5 %.
selon les individus et selon les sexes.
Les hommes ont en effet des besoins en fer LA QUADRATURE DU CERCLE
d’environ 9 mg/j, alors qu’une femme aux règles Est-il possible alors, pour une femme aux règles
abondantes doit en absorber 16 mg/j (lire l’enca- abondantes, de consommer 16 mg de fer par jour sans
dré ci-contre). En outre, en France, 25 % de la dépasser les 70 g de viande rouge et les 2 000 calo-
population consomme en excès viandes et char- ries recommandées ? Prenons un aliment riche en
cuteries. Il s’agit majoritairement d’hommes. fer héminique, le steak haché. Un morceau de 100 g
Leurs besoins en fer étant moins importants, ils n’apporte que 1/6 des apports nécessaires (2,6 mg).
sont moins concernés par le risque d’anémie. L’objectif de 16 mg/j semble alors inatteignable.
A contrario, ils s’exposent davantage aux dan- Dans son rapport sur les viandes rouges, l’Agence
gers liés à une consommation excessive de fer. nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses)
l’avait mentionné : « Pour les femmes dont les pertes
SUPPLÉMENTATION EN FER menstruelles sont élevées s’ajoute l’impossibilité
UNIQUEMENT SUR AVIS MÉDICAL d’atteindre la référence nutritionnelle en fer. »
Lorsque l’on veut éviter une carence, notam-
ment pour les femmes, la consommation d’ali- LES SIGNES DU DÉFICIT
ments riches en fer ne suffit pas toujours. Du Heureusement, le corps peut s’acclimater à de faibles
fer en comprimés est donc parfois adminis- apports en fer en augmentant sa capacité d’absorption.
tré. Est-il moins néfaste pour l’organisme que En revanche, si vous remarquez une fatigue inexpli-
celui de la viande rouge ? « Cela reste du fer, quée, une accélération de votre rythme cardiaque
donc les conséquences sont probablement ou une perte de cheveux, consultez votre médecin.
les mêmes », analyse le Dr Marie-Christine Un faible taux d’hémoglobine avec des globules
Boutron-Ruault, directeur de recherche à l’In- rouges de petite taille, un fer actif de la circulation
serm. Une hypothèse confirmée par l’Iowa sanguine (fer sérique) bas ou un dosage de fer stocké
Women’s Health Study, une étude américaine dans l’organisme (ferritine) en berne signent un déficit.
J. CHISCANO/«60» ; ISTOCK
qui a démontré qu’une supplémentation en fer « Une ferritine basse, sans baisse des globules rouges,
systématique et non supervisée médicalement n’est pas très inquiétante : les réserves se reforment
augmentait significativement la mortalité des en ajustant son alimentation. En revanche, si le taux
femmes. Le fer est donc à manier avec la plus d’hémoglobine est insuffisant, une supplémentation
grande précaution. est nécessaire », précise le Dr Marie-Christine Boutron-
ISTOCK
n
(Suite page 81) Ruault, directeur de recherche à l’Inserm.
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LES CONSEILS DE «60»
Faites bouillir ou mijoter vos viandes
Si vous êtes friand de produits carnés et si vous
souhaitez limiter votre exposition au fer, faites bouillir
ou mijoter vos viandes. Une étude conjointe
de l’Institut national de la recherche agronomique
(Inra) et du Centre d’information sur les impacts
sociétaux de l’élevage et des viandes (CIV)
a démontré que ces types de cuissons permettaient
de faire chuter de 50 à 70 % le niveau de fer dans
la viande. Durant la préparation, il est en partie détruit
ou migre dans l’eau (c’est aussi le cas pour
la vitamine B6). Pour le bœuf, les morceaux qui
s’y prêtent le mieux sont le paleron, le plat de côtes, inhibiteurs de la formation des molécules nocives
la macreuse ou le jumeau à pot-au-feu. En revanche, engendrées par les hautes températures.
les cuissons au gril ou à la poêle ne dégradent que Des chercheurs de l’université de Porto (Portugal)
très peu le fer (10 % environ), tandis que les pertes ont fait griller sur un barbecue au charbon de bois
sont intermédiaires pour les viandes rôties (25 %). des morceaux de porc qui avaient mariné pendant
4 heures dans de la bière brune. Cette préparation
Associez toujours viandes rouges
a permis de réduire de 68 % l’émission d’hydro-
et légumes lors de vos repas.
carbures nocifs. Des expériences similaires ont
Les antioxydants présents dans les légumes
donné des résultats concluants sur la viande de bœuf
permettent de contrecarrer les molécules toxiques
grillée à la poêle. Et l’ajout d’herbes aromatiques
à l’origine du développement des cancers.
ou d’épices (thym, romarin, sauge, ail, gingembre,
Consommez-les au cours du même repas pour
piment, poivre rouge…) permet de décupler
bénéficier de leur effet protecteur. Tous les légumes
ces effets. Jusqu’à une température de 200 °C,
contiennent des antioxydants, qu’il s’agisse
dans certains cas, la totalité des substances nocives
des polyphénols présents dans les légumes
peut être neutralisée.
verts, du bêtacarotène, dans les carottes, ou de
la lutéine, dans le maïs. Pas plus de 500 g cuits par semaine.
Les autorités sanitaires recommandent de ne pas
Après 50 ans, le risque augmente :
dépasser 500 g de viandes rouges par semaine, soit
soyez davantage vigilant.
70 g par jour. Mais attention : cette quantité
Le fer peut réveiller les cellules “dormantes”
correspond au poids de l’aliment cuit, et non cru.
précancéreuses. Plus on vieillit, plus on est suscep-
Pour vous aider à estimer votre consommation
tible d’en héberger. Chez les femmes, les besoins
de viande cuite, voici quelques conversions.
en fer diminuent presque de moitié après
la ménopause. Autant d’éléments qui doivent vous PRODUIT CRU CUIT
inciter à évaluer, voire à réduire, votre consommation
de viande rouge après 50 ans. Steak haché de bœuf 125 g cru = 100 g cuit
Impossible d’échapper aux nitrates ou aux des siècles, seuls le salage (ajout de sel) et le
nitrites lorsque l’on consomme régulièrement fumage (exposition à la fumée de bois) ont per-
de la charcuterie. Historiquement, le salpêtre, mis de se passer du froid pour la conservation
ou nitrate de potassium, était utilisé dans la des aliments. La charcuterie a ainsi été inventée
poudre à canon et les cartouches des fusils. dès l’Antiquité, afin de pouvoir consommer
Son pouvoir conservateur a été découvert au la viande (surtout celle de porc) plus longtemps.
xviie siècle, quand les chasseurs se sont aperçus Son processus de fabrication nécessite un temps
que la viande au contact des résidus de poudre de maturation durant lequel le produit carné est
périssait moins vite que les autres morceaux. mis au repos et vieillit, un peu comme du vin. Or,
le nitrate de potassium accélère ce processus. Au
LA CHARCUTERIE A ÉTÉ INVENTÉE contact des bactéries présentes dans la viande,
POUR CONSERVER LA VIANDE la molécule de nitrate se transforme lentement
Son utilisation s’est généralisée avec l’industria- en nitrite. Les chimistes, après avoir découvert
lisation de la charcuterie, à la fin du xixe siècle. ce phénomène, ont mis au point, dans leurs
Mélangé à de l’eau salée, le nitrate de po- laboratoires, des nitrites “prêts à l’emploi”.
tassium était alors directement incorporé par Alors que le nitrate existe à l’état naturel (sur
massage de la viande ou par injection. Pendant les murs des maisons humides, par exemple),
Trop,
c’est trop !
BOURRÉ DE COCHONNERIES
Croc’sec nature Cochonou
Bien sûr, les charcuteries ne sont pas les produits
les plus équilibrés du monde. Mais, avec 45 g de gras
(dont 18 g de graisses saturées), 4,8 g de sel
et 3,2 g de sucres pour 100 g de produit, INGRÉDIENTS
IN
UE,
V nde de porc origine
Via
les Croq’sec nature Cochonou battent des records. s lactose, dextrose,
sel,
Sans surprise, l’industriel a traité son produit épices et plantes
é
nitrite
i es ; conservateur :
aromatiqu
avec du nitrite de sodium (E250). L’enveloppe est sod ium , ferment s. Enveloppe :
de
un boyau artificiel, reconstitué avec du collagène. collagène.
Du coup, on peut s’interroger sur l’origine du
fleurage blanc, qui ne peut a priori être naturelle.
du niveau de risque est vraisemblablement binaison est par ailleurs à l’origine de la couleur
imputable à l’utilisation de nitrates et de nitrites. rose du jambon. Sans cet additif, il serait gris.
Les travaux menés à l’Institut national de la L’usage de ces conservateurs a été souvent
recherche agronomique (Inra) ont montré que associé au risque de cancer, mais il peut aggra-
l’interaction entre nitrites et fer héminique ver d’autres pathologies, comme l’asthme.
est déterminante pour expliquer la hausse Une étude récente de l’Institut national de la san-
du risque de cancer du côlon », explique Fabrice
Pierre, directeur de recherche à l’Inra.
té et de la recherche médicale (Inserm), menée
par le Dr Zhen Li auprès de 1 000 participants
z
60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°125S - mai/juin 2018 83
pendant 7 ans, a mis en évidence une corrélation nière détournée. La recette intègre en fait des jus
entre une forte consommation de charcuterie concentrés de légumes naturellement riches
(au moins 4 fois par semaine) et l’aggravation en nitrates (céleri, carotte, etc.). Associés à des
des symptômes de l’asthme au fil des ans. ferments lactiques, ces nitrates se transforment
rapidement en nitrites. La Direction générale
NITRATES D’ORIGINE VÉGÉTALE : de la concurrence, de la consommation et de la
LA FAUSSE BONNE IDÉE ? répression des fraudes (DGCCRF) impose aux
Hormis les rillettes et certains pâtés de cam- fabricants d’indiquer la présence de ces nitrites
pagne, la conservation des charcuteries re- d’origine naturelle. Inutile de préciser que cette
pose sur l’utilisation de nitrates ou de nitrites. mention obligatoire apparaît souvent en petits
La lecture des étiquettes le confirme : ils sont caractères, au dos ou en bas de l’emballage. Et
partout ! Les mentions peuvent cependant prêter pourtant, il n’existe à l’heure actuelle aucune
à confusion (voir encadré ci-dessous). Ainsi, les étude scientifique qui, concernant les compo-
jambons cuits commercialisés avec les mentions sés néoformés, prouverait que ces molécules
« sans nitrite ajouté » ou « sans additif » ont tout naturelles puissent se comporter différemment
de même recours aux nitrites, mais d’une ma- de celles de synthèse.
Q
QUELLES DIFFÉRENCES ENTRE CES JAMBONS ?
Le Bon Paris à l’étouffée qualité supérieure Herta
Le macaron « Qualité supérieure » et le symbole tricolore attirent l’œil. Mais
les autres jambons Le Bon Paris que nous avons examinés sont aussi des
jambons supérieurs (sans phosphates ni gélifiants) fabriqués en France
(à partir de porcs français ou espagnols).
INGRÉDIENTS
IN Sans surprise, Herta ne met pas en avant
Jambon frais de porc,
J la présence de nitrite de sodium. Pour
bouillon (eau, couenn
b es
porc, le savoir, il faut scruter la composition.
de porc, oignons, os de
d
clou
carottes, sel, persil, ail, Le produit contient 1,8 g de sel pour 100 g
), sel,
de girofle, poivre, laurier naturels ;
trose de ma ïs, arôme s (dans la moyenne). Des 3 jambons étudiés,
dex
sodium ;
conservateur : nitrite de de c’est le moins cher (14,70 €/kg).
antioxyda nt : isoascorbate
sodium.
synthèse. Le « sans conservateur ajouté » se paie seuil qui est vite atteint, puisqu’il correspond soit
au prix fort : plus de 20 €/kg (4 tranches), 38 % de plus à 1 tranche de jambon, soit à 4 tranches de sau-
que pour Le Bon Paris à l’étouffée qualité supérieure. cisson, soit au tiers d’une barquette individuelle
de lardons. « Une habitude toute simple permet
z
60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°125S - mai/juin 2018 85
de limiter la formation de composés néoformés nitrates ni nitrites. Les quelque 150 salaison-
lors de la digestion : associer systématiquement niers qui produisent le jambon de Parme le font
la consommation de charcuteries à celle de depuis 1993, tout en respectant des conditions
légumes, riches en antioxydants », conseille d’hygiène très strictes, et sans un seul cas de
Fabrice Pierre, de l’Inra. Les travaux du Pr Sidney botulisme à déplorer », avance-t-il.
Mirvish, dans les années 1960, ont démontré Cela implique de laisser le jambon, conservé
qu’ajouter de la vitamine C aux charcuteries uniquement avec du sel, sécher plus longtemps.
nitrées réduisait le risque de développer des De cette étape dépend la qualité gustative
nitrosamines dans l’estomac. En 1995, les indus- du produit fini. Dans la région de Parme, où
triels français ont obtenu l’autorisation d’enrichir 9 millions de jambons sont produits par an, la
leurs produits charcutiers dans les rayons frais durée minimale de séchage et d’affinage est
avec de la vitamine C. Depuis, les épidémio- de 12 mois, comme spécifié dans la charte du
logistes ont pu constater une baisse significative label appellation d’origine protégée (AOP). Le
des cancers de l’estomac liés à leurs habitudes cahier des charges de la spécialité traditionnelle
de consommation. garantie (STG) affecté aux jambons serranos
De nombreux experts, dont Fabrice Pierre, espagnols, traités soit avec du nitrate de potas-
pensent qu’il est illusoire d’espérer se passer sium, soit avec du nitrite de sodium, impose un
totalement de nitrates ou de nitrites dans la temps de maturation minimal de 7 mois, tout
charcuterie. Travailler sur la diminution des comme la charte de l’indication géographique
quantités utilisées semble, dans un premier protégée (IGP) du jambon de Bayonne, qui
temps, un objectif plus réaliste. Ce compromis autorise l’utilisation de nitrate de potassium
ne satisfait pas Guillaume Coudray, auteur du associé à du sel. Certains salaisonniers basques
livre Cochonneries. Comment la charcuterie est font néanmoins le choix de laisser vieillir leur
devenue un poison (éd. La Découverte, 2017). jambon plus longtemps.
Il milite, aux côtés de la députée européenne
Michèle Rivasi, pour l’interdiction immédiate des DES PRODUITS “SANS NITRITE”
charcuteries nitrées dans les cantines scolaires ARRIVENT DANS LES RAYONS
françaises, avant une interdiction totale au Et pour le jambon cuit ? Est-ce possible de ne
niveau européen. « Il est tout à fait possible de pas recourir aux composés nitrités ? « C’est
produire, à grande échelle, de la charcuterie sans plus difficile, mais réalisable. Toutefois, cela a un
impact négatif sur la date limite de consomma-
tion », explique Perrine Champain, responsable
Repères du site de la charcuterie SBV à Louvigné-du-
Désert (Ille-et-Vilaine). Après la tentative ratée
ATTENTION AUX du rôti de porc sans nitrite en 2012, l’entre-
PRODUITS FUMÉS ! prise a décidé de “retenter sa chance”. Depuis
septembre 2017, elle commercialise un jambon
n Les lardons, les jambons
blanc sans sel nitrité ni nitrites d’origine végétale,
crus ou cuits et les saucissons fumés sont à éviter
disponible dans les magasins Biocoop sous la
ou à limiter si l’on souhaite réduire son exposition aux marque Ensemble. Les conservateurs utilisés
composés néoformés cancérogènes. Cette technique sont le sel de Guérande (1,9 g pour 100 g, soit
de conservation et d’aromatisation, qui consiste à mettre un dosage comparable à celui d’un jambon
la viande en contact avec des fumées de bois comme supérieur classique) et un mélange “secret” de
le hêtre, en produit plusieurs, et en quantité importante. plantes aromatiques.
n Les nitrosamines apparaissent quand l’oxyde d’azote Conditionné sous atmosphère modifiée,
de l’air de séchage réagit avec les protéines de viande, ce jambon peut se conserver 21 jours après
tandis que les amines aromatiques hétérocycliques (AAH) sa sortie de l’usine, soit 9 jours de moins qu’un
et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) jambon emballé de manière dite “standard”.
sont engendrés par les hautes températures. Après ouverture, il doit être mangé dans les
24 heures. C’est le cas du Bon Paris à l’étouffée
Trop,
c’est trop !
SURTOUT DE L’AMIDON !
Petites Croquettes Croustibat Findus
Ces croquettes sont à base de « chair hachée », terme qui
désigne en général des chutes de poisson (peau, viscères et sang)
récupérées et broyées. La proportion de cette « chair » (34 %)
est insuffisante, ce qui laisse la part belle à la farine (24,8 %) et INGRÉDIENTS
C air hachée
Ch
à la purée (23,5 %). Le produit contient 12 g de matières grasses de
d laska 34 % colin
d’A
, fa
pour 100 g, soit 17 % des apports quotidiens recommandés 2 ,8 %, purée rine de blé
24
d
de terre 23,5 % de pomme
pour un adulte, et bien plus pour un jeune enfant ! Le fabricant pomme de te (eau, flocons de
rre), huiles vé
se vante de ne pas utiliser d’huile de palme, or Croustibat (colza 9,4 %, co gétales
levure, amidon prah 0,4 %), eau, sel,
contient du coprah, lui aussi riche en acides gras saturés. Pour naturel, extra de blé, épices, arôme
its d’épices.
relever le tout, le produit est trop salé…
toxines (Rephy et Rephytox), se chargent de tissent en 3 familles, qui prolifèrent le plus sou-
contrôler la présence des microalgues toxiques vent l’été, avec l’augmentation de la température
et des toxines dans les coquillages de nos litto- des eaux. Les plus courantes, les Dinophysis,
raux. Leurs données sont publiées sur Internet présentes sur l’ensemble du littoral, notamment
(Envlit.ifremer.fr/resultats/syntheses_et_outils) en Bretagne, provoquent de simples gastro-
et transmises à l’Administration, qui se charge entérites. Mais les Alexandrium produisent
d’interdire la pêche en cas de dépassement des neurotoxines paralysantes et peuvent se
des seuils réglementaires. Car certaines de ces révéler mortelles pour le consommateur. Il en
microalgues ont des effets dévastateurs – et la existe deux espèces, l’une vivant du côté des
cuisson n’a aucun effet sur elles. Elles se répar- côtes bretonnes, l’autre dans l’étang de Thau
(Hérault). Enfin, les microalgues Pseudo-nitzschia
peuvent entraîner des troubles neurologiques,
Repères
dont une amnésie irréversible. Elles sont surtout
ATTENTION AU POISSON CRU présentes au large de la Normandie et de la
n L’étude Inca 3, publiée en juillet 2017 par l’Agence Bretagne Sud, où elles affectent les coquilles
nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), Saint-Jacques.
a montré que les Français étaient de plus en plus friands
de poisson cru : ils sont 2 fois plus nombreux (31 %) à en
LES PLASTIQUES SE RETROUVENT
consommer que lors de l’étude précédente, parue en 2007. DANS L’ASSIETTE
Outre ces risques “immédiats” – la maladie se
n Or, le poisson cru peut transmettre des parasites
déclenche juste après l’ingestion, ou dans les
de la famille des Anisakis, qui occasionnent des nausées,
2 jours pour les norovirus –, il faut compter avec
vomissements et douleurs abdominales. Il faut donc être
des effets plus insidieux, comme l’accumulation
particulièrement attentif à la fraîcheur du poisson
de contaminants tels que les microplastiques
et respecter scrupuleusement la chaîne du froid. L’idéal est dans l’organisme des consommateurs réguliers.
même de le congeler pendant 7 jours, Une pollution de plus en plus préoccupante,
J. CHISCANO/«60» ; ISTOCK
puis de bien veiller aux conditions puisque environ 8 millions de tonnes de plas-
de décongélation (le tiques sont chaque année rejetées dans l’océan,
recouvrir d’un film parmi lesquels 1 % de microplastiques (de moins
alimentaire, dans un de 5 mm). Selon une étude menée à l’université
réfrigérateur propre). de Gand (Belgique), les consommateurs de fruits
de mer, en particulier d’huîtres et de moules,
Truite portion
Cette étiquette ne mentionne ni le nom scientifique
du poisson ni l’engin utilisé pour le capturer, bien que
la réglementation l’impose. Rien ne précise
s’il s’agit de poisson d’élevage ou non.
Après renseignements pris auprès du poissonnier,
il se trouve que le poisson a été mal étiqueté. Il s’agit
en réalité d’une truite française d’élevage. L’étiquette TRUITE “PORTION”
T
corrigée devra donc mentionner le pays d’élevage, P hée en mer. Zone de
Pêc
capture :
o an Pacifique. 13,70
océ
€/kg
c’est-à-dire celui dans lequel le poisson aura atteint É uetage relevé à Monop .
Étiq
rix, Paris 15e.
plus de la moitié de son poids final. Enfin, l’appellation
« truite portion », peu utilisée, désigne une truite
arc-en-ciel dont le poids se situe entre 250 et 300 g.
Pour l’ensemble de ces contaminations pales zones de pêche récréative. Les résultats
chimiques, les concentrations les plus fortes pour la Bretagne sont consultables sur le site
dans les coquillages se trouvent en hiver, Pecheapied-responsable.fr.
lorsqu’ils sont “maigres”, et elles sont mini-
males à la fin de l’été, quand l’émission de LE POISSON D’ÉLEVAGE EST-IL
semence éjecte les polluants. « Mais tous les PLUS RECOMMANDABLE ?
polluants que nous suivons déclinent depuis Pour contourner la pollution des milieux naturels,
le début des mesures, dans les années 1980, est-il judicieux de se tourner vers les poissons
rassure Anne Grouhel, chargée du Réseau d’élevage ? Pas forcément. Car si on trouve,
d’observation de la contamination chimique en règle générale, davantage de polluants tels
(Rocch) à l’Ifremer. Et la pêche étant interdite que les métaux lourds dans les poissons pré-
dans les zones trop polluées, il est normale- dateurs sauvages, il y a plus d’intrants, tels que
ment impossible de trouver des coquillages les pesticides et les antibiotiques, dans les
dépassant les seuils de contamination dans poissons d’élevage.
le commerce. » En revanche, la prudence est Ainsi, notre enquête de 2014 sur le saumon
de mise si vous pratiquez la pêche à pied : mettait en évidence des pesticides dans 5 des
renseignez-vous auprès de votre agence régio- 7 échantillons d’élevage testés. Une nouvelle
ISTOCK
nale de santé, chargée de surveiller les princi- enquête, que nous avons menée en 2016 (voir
LES ENNE
DANS LA
salmonelles
virus
96
bactéries
MIS
CUISINE
Listérias, salmonelles, staphylocoques… Invisibles et pourtant
bien connus, ils sont nombreux, ces virus et bactéries
qui guettent le moment où s’installer dans une aile de poulet,
un œuf ou un hamburger. La cuisine est un terrain de jeux
de choix. Le mieux est encore de leur barrer l’entrée
des lieux. Après avoir dressé l’inventaire de ces indésirables,
«60» vous dévoile toutes les parades pour éviter
les intoxications alimentaires.
ISTOCK
Les aliments ne sont pas stériles. De nom- Pas question, donc, de “psychoter” et de
breuses bactéries en ont fait leur résidence désinfecter en permanence l’ensemble de la
secondaire. Heureusement pour nous, toutes maison. Cela pourrait avoir pour conséquence
ne sont pas dangereuses. Au contraire, la plu- de favoriser l’installation de bactéries patho-
part sont indispensables pour lutter contre les gènes qui ne seraient plus soumises à aucune
“bactéries ennemies”, en occupant le terrain compétition ou d’augmenter la résistance à
et en limitant ainsi l’implantation d’autres certains agents désinfectants.
bactéries qui pourraient être dangereuses.
Certaines bactéries sont même utilisées pour DES GESTES SIMPLES
donner du goût, de la texture ou de la saveur POUR PRÉVENIR LES RISQUES
aux aliments, comme certaines souches de Toutefois, même si notre alimentation n’a jamais
staphylocoques. Les staphylocoques (Staphy- été aussi sûre, les risques sont bien réels.
lococcus carnosus et Staphylococcus xylosus), Il suffit d’avoir été malade une fois pour en
par exemple, servent à éviter le rancissement prendre conscience. Pire, certaines bactéries
des saucissons secs tout en favorisant le peuvent tuer.
développement des arômes. Une étude ciblant 23 agents pathogènes sur
la période 2008-2013 vient d’être publiée
par Santé publique France. Ces 23 agents
Repères pathogènes seraient responsables en France,
annuellement, via une transmission alimen-
UN LIVRE SAVOUREUX taire, d’environ 1,5 million de malades, de
POUR MANGER SANS RISQUES 17 600 hospitalisations et de 256 décès. Et
encore ces chiffres sont sous-estimés, car ils
n Notre article est une adaptation
ne concernent que les 23 agents infectieux
d’une partie du livre « Manger sans les plus importants, pour lesquels il existe un
risques » (éd. Quæ, 2011), de Vincent système de surveillance conséquent. « Contrai-
Leclerc. Diplômé d’AgroParisTech, rement à ce qu’il croit, le consommateur n’est
l’auteur a travaillé pendant 21 années pas impuissant, et il a même un rôle important
dans le domaine des toxi-infections à jouer en apprenant les gestes simples qui
alimentaires et de la maîtrise lui permettront de prévenir les risques dans
de l’hygiène. sa propre cuisine », affirme Vincent Leclerc,
n Il est possible de commander cet ouvrage de 208 pages, auteur de Manger sans risques (lire Repères
au prix de 22,30 € + 5 € de frais de port, en ligne sur le site ci-contre). C’est en effet notre ignorance qui
Quae.com ou dans les grandes enseignes. peut nous conduire à nous contaminer, alors
que nous aurions pu l’éviter.
mentaires. Cette mauvaise farce aurait pu s’appe- quement, Escherichia coli ne tue pas si souvent,
ler la maladie de Ronald (le clown mascotte de même s’il peut causer de graves séquelles.
McDonald’s), mais c’est l’expression “maladie
du hamburger” qui est restée dans les esprits.
Mais, récemment, une autre souche de la bac-
térie s’est révélée particulièrement virulente.
z
60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°125S - mai/juin 2018 101
LES DANGERS BIOLOGIQUES TRANSMISSIBLES PAR
BACTÉRIE PRINCIPAUX ALIMENTS
OU TOXINE À RISQUES
BACILLUS CEREUS • Plats cuisinés, produits agrémentés d’épices, d’herbes ou d’aromates,
aliments déshydratés (potages en poudre, flocons de purée, lait en poudre, pâtes,
riz, semoule…).
CAMPYLOBACTER • Viandes, notamment les volailles et produits carnés, et aussi eau, lait cru.
ESCHERICHIA COLI • Viande hachée de bœuf, produits laitiers non pasteurisés, végétaux crus (graines
PRODUCTEUR germées, notamment), produits d’origine végétale non pasteurisés (comme le jus
DE SHIGA-TOXINES de pommes), eau de boisson.
LISTERIA • La contamination peut survenir à tous les stades de la chaîne alimentaire (par
exemple, les aliments cuits peuvent être contaminés lors de manipulations réalisées
après la cuisson). Seuls les produits dans lesquels la listéria peut se développer sont
des causes potentielles de listériose lorsque les règles de conservation (température,
temps) ou de préparation ne sont pas respectées.
• Sources des dernières épidémies en France : mortadelle, tartinettes, époisses,
pont-l’évêque, brie, rillettes, langue de porc en gelée.
STAPHYLOCOCCUS • Aliments faisant l’objet d’un grand nombre de manipulations (viandes de volailles,
AUREUS jambon en tranches, salades composées, gâteaux à la crème, plats cuisinés…).
(STAPHYLOCOQUE DORÉ) • Aliments fermentés à acidification lente (certains fromages ou salaisons telles que
des salamis).
• Produits séchés ou à teneur en eau réduite (lait en poudre, pâtes, poisson séché…).
Source : Fiches de description de danger biologique transmissible par les aliments de l’Agence nationale de sécurité sanitaire
bules rouges et une insuffisance rénale – chez consommer cuit à cœur » (mais cela est souvent
un enfant de moins de 5 ans. Les amateurs écrit en caractères minuscules). Cette cuisson à
de steak tartare vivent donc un peu plus dan- cœur est encore loin d’être une évidence pour
gereusement que les amateurs de viande de nombreux consommateurs qui apprécient
bien cuite. En effet, Escherichia coli peut être une consistance tendre et juteuse. Les steaks
totalement détruit par une cuisson à cœur hachés surgelés passent souvent directement
(le centre du steak doit être brun, et non pas du congélateur à la poêle. Or, pour qu’ils soient
rosé, lire page 107 ). Voilà pourquoi les produits cuits à cœur, leur surface doit rester plus long-
ISTOCK
déjà emballés doivent porter la mention : « À temps au contact de la poêle. Ils devront donc
LA LISTÉRIOSE, OU
“MALADIE DU RÉFRIGÉRATEUR”
Les seules Listeria pathogènes pour l’homme
sont les Listeria monocytogenes. Leur par-
ticularité : elles sont encore capables de se
reproduire (très lentement) à des tempéra-
tures de conservation proches de 0 °C. Les
dégâts qu’elles provoquent peuvent être impor-
tants et aller jusqu’à la mort (dans 20 à 30 %
des cas), notamment chez les personnes “à
risques” (immunodéprimées, âgées, diabé-
tiques ou souffrant d’une surcharge en fer, ou
chez l’embryon). Les aliments à risques sont
le lait cru, les fromages au lait cru à pâte molle
à croûte fleurie ou lavée, les végétaux crus,
les charcuteries cuites et les poissons fumés.
Listeria monocytogenes apprécie les aliments
manipulés, qui se conservent au froid plusieurs
jours et sont prêts à être consommés en l’état
Pour éviter tout risque de contamination par
(sans cuisson). Encore faut-il qu’il y en ait plus Escherichia coli, les steaks hachés doivent être cuits
de 100 par gramme pour que cela soit suscep- à cœur. Ceux qui sortent du congélateur passeront
encore plus de temps dans la poêle.
tible de poser quelques problèmes.
Heureusement, de gros progrès d’hygiène ont
été réalisés, et les niveaux de contamination
par Listeria monocytogenes n’ont plus rien de DES SPORES QUI RÉSISTENT
comparable avec ce que l’on trouvait encore il À LA CUISSON !
y a une vingtaine d’années. Pas mauvais, ce petit ragoût ! Demain, on
réchauffera encore une fois les restes. Plus c’est
réchauffé et gardé au chaud, meilleur c’est. C’est
Bon à savoir le bonheur pour tout le monde…
Ce n’est pas faux ! “Tout le monde” va effec-
MAINS PROPRES, MAINS SALES tivement profiter de ces douces conditions.
Ces trois images montrent le développement Les Clostridium perfringens, qui contaminent
en culture à partir de bactéries présentes éventuellement le produit, adorent aussi ce plat
sur une main sale, une main propre essuyée en sauce réchauffé, mais pas recuit.
avec un torchon sale et une main propre Clostridium perfringens est une bactérie qui
essuyée avec un torchon relativement se trouve dans le tube digestif des animaux
propre. Plus le nombre de bactéries ou dans la terre. Présente dans des aliments
augmente, plus le risque d’être malade est comme les viandes ou les légumes, elle peut
élevé. Dans des conditions idéales, produire des spores. Or, ces spores résistent
à 37 °C, une bactérie se multiplie par 8 à la cuisson et possèdent la capacité de
en 1 heure. 10 bactéries vont donc donner germer lorsque l’aliment refroidit. La bactérie
a alors toute latitude pour se multiplier dans
CHASSENET/BSIP
Repères
SOURCE : SANTÉ PUBLIQUE FRANCE, SURVEILLANCE DES TOXIINFECTIONS ALIMENTAIRES COLLECTIVES. DONNÉES 2016
OÙ COUREZ-VOUS LE PLUS
DE RISQUES D’ÊTRE VICTIME 9%
7%
D’UNE INTOXICATION COLLECTIVE ? 4% 33 %
n Un foyer de toxi-infection alimentaire 6%
collective (TIAC) est défini par l’apparition
d’au moins deux cas similaires (généralement
un symptôme gastro-intestinal) qui ont la même 41 %
origine. En France, les TIAC sont à déclaration
obligatoire pour les médecins et pour
les établissements de restauration collective À la maison
à caractère social. Au restaurant
n La déclaration peut aussi être faite par des Cantine scolaire
consommateurs, mais c’est rare. Selon Santé publique Restaurant d’entreprise
Institut médico-social (2)
France (SPF), en 2016 (1), 1 455 TIAC ont été déclarées
Autre collectivité (3)
en France, affectant 13 997 personnes, dont 630 ont été
hospitalisées et 3 sont décédées. Les trois agents n Nombre de foyers de TIAC déclarés en 2016
pathogènes le plus fréquemment confirmés auprès des agences régionales de santé (ARS)
ou suspectés étaient Staphylococcus aureus (28 %), et (ou) aux directions départementales de la protection
Bacillus cereus (20 %) et Salmonella (17 %). des populations (DDPP).
(1) Nombre de foyers de TIAC déclarés en 2016 auprès des agences régionales de santé (ARS) et (ou) aux directions départementales
de la protection des populations (DDPP). (2) Établissement pour personnes âgées, maison d’accueil spécialisée, centre d’hébergement
et de réinsertion sociale, foyer de jeunes travailleurs… (3) Banquet, centre de loisirs…
PRUDENCE AVEC
LES CONSERVES MAISON !
Il faut être particulièrement vigilant lors de la
fabrication de conserves artisanales. Il peut y
avoir des spores de Clostridium botulinum – qui
Même s’ils ont produisent la toxine botulique – sur certains
été cueillis dans
le potager, aliments. Dans ce cas, la stérilisation n’est pas
les légumes devront toujours suffisante pour les éliminer en totalité.
être lavés.
Par exemple, lors de la récolte de quelques
légumes souillés par la terre, on prend le risque
de rapporter également quelques spores de
température. La multiplication de la bactérie est Clostridium botulinum. Si les légumes sont
alors très ralentie. Enfin, voici venu le temps de mangés rapidement, il existe peu de risques
le réchauffer. Tous les staphylocoques meurent. de tomber malade avec seulement quelques
Il fait maintenant trop chaud dans ce plat pour spores. Le problème survient lors de la pré-
que la bactérie survive sans équipement adapté. paration des conserves artisanales. Certaines
Le problème, c’est que, avant que l’aliment ne spores de Clostridium botulinum sont thermo-
soit placé au réfrigérateur, ces staphylocoques résistantes. Il est donc nécessaire de chauffer
ont eu le temps de laisser leur empreinte : une le produit à 121 °C pendant au moins 3 minutes
ou plusieurs toxines. Et celles-ci, contrairement pour le stériliser. Mais, pour monter à 121 °C
aux bactéries qui les ont produites, résistent très avec de l’eau qui bout à 100 °C, il faut une
bien au réchauffage. Ingérées avec l’aliment, elles forte pression.
sauront se rappeler, très rapidement, au bon
DES CONDITIONS IDÉALES POUR
Bon à savoir LA PRODUCTION DE TOXINES
Les anciens stérilisateurs montent bien à
UN BIOFILM, 100 °C, et c’est déjà très chaud, mais ce n’est
C’EST QUOI ? pas suffisant pour détruire toutes les spores
Dans certaines conditions éventuellement présentes. Ainsi, lorsque la
température redescend, la germination des
d’humidité, de fréquence
spores se produit. La bactérie libérée a alors tout
de contacts, de type de
le loisir de se multiplier dans la conserve artisa-
surfaces, de flore, etc., des micro-organismes arrivent
nale : pas de “flore de compétition” (les autres
à s’accrocher aux surfaces. D’autres communautés peuvent
bonnes bactéries qui auraient pu lui faire de la
les rejoindre et former un amas qui aura une meilleure
concurrence ont été détruites par la chaleur), des
résistance aux désinfectants. C’est un biofilm. nutriments, une température de cellier de 10
Une fois fixées, les communautés peuvent se multiplier à 15 °C, idéale pour la production de toxines sur
et étendre le biofilm sur la surface. Puis une fraction
FOTOLIA ; ISTOCK
Est-ce important de respecter la chaîne du froid ? grand nombre pour libérer leur toxine. Respecter
C’est fondamental, car le froid bloque ou limite la chaîne du froid, c’est donc limiter fortement
très fortement la multiplication des bactéries. le risque de tomber malade.
Ne pas la respecter, c’est donner aux bactéries Gardez en tête que le froid ne tue pas les
pathogènes la possibilité de se multiplier rapi- bactéries, mais les “endort”. Le respect des
dement et de se trouver en grand nombre dans durées de conservation, une fois les aliments
l’aliment. Ainsi, à une température de 4 °C, il sortis du réfrigérateur ou ouverts, ainsi que la
faudra 10 jours aux Listeria monocytogenes connaissance des bons gestes dans la cuisine
pour atteindre le nombre qu’elles auraient formé demeurent indispensables (voir ci-dessous).
en 1 jour à 20 °C. Plus les bactéries sont nom- Pour les produits sensibles sur lesquels ne
breuses, plus elles sont dangereuses. figure pas une date limite de consommation
La plupart des bactéries, en effet, ont besoin (produits traiteur, gâteaux à base de crème…),
d’être ingérées en quelques milliers d’exem- une durée de conservation inférieure à 3 jours
plaires pour survivre à l’acidité de l’estomac et est fréquemment recommandée.
aux enzymes digestives. Pour d’autres, c’est
dans l’aliment qu’elles doivent se multiplier en DU MAGASIN À LA MAISON,
NE ROMPEZ PAS LA GLACE
Pendant que vous faites vos courses, placez
toutes les denrées sensibles (viandes, steaks
Bon à savoir hachés, charcuteries, poissons, produits conge-
lés…) dans un sac isotherme. Ces sacs sont
DÉTECTER UNE PANNE DE CONGÉLATEUR
souvent assez encombrants et rigides. Sachez
C’est la hantise des vacanciers : le congélateur en rade
qu’il existe des sacs plastique plus souples et
pendant leur absence. Voici une astuce pour savoir si cela
légers, en vente dans certains supermarchés
s’est produit. Mettez un gobelet d’eau au congélateur. Une (environ 0,50 €), qui peuvent facilement être pliés.
fois l’eau congelée, placez au-dessus une pièce de monnaie. Certes, ils sont moins isolants sur la durée, mais
Si une panne se produit en votre absence, leur efficacité est réelle.
la pièce coulera. L’eau se figera à nouveau Arrivé à la maison, lavez-vous les mains et
dès le retour de l’électricité. Et, même si rangez en priorité les aliments frais et surgelés
DR ; ISTOCK
Que manger ? d’obéir à ces injonctions, une expérience inédite en contiennent, les
Normes et pratiques parfois contradictoires, et de “dégustation” à problèmes rencontrés et
alimentaires que nous suivons d’abord l’aveugle de 11 pesticides un code couleur : rouge
Sous la direction nos goûts, au détriment parmi les plus répandus. pour les additifs à éviter,
de François Dubet parfois de notre santé. Un comble ! orange pour signaler
Éd. La Découverte, Éd. Actes Sud, 2018, une mise en garde, gris
2017, 23 €. 14,80 €. pour les cas douteux, vert
pour ceux qui ne pré-
Le Goût des Le Nouveau Guide sentent pas de problèmes
pesticides dans le vin des additifs majeurs identifiés.
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Tout n’est pas bon dans
le vin, en particulier Nash. La maladie
les pesticides, dont des de la malbouffe
résidus se retrouvaient Dr Dominique Lannes,
dans 60 % des échantil- avec Catherine Siguret
Que peut-on manger, lons analysés, selon une Nash est l’acronyme de
et que doit-on manger ? enquête de l’Institut natio- la non-alcoholic steato-
Critères de qualité, nal de la recherche agro- hepatitis, la stéatose
recommandations nomique publiée en 2005. hépatique non alcoolique
nutritionnelles, végéta- Ces résidus ont-ils (en français), une maladie
risme, véganisme… une influence sur le goût de la malbouffe, du trop
L’alimentation est devenue du vin ? Pour le savoir, Difficile de s’y retrouver sucré et du trop gras,
une affaire de normes, les auteurs ont proposé parmi les quelque qui peut entraîner une
défendues au nom à des cuisiniers et 390 additifs autorisés en fibrose, une cirrhose ou
de la sécurité alimentaire, à des vignerons, à l’instar Europe. C’est la raison un cancer du foie chez des
du terroir ou de la santé. des jurys d’œnologues, d’être de ce guide qui personnes qui n’ont pas bu
Sont-elles efficaces ? s’appuie sur les données une goutte d’alcool. Le but
Quels en sont les enjeux ? scientifiques les plus de cet ouvrage est d’expli-
Pour répondre à récentes. Environ 150 addi- quer en quoi consiste ce
ces questions, l’ouvrage tifs parmi les plus répandus fléau lié à nos habitudes
présente les travaux sont présentés, famille par alimentaires. Bien sûr,
de chercheurs lauréats famille : colorants, tous les problèmes de foie
de l’appel à projets lancé conservateurs, exhaus- ne débouchent pas sur
en 2016 par la Fondation teurs de goût, édulco- cette maladie, mais il est
pour les sciences sociales rants… Des tableaux bon de la connaître pour
sur le thème : « Que indiquent, pour chacun changer ses habitudes ali-
manger ? » Ils montrent d’eux, la dose journalière à mentaires : pratiquer une
que nos pratiques ne pas dépasser, les activité physique, consom-
alimentaires sont loin catégories d’aliments qui mer moins de calories et
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LES ORGANISATIONS NATIONALES 7, cité d’Antin, Les Salines 1, tour I,
(Membres du Conseil national de la consommation)
75009 Paris. rue François-Pietri,
Tél. : 01 44 91 88 88. Fax : 01 44 91 88 89. 20090 Ajaccio.
n ADEIC (Association de défense, Courriel : infos@famillesrurales.org Tél. : 04 95 22 24 39. Fax : 04 95 22 60 94.
d’éducation et d’information Internet : www.famillesrurales.org Courriel : ctrc.corse@wanadoo.fr
du consommateur) n FNAUT (Fédération nationale n CTRC Franche-Comté
27, rue des Tanneries, des associations d’usagers des transports) 37, rue Battant,
75013 Paris. 32, rue Raymond-Losserand, 25000 Besançon.
Tél. : 01 44 53 73 93. 75014 Paris. Tél. : 03 81 83 46 85.
Courriel : contact@adeic.fr Tél. : 01 43 35 02 83. Fax : 01 43 35 14 06. n UROC Hauts-de-France
Internet : www.adeic.fr Courriel : secretariat@fnaut.org 6 bis, rue de Dormagen,
n AFOC (Association Force ouvrière Internet : www.fnaut.asso.fr 59350 Saint-André-lez-Lille.
consommateurs) n INDECOSA-CGT (Association Tél. : 03 20 42 26 60.
141, avenue du Maine, pour l’information et la défense Courriel : uroc-hautsdefrance@orange.fr
75014 Paris. des consommateurs salariés-CGT) Internet : www.uroc-hautsdefrance.fr
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Courriel : afoc@afoc.net 93516 Montreuil Cedex. 100, boulevard Brune,
Internet : www.afoc.net Tél. : 01 55 82 84 05. Fax : 01 48 18 84 82. 75014 Paris.
n ALLDC (Association Léo-Lagrange Courriel : indecosa@cgt.fr Tél. : 01 42 80 96 99. Fax : 01 42 80 96 96.
pour la défense des consommateurs) Internet : www.indecosa.cgt.fr Internet : www.ctrc-idf.asso.fr
150, rue des Poissonniers, n UFC-Que Choisir (Union fédérale n CTRC Languedoc-Roussillon
75883 Paris Cedex 18. des consommateurs-Que Choisir) 31, allée Léon-Foucault, résidence Galilée,
Tél. : 01 53 09 00 29. Fax : 01 56 55 51 82. 233, boulevard Voltaire, 34000 Montpellier.
Courriel : consom@leolagrange.org 75011 Paris. Courriel : ctrc@conso-languedocroussillon.org
Internet : www.leolagrange-conso.org Tél. : 01 43 48 55 48. Fax : 01 43 48 44 35. Internet : conso-languedocroussillon.org
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du logement) n UNAF (Union nationale des associations 58 bis, rue Raymond-Poincaré,
29, rue des Cascades, familiales) 54000 Nancy.
75020 Paris. 28, place Saint-Georges, Tél. : 03 83 28 02 68. Fax : 03 83 40 02 01.
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n CLCV (Consommation, logement résidence Port-Garaud,
et cadre de vie) LES CENTRES TECHNIQUES 31000 Toulouse.
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Courriel : contact@ctrc-mp.fr
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Courriel : clcv@clcv.org n Chambre de consommation n CTRC Normandie
Internet : www.clcv.org d’Alsace (CTRC) 51, quai de Juillet,
n CNAFAL (Conseil national des associations 7, rue de la Brigade-Alsace-Lorraine, Maison des solidarités,
familiales laïques) BP 6, 14000 Caen.
108, avenue Ledru-Rollin, 67064 Strasbourg Cedex. Tél. : 02 31 85 36 12. Fax : 09 55 69 36 12.
75011 Paris. Tél. : 03 88 15 42 42. Courriel : ctrc@consonormandie.net
Tél. : 01 47 00 02 40. Fax : 01 47 00 01 86. Courriel : contact@cca.asso.fr Internet : www.consonormandie.net
Courriel : cnafal@cnafal.net Internet : www.cca.asso.fr n CTRC Poitou-Charentes
Internet : www.cnafal.org n CTRC Aquitaine 23, avenue Robert-Schumann,
n CNAFC (Confédération nationale 89, rue Porte-Dijeaux, 86000 Poitiers.
des associations familiales catholiques) 33000 Bordeaux. Courriel : ctrc.poitoucharentes@wanadoo.fr
28, place Saint-Georges, Tél. : 05 57 14 26 30. n CTRC Provence-Alpes-Côte d’Azur
75009 Paris. Courriel : ctrc-aquitaine@wanadoo.fr 23, rue du Coq,
Tél. : 01 48 78 82 74. Fax : 01 48 78 07 35. n CTRC Auvergne (UROC) 13001 Marseille.
Courriel : cnafc-conso@afc-france.org 17, rue Richepin, Tél. : 04 91 50 27 94.
Internet : afc-france.org 63000 Clermont-Ferrand. Courriel : contact@ctrc-paca.org
n CNL (Confédération nationale Tél. : 04 73 90 58 00. Internet : www.ctrc-paca.org
du logement) Courriel : u.r.o.c@wanadoo.fr
8, rue Mériel, BP 119, n CTRC Bourgogne
93104 Montreuil Cedex. Boîte NN7, LES DÉPARTEMENTS
Tél. : 01 48 57 04 64. Fax : 01 48 57 28 16. 2, rue des Corroyeurs, D’OUTRE-MER
Courriel : cnl@lacnl.com 21068 Dijon Cedex.
Internet : www.lacnl.com Tél. : 03 80 74 42 02. Guadeloupe
n CSF (Confédération syndicale des familles) Courriel : contact@ctrc-bourgogne.fr
Internet : www.ctrc-bourgogne.fr n UDAF
53, rue Riquet,
2, rue Lardenoy,
75019 Paris. n Maison de la consommation 97100 Basse-Terre.
Tél. : 01 44 89 86 80. Fax : 01 40 35 29 52. et de l’environnement (MCE) Bretagne Tél. : 05 90 81 12 80.
Courriel : contact@la-csf.org 48, boulevard Magenta,
Internet : www.la-csf.org 35000 Rennes. Réunion
n Familles de France Internet : www.mce-info.org n CNL Région Réunion
28, place Saint-Georges, n CTRC Centre 9513 Immeuble Europe,
75009 Paris. 10, allée Jean-Amrouche, 1, rue Raymond-Barre,
Tél. : 01 44 53 45 90. Fax : 01 45 96 07 88. 41000 Blois. 97470 Saint-Benoît
Courriel : conso@familles-de-france.org Tél. : 02 54 43 98 60. Tél. : 0262 58 40 35.
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