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PrOfEssEur :
Dr.BOuIYAD IBrAHIM
Par rapport au cadre de la concurrence parfaite, on ne se place plus dans un cadre D’équilibre général
mais dans celui d'un équilibre partiel. On se concentre sur un ou plusieurs marchés mais pas sur l'économie
dans sa totalité. Par ailleurs, dès lors qu'on sort du cadre de la concurrence parfaite, l'entreprise n'est plus
preneuse de prix ("price taker") et fait face à ce qu'on appellera des interactions stratégiques. Les stratégies
des autres firmes du marché (en termes de prix, de quantité,...) vont alors impacter ses propres choix.
Lors de ce cours nous étudierons principalement les phénomènes de monopole et d'oligopole, et ainsi
que CPP, et d’autres utiles nécessaires pour mieux comprendre l’économie industrielle …………..
Chapitre I : La concurrence imparfaite : causes et effets
En CPP le prix s’impose au producteur (donnée exogène). Celui-ci a donc un comportement « price taker »
Aucun producteur ne peut écouler ses produits à un prix différent de celui déterminé sur le marché.
Aucun acheteur ne peut se procurer le produit à un prix différent de celui résultant de l’offre / demande.
La demande qui s’adresse à la firme est une droite horizontale infiniment inélastique au prix.
La production d’une entreprise est très faible par rapport au marché, elle ne peut donc influencer le prix.
Quelque soit la quantité vendue, l’entreprise obtiendra toujours ce prix de marché. Si elle demande un prix
supérieur, elle ne vaudra rien.
c) Il existe un « commissaire-priseur »
La CPP fonctionne selon le principe de « commissaire-priseur » (Walras) : centralisation des offres et des
demandes (crieur de prix !).
Le mécanisme de détermination des prix est appelé « tâtonnement walrasien ».
A. Marshall (1890) distingue deux périodes : le court terme et le long terme Voir Document N°3.
Quelques rappels
Document 1
Pour lui la théorie de la concurrence n’est qu’un instrument pédagogique sans portée opérationnelle.
Il y a une contradiction entre la théorie de la valeur en CPP et la réalité de la pratique des affaires.
Il avait une vision différente des classiques et néo-classiques concernant les « rendements d’échelle »
Il estimait que c’est le monopole et non la CPP qui devrait être….
Il a pris ses distances avec la CPP en développant, à partir des travaux de Marshall, la théorie de la
concurrence monopolistique.
Celle-ci a été exposée au début des années trente par Chamberlin (USA) et Hoan Robinson (GB).
Chamberlin était le premier a introduire les phénomènes de différenciation des produits des opérations
publicitaires et les coûts de transport.
c) Joseph Schumpeter
Schumpeter se démarque des « néo-classiques ». Pour lui, la concurrence est interprétée dans le cadre d’une
vision dynamique de l’évolution économique.
Pour lui, la croissance repose sur l’innovation. Cette croissance est un processus permanent de créations et
de destructions des activités.
Il met l’accent aussi sur la notion de concurrence - rivalité et ajoute que l’innovation est un facteur de …
Conclusion
Sraffa refuse la notion d’atomicité du modèle CPP. Il suggère un modèle alternatif : le monopole.
Chamberlin refuse celle de l’homogénéité des produits. Il propose la concurrence monopolistique.
Schumpeter refuse celles de transparence et de libre entrée et sortie et introduit le rôle de
l’innovation.
La théorie de la CPP et ses hypothèses paraissent donc peu réalistes. D’autres formes de marché existent : la
concurrence imparfaite
Vers 1850 et dans les années vingt, sont publiés des travaux portant sur la concurrence imparfaite (CI)
1 – Définition
Il y a CI dans un secteur lorsque le producteur peut individuellement influer sur le prix de son output (ce qui
sort de la firme).
En CI les prix sont généralement plus élevés et les productions moins importantes qu’en CPP.
Mais, l’existence de CI n’exclut pas une certaine rivalité sur le marché pour accroître les parts de marché.
Producteur est un « price maker »
En CI, le prix baisse à mesure que les ventes augmentent.
2 – Structures de marché
La structure d’un marché correspond à la nature et à la taille des entreprises qui le composent.
Document N°5 : Les structures de marchés et leurs caractéristiques
Les causes peuvent être les coûts de production, d’une part, et la réglementation et différenciation d’autre
part.
En CPP, les investissements et les coûts de production sont faibles. Les coûts irrécupérables (sunk costs)
sont également réduits.
En CI, l’entreprise doit être d’une taille plus importante. Elle doit avoir des capacités pour investir et doit
donc se spécialiser ou bénéficier des économies d’échelle.
La taille minimale optimale (TMO) ou Echelle Minimale d’Efficience (EME) représente le volume de
production tel que la courbe de coût moyen de long terme cesse de baisser.
Y f (K,L) AK L
f (aK;aL) a kY
Si k 1 : rendements d’échelles croissants (économie d’échelle). Y augmente dans des proportions plus
élevés que les coûts de production
Si k=1 Y augmente dans des proportions équivalents au facteur de production kY
Si k 1 : rendements d’échelles décroissants (Y augmente dans des proportions inférieur à l’augmentation
des facteurs kY).
Pour être efficace, l’entreprise doit, à long terme, produire à un niveau correspondant au minimum de son
CMLT.
La production d’une quantité supérieure risque de générer plus de coûts que de recettes.
Mais, pour pouvoir dominer sur leur marché certaines entreprises produisent au-delà de l’EME. Pourquoi ?
Gagner des parts de marchés importantes !
Document 8 : Comment la taille optimale joue sur la structure de marché.
Coûts et quantités faibles (pas d’influence sur le marché). Il faut plusieurs entreprises (n) pour satisfaire la
demande (D).
A LT, le prix en CPP se fixe au minimum du coût moyen. Chaque producteur produira qCPP, et QT=qcpp*n.
Exemple : livreurs de pizzas, laveurs de carreaux, marchands ambulants…
Les firmes ont une taille plus importante que celle des firmes en CPP. Il faut deux (duopole) ou quelques
entreprises (oligopole) pour satisfaire la demande (D).
Exemples : industrie automobile, « soft drinks » (Coca-Cola, Pepsi-Cola et Cadbury Schweppes), …
Quantité et coûts trop élevés pour être assurés par une petite entreprise.
La firme doit être de grande taille pour satisfaire à elle seule la totalité de la demande (D). 2 cas possibles :
- La firme satisfait la demande D (phase de rendements décroissants),
- La firme satisfait la demande D’ (phase de rendements croissants) : c’est un monopole naturel.
Monopole naturel = situation de marché où une seule entreprise est capable de produire à des prix plus
faibles qu’en cas de présences de plusieurs entreprises.
c) Les réglementations
a) Les brevets : c’est la garantie de l’usage exclusif (mais temporaire) d’un produit ou d’un procédé.
Ex : Photo instantanée (Polaroid), industrie pharmaceutique…Les lois sur les brevets, confèrent un
monopole à l’entreprise ayant découvert un nouveau procédé Monopole schumpetérien ou légal
(cf. plus loin)
c) Les droits de douanes : Ils peuvent être parfois institués pour aider les entreprises nationales à
concurrencer leurs rivales étrangères. Ex : secteur du textile, sidérurgie (droits de douane imposés par
l’administration Bush en 2002 sur les importations d’acier), secteur agricole
d) La différenciation
Stratégie consistant, pour une entreprise, à personnaliser son produit et à le distinguer de celui du concurrent.
Cette pratique n’existe pas en CPP (produits homogènes) mais on la retrouve en concurrence monopolistique
(E.H. Chamberlin, voir plus loin).
La différenciation entraîne la baisse du nombre de producteurs sur un secteur ce qui accentue une certaine
concentration du marché.
MAINTENANT
La concentration est plus importante que le niveau correspondant à l’EME (stratégie des firmes d’élargir leur
part de marché). Plus le secteur est concentré plus on est proche de l’oligopole ou du monopole (si
déconcentré = CPP)
Remarques : part marché cigarettes (23%) EME (6-12%) : accaparer des parts de marchands plus
importantes (pub, …)
Les industries les plus « lourdes » ont le taux de concentration le plus élevé (extraction de fer, sidérurgie,
…).
La concentration est plus faible là où le processus de production est relativement plus faible (textile, métaux,
FFS, …).
1 – Le taux de profit
Le taux de profit s’élève généralement avec la concentration d’un marché. Le document 11 (ci-après)
indique bien une corrélation positive entre la concentration et le taux de profit. Mais le taux de profit n’est
pas toujours plus élevé en concurrence imparfaite qu’en CPP. D’une manière générale le taux de profit est
plus élevé en CI qu’en CPP.
Explication : séparation entre le rôle des dirigeants et les actionnaires (les premiers cherchent à accroître leur
salaire les seconds à engranger des bénéfices).
On voit une corrélation positive entre la concentration et le taux de profit.
2 – La recherche-développement et la publicité
Ces dépenses sont plus élevées dans les secteurs concentrés. Les firmes possèdent la taille minimale
nécessaire pour engager des dépenses importantes. Au contraire en CPP, les produits sont presque identiques
et les efforts de différenciation faibles. Schumpeter avance l’hypothèse que les grandes firmes sont les
garantes de l’innovation et du progrès technique.
La CI se distingue de la CPP par l’existence d’interactions stratégiques entre les firmes (théorie selon
laquelle les firmes ne s’observent pas même en concurrence imparfaite) :
Si les firmes coordonnent leurs stratégies, on parle de comportements coopératifs,
Si par contre elles ne se concertent pas, on parle de stratégies non coopératives.
C’est le but du chapitre II : examen des différentes configurations de marché de CI.
Chapitre II : Structures de marchés et comportements des acheteurs
Section 1 : Le monopole
Le monopole est une situation de marché où une entreprise est seule à produire un bien ou un service. Quand
on passe de la CPP au Monopole, on abandonne en 1er lieu l’hypothèse « d’atomicité » et celle de « libre
accès au marché ». Les 3 autres hypothèses restent compatibles avec le monopole (transparence de
l’info,…,…).
A – Monopole naturel : situation où une seule entreprise produit plus efficacement que plusieurs (en
raison notamment des économies d’échelle).
C – Monopole légal : les pouvoirs publics accordent à une entreprise le droit exclusif de produire un
bien ou un service. On y trouve les « monopoles publics » (La poste EDF-GDF, SNCF,…).
2 – Equilibre du monopole
Le monopoleur est confronté directement à la totalité de la demande sur un marché. Le prix est fixé par
l’entreprise et non pas par le marché (« price maker »). Ce n’est pas une constante mais une donnée qui
décroît avec l’augmentation de la production. La recette marginale en monopole est donc décroissante.
En CPP on fait P = Cm afin de calculer l’équilibre. En monopole, équilibre obtenu lorsque Rm = CmCT de
court terme.
Equilibre => Rm = Cm
1) Rm = Cm, on obtient Qm
1) Rm = Cm, on obtient Qm
Caractéristiques de l’équilibre :
À LT, le monopoleur recherche la taille qui lui procure un profit maximum (il adapte sa production et
modifie la structure de ses coûts). Il peut être incité à développer ses capacités de production pour tirer profit
des économies d’échelle. Mais il n’est pas obligé d’aller jusqu’au minimum du CMLT (Prix élevé pour une
quantité moins importante).
La situation de monopole conduit à produire une quantité plus faible, vendue à un prix plus élevé qu’en CPP.
Du point de vue du consommateur, il y a une certaine inefficacité du monopole. On parle également de
« charge morte du monopole » ou de « perte de satisfaction sociale » (manque à gagner et conso et
producteur). Il y a inefficacité car le surplus social est moins important en monopole qu’en CPP.
Document 14 : Inefficacité sociale du monopole
Pm
A
Pcpp B
C
Qm Qcpp Q
En monopole, les consommateurs subissent une perte de surplus. Pour se procurer Qm, ils paient Pm au lieu
de Pcpp (rectangle A). En plus, ils ne peuvent acquérir Qcpp car la quantité offerte par le monopole est
moindre. Ils perdent également un surplus (triangle B). La perte globale des consommateurs est A + B.
Du côté du producteur, le monopoleur verra son surplus augmenter (rectangle A). Mais, en CPP, il aurait
vendu Qcpp au prix Pcpp. Pour chaque unité supplémentaire, le gain aurait été de Pcpp-Cm. Son manque à
gagner est représenté par la surface C. La perte de satisfaction sociale est de B+C, représentant la « charge
morte de monopole » : c’est une mesure de l’inefficacité sociale du monopole comparée à la CPP.
Aussi, le monopole n’est pas une situation optimale au sens de Pareto (pas possible d’améliorer la
satisfaction d’un individu sans diminuer celle de l’autre !).
4 – Le monopole discriminant
Dans le monopole discriminant, nous nous limiterons à la discrimination par les prix. On parle de
discrimination par les prix lorsqu’il est possible à un producteur de vendre les unités d’un bien à des prix
différents. Seul le monopoleur peut discriminer (« price-maker »). Cette stratégie répond à la volonté
d’augmenter le profit. PIGOU (1920) distingua trois formes de discrimination par les prix : 1er, 2ème et 3ème
degré.
La discrimination au 1er degré est une situation où le monopoleur peut vendre les unités d’un bien à des prix
différents. Les prix de vente varient selon le consommateur auquel il s’adresse. Ceci suppose que le
monopoleur connaisse les préférences et les fonctions de demande individuelle de chaque consommateur.
Exemples :
Les ventes aux enchères : la propension à payer varie d’un acheteur à l’autre.
Un médecin non conventionné ayant un monopole géographique : chaque patient paiera un prix
« personnalisé ».
Mots clés :
Situation où le monopoleur peut vendre les unités d’un bien à des prix différents.
Préférences, fonctions de demande individuelle.
Implication de la discrimination du premier degré :
Rm RM (Rm=RM)
b) Quand le monopole vend une unité de plus que la première (et ainsi de suite !) , sa recette sur les
unités déjà vendues ne baisse pas.
c) Il existe une situation optimale au sens de Pareto.
d) Le monopoleur s’approprie le surplus du consommateur.
A
Cm
B
P1
C
Rm2 (=RM)
Rm1
Q1 Q2 Q
Rappel : En cas de non discrimination, l’équilibre se réalise lorsque Rm1=Cm, soit B, c.à.d. (Q1,P1). En cas
de discrimination on a Rm2=RM. Le monopoleur a intérêt à baisser ses prix jusqu’à ce que la dernière unité
vendue lui rapporte autant que ce qu’elle à coûté (c.à.d. Rm2=Cm). L’équilibre est donc obtenu lorsque
Rm2=Cm c.à.d. pour une quantité Q2 (point C).
Document 17 : La discrimination de 1er degré et la notion de surplus
A A
B Cm
P1 B
P1
P2 C
D
Rm2(=D)
Rm1
Q1 Q1 Q2
En cas de non discrimination (graphique de gauche) à l'équilibre, le surplus des consommateurs sera de
ABP1, il restera entre les mains des consommateurs (Ils paient P1, soit moins que ce qu’ils étaient prêts à
payer).
En cas de discrimination de 1er degré (graphique de droite) le monopoleur peut continuer à discriminer
jusqu'à ce que Rm2=Cm c'est-à-dire produire Q2. Dans ce cas, par rapport à Q1, son profit supplémentaire
sera de BCD (différence entre le surcroît de recette et l'augmentation des coûts liée à l'accroissement de la
production : Rm2-Cma). Il perçoit également une recette supplémentaire de ABP1 (il s'approprie donc le
surplus du consommateur).
P
Offre
A
P1
P2
E
PE Demande
Q
O Q1 Q2 QE
Surplus du consommateur : AEPE. Comme l'indique la courbe de demande, les acheteurs sont prêts à
payer un prix plus élevé que le prix d'équilibre (ex. P1 pour Q1, P2 pour Q2,…).
Surplus du producteur : OEPE. Comme l'indique la courbe d'offre, les producteurs sont disposés à
accepter un prix inférieur à PE pour toutes les quantités < à QE. Donc, pour chacune de ces unités, le
producteur gagne la différence entre le prix du marché et le prix auquel il est disposé à vendre.
b) Discrimination du 2e degré
1) Définition
Ici, l’entreprise applique des prix différents selon la quantité vendue mais ce prix est le même pour tous les
consommateurs. Ce cas est plus fréquent que le 1er degré. On parle aussi de « tarification non-linéaire » : prix
dégressif par tranches de quantité. Le consommateur 1 payera P1 pour Q1. Le consommateur 2, achetant
Q2>Q1, paiera P1 pour Q1 et un prix P2<P1 pour Q2-Q1.
A
Cm
P1
P2
B
P*
C
PE
D
D (=RM)
Rm
Q1 Q2 Q* QE Q
Ainsi, pour maximiser son profit, la quantité optimale doit être de QE et le prix = PE (c’est à dire lorsque RM
= Cm).
Le producteur discriminant au 2e degré ne capte pas la totalité du surplus des consommateurs. En effet, s’il
se situe à (QE,PE), une partie du surplus du consommateur restera entre les mains du consommateur
(surfaces jaunes).
Le monopoleur fait payer par tranches, c’est à dire que certains consommateurs continuent de payer moins
que ce qu’ils étaient prêts à payer.
Il y a une partie qui reste entre les mains du consommateur (surface jaune) et une partie accaparée par le
producteur (surface verte).
c) Discrimination au 3eme degré
1) Définition
La discrimination au 3e degré correspond à la situation où l’entreprise pratique des prix différents selon des
sous-groupes de clients (ou sous-marchés).
Cette politique suppose que les sous-marchés soient facilement identifiables et suffisamment cloisonnés ou
étanches. Le monopoleur pratique ce type de discrimination lorsque :
Chaque sous-marché a sa propre demande,
L’élasticité-prix de la demande varie selon le sous-marché envisagé.
Ce type de discrimination est très fréquent et n’est pas uniquement l’apanage (exclusivité) du producteur en
situation de monopole.
Le monopoleur aura intérêt à répartir les ventes entre les sous-marchés de sorte que les recettes marginales
des sous-marchés s’égalisent. Optimum : Rm=Cm=Rm1=Rm2.
P P P
Rm = Cm
P1
Pm
P2
D1 D2 D1+D2
Rm1 Rm2 Rm1+Rm2
Q1 Q2 Q1+Q2
L’optimum est atteint lorsque les dérivées partielles par rapport à Q1 et Q2 s’annulent :
(Q1)=0, soit Rm1=Cm
(Q2)=0, soit Rm2=Cm
D’où Rm1=Rm2=Cm
1 – Définition
Cette théorie a été proposée en 1933 par l’économiste américain E. Chamberlin et l’économiste britannique
Joan Robinson. La concurrence monopolistique tire ses caractéristiques à la fois de la CPP et du monopole.
Elle tient de la CPP : le nombre de vendeurs est grand et aucun d’entre eux n’exerce une
influence sur les autres. Les entrées et les sorties sont libres de toute barrière.
Elle tient du monopole : le producteur s’adresse à une demande particulière car le produit n’est
pas semblable aux autres mais différencié. De ce fait, le producteur en CM a une influence sur le
prix.
Exemples : l’alimentation, la restauration, l’habillement, les services artisanaux, marché des jeux (PC,
consoles,…).
2 – Equilibre
Profit
Max
Cm
E CM
P0
Rm D
0 Q0 Q
C mLT
C MLT
E
P1
D
Rm 1 D1
0 Q1 Q
L a firm e à lo ng te rm e
1 – L’oligopole de Sweezy
a) Hypothèses de Sweezy
L’économiste Sweezy (1939) a émis l’hypothèse suivante concernant un producteur présent sur un marché
oligopolistique : si le producteur (oligopoleur) modifie le prix de vente, la réaction des concurrents est
différente selon que ce prix augmente ou baisse.
Prix
Pas d’imitation,
élasticité () élevée Cm
Rm
Prix de A
référence P1
B
Imitation, élasticité () faible
C Demande
Rm
Q1 Quantité
La baisse du prix (<P1) entraîne une faible augmentation de la quantité (élasticité faible). Les gains de la
firme (augmentation de la demande) seront réels mais atténués par la réaction des rivales (celles-ci baissent
également le prix)
Le gain de Rm est faible (C).
Le prix P1 est une référence, pas nécessairement un prix d’équilibre. La demande coudée tend à assurer une
stabilité du prix des quantités. Cette stabilité durera tant que Cm se situe dans le segment B-C. Il y a un
changement de Q et P seulement si Cm sort de B-C. Cet équilibre relativement stable ne résulte pas d’une
entente entre les firmes (il n’y a pas d’accord préalable entre celles-ci).
Des travaux ont été réalisés par Stigler (1947) et Effroymson (1955). Ils distinguent deux périodes : la
récession (croissance présente mais ralentie déoression) et l’expansion.
PIB
RÉCESSION EXPANSION
Imitation,
Non imitation, faible
élevée
2 – Le duopole
C’est une situation de marché où existe deux producteurs face à une multitude d’acheteurs. On examinera
ici : Cournot, Stackelberg, Bowley, Bertrand et Edgeworth.
a) Le modèle de Cournot
Appelé aussi « duopole symétrique à double satellitisme ». En 1838, Cournot a mis en évidence
l’interdépendance des firmes.
1. Hypothèses du comportement
Chaque firme considère que la production de l’autre est une constante. C’est la quantité qui est une variable
de décision et non le prix. Soient deux entreprises A et B qui se partagent un marché. Leurs fonctions de
coût total sont respectivement :CTA et CTB. La fonction de demande qui leur est adressée est de type :
2. Fonctions de réaction
Pour Cournot, chaque entreprise tente de maximiser son profit en considérant que la production du
concurrent comme une constante.
O = QA+QB (O : offre globale ; QA : production de A…). Les fonctions de profit sont :
RTA-CTA=P.QA-CTA
BRTB-CTBB=P.QB-CTB
L’équilibre du marché est obtenu par la résolution des deux équations de fonctions de réaction :
QA=A(QB)
QB=B(QA)
On obtient alors les quantités d’équilibre (Q*A et Q*B) ainsi que le profit des deux firmes : et B.
QB
a/b
Fonction de réaction de A
a/2b
Fonction de réaction de B
Avantages :
a) Rappel du modèle
Modèle mis en place par Von Stackelberg en 1934, c’est une généralisation du modèle de Cournot. Il estime
que chaque firme tente d’anticiper les réactions de l’entreprise concurrente face à ses propres décisions de
production.
b) Hypothèses de Stackelberg :
Le « pilote » adopte un comportement de domination sur le « satellite ». Il maximise son profit en anticipant
la réaction du satellite. Le « satellite » suppose que l’autre firme est leader, avec une production considérée
comme une donnée. La firme satellite ne connaît pas la fonction de réaction du pilote (comportement de
Cournot).
La firme B a un comportement dit de Cournot. La firme A le sait et en tient compte dans la détermination de
son volume de production. Le profit réalisé par A est :
RTA-CTA=P.QA-CTA
Comma la fonction de demande chez Cournot est : P= a-b(QA+QB ) alors :
(a-b(QA+QB )). QA - CTA
aQA-bQ2A-bQAQB-CTA
aQA-bQ2A-bQA(B ))-CTA
Est maximum lorsque dérivé=0, ce qui donne QA*. En remplaçant QA* dans la fonction de réaction de
B on obtient QB*.
Même démarche que précédemment. La firme A a cette fois-ci un comportement dit de Cournot.B doit
intégrer la fonction de réaction de A dans sa fonction de profit. En faisant B /QB=0 on obtient QB*. En
remplaçant QB* dans la fonction de réaction de A on obtient QA*.
c) Le modèle de Bowley (duopole de double leadership)
Le duopole de Bowley étudie la situation où chaque firme veut être dominante. Chacune pense que l’autre
acceptera d’être satellite. Chacune fixe sa production en toute indépendance. Aucune des fonctions de
réaction anticipée ne se réalisant. Cette situation peut conduire à un déséquilibre. Elle (cette situation) se
traduira par une lutte (augmentation des quantités, baisse des prix et des profits) aboutissant à terme :
a) Présentation et hypothèses
Le modèle de Bertrand (1938) résulte de la critique du modèle de Stackelberg. Pour lui, la rivalité se fait à
partir des prix. Bertrand estime que le duopoleur fixe son prix en considérant que l’autre maintient le sien
constant. Les autres hypothèses restent similaires à Cournot : produit homogène, capacité de production
suffisante, etc. les fonctions de réaction se déterminent de la même manière que chez Cournot, mais ici, les
réactions se font sur les prix.
PB FIRME A PB FIRME B PB
MARCHÉ
RA
RA
RB
P'2 PeB E RB
P2
P1 P'1 PA PA PeA PA
- RA étant la fonction de réaction de A. Si la firme B augmente son prix de P2 à P2’, la firme A l’augmente
également de P1 à P1’.
- E est l’équilibre de Bertrand : intersection de RA et RB ce qui donne PAe et PBe correspondant aux
anticipations des deux firmes.
c) Implications sur l’équilibre
La rivalité entre les concurrents entraînera la baisse des prix jusqu’au niveau du Cm (CPP !). PE s’identifie à
un prix de CPP, bien qu’il n’y ait pas d’atomicité. En conséquence le bien-être des consommateurs est
maximisé. Deux exemples de duopole à la Bertrand :
Avis / hertz (location de voitures)
Coca-Cola / Pepsi-Cola
Ces duopoles à la Bertrand se caractérisent par le fait que les firmes ont le prix comme variable de décision
et non la quantité. Elles fixent le prix en pensant que celui du rivan ne changera pas. Sachant que les firmes
n’ont pas de contraintes de capacité (pas limité dans la contrainte de production), la rivalité les conduira à
pratiquer des prix faibles jusqu’à atteindre le Cm (pourtant pas d’atomicité du marché).
Ce modèle a été mis en place en 1925. Il intervient plus particulièrement en cas d’absence d’entente.
Contrairement à Bertrand, Edgeworth estime que les capacités peuvent parfois être contraintes. Edgeworth
explique que les prix ne baissent pas jusqu’au Cm. Ils varieront de manière cyclique et se situeront toujours
au-dessus du Cm. Il parle également de l’effet d’une « demande potentielle ».
d) L’équilibre
Pour Edgeworth, la concurrence fait baisser le prix des deux firmes. Mais très vite l’une des deux augmente
son prix (car difficile de couvrir les coûts). Le concurrent augmente également le sien jusqu’à ce que la
« guerre des prix » reprenne. Se succèdent donc des périodes de guerres et des périodes de « hausse des
prix ».
a) La demande potentielle
Edgeworth évoque l’existence d’une « demande potentielle » qui peut générée par la publicité, proximité,
baisse de prix, etc. Etant donnée la capacité de production limitée des deux firmes, l’offre devient
insuffisante pour satisfaire toute la demande, les prix se situeront toujours au-dessus du Cm.
Exemple : deux chaînes hôtelières en situation de duopole dans une station balnéaire, les capacités d’accueil
(nombre de lits) sont limitées.
Duopole
L’entente est interdite par la loi, mais rien n’empêche les dirigeants d’entreprises à se réunir, «discuter »,…
Le but du cartel est de fixer des prix de vente élevés pour maximiser le profit. Le résultat global de l’entente
(somme des CA des différents membres de l’entente) serait plus élevé que si les firmes opéraient
individuellement. Le cartel organise la production totale comme un monopoleur et maximise le profit
collectif.
Novembre 2005 : 6 prestigieux palaces parisiens ont été condamnés à des amendes (55.000 à 248.000 euros)
pour entente illicite.
Il s’agit : le Bristol, le Crillon, le George V, le Meurice, le Plaza Athénée et le Ritz
Motif : échange d’informations commerciales nécessaires à l’élaboration de leurs plans marketing.
Novembre 2005 : 3 opérateurs de téléphonie mobile (Orange, SFR et Bouygues Télécom) ont été condamnés
à des amendes (58 millions d’Euros à 256 millions d’euros) pour entente illicite.
Motif : échange d’informations pour maintenir un prix élevé.
Cm
CM
Pc
CMc
Rm RM
0 Qc Q
Prix
Une firme du Cartel
Le Prix du Cartel est
supérieur au Prix du duopole
Rm d D
Qc
Q
Chaque firme décidera de produire Qc. La quantité totale produite sera Qt = 2.Qc
Cm1 Cm2
Pc Cm
Rm
Cm1=Cm2 D
Rm
Q1 Q2 Q Qc=Q1+Q2
La répartition des quantités ne se fait pas toujours selon cette règle. Il y a le « système de quotas » (ex :
OPEP).
Dans un cartel, il y a un risque de non respect des termes de l’engagement (tentation de faire « cavalier
seul »).
Conséquences : baisse du prix (rupture du contrat) entraînant la disparition des firmes. A terme, cela
mènerait à un monopole par élimination des rivaux.
1 – Définition
Le monopsone est une situation de marché où existe un seul demandeur pour plusieurs offreurs.
Ex : Coopératives laitières, une seule entreprise dans un bassin d’emploi
2 – Equilibre
Equilibre en monopsone : Rm = Cm
Le prix est fixé en projetant la quantité d’équilibre sur la fonction d’offre (et non de demande RM : Recette
moyenne).
Document 31 : Le monopsone
P, coûts Cm
S (Offre)
Pcpp Ecpp
Pms
Ems
Rm
Qms Qcpp Quantité
L’équilibre reste le même mais on le projette sur la fonction d’offre pour obtenir Pms et Qms.
SL : Offre de travail
W1
Wcpp Ecpp
Wms PmL : Productivité marginale du travail en valeur
Ems (c'est également la recette marginale du travail)
Lms Lcpp L
- SL est la courbe d’offre de travail (le taux de salaire payé par le monopsoneur varie avec la quantité de
main d’œuvre achetée).
- PmL est la valeur du produit marginal (Productivité marginale Prix).
- Pour Lms, le monopsoneur paye Wms. Ainsi, (W1 – Wms) est « l’exploitation du travail » (Joan Robinson)
La théorie des marchés contestables (disputables) a été développée par Baumol et Willig en 1982.
Objectif : montrer que les marchés qualifiés de concurrence imparfaite sont proches de la CPP.
Cette théorie est particulièrement utiliser pour légitimes la privatisation des services publics
(déréglementation).
Les premiers travaux empiriques (de terrain) aux E.U. : Le transport aérien, les chemins de fer, la téléphonie,
…
D’autres secteurs (dans d’autres pays) sont également concernés : énergie, eau, communications, …
1 – Définition : contestabilité et soutenabilité
Un marché est dit parfaitement contestable si l’entrée potentielle y est totalement libre et si la sortie peut
s’effectuer sans coût (Baumol et Alii, 1982).
La contestabilité suppose aussi que :
- Les entreprises en place ne peuvent modifier instantanément leurs prix.
- Les consommateurs répondent instantanément aux différentiels de prix.
- Le prix pratiqué par la (les) firme(s) installée(s) ne permet pas à l’entreprise entrante de réaliser un profit.
- Les firmes installées fixent leur prix au niveau du Cm.
Les auteurs définissent la structure d’un marché ou « configuration industrielle » par 3 variables :
- Le nombre d’entreprises (n)
- Le prix du marché (P)
- Les quantités produites par chaque firme (Q1, Q2, Q3, …, Qn)
Une configuration est dite réalisable (feasible) si :
Une configuration réalisable est dite soutenable (sustainable) si elle ne permet aucune entrée profitable sur le
marché. C’est-à-dire :
pe.qe ≤ C(qe) pour toute valeur de pe et qe telle que : pe ≤ P et qe ≤ Q(pe).
avec :
- (pe ;qe) : stratégie prix-quantité de l’entrant potentiel.
- Q(pe) : demande au prix proposé par l’entrant.
- L’entrant considère que P ne sera pas modifié suite à son entrée.
Résumé :
- Pour la firme installée : P ≥ CM donc ≥ 0
- Pour la firme entrante : Pe ≤ P et ≤ 0
Selon Baumol et Alii (1982), dans toute configuration soutenable, il faut que :
- P = CM (si P > CM, les firmes entrent sur le marché et si P < CM, les firmes le quittent)
- P > Cm, si n = 1 (monopole)
- P = Cm, si n ≥ 2 (duopole, oligopole, CPP, …)
Dans un marché parfaitement contestable (MPC), seule une configuration réalisable et soutenable peut
constituer un équilibre (aucune incitation à l’entrée !).
c) Propriétés de l’équilibre
Propriété 1 : P ≥ Cm (ou P = Cm si n ≥ 2). Si P < Cm, alors l’équilibre n’est pas soutenable.
P = CM et P ≥ Cm si n = 1 (monopole)
P = CM et P = Cm si n ≥ 2 (duopole, oligopole, CPP, …)
Dans le cas du monopole, si la demande coupe la courbe de CM au delà de son minimum, aucun équilibre
soutenable ne peut exister car P = CM mais Cm > CM.
P
CM
Cm
Erb
Cm CM
Pm Em
Ec
Q
Qm Qrb Qc
En économie d’échelle, un monopole soumis à un risque d’entrée d’un concurrent peut pratique P = CM et P
> Cm.
Conclusion : seule une tarification P = CM est conforme à une configuration réalisable et soutenable (donc
MPC).
PB B F
PD D PF
PA A
PE E
PC C
QB QA QC QD QE QF
A, C et D ne sont pas des Equilibres de type MPC
B, E et F sont des Equilibres de type MPC.
1. Sur un marché contestable les coûts d’entrées et de sorties sont faibles. On a alors une
accentuation de la concurrence.
2. Une firme en CI pratiquant une tarification au Cm ne peut durablement réaliser des super-profits
(=0 à LT).
3. Mais la contestation durera s’il y a des profits. L’entrée entraînera : offre, prix, profits, un
départ des entreprises.
4. La concurrence potentielle peut suffire pour avoir un optimum de 1er rang, c.à.d. P=CM=Cm
Chapitre III : La stratégie des acteurs à travers la théorie des jeux
Principal fondateur de la théorie des jeux. Ce mathématicien d'origine hongroise, qui s'est installé aux
Etats-Unis en 1931, a produit de nombreux travaux sur la théorie des ensembles, la mécanique quantique
et la logique mathématique. Il a également participé à divers projets militaires, en particulier la mise au
point de la première bombe atomique
Cet économiste d'origine autrichienne s'est installé aux Etats-Unis en 1935 où il a enseigné jusqu'en 1971.
En 1944, il a publié, en association avec J. Von Neumann, l'ouvrage fondateur de la discipline « Théorie
des jeux et comportement économique ».
Considéré comme l'un des mathématiciens les plus prometteurs de l'après-guerre, il a publié en 1949, à
l'âge de 21 ans, une recherche qui lui vaudra le prix Nobel d'économie en 1994. Ce travail améliorerait
considérablement la théorie de John Von Neumann et Oscar Morgenstern en montrant l'importance des
jeux caractérisés non par le pur conflit, mais par la possibilité de gains mutuels. La carrière de John Nash a
été stoppée précocement par de graves troubles psychiatriques. Il n'a plus publié de travaux scientifiques
depuis 1958. [Sa biographie par Sylvia Nasar, ex-journaliste économique pour le New York Times, parue
en 1999 a été adaptée au cinéma par Ron Howard, sous le titre français Un homme d'exception].
Respectivement économistes à l'université de Californie et à l'université de Bonn, ces deux auteurs ont
également reçu, en 1994, le prix Nobel d'économie, pour leurs travaux sur la dynamique des jeux dans le
temps et la nature imparfaite de l'information dont disposent les joueurs.
Source : "La théorie des jeux", Jacques Lecomte, Sciences Humaines, n°82, avril 1998.
Repris dans Problèmes économiques n°2599, janvier 1999
Section 1 : coopération et non coopération en théorie des jeux
La théorie des jeux a été à l’origine fondée par Von Neumann (1928) et développée par Morgenstern (1944).
D’autres travaux ont suivi dans les années 50 notamment ceux de Nash, Raiffa et Luce, Shapley…
Cette théorie a été généralisée dans les années 80 – 90. Elle fait partie de la « nouvelle micro-économie ».
Le prix Nobel d’économie 2005 a été attribué à deux chercheurs américains (Schelling et Aumann). Ils ont
été récompensés pour « avoir amélioré notre compréhension des conflits et de la coopération au moyen de la
théorie des jeux ». Ils ont expliqué aussi les conflits économiques tels que les guerres des prix et les guerres
commerciales.
Soit l’exemple de Brams (incident USA/URSS sur les missiles à Cuba en 1962).
URSS
Cède (retrait) Ne cède pas (maintien)
A:3 B:3 A:2 B:4
Cède (blocus)
Compromis Victoire de B
Etats-Unis
Ne cède pas A : 4 B:2 A:0 B:0
(frappe aérienne) Victoire de A Guerre
En théorie des jeux, les situations mixtes sont plus fréquentes mais des compromis sont possibles.
La stratégie d’un joueur est « dominante » lorsqu’elle lui assure le maximum de gains, quelle que soit la
stratégie de l’autre joueur. On parle d’équilibre dominant lorsque les joueurs jouent leurs stratégies
dominantes.
Rappel de la situation :
- Si le cartel fonctionne, le chiffre d'affaires mensuel de chacune des firmes sera identique et égal à 2.000
euros ;
- Si la Firme A triche et que la Firme B honore son engagement, la Firme A gagne 3.000 euros et la Firme
B n'en gagne plus que 500 ;
- Si la Firme B triche et que la Firme A honore son contrat, la situation est inversée;
- Enfin, si les deux trichent, elles gagnent chacune 1.000 euros.
Firme B
Loyale Triche*
Loyale A : 2.000 B : 2.000 A : 500 B : 3.000
Firme A Triche* A : 3.000 B : 500 A : 1.000 B : 1.000
D
* Stratégies dominantes ; D : Equilibre dominant
La stratégie dominante pour A est « tricher » (1000>500) et celle pour B est « tricher » (1000>500).
L’équilibre dominant est alors (triche ; triche).On peut procéder également par anticipation :
A anticipe que B va tricher (max. gains = 3000), A ne restera pas loyale mais trichera (1000>500).
Parallèlement, B anticipe que A va tricher (max. gains = 3000), B ne restera pas loyale mais trichera
(1000>500).
L’équilibre dominant est alors (triche ; triche).
Aldi
Prix habituels* Guerre des prix
Prix habituels* A : 10.000 B : 10.000 A : 500 B : -100.000
Eda D
Guerre des prix A : -100.000 B :-10.000 A : -50.000 B : -50.000
* Stratégies dominantes ; D : Equilibre dominant
Attention : certains équilibres ne procurent pas toujours un maximum de gains (Cf. Equilibre de Nash).
3 – L’équilibre de Nash
Dans certaines situations, il n’y a pas d’équilibre dominant mais un équilibre de type Nash. Nash
(mathématicien américain) formula ce concept en 1951.
Définition : un équilibre de Nash est une situation dans laquelle le joueur choisit sa stratégie en considérant
que celle de l’adversaire est une donnée.
Cet équilibre est atteint quand aucun joueur n’a intérêt à modifier sa position car sa situation pourrait se
dégrader. Toute déviation profite à l’autre.
Aldi
Prix élevé Prix habituel
Prix élevé A : 100.000 B : 200.000 A : -20.000 B : 150.000
Eda Prix habituel* A : 150.000 B :-30.000 A : 10.000 B : 10.000
N
* Stratégie dominante ; N : Equilibre de Nash
Aldi va opter pour le jeu qui maximise ses gains (prix habituel). On arrive donc à un équilibre de Nash.
Retour au Document 38
« tricher » = stratégie dominante des deux firmes. Chacune va anticiper un comportement de tricherie de
l’autre. Présence simultanée de 2 équilibres : dominant et Nash.
Firme B
Jeu 1 Jeu 2
Jeu 1 A : 1.000 B : 500 A : 500 B : 1000
Firme A
Jeu 2 A : 500 B : 1000 A : 1.000 B : 500
Firme B
Jeu 1 Jeu 2
A : 1.000 B : 1000 A: 500 B : 500
Jeu 1
N
Firme A
A: 500 B : 500 A : 2.000 B : 2000
Jeu 2
N
Firme B
Jeu 1 Jeu 2
Firme A Jeu 1 1 0 0 1
Jeu 2 0 1 1 0
Pas de stratégie dominante
Pas d'équilibre dominant
Pas d'équilibre de Nash
Document 44 : Plusieurs équilibres de Nash
Firme B
Jeu 1 Jeu 2
Firme A Jeu 1 3 3 10 0
(N)
Jeu 2 -8 -5 10 0
N
N : Equilibre de Nash.
2 personnes sont suspectées d’avoir commis un crime. La justice leur propose un « marché » :
Prisonnier 2
Avoue N'avoue pas
Avoue -7 -7 0 -10
Prisonnier 1 N
N'avoue Pas -10 0 -1 -1
N : Equilibre de Nash
L’équilibre dominant n’est pas forcément la meilleure solution pour atteindre l’objectif des gains.
Retour au Document 38
Retour au Document 40
1 – L’engagement préalable
L’engagement préalable est une sorte d’entente ou de coopération entre les partenaires.
Exemples : engagements portant sur la fixation des prix, de la quantité à produire.
Dans le document 38, un engagement préalable consiste pour les deux firmes à rester loyales : 2000
Euros chacune. On trouve des formes proches de l’engagement préalable dans des accords bilatéraux (entre
pays), OMC,…
Lorsque les jeux sont répétés, la stratégie de coopération est préférable à celle consistant à faire « cavalier
seul ».
Document 38 : si le jeu est répété alors l’intérêt des firmes n’est plus de tricher mais de coopérer (gain
double).
3 – La crédibilité de la menace
Pour maintenir une coopération, la menace doit être crédible. Une menace crédible favorise l’entente alors
qu’une menace non crédible mènerait à la rupture de l’entente.
Firme B
Loyale Triche
Firme A Loyale A : 2.000 B : 2.000 A : 1.500 B : 3.000
Triche A : 3.000 B : 500 A : 1.000 B : 1.000
A préfère rester loyale lorsque B triche. La menace de A de « tricher » n’est donc pas crédible.
B n’a pas d’intérêt à maintenir la coopération, il va tricher. Il sait que A préférerait rester loyal quelque soit
l’attitude de B.
Conclusion : la menace de B de tricher est crédible alors que celle de A ne l’est pas.
Une entreprise a un seul fournisseur de services informatiques. Ils se sont mis d'accord sur un contrat
annuel de prestations en quantité et en prix.
Le contrat prévoit que le fournisseur puisse augmenter ses tarifs en courant d'année, sans possibilité de
rupture du contrat par l'entreprise. Le fournisseur sera-t-il tenté d'augmenter les tarifs ?
A gauche de la parenthèse le gain pour le fournisseur, à droite l'avantage pour le client (critères : qualité du
service, état de la concurrence, coûts d'adaptation au changement de fournisseur,…).
Fournisseur
L’intérêt du client est de ne pas rompre le contrat (gain de 1000 et 3000 pour fournisseur). Sa menace de
rompre n’est pas crédible (-2000 , -1000). La non rupture du contrat (3000 ;1000) est vue ici dans une vision
de court terme et conformément au principe de rationalité. Mais la TJ s’intéresse également aux agents non
rationnels.
Von Neumann et Morgenster (Theory of Game and Economic Behaviour) ont d’ailleurs critiqué le modèle
de CPP et surtout le concept néoclassique de la rationalité. Si l’on remet en question l’hypothèse de
rationalité, le client choisir (doc. 46) de rompre le contrat (-2000 ;-1000).
Nous proposons à 2 joueurs le jeu de coordination suivant. Chaque joueur doit choisir un nombre entre 1
et 10. Si le nombre sélectionné par les 2 joueurs est le même, chaque joueur reçoit une somme d’argent
égale à 10 fois ce nombre. Si les nombres ne sont pas identiques, les joueurs ne reçoivent rien. Le jeu
sous sa forme normale est représenté dans le tableau suivant. La matrice de ce tableau reproduit les
gains de toutes les paires de stratégies possibles du jeu décrit ci-dessus. On remarque que les seuls
gains positifs apparaissent sur la diagonale de la matrice. Les nombres positifs indiquent le gain des
joueurs lorsqu'ils choisissent le même nombre. Par exemple, quand les deux joueurs choisissent
conjointement 3, leur gain est de 30 euros chacun et quand ils choisissent 7, leur gain est de 70 euros.
En dehors de cette diagonale, le gain est nul. Les joueurs ont donc intérêt à coordonner leurs stratégies.
Joueur 2
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
1 10,10 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
2 0,0 20,20 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
3 0,0 0,0 30,30 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
4 0,0 0,0 0,0 40,40 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Joueur 1 5 0,0 0,0 0,0 0,0 50,50 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
6 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 60,60 0,0 0,0 0,0 0,0
7 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 70,70 0,0 0,0 0,0
8 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 80,80 0,0 0,0
9 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 90,90 0,0
10 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 100,100
Source : Schotter 1996, page 213
Ce jeu contient 10 équilibres de Nash. Aucun joueur n'a individuellement intérêt à dévier. Dans cet
exemple, malgré la multiplicité des équilibres possibles, l'issue du jeu semble donc être relativement stable.
Ce n'est pas toujours le cas comme nous allons le voir dans l'exemple suivant. Le meilleur équilibre est le
choix par les deux joueurs du chiffre 10.
Aucun joueur n’a intérêt à dévier. Il existe un meilleur équilibre : choix par les deux joueurs du chiffre 10.
b) Le cas des stratégies mixtes
Les stratégies pures n’affectent pas de probabilités aux actions alors que les stratégies mixtes le font. Chacun
des deux joueurs peut affecter une probabilité à ses choix, ou encore aux choix du concurrent :
Firme A
Firme B
Équilibre corrélé : les joueurs se mettent d’accord préalablement à la prise de décision sur une attitude
commune face à un événement aléatoire (entente !).
Ex : coopération entre les firmes au cas où événement mettant en danger leur activité se produisait :
Joueur 2
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
1 100,100 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
2 0,0 100,100 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
3 0,0 0,0 90,90 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
4 0,0 0,0 0,0 100,100 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Joueur 1 5 0,0 0,0 0,0 0,0 100,100 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
6 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 100,100 0,0 0,0 0,0 0,0
7 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 100,100 0,0 0,0 0,0
8 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 100,100 0,0 0,0
9 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 100,100 0,0
10 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 100,100
Parmi les 10 équilibres de Nash, l’équilibre (3 ;3) résulte de l’existence d’un point focal : repère de
coordination des actions.
(3,3) fournit un gain inférieur à tous les autres équilibres de Nash. S’il est préféré, c’est que ses chances de
réalisation sont élevées. Autre exemple : la stratégie de garder des prix habituels » peut être un point focal.
Mais, un point focal est évolutif.
Section 3 – Compléments