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Dictionnaire

des
Mathémati
algèbre7
analvse
geometrie
PRÉFACE

Le monde scientitïque est de plus en plus imprégné de mathématiques, ou de


mathématique ~ le singulier, rare dans le langage courant, semblant néanmoins
préférable. C’est pourquoi cette discipline a pris une place de choix dans l’ensei-
gnement : tout élève, au cours de ses études, y est nécessairement confronté.
Mais, a la fois Valorisée et redoutée, elle garde, au-delà des rudiments dispensés
au collège et au lycée, une aura de mystère : seuls quelques initiés ont le privilè-
ge de faire des recherches en mathématiques, ou même simplement d’avoir une
claire vision de ce qu’elles sont.
Dès sa première édition (1968-1974) l’Encyclopa?diu Univemlis a voulu offrir au
public une vue d’ensemble des mathématiques contemporaines et de leur déve-
loppement historique. L’ambition de ce projet - les exigences propres à la
présentation de cette discipline s’ajoutant à celles qui sont inhérentes à toute entre-
prise encyclopédique - en rehausse la réussite.
Le présent ouvrage: qui rassemble l’essentiel des questions d’algèbre. analyse> arith-
métique et théorie des nombres, géométrie, topologie, algèbre topologique et géo-
métrie algébrique, offre un vaste panorama qui permet de saisir la démarche, les
acquis, les avancées des inventeurs de cette architecture abstraite qu’est la mathé-
matique. Un second volume réunira les interrogations sur les fondements, les
articles spécifiques historiques, ainsi que tout ce qui touche aux probabilités, aux
statistiques et à la plupart des applications.
N Architecture abstraite )), disions-nous. En effet, à partir de quelques notions
premières, telles qu’(( ensemble P, H élément )), N appartenance )), et de quelques
axiomes, les structures mathématiques - dans le cadre desquelles tous calculs et
démonstrations se font - ne se déploient-elles pas progressivement les unes à
partir des autres, des plus (( simples H (ensemble ordonné, groupe, espace topo-
logique...) aux plus o subtiles )) (espace disqué, espace localement annelé...) ?
Là, semble-t-il, réside la beauté mathématique, ou PlutÔt la partie la plus abstraite
de cette beauté car, s’il est de belles théories, il est aussi de jolies formules
(eix = - 1) et la formule de Stirling, par exemple), de beaux calculs, de splendides
démonstrations et, bien sûr, de manière plus visible, des courbes dont l’harmonie
n’échappe à personne.
Bien entendu, la contemplation de cette beauté exige un minimum dc compré-
hension, jusqu’où il convient de hisser son esprit : songeons qu’en musique OU
dans le domaine sportif de sérieux entraînements sont nécessaires si l’on veut
trouver vraiment du plaisir à jouer d’un instrument ou à pratiquer un sport, a

5
PRÉFACE

fortiori si l’on veut accéder aux concerts ou aux compétitions. Mais, au moins a
partir d’un certain niveau, cette activité, sérieuse certes, acquiert une dimension
ludique : les mathématiques, pour qui les aime, ouvrent aussi sur tout un espace
de jeux. De sorte que la résolution d’un joli problème peut se révéler aussi dis-
trayante que, par exemple, une partie d’échecs ou de shogi (un jeu japonais proche
des échecs). Joie de chercher, joie de trouver, joie de la communion enfin avec
une beauté qui, pour abstraite qu’elle soit, n’en suscite pas moins de très réels
plaisirs : qui est capable de faire ainsi des mathématiques est dans une situation
très voisine de celle de l’alpiniste.
Au lecteur, à la lectrice, qu’il ou qu’elle soit ou non mathématicien ou mathé-
maticienne, à tout lecteur tel que le définissait Paul Valéry ~ c’est-à-dire G de
bonne foi )) autant que (( de mauvaise volonté H - de relever le détï...
Mais la mathématique est aussi et d’abord un langage et, de ce point de vue,
intéresse linguistes et lexicographes. Chaque mot ou locution reçoit une détïnition
précise et, à côté de termes spécitïquement mathématiques (morphisme, simplexe...),
d’adjectifs honorant un mathématicien (euclidien, eulérien, népérien...) ou une
mathématicienne (noethérien...), tïgurent un assez grand nombre de substantifs
(anneau, clan, corps, distribution, fibre, groupe, lacet, spectre, tribu...) ou d’ad-
jectifs (complet, conforme, séparé, simple...) empruntés à la langue courante mais
avec un sens mathématique précis, où l’aspect métaphorique est d’ailleurs parfois
présent (tïhre, noyau, treillis...). De sorte que, au-delà de son aspect faussement
ésotérique, il y a parfois une certaine poésie, voire une poésie certaine - osons
aller jusque-là ! -, dans le langage mathématique. Avec une pointe d’humour, un
grand bol d’enthousiasme et une réserve inépuisable de persévérance, chevauchons
donc (sur un paraboloïde hyperbolique, évidemment) à travers les univers mathé-
matiques pour y découvrir les corps algébriquement clos, les endomorphismes dia-
gonalisables, les espaces bornologiques, les fonctions holomorphes ou les produits
de convolution.
L’aventure mathématique, Commencée sans doute depuis qu’Adam et Ève ont
pensé qu’ils étaient deux, n’a certes pas tïni de nous passionner. Le présent volume
de la collection (( Encyclopzdia Universahs H nous rappelle ~ alors que le grand
théorème de Fermat vient enfin, après plus de trois siècles de travaux, d’être
démontré - qu’il reste bien des questions simples non résolues, par exemple celle-
ci : existe-t-il une infïnité de nombres premiers N jumeaux )), c’est-à-dire de nombres
premiers consécutifs dont la différence est deux?
L’Éditeur
INTRODUCTION

Présenter les mathématiques contemporaines dans le contexte d’une encyclopédie


destinée au grand public cultivé pouvait paraître une gageure. Le sujet, dont la
réputation d’inaccessibilité n’est plus à faire, paraissait devoir être esquivé.
Néanmoins 1’EncyclopEdiu Univemdis n’a pas hésité, dans ce domaine comme
dans tous les autres, à garder le modèle qu’elle s’était donné : l’encyclopédie que
Diderot et d’Alembert ont élaborée pour l’époque des Lumières. Considérant
qu’il était du devoir des scientifiques de partager leur savoir avec l’ensemble du
monde cultivé, Diderot et d’Alembert ont découpé le savoir mathématique qui
leur était contemporain en autant de disciplines et de sous-disciplines, et ont alors
demandé à ses scientifiques de premier ordre de rédiger ces présentations à
caractère introductif.
C’est le même pari qui a été à l’origine de la première conception du traitement
des mathématiques dès l’édition de 1968 de 1’Encycfopediu Univetxalis : traiter
des mathématiques dans leur forme contemporaine de manière 1 en rendre acces-
sibles les concepts fondamentaux, les principaux courants, les résultats décisifs à
des lecteurs possédant une formation scientifïque minimale. À cedétï, l’on doit
ce qui constitue la présentation la plus complète, la plus approfondie de
l’état actuel des mathématiques dans une entreprise encyclopédique de langue
française. Une telle tentative n’aurait pu être conçue sans l’intervention décisive
de Jean Dieudonné. C’est à lui que nous devons l’élaboration en quelques mois
d’un découpage initial des mathématiques qui allait constituer la trame de l’en-
treprise pour la première édition. Il a par ailleurs participé activement, comme
auteur, à de nombreux articles clés avec le style exceptionnel qui le caractérisait
et qui a donné le ton à l’ensemble de l’oeuvre.
Les mathématiques sont en effet introduites ici de manière historique, dans la
mesure OÙla genèse des concepts contemporains nous a paru constituer le meilleur
accès qui puisse y conduire. La présentation de la partie historique des mathé-
matiques se prolonge par l’exposé de ces théories sous leur forme moderne. Le
XIX~ siècle constitue un moment charnière dans l’évolution des mathématiques,
et leur présentation s’articule autour de ce constat. Ainsi, l’algèbre se réduit
d’abord à la théorie des équations, et c’est au XIX~ siècle que vont naître toutes
les nouvelles structures. L’article de synthèse sur l’algèbre renvoie aux différentes
entrées du dictionnaire. L’évolution des conceptions de la géométrie est évoquée
dans la grande fresque du père Russe, Elle débouche, de manière naturelle, d’une
part, sur la géométrie différentielle, d’autre part, sur l’étude des courbes algé-
briques, point de départ de la géométrie algébrique, qui à son tour rencontre la
théorie des nombres.

7
INTRODUCTION

F à s i i d o m Id ’ n pU ’ è a a v é n pE l l cs o r i ane
r l t e aq r f s lua m l u e ’ nt a c é b l s a os t o t
s d d e d le P o m
s e as e mL p cb d n1 aa ré il e s9 i er ee
l d s ’ ue dt f a tq ur s o p ue u m
’ r o ni c ea m g
p l p a aa r d b r b é l u om s d e c u a bo o q e r r
d l d Le ad i u e é s d l vs cc c ei t o see i mv é i
t e d de t ’ d m or a e c a m, l mu s o t a e a at mh i
q j ua u r éb l s d e d c es e L q r t ed i 1se u ’ tu o r e t 9n
c d c mo eg e à uum m r t pnt p o s â pt d oae 3t pd u1 c er e rt
d t e e s x t e
D q d
ec u c e a se e i o n u r pn l n u d o xl tC ut q q d a t e i o
1 U ’ a q n Ed l i d u i n a v e n i a ev c n oo ts s f n e y
m c D a r e i u t e l ca n i q p e tr i lq ug r s it q eu
p d ra X sé e os u I l i g t t ub X e è aj r il l ~ u c ug a vè
c Lol p es nef o a ’ t lca n u vo y eetmmo r eb m
m d l a od ’ ct nel ma oi etv m ap nq I y sa o tp su
t u p r cn r o d ote é cu e nh U sa l v e s té n eu a e
d t ’d q r é ae u a ph r s e io d i t sp tu ’ s i
c f o l d re n ’ u ’ er t o l u ca e b t n u m
B q d i a u ’ c e n ae o e dn c mp r r e ic ap i t s
l n ’ f u da ci s m va n eg Qe é a on ac u dcu r u ls la
p d rl n od oad a X s na sb u pi V i tt a aa rs I è e x b
c do a K u n d od 1 eC t a l l er 9 p ’e tl a m a 3 o em
n e a ro n a v q é ul l i o mu s sa o n nl a’ e d g sc s’ tà r
v u o l l t u é m r
C D d e mi e s uvc a l sr e tet d fi e e hui eu dno f
l ’d d d ee i m i ns v Ca s l cs e ot c e ho
s J D o ce ci u( i ’a ee v( nH i en qtu f e lt nf s ut d a n
e l d t m’ e c ao s Lo tra d l en hir e ’ st
U o t n d r n c e i ed ec t o n c v u na omt o e d cdr u pé n r
d é m a r
J V e E
COMMENT UTILISER L’INDEX

Platé en fin de volume, c’est I?ndex qui donne sa valeur proprement encyclopédique
i ce dictionnaire. C’est par lui que toute recherche ou. plus généralement, toute
consultation devraient commencer. Nous avons adopté pour sa constitution un
certain nombre de conventions qui nous sont propres. Le lecteur les trouvera
défïnies ci-après, exemples A l’appui, sous la forme d’un tableau.

l BARYCENTRE 63 ~ ENTRÉE précédée d’une puce et suivie d’un numéro


de page : signifie que cette entrée est le titre d’un
article du dictionnaire, commençant à la page
indiquée
l HILBERT ESPACE DE 596
ALGÈBRE 22
ERGODIQUE (THiORIE) 332 ce même type d’entrée peut être suivi de références
GROUPES - Représent&ion linéaire
des groupes 559
HARMONIQUE (ANALYSE) 5x7, 592
NORMÉES (ALGÈBRES) 726 1

GAUSS CARL FRIEI,R,CH (1777.1855) ~ ENTRÉE simple suivie de références


ALGÈBRE 14. 17 1
COMPLEXES (NOMBRES) //6 l
DIopHANnENNEs (+PPR~~I~~ATI~NS) 255 1
DIOPHANTIENNES (EQUATIONSj 263, 267
DIVISIBILI~É 290

l SUITES
CALCUL INFliwrÉSIMAL - c&U~ à une - RÉFÉRENCE à un article long : titre d’article
variable 7/ et numéro de page lwalisant la partie de texte
CONVEXITÉ - Fonctions convexes /46 pertinente au sein de l’article
DISTRIBUTIONS 276
FONCuONS (REPRESENTATION ET
APPROxIMATION DES) 364, 373, 385
LIMITE (N~TT~N DE) RÉFÉRENCE à un arhck court : titre de l’article

RENVOIS d’un terme à un autre

NAPIER JOHN b NEPER .IOHN- pour des raisons relevant de l’orthographe ou du


système de transcription

CALCUL SYMBOLIQUE pour des raisons dc choix alphabétique


b SYMBOLIQUE CALCUL

ALEMBERT THÉORÈME DE D’
* ALGEBRE THÉORÈ,~ pour des rkms d’ordre sémantique
FONDAMENTAL DE L’

9
AFFINES ESPACE a REPÈRE

même forment un groupe, appelé groupe


affine de A et noté GA(A). Une applica-

A
tion affine u de A dans A est bijective si et
seulement si son application linéaire asso-
ciéefest aussi bijective. Ainsi l’application
qui à L fait correspondre ,f est un mor-
phisme du groupe affine GA(A) dans le
groupe linéaire GL(E).
4. Soit A et B deux espaces affines de
dimensions finies (dim A = q). Pour défi-
nir une application affine de A dans B, il
suffit de se donner (q + 1) points affine-
ment indépendants dans A et leurs images
dans B.

JACQUES MEYER
A A FP P F L I I

S
oit E et F deux espaces vectoriels sur
un corps commutatif K et A et B des
espaces affines attachés à E et F. On dit A E & R F S E
qu’une application u de A dans B est une

D
application linéaire affine (ou application ans la conception intuitive de
affine) si, quelle que soit la famille finie l’espace usuel, il n’y a pas d’origine
d’éléments (M;, &), pour 1 < i < k, où k privilégiée ; c’est une fois qu’une origine
est quelconque, de A X K, possédant un est choisie que cet espace devient un
barycentre G, u(G) est le barycentre des espace vectoriel. La structure d’espace
éléments (u(M,), A,) de B X K. affine formalise cette situation à partir de
On démontre les résultats suivants : la notion de translation associée à un
1 Il existe une application
. linéaire,fet vecteur d’extrémités données, défini
une seule de E dans F telle que, pour tout comme bipoint, Plus précisément, la struc-
M et tout N dans A et pour M’ = u(M) et ture affine se définit comme suit.
N’ = u(N) : Espuce @ne. Soit E un espace vectoriel
sur un corps commutatif K. Un ensemble
fG=zKzL
A est dit espace attaché à l’espace E s’il est
f s’appelle l’application linéaire associée muni d’une application de A X E dans A,
à ll. notée (M, x ) - M + _x,telle que le groupe
2. La Composée v 0 u de deux appli- additif de E opère simplement transitive-
cations affines z et v est une application ment sur A, i.e. telle que à (M, x) E A X E
affine et l’application linéaire associée 1 correspond un point N de A et un seul, tel
v 0 L est g 0 f (où f et g désignent les que N = M + x ; et à un couple quelcon-
applications linéaires associées à u et v). que de points (M, N) de A X A, que l’on
3. Les applications linéaires affines désigne sous le nom de bipoint, corres-
bijectives d’un espace affine A dans lui- pond dans E un vecteur .x (appelé opéra-

11
ALGÈBRE

teur de translation de A) et un seul, tel que barycentres des u(. Par définition, les
N = M + .Y. Ce vecteur .Y se note z (k + 1) points ui sont dits affinement
Deux bipoiz ABz CD sont dits équi- indépendant (ou forment une famille affi-
pollents si AB = CD. nement libre) si la dimension de la variété
Soit 0 un point quelconque de A. Le linéaire qu’ils engendrent est égale à k ; si
couple (A, 0) s’appelle espace affine muni cette dimension est inférieure à k, ils sont
de l’origine 0. L’application de A dans E, dits affinement liés.
définie par M - .Y = OM, est une Rep&e afine. On appelle repère affine
bijection qui permet d’identifier l’espace A d’un espace affine A attaché à un espace
muni de l’origine 0 à l’espace vectoriel E. vectoriel E de dimension /r la donnée d’un
Réciproquement, par l’application qui point 0 de A et d’une base 3 de E. Le
a tout couple de vecteurs (.Y,y) de E associe point 0 est l’origine du repère et les
le vecteur x + y, l’ensemble E devient un coordonnées d’un point M sont les com-
espace affine attaché à l’espace vectoriel E. posantes de ?%?Sur la base 3. Ainsi, si :
Le vecteur nul de E s’appelle origine
33= @J,
canonique de l’espace affine E.
Si l’espace E est de dimension finie, on pour 1 < i < rz, et si :
pose dim (A) = dim (E).
vfké tb linéuire ujïne. Un sous-
ensemble A’ CA est appelé variété linéaire
affine (ou variété linéaire) de l’espace les Coordonnées de M sont les .Y,.
affine A si, pour toute famille finie de Géomét~ie ujïne. La géométrie affine
points de A’, tout barycentre de ces points est l’étude des espaces affines et des
appartient à A’. Une condition nécessaire variétés linéaires affines ainsi que des
et suffisante pour qu’une partie non vide A’ invariants par le groupe affine.
de A soit une variété linéaire affine est que,
en prenant un point 0 quelconque dans A’, JACQUES MEYER

l’ensemble des vecteurs G OÙ M 6Z A’,


soit un sous-espace vectoriel E’ de l’espace
vectoriel E auquel est attaché A. Le
sous-espace E’ ne dépend d’ailleurs pas du ALGÈBRE
choix de 0 dans A’. D’autre part, on peut
montrer que la variété linéaire A’ est un
espace affine attaché à E’ (qui est appelé
direction de A’). Si E’ est de dimension L 7 algèbre au sens moderne, à savoir
l’étude des structures algébriques
finie, on pose : dim (A’) = dim (E’). Étant indépendamment de leurs réalisations
donné un sous-ensemble B de A, on concrètes, ne s’est dégagée que très pro-
appelle variété linéaire affine engendrée gressivement au cours du XIX~ siècle, en
par B la plus petite variété linéaire conte- liaison avec le mouvement général d’axio-
nant B : on montre que c’est l’intersection matisation de l’ensemble des mathémati-
de toutes les variétés contenant B. D’autre ques et la préoccupation croissante des
part, la variété linéaire affine engendrée mathématiciens de (( substituer les idées au
par (k + 1) points de A notés (ai), pour calcul )) ; jusqu’alors, le propos essentiel de
1 < i < k + 1, est l’ensemble des l’algèbre avait été la résolution, par des

12
A

f e o d é x ar e q pn lm as u lo cg u p al i t o oé l p
q L t u i e e e p n s en s op f é s t l . cuo r t sea s e oru u
r l é é g e q d sd é s f u ea o e n a c a l u g àé l gc o t g d r
s o é u à c ua g qp li ti a ué en a rn l e;r a sq s b i s g i i ,
p d l rt d e na o h le l o b é g es a m el o aé cn b èn r lo
c a o l m l ne àa m o ds L t u r l u ’ ph t us i i a
i d ên m e tt da gs r ri et r l e om h u a oa s d p
n n qa p o eu t r e u m n i u é uc v a tl r ms xo e t re e ea n
d a é e dn l mt s a e s ra nl d uc’ on l os u rdaa n i i i g
e p s àr t a l ub ed d r e ie b s e é s t s r es d g li e o e t e de a ’t
c q p ê e cu o 5 tt oic u p o r de l v r ue
m Eems ci a o ( t l t uo
s I f i a a l u à tp i m sm r ue n ee au e o an s snd t n n lr t s i
q l Nn N d u oa am ee b t af vs j a p u to c i e l o r hr o t t’
é e a ft s s u ou e l e t u dnd ts e pc n N ( edi e aoC i H é s
m a a G Bn t p e d ol g ch o o e d ao l1 oé u lr e l aa9 nm - ’
v d e 1 a :éG L m n 8 i c a ra 4ta ls et l 7 v apu l jhc ’ e ra
t l o r c e p ea e o s éd ni ls n ré s t u li ms aer u e nem iê
m i ê n d m m d be d a s e é las e t t s e t pel ir , t
d a ie p u ê v al e xq t ( e pl u q u a r c r lep b v u e i de o sasl r
q 1 u ) é m e aa s a pt t . l
T a l do X u so vu u s I li n a t e X oè g ~ gc
d c p é d e r v ’ o e a c l x e o
d i q ea ’ a us b a u it o l x r ug u t i
?+
a S d 1c l mi è 8t e a, s u5 s t e0 h l,
a o d n a un pé g vn nt ga l ee e ra a ct fg i -
t l n d e l ad oc e t o ee t o é i t im o p
l à d ’ s V e a i( a 1 s Lp t vt dr . ga pu eh ei r l a cé
t m ae da l l l u i te a o g r l r g ès i i b,
f a 1a1 p t t 9du 0 ol t r L s ad uad e go a t nr r e n ru r sa
v s d aS y l e a st n ’ L s bte td e g a t seei u he dx r s r tsn n
q m l d u da l e ém i e r ’ t b ao qa ul pu ld s u l ere s l t ge i eg
p d r i o c t p l p io e r a d l m mn . e eu
L d g ’ d e r té to s omot im S uuouu q i o n pndtd
d l p ’ e dr c a é s se é e bp p l : l p’ o t oa o àP e as ac m t rs - i
q ;i p uC n e s a em a t te u é r ui rl r n er v scj oe ôp tsc i eho d
e é p Gn v q e a a ma i u nn r dol d l i mo oan eme ét d l nit n ês
l d ’l t d aé i a h Pe nq m e é H P se su pa t po . d o nq al o ur i
c n v j e u or e a o t d n tô ns u t d a gi l os p e e e n rode ten r r s ona
p t l dr o d e m oe u e s ac m s l g ss nt a qsa ac é p p he r uei o o
t e p i e e nm h q qt n é sy e u uC c as i l ae fa e p a ni lul s an p
t L t i d em r q e s as a pu s q t i sv d oe su hè ef a é .u o
a s l l n ua el o a r l s e cm n b g m eb o s é a t r
s à l e d l ’ d r ce ’ o Ae o o é r xs u n rg t i e iu n t pr u
e d a t ce n e ocs ne t m me den l d m us c ’ as o e nuo

1
ALGÈBRE

interne (,Y, y) - X*y associative [c’est-à- entiers modula un entier m ou le groupe


dire @*y)+.~ = .X+X)] telle qu’il existe un multiplicatif des racines w-ièmes de l’unité
élément privilégié e, appelé élément neu- dans le corps des nombres complexes, mais
tre, tel que .5t2 = e*X = .Xet telle que tout la notion de groupe n’apparaît pas formu-
élément ait un inverse (c’est-i-dire pour lée avec netteté avant Cauchy. En 1830,
tout .X il existe un élément y tel que dans ses travaux sur la résolubilité des
,~*y = JXX = e). Un tel groupe est dit équations algébriques, Galois ramène
abélien, ou commutatif, si .~*y = y*x. l’étude d’une telle équation à celle du
Les ensembles usuels de nombres groupe (fini) de permutations de ses raci-
(entiers relatifs, nombres rationnels, nom- nes ; à ce propos, l’auteur introduit les
bres complexes) sont des groupes abéliens notions fondamentales de sous-groupe dis-
pour l’addition ; les ensembles des nom- tingué et de suite normale. Les groupes
bres rationnels non nuls, ou réels non nuls, finis, et plus précisément les groupes de
sont des groupes abéliens pour la multi- permutations, vont être l’objet presque
plication. Un important exemple de exclusif de la théorie des groupes pendant
groupe non commutatif est celui des trans- de nombreuses années ; les résultats les
formations de notre espace usuel i trois plus profonds obtenus dans ce domaine au
dimensions qui conservent la distance de XIX~siècle sont ceux de Jordan (Trait& des
deux points (ce sont les déplacements). substitutions et des iquutions ulgkbriques,
Elles constituent un groupe non abélien si Paris, 1870) et de Sylow sur la structure des
on convient que le produit S 17 de deux groupes finis. Beaucoup plus récemment,
transformations S et 7 est la transforma- en liaison avec des préoccupations d’arith-
tion obtenue en effectuant successivement métique et de géométrie algébrique, la
la transformation T puis la transforma- théorie des groupes finis a connu un
tion S. nouvel essor; les découvertes les plus
spectaculaires de ces dernières années sont
les groupes finis surtout relatives aux caractères et aux
Le premier exemple de groupe formé représentations linéaires de ces groupes :
d’éléments de nature assez différente de travaux de Brauer, Chevalley, Feit-
celle des nombres est fourni par les travaux Thomson, Novikov (cf. GROUPES FINISet
de Gauss sur les formes quadratiques représentation linéaire des GROUPES).
u.$ + ~.KY+ c_$, OÙu, b, c sont des entiers
relatifs premiers entre eux. Deux telles Groupes et géométrie
formes étant dites équivalentes si l’on C’est à Jordan que remonte la première
passe de l’une à l’autre par un changement étude de groupes contenant une infinité
de variable ,Y’= ~.y + qy et y’ = IX + ~y, d’éléments, notion qui allait prendre une
OÙ~, q, r, s sont des entiers relatifs tels que importance considérable durant la deu-
ps - qr = 1, Gauss définit sur l’ensemble xième moitié du XIX~siècle. En liaison avec
des classes de formes, de discriminant le renouveau des études géométriques et
D = @ ~ 4 UC donné, une loi de compo- les préoccupations axiomatiques de cette
sition qui en fait un groupe abélien fini. époque, la notion de groupe de transfor-
Dans ses Disquisitiones urithmeticue de mation va prendre un essor considérable
180 1, Gauss rencontre également d’autres avec l’étude systématique des invariants
groupes finis tels que le groupe additif des d’un tel groupe, i.e. l’étude des propriétés

14
A

q n s p m u e o p al t o i n a n se r d d t r o s a i a’ p t t sn f i r
m d g a A u dr tn i v ao ai o ln d a nu ov t es dé ll sp ner s
e u à t s d s rl pa i u m oe an m e ea ési cg e l l f nt qsv el tn
e l d n ts e pi c e po s u sa ht s an n ts pao e t rte au onun nr l n
d l aé e l r e np d t e d a s gl e s ’Cp al( i i e p Nec( d
l r oi ep u nn s dsa g n gv i i ter r e aua m cs es ào l l er i o
l l n i d p a o t oe la tt u du lar r hi d e ala e éo d e il
n d c a s ’ i o t po u n g n u q a n e n vl r r i r u r et s le aao e q d e i t
u t n lr r e ida gé dnen m rg i eéss a o(u sà af
c C o F K d’ o s . l d ae hr o e é nsà udo gn i df ts nom r
c ( p é d ( r l) d ’ o L èt) e Ep g e rb, s l rgr r s ar u a
1 q d 8 u up é g 7 n ir ag é 2m e i é va n l, i n n v ag d é’ s
q n é u os nu ef u o Nogn o csu e ; sous
nr N r ol s oc d m n’
v vo e i al : l t nS L geo d as é t. i putn e d e É lC u e uet e s
d d e o e d’ gs n dt ’u c rp n n e a un eê oa lo gé l dn t t udcet e l
t ro s c ape u t e nsé L p r ch t spr de l m eé faa es u
d u ( g é )n q ( eé lf ) e uq so c ’i , iu tm : ol ént d e g éan tih
d p qe rr i us eo p n d Li ( sp G e v e - G i cRt r ds La eOr f e i
l a o l t p r e dr tp sq s ual al d qu g ’n ni c e ue r es
g A l gr i m a éo( n éq cour s àtu l t ompe d i gr ea h n ées e
a r p f ee Lr f d s s a ’o i e q pat l é j d n s u . d g a t e ’ e i
p i r p l ng oo a e cvr pr e rg aao art n é true e l ih o
g ( a or rp f en ec e r t f t amse s o hd i n l opt p j ée n o d.t .
t c hu l o c én aq n o o nu s m r gi t m i a
e à l f ln g a o e eg é i u sl o s c o m l b é
n e n e e t co u às c on c e n l t s i t
2 l o . e r s i
é ( Gp C RO Gf L Oq É.
A UL OS PK MS E ÉI
d l c e ’ o a
T ;l t R d l r a hI a e aa e E é l t )l o l t a r a i t
l s l ’g uc a a é à ro t o n t m s e é
p d g ad L u r q j re ou oC u o et a rn uo i u it ne pr er nn
r e d ô l ts qa l e hs L un e sd ée c ’ e as d ae on o ét t n e ns rt r
L t d K e ar é e l s la s go e dlv o l art i aaad nl e l ir n in
m e é el n n vd g ta o ai e r t d t x ld ss o r p ui r le i ue r o
i : e 1s K d n 8o q l cé d 7mK u e eK c e 7ou e D i uor e , rm ne
l g d p e r de re od eH ar A u ed s i l cmm u p é sl e i ui o e p
l d c ’ d u ei s é e e sn uq g l s t tq bu d ré a s h u s a e
t i i a g d d e t u r pe el l tr o a un sa l ha d u rn it e én e
f d po r u o ra éa lm p q g ld y pa d ru u gé è et e e
i ; b qc t i uo c e re es ea c t en da tuFh h l ; p eè t en é
n d g o i e r at és t o ii to e j a u tlo ém t ucr p ’n o
U p G te m a G a d it dê r ap l a l l em g uoo nai a s e é sr ai é ssl o
c p e a na s l sf ’ r é o l o a ut s g u de r pin e o a s ’ m pce s
g q c éé uE f e cnpn ’ n aLt neéo’ d à i ta dor qe s’ f t e ét a us oa
q b pu re l qe éla a u u l acau b C s e e enc p s e o s m ao

1
ALGÈBRE

p ld ae nl smaniement e d en o sm b r e s e n t i e r s n o m b r e s algébriques ; c s eo nd t e c so r p s
r e l a t i fes d tepolynômes
s : u a n n e a eu us t n Q ( Oo b) t e n u sd l ef aa ç os un i v a n t e: s ( ei1 s 3 t
ensemble m u nd i d ee ul xo di sc oem p o s i - u nno m b r ecomplexe r a c i n de ’ u n ée q u a -
t i oi nnt e r n e s: t i of (n . = ~ )0 d d ee g r né a ,coefficients
e n t i e r s irréductible
, s u l r c eo r p Qs d e s
n o m b r e s rationnels, o an p p e l l e Q ( O )
a p p e l é e s a d d i t i o ne multiplication
t r e s p e c - l’ensemble, q ue isu tc no r p sd , en osm b r e s
tivement, t e l l qe s ul ep r ae m i è r e s o ui tnl eo complexes i u + 0a , + 0 + u , ~ _ , @ ’ o ù
d g er o u p ea b é h e ne q t u l es eac o n d e s o i tl eu ss io nd t e n osm b r e s rationnels q u e l -
associative ( L (e x . y = ) z x ( y z :) o) i m n p o s e conques.
d p e l ul seconditions s suivantes d d ei s t r i - T o ul s ec os r pd s n oe m b r e s algébriques
b u t i v i t ée n t rl e ed es ul xo :i s s o nd t esous-corps
s d c uo r pd s en osm b r e s
complexes ; reprenant u n i ed éd eC ea u c h y
q u définissait
i l e n os m b r e s complexes
p o ux ry ,2 quelconques
, d a nl’anneau.
s 1 1c o m m ec l a s s erésiduelles
s d polynômes
e à
e scommode t d s uep p o s e r l’existence d ’ u n coefficients r é e lms o d u l o l polynôme e
é l é m e n tu n i pt éo ul rmultiplication.
a L o r s - J + ? l Kronecker , d o n n e ,e 1n 8 8 2l , e s
q u ec o, m m ed a n l s c e a d s e n os m b r e s p r e m i e r s exemples d c eo r p( sn ot r ni v i a u x )
rationnels p a e xr e m p l e , l’ensemble d e sd é f i n i abstraitement s e mno n t r a n t q u e ,
é l é m e n t sd i s t i n c t sd l’élément
e n e u t rpe o u r a v eL c notations e s ci-dessus, l c oe r pQs ( O )
l p r ae m i e r e l o( n io 0t ée ) su tg nr o u p pe o u r e sisomorphe t a c uo r pds e c lsa s s e rs é s i -
l s eac o n d el o o i d, n qi tu l ’ ae m r e a u e su t n d u e l l eds polynômes e à coefficients r a t i o n -
c o r p Is . co iconsidérera
n seulement l c e a sn e lm so d u l ol polynôme e Y ( X )V . e rl s a
o l ù multiplication
a e scommutative,
t e n m ê m éep o q u e ,Dedekind e Wt e b e fr o n t
renvoyant a l f a id nc hu a p i t r e3 l c e an so n r e n t r edr a nl st haé o r i de ec os r pl s c ae l c u l
commutatif. d econgruences
s m o d u l ou n no m b r ep r e -
m i e( mr e t t a n t a i n es i é nv i d e n c e l ep sr e -
L ta h é o r i e d e c so r p s m i e rc so r pf si n ids é, jé tàu d i é ps aG ar l o i s )
L e p rse m i e r s exemples d c eo r pns o t nr i e- d ot n n e n t u n p ree m i è r e e s q u i s s e d ’ u n e
v i a uox né ttintroduits é p al rt haé o r i de e st h é o r i axiomatique
e d ec os r p s .
équations. L e t r sa v a u xd Gea u s as v a i e n t À l f a id nXu I X s i ~è c l el , eexemples
s d e
famiharisé l e mathématiciens
s a v e l c ec o r pd sé f i n iabstraitement
s v o ns t m eu l t i -
maniement d e n os m b r e s complexes e tp l i e Ir . f la uc it t es ur r t o u tl e c os r p ds e
A b e l ,p u i G s a l o i s , d é g a g e n t l ’ i d é e n o m b r e sp-adiques, introduits p a H er n s e l
d’adjonction : i lconsidèrent
s l e c os r p s e d to nl’importance t d a nd s nombreuses
e
engendrés p al rer a csi n eos l uecoefficients s b r a n c h e s d emathématiques
s e sc o nt s i d é -
(indéterminés) d ’ u n éeq u a t i o n m a i se , n r a b l ee , l t e c os r p ds s eé r i eformelles, s
f a i s t c, i ea ust e u r sdéfinissent a v ep cr é c i - introduits p aVéronèse r e l i na i s oan v ed c e s
s i ol’appartenance
n d ’ u nq eu a n t i t éà u t n e préoccupations
l d géométrie
e algébrique.
c o r p si , nl considèrent
se p aexplicitement
s T o uc s eexemples s a l l a i e n ct o n d u i r e S t e i -
l’ensemble a i n constitué. s i I f al au t tte n d r e n i t ez , 1 n9 1 0à ,développer systématique-
Dedekind ( q iun t ir o d u i tl m e oc ot r p sp ) o u r m e n l t t ha é o r i ed e c so r p es d t l ee u r s
u n é et u dsystématique
e d c ee r t a i n sc o r p s extensions s o ul s f oa r m qeu ’ e l l pe o s s è d e
d ’ u t n y p a es s e gzé n é r a l , l e c os r p ds e actuellement.

1 6
ALGÈBRE

la théorie des idéaux d l t é d F e h d m de e é


Àl d l t ’ d ea a h o o e t n n é r n sc r n o o i aè e mr g
t e r ds r o d e s e L u de s eK c ’ ve e e nugh i L es n
t d n h E 1e 1o G é a n 8s s, m a o v: s 3. u bué r a o d Yl in r sl i i i e
é a ap t dm s c r ér e e e é Z o[ q e a n s ld cp d uc d é èe ]od é i h m ,
c s l r h ub e é e àri fs s s s qp é s i o :u o r i d i a
é d p t d ed r u d e si o d a v p i n i r e s
l Z d s’ e d[ G e aDnd l e; a s n t e a ] u ni s ee
f a + ! c oe 1 e J r i rt e n où; le mé t t _ , e_l _le . i s Y t saY éY Y e
iz = ~ 1; i a C lu v p o p n a a ;no s r e i d r p sn q u c e d t e f l t u p
a a l pn vc e ra eod s ol nc ré d po p s erc i rg a
t d l Z ed ee ’ r se nc a pa u s éte n at i n li n K ri n ée e
q s d u l’ l ma i ee a d on qx n pé rds up g lem é ee ’l a
p l f q ca de a a u er s e i nm e sn o u n t nde l o n x u c ene ’ n t l
p L t r d K e r i s l e uc s a nou e d m o n v c bre ’ m mmo a i jn
g t dr F h a ea f e é d l nm a r o ’l e dudi m r l ua lt lar a è
a d ap p e l np l o ds e n a a ue é f s e r p rn c aqe a a r
s e s i t sd o t ; ir tci u f u d lè d ef m vo a éu s e ftA a e i t f n
s d a ’ c e n a a y s pn t g i c
é o s #o 0 d l Z [ u a s ut s eoé
e i n l
d :p é ué n tp nf eo < ia r (i tms d mne xn eb d ém atm )i rr e
é u r t p n ap a r d e u c - ne i ef n i ip t n m a ( i i nèr D i c(
l o a ’ Z [ nl p u q < ’ m p cn fu ] e ape e i ai n sn i rl p st c e
f u a od c n n reh o nn msn m l eé i eéd cb e acm é ae em
r a c ee od p sn dee m u dt l e f ie Z [ ie; d’ fm sn uc e ea i
5 C o l. s o l t n e a m d e éh pi em dlé l rt Ze [ neéo ’ p e, I
F a qe l r f : ur a e f e m l i a a r t
n pé i u X on c m nt
i H p d L r d é d’ e
d éd r ci e
e i p s . m1 z e o n t Yn p’ n u o ,u o. t rn ls i ss
c p . si oa Y: i’- e ui
e e s t o né àu t ; pe uf t g pr n ai a éo ie l ri tr
d ( n i e ( ) op,, p2, p3, d p4 s t )m
o v f na o au s b u i à ce e o ’ t iu r o lt n n
q : u e
é c i t e p mp pa t o p rb t u o eh e r s mr
> 3 I e p . q l sl ( r d u at (( o é = e @ XP=b m P 2 l 3I a o ) P P
t Hd F iu ei e ot l mr ni e p@m = P l G l 3a =l P i 4
f e d a l rc g a i eq ra é n t u os n s , e n é , é
e l d d t e e d éx s s u: e c ’
c d l o Z at é’ m d . on al m e us én e t m
n
l Z [ s ’ d m Q ’uuiqw a e (à a é n &) = n c = nP i P lr e è
u é i n ld l n péa ’ v r mn a e è es n r s n
q d s u i p l e i df a ’
c p do r p ’m E o r ém n d e l e u m é
f a c
1 a h 8a dp u K 4n ’ r i u 5s eè t m , f s m f
L n d ad o a ’ s ’ t n
e i sn n( n i e t( )o d s r jm é o b a d r
g a q r e s d p umo s t d a
( a mq p d d au p e i i’ e s v no l i tn
r c cpe au o)éa i aq n b~l t
d ~r u
é c l l op u d le m
d d t ai ca e nv e yi l s ni a é
t cm i ’ es e tl n
ls a a ai n éi

1
ALGÈBRE

les travaux de Kummer, par Dedekind algébriques d’un corps K de nombres


dans le cas des anneaux d’entiers algébri- algébriques forment un anneau, que Dede-
ques (cf. i@u). Dedekind montra que les kind appelle un ordre (le mot anneau est
N nombres idéaux N peuvent être représen- de Hilbert). Dans un théorème célèbre et
tés par les idéaux de l’anneau, donnant profond, Dirichlet décrit complètement le
ainsi un exemple de loi de composition groupe multiplicatif des éléments inversi-
entre ensembles d’éléments. En général, bles de l’anneau des entiers d’un corps de
un idéal n’est pas inversible pour la loi de nombres algébriques et ce résuhat a
composition ainsi définie ; par symétrisa- d’importantes applications arithmétiques,
tion de cette loi, on introduit les idéaux notamment dans l’étude des représenta-
fractionnaires qui sont importants en théo- tions des nombres entiers par des formes
rie des nombres et en géométrie algébri- quadratiques.
que. Plus généralement, si A est un anneau
Les anneaux auxquels on peut généra- contenu dans un corps K, on peut définir
liser la théorie de Kummer ont été étudiés les éléments du corps qui sont entiers sur
systématiquement à l’époque contempo- A ; un tel anneau A est dit (( intégralement
raine, conduisant à la notion générale clos )) s’il est égal à l’ensemble des éléments
d’anneau de Dedekind. Un outil essentiel de son corps des fractions qui sont entiers
est ici la notion de valuation d’un corps sur lui. Ces anneaux ont pris une grande
introduite sous forme générale par Krull importance en géométrie algébrique
en 193 1 mais déjà Utilisée antérieurement contemporaine depuis que Zariski et ses
dans des cas particuliers, par Ostrowski élèves ont mis en évidence l’intérêt des
notamment ; les idéaux premiers d’un variétés algébriques dites normales, qui
anneau de Dedekind sont en correspon- possèdent la propriété qu’en chacun de
dance biunivoque avec les classes de vahta- leurs points l’anneau des fonctions ration-
tions équivalentes du corps des fractions nelles définies en ce point est intégralement
de cet anneau. clos.

Éléments entiers Géométrie algébrique


L’étude arithmétique systématique des et algèbre commutative
corps de nombres algébriques n’était pos- Il n’est pas question même d’esquisser ici
sible qu’en introduisant une notion d’éié- l’histoire de la geometrie algÇbrique, qui
ment entier jouant, pour un tel corps, le était au départ l’étude des courbes algé-
même rôle que les entiers usuels pour le briques, et qui, sous sa forme actuelle, la
corps des nombres rationnels. Les progrès théorie des schémas, due au mathémati-
dans ce domaine furent réalisés à peu près cien français A. Grothendieck, est devenue
simuhanément et indépendamment par une des branches les plus abstraites et les
Kronecker et Dedekind pendant la plus vivantes des mathématiques contem-
seconde moitié du xtxe siècle. La notion poraines ; nous essayerons seulement de
d’entier ulgkbrique est due à Dedekind : un montrer, de manière d’ailleurs bien incom-
nombre complexe est un entier algébrique plète, comment les premiers besoins de
s’il est racine d’un polynôme à coefficients cette science ont conduit à l’introduction et
entiers rationnels dont le coefficient du à l’étude axiomatique de nouveaux types
terme dominant est égal à 1 ; les entiers d’anneaux.

18
ALGÈBRE

À l l p ’ d l ge r o e da é od rt o o dpe ( ihd n m eos ( gé


a é e l t l sg d ta ’ Ns éd e i i i ée e ibe s d ot tnd n nrs é
c d l po p a ce l u r e n n o a r n o t so m q n db o j t up l ée ue
l t d Gaf h ae o é 1 cl s dn co 1a ga ( d ec er , r éd ( p é t t i t
d p Wé e a R ev à mt r i )i e; c A a e )e l C f Ï i m ~r o .
p d t da ee Jr ur’ st a S ttA p t cv i ii qb o l ne oag d lr ue u a
p u r d mn et e éi d sr sd qt i i qa id l hugm s un re
c A Re e D v in l t t e a ed e a ér cdc l ma ti aeog an
c d s ep ’s l e n o d iu m’ tp r e dnr a a rcot s et n nt t eoue sé
f r o p a dn a gt éc e e ér éi d fm t t s t a no e i i a t ou
( àl ;l s m ’ e ad a i d cs ué at n a e fc nh f n s o né i
v a q l rp l gu e er o ée s no r o tp s m r
d l c s r e a od c e ae eua Anneaux e nf locaux
t r n ett localisation
ln bs èe e
q l d cu a’ ee ele né L t ’s Z nt d n’ é r , ue e oa d t a, da s
g v éd p o oe a l dn m i ne ét p éd r ’p n ua ti .
H d s t i s a l ae r l unn e ns pa b pr oso s l n rv e d , gmu ’ e ea r e
d p àp e o v l d l a d f u é y h r e o s g dn o i u v n i a aô l a
l f i qe a t m l i u d i oc pe nd de elt ue os adé p e ’c ss r gua p l oo t
a s e n p o u nn n f a n ns og ue i p r t è m ec na n r : i d e nbo eu i o
d C ’c de j éo u esi n l nd c a n d qi é de e e d n é d tumi s t i
a p lu g r i ln r e l m a e aq nc’ p i t t nu l daoa o e o di e
a l t vd l e m r ee a s a a i dc t dvd l i ( h eaél ’ p s d
a E N l q v . o1 l é u em e9 ce tc i lr i t2 am u’d , n’s e h0 s a -ee
d s i yc a ( e se n r a dts nl an p éo e eed t u p mn s
a a c n n t L o p pn s u qa el ad e a e u tle sré ea n l e h
g a é s lp o ’ dg r l m s é c aé lo e eé t d a gnb’g ct a e
m d ep é l p ne b d a f r t n ca e o e q d s or s nm à u a ’ nr
m d x s o d t u xh i i es o cly è t Du u m ’ p c g i er t oa oa o l é é e n
l c d b ee l o n e da s t a r a aes i l p t t nase n op s u o nn c g c o r u
t o p d dé n 1e ei es q 9u p nr p, ue o4t ér ev cu eat n0 to ,is ei n
t r r o a é a e nu u s n f l oat x u n; ol a eb d cl e ’rn t ts e te
r au i i n( g n e ~ e( éet q n i1 osee up s n tm t rn l’a c
d c c Da ec ao dna e dar ’ns d gt rnd d fis e e (enr e od r
s p e i u r a x gi n é rn e dm n se m o iaap u l q up flno
t :b q l ta id K u a h nn s ee u el r é te o n d m’ l et o i d a vom a nh r t e
p v p l a a d op ’ s l à e a uo a a d s l rl n o b ia gy n u l fn
n v s u ca K o u p n co r , nEr el er i a l nn ui dp a vv a o dat ees b ae
d a à t a i s d c ao n d us e ue nud t aé no nt nate d pa éc S e e s é pl ti
e b dn di és p c’e t e ru a in e e m en i u d- xr b - m
m e c d ci i t e p e ee qd u dr sr ulé x ’ee c s oia p asm l o cu
s m c o i a o cn n a u r ot d vi n x :r um es am n eAnp o l a
s i a d lr n d e ’r d c t é Keé q ’ e ode f , ndd u uK s e ri s i sue
d K p l a ’ d a p’ n d l e r aoa us ae s pl nd v n n d py K ne sa n
l P a ’ o pa i i ie n er p l c t dn . # 0u qo l ni o éc X tpuu eà’ Au ao

19
ALGÈBRE

son inverse x appartient à A ; ces anneaux début du XIX~ siècle dans l’enseignement
correspondent à l’ensemble des éléments élémentaire et négligée des mathémati-
de K OÙ une valuation de K prend des tiens, lorsqu’une axiomatisation convena-
valeurs supérieures à 1. ble montra la puissance des notions nou-
Reprenons l’exemple de l’anneau ZwJ velles ainsi mises en évidence. Sous sa
ci-dessus pour expliquer dans un cas parti- forme actuelle, l’algèbre linéaire est une
culier la méthode générzdle de localisation. remarquable synthèse conduisant à un
Considérons une équation diophantienne : vocabulaire et à des résultats qui s’appli-
P(x,, . . . . X”) = 0, quent presque universellement dans tous
les domaines des mathématiques et de la
OÙ P est un polynôme à coefficients entiers physique contemporaine, tandis que le
rationnels. Pour trouver les solutions entiè- processus de (( linéarisation N apparaît
res de cette équation, on peut d’abord cher- comme essentiel dans de nombreuses bran-
cher les solutions qui appartiennent au ches des mathématiques pures et appli-
corps des quotients Q de l’anneau Z, puis, quées. La notion fondamentale est ici celle
dans une seconde étape, les solutions d’espace vectoriel ; elle généralise les pro-
rationnelles dont le dénominateur n’est pas priétés de l’ensemble des vecteurs de notre
divisible par un nombre premier p, i. e. les
espace à trois dimensions. Un espuce
solutions qui appartiennent à l’anneau Ztil,
vectorie/ E sur un corps K est un ensemble
appelé l’anneau local de Z qui correspond
d’éléments, appelés (( vecteurs F), muni
au nombre premier p Bien entendu, si.
d’une loi de groupe abélien notée additi-
l’équation considérée à une solution dans
vement et d’une loi externe qui à tout
Z, cette solution appartiendra à tous les
couple (a, x) d’un élément a du corps K et
anneaux locaux Zwj. Dans le cas d’un
d’un vecteur ,Y de E fait correspondre un
anneau général A, on peut de même résou-
vecteur u.,~ de E de telle sorte que l’on ait :
dre le problème posé dans les anneaux
locaux correspondant aux idéaux premiers = (ub).x, pour u, b dans K et x dans E;
u.(b.x)
lx = x, pou tout x de E (1 est l’élément neutre
de l’anneau. La résolubilité de l’équation de K pour la multiplication) ;
dans chacun des anneaux locaux (locahsa- (u + b .x = u.x + b) ~IJW a, b dans
. K et x x
tion) est une condition nécessaire d’exis- dans E;

tence d’une solution dans l’anneau A. a.(.~ + y) = IZX + b.y, pour L dans K et x, y dans
E.
l,‘étude de la suffisance de ces conditions
(en nombre infini dans le cas général) Les applications d’un tel espace vecto-
s’appelle la globalisation ; signalons tout de riel E dans un autre qui respectent la
suite qu’en général la globalisation n’est pas structure d’espace vectoriel, i.e. telles que :
possible sous la forme indiquée ci-dessus.

pour a dans K et x, _Vdans E, sont dites


3. L’algèbre linéaire et les origines linéaires.
de l’algèbre non commutative Une aZgèbre E sur un corps K est un
K-espace vectoriel E muni d’un N pro-
Structures linéaires duit N qui est une loi E X E -+ E hnéaire
L’étude des équations et systèmes d’équa- par rapport à chaque facteur (on dit
tions du premier degré était reléguée au bilinéaire). Si cette loi est associative,

20
ALGÈBRE

et admet un élément unité, on a une depuis le XVIII~ siècle et que Grassmann


structure d’anneau. avait rattachés à son calcul extérieur. Les
Par exemple, les nombres complexes concepts généraux d’algèbre linéaire et
forment une algèbre sur le corps des multilinéaire relatifs aux espaces vectoriels
nombres réels. de dimension finie sont précisés rapide-
ment et on assiste successivement à l’éla-
Espaces de dimension finie boration du calcul matriciel par Cayley et
La représentahon géométrique des nom- à l’introduction du produit tensoriel par
bres complexes introduite par Argand Kronecker ; cependant tous les travaux des
l’avait amené implicitement à définir mathématiciens de cette époque restent
l’addition des vecteurs du plan ; plus géné- truffés d’hallucinants calculs OÙ les déter-
raIement, la nécessité d’un calcul de nature minants jouent un rôle essentiel et le
(( géométrique )), ou (( intrinsèque )) (i.6~ caractère intrinsèque des éléments qui
indépendant du choix du système d’axes de interviennent est souvent peu visible.
Coordonnées), allait conduire Grassmann, En liaison avec le renouveau de la
M6bius et Hamilton à dégager durant la géométrie, la notion de dualité se dégage
première moitité du XIX~siècle, les règles peu i peu pour les espaces vectoriels,
du calcul vectoriel et, presque simultané- mettant en évidence la notion de variables
ment, à généraliser les propriétés de u cogrédientes N ou (( contragrédientes )),
l’espace <(usuel N à deux ou trois dimen- c’est-à-dire variant dans un espace vecto-
sions en introduisant des espaces de rie1 ou dans l’espace vectoriel dual. L’étude
dimension supérieure. Ces derniers appa- des coniques et des quadriques, ainsi que
raissent tout d’abord comme un langage de nombreuses recherches arithmétiques
géométrique commode pour interpréter avaient mis en vedette les formes quadra-
des résultats algébriques valables sans tiques à 2, 3 puis n variables et les formes
modification pour un nombre quelconque bilinéaires qui leur sont associées ; la
de variables et susceptibles d’une interpré- théorie des invariants, créée par Cayiey,
tation géométrique dans le cas de deux ou Hermite et Sylvester, introduit systémati-
trois variables. Grassmann définit, de quement des formes multilinéaires à plu-
manière déjà presque axiomatique, les sieurs séries de variables cogrédientes et
espaces h n dimensions, l’addition des contragrédientes, ce qui, aux notations
vecteurs, l’indépendance d’un système de près, revient à définir des tenseurs. En
vecteurs, étudie la dimension des sous- liaison avec la géométrie différentielle, ces
espaces vectoriels, sans recours aux coor- travaux allaient conduire, au début du
données, et construit l’algèbre extérieure XX~siècle, Ricci et Levi-Civita à construire
d’un espace vectoriel. Dans ce cadre allait le calcul tensoriel et Poincaré et É. Cartan
s’insérer tout naturellement l’étude géné- le calcul différentiel extérieur, issu direc-
rale des systèmes d’équations linéaires : la tement de la multiplication extérieure de
notion de rang d’un tel système est dégagée Grassmann.
par Frobenius et les résultats généraux
sont obtenus par Kronecker : en liaison Axiomatisation
avec ces préoccupations, Kronecker et de l’algèbre linéaire
Weierstrass donneront une définition axio- Dès 1888, Peano avait donné une défini-
matique des déterminants, déjà connus tien axiomatique des espaces vectoriels

21
ALGÈBRE

g ( l cé d ns e on r e uol r éé e s érm i pr e nd mlnb sa l t’


e d a tle p d c ies p L a e ns h l n’ s e épno i s as s aa om c e
c m c l e aq ’f ’ ls p i u eod a e, ll s i seue n s d’u l t tsr v a eos a o
i e m d x v p ’ a e e o em le m vc r sf a gs p det t pé i
d d i e ie c n à s mt o n f a ae n os i id un md em n se ts au
t l P do l a o l eu ’ À rq i c t a t u n ; osous e ll f é e aé n ga o
p d r r s e le é o u m ec q pq lr osah d u o u H u C n t e o ae s e . i a
d e si l é t uf a e qE rf uc s sui té e xeé cla 1or s tg
d p é H a i r i 1 rl n i d l l t t’ t d v ec b a h io r a e é a e é
l d x s ’ l cu x ie a ed é l’ ès u e l i cp b è e la e b
S e u cs t t hyd i ms e l it s i dé
t l e p é i l c oo t Algèbres
n e h pnu c u é s n éor o d a i -n m
r d c ae a( ee t s d nc L std e p ed l sf e pé un a ce ’ . s ab ro c o a
H e c I T t é L’ d H o B l ae e ei E é è ps Rp
l l i t vl pt T bl i i r .e
q d l d u o d ae é iv n ’ t s f d le n u li p i e ’cL e n ioHa n at o
r s u c qi u n oe é ue à cr trt t c el e u nop e o l c s n onls +n nLc o
e d n s r e o d p é c m ’ au c s oo b a cn ( o u/ d mrn r l e u u lI
l e c i q n so in u bon rn é l ’ o rns éd a d e i p ette deé i ’ s l é
d d l t a d eda h n ee é m é t s t et u od t s c ne l ér e e o tr
s s s u q a l u b e u cn ’ pq s s s de es e pdu i co t éu l s s oui s an ds
d d f e Qi ai pm
u l n nn lee c e n i o iuln c o s ée em lsqs h m
t B a a é a s l r t n dy l d u u a m és a , d nc c u ft i i eo h
m l o e l e p e l dn i s éS t é a ut n l pr I t a éd e c ra e d l au s o o
d l e av e s d f ne s pn e o sc c ao àn d t o( t cmN oc e o m( e
( 54 t qc ) aE N uf e , n.G q o .’ t) c d u e A i d) ’s i a t r e, ey
K a m r e lé e l uc n l v d t t e la o aqi e rnt lr u irud poor a eéae
t p e è r l n d r l e i c t e e ’ us n ao i ja qn é p l n è l ol ue a o
b m r o e d r d el o i t ed r’ t lr i ne
A l c ’ oo s é m nn r ’ qp l ê n t ô e uoc e m o e l s eqo
a d l pq ye a ’ à ge u v ip l ér r ’ anpo e ndçoic 0i tlu C s écutl e
l l n d i a vo ’ es r et a eqne e c ci i svur mlo to l n q pe’ -Xn on
p l c d lb p e uo a e a a ( a nrt m c s pp r pee ~ a edra c srdx c l n es o
n cé d oc m é me n u f p m s c ’ l i a su o e
a l n d im a o( le cn o n td C e eas de o i a d’ g nsi us n osn ede é ls nas
c i f od dl a m mi v e u oe m s i e s t dnp tu n e r l uai t t x
àd e àg r L t da m o ’ b eu o i é q i sH c d t t f ua q ha ; u e u u em
s f a o so é b u s ’r pd s s lo e m f aqé t p eu s ade nug r u e s t i é
l d S ’M He C . ia e s. a n c d t t s ruf Le’ v r u t nl asa e
S E p .a i à u o b bl d n du r o e f eee ird a un l i ( t n mod n t b an (
n d l o l e ’ h u ’ ma o v a N d ul ém e l d e lgb l o l g ’
q i d u s d i p e s e L r rm , ua s e e od a d el n s c bo t el o
p p l t o aa a o es d l r a p teé o g du o xs n é c ’ t l e to b o
l b p e el u r d q s ’ t o i e t u t m é ù nc s in e qta ce1 v’ s q uui i 8
i d nr d d e te eB é Ps el d u. p i d ra o a n ee é vt n x

2 2
ALGÈBRE

q e i l un t n f e e o t os s t q r gnu i uc o édi d l o ie d
r a a
e d du f l f e ; i xl g a i d vm o è d t n ’l e ee n b da i i ue s
d p l
t’ da L e ( r ad s er di s e a ue of t : ei t v t ni , m ar n
é à p dc a r q peo l o ua i osl =g 0 s p e si) / re è s i xot= e0 ;_ t) b i
s n a do o lln énf m a l o bl Ilg,x o + y Il<aIlxt 11 + Il yan11,pour ,Y,i J’
i quel- gd
m d r e e É. e C a na t ca d t dl E ;or i ala nt c lan
m e é e l r n ev t je ô si c) l~a.~~~
t o =f 1a 1~I.Y~I,
sd p r ua de ee e o. e é a
K
p l a sa e l U er a s g d n E m(u 1e è i a l ve . i1t a s bc n ao al - ~r b t
a t ip dr l mp mèe ’ pl d n os r a oiou c o d éa l cur o m
n c o e ol r n s ma e L c t m p da o ( uf r ’ n (
h d g n e a e r d é t l s n o ) é a( g e u d) v ci è v l p ’ e r’ b
p d 1 à 1 é p e F8 9 eB a r9 d 1 l u ré o6 o s 0e rd l fb n o s neé
s e S i t c d h m de nu u c ’ o re nd o u r
n u d o u e n e du l e s s et
c o n
4. Algèbre topologique L t d e a h v e sn é e
m s C é ’d 1 o à s 1 ee 9 n
L c d ao o a e p n a l s é t p ge i er i l p ét c na n
e d c s d’ l o t c au ’ d uH l nas j a eu r ri ah sa o n nc a ôl si g u
q : d l du de X e s é e e up Id i b H n u aXé d è u d i x i s ur~ é fc t ul x s
l a l i v d ’ n a e ae i o i à i c m s n u ds nn e t dv eo to
ê m t c a p r h o t c l e a n h d o u s s u sl ié n ds u t i’ m f
l m e aa r s lt s e ( ldh n u n . r aeét o iq c l xé im
e
d d n a p e o d n r m e as o b t b r u l
V d e a m e nd nr u s s s’ oi . n s éeuc ét Y i oe rém no ie ; s i
Z
d c eed ol d c t e no e o vi m es p r
( c p (c o n od c e n o l uce o t t td na ro nt i a ie o n ve n po
g D C m e f . e da l n r l er ’ c Qé i ai a e puq t n nav l l eu
e d l t t ae ca o à é o p1 t Sn o9 Fu cd e l0R rd hu
a xc s i ie i g n os t l l é d
t m u l g e a n d e
r a aa é
s a d n a is e o t n u nt e u r t dt rsd s v è f ie àuii l p e sdi l cm’
e t r q tj r i u r ue o è c n Hô i s ue s i h il sl et n n e d le cea n o t s
d d n a t e o m n h mc ap s é ; l ba n t a d o a rsvo h r ’ r
q c u ; oà t d e n i r ’n s g t t i a eo a é e rv e p 1xr ln m
o p s nl e e i v e u s gd el st t p nda H ce re d a B aen a ts at e c
t e lo g t t ep r o U s do o a pe n el uds p os so pep r
s l e vu e sn er e s f p o
Espaces vectoriels normés t d l dh t e a ué q o
et espaces vectoriels topologiques o d u cp cé n d cl l e j e
U e v n ns se l c opK ut c e o d r a F Rr t s r el mc .e i a o dup e ée s
d n r e o od n é s cu me of e o m bs o l À pm t r d nb1 s
m a -é e
p e u e l v s n Es s el e t H p u xee B c a a a r teq ta d m h b c su on e
e d u f s é x . n11 .Y11,
oà vt f - ge n a l i p . é c dl eln rd n et e ai ou
r p pé o l p eo s em r ls q i ps o o m ls u l td e n d p ueé ’e i

2
ALGÈBRE

espace normé d’une structure d’espace À partir de ce résultat, le mathématicien


normé (complet) ; itérant cette construc- soviétique Pontriaguine construisit sa
tion, Hahn pourra poser de manière géné- théorie des caractères pour les groupes
rale le problème des espaces réflexifs, I. e. commutatifs localement compacts, dont
qui sont isomorphes à leur bidual topolo- un des aspects les plus spectaculaires est
gique. Vers 1932, la théorie des espaces sans doute le théorème de duahté.
normés est i peu près achevée avec le livre Essayons d’expliquer ce résultat en quel-
de Banach, Théorie des opénztions linéda. ques mots : un caractère d’un groupe
Une notion telle que la convergence topologique G est un homomorphisme
simple d’une suite de fonctions dans un continu de G dans le groupe multiplicatif
espace fonctionnel n’est pas associée à une des nombres complexes de module 1 ; il est
norme, et il était nécessaire de considérer clair que l’ensemble des caractères forme
sur des espaces vectoriels des notions de un groupe commutatif X et on montre que
convergence plus générales que celles défi- si G est commutatif localement compact,
nies par des normes, situation étudiée pour le groupe X peut être muni de manière
la première fois par Fréchet. Mais, sans naturelle d’une structure de groupe topo-
hypothèse restrictive, la théorie générale logique localement compact. Le théorème
était trop pauvre ; la notion essentielle qui de dwdhté s’exprime alors par le fzdit que le
allait permettre à la théorie de s’épanouir groupe G est isomorphe, algébriquement
est la convexité, étudiée par Banach et ses et topologiquement, au groupe des carac-
élèves, conduisant von Neumann en 1935 2 tères du groupe X.
définir les espaces localement convexes. Issue directement de la théorie des
Des branches essentielles des mathémati- espaces de Banach, la belle théorie des
ques contemporaines, la théorie des distri- algèbres normées (algèbres de Banach),
butions par exemple, utilisent de manière développée A partir de 1940 par le mathé-
constante la théorie de ces espaces.
maticien soviétique Gelfand et ses élèves,
allait éclairer d’un jour nouveau la dualité
Groupes topologiques
de Pontriaguine et permettre d’obtenir
La nécessité d’étudier des groupes (( conti- d’importants résuitats sur la représenta-
nus )) plus généraux que les groupes de
tion linéaire des groupes localement com-
Lie conduisit Schreier en 1927 i définir
pacts générzmx (et en particulier des gros
des groupes dits topologiques, tels que la
pes de Lie).
multiplication et le passage à l’inverse
soient des opérations continues. Ceux de JEAN-LUCVERLEY
ces groupes qui, comme les groupes de Lie,
sont localement compacts possèdent des
propriétés remarquables dont l’étude cons-
titue une branche nouvelle de l’analyse,
l’analyse harmonique généralisée. En
1933, Hxdr démontra le théorème suivant,
qui est le point de départ de toute la
théorie : il existe sur un tel groupe une
mesure qui est invariante par multiphca-
tion i gauche par les éléments du groupe.

24
ANNEAUX COMMUTATIFS

A D B L EA O GH NO ÈA
- B A 8 A OL D -N H GE O N AÈ A E NLB

A L &L I A GD B N N ÈE O
M - LU - B I LA & A OL DN T N
& M A U L LG È T

A C N O
A T L O G P È
- T O P O
D
A L G on se bornera
ans tout ce qui suit, aÈ
considérer des anneaux commutatifs
unitaires, c’est-à-dire possédant un élément
unité pour la multiplication, noté 1. Les
définitions sont celles de l’article suivant,
ANNEAUX ET ALGÈBRES.

A N L O De G
nombreux cas Rparticuliers È
- N A O L
d’anneaux
étudiés au
commutatifs
G
XIX~
Rsiècle, unitaires ont
È
principalement
été
M
à propos de recherches de théorie des
nombres et de géométrie algébrique. Intro-
duits à l’origine pour étudier la divisibilité
dans de tels anneaux, les idéaux, cas
particuliers de modules, se sont révélés
A N L O essentiels dans G Mde nombreuses B
questions. É
- N ( O En T
fait. la M
classification des H
différents B
D -N a E o l S m g ]

1
i
A C N O A M L
- C A O N M A L B

25
ANNEAUX COMMUTATIFS

types d’anneaux s’effectue suivant la struc-


ture de leurs idéaux.
L’arithmétique des anneaux dits
principuux est analogue à l’arithmétique 1. Notions fondamentales
des nombres entiers ou des polynômes ;
plus généralement, on peut étudier de Divisibilité

manière satisfaisante l’arithmétique des La présence dans un anneau de diviseurs


UWWUTJX de Dedekind : ici, les propriétés de zéro, c’est-à-dire d’éléments I et /I, tous
de divisibilité, déroutantes a priori, s’expri- deux non nuls, dont le produit est nul, rend
ment harmonieusement dans le cadre de illusoire toute théorie satisfaisante de la
la théorie des idéaux. Une autre généra- divisibilité. Les anneaux commutatifs sans
lisation possible des anneaux principaux, diviseurs de zéro sont appelés des anneaux
qui englobe d’ailleurs la précédente, est intègres ou anneaux d’intégrité. Nous
liée i des conditions de finitude : tout idéal allons, dans ce qui suit, préciser quelques
d’un anneau principal est formé des propriétés de la divisibilité dans un tel
anneau d’intégrité A. Dans toutes ces
multiples d’un élément ; plus générale-
questions de divisibihté, seul intervient le
ment, on peut considérer les anneaux dans
fait que l’ensemble A* des éléments non
lesquels tout idéal est formé des combi-
nuls de l’anneau A est muni d’une loi de
naisons hnéaires (à coefficients dans
composition interne (x, y) - xy (la mul-
l’anneau) d’un nombre fini d’éléments, et
tiplication) associative, commutative, avec
ces anneaux, appelés noethériens, possè-
un élément unité ; un ensemble muni d’une
dent une remarquable propriété de stabi-
loi possédant ces propriétés est appelé un
lité, découverte par Hilbert, à savoir que
rnonoLde, Nous énoncerons les définitions
l’anneau des polynômes sur un anneau
générales relatives à la divisibilité dans le
noethérien est lui-même noethérien. Pour
cadre d’un monoïde A* quelconque, ce qui
terminer, mentionnons ici la classe impor-
sera utile dans la troisième partie.
tante des anneaux locaux, qui possèdent
On dit qu’un élément h de A* divise un
un unique idéal maximal : cela signifie qu’il
élément a de A*, ou encore que a est
existe un idéal propre contenant tous les divisib/e par b s’il existe un élément c tel que
autres idéaux propres de l’anneau ; ces a = bc. Il est clair que cette notion de
anneaux jouent ml grand rôle dans la divisibilité généralise la notion usuelle de
théorie des variétés algébriques, différen- divisibilité dans le monoïde Z* des entiers
tiables ou analytiques, car les anneaux de relatifs non nuls et possède des propriétés
germes de fonctions sont de ce type. analogues : par exemple, si c divise I et si
L’étude des anneaux locaux est très liée à L divise a, alors c divise a.
des considérations topologiques ; nous Dans toutes les questions de divisibilité,
renvoyons 1 ce propos aux articles algèbre un rôle essentiel est joué par les unitfL~, qui
TOPOLOGIQUE et théorie des NOMBRES sont les éléments inversibles (ou encore,
Nombres padiques, avec la terminologie ci-dessus, les éléments
Le tableau ci-dessus précise les rapports qui divisent l’élément unité 1) ; si A* est lc
entre ces différents anneaux, chaque flèche monoïde des éléments non nuls d’un
exprimant qu’une propriété en entraîne anneau d’intégrité A, ces éléments sont
une autre. aussi appelés les unités de l’anneau : par

26
ANNEAUX COMMUTATIFS

exemple, dans l’anneau Z des entiers p’/q’, distinctes, possédant des numéra-
relatifs, les seules unikks sont les nombres teurs et des dénominateurs distincts, peu-
+ 1 et - 1 et, dans l’anneau des poiynô- vent définir le wêlne nombre rationnel si
mes i coefficients dans un corps K, ce sont pq’ = p’q. De plus, si p/q et p’/q’ sont des
les polynômes constants non nuls. Dans fractions définissant des nombres ration-
tous les cas, on vérifie facilement que les nels t et ~j, les fractions (pq’+p’q)/qq’ et
unités forment un groupe multiplicatif; pp’/qq’ définissent les nombres rationnels
pour un anneau A, la structure de ce U+V et w. La démonstration générale est
groupe est une importante caractéristique Calquée sur la construction ci-dessus ;
arithmétique de A. Deux éléments CIet !I, donnons-en l’esquisse.
qui diffèrent seulement par un élément Nous allons d’abord définir la notion de
inversible, c’est-i-dire tels que a = ub, u G fraction )). Pour cela, désignons par A*
inversible, possèdent des propriétés de l’ensemble des éiéments non nuls de A et
divisibilité très analogues et sont dits considérons l’ensemble A X A* des cou-
ussociés. Pour terminer ces définitions, ples (.x, _J,),y # 0 ; un tel élément (x, J>)
indiquons qu’un élément a de A* est dit s’appelle une (( fraction H de numérateur ,Y
premier, ou irréductibk, s’il n’est pas inver- et de dénominateur y. Nous allons main-
sible et si pour toute décomposiCon tenant identifier des fractions (,Y, y) et
a = /TC; b, c éléments de A*, l’un des deux (.x’, y’) telles que .x_$ = ,~‘y, c’est-k-dire
facteurs b ou c est inversible, Un des considérer sur l’ensemble A X A* la
problèmes fondamentaux de la divisibilité relation d’équivalence ainsi définie.
dans A* est l’étude de la décomposiCon L’ensemble des classes d’équivalence
éventuelle de tout élément comme produit forme un ensemble que nous désignerons
d’éléments premiers. par K. On vérifie alors facilement que, si
on déjinit la somme et le produit de deux
(Cfractions )) par les formules :
Corps des fractions
d’un anneau d’intégrité
La construction du corps Q des nombres
rationnels i partir de l’anneau Z des on obtient sur K, par passage uu quotient,
entiers relatifs se généralise sans difficulté deux opérations qui en font un corps ; cela
i un anneau d’intégrité quelconque. Plus signifie que, si L et z/ sont des éléments de
précisément, on a le résultat suivant : ccSi K représentés par des (( fractions )) (x, J,)
A est un anneau d’intégrité, il existe un et (,Y’,y’), alors par définition, u+u’ et CM’
corps K contenant A comme sous-anneau sont les éléments de K représentés
et dont tous les éléments sont de la forme par les (( fractions )) (x, y) + (.Y’,y’) et
.YY ’ , ,Y, y éléments de A. De plus, un tel (.Y,_J,)(_Y’,y’) et que u + u’ et w’ ainsi
corps K est unique à un isomorphisme définis dont indépendants du choix des
laissant A fixe près. H (( fractions 1) représentant t et v.
Pour faire comprendre la démonstra- Le plongement de A dans K s’effectue
tien, analysons ce qu’est un nombre ration- maintenant en identifiant tout élément de
nel. Un nombre rationnel u est C(défini H A à l’élément de K défini par la (( fraction ))
par une fraction p/q, OÙ p et q sont des (0, l), dont le numérateur est égal à u et le
entiers relatifs, mais deux fractions p/q et dénominateur 1 1. Remarquons que, si on

27
ANNEAUX COMMUTATIFS

identifie deux éléments u et !I de A à leur quatrième partie est Consacrée à l’étude


image dans K, l’élément de K représenté des anneaux dans lesquels tout idéal est de
par la (( fraction H (u, h) est bien le quotient ce type.
(dans K) de a par b. Étant donné deux idéaux a et b, leur
Le corps K que nous venons de cons- intersection a n b est encore un idéal.
truire s’appelle le corps des jactions de Généralisons aux idéaux la notion de
l’anneau A. produit : a et b étant deux idéaux, l’ensem-
ble des sommes finies a,b, + + u,&,
ldéaux où les u, et les bj sont des éléments de a et
Rappelons qu’un id&1 d’un anneau A est b respectivement, est encore un idéal,
un sous-groupe additif qui est stable par appelé produit des idéaux a et b et noté ab.
multiplication par un élément quelconque Le produit ainsi défini est commutatif,
de A, qu’il possède certaines propriétés. associatif et admet un élément unité qui est
Nous nous contenterons de montrer com- l’anneau tout entier A = (1) (parfois
ment on peut étendre aux idéaux le langage appelé, pour cette raison, idéal unité). Si A
arithmétique usuel relatif aux nombres est un anneau d’intégrité, le produit de
entiers. deux idéaux non nuls (c’est-à-dire diffé-
Les idéaux du type le plus simple sont rents de [O}) est non nul et par suite
obtenus ainsi : si a est un élément d’un l’ensemble M(A) des idéaux non nuls est
anneau A, l’ensemble des multiples de u, un monoïde pour cette loi de composition ;
c’est-à-dire l’ensemble des éléments de la le monoïde M(A) jouera un rôle très
forme XI pour x parcourant A, est un idéal important dans la troisième partie. Remar-
de A, noté (a), et appelé l’idéal principal quons que si a = (u) et b = (!I) sont
engendré par u. Un tel idéal est propre principaux, alors on a ab = (ub) et par
c’est-à-dire non réduit à 0 et différent de A suite l’application u - (u) est un homo-
tout entier si, et seulement si, a est non nul morphisme du monoïde A* dans le
et non inversible. On verra, dans la deu- monoïde M(A) (l’image d’un produit est le
xième partie, que tout idéal de l’anneau Z produit des images, et l’élément unité a
des entiers relatifs est de ce type. Remar- pour image l’élément unité).
quons au passage que, dans un anneau Deux éléments ~2 et b de A sont dits
d’intégrité, deux éléments u et h non nuls congrus ruodulo un i&ul a, et on note :
engendrent le même idéal principal si et
L G b (mod. a)
seulement s’ils sont associés, c’est-à-dire si
h = wz, c inversible dans l’anneau : en si la différence a ~ h appartient à a ; dans
effet, si (u) = (!T), il existe des éléments u le cas où a = (c) est principal, on retrouve
et v tels que h = ua, a = vb, d’où la notion usuelle de congruence modulo c.
wu = a ; si a # 0, on a donc w = 1 Considérons l’ensemble quotient, noté
puisqu’il n’y a pas de diviseurs de zéro A/a, de A par cette relation (c’est mani-
dans l’anneau et ainsi u est inversible. Plus festement une relation d’équivalence). Si
généralement, si u,, .... a,z sont des élé- Ü et b sont les classes de a et h respecti-
ments de A, l’ensemble, noté (u,, . . . . u,J des vement, on vérifie que a + h et
éléments de la forme x,a, + + .ylan ub sont indépendants des représentants
pour ,Y, .... .x,~parcourant A indépendam- u et I choisis et que les deux lois de
ment l’un et l’autre est un idéal ; la composition ainsi définies font de A/a

28
ANNEAUX COMMUTATIFS

un anneau commutatif unitaire appelé trer que l’ensemble des éléments de K qui
uwz~uu quodenf de A par l’idéal a. Dans sont entiers sur A forme un anneau (qui
le cas OÙ A est l’anneau Z des entiers contient donc A) appelé la fermeture
relatifs et a l’ensemble (ti) des multiples inte’grde de A duns K. Un cas particuliè-
d’un entier rz, cet anneau n’est autre que rement important est celui OÙ K est le
l’anneau des classes résiduelles d’entiers corps des fractions de A (cf. mpra) ; si les
modulo n. seuls éléments du corps des fractions de A
Un idéal II # A est dit premier s’il ne qui sont entiers sur A sont les éléments de
contient le produit & de deux éléments de A, on dit que l’anneau A est i&gra/etnent
A que lorsqu’il contient au moins l’un dos. Ces anneaux jouent un rôle essentiel
d’entre eux ; dans l’anneau Z des entiers, dans de nombreuses questions, en théorie
cette condition caractérise les idéaux prin- des nombres et en géométrie algébrique
cipaux @) engendrés par un nombre pre- notamment.
mier p. On voit facilement qu’un idéal est
premier si, et seulement si, l’anneau quo-
tient est sans diviseurs de zéro ; ainsi, un 2. L’arithmétique élémentaire
exemple important d’idéaux premiers est et les anneaux principaux
constitué par les idéaux maximaux n
(idéaux qui ne sont contenus dans aucun Un anneau principul est un anneau d’inté-
autre idéal propre) caractérisés par le fait grité dans lequel tout idéal est principal,
que A/p est un corps. Généralisons main- c’est-à-dire formé des multiples d’un même
tenant aux idéaux quelconques les proprié- élément, appelé g&&ateur de i’idéal.
tés des idéaux principaux de Z engendrés L’étude de la divisibthté dans un tel anneau
par les puissances des nombres premiers : est analogue à la théorie arithmétique
un idéal q est dit primaire si & E q et u 6? q élémentaire des nombres entiers, qui en
enttaînent qu’une puissance de h appar- constitue d’ailleurs un cas particulier.
tient à q, il résuhe des définitions que si q L’étude de la divisibihté dans l’anneau
est primaire, son radical, qui est l’ensemble K[X] des polynômes à une variable sur un
des éléments dont une puissance appar- corps K rentre aussi dans ce cadre.
tient à q, est premier. NOLIS verrons, dans
la quatrième partie, l’importance des Exemples
idéaux primaires. o) Montrons que l’anneuu Z des entier.~
relat$ est principal. La démonstration
Élérnmts entiers repose sur la propriété suivante de divisi-
Soit A un anneau d’intégrité contenu bihté dans cet anneau : étant donné deux
dans un corps K. On dit qu’un élément de entiers rationnels a et b, h > 0, il existe un
K est entier sur ,4 s’il est racine d’un couple et un seul d’entiers rationnels q et
polynôme : I tels que :

xn + apx- + .., + an a = bq + r, O<r<b;

a coefficients dans A et dont le coefficient les nombres q et r s’appellent respective-


dominant est égal à 1. Il est clair que tout ment le quotient et le reste de la division
élément de A est entier sur A puisqu’il est de a par b. Soit donc maintenant a un idéal
racine du polynôme .x ~ a ; on peut mon- de Z. Si a = {O}%on a a = (0) ; sinon a

29
ANNEAUX COMMUTATIFS

contient des éléments strictement positifs constitué par les éléments de la forme
puisque avec tout élément 0 il contient son u_x+ !~y, u, b t2 A. Puisque A est princi-
opposé - 0 = ( - 1) u. Soit b le plus petit pal, cet idéal est engendré par un élément
élément strictement positif de a ; montrons u’, déterminé a cela près qu’on peut le
que tout élément a de a est un multiple de remplacer par ud, où u est un élément
b. En effet, l’existence de la division dans Z inversible quelconque de l’anneau. On
permet d’écrire u = hq + r, 0 < r < h ; appelle plus grund conmun diviseur (en
or le multiple hq de h appartient à a, donc abrégé P.G.C.D.) de .Yet y tout élément d
aussi r = u ~ bq : la définition de b tel que (.x, y) = (4.
entraîne I = 0. Puisque d E (d), on voit en particulier
/T) Un autre exemple important qu’il existe u, I E A tels que :
d’anneau principal est l’anneau K[X] des
(*) d = Q.X+ by
polynômes a coefficients dans un corps
commutatif K. La démonstration repose (ce résuhat constitue le théorème de
ici encore sur l’existence dans cet anneau Bezout). Justifions la terminologie adoptée
d’une division (( euclidienne N : si A et B en montrant qu’un élément z de A divise
sont des polynômes, il existe un couple et simultanément ,x et y si et seulement s’il
un seul de polynômes Q et R tels que divise d : puisque (4 contient x et y, ces
A = BQ + R, le degré de R étant stric- nombres sont des multiples de d et, par
tement inférieur au degré de B. On montre suite, tout diviseur de d divise x et y ;
alors, par une démonstration analogue à ce réciproquement. si z divise .Yet y, écrivons
qui précède, qu’un idéal a # (0) de K[X] .x = ~2, _Y= $, et portons dans (*) ; on
est formé des multiples de tout polynôme obtient d = z(a,x’ + hy’), ce qui prouve
B non nul de a dont le degré est le plus petit que 2 divise d, Dans le cas de l’anneau Z
possible (cf. PoLYNôMEs). des entiers rationnels, d est déterminé au
C) À propos de recherches sur les signe près puisque les seuls éléments inver-
formes quadratiques, Gauss a utilisé le fait sibles sont ici + 1 et - 1 ; on peut donc
que l’anneau des nombres complexes de la prendre d > 0 et on retrouve la notion
forme 0 + bi, a, 1 E Z (appelés entiers de élémentaire de P.G.C.D. enseignée dans
Gauss), possède une arithmétique compa- les classes primaires.
rable à celle des entiers ordinaires. Ce fait Deux éléments _Yet _)Jde A sont dits
s’explique, avec la terminologie ci-dessus, premiers entre eux s’ils admettent 1 pour
par le fait que cet anneau est principal. P.G.C.D., c’est-à-dire si leurs seuls divi-
seurs communs sont les unités de l’anneau.
Plus grand commun diviseur D’après Je théorème de Bezout indiqué
et plus petit commun multiple ci-dessus, ,Yet L sont premiers entre eux si
Dans ce qui suit, nous nous limiterons, et seulement s’il existe des éléments u,
pour simplifier les notations, au cas de 1 fF A tels que U-Y+ by = 1 (la condition
deux éléments, mais il est clair que tous les suffisante résulte du fait que, si cette
résultats s’étendent sans difficulté au US relation est satisfaite, tout diviseur com-
d’un nombre fini d’éléments. mun a x et y divise 1). Ce résuhat entraîne
Soient x, y deux éléments d’un anneau facilement le théorèrne de Gauss (ou lente
principal A et considérons l’idéal (x, y) d’Euclide), qui s’énonce : ccSoit .x et ~1des

30
A C N O N

éléments non nuls d’un anneau principal A p’i sont associés (c’est-à-dire p’[ = u,p,, u,
et d un diviseur du produit .~y ; si d et ,Ysont inversible), pour 2 = 1,2,..., n.
premiers entre eux, alors d divise y. H En Remarquons que, puisque deux élé-
effet, puisque d e _ sont premiers t Y entre ments de A engendrent le même idéal
eux, il existe U, v E A tels que : si et seulement s’ils sont associés, les
u + v = 1 d x
conditions (Fr) et (FJ expriment que tout
idéal de A non nul et différent de A (de
d’où après multiplication par V, la forme (_Y) puisque A est principal)
y=yud+wy s’écrit, de nzunihe unique à l’ordre près
des facteurs, comme un produits d’idéaux
puisque d divise XJJet yud, il divise aussi y.
premiers :
Soit encore x et _r des éléments d’un
anneau principal A. Les multiples de _Y
et de y sont les éléments de (x) et (J)
ainsi la situation est plus simple dans le
respectivement et par suite les multiples
monoïde M(A) que dans le monoïde A*
communs à x et J sont les éléments de
puisqu’il n’y a plus cette fois d’ambiguïté
l’idéal (x) f7 b). Puisque l’anneau A est
quant au sens à donner à l’expression
principal, cet idéal est formé des multi-
unicité de lu décomposition. Dans la prati-
ples d’un élément défini à un facteur
que, on élimine cette ambiguïté en choi-
inversible près : on appelle plus petit
sissant une fois pour toutes un ensemble P
commun multiple (en abrégé P.P.C.M.)
d’éléments premiers de A tels que pour
de .X et _r tout élément WI de A tel
tout élément premier p’ de A il existe un
que (,Y)f’ (_r) = (w) ; a v
cette défini- e c
élément premier p de P et un seul qui soit
tien, tout multiple de x et _r est un multiple
de m. associé à p’. Les propriétés (F,) et (FJ
s’expriment alors ainsi : tout élément .Xde
A s’écrit, de manière unique a l’ordre près
D eé f p nc a r o c e m t m pe i
des facteurs, sous la forme :
Pour tout anneau d’intégrité, on a défini
sous le titre 1 les éléments premiers. On ,x = U .. P . l

peut montrer que les anneaux principaux O c est une unité


< de A et OÙIles p, sont des
possèdent les deux propriétés fondamen- éléments de P (pas nécessairement dis-
tales (F,) et (FI) suivantes. tincts), Ainsi, dans le cas de l’anneau Z des
(Fr) Décompusitiun en ,fuctews pw-
entiers relatifs, on peut prendre pour P
mius. Tout élément x non nul et non
l’ensemble des nombres premiers positifs,
inversible est produit d’un nombre fini
et tout entier relatif ,Y s’écrit de manière
d’éléments premiers (pas nécessairement
unique sous la forme :
distincts).
(Fz) (( Unicité B de la décomposition. Si . = & .. x &
P . =l p

x =p,pz...pn =p;p;...p;

sont deux décompositions d’un élément .Y A f n a n c e

comme produit d’éléments premiers, alors De manière générale, on appelle GWWUU


m = n, et, quitte à modifier éventuelle- jbctoriel tout anneau d’intégrité possédant
ment l’ordre des facteurs, les éléments p, et les propriétés (F,) et (FJ; remarquons

31
ANNEAUX COMMUTATIFS

d’ailleurs que l’on peut remplacer la condi- 3. Les anneaux de Dedekind


tion (FJ par la condition suivante : et la théorie multiplicative
(Fj) Si un élément premier de A divise des idéaux
un produit, il divise au moins un des
facteurs de ce produit. L’extension de l’arithmétique classique
Les anneaux factoriels constituent une aux anneaux d’entiers algébriques s’est
classe plus vaste que celle des anneaux longtemps heurtée au fait que ces anneaux
principaux ; cette classe possède la remar- ne sont pas factoriels. Par exemple, dans
quable propriété de stabilité suivante : si A l’anneau Z[m] des nombres complexes
est un anneau factoriel, alors l’anneau A[X] de la forme a + ih VT, a, h entiers relatifs,
des polynômes a coefficient dans A est lui le nombre 4 admet les deux décomposi-
aussi factoriel. On obtient ainsi, par récur- tions :
rente, que l’anneau K[X,,...,X,J des poly-
4=2x2=(l+iVT)(l-iV3)
nômes a n variables sur un corps K est
factoriel, alors qu’il n’est pas principal pour en facteurs premiers non associés deux à
I > 2 (en effet, dans l’anneau K[X,Y] des deux et par suite cet anneau n’est pas fac-
polynômes a deux variables, l’idéal (X,Y), toriel. Dedekind, à partir des travaux de
formé des polynômes de la forme Kummer, mit en évidence que, pour un tel
XP(X,Y) + YQ(X.Y), n’estpasprincipal). anneau A, la notion importante était celle
L’anneau K[[X]] des séries formelles à coef- d’idéal premier et non pas d’élément pre-
ficients dans un corps K est factoriel ; mais, mier, comme pouvait le faire croire l’étude
par contre, l’anneau A[[X]] peut ne pas être élémentaire des entiers relatifs. En somme,
factoriel même si A est un anneau factoriel tout revient ici à remplacer l’étude du
(contre-exemple dû a Samuel). monoïde A* des éléments non nuls de A par
Pour terminer, signalons, en liaison celle du monoïde M(A) des idéaux non nuls
avec la définition donnée plus haut, que de A ; on trouve l’unicité de la décomposi-
tout anrwau,jtictotiel est iritigraletnent clos. tion en facteurs premiers (( idéaux H. Cha-
En effet, soit .y~~‘, .y, y éléments de A, un que élément a non inversible de A* étant
élément du corps des fractions de A ; on identifié à Pidéal principal (a) qu’il engen-
peut supposer que s et y n’ont pas de dre peut ainsi s’écrire, de manière unique,
facteurs premiers communs. Si ,~_J~’ est comme un produit d’idéaux premiers.
entier sur A, il est racine d’un polynôme à La définition abstraite des anneaux de
coefficients dans A dont le coefficient Dedekind que nous formulons ici a été
dominant est égal à 1, soit : donnée pour la première fois, en 1927, par
la mathématicienne allemande Emmy
xny-” + a,x”-‘y-“+’ + + a” = 0,
Noether.
a, E A ; on en déduit que :
Anneaux de Dedekind
Par définition, on appelle anneau de Dede-
c’est-à-dire que .? est un multiple de J>. kind tout anneau intégralement clos et
Mais si y n’est pas un élément inversible de noethérien (c’est-a-dire dans lequel tout
A, on obtient une contradiction puisque, idéal est engendré par un nombre fini
d’après (F& tout diviseur premier de L d’éléments, cf. infia) dans lequel tout idéal
doit alors diviser .y. premier non nul est maximal. Cela signifie

32
ANNEAUX COMMUTATIFS

que le quotient de A par un idéal premier en convenant que ~~(a) = 0 quand l’idéal
non nul quelconque est non seulement un premier p ne figure pas dans la décompo-
anneau d’intégrité mais même un corps. sition de a ; par définition le produit
L’exemple le plus simple d’un tel anneau ci-dessus est alors égal au produit fini
est l’anneau Z [W] des nombres de la correspondant aux idéaux tels que
forme a + b XT, u, I entiers relatifs, d v&a) > 0. L’intérêt de cette convention
entier tel que d E 2 ou 3 (mod. 4). Plus réside dans des formules du type suivant :
généralement, Dedekind a démontré que, si a et b sont deux idéaux, alors on a :
si K est une extension finie du corps Q des
nombres rationnels (K est appelé un corps
de nombres algébriques), alors la fermeture
intégrale A de l’anneau Z dans K est un c’est-à-dire, avec les notations ci-dessus,
anneau de Dedekind (A est appelé l’anneau r&ah) = r,,(a) + t+(h).
des entiers du corps K ; cf. théorie des Remarquons que l’existence et l’unicité
N - Nombres
O algébriques).
M En fait, B de la décomposition
R de tout
E idéal de M(A)
S
l’exemple précédent, qui est très important comme produit d’idéaux premiers permet
en théorie des nombres, est lui-même un cas d’appliquer à M(A) tous les résultats
particulier du résultat algébrique suivant : élémentaires relatifs à la divisibihté des
soit A un anneau de Dedekind. de corps des entiers ; par exemple si a et b sont deux
quotients K, et soit Lune extension finie de idéaux non nuls, leurs diviseurs communs,
K (cf. C ; alors O
la fermeture intégrale
R ou P leurs multiples
S communs, ) sont Les
de A dans L est un anneau de Dedekind. diviseurs, ou les multiples, d’éléments
L’intérêt essentiel des anneaux de appelés respectivement Le P.G.C.D. et le
Dedekind réside dans la structure particu- P.P.C.M. de a et b et qui s’écrivent :
lièrement simple, pour un tel anneau, du
monoïde M(A) des idéaux non nuls. On a
le résultat suivant : un anneau d’intégrité
A est un anneau de Dedekind si, et respectivement.
seulement si, tout idéal non nul de A s’écrit
idéaux fractionnaires
de manière unique (à l’ordre près des
facteurs) comme produit d’idéaux pre- Soit A un anneau d’intégrité ; la structure
miers non nuls. Soit a un tel idéal non nul ; du monoïde M(A) des idéaux non nuls
écrivant p” si l’idéal premier p figure a fois donne des indications sur la structure du
dans la décomposition de a, on peut donc monoïde multiplicatif A*. De la même
écrire a de manière unique sous la forme : manière, pour étudier La structure du
groupe multiplicatif K* du corps des
quotients K de A, on est amené a étendre
les p! étant des idéaux premiers distincts. la notion d’idéal.
Un sous-ensemble a, non réduit à [OI,
Désignant par P L’ensemble des idéaux
de K est appelé un idia f~uctionnuiw si
premiers non nuls de A, on écrit souvent
c’est un sous-anneau de K stable par
cette décomposition sous la forme :
multiplication par les éléments de A et
pour Lequel il existe un élément d # 0 de
A tel que & appartienne à A pour tout .Y

33
A C N O N M E M A U U T X

d a;c d e r e é5 d q e t uf i d u v t ni dr é t ’ (i e : p en ue cy u e1
i f d e lr d é s p ’a p d e a t r ec V a = é V s l o nte é~ r f & - si t t (
d d ‘ d n u n P fy l oi u _ i , c o f nt l V a x ce r oKs d f u é ot s dn e r ,
p u i a( s nu d d ra A e1 sA ée pecu . n1: u an o o s e l su
e c q i s nl nu e du t i ao u’ s én d in lu t a é r n l a
f ;d r l t d a ai a h e n cd é s s té o ia r
f o ra s n ai p o cd p u té e v i ul
e l i nu ep d é ts t so O é v v iuo q u p an i zé = eeX u u ’ dr o u Kt r l rl tJ e a u
c o n v af d a e i iu é l sd ln ns f
I e f d gl s a a e ié t c d u dn . i é x c éé ; l ~ln c h ar e ey
f l ro u e ap s V s s a c é du n , u ai t r qér l ’ , e un i a uf ’
l i :e p e d s a ne ab s s éd i d t pr do ale d e t an uas( é d l i nt x2 c e
i f d or v é q na f é a u ( c r( r ud e é z t af i E xe l)i
l d s’ f e d oe i p s ’ umnp n oA é O m sa o i a u) ul n eer b ei
d t . , d u ay e I Xd Y ab e put J av n, s (en J na n s t d s K
, sl co iu ,
n i f o d a r lu p é pà a euv r f a p- cv d ne o o s l K ed et éà el - n u
d d a e b n ua ; el t o I i b d’ v t ( t d ee Z U a{ é CA at sn q + l: C ) ne s u
i f d n rn e aé ou a u ( s p i a z np c l at o nKu Va t sp ) u s*x (r i a
m p c o m o e n Uu lu t o n Zl d’r et ï t r ee nee d ie
i f d a er d i é s a i Vm = a+ C’t c; t ( x l iC t Ow l i
e u i fx n d b tri q é eas u a lct e l te
P ~ = I~ ( @ ~
a = A A c b t . v e o ep e t n re c t m
u e ti
C V +Z >m c ( @~ J lh ~ I@
m d au n o d in o n é ne u n f t v e i e e
d a d De n : e Ue aes n A n ind t e i ip ne o p nad n nr o a ke u oué u
d D e ue ae d s n ndt f’ tc ne aui ov ekl d inne ra ai i
q t i f u o d n r ne eu ét o a; pu sdt ai n uc al t té v le tn r e f a
i ) L mn I ) ed ovi ( p e ndde v A r p s oeré ao n) e o s sïsa lu u
f n rn e a ou ag u s lt né cr l t d oA o R l tos e r u. éoé i u s
m e t u é d t co g l l pe eum r t é q et t ovoi m u ( ou s naup e e a
p s d me ’ u e i lau é n c ’nt p c i i s oAi e o r o q - u à rè s s i b u
d f p es a l f r : so c a o p è d u t i r ap s ’ s; ie d e m rr a, u lu é x e
u c n bo e e ilr n
v ( a n d p l o i o
s A e l i u p t e nd nr r d s oé
O l l s dÙ e e , wo e ns n & l n l s A u t Ua ’e t u el. i dn) ax p t ss e o
s p u n a of dn o u p ui l’ m f Zr d rn e ’i br e e ie ln ad er - s t ’t
m D c i d a e e lé n Z d t nr ec sp , e t os ( so t a] sde .mc mh
i e s d c n po é l a f t N an ae -r aN Oi p rt u a Mi o e - Bx c t m r
q l > 0 p ut j i p o e o n& d r u uo a é e r t n) a m l
n u l .
4 A n. n o n e
V e i a p t d l r éu e aa m ut i xi
S A u a od D n n P ie t e n
A o t H
od ev l u mui e aa e r alt k
é C # 0 d lA l Ip e é,(’ a rc m ui f iop d e r)d o nns e l e né é r

3 4
ANNEAUX COMMUTATIFS

anneaux de poiynômes à plusieurs varia- fini, tels que a soit l’ensemble des éléments
bles. À propos de recherches sur la théorie de la forme U,X, + + u,,x~ lorsque a,,
des invariants, Hilbert mit en évidence le .... an parcourent A indépendamment l’un
fait que tout idéal d’un tel anneau est de l’autre.
engendré par un nombre fini d’éléments et Esquissons la démonstration de l’équi-
montra tout le parti que l’on pouvait tirer valence de ces trois conditions car elle est
de cette propriété ; par là même, il instructive. Pour montrer que (u) entraîne
dégageait l’importance des anneaux avec (b), on raisonne par l’absurde. Si la famille
conditions de finitude qui allaient être (a,), fz l n’admettait pas d’élément maximal,
étudiés systématiquement sous forme alors pour tout i E 1 on pourrait trouver
générale par E. Noether. Signalons que les j E 1 tel que l’idéal aj contienne strictement
conditions de finitude en un sens plus large l’idéal a[ et on pourrait construire ainsi, par
jouent un rôle absolument essentiel dans récurrence à partir d’un idéai ai, une suite
toutes les recherches (( géométriques )) infinie strictement croissante d’idéaux.
contemporaines en géométrie algébrique Montrons que (b) entraîne (c). Soit a un
ou analytique (au sens moderne, à savoir idéal et considérons la famille des idéaux
l’étude des espaces analytiques) et dans de de type fini (c’est-à-dire engendré par un
nombreuses questions d’algèbre homolo- nombre fini d’éléments) contenus dans a ;
gique. cette famille est non vide car elle contient
{OI et par suite elle admet un élément
Définitions équivalentes maximal b engendré par des éléments
Un anneau noethérien est un anneau com- ,Y,, .....Y~.Pour tout .Xde b, l’idéal engendré
mutatif unitaire A qui vérifie une des trois par les éléments ,Y,, .... ,Y,,, x contient b,
conditions de finitude équivalentes suivan- appartient à la famille d’idéaux considérée
tes : et par suite est égal à b puisque b est
Condition (u), dite de chaîne ascen- maximal. Ainsi a = (x,, .... .Y~).
dante : G Toute suite strictement croissante Pour terminer, montrons que (c)
d’idéaux est finie )), ou encore : a Si : entraîne (a). Soit an une suite croissante
d’idéaux encastrés. On vérifie que, dans ce
a,C a2C Ca” C ...
cas, la réunion des idéaux an est encore un
est une suite infinie d’idéaux de A idéal ; d’après (c). cet idéal est engendré
encastrés, il existe un entier n tel que par un nombre fini d’éléments x,, .... -Y~
a” = an _, = >). et, par définition d’une réunion, il
Condition (b) : a Toute famille non vide existe des entiers p,, ,,., pm tels que
d’idéaux a un élément maximal )), ce qui ,Y,E aP, , , ,Y” E ap,,Il est maintenant clair
signifie que si (a)), E ,, 1 non vide fini ou non, que, si JJ est le plus grand des entiers p,. .
est une famille d’idéaux de A, il existe un p,,, on a ak = a pour k 2 p.
indice i0 pour lequel l’idéal a+ n’est
contenu strictement dans aucun autre idéal Exemples d’anneaux noethériens
de la famille. Par définition, les anneaux de Dedekind, et
Condition (c) : N Tout idéal est engen- en particulier, bien entendu, les anneaux
dré par un nombre fini d’éléments )F, principaux, sont des anneaux noethériens.
c’est-à-dire que si a est un idéal de A, il Une source importante d’exemples ne
existe des éléments ,Y,, .... ,Y,,, en nombre rentrant pas dans les précédents est la

35
ANNEAUX COMMUTATIFS

remarquable propriété de stabilité sui- Le théorème de décomposition de


vante, découverte par Hilbert : si A est un Lasker-Noether affirme que tout idéal d’un
anneau noethérien, l’anneau A[X] des anneau nœthérien s’écrit sous la forme :
polynômes 1 coefficients dans A est lui
aussi noethérien ; par récurrence, ce résul-
tat s’étend i l’anneau A[X,, . . . . X,,] des OÙles q! sont des idéaux primaires auxquels
polynômes à I variables sur un anneau on peut imposer les deux conditions sui-
noethérien A. On obtient ainsi que vantes ; aucun des idéaux q, ne contient
l’anneau des polynômes à I variables à l’intersection des autres et les radicaux pI
coefficients dans un corps K est noethé- des idéaux q, sont des idéaux premiers
rien, alors que cet anneau n’est ni princi- distincts (cf. supru, chap. 1). Il n’y a pas
pal, ni même de Dedekind, pour TI > 2. unicité pour une telle décomposition, mais
Signalons que le théorème de Hilbert les idéaux premiers p, définis ci-dessus sont
s’étend à l’anneau A[X,, .... X,J des séries déterminés de manière unique et appelés
formelles à coefficients dans un anneau les idhtx ptwniers 0% l’idéul a. Parmi ces
noethérien A ; dans le même ordre d’idées, idéaux premiers, ceux qui sont minimaux,
si K est le corps des nombres réels ou c’est-à-dire qui ne contiennent aucun des
des nombres complexes, l’anneau autres sont dits ~~~~1~~s et ont une grande
K {X,, . . . . X,!] des séries convergentes est importance en géométrie algébrique. Cette
noethérien (cc ANNEAUX ET ALGÈBRES), terminologie est justifiée par le fait que,
dans le cas OÙ a est un idéal de l’anneau
Décomposition primaire K[X,, .... X,J des polynômes à n variables
sur un corps K. ces idéaux isolés corres-
Remarquons que, pour un anneau com-
pondent aux composantes irréductibles de
mutatif avec unité, les opérations d’inter-
l’ensemble des points K’l OÙ s’annulent
section et de produit de deux idéaux jouent
simultanément tous les polynômes de
des rôles assez semblables. Dans le cas des
l’idéal.
anneaux principaux par exemple, si p et q
sont deux éléments premiers, alors
JEAN-LUC VERLEY
@) (q) = @) n (q) et par suite la décom-
position d’un idéal en idéaux premiers peut
s’écrire indifféremment :

cette situation est d’ailleurs la même pour


un anneau de Dedekind quelconque. Dans
le cas d’un anneau noethéricn, le monoïde
multiplicatif M(A) n’est guère utilisable,
mais on peut donner un théorème de
décomposition de tout idéal comme inter-
section d’idéaux d’un type plus gknéral que
les idéaux premiers, les idéaux primaires
(cf. sz.tpru).

36
ANNEAUX & ALGÈBRES

ANNEAUX & ALGÈBRES (d) existence. pour tout .Y de A, d’un


élément, noté ~ .Y, tel que :

x+(-x)=0
(-x est appel.4 l’opposé de X) ;
éfinis par des axiomes qui déga-
(4 x (MI = @Y&
D gent les propriék usuelles des (associaGviGde la m&iplication) ;
opérations d’addition et de muhiplica-
OI X(Y +z) =J? +.=
tien dans les ensembles de nombres ou
(y +zjx =_VX+zx
les polynômes, les anneaux cons&uent (double distributivité de la multiplication
le cadre général dans lequel on peut par rapport à l’addition) ;
appliquer les règles du calcul algébrique
(g) bien que cela ne soit pas toujours ainsi
élémentaire. Nous donnerons dans cet
dans la littérature, nous supposerons l’exis-
arkle les défïnitions générales et des
tente d’un élément unité pour la mukipli-
exemples. Pour une étude plus détaillée des
cation, souvent noté 1, tel que :
anneaux qui interviennent en théorie des
nombres ou en géomékie algébrique, nous l x =
renvoyons i l’intérieur de ce texte i
Les propriétés (a) à (d) expriment que
d’autres articles.
A est un groupe commutatif pour l’addi-
tion.
Dans de nombreux exemples. la mul-
* tiplication est de plus commutative, c’est-
i-dire XY= !,Y : un tel anneau est alors dit
commtdf~ Cependant on ne peut pas se
limiter à ce cas. car des anneaux impor-
tanb dans la pratique, les anneaux de
1 Définihons .
matrices par exemple, ne possèdent pas
cette propriék ; comme on le verra au
Anneaux début du chapitre, le calcul algébrique
Un u~~rwu~ A est un ensemble muni dans de tels anneaux réclame quelques
de deux lois de composition internes précautions. Pour terminer, indiquons
@, J) - .Y+ y et (.I-,J,) - A-J, appelées qu’un cas particulier Vès important est
addition et multiplication respective- constitué par les anneaux dans lesquels
ment, qui possèdent les propriéks suivan- tout élément non nul est inversible, c’est-
tes : il-dire a un inverse pour la mukiplication ;
un kl anneau s’appelle un corps (cf.
( ~ 4 + ( . Y
CassociaGviG de l’addition) : C O R P
Un sous-ensemble B non vide d’un
@l x + y = y
(commu~ahhé de l’addition) ; anneau A est appelé un XXMVIMW~~,s’il
contient l’unité multiplicative et .Y~ 1 et
(c) existence d’un élément, noté @,tel que, .\-y pour tout couple d’éléments Y et 1’ de
pour tout élément Y de A on ait : B : B est alors un anneau pour les
x+o=x res&ictions i B de l’addition et de la
(élément neutre pour l’addition) ; mukiplicaCon,

37
ANNEAUX & ALGÈBRES

Algèbres B U c p . nt a i a e r s mr
Nous i m n i ua t o c l ni r f eb u i ao en o s t b n pr t d
a s q u s rt ud t e d er t ; l ia r e nu ii ’ ne e a c avn ua s s l ot
n q o u m h e b ;o os d r q f em nt u i e u
S K u c co n o O doi i r n itm e sq p A er mB ts ou ds ta u o
q e Eu e u n K ’ s o ns a- u to u dee ana n i u e m l n/ D s s b
u u ~ nK sl c uV e , ig ’ p n, d s v è d e l o t W e p ud b ae s a i h i a e r nt
v s l c e K m u de o c a u r n ’ a rp t p l dn d’ u pao p i e ei eyi n d s s r l e n
c n i ma o c ut: t a i li i é n to s n in o
E x E - E

q e b uc s i l i ’ pt l i 2. e a i
Exemples n
d’anneauxs r et nalgèbres
é t é
r i c af p hs ap :r aé cp i qp to s ua er
O r d n ae e d e a nn t e
;;; (~+~~).z=~(x.~)+~~.z),
b d d n r aa e od pe nr mu
x. (Ay+ w) =A@ .y) + P@.z),
o ;n n u c o od v o i u u
q q s l u é u o , y eze dl Ee id Y c , s l eéq ee ,eh s mu d mn xo ee e
e l Gs Pt Aee p ac ) sàt K pa u p a . pl n de rd aad au te iro
O p a d n eu ut sé un sev tf d mt e sl a ri e p a m li r unl s o t o
l K n po u c ’ m lr s n o re a us d e c rs i s i sq e u e pt c t s u - s sr
l u a e c n n mo n L eem ed e n nn m s ae sd o ts u o
S l m i ae ua o s ls e t n t s ts x d r i ipo e l ’ è mp
p d m a ’ ;c s r c u eo o l eul pp d c e r s g e deé m ’ i - uèt
t a o a ud l p u i e te et r b n :lt e i é l s
Z d ’e u p r c i e enr
i l n d ’ l d c a a t a eé lu a n s i c sf un n su s f o ti e e n no
d a m ’ p l q a u i rn g l u e i n l é ’ è Qe aR ns Ce c yd b n, s n, s , i e r
a p a a s s s r r o ea c é cr tt o e ie
m s d c e S oA e e u o a n in ss nr
Homomorphismes d’onneoux et aigèbres
c l o A [ ’ .... Xm d X e
S A e B do a t ( ei d n p o ue e i nH v o u hxnc u e a l d to x a r
a e la t d A dgp B f Ae e u aèp a . cu s nnbl n ; s A o=n Kt e sri n i
C ao d gu n é u c é x f af l n o n do li p ’ r é& er on o a
d m e o do q f es n u ir c
u s d
nrp K oe e u t a a ah e
s s Kn l ni
l dl ( d ’o s o ’ U e
aï i u af n n?x d o l n e
n~ ’ n
, l s f d a t ( rd ’ c r o e ’ a e ocu u s a pn s l m oc pl an t ’
b : r e Y )d e ( e nd eE s d’
v E ; s E ee d d i sfc e H i
a c a l e ie l ào ls s t g
b d m rC e da ePa i s n ’t
( é e sv A e B s t ide tl o e n cen i ( nat ost L g c Etl Il u
a = lA p t sg i o Mo cè u Lu ab r It lr
h p d é ) o. e ye q k u dt s u mC
Y re e edo xn la n’ m eo
A ; on i d p q ml e pl u p’ t acu e loi i a ri s d esmLv l ( tf e se a
l u d ’A s l n eué o d ’ iG nl - iGe é t R d Lié t r l é Oe tim o é

3 8
A & A N L

A d B n e o n otion
e par un nombre
l a e ules fonc-
réel h sont x
L’exemple suivant montre le caractère un tions dont les valeurs en chaque point sont
peu insolite que peuvent présenter certains respectivement la somme et le produit des
anneaux. L’ensemble , (E) des parties 2 valeurs en ce point ou le produit par P, de
d’un ensemble donné E est un anneau pour la valeur de la fonction en ce point. Si on
les opérations d’(( addition H et de (( mul- analyse les propriétés qui ont permis de
tiplication H qui a deux sous-ensembles X munir l’ensemble précédent d’une struc-
et Y de E font correspondre les sous- ture d’algèbre, on constate que, de manière
ensembles : générale, on peut munir d’une structure
d’anneau ou d’algèbre l’ensemble des
( exx t nn yy y
applications d’un ensemble quelconque E
respectivement, en désignant par X’ et dans un anneau ou une algèbre respecti-
Y’ les complémentaires de X et Y dans vement, les valeurs en un point _vde E des
E ; l’élément nul est ici l’ensemble vide fonctions somme, produit et éventuelle-
et l’élément unité est l’ensemble E tout ment produit par un scalaire étant données
entier. Remarquons que le (( produit )) de par :
X par lui-même est égal a X car on a
xnx=x.
Revenons aux notations usuelles en
désignant les éléments d’un anneau par des Le procédé précédent permet, bien
lettres minuscules. Généralisant la situa- entendu, de définir des structures
tion précédente, on considère des anneaux, d’anneaux ou d’algèbres sur de nombreux
appelés u d B n qui possèdent
e O t la & w dc fonctions
ensembles , u contenus u
dans
propriété que le carré de tout élément est l’ensemble, considéré ci-dessus, de t
égal à cet élément : x = x = x Il en 2 les. fonctions
, définies xdans un ensemble et
résulte que, pour tout élément _x, on a à valeurs dans un anneau ou une algèbre.
.v + .x = 0 ; en effet, écrivant que le pro- Ainsi, les fonctions continues ou différen-
duit de x + ,y par lui-même est égal à tiables à valeurs réelles définies dans un
.y + .y, on obtient : ouvert du plan constituent des algèbres sur
le corps des nombres réels. Il est clair qu’il
est possible de multiplier à volonté les
= x x + x
exemples de ce type.
d’où la conclusion. Ces anneaux sont Lorsqu’on s’intéresse a l’étude locale
importants en logique symbolique (algèbre des fonctions au voisinage d’un point, on
des propositions) et dans la théorie des est conduit a introduire des anneaux et
circuits électroniques (algèbre des cir- algèbres d’un type différent du précédent.
cuits). N prendrons pour o exemplel’algèbre u des
g e
di~jbnctionsmul~Qtues ?Ilàt?gitwm0
A e a n d tf l n e o g due plan complexe.
n è a Considérons c b lesu couples t r x

Les fonctions réelles d’une variable réelle (U,f) d’un voisinage ouvert de 0 dans le
définies dans un intervalle [a, b] de la plan complexe et d’une fonction,fdéfinie et
droite réelle constituent une algèbre en analytique dans U. Nous dirons que deux
convenant que la somme et le produit de tels couples (U, f) et (V, g) définissent lc
deux fonctions ou le produit d’une fonc- même germe a l’origine sifet g coïncident

39
ANNEAUX & ALGÈBRES

sur un voisinage ouvert W de 0 contenu A : (q, u,, . . . . an ,...) ; une telle série for-
dans U f7 V ; il est clair que cette relation melle est souvent notée :
est une relation d’équivalence ; par défini-
tien, le germe d’une fonction analytique
définie dans un voisinage de 0 est sa classe
d’équivalence pour cette relation. Mon- notation qu’il faut considérer pour l’ins-
trons que cet ensemble des germes peut être tant comme un pur symbole. Définissons la
muni d’une structure d’algèbre sur le corps somme et le produit de deux telles séries
des nombres réels ou des nombres comple- formelles ; on pose, par définition,
xes. Soient A et B deux germes et h un
nombre réel ou complexe. Si (U,f) et (V,g)
définissent les germes A et B respective-
ment, nous appellerons germe somme,
germe produit et germe produit par le sca-
laire A, noté A + B, AB et AA respective-
ment, les germes à l’origine des couples où Ci est la somme finie :

(U n V,.fr + .g,), (U n VJ; g,), et aobp -k a,bp-, -k + akbp-k + •k apbw


(U f’ V, Af,), OÙ,~, et g, désignent les res-
trictions au voisinage U n V des fonctions Il est facile maintenant de vérifier, en
f et g ; on vérifie alors facilement que les utilisant les règles du calcul algébrique
germes A + B, AB et AA sont indépen- dans les anneaux (cf. chap. 3) que l’ensem-
dants des représentants (U,f) et (V,g) ble A [[Xl] de ces séries formelles est muni
choisis et que l’ensemble des germes est d’une structure d’anneau ; si A = K est un
ainsi muni d’une structure d’algèbre. De corps, cet anneau est une algèbre quand on
manière générale, les anneaux de germes de définit la multiplication scalaire par la
fonctions différentiables ou analytiques formule :
jouent un rôle absolument essentiel dans la
théorie des variétés différentiables ou ana-
lytiques.
Par récurrence, on peut définir l’anneau
des séries formelles à I vdriables à coeffi-
Anneaux de séries
cients dans A ; par définition, cet anneau,
A étant un anneau commutatif, on noté A [[X,, .., XJ, est égal à l’anneau des
peut définir de manière purement formelle
séries formelles (à une variable) à coeffi-
et algébrique des séries à coefficients dans
cients dans l’anneau A [[XI, .... X+,]] des
A ; dans le cas OÙ A est le corps des séries formelles à (n - 1) variables. Toute
nombres complexes ou des nombres réels, série formelle à n variables est définie par
nous ferons jouer un rôle particulier à
la donnée, pour tout système de n entiers
celles de ces séries, dites convergentes, qui p,, ....pf7 positifs ou nuls, d’un élément
possèdent un rayon de convergence non
a ,~, ,,,~” de l’anneau A et s’écrit symboli-
nul.
qucment sous la forme :
On appelle série _f~rmelle (à une varia-
ble) a coefficients dans un anneau com-
mutatif A une suite infinie d’éléments de

40
ANNEAUX & ALGÈBRES

Limitons-nous maintenant au cas où A e,, .... efl de cet espace. On appelle tubk de
est le corps des nombres réels ou des multiplicutionde A la donnée des produits :
nombres complexes. La série (*) est dite n
convergente si elle a un rayon de conver-
gence non nul, c’est-a-dire s’il existe un
nombre réel strictement positif R tel que la (les & éléments u,,~ de K ainsi définis sont
famille de nombres positifs : appelés les constantes de structure de l’algè-
bre A) ; connaissant la table, on peut caku-
ler le produit de deux éléments quelconques
soit sommable (cela signifie qu’il existe un par bilinéarité. On représente souvent la
nombre M qui majore toute somme finie de table par un schéma à double entrée. Par
tels nombres). On montre que si deux séries exemple, la table de multiplication du corps
sont convergentes, alors les séries formelles des nombres complexes considéré comme
somme et produit sont aussi des séries une algèbre de dimension 2 sur le corps des
convergentes ; ainsi les séries convergentes nombres réels est la suivante :
à coefficients dans le corps des réels ou des 1 i
nombres complexes forment des anneaux, 1 1 i
qui sont d’ailleurs aussi des algèbres sur R ti i -1

ou c, notés R IX,, .... X,J et Réciproquement, soit E un espace vec-


C {X,, . . . . X,?} respectivement. L’étude de toriel muni d’une base e,, . . . . e,,. Si on se
ces anneaux constitue la partie locale de la donne, pour tout couple i, j d’entiers
théorie des fonctions analytiques de plu- compris entre 1 et FZ, des éléments de
sieurs variables ; ainsi, montrons, pour l’espace E, notés e,, e,, on peut prolonger
?z= 1 par exemple, que l’anneau C {X} cette loi par bilinéarité à l’espace E tout
des séries convergentes à coefficients com- entier. L’espace E est alors une algèbre
plexes est isomorphe a l’anneau des germes associative admettant cette loi pour mul-
de fonctions analytiques à l’origine intro- tiplication si, et seulement si, on a
duit ci-dessus. En effet, toute fonction ana- (ci e,) eA = e, (c, ek) i remarquons que
lytique dans un voisinage de l’origine est l’algèbre ainsi construite est commutative
développable en série entière convergente si, et seulement si, e, e, = ei e,. Ce qui
et deux telles fonctions définissem le même précède montre l’utilité des tables pour
germe si, et seulement si, elles sont somme définir des algèbres. Nous allons donner
d’une même série entière dans un voisinage un exemple célèbre de cette situation.
de l’origine ; par ailleurs, la valeur, pour z Soit K un corps commutatif; désignons
complexe assez voisin de 0, de la somme des par e, i, j, k la base canonique de l’espace
séries (( somme D et (( produit D est égale vectoriel K4 et choisissons deux éle-
respectivement à la somme et au produit ments p et q de K. On appelle ulgsbre de
des sommes des séries considérées (cf. quuterniom sur K l’algèbre obtenue en
FONCTIONS ANALYTIQUES). considérant sur K4 la table de multiplica-
tion notée H :
Algèbres de dimension finie
$ = e, ei = ie = i, ej = je = j, ek = ke = k,
Soit A une algèbre sur un corps K dont i2 = pe, ~2 = qe, kz = -pqe,
l’espace vectoriel sous-jacent soit de u c - ji c k, jk = - kj x - qi,
dimension finie n et choisissons une base ki z -ik z -pj.

41
ANNEAUX & ALGÈBRES

Un cas particulier très important situation précédente constitue historique-


s’obtient en prenant pour K le corps ment le premier exemple d’une telle repré-
des nombres réek et en choisissant sentation.
p = CJ= ~ 1 : on obtient ainsi les quuter-
nions proprement dits, introduits par
Hamilton. Pour ces quaternions, on peut 3. Propriétés
développer une théorie analogue 5 des anneaux et algèbres
celle des nombres complexes : si
Y = UC>+ bi + cj + dk est un tel quater- Calcul algébrique dans les anneaux
nion, on appelle conjugué de .Yle quater- Les règles du calcul algébrique usuel
nion .? = UC~ bi - c:j ~ dk : les règles de s’appliquent dans les anneaux moyen-
calcul montrent alors que : nant quelques précautions dans le cas
non commutatif: par exemple. si
.Y,, .... .Y,~~,
J',,.... y,,sont des éiéments d’un
et par suite tout quaternion non nul ,Ya un anneau A. le produit
inverse :

x-l = (a*+ bz + c* + d*)-‘Z, est égal 1 la somme des WI produits .y,~‘,.


Mentionnons une importante notation qui
’ = .Y-‘.Y= e. On traduit cette
tel que _Y.\~~ montre qu’on peut faire (( opérer ))
propriété en disant que les quaternions l’anneau Z des entiers relatifs sur un
forment un corps mn ~mmututff; cet anneau A quelconque. Si Y est un entier
exemple des quaternions constitue une relatif et x un élément de A, on désigne par
situation très privilégiée, car on peut mon- n.~ la somme d’une suite de I tcrmcs égaux
trer que c’est le seul corps non commutatif à s si I > 0, l’élément 0 si 12= 0 et
de dimension finie sur le corps des nom- l’opposé de la somme de ~7’= ~ n termes
bres réels. égaux i ~ s si I < 0 ; il est clair que cette
Pour terminer, remarquons que les notation possèdc les propriktks habituel-
matrices de la forme : les :

L+ ib c + id I (m) = (mn) x, (n + m) .x = ?Cc + mx,


C-c+id a-ib 1 n (x +Y) = t2.x + ny, (n.x) (my) = (WI) @Y),

Où u, h, c, d sont des nombres réels pour m, 17 dans Z et s, _I’dans A.


quelconques forment une algèbre et que L’exemple des amieaux de Boole mon-
l’application qui, au quaternion flc + & tre qu’il peut exister dans certains anneaux
+ d + dk. fait correspondre la matrice des entiers I > 0 tek que f?l = 0 ; on
ci-dessus est un isomorphisme car les appelle uwmtkristique d’un tel anneau lc
opérations usuelles sur les matrices cor- plus petit entier n > 0 pour lequel tzl = 0
respondent ici aux opérations correspon- et on dit qu’un anneau est de caractéris-
dantes sur les quaternions ; ainsi l’algèbre tique nulle si ~21f 0 pour tout II > 0.
des quaternions est isomorphe i une algè- Ainsi tout amieau de Boole est de carac-
bre de matrices. La recherche d’algèbres téristique 2, alors que l.anneau des entiers
de matrices isomorphes i une algèbre relatifs est de caractéristique nulle : de
donnée est le problème fondamental de la manière générale, tout anneau de caractk-
représentation hnéaire des algèbres ; la ristique nulle contient une infinité d’élé-

42
ANNEAUX & ALGÈBRES

ments (si n et fn sont deux entiers relatifs une égalité du type u_x= u_r. Ainsi, dans
distincts les éléments nl et ~1 sont dis- un anneau de Boole unitaire, on a toujours
tincts car (n - ~7) 1 # 0) et par suite tout .~‘-~y = s (.y- 1) = 0 et, par suite, le
anneau ne contenant qu’un nombre fini produit de deux éléments non nuls peut
d’éléments est de caractéristique non nulle. être nul; de même, dans l’anneau (de
Pour terminer avec les notations, indi- caractéristique nulle) des fonctions a
quons qu’on désigne par ,xJ’,n entier > 0, valeurs réelles définies sur l’ensemble réu-
le produit d’une suite de n termes égaux a nion de deux ensembles X et Y sans point
_x; il est clair que deux telles puissances de commun, le produit de deux fonctions
.x vérifient : l’une nulle sur X et non nulle sur Y et
l’autre nulle sur Y et non nulle sur X est
nul (cf. chap. 2). De manière générale, on
Remarquons que, si .x et y sont deux dit qu’un élément .x # 0 d’un anneau A est
éléments quelconques d’un anneau A, on un diviseur de &a (à gauche) s’il existe un
a: élément ,r # 0 tel que xy = 0. Un cas
particulier de cette situation est constitué
par les éléments non nuls dont une puis-
si .y et _)’cwnniutent : . = y alors on x sance x est nulle y(ainsi, , dans l’anneau des
retrouve la formule classique : entiers modulo 4, cf. icfra, le carré de la
classe du nombre 2 est la classe nulle) ; un
tel élément non nul dont une puissance est
Cette situation se généralise aux idmtitb nulle est appelé un élément nilpatent. Les
rwnurquubles, qui sont valables si les élé- anneaux commutatifs sans diviseurs de
ments qui y figurent commutent. Par zéro sont dits int>gres (on dit aussi qu’un
exemple, on a : tel anneau est un anneau d’intégrité) ; on
peut alors (( simplifier 1) par un élément a
xn-y” = (x-y) (x+’ + xn-zy +
non nul puisque ux = uy est équivalent à
+ xy”+* +y”+l),
u (_x-y) = 0, qui entraîne s ~ y = 0.
(x +y)n = xa + +-‘y +
+ cfp-pyp + + y”
Idéaux
(formule du binôme) si .x et J commutent. Soient A et B deux anneaux (ou deux
Puisque pour I premier tous les coef- algèbres) et f un homomorphisme
ficients CA, Ci, C:i-’ sont des entiers d’anneau (ou d’algèbre) de A dans B.
divisibles par n, il résuhe de la formule du L’ensemble N des éféments de A dont
binôme que si .y et J) sont deux éléments qui l’image par f est l’élément nul de B est
commutent dans un anneau de caractéris- appelé le ~UJW def; c’est un sous-groupe
tique n premier, on a (_y+ y)!?= ,?’ + y” ; additif (ou une sous-algèbre) de A qui
d’autre part, sous les mêmes hypothèses, possède la propriété supplémentaire sui-
on a (.y~)“= ,V_r”. Ainsi dans un anneau vante : a Pour tout élément x de A et tout
commutatif de caractéristique I premier élément 2 de N, les éléments ,vy et ~‘.y
l’application .y- _y’! est un homomor- appartiennent encore a N. 1) De manière
phisme d’anneau. plus générafe, on appelle id&& à guuchc
Dans un anneau quelconque, il n’est pas d’un anneau (ou d’une algèbre) A tout
toujours possible de Hsimplifier par a ~1 sous-groupe additif (ou sous-algèbre) u tel

43
A 8 A N s L N G E È A B U R X

q s s e y s du é i t oq ee l g nu se é pa te l n m c au l ’ g e o
d A e 7 r e t l Xe s u ,u Jss o é n n a Jpee i l l deus t ’ é
é d ? Ol d e d. mné é l é Le ê m df e l f l . x ml e ie sa Y o p é u oe nn r a
i a d c d r p l afé q oA a ce r a a u l i r, ’ a i ud e G m ’ t e càt xe eu e
_ a a X Jp p , d W e ’xo dp r a g _ t YHu daa C ; nd am rgenr I se ula ést
A U e q , cn n l n u do s àe g o i e’ m e pa y u, nup m m M dau aAn gna e b
h oe à l f u ims àa o f no dnto e ii i u é oàml s dsn d a no’ t e
d e u i rà g t n e d a o a u ss é p i f u n . ot +a p + t i .c xo m ( l ee e n xh , ù
i M ;b d e a s l i é n At ui ’ ef a t è q n a na / e d r u e n m d n’ e
e c ts o c t dot me y M e l’ u . d m s é p t eiqs x e u l e d Asdu ! s t é
c T ao c o a nïm o u U u nin o % n # At dn decai t A e ’ d éai nn i
d i b e dp i u éa m l x s anr a c a ’ d u’t ax o t i a xei
s l ni c ’ s um o i a e il p n p d u d u A d l Dt r é t e l àé. e ée o a
l 0 e l ’ m ct ’ é p i to i d k a t l i n i d’ m m r & et s d dÇe e a
l t e ’ ; u io dn a dn d u l it n Z de ée t ’ si r n e A an a te e e s d lt
c d i ee d e p d O ssv i u r é ici (Cf. n t ANNEAUX
é t x o a COMMUTATIFS) r p qUCu tOUt i r
f q s au a ue ui cnc n i es n d i o Z ne é d t à lel r es g (é d ’ e p at a
i n p d l p ’ a ’D r ad s i om o ed éd nu Ip u; ’ o vlé nl q r xu n oé
e s xd pi e’: d rl
m (mi ac o’p l Fdp(n o s epil s’ Zélws n i t
l d e ’ r e l n ma e s me t us n m l es ie il un m au nd es n t ;ne tiu
d n n f ’ ou i on u ( mn da lr o n n@b e éim ’mt s ) e) rss an a i eé i t eet
e a l pt p e’ r p p n ni s n i a e p dg ’ ’ nn r#l ap d ’eéi e Fc é s i e
( i n pc nd s ’n # 0ae e eué i ee t qst t ( sl a # Ats ec u n t l I # ,t kl’ 1 e; )
différent de Z si n # k 1) et on peut a d l i Z al i’ n m , ne da
m q t io e ud co t dn ( s eem eu ys ét cf t ad t m po ar fo d uen eun le . r e
ANNEAUX COMMUTATIFS); d m d eb ê p a Lr m r nd l e’n e e se a
u a d f n n l e o dn ’d n m ee e r’ c s a sa dn éi t t ux u us
f q s o e uu p’ ne u n nir oa scs n d è ian Kutt e ûd m nn l rii t
i d é d a u é l l d t cm ’ : . ui
I m n u p a sd n HrD i u oi a o a tn ni uq n à g c not d -u n
v u p ec t do i no i; d eu d t n d l l i sr é ts e i e’ f e a ot s na
i s id i i c é in g c i a dd na m o ul aéi i u a gno n nadf f
à g à d oa b rs puu i mo a r cH l N a ri u é h a oà l xte f ce t u
s c i oO v f o mn o a a n NORMÉES p i lp c v u bl et go i o n eé x
q l ud ’ f q e’ i a d l u u dn l m ne ’ ed n et ami o u l ’ e e al
q d f u o ’n e ie e u ui o s Lnn dn n d tg ’ic d fé , e e eo e oa s
i O e d d q sn Mn e é u é pu i ds d n a a ae d et su e n l r n e ms éi n . t o
q d A ul e d , ’ie l e idl d ’ a s ncé p e i n u toa o s
d Aq c e Mu ( oe a m i i nx u u io m
l ti n q d i e aa is i m u é n s l x et
u t i à s n eA td e a e l u oé mn v cs n ua ut q o c’t tl t imu li oe , o
i Y q e ld p Lp u i s céc l , e ii d t ado u l t d éd len s ’ d i l é a i t a et ’
n M ;o d a a q M ne i u l s n u sl t n o y t eD utl c r s d la ei ad s t e ’ n
d g d eU éo e qe ,W neu n g u d ésf c e ea e rt o o àr l n an r
e p M nP e a .l g a àx gr ’l e r g e i d i e nu e r m n o d s dn r e p

4 4
ANNEAUX 8c ALGÈBRES

(U,,fl s’annule pour 2 = 0 (if en est alors pendantes des représentants s et J choisis
de même de tous les représentants d’un tel et que l’ensemble quotient est un anneau
germe) forment manifestement un idéal. (ou une algèbre) noté A/u pour les
Cet idéal contient tout idéal propre : en opérations ainsi définies. A s’appelle
effet si g est une fonction analytique dans l’anneau quotient de A pur llde’al TL. Il est
un voisinage de l’origine qui ne s’annule clair que si A est commutatif, alors
pas pour z = 0, il existe un voisinage U de l’anneau quotient par un idéal est encore
0 dans lequel g(z) # 0 et, par suite, dans commutatif, Avec ces notions, un idéal %
lequel Il (2) = l/g(z) est analytique ; ainsi d’un anneau commutatif est maximal si et
le germe A, défini par g, a un inverse B seulement si l’anneau quotient A/% est un
dans l’anneau (c’est le germe défini par 11); corps.
tout germe C est alors un multiple de A car
C = (CB)A et le seul idéal contenant A est Anneau des entiers relatifs
donc l’anneau des germes tout entier. On modula n
démontre également que tout anneau de Nous allons maintenant indiquer un exem-
séries possède un unique idéaf maximal. ple fondamental d’anneau quotient qui
Les anneaux de ce type, qui peuvent aussi montrera que le calcul des congruences
être caractérisés par le fait que l’ensemble dans l’anneau Z des entiers relatifs rentre
des éléments non inversibles est un idéal. dans la théorie des anneaux.
sont appelés des anneaux locaux. Soit TIun entier positif et considérons la
relation d’équivalence définie par l’idéal
Anneau quotient (n) = TZZdes multiples de n ; deux entiers
Les idéaux bilatères d’un anneau (ou d’une ,v et Jj sont équivalents pour cette relation
algèbre) A jouent un rôle fondamental d’équivalence si, et seulement si, leur
dans l’étude des relations d’équivalence différence est un multiple de n, c’est-a-
sur A compatibles avec sa structure dire avec la terminologie classique en
d’anneau (ou d’algèbre). De manière pré- arithmétique, si .y et y sont congrus ~~~o~iulo
cise, toute relation d’équivalence telle TI (cette relation est notée .v e y, mod. n) ;
qu’on puisse munir l’ensemble quotient la classe d’un entier x s’appelle la classe
d’une structure d’anneau (ou d’algèbre) résiduelle de Y modula n. D’après les
pour laquelle l’application canonique (qui propriétés du quotient d’un anneau com-
a un élément fait correspondre sa classe) mutatif unitaire par un idéal, l’ensemble
soit un homomorphisme s’obtient de la Z/?rZ des classes résiduelles modula IZ est
façon suivante : il existe un idéal bilatère W un anneau commutatif unitaire ; il en
tel que deux éléments .y et _r soient équi- résuke en particulier qu’on peut appliquer
valents si et seulement si leur différence aux congruences les règles usuelles du
.v -_)I appartient a l’idéal TL. Si X et Y sont calcul algébrique.
deux classes, on définit leur somme, leur Dans l’anneau Z/nZ, les classes des
produit, et éventuellement leur produit par nombres 0, 1, .... H - 1 sont distinctes car
un scalaire A, en choisissant des représen- la différence de deux tels nombres est
tants ,y et y de X et Y ; on vérifie alors (ct inférieurc a /z cn valeur absolue et par suite
ici intervient le fait que % est un idéal) que ne peut être un multiple de n ; réciproque-
les classes X + Y, XY et AX des éléments ment, tout nombre entier est égal a un de
.v + y, .y~, et, éventuekment k sont indé- ces nombres à un multiple de n près. Cela

45
ANNEAUX & ALGÈBRES

montre que Z/nZ est un anneau fini premier avec p et par suite il existe des
contenant exactement I éléments qui sont entiers relatifs u et v tels que up + vq = 1
les classes 0, 1, .... n ~ 1 des nombres (théorème de Bezout) ; passant aux classes
0, 1, .... I ~ 1. Le tableau ci-joint donne d’équivalence, on a ti@+ $4 = kj = j et
par suite 4 est inversible, d’inverse G; ainsi
tout élément non nul de Z/(p) est inversible
et cet anneau est un corps souvent noté F,,
(Cf. C O R P S

J V E E A

I l = Bibliographie
3

N, B , O ! U % livre
de rnuf/wGmfi~ue.~, R Il, w B
Alg2w, chap, I à I Association Collaborateurs
I
Bourbaki, Paris, 1982 / R. G CO OD
d’ulgcXwe. Hermann, 3’ éd. 1980 / N. J A
Lwiurt~ in Abstruci Algebra, 3 vol., Vm Nostrand,
Princeton, 1977 / S. L A
Undugraduote Algeh, N
Springer-Verlag, New York, 1987 / C. M ~
Le Di/i ulgébriyue t I Vuibert? 1976. . I

les tables d’addition et de multiplication A A P F


dans les anneaux Z/2Z, Z/3Z et Z/4Z. On
y remarque que Z/2Z est un anneau de
- A N E APPLICATION F
Boole, car (b)z = t!l et (i)2 = 1 ; récipro-
quement, on peut montrer que tout anneau
de Boole sans diviseur de zéro est isomor-
phe à l’anneau Z/2Z. Dans l’anneau Z/4Z,
l’élément 2 est nilpotent car son carré est
nul. L’anneau Z/3Z est un corps, car tout A P P
élément non nul a un inverse dans - P R
APPLICATIONS
l’anneau. Montrons plus généralement que
l’anneau Z/pZ est un corps si, et seulement
si, p est un nombre premier. En effet, si p
est un nombre entier positif non premier,
p est le produit de deux nombres entiers q,
et q2 positifs et strictement inférieurs à p ;
on a donc d = p = q,q? et Z/pZ n’est pas A DP
un corps car il contient des diviseurs de F - F O
zéro. Réciproquement, si p est premier,
REPRÉSENTATION8 APPROXIMATION DES
tout nombre q > 0 plus petit que p est

46
A S Y M P T cAtcuts
O T I Q U

A P P ?+ R
D I O P
- D I O P
1. Comparaison de la croissance
APPROXIMATIONS
des fonctions

L’étude de la manière dont des quantités


tendent vers l’infini ou tendent vers zéro
a constitué, i la naissance du calcul
A CS infinitésimal,
AY au X siècle,
V
KM
la I théorie I ~

des ((infiniment grands H et de leurs


1 est difficile de définir avec précision ce inverses, les (( infiniment petits )), et a
1 que l’on appelle méthodes U.YJWZJI~~~~-
qua en analyse mathématique. Ainsi, lors
fait l’objet
souvent
de polémiques
paramathématiques.
Passionnées,
En effet,
de l’étude d’une suite ou d’une fonction l’absence d’une conception précise de la
dont la nature est Compliquée, certaines notion de limite (problème qui ne fut
questions ne nécessitent que des rensei- pas abordé sous forme rigoureuse) ren-
gnements d’ordre qualitatif tek que dait mystérieuse la nature de ces quan-
Y(X) + 0 ou .f(_~) -.+ + w pour ,Y+ + c0. tités qui, tout en étant comparables entre
D’autres exigent un contrôle quantitatif elles, n’étaient pas comparables aux nom-
très précis, défini par des inégalités expli- bres ou aux fonctions. De plus, cela
cites. Les comportements asymptotiques représentait l’intrusion de l’infini dans
relèvent d’une préoccupation intermé- les calculs et, bien que cet infini fût
diaire : dans de nombreux problèmes, on potentiel et non actuel (en ce sens que
remplace la quantité étudiée par une autre l’infini n’était pas considéré en lui-même
plus simple sans que, (( c la limite )), le comme un être mathématique soumis k
résultat soit modifié. Par exemple, la rela- des règles opératoires précises), cela sus-
tion citait des problèmes philosophiques aux
mathématiciens, éChaudés par les nom-
breux ((paradoxes de l’infini H qui
n’étaient pas encore clairement analysés.
suffit i établir la convergence SIl’infini de La recherche des H vraies valeurs H des
l’intégrale de J Les exemples qui suivent formes indéterminées, rencontrées dans le
montreront la nature de ces préoccupa- calcul des dérivées par exemple, allait
tiens. cependant montrer l’importance de ces
Du point de vue strictement technique, notions et les justifier, tout au moins
les méthodes asymptotiques sont extrême- empiriquement, aux yeux des mathémati-
ment Variées et, en dehors de quelques tiens. Ces questions ont été systématique-
résultats relativement généraux, chaque ment élucidées par Paul Du Bois-
cas particulier exerce l’ingéniosité de celui Reymond, qui, dans une série d’articles de
qui l’étudie. Nous nous limiterons, dans les 1870-1871, a posé les fondements du
chapitres 2 et 3, h l’exposé de quelques- calcul des infiniment grands (Znjïnittir-
unes de ces méthodes. culcul) en mettant en évidence l’impor-
A S a Y t M c P u T t O

t dl n a d e a do c n ’ det lo c é l e i l ’ mv e c o t oavi pa h r e
s ; i a é o é l t e nd g l u n éa ’ d tl i i ae
l e l ’d dt ar i é e S efn er g s ds i l ft it o de a éo v n
d c eT o c r o om e pé . a u np g s ose àYv s s t a rn unut as r ao
t l f rr e oe d oi u o rt d é uqg f er g nsm i f a vuo t o e t i s éeu
d l t da H e r en a s a 6 s r p v xq t vd o l a u e e ey u ’
o n : n o t
R d c e e o l m a pf b - t a ) - i r
D d n a q e o d n u m ’ s e b a s r n t
a v d ul o s l er ’ i i e
o e c n& é s o l o t td n ’ r ue d ( d d u ( r i
f ( t v x1 p e. t e ) v o Y
n e r
g ) d r f ) ,’ a do fu n’ n (n du c ne en t
l R ’ q ec n i u m e ’
v e pa pn n g or o ot r si u ui a ia rè nt b r
m p q l dê a u( -a i m s s _e g
d f y ’ d o v ( uc ’ n a _ no u c r ~ en n t i ) t e i
n , l . e u g Y o o v Y s edr r u b o t ’ca s l o im uon l q e r s od nmd’ u
v u F a l . po l d e f
rr e a e oom u s é nb u r yq
m p ea n lr nan oc ié . + . e
ui au , a m
c xv Y t
è s d
Y lu i ?
o L r e? ’ st
d v c’ a p f ou l r o r i nn e i ud f e é
x te s a r e o c à d eiq nb
i d é f e d o e p s s o on t p l . i n
S f f o à uv or i o ra m n é t ue il u a c pe s ee e n n t lr t us
c d op a ~ h é < x <mo u o ( f P pu u c i i a c lr 2 e q f n pn r h e ) t
a < s < a + 1 ( d a 2q o , ie l ê fu n fd rs o ;t a oe s iKat d r r i rl i f ( és
d d u vé a k g n of o à n n a ii d u n s o u p sn e o < X lmc( r l i i m .
d d a o p r . a e )g u o ( o Xd s rd r uo i i s d ae né r nt r e p e n op ) e a z r s
q f e d au v s é d l ue o t fC e ’ i p Gi o i q se a na nq n:u ix r
P e l a x : ’ r e a m p p p l
1
X l
x - e u r a p s n éd l t r t d se a h o
t l v r à de o da a e rns i en q n n éoo d s s u q’ tim 1 é i f i ua
l v d el o e p es s’ io t pa Hu i sn , e adr Lai nV i t r e adt f a n
p e c e l nf o : u a o n N t a n ms o , l p c ia c u l r t
m o p c e nl ec o n d e ur m

f L f
a
p
s n
A
x o- C O od q n. f O
d y é g
e n ui
e
u

r l ad f a v’ m
e d u éo o q ge ce ti uv u q n r p xust i e u eo o di
( d à l i dr a ’ f o’ uv é ol ui s pte t ’nt tn& >i 0ror ou ioac ee ,
a v d lu o ; n en ’ l i o 1 ( o 1i< iEs1g u1 p. . u xn a mi ( g s fo y ; os f s in , r
t à c c ed c ce a ra I e e h s on l s a ns t p s
é a : c l r o
c d pl q’ l ana ua e roi eu s trt t , ,i r
c s i d m ’ é- e a é fvd = O n t z ( i e C i e z xd s !è
a c O l v u a n Ùp a a q ds e r r u e e ( i e d sL nn a e a
v e aN nn p lo ot 1r e e uc qui l 1o ds u sl uèsc a p ét r a rei
i d m q c ee po du iC cs on s e’ (qot ls t r i i f u( m esr a gs le xe - i e p
p ) l f a d ) e oa v r é s nu o e f c i r i t s n

A8
ASYMPTOTIQUES c/,wJts

défini pour x assez grand, tend vers 0. dominée par g pour .Ytendant vers l’infini.
Remarquons que le symbole de Landau et on écrit :
doit être considéré seulement comme une
f(x) = O(~(X)), .x - ,X (notation de Landau) ;
écriture commode mais ne représente pas
une fonction déterminée croissant moins bien entendu, sifest négligeable devant g,
vite que g et ne doit donc pas être manipulé elle est aussi dominée par g. Si g est la
comme les nombres ou les fonctions ; ainsi fonction constante 1. l’égalitéf(,Y) = 0( 1)
écrire que o(g) + o(g) = o(g) exprime exprime simplement quej”est bornée pour
que la somme de deux fonctions négligea- Y assez grand ; par exemple :
bles devant g est négligeable devant g, mais 1
sine +; = O(l), x -=.
cela n’aurait aucun sens d’en conclure que
o(g) = 0 ! Pour une formulation mathé- Le symbole 0 permet de préciser cer-
matique satisfaisante, on pourrait convenir tains ordres de croissance ; ainsi écrire
que o(g) désigne l’enser~~ble des fonctions que :
négligeables devant g, qui est un espace
vectoriel ; la notationy= o(g) est alors un
abus de langage pour ,fg o(g).
La notation précédente permet de tra- est plus précis que :
duire maintenant facilement les résultats
sur la G croissance Comparée )) des fonc-
tions puissance, logarithme et exponen-
tielle ; ainsi, pour a < b, Les Anglo-saxons utilisent les notations
dc Hardy :

pour a quelconque et 1 > 0, on a


pour j’est négligeable devant g, ou :

c’est-à-dire les fonctions puissance crois-


sent plus vite que les fonctions logarithme. pour ,f est dominée par g
Enfin, pour u quelconque, c > 0 et d > 0,
Fonctions de comparaison
x” = o(ecXd) et échelles de comparaison
Les fonctions les plus simples auxquelles
au voisinage de l’infini, c’est-à-dire les
on est tenté de comparer (au sens du
fonctions exponentielles croissent plus vite
chapitre 1) une fonction donnée, pour .Y
que les fonctions puissance.
tendant vers l’infini, sont les fonctions :
Indiquons, pour terminer, une dernière
notation fort utile. Dans de nombreux cas. x 0 (a réel), (In x )b (b réel # 0),
on a besoin d’une relation de comparaison ecx’ (c # 0 et d > 0)

plus faible que la précédente, qui puisse et les produits d’un nombre fini de telles
s’appliquer à des fonctions dont la crois- fonctions. Remarquons au passage que, à
sance n’est pas très régulière. S’il existe une l’exception de la fonction 1 (obtenue pour
constante M telle que if(.~) 1< M I~(X) 1 u = O), chacune de ces fonctions tend vers
pour .Y assez grand, on dit que ,f est 0 ou vers l’infini lorsque ,Y tend vers

49
ASYMPTOTIQUES atcuts

l’infini ; de plus, d’après les propriétés de rer trouver une échelle dénombrable telle
croissance Comparée de ces fonctions, sij” que toute fonction s’(( intercale )) exacte-
et g sont de ce type, on a une et une seule ment dans l’échelle ; en effet, on peut
des trois relations : montrer que, pour toute échelle dénom-
brable, il existe une fonction qui croît plus
f(x) = ~k(~N* f(x) = k?(x), vite que toute fonction de l’échelle (Du
x-ce.
’ Bois-Reymond) et une fonction qui croît
cette propriété signifie que deux fonctions moins vite que toute fonction de l’échelle
distinctes f et g du type considéré ont des (Hadamard).
croissances que l’on peut comparer et ne Tout ce qui précède sur les relations de
font pas (Cdouble emploi )), en ce sens qu’il comparaison au voisinage de l’infini se
n’existe pas de constante c telle que définit de même pour les fonctions définies
J(X) - cg(Y), X + CO. De manière géné- dans un voisinage (à droite par exemple)
raie, une famille E de fonctions définies et d’un point u : ainsi l’échelle de comparai-
positives pour x assez grand peut être son qui correspond à (2) est dans ce cas :
Utilisée de manière profitable pour étudier ....(.X---CzPfl,....(X-CI-I, 1,
(3)
la croissance d’une fonction quelconque si, X-ll, . . . . (X-UP, ...
quelles que soient,fet g dans E, on a une
et une seule des relations (1) ; on dit alors
que la famille E constitue une éclwlle de
comparaison pour x tendant vers l’infini. 2. Développements asymptotiques
Bien entendu, toute partie d’une échehe de
comparaison en est aussi une ; dans la Dans ce chapitre, on supposera choisie une
pratique, on se limite à des &wlles échelie de comparaison E (au voisinage
logarithmico-exponentielles Constituées de d’un point a ou au voisinage de l’infini).
fonctions du type considéré ci-dessus ou de
Composées (au sens de la composition des Partie principale
fonctions) de telles fonctions, par exem- L’idée la plus simple pour étudier le
ple : comportement d’une fonction donnée ,j’
(au voisinage de u ou de l’infini) est de
L*x = lnlm, e*(x) = exp(expx).
chercher si, à une constante près, elle est
On utilise souvent des échelles de compa- équivalente f une fonction de l’échelle E
raison dénombrables ; l’exemple le plus choisie. S’il existe une telle fonction g de
simple est : E et une constante c # 0 telles que f - cg,
c et g sont déterminées de manière unique
(2) ,.., xn,xn-‘,..., .x,l,x-l,..., x-a ,.,,,
et on dit que cg est la purtie principale de
x- a,
,f (par rapport à l’échelle E) ; remarquons
qui est décroissante, en ce sens que chaque que cela équivaut 1 dire que :
terme est négligeable, pour .Ytendant vers
l’infini, devant tous les termes précédents.
Indiquons, pour terminer, que le choix ou encore que j”(.x)/g(,x) tend vers une
d’une échelle de comparaison dépend limite finie c # 0. Dans le cas où l’échelle
essentiellement du type de fonction que choisie est (2) ou (3), on retrouve la notion
l’on veut étudier et il serait illusoire d’espé- usuelle de partie principale ; ainsi, 1/sur.~ a

50
ASYMPTOTIQUES c~tcuts

pour partie principale l/x pour x- 0, telle que la différence ,f- g soit néghgea-
ey - eu a pour partie principale eU(x - 0) ble? les g, formant une suite c décrois-
pour x + u, sante N de fonctions de E, en ce sens que,
pour chaque i, la fonction gi+ , est négh-
2xz+ 1
x-l geable devant g!.
L’exemple le plus simple de cette situa-
a pour partie principale 2x pour _Y+ X. tion est la théorie classique des développe-
Remarquons que la partie principale ment.~ limités au voisinage d’un point a : ce
n’existe pas nécessairement ; en effet, n’est autre que la recherche du dévelop-
toutes les fonctions d’une échelle pement asymptotique d’une fonction par
logarithmico-exponentielle sont positives rapport à l’échelle (3). Le résultat classique
pour x assez grand et par suite une le plus important est ici la jhrzuie de
fonction (( oscillante )) (comme x sinx, qui TaJYor, qui affirme que toute fonction k
s’annule dans tout voisinage de l’infini)
fois continûment dérivable au voisinage de
n’est comparable à aucune fonction de
a admet le développement limité d’ordre
ce type, pour x+ c0, If se peut aussi
k:
que L’échelle choisie ne soit pas assez
N riche N et quey croisse plus vite ou moins f(x) =_T-(u) +_w)(x-~) + ..
vite que toute fonction de f’échehe, ou + JF(x-uy
( W
+ o((x-u)k), x-u. )
encore tombe dans un G trou N de
l’échelle : ainsi la fonction x ln x n’a pas de On obtient ainsi, pour les fonctions usuel-
partie principale par rapport à l’échelle (2) les de l’analyse, des développements limi-
car elle croît plus vite que x et moins vite tés d’ordre arbitrairement grand ; par
que x2. exemple, au voisinage de 0 :

(1 + x)S = 1 + sx +
Développements asymptotiques
+ s(s- 1) (s-k + Oxk + o(xk)
au sens de Poincaré k!
Si ,f a une partie principale erg, par ,xk
ex = 1 +x + + E + o(xk).
rapport à une échelle E, on peut chercher
à préciser un peu plus Lecomportement de On trouvera de nombreux autres exemples
f en étudiant la différence,f- L,g, ; si cette dans l’article SÉRIES & PRODUITS INFINIS.
fonction a une partie principale c2gz, on a Les résultats précédents permettent
alors : déjà d’étudier un grand nombre de formes
indéterminées.

De manière générafe, on appelle &e-


loppement asynptotique (au sens de Henri 3 Cas des ,
intégrales
Poincaré) d’ordre k d’une fonction f par
rapport à une &chelle de comparaison E une Il s’agit d’étudier le comportement asymp-
somme finie (nécessairement déterminée totiquc des restes des intégrafes convcr-
de manière unique si elle existe) : gentes :

51
ASYMPTOTIQUES cacuts

ou d’évaluer des intégrales divergentes : De même, la fonction d’erreur, intro-


duite par Gauss en calcul des probabilités,
X- XJ-(r)&.
s ,J
Erf(x) = 2 xe-f2dt
v52 /
Cette étude s’effectue en deux étapes.
On se ramène au cas 0ùJ”appartient a une tend vers 1 si .Y+ + m et son développe-
échelle classique de comparaison, grâce au ment asymptotique se déduit de la relation :
théorème d’intégration des relations de
comparaison : +me-P,&= e-x2 && + ..
s C
Théo~if~ze.Si f et g sont positives et X
équivalentes au voisinage de + ca, alors :
+ c- IY l$.;ya; l) + 0 (x&J).
- dans le cas convergent : Il est important de ne pas confondre les

s 1
mf(t) dt -
scc
.r
g(t) dt,
développements asymptotiques avec les
séries ; dans de nombreux cas, on n’est
capable de déterminer explicitement qu’un
dans le cas divergent :
petit nombre de termes et d’obtenir cepen-
dant ainsi de très précieux renseignements
sur les fonctions considérées. De toute
Les énoncés sont analogues pour les façon, un développement asymptotique est
re1ations.f = o (g) et f = 0 (g). En revan- essentiellement une somme$nie et, même
che, on ne peut pas toujours d&ivcr les si on peut obtenir un nombre arbitraire-
relations de comparaison ; par exemple : ment grand de termes, cela n’entraîne
nullement que la série correspondante
converge, comme le montre l’exemple
suivant, étudié par Laplace. Considérons
mais : la fonction :

n’est pas équivalent a 1. (à une constante près, c’est la fonction


Pour f appartenant à une échelle clas- (( exponentielle-intégrale ))) ; par intégra-
sique, si on ne dispose pas d’une primitive tion successive par parties, on obtient
explicite, on effectue des intégrations par facilement, pour tout k.
parties successives. Par exemple, le com-
portement asymptotique du logarithme e-‘f(f) = i + $ + + w + 0 c i),

intégral : f-.-CO.

ii(x) = 2x&, on constate facilement que, pour tout t, la


s
série de terme général (k- 1) !/tk est
étudié par Euler et Gauss, est donné par : divergente.
Dans l’exemple du logarithme intégral
xdt
_=- ~1 !x li (x) donné ci-dessus, on remarquera
s 2 1nr htx + (lnxy + “’
+ (k- l)!x + c même que [OU.Yles termes du développe-
(+Y ment tendent vers + w avec ,Y!

52
ASYMPTOTIQUES CALCULS

À travers les exemples précédents, on logue à celui des intégrales. Il s’agit d’étu-
voit que le rôle de l’intégration par parties dier le comportement asymptotique des
est de transformer l’intégrale à étudier en restes de séries convergentes :
une intégrale négligeable devant la précé-
dente. On peut expliquer le schéma de cal-
cul de la manière suivante. Soit l’intégrale :

xfWg QI & et des sommes partielles de séries diver-


SI gentes :
OÙfvarie lentement devant g (par exemple
,f(f) = I/f, ou ,f(t) = ln t, et g(t) = e’,
g(t) = exp (- t’), ou g (t) = k’). En pre-
mière approximation, on assimile ,f à une
Ici encore, on se ramène au cas OÙf
constante, ce qui conduit i l’estimation :
appartient à une échelle classique, grÉce au
théorème de sommation des relations de
lxf(Qg (t)dr #.f(x)G(x),
s comparaison :
oti : Théorème. Si ,f et g sont positives
et équivalentes au voisinage de + w,
G(x) = ;g(t)dt. alors :
s
dans le cas convergent :
La non-constance de f se traduit par
l’apparition d’un terme correctif portant
sur la dérivée de f, ce qui constitue la
formule d’intégration par parties :
dans le cas divergent :

J ;NkW = ifV)W) rr,- ~f’~~~(W~~~.

La faible variation def se traduit par le fait


que l’intégrale du second membre est négli-
Enfin, lorsque f appartient à une
geable devant l’intégrale initiale. Dans les
échelle classique, on compare les som-
applications, on rencontre très souvent le
mes précédentes à des intégrales. Cette
cas de l’amortissement constant g (t) = e
comparaison est facile lorsque f varie
k~ ou de la phase tournante uniforme
(( lentement )) ; plus précisément, on
g (t) = eiw’. Ce double aspect amortisse-
a:
ment et phase tournante se retrouve dans la
Théorème de Hardy. Soity une fonction
méthode de Laplace et dans la méthode de
à valeurs complexes de classe (Z’, pour
la phase stationnaire (cf. chap. 5).
x > 0, telle que sa dérivée y’ soit inté-
grable au voisinage de + w Alors, la
suite :
4. Cas des séries

Générahés

Le cas du développement asymptotique


des sommes partielles des séries est ana- est convergente.

53
ASYMPTOTIQUES c~tcuts

Par exemple, la suite : de droite par les changements de variable


u + TI- 1 = t. On a, pour chacune de ces
intégrales :

admet une limite, traditionnellement notée


y et appelée constante d’Euler. Ce nombre
est de nature encore très mystérieuse et on
ne sait même pas s’il est rationnel ou
irrationnel. Une valeur approchée a
20 décimales est :

0.57721 56649 01532 86060. après intégration par parties, en prenant


une primitive P, du polynôme constant
P0 = 1. De même, en prenant une primi-
Formule sommatoire
tive P2 de P,, on a, par intégration par
d’Euler-Maclaurin
parties :
Si l’on désire un développement asympto-
tique à une précision plus grande, on fait ‘(u + I - l)P,(u) du
appel à une technique beaucoup plus
x
élaborée, la formule sommatoire d’Euler-
Maclaurin. On suppose ici que f est - o1f “(u + I - l)P&) du.
s
sufhsamment dérivable et que, pour tout
entier k, la dérivée k-ième ,ftk) est négli- On poursuit ce processus jusqu’au rang
geable devant f k ‘). r, c’est-a-dire jusqu’à un reste portant sur
On se propose d’évaluer des sommes du f (r+'), et on choisit les primitives succes-
type : sives PA de PO= 1 de telle sorte que les
termes tout intégrés disparaissent deux à
deux dans la sommation lorsque n varie de
p + 1 à q. Il suffit pour cela d’imposer au
polynôme PL de vérifier les relations :
par comparaison avec l’intégrale :
P’k=Pk_,pourk> letPA(l)=P,\(0)
pour k 2 2, ou, ce qui revient au même,
pour tout k > 1,
Plus précisément écrivons :
Fk = Pk_I et = 0.

On démontre qu’il existe une suite (PL)


et une seule satisfaisant à ces conditions.
Plus précisément, pour tout entier naturel
k,

on se ramène d’abord à l’intervalle [O, l]


pour chacune des intégrales de la somme

54
A S C

OÙ Bk est le k-ième polynôme de Bernoulli, On en déduit les développements en


considéré par Jacques Bernoulli comme séries entières des fonctions trigonométri-
solution de l’équation aux différences : ques :
P(x + 1) - P(X) = k&‘. Ces polynômes Cz
peuvent être introduits par la série géné- cotgz = ; ==I(- l)?zh &zk-l,
ratrice formelle : “ =

En fait, dans ce qui précède,


seuls interviennent les nombres de Ber-
noulli & = BA(0). En particulier, & = 1, La formule d’Euler-Maclaurin s’appli-
fi, = ~ 1/2, Dzp+, = Osip 2 1, Dz = 1/6, que 5 l’évaluation de sommes portant sur
fi4 = - 1/30, &, = 1/42, 0s = ~ 1/30, une fonctionfdont les dérivées décroissent
&, = 5/66. de plus en plus. Les cas les plus fréquents
Pour expliciter les calculs précédents, il en mathématiques appliquées sont ceux OÙ
convient de distinguer deux cas, suivant fprésente un amortissement constant, une
que : phase tournante constante, et la situation
f est intégrable au voisinage de + m ; mixte. Par exemple, supposons que l’on
il s’agit alors d’évdluer le reste : veuille évaher :

avec z = Y + iy, x > 0 (z # 2ikr) et


f n’est pas intégrable ; il s’agit alors CX> 0. On peut penser à comparer e +zz/n’X
d’évaluer la somme partielle : i l’intégrale :

s”

n-t
=
ta
d

Or, en première approximation, l/P varie


peu sur [H- 1, n] tandis que c+= présente
Il convient de noter que la formule de manière mixte un amortissement et une
sommatoire d’Euler-Maclaurin est de type phase tournante, ce qui conduit à l’esti-
asymptotique, c’est-i-dire que les restes ne mation :
tendent pas nécessairement vers 0. Mais,
lorsque ce reste tend vers 0, la formule
sommatoire fournit des développements
en série. Ainsi, appliquant cette formule & Autrement dit, le terme epFTz/naest multi-
la fonction t - e on montre que, : pour plié par un
‘ facteur constant , dû à l’amor-
iz 1 < 2Tr, tissement et à la phase, L’estimation pré-
cédente permet de conjecturer :

55
ASYMPTOTIGNJES w_cuts

pour établir rigoureusement cette relation, et g(u) = 0 et que le maximum de /I(X)


il faut évidemment remplacer l’estimation dans tout sous-intervalle [a’, b[. avec
(1) par une intégration par parties comme u’ > u, est inférieur à /7(a) ; on a alors :
indiqué supru.

5. Cas des fonctions définies


par des intégrales
Par exemple, si :
Nous dégagerons ici trois méthodes impor-
tantes pour étudier le comportement
asymptotique d’intégrales dépendant d’un
paramètre lorsque ce paramètre tend vers on obtient :
l’infini.

La méthode de Laplace
Donnons également une application à
Considérons une fonction :

sg
la fontion gamma d’Euler :
I(f) = b (x) et,+@)
dx,
a

définie par une intégrale ; (u, b) est ici un


qui extrapole la fdctorielle, i savoir, pour
intervalle quelconque, borné ou pas. Pour
12 entier naturel, r(n + 1) = I !. Après
simplifier, nous supposerons que la fonc-
tion h admet un seul maximum. L’idée changement de variable u =_Y[, on
essentielle ici est que, sous cette hypothèse, obtient :
c’est la partie de l’intégrale Située au
voisinage de ce maximum qui est prédo-
minante pour t grand ; par suite, si on
où l’intégrale est la forme ci-dessus avec
remplace la fonction g (.Y)&cY’ par sa
/7(.x)= ~II~ .Y. La fonction I admet un
partie principale au voisinage de ce point,
unique maximum pour .Y= 1 dans l’in-
il est plausible que l’on obtienne, par
tervalle (0, + m) et h”(l) = 1 ; appli-
intégration, la partie principale de I(t) pour
quant le théorème 2 à chacun des inter-
t tendant vers l’infini. Nous nous limite-
rons à un cas particulier simple où le valles (0, 1) et (1, + m), ce qui revient
raisonnement ci-dessus est applicable. Plus à multiplier par 2 la formule du théo-
précisément : rème 1, on obtient la célèbre formule de
Stirling :
Tlkw>~~ze 1. Soit g et II deux fonctions
continûment dérivables dans un intervalle
[u, b[ borné ou pas (on suppose cependant qui précise le comportement asymptotique
u fini) telles que g (_Y)er”cY’soit intégrable de la fonction gamma lorsque t tend vers
sur [u, !T[pour tassez grand. Supposons de l’infini. Le développement asymptotique
plus que la fonction h admet un maximum de ln r peut être obtenu par la formule
pour Y = 0 tel que K(a) = 0, /Z”(U) < 0, d’Euler-Maclaurin.

56
ASYMPTOTIQUES CALCULS

I.a méthode de la phase fonctions indéfiniment dérivables dans


stationnaire l’intervalle compact [u, b]. Si la fonction /T
La méthode de la phase stationnaire a été n’a pas de point stationnaire dans l’inter-
Utilisée par lord Kelvin en 1887, i propos valle, on a :
de problèmes d’hydrodynamique, pour
étudier des intégrales du type :

T/zkor&w _?(rôle des points OÙla phase est


OÙg et Iz sont des fonctions très régulières
stationnaire). Supposant encore que g
dans (u, b) ; dans les applications physi-
et Iz sont indéfiniment dérivables dans
ques, g (.Y) apparaît comme l’amplitude et
l’intervalle compact [a, b], nous suppose-
P$x) comme la phase du phénomène
rons, de plus, que 11’ s’annule en un seul
considéré. L’idée essentielle de Stokes et
point c de cet intervalle avec g (c) # 0 et
Kelvin est que la partie prédominante de
/z “(c) # 0. Alors on a, pour t tendant vers
l’intégrale pour t tendant vers l’infini est
l’infini :

f---
obtenue au voisinage des extrémités de
l’intervalle d’intégration et surtout au voi- lT

sinage des points c OÙ la phase est H sta- 2 th ” (c)


tionnaire ~1,c’est-i-dire tels que V (c) = 0. I(t) = si h"(c)> 0,

Intuitivement, lorsque t est grand, le point


g (.Y) e”‘(‘) tourne (( très vite 1) autour de 0
dans le plan complexe au voisinage de tout
point c de l’intervalle (0, !T) tel que Nous renvoyons aux ouvrages spécialisés
/T’(C)# 0, et cela a pour conséquence de pour l’étude détaillée des cas obtenus
rendre G petite )) la partie correspondante par superposition des phénomènes
de l’intégrale ; si maintenant /z’(c) = 0, la ci-dessus et pour le cas des intervalles non
phase est stationnaire au voisinage de c, compacts.
c’est-à-dire que cette rotation est très
ralentie et la contribution de l’intégrale au ta méthode du col
voisinage d’un tel point est prédominante Cette méthode a été Utilisée par Riemann
sur le reste. Ce principe peut présenter de en 1863 pour étudier le comportement
nombreux aspects ; nous nous limiterons, asymptotique de la fonction hypergéo-
à titre indicatif, A deux énoncés mettant en métrique et Debye l’a systématiquement
évidence le rôle joué par les extrémités de développée dans deux mémoires de 1909
l’intervalle d’intégration, d’une part, et par et 1910. Il s’agit d’étudier, pour t réel
la présencc de points OÙ la phase est tendant vers l’infini, des intégrales du
stationnaire, d’autre part. En fait, c’est la type :
contribution de ces derniers qui est pré-
pondérante sur la contribution des extré-
mités.
OÙ L est un chemin, fini ou pas (pouvant
Tlz&or&w 2 (rôle des extkmités de l’inter- dépendre de f), contenu dans un ouvert D
valle d’intégration), Soit g et II deux du plan complexe dans lequel g et h sont

57
ASYMPTOTIQUES atcuts

des fonction analytiques. Le théorème de d’une telle courbe, elh(:) a une phase
Cauchy montre qu’on peut, dans de nom- constante, alors que son module varie (( le
breux cas, modifier le chemin L sans plus vite possible 11,car les lignes de plus
changer la valeur de l’intégrale ; la grande pente sont les lignes de gradient du
méthode du col consiste a profiter de cette relief. Limitons-nous, pour simplifier, au
possibihté en choisissant un chemin L’ sur cas d’un coi d’ordre 2. Par un tel point
lequel la fonction IV(Z)= 1erhcz) 1= e’R’~hc’) passent deux lignes de niveau et deux lignes
n’atteigne son maximum qu’en un seul de plus grande pente, la ligne de faîte, qui
point, dans des conditions qui permettent suit la crête, et la ligne de thalweg, qui
d’appliquer la méthode de Laplace (un peu descend dans la vallée. L’idée, ici, est
modifiée pour tenir compte du fait que I essentiellement de chercher une ligne L’
prend des valeurs complexes). Intuitive- qui passe par un seul col et qui soit aussi
ment. on choisira le chemin L’ passant par proche que possible (au voisinage de ce
un point z0 de telle sorte que, sur L’ au col) de la projection de la ligne de thalweg ;
voisinage de ce point, la phase Im /Z(Z) en effet, sur cette dernière, la phase de e’A(Z)
varie peu, alors que l’amplitude W(Z) reste constante et le module de e’hcr)
décroît assez vite. Indiquons l’aspect présente un maximum au col. Si on sait
géométrique de cette question, ce qui trouver une telle ligne, la méthode du col
justifiera la terminologie Utilisée. Consi- consiste à remplacer fintégrale étudiée par
dérons dans l’espace 1 trois dimensions l’intégrale prise le long d’un petit segment
la surface d’équation z = NJ (X + iy) de la tangente à la ligne de thalweg du coi,
= e’Rc’h(‘+lJ ), appelé le rekf de e’h(z).Cette et de remplacer g et Iz par leurs dévelop-
surface ne présente pas de N sommet )) pements aymptotiques dans cette inté-
relatif, d’après le principe du maximum grale.
pour les fonctions analytiques, et, par Donnons un exemple significatif de
suite, les seuls points OÙ le plan tangent cette méthode. Dans ce qui suit, nous
est horizontal (ce sont les points où la considérerons seulement des chemins infi-
dérivée /I’(Z) s’annule), sont des cols ; on nis L :
dira donc qu’un point 2” du plan complexe
tel que Y(:,,) = 0 est un ~1; l’ordre du col
est. par définition, le nombre m tel que : définis pour -m < .Y< + CO,et satisfai-
h '(zo)
= ,..= h@-)(q) = 0, sant aux conditions (A) :
h e + l)(zo)
# 0.

Revenons à l’interprétation géométri- et :


que ; les /ignes de niwzux du relief (c’est-
à-dire les courbes rr = CT”“)ont pour pro-
jection sur le plan des 2 = s + iy, les
courbes sur lesquelles Ref/z(:) reste cons- au voisinage de + w ;
tant ; les lignes de plus grunde pente du
relief, qui sont orthogonales aux lignes de
niveau, ont pour projection les courbes du
plan complexe sur lesquelles la partie
imaginaire de ~Jz(z) reste constant. Le long au voisinage de -W (cf. figure)

58
ASYMPTOTIQUES cAtcuts

l’intégrale. Remplaçant alors L’ au voisi-


nage du col z,, = ~ 1 par le segment
tangent u + ~ 1 + ;24,~ r < u < + Y, et
h(- 1 + iu) par les deux premiers termes
de son développement de Taylor ~ 213 -
u?, on obtient l’intégrale :

La formule de Laplace, appliquée à


chacun des deux intervalles [ ~ r, 0] et [O, r]
donne :

Jév&ppemenis asvmptot!ques

On voit facilement, en appliquant le


théorème de Cauchy et en passant à la
limite, que l’intégrale d’Airy, introduite en
1838 par Airy dans ses recherches sur
l’optique : 6. Cas des solutions d’équations
différentielles

On se bornera aux systèmes d’équations


ne dépend pas du chemin L, pourvu
différentielles hnéaires, en distinguant deux
qu’il satisfasse aux conditions (A). Effec-
cas, le champ réel et le champ complexe.
tuant le changement de variable : w = E,
on a :
Systèmes dons le champ réel

exp (t 3(z - 1 z 3))dz, Plaçons-nous d’abord dans le cas d’un


système linéaire a coefficients constants :
OÙ le chemin L, = f-‘L satisfait encore
(11 x’=Ax,
(A) ; appliquons la méthode du col à cette
intégrale. La fonction /r(z) = z - z3/3 a OÙ A est une matrice Carrée d’ordre H a
pour dérivée /z’(z) = 1 - zz, d’où deux cols coefficients complexes et .Y : t - .Y(f) une
z0 = + 1 et z0 = --- 1. Ici, la ligne de faîte fonction de classe e’ sur [O, + w [ A
passant par z0 est l’axe réel, et la ligne de valeurs dans Cl. Pour toute condition
thalweg est la branche L’ de l’hyperbole initiale 0 fS Ci, l’unique solution du pro-
1 - ,Y?+ _rz/3 = 0 telle que ,Y < 0 blème de Cauchy.y(O) = 0 est donnée par :
(cf. figure). Ce chemin satisfait aux condi-
x(r) = (expfA)u
tions (A) et on peut ici prendre exactement
la ligne de thalweg comme nouveau che- (Cf. éqUatiOnS DIFFÉRENTIELLES). LOrSClLle
min d’intégration sans changer la valeur de A est diagonalisable, de valeurs propres

59
A S cAtcut.s Y M P T O

A, . . . . . &, le comportement asymptotique Les fonctions t + e et t - e cons- + L


de -x(r) est gouverné par la valeur propre tituent une base de l’espace vectoriel des
de plus grande partie réelle. En parti- solutions de l’équation non Perturbée
culier, les solutions tendent vers 0 à l’infini u” + u = 0. D’après le résultat précé-
si et seulement si, pour tout J, on a dent, il existe donc un couple (ut, UJ de
Re $ < 0. Lorsque A n’est pas diago- solutions et un seul de l’équation Perturbée
nalisable et que h, est d’indice n,, il existe tel que :
des solutions se comportant comme Fe”,
t, - e u - ( ’ # e t
OÙ 0 < k < n, ~ 1. Les solutions tendent
encore vers 0 à l’infini si et seulement si cette méthode donne donc le comporte-
Re A, < 0. ment asymptotique des fonctions de Bes-
Examinons maintenant l’effet d’une sel.
perturbation t (t) de A sur- le com- Si, Rmaintenant, A n’est pas diagonali-
portement asymptotique d’une solution du sable, il convient d’imposer à R des
système linéaire (1). On peut conjecturer conditions plus strictes. Lorsque hj est
que, si la perturbation est assez petite à d’indice ni , on suppose que :
l’infini, ce comportement n’est pas nota-
blement modifie Plus précisément, suppo-
sons A diagonalisable et soit h une valeur
ce qui entraîne l’existence d’une solution x
propre de A. Si l’intégrale :
telle que :

x(t) - P-*eAj’b.

est convergente, alors, pour tout vecteur Pour le comportement asymptotique


propre !J de A associé à la valeur propre A, des systèmes linéaires à cœfficients pério-
il existe une solution x et une seule de diques (par exemple, le théorème de
i’équation Perturbée : l’équation séculaire des Planètes), on se
reportera à 1 & ' D p a I a
x ’ = ( A + R
T La théorie
~ de Floquet.
E L

telle que x(t) - eil au voisinage de + CQ


Par exemple, soit l’équation de Bessel Le champ complexe
réduite (cf. fonctions de B pour ceE qui Pour Sobtenir des développements
S E asymp- L
suit) : totiques des solutions d’un système diffé-
rentiel dans le champ complexe, l’idée
cl0 +(IL$ = o ,
principale consiste à obtenir des représen-
tations intégrales des solutions. On utilise
qui équivaut au système linéaire :
ensuite des développements tayloriens ou
on applique à ces intégrales les méthodes
esquissées au chapitre 5.
Considérons, par exemple, une équa-
ici : tion différentielle linéaire d’ordre n :

U +u &+ +u , = 0 ) n(

où a,,, a, . . . . a,7 sont des polynômes.

6 0
ASYMPTOTIQUES atcuts

Pour obtenir des représentations inté- équation se ramène à l’équation hypergéo-


grales des solutions, les méthodes sont très métrique :
Variées. Citons, par exemple, la méthode
de Laplace, qui s’applique lorsque les z(Lz)~$+ Cc-@ +b + Qz+bu =0,

polynômes a, sont de degré < 1 : on


cherche les solutions sous la forme : où 0, b, c sont des nombres complexes.
Lorsque c n’est pas un entier négatif. ~>n
obtient une solution holomorphe dans le
disque 1~1 < 1 par la série entière, dite
OÙ L est un contour du plan complexe hypergéométrique :
convenablement choisi.
F(u,b,c,z)
a.b
= 1 + ~z +
a@+ l)b@ + ljz2
Ainsi, dans le cas de l’équation différen- 1.2.c(c + 1)
tielle :

un -zu = 0
on trouve V(Z)= exp(- c’/3) et : qui s’écrit aussi :

où L est le contour décrit dans l’intégrale


d’Airy (cf. Lu mt!thode du col, in chap. 5).
Le comportement asymptotique de la solu-
où l- désigne la fonction gamma
tion s’en déduit.
d’Euler (cf. fonction GAMMA).
On utilise aussi la méthode d’Euler,
On peut prolonger analytiquement
oti :
F(u, !J, c, Z) au plan fendu C-R+ par
la représentation intégrale de Mellin-
Barnes :
pour un choix convenable de M et L. Une
variante est la méthode de Mellin, OÙ :

où D désigne l’axe imaginaire et (- z)~


Nous nous bornerons 5 deux exemples
= exp (< In (-z)) en prenant la détermi-
significatifs, importants pour les applica-
nation principale du logarithme, c’est-à-
tions.
dire 1arg(- z)) 1< K.
Cette représentation intégrak permet
l’équation hypergéométrique
alors d’obtenir la relation suivante :
Considérons l’équation de Riemann
(cf. Les kquutions di@rentiek de lu phy-
sique muthémutique. in chap. 2 de équa-
tions DIFFÉRENTIELLES),admettant trois
points singuliers deux à deux distincts. Par
une transformation homographique, cette

61
ASYMPTOTIQUES CALCULS

qui fournit aussitôt le développement est satisfaite par W,,,,,(z) et W& z). La
asymptotique de F((I. !I, c, z) au voisinage décomposition de la fonction de Bessel JV
de l’infini sur C ~ R+. dans cette base (cf. fonctions de BESSEL)
s’écrit :
t’équation hypergéométrique confluente
1
L’équation hypergéométrique confluente J”(z) = G W&2iz) exp i(” + k)xi
t
est le cas OÙ deux des trois singularités de
l’équation de Riemann confluent en un
1
+ WO,>(- 212) exp -T(U
1
+ ~)TG ,
même point. Ici encore. on se ramène au
ce qui fournit un développement de J, i
cas OÙ ce point est i l’infini et où l’autre
toute précision.
singularité est au point 0. On obtient alors
l’équation de Whittaker, qui s’écrit : JEAN-LOUIS OVAERT et JEAN-LUC VERLEY

dh 1-4m* ~ TO
z+ -;+;+7
c 1

OÙ k et m sont des nombres complexes. La


méthode de Laplace ou celle de Mellin
fournissent une solution de la forme :

sous condition que Re(k ~ % ~HZ) < 0,


qui est holomorphe dans le plan fendu
C ~ R Cette fonction est appelée fonc-
tion de Whittaker. En développant :

en série de Taylor, on obtient le dévelop-


pement asymptotique de W,I,,II au voisi-
nage de l’infini sur C ~ R
De nombreuses fonctions classiques
apparaissent comme des cas particuliers
des fonctions de Whittaker. Ainsi, la fonc-
tion d’erreur :

Il en est de même pour le logarithme inté-


gral. Enfin? l’équation de Bessel réduite :

62
BESSEL FONCTIONS DE

dans laquelle v est un paramètre complexe vérifie que JV satisfait à l’équation diffé-
quelconque. Les fonctions de Bessel, ainsi rentielle donnée. Si v est entier, JC peut
que d’autres fonctions voisines. les fonc- être définie pour tout x complexe. Si v
tions de Neumann et de Hankel, sont des n’est pas entier, on peut étendre le
solutions particuhères de cette équation domaine de définition de JL, à l’ensemble
différentielle. Supposant que .X est une des _Ycomplexes non nuls, mais l’origine
variable réelle positive, cherchons des SO~U- sera un point critique à cause du facteur
tions de la forme : (42)V.
Si v n’est pas entier, la solution ci = ~ v
fournit la fonction :

Par identification terme 5 terme, on


obtient :
J_” est encore une solution de l’équa-
(c72 - VL) c. = 0,
tion différentielle (l), et on vérifie que J I
[(1 + cg* - VZ] Cl = 0,
[(k + CX)~- uz]ck + c~_~ = 0, k > 2;
et JV sont linéairement indépendantes. La
solution générale de (1) est donc :
donc. on doit avoir cx = k v,
Si on choisit CI = v, on trouve :
cx et fi étant deux constantes arbitraires. Si
ccl
CZk = (-- 1y
2= k ! (v + l)...(v + k) ’ v est un entier n, on constate que :

on est alors amené i choisir : J-n (~1 = C- 1)” Jn @)

1 Tous ces faits peuvent être justifiés


CO= 2v r (v + 1) ’ en remarquant que l’équation différen-
tielle (1) est une équation du type de
d’où :
Fuchs (cf. équations DIFFÉRENTIELLES),
1 dont l’équation déterminante est .Y? + vz
CU = (- 1)k 21k k ! r (k + ” + 1) ’
= 0. La différence des racines de l’équa-
tion déterminante est 2v. Si 2v n’est pas
r désigne ici la fonction eulérienne ; c’est
entier, on a une base de la forme .Y”A@)
une fonction continue qui a pour pro-
et .Y~~B(X), A(X) et B(X) étant deux
Priété fondamentale I-(~I + 1) = 17! pour
fonctions holomorphes au voisinage de
I? entier (cf. fonction GAw+w).
.Y = 0. Si 2v est entier, on n’obtient
Par définition, la fonction de Bessel JV, ainsi qu’une seule solution .Y ” A@). Pour
d’indice v. est donnée par ces coefficients.
obtenir une deuxième solution dans ce
soit :
cas, on est amené à introduire les fonc-
tions de Neumaml. On appelle fonction
de Neumann d’indice v, N\, la fonc-
tion :
La série qui intervient dans la défi-
nition de J” converge pour tout ,Yréel et on

6A
BESSEL FONCTIONS ~JE

pour v non entier et : Voici une application de ces for-


mules.
On vérifie directement que :
pour IZ entier. On vérifie alors que, pour
tout v, la fonction de Neumann est une
solution de (1) et que N,Z et J,, sont
linéairement indépendantes. Donc, si n est
J-w(x) =
entier, la solution générale de (1) est :

par suite, si v est de la forme n + 1/2, avec


PI entier, les formules de récurrence mon-
Enfin, on introduit parfois les fonctions
de Hankel : trent que J” est une combinaison hnéaire
de fonctions élémentaires.
Hi = Jv + iNv,
Représentution intégrde. Il est souvent
Hz = Jv-iNu;
commode de représenter Jv sous la forme
que v soit entier ou non, Hb et Ht forment d’une intégrale. On a la formule :
une base de solutions de (1).

Propriétés principales

Forn~ules asynptotiques. Le comporte- qui est valable pour Re v + 1/2 > 0.


ment a l’infini des fonctions introduites est Fonction génératrice. Les fonctions de Bes-
donné par les formules : sel sont liées a un développement en série
de Laurent. En effet, introduisons la fonc-
tion :

pour ~4complexe et x paramètre complexe


non nul ; son développement en série de

H~~~~=~~~~[_j~x y ;j]+T4(XI, Laurent a l’origine s’ecrit :

OÙ les fonctions ~)(.y) tendent vers zéro


lorsque Y tend vers l’infini avec
1arg Y l< K-E, &> 0 ; d’une manière plus
(formule de Schlomilch). La fonction F(U)
précise, les quantités _@$,(.Y) restent bor-
est appelée fonction génératrice. Chan-
nées.
geant u en l/u et faisant le produit membre
For~mles de récurrence. À partir des déve-
a membre des égalités obtenues, on
loppements en séries, on obtient les deux
obtient :
formules de récurrence :
=
J”-,(x) + J”+,(x) = $J”W 1 = [J,,(x)P + 2 IJn(X)I*i
Z
J”-rG)--J~+,@) = 2JXxJ. 1

65
B A &O
A LD NO GE N L È E EB A R U E

o e déduit, npour
n tout Y réel, les majo- alors, on a la formule suivante d’inver-
rations : sion :

lJ&~l -c 1, lJn@ll ~$3 b> 1.

Voici une autre présentation de la Des fonctions voisines des fonctions de


formule de Schlomilch ; posant L = @, on Bessel sont parfois Utilisées. Ce sont, par
obtient : exemple :

les J,,(x) sont donc ainsi les coefficients de


Fourier de la fonction : appelées respectivement fonctions de Bes-
sel modifiées, et fonctions de Bessel sphé-
riques.
Théorème de Neumann. À partir des fonc-
P S I A
tions de Bessel on peut obtenir des repré-
sentations analogues au développement en
séries entières. Plus précisément, toute
fonction holomorphe dans le disque
B i b
R C 8 D. HO M . IUq & LRf
! z 1< R peut être développée en série sous / P 2 iv Wh N d oY i y 1 e i ol l 9s
la forme : E G c. B R P c e O > i oL s Sl nl e
A i M b Sn u s pN Yt re o
1 / F O 9 . BT 1o B E
Td 9 J e R
/ i 11 ï b 9 x i 7 m d

OÙ la série converge absolument et unifor-


mément dans tout disque compact
izi<R,<R.
De phts, il faut signaler que l’on peut
faire une théorie analogue à la transfor- B A 8 A OL D , N G
mation de Fourier en employant les fonc-
tions de Bessel : soit &Y) une fonction

L
a notion d’algèbre de Boole, introduite
définie pour _Y> 0, à valeurs réelles ou
par G. Boole (1847) et par A. De
complexes, continue par morceaux, telle
Morgan afin d’algébriser les opérations
que :
propositionnelles de la logique, joue un
rôle très utile dans plusieurs branches
des mathématiques (algèbre, théorie
des ensembles ordonnés, calcul des pro-
pour tout entier U, positif, posons : babihtés) et en logique mathéma-
tique (logique algébrique, modèles boo-
léens).

6 6
BOOLE ALGÈBRE
& ANNEAU DE

On appelle ulgèbre de Boole


(A, V, nique sur toute algèbre de Boole en
/I, 1, 0, 1) la donnée d’un ensemble A posant :
(non vide) muni de deux lois de compo-
x <y-x vy =y.
sition interne V et A, associatives et
commutatives, d’une application unaire 1
et de deux éléments privilégiés 0 et 1, Exemples d’aigèbre de Boole
ces données vérifiant les axiomes sui- 1. Pour tout ensemble X, l’ensemble
vants : :I(X) des parties de X devient une algèbre
de Boole si on pose :
vYcxvzcxYvz=Yuz,
vYcxvzcxYAz=Yllz,
VYCXlY=X-Y,
O=@,l=X.

Il résulte d’un théorème fondamental,


dû à M. Stone, que toute algèbre de Boole
On appelle uuwuu CI~Boole la donnée est isomorphe à une sous-algèbre de Boole
(A ; +, ., 0, 1) d’un anneau commutatif d’une algèbre du type précédent.
unitaire vérifiant : 2. Soit 9 l’ensemble des formules
propositionnelles construites a l’aide des
VxEA X~=X.
connecteurs V , A, 1 a partir d’un ensem-
ble P non vide de variables proposition-
Les structures d’algèbre de Boole et
nelles. Posons A - B si et seulement si la
d’anneau de Boole sont équivalentes au
formule A - B est une tautologie. La
sens suivant :
relation - est une relation d’équivalence
~ On peut associer a toute algèbre de
sur 3 compatible avec les connecteurs V ,
Boole (A, V , A, 1, 0, 1) l’anneau de Boole
A, 1, ce qui permet de définir sur F/- une
(A ; +, ., 0, 1) défini par :
structure d’algèbre de Boole. Cette algèbre
de Boole est appelée ulg6bre de Lindett-
Vx~AVy~Ax+y=(xAly)V(~~Alx),
VxeA VyeAx.y=xAy; buwtt du calcul propositionnel P et semble
avoir été considérée implicitement par
-- On peut associer a tout anneau de Boole
Boole.
(A : +, ., 0, 1) l’algèbre de Boole (A, V. Les algèbres de Boole ont servi de
A, 1, 0, 1) définie par : prototype au développement de plusieurs
techniques. Citons la logique ~dgéhiquc :
VxeA Vy(SAxVy=x+y+x.y,
VxEA VyEAxAy=x.y on adapte l’exemple 2 au contexte plus
VxEAlx=l+x.
généraf de la logique du premier ordre, OÙ
l’on doit tenir compte de l’action des
Les deux correspondances précédentes
quantificateurs ; on obtient ainsi les struc-
sont inverses l’une de l’autre, comme on le
tures d’algèbres polyadique et cylindrique.
vérifie facilement, et permettent de ratta-
cher la théorie des algèbres de Boole à la
théorie des anneaux. On peut également La notion de spectre d’anneau
rattacher la théorie des algèbres de Boole Le théorème de Stone établit une dualité
à celle des ensembles ordonnés en obser- entre la catégorie des algèbres de Boole et
vant que l’on peut définir un ordre cano- celle des espaces topologiques compacts

67
CALCUL INFINITÉSIMAL

totalement discontinus. Plus générale- C I A N


ment, La notion de spectre d’anneau four-
nit un foncteur très utile de la catégorie des
anneaux commutatifs dans la catégorie des
anneaux topologiques. A. Calcul à une variable
Les algèbres de Boole sont d’un emploi
constant et traditionnel en théorie de la Créée au XVII~ siècle par Newton, Leibniz
mesure et en calcul des probabihtés. On a et leurs prédécesseurs immédiats, transfor-
introduit récemment avec S l Lnotion a I mée au CXVIII~,par C Euler, en
~ un prodigieux
S

de modèie booléen, qui a permis dc donner instrument de calcul, débarrassée, sous la


des démonstrations relativement simples Restauration, de sa métaphysique par Le
de l’indépendance de i’hypothèse du baron Cauchy, l’analyse infinitésimale a,
continu et de faire fdire des progrès a la depuis longtemps, atteint un degré de
théorie proprement dite des algèbres de perfection tel qu’il est devenu possible d’en
Boole (construction d’algèbres de Boole exposer l’essentiel en moins d’une dizaine
sophistiquées n’ayant aucun automor- de pages. C’est ce que nous allons essayer
phisme non trivial, etc.). de faire, en renvoyant le lecteur à l’article
qui précède pour des considérations his-
GABRIEL SABBAGH
toriques moins schématiques, et en nous
plaçant ici au point de vue le plus G uni-
dimensionne1 H possible. Le lecteur qui
désirerait un exposé plus philosophique et
plus historique ne saurait mieux faire que
de consulter l’ouvrage classique
d’Otto Toephtz. On n’a voulu, ici, exposer
que les résultats les plus importants et les
plus simples de la théorie classique à une

C
variable, en s’efforçant de tout démontrer,
et en ne demandant du lecteur que les
connaissances Les plus élémentaires sur les
inégalités entre nombres décimaux. plus
tout de même, cela va sans dire, une
certaine habitude des raisonnements
mathématiques.

1. Notion de borne supérieure

Nous désignerons par R l’ensemble des


nomb~s réek ; il nous suffira de savoir
qu’un nombre réel est un développement
C D V A E A L S R
décimaf ilhmité précédé d’un signe (qu’on C
- V CALCUL DES A R
omet s’il s’agit du signe +), par exemple
le nombre - 3,141 59. ou bien le nom-
I

68
CALCUL INFINITÉSIMAL

bre 1 = 1,000 0.. = 0,999 99. .... et que plus précises sur les éléments de E en
l’on peut effectuer sur ces nombres des écrivant qu’ils sont tous inférieurs à M’,
opérations algébriques que tout le monde qu’en écrivant qu’ils sont tous inférieurs a
connaît. On peut aussi comparer deux M (exemple concret : savoir que tout
nombres réels x et y, autrement dit donner homme vit au plus 500 ans est mieux que
un sens à la relation .Y < J (qui exclut, rien, mais il vaut mieux savoir que tout le
notons-le, l’égalité x = _J,). On peut, a monde meurt avant 200 ans). Pour obte-
partir de là, définir des interwlles de nir, de ce point de vue, les informations les
plusieurs natures ; par exemple, si a et 1 plus précises possibles sur E, on est donc
sont deux nombres réels donnés, on définit amené a choisir le nombre M aussi petit
quatre intervalles dont u et 1 sont les que possible, d’où la définition suivante :
extrémités, et qui ne diffèrent entre eux que on dit que M est la borne sup&ieure de E
dans la mesure OÙ ils contiennent, ou non, si x < M pour tout x E E, et si, de plus, il
leurs extrémités : l’intervalle [u, !7] est n’existe aucun nombre M’ < M possédant
l’ensemble des nombres Y tels que la première propriété, ou encore si, pour
Q < x < b, l’intervalle [u, b[ est formé des tout M’ < M, il y a au moins un Y f& E tel
s tels que L < x < !I, etc. Les intervalles que M’ < x < M. Par exemple, la borne
de la forme [u, b] sont dits compucts, e les supérieure tde l’intervalle [O, l[ est le nom-
intervalles de la forme 1~7,h[ sont dits brel:ona.v< ldèsqueO<x< l,et,
owert3. pour tout M’ < 1, il y a des nombres x tels
Considérons maintenant un ensemble E que l’on ait à la fois 0 < x < 1 et M’ < x.
de nombres réels. On dit qu’il est kwk On désigne par SU~(E) la borne supérieure
supérieurement s’il existe un nombre réel d’un ensemble E de nombres réels, et par
M tel que l’on ait ,Y < M pour tout .YE E inf(E) sa borne inférieure, définie de façon
(rappelons que cette notation signifie que analogue en renversant les inégalités.
le nombre .Y appartient à E, ou est un Thkorhe 1. Tout ensemble non vide
élément de E), et borné inférieurement s’il borné supérieurement de nombres réels
existe un nombre ~2 tel que Ton ait 171< x possède une borne supérieure.
pour tout x E E. Si E est borné supérieu- La démonstration très simple de ce
rement et inférieurement (c’est-à-dire s’il théorème d’existence (il ne suffit pas de
existe un intervalle qui contient E), on dit parler d’un objet possédant des propriétés
que E est bornÇ tout court. Par exemple, données pour que l’objet en question
l’ensemble N des entiers naturels (ses existe) procède comme suit. Supposons,
éléments sont 0, 1, 2, . ..) est borné infé- pour fixer les idées, que l’ensemble E
rieurement, mais non supkieurement, tan- considéré soit contenu dans l’intervalle
dis que l’ensemble des nombres rationnels [O, l[ ; on notera 0, .Y,.Y~.Y~...
le développe-
s tels que x3 < 2 est borné supérieurement ment décimal illimité de tout XE E. de
(en effet x3 < 2 implique .y3 < 8 = 2j, sorte que les chiffres sA sont des entiers
d’où .Y < 2, comme on le voit facilement). compris entre 0 et 9. Nous allons cons-
Soit E un ensemble borné supérieure- truire les décimales successives u,, u:, de
ment, et soit M un nombre tel que .Y < M la borne supérieure Cherchée ~1.On prend
pour tout .YE E. S’il existe un nombre pour u, la plus grande valeur prise par la
M’ < M tel que l’on ait aussi Y < M’ pour décimale _Y, de x lorsque x décrit E
tout .YE E, on obtient des informations (autrement dit : on a Y, < u, pour tout

69
CALCUL INFlNlTÉSlMAl

s E E. et il existe un x fG E tel que i e nl a S <t fi’ U


_ = a ; s aY E, l o l , d ), ’ Pi qo S e e =ot i ur iUsf en iu sn se l ~a t
YE E t q x = 0 ; eo pu , p , a l n rqe p o t z s e eu p o ui e o un ne. E , A u lr x u nt
l p g v a l p r p l ad u r a a e ua l é_ G sBi t n qr t nl e cr a L s e- d. u< 1O ’ u i i e l xe
. l . d Y o E ; s x éa * r E, o C cl s lB e i n o or v q i es t o dmir i u l xt
l d x’ E E t qe ,e = t a e n us Yn q 2al oe *s uà Bps e qm p e i , p t
( d . cE E d l e d Y’ p o se s eme r n t us , Eu aAs : pe tso i Y A ex j t -a uu
m d si a ée U ; o oèp , ct bt n s nrr i o) Au eten mp r v psn’ aa
p o l p g o v3 a l p r up y a lu rm a ra r 3l es i ê n mr a e q Bs me d o i u u
l . d oE e Ya é d r ?s t i b c eis ,u n o r S nyq ( i B o sa rxi < iJf u 5t , n
i C n a ol nd l p en ot é , oA o e s odmf YS r, u t i J uoib EU
0 = 0 U a c, , Oi a ol U p n p an d ~ u s s a As ée U li p i u r t fs
r . < a p e t .YE E co l s ol x p , aun a i u’ q ed r ro t tot ul t.é E Ami on ei
a . = u . ... , = Y a ( , Y s,, xc , M , c i, ’ S a >e o i e U ài t s mn s ~
a à l p E c ’ p p p lo eJ E B a lo e cen n! pr, un u n a oss s ta s n r
h o a , a < a n p Yd u , aa , é t q, S rn , f< )i u+ PU a t+ i ,n e, o~
m d a ; o êa e b, a n mbà l ,ie i eo a +en n u ,nt s t
r c p è c l d o gdo a l e au l :é m s ’ u ir e v p s o xt e ai
l d o D p é p p t e l c o p o u i u e u s m r mt
SU~(A) - 10-~-~ < x < SU~(A) < inf(B)
e p i ya e n , l d f. E t E t e fx i e s e e l c r s
< y < inf(B) + 10-~-‘,
q l a . = ua .’. .. x i= Y a e e, d o P t !, t , o n , n , c
a ~ l < s < a ; cO i e po _ dl x : omp ’ i um o s r e
t M < a u eo ’ t q , nM nu< a - e u ’ tt l e i e
y < inf(B)-sup(A)- + 2.10-~-~ z
1O i e d aP f l x u o. G E” ot i n nx , er s < inf(B) c - SU~(A) tl t + lO-p, i e
q M < , u ’ Y e .
L t 1 e d e hé a t e én e n p s os t ay-,~
a < rnu10~” l sir èci
e t lx ( m o ap ) ( d é iu =r )S u t nt I i U a sfen l m ~ p
c i a à sn l l af p ’ p c t vi p et e o u u o . noE ,Aur e xu u l n uY i
d n r ’p o u é d uo m y En eBé tn s q b y ~ . l< ve1 s Pu a r lx f el 0 é , e l e
p d ea é dmr cq l oeab x < S i u ’ < nini ( <
UmJe m o ntt B ~
T c c o es o u s ’s t n q it i -é S r s u <ne 1 - ;cc Ue t é e fs 0 p re
l n c ’ q el o n or u e n o vrai na e s tout
pour n m p, it s a b q li ’ i
n c l b se a a do e ul r ’Sr n ps= i uU
n s é, n ne~ e r f
d n r e o ( ea md p xtL n eb ad b ei a os r re o dom tu e
l d . r’ t e q Y a.e < 2 e es u txn d ) n l n e i Isr e p os s do eé em
p f b êe io i tu( r r de r tcd r td bén se ea a e o(f d u ln t
l c ’ c l on e V’ e n(o m x 2e ) &(sm a f e )s ) 2 Uvi bx o m . t )
P l a o àe l pt ud s ra ph S r eX u é e lé o ( ne dn i o i p
l n ’ a b o i du ue i u n ’r d nl s n s t uo d a n ’ o t é nn e n o
a r p u é é l t l s r u er f é u u f é s tde mn l so eX e à é ee t un
T 2 S Ahe B d .e o kt e v n i r o : uf a a s t é d G a xcl s e eo r
n v d n o ir ee os n dé . tE m uX u n ee xr pb n qo sl e g é pr um s n
s < 1p t x E A ’e ot oy t B A t uo d u Z . dl x N ru é t , eol . ot p fd r’ t
A e b s s o uB b t r n p or _n t o q é reé rué e m s Gu rX nxe n

7 0
CALCUL lNFlNlTÉSlMAL

tel que L =f(x) ((( image H de X par f), pour tout entier p, il existe un entier q tel
autrement dit l’ensemble des (( valeurs H que l’on ait 1.Y,)>
~ .Y,~
1< 10 JJdès que m et
prises par la fonction f(x) lorsque x TI dépassent q. Alors il existe un nombre
G décrit H X. On dit que f est bornée réel u tel que, pour tout p, on ait :
supérieurement (resp. inférieurement) sur
IX” -a 1< lO-p *wr tout ” > q.
X si l’ensemble ,f(X) est borné supérieu-
rement (resp. inférieurement), c’est-à-dire Nous supposerons (on s’y ramènerait
s’il existe un nombre réel u tel que l’on ait facilement) que tous les nombres .Y, sont
f(x) < 0 (resp. f(.~) > u) pour tout compris entre 0 et 1. Écrivons le dévelop-
xEX. Le nombre SU~(~(X)) [resp, pement décimal de ,Y, sous la forme :
inf(,f(X))] s’appelle alors la borne supé-
rieure (resp. inférieure) ou le maximum x, = o,xr,xr2x~~
....
(resp. minimum) de la fonctionfsur X, et
en désignant par .Y,~la k-ième décimale de
on le désigne par l’assemblage de lettres et
,Y(,comprise entre 0 et 9. Comme on a :
de signes que voici :
xm -xn 1< lO-p pour n > 4 et I 2 Q,

il est clair (tout au moins si l’on néglige les


On peut donc caractériser le nombre difficultés accessoires dues aux développe-
M = SU~~(X) par les deux propriétés ments décimaux impropres) que l’on peut
,Ex
supposer que les p - 1 premières décima-
suivantes :
les de A-,~, et .Y,~sont les mêmes dès que w
(a) on a f(x) < M pour tout x E X ;
(b) pour tout entierp, il existe un x E X tel et n dépassent q, autrement dit qu’A partir
que M - 10Pp <f(x) < M. du rang I = 4 les F - 1 premières déci-
On fera attention au fait qu’il n’existe males de y7 restent fixes. Faisant succes-
pas toujours un x E X où l’on a exactement sivement p = 2, 3, .... on voit donc qu’à
f(x) = M, comme le montre le contre- partir de l’entier q2correspondant àp = 2
exemple suivant : on prend pour X l’inter- la première décimale _Y,?,de .Y,?aura une
valle [O, l[, ensemble des x réek tels que valeur fixe u,, puisqu’à partir de l’entier q3
0 < .x < 1, et pour.fla fonctionf(.Y) = .Y, correspondant à p = 3 la seconde déci-
dont le graphe est un segment de droite, male .Y,~,aura en outre une valeur fixe a?,
comme chacun le sait ; on a ici M = 1, et ainsi de suite indéfiniment. Considérons
mais f(_~) < 1 pour tout .x E X. alors le nombre réel u = 0, U,U?U~.... dont
L’existence d’un nombre réel dont on se on vient de construire les décimales de
donne d’avance des approximations à 1O-‘> proche en proche ; choisissons un entier p
près pour tout p peut encore se traduire quelconque et considérons l’entier q qui lui
par le résultat suivant (qui nous sera utile correspond d’après l’énoncé du théorème ;
plus loin), habituellement connu sous le pour tout I > q, les p ~ 1 décimales de .Y,~
nom de G critère de Cauchy H, bien que les sont égales à celles de U, par construction
énoncés qu’on en donne classiquement même de U. On a donc :
diffèrent légèrement de celui que l’on
1xn-q < la-p+’ pour tout I > 9;
trouvera ci-dessous :
Tl&w?me 3. Soit x,, .Y?,.... une suite il reste à montrer qu’on peut en fait, au
illimitée de nombres réels. Supposons que, second membre, remplacer 10 p+’ par

71
CALCUL INFINITÉSIMAL

IOmm’l.Pour cela choisissons un entier r X,, . . . . Xp tels que la fonctionf(.x) prenne,


quelconque ; d’après ce que l’on vient de dans chaque Xk, une valeur constunte q ;
voir, on a 1,Y,,,~ L 1 < 1OF pour tout w noter que nous n’excluons aucunement le
suffisamment grand (remplacer p par cas où certains XA se réduiraient 1 un
I + 1 dans ce qui précède) ; mais si l’on point, et que nous n’imposons pas aux Xk
suppose /rz et I supérieurs a q on a aussi, d’être compacts ~ certains Xk peuvent
par hypothèse, 1.Y,),- _Y,~1< 10 p ; combi- contenir leurs extrémités, d’autres ne pas
nant ces deux inégalités, on en conclut que les contenir. Le graphe de la fonction f se
l’on a : compose alors de segments de droite
horizontaux, et on dit que f est une
fonction &q&. La portion de plan com-
et pour tout entier Y. Cela étant valable prise entre le graphe et l’axe des x est alors
pour tout I entraîne évidemment l’inégahté (fig. 1) réunion de p rectangles ayant pour
Cherchée 1_Y,~ - u 1 < 10 “, d’où le théo-
rème. fig. 1

On énonce habituellement le théorème +


3 en termes de suites convergentes et de
limites, mais nous ferons en sorte, ici,
d’éviter l’usage de ces notions - ce qui est
parfaitement possible - afin de Faciliter la
tâche du lecteur.

2. lntégrale d’une fonction étagée

Considérons, sur un intervalle compact


X = [0, b], une fonction _/“(.v) a valeurs
réelles ; nous la supposerons même, pour
le moment, à valeurs positives. Si l’on
trace le graphe dey, on obtient dans le plan
une N courbe H, l’ensemble des points
(.Y,y) tels que l’on ait .YE X et _r =f(.~),
bases les intervalles XL, et pour hauteurs
qui délimite avec l’axe des abscisses et les
les valeurs U~correspondantes. Supposant,
verticales des points L et b une portion de
ce qui est permis, les intervalles Xk deux à
plan dont on se propose de calculer la
surface (dans l’hypothèse où la portion en deux disjoints (c’est-à-dire sans points com-
question serait assez simple pour que l’on muns), nous appellerons alors, par défini-
puisse attribuer une signification à ce tien, intégrale de ,f sur l’intervalle X le
calcul). nombre :
Les surfaces les plus simples à calculer I(Y) = uJ(X,) + .. + upl(XJ
(1)
sont celles des rectangles. On est ainsi
amené à envisager d’abord un cas parti- où l(X) désigne, d’une manière générale, la
culier, celui où l’on peut découper l’inter- longueur d’un intervalle X, Le nombre
valle donné X en intervalles partiels I(f) ainsi obtenu dépend naturellement de

72
CALCUL INFINITÉSIMAL

la fonction,fconsidérée, mais non du décou- prend des valeurs constantes


page de l’intervalle X en intervalles partiels a,( 1 < 1 < p), et en intervalles deux à
Xk sur lesquels,fest constante ; si, en effet, deux disjoints Y,, sur lesquels g prend des
l’on découpe, d’une autre façon, X en inter- valeurs constantes b,( 1 < j < q), il est
valles deux à deux disjoints Y,, .... Y(, sur clair que X est réunion des pq intervalles
lesquelsfprend les valeurs hi, bq,de sorte X, n Yj, que f+ g prend sur Xl n Y, la
que nous devons prouver que : valeur constante a8 + h, (d’où le fait que
y+ g soit étagée), et enfin que 1 (f+ g)
est la somme de toutes les expressions
(a[ + b,) 1 (X, n Y,), c’est-à-dire des
il est clair que chaque Xk est réunion de ses expressions u,l (X,n Y,), dont la somme
intersections Xk f’ Y,, avec les divers Yh ; est égdle 11 (f) comme on l’a vu plus haut,
ces intersections sont des intervalles deux et des expressions b,l (X, n Y,), dont la
à deux disjoints ; on a donc : somme est égale à 1 (g) pour des raisons
analogues ; d’où la relation (3).
On déduit évidemment de cette relation
d’où il résulte aussitôt que le premier (3) que I(f-g) = I(f) ~ I(g) ; et il est
membre de (2) est la somme de tous les évident que :
nombres de la forme uk/(Xk n Y,!), le
(4) 1 Wl = C 1 U-1
second étant, de même, somme de tous les
nombres Z$ (Xk f’ Y,!). Il suffit donc de pour toute constante c, en convenant de
montrer que l’on a akl(xkn Y,J = définir la fonction étagée cf = g par la
h,,l(Xkf’ Y,,) quels que soient k et /z. Or la condition que g (.x) = c f (x) pour tout x.
fonction f est égale, sur l’intersection Enfin, si,fest une fonction étagée (donc
Xk n Y,,, à la fois à ak et à & ; si l’inter- bornée) sur un intervalle compact X, on a
section n’est pas vide, on a donc ak = b,j l’inégalité :
et le résultat s’ensuit ; si l’intersection est
(9 II u-l l c ~G-9 S”P Iv-61 17
vide, on a /(Xk n Y,)) = 0, et le résultat *fzx
cherché s’écrit 0 = 0 ; d’où la relation (2). où nous utilisons (pour la fonction
Nous utiliserons encore la relation (1) étagée 1f(x) 1) la notion de borne supé-
pour définir I(f) lorsque la fonction f n’est rieure définie à la fin du chapitre précé-
plus positive. dent. En effet, l’inégalité classique
Les intégrales des fonctions étagées 1a + b 1 < 1a I+ 111, appliquée à la défi-
possèdent des propriétés simples dont nition (1) ci-dessus, montre que l’on a :
nous aurons besoin plus loin. Tout
d’abord, si f et g sont deux fonctions
étagées sur le même intervalle compact X, mais, si l’on pose M = sup 1,f(x) 1,il est
alors la fonction Iz = f + g donnée par clair que M est le plus grand des JJ nombres
!$.y) = f (x) + g(x) pour tout .y fZ X est 1a, 1,.... 1a,, 1, d’où :
encore étagée, et l’on a la relation :
~ICt-)~< MJC%)+ + M.l(XJ
(3) I(f+ 8 = I(f) + I(g). = M[l(X,) + + l&,)J = M.[(X),

En effet, si l’on partage X en intervalles puisque les intervalles Xl sont deux à deux
X, deux à deux disjoints, sur lesquels f disjoints, et remplissent X tout entier.

73
CALCUL INFINITÉSIMAL

3 I d . fn r e ot e é qs lné x g
C u ’cg d pf d lh e i tr e
ê c e t Mo e M ; n n r q mt ot
C m o l c ag n ; e c a i é st é o s dn n Eoi e l i m et àé *du s én
n n s o p e q u l f u l f u p t a oé s u d e pEo c nl so ev o*u do cél n i
s é m on ts a io p a u voir,
i on t u oa gaussip ~TZs < Ms ;u pour ép que la r eo
é d d v s e i iq e s rf tum <c I ef < M es’ o (à d li rue nf
e b c s wq e’ u t n ~u xne l nn o é’ I ies c e o m eii s ( s rt dh m - l,l uf
b M t q l r a ~ e u< f ’ e <i MMl de (s o t q l e xu an 1 = Mu E ’ v )p ~ .e n
p t x E X ; op ol m uso ue o d t uru t2 m l u ch pr , eqe opé p
s a 2 o0 p u t , S n $o es o c Y o sd u ts u è . d i é s r i at d o t t a . m
c d f ép e ot q tl” sa en I u s a’ l i lc ( se i oga t e l t r f u :né’ s ei e
0 < $ < f < c( p ( t _p (, op x o t Y”eY
i uop ) i uoe @
ln) s rX
u, dl t ux t) u
e e :p n cx = 0r p pi e fe a é’s t qo n er r t t(t q l’n d t t af e a.e u
T = M p ” p e a (L a x d r Yp’ r 0e <’ qt ( )a< f m< u To’ A ri (
l p l id . e a l ’g me d Yf t r e p ar t is e, E X oexa d o t Yp , I utep ’ -ué a
c l a o r ’ àn q n e e e a I a ’<t t1 s l Si (e le, i a 0 t ao ’r d$n qos e i P t nie
c d l o a a r’ n nà ln fea t a , eas intkgruble
ol i e l f ( s s nar n o a
T n ; s l p a i ’ u es tr o n d u
e R ta ns e t
ln i r i X u e ’ sl e i s ,r
n àl aI d’l f b( o e i a po : fl n n on )e t sc é
d d a l or o :v a ie n o t l c i a r t

O e a c n squel j’.wit o ou non t o I en s d r p l s d a d do s r t u n e éu


pxitive, ài d en E e e n ta l * ut t s tr u e d ox eeo c ’ u m
E d n r * : el po s é f e rm muthémutique ee o e bd l r l r d re s ’ ase m
m ei e i
d Kt q e e ue f u x sé n l o d’ l i t f es n iea e ps a i m c l u t ret g g e
q s X t q ’ lu a e _ = uI ’ r e i lq Y e(n po t e t lu qe en f x e ’ a u’ u a p
q < f( ’ q’(t) c< f(t) p t ’ à l op o e d a L us u s s ie e ry t u t
t E X) ; le s s l e ed ’ c s m q
re ne oa e a u
as o
t n n n ln i i rus
n r s op l é o mo p e e p n bu e s lj r ru q sp u o e t hu
t s X ur f u é no oq r g t eut n” c r aq rv s cdu e gu oee ter
v l r é < Te ee . = r I Os ctl x i( u é, oa f f q np t mt b i i U eo e
L r ( e a e q l 6n x I l u e ê)o po (a e e jt m rb f t u n uri b i t ) i n
c e s h à ts us E eE e ot d p r* it u ’ é c, L n r t é r d h a f é
i à t . nE E O l o x f *E r ’mu é . * à ec at g r d q ne t e e i e u
e b inf&icurement
s o e E l t s r t d* p’ lu n e re d ’pb é v isl e i éi o
rkurement ( é d lE sl é e fe * oé a vp os u nm du ir muthk-
u n t e é -é
d i e ac dn E p m e efmatique
* um d ut é q, i e e xe ar u s msn r
l r q < aq e p d’ f ” l o qe co , la ur uds b ’n dat tèr de aec ei og
é i t v m l a i ps ’ mchhztique
g s li si é i ( iot né e b o
I < I e ( l ( i n v e S q nm t ’d u gi ” l pê r p) e r e ) éqom el r s s n
n d p o m lé b s a u a s o r u r sd c i r c e p e ne g n pos s é ’t n e a
d l E e e’ p M l * b te a p a , o qn r r u r e us d é td n n ee e
i d l n E el ’r f ( * m a ee é 6 , ; ea nlc r t ) e tt as’ i r x

7 4
C I A N

parce que personne, en vingt siècles, n’a Pour qu’une fonction f définie et
été capable de lui fournir des définitions bornée sur un intervalle compact X soit
précises de ces termes que le mathémati- intégrable sur X, il faut et il suffit, comme
cien, en tant que tel, les rejette vers les on l’a vu plus haut, que l’on puisse trouver,
ténèbres dialectiques de la métaphysique, pour tout entier JJ > 0, des fonctions
de la psychologie et de l’histoire humaines, étagées q’ et q” sur X vérifiant les
sans chercher à (( comprendre 1) au sens relations :
des philosophes. À la limite, la seule chose I(v#)-I(q’) < lO-p.
(7) q’ <f< 9*,
qui intéresse le mathématicien, en tant que
tel, est d’être en mesure de calculer des La seconde de ces relations s’écrit
intégrales, voire, diraient beaucoup de encore I(cpm~ q’) < 10 P. Or on a,
gens, d’édifier des procédures mécanisées d’après la relation (5) appliquée à la
qui, introduites à l’entrée d’une calculatrice fonction étagée positive q” - q’, l’inéga-
électronique, fourniront automatiquement hté :
le résultat cherché avec une marge d’erreur
calculable. La définition des intégrales que
nous venons d’exposer est éminemment en sorte que, pour réaliser la seconde
adaptée à ce point de vue H opérationnel H condition (7) ci-dessus, il s de choisir z
~ il suffit de substituer, au calcul de I(f), les fonctions étagées q’ et y” de telle sorte
celui de l’intégrale I(q) d’une fonction que l’on ait :
étagée q (( suffisamment voisine D de f
1( X <
s”p [(&,, (x) - $l‘(X)l 1 - ; 0)p
~ comme aussi, bien entendu, au point de x = x

vue (( absolu H du mathématicien pur, qui si l’on choisit un entier y tel que l(X). 10 (1
désire poursuivre indéjïniment la construc- < lO_“, on est évidemment ramené à
tion du nombre I(f) par approximations construire des fonctions étagées q’ et q”
de plus en plus étroites. C’est probable- vérifiant les conditions suivantes :
ment dans ce désir de précision ukw/w que
se sont réfugiées les conceptions métaphy-
siques des Anciens et des classiques, pour tout x G X.
puisqu’on n’imagine pas une machine cal- S’il est possible, quel que soit q de
culant éternellement... trouver deux telles fonctions q’ et q”, on
Indépendamment des problèmes de dit que la fonction f est régl& sur l’inter-
calcul pratique, qui n’intéressent pas le valle X. Il est bien clair que ces considé-
mathématicien, la notion d’intégrale serait rations n’ont d’autre but que d’assurer le
inutilisable si l’on ne connaissait pas résuhat (xic) suivant :
(( beaucoup H de fonctions intégrables, et si Th&w6/7ze 4. Soit X un intervalle com-
l’on ne disposait pas de procédés mathé- pact. Toute fonction réglée sur X est
matiques pour calculer (absolument, c’est- intégrable sur X.
a-dire sans marge d’erreur) les intégrales Il est à peu près évident que, si .f
de beaucoup de fonctions. Nous allons et g sont deux fonctions réglées sur X,
définir ici une catégorie de fonctions inté- il en est de même de leur somme f + ,
grables qui, en pratique, permet de couvrir de leur différence f-g, et de leur
tous les besoins de l’analyse classique. produit _& = h, défini par la relation

75
CALCUL INFINITÉSIMAL

/?(.y) =f(,r)g(.v). On a de plus les rela- de la moyenne D. En pratique, il est encore


tions : plus utile d’utiliser l’inégalité :

(9) I(f+&?) = I(f) + I(k)> W) =c.IW (Il) ~/;wx~ G ~~lWx3


(ou c désigne une constante), qui résultent
immédiatement des relations analogues (3) qui s’obtient immédiatement sur la for-
et (4) pour les fonctions étagées. Établis- mule (1) lorsqu’il s’agit de fonctions éta-
sons par exemple la première. Pour chaque gées, et qu’on étend ensuite facilement aux
entierp, on peut par hypothèse trouver des fonctions réglées par des arguments
fonctions étagées q’, vu, v’, WV vérifiant d’approximation analogues a ceux qu’on a
les conditions suivantes : déja exposé plus haut.
q’ <f < T”, I(q y - I(q’) < 1ow-‘,
v’<g<vU, I(v#)-I(#l’) < 10-p-‘,

d’où résulte que I(,f) est égal à I($) à 4. Caractérisations des fonctions
lO~~~~+’près, et que I(g) est égal à I(v’) a réglées
lO~J’+’ près aussi. Mais les fonctions éta-
gées 0’ = q’ + v’ et OU= qw + wH véri- Soitfune fonction à valeurs réelles définie
fient évidemment les relations suivantes : sur un intervalle X, et Y un intervalle (ou
0’ <f +g < em, I(t3 y - I(l3’) < 2.lo-p-‘, un ensemble) contenu dans X. Nous
dirons que f estcmstmteB ~O~~~I?S sur Y
la seconde résultant du fait que l’on a :
s’il existe un nombre c tel que l’on ait
lj’(.v) ~ c 1< 10 31 pour tout .v E Y.
= PC9 7 + 1cv31 - 11Cq‘)+ 1w ‘)l T 5 Soit,funel fonction. définie k
= [I(q,y-I(q’)] + [I(tpU)-I(ql’)] < 2.lo-p-‘.
sur un intervalle compact X. Pour que ,f
Par suite, I(f+g) est égal à 2.10 ” ’ soit réglée dans X il faut et il suffit que pour
près à I(W) = I(v’) + I(i$), lui-même égal tout entierp, on puisse partager l’intervalle
a 2.10 I ’ près à I(.f) + I(g), de sorte X en un nombre fini d’intervalles partiels
que I(,f+ ,g) et I(f) + I(g) sont égaux X,, . . . . X,, tels que,f soit constante a 10 ”
à 4.10~~“-’ près, à plus forte raison à 10 ” près dans chaque X,.
près, et cela pour tout p : d’où la première C’est presque la définition Si en effet
relation (9). on peut trouver, pour chaque X!. une
À partir de la relation (5) établie pour constante c, telle que l,f(.v) ~ c, 1 < 10 ”
les fonctions étagées on démontrerait, par pour tout .v E X,. on peut immédiate-
des raisonnements analogues, que celle-ci ment construire deux fonctions étagées
est valable plus généralement pour les $‘* et v” véritiant q’ < ,f < q” et
fonctions réglées. On l’exprime encore, en q” (.y) ~ q’ (.y) < 2.10 ” pour tout s E X.
utilisant la notation de Leibniz. en écrivant a savoir les fonctions qui dans chaque X!,
que l’on a : sont respectivement égales a <.i~ 1O-I’
et à ci + lO_‘J. Inversement, si ,f est
w9 ~[:f(x)a’+ M(b-a) réglée, il est possible de réaliser les
conditions (8) ci-dessus, puis de partager
si I.~(X) 1 < M pour touts E [cl, b], résultat X en intervalles sur chacun desquels q’ et
connu sous le nom de (( premier théorème v” sont constantes, et sur chacun desquels

76
CAKUL INFINITÉSIMA~

f est. par suite, constante à 10 4 près si l’on décompose X en interwlles partiels


sur chacun desquels f est constante. le
point u est soit intérieur à l’un de ces
fig. 2
intervalles, soit l’extrémité gauche de l’un
d’entre eux) ; il est alors clair que si .Y > u
se rapproche de CI,,~(.Y),qui ne bouge pas.
se rapproche de plus en plus d’une valeur
limite (A savoir de sa valeur, constante,
dans l’intervalle u < Y < u’),
Dans le cas général, nous savons qu’il
existe, pour chaque entier p, une partition
de X en intervalles partiels sur chacun
desquels f(_~) est constant à 10 Y’ près.
Pour chaque entier p, il y a donc dans X
un point a,, > u tel que,f(,y) soit constant
h 10 J’ Z près dans l’intervalle u < Y < u,,,
d’oL1 un nombre réel h,] tel que :

(12) L < .Z < czpd~f(x)-b+, < l O

Dans la pratique, on a besoin de carac- o n


peut évidemment supposer, si on le
tériser les fonctions réglées par un critèrc désire. que u, 2 li? > Ut > ..,, en rempla-
exprimant que leur comportement (( au çant au besoin u,, par ll,]__,pour chaque p
voisinage de chaque valeur de la variable H tel que u,] > llj, , Cela dit. choisissons un
est assez simple pour que,f(.\-) n’oscille pas entier p et considérons les nombres b,>,
d’une manière incontrôlable lorsque Y se /J/ b,,+z, .,. , si /FIJet H sont deux entiers
+
rapproche de plus en plus d’une G limite )) supérieurs à p, tels par exemple que
donnée. Cela va nous obliger à développer 17 < w < H. considérons un .Y tel que
quelques considérations sur les W/WK~ 0 < .Y < ll,>; on aura aussi les inégalitk
l i
d’une fonction. m i < s < u,),, d’où.
~1 t à la fois : a
Soitfune fonction réglée sur un inter-
valle X. et soit ~1un point de X ; considé-
rons les valeurs de.faux points .YE X tels
que cl < _Y(ce qui suppose c/ distinct de c qui montre e évidemment que l’on a :
l’extrémité droite de X) ; nous allons mon-
(13) 1bm -bn 1< 2 < 1 . 0 .
trer que lorsque I se (( rapproche de plus
en plus )) de u, le nombre f(.~) (( se dès que 1~7 et 17 dépassent 11. D’après le
rapproche de plus cn plus H lui aussi d’une critère de Cauchy (théorème 3). il existe
certaine valeur /T bien définie. que l’on donc un nombre réel 11 tel que l’on ait
appellera la wl~u~ l 2 d id , a r me f <u 10o ” ’ pour
~+/I,,~ i tout i FI > JI.
t et en t e
p u Noter o que . cette propriité
i est n
particulier pour t ~7= p. Si 0 < .Y < l/,], on
évidente si,fest une fonction étagée ; il y a alors à la fois I,~(.Y)~ bp 1 < lO-“- Z et
a en effet alors un 0’ > 0 tel quej’(.x) soit /$~~~ < 10--+, d’où évidcmment
constant dans l’intervalle L < I < LZ’(car ,f(Ij ~ /I 1< 10 p.

77
CALCUL INFINITÉSIMAL

Cela nous conduit à la notion de On définirait, bien entendu, de même la


limite à droite : on dit qu’une fonction notion de valeur limite a gauche de f au
f(x) définie sur un intervalle X possède point u, notée J (u) ou f(u - 0) : c’est un
en un point u de X une w/eur hite L nombre b (forcément unique s’il existe) tel
droite s’il existe un nombre h possédant que, pour tout p, il existe dans X un Q,, < o
la propriété que, pour tout p, il existe dans tel que la relation up < .Y < Q implique
X un nombre a,, > 0 tel que l’on ait If(x) hl < lO_p (le nombre que nous
If(x) - b 1 < 10 p pour tout .Y tel que désignons ici par a,, n’a, bien entendu,
0 < _Y< fi,, (faire attention au fait que l’on aucun rapport avec celui que nous avons
n’impose aucune condition pour s = 0). noté de la même façon plus haut). Au point
Cela signifie encore que, pour tout p, il y OÙ nous en sommes, nous avons évidem-
a un intervalle a < ,Y < Ut d’origine CI ment démontré une moitié de l’énoncé
dans lequel y(_~) est égal à 1 à 1OW près. fondamental que voici :
S’il existe un tel nombre !T, il est unique T&on+ne 6. Pour qu’une fonction f
(car si !J’ satisfait aux mêmes conditions, définie sur un intervalle compact X soit
il existe, pour tout p, des Y > u OÙ réglée sur X, il fdut et il suffit qu’elle
l’on a à la fois if(.~) ~ bi < 10 P+i et admette en tout point de X des valeurs
I.~(Y) - h’ 1 < 10 “+‘, d’ou h’- b 1< 10 ” limites à droite et à gauche,
pour tout p, et finalement !T’= b). Ce Il nous reste maintenant à montrer
nombre b s’appelle, par définition, la qu’inversement une fonction f qui admet,
valeur limite à droite de,fau point a, et se en chaque point a de X, des valeurs limites
désigne soit par la notation j&(I), soit par à droite et à gauche, est nécessairement
la notation ,~(Lz+ O), artifice amusant reglée sur X. Choisissons pour cela un
pour rappeler que l’on considère la limite entier p ; nous devons prouver l’existence
de l’expression .f(a + h) lorsque /r tend d’un nombre j% d’intervalles X,, ....
vers 0 en restant strictement positif. Bien X,, possédant les propriétés suivantes : X
entendu, il ne faut pas, dans la notation est la réunion de X,, .... X,,, et la fonction
précédente, remplacer a + 0 par u ,f(.x) est constante 1 10 JJ près sur chacun
(l’assemblage 0 + 0 ne désigne pas, ici, des X,.
la somme de deux nombres ; il ne constitue Mais l’existence de valeurs limites
qu’un graphisme dépourvu de tout montre que, pour chaque Q f5 X, il existe
autre sens que celui que nous lui avons dans X des nombres (1’ et a” tels que l’on
attribué conventionnellement), En fait, il ait 0’ < 0 < a# et tels que la fonction ,f
peut fort bien arriver que l’on ait soit constante à lO-p près dans chacun
des deux intervalles U’ < s < u et
Y((( + 0) # f@), comme le montre
l’exemple fort simple de la fonction ,j”(.x) L < .Y < u” (si u est l’extrémité gauche
définie quel que soit s réel par les formules de X, on considère seulement u”, et
suivantes : seulement LT’ si a est l’extrémité droite de
X). Désignons alors par I([l) l’intervalle
six > 1, u’ < .Y < un, dans le cas où a n’est pas
(14) f(x) = : six= 1,
x-4 six<l. une extrémité de X, et définissons I(u) de
1
la façon suivante, lorsque u est une
On a ici f(l+O)=l et extrémité de X : si a est l’extrémité gauche
.f(l) = 0 # 1. de X, on choisit arbitrairement un u’ < LT

78
CALCUL INFINITÉSIMAL

(donc en dehors de X), et on prend pour du théorème 6, de prouver que l’on peut
I(u) l’intervalle u’ < x < u”, où un E X trouver des points u,, . . . . Q,,E X en nom-
est choisi comme ci-dessus ; et si a est l’ex- bre fini tek que X soit contenu dans la
trémité droite de X, on choisit arbitraire- réunion des intervalles I(u,), . . . . I(cJ,J,
ment, en dehors de X, un u” > u, et on puisque, en décomposant chaque intersec-
prend pour I(Q) l’intervalle u’ < x < u”, tion X n X(uJ en, au plus, trois intervalles
où u’ E X est choisi de telle sorte qu’on ait sur chacun desquels ,fest constante à 1OPp
CJ’ < u et que f soit constante a 1 O-P près près, on obtiendrait alors une décomposi-
dans l’intervalle u’ < x < u. Les interval- tion de X en un nombre fini d’intervalles
les I(a), pour tous les a E X, jouissent alors possédant chacun cette propriété. Tout
des propriétés suivantes (fig. 3) : revient donc, finalement, à étabhr le résul-
tat suivant, qui peut servir à démontrer
beaucoup d’autres théorèmes, et qui se
généralise a beaucoup d’autres (( espaces
topologiques 1) que les intervalles com-
pacts :
Th&km 7 (Bore]-Lebesgue chez les
francophones, Heine-Bore1 à Tétranger).
Soit X un intervalle compact. Pour tout
a E X, soit I(u) un intervalle ouvert conte-
nant u. Il existe alors des points u,, . . . . CJ,)
de X en nombre fini tels que tout ,\efGX
appartienne à l’un au moins des intervalles
+
l I(U,)> .... I(cJtj).
Soit L et v les extrémités gauche et
droite de X, et considérons l’ensemble
E C X des points Y G X qui possèdent
la propriété suivante : on peut trouver
(a) chaque I(u) contient u (de sorte que des points a) E X en nombre ,fini tels que
X est contenu dans la réunion des I(u)) ; tout point de l’intervalle compact [u, J]
(b) chaque I(u) est ouvert, c’est-à-dire appartienne à l’un au moins des inter-
de la forme lu’, u”[. donc défini par valles I(u,) i tout revient à montrer que
des inégalités strictes de la forme v E E. On a évidemment t f5 E, par
0’ < s < ü ; exemple, parce que l’intervalle [u, zl] est
(c) l’intersection de X et de I(u) peut se contenu dans l’intervalle I(u). L’ensemble
décomposer en trois intervalles au plus sur E n’étant pas vide, et étant borné supé-
chacun desquels la fonctionfest constante rieurement (on a Y < r pour tout _YE E)
a 10 ” près ; si par exemple a est distinct admet donc (théorème 1) une borne
des extremités de X, ces trois intervalles supérieure IZ < 1~; nous allons montrer
sont lu’, CJ[, [a u] et lu, u”[ ; (noter qu’un que u G E, puis que a = V, ce qui termi-
intervalle peut fort bien être réduit à un nera la démonstration.
seul point). Considérons en effet l’intervalle ouvert
En raison de la propriété (c) ci-dessus, I(u) = lu’. u~[ avec u’ < a < un. Comme
il suffirait, pour achever la démonstration u = sup (E), il existe un x E E tel que

79
CALCUL INFINITÉSIMAL

u’ < x < a. Comme x G E, l’intervalle Parmi les fonctions réglées figurent


[u, x] est contenu dans la réunion d’un aussi les fonctions monotones, c’est-à-dire
nombre fini d’intervalles I(Q,), . . . . I(u,,) ; les fonctions croissantes et les fonctions
posant u,?+, =u, il est alors clair que décroissantes ; une fonction f, sur un inter-
l’intervalle [u, u], réunion de [u, x] et de valle X, est dite croissunte dans X si, quels
[x, a], est contenu dans la réunion de que soient x’, Si E X, la relation x’ < x#
I(u,), .... I(u,>+,). Cela montre que u E E. implique f cx’) < f Lx”) - la valeur de f (_y)
Montrons enfin que a = v. Supposons augmente lorsque x augmente - et décrois-
en effet L < L’. Posant I(u) = ]0’, u”[, sunte si, au contraire, la relation x’ < x0
comme ci-dessus, il existe évidemment des implique .f (x’) > f (x”) ; ne pas se fier,
x (5 X tels que I < x < a” ; pour un tel x, pour ces notions, aux définitions bizarres et
l’intervalle [u, x], réunion de [u, a] et de Compliquées, bien que prétendument
[Q, x], est contenu dans la réunion de [u, a] (( intuitives )), que l’on trouve encore dans
et de l(u) ; comme l’on peut (( recouvrir N de nombreux manuels. Pour montrer
[u, a] A l’aide d’un nombre fini d’intervalles qu’une fonction f croissante, par exemple,
I(u,) comme on vient de le démontrer, il en est réglée, on considère un point quelcon-
est donc de même de [u, x]. Par suite, que a fF X et l’ensemble E des valeurs f (x)
x E E ; ce qui est absurde puisque x est prises par f aux points xe X tels que
strictement supérieur au nombre x>u ; comme f est croissante, on a tou-
a = sup (E). On a donc bien u = v, ce qui jours f (x) > f(u) pour un tel x, et par suite
démontre le théorème 7, ainsi par consé- E est borné inférieurement, donc admet
quent que le théorème 6. une borne inférieure b = inf (E), dont
Les exemples les plus simples de fonc- nous allons montrer que c’est précisément
tions réglées sont les .fonctions continues. la limite à droite f (u + O), dont l’existence
On dit qu’une fonction f est continue en sera ainsi établie. Soit, en effet, p un entier
un point a si elle admet en ce point des quelconque ; il y a dans E un nombre qui est
valeurs limites à droite et à gauche et si de égal à b à 10 p près, donc un a’ E X
plusonaf(u~O)=f(u)=f(u+O).Il vérifiant les relations u’ > u et
revient évidemment au même de dire b < f (u’) < b + lO-p. Pour a < x < u’,
qu’une fonction,L définie sur un intervalle on a alors d’une part b < f(x) puisque
X (compact ou non), est continue en a si, f(x) C E, et d’autre part aussi ,f(x) <
pour tout p, il existe un intervalle ouvert f (u’), puisque f est croissante ; il s’ensuit
I(u) contenant u et tel que f soit constante que l’on a b < ,f(x) < b + lO_p, dès que
à IOmm’l près dans X n I(Q). Lorsque f est u < .Y < u’, ce qui prouve très exactement
continue en tout point de X, on dit quef est que f admet, au point u, une valeur limite
continue sur X. Le théorème 4 montre alors c droite égale à b. On établirait de même
que, sur un inttwalle eompuct, toute fonc- l’existence de valeurs limites à gauche.
tion continue est inte’gruble, résultat classi-
que obtenu par Darboux en 1875, et dont
on peut aujourd’hui donner, à partir de rien 5. Intégration et dérivation
(la notion expérimentale de nombre réel
conçu comme développement décimal illi- Soit X un intervalle quelconque, et f une
mité), une démonstration parfaitement fonction réglée dans X, c’est-à-dire qui
rigoureuse et complète en quelques pages. admet des limites à gauche et à droite en

80
CALCUL INFINITÉSIMAL

dès que t < t + ii < t,,, ou, puisque la primitive de yen un point u de X, Alors
IJ > 0, que : la fonction F admet en chaque point t E X
des dérivées h droite et i gauche domlées
Wf++W_b’< IOpP
(201 \ par :
h
(23) F;(f) =f(t + 0), F;(t) =f(t--0).
dès que t < t + II < t,,.
On est ainsi conduit à dire qu’une Le cas le plus fréqucnt est celui d’une
fonction F admet en un point t une dérivée fonction ,f partout : alors
C~~TC/~UCJ
N droite égale à b si, pour tout entier p, il F:,(t) = F,;(t) pour tout t E X, ce qui
existe un nombre t,, > t tel que l’on ait la exprime que la fonction F admet en
relation (20), ou, si l’on préfère (poser chaque point tEX une dkriv&
t,, = t + 17,,),un nombre /7,,> 0 tel que la F’(t) = F,;(t) =Fz,(t), donnée, puisque
relation : f(t-O)=,f(t+O) =.f(/). par :
(21) 0 < h < hp implique:
(24) F’(f) =f@).
FG + f+FC~)_b
.- < lopp
\
h Nous allons maintenant montrer que
cette relation suffit pour caractériser pres-
le rapport [F (t + h) ~ F (t)]/h représente,
géométriquement, la pente de la droite que entièrement la fonction F, de sorte que
k cukul des int&ulcs prtut7t .sw~ 111,f&w
joignant les points Ct,F Ctl) et
tien ,f wviend7z L7 10 ~i~:tt,~777i77f~ti~)77
d’w7c
(t + h, F (t + h)) du graphe de F. On
désignc habituellement la dérivée à droite solutio77F C~ClXquutio7~ (24) ; c’est Ii le
au point t, si elle existe, par F’(, (t). cœur même du C(calcul infinitésimal H tel
On définit bien entendu de même que le concevaient les analystes du
la notion de dhivbe 6 gmche au point t : xvn? siècle,
c’est un nombre c possédant la pro-
Priété que. pour tout p, il existe un nom-
bre II,, < 0 (aucun rapport avec ce que
nous avons désigné ci-dessus par /f,J tel 6. Détermination d’une fonction
que : par sa dérivée

(22) hp<h<Oa
Soit F et G, deux fonctions admettant en
~F(~+h)-WO_c~< lo_9
\ un point t des dérivées F’(t) et G’(t) : on
1 l
voit facilement qu’alors les fonctions
Le raisonnement qui, pour la primi- F + G, F ~ G et FG admettent aussi. au
tive F dex nous a conduit i la relation (19) point t, des dérivées données par des
avec I>=,f(t + 0) conduirait. moyennant forp&tu!es sipnl6~
AY-.,. P+
-. 6~21~~ r*Q~w~tiv~n7~nt
a...-d .U.,YU~.~.-.~.-~~.
des modifications triviales, à la relation à:
(22) avec cette fois c =.f(f -- 0). En
résumé : F’(z) + G’(f), F’(t) -G’(t),
F’(t)G(r) + F@)G’@).
Tl7kw&77w 8. Soit f une fonction réglée
sur un intervalle X, et La meilleure t”dcon d’établir ces rksul-

s
tats est d’utiliser la notation de Landau et
F (f) = ‘f(x) dx d’écrire, ce qui est clair d’après (19)?
a

82
CALCUL INFINITÉSIMAL

qu’une fonction F admet au point t une OÙ c est une constante indépendante de t,


dérivée égale i k~si et seulement si l’on a En particulier, pour t = u, on obtient la
la relation : relation :

F(t + A) = F(f) + bh + o(h) 0 = F(o) + c,


(251

lorsque Iz tend vers 0 ; écrivant de même d’où : c= - F(a) et ‘f(x) & = F(t) - F(a).
sa
que :
Autrement dit :
G(r + h) = G(t) + ch + o(h) Thko&ne 10. Soit f une fonction conti-
nue dans un intervalle X et F une fonction
lorsque I tend vers 0, avec I = G’(f), on
dérivable dans X telle que F’(f) = f (t)
en déduit par addition que :
pour tout t E X. On a alors :
F(t + h) + G(f + A)
= F(f) + G(r) + (b + c)h + o(h), (27) ;j+) dx = F(b) - F(u),
s
d’où l’existence et le calcul de la dérivée de
quels que soient a, b E X.
F + G...
C’est ce qu’on appelle fréquemment le
Cela dit, et en nous bornant aux fonc-
th&orèïne fondumeWul du culcul infinit&-
tions dérivables pour éviter des complica-
fwul puisqu’il montre l’équivalence entre
tions secondaires (mais les résultats que les deux problèmes suivants : calculer
nous allons établir seraient encore vala-
bles, moyennant des modifications trivia-
les, pour des fonctions admettant partout
des dérivées i droite et i gauche), consi- pour toutes les valeurs possibles de u et IJ ;
dérons deux solutions F, et Fz de l’équa- trouver une fonction F telle que
tion (24) ; la fonction F = F, ~ FI admet F’(f) = f (t) quel que soit t. Si, par exem-
alors dans l’intervalle X considéré une ple, l’on sait que la dérivée de la fonction
dérivée : .Y’~est 15,~‘~. de sorte qu’on a F’(f) =,f(f)
si f(t) = xl4 et F(r) = _~‘~/15, on peut
F’(t) = F’,(z)-F’~(~) =f(f)-f(f) = 0.
immédiatement écrire :
On est alors amené à établir le résukat
suivant :
Thekxim~ 9. Soit F une fonction définie
quels que soient u et b, sans autre calcul.
dans un intervalle X et admettant, en tout
point de X, une dérivée égale i 0. Alors la
fonction F est constante dans X.
7. Théorème des accroissements
Si l’on admet ce théorème, on voit que
finis
deux solutions quelconques de (24) diffè-
rent entre elles d’une simple constmte. Si Il nous faut maintenant démontrer le
donc l’on connaît une solution F de (24), théorème 9, c’est-à-dire prouver que l’on a
et si l’on choisit un point a de X, on aura F(u) = F(b), quels que soient a et b dans
une relation de la forme : X. L’idée de la démonstration est d’une
extrême simplicité, et fort ingénieuse. Elle
consiste i observer que, si l’on contemple

83
CALCUL INFINITÉSIMAL

le graphe F dans l’intervalle ]a, /J[, on peut (Par une fonction dérivable sur [u, h]
trouver un point c de cet intervalle OÙ la nous entendons une fonction qui admet
tangente au graphe de F (fig. 4) est une dérivée en tout point x tel que
u < .X < b, ainsi qu’une dérivée à droite en
fig. 4 a et une dérivée à gauche en h. On démon-
tre souvent le théorème 11 sans supposer
l’existence de ces dérivées en u et b.)
Notons d’abord qu’il sufit dZtublir le
thkor$me 11 pour les fonctions F telles que
F(a) = F(b). Supposons-le en effet établi
moyennant cette hypothèse supplémen-
taire, et substituons à la fonction F donnée
ta fonction :

G(t) = F(t) - F(b;I;(a+-a);

on a évidemment G(u) = F(u), et G(b)


= F(!I) - [F(b) - F(u)] = F(u) = G(u).
De plus, il est clair que G admet partout
dans X une dérivée donnée par :
parallèle a la (( corde H joignant les points
(u, F(U)) et (b, F(h)) du graphe ; si G’(f) = F(+F(+;(a),
(29)
F(Q) # F(b), cette corde n’est pas hori-
zontale, la tangente en c non plus, et l’on puisque la dérivée d’une fonction linéaire
a par sutte F’(c) # 0, contrairement à ct + d est égale à c. Établi pour G, le
l’hypothèse ! théorème 11 exprime l’existence d’un nom-
Mais ce raisonnement purement géo- bre :
métrique doit être rendu rigoureux grâce a
une démonstration effective de l’existence cE]a,b[ où G’(c) =
W-WI = ,,
b-a ’
du point c en question. Noter que la pente
de la corde joignant les points (u, F(u)) et ce qui. d’après (29). fournit aussitôt la
(h, F(b)) est égale a : relation (28) pour la fonction F.
Nous pouvons donc bien supposer
F(b) -F(a)
F(u) = F(/I) = 0 ; le théorème 11
b-a
s’énonce alors comme suit :
Nous sommes donc ramenés, pour Thkor?me 11 bis. Soit F une fonction
établir le théorème 9, à établir le résultat A&.,,>hlo
.L.#LL.LL” u A,>nc
uLL1*0 II~ Atmra!le”
u11 LllLU, comp2c~ [fi, cb]

bien plus utile encore que voici : et telle que F(U) = F(b). Il existe un point
T/zéorCme 11 (formule des accroisse- c E 1~7,!T[OÙl’on a F’(c) = 0.
ments finis). Soit F une fonction dérivabie Ce résultat est connu sous le nom de
dans un intervalle compact [u. /T]. Il existe CTthéorcme de Rolle )), académicien fran-
un point c E lu, LI[ OÙ l’on a : çais de la fin du XVII~ siècle, et resté célèbre
pour avoir eu le premier, du moins le
suppose-t-on, l’idée géométrique d’une

84
CALCULINFINITÉSIMAL

démonstration du théorème 11 !~k. Cette F’(c) ; on en conclut que F’(c) doit être à
idée, identique à celle que nous avons la fois positif et négatif, ce qui prouve que
exposée au début de ce chapitre, consiste F’(c) = 0. On parviendrait évidemment à
à remarquer que le théorème 11 bis la même conclusion en supposant :
exprime l’existence d’un point du graphe
(31) L < c < b et F(x) > F(c)
de F OÙ la tangente à celui-ci est lmkmz-
tule ; et la meilleure façon de trouver un tel pour tout s E [u, b].
point (c’est du moins l’impression que l’on On voit ainsi qu’en définitive les théo-
retire d’une réflexion géométrique simple) rèmes 9, 10 et 11 reposent sur l’existence
consiste à le chercher parmi les points OÙ d’un point c vérifiant soit les conditions
la fonction F est rm,~imutw ou mirzimun (30), soit les conditions (31).
v% 3.

fig. 5 8. Théorème du maximum

Comme nous allons le voir, il suffit pour


cela d’établir le résultat suiwnt :
Thém?me 12. Soit F une fonction défi-
nie et continue sur un intervalle compact
X. Il existe un c’~X tel que l’on ait
F(.Y) < F(c’) pour tout x E X, et un C”E X
tel que l’on ait F(c”) < F(x) pour tout
.YEX.
Avant d’établir le théorème 12, mon-
trons comment il implique le théorème 11
bis. Tout d’abord la fonction F du théo-
rème 11 k, étant dérivable en tout point
de X, est continue. En effet, pour tout
t E X, il existe, d’après les relations (21) et
Supposons en effet trouvé un point c (22). que l’on écrira pour p = 0, des
vérifiant les conditions suivantes ; on a nombres /z’ et /z” tels que l’on ait
12’< 0 < 1~~ et tels que :
(30) L < L< b et F(x) < F(c)
(32) h’<h<h”ti
pour tout .YfZ [CI,b]. Le rapport :

F(c +h)-F@l
(le cas oti Iz = 0 est exclu de (21) et (22),
h ’
mais se traite dircckmcnt par vérikation
défini pour tout /z # 0 assez petit (parce triviale). Posant M = 1 + 1F’(t) 1,on en dé-
qu’on suppose c distinct des extrémités u duit que l’on a 1F(t + /z) ~ F(t) 1 < M 1h 1
et h de l’intervalle considéré) est alors pour /z’ < 11 < 11”. Choisissons un entier 12
positif ou nul pour Iz < 0 (quotient de tel que M < 10” ; alors M i h i < 1OW’
deux nombres négatifs), et négatif ou nul pourvu que 1h 1 < 10 Jl+“. Les t’ tels que le
pour Iz > 0. Mais si 1h1est suffisamment nombre I = t’ ~ t vérifie à la fois /z’ <
petit, ce rapport est égal, à lO--J’près, à Iz < h” et 1h 1< 10mJ’~‘J forment un inter-

85
CALCUL INFINITÉSIMAL

valle ouvert I(t) contenant le point t, et le posé être compact), et nous nous bornerons
raisonnement précédent montre que, pour à prouver l’existence de c’, celle de c” se
t’ E X 0 I(t), on a 1F(t’) - F(t) 1< 10 P, démontrant de la même façon (ou, mieux
autrement dit que F est constante à lO--p encore, se déduisant de l’existence de c’
près dans X f’ I(t) : d’où la continuité de F puisque c” joue pour la fonction - F le
en t (cf. fin du chap. 5). même rôle que c’ pour la fonction F).
Cela dit, le théorème 12 s’applique a F, Or nous savons que. pour tout p,
d’où des points c’ et c” dans X tels que l’on il existe des xE X où l’on a
ait F(c”) < F(x) < F(c’) pour tout x E X. M - lO_P < F(x) < M. Soit A,, l’ensem-
Si l’on a (1 < c’ < b, la condition (30) est ble de ces x E X ; tout revient à prouver
realisée ; si l’on a Q < c” < b, la condition qu’il existe un point c commun à tous les
(31) l’est, et dans chacun de ces deux A,,, car si l’on a :
cas le théorème 11 bis est démontré,
M- lO-p < F(c) < M
comme on l’a vu. Il reste à examiner le
cas OÙ L’ et Ci sont situés aux extrémités quel que soit p, on aura évidemment aussi
de X. Mais comme F(Q) = F(b), on a F(c) = M. Nous allons maintenant raison-
alors F(c’) = F(c”) = F(a) = F(b), donc ner par l’absurde, en supposant que les
F(x) = F(u) = F(b) pour tout x E X, et la ensembles A,? n’ont aucun point commun
fonction F est constante, d’où F’(t) = 0, et en déduisant de la. une contradiction.
quel que soit t E X, de sorte que le Si les AP n’ont aucun point commun,
théorème 11 bis est trivialement vrai dans alors, pour tout x E X, il existe un entier p
ce cas aussi. tel que x @A,,, c’est-à-dire tel que l’on ait
Passons maintenant à la d&wnstmtion F(x) < M - lO_P. Comme F est continue
du théorème 12, Tout d’abord la fonction, en tout point de X, il existe alors un
étant continue sur l’intervalle compact X, intervalle ouvert I(x) contenant x, et tel que
est réglée sur X d’après le théorème 6, F soit constante à lO-‘+’ près dans
comme nous l’avons déjà observé au cha- Xn I(x); pour tout x’ EXn I(x) on a
pitre 5 ; elle est donc bornée sur X : choisir donc alors F(x) < M - 10 P + lO~J’+’ <
sur X une fonction étagée q telle que l’on M - lO-‘+’ puisque l’on a :
ait par exemple 1F(x) ~ cp(_x)1< 1 pour
tout .x E X, désigner par u et v la - 1 + l o c - l + L1op + ’
-
P
P p P &
plus petite et la plus grande des valeurs - 10+1 -9 -1
-_p=__-<-m->
(en nombre fini) prises par la fonction lop+’ loP+l 1oJ,+1
cf sur X, et observer qu’on a alors
u - 1 < F(x) < v + 1 pour tout Y E X. comme on le voit en observdnt que
L’ensemble F(X) des valeurs prises par la ~ 9 < - 1, Désignant par q Ientier p + 1
fonction F sur l’intervalie X est donc borné on voit donc que, pour tout x E X, il existe
et admet par suite une borne supérieure M un intervalle ouvert I(x) contenant s et un
et une borne inférieure m (cf. chap. 1) ; entier q tels que l’on ait :
toute la question est de prouver l’existence F(x’) < M - 10-9
(33)
de nombres c’ et c” E X tels uue JH = F(c”)
et M = F(c’) (ce qui, nous l’avons vu au pour tout x’ E I(x) n X.
chapitre 1, pourrait fort bien se révéler Appliquons alors le théorème 7 ; on
impossible si l’intervalle X n’était pas sup- trouve des points xi, . . . . x,, de X, en nom-

86
C I A N L F C I U N L I

S m u f d ca Cp qe lsi d 3p i u aen é ,o dm ( i stS d s e m


d y o C ”; o e p l
d c cn i n l e a f a cl p a’ eu s ri l e o b opnt s exu c i
l d ia e e nf r pn vta n t E oX o aoéi i l r i, n rbg:s èa e
U ” ( e V( =f ( ~ , b t
= d(Y l , Y) aI ) a Y )l -n / )s
( f = + 4 ( +_ Y 0 f .& (
f ( p o a 3 V (u r= . ~ l 6 ’ , i m x o ) Ys u r )q l s
+ @ U +JI ) P
L ; i v d p l i r o= 0 u: e ( n i n b c s t ) , q
q e f c u xs do i p p o ’m
f ( - b . ) r - ( f u (
n e te d ôGr n ) :t ’ m e ) u
_ * & ? $ !
s
=y(a)(b--a) + & ( R = l4
4 PI y ;
v1 )( &f ) 2(f

+
N q l p o u e eq o t en u
p a p uo l m u o& ,s e q i ir
S , e d c iCf so pe l c 4 tn e a a , u s l t s c
hf f U ol p ji bn un
l d i a e e p n dr n r t an e é ni n g sè
c q l c e ue e a p in r u
l f d a o p ’ p r a i a m r n r u t t l
e d d p a sp e e u tl g
U = ( e ( V, = x( ~ bt X f( ; ). ) ) ,X Y 3 ,) / ’
L f d T a on p de a sr’ a ’
c v = 0 oi v (a m, m l i [l a me ?o n en )r i t s
l n c p ’ d me o s a o ep é n i s
m : e n t
é l dv g ’ d re a r R o u e
f - = f ( - a + f y b - f Q) Uu d) (( )o @() pa u 3 d* u)( 4l p )un 9 qban 0a r
o d t ns é s o p a’ s e u o
c l f h l ap o d ed e o n e
pc c o S i p nc u - o
I e c q l l sr l u es t a a e e i i s r o
a < b d ( l ac s3 t ’ d na e8 r
p a l o qu l o d u us e n é r es s g r s i ti u
m a d êc v ed m hs e se
e e s xc t oA i o nu s n tt t t r e i
t d l rr a e dia s n s e
d s , e d c i i ( f s oe al lt r Y t n a a, e + s l ‘ s a ,
q l a ( - x u > ’0 p b a < ) .e < ob o J
t : i o n
S n e M l mo ? t e l em i i t e a n
(j?‘)f(b)-f(a) = f
+f”(u)(b--a)*/2 +...’ d l ( c a u’ [ b d ol)n f i u ] ( e
+ _+ R t c P f i ( o ; o, (a a@ o : . n n u l +

O l a p Ùp !’= 1 o ( o , s p n 2 é r . o .
( l v &
4 = na I 9 d2 ba
d p p en r e s o e e n m t m t b i i r e
o l R
ù ’e d p, esl o C R <a] bxta n E Mb n
+ r p , ’
M r( (
sC P l s C p!I l
r : e l a t i
d s q t er o àu é o el r ev u
R = ( 1 J3 P + l- ) ; ) ~ f
( @ 8 g= ( : ) ’ @
rx$ )
ad
=
Jbf~+l~(~)~~&(
a Pf
*
s04 P
V
3
!
L d T a a r e iu , v e ny f e s tl o c t to r
P c a o lef p ( u a al o p
e l r : s a e t l a t i
l f . a = o( ~ ~ f + 1n. ! y l
( = + 3 +f y 9 y@ d @ )l d( )o ) sfe é a n s ( u(s r)
+. ( ) - Q ! + FR a ( ( - Pu ! P.. . . b, .~ u /e) 1 p , , l Y xd ~tJ o a

8 8
CALCUL INFINITÉSIMAL

d’ordre F + 1 ; les dérivées d’ordre < ,Y Tluz’o&~e 14. Soit vz et M le minimum


sont nulles pour .Y= u, de sorte que, pour et le maximum d’une fonction continue sur
cette fonction. la formule (39) se réduit un intervalle compact [u, b]. Pour tout
a son reste, précisément égal a (43) puis- nombre k compris entre ~1 et M, il existe
que l’on a, pour la fonction considérée. un nombre c compris entre LZet h et tel que
f@+‘)(x) = 1 pour tout _Y; d’où la valeur k =Y(c).
de l’intégraie (43) à savoir : On sait (théorème 12) qu’il existe dans
[u, LI] des points a’ et /Y OÙY(~‘) = m et
j(F) = M ; remplaçant l’intervalle [u, Lr]
par l’intervalle [LT’,F], on est encore
Portant dans (42) on trouve donc, pour ramené a l’énoncé suivant (G théorème des
le reste (38) associé à une fonction f de valeurs intermédiaires D, fig. 6) :
nouveau quelconque, les inégalités :
fig. 6
(b
(45) n ~~-
-up+ <
(b--ap+’
RP < M------a
(p + l)! cp + I)l

ce qui montre encore que l’on a :

On ne connaît pas exactement le nom-


bre k, mais on sait qu’il est compris entre
le minimum et le maximum, sur l’intervalle
[u, !J], de la fonction continuej”lJ+‘l (x) ; en
appliquant aj” W’) le théorème 14 qui sera
démontré ci-dessous, on en conclut qu’il
existe dans l’intervalle [LI, !I] un point c où
l’on a k = f’@+‘~ (c) ; portant dans (46) et
(39) on obtient finalement le résultat
suivant :
Tl&Sme 13. Soit ,f une fonction de
classe Ci’+’ sur un intervalle X. Quels que Tl~~ow%e 14 bis. Soit f une fonction
soient les points u et 1 de X, il existe un continue sur un intervalle X, a et 1 deux
nombre c compris entre a et h et tel que points de X, et k un nombre compris entre
l’on ait : u et h. Il existe un nombre c compris entre
u et LJtel que,f(c) = k.
Pour fixet- les idÇes, supposons u < b et
/(cl) < k < j(b). Soit E l’ensemble des
+ . . . +f@)(u)(b-uyJ/p!
points .YE [u, b] OÙ l’on a y(.~) < k ;
+f@+~)(c)(b-a)~+‘Ap + l)!.
l’ensemble E n’est pas vide (on a visible-
Il nous reste a établir le théorème 14, ment u G E), et il est borné supérieurcmcnt
auquel nous avons fait allusion plus haut ; (on a .Y < I pour tout ATE E) ; il admet
c’est, de toute façon, l’une des propriétés les donc (théorème 1) une borne supérieure c.
plus importantes des fonctions continues. Comme Y < I pour tout .x G E on a aussi

89
C i A N L F C i U N L

c < b ;c L E E o ao a a < c dn mud ,( e P ms ’s c 4E E ;am seau c ” 9 ra


s q c E [ bo N u a u m]r o e l a , o.t p u lcb d ne u ss o”s é l t i t
q = k c qu p ,l et u e r b e h i sf o oc dé lul u rE eoL ’ cp v
I s p c ld u m o qe l e f no u t ul ’ f 1en / r he ea d o i d4 t k és eo n t é r
p a n j e> k vn f i (< k u ,oi ( a c l. t l f i c v )d u T a or ) e e i a r
S q lu a f u> k ’ pO i ( L e ao. pn t c e p pn o ) d s lr p s
a a a # uc p l “ <r k u e o f f a d i. Tt ir o c i e s aal s d r o t ) q ye
d a I < c oD u p i e. n’ s a p l x ca e ss r ed fi u n éi (t é m e os t r (,
u e p t q n l n a e e u : ’ t i nt l e) o: i f t ac )t n e o io r r n
e lx eo p (
( j 4> 1 + l - 8 O ( ) - c p ) ,
E XE L P T FO O OG
p l u , > ’k e si f i A s ts ( Nn O tt rq c A é én r iLu ) g
M c aa p oc ; i y ai du o cn l s lo i it d l ff’n n d-i Te a eoe c t
u i o n In c u c e(t t o l va f t ce e n od eup o )r l vt re rxl n v ae
q f s c u à ol op e d iO n r a t _ sè n p t s s
R G O O
[ b n I C u ]a < (c c o i , , c e mn ) t mt . t ee
t c a i m o u c u to oq n n ’ en i u t l ne i s e
a < 1 < c d c ’ , t ol o o B n’ n u i ci t t b n i
[ c l cp ] e c = s ’ u (, q H B u, i EF B .uE p s )
e .a AF H e t ] c CWq ,N
c c o u _ e6 E O na a n Xr M . n t l v o t I : A i oo ~ IM a n l e~ Ir .
P i
, < k p j x E E . e u: ( , t iC . 1 /a Ns B ~ 9 F m . Oq d )8 o b U
w r M r P & 1 a /i R Ca l & 9 s u . O
J E A .AZ nC 5 é Rr 1 uo / ’ dA
A D & M . ED L . L Id c e EE e
p . E 1 ( ud : X c i’ i ) so i n1 / , J Dqùb f9 É . I i u i 8 l
d t 1: F ’ d I. o o m e ~ nn o
f < + l <( k + fl O c GO ( - 3 a- é ) p1 x ; C ’&pid 9 a) ,ne.
H 2 é e1 / J ’ D d r9 C . Id . m8 o
c q c (e u L o 4 di ’ n m 8 a dé tpu c ) n2u vvrt r G y . sohe e ea
l o a a > k ne ud qe s Vr o Pux y é it a1n a ec / Cdl D 9 i c r 8 l .l O 7
S m u q al pa Bu Z ’i i . W
pC de on e&iot A ( v 1 entt dn Hs j
I :F r I do w é I& ’ n P r e I u c
, < k C f k < f . o o la a ( p
mn c l br o m ) L o o l) 1
e a / rmy ,
c c < eh C d r. p o H’ G t am & 1 L. R aD a .r Imu A I i u iE t nU e n f
l j < ’k e s ( i ie s t cc l n vx t I rSh ) o é i _ Bpmi 1 l /gs er m c
c p h o u e l p ta q mn l n u S euL u mA’ t s. A &
l t Ie m eo i N I 1 ,n dl nGe l
P L S B . &mA &L. C . w,TH &
a : i t A u Cp Sn op N Y pd ml e
1 /J P C9 d. I l Ec8 C
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( ) - D E. O C pd i I n E ) . e e @P t
M , e c a a f p s o c ; i yi au ont n B l s 1 u ;i t et a 9 T n Cr n r ni L 5 h g au
G A Um o pC P ne Cf ph r it h
d c po h o u i l n a m 1n n u c u m 9 ts , t 8 e e 1,
o I c u c e( d o l v l ct a n e e a ) n t q r se u t
f f e é o à l sp g n2 f O t r a c. ( _ è l t c p s e i )
C L < h i yo a u c E I. l n m[ n! ” ( m0 7 c ,e ] )
B C à p . a v l l a u
t q c < c ee c u o ” a it l o e - n, , m f m f e
, 1< l P i v f : O , l i( _ ec n) t
L c i e a d nf ld e fo
f < + 1 (< k f 0 p C (~v l a e ) u~ dc
a u u n ér )

9 0
CALCUL INFINITÉSIMAL

plus tardif que celui des fonctions d’un seul variables. Malheureusement, cette notion
argument. Inauguré avec un siècle de est essentiellement liée au choix d’un
retard, il ne parvient à établir solidement système de coordonnées
ses fondements qu’au début du XX~siècle. Par exemple, considérons les formules
Ce n’est qu’aux environs de 1930 que W = RI’ = EI = El/R, qui traduisent un
sont abordés les problèmes difficiles de cas particulier des lois d’ohm en électri-
cette branche de l’analyse, très Utilisée cité. On constate que le symbole aW/aI est
depuis lors. égal à 2 RI, E ou 0 selon l’expression de W
que l’on adopte. L’explication de ce para-
doxe vient de ce que la dérivation par
1. La préhistoire rapport à 1 n’a pas la même signification
selon que l’on opère à R constant (et E
le formalisme variable), ou à E constant (et R variable)
des dérivées partielles et enfin si l’on fixe E et R.
Avant d’étudier le comportement d’une S’inspirant de ce que Leibniz avait fait
fonction f(x,y) de deux variables, lorsque pour la différentielle des fonctions d’une
,y et y varient simultanément et indkpen- variable, Euler et Clairaut étudièrent une
dumment, on commence par faire varier .y expression remarquable, la dij&entielle
et y successivement. Fixons la valeur de ,r : totule :
la dérivée de la fonction x - j’(,x,y),
lorsqu’elle existe, s’appelle la dérivée par-
af (~,y) de f par rapport
tielle Zy à .y (à ,V c’est une fonction de quatre variables
constant). La notation utilisant le a pour indépendantes ,y. y, d,x, dy (hnéaire par
désigner la dérivation partielle, par oppo- rapport aux deux dernières). Cette expres-
sition au d désignant la dérivation ordi- sion possède un caractère invariant
naire, a été préconisée par Legendre lorsqu’on la soumet à des changements de
(1786) et vulgarisée par Jacobi (1841). variables du type particulier suivant : si
Si, maintenant, on fdit varier x et y en l’on exprimes et y en fonction de nouvelles
fonction d’une même variable t, on trouve variables X,Y au moyen des formules
que : .y = _y(X,Y), y = y (X,Y), et si l’on effec-
tue, epr t&ne temps, le changement de
variables (( covariant D, selon les formules :

ci.x= &WJdX + &(X,Y)dY,

ce qui tait apparaître les dérivees partielles dy = &(X,Y)dX + &(X,Y)dY,


de f comme des intermédiaires de calcul
commodes. on constate que la différentielle totale de,f
Les dérivées partielles apparaissent, en prend la même forme (2) que l’on exprime
1755, dans le traité Institutiones culcuii dj”A l’aide de ,y, y, d.y et dy ou à l’aide de
d@êrentiulis d’Euler, et, en 1147, chez X, Y, c/X et a.
A. Clairaut. Ils y ont reconnu l’outil de Les dérivées partielles sont susceptibles
base du calcul différentiel à plusieurs d’être dérivées partiellement à leur tour.

91
CALCUL INFINITÉSIMAL

On obtient ainsi les dérivées partielles nômes C [X,Y] à deux indéterminées X et


secondes : Y. )) (Par exemple, à l’opérateur cité
ci-dessus correspond le polynôme AX +
BYI - CXY2.) L’isomorphisme précédent
s’explique par l’analogie complète qui
que Jacobi note respectivement : existe entre les règles de calcul qui régis-
sent l’addition et la multiplication des
polynômes d’une part, l’addition et la
composition des opérateurs différentiek à
Eufer et Clairaut avaient déjà Constaté coefficients constants d’autre part. Parmi
que le résultat ne dépend pas de l’ordre ces règles, la formule (3) exprime la
dans lequel on effectue les dérivations commutativité des dérivations partielles.
(pour autant que ces auteurs n’opéraient Mais, au XVIII~ siècle, de telles explications
tacitement que sur de ((bonnes fonc- ne pouvaient être pleinement comprises :
tions H, c’est-à-dire des fonctions que nous les calculateurs imaginaient une profusion
nommons aujourd’hui analytiques), soit : de règles de calcul H symboliques F), dont
ay
-=-. ay l’efficacité restait mystérieuse.
(3) axJy JyJx Voici une application des considé-
rations précédentes. En tenant compte
À titre de preuve, Euler se borne à
de l’isomorphisme précité, on peut déve-
invoquer la symétrie de l’expression :
lopper l’opérateur (8/&x + d/+) itéré n
.fN + h, Y + ~b.f@,~ + k) fois, grâce à la formule du binôme de
-.0~ + ky) +f@s~h Newton :

et Clairaut opère formellement sur un


[&+$~+!&.&.
dévefoppement en série.
Une combinaison linéaire à coefficients k=ll
complexes de dérktions partielles En appliquant les deux membres à fa
s’appelle un opérateur différentief linéaire fonction~(.~)&r) et en remplaçant _r par s
à coefficients constants (par exemple : dans le résultat, on aboutit à la formule de
Leibniz :
*&+dL-, JX
ayz axay* k=n
OÙA, B, C sont des nombres complexes).
Ces opérateurs sont susceptibles d’être
ajoutés et composés entre eux : il en résulte La théorie des équations aux dérivées
une structure algébrique sur l’ensemble des partielles oblige à manipuler de plus en plus
opérateurs différentiels à coefficients cons- des expressions différentielles : l’impor-
tants qu’en langage moderne on peut tance du laplacien : 8/dx* + d2/dy’ pro-
formuler ainsi : N L’ensemble des opéra- vient du fait que c’est (à un coefficient près)
teurs différentiek à coefficients complexes le seul opérateur différentiel a coefficients
opérant sur des fonctions de deux variables constants, homogène du second ordre, qui
est un anneau (pour l’addition et la com- soit invariant par rotation des axes. Le
position), isomorphe à l’anneau des poly- laplacien, à cause de cette signification

92
CALCUL INFINITÉSIMAL

intrinsèque, apparaît dans de nombreux de dépendance fonctionnelle analogue à


phénomènes physiques. la dépendance linéaire entre formes linéai-
L’étude de certaines équations aux déri- res.
vées partielles liées à des problèmes de Au XIX~ siècle commence l’étude algé-
géométrie différentielle a conduit à adop- brique des opérateurs différentiels linéai-
ter les notations de Monge : res à coefficients variables : deux tels
opérateurs ne commutent pas nécessaire-
ment (on s’en convaincra en composant
les opérateurs d/d,x et x (d/dx) relatifs à des
fonctions d’une seule variable). On intro-
duit alors diverses expressions différentiel-
Utilisées SIla fin du XIX~siècle, mais qui sont
les (déterminants hessiens ou wronskiens,
tombées en désuétude, faute de pouvoir se
crochets de Lie, parenthèses de Poisson,
généraliser aux cas des fonctions de I
invariants intégraux, etc.), qui préparent la
variables, et à valeurs vectorielles.
voie au calcul différentiel extérieur, i
Euler s’est également occupé du calcul
l’analyse tensorielle et à la géométrie
des dérivées d’une jànction implicite : différentielle moderne (cf. GÉOMÉTRIE
partant d’une équationf(.x,y ) = 0, il sup-
DIFFÉRENTIELLECLASSIQUE). L’aboutisse-
pose, sans trop de scrupules, que l’on peut ment de cet effort d’algébrisation sera
trouver une fonction .X-L (x) satisfaisant
l’édification d’une science traitant abstrai-
àf[.y,_v (x)] = 0. Il calcule alors la dérivée
tement des objets mathématiques soumis
y’ (x) à partir de l’équation :
aux mêmes règles de calcul que les opéra-
teurs différentiels : l’algè&e d@Awzti&
ainsi édifiée s’affranchit de toutes considé-
rations de continuité et de limite, et trouve
et en déduit l’expression des dérivées
des applications dans l’étude des fonctions
successives de y.
définies sur un corps quelconque et
Étudiant de la même façon la résolution
jusqu’en arithmétique.
d’un système :
En ce qui concerne les notations, un
perfectionnement important a été apporté.
en 1934, par H. Whitney, qui a introduit
l’usage des mdti-indices. Un multi-indice à
Jacobi introduit la notion de déterminant I variables est un système ordonné de I
fonctionnel (appelé aussi déterminant entiers (CI,, a?, .... CI,)),que l’on désigne par
jacobien) défini par : un seul symbole CX.Dans ces conditions, on
écrit :

on pose, de plus :

et dégage les règles du calcul formel qui le la1 = a, + a2+ . . + an


régissent. Il met en évidence la notion et a! = a,! a2! a”!;

93
CALCUL INFINITÉSIMAL

avec de telles notations, la série de Taylor composantes X(M), Y(M), Z(M) du vec-
s’écrit alors comme une série i une varia- teur q on associe une fonction scalaire, la
ble, mais avec une sommation étendue i divergence du champ :
l’ensemble de tous les multi-indices :
ax ay az

et une fonction vectorielle. le rotutiomelde


c dont les comuosantes sont :
Formulation intrinsèque
az ay ax az ay
de la théorie KG$)= --z> z--x, x-c,
C aY aY I
Les inconvénients des dérivées partielles
posèrent, dès l’apparition du calcul vecto- Le gradient, la divergence et le rotation-
riel, le problème de la formulation intrin- ne1 sont des notions invariantes par chan-
sèque de la théorie, en mettant en évidence gement d’axes orthonormés et sont soumi-
des expressions invariantes par change- ses i un grand nombre de règles de calcul
ment de Coordonnées ; M étant un point de (( symboliques D, dont les plus simples sont :
Coordonnées (x,~l,z, ...). on ne parlera plus
de fonctions des variables, mais de fonc- z(sf) = 0, div (z 7) = 0.

tiens du point M.
Ces notions permettent d’écrire, sous
Une étape historique importante,
une forme concise et suggestive, un grand
aujourd’hui complètement dépassée, a été
nombre de formules de la physique théo-
l’élaboration, par 0. Heaviside et
rique, de la mécanique et de la géométrie.
W. Gibbs, de l’analyse vectorielle, qui met
Par exemple, les divers cas particuliers de
l’accent sur certaines expressions invarian-
la formule de Stokes (attribués i Green,
tes par changement de Coordonnées rec-
Ampère, Ostrogradsky, etc.) prennent la
tangulaires dans l’espace à trois dimen-
forme :
siens. La structure euclidienne y joue donc
un rôle primordial. À une fonction numé- &f .dr = f.;do,
rique M -f(M) = f(.x,~,z) (OÙ l y, z
sont les Coordonnées de M par rapport à div?.dT = (;.;)dq
11 11
une base orthonormée), on associe le
--
vecteur, dont les composantes sont : rotV.dT = ;AVdq
Ii1 JJ

g WI> $W, $f). OÙ dT (resp. do) désigne l’élément de


volume (resp. d’aire), OÙ l’intégrale triple
C’est le gradient de la fon&ionJ Il est est étendue à un domaine tridimensionnel
lié à la différentielle tovale de J par la Orienté, et OÙ l’intégrale de surface est
formule : étendue au bord Orienté dans ce domaine,
Greprésente le vecteur normal 5 la surface
df =;df.dii,
considérée.
où le second membre représeme un pro- Mais cette analyse vectorielle ne couvre
duit scalaire et fi le vecteur dont les pas l’ensemble de tous les besoins de la
composantes sont &, dJ>,dz. À un champ physique mathématique. Elle ne déborde
de vecteur M +-+ v(M), défini par les trois pas le cadre des fonctions de trois variables

94
CALCUL INFINITÉSIMAL

et des changements de bases orthonorma- forme qui s’applique également aux fonc-
les. La véritable solution du problème de tions définies sur des espaces de dimension
la formulation intrinsèque du calcul diffé- infinie (cf. chap. 2).
rentiel n’a été obtenue qu’après l’édifica- Après que R. Gateaux et V. Volterra
tion de l’analyse tensorielle (par Ricci et eurent dégagé la notion de dérivée direc-
Levi-Civita) et du calcul différentiei exté- tionnelle d’une fonction définie sur un
rieur (par Élie Cartan). Bien que ces espace fonctionnel (établissant ainsi la syn-
théories n’aient été exposées à l’origine thèse entre le calcul des variations [cf. calcul
qu’en termes de Coordonnées, il n’a pas été des VARIATIONS] et le calcul différentiel clas-
difficile (après la construction axiomatique sique), 0. Stoltz et M. Fréchet donnaient la
de falgèbre linéaire et multilinéaire), de les définition intrinsèque de la notion de diffé-
traduire en langage intrinsèque. rentielle. Ces travaux ont fait prendre cons-
Le calcul différentiel extérieur explique cience du fait fondamental suivant : pour
l’origine (qui paraissait quelque peu mys- traiter le calcul différentiel des fonctions
térieuse) des notions de gradient, de rota- définies sur un espace vectoriel normé E et
tionnel et de divergence, puisque les déri- prenant leurs valeurs dans un espace normé
vées extérieures de : F, il est indispensable de manier simultané-
ment de nombreux espaces auxiliaires obte-
nus a partir de produits tensoriek des espa-
XcGY,@dX + Y@>Y>G~Y + wGY,a~&
ces E, F et du dual de E. En particulier,
X(x,_r,z)dy A dz + Y(x,y,z)dz A dx
chacune des dérivées successives d’une
+ W,.v,z)dx A dy
application différentiablefdoit prendre ses
sont respectivement : valeurs dans un espace différent.
Cette conception oblige à manipuler
simultanément un grand nombre d’espaces
normés, ayant des dimensions différentes,
(g-z)dy/ldz+($g)dz/ldx
ce qui n’est pas fait pour faciliter l’intuition
géométrique. Pour obvier à cet inconvé-
+(+&g)dxAdy,
nient, C. Ehresmann a créé, en 1943 et en
g+c+g dxAdy/ldz. 1952, deux outils extrêmement commo-
dY )
des : la notion d’espucejbré et la notion de
La formule de Stokes qui s’exprimait, variété cIesjets. Grâce à ce langage, on peut
nous l’avons vu, sous des formes très concevoir le support géométrique du
diverses et d’emploi limité dans le langage calcul différentiel a n variables comme un
de l’analyse vectorielle s’écrit aujourd’hui : domaine !A de l’espace à n dimensions, et,
N au-dessus 1) de chaque point M de 0, on
imagine une (( fibre H, formée par une
collection d’objets mathématiques (vec-
OÙ ti est une forme différentielle, &J sa teurs. tenseurs, matrices, covecteurs et
différentielle extérieure, 0 une chaîne cotenseurs, etc.), dont on aura besoin pour
Orientée, et 30 le bord orienté de 0, décrire la théorie. La description a priori
Les progrès de l’algèbre linéaire ont de la variété des jets, exprimée de façon
permis enfin de définir la différentielle sans intrinsèque, permet de s’affranchir de la
aucun recours aux Coordonnées sous une manipulation de signes hérissés d’indices

95
CALCUL INFINITÉSIMAL

compliqués et d’utiliser i nouveau un tions : on pensait que l’inspection des


langage géométrique. termes de plus bas degré du développe-
ment de Taylor, au voisinage de l’origine
Apparition de la rigueur d’une fonction, ainsi que le comportement
de cette fonction sur chaque droite passant
Le flux de formalisme qui caractérise la
première époque du calcul infinitésimal fut par l’origine permettait de décider de
suivi par un reflux critique dans le domaine l’existence d’un extrémum en ce point. Or
la fonction (J ~ .~~)(y ~ 2 ,y?), pour
de la rigueur.
Sous l’influence de Cauchy, Abel et laquelle le terme de plus bas degré est _J,?,
admet un minimum relatif nul sur chaque
Weierstrass, on se préoccupa de reprendre
droite passant par l’origine ; cependant,
les principales formules découvertes plus
elle prend des valeurs négatives dans tout
ou moins empiriquement au siècle précé-
voisinage de l’origine.
dent, pour en préciser au mieux les limites
Vers la même époque paraissent, dans
de validité. Ainsi, H. A. Schwarz prouva,
les traités d’analyse, les premik-es démons-
en 1873, que la formule :
trations correctes du théorkme des fonc-
J2f
~=~ J2f tions implicites et de quelques-unes de ses
JxJy JyJx
variantes. La préhistoire prend fin, le
véritable déveioppement commencera
est valabk, sous réserve de la continuité
d’un des deux membres par rapport i trente ans plus tard.
l’ensemble des variables. Peano donna
l’exemple de la fonction :
2. Exposé moderne
de la théorie élémentaire

Prolongée par continuité en posant Dérivée première


.f(O,O) = 0, pour laquelle la permutation Soit E et F deux espaces normés, et 0 un
des dérivées partielles n’est pas licite. ensemble ouvert de E : on dit que deux
Peano entreprit systématiquement de fonctions continues ,f et ,g (définies sur 0
dépister les affirmations non rigoureuses, et à valeurs dans F) udmettent un contuct
largement répandues 3 l’époque, construi- d’ode Y (OÙ Y est un nombre entier) ~IL!
sit des contre-exemples, aujourd’hui clas- point A E 0 si le rapport :
siques, et tenta de redémontrer certains
théorèmes, sous les hypothèses les plus
faibles possibles. C’est ainsi qu’il améliora
l’exposition du théorème des accroisse- tend vers 0 lorsque M tend vers A. En
ments finis et démontra la formule de particulier, lorsque r = 1 on dit que,/‘et g
Taylor (cf. chap. 2), pour les fonctions sont tmgentes uu point A ; cette définition
d’une ou plusieurs variables, en éliminant implique que ,f(A) = g (A).
toute hypothèse superflue ; on lui doit en Une fonction continue ,f (définie sur Q
outre la formule classique sur le reste de et à valeurs dans F) est &fvuble en A G 0,
Young (trouvée par Peano avant cet s’il existe une fonction continue affine :
auteur). Il signala une erreur célèbre tou-
chant les maxima (ou minima) des fonc- M -f(A) + L@]

96
CALCUL INFINITÉSIMAL

remarquons que lorsque E est de dimen- s’exprime ici par :


sion finie et que l’on exprime Gi l’aide
de ses composantes, on n’obtient pas un
monôme ordinaire, mais un polynôme
lzonzogène de degré k ayant pour coeffi- où l’intégrale curviligne est prise le long de
cients des vecteurs de F. Un JJO~JYZ&W~ n’importe quelle courbe rectifiable joi-
sur E et i valeurs dans F est maintenant, gnant A i B dans 0.
par définition, une somme finie de monô- L’expression (2), appelée reste intégrul
mes. de la formule de Taylor, donne la valeur
Une formule de Taylor permet de exacte de f(B) - T,&B). On utilise aussi
remplacer les vecteurs GG+qui intervien- diverses majorations de ce reste. Si la
nent dans la définition précédente par des dérivée A + Dzest une fonction unifor-
vecteurs AM oti A E E. On dira qu’une mément continue dans 0, on peut majorer
fonction ,J définie sur 0, admet un &w- le reste par une expression de la forme :
loppement linzité dbrdw m au point A, s’il
existe des LA E :d (E, F), k = 1,2, .... n,
tels que le polynôme :
où w (x) est une fonction continue qui tend
vers 0, lorsque x tend vers 0 (WXZ~OKZGO~ de
Young).

satisfasse i la condition : Le théorème des fonctions implicites


et ses variantes
Étant donné deux domaines 0 C E (resp.
0, C El), rappelons qu’une applicationf
où la fonction O~ tend vers 0 lorsque
- de 0 sur 0, est un hom6onzorphisme si,fest
11
AB 11
tend vers 0.
bijective, continue ainsi que l’application
Si un tel N polynôme de Taylor H existe
réciproque f-l. Un homéomorphisme
en tout point A E Q, si les (( coefficients H
peut être de classe C”l mais on dit que c’est
k !Lk (que l’on note PlutÔt D’y(A) et que
un d$&morphisnw (de classe C?“) si
l’on appelle les d&riv&e.~ k-ièmes de ,j)
l’application réciproque ,f ’ est également
varient continûment sur 0, et s’il existe en
de classe C”’ (et l’on montre qu’il suflit
chaque point A E 0 une fonction O~
pour cela que ,f ’ soit de classe Cl).
satisfaisant i la condition (1) on dit que ,f
L’exemple de l’application t - fl de R sur
est de classe C”l dans 0 (ou encore tiz fois R montre qu’un homéomorphisme de
continûment dérivable). Il est possible classe C’ n’est pas nécessairement un
alors de transposer au cas des fonctions difféomorphisme.
définies sur C2la plupart des formules à une Théorème d’inversion locale, E et F étant
variable. Par exemple, si f est de classe deux espaces de Banach (c’est-à-dire des
C”‘+ ‘, le reste de son développement espaces normés coruplets), soitfune appli-
d’ordre rn. qui s’écrit. dans le cas d’une cation de classe C? définie dans un voisi-
variable : nage du point A E E et prenant ses valeurs
dans F. Si la dérivée D’J(A) est un
isomorphisme linéaire de E sur F, alors il

98
CALCULINFINITÉSIMAL

existe un voisinage U de A dans E et un


voisinage U, de f(A) dans F, tel que la
restriction de ,f 1 U soit un difféomor-
phisme sur U,.
Commentons cet énoncé. Une fonction
différentiable ,f est (( approximativement )) (OÙj ZZZ1, 2. . . . . p) sont de classe C? et si
égale au voisinage de A à sa dérivée le déterminant jacobien des fonctions,/; par
D’f(A). Le théorème précédent exprime rapport aux variables 1, ne s’annule pas a
que si l’application linéaire tangente en A l’origine, on peut exprimer localement les
est inversible aiorsfest lui-même inversible y, comme fonctions de classe C”) des
au voisinage de A. Ainsi le comportement variables X = (.y,. .I-?. . . . . .Y~~
P) de façon a
de la dérivée en un point conditionne le satisfaire au système d’équations G impli-
comportement local de f dans tout un cites )) :
voisinage de A.
Le théorème précédent s’applique, par
(Où J = 1, 7, .... p).
exemple, à l’application de R2 dans R*
Il existe une autre variante de ces
définie par X = e’ COSy, Y = eVsin L
théorèmes, appelée tkk&nw du rang cons-
(inspirée par l’application z - ez de C dans
tmt, relative au cas où la dérivée de
C). On notera que cette application n’est
l’application ,f garde un rang constant au
pas globalement bijective.
voisinage de l’origine.
Théo~èrne.~ de subnwrsian et d’immer-
Les (( images 1) et G noyaux )) des appli-
sion locale. Si l’un au moins des espaces de
cations diflërentiables satisfaisant aux
Banach E et F est de dimension finie, soit
énoncés précédents sont localement des
f une application de classe P, définie dans
morceaux de (( variétés différentiables ))%
un voisinage de A E E. Si la dérivée D’y(A)
qui devront être convenablement recollés
est swj~ctiw (resp. injective), alors il existe
pour aboutir à une théorie globale.
un voisinage U de A dans E et un voisinage
Un théorème beaucoup plus fin.
U, de f(A) dans F, et enfin un difféomor- démontré par J. Nash (1956). concerne le
phisme 0 de U sur U (resp. un difféomor- cas où DQi sans être surjective, a une
phisme 0, de U, sur U ,) tel que,f 0 0 (resp. image partout dense dans l’espace de
0, O,fi soit la restriction a U d’une appli- Banach F. de dimension infinie. Dans ces
cation linéaire surjective (resp. injective) conditions. la résolution locale du système
de E dans F. d’équations implicites ne peut s’obtenir
Ces théorèmes signifient que, si une qu’au prix d’une certaine perte de dériva-
application ,f est (( approximativement )) bilité.
une application linéaire surjective (resp.
injective). on peut la transmuer en une
application linéaire du même type. La 3. la théorie fine contemporaine
restriction sur la dimension finie d’un des
espaces n’est pas indispensable, mais il faut L’œuvre de H. Whitney
ajouter une hypothèse supplémentaire Le mathématicien américain Hassler Whit-
pour que les énoncés précédents restent ney, dont la contribution à des branches
valables. très Variées des mathématiques a été sou

99
CALCUL INFINITÉSIMAL

vent décisive (théorie des graphes, topo- H. Whitney a démontré, en 1944, le


logie algébrique et différentielle, axioma- théorème suivant concernant les idéaux
tisation de la notion de variété ou de fermés.
produit tensoriel, étude des ensembles Théorème. Pourqu’une fonction f de
analytiques réels, etc.), est le véritable classe CM1sur K appartienne à un idéal
initiateur du renouveau du calcul différen- fermé J, il faut et ii suffit qu’à chaque point
tiel des fonctions de plusieurs variables. de K on puisse associer une fonction
Parmi ses contributions, citons : g*E J telle que f- et gA aient les mêmes
Le théorème du prolongement (1934). polynômes de Taylor en A. Ce théorème
En chaque point d’un ensemble fermé F signifie que l’appartenance ponctuelle à 3
quelconque de RI’ on se donne un poly- implique l’appartenance globale.
nôme i I variables de degré inférieur ou
égal à rn. Whitney énonce une condition Classification des singularités
nécessaire et suffisante pour qu’un tel En 1925, le mathématicien américain
chump de poly&nes soit la restriction à F Marston Morse a inauguré l’étude des
du champ des polynômes de Taylor d’une singularités des fonctions de classe Cm’en
fonction f de classe (Y. Ce théorème montrant que l’on pouvait approcher toute
permet, en particulier, de construire des fonction numérique f de classe C? à n
fonctions ,f de classe C? ayant certaines variables par des fonctions dont les seuls
singularités données à l’avance : on com- points singuliers sont des points isolés
mence par se donner l’ensemble F des critiques (c’est-à-dire dont la dérivée
points singuliers puis l’on cherche à pro- s’annule) dont la dérivée seconde est une
longer un champ de polynômes défini sur forme bilinéaire associée à une forme
F. Indiquons que ce théorème est encore quadratique non dégénérée. Il montra en
valable pour m = M. Un cas particulier outre qu’il était possible de transmuer un
très important est celui OÙ F se réduit à un tel point singulier, à l’aide d’un difféomor-
seul point ; on obtient le thkorème phisme local, en une fonction qui est une
d’É. Bore/ généralisé ù n variables : ccIl somme algébrique des carrés des coordon-
existe une fonction ,fde classe Cm dont les nées.
dérivées partielles prennent en un point Ainsi, on abandonne l’étude inextrica-
donné des valeurs arbitrairement choi- ble de toutes les singularités possibles pour
sies. N En d’autres termes, la série de ne s’intéresser qu’à des singularités gbné-
Taylor d’une fonction de classe Cm peut riques auxquelles on peut toujours se
être n’importe quelle &Ye fotwelle. ramener grke à une approximation et à
Caractérisation des idéaux fermés de une transmutation.
,f&ctions d$érentiables. L’ensemble des En 1955, H. Whitney résoud la même
fonctions numériques de classe C”’ définies question concernant les applications du
sur un pavé compact K constitue une plan Rz sur le plan RI. Il met en évidence
algèbre de Banach (lorsque nj est fini) pour deux singularités génériques : le pli qui se
la norme de la convergence unij&me ramène au modèle (.x,J,) - (x’,_Y) et la
d’ordre m (c’est-à-dire de la convergence fronce dont le modèle est (.~,y) ++ (.Y’-
uniforme de chacune des dérivées partiel- 3 .~y, JJ). Dans ces travaux, un rôle essen-
les). La structure des idéaux de cette tiel est joué par le théorème d’A. Sard
algèbre est d’une grande complexité, mais (1942), dont le cas particulier simple relatif

100
C I A N

a f C ua o d é dm xv n é bt é( a F c j lé Amc iO t à e rN of N t i
p M : a o r r v p sl f a o C ee o l u= s
T É dh u at o& n pIa s n do e d lpn ’ a n ’r r i ( l t a v é uè
d c C d Re dl R ? l em ’ aa a P l a e là l ns ud o es as i :g i ueu e v
s d L e d le e d np e ’ bp e sod di e oa vs ie imd l s su o n v ae
s e n il n s > un - no + 1 ? tu l pf gr C n ld o uns + 1 vme ee n lq
( ac W u e o m h n x b n X o = i ( . e . , s.. ..) . n t yp Y muY tp x t n ,a ,
q c i u e en n e s té én : t tc gô ee am s
U c r t R T e éa d i . h s é l o u m i m l o s
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q c uu a o f ned Rp n I lele unp sd d c fel ( l oi C e iq ose i
d W p êa a e pt n dp su ar s epp X’t = 0 er a soru r a q, v uon
f n o q d ’ s n u e ea i u pc e s dsy ndn ot i etàa kge e li n
d C û a m t_ d le c a Y o s en Co e l X , n o st fe
L c ~ 1e ~ a =e ~ ,s = s 2t D= l c2 a / a2 eo a ns n q 2 n1 n sa
e é n p W l ct a h t u d io r s i e c id enf ’ u t l i vIe r sa e
t s c ut o dé p eh n uln l e né p d m è’ o sd to l l ec bêeC n ct a r u e
s l t ev e d o la à Iqi q u f orl d fu u t d a t nia fi e d i eM ui h é é f l
d a i p ê b rm e gt s é e u rr t an t ae r hs
c s o d o e mR ’ u s mZ u s p en n- a .
O p m s nc e ê d ee o u m’ s n t eu Gp t G n E a e

R s l a Z d li ’ sc ” ed a o uc - ei n be ’ ss sp s
( s e () P e l l )( ba xf a .( o-r e i u m n -
t d K N pe ê e r l dei tR ée B aul r j aii ntl e b ln es l
à c d s to e e e rn e Gl BEAUDOIN, a d t C&ul. l w ve i l ePc et t i
U L 1 n/ C BOUCHET
a 9 & Ji . SAGNET,
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d R s a a p 4 ad u n o no c s i su u n b n t
Culeul &j%mW e/ i M C n a h
( 1 /Q H CARTAN, 9 COU~S u . & UIINI 8 é
É d i t e d u s é dd“. Ha ei n ée u 1 / oJf DIEU- dr x 9
d f d e o i n f DONNÉ,
c F f d lt o mé e ~Ci n o r
V 3 é 1 ; Ci i d’ 9 H al n. 7
Àl s d ta ud H uWh d ie , 2 héé 1 é/ tJ DOUCHET io j e
’ d 9 & B. .ZWAHLEN, . t8C&I/
r à
c S L i a d. o et 1 é j Q né 9e mi a @ P , 5f p no s er 9o ~n
q t i e u o d d l n e du a é r ’ g L et n a o1a e /a Js
l m9l n
sTOUGERON, u.
I d f d~ e oS
h ~ B xpn i
f C p ou f m a nn o rn ce n a t c l i t
1 / P VEREECKE, F9 . d c o d7 u u n
r e n é s fé e t ce t P l 1 e ;rA i . ld c9 s m dp t U u ea s8 ~
C t s e hq f i f éu i o1g o’ & n9n ru f c 8 i è
d c C e de : p i ~ s f~ a a ~t ov s r ~ ,~ s ï ï s e
a g s lnd G, p i a a i n o lv n yi c ts
d fs e dé T o e cs er a r n h i y m a e l e q s o
p d d od u go e p i e ms o n f at s te i s t
E 1 B M n 9 e .p a à 6 s a l 2 t r g , v r
d q l ét dup e m h eer éo é on C p rtS A Y
d W ce e d l lc di a
-
e aa ee n ss
C
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S s
A
s
Y
f a o d pn nv e l a ca u l tr s y ii

1
COMBINATOIRE ANALYSE

CALCUL TENSORIEL
- TENSORIEL CALCUL
1. Dénombrements élémentaires

Dans Les opérations élementaires de


dénombrement, on utilise un langage très
CALCULS ASYMPTOTIQUES proche du réel. On parle de choi.~ir LUI ohjet
- ASYMPTOTIQUES CALCULS de m fuçom dflérentes, on dit qu’il n’y a
qu’un nombre tz de possibihtés... Considé-
rons ainsi l’exemple suivant. Une urne
contient 10 boules numérotécs de 1 à 10 ;
on tire su~~.e.~~~i~~~tl~e~lt deux boules de
COMBINATOIRE ANALYSE l’urne sans remettre la première apres
tirage. Combien y a-t-il de tirages crois-
mm. c’est-à-dire de façons de tirer deux

L
7 analyse combinatoire est l’ensemble boules dont les numéros vont en crois-
des techniques qui servent, en mathé- sant? Pour déterminer ce nombre. on
matiques. a cowpter (ou &hxduw) cer- raisonne de la façon suivante. Si la pre-
taines structures jïnics, ou 2i les énwnérer mière boule a été tirée et que son numéro
(établir des listes exhaustives de structures est 1 (1 < 1 < 10) pour obtenir un tirage
considcrécs), enfin à démontrer leur c~xi~- croissant, on peut choisir le numéroj dc la
tenu pour certaines valeurs des paramè- seconde de 10 ~ i façons différentes.
tres dont elles dépendent. Ces structures Enfin, pour obtenir un tirage croissant. on
sont très Variées ; leur seul trait commun peut choisir soit un tirage commençant par
c’est d’êtrejkc.y. En revanche, les problè- le numéro 1, soit un tirage conimençant
mes qu’on se pose sur ces structures sont par 2, etc. Le nombre de tirages croissants
très divers. et les techniques mathémati- est alors égal a (10 ~ 1) + (10 ~ 2) +
ques qu’on utilise pour résoudre ces pro- +(lo-9)+(10--10)=45. 011 a

blèmes, très différentes. Par exemple, si on implicitement utilisé les deux règles su-
veut dénombrer les arbres de I sommets, vantes (la seconde avant la première) :
on établit une correspondance biunivoque Règle de la .~omme : Si on peut choisir
entre l’ensemble de ces arbres et L’ensem- un objet a de THfzrçons et un objet h de 17
ble de certaines suites qu’on sait compter. façons, on peut choisir ll OLI I de TII + 17
Mais, si l’on veut démontrer l’existence façons.
d.une famille infinie de codes correcteurs, - Règle du produit : Si on peut choisir LII?
on utilise des résultats fins sur les anneaux objet a de n7 façons, puis un objet b de 17
de polynômes a coefficients dans un corps façons, on peut choisir 0 puis h, h7s C~V

fini. Pourtant, dans les deux cas, on dit ordre, de n7n façons
qu’on s’occupe d’analyse combinatoire. Reprenons l’exemple ci-dessus. Pour
Dans le foisonnement des sujets dits de caracleriser un tirage, il sutlit de se donnera
nature combinatoire, on a donc dû faire un un couple (i,,j) d’entiers tels que i et,j soient
choix et laisser de côté des objets impor- compris entre 1 et 10. Désignons par X
tants. l’ensemble des couples (i,,j) tels que

102
COMBINATOIRE ANALYSE

1 < i< j < 1 0 L . e stirages croissants c o r - - Formule d uproduit : S Xi e tY s o n t deux


respondent a u x éléments d e X e t , pour ensembles finis, l e produit cartésien
trouver l enombre d etirages croissants, i l X X Y d eX p a r Y e s tf i n ie tl ’ o n a :
sufht d e &~w~~rbw~ l’enseA& X , c’est-à-
(4) ~XXY~=~Xl.lY~.
d i r e d ecompter l enombre d es e séléments.
Pour l < I i< 1 0 ,notons X I zl’ensemble C e s deux formules s e démontrent d e
d e scouples (i.,j) d eX t e kq u e i = h ; ainsi l a même façon. O n détermine une
X , !e s tl eproduit cartésien d e s ensembles numérotation d e X U Y e td e X X Y ,
{ / z ]e t{ A+ 1 h, + 2 .,. .. lO}. D e plus, l e s supposant données d e s numérotations
ensembles X , !s o n t disjoints deux à deux e t d eX e td eY e to n vérifie l e sformules ( 3 )
l e u r réunion e s tX .Désignons p a r 1X , z1l e e t( 4 ) .
nombre d e s éléments d e X h; alors e n C e s formules o n t é t éUtilisées, d efaçon
posant k = 1 0 ,l enombre, noté 1X 1 d e s explicite, dans l’exemple, e n( 1 )e (t 2 ) .Elles
éléments d eX e s tdonné p a r : s o n t l atraduction dans l elangage d e l a
théorie d e s ensembles d e s règles d e l a
(1) ~x~=~x,~+~x~~+..~+~x~~.
somme e td uproduit. O n n eparle p l u s d e
Depluspourl <!r< 10,ona: G choisir u nobjet a d em façons ) ) mais , o n
considère l’ensemble X d e s choix possibles
( 2 ) I X 1, =, 1 V I11.1 M + 1 h, + 2 ,.. . . 1011
= 1 . (lO-A) = lO-h. pour a e lt ’ o n suppose q u e l ’ o n a 1X 1 = m .
Cette transcription nous permettra dans l a
E nappliquant l e sformules ( 1 )e t( 2 ) o n suite d’utiliser indifféremment l e s deux
retrouve bien 4 5 pour l enombre d e s é I é - langages. Lorsque l e sensembles X e tY
ments d eX .Dans cette dernière démarche, s o n t d e s ensembles finis quelconques, o n
nous avons résolument adopté l elangage peut exprimer l e sensembles X U Y e tY
d e l athéorie d e s ensembles e tutilisé c e r - comme d e s réunions d e deux ensembles
tains résultats s u r l e s ensembles jinis. disjoints, à savoir :
D’abord comment caractérise-t-on les
ensembles finis ? E npremier lieu, o ndéfinit xuY=xu(Yncx)

u n e M.uGv~~~~~~ d’un ensemble X comme e t Y=(XfIY)U(YflCX).

u n e suite . y , x, l .,... . x ,d’éléments


~ d eX telle E n appliquant l aformule d el asomme
. x#i . ypour
, i # j e ttelle q u e t o u t élément dans l e sdeux c a s , o n obtient :
d e X s o i t l ’ u n d e s , QL e s ensembles finis
s o n t ceux q u ipossèdent u n e numérotation. (5) ~XUY~=~X~+~Y~-~XfIY~.

L’entier I q u i apparaît dans u n e numéro-


Rappelons enfin u nprincipe fondamen-
tation d’un ensemble f i n i X s’appelle l e
t a ldans l edénombrement :
cardinul d eX o ul enombre d’e’lbwents d eX
( 6 ) Pour q u e deux ensembles t % s X
e ts enote 1X 1 C. e t entier n edépend p a s e n
e t Y aient l emême cardinal. i lf a u t e t
effet d e l a numérotation choisie. O n
i suffit
l qu’il existe u n e bijection d eX s u r
convient q u e 1 0 l = 0 .O n obtient alors :
Y .
- Formule d el asomme : S iX e tY s o n t
Dans d enombreux c a s , l adifficulté s e r a
deux ensembles finis, dixjoints, l’ensemble
effectivement d econstruire u n e telle bijec-
X U Y e s tf i n ie tl ’ o n a :
tion. Examinons maintenant quelques
(3) lxuYl=lxl+lYl. dénombrements fondamentaux.

ïO3
COMBINATOIRE ANALYSE

D’abord les trois formules (3) (4) et (5) 1 < 2 < k. On définit ainsi une bijection de
s’étendent au cas général de k ensembles l’ensemble XL des k-uples (.x,, ,Y~,.... .Y~)
(k > 2). On obtient : pris dans X sur l’ensemble, noté Xy, de
toutes les applications de Y dans X. La
(7) 1x, u x*u u Xk 1
formule (10) et le principe (6) impliquent
=l~,l+l~2l+...+lw> dont:

si .X, n X, = @, pour i #j.


De même, on a toujours :

(8) lx, x x2 x x xkl


D’autre part, l’application qui fait cor-
=l~,l.l~2l...l&l. respondre à toute partie A de X sa fonction
caractéristique qA est une bijection de l’en-
Quant à la formule (5) sa généralisation semble, noté T(X), de toutes les parties de
est la suivante : X sur l’ensemble {0, 1 lx des applications
(9) 1x, u x2 u u Xk 1 de X dans {0, 11. La formule précédente
implique alors1 !T(X) 1= 1{O, l} 1xi = 2 xi.
= ~lx‘l-~lx,,nx,~l+... Soit
it < t*
W) I$(X)1 = 21x1.

+ (- 1y-’
Il <
z
i2 <
1xztn
< 3,
x,>n n x,, 1+

Dénombrement des iniections


+(-iyyx,nx2n...nxk~.
Considérons deux ensembles finis X et Y
La formule (9) peut s’établir aisément avec lXi=fz, lYl=p et n <p. Soit a
par récurrence sur k. On l’appelle la for- l’ensemble des iqjections de X dans Y, c’est-
mule du principe d’inclusion et d’exclusion. à-dire des applications,fde X dans Y telles
Elle a reçu de nombreuses applications, que les relations x, .y’ E X, x # .II’ entraî-
Si, dans la formule (8) on prend tous les nent f(x) #y(,~‘). Il est clair que 1a 1ne
ensembles X, égaux au même ensemble X, dépend que de p et de n ; posons
on a alors : 13 l= A(p, n). Prenons un ensemble X’ dis-
joint de X avec 1X’ 1= p ~ n, L’ensemble
X” = X U X’ a ainsi p éléments. Pour
Ainsi, l’ensemble XL de tous les k-uples définir une bijection de X” sur Y, il suffit
(.y,. xI, . . . . .Y~), OÙ les _y,sont pris dans X, a de se donner une injectionfde X dans Y et
pour cardinal 1X h. Dans la littérature une bijection g de X’ sur Y -f(X). On
classique, si 1X I= n, un k-uple peut choisir f de A($, n) façons, puis
(.v,, .vl, . . . . ,Vk) était appelé urrangenzent g de A@- n,p - n) façons. La règle
mec répétition de n objets pris k h k. du produit permet ainsi d’écrire :
Soit maintenant y,, y?, . . . . _rk une numé- A@,p)=ACp,n)Af&n, p-n), OÙ
rotation d’un ensemble fini Y. Pour définir O<n<p.Commeona:A(p,l)=pet
une applicatiotr,fde Y dans X, il sufit de se A@, 0) = 1 (en convenant qu’il y a une
donner arbitrairement des éléments application d’un ensemble vide dans tout
.y,, ,y?, .... Si (non nécessairement distincts) ensemble), il vient : A(& p) = pA(p ~ 1,
de X et de poser f(~,) =.x! pour p ~ 1). D’OÙ A(p,p) = p !, en posant

104
C O
ANALYSE

O!=l etp!=p(@-l)!)pourp> 1. combinaisons de p &ment.~ pris n ù n, mais


On a enfin : on tend à abandonner cette terminologie,
une combinaison n’étant qu’un sous-
( A = 1 ( p 3 p ! ) , & n - ) -
ensemble A, de cardinal u, d’un ensemble
= p + 1 ( ) p . - -
Y de cardinal p.
Soit .y,, . .... . une numérotation
Y Y don- ? , , ~
née de X ; pour définir une injectionfde D éd a ne p os
X dans Y, il suffit encore de se donner c d X
r d Y e o a i n
arbitrairement une suite de I éléments (J,, Supposons que l’on prenne les ensembles
J+, .... ~1,~)de Y tous distincts et de poser X={l,2 ,..., n} etY= {1,2 ,..., p},où
y(_~,) = ~~~ pour 1 < i < n. On trouve ainsi les entiers n et p sont quelconques. Une
que le nombre de n-uples (J),, JJ~, . . . . y!,), OÙ applicationfde X dans Y est dite croissunte
les y, sont des éléments tous distincts, si l’on a,f(i) < f(j) pour tout couple (i,,j)
pris dans un ensemble Y de cardinal p, e tel que 1s < i < j < n, tPar un raisonne-
égal à p !/(J- n) !. Dans les ouvrages ment déjà utilisé plus haut, on vérifie que
classiques, un tel n-uple est appelé mm- l’ensemble l- de toutes les applications
gement sans répétition de p objets pris I croissantes de X dans Y a même cardinal
ù n. que l’ensemble r’ des suites croissuntes (y,,
Si on prend Y = X, la formule (13) y2, . . . . y,,) de I termes pris dans Y,
implique que le nombre de bijections de X c’esGt-dire qui satisfont à y, < J+ <
sur lui-même on dit aussi p de e< Y~. Une telle suite r est encore appelée m
X - est égal à n !. cotnbimison user ripétition de p objets pris
Soit Ci le nombre de parties de Y qui n ù n. À son tour, r’ a même cardinal que
ont n élémenk Pour définir une injection l’ensemble r” des suites (z,, zz, . . . . . n) de
de X dans Y, il suffit de se donner une n termes où les I, sont pris dans l’ensemble
{ 1, 2, . . . . p + n - 1} et satisfont à
partie A de Y ayant n éléments, puis une
Zl < z? < < z,,. On établit en effet une
bijectionfde X sur A. On peut choisir A
bijection de l-’ sur l?” en faisant corres-
de C: façons, puis f de n ! façons. On a
pondre i la suite (J,, y?, . . . . y,,) de r’ la
donc 1 l C n ! D’OÙ 2 = ; = . A(p, n)/
Ci
suiteb, +O,y?+ l,..., ~~+n-l).On
n != p ! ! - n ! Les/ nombres ( ) )Ci ( p . n
a ainsi 1r 1= 1r 1= C ; ”
sont les co@icients binomiux~ : C e aussi ; s i t
noté fréquemment : ( C sont euxi quie ) .
D éd s ne u os
apparaissent dans la formÇe dite du
Soit X et Y deux ensembles finis, respec-
binôrne :
tivement de cardinal n et p. Désignons par
S l’ensemble des surjections de X sur Y,
c’est-à-du-e des apphcatlonsj de X dans Y,
telles que pour tout 1~E Y, il existe un
valable dans tout anneau commutatif, s E X satisfaisant à,f(.x) = y. L’ensemble
Notons que l’on a : C = C = 1, Cjj = p,; 8 est vide si n < p. Supposons désormais
Cj: = CSP”. On vérific igalement la pro- que l’on a n > p. On ne connaît pas de
Priété Ci = C;_, + Ci-1, qui permet de formule explicite donnant le cardinal de S
les déterminer de proche en proche. Le en fonction de 17 et p. Toutefois, il existe
coefficient CI; est aussi le nombre des une formule de récurrence, qui permet de

105
C OA N M A B L IY S N E A

l c d p e ae p e rO a ln r m o n sp cu oe e c d upp uén cn n mh e re ll hs
d p d’ l u X lae d’ r o p ab oef ta n e o nanc ni p u r -ise to
n d r s é e Ao A e.... A ,cu Z c r , os d , os L m - f’ eé
( > 0 d X ( r c) e p d êe t e od d tr v i u ne e u rt = a e o (v t u ) ea r x
v s i 5 A a A = @ sd I #i t , t - 1 ie s fj d i ) es e ’s és s )l n) é vf
e X = A U A t U A, N * q , Uf o : u . o t e . r o
p d u po é o n s au f n e ’ rr i i t n mi i
p u o s la An Dr u esp P$ dé r sa ! sr r , ei g
l n d p e o d Xe ea p s m e n r ob t ur i se
e n v n P do i es o én d ne u f e sm r i s ub
l n d S e o q a e t d m p i
u s f dn Xu s Y i s ee dr u , l u ej r f e f c
p n ! c ac , o d m ro m u
s d u ep o d n X ae np ee rn n t e i r
unP. O d q l f n i ,f(t, u u) a eo t e
s no v p u o ub i u nn si d i e -j e s ee s
l f g a o d kn n e no
t d l i f e ’p c op so ea e n or nr s m
u s sé e
~ !; p /c ul Fo d i ’
e s Yn D ul r .s ’d ar è e au g m p l b r
c f ge o o épt n n
p o a 1S1r= p ! S$n I e mo l s ad t iu ni
r d ép ’ c sr a o
n f d v a qa l en é n xuc e o r t ie s mi l bf e
r o t d e f u r g e s o o é s
s a r a d ru e t s e éx l i u c a s i u t f -
d n ’ l a o n a i d u mo
v : a n t e s
S t i
S = s = 1 e qA ;= s t+ + f p , S - s d u’ u ai o A c pn n n
m e a uu é t y u tn Ol a n
pour 1 < p < n.
a s f p àc é o dp Ao r r
C r d re e p e és l e c a r u t m r i
e e u i t n n u nu s e , dn
d d c 18o 1d ep a e pn e r l n rc o c o c u c h
s i y: n m f
L c x es o l n s’ e e o a f s mp f bp i
d S ( d e t e d eD i s e uo r p xn h è in g c
l t d p e a c e r yb : o s e il e m e f i a f

O l u s d ÙAe ( n> o0 Oa d sq I n) nn
a e l c ! d s ue do c e? s t ae e
L s e l ap o d td e rs m e e
f s od d o m ré à e n a
r l r e u e d èd s s s e gi
P e l n a x d s e or e e u m m r b p j r l
v p l p i d od e s r it e u e éo
d e d’ 5 né seu u sl un n ée r m eb
e l c s l pt e a uU e = u U l r% s
e d 3 né ee és k à s ge m t am e lbn
( A E Ac N c T 2 Lf : s oN h )
3 ! s; = 1 5 0 .
a d s : e é u r

2 F g o. é n n c é t r i
l s e le s o : s au é m t
O a v q nns u pu t e a d a’ r v e so o a n u i
f e o d x l nr o p e om n l mu n i bl a
d s d e ue d ’ n érn eu lj s n éee -cm

1 0 6
COMBINATOIRE ANALYSE

et leur produit est donné par : Le coefficient du monôme :

C”un,
Ix
nao dans u est donc égal à :
OÙl’on a : c,, = auh,,+ a,b+, +...+ u,&
pour tout I > 0. Si U est une telle skie
sans terme constant, c’est-à-dire telle que le
coefficient de u” soit nul, on appelle On peut vérifier que ce nombre est le
exponentielle de U la série : nor~bw de partitions de type (rn,, rn2, . . . .
m,J, c’est-à-dire de partitions de l’ensemble
X = [ 1, 2, .... n} en m, + nzz + + w,,
sous-ensembles non vides, parmi lesquels
En d’autres termes, exp U est la série m, sont de cardinal 1, wrx de cardinal 2, . . . .
formelle dont le coefficient de un est le w,, de cardinal II.
coefficient de r/’ dans la somme (finie) : Cette interprétation nous permet de
retrouver le nombre de partitions de
1 + U/l! + V/2! + . . . + un/n ! (n > 0).
l’ensemble X = { 1, 2, .... TZ} en p sous-
Une suite infinie d’indéterminées ensembles non vides. En effet, le nombre
t = (f,, t!, . ..) étant donnée, nous prenons de sous-ensembles non vides d’une parti-
pour anneau A l’anneau des polynômes à tion de type (wr,, w2, . . . . nz),) est
coefficients rationnels dont les indétermi- p = m, + Q + + I~I,,. Si donc l’on
nées sont prises dans la suite t. Posons pose r, = tl = = f), = t dans l’expres-
alors : sion (1) le coefficient de P dans le second
membre va être égal au nombre de parti-
tions de X en p sous-ensembles non vides,
soit :
son terme constant est nul, on peut donc n
prendre son exponentielle, qu’on peut a” (t, 1, . . . . t) = s$ tp.
z
p=l
écrire :

Par conséquent la fonction génémtrice


des nombres de Stirling de seconde espèce
est donnée par :
Il est facile de voir que a,, est un
polynôme de degré I en les FI variables t,,
(2) 1 + c (U”h !) 2 sf tP.
t?, .... t,(, oti n > 1. Plus précisément, on a :
n>l p=l
(1) a” = U”(t,, ta . . . . tn)
= .zxp(t (expr4- 1)).

z (n!/(m,!m~!...mn!)) Par exemple, pour trouver le nombre de


1
surjections d’un ensemble de n éléments
X (t I/l !)mb(tz/2!p (t nh !)y
sur un ensemble de p éléments @ < I j, on
OÙ la sommation est étendue à toutes les détermine le coefficient c de u”P dans le
suites (HT,,rnz, .... wr,J de n entiers positifs développement de exp (f(exp u - 1)) et le
satisfaisant a 1~2, + 2~2~+ + nrr~,~= n. nombre cherché est égal à n ! p ! c.

107
COMBINATOIRE ANALYSE

3. Construction de n sommets qui est connexe et sans


de correspondances cycles. On a l’habitude de représenter un
graphe fini de n sommets comme un
Dans la première partie, nous avons passé ensemble de n points du plan numérotés de
en revue tous les ensembles finis qu’il était 1 à n où les sommets i et j sont reliés entre
aisé de dénombrer en faisant usage des eux si et seulement si l’on a {i,j} E U.
deux règles de la somme et du produit. Ces Considérons par exemple le graphe de la
techniques élémentaires s’appliquent plus figure ci-dessous. C’est un arbre de sept
difficilement lorsqu’on veut dénombrer sommets, numérotés de 1 à 7.
d’autres structures finies plus élaborées Soit An l’ensemble de tous les arbres
comme celles des urbres ou certains types possibles de n sommets numérotés 1, 2, . . . .
de gruphes. Le plus souvent on est conduit n. Cayley fut le premier à démontrer que
a chercher une correspondance biunivo- l’ona~A~~=~~~2. Or ce nombre est pré-
que entre ces structures et les ensembles cisément le cardinal de l’ensemble H,z de
finis considérés dans la première partie. tous les (n - 2)uples (x,, ,Y*, . . . . _Y,~_~)
où les
Jusqu’ici, il n’existe pas de théorie pour xi sont pris dans X = { 1, 2, .... n] (formule
construire ces correspondances, tout est (11) de la première partie). Pour démontrer
une question d’ingéniosité et de patience. la formule 1A,? l= nnp2, il suffit donc de
À titre d’exemple, on peut décrire construire une bijection Q de An sur Hfl.
ci-dessous une telle correspondance entre Nous donnons ici la construction d’une
les arbres de n sommets et les (n - 2)-uples telle correspondance due à Prüfer. Celle-ci
(,Y]>.Q>...Y_Y,? .2)> où les xl sont des entiers fait usage des deux propriétés suivantes sur
compris entre 1 et n. les arbres, faciles à vérifier. D’abord, un
Un gruphe est la donnée d’un ensemble arbre a toujours (au moins) un sommet
X - ses éléments sont les sonmets du pem’mt, c’est-a-dire un sommet qui n’est
grdphe et d’une classe U de sous- adjacent qu’à un seul autre sommet.
ensembles de X à deux éléments, appelés

5+-----?<
6
urtks. Si l’on a .K,,r E X et {.x, y} E U, on
dit que .Yet y sont adjacents. Une c!&w
du graphe [X, U} est une suite {.Y,, y,],
{,Y?,y?}, . . . . {.x,!,y,,} d’arêtes distinctes telle
que, lorsque n > 1, on ait :

b,,Y,l n bi+*>Y,+*l f 0, 3

pour i = 1, 2, . . . . n ~ 1. Si de plus, on a
17 > 1 et Ensuite, si l’on (( efface n un sommet pen-
dant d’un arbre de I sommets, et l’arête qui
le contient, on obtient un arbre de (TT- 1)
on dit que la chaîne est un ci&. Un graphe sommets. La construction de Prüfer est
est dit cwzne_~e si. pour tout couple de alors la suivante : pour un arbre de A,,
sommets distincts (s, y), il existe une donné, on efface le plus petit sommet pen-
chaîne {.Y,,y, 1, I.x?, ~~1, .... {,Y,~,
y,$] telle dant et l’on désigne par ,Y,l’unique sommet
que .x, = x et yfl = y. Un arbre de II qui était adjacent à ce sommet pendant. On
sommets est alors défmi comme un graphe répète cette opération avec l’arbre restant

108
COMBINATOIRE ANALYSE

d’un ensemble non vide X, on dit que cette groupe fini d’ordre n est un carré latin. En
suite possède un système de représentants fait, un carré latin peut être considéré
distincts, s’il existe une suite (.x,, .x?, . . . . .xJ comme la table de multiplication d’un
de I éléments distincts de X satisfaisant à système afgébrique dont la loi est seule-
.Y~E X, pour tout i tel que 1 < I < n. ment Supposée simplifiable. Soit l,, le nom-
Théorème de Hull-Khig. La condi- bre de carrés latins d’ordre n ; jusqu’à ce
tion nécessaire et suffisante pour qu’une jour, on a pu déterminer les valeurs exactes
suite (X,, X?, . . . . XJ de parties d’un de ln pour 1 < n < 8. Pour calculer ls, on
ensemble non vide X possède un sys- a dû recourir à l’usage d’ordinateurs, mais
tème de représentants distincts est même avec ceux-ci, en l’absence de nou-
que, pour tout k (1 < k < n) et tout velles méthodes, on ne peut espérer aller
sous-ensemble {i,, iI, .... &} de k in- bien loin dans cette direction. En revanche,
dices extrait de { 1. 2, . . . . n} on ait l’orthogonalité a permis de trouver des
1X,, U X,? U U X,k 1 > k. résultats plus intéressants. Soit A = (a,,) et
La condition nécessaire est tout à fait B = (b& deux carrés latins d’ordre n ; on
évidente, mais la condition suffisante est dit qu’ils sont orthogonaux si tous les n*
loin de l’être. couples (a,,, bJ, où i,j = 1, 2, .... n, sont
distincts. Par exemple, les deux carrés
latins d’ordre 4 indiqués ci-dessous sont
5. Existence et construction orthogonaux :
de modèles

Un certain nombre de modèles ont été tout


particulièrement étudiés, c’est le cas des
carrés [atins, sans doute parce qu’un
mathématicien célèbre comme Euler fit à
Soit C la matrice ayant pour coefficients
leur sujet une conjecture malheureuse et
les couples (a,,, b,,) ; dans C tous les n*
qu’il fallut attendre 177 ans pour prouver
couples (1, 1). (1, 2) .... (n, n) apparaissent
son inexactitude. En introduisant des
une et une seule fois. Dans l’exemple
notions comme celle d’orthogonalité, on a
ci-dessus, on obtient la matrice :
pu établir des liens étroits entre les carrés
latins et certaines géométries finies, ou
encore avec d’autres modèles comme les 2,3 1,4 4,1 3,2
c=
blocs incomplets équilibrés, ce qui a permis 3,4 4,3 1,2 2,1
souvent d’étudier le même objet avec des 4,2 3,1 2,4 1,3
optiques différentes.
Un carre4htin d’ordre n est une matrice On dit parfois que C est un carr6
Carrée A = (CI,,),, <,, ,<,? dont les coeffi- gréco-Lutin. On s’est alors posé le problème
cients a,, sont 1, 2, . . . . n et dans laquelle de savoir s’il existe une paire de carrés
chaque entier k apparaît une et une seule latins orthogonaux pour tout TZ.Avec un
fois dans chaque ligne et chaque colonne peu de patience, il est facile de construire
(1 < k < n). Il existe naturellement un de telles paires pour n = 3,4 et 5 et même
carré latin d’ordre n pour tout n > 1. Par pour des entiers supérieurs à 6. C’est Euler
exemple, la table de multiplication d’un qui en 1782 formula ce problème en termes

110
COMBINATOIRE ANALYSE

récréatifs Supposons, en effet, que, dans ple de carrés latins orthogonaux d’ordre I
six régiments donnés, on relève, dans pour tout n différent de 2 et 6. Avant cette
chacun, six officiers, tous de grades diffé- date, cependant, on savait construire un
rents, et qu’on veuille disposer ces trente- couple de carrés latins orthogonaux pour
six officiers dans un carré de six cases de tout I non congru 1 2 modula 4. Une des
CÔté, de sorte que dans chaque ligne et méthodes qui s’est révélée des plus fécon-
dans chaque colonne if y ait un représen- des a été de considérer pour tout n > 3,
tant de chaque régiment et un représentant de la forme p”, OÙp est un nombre premier
de chaque grade. Une telle disposition et r > 0, le corps fini F,! ayant n éléments.
est-elle possible ? La réponse est non, et ce Désignons par ,Y~= 0, x,, .... .x,?_, les I
n’est qu’en 1900 que Tarry démontra cette éléments de Ffl et formons les matrices A,,
impossibilité par une analyse très systéma- A?, .... A,,_,, où Ak = (kui,) avec
tique de tous les cas possibles. Leproblènw Aui,,= x~.x, + ,x, (i, j = 0, 1, . . . . n-l ;
des trente-six oJï&rs était donc impossi- k = 1, 2, . . . . ?I-1). 11 est facile de vérifier
ble. Si l’on numérote de 1 à 6 les six que A,, A2, .... A, , sont des carrés latins
régiments et les six grades, chacun des orthogonaux deux à deux. On a pu étendre
officiers peut être repéré par un couple cette construction a tous les entiers n + 2
(i,j), OÙ 1 < 1,j < 6 ; le premier indice 1 modulo 4 et démontrer que sip,~~p~~~. ..pk”h
désigne son régiment et le second j son est la décomposition d’un entier pz en
grade. Vouloir un représentant de chaque facteurs premiers (lespi étant tous distincts
régiment (resp. grade) dans chaque ligne et et les r, strictement positifs) et si t = min
chaque colonne et vouloir quand même (JJ: - 1) pour 1 < i < k est supérieur ou
disposer les trente-six officiers, c’est cher- égal à 2, alors il existe t carrés latins d’ordre
cher à satisfaire aux trois exigences : n orthogonaux deux à deux.
Les premiers indices 1 forment un carré Notons que pour n > 3, il est aisé de
latin ; démontrer que le cardinal de tout ensem-
- Les seconds indices j forment un carré ble de carrés latins orthogonaux deux à
latin ; deux est au plus égal à (n - 1). Lorsque I
Les deux carrés latins ainsi formés sont est supérieur ou égaf à 3 et de la forme p’
orthogonaux. OÙ p est premier et r > 0, d’après ce qui
L’impossibilité du problème des trente- précède, on peut construire un ensemble
six officiers démontrée par Tarry équivaut de carrés latins orthogonaux deux à deux
donc à l’impossibilité de construire deux qui soit de cardinal maxima, à savoir
carrés latins d’ordre 6 orthogonaux, Euler (n ~ 1). Qu’en est-il pour les autres
n’ayant pu réussir à construire de couples entiers? La question est loin d’être réso-
de carrés latins orthogonaux d’ordre n lue. Le théorème de Bruck-Ryser démon-
pour des entiers de la forme n = 4 k + 2, tré en 1949 et énoncé ci-dessous apporte
conjectura qu’il n’existait pas de couples un premier élément de réponse. 11affirme
de carrés latins orthogonaux d’ordre n la non-existence de certaines configura-
pour tout I de la forme 4 k + 2. À tions dites plans project$ d’ordre n, pour
l’exception du seul cas I = 6, sa conjec- une famille infinie d’entiers, Sans vouloir
ture s’est révélée complètement erronée et, donner de nouvelles définitions, disons que
en 1959, Base, Shrikhande et Parker l’existence d’un plan projectif d’ordre n est
démontrèrent qu’il existe en effet un cou- équivalente à l’existence d’un ensemble de

111
COMPLEXES NOMBRES

(n - 1) carrés latins d’ordre I orthogonaux une (v, k, A)-configuration de paramètres


deux a deux. v = 6 + n + 1, k = n + 1 et A = 1.
Tl~k~&we de Bruck-RJjser. Si pour
DOMINIQUE FOATA
I s 1 ou 2 mod 4, il existe un nombre
premier p de la forme 4 k + 3 et un entier
Y > 0 tek que J?+’ divise I et p2’ ne divise Bibliographie
pas ~1,alors il n’existe pas de plan projectif htrodu~~tuy
R. A, BRUALDI, Combimhrics, Elsevier
d’ordre n. Science Publ,, 1991 / R, C. Box B B. MANVEL,
Imroductim ro Combinaforial Theory, Wiley, New
Il n’y a, par exemple, pas de plan York, 1984 / L. COMTET,,4@w conzbinuzoire,
proiectif d’ordre 14 et par conséquent on 2 vol., P.U.F., Paris. 1970 / 0. FAVARON,M. MAHEO
ne peut trouver 13 carrés latins d’ordre 14 8 1. FOURNIER,Combinaroire et algorithique,
Orsay-Plus, 1990 / D. FOATAdir., Combinatoire e/
orthogonaux deux a deux. repr&ntution du grwpe spétrique, Springer-
Donnons pour terminer un bref aperçu Verlag, Berlin, 1977 / M. HALL Jr., Combinatorid
sur les modèles dits en blocs incomplets T~o~J,, Wiley, New York, 1986 / P. RAYMOND,De
ICIcombinatoireUKYprobabilith : la cotnbinatoire de
&quilibr& Soit X un ensemble de v
Cardan L hcque~ Bernodi, Maspero, 1975 /
éléments .Y,, xz . . . . xV et Xi, X?, . . . . X,, J. RIORDAN,Introduciion io Combinaiorial ha~J~si.Y,
des sous-ensembles, dits blocs, de X qui Princeton Univ. Press, Princeton, 1980 / A. SLOM-
SON,A?II?zPo&?~o~ fi Cwnb~nu~orics, Chapnxan &
soient distincts. On dit que ces SOUS-
Hall, 1991 / W. A. WHKWORTH,Choice ad Chue,
ensembles forment un nro&/e en bhxs widz 0~ T/~US~ Ewcicex Londres, 190 l_
incomplets &qui/ibr&s de paramètres réimpr. Hafner Pnbl., New York, 1965
(b. 11. r. k. A), si les propriétés suivantes
sont vérifiées :
(1) 1X, l= k pour l < i < b ;
(II) tout ,Y~GX appartient a exactement r
blocs (1 < 1 < v) ; COMPLEXES NOMBRES
(III) toute paire d’éléments de X apparaît
dans A blocs.

1
ntroduits a l’origine comme symboles
Les paramètres b, v, r, k et A ne sont pas
purement formels destinés à rendre
indépendants. Il est aisé de vérifier les deux
compte des propriétés des équations algé-
relations :
briques, les nombres imaginaires sont d’un
(1) bk=w et r(k-l)=k(v-1). usage courant au xvnF siècle, mais ce n’est
qu’au siècle suivant qu’ils seront définis et
Mais i leur tour, si b, v, r, k et A satisfont utihsés correctement, avec la rigueur qui
aux relations (l), cela n’implique pas caractérise les préoccupations des mathé-
nécessairement qu’il existe un modèle maticiens du XIX~siècle. Et c’est alors le
en blocs incomplets équilibrés de paramè- prodigieux essor de la théorie des fonctions
tres (b, v, r, k, A). Beaucoup de résuhats d’une variable complexe et l’entrée en
partiels sont connus au sujet de la cons- force des imaginaires dans presque tous les
truction de tels modèles. Lorsque b = v domaines des mathématiques. De nos
(donc k = r), on dit que le modèle est jours, Ies nombres complexes intervien-
symétrique ; on l’appelle encore (Y, k, A)- nent de manière essentielle, comme un
conjîgurution et l’on montre qu’un pIan cadre naturel, dans maintes théories
projectif d’ordre n est équivaIent à mathématiques et physiques.

112
COMPLEXES NOMBRES

qu’il serait souvent beaucoup plus long ou


beaucoup plus difficile d’obtenir directe-
ment.
Pour ces raisons, somme toute empi-
1. Historique
riques, les mathématiciens utihsèrent avec
une confiance croissante les nombres
Les nombres G impossibles x
imaginaires depuis le début du XVII~ siècle.
Alors que de nombreux mathématiciens Dès 1629, A. Girard soupçonnait que
(dont Viète) hésitaient encore à utiliser les toute équation de degré I a TI racines
nombres négatifs, les algébristes italiens du
réelles ou imaginaires, ce qui revenait a
XVI~ siècle, Cardan et ses élèves, s’enhar-
pressentir que les nombres imaginaires
dirent à introduire dans les calculs des
constituent le cadre (( naturel H de la
symboles purement formels G, a > 0,
théorie des équations. À partir de 1675,
représentant le résultat de l’extraction
Leibniz applique avec succès ses méthodes
N impossible H de la racine Carrée du nom-
(de développements en série par exemple)
bre négatif ~ u ; ils décrivent en détail des
aux nombres imaginaires et obtient ainsi
règles de calcul permettant de manipuler
de nombreux résuhats, tandis qu’A. de
ces nouveaux (( nombres )), appelés par eux
Moivre, au début du XVIII~ siècle, met en
nombres impossibles,
évidence, par une utilisation systématique
À l’origine, il s’agissait seulement de de la trigonométrie, les liens entre la
donner des racines à toutes les équations
recherche des racines des nombres ima-
du second degré ; les résultats obtenus
ginaires et la division d’un arc de circon-
dans l’étude de l’équation du troisième
férence en parties égales.
degré allaient familiariser les mathémati-
La possibilité, admise implicitement,
tiens avec ces symboles et mettre en
d’étendre aux nombres complexes la plu-
évidence leur rôle comme intermédiaire
part des notions relatives aux nombres
commode de calcul dans de nombreux cas.
réels allait se trouver mise en question par
Au moyen de la formule dite de Cardan,
la controverse des logarithmes des nombres
Bombehi montre, en 1572, que la racine
complexes, dont Pintérêt était apparu, par
x = 4 de l’équation x3 = 15 x + 4 peut
analogie avec le cas des pôles réels, dans
s’écrire :
l’intégration des fractions rationnelles. Les
différentes formules contradictoires obte-
nues suscitèrent contre les imaginaires un
mettant par la en évidence le fait que vent de méfiance, qui fut dissipé par
certaines quantités réehes peuvent être L. Euler ; celui-ci comprit qu’il fallait
représentées par des expressions en appa- abandonner le caractère univoque du loga-
rence imaginaires. Ainsi, la formule de rithme pour obtenir une théorie satisfai-
Cardan permet de représenter des racines sante et étabht d’innombrables formules
réelles par l’intermédiaire d’opérations relatives aux fonctions élémentaires d’une
effectuées sur des nombres impossibles, ou variable complexe.
(( imaginaires )). Les nombres imaginaires À la fin du XVIII~ siècle, les imaginaires
fournissent donc des méthodes de calcul, sont d’usage courant, mais leur (( existence
de nature certes mystérieuse, mais qui mathématique H véritable n’est pas éta-
permettent d’obtenir des résuhats (( vrais H blie ; c’est aux mathématiciens du ~IX~ siè-

113
COMPLEXES NOMBRES

cle qu’il appartenait de les construire à


partir des quantités connues, de leur don-
ner une G réalité mathématique )). Avec
Cauchy, c’est le prodigieux essor de la
théorie des fonctions d’une variable com-
plexe et le début de l’analyse contempo-
raine (Cf. FOXCTIOXS .4N4LYTIQUES).

Théorie géométrique
L’idée, non seulement de représenter les
nombres imaginaires par les points du
plan, exprimée maladroitement par Wallis
dès 1685, mais de les déjinir à partir de ces
notions, est apparue dans deux mémoires,
passés inaperçus à l’époque, du Danois
Wessel(l798) et du Suisse Argand (1806).
En fait, c’est Cauchy qui diffusera ce point
de vue.
Dans le plan muni de deux axes de
Coordonnées OX et Oy, on dira que les
vecteurs d’origine 0 portés par 0.~
définissent les nombres réels, tandis que les
autres vecteurs d’origine 0 définissent les
nombres imaginaires ; le terme nombres
opposé du vecteur a c’est-a-dire que la
complexes recouvre à la fois les nombres
multiplication par i2 revient à multiplier
réels et les nombres imaginaires.
par le nombre réel - 1.
L’addition des nombres complexes se
définit a partir de l’addition usuelle des
Théorie arithmétique
vecteurs. Pour la multiplication, on fait la
construction suivante : soit Güle vecteur La théorie géométrique présente l’incon-
-
unitaire de l’axe 0.~ ; le vecteur OC N pro- vénient de subordonner toutes les proprié-
duit )) des vecteurs x et s s’obtient tés algébriques des nombres complexes a
alors en construisant sur GTun triangle des considérations géométriques qui peu-
OAC directement semblable au triangle vent sembler étrangères. La théorie arith-
OUB (fig. 1). À partir de là, on retrouve métique, due à Hamilton (1835) consiste
géométriquement toutes les propriétés des à considérer les nombres complexes
nombres complexes. comme des couples de nombres réels et à
Le nombre complexe i est défini par le déjnir la somme et le produit par des
vecteur unitaire de l’axe Oy, et fa multi- formules explicites ; nous n’insisterons pas
plication d.un vecteur x par I revient davantage ici sur cette approche, que nous
donc à prendre un vecteur ?%? directe- exposerons ci-dessous. Ce point de vue
ment perpendiculaire à x; répétant cette conduit à essayer de définir plus généra-
opération, on obtient le vecteur c lement des opérations d’addition et de

114
COMPLEXESNOMBRES

multiplication pour des systèmes de I C des nombres complexes ; par exemple, si


nombres réels et a conduit Hamilton à 2 = (x, y) # (0, O), son inverse est le nom-
introduire les quaternions et plus généra- bre complexe :
lement les algèbres de dimension finie
(appelées, au xtxe siècle, systèmes fgper-
Comple_xes ; Cf. ANNEAUX ET ALGÈBRES).

aussi noté l/z.


Les équivalences algébriques Il est aussi souvent commode de repré-
Dès 1847, Cauchy considère que les calculs senter géométriquement le nombre com-
sur les nombres complexes reviennent à plexe z = (x, y) par le point M de coor-
calculer sur les polynômes en la variable i, données (x, y) dans le plan muni d’un
soumis aux règles usuelles de l’algèbre, en système d’axes de Coordonnées ortho-
remplaçant i2 + 1 par 0 ; cela revient à normé ; M s’appelle l’imuge de z et il est
considérer que deux polynômes sont équi- clair que tout point M du plan est l’image
valents, c’est-à-dire définissent le même d’un unique nombre complexe appelé
nombre complexe, si leur différence est ufixe de M.
divisible par X2 + 1. Dans le langage Les nombres complexes de la forme
contemporain, cela revient à définir (x, 0) forment un sous-corps de C qui est
l’ensemble des nombres complexes comme isomorphe au corps R des nombres réels
des classes d’équivalence de polynômes à par l’application qui à (x, 0) fait corres-
coefficients réels modulo le polynôme irré- pondre x ; dans la suite, nous identifierons
ductibie X2 + 1. C’est cette approche qui donc le nombre complexe (x, 0) au nombre
allait conduire Kronecker à la théorie géné- réel x, ce qui fait apparaître R comme un
rale des corps de nombres algébriques sous-corps de C. Parmi les nombres com-
(Cf. CORPS). plexes, les nombres réels ont donc pour
images les points de l’axe Ox, appelé pour
cette raison axe Gel ; remarquons que si a
est un nombre réel, le produit de a et du
2. Le corps des nombres complexes nombre complexe z = (_Y,~2)est simple-
ment uz = (ux, uy).
Construction Le nombre complexe i = (0,l) vérifie
Par définition, un nombre complexe sera un ?=-1, et tout nombre complexe
couple z = (x, y) de deux nombres réels ; z = (x, _y)peut s’écrire de manière unique
si z = (x, _y) et z’ = (Y, _y’) sont deux z = x + i_v,pour x et y réels ; nous adop-
nombres complexes, on appelle alors tons désormais cette écriture, dite carté-
somme et produit de ces deux nombres sienne, pour tout nom*bre compiexe. Les
complexes les nombres complexes : nombres réels x et _y s’appellent respecti-
vement la partie réelle et la partie imagi-
,z+ z’ = @ + x’, y + y’)
naire de z et on note :
et zz’ = (xx’ -yy’, xy’ + x’y).
Rez=x, Imz=y.
est alors facile de vérifier que, pour
Il

ces deux opérations, l’ensemble des cou- Les nombres complexes écrits sous
ples de nombres réels est un corps, le corps forme cartésienne satisfont aux règles

115
COMPLEXES NOMBRES

usuelles du calcul élémentaire, en tenant le théorème fondamental de l’algèbre


compte du fait que ? = - 1 ; par exem- Les nombres complexes sont donc apparus
ple : très tôt comme le domaine naturel de la
(x + iy) (x ’ + iy ‘) théorie des équations algébriques : toute
= xx’ + ixy’ + ix’y + i2yy’ équation algébrique peut être résolue dans
=XX’-yy’+i(xy’ +~‘y), ce corps. Plus précisément, le résultat
ce qui redonne la formule ci-dessus du fondamental est le suivant, Si P est un
produit. Les nombres complexes non polynôme de degré I à coefficients com-
nuk de la forme iy, J’ G R, ont pour plexes, il existe n nombres complexes
carré le nombre réel négatif -y2 ; ut, u2, .... a,!, pas nécessairement distincts,
pour cette raison, ils sont dits irmgimiws tels que l’on ait identiquement :

purs et l’axe 0~ est appelé 1’0.~ inmgi- P(z) = k(z-q)(z-02) (Z--U”),


nuire.
On appelle cnn&gué du nombre com- OÙ A est le coefficient du terme de plus haut

plexe z = .Y+ iy le nombre complexe degré. Ainsi, si l’on appelle ordre de


z = _Y- iy ; l’application de conjugaison, multiplicité d’une racine le nombre de fois
qui à tout nombre complexe fait corres- OÙ elle apparaît dans la décomposition
pondre son conjugué, est un automor- ci-dessus, tout polynôme de degré n a
phisme involutif du corps C, c’est-à-dire exactement 11racines, chacune étant comp-
que l’on a : tée avec son ordre de multiplicité.
Cette propriété était implicite pour de
zcjz=~+~‘, zz’zji’, ;LT=;
nombreux mathématiciens, mais c’est à
il en résulgar exemple que si z # 0, alors d’Alembert que l’on doit la première
5#Oet l/z= I/f. tentative de démonstration, d’où le nom de
Pour tout nombre complexe I, le pro- théorème de d’Alembert que l’on donne
duit N (2) = 2 = .Y?+ ,v’ est un nombre souvent à cet énoncé. La démonstration de
réel positif; c’est le carré de la distance de d’Alembert (1746) repose sur une argu-
l’image de z à l’origine des coordonnÇes. mentation analytique habile mais qui uti-
On appelle wzu~/ul~ de z le nombre réel lise des résultats de topologie. On doit a
positif : Euler (Recherches sur 1~s rucines inmginui-
res des équukms, 1751) la première ten-
tative de démonstration algébrique, qui fut
le module des nombres complexes possède reprise et améliorée tout au cours du
les mêmes propriétés que la valeur absolue xvnF siècle par Lagrange, Laplace et
des nombres réels : 1 z l= 0 si et seulement d’autres, Mais ces démonstrations présen-
siz=O; taient toutes des lacunes importantes.
Gauss, dans sa dissertation de 1799, en fait
l’historique critique et donne la première
Remarquons que l’inverse d’un nombre démonstration complète. fl reviendra à
complexe non nui est égal à 1jz = ?/i 2 i2 ; plusieurs reprises sur ce sujet et ne donnera
en particulier, les nombres complexes de pas moins de quatre démonstrations dif-
module 1, sur lesquels nous reviendrons, férentes du théorème fondamental de
ont pour inverse leur conjugue l’algèbre. Les développements de la théo-

116
COMPLEXES NOMBRES

rie des fonctions de variable complexe usuelles des suites de nombres réels ne
au XIX~ sièck ont vu naître d’innom- faisant pas intervenir la relation < sont
brables démonstrations de ce résuhat valables ici ; en particulier, le critère de
(cf. FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions Cauchy, qui permet d’affirmer qu’une suite
analytiques d’une variable complexe, est convergente sans connaître sa limite,
chap. 4). s’applique.
Un corps sur lequel tout pofynôme se Les .se’~Yes
de nombres complexes jouent
décompose en facteurs du premier degré un rôle absolument essentiel car elles
est dit algébriquement clos ; cette pro- interviennent dans fa définition des fonc-
Priété explique par exemple pourquoi la tions analytiques d’une ou de plusieurs
théorie des courbes algébriques se déve- variables complexes, qui est une branche
loppe plus harmonieusement sur le corps fondamentale de l’analyse. Soit (z,,) une
des nombres complexes que sur le corps suite de nombres complexes et soit (.y,J la
des nombres réek (cf. COURBES ALGÉBRI- suite des sommes partielles :
QUES).

Limites
on dit que la série de terme général z,,, ou
Puisque le module des nombres complexes que la série :
possède les mêmes propriétés que la
valeur absolue des nombres réels, on
peut définir de manière analogue toutes
les notions relatives aux limites ; remar-
est convergente de somme S. et on écrit :
quons d’ailleurs que les définitions qui
suivent, appliquées au cas particulier des
nombres réels, redonnent toutes les Ix Z” = s,

notions correspondantes pour ces nom-


si la suite (s,J converge vers S. Les séries
bres.
permettent de définir de nombreuses fonc-
On appelle suite de nombres complexes
tions : ainsi, la série de terme général ?I/n !
la donnée, pour tout entier naturel 12,d’un
converge pour tout nombre complexe z et
nombre complexe z~,; la suite correspon-
sa somme, la fonction exponentielle com-
dante est alors notée (z,?). On dit qu’une
plexe :
suite (:,J de nombres complexes tend vers
une limite u, ou converge vers u, pour I
tendant vers l’infini, si pour tout nombre E
strictement positif, on a :

lzn-ul <E est sans conteste une des fonctions les plus
importantes des mathématiques (cf. EXPO-
pour n assez grand, c’est-à-dire sauf pour
NENTIELLE ET LOGARITHME). La règle de
au plus un nombre fini d’entiers n. On écrit
muhiphcation des séries permet d’étabhr la
alors :
propriété fondamentale de la fonction
limon = 24
n-m exponentielie : si z et :’ sont deux nombres
complexes, on a :
La limite si elle existe est déterminée de
manière unique, et toutes les propriétés

117
COMPLEXES KI~BR~~

3. Forme trigonométrique pmsque 1ei’1= 1, on a cos*f + si& = 1


pour tout nombre réel t.
Trigonométrie L’étude de e” (cf. EXPONENTIELLE ET

Les nombres complexes de module 1 LoG4Rmrm) montre alors qu’il existe un


peuvent être caractérisés comme les nom- nombre réel T > 0 tel que e@ = i et tel
bres complexes # 0 dont le conjugué et que l’application qui a t associe el’ soit une
l’inverse sont égaux ; on vérifie facilement bijection de l’intervalle [O, 2 T[ sur U.
qu’ils forment un groupe muhiphcatif que Puisque, d’après (*) :
nous désignerons par U. Les images des
éléments de U sont les points du cercle de
centre 0 et de rayon 1 (appelé souvent on en déduit, toujours d’après (*), que la
(( cercle trigonométrique 1)) ; l’application fonction e” est périodique de période 2 T,
qui au nombre complexe L E U, d’image Ainsi, tout nombre complexe ~4de module
M, fait correspondre l’angle A(u) du demi- 1 s’écrit sous la forme :
axe réel positif avec la demi-droite OM est * = et’ = COSI + i sin f,
un isomorphisme du groupe multiplicatif
OÙ t est un nombre réel déterminé à 2 kr
U sur le groupe additif des angles Orientés
de demi-droites et pourrait d’ailleurs servir près, k entier relatif ; cela revient à dire que
à donner une définition rigoureuse de ces si x et ~1sont deux nombres réels tels que
angles. L’étude du groupe U constitue ce x2 + y2 = 1, il existe un nombre réel t,
défini à 2 kr près, tel que x = COSt et
qu’on appelle traditionnellement la trigo-
c = sin t. La propriété (**) montre,
nométrie ; l’outil pour défmir de fdcon
d’autre part, que si t et t’ sont deux
correcte les fonctions trigonométriques est
nombres réels, on a :
la fonction exponentieile complexe.
Pour tout nombre réel r, le nombre (cosf +jsinf) (cost’+jsinf’)
complexe e” appartient à U. En effet. on = cas (f + 1’) + j sin (f + t ‘),
voit facilement sur le développement en
série de 6 que le conjugué de cz est ez pour ce qui, en égalant les parties réelles
tout nombre complexe z; on a donc, en et imaginaires des deux membres, donne
utilisant aussi (*), les formules trigonométriques d’addition
des arguments. On déduit facilement
de ce qui précède la formule de De
Moivre, valable pour tout entier rela-
la formule (*) montre aussi que l’on a :
tif n,
eIQ+r’I = CT<
ez,’
(*Y (Cosf + i sin r)* = cas rzf + i sin rzt,

ce quj exprime que l’application qui au


qui permet d’obtenir de nombreuses for-
nombre réel t associe le nombre complexe mules de trigonométrie.
C”G U est un homomorphisme du groupe
additif R sur le groupe multiplicatif U.
Par définition, on appelle COSt et sin t Forme trigonométrique
respectivement les parties réelle et imagi-
Nous désignerons par C* le groupe mul-
naire de c”, soit :
tiplicatif des nombres complexes non nuls.
Si z # 0, le nombre complexe z/ 1z 1est de
CONIQUES

Bibliographie seule qui contienne tous les cas particuliers


R. ARGAND. Essai sur une munière de reprêsenter les et elle s’étend immédiatement en dimen-
quunti&b imuginaires dans les consrrucfions g&mé- sion supérieure aux quadriques et aux
triques, ~CYUV.tir., Blanchard, Paris, 1971/ G. CHE-
hyperquadriques.
VALIER, J.-F. FOURNIER & J. SIMÉON, Le3 Nombres
compk~es, Université scientifique, technologique et On se limite dans ce qui suit à des
médicale de Grenoble, Saint-Martin-d’Hères, 1987 / résultats purement classiques, en ren-
J. TNGNAN, Lu Gêombtrie des nombres compkws, VOyxIt à l’xtkk fOI-ITKS QUADRATIQUES
Bréai, 1991.
pour un exposé plus moderne.

E. U.

?G
CONIQUES
1. les sections coniques

L
7 étude des coniques a été pendant
deux millénaires le terrain de prédi- le cône circulaire
lection des géomètres qui ont accumulé sur Le cercle est la figure conique la plus simple
ce sujet d’innombrables théorèmes. Dès la et la plus ancienne ; il a été considéré
fin du III~ siècle avant J.-C., les mathéma- comme une figure bien avant le couple de
ticiens avaient obtenu par des méthodes droites, pourtant plus simple a priori (de
purement géométriques des résultats très tels couples existent dans toute géométrie,
complets : le Tmité des sections coniques alors que le cercle n’apparaît que dans
d’Apollonius (né vers 245 avant J.-C.) est quelques-unes). On peut alors définir le
un des sommets de la mathématique grec- cône circulaire, ensemble des droites
que. s’appuyant sur un point fixe (le sommet 0)
Le xvne siècle allait voir à nouveau se et sur un cercle (la base C). Le plus simple
développer la théorie des coniques dans de ces CÔnes est le cône de révolution, où la
deux directions très différentes. Descartes droite qui joint 0 au centre de C est
met en évidence les équations des coniques perpendiculaire au plan du cercle.
et reconnaît qu’elles constituent les cour- Les sections d’un cône circulaire par un
bes du second degré, tandis que Pascal et plan sont appelées sections coniques. On
Desargues donnent une impulsion consi- peut ainsi obtenir, outre le cercle, des
dérable à la géométrie pure en inaugurant ellipses, des paraboles, des hyperboles et
l’étude projective des coniques. des figures particulières (droites sécantes si
De nos jours, les mathématiciens ne se le plan passe par le sommet, droites
préoccupent plus guère d’enrichir l’herbier confondues s’il contient de plus une tan-
un peu vieillot des théorèmes sur les gente au cercle). Seul échappe à cette
coniques, qui ont été réduites 1 un chapitre définition (conforme à l’étymologie) le cas
de la théorie des formes quadratiques. Une de deux droites parallèles distinctes.
conique apparaît aujourd’hui comme une Celui-ci pourra néanmoins venir complé-
courbe non vide du plan projectif, définie ter la famille en application du théorème :
par une équation Q(x, y, r) = 0, OÙ Q est Toute section plane d’un cône dont une base
une forme quadratique en les Coordonnées est une conique est elle-rnême une conique
homogènes X, y, t ; cette définition est la ou le plan tout entier.

120
CONIQUES

Ce théorème capital, qui va beaucoup que les coniques ont été reconnues et
plus loin que la définition grecque (qui ne étudiées. Dans un plan métrique tel que le
considérait que certains types de CÔnes), plan euclidien traditionnel, les cas parti-
affirme en quelque sorte que la notion de culiers de coniques décomposées sont
conique est la notion projective fondamen- triviaux et on ne les considérera plus
tale, c’est-à-dire la notion invariante dans dans le cadre de cet article. Il suffira de
toute perspective par excellence, si l’on dire que deux droites sécantes forment
consent naturellement à étudier, dans le le cas de décomposition d’une hyper-
plan ou l’espace projectifs, autre chose que bole, deux droites parallèles (ou même
des configurations exclusivement formées confondues) celui d’une parabole ; nous en
de droites. tenant ici aux coniques réelles, il est clair
Dans le plan projectif OÙ la notion de qu’une ellipse ne peut se décomposer en
droites parallèles ne se différencie pas de droites dans notre système volontairement
celle de droites sécantes (en un point a limité.
l’infini), les ellipses, hyperboles et parabo-
Restent les trois grands types : ellipse
les sont de même nature : ce sont des
(dont le cercle est un cas particulier
coniques propres. Deux droites distinctes,
capital), hyperbole (pour laquelle l’hyper-
deux droites confondues forment les deux
bole équilatère joue un rôle analogue),
sous-familles de coniques décomposées.
parabole.

Un théorème de Pascal
Citons maintenant un important résultat
projectif, le célèbre théorème de Pascal : si 2. La parabole
A, B, C, D, E, F sont six points d’une
conique (décomposée ou non), les points
Définitions
d’intersection de BF et CE, AF et CD, AE
La parabole est la plus simple des trois
et BD sont alignés. Cela permet une
coniques traditionnelles (cercle mis à part,
construction point par point à partir de
naturellement : on ne le considérera ici que
cinq points d’une conique. Elle provient de
comme un cas particulier d’ellipse). La
ce que le point d’intersection de deux
droites passant par des points fixes dont les notion de parabole est affine, non métri-
pentes sont liées homographiquement que ; c’est-a-dire qu’il suffit de choisir,
décrit une conique ; cette définition, très parmi les droites d’un plan projectif, une
élémentaire, est peut-être la meilleure de tangente a une conique pour en faire la
toutes et ramène très simplement à la droite de l’infini : la conique en question
définition analytique par une forme qua- devient alors une parabole. Par contre, les
dratique. Elle explique, par sa simplicité, concepts d’axe, de sommet, de foyer
pourquoi des coniques interviennent si surtout, étant métriques, nous donnerons
souvent dans les problèmes élémentaires de la parabole des définitions équivalentes
de géométrie pure ou de mécanique. plus élémentaires que celle qui la décrit
comme une (( conique tangente a la
Coniques décomposées droite de l’infini )), utilisant les longueurs
Historiquement, c’est pourtant par des (ou, ce qui est équivalent, la notion de
considérations affines et surtout métriques cercle).

121
CONIQUES

Étant donné une droite D, appelée détermine entièrement la tangente en M


directrice. et un point F (le foyer) non situé (fig. 1). La normale coupe l’axe en LINpoint
sur elle, la parabole est : N tel que les vecteurs Eel aaient des
l’ensemble des points M qui sont centre projections de même valeur sur l’axe :
d’un cercle passant par F et tangent i la l’invariance de la projection de MN est une
droite D (définition 1) ; propriété caractéristique de la parabole.
l’ensemble des points AM tels que la Tout point d’une parabole pouvant
distance MF soit égale h la distance MH être pris comme sommet si l’on modifie
de M A la droite D (définition 2). convenablement la condition d’orthogo-
La perpendiculaire i D issue de F est nalité dans le plan, certaines des proprikks
l’axe de la parabole. Si elle coupe la précédentes sont en fait afines et non
directrice en un point K, la distance réellement métriques. Prenons par exen-
FK =p est le paramètre de la parabole. pie une paralklc quelconque (H) A
Le sommet S, situé sur la courbe, est le l’axe. Elle coupe la parabole en un point
milieu de KF ; la médiatrice de KF est unique Z OÙ la tangente sera notée (V) :
d’ailleurs la tangente au sommet. Toute la on constate alors que la parabole est
courbe est connexe, convexe et symétrique invariante dans la symétrie par rapport i
par rapport i l’axe (fig. 1). (H) parallèlement h (V), et que Z est le
milieu de la projection de la partic de
1 fig. 1
tangente A la parabole comprise entre son
point de contact et (H) [fig. 21. (H) est
appelé diamètre de la direction de (V).
c’est-i-dire ensemble des milieux des seg-
ments PQ parallèles SI (V) dont les extré-
mités sont sur la parabole : les tangenks
en P et Q se coupent d’ailleurs sur (H). La
démonstration de ces propositions peut se
T
ramener i une simple projection d.une
parabole sur un autre plan, Z étant
alors l’image du sommet, (H) celle de
l’axe, etc.
Le dénombrement des points d’inter-
section d’une droite avec une parabole. la
partition du plan en G exkrieur )) et G inté-
rieur )) sont naturellement des noGons
affines. On se bornera pourtant. pour la
commodité, i considérer une parabole
Tangentes métrique, la projection signalée ci-dessus
En chaque point M de la parabole. il existe permettant l’extension de ces notions it une
une tzzngente. Celle-ci est bissectrice de parabole affine.
l’angle formi par MF et la parallèle &
l’axe ; cette bissectrice rencontre l’axe en Intersection avec une droite
un point 7 tel que S soit milieu de la Une droite coupe une parabole en LIII OLI
projection sur l’axe du segment MT : cela deux points. Si le point d’intersection est

122
CONIQUES

1
Donnons-nous une droite quelconque
fig. 2
D. Si la projection de F sur D est sur la
tangente au sommet, on vient de voir que
D est une tangente a la parabole. Si cette
projection est du même côté de cette
tangente au sommet que F, D coupe
effectivement la parabole en deux points
distincts (un seul si D est parallèle à l’axe)
que l’on peut construire a la règle et au
compas (suivant les vieilles règles grec-
ques). Si cette projection est Située dans
l’autre demi-plan, il n’existe aucun point
d’intersection.
Prenant le problème d’un point de vue
Diamèires de la parabole différent, on peut chercher les tangentes à
la parabole issues d’un point donné M. Il
en existe une seule si M est sur la courbe.
Sinon MF > MH définit l’extérieur de la
parabole, d’où l’on peut mener deux tan-
unique et la droite non parallèk a l’axe,
gentes a la courbe (perpendiculaires si M
la droite est tangente. Pour qu’il en soit
appartient à la directrice) ; de l’intérieur,
ainsi, il faut et il suffit que la projection
caractérisé par MF < MH, on ne peut
du foyer F sur elle appartiemre a la
mener de tangentes. Le foyer est à l’inté-
tangente au sommet, ce qui donne une
rieur.
définition traditionnelle de la parabole
comme enveloppe de droites (dont la
projection sur elles d’un point fixe décrit Propriétés différentielles et intégrales
une droite fixe). Le point de contact est Px un point donné, il peut exister jusqu’a
alors aisément déterminé par sa projection trois normales à la parabole, coupant
sur l’axe, symétrique de T par rapport a S celle-ci en trois points définissant un cer-
Il existe une tangente unique ayant une cle passant par le sommet, et un triangle
direction donnée, sauf si celle-ci est celle dont le centre de gravité appartient à
de l’axe. Si une tangente variable coupe l’axe.
deux tangentes Iixes distinctes en U et U’, Le centre de courbure C en M, point OÙ
les abscisses de ces points sont liées par la normale en M est tangente à son
une relation affine (.Y’= M + b), ce qui enveloppe, se projette en P sur MF de
. __-__.
est une propriété affine, et ie triangle UPU façon que FM = FP = FN (N étant
reste semblable à lui-même (ses angles l’intersection de la normale et de l’axe) ;
sont constants), ce qui est une propriété CM = R est le rayon de courbure, Iié à
métrique ; toutes deux sont caractéristi- MF par l’égalitépR? = 8MF3. La normale
ques de la parabole. Si les tangentes fixes CNM coupe la directrice en D tel que Cc
se coupent en V, F appartient au cercle =2KE
(UVU’) et l’orthocentre du triangle UVU’ L’aire comprise entre un arc de para-
est sur la directrice. bole SM, l’axe et la projetante de M sur

123
CONIQUES

l’axe est égale aux deux tiers de l’aire du parabole, si test un nombre tel qu’abscisse
rectangle de diagonale SM, de CÔtés paral- et Ordonnée de M soient égaies respecti-
Ièles et perpendiculaires a l’axe (une telle vement a :
propriété se conserve, mututis mutadis, x = @/2) shzI, y = p sh t (d’où y2 = 2px),
par projection). Cette quadrature, la pre-
rnière du genre. était déja connue d’Archi- alors la longueur de l’arc SM est :
mede qui utilisait la sa méthode d’exhaus- s = @/4) (2 + sh 29.
tion (cf. CALCUL INFINITÉSIMAL). Des
géomètres tek que Roberval retrouvèrent Les longueurs des arcs des autres coni-
ques ne peuvent s’exprimer en général qu’à
ce résultat par des raisonnements inspirés
l’aide de fonctions elliptiques.
de la mécanique et du fait que la portion
de tangente comprise entre M et l’axe était
Coupée en son milieu par sa tangente au 3. Les coniques à centre
sommet : ils obtenaient ainsi deux arcs
symétriques de paraboles découpant trois Foyers
aires égales dans un rectangle (fig. 3). Pour les coniques à centre, les deux
définitions métriques courantes sont les
l fig. 3
suivantes :
l’ensemble des points M qui sont centre
d’un cercle passant par un point donné F
et tangent à un cercle donné C’ de centre
F’ : définition bifocale (fig. 4) ;

fig. 4

Quadrature de /a parabole

La plupart des propriétés de la para-


bole sont évidemment générahsables aux
autres coniques, dites coniques à centre ;
pour certaines d’entre elles, la parabole
apparaît en quelque sorte comme un
moyen terme entre l’ellipse et l’hyperbole.
Mais la parabole garde son originahté : par

L-._._
exemple, ce qui est rare pour une conique
autre qu’un cercle, la parabole est recti-
fiable, ce qui veut dire que l’on peut
Défktion bifocale de l’ell@e
1
donner une formule explicite pour la - l’ensemble des points M tels que la
longueur d’un arc de parabole SM. Dans distance MF soit proportionnelle à la
un système d’axes orthogonaux d’origine distance MH de M à la droite D (directrice
S dont l’axe des abscisses est l’axe de la associée a F) : définition monofocale.

124
CONIQUES

La première met en jeu deux foyers, F Pour une hyperbole, on pose au contraire :
et F’, et le cercle directeur C’ de centre F’ 3 - a2 = P, si l’on veut n’utiliser que des
et de rayon (2~). Par hypothèse, FF’ = 2c nombres réek.
est distinct de 2u (F n’appartient pas à C’).
Si l’on peut écrire c < u, alors F est Tangentes
intérieur à C’ et la courbe obtenue, lieu de
En chaque point d’une conique a centre il
M tel que :
existe une tangente. Celle-ci est la bissec-
MF+MF’=2a, trice de l’angle géométrique FMF’ (exté-
rieure pour l’ellipse, fig. 6, intérieure pour
est une ellipse, convexe, connexe et bornée
(fig. 5). Si c > u, F est extérieur à C’ : fig. 6

fig. 5

Tangente à l’ellipse

l’hyperbole). On ne peut mener deux


tangentes MT et MT’ distinctes à la
conique que par un point M extérieur a
l’hyperbole obtenue est Composée de celle-ci, défini par exemple par la relation
deux parties convexes et connexes res- MF > eMH, OÙ tu = c/u est l’excentricité
pectivement définies par MF ~ MF’ = 2~ de la conique (inférieure à 1 pour l’ellipse,
et MF’ ~ MF = 2~. Pour un cercle, égale à 1 pour la parabole par définition,
c = 0. et supérieure à 1 pour l’hyperbole), Sur la
Ces coniques admettent deux axes de conique même (MF = eMH), ce qui est la
symétrie perpendiculaires (dont FF’, seconde définition, il y a une tangente
appelé axe focal) et un centre de symé- unique (double). D’un point intérieur
trie 0, milieu de FF’, L’axe focal coupe (MF < eMH) on ne peut pas mener de
La courbe aux sommets A et A’, tels tangentes ; c’est notamment le cas en F ou
que : en F’. Si les tangentes existent, MT et MT’
OA=OA’=a. ont mêmes bissectrices que MF et MF’ : de
plus FM est bissectrice de l’angle ?Ï?’
Une ellipse a deux autres sommets B et B’
(cf. fig. 7, pour l’ellipse). MT est per-
sur l’axe secondaire de symétrie, définis
pendiculaire à MT’ si M appartient au
par OB = OB’ = I avec
cercle de Mange, de centre 0 et de rayon
ul- cz = bz (fig. 5). *R (pour e < V?I).

125
CONIQUES

fig. 7 Il existe une réciproque importante à


cette propriété affine : une droite joignant
deux points de deux droites fixes dont les
abscisses sont reliées par une telle relation
(OÙa # 0) enveloppe une conique à centre
(a = 0 correspond à une parabole). Le
produit des distances des deux foyers à une
tangente variable est égale à b2 ; les foyers
sont de part et d’autre pour une hyperbole,
du même côté pour une ellipse. Certaines
des propriétés précédentes s’étendent
naturellement à une parabole, en suppo-
sant par exemple que la direction de F’ est
celle de l’axe.
Pour que quatre points d’une conique
soient sur un même cercle, il faut et il
La projection de F sur une tangente suffit que deux des cordes les joignant
décrit le cercle de diamètre AA’ : si la soient symétriques par rapport aux
projection de F sur une droite est dans la axes de la conique. D’un point du plan,
même région que F par rapport à ce on peut mener jusqu’à quatre normales à
cercle, la droite donnée coupe la conique une conique a centre. Les pieds de trois
en deux points distincts que l’on peut d’entre elles et le point diamétralement
construire ; si la projection est dans l’autre opposé au quatrième sont sur un même
région, la droite ne coupe pas la conique. cercle.
On peut déduire de cela des définitions Si l’on se donne deux directions per-
de l’ellipse et de l’hyperbole comme pendiculaires, les points d’où les tangentes
enveloppes de droites, comme pour la issues ont des directions symétriques par
parabole. rapport à ces directions privilégiées appar-
Parmi les tangentes à une hyperbole, tiennent à une hyperbole (équilatère) de
deux sont particulières. Issues de 0, elles même centre que la conique, passant par
n’ont aucun point de contact à distance les deux foyers ; il en serait de même si l’on
finie avec la courbe dont elles sont des remplaçait les deux directions choisies par
asymptotes ; elles déterminent deux angles celles de leurs bissectrices, d’où la position
contenant chacun une branche connexe de des foyers à l’intersection des deux hyper-
Yhyperbole. boles.

Correspondances linéaires Propriétés différentielles et intégrales


Si une tangente variable coupe deux tan- La normale en M coupe l’axe focal en N
gentes fixes a une conique à centre, les tel que NF = eMF. La perpendiculaire en
abscisses .X et X’ des deux points d’inter- N à MN coupe MF en P, projection du
section sont reliées par une relation homo-
centre de courbure C en M sur MF, et
graphique du type :
coupe MO en Q, point tel que QC soit
~X_X’+ bx + cx’ + d = 0. perpendiculaire à l’axe focal (fig. 8) : cela

126
C O

fig. 8 P e p ô t o l l e

S u c M i cn o l d M oe D r a i
e P F e u n b , P s dn l i t
% S M p % p iF M l t a ‘ a , e’
en M et en M’ se coupent en T sur
L d e Pa ei c th sr o
q d F p r u e à Ma e aMe ; d r t
p l = l e ’d C u ds a r e
t D e S r a u sd i i u n t i t
d 0 e p e , s a el f et r’
S d m ci d u 0 êq Ftô E e mu
n p p u’ c a p o l en e F s o u
F e 0 s c ’ t do co = e = 0 : ’ n n
c f q l ed d u m a lé i e o
q m d ul c a éd die a s j
s d l cy ne a p o m a ’
g q pé 1 eu n an 1 x’
m u d e a n i D np n e r
f d c o e d oc u d u l u ne fr e F x’ sn on ’ a tt yi .
c s a os ad l u u of ue P’ x ruom c f poa bncmq o xru à uea eu n
o l r d c ù e a R = eM o e é y c C u so gp o e l r ctu aa n hn e b o lr
a p = b p d? l ca ( e/ an or d e p u i f an M ’ p t ro , qi m ia u a ai
l d l do ei a edn F e se meg P t e Q sxd ci u pt ut’ p -oe a
p à eF E u p rFq n nM os p ’ us s iuo e)die ua nnn n. rtl
c o a : o n n p qd M ( o9 A ue u f d l ) i e n i
e f p d f s ac o u ot S ol
a = M % J F= M z + J NR R M 3z F ’

O r a ln pe u c e at l so rr sm ao fig. 9
i m m
l d l po oe a r n d r o g e t j u h e e
M
M s M o N M u S N F eu s F lr i ’ s u ’ a t r.
m d F é e s Me FM d t s u N ’ Ni e r , ’a t
p s u r l u é n oa o i g e sj n v a e g a l t u
M o M lF t u vs eN r e s ’o tc Ni t ,s
N e N s ’ p t M o M ar n uo t xp o
n ? a eo u - c ,( 2 p t m 2u 2 @ o b n u r e r e
e - @ p lu h o l n y u i e p r p e s r
L c d c e e e l es o s n n e o u t s mr r mb
A e B d e ts ’a l a ol u l l v ne ni i e t eg p c
p d o d ’t ei Ae e ia nn s t nn t tg e
B ;c d e p e r s a eA t ; o t r Bt i pe t e
l c d a co d c e en e e o s rs n u ct r lr
A e Bp u ct e gn o r re n m a s e p t
t S d lr Ao e ’è Bi as g. r n c é

1
CONIQUES

le centre n’a pas de polaire. Un point de égale à U!I,comme on le voit en prenant les
la conique a sa tangente comme polaire. axes de l’ellipse pour D et D’ (fig. 10). De
Toute droite ne passant pas par le centre
fig. 10
éventuel est la polaire d’un certain point
qui est appelé son pôle.
Si la polaire de M passe par M’, celle de
M’ passe par M. Si M, P, Q sont alignés,
leurs polaires sont concourantes et réci-
proquement. Si MT et MT’ sont des
tangentes issues de M, la corde TT’ qui
joint leurs points de contact est la polaire
de M (cf. fig. 9 pour l’ellipse). Ces pro-
priétés peuvent être obtenues très simple-
ment par perspective (conique éventuehe-
Diamèws conjugués d‘une ellipse
ment) à partir des propriétés analogues
pour le cercle, où elles sont bien connues ;
elles sont projectives en dépit des appa- plus OP2 + OQ2 = u2 + b2 est constant.
rences. De tels diamètres conjugués sont simpie-
ment les projections orthogonales de deux
diamètres perpendiculaires d’un cercle de
Diamètres
diamètre AA’ placé de façon que l’ellipse
Donnons-nous une direction D ; les soit sa projection : la plupart des propriétés
milieux des cordes parallèles 1 D sont de la conjugaison (ainsi que la formule
situés sur un diamètre, c’est-à-dire une donnant l’aire de l’ellipse : S = mb) sont
droite passant par le centre (ellipse ou des conséquences immédiates de cette
hyperbole) ou parallèle à l’axe (parabole). projection.
La conique est invariante dans la symétrie
par rapport à ce diamètre parallèlement
a la direction D. Fixons un point M ; à
tout diamètre de direction D. associons 4. Propriétés particulières
son point d’intersection avec la perpen-
diculaire issue de M au diamètre conju- L’ellipse
gué de D défini ci-dessus. Ces points Une construction très simple permet
engendrent une hyperbole (équilatère), d’obtenir autant de points de l’ellipse que
coupant la conique aux points où la l’on en désire. Donnons-nous deux droites
normale passe par M, ce qui permet de les perpendiculaires 0.~ et OJ, et un segment
construire. constant PQ dont les extrémités décrivent
Pour une ellipse, a tout diamètre D, on respectivement 0,~ et 0~ (fig. 11). Un
peut associer le diamètre conjugué D’ dont point M situé entre P et Q tel que MQ = u
D est à nouveau le conjugué. D et D’ et MP = b décrit une ellipse de centre 0,
coupent l’ellipse en P et Q, par exemple, d’axe focal 0,~. La tangente en M est
tels que la tangente en P soit parallèle à D’, perpendiculaire à IM, OÙ 1 est le quatrième
et forme avec D, D’ et la tangente en Q, sommet d’un rectangle OPIQ. Deux posi-
un parallélogramme d’aire constante, tions perpendiculaires de PQ (appel&

17R
CONIQUES

fig. 11 formules d’Euler, valables également pour


une hyperbole :

MF=la-exl, MF’=~a+ex~

pourvu que F soit le point de Coordonnées


(c, 0). Cette équation s’écrit :

.x2/a2 + y2/b2 = 1.

L’ellipse intervient notamment en


astronomie. Tout point attiré par un autre
point F suivant la loi de Newton décrit une
conique de foyer F. Les Planètes, qui ont
un mouvement périodique, décrivent des
Bande de papier
ellipses, seules coniques à être bornées.
L’aire comprise entre la courbe et les
droites joignant F a deux positions du
N bande de papier )) dans la littérature)
point mobile est proportionnelle à l’inter-
correspondent à deux extrémités de dia- valle de temps séparant les deux positions ;
metres conjugués. 1 décrit le cercle de pour une Planète, la période T du mouve-
centre 0 et de rayon (u + b) ; le symétri- ment est telle que Tl soit proportionnel au
que J de 1 par rapport a M est lui aussi sur cube cl3 de la longueur :
la normale en M ; il décrit le cercle de
centre 0 et de rayon (u ~ b), et 0.~ est
a= OA = AA’/2 ;

bissectrice intérieure de l’angle z; IJFF’ ce sont les fameuses lois de Kepler.


sont sur un même cercle, et forment la
figure connue sous le nom de quadrangle l’hyperbole
harmonique, inverse d’une division har- L’hyperbole, à cause de ses asymptotes,
monique (fig. Il). possède des propriétés très particulières. Il
La projection considérée, que l’on n’existe pas nécessairement de tangentes
peut relier à l’affinité d’axe AA’ et de ayant une direction donnée (il suffit de
rapport b/u, qui transforme le cercle de considérer des droites passant par le centre
diamètre AA’ en l’ellipse, est à l’origine et Situées dans les deux angles déterminés
d’une représentation paramétrique parti- par les asymptotes OÙ sont Situées les deux
culièrement simple de celle-ci. Le trans- branches). L’angle de ces asymptotes est
fnrrnk du point du cercle défmissant, avec l’angle 22 défini par COSz = 1/e. Les points
OX, un angle t est en effet le point de d’intersection avec les tangentes en A et A’
l’ellipse de Coordonnées Y = u COSt, sont les sommets d’un rectangle de CÔtés
_Y= b sin t ; test l’anomalie excentrique de Z7 et 2!7.
ce point. Deux extrémités de diamètres Cette dernière propriété se généralise
conjugués, dont les pentes dans ce système de la façon suivante. Considérons un
d’axes ont pour produit b2/a2, ont des diamètre P’OP de l’hyperbole. La droite
anomalies excentriques différentes dùn passant par 0 et parallèle à la tangente en
angle droit. L’équation de l’ellipse en P est le diamètre conjugué de la direction
découle ; on pourrait aussi la déduire des OP. Il ne coupe pas l’hyperbole. Mais si

17Q
CONIQUES

l’on y construit le point Q tel que OP? - parallèlement à elle-même, le produit


OQ? = & ~ b?, l’aire du triangle OPQ est MP MP’ reste constant : il est notamment
constante (et vaut 42) ; quand P varie, Q égal à .5l si MPP’ est perpendiculaire à
décrit une autre hyperbole, dite Conjuguée l’axe focal.
de la précédente, ayant même centre et
mêmes asymptotes, échangeant a et I avec L’hyperbole équilatère
la précédente (fig. 12). De plus, la tangente Parmi toutes les hyperboles, l’hyperbole
équilatère, d’excentricité m (u = !J), est
fig. 12
particulièrement intéressante. Ses asymp-
totes sont perpendiculaires.
Considérons les sommets A et A’, le
cercle de diamètre AA’, un point P décri-
vant ce cercle (fig. 13). Menons par A la

fig. 13

en QJ, est parallèle à OP, et coupe la


tangente en P sur une asymptote. Enfin la
Conjuguée de la Conjuguée est l’hyperbole
originale. Les deux diamètres N conju-
gués 1) OP et OQ forment un faisceau
harmonique avec les asymptotes. La symé-
droite symétrique de AP par rapport à la
trie par rapport à OP et parallèlement à direction de AA’ ; cette droite coupe A’P
OQ laisse invariante chacune des deux en M, point de la branche contenant A de
hyperboles Conjuguées. l’hyperbole équilatère de sommets A et A’.
Revenant 1 une hyperbole simple, la Le triangle AMA’ est pseudo-rectangle,
famille de ses tangentes jouit d’une pro- c’est-à-dire que la différence des angles en
Priété remarquable (due au fait que les A et A’ est égale à un droit. La tangente
asymptotes sont des tangentes très parti- en M au cercle (AMA’) est perpendiculaire
culières) ; partant du fait qu’une corde 1 AA’, qu’elle coupe en H tel que
MM’ coupe les asymptotezdes points P HM* = HA. HA’ (comme dans un véri-
et P’ tels que l’on ait MP = P’M’, la table triangle rectangle). Si A’PM coupe la
tangente en M coupe les asymptotes en Q tangente au sommet A en le point T,
et Q’ tels que M soit le milieu de QQ’. conjugué harmonique de A’ par rapport à
QQ’FF’ sont situés sur un même cercle et M et P, les tangentes en P (au cercle) et en
forment un quadrangle harmonique. De M (à l’hyperbole) se coupent sur AT au
plus, si une droite passant par M coupe les milieu de ce segment ; elles coupent AA’ en
asymptotes en P et P’ et se déplace les projections de P et de M ; M se projette

17f-l
CONVEXITÉ

sur AT en un point appartenant à OP, etc. l’hyperbole, le cercle de diamètre MM’


(fig. 13). Cette figure est la base de la passe par deux points fixes OÙ la normale
correspondance entre les trigonométries est parallèle à MM’.
circulaire et hyperbolique ; elle inspira à
A WARUSFEL
N
Abraham de Moivre sa fameuse formule :

( x + i s x C= c r +i i s) O f a z n iS
~ z s x n x .
Bibliographie
Si l’aire comprise entre OA, OM et A PERGA,
P DE L C O ( a ’ K L
l’hyperbole est égale à &/2, les coordon- P V é
P. e1 / Md Ba r 9G E.. r &
trk, t. I : F q V o q u re ma
nées de M (dans les axes convenables) sont c C m N Pe z 1 a / J H ad i 9 t
alors x = a ch t y = a sh t d’où , l’équa- M, L Ad g q Rd e é m D2 vé o ,

tion ,y2~ ,v2 = a*. Toute hvnerbole étant


, L
A C 1 r . oJ G 9 Se l. 1 a 4 / cp
H L L E. C JBe C o S E s. in
affine d’une hyperbole équilatère de même
1 / J P 9G I . u i 8C c mm H 8
sommet, l’équation générale d’une hyper- E 1 l 9 l 9 i
bale est donc :

et celle des asymptotes est obtenue en y


remplaçant 1 par 0. La fonction (( guder- C O
manien de t n Utilisée pour construire
, les

:
cartes géographiques selon la projection de

L
A CONVEXITÉ, étude des ensembles et
Mercator, est définic par
des fonctions convexes, constitue une
1’=2arctgei-w2. branche de la géométrie et de l’analyse qui
unifie des phénomènes à première vue
u2/2.t’ est la moitié de l’aire comprise entre
totalement dissemblables. Elle intervient a
OA, OP et le cercle.
divers niveaux dans des branches très
Dans une hyperbole équilatère :
Variées des mathématiques : théorie des
M = MF M zO M F z 2N ’
nombres, Z
problèmes ,
combinatoires, ana-
lyse fonctionnelle et applications (théorie
l rayon de e courbure R est tel que
des graphes, théorie des jeux...).
u2R = OM3. Si C et C’ sont deux points
La convexité se retrouve dans des
de l’hyperbole symétriques par rapport à
contextes très divers ; mais le cas fonda-
0, les bissectrices de 6%?’ sont parallèles
mental, le seul qui sera considéré ici, est
aux asymptotes, et la différence des angles
celui des espaces vectoriels sur le corps R
C et C’ est constante. Tout cercle passant
des nombres réels,
par CC’ est recoupé suivant un diamètre :
un cercle de centre C et de rayon CC’
recoupe l’hyperbole équilatère suivant les
sommets d’un triangle équilatéral. Deux
hyperboles équilatères se coupant en les
sommets et l’orthocentre d’un triangle, on
A E c . n o s
peut en déduire de nombreuses propriétés.
Si une corde MM’ se déplace en restant Un sous-ensemble C d’un espace vectoriel
parallèle à elle-même, en coupant toujours réel E est dit corzve,ye si, pour tout couple
C O N V E X I

de points quelconques de C, le segment qui avec le cas de l’espace usuel R3 (représen-


a pour extrémités ces deux points est tation paramétrique de la droite définie
emièrement contenu dans C. Par exemple, par deux points), on appelle droite joignant
un cube est convexe, mais sa surface ne .x et J l’ensemble des points de E de la
l’est pas, car elle ne contient le segment forme :
d’extrémités s et J que si s et y appartien-
(1 -vx + A.Y,
nent à la même face. Les ensembles
convexes interviennent dans de nombreux où A est un nombre réel quelconque. Les
domaines des mathématiques et il est points tels que h 2 0 constituent la dmi-
souvent possible, en pareil cas, d’obtenir droite .~y d’origine Y; les points tels que
d’intéressants résultats en ne faisant appel 0 < A < 1 constituent le segment [.Y, y]
qu’à des arguments (( géométriques D rela- d’ext&nités x et y.
tivement élémcntaires. Par définition, on appelle sous-vurie%
Minkowski (1864-1909) fut le premier à linéui~e de E tout sous-ensemble de E qui
étudier systématiquement les ensembles contient toute droite joignant deux quel-
convexes et ses œuvres contiennent la conques de ses points ; par exemple, dans
plupart des idées importantes Utilisées l’espace usuel R3, les sous-variétés hnéaires
pour ce sujet. Les premiers développe- sont : l’ensemble vide, les ensembles
ments se limitaient aux espaces vectoriels réduits à un point, les droites, les plans et
de dimension finie et l’objet principal de l’espace R3 tout entier. Toute sous-variété
ces études était de résoudre des problèmes linéaire V de E est la translatée d’un
de nature quantitative ; depuis 1940, les sous-espace vectoriel de E, c’est-à-dire
aspects combinatoires et qualitatifs ont l’ensemble des points de la forme Q + -y,
bénéficié d’une plus grande attention. OÙ L est un élément fixé de V et où s
Après quelques préliminaires généraux, on parcourt un sous-espace vectoriel F de E ;
traitera d’abord les aspects quantitatifs et si F est de dimension finie p, on dit que V
combinatoires, en se limitant au cas OÙ est de dimension p.
l’espace est de dimension finie ; on abor- Par analogie avec le cas des plans dans
dera ensuite les aspects qualitatifs de la R3, on appelle hyperplan de E toute
théorie et ses applications à l’analyse sous-variété linéaire qui n’est contenue
fonctionnelle. strictement dans aucune autre variété
Un des aspects les plus fascinants de la linéaire que E lui-même ; par exemple, les
théorie des ensembles convexes est le hyperplans de R’l sont les variétés linéaires
grand nombre de problèmes très faciles et de dimension n - 1. Le complémentaire
intuitifs à formuler que l’on ne sait pas (ensembliste) d’un hyperplan H est la
toujours résoudre. réunion (ensembliste) de deux ensembles
convexes disjoints appelés les demi-espuces
ouverts limités par H ; leurs réunions avec
1 P g
. r é o n p
H s’appellent é r
les demi-espuces ferr&sr limi-
i a
tés par H. On dit que deux ensembles X et
D é f Yi sont skparbs npar H si l’un est i contenu t
Soit ,v et J’, deux points distincts d’un dans un de ces deux demi-espaces fermés
espace vectoriel réel E (cf. algèbre et l’autre dans l’autre demi-espace ; on dit
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE). F%r analogie que H est un hyperp!an dbppui de X au
C

p s , a o à Xi ev sp X e i. s t c ip t nx oX q p o a Tt pn u o ndr sa r t i
s p H éL f a 1 .d pa ui rc o a d gn t oe n r a c u o nc n é n o r
n X ;2 s a l ’ C n ’ d a
fig. 1 ~ X ( 3 O p af d) n eX c ui .é

d ;m
\
f i

X
x
0 Y 0

H
.
.
e d h x H ’d y de X e u’ p em n na . e p p r l
, s X e Yx( é E = R et H ,ei pu z t cs an . , it r e a
d r o i t e

. .
E c n o s n e v m e b
X f i n i
U s nC do E e d c eu s s i o si t t n - v e
p t c .oy dop o d xu edu o u i , r et i p s n l t
C Ts [ y ,e eee . ]c s ng l x o t tm d t ’ , nT ci ee oe t e èo n
d C ( 2 I ae c f q ) t l ns i l i uc .o tsn da gp e o u d t Xei c. o n t e e ,sr
l d p ’ d l f e o: e e a o s
r f 2 i g .
l

O l x s d Ù p e , d o X e e o ol s A e n t
s d n o r e p o qné s o m
q d s 1u O e a o e .e n p m
c do X l ed n X ’
L e ec n d s so v
e j dn R s ïa e s ’d o r p
p ( i o E pc n l o n af
a s pd d i n ple i m
s d e c ’ e e c o u e l s n c t n n nd o (t +c o1i pv sed pt o no) oe
e c n P s o s d
X se a u u n i R n s
es r n i v d e n u omm
t i th ae n n bê t e
s q o d E lu u e ( , ’e s p n =s 1 itl - o p en =, nrc2 e u o
t k d t il e e o c oe n t u o ns p s F é= s 3 ne o; ec Z tn , vt u me
c X ( y eo a t ai m n n ou j lu ou t run f o in e ôj,e ot u n n lon
E l e uu e s c ni n a t o - s l n m e g v ê m
C O N V E X I

Un point _xd’un ensemble convexe C est E m p i


appelé un p e osi son x complé- i Unt empilement
n hest un arrangement
t i de d
mentaire dans C est convexe, c’est-a-dire si corps convexes tel qu’aucune paire de ces
x n’appartient a l’intérieur d’aucun seg- corps n’ait de point intérieur en commun.
ment contenu dans C. Unefice F de C est Indépendamment de l’intérêt que les pro-
un sous-ensemble convexe de C tel blèmes d’empilements ont en eux-mêmes,
qu’aucun segment contenu dans C ne ce genre de problèmes se retrouve égale-
traverse F, c’est-a-dire que tout segment ment en théorie des nombres, en théorie de
[.Y,y] dont les extrémités appartiennent à C l’information, en cristallographie, en bota-
et dont un point différent des extrémités nique, en construction des réacteurs
appartient à F est entièrement contenu nucléaires, etc. Très souvent, on cherche à
dans F. Ainsi, le cube a six 2-faces, douze réaliser un empilement de densité maxi-
l-faces (les arêtes) et huit O-faces (les mum. Ainsi, l’empilement de densité maxi-
sommets) ; de plus, le cube est l’enveloppe mum de cercles égaux dans le plan est
convexe de ses points extrémaux, qui sont obtenu en décomposant le plan en hexa-
ici les sommets. gones réguliers égaux et en inscrivant dans
Les termes corps et CÔnes sont utilisés chacun de ces hexagones le cercle de
de manière assez différente par plusieurs diamètre maximum ; ainsi, chaque cercle
auteurs. Nous adopterons les définitions en touche exactement six autres (fig. 4).
suivantes : Un corps est un sous-ensemble
fig. 4 1
borné de R” d’intérieur non vide (c’est-à-
dire contenant au moins une boule de
rayon > 0) et un &e est un sous-
ensemble d’un espace affine réel E, qui est
réunion d’une famille de demi-droites de
même origine.

2 A q . s u p a e n c t t i

G d né e oo s m
m bé rt er

C e
sont des recherches de théorie des
nombres qui furent à l’origine des premiers
travaux de Minkowski. Nous renvoyons, Dans le cas de l’espace à trois dimensions,
pour cet aspect, à l’article approximations on a conjecturé que l’empilement de den-
DIOPHANTIEKWES, en nous COnktItmt de sité maximum de bou/es égales est obtenu
rappeler ici l’énoncé du célèbre théorème par une construction due à Kepler : on
de Minkowski : Si C est un sous-ensemble commence par diviser R3 en un échiquier
convexe de R’l, symétrique par rapport à à trois dimensions, OÙ les cubes sont
l’origine, et de volume V(C) > 2”, alors C Coloriés alternativement en blanc et en
contient au moins un point dont toutes les noir ; on construit ensuite des boules
Coordonnées sont des nombres entiers. Centrées en chacun des centres des cubes

1 3 4
CONVEXITÉ

noirs et tangentes à chacune des douze positifs ; l’ensemble des points de la


arêtes du cube ; de cette façon, chacune forme :
des boules en touche exactement douze
autres. Cette conjecture n’a été démontrée
que pour des empilements assez réguliers. où .Y, parcourt C, pour tout i, est un
corps convexe C, que nous désignerons
par :
lnégahés
Il y a toute une série de résultats quanti- A + + A ; & &
tatifs relatifs au volume, à la surface, au
lorsque C,, .... Ck sont fixés, le volume
diamètre, etc., d’un corps convexe. Par de C s’exprime par un polynôme homo-
exemple, l’inégalité isopériméWique
gène de degré I en les variables A,, .... AA,
exprime que la surface S et le volume V Certains des problèmes les plus fonda-
d’un corps convexe C de Rn vérifient mentaux de la théorie quantitative des
l’inégalité : corps convexes sont liés à l’étude des
coefficients de ces polynômes, appelés
volumes rnktes de C,, .... Ck. L’outil de
O L est le volume deÙlaI boule unité de R” ; base, dans l’étude des volumes mixtes, est
de plus, cette inégdlité est une égalité si et le théorème de Brunn-Minkowski, qui
seulement si C est une boule, c’est-à-dire affirme que, pour tout h compris entre 0 et
que, parmi les corps convexes de volume 1, on a :
don&, les boules constituent ceux dont la
surface est minimum. De plus, tout corps [ 1- h +A V ) C ( C
convexe C de Rn est contenu dans une
>( - q + W1 y
boule de rayon minimum r, et cette boule c’est-à-dire que la racine n-ième du volume
est unique ; l’inégalité de Jung affirme que est une fonction concave de A. Les inéga-
si on désigne par d le diamètre du corps C lités pour les volumes mixtes engendrent
(c’est la borne supérieure des longueurs de nombreuses inégdlités d’intérêt géomé-
des segments dont les extrémités appar- trique, en particulier l’inégalité isopérimé-
tiennent à C), on a : trique.
I < (n/(2n + 2))“ld :
Corps de largeur constante
cette inégalité devient une égalité si et
Un corps convexe C de Rfl est dit &
seulement si C est un simplexe régulier de
/argeur constante b si la distance entre
n + 1 sommets dans R’. Un théorème de
n’importe quelle paire d’hyperplans
Loewner affirme que tout corps de Rn est
co~ïteïï.~ da~ïs uïï ellipso~dc de ~olu~~ïe d’appui de C parallèles est constante, égale
à b. Contrairement à l’intuition, un tel
minimum ; cet ellipsoïde joue un rôle
corps n’est pas nécessairement circulaire
important dans la théorie des modèles
(dans le plan) ou sphérique. La définition
expérimentaux.
précédente équivaut à la suivante : C a
pour diamètre b et tout ensemble réunion
Volumes mixtes de C et d’un point quelconque de R”
Soit C,, C?, .... Ck des corps convexes de n’appartenant pas à C est de diamètre
R”, et A,, AZ, .... Ak des nombres réels supérieur à b. Par suite, tout ensemble de

135
CONVEXITÉ

Ri’ de diamètre < b est contenu dans un notion de graphe d’intersection. qui est
corps convexe de largeur constante h. Utilisée dans des domaines aussi variés que
Cette propriété permet, par exemple, de la génétique moléculaire, la psychologie et
ramener le problème suivant de Borsuk au l’écologie. Pour toute famille d’ensembles,
cas oti X est de largeur constante : Peut-on on appelle gwpiw dïntmcction un graphe
recouvrir tout ensemble X de diamètre 1 abstrait OÙ chaque ensemble correspond à
dc R’j par (/z + 1) ensembles de diamètres un sommet du graphe et OÙ chaque inter-
< 1 ? La réponse est affirmative si tz < 3, section non vide est représentée par un arc
mais inconnue pour /? > 3. réunissant les sommets correspondants ; la
Euler (en 1778) et de nombreux mathé- figure 5 donne un exemple d’une famille
maticiens après lui ont étudié les corps
convexes de largeur constante dans le plan fig. 5

c!i+J
(n = 2) ; les propriétés trouvées ont été
Utilisées en cinématique et même pour
construire un foret utilisé pour forer des 2
1
trous carrés : un corps possédant ces 4
3
propriétés peut être placé dans un carré de
telle sorte qu’en les tournant il reste 5

perpétuellement en contact avec les quatre


CÔtés de la boîte.

3. Aspects combinatoires

Intersections
Une partie des problèmes combinatoires
est reliée zY+l’étude des intersections d’ensembles convexes et de leur graphe
d’ensembles convexes qui sont toujours d’intersection. Tout graphe ayant un nom-
convexes, comme on l’a vu ci-dessus bre fini d’éléments est un graphe d’inter-
(l’ensemble vide est, par définition, section d’ensembles convexes de R’, mais
convexe). pas nécessairement un graphe d’intersec-
D’après un théorème démontré par tion d’ensembles convexes de Rz ou de R.
Helly. l’intersection C d’une famille de Un gw,!Ac d?ntmdles est un graphe
convexes de R”, telle que l’intersection de d’intersection d’une famille finie d’ensem-
toute sous-famille de (e + 1) de ces ensem- bles convexes de R (ce sont des interval-
bles soit non vide, est non vide si l’une ou les) : on peut caractériser ces graphes
l’autre des hypothèses suivantes est réali- d’intervalles, mais le problème correspon-
sée : la famille est finie ou chacun des dant pour le plan n’est pas résolu.
convexes de la famille est fermé et borné
(c’est-à-dire compact). Ce théorème admet Étude des enveloppes convexes
de nombreuses généralisations et applica- Une autre série de problèmes combinatoi-
tions. res est la recherche de formes algébriques
L’étude des propriétés des intersections pour la représentation des enveloppes
d’ensembles convexes est facilitée par la convexes. Voici, dans cet ordre d’idées, un

136
CONVEXITÉ

théorème très simple et très utile, dû i c’est-i-dire P est l’ensemble des points de
Carathéodory : Si X est un sous-ensemble la forme :
de R’l et u un point de l’enveloppe convexe
de X, alors u appartient à l’enveloppe
convexe d’un sous-ensemble fini Y de X 4 P est l’enveloppe convexe fermée de
contenant au plus (f? + 1) points. Par la réunion d’un polytope B et du translaté
exemple, si X est un sous-ensemble du plan d’un cône polyédral. (On a représenté, sur
et si ,y appartient à l’enveloppe convexe de la figure 6. un polyèdre P de dimension 2,
X, alors s appartient soit à X. soit à un
segment ayant pour extrémités deux points flg.6

de X, soit i un triangle ayant pour sommet


trois points de X. Le théorème de Cara-
théodory a de nombreuses applications ;
on en déduit, par exemple, que l’enveloppe
convexe d’un ensemble fermé borné de Rn
est un ensemble fermé borné.

Polyèdres
Parmi tous les probièmes combinatoires
que l’on rencontre dans la théorie de la
convexité, celui qui est le plus ancien et qui
a éti étudié de la manière la plus approfon-
die est la structure des faces des polyèdres
convexes. Nous appellerons po/y&/re tout ainsi que le polytope B et le cône C
mentionnés ci-dessus.)
sous-ensemble de R” intersection d’un
Le premier résultat, dans l’étude com-
nombre fini de demi-espaces fermés, en
binatoire des polytopes est le théorème
réservant la dénomination depo/yfope, aux
d’Euler (1752) qui affirme que si V, c’,,f
polyèdres /wwA ; un lemme, dû à Farkas,
sont respectivement le nombre de som-
montre qu’un ensemble est un polytope si et
mets, d’arêtes et de Faces d’un polytope U’<J
seulement s’il est l’enveloppe convexe d’un
hmwion 3. on a :
nombrej% de points. On peut caractériser
de même les CÔnes polyédraux comme v-e+f=2
enveloppes convexes d’un nombre fini de
(on appelle ici sommets les points extré-
demi-droites de même origine. De manière
maux du polyèdre). Poincaré et SchMi ont
générale, un sous-ensemble P de R’r est un
g&n&ra!is& ce th&rkme ZdX polytopes de
polyèdre si et seulement s’il satisfait à une
dimension I : siJ (P) est le nombre de faces
des conditions équivalentes suivantes :
de P de dimensions i, on a la relation :
u) P est un ensemble convexe fermé qui
a un nombre fini de faces : n-1

b) P est l’enveloppe d’un nombre fini Ix


,=o
(- 1)sft(P) = 1 - (- 1p.

de points et de demi-droites ;
c) P est la somme vectorielle B + C En 1934, Steinitz est parvenu i UIW-
d’un polytope B et d’un cône polyédral C, t&ixr les graphes des polytopes de dimen-

137
CONVEXITÉ

sion 3 (on appelle graphe d’un polytope la


fig. 8
structure combinatoire déterminée par les
sommets et les arêtes) : le graphe d’un
polytope de dimension 3 est équivafent à un
graphe planaire (qui peut se dessiner dans
le plan sans qu’il y ait aucune intersection
d’arcs) connexe de degré 3 (c’est-à-dire qui
ne peut être séparé en deux parties disjoin-
tes en enlevant moins de trois sommets).
Par exemple. le graphe de la figure 7 est le

fig. 7

premier n’est pas connexe de degré 3 et le


second n’est pas semblable à un graphe
planaire (c’est le graphe d’un simplexe de
dimension 4). On a découvert de nombreu-
ses propriétés des graphes des polytopes de
dimension n (par exemple, ils sont conne-
xes de degré H), mais on ne connaît à ce jour
aucune caractérisation combinatoire des
graphes des polytopes de dimension > 3.
De nombreux problèmes de program-
graphe du polytope obtenu en tronquant mation hnéaire et d’optimisation revien-
chacun des sommets d’un cube ; les deux nent à trouver les points d’un polyèdre P
graphes de la figure 8 ne sont pas des où une fonction linéaire atteint son mini-
graphes de polytopes de dimension 3, car le mum ; on montre que, si P est borné, le

138
CONVEXITÉ

m e a i a s e lu n d t ot nt o n pi e t a u ùs o r m of se n y u ds iuo i
s d P eo c ep tm e d vr m rce oo : o s elt o ii c à nd e ita n
r d p é he r s r nr o oie aé e g r hnp p pa n rl e udo
s s c pe u eO e rn d r tdn s o t o a a té t ep n u v r ef sr c x
a a e ml n s d s ee o tN e o ne me i o v m ét bs - m R e m i rp
d p P e’ f o d s ndu o l Q e a in n y U m cE t Se t o
s e d n i d tf u do d o e a em i n c bm e r e s
( ~ 1 P 2 <H I <) k od p . , uéEspaces normés a rs r i
u k l n (m ) e o d s n a Om e so . x s nb om il r e dr ul m m e ô
q p u pu o d d n oe sn e c i l Rs om q y anè ns e u è pod
q a k f d du a ( - e 1 i ie p c T e )m vt a eE sI( s e i r r s epq u e cn c é
q k l s ( d ) ca o ~ be o fm , pi s à v e o mp n da f n deo o él
m : i a E t qu : e x
u l e
a P = 0 s e )s ( s i _ t= e0 ;X i
b p = 1A 1J ) p( , E EJ e o b Y
p = k~ L 1oK4, q = k - i@ b + u W k + r E p R
2 e d p 1 [n l é p e a , r da s a c n /r + ] eyi r< p ) t +~ p )g( t ( i ( ( sn
r c l ,p ’ g e e l <e r r; t n u s a i t s t n v i - d
a c n v o ea a o : e n s l t U cn oe a s n on rs~t o e ro
L d e ’ v e sn é e s
e d c s f ’ l e t a du ’ r
e c i dt e en f u eé t né aP n vgd t gc i é ed i u’ e la t ct ’ eW u
si I < 8, ou k < I + 3, ou k 2 n2/4 (on x ; l l e é e e
p i l fs t s d a e a ot
n s s yat e a é’ L
o i dg i j u’ S ~
t ea l e a u éj n i ~l s s u En oto o iu
l f u m a o p e o l nf a x a n e/wL~~ca r unité e p (t tis mpu rr itp
r q pe t k > un i omy a uo p e c,l ua nnu lo e rr od t , E’ uE t t q re Y
p d d o n à ek si l t q om ] y < (e Iu me=] 1t Lrl p l e m n. )o ee r
q c g u d h[ s r ede na o d o l n é /q e me u a oq t l 2ubn m pu ru e a ]e ot
m u f : a i i yna d a p i n l d e e c o n e e s e l s
U e u e c
s n n d l t
o
y i so
d 4 a iu n qv mn o s ue a
e t
m e d ec pvn ob p c r0 l e a e
s ur
d s o ce o p dù sh m a u e s oa s i
m n e m [q . Xye (r r g -m u Y ]m t ne
e r p u sa e d pa n tr l u ora ep ê 0i R l u o t )é és y U iu e .e oc
e c ns o a c s ap n
p ;p t r _ # 0 od o i Yp , ué
4. Aspects qualitatifs P l p p (e e pl e h tXn q ou t
. f U e p x ~ 5 = 0t ( o f / ( p ls o
C 1 co q p l ene u r e a e t s i l éj s dp sl r p a c Ut eO p’ aa w
è
c c i se oq c ose nnu v i fnt os e qé l j at ni dl U eur ua a c dce
n déd f eci n i se m E p o ln us eU e o l r bai rs n s u
L c i a o d mn n u e (a t f l vj n de ne ae a ea i p ’ n i r in
e d ls e av es s d sne d s e ps e d e sc hé n ao b e t yf t cu
l :e ’ v sn a eo pp o g n c u A l a r t é a t l p i u c mon l oe r
p g le é v u st n ed e s po én c ’ p s ap êr o dt u e p co ta r
l l o c o c g o cu ’ i n e af n e q d vs n b ol i so u e ea

1
CONVEXITÉ

de sa sphère unité. Par exemple, la b) un des deux ensembles a un intérieur


conve.xit& stricte d’un espace vectoriel non vide :
normé, caractérisée par l’inégalité stricte c) un des deux ensembles est fermé,
11,~+ ~11< ~/XII+ llyll lorsque x et Y ne l’autre compact, et E est localement
sont pas sur une même demi-droite d’ori- convexe.
gine 0, équivaut au fait que sa sphère unité Dans chacun de ces cas, on peut choisir
ne contient aucun segment. l’hyperplan de séparation fermé> c’est-à-
On appelle espace de Minkmvski tout dire défini comme l’ensemble des zéros
espace vectoriel normé de dimension finie. d’une fonction affine continue.
Par exemple, pour tout I > 1 : Remarquant que l’intérieur d’un
ensemble convexe est convexe, on en
déduit que si A est un ensemble convexe
d’intérieur non vide et A une sous-variété
linéaire de E ne rencontrant pas l’intérieur
OÙ.Y= (A-,,.....x,JE R!I, est une norme sur de C, alors il existe un hyperplan qui
R” ; pour y = 2, on retrouve la norme contient A et qui sépare A de C (forme
euclidienne usuelle. Une autre norme (( géométrique N du théorème de Hahn-
importante sur Rn est la norme : Banach). En particulier, si C est un ensem-
ble convexe d’intérieur non vide, C admet
un hyperplan d’appui en chaque point de
.y = (~y,, . . . . .y,,) E R!I, pour laquelle la sa frontière (théorème de Mazur). On ne
boule unité est l’hypercube de R>I. peut pas étendre ce théorème au cas OÙ C
Tous les problèmes quantitatifs indi- n’a pas de point intérieur, mais on peut
qués ci-dessus ont fait l’objet d’études montrer que, dans certains cas (C fermé
analogues pour les espaces de Minkowski : dans un espace de Banach, ou C compact
inégalité isopérimétrique, inégalité de pour la topologie faible d’un espace loca-
Jung, etc. lement convexe), les points de la frontière
de C, où C admet un hyperplan d’appui,
forment un sous-ensemble dense de la
Théorèmes de séparation
frontière de C.
En analyse fonctionnelle, en théorie des Soit A une sous-variété linéaire d’un
jeux, en intégration et même dans certains espace vectoriel E, p une fonction convexe
problèmes relatifs aux graphes Coloriés en dans E (cf. CONVEXITÉ - Fonctions conve-
théorie des graphes, on utilise des théorè- xes), et f une fonction affine définie dans
mes de séparation et de support. A telle que,fl_y) < p(x) en tout point _xde
Les théorèmes de séparation établissent A ; alors il existe une fonction affine g
les conditions sous lesquelles on peut définie dans E qui prolonge f (c’est-à-dire
séparer (au sens du chapitre 1) deux que g(x) = f (x) pour tout x E A) telle que
sous-ensembles convexes disjoints X et Y l’on ait g(x) < p(x) en tout point _yE E
d’un espace vectoriel topologique E. Pour (théorème de Hahn-Banach). Ce résultat,
que cela soit possible, il suffit, par exemple, essentiel en analyse fonctionnelle, équi-
que l’une des conditions suivantes soit vaut en fait aux théorèmes énoncés ci-des-
réalisée : sus : il résulte, par exemple, du théorème
a) E est de dimension finie ; de séparation en prenant pour ensembles

140
CONVEXITÉ

le graphe de la fonctionfet l’épigraphe de si C est un convexe fermé de R’l ne


la fonction p. D’autre part, ce théorème de contenant aucune droite, alors C est l’enve-
Hahn-Banach entraîne que si C est un loppe convexe de ses points extrémaux et
ensemble convexe contenant l’origine de ses demi-droites extrémales (il n’est pas
comme point intérieur et si u est un point nécessaire de prendre l’enveloppe convexe
frontière de C, alors C admet un hyper- fermée ; par définition, une demi-droite
plan d’appui en L (on retrouve le théorème extrémale de C est une demi-droite qui
de Mazur ; il faut prendre comme fonction n’est (( traversée )) par aucun segment
convexe p la jauge de C). contenu dans C).
Voici une application du théorème de
Points extrémaux Krein-Milman à l’analyse fonctionnelle.
Les fonctions convexes et concaves pré- Soit C un sous-ensemble compact convexe
sentent des propriétés très utiles dans les d’un espace localement convexe E et soit
problèmes d’optimisation. Par exemple, X l’ensemble de tous les points extrémaux ;
soitfune fonction convexe définie dans un alors, d’après le théorème de Krein-
domaine convexe D d’un espace vectoriel Milman, pour tout point JJ de C, il existe
topologique localement convexe E ; alors une mesure positive u sur l’adhérence X de
tout minimum locul de f dans D est un X telle que n(X) = 1 et telle que :
minimum globul, c’est-à-dire que si un
point + de D possède un voisinage U tel
que Ö > f&) pour tout _xf&U n D,
pour toute forme linéaire continuey@) est
alors cette inégalité est valable pour tout
le G barycentre )) de la mesure p). Ce
.x E D. Sifest concave et D compact, alors
résultat entraîne de nombreux théorèmes
fatteint son minimum en un point extré-
de représentation intégrale en analyse.
mal de D ; cette propriété justifie l’étude
des points extrémaux en analyse fonction-
nelle. Théorèmes de point fixe
Le théorème de Krein-Milman attire Indiquons rapidement, pour conclure,
l’attention sur d’autres propriétés impor- deux théorèmes de point fixe pour les
tantes des points extrémaux. Ce théorème ensembles convexes.
établit que si C est un sous-ensemble Le théorème de Brouwer-Schauder-
compact convexe d’un espace localement Tychonov montre que si C est un compact
convexe et si X est un sous-ensemble de C, convexe d’un espace localement convexe
alors C est l’enveloppe convexe fermée de et ,f une application continue de C dans
X si et seulement si l’adhérence de X lui-même, il existe au moins un point p de
contient tous les points extrémaux de C ; C tel que f@) = p. Ce théorème permet
ainsi, l’adhérence de l’ensemble des points d’obtenir des théorèmes d’existence pour
extrémaux de C est le plus petit sous- les solutions des équations différentielles et
ensemble X de C tel que chaque point de intégrales, les théorèmes du minimax en
C soit adhérent à l’ensemble des combi- théorie des jeux et de nombreuses proprié-
naisons convexes (cf. chap. 1) de points de tés des ensembles convexes, Par exemple
X. On peut généraliser ce théorème au cas un compact C de Rfl ou d’un espace de
OÙ C n’est pas compact moyennant des Hilbert H est convexe si pour chaque point
hypothèses supplémentaires ; par exemple, _Yde l’espace, il y a un point unique de C

141
CONVEXITÉ

qui minimise la distance entre x et C (pour problèmes ainsi abordés sont des questions
R’j, il suffit que C soit fermé ; dans le cas d’optimisation provenant de divers domai-
d’un espace de Hilbert quelconque le nes : la mécanique. l’économie, les équa-
problème n’est pas résolu). tiens aux dérivées partielles. l’analyse
Le théorème de Markov-Kakutani numérique. Compte tenu de la difficulté
affirme que si C est un compact convexe d’aborder de manière un peu générale les
d’un espace vectoriel topologique et si @ problèmes non linéaires, c’est I~I un rôle
est une famille commutative de transfor- très important qui a motivé le développe-
mations affines continues de C dans C, ment autonome de la théorie.
alors il y a au moins un point p de C tel que Les travaux de W. Fenchel, de T. Roc-
~(II) = p pour toute fonction de @. Ce kafellar, de J.-J. Moreau ont déveioppé les
théorème sert à établir l’existence de mesu- outils de base de l’u~~u/~~wu~7w.w notam
res invariantes pour les groupes commu- ment la notion de fonctions convexes
tatifs et à construire des mesures qui Conjuguées et la notion de sous-différentiel
généralisent la mesure de Lebesgue pour qui sert de produit de remplacement pour
les ensembles bornés de R”. les fonctions convexes non dilYércntiables.
Nous renvoyons à la partie A ci-dessus -
VICTOR KLEE
Ensembles convexes, pour tout cc qui
concerne les résultats g&iéraux sur les
convexes.

1. Les fonctions convexes

Soit E un espace vectoriel sur R. C une


partie convexe de E et,fune fonction définie
sur E i valeurs dans R (c’est-i-dire prenant
éventuellement les valeurs ?zm). L’6/@w
phe de y, noté épiv), est l’ensemble des
couples (.Y,u) de C X R tels que.[(.\-) < U.
La fonction,fsera dite m77ww si son épi-
graphe est une partie convexe de E X R.
On obtient immédiatement une inter-
prétation analytique de cette définition : La
fonction ,f est convexe si et seulement si%
pour tout réel A de l’intervalle [O. 11%on a :

(11 _I”N + U-9Y) < hf@) + (1 -VJ”bJ)


B. Fonctions convexes
pour tous les couples (s, J,) d’él&ments de
L’étude des fonctions convexes a permis C ne vérifiant pas ,f (.Y)= ~ f(~ ) = k x
de fournir un cadre dans lequel peut se (auquel cas le second membre de l’in&alité
résoudre toute une classe de problèmes (1) n’est pas défini). En raisonnant par
d’analyse fonctionnelle non linéaire ; les récurrence, on prouve que, si A,, AZ. . . . . A,,

142
CONVEXITÉ

s o dn t er és e pl oss i t i fds o nl ts oa m m ee s1 t , 2 C. a d s l e dimension


a 1
on a :
L’exemple d efonctions s convexes d é f i n i e s
s uR re sinstructift p o ul ’ ré t u dultérieure
e
d efonctions
s convexes d é f i n i e s uR r ”o , u
m ê m se ud ree s sp a c e svectoriels topologi-
c h a q u ef o iq s u l e s e c o n dm e m b r e d e
q u e Es . o nu t r ec , c e aa us i n t é r êpt r o p r e
l’inégahté ( 2a u) s ne n s .
p o ul rdéfinition
a d ’ u nc el a s sintéressante
e
L possibihté
a p o ul r f oa n c t i o nf d e
d’espaces : l ee s ps a c e sd ’ o r l i c z . D a nt so u t
p r e n d r e l v aa l e u +r s p e r m e td ne e
c c he a p i t r e2 , e, su tn f oef n c t i o nc o n v e x e
considérer q u de e fonctions
s convexes
p r o p r de é f i n ise uR r .
d é f m i e s uE rt o ue nt t i e; er e nf f es t o, i n
Supposons q u . eY. ,Y ., ~ xs, o 3i e ndt a n s
p r o l o n g e l f oan c t i o n, d é ff i n ise uC re l n a
d o m ( f ) e v ét r i f i e n t . Y < .; Y < . ~ ;x e 3 n
f o n c t i o n , d Té f i n i es u E r e pn o s a n t
remarquant q u : e
? ( , Y = )+ 0 s =. 6i X C Zl , efonctions
s f e f t
o na lt o lr sm eê m épigraphee e d to nf ce s t
c o n v e x e s e iseulement
t s , ei Tsc o nt v e x e .
Désormais, n o u n s considérerons e d o n c e e t appliquant
n l’inégahté ( 1 o ) o nb t i e n t
q ud eefonctions s d é f i n i ess uE t r o eu n tt i e r . l einégahtés
s :
C e ln a o u c so n d u i tà d é f i n il r d oer m i n e
c $ f e c t l fd 5 en o td é o ( m f : )

d o m
( J -= ) { cE cE ; f ( x ) < + - 1 .

L d oe m a i n e e f f e c t idf , e slf projection


t a
c’est-à-dire q ul coefficient
e e directeur d l e a
s uE dr l’épigraphe
e d f ec ’ e us tn p; ae r t i e
d r o i tMe [ M (3 c f f i . 1g e. ) sc o m
t p r i se n t r e
c o n v e x ed E e .
L v aa l e u~r , p Xe us t présenter e d a n s
c e r t a i n sc a particuliers
s ; n o un s l ’eé l i m i - 1

r i o pn s aa ps r i o ;r néammoins,
i n o ui ns t r o -
d u i s o n ls terminologie
a s u i v a n t e: L f ao n c -
t i oc onn v e x ef e sp r to p r se s io d onm a i n e
effectifest n ov ni de se et linl pe re e nj ad m a i s
l v aa l e u~ r m ; l restriction
a d fà e d o (m f )
e sa l to ur s nf o en c t i o nà v a l e u r ds a nR s( c f .
l p aa r t iAe ci-dessus - Ensembles c o n v e -
x e s U) . n f oen c t i o nd e uf xo contimiment
i s
différentiabie s uu ro nu v e rcto n v e x eC d e
R à’ v la l e u r rs é e l l ee s sc o nt v e x es e si et u l e - t

m e ns tl m i a t r i c ehessienne :

c e l du il ed ra o i Mt e , M e? c et l du il ed ra o i t e
M I M 3 E. s n s eer v a ndt c e einégalités,
s o n
e s et t, no pu ot i n. td YC e l .m a t r i c ed ’ u n e m o n t r qe u e e, f cs o ntt i n u es ul’intérieur
r d c
f o r mquadratique
e positive. s o d onm a i n e e f f e c t i f .

1 4 3
C O N V E X I

L d i ’ ( p e n ud 3 es é t e ) r gi m al
f 2 i
m q e ot p u i n no ào e n tu i , t rt n é e t
d l f o, a a ou d mf d à nn é J m ce r e t i t
d _ ( e u r d / _à gt n o , é ‘ Y a e i ~r ( ) u t Ji i c e .v
e q a e ot u y , <nJ u( ’D $ C xt oe . ; r) n ~ e. )
p f ( e cl i x e sc r u a ) t t o os n i, t s
d s l r d du ’ S X oe eu or i i ” is n m n tt , t e c
p i à do nt q , oi = 0 te u f tn , él e ( nt r . f i
p t x i o oà d n o u p u o t n r e t m é u L r t
é : c r i r e

Y 0

L N e - s f o n c t
C m o l fa n e S oi f s N s o n uei - s i lct rxd f
c d os R à vé dnu R aff a(vr ; p lio : 4ne o enr )s x s
e q a ut u r d n d i el m e e~ pa e ( r t ~ é t
( 5 )
f : o r m e
S q e c i s s o c t t n
( f =4 ~ ( )~ sx y‘ e l a) f k s r an o f t é
d 9 ( 3 e f ) i ,
O 9 e u f Ù d s n s o [ + Cét e un O Cf rc , i[ t n,
c c r à d on o e 0r nu i n ,o t l s i fi l 3 s i t
t q : e u l e l e

l + i ~ m e & t ) q =
X - + m

c f pe o u rsi n n én c st t eé i
p p al d o d ar e é u e t s f r s i p i c an
c d ; c e s ’ l N e s o O e - n r s f t l o i
I s e f ld ’ f n a c ea o i o sg n t n i c , v t t
p d s a R à év ud i R fa rar il ne ne ss iu
s c t s [ r+ Cr t u Oo Ci e r , i [c l s ,t l
q : u e

L N ve - e o ésl f n u re o t is n fr c
i ( f n2 : c i é) f g
R g .q .e u a i u m l
s n n
f <a s (x E e 0fi < a < 1a R t l ( q e, x c ex c s) o uq ) s o t n
f < a s (x # 0 e 0f < a i < 1a t d( l f ,x y exe a q o u) s )td ul n n a
f q c o u i o n s n n r
l v e c e ; s ls or q a i ’t na

1 4 4
CONVEXITÉ

courbes représentatives de q et de v les Comme g(y) > _y)’-f(X) et que l’égalité a


segments verticaux qui correspondent aux lieu pour au moins une valeur _y0de X, on
sauts des fonctions q et tt~(ce sont les seules peut dire que :
discontinuités possibles puisque ces fonc-
(7) g(J) = m;xW---%)).
tions sont monotones), on obtient des
courbes symétriques par rapport à la Cette inégalité a une interprétation
première bissectrice. Une démarche ana- géométrique simple en introduisant le
logue effectuée sur la fonction r+ redonne point M d’abscisse x sur la droite D
la fonction q. passant par l’origine de coefficient direc-
Si, maintenant, on pose : teur J et le point N d’abscisse x sur la
courbe représentative de g (cf. fig. 5) ;
$T(X)= p0%
0
on obtient une N-fonction appelée&&w
wr&gzke de la fonction ,/:
L’inégalité suivante, appelée inégahté
de Young, dont la signification géométri-
que obtenue en interprétant f(v) et g (J)
comme des aires est suggérée sur fa
figure 4, a lieu :

fig. 4
Y

alors :

g(y) = rn:x NM = N&I,,.

Remarquons que, si ,f est dérivable, fa


tangente au graphe de,fen N0 est parallèle
à la droite D et l’équation de cette tangente
est t(x) = .~y~ g(y). La fonction g est la
transformée de Legendre de ,$
On peut aussi dire que la fonction
t(x) = .YJ-g(y) est la plus grande fonc-
tion affine de coefficient directeur _r qui
L’égalité est atteinte lorsque .v > 0 et minore f
1%= q (x) : si bien que l’on a : Si p > 1, la fonction y(.~) = i 1s 1” est
un exemple de N-fonction ; pour x > 0, on
l4~~l4~ =f@l +&T~~~l4N af’(.v) = _IF’ et ~‘))r(.~) = .v+, OÙ
et qu’on a de même : I/]I + l/q = 1 ; par conséquent la fonc-
tion g Conjuguée de f est définie par
IYIVW~ =d.!JI +fw.!lH g(v) = ; 1Y p.

145
CONVEXITÉ

Les espaces d’orlicz l’espace $ est aussi l’espace des suites


Soitfune N-fonction, notons !fl’ensemble @JiaO tel que, pour tout a > 0, l’inéga-
des suites réelles (.x,),~~ telles qu’il existe hté (8) ait heu ; lf est alors un espace de
a > 0 pour lequel : Banach séparable ; son dual est isomorphe

n
à $, où g est la Conjuguée de f, grâce à
+=

i=o
f 2
I <+m. l’isomorphisme :

4 est un sous-espace vectoriel de l’espace


des suites que l’on munit d’une norme en
posant :

avec :

Muni de cette norme, 1, est un espace de


Banach (cf. espaces vectoriels NORMÉS), L’application de ces considérations à la
appelé espace d’Orhcz de suites associé à N-fonction y(.~) = i 1x IJ’, avec p > 1,
la N-fonction J donne pour espace d’Orhcz de suites
On peut montrer que 1, est aussi l’espace /,>. Une étude analogue peut être
l’ensemble des suites réelles @Ji2,, telles conduite dans le cadre de l’intégration, en
que : définissant l’ensemble L, (K) des fonctions
X(I), définies à un ensemble de mesure
dk! Pr& (Cf. INTÉGRATION ET MESURE),

d’un compact K de RE, à valeurs dans R


telles qu’il existe a > 0 pour lequel on a :
où g est la fonction Conjuguée de,fi
On définit alors une autre norme sur /r
en posant : s xf (x @)/a) dt < + m.

Comme dans le cas des suites, L,(K) est


aussi l’ensemble des fonctions .Y([) pour
lesquelles :

Cette norme est équivalente à la pre- ~~P~I xV)_v@)df l i gC.y(r))dr < 11 < +m.
sI sK
mière ; plus précisément :
LAK) muni de l’une des deux normes
équivalentes :

Lorsquefvérifie, en outre, la condition : llx(t)ll= tiffa; JKf(x(t)/a)df < 11

(9) pour tout A > 1, il existe K > 0 et


x > 0 tels que f(k) < Kf(x) ; ou :

ce qui se produit si et seulement si : IllxQlll = ~UP@ j-.KWdOd~ i

146
CONVEXITÉ

est un espace de Banach appelé espace L’importance des hyperplans d’appui


d’Orlicz de fonctions associé a la N-fonc- dans l’étude des ensembles convexes nous
tion ,L amène à introduire pour une fonction
convexe f de E dans R la famille A, des
fonctions affines continues qui minorent$
Si on noteJE) l’ensemble des fonctions h
3. Cas général
de E dans R qui sont enveloppe supérieure
d’une famille de fonctions affines conti-
Dans ce chapitre, E désigne l’espace R’j
nues, le théorème de séparation (cf. chap. 4
ou, plus généralement, un espace vectoriel
de la partie A ci-dessus - Ensembles
topologique séparé localement convexe
convexes) permet de montrer que :
sur R ; dans ce dernier cas, le dual
L’ensemble h est élément de f’(E) si et
topologique E* de E sera muni de la
seulement si II est une fonction convexe
topologie faible T~(E) donnée par E et E
propre semi-continue inférieurement ou
sera muni de la topologie faible 7,(E*)
vaut identiquement - C=X
donnée par E*.
Pour une fonction f de E dans R, la plus
Il ne faudrait pas croire que l’on peut,
grande fonction g de f(E) qui minore,fest
comme dans le cas des fonctions convexes
aussi l’enveloppe supérieure des fonctions
de R dans R, conclure à fa continuité des
affines continues qui minorent f; dans le
fonctions convexes de E dans R; on
cas oùf est une fonction convexe et OÙA,
dispose, en fait, du résuhat suivant :
est non vide, g est aussi la plus grande
Soit ,f une fonction convexe prenant une
fonction semi-continue inférieurement qui
valeur finie en un point .V de E ; s’il existe
minore,f; si bien que, lorsque f est de plus
un voisinage de x sur lequel f est majorée
semi-continue inférieurement, f= g.
par une constante finie, elle est continue au
point ,y.
Fonction coniuguée
Ce résultat permet, dans le cas particu- d’une fonction convexe
lier OÙ E = R”, d’établir que :
L’inégalité de Young du chapitre 2 s’écrit
Toute fonction convexe propre sur R’? est
.~j~~g~) < f(x), ce que l’on peut inter-
continue sur l’intérieur de son domaine
préter en disant que la fonction affine
effectif; en particulier, si f est à valeurs
&y) = .~y -go,) est une minorante def; la
dans R, alors dom (y) = R’l et f est
fonction gQ) est choisie de telle sorte que
continue sur R”.
/(,y) soit la plus grande minorante affine de
Rappelons qu’une fonction f de E dans
f de coefficient directeur y.
R est dite semi-continue inférieurement si,
Si, maintenant, ,f est une fonction
pour tout réel a, l’ensemble des éléments .X
convexe de E dans R, de fa même façon,
de E tels que ,f(.y) < a est fermé ; il est
pour tout X*E E*, introduisons la fonction
équivafent de dire que l’épigraphe de,fest
affine l(y) = X*(X) - o et cherchons a
fermé, ou encore que f est enveloppe
déterminer si po.wihh a, de manière à
supérieure d’une famille de fonctions
obtenir la plus grande minorante affine de
continues, c’est-à-dire que : f de forme linéaire associée .y* ; cela nous
conduit à introduire :

où ,fci est continue pour tout M E u.

147
CONVEXITÉ

Si f*(,y*) E R, alors la fonction


fig. 6
&y) = .x*(,x) -y(.x*) est effectivement la
plus grande minorante affine continue de
forme hnéaire associée x*.
La formule (10) généralise la transfor-
mation de Legendre (7) du chapitre 2 et
permet de définir sur E* une fonction y
convexe qui est dans la classe r(E*) ; la
fonction y est, par définition, la fonction
conjuguée de ,fI
Remarquons que si la fonction y(.~) est
finie, de la formule (10) on tire l’inégalité
de Young :

uu f61 +_f*@*l > X*@l


qui généralise l’inégalité (6) du chapitre 2.
Recommençons maintenant le procédé de f ayant x* pour application linéaire
en posant, pour tout x fZ E, associée est donnée par _X*(Z)~ f *(x*), on
en conclut que f *(x*) = x*(x”) ~ f (x”) ;
en fait, cette égalité est une conditon
f **est alors le plus grand éiément de l-(E) nécessaire et suffisante pour que
qui minore f; donc, si ,ftZ l-(E), alors x* E df (xo).
f=f**. Si f est dans r(E) (cas où f =,f**), les
propositions suivantes sont équivalentes :

Sous-différentiel w x*Ev(x),
Soit f une fonction convexe de E dans QI x E Jf*(x *),
R. Supposons qu’il existe un élément I de (3) J.(x) +f*(x*) =x*(x),
A, (c’est-a-dire une minorante afine conti- (4) f(x) +f*(x*)-x*(x) < 0.
nue def) tel que /(.y,,) = f (x”) ; on dit alors
Le sous-différentiel en x0 d’une fonction
que f est sous-d$jëwntiablc en .\-(,: l’appli-
convexe f est un sous-ensemble convexe
cation linéaire continue .y* associée a
fermé de E*.
l’application affine I est un ~~~~~~.s-~~/,[/~/j~,~t
de
Le résuhat suivant donne une condition
f en .y0 ; l’ensemble des sous-gradients def
intéressante de sous-différentiabilité d’une
en .y0 est appelé le sous-d@+cwtic/ en s,) de
fonction convexe :
,fet est noté d&).
Si f est finie et continue en un point +J”est
Remarquons que, dans ces conditions,
sous-différentiable en tout point intérieur
on a :
de dom(f) et en particulier en .xU.
If@& < + mi [GI =~*@-~d +_fcxLJ; Dans le cas où f est Gâteaux-différentiable
en +, c’est-a-dire s’il existe un élément
l’hyperplan H graphe dans E X R de 1 est
f ‘(x”) de E* tel que, pour tout y de E, on ait :
un hyperplan d’appui du convexe épi
(fig. 6). Comme on a vu, par ailleurs, que
la plus grande minorante affine continue

148
C

la fonctionfest sous-différentiable en _y0et couple(.~, _Y*)tel que .Y*G df (x), il existe


j”&) est l’unique sous-gradient defen x”. un couple (~,y*) tel que :
Réciproquement si, en .Y~),
,j’est continue.
(!J*-x*)(!-x) < 0.
sous-différentiable et ne possède qu’un seul
sous-gradient .Y*, alors f est Gâteaux- La théorie des opérateurs maximaux
différentiable en ,Y”et f ‘(x,,) = _Y*. monotones, qui généralise l’analyse
Le sous-différentiel permet de remplacer la convexe, est très utile pour l’étude des
différentielle et d’exprimer notamment des équations d’évolution non linéaires de type
conditions d’optimalité dans des problè- parabolique ou hyperbolique.
mes de contrôle.
R R O O
Donnons l’exemple de la fonction F,
définie sur L?(O), OÙ CI est un ouvert de R’l
suffisamment régulier, par :

WA.~(Q) représente ici le sous-espace de


l’espace de Sobolev W’.2(0) constitué des
u dont la restriction au bord de a est nulle.
F est alors une fonction convexe semi-

CORPS
continue inférieurement, sous-
différentiable en chaque point de
W;,‘(O) n W2,2(C2) ; pour chaque point u

L
de ce sous-espace, le sous-différentiel ~F(IA) a structure de corps n’est en fait qu’un
est constitué du seul élément : cas particulier de la structure plus
générale d’anneau (cf. A EN A N T
B : en plus Rdes axiomes généraux,
E on S
stipule que le groupe multiplicatif des
éléments inversibles est le complémentaire
c’est-à-dire que, pour v E L?(O), on a :
de 0. Les corps sont donc les domaines
dans lesquels les opérations habituelles du
u = - * 2 ( v )
calcul sont valables, y compris la division
1 = ,
par un élément non nul. La terminologie
Notons encore que, sij’est une fonction habituelle sous-entend la commutativité de
convexe propre de l-(E) pour tous les la multiplication, mais il s’introduit de
.Y,, xs, XT, $ vérifiant XTE d f (.y,) et manière naturelle des corps OÙ la multi-
.$E df (xl), on a : plication n’est pas commutative (cf. QUU-
twnkw,in A EN T A N L G2 E È
et iafro, chap. 3). Du point de vue arith-
On dit que le sous-différentiel est un métique, l’étude d’un corps commutatif se
opérateur monotone ; il est même maximal caractérise par l’absence d’idéaux non
monotone en ce sens que, pour tout triviaux.

1
CORPS

On se limitera ici à la théorie propre- sur lui-même, ou automorphismes du corps


ment algébrique des corps, mais on ren- K, jouent un rôle particulièrement impor-
contre aussi des corps munis de structures tant dans l’étude de la structure du corps
additionnelles compatibles avec fa struc- (cf. Théorie de Galois).
ture de corps : les corps ordonnés, les corps
topologiques et les corps Valués (cf. algèbre ?J$
TOPOLOGIQUE; théorie des NOMBRES -
Nombres p-adiques).
Un sous-ensemble K d’un corps L qui
1. Exemples
est un corps pour l’addition et la multipli-
cation induites est appelé un sous-corps de Suffisamment (( rigides H pour être maniés
L. Pour ne prendre que des exemples bien et étudiés précisément, les corps consti-
connus, les nombres rationnels forment un tuent à la fois un modèle et un outil qui
sous-corps Q du corps R des nombres interviennent dans de nombreux domaines
réels, qui est lui-même un sous-corps du des mathématiques et dans des questions,
corps C des nombres complexes. même relativement élémentaires, de géo-
Si K apparaît comme sous-corps d’un métrie algébrique, analytique ou projective
corps L, on dit aussi que L est une ou de théorie des nombres. Voici quelques
extension de K. On peut alors considérer exemples.
L comme un espace vectoriel à gauche sur
K, l’opération externe n’étant autre que la Caractéristique d’un corps
multiplication à gauche des éléments de L et corps finis
par les éléments de K. Si cet espace L’intersection d’une famille de sous-corps
vectoriel L est de dimension finie I sur K, d’un corps K est encore un corps. Consi-
on dit que L est une extensionjnie de K ; dérant en particulier la famille de tous les
le nombre n s’appelle le degrÇ de L sur K, sous-corps de K, on obtient le plus petit
et on le note [L : K]. Si M est une extension sous-corps de K, appelé sous-corps premier
finie de L, c’est une extension finie de K et K0 de K. Notant n.1 la somme de I
on a : exemplaires de 1, pour tout entier naturel
n, on définit la caractéristique (cf. ANNEAUX
[M : K] = [M : L][L : K].
ET ALGÈBRES,chap. 3).
Un homomorphisme ,f d’un corps K Si n. 1 # 0 pour n # 0, on dit que K est
dans un corps L est un homomorphisme de caractéristique nulle. Les n. 1 et - (n. 1)
d’anneau, c’est-à-dire qui respecte les deux pour I E N forment donc un sous-anneau
lois additive et multiplicative, avec la de K isomorphe à l’anneau Z des entiers
condition importante .f( 1) = 1. Un tel relatifs et le corps K0 est isomorphe au
homomorphisme est nécessairement injec- corps Q des nombres rationnels. Le
tf car tout x # 0 a un inverse .YI, d’où corps K est donc une extension du corps
f(l) ==~(.w’) =~(I)~(x) ’ = 1, d’où des nombres rationnels.
,f(.~) # 0 ; ainsi f identifie K a un sous- Dans le cas contraire, la caractéristique
corps K’ =,f(K) de L et réahse ainsi L de K est le plus petit entier strictement
comme une extension de K. Si cette positif tel que p.1 = 0. C’est un nombre
injection est une bijection,fest un isomor- premier et le corps K,, est alors isomorphe
phisme. Les isomorphismes d’un corps K au corps fini Fp = Z/pZ des entiers relatifs

150
CORPS

modula p (cf. A N
ET ALGÈBRES, N
définir abstraitementE les corps de nombres
A
chap. 3). Ainsi, tout corps de caractéristi- algébriques comme des extensions finies de
que p est une extension du corps F,, et deux Q. Ainsi, si, dans l’anneau Q[X] des
corps de caractéristiques différentes ne polynômes à coefficients rationnels, on
peuvent être extension l’un de l’autre. identifie deux polynômes R(X) et R’(X)
Soit K un corps fini. Un théorème dû 5 dont la différence est un multiple d’un
J. H. M. Wedderburn affirme qu’un tel pojynôme P(X), à coefficients entiers, de
corps est nécessairement commutatif. La degré n, irréductible sur Q, on obtient, sur
caractéristique de K est nécessairement un l’ensemble quotient Q[X]/P(X) muni de
nombre premier p et K est une extension l’addition et de la multiplication induites
finie du corps premier F,,. Si n = [K : F,,], par celles des polynômes, une structure de
alors K est isomorphe 1 (F,$’ comme corps qui en fait une extension finie de
espace vectoriel sur F,] et il a donc p” degré n de Q. En choisissant une racine .Y
éiéments. On verra ci-dessous que pour de l’équation P(X) = 0 dans le corps des
tout entier de la forme p avec n premier, ” nombres complexes, , on peut expliciter un
il existe un corps (unique à un isomor- isomorphisme de Q[X]/(P(X)) sur Q(,Y)
phisme près) possédant p éjéments ; on le n défini précédemment : à un polynôme
note F,,n. R(X) on associe sa valeur R(.x) en x et,
comme deux polynômes congrus nzo&1(1
Corps de nombres P(X) ont même valeur en x, cela définit un
Le corps C des nombres complexes est un homomorphisme :
exemple bien classique de corps. Les J : Q[xjI(P(@jj - Q(xj,
sous-corps de C forment une vaste famille
à laquelle appartiennent le corps Q des qui est l’isomorphisme annoncé. La der-
nombres rationnels (qui est le plus petit) et nière définition des corps de nombres
le corps R des nombres réels. Les corps de algébriques, qui est, au langage près, celle
nombres algébriques présentent un intérêt de Kronecker, est ainsi reliée à celle de
tout particulier. Dedekind en donne la Dedekind.
description suivante : Soit .Y un nombre
complexe algébrique, c’est-i-dire une Corps de restes

racine d’une équation P(X) = 0, OÙ P(X) Le procédé de Kronecker pour définir les
est un polynôme à coefficients entiers, de corps de nombres algébriques peut être
degré n irréductible sur le corps Q ; alors présenté dans un contexte plus général. Un
l’ensemble Q(x) des nombres complexes idéal m d’un anneau commutatif unitaire A
de la forme : est appelé idéd muximal s’il n’est contenu
strictement dans aucun autre idéal que A
l +c + - a x z k ” 0 , _ . , x
lui-même. L’anneau quotient A/U~ ne pos-
O les a8 sont des Ù nombres rationnels sède alors aucun idéal autre que 0 et A/~I,
quelconques, est un corps. De la définition. car de tels idéaux sont en correspondance
il résujte que Q(,Y) est un espace vectoriel biunivoque avec les idéaux de A qui
sur Q de dimension finie n. Inversement, contiennent m. Tout élément non nul x de
on peut montrer que toute extension finie A/~?I engendre donc A/tn tout entier ; il en
de Q est isomorphe c une extension de la résulte qu’il existe un élément xpl de A/S~
forme précitée Q(x). Si bien que l’on peut tel que .w-’ = 1 et que l’anneau unitaire

151
CORPS

A/n? est en fait un corps, le corps des restes puis on vérifie que la relation d’équiva-
de A ~no&lo M. lente 3, définie sur A X (A-{O]) par
Nous avons déjà apphqué ce résultat au (u,b)%(a’,b’), lorsque ub’ = bu’, est com-
plus simple de tous les anneaux unitaires : patible avec ces lois de composition et que
l’anneau Z des entiers relatifs. Les idéaux le quotient K est un corps : l’unité est la
maximaux de Z sont les idéaux pZ engen- classe de (a,~), et l’inverse de la classe de
drés par un nombre premier p et le corps (a,b) existe dès que a n’est pas nul et n’est
des restes F,, = Z/pZ possède p éléments. autre que la classe de (&z).
Nous avons ici un premier exemple de Il est d’usage de noter u/b la classe d’un
corps à un nombre fini d’éléments, ou couple (o,b). L’anneau A s’identifie alors
corpsfinis. Nous reviendrons sur ces corps au sous-anneau de K formé des classes du
(parfois appelés champs de Galois dans la type 0/1. Il est à remarquer que cette
vieille littérature), dont l’importance est construction est (( universelle H : chaque
essentielle en théorie des nombres. fois que A sera obtenu comme sous-anneau
Dans l’anneau K[X] des polynômes à d’un corps K’, le corps K’ pourra être
une variable sur un corps commutatif K, considéré comme extension du corps K.
un idéal est maximal si, et seulement si, il On dit que K est le corps des fractions de A.
est engendré par un polynôme irréductible Nous allons appliquer ce qui précède à
non constant P(X). Les classes de polynô- deux importants cas particuliers. Si K est
mes modula P(X) forment donc un corps un corps commutatif, l’anneau K[X] des
K[X]/(P(X)). C’est ainsi que le corps des polynômes :
nombres complexes peut être défini, avec
P(X) = ao + a,x + + anX”,
Cauchy, comme le corps de restes
R[X]/(X? + 1). Si K = Q, on retrouve les à coefficients dans K est intègre. Il est alors
corps de nombres algébriques de Kronec- possible de former le corps des fractions de
ker. K[X], noté K(X), et dont les éléments
P(X)/Q(X), OÙ P(X) et Q(X) sont deux
Corps de fractions polynômes, sont appelés jmtions rufian-
Tout corps possède la propriété que le nelles sur K. Il est facile de généraliser cela
produit de deux éléments non nuls est au cas de plusieurs variables : on obtient
lui-même non nul ; il en est de même de alors le corps K(X,, Xz, .... XJ des frac-
tout sous-anneau (c’est-à-dire de tout sous- tions rationnelles à I variables indétermi-
ensemble du corps qui, pour l’addition et nées comme corps des fractions de
la multiplication induites, est un anneau). l’anneau intègre K[X,, Xz, . . . . . X,,] des
Un anneau possédant une telle propriété polynômes à n variables.
est appelé un anneau intègre. La construc- De même, l’anneau des séries formelles
tion des nombres rationnels à partir des entières :
entiers relatifs suggère un moyen de consi-
S =a +a + (+ U o+ ...., X ”
dérer tout anneau commutatif intègre A
comme un sous-anneau d’un corps K. On à coefficients dans K (cf. A E N
considère d’abord, sur A X (A - {O}), les A queL l’on note habituellement
G È
lois de composition : K[[X]], est intègre. Il est donc de nouveau
possible de former le corps K((X)) des
fractions de K[[X]]. Si l’on remarque que

152
CORPS

Nous avons parlé plus haut du corps extension Ï? qui soit algébrique sur K et
C(V) des fonctions algébriques rationnel- algébriquement close. On appelle une telle
les sur une sous-variété algébrique V de C?. extension une clôture algébrique de K. Si
Le degré de transcendance de C(V) sur C K, et Kz sont deux ciôtures algébriques de
est égdl à la dimension de V considérée K, il existe un isomorphisme de K, sur
comme variété analytique complexe K2 qui laisse fixe chaque élément du
(dimension elle-même égale à la moitié de sous-corps K, si bien que, dans la pratique,
la dimension de V considérée comme on ne les distingue pas. Le corps C est
variété différentiable, mais cela est une algébrique sur R et est donc une ClÔture
autre histoire !). En particulier, si V est une algébrique de R ; mais ce n’est pas une
courbe, le degré de transcendance est 1. ClÔture algébrique de Q, car des éléments
On appelle parfois une extension de degré tels que 7r et e sont transcendants sur Q. Le
de transcendance 1 de C, et plus généra- sous-corps Q de C, formé par l’ensemble
lement d’un corps K, un corps de fonction.7 des nombres complexes algébriques sur Q,
sur K. est algébriquement clos, et, comme, par
définition, il est algébrique sur Q, if en est
une ClÔture algébrique.
Corps algébriquement clos,
Pour le corps fini Fp, on a :
ClÔture algébrique, corps de rupture
Une équation algébrique à coefficients
dans un corps K n’admet pas nécessaire-
ment de racine dans K. Ainsi, l’équation à
coefficients réels Xz + i = û naa pas de
racine réelle. De même, dans Z/2Z, le On connaît aussi la structure de la
ClÔture algébrique du corps K((X)) des
polynôme X* + X + 1 prend fa valeur 1
sur les deux éléments 0 et 1 et n’a donc séries formelles à coefficients dans un
corps K algébriquement clos de caracté-
aucun zéro. Si un corps K est tel que tout
ristique nulle. Elle s’obtient par une
polynôme à coefficients dans K admette
méthode analogue à Fp. On a :
une racine dans K, on dit qu’il est ulgé-
briquement clos. Un tel corps ne saurait
avoir d’extension algébrique propre ;
inversement, un corps qui n’admet pas OÙK((X”“)) est l’extension de degré H de
d’extension algébrique propre est algébri- K((X)) obtenue en adjoignant les racines
quement clos. Dans un corps algébrique- de l’équation algébrique T’l~ X = 0. Ces
ment clos, un polynôme non constant se corps sont appelés corps de Puiseux.
décompose en un produit de facteurs Étant donné un corps K, K une ClÔture
(irréductibles) du premier degré. Un théo- algébrique de K, les racines dans K d’un
rème, démontré par Gauss (cf. nombres polynôme P(X) à coefficients dans K
COMPLEXES), montre que le corps C des engendrent sur K un corps Kp. Tout corps
nombres complexes est algébriquement dans lequel P(X) se décompose en facteurs
clos. Le mathématicien allemand Steinitz, du premier degré peut être considéré
qui a exposé vers 19 10 une nouvelle théorie comme une extension de Kp : on dit que
des corps commutatifs, a démontré que Kp est un corps de rupture pour le poly-
tout corps K admettait au moins une nôme P(X). Comme le corps Kp est

155
CORPS

engendré par un nombre fini d’éléments les corps finis, on dit que le corps K est
algébriques sur K, c’est une extension finie pwfkit. On peut alors chercher quels sont
de K. les invariants dans K pour le groupe
d’automorphismes H engendré par q : ce
Automorphismes, extensions normales, sont les racines de l’équation :
groupes de Galois Xp-X==O;ilyenadoncauplusp,et
Un K-autwnorphime d’une extension L KH n’est autre que le sous-corps premier
d’un corps K est un automorphisme o du KO, qui est isomorphe au corps 2 p
corps L tel que, pour tout .x dans K, on ait éléments Z/pZ.
9 =.x (nous utilisons la notation expo- Il est clair que les K-automorphismes
nentielle, et le composé 0~ de deux auto- d’un corps L respectent le caractere de
morphismes o et T est défini par transcendance ou d’algébricité sur K des
JOT zzzz(Y~)~). Ainsi, tout automorphisme éléments de L. Le dernier point peut être
d’un corps K est un K,,-automorphisme, précisé : si .Y est racine d’une équation
K0 étant le sous-corps premier de K. On algébrique :
notera G(L/K) le groupe des UnX”+ Q”_lx+’ + + a,.x + ao = 0
K-automorphismes d’une extension L d’un
corps K. Pour tout sous-groupe H de irréductible sur K, on a, en posant JJ = Y’,
G(L/K), on peut considérer l’ensemble LH o E G(L/K) :
des éléments de L laissés fixes par tout
a”yn + Q”_,Y”_’ + + a,y + ao
automorphisme appartenant 5 H. Il est = (a”x~+u”_~x”-‘+...+u,x+u~~ = oa=o,
immédiat que Ln est un corps qui contient
K. On l’appelle le corps des irzwwiunts de H. si bien que ,Y et son transformé .xO ont
Voici deux exemples de cette situation : même polynôme minimal (deux éléments
- La conjugaison complexe o qui, à tout algébriques de L qui sont dans ce cas sont
nombre Y = a + ib de C, associe le nom- dits w@g&s sur K).
bre .? = a - ib, est un automorphisme du Une extension algébrique nomule L
corps C. Le groupe H d’automorphismes d’un corps K est, par définition, une
de C formé par o et l’identité admet R extension algébrique dans laquelle le poly-
pour corps des invariants. nôme minimal de tout élément Y se décom-
Dans un corps K de caractéristique p pose en facteurs du premier degré (en
non nulle, l’application q de K dans K qui, d’autres termes, L contient tous les conju-
i tout élément .Y, associe sa puissance gués de ,Ydans une ClÔture algébrique L de
p-ième 9 est un endomorphisme du corps, L). Il est évident qu’un corps de rupture
que l’on appelle endom~rphisme de Fro- sur un corps K d’un polynôme P(X) à
benius. Le seul point non trivial à vérifier coefficients dans K est une extension
est que : algébrique normale de K. Le groupe
G(L/K) d’une extension algébrique nor-
(x -yp = xp -yp ;
male L d’un corps K, que l’on appelle alors
mais cela résulte du fait que dans la le groupe de Gulois de l’extension, opère
formule du binôme, les coefficients non transitivement dans toute classe d’élé-
extrêmes sont divisibles par p puisque p est ments conjugués, c’est-à-dire que, si .x et _J’
premier. Lorsque cet endomorphisme est sont deux éléments conjugués, il existe
un automorphisme, ce qui est le cas pour o E G(L/K) tel que y = Y’. Lorsque L est

156
CORPS

le corps de rupture sur K d’un polynôme opérations d’addition et de multiplication


P(X) à coefficients dans K, le groupe sur celles-ci. De plus, Galois sut dégager un
G(L/K) est parfois nommé gwupe de sous-groupe significatif du groupe de tou-
1Fquulion P(X) = 0. tes les permutations des racines de l’équa-
À titre d’exemple, remarquons que le tien, le groupe de l’équation, et lire sur ce
corps Q(a) n’est pas une extension groupe, entre autres choses, la possibilité
normale de Q : en effet, a = m a deux ou l’impossibilité de résoudre l’équation
conjugés @et c$. OÙ~ et] sont les racines par radicaux. Son résultat avait pour
cubiques non réelles de l’unité. Le corps corollaire le théorème pressenti par Ruffini
Q(a, j) obtenu par adjonction de j i Q(a) puis démontré par Abel : l’équation géné-
est un corps de rupture de P(X) = X3 ~ 2, rale du cinquième degré n’est pas résoluble
le polynôme minimal de a, et c’est aussi par radicaux. C’est Dedekind, qui a,
la plus petite extension de Q(u) normale comme nous l’avons déjà dit, introduit le
sur Q. terme de corps (pour les corps de nombres
algébriques), et c’est lui encore qui a
Théorie de Galois présenté le groupe d’une équation comme
Jusqu’Ö Abel et Galois, le problème cen- un groupe d’automorphismes de corps,
tral posé par les équations algébriques Exposés en un langage moderne, les
était celui de leur solution par radicaux, résultats de Galois concernent une cxten-
c’est-i-dire l’expression des racines au sion finie, normale et sfTpudde (une exten-
moyen d’opérations rationnelles et sion algébrique est dite séparable si le
d’extractions de racines (cf. ÉQUATIONS polynôme minimal d’un élément quelcon-
ALGÉBRIQUES). Les Grecs connaissaient que n’a pas de racines multiples : toutes les
déjà des cas particuliers de la formule extensions algébriques d’un corps de
.x = (- I * V/I~ - 4uc)/(2u) pour la solu- caractéristique 0 ou d’un corps parfait sont
tion de l’équation du second degré séparables). Dans la suite, nous dirons
a.~’ + LJ.Y+ c = 0, et de semblables for- qu’une telle extension est gduisieme.
mules avaient été trouvées pour les équa- Le premier théorèmc précise la défini-
tions du troisième et quatrième degré par tion des extensions galoisiennes ; une
J. Cardano, N. Tartaglia et L. Ferrari. Les extension finie L d’un corps K, de degré n.
échecs répétés pour parvenir à une solu- est galoisiennc si, et seulement si, le corps
tion dans le cas de l’équation du cinquième LG des invariants du groupe de Galois
degré amenèrent Lagrange (1770) à exa- G= G(L/K) est réduit à K ; dans ce cas.
miner avec plus de profondeur ce qui le groupe de Galois G est d’ordre n.
permettait d’arriver au but jusqu’au degré Le deuxième théorème a trait à ce qu’on
4. C’est ainsi qu’il fut conduit à mettre en appelle la mwspondunce c/e G&is. Une
Çvidence certaines fonctions rationnelles extension galoisienne L d’un corps K étant
des racines qui restaient invariantes par donnée, l’application de l’ensemble des
certaines substitutions effectuées sur celles- sous-groupes du groupe de Galois G(L/K)
ci : les résolvantes qui portent son nom. dans l’ensemble des sous-corps de L qui
Mais ce ne sera qu’avec Abel. et surtout contiennent K, qui, i un sous-groupe H de
Galois (1832), que l’on considérera les G(L/K), associe le corps des inwriants LH,
fonctions rationnelles des racines d’une est bijective. L’application inverse peut
équation polynomiale P(X) = 0 et les être décrite ainsi : si M est un sous-corps

157
CORPS

de L qui contient K, l’extension L du corps que ce groupe n’est pas résoluble lorsque
M est encore normale et séparable, donc n > 5, il est inutile d’espérer une formule
galoisienne ; son groupe de Galois de résolution par radicaux des équations
G(L/M) est un sous-groupe du groupe de degré supérieur ou égal à 5. La théorie
G(L/K), et l’application M - G(L/M) est de Galois a permis de ramener le théorème
inverse de l’application H - LH. De plus, de Ruffini-Abel 1 un théorème de théorie
un sous-corps M de L qui contient K est des groupes.
une extension galoisienne de K si, et Signalons pour terminer qu’une exten-
seulement si, le groupe de Galois G(L/M) sion L d’un corps K est dite cyclique (resp.
est un sous-groupe normal de G(L/K) et, ubélienne, kohble) si elle est galoisienne
dans ce cas, le groupe de Galois G(M/K) et si son groupe de Galois est cyclique
s’identifie au groupe quotient G(L/K)/ (resp. commutatif, résoluble). L’étude
G(L/M). des extensions abéliennes des corps
Il est maintenant possible de donner un de nombres algébriques constitue l’objet
sens précis à la (( résohtbilité par radi- de la théorie du corps de clusses, dont
caux )). Une équation algébrique l’initiateur fut D. Hilbert (1900) et dont les
P(X) = 0 à coefficients dans un corps K principaux résuhats furent démontrés par
de caractéristique 0 est tksoluble pur T. Takagi et E. Artin, 1920-1930 (cf.
rudicmx, par définition, si le corps de théorie des N - Nombres
O algébri-M
rupture K,, de P(X) sur K peut être ques).
(( plongé )) comme sous-corps dans un
corps L tel qu’il existe une suite de Exemple de détermination
sous-corps de L, L0 = K, L,, . . . . Lk_,, d’un groupe de Galois
LA = L, avec L,+, = L!(x,), xZ étant Nous avons déjà considéré le corps de
racine d’une équation .Y’- a; = 0 avec rupture L de P(X) = Xj ~ 2 sur le corps
u,e Li. En traduisant cette définition au Q des nombres rationnels. Comme d’habi-
moyen du dictionnaire que fournit la tude, L sera vu comme un sous-corps de C.
correspondance de Galois, on obtient Soit M la racine réelle de P(X) = 0. Les
assez facilement le critère : la résolubilité conjugués de o sont uj et oj?, ou
par radicaux de l’équation P(X) = 0 équi-
vaut à la résolubilité du groupe de l’équa-
tion G = G(KJK). Rappelons qu’un
groupe G est un groupe rkwhble sont les racines cubiques non réelles de
s’il
possède une suite de composition : l’unité. Nous avons donc L = Q(o,,j).
Comme [L : Q] = 6, l’ordre du groupe de
Galois G(L/Q) est 6. 11 reste donc, pour
telle que les quotients G,/G!+, soient des déterminer complètement ce groupe, à
groupes commutatifs. trouver six automorphismes distincts de L.
L’équation générale du wième degré : Un automorphisme de L est connu dès que
X + q X + ” + r _x + ’ t = 0 i , ,l’onl oconnaît, son action - sur o et j. La’
coefficients algébriquement indépendants conjugaison complexe o échange j et j et
dans le corps Q(tO. l,, .... t,,_,), a pour laisse fixe o ; l’automorphisme T échange
groupe le groupe symétrique S!! des per- j etj d’une part et o et oj de l’autre. N
mutations de /T éléments Comme on sait pouvons dresser un tableau donnant les

158
CORPS

images de o et j par différents automor- L’automorphisme de Frobenius q, consi-


phismes : déré comme un automorphisme de F,jz sur
Fp, est d’ordre 17 et il engendre donc le
groupe de Galois G(F,I,,/F,J. Soit plus
généralement /rz et I deux entiers 2 1, le
corps F,,f,I est extension du corps F,?? si, et
seulement si, tz divise ~1 ; cette extension
Dans cet exemple, le groupe de Galois est alors cyclique de degré ~/n et son
est le groupe de toutes les permutations des groupe de Galois est engendré par IJI”.
racines. mais, en général, c’est seulement
un sous-groupe de ce corps, car toute
permutation des racines ne se prolonge pas
nécessairement en un automorphisme des 3. Corps non commutatifs
corps.
On a examiné jusqu’à présent des corps qui
Corps finis étaient commutatifs, mais l’étude des
corps non commutatifs n’est pas d’un
Une application intéressante de la théorie
de Galois est l’étude et la classification des moindre intérêt.
corps finis. Soit donc F un groupe fini Si K est un corps non commutatif.
possédant q = p’j éléments (cf. chap. 1). l’ensemble Z des éléments de K qui
Le groupe multiplicatif des éléments non permutent avec tout élément .Y,c’est-à-dire
nuls de F est d’ordre q ~ 1, donc tout tels que .vz = :_Y,est visiblement un corps
éiément de ce groupe vérifie Y-’ - 1 = 0 commutatif que i’on appelle le wn~ de K.
et, par suite, tout élément de F vérifie : Nous avons déjà Signalé l’exemple des
quaternions H dont le centre n’est autre
P”(X) = _v” -x = 0.
que le corps R des nombres réels. Voici un
Comme il est clair que Les racines autre exemple dû à Hilbert :
de P,,(X) dans une ClÔture algébrique Soit F(, un corps fini à q = pr éléments
F,, de F,] forment un corps, le corps à (r > 2) si on munit l’ensemble des séries
q = p’l éléments F est un corps de rupture formelles z)>+= u,~T’I sur FY de l’addition
sur F,, pour le polynôme PJX). Ce qui habituelle et d’une muhiphcation déduite
démontre l’existence et l’unicité, à un par distributivité et associativité de la règle
isomorphisme pres, de corps finis à pH élémentaire Ter = #T, on obtient un corps
éléments non commutatif FJ(T)). 11est facile de voir
Nous pouvons interpréter ce qui pré- que le centre de ce corps est formé des
cède en termes de théorie de Galois. Soit séries formelles constantes u0 OÙ u0 E F,, et
F,, une CLÔturealgébrique du corps premier qu’il est dvnc isomorphe a F,,. Les séries
F,) = Z//IZ, et soit q L’automorphisme de formelles à coefficients dans Fp forment un
Frobenius qui associe à tout élément x de sous-corps commutatif de F(i((T)).
F,> sa puissance pième d Si Gn désigne le On peut développer au sujet des corps
sous-groupe de G(F&F,,) engendré par @‘, non commutatifs des considérations tout a
le corps des invariants de G,, n’est autre fait analogues a celles qui ont été faites
qu’un corps de rupture pour PJX) que dans le cas des corps commutatifs. En
nous noterons Enn, et qui a pfl éléments. particulier, on sait définir la uzruct&istfque

159
CORPS

d c n c ’ o eo c o uc r [t n e: Zm n=a [ p : Z K [ t : Z] m rI Lr s ] Li t ] ual é
t n aé q c ’ d u rc u e ed u t ie d e d l si r snq e sé l ta e t tu s of e
D m s L e e u êc in sc n mo Loe cto er s nse som p, s iL C t eLmm s i
t e K u s a t d nL ol tn e e , q au i ol s t u sc f et o m e - o si u
d i K d’ s ’a S do m sud ceu p a l onj e s L =o uL eS no u-
L g t s s a I eo à or e r l su b en q n d s n t te i lm ud s e i s sZe de a e . u
q s K e c u i e xs u o é e d t t sn ml ce o m é m o d uK m uo a m e
L q p a ut e é vd Koi L r l a [ e:eZ ,=u enmé : l K d c J d t * cum e en ’ ot e
s K do L o ( p aeu b c Xa ds st s o )cr j- e uet o m e u oc s rno
t d , à K e ei ec Y s no c q o c t cC n e u bm ac q o’ v i i m dre u l re é e u
p d d e l e é dr s ’ c d cm o e H d a oq u oe u x o e s Cnue rt s i u
m e
c c om o d L r(a m ua s pcx m nnc o s’i u m os u em t
a d s - c e o dq on u[ : R iu= 4m e= 2H s = [ ] ri: R m 2 - C e I u
s c so o d t na n a S r tu te nqi i Rc B en asug puc .u r nf
a s cu o L ot d u m ’ m lr e s u é ’edm sc -
B nrd t e eu l c
a du e c et x m o so t d c o md mc e e Z o re dm e oe n
t f d ci ci ’ ocv on du rfoe s m i Z d en s pi ns u emd ’ g g t nsd r s ue u
à c q a el ut p d G a h’ C p eg a aéo el e rg l dpon B e l ord o epr r
M i e u a t l x d nGi h iZ re eas u é g s , ne l ndo rp t of o e r ar
n c o d oà E N n u em . a o e t md rc e Z a uuq io l t , i tu
T S ( . kd o1 d o o m n9 oH Hl n 2
eo R B . a l n e t tn . r 8 n m
s u
c q i r u S K -e é u ei ds s n l et u q s l
c n c o do c o Z r i e en e m ,pl s n m GERGONDEY
ROBERT s t t et uE
f d m ea é e e d a nc v t e u i i t s t l d r oe e
p d K q lh Ze f :up ai t i i o is o x u sm u e r se t
é n n l x d Ko l u é e ,n ’ l m a e p n
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S L e u s i ds Kn q o c eZ
t unu o 3i >,2 éd, i>ws1971. n h ’ n- t i
l L d ’é y d’ eK tel q e s ené u l sm e s ee
. = p ty J . d o L oe ’ ux a u us _ n n r tt Y s
s d K qo c eZ e quu lo t ui s ’n e - ot c ni
a l c p d eL oO v p f e . mn o e a m i l c u t l i
l q s o er lu i n mé o a ’e ep n o, nè p t é
(L’)’ = L. De plus, on a l’égalité

1 6 0
COURBES ALGÉBRIQUES

COURBES ALGÉBRIQUES cialisant une droite i l’infini et en munis-


sant le repère des propriétés adéquates
(orthogonalité, normes) : c’est la raison

E
n fondant la géométrie analytique, pour laquelle les mathématiques ont connu
Descartes avait substitué au plan de la toute une abondante Hflore N de courbes
géométrie d’Euclide l’ensemble R2 des algébriques remarquables.
couples de nombres réels et, de ce fait, 1
la notion de courbe, celle d’équation. La
construction d’un point, puis la détermi-
nation d’un lieu géométrique se trouvaient
ainsi remplacées par une représentation
paramétrique, et une élimination L’exis-
1. Courbes irréductibles
tence de méthodes canoniques d’élimina-
tion en théorie des polynômes est sans Considérons donc un plan projectif com-
doute à l’origine de l’intérêt porté aux plexe, dans lequel les Coordonnées homo-
courbes algébriques, c’est-à-dire, grosso gènes sont .~,y, I, et un polynôme (à
modo, à l’ensemble des points d’un plan OÙ coefficients réels ou complexes) homo-
s’annule un polynôme. gène F de degré n ;
Le rôle important de l’homogénéité
dans la théorie des polynômes, aperçu au
moment OÙ s’élaborait la géométrie pro- est l’équation d’une courbe algébrique. Le
jective, a conduit à concevoir les modèfes point A (u, /I, c) appartient à la courbe si :
de courbes algébriques comme apparte-
F(a,b,c)=O.
nant au plan projectif, qui a l’avantage
d’être compact. D’autre part, si la concep- Si l’on représente le même point par les
tion initiale de la géométrie analytique était Coordonnées Aa, Ah, Ac, OÙ A # 0, on a :
essentiellement une question de variables
F(kz,hb,k)= iVF(a,b,c)= 0;
réelles, les géomètres algébristes ont été
amenés à prendre comme corps de base le on voit que ce fait est bien indépendant du
corps complexe 1 cause de la propriété choix des Coordonnées homogènes et que
fondamentale suivante : Tout polynôme de des polynômes proportionnels définissent
degré n à coefficients complexes a exacte- la même courbe.
ment I racines complexes, en tenant Si F(x, _r, z) n’est pas décomposable sur
compte de leur ordre de multiplicité (pro- le corps complexe en un produit de fac-
Priété de ClÔture algébrique du corps C des teurs non constants, tout polynôme qui
nombres complexes) ; les courbes algébri- s’annule partout OÙ s’annule F est de la
ques ont été les premiers exemples de forme :
variétés analytiques complexes.
Cela n’empêche pas, au moins dans le
cas des polynômes à coefficients réels, par suite, si on appelle COU& irrkhclible
pour aider l’imagination, de s’intéresser à l’ensemble des points OÙ s’annule un poly-
la courbe réelfe, heu des points à coordon- nôme indécomposable, la connaissance de
nées réelles, dans un plan affine ou même la courbe entraîne celle de son équation (à
métrique déduit du plan projectif en spé- un facteur constant non nul près).

161
COURBES ALGÉBRIQUES

L d ad é p q ’ c o S u u o ml u eq n mAay e pu lu p
c e p od f n ri ne a po r dq l c c odr F e u=a t 0 o c fiué ( e e. u t
m a q o c l au n o o v l ’ B t a u r a g u : rs r l pr s r é n : ei be bo
g d ê éc o c t no c i o r én o t me rs n m ai s
t d composmtes
i idductibles,
e t a u f é f ee
t c d é e h q’ ee x u a n u u p ss np ncq ’q i nsa t M uo tuu eud os l, s one
e n s nmz4ltiplicit6.
a Ca t a t p ’ i p i A uc a le ce an ero c s p as or r s neu
q l c : u a o e u a l m r v 1 aà l u b e d, l ’ l e
d : r o

e f d l ds o double e z a= r0
t e rd o t me i é t e
l c .sirnplea .$ o+ y’ ~ z’ = 0 n q c. i l cu o e q Aa a o i u u n u v
B e l ni nd c a oe t em o tna m e u mé i 2u L no p l pgA o . e di
i ( lr m e c ar u e t oa é l a su r lpoint
d t p~simplc t nd rol u i p
d s d na po e on i rn c s t t en l ots o ei e td a jé u e ox ) é ec
p d c e d r u hm n qu e a o a dl utmgcnt~
p p e iA i aa( i a è p an xs ne c r
s e o l s a f nq i ls ul af tu é eed e io e d e l ni g s t r e s aft é
c d b e oa e a s crl sa t lpg en osé a sb
L : o r
PI(A, M) = = PL_,(A, M) E 0

2. Tangentes s n q q os M
u s u q u neo s l . a e u e
a d P t i d e pA o np r A a, u
I a nu d v tn r c e ele co o c c ra p oi a u n l cs o ut
C u do p n j rn r m e o o s ko à l u i i i d , jd ’ l q g t d e e r e
l p A _ ez oe B ( y vz s,e sit ( ~v ? ,2 )t Pon . MIé , = , )0 q knt cY -) r l. u ( o?
i a nl c F v y 2at =o 0 (c e , )ee uA .a .uo c m rn r v a Ynum u s b e u
O o : n b t é g k + i 1 L gp A e e a. e ao s nl
u point nu4ltiple k-L@ n d l c e l e a o
s e é s x a c l o c p
E A”F(A) + An-’ pP,(A, B) + kn-2 p*P2(A, B)
t e A a n . n
+ + pnF(B) = 0.
L p A e me o k s du l i -
S t l c i o s e no c u o cs ue s et s nl o d lf i to d et uké sf 1 tu ’
é e u qi : st n p ud d t od F e so ae n e eue c poi tn u( p ntt e on it le a
l d a a r 2 l pc qo a l po d ui d e auké B ti e’ s r r )ru i e no
a l d cd ac r om i o oc me r dm ihv mt r p e p t aa s eé r o
d u c ( p ot s ( A y )z ium u . q , , )l b o r Y
T d q no pr c u ’u a or o i pet s ié m s i r se t s opd n é t
d l c l c e a e o I p a o( é n u Z or un t r ie p a b np e n e
l d d F c e e t e d) l o og e e em rr n u p dé u r t r
d m e ec éu a e t e nl É x t t to q a a in u c np c
l m s a ê q il m u: g’L q e e s anpa u a fi
de co e l e
u é a n q d d l I ea u e er g u d ca gi aé n m ot n sr l~~LIS b e e iu o
f r z a c c li o d s ’n p m me e ee o

162
COURBES ALGÉBRIQUES

comme l’ensemble de ses tangentes, fig. 1


L’équation tangentielle est une condition
nécessaire et suffisante entre les nombres
u, V, w pour que la droite d’équation pro-
jective :

soit tangente 1 la courbe. L’élimination de


.Y,_r,z entre les relations :

W,Y>~) = 0
et FJU = y,/v = Fz/w

conduit à une équation tangentielle algé-


brique :

G(U,~,W) = 0.

Lorsque la courbe est irréductible (et


n’est pas une droite), l’un des facteurs
irréductibfes de G représente l’enveloppe
proprement dite, c’est-à-dire l’ensemble tes projectivement identiques. On rencon-
des tangentes ; les autres facteurs irréduc- tre le modèle métrique :
tibles sont linéaires : chacun exprime le y = XV(0 + x)/(a-x),
passage d’une droite par l’un des points
singuliers de la courbe. qui a quelques propriétés liées à la géo-
métrie du cercle et qu’on appelle la stro-
phoïde. On rencontre également le modèle
métrique :
3. Quelques exemples

La courbe dont l’équation affine est :

xJ+.x*--_y~= 0, appelé cubique de Tsehirnhausen, pour


lequel la longueur de l’arc est fonction
c’est-à-dire dont l’équation projective, en
rationnelle des coordonnées,
Coordonnées homogènes, est :
La courbe dont l’équation affine est :

est appelée cubique nodule (fig. 1).


est appelée cubique cuspidule (fig. 2). Elle
Elle admet l’origine (X = 0, J’ = 0,
admet l’origine (,Y= 0, y = 0, 2 = 1)
L = 1) comme point double (de multipli-
comme point double (de multiplicité 2) ; il
cité 2) ; les deux tangentes en ce point sont
y a en ce point une tangente unique _)a= 0.
les droites JJ = k X. Le point (.Y= 0,
Les cubiques cuspidales sont toutes pro-
_Y= 1, 2 = 0) est un point simple, pour
jectivement identiques. On rencontre le
lequel ta tangente z = 0 coupe fa courbe
modèle métrique :
avec la multiplicité 3 : on l’appelle un JJO&
dïnjfexion. Les cubiques nodales sont tou-

163
COURBES ALGÉBRIQUES

fig. 2

Hypoc@oïde d trois rebroussements

Iié à la @ométrie du cercle. et qu’on et n. qui n’ont aucune composante com-


appelle la eissoïde. La développée de para- mune, a été faite par Bezout : il y a un
bole est aussi une cubique nodale. nombre fini de points communs, et
La courbe dont l’équation projective chacun est affecté d’un entier naturel.
est : sa mukiplicité (d’intersection) ; dénom-
brés avec cet élément de pondération, il y
y~z~+z~x~+x~y~-2xyz(x +y +z) = 0
a wi points communs (sur le corps com-
est une quantique tricuspidale. Elle admet plexe). Ce théorème, tiré d’une étude
les trois sommets du repère (0, 0, 1 ; 0, attentive du résukant, n’a pas été apprécié
1, 0 ; 1, 0, 0) comme points doubles, à sa juste valeur par les non-spécialistes :
en chacun desquels il y a une tangente faute d’avoir une définition explicite de la
unique : respectivement les droites .Y= y, mukiplicité d’intersection, ils voyaient
z = ~Y, y = 2, concourantes au point dans le théorème de Bezout une espèce
unitaire. Lorsque le repère est choisi sui- d’affirmation alchimique. On s’est borné à
vant un triangle équilakral dont le point utiliser le théorème de Bezout dans cer-
unitaire est le centre, la courbe métrique tains cas simples : lorsque tous les points
ainsi définie est connue sous le nom communs ti F et G sont simples sur
d’l~~poc~~cloïke à trois rebroussements chacune d’elles, avec des tangentes distinc-
(fig. 3). tes, il y a exactement n?n points communs.
C’est ainsi que la courbe formée de ~II
droites parailèles à 0~ et la courbe formée
4. Intersection de n droites parallèles k O-Yse coupent aux
de courbes algébriques /II/I sommets d’un quadrillage.
Un autre cas assez simple est celui où
L’étude de l’intersection de deux courbes un point commun étant multiple d’ordre I
algébriques F et G de degrés respectifs WI pour F et d’ordre s pour G, il n’y a aucune

164
COURBES ALGÉBRIQUES

droite commune aux deux faisceaux de La courbe (irréductible) F(x, y) = 0,


tangentes en ce point : la multiplicité qui passe en 0, définit y comme fonction
d’intersection est alors KY (et elle est algébrique de la variable complexe _Y,
supérieure dans le cas contraire). multiforme, dont cet-mines déterminations
La situation n’est devenue claire que s’annulent pour .Y= 0.
lorsque G. Halphen eut montré comment, On appelle bmwhe dgkbroïde de la
par une étude locale des courbes F et G en courbe F un ensemble de ces détermina-
un point commun, on pouvait définir la tions qui subit une permutation circulaire
multiplicité d’intersection. lorsque la variable complexe .Xdécrit, dans
Considérons par exemple les deux cubi- le plan complexe, un petit cercle autour de
ques : l’origine. Si k est le nombre de détermi-
nations constituant une branche, en faisant
le changement de variable x = 8, chacune
de ces déterminations devient une fonction
Elles ont en commun trois points sim- entière de t : y = f (t), et on passe de l’une
ples, avec la multiplicité 1, dont les coor- à la suivante en changeant t en ct, le
données satisfont a : x3 = 1, y = 1, et le coefficient c étant une racine primitive
k-ième de l’unité.
point 0 qui est pour chacune d’elles un
point double (T = d = 2) avec une seule Les propriétés arithmétiques des expo-
tangente O.Y. Ce point a la multiplicité sants qui figurent dans la série entière.f(t)
d’intersection 6. ont été interprétées topologiquement
(variété analytique complexe) et dans la
On le vérifie en portant Y = 6, y = t3,
géométrie infinitésimaie de la courbe au
représentation paramétrique de F, dans
voisinage de l’origine.
G:

G(fz,r3) = fg--r6 = (fj- l)fe = 0.

6. Courbes unicursales

Lorsqu’on a obtenu pour une courbe une


5. Étude locale représentation paramétrique uniforme, on
détient un moyen commode pour l’étude
d’un point singulier
de ses propriétés globales. C’est la raison
Un point d’une courbe algébrique étant de l’intérêt porté aux courbes unicursales,
pris comme origine des Coordonnées dans c’est-à-dire aux courbes qui, en coordon-
un modèle affine, l’étude du voisinage de nées affines, admettent une représentation
0 a été poursuivie par deux méthodes paramétrique rationnelle :
Celle ûe Xoether consiste i effectuer des
x = F’(t)/R(r), y = Q(r)/R(t),
transformations birationnelles ayant 0
pour point d’indétermination : elle relève OÙ P, Q, R sont des polynômes en t,
des techniques de la géométrie algébrique. Les courbes unicursales sont souvent
Celle de Enriques consiste à utiliser les appelées les courbes rationnelles, car il
développements de Puiseux : elle relève de résulte d’un théorème de Lüroth qu’elles
l’analyse classique des fonctions d’une sont les transformées birationnelles des
variable complexe. droites projectives.

165
COURBES ALGÉBRIQUES

Les coniques (courbes algébriques irré- rationnelle de degré I n’a que des points
ductibles du second degré) sont rationnel- doubles de même nature que ceux des
les ; elles admettent en effet la forme cubiques, ces points sont au nombre de :
réduite projective :
(n - 1)(n- 2)/2.
xz-y* = 0,
C’est ainsi que la quartique tricuspidale
qui conduit a la représentation : Citée plus haut est rationnelle ; elle admet
la représentation :
.x =rz, _!J=r& z=e*,
x = I/l~, y = l/(f - l)Z.
OÙf, 0 sont des paramètres complexes. De
ce fait, on peut définir sur une conique le Mais la quartique d’équation (affine) :
birapport de quatre points, les divisions
homographiques et involutives. Ces
notions peuvent être étendues à toute que l’on appelle parfois fr~oliuru (fig.4),
courbe rationnelle. admet un seul point singulier, l’origine, qui
L’équation de la tangente au point est un point triple. En coupant cette courbe
courant d’une courbe paramétrique et la
fig. 4
théorie des enveloppes montrent qu’if y a
identité entre les courbes qui sont ration-
Y
nelles du point de vue ponctuel et les +

courbes qui sont rationnelles du point de


vue tangentiel.
Les cubiques rationnelles sont les cubi-
ques à point double, dont nous avons
donné les deux modèles ; la cubique nodale
Citée ci-dessus admet pour représentation :

x=4t/(l-ty, y=4q1 +f)/(l-f)a,

et la condition nécessaire et suffisante pour


que trois points de la courbe soient alignés
est t,f2f3 = 1.
La cubique cuspidale Citée ci-dessus
admet la représentation :
x = t*, y = t3,
et la condition d’alignement de trois points par les droites issues de 0, on obtient sans
est : difficulté la représentation paramétrique :

l& + 1/t2 + lb3 = 0. 3t-tj 3tz-t4


x=m’ y = (1 + ty
Les courbes rationnelles sont, parmi les
courbes irréductibles de leur degré, celles L’cxistcnce de points doubles plus com-
qui ont les singularités les plus importan- plexes (points infiniment voisins, contact
tes, soit par leur nombre, soit par la des branches afgébroïdes) permet de don-
complexité de leur structure : si une courbe ner des exemples d’une nature différente.

166
COURBES ALGÉBRIQUES

La quartique (fig. 5) d’équation fig. 6

(affine) :
V
1
2xd+y4-y(3x2 + 29) +y2 = 0

admet deux points doubles ; le point A

f1g. 5

v
1

7. Courbes elliptiques

Définitions
Nous avons dit que les cubiques sont
(,Y= 0, _y= l), qui est un point nodal, et rationnelles lorsqu’elles ont un point dou-
l’origine, qui est un point tacnodal (contact ble. Les cubiques sans point singulier sont
de deux branches algébroïdes). Cette quar- projectivement réductibles à la forme :
tique admet la représentation paramétri-
Y* = 4x!-g2x--g3
que :

.x = t(tz - l)vPD, y = tz/D, (dans laquelle l’équation y = 0 doit avoir


Où : D = 3t4- 8t2 + 6. trois racmes simples). Cette forme réduite,
définie 1 une homothétie près, dépend du
La quartique (fig. 6) d’équation seul paramètre :
(affine) :
1 = g;/g;.
(XZ-y)Z+y3@- 1) = 0
La définition de la fonction elliptique
admet un point double unique, a l’origine ; P(U) de Weierstrass met en évidence la
c’est un point oscnodal (osculation de deux représentation paramétrique x = $I(U),
branches algébroïdes). Cette singularité y = P’(U) ; c’est la raison pour laquelle les
suffit a assurer la rationalité, et la quartique cubiques sans singularité sont appelées
Proposée admet la représentation paramé- cubiques elliptiques.
trique : L’argument :

,x = 4r(rz + 3)/D, y = 16f2/‘D, dx

D = (t + 3)z(t - l)* + 16tz. 4xj--g2x-g,

167
COURBES ALGÉBRIQUES

est l’i&g&c &wX~nn~ (de première Loi de groupe


espèce) attachée a la courbe. Plus généra- Le théorème des points alignés (théorème
lement, deux fonctions elliptiques de de Lamé) consiste en ceci (fig. 7) : coupons
mêmes périodes sont liées par une relation la cubique par trois droites AIA2Aj,
algébrique : elles constituent la représen- B,B2Bj, C,C2CX, telles que les points
tation paramétrique d’une courbe algébri- A,B,C, et A2B2C2, respectivement, soient
que dite ~OUI& elliptique. alignés. Alors AjB& sont aussi alignés,
Si w et 0’ sont deux périodes de base car la somme totale des affixes est nulle.
d’une fonction elliptique, on appelle paral-
fig.
lélogmmme de période tout parallélo-
gramme admettant pour sommets les ima-
ges des nombres complexes :

ku+k’d,(k+ l)w+k’w’,
kw + (k’ + l)~‘, (k + 1)~ + (k’ + l)w’,

où k, k’ sont des entiers relatifs. Dans un


parallélogramme de période, une fonction
elliptique prend le même nombre de fois
toute valeur, et la somme des zéros est
égale a la somme des pôles. Comme la
fonction p(u) a un pôle double à l’origine,
la fonction :

fournit la condition nécessaire et suffisante


d’alignement de trois points d’une cubique
elliptique :

w et 0’ étant deux périodes de base (cf. Lorsque, dans la condition d’aligne-


ment, on fait u, = u2 = Ut, on voit que la
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions ellip-
cubique elliptique a neuf points d’inflexion
tiques et modulaire).
(la cubique nodale trois et la cubique
Si, dans l’étude des cubiques nodales,
cuspidale un seul) :
nous faisons le changement de représen-
tation, L = log t la condition d’alignement u= 143 + 1 ‘o’/3
devient : (où k, k' sont des entiers relatifs modulo 3).
U, + Ut + u3 s 0 modula 2ix.
Ces points sont tels que toute droite qui en
joint deux en contient un troisième, et cette
Pour les cubiques cuspidales, L est le propriété définit complètement la configu-
paramètre l/t lui-même. On voit ainsi ration. Un modèle métrique est obtenu en
comment les cubiques rationnelles sont coupant un triangle équilatéral par la
obtenues par dégénérescence des cubiques droite de l’infini et le cercle de rayon nul
elliptiques. qui lui est concentrique.

168
COURBES ALGÉBRIQUES

Sur la figure 7, cpi illustre le théorème courbes qui admettent une intégrale abé-
des points alignés, nous avons placé B2 en lienne hyperelliptique ; pour cette raison
un point d’inflexion. Cela va nous permet- on les appelle courbes hyperelliptiques.
tre de montrer la structure de gmqw L’extension aux courbes algébriques géné-
abélien de la cubique elliptique, qui a B1 rales de la méthode paramétrique nécessite
pour élément neutre : deux points (tels que l’emploi des fonctions fuchsiennes intro-
B, et B3) alignés sur B2 sont opposés ; duites par Henri Poincaré.
quand trois points sont alignés chacun est
opposé à la somme des deux autres. Ainsi,
la somme A, + A3 est C2 opposé de A?. 8. le genre
Cette opération est évidemment commu-
tative et le théorème de Lamé établit son L’étude locale a permis de définir en
associativité : chaque point d’une courbe algébrique une
ou plusieurs branches algébroïdes : on
(4 + A,) + BI = (- AJ + (-- BJ = G
appelle place la donnée d’un point et d’une
AZ + (A, + BI) = (- CJ + C-C,) = G.
branche algébroïde issue de ce point.
La détermination du point (X, Y) L’ensemble des places d’une courbe est la
somme des points (x,, y,) et (.y?, y?) se fait riemannienne de cette courbe et on appelle
rationnellement et cette propriété es1 en CJ& (parfois aussi &kw) de la courbe
liaison directe avec le théorème d’addition une combinaison linéaire formelle à coef-
pour la fonction n(zf) : ficients entiers. positifs, négatifs ou nuls,
des points de la riemannienne, un nombre
fini seulement de points ayant un coeffi-
cient non nul. Les cycles d’une courbe
forment un groupe abélien.
On appelle w&e d’un cycle la somme
D’un point arbitraire d’une cubique de ses coefficients. Un cycle est dit @cctf
elliptique, on peut lui mener quatre tan- (ou positif) si tous ses coefficients sont
gentes, dont les contacts ont des arguments positifs ou nuls. Un cycle effectif ayant une
qui diffèrent d’une demi-période. D’après signification géométrique simple peut, par
un théorème de Salmon, lorsque le point exemple, être obtenu en envisageant, sur
parcourt la cubique, le faisceau de ces une courbe C irréductible Coupée par une
quatre tangentes reste projectivement courbe aigébrique y, chaque branche algé-
constant. broïde affectée de la multiplicité de Bezout
L’invariant (birapport symétrisé) de ce correspondante.
faisceau s’exprime au moyen de 1, ou du Plus généralement, étant donné une
quotient a’/~ des périodes : c’est la signi- fraction rationnelle N(,y, JS,:)/D(x, _)‘,z),
fication géométrique de la fonction modu- OÙ N et D sont deux polynômes homogè-
laire : nes de même degré, dont aucun n’est nul
sur toute la courbe C, on peut lui associer
le cycle ZN -Zo, différence des cycles
associés au numérateur et au dénomina-
Les méthodes Utilisées pour l’étude des teur : on vérifie en effet que toutes les
courbes elliptiques ont été généralisées aux fractions, formellement différentes, qui ont

169
C A O L U G R É B B E R S

la même valeur le long de C, conduisent au morphes sur la courbe définissent des


même cycle. Les cycles associés aux frac- cycles équivalents qui constituent la classe
tions rationnelles sont d’ordre zéro et canonique K : les cycles canoniques effec-
forment un sous-groupe abélien. tifs constituent la série canonique qui a
Deux cycles sont équivalents si leur l’ordre 2 p - 2 et la dimension p - 1. Sur
différence est un cycle associé a une une courbe rationnelle, K a l’ordre - 2.
fraction rationnelle. On appelle S~I+ Sur une courbe elliptique, K a l’ordre
liwhire complète l’ensemble des cycles zéro ; seul le cycle nul appartient à la série
effectifs équivalents à un cycle effectif canonique qui a la dimension zéro. Cela
donné ; cet ensemble a la structure d’un tient a ce que, selon un théorème de
espace projectif : si n est l’ordre commun Liouville, les seules fonctions elliptiques
a tous ces cycles et r la dimension de holomorphes sont les constantes.
l’espace projectif qu’ils constituent, on Soit G un cycle d’une série linéaire gFI:
désigne la série hnéaire par g;. La classe si la classe K-G contient des cycles
d’équivalence d’un cycle est souvent appe- effectifs, on dit que la série est spéciale, et
lée série hnéaire virtuelle. le nombre de cycles effectifs de K-G
Deux séries linéaires étant données, linéairement indépendants est appelé son
prenons un cycle effectif (respectivement indice de spécialité I. Lorsqu’il n’y en a pas
Z, Z’) dans chacune d’elles : le cycle (ce qui est, par exemple, le cas pour
Z + Z’ est effectif et définit une série n > 2p - 2) la série gk est dite régulière.
linéaire complète, somme des deux séries La signification géométrique du genre
linéaires dormées. Par exemple, les droites est alors donnée par les deux théorèmes
qui coupent une cubique elliptique en un suivants : Si une série linéaire complète gr3
point fixe découpent sur la courbe une gi. est régulière, on a r = n-p (Riemann).
Deuxg; étant définies par les droites issues Plus générafement, si une série linéaire
des points A et B de la courbe, la somme complète g; a l’indice de spécialité I, on a
est la gi découpée sur la courbe par les r = n -p + i (Riemann-Roch).
coniques qui passent par A et B ou par tout L’ensemble des séries linéaires complè-
couple de points équivafents. tes &p d’ordre p peut, par application du
Le théorème du reste de Brill-Noether théorème du reste, être muni d’une struc-
énonce que tous les cycles effectifs (s’il en ture de variété abélienne de dimension p :
existe) obtenus par différence des cycles de c’est la jacobienne de la courbe.
deux séries linéaires forment une série La classe canonique et, par conséquent,
hnéaire. Il a trouvé de nombreuses appli- le genre p ont été introduits d’une façon
cations à l’étude des intersections complè- purement algébrique par Enriques, au
tes. C’est ainsi, par exemple, que si, parmi moyen d’une construction tirée du jaco-
les neuf points communs à deux cubiques, bien. Liée à la théorie des enveloppes, cette
il y en a six qui sont situés sur une même construction élégante perd malheureuse-
conique, les trois autres sont alignés. ment sa valeur en géométrie algébrique
Introduit par Riemann, le genrep d’une abstraite sur les corps de caractéristique
courbe algébrique irréductible est le nom- non nulle.
bre des intégrales abéliennes de première Une autre définition du genre a été
espèce, attachées à la courbe, linéairement présentée par Weierstrass, qui s’intéresse
indépendantes. Les différentielles holo- aux cycles associés aux pôles d’une fraction

1 7 0
D P É AA
ÉQUATIONS R

r d as u c é it u n o f ri r e u i ro r n én
t U p Pi m nd l m b u ee a u l n c l e i e t . e

D
n p ê l ep t d ’ f uô r ’ u r t l e u n a e n i c
r à c a q n no f t p u e na i a e ds o s is n
p d c ae ’ ed F er n u re nt s n t ti e a ie m
l ( l ) i e ( a à 2 )p -n s1 S cP , f .i u é n r
p s l r r u ea ip h i d r s er o s ’ t m i r u sa s n
c e ef l n l ris e s a t no s e c ain mu i, t
1 2 .. .. p E g , , .a n é a l o b g m s é é -
t s u c r d c u n o a en a r r i o m p t n c s e
n l s up ade t la d u c h lr e oé et no ,i
W n pe v : i ’p ai r l ee rse a su rr i tt is e
q p t p u P ol l o ld e ue a u ai sr c t cf ue ef
d 1 2, p e , . . . . ,

L G U A C U T
DÉRIVÉES
PARTIELLES
É A Q u U
B i b l i o
A C C .H d o E gP uN éu C
r hb Ib rl N e
t m i d la Po e ’ t P an uh a rs né r i imi s

L
1 / H C 9A S . L o 7 m EC / 8 EpM É w ‘ abE Swd Q C pNo u é oU S
T P P h N l Y r r e 1e o / e o w 9n r s r 8u k s y 0m - , ,
s s d l od a do m e no n
J F G . d,,éhrique,
R Ué d mE . o e a S F k t .N ~h R E
m e d a dt ’l t d B e i’ m i e o onu l lq a a r l fn pù eu i t ev - loi a h e
d T 1e / F a A 9 a U Cl l 8pu L é ue I gn 9 xsT l prnt s cl O e, ’ udwc far eb N
A Nd Y 1 /ed P Ao G 9 qwi . .lr R r 8 s u lIk e p e9 a o F ,e e es l c cn -
F l I Q An TC I Alt H u g.r S r o ,
eM w bd. s
g l p i é e lo ém n m s un
P ( r1 / A GR o9 . FR . v8 OO I i9 T ~. d H I) e
d d i e d e a 2 vr S g g ovn e ép dé q l e éc b da op e .un r Ire s etr h s t e
m 1 a/ J P L9 C t .I d e 8 aho C e m .s 5 éuHu d fys t uq O mr l s iu a ru ab
N
L p e d l l Et m kl ; É l s 9s a q l
m p p?l p p mi e anu7 a h tpp l tc ro
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J V C d. E oS iL m ue Up d rc , / t br i h eé q
t 1 i 9 q 7 uc p
8 g e a o . fl é l. o d n l ou n e
p p d ll ué O e e ue t it n
v p e e l d l x ar u a
q s u u i i
C é a e e à st t uut ou
i f n s ol d f u ne
m g d le é m e ’n n a
a X s L u c V l pi c e a eI e lè
l q d s a us t ef a e ei o o
d e és t n vé r
P d p ol t ’ d a d se r a
b e D B e t sa l e r d un ’
c v po p ic d Fur a be

1
DÉRIVÉES PARTIELLES ~ A N U A X T I O N

s l d u l ’c ( e r&a éh d cp R qa d em f r I uld e ms é . o E aee


~RIGONOMÉ~RIQUES). ckl PeLltC a l cU i d aS po t d S é é ai nee e q c
t d p h ( u POTENTIEL
o é ETc q t o f u e r . e n i
FONCTIONS HARMONIQUES), n d l é Le t’ e a d ré F e p e at o
d l g e e d a pr é t u oa t l tv b i a e àeil i c d cd nt’ e
e d u d t e h p n eo vd a é nm à
ee c r q t a c n o e
t u e i ia o u e
l m ’ L am a p e t é p d
n a s h td e d l e
a r d i d éh rs è e l é s u
d q G u G ua e a dr ep od l ée e ’
p r q i je o x s e
l g d u t in n p e
a é a ud q p u x éd u am x r aL a r of d i nc’ t t t di e v seé i r
l d d aa é 1 eo nj c u 8 m sn on a e n 3 l a t ué lp n v 0 oét ée ’p n e ,
r e ; e ô o s é r l l pn s t d e rl e at e eé e pl eep r n n sora lsr t t
H P pe p o J uHn a i al i era l r np ca sitd ca cr qt a o ao
( l p d’ é a d ei q
m C p d va d e s o e fru e o i ade s l n i. ut b t
o o d S n u eU c d d n h i
d é a e dq p u s é uk a x r a r i t t v i
f e ol s : is nna u lt
é s t yu p él s t a ’ t i r é él c mi
p d f an e n o à ss o un u
r ( G u IS eS s ze los rr f be ag a o iu
c d l ot o d a Frm n e
e a a L t Sm aà l c e u ’ h n r é wé e l a
s a k s o c u uC io o s pe
t d l t i de ad h o e i é n s s o t r
v s e au v i ms tn em at
( t d Dc h e q I fc é s u S. o o i Tn r Rs i
q n d l u a d eH ’ e ï e ei
t d n j u l ce o n o e ed al s a u e da tr r us e
C p e ’ d oc s e c e uo s
t d é h a ed q pé u sé u oa x r a r i t ti v
d q H i eu s o c f te e r o
l l e i s n é a i
r o i a l n c n t d e t o t
L t d da h es i é s’ s o i t r m r i
m i c
a p l pu o n e lr s u os ios r n n bi él
c l d an e l o g ro s i n é CLAUDEn n BARDOS n n e MARTIN é éZERNERè t a e
m à p dê d a r em o r é e n t g n i u é
d s s e o ( i s l i n u n g t t d i e
d l l ad de a ne C i n ss e s g st a r g
i a d d p c R é é p h i e j a e e s à r z m a
( 1 8 6 0 )
L e ’ l d n i e é
A. Sources t n
etv applications r t e e e l
d l p e de la h f t e ’ y o
O s p a s n
d nd e r t n i s e é c o r a q o
s e p’ l f ae d’ f m qrs ei e t e cut sn c yd n le t t p
é a d q p u é: l u a tx r ’a a d r i p i eu t é i t op a v sx i rs i
d H L ee l i nZ s ’dl p a t edeb l pa t esese da phl u tp r e r
s d l o d Se ’ l d e cl é iu e he q d nt d d ru u a ti e oc
l m qa é ; d um c v e daê ma a enm an r st e t i
l d S ’ H ( ec o 2 L e t’ c h b A se yq f l a s o l p pud . eé p o l o a ee s q
e d ll p A ac al a - dni i r o is- pd t r fdd t éi d
S e a o e t6 O p u s t op d rp u uléc e cl r a iro eu r
l w e e lp a s t er i p c d s én p e e es sq r dl t sy eu o
r e ae dt p F t ea pr Od i p s u ér Néd o a d x os C ré
T e l I n s d’ s O a t fee o N ta oss ; l i Syur a d np d ul ) rb o

172
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQIJATIONSAIJX

familles beaucoup plus riches de solutions dans chaque problème particulier). Cette
Ce fait se voit sur l’exemple particulière- condition est automatiquement vérifiée
ment simple d’une équation linéaire du dans les problèmes linéaires (c’est une
premier ordre : conséquence du théorème du graphe
n
fermé ; cf. espaces vectoriels roror,oci~-

j
1a I =
= j , l,..., n;
l
f QUES).
=i , &
Il est remarquable, ce qui sera évident
+

ci-dessous, que les premiers travaux


on lui associe le syst>me diJf&entiel des systématiques ont porté sur des équa-
cuructkristiques : tions du second ordre, qui se sont pré-
xj(s) = ul(x(X)), j = 1, . . . . n, Sentées en mécanique, puis dans la théorie
de la chaleur. L’étude des équations du
dont les trajectoires sont les courbes curuc- premier ordre, la plus simple du point de
tkristiques de l’équation. L’équation aux vue mathématique, n’est venue que plus
dérivées partielles équivaut alors à une tard.
équation différentielle ordinaire sur cha-
que courbe caractéristique. Posant :

w(s) = ~@C~)h 1. L’équation des ondes


et le type hyperbolique
cette équation différentielle s’écrit :
L’équation des ondes (équation de
d’Alembert) :
il faut la compléter par une donnée initiale
sur chaque caractéristique, ce qui introduit & a ? z
w g ( - a I a x
une fonction arbitraire. On remarquera sur 1 2
cet exemple qu’une solution d’une équa- régit le comportement de la densité dans
tion sans second membre u= 0) ne peut une onde sonore, c’est-à-dire une pertur-
s’annuler en un point sans s’annuler sur bation de faible amplitude d’un gaz non
toute la courbe caractéristique qui passe visqueux au repos. Dans une série de
par ce point. phénomènes physiques représentés par des
La façon la plus courante de détermi- grandeurs vectorielles, chaque compo-
ner une solution, en particulier dans les sante des vecteurs concernés obéit 1 cette
problèmes d’origine physique, est de fixer même équation : ondes transversale et
les valeurs de la fonction et d’une ou longitudinale dans un solide élastique,
plusieurs de ses dérivées sur des hyper- ondes électromagnétiques, etc. Il faut y
surfaces. On dit que le problème est bien ajouter les phénomènes analogues dépen-
~OS~lorsque cela détermine une solution et dant seulement d’une ou deux variables
une seule. Pour traduire une situation d’espace ; parmi eux, les vibrations trans-
physique, un problème doit non seulement versales d’un fil élastique donnent lieu au
être bien posé au sens précédent, mais cas particulier de l’équation des cordes
posséder en plus une propriété de stabi- vibrantes :
lité : la solution doit dépendre continû-
ment des données (en un sens à préciser

173
DÉRIVÉES PARTIELLES ~ A N U A X T I O N

1 p a ~ à l a3 n é e uv c pt x sdo C i ré pa eitu nae o p hv r un


m é (
el d t d 1 na pé u s ea 7 t acsd U i en U 4 s rei i ” m t s e 0, ’ n é
d ’ B D ea E A e d tn u l d r i e i l e ’ [n b n hu e _e muuo ] t
L p d a o t l ’ s sos e é lo s u. ’ e es cdol i d tYal s n re ru b ee
t d l i d ec’ vo e oé v i [n s ri q a b ~s 1 ( ,d u1l S r - 1 f be
s l f : o a o u r c fs sm l e d i di e eCt o g e
~ . e a ( ( , sY t u e0 d0Y ’ ) / n,
u(t,x) =Y&--Cl) +g@ +Cc)
d [ b f s e La s ] a o s t , ’l , lu
p d v fe ’ c o ar p e re i cO
m r n ér r im
e o gt l tb -
p : r i C é p ep t sr ted é ’o
a L p )d eC r e be a of sé i u ab e t t q e d dc çl n e u n e oh
p t d l of a ( > a r qe su d nt dnOd u ét a t : u(t, es )s)
é en ,udn q pd e rés
l p ( < Q Ce pa t s . e rs i : r’ osc d ue é e u béi à el U sn t , l ’
HT u v r l é ( eo ’d r 2 ti,x+~j
[.y--clt u ée t li ) vq ]f eu
p l c l : e o u s n d d s dd e p é P e l isu o p s e te
r s l ed s ; ou p ’ cn e nr e a
U = e (+ U = u t f A u& à&l o d d( t , e
’) d C oPs) c a, e Xa s
s e g
où L+, et U, s d f o de o n
os n t n c - t
c L s ) de l i s s se un o
n ) é ) e s .
p e ar à [ v l cu oS p a i l .s
b L s )s e p o ù el s r l a o u p t q
e u p x u d, r e na i é
v c C ai . ed ft té fe tl is ei rs
p _ o r o xd nd e i Oe i t
v p s ap e d e p gr u e l ué t u ec s i
d d p e é d u ar sp r e ue
f P e a e a r x ç a n r e e o u v m n e p s
(t, x ~ et ) e (t, x + ct ). t
L p d a o t ’ l s o
f 1
s i
s g
u o f .
so n e l ot i u e
à f s a ld p d c’ i é e
v M li p a q eb n r i u
e a t n s v d i ep o é r
d m ’ p t é u ac o o t n
d e d ’s q t e aéy u
h Cy d c ’ pc a e
q t l ué r d eb ’q a o e sa
q o ul p b eep h é
q r àu c é p le o v a
t d o i L ef n o ad s o d
p d C r n p e b a od ’ a e u
C d m h t q u so l a a à u ei i
u é d sn q o Lu ege u r a
t d l p r e da r p i c e o l
P d r s ee od o d tsd po l e pé amu e ppg at l f d e a hit do ni laoo cé , - oaun
d p l a a d ’c n v , e é o c: /es fr s q r e b ud r ae a ts n ; t
pe”tesd d o e rS kbl s oo /l i ”g ;c mt t lq. é e i f uê r si n ea l a m e sn
c b o i N ua c o

174
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS
AUX

décrire ici deux résuhats simples sur otih est une fonction qui se calcule à partir
l’équation : des coefficients de (3) et de S. On voit donc
que la discontinuité [u] vérifie une équation
(3) g-divx(c2(x)gradxu) + b$ = 0, hnéaire du premier ordre dont le système
caractéristique est :
équation qui décrit la propagation d’une
onde amortie avec une vitesse dépendant
du point OÙ on se trouve (comme le son
(5) X’(s) = -C~(X) gradxS
dans une atmosphère inhomogène). Nous
poserons : = 1 gadp(r, xF , gradx S) ;

les trajectoires de ce système qui ont un


(c’est ce qu’on appelle le SJW~& princi- point sur ZE sont tout entières sur cette
P4. hypersurface du fdit qu’elle est caractéris-
Soit u une solution de (3) qui s’annule tique, ce sont des courbes bicaractéristiques
d’un côté d’une hypersurface X d’equa- de l’équation (3).
tion : S(t, x) = 0. On peut démontrer Le point important est que u vérifie une
que si u ne s’annule pas sur tout un équation différentielle le long de chacune
voisinage de Z, S vérifie l’équation aux de ces bicaractéristiques, d’où il résulte que
dérivées partielles non hnéaire du premier sa valeur en un point la détermine sur toute
ordre : la bicaractéristique issue de ce point. C’est
en ce sens que la discontinuité se propage
(4) o(&x,$gradxS) = 0; le long des bicaractéristiques. De même, si
a l’instant t = 0 la discontinuité présente
on dit que c’est une hypersurfice caracté- un pic au voisinage de xO, ce pic se
ristique. retrouvera en chaque point de la bicarac-
Supposons de plus que u soit deux fois téristique issue de (0, xO). On notera la
continûment dérivable en dehors de E nature cinématique des bicaractéristi-
mais discontinue sur Z. Nous noterons [u] ques : elles représentent des points qui se
sa discontinuité ; [ est donc définie usur I?I déplacent ] à la vitesse c perpendiculaire-
comme limite de U(X) quand x tend vers ment aux surfaces S = Cfc ; on retrouve
un point de E en restant du côté OÙ u ne ainsi le comportement des rayons lumi-
s’annule pas identiquement, Si on cherche neux.
alors à écrire l’équation (3) au sens des Pour achever de se ramener à la défi-
distributions, on voit apparaître une dou- nition générale des bicaractéristiques, on
ble couche Portée par E de densité [u] que vérifiera que, si on pose :
multiplie le premier membre de (4), ce qui
donne la démonstration dans ce cas par-
ticulier. Il apparaît également une simple
couche dont la densité est à un coefficient
non nul près : on a sur les bicaractéristiques :

175
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

Il est remarquable que les conclusions Une série de problèmes importants


de l’étude que nous venons de présenter dans les applications concernent la diffu-
aient été dégagées par Huygens dans son sion (G scattering ))) : c’est l’étude du
Truité de lu hnièw (écrit en 1678 et publié rapport entre les comportements asymp-
en 1690) sur la base de considérations totiques des solutions pour t tendant vers
physiques et géométriques avant que qui moins et plus l’infini.
que ce soit n’ait écrit une équation aux On appelle systemes d’évolution du
dérivées partielles (cf. fig. 2). premier ordre symétriques, ceux qui ont la

Une méthode importante est l’approxi- forme :


mation des hautes fréquences qui repose
sur la construction de solutions appro-
chées de la forme exp (ivq) u, OÙu possède
un développement limité en v au voisinage
de l’infini. On trouve que q vérifie encore OÙ 1 est la fonction inconnue (vectorielle)
l’équation des caractéristiques (4) et que et les A, des matrices autoadjointes. Ce
chaque terme du développement limité de sont des systèmes hyperboliques et, en fait,
u vérihe une équation linéaire du premier la plupart des systèmes les plus importants
ordre dont les courbes caractéristiques peuvent se mettre sous cette forme.
sont des bicaractéristiques de l’équation L’équation de Dirac, qui décrit l’évo-
étudiée. On arrive a donner une base lution d’une particule relativiste de spin 55,
mathématique rigoureuse aux calculs qui est un tel système, OÙla fonction d’onde de
se faisaient en optique, dans l’étude des la particule a quatre composantes. L’équa-
radars, etc. tion des ondes peut elle aussi se mettre sous

176
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONSAUX

l f d s a o s ’ y Pr y ud s omd tm né q t p ueu ef é p u&è a r n m


a
c o p p e f n r i o l o : e o n c u aU(tn- tu),n ou cva r . q c dv n oos u t
a u l d H ’ : e e é
u " = ~ ~

" = q i j = 11, . . . . n.
C é a de p q t et à r u
L d o ’ d e a n é: e sl d q v o e u i r s a
a f à cG nd L et ae a
O r l n e d L ’ ( t e a
! k ! -
J - t d v ie a cnu r
j=l
c d oc d e C no e
e o c l t s n o e é e y l m nR c s eE p e i rd t v sl l s pe i o l è é l
é q e q q u l x du u pi e p r éa e l epa s rié rt t a par dimei
t p r ia . ae ia t c eu Y r:t p t o fnx , apo m os d nvou m n ’
c C f o a é l es a m dt a o
ut - G, j = 1, . . . . n. c p e d lr t r de a o h
é a d q p u é(u a x
L s o ee y b sb s ti yts l p
t èe o
me d e f r mn na
én e s oo e
D é ’ q l qh a u et u y q pu e is ê a p gu et q it t ?e éi ru
q o d s u qn s e p o e out e s r1 l a a s ni & lo1 u s u d t c ap t o s eé
e v d e n e t e nx h r o s aoe n r du p nl m p é ac os pea p l a é n
d l p C c a a aÉ i nn r qm - sdo J t ué a ( enu o ic at pi n u
l M di c a a é a n e u ai q n é s t l spc u s ad é r e ,pa a i ’ ce
l v d p a i d e r t t é i o o e p an p u ds eauc a sj ’s
d l s c e a o o l r n à u up a s d rn t r m i e e i o
c o n
p L b e pr p l i s oo o
d L t ci e a e g oo l p n é
2 Le t e . y l l ps
s u o oe bi u ! nd uR” l d po r A e
n n l l of o L - d a ur p t e
L’équahon de Laplace, s :
u s o u n
ou de Poisson L , d De w : GT e i uo
S d l id a o ’ o s e nn é n ’ v (
s s d q s 0 é e i d 6l eru u r t n o à )a esr
A d s s e o ( t s l l e
c a d uH - s
’ t o t et i n i
i dnt o t u de s - L pwblcbne
n o ém u d N e
m p pr : cc T e e bu e s
l d P ’ : e o é v i q ( s é0 se ud 6 lu dr st ao ) ar
n s r e od uB s ro r
À v d c d r ni p e te aà ’ r a
f b p D a i i no a p ’ iu e l ’ s a
p a u à u js i u n oo
plus c s l no d o e don ’c u oemn r éo s u a n ue s qn n u et
L l l as om e epe n re D s lcp u p s m ’ q yt aoa l e o q ba u l cnir , x u
e p d ét r e e q oD ld s u dt e vl o ua ooc ié n q nt i t o
m s o s ê a i sn ’ qm nu o n i a ue ex t l on e l i,u r u ult nl t o

1
DÉRIVÉESPARTIELLESÉQUATIONSAUX

fondamental pour ce genre de questions, la (Cf. POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONI-

formule
de Glwrl : QUES).

Applications à la topologie
Considérons une variété compacte V et
c-J gradt,.gradudx + ranudq munissons-la d’une métrique rieman-
n sI
nienne, comme il est possible de le faire.
OÙ 8n désigne la dérivée normale sortante On sait que cette métrique riemannienne
et 0!0 la mesure superficielle ; nous notons induit pour tout k un produit scalaire sur
g la dérivée normale sortante (donnée) de l’espace vectoriel AL des champs de for-
t et nous appliquons la formule de Green mes extérieures de degré k sur V. La
avec IJ = 1, ce qui nous donne compte différentiation extérieure d qui opère de
tenu de (6) : A k dans II k+, possède donc un adjoint ci*.
Posons :
A = dd* + d*d.

Cette condition aune interprétation très Dans le cas des fonctions sur un espace
claire dans tous les cas où ~ grad u est le flux euclidien, on retrouve bien le laplacien
d’une grandeur (par exemple si ~ 1 est le usuel ; c’est essentiellement la formule :
potentiel des vitesses d’un liquide animé
Au = divgradu.
d’un mouvement irrotationnel ; ou si on est
dans le cas stationnaire de l’équation de la Notons en général Ak la restriction de
chaleur, L est alors la densité d’énergie A à II k, On a alors le 0zé~rè~~zcde Hodp-de
interne et - grad u, moyennant un choix Rham : la dimension du noyau de AA.est le
d’unités, son flux). Dans cette situation, le k-ième nombre de Betti de V.
premier membre de (7) est la quantité de la Ce théorème a reçu une série de géné-
grandeur en question créée à l’intérieur de ralisations dont le célèbre théorème de
!2 et le second membre la quantité qui sort i l’indice d’Atiyah-Singer et, tout récem-
travers la frontière. ment, le résultat d’Alain Connes classifiant
On rencontre très souvent des problè- les feuilletages en attachant un indice EUX
mes mêlés, c’est-à-dire OÙ on donne u sur opérateurs elliptiques sur chaque feuillet.
une partie de la frontière et sa dérivée
normale sur le reste. Ces problèmes sont Principe des travaux virtuels et formulations
bien posés. Une série de problèmes géné- variationnelles
ralisent celui de Neumann (condition de Les équahons vérifiées par le déplacement
Newton, dérivées obliques...). d’un solide élastique en équilibre forment
Les solutions des équations de Poisson un système elliptique. Nous allons en
et de Laplace et des équations analogues donner une formulation fondée sur le
possèdent de multiples propriétés : elles principe des travaux virtuels.
sont analytiques, ne peuvent pas avoir de Soit !2 le volume occupé par le solide au
maximum ni de minimum à l’intérieur repos, l- sa frontière. Supposons que sur
d’un domaine où l’équation est vérifiée. une partie r0 de l- le solide soit fixé et que
On appelle fonctions hwnoniques les fonc- sur le reste I-, on lui applique une force de
tions qui vérifient l’équation de Laplace densité superficielle g. Un déplacement

178
D P É A AUX
ÉQUATIONS R

a e u dc d sv n mh q e ct e ia ui q ’ cs sm sci T u e1 ’t f s p ui
s s I S’ @ ul d , oa ) er d é, p ni q v e p. l u tn uc é l ud n u ’ o
d p d s u q o s tu o e ,u ia e r r l n Yi qnu a o é i a m ut s u gl d u i i
r O s q ec n ca u ph d oti e do a l e m et q es qf ’ d np ul . iui
l d d f a eé e so n:l fs ’r ( sa n oy r éc 9 i s o O r ae ce ) tt u
t à l j i v ba dt u pm
b d l r l d e da e è au é c
l : T ’ u d r é n é
a L q dv p J tu m éd o oi
o e l t d s ce e qe t eo n us sn s i tt e r
c a eu : d r m
s L yt d eu d rm a un é aé n r p vt s l ar
m v a e iu e :d n r s m t t t i u s e

E g un pé o a nà le n n r
f s o O V e u u er Ù s in
O l Ié Ù l’ m c i v Hei; l o dn o f n e t s et0 qo( pd s u êe unq à ei r
/ s l c r o ed oh nk n s ev m i ov t a ep l r eF d f l t o e m c! e
s e & l mo s t a er s I u c st u( .e p c o ua rei ps e or n rn lt et r
S d op id c ia re od s tr eqs ne vu c s
F u ( 0 ép = !t’ x
p q s h t l u d e dy r o 0’ : ee rTés o L na )i a r ci pa V t gpl q i o rq
i s e a c oà ( n u p i i i 8 npp n t , t f ) eol tt ao o iuà Véi :pu n
p p e ea t a c t n r de lr o en at m a i p n e
s d o oy a ea l , nnm r a o é r u t i vr v
f : o r m u l

v.gdS.

L l d c a o ed o l i o mD ’ i n ppe e pn m n oas x at
s d oq d i d e d u é d ot e e ( é i q p ue vn t s s lr u e éa id ’i e pn ru é év
l s é e ei o t d s nU l u t et dh s i s d io . :uoude i er y meec
l s l d e i e a aé mp s sf ee t so nt er ti
p q l s ro éu e o i seu dle l l usr ea i ft s d fe t
s l d u e au l é pM n ip p a ne o i én s s
i e i dl cs m q e nto p u om o e up r sr t
n p b ’ d c a s e a e e s i s v t mo o t pi n e
i ;n n l f c do ep a a i ou ae d i c ns ast els o q c d .u sio n u é
A d q vl t ’ v u dae r éd ci e d en l a cu hrV e st ’ v r to. ea
f é eo é là c d sl r f g a e Le atpc o a g s l a e le r l dr t uf v us c ea i
a i r pà p l c e q p ru t e s u vl én i t ’e ai jc o e des rq ui
d a é I f dq p s l ac mu l aà l f uol i’ a t aa o dt n’ si c i u i
f a l a i u i a s s m x ap u y s pe l iac s e ot a e lsro t s us

1
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQIJATIONSAUX

Voyons cela de plus près pour les problè- appartenant à l’espace de Sobolev). On
mes mêlés. Sous forme classique, nous arrive finalement à la formulation sui-
cherchons u deux fois différentiable qui vante : ccTrouver u E H’(G) telle que sa
vérifie (6) sur 0, L = g0 sur Fa et 8,+ = g, restriction à r. soit g0 et que, pour tout
sur F,, OÙ g0 et g, sont des fonctions u E V, la relation (13) soit vérifiée. ))
données. C’est la formule de Green qui va On notera que les conditions de Diri-
nous permettre de passer à la forme chlet et de Neumann ont des statuts très
variationnelle. Elle assure que pour toute différents dans la formulation variation-
fonction u sufhsamment régulière et nulle nelle : la première doit être imposée à u et
sur F0 : aussi, par l’intermédiaire de Ia définition de
V, à v, alors que la seconde est intégrée dans
la relation (1 O), (11) ou (13) selon le cas,

Il reste à définir l’espace V.


la monotonie
DÇbarrassons-nous d’abord d’un détail :
Le fait d’admettre une formulation varia-
une fonction appartenant à V devra
tionnelle du type (11) n’implique pas
s’annuler sur F0 alors que la solution u y
qu’une équation ou un système soit ellipti-
vaut g,, ; il faudra en tenir compte dans la
que. Au demeurant, les méthodes d’étude
formulation du problème. En dehors de
liées à la formulation variationnelle admet-
cela, il nous reste seulement à préciser
tent une extension au cas hyperbolique,
quelle condition de régularité doit vérifier
c’est ce qu’on appelle la méthode des iné-
une fonction nulle sur F0 pour appartenir
gulités d’énergie. Ce qui caractérise l’ellip-
à V. La condition (13) suggère de deman-
ticité, c’est une propriété des fonctions F,
der que son gradient ainsi qu’elle-même
que nous allons aborder maintenant.
soient de carré intégrable. Or, c’est exac-
Les propriétés des solutions d’une équa-
tement la condition que dicte la physique.
tion aux dérivées partielles sont surtout
Dans les applications les plus usuelles,
déterminées par les termes contenant les
l’expression :
dérivées de l’ordre le plus élevé (ici 2).
Nous allons donc concentrer notre atten-
tion sur la dépendance en grad u des
appelée intégrale de Dirichlet, est à un fonctions F, de la formuIe (1 1). Nous
coefficient près l’énergie du système étu- supposerons que F0 = 0, comme c’est
dié. C’est le cas en élasticité, en électro- d’ailleurs le cas dans l’équation de Poisson-
statique, dans l’écoulement irrotationnel Laplace et dans les équations de l’élasticité,
d’un liquide. L’ensemble des fonctions qui entre autres. Enfin, nous examinons le cas
sont de carré intégrable, ainsi que leur d’une équation, le passage à un système
gradient, a reçu le nom d’espuce de Sobolev n’implique pas ici d’idée nouvelle, seule-
et on lui a attribué la notation H’(Q) (il y ment une complication du formalisme,
a des espaces de Sobolev plus généraux). V Nous posons F = (F,, .... FJ.
sera donc l’ensemble des fonctions qui On dit qu’une fonction F est monotone
si pour tout couple (u, u) E Rn X R” :
appartiennent à H’(G) et s’annulent sur F,,
(un théorème assure que cette dernière (14) (U-U) . (F(u)-(F(v)) > 0.
condition a bien un sens pour les fonctions

180
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS
AUX

Cette terminologie est d’ailleurs assez mal- une partie de la frontière. Dans d’autres
heureuse, puisque dans le cas d’une seule cas, c’est la présence d’un terme en F,)
variable réelle elle amène à dire qu’une strictement positif qui élimine la constante.
fonction croissante est monotone mais Dans d’autres cas encore, tel celui du
qu’une fonction décroissante ne l’est pas ! problème de Neumann, il existe bel et bien
Il reste qu’elle est adoptée par tous les toute une famille de solutions différant
spécialistes. On dit que la fonction est deux & deux d’une constante.
strictement monotone si le seul cas d’éga- Avec des conditions d’uniformité de la
lité dans (14) est celui où u = u. monotonie et des conditions de continuité
Si F est linéaire par rapport i grad U, on assez faibles pour pouvoir être vérifiées
peut écrire : dans la plupart des problèmes usuels, on
démontre l’existence d’une solution (théo-
F, (grad u ) = rème de Minty-Browder). La démonstra-
,=1 tien, assez technique, se fait en deux
La condition de Fonotonie signifie alors étapes. La première consiste à démontrer
que la partie symétrique de la matrice des l’existence dans le cas de la dimension
a;, est positive, et définie positive s’il y a finie. Elle s’appuie essentiellement sur un
monotonie stricte. On notera en particulier résultat de topologie algébrique (le (( théo-
que dans le cas de l’équation de Poisson- rème des antipodes P de Borsuk). La
Laplace c’est l’opérateur -A qui a la seconde étape consiste à démontrer la
propriété de monotonie. convergence des approximations de Ritz-
Montrons que si F est strictement Galerkine.
monotone, deux solutions du problème
variationnel ne peuvent différer que par Formulation varia~ionneile
l’addition d’une constante. Soient U, et et calcul des variations
z+ ces deux solutions. Écrivons la rela- Dans de nombreux problèmes, parmi les-
tion variationnelle (11) pour chacune quels les plus fréquents dans les applica-
des deux avec la même fonction u = U, - tions, la formulation variationnelle
u2, puis retranchons l’une à l’autre les exprime que la solution u est point critique
deux équations obtenues. Nous aboutis- d’une fonctionnelle J sur l’espace V. Ainsi
sons à : du problème mêlé pour l’équation de

s t,
Poisson-Laplace (et comme cas particu-
(grad - grad u 2) liers des problèmes de Dirichlet et de
fl
X [F(grad u ]) - F(grad # *)] dx = 0. Neumann). La fonctionnelle J est dans ce
cas définie par la formule :
Si U, ~ U2 n’était pas constante, la fonction
à intégrer dans le premier membre de cette
équation serait positive et non nulle et, par
suite, l’intégrale strictement positive. Les équations linéaires du second ordre
Si F est strictement monotone, il suffit pour lesquelles une telle fonctionnelle peut
donc que l’espace V du problème varia- se trouver sont celles qui s’écrivent :
tionnel ne contienne pas de constante non
div(A(x).gradu)+c(x)u+f=O,
nulle pour qu’il y ait unicité ; ce sera le cas
si on a imposé la valeur de la solution sur où A est une matrice symétrique.

181
D P É É AA Q R U U R XI A T T V I I ÉO

L cf o e e o ro l tf x n s nc a tr i d cD q o oeo sde t i u n
e d r as u o p a d t n nr mN ’ oco m e e do u bp ê n u L ’p la l
s L p a d m a r t é e o do i qa nl i pc h o u v oe f rae ya n i e
v al c ad l fa o ue qa o n c t du n l vc h a’ cve eo e d ni t i
s d d m’ o e i a n l v n g t c aD a i i o e n d ’ r im t n m e o
L f J aa so u i on q ln v n iuc u dae ua et p nvtc e d e s l te a iiee
p c ré po én d odm t Ee u etémc la nr~ i ter e’ et gs~ m
s S c y i a o ds l n l s n ot na d a eo vg nè ’ q i d nl e él cm e uq
s d l c t ed a o a e ’ f n cb l épu f l ’ i v l pqot i e el a e
l e m éu s ê d q il ct mdea t.u e Ona retrouve en i la s l’opposition s v
l D l i f a ve n o nr sa é r sé r a mL c v i i ua o
n l de f ’ cel o a d d lo n i b e oe edr cd n s a ntl sre to i e
p s à uo n o nn od u f ed d ne v o r d ’ - e nu o p ’ uc n’
l l c ’ d ma o é i e oe n n n : o l nt s d ae d dn a orcs i ur i a
q q y a d u u i a ’ p s n h i r s t y l o i p
C p e d l r dr l e ’ o
c l r h da la a d c ’p
3 L d. l ’ c e aé h L S q aa p l u m u l p qo ep o a
f 0 ( =q cn a n s u n ’ i o
e l t p t e y a p r e a b
a d c b L se h s s e o a
S l é hi e q d y s u a é p i a l d
c e n t o e i
r rd i
l d ’p e p éh l s h vé f t o c ys on di f, r e os l o xe o
r l pé ei hv a sr ée d . nEr p n r e Yl anéd a os .
r d t pe u yd all p s po e ère i r i en d s va nco s oq t a ts be se- e
t e l o d s l ’c t d e t a déh uy p i aqm
a n pl r dt inuli ae o oe
a d F :u e o s u e n s e d r s d
u i vn e i t d ’l o h
p d q t eo s è u p si t i s e o
a
- + =
u A f n a p a
~ p. ’ al U v u o d
y uu o c
( a 1 t5 )
l s r an o C re u pl e és
N t d so q o c e ut du u a o s i od e’ t d u n vet né ad p’ s t ee sd uu
l d o’ c eé né ee dsq m dq s t a u u a eau l t t d ad xl s a’ e a
m p l c o a d e t he d ~ t rc e an i . h nf a gi
E d l d l é d la c i l c e aN hf ae r é o afl l i t d u l lu’ l t
m a b da u p i ’i d s h ce a sp eus ér hn u a niq na ac t r u
d e p i c nd a c f ee n’ r o f nml au t s r u ola bna i ’ p s edu
s o l p u d d h tN ep i é i o rf
L p b e pr t i s d oo p y u l e d e s b do pl a n e i é l eu i’ n n sè
l d l c’ e de a é hé t ce q daq s es d u elu o t l ’ a esa u h
p e ga s dn épr o N e nnar n l o se éébo d a lt e du f grob u a
n m O dm i u o n o0 d x n t u t n e t ai v h n n a nuo e e e o .
l e o c ’ u t sn h e L s n or e ps uà e( il m r apS u r s1 ou a oc saI n y5
[ w X 0 q Ov [ u u c é, n f i o r c ée i n ei ce qd g f d ft et u
i :~ . = nU (Z f Y i ”d 0Qto ) lt (t o m , ,i n p ei Y oun c o c c da a un) - o d
n e ac i é t t uh c n e ,s ,n a co é s u eeq en eqt Nr nud s d l ua o t

1 8 2
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

rons par u le flux d’énergie thermique, Le justifiée dans les situations les plus usuel-
bilan d’énergie dans un domaine U nous les. Dans tous les cas, (16) et (17) se
donne ainsi : combinent en :

(18) $ = div (K(x, u) . grad u) +j,

où Xl désigne la frontière de U. Nous Si K est le produit par un nombre constant,


transformons une fois de plus l’intégrale de un choix adéquat des unités donne la
surface en intégrale de volume par une forme (15).
intégration par parties ; faisons passer la Dans le raisonnement qui précède,
dérivation par rapport au temps sous le on peut remplacer l’énergie interne par
signe d’intégration (u peut-être Supposée la concentration d’une solution sans
assez régulière pour que nous en ayons le rien changer d’autre. Des raisonnements
droit) et obtenons : analogues s’appliquent aux fluides cir-
culant dans un milieu poreux. Très sim-
ples dans le cas d’un liquide saturant
les pores, les équations deviennent
Comme cette équation doit être vraie pour beaucoup plus Compliquées dans le
tout domaine U. on en déduit : cas d’un gaz ou du mélange dc deux
fluides.
On notera que (18) peut s’écrire :

C’est l’~~quutiwzde continuitÇ dont la vali- du


z+W=O,
dité est extrêmement générale : elle
exprime simplement une loi de conserva- où A a la propriété de monotonie. C’est
tion quelconque. la la clef de propriétés d’existence et
Il faut maintenant une relation entre u d’unicité pour les équations et systèmes
et u. C’est la loi de diffusion proprement paraboliques, sur lesquelles on revien-
dite qu’on prend de la forme : dra dans la partie C ci-dessous - Équations
non linéaires.
(171 c=-K(x,t~).grad~u,
L’équation de la chaleur et les équa-
où K est a priori une matrice. Les tions analogues ont un lien étroit avec la
physiciens démontrent qu’elle est symétri- théorie des probabilités. On ne s’en éton-
que. Elle est définie positive : cette nera pas puisque la relation ( 17) repose sur
propriété exprime que l’énergie thermique une théorie relevant de la physique statis-
diffuse des régions les plus chaudes vers les tique.
plus froides et pas l’inverse. Dans un Pour nous borner a un aspect assez
milieu isotrope, c’est simplement le pro- simple de cette question, considérons des
duit par un nombre, Si le milieu est solutions de l’équation :
homogène elle ne dépend pas de ,Y. Pour
aboutir a l’équation ( 15) on suppose toutes $=KAu
ces propriétés vérifiées et on fait de plus
l’hypothèse que K ne dépend pas non vérifiant une condition de décroissance a
plus de u, ce qui est une approximation l’infini surR’?(par exemple intégrables). On

183
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONSAUX

passe alors de la solution à l’instant t, à la En dehors de cela, le principal intérêt de


solution à un instant ultérieur tl par la l’équation de Tricomi est sa simplicité qui
formule : a permis d’en faire une étude assez
détaillée. On rencontre un système présen-
WI U(t*, .l = U,*_,,u@,,.h
tant le même changement de type dans
OÙ U, est l’@wtwr d’éwiutim, défini l’étude des écoulements stationnaires de
dans ce cas par la formule : fluides compressibles non visqueux. En
admettant que l’équation d’état permet
d’écrire la pression comme une fonction p
de la densité, les équations du mouvement
Cet opérateur transforme les mesures de s’écrivent dans ce cas :
probabilités sur Rfl en mesures de probabi-
lités sur R’l et les gaussiennes en gaussien- P u,g +p’(p)gmd P = 0,
1
ries. C’est donc l’opérateur de transition
d’un processus de Markov gaussien. p div u + u . grad p = 0.

Réciproquement. on vérifie que tout Les notations ont le même sens que dans
processus de Markov gaussien à accroisse- l’équation (22) ; p’(p) est le carré de la
ments indépendants et stationnaires, com- vitesse de propagation du son dans le
mutant avec les déplacements de l’espace,
fluide, on voit qu’elle dépend de Y par
est donné par les formules (20) et (21).
l’intermédiaire de la densité. Dans la
En plus des équations de diffusion, les
région subsonique, c’est-à-dire celle où
systèmes paraboliques comprennent les
1124ii2 < p’(p), le système est elliptique, il est
équations de Navier-Stokes pour un fluide
hyperbolique dans la région supersonique,
incompressible :
c’est-à-dire celle où 11 c 11
z > $(p).Dans les
équations et systèmes hyperboliques dont
nous avons parlé jusqu’ici, la variable
temps jouait un rôle privilégié ; ce rôle est
tenu dans la région supersonique par le
OÙ1 est la vitesse du liquide, p sa pression, déplacement dans la direction de l’écou-
p sa densité, p son coefficient de viscosité lement, On peut d’ailleurs dans ce cas
et,fla force extérieure. De plus, on impose entendre la propagation des singularités
à ZAd’être de divergence nulle : c’est dans la région hyperbolique : c’est le
l’équation de continuité. G bang H de l’avion passant le mur du son.
Naturellement, c’est dans les régions
4. Autres équations
comportant à la fois des parties superso-
niques et des parties subsoniques que
Équations qui changent de type l’étude de l’écoulement est la plus délicate
L’équation de Tricomi : (régions transsoniques, fig. 3). L’étude de
ces régions transsoniques connaît un
JIU JZu
x*-+7=0 regain d’intérêt car la hausse du prix du
ax; ax2
carburant a amené à renoncer, pour les
est hyperbolique dans le demi-plan .Y?< 0, avions de ligne du futur, aux vitesses
elliptique dans le demi-plan ,Y? > 0. supersoniques.

184
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

fig. 3

Photos prkes en souff/erk, oh /es gradknts de pression sont visua//sés. On vo2 /a d;fférence entre un régime
subson;que (en haut) et un régime transsomque (en bas/.

l’équation de Schredinger comme une approximation à faible vitesse


L’équation de Schrodinger : de l’équation de Dirac qui, elle, est un
système hyperbolique.
Malgré une certaine ressemblance for-
melle avec l’équation de la chaleur, elle
décrit en physique quantique l’évolution de n’est pas non plus parabolique ; le facteur
la fonction d’onde L d’une particule non I devant La dérivée par rapport au temps
relativiste de masse HT soumise à un assure la réversibilité.
potentiel V. Elle n’est pas hyperbolique, ce L’équation de Schrodinger n’appar-
qui semble mettre en défaut l’assertion tient finalement pas à un type particulier
selon laquelle la physique des phénomènes d’équations. Malgré son importance
réversibles est décrite par des systèmes physique, elle apparaît assez comme un
hyperboliques. Mais il ne faut pas oublier cas particulier au moins pour le
que l’équation de Schrodinger apparaît moment.

185
D P É ÉQUATIONSA AUX R R I T V I É

D l m o a d e ê l r n ’ mA’ dd s i ce éu eér d n eq m eq é
d K e ed oV e l t ae rr vt e p u d ti d i p s a t a ee p e e r s r n ws h s
é ( à s q ) d ( l o pu ) o eEh r ap , n l s nt to tr dt aS o hp i i e
t s e é de l xp sc ar a Kpa o noe K aor d n psnt a sts u o s e t w
c a p r n u l r oé od x i o c ne ne d
n b l s t l e
s é l a y a i s
a
c a a : e nn s r p l dae o a p a l élM n c a s e ro ae t t r s
h m y l à d éa p i ee dqi e éc ss t ’us r ea a t e uae b sr b
h y p d e q én e r u g t’ v n b ’ u
d à u’ c p na na a
c l a
É g q é u n a é G r o
O d c d é ’ c a e q a u u s u b pMARTIN
x ZERNER
a o o
d p él aà c ri r o in t e vé i f éa
c d s o o à ut e v n r r c a s d o o r t r i n i a e
i Pn u c ad nd h B ré e a i p n b e
v o p ta snr e or à u e Ya V u EGOROV,
ui nM.A.. SHLJBINSZ
m t. ajR.V. GAMKRELIDZE, e bo
d t c s e r: a u s o sP i D i u E
v @ 2 s vol,, r q S
aw t u
V N York, 1991-1992
e e / J. KEVORKIAN, r w
a) l p p a a ( r r h di
P mE t oi nC ct f i B H m c th i f
d d d l’ e e i e ’o u s1990 n /éJ:’r RAUCH, x Pt c qd &) o ur t
( q nc f p u d d’ i aS ’ e eyé g 1 1. sp i sr u 9 r l ti r 9
t p r ià u a d a v o n; r e p a n e s pr oi
b) c p p e ae l r t rs ’ i t tt o n e i p c
t d L le e a e e ’u ; p sB lT ér l l t l
. h q ia i ué c
c) l p p a ae l r rs ’ i tt o n i p c e
d o ( d e d n à ed s i d I e u
’ m
u e t l xm e
x e
n h s ai as en é
l e h ’ s y é bt pC q d i é eo u a ed e q r n a u s
S o p à q i nv a iu a sp na l r sa dd t i n i e r a oé r no a
d u q a c sn pu nc a
e rea td e ds éstu i ee l E o c ssr n d s u n o
d i : e ’ é
l é q n eh q up o s n uu ar n
f d op e de m ir t e
d d p s ge o e S o q és n n ua n u
l p à ce r f c h éd o e
C é e e aq t us pu r t lqt n pa é a e tdu o et ds l l roe ui
h p ya a f a q pl y a u c a rl u le s g a i i ’ ur a en é l s t n i sb u o n
u s d p nq i d el l u gd a ’P u e nm en éco s f esê sp qeu d l o ma
o M c ne a ne d d x i t et é el p s sh tq s isl r g oé eu i na, e é
p u t c a ln y o so ’ l p n ml u h e s e ol mi à dy o s in ne ep i i
p ; c aa f u d’ ru o n t ée r a n esr ssq e b nd s oo itup s o e ’
p n u E n cé r l n e odg u e lt i rca n m eh ront e e é
à d p d ep r b e psr o Pi po o p c eo osl b n r o nud éue l oi
o à d s u d es i n à ue s o n l p i pn l g a a p rle up u ro eé t r
f q s a c u a ms la ’ d u ui arn o ’ n r plr ao n sé o ua l cu
f d l o y ce ’ pr l o éo omd Re m( qul u ee *C s pà eu’v n r +? r
o s rà d u d e p n r eu g é o I = e ( nx J é, r yt l s_ . n, i

1 8 6
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

Coordonnées. Pour ci E N”+I, nous pose- 1. Le théorème


rons : de Cauchy-KovalevskaÏa

Supposons l’opérateur P de la forme :

où les Q,> sont des opératcurs différentiels


d’ordre au plus k et où V, désigne le
gradient relativement g _Y,
Un opérateur hnéaire aux dérivées Le problème de Cauchy s’énonce alors :
partielles (on dit plus brièvement ~JW’IW- ccTrouver 1 vérifiant :
twr d$&entie~ est défini par un poly-
nôme A coefficients pouvant dépendre (2) Pu=f
de J’ : ~(O,x)=g&), k=O ,..., m-l,
(3)
1

où ,f et go, g, ,..., , sont des fonctions


g ,,,.
données. 1)
il agit selon la formule : Le thédm de Cuu~ll),-K~~lule~,skuï(i
suppose que les coefficients de P ainsi que
les données A gO, . . . . g,?l , sont des fonc-
tions analytiques (réelles ou complexes) de
~7 s’appelle l’w&e de P. L’opérateur P?), t et de X. Il affirme alors l’existence d’une
obtenu en ne gardant que les termes où la solution analytique et une seule sur un
dérivation est d’ordre w~ exactement voisinage de tout point (0, .Q). Ce voisi-
s’appelle la~~~t~e~~%&/~ de P. On notera nage dépend de P et des domaines d’ana-
V le gradient : IyGciG complexes des données.
Ce théorème s’applique aussi aux sys-
Gmes, pourvu qu’ils soient de la forme :

(cf. CALCUL INFINIT~IMAL- Calcul à plu-


sieurs variables). où @ est une fonction analytique de t, .Y, u
À côté de ces notations, il nous arrivera et ses dérivées d’ordre total I~Iau plus mais
d’utiliser des notations en (t, .Y) où t E R strictement plus petit que w en t. Il reste
(ou C) et s E R’l (ou C’j) avec des conven- un des rares résultats très généraux de la
tions analogues pour les multi-indices, théorie. Il a été publié par Cauchy en 1842
puissances et dérivations. dans les Comptes wmfus de l%xfhie Lfca
Nous ne nous priverons pas A l’occasion sciences.
de noter les distributions comme des Le travail de Sofia Kovalevskaïa est
fonctions et les produits scalaires paru en 1874 : apparemment elle ne
fonctions-distributions comme des intégra- connaissait pas celui de Cauchy (et son jury
IeS (Cf. DISTRIBUTIONS). non plus puisqu’il s’agissait d’une thèse !).

187
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQIJATIONS
AUX

La démonstration d’unicité est simple ble pour l’époque par la façon dont elle
et instructive. Si u est une solution analy- met en jeu des idées de l’analyse moderne :
tique, elle possède un développement de dualité et densité.
Taylor en t : Le résultat de Holmgren a été étendu
par Hkmander aux solutions distributions.
Il est nécessaire dans ce nouveau cadre de
reformuler le problème, puisque la restric-
tion d’une distribution à l’hyperplan 2 = 0,
Où :
qui intervient dans les données de Cauchy,
n’a a priori pas de sens. Notons 0 la fonc-
tion qui vdut 0 pour t < 0 et 1 pour t > 0,
et 6 la distribution de Dirac. La fonction u
pour tout k positif cette fois. Les gk sont
vérifie les conditions (2) et (3) si et seule-
donnÇs pour k < m. En faisant t = 0 dans
ment si on a l’équation entre distributions :
l’équation aux dérivées partielles, on
trouve : P(&i) = ef
.
,.-!,.s-‘

+
XE ekS('-')(f)QdO,x, Vx)g'--'(x).
k=O ,=,

En dérivant l’équation (2) par rapport i t En généralisant cette formule, on est


et en y faisant t = 0, on trouve des amené à poser le problème de Cauchy de
formules analogues donnant chaque ,gk en la façon suivante : GTrouver une distribu-
fonc- tion u i support contenu dans le demi-
tion de ceux d’indices strictement plus espace t > 0 qui vérifie : PU =T, T
petits. distribution donnée à support contenu
La démonstration d’existence consiste dans ce même demi-espace. ))
essentiellement à démontrer la conver- L’unicité de la solution du problème de
gence de la série ainsi Calculée. Elle repose Cauchy devient ainsi une affirmation sur le
sur une technique de majoration établie support des distributions qui vérifient
par Cauchy i cette occasion (méthode des l’équation :
séries majorantes).
(3 PU = 0.
La même démonstration s’applique
d’ailleurs au système non linéaire (4) Si le support d’une telle distribution est
moyennant des complications légères. contenu dans le demi-espace fermé t > 0,
il est aussi contenu dans le demi-espace
UniciG de la solution distribution ouvert t > 0.
Le théorème de Cauchy-Kovalevskaïa
n’exclut pas l’existence de solutions non Le problème de Cauchy
analytiques au problème de Cauchy. Cette en Coordonnées générales :
lacune a été Comblée, en 1901 par le hypersurfaces caractéristiques
I~I~~I&~~ & Hohgrm qui affirme l’unicité Dans certaines situations, on a besoin
des solutions G classiques )) (c’est-à-dire ni d’étudier un problème de Cauchy OÙ les
fois différentiables). Très élégante, la données, au lieu d’être Portées par l’hyper-
démonstration de Holmgren est remarqua- plan t = 0, le sont par une autre hyper-

188
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

surface X. Il y a donc heu de voir si on peut Un point important à retenir est que
trouver des coordonnées (f, .y) telles que : les hypersurfaces qui peuvent faire partie
a) l’opérateur P prend la forme (1) au de la frontière du support d’une solution
produit près par une fonction non nulle de l’équation (7) sont les caractéristiques.
(nous pourrons diviser le second membre Un autre est la caractérisation des équa-
par cette fonction) ; cela revient a dire que le tions elliptiques : elles n’ont pas de carac-
coefficient de (8%)/(8?) ne s’annule pas ; téristiques réelles. Dans le cas elliptique,
b) l’équation de X devienne t = 0. il n’y a pas d’hypersurfaces pour limiter
Supposons donc que Z soit déhnie par le support des solutions de (7) et pour
une équation S(J~) = 0, ou S est une cause : on démontre qu’elles sont analyti-
fonction analytique dont le gradient ne ques.
s’annule pas. Nous prenons pour nouvelles Les 1hitution.s du théohne de Cuuchy-
Coordonnées t = S(J) et des fonctions .y,, Kov~~le&~~ï~~ont été mises en lumière de
.... x,? de façon que l’ensemble (t, .Y) fasse Façon particulièrement claire par Hada-
un système de coordonnées. Un calcul mard dans ses Lesons sur le problème de
sans histoire montre que le coefficient de
Cauch_y (Publiées à Yale en 1923 et à Paris
(d%)/(dP’) est : en 1932). Elles portent sur trois points liés
entre eux qui rendent le résultat inopérant
dans les applications physiques :
Trois cas peuvent alors se présenter. - sa nature très locale ;
Le premier cas est dit non caractéristi-
- l’hypothèse d’analyticité des données ;
que : l’expression (6) est non nulle ; le
les situations physiques OÙ l’analyticité est
théorème de Cauchy-Kovalevskaïa et celui
une propriété naturelle sont rares et en tout
de Holmgren s’appliquent au problème de
cas ce ne sont pas celles OÙ se posent des
Cauchy avec données Portées par X.
problèmes de Cauchy ;
Le deuxième cas est le cas caractéristi-
- conséquence des deux circonstances
que, c’est-à-dire que l’équation :
précédentes, une instabilité de la solution :
P,&, @adWN = 0 si on modifie les données en leur ajoutant
est vérifiée. On dit que X est une l~~,per- des fonctions analytiques si petites soient-
surjtice curactéristique. Ou peut démontrer elles, on perd tout contrôle de la solution,
dans ce cas que l’équation : et même de son domaine d’existence, si on
ne connaît pas le domaine d’analyticité
(7) P(!J,v)u =o complexe de la perturbation.
a des solutions dont le support a X pour Ces limitations expliquent l’importance
frontière, et des solutions dont les singu- des équations hyperboliques définies
larités sont Portées par X. comme celles où il y a encore existence
Il reste des cas intermédiaires OÙ pour le problème de Cauchy a données
l’expression (6) s’annule, mais pas identi- indéfiniment différentiables (ou à données
quement. C’est le plus délicat. Il y a lieu a distributions : si le passage de l’analytique
ce sujet de signaler les résultats de Leray au différentiable implique dans ce pro-
sur l’uniformisation du problème de Cau- blème une différence essentielle, le passage
chy : la solution se ramifie autour de la des fonctions différentiables aux distribu-
variété OÙ l’expression (6) s’annule. tions est au contraire automatique pourvu

189
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONSAUX

que les coefficients soient eux-mêmes indé- d’hypoehipticité. Une de ces conditions
finiment différentiables). s’exprime sur les opérateurs (( à coeffi-
cients gelés )), c’est-à-dire les opérateurs à
coefficients constants obtenus, pour cha-
2. Problèmes de régularité que point y, en remplaçant les coefficients
variables b par leur valeur !I(JJ) désormais
fixée. La condition est que chacun de ces
On a déja Signalé que si P est un opérateur
opérateurs soit hypoelhptique et qu’ils
elliptique à coefficients analytiques et L une
distribution vérifiant l’équation (2) L est aient tous le même domaine dans L?. Une
analytique sur tout ouvert OÙf l’est. De faiblesse de cette condition (obtenue à peu
plus, cette propriété caractérise les opéra- près simultanément par Hormander et
teurs elliptiques. Malgrange) est qu’elle n’est pas Conservée
On dit que l’opérateur P est hypoellip- par les changements de coordonnées,
tique si toute u vérifiant (2) est indéfini- comme le montre l’exemple de 1 ‘équation
ment différentiable sur tout ouvert OÙ le de la chaleur.
second membre f est indéfiniment diffé- Par la suite, Hormander a étudié les
rentiable. opérateurs de la forme :
Dans sa thèse, Hormander a donné
la caractérisation suivante des opéra-
teurs hypoelliptiques à coefficients cons-
tan& :
OÙ c est une fonction indéfiniment diffé-
Pour tout o différent de 0 on a :
rentiable et XO,X,, .... Xk des opérateurs
Jii? v aP(g/P(Q = 0. d’ordre un sans terme d’ordre zéro :
chacun de ces opérateurs est donc défini
La dérivée est évidemment prise par rap- par un champ de vecteurs (cf. la partie A
port à c : c’est la seule variable dont dépend ci-dessus - Sources et applications). Dési-
P puisque les coefficients sont constants. gnons par [X,, X,] le commutant XkX,-
L’intervention de ces dérivées est assez X,Xk ; c’est encore un opérateur de la
naturelle du fait qu’on cherche à localiser même nature et le champ de vecteurs qui
les propriétés de u en multipliant cette lui correspond est le crochet des deux
distribution par une fonction indéfiniment autres champs de vecteurs au sens de la
ditférentiable a support borne On utilise géométrie différentielle. Nous noterons
alors la générahsation de la formule de désormais de la même Façon opérateurs du
Leibniz. valable pour tout opérateur dif- premier ordre et champs de vecteurs.
ferentiel linéaire : Appelons encore Z le plus petit espace
vectoriel stable par le crochet auquel
XO,XI, . . . . Xk appartiennent et Yb) la
dimension de l’espace vectoriel formé par
oi /3 ! désigne le produit des factorielles de les valeurs au point y des champs appar-
0,. tenant à E. Cet entier ~b) prend son
Pour les opérateurs à coefficients varia- maximum m sur un ouvert non vide. Si m
bles (indéfiniment différentiables), on ne est strictement plus petit que la dimension
connaît que des conditions suffisantes n + 1 de l’espace, l’opérateur P n’est pas

190
D P É É A AR Q

hypoelliptique. En effet, d’après le théo- du potentiel coulombien - 1/441 j, ~ z 11,


rème de Frobenius, on peut trouver un noyau élémentaire de l’opérateur de
système de Coordonnées locales dans Laplace en dimension 3.
lequel P ne contient pas de dérivations par
rapport à certaines des variables. Horman- O à cp oé er
der démontre une réciproque partielle : si c e c o t o n n s
on a partout r(y) = I + 1, alors P est Un opérateur différentiel à coefficients
hypoelliptique. constants est un opérateur de convolution
puisqu’il commute avec les translations.
Plus précisément :
3 S é. o l l é u Pum= RIt * u e i
e p t a r a m é
Les noyaux élémentaires les plus com-
modes s’écrivent alors eux aussi comme
On dit qu’une distribution de deux varia-
noyaux de convolution E(_),~ z), où E, qui
bles E est un noyau élémentaire de P si elle
ne dépend plus que d’une variable dans
vérifie la relation :
Rn+l, est une solution &mentaire, c’est-
P t ? i E qu’elle Cvérifie (:
à-dire y y

qui entraîne, du moins pour f à support P 6 E


compact, que la distribution : L’utilisation systématique de ce point
de vue est un des traits caractéristiques du
développement qu’a connu l’étude des
équations aux dérivées partielles dans les
vérifie l’équation (2), d’où la précision
années 1950 sous l’impulsion de la théorie
noyau élémentaire ù droite qu’il est pru-
des distributions. En particulier, Mal-
dent d’apporter, sauf, comme nous le
grange a démontré en 1953 que tout
verrons, dans le cas des équations a
opérateur différentiel à coefficients cons-
coefficients constants.
tants non nul avait une solution élémen-
Nous avons déjà rencontré un tel noyau
taire.
(cf. chap. 3 Lëquation de la chaleur et le
type parabolique, dans la partie A
S é o e hl l t éy u
ci-dessus - Sources et applications, à pro-
pos du mouvement brownien). En effet les Si P est un opérateur a coefficients cons-
formules (20) et (21) de cette partie tants hypoelliptique, ses solutions élémen-
montrent que le noyau : taires doivent évidemment être indéfini-
ment différentiables en dehors de l’origine.
Mais la réciproque est aussi vraie comme
on va le voir. Il faut savoir que si T est une
o 0(t ) = 1 pour
ù t positif et 0 sinon, est distribution indéfiniment différentiable en
un noyau élémentaire pour l’opérateur de dehors de l’origine, alors, pour toute dis-
la chaleur d - A,. tributi0n.f: le produit de convolution 7 *f
dt est indéfiniment différentiable sur tout
Le plus ancien exemple de noyau élé- ouvert où ,f l’est, pourvu qu’une au moins
mentaire connu est sans aucun doute celui de ces deux distributions soit a support

1
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS
AUX

compact. Supposons donc que P ait une port dans le (( futur )) (c’est-à-dire le demi-
solution élémentaire E indéfiniment diffé- espace t 2 0). Si P est hyberbolique, il faut
rentiable en dehors de l’origine, et soit q en particulier (puisque le second membre
une fonction indéfiniment différentiable à peut être la distribution de Dirac) qu’il
support compact qui vaut 1 sur un voisi- existe une solution élémentaire dont le
nage de l’origine. Posons : support est contenu dans ledit futur (dans
le cas des coefficients variables, un noyau
F=cpE.
élémentaire dont le support est contenu
Il est facile de s’assurer que : dans l’ensemble des couples (y, Z) tels que
J soit dans le futur de z).
I’F = F + y~,
Inversement, supposons que l’hyper-
OÙ y~ est indéfiniment différentiable h plan t = 0 soit non caractéristique et qu’il
support compact. On a donc : existe une solution élémentaire E à support
dans le futur. Supposons aussi, mais uni-
quement pour simplifier, que P soit à
la deuxième égalité à cause de l’associati- coefficients constants. Le théorème de
vité, et la commutativité du produit de Holmgren assure alors que i’hyperplan
convolution assurées du fait que L est le t = 0 n’a que l’origine en commun avec le
seul des trois facteurs à ne pas avoir un support de E. Il y a plus : l’intersection de
support compact. Comme v * c est indé- ce support avec tout hyperplan t = C’? est
finiment différentiable, on voit que u est un compact. Il en résulte que le produit de
indéfiniment différentiable sur tout ouvert convolution E*T est défini pour toute
OÙf est indéfiniment différentiable. distribution à support dans le futur. Il
La distribution F Utilisée dans cette résout le problème de Cauchy et par
démonstration est ce qu’on appelle une conséquent P est hyperbolique.
~~KMZ~W~.XLe terme n’a pas de définition C’est la construction de solutions élé-
mathématique précise et universellement mentaires qui a permis la démonstration
admise. Il signifie que PF est la distribution d’existence dans le problème de Cauchy
de Dirac plus (( quelque chose de pas pour les opérateurs hyperboliques du
méchant )), cette dernière expression dési- second ordre à coefficients variables, quel-
gnant en général une fonction assez régu- ques dizaines d’années avant que la théorie
lière. des distributions vienne fournir le cadre
Le résultat que nous venons de donner général dans lequel cette méthode s’insère
et sa démonstration s’étendent aux opéra- aujourd’hui.
teurs à coefficients variables moyennant
des complications techniques assez sérieu- Solution élémentaire et répartition
ses. asymptotique de valeurs propres
Soit A un opérateur elliptique du second
Solution élémentaire et hyperbolicité ordre ; pour étudier le problème de Diri-
On se souvient que la formulation du chlet, restreignons-le aux fonctions qui
problème de Cauchy en théorie des distri- s’annulent sur la frontière d’un ouvert
butions amène à étudier l’équation aux borné 0 ; on obtient ainsi un opérateur
dérivées partielles en supposant que auto-adjoint dans L?(O) et cet opérateur
second membre et solution ont leur sup- est anticompact, c’est-à-dire que si un

192
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

nombre A n’est pas valeur propre de A, ont été accomplis par les théoriciens des
alors (A ~AI))’ est un opérateur compact. nombres pour obtenir son ordre de gran-
Supposons-le inversible pour simplifier. deur et que pourtant l’exposant de r n’y est
Un noyau éfémentaire, qui résout le pro- pas encore exactement connu.
blème de Dirichlet, est alors donné par la Un premier outil pour aborder ce
formule : problème s’obtient en évaluant la fonc-
tion :

crfcfN(r2) = e-ikf = S(f ).


s 1
OÙ on a désigné par PAL les valeurs
propres de A (elles sont négatives, sauf C’est la trace (somme des valeurs propres)
peut-être un nombre fini d’entre elles) et de l’opérateur U, associé à l’équation
par vk une fonction propre normée asso- parabolique :
ciée a &. Un tel noyau éfémentaire qui au
résout un problème aux limites est en at A~L,
général appelé noyau de Green. Supposant
en posant :
les Ak rangées par ordre croissant, nous
allons nous intéresser à leur répartition
asymptotique.
OÙ24vérifie (9) et ~(0, .Y)= g(x). La trace
Pour avoir une idée de fa difficuké de ce
s’obtient en intégrant le noyau de U, sur la
problème, on peut considérer le cas très
diagonale. Le noyau de U,, que nous
simple OÙA est le laplacien et 0 un carré
noterons U(f, ,Y,y) s’écrit :
de côté 1. Les A,<sont alors les nombres :
+(r$ + ns), n, et rzl entiers, ce qui nous
ramène a un problème célèbre en théorie
des nombres, le nombre de points de de sorte que :
Coordonnées entières contenus dans un
cercle de rayon r. Notons N(I,) le nombre s(t) = u(t,x,x)cfx.
s
de valeurs de k telles que :
Dans un travail paru en 1973, Colin de
Verdière a mis ces idées en œuvre dans un
Il est facile de voir que : contexte légèrement différent : A est f’opé-
rateur de Laplace-Beltrami sur une variété
(9 N(i-) = ; + o(r*). riemannienne compacte X. Une construc-
tion par approximations successives de U
À la suite d’une série de travaux dont lui permet de montrer que l’existence de
les premiers sont dus a Hermann Weyl, géodésiques fermées et leur longueur
la partie principale de N(r) est connue influent sur le comportement asymptoti-
pour des problèmes elliptiques très géné- que des valeurs propres.
raux. Immédiatement après, Chazarain,
On se rendra compte que l’évaluation d’une part, et Duistermat et Guillemin,
du terme en o(r2) dans la formule (8) est un d’autre part, ont obtenu des résultats
problème très difficile si on sait que, dans analogues par une méthode légèrement
ce simple cas particulier, de grands efforts différente dans laquelle la cause de l’inter-

193
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

vention des géodésiques fermées est plus ractéristiques), on ne s’étonnera pas des
apparente. Elle s’obtient en complétant N deux résultats suivants :
par antisymétrie (N(- r) = - N(r)) et en les bicaractéristiques de P s’obtiennent
prenant la transformée de Fourier de sa en parcourant à une vitesse unité les
dérivée : géodésiques de X ;
- les singularités de V( se propagent selon
fAJdN(h)= COS V’%$= T(f ), ces bicaractéristiques.
En particulier, si X possède une géo-
équation purement symbolique entre désique fermée de longueur L, on va voir
distributions. La distribution T ainsi obte- revenir une singularité dans V, avec une
nue est associée à l’opérateur hyperboli- période L. Ce type de résultats a été
que : étendu par la suite, en particulier au
problème de Dirichlet. Le rôle des géo-
&-A = P, désiques fermées est alors joué par les
lignes polygonales qui se referment par
comme la fonction S l’était a un opérateur réflexion sur la frontière. On en déduit
parabolique. En effet, si on définit l’opé- (pas directement !) que les singularités de
rateur V, en posant : 7 sont des points de la forme k L. Ce qui
se traduit enfin sur le comportement
V,g(.) = u (t> .),
asymptotique de N en vertu d’un des
où u est la solution du problème de aspects de la dualité régularité locale-
Cauchy : décroissance à l’infini dans la transforma-
tion de Fourier.

4. La transformation de Fourier
on trouve que T est la G trace-distribution )) et ses généralisations
de V,. En fait, V, n’est pas un opérateur à
trace, mais, pour q indéfiniment dérivable Nous emploierons les notations suivantes
à support compact, pour la transformation de Fourier :

en est un et sa trace n’est autre que : OÙ n est la dimension de l’espace (cf. DIS-
TRIBUTIONS, chap. 4. et analyse HARMONI-
QUE, chap. 3).
Il en résulte que :
On remarquera que V, s’obtient à partir
d’une solution élémentaire de P en déri-
vant par rapport à t.
Si on se rappelle ce qui a été expliqué en d’autres termes, la transformation de
(cf. chap. 1 L Zquution des ondes et le type Fourier transforme la dérivation partielle
h~pddique. dans la partie A ci-dessus - en produit par la variable correspondante.
Sources et applications, au sujet des bica- au facteur i près. Si P est un opérateur

194
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

différentiel B coejïcients constants et u et pour la mesure (1 + 11 c f)’ &. L’introduc-


des distributions tempérées, l’équation aux tion d’indices non entiers est nécessaire
dérivées partielles (2) équivaut k : surtout du fait que, pour .Y> 1/2, on
sait définir la restriction à un hyper-
plan d’une fonction appartenant à H\, et
Nous utiliserons le fait que la transfor- cette restriction appartient à Ht ~Y1;
mation de Fourier est inversible et a pour de plus, toute fonction appartenant à
inverse 9 définie par : H’+“’ de l’hyperplan est restriction d’une
fonction appartenant à HA de l’espace
ambiant.
Un cas extrême de décroissance à
et le théorème de Parseval, étroitement Iié l’infini est donné par un support compact.
au résultat précédent : S est une isométrie Il lui correspond du côté Fourier une
de Ll(R’l). propriété d’analyticité : une distribution
Une conséquence simple de ces résul- est à support compact si et seulement si sa
tats est que la transformation de Fourier et transformée de Fourier se prolonge en une
son inverse ont exactement les mêmes fonction analytique sur C’T tout entier à
propriétés. croissance exponentielle i l’infini (théo-
rime dc Palcy Wicncr gknéralisk). 11 est
La dualité bon de remarquer ici que la croissance
régularité locale-décroissance à l’infini exponentielle à l’infini de l’extension 1 C’l
La transformée de Fourier d’une fonction apparaît en même temps comme une
intégrable est bornée. Si une fonction a des propriété locale de la fonction puisqu’on
dérivées intégrables, sa transformée de peut la caractériser sur la suite des dérivées
Fourier décroît donc comme 1/iit 11,et si en un point via le développement de
elle a des dérivées d’ordre k intégrables sa Taylor.
transformée de Fourier décroît à l’infini en
lit irk. Inversement, si la transformée de Propriétés des solutions élémentaires
Fourier C de L décroît à l’infini comme Tout polynôme non nul possède un inverse
~~~~t~k,u a des dérivées jusqu’à l’ordre multiplicatif qui est une distribution tem-
k -n - 1 qui sont continues et bornées. pérée. Par transformation de Fourier, cela
Le décalage disparaît, grâce au théo- revient i dire que tout opérateur différcn-
rème de Parseva], si on considère les tiel à coefficients constants posskde une
fonctions de carré intégrable. Ainsi il solution élémentaire tempérée.
appartient 5 l’espace de Sobolev H1(Rn) Voyons d’abord comment ce résultat
(cf. chap. 2 Le type elliptique, dans la partie permet de démontrer l’hypoelhpticité des
A ci-dessus - Sources et applications) si et opérateurs elliptiques. Soit P un tel opé-
seulement si sa transformée de Fourier est rdteur. L’ellipticité signifie que la partie
de carré intégrable pour la mesure principale P,?,(t) n’a pas de zéro réel non
(1 + 11 t 11’)dc. Ce résultat fournit la défi- nul et, par homogénéité, il en est de même
nition la plus simple de l’espace de Sobolev de P,jl(;Q. Soit E une solution élémentaire
d’indice réel quelconque : une fonction tempérée. On a pour tout cx :
appartient à l’espace H’(Rn) si sa trans-
formée de Fourier est de carré intégrable

195
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

mi Qn est un polynôme de degré port dans un convexe et fonctions ana-


1a 1(HZ- 1). Par conséquent, VaÊ décroît lytiques sur R!‘+iF vérifiant une condi-
a l’infini comme l,‘i < /71+i1’.En particulier, tion de croissance, OÙ F est un cône
ALÊ décroît comme 11cii (“‘+“‘, ce qui convexe.
montre. en revenant (( côté I D, que 11 .XII”E On conçoit donc que P sera hyper-
est riz + 2,4 ~ n ~ 1 fois continûment déri- bolique si P(iT, E,) est non nul sur un
vable et, par division, que E est nz + 2k ~ ensemble R’l+’ + ir. Toutefois, sous cette
n - 1 fois dérivable en dehors de l’origine. forme, la condition n’est pas nécessaire
Mais k peut être choisi aussi grand qu’on parce que la solution élémentaire à support
veut, d’ou l’indéfinie différentiabilité de E dans le futur peut ne pas être tempérée.
en dehors de l’origine. Une condition nécessaire et suffisante
Ce raisonnement s’adapte d’ailleurs au d’hyperbolicité est que l’hyperplan t = 0
cas général des opérateurs hypoelliptiques soit non caractéristique et qu’il existe Tutel
à coefficients constants, à condition de que :
savoir que, si P(V) est hypoelliptique, P(it)
croît a l’infini comme une puissance stric-
tement positive de 11 c 11.Cette propriété se Mais cette condition est équivalente à la
démontre grace a une combinaison du condition apparemment plus forte : il
développement de Puiseux et du théorème existe T” et un cône convexe ouvert F tels
de Tarski-Seidenberg (l’image par une que :
application polynomiale d’un ensemble
défini par des équations et inéquations
polynomiales est un ensemble de même
nature). Une condition nécessaire plus simple
Passons aux opérateurs hyperboliques. est que, pour tout < réel, le polynôme en
Il s’agit ici de savoir s’il y a une solution T P,,!(T, <) ait toutes ses racines réelles ; une
élémentaire dont le support est contenu condition suffisante est que, de plus, ces
dans le demi-espace t 1 0 et qui coupe racines soient simples pour < # 0. Ces
tout hyperplan t = P selon un compact. conditions portant sur la partie principale
Le résultat essentiel est une généralisation se généralisent aux opérateurs a coeffi-
du théorème de Paley Wiener, le théorème cients variables.
de Plancherel. Sous sa forme la plus
simple. il dit qu’une distribution tempérée
d’une variable est a support contenu dans Opérateurs pseudo-différentiels

la dem-droite .Y > l/ si et seulement si sa et opérateurs intégraux de Fourier

transformée de Fourier est limite, pour n On voit qu’on dispose d’outils puissants
tendant vers 0. d’une fonction F analytique pour l’étude des équations aux dérivées
dans le demi-plan complexe n > 0 qui partielles à coefficients constants. Le pas-
vérifie une inégalité : sage aux coefficients variables a souvent
consisté a se ramener ALIX coefficients
F(t + in) < C tikr’~.
constants. L’idée est que, les coefficients
À plusieurs variables, le théorème exprime étant continus, localement l’équation est
une dualité entre distributions à sup- assez proche d’une équation à coefficients

196
DÉRIVÉES P É A QAUX U

c c q op s e du nm e of ei s(ra l p io s< < t 1xmj ~ Ja >h tpr u , a 0oe ’


r s d aa o e s pt i f s u pi p gt o cor l é n c no u
v e s U .c p n da c a m es e r
À p d a a1 eo na d 9r a s n én é e6 t v p tél 0v m p i a a e é,ee e hp r
l d o op e ud t pe s ot e r rp o pi ac m é nl d tl v’ e de é
p s l ys l é u sau e m q e s o t r s s e u n nP é up no a do m
c v o G a pe r mur rf a oi:x o f c na pk e
t d l t é e a dr F s o ea o n
u(t,x)n =ue?‘~‘t.(X), s r
p é : e c u r t i r e
l d o ’ d el n é ed s’
( P = 1 u 0 ( H ) : x e ) l

(111 A + 1 21 = 0 L 2 ,

o k= w C ù é / ae ql c
O g c nf é e ne s o n n ’t u r é yt p m r e p ua
s é o : l l é
s p q P s a u lp u oe n < nOu o e in t . ns l t y n
d q a a i a u o f pt ’n p f . o & a s n x i w
d d Q r s v ’ l ji n ’ é o e % n i r r s éw l i d gz
h : t é d d s s ’d le f o : o e as o l

p t c o K oe t o c d u ut o (m s i r s t d u i l p ’ f o a e t ls’ a a f i v
d 0 L c e e . e au f e c stm f s ce i e e t s ol p hs mc o ru l
O P e s Ùd s f o p’ t o dm f ou q nv e mo ( s n e u d cé en d 1i e n i
v h e d d o ~ e m <e e e s
m7 7 d
te U
7g 1o u i ne p r n rgp n ,t aé
d d ’ o c pu p u a k p sn é d px ea d
e r e a
si r ’
u a
d d i s ’ p f pt d o l l f re d eor ’ u é it e nd é s r ci s
q 0 u 1 e .
M Z A E
L o ep p ss é e d r u a
p pe d eo lr l
p om e
é ne r gt s
d iu a daO sf n t l n Ù ef er g s é o è r u b
v a l p e u eI j a n a s ul o r t i s sr u a n i s e m s
l r q e ep ô l u o s o l àe i p t u e s é r r
c c o c do l ce e en a of l s fn u t iv i
l C c ue t eb a a ts ra i d d i t èu e r a o s n e p n
c d p a d em a d l l cu o r a ce a ia n u s nm s l
e D ll a c a o ele ut a n n si n ti s s p r , t e
p e p a p n ad v rum o se u t i i s e ic n a r t
l o c a l .
L s ’e l pu aés e ai ut t vs ax sa p
o i p d F n L &g e o t a aé u & &
n + r éw
r c a a r o dh le n as am s na p i st l
DÉRIVÉES PARTIELLES ~NATIONS AUX

C. Écpations non linéaires dues aux non-linéarités sont petites, et si,


d’autre part, la structure des problèmes
L’étude des équations aux dérivées par- linéarisés correspondants introduit assez
tielles non linéaires se trouve a l’kzW+~c de régularité. Il en est ainsi des théorèmes
de nombreux problèmes scientifiques. En d’existence des solutions de systèmes ellip-
effet, la plupart des phénomènes de la tiques ou paraboliques non linéaires et du
physique ou des sciences de l’ingénieur comportement asymptotique de solutions
sont non linéaires et une modélisation par d’équations du type :
des équations linéaires risque, dans cer-
tains cas, d’effacer des e’Gwwwnts que les %-Au + F(u) = 0,
équations linéaires ne peuvent pas prendre
en compte. Inversement, on peut dire que lorsque F(U) est une non-linéarité d’ordre
c’est l’existence de ces phénomènes nou- assez élevé pour introduire un terme négli-
veaux - apparition de chocs ou de singu- geable pour L petit. Des problèmes de ce
larités, comportement asymptotique pro- type interviennent par exemple en théorie
fondément différent de celui des de la diffusion non linéaire. PlutÔt que de
problèmes linéaires - qui rend la théorie développer un tel point de vue, nous allons
difficile et qui conduit à faire appel à un décrire des problèmes où la non-linéarité
arsenal mathématique très vaste. L’inte- joue un rôle dominant. Dans ces exemples,
raction avec le reste de la mathématique nous dégagerons deux idées. La première
se fait aussi en sens inverse, car un certain idée est que les solutions sont en général
nombre de problèmes abstmits SCtraitent peu régulières et donc que les solutions ne
à l’aide d’équations aux dérivées partielles pourront avoir un sens qu’en utilisant la
non linéaires. Les liens avec l’analyse théorie des distributions. Encore plus que
numérique sont continuels, et s’effectuent dans le cadre linéaire, cette théorie
dans les deux sens. D’une part, on utilise s’impose dans le cadre non linéaire. Cette
l’analyse des équations aux dérivées par- situation introduit une difficulté supplé-
tielles non linéaires pour construire des mentaire pour la construction de solutions
algorithmes numériques utilisés de plus en ou le passage à la limite dans les méthodes
plus systématiquement. D’autre part, on approchées. En effet, comme il s’agit d’un
se sert de l’ordinateur comme outil problème non hnéaire, on sera conduit à
d’investigation. On effectue des calculs étudier la limite d’expressions de la forme
approchés concernant des phénomènes F(u,,), où F est non linéaire. En général, il
sur lesquels on ne possède que très peu sera facile de prouver que (IA!,)converge
d’information et, de ces calculs approchés, vers une fonction zd et F(~A,,) vers une
on déduit des conjectures que l’on s’effor- fonction G (au sens des distributions),
cera par la suite de démontrer. Cette mais il sera difficile de prouver que
démarche, pressentie par John von Neu- F(U) = G. Par exemple, pour I tendant
mann, s’est révélée particulièrement vers l’infini, la fonction Qv) = sin t7.v
féconde. converge vers 0 au sens des distributions.
Bien entendu, un certain nombre de tandis que la fonction :
questions propres aux problèmes linéaires
Wn@)) = (un(
peuvent se généraliser aux problèmes non
linéaires si, d’une part, les perturbations = si& nx = l (1 - cas 2nX)

198
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

converge vers 1/2, toujours au sens des 1. Les systèmes hyperboliques


distributions. non linéaires
Bien entendu, cette pathologie s’expli-
que par le fait que, pour n tendant vers On se propose de considérer des systèmes
l*infini, la fonction sin VI.~oscille de plus en de la forme :
plus vite. On sera donc amené à montrer
que, dans un sens convenable, les osciha-
tiens des solutions approchées ne sont pas
trop grandes ; mais, justement, ce point est OÙ u est un vecteur à HI composantes et F,
en contradiction avec l’existence de SO~I- une fonction régulière de R”’ dans R”‘. Son
tions singulières, et une analyse très fine est gradient (par rapport à U) est donc une
alors nécessaire. matrice A,‘(U), et on dira que le système (1)
La seconde idée est de faire appel, est non linéaire hyperbolique si les A, sont
beaucoup plus que dans le cas hnéaire, à la des fonctions non linéaires de L et si les
comparaison avec les équations différen- valeurs propres de la matrice :
tielles ordinaires. Par exemple, on peut
montrer qu’une onde de choc se forme en
comparant la dérivée de la vitesse à la
solution de i’équation différentiehe ordi-
sont toutes réelles pour tout vecteur
naire :
6 = (<,, &, .... C,,,) E R”I.
Y’ = Y29 De tels systèmes se rencontrent dans de
nombreux domaines de la physique (méca-
donnée par J (r) = l/( 1 ~ Q+,), qui devient nique des fluides, magnétohydrodyna-
infinie en un temps fini. De tels phénomè- mique, combustion, etc.). Ils correspon-
nes apparaissent aussi dans la description dent à des problèmes physiques célèbres.
de la focalisation de rayons lasers. On peut comme le calcul de la traînée et de la
montrer de plus que, pour des temps portante d’une aile d’avion, ou la propa-
grands, les solutions de certaines équations gation d’une onde de choc.
(Navier-Stokes par exemple) restent pro- Pour comprendre la difficulté du pro-
ches de problèmes en dimension finie. blème, on peut considérer un modèlc
Inversement, des problèmes non hnéaires CCabstrait H qui décrit la distribution des
a très peu de degrés de liberté peuvent vitesses d’un fluide monodimensionnel
exhiber beaucoup de pathologie. sans force extérieure, Le mouvement des
Ainsi, il n’existe pas de théorie générale particules est donné par l’équation diffé-
du non-hnéaire et cet article est une rentiehe ordinaire :
collection d’exemples significatifs. La
non-linéarité intervient dans beaucoup w .?@)= ~C~@h
f),
d’autres problèmes, en particulier dans les et la relation fondamentale de la mécani-
équations elliptiques qui décrivent les que conduit à écrire :
surfaces minimales, dans les équations de
Monge-Ampère et dans les équations de (3) 0 =T(f) = - + -i(f)
af ax
Yang-Mi& de la théorie quantique des
champs.

199
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

L’équation ainsi obtenue est dite équu- relation (4) ne suffit pas à assurer l’unicité
tien de Burger. On déduit de (3) que l’on de la solution. Il convient d’ajouter une
a: condition supplémentaire qui signifie que
les caractéristiques rentrent dans le choc.
Une telle condition est dite condition
d’entropie et elle est, dans cet exemple,
et donc que 1 est constant le long des équivalente à la condition u+ < ut- qui
solutions de (2) ce qui implique ensuite signifie que, dans un choc, la vitesse
que les courbes définies par (2) sont en fait diminue. On est donc conduit à résoudre
des droites, Cela permet de construire la l’équation (4) dans le cadre des fonctions
solution de l’équation de Burger : qui admettent des discontinuités et qui
vérifient de plus la relation d’entropie. La
(4) g+&(q) =o, u(x,o)=T(X), vérification de cette relation d’entropie
introduit une difficulté car elle fait inter-
pour une donnée initiale régulière q, et venir les courbes de choc, qui sont elles-
pendant un temps petit, en inversant mêmes des inconnues du problème. Pour
l’équation :
simplifier, on introduit une fonction n(u),
strictement convexe, quelconque et on
note g(u) la primitive de la fonction
et posant z&, t) = cp(&). Un tel procédé q’(u) . u ; on remarque que là où u est
n’est possible que tant que l’équation (4) une solution régulière, elle vérifie la rela-
est résoluble. Or, l’équation (4) cesse d’être tion :
résoluble des que deux droites caractéris-
tiques se rencontrent, ce qui correspond à
un choc entre les molécules de fluides et
empêche que la solution reste continue. Cela cesse d’être vrai là où il y a des
On est donc conduit à chercher une discontinuités, car la condition de saut
solution discontinue de (3) après le choc, pour le premier membre de (5) est en
c’est-a-dire une fonction u-mesurable et général différente de la relation de
bornée qui vérifie (4) au sens des distribu- Rankine-Hugoniot. Ainsi :
tions En particulier, si elle est discontinue
le long d’une courbe .Y= s(t), dite courbe
de choc, elle devra vérifier la relation de
saut : est une distribution dont le support est
porté par l’ensemble des points singuliers
s’(t) = ; (u + + u -),
de u. Il est ensuite facile de voir que la
relation ü > u+ est équivalente au fait
où z4+ et ~1~désignent les vitesses du fluide
que cette distribution est négative. Une
avant et après le choc. Une telle relation,
solution faible entropique est donc une
qui est contenue dans la formulation (4)
fonction qui vérifie au sens des distribu-
au sens des distributions, est dite relation
tions les équation et inéquation :
de Rankine-Hugoniot. En fait, un choc
correspond à une perte d’information et,
sur des exemples simples, on voit que la

200
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

Dans le cas scalaire, on peut généraliser plus facile car la présence du laplacien
ces notions à un système à I variables empêche la formation de chocs. Lorsque E
d’espace : tend vers zéro, uE converge vers une
solution de :
(7)

À toute fonction q(u), on associe alors une


De plus, si on multiplie par q’(~l~), on
fonction G(u) définie par :
obtient :

et on démontre qu’il existe une unique


fonction u, solution au sens des distribu- Comme IJ”(u~) est positif, on en déduit
tions dans Ri X [O, =.z] du problème : la relation :

Il est facile de montrer que uE est borné


et donc que :

converge vers zéro au sens des distribu-


OÙ q désigne la donnée initiale, et IJ une
tions. On obtient ainsi l’inégalik d’entro-
fonction quelconque strictement convexe.
pie.
Un des outils essentiels ici est l’utilisation
Dans la plupart des problèmes physi-
des espaces de fonctions à variation bornée
ques, u n’est pas un scalaire mais un
qui, en gros, sont des espaces de fonctions
vecteur, car le système est décrit par
dont les dérivées, au sens des distributions,
plusieurs paramètres ; en particulier, en
sont des mesures. Ces espaces sont assez
mécanique des fluides, par la densité, les
vastes pour contenir des fonctions discon-
composantes de la vitesse et la tempéra-
tinues mais suffisamment réguliers pour
turc. On obtient donc des systèmes de la
satisfaire A des théorèmes de convergence
forme :
adaptés aux problèmes non linéaires. Par

exemple, la suite de fonctions déjà Citée
(12) g+ z&F,(u)=O.
u,,(x) = sin nx n’est pas uniformément à
I=I
variation bornée. Une idée de base pour la
construction de la solution est d’introduire Comme dans le cas scalaire, ces systè-
l’équation Perturbée : mes génèrent des ondes de choc, donc il est
indispensable de chercher des solutions
faibles. On est amené à généraliser la
relation de saut (cf. S~~KI) et la condition
d’entropie. Pour l’entropie, une condition
C’est une équation parabolique non supplémentaire apparaît car q(u) est main-
linéaire dont la résolution est beaucoup tenant une fonction de m variables réelles.

201
D P É É A A RQ R
U U I X AT V T I É I E O E

O p m na g e ul a( u l’ d i 1u t tér o 2c s i qé n ( 1
nL i )he y p
p l v V a m e e i n ~ rp ae c l ’e é( a in t à :es qU s s e xt u) u
g d f ég d e no v n ) q e rn a é( u cr tu i ti a)
v l r é: a e r l i a f t i

( V = V 1 g n 3 , S +o ) u @c s i )n pt é)e y d V io t
p a e d é su r ’ t t t
c l v f a eà de di ( r n cr c eg 1 ü’ o ot e oc u 3ae, neié s no r : us) tuq t
e g p u nv é g a n ; ei fn r s cl aé a t ur d e ta i
( d l e e qa l e xc t une ’ s eo . esn o m
n n sp
m d f é i s e q l l c al u s uu ’ a i f ei o n t f d ni i
l r : e e s l q c a uu so t s ni yn i y
h y p
C c e j o l s u n
t p da s r s en y a y s
U c s m
n a q i c r o l d u m el e an c o e p se s l pt u n b l s ’ a rp l
t s é i oà l rq om n a eau n da ét lui ds et M q av- e d ea sr u
c : i e D l i l r e
B q l s i uh e y e ey s
( V 1 = (2 V4 Vn n h z) F(a o s n n d ,ui n l u é @ e @ )e

o c q r u a e mu e à l ,su êi t v a l y m de i m ’ m e eme ( a i é ,
t d m r V e V
a i? I ss etA ~ e l e e 1 rx ( C( n e 9F ieU( o t 3r
t q L p r d u s a l oh e e y é u uy ls sp t p vp he tr u a e e ys è
b p o u fo l n n ops pi ( le v nso s qa u e o cèso u n ur ) l
q v l pu é de c r i r de s o o p i d t i mp a p f e h s dmr s e i
t ( C if 1 c e o a u4 op t n d n) u ïcrt a c a g . n naoel s t n é
é c v d s h p ae e l i a t r evn l a g ne dè l t set ’ n dgn es at ouc u e
f d o i ’ e tn n e s n h c Pt L nvy e tl ros t tes r ie oue h
d C fy j a e p an u a o ia s d c s t em tr i t a u t si ie s
l n d f e do e o p n ’m e ns o v ( e t d ec u a uUn d ’ ut r r ) nt ée
d f d e pl ’g = ( uo e (t a é g d xu niup G t , o re 1 to)a s l é ( n n 9
% . . .. g ~C n ) a J ed o d, h Lte at e( gy Itu : 1si pus éup )ex os
c i o D m np t ’ p s a p r u o dé r p a a n dr uq t r r
e c àc l o l s a l dn e l o r e ned ls ’ l a d a oD su Pi é u ce u nii ne
s p l yé ae ie sq rnt nsp t ué a ’ é a d è at mL m a qs e mét ée
s : u i m v oe c a t nsé e n
d c i c i a p l eo é a rI a xr
( 1 5 p ) d r o d c u do n L e h n U
p d m ia e e o I ps x t l
a d c u d ep o s~ e r n O
d u s a s n y c n p Le m o
s ~ . a d
& I w Dtsi Up w s’i d l r st sa d e L’ po n fu e ae
p d l p a da r a h r ( en é a a td p m s g u c s , e a d a u bt r e s r ’ s
e p u xt po na ee d e ua v mm e t rt e pp s i o c ls t

2 0 2
DÉRIVÉES PARTIELLES ~ A M

2. Les équations de Navier-Stokes OÙ Iz est réel arbitraire et h > 0. D’autre


part, on sait, dans certains cas (en parti-
Le chapitre précédent était consacré aux culier avant la formation des chocs), mon-
systèmes hyperboliques non linéaires, trer que les solutions des problèmes com-
domaine OÙ la différence entre le compor- pressibles convergent, lorsque la
tement des problèmes linéaires et les com- compressibilité disparaît, vers les solutions
portements des problèmes non linéaires des équations de Navier-Stokes. Enfin, on
apparaît de manière très évidente. Mais dispose de théorèmes d’existence et de
ces systèmes présentent les inconvénients méthodes de calcul différents et plus sys-
suivants : tématiques dans le cas des équations de
Il n’existe que des résultats partiels et la Navier-Stokes que dans le cas des probl&
plupart des questions restent largement mes de fluides compressibles.
ouvertes. Les équations de Navier-Stokes mettent
Les applications concernent surtout la en jeu H + 1 inconnues dans un ouvert 0
mécanique des fluides compressibles. Les
de Rn (avec u = 2 ou 3), un champ de
lois de conservation classiques donnent
vecteurs ü+= (u,, glu, . . . . u,~), et une pres-
alors un systkme d’équations qu’il faut com-
sion p. Elles s’écrivent sous la forme :
pléter par une /oi d par exemple2 t a
p = RpT (pour les gaz parfaits) ; cette loi d ü
(1) ~+i7.v;=+V~+V&i, V>O,
dépend du modèle considéré et peut être
obtenue soit par des arguments physiques, (2) v.ii=o
(3) z@,t)l8n=o si v > 0,
soit (sans qu’aucune justification mathéma-
ü+(x,t).iQaa=O s V i =
tique ne soit actuellement disponible) à par-
tir de l’équation de Boltzmann (calcul des O Zdésigne Ùla normale extérieure à la
coefficients de transport par la méthode de frontière de l’ouvert :
Chapman-Enskog). On a donc un système
qui est toujours compliqué et particulier. (4) Ü(X,0 = ü d ) , o ,

Pour les raisons qui précèdent, l’intérêt


Le cas v = 0 correspond aux e’qmtions
s’est porté sur les équations d’Euler ou de
d’Euler, qui sont donc antérieures aux
Navier-Stokes, qui s’obtiennent en suppo-
équations de Navier-Stokes, la contribu-
sant le fluide incompressible mais en consi-
tion de Navier étant d’approcher la vis-
dérant éventuellement des termes de visco-
sité. cosité par le terme v A U, v > 0. Ce terme,
qui peut être très petit, est de l’ordre de
Les équations de Navier-Stokes et
d’Euler présentent les propriétés suivan- l/R (où R est le nombre de Reynolds) : il
tes. Elles sont (lorsque le problème est posé permet cependant de simplifier considé-
dans R’ ou dans R3) invariantes par le rablement l’analyse mathématique.
groupe des déplacements, les transforma- Comme dans le chapitre 1, u t repré- (
tions galiléennes : sente un champ de vitesse du fluide : ainsi,
en supposant que ~(.y, t est une fonction )
U (+ la
régulière. , , à introduire les
on est conduit X
O u est une constante,
Ù et par les change- trajectoires des particules du fluide, don-
ments d’échelle : nées par les équations :

(5) i (t) = u@(t), t), x(O) =xo.

203
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉCWATIONS AUX

Compte tenu de (3) le champ u(.x, f) est calcul explicite. En prenant la divergence
soit tangent au bord SA de 0 si v = 0, soit des deux membres de (1), on obtient :
nul sur 80 ; ainsi, les trajectoires .X(f)
restent à l’intérieur de 0 et, pour t fixé,
l’application de 0 dans 0 définie par
l’équation (5) :

(6) xQ++.x(r)

est une bijection de 0 sur 0. La rela- La dernière équation donne p par convo-
tion (2) est équivalente, d’après un théo- lution avec le noyau 1 1. On obtient
4Tr xl
rème dû a Liouvihe, au fait que l’applica-
donc finalement :
tion _y0- x(t) conserve les volumes.
L’équation de conservation de la masse
s’écrit sous la forme :

Bien entendu, comme on l’avait indiqué, le


second membre de (9) fait intervenir une
intégrale singulière qui est un opérateur
On en déduit que si la densité p(.x, l) est pseudodifférentiel d’ordre ~ 1. Enfin, la
homogène et égale à l (pour fixer les idées) condition aux limites exprime dans le cas
a l’instant zéro, elle reste constamment v > 0 que la viscosité empêche tout mou-
égale à 1. L’équation (1) n’est alors que vement sur les parois et, dans le cas v = 0,
l’équation classique de la mécanique, que le fluide est tangent aux parois.
,T= WI? d‘dns laquelle le premier mem- On remarque ensuite que la condition
bre représente l’accélération et le second Ve u = 0 permet de donner une forme
membre l’ensemble des forces qui contri- faible au terme d’advection. Plus précisé-
buent au mouvement; f représente les ment, pour toute fonction +Z(‘A(0))‘7, à
forces extérieures comme la gravitation, divergence nulle, on a :
v A u l’action des forces de viscosité et Vp
W~
les forces de pression. Contrairement à ce
qui se passe dans la théorie des gaz et :
compressibles, OÙ la pression est Calculée
à partir des autres inconnues (vitesse,
température et densité), par une loi d’état,
ici la pression n’est créée que par l’incom- ainsi, on dira qu’une fonction est sohnion
pressibihté et on peut considérer Vp faible si elle est à divergence nulle et vérifie
comme un multiplicateur de Lagrange Iié au sens des distributions l’équation :
à la relation VU = 0. On peut d’ailleurs
éliminer ce terme, soit en utilisant le (11) ~(u,~)-(~,uV~)-v(u,A~) = tiq)>
formalisme de l’analyse fonctionnelle, soit
celui des opérateurs pseudodifférentiels. pour toute fonction q 6! (‘B(Q))” a diver-
Dans le cas où D = R’, on peut faire un gence nulle.

204
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

Pour construire une solution faible, il culier pour I = 2, 3, qui sont les cas
est essentiel d’obtenir des suites Ut qui physiques). Il caractérise la solution des
appartiennent à L’(O, 7 X Q), pour T fixé équations de Navier-Stokes par une rela-
arbitrairement grand, et qui convergent tion de type variationnel (comme pour les
presque partout pour pouvoir passer à La problèmes paraboliques) ; ainsi, les équa-
limite dans le terme u$$. Multipliant tions de Navier-Stokes se prêtent bien à
l’équation (1) par t et intégrant par parties, des calculs numériques par éléments finis.
on obtient (en supposant que LI est une Par contre, il y a une différence fonda-
fonction régulière) la relation : mentale entre le cas ?z= 2 et le cas I = 3.
En dimension 2, on peut prouver que si j
est régulière, alors u est aussi une fonction
régulière, ce qui assure l’unicité de la
solution. Par contre, en dimension 3, on ne
sait pas prouver la régularité de la solution
cette relation (12) exprime le bilan d’éner- pour tout temps, et donc l’unicité, sauf si
gie et, pour v positif, elle assure que la donnée initiale 11 uo~Lclest petite par
l’expression : rapport a la viscosité et si f est égale à 0.
Dans ce cas, on démontre, par des métho-
des de perturbation, l’existence d’une solu-
tion régulière pour tout temps.
est uniformément bornée. On introduit Dans le cas v = 0, on ne dispose plus de
donc les espaces de type Sobolev suivants : l’estimation sur le gradient de la solution et
H = CUE (Lz(Q))j 1V . t = 0, u . n 1 aQ = 01, ainsi on ne peut, en dimension 3, envisager
Vo = CUEH;(Q) 1V. u = 01, f’étude d’une solution fdible définie pour
V,=~u~H’(~)~V.~=O,~.~l~~=Ol. tout temps. Par contre, pour t petit, on peut
appliquer a l’équation d’Euler un théorème
Compte tenu de la relation Vu = 0, on
de type Cauchy-Kovalevskakd (ce résultat
peut définir, comme une distribution, la
sous sa forme primitive est dtî 1 Lichtens-
valeur de c . tzl 8n ; on a alors les inclusions
tein en 1930 et il a été amélioré par de
V0 C V, C H : l’espace VU est fermé dans
nombreux auteurs, sans que sa nature soit
V, et V, est dense dans H. Appliquant
vraiment modifiée). La limitation sur le
l’inégalité (12), on peut prouver (ce résul-
temps provient du fait suivant : on établit
tat est, pour l’essentiel, dû à Leray) le
des estimations a priori sur la solution (ou
théorème suivant :
sur une solution approchée) en majorant
Thkw~rne 1. Pour tout u”E H, le pro-
une norme convenable par la solution de
blème (1)-(4) admet une solution faible au
l’équation différentielle Ordinaire$ = CJ,’
sens suivant : pour tout 7 > 0, u appartient
qui explose en un temps fini. Par contre, en
à L=(O, T ; H) f’ L>(O, 7 ; VU) et vérifie,
dimension 2, on utilise le fait que Le rota-
pour toute fonction 9 de VO, la relation :
tionnel (qui décrit le tourbillon) s’identifie
à un vecteur perpendiculaire au plan du
mouvement, ce qui, dans les équations, se
traduit par la relation :
Le théorème 1 est valable pour tout T
et en toute dimension d’espace (en parti- (14) vA(u.v~)=u.v~Au)=u.v~,

205
DÉRIVÉES PARTIELLES É A Q U U X A T I O

OÙ u désigne le rotationnel de u. La ne donne aucune indication sur le com-


relation (14) implique qu’en dimension 2, portement de la solution elle-même. Une
et en l’absence de force extérieure (cette raison fondamentale pour laquelle l’étude
hypothèse n’est introduite que pour sim- de l’apparition des singularités pour
plifier) on a la relation : l’équation d’Euler est plus difficile que
pour les équations des fluides compressi-
$ + u
bles est que les singularités ne résulteront
pas du choc des molécules (à cause de la
qui exprime la conservation du tourbillon condition Vu = 0) mais de phénomènes
au cours du mouvement. La relation (15) beaucoup plus complexes qui, a priori,
permet de contrôler la norme de ~(x, f) n’ont aucune raison d’être localisés sur des
dans l’espace V, dès que ZQ,appartient à V,. surfaces.
On peut ainsi prouver l’existence pour tout (II) Déterminer si, en dimension 3, les
temps d’une solution faible du problème solutions des équations de Navier-Stokes
(1)-(4) en dimension 2 avec v = 0. De (avec v > 0) présentent vruhent des sin-
plus, si le tourbillon est très régulier à gularités. Leray avait montré que si ces
l’instant t = 0 on peut montrer , qu’il va singularités existaient, elles résidaient sur
rester régulier et établir ainsi la régularité un ensemble assez petit. Ce résultat a été
et l’unicité de la solution (ce résultat non progressivement amélioré et finalement
trivial utilise la dispersion de paire, c’est- Cafarelli, Kohn et Nirenberg ont montré
à-dire l’analyse de l’évolution de la distance que le support singulier de la solution de
entre deux particules de fluide ; il est dû à (1)-(4) est, pour tout v > 0, contenu dans
Wolibner vers 1930). un ensemble de mesure de Hausdorff au
En parallèle avec les équations d’évo- plus égale à 1 dans l’espace à quatre
lution, il est naturel de considérer des dimensions R: X R,.
équations de Navier-Stokes station- (III) Déterminer si, en dimensions 2 et
naires : 3, les solutions des équations de Navier-
Stokes avec v > 0 convergent vers les
(16) -~AU + ~VU =f-Vp ; Vu = 0,
solutions des équations d’Euler lorsque la
avec les conditions aux limites zllJ -- 0 viscosité
C tend
1 vers 0. Ce problème est
(avec v > 0). 11est alors facile de voir que résolu en dimension 2 si 0 = R* et en
le problème (16) admet toujours des solu- dimension 3 si 0 = Rs, si on se limite à un
tions, et n’en admet qu’une seule si v est temps assez petit (en relation avec l’exis-
grand. tence locale des solutions). Par contre, si le
Il reste autour des équations de Navier- domaine présente une frontière, la condi-
Stokes un certain nombre de problèmes tion aux limites tt do = 0 crée, pour v petit,
que nous allons commenter : une couche limite (région de fort tour-
(1) Déterminer si, en dimension 3, les billon). Cette couche limite a une impor-
équations d’Euler présentent, comme les tance fondamentale dans les problèmes
équations des fluides compressibles, des d’aérodynamisme (fig. 1). La non-linéarité
singularités au bout d’un temps fini. En du problème va entraîner une propagation
effet, on ne dispose que d’une majoration de ces couches vers l’intérieur et donc, sur
d’une norme convenable de la solution et le plan mathématique, empêcher de
le fait que cette majorante devienne infinie contrôler la solution et de prouver sa

206
DÉRIVÉES PARTIELLES É A Q

f 1- C i m ee é g e/ t nl v . d c te t i d; ef o s aeg d’ d f uo ~ p n ue( ’ u rb d~h eR nnn u d a2s ekose co n e n0t


O r à lnf w l a od n l ’ c l le aaae ol p t s r pt u
a
d rt m q p Ic
e odo & u
l a oh
s pe u ( ! N ’e R
n ~Ae ) a rr 0 , o

c v ou s ed lnn o
q rle ’ ve l d us s’ é e d u( e aeo e c r e t1
t d i ’ o t E e ng u à ui vn é a l en ad n n e
( É l s I ta a t V u sd r )f ed yiq l us i ti dm
mu ( e oc n
l l t oa e ei ru rm
n sga a édp q mu p r séds u es r
d s d le o : e ’s l v éa u ad d q n t f r e Oi u a i
p e c qe l n o a uu ’ n s
( $ 1 - 7V v d s )U ~d eN o = *e p s a sl 0
d d l é d s e ’ d d es o é
e r a l n se vd l e ol me ’ d s la o ec é i u;te p r s qf ti n a
s : t a o p t d d n ce i o s e ou o n
s v e , p uq l t vf o r ud va a u
(18) - v V A U u = + ~
e u b n dn H i g ee o
P é l po t ( e e r( u u 1L s tp o1 r d m7e r b8 i c a )s o l)
d u d ab n0 oa l nco , mnv al sor é aae d N e nq i nc es sa édu
t a l i~ s =u 0 i o u o1 C l x , mrn t an dJ e ie i i i s tl d nl l f
p d
l r - V e ’ e op n A o n dp a t o, L
p er ru a t éo i t r
c l f q us r e a u e l aa é ie es i u s t x l n t e s od R p e o r s l e
c ;o p oa m n e( mi o d uTf pn ( ne ’ tle e asa p tx u lumn ci u a

2
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS
AUX

forces extérieures ou la vitesse des parois du tique turbulent. Un des meilleurs candidats
récipient du fluide, ce qui par un change- pour cette démarche est le système de
ment d’inconnues se ramène &un problème Lorenz. Il est obtenu i partir du problème
de même nature). on voit le fluide passer de Bénard : on considère un fluide incom-
d’un état régulier à un état turbulent. pressible dans un récipient bidimensionnel
L’état turbulent se caractérise par les chauffé par en dessous ; les équations (17)
propriétés suivantes. et (18) sont alors Couplées avec une équa-
Il apparaît des structures très complexes tion pour la température etfse réduit aux
mais autosimilaires dans lesquelles le tour- forces de gravité. Lorenz développe alors u
billon prend des valeurs arbitrairement etfen série de Fourier et, ne conservant que
grandes. À petite échelle, ces structures trois des premiers coefficients, obtient le
sont homogènes, mais plus la taille du tour- système :
billon augmente, plus les régions où celui-ci
zi =-x+y
est grand sont petites. On dit que l’on a un
(19) j = 7X-y -xz,
phénomène d’intermittence (fig. 1).
Compte tenu de leur universalité, les l 2 =xy-bz
équations de Navier-Stokes devraient Bien entendu, il n’y a aucune justifica-
contenir dans leurs solutions tous les tion mathématique dans cette démarche,
phénomènes de turbulence, en liaison avec mais il est frappant de constater les simi-
les pathologies (1) i (IV). Voici des expli- litudes entre les comportements asympto-
cations possibles de la turbulence : tiques des solutions de (19) et ceux, obser-
u) l’apparition de singularités au bout vés expérimentalement, du problème de
d’un temps fini pour les équations d’Euler Bénard (fig. 2).
en dimension 3 ;
b) comportement (( turbulent )) lorsque la
viscosité tend vers 0 ; 3. L’équation de Korteweg et de
c) une cascade de bifurcations dans les Vries
solutions de (18) qualitativement sembla-
bles aux bifurcations en dimension finie. En 1865, Scott Russell observa sur un
Il est conjecturé que ces trois phénomè- canal rectiligne une onde de surface créée
nes doivent avoir en commun un certain par le choc de deux péniches, qu’il appela
nombre de propriétés fondamentales. dont onde solitaire ; il fut frappé par la stabilité
le fait de se produire sur des ensembles de du phénomène et raconte qu’il put la suivre
dimension fractionnaire qui ressemblent i à cheval, 1 vitesse constante, pendant
des ensembles de Cantor. En particulier, le plusieurs kilomètres.
problème (18) devrait exhiber, pour une Pour expliquer ce phénomène, dit de
valeur de v assez grande, un (( attracteur sulitm, on peut utiliser un système de deux
étrange )). Signalons, d’une part, que des équations c une dimension d’espace :
bornes supérieures pour la mesure de Haus-
dorff de ces éventuels attracteurs ont été
obtenues par plusieurs auteurs (Douady et
Osterlé, en 1980) et que, d’autre part, il est
possible de construire des modèles simples dans lesquelles !I désigne la hauteur de
qui présentent un comportement asympto- l’eau et u la vitesse du fluide, dans un canal

208
D P É A
ÉQIJATIONS R
AUX

fig. 2 - Expérience de ESnard: fumée de ugarette entre deux cyhndres en rotation (O.N.É.R.A.)

supposé indéfiniment long et peu profond ; OÙ o et fl désignent des constantes. Par un


g est une constante qui représente la changement de variables et d’inconnues,
gravité. Le système (1) (2) est un système on peut écrire f’équation sous la forme :
hyperbolique non linéaire, du type évoqué
dans le chapitre 2, et il s’obtient en écrivam
les équations classiques des fluides incom-
pressibles et en introduisant un paramètre Korteweg et de Vries observèrent que
petit Iié à la profondeur du canal, cette équation admet des solutions G ondes
En effectuant un nouveau développe- solitaires )) de la forme :
ment asymptotique, lié à l’amplitude de
l’onde, Korteweg et de Vries obtinrent en (4) U(X,~) = -;(&+))-~, c>o;
1895 l’équation :
ce sont des ondes qui se propagent avec la
vitesse c sans se déformer. Cette situation
est fondamentalement différente de celle

209
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONSAUX

qui peut se produire dans un modèle et Zabusky remarquèrent une analogie


linéaire. Les équations linéaires dont les entre le système (1) et le modèle de
solutions se propagent sont les équations Fermi-Pasta-Ulam. Ce modèle avait été
hyperboliques ; les vitesses de propagation introduit en 1950 pour décrire la réparti-
sont imposées par l’équation, et la forme tion de l’énergie sur un cristal non conduc-
de la solution qui se propage est indépen- teur ; il était composé de 32 équations
dante de la vitesse. Dans cet exemple non différentielles ordinaires non linéaires
linéaire, on peut avoir des ondes qui se Couplées et a été Calculé par approxi-
propagent avec n’importe quelle vitesse mation numérique sur l’ordinateur Maniac
positive, mais leur forme est imposée par 1 de Los Angeles. Les auteurs observèrent,
la vitesse selon la formule (4). En particu- au lieu d’une répartition uniforme de
lier, plus la vitesse est grande, plus la l’énergie sur tout le cristal, des phéno-
solution est grande. mènes de périodicité ou de presque pério-
Intuitivement, on peut expliquer cette dicité, Ces phénomènes furent expliqués
conservation de la forme par la compéti- beaucoup plus tard par Arnold, Moser
tion de deux phénomènes, en disant que et Kolmogorov dans le cadre de la théo-
rie des systèmes hamiltoniens. Kruskal
l’équation (3) est un CC mélange N des
et d’autres entreprirent alors de discré-
équations :
tiser l’équation de Korteweg - de Vries et
découvrirent deux types de phénomènes.
a) Dans le cas où on considère des don-
du
z-6~g=0 nées initiales q(x) périodiques en espace, la
solution reste périodique en espace mais
En multipliant (5) par u et en intégrant est une fonction presque périodique en
de -CC a + W, on observe que l’expres- temps.
sion : !I) Dans le cas où la donnée initiale q(x)
est une fonction tendant vers 0 pour
1xi--+ + m et si elle est (( Composée ))
d’une somme finie d’ondes solitaires,
reste constante, autrement dit la solution ne Ordonnée suivant la taille (les plus petites
tend pas vers 0 dans l’espace L?(R) ; mais d’abord), alors les plus grandes ondes
on remarque, en utilisant par exemple la rattrapent les plus petites et, au bout d’un
transformation de Fourier, que, pour .Xfixé certain laps de temps, on obtient a nouveau
(et pour une donnée initiale assez régu- une solution soliton, avec la différence que,
lière), ~(_y, l) tend vers 0 comme t 3/2pour maintenant, ce sont les plus grandes qui
t tendant vers l’infini. L’équation (5) décrit sont en avant : l’ordre s’est inversé.
une onde qui se disperse, tandis que l’équa- La démonstration de ce type d’obser-
tion (6) est l’équation de Burger, étudiée au vation a pu être entreprise d’après une idée
chapitre 1, qui engendre un choc. de Lax (1968). Il introduit un opérateur
En fait, l’équation de Korteweg- auxiliaire défini par la relation :
de Vries possède des solitons car les
H(t) I+I= -Dz~ + ~I(X,f)w,
phénomènes de création de chocs et de
dispersion se compensent pour arriver à un où D désigne ici la dérivation par rapport
état d’équilibre. En 1965, Kruskal, Miura à .X

210
D P É É A A RQ

L’opérateur H(f) dépend du paramètre L’équation (10) s’écrit aussi sous la


t par l’intermédiaire de la fonction u. C’est forme particulièrement commode :
l’opérateur autoadjoint (dans l’espace de
Hilbert L?(R)) usuel de la mécanique (Il) ‘ ; = L

quantique. On cherche alors des condi-


Comme H(f) est l’opérateur (&/
tions suffisantes pour que H(f) reste uni-
&I) + u(.x, f), (&I)/(&) est l’opérateur de
tdirement équivalent à lui-même, ce qui
multiplication par (&)/(dl).
signifie qu’il existe une famille U(f) d’opé-
Comme exemple d’opérateur moins
rateurs linéaires unitaires de Ll(R) sur
trivial que d/(&), on peut introduire l’opé-
lui-même tels que l’on ait :
rateur :
H = U H ( ( ) (= U( H
f U
t t (O )( * ) t) O ( )U ) t - )

Cela se produit, par exemple, si ~(.y, r) est


déformé par translation :
L(f) est un opérateur antiadjoint dans
u(.X,t) = lIp(X-r) L2(R) ; pour que le second membre de (11)
(7)
soit un opérateur de multiplication sca-
On remarque alors que L((X,l) est solu- laire, il faut et il suffit que I figurant dans
tion de l’équation : la définition de L(f) et I figurant dans la
définition de H(t) soient rehés par la
relation b = ~ (3/4) u. On a alors :

Plus généralement, soit L(l) une famille t+~ q,


LHIT=( 1
d’opérateurs antiadjoints dans L?(R),
dépendant assez régulièrement du para- et la relation (11) est alors équivalente à
mètre t (en particulier, leur domaine en l’équation de Korteweg - de Vries. On a
tant qu’opérateur antiadjoint est indépen- donc démontré le théorème suivant, dû à
dant de t), alors l’équation : Lax : Pour que l’opérateur :

admet une unique solution donnée par soit unitairement équivalent a l’opérateur :
q(f) = U(f)qo, où U est un opérateur
unitaire. Dans le cas des équations (7) et
(8) L(f) est l’opérateur - ll/k et U(f) est
par l’intermédiaire des opérateurs unitai-
le groupe des translations. Avec ce forma-
res &@zk par
lisme, on remarque par un calcul très
simple que la relation :

U H U =* H ( ( ( ( t f t O ) ) ) )
il faut et il suffit que la fonction u soit
est équivalenle à la relation solution de l’équation de Korteweg - de
Vries. Le progrès accompli est dû en
(10) CI= ; WV)W)W)) particulier au fait que, pour 1x l-+ m, L(f)
= U L * + H ( + H ( ’ f ( test unitairement
( ) t ) équivalent
t H ) ( a 8/(&‘).
) ( L- r

2
DÉRIVÉES PARTIELLES ~NATIONS AUX

D’autre part, on peut analyser les fonc- Gelfand-Levitan-Marchenko qui permet


tions q solutions de l’équation : de déterminer le potentiel u(.x, f) a partir
des données de scattering par une équation
intégrale assez explicite. Le progrès effec-
tué est le suivant. Comme, pour 1x l+ ca,
ou, ce qui revient au même, faire l’analyse L(l) se réduit à Dj, le calcul du compor-
spectrale de l’opérateur : tement asymptotique des solutions de ( 12)
peut être fdit explicitement en fonction des
données de scattering à l’instant zéro ; on
détermine les données de scattering a
On trouve deux types d’objets. Pour A < 0, l’instant t par les relations :
il existe une suite de nombres A, < AZ <
< A,, < 0 pour lesquels (12) admet une
Ck(t) = Ck(0) exp [4(-l~)~‘*f],
solution q non identiquement nulle et de (13)
-WL f) = VE, O),
carré sommable. Ces nombres correspon-
l R(t, t) = R(t, 0) exp (8it3).
dent aux valeurs propres ou aux états liés
du système. Bien entendu, si H(f) reste On obtient ensuite le potentiel U(X, l) à
unitairement équivalent & H(O), ces nom- l’instant t. L’ensemble de ce programme
bres sont constants. Les vecteurs propres s’appelle la méthode inverse, et il fournit les
correspondants qk se comportent asymp- outils qui permettent de démontrer les
totiquement, pour 1.Y14 ca,comme : résultats observés numériquement par
Kruskal, Miura et Zabusky dans le cas de
données initiales tendant verszéro àl’infini.
On choisit C+ tel que qk soit un vecteur Dans le cas de probfèmes périodiques,
de norme 1dans L?(R). Cette construction la situation est beaucoup plus Compliquée,
a engendré une famille de couples mais, en 1976, McKean et Trublowitz ont
(&, CA+(r)). Ensuite, on remarque que, démontré que toutes les solutions u(.x, Z)de
pour A = <I> on peut, pour tout t, cons- l’équation de Korteweg - de Vries périodi-
truire une solution oscillante qc de (12) ques en espace étaient des fonctions quasi
dont le comportement asymptotique est périodiques par rapport au temps, ce qui
donne par : confirme les expériences numériques de
Kruskaf et d’autres. Tout autant que les
résultats, l’esprit de ces démonstrations et
les analogies qu’ifs suggèrent sont fonda-
Les lettres R et 7 réfèrent aux mots mentales.
réflexion et transmission en liaison avec On remarque que les solutions du
l’interprétation physique de cette construc- système peuvent s’écrire, en prenant les
tion. logarithmes des solutions des équations,
On procède donc de la manière sui- sous la forme :
vante : à tout opérateur de la forme
- D’ + U(X,r), on associe les éléments
(%,%CA+(~)), (T(U, R(& 0) t E R. Cet
ensemble s’appelle les données de scatte- Ce sont des fonctions linéaires de t ; on
ring. On utilise alors un théorème de dit que l’on a globalement intégré l’équa-

212
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQIJATIONSAUX

tion de Korteweg - de Vries Cette situa- D’autre part, l’équation de Korteweg -


tion est formellement identique au &o- de Vries est équivalente a l’équation :
&ne de Liouville, dont nous rappelons
l’énoncé. On considère dans R2n, ensemble
des couples (p, q), un système hamilto-
nien : OÙ iX2/8u désigne la dérivée au sens de
Gateaux de la fonctionnelle I?(u), dérivée
qui s’obtient par des méthodes standards
de calcul des variations. On peut ensuite
et on dit qu’une famile EJp, q) de fonc-
munir l’espace H’(R) d’une structure
tions, 1 < k < nz, forme un système
algébrique qui généralise la notion
linéairement indépendant en involution si
d’espace symplectique. Pour cette struc-
Les deux conditions suivantes sont satisfai-
ture, (16) est une équation hamiltonienne
tes :
et les fonctionnelles LTsont en involution.
l’application tangente :
Ainsi, l’équation de Korteweg - de Vries
fournit un exemple qui satisfait à la fois
de RI” dans R”I est de rang m ; aux hypothèses et aux conclusions du
- pour tout couple k, 1 d’indices, on a la théorème de Liouville en dimension
relation suivante : infinie. Un tel théorème n’est pas encore
démontré (la difficulté essentielle étant
de caractériser le fait que l’ensemble
des fonctionnelles invariantes est assez
gros).
On a alors le résultat suivant : tout La détermination successive des
système hamihonien admettant n intégra- invariants de l’équation de Korteweg - de
les premières en involution et hnéairement Vries a conduit à lui associer une structure
indépendantes est complètement intégra- algébrique très complexe qui est reliée à
bles.
la géométrie algébrique (algèbres de
Comme dans l’énoncé du théorème de
Kac-Moodie), néanmoins, il est facile de
Liouville, on dispose d’une infinité de
montrer comment faire intervenir des
fonctionnelles invariantes pour l’équation
variétés algébriques et des fonctions ana-
de Korteweg - de Vries, dont les premiè-
lytiques dans la théorie de Korteweg - de
res :
Vries. On remarque pour cela que la
iO(u) = +=u(.x,t)dx, fonction :
s _Cc

définie pour .X réel, se prolonge en une


fonction méromorphe dans le plan com-
avaient été déterminées par Kruskal et ses plexe. Cette remarque, jointe à la perspec-
collaborateurs avant l’introduction de la tive d’utiliser le théorème de Liouville en
méthode inverse. dimension finie, conduit a chercher des

213
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS
AUX

solutions rationnelles de l’équation de évidence N intégrales premières en invo-


Korteweg - de Vries de la forme : lution et on conclut que l’on obtient un
ï3 système hamiltonien totalement intégrable
U(X,f) = 2
W) sur la variété complexe définie par :
zj~,(x-x,(w
(.x~-x~)-~ = 0, 1 <j < N.
IX
En reportant le second membre de cette !4+j
équation dans l’équation de Korteweg - de
Pour vérifier que :
Vries écrite sous la forme :

on trouve que, pour que L soit solution de


est solution de l’équation de Korteweg - de
(17), il faut et il suffit que ri(r) soit identique
Vries (18), on utilise essentiellement la
a 1 et que les .x,(l) vérifient le système
formule d’addition :
différentiel ordinaire :

avec la condition :

(19) ~(x,-x~)-~ = 0, 1 <j < N. mais aussi pour toute fonction elliptique.
k#J C’est pourquoi on peut reprendre la
En s’inspirant des résultats de Lax, théorie en cherchant des solutions de
Kruskal, Ciarner et AIS, on montre alors l’équation de Korteweg - de Vries sous la
que la solution de (18) coïncide avec la forme :
solution du système hamiltonien défini
par : u(x,r) = ~P[~(xexj(f~~)3
,=,
(20) g=+ y!$
OÙ p est une fonction elliptique quelcon-

H(x,y) = ; =&; + 9 xyz(x, -x,)P? que.


Les relations (18) et (19) donnent ici :
j+L

Il n’est pas évident que le système ( 18), (21) ij = 3 g ~(xjpxkl ) 3 1 <j<N


XC
(19) ait une solution ; la difficulté réside k#J
dans la relation (19). En effet, il faut
vérifier que si cette relation est vérifiée (22) ~~‘(~(xj-X~)]=O> 1 <j<N
k+J
pour t = 0, elle est aussi vérifiée lorsque
.X(f ) varie avec t. On montre que cela Le première difficulté est l’étude de
impose aux .Y~d’appartenir au plan com- l’invariance de la relation (22) sous l’action
plexe et a N d’être de la forme du système différentiel défini par (21). Il
N = (rr(~ + l))/2, pour ti entier. Comme n’existe pas de résultats généraux et une
dans le cas continu, on met alors en telle variété invariante peut souvent être

214
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONSAUX

vide. Dans le cas de la fonction elliptique de liberté comme le système de Lorenz. Par
définie par : contre, pour les équations de type
Korteweg - de Vries, la méthode inverse a
@‘)Z = 4P3 -&?2P -g3,
fourni une description complète du com-
on sait, pour N = 3, analyser complète- portement asymptotique. Ce chapitre est
ment la variété invariante définie par (21) consacré aux équations de réaction-
et (22). diffusion pour lesquelles le comportement
L’étude de cet exemple peut paraître asymptotique est encore le problème essen-
très particulière en raison de l’intégrabilité tiel. Pour ce type d’équation, on ne dispose
complète de l’équation de Korteweg - de pas de méthode inverse. On n’aura, en
Vries et de tous les calculs exacts qui ont général, qu’un nombre fini d’ondes solitai-
pu être menés à bien. Pourtant, cet exem- res ; mais le rapport de parenté avec les
ple est fondamental car une partie, et équations différentietles ordinaires est bien
parfois la totalité, des méthodes décrites ici plus importante et on peut obtenir, dans
s’appliquant à d’autres équations qui inter- certains cas, des démonstrations complè-
viennent aussi bien en physique qu’en tes ; on s’appuie en particulier sur la théorie
mathématiques (( pures )). Sans les explici- des systèmes dynamiques.
ter, on peut citer les suivantes : l’équation Les équations (ou systèmes) de
de Korteweg - de Vries modifiée intervient réaction-diffusion s’écrivent sous la forme :
dans l’étude des ondes d’Alfvén et des
plasmas froids, l’équation de Schrodinger - = D(U) Au + F(U),
at
non linéaire dans l’étude de la focalisation
des faisceaux laser, l’équation de Sine- OÙ U(X, t ) est une fonction vectorielle a
Gardon dans les ondes de spin et l’optique valeurs dans R”’ définie pour la variable _Y
non linéaire, l’équation de Boussinesq en parcourant un ouvert 0 de Rn. Lorsque 0
hydrodynamique et en théorie des plas- est différent de R”, on suppose que U(X, t )
mas. L’équation de Kandomstev et vérifie sur le bord des conditions aux
Petviaschvili (qui est l’exemple principal limites classiques. Dans cette équation, F
pour lequel la théorie s’étend a plus d’une est une fonction non linéaire régulière
variable d’espace) intervient dans la des- définie dans R” et à valeurs dans R” ; A
cription des milieux faiblement dispersifs. désigne le laplacien usuel et D(U) est une
matrice symétrique positive ou définie
positive. Lorsque D est définie positive, le
4. Les équations de problème est non linéaire et parabolique,
réaction-diffusion lorsque D n’est pas définie positive, on est
en présence d’un problème parabolique
On a vu au chapitre 2 que l’étude du dégénéré. Dans tous les cas, des méthodes
comportement asymptotique des solutions de perturbation permettent de prouver
de L’équation de Navier-Stokes était encore que, pour toute donnée U,,(X) définie a
très fragmentaire. En particulier, il n’est l’instant t = 0, il existe au moins, pour t
pas possible de démontrer pour les équa- petit et positif. une solution du sytème (1)
tions de Navier-Stokes des résultats quali- qui vérifie u(.Y, 0) = z&).
tatifs aussi précis que ceux que l’on observe Ces équations interviennent dans la
sur des modèles à un nombre fini de degrés description de phénomènes non linéaires

215
DÉRIVÉES PARTIELLES ~NATIONS AUX

dans lesquels la dépendance en espace invariante. En effet, si la courbe ~(.y, t )


introduit une évolution de type mouve- venait de sortir de 0 il y aurait une valeur
ment brownien. On les rencontre dans la limite (Y*, t*) pour laquelle ~(,y, t ) attein-
modélisation des réactions chimiques, et, drait la frontière de 0, par exemple sur la
en particulier, dans les phénomènes de face .Y~= b,. Cela entraînerait que ~~(_y*,f*)
combustion, lorsque la vitesse de propa- atteindrait son maximum au point (_Y*,t*).
gation de la flamme est assez lente par On écrit alors la i-ième composante de
rapport a la cinétique chimique, contrai- l’équation (1) pour obtenir :
rement au régime de détonation qui, lui,
reiève des systèmes hyperboliques décrits
dans le chapitre 1. On les rencontre aussi
dans l’analyse des facteurs intervenant Comme .x*, t* est un maximum de u,
dans la propagation de l’influx nerveux et pour s E R et 0 < t < t*, on a :
dans la dynamique des populations,
Les théorèmes d’existence globale, et
certains résuhats asymptotiques, reposent
Comme F rentre dans 0 et u,(x*, t*) = h,,
sur la notion de région invariante, que l’on
on a F,(U) < 0 ; ainsi, le premier terme de
va décrire sur un exemple simple. Suppo-
(2) est une somme de termes positifs dont
sons, pour simplifier, que 0 = R ; on
un au moins strictement, ce qui conduit a
considère des solutions ~(.y, t ) qui tendent
une contradiction. De plus, une analyse
vers des limites finies u+ et u lorsque .Y
plus précise permet de montrer que :
tend vers plus ou moins l’infini. On
dira qu’une région 0 de W (contenant u+
et u) est invariante si l’apparte-
nance Z+(Y)E 0 pour tout ,Yréel entraîne,
pour t > 0 (éventuellement petit), la rela- est une région invariante même si F, au lieu
tion U(X, t ) E 0. La notion de région d’être strictement rentrant, est rentrant ou
invariante conduit à étudier, pour t fixé, le tangent.
comportement des courbes .Y- u(.Y, t ) L’existence d’une région invariante
dans R”I. C’est la généralisation aux compacte permet d’obtenir pour la solu-
équations aux dérivées partielles de l’ana- tion de (1) une majoration uniforme dans
lyse faite, pour les équations différen- L=(O). On en déduit que, pour t < T.
tielles ordinaires, à l’aide du plan des (&/&) ~ AL~ est uniformément bornée
phases. On a par exemple le théorème dans L=(O) et donc, d’après les propriétés
suivant : des problèmes paraboliques, très régulière.
Supposons que D(U) est une matrice Il en résulte ensuite que la solution est
diagonale. Alors. tout cube : définie et régulière, non seulement pour t
petit, mais pour tout t > 0,
On se propose dans ce qui suit de
décrire trois exemples significatifs.
Le premier est l’équation scalaire :
de R”’ a faces parallèles aux hyperplans de
Coordonnées, tel que, sur chaque face, le
(3) $=!&(M)(t-*), 0 < U <l.
champ F soit rentrant, est une région

216
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONSAUX

L’expression explicite : On supposera désormais que la fonc-


tion F(u) vérifie la relation :
f(u) = -u(a-u)(l--u)

n’est donnée que pour simplifier les > 0,


calculs. En fait, comme on peut facilement
le constater. seules interviennent les pro- et on définit le point M par la relation :
priétés géométriques globales de _fI Il
convient de comparer l’équation (3) a @l a<M<l, F(u)& = 0.
Y0
l’équation différentielle ordinaire :
Le point (0, 0) est un point hyperbolique
g+(u)=-u(a-u)(l-u). pour le système (5) et il y a donc une SO~I-
tion de (5) vérifiant hm (zl(<), u(t)) = 0.
On remarque que 0, cx et 1 sont des
tangente à la direction hyperbolique
points stationnaires pour l’équation (4)
répulsive Lorsque < augmente, v aug-
que 0 et 1 sont des points stables, tandis
mente jusqu’a ce que (zl(Q, u(t)) rencontre
que o est un point stationnaire instable.
la courbe cu = ~ F(u). Puis u diminue ; on
De plus, l’intervalle [O, 11 est une région
obtient alors deux possibilités. Soit (u(t),
invariante pour l’équation aux dérivées
u(c)) rccoupc l’intervalle [IX, l] en un point
partielles (3) (dans ce cas, la forme
M( > M, soit (u(t), u(Q) recoupe la courbe
classique du principe du maximum est
cu = ~ F(L~) en un point u > 1 ; ces deux
sufkante). Cette équation a été introduite
circonstances dépendent du choix de c. La
par Fischer en 1937 et est Utilisée pour
première SC produit pour c petit et la
décrire des problèmes de génétique des
seconde pour c grand. On montre alors
populations ou de propagation de la
que le point M(. est une fonction crois-
flamme (combustion d’une mèche), il est
santc de c et qu’il existe donc une unique
naturel de chercher à décrire l’existence de
valeur c* > 0 telle que M(* = 1 ; elle cor-
fronts et leur stabilité, ce qui conduit a
respond au front. orbite de (5), connectant
chercher des solutions de la forme
les points hyperboliques (0, 0) et (1, 0)
~(.y, f) = L~(X~ cf). Reportant dans l’équa-
tion (3), on obtient l’équation différentielle (fig. 3).
De phts, il est clair que si n(s ~ c* f ) est
ordinaire :
une onde solitaire, il en est de même de
(4) -ct/=un-u(a-u)(l-zi), toute solution transiatée. On peut alors
montrer, en utilisant des théorèmes de
qui s’écrit comme un système en introdui-
comparaison pour les équations paraboli-
sant la variable v = ~1’:
ques non hnéaires, le résultat de stabilité

l :2Lc~+u(a_u)(~-*)
suivant, dtî à Fife et Mac Leod : Supposons
(9 que la donnée initiale ~“(.y) soit majorée et
=-cc-F(u).
minorée par deux ondes solitaires transla-
Un front, ou onde solitaire, est alors tées ; plus précisément, il existe A et B
LIIIC solution de (5) qui vérifie les relations : positifs, éventuellement grands, tek que
l’on ait :
(‘5) $y_~w = 1, t~h_u(t) = 0,
,<,py_~ft) = 0.
UC-4 < ~L&X)< u(x + B)

217
DÉRIVÉES PARTIELLES É A Q U U X A T I

f 3 i g .


A

f p ic c m gc * r u c r p e e

solitaire (à une translation près) et sa


vitesse est caractéristique du problème. On
a pu démontrer son existence et sa stabilité
en utilisant les techniques des équations
différentielles ordinaires et la monotonie.
Le problème (3) est particulièrement
simple, car il est scalaire ; cela correspond
à des situations très simples dans lesquelles
une seule quantité (ou le rapport de deux
f i g u r e p
quantités) intervient. Dans le cas des
systèmes, la situation est bien plus com-
plexe.
Le deuxième exemple que nous nous
proposons d’examiner est le système de
Fitzugh et Nagumo. Dans leurs travaux
sur la propagation de l’influx nerveux,
Hodgkin et Huxley observèrent les phéno-
mènes suivants :
a) il existe un seuil d’excitation : toute
excitation inférieure à ce seuil ne produit
f p = c i m * g r de phénomène
pas u c r
visible ; e

b) au-dessus du seuil d’excitation, on


pour tout _Yréel. Alors, il existe un nom- obtient un signal qui a une forme constante
bre D tel que U(X, t ), solution de (5) et se propage à vitesse constante.
converge vers U(X- c*t - D) (fig. 4) Hodgkin et Huxley ont conjecturé que
La situation décrite dans ce type de ce comportement était dû à la diffusion et
probfème est donc radicalement différente a l’interaction non linéaire entre un poten-
de celle qu’on rencontre pour les équations tiel électrostatique et les réactions entre
de Kortweg - de Vries. Il n’y a qu’une onde eux de plusieurs ions, et donc que ce

218
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

mécanisme était contrôlé par un système rectangle de la famille R et par R_ le plus


d’équations de réaction-diffusion. Le tra- grand rectangle de la famille R. Reprenant
vail mathématique a consisté alors à les théorèmes de comparaison qui ont
montrer que les solutions du système conduit a la notion de région invariante, on
d’Hodgkin-Huxley avaient un comporte- démontre facilement les résultats suivants :
ment conforme à l’expérience (existence - pour toute donnée initiale (IJ,&Y),u,)(.Y))
de seuil et apparition d’ondes solitaires définie sur R, continue, et tendant vers 0
stables). Sans en démonter la validité, cela pour ~.++c=, le système (9) (10) admet
rend plausibles les équations de Hodgkin- une unique solution (II(.~, t ), u(x, t )) défi-
Huxley. Ces propriétés ont été démontrées nie pour tout t > 0 : pour t assez grand. la
par C. Conley et plusieurs de ses élèves en courbe .Y- (~(.y, t ), cd(.~, t )) est contenue
utilisant une généralisation en dimension dans le rectangle R,. ;
infinie des théorèmes de perturbation et de - de plus, si la courbe Y - (II~,(X), U,,(X))
l’indice de Morse utilisés dans la théorie est contenue dans R . la solution (u(x, t ),
des équations différentielfes ordinaires. 11 u(x, t )) converge exponentiellement vers 0
n’est bien stîr pas possible de décrire ici ces lorsque t tend vers l’infini.
travaux, mais on peut donner certaines On a ainsi déjà mis en évidence deux
idées en remplaçant le système de notions : d’une part une région globale-
Hodgkin-Huxklcy par un système plus ment attractante (dans le plan des phases)
simple, ayant les propriétés asymptotiques et d’autre part un bassin d’attraction dc
équivalentes, dû à Fitzugh et Nagumo : (0,O) qui correspond au phénomène de
.seu~l si l’excitation est trop petite : POLI~
(u~(x),u,,(.Y)) E R pour tout .YE R, la
solution tend exponentiellement vers 0.
On remarque ensuite que (0, 0) est un
attracteur global pour l’équation :
Comme dans L’exemple précédentf(u)
a le comportement qualitatif de la cubi-
que :
mais l’apparition du terme de viscosité
f(u) = - u(t,-a)(~---b), 0 < L < b;
&I/& modifie la première équation et.
les nombres o, y, et 6 sont des constantes pour u(.Y, t ) (pour t fixé) introduit, la OÙ
positives et la droite ou -y u = 0 ren- cette courbe est convexe, un facteur de
contre la courbe L =~(II) uniquement au répulsion qui permet 2 la courbe de rester
point 0. à i’extérieur du petit rectangle (fig. 5). On
On observe en premier lieu fexistence obtient une solution rigoureuse en cher-
de deux familles de régions invariantes, chant des solutions de la forme :
celles qui sont limitées par des gra&
rectangles R et celles qui sont hmitées par
des petits rectangles 6. Sur la figure 5 ce qui, en introduisant la variable
on a représenté un rectangle R et un IV= AI/&, ou c = .Y- ct, conduit au
rectangle R en indiquant par des flèches système différentiel ordinaire :
la direction du champ (/‘(II) - u, ou -y~), (15) 1,’= w, -CU’ = &(IX-yu),
On désigne alors par R+ le plus petit IV’= -cw + u -F(u).

219
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

1 Régiom mvariw&-s pwr /es équatmns


basstn d’attracbon de zéro.
de Fltzugh-Nagumo. Rest/e grand rectangle .?ttractc?w et f lombrél est le

On étudie alors, par des méthodes de conduit à écrire un système à trois incon-
perturbation, le système (15) pour E petit. nues principales : X = HBr02, Y = Br- et
Le choix de cette situation (&Petit) sejustifie Z forme Oxydée de l’ion cérium.
en disant que les deux phénomènes, varia- On a alors le système :
tion du potentiel v, et variation de u (réac-
tion chimique) se produisent à des échelles
de temps très grandes l’une par rapport à
l’autre. On peut alors, pour 5 petit, prouver
l-existence d’une onde stationnaire stable.
Le troisième exemple que nous allons
décrire très brièvement est la réaction de OÙ D, CI, 0, y, 8 désignent des constantes
Bielouzov-Zabotinski. En 1959, Bielouzov positives. Comme X, Y, Z désignent des
a découvert, dans l’oxydation de l’acide concentrations de produits chimiques, il
malonique par le bromate de potassium, en est naturel de décider qu’on se limite aux
présence d’ions cérium, des mécanismes de solutions du système (16) positives et
structuration spatiotemporels autoentrete- bornées. En fait. on montre facilement que
nus qui se présentent comme une superpo- si a, b, c vérifient les inégalités :
sition d’ondes solitaires radiales (fig. 6).
L’analyse des mécanismes de réaction

220
DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX

f#g. 6 - R&C~KVI de Eielousov-Zabotinski (Society for Induse-& and Applied Mathemaucs)

la région : ment) ; par contre, pour p grand, le point


stationnaire est stable et il n’y a pas de
R=[O<X<a, O<Y<b, O<~<C]
solution homogène périodique en temps.
est invariante pour le systeme (16).
On écrit alors le système différentiel cor-
Le système différentiel ordinaire asso-
respondant qui a une solution onde soli-
cié a (16), obtenu en supprimant la visco-
taire ; introduisant comme dans les exem-
site a deux points stationnaires, (0, 0, 0) et
ples précédents la nouvelle variable
(&I, Y%/(1 + W, &), ou X0 est la N = dX/&, t =.x- ct, on obtient un
solution positive d’une équation du second
nouveau système différentiel qui possède
degré. Lorsque fi est petit, ce point est
bien la nouvelle solution stationnaire :
instable, et on peut prouver l’existence de
solutions homogènes en espaces et pério- Ph, T&~U + w xl> 0);
diques en temps (ce qui correspond à des par contre, ce point est instable et on peut
configurations Observées expérimentale- prouver qu’il existe dans son voisinage une

221
DIFFÉRENTIELLES ~NATIONS

solution périodique, donc une onde soli- étant la généralisation de l’indice de Morse
taire périodique. qui, elle, sera stable pour en dimension infinie.
le système d’évolution. On a ainsi montré 3. Le terme de diffusion a été utilisé a
que, pour p assez grand, on observe un propos de mouvements de population ou
phénomène périodique en espace temps. de densité de type brownien. Comme pour
Voici. en conclusion, quelques remarques tous les problèmes qui introduisent des
générales. expressions de la forme :
1. Les équations de réaction-diffusion
mettent en jeu la compétition entre des
phénomenes non linéaires locaux et des
phénomènes de diffusion en espace. Leur le rapport avec les probabilités est très
étude permet d’analyser l’apparition de étroit, et il existe aussi des analyses pro
solutions qui se propagent à cause de la babilistes de ce type de phénomènes
diffusion, en conservant leur forme à cause CLAUDE BARDOS
de la non-linéarité. Cet aspect de compé-
tition a aussi beaucoup été utihsé dans la
dynamique des populations. On considère
deux familles d’animaux (insectes. bacté-
ries, etc.) vivant dans le même domaine 0.
On en déduit un système d’équations de
réaction-diffusion, avec région invariante,
dans lequel le facteur de diffusion dépend,
a un changement d’échelle près, de la taille
de 0. Supposons que 0 est un attracteur
stable ; on montre alors, si Q est petit, que
la solution tend toujours vers 0. Les
prédateurs mangent toutes les proies, puis,
n’ayant plus rien a manger, disparaissent.
DIFFÉRENTIELLES
ÉQUATIONS
Par contre, si la diffusion est grande, on
observe un phénomène d’oscillations en

L
espace et en temps, comme dans la réac- es équations différcnticllcs sont appa-
tion de Bielousov-Zabotinski : les proies rues historiquement tout au début du
réussissent a s’échapper et à se reproduire développement de l’analyse, en général a
avant d’être à nouveau atteintes par le l’occasion de problèmes dc mécanique ou
prédateur et le phénomène se réitère. de géométrie. Si, dans les premières inves-
2. La méthodologie a été de partir de tigations, l’on s’attachait surtout a en
l’analyse des équations différentielles ordi- calculer les solutions au moyen de fonc-
naires et d’en généraliser les outils classi- tions déjà connues, très vite ce point de vue
ques : régions invariantes, principes du s’affirma trop étroit ; c’est qu.en effet le
maximum, points stables, etc. Nous en problème fondamental de la théorie des
avons donné les aspects les plus simples. équations différentielles est de déduire les
Le déveioppement systématique des outils propriétés des solutions d’une équation OLI
mathématiques dans ce domaine est dû a d’un système donné de la forme analytique
Conley et Smoller, une étape essentielle de ceux-ci ; or, en général. les équations qui

222
DIFFÉRENTIELLES ÉNATIONS

OÙ A e u m ( ns X nI f a f t L’équation
e o t )linéaire non nhomogène r c i
c d t E [o f e De u m
On O t Ln ,at ] l ’ e n ti h, i é eo rn o n
n X I c d oa u s o n ln o n : s ’e l n t é u é a
m I x n. ax ) u p
t ( > n o
r t i i u q c r
( dx/df = A(r)x8 + w(f), )
x(O) = c.
tE t [ o “ , l .
On r d l és l na a su T a osn eid o( o toA s ) e rtne t8u) s u a l ( t vea
X )i c s ( q e o op t p u t nr l r o a t u e uem u nI eX nns et nau rd e
D l m i a 1ae l dd q , t t v’ ei fu r oe c nr o e di nc o tda n oc
X ) e l m ( r s a a L t ét t t E t [ e t he s c u v r O co ét o n pe iê , o] o i e
r d J mè eq a : om u cr ne s e loe f t : x =o X abc)oy O r u (
X )e l m ( r s a ad (t é t te
I e a d v l q s (i ce o a u:t 8s o

dy/df = X-‘(f) w(t), y(O) = c,


O : ù
s q a l sy uu a : os ni
a l m X i ) e at a i( n s o t nf s t u r v i j i e o c
Y = c + ‘X-‘(+v@)dT,( f
I e c q l ls s l du s a ot a uey l i s0 s u r t t
(4) (5) peut être r p e a p r r é
d p ( l ’s o u 8 a :oo u n)
, )= x ) Y ( c ( t . [
E p p nc l r é o d le e l x u =e Xas n +é ‘X(t)X-l(~)w(r)dr.
r( @a m t n)
b d l av e ’ R o Cse o e ” u e”c n s sll ,t p o a
o n s b d ( oq s t el 4 lu o i e ) ui ne s t tn
v d l ce o se oci n os m tn t n esp t uco
Le cas des systèmes
t s e du l c s a cd e o n ce s l se o s
à coefficients constants
X ) P d ( X . ) #u 0 l ev t ( i , e te t s s c q t u
S A e u m i à sé n ai tl e tn
s i o qn q soit
n ut.d u t eé e l p e
d d t l m a r e ,a aX n) p é t(
D s l ’d d i I’ s ai e o o is n l lp u lo
ê r pt l es c ar a pé: o
i à nl t = 0 ed’ l , lié e lnp ese
d p te f : o do q om c n (i u X(~)=I+Ar/l!+...+A*?“h!...
uu e ’ 9r r e t ue )a rs
u s f n y d os s e no t dl è au m
O p i n os l n v uu ’ t
E i n p en pl e d e I s x f l eu o i i u t ls n s ut .
t d m oC e n aX n l rn a s t a
i n d é p e
d p : é a f r
D l c d l a e ad e ’ n si é s f q f u
( S h 3 u ( ) =o O) l pn b m ). e p ( o, s o t g s
s u u ..o.. u s ,i l l , o ,n , u ~ n d t t é i
s e s i s t l ed , i de ué , e lt ee mr
W : r o a l tn cv a os ooe p pk
U t u l L sn q 2 l s’ ( c u a é au 9 o e
det ui ui U” m p r é à ts at a i m u ro p n
Q-1) UT-11 “’ unc-11
1Ul ’ 1 f e s ( i P t lat 7 n da e t h )
c o m a i n qo : i t un s
e # 0 p t s t I s o q o c t .s l u u u u e o f r e t l i f a t i
v p u v r po n a d a t au e l xe i X . r r = X xe ( = Xt ( + s ( u ( r i (s

2 2 4
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS

ce qui, avec (9): suggère la définition : Le cas des systèmes


à coefficients périodiques.
eh = x(t).
La théorie de Floquet
Il est connu que les puissances entières
Si X(t ) est la matrice résolvante de :
successives d’une matrice ne sont pas
indépendantes ; si f(A) est le polynôme (11) dX/dt = P(t)X,
caractéristique _/‘(A)= det (A ~ III), on a
où P(t ) est une matrice I X n continue et
f(A) = 0. Cela suggère que l’on peut
périodique de période T par rapport à t,
donner à X(t) une structure plus simple.
X(t + T) vérifie (11) et en vertu du théo-
Pour tout nombre complexe A, il existe
rème d’unicité : X(t + T) = X(t ) X(T).
un entier v, le plus petit entier > 0 tel que :
Comme X(T) est non singulière, il existe
(A-H)“+‘x = Oa(A-~+I)“X = 0; une matrice constante B telle que
v = 0 si, et seulement si, h n’est pas valeur
X(T) = eBT. La matrice Q(t ) = X(t )e ES’
propre de la matrice A. Si A est valeur est périodique de période T et on obtient
propre, v est au plus égale k l’ordre de la représentation : X(t) = Q(t )ecBr. Les
muhiplické algébrique de k Soit A,, .... &, valeurs propres de la matrice B sont les
avec k < PL les valeurs propres distinctes coefficients caractéristiques de la matrice
de A, et soit : périodique P(t ) ; il faut et il suffit qu’ils
soient tous i partie réelle négative pour
que toute solution de dx/dt = P( t ).Ytende
les sous-espaces k, sont sans élément vers 0 quand t -+ + CO.
commun autre que 0 et leur somme directe
est C? ; on introduit les opérateurs de Stabilité des solutions
projection E, par la formule E?Y = ,Y,, OÙ
Revenons au cas général d,v/dt = A(t ).x,
.x = .Y, + .Y~+ + .Y,~,,Y,E k, (décom-
OÙA(t ) est une matrice fonction continue
position spectrale). On établit que ces
de t E [O, + m] ; il est souvent utile de
opérateurs permutent avec A et que :
connaîke certaines propriétés asymptoti-
ques de la solution, par exemple, de savoir
si elles demeurent bornées ou tendent vers
0 quand t -. + CO.Pour conduire cette
est la matrice résolvante de (7). étude on utilise en général des méthodes
Cette formule fondamentale montre de comparaison et, à cette fin, on peut
que les éléments de la matrice X(t) sont introduire un concept de stabilité
des sommes de produits d’exponentielle du genre suivant : les solutions de
e*j’ par un polynôme en t dont le degré est &/dt = A(t ),Y seront dites stables par
inférieur à l’indice vj de Ai, donc a fortiori rapport à une propriété 5 et une classe 3
k l’ordre de mukiplicik! algébrique de A,. de matrices B(t ) si les solutions de
On voit que les solutions de dX/dt = Ax dxjdt = (A(t ) + B(t )).x mt toutes /es pro-
convergent toutes vers 0 quand t --+ + m si priitix !T quel que soit B(t ) E .F. On peut
et seulement si les valeurs propres de la illustrer ce concept en citant le théorème
matrice A ont toutes leur partie réelle suivant : Si les sokions d.y/dt = Ax, où A
négative. est une matrice constante, sont bornées ou

225
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS

tendent vers 0 quand t + + m, alors il en X0 étant une matrice I X I donnée, et on


est de même des solutions de : parvient à une conclusion analogue. c’est-
à-dire à l’existence d’une solution unique
WI dx/df = (A + B(f))x,
X(Z) qui est une matrice n X I dont les
pourvu que : éléments sont fonction holomorphe de z
dans CI.
Le théorème de Jacobi sous la forme :

Si toutes les solutions de dx/dt = Ax


tendent vers 0 quand t -.. + m, il en sera
de même des solutions de (12) pourvu que
et les considérations antérieures sur les
B(t ) 11< k pour t assez grand, k étant un
11
systèmes de solutions indépendantes déve-
nombre qui ne dépend que de A.
loppées dans le cas de variable réelle
demeurent valables ici.
2. les systèmes différentiels
linéaires dans le champ complexe La structure des solutions
dans le voisinage d’un point singulier
On peut reprendre les problèmes discutés Une situation nouvelle apparaît si l’on sup-
précédemment en supposant que les fonc- pose que la matrice A(Z) possède des sin-
tions qui interviennent dans la définition gularités ; plus précisément nous suppo-
du système (1) ou (2) sont des fonctions sons que la singularité est en z = 0 et que
analytiques de la variable z dans un A(z) est holomorphe dans le voisinage
domaine CI. On suppose d’abord que !CIest 0 < 1z 1 < R ; on précisera plus loin la
un domaine simplement connexe, c’est-à- nature de cette singularité : ce peut être un
dire un ensemble de points du plan com- pôle (ce qui signifie que les éléments ag (z)
plexe ouvert et connexe dont le complé- de A(Z) ont tous au plus une singularité
ment par rapport au plan complexe muni polaire en z = 0) ou une singularité essen-
du point à l’infini est connexe. On se tielle (ce qui signifie que, parmi les éléments
propose de discuter le problème aux limi-
a!, (z), il en est un au moins qui possède, en
tes :
z = 0, une singularité de cette nature).
(13) dx/dz = A(z)& x(&) = q,, D’après le résultat qui précède, on peut
définir une solution de (14), X(Z) matrice
avec z,,E !Cil donné, .xO vecteur de C” non singulière (on suppose det X0 # 0).
donné, A(Z) matrice n X I dont les élé-
fonction holomorphe de z dans tout
ments sont fonction holomorphe de z dans
domaine simplement connexe OÙ A(Z) est
0.
holomorphe ; imaginons de choisir pour
On peut établir, en se servant de la
tel domaine un anneau de centre z = 0
méthode d’approximations successives,
dont la frontière est Constituée des arcs de
que le système (13) a une solution unique cercle 1z I= r, 1 z 1= r’, 0 < r < r’ < R et
$2) holomorphe dans CI. On peut aussi
du segment joignant ces deux cercles et
considérer le même problème pour le
porté par le rayon qui passe par un certain
système matriciel :
point Z, r < 1z 1 < r’. Tournant autour de
(14) dX/dz = A(z)X, X(q) = &, la singularité z = 0 de l’angle 2 IT, sur un

224
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS

circuit contenu dans l’anneau, partant de une condition nécessaire et suffisante pour
z et y revenant, on pourra défimr la qu’il en soit ainsi : 11X(z) 11X 1z p doit être
matrice : X+(z) = X(z?). borné dans 0 < 1z 1 < R pour une certaine
On s’assure aisément que X+(z) est valeur de a. Ces considérations s’appli-
solution locale de l’équation matricielle quent pour la description des solutions de
fi/& = A(z)X, et, de là, qu’il existe une l’équation différentielfe hnéaire d’ordre I :
matrice constante non singulière U telle
(16) u(n)+ a,@)~ (“-1) + ... + U”(Z)U= 0,
que X+(z) = X(z) U.
Si on définit une matrice constante B où les uj(z) sont fonction holomorphe de 2
telle $r’B = U et si l’on pose Q(z) = dans 0 < 1~1 < R.
X(Z)~-~‘“:, on voit que Q(c@) = Q(z), Cependant, dans ce dernier cas, on peut
c’est-à-dire que Q(z) est une fonction uni- énoncer le théorème (Fuchs) : L’équation
forme ; c’est d’ailleurs, une fonction holo- (16) est du type de Fuchs en z = 0 si et
morphe de z dans le voisinage de z = 0, seulement si a,(z) a, en z = 0, un pôle
sauf peut-être en z = 0. On obtient alors la d’ordre j au plus, avec 1 < j < IZ.
représentation fondamentale :
Le cas des équations différentielles
X(z) = Q(z)eB1-,
linéaires du second ordre
où Q(z) est une matrice inversible fonction D’après ce qui précède, l’équation diffé-
holomorphe de z dans 0 < 1~ 1< R. En rentielle du second ordre la plus générale
outre, si A,, .... & sont les valeurs propres qui a en z = 0 une singularité du type de
distinctes de B, A,, .... &, les sous- Fuchs peut s’écrire :
espaces de la décomposition spectrale, et
(17) d2u/dz2 +p(z)du/dz + q(z)u = 0,
E, les projecteurs associés, on peut écrire
la formule précédente : avec :

z%(z) = $2 + q12 + ... + q&” + ....

les séries ZJJ,$~, Zq,#’ étant convergentes


dans le disque 1z 1 < R. On peut chercher
Pour achever de préciser la structure de formellement des solutions de (17) en
X(c) dans le voisinage de z = 0, il faut posant :
savoir quelle est la nature du point z = 0
pour la matrice Q(z). Or, celle-ci étant une
fonction holomorphe uniforme dans le
voisinage de z = 0, deux cas seuls sont
a et les c!, émnt des coefficients à déter-
possibles : elle est holomorphe en z = 0,
miner.
ou bien elle a une singularité en ce point,
Par substitution dans (17) compte tenu
qui ne peut être qu’un pôle ou une
de (1 S), on peut établir que les coefficients
singularité essentielle.
rn sont déterminés de proche en proche de
On dit que le système dX/& = A(z)X
manière unique pourvu que a soit pris égal
est du type de Fuchs en z = 0 si la matrice
a l’une des racines de l’équation :
Q(z) a au plus un pôle en ce point. Le
critère de régularité de Birkhoff exprime (20) F(a)=a2+@,,-l)a+qO=O

227
DIFFÉRENTIELLES ~NATIONS

et que F(a + n) ne soit jamais nul pour n raisons de commodité, nous avons discuté
entier > 0. de la structure des solutions dans le voisi-
Par conséquent, si la différence des raci- nage du point singulier z = 0 ; mais, par le
nes CX,~ a2de l’équation déterminante (20) moyen d’une translation ou de la transfor-
est non nulle et non égale 5 un entier, on mation z ++ l/z, on pourra toujours rame-
pourra ainsi obtenir deux développements ner 1 l’origine une singularité quelconque
du type (19) satisfaisant l’équation (17) et, du plan complexe, qu’elle soit à distance
dans tous les cas, on en aura au moins un. finie ou infinie.
On peut établir la convergence de ces
développements par une méthode de majo- Les équations différentieiles
rante et l’on voit qu’on aura toujours une de la physique mathématique
solution du type (19) : Les équations diflërentielles linéaires du
second ordre dont les coefficients sont
fonction analytique de I, ayant pour seuls
points singuliers z,, zz, z3, z4, et l’infini,
avec F(a,) = 0, F(~I, + n) # 0, TI entier ceux-ci étant du type de Fuchs, avec, pour
> 0, et, éventuellement, une autre solution exposants, a,, p, en z,, p,, p1 à l’infini
indépendante du même type : (racines de l’équation déterminante), sont
nécessairement du type :

si CX,~ az n’est pas entier. Dans ce cas on


dira que l’équation est du premier type de + ’ ajfij I h2+2Bz+C uzo
Fuchs en z = 0. Lxj=l (z-zj)* 1
Si maintenant cx, ~ az = s, entier > 0, I!I Gezj)
j=l
on peut faire dans (17) le changement de
fonction inconnue : L = u,(z)&) et cal- OÙ A est tel que p, et pI sont racines
culer aisément &Y), ce qui conduit aux de :
résuhats suivants : d
a) s non nul :
lJ2 + P (r(aj+b,)e3)

j=l
%k) = ~I(Z) + B[gu,(~)lnz +C@)l,
4

+
Ix
j=l
a,D, + A = 0,

et B et C des constantes arbitraires. On


notera la condition nécessaire :
4

"=*
1
j=*
(a, + D,) + PI + P2 = 3.

A et B désignant des constantes arbitraires. Il a été établi par Klein et Bocher que
On dira alors que l’équation est du de nombreuses équations différentielles
second type de Fuchs en z = 0. Pour des qui apparaissent dans certaines branches
DIFFÉRENTIELLES ÉQIJATIONS

de la physique mathématique sont des étant du type de Fuchs, avec, pour


formes confluentes de l’équation spéciale exposants, o, IX’,fi, B’, y, y’, peut s’écrire
de type (21) obtenue quand la différence (Riemann) :
des exposants à chaque singularité est
égale à 1/2 (équation de Lamé générali-
Sée). En général, par confluence de deux
singularités, on obtient encore un point
singulier du type de Fuchs, mais cela n’est
+
1
l-a-a’
z-l2
aa’@-b)(u-c)
+A-3+‘+
z-b
l-~-y’
z-c
+ f3f3’(b--cz)(b--c)
-l--
du
dz

+
plus vrai quand on envisage la confluence Z-Cl z-b
de trois singularités. En bref, on peut, par
des confluences convenables des cinq sin-
+ yy’(c-a)(c-b)
Z-C 11
gularités qui sont à notre disposition,
obtenir six types d’équations qu’on peut
x (z-a)(z:b)(z-c) -‘.

classer suivant : On exprime que L est une solution de


a) le nombre de leurs points singuliers (22) au moyen de la notation :
du premier type de Fuchs avec des expo-
sants dont la différence vaut 1/2,
0) le nombre des autres points singu-
liers du type de Fuchs,
c) le nombre de points singuliers qui ne Par exemple, l’équation hypergéométri-
sont pas du type de Fuchs : que est du type de (22) :

b)(b)@) ~(1 -z)d*u/dzz


1 3 1 0 Lamé
+ [y-(a + D+ l)z]du/dz-aDu = 0,
II 2 0 1 Mathieu
0 m 1
III 1 2 0 Legendre
IV 0 1 1 Bessel u=P 0 a 0 z.
V 1 0 1 Weber-Hermite 1 l--y D y--a-D 1
VI 0 0 1 Stokes
Dans le cas général de f’équation de
Donnons un exemple : 2, = z? = 0, Riemann (22) les deux transforma-
0, = CX?= o3 = o4 = 0, on fait tendre z3 tions suivantes qu’on peut vérifier par
et z4 vers l’infini. On obtient l’équa- un calcul direct sont de grande impor-
tion : tance :

qui, par le changement de variable z - ?,


devient l’équation de Bessel :

De façon analogue, l’équation différen-


tielle linéaire du second ordre La plus
générale a coefficients qui soient des
fonctions analytiques de z, ayant pour OÙ (z,, u,, !T,, c,) = (z, a, b, c), égalité des
seuls points singuliers cl, !T, C, ceux-ci rapports anharmoniques.

229
DIFFÉRENTIELLES
É Q

v(u), v .. . d” ‘l(u),
' v(b), v ‘j(b),
( soit u c on) peut se borner
autoadjointe, , n
à l’étude
V,(v) V?,Jv) tel que l’on ait l’identik : d’équation du type :

( d = r / ,

connue sous le nom d’équation de Sturm-


Supposant U,, LJI, .... Un1 fixées, rem- Liouville.
plaçons les formes U’,,,+,, .... U’2H des Étant donné le problème aux limites :
mêmes variables constituant avec U,, ....
L ( ( d =u 0 / ) ,
Un1 un système indépendant. Dans la
k f 0 t E [ (b ,
formule (30), les formes V,, .... Vzn ,,,
U = a +l a * ( z u Uu
seront alors Changées en des formes V’,, . . . . + a + a 3= 0 d
V 2 mais ces
l deux derniers
Z systèmes
- de
U1 = P 1
+* D l1 ( * 3
u u u
2n - tn formes sont équivalents. Le sys- + & + D t= 0 &
kme V, Vzn ~, ne dépend donc en tant
que système de formes linéaires, que des m on peut construire le système adjoint :

formes données U,, .... U,pz,ce qui justifie L G ( ( d = v0 / )


la définition suivante : Le système : V = 0 , (
V&) = 0,
(31) L(“) = 0
Vf@,)= 0, et chercher sous quelles conditions il est
autoadjoint, ce qui revient à exprimer que
avec 1= 1,2, . . . . 2 n - m, est dit CK&& au
le système des formes U,(u), U?(u) est
syskme (26).
équivalent au système V,(u), V1(~). On
montre qu’il en est ainsi si et seulement si :
te c d s a de y s i s s f t f è é m
autoadioints d s o u e r cd d= d oz m dr ,= a 4n x ,e 3 I kd

Un cas très important pour les applications


Exemple :
est celui OÙ :
U = u - , Q’ h= ( u +(h (u ’ u
a
L(u) =p&) d + d* + p uu p , // 2 ( dd ( t tt t
Le problème de Sturm-Liouville peut
Une condition nécessaire et suffisante
être posé comme suit : étant donné l’équa-
pour que L(u) = -L(u) est que pu’ = p,,
Gon
et dans ce cas on peut écrire :
(32) L = ( ( d u / )
L(u) = ( d+ /P d* t U ) .
= J
Toutefois, si L(u) n’est pas autoadjoint,
où k(f ), g(f ), r(f ) sont fonctions conCnues
on peut le rendre tel par multiplication par
de j, k(t ) f 0 pour t E [a, !I] et les condi-
un facteur convenable :
tions aux limites :

(33) U,(u) = 0, U*(u) = 0,

trouver les valeurs du paramètre A pour


lesquelles le système (32), (33) a des
Puisque, ainsi, toute équation du solutions régulières dans t E [a, b] e c
second ordre peut être réduite à sa forme kuire ces solutions.
DIFFÉRENTIELLES ~NATIONS

la fonction de Green Le problème aux limites de Sturm-


Liouville (32), (33) est donc, sous l’hypo-
Revenons au cas général de l’équation
thèse que le système homogène :
d’ordre n :
(37) L(U) = 0, U&) = 0, U&) = 0
(34) L(U) =pO(f)d”u/dt” +p,(f)d”-~U/dt”-’
+ +~O-,(Z) du/cff +P~@)U = 0, soit incompatible, équivalent à l’équation
(351 w ) = 0, intégrale :
i=l,2 ,..., 72, p&)#O, fE[U,b].

On suppose le syskme (34), (35) incom-


patible, c’est-i-dire qu’il n’existe pas de Exemple de fonction de Green : soit
solution régulière autre que la solution
L = dVdr*, [a, b] = [0, 11,
nulle. On peut montrer alors qu’il existe
UI(U) = u(O), U&) = U(l),
une fonction G(t, l’), dite fonction de
Green, et une seule, satisfaisant aux pro- on trouve :
Pri&és suivantes :
G(f, f’) = (1 -t’)t, 0 < t < t’ < 1,
1. Elle est continue et possède des
= (1 -r)r’, o<r,<t< 1.
dérivées continues jusqu’A l’ordre I ~ 2
inclus par rapport & t E [u, b] ;
2. Elle est telle que sa dérivée d’ordre
Les fonctions propres
n - 1 par rapport à t existe et est continue et la théorie de Hilbert-Schmidt
pour t E [u, !I] sauf en t = t’ ; en ce point
Si le système (37) est autoadjoint, la
il y a discontinuité de cette dérivée, le saut
fonction de Green G(l, t’) est symétrique,
valant 1/pO(l’) ;
et si l’on fait l’hypothèse r(t ) > 0, quel que
3. Elle satisfait au syskme (35) et à
soit t E [u, b], posant :
l’équation (34) relativement à la variable t
sauf en t = t’.
Si H(t, 1’) est la fonction de Green K(f, f’) = G(f, f’)[r(t) r(f’)]“z,
associée au système adjoint de (34), (35),
l’équation (38) peut s’écrire :
on peut montrer que G(t, t’) = H(t’, t) ; en
particulier, dans le cas d’un syskme auto- ~(2) = b * K(t, t’)y(f’)d?‘,
(391
adjoint, G(t, t’) = G(t’, t) et la fonction de s rl

Green est symétrique par rapport à ses OÙ le noyau K(t, t’) est une fonction
deux variables. symétrique continue des deux variables t,
Si le système (34), (35) est incompati- t’ dans le carré t ‘E [u, b], t’ E [u, b]. On est
ble, le syskme non homogène : ainsi conduit à une équation intégrale de
L(U) = t.(f) Fredholm à noyau symétrique.
(361
Ui(U) = 0, 1 < i< tz, Les valeurs h pour lesquelles (39) a des
soluCons non nulles sont les valeurs pro-
a une soluCon unique, qu’on construit pres, les solutions correspondantes étant
aisément avec la fonction de Green : les fonctions propres. Il est commode,
pour l’énoncé des résukats, d’introduire ici
la notion de produit scalaire de deux
D IÉ Q F

fonctions f(t ), g(j ) continues dans on a l’inégalité de Bessel :


tE [ b ; on notera cea produit
] : ,

OÙ 2 est la valeur complexe Conjuguée de 4. Thiorèm de Hilbert-Schmidt. Soit


g ; J sera dit orthogonal a g si ui g) = 0. f ) une fonction continue
( de t E [u, b]t et :
On établit les résultats suivants (cf.
espace de H théorieI S PL: (40) E B w = rC K fE T '( R R ) f
a
1. Toutes les valeurs propres de (39)
sont réelles ; deux fonctions propres qui Le développement de Fourier de Kfpar
correspondent a deux valeurs propres rapport au système orthonormé de toutes
distinctes sont orthogonales. les fonctions propres q,, qui s’écrit :
2. L’ensemble des valeurs propres est
dénombrable et n’a pas d’autre point limite
que l’infini, éventuellement. La multiplicité
de chaque valeur propre est finie, ce qui
converge absolument vers Kfet uniformé-
signifie que le nombre Uba Aec ,onctions
f, pro-
_rP<0 ment par rapport à t E [ b]. u
p‘ k.J 1;*~,>:..~-&,.7*
LLL‘ba,,LL,LLLLL :-A
ILIUipendantes corres-
Exemple : soit ~(f ) une fonction conti-
pondant à toute valeur propre h est fini.
nue pourvu de dérivées première et
On peut donc écrire la suite des valeurs
seconde continues pour t E [O, l] et telle
propres :
que ~(0) = y( 1) = 0. Alors JI(~ ) satisfait à
yn(t ) = r(t), r(t) continue.
Par suite, _r(t ) peut être développée en
série de Fourier :
et des fonctions propres correspondantes :

q,, qz. . . . . qj, ....

si la suite est infinie, et l’on peut, grâce


avec :
au procédé d’orthogonahsation de
Schmidt, faire en sorte que le système des
fonctions propres C+I,soit orthonormé,
c’est-à-dire : la convergence étant uniforme sur l’inter-
( = S = c 1 s = i p i j
vallej i[O, i11. On caura reconnup que ,
= 0 si# j i , (
fl sin ) n = 1, 2, m est le, système r
orthogonal des fonctions propres du sys-
3. Soit f ) une fonction (continue de t y” = Ay, ~(0) = J,( 1) = 0.
tème
t E [ b]. Les nombres aui q,),j = 1, 2, , La présentation donnée ici, qu’on a
sont appelés les coeficients de Fourier de ~OU~I très élémentaire, a été le point de
J départ de générahsations très importantes
Avec : et très fructueuses qui sont au cœur des
mathématiques contemporaines (espace de
Hilbert, opérateurs linéaires, théorie spec-

233
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS

traie, etc.). D’autre part, nous avons sup- quent comment varient ces zéros quand on
posé l’intervalle [u, /I] fini et les fonctions k, remplace dans l’équation (32) k(t ) et
g, Ycontinues sur l’intervalle fermé, k(l) ne p(t ) = A r(t ) + g(t ) par des fonctions
s’annulant jamais. Si l’une de ces condi- k,(t ) etp,(t ) telles que k, > k,p, 2 p quel
tions est omise, les conclusions indiquées que soit t E [u, b].
ne sont plus valables et de nouveaux pro-
blèmes apparaissent dans le détail desquels
il est impossible d’entrer ici. Ces problèmes
4. Les systèmes différentiels
sont connus sous le nom de problèmes aux
non linéaires
limites singuliers et les résultats fondamen-
taux obtenus dans ce domaine sont associés
aux noms de H. Weyl, M. H. Stone, les systèmes différentiels
E. C, Tichmarsh, K. Kodaira, en particu- non linéaires dans le champ réel

lier le théorème fondamental de dévelop- On considère le système différentiel :


pement qui généralise celui de Hifbert-
(42) dx/dt =f(x, r),
Schmidt (spectre continu) et qui permet de
donner une présentation unitaire de la OÙ ,Y E R”, y(~, t ) une fonction à valeurs
théorie du développement des fonctions en dans R’l, t une variable réelle. On suppose
série de Fourier, série de fonctions d’Her- f(,~, t ) définie et continue dans l’ensemble
mite, fonctions de Bessel, intégrale de Fou- G X [tu, t,, + T], OÙ G est un ensemble
rier. etc. ouvert et borné dans R”.
Il n’est pas sans intérêt, pour conclure, Avec ,y0 donné dans G, on se propose
de donner quelques brèves indications sur de discuter le problème aux limites :
le développement historique de la question
c’est-a-dire la méthode de Sturm-Liouville
proprement dite.
Associons à l’équation (32) les condi- On peut imaginer le procédé constructif
tions aux limites : suivant : soit tu < t, < t2 < t,] < .... une
suite finie de valeurs de t et :
(41) ;;$$z ;;${#Z:;

on peut définir une solution de (32) satis-


faisant à la première condition (41)
L = ~(1, A) pour t E [u, b]. Substituant
dans la deuxième condition (41) on est et introduisons la fonction .f (t ) à valeurs
conduit à résoudre l’équation : dans RtZ définie par :

F(A) = 0,~ (b, A) + &u’(b, A) = 0,

On conçoit que, dans ce but, l’étude des


zéros de u(/, A) dans l’intervalle [u, b] et la La fonction .? (f ) est évidemment conti-
manière dont ils évoluent quand A varie nue, sa représentation dans R’l étant une
puissent être de quelque utilité. Pour cette ligne polygonale. On peut espérer, si les
étude, on dispose de théorèmes de compa- intervalles 5 + , ~ t, ne sont pas trop
raison (Sturm), qui, grosso modo, indi- grands ou mieux tendent vers 0, que x(t )
D IÉ F
Q UF A É T R I E

t d ze r i ee ut oa d q n , t nt én ud p di ib mi ee o mee or o i
q n p p u e e ed s a ’ x ueE ims i i e tnt n ê pl s dl p ’ gdm a t el o
e m sq d os su ebb i eo e ds r i n n i a t d é al fg tq i e
m p s o p l ai b u ut m p u i i si pp n l s o al i e s
( o p d bp u o eE r ô : i xa l n ne e t c m

5 L t d . l as h e a t é
M d l c da a de as ’ i n u se és s c q, o u
P l d o m a e du ta s
o o d rp éu ’ d sd l l o e i ru e r s ne s v d g, é
n s o p yo mh ss
r e mi s p a to s e péb e u psi n v al t e
o e c à d n és o o se qt n u ys
t c l r ol ’ s e ’m: i u em n i x e d v e
d d ii c d or f l o e ne f
l s s e o o tp s l uaé
e d l tp ’ de s r é eu t
q a l s gu a o: éi l U nm u r n é o s t e e r d i i
f p l o : a ’ u r é
u = t [ ( a; I A n n Z - B )
( d =4 A + x t x5 f / )
A e B s l c t o d e o n’ s n i t s n t t
: = B e l s / s ea i A ot s E Rn A ùm s I !g X I r a e e Iu é
m o b c i f t o) a l ( c n p e _ o
L p s p e ra d de o ol d :
e é s bo e t e lr e ès
n s e o ne ’d xé u ro d i e i q ni l s s u f t a f e t
IJ x P, - 1
r d s e o :u e n r c t d o i r n e e
d R U é ua v i t d l nn o ’ ae ’
d = F uh ( , / z dd , uz /z
t e q e t ) =n 0 Iu e c l q f . l e s l
o F e f ù a s o d 2 ne t , n= 0e e s at Ydc ( s o o l c et l 4 t u l y o
r e u ae d t n qt t lu ed u ui p e/ c li nM oe o s qd r plt na i uz i
p d b o e e rs i t d ai d n s i nnd ’ tl vo ri cgo u sa al
e d t s l s e o ss e o. ue epo u ? Sl x ts ndei r peu ( t et teté s ort
f i x t > 0 e e d l , s t a v’ . , n a
P u m da r n é s re é e s t u n d ’ h o c no du lé os u c ot ec
s o e c i an c s o vt i tt n de y n i Y = d0’ s pC aq o u.àé ee m
u
d a ’ t dé é i o p mt q ln c u r asi u et do ss é sun : a é en t
g a m r d f u o c a e o u y o bs n n x(t),
e n lo du c s e n n el t
s s ;l é a i l pe qi u xe ls & un = f F s t ) ud / at p ( t s é td 2té t. o . o
t s b e e o c i i n s n e er s t d st l r n se ep i t ,t él c >ir 0no ti odue
a n d s uq o s eà di u m le e xé 8 =i e?br t x > 0 ,f t q srrv t o i a i e u (ee o )
t rd P O a s eb a n e o i y(t ) sdéfinie r pour
solution n ct 2 t. etn l e
à é l d p c s e e: l r i s vu u i 1y(@m ~ éx(to) x 11< s r 61 ps r a e la
Ily(t) -x(t)11 < c p t > to. o
d = 6 -Z d u = k2 u + 2 + 2 zu / z u a , 3d u / . z d 2 z
S d p y i - e l- 0 (q , s u.
O d q nl és ud ce mo t - + CO, e oes d ol q l s ns i un x(tu ) ea o r tt
é n pq d s ’ aue e i ao sas sn ns ts y g tt m ie u

2 3 6
DIFFÉRENTIELLES ~NATIONS

On observera que. pour discuter la définie positive (ou définie négative) si elle
stabihté d’une solution x([ ) d’un système est différentiable. et est positive (ou néga-
quelconque A/d = F(.Y, t ), on pourra tive) dans un Q(cJ, T) convenable et ne
toujours. par le changement s’annule qu’à l’origine. La fonction sca-
.Y= .~(f ) + J*, se ramener a l’étude de la laire V(X. t ) sera dite défmie positive (ou
stabilité d’une solution stationnaire d’un définie négative) s’il existe une fonction
système dihërentiel, ce qui justifie l’impor- définie positive W(.v-) telle que V ~ W (ou
tance de système du type (45). ~ V ~ W) est positive dans un CI(u, T) et
Revenant a ce cas, on peut énoncer le V(O, t ) = 0.
théorème (Poincaré-Liapounoff) : Si les Supposant que F(x, t ) est continue
valeurs propres de la matrice A ont toutes dans un O(CJ, T) convenable, on a les
Leur partie réelle négative et si la fonction théorèmes suivants :
,f(.~. t ) continue dans il.vIl < p, t > 0 est - Si, pour le système (46) et dans un
telle que : domaine O(C~,T), ii existe une fonction
définie V(_Y,t ) dont la dérivée :

dV/dt = aV/dt + F,(x, t) avm,,


.r = 0 est solution asymptotiquement sta-
bk de (45).
est dùn signe constant oppose alors
Si l’une au moins des vakurs propres de
.Y= 0 est solution stable de (46).
A est à partie réelle positive, la solution
Si, pour le système (46) et dans un
.Y= 0 est instable.
domaine O(u, T), V(X, t ) et dV/dt sont
Le théorème de stabilité demeure vrai si
définies et de signe contraire et si
la matice A est une fonction continue
périodique de t dont tous les coefficients lim wp iV(x,t)i
= 0,
X--0<>T
caractéristiques sont à partie réelk néga-
tive. alors .Y= 0 est une solution asymptotique-
Le problème fondamental de la stabilité ment stable de (46).
de la solution Y = 0 du système : Si, pour le système (46). on a pu
construire une fonction V(X, t ) telle que :
(46) d.x/dt = F(x,r), avec F(O,r) = 0
lim wp 1V(x,t) 1= 0,
x-o*>?
peut être abordé par la méthode directe de
Liapounoff. telle que l/V/~fr soit définie (positive ou
Pour en expliquer le contenu, il faut négative) dans a(~, T), et que, pour chaque
donner quelques notations préliminaires : valeur t > T et chaque q > 0 aussi petit
on dira que la fonction scalaire V(X, t ) a qu’on veut, V et dV/dt puissent avoir, en
un signe constant si. dans un domaine certain point de ~~.Y~~ < n, le même signe,
Q(C~,T ) : ~~.Y~~ < a, t > T, convenable, elle alors x = 0 est solution instable du sys-
est différentiable, ne prend que des valeurs tème (46).
d’un même signe ou nulle et V(O, t ) = 0 : La difficulté d’application de ces théo-
ellesera dite positive ou négative selon la rèmes réside, bien entendu, dans la cons-
nature de ce signe. truction des fonctions de Liapounoff ;
Si W(.X) est une fonction scalaire indé- aussi de nombreux efforts ont été tentés
pendante du temps, on dira que W(.Y) est visant, d’une part, a assouplir les condi-

237
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS

tions imposées dans l’espoir de rendre plus mètre qu’on suppose petit ; le calcul de
facile cette construction, d’autre part, à représentations asymptotiques des solu-
reconnaître parmi ces conditions celles qui tions périodiques est généralement possi-
sont nécessaires pour tel type de stabihté. ble, ainsi que l’étude de la stabilité de ces
Voici, pour conclure, un exemple solutions. Les autres sont des méthodes
d’application. Soit le système : topologiques qui fournissent pour certains
systèmes fortement non linéaires des résul-
(47) dx/df = A(f)x +f(x,f),
tats d’existence de solutions périodiques.
OÙ A(t) est une matrice I X PZfonction
réelle continue et bornée dans t > 0, ta méthode des perturbations
f(x, t ) application a valeurs dans R’, (H. Poincaré)
continue dans ~~,Y~~ < u, t > 0, et telle que Considérons l’équation :

(48) xv + .Z= kf(X, x’, w t, PI,

OÙ_xest une fonction scalaire, .r’ = dx/dt,


s’il existe une fonction de Liapounoff pour
x” = &x/dt?, f fonction périodique de t de
l’approximation linéaire d.y/dt = A(t ).Y,
période 2 K/W et u un petit paramètre, tous
c’est-à-dire une fonction V(x, t ) satisfai-
les éléments ainsi définis étant réels.
sant pour ce système linéaire aux exigences
Quand p = 0 l’équation se réduit à
du troisième théorème énoncé plus haut,
y” + x = 0 qui a pour solution générale
alors x = 0 est une solution asymptotique-
.Y= a cos(t + q), périodique de période
ment stable de (47).
2 r, a et q désignant des constantes
arbitraires.
Supposons que u est voisin de l’unité ou
6. Les solutions périodiques mieux que wp2 = 1 ~ un, n étant une
des systèmes différentiels fonction donnée de u analytique dans Le
voisinage de 0,
Un problème très important pour certai-
nes applications est la recherche de solu-
tion périodique de système du type
d.x/dt =f(x, t ), OÙ f(x, t ), application
continue dans R”, est Supposée périodique Pour chercher si l’équation (48) a des
par rapport à La variable réelle t de solutions périodiques de période 2 K/W
période 7 (cas non autonome), ou encore nous posons m t = 0 + 6, 0 nouvelle
du type d.x/dt =,f(x) (cas autonome). variable, 6 paramètre de translation. Il
On ne dispose d’aucune méthode vient ainsi :
d’investigation assez puissante pour répon-
(49) xv + x = Iwk x’, e + 6 n, n),
dre à ces questions de manière générale. avec x’ = dx/dt3, x” = d+/dW,
Les méthodes existantes sont de deux
sortes. Les unes, méthode de perturbation, et :
méthode de centrage, permettant l’étude
de systèmes quasi linéaires, c’est-à-dire de
systèmes dans lesquels la partie non et l’on recherche une solution périodique
linéaire apparaît multipliée par un para- de (49) de période 2 n en 0, telle que

238
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS

X(O) = 0, Y(O) = 0 (cette condition ini- membres des coefficients des mêmes puis-
tiale fait comprendre Le rôle du paramètre sances de u. On obtient ainsi un système
de translation o). La théorie de Poincaré récurrent :
montre que si u et 6” sont solution réelle
du système d’équations :

On détermine les y,)(E)) et les coeffi-


cients i?iAen imposant aux fonctions y!?
la condition de périodicité par rap-
port a 0 de période 2 rr et en plus :
Yn~~~
= Y’,~~~~
= 0.
telle que : Cette méthode de calcul appliquée a
*= l’équation de Duffing :
SIIl1
s

et si ,&, Y, 0 + 6, u, n) continue par avec w’ = 1 ~ un, 1 constante, conduit


rapport a tous ses arguments peut être a:
développée en série de puissances de Q, = 0, qocz+ h - 3 L 3/4 = 0.
_Y~ L COS 0. .Y’+ u sin 0, u, n - nO, 6 - &
convergente pour tout 0 si tous ces On peut donc obtenir trois solutions
arguments sont de module moindre périodiques. et en tout cas au moins une ;
qu’un nombre positif p, alors il existe on a la représentation :

une solution périodique de L’équa- x = LCOSe


tion (48) que l’on peut représenter par la + p(a3/32) ( - COS0 + COS 3 8) + O($),
série : e = d, w-z = i - pno+ o(p)

La théorie qui précède permet de


donner une description satisfaisante du
phénomène de synchronisation des oscil-
Celle-ci peut être dérivée terme a terme lateurs quasi linéaires. Si l’oscillateur
deux fois. et : linéaire est attaqué par une force pério-
dique non linéaire de période voisine de
sa période propre. il y a synchronisa-
tion sur la force excitatrice, l’oscillation
ayant en outre une amplitude bien
définie.
La théorie de Poincaré permet aussi de
rendre compte du phénomène de démul-
On peut représenter 6 par une série : tiplication de fréquence, c’est-a-dire l’exis-
6 = s0 + tJ8, + tence de solutions sous-harmoniques,
(52)
périodiques de période multiple de celle de
et l’on peut obtenir les développements la force excitatrice. Ces résultats d’une
(50) et (52) par substitution dans f’équa- grande importance théorique et pratique
tion (49) et identification dans Les deux sont spécifiques de la non-linéarité.

239
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS

Le cas des systèmes autonomes peut x(O) = uO, x’(O) = 0, qu’on peut représen-
être traité de façon similaire ; considérons ter par les séries :
par exemple l’équation :
N-o = %Y
+ WI1+ PQl2+ .,.
(53) xU +x = M(x,x’, p) x(e)=u~cose+~,(e)~+...

et proposons-nous de chercher s’il existe Le développement de x(O) peut être


une solution périodique de (53) qui, lors- dérivé terme à terme deux fois et l’on peut
que u- 0, tend vers une solution bien obtenir les coefficients de ces séries par
déterminée de x” + x = 0, périodique de substitution dans (54) et identification
période 2 rr. Cela suggère que la période de dans les deux membres des termes de
la solution Cherchée 2 rr/w peut être repré- même puissance en u.
Sentée par wp2 = 1 - nq, où q(p) est une La détermination de ~~(‘3) et qk se
fonction de n qui, à la différence du cas fait alors par un procédé récurrent :
précédent, est une inconnue du problème. Y,! + yn = qN-fl, . . . . Y+~, ql -., un J et
Avec cette représentation et la nouvelle les conditions y,,(O) = 0, ~‘~(0) = 0, avec
variable u t = 0, l’équation devient : yJO) périodique de période 2 rr.
Appliquant ces considérations à f’équa-
tion de Van der Pol :

dont il convient de rechercher une solu-


on trouve ainsi :
tion périodique de période 2rr. On peut
alors démontrer suivant la méthode de 1 P*
3 = 1 + yg + O(P), tif = 0,
Poincaré que si a0 et q0 sont des nombres
3 1
réels satisfaisant aux équations : x(e) = 2cose + zslne-Tstn3e fi
t I

*~s~~~(=~~~s~,-=~s~~,o)~~=o, + -icOse +$c0s3e-$c0s5e M*


s0 t 1
h + O(P).
m$o + cm 1
s0
xf(u~cosT,-~~siIT,o)dT=o,
ta méthode de centrage
tels que :
(Kryloff-Bogoliuboff-Haag)
27C a) Considérons le système :
aosIl smT
X [cm 1 (df/dx )(a o COS T, -a o sin r, 0) (55) d-x/& = pf(x, t, IJ),

avec x E R’j, f application à valeurs dans


Si, en outre, g(x, x’, u, q) peut être R’l, périodique par rapport à t de période
développé en série de puissances de x - us 7 et pourvue de dérivées partielles premiè-
cas 0, x + a0 sin 0, u, q - q0 convergente res continues. L’idée fondamentale est de
lorsque ces quantités sont de module assez substituer à (55) l’équation :
petit, alors il existe une fonction q(u) pour
(56) dx/dt = pF(x)
laquelle (54) possède une solution pério-
avec : F(x) = (VT) Tf(x, t, 0) dz.
dique x(O) de période 2 n telle que s0

240
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS

O p é q n le s t u. eu oO a A e xeu stm lÙb rs ( n I Xa Iu ch ét f e Z


e - r t f de ( e ( es t 5 Jt 5f e Fp a 5 f J ( d )6 at (e n ) , _ f e ) p
q p p u t r= 0 m o iv e dê uR a p n am e r”t ldé pn n eT n F eer ée
d a ve s su i om u psn n i ed d r oe p t s ue éd p uz ae i r ru
d t d e pe g ’ q ul me r oa u c u sp a ru e o s ts n dt n
p p D lm e p e pu a t l S ar s n iv u pi ué i d t al ms r c è e .
s c h o e o é y u q r nA tn p sé u t à k 2 an’ iq/T,
o g ’q ae abe t a i in
e u f x c n o / i) t r e p n r u sa e o p o cl ( s t s l i (e uate uf y e s l s 5
q : u e s p o u éd p l nT r e
a s s s l vy t i e
p d
A s r t eà p o o r o a
C r s ee é i q s s g n u s u é n ee h g i , n
c n a h p l s e o el ’ Ss nc i t e év ie tpe s i s d ca A s z rr i t
s s mo qe nol umr oui d k 2’ anu i/T, m nta e l us l idbl e
d Es u i o du t n n q n s e r ed,x/dtt =u nAxe p m ue isé r o m p nr y a s
d l d u t ed ’ t eg , s ouo e r dr s i n r s èp ea o cdd t ps é n lT er é
p : e t @ ) di c ( q et o) a 1 < J t< i mv
m<n. L s eadjointy :
&/dt + ‘Ax = 0 ( m t ‘ a r
pour t E [O, L/u] et a fortiori pour d A p a eu)so mu n dy s a
tE ] W O L > M s ) p o d/ pé lT e é
b D a C c ’) mu Ô p eu $ ét ) d t ec t n tr‘ ve é ro) tq hep) ,, -m e, u
m d p ae le r du t s ’ é t es os e v o c s ul dx t o u os i up ei
t p ie d é l s ot ’ r qe : t n é i uu as t o er b u d
P p lo a rl t u:nS ée h s i c é i o
a E R” est tel que F(a) = 0, et si la
m : a t r i c

(dFJdxj)(u) = (VT) r (df,/dx,)(a, t, O)c& L s l e yn h i so


I l dAx/dt= Ax +,f(t ), sous r q l é
e n s s ao li s t (l n en ay : o5 g is r5 ut t s)
p u so pn os d ée l s e r uè i t d
p T p p éa p oq Lrs e uu oi s t r i or e i , sdz t
u- 0 t u . , e v n a ; de p n e i l d r f u s o s
s l v p i e da c mr s oe l e oa n e t tp t ut rr re
t l p o r e n a u él u é r t ea r gt e l s ai s l
s p o m eé é l ei nr pour
v u1 < ssk < irn, i possède t et alors o d une i
a s s yt f m
d sa a p pb
e o d pm é tl l e
D n ee o s px m T, qo o pt éb un: s ee cr ’t s nu
b e p c l t no c o e u ou i n s n ur t c s e l
r f é : s ol s s q o ne y x(t) u ua pi d +s1 + amq~~yf)
= h a t ( a+ Z(l), t as
l : i n é a i
O l o s dÙ ec , o a e so n
r e s

241
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS

Revenant au système (57), on écrit les Définissant l’opérateur LY” = .Y(T ; .Y,,)
équations : de R” dans R”, l’on voit que, pour obtenir
une solution périodique de période T de
(59), le problème fondamental consiste i
trouver un point fixe de cet opérateur,
c’est-i-dire .Q tel que : .Y(,= 3.~.
On peut présenter cette idée de manière
avec 1 < p < tn, on suppose qu’il existe différente ; proposons-nous, par exemple,
un systkme de valeurs réelles ay, .... II$?,, de rechercher la solution périodique de
solution des équations (59) telles que le période 7 du systèmc :
jacobicn :
Cf33) dx/dr = A(f)x + g(x, f),

où A(f ), g(.x, t ) sont respectivcmcnt


matrice I X n, applications dans R” pério-
ne soit pas nul pour cet ensemble de
diques en t de période T. On suppose que
valeurs.
le système homogène :
Alors le théorème de Malkin affirme
que, sous réserve des conditions (58), pour @ll dx/dt = A(t)x
p assez petit, le système (57) possède une
n’a pas de solution périodique dc périodc
solution périodique de période 7 qui,
lorsque p - 0 tend vers :
On introduit, pour le système matri-
F(f) = cfycpqt) + + a;@)(f) + f(l) ciel :

Il est généralement possible de déter- (62) dZ/dt = A(f)Z

miner les termes suivants du développe- (63) VO) = WI


ment asymptotique de la solution par une matrice n X H, G(t, t’) (matrice de
rapport à p et d’en étudier la stabilité. Green) satisfaisant aux propriétés suivan-
Ajoutons. pour conclure. que ces
tes : G(t, t’) vérifie (62) pour 0 < t < t’ et
méthodes permettent aussi de discuter du r’ < t < T, satisfait i (63) relati\,ement i
cas des systèmes autonomes, et que t, enfin est discontinue en t = t’ avec un
d’importantes généralisations sont possi-
saut :
bles. en particulier pour l’étude des systè-
mes presque périodiques. G(t’+O,f’)-G(f’-0,r’) = 1.

Si X(t ) est la matrice résolvante dc (62)


les méthodes topologiques alors X(T) ~ 1 est inversible (car (6 1) n’a
Considérons le système différentiel : pas de solution périodique T) et l-on peut
montrer que :
& =f(x, r)>
G(r, t’) =
avec f A valeurs dans R’j, périodique en t
1 X(f)[I-X(T)]-‘X-l(t’), O<r’<r<T,
de période T. Sous certaines conditions, on 1X(r)[I-X(T)]-lX(T)X-‘(t’), 0 < t < t’ < T.
peut définir la solution x(t ; x& de (59), qui,
pour t = 0, prend la valeur s,), valable On s’assure facilement que toute solw
pour t E [O, T]. tion périodique de période T de (60) est

2A2
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS

solution de l’équation intégrale non On a les théorèmes suivants :


linéaire : - Si C+ est une semi-orbite contenue dans
un ensemble fermé K C D, alors L(C+) est
(64) X(f) = 0TG(r, r’)g(.x(t’), f’)dt’, non vide, fermé et connexe.
l
Déjînition. Les points de D en lesquels
et inversement. f et g s’annulent sont les points criti-
Si l’on considère le second membre de ques ; tout autre point de D sera dit
(64) comme un opérateur 3 agissant sur régulier
l’espace des fonctions continues ~(f ), - Soit C? une semi-orbite positive conte-
I E [O. T]? on voit que le problème consiste nue dans un sous-ensemble fermé K C D
5 trouver LHI point fixe de cet opérateur, et supposons que L(C+) contienne un
c’est-i-dire une fonction continue X(f ) telle point régulier Q. Alors L’orbite Co passant
que .Y= 3.1.. par Q existe en tant qu’orbite complète
La théoric des points fixes des opéra- fE]-a,+~[ etCoCL(C+).
teurs non linéaires a reçu dans les dernières Soit C+ une semi-orbite positive conte-
décennies un développement considérdble nue dans un sous-ensemble fermé K C D.
et a rendu possible la recherche de solu- Si L(C+) se compose exclusivement de
tions périodiques de systèmes différentiels points réguliers, alors C+ (= L(C+)) est
dans de nombreux cas. une orbite périodique ou L(C+) est une
Nous allons, pour conclure, ajouter orbite périodique ; dans le second cas, on
quelques développements dans le cas dit que L(C+) est un cycle limite.
des systèmes autonomes de dimen- - Corollaire (thkor&ne de Poincurk-
sion 2. Bendixson). Si C+ est une semi-orbite
Soit le système : contenue dans un sous-ensemble compact
K C D, dans lequel il n’y a pas de point
(651 dx/df =&y)
dyldt = g(x,y)>
critique, alors K contient une orbite pério-
dique.
.Y, J, variables scalaires, y, g, fonctions Si 7 est la période et si :
réelles continues au sens de Lipschitz
dans un ensemble D ouvert et boké du
plan .Y,y.
Si C+ (ou Cm) est une semi-orbite de cette intégrale étant Calculée sur le cycle.
(63, c’est-i-dire l’ensemble des points P( t ) celui-ci est asymptotiquement stable.
dont les Coordonnées sont q(f), qJ(t), Voici, pour conclure, l’exemple suivant
solution de (65) définie &ans t > f0 (ou (équation de Liéndrd) : .Y” + .Y=f(x’),
t < to) pour un certain to, un point Q du qu’on écrira :
plan sera dit point limite de C+ (ou de C )
dx/dt = y
s’il existe une suite de nombres réels t,,,
dy/dt = f (j)-x.
t,7- + cc cou t,,+ - m) telle que
Vt,J - Q, si n + ce. L’ensemble de tous On supposef@) pourvue d’une dérivée
les points limites d’une semi-orbite C+ (ou continue et telle que .f(_~,)= gb) - aJ’, 0
C-) est désigné par (L(C+) L(C )), et constante avec clg/dy > 0, C/g/+(O) > a,
L(C) = L(C+) U L(C) est l’ensemble g(-y)=-g-y), ig(b>)i < c, c cons-
limite de l’orbite. tant ; le théorème de Poincaré-Bendixson

243
D I
ÉQUATIONS F F É R

peut être utilisé dans ce cas pour mettre en c&/& = A_~Iconduit a fa théorie bien déve-
évidence un cycle limite. loppée des semi-groupes d’opérateurs dans
Soit E un espace topologique ; un E. Le cas des équations non linéaires a été
système dynamique est une famille d’opé- aussi considéré en liaison avec les problè-
rateurs F, (f E R) de E dans E possédant mes d’évolution, la question se posant, en
les propriétés suivantes : général, de savoir comment se comportent
a) F0 est l’opérateur identité, pour t - + cules solutions de tels systèmes.
b) pour tous t,, If réels F,, + ,? = F,,F,,, Le développement considérabfe de
C) l’élément Fp de E dépend Conti&- l’analyse fonctionnelle a beaucoup contri-
ment de (p, f ) E E X R. bué aux progrès de ces théories dont
En particulier si l’on prend pour E l’étude se poursuit activement.
l’espace Rt7 et si ,f(.r, f) est une fonction
M R A O
continue de RfJ X R dans R”, lipschit-
zienne en .Z, on peut définir ,y(f, +,)
la solution unique du système :
&/~lf =,f(x, l ), _x(O,xO)= .Y~, puis la 7 lntégration numérique
.
famille d’opérateurs F, : R’-+ R définie des équations différentielles
par Fr (+) = _y(&_xO),laquelle constitue un
système dynamique au sens de la définition M d é ’ t E
donnée plus haut. Prenons d’abord le cas d’une équation
L’étude des systèmes dynamiques cons- différentielle du ler ordre : Trouver J’,
titue donc un prolongement naturel de la fonction d’une variable _y, dérivable sur
théorie des équations différentielles et a [+,, s0 + a] = 1, telle que,fdésignant une
donné heu a de nombreux travaux : pro- fonction continue sur 1 X R,
bfèmes de stabihté, problèmes ergodiques
(cf. théorie E etc.R G O D I
Une autre généralisation importante pour tout x E 1, et :
consiste à considérer des équations diffé-
rentielks dans lesquelles la fonction incon-
nue a des valeurs dans un espace métrique, où A est donné dans R.
par exemple un espace de Hilbert ou un L’idée est de remplacer le problème
espace de Banach. théorique précédent, noté P, par le pro-
On peut ainsi discuter des équations du blème discrétisé P!, suivant (méthode
type : d’Euler) : Trouver Y,? = (_rO,_r,, . . . . Y,~),
suite finie de n + 1 nombres réels telle
d = A dx = Ax + f x(x,
/ t), X, /d dt t
que :
où .Y est pour toute valeur réelle de t
Y~+~=.Y~+~~(~,,Y~), ()Gi<n--L
élément d’un espace de Banach E, A
désignant un opérateur linéaire de E dans
Où :
E, ,~(cc, t ) application non linéaire de
E x R dans E. x,=.Q+E, Y a
?l
Dans le cas où l’opérateur A est indé-
pendant de t, sous certaines conditions ce problème P,, est obtenu en divisant
additionnelles, l’étude de l’équation 1 = [.y”,s0 + u] en n parties égales avec un

244
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS

pas égal à I = u/n et en cherchant une TI + 1 nombres réels Ainsi, J et Y,I


approximation ~3, de J(XJ OÙ _r est la n’appartiennent pas au même espace et
solution (lorsqu’elle est unique) de Pr. nous ne pouvons pas mesurer une distance
Le raisonnement, fort simple, est le éventuelle de _r à Y,Z. Néanmoins, cette
suivant : Si J’ est solution unique de P,, notion de convergence satisfait le physi-
J%‘(X)est proche de : cien, qui ne cherche pas explicitement
_r mais qui veut surtout des valeurs
approchées de ~(.y,) pour un certain pas Iz.
Si E,, est petit, l’erreur de discrétisation
et donc. si _I’,est G proche H de _J(_xJ),on Provoquée par le passage de P à P,7 est
peut remplacer P, par P,,. faible.
P,) est un problème discrétisé associé à Tlzéo&ne. Si (L) est satisfaite, le pro-
P,. On remarque alors immédiatement cédé P!, est convergent. Plus précisément,
qu’une notion importante va devoir être on peut montrer que :
précisée : comment dire que la solution de
P,) converge vers celle de P, lorsque n tend
vers + ca. L’analyse numérique devra
fournir des majorations pour 1~(.y) - yl 1.
Dans la suite, nous supposerons tou-
OÙ les maximums sont pris pour t, E 1,
jours que f satisfait a la condition (L)
suivante appek condition dc Lipschitz
t2E 1, avec 1t, ~ t21< h.
Cette majoration prouve la conver-
g/dmle : il existe L > 0 tel que :
gence ; car, ,f étant continue, la solution
unique de P possède une dérivée continue
sur 1, donc uniformément continue, de
pour tout x E 1, L E R et r E R.
sorte que le maximum y’( t,) ~ y’(t2), pour
Cette condition assure l’existence et
1t, ~ t21< h, tend vers 0 avec /z.
l’unicité du problème P (cf. chap. 4).
Néanmoins, cette majoration ne donne
On peut espérer que, si Iz est assez
pas de bornes pour l’erreur commise, car
petit, le nombre _r, est proche de J(xJ.
elle fait intervenir la dérivée de la fonction
C’est pourquoi le nombre e, = ,~(.y,)~ _r,
inconnue.
sera appelé l’erreur au point .y!, tandis
Cherchons une majoration de E,]. Pre-
que :
nons tout d’abord (L) comme seule hypo-
thèse. On peut alors montrer que la
solution unique de P satisfait à :
est l’erreur globale aux points .y!,
0 < i < n. ly(x)-yoi < J+-Xo)- l),
Le procédé P,! est dit mzwrgent si :
Où :
lim En = 0.
"-+=

Notons que cette notion de conver-


gence est peu habituelle ; car la solution de Une majoration de K, est en général
P est une fonction .y-y(.~), alors que la assez simple à déterminer, de sorte qu’on
solution Y,! de P,, est une suite finie de peut définir un ensemble borné ‘9 de

245
DIFFÉRENTIELLES ÉQIJATIONS

1X R q c ( y u to q y xs ( i den su , o x pel t ued i e) 2u i pbi t )n


s d P C o l e . ‘’ l d ’ t 3ée u é e e éi .gs t f xn= n x ec p ta i i s !
p : a r e 4 p é n ne ap gx = nx ro al
p e 2 p u né + e a pi g 1 nr
x = x , . @
O r a l n p és l : e sc o
S s 3 q e i u u e , u bs , n r n i to s r e n m
f l f ef p a o d d r o n e ém s c s r é s t i , è
p c a : o r ne o o t y tt p n b1i < k <, p i o te (
af af S fe s i ds u s ti f
T 3 X j 9 l c ’ J ,d e o d ’ l’ s n e
p à l l o s s a i l e oo a m
o p a m n e 1e 1lp :a u loa j t rr o s r
p r ye pe u m ,u am n
c : o n

R q ec m u m
e atelle q e j tsa c j uv z _ttr o p o v ee c e& q n l
u s o p t c i an e i a: q i Yu l l l pust >t iv o c + m eeé ~se r u .
af af
Z 5 ’ ’
Une famille de méthodes numériques
e s o p m t i sn e a : i u Nousj a mj t or v up P p Pre o: sl

Y = + ~ , Y Y =f A
+ , 0 e .1

N p mo r u g au o n
o l m e ù p e pa ( y s E r‘ e ox rx )t i3 d t cui p a , : sc, e em rg r l e éu
d m p : e ê o m ut n p ep iru ’ oa o d og n a bs ue
l e p pi l rd se à d l é’
m p e é q l l m f t u ua
d ’ E
L r f e e aé : i s ls Dn Pt i ou aau f n rl e f nlnu o t st
n A D ol m . ad am éP n’
En<Kh=KE. f i la m n f ai, eê l t o
I
m n A êA o i à. fms u m c
A l c i ea eo l nO s nn / sn t v n i e . ,
f , e ào A u nh t nA ne ol
p l p e l m ’ d a u a aé ’ r t ct e ch x éo
r l p e P p el rp m a e or
l àl l (a a di R mt em i ié i c ot t h nh
P P l m , oA e e u o f , uI s n m o
o e d R u n ; c re o c f e m o . p b r r e e
d d s o 1 X Ré e d u n ,f t é
e a td p FONCTIONS). e p s r o x
d p I u a I r .
L m d a é à ’l l t ae i h x m o t i d
C l p o P : eT r n ,
e t f às a r a O t pp è c n ep s i ul l ti
Y = & . ... y t ) q , a :, e , u i ,
p e d a 1x e n p i r é e n av g m r i a p t s - l
l p p ex r u od sp= e n ue Y , ox = n + w z rs Y i , Yd h= +A , 0n, e rlh

2 4 6
DIFFÉRENTIELLES ÉQUAUONS

Faisons une étude de la convergence et gênant, car, si h = T par exemple, toute


essayons de choisir A,,et,fj) pour que 1’~ or- méthode numérique remplacera T par
dre de convergence H (cf. injk) soit bon. À = 3,141 59... avec un nombre fini de
décimales, Nous retrouverons évidem-
Consistance ment cet ennui de résolution théorique
Nous dirons que le procédé P,? est cumin- dans la résolution numérique. Cela nous
kwzr par rapport à P si : conduit à la définition suivante.
Un JWO&& P,j défini par AI et A,) est dit
lhf,,(x,y) =f(x,y), VxEI, VyER.
h-0 stubh si, pour toute matrice triangulaire
infinie (QJ, 0 < i < n - 1, telle que :
Cette condition est relativement simple
à vérifier et assez intuitive : f,z doit (( res- lim
*_+- o$?;:_,‘&J= O7
sembler iji pour h suffisamment petit D.
Par exemple, dans la méthode d’Euler, on il existe des constantes K, et K2 telles que :
avait,j;> =,J pour tout /T, et cette méthode
max ly, -Zil
était donc trivialement consistante par 06, Go
rapport à P. < J.W~--~~l+ & 0<y::-, ’ %‘s
S’il en est ainsi, on peut démontrer que,
pour toute solution I de y’ = fl,v, y), on a, oti yj et z,, 0 < i < n, sont solutions de :
avec II = u/n,
Y,+1 =Y, + ~.ftz@iJJih

avec J’” quelconque, et de :


2,+1=zi + ~rfh@oY,l+ &A

Cette condition de stabilité exprime le


fait qu’une légère variation, sur les données
Remarquons que cette notion ne fait initiales ~~~et 2” d’une part, surf,! d’autre
intervenir que lesjj, et non les A,,. part, n’entraîne pas de grosses variations
sur les résultats obtenus en résolvant P,,. La
Stabilité
condition de stabilité n’est pas simple. Voici
Considérons les deux problèmes définis une condition suffisante : le procédé P,? est
par la même équation 13’=,fl.y, 1)) et par stable s’il existe A > 0 tel que :
les données initiales J(.Q) = A d’une part,
et J+,,) = i d’autre part. Supposons que
(L) soit satisfaite. Les deux problèmes pour tous X~I, UER, I>ER et
précédents possèdent respectivement une Il E [O, &] ; donc A est indépendant de .y,
solution J’ et une solution y. Il peut arriver y, 1’et /z. Nous admettrons ce résultat.
que, même lorsque 1A~ h 1 est faible, la
quantité : Convergence

Considérons les problèmes Pet P,Zsuivants :

p :y’ =f~~~y),y(~o) = L
soit grande. C’est un phénomène d’insta-
PJ,:y,+~ =Y/ + Wh@t>ychyo = b,,
bilité du problème posé (indépendamment
de toute méthode numérique de résolu- admettant pour solutions respectives les
lion). Ce phénomène d’instabilité est très fonctions y E C”(I) et Y!, = (~7”. JX,)).

2A7
DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS

Nous dirons que le schéma P,? est conver- alors, le procédé PI! défini par y,! est stable
gent si : et consistant, donc convergent : cela
prouve simplement que :
lim E_ = 0,
n-+=
lim En = 0,
fl-0
Où :
Nous dirons qu’une méthode est
d’ordre p si on a E,, < Khp lorsque A,, = A.
Des conditions pour qu’une méthode soit
Th&or>me ,j&dumentul de convergence. d’ordre JI ont été données : elles font
Si le schéma P)I est stable d’une part, et intervenir les dérivées par rapport à h de
consistant par rapport à P d’autre part, le la fonction h ++f&, y) = g(h). Les tech-
schéma P,, est convergent, à condition niques Utilisées sont relativement simples :
que : il suffit de faire un usage fréquent de la
formule de Taylor. Contentons-nous de
lim Ah = A.
h-0 donner certains résultats.
Supposons quej”est p fois continûment
En effet, comme P,I est consistant par
différentiable. Posons :
rapport à P, on peut écrire :

~~(~~+,)-~(x,)l-~*(~i,~(~~)) = SI”,
et, de proche en proche,
oti _r est la sol~uion de P et OÙ :

0<?2-1’ % ’
Il en résulte que, si ,r est solution de P,
tend vers zéro lorsque n tend vers + oa. on a :
En posant zi = J(,Y,), on a :

zI+l = =, + ~r-f/l~~,Jr~+ &‘“l.


= F~(~G~(X)), CI< k <P.
de sorte que, par la condition de stabilité,
Pour que le procédé P,, soit d’ordre p,
on obtient :
il suffit que :

limdA=LFk, 0 < 1 <p-l.


k_,,dhk k+l

La m&hode du développement de Taylor


Si A,, tend vers A, on a :
consiste à prendre :
lim Ea = 0,
n-+=

Ordre d’une méthode


Nous venons de voir que, si : on peut alors démontrer que E,! < Kh”.
Cette méthode est cependant assez difficile
à utiliser car elle nécessite le calcul effectif
des 3.

248
DWÉRENTIELLES ÉQUA~ONS

suite, en utilisant toujours le même nombre prend la valeur _$+, obtenue par le
4 + 1 de points qui précident _Y,,+,. Le schéma explicite et on itère en écrivant :
problème qui se pose est alors de savoir si
les J’y ainsi Calculés sont proches des
valeurs J$) de la solution exacte. La suite des y $!‘,, pour WI= 0, 1, 2,
L’algorithme précédent est dit expli- 3, .... converge vers la solution Y~+, du
cite ; car, i chaque étape, il définit une schéma implicite lorsque h est suffisam-
inconnue Y~+, explicitement. La méthode ment petit ; car, si on écrit le schéma impli-
suppose connues les valeurs de départ
cite sous la forme Jp4-, = 6Qp+,), on a :
yO, . . ..Y~ qui sont des valeurs approchées
de J&), . . . . JJ(.Y~,)et qui ont donc été
obtenues par une autre méthode, par
exemple une méthode i un pas, alors qu’ici Donc on a la majoration :

nous obtenons Y~+, par une méthode


utilisant yO, . . . . Y~, et c’est pourquoi nous
dirons que la méthode précédente est une et la convergence est assurée si hL < 1.
méthode multipas, à q pas exactement. La première méthode explicite permet
Remarquons que les c, peuvent être de définir une première approximation de
déterminés par la méthode de la fonction Y~+, : nous dirons que c’est une formuler de
génératrice introduite à propos de l’inté- prédictim. La deuxième méthode permet
gration numérique par la méthode de de modifier le résultat précédent et de
Newton-Gregory. l’améliorer : c’est unefirm& de corrwtion.
On peut aussi utiliser la méthode sui- Ne cherchons pas à justifier a priori une
vante. On calcule : méthode en utilisant un polynôme d’inter-
polation ou un autre et écrivons brutale-
ment un schéma multi-pas sous la forme
générale suivante.
de Façon approchée par une formule de
On suppose que y”, y,, . . ..J~ , sont
type fermé qui utilise donc _Y~+, que l’on
obtenus par une méthode à un pas conver-
cherche. Le schéma s’écrit :
gente ; on écrit :
q
Y~+I =~p + h
lxdjV,fp +12
j=Il

où les d, peuvent aussi être Calculés par la


où les a, et 0, sont des constantes données,
méthode de la série génératrice.
Cette équation s’écrit encore sous la indépendantes de h, de JJ et de ,fi
forme : Dans la suite, nous chercherons des
valeurs des cx!et des 0, pour que la méthode
soit aussi efficace que possible. NOUS
OÙ KF ne dépend que des point .x~ L:,pour supposerons que a0 # 0.
k > 0. Pour II= q, on obtient :
On obtient donc J’,>+, implicite-
ment ; mais, p étant fixé, la détermination
de J;,+, peut être faite par itération : on

7.51-l
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS

Si fi0 = 0, le système (SJ définit expli- Ces polynômes A et B définissent la


citement yq par une formule du type : méthode multi-pas, puisque SP est défini
il Y par les o, et par les &.
Yq= G-t + /, w-z, Une condition sujïsunte de conver-
2 IX
,=l ,=l gence est donnée par le théorème suivant.
Tlk~rhe. Si A(l)=0 et si
puisque y,,, . . . . yq , sont connus ; de proche
A’( 1) = B( 1). si de plus les racines z, de A
en proche, on obtient Y~, y,,+,, . . . . yn en
satisfont àiz$ < 1, pour 1 < i < q, et si
calculant à chaque étape yq par une for-
les racines de module égal à 1 sont toutes
mule du type :
simples, alors la méthode définie par les
polynômes A et B est convergente.
On peut obtenir aussi des conditions
pour que la méthode soit d’ordre k.
où Kq-, est connu. Si 1 est suffisamment
petit, on démontre, comme précédem- CHRISTIAN COATMELEC et E.U.
ment, que l’équation précédente (en y(,)
possède une solution unique qui peut
être obtenue par itération ; il suffit en effet
que :

de proche en proche, on obtient y,?, pour


q < p < n, en résolvant chaque S,,.
On peut encore définir les notions de
consistance (par rapport au problème
posé) et de stabilité. Contentons-nous de
donner certains résultats de convergence.
Nous dirons que la méthode précédente
est convergente si :

tend vers 0 lorsque N augmente indéfini- DIOPHANTIENNES


ment. APPROXIMATIONS
Cela suppose donc que les y,, pour
0 < i < q ~ 1, ont été définis par une
méthode à un pas convergente.
Considérons alors les polynômes : L a théorie des approximations
tiennes concerne
diophan-
principalement
l’approximation des irrationnels par des
rationnels. Dans le cas d’un seul irration-
nel, un rôle essentiel est joué par les
fractions Continuées (Utilisées dès 1650 par
Huygens pour le calcul des engrenages des
horloges astronomiques).

251
D I A PO P P R H O X A I N M

L d’ i aae r I > I ( lps er d p gp R xa a l a a é r et v


b f é r p uu t mi a t n u éq d lr f eo da +t u be f a oo mu ei bh e l rù
d e 1 p i L n 8; s ar r i s4 e eér e o o ao4I s= n2s cp u nn = n1 tu t o v t
f a au d n m rr e o é L ee mc l po pn d hbX i e kor r t e ar o s
j l u e d ’ r s t dé i d é R q c ef m a es ’cu ’ id p nb su j e’ e n’ o
R e 1 o n 9 t 5n c h p 5ed o p ad . & ’ nl o se
D l c d pa e ai e ln Z sr ues d d - r ; c ss p i i ma e e i t r t s
o p s c n ea a o h c u p i é e h t cp t v r ap lar f i cq c a ero a d
d p u r ’ as nca e à r o e h t uu b id x R e i dn x c o 0t e iq i r on ee e u , s
r m eu f i l n n ào n c i d eq 0r i co n pr u dm moJn éO eo e ee am C
v e aà c n i r o ta r iI e t ip Z r a+ fd o è p e- oa b. f i u r
n ( d e dp p u l D ur r d a s aq o é r é dl Rnu nb cp é ma e ”s ’ el ée s
l d c l et e d a r a sh ud e sd éb é c xe s ,e sap o od I é es l r m e l
p ( Z o oc - Zi p uo P m p ”n a m ls ou r r t r a mui udn é és d es
e j ux g or na e r l uôb d v mI éa a ela l e e p lnv es ’q c l éde ,e
c d as b e l te re a te e h as e s d dn é c sYe e i g o t t .s m
f d Mo s el idn u Pe nod t = 1 t r ors km az e d, o épu om a s o u
n c s e o d y rs n; .’ = m wé O v r ExuZ e qés. =Ù ie r 1x- n1p t t_ey nxz
c d t e ec h p ro x éE r 1 - {n0n } ; e o ei & ié d dn r fn et u i
m àl r e e ea é d n n n ss ’e t b t e oCn ix n ie ai s l Io ni uà et pe t u
à c i o c q r e ae e 3 u re st uf. d J e, i aet otm fsY e Cs .n qts u u is a
u p d n r ’d o l r ai d bq e ed po 1xu p lu x c s e pp i aèo , o
t i e d nl i f ’ns . Pr a nheu Y oa
L d l r ’ em a é é1 a q o p t l d u d a u ad éI <e un s r d e m
é é rt g à c a éa a f e p t rr l a et a pt t é e s i Rn r ar i c m u t
é e d t u nc a ma n c e p n en e oàr l a ds stv r t ’Or e ue ea u A a
u q d n u ’d e e O ai s s s npo ur tr a pp pi ie
t i e d cnq s qa l e nr u u e un e ée i i n e
c à Io = n U e r f . n x r
d e c a d p s àe c m e o t lo
n e d Ré a n o ep ”e t u t n e
j s r od q e a a u b uè A u m n a rs
A .. .. A d r ? : c , Zu é , ’ , ” s
1 Z e .r - t é m s o e d a u
I e i d l ps m c e ot p a
U Z d Rn e - u e e f Jsm d n nl b l Ct deo Z se; o a d ed ” esq n s é u mu
p M d R d oc e ’ ( e i .o . . . . c j _ nYo n o , e Ys t ’r é p n qt ’u s , d c o
_ q e s Y u sa o d” Ri tdn p u e)A ” A .d.. . oAs d , Z, f X i i ,u- e ,” o , t
( s c d M e ’ M o i c o ’ t i ”bn l do nc r l ,eat q enlce dé ssi u d te, és te
t M + IM p t’ uJ e ” v do Z o O tl eu C ) u n e s r éo. tà k 1 Du o lgo . ar
a . d k pu e k e A pAn .n. .. w c d, nel = s2 s ( a q,e e l, ( e, qi Js s l , tl p m 2 Q o
A d d J, ’t q t e é C ée u Co l , ll de Aou e éA éo ed ,otd t mZ mn o
d J s d e m C ’ u ’ sa é a n u p o n u c bv i n p o u- i nr = aoq k e 1 u, sèp ei s
l f u +a a o + ’ + u 2 r O cA ’ AmqÙ l ’ , d A f z eu e Pe e e~ r e s ~s
r E Z O r / . qn e p l a u pme s v u ’ z au o o d o / r t n i j n q

2 5 2
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS

On remarque enfin que OA,A? forment suivant Pn,k, du même côté de (OD),
base de Z2 si, et seulement si, le parallé- jusqu’au dernier avant D,z+l, soit P,,+?.
logramme construit sur s, ZI ne Ces points sont adjacents deux à deux.
contient aucun point du réseau en son c) G = PJ2.k&Y
intérieur ; il a alors pour surface 1, et cela P ?I+l P n+,,,’ = P,,,k P,z,k+, donnent de::
se généralise i Z”. points de voisinages consécutifs, P,,+, et
Un important théorème de Minkowski, P,z+,,,, de l’autre côté de (OD), ce qui
sur les réseaux, sera vu plus loin. permet de poursuivre l’opération et d’obte-
nir tous les points de voisinage au-delà de
Pn,k, sur deux lignes polygonales appelées
2. Approximations lignes polygonales de Klein relatives à
d’un irrationnel. (OD) ; ces lignes forment enveloppe
Fractions Continuées convexe des points entiers situés de part et
d’autre de (OD).
Dans le plan affine d’axes OX, OJJ, de 4 Seuls les sommets Pn de ces lignes
vecteurs de base a x soit la demi- polygonales sont des points réduits.
droite (OD) d’équation .Y= TJ, avec Ce théorème s’établit par des considé-
J’ > 0 et TER. Approcher T par des rations géométriques très élémentaires. On
ratiomlels p/q (avec y > 0) revient a pose en général m= afl K et
approcher GE = U!sK; donc an = [cx,J, par-
(Ov) pfr des points du réseau de base tie entière de a,?. La similitude des triangles
OA, OB. Un point P(p, q) de ce réseau est OPt,Dn et D,z+,Pn ,O donne alors
un point de voisinage ù droite pour (OD) M,,+, = l/(a,, -u,J et l’on obtient ainsi,
si p/q > T et 0 < p’/q’ ~ r < p/q ~ T géométriquement, le dÇveloppement en
entraîne q’ > q. Même définition 2 gauche fraction continuée (régulière) de T :
avec -r > p/q et 0 < T -p’/q’ < T -p/q.
Un point P@, q) est un point Gduit,
relativement 5 (OD), si lp'-Tq'i
< 1p ~ T q 1entraîne q’ > y.
Si 1 est rationnel, soit 7 = U/V, la
demi-droite (OD) porte le point entier avec aO = [T] et u,~= [a,J. Les a,, sont les
P(u, v) et il n’y a plus. au-delà de P, ni de quotients complets du développement et les
point de voisinage, ni de point réduit pour u,~, les quotients iwomplets.
(OD). Les points antérieurs à P sont On écrit alors T = [CI",o,, .... a,z+,, CI,)]
donnés par le théorème suivant, qui et p,,/q,l = [aO, al, . . . . u~,+~, a,,], n-r+hne
s’applique sans limitation lorsque T est Gduite (qui correspond au point PJ,
irrationnel : Si P,,,A et P,z,k+, sont deux d’où :
points de voisinage consécutifs (pour q
croissant), d’un même côté de (OD), alors :
a) La demi-droite portant le vecteur
p,r,h p,,,A+, rencontre (OD) en un point ce qui exprime que m= cl,, G
D ,,+z (non entier). C’est grâce à ces formules de récurrence
b) P,,,k Pfl,k+lz= 11P,,,k pn,h+I donne, qu’on calcule lesp,, et les qn connaissant les
pour I = 1, 2, . . . . les points de voisinage ah.

253
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS

Les résuhats essentiels de la théorie de (7) Si l’irrationnel W (ti entier > 2) est
ces fractions Continuées sont les suivants : déveioppé en fraction continue, on a :
(1) On a :
v2 = [ae,a,,a2,...3~n-l,2~d

périodique à partir de ut, période de n


termes, avec u, = o,~_,, u? = CI,,?, . . (cela
ce qui montre que l’approximation de T caractérise les développements de a).
par une réduite est d’autant meilleure que Si n est puir, les solutions de l’équation
CX,~+,est grand. de Pell .x~~ ~/y? = 1 sont données par
Par exemple rr = [3, 7, 15, 1, 292, 1, 1, ,Y=pk,,+,, y = qAn ~,, pour k = 1, 2, 3.
1, . ..] donne une excellente approximation et ,Y~~ dy? = - 1 n’a pas de solution.
classique p3/q3 = 355/ 113. Si 11est inzpuir les formules précédentes
(2) Une condition nécessaire et suffisante donnent : pour k = 1, 3, 5, 7, . . . . les
pour que deux irrationnels T et CYprésen- solutions de .Y?- dy’ = ~ 1, et, pour
tent, à partir de certains indices, les mêmes k = 2, 4, 6, .... les solutions de
développements, est qu’ils soient liés .$ - cIy* = 1. Par exemple J? ~ 13 y? = 1
par une transformation hmmgruphique conduit a :
mdll~uir~, c’est-à-dire o = (u T + /T)/
m = [3, 1, 1, 1, 1, 61,
(cr+davecud-k=* 1 eto,&cet
d entiers. d’où 6491180 pour k =2, donnant la plus
(3) Une condition nécessaire et suffisante petite solution x = 649, y = 180 qu’il
pour que T présente un développement était difficile de trouver par essais succes-
périodique est que T soit un irrationnel sifs.
algébrique du second degré (théorème dû Ces résultats s’établissent à partir de la
à Lagrange). formule :

(4) lT--Pnh”l < lhn2>

pour tout 11.


relation modulaire liant T et o,, et expri-
Sur deux réduites consécutives, l’une au
mant que D,? est sur (OD). On en tire en
moins vérifie :
effet aussitôt la formule de (1) et le résultat
de (2) qui, géométriquement, signifie qu’à
partir d’une autre base du réseau Z” les
Sur trois réduites consécutives, l’une au
points de voisinage et les points réduits
moins vérifie :
sont, assez loin, les mêmes qu’à partir de
b--P”&“1 < ~~~fi~“*~. la base OA, OB ; cela en raison du
(5) Si IT-~/v~ < 1/(2v9, caractère géométrique intrinsèque des
lignes polygonales de Klein. La condition
u/v est une réduite du développement de T.
nécessaire de (3) est évidente (ok = CX~+~
(6) Si on développe le rationnel u/b en
donne CQ lié homographiquement - et
fraction Continuée et si a/!~ = pH/q,z, la
même modulairement à lui-même, donc
réduite précédente @+,)/(q,!_,) fournit
racine d’une équation du second degré ; il
une solution de l’équation de Bezout :
en est de même pour T). Sachant que T est
ax-by = & 1. irrationnel du second degré, on peut

254
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS

démontrer la condition suffisante. Algé- La propriété (7) est plus délicate à


briquement, en utilisant les équations établir par le calcul ; l’étude de
du second degré que vérifient les IX,,,
équations a discriminant constant (ce
qui permet, compte tenu de leurs signes, conduit en effet à :
d’en limiter les coefficients ; d’où répéti-
tion et période). On peut aussi le démon-
trer géométriquement, à partir de la et permet de conclure p2 - q2 D =
rotation hypmbolique. Cette transforma- (- l)k’F1pour la réduite d’ordre (/UT?~ 1).
tion consiste à associer à (OD) la demi- Reste à montrer qu’on a là toutes les
droite (OD’) correspondant au conjugué T’ solutions.
de T et à remarquer que i’affinité d’axes Signalons d’autre part que la propriété
(OD) et (OD’), et de multiplicateurs (2), qui n’est plus vraie lorsque la trans-
respectifs v’ et v, où v est une unité de Q[T] formation n’est pas modulaire, est rempla-
de la forme u + C?VT (U et v entiers, cl Cée, lorsque uci- bc = m > 2 par des
coefficient du premier terme de l’équation formules assez simples de transformation
définissant T), conserve le réseau Z* et, par des quotients incomplets, à condition que
conséquent. fait (( glisser )) sur elles- ceux-ci soient périodiques modulo ~72.C’est
ainsi que le développement de
mêmes, à partir d’un point suffisamment
éloigné, les lignes polygonales de Klein
‘2 = [2, 6, 10, . . . . 2 (2n + 1), ._]
relatives à (OD). Il y a donc période (et
période dès le début si T > 1 et se transforme en :
- 1 < T’ < 0).
e= [2, 1, 2, 1, 1, 4, 1, 1, 6, 1, 1, . . . . 2n, 1, 1, . ..].
Les propriétés de (4) s’établissent en
posant :
(e
+
Pour obtenir le développement de
l)/(e ~ l), Gauss a utilisé le dévelop-
pement en fraction Continuée non régu-
lière des séries hypergéométriques.
et en montrant que & ou A+, est infé-
rieur à l/fi, ce qui donne le résultat,
grâce à : 3. Approximations
des irrationnels algébriques

On dit qu’un irrationnel T est ratiomrelie-


La propriété (5) est évidente géométri- ment approchable à l’ordre o s’il existe une
quement, en considérant les parallélo- constante dépendant de T, soit K(T), telle
grammes centrés en 0, de CÔtés parallèles que :
aux axes et dont un sommet est un point
réduit.
La propriété (6) n’est autre que la ait une infinité de solutions.
récurrence fondamentale : On voit sans peine qu’un rationnel u/i!
est approchable à l’ordre 1 et pas au-del&.
P”-lq” -P”q”-l = c-- 1P D’autre part, les propriétés des fractions

255
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS

Continuées montrent que tout irrationnel exemple que le développement décimal


est approchable i l’ordre 2 au moins et lacunaire .Y= lO@ + 10 ’ + 10mm9+
qu’un irrationnel quadratique est appro- + 10PjP’+ représente un nombre trans-
chable 5 l’ordre 2 et pas au-delà (à cause cendant.
de la périodicité du développement). Ce La recherche, pour un nombre algébri-
dernier résultat est un cas particulier du que T, de la plus petite constante I?(T), pour
théorème de Liouville (1844) relatif aux laquelle :
irrationnels algébriques de degré n : si T est
de degré 17, ii n’est pas approchable à un
ordre supérieur strictement à PZ.En effet,
si.f(T) = 0, OÙ,fest le polynôme de degré a une infinité de solutions, est alors inté-
I? définissant T, l’étude de : ressante, Le n0tn& 6/‘0Y:

a = ; (fi- 1) = [1, 1, 1, ._]

donne élémentairement : a pour réduites les fractions de Fibonacci :

pour tout rationnel p/q. et on voit aisément que :


Le théorime de Liouville a une grande
~#$[+]Z,
importance historique, puisqu’il a permis qrl n
de définir explicitement les premiers nom-
bres trunsccndunts (nombres de Liouviile), ce qui montre que k(a) = l/fl (résultat
grâce à des développements (décimaux ou de Hurwitz).
en fraction Continuée) lacunaires tels que : Mais, si l’on excepte le nombre a et
ceux qui lui sont équivalents par transfor-
X= lO-” + lO-*! + ,., + la-n! +
mation modulaire, on peut établir que :
ou : .x = [O,lO’!, 1o*t . . . . 10n! ,... ] ;

k(T) < 142x4).


jusque-là on ne connaissait que l’existence
des nombres transcendants (par complé- Cela rejoint d’ailleurs les chaînes de
mentarité dans R des nombres algébri- Markoff-Hurwitz, qui, pour les irration-
ques) et ce n’est qu’en 1873 que Hermite nels T, étudient la limite supérieure M(T)
établit la transcendance de c, permettant à des constantes c telles que 1-r- (p/
Lindemann d’établir celle de n en 1882. q) 1 = l/(cql) ; on obtient M(T) = I6
Le résultat de Liouville a été successi- pour le nombre d’or et ses équivalents, puis
vement amélioré par Thue (1908), établis- M(T) 2 2 fl pour les autres irrationnels,
sant a 6 (~/2) + 1, par Siegel (1921) avec M(T) = 2 fl pour 1 équivalent &
a < 2 fi, par Dyson (1947) a < fl n,
1 + fl, puis M(T) 2 m/5 pour les
et. en 1955, à l’aide d’une démonstration
autres irrationnels, et ainsi de suite, les
très technique, Roth améliorait difimtive-
valeurs successives de M(T) apparaissant
ment le théorème : Tout irrationnel algébri-
étant données par la formule :
que T est approchable à l’ordre 2 et pas
au-del&. Cela permet d’affirmer par M(T) = %‘9- 4/u *,

256
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS

où t = 1, 7. 5, 13, 29, est choisi de telle tiens Continuées. 11 correspond. pour


sorte que G + V’ + W’ = 3 ~0~11’soitréso- k=2,à:
lubie en entiers.
Citons encore deux résultats sur les
approximations asymétriques. Ségré éta-
bk, en 1946, que, pour tout r > 0 et pour
tout irrationnel T, il existe une infinké
où a,) = [cx,J et b,? = [o,,], avec u0 = [T] et
d’approximations p/q telles que :
b” = [o].
-1 1 p 1 Cela, géomélriquement, ramène le pre-
vTTGq~<q TQ&pi
mier problème d’approximation simuha-
le cas I = 0 donne la propriété (4) des née à l’exploration des points de Z3 autour
fractions conGnuées et le cas I = l donne de la demi-droite (OD) portant le vecteur
le résukat de Hurwitz. Robinson établit de composantes (T, IS, 1). On obtient une
en 1947 que, pour tout 6 > 0 et pour suite de points liés par la récurrence
tout irrationnel T, il existe une infinké
d’approximations p/q telles que : et beaucoup de formules généralisent ce
qui a été vu pour les fractions Continuées.
-1 1 p I 1
T< Malheureusement, si la convergcncc des
V-E)qZ q VT+ l)qZ
réduites peut s’établir d’une manière géné-
cela montre qu’on peut renforcer une des raie, I~-TF~ et ~q-Dr1 ne tendent pas
inégakés du théorème d’Hurwitz sans toujours vers zéro. D’autre part, si on veut
affaiblir beaucoup l’autre. essayer de définir des points de voisinage,
on doit tenir compte simukanément de
1T~ p/r 1et 10 - cj/r 1, ce qui peut se faire
4. Approximations simuitanées
par leur borne supérieure, leur somme, la
somme de leurs carrés, et bien d’autres
Étant domié k irrationnels T,, T?. . . . . Tu, on
manières qui ne sont pas équivalentes
peut soit chercher i les approcher par des
entre elles. C’est pourquoi Hermite a pu
fractions p,/r. p?/r, . . . . pA/r de même
dire que ce problème n’avait cessé, durant
dénominateur (pas obligatoirement toutes
cinquante ans, de le préoccuper et de le
irréductibles), soit chercher a rendre
désespérer.
Lorsqu’un développement de Jacobi
minimum pour des entiers ad!et ut’.Ces deux pour k = 2 est périodique, il est facile de
problèmes duals l’un de l’autre sont éga- voir que T et G sont deux éléments, non liés
lement délicak Le premier problème a ék linéairement, d’un même corps cubique.
étudié initialement par Hermite. le second La réciproque n’a pu être établie jusqu’à
par Dirichlet, Une variante non homogène présent. Tout au plus peut-on dire, avec
du deuxième problème consiste i rendre David (1956), que pour certains algorith-
mes voisins (où l’on prend par exemple
u ’,, = u,~_, ou h’,, = b,, + 1) cette récipro-
minimum, o étant donné non entier. que est inexacte. Il n’en reste pas moins
Un algorithme de Jacobi généraiise que d’intéressants résultats ont été obtenus
pour les irrationnels l’algorithme des frac- par Perron grke i l’algorithme de Jacobi,

257
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS

sur l’approximation de I entiers algébri- Le théorème de Thue-Siegel-Dyson-


ques d’un corps de degré (ti + 1). Roth sur l’approximation d’un irrationnel
Indépendamment de tout algorithme et algébrique a été généralisé au cas de
par une simple application du (( principe plusieurs irrationnels algébriques, en 1970,
des tiroirs 1) de Dirichlet (Si IZ+ 1 objets par W. Schmidt. Ainsi, pour T,, .... T,!des
sont dans n tiroirs, l’un au moins de ces nombres algébriques tels qu’aucune com-
tiroirs contient plus d’un objet) on démon- binaison linéaire U,T, + + u,,~,,,avec

tre qu’il y a au moins une solution au u,, . . . . u,Z rationnels non tous nuls, ne soit
système 1T! -p,/ri < l/~‘+~, OÙ E = 1/1?. un nombre rationnel, et pour E réel positif
Ce résultat de Kronecker est sans grand arbitraire, il n’y a qu’un nombre fini
intérêt dès que k depasse 3. Par dualité, on d’entiers p,, .... p,,, q (q > 0) satisfaisant :
en déduit que : lT,-p,/qi < l/q’+“fl+C,

Plus généralement, désignant par 11 x 11


la dis-
a des solutions entières u, et y, non toutes tance d’un réel .Yau plus proche entier, pour
T,, .... Tu et &comme ci-dessus, il n’y a qu’un
nulles, avec sup 1u,1= t.
Une étude plus précise de Khintchine nombre fini d’entiers positifs q tels que :
lie l’indice ol de ul~l + U?T~+ ql+a?T, Il .,. llvn Il < 1,
+ U~T~-_r (c’est-a-dire la borne supé-
rieure des u tels que cette forme soit et il n’y a qu’un nombre fini d’entiers
approchable à l/fA+6Jprès) à l’indice uZ des q,, . . . . q,, non nuls tels que :
k nombres T, (c’est-à-dire la borne supé-
lq~...q~~‘+E~lq,T,+,..+q”TJl< 1.
rieure des w tels que chaque T; soit
approchable a l/tl+(‘+fsl)~kprès).
On a :
5. Théorème de Minkowski
et applications

Le cas non homogène (étude de Dans sa Gémzétrie des nombres, Min-


1TP - q- CJ1, ou, plus généralement, de kowski établit en 1910 l’important théo-
~T,~,+T~u~+...+T~~~-~~-~~) a rème : Soit dans R” un domaine S convexe.
permis à Tchebycheff, Kintchine, Kronec- borné, symétrique par rapport à 0 et de
ker, Hermite et Minkowski d’obtenir des volume supérieur à 2’l (ou égal à 2” si ce
résultats analogues a ceux du cas homo- domaine est fermé). Ce domaine contient
gène. au moins un point entier distinct de 0 (il
Signalons enfin d’intéressantes études contient donc aussi son symétrique par
sur l’approximation d’un nombre complexe rapport à 0).
o + $ par le quotient P/Q de deux entiers La démonstration utilise l’homothéti-
de Gauss (Hermite, en liaison avec les for- que S’ de S dans l’homothétie (0, 1/2).
mes quadratiques, Minkowski, Perron, Pour un entier in assez grand, soit le
Hurwitz en particulier). Un résultat essen- réseau (Z/mY des points de Coordonnées
tiel est qu’il y a une intïnité de solutions à X, = u,/m OÙ uiE Z. Soit N(/?z) le nombre
d’hypercubes de CÔtés l/nz de ce réseau
qui sont dans S’, On a N(n7) X wt aussi

258
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS

Blichfeldt (1914) a étendu a d’autres La notion d’équirépartitim fut mise au


domaines que des jauges les méthodes point par Weyl en 1916. La suite (u,J est
de Minkowski ; ces recherches ont été dite équirépartie modulo 1 si les { u,~} sont
poursuivies par Mordell, Davenport et denses sur [O, l] et si, de plus, pour tout
Mahler. [a, D] C[O, l] le nombre &a, @)d’indices
n pour lesquels n < N et {u,)} E [a, fl]
vérifie :
6. Répartition modula 1

Quoiqu’il ne s’agisse pas a proprement une condition suffisante pour que la suite
parler d’approximation diophantienne, on (f(n)) soit dense sur [O, l[ est que :
peut ranger dans cet article l’étude des
suites de nombres réels, modulo 1. Il s’agit,
pour une suite (uJ, de la répartition sur
[O, l[ de {Un} = u,, - [u,J OÙ [uJ est la c’est ainsi que la suite (0 Log%) est
partie entière de u,,. dense sur [O, 1[ modulo 1, quel que soit le
Ce n’est qu’en 1884 que Kronecker nombre réel t3 non nul et le nombre réel
établit que, si t3 est irrationnel, ses multi- a > 1.
ples nt3 sont, modulo 1, partout denses sur Dès 19 12, Bohl, Sierpinski et Weyl
[O, l[. Cela signifie que, quel que soit établissent l’équirépartition de (A) pour 0
.YE [O, 1[ et quel que soit a > 0, il existe irrationnel cependant que Fejer donne des
une infinité de valeurs de n pour lesquelles conditions suffisantes d’équirépartition ou
1{ne} -xi < 6. En effet, {nIO} est diffé- de non-équirépartition : Sifest strictement
rent de {@} si n, # nz ; il existe donc au croissante, à dérivée continue monotone,
moins un point d’accumulation des nom- avec f(x) + + c0, _/“‘(,Y)+ 0, xf’ (x) - m
bres (A), c’est-à-dire qu’on peut trouver n, quand .Y- + m, il y a équirépartition Si
et n1 avec (n, -nJ 0 E]O, E[, d’où les au contraire .x~(x) + 0, il n’y a pas équi-
multiples wz(n, - n$3 qui fournissent des répartition. On en déduit les résultats
points, modulo 1, à moins de E de tout x concernant te Log” n) (équirépartition si
de [O, l[.
a > 1, non-équirépartition si a < 1). En
On remarquera que le problème de la
1916, Weyl énonce le critère d’équirépar-
répartition sur un cercle des points d’abs-
tition : celle-ci est caractérisée, pour une
cisse curviligne nt3 conduit au même résul-
suitef(n), par le fait que, pour tout entier
tat si 0 est incommensurable à n (ici on
h non nul,
raisonne modulo 2 rr). De même, par
exemple, l’étude des premiers chiffres du
nombre 2”, écrit en base 10, conduit à
étudier la mantisse de n log 2, c’est-à-dire
sa répartition modulo 1. Comme log 2 est est un o(n) pour n .-+ ca.
irrationnel, puisque l@‘q # 2, on en Plus tard (1933) Koksma établit que la
déduit qu’on peut toujours trouver une suite h t’, où A est réel non nul fixé, est
infinité de valeurs de n telles que 2’7 équirépartie modulo 1 pour presque tous
commence par k chiffres quelconques les t > 1 (mais on ne connaît aucun t pour
imposés. lequel on ait étabh cette équirépartition ;

260
DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS

on pense par exemple que (3/2)n est (1601-1665) que les méthodes Utilisées
équiréparti modula 1, mais on n’a pas pu pour résoudre ces équations prirent un
le démontrer jusqu’ici). En revanche, une aspect vraiment arithmétique, c’est-à-dire
catégorie importante de nombres algébri- faisant pleinement intervenir la factorisa-
ques échappe a cette équirépartition : tion des nombres entiers, une longue
il s’agit des nombres de Pisot- tradition appelle équation diophantienne
Vijayaragavan, qui sont des entiers algé- la donnée d’un système d’équations poly-
briques 0 tels que 0 > 1, les conjugués 0{, nomiales à coefficients entiers :
pour i = 2, 3, . . . . UT
(.T est le degré de O),
étant tous en modules inférieurs à 1. Il ~l@l, . . ..X”I = 0
. . .. . .. . . . . . .
s’ensuit que t3” converge vers zéro moduto f,@ 1, ...> X*I = 0,
1 (raisonner sur W + et’?+ + 0,: qui
à résoudre en nombre entiers, ou ration-
est un entier). Salem a démontré en 1944
nels, x,, . . . . .Y,~.
que l’ensemble S des nombres de Pisot
Selon que l’on veut résoudre en nombre
était fermé.
entiers ou rationnels, les méthodes et les
MARCEL DAVID résultats diffèrent souvent sensiblement.
Des méthodes générales existent pour
résoudre un système d’équations du pre-
Bibliographie mier degré, ou encore une équation du
A. BAKER, Trmscendentul NU&I~ Theory, Cam-
bridge Univ. Press, 1990 / G. H. HARDY 8 second degré. On dispose encore de métho-
E. M. WRIGHT, An htrodwtion to the T/Iu~J, CJ~ des pour étudier une équation du troisième
A4Awx Oxford Univ. Press, New York. 5e éd, degré, mais déjà, là, les problèmes ouverts
1919 / S. LANG, htro&tim toDiophntitw Approxi-
abondent. Quant aux équations de degré
muths, Addison, Reading (Mass.), 1966 /
W. M. SCHMIDT,Diophntine Approximations und supérieur, il est significatif que beaucoup
Diophantine Equation.~, Springer-Verlag, New York, d’ouvrages consacrés aux équations dio-
1991 / K. B. STOLARSKY,Algebric Numbers and
phantiennes n’apparaissent que comme
Diophantine Approximutkm, M. Dekker, New York,
1974 / G. WUSTHOLZ,Dioplumtin~ Appro.rimution une accumulation de résultats disparates.
and Transcendence Theory, in Lecture Nota in De fait, il a maintenant été établi
A4uthtwm/ic.s Sr., vol. 1290, Springer-Verlag, New
(J. Robinson, Yu. V. Matijasevic, 1970)
York.
que le dixième problème de Hilbert a une
réponse négative : il n’existe pas d’algo-
rithme universel permettant de décider si
une équation diophantienne a une solution
DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS en nombre entiers.
On ne peut donc espérer obtenir des
méthodes générales que pour des types

D iophante d’Alexandrie, vers les particuliers de systèmes d’équations. Com-


années 2.50 de notre ère, fut le ment classifier ces (( types )) ? La façon la
premier à rechercher systématiquement les plus évidente est d’utiliser le degré des
solutions en nombres entiers, ou ration- équations définissant le système. Cette
nels, d’une équation ou d’un système classification est souvent trop grossière,
d’équations polynomiales à coefficients mais peut être affinée grâce à la géométrie
entiers. Bien que ce ne soit qu’avec Fermat algébrique. Cette dernière permet d’obte-

261
DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS

nir des résultats généraux parfois diffi- Si L’ n’est pas divisible par le plus grand
ciles à traduire en termes d’équations commun diviseur de u et h. il n’y a pas
concrètes. La géométrie algébrique nous de solution entière : on peut donc sup-
donne aussi la mesure de notre ignorance : poser a et b premiers entre eux et utiliser
ainsi aucun changement de variables ne la résolution de ~MI + hr = 1 (Bezout),
permet de ramener une équation du type : d’où .Y = uOc + kb. 1‘ = v(,c ~ krl, avec II,)
et 11~ solution particulière de l’équation
ax5 + by5 + cz5 + d = 0
de Bezout et k entier relatif quel-
(LI. h, c, d entiers non nuis). à résoudre en conque.
(.Y, J’. Z) nombres rationnels, à un type La solution (u”, rO) peut se trouver par
d’équations que l’on sait actuellement essais successifs, si (1 et h ne sont pas trop
traiter. grands ; sinon, on développe cr/h en frac-
Par extension. on appelle aussi équa- tion continuée et. si u/h = ,IT,,/(~,, est la
tions diophantiennes des équations dans n-ième réduite, on prend la (n 1 )-ièmc
lesquelles les exposants figurent parmi les qui, au signe près, donne L/,, = cl,, ,
inconnues ; la plus fameuse équation de ce et % --Pu 1. Par exemple, si
type est : 355 x + 113 -’ = 1. on a 355/113 = [3.7.

xm -Y” = 1, 161, d ’ o ù ]J,m,/q,, , = 2217 et 11” = ~ 7 .


r0 = 22. Cela correspond aussi, si l’on
veut, a l’application de l’algorithme
à résoudre en entiers (.Y, J’, rn, 17) au moins d’Euclide au couple (~1. h).
égaux a 1, qui n’admettrait (E. Catalan, L’équation :
18 14-l 894) que la solution :
a,x,+a~x,+...+a,x,=c,
32-23 = 1 .
que nous écrirons A X = (~ avec :
De grands progrès ont été réalisés dans
cette direction. X: 1 ,
A=(a,,a, ,..., a , ) et X=
Dans cet article, l’ensemble des entiers i X” i
naturels est désigné par N, l’anneau des
entiers relatifs par Z. le corps des nombres se résout, en supposant les (1, premiers
rationnels par Q.
entre eux dans leur ensemble, par les
points d’un réseau à (II ~ 1) dimensions
(cf. approximations DIOPHANTIENNES.

chap. 1) :

1. Le premier et le second degré


où U, est solution particulière de I’équa-
Le premier degré
tion de Bezout A X = 1 et où B,, B?.
L’équation : B,,+, engendrent le module des solutions de
ax + by = c, A.X=O.

ou (1, h, c sont entiers relatifs, se traite


classiquement, A,X = c,

262
DIOPHANTIENNES É QUATIONS

(i = 1, 2, .__, 1.) se discutera dans Z”, où on nécessitent, en général, diverses constantes


l’écrira : pour donner toutes les solutions.
” Par exemple : 4 9 - 20 XJ + 25 J’ +
x,v, = c, 14.x-41~+ 18=Oconduitauxquatre
c
1 systèmes de solutions :
avec V, et C vecteurs colonnes de Z’. x= 2-19A+60hz
Une condition nécessaire et suffisante
de résolution est que tous les détermi-
l y = 2-10h+24h2
x = 1 + 11 A + 60AZ
nants d’ordre r extraits de la matrice l y = l+ 2h+24A2
des coordonnées de (C, V,, Vz, . . . . V,,) x = 16 + 61 A + 60h2
I y = 6+22h+24h2
soient divisibles par le P.G.C.D. des déter-
x=35+91h+60AZ
minants d’ordre Y extraits de la matrice des
I y = 13 + 34h + 24A=.
coordonnées de (V,, V?, . . . . V,,).
Signalons que le tlxbrème des restes À l’inverse, 2 x2 + 2 y + 1 = 0 n’a évi-
chinois (X = u, mod I~I,, pour i = 1, 2, . . . . demment pas de solution.
Y) correspond a un cas non homogène, Duns le cas lzyperholique, on se ramène
avec n = r + 1. Ii se ramène, si les 171~ au centre de coordonnées rationnelles
sont premiers deux a deux, a une a = pi& /!I = q/ A, et on pose
seule équation : .Y = a mod 111, avec .x = (r, + WA, F = (y + WA, qui
m = m, m2 m,.. conduit à :
aX2+bXY+cYZ=m.
Généralités sur le second degré
La résolution en entiers de : Le cas h’- 4 ac = D carré parfait
fournit :
ax2 + bxy + cy2 + dx + ey + k = 0,
(u,X + v,Y)(u,X + v*y) =m,
équation de conique à coefficients entiers,
n’est intéressante que dans les cas parabo- d’où la résolution par un nombre fini de
lique ou hyperbolique. L’étude en a été faite systèmes linéaires :
par Euler et Lagrange. Dans le cas elhpti- u,X+v,Y=m,
que, en effet, il n’y a qu’un nombre fini I u*x + v,Y = n12.
(éventuellement nul) de solutions, qu’on
peut déterminer par essais successifs. C’est Si h’ ~ 4 LX = D n’est pas carré par-
ainsi que Gauss a étudié l’équation fait, on est amené à faire intervenir les
(1.3 + hJ’ = m, avec a et h entiers positifs. solutions de :
Duns le cuspuraholique, on pose 2 us +
hy = t, d’où 4 ud.x + 4 aey = ~ t? ~ 4 uk
et la résolution, lorsqu’elle est possible, (liées aux unités de Q (“tl), comme on le
conduit à des formules du type : voit à propos des équations de Pell). On
obtient alors les solutions de :
x=x,+u,h+v,h2
l y=y,+u,~+v,A2, aX2 + bXY + cY2 = m,

OLI.Y,), .Y,~, 11,. r,, uI, r2 sont des entiers fixés à partir d’un nombre fini d’entre elles.
et où A parcourt Z. De telles formules Il peut d’ailleurs n’y avoir aucune SO~U-

263
DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS

tion, comme, par exemple, pour où n E Z et (x0 + y, m)” = .Y, + .v, V’d
.y”-3 $=- 1, défini ci-dessus.
L’équation 3 9 ~ 2 XJ~ ~ 2 y’ = 6, elle, Le cas général .$ ~ dy’ = m, lorsqu’il
conduit à deux séries de solutions, données aura des solutions, permettra de ranger
par : celles-ci en un certain nombre s de classes,
données par :
3x,--YY, = F-Y)U~-~YY
et 3X’” -YY’. = (12-3y)(ll-3y)“,

où y = 1 + fl est racine de y’ ~ 2 y - 6 oùnEZetk=1,2...,s.


= 0 et où (11 -. 3 y)” correspond aux Le cas m = + 4 est plus directement lié
solutions de uz ~ 2 UV ~ 6 v’ = 1. aux unités de Q (a), qui se recherchent
sous la forme (x + yW)/2, solution de
Équation de Pell ~*+p~*l=Oavecp’f4=~*d.Ilya
L’équation de Pell : évidemment toujours des solutions pour
x2-dy2 = m
M = + 4, données par :

(appelée également équation de Pell- x;+y,vii -


Fermat), où l’on suppose d sans facteur -t2( 2 )>
carré, joue un rôle particulier dans les où n E Z, avec (x’~. y’“) plus petite solution
équations du second degré ; elle est, en positive. Pour m = ~ 4, lorsqu’il y a
effet, fondamentalement liée à la recherche solutions, elles s’exprimeront de même
des unités du corps quadratique Q (“d). sous une forme :
Après avoir établi que XI ~ CI$ = ~7 a une
infinité de solutions entières pour au moins
un II? tel que 1~7 1< 1 + 2 X7, on classe
ces solutions modulo / WI /, d’où l’existence L’équation de Pell est aussi liée aux
des solutions de s* ~ r+’ = 1. développements en fraction continuée de
Si l’on associe aux solutions de .Y’ - dy’ V7. En effet, on établit que les solutions
= 1 les nombres E, = s + J m, on voit de .x2 - d$ = 1 correspondent à des
qu’ils forment un groupe multiplicatif et on réduites p,,/q,, du développement de m.
établit l’existence d’une solution fonda- Plus précisément, l’unité fondamentale de
mentale (.Y,. y,) telle que toutes les solu- Q (m) est (x, = yOm), avec les nota-
tions de s1 ~ dl,’ = 1 sont données par : tions précédentes, si le développement de
W est de période impaire (il y a alors des
x +Va= Ilr(Xl +v,vw, solutions à-y* ~ dy7 = ~ l), alors que c’est
avec II E Z. (-Y, + y, fl), si la période est paire.
Pour I?I f 1, l’équation peut ne pas Dans les deux cas, le développement
avoir de solution (.Y? ~ 3 $ = - 1 + 4 k de :
par exemple, car 9 ~ 3 J’y est congru à 0.1
ou 2, modulo 4). Si .Y’ - dan’ = ~ 1 est
résolue en entiers, ses solutions seront
où 1 (m) est le plus grand nombre impair
données à partir d’une solution fondamen-
inférieur à W, fournit cette solution
tale (.Y,), y,)) par :
fondamentale par sa k-ième réduite, si la
période est k.

264
DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS

Coniques cela avec le lemme de Hensel, on voit que


L’équation : les conditions de congruence à vérifier sont
en nombre fini.
ax2 + by2 + cz2 = 0,
Dans le cas de deux variables :
où l’on peut supposer 0, h et c sans facteurs
ax2 + 2bxy + cy2 = 0 (modp),
carrés et premiers entre eux deux à deux,
conduit à un théorème de Legendre : une avec p # 2, a une solution et une seule si,
condition nécessaire et suffisante de réso- et seulement si, (ac ~ hz) est ou bien un
lubilité est que u, b, c ne soient pas de multiple de p, ou bien l’opposé d’un résidu
même signe et que ~ hc, ~ CU et ~ ah quadratique de p.
soient respectivement résidus quadrati- Notons enfin que Dickson a établi que,
ques de a, h et c (un résidu quadratique de si :
c( est un entier e premier avec c( tel que
ax2 + by2 + cz2 = 0
.Y’ = p mod (x soit résoluble en .Y; cf.
DIVISIBILITÉ, chap. 4), et alors il y a une est résoluble, avec a, h, c premiers entre
solution avec 1x / < m, /y / < VZÜ, eux deux à deux et sans facteurs carrés, il
z < m. On a d’ailleurs là un cas s’ensuit que tout entier peut s’exprimer
particulier du théorème de Minkowski- sous la forme ~IX? + bj” f ~9.
Hasse, suivant lequel : une forme quadra-
tique à coefficients rationnels représente Équation de Pythagore
zéro (c’est-à-dire s’annule pour un système L’équation de Pythagore :
de valeurs non toutes nulles des variables
xz+y*=zz,
dans le corps considéré) dans le corps
des rationnels si, et seulement si, elle est un cas suffisamment classique pour
représente zéro non trivialement dans tous qu’on s’y arrête. Si l’on suppose (,Y, J’, Z)
les corps p-adiques et dans le corps des solution en entiers premiers entre eux, l’un
réels. C’est dire encore qu’une forme des deux nombres .Y ou y est pair. Suppo-
quadratique à coefficients entiers ne sons que ce soit .Y. 11 vient :
s’annulera pour des valeurs entières des
variables que si, et seulement si, son égalité
à zéro, modulo p”‘, est résoluble, quels que
soient le nombre premier p et l’entier qui entraîne :
naturel rn, en solutions entières non toutes
(2 + y)/2 = a* et (z -y)/2 = b2,
divisibles par p. On dit alors que les
conditions de congruence sont satisfaites, d’où les solutions générales positives don-
Ici encore on sait majorer la taille d’une nées par :
plus petite solution. Un théorème de Che- x = 2ab, y = a2-62, z = a2 + b2,
valley, sur les formes de degré strictement
inférieur au nombre des variables, permet avec (a, h) = 1. CI > b > 0 et a et b de
d’affirmer que : parité différente. On trouve pour a = 2 et
h = 1 la plus petite solution non banale :
f@,,x,,...,~,) = 0 (modp)
(4, 3, 5).
a une solution non nulle, si n > 3, pour Il est intéressant de signaler que l’étude
toute forme quadratique. En combinant du groupe orthogonal de la forme qua-

265
DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS

dratique (x2 + y2 - ?) conduit à envi- en liaison avec l’étude du nombre des


sager ici les matrices de ce groupe, représentations p,(n) d’un nombre n
à éléments entiers. On peut établir que, comme somme de deux carrés ; on démon-
si : tre que :

lim p,(n ) = + m.
,l-+-

2. Le grand théorème de Fermat

Pierre de Fermat (1601-1665) fut un


toutes les solutions entières, premières
mathématicien d’une érudition extraordi-
entre elles, de l’équation de Pythagore,
naire (géométrie analytique, fondements
peuvent s’obtenir à partir de la solu-
du calcul infinitésimal, lois de l’optique,
tion (3, 4, 5) par application répétée de
fondements du calcul des probabilités et
S, T, U dans un ordre quelconque (cf.
surtout théorie des nombres). Malheureu-
figure).
sement, presque tous ses théorèmes étaient
Avant d’abandonner le second degré,
donnés sans démonstration, car il était
citons l’équation :
alors d’usage de proposer ses découvertes
x*+y*=z*+t2, à la sagacité de ses interlocuteurs (avec en
particulier une rivalité très vive entre
et, plus généralement, le système :
géomètres anglais et géomètres français).
x:+y:=x2+y:=...=x:+y:, L e t h é o r è m e é l é m e n t a i r e d e Fermat

11.0.1) s b (3.4.51

Solutmns ent~éres prenweres entre e/es de lëquabon de Pythagore

266
DIOPHANTIENNES É QUATIONS

(cl” ~ CI est toujours divisible par p si p est nouvelle solution où 1 Z, 1 < 1~~ 1, ce qui
premier), de même que toutes ses études permet de conclure à l’impossibilité.
sur les formes quadratiques et sur I’équa- Notons aussi l’impossibilité de .x! + y4
tion de Pell (appelée souvent Pell-Fermat) - 2 z2, si -yyz # ~1’ (d’où l’impossibilité de
ont été vérifiés et établis dès le XVIII~ siècle, trouver trois entiers dont les puissances
ainsi que la plupart des énoncés qu’il a quatrièmes soient en progression arithmé-
affirmés, à l’exception de ce que l’on tique de raison non nulle).
appelle le grand th&rPme de Ferrnat (on dit De même -c’ + y4 = 3 z2 est impossi-
aussi le « dernier théorème de Fermat »). ble (comme .Y? + y’ = 3 2’) et, d’une
La recherche d’une démonstration de ce manière plus générale, ,x4 + y4 = k? est
résultat a constitué, comme on le voit impossible pour 3 < k < 16, sauf k = 8
ci-dessous, une motivation essentielle dans (études générales de Maillet en 1900).
le développement des mathématiques et a Pour n = 3, la démonstration ébauchée
contribué à l’élaboration de l’algèbre par Euler en 1774 fut précisée par Gauss.
moderne. Une démonstration définitive a Comme dans le cas général de n premier
été donnée par le mathématicien britanni- quelconque, la recherche se scinde en deux
que A. Wiles en 1993-1995. étapes : on montre d’abord l’impossibilité
Ce (< théorème >) consiste en la propo- en nombres non divisibles par 3 ; pour
sition suivante : Pour n > 3, l’équation cela, on déduit de x3 + y’ = z3 la
congruence :

est impossible en nombres entiers avec


.~y: # 0. L’auteur affirme cette proposi- d’où :
tion, en 1637, dans une annotation mar- x+yzz(mod3), cara~a3(mod3),
ginale des œuvres de Diophante ; il y écrit :
(( J’ai découvert une démonstration assez d’où :
remarquable de cette proposition, mais elle x’+y3=(x+y+3u)3
ne tiendrait pas dans cette marge. » ~xS+y3+3xy(x+y)(mod9),
Il suffirait d’établir ce théorème pour donc : xy (x + y) E xyz E 0 (mod 3),
II = 4 et pour tout nombre premier p. ce qui est impossible sans que s, J’ ou z soit
Malheureusement, si la démonstration
divisible par 3.
pour -P + y4 = z4 est assez simple par la La dernière étape est plus délicate et
méthode de descente infinie, si Euler et repose sur une descente infinie : on sup-
Gauss traitent le cas de y = 3 de même, si pose une solution de ,y3 + y’ = ?, avec
Legendre en 1823 met au point le cas de 1 .~y: 1minimum et on pose :
p = 5 (par montée infinie), le théorème a
x=u+w, y=u-w,
été très difficile à établir dans sa généralité.
Pour !T = 4, la démonstration de Fré-
nicle (1676) repose sur la descente infinie d’où : 2 u(u2 + 3 WZ) = 23,

dont le principe était donné par Fermat : qui conduit ë u? + 3 ns2 = ss, si (u,
raisonnant sur l’équation de Pythagore 3) = 1. Si, au contraire, 3 divise II, on pose
(.Y?)’ + (~2~): = z2, on obtient, à partir de II = 3 l’, d’où 18 V (3 I?* + kV?) = -3
toute solution éventuelle (.Y”, J’“. Q, une conduisant à 3 V* + w* = .Y~. Les solu-

267
DIOPHANTIENNES É QUATIONS

tions de .y3 = u’ + 3 hz, mises sous la avec :


forme :
s = a* + 3 f12, a = a3-9afiZ
et b = 3a2P-3 f3’, C’est en se plaçant dans Q (p) que
Kummer essaya, à partir des entiers com-
conduisent alors à :
p l e x e s m0 + m,cx + + m,-, a”-’ (m,
2 a = ~9, a-3p=r3 et a + 3 p = p3, entiers), de raisonner par décomposition
en facteurs premiers de cp (7, y). Malheu-
où p’ + ~~ = d, avec / pue 1< 1 xyz 1.
reusement, cette décomposition n’est pas
Pour n = 5, la démonstration faite par
toujours unique, et c’est a cette occasion
Legendre en 1825 repose sur :
que Kummer introduit la notion de nom-
x5= (z-Y)<p(X>Y)> bre &Cd (Cf. ANNEAUX COMMUTATIFS). CeS

o ù 4<p(x,y) = 5(x* +yy-(x-yy nombres idéaux, n’appartenant pas au


= (2x2 + xy + 2y2)2--5(xy)2; corps envisagé, permettent la décomposi-
tion unique en facteurs idéaux premiers.
cela permet d’établir que <p (,Y, y) doit avoir
Cette notion d’idéal fut précisée, un peu
des diviseurs aussi grands qu’on veut
plus tard, d’un point de vue purement
(méthode de montée infinie).
algébrique, par Dedekind.
La mathématicienne Sophie Germain a
Kummer obtint des résultats spectacu-
établi que, si n est premier ainsi que
laires, mais encore incomplets : le théo-
(2 n + l), il faudrait, pour que l’équation
rème de Fermat est vérifié pour tout
de Fermat soit vérifiée, que .Y, y ou z soit
premier p pour lesquels le nombre de
divisible par n. Ce résultat a été généralisé
classes d’idéaux n’est pas divisible par p
par Legendre.
(un tel nombre p est appelé nombre
Lamé, en 1837, établit le cas n = 7
premier régulier). On ne sait pas, actuel-
après que Lejeune-Dirichlet ait démontré,
lement, s’il existe un nombre infini de
en 1832, l’impossibilité pour n = 14.
nombres premiers réguliers ; seuls 37,59 et
LZtude g é n é r a l e , p o u r n p r e m i e r
67 sont non réguliers dans la première
impair, comprend donc deux étapes. Dans
centaine. Mirimanoff en 1893 démontre le
la première étape, appelée souvent « pre-
cas p = 37 en perfectionnant la méthode
mier cas du théorème )), on démontre qu’il
de Kummer. En 1968, on avait établi le
n’y a pas de solution parmi les entiers non
multiples de n. Dans la deuxième étape. théorème de Fermat pour tous les nombres
appelée (< deuxième cas du théorème )), on premiers jusqu’à 125 000, et pour un
montre qu’il n’y a pas de solution dont l’un certain nombre d’autres. La démonstra-
des nombres soit multiple de n. Cette étude tion de Wiles clôt une longue histoire de
générale fut entreprise par Kummer en tentatives infructueuses.
1844 et utilise le corps Q (p) des nombres
algébriques de degré (n ~ 1) définis par
l’équation p” 1 = 0. En cffct, si u est
3. Méthodes géométriques
une racine primitive n-ième de l’unité,
l’équation de Fermat s’écrit :
Pour classer les types d’équations, on
X” = @-Y)<p(Z>YX utilise d’abord la dimension, ou nombre de
DIOPHANTIENNES É QUATIONS

variables indépendantes, du système pro- genre zéro peut. par un changement de


posé. Ainsi, en général, un système : variables, être ramenée à une conique
plane (D. Hilbert-A. Hurwitz, 1891), soit
us’ + hé,’ + c = 0. D’après le théorème
de Legendre (cf. .~pra), les conditions de
congruence permettent de décider si cette
est de dimension (n - Y). En dimension 1, conique a un point rationnel. S’il y a un
on parle de courbes ; en dimension 2, de point rationnel, soit M,, on peut les décrire
SUrfaCeS (Cf. GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE). Les
tous, au moyen d’une paramétrisation
solutions en nombres entiers ou rationnels biunivoque :
du système proposé ne sont autres que les
points entiers ou rationnels de la variété x =f@), Y = g(t),
algébrique associée. avec ,f’et g des quotients de polynômes à
Déjà pour les courbes planes (une coefficients rationnels (chaque point
équationf(.u, ~1) = 0), la classification par rationnel de la conique correspond à une
le degré s’avère trop grossière. Ainsi la unique valeur, rationnelle, du paramètre t).
théorie des cubiques planes à point double, Une telle paramétrisation sera dite poly-
comme : nomiale. Pour obtenir cette paramétrisa-
y2 = x’(x + a), tion, on fait simplement tourner une droite
autour de M, ; chaque droite de pente
avec a rationnel, est très simple, celle des rationnelle f, passant par M,, recoupe la
cubiques planes sans point double, conique, qui est de degré 2, en un unique
comme : point, à coordonnées (.Y =J’(t), y = g(r))
JJZ=x@+u)(x+b), rationnelles. C’est ainsi qu’a été résolue
plus haut l’équation de Pythagore.
avec CI et h rationnels non nuls et distincts, Pour les points entiers sur une courbe
est beaucoup plus délicate (cf. COURBES de genre zéro, on dispose aussi d’une
ALGÉBRIQUES). On est ainsi amené i UtikW
analyse complète (C. L. Siegel, 1929) :
des (< invariants )) de nature géométrique. essentiellement, l’équation de Pell (cf.
Pour les courbes, on utilise le genre, suprrr) est le seul cas non évident où il peut
nombre de trous de la surface de Riemann y avoir une infinité de points entiers.
correspondante. Pour une courbe plane de
degré d, à points multiples ordinaires, le Courbes de genre 1 :
genre vaut : points rationnels
(d - 1) (d - 2) s,Q,-- 1) Ici, les conditions de congruence ne suffi-
2 c 2 ’ sent plus a assurer l’existence d’un point
rationnel, comme le montre l’exemple
où la sommation s’étend à tous les points
3.~~+4-‘~+5=O(E.S.Selmer,1951).
multiples, l’ordre de ceux-ci étant s,.
On dispose cependant d’un procédé
remontant à Fermat (descente infinie)
Courbes de genre zéro permettant d’étudier de telles courbes.
On dispose ici d’une analyse complète, En C’est un problème ouvert de savoir si
ce qui concerne les points rationnels, la l’application systématique de ce procédé,
démarche est la suivante. Toute courbe de conjointement avec les conditions de

269
DIOPHANTIENNES É QUATIONS

congruence, suffit toujours à déterminer la fini de points rationnels situés dessus tels
présence ou l’absence d’un point rationnel que tous les autres points rationnels de (C)
sur une courbe de genre 1. puissent être obtenus à partir de ceux-ci
Si l’on connaît un point rationnel sur par itération du procédé de la corde et de
une telle courbe, celle-ci peut être ramenée la tangente. Étant donné une courbe (C),
(Poincaré, 1901) à une cubique plane non on sait borner le nombre minimal de
singulière : générateurs du groupe de Mordell-Weil
associé (rang), mais on n’a pas de méthode
(C) y* = P(x),
générale pour déterminer le rang, a fortiori
avec P(X) un polynôme du troisième degré pour construire explicitement un système
sans facteur multiple. On a là une courbe de générateurs. On dispose seulement d’un
elliptique, objet fondamental tant en géo- algorithme conditionnel (Yu. 1. Manin,
métrie algébrique qu’en théorie des nom- 1973), reposant sur deux conjectures.
bres. La géométrie algébrique montre L’une, de Weil, relie les courbes elliptiques
qu’on ne peut pas ramener une telle courbe a u x formes modulaires. L’autre, de
à une courbe de genre zéro. Il existe B. Birch et H. P. F. Swinnerton-Dyer
pourtant une paramétrisation des solutions (1965), affirme que le rang d’une courbe
complexes de (C), bien classique, mais, elliptique est donné par l’ordre du zéro au
elle, de nature transcendante : la paramé- point complexe z = 1 d’une certaine fonc-
trisation par les fonctions elliptiques tion méromorphe dont la définition fait
(Weierstrass; cf. COURBES ALGÉBRIQUES). intervenir le nombre de solutions modulo
On voit sur cette paramétrisation que les p, nombre premier, de l’équation (C), cela
solutions complexes de (C) peuvent être pour tous les nombres premiers p (cf.
munies d’une structure de groupe abélien. fonction ZÊTA). L’ordinateur a donné un
En fait, la composition ainsi définie induit grand poids à cette conjecture, et des
une composition des points rationnels de la progrès théoriques ont été effectués.
cubique. Essentiellement, il s’agit de la
construction suivante. Étant donné deux
Courbes de genre au moins égal à 2 :
points rationnels de la cubique, la droite
points rationnels
qui les joint, qui est à coefficients ration-
nels, recoupe la cubique en un troisième Parmi les courbes de genre au moins égal
point, dont les coordonnées sont par force à 2, on trouve les courbes planes non
rationnelles : c’est le procédé de la corde singulières de degré au moins 4. Là encore.
pour engendrer de nouvelles solutions (on on ne peut ramener l’étude de telles
peut aussi utiliser la tungente en un point courbes à l’étude de celles de genre infé-
rationnel). On obtient ainsi une structure rieur ou égal à 1. On ne dispose d’aucun
de groupe abélien sur l’ensemble des procédé permettant d’engendrer un
points rationnels de (C). L’important théo- nombre infini de solutions à partir d’un
rème de Morde11 (1922) généralisé par nombre fini d’entre elles. Morde11 a ainsi
Weil (1928) établi par descente infinie, dit conjecturé (1922) qu’une telle équation
que ce groupe appelé depuis groupe de n’admettrait jamais qu’un nombre fini de
Mordell-Weil, admet un nombre fini de solutions rationnelles. Cette conjecture a
générateurs. En d’autres termes, étant été démontrée par G. Faldings en juin
donné une cubique (C), il existe un nombre 1983 et a constitué une étape importante
DIOPHANTIENNES É QUATIONS

dans la démonstration du grand théorème coefficients des polynômes définissant le


de Fermat. paramétrage à être des nombres comple-
xes. Parmi celle-ci, on trouve les surfaces
Points entiers sur les courbes non singulières de l’espace ordinaire défi-
de genre au moins 1 nies par une équation de degré 2 (quadri-
On dispose du théorème général de ques) ou 3 (surfaces cubiques), mais
C. L. Siegel (1929) selon lequel une telle aussi des équations de degré supérieur,
courbe n’a qu’un nombre fini de points comme :
entiers. La démonstration utilise d’une
y2 + o(x)22 + b(x) = 0,
part le théorème de A. Weil (1928),
étendant celui de Mordell, d’autre part la avec a(s) et @A) des polynômes non nuls
mauvaise approximation par des ration- de degré quelconque.
nels des irrationnels algébriques (cf. On est loin de disposer ici de résultats
approximations DIOPHANTIENNES). Ce aussi satisfaisants que pour les courbes de
résultat englobe celui de Thue (1909) lui genre zéro. Dans certains cas : quadriques
aussi fondé sur les approximations dio- (Hasse-Minkowski, cf. supra), surfaces
phantiennes : l’équation cubiques

J-(x, Y) = m, ax3 + by? + a3 + d = 0,

oùJ’est un polynôme homogène irréduc- avec ub = cif # 0 (E. S. Selmer, 1953), les
tible à coefficients entiers de degré au conditions de congruence (et la condition
moins égal à 3, et m est un entier non nul, réelle) suffisent à assurer l’existence de
ne possède qu’un nombre fini de solutions points rationnels. Cela ne vaut pas en
entières. général, comme le montre l’exemple
Dans beaucoup de cas, en particulier (J. W. S. Cassels-M. J.T. Guy, 1966) :
pour les équations 4.” = P(x) où le poly-
5x3 + 9y’ + 1023 + 1 2 = 0
nôme P a au moins trois zéros distincts, A.
Baker a donné des majorations effectives Si une quadrique a un point rationnel,
(mais grandes) pour la taille possible des on peut encore donner une paramé-
solutions entières ; ainsi, pour l’équation trisation polynomiale essentiellement
de Thue ci-dessus : biunivoque des points rationnels, en utili-
sant la même méthode que pour les coni-
ques.
où d est le degré de f, et H un entier Une telle paramétrisation est encore
dépendant de la taille de m et des coeffi- possible pour une surface cubique de
cients def: Dans certains cas particuliers, l’espace ordinaire, soit Z, qui contient deux
ces méthodes permettent même de trouver droites D et D’ définies par des équations
toutes les solutions entières, à coefficients rationnels, et ne se coupant
pas. Choisissons un plan n, d’équation
Surfaces rationnelles a-c + by + cz + d = 0, avec a, b. c. d
Les surfaces rationnelles sont les analogues rationnels. Pour M un point rationnel du
en dimension 2 des courbes unicursales, plan rr, la droite D,, intersection des deux
celles qui peuvent être paramétrées de plans engendrés l’un par (M, D), l’autre
façon polynomiale si l’on autorise les par (M, D’), est définie par des équations

771
DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS

à coefficients rationnels, Elle coupe la obtient par exemple que tout rationnel est
surface cubique C en trois points : celui qui somme de trois cubes de rationnels :
est situé sur D et celui qui est situé sur D’
sont définis par des équations a coefficients
rationnels, le troisième, soitf(M), est donc + (acqq’,
à coordonnées rationnelles. On vérifie que
la correspondance qui à M associe J’(M) avec d = 3Za= + 34a + 3b
définit une paramétrisation poiynomiale
(Ryley, 1825 ; H. W. Richmond, 1930).
essentiellement biunivoque des points
En s’inspirant de la méthode de
rationnels de C par ceux de K. C’est ainsi
Mordell-Weil, F. Châtelet (1959) a montré
qu’on trouve la solution générale due à
qu’un nombre fini de solutions paramétri-
Euler de l’équation : x3 + y3 + z3 = 1 ques polynomiales (à 4 variables) permet
l-(U-3v)(u2+ 3v3 de décrire toutes les solutions rationnelles
X=
d de :
y=(u+3v)(u~+3v2)-1
d y’-az2=x(x-6)(x-c),

z=(u*+3v*)*-(u+3Y)
avec 0, b, c rationnels non nuls. On ignore
d
par contre si une solution polynomiale,
avec d=(uZ+3v2)2-(u-3v).
même partielle, à deux vrais paramètres et
Des méthodes fines de géométrie algé- à coefficients rationnels est possible pour
brique montrent qu’une telle paramétrisa- l’équation générale :
tion polynomiale biunivoque à coefficients
yZ--a(x)z” = b(x),
rationnels est souvent impossible, ainsi
pour : où a(-~) et b(x) sont des polynômes non
nuls.
x’+y’+z’=a,
Pour les points entiers des surfaces
où CI est un rationnel qui n’est pas un cube cubiques, on a des résultats épars. Soit par
(Yu. 1. Manin, 1970). On peut cependant, exemple l’équation :
pour une surface cubique non singu-
lière qui possède au moins un point
rationnel, trouver des familles polynomia- avec n entier fixé, à résoudre en (x, y, z)
les à deux vrais paramètres (c’est-a-dire entiers. On voit facilement (congruences
qu’on ne peut réduire à un seul paramètre), modulo 9) qu’il n’y a pas de solutions
soit : si II est congru à + 4 modulo 9. Sinon,
on ne sait pas s’il y a toujours une solu-
x = A(u, v), y = B(u, v), z = C(u, Y),
tion, par exemple pour n = 30, et, s’il y
avec A,B,C quotients de polynômes en II et en a une, s’il y en a une infinité. L’iden-
,r à coefficients rationnels, mais en général tité :
même un nombre fini de telles familles ne
(1 + 6r’)3 + (1 -6r3)’ + (-6t93 = 2
suffit pas à décrire tous les points ration-
nels de la surface cubique. On obtient donne une infinité de solutions pour n = 2,
néanmoins beaucoup de solutions ration- mais, pour n = 3, on ne connaît que les
nelles En spécialisant les paramètres, on solutions (1, 1, 1) et (4, 4, - 5).
DIOPHANTIENNES É QUATIONS

Pour : au moyen d’une solution à un paramètre ;


par exemple :
x2 + y2 + z2-axyz = b,
x = t’ + ts-213 + 3 t2 + t
avec a et b entiers, on dispose d’un
d
processus (Markov, Hurwitz) permettant t6-3tS-2P+ t* + 1
d’engendrer toutes les solutions entières a Y=
d
partir d’un nombre fini, explicitement t’+t5-2t3-3t*+t
Z=
calculables, d’entre elles. d
On conjecture (P. Erdos, E. G. Straus) avec d=t6+3t5--2t4+t2+1
que l’équation : (Géraudin, 1917).

4/n = 1/x + l/y + l/z, La géométrie algébrique montre qu’au-


curie solution, même partielle, polynomiale
avec IZ entier fixé, n > 1, à résoudre en
à deux vrais paramètres n’est possible.
entiers positifs .Y, y, 2, a toujours des
Cependant, en utilisant le fait que la surface
solutions (c’est un cas particulier du pro-
ci-dessus peut être fibrée en courbes ellipti-
blème des fractions égyptiennes, où l’on
ques, on peut donner une infinité de solu-
cherche à écrire un rationnel comme
tions essentiellement distinctes à un para-
somme d’un nombre donné d’inverses
mètre (H. P. F. Swinnerton-Dyer, 1971 j.
d’entiers). Cette conjecture a été établie
p o u r n < 108. Surfaces analogues aux courbes
de genre au moins 2
Surfaces analogues aux courbes Parmi celles-ci, on trouve les surfaces non
de genre 1 singulières d’équation :
L’analogue immédiat, du point de vue de la
f(&Y,d = 0,
géométrie algébrique, consiste en les surfa-
ces abéliennes (pour lesquelles il est difficile avec f de degré au moins 5. Une fois de
de donner des équations !). Le théorème de plus, elles ne peuvent être ramenées aux
A. Weil (1928) nous renseigne sur les points surfaces précédentes. Il peut exister des
rationnels, mais on ignore s’il n’y a qu’un solutions a un paramètre, mais une conjec-
nombre fini de points entiers. ture analogue à celle de Morde11 pour les
Un autre analogue consiste en les sur- courbes de genre au moins 2 voudrait que,
faces non singulières de l’espace ordinaire, pour une telle surface, les points rationnels
de degré 4. Une conjecture d’Euler affirme soient concentrés sur un nombre fini de
que l’équation : courbes algébriques tracées sur la surface.

x4+y4+24= 1
4. Équations à beaucoup de varia-
n’a pas d’autres solutions rationnelles que
bles
(* 1, 0, 0), (0, f 1, 0) et (0, 0, f l), mais
on sait seulement qu’une autre solution
L a m é t h o d e d u c e r c l e d e Hardy-
devrait avoir un dénominateur au moins
Littlewood-Vinogradov, qui avait déjà
égal à 220 000. Euler donna une infinité de
révélé sa puissance dans l’étude du pro-
solutions rationnelles de :
blème de Waring (cf. théorie des NOMBRES
x’+y4=24+ 1, - Théorie analytique des nombres), a aussi

273
DIOPHANTIENNES É QUATIONS

permis d’obtenir le résultat suivant mais on ne connaît pas de solution à un


(H. Davenport, B. Birch, 1962). Soit f,. . . . . paramètre. Pour d = n = 5, on connaît
,f;. des formes homogènes de degré d, en n des solutions a deux paramètres. On
variables, a coefficients entiers. Supposons connaît par ailleurs beaucoup de solutions
que le système : de l’équation u6 + 11~ + w6 = z6 + t6 + 1
(A. Bremner, 1980), par une méthode
fdx,. . ..>X.) = cl inspirée de celle qui est mentionnée pour
I ............
l’équation ~~ + y4 = F + 1.
1 f,(x,, . . ..x.) = 0
n’a pas de solution complexe singulière
non nulle. Si les conditions de congruence
5. Équations diophantiennes
sont satisfaites, si le système a une solution
exponentielles
non nulle en nombres réels et si :

C*l n > 1(1. + 1) (d- 1) 2d-‘, On appelle ainsi les équations du type :

alors le système a une solution non nulle en j-(X?‘, . . ..XF^) = 0,


nombres entiers, On peut appliquer ce
où f est un polynôme en n variables a
résultat par exemple a une forme cubique
coefficients entiers, à résoudre en entiers
en au moins 17 variables (toute forme telle
positifs (.X,, . . . . s,,, ni,, . . . . Hz,,).
a un zéro non trivial), ou à un système de
Comme équations classiques de ce type,
deux formes quadratiques en au moins
résolubles par des factorisations en nom-
13 variables.
bres entiers, citons :
Si les conditions de congruence (et la
condition réelle) ne sont pas en général x2 + 1 =y”
suffisantes quand le nombre de variables
en (x, y, n), qui n’a pas de solution avec
est très petit par rapport au degré (ainsi
n > 1 et y > 1 (V. A. Lebesgues, 1850)
r = 1, d = 3, ri = 4, cf. supra), on peut
et :
se demander si on ne peut pas affaiblir
l’inégalité (*). On ignore ainsi si, pour une x2- 1 =y”,

forme cubique non singulière en au moins qui n’a pas de solution avec n > 1 et ,r > 3
5 variables, les conditions de congruence (Chao Ko, 1964).
sont suffisantes. Pour établir une conjecture de Rama-
On se demande si une équation non nujan, l’équation :
singulière :
x2+7=2n

n’a pour solutions que II = 3, 4, 5, 7. 15,


de degré u’ < IZ a une infinité de solutions
Nage11 (1960) eut recours à la théorie
rationnelles dès qu’elle en a une. Considé-
algébrique des nombres (calculs dans le
rons par exemple l’équation :
corps Q (m).
Les résultats d’A. Baker sur les formes
linéaires de logarithmes ont permis de
Pour d = n = 4, à part les solutions
réaliser d’importants progrès (cf. nombres
évidentes du type (1, 0, . . . . 0), on connaît :
TRANSCENDANTS). Il s’agit en fait de métho-
(240/651, 340/651,430/651, 599/651), des d’approximation.

374
DISTRIBUTIONS

Ainsi, pour f(-c) un polynôme à coef-


ficients entiers avec au moins deux zéros,
DISTRIBUTIONS
on sait (A. Schinzel, R. Tijdeman, 1976)
qu’il n’y a qu’un nombre fini d’entiers m
pour lesquels l’équation : 1 1 est arrivé à plusieurs reprises que
certaines exigences de la physique. par
exemple, aient conduit les utilisateurs des
Yrn =f(x)
mathématiques à des G calculs 1) non rigou-
a des solutions avec y > 1. reusement justifiables au moyen des
En 1976, R. Tijdeman, utilisant ces concepts mathématiques existants, mais
méthodes, a montré que l’équation de qui traduisaient avec succès la réalité
Catalan : expérimentale. C’est ainsi que l’ingénieur
xm-yn = 1 Heaviside introduisit dans l’étude des
réseaux électriques (en 1894) les règles de
(en x, y, m, n entiers naturels) n’a qu’un son calcul symholiqur, qui ne fut justifié
nombre fini de solutions, et ce, par une mathématiquement que postérieurement.
méthode effective (.P < exp exp exp 250, L’étude des équations aux dérivées par-
Langevin, 1976). La conjecture de Catalan tielles conduisait aussi naturellement à des
est ainsi ramenée à un nombre fini (mais extensions des matériaux mathématiques
grand !) de calculs. traditionnels ; ainsi, il est normal de consi-
dérer que les deux équations :
MARCEL DAVID
et JEAN-L~UIS COLLIOT-THÉLÈNE d%/dxdy = 0 e t db/d-vdx = 0

sont équivalentes, et pourtant la première


est satisfaite par toute fonction U(X) de .Y
Bibliographie seul, alors que l’expression 8ujay dx n’a
2. 1. BOREVITH & 1. R. CHAFAREVITCH. T&or-ir &s
nornhres, trad. J.-L. Verley, Gauthier-Villars, 1967 /
de sens que si U(X) est dérivable en .Y. Des
J. W. S. CASSELS, Kutionul Qua&atic FO~~U, Aca- considérations de ce type, ainsi que l’étude
demie Press. San Diego (Calif.). 1979 / A. FAISAN-~, du problème de Dirichlet (trouver une
L ‘Équation cliophnrimne du second &y&+ Her- fonction harmonique dans un ouvert de R”
mann, 1991 / R. GUY & H. CROFT, Unsol~~erl
Prohlertu in Nurnher 77~eorJ~. Springer Verlag, New
connaissant ses valeurs sur la frontière)
York-Berlin, 1981 / G. H. HARDY & E. M. W RIGHT , avec les méthodes de l’espace de Hilbert,
An Introduction to the Theor~, of Numhers. Oxford ont conduit les mathématiciens à généra-
Univ.. New York, 5’ éd. 1979 / K. IRELAND & liser les solutions acceptables d’une telle
M . ROSEN . A Clussicc~l Introduction to Mo&n
Nurnhrr Throry, Springer-Verlag, New York. 1990 /
équation en introduisant la notion de
Y u . 1. MANIN. Cuhic Fums : Alg&rrr, Geonzq~. solution fui&. Le mathématicien soviéti-
Arithmetic, Elsevier Science Publ., New York, que Sobolev a construit, en 1934, des
1986 1 J. P. MICHON. Équcrtions cliophuntiennes, classes de fonctions généralisées qui justi-
vol. 1, E.S.T., 1989 / P. RIBENBOIM, 13 Lecrura on
Fenm/~ LU.\~ Tbeorm. Springer Verlag, New
fiaient de manière rigoureuse ce genre de
York-Berlin, 1979. considération.
La théorie des transformations de Fou-
rier et de Laplace exigeait aussi des géné-
ralisations des fonctions. En 1926, Dirac
introduisait en physique mathématique sa

275
DISTRIBUTIONS

célèbre << fonction >) F,, nulle en dehors de


l’origine et d’intégrale égale à 1, qui
représentait une impulsion unité à l’instant
t = 0, donc d’effet nul pour t # 0. Puis- 1. Espaces avec notion
que 6, n’est pas une fonction au sens usuel de suite convergente
(car une fonction nulle pour t # 0 est
d’intégrale nulle), sa justification mathé- Les conditions de continuité qui intervien-
matique correcte conduisait à une exten- nent dans la définition des distributions
sion de la notion de fonction ; remarquons peuvent s’exprimer élémentairement en
que, dans ce cas précis, la théorie de la utilisant seulement la notion de suite
mesure permettait déjà de considérer 6, convergente, sans qu’il soit nécessaire de
comme une mesure de masse 1 concentrée préciser complètement la topologie des
à l’origine, c’est-à-dire comme un être espaces considérés. On se propose ici de
mathématique bien défini. montrer comment on peut définir a priori
Cette extension a été présentée sous sa et de manière purement formelle une telle
forme actuelle par le mathématicien fran- notion sur un espace vectoriel. Les espaces
çais L. Schwartz, dans le cadre des espaces vectoriels sont sur le corps R des nombres
vectoriels topologiques ; parmi ses nom- réels ou le corps C des nombres comple-
breuses applications, citons : les équations xes.
aux dérivées partielles linéaires, la repré-
sentation des groupes de Lie, les processus Définition
stochastiques, les variétés différentiables. Soit E un espace vectoriel. On dit qu’on a
la physique mathématique, la physique défini dans Eune notion desuitL’convergrntr
expérimentale (« déconvolution )) et iden- si on s’est donné un sous-ensemble G de
tification de systèmes). l’ensemble de toutes les suites d’éléments
La construction des distributions due à de E et une application de G dans E qui à
L. Schwartz admet de nombreuses varian- toute suite (s,) de & fait correspondre un
tes conduisant à des classes de fonctions élément x E E, ce qu’on écrira (de manière
généralisées ayant chacune un domaine purement formelle) : (x,,) + .Y dans E, et
privilégié d’applications : fonctions géné- ce qu’on lira : La suite (.u,,) converge vers .Y ;
ralisées de divers types introduites par les les éléments de & s’appellent suites
mathématiciens soviétiques Guelfand et umvrrgentes. On impose aux données pré-
Silov dans l’étude des équations aux déri- cédentes les conditions suivantes :
vées partielles ; hyperfonctions de Sato- (CI) Pour tout élément SE E, la suite
Martineau, très utiles dans l’étude des constante (.Y, .Y, . . . . .Y, . ..) est convergente et
fonctions de plusieurs variables complexes converge vers s ;
et les problèmes aux limites ; fonctions (h) Si la suite (.Y,,) est convergente et
généralisées de Beurling-Bjork ; etc. converge vers s, alors, pour tout nombre
L’exposé qui suit suppose seulement A du corps de base R ou C, la suite (A -Y,,)
connue la notion d’espace vectoriel converge vers A .Y ;
(cf. ALGÈBRE ou algèbre LINÉAIRE ET MUL- (c) Si (.Y,,) et (y,,) sont deux suites conver-
TILINÉAIRE) et la notion de suite conver- gentes qui convergent respectivement vers
gente de nombres complexes (cf. nombres .Y et y, alors la suite (.Y~, + j;,) converge vers
COMPLEXES). .Y + y.

276
DISTRIBUTIONS

(d) Si (.Y,,) converge vers .Y, toute sous-suite suivant est essentiel dans la définition des
de (.Y,,) converge aussi vers s. distributions ; on remarquera qu’on définit
Les conditions ci-dessus sont les pro- ici les suites convergentes sans I’intermé-
priétés des suites convergentes (au sens diaire d’une topologie.
usuel) de nombres réels ou complexes. Soit 0 un sous-ensemble ouvert de R”
Comme toujours dans l’approche formelle (c’est-à-dire que pour tout point de 0 il
d’une notion, on retrouve donc, sous existe une boule de rayon > 0 contenue
forme d’axiomes, des propriétés vérifiées dans 0). Toutes les fonctions considérées
dans les situations concrètes qu’il s’agit de sont supposées a valeurs complexes. Si <c!
généraliser. Si une suite (,Y,,) converge vers est une telle fonction définie et continue
,Y, on dit aussi que (.Y,,) a pour limite .Y et dans 0, on appelle suppor/ de q le plus
on écrit : petit ensemble fermé en dehors duquel cy
est nulle ; 9(Q) d&gnera l’umv~~hle des
limx,=x
n-e fonctions cikjnies duns Cl, uhiettmt des
dérivées partielles de tous ordres, et ir
Remarquons que, pour connaître G, il
suffit de connaître le sous-ensemble G, de .rupport compact (c’est-à-dire borné et
fermé dans R’,).
& formé des suites (s,,) qui convergent vers
0 (d’après les axiomes, c’est d’ailleurs un Pour désigner les dérivées partielles
espace vectoriel pour les opérations usuel- d’ordre quelconque, on utilise la conven-
les sur les suites). En effet, dire que tion des multi-indices (cf. CALCUL INFINI-
(a,) + .Y équivaut, d’après les axiomes, à TÉSIMAL - Calcul à plusieurs variables). Par
dire que la suite (,Y,~ ~ .Y) tend vers 0, ce qui définition. un multi-indice est un système
met en évidence que la translation de de n nombres entiers positifs ou nuls :
vecteur .Y, qui A .Y,, fait correspondre
.Y,~ + .Y, est une bijection de G, sur I’ensem-
ble &, des suites qui convergent vers X. En on écrit alors aya.ex OU (ajasy pour
désigner l’opérateur de dérivation partielle
abrégé, on dira qu’un espace vectoriel E
est un e.v.s. si on a défini dans E une notion
de suite convergente.

cette écriture permet d’avoir, dans le cas de


Un exemple fondamental n variables. une écriture analogue au cas
11 est clair que, si E est l’espace euclidien d’une variable.
usuel de la géométrie dans l’espace. 11 est clair que B(Q) est un espace
l’ensemble des suites convergentes au sens vectoriel ; munissons-le d’une structure
usuel satisfait aux conditions précédentes ; d’e.v.s. en définissant les suites convergen-
plus généralement, si E est un espace tes. Soit (<F,,) une suite d’éléments de
vectoriel normé, muni d’une norme 11. j/, on ‘B(a) ; on dira que la suite (vi,) est
peut définir directement, à partir de la convergente et converge vers une fonction
norme, les suites (.Y,,) qui convergent vers v E 9(Q) si les deux conditions suivantes
.Y par la propriété suivante : La suite de sont réalisées :
nombres réels positifs jl s ~ s,, /l tend vers 0 (CI’) Toutes les fonctions v,,, ainsi que la
pour n + m ; il est clair que les conditions fonction <t‘, sont nulles en dehors d’un
(a) à (c/) sont alors satisfaites. L’exemple même compact K de 0 ;

277
DISTRIBUTIONS

(h’) Pour tout multi-indice c(, la suite des Si E et F sont deux e.v.s., on peut munir
dérivées partielles (da(pp/dY) converge l’espace vectoriel C (E, F) des morphismes
uniformément sur K vers la dérivée par- de E dans F d’une notion de suite conver-
tielle correspondante de cp : gente en disant qu’une suite u,, de mor-
phismes de E dans F converge vers
u E f(E, F) si (U,,( X)) -f u(x) dans F pour
tout élément x E E. En particulier,
pour p - aî. Il est clair que les conditions cette définition permet de munir d’une
(a) à (4 sont satisfaites. structure d’e.v.s. l’espace vectoriel E’
des applications linéaires de E dans son
Morphismes corps de base qui sont continues pour les
suites.
On va maintenant définir les morphismes
On retrouve dans le cadre des e.v.s.
des e.v.s., c’est-a-dire les applications d’un
l’importante notion de transposée d’une
tel e.v.s. dans un autre qui respectent les
application linéaire (cf. algèbres LINÉAIRE
deux notions définissant la structure d’un
ET MULTILINÉAIRE). Soit, eIl effet, E et F
e.v.s. : la structure vectorielle et les <( suites
deux e.v.s., et u un morphisme de E dans
convergentes » .
F ; désignons par E’ et F’, comme
Soit E et F. deux e.v.s. Un morphisme
ci-dessus, les e.v.s. des applications linéai-
u de E dans F est, par définition, une
res respectivement de E et F dans le corps
application linéaire de E dans F (c’est-à-
de base (formes linéaires sur E et F), qui
dire telle que u(h x + u ~3 = A u(x) +
sont séquentiellement continues. Pour
u u(y). pour .Y, y E E et A, u dans le corps
toute forme linéaire fE F’, la forme
de base R ou C) qui transforme toute suite
g =f’0 u est une forme linéaire séquen-
convergente de E en une suite convergente
tiellement continue sur E, donc est un
de F : si (,Y,,) -+ x dans E, alors
élément de E’, et on vérifie facilement que
(u(x,)) + u(x) dans F ; on dit aussi que u
l’application linéaire ‘U : F’ + E’, qui à
est une application linéaire séquentielle-
,frZ F’ fait correspondre ,f‘o u E E’, est
ment continue (ou « continue pour les
séquentiellement continue ; on définit ainsi
suites ))). Pour qu’une application linéaire
le rnorphisnw ‘u transposé de II.
de E dans F soit un morphisme, il faut et
il suffit qu’elle transforme toute suite
convergente vers 0 dans E en une suite
convergente vers 0 dans F. 2. Définition des distributions
Voici deux exemples de morphismes de
1’e.v.s. 9(O) dans lui-même. Si on désigne Il est clair que, pour généraliser la notion
par d/ds, l’opérateur de dérivation par- de fonction, il faut abandonner certaines
tielle par rapport à la i-ième coordonnée propriétés usuelles des fonctions (par
dans R”, l’application <ç - d <p/d.u, est un exemple le fait qu’une fonction prend une
morphisme de 9(a). De même, sifest une valeur déterminée en chaque point) pour
fonction admettant dans 0 des dérivées ne conserver que certaines propriétés.
partielles de tous ordres, l’opération de L. Schwartz utilise comme notion essen-
multiplication par.f, qui s’écrit cp -f’<ç, est tielle la propriété d’opérer linéairement sur
un morphisme de 9(O) dans 9(O). des classes de fonctions très régulières.

278
DISTRIBUTIONS

Méthode générale de construction intégrable), on peut l’identifier à la distri-


La méthode générale pour définir un bution :
espace de fonctions généralisées sur un
ouvert !A de R” est la suivante. On prend
tout d’abord un e.v.s. ‘ti de fonctions
<p- sf(x)<p(x)~x, cPEBG9;
(( suffisamment régulières » dans 0 ; par les distributions définies par deux fonc-
définition, l’espace des fonctions générali- tions f et g localement intégrables dans !A
sées sur 0 est alors l’espace ‘G’ des formes coïncident si et seulement si f et g <C coïn-
linéaires séquentiellement continues sur B. cident )> au sens de la théorie de Lebesgue,
Pour justifier la terminologie de <( fonc- c’est-à-dire sont bgales presque partout ;
tions généralisées )), il faut identifier les ainsi, les distributions ne généralisent pas
fonctions <( régulières )> sur 0 à des élé- à proprement parler les fonctions, mais les
ments de E’ ; pour cela, on identifie une classes de fonctions égales presque par-
telle fonctionf’à la forme linéaire sur B : tout : si on modifie une fonction en
changeant sa valeur en un point, par
exemple, elle définit toujours la même
distribution ; on a bien abandonné la
où .Y = (xi. ___i xii,) et d-x = &, & ___ d-y,?. propriété des fonctions d’être définies par
Nous allons préciser ces indications géné- leur valeur en ro~r point.
rales en construisant en détail les distribu- La notion d’e.v.s. permet de définir la
tions proprement dites. notion de suites umvergentes de distrihu-
tiens : si T,, T2, ._., T,,, est une suite de
distributions, on dit, en accord avec la
Définition des distributions
définition de 1’e.v.s. 9’(O), que cette suite
On prend ici pour espace b 1’e.v.s. 9(O),
tend vers une distribution T si :
défini ci-dessus, des fonctions indéfiniment
différentiables et à support compact dans T(<p) = lim T,(<p),
n-m
0. L’espace 9’ (0) des distriblctions dans
0 est alors par définition l’ensemble des pour toute fonction q E B(O). On peut
formes linéaires T séquentiellement conti- montrer que, si pour toute fonction
nues sur D : on note indifféremment : cp E B(O) la suite de nombres complexes
T,,(q) tend vers une limite, l’application
T(<p) = (T,<p) = < T,<p > = définie dans ‘B(n) qui à <p E SI(Q) fait
sn 'W)<p(x)~x,
correspondre cette limite est une distribu-
la valeur de la distribution T (forme tion, limite de la suite des distributions T,,.
linéaire s u r 9(n)) sur la fonction Cette propriété est généralement très facile
<ç E !D(Q). Remarquons que la dernière à vérifier et permet de définir de nombreu-
écriture est abusive ; elle est utilisée car elle ses distributions nouvelles à partir dc
rappelle que, si T est une fonction, l’expres- distributions déjà connues.
sion de T(q) est donnée par une intégrale. La notion de suite convergente de
Précisons ce point. distributions permet en particulier de défi-
Sifest une fonction intégrable (au sens nir les s~rirs c’omergent~~s de distributions.
de la théorie de Lebesgue) sur tout com- Si (T,,) est une suite de distributions, on dit
pact de 0 (on dit alors quefest localement que la série de terme général T,, est

279
DISTRIBUTIONS

convergente (au sens des distributions) de fig. 1


somme T si la suite des sommes partielles
est convergente au sens indiqué ci-dessus ;
on écrit alors Z T, = T.

Exemples
CI) Soit a un point de R” ; l’application qui
à toute fonction cp E 9(R”) fait correspon-
dre la valeur cp(a) de la fonction <p en a est
une distribution appelée distribution de
Diruc et notée 6,. Ainsi, avec l’abus
d’écriture signalé ci-dessus, on a :

cette distribution permet de donner une


définition mathématique rigoureuse de la
(< fonction )> de Dirac mentionnée plus
haut.
6) On vérifie facilement que la fonction 0, la suite des distributions pEn (ou, pour
(I définie sur R par être précis, la suite des distributions T,
définies par ces fonctions) tend vers la
exp [-- l/(l -x2)] si /x 1< 1,
distribution de Dirac au point 0.
silxl 2 ls
a(x)= o

c) Dans le plan, identifié à R*, de la


est une fonction indéfiniment dérivable, variable complexe z, on montre que la
nulle par définition en dehors de l’inter- fonction f(x + iy) = 1/7r z est intégrable
valle [- 1, 11. Si on pose : sur tout compact ; par suite, cette fonction
définit une distribution, notée l/~ z, qui, à
k = +la(x)dx, toute fonction <p E 9(R2), associe :
s-1
la fonction p,(x) = a(x)/k appartient donc
à 3(R) et est d’intégrale égale à 1. Plus
généralement, la fonction : d) Soit maintenant R3 l’espace de la
géométrie élémentaire dans l’espace. La
fonction .Y - 1/(4711.x 1 ) est localement
appartient aussi à 3(R) et est d’intégrale
intégrable dans R3 et définit donc une
égale à 1 ; d’autre part, pc est nulle en
distribution, notée 1/(4711x II).
dehors de l’intervalle [- E, E] (fig. 1).
f) On peut montrer que, pour toute
Comme fonction <p E 9(R), et pour toute suite E,,
tendant vers 0, la suite des nombres
~,(x)<p(x)dx-<p(O), s i E+O, réels :
s

pour toute fonction continue <p, il en


résulte que, pour toute suite E,, tendant vers

280
DISTRIBUTIONS

tend vers une limite, indépendante de la x,), d’où dx = d-x’ d.y,, ce qui donne, par
suite (E,) choisie, et que l’application qui à intégration par parties,
‘p fait correspondre la limite correspon-
dante est une distribution, notée v.p.( I/x), (Erq) = Sdx,S~(x, xj)q’(x’,xj,)dxj
valeur principale de Cauchy ; ainsi :

(v.p.(l/x), cg) = lim <podx.


=- s dx’ s
e-0 s /x, >E x
Or, l’opérateur L = ~ (8/3x,) est
Dans l’étude des équations aux dérivées séquentiellement continu dans B(0) (cf.
partielles, Hadamard a été conduit à géné- supru, Morphismes) ; l’opérateur trans-
raliser cette notion (distributions « parties posé, noté ajax, est donc un opérateur
finies 1)). séquentiellement continu de 9’(O) qui
prolonge la dérivation au sens usuel. Pour
toute fonction <p de 9(O), laj-ième dérivée
3. Propriétés des distributions partielle de la distribution T donne donc
par déjnition :
À partir d’une application linéaire séquen-
tiellement continue L de 9 dans 9 (opé- @)=-(Kg).
rateur dans 9); on peut définir, par rrans-
position, un opérateur linéaire L’ dans Ainsi, par exemple, la distribution déri-
l’espace 3I’ des distributions : vée de la distribution de Dirac en c( sur la
droite est telle que (6’,, <p) = - $(CC).
(L’(T)> cp) = CT, L (<p)), <p E 9.
support

Dérivotion des distributions


Si 0’ est un ouvert contenu dans Q, on a
un morphisme naturel
Les distributions étant une généralisation
de la notion de fonction régulière, essayons p : qn’) - a, (cl),
d’étendre aux distributions la notion de
qui à toute fonction <p E SI(!X) associe la
dérivation. Pour cela, analysons tout
fonction p(q) obtenue en prolongeant <p
d’abord les propriétés des opérateurs de
par 0 en dehors de 0’. L’opérateur trans-
dérivation partielle pour les fonctions
^ . _ _ posé de p i :st l’opérateur p’ sur les distri-
contmument derivables dans un ouvert U -
-butions défini par :
de R”.
Pour toute fonction <p E 9(a), on a, si
T désigne à la fois une fonction continû-
p’ (T) est généralement noté T,,, restriction
ment dérivable dans R” et la distribution
de la distribution T à l’ouvert 0’. On dit
qu’elle définit :
que T est nulle sur Q’ si T,,, = 0.
Si T est une distribution dans un ouvert
Q, on appelle support de T le complémen-
x= XI>X2 ,..., x”); taire dans 0 de la réunion des ouverts 0’
t
sur lesquels T est nulle. Par exemple, le
mettant en évidence la variable x,, on peut support de la distribution de Dirac au
écrire (en permutant les variables) x = (x’. point a de R” est constitué du seul point a.

281
DISTRIBUTIONS

Produit direct distributions T et U, et définir ainsi une


Soit 0 un ouvert de l’espace R” de la distribution, notée T * U. Cela est possi-
variable x, et .CY un ouvert de l’espace RP ble, par exemple, si l’une des distributions
de la variable y, respectivement. Si T et U est à support compact. Sur R, on peut
sont des fonctions continues dans Sz et 0’ également définir le produit de convolu-
respectivement, la distribution T X U tion de deux distributions S et T qui
dans 0 X 0’ définie par la fonction T(x) s’annulent pour t < 0.
Ub) satisfait à : L’intérêt pratique de la convolution est
que de nombreuses opérations usuelles
sont des convolutions. Par exemple, pour
toute distribution T sur R” et pour tout
multi-indice c( :

pour toute fonction <p E %I(CI X 0’).


On peut montrer que lorsque T et U où 6, est la distribution de Dirac à l’origine
sont des distributions, si on considère les des coordonnées. On voit l’intérêt de
intégrales comme des accouplements l’étude des équutions de convolution, du
distributions-fonctions (abus de notation type A * X = B, où A et B sont des
signalé plus haut), alors les expressions (1) distributions connues ; la résolution d’une
et (2) ont un sens, sont égales, et on peut telle équation est parfois appelée <( décon-
montrer l’application qui à volution >). Si A est une distribution à
que
<p E %I(n X 0’) fait correspondre (1) ou support compact, on appelle solution élé-
(2) est une distribution. Cette distribution, mentaire de A toute distribution E telle que
notée T X U, est appelée produit direct de E * A = A * E = F, ; une solution élé-
T et U. mentaire d’un opérateur différentiel

Convolution
Soit T et U deux fonctions continues et
intégrables dans R” ; on appelle produit de est alors par définition une solution élé-
convolution de T et U la fonction définie mentaire de la distribution A = P(d/
par la formule intégrale a.q 6,.
T*U(x) = ‘UX-Y)W)+.
sR”
4. Séries et intégrales de Fourier
La fonction T * U ainsi définie est telle
que, pour toute fonction <p de D(R”),
La plupart des grandes théories de l’ana-
lyse classique s’étendent aux distributions ;
nous nous limiterons ici à des indications
rapides sur la théorie de Fourier (cf.
analyse HARMONIQUE) en renvoyant à l’arti-
On montre que, dans certains cas, on cle calcul SYMBOLIQUE pour la transforma-
peut donner un sens à (3) pour des tion de Laplace.

282
DISTRIBUTIONS

Transformation ticiens qui étudient les équations aux


de Fourier dans l’espace S dérivées partielles. Dans l’article analyse
Le domaine naturel de la transformation HARMONIQUE, au contraire, on préférera
de Fourier élémentaire est l’espace S des adopter la seconde formule.
fonctions indéfiniment dérivables à L’application $ qui à <v fait correspon-
décroissance rapide ainsi que toutes leurs dre sa transformée de Fourier (e possède
dérivées : c’est l’espace des applications <p les principales propriétés suivantes :
indéfiniment dérivables de R” dans le u) la fonction <p est dans S et
corps C des nombres complexes telles que : 3:s+s

est un isomorphisme de 1’e.v.s. S sur


lui-même ;
b) pour tout couple de fonctions ‘p et IJI
pour tout entier 1 et tout multi-indice k. Cet de S, on a les formules :

s cp(x)lîr@)dx = s <p(x)w(x)dx
espace S(R”) est une e.v.s. pour la notion
suivante de suites convergentes : par défi-
nition, une suite (cp,) de fonctions de S tend
vers 0 si : (relation de Parseval),
F.
iidk.,-0, pourri-m,

quels que soient l’entier /et le multi-indice k.


s <p(x) w(x)dx = (27r-’
s
e(u) $(u)du

Pour cp E S(Rn), on appelle trunsfor-


(relation de Plancherel) ;
c) l’isomorphisme réciproque de l’iso-
mée de Fourier de S, la fonction :
morphisme 9 est défini par :
cp<u), fi = (u II u2, . . . . u,)EP,
L
<p(x) = (2ir)-” <P(U)~?<~.~> du
définie par la formule intégrale : s
(formule d’inversion de Fourier).

Transformation
ou < x , u > = u,x, + Ll2x~ + + u,x,,
de Fourier dans S’
désigne le produit scalaire dans R”. Cette
définition de la transformation de Fourier On appelle distribution tempérée dans R”
n’est pas universelle ; certains auteurs pré- toute forme linéaire séquentiellement
fèrent prendre par exemple : continue sur S ; remarquons que, puisque
l’application identique de D(R”) dans
S(R”) est un morphisme et que toute cp de
S est limite d’une suite d’éléments de 9, la
OU &u) = 1 <p(x)e’<“~” ’ dx, .., transposée de cette application identique
est une injection. Cette injection fait appa-
On passe d’une définition à l’autre par raître l’espace S’ des distributions tempé-
un simple changement de variable dans rées comme un sous-espace vectoriel de
l’intégrale définissant 4. Nous écrirons l’espace vectoriel 9’ des distributions.
tout ce qui suit avec la convention indi- Par définition, on appelle alors truns-
quée, adoptée par de nombreux mathéma- formée de Fourier d’une distribution tem-

283
DISTRIBUTIONS

pérér T la distribution tempérée T définie correspondance naturelle entre les fonc-


par : tions définies sur le tore T et les fonctions
périodiques de période 2~ définies sur R.
(t <PI = (Tih cp E 8. Par définition, on dit qu’une fonction défi-
Considérons par exemple la distribu- nie sur T est indéfiniment dérivable s’il en
tion sur R définie par la fonction x ; sa est ainsi pour la fonction périodique asso-
transformée de Fourier d est telle que : ciée ; l’espace 9(T) des fonctions indéfini-
ment dérivables sur T est alors muni d’une
(X,iP)=(x,~)=Su<ç(u)du; structure d’e.v.s. en convenant qu’une suite
(qn) tend vers 0 dans 9(T) pour n + 00, si
un calcul facile montre que cette dernière (d/n 0)” (P~ tend uniformément vers 0 sur T,
intégrale vaut : n -+ 50, pour tout entier k.
Par définition, une d&ribution sur T est
- 2imp’(O) = 2 irr(ô’,, <p),
alors une forme linéaire séquentiellement
où 6’” est la dérivée (au sens de distribu- continue sur 9(T) ; il est facile de voir que
tions) de la distribution de Dirac en 0. l’espace 9’(T) de ces distribution est en
Ainsi S = 2 i KS’,. Par des raisonnements correspondance bijective avec l’ensemble
analogues, on pourrait montrer que la des distributions p&iodiqurs sur R, c’est-
distribution : a-dire les distributions T telles que :
m
(T, q(x)) = (T, <p(x - 2rr)), <p E 3(R).
T = y 6,
L
n=-c‘
En procédant comme ci-dessus, on peut
a pour transformée de Fourier : définir des opérations dans W(T) : déri-
m vation, produit direct, convolution, etc. Si
T=2Tc 6 ha, fest une fonction intégrable définie sur T,
c
n=-m elle définit la distribution :
ce qui est équivalent a la relation de
Poisson,
+- t-
Par définition, on appelle trunsformée
(p(n) = 2a 4 (2 ~fl),
c c de Fourier d’une fonction ‘p E 3(T) la
“=-oo “__Cc
suite doublement infinie Cp = (@k)L-<r<-
valable pour toute fonction <p E S(R). définie par :

Coefficients de Fourier (Pk = 2x<p(B)e-“2g, kE Z.


d’une distribution périodique A s0

Comme d’habitude, on identifiera le tore Pour développer une théorie similaire a


T = R/2 rZ (quotient de R par la relation celle de la transformation de Fourier vue
d’équivalence x - y six - y est un multiple ci-dessus, on est conduit a introduire
entier de 2 rr) à la circonférence unité du l’espace vectoriel s des suites doublement
plan complexe, tout point de cette circonfé- infinies à décroissance rapide, c’est-à-dire
rente étant caractérisé par son affixe ere, ou, les suites a = (uk)kEZ telles que :
ce qui revient au même, par son abscisse
curviligne 8. Cette identification établit une Il~J, = ~:P(I + lk I)‘lak < oo,

284
DISTRIBUTIONS

pour tout entier 1; cet espace est un e.v.s. À une distribution T sur le tore, asso-
si on convient qu’une suite (a’“)) d’élé- cions le couple B = (@, Em) des deux
ments de s tend vers 0 si pour tout entier fonctions holomorphes ainsi définies :
1 la suite l/ a(“) 11, tend vers 0 pour n + 00. m

On montre alors que l’application Z a+(z) = T& si/z 1 < 1,


définie par 9(<p) = 4 est un isomorphisme c
k=O

de 9(T) sur l’espace s, l’application -1

inverse faisant correspondre a la suite T;-(z) = +kzk si12 1 > 1 .


c
a = (a,) la somme de la série de Fourier : >c=-m

Soit maintenant P(O) un polynôme


trigonométrique, c’est-à-dire une combi-
naison linéaire finie d’exponentielle crk8 :
La relation de Plancherel prend ici la
forme :

on peut écrire aussi, par abus de notation :

P(z) = i$Zk.
c

elle montre que la transposée de 3- ’ est un Soit C+ et C- deux circonférences


isomorphisme de W(T) surs’ qui prolonge de centre 0 et de rayons < 1 et > 1,
P. Si on note encore 9 cette application orientées dans le sens rétrograde et dans le
transposée T - T, on a : sens trigonométrique respectivement.
+”
Développant B et P en série, on obtient
(fig. 2) :
LT-00
fig. 2

en particulier, si on fait <p(8) = e lke, on Y


4
obtient :

fk = (T, e-‘ke).

On peut caractériser l’espaces’des trans-


formées de Fourier des distributions tempé-
rées ; c’est l’ensemble des suites T = (T,) 2
croissunce lente, c’est-à-dire pour lesquelles
il existe un entier I (dépendant de T) tel que
TJk’reste borné pour 1k I+ CU.

Une application
Les distributions peuvent servir à étudier
le comportement des fonctions analyti-
ques ; voici un exemple simple d’une telle
situation.

285
DISTRIBUTIONS

m la formule (4) ci-dessus montre alors


1
-J- o+(z)P(z)dz = CT& que pour tout polynôme trigonométrique
2in c+
k=O P:
-1
1
K ce a-(z) P(z) dz = TJ-,
s c (TN, P) = ‘2 P/zN), avec z’N = e**~j’N.
k--cc
j=O
donc :
Si Q désigne la mesure de Dirac sur T
concentrée au point 4, on a donc :
( 4 ) (T,P)=2171SCIUC~B(~)PD)dz-

(T,, P) = “2 (6++ P) ;
Pour 0 < I < 1, posons maintenant :
i=o
m
T,+(8) = r;+(r@) = &î;Crkeike comme toute fonction de B(T) est appro-
c
k=O chable uniformément par une suite de
polynômes trigonométriques, on en déduit

T;(e)++ &,,,ke; que T, est la somme de la série :

k=-cx n-1
TN= Sj,.
ainsi, on a : T,’ UT,.- = P, * T, c
j=o

De manière générale, toute suite dou-


blement infinie (U,),,,, à croissance lente
(cf. s14ptx4, Coeficients de Fourier d’une
est le noyau de Poisson. On peut voir que distribution pe’riodique), est la suite des
P, tend vers 6, dans W(T) pour r+ 1 ; il coefficients de Fourier d’une distribu-
en résulte que l’on a dans W(T) : tion A sur T, ce qu’on écrit s~mholiqur-

AF’) - c+=‘
ment :
T = lim (T: -T;).
r-1

On interprète le résultat précédent âkedke;


k=-cs
en disant que la distribution T est la
différence des valeurs a24 bord (le long de de plus, A est la limite dans W(T) des
la circonférence unité) des fonctions holo- distributions définies par les polynômes
morphes E+ et 6-. Par exemple. consi- trigonométriques :
dérons :
1
7%)
\ I = ~, N entier positif.
1 -ZN

Développant B en série entière (en z ou Autrement dit. la série de Fourier d’une


en l/z), on voit que à G est associée une distribution converge vers cette distribu-
distribution T, dont les coefficients de tion dans B’(T) ; mais bien entendu cela
Fourier sont : n’entraîne pas que les sommes partielles
convergent pour tout 8.
0, si k n’est pas un multiple de N,
(~i.2, = [ 1, si k est un mutiple de N ; PAUL KRÉE

286
DlViSlBltiTÉ

Bibliographie tant de noter qu’un grand nombre des


J. BARROS-NETO, An Introduction to thr Theory of résultats obtenus ont été généralisés aux
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DER, The Anolvsi.~ of Lineor Portiol D~~ventiul
théorie sous sa forme contemporaine.
Operutors : distributions throg ond Fourier uno&sis.
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rions fondumrnta/es, Dunod, Paris, 1969 / J. Lti-
ZEN, The Prehistog of the ThrorJ of Distributions,
Springer Verlag, New York-Berlin, 1982 / R. PETIT.
L ‘Outil muth&nutiqur : distributions, convolutions, 1. Propriétés élémentaires
transformrrtions de Fourier et de Lupluce..., Masson,
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Eyrolles, 2’ éd. 1990 / L. SCHWARTZ. Mthodes propriété suivante de division euclidienne :
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nouv. éd. ibid., 1984 ; Application des distribution.~ ù il existe des entiers q et r déterminés de
iëlude dri, purlicuie~ &mrnluire.v e n mkunique manière unique par les conditions :
quantique relativiste, Gardon and Breach, Paris-
Londres-New York. 1969. a=bq+r, O(r<b-1;

q s’appelle le quotient de la division de a


par h et h est le reste de cette division. Si
le reste est nul, cela signifie qu’il existe
un entier q tel que a = hq ; on dit alors
DIVISIBILITÉ que b divise u, ou que a est un multiple
de h.
Dans ce qui suit, nous nous limiterons,

L I étude élémentaire de la divisibilité


dans l’anneau Z des entiers relatifs
résulte de l’existence de la division eucli-
sauf mention explicite du contraire, aux
entiers positif. On écrit h / a si b divise a.
Cette relation de divisibilité est une rela-
dienne qui entraîne que cet anneau est tion d’ordre dans les entiers naturels ; en
principal. Les propriétés générales des effet, elle est réflexive car u / a, transitive
anneaux principaux sont exposées dans car c 1h et h 1u entraînent c / u, antisymé-
i’arti& ANNEAUX COMMUTATIFS, et IlOUS trique car (2 1 b et h 1a entraînent u = h.
nous contenterons ici d’énumérer les prin- Cet ordre n’est pas total car deux entiers
cipaux résultats relatifs au cas particulier a et h ne vérifient pas obligatoirement l’une
qui nous occupe ici. des relations a1 h ou hl a. Un nombre
L’étude plus fine et plus spécifique de p # 1 est ditpvemier s’il n’est divisible que
l’anneau Z (nombre de diviseurs d’un par 1 et par lui-même.
nombre donné, somme de ces diviseurs, Soient u et b deux entiers positifs ; on
etc.) introduit des fonctions arithmétiques montre (Cf. ANNEAUX COMMUTATIFS) qu’il
multiplicatives. Les indications qui suivent existe un diviseur commun u’ de a et de h
sont très élémentaires, mais il est impor- tel que les diviseurs communs de a et de h

287
DIVISIBILITÉ

soient exactement les diviseurs de d; ce 2. Fonctions arithmétiques


diviseur commun privilégié est appelé le
plus grand commun diviseur (en abrégé Congruences
P.G.C.D.) de CI et de b et se note d = (a, On se placera ici dans l’anneau Z des
h). Si (a, b) = 1, c’est-à-dire si le seul entiers relatifs. On dit que a est congru à b
diviseur commun de a et de h est 1, on dit (modulo n?), ce qui s’écrit a = b (mod m),
que a et b sont premiers entre eux. Une lorsque m / (u-b). Cette congruence
condition nécessaire et suffisante pour modulo m, pour m fixé, est une relation
que LI et b soient premiers entre eux est d’équivalence (réflexive, transitive, symé-
qu’il existe des entiers relut.$ x et y tels trique) et permet donc de faire une parti-
que : tion de Z en classes (ensemble quotient par
cette équivalence). Chacune de ces classes
<IX + by = 1 (identité de Bezout). est appelée clusse rhiduelle modulo m, et
Ce résultat entraîne facilement le comprend un élément et un seul a compris
lemme de Gauss : si un entier c divise un entre 0 et (m ~ l), soit 0 < a < m ~ 1, tel
produit ah et est premier avec a, alors il que tout autre élément de la classe est égal
divise b. On en déduit le théorème fonda- à a + km. Si l’on désigne par [b],, la classe
d’un entier b, il y a ainsi m classes, à savoir :
mental de la décomposition en facteurs
premiers : tout entier naturel a > 1 est [OI,,,. [l],,,. [21,,,, . . . . [m ~ ll,,. On dit que m
décomposable, d’une manière unique, en nombres b,, b,, . . . . b,,, forment un système
complet de résidus, modulo m, si ces nom-
un produit :
bres sont, deux à deux, non congrus
a =p,k’p2k’...p.k” modulo m ; ils correspondent donc aux m
classes. La congruence modulo m étant
de nombres premiersp,,p,, . . ..p., distincts ;
stable dans l’addition et dans la multiplica-
les exposants k, sont des entiers > 1. On
tion, on peut munir l’ensemble des classes
peut, à partir de là, donner la règle
résiduelles des opérations de somme et de
d’obtention du P.G.C.D. de nombres ainsi
produit (avec [a],,, + [b], = [a + b], et
décomposés : prendre les facteurs pre-
[a],,! X [b],, = [ab],). On obtient ainsi un
miers communs avec les exposants les plus
anneau Commutatif (Cf. ANNEAUX ET ALGÈ-
petits. On peut aussi bâtir sur ces décom- BRES), dans lequel [ax], = [ay], entraîne
positions la théorie du plus petit commun
[xl,, = b],,, si a est premier à m ; dans le cas
multiple (en abrégé P.P.C.M.) de deux général, on n’aurait que [xlmid = b]mld
nombres : prendre les facteurs premiers, avec d = (u, m). Un cas particulièrement
communs ou non, avec leurs exposants les intéressant est celui où m = p est premier ;
plus grands. Le P.P.C.M. ainsi introduit de dans ce cas, en effet, l’anneau des classes
II
- 6-t
uL h
<, PL-t
uyL Il"
uII mIIlt;nl~
".u'L.y'- ~Qg-ApL,~ps " te! que
résidueiies devient un corps, qu’on kcrit eli
les multiples communs de u et de b soient général Z/pZ ou Z/p. En effet, si [a], # 0,
exactement les multiples de m ; il est relié donc a non multiple de p, c’est-à-dire a
au P.G.C.D. d de a et de b par la relation premier a v e c p, o n p e u t écrire
md = ub. ub + pc = 1, d’où [u],[b],, = [Il,,, ce qui
Indiquons enfin que les notions de montre l’existence de 1 / [a], = [blP. Cela
P.G.C.D. et de P.P.C.M. s’étendent sans rejoint d’ailleurs une propriété classique :
difficulté au cas de n entiers u,, a,, . . . . a,. tout anneau fini sans diviseur de 0 est un

288
DIVISIBILITÉ

corps. D’autre part, il est facile de voir que alors F est aussi multiplicative, et récipro-
[a],, = [b],,, équivaut à (a, nz) = (b, m) ; on quement.
peut donc envisager les classes résiduelles De plus, on a :
premières à 112 qui forment, pour m donné,
ce qu’on appelle un système réduit (par f(n) = c F(;)W,
exemple, pour nz = 18, les classes [ 11, [5],
[7], [ll], [13] et [17]). On dit alors qu’un où :
ensemble d’entiers est un système réduit de
résidus modulo n7, si un et un seul de ces

l
l,sid= 1;
entiers appartient à chacune des classes p(d) = 0, si d contient des facteurs carrés ;
(- l)“, si d =pIp2 . ..pu. produit de
d’un système réduit. Pour m = p premier,
nombres premiers distincts.
toutes les classes sauf [0] forment un sys-
tème réduit, comprenant @ ~ 1) éléments. Cette fonction p s’appelle fonction de
Dans le cas général de m quelconque, le MObius ; elle est aussi multiplicative. La
nombre d’éléments d’un système réduit est relation de réciprocité liant f à F, grâce à
égal à celui des nombres compris entre 1 et cette fonction de Mobius, reste d’ailleurs
m et premiers à m. Ce nombre s’appelle valable dans le cas de fonctions non
l’indicateur d’Euler de m, désigné par <p(m), multiplicatives ; elle s’établit par simple
et l’on peut ktabhr les conditions nécessai- calcul, et fournit la démonstration la plus
res et suffisantes suivantes pour qu’un simple du fait que f est multiplicative si F
ensemble de nombres soit un système l’est. L’implication en sens contraire est
réduit de résidus modulo m : ce système beaucoup plus simple à établir ; elle résulte
comprend q(m) éléments ; ces éléments de ce que tout diviseur d’un produit de
sont deux à deux non congrus modulo m ; deux nombres premiers entre eux est le
chaque élément est premier à m. Il est produit d’un diviseur de l’un par un
alors évident que, si l’on multiplie diviseur de l’autre.
On établit donc que la fonction <p
chacun de ses éléments par un même
facteur premier à m, on transforme un d’Euler est arithmétiquement multiplica-
tive, soit en la mettant sous la forme :
système réduit de résidus en un système
réduit.

Fonctions arithmétiques classiques


car c’est :
La fonction ‘p d’Euler est une fonction
arithmétique multiplicutive ; on appelle
ainsi toute fonctionf‘définie sur les entiers
naturels, et telle que f(rrb) =f(a)f’(b) où les pi sont les facteurs premiers de n? ;
lorsque (u, h) = 1. On établit sur les soit aussi en considérant les nombres de la
fonctions arithmétiques multiplicatives forme UX + by qui sont premiers à ah
l’important théorème suivant : si ,f est (système réduit de résidus, modulo ab).
arithmétique multiplicative et si l’on pose : Si l’on envisage alors :

F(n) = f (4,
c
0

289
DIVISIBILITÉ

on a une fonction multiplicative qui, par Nombres parfaits


simple calcul, donne @(p*) = p”, donc On appelle nombre parfait un nombre tel
a(m) = m pour tout m. Cela établit la que o(n) = 2n, et on a établi que tout
formule classique : nombre parfait pair s’écrit sous la forme :

cp(4 = m, n = 2p-‘(2p - l),


c
dlm
avec p et (2P - 1) premiers (Euclide avait
qui peut aussi se démontrer en rangeant 1, déjà étudié sous cette forme les nombres
2, 3, . . . . m en classes C,, comprenant les parfaits). On ne sait pas, actuellement, s’il
nombres dont le P.G.C.D. avec m est d; y a ou non des nombres parfaits impairs.
il y a <p(m/d) nombres dans C,, d’où la Les nombres parfaits pairs sont donc liés
formule précédente, par simple décompte. aux nombres premiers de la forme 2” - 1.
La formule de réciprocité de Mobius, Ces nombres sont appelés nombres de
appliquée à : Mersenne (Mersenne affirma en 1644 que,
jusqu’à p = 257, 2P- 1 était premier
seulement sip = 2, 3, 5, 7, 13, 17, 19, 31,
67, 127 et 257). On a établi, depuis, que
cette liste contenait des erreurs et des
donne alors : cp(m) = m q. omissions : jusqu’à 5 000, (2p - 1) est
c
dlm premier pourp = 2, 3, 5,7, 13, 17, 19, 31,
Deux autres fonctions multiplicatives 61, 89, 107, 127, 521, 607, 1279, 2 203,
sont classiquement attachées à la fonction 2281, 3 217, 4253 et 4423. Fermat, de
<p d’Euler ; il s’agit de à =nombre des son côté, avait conjecturé que les nombres
diviseurs positifs de n (1 et n compris) et de Fermut :
o(n) = somme de ces diviseurs. La multi- Fn = 22” + 1
phcativité de ces deux fonctions découle
encore de ce que, si a et b sont premiers étaient tous premiers. Euler en 1732 établit
entre eux, tout diviseur de ab est le produit que F, était composé (divisible par 641),
d’un diviseur de a par un diviseur de b. Legendre en 1780 établit que F, est
Comme : divisible par 274 177. On a établi, depuis,
p”+‘--l
que F, est non premier pour 7 < n < 16
7(PO-)=a+1 e t cr(pa)=-, et n = 18, 23, 36, 38, 39, 55, 63, 73, ;
P-l
il vient : à = Il(ai + 1)
et on ne connaît explicitement aucun F,
premier pour n > 4. Les nombres de
et a(n) = nPP,+l-
-> 1
pi-1 Fermat premiers jouent un rôle essentiel
où : n =p;‘p;‘...p;i. dans !a recherche des pohygones réguhers
de m côtés que l’on peut construire avec
À noter la relation : la règle et le compas (Gauss, âgé de
dix-sept ans, établit qu’une condition
nécessaire et suffisante pour que cette
construction soit possible est que m soit un
où la quantité entre crochets représente ici produit de nombres de Fermat premiers
la partie entière de k/n. distincts).

290
DIVISIBILITÉ

3. Théorèmes classiques Lagrange en 1771). Supposant p impair et


développant :
Théorème d’Euler-Fermat (x-1)(x-2).,.(x-p+ 1)
Euler établit, en 1760, le théorème d’Euler- = XP-’ - A,xP-~ + + AP-,,

Fermat, suivant lequel, si m est entier


Lagrange obtient, après avoir multiplié par
naturel, et (a, m) = 1, on a :
x puis changé x en (x- l), une identité
a+@) = 1 (modm). permettant d’établir que p 1A,, p 1A,, _._,
plAP zet(p-l)APP, 3 1 (modp).Ona
En effet, un système réduit de résidus donc A!>+, = ~ 1 (modp), ce qui établit le
modulo m, soit Y,, r,, . . . . rvcnlj est trans- théorème, car AP-, = (p ~ 1) !. On a de
formé, on l’a vu, en un système réduit par plus :
multiplication par u ; donc ar,, urz, ,..,
x~~‘-l~(x-l)(x-2)
arw’) sont, modulo WI, égaux à une . . . (x-p + 1) (modp),
permutation de r,, r2, . . . . rIVtmj d’où le
produit : ce qui, pour x premier à p, donne le petit
théorème de Fermat. On verra une autre
aeW,r2 T,+,) s r,rz . . . T~(,,,) (modm),
démonstration du théorème de Wilson,
dans le paragraphe des résidus quadrati-
que l’on peut simplifier par ri r, p,,,,)
ques.
premiers à m. D’où la formule d’Euler-
Fermat. Fermat avait établi en 1736 ce
Racines primitives
théorème dans le cas particulier de nz = p
premier. Il s’agit du (( petit théorème de La notion de racine primitive modulo m,
Fermat )), suivant lequel : est liée à la formule d’Euler :

av(m)= 1 (modm).
UP-’ E 1 (modp),

si a n’est pas multiple dep. On l’écrit, sans Soit en effet k le plus petit exposant
condition sur u, sous la forme d E a(mod pour lequel ap = 1 (mod m). On dit que a
p). On remarquera que la réciproque de ce appartient à l’exposant k (mod m), ou que
théorème n’a pas lieu (par exemple k est l’ordre de a, modulo m. Il s’ensuit que
m = 561 = 3 X 11 X 17 vérifie, pour k divise tout x tel que cx = 1 (mod m) ; en
particulier, k 1cp (m), et on dit que a est une
tout a premier à m, a 560 = 1). On a d’autre
part établi (Beeger en 195 1) qu’il existe une racine primitive modulo m si l’ordre de a
est <p(m), c’est-à-dire si <p(m) est effective-
infinité d’entiers n pairs tels que 2” ~ 2 est
ment le plus petit exposant pour lequel
divisible par n (le plus petit de ces nombres
ap, 1 (mod m). Cette définition montre
étant 161 038).
que tout entier congru, modulo m, à une
racine primitive, en est également une. Ces
Théorème de Wilson racines primitives ont l’importante pro-
Le théorème de Wilson énonce que : priété que, pour chacune d’elle, a par
exemple, les nombres a, a?, u3, . . . . a$(“‘)
(P-l)!=-l(modp),
forment un système réduit de résidus. On
pour tout p premier (théorème publié en démontre que tout p premier possède des
1770 par Waring et démontré par racines primitives ; il y en a exactement

291
DIVISIBILITÉ

<p(p - 1) distinctes entre elles, modulo p. a donc @ - 1)/2 résidus et (p - 1)/2


Cela découle d’un théorème assez surpre- non-résidus, quel que soit a premier à p,
nant suivant lequel, si p est premier, et et, si a est résidu, les @ - 1)/2 résidus
d / (p - l), il y a exactement <p (A) nombres proviennent du produit par a des résidus
non congrus 2 à 2 et dont l’ordre est d quadratiques de p, donc les 0, - 1)/2
(modulo p) ; le nombre des nombres non-résidus correspondent aux produits de
d’ordre d (modulo p) ne dépend donc pas a par les non-résidus de p. Si a est
de p, dès que d divise 0, ~ 1). Pour non-résidu, les (p - 1)/2 non-résidus pro-
l’existence des racines primitives modulo viennent donc du produit de a par les
m, avec m non premier, l’étude, plus résidus quadratiques de p, donc les
délicate, fut faite par Gauss, qui établit que (p - 1)/2 résidus correspondent aux pro-
ces racines primitives n’existent que si duits de u par les non-résidus de p. Pour
tri = 2, 4 ou pk ou 2pk (p premier impair m quelconque, cependant, on peut avoir le
quelconque). produit de deux non-résidus qui soit un
non-résidu : par exemple, pour m = 45,
les résidus quadratiques sont 1, 4, 16, 19,
4. Résidus quadratiques 31, 34, et 2 X 7 = 14. Un critère d’Euler
établit que, pour p premier différent de 2,
Résidus et non-résidus
a est résidu ou non-résidu quadratique de
Un nombre a premier à m est dit résidu p suivant que, respectivement,
quadratiqur de m, si x2 z u (mod m) a des
solutions entières en .Y; sinon o est dit (I @-‘Y* E 1 (modp )
non-résidu quadratique (avec toujours la ou : a@-‘)“E-l(modp);
condition a premier à m). Dans le cas où
on ne peut avoir que l’une ou l’autre de ces
m = p premier, il est facile de voir qu’il
congruences puisque UP-’ zz 1 (modp). On
existe, modulo p, (p - 1)/2 résidus qua-
peut, à partir de ce critère, retrouver les
dratiques et (p - 1)/2 non-résidus ; en
théorèmes concernant les produits de rési-
effet, l’, 2*, ._., 0, ~ l)? donnent, modulo
dus ou non-résidus (mod p).
p, (p - 1)/2 classes résiduelles différentes ;
c a r (p-q)*= q* e t a2-b’ = ( a - h )
(a + h) = 0 (modp) si CI et h sont au plus Loi de réciprocité
égaux à (p - 1)/2. Par exemple, pour Legendre a introduit un symbole qui porte
p = 11, on a les résidus quadratiques 1, 3, son nom : pour p premier,
4, 5 et 9. On peut établir aisément, pour
tn quelconque, que le produit de deux a
= + 1,
0P
résidus quadratiques de m est un résidu ;
c-ca,-
VUI il Y* -u P+ ,,2 _ hY IL...
= II ULJ entr+~u. 1u Iv,>\? = UV
,,.y, _ nh
si a est résidu ;
(mod m). Dans le cas où m = p premier,
le produit d’un résidu par un non-résidu a
est un non-résidu et le produit de deux 0P =-&
non-résidus est un résidu ; il suffit pour
si a est un non-résidu. On a donc :
cela d’envisager a, 2 a, 3 a, . . . . (p - l)u,
qui sont non congrus modulo p, donc
forment un système complet (mod p). Il y (“P”I= @($).
292
DIVISIBILITÉ

Ce symbole permet d’exprimer un il suffit, pour cela, d’associer les couples x


important théorème connu sous le nom de et (p -x) et de voir que, deux à deux, on
loi de réciprocité quadratique. Cette loi fut a 2x” = a (mod p) ou bien, si a est résidu,
prouvée par Euler en 1783, retrouvée par X:Z a et O,-X,)X, = -a (modp) et
Legendre en 1785 et mise au point par 2.x” = a (mod p) pour les autres. Les
Gauss en 1808 ; elle s’écrit, pour deux résidus quadratiques sont utilisés en par-
premiers impairs distincts p et q, sous la ticulier dans la théorie des corps quadra-
forme : tiques, dans la factorisation des nombres
(par exemple, si N = x2 + ky2, avec x et
E !! p-1 q-1
( 4 )( P 1 =(-1)T’T
y premiers entre eux, -k doit être résidu
quadratique de tous les facteurs premiers
de N, ce qui facilite la factorisation), et
En d’autres termes les congruences
aussi dans la recherche des carrés parfaits
x2 =p (mod q) et y2 = q (mod p) sont
dans le corps QP des nombresp-adiques. À
résolubles ensemble, ou non, sauf si
côté de la recherche directe, par dévelop-
p = q = 3 (mod 4) auquel cas une et une
pements de Hensel, l’introduction du sym-
seule de ces équations est résoluble. Le
bole de Hilbert (a, o), égal à + 1 ou - 1
symbole de Legendre a été étendu par
suivant que a.9 + py2 - z2 = 0 est réso-
Jacobi, qui définit
luble ou non dans Q;, conduit à la carac-
térisation des carrés a par le fait que
(a, 0) = 1 pour tout fi.

les nombres premiers pi étant distincts ou


non. Ce symbole, toutefois, a l’inconvé-
5. Divisibilité
nient d’être égal à + 1 sans que a soit
dans les corps quadratiques
toujours résidu quadratique modulo p, p2
pn ; par exemple :
On ne donnera ici qu’un aperçu de la
théorie de la divisibilité dans les corps
quadratiques. Si l’on considère les nom-
bres de la forme :
vaut toujours + 1. On peut cependant
établir, pour a et b premiers entre eux, que U+VV2
w
a
0
b =-l ou d est entier non carré parfait, et U, V, w
entiers relatifs (avec PV 2 l), on définit un
entraîne que a est non-résidu quadratique corps, appelé corps quadratique Q (w).
modulo h. Signalons enfin que le théorème
Dans ce corps, on appelle entiers les
de Wilson : (p ~ 1) ! = ~ 1 (modp), établi éléments qui vérifient une équation du type
antérieurement, se démontre à partir a2 +a,a +a2 = 0, a, et a2 étant des
des résidus : pour p premier impair et entiers ; et on démontre que ces entiers
pour a non multiple de p, on peut établir sont donnés par les formules :
que :
a+b@, s i dz2 o u 3(mod4)

et p1 s
.+b+’ i dEl(mod4).
2

293
DIVISIBILITÉ

Ces entiers forment un sous-anneau de tiques, soit N (CI) = cx 6 (où 5 est le


Q (VJ), et on peut définir dans cet anneau conjugué de CI). Q (W) est dit euclidien si,
la divisibilité, compliquée par le fait qu’il pour tout cf, et o2 entiers, on peut écrire
existe d’autres wzités que + 1 ou - 1. Une a, = @-If + y avec N(y) < N(o?). La
unité quadratique est en effet racine d’une propriété Q (m) <( euclidien » entraîne
équation : évidemment Q (m) <( simple )), mais pas
a*+a,a*1=0 réciproquement. On a démontré que les
seuls cas euclidiens correspondent à
Il y a une infinité d’unités dans Q d = ~ 11, - 7, - 3, - 2, - 1, 2, 3, 5, 6, 1,
(VZ)pourd>2et,pourd<-1,iln’y 11, 13, 17, 19, 21, 29, 33, 37, 41, 57 et 73.
en a pas d’autre possible que 1, - 1 ; i, - i Le cas d = - 1 est le cas, bien connu, des
et les racines troisièmes de l’unitéj,j’, -j entiers de Gauss a + bi où a et b sont des
et -j*. Une unité divise tout entier; on entiers relatifs ordinaires.
définira donc les nombres premiers
comme étant ceux qui ne sont divisibles MARCEL DAVID
que par eux ou par les unités du corps. De
même, a et b seront dits premiers entre eux
si leurs seuls diviseurs communs sont les Bibliographie
unités ; on écrit encore (a, b) = 1 mais Z. J. BOREVITCH & 1. R. CHAFAREVITCH, Théorie des
c’est un symbole car 1 n’est plus le nombres, trad. J. L. Verley, Gauthier-Villars, Paris,
P.G.C.D. au sens ordinaire. Sans entrer 1967 / G. H. HARDY & E. M. WRIGHT , An Intro-
duction to the Throry of Numbws, Oxford Univ.,
dans le détail, signalons qu’alors le théo-
New York, 1979 / K. IRELAND & M. ROSEN, A
rème de Gauss (a / hc et (a, 6) = 1 entraî- Classical Introduction to Modem Number Theory,
nent a 1c) peut avoir lieu, ou ne pas avoir Springer-Verlag, New York, 2’ éd. 1990 / E. LUCAS ,
lieu, suivant d. Lorsque ce théorème a lieu, Théorie des nombres : le calcul des nombres entiers,
le calcul des nombres rutionnels, la divisibilité arith-
Q (a) est appelé corps quadratique sim-
métique, 1958, repr. A. Blauchard, 1979 /
ple ; en découle une décomposition unique T. NAGELL, Introduction to Number Theory, Chetsed
en facteurs premiers (à des facteurs unités Publ., New York, 1981 / 1. NIVEN & H. S. ZUCKER-
près). Par exemple, il en est ainsi pour MANN , An Introduction to the Theory of Numbers,

d=-l,d=2,d=-3,maispaspour Wiley, New York, 1980 / H. N. SHAPIRO, Introduc-


tion to the Theory of Numbers, Wiley, New York,
d = - 5 ou d = 10 (on a par exemple : 1983 / H. M. STARK, An Introduction to Number
Theory, MIT. Press, Cambridge (Mass.), 1978

et on vérifie qu’il n’y a pas d’unités


permettant de passer d’une décomposition
à l’autre). Les seuls cas quadratiques
--..- d < 0 , s û n t l e s c a s oIL
simp:es, pvu,
-d = 1, 2, 3, 7, 11, 19, 43, 67, 163
(résultat de Stark et Baker en 1966 ; avant
eux on avait établi qu’il en existait peut-être
encore un, avec - d > 5 X 10”). Une
autre notion peut s’étendre à Q (ud) ; il
s’agit de la division euclidienne, qui fait
intervenir les normes des nombres quadra-

294
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

(( langage universel )) commun à la logique

E
formelle et à l’algèbre. C’est Leibniz qui
formule le premier la demande, sous-
jacente chez Raymond Lulle, d’un << alpha-
bet des pensées humaines » permettant de
réduire à un algorithme symbolique le
raisonnement déductif.
Pour Leibniz, sa <( caractéristique uni-
verselle )) est un langage formalisé, pure
combinaison de signes, dont les théorèmes
ou les propositions se déduiraient de
manière purement mécanique (culculus
ratiocinator). En ce sens, il est le précurseur
de la théorie élémentaire des ensembles.
Inédits et inconnus jusqu’au début du
XIX~ siècle, les travaux de Leibniz sont
ENSEMBLES T HÉ O R I E É L É MENTAIRE repris par les logiciens de l’école anglaise.
DES C’est G. Boole qui est le véritable créateur
du calcul direct sur les parties d’un ensem-
ble. A. de Morgan (1858), W. S. Jevons

T oute pensée formalisée s’exprime de


nos jours dans le langage de la théorie
des ensembles, qui a ainsi envahi toutes les
(1864) et C. S. Pierce (1867) abordent
l’étude des relations sur un ensemble.
En 1890, E. Schroder, dans un ouvrage
disciplines, sciences humaines comprises. monumental, fait la synthèse des travaux
Dès l’école primaire, l’enfant apprend à de ses devanciers. À la fin du XIX~ siècle, les
classer des objets suivant leur forme, leur recherches de Frege et de Peano s’articu-
couleur, leur taille, à établir entre eux des lent avec les problèmes des fondements des
correspondances, préambules à des mani- mathématiques.
pulations plus abstraites. On ne donnera pas dans cet article une
La théorie élémentaire des ensembles construction formelle et rigoureuse de la
fait partie du bagage culturel minimal de théorie des ensembles, mais on essayera, à
l’homme contemporain. partir de quelques notions premières consi-
L’algèbre des ensembles n’est pas non dérées comme intuitives, d’indiquer les
plus étrangère aux progrès de la technique, résultats les plus élémentaires.
ne serait-ce que parce qu’elle joue un grand E . U.
rôle en informatique dans la conception et
la construction des ordinateurs et des
logiciels ; elle intervient aussi pour une
large part dans l’organisation de l’infor-
mation, les techniques de gestion, les 1. Calcul booléen
études de marché.
Les règles générales de la logique Les ensembles
d’Aristote ont été, depuis le Moyen Âge, Leibniz, philosophe et mathématicien
l’objet de recherches visant à dégager un (1646-l 7 16), recherche un système qui lui

295
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

permette de formaliser le langage et la booléen), en donnant un point de départ au


pensée. Pour lui, un langage formalisé doit calcul des propositions et à l’algèbre des
être une pure combinaison de signes, dont ensembles.
seul importe l’enchaînement, de sorte
qu’une machine serait capable de fournir Notion d’ensemble
tous les théorèmes et que toutes les contro- Trois mots ou symboles seront constam-
verses se résoudraient par un simple calcul. ment utilisés dans ce qui suit : G ensemble H,
Leibniz, n’arrivant pas à exploiter tou- << élément >k, (( E )> (qui se lit « est élément
tes ses idées, dont certaines auraient pu le de H ou (( appartient à »). Il est impossible
conduire à de meilleures conclusions, de définir ces mots. En effet on pourrait
échoue dans sa tentative. Après lui, pen- dire : (( Un ensemble est une collection
dant tout le XVIII~ siècle et au début du XIX~, d’objets » , ou encore comme Cantor (dans
d’autres auteurs ébauchent des tentatives Gc~sarntneltr Abhanlungen) : « Par ensem-
semblables sans arriver à avancer plus que ble, on entend un groupement en un tout
Leibniz. À cette époque, leurs travaux, de d’objets bien distincts de notre intuition ou
même que ceux de Leibniz, ne sont pas de notre pensée. >) Dans ce cas, on ne fait
connus et n’ont qu’un très faible retentis- que déplacer le problème et il reste à définir
sement ; chacun ignore les travaux de ses les mots (( collection )), (< groupement )),
prédécesseurs. (( objets >). La situation est tout à fait com-
C’est dans les mêmes conditions que le parable à celle qu’on rencontre lorsqu’on
mathématicien anglais George Boole veut reconstruire la géométrie ; il n’est
(18151864) va travailler. Boole peut être pas possible de définir les mots « point )),
considéré comme le véritable créateur de G droite H, <( plan )>. Pour les objets cor-
la logique contemporaine. Son ambition respondants, on indique leurs propriétés
est de formaliser la logique en s’inspirant et les règles d’utilisation : ce sont les axio-
des méthodes de l’analyse et de l’algèbre : mes.
« Que l’on donne des formes existantes de Un ensemble est constitué d’éléments.
l’analyse une interprétation quantitative Une image intuitive d’un ensemble est
n’est que le résultat des circonstances dans donnée par une collection d’objets, un
lesquelles elles furent établies et ne doit pas groupement d’objets. Un élément d’un
être érigé en condition universelle de ensemble peut être soit un animal, soit un
l’analyse. C’est sur le fondement de ce objet, soit un être mathématique, soit
principe général que je me propose d’éta- lui-même un ensemble. 11 existe en mathé-
blir le calcul logique et que je lui réclame matique de nombreux exemples d’ensem-
une place parmi les formes reconnues de bles d’ensembles.
l’“..“l.,“, -,tL’-,.t;,.., jlnmL1 ‘mn%-,4 flü fait _..- ,a1.. JUILC,
,..:t, -.. ,,
, aiLaLyJc LLIaIIILLIIaLIyuL, JaIIJ c5uLu D a,.> ut, ..,.-...1”,
~tirl~J~ntera !es e!e-
qu’en son objet comme en ses instruments ments et les ensembles par des lettres de
il doive actuellement demeurer en dehors l’alphabet. Souvent les éléments sont dési-
d’elle 1) (Thr Muthematical Analpis oj gnés par des lettres minuscules et les
Logic, 1847). ensembles par des lettr-es majuscules. Rien
Ce sont les travaux de Boole qui ont n’oblige à respecter cette convention et
donné naissance à ce qu’on appelle cela devient impossible dans le cas des
aujourd’hui l’algèbre de Boole (ou calcul ensembles d’ensembles.

296
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

Pour exprimer que a est élément de définir ainsi un nouvel ensemble. Cet
l’ensemble E, que a appartient à l’ensem- ensemble sera noté :
ble E, on écrit :
{x E E ; x est inscrit SUT les listes
a EE. électorales 1.

Pour exprimer que CI n’est pas élément De même, dans l’ensemble A des lettres
de l’ensemble E, que u n’appartient pas à de l’alphabet français, on peut considérer
l’ensemble E, on écrit : celles pour qui l’expression : (< 0 est une
voyelle )) est vraie. On définit un ensemble
a CZ E. noté :
L’expression a @ E est la négation de
{OEA; q estunevoyellel.
l’expression CI E E. Par suite, en vertu du
principe du tiers exclu en logique et des On aurait aussi un autre ensemble :
relations qui existent entre une proposition
ID E A ; 0 n’est Pas une voyelle 1.
et sa négation, il est possible de dire que,
pour a donné et E donné, seule l’une de ces De même :
deux expressions est vraie et alors sa
Ix E E ; x n’est pas inscrit
négation est fausse. sur les listes électorales 1.
Il faut ajouter à cela quelques règles
Admettre qu’on peut ainsi définir des
propres à la théorie des ensembles :
ensembles revient à admettre le principe
Règle 1. Un ensemble est parfaitement
(ou règle) suivant :
défini par la connaissance des éléments qui
Règle 2. Quand on a un ensemble A et
le constituent, ou encore : Deux ensembles
une propriété P, on peut définir un ensem-
sont égaux si, et seulement si, ils sont
ble B dont les éléments sont les éléments
constitués par les mêmes éléments.
de A ayant la propriété P. Si on note P(.Y)
Pour se donner un ensemble il suffit
l’expression (( x a la propriété P )), l’ensem-
donc de se donner la liste de ses éléments.
ble B peut s’écrire :
Exemples : l’ensemble constitué par les
lettres a, e, i, o, u ; on le note habituelle- C x EA ; P(x) 1,
ment : { a, e, i, o, u >. L’ensemble constitué
par les nombres 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, ou, en vertu de l’égalité des deux ensem-
bles, définie par la règle 1 et qui se traduit
10, 11, 12 sera noté de la même manière :
{ 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8. 9, 10, 11, 12 ). par le signe (( = » :
Mais il y a une deuxième manière de B = I x E A ; P(x)}.
préciser un ensemble, en les construisant à
partir d’ensembles déjà connus. Ainsi, si E Cette règle impose une définition. En
désigne l’ensemble des êtres humains de effet l’ensemble B, défini ci-dessus, est tel
nationalité française et si on considère que tous ses éléments sont des éléments de
l’expression (( .Y est inscrit sur les listes l’ensemble A. On dit que B est un sous-
électorales », cette expression est vraie ensemble de A, une partie de A, ou encore
pour certains Français, fausse p o u r que B est inclus dans A ou contenu dans A.
d’autres. Elle va permettre de distinguer, On traduit cela par le symbole : « C )) ; ainsi
dans l’ensemble des Français, ceux pour (( B est un sous-ensemble de A )) s’écrira :
lesquels cette expression est vraie, et de B C A.

297
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

Une conséquence de la règle 2 est qu’à des ensembles qui ne sont pas élé-
partir d’un ensemble A quelconque on peut ments d’eux-mêmes H, et, pour les mêmes
définir un ensemble particulier, qu’on raisons, de l’ensemble de tous les ensem-
appellera l’erzsernhle vide, de la manière sui- bles.
vante : Il suffit de considérer parmi les élé- Ce paradoxe est à rapprocher du para-
ments de A ceux pour lesquels la propriété doxe célèbre du Menteur, où le problème
<< être différent d’eux-mêmes )) est vraie : est de savoir si l’homme qui dit : N Je
mens » dit ou non la vérité en prononçant
{xEA; xfxl.
ces paroles.
On obtient ainsi un ensemble qui n’a
aucun élément, appelé l’ensemble vide et Représentation graphique
noté : (( @ » . Il est souvent commode de représenter un
élément par un point du plan, et un
Paradoxe de Russell
ensemble par l’intérieur d’une courbe fer-
En 1905, Bertrand Russell montre que la mée. Ainsi la figure 1 représente un
notion d’« ensemble des ensembles qui ne ensemble A, CI n’est pas élément de A, h et
sont pas éléments d’eux-mêmes » est c sont éléments de A.
contradictoire. La mise en évidence de ce Les sous-ensembles sont alors repré-
résultat peut se faire de la manière sui- sentés comme des portions de l’ensem-
vante : à première vue les ensembles
peuvent se partager en deux classes, la fig. 1

classe de ceux qui sont éléments d’eux-


memes, classe de ceux pour lesquels
l’expression X E X est vraie ; la classe de
ceux qui ne sont pas éléments d’eux-
mêmes, ceux pour lesquels l’expression
X E X est fausse ou X 6Z X est vraie.
Désignons par A l’ensemble de tous les
ensembles qui ne sont pas éléments d’eux-
mêmes. Laquelle des deux expressions
A E A ou A 6Z A est-elle vraie ?
Supposons que A E A soit vraie. Mais
alors A ne peut pas être un élément de A, D/agramme de Venn
puisque par définition les éléments A sont
des ensembles qui ne sont pas éléments
d’eux-mêmes. L’expression A @ A doit
être vraie aussi.
b.
Supposons que A 6! A soit vraie. Mais Ii

alors, d’après la définition de A qui est


c
constitué par les ensembles qui ne sont pas
éléments d’eux-mêmes, on doit avoir
1
A E A vraie. Dans un cas comme dans B Ë
l’autre, on aboutit à une contradiction. Il
sera donc interdit de parler de <( l’ensemble

298
ENSEMBLES THÉORIE ÉL ÉMENTAIRE DES

ble. Ainsi B est une partie ou sous- qu’il peut être défini de la manière sui-
ensemble de A. Ce sont les diagrammes de vante :
Venn.
0= IxEE,~@E]
Lewis Carroll propose une présentation
analogue, mais l’ensemble A est représenté L’ensemble des parties de E sera donc
par un rectangle, un sous-ensemble B étant un ensemble de 8 éléments :
obtenu par partage du rectangle en deux
par un segment de droite. Cette présenta-
tion a l’avantage de conserver une symétrie Pour un ensemble quelconque E, on
entre le sous-ensemble B et le sous- peut être amené à considérer des parties de
ensemble complémentaire B constitué par E et l’ensemble des parties de E. Nous
les éléments de A qui ne sont pas dans B admettrons l’existence de ce nouvel ensem-
(fig. 1). ble, dont la définition pourrait être :
De toute manière, ces représentations L’ensemble des parties d’un ensemble E
ne sont que des images, et il y a au moins est un ensemble dont les éléments sont les
autant de différence entre ces images et les sous-ensembles ou parties de E. Cet ensem-
êtres mathématiques qu’elles représentent ble est noté : I (E). Ainsi :
qu’entre un schéma et l’objet représenté
X C E ca X E s(E).
par ce schtma vu qu’entre l’écriture d’un
mot en français et la signification de ce Pour l’ensemble { a, b, c }, on aura :
mot. Mais de même que les schémas
permettent de se représenter les objets et
servent à penser et à raisonner, de même
les figures proposées ci-dessus peuvent De même :
apporter une aide importante aux raison-
nements. s(Iabl)={ ~a,bL~al,Ibl,@};
5 (I 0 1) = { I @ 1,0 }.

Ensemble des parties d’un ensemble Si l’ensemble E a un élément, :S (E) a


Un ensemble A est purtir ou sous-ensemble deux éléments ; si E a deux éléments, :r (E)
de E si tous les éléments de A sont des en a quatre ; si E a trois éléments, Y‘ (E) en
éléments de E. a huit ; on peut généraliser et voir que si
Pour un ensemble E ayant trois élé- l’ensemble E a n éléments, l’ensemble
ments désignés par ~1, b, c, il est facile P (E) en a 2”. Cette règle peut apparaître
d’énumérer toutes ses parties. Il y a à l’aide d’un arbre de choix tel que celui qui
d’abord E lui-même, qui répond à la est représenté sur la figure 2 dans le cas
condition ci-dessus : E C E. Ensuite d’un ensemble à trois éléments : a, b, c.
les parties ayant deux éléments, ce sont : On voit ici que, chaque fois qu’on
{ a, b 1, { a, c }, { b, c}. Ensuite les ajoute un élément, il y aura dédoublement,
parties ayant un élément : { a }, { b J, donc multiplication par 2 du nombre
{ c }. Enfin la partie vide : 0. II est facile d’éléments. On démontre alors le résultat
de voir que l’ensemble vide est une partie par récurrence.
de E soit en remarquant qu’il vérifie la On peut aussi organiser l’ensemble des
définition ci-dessus, soit en remarquant parties d’un ensemble sur un schéma en

299
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

b
oui

oui

reliant deux parties par une flèche sous-ensemble d’une autre s’il existe un
lorsqu’on passe de l’une à l’autre par chemin dans le sens des flèches allant de la
adjonction d’un élément à la première première à la deuxième (cf. ensembles
(fig. 3). Ainsi, si l’ensemble a un seul élé- ORDONNÉS)

fig. 3
l
0

P
\
ibt
E =‘{a/ i=t

E ={Lb\

ment a, il a deux parties : 0 et { u }. Pour Algèbre des ensembles


E = { U, b }. on trouve quatre parties : 0, Pour ce qui suit, il est commode de suppo-
{ a }, { h }. { a, h } ; remarquons qu’on ser donné un ensemble E et de ne considé-
passe des deux premières aux deux derniè- rer que des sous-ensembles de E, donc des
rnr pu,
ICO VT,>,. crUJ”,,bC,“U
?.,4;,Y+.,.+;,X- UC
A I n blblllbllC
l’~lLmo,t
v. ?9 p=Iür &zrnenis UC $1 ~CI. vil appwc ~~C~UC~UL>
E = { a, h, c ), on aurait un schéma obtenu uéfhmtiel cet ensemble jke auquel on se
par dédoublement du précédent. réfère. Cela permet de définir des opéra-
On pourrait continuer ainsi pour des tions dans 9‘ (E) : intersection, union, etc.
ensembles à 4, 5, 6, éléments. On a ici
un schéma de l’organisation par la relation Intersection de deux ensembles
« est sous-ensemble de N de l’ensemble des Si A et B sont deux ensembles, il peut être
parties d’un ensemble, une partie étant commode dans certains cas de considérer

300
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

l’ensemble des éléments communs. Ainsi, hg. 4


dans l’ensemble des Français, si A désigne
l’ensemble des Français inscrits sur les
listes électorales en 1970 et si B désigne
l’ensemble des Français habitant la ville de
Paris pendant l’année 1970, il peut être
intéressant, dans certains cas, de pouvoir
considérer l’ensemble des Français inscrits
sur les listes électorales et habitant la ville
de Paris en 1970. Un tel ensemble, cons-
titué par les éléments communs à l’ensem-
ble A et à l’ensemble B, sera appelé
l’intersection de A et de B. On le note
A n B, ce qui se lit (< intersection de A et
de B » .
Ainsi, si, dans l’ensemble des mots
français, A désigne l’ensemble des mots
dont la première lettre est un <( a H, B
désigne l’ensemble des mots dont la der-
nière lettre est un « p )), A n B désigne
alors l’ensemble des mots dont la première
lettre est un C( a » et la dernière est un N p )).
On peut donner une définition formelle
de l’intersection :

est l’ensemble des diviseurs communs à 18


L’intersection de A et de B est l’ensem- et à 45.
ble des éléments de E qui sont éléments Dans le cas où l’intersection de A et de
de A et éléments de B (fig. 4). Dans B est l’ensemble vide, on dit que A et B
cette définition, un mot est important, c’est sont disjoints.
le mot G et H. La définition est fondée sur Parmi les propriétés de l’intersection,
la conjonction de deux propriétés : l’appar- on peut signaler :
tenance à A, l’appartenance à B. Toutes les AîIBCA et ATIBCB,
(4
propriétés de l’intersection sont des tra-
i.e. l’intersection de A et de B est un
ductions, en langage des ensembles, des
sous-ensemble de A et un sous-ensemble de
propriétés du mot « et 1) dans le langage
courant et en logique des propositions. B ; c’est aussi un sous-ensemble de tout
ensemble contenant A ou B comme sous-
Voici un autre exemple d’intersection :
ensemble.
A = { 1, 2, 3, 6, 9, 18 1,
PJ) AnB=BnA,
B = { 1, 3, 5, 9, 15,45 1,
AîIB= [1,3,9},
i.e. l’intersection de A et de B est égale à
où A est l’ensemble des diviseurs de 18, B l’intersection de B et de A, ce qui tient au
est l’ensemble des diviseurs de 45, et A n B fait qu’il revient au même de dire que (( x est

301
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

élément de A et élément de B » ou de dire appartement, on peut avoir à considérer


que (< x est élément de B et élément de A » . l’ensemble des Français qui ont une
voiture ou un appartement. Ce nouvel
(cl (AnB)nC = Af-I(BfIC),
ensemble sera appelé la réunion de A et
cela veut dire que l’intersection de A n B de B.
avec C donne le même résultat que l’inter- La réunion de deux ensembles A et B
section de A avec B n C. L’ordre dans est un ensemble constitué par les éléments
lequel on effectue l’opération intersection
qui appartiennent à A ou à B. On note
n’a pas d’influente sur le résultat, ce qui
(( A U B H ce nouvel ensemble. u A U B »
permet de supprimer les parenthèses dans
se lit « union de A et de B )). ou encore (( A
l’écriture :
union B » (fig. 5).
(AflB)nC=An(BnC)=AfIBfTC.
fig. 5
Cette propriété est à rapprocher de
celle du mot (( et » dans le langage cou-
rant ; en effet, il revient au même de dire :
« est élément de A et de B, et est aussi
élément de C )) que de dire « est élément
de A et est élément de B et de C » . r

(4 AnA=A, Al

i.e. l’intersection de A avec A est A


lui-même.

(e) An0=0,
E

i.e. l’intersection de A avec l’ensemble vide


est l’ensemble vide.
B
(4 AnB=AoACB,
AUB

i.e. l’intersection de A et B est égale à A si, et


A
seulement si, A est un sous-ensemble de B.

(g) (DCAetDCB)oDCAflB, @

i.e. tout sous-ensemble commun à A et B


est un sous-ensemble de leur intersection et
réciproquement. Réunion de deux ensemble+

Réunion de deux sous-ensembles


La définition formelle peut s’écrire :
Si A et B sont deux ensembles, il peut
A U B = {xEE;xEA ou xEB}.
être intéressant, dans certains cas, de
« réunir )> leurs éléments en un ensemble Dans cette définition, le mot « ou )) joue
global. Ainsi, si A désigne l’ensemble des un rôle très important et toutes les pro-
Français possédant une voiture et B priétés de la réunion sont des traductions,
l’ensemble des Français possédant un en langage des ensembles, des propriétés

302
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

du mot H ou » au sens non disjonctif dans On pourrait rapprocher cette propriété


le langage courant et en logique des de celle du mot G ou » dans le langage
propositions. courant.
Voici un exemple de réunion : AUA=A,
Cd’)
A=Ib,La,n,cl, i.e. la réunion de A avec A est A.
B=Ib.Le,u},
AUB=(b,I,a,e,n,c,u~. te’) AUÇ?=A,

Parmi les propriétés de la réunion, il i.e. la réunion de A avec l’ensemble vide est
faut signaler : A lui-même.

(a’) ACAUB et BCAUB, (f’) AUB=BoACB,

i.e. A et B sont des sous-ensembles de la i.e. la réunion de A et de B est égale à B si, et


réunion A U B. seulement si. A est un sous-ensemble de B.

(‘9 AUB=BUA, Cg’) (ACDetBCD)oAUBCD,

i.e. la réunion de A et de B est égale i.e. A et B sont sous-ensembles d’un


à la réunion de B et de A, car il revient ensemble D si, et seulement si, la réu-
au même de dire que H x est élément de A nion de A et de B est un sous-ensemble
ou de B )) et de dire que (< x est élément de B de D.
ou de A » . Enfin deux propriétés de distributivité,
faisant intervenir la réunion et l’intersec-
(c’) (A U B) U C = A IJ (B U C),
tion sont à signaler (fig. 6) :
i.e. la réunion de A U B avec C donne le
AU(BnC)=(AUB)n(AUC),
même résultat que la réunion de A avec
Af-l(BUC)=(AnB)U(Af-IC).
B U C. L’ordre dans lequel on effectue les
réunions n’a pas d’influente sur le résul-
tat ; on peut donc supprimer les parenthè- Complémentaire

ses dans l’écriture : Tous les ensembles considérés ici sont des
parties d’un même ensemble E. On peut
(AUB)UC= AU(BUC)= AUBUC.
remarquer que chaque fois que l’on définit

fig. 6

@ @j

AU(BnC) All(BUC)

303
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

une partie de E, on définit automatique- traduction, en langage des ensembles, de


ment une autre partie de E, celle qui est celles de la négation.
constituée par les éléments de E qui ne sont
pas dans la première. Ainsi, dans l’ensem- (a”) A = A,
ble des Français, en définissant l’ensemble
Le. le complémentaire du complémentaire
des Français inscrits sur les listes électo-
de A est A lui-même.
rales, on définit en même temps l’ensemble
des Français qui ne sont pas inscrits sur les W’) z=EetË=@,
listes électorales.
On appelle compkmentaire d’un ensem- i.e. le complémentaire de l’ensemble vide
ble A, sous-ensemble de E, l’ensemble est l’ensemble E, et le complémentaire de
constitué par les éléments de E qui ne sont l’ensemble E est l’ensemble vide.
pas dans A (fig. 7). On note G A N ou
(CV) Anii=@etAUA=E,
(( CA )) le complémentaire de A. On peu+
écrire : i.e. l’intersection de A et de son complé-
mentaire est vide, et la réunion de A et de
ii= {xEE;xGZA}. son complémentaire est l’ensemble E. Cela
Quand on parle de complémentaire, constitue une propriété caractéristique du
il est très important de bien préciser complémentaire et aurait pu être pris
l’ensemble de référence E. Évidemment, le comme définition.
c o m p l é m e n t a i r e d e A e s t u n sous- ACBoËCA.
Cd”)
ensemble de E. Entre les parties d’un
ensemble E, la complémentarité établit i.e. A est un SC ,-ensemble de B si, et
une correspondance un a un, une appli- seulement si, le complémentaire de B est un
cation bijective (cf. Propriétés des appli- sous-ensemble du complémentaire de A.
cations in chap. 2) de l’ensemble I (E) Les lois de De Morgan :
dans lui-même. (é’) An B = A U B, A U B = An Ë,
Le complémentaire étant défini à partir
de la négation, négation de la proposition expriment (fig. 8 et 9) que le complémen-
<( appartient à A », ses propriétés sont la taire de l’intersection de deux ensembles

Complémentaire d’un ensemble

304
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

fig. 8

Complémentaire d’une intersection A n B = A u B

El
fig. 9

ii ÀnB
E
c A

l EH

- --
Ë

Complémentaire d’une réunion A u B = A n B


@J
est égal à la réunion des complémentaires
de ces deux ensembles, et le complémen-
taire de la réunion de deux ensembles est
1 fig. 1C

égal à l’intersection des complémentaires


de ces deux ensembles.

Autres opérations

On peut définir d’autres opérations entre


les parties d’un ensemble. Ainsi la
d$Grence A - B de deux ensembles A et B
est l’ensemble constitué par les éléments de
A qui ne sont pas éléments de B (fig. 10).
Différence A - B
On remarque facilement que :

A-B=An%i, La d@érence symétrique de deux


A-(A - B) = AnB, ensembles A et B est un ensemble constitué
A-B=@eACB, par les éléments de A qui ne sont pas dans
A - A = @ . B et les éléments de B qui ne sont pas dans

305
ENSEMBLES THÉORIE ÉLéMENTAIRE DES

A (fig. 11). On le notera A A B, dans ce car quel que soit A dans T (E), on a :
qui suit. AnE=A.
c) Chacune des deux opérations est
f1g. 11
distributive par rapport à l’autre :

($2
An(BUC) = (AnB)U(AnC),
B AU(BnC) = (AUB)fl(AUC).

d) Le complémentaire A de A vérifie
les deux propriétés : A U A = E (élément
A
neutre de l’intersection), et A f’ A = 0
(élément neutre de la réunion).
Si maintenant on considère l’ensemble
T(E) muni des opérations de différence
symétrique et d’intersection, il a une struc-
Différence symétrique An E
ture d’anneau de Boole. En effet, la diffé-
rence symétrique donne une structure de
On peut vérifier les égalités :
groupe commutatif à T(E) ; l’opération
AAB = (A-B)U(B-A), intersection donne alors à S(E) une struc-
AAB = (An@ U (Bni), ture d’anneau booléen (cf. ANNEAUX ET
AAB=BAA, ALGÈBRES).
(AAB)AC = AA(BAC),
AA0=A,AAA=0. Fonctions coroctéristiques
Il est commode de présenter les opérations
Algèbre et onneou de Boole
entre parties d’un ensemble en utilisant les
fonctions caractéristiques. Si A est une
L’ensemble ‘s (E) des parties d’un ensem-
partie de E, la fonction caractéristique de
ble muni des opérations d’union et d’inter-
l’ensemble A est une fonction qui à chaque
section et de la complémentarité constitue
élément de E associe 1 si cet élément
ce qu’on appelle une algèbre de Boole. En
est dans A et 0 si cet élément n’est pas
effet, les propriétés suivantes sont vérifiées :
dans A.
a) Les opérations d’union et d’inter-
Lorsqu’on a la fonction caractéristique
section sont associatives :
d’une partie A de E, il est facile de
(AUB)UC = AU(BUC), déterminer celle du complémentaire A de
(AnB)nC = An(BnC), A. Il suffit de changer les 0 en 1 et les 1 en
et commutatives : 0. Il est aussi facile de voir si un ensemble
est inclus dans un autre : on voit que B est
AUB=BUA, inclus dans A si, chaque fois que la
AîIB=BîIA.
fonction caractéristique de B a la valeur 1,
6) Il y a un élément neutre pour celle de A l’a aussi. Les éléments de
chacune des deux opérations : pour l’intcrscction de A et de B sont ceux pour
l’union, @ est élément neutre, car quel que lesquels les fonctions caractéristiques de A
soit l’ensemble A on a : A U 0 = A ; et, et de B prennent ensemble la valeur 1. La
pour l’intersection, E est élément neutre, fonction caractéristique de A f’ B est donc

306
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

facile à construire. Il en est de même pour ne serait pas vraie si on définissait l’addi-
celle de A U B. tion des nombres au sens usuel ; on aurait
Tout cela peut s’interpréter autrement. alorsfAUB =fA +fB -f&
En effet, considérons l’ensemble X ayant
Partition d’un ensemble
deux éléments { 0,l } et définissons sur cet
ensemble deux opérations. Lorsqu’on a un ensemble d’objets ayant
La première opération sera notée + et chacun une couleur bien déterminée, on
sera définie par : peut être amené à les classer suivant leur
couleur. On effectue ainsi une classifica-
o + o = o
tion des objets, chaque objet étant dans
0+1=1
une classe et une seule. On a de la sorte une
1+0=1
image de ce que le mathématicien appelle
1+ 1 = 1.
une partition.
La deuxième opération sera notée et Une partition d’un ensemble est un
sera définie par : ensemble de parties non vides de cet
ensemble tel que deux parties distinctes
o.o=o
n’aient pas d’élément commun et que
0 . 1 = o
l.O=O
chaque élément de l’ensemble soit dans
l.l= 1. une de ces parties. C’est en quelque sorte
l’ensemble des classes d’une classification.
Cet ensemble X muni des deux opé- Ainsi, dans l’ensemble des entiers natu-
rations + et . définies ci-dessus constitue rels N = { 1. 2, 3, 4, }, on peut
ce qu’on appelle une algèbre de Boole, constituer une partition en trois classes en
c’est l’anneau Z/(2) des entiers relatifs plaçant dans la première classe les nom-
modulo 2. Il joue un rôle fondamental en bres divisibles par 3, dans la deuxième ceux
logique des propositions. En effet, si on dont le reste de la division par 3 est 1, dans
interprète 1 comme le (( vrai » et 0 comme la troisième ceux dont le reste est 2. Ainsi
le H faux D, valeur qu’on peut attribuer aux chaque nombre est rangé dans une classe
propositions, les opérations + et . sont et aucun ne se trouve dans deux classes en
alors la disjonction (ou) la conjonction (et) même temps. Les classes sont alors : I 0,
des propositions. Enfin la complémenta- 3,6,9, 12, 15, _.. }. { 1,4,7. 10, __. } et { 2,
rité qui est ici l’échange de 0 en 1 et de 1 5, 8. 11, 1.
en 0 s’interprète comme une négation. On trouve de nombreux exemples de
Les fonctions caractéristiques sont alors partitions dans les problèmes de range-
des fonctions qui prennent leur valeur dans ment, les dépouillements de questionnai-
l’ensemble X, et si on désigne par fA la res, les classifications, etc.
fonction caractéristique de A on a :

f4m =fA.fBg Quelques applications


fAUB = fA +fB,
Circuits électriques
fA +fA =fE = 1,
fA.fA =f0 = 0. L’algèbre de Boole étudiée ci-dessus. OU
algèbre des parties d’un ensemble, peut
Remarquons que la formule :
être appliquée à l’étude des circuits élec-
fAUB = fA + fs, triques. Ainsi, dans un circuit relié zu~x
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

deux pôles d’une pile par exemple, si on circuits électriques dans les machines à
place un interrupteur à deux positions, calculer électroniques.
deux cas peuvent se présenter : ou bien
l’interrupteur est fermé et le courant passe, Informotion analogique
on peut noter cela par 1 ; ou bien L’information analogique décrite mathé-
l’interrupteur est ouvert et le courant ne matiquement par des fonctions continues
passe pas, on peut noter ceci par 0. On (signal électrique issu d’un microphone)
peut alors définir des opérations sur les doit être quantifiée et codée pour être
interrupteurs analogues à celle que nous traitée par les procédés de l’électronique
avions dans l’ensemble X = { 0.1 ) moderne utilisant largement les micropro-
ci-dessus. cesseurs et le traitement numérique de
Deux interrupteurs 1 et J disposés en l’information.
série ne laissent passer le courant que s’ils
Le principe de la quantification est le
sont fermés tous les deux. Notons 1 . J
suivant. Au signal analogique est associé
cette combinaison en série des deux inter-
un nombre d’états possibles selon le gra-
rupteurs 1 et J ; l’état de 1 J est alors défini
phe de la figure 12
par la table :
fig. 12
1 lJ 1 1.J
signal analogique quantifié

De même, si deux interrupteurs sont


placés en parallèle, le courant passe dès
que l’un ou l’autre des interrupteurs est
fermé. Si on note 1 + J l’état du circuit, b
signal analogique à quantifier
1 + J est défini à partir de 1 et de J comme
l’indique le tableau suivant :

IlJlI+J
Le nombre d’états possibles de quanti-
fication est en général élevé, 2” par
exemple. Le traitement numérique impose
d’associer à chaque état de quantification
Enfin on peut retrouver la négation par
une suite de valeurs booléennes (12 varia-
un circuit complémentaire Ï, le tableau
donnant l’état de chacun des circuits 1 bles booléennes peuvent être utilisées) ;
I’;nffirm,>t;fin
, ,IiI”I IIILLCIVII ‘x-t
UUI Qlnvx
UIVL 0 r‘xt-+l-P P ’
I .,y’,s,ntee par une
et T :
suite d’états 0 ou 1.
1 Ii Une application connue de tous est le
disque compact ; celui-ci permet de stocker
les suites binaires sous forme de « trous »
Cela peut permettre d’étudier les cir- situés sur le sillon du disque. Le nombre de
cuits électriques, mais, réciproquement, 0 et de 1 stockés sur le disque compact est
c’est ce qui a permis l’utilisation des très élevé : 3 000 mégaéléments binaires !

308
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

L’évolution est loin d’être terminée : les Justifions la terminologie de cartésien.


images sont stockables en utilisant le même Le choix de deux axes de coordonnées
procédé. et l’on attend beaucoup de la dans le plan de la géométrie élémentaire
logique floue (fondements mathématiques permet d’identifier l’ensemble des points
dérivés de l’algèbre de Boole, mais diffé- du plan à l’ensemble R X R = R? des
rents) et des réseaux de neurones. couples de nombres réels, au point M
correspondant le couple ayant pour pre-
ANDRÉ ROUMANET
mier terme l’abscisse de M et pour second
terme son ordonnée ; c’est le principe de la
géométrie analytique de Descartes, chez
2. Relations qui apparaît pour la première fois la notion
mathématique de couple.
Produit cartésien De nos jours, on définit souvent ainsi le
plan de la géométrie élémentaire ; dans ce
te couple qui suit, cette identification sera toujours
Soit E et F deux ensembles, Pour x E E et faite.
y E F, on introduit un nouvel objet
mathématique, le couple de premier terme Représentations graphiques

x et de second terme y, défini par le On représente souvent (représentation dite


symbole : cartésienne) un ensemble produit E X F
par l’ensemble des points d’un rectangle
(X.Y)>
(surtout ne pas confondre avec les dia-
avec la convention que : grammes de Carroll !), les ensembles E et
F étant représentés par deux côtés perpen-
(x, y) = (x’, y’) Q x = x’ et y = y’.
diculaires de ce rectangle (fig. 13) ; un
On appelle produit cartésien de deux
fig. 13
ensembles E et F, noté E X F, l’ensemble
des couples ayant pour premier terme un
élément de E et pour second terme un
élément de F. Par exemple, si E = {a, 6,
c) et F = {A, B} sont des ensembles à
trois et deux éléments respectivement,
l’ensemble E X F a six éléments qui sont :

(a, 3, (0, W> (6, 4 (6, B), Cc, 4 Cc, B),


et l’ensemble E X E a neuf éléments qui
sont : sous-ensemble A de E X F est alors repré-
senté par un sous-ensemble de ce rectan-
(asa), (6 b), (a.c), (6, a). (hb), gle.
(6, c). (ca), cc, 61, (cc) ;
Dans le cas d’ensembles finis, on peut
plus généralement, si E et F sont des faire le tableau donnant les éléments de
ensembles finis contenant m et n éléments, l’ensemble produit ou utiliser une repré-
le produit cartésien E X F est fini et sentation par des points du plan (cf. fig. 14
contient mn éléments. pour l’exemple ci-dessus). Pour représen-

309
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

r f,g. 1 4

E
jB* I
b c
F a FI !

A (a, AJ (b. A) (c, A)

B (a, BI ib, El lc, 6)


t a

ter les sous-ensembles, on peut indiquer l’ensemble produit E X F, c’est-à-dire une


leurs éléments sur la représentation, mais propriété des couples (x, y)..~ E E et y E F.
on peut aussi utiliser la représentation Ainsi une relation définit un sous-ensemble
sagittale, dont voici le principe : on repré- de E X F, appelé son gy~he, formé des
sente le couple (.Y, y) par deux points couples pour lesquels la relation est vraie
(appelés x et y) réunis par une flèche allant (cf. chap. 1). Réciproquement, tout sous-
de .Y vers v ; dans le cas particulier d’un ensemble A C E X F définit une relation
couple (x, s), on dessine une boucle fermée de source E et de but F, à savoir la propriété :
allant de .Y a .Y. Sur la figure 15, on donne
@,.Y) E A
les représentations cartésienne et sagittale
du sous-ensemble : du couple (.Y, y). Lorsque F = E, on dit
qu’on a une relation sur E. Si une relation
X = C(a, B), (h A), (c, A), (c, B)l
3 est vraie pour le couple (-Y, y), on écrira
de l’ensemble E X F vu ci-dessus. souvent x 3 y.

Relations binaires Exemples


Soit E et F des ensembles. Une relation de (1) Sur un ensemble E, la relation d’égalité
SOLII’C~ E et but F est une propriété sur (<x = J )) a pour graphe l’ensemble des

fig. 15

Représentafions carfésienne et sagittale de Xc E x F


/

310
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

fig. 16

couples (,Y, ‘i/, .Y E E ; cet ensemble est


appelé la diugonule de l’ensemble E X E.
(2) Prenons pour E l’ensemble des quatre
I flg 1 7

voyelles {u, e, i, o} et pour F l’ensemble des


quatre premiers chiffres { 1, 2, 3, 4) ; la
figure 16 indique les représentations car-
tésienne et sagittale de la relation C( la
voyelle x figure dans l’écriture en langue
française du chiffre -’ D. Par exemple (a, 4)
appartient au graphe (car a est dans
quatre), mais (a, 3) ne lui appartient pas.
(3) PrenonsE=F={l,2,3,4,)etla
relation sur E CC x + y est divisible par 3 ».
Le graphe contient cinq éléments, qui sont : Graphe de la relation I x + y est divisible par 3 Y
sur E { 1. 2, 3, 4 }

(1, 21, (2, l), (2, 4), (4, 9, (3, 3);


entre les deux droites x-)’ = 1 et
la figure 17 donne la représentation sagit-
.x-4‘=- 1 (fig. 18).
tale de ce graphe : remarquer la boucle
(6) Encore sur R, soit la relation « ‘C-J
pour représenter (3. 3).
est un entier relatif 1) ; le graphe de cette
(4) Sur l’ensemble R des nombres réels,
relation est le sous-ensemble du plan
soit la relation « .Y < J D. Si on identifie,
formé des droites y = x + n, lorsque n
comme indiqué ci-dessus, l’ensemble des
parcourt l’ensemble des entiers relatifs
couples de nombres réels aux points du
(fig. 18).
plan, le graphe est constitué des points
de la première bissectrice J = x et des
points situés au-dessus de cette droite Propriétés des relations
(fig. 18). On se limite maintenant à des relations sur
(5) Toujours sur R, considérons mainte- un ensemble E et on se propose de dégager
nant la relation CC 1 x-y / < 1 » . Son un certain nombre de propriétés de ces
graphe est ici la bande du plan comprise relations.

311
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

fig. 18

Une relation sur E est dite r$!exive si, et (2, 4) mais ne l’est pas pour le couple
pour tout élément x E E, la relation est (1, 4).
vraie pour le couple (x-, s) ; cela revient Avec ces notions, on peut désor-
donc a dire que tous les couples (-u, .Y) mais distinguer différents types de rela-
appartiennent au graphe de la relation, ou tions. Les relations dbrdre sont les rela-
encore que ce graphe contient la diagonale tions qui, comme dans l’exemple (4),
de l’ensemble E X E. Les relations don- sont réflexives, antisymétriques et tran-
nées ci-dessus sont réflexives dans les sitives ; ces relations sont très impor-
exemples (l), (4), (5) (6) non réflexives tantes, mais nous ne les étudierons pas
dans l’exemple (3). ici, et nous renvoyons à l’article ensem-
Une relation sur E est dite symt;trique bles ORDONNÉS. Les relations d’équiva-
si, toutes les fois que la relation est vraie lence sont celles qui, comme dans I’exem-
pour un couple (.Y, y), elle est aussi vraie ple (6), sont réflexives, symétriques et
pour le couple (y, .Y). Ainsi les relations des transitives (cf. infra, Relutions dëquiva-
lencek
exemples (l), (3) (5). (6) sont symétriques,
celle de l’exemple (4) ne l’est pas. À
Applications d’un ensemble
l’opposé, une relation est dite antisymgtri-
dans un autre
que si on a nécessairement .Y = y quand la
relation est vraie à la fois pour le couple (-Y, Définitions
.Y) et pour le couple @, s) ; c’est le cas On revient à la situation générale de deux
de (4). ensembles E et F et d’une relation de
Une relation sur E est dite transitive si. source E et de but F.
toutes les fois que la relation est vraie pour Nous dirons qu’une relation de
des couples (.Y, J) et (J, z), elle est aussi source E et de but F est une application de
vraie pour le couple (.Y, 2). Ainsi, les E dans F si, pour tout élément x E E, il
relations des exemples (l), (4), (6) sont existe un unique élément J E F tel que la
transitives, celles des exemples (3) et (5) ne relation soit vraie pour (.x, y). Ainsi à tout
le sont pas : ainsi, dans l’exemple (3), la élément ,Y E E correspond un unique élé-
relation est vraie pour les couples (1, 2) ment y E F appelé l’image de ,Y par

312
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

l’application. Si l’application est désignée c’est une fonction dont le domaine de


par& on notera y =Y(x) l’image de x ; on définition est l’ensemble E’ des nombres
écrira : réels différents de 1 et elle définit une
application f : E’ + R telle que :
f :E-F
x++xc.e.
X - l
pour exprimer qwf‘est une application de
E dans F, et :
Sif: E- F est une application de E
dans F, on appelle graphe deJ‘son graphe
x -Y =.0x)
au sens généra1 défini ci-dessus pour une
pour exprimer que y est l’image de x relation. C’est le sous-ensemble de E X F
par.6 Si E et F sont des ensembles finis. formé des couples (x,f(x)), x E E ; ainsi, si
la flèche de la représentation sagi- G est ce graphe :
ttale représente le passage de .Y à son image (x,y)EG-y =I-(x),
f(x).
La relation d’égalité sur un ensemble E Dans le cas où E C R et F = R, le
donne un exemple trivial d’application ; graphe est le sous-ensemble de R* formé
l’image de tout élément x E E est cet des couples (x, y) tels que x E E et
élément .Y lui-même. On obtient ainsi ce y =Y(x) ; c’est le graphe, au sens usuel,
qu’on appelle l’application identique de E def.
dans lui-même, notée 1,.
On introduit aussi souvent, non sans Composition des applications
quelques confusions, la notion de relation
fonctionnelle, ou de fonction. Une relation Soit f : E + F et g : F+G deux
de source E et de but F est une fonction applications ; remarquons ce qui est essen-
si, pour tout élément x E E, il existe au tiel ici, que l’ensemble source de g est
plus un élément y E F pour lequel la le même que l’ensemble but deJ: Consi-
relation est vraie. On appelle alors ensem- dérons la propriété suivante des couples
ble de dkjnition d’une telle fonction le (x, z) E E X G : il existe un élément
sous-ensemble E’ de E formé des éléments y E F tel que y =f(x) et z =g(y) ; cette
s E E pour lesquels il existe effectivement relation sur E X G est en fait une
un tel y ; si on fait correspondre à tout application de E dans G. En effet, pour x
élément x E E’ cet élément y E F, on E E donné, l’élément y = j(x) est parfai-
définit une application de E’ dans F, mais tement déterminé, et la relation exprime
il est fondamental, si E’ # E, de ne pas que z = gcf(x)). Ainsi, à tout x E E cette
confondre la fonction initiale de l’appli- application, appelée application composée
cation que nous venons de lui associer, car defet g et notée g of(dans cet ordre) fait
la première relation est de source E et la correspondre à x l’unique élément z image
seconde de source E’. Par exemple, consi- par g de l’élément y =f(x). Pratiquement,
dérons sur R la relation : pour trouver l’image par g o J‘ d’un
élément x E E, on cherche donc d’abord
X+l; l’image y de x parf, puis l’image par g de
Y=
X - l cet élément y.

313
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

Soit par exemple les ensembles Propriétés des applications


E= {a,&~), F=Ia,B,y,61 e t Une applicationf: E -f F est dite surjective
G=[l,2,3};considéronsf:E--+Fetg: si, pour tout élément y E F, il existe au
F -+ G telles que : moins un élément x E E ayant pour image
y, c’est-à-dire tel que y =Y(x) ; on dit
f(a) = P, f(b) = a, f(c) = 6
et souvent quefest une application de E sur
g(a) = 1, g(lQ = 3, g(r) = 2, g(6) = 2 ; F, ou est une swjection. Ainsi, dans le
premier exemple donné ci-dessus (cf.
l’application g 0 f est telle que : « Composition des applications D), l’appli-
g of(a) = 3, g of(b) = 1, g of(c) = 2
cation g est surjective ainsi que l’applica-
tion g 0 f; l’application f, au contraire, ne
(la figure 19 représente les diagram- l’est pas, car il n’existe aucun élément de
mes sagittaux des graphes de ces applica- E ayant pour image y.
tions) Une application f : E + F est dite
injective si, pour tout élément y E F, il existe
fig. 1:
au plus un élément x E E ayant pour image
y; cela revient à dire que deux éléments
distincts de E ont des images qui sont des
éléments distincts de F. On dit souvent que
f est une injection de E dans F. Ainsi,
toujours en reprenant le premier exemple
donné dans (( Composition des applica-
tions )), les applications f et g 0 f sont
injectives, tandis que g ne l’est pas (en effet,
y et 6 ont même image par l’application g).
f 9
Attirons l’attention ici sur l’importance,
pour définir une application, de préciser
a 1 les ensembles source et but. Ainsi, dési-
gnant par R+ l’ensemble des nombres
b 2 réels positifs, considérons les trois appli-
cations :
c 3
B f : R - R, définie par f(x) = x2,
t7of
g : R - R+, définie par g(x) =x2,
Composition des applications h : R+ - R, définie par h(x) =x2,

ces trois applications sont distinctes et


Avec E = F = G = R, voici un autre possèdent des propriétés différentes : f
exemple. Soit f : R -+ R et g : R + R n’est ni injective ni surjective, g est sur-
définies par f(x) = x2 et g(x) = 2x + 1 ; jective, mais n’est pas injective, et h est
ici on peut composerfet g, mais aussi g et injective, mais n’est pas surjective.
f: Ces deux applications de R dans R sont
définies par g o Jx) = 2x2 + 1 et Bijections
f o g(x) = (2x + 1)2 ; il s’agit d’applica- Une application f: E + F qui est à la fois
tions distinctes. injective et surjective est dite bijective ; on

314
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

dit aussi que f est une bijection. Les Relations


bijections jouent un rôle très important en d’équivalence
théorie des ensembles (construction des On appelle relation d’équivalence sur un
cardinaux par exemple) ; du point de vue ensemble E une relation sur E qui est
de la théorie des ensembles proprement réflexive, symétrique et transitive. Si une
dite, on peut (( identifier )) des ensembles E relation d’équivalence donnée est vraie
et F tels qu’il existe une bijection de E sur pour un couple (x, y), on dit que ces
F (ce que avons fait plus haut pour le plan éléments sont équivalents (modulo la rela-
et R X R). tion considérée) et on note x - y.
Sif:E- F est une bijection, pour tout
élément y E F il existe un unique élément Exemples
x E E tel que y =I(x) ; la propriété du (1) Sur l’ensemble E = { 1, 2, 3, 4}, consi-
couple (u, v) E F X E : dérons la relation G x ~ JJ est un multiple
de 3 )) (dans les entiers relatifs). On vérifie
facilement que c’est une relation d’équi-
valence ; la figure 20 représente le dia-
est une relation sur F X E qui est en gramme sagittal de cette relation.
fait une bijection de F sur E. En effet,
puisque f est une bijection, pour tout I fig. 20

u E F il existe un unique élément v E E


ayant pour image u ; la bijection ainsi
définie est appelée la bijection réciproque
de la bijection f, notée f-l. C’est donc une
application de F dans E, et on a la
caractérisation :

u=f(v),vEEov=f-‘(u),uEF.

On disait autrefois que ,f ou ,f-’ établis-


saient une correspondance biunivoque
entre E et F ; en effet, les formules
précédentes associent deux à deux les Diagramme sag;?tal de /a relationn x-y multiple de 3 1y
su, E = { 1. 2, 3. 4 , 5 t
éléments de E et ceux de F. Remarquons
que l’on peut composer f t 0 ,f et f 0 f ’ ;
(2) Voici un exemple plus général (en
on obtient ainsi respectivement les
fait, toutes les relations d’équivalence peu-
applications identiques (c’est-à-dire la
vent être obtenues ainsi). Soit f : E - F
relation d’égalité) dans E et F respective-
une application d’un ensemble E dans un
ment.
ensemble F. La relation sur E :
Dans le premier exemple du paragra-
phe <( Composition des applications )), x RY @f(x) =fW
l’application g o f est une bijection de
est une relation d’équivalence dite associée
E = {a, h, c} sur G = (1, 2, 3} ; l’appli-
à 1 bpplication f:
cation réciproque serait : (3) La donnée d’une N fraction N p/q
1-b. 2-c, 3-a. équivaut à la donnée de son numérateur p,

315
ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES

qui est un entier relatif quelconque, et de Puisque les classes d’équivalence sont
son dénominateur, qui est un entier relatif des sous-ensembles de E, l’ensemble de ces
non nul, c’est-a-dire qu’elle équivaut à la classes d’équivalence est un sous-ensemble
donnée du couple (p, q),p E Z et q E Z*= de l’ensemble :F (E) des parties de E ; on
Z ~ {O}. Dans ce qui suit, nous identifie- appelle ensemble quotient de E par la rela-
rons donc l’ensemble des fractions à tion d’équivalence considérée ce sous-
l’ensemble produit Z X Z * . Sur cet ensemble de T (E), qui admet pour
ensemble, la relation : éléments les classes d’équivalence. Remar-
@? 4) - @‘> 4’) Q P4’ = P’4
quons que l’ensemble quotient est une
partition de l’ensemble E : les classes d’équi-
(le produit des G extrêmes » est égal au valence sont toutes non vides, et tout élé-
produit des <( moyens ») est une relation ment de E appartient à une classe d’équi-
d’équivalence. valence et une seule, la sienne (et celle de
(4) Sur l’ensemble des droites du plan, tous les éléments qui lui sont équivalents).
la relation D//D’, qui exprime que les
Réciproquement, si 9 C S(E) est une par-
droites D et D’ sont parallèles ou confon-
tition, on peut lui associer la relation
dues, est une relation d’équivalence.
d’équivalence : (( x et y appartiennent au
(5) Sur l’ensemble des N vecteurs )) du
même sous-ensemble de la partition )) ;
plan, c’est-à-dire des couples de points du
bien entendu, on retrouve comme ensem-
plan (origine, extrémité), la relation d’équi-
ble quotient par cette relation d’équiva-
pollence N s-- ???Si les segments AD et
lence la partition initiale, la classe d’un
BC ont même milieu » est une relation
élément étant ici l’unique ensemble de la
d’équivalence.
partition auquel il appartient.
Reprenons, avec ces nouvelles notions,
Ensemble quotient
les exemples que l’on vient de donner.
Soit E un ensemble muni d’une relation
Dans l’exemple (1) on a :
d’équivalence. Pour tout élément x E E,
on appelle classe d’équivalence d e x c, = Cd = 11,41, c, = c, = {2,51, c, = (3) ;
l’ensemble, noté C, ou X, des éléments de
ainsi l’ensemble quotient contient trois
E qui sont équivalents à s; c’est le
éléments,quisont{1,4},{2,5}et{3}.Les
sous-ensemble de E :
exemples (3) à (5) montrent comment une
C, = fyEE;y-x} relation d’équivalence permet de dé’nir de
qui est toujours non vide, car il contient x nouveaux objets mathématiques. Dans (3),
(réflexivité). toutes les fractions équivalentes entre elles
Remarquons que tous les éléments correspondent au même nombre ration-
d’une même classe d’équivalcncc s o n t nel ; par d+zition, on appellera nombre
équivalents entre eux et que deux éléments rationnel tout élément de l’ensemble quo-
équivalents ont des classes égales (symétrie tient : on a ici une construction mathéma-
et transitivité de la relation d’équivalence). tique rigoureuse des nombres rationnels à
Il en résulte que si deux éléments s et y ne partir des entiers relatifs. Les exemples (4)
sont pas équivalents, leurs classes d’équi- et (5) permettraient de définir mathéma-
valence sont disjointes, c’est-à-dire n’ont tiquement les notions de direction de
pas d’élément commun. droite et de vecteur libre respectivement.

316
ÉQ UATIONS A~GÉBRICJUES

Représentants Que sais-je ?, P.U.F., 3’ éd. 1982 / L. CARROLL,


Logique sunspeine, Hermann, 3’éd. 1972 / L. CHAM-
Si C est un élément de l’ensemble quotient, BADAL, Dictionnuire de mathématiques, Hachette,
on appelle représentant de cette classe tout Paris, 1981 / C. JEULIN, R. PROTEAU, D. SPERANDIO
élément x E C, c’est-à-dire tout élément de et al., Ensembles, relations, Vuibert, 1981 / J. PER-
MINGEAT & D. C?LAUDE, Algèbre de Boole : thPorie,
E tel que C, = C. Comme il est souvent
méthodes de calcul, opplicutions, Masson, 1991 /
plus facile de manipuler les éléments de E J. PICHON, ThPorie des ensembles, logique, les entien.
que les éléments de l’ensemble quotient, il Marketing, 1989.
est intéressant de trouver des représentants
de toutes les classes d’équivalence, (( sans
omission ni r é p é t i t i o n ». U n sous-
ensemble S de E est appelé un système
complet de représentant.~ si tout élément de
ENSEMBLES CONVEXES
E est équivalent à un élément de S et à un + CONVEXITÉ - Ensembles
seul. Ainsi, dans l’exemple (1) ci-dessus, on
peut prendre S = { 1, 2, 3}.
convexes
Examinons l’exemple (2). Une fraction
p/q sera dite irréductible si q > 0 et si p et
q sont premiers entre eux. Les propriétés
élémentaires des entiers montrent que
chaque classe d’équivalence contient une ENSEMBLES ORDONNÉS
fraction irréductible et une seule, toutes les + ORDONNÉS ENSEMBLES
fractions équivalentes étant de la forme
kp/kq, k E Z* ; ainsi, les fractions irréduc-
tibles forment un système complet de
représentants des nombres rationnels.
Dans l’exemple (5), fixons un point 0 ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES
du plan ; dans chaque vecteur libre, il
existe un vecteur et un seul d’origine 0 (ce
qu’on exprime dans le langage usuel en
disant que le choix de son origine déter-
mine complètement un vecteur libre) ;
D ès la plus haute antiquité, on ren-
contre, à l’occasion de problèmes
concrets, des exemples de résolution
ainsi les vecteurs d’origine 0 forment un d’équations du premier et du second
système complet de représentants des vec- degré, et, jusqu’au début du XIX~ siècle,
teurs libres du plan. l’étude des équations constitue l’unique
préoccupation des algébristes.
JEAN-LUC VERLEY
Le développement de la théorie est
étroitement lié aux extensions successives
Bibliographie de la notion de nombre : introduction des
M. AUMIAUX, Logique binaire :fonctions logique.~ et nombres négatifs, des nombres irration-
urithmétique binaire, Masson, 2’ éd. 1992 / M. BAR- nels, tandis que les formules de résolution
BUT. Mathématiques des science.~ humuines, 2 vol., de l’équation du troisième degré allaient
P.U.F., 4’ éd. 1975-1976 1 S. BARUK, Dictionnuire
conduire les algébristes italiens du XVI~ siè-
de.y muthPmutiques, Le Seuil, 1992 / N. BOURBAKI.
Éh!ntents d’histoire des mathétnotiques, Masson, cle à raisonner sur les nombres imaginaires
1984 / A. BOWIER , Lu Théorie des ensembles, coll. (cf. nombres COMPLEXES).

317
EQUATIONS AtGÉBmuEs

Par analogie avec le cas des équations et, pour la quantité de farine contenue
de degré inférieur ou égal à 4, les algé- dans un pain, 3 boisseaux et demi divisés
bristes pensèrent que toute solution d’une par 80, ou 1 120 ros divisés par 80,
équation pouvait s’exprimer par des radi- donnent 1132 de boisseau et 4 ros.
caux portant sur les coefficients de l’équa- C’est un problème très élémentaire du
tion. Par un hasard de l’histoire des type ax = b ou a = by. Toute la difficulté
sciences, les tentatives pour établir cette provient, au point de vue concret, du choix
conjecture, pourtant mathématiquement des unités de mesure et de leurs subdivi-
saugrenue, allaient conduire à dégager les sions, et, au point de vue abstrait, du calcul
premières structures abstraites et être à égyptien des fractions. Dans ce calcul, la
l’origine de l’algèbre moderne (cf. AL&- notion de fraction générale n’est pas
BRE). encore dégagée, ou, en langage actuel,
l’ensemble Q+ n’est pas mis en évidence.
À part la fraction 2/3, l’Égyptien ne calcule
que par quantièmes ou fractions de numé-
rateur 1. Ces errements se prolongeront
très longtemps dans les littératures mathé-
matiques grecque (collection héronienne),
1. Équations affines
byzantine et occidentale.
On étudiera en premier lieu le développe-
ment historique des systèmes d’équations Deuxième exemple
affines.
On peut trouver en Égypte des problèmes
plus savants que le précédent, qui se
Premier exemple ramènent au même type d’équation. Pre-
Problème 69 du Pupyus Rhind (Égypte), nons cependant, dans la mathématique
vers 1700 avant notre ère : « Trois bois- babylonienne, un deuxième exemple à peu
seaux et demi de farine sont transfor- près contemporain du précédent
més en 80 pains. Dis-moi combien chaque (E. Bruins et M. Rutten, Textes mathéma-
pain contient de farine et quelle est leur tiques de Suse) : <( Un quart de la largeur,
force. )) ajoute à la longueur : 7 mains... à lO... 10
Rappelons que le boisseau (hequt) c’est la somme. Largeur ? )) En désignant
mesure environ 4,5 litres. Il est divisé en la longueur par x, la largeur par y, on
lj2, 1/4, l/S, 1/16, 1/32, 1/64 de boisseau obtient le système x + y/4 = 7 ;
et contient 320 <( ros )) (ou parties). La x + y = 10. Voici la solution donnée dans
N force » d’un pain est la quantité de la tablette : (( Porte 7 à 4 du N quart )) : 28
pains que peut fournir un boisseau de tu trouves ; tu soustrais 10 de 28 : 18 tu
farine. Si x est cette force et si y est la trouves. Dénoue l’inverse de 3 : 20 tu
quantité de farine contenue dans un pain, trouves ; porte 20 à 18 : 6 tu trouves : 6 la
x et y sont avec les mêmes unités - longueur ; tu soustrais 6 de 10 : 4, la
inverses l’un de l’autre. Le texte donne largeur.. »
pour la force : Ce système de deux équations à deux
inconnues est résolu suivant un procédé
encore utilisé dans notre enseignement

318
ÉQUATIONS A L G ÉB R I Q U E S

élémentaire. La numération utilisée est gauche et lui ajoutant celle de droite, il


à base 60. La division est remplacée par arrive à la nouvelle disposition :
la multiplication par l’inverse du divi-
seur.

Troisième exemple
La littérature chinoise offre, dans le même
ordre d’idées, des exemples ultérieurs, Triplant la nouvelle colonne de gauche
parmi lesquels le suivant, extrait de Neuf et lui ajoutant la colonne centrale, il obtient
Chapitres sur l’art du cal&, ouvrage qui se la disposition :
situe dans les deux derniers siècles avant
notre ère. G Les poids de deux gerbes d’une
récolte A, de trois gerbes d’une récolte B,
m
Ii&
3 - 1
de quatre gerbes d’une récolte C sont
23 -1
supérieurs à une unité de poids. Deux
10 1 1
gerbes A valent, en sus de l’unité, une
gerbe B. Trois gerbes B valent, en sus de On voit ainsi que 23 z = 10, et z =
l’unité, une gerbe C, et quatre gerbes C, 10/23, puis 3 y - 10/23 = 1, d’où J’ =
une gerbe A. Quel est le poids d’une gerbe 11/23, et 2 X- 11/23 = 1, d’oùx= 17/23.
de chaque récolte ? » Cette solution, très remarquable, néces-
Le système d’équations à résoudre peut site que tous les coefficients dans les
s’écrire : équations soient des nombres entiers. Elle
2x=1+y;3y=1+2;4z=1+x; implique la connaissance des nombres
ou : négatifs. L’ouvrage d’où elle est extraite
2x-y=1;3y-z=1;42-x=1. donne d’ailleurs les règles des signes pour
les deux opérations fondamentales. Enfin
Le calculateur chinois dispose sur un le calculateur tilise les fractions dans leur
échiquier trois colonnes qui vont repré- généralité. En résumé, les mathématiciens
senter les trois équations. Sur la pre- chinois travaillaient, pour les systèmes
mière à droite, il place en première ligne d’équations affines, sur le corps Q des
deux bâtonnets de couleur (2u), en deu- nombres rationnels.
xième ligne un bâtonnet noir (-y), en
quatrième ligne un bâtonnet de couleur : Simple et double fausses positions
On trouve, dans Neuf Chapitres sur l’art du
1 unité.
calcul, nettement expliquées, les deux
règles de la fausse position simple, et de la

LaFi
- 1 2
double fausse position : lorsqu’un pro-
3 - 1
-- blème conduit pour nous à une équation
4 -1 ’ ax = 6, le calculateur, qui ne dispose pas
1 1 1 du calcul littéral, est souvent très gêné pour
trouver le coefficient a. S’il connaît le
Il procède de façon analogue pour les terme b, il effectue, sur une (< fausse
autres colonnes. Doublant la colonne de position » ,v, mise à la place de l’inconnue

319
ÉQ U A T I O N S m&vmuEs

.Y, tous les calculs proposés dans le pro- autres, s’intéressent particulièrement aux
blème. Il obtient ainsi une valeur b, telle systèmes d’équations affines. Le premier
que U-Y” = b,. Il ne lui reste plus qu’à de ces deux algébristes utilise parfois une
résoudre la <( proportion )) : inconnue privilégiée, la cosa, et parfois
même une seconde, la quantitu. Cela lui
x
-=-b b
0,X=x,X-. permet la résolution de systèmes à plu-
xo bo bo
sieurs inconnues.
Dans d’autres cas plus compliqués, il lui Chuquet note l’inconnue 1’ et résout à
est difficile de calculer les deux coefficients notre façon les problèmes affines à une
u et b. Une première position -Y” donne seule inconnue. Pour les problèmes à
UX” - b = r, )r,, est l’erreur. Une seconde plusieurs inconnues, en plus des méthodes
position .Y, donne a.~, - h = r, ; r, est une traditionnelles, il lui arrive d’introduire
seconde erreur. Les facteurs a et h ne sont soit une, soit deux inconnues privilé-
pas connus, mais les quatre nombres .x0, x,, giées notées alors respectivement 1’ et 1’.
ro, r1 le sont. D’autre part, Chuquet utilise habile-
Le calcul de .Y se fait alors par annula- ment les nombres négatifs. Il rejoint en
tion du déterminant : cela les algébristes chinois et indiens,
dépassant de beaucoup les quelques essais
timides des savants occidentaux en la
matière. Il faut cependant citer, parmi ses
précurseurs en ce domaine, Léonard de
c’est-à-dire que : Pise (xms siècle).
En cette fin du XV siècle toutefois, la
distinction entre systèmes déterminés et
indéterminés n’est pas claire. En particu-
Bien attestées dans l’ancienne mathé-
lier, on ne voit pas précisément si le
matique chinoise, les règles de fausse
problème doit, pour être possible et déter-
position sont connues des Arabes et de
miné, contenir plus, autant ou moins
l’Occident sous le nom d’al-khatayn (la
d’équations que d’inconnues.
chinoise). Elles existent toujours : c’est
Le XVF siècle apporte des progrès
l’interpolation linéaire.
appréciables. L’Allemand Michael Stifel
Indiquons enfin que les systèmes
(1487-1567) note en 1544 l’inconnue d’un
d’équations affines se rencontrent dans la
signe particulier analogue à r, mais,
littérature grecque, principalement chez
lorsqu’il se présente d’autres inconnues, il
Diophante d’Alexandrie (III~ siècle env.).
les désigne par les premières lettres de
Ce n’est d’ailleurs qu’un aspect mineur de
l’alphabet A, B, etc. Les données sont bien
l’œuvre du grand algébriste. Diophante ne
entendu numériques (appartenant à Q’).
procède pas par fausses positions. Il utilise
II est imité, en France, par Jacques Peletier
une inconnue, pour laquelle il dispose
(1517-1582) dans son Algèbre, de 1554.
d’une notation et d’une dénomination.
Jean Borrel, ou Buteo (1492-1572), est plus
net encore en 1559. Soit à résoudre le
tes algébristes de la Renaissance problème : (( Étant donné une somme
Au XV siècle, l’Italien Pacioli (1494) et le quelconque, trouver trois nombres dont le
Français Nicolas Chuquet (1484). entre premier avec la moitié, le second avec le

320
ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES

tiers, le troisième avec le quart des autres 2. Le second degré


font chacun cette somme. )) Il désigne les
nombres par A, B, C, et, 17 étant la L’histoire des équations quadratiques :
somme, il écrit :
ax2+bx+c=O

lA,;B,;C[17;
remonte, comme celles des équations affi-
nes, à des époques très reculées. La mathé-
1 B, ; A, f C [17 ;
matique égyptienne n’a pratiquement rien
lC,;A,;B[l7; découvert en ce domaine. Au contraire,
l’on doit beaucoup, l’essentiel même, aux
d’où :
Babyloniens.
2A.lB.lC[34;
lA.3B.lC[51;
1 A. 1 B .4 C [68. Premier exemple

Procédant alors exactement à la Sur une tablette de l’ancien âge babylonien


chinoise, il résout très clairement le sys- (YBC 4663), on demande de trouver un
tème. rectangle, connaissant son demi-périmètre,
Lorsque dans un système affine les 6” 30’, et son aire, 7” 30’.
données sont rationnelles et les inconnues, Il s’agit donc de résoudre le systëme :
par leur nature, entières, le système est dit x+y=6O30’,
diophantien. II est généralement impossi- xy = 70 30’.
ble si le nombre des équations est égal ou
supérieur à celui des inconnues. Dans le Voici la méthode proposée par le
cas où il y a moins d’équations que scribe (numération à base 60) : prendre
d’inconnues, il est indéterminé. La pre- la moitié de la longueur et de la lar-
mière étude scientifique des systèmes affi- geur :
nes diophantiens est due à Bachet de x+Y 3015’.
Méziriac, en 1624. Il montre en particulier 2
que, si les entiers a et h sont premiers entre
élever au carré :
eux, il existe des entiers .y et y tels que
ax+by= 1.
À part cela, le XVIIe siècle apporte peu C-1 XSY
2
2
= 10033’45”;

dans la théorie des équations affines, sinon


en retrancher l’aire :
le développement par Descartes du calcul
littéral de Viète. Cependant Leibniz entre- x+y 2 -xy = 303’45” ;
voit le calcul matriciel. Au siècle suivant, le (-1
2
Suisse Gabriel Cramer (1704-I 752) fait la
prendre la racine carrée : 1” 45’ ; ajouter la
première étude exhaustive des systèmes
demi-somme :
d’équations affines (1750). Avec le x19 siè-
cle apparaît le calcul des déterminants, 30 15’ + 10 45’ = 50 0” x ;
puis le calcul matriciel. Ces problèmes sont
à l’origine de l’étude des espaces vectoriels retrancher :
et de toute l’algèbre linéaire. 30 15’ - 10 45’ = 10 30’ 0” y.

321
ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES

Second exemple voir travailler dans R, ils remplacent les


Problème 7 de la tablette BM 13901. calculs babyloniens par des constructions à
remontant à l’ancien âge babylonien, la règle et au compas. Pour qu’une équa-
1800 environ avant notre ère : « J’ai tion quadratique ait alors des racines, il
additionné sept fois le côté de mon carré suffira que b’-4uc 2 0.
et onze fois la surface : 6O 15’. >) Soit Le fait de construire les solutions des
11 .$ + 7.~ = 6O 15’. problèmes à partir des segments donnés, à
la règle et au compas, conduit les géomè-
Solution : « Tu inscriras 7 et Il. Tu
tres grecs à l’étude des binômes, segments
porteras 11 à 6O 15’ : l’ 8”45’. Tu frac-
dont les mesures sont de la forme Vü +
tionneras en deux 7 : 3O 30’. Tu croiseras
a, a et b rationnels. Cette étude savante
3O 30’ et 3” 30’ : 12O15’. À 1‘ 8O45’ tu
n’aboutit guère à des conclusions définiti-
ajouteras 1‘ 21”, qui est le carré de 9. Tu
ves. Elle occupe cependant une grande
soustrairas 3” 30’, que tu as croisé, de 9 :
partie des É/&zrnt.s d’Euclide et joue un
tu inscriras S” 30’. L’inverse de 11 ne peut
rôle important dans le développement de
être dénoué. Que dois-je poser à 11 qui me
la théorie des équations. Cependant les
donne 5” 30’ : 30’, son quotient. Le côté du
algébristes grecs calculent dans Q, plus
carré est 30’. »
précisément dans Q+. Pour eux, une
À savoir : l’équation à résoudre est u.$
condition supplémentaire s’impose : b2
+ h-u = c. On calcule h’/4, puis b?/4 + UC, 4 UC doit être le carré d’un rationnel.
dont la racine est V(h2/4 + ac>. On forme Toute l’algèbre diophantienne trouve là
V(h-/4 + UC) b/2. Le coefficient a son origine. Elle est tenue à manipuler des
n’ayant pas d’inverse dans l’anneau équations indéterminées où certaines
des nombres exprimables en base 60, expressions doivent être des carrés parfaits
on divise par a, par tâtonnements, dans Q. L’extraordinaire habileté de Dio-
m + ac) b/2. Le quotient est le côté phante en ce domaine sera un très puissant
cherché. La numération est sexagésimale : stimulant pour les mathématiques des XVI~
1‘ + 60°, et l’ = (1/60). l”. et xvF siècles.
D’autres exemples. fort nombreux, Les Arabes et leurs disciples occiden-
montrent que le calculateur babylonien sait taux jusqu’au xkY siècle n’apportent rien
résoudre toutes les équations quadrati- d’essentiel. La nécessité de calculer dans
ques. Il y a pourtant un obstacle : ce Q+ ou dans Rf les conduit au contraire à
calculateur ne s’exprime pas dans R, corps distinguer dans les équations quadratiques
des réels, mais dans un sous-anneau, celui de multiples cas, assez inutilement. Tout au
des nombres exprimables d’une façon plus savent-ils que l’équation peut, parfois,
finie, en base 60. Pour que CI.$ + b-v + c admettre deux racines (positives).
= 0 ait des racines, il ne suffit donc pas que
h’ - 4 ac > 0, mais il faut encore que cette
quantité soit le carré d’un élément de 3. Équations d e d e g r é 3 e t 4
l’anneau et que, de plus, la division finale
par CI soit possible dans l’anneau. tes équations cubiques
Les Grecs font, de la résolution des Quelques exemples d’équations cubiques
équations du second degré, la base même apparaissent chez les Babyloniens, mais
de toute leur géométrie. Mais, pour pou- sans rien de systématique. Archimède

322
ÉQ UATIONS AtGÉmmuEs

discute (De lu sphère et du cylindre, livre Le quatrième degré


second) les problèmes qui, pour nous, Un disciple de Cardan, Ferrari, résout
conduisent à l’équation cubique générale. l’équation du quatrième degré. Soit par
Mais sa démarche est purement géométri- exemple à résoudre Y + 6 .x’ + 36 =
que et ne peut pas se traduire en algèbre. 60 x. Ajoutons 6 ,Y’ aux deux membres
Le xve siècle connaît quelques tentatives pour que le premier soit un carré parfait.
malheureuses de résolution algébrique. Il 11 vient (x’ + 6)? = 6 x2 + 60 x. Formons :
était réservé à l’école italienne du XVI~ siè-
cle d’apporter la solution définitive. Les (x2 + 6 +Y)~ = (x2 + 6)” + 2y(xz + 6) +y*.
trois pionniers sont successivement Sci- L’équation s’écrit :
pione del Ferro, Tartaglia et Cardan.
(x2+6+y)*=(6+2y)x2+60x+12y+y2.
L’équation générale se ramène à des
formes telles que x3 + ps + q = 0. (Les Si le trinôme en x du second membre est
algébristes n’écrivant que des coefficients un carré parfait (UX + h)?, l’équation se
numériques et positifs, trois cas sont à ramènera au second degré : _y2 + 6 + J
distinguer : x3 = x + 1, .x3 + .Y = 1 et = ax + h. Pour cela, il faut q u e :
x3 + 1 = x. )
900-(6 + 2y)(12y +y*) = 0.
La solution trouvée se résume pour
nous dans la formule : Le paramètre )’ est donc obtenu par la
résolution d’une équation cubique. C’est
Bombelli qui, en 1572, étend le procédé de
Luigi Ferrari à l’équation la plus générale
de degré 4.
L’obligation de n’avoir dans les équa-
tions que des coefficients positifs rend la
Elle est obtenue en posant x = u + v, démarche de ces auteurs fort pénible.
puis u3 + r3 = ~ q, UV = p/3, d’où u3 +
v3 = - q, u3v3 = ~ ~‘127 ; u3 et v3 sont
donc racines d’une équation quadratique. 4. La théorie « générale »
Cardan comprend aussitôt les diffi- des équations
cultés soulevées par cette solution. Lors-
que q2/4 + p’/27 est négatif, les nombres Grâce à l’école italienne, la théorie géné-
u et v ne peuvent pas être calculés dans R, rale des équations algébriques se précise et
donc n’existent pas. Or, Archimède a ses problèmes principaux se dégagent.
montré que, dans ce cas, l’équation cubi- Sans suivre chronologiquement son déve-
que proposée a des racines, et Cardan, en loppement historique, on peut s’efforcer
acceptant les racines négatives, sait en d’en mettre en évidence les points impor-
outre qu’elle en a trois. Pour lever la tants. L’équation étant mise sous la forme
difficulté, il introduit timidement, et Bom- P(X) = 0, l’importance du degré du poly-
belli le fera plus nettement en 1572, de nôme P, ou degré de l’équation, apparaît
nouveaux nombres dits G impossibles )> ou d’abord ; en effet, l’équation n’a pas en
(( imaginaires ». Ainsi apparaît, pour la général une seule racine, comme le vou-
première fois, le corps C des nombres laient les anciens algébristes, mais peut en
complexes. avoir jusqu’à n, si n est son degré.

323
Si CI est une racine, alors P(x) est sommes des puissances des racines en
divisible par .Y ~ a et l’on peut écrire : fonction des coefficients :

P(x) = (x - a)Q(x), a+b+c+d+e=p,


a2 + b2 + cz + d2 + ez =p2-2q,
Q étant un polynôme de degré n ~ 1. a3 + b’ + c3 + d’ + e3 =p3-3pq + 3r,
Si l’équation admet exactement n raci- a4 + b4 + c4 + d4 + e’
nes, il est possible d’exprimer les coeffi- =p4--4p=q + 4pr + 2q=-4s.

cients du polynôme P(x) par des fonctions L’étude des fonctions symétriques des
symétriques rationnelles entières des raci- racines se développe considérablement au
nes. xvnF siècle avec Waring, au xrxe avec
Exemple du second degré : Cauchy, etc.
.Y=---px+q=o,
Ces belles relations ne sont évidemment
établies, chez Viète, que lorsque toutes les
de racines (I et h : alors : racines sont positives, et, pour tout algé-
(X---a)(x-b)~x~-pX +q;
briste, que si elles existent. Tout dépend du
p=(a+b);q=ab. sens donné au mot «existence ». Pour
Jean de Beaugrand par exemple, vers
Exemple du troisième degré : 1638, exister est synonyme d’« appartenir
à l’ensemble R des réels )). Pour Girard, on
x3--pxz+qx-r=o,
peut admettre des « solutions impossi-
de racines LI, h, c; bles 1) pour la « certitude de la règle
générale et pour son utilité )). Pour Des-
(x-a)(x-b)(x-c)=x’--px2+qx-r;
cartes, en 1637, (< les racines ne sont pas
p=a+b+c;q=ab+acfbc;r=abc.
toujours réelles, mais quelquefois seule-
Exemple du cinquième degré : ment imaginaires, c’est-à-dire qu’on peut
bien toujours en imaginer autant que j’ai
x5-px* + qx3--rx2 + s-t = 0,
dit en chaque équation, mais qu’il n’y a
de racines a, h, c, d, e ; quelquefois aucune quantité qui corres-
ponde à celle qu’on imagine )). Il semble
p=a+b+c+d+e, bien que ce soit Peter Roth de Nuremberg
q = ab + ac + ad + ae
qui ait, le premier, en 1608, énoncé cet
+ bc + bd + be + cd + ce + de,
aphorisme hardi : « Une équation a autant
r = abc + abd + abe + acd + ace + ade
+ bcd + bce + bde + cde, de racines qu’il y a d’unités dans son
s = abcd + abce + abde + acde + bcde, degré. » Cette conclusion est une consé-
t = abcde. quence des principes énoncés par Bom-
belli. sans leur être identique. Cet algé-
Ces relations apparaissent déja chez briste italien introduit m, qu’il adjoint
Viète, dans le seul cas où toutes les racines aux nombres réels, créant ainsi le corps C
sont positives, mais c’est Harriot, en 1630, des nombres complexes. Il peut alors
dans ses œuvres posthumes, et surtout retrouver les racines réelles de l’équation
Albert Girard, en 1629, qui leur donnent cubique dans le cas dit (( irréductible )).
toute leur extension. Girard, d’autre part Roth, suivi par Girard et Descartes, puis
et il sera suivi par Newton exprime les par la grande majorité des mathémati-

324
ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES

tiens, décide, très arbitrairement, I’exis- Exemple. En prenant, pour P(x),


tente d’êtres fictifs, n’appartenant pas à x2 + 1, et, pour K, le corps R des réels, et
l’ensemble R des nombres réels (et dont on en notant i ce que nous notions a, on
ignore s’ils appartiennent ou non à C), et trouve le corps des complexes où
étend à ces êtres les algorithmes classiques x2 + 1 = (x + i) (x - i). Cette construc-
de calcul. Jusqu’en 1746, on maniera ainsi tion du corps des nombres complexes a été
des êtres imaginaires, sans trop savoir proposée par Cauchy.
quelle pourrait bien être leur structure. De ce point de vue, la démarche des
Cependant la conviction se répandait de précurseurs de Gauss était correcte. Le
plus en plus qu’ils étaient de la forme seul point à établir était de montrer que,
a + h m. C’est ce que d’Alembert pour K = R, P(x) premier quelconque, le
établit cette année-là, en s’appuyant sur le corps de rupture est un sous-corps de C.
calcul infinitésimal et la géométrie analy-
tique et en admettant le principe d’exis-
tence des n racines d’une équation de
degré n. Daviet de Foncenex, Lagrange, 5. Résolution numérique
Laplace améliorèrent cette démonstration,
mais en se fondant toujours sur le même Pour une équation P(x) = 0, les questions
principe. Gauss, en 1799, qualifia de cercle suivantes se sont posées naturellement :
vicieux cette démarche et il fournit enfin Combien a-t-elle de racines réelles ? Com-
plusieurs preuves rigoureuses du N théo- bien d’imaginaires ? Combien de positives,
rème fondamental de l’algèbre )x, ou de négatives ? Quelles sont les valeurs
« théorème de d’Alembert )). approchées, au l/lO, au l/lOO, au I/l000
On sait aujourd’hui que l’attitude des près, etc. de ces diverses racines?
géomètres du XVIII~ siècle peut se justifier Descartes, dans sa Géométrie de 1637,
en ce domaine, et cela, grâce à la théorie déclare, sans preuves, que l’équation
des congruences de Gauss et à l’introduc- P(x) = 0 peut avoir autant de racines
tion par Galois du corps de rupture. réelles positives qu’il y a de changements
Précisons en quelques mots. Soit un corps de signe dans les monômes du premier
K, commutatif, et un polynôme P(x), membre ordonné, et autant de négatives
indécomposable sur K en un produit de qu’il y a de permanences.
deux polynômes (premiers sur K). Alors Ainsi ,I! + x3-x2 + x + 1 = 0 peut
l’anneau des polynômes construits sur K se avoir deux racines positives et deux racines
subdivise en classes d’équivalences : deux négatives. En fait, cette équation n’a
polynômes R(x) et S(x) sont équivalents si aucune racine positive et deux racines
leur différence est divisible par P(x). On négatives, les deux autres étant imaginaires
démontre que ces classes d’équivalence conjuguées. On énonce aujourd’hui le
forment un corps commutatif. Désignant théorème de Descartes comme il suit :
par a la variable désignée par x jusqu’ici, Dans une équation quelconque, à coeffi-
tous les éléments du corps sont des poly- cients réels, le nombre des racines positives
nômes en (I à coefficients dans K. ne surpasse pas le nombre des variations
Dans ce nouveau corps, P(a) z 0 ; de signe du premier membre ; et, quand il
autrement dit, P(x) admet la racine u et est est moindre, la différence est toujours un
divisible par x - u. nombre pair.

325
ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES

En 1690, Rolle (16.52-1719) énonce il n’existe que cette racine de l’équation. À


dans son Algèbre une proposition que l’on partir de là, on peut appliquer les métho-
peut exprimer ainsi : Soit P(x) = 0, for- des générales de résolution d’une équation
mons l’équation P’(x) = 0, P’ étant le f(x) = 0 pour obtenir des valeurs appro-
polynôme dérivé du polynôme P. Entre chées des racines.
deux racines de la première équation, il
existe au moins une racine de la seconde.
Le théorème de Budan (18 11) se ratta- 6. La résolution algébrique
che au même ordre d’idées : « Étant donné des équations
une équation P(x) = 0 de degré m, si dans
les (m + 1) fonctions P(x), P’ (x), P”(x), Par cette expression, on entend tradition-
. ..) P@‘)(x) où chacune est la dérivée de la nellement la résolution des équations au
précédente, on substitue à x deux nombres moyen de radicaux carrés, cubiques, etc.
a et fi (a < p), et, si après chaque On a vu que sont résolubles par ce
substitution on compte les variations de procédé les équations de degrés 2, 3 et 4.
signe que présente la suite des résultats, le Après les succès de l’école italienne au
nombre des racines de P(x) = 0 comprises XVI~ siècle, les mathématiciens se sont
entre a et 0 ne surpasse jamais celui des attachés à trouver des formules de résolu-
variations perdues de a à 0, et, quand il est tion analogues pour les degrés suivants,
moindre, la différence est toujours un singulièrement pour le cinquième. Parmi
nombre pair. )) les recherches les plus remarquables en ce
Le théorème de Sturm (1829) est le domaine, on peut citer celles de Tschirn-
résultat le plus précis qui ait été obtenu haus (16.5 l-1 708). 11 s’efforce, en 1689, par
dans ce domaine. Soit P(x) = 0 l’équation un changement de variable, de ramener
proposée. On divise P par le polynôme toute équation algébrique à une équation
dérivé P’. Soit P, le reste euclidien changé binôme. Plus précisément, soit P(x) = 0
de signe. Divisons P’ par P,, et soit P, le une équation de degré n. Posons y = Q(x),
reste changé de signe, etc. Si m est le degré Q étant un polynôme de degré n - 1
de P, supposé sans racines multiples, consi- à coefficients indéterminés. On élimine
dérons la suite P, P’, P1, P,, . . . . P,,. Soit x entre les deux équations P(x) = 0 et
alors, comme dans le théorème de Budan, Q(x) ~ y = 0, et l’on détermine les coef-
a et @ (a < 0) deux nombres donnés. ficients du second polynôme de façon à
Formons P(a), P’(a), . . . . P,,,(a), et de faire disparaître, dans l’équation résultante
même R(3), P’(B), . . . . P,,(P). en y, certains ou tous les termes intermé-
Le nombre des racines de l’équation com- diaires. Si la méthode de Tschirnhaus
prises entre a et fi est précisément égal à réussissait toujours, toute équation serait
l’excès du nombre ûes variations de signe aigébriquement résülub:e. A-u XV~II’ sièc:e,
que présente la première suite sur celui que Euler et Bezout ont étudié le même pro-
présente la seconde. blème par des procédés analogues.
Les théorèmes précédents et quelques Un mémoire de Vandermonde, lu en
autres analogues permettent la séparation novembre 1770, devait inaugurer une ère
des racines de l’équation. C’est-à-dire que, nouvelle. Kronecker n’a pas craint d’affir-
pour chaque racine réelle, on arrive à mer que l’essor moderne de l’algèbre
trouver deux nombres a et fi entre lesquels commençait avec ce mémoire. Vander-

326
ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES

monde y apparaît comme le précurseur et changements qu’elles éprouvent dans une


le premier ouvrier de la théorie des subs- permutation de ces variables. Lagrange
titutions, distinguant, avant Gauss et Abel, démontra que le nombre des valeurs d’une
les fonctions cycliques invariantes par une fonction de n lettres est toujours un
permutation circulaire déterminée et diviseur de n !, produit des n premiers
décomposant les fonctions symétriques en entiers. Ruffini (1765-l 822) établit en 1799
fonctions cycliques, Naturellement, il que si une fonction de cinq variables a
n’aboutit pas pour les degrés 5 et 6, mais moins de cinq valeurs distinctes, elle ne
il montre combien il serait prématuré de peut en avoir plus de deux. Si ce théorème
conclure à l’impossibilité de la résolution n’établit pas l’impossibilité de la résolution
des équations générales de degré supérieur algébrique de l’équation générale du cin-
à 4. Puis il note que, si sa méthode échoue quième degré, il prouve du moins l’impos-
pour ces équations générales, elle réussit sibilité de former une équation auxiliaire
pour des équations particulières dont les ou résolvante de degré inférieur à 5.
racines sont liées par certaines relations et Cauchy généralise : Si une fonction de n
il prend pour exemple x1’ - 1 = 0, dont il lettres a moins de p valeurs distinctes (p
exprime les solutions au moyen de racines plus grand nombre premier contenu dans
carrées et de racines cinquièmes. n), elle ne peut en avoir plus de deux
Avec Vandermonde apparaît ainsi la (1815).
notion de substitution dans un ensemble Ces diverses propositions nécessitaient
fini, celui des racines d’une équation algé- déjà l’étude de la structure de l’ensemble
brique, notion que devaient approfondir des substitutions de n lettres, en particulier
les algébristes ultérieurs, et dont l’étude celle des substitutions circulaires.
aboutira, avec Galois, au concept nouveau Abel (1802-l 829) dans le même ordre
de groupe fini. d’idées, avait établi qu’une fonction de
Les idées développées par Vander- 5 lettres ayant cinq valeurs distinctes est
monde se trouvent encore, indépendam- symétrique par rapport à 4 lettres. Appli-
ment d’ailleurs, dans l’important mémoire qué à la résolution algébrique des équa-
de Joseph Lagrange, lu en 1771 : tions, ce théorème montrait que, si l’on
Réjlexions sur la r&olution algébrique des cherche à faire dépendre la résolution de
équations. l’équation générale du cinquième degré de
Gauss, dans ses Disquisitiones arithrne- celle d’une résolvante de ce même degré,
ticae (1801) explicite les remarques de on revient à la transformation de Tschir-
Vandermonde sur les équations binômes nhaus. Ruffini énonça en 18 13 l’impossi-
x” - 1 = 0, les appuie solidement sur les bilité de la résolution algébrique de cette
propriétés arithmétiques de l’exposant et équation générale du cinquième degré. En
montre notamment, à partir de l’équation 1824 et 1826, Abel apporta sur ce point des
,Y” - 1 = 0, la possibilité d’inscrire dans le arguments plus probants. De plus, géné-
cercle, à la règle et au compas, un polygone ralisant l’analyse de Vandermonde et de
régulier de 17 côtés. Gauss pour les équations binômes, il
Les travaux de Vandermonde, établit que, si deux racines d’une équation
Lagrange et Gauss attirèrent en particulier irréductible sur le corps des coefficients
l’attention des géomètres sur les fonctions sont telles que l’une puisse s’exprimer
entières de plusieurs variables et sur les rationnellement par l’autre, l’équation est

327
É Q U AT I O N S ALGÉBRIQUES

résoluble par radicaux si son degré est un corps de ses coefficients, ce problème n’est
nombre premier, et que, s’il n’est pas pas résoluble à la règle et au compas. Ainsi
premier, sa résolution dépend d’équations se trouve justifiée la distinction grecque
de degrés moindres que le sien. entre les « problèmes solides », comme
Abel, dans son étude de l’équation du ceux de la duplication du cube et de la
cinquième degré, se servait du fait que les trisection de l’angle, et les « problèmes
quantités successives dont il faudrait, dans plans », traitables à la règle et au compas.
cette résolution, extraire les racines
JEAN ITARD
n-ièmes doivent s’exprimer rationnelle-
ment en fonction des racines cherchées. Ce
point présente des difficultés. Galois (18 1 l- Bibliographie
1832) procède par une démarche diffé- N. BOURBAKI, Éléments d’histoire des mathémuti-
ques, Masson, 1984 / E. M. BRU~S & M. RUTTEN,
rente (1830). En appelant groupe d’une T e x t e s muth&~utiques de Suse, Paris, 1961 /
équation, sur un corps donné, le groupe E. DEHN, Algebric Equations. An Inlroduction ta rhe
des permutations de ses racines qui laissent Theories of’lagrange and Galois, repr. Dover Publ.,
inchangées les expressions polynomiales New York, 1960 / P. DREDON 81 J. ~TARD, Mathl-
matiques et mathématiciens, Magnard, nouv. éd.,
des racines dont la valeur appartient a ce 1980 / J.-C. MARTZLOFF, Histoire des mathémariques
corps, il montre que, dans une résolution chinoises, Masson, 1987 / C. MLJTAFIAN, Équutions
par radicaux, et dans les réductions suc- a&briques et thlorie de Gulois. Vuibert, Paris,
1980 / J.-A. SERRET, Cours dirlgèbre supérieure,
cessives que subit, au cours des calculs, le
2 vol., repr. 1866, J. Gabay, 4’ éd. 1992 /J. TROPFKE,
groupe de l’équation, chaque nouveau Gexhichte der Elrmeniurmafhematik, 4’ éd., vol. 1 :
groupe est un sous-groupe invariant du Arithmetik und Algehra, de Gruyter, Berlin-New
précédent. Or, le groupe des substitutions York, 1980 / B. L. VAN DER WAERDEN, A History of
Algebra, Springer-Verlag. New York, 1990 / Science
de cinq lettres n’a pas de sous-groupe Awakening, vol. 1 : &Jptian, Babylonian und Greek
invariant. Donc la résolution algébrique de Mathematic~, repr. 1954, Scholar’s Bookshelf, Prin-
l’équation générale du cinquième degré est ceton Junction (N. J.), 1988 / F. VIETE, A. GIRARD
& F. DE BEALJNE, The Early Theory of Equations : on
impossible. De plus, sa méthode lui permit
their Nature and Constitution, Golden Hind Press,
(183 1) de montrer que, pour qU’Une équa- Fairfield (conn,). ,986,
tion irréductible de degré premier soit
soluble par radicaux, il faut et il suffit que,
deux quelconques des racines étant don-

É Q U A T I O N S A u x DÉRIVÉES
nées, les autres s’en déduisent rationnelle-
ment.
À un point de vue plus élémentaire, PARTIELLES - DÉRIVÉES
mais historiquement très important, signa-
lons le mémoire du mathématicien français
PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
Pierre Laurent Wantzel (18 14-1848) :
C Recherches sur les moyens de reconnaître
si un probl&ne de géométrie peut se résou-
dre par la règle et le compas » (1837).
Wantzel y montre pour la première fois, ÉQUATIONS
d’une façon irréfutable, que, si un pro- DIFFÉRENTIELLES
blème de géométrie conduit a une équation
de troisième degré, indécomposable sur le
- DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS

328
ERGODIQUE THÉORIE

É QU A TIO N S méthodes ergodiques ont permis d’exposer


différemment certains problèmes et de
DIOPHANTIENNES donner des prolongements nouveaux à ces
- DIOPHANTIENNES branches de la mathématique. L’étude de
la théorie ergodique suppose la connais-
ÉQUATIO NS sance de la théorie de la mesure (cf.
INTÉGRATION ET MESURE).

ÉQ U A TIO N S INTÉGRALES
--+ INTÉGRALES ÉQUATIONS 1. Le modèle de Poincaré
et l’hypothèse ergodique

Pour expliquer l’hypothèse ergodique, il est


commode d’avoir recours à un modèle très
ERGODIQUE THÉORIE simple imaginé par H. Poincaré. Suppo-
sons un liquide en mouvement stationnaire
dans un récipient 0 de forme invariable et

E rgodique vient du mot grec Epyov qui


signifie travail. C’est en effet d’un
problème de mécanique que la théorie
complètement rempli. Si une molécule du
liquide occupe la position o0 à l’instant 0 et
o, à l’instant t, on peut décrire le passage de
ergodique est issue. À l’origine se trouve l’instant 0 àl’instant t et, plus généralement,
une hypothèse de la théorie cinétique des de l’instant s à l’instant s + t, au moyen
gaz, audacieusement posée par L. Boltz- d’une transformation ponctuelle 8, opérant
mann en 1885, qui permettait aux physi- dans 0, pour laquelle :
ciens de résoudre une difficulté liée à
“t = R(@d
l’étude des systèmes mécaniques à un très
grand nombre de particules. L’importance et :
de cette hypothèse, confirmée expérimen- 0 s+t = %(Os),
talement dans de nombreux cas, conduisit
les mécaniciens à en chercher une justifi- et cela pour toutes les molécules de liquide.
cation théorique et ce sont les diverses Il va de soi que ces transformations
tentatives faites dans cette voie qui mar- forment un groupe, c’est-à-dire que :
quent les débuts de la théorie ergodique. 8 S+I = esoe,,
(1)
Après les résultats fondamentaux, obte-
nus par J. von Neumann et G. D. Birkhoff quels que soient s, t E R ; ou bien, si l’on
en 1931 à quelques semaines d’intervalle, se désintéresse du passé, un semi-groupe
la théorie ergodique s’est développée au en ne considérant la condition (1) que pour
sein de la mathématique dans des direc- des valeurs positives ou nulles s et t. Pour
tions diverses : analyse fonctionnelle et t = 0, 8, désigne la transformation iden-
théorie des groupes ; calcul des probabili- tique de 0. On peut envisager une simpli-
tés et plus précisément processus marko- fication supplémentaire en se limitant aux
viens ; théorie de l’information, etc. Les instants discrets . . . . ~ 2, ~ 1, 0, 1, 2, et,

329
ERGODIQUE THÉORIE

en posant 8, = 8, se ramener à l’étude du phase. Il peut être aussi plus commode de


groupe G à un générateur 8 : substituer à ces 6 N coordonnées 6 N
autres paramètres qu’on ne précisera pas
G = {@InEZ}
ici. Le système S évolue sous l’action de
ou bien du semi-groupe : forces extérieures et des actions mutuelles
des particules, et cette évolution est régie
{@InEN}.
par un système d’équations différentielles
En outre, l’incompressibilité du liquide qui permet de déterminer à partir d’un état
amène à poser la condition suivante : Si E initial o0 l’état o, du système à l’instant t.
est un volume partiel de C2 et si : Si S est conservatif, les trajectoires des
points o sont portées par des variétés
8-‘E = {o~OwEEI,
plongées dans RrjN et chacune de celles-ci
alors les mesures de E et de 8 -‘E sont correspond à une valeur constante de
égales ; autrement dit, la transformation 8 l’énergie de S, ce qui explique l’emploi du
conserve la mesure. Pour un point donné terme ergodique. L’une quelconque de ces
o E 0, l’ensemble : variétés sera pour nous le récipient Sz du
modèle de Poincaré. L’invariance de la
mesure, lorsque les paramètres décrivant
l’état de S sont convenablement choisis, est
est appelé trujectoire de o. On dit qu’un
assurée par un résultat général dû à
point 0 est topologiquement injiniment
Liouville. Le physicien qui observe l’évo-
récurrent si tout voisinage de ce point
possède une infinité de points de sa tra- lution du système s’intéresse à des mesures
portant sur les valeurs de fonctions de
jectoire. On peut alors énoncer le théo-
l’état de S (observables). Soit f l’une
rème de récurrence qui peut être considéré
comme le premier théorème ergodique et d’elles, f : 0 + R. Si l’on tient compte
qui fut établi par H. Poincaré en 1890. d’une part du grand nombre de particules
et du fait que, dans un intervalle de temps
Théorème de Poincaré. Presque tout
point de 0 est topologiquement infiniment très petit pris pour unité, se produit un
nombre très élevé de microphénomènes
récurrent.
(collision de particules, etc.), si l’on tient
En vérité, cela n’est pas exactement
compte d’autre part de la durée qu’exige
l’énoncé donné par le célèbre géomètre qui
une mesure, on s’aperçoit que le physicien
ne pouvait pas faire usage à cette époque
ne peut pas comparer ses mesures aux
de la théorie de la mesure de Lebesgue,
valeurs théoriques instantanées f(o) mais
théorie qui permit quelques années plus
plutôt aux moyennes temporelles :
tard de prouver le théorème de Poincaré.
Revenant au problème général, consi-
dérons un système mécanique S constitué
par N particules. L’état de S à chaque
instant est déterminé par la connaissance portant sur n instants consécutifs 0, 1,2, . . . .
des 3 N coordonnées des particules et des n ~ 1 et cela pour de très grandes valeurs
3 N composantes de leurs vitesses. Ces de n. Ensuite, en supposant même que
états peuvent ainsi être représentés par des l’état initia1 0 soit parfaitement connu, la
points o de l’espace R6N appelé espace de détermination des états successifs 80,8*o,

330
ERGODIQUE THÉORIE

“->O”P’o exigerait l’intégration du système @invariante (c’est-à-dire f= ,& 0) et


différentiel mentionné plus haut, calcul enfin :
pratiquement impossible à effectuer. Il faut
donc imaginer un autre moyen d’atteindre
les quantités théoriques (2) et c’est là
qu’intervient l’hypothèse ergodique. Cette quel que soit l’ensemble mesurable A
hypothèse postule l’égalité des moyennes invariant, c’est-à-dire tel que A = &‘A.
de phase : Dans le cas particulier où la condition
(E) suivante est satisfaite : les seuls ensem-
bles invariants sont modulo les ensembles
négligeables, l’ensemble 0 et l’ensemble
et des moyennes (2) pour n assez grand, 0 vide, les fonctions invariantes sont les
étant la variété associée aux données de fonctions constantes presque partout
l’expérience. (p.p.), et le théorème de Birkhoff donne
l’égalité :

2. Les théorèmes de G. D. Birkhoff


et de J. von Neumann

Qn va mamtenant formaliser le problème autrement dit le système (0, m, 0) vérifie


ergodique. On se donne un espace com- l’hypothèse ergodique si la condition (E)
pact 0 et une mesure de Radon positive m est remplie. On dit dans ce cas que 8 est
SUT 0 (Cf. INTÉGRATION ET MESURE ; On peut transitivement métrique ou encore que 8 est
se placer dans des situations plus généra- ergodique.
les, mais on n’a pas jugé utile de le faire Quelques semaines avant que
ici), qui est aussi une probabilité G. D. Birkhoff eût donné son résultat,
~(0) = 1. On se donne aussi une trans- J. von Neumann avait établi le théorème
formation mesurable 8 : 0 + 0 et on suivant en faisant les mêmes hypothèses
suppose que 8 conserve la mesure, c’est- que pour le théorème de Birkhoff.
à-dire que 8 vérifie la condition : Théorème de van Neumann. Soit .f une
fonction complexe sur G, de carré inté-
(3) m(B-‘E) = m(E)
grable ; la suite des fonctions :
pour tout ensemble mesurable E. Cette
condition entraîne que &‘E est négligea-
ble si E est négligeable, c’est-à-dire
m(E) = 0.
converge en moyenne quadratique vers
Théorème de Birkhoff. Soit f une fonc-
une fonction f de carré intégrable et
tion complexe et intégrable sur 0 ; la suite
@invariante ; autrement dit :
des moyennes de Cesaro :
n-1
1 fo’3-j; 2dm = 0
-Cf@W

k=O
et :
converge presque partout sur 0 vers une
fonction intégrable J’; cette fonction f est f=f0e Q.P.).

331
ERGODIQUE THÉORIE

Il n’est pas question de donner ici les deux sous-espaces fermés et orthogonaux 2
démonstrations de ces théorèmes, mais il et R tels que tout f E L* s’écrive d’une
est utile d’ajouter quelques indications sur seule manière : f = g + h, avec g E J et
ces preuves pour montrer en particulier les /r E 32, où 3 est le sous-espace des inva-
liens existant entre la théorie ergodique et riants (g E 3 tl g = Tg) et X est l’adhé-
l’analyse fonctionnelle. rence du sous-espace image de 1 -T.
Dans ces théorèmes intervient une On ne dira rien de la preuve donnée par
transformation agissant non pas sur les Birkhoff de son théorème, mais on don-
points de 0 mais plutôt sur les fonctions nera une indication sur la démonstration
définies sur 0. Il s’agit de l’application : proposée par Yosida et Kakutani. Elle est
fondée sur le lemme suivant, nommé par
f-Tf=fo&
ces auteurs « théorème ergodique maxi-
Pour éviter des difficultés techniques, mal )).
on ne distinguera pas des fonctions égales Soit fE L’ et E l’ensemble des o pour
presque partout ; et, d’ailleurs, l’hypothèse
d’invariance de la mesure entraîne que, si ”
lesquels l’une au moins des sommes :

f est négligeable, c’est-a-dire

If1 dm = 0,
c
k=O
f Wo)

s est positive ; alors :


f0 8 l’est aussi.
fdm > 0.
Cela posé, soit U’l’espace des fonctions sE
complexes sur 0 de puissances pièmes
Illustrons ce qui précède par deux
intégrables :
exemples.
lfl~dm < + m, u) 0 est le tore à une dimension,
s
!A = R/Z. L’application 8 est définie par
P é t a n t u n nombre réel donné 00 = o + u où n est la classe d’équiva-
1 < p < + m. On sait que L’ est muni lence d’un nombre irrationnel. La mesure
d’une structure d’espace de Hilbert où le n7 sur 0 est induite par la mesure de

produit hermitien de deux éléments,f, et fi Lebesgue sur R. On peut voir facilement


est défini par : ici que 8 conserve la mesure et que 8 est
ergodique. On a ainsi :
<fl,f2 > = fl.f2dm;
sn ~
lim A f(o + ka) = f d m Cp. p.),
f1 est la conjuguée complexe de f2 et la “_CG n c
t=o
sL1
norme d’un élément ,f‘est :
quel que soit f E Lt. Ce résultat avait été
llf Il 2 = (< ff >) “*, démontré directement par Khintchine sans
Alors il est facile de voir que T est un utiliser le théorème de Birkhoff.
opérateur linéaire et unitaire sur L’. Cela b) 0 est l’intervalle [0, l] muni de la
étant, et sans entrer dans les détails, la mesure de Lebesgue. Chaque réel
démonstration du théorème de von Neu- o E [0, l] s’écrit dans le système décimal,
mann repose sur le fait qu’il existe dans L2 au moins d’une manière, o = 0, U,U~CI~

332
ERGODIQUE THÉORIE

où les u, sont des entiers compris entre 0 ou encore, en désignant par 1, la fonction
et 9. Posons alors : caractéristique de l’ensemble A,
00 = O,a,a,a,...,

en observant que, dans tous les cas, 80 est


bien défini par la donnée de o. Il est moins La moyenne arithmétique de ces rap-
facile ici de vérifier que 8 conserve la mesure ports pris aux instants 0, 1, . . . . n ~ 1 est
et que 8 est ergodique. Admettons-le et pre- donc :
nonsfégale à la fonction caractéristique de
l ’ i n t e r v a l l e [q/lO, q/lO + l/lO[, a v e c
q E {O, 1,2, . . . . 8).
On af(w) = 1. si CI, = q ou si u, = q ~
On suppose toujours m(O) = 1. Si 8 est
1 et a, = a3 = = 9. Le théorème de
ergodique, la suite (4) converge vers m(A).
Birkhoff affirme, dans ces conditions, que :
Autrement dit, en moyenne, la suite :
n-l

lim 1
m(8-'AnB)
f(Wo) = $ (p. p.).
.-mn c m (B)
k=O

Ce résultat, découvert par É. Borel, converge vers m(A). Cela est, bien
exprime que, pour presque tout réel x, cntcndu, rcalisc a fortiori si :
chaque chiffre admet dans la suite des lim m(B-"AnB)
décimales du nombre x la même fréquence = m (A),
*-" m P)
limite l/lO.
condition qui exprime qu’après un temps
assez long toute partie telle que A contient la
même proportion de gin et de vermouth qui
3. Propriétés de mélange se trouvent ainsi parfaitement mélangés.
On pose alors les définitions suivantes :
Revenons au modèle de Poincaré et sup- - La transformation 8 est dite fortement
posons que le liquide enfermé dans le mélungeante si, pour tout couple de parties
récipient Sz soit, suivant une image de
mesurables A et B de 0, on a :
Halmos, un mélange de vermouth et de gin
dans les proportions de 9/ 10 de gin et l/ 10 Iim m (e-"AfTB) = m(A)m(B).
n-m
de vermouth. Le récipient 0 est un shaker
que l’on agite pour confectionner un La transformation 8 est dite faiblement
cocktail. Chaque mouvement d’agitation rnéhgeante si, pour tout couple de parties
du shaker s’effectue aux instants 1,2, . . . . n, mesurables A et B de Q, on a :
. . . Si B est la partie de 0 occupée n-1

initialement par le vermouth, alors, pour lim 1 ~m(8-kAnB)-m(A)m(B)I=0.


.-mn c
toute autre partie mesurable A du shaker, k=O
le rapport entre la quantité de vermouth Il est clair que toute transformation
contenue dans A et la quantité totale de fortement mélangeante est, a fortiori, fai-
vermouth est, à l’instant n, blement mélangeante et que toute trans-
m(B+AflB) formation faiblement mélangeante est, a
m (B) fortiori, ergodique.

333
ERGODIQUE THÉORIE

La condition de mélange faible est 0 < .X 6 1 ; à toute partition mesurable


particulièrement intéressante du point de finie :
vue analytique. Reprenons l’opérateur T
défini au chapitre 2. On peut définir le
spectre de T (cf. théorie S P E C T R A L E ) . de 0, faisons correspondre le nombre
Disons que T a un spectre continu si 1 est H(I1) défini par :
la seule valeur propre de T et de plus valeur

propre simple. On peut alors prouver que H(II) = x(m PJ).


0 est faiblement mélangeante si, et seule- c
,=I
ment si, T a un spectre continu.
On observe que, pour tout entier k,

e-kn=wkm<tin
4. Systèmes dynamiques
est une autre partition de 0 et l’invariance
On ne donnera pas de définition générale de la mesure entraîne que :
et on se limitera aux systèmes (0, n?, 0) H(8Wn) = H(II).
(5)
ayant les propriétés énoncées au début du
paragraphe 2. On appelle un tel triplet La fonction x est concave et l’on en
S = (0, m, 8) un système dynamique. Soit déduit, pour deux partitions P et P’, que :
S = (CY, 11z’, 0’) un autre système dynami-
(6) H(II V II’) < H(II) + H(T),
que. On dira que S’ est image homomor-
phe de S s’il existe une injection mesurable en notant 11 V II’ la partition engendrée
cp:O + a’ telle que ‘p 0 0 = 8’ 0 ‘p et m’ par II et II’. Les propriétés (5) et (6)
= (C)(M). Si cp est bijective et si chacun des permettent de prouver l’existence de la
systèmes S et S’ est image homomorphe de limite :
l’autre par ‘p et ‘p-l, S et S’ sont dits
spatialement isomorphes. Cela étant, on H(II) = l i m kH(11 V e-III V V Pk+‘II),
k-a
peut poser la question suivante : Deux
systèmes dynamiques donnés sont-ils iso- et aussi l’inégalité :
morphes ? Pour y répondre, il est bon de
ii(H) < H@I).
rechercher les invariants d’un système
dynamique S, c’est-i-dire les objets atta- On pose alors :
chés à S qui ne varient pas dans un
isomorphisme spatial. Dans le chapitre 2, fi = surp H(H),
on a associé à la transformation 8 un
opérateur unitaire T dans L1(m). Il est la borne supérieure étant prise sur l’ensem-
alors facile de vérifier que les valeurs ble des partitions mesurables finies TI dc 0.
propres de T sont des invariants de S. Le nombre fi (éventuellement + CU) est
Un autre invariant fondamental des l’entropie du système S. Ajoutons que
systèmes dynamiques est l’entropie ou cette notion est très voisine de celle qui est
invariant de Kolmogoroff-Sinaï qui peut se utilisée par Boltzmann dans la théorie
définir de la façon suivante : Désignons par cinétique des gaz et qu’elle a été l’objet de
x la fonction réelle continue et positive sur profonds et difficiles travaux de Sinaï qui,
[0, 11, telle que x(.x) = -x log x, pour par là. a fait un pas important vers la

334
ERGODIQUE THÉORIE

solution du problème fondamental de la On peut aussi considérer de façon plus


théorie ergodique (cf. chap. 1). générale des endomorphismes de l’espace
Pour terminer, donnons un exemple. (réel) Lt(w) possédant les propriétés pré-
Soit A = {a,, CI?, . . . . u,} un ensemble à n cédentes et non nécessairement induits par
éléments ; munissons-le de la topologie des transformations ponctuelles 8. De tels
discrète et de la mesure de probabilité opérateurs se présentent naturellement
équirépartie : dans la théorie des processus markoviens.
Ils sont définis à partir d’un noyau N :
C2X3 -+ Rt (3 désignant la tribu des en-
pour i = 1,2, .,., n. Posons 0 = AZ ; cha- sembles mesurables de 0) où l’on suppose
que élément de 0 est une suite infinie dans que l’application partielle o - N (0, A)
les deux sens o = (..., o-t, o0, o,, . ..) est mesurable pour A constant et que
d’éléments de A. Avec la topologie pro- l’application A - N(U, A), o étant fixé, est
duit, Q est un espace compact sur lequel une probabilité (ou une sous-probabilité)
agit la transformation 8 définie par sur 3. À tout fE Lt on associe la mesure
ceo), = a,+,> appelée shift-trunsformatiun. réelle u, sur (CI, 3) par la formule :
Si m désigne la probabilité produit sur 0,
le triplet (CI, m, 0) est un système dyna- P,(A) = s, N(o, NJ-(o) dm (~1, A E 3.
mique qui joue un rôle important en
théorie de l’information. Choisissons la Si l’on suppose que u, est absolument
partition : continue par rapport a m, et cela quel que
soit J; la densité Tf= dydm est la trans-
II = {cl,, . . . . cl,] formée de J’ par T. La vérification des
où 0 , = {OI 0” = a,}. 11 est clair que propriétés (I, b et c est immédiate.
m(Q,) = I/n et que H(B) = log n. On Le théorème ergodique général, établi
peut alors prouver que l’entropie fi de ce en 1960 par Chaton et Ornstein, pour une
système dynamique est log II, ce qui contraction positive T affirme que : Quelles
montre en particulier que les systèmes que soient les fonctions intégrables f‘et g,
obtenus pour des valeurs distinctes de n ne g > 0, l’expression :
sont pas spatialement isomorphes.
FW/ 2%
k=O k=O
5. Théorie ergodique, tend presque partout vers une limite finie
probabilités et potentiels sur l’ensemble :

Les problèmes de convergence qui sont


(p-].
abordés au chapitre 2 concernent l’opéra-
teur T : f ++ Tf‘=J’o 8 agissant dans Chaton a, de plus, explicité cette limite.
L’(M) ou L*(M). Cet opérateur possède les Cet important théorème, faisant suite à des
propriétés qui suivent : travaux de Doob et de E. Hopf, a été aussi
a) T est linéaire ; prouvé par J. Neveu par des méthodes
h) T est positif : f’ > 0 * Tf 2 0 ; probabilistes.
c) T est une contraction, c’est-à-dire : Le lien avec la théorie du potentiel
II VII < llflll pour tout J’E L’(M). découle de recherches faites par A. Brunel.

335
ERGODIQUE THÉORIE

par P. A. Meyer et par Ackoglu qui ont E S P A:E CAFFINE


- - AFFINES
utilisé le lemme suivant, appelé lemme
ergodique wuinîal.
ESPACE & REPÈRE
Soit fE Li (réel) et A E 2~ tel que :

alors : ESPACE DE HILBERT


- HILBERT E S P A C E D E
s e..fdm ) 0,

en désignant par eA le potentiel d’équilibre


de A, relativement au noyau transposé T
de T.
L’opérateur ’ T qui agit dans L” se
définit par dualité : Quels que soientfE L’
ESPACE PROJECTIF
et g E L”, - PROJECTIFS E S P A C E & REPÈRE

s Tf.gdm =
s
f.‘Tgdm ;

la fonction eA est, en gros, la plus petite


fonction ’ T ~ sous-invariante (’ Te, < e,)
qui majore 1,. ESPACES MÉTRIQUES
On a voulu montrer comment la théorie
ergodique s’est développée et ramifiée à
- MÉTRIQUES E S P A C E S
partir du problème fondamental posé par
l’hypothèse ergodique. Il n’était pas pos-
sible de résumer ici d’autres travaux diffi-
ciles, par exemple ceux qui concernent les
groupes ou les semi-groupes de transfor-
mations ou d’opérateurs.
ESPACES VECTORIELS
NORMÉS - NORMÉS ESPACES
ANTOINE BRUNEL
VECTORIELS

Bibliographie
P . B~LLINGSLEY, Ergodic Theor~ and I~forrnarion.
Krieger Pub]., New York, 1978 ) N. A. FRIEDMAM
Introduction to Ergodic Theory, Van Nostrand, New
York. 1970 / U. KRENGEL & A. BRUNEL, Ergodic
Tlwrems, with u Supplement on Harris Processes, ESPACES VECTORIELS
De Gruyter. Hawthborne (N. Y.), 1985 /
P. A. MEYER, (~Théorie ergodique et potentiels », in TOPOLOGIQUES
A~I. 1n.u. Fourier, t. XV, fasc. 1, 1965 / K. PETERSEN,
Eyydic Tllror~, Cambridge Univ. Press, 2’ éd.
- TOPOLOGIQUES ESPACES
1990 / D. REVLIZ, Mark~~~ Chaires. North-Holland. VECTORIELS
Amsterdam, rééd. 199 1.

336
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

EXPONENTIELLE & népérien, primitive de 1/x, en se limitant à


l’aspect théorique sans aborder l’aspect
LOGARITHME pratique des calculs.

?+
P our les constructeurs des premières
tables, les logarithmes étaient avant
tout un outil de calcul numérique ; mais
leur importance n’a cessé de croître. De 1. Résultats préliminaires
nos jours, les logarithmes et les exponen-
tielles interviennent dans tous les domaines Soit R le groupe additif des nombres
réels ; les nombres réels strictement posi-
de l’activité humaine, qu’il s’agisse de
tifs forment un groupe pour la multipli-
physique, de médecine, de sciences humai-
cation que nous noterons RT. On se
nes... C’est le cas de tout phénomène
propose ici de décrire tous les homomor-
naturel dans lequel deux mesures x et y
phismes continus de ces groupes entre
sont telles que le taux de variation Ay/Aw
eux. Ainsi, les fonctions logarithmes, les
de y est proportionnel à y ; la quantité y
fonctions exponentielles et les fonctions
dépend alors exponentiellement de x, car
puissances sont des applications continues
on a y’ = ky. Mais les exponentielles
s’introduisent aussi dans de nombreux .L x> h 1
autres cas ; c’est ainsi que les lois de f:R:-R,g:R-RT, h:R:+R:,
Laplace-Gauss ou de Poisson sont des
qui vérifient respectivement les relations
techniques de base de la statistique.
fonctionnelles :
En tant que fonctions nouvelles, les
transcendantes élémentaires (logarithmes, f(v) =I-(x) +fCvX g(x +.Y) =&)go>),
exponentielles et fonctions trigonométri- h Cv) = h (XV 01%
ques) se sont introduites d’une façon
Montrons pour commencer que les
naturelle au cours du xvne siècle, à partir
seuls homomorphismes continus du
de considérations cinématiques tout
groupe additif R dans lui-même sont les
d’abord (étude de la cycloïde par exemple).
homothéties. Soit donc :
Avec les débuts du calcul infinitésimal, ces
fonctions acquièrent une grande impor- u :R+R

tance théorique : découverte de leurs une application continue telle que


développements en série et rôle essentiel U(S + y) = u(x) + I&V) ; posons u( 1 ) =
qu’elles jouent dans l’intégration de nom- u. Pour montrer que U(X) = ux pour tout
breuses équations différentielles simples. nombre réel x, il suffit, à cause de la
Au XVIII~ siècle, le mathématicien suisse continuité, d’établir ce résultat pour x
L. Euler, par extension au champ com- rationnel. Remarquons d’abord que la
plexe, a mis en évidence les liens étroits qui relation fonctionnelle entraîne :
existent entre ces fonctions et a introduit
u(n) = u(1 + 1 + + 1)
les notations que l’on utilise encore c 4
aujourd’hui. n fois
Dans ce qui suit, on construit complè- = a + cl + + a = an,
L ,
tement ces fonctions à partir du logarithme n fois

337
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

pour tout entier positif n ; d’autre part, de même, on a :


u(1) = ~(1 + 0) = u(1) + u(O), d’où
g’(x +Y) =g’cv)g@)
u(0) = 0. Pour les entiers négatifs, on a :
0 = u(0) = u(n + (-n)) = u(n) + u(- et donc, pour y = 0,
n), d’où :
g’(x) = g’Wg(x).
u(-n) =-u(n) = a x (-n);
En particulier, on voit que f ‘(x) = k/x,
ainsi, U(X) = ax pour tout entier relatif. ce qui conduit à étudier les primitives de
Soit enfin x = p/q un nombre rationnel ; x - 1 /x. C’est ainsi que l’on définira le
on a : logarithme au chapitre 2. La fonction
exponentielle s’en déduit alors par passage
x+x+...+x=qx=p,
c l à la fonction réciproque (chap. 3). Nous
q fois aurons besoin pour cela du théorème
classique d’inversion.
d’où :

u(qx) = qu(x) = u(p) = a xp,


Inversion des fonctions monotones
et finalement :
Dans ce qui suit, nous nous limite-
u(x)=aXf=ax. rons, pour des facilités d’énoncé, à des
4 fonctions croissantes, étant entendu que
Pour a = 0, on obtient l’application les résultats correspondants pour les fonc-
nulle et, pour a # 0, ces homomorphismes tions décroissantes s’en déduisent immé-
sont des isomorphismes, c’est-à-dire qu’ils diatement.
sont bijectifs. Soit f une fonction à valeurs réelles
Il est facile de voir que la continuité de définie et strictement croissante dans un
u équivaut à la continuité à l’origine, ou intervalle 1 = (a, h) ; 1 est quelconque,
encore au fait que u soit bornée au borné ou pas (ce qui veut dire qu’on peut
voisinage de zéro. On peut même démon- avoir a = - 00 par exemple), ouvert, fermé
trer que la mesurabilité de u suffit; ou semi-ouvert. Par des arguments très
en revanche, si l’on n’impose aucune analogues à ceux qui sont exposés à la fin
condition, on peut montrer, en faissant du chapitre 4 de l’article CALCUL
INFINITÉ SIMAL - Calcul à une variable, on
appel à l’axiome du choix, qu’il existe des
peut montrer quef(x) tend vers une limite
homomorphismes u autres que les homo-
o (resp. p), éventuellement égale à - 00
théties.
(resp. + c=), pour x tendant vers a par
Revenons aux équations fonctionnelles
vérifiées par f et g. En intégrant ces
valeurs supérieures (resp. vers h par
équations, on voit que f et g sont, en fait,
valeurs inférieures) : cette limite en u est la
borne inférieure (ou ~ cc, si cet ensemble
de classe Ci. On peut donc dériver des
n’est pas borné inférieurement) de
équations par rapport à y ; ce qui donne :
l’ensemble des nombres f(x), x E 1.
Xf’(XY) =Y(x) Si f est de plus continue, on déduit
fgJPr?ent du théorème 14 bis du même
et donc, pour y = 1,
article (chap. 9) dit théorème des valeurs
H-‘(x) =f’(l); intermédiaires, que f réalise une bijection

338
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

de 1 sur l’intervalle J = (o, l3), les extré- droitesX= 1 etX=x(fig. 1);onadonc


mités correspondantes de 1 et J étant de lnx < OpourO < x < 1 etln-c > Opour
même nature, incluses ou exclues simulta- x > 1. On utilisera dans l’ouvrage la
nément. De plus, la bijection réciproque de notation normalisée anglo-saxonne In ‘c
J sur 1 est, sous ces hypothèses, continue.
fng. 1
Ainsi, on peut énoncer le résultat suivant :
Y
si f est une application continue stricte- A

ment croissante d’un intervalle 1 dans R,


alors c’est une bijection de 1 sur l’intervalle
image et la bijection réciproque est conti-
nue. Si f est dérivable, l’application réci-
proque est dérivable en tout point
.u=fb)EJtelquef(y)#Oetona:
1
1
(f-‘)‘(x) =fm’

On verra dans ce qui suit de nombreux


bX
exemples de cette situation. 0’ 1 x

Interprétation géométrique du logarithme népérien

2. Logarithmes
Établissons dès maintenant la propriété
Définition fondamentale du logarithme népérien :
c’est un homomorphisme (en fait, comme
Il n’existe pas de fonction rationnelle
on le verra ci-dessous, un isomorphisme) du
admettant pour dérivée 1/.x ; pourtant,
groupe multiplicatif R* dans le groupe
cette fonction est définie et continue pour
additif R. Soit y un nombre réel positif; la
x > 0, et, par SUite (Cf. CALCUL INFINITÉ-
fonction f (-u) = In .~y a la même dérivée
SIMAL Calcul a une variable, chap. 5) elle
que la fonction In x :
admet des primitives dans cet intervalle.
Ces primitives constituent donc de N nou- f’(x) =y.L’(xy) “)$ =;,
velles )) fonctions dont nous allons étudier
les propriétés. Elles diffèrent toutes entre et, par suite, ces deux fonctions diffèrent
elles d’une constante, et il suffit d’en d’une constante, soit :
examiner une.
lnxy = l n x + k;
On appelle logurithme népérien ou natu-
rel la primitive de 1/x dans 10, m[ qui faisant s = 1, on a k = In y, d’où la
s’annule pour x = 1, soit : relation fonctionnelle :

x dt (2) lnxy = l n x + lny.


(1) L(x) = Inx = x >o;
s , i’
On en déduit immédiatement, pour tout
ainsi, c’est une fonction dérivable, de entier n E Z,
dérivée 1/.x. Géométriquement, si x > 1,
lnx”=nlnx;
c’est la mesure de l’aire comprise entre
l’hyperbole d’équation Y = l/Xet les deux plus généralement, avec la convention des

339
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

exposants fractionnaires ; si a = p/q, tiquement négligeable devant x pour x


q > 0, rappelons que, par définition, tendant vers l’infini. En effet, pour t 2 1,
x” = m ; on a donc : on a par exemple :

( 3 ) lnx”=lnG5=hnXP I<L,
9 t‘v5
=Plnx =alnx.
4 d’où, pour x 2 1,
D’autre part, si .X et y sont des nombres
positifs quelconques, on a y@/~) = X,
d’où :
ainsi : In X/X < 2/C, ce qui entraîne
(4) bien :
1n;= In x - l n y .

(7) lim !!E = 0.


x-m x

Comportement et graphe
La fonction logarithme népérien est stric- fig. 2

tement croissante pour x > 0, car sa


i
dérivée est strictement positive dans cet
intervalle.
Étudions le comportement du loga-
rithme lorsque x tend vers l’infini. Pour
tout entier IZ, on a :

In2~=nln2;

si A est un nombre positif, soit N un entier


plus grand que A/(ln 2). Pour x > 2N = B,
on a :
Inx>h12~>NIn2>A, Graphe de la fonction y = Log x

ce qui montre que :


Toutes ces propriétés permettent de
(5) Inx- + m, x-m. tracer le graphe de L (fig. 2). On peut
préciser le tracé en remarquant que la
On en déduit facilement le comporte-
fonction est concave, car sa dérivée
ment de In s pour .y tendant vers 0 par
seconde - 1 /.Y’ est négative ; la tangente au
valeurs positives ; si A est un réel positif, on
point d’abcisse 1 est de pente égale à 1, ce
a, pour le même choix de N que ci-dessus,
qui équivaut à :
Inx < - A , pourx < 1/2N;
(8) lilio T = 1 ;
ainsi :

(6) lim lnx =-m, on exprime cela en disant que In (1 + -Y)


x-Cl+
est équivalent à x pour x tendant vers 0 (cf.
Précisons le comportement de In x en calculs .4svMPTorrQuns). On peut préciser
montrant que cette quantité est asympto- le comportement de In (1 + X) au voisi-

340
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

nage de x = 0 par le développement en =~(L?(U)), en accord avec le diagramme


série : suivant :

-r
x
( 9 ) I n ( 1 +x)=x-x2/2+x4/3-...
+ (- l)~+‘x”/n + . . . .
L-1
valable pour 1 x / < 1, qui s’obtient en
intégrant terme à terme la série géométri-
que :
;/l
u = Logx -f Ix)
<p
1 -x +x2-x’ + ,., + (- 1)“X” + . . .
est un homomorphisme continu du groupe
dont la somme est égale à la dérivée additif R dans lui-même et est donc
l/(l +x) de In(1 +x). (cf. chap. 1) de la forme <p (u) = ku, où u
C’est à partir de cette série que l’on peut est une constante. Ainsi f(x) = k In x,
calculer les valeurs numériques des loga- c’est-à-dire quef’est un multiple scalaire du
rithmes. En définitive, le logarithme népé- logarithme népérien.
rien L : R’: + R est continu, strictement Soitf = k L un tel logarithme ; il existe
croissant et tend vers - M et + 00 pour x un unique nombre CI > 0, défini par In
tendant vers 0 (par valeurs supérieures) et a = l/k, tel que,f(a) = 1. On dit que c’est
vers + 00 respectivement ; d’après le théo- la hase de la fonction logarithme f et on
rème d’inversion (cf. chap. 1) c’est donc note :
une bijection, c’est-à-dire un isomorphisme
(continu) du groupe multiplicatif des nom- f(x) = loge x ;
bres réels positifs sur le groupe additif de avec cette définition, le logarithme népé-
tous les nombres réels. La bijection réci- rien est de base e. On a des formules de
proque est un isomorphisme du groupe R changement de base du type :
sur le groupe RT : c’est la fonction
exponentielle que nous examinerons dans (10) log,x =z 2
le chapitre suivant. En particulier. il existe
un unique nombre réel positif dont le Pour les calculs pratiques, on utilise des
logarithme népérien est égal à 1 ; c’est le tables de logarithmes décimaux, de base
célèbre nombre e, dont la transcendance a a = 10 ; le passage d’un système à l’autre
été établie par C. Hermite en 1873. s’effectue au moyen des formules :

log,,x = Mlnx, lnx =&log,,x,


Autres logarithmes
Proposons-nous maintenant de caractéri- avec : M = & - 0,434 294 481
ser tous les homomorphismes continus du
groupe multiplicatif RT dans le groupe et : L - 2,302 585 093.
M
additif R. Soit f‘ l’un d’entre eux ; tout
nombre réel u s’écrit de manière unique :

u=lnx, x>o, Historique

avec Y = L-‘(U) ; l’application cp : R + R, L’idée qui est historiquement à la base de


qui, à u E R, fait correspondre f(x) la notion de logarithme est la comparaison

341
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

de la suite des entiers et de la suite des du XVII~ siècle et sont intimement liées à la
puissances correspondantes d’un nombre création et au développement du calcul
a: infinitésimal.

1, 2, 3, . . . . n
a, a2, a3, . ..> CI”,
3. Exponentielles réelles
déjà étudiée par Archimède dans son traité
de 1’Arénuire ; dans le Triparty en la science On va maintenant définir la fonction
des nombres (1484) Nicolas Chuquet exponentielle comme fonction réciproque
remarqua que, si on fait correspondre les du logarithme népérien.
termes de même rang, à la somme de deux
nombres de la progression arithmétique La fonction exponentielle
correspond le produit des nombres de la
On appelle fonction exponentielle l’isomor-
progression géométrique. Cette correspon-
phisme E : R + RT, réciproque du loga-
dance fut étendue aux exposants négatifs et
rithme népérien ; ainsi, pour tout nombre
fractionnaires par Michael Stifel (1544),
réel x, E(x) = exp x est l’unique nombre
mais la notion de logarithme ne se déve- réel > 0 dont le logarithme népérien est
loppa vraiment qu’au début du XVII~ siècle,
égal à ‘c, soit :
lorsque l’Écossais John Napier, ou Neper
(Mirijki logarithmorum cunonis descriptio, ( 1 1 ) y=expxox=lny, y>o;
Édimbourg, 1614), puis le Suisse Joost
cela entraîne aussi, par composition de L
Bürgi (Aritmetische und geometrische Pro-
et E que, pour tout x E R et pour tout
gresstabulen, Prague, 1620) eurent l’idée
yERT, on a:
d’introduire des nombres intercalaires en
quantité suffisante et construisirent des (12) exp (In y) = y, In (expx) = x.
tables permettant de passer d’une progres-
Puisque la fonction logarithme népé-
sion à l’autre. Neper a rendu (< continue »
rien est strictement croissante et dérivable
la correspondance entre les deux progres-
de dérivée toujours non nulle, il en est de
sions en utilisant une image cinématique ;
même de la fonction exponentielle ; son
il les supposa engendrées l’une et l’autre
graphe est le symétrique du graphe de L
par mouvement continu ((< par fluxion ») : par rapport à la première bissectrice
deux points mobiles se déplacent le long
d’équation y = x (fig. 3).
d’une droite à partir d’une même position
La dérivée en x de la fonction expo-
initiale, l’un M avec une vitesse uniforme, nentielle est l’inverse de la dérivée de la
l’autre N avec une vitesse proportionnelle fonction logarithme népérien au point
à son abscisse ; le logarithme de l’abscisse y = exp x soit :
de N est alors par définition l’abscisse de
M. 1
(13) E’(x) = L’o>) = y = E(x).
Les premières tables de logarithmes
décimaux sont dues à Henry Briggs (Arith-
Plus précisément, la fonction exponentielle
meticu logarithmicu, 1624) qui fait des
est l’unique solution sur R du problème de
logarithmes un moyen de calcul numérique
Cauchy :
pratique. Les fonctions logarithme et expo-
nentielle s’introduisent en analyse au cours (13’) Y’ =y. Y(O) = 1;

342
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

r fig. 3 Soit enfin une dernière propriété de la


Y fonction exponentielle. Pour tout entier n :

x ”
expx = exp- ;
( ” 1

puisque :

cela conduit à la formule :

expx= lim 1+X n;


1-m ( )

ce type de raisonnement (dû en subtance


à Euler) demande, bien entendu, a être
établi rigoureusement, par exemple par les
Graphe de la fonction exponentielle
développements limités.

ainsi la fonction exponentielle est indéfi- Le nombre e


niment dérivable et égale à toutes ses Pour x = 1, E( 1) = e, base des logarith-
dérivées. La formule de Taylor en 0 s’écrit mes népériens. Ce nombre est la somme de
ici (cf. formule 47, CALCUL INFINITÉSIMAL- la série :
Calcul à une variable) :
1+1+1/2+1/6+...+l/n!+...;

E(x) = 1 + ; + x; + + 2 + R,. c’est aussi la limite de l’expression :

où : lR,I < explx,IXI”+‘,


(n + l)!
i )
1 ”
1+;

qui, pour tout .Y, tend vers 0 lorsque n tend pour n tendant vers l’infini.
vers l’infini. En effet, pour tout x, la suite Une valeur approchée de e, à 10mIJ
up = .xp/p ! vérifie u,+,/u, = X/(~I + l), près, est :
qui est inférieur à lj2 en valeur absolue
2,718 281 828 459 045 235 360 287.
pour p assez grand, disons p > P; pour
p > P, on a donc / u,,+, / < (1/2)p p, ce qui Si n est un entier relatif, on a E(n) = e”,
montre que la suite u,, tend vers 0 pour p puisque In e” = n In e = n. Plus généra-
tendant vers + 00. Ainsi, E( X) est, pour tout lement, si x = p/q, q > 0, est un nombre
x E R, la somme de sa série de Taylor, soit : rationnel, on a :

(14) expx = 1 + x + x2/2 ! + E(x) = + = ~P/U = ex,


+ x=/n ! + ;
avec la convention des exposants fraction-
Pour .Y-+ + CU, on déduit facilement de naires. Ainsi, la fonction exponentielle est
(7) le comportement asymptotique : un prolongement continu à R tout entier
de l’application x-e‘ de Q dans RT
(15) lim L=O,nEN.
x-cs expx définie par la convention des exposants

343
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

fractionnaires ; cela conduit à généraliser Par dérivation dans (17), on obtient


cette notation en posant pur déjïnition : facilement :
E(x) = ex, (chx)’ = shx, (shx)’ = chx,

pour tout réel x ; le fait que l’exponentielle ( t h x ) ‘ = l-thzx =A.


est un homomorphisme de groupe s’écrit
maintenant : Puisque ch x > 1, il en résulte que sh x
est une application strictement croissante
(16) p +Y = pey, de R dans R et on voit que sh x tend vers
formule valable pour x et 1‘ ré& quclcon- - CC et + 05 pour x tendant vers - 03 et + CC
ques. respectivement : cette fonction réalise donc
une bijection de R sur R. Puisque sh O=O,
le nombre sh .Y est du signe dex ; par suite la
Trigonométrie hyperbolique fonction paire ch x est strictement décrois-
Introduisons maintenant les fonctions sante pour x < 0 et strictement croissante
hyperboliques, qui jouent pour la géomé- pour x > 0 ; d’autre part, ch x tend vers
trie du plan hyperbolique le même rôle que + m, pour x tendant vers + a3 ou vers ~ 00.
les fonctions circulaires pour le plan eucli- Enfin, la fonction th x, dont la dérivée est
dien (cf. GROUPES - Groupes classiques et toujours > 0, est strictement croissante ;
géométrie, chap. 3). pour x tendant vers l’infini, on a :
Pour tout nombre réel x, on appelle limthx =-1, limthx = + 1,
cosinus hyperbolique de x, sinus hyperboli- x--ce X-+-
que de .Y et tungente hyperbolique de x et, par suite, th x réalise une bijection de R
respectivement les nombres : sur l’intervalle ]- 1, + 1 [.
On a représenté les graphes des fonc-
chx = ;(P + er”)
f tions hyperboliques sur la figure 4.
L’application t - (ch t, sh t) est une
(17)
représentation paramétrique de la branche
d’hyperbole x2 ~ y2 = 1, x > 0, d’où le
nom de trigonométrie hyperbolique, par
remarquons que le cosinus hyperbo- analogie avec la trigonométrie « circu-
lique est une fonction paire, tandis que laire )). La bijection réciproque s’appelle
les deux autres sont des fonctions im- amplitude et se note u H Am u.
paires. On désigne par Arg sh .X la bijection de
Un calcul simple montre que l’on a : R sur R réciproque de sh x, par Arg ch x
la bijection de ] 1, M[ sur R, réciproque de
ch2x -sh2x = 1
la restriction de ch x à RI et enfin uar
pour tout .Y ; si CI et b sont deux nombres Arg th .Y la bijection de [-- 1, + 1[ sur R
réels la propriété (16) de la fonction réciproque de th x. Ainsi :
exponentielle entraîne les formules d’addi-
tion suivantes : y = Argshx, xERox = s h y , yER;
y = Arg chx, x> lax=chy, y>O;
ch@ + b) = chu chb + sha shb, y = Argthx, -I<x<+1
sh(a + 6) = sha chb + chu shb. t)x = t h y , I>ER.

344
E X P O N E N T I E L L E 8, L O G A R I T H M E

Les dérivées des fonctions hyperboli-


fig. I
ques inverses sont très simples et se calcu-
lent en appliquant le théorème du chapitre
1 sur la dérivée d’une fonction réciproque ;
nous ne détaillerons pas le calcul, nous
contentant d’indiquer le résultat :
1
(@ch4 = -1
m

1
(hshx) = -’

(Argthx)‘=&.

Pour terminer ces quelques lignes sur la


trigonométrie hyperbolique, donnons enfin
les développements en série de ch x, sh s,
qui se déduisent immédiatement de (14) et
de (17) et de Arg th x, qui s’obtient par inté-
gration a partir de la série géométrique :
1
~ = 1 +x* +x4 + . . . .
1 --x2

aveclxl < 1 :

chx=l+
x2 x* xzn
5 + z + “’ + (2n)! + ,.,J x E R

x3 xl”+1
s h x = x + r + + (2n + 1) ! + ...yx E R;

xZn+l
Graphes des fonctions hyperboliques Argthx=x+y+$+...+p
2n + 1 + “”
-l<x<+l.
On obtient elV- 2.wJ - 1 = 0, en
remplaçant sh y par son expression
exponentielle dans .Y = sh y ; d’où Fonction exponentielle de base a
e-“ = x + vx- + 1 , puisque e’ > 0. Soit a un nombre réel strictement positif.
Ainsi, Arg shx s’exprime au moyen Pour s rationnel, on a lna’ = Y In a (avec
du logarithme népérien par la for- la convention des exposants fraction-
mule : naires ; cf. supra. chap. 1) ; d’où, d’après
(12):
kgshx = I~(X + w);
(18) (IX = plno,
par des raisonnements analogues, on
Désirant étendre cette notation, nous
aurait :
prendrons l’expression (18) comme &$-
Arg chx = I~(X + V?=i), nition de CI? pour tout x réel ; la fonction E,,
définie par E,(x) = a” s’appelle la fonction
Argthx =+II~
exponentielle de base u.

345
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

Pour CI = 1, on a l‘= 1 pour tout Fonctions puissances


nombre réel x. Pour a > 0, u # 1, faisons Soit u un nombre réel quelconque ; on
le lien avec le logarithme de base u ; le appelle jkwzction pui.wme l’application P,
logarithme de base a réalise un isomor- de R* dans R?! qui, à ,Y > 0, fait corres-
phisme (strictement croissant si CI > 1. pondre le nombre réel positif .Y”. Par
strictement décroissant si CI < 1) du définition, on a donc :
groupe multiplicatif R* sur le groupe
additif R ; l’isomorphisme réciproque fait p ” (x) ZZZ xu = euinx.
correspondre a tout réel s l’unique nombre
de (19) résulte que l’on a, pour .Y > 0,
y > 0 tel que :
J’ > 0,
x = log,y ;
pu @Y) = pu @Y” cv)>
puisque :
c’est-a-dire que P, est un homomorphisme
du groupe multiplicatif RT dans lui-même ;
il résulte de ce qui précède que c’est un
d’où In J = .Y In a ; on en déduit : isomorphisme pour u # 0, l’isomor-
phisme réciproque étant P, ’ = PIiZ,. Pour
M 2 0, P, est strictement croissant et se

ce qui montre que la fonction exponen- prolonge par continuité pour x = 0 en


tielle de base a est la fonction réciproque posant P,,(s) = 0 ; pour z4 < 0, P,, est
du logarithme de base a. C’est donc un strictement décroissant. Les fonctions
isomorphisme de groupes, d’où : X-I~ sont les seuls homomorphismes
continus de RT dans RT. Dans tous les cas,
(19) ao= 1, a-x = l/ax , ax+Y = ax<Iy,
on a, pour .Y < 0,
Les fonctions x-a’ sont les seuls p’“(X) = UP” I (x) = uxu-1 ;
homomorphismes continus du groupe
additif R dans le groupe multipli- sur la figure 5. on a représenté les graphes
catif R*. des fonctions puissances pour diverses
De la définition (18) résulte aussi : valeurs de U.
(a”)~ = axy, (ab)x = axbx, Indiquons que l’on peut montrer. par
des majorations explicites que nous ne
pour u, b réels positifs et .Y, y réels ferons pas ici, que le reste de la formule de
quelconques. En effet, pour la première de Taylor de P, au voisinage de 1 tend vers 0,
ces formules par exemple, on a : pour .Y assez voisin de 1 : on obtient ainsi
le développement en skie :

La fonction exponentielle de base CI est u(u - 1)


(1 +x)” = 1 + ux + px*
2!
strictement croissante pour CI > 1 ; elle est
strictement décroissante pour u < 1 : sa + u(“-1N-2) x3 +
3!
derivée s’obtient facilement sous la forme +~L(U-l)...(u-k+ 1)
Xk + . . . .
(18); on a : k!

(a”)‘= (te’““)‘= (lrlU)t?~‘~~ = (lna)a~. valable pour 1.Y 1< 1 1qui généralise au cas
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

fig. 5 L’exponentielle complexe


La série :

( 2 2 ) l+;+;+;+...+~..

est absolument convergente pour tout


nombre complexe z. Pour 2 réel, la somme
est e’. Pour z E C, nous noterons encore
exp zou @la somme de cette série. D’après
la règle de multiplication des séries abso-

-!
lument convergentes, on a, pour a, h E C,

Graphes des fonctions puissances


n ak t)-k
où : C” Z c k!(n--k)!
d’un exposant réel quelconque la classique
formule du binôme de Newton.
k=O
1 ” I
Enfin, décrivons le comportement =kb’-k =e$!r;
tl!
=-c k!(L!
asymptotique des fonctions puissances k=O
pour u > 0, la fonction P,, tend vers l’infini
ainsi, on a l’importante formule d’addi-
<( plus vite >) que la fonction logarithme et
tion :
(( moins vite » que la fonction exponen-
tielle, lorsque x tend vers l’infini, soit : (23) ea+b ZZZ p@, a,bEC

(20) lim c = 0 (u E R, a > l), Puisque 1 = L’” = e’rpz pour tout


.+ma*
z E C, on a toujours 6 # 0 et, ainsi, la
(21) lim - = 0 (u > 0), formule d’addition exprime que l’exponen-
X-m X”
tielle complexe définit un homomorphisme
comme cela résulte facilement de (15). du groupe additif C de tous les nombres
complexes dans le groupe multiplicatif C*
des nombres complexes non nuls.
4. Extension du domaine complexe En outre, pour tout u E C, on a :
et trigonométrie exp a = exp a.

Nous commencerons par le cas de la fonc- Enfin, par dérivation terme à terme de
tion exponentielle, le plus simple car le déve- la série correspondante, on voit que, pour
loppement en série entière (14) converge tout nombre complexe u, la fonction de
encore pour tout .y complexe, et cela sug- variable réelle
gère d’étendre cette fonction au domaine
<p,:tt-expat
complexe en la d+inissant, dans ce cas,
comme somme de la série correspondante. satisfait à la relation q,(t) = u<p,(t). Plus

347
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

précisément va est l’unique solution sur R fig. 6

d u p r o b l è m e d e C a u c h y : y’ = UJ,
;
J(0) = 1.

Fonctions circulaires
Soit z = s + il, un nombre complexe, on
a:

(24) p+iy = exe’y.

la fonction exponentielle e - 6 ayant été


étudiée, nous allons examiner maintenant
la fonction J - e*J.
P o u r t r é e l , on appelle respecti-
vement cosinus et sinus de t les parties
réelle et imaginaire de c”, soit, par défi-
nition,

(25) e”=cosr+isint;
ginaire, les formules d’addition de la tri-
il en résulte immédiatement les (( formules
gonométrie :
d’Euler )> :

e If _ e -If
COS(~ + r’) =COS~ cost’-sint ht’,
(26) COSt = e3+
sin(t + t’) = sint COS~’ + sinr’ COS~.
2 ’ s’n* 2i

Remplaçant 8’ et e--l’ dans les formules


D’après ce qui précède, I’applica-
d’Euler par leurs développements en série
tion <ç : t - exp it est un homomorphisme
déduits de (22), on obtient les développe-
du groupe additif R dans le groupe
multiplicatif U des nombres complexes de ments en séries entières, valables pour tout
nombre réel t, des fonctions trigonométri-
module 1 (cf. nombres C O M P L E X E S ) et
q’(t) = icp(r). L’étude de ce morphisme ques :
constitue ce qu’on appelle traditionnelle- t* t4
(28) cost = 1-z + c--...
ment la tri~onomL;tri~~ (fig. 6).
12”
La relation 1c>” / = 1 signifie que : + (-- 1)” Un)! + . ..>

(27) COS*~ + sin2r = 1, (29) sin t = t-g + ,,.

qui est la relation fondamentale de la + (- 1P (2n + “’ ;


trigonométrie.
Par ailleurs, la propriété fonction- ainsi les fonctions sinus et cosinus sont
nelle : indéfiniment dérivables. Par dérivation des
formules d’Euler, ou des développements
e z (r + f ‘) = e r e I en série qui précèdent, on a :

donne, en séparant parties réelle et ima- (30) Cos’ = - sin, sin’ = cas.

348
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

Le nombre K Pour tout nombre complexe z, on a


Pour t = 2, on a : donc :
I (32) p+2in = pe2in = el;
cosz= 1-y+ c (- 1Y 5 ce qui montre que la fonction exponen-
n-*
ce tielle complexe est périodique, de période
<-1+ 2Y imaginaire pure 2 ix ; en particulier, les
c (2n) !

-k=O 5 ) 2k =-l,~<O;
<-1+fi cc
n=2

2’ 2
fonctions circulaires sont périodiques de
période 2 T et il suffit de les étudier dans
l’intervalle [0,2 T] par exemple. Leur varia-
tion dans cet intervalle se déduit immédia-
puisque la fonction cosinus est continue et tement de leur variation dans [0, rr/2] en
égale à 1 pour t = 0, il existe un plus petit utilisant les relations :
nombre réel T > 0 tel que COS T = 0. Nous
désignerons par la lettre grecque TT, nota- COS (t + ; 1 =-ht, sin t + -
( 2 !
= COS t,
tion traditionnelle depuis Euler, le nombre
rr = 2 T. Ce nombre T, dont la transcen- qui ne font qu’exprimer que :
dance a été établie par F.Lindemann en eZCt+nfZ = erferfl2 = ie” = -sinf + icosf
1882, est égal à la moitié de la longueur du
cercle de rayon 1. Une valeur approchée à On peut ainsi former le tableau de
1OW” près est : variation de ces fonctions et construire
K - 3,141 592 653 589 793 238 46. leurs graphes (fig. 7).
On introduit aussi la fonction tangente,
Ainsi, par définition de K, on a COS t > 0 définie pour t = (2k + 1) ~12, kEZ
dans l’intervalle 10, 7r/2[, ce qui entraîne, par :
d’après (30) que la fonction sinus est
strictement croissante dans l’intervalle sin t
[0, X/2]. Puisque sin 0 = 0, cette fonction tmt=cos;
est donc strictement positive dans l’inter- elle est périodique de période rr, de dérivée
valle 10, rr/2], ce qui entraîne toujours ~/COS’ t = 1 + tan’t > 0, donc stricte-
d’après (30), que le cosinus est strictement ment croissante dans l’intervalle ouvert
décroissant dans cet intervalle. On peut l- m W[ (fig. 8).
alors constituer, entre 0 et ~r/2, le tableau de Le tableau de variation ci-dessus mon-
variation des fonctions circulaires. tre que, pour tout couple de nombres réels
Pour t = 7r/2, la relation (27) entraîne u, v tels que u* + V* = 1, il existe un
que le sinus est, en valeur absolue, égal à
nombre réel, et un seul, t dans l’intervalle
1 ; par suite puisque ce nombre est positif
] ~ r, r] tel que :
sin 7r/2 = 1. Ainsi :
COS t = u, sin t = Y.
(31) ein’2 = Cos 71 + i sin F = i,
2 2 Par suite, l’application t-e” est un
d’où, en utilisant la formule d’addition, homomorphisme surjectif de R sur U dont
le noyau est le sous-groupe 2rZ constitué
elT r iz = - 1, e2in = i’ = 1, des multiples entiers de 2 K ; autrement dit,

349
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

Y fig. 7
A

Graphes des fonctions sinus et cosinus

t 0 n/2 2n

305 1 ‘\ 0 “-------) -: /A312 /,A 1

5in

deux nombres réels ont les mêmes cosinus Arc COS est une bijection strictement
et sinus si et seulement s’ils diffèrent d’un décroissante de [ ~ 1, + l] sur [0, rr] et :
multiple entier de 2~.
y = Arc COS x ‘3 x = COS y
XE[-l, + 11 Y E PA 4 ;
Fonctions circulaires réciproques
Arc tan est une bijection strictement crois-
Les fonctions circulaires n’étant pas sante de R sur ] ~ 1r/2, + 7r/2[ (cf. fig. 8)
monotones dans R tout entier, il ne et :
sera possible de définir des fonctions
réciproques que si l’on se restreint à y=Arctanx * x=tany

des intervalles sur lesquels ces fonctions XER y E ] - ?r/2, rr/2[.


sont strictement monotones. On définit
ainsi les fonctions Arc sinus, Arc cosinus Le théorème des fonctions réciproques
et Arc tangente comme fonctions réci-
permet de calculer les dérivées de ces
proques de la restriction du sinus à
fonctions. On a :
[- 7r/2, R/~I, de la restriction du cosinus à
[O,rr] et enfin de la restriction de la 1
(Arcsinx)’ = -, - l < x < + l ,
tangente à ]- rr/2, rr/2[ respectivement. VT=?
Ainsi, Arc sin est une bijection stricte- (Arccosx)‘=-+J’ - 1 <x< + 1 ,
ment croissante de [- 1, + 11 sur [- rr/2,
421 et : (Arctanx)‘=&.

y = Arc sin x * x = sin y Ces fonctions sont d’usage constant en


XE[---& + 11 )JE[--n-/2, + rr/2]; calcul intégral et permettent d’écrire le

350
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

fig. 8 que et la trigonométrie circulaire. Ces


fonctions sont analytiques dans tout le
Y
plan, et on a des relations du type :
chz = COS iz, siniz = isht,

valables en particulier pour z réel, qui

j!/+;
++
permettent de déduire la trigonométrie
)e--
y = Arc tg x hyperbolique de la trigonométrie circulaire
et vice versa.

E
Fonction argument principal
On a vu que t - pi’ est une bijection de
]- 7r, 7r] sur U, et ainsi f - (COS 1, sin t) est
2
une représentation paramétrique du cercle
trigonométrique : mais la bijection réci-
proque n’est pas continue au point - 1.
En revanche, l’application ‘p : t-e” est
un homéomorphisme de I-K, a-[ sur
U ~ {- 11, la bijection réciproque w étant
Graphe de la fonction tangente
définie par :
v=tgx. -?<XC +;
et de sa fonction réciproque

nombre rr comme une intégrale définie, le nombre (l/i)((u - l)/(u + 1)) étant réel.
par exemple : En effet, pour tout nombre réel t de
?r 1 dx l’intervalle ]- rr, 7r[, on a :
-=s
2 ovT=3
t sin (t/2) 1 e”- 1
tm2 COS (t /2) i e”+ 1
Trigonométrie complexe
Tout nombre complexe z # 0 peut
Les fonctions hyperboliques et les fonc-
s’écrire de manière unique sous la forme :
tions circulaires s’étendent au domaine
complexe de manière naturelle, soit en z = Izle”, fE]-*,a];
utilisant des développements en série, soit
rappelons que t s’appelle l’argunwnt prin-
(ce qui revient au même, puisque e- est
cipal, noté Arg z, du nombre complexe
défini comme somme d’une série) au
z # 0. D’après ce qui précède, I’applica-
moyen des formules :
tion :
chz=e’+e-=, shz =e=-e-‘,
2 2 z++Argz
e‘l -e-l2
cosz = eu +e-U, sin z = 2i-m 1 est continue sur C ~ R , complémentaire
2
dans C de l’ensemble des nombres réels
qui mettent en évidence, par passage au négatifs, aussi appelé plan fendu ; on
domaine complexe, les liens étroits qui appelle cette applicationfonction argument
existent entre la trigonométrie hyperboli- principal.

351
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

En outre, si .x0 est un nombre réel contradiction avec d’autres formules obte-
strictement négatif. on a : nues par J. Bernoulli lui-même.
Leibniz, pour sa part, soutenait que les
1imArgz =-K, limArgz= +rr,
i-x0 i-xg logarithmes des nombres négatifs ne peu-
InIl > 0 hlr<ll
vent être réels. Une mémorable correspon-
ce qui montre que la fonction argument dance s’ensuivit entre les deux mathéma-
principal ne se prolonge pas en une fonc- ticiens, de 1700 à 1716.
tion continue sur C ~ {O}. Dès 1728, L. Euler eut le pressentiment
Mentionnons enfin l’important théo- qu’il fallait abandonner l’unicité de la
rème suivant : détermination si on voulait développer une
Théorème de wlbement. Soit f une appli- théorie non contradictoire des logarithmes
cation de classe Cp, p > 0, d’un intervalle des nombres imaginaires. Dans un remar-
1 de R et a valeurs dans U. Alors, il existe quable mémoire de 1749, il expose une
une application cp, de classe C?‘, de 1 dans théorie complète, en montrant que tout
R telle que, pour tout t, nombre non nul a une infinité de logarith-
mes possibles. Pourtant cela ne convain-
quit pas d’Alembert, qui continua la polé-
En outre, deux fonctions continues mique.
satisfaisant à cette relation diffèrent d’une Par analogie avec le cas réel, on est
constante de la forme 2kr, k E Z. donc conduit à se demander si on peut
définir le G logarithme )> d’un nombre
complexe 5 # 0, c’est-a-dire a chercher un
logarithmes complexes nombre complexe z tel que e’ = 5. Remar-
Les tentatives pour étendre les logarithmes quons tout de suite que, s’il existe un tel
aux nombres négatifs, puis aux nombres nombre complexe z,,, alors la périodicité
complexes, sont à l’origine d’une contro- de la fonction exponentielle dans le
verse célèbre qui a opposé, pendant près domaine complexe, formule (32) entraîne
d’un demi-siècle, les plus grands esprits que tout nombre complexe de la forme :
mathématiques du XVIII~ siècle. Jean Ber-
z. + Lkri, kEZ,
noulli admettait implicitement l’existence
des logarithmes des nombres complexes, est aussi un s logarithme )) de 5. Ainsi, si
par analogie avec le cas réel, et il les on veut avoir une théorie des logarithmes
introduisait tout naturellement à propos de dans le domaine complexe, il sera indis-
l’intégration des fractions rationnelles, pensable d’associer à tout nombre une
comme primitives d’éléments simples de la injinité de logarithmes.
forme l/(: ~ a), (I E C. Bernoulli soute- Pour étudier la fonction exponentielle,
nait que : nous nous limiterons d’abord, vu sa pério-
In (- 1) = 0,
dicité, à une (( bande » du plan complexe
dans laquelle la partie imaginaire de z varie
car son double In 1 = In (- 1)’ est nul ; il dans un intervalle semi ouvert de longueur
en résultait que In .Y = In (-x) pour tout 2 K ; nous prendrons ici la bande B formée
réel positif, puis que In (- 1) = 0 puisque des nombres complexes z = x + iy tels
(- 1)2 = 1. Mais ces résultats étaient en que ~ TT < y < + K.

352
EXPONENTIELLE & LOGARITHME

La relation : s’en déduisent comme des (< polynômes de


degré infini » .
z = x + iy E B, t-2 = 6, En particulier :
équivaut aux relations :

ÇEC*, x=hlÇ e t y=ArgÇ.


écrivant le polynôme du second membre
L’unique solution dans B de l’équation
comme un produit de facteurs du second
6 = 5 s’appelle logarithme principal de 5
degré et faisant tendre n vers l’infini, il
et se note In 5. Ainsi, par définition, pour
obtient la relation :
CEC*

lnÇ = lnlÇl+ iArg[. s_,=zJfI(l-&),


n=,
Toutes les autres solutions de l’équation
e’ = t, sont alors de la forme : qui est le développement de sin z en
produit infini (produit eulérien).
lg[=lnC+2krri, kEZ;
Cette formule, valable pour tout z E C,
la formule d’addition ne s’applique pas met en évidence les zéros de la fonction
toujours à la détermination principale du sinus. tout comme la décomposition d’un
logarithme mais peut s’énoncer ici : si fg 5 polynôme comme produit de facteurs du
et lg 5’ sont des logarithmes de 5 et 5’ premier degré (théorème de d’Alembert-
respectivement, alors lg 5 + Ig 5’ est un Gauss, cf. nombres COMPLEXES, chap. 2).
logarithme de 55’. Par des procédés analogues, il obtient
La fonction 5 -In 5 est continue sur les développements :
le plan fendu C - RP ; on l’appelle déter-
mination principale du logurithrne. C’est cotgz
1
= ; +
- 22
une fonction analytique ( c f . Foïicrro~s c z2-n27r2
n=,
ANALnIQUES - Fonctions d’une variable +’
1 1
complexe, chap. 4). -=
hz z c (z-niry
-m

1 1 =
-=-+ (- lYz&q,
sinz z c
5. Développements eulériens n=,
des fonctions transcendantes valables pour z # kx, k E Z.
élémentaires Cette fois, les fonctions de gauche dans
les formules apparaissent comme des
Dans son Introductio in anulysis injnito- « fractions rationnelles de degré infini )) ;
rum (1748) L. Euler définit l’exponentielle au second membre figure alors la somme
complexe par la formule : des parties principales, en chacun de leurs
n pôles, de ces fonctions (généralisation de la
e==1im 1+4 ; décomposition d’une fraction rationnelle
n-- ( n 1
en éléments simples).
par suite, il considère la fonction exponen- La théorie des fonctions analytiques
tielle et les fonctions trigonométriques qui fournit un cadre théorique permettant de

353
FERMAT GRAND THÉORÈME DE

généraliser de telles formules (décomposi- britannique travaillant à l’université de


tions de Weierstrass et de Mittag-Leffler ; Princeton, Andrew Wiles, a annoncé lors
cf. F O N C T I O N S ANALYTIQUES -Fonctions d’un colloque la preuve de la conjecture de
d’une variable complexe, chap. 8). Taniyama-Weil, formulée dans les années
1960 et dont on sait, depuis 1986, qu’une
JEAN-LUC VERLEY
conséquence est le théorème de Fermat.
C’est la connexion avec ce dernier, bien
Bibliographie sûr, qui a fait naître l’émotion. Qu’a-t-il
N. BOURBAKI, Éléments de muthématiyue, t. IX : donc pour mériter une telle célébrité ? Un
Fonctions d’une wriahle réelle, Masson, Paris. 1982 1 énoncé simple, une naissance quelque peu
C. GILORMINI & G. HIRSCH, Fonctions nu&riques mystérieuse, une longue vie (près de trois
d’une wriahle réelle, Masson, 1980 1 K. F. KLOP-
FENSTEIN, Exponential und Logarithrnic Functions. cent cinquante ans) étroitement liée aux
Davies & Associates, Aurora (Colo.), 199 1 / J. MAR- noms les plus célèbres des mathématiques
SDEN & A . ~EINSTEIN , Calculus I, Springer-Verlag, occidentales. Et en apothéose, des avan-
2’ éd. 1985 / C. NAUX, Histoire des logarithmes de
cées importantes qui soulignent les triom-
Neper 6 Euler, Blanchard, Paris, 197 1.
phes des mathématiques professionnelles
du xxe siècle.

L’énoncé
Un énoncé simple, donc, tout d’abord. Si
on multiplie un nombre par lui-même, on
obtient ce qu’on appelle un carré. Si on le

F
multiplie encore une fois par lui-même, on
obtient un cube ; encore une fois, une
puissance quatrième, etc. Il existe des
carrés qui sont la somme de deux autres
carrés : par exemple 2.5 = 5 X 5 est la
somme de 16(= 4 X 4) et de
9 (= 3 X 3). Il y en a beaucoup d’autres
(en fait une infinité), comme
4 225 (= 65 X 65) est égal à
1089(=33X33)+3136(=56X56);
à cause du fameux théorème de Pythagore,
cela revient à dire qu’il existe des triangles
FERMAT GRAND THÉORÈME DE rectangles avec des côtés entiers. Les
choses se gâtent (ou deviennent plus inté-
ressantes) dès qu’on passe des carrés aux

1 1 est rare qu’un théorème de mathéma-


tiques fasse la une des journaux inter-
nationaux. C’est pourtant ce qui est arrivé
cubes ou aux puissances supérieures. Il
n’existe pas de cube somme de deux cubes,
ni plus généralement de puissance d’expo-
en juin 1993 quand un mathématicien sant supérieur à 2, somme de deux puis-

354
FERMAT GRAND THÉORÈME DE

sances de même exposant : autrement dit, beaucoup des meilleurs mathématiciens de


l’équation u” + b” = c” n’a pas de l’époque une perte de temps.
solutions a, b, c en entiers non nuls dès que Quoi qu’il en soit, Fermat ne parla
n est au moins égal à 3. jamais du cas général de son (( théorème »
C’est cet énoncé d’apparence banale dans ses lettres ; une étude serrée des dates
qu’un certain Pierre de Fermat, magistrat de ses recherches et de leur contenu
à Toulouse au XVII~ siècle, nota en marge indique qu’il comprit sans doute que sa
d’un de ses livres de mathématiques. II démonstration n’était pas valide pour tou-
ajouta à l’énoncé, et la légende s’en est tes les puissances. Fermat esquissa seule-
abondamment nourrie, que la marge était ment dans une autre note une preuve pour
trop étroite pour contenir la merveilleuse l’exposant 4, et c’est par de maigres
démonstration qu’il en avait trouvée. documents, des extraits de lettres, les
Pour les historiens modernes, il n’y a fameuses notes, publiés par le fils du
pas tant de quoi s’étonner. Fermat faisait mathématicien après la mort de Fermat,
que ses successeurs eurent accès à ses
partie de cette nouvelle classe intéressée
recherches. Au début du xrxc siècle, la
par la science, et tout spécialement les
plupart des énoncés de Fermat étaient soit
mathématiques, qui prit un essor particu-
munis de preuves, soit infirmés. À une
lier au xvuc siècle. Courtisans parfois, gens
exception près, celle qu’on sait. Il y avait
d’Église et plus souvent encore de robe,
déjà eu pourtant des tentatives, dont cer-
soldats occasionnels comme le fut Descar-
taines dues à d’importants mathémati-
tes, ils voyageaient, s’écrivaient beaucoup,
ciens : Euler, Legendre, Dirichlet, Lamé
s’informaient à travers toute l’Europe des
avaient ainsi élucidé les cas des premiers
derniers livres scientifiques disponibles,
exposants (n = 3,5,7) ; il suffit en effet de
des instruments curieux, des observations
prouver le théorème pour 4 et pour les
astronomiques ou physiques et échan-
exposants premiers, c’est-à-dire non divi-
geaient des problèmes de toutes sortes.
sibles par un autre entier supérieur à 1,
Fermat demanda à plusieurs de ses cor- puisqu’il est alors vérifié automatiquement
respondants de prouver qu’un cube ne pour tous les multiples), chacun deman-
peut être somme de deux cubes ou une dant un redoublement de persévérance et
puissance quatrième somme de deux puis- d’astuce.
sances quatrièmes. Il n’obtint jamais de
réponse satisfaisante : même pour ces cas Les premiers résultats généraux
les plus simples, la preuve est difficile. Elle Un changement important pour les mathé-
requiert un minimum de connaissances matiques prit place dans le courant du
algébriques - qui restaient alors en Occi- xrxe siècle : dans les universités ou, en
dent l’apanage d’un petit nombre, même France, dans l’aire d’influente de l’École
parmi les amateurs de mathématiques ~ polytechnique apparurent des mathémati-
mais aussi une fine compréhension des ciens professionnels, chercheurs et ensei-
problèmes spécifiques posés par les nom- gnants, de plus en plus spécialisés. Les
bres entiers, que l’algèbre, s’appliquant à effets furent rapides : vers 1850, Ernst
tous les nombres sans distinction, ne suffit Eduard Kummer, professeur a l’université
pas à prendre en compte. Ce déploiement de Breslau (avant de devenir une des
d’ingéniosité sur un tel énoncé parut à grandes personnalités de l’université de

355
FERMAT GRAND THÉORÈME DE

Berlin) démontra que le théorème de riques du travail de Kummer et la puis-


Fermat est vrai pour tous les exposants sance accrue des moyens de calcul sur
premiers inférieurs à 100 (sauf trois pos- ordinateur permettaient, il y a une dizaine
sibles exceptions qui échappaient a sa d’années, de prouver le théorème de
méthode). Pour Kummer même, le théo- Fermat pour quelques centaines de milliers
rème de Fermat n’était déjà plus qu’une d’exposants premiers. Mais on avait
curiosité ; son principal mérite était de aussi appris à connaître ses limites théo-
montrer l’efficacité des nouveaux outils riques.
mis au point dans des perspectives bien
plus vastes. Kummer et ses successeurs, L’approche de Wiles
Richard Julius Dedekind, Leopold Kro- La dernière décennie a vu naître de nou-
necker, notamment, cherchèrent à étendre veaux espoirs, le théorème de Fermat
les propriétés de l’arithmétique usuelle à ayant été intégré dans plusieurs théories en
d’autres familles de nombres et a généra- plein développement. En améliorant des
liser les notions de divisibilité, de décom- estimations analytiques très fines, Étienne
position en facteurs premiers, et bien Fouvry prouva en 1985 l’existence d’une
d’autres. À long terme, ce sont des notions infinité d’exposants premiers p pour les-
fondamentales de l’algèbre structurale et quels l’équation de Fermat d + W = P
de la théorie des nombres modernes qui n’a pas de solutions, sauf peut-être si p
étaient ici en gestation. divise le produit abc : c’était un des
Kummer reçut pourtant un prix de premiers résultats portant sur une famille
l’Académie des sciences de Paris pour ses infinie d’exposants premiers. D’autres
résultats sur l’équation de Fermat. Et ce approches bénéficièrent des avancées
n’est pas le moindre paradoxe de cette importantes des années 1960 en géométrie
histoire : alors que les mathématiciens algébrique grâce aux travaux d’Alexandre
développent peu à peu des techniques Grothendieck, Jean-Pierre Serre, Pierre
complexes, posent et résolvent de nou- Deligne, John Tate et bien d’autres : cette
veaux problèmes, plusieurs prix (à Paris. à géométrie réussit en particulier, au prix de
Gottingen) sont proposés pour la résolu- grandes difficultés techniques, à garder
tion de cette énigme anodine déjà vieille de trace du type de nombres (entiers, frac-
plus de delux siècles. Au cours du xxe siècle, tions, nombres réels, complexes. etc.) avec
un fossé grandissant va se creuser : des lesquels on travaille. Nous n’évoquerons
amateurs nombreux informés de l’exis- ici que deux lignes de recherche, la seconde
tence du problème (et des prix associés) étant celle suivie par Andrew Wiles.
par les livres de popularisation, ignorant La première consiste simplement à
souvent tout des travaux mathématiques et interpréter l’équation u” + h” = Y comme
historiques pertinents, partirent en quête celle d’une courbe plane Y + yfi = 1 (en
de la preuve (élémentaire) qu’aurait pu posant x = ajc, r = b/c et en choisissant
trouver Fermat. Tandis que les mathéma- .Y et j* comme coordonnées du plan). Le
ticiens travaillaient sur d’autres sujets, théorème de Fermat revient à montrer que
quitte a essayer au passage, lorsqu’elles cette courbe n’a aucun point dont les
pouvaient être pertinentes, leurs nouvelles coordonnées soient entières ou fraction-
approches : l’équation de Fermat faisait naires (non nulles). En 1983, Gerd Faltings
partie du folklore. Des raffinements théo- a démontré qu’une courbe de genre supé-

356
FERMAT GRAND THÉORÈME DE

rieur ou égal à 2 n’a qu’un nombre fini de mathématiques, la conjecture de


points à coordonnées fractionnaires (le Taniyama-Weil. Autrement dit, si la
genre est un invariant de la courbe lié au conjecture de Taniyama-Weil était vraie, la
degré et aux singularités ; pour courbe (*) ne pouvait exister, donc il ne
,?+JJ~= l,legenreest(n- I)(n-2)/2, pouvait y avoir de solutions non nulles à
donc supérieur ou égal à 2 dès que n est l’équation de Fermat. Cette relation contri-
supérieur à 3). Le résultat de Faltings bua à renforcer la crédibilité du (( théo-
impliquait donc que le théorème de Fer- rème )) de Fermat auprès des mathémati-
mat n’avait au plus qu’un nombre fini de ciens, car la conjecture de Taniyama-Weil,
solutions non nulles (à un facteur commun reliée à de nombreux autres phénomènes,
près) pour chaque exposant. La démons- semblait très convaincante. Comme l’a
tration complète aurait été que ce nombre déclaré Andrew Wiles dans le journal de
fini fût nul. Mais on n’en connaît pas de l’université de Princeton, (( cela faisait du
version effective, c’est-à-dire permettant de “théorème” de Fermat une conséquence
déterminer une borne pour les solutions
d’un problème que les mathématiques ne
éventuelles et, donc, de les rechercher
pouvaient ignorer. Toute une architecture
systématiquement. Les essais pour rendre
en dépendait D. C’est donc la preuve de
le résultat de Faltings effectif ont occupé
cette conjecture (au moins la preuve d’une
beaucoup de spécialistes ces dix dernières
partie importante qui suffit pour l’applica-
années, et de nombreuses généralisations
tion au théorème de Fermat) qu’a démon-
importantes de son théorème ont été
trée Wiles.
découvertes au passage.
La conjecture de Taniyama-Weil, for-
Une autre approche a conduit aux
mulée dans les années 1960, prédit l’exis-
travaux d’Andrew Wiles. Elle consiste à
tence d’un dictionnaire précis entre les
relier l’étude de l’équation de Fermat,
courbes elliptiques dont l’équation a des
~1” + b” = c”, à celle de l’équation
coefficients entiers ou fractionnaires et des
(*) y’ = X(X - an) (X + h”). Celle-ci définit
fonctions périodiques spéciales - diction-
aussi une courbe plane (avec les coordon-
naire proche de celui qui existe entre le
nées x et y) : mais, cette fois, une éventuelle
solution à l’équation de Fermat détermi- cercle et les fonctions cosinus et sinus.
nerait les coefficients de l’équation de la Pour l’établir, Wiles met en œuvre des
courbe et non un de ses points. Si CI, b, c techniques variées des mathématiques
ne sont pas nuls, la courbe est de genre 1 actuelles (représentations galoisiennes.
et est un exemple de ce qu’on appelle une géométrie, cohomologie des courbes
courbe elliptique. L’équation (*) en liaison modulaires, systèmes d’Euler) et fait appel
avec le théorème de Fermat a été étudiée à des dizaines d’articles écrits par des
par Yves Hellegouarch dans les années chercheurs de nombreux pays dans les
1970, mais c’est seulement au milieu des quinze dernières années.
années 1980 qu’elle est revenue sur le Cette multiplicité des outils utilisés est
devant de la scène lorsque Ken Ribet, en partie responsable de la durée et de la
motivé par une idée de Gerhard Frey et complexité des vérifications qui ont été
d’importants travaux de Serre, prouva que nécessaires. À la fin de 1993, on ignorait
la courbe (*), si a, h, c ne sont pas nuls, si toutes les étapes de la preuve proposée
contredirait une conjecture centrale des pouvaient être confirmées, En octobre

357
FONCTION NOTION DE

1994, Wiles et Taylor produisaient une


démonstration complète.
FONCTION NOTION DE

Quel est le rapport entre cette réalité du


travail mathématique contemporain,
d’une haute technicité. nécessitant l’inter-
vention d’une communauté internationale
L e terme de fonction a été introduit par
Leibniz (1692) dans un contexte géo-
métrique : il s’agit pour lui de portions de
dont seuls quelques noms ont pu être lignes droites qui dépendent d’un point
mentionnés ici, et l’effervescence qu’a variable sur une courbe, comme la tan-
suscitée le théorème de Fermat? La gente ou la normale. Jean Bernoulli, en
réponse n’est pas simple. On pourrait 1698, a repris ce terme pour désigner une
se réjouir que l’énoncé de Fermat soit quantité X <( composée d’une manière
devenu un mythe et qu’il fournisse l’occa- quelconque de x et de quantités données )),
sion de s’intéresser aux mathématiques où x désigne en l’occurrence l’ordonnée du
d’aujourd’hui. Ou déplorer que les mathé- point variable sur la courbe ; plus tard
matiques soient tellement coupées de la (1718), il proposera de noter ,fx une
culture ordinaire que seule la légende leur fonction d’une quantité variable x (pas
offre une voie d’accès. La réalité, y com- forcément rattachée à un contexte géomé-
pris celle de la théorie des nombres trique). Le concept de fonction ainsi
contemporaine, liée de multiples façons dégagé a servi de base à Euler pour son
non seulement à la géométrie mais aussi à exposé de l’analyse mathématique (1748)
la physique par exemple, n’est-elle pas plus d’un point de vue formel et non plus
riche et plus intéressante que la fable géométrique. Euler définit une variable
superficielle d’un génie isolé gardant jus- comme une quantité qui admet toutes les
que dans sa tombe le secret élémentaire valeurs possibles, par opposition à une
d’un petit énoncé ? Les remarquables constante, dont la valeur est fixée, et il
recherches de Fermat lui-même méritent représente géométriquement une variable
d’être mieux appréciées. A fortiori celles par un axe ; ensuite, il définit une fonction
qui ont suivi. Si mathématiques et culture d’une variable comme G une expression
s’accordaient, pour changer ? analytique composée d’une manière quel-
conque de cette quantité variable et de
CATHERINE GOLDSTEIN
nombres ou de quantités constants D. Bien
entendu, il ne précise pas ce qu’il entend
par CC expression analytique )), ni la façon
Bibliographie dont elle doit être « composée )) : la suite
C. GOLDSTEIN, G Le Métier des nombres ». in
Ék~~nwnfs ci%i.wirr des scienc’es. Bordas, Paris, 1989 ;
du livre montre que c’est au moyen des
< Con.jectures en arithmétique )), in Lu Science uu opérations algébriques élémentaires éven-
pr&w~, Encyclopædia Universalis. Paris, 1992 / tuellement itérées indéfiniment (séries,
J. ~TARD. E.wrs d%i.mire ries mdhatiques, Blan- produits infinis) et des opérations trans-
chard, Paris, 1984 / J. P. SERRE, COU~ c/Urithm~/i-
c,ue, P.U.F.. Paris, 1977. cendantes comme log, exp, sin, COS ; sui-
vant la manière dont elles sont composées,
Euler classe les fonctions en algébriques et
Cassette vidéo transcendantes, les fonctions algébriques
Fermnt:~ Last Theoretn md its Proof (60 min). étant elles-mêmes subdivisées en rationnel-
M.S.R.I., University of Berkeley, Berkeley, 1993. les et irrationnelles.

358
FONCTION NOTION DE

Les fonctions sont représentées graphi- gonométrique conservait un sens pour une
quement par des courbes dans le plan, où fonction arbitraire du type de celles intro-
l’ordonnée est la valeur de la fonction duites par Euler (l’intégrale étant interpré-
lorsque l’abscisse est la valeur de la varia- tée comme une aire dont l’existence est
ble ; inversement, Euler se demande si une admise comme une évidence intuitive) ; il
courbe donnée correspond à une fonction, en déduisit, sans se poser de problème de
et il est amené à distinguer les courbes convergence, qu’une fonction arbitraire
(< continues », graphes de fonctions défi- pouvait toujours être représentée par une
nies par des expressions analytiques, et les série trigonométrique. mais la notion de
courbes « discontinues » (ou (( mixtes » ou fonction arbitraire était encore extrême-
H irrégulières »), réunion de morceaux qui ment vague pour lui. Les travaux de Bol-
correspondent à diverses fonctions. Par la zano (18 17) et de Cauchy (1821) devaient
suite, Euler sera amené à étendre le apporter un peu de clarté sur cette notion,
concept de fonction, en remarquant que en introduisant la définition des fonctions
les G fonctions arbitraires )) intervenant continues (au sens moderne du terme, qui
dans la solution de l’équation des cordes ne se réfère pas du tout aux (X courbes
vibrantes donnée par d’Alembert (1747) continues )) d’Euler) ; Cauchy développa
n’étaient pas nécessairement définies par une théorie de l’intégration des fonctions
des expressions analytiques, mais plutôt continues dégagée de l’intuition géométri-
par un graphe obtenu par le N tracé libre que, et Dirichlet (1829) parvint à démon-
de la main )) ; c’est l’origine physique du trer qu’une fonction continue monotone
problème qui conduisit Euler a cette défi- par par morceaux était effectivement repré-
nition très générale des fonctions. Daniel sentée par sa série de Fourier. Les
Bernoulli (1753) a donné une autre solu- réflexions de Dirichlet pour l’extension à
tion de l’équation des cordes vibrantes au des fonctions plus générales le conduisirent
moyen de séries trigonométriques, et il à une conception des fonctions arbitraires
pensait que sa solution était aussi générale beaucoup plus vaste que celle de ses prédé-
que celle de d’Alembert-Euler, ce qu’Euler cesseurs (pour qui il s’agissait essentielle-
a vivement contesté. On se trouvait donc ment de fonctions continues par mor-
en présence de deux notions de fonction : ceaux) : comme exemple de fonction
la conception formelle d’expression analy- discontinue, il donne la fonctionftelle que
tique, et la conception G ensembliste )) plus ,/(.Y) vaille 1 pour x rationnel et 0 pour x
générale de correspondance arbitraire ; le irrationnel (1837) ; il pose alors le problème
problème du rapport entre les deux de l’intégration des fonctions arbitraires
notions se trouvait posé et sa solution suffisamment générales (par exemple avec
devait attendre la fin du xtxe siècle. un ensemble rare de discontinuités) : ce
Tandis que Lagrange (Théorie des jbnc- devait être l’objet de travaux de Riemann
tiens unulytiques, 1797), restait attaché à la (pour les fonctions dont l’ensemble de dis-
définition des fonctions par des expressions continuités est de mesure nulle) et de Lebes-
analytiques (sa théorie est fondée sur l’uti- gue (pour une classe beaucoup plus large,
lisation des développements en séries entiè- stable par des passages à la limite simple).
res), Fourier observa dès 1807 que la for- P. Du Bois-Reymond montra en 1873
mule intégrale qui donne des coefficients du que, contrairement a la conviction des
développement d’une fonction en série tri- mathématiciens, la série de Fourier d’une

359
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

fonction continue ne converge pas néces-


sairement vers cette fonction. Mais
FONCTION GAMMA
Weierstrass parvint cependant à raccorder - GAMMA FONCTION
les deux notions de fonction (expression
analytique et fonction arbitraire) en mon-
trant qu’une fonction continue est toujours
la somme d’une série de polynômes
convergeant uniformément sur tout inter-
valle fermé et borné (1885). Le problème
FONCTION ZÊTA + ZÊTA
de la représentation analytique des fonc- FONCTION
tions discontinues allait être abordé en
1898 par Baire, qui caractérise les fonc-
tions discontinues limites simples des fonc-
tions continues (fonctions de classe l), puis
donne une classification des fonctions
selon laquelle les fonctions de classe cx sont FONCTIONS REPRÉSENTATION &
des limites simples de fonctions des classes APPROXIMATION DES
CI’ avec o’ < c( (CX et ci peuvent être des
ordinaux transfinis) ; Lebesgue (1905)
montra l’existence de fonctions de chacune
des classes de Baire et aussi de fonctions
échappant à la classification de Baire : de
1 1 arrive très souvent que, dans les
problèmes issus des mathématiques ou
des autres sciences, les fonctions qui
telles fonctions n’admettent pas de repré- interviennent soient définies par des pro-
sentation analytique. cédés qui ne permettent pas d’étudier de
À côté des fonctions d’une variable manière efficace leurs propriétés. C’est le
réelle, que nous avons considérées jusqu’à cas des fonctions définies comme solutions
présent, les mathématiciens ont aussi étu- d’équations fonctionnelles, d’équations
dié les fonctions de plusieurs variables, différentielles ou intégrales, d’équations
dont le domaine de définition est une aux dérivées partielles, ou encore de
partie d’un espace R”. Par ailleurs, le calcul problèmes variationnels. Ainsi, les fonc-
des variations conduisit à la notion de tions exponentielles sont les solutions
fonction dont la variable est une courbe suffisamment régulières de l’équation
(théorie des fonctions de lignes développée fonctionnelle f(s + y) =f(x)f~), ou
par V. Volterra) ; M. Fréchet (1904) et encore de l’équation différentielle
E. H. Moore (1905) étendirent ces concep- f’(x) = af(x).
tions en prenant la variable dans un On essaie alors de représenter une telle
ensemble arbitraire, et Fréchet (1909) eut fonction f sous une forme plus efficace
même l’idée de considérer des fonctions pour l’étude du problème posé (existence
non plus numériques, mais prenant leurs et unicité, variation de f, comportement
valeurs dans un ensemble quelconque : asymptotique, dépendance de paramètres,
c’est la notion générale de fonction ou approximation numérique, prolongement
application utilisée de nos jours. analytique...).
Quelques grandes méthodes se sont
CHRISTIAN HOUZEL progressivement dégagées.

360
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

Il s’agit en premier lieu des reprbsenta- On peut alors étudier les solutions sur
tiens continues, obtenues a l’aide du calcul [0, + m[ du problème de Cauchy y’ = ay,
intégral. Dès le XVII~ siècle, le calcul des ~(0) = A, où A et a sont des nombres
primitives a été utilisé pour représenter complexes, et établir la condition de sta-
certaines fonctions. Ainsi, la fonction loga- bilité en fonction du paramètre CI, à savoir
rithme satisfait au problème de Cauchy Re a < 0.
g’(t) = lit, g(1) = 0, d’où : Selon les problèmes, on est amené à
utiliser d’autres types de séries : séries de
c du Fourier pour les phénomènes périodiques,
lnt = Logi = ~.
s1 u séries de polynômes orthogonaux...
On peut aussi utiliser des procédés
Cette relation permet de prouver l’exis-
tence du logarithme et, par suite, de d’approximation par des suites de fonctions.
l’exponentielle, ainsi que leur variation et Ainsi, la méthode du pas à pas d’Euler et
leur comportement à l’infini (cf. ExPoNnN- Cauchy (cf. équations D I F F É R E N T I E L L E S ,
chap. 7), appliquée à l’équation différen-
TIELLE ET LOGARlTHME). Les repP&ltZl-
tielle y = y, y(O) = 1, conduit à la rela-
tions intégrales interviennent aussi sous la
tion :
forme d’intégrales dépendant de paramè-
tres, introduites par Leibniz. Les transfor-
t t ”
mations de Fourier et de Laplace sont de
exp = lim
n-+m i 1+; 1 .
ce type.
De même, la méthode des approximations
Il s’agit en second lieu des représenta-
successives de Cauchy-Picard (cf. équa-
tions discr&tes et, au premier chef, des
tions DIFFÉRENTIELLES, chap. l), appliquée
dlveloppements e n s&ie entihe. A i n s i ,
à cette même équation, fournit à nouveau
la recherche des solutions sur R du pro-
le développement en série de la fonction
blème de Cauchy y’ = y, y(O) = 1, sous
exponentielle.
forme de série entière conduit à l’expres-
Au XVIII~ siècle, les problèmes de repré-
sion : sentation et d’approximation sont étudiés
dans le cadre formel, le passage au
expx = 1 + h + . . . + x; + . . .
domaine numérique étant traité de façon
purement expérimentale, tandis qu’au
Cette expression fournit l’existence de la
XIX~ siècle, les problèmes de convergence
fonction exponentielle et une approxima-
jouent un rôle central ainsi que la validité
tion polynomiale par majoration du reste.
des opérations sur les représentations utili-
Combinée avec l’équation fonctionnelle,
sées (opérations algébriques, dérivation,
elle permet aussi de calculer des valeurs
intégration, sommation...).
approchées en un point; elle permet
Les problèmes numériques conduisent
encore de prouver que la fonction expo-
à étudier non seulement la convergence
nentielle est prépondérante au voisinage
mais aussi la vitesse de convergence et la
de + 00 sur les fonctions puissance ; enfin,
stabilité. Ces nouvelles préoccupations
elle permet le prolongement analytique au conduisent, à la fin du xrxe siècle, à
plan complexe par : diversc$er les modes de convergence, à
diversifier les objets par lesquels on appro-
expz = 1 + k + . + 2 + che les fonctions et à rechercher des

361
FONCTIONS REPRÉSENTATION 6 APPROXIMATION DES

procédés optimaux. L’ensemble des tra-


vaux sur ce sujet a joué un rôle moteur
dans la constitution de l’analyse fonction-
nelle au début du x9 siècle. 1. Convergences usuelles
Enfin, dans les problèmes d’approxima- en analyse
tion, il arrive souvent qu’on veuille appro-
cher non pas une fonctionfmais la valeur Pour traiter des problèmes de représenta-
surf d’une forme linéaire donnée : inté- tion et d’approximation des fonctions, il
grale de L valeur de f ou d’une de ses est indispensable de préciser ce que l’on
dérivées en un point, coefficients de Fou- entend par l’écart de deux fonctions. Dans
rier d’une fonction périodique J.. Pour les cas les plus simples, on peut définir cet
écart à l’aide d’une norme sur l’espace
ce type de question, on se ramène
bien entendu à approcher f par des fonc-
vectoriel E de fonctions considéré (cf.
espaces vectoriels NORMÉS).
tions plus simples, mais, ici, le point de
vue est différent car l’étude de la rapidité
Normes usuelles
de convergence et de l’optimisation
Considérons d’abord l’espace vectoriel
sont spécifiques de la forme linéaire consi-
C([a, b]) des fonctions continues à valeurs
dérée.
complexes sur un intervalle 1 = [a, b].
L’enseignement de ces questions en
Les trois normes usuelles sont :
France est conçu selon un plan rigide :
- la norme de la convergence uniforme :
étude des modes de convergence dans un
cadre abstrait, validation des opérations
sur les séries et les intégrales, représen-
tation des fonctions et, enfin, résolu- la norme de la convergence en moyenne :
tion de problèmes. Cette démarche est
contraire à la pratique scientifique où
l’approfondissement théorique des modes
la norme de la convergence en moyenne
de représentation et d’approximation
yuadratique :
va de pair avec l’étude des problèmes
visés.
NO) = ~Iftlz = s If(t)IZdt.
Les méthodes de représentation et c--
d’approximation jouent un rôle central Soit f une fonction positive. Cette
dans l’analyse mathématique. Elles sont fonction f est petite au sens de la norme
présentées de façon synthétique dans les N, si elle est petite partout ; cela signifie
cinq premiers chapitres, qui renvoient que son graphe est contenu dans une
pour plus de détails sur chacune des bande de hauteur petite (cf. fig. 1). La
méthodes décrites aux divers articles fonction f est petite au sens de la norme
d’analyse. Dans les trois derniers chapi- N, si l’aire de la partie hachurée sur
tres, nous approfondissons les problèmes la figure 2 est petite. Le cas de la norme
d’approximation en abordant notamment N, s’y ramène en considérant la fonction
les questions de stabilité et de vitesse de f2.
convergence, spécialement utiles en ana- Il apparaît aussitôt que si f est petite
lyse numérique. pour N,, elle est aussi petite pour Ni et N2

362
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

flQ 1 strictement positives. On pose alors


Nrcf) = N,(n-j”) et des définitions analo-
gues pour les autres normes.
Ces exemples se généralisent aussitôt au
cas des fonctions continues sur une partie
a b
compacte de R” ou au cas des fonctions
continues à support compact.
I I Dans la plupart des questions de
Graphe de f pourN , /fi per,t.
convergence, il est indispensable que les
espaces normés considérés soient complets
(si l’intervalle 1 n’est pas trop grand, cela
(espaces de Banach). C’est le cas de
va sans dire...), mais fpeut fort bien être
l’espace E = (?‘([a, h]) muni de la
petite pour N, sans l’être pour N, (phé-
norme N,. En revanche, ce même espace,
nomène de G pointe » , fig. 2) Mathéma-
muni de la norme N, ou de la norme N,.
fig. 2
n’est pas complet. La théorie de l’intégrale
de Lebesgue permet de plonger res-
pectivement E dans les espaces complets
L’([a, b]) et L*([o, h]) des classes de
fonctions intégrables ou de carré intégra-
.L, ble ; ces espaces sont les complétés de E
a b
pour les normes N, et N, (cf. espaces
MÉTRIQUES, INTÉGRATION ET MESURE).
Grapk de fpour N , ifj pem Les normes du type NZ sont spéciale-
ment intéressantes pour deux raisons. La
tiquement, ces considérations peuvent être première est d’ordre mathématique : elles
précisées par les inégalités : dérivent du produit hermitien :

w+mnwL
a
qui expriment l’inégalité de la moyenne. et on dispose donc de toutes les techniques
De même, l’inégalité de Schwarz montre hilbertiennes, très efficaces. L’autre tient
aussitôt que : au fait que ces normes se rencontrent dans
de nombreux domaines de la physique
mathématique : intégrales d’énergie, méca-
Ainsi, sur un intervalle compact, la conver- nique quantique, optimisation par la
gence uniforme implique la convergence méthode des moindres carrés, processus
en moyenne quadratique, laquelle impli- stochastiques.
que la convergence en moyenne. Mais les En revanche, l’étude directe des normes
réciproques sont fausses, ce qui signifie N, est beaucoup plus délicate (cf. infiw,
que ces normes ne sont pas équivalentes. chap. 7 et 8).
Les trois exemples fondamentaux pré-
cédents se généralisent au cas où il est utile Normes et dérivation
d’introduire unpoids, c’est-à-dire une fonc- Lorsqu’on s’intéresse à l’espace vectoriel
tion 71 continue sur [a, h] à valeurs réelles V([a, h]) des fonctions de classe C”, il

363
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

convient souvent d’introduire des normes certains types de convergence ne peuvent


faisant intervenir les dérivés successives de être décrits à l’aide d’une norme. Voici
,J par exemple : quatre exemples importants.
1. Convergence uniforme sur tout com-
f- N&f) + Nm@f) + + K(Dpf),
f - Nzcf1 + N,Pî) + + Nz@P~). pact. Soit par exemple E l’espace vectoriel
des fonctions continues sur R. La conver-
Il est indispensable d’introduire les normes gence uniforme sur tout compact d’une
sur les dérivés successives, car la conver- suite &) vers 0 signifie que, pour tout
gence uniforme de (&) vers 0 n’entraîne entier p,
pas celle des dérivées : c’est le cas par
exemple pourf,(t ) = (lin) cas nt (il s’agit &Cif,,) = sup If.@-0 pour n - + -.
/Cl CP
d’un phénomène d’oscillation rapide,
fig. 3). En revanche, ce phénomène ne se 2. Convergence uniforme de toutes
les dérivées d’une fonction C”. Par exem-
fig. 3 ple, si E est l’espace des fonctions de
classe C” sur 1 = [a, b], on dit qu’une suite
cf,) tend vers 0 en ce sens si, pour tout
,i entier p,
a b
N,cf,) = N,(Dpf”)-0, pour n - + m.
Graphe d’une foncoon a osc~llaoon rapide.
3. Fonctions de classe C” à décroissance
rupide uinsi que toutes leurs dérivées. Ici on
produit pas pour les fonctions de variable
considère l’espace S des fonctions C” sur
complexe (cf. théorème de Weierstrass, in
R telles que, pour tout couple (s, k)
FONCTIONS ANALYTIQUES Fonctions ana-
d’entiers naturels :
lytiques d’une variable complexe, chap. 5).
Ici encore, le cas des normes N, est plus (1 + f2)r IDkf(t)l+O, pour t- +m.
simple à étudier. En outre, dans bon
On introduit la famille dénombrable de
nombre de questions, on peut utiliser ces
semi-normes :
normes pour étudier les normes N, grâce
au résultat suivant : il existe des constantes
a et l3 telles que :
La convergence dans S d’une suite (f,,)
vers 0 signifie que, pour tout couple (s, k),
Les inégalités de ce type étendues à N.\.dLJ - 0.
plusieurs variables jouent un rôle impor- Cet espace joue un rôle fondamental
tant dans la théorie des équations aux dans la théorie de la transformation de
dérivées partielles ; elles ont été introduites Fourier, dans le cadre des distributions
par Sobolev (cf. infiu, chap. 6). tempérées (cf. DISTRIBUTIONS, chap. 4).
Ces trois exemples se généralisent aux
Convergences définies espaces R”.
par une famille de semi-normes Dans ce type de situation, où inter-
Le cadre des espaces normés ne suffit pas vient une famille dénombrable de semi-
pour couvrir les besoins de l’analyse : normes, que l’on peut ranger en une suite

364
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

N,,, on peut décrire la convergence au Comparaison des convergences


moyen d’une distance invariante par trans- simple et uniforme
lution : Il y a deux cas importants où la conver-
gence simple implique en fait la conver-
dk, A) = J@ -g),
gence uniforme sur tout compact.
où : 1. Cas équilipschitzien (théorème

Jcf) = c
p=o
& inf(1, N,(f)).
d’Ascoli classique). Soit A un espace
métrique compact et Cr;,) une suite d’appli-
cations de A dans C. On suppose :
a) la suite V;,) converge simplement
Les espaces métriques ainsi obtenus sont
vers f sur A ;
complets (cf. espaces MÉTRIQUES). Ce cas se
b) la suite V;,) est équilipschitzienne
distingue de celui des espaces normés par
dans un rapport k, c’est-à-dire :
la perte de l’homogénéité.
4. Convergence simple. Soit par exem-

Alors, la fonction limite f est


ple E l’espace vectoriel des fonctions
définies sur R à valeurs complexes. On dit
k-lipschitzienne et la convergence est uni-
qu’une suite (f;,) converge simplement vers
forme sur A.
0 sur R si, pour tout point s de R, la suite 2. Cus des suites monotone.~ (théorème
numérique (fJx)) converge vers 0. On de Dini). Soit encore A métrique compact
introduit les semi-normes (c’est-à-dire
etA : A + R+. On suppose :
qu’un élément non nul peut avoir une
U) pour tout n, la fonction A, est conti-
semi-norme nulle) :
nue sur A ;
N,(f) = If(x) 1. h) la suite vn) est décroissante, c’est-à-
dire ,f;,+,(x) < J,(x) pour tout x E A ;
Cette fois le cadre des espaces métri- c) la suite (&) converge simplement
ques ne suffit plus pour décrire ce type de vers 0.
convergence, car la famille (N,.) n’est plus Alors la convergence est uniforme sur A.
dénombrable. D’ailleurs, contrairement
aux apparences et à la terminologie ( !), ce Convergences avec conditions
mode de convergence est assez pathologi- sur les supports
que car les propriétés stables sont peu Les convergences avec conditions sur les
nombreuses. supports jouent un rôle important dans les
Les quatre exemples précédents relè- problèmes liés au calcul intégral et à ses
vent de la théorie des limites projectives extensions (mesures de Radon et distribu-
d’espaces semi-normés, qui se place dans le tions).
cadre général de la théorie des espaces Pour les mesures, considérons par
vectoriels topologiques localement conve- exemple l’espace vectoriel E = K(R) des
xes (cf. espaces vectoriels ToPoLoGIQuEs, fonctions à valeurs complexes continues
chap. 1). Dans les trois premiers exemples, sur R et à support compact. On est amené
les familles d’espaces normés sont dénom- à considérer les suites V;,) d’éléments de E
brables et on obtient donc des espaces de convergeant vers 0 au sens suivant :
Frkchet, ce qui n’est pas le cas de l’exem- a) ,f;, converge vers 0 uniformément sur
ple 4. R;

365
FONCTIONS REPR É SENTATION a APPROXIMATION DES

b) il existe un intervalle compact bornologique de type convexe (cf. espaces


K = [a, 61 tel que, pour tout n, le support vectoriels TOPOLOGIQUES, chap. 3).
def, est contenu dans K.
On introduit donc les espaces vectoriels
X,,(R) constitués des fonctions f dont le
support est contenu dans [-p, p], muni de 2. Représentations
la norme : par des intégrales

Forme intégrale des restes


Dans les problèmes de calcul différentiel,
La convergence d’une suite (f,) vers 0
la forme intégrale des restes de dévelop-
signifie alors que lesf, appartiennent a un
pements en séries ou de développements
m&ze espace SC,, et convergent vers 0 dans
asymptotiques est essentielle pour le
cet espace.
contrôle de ces restes : formule de Taylor
Pour la t&orie des distributions, il
classique, formule interpolatoire de
c o n v i e n t d e r e m p l a c e r X(R) p a r
Lagrange-Hermite (cf. inpu, chap. 4). À la
l’espace 1)(R) des fonctions C” sur R à
formule de Taylor se rattache le tht;orhne
support compact, et la condition (a) par la
de division des fonctions d@rentiables :
condition :
Soit f une fonction de classe Cp sur un
CI’) pour tout entier k, la suite D”f,
intervalle 1 de centre a avec f(a) = 0 ;
converge vers 0 uniformément sur R
alors f peut s’écrire sous la forme :
(cf. supra, exemple 2).
On introduit les espaces ‘A,(R) munis f(x) = 6 -alg(x),
de la distunce introduite ci-dessus dans
où g(x) = s’uf’(a + (x-a)u)du.
l’exemple 2. La convergence d’une suitef;, 0
vers 0 signifie alors que lesf;, appartiennent Il en découle queg est de classe Cp+i et que,
à un même espace Dd), et convergent vers 0 pour 1 compact, on a, pour tout entier
dans cet espace. k < p - 1, la majoration :
Les espaces vectoriels X(R) et 9(R)
sont complets (ce qui signifie ici que chacun MI<@) G L
des espaces SC,(R) ou ‘B,](R) est complet). k+l M, + ,cf),
Ces deux exemples se généralisent faci- où M,(h) désigne le maximum du module
lement au cas des fonctions définies sur un de la dérivée n-ième de /r sur 1.
ouvert U de R”, en remplaçant les inter- Ce théorème se généralise aussitôt à
valles [-p, p] par une suite de compacts plusieurs variables : Si f(a) = 0, avec
(K,,) tels que K,, soit contenu dans l’inté- u = (a,, . . . . a,,), alors, pour tout x = (-Y,,
rieur de K,]+, et que U soit la réunion des . ..) x,,), on a :
K,, (suite exhaustive de compacts de U).
f(x) = (xl--alkl(x) + “ ’ + @.-a,kn(x),
Ils relèvent de la théorie des limites
inductives d’espaces semi-normés, qu’il où les fonctions g, sont de classe Cl” si f
n’est ni commode ni naturel de placer dans est de classe C?. Ce théorème est à la base
le cadre de la théorie des espaces vectoriels de la théorie des idéaux de fonctions
topologiques mais qu’il convient plutôt de différentiables (cf. CALCUL INFINITÉSIMAL -
décrire grâce au concept d’espace vectoriel Calcul à plusieurs variables, chap. 3).

366
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

Transformations de Fourier forme des fonctions caractéristiques d’une


et de Laplace loi de probabilité, dans la théorie des
Dans les problèmes d’analyse harmonique processus stochastiques du second ordre et
des phénomènes non périodiques (cf. ana- en mécanique quantique.
lyse H A R M O N I Q U E , chap. 3) on utilise la On peut aussi rattacher a l’analyse
transformation de Fourier, réelle ou com- harmonique la transformation de Mellin,
plexe. définie par la relation : définie par la relation :

(ou des formes analogues selon les qui n’est autre que la transformation de
auteurs), et la formule d’inversion : Fourier sur le groupe multiplicatif R;
dont la mesure invariante est dt/t (cf.
analyse HARMONIQUE). Cette transforma-
tion intervient notamment dans les pro-
intuitivement, la formule (1) décompose le blèmes multiplicatifs de la théorie des
signal t -,f(t ) suivant toutes ses compo- nombres (cf. théorie des NOMBRES - Théo-
santes harmoniques (analyse harmonique rie analytique) ; la fonction gamma d’Euler
du signal), tandis que la formule (2) permet (cf. fonction GAMMA) joue ici un rôle
de reconstituer ce signal f’à partir de ses central.
composantes (synthèse harmonique du
signal).
Emploi de la dualité
Dans le cas des fonctions définies dans
[0, + w[, qui interviennent dans l’étude La dualité consiste à représenter une
fonction comme une forme linéaire sur un
des régimes non permanents. on utilise la
transformation de Laplace : espace E de fonctions convenablement
choisi. Ainsi. toute fonctionf’de puissance
Cf(z) = Jff(r)e-‘dr I>-ième intégrable définit une forme linéaire
continue T, sur l’espace Lt’ des fonctions
(cf. calcul SYMnoLtQuE). Cette transforma- de puissance q-ième intégrdble, pour
tion intervient aussi dans la résolution des l/p + l/q = 1, par la formule :
équations différentielles à coefficients algé-
briques, notamment l’équation hypergéo-
métrique (cf. CdCUk ASYMPTOTIQUES,
chap. 6). lorsque 1 < p < + 30. on obtient ainsi
Les transformations de Fourier et de toutes les formes linéaires continues sur L”
Laplace se généralisent aussi aux espaces (cf. INTÉGRATION ET MESURE, chap. 4).
R” et jouent alors un rôle fondamental Mais, en utilisant d’autres espaces fonc-
dans la théorie des équations aux dérivées tionnels, on obtient ainsi des objets plus
partielles linéaires (cf. équations aux DÉRI- généraux que les fonctions, Cela tient au
VÉES PARTIELLES - Théorie linéaire) et plus fait que, dans de nombreux problèmes, les
généralement des équations de convolu- opérations de passage à la limite nécessi-
tion. Elles jouent aussi un rôle de premier tent de sortir du cadre de la théorie des
plan en calcul des probabilités, sous la fonctions. Considérons par exemple une

367
FONCTIONS REPRÉSENTATION h APPROXIMATION DES

suite (<PJ de fonctions continues positives ‘B(R), on obtient les distributions (cf.
sur R telles que, pour tout n, DISTRIBUTIONS).
Le principal intérêt de ces généralisa-

s R
cp,(f)df = 1 tions de la notion de fonction est de fournir
un cadre théorique permettant d’opérer en
(cf. DISTRIBUTIONS, fig. l), et dont la masse toute sécurité sur les représentations
se concentre a l’origine, c’est-a-dire que, (cf. ktfvu, chap. 5). L’utilisation des trans-
pour tout CI > 0, formations de Fourier et de Laplace pour
le calcul symbolique et les équations aux
q,(t)dt-0 pourri-+-. dérivées partielles est a cet égard exem-
s/il ao
plaire.
Intuitivement, les fonctions ‘p,I tendent
vers la G fonction H 6 de Dirac, que les Noyaux de convolution
physiciens définissent par 6(O) = + 00, Les noyaux de convolution constituent un
6(x) = 0 pour s f 0 et J@t ) dt = 1. autre exemple très intéressant de représen-
Mais il n’existe aucune fonction, au sens tation intégrale. Ils interviennent d’abord
précis de ce concept en mathématiques, dans la résolution des équations différen-
satisfaisant a ces relations. Il suffit de tielles à coefficients constants avec second
considérer, pour s’en convaincre, 26. On membre P(D)f= b,f(O) = 0 ; si on intro-
tourne alors la difficulté de la manière duit la solution élémentaire E définie par la
suivante : on démontre d’abord que, pour relation P(D)E = 6, où 6 est la mesure de
toute fonction ,f continue a support com- Dirac, alors j’= E * h, c’est-a-dire :
pact sur R,
f(x) = ,j;E(x-t)b(r)dt

sR f@ 1 cp. @ ) dt -f(O). Cette méthode s’applique aussi aux équa-


À toute fonction <ç continue sur R, on tions aux dérivées partielles à coefficients
associe la forme linéaire : constants (cf. équations aux mkrvÉEs PAR-
TIELLES - Théorie linéaire). En particulier,
TP:fw f (2 1 <ptt 1 dl dans le cas du laplacien en dimension trois,
s
on a :
sur l’espace vectoriel E = K(R) des fonc-
A&-47r”;
tions continues a support compact. La
relation (1) s’interprète alors de la manière
la solution élémentaire est donc E(s)
suivante :
= ~ 1/4~tjxII. Le potentiel V, solution de
T,-6, n-+a> l’équation de Poisson AV = ~ 47ru, où u
est à support compact, est donc donné par
où 6 est la forme linéaire sur E telle que l’intégrale de convolution :
f-f(O). En outre, l’application <p ++ T,
permet de plonger l’espace K(R) dans son
dual topologique, a savoir, l’espace A(R)
V(x) = sss R’lIxPCV)-Y lIdY.
des mesures de Radon sur R (cf. NÉGRA- De même, la résolution du problème de
TION ET MESUR E). Lorsque E est l’espace Dirichlet pour le cercle fait intervenir le

368
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

noyau de Poisson (cf. POTENTIEL ET FONC- fois la solution élémentaire de I’opéra-


TIONS HARMONIQUES, chap. 1). teur aja2 :
L’importance des noyaux de convo-
lution s’explique par le fait qu’ils peu- &=i(&+i$),
vent décrire tous les problèmes linéaires
invariants par translation de la variable. à savoir :
Plus précisément. soit ,f‘ une fonction ai
Ta.
continue ; alors, l’application u, qui, à aiz
tout élément <p de IB, associe f’* v e s t
La méthode se généralise aux fonctions
une application linéaire continue de ‘2)
analytiques de plusieurs variables comple-
dans l’espace C des fonctions indéfini-
xes.
ment dérivables. En outre, elle est inva-
La formule intégrale de Cauchy conduit
riante par translation sur la variable,
à étudier plus généralement la transforma-
c’est-à-dire qu’elle commute à tous les
tion de Hilbert :
opérateurs de translation T,, définis par
T&u) = <p(s - a).
Le problème central est alors de savoir
si, inversement, toute application linéaire où J’est une fonction continue définie sur
continue invariante par translation est de un arc y du plan complexe. Cette trans-
la forme précédente. La réponse est néga- formation intervient dans le problème des
tive dans le cadre de la théorie des fonc- moments.
tions (penser par exemple & l’application Elle conduit aussi à la recherche de
identique), mais elle est positive dans le représentations des fonctions holomor-
cadre de la théorie des distributions : si u : phes et méromorphes par des intégrales de
‘2) + ‘d)‘, linéaire continue, commute aux contour. Le cas des fonctions hypergéo-
translations, alors il existe une distribu- métriques en est un exemple significatif
tion T et une seule telle que u(q) = T* <p. (cf. calculs ASYMPTOTIQUES chap. 6).
En outre, u se prolonge en une application
linéaire continue ~2 de C’ dans OD’ et, dans
Noyaux intégraux
ces conditions, T = U(6). Dans tous les
La représentation des fonctions par
théorèmes de théorie du signal et d’auto-
des noyaux intégraux s’applique aussi à
matique, ce résultat joue un rôle fonda-
l’étude des phénomènes linéaires non
mental ; T s’appelle la (( fonction )) de
nécessairement invariants par transla-
transfert ou réponse impulsionnelle
tion. C’est le cas pour la résolution des
(Cf. Calcul SYMBOLIQUE).
équations linéaires à coefficients non
constants.
intégrales de contour On introduit à cet effet la résolvante de
La formule intégrale de Cauchy, fonda- l’équation sans second membre :
mentale dans la théorie des fonctions de
x’(f)-A(t)x(t) = 0,
variable complexe (cf. FONCTIONS ANALY-
T I Q U E S Fonctions analytiques d’une où, pour tout t, A(t ) est une matrice carrée
variable complexe, chap. 5), s’inter- d’ordre n à coefficients complexes et s(t )
prète aussi dans ce cadre ; on utilise cette un élément de C” : c’est la fonction R(s, t ).

369
FONCTIONS REPRÉSENTATION & APPROXIMATION DES

à valeurs vectorielles, solution du pro- pas ; il convient d’utiliser la théorie des


blème de Cauchy : distributions. Soit K une distribution sur
R? ; alors, pour toute fonction v E ED(R),
dR
+,f) = A(r)R(s,r), R(s,s) = 1, l’application :

Dans ces conditions, l’unique solution du T,:<p++ R2K(wMxhWdx&


SS
problème de Cauchy :
est une distribution sur R et l’application
x '(t ) = A(t )x(f ) + b(t ), x(s) = 0,
uK qui à v associe T, est une application
est donnée par : linéaire de 9(R) dans ‘a’(R), continue en
ce sens que, si q,, tend vers 0 dans ‘9, alors
X(f) = ‘R(o,r)b(cr)do T,,, tend vers 0 dans ‘a’. Le célèbre
ss
théorème des ~OJWX de Laurent Schwartz
(Cf. éqLl23tiOIlS DIFFÉRENTIELLES). PlaCéC affirme que, réciproquement, toute appli-
dans le cadre de la théorie des distribu- cation linéaire continue de ‘d) dans ‘9 est
tions, cette méthode s’étend aux équations de cette forme, c’est-à-dire peut être définie
aux dérivées partielles linéaires grâce au par un noyau distribution.
concept de noyau élémentaire (cf. équa-
tions aux DÉRIVÉES PARTIELLES - Théorie
3. Représentations par des séries
linéaire).
Les noyaux intégraux interviennent Séries entières
aussi dans la théorie des fonctions de La somme d’une série entière de rayon de
Green (cf. équations D I F F É R E N T I E L L E S , convergence R est une fonction indéfini-
chap. 3; P O T E N T I E L E T F O N C T I O N S H A R M O - ment différentiable dans son disque de
NIQUES), dans la résolution des équations convergence, et les dérivées successives à
intégrales (cf. équations n&cirULEs) et, l’origine sont données par la formule de
plus généralement, dans la théorie des Taylor.
opérateurs. Par exemple, si K est une Inversement, dans de nombreux pro-
fonction de carré intégrable sur R’, alors, blèmes, il est utile de représenter une
pour toutefE L*(R), la fonction g définie fonction f de classe C” par sa série de
presque partout par la relation : Taylor. Mais ici la situation est très diffé-
rente selon qu’on se place sur le corps des
nombres complexes ou sur celui des nom-
bres réels. Dans le premier cas, la série de
appartient encore à L’(R) et l’application Taylor converge toujours vers la fonction
f‘-g est un endomorphisme continu de dans tout disque où f est de classe C”
l’espace de Hilbert L*. Mais. inversement, (d’ailleurs la dérivabilité suffit ; cf. FONC-
tout endomorphisme continu de L’ n’est TIONS ANALYT IQUES - Fonctions analytiques
pas nécessairement de cette forme : on d’une variable complexe, chap. 2). Dans le
obtient ainsi seulement les opérateurs de cas du corps des réels, il existe des fonc-
Hilbert-Schmidt (cf. théorie SPECTRALE, tions C” dans un intervalle ]- a, a[ dont la
chap. 2). série de Taylor converge, mais vers une
Pour obtenir un énoncé satisfaisant, le autre fonction : c’est le cas de la fonction
cadre de la théorie des fonctions ne suffit f définie par f(0) = 0, f(x) = exp(- l/

370
FONCTIONS REPRÉSENTATION .5 APPROXIMATION DES

.Y?), exemple introduit par Cauchy dans Bien entendu, en tout point a E 1,
son COU~S d’unal~~r (1821). Il existe aussi l’application de Taylor T, est injectioe sur
des fonctions C” dont la série de Taylor a le sous-espace vectoriel C’(I) des fonctions
un rayon de convergence nul : c’est le cas analytiques dans 1. Plus généralement, on
de la fonction : dit qu’un sous-espace vectoriel V de C”(I)
m est quasi unulytique si la restriction de T,,
x- $ exp (in 2x). à V est injective.
c
n=o La condition (1) conduit plus généra-
lement à considérer une suite croissante
Plus précisément, Émile Bore1 a montré
h = (p,,) tendant vers + 00 et logarithmi-
que, pour toute suite (a,) de nombres
quement convexe, c’est-à-dire vérifiant
complexes, il existe une fonction C” sur R
telle que, pour tout n,f‘(“)(O) = CI,,. Autre- DZ 6 CL, B,r+,r et à introduire la sous-
algèbre V, de C”(I) constituée des fonc-
ment dit, l’application de Taylor T de
tions f telles que l’on ait :
C”(R) dans l’anneau C[[X]] des séries
formelles à coefficients complexes, définie (2) Mm’23 < GBn@dn.
par :
m L e thkoréme d e DenjoyCurlemun
T:f+-
f(n’(o)
~ X’,
affirme que V, est quasi analytique si et
c
n=o
n! seulement si la série de terme général
m I”l est divergente.
est surjective. Si V, est quasi analytique, ses éléments
Il n’est donc pas possible, comme l’a ont des propriétés très rigides : en parti-
tenté Lagrange dans la Théorie des fonc- culier, le principe du prolongement analy-
tions umdytiques (1797), de fonder le calcul tique est valable et V,>n D(I) est réduit à
différentiel sur le développement en série {O]. Au contraire, si V,, n’est pas quasi
de Taylor. analytique, ‘n,,(I) = V,, n ‘D(I) est dense
Ce phénomène est à l’origine du dans D(I) et les propriétés de V,, ressem-
concept de fonction analytique réelle : ce blent à celles de D(I). L’exemple le plus
sont les fonctions de classe C” dans un intéressant est fourni par les classes de
intervalle ouvert 1 de R développables en Gevrey, où fi, = (n !)‘, s > 1, auquel cas
série de Taylor au voisinage de chaque V, se note ‘D,(I) ; cet espace étant muni
point u de 1. Ces fonctions peuvent être d’un type de convergence analogue à
caractérisées parmi les fonctions C” dans
celui de ‘D(I), son dual topologique est
1 à l’aide d’inégalités du type suivant,
constitué des ultradistributions : il est
portant sur la rapidité de croissance des
analogue à ‘n’(I) mais beaucoup plus
modules des dérivées successives : pour
grand. Ces espaces interviennent dans
tout intervalle compact K contenu dans 1,
l’étude des problèmes aux limites des
il existe des constantes C, et rK telles que
équations aux dérivées partielles, où l’on
l’on ait, pour tout entier n :
introduit aussi l’espace vectoriel des fonc-
(1) M~.nCif) < C,n !(rd”, tionnelles analytiques, c’est-à-dire le dual
où : M~.ncf) = ;gg /D”f (t Il ; topologique de Cd(I), dont les propriétés
diffèrent profondément de celles des dis-
ce résultat est dû à Pringsheim. tributions.

371
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

Séries de polynômes fonctions spéciales (cf. fonctions de BES-

Puisque les séries entières ne suffisent pas SEL; FONC TIONS ANALYTIQUES-F~~~~~~~~

pour représenter des fonctions suffisam- elliptiques et modulaire ; fonction


ment générales (continues, de classe CA), il GAMMA) ; elle intervient aussi dans les
convient de considérer des séries de poly- problèmes arithmétiques et combinatoires
nômes. D’après le thkwème de Weierstrass grâce au concept de série génératrice :
(1886), toute fonction continue sur un séries entières pour les problèmes additifs,
intervalle compact est développable en séries de Dirichlet pour les problèmes
série uniformément convergente de poly- multiplicatifs (cf. analyse CoMBINA-rorRE,
nômes. Le point de vue de Newton et de théorie des NOMBRES - Théorie analytique
Lagrange se trouve ainsi justifié, mais dans des nombres).
un cadre théorique plus approfondi.
Weierstrass considère d’ailleurs que ce Séries de Fourier
résultat constitue une définition construc- Dans les problèmes d’analyse harmonique
tive de la notion de fonction continue. des phénomènes périodiques (de période 1
Les séries de polynômes et de fractions pour fixer les idées), on utilise le dévelop-
rationnelles sont aussi utiles dans la repré- pement des fonctions périodiques en série
sentation des fonctions d’une variable de Fourier :
complexe lorsque le domaine de définition
n’est plus un disque ou dans le cas f(x) = 1 anCf)e2’““X,
“EZ
où la fonction présente des singularités
(cf. Développements eukkriens, in EXPC- où le coefficient de Fourier o,, est donné
NENTIELLE ET LOGARITHME; Théorème par :
de Runge, in F O N C T I O N S A N A L Y T I Q U E S -
Fonctions analytiques d’une variable com-
plexe, chap. 8 et 9). Dans d’autres ques-
tions, il est commode d’utiliser des La problématique est ici la même que
pour la transformation de Fourier. Les
produits infinis (cf. Théorème de Runge, in
FONCTIONS ANALYTIQUES-F~~~~~~~~ analy- deux cadres théoriques principaux de vah-
tiques d’une variable complexe, chap. 9) dité de cette représentation sont l’espace
des fonctions de carré intégrable sur [0, l]
ou des séries de Dirichlet.
et l’espace des distributions périodiques
(Cf. DISTRIBUTIONS ; SÉRIES TRIGONOMÉTRI-
Analyse algébrique QUES). C’est d’ailleurs l’étude des séries de
Les manipulations sur les séries entières et Fourier qui a constitué une des principales
ces autres objets constituent le coeur de motivations de la construction de I’inté-
l’anulyse algéhriqur, développée dans un grale de Lebesgue et de l’espace L*.
cadre formel par Euler dans i’lntroductio in La représentation par les séries de
analysin injnitorum (1748) et reprise dans Fourier s’insère dans un cadre plus géné-
le cadre du concept de convergence par ral : pour étudier un opérateur auto-adjoint
Cauchy. L’analyse algébrique intervient d’un espace hilbertien de fonctions, on
dans la théorie des fonctions transcendan- développe les fonctions en série de fonc-
tes ékIletltaiK% (Cf. EXPONENTIELLE ET tions propres de cet opérateur, ce qui est
LOGARITHME) et, plus généralement, des possible lorsqu’elles constituent une base

372
FONCTIONS REPRÉSENTATION (L APPROXIMATION DES

hilbertienne ; le cas des séries de Fourier (q,,) de fonctions très régulières conver-
est relatif à l’opérateur de dérivation. Le geant vers la mesure de Dirac 6 (cf. supra,
cas des équations différentielles conduit à chap. 2) on approche,fpar des fonctions
la théorie de Sturm-Liouville et à l’intro- très régulières ,f* <p,, =f;,.
duction des systèmes classiques de Le fait que les fonctions <p,, soient a
fonctions orthogonales (cf. équations DIF- valeurs positives joue ici un rôle essentiel.
FÉ RENTIELLES, chap. 3;polynômes ORTHO- Ce procédé d’approximation est particu-
GONAUX). L’étude des équations intégrales, lièrement intéressant : en effet, lorsquefest
en particulier des équations de Fredholm, de classe CP, non seulement f, converge
qu’il convient de placer dans le cadre des vers f, mais, pour tout k < p, les dérivés
opérateurs compacts, utilise aussi ce type D”L;, convergent vers D”l: En prenant pour
de représentation (cf. équations INTÉGRA- <t‘,i des fonctions C” à support compact, on
LES ; théorie SPECTRALE). obtient la densité des fonctions C” dans la
Cette même méthode s’applique encore plupart des espaces fonctionnels classiques
à l’étude de problèmes relatifs aux équa- et même des espaces de distributions ;
tions aux dérivées partielles ; une idée ainsi, pour tout ouvert U de R”, l’espace
centrale pour déterminer les fonctions vectoriel ‘B(U) des fonctions de classe C”
propres consiste ici à se ramener au cas des dans U à support compact est dense dans
équations différentielles par la méthode de l’espace vectoriel K(U) des fonctions
séparation des variables. continues à support compact contenu
dans U.
En prenant pour cp,, des fonctions poly-
4. Approximation par des suites nomiales, on obtient une démonstration du
théorème d’approximation polynomiale de
Le problème de la représentation des Weierstrass ; on peut prendre par exemple
fonctions comme limites de fonctions plus le noyau de Landau :
simples est intimement lié à celui de
l’approximation des fonctions, qui ne ~,(l-t*)~ si Itl < 1
<P"@I =
relève pas uniquement de problèmes 0 si Jtl>l,
1
d’analyse numérique mais constitue un
mode de représentation utile dans des où u,? est une constante de normalisation,
questions d’ordre théorique : problèmes c’est-à-dire telle que :

s
d’existence et d’unicité, démonstration de
théorèmes par passage à la limite (argu- (P,(f)df = 1.
R
ment de densité...). Les procédés
d’approximations sont très divers ; nous La même méthode s’applique aussi à
avons retenu cinq méthodes importantes. l’approximation uniforme des fonctions
continues périodiques : on peut prendre
Méthodes convolutives par exemple les noyaux de Fejer (cf. SÉRIES
On utilise l’effet rkgukrrisant de la convo- TRIGONOMÉTRIQUES, chap. 1) ou de La
lution : si fest une fonction peu régulière Vallée Poussin :
et si ‘p est très régulière, alors,f* q est aussi c&(r) = an(cosrrt)2”,
régulière que cp. En introduisant une appro-
ximation A l’unité, c’est-à-dire une suite où u,! est une constante de normalisation.

373
FONCTIONS REPRÉSENTATION 6 APPROXIMATION DES

On notera que, en revanche, le noyau de On peut conjuguer les méthodes de


Dirichlet (cf. SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES, convolution et de troncature pour montrer
chap. 1) ne convient pas pour toutes les par exemple que l’espace vectoriel 3(U)
fonctions continues, ce qui se traduit par est dense dans l’espace vectoriel C(U) pour
le fait que la série de Fourier d’une la convergence uniforme sur tout compact
fonction continue peut diverger ; cela tient (cf. supra, chap. 1).
au fait que ce noyau n’est pas positif. Mais
la convergence a bien lieu si la fonction est Méthodes itératives
suffisamment régulière, c’est-à-dire si le II s’agit ici de méthodes où l’algorithme
module de continuité (cf. Nzfru, chap. 7) d’approximation de f est défini par une
décroît assez vite. relation de récurrence. En voici trois
exemples, dont les deux premiers sont
Méthodes de troncature d’importance capitale.
Il s’agit d’approcher des fonctions définies
sur un ouvert U de R” par des fonctions Méthode des approximations successives
à support compact contenu dans U. À cet Pour prouver l’existence et l’unicité et
effet, on utilise une suite exhaustive (K,) de étudier les solutions d’équations portant
compacts de U (cf. mpm, chap. 1) et on sur des fonctions, on s’inspire du cas des
construit une troncature universelle, c’està- équations numériques en généralisant la
dire une suite (x,,) de fonctions telles que méthode des approximations successives
0 6x,< l,~~=lsurK,etx,~+,=Oen au cadre abstrait des espaces métriques
dehors de K,+,. complets (cf. espaces MÉTRIQUES, chap. 3).
On approche alors f par la suite Ce schéma s’applique en particulier au
f;, =fxr théorème d’inversion locale et des fonc-
Dans des questions d’intégration, on tions impliCiteS(Cf. CALCULINFINITÉSIMAL-
peut prendre pour xn la fonction caracté- Calcul à plusieurs variables, chap. 2), aux
ristique de K,. Dans d’autres problèmes, il équationsdifférentiellesgrâceàlaméthode
faut opérer moins brutalement. Par exem- de Picard (cf. équations DIFFÉRENTIELLES,
ple, en prenant x, continue, on prouve que chap. 1,2 et 4), aux équations intégrales (cf.
l’espace vectoriel X(U) des fonctions équations INTÉGRALES,~~~~. 2) etauxéqua-
continues à support compact contenu dans tions aux dérivées partielles.
U est dense dans l’espace vectoriel C,(U)
des fonctions continues tendant vers 0 au Méthode de compacité
bord de U (muni de la norme de la Pour étudier les solutions d’une équation
convergence uniforme) ou encore dans du type f(x) = b, où f est une application
l’espace L’(U) des classes de fonctions de continue d’un espace métrique compact K
carré intégrable dans U (muni de la norme dans un espace de Banach E et où h est un
quadratique). élément donné de E, on construit une suite
De même, on peut prendre xn de classe (xJ de solutions approchées, c’est-à-dire
C” ; on prouve alors que l’espace vectoriel telles que f (x,) tende vers h. Dans ces
‘9(R) des fonctions de classe C” à support conditions, l’équation f(x) = b admet au
compact est dense dans l’espace vectoriel moins une solution et, si l’on suppose en
S(R) des fonctions de classe C” à décrois- outre l’unicité d’une telle solution CI, la
sance rapide. suite (s,) tend vers a.

374
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

Cette méthode s’applique d’abord aux qu’on écrit avec la notation :


méthodes d’analyse numérique matricielle
(méthode de Jacobi). Mais elle s’applique
aussi aux problèmes d’analyse fonction- cela signifie que les fractions rationnelles :
nelle. Pour démontrer qu’un ensemble K
de fonctions définies sur un espace com-
pact A à valeurs dans un espace E, de convergent vers f uniformément sur tout
dimension finie pour simplifier l’énoncé, compact de 1. Cette méthode a été étudiée
est compact, on utilise le théorème suivant, systématiquement par Padé (1892). Déjà,
dû à Ascoli. On munit l’espace C!(A, E) de Euler avait montré que :
la norme de la convergence uniforme. Il est
alors équivalent de dire :
CI) K est compact ;
h) K satisfait aux deux conditions sui- et avait déduit de développements analo-
vantes : gues l’irrationalité de e. Lambert avait
- K est fermé ;
obtenu de même le développement en
- K est équicontinu, c’est-à-dire, Vs E A, fraction continue de tanx et en avait
VE > 0, 3q tel que : déduit l’irrationalité de TT. Avec le déve-
VxEK,ViEA, loppement de l’analyse numérique, lié à
(d(?,S) < ~=+(t)-x(s)ll < 0 celui des ordinateurs, ce type d’approxi-
mation des fonctions transcendantes élé-
Lorsque, par exemple, A est un inter-
mentaires par des fractions continues a
valle [a, b] de R et E = C, l’hypothèse
connu un regain d’intérêt. Ainsi, pour le
d’équicontinuité est satisfaite lorsque K est
calcul de @, avec - lnfl < x 6 Inn, la
constitué des fonctions x de classe C’ telles
formule :
que /] DX IL < B, ou, plus généralement si
Dx est de carré intégrable et si x
ex=1+
k. + k,x2 + k,x4
1 + k,x”

Méthode de Padé : fractions continues avec k, = 1,000 000 000 000 327 1, k, =
On opère par analogie avec le développe- 0,107 135 066 4.56 464 2, k, = 0,000 594
ment des nombres en fraction continue 589 869 018 8 et k, = 0,023 801 733 157
(cf. approximations DIOPHANTIENNES, 418 6, fournit une précision de 1,4 . 10 14.
chap. 2). Pour obtenir la même précision avec des
Une telle méthode se décrit à l’aide du polynômes, il faudrait monter au degré 15.
schéma général suivant. Mais cette méthode s’applique aussi a
Soit ,f une fonction définie sur un des problèmes d’ordre plus théorique. Soit
intervalle 1 de centre 0. Un développe- par exemple f une fonction méromorphe
ment de ,f en fraction continue est de la dans un disque de centre 0 et régulière à
forme : l’origine. Alors ,f est développable en série
de Taylor :
f@)=Ql+ x x
a, + x f(z) = -f cz,Z” ;
a2+-’
a3 + . . n=O

375
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

on peut espérer que, si l’on approchefpar d’approximation en moyenne quadratique


des fractions rationnelles au voisinage de 0, de .fpar des polynômes u,$J”). Le cas plus
général des développements en série de
fonctions orthogonales entre dans ce cadre
I.l"Z" 3
(cf. polynômes oaTHoGoN,4ux), ainsi que
la méthode de Galerkine.
alors les pôles de R,, vont approcher les Ces résultats montrent tout l’intérêt des
pôles def Plus précisément, on calcule les normes quadratiques N2 sur les espaces de
coefficients A,, et u,, en résolvant le système fonctions ; en effet, nous verrons au cha-
linéaire obtenu en identifiant les dévelop- pitre 8 que, pour ce type de problème, le
pements limités d’ordre M, + N,, defet comportement de la norme N, est beau-
de R,, à l’origine et on écrit alors R,] sous coup moins agréable.
forme de fraction continue. Cette méthode
est souvent utilisée de manière expérimen- Emploi d’extremums
tale dans les applications et donne des
De nombreuses questions d’analyse fonc-
résultats fiables.
tionnelle peuvent se ramener à la recher-
che d’extremums (problèmes variation-
Méthodes de projection nels, problèmes aux limites dans les
Les méthodes de projection peuvent être équations aux dérivées partielles...) que
décrites par le schéma général suivant. On l’on peut souvent schématiser de la façon
considère un espace E de fonctions, normé suivante. Soit C une partie convexe d’un
par exemple, et une suite croissante de espace hilbertien E et s un élément de E.
sous-espaces vectoriels fermés E,, dont la Il existe alors au plus un point z de C
réunion soit dense dans E. Pour chaque tel que LI(S, z) = rl(x, C). Pour étudier
entier n, on se donne un projecteur continu l’existence de z et approcher ce point,
u,, de E sur E,,. On essaie alors d’approcher on construit une suite (z,J d’éléments
un élément f de E par la suite f;, = u,,cf). de C telle que lim d(x, :,,) = d(.x, C). On
Le cas des projecteurs orthogonaux est n - CG
un exemple fondamental : l’espace vecto- montre que cette suite est une suite de
riel E est hilbertien, muni d’une base Cauchy. La convergence de la suite (z,J est
hilbertienne (eO, e, _.., e,,, . ..). E,, est le alors assurée lorsque C est une partie
sous-espace engendré par (e,. . . . . e,,) et u,, fermée de E.
est le projecteur orthogonal de E sur E,,.
Dans ces conditions, f;, converge toujours
vers f‘(cf. espace de HILBERT). Le cas des 5. Interpolation et discrétisation
séries de Fourier est celui où E est l’espace
vectoriel des fonctions l-périodiques de Position du problème
carré intégrable sur [0, l] muni de la norme Ce sont les problèmes de tabulation numé-
quadratique et où, pour tout n, rique des fonctions transcendantes élémen-
e,,(t) = exp2iwrt (cf. séries TRIGONOMÉ- taires (lignes trigonométriques, logarith-
TRIQUES). De même, lorsque E est l’espace mes) et, à partir du XVII~ siècle, le calcul
vectoriel L?([- 1, 11) et que e,, est le approché des intégrales et des dérivées qui
polynôme de Legendre L,, de degré n, on ont été à l’origine du développement des
obtient ainsi un procédé canonique méthodes interpolatoires. D’autre part,

376
FONCTIONS REPRÉSENTATION & APPROXIMATION DES

dans de nombreux phénomènes continus Newton et reprise par Lagrange, Cauchy


intervenant en sciences physiques, décrits et Hermite.
par exemple à l’aide d’une fonction, on ne II s’agit alors d’estimer la différence
connaît les valeurs de cette fonction qu’en f - Pscf), par exemple en majorant
un certain nombre de points qui corres- NJ& Pscf)), et d’étudier l’influence de la
pondent aux mesures effectuées. Les pro- taille de l’intervalle [CX, (31, du choix de S et
blèmes issus de l’astronomie, en particulier de la régularité de f sur la qualité de
la détermination de la trajectoire des l’approximation. 11 arrive souvent qu’on ne
planètes, ont aussi joué un rôle moteur, s’intéresse pas directement à f mais à la
comme en témoignent notamment les tra- valeur d’une forme linéaire Sur$ Pour ce
v a u x d’Euler, L a g r a n g e , L e g e n d r e , type de problème, d’autres normes s’impo-
Laplace et Gauss. sent : norme NI pour les intégrales, normes
Dans tous les cas, le phénomène f+-+ Na(f) + N,(Df) pour les dérivées.
continu est remplacé par un phénomène Dans les phénomènes physiques, les nor-
discret. Plus précisément, supposons que mes Nz interviennent souvent au titre de
le phénomène continu est décrit par une l’énergie.
fonction numériquefd’une variable réelle. On peut aussi se demander s’il est
On se donne une subdivision S de l’inter- possible de reconstituerfcomme limite de
valle [c(, b], c’est-à-dire une suite croissante fonctions P,cf) en raffinant les subdivi-
sions, c’est-à-dire en faisant tendre le
(a,, C(l, . . . . o,,) de points de [CI, p] ; le
module de la subdivision S est le nombre : module A(S) vers 0. Mais cette question
présente des difficultés (cf. infru, Znterpo-
A(S) = s"P (aj+l-a,).
O<l<"-I lution polynomiule). C’est pourquoi on a
recours à un procédé plus élaboré : on se
Lorsque c(” = (x, o, = 0 et, pour tout donnefsur un intervalle [u, b], on découpe
j, c(,+, - oi = (0 ~ o)/n, on dit que la cet intervalle en p intervalles de longueur
subdivision est à pas constant, et (b ~ a)/p et, sur chacun de ces intervalles
A(S) = (b - cc)/n s’appelle le pas de S. notés [o, 81, on approche f par PSU). Le
Dans ces conditions, on associe à S la problème est alors de savoir comment on
suite finie (f’(cc,J, . . . . ,f(cc,,)). Nous dirons peut jouer sur les entiers n etp pour obtenir
qu’il s’agit d’une discrétisation de ,fi Le des approximations efficaces. Dans ce
problème est alors de savoir dans quelle schéma plus élaboré, f est approchée sur
mesure on peut reconstituer f à partir des [u, 61 par une fonction <p continue et
phénomènes discrétisés associés. À cet polynomiale par morceaux. On peut impo-
effet, on interpole la suite précédente par ser en outre a cp des conditions de régu-
une fonction simple, par exemple une larité plus fortes aux p - 1 points de
fonction polynomiale que nous noterons subdivision de [u, b], ce qui conduit par
P,(f), de degré < n, prenant aux points o, exemple à la théorie des fonctions spline
les mêmes valeurs que.f. Dans le cas où S (cf. infra, Interpolation pol~nomiule par
est à pas constant, cette méthode a été morceaux). Les méthodes de discrétisation
élaborée dès le XVII~ siècle, notamment par s’appliquent aussi à la recherche de solu-
Newton et Gregory, dans le cadre du calcul tions approchées d’équations différentiel-
des différences finies (cf. injkz). L’étude les, grâce à l’emploi d’équations aux
du cas général a été ébauchée par différences finies (cf. équations DIFFÉREN-

377
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

T~ELLES. chap. 7) ; plus récemment, le Les solutions de (1) sont alors les polynô-
développement des calculs sur ordinateurs mes P de la forme P = P, + QN, où
a permis de les appliquer avec succès aux QE WI.
équations aux dérivées partielles. En particulier, pour tout i, il existe un
Nous commencerons par décrire les polynôme Li de E,, et un seul tel que :
principales méthodes d’interpolation poly-
nomiale et nous aborderons ensuite I’inter- Li(a,)=0 s i i#j
(3)
polation par les fonctions polynomiales I L(a,) = 1,
par morceaux.
à savoir le polynôme :

interpolation polynomiale (4)

Interpolation de Lagrange Dans ces conditions, on a :


Étant donné un élément h = (DO, . . . . fi,,) ”
E C”+l, on veut étudier les polynômes P a (5) P, = ILL.
c
coefficients complexes tels que, pour toutj, ,=o

(1) P(aj) = fij. Soit maintenantf’une fonction continue


à valeurs complexes sur [o, /3], et
À cet effet, on introduit l’application
h = cf(c+J, . . . . ,f‘(o,,)) ; le polynôme P,]
linéaire u : C[X] - C?“’ qui à tout poly-
s’appelle le polynôme d ïnterpolution de
nôme P associe (P(I+), . . . . P(cc,,)). Les
Lugrmgr de,f’associé à S et se note L,(f)
équations (1) s’écrivent alors sous la
(fig. 4). Ainsi. L,(f) est l’unique polynôme
forme :
fig. 4
(1’) u(P) = b.
Y
Le noyau de u est constitué des poly- A

nômes P qui s’annulent en tout point o,,


c’est-à-dire qui sont divisibles par :
n
(4 N = n (X - a,).
,=o

Ce polynôme N. dont la donnée équi-


vaut à celle du système S, joue un rôle
fondamental dans la théorie de l’interpo-
lation ; on l’appelle le no~wu irlterpoluteur
associé à S. Le théorème de division
euclidienne des polynômes montre que
0 b
C[X] = Ker II 0 E,,, où E,, est l’espace 1 1 x
vectoriel des polynômes de degré < n. 2

L’application linéaire u induit un iso-


morphisme de E,, sur C” +~‘. Ainsi, il existe interpolations linéaire et parabolique de :
un polynôme P,, de degré < n et un r/xt = ,+ix* *“r[o,ll.

seul tel que, pour t0ut.j. on ait P,,(o,) = B,. /

378
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

de degré inférieur à n tel que, pour que la majoration (9’) ne permet de


tout j, prouver la convergence que sifest holo-
morphe dans un disque ouvert contenant
(6) LsCf)(a,) =f@,h
l’intervalle [a, fi]. D’ailleurs, dans le cas
et : des subdivisions à pas constant (/3 - a)/n,
” il peut arriver, contrairement à toute
wf) = f (ai&. attente, que f soit analytique sur R mais
(7)
c que L,,(f) ne converge pas vers f sur [o, !3].
r=O
C’est le cas par exemple si [a, !3] = [- 1,
En outre, l’application us : f- L,(f)
+ 11, f(t) = l/(l +U*t*) (fig. 5) et CI
est un projecteur de ?([a, b]) sur le
sous-espace vectoriel E,,. fig. 5
On peut estimer la précision de
l’approximation de f par L,(f), grâce au
théorème de division des fonctions diffé-
rentiables (cf. supra) ; on démontre que, si
fest de classe C”+l sur [a, p], alors, pour
tout t E [a, p], on a la majoration :
I I
l l
I I
I I I b
- 1 0 1

et, en particulier :

Ces majorations ne peuvent pas être


améliorées, car (8) et (9) sont des égalités
lorsquefest le noyau interpolateur N.
Supposons maintenant que f est de
classe C” ; donnons-nous une suite (S,,) de
P1 p,
subdivisions telle que A(S,) + 0 et notons
plus simplement L,(J) le polynôme inter-
Cette figure concernel’interpolaron des fonctions f:
polateur de S associé à S,. Dans ces
conditions : Les graphes de Pset de fsontpratiquement confon-
dus. En revanche, pour la fonction g, /es graphes de
PS et de PS approchent très bien g au voisinage de 0.
(9’) I\f--L.Cf)ll- < ‘wMn+,y.), mais il apparait des oscillations importantes au vo;-
sinage des extrémités de l’intervalle (phénomène
de Rungel.

où N~+I est le noyau interpolateur associé


à S,,, qui est de degré n + 1. assez grand, par exemple a 2 2. On obser-
Pour étudier la convergence de L,(f) vera qu’ici iju et ~ i/a sont des pôles de
vers,f, on observe que : f(3) = l/( 1 + a%*), si bien que la condi-
tion d’holomorphie évoquée ci-dessus n’est
11
N, + ,I/ - < (P - aY + ’ ;
pas réalisée. Ce type de phénomène a été
mais M ,!+,Cf) peut croître très vite, si bien découvert par Runge et Borel.

379
FONCTIONS REPRÉSENTATION h APPROXIMATION DES

Pour remédier à ce défaut, on peut + w Ce résultat est un des exemples cités


essayer de choisir les subdivisions S,, de par Banach et Steinhaus comme étant à
telle sorte que /IN,,+, li- soit minimale, ce l’origine du théorème qui porte leur nom
qui a lieu lorsque N,, est le n-ième poly- (cf. espaces vectoriels NORMÉS, chap. 4).
nôme T,, de Tchebychev. Pour [c(, fl] =
Interpolation de Hermite
[- 1, + 11, on a :
Il s’agit du cas plus général où l’on impose
T, (COS 0) = & COS (n 8),
au polynôme interpolateur des contacts
(10)
d’ordre donné avec la fonction ,f aux
auquel cas : points c(,. On se donne cette fois une suite
(CI,, . . . . CX,.) de points de [c(, 01, et une suite
(n,, ,... n,.) d’entiers strictement positifs. On
pose :
et les points ü(, sont : r

TI fi= “,- 1
a, = COS (2j + 1) zn ,
1 1 O<j<n-1 c
,=”

(fig. 6). Ainsi, les points c(, sont les et :

fcg. 6 N = fi (X - a,)“)
,=o
Lorsque,f‘est de classe C”+’ sur [(x, fi],
il existe un polynôme Lscf) de degré < II
et un seul tel que, pour toutj, 0 6 ,j < r.
et tout k, 0 < k < 13,~ 1, on ait :

(11) DkLsCf)(aj) = Dkf(a,)


En outre, pour tout t E [c(, f!],

PolynBmes de TchebychevT,etT,surl~ 1, + 11.


(12) If(t)-LsCf)(t)Is $$M"+L0

projections sur [- 1, + l] des sommets du Le polynôme L,(f) est le polynôme


polygone régulier à 2 n côtés. Ces points d’interpolation de Hermite associé à S. Le
s’accumulent donc aux deux extrémités de cas de Lagrange correspond à n, = 1.
l’intervalle [- 1, + 11. Nous verrons au tandis que la formule de Taylor corres-
chapitre 7, en utilisant une estimation pond à r = 1 et 1~ = II + 1, c’est-à-dire :
beaucoup plus fine que (9’), que la conver- N(r) = (t-a)“+‘,
gence de L,,(/‘) versf’est alors assurée sous
des conditions très larges, par exemple si et :
f‘ est de classe Cl. LsCfN ) = Ta cf)
Cependant. cette convergence n’a pas (cf. SUIIIV, chap. 3).
lieu pour toutes les fonctions continues. En Dans le cas où 17, = 2, c’est-à-dire :
effet, d’après un théorème de Faber, quelle
r
que soit la suite (S,,), il existe une fonction N = n (X-a,)2,
continue ,f telle que 11L,,(f) IA tende vers ,=l

380
9
FONCTIONS REPRÉSENTATION (L APPROXIMATION DES

on impose à Ls(/‘) d’avoir un contact à En outre, le reste est donné par la


l’ordre 1 en chaque point interpolateur o,. relation :
Ce cas intervient notamment dans les
(14) f(t) - LscfN) = NO )Fn + 16 QO> . ..> a,).
méthodes d’optimisation pour le calcul
approché des intégrales. La positivité du L’adjonction à S d’un point supplémen-
noyau N joue un rôle essentiel dans ce taire ne modifie pas les différences divisées
genre de question. précédentes. En outre, la différence divisée
9, est une fonction symétrique de o0, _,.,
Différences divisées
ai, car :

L’expression du polynôme interpolatoire


de Lagrange (formule (7)) a l’avantage de 3,(ao, . . . . aj) =
faire intervenir de manière symétrique les
points de subdivision, mais elle est mal
adaptée au calcul numérique, d’autant plus Subdivisions à pas constant
que l’adjonction de points interpolateurs Lorsque S est une subdivision de [o, fl] à
supplémentaires oblige à recommencer pas constant h = (p - o)/n, il est com-
entièrement les calculs. Newton avait pro- mode d’étudier d’abord le cas où h = 1 et
cédé en utilisant une autre base de l’espace c( = 0, et donc fi = n ~ 1 ; le noyau inter-
vectoriel des polynômes de degré < 12, a polateur s’écrit alors :
s a v o i r D, = 1 , D , =X- o0, D, =
(X - q,)(X ~ a,), . . . . D,, = (X - q,) ,__ (15) N = x(x- ‘)“’ (x-n + ‘).
(X ~ a ,I ,) ; ici la matrice de passage Pour calculer le polynôme interpolateur
de la base canonique 1, X, .__, X” à L,(g), où g est définie sur [O. n ~ 11, on
cette base est beaucoup plus simple que introduit l’opérateur de Bernoulli A, à
dans le cas de Lagrange car elle est savoir I’endomorphisme de C[X] défini par
triangulaire. la relation :
Pour obtenir la décomposition dans
(16) AP(X) = P(X + 1) -P(X).
cette base du polynôme interpolateur
Lscf), on introduit les u’@kn~s divisées L’étude de cet endomorphisme conduit
defrelatives à S, définies par les relations à introduire une base de C[X] adaptée à A,
de récurrence : définie par les relations de récurrence :
~&b) =f(aoh
N, = 1
3,ca, a*) /ao)-f(Q, (17)
ANN, = Np-,> N,(O) = 0, p > 1.
ch--a,
F,(a,. . . . . aj) Ces polynômes sont donnés par les
3, -,(a0 ,..., aj-,)--3,-,(a1 ,..., a,)
ZZZ . relations :
a-a,
(18) N, = 1, N, = X, N, = y,...
Dans ces conditions. on a la for-
N =X(X-1).,.(X-p+ 1).
mule : P
P!

(13)
Mf) = 3,(a,, . . . . ai)Di. Les polynômes N,, s’appellent polynô-
c
i=o mes de Newton ; on remarquera que

381
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

N,, = (l/p !) D,,. Dans ces conditions, teur de dérivation D. Ainsi, la formule de
tout polynome P se décompose sous la Taylor traduit la formule symbolique
forme : T,, = exp/zD. Ce calcul, ébauché par Lei-
SC
bniz, a été systématisé par Lagrange et
P= Laplace ; à la fin du XIX~ siècle, il a été
(19) @’ P)(Wp ;
c repris dans le cadre général de la théorie
o=o
des opérateurs de convolution, c’est-à-dire
c’est la formule de Newton-Gregory, des opérateurs qui commutent aux trans-
analogue a la formule de Taylor qui est, lations.
elle, relative a l’opérateur de dérivation D,
la base adaptée étant alors 1, X, . . . . Généralisations
110, !) X’l. Le problème de l’interpolation se pose
Appliquant la relation (19) à L,(g), on aussi pour les fonctions périodiques,
obtient : auquel cas les fonctions polynomiales
n sont remplacées par des polynômes
(20) L&) = (@)(O)N,. trigonométriques. Ces deux exemples se
c
p=o placent dans la théorie générale des JJ+
tfnzes de Tchebyhrv : on se donne un
Le calcul des différences successives
sous-espace E,, de dimension II + 1 de
dites non rlirkées (AJ’g)(O) est très facile. Le
l’espace C([c<, p]) qui est régulier, c’est-à-
cas d’une fonctionfdéfinie sur [o, l3] se
dire tel que tout élément de E,, qui s’annule
ramène au cas précédent par changement
en au moins n + 1 points est nul. Étant
de variable affine, en introduisant g(u)
donné une base <c,,, vi, . . . . cc’,, de L
=J’(a + (B ~ a)u). on interpole ,f par une combinaison
On peut développer une théorie entiè-
linéaire de ces fonctions. On peut montrer,
rement analogue en introduisant à côté de
en particulier, que l’espace vectoriel des
l’opérateur de BernoulliprogressÿA, l’opé- solutions d’une équation différentielle
rateur rc$gresszj’V défini par :
linéaire sans second membre d’ordre
(21) VP(X) = P(X) - P(X - 1) n + 1 est régulier.

et l’opérateur symétrique :
Interpolation polynomiale
par morceaux
(22) bP(X) = P(X + ; ) - P(X - ; ).

Théorie classique
Les opérateurs A, V et 6 peuvent
s’exprimer à l’aide des opérateurs de On considère cette fois une fonction f
translation : continue sur un intervalle [a, h], que l’on
découpe en p intervalles [f,, t,+,] de lon-
(23) T,P(X) = P(X-h) gueur (h- a)/p et, sur chacun de ces
par les formules intervalles, on effectue une interpolation
de Lagrange ou de Hermite de,f; par des
(24) A=Tp,-1, V=I-T,, 6 = T-i-Ti; polynômes de degré < n. En pratique, 17
2 2
est fixé et assez petit pour éviter les
on peut alors développer un calcul phénomènes du type de Runge. 11 s’agit
symbolique sur ces opérateurs et I’opéra- alors d’étudier la convergence de la suite

382
FONCTIONS REPRÉSENTATION 6 APPROXIMATION DES

(<p,) des fonctions polynomiales par mor- polynomiales par morceaux de degré n
ceaux ainsi obtenues vers la fonction f et plus élevé. Lorsque f est de classe C”+I, on
la rapidité de convergence en fonction de a alors :
la régularité def:
Voici les deux exemples les plus impor-
tants.
1. Fonctions en escalier. Sur chaque On constate ainsi que la rapidité de
intervalle [t/, f,+,], on approche f par une convergence est gouvernée par la régula-
constante, par exemple f (t,) ; ici n = 0. rité de f:
Grâce à la continuité uniforme de ,f sur
[a, 61, on montre aussitôt que les fonctions Fonctions spline

en escalier ainsi obtenues convergent uni- Lorsque n > 2, le procédé précédent pré-
formément vers f sur [a, h]. sente de nombreux inconvénients, car on
En outre, si f est lipschitzienne sur approche des fonctions régulières f par des
[a, h], alors : fonctions qui ne sont même pas de classe
C’. Il est donc intéressant d’approcher .f
par des fonctions <p satisfaisant aux deux
conditions suivantes :
où ACf) désigne le rapport de Lipschitz de a) Sur chaque intervalle [t,, t,+,], la
J l’égalité étant atteinte si f est affine. fonction 9 est polynomiale de degré < II ;
2. Fonctions ajînes par morceaux. Sur h) Sur [a, b], la fonction cp est de classe
chaque intervalle [t,, $+,], on effectue une C”’ (conditions de recollement aux
interpolation linéaire de f: On montre points t,).
encore que les fonctions affines par mor- De telles fonctions sont appelées spline
ceaux qp ainsi obtenues convergent uni- (tringle souple). L’espace vectoriel
formément vers f sur [a, h]. En outre, si f &([a, h]) de ces fonctions est de dimension
est lipschitzienne de rapport k sur [a, 61, on n + p. Si on impose maintenant les p + 1
a : conditions interpolatoires relatives à la
fonction f :
(3 Pour toutj, 0 < j < p, on a l’égalité
cp(tJ = f (t,), et il reste n - 1 paramètres
l’égalité étant atteinte par exemple pour encore libres.
[a, 61 = [- 1, l] et f (x) 7 1x 1. Le cas n = 2 (fonctions paraboliques
Mais, cette fois, si f est de classe C’, la par morceaux) ne conduit pas a une
rapidité de convergence est meilleure. Par théorie intéressante car il ne reste qu’un
exemple, si f’ est lipschitzienne, seul paramètre, ce qui ne permet pas
d’imposer une condition de contact aux
deux extrémités de l’intervalle [a, b]. Au
contraire, le cas n = 3 (fonctions spline
l’égalité étant atteinte par exemple si cubiques) convient bien car il permet
[a, b] = [- 1, l] et f (x) = x2, d’imposer la condition :
Dans certains problèmes, comme le d) q’(a) =f’(a) et <p’(b) = f ‘(h).
calcul approché des intégrales, on est Les fonctions spline cubiques convien-
amené à interpoler f par des fonctions nent aussi pour l’interpolation des fonc-

383
FONCTIONS REPRÉSENTATION & APPROXIMATION DES

tions périodiques. Dans ce cas, on impose Un autre pôle d’intérêt des fonctions
à <p de se prolonger en une fonction spline est relatif à leurs propriétés pour la
périodique de classe C2 sur R, ce qui norme quadratique. Plus précisément, si f
conduit à remplacer la condition (d) par : est de classe C’, pour tout élément <F de
cl’) D+<~(U) = D-q(b) e t D$<~(U) = S2,Jb, bl), on a :
DT<p(h), en désignant par D+ et DP les
opérateurs de dérivation à droite et à
gauche.
On démontre que les conditions (a), (b),
(c), (n) ou (J), déterminent <p de manière en particulier, parmi toutes les fonctions
unique. Cette fonction se note S,u) et spline cubiques <o, c’est S,(/‘) qui approche
s’appelle fonction spline cubique interpo- le mieux f pour la norme de l’énergie.
lant f à l’ordre p. Il faut cependant Cette propriété est a l’origine de la
remarquer que le calcul explicite de ‘p dénomination spline, car on peut montrer,
nécessite la résolution d’un système grâce au principe de moindre action, que
d’équations linéaires assez compliqué. En S,,q) réalise la position d’équilibre d’une
revanche, la qualité de l’approximation est tringle souple passant par les points
excellente : interpolateurs et tangente à des droites
si f est de classe C’, on a : données aux extrémités de l’intervalle. Ce
procédé est depuis longtemps utilisé en
NJ.&S,U-1) = O(j); dessin industriel. Les fonctions spline
se sont révélées très utiles dans les pro-
- si ,f’ est de classe C’ : blèmes de conception assistée par ordina-
teur.
NAJ-s,cf)) = o(p?) La théorie des fonctions spline peut se
généraliser aux spline d’ordre impair quel-
et, en outre : conque. Les propriétés d’approximation
sont alors meilleures mais les calculs sont
N&i--S;(j)) = O(i), encore plus complexes que pour Iz = 3, si
bien qu’elles sont peu utilisées en analyse
ce qui signifie qu’il y a aussi convergence numérique.
uniforme pour la dérivée ;
si f est de classe C3, alors, pour k < 2 :
6. Opérations sur les représenta-
NdDkf-DkSpCf)) = O(,-il-); tions et les approximations

enfin, si f est de classe C4, alors, pour Nous avons déjà vu que l’emploi des
k<3: représentations pour la résolution des pro-
blèmes nécessite de pouvoir opérer sur ces
N,(Dkf--DkSp(f)) = O(p&). représentations : il s’agit non seulement
des opérations algébriques (somme, pro-
Cependant, si f est de classe C”, ou duit...) mais aussi des opérations de pas-
même polynomiale de degré > 4, on ne sage à la limite (limites de suites, sommes
peut pas améliorer la dernière estimation. de séries, intégration, dérivation). Ces

384
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

problèmes rentrent dans le schéma général Le second résultat a une portée beau-
d’interversions de passages a la limite. coup plus générale ; il se place dans le
Nous commencerons par préciser les pro- cadre de la théorie de l’intégrale de Lebes-
priétés stables par passage a la limite gLlC (Cf. INTÉGRATION ET MESURE).

uniforme pour les suites de fonctions, ce


Théorème 2 bis fthéorème de convergence
qui est étroitement lié au cas des séries,
domin&). Soit (j;,) une suite de fonctions à
puis nous examinerons le cas des repré-
valeurs complexes intégrables sur 1 et qui
converge simplement vers f sur 1. On
sentations intégrales. Nous terminerons
par quelques indications sur les autres
suppose qu’il existe une fonction q 3 0,
modes de convergence.
intégrable sur 1, telle que l’on ait :

Suites de fonctions
Les trois problèmes les plus importants Alors ,f est intégrable et on a :
sont les suivants.

Problème 1. Continuité et passage ti la


limite. Soit (fi,) une suite de fonctions
Ce résultat s’étend sans changement au
continues sur un espace métrique A a
cas où 1 est une partie localement com-
valeurs complexes, convergeant sur A vers
pacte de R”I.
une fonction ,c La fonction ,f est-elle
continue sur A? Pwblknze 3. Pussuge ù lu limite duns les
La réponse est négative pour la conver- dérivées. Soit Cr;,) une suite de fonctions de
gence simple. comme le montre l’exemple classe Ci sur un intervalle 1 de R, à valeurs
A = [O. 11 et ,f(,u) = Y. complexes, convergeant vers f sur 1. La
Théorème 1. StcrbilitL; de lu continuité. Si fonctionf est-elle de classe C’ sur 1 et a-t-on
V;,) converge uniformément versfsur tout Df = limDf;, ?
compact de A, alors f est continue sur A. L’exemple de 1 = [0, l] et ,f;,(-c) =
(sinn.u)/n montre que la convergence uni-
Pwbl&le 2. Pussage ?I lu limite duns les
forme ne suffit pas. 11 faut donc faire des
intégrcdes.On dispose de deux résultats
hypothèses sur la suite (DL,).
très importants. Le premier est élémen-
Théorènle 3. Passage ir lu limite drns les
taire.
dkrivées. On fait les hypothèses suivantes
sur la suite (j;,) :
a) .f;, converge versfuniformément sur
Soit (r;,) une suite d’applications conti-
tout compact de 1 ;
nues de [a, b] dans C qui converge b) f,; converge vers g uniformément
uniformément vers ,f sur [a, h]. Alors : sur tout compact de 1.
Alors f est de classe C’ sur 1 et f' = g,
s ’ limf” = lim bfn
a n n sY autrement dit :
(interversion des signes lim et J). D(limf,) = lim Df,
n n
Ce résultat s’étend si on remplace le
segment [u, b] par une partie compacte de Ce théorème s’étend aussitôt aux
R”‘. fonctions de classe C? et C” et au cas

385
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

des fonctions définies sur un ouvert U Théorème 1. Continuité de lu somme. Si,


de R”‘. pour tout n, la fonction u,, est continue sur
A et si la série converge uniformément sur
On notera que, en revanche, dans le cas tout compact de A vers f, alors f est
des fonctions analytiques d’une variable continue sur A.
complexe, la convergence uniforme sur
tout compact def;, versf entraîne celle de Théorème 2. Int&gration terme à terme sur
un intervalle compact. Supposons que,
I3f, vers Qf’(théorème de Weierstrass, cf.
pour tout n, la fonction u, est continue sur
FONCTIONS ANALYTIQUES -Fonctions analy-
[a, 61 et que la série converge uniformé-
tiques d’une variable complexe, chap. 5).
ment sur [a, h]. Alors :

Séries de fonctions
On se donne une série CU,, de fonctions
définies sur un espace métrique A et à
valeurs complexes. Théorème 2 bis. Intégration terme à terme
On dit que cette série converge simple- duns le cas non compact. Soit (u,) une suite
ment (resp. uniformément) vers une fonc- de fonctions à valeurs complexes, intégra-
tion f si la suite des sommes partielles bles sur 1. On suppose :

P
s,= u,
c
n=O
Alors la série Cu,,(t ) converge sur 1 pour
converge simplement (resp. uniformé-
presque tout t, sa somme est intégrable sur
ment) vers f.
1 et on a :
Pour vérifier que la série converge
uniformément, on utilise souvent la
méthode des séries numériques majoran-
tes. On dit qu’une série numérique p,,
o,, > 0, est une St;rie mujorante sur A de la Théorème 3. Dérivation terme à terme.
série de ,f&ctions C~C,, si, pour tout n et Supposons u,, de classe C’ sur 1 et suppo-
pour tEA, on a: sons que les séries CU, et CDu, convergent
uniformément sur tout compact de 1. Alors
g,, u,, est de classe C’ et on a :
Si la série majorante converge, la conver-
gence de la série Zu,, est uniforme sur A.
Dans ces conditions :

Fonctions définies par des intégrales


une telle série est dite norm&ment conver- On se donne une fonction (x., t ) ++f(s, t )
gente sur A. définie sur A X 1, à valeurs complexes, où
En appliquant les théorèmes sur les A est un espace métrique et 1 un intervalle
suites, on obtient les résultats suivants. de R (ou, plus généralement, une partie

386
FONCTIONS REPRÉSENTATION & APPROXIMATION DES

localement compacte de R”‘). On veut Le problème de l’intégration de F se place


alors étudier la fonction : dans le cadre plus général de la théorie des
intégrales sur un espace produit, où on
x-F(x) = f(x,r)df. dispose du théorème suivant, qui permet le
s1
calcul d’une telle intégrale par intégrations
On dispose alors des trois résultats successives.
suivants. dont le premier est élémentaire.
Thhèrne de Fuhini.
Tixbrèm~ 1. Dérivutiorz sous le signe .wmnw 1, Soit (-Y, y) -.f (.y, ,r) une fonction
(cas des inter.vrrlks compacts). On suppose mesurable positive définie sur R”’ X Ri’.
que A est un intervalle de R et 1 = [a, h] Alors, il est équivalent de dire :
un intervalle compact. Alors : cl) f’est intégrable sur R”’ X RP ;
u) sifest continue sur A X [a, h], F est h) pour presque tout .Y, la fonction
continue sur A : JS-,f(s, y) est intégrable sur Ri’ et la
h) sif‘admet une dérivée partielle djj/as fonction :
continue sur A X [u, h], alors F est de
classe Ci sur A et :

DF(x) = est intégrable sur R”’ ;


h’) condition analogue à (6) en échan-
Ce théorème a été utilisé par Leibniz. geant .Y et y.
Dans ces conditions, on a alors :
TI~é~~énw 2. Dkriwtion SOU.~ le signe SOIWI~E
(Leihni---Lehcsgur). Soit A et 1 des inter-
valles de R. On fait les hypothèses suivan-
tes :
a) pour tout t l’application s -,f’(‘i. t )
=sRI 1sEm f(x,y)dx 1 dy.
2. Si .f‘ est à valeurs complexes, (a)
est continue sur A ; entraîne (h) et (h’) et on a la formule de
h) pour tout sE A, l’application calcul de l’intégrale double ; mais ici les
t -,f(s, t ) est intégrable sur 1 ; conditions (0). (h) et (8) ne sont plus
c) pour tout compact K de A, il existe équivalentes, comme le montrent des
(Du > 0. intégrable sur 1, telle que : exemples classiques.

Emploi des distributions


Alors ,f est continue sur A.
Les théorèmes précédents sont satisfdi-
Si, de plus, on a :
sants en ce qui concerne la continuité
(0 f’ admet une dérivée partielle c3f/ds et l’intégration mais le sont beaucoup
continue par rapport à x et satisfait à une moins en ce qui concerne la dérivation.
hypothèse de domination sur tout com- Cela tient au fait que, dans les espaces
pact K de A, classiques de fonctions, l’opérateur D de
alors F est de classe Ci sur A et on a : dérivation n’est pas continu. Un des avan-
tages principaux de la théorie des distri-
DF(x) =
butions est précisément de fournir un

387
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

cadre théorique dans lequel la dérivation H/‘(R”) n’est autre que l’espace des distri-
est une opération régulière au sens sui- butions T telles que D”T E L’(R”) pour
vant : toute distribution T est indéfiniment tout c( vérifiant 1 c( 1 < p ; en outre, le
dérivable et si une suite (T,) de distribu- produit scalaire (1) est alors équivalent au
tions converge vers T, alors (DT,,) suivant :
converge vers T (cf. DISTRIBUTIONS).
Le seul inconvénient est que la conver- (2) (@ 1TN = c s,. m Da T(t ) dt.
gence des distributions ne peut pas être ial GP

décrite par une norme. C’est pourquoi Si maintenant p = -s E N, H P(R”)


on introduit les espaces de Sobolev : ce est constitué des distributions T de la
sont des sous-espaces de ‘3’ qui pré- forme :
sentent les mêmes avantages que ‘3’
cc

mais qui, en outre, sont des espaces


T = D"f,, fa E L2(R").
hilbertiens et sont bien adaptés à l’emploi c
/a CP
de la transformation de Fourier et à
l’étude des problèmes aux limites des En outre, on peut repasser de la théorie
équations aux dérivées partielles (cf. équa- H” à la théorie classique Ch grâce au
tions aux DÉRIVÉES PARTIELLES - Théorie théorème suivant.
linéaire). Théorème de Sobolev. Si k E N et si
Pour définir ces espaces, on considère s > (n/2) + k, alors N”(R”) C C?(R”) et,
l’espace vectoriel S’(R”) des distributions si y,--+ 0 dans H”, alors D’xf,- 0 unifor-
tempérées sur R” ; on sait que la trans- mément sur tout compact de R” pour tout
formation de Fourier T - T est un auto- multi-indice c( tel que 1 c( / < k.
morphisme de S' (cf. DISTRIBUTIONS, Soit enfin K un compact de R” et H”,
chap. 4). le sous-espace vectoriel fermé de H” cons-
Pour tout s E R, on introduit le sous- titué des distributions à support contenu
espace vectoriel fi’(R’j) des distributions dans K. On dispose alors du théorème de
tempérées T telles que : Rellich.
Théorème de Rellich. Si s > t, alors
(l+Ix/yTTLyRn). H”, C H’, et, de toute suite bornée de H‘,
Par l’isomorphisme T ++ (1 + / .Y ?y/??‘, on peut extraire une sous-suite conver-
on transporte à H’ la structure hilbertienne gente dans H’.
de L?, en posant : Une autre interprétation des espaces H’
est fournie par le théorème suivant.
Théorème. Soit s 2 0 écrit sous la
forme s=p+o, où 0 < o < 1. Alors
l’opérateur de dérivation : ff? HA(,“) si et seulement si DUfE L’(R”)
pour / c( / < p et :

IDaf(‘+Dafb’)t2dxdy + Di
S SR” x R” IX--yl*o+n
est alors une application continue de H’ si lal=p et o>O.
dans W “l’, où / a 1= a, + + a,,.
Lorsque s = 0, on a H”(R”) = L’(R”). Ce théorème permet notamment de
Plus généralement, pour s = p E N, prouver l’invariance de H‘ par difféomor-

388
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

phisme et de définir l’espace H’(E) pour Stabilité


toute sous-variété C” de dimension II. Un des problèmes les plus importants,
Dans la théorie des équations aux surtout pour l’analyse numérique,
dérivées partielles, on a besoin des espaces concerne la stabilité du processus (u,,) : si
de Sobolev relatifs a un ouvert U borné de l’on fait une petite erreur sur la fonction,/:
R” dont la frontière X est une variété c’est-à-dire si on remplace ,f’ par une
compacte de classe C”. On définit alors fonction g proche de ,f dans E, u,,(g)
H’(Ü) comme l’ensemble des restrictions à converge-t-elle vers un élément proche de
U des éléments de H’(R”). UV) ? La réponse est fournie par le résultat
Les résultats concernant HP et H-p suivant.
s’étendent à ce cas ainsi que le théorème de Théorème 1. Caructérisation des proces-
Rellich, où K est remplacé par Ü. En
sus stubles.
outre, si .Y > 1/2, l’application f-,fx,
1. Si la suite (11 u,, 1 ) des normes des
définie sur ‘d)(R”), se prolonge de manière
applications linéaires u,, est bornée par un
unique en une application linéaire conti- nombre M indépendant de n, alors, pour
nue de H’(Ü) dans H’- ‘jz(X), appelée trace
tout couple cf, g) d’éléments de E :
sur X et notée T + TIx. Ces notions
permettent de poser les problèmes aux
limites de la théorie des équations aux
dérivées partielles dans le cadre de la 2. Réciproquement, si (// u,? / ) n’est pas
théorie des distributions (cf. équations aux bornée, alors, pour tout élément ,f’de E,
DÉ RIVÉ ES PARTIELLES Théorie linéaire). il existe une suite (g,J d’éléments de E
qui converge vers f et telle que
I 4,kn) ~ UV‘) Il - + c0.
7. Stabilité et consistance C’est pourquoi, on dit que le processus
(u,,) est stable dans le cas (1) et instuble
On peut décrire les procédés lin&iws dans le cas (2).
d’approximation par le schéma général En fait, ce résultat n’est pertinent que si
suivant : soit E et F des espaces vectoriels les espaces normés E et F sont complets,
normés de fonctions, et u une application car, si E n’est pas complet, E est un
linéaire continue de E dans F. Un proces- sous-espace dense d’un espace normé
sus linéaire d’approximation de u est une plus gros, à savoir son complété Ê ; si bien
suite (u,,) d’applications linéaires continues que, en faisant une erreur sur5 on risque
dc E dans F telles que, pour tout élément de passer à un élément g de Ê qui
fde E. u,,(f) converge vers u(f). n’appartient pas a E. C’est le cas où, par
Le cas le plus classique est celui où exemple, Ê = ?([a, b]) muni de la norme
F = E et où u est l’application identique de la convergence uniforme et si
de E, c’est-à-dire où u,,cf) converge versf’; E = C?([n, b]). D’où l’intérêt du résultat
nous en avons fourni de nombreux exem- suivant.
ples aux chapitres 4 et 5, les plus signifi- Théorème 1’. Stabilit& et pmsuge ir WI
catifs étant ceux des séries de Fourier et de sous-espace vectoriel dense. Soit Ê et F des
l’interpolation de Lagrange. Le cas où espaces de Banach et E un sous-espace
F = C, c’est-à-dire où u est une forme dense de Ê. On considère une suite (L(,,)
linéaire sur E est aussi très intéressant. d’applications linéaires continues de E

389
FONCTIONS REPRÉSENTATION h APPROXIMATION DES

dans F satisfaisant aux deux conditions Ainsi, 11D, 11, n’est pas borné ; il existe donc
suivantes : des fonctions continues dont la série de
u) pour tout f de E, un(/) + ucf) ; Fourier diverge au point x. Cependant, la
b) la suite des normes (I U, 1 ) est bornée convergence uniforme de s,(f) vers .f est
par M. assurée par exemple si f appartient au
Alors u est linéaire continue sur E, sous-ensemble dense des fonctions pério-
llull < M, et les applications II,, et u se diques de classe C’ (cf. SÉRIES TRIGONO-
prolongent de manière unique en des MÉTRIQUES).

applications linéaires continues de Ê dans Comme nous l’avons déjà vu au chapi-


F, qui satisfont aux conditions (CI) et (b) sur tre 5, un phénomène analogue se produit
Ê. Ainsi, le processus (u,,) est stable, non pour les processus interpolatoires.
seulement sur E mais sur Ê. En revanche, le processus d’approxi-
Dans le cas où E est complet, il est tout mation par les sommes partielles s,(J) est
à fait remarquable que la convergence stable sur (C(T), N?), et même sur (L’(T),
implique la stabilité. N,) car ici s,, est un projecteur orthogonal
Théorlme 2 (stuhilité e t complétude). et Ils,, /12 = 1. De même, si on prend les
Soit E et F des espaces de Banach, (u,,) sommes de Fejer o,,cf) = F, *fi alors
une suite d’applications linéaires continues 11o, IL = 1, ce qui assure la stabilité sur
de E dans F telle que, pour tout x de E, la (C(T), NJ.
suite (u,(x)) converge dans F vers U(X). On observera que, dans ce dernier cas,
Alors : le noyau est positif. Cette condition assure
a) il existe M tel que 11u,, 11< M ; la stabilité de manière très générale.
h) u est linéaire continue ; Théorème 3. Continuité des opéruteurs
c) u,,+ u uniformément sur tout com- linéuiresposit$. Soit u un endomorphisme
pact de E. de l’espace vectoriel C(T), ou P([u, h]),
C’est le théorème de Bunach-Steinhaus muni de la norme N,. On suppose u positif;
(cf. espaces vectoriels NORMÉS, chap. 4). c’est-à-dire ucf) > 0 pour tout ,f > 0.
Le cas des séries de Fourier est à cet Alors u est continu ; plus précisément :
égard exemplaire ; c’est d’ailleurs un des N,@(f)) ( N,(u(l))N,Cf).
exemples qui a été historiquement à l’ori-
gine du théorème général précédent. Ici E Autrement dit, IIull < N=(u(l)).
est l’espace vectoriel C(T) des fonctions Si maintenant (u,) est une suite d’opé-
continues l-périodiques muni de la norme rateurs linéaires positifs qui converge sim-
N, ; cet espace est complet ; u,, est la forme plement vers un opérateur u, auquel cas Ll
linéaire qui, à tout élément ,f de C(T), est positif, alors la condition de stabilité est
associe la valeur de la somme partielle satisfaite pour u,, :
s,,cf) de sa série de Fourier en un point
11un / < sup Wu, (1)).
donné s ; u,,(f) n’est autre que D, *,f(x), n
où D,, est le noyau de Dirichlet
En outre, le théorème suivant assure la
On montre que :
convergence du processus sous des hypo-
lb, 11
m = 11
D, 11
1 thèses très faibles.
ZZZ
I sin(2n + 1)at Théorème 4 (théorème de Korovkine).
dt +fi.
0
SI sinat Soit (u,,) une suite d’endomorphismes posi-

390
FONCTIONS REPRÉSENTATION h APPROXIMATION DES

tifs de C’([rr, h]) muni de la norme N, Consistance


et II un endomorphisme de cet espace Dans de nombreux exemples, le processus
satisfaisant aux conditions suivantes : d’approximation (u,,) d’une application II
u,,(f) + u(f) uniformément sur [CI, h] pour de E dans F se présente sous la forme
chacune des trois fonctions .Y - 1, x - .Y suivante : on se donne une suite (E,,) de
et .Y - 9. Alors u,,cf) -+ ucf) pour toute sous-espaces vectoriels de dimension finie
fonction continue J d’un espace vectoriel normé E de fonctions
Ce théorème fournit une nouvelle telle que
démonstration, due à Bernstein, du théo-
rème d’approximation polynomiale de (j En
Weierstrass.
Théoréme 5. On considère les polynô- soit dense dans E. On dit alors que le
mes de Bernstein : processus (u,,) est consistant si, pour tout
B n,k = C$@(l -x)‘-~, 0 < k < n.
élément q E E,,, u,,(cp) = u(q), c’est-à-dire
u,, = CI sur E,,.
Si à tout J’E P([u, b]) on associe la Un cas particulièrement important est
fonction polynomiale u,,cf) définie par : celui où u,, est défini à partir d’une suite
(p,,) de projecteurs de E sur E,, grâce à la
relation u,, = u OP,,. Si E = F = C(T)
muni dc la norme N2 et si E,, = G,, est
l’espace vectoriel des polynômes trigono-
alors u,,v) tend vers f uniformément sur
métriques de degré 6 n, on peut prendre
In, 4. pour p,( le projecteur orthogonal de E sur
La convergence n’est pas très rapide
E,,. Il en est de même si E = F = ?([a, h]),
car, si .f’ est, par exemple, la fonction
muni de la norme :
.Y - x2, on a I/ un(f) -,f 11 = 1/4 II.
D’ailleurs, l’approximation polyno- f-Nz,&-1 = $lftWtr(r)~~>
a
miale par des opérateurs positifs u,, ne peut
juwzais être rapide, car on démontre que où TT est un poids, c’est-à-dire une fonction
11u,,cf) -f’ ]L n’est pas négligeable devant positive intégrable donnée sur [CI , h] et si
l/n’ pour l’une au moins des trois fonc- E,, = Y,,.
tions .Y - 1, .Y - .Y, .Y - 9, Lorsque E = F = P([u, b]) muni de la
Enfin, le théorème de Korovkine norme N, et E,, = Y,,, les interpolations de
s’étend aussitôt au cas des fonctions Lagrange ou, plus généralement, d’Her-
continues périodiques; il suffit que la mite constituent aussi des exemples signi-
convergence de u,,(f) vers f’ soit assurée ficatifs.
pour les trois fonctions .Y- 1, Pour étudier la convergence des pro-
.Y - cos2 7rY, s - sin2 7r,Y. On retrouve cessus consistants, l’idée est de comparer
ainsi la convergence uniforme des som- u,,(J) à un élément cp,,(f‘) approchant J’le
mes de Fejer o,,(f’) pour toute fonction mieux possible. Plus précisément, on note
continue périodique ; ici encore la conver- S,,cf) la distance d’un élémentfde E à E,,,
gence est /ente car //o,,(J) -,f ]b est exac- définie par :
tement de l’ordre de l/n lorsque
f’(x) = /COS2 Trx 1.

391
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

Comme E,, est de dimension finie, il binaisons linéaires des fonctions exponen-
existe au moins un élément <P,~ E E, tel que tielles 2 - e2rrrp’, où 1p 1< n.
/f- ‘p,J = d(f, E,,) ; on dit alors que q,, Dans le second, E est un espace vecto-
optimise l’approximation de f par les riel de fonctions définies sur [u, h] et E,, est
éléments de E,,. L’étude de ce problème est le sous-espace vectoriel Y,, des polynômes
abordée au chapitre 8. de degré < n.
Dans ces conditions, comme u,,((D,,) Bien entendu, les réponses aux problè-
= 4%). mes précédents vont dépendre du type de
convergence considéré. Nous examinerons
llucf-u.cf)lI = Il@ -u,xf--%)II
< S,cf)dtir Il + llu, II). principalement le cas des normes N>
(approximation en moyenne quadratique)
Le problème de la convergence du et N, (approximation uniforme).
processus (u,,) et de sa rapidité de conver-
gence est alors séparé en deux questions
Unicité de 9,
totalement distinctes :
Tlzhème 1. L’unicité de <P,~ est assurée
l’évaluation de SJj”) qui est liée à la
lorsque la boule unité est strictement
régularité de la fonction que l’on veut
con wx?, c’est-à-dire si les relations
approcher ;
l’évaluation de 11u,, jl qui mesure la qualité II-4 = IlYll = 1 et c(s + 0~ = 1 avec
du processus d’approximation. c( > 0, p > 0, ci + p = 1 impliquent
x = y.
Cette dernière condition est réalisée
pour l’espace E = L’(p) des fonctions de
8. Optimisation d e I’approxima-
tion ; rapidité de convergence carré intégrable pour une mesure p muni
de la norme Nz, et, plus généralement,
Optimisation de l’approximation pour les espaces U’(p) pour 1 < p < + m.
Avec les notations du chapitre précédent, Elle ne l’est pas pour l’espace L’(p), ni
nous allons étudier les deux problèmes pour l’espace E = P([u, h]) muni de la
suivants : norme N, ; on peut relier ce phénomène à
CI) l’unicité de l’élément q,7 de E,, opti- la forme des boules de R’ pour ces mêmes
misant l’approximation de ,f’ par les élé- normes (cf. figure in espaces vectoriels
ments de E,, ; il est alors intéressant de NORMÉS). D’ailleurs, dans ces deux cas, on

construire des méthodes explicites de peut donner des exemples où il n’y a pas
calcul de <r,, ; unicité de <P,~ : il suffit par exemple de
h) la distance S,,y’) tend-elle vers 0 si IZ prendre E = C([O, 11) muni de la norme
tend vers + a7? Si oui, déterminer la N,. Si E, est la droite vectorielle engendrée
vitesse de convergence en fonction des par la fonction t - t, alors d(1, E,) est
propriétés de J a t t e i n t e p o u r Imites l e s f o n c t i o n s
Voici deux exemples classiques. q(t) = at où 0 < a < 2. 11 en est de
Dans le premier, E est un espace même si E est l’espace C(T) des fonctions
vectoriel de fonctions l-périodiques à continues l-périodiques et si E, est la
valeurs complexes et E,, est le sous-espace droite
vectoriel G,, des polynômes trigonométri- vectorielle engendrée par la fonction
ques de degré < n, c’est-à-dire des com- t - sin2 xt. Cela tient au fait que toutes les

392
FONCTIONS REPRÉSENTATION (L APPROXIMATION DES

fonctions de E, s’annulent en un même Si on se donne une base (eo, . . . . e,,) de


point. E,,, on peut calculer explicitement qn. Si
Ainsi, le problème de l’unicité de la cette base est orthonormée, on a :
meilleure approximation uniforme dans n
E = C([a, h]) est assez délicat. Pour le 9. = ce, If le,,
résoudre, on introduit le concept de sous- c
,=o
espace vectoriel rigulier de fonctions n
(cf. mpm, chap. 5). ~ncf)* = N*U-Y- I@lf)l2.
c
j=o
On a alors le théorème suivant, dû à
Haar.
Sinon, les composantes de (P~ se calculent
Théorème 2. Soit E, un sous-espace
à l’aide des déterminants de Gram, en
vectoriel de C([C~, h]), ou de l’espace
particulier :
vectoriel C(T) des fonctions continues
l-périodiques, muni de la norme de la Gramtieo, . . ..e.)
convergence uniforme. Il est équivalent de
%cv =
Gram(e,, . . . . e,) ’
dire :
où Gram(x,, . . . . .Y,]) = det((.x, 1x,))
a) E,, est régulier ;
(cf. espace de HILBERT).
h) l’unicité de cp,, est assurée pour tout
Le cas des normes uniformes est plus
élémentf’de c([a, h]) (ou de C(T)).
délicat. Pour simplifier, nous nous limite-
Ce théorème s’applique à la meilleure
rons au cas de l’approximation polyno-
approximation polynomiale uniforme des
miale uniforme des fonctions continues à
fonctions continues, car le sous-espace
valeurs réelles, c’est-à-dire E = (?‘([a, 61,
vectoriel des fonctions polynômes de degré
R) et E,, = !r,, espace des polynômes de
< n est régulier. 11 s’applique aussi ë la
degré < II. On dit qu’une suite strictement
meilleure approximation uniforme des
croissante (t,, .,., t,.) de points de [a, b] est
fonctions continues périodiques par les
crlremuntr pour une fonction F de P([u, h])
polynômes trigonométriques, car le sous-
si, pour toutj E [l, v], F(t,) = NJJ) et si,
espace vectoriel des polynômes trigono-
pour toutjE [l, r- 11, F(r,)F(t,+,) < 0 ; r
métriques de degré < n est lui aussi
s’appelle la longueur de la suite. On a alors
régulier.
le théorème suivant.
Théorème 4. Théorème d’équioscillation
Caractérisation et calcul explicite de 9,
de Tclzeb~dzev. Soit fE P([LI, b]) et ‘p une
T/~hème 3 (cas des normes quadrati-
fonction polynomiale de degré < n. Il y a
ques). Soit E,, un sous-espace vectoriel de
équivalence entre :
dimension finie d’un espace vectoriel hil-
u) la fonction ‘p est égale au polynôme
bertien E. Alors <p,! n’est autre que la
de meilleure approximation cpI1 ;
projection orthogonale deJ’sur E,, ; autre-
h) il existe une suite alternante relati-
ment dit, q,> =p,,cf‘), où P,~ est le projec-
vement à ,f- <p de longueur au moins
teur orthogonal sur E,,. En particulier,
n + 2.
l’application f ++ <c’, est linéaire continue
Ce théorème détermine ‘p?,, mais il
et :
n’existe aucun algorithme simple dès que
11 est un peu grand. C’est néanmoins
possible lorsque f est une fonction poly-

393
FONCTIONS REPRÉSENTATION a APPROXIMATION DES

normale de degré n + 1. Grâce au théo- on démontre qu’il en diffère fort peu.


rème précédent, on démontre en effet la Une variante de cette méthode dans le
propriété extrémale des polynômes de cas périodique consiste à développer
Tchebychev, avec ici [a, b] = [- 1, l] la fonction x++f(cosx) en série de Fou-
(cf. supra, chap. 5). rier :
Théorème 5. Soit T, le polynôme de m
Tchebychev de degré n ; alors : f(cos x) = A, cospx
a) N,(T,) = 2”-’ et. pour tout poly- c
p=o
nôme unitaire P de degré n, on a
N,(P) > 1/2”-t, avec égalité si et seule- (ce qui revient à développerfen série de
ment si P = T,,/2”-’ ; polynômes de Tchebychev :
h) soit P un polynôme de degré n + 1,
de coefficient dominant a,+, que l’on
écrit :
et à effectuer le changement de variable
t = COS.~). On calcule les coefficients de
Fourier A, et le polynôme :

alors :
%Cl = c ApTp(t 1
1
d(P,E,)=lh,+,l=-nla,+,l,
2
p=o
fournit une excellente approximation de .f
pour un polynôme de degré < n. On peut
prouver que le gain par rapport au
développement taylorien est de 1/2”, ce qui
On notera que l’application P - <P~ est
est en accord avec les résultats du chapi-
linéaire, mais, malheureusement, il n’est
tre 5.
pas vrai, contrairement au cas des normes
N?, que, si P est de degré IZ + 2, cp,,
s’obtienne en prenant d’abord Convergence de 6,(f )

Q = C~,,+,(P) et ensuite <p,(Q). Plus géné- Il nous reste maintenant à étudier le


ralement, l’application f- <P~ n’est pas second problème, qui concerne la conver-
linéaire. Cependant, en pratique, on utilise gence vers 0 de S,,(f). Tout d’abord,
souvent une méthode télescopique : on le théorème d’approximation polyno-
commence par approcher f par un miale uniforme de Weierstrass signifie que
polynôme P,,,, de degré n + p suffisam- S,,cf) tend vers 0 dans les deux cas
ment élevé pour obtenir la précision classiques E = C?([a, b]), E,, = Y,, et
cherchée, par exemple en utilisant le E = C(T), E,, = cn pour la norme uni-
développement taylorien de ,f à l’origine forme N,.
(s’il est connu), puis on développe P,+,, Comme la norme N, est plus fine que
dans la base des polynômes de Tchebychev N7 sur un intervalle compact, le même
et on tronque ie déveioppement à rtsuiiai est vaia’oie dar,s ce cas pouï la
l’ordre n ; on obtient ainsi un polynôme wn, norme N2 et, par suite, pour les espaces
qui n’est pas égal à q,,, mais dont hilbertiens L*([a, b]) et L’(T).

394
FONCTIONS REPRÉSENTATION (L APPROXIMATION DES

Les résultats explicites fournis par le nlodule de continuité. Soit f une fonction
théorème 3 permettent d’étudier des cas continue sur un intervalle 1 de R ; pour
plus fins. tout 6 > 0, on pose :
Théorème 6 (théorènw de Muntzj. Soit
q(F) = sup If(x) -f(v) / 1 pour &Y E 1;
E = [0, 11, (a,) une suite strictement crois- lx-y1 <a
sante de nombres réels positifs telle que
cette notion est très commode car elle
CQ = 0, et E, l’espace vectoriel engendré
permet de décrire différentes classes de
par e,,), . . . . ecln, où e&t ) = 8.
fonctions :
1. Si E est muni de la norme Nz, il est
la fonctionf’est uniformément continue
équivalent de dire :
sur 1 si et seulement si 0x6) + 0 si 6 + 0 ;
a) pour tout .fE W, 111, S,,V) - 0,
la fonction f’est lipschitzienne de rap-
c’est-à-dire la suite (e,,,J est totale ;
port k sur 1 si et seulement si o,(s) < k6.
b) la série
Plus généralement, j’ est holdérienne
c 1 d’ordre c(, pour 0 < cx < 1, si et seule-
c-
n=l
a, ment si ~~(6) < kW.
Dans le cas des normes N,, on introduit
diverge. les classes de fonctions suivantes :
2. Cette équivalence reste valable si E l’espace vectoriel Lip,([a, b]) des fonc-
est muni de la norme N,. tions holdériennes sur [a, h] d’ordre u,
Pour démontrer ce résultat, on calcule O<~C< 1,munidelanorme:
la distance de eli à E,, par la méthode de
Gramm indiquée plus haut et on montre
que cette distance tend vers 0 si et seule-
ment si la condition b est réalisée.
La méthode utilisée pour passer de N,
à N, consiste en une inégalité du type
Sobolev : sifest nulle en 0 et de classe Ci, ~ pour tout p ) 0, l’espace vectoriel
on a : Lip.,p([a, b]) des fonctions de classe CP
sur [a, b] telles que DpfE Lip,([a, b])
Ne&t-) < x6=ü X N,(Df);
muni de la norme :
pour approcher uniformément ,f par des f- Ncccf) + + N,(D+‘f) + A,(Dpf).
éléments de E,,, il suffit donc d’approcher
Dfen moyenne quadratique. Ainsi, le cas Le cas des fonctions périodiques est
de N,, d’accès difficile par une méthode analogue. Les espaces vectoriels normés
directe, est résolu grâce à un détour par Lip ~x,i> sont complets.
N,. Ces méthodes sont d’usage constant en Pour étudier S,,(f), on commence par le
analyse fonctionnelle. cas des fonctions périodiques et on en
Enfin, la rapidité de convergence de déduit le cas C([- 1, 11) par le changement
S,,cf) vers 0 dépend de la r&ularité de,fi Ce de variable .Y = comt. Considérons donc
phénomène est analogue à celui des séries une fonction continue l-périodique f:
de Fourier (cf. SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES). L’idée est d’approcher f par convolu-
Pour mesurer de façon précise la régularité tion avec des polynômes trigonomé-
des fonctions continues, on introduit le triques x,, constituant une approximation

395
FONCTIONS REPRÉSENTATION a APPROXIMATION DES

de la mesure de Dirac et d’évaluer En particulier, si on afE Lip,,p, alors


Il.-.f’* x,1 IL. S,,(f) = O( l/nP+“).
Nous connaissons déjà les noyaux de Il est tout à fait remarquable que,
Dirichlet et de Fejer : inversement, si ,f’ est (( bien approchée ))
par les polynômes trigonométriques, c’est-
sin(2n + l)la
Dncf1 = sin TC?
à-dire si S,cf) tend vers 0 assez rapide-
* ment, alors f est assez régulière.
F , ( r ) = ; .E
(’ i Théorème 8 (Bernstein). Si 0 < u < 1.
p > 0, alors :
Mais le premier, n’étant pas positif, ne
convient pas pour toutes les fonctions
continues, et le second, bien que positif,
fournit des convergences très lentes, même Cela prouve que les estimations four-
sifest très régulière. On utilise ici le noyau nies par les théorèmes 7 et 7’ sont les
de Jackson : meilleures possibles. Enfin, si f est Ccc
(resp. holomorphe dans u n e b a n d e
1 Im? / < y), alors S,,cf) est à décroissance
rapide (resp. exponentielle) ; ici encore, les
où u,~ est une constante de normalisation. réciproques sont exactes. On notera enfin
On a alors le théorème suivant. qu’il existe des fonctions continues ,f telles
Th&orème 7 (Juckson). Il existe une q u e S,,cf) d é c r o i s s e a r b i t r a i r e m e n t
constante p > 0 telle que, pour toute ,f lentement. Enfin, les théorèmes 7 et 7’
continue périodique, on ait : s’appliquent sans changement au cas
des fonctions continues sur un intervalle
[(I, h], mais ici, les réciproques sont plus
délicates.
En particulier : Nous ne développerons pas non plus le
cas, étudié par Favard et Krein, où
P([u. h]) est muni de la norme quadrati-
que ; les théorèmes 7 et 7’ s’étendent sans
Ainsi, plus ,f est régulière, plus la
changement, les espaces Lip,,,,, étant rem-
décroissance de S,,cf) est rapide. En par-
placés par les espaces de Sobolev H”+“.
ticulier, si ,fE Lip,,. O,,v) = 0( I/n”).
Pourf’E Lip,,,, on introduit les noyaux :
Convergence des processus
d’approximation consistants
Nous nous bornerons ici à étudier le cas
et le théorème 7 se généralise par le E = C(T), ou E = c<[a, b]), où II = 1, et
théorème suivant. où le processus (u,,) d’approximation est
Thlorèwe 7’. Il existe l3 > 0 tel que, défini par une suite de projecteurs p,, de E
pour toute fonction périodique de classe sur E,,. D’après les résultats du chapitre 7,
01 nn . a. i. t.
- , -_. la convergence de p!!(.f) vers un élément f
de E est contrôlée par la relation :

(1) S,(Y) < lIP.cf) --fll 6 %cf)(t + IlP.llJ

396
FONCTIONS REPRÉSENTATION 8 APPROXIMATION DES

Ayant étudié précédemment la rapidité Dans les deux cas, llp,, /1= 1, donc le
de convergence vers 0 de S,cf), il nous processus est à la fois stable et consistant ;
reste à examiner le comportement de IIpn 1 . nous avons vu précédemment qu’il est
Voici tout d’abord un cas idéal. d’ailleurs optimal. En particulier, la
ThCorème 1. Processus consistunts et convergence a lieu pour tout élément f de
stables. Tout processus à la fois consistant E et elle est d’autant plus rapide que f est
et stable est convergent sur E tout entier régulière : Il existe p > 0 tel que :
car, dans ces conditions, S,cf) -+ 0 et
11u,~ 11< M. En outre, la vitesse de conver-
gence est de même ordre de grandeur que
celle du processus optimal.
Approximation polynomiale uniforme
Nous examinerons maintenant d’abord
la possibilité d’obtention de processus Théorème 3 (théorème de Bernstein-Fuber).
Convergence de l’approximation polyno-
d’approximation polynomiale à la fois sta-
miule trigonomf’trique uniforme. On prend
bles et consistants. Ici encore, la situation
E = C(T) muni de la norme N, et
est radicalement différente suivant qu’il
E, = G,,.
s’agit d’approximation en moyenne qua-
1. Le processus de Fourier n’est pas
dratique ou d’approximation uniforme.
stable, car la norme du projecteur pn :
f ++ s,,(f) est égale à i D,, /Ii, où D,, est le
Approximation polynomiale quadratique
noyau de Dirichlet, et 11D,, 11, - (2/@lnn.
Théoréme 2. Stabilité et convergence de
Cependant, la convergence uniforme de
l’approximation polynomiale en moyenne
s,,cf) vers .f a bien lieu dès que le module
quadratique. de continuité oXl/n) est négligeable
1. Cas des fonctions périodiques. E est devant l/ln n, et, en particulier, si f est
l’espace vectoriel L2(T) des fonctions de holdérienne d’ordre o. En outre, la perte
carré intégrable l-périodiques muni de la de rapidité par rapport au processus opti-
norme N?, E, = ‘G,, est le sous-espace mal est faible, puisque :
vectoriel des polynômes trigonométriques
de degré < n et pn est le projecteur llf-s,Cf)ll- < a”m(l+; Inn)
orthogonal de E sur E,, qui, à toute
foncti0n.f; associe la somme partielle s,,(J) En particulier, si f E Lip,,,, :
de sa série de Fourier.
2. Cus des ,fonctions d$înies sur un
intervalle 1 de R. On se donne un poids 1~
défini sur 1, et E est l’espace vectoriel ainsi, la convergence est d’autant plus
L’(1, rr) des fonctions de carré intégrable rapide que f est régulière.
pour la mesure de densité rr muni de la 2. Le processus de Fourier est optimal
norme N?., ; ici E, = a,, sous-espace vec- parmi les processus consistants. On peut en
toriel des polynômes de degré < n etp,, est effet démontrer que, pour tout projecteur
le projecteur de E sur E,, qui associe à f la continu P,~ de E = C(T) sur ‘G,,, on a
somme partielle s,,cf) de son développe- Il P,, Il 2 II Dn 111.
ment suivant le système de polynômes 3. En particulier, le processus consis-
orthogonaux défini par TI. tant (p,) n’est jamais stable, et, comme

397
FONCTIONS REPRÉSENTATION & APPROXIMATION DES

(E, N,) est complet, il existe des fonctions que sur un intervalle compact, s,,v)
continues f telles que IIpJ/“)i~ soit non converge aussi vers g en moyenne quadra-
borné ; bien entendu, pour une telle fonc- tique, et. par unicité de la limite, g =f:
tion f, la suite p,,(J) ne tend pas vers ,f: Pour établir la convergence normale, on
Ainsi, il n’existe pas de processus majore 11e,, IL et on utilise le fait que, plus
d’approximation polynomiale trigonomé- ,fest régulière, plus la suite (cc,,fJ)) décroît
trique à la fois consistant et uniforme, ou, rapidement.
ce qui revient au même, convergent sur Le cas des séries de Fourier est bien
tout C(T). A fortiori, il n’existe pas de classique : sif est continue et de classe C’
processus consistant positif, ce qui résulte par morceaux, la série :
aussi de la méthode de Korovkine. +=
Par changement de variable, on obtient
le théorème suivant.
c la.(f)1
n--m
est convergente, ce qui assure la conver-
gence normale de la série considérée puis-
On prend E = c([a, h]) muni de la que /le,, lb = 1 (cf. SÉRIES TRIGONOMÉTRI-
norme uniforme et E,, = :I’,,. QUES). On dispose de résultats analogues
1. Le processus de développement def pour les développements en séries de
en série de polynômes de Tchebychev n’est polynômes orthogonaux (cf. polynômes
pas stable, car ljp,,lj - l/lnn. Mais il O R T H O G O N A U X ). Dans le cas des dévelop-

converge pour les fonctions telles que pements en série de polynômes de Legen-
o,(l/n) soit négligeable devant l/lnn, et dre, si ,f est continue et de classe C’ par
d’autant plus rapidement que ,f’ est plus morceaux sur [- 1, + 11, la série C cC,,cf)
régulière. e,, converge normalement sur tout com-
2. Ce processus est optimal parmi les pact de ]- 1, 1[ et sifest de classe C’, cette
processus consistants. convergence est normale sur [- 1, + 11.
3. En particulier, il n’existe pas de Pour les développements en série de poly-
procédé d’approximation polynomiale uni- nômes de Hermite, si f est continue et de
forme à la fois consistant et stable. On classe C’ par morceaux sur R et si f etf”
notera que ((“([a. h]), N,) étant complet, la sont de carré intégrable pour le poids V,
convergence simple n’est même pas assu- alors la convergence est normale sur tout
rée. compact de R.
En outre. pour les fonctions suffisam- Cette même idée s’applique encore a
ment régulières, on peut remonter de l’étude de la convergence uniforme des
l’approximation en moyenne quadratique développements en série de fonctions pro-
à l’approximation uniforme. Il suffit pour pres des équations de Sturm-Liouville
cela de prouver que la série Xu,,(J)e,, (cf. équations DIFFÉ RENTIELLES, chap. 3) ou
donnant le développement de ,f converge des équations intégrales de Fredholm (cf.
normalement sur l’intervalle considéré. En équations INTÉGRALES).

effet, dans ces conditions, s,,cf) converge Dans le même ordre d’idée, signalons le
uniformément vers une fonction continue théorème de Rademacher-iMen&ov : s i i.

g ; comme la convergence uniforme impli- 1 u,, 12(ln tz)? e s t f i n i , a l o r s Z cf,,e,, c o n v e r g e

que la convergence en moyenne quadrati- vers f presque partout.

398
FONCTIONS REPRÉSENTATION a APPROXIMATION DES

Nous examinerons enfin le cas des tions continues et affines sur chaque inter-
processus interpolatoires. valle [t,, t,+,] de S,,. Alors le processus
Theorème 4. Convergence des processus consistant (JJ,) est stable car IIpn 11= 1. En
interpolutoires. Ici E = ?([a, h]) muni de outre :
N,. Soit S un système interpolateur sur
[a, h] et L,, le projecteur de E sur !7,, qui à
tout élément f de E associe le polynôme
d’interpolation de Lagrange (ou de Her- mais la rapidité de convergence n’est guère
mite) L,(f) (cf. chap. 5). améliorée si f est régulière (cf. suprcr,
1. Pour tout S, IIL, )/ domine Inn ; les chap. 5).
processus interpolatoires ne sont donc ni C’est pourquoi on peut alors recourir
stables ni convergents sur E. aux fonctions spline.
2. Si on prend pour S le système de Théorème 5’. Convergence de l’approximu-
Tchebychev, où [a, b] = [- 1, l] et où tion pur des,f&ctions spline. Soit encore S,,
a, = cos[(2j + l)K/2n] pour 0 6 j < n ~ comme dans le théorème 5 et soit A,,,,
1, et L,(f) le polynôme d’interpolation de l’espace vectoriel des fonctions spline cubi-
Lagrange associé à J alors / L,, 11- Inn. ques associées à S, et p,? le projecteur de E
Autrement dit, l’interpolation de Tcheby- sur A,,, qui à toutf E E associe la fonction
chev est sensiblement optimale parmi les spline cubique S,(f) interpolant f (cf.
processus consistants d’approximation supra, chap. 5). Alors le processus consis-
polynomiale. En particulier, L”u”) tant @,) est stable et :
converge uniformément vers ,f dès que
o,(l/n) est négligeable devant l/lnn et, si
.f’E Lip,, :
Cette fois, la rapidité de convergence
IIL”Cf)-fll, = o(A). est améliorée si f est plus régulière (jusqu’à
la classe C4).
En revanche, si on prend des subdivi- Le cas des fonctions périodiques est
sions à pas constant, 11L,, 11croît exponen- entièrement analogue.
tiellement, si bien que le processus peut
JEAN-LOUIS OVAERT et JEAN-LUC VERLEY
fort bien diverger, même sif est analytique.

Généralisations Bibliographie
Comme l’approximation polynomiale uni- * Représentation des fonctions
forme ne fonctionne pas bien, on est J. DIEUDONNÉ, Culcul ir~finifhin~a/. Hermann, 2’ éd.
1980 / A. KOLMOGOROV & S. FOMINE, Éhwn/~ (le
amené à choisir des fonctions un peu plus lu th&rie des fonctions et de l’mol~se jbnctionnellc.
générales que les polynômes, à savoir M.I.R.. Moscou. 1977 / W. RLJDIN. Rrd trntl
uolvnomiales Dar morceaux.
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Contde.~ Anulvsi.~, McGrh-Hill. New York, 3’ éd.
Le cas le plus simple est celui des 198?/ E. WH~TAKER & G. N. WATSON , A Course of
Moclern Anulwis, Cambridge Univ. Press. New
fonctions affines par morceaux. York-Londres, 1969.
Thlorème 5. Ici E = P([u, h]) muni de
l Approximation des fonctions
N,. Soit S, la subdivision de [a, h] à pas
C. M. BENDER & S. A. ORSZAG, Adrnnced Mrrtlw
constant (b - a)/n et p,, le projecteur de E nwticcrl Methods .for Screntists
and Enginrers.
sur le sous-espace vectoriel A, des fonc- McCraw-Hill, 1978 / P. DAVIS, Interpolulion und

399
FONCTIONS ANALYTIQUES

A~~l~r~~.~N,tnriott. rééd., Dover Publ., New York. le concept de développement en série


1975 / F. B. HILDEBRAND, Introduction ro Nurtwrictrl entière.
A~U/!X;~. repr. of 1974. ihitl. 1987 /G. G. LORENTZ.
Appro.~itncrfion o/‘Func~ions. 2’ éd. 1985 / S. B. STEC-
Si, depuis le début du XIX~ siècle. il a
UN. The Appmvinlcrikv~ o/ Fwvkm hy Po~v~orniulc fallu abandonner ce point de vue trop
COU/ Splitws, American Mathematical Society. Pro- exclusif, et donner droit de cité à des
vidence (R. I.), 1981 / M. ZAMANSKY , Approsimrr-
rior? des ,for~tions, Hermann, Paris, 1985.
fonctions bien moins « régulières )> que les
fonctions analytiques, le rôle de ces der-
nières reste fondamental dans toutes les
parties des mathématiques. En fait. le
concept d’analyticité s’est même élargi
depuis le début du xxc siècle ; la définition
FONCTIONS ANALYTIQUES d’une série entière :

D EPUIS I’Antiquité,
on connaît en sub-
stance la série géométrique sui-
n=Ic C,X”
vante : et le calcul sur ces séries gardent en effet
un sens lorsque les coefficients c,, et la
&l+x+x’+...+xn+...(o<x< 1). variable .Y ne sont plus nécessairement des
nombres réels ou complexes, mais plus
Une des grandes découvertes qui jalon- généralement appartiennent à un corps
nèrent la formation du calcul infinitésimal I&L; complet, par exemple le corps des
au milieu du XVII~ siècle fut la possibilité de nombres p-adiques (cf. théorie des NOM -
représenter les fonctions (( usuelles )) (loga- BRES Nombresp-adiques) : il ne s’agit pas

rithme, exponentielle, fonctions trigono- là d’une généralisation sans motivation.


métriques, etc.) par des développements car ce qu’on appelle maintenant l’analyse
en série analogues. Au XVIII~ siècle, la p-urlique a pris dans ces dernières années
plupart des mathématiciens en étaient une importance de plus en plus grande
arrivés a ne plus guère considérer comme dans toutes les questions touchant la théo-
dignes d’intérêt que les fonctions dites rie des nombres algébriques (cf. théorie
(( analytiques )>, égales a la somme d’une des N O M B R E S Nombres algébriques).
série convergente du type : Toutefois, une étude plus poussée
m révèle que la possibilité de donner une
c c, (X-X,)”
n=O
définition de la notion de (( fonction ana-
lytique 1) sur un corps valué complet quel-
au voisinage de chacun des points .Y” de conque K masque en réalité de profondes
leur domaine d’existence. différences de comportement pour ces
La plupart des fonctions considérées fonctions, selon la nature du « corps de
a u xvm’ siècle étaient implicitement base » K considéré. Déja, entre le cas réel
supposées analytiques, et J. L. Lagrange, (K = R) et le cas complexe (K = C), il y
dans sa Tkorie des ftinctions anul~tiyues a un clivage abrupt, la théorie des fonc-
(ÏiYï), tente de fonder une théorie for- tions anaiytiques de variabies compiexes
melle de la dérivation, indépendante de la étant incomparablement plus riche et plus
notion d’infiniment petit ou de limite, sur simple que celle des fonctions analytiques

400
FONCTIONS ANALYTIQUES

de variables réelles (cf. représentation et fonctions holomorphes des variétés plus


approximation des FONCTIONS, chap. 1) : générales que les ouverts des espaces C”
pour ne citer qu’un exemple, la seule devait apparaître avec encore plus de
existence de la dérivée première pour une netteté dans les études sur les fonctions de
fonction d’une variable complexe la rend plusieurs variables complexes. Cette étude
ipso facto analytique. La raison de cette ne commença guère qu’au début du xxe siè-
différence doit être cherchée dans la théo- cle ; dès les premiers travaux sur la ques-
rie rlr Cuuchy, fondée sur le merveilleux tion, on se rendit compte des différences
outil que constitue l’intégrale curviligne profondes qui la distinguaient de la théorie
des fonctions de variable complexe, d’une des fonctions d’une seule variable com-
souplesse et d’une puissance incompara- plexe, qui apparaît maintenant comme un
bles. cas d’exception ; de ce fait, il fallut forger
C’est seulement de cette théorie et de de nouveaux moyens d’attaque, qui ont
ses extensions qu’il est question dans les surtout été l’œuvre de H. Cartan et K. Oka
articles qui suivent. Jusqu’à la fin du dans les années 1930-1955. La tournure
XIX~ siècle, on ne s’est guère occupé que de essentiellement géométrique qu’a prise
la théorie des fonctions d’une seule varia- cette théorie lui vaut le nom amplement
ble complexe, qui offrait aux recherches un justifié de géométrie andytique sous lequel
champ aussi vaste que riche (d’ailleurs loin on la désigne aujourd’hui, et la rapproche
d’être épuisé même à l’époque actuelle) : étroitement de la ghrn~trie ulgkbrique
en dehors de ses innombrables applica- moderne : le parallélisme des énoncés dans
tions dans toute l’analyse, la théorie de ces deux théories est tout à fait remarqua-
Cauchy rejoignait la géométrie différen- ble. mais les méthodes de démonstration
tielle par ses liens avec la représentation sont en général très différentes, et beau-
conforme et les surfaces minimales, la coup plus délicates pour la géométrie
théorie du potentiel (en mathématiques et analytique.
en physique) par ses étroites relations avec Les liens entre la théorie des fonctions
les fonctions harmoniques de deux varia- analytiques et la géométrie algébrique
bles, et (ce qui est sans doute le plus remontent d’ailleurs beaucoup plus haut,
inattendu) l’arithmétique supérieure avec avec la théorie des fonctions elliptiques et
la théorie analytique des nombres (séries des intégrales abéliennes, qui constituèrent
d e D i r i c h l e t , m é t h o d e d e Hardy- dans la première moitié du XIX~ siècle un
Littlewood). des triomphes de la théorie de Cauchy et
Les conceptions les plus profondes qui furent au centre des recherches de Rie-
se font jour pendant cette période sont mann. La théorie des fonctions elliptiques
celles de Riemann, qui parvint à maîtriser conduisit un peu plus tard à l’étude de la
les difficultés que créaient depuis Bernoulli fonction modulaire, premier exemple des
et Euler les prétendues <( fonctions multi- ,fi>nctions uutonmphes d’une variable com-
formes >) par l’invention géniale des N sur- plexe, brillamment développée par Felix
faces de Riemann », premier exemple de Klein et surtout Henri Poincaré. Par là
ce que l’on appelle maintenant les (< varié- même, la théorie des fonctions analytiques
tés holomorphes )), et point de départ de la entrait en contact avec la théorie des
topologie moderne. La nécessité d’admet- groupes ; les rapports entre ces théories
tre comme domaines de définition des sont devenus encore plus étroits à l’époque

401
FONCTIONS ANALYTIQUES

moderne, lorsque Siegel, en généralisant 1. Séries entières


aux fonctions de plusieurs variables com-
plexes la notion de fonction automorphe, La définition et l’étude des fonctions
a placé la théorie de ces dernières dans ce analytiques reposent sur la notion de série
qui semble son cadre naturel, la théorie des entière, c’est-à-dire de série de la forme :
espaces s)ndriyuc.r d’Élie Cartan. m
(1) a,@--a)“,
JEAN DIEUDONNÉ c
n=O
où u et les un sont des nombres complexes
donnés ; on dit qu’une telle série (1) est une
série entitre de centre a et de coefficients

On dit que la série (1) converge nortna-


A. Fonctions analytiques kment dans un ensemble K C C si la série
d’une variable complexe des modules de ses termes est uniformé-
ment convergente pour z E K. Rappelons
On se propose, dans cette partie, d’expo-
qu’il suffit pour cela qu’il existe une série
ser, avec des démonstrations quasiment
numérique convergmtr de terme général
complètes, les résultats les plus élémentai-
o,, telle que / a,,(- ~ a)lll < o,, pour tout
res de la théorie des fonctions analytiques
nENetzEK.
d’une variable complexe : les deux derniers
On désigne, dans ce qui suit, par
chapitres sont consacrés a quelques résul-
D (a. r) et 6 (CI. r) les disques ouvert et
tats sans démonstration. Historiquement,
fermé de centre c( et de rayon r, c’est-à-dire
l’extension au cas complexe de nombreu-
les ensembles de nombres complexes z tels
ses fonctions classiques a été réalisée par
que / 3 - u 1< Y et 12 ~ rr 1< I’ respective-
l’intermédiaire des développements en
série ; les séries entières restent à la base de ment.
l’étude locale des fonctions analytiques.
Avec l’introduction de l’intégrale curvili- Convergence
gne, on peut aborder des problèmes glo- Étudions l’ensemble des nombres comple-
baux, comme la recherche des primitives, xes z pour lesquels la série (1) est conver-
qui font apparaître des conditions de gente. Posant Z = 2 ~ CI pour simplifier,
nature <( géométrique )) ou, plutôt, topolo- on se ramène, par une translation, à une
gique, imposées aux ouverts du plan com- série entière :
plexe ; les représentations intégrales de m
Cauchy sont à la base du calcul des résidus, a,Zn
(2)
qui a d’innombrables applications prati- c
n=o
ques.
On a passé sous silence les résultats de centre 0.
Thtbxhz 1. Soit R (éventuellement
relatifs aux fonctions harmoniques de deux
variables, qui ne sont autres que les parties égal à 0 ou à + a?) défini par la fo,nzukJ
. CIrl’FI,,,t,.m,,...//
IIcIcIc~<IIc*,cI
reelles de fonctions anaiytiques, en ren-
voyant a l’article POTENTIEL ET FONCTIONS
HARMONIQUES.
(3) k lim(SU~ 1ap 1“p) ;
n-m p>n

402
FONCTIONS ANALYTIQUES

alors, pour tout r < R, la série (2) INFINIS). Ainsi, la série de terme général
converge normalement dans le disque II ! z” a un rayon de convergence nul
fermé D(O, y) (en particulier, cette série (critère de d’Alembert) ; la série :
converge absolument pour /Z 1 < R) et m 1
diverge pour 1 Z 1 > R.
Ce nombre R est appelé le uuyon cle c
n=O
-Z",
n!

convergence de la série entière (2) et le


dont la somme est la fonction exponen-
disque ouvert correspondant D(O, R), qui
tielle COtTlpkXe (Cf. EXPONENTIELLE ET
est éventuellement vide ou égal au plan
LOGARITHME, chap. 4), converge absolu-
complexe tout entier, est appelé le disque
ment pour tout z et a donc un rayon de
de convergence de cette série. Remar-
convergence infini. Les séries :
quons que le théorème n’affirme rien pour
/ Z 1= R ; toutes les circonstances peuvent
se rencontrer : divergence en tout point de
ce cercle, convergence avec ou sans
convergence absolue en certains points, ont chacune un rayon de convergence égal
convergence partout (cf. injïïu, Principe des à 1, mais ont des comportements très
zéros isolés). différents pour 1 z 1 = 1 : la première ne
Il faut indiquer la démonstration du converge en aucun point de ce cercle
théorème 1. Supposons d’abord R > 0 et puisque alors son terme général est de
soit r < R : choisissons p tel que module égal à 1 ; la deuxième converge
r < p < R. D’après (3), on a : (mais pas absolument) en tout point de ce
cercle différent de 1 et diverge pour 2 = 1 ;
l/p > lu, 1““,
la troisième converge normalement pour
soit 1a, / p” < 1, pour n assez grand. Pour lzl= 1.
n assez grand et /Z 1< r, on a donc :
Fonctions analytiques
Soit U un ouvert du plan complexe et
,f : U -+ C une fonction à valeurs com-
ainsi le terme général de (2) est majoré en
plexes. On dit que f est analytique ou
module pour Z ED (0, r) par le terme
holomorphe dans U si elle est développable
général d’une série géométrique conver-
en série entière au voisinage de tout point
gente, d’où la convergence normale. Réci-
de U, c’est-à-dire si, pour tout a E U, il
proquement, soit 1 Z 1> R. D’après (3), il
existe une série entière de centre CI dont la
existe alors pour n une infinité de valeurs
somme est égale àf(z) dans un disque de
telles que /a,, )I”l > l/i Z 1, soit 1u,Z” 1> 1 ;
centre a :
ainsi le terme général de la série (2) ne tend
pas vers 0 et cette série diverge.
Pour trouver un rayon de convergence,
on utilise rarement la formule (3) dont
l’intérêt est surtout théorique, mais on Remarquons que les coefficients a,, et le
étudie, suivant les valeurs Z, la conver- nombre r > 0 dépendent du point a consi-
gence absolue de la série (2) en utilisant les déré. A priori le nombre r est inférieur OU
critères classiques (cf. SÉRIES ET PRODUITS égal au rayon de convergence de la série

403
FONCTIONS ANALYTIQUES

qui figure dans (4). Remarquons que cette La fonction ,f’ est donc somme d’une
série est normalement convergente dans série entière de centre z,, dans le disque
tout disque fermé de rayon assez petit ouvert D(Z”, R ~ 1 r0 1) ; remarquons que
(théorème l), et, par suite, f‘ est une cette série a donc un rayon de convergence
fonction continue dans U. R -1 z0 1, mais ce rayon de convergence
Voici, en liaison avec ce qui précède, un peut être strictement plus grand. Le disque
important exemple de fonction analytique. de convergence « déborde » alors du dis-
Théo&ne 2. La somme d’une série entière que de convergence de la série initiale, et
est analytique dans son disque de conver- cela permet de prolonger la fonction f en
gence. une fonction analytique dans la réunion
On se ramène par translation a une des deux disques (cf. chap. 7).
série entière de centre 0 :
Principe des zéros isolés
Examinons maintenant le comportement
d’une fonction analytique au voisinage
de rayon de convergence R ; soit 7” un d’un point où elle s’annule.
point du disque de convergence et posons Soit f une fonction analytique dans un
z = 2” + (Z ~ z,). La formule du binôme ouvert U et CIE U un zéro de f La
de Newton donne : fonctionf’est développable en série entière
n au voisinage de a, c’est-a-dire que l’on a (4)
2” = (20 + (2 -zgp = c<z;-p (z--z&, dans un disque D(a, Y) où u0 =,f’(a) = 0.
c
p=o Si tous les coefficients de la série (4) ne sont
pas nuls, ce qui aura lieu en particulier si
d’où :
f n’est pas identiquement nulle dans
D(u, r), désignons par u,, le premier
J-(z) = c<z;-p (2
coefficient non nul ; on a alors :
m
On montre alors que, pour :
(5) f(z) = c Q,(z-a)n
p=k
Iz-zol < R -/zol.

la série double ci-dessus est sommable ; on = @--aY -p+k(z-aP


peut donc intervertir les deux signes C de p-0
sommation, d’où : = (z-a)kg(z),
où la fonction g est analytique dans D(cr,
Y) et g(n) = CI,\ # 0. Le nombre entier k
ainsi déterminé s’appelle, par analogie
avec le cas des polynômes, l’or&~ tlu +r.o
a. Puisque la fonction est continue et prend
une valeur non nulle en 0, il existe un
avec 1Z-Z,, / < R ~ 1za 1, en posant : disque D(u, p) C D(a, r) dans lequel elle
w ne s’annuie pas ; ainsi, z = (I est ie seui
cp = a.qz~-p, zéro de f dans le disque D(u, p). On a ainsi
c
n =p obtenu le principe des zkros isolés, que l’on

404
FONCTIONS ANALYTIQUES

peut aussi énoncer ainsi : Soit ,f une supposons d’abord U connexe et soit
fonction analytique dans un ouvert U ; si a E U ; désignons par U, l’ensemble des
un point a E U est limite d’une suite de points de U qui peuvent être joints à u par
zéros de ,f; alors f est identiquement nulle une ligne brisée située dans U et par Uz
dans tout un disque de centre a. Il en l’ensemble des points pour lesquels il est
résulte aussi que, si la somme d’une série impossible de trouver une telle ligne brisée.
entière de centre cl est identiquement nulle L’ensemble U, est ouvert, car, pour tout
dans un disque de centre (I, alors tous ses point b E U,, il existe un disque D de
coefficients sont nuls ; on en déduit immé- centre h contenu dans U, et ce disque est
diatement 1’unicitL; du développement en en fait contenu dans U,, car tout r E D
série entière d’une fonction analytique au peut être joint à CI par une ligne brisée dans
voisinage de tout point. U : il suffit de N rajouter )> à la ligne brisée
Les résultats précédents sont dits joignant a et b le segment d’origine h et
locaux : ils s’appliquent à des disques de d’extrémité 2, qui est contenu dans D, donc
rayons assez petits. Pour <( globaliser )>, dans U. Pour la même raison l’ensemble
nous aurons besoin d’introduire une U2 est aussi ouvert, car, si c E U?, il existe
notion topologique qui joue un rôle essen- un disque de centre c contenu dans U, et
tiel dans tout ce qui suit. On dit qu’un ce disque est contenu dans U2 ; en effet, s’il
ouvert U est connew s’il ne peut pas contenait un point h E U,, on pourrait
joindre a à c par une ligne brisée en
s’écrire comme une réunion de deux
rajoutant le segment d’origine h et d’extré-
ouverts non vides disjoints ; un ouvert
mité c à la ligne brisée joignant a à h,
connexe est souvent appelé un domaine.
c e qui contredit CE U>. Puisque
Tout ouvert quelconque du plan est une
U = U, U Uz, et U, non vide car il
réunion de domaines deux à deux disjoints
contient a. on a nécessairement U, = 0.
appelés les composantes connews de cet
Rhproc~uement. faisons l’hypothèse que
ouvert. La condition de connexité équivaut
deux points de U peuvent toujours être
à ceci : deux points quelconques de U
joints par une ligne brisée située dans U ;
peuvent être joints par une ligne brisée
on va supposer que U peut s’écrire
entièrement contenue dans U (fig. 1) :
U, U UZ, où U, et U2 sont des ouverts non
vides disjoints et aboutir à la contradiction
fig. 1 /
qu’ils ne sont pas disjoints. Soit CI E U, et
b E UZ ; il existe une ligne brisée L C U
image du segment [0, l] par une fonction
affine par morceaux t - y(t) d’origine a et
d’extrémité h, c’est-à-dire telle que
y(O) = u et y(l) = h. Soit A l’ensemble
des t E [O. l] tels que y([O, t]) C U, et soit
c( la borne supérieure de A ; puisqu’il existe
un disque ouvert de centre a contenu dans
U,, on a c( > 0. De plus, ~(CC) E U,. car,
sinon, ~(CC) appartiendrait à U, et, puisque
U, est ouvert, il existerait tout Un intervalle
]c( - q, c(] dont l’image par y serait conte-

405
FONCTIONS ANALYTIQUES

nue dans U2, en contradiction avec la b E Uz, ,f- g n’est pas identiquement nul
définition de c( ; il suffit donc de montrer au voisinage de b, et, par suite, il existe tout
q u e CC=~, d ’ o ù b=y(l)EU,, s o i t un disque de centre b dans lequel b est le
U, n U2 f 0. Or, si c( < 1, comme y(o) seul zéro éventuel de f - g, ce qui entraîne
appartient à U,, qui est ouvert, il existerait que ce disque est contenu dans LJI.
tout un intervalle [o, o + rl’[ dont l’image
par y serait contenue dans U,, en contra-
diction avec le fait que a soit la borne 2. La dérivation complexe
supérieure de A.
Nous étant ainsi un peu familiarisés Soit U un ouvert du plan et f une fonction
avec la notion d’ouvert connexe, on peut à valeurs complexes définie dans U. On dit
énoncer le principe du prolongement ana- que ,f est dérivable uu sens complexe en un
/ytique. Soit f et g deux fonctions analyti- point z0 = x0 + iyoE U si l’expression :
ques dans un ouvert conrwue U ; s’il existe
une suite de points distincts z,? E U conver- f(Zo + u)-f(zo)
u
geant vers a E U, avec ,f(-iJ = g (zJ,
alors on a identiquementf(=) = g (2) dans tend vers une limite f’ (2”) lorsque le
tout U. Ce principe pourra s’appliquer par nombre complexe 11 = s + it tend vers
exemple si on a f (2) = g (i) en tous les zéro en module (c’est-à-dire lorsque (.Y, t )
points d’une ((ligne D, ou, de manière tend vers (0, 0) dans R2) ; le nombre
encore plus particulière, si f et g sont égales complexe f ‘(10) s’appelle la dérivée de f au
dans un ouvert non vide inclus dans U. sens complexe au point za.
C’est la justification correcte du (< prolon-
gement des égalités )) au domaine com- Équations de Cauchy-Riemann
plexe : Si deux fonctions analytiques dans La condition de dérivabilité complexe au
un même ouvert connexe U sont égales sur point z0 peut aussi s’écrire :
U n R supposé non vide, alors elles sont
égales dans U tout entier, ce qui permet f(zo + u)-f(Ztl) = G-‘(zd + U&(U)>
d’étendre au champ complexe des formu- où E(U) tend vers 0 pour 1u /d 0. Si on
les connues dans le cas réel. pose f (x + iy) =.f(‘c, y), on aura :
Établissons ce principe du prolonge-
ment analytique. Soit U, l’ensemble des (~o+S>Yo+~)-f@o,Yo)
= (s + it)f’(zo) + E(S, Z)vFTF,
points de U au voisinage desquels f ~ g est
identiquement nul, soit U2 son complé- ce qui exprime que la fonction f(s, y),
mentaire dans U. Tout point de U, est considérée comme fonction des deux
centre d’un disque dans lequel f-g est variables réelles x et y, est dérivable (cf.
identiquement nul, et, par suite, tout ce CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à plUSieUrS
disque est dans U, a, insi U, est ouvert et variables, chap. 2) et que :
il est non vide, car d’après le principe des
zéros isolés, il contient a. Montrons que U2 (6) Eh) =f’(zo). $z,) = if’(zo) ;
est ouvert aussi, ce qui montrera, puisque
ü est connexe, que ü2 = @. Ceia résuite
de la continuité en h, ou, si f(b) = g (b),
du principe des zéros isolés ; en effet, si

406
FONCTIONS ANALYTIQUES

Réciproquement, si f est une fonction sens con~pkxe et que sa dérivée est encore
dérivable des deux variables .Y et 1‘ satis- une fonction analytique. La dérivabilité et
faisant à la condition (7), elle est dérivable l’analyticité étant des propriétés locales
au sens complexe. Si on pose (cela veut dire que si tout point U est
,f‘(s, y) = P(.u, y) + iQ(.u, J), la condition centre d’un disque dans lequel ces proprié-
(7) donne les deux relations. appelées tés sont vraies, alors elles sont vraies dans
conditions de Cauchy-Riemann : U), il suffit d’établir le résultat suivant :

E
C*l f(z) = c a,(z-OY’,
Sif‘est une fonction dérivable des deux
variables réelles .Y, 1’. on pose souvent :
n-0
la somme d’une série entière dans un
disque D(L[, r) ; alors la fonction f’ est
dérivable dans D(u, I.), et on a :
ce qui est suggéré par l’expression de la
différentielle : (**) f’(z) = -f na,(z-c2)n-l.
n=1
df = ;;dx + $y = ;;dz + 32,
Remarquons tout d’abord que, puis-
avec CI? = cl.~ + i ciy et k = d‘r ~ i tiy. que :
La condition de Cauchy-Riemann peut limG5 = 1,
alors s’écrire : n-m
la formule d’Hadamard (3) montre que les
af 0>
dz= séries entières (*) et (**) ont le même rayon
de convergence. Par translation, on se
et on a, sif’est dérivable au sens complexe :
ramène à a = 0.
Soit z0 E D(O, Y) et choisissons p tel que
f’(zo) = g<zo>.
1 z,, 1< p < Y ; désignons enfin par g(z) la
Dans ce qui suit, on va montrer qu’une somme de la série (w) pour 1z 1< r. On a,
fonction,f’est analytique dans un ouvert U pour z # 5” :
si et swkwwnt si elle est continûment déri-
f(z) -J-Go) -g(z,)
vable au sens complexe dans U (cela signifie z -zO
PG
1
que f’ est une fonction continue dans U).
D’après ce qui précède, cela revient à dire zz a , Z” 7;7-nzon-’
-Zo” ;
CI 0
que,f(z) est analytique si et seulement si n=l
,f(.~-. JS) est une fonction continûment déri- l’expression entre crochets est nulle pour
vable des deux variables s,~‘qui satisfait, en IZ = 1 et, pour n 3 2, on peut majorer son
tout point z = .Y + iJ> de U, à l’une des
module :
conditions équivalentes (7) ou (8).
n-l
~z$-lz’-k-L
Dérivation des fonctions analytiques
l~z-zo)r I
Montrons tout d’abord que toute j0nction
n(n-1) -2
anal~Yique est in&jïnirnent &ikahle uu < IZ-ZOI~P” 1

407
FONCTIONS ANALYTIQUES

pour 1z 1< p. Par suite : dans un disque D(cr, r), la somme F(z) de
la série entière :
f(z) -f@o) -qr,)
z-z0 F(z) =
ce c
n=O
< (z-z01 c n =a” !Y-= ;
n-2 est une fonction analytique dans D(u, I’) qui
admetfpour dérivée au sens complexe ; on
cette dernière série est convergente, puis- dira que c’est une primitive de J’ au sens
que p < V, etf‘est donc dérivable en zO. de complexe. On a ainsi établi que toute fonc-
dérivée j’(z,,) = g(z,). tion analytique possède lorulement une pri-
Puisque f est analytique, on peut lui mitive définie à une constante additive près,
appliquer de nouveau le théorème 3. Par c’est-a-dire que tout point de l’ouvert U
récurrence, on obtient que f est indéfini- dans lequel U est analytique est centre d’un
ment dérivable au sens complexe et que sa disque dans lequel J’admet une primitive.
dérivée k-ième est : Mais l’existence d’une primitive n’étant pas
une notion locale, on ne peut rien obtenir de
c
plus pour l’instant. Il sera nécessaire
f ” ‘ ( z ) = c n(n - 1 ) d’introduire une nouvelle notion, de nature
n=k topologique, la simple connexité (cf. infra,
X ( n - k + l)a,(z-u)“-~,
L ‘homotopie, chap. 4), pour aborder globa-
pouriz-ai< r. Pourz=fr,ona: lement le problème des primitives d’une
fonction analytique dans un ouvert.
f ” ‘ ( a ) = k!a,;

Analyticité des fonctions dérivables


ainsi les coefficients ah du développement
(*) s’expriment simplement en fonction On se propose maintenant de montrer que
toute fonction continûment dérivable (au
des valeurs des dérivées defau point a. Si
sens complexe) dans un disque de centre a
f est une fonction analytique dans un
est somme dans ce disque d’une série
ouvert U, son développement en série
entière. Avec le théorème 3, cela établira
entière de centre a est :
l’équivalence complète entre l’analyticité
et la continue dérivabilité au sens complexe
dans un ouvert U. Par translation, on se
ramène à un disque ouvert de centre 0.
Thborème 4 . S o i t f u n e f o n c t i o n
dans un voisinage de tout point a E U ; continûment dérivable (au sens complexe)
c’est la ,fbrnzule u’r Tuylor de J’au point a. pour IzI < R; pour r < R, posons :
Cela redémontre. en particulier, l’unicité
de ce développement en série entière de
centre 0.
Alors les nombres a, sont indépendants
Il résulte du théorème 3 que, si :
de r et on a :
m

f(z) = 7 a,~., 1~ 1 < R

408
FONCTIONS ANALYTIQUES

Soit z E D(O, R) ; choisissons r tel que terme à terme son produit avec les deux
/ 3 / < I’ < R. La fonction : membres de (12), ce qui donne, d’après
(1 l), en tenant compte de (13) :

f(z) = -g cl,Z”,
est continue et dérivable pour 0 < h < 1 n=O
(puisque, pour : fixé, la fonction sous le
les u,, ayant la valeur indiquée par (10). Le
signe d’intégration est une fonction
fait que les coefficients a,, sont indépen-
continûment dérivable de (t. A)), et sa
dants de Y résulte de l’unicité du dévelop-
dérivée s’obtient par dérivation par
pement en série entière.
rapport à h sous le signe d’intégration.
Donnons une autre conséquence du
Ainsi :
théorème 4. Si ,f est analytique dans un
ouvert U, pour tout point ci E U elle est
g’(h) = /‘” f’[(l -h)z + hrei’]rez’dt = 0,
II continûment dérivable dans le plus grand
disque ouvert de centre CI contenu dans U,
car la fonction sous le signe d’intégration
donc développable en série entière de
est la dérivée (en t) de la fonction :
centre n dans ce disque ; par suite, le rayon
1 de convergence de la série de Taylor def
F(t) = :f[(l --A)L + hrei’],
rh en u est supérieur ou égal au rayon de ce
qui est périodique de période ~TT, d’où disque, qui est la distance de CI a la frontière
g’(A) = F(27r) ~ F(0) = 0. Ainsi, g est de U (cf. chap 7).
constante dans [0, 11, donc nulle puisque Indiquons enfin qu’on peut établir le
g(0) = 0. Écrivant que g(1) = 0. on théorème 4 sous l’hypothèse plus faible
obtient, en sortant ,f‘(z) : que ,f’est continue dans D(O, R) et déri-
vable au sens complexe en tout point, sans
supposer la continuité de f” (théorème de
Goursat) ; la difficulté est alors de montrer
que la fonction g(h) qui figure dans la
démonstration est encore dérivable, de
Remarquons maintenant que, puisque dérivée nulle. Cela entraîne que, si ,f’ est
r > 1-1, on a : dérivable au sens complexe en tout point
re ‘f d’un ouvert U. alors,f’est analytique dans
(12) ~
?V”-Z= 1 +zh” U (donc indéfiniment dérivable au sens
+ (z/re”y + . . + (z/re”)- + . . . . complexe).

où cette série est normalement conver-


gente pour t réel. On peut donc intégrer
terme à terme, ce qui donne : 3. Les coefficients
de la série de Taylor
(13) o2” &dt = 2n,
s
La formule (10) qui donne une expression
puisque seul le terme constant a une intégrale des coefficients du développe-
intégrale non nulle. De même, ,f(w”) est ment en série entière va nous donner de
borné pour t réel ; on peut donc intégrer précieux renseignements.

409
FONCTIONS ANALYTIQUES

La propriété de moyenne Soit R tel que If(z) 1< f(u) pour


Considérons tout d’abord le terme cons- 1z ~ CI 1< R, et limitons-nous à des valeurs
tant de la formule de Taylor. On a, pour r < R ; soit M(r) la borne supérieure de
n = 0 dans (10) : ,f(~) pour 1z / = r. D’après l’hypothèse, on
a donc M(r) < f(a). De plus, d’après la
1 *n
ao =f(O) = z p r o p r i é t é d e m o y e n n e (14), o n a
s0 f@e”) df ;
f(u) < M(r) et, par suite, f(a) = M(r).
par translation, on aurait, pour tout point Considérons la fonction u(z) qui est la
aEU: partie réelle de f ( a ) - f ( z ) , soit
u(z) =f(u) ~ Ref (z) ; on a U(Z) > 0,
( 1 4 ) f(a)=zl,J~rf(a +re”)dr, puisque Ref‘< If-1 et U(Z) = 0 si et seu-
lement si f (Z) = f (a). Or u est la partie
pour tout r assez petit. Cette relation réelle d’une fonction holomorphe, donc
exprime que la valeur de f en a est égale à possède la propriété de moyenne : sa
la valeur moyenne de f sur les cercles de moyenne sur le cercle 1z - a 1= r est égale
centre CI et de rayon r assez petit, ce qu’on à g(a), donc nulle :
exprime en disant que f possède la pro-
priété de moyenne. Il est clair que la partie
réelle et la partie imaginaire de f possèdent
s 0
2X u(a + re”)dt = 0;

encore ces propriétés : ce sont des fonc- puisque u est continue > 0, cela entraîne
tions harmoniques (cf. POTENTIEL ET FONC- U(Z) = 0, donc f(z) = f (a), dans tout le
TIONS HARMONIQUES). disque D(a, R).
Voici par exemple une conséquence du
Le principe du maximum principe du maximum qui sert souvent. Si
f est une fonction analytique dans un
Une importante conséquence de la pro-
disque D(u, R), alors on a, pour r < R :
priété de moyenne est le principe du
maximun~, que l’on peut énoncer ainsi :
Soit U un ouvert c’onnexr du plan com-
plexe et f une fonction analytique dans U ; en effet, la fonction continue I,fl atteint sa
s’il existe un point CI E U tel que l’on ait borne supérieure dans D(O, r) en un point
if (2) 1< if (a) 1dans tout un disque de qui, d’après le principe du maximum, est
centre a (on dit alors que la fonction If1 a nécessairement un point frontière, sinonf
un maximum relatif en a), alors ,f’ est serait constante (et alors (15) trivial). Ce
constante dans l’ouvert U. raisonnement s’appliquerait à tout com-
Pour cela, remarquons d’abord que, si pact (ensemble fermé et borné) du plan :
f(a) = 0, alors on af(:) = 0 dans tout un si f est analytique dans un ouvert connexe
voisinage de u, d’ou f‘= 0 dans U tout D d’adhérence 6 compacte et continue sur
entier. Supposons donc ,f(a) # 0 ; multi- D, alors If1 n’atteint son maximum qu’en
pliantfpar une constante complexe, on se un point frontière, sinon elle est constante.
ramène au cas où j”(a) est réel positif. Donnons une application de (15) en éta-
D’après le principe du prolongement ana- blissant le lunmr de Schwur~, qui sert dans
lytique, il suffit de montrer que f est la théorie de la représentation conforme
constante dans un voisinage de a. (cf. la partie C ci-après - Représentation

410
FONCTIONS ANALYTIQUES

conforme) : Soit ,f une fonction analytique tion est alors développable en série de
pour 151 < 1 telle que f(0) = 0 et rayon de convergence infini ; les inégalités
If(s) / < 1 pour 13 / < 1 ; alors on a (16) entraînent que les coefficients u,, de ce
I.~(Z) / < 1i 1pour 12 / < 1, avec égalité en développement vérifient :
un point z0 # 0, si et seulement si
f(z) = hz, A constante complexe du
module 1.
En effet, on a : quel que soit r. Pour r tendant vers l’infini,
on obtient ur, = 0 pour n > 1. Le théo-
rème de Liouville fournit une démonstra-
f(z) = -f U”Z”, IZI < 1,
tion extrêmement simple du (< théorème
n=l
fondamental de l’algèbre )), le théorème de
et, par suite, la fonction : d’Alembert : Tout polynôme à coefficients
complexes de degré > 1 a au moins une
g(z)=fo= - a,zn-l racine complexe. En effet, soit :
Z c
n=I
P(z) = a, + a,z + + a,-,zn-l + a,zn,
est analytique pour 1 z 1 < 1. Puisque
où (I,, # 0, II > 1, un tel polynôme ; rai-
I.~(S) / < 1, on a donc /g(z) / < I/r pour
sonnons par l’absurde, en supposant
/ z / = Y, et aussi pour 1z 1< r, d’après (15).
P(z) # 0 pour tout z E C. La fonction
Ainsi, fixant 3 E D(O, 1), on a I.~(Z) 1< 1z l/r
I/~(Z) est alors analytique dans tout le plan
quel que soit r > 1z 1, r < 1 ; faisant tendre
et bornée, car / P(z) 1+ 00 pour 1z l+ 0~ ; le
r vers 1, on a bien If(z) 1< 12 1. Si mainte-
théorème de Liouville entraîne alors que
nant on a if(r,) I= /z” / pour un point
cette fonction est constante, en contradic-
z0 f 0, alors la fonction g atteint son
tion avec l’hypothèse.
maximum en un point du disque D(O, 1) ;
la fonction g est donc constante et on a
f(z)/z=h,Ih~= 1.
4. Le problème des primitives
Les inégalités de Cauchy
Nous avons obtenu maintenant a peu près
Soit f une fonction analytique dans un
tous les résultats qu’il est possible de
disque D(O, R) ; la fonction j(z) est donc démontrer localement, c’est-à-dire à partir
somme dans D(O, R) d’une série entière
de l’étude des séries entières ; pour conti-
dont les coefficients CI,, sont donnés par la nuer la théorie, nous avons besoin d’un
formule (10). Si on désigne par M(r) le
remarquable outil introduit par Cauchy,
maximum de,f(z) pour / z 1= r (c’est aussi,
l’intégrale curviligne le long d’une courbe.
d’après (15), le maximum pour 1z 1< r), on
obtient donc :
l’intégrale curviligne
On va tout d’abord préciser la terminolo-
gie et les conditions de régularité auxquel-
Comme conséquence simple de (16), on les seront soumises les G courbes )) du plan
obtient le thL;orPme de Liouvde : Une qui interviennent dans la suite.
fonction analytique dans tout le plan et On appelle chemin dans le plan com-
bornée est constante. En effet, cette fonc- plexe toute application continue y : 1 - C

411
FONCTIONS ANALYTIQUES

d’un intervalle 1 = [a, b] dans le plan ment dérivable par morceaux ainsi que la
complexe qui est continûment dérivable bijection réciproque, t e l l e q u e y,(r)
par morceaux ; cela signifie que 1 est une = y?(<p(t)) pour tout t E Ii. Par exemple,
réunion d’un nombre fini d’intervalles pour tout chemin, on peut trouver, par une
fermés dans lesquels y est continûment homothétie suivie d’une translation, un
dérivable, ou encore que y est la primitive chemin équivalent défini dans un intervalle
d’une fonction continue par morceaux fixe de R, par exemple [0, 11.
dans 1. Le point y(o) s’appelle I’o~Y~+/re Soit maintenant y : [u, b] -+ C un
du chemin y et le point y(h) est son chemin et f‘une fonction à valeurs com-
extrémité ; un chemin ferme. c’est-klire tel plexes définie et continue sur la trajectoire
que y(u) = y(b) sera appelé un /wcl. de y. D’après les conditions de régularité
E n f i n , o n a p p e l l e trujcc’toirc l e sous- imposées à y, la fonction t ++fly(t))y’(t)
ensemble y(I) du plan complexe parcouru est continue par morceaux, donc intégra-
par y(t) pour f E 1 ; si y est un chemin, on ble, dans [a, h]. On appelle intégrale
le représentera géométriquement en des- curviligne le long du chemin y le nombre
sinant sa trajectoire et en indiquant par des complexe :
flèches le <( sens de parcours )) du point y(t)
lorsque t croît de a à b. L’exemple le plus (17) s,fW dz = /)(r(t ))Y@ ) dt ;
simple d’une telle situation est celui d’une
fonction affine par morceaux : la trajec- par exemple, si y est le cercle de centre z0
toire est alors une ligne brisée (cf. chap. 1). et de rayon r parcouru une fois dans le sens
Soit maintenant n un entier relatif non nul, direct (cf. supra) et,fune fonction continue
z0 un nombre complexe et r u11 nombre réel sur ce cercle, on a :
positif; pour t E [0, 24, l’application :
(18) @z)dr = ~o*“f(zo + rer’)ire”dt.
t-z, + rezinr 7

est un lacet dont la trajectoire est le cercle La notion d’équivalence des chemins
de centre z0 et de rayon Y (cf. EXPONEN- introduite ci-dessus s’avère particulière-
T~ELLE ET LOGARITHME). Nous dirons que ment bien adaptée à l’intégrale curviligne ;
ce lacet est ce cercle (< parcouru 12 fois )k, en effet, la formule de changement de
car tout point de ce cercle est l’image de variable dans une intégrale montre que, si
1 n / valeurs distinctes de t E [0, 2rr] ; on y, et y2 sont des chemins équivalents et .f
dira aussi que c’est ce cercle parcouru une une fonction continue sur leur trajectoire
fois dans le srns direct si n = 1 et &ns le commune, les intégrales curvilignes de f
sms rétrogrcide si 11 = -~ 1. sur y, et sur y2 sont égales.
Pour l’intégrale curviligne, nous aurons Indiquons enfin comment on peut
besoin d’une notion de courbe orientée plus majorer une intégrale curviligne : si
(< géométriquement )>, c’est-à-dire indépen- If(z) / < M pour tout point 2 de la trajec-
dante dans une certaine mesure du para- toire de y, on a :
métrage y. Nous dirons que deux chemins :

Y!:I!-c. u2:Iz-c
sont équivulrnts s’il existe une bijection =
continue <p croissante de 1, sur I?, continû-

412
FONCTIONS ANALYTIQUES

et cette dernière intégrale n’est autre que et de y1 sont égales. En effet, si nous
la longurur L(y) du chemin (cf. GÉOMÉTRIE désignons par y! le chemin (< opposé )) à
DIFFÉ RENTIELLE CLASSIQUE). Ainsi : y?, c’est-à-dire le chemin y1 (< parcouru en
sens inverse )) (défini mathématiquement
par :

Y%) =YZ@ +d-2)

Lien avec les primitives si y? : [c, 4 + C), l’intégrale de la fonction


Si la fonctionfest définie dans un ouvert ,fle long de yY est l’opposée de l’intégrale
U contenant la trajectoire de y et est dans de ,f’le long de y>. Le chemin obtenu par
cet ouvert la dérivée au sens complexe juxtaposition de y, et de y;, en parcourant
d’une fonction continue F (d’après ce qui (( successivement )) y,, puis yY, est alors un
précède, F est alors nécessairement ana- Iucet ; d’où, d’après (21) :

lytique), alors :
o = f(z)dz + lifWz
s 7, s
fW Dr’(t )

est, sauf pour un nombre fini de valeurs de


t, la dérivée de la fonction continue
F(y(r)) ; par suite : Pour f’ analytique dans U connexe
satisfaisant à la condition (21), fixons
un point CI E U ; d’après ce qui précède,
(20) j?-@W = F(Y@))-FW)).
I la valeur F(z) de l’intégrale curviligne de
,f le long d’un chemin y(z) de U d’origine
En particulier, si une fonction fanaly-
u et d’extrémité z est indépendante du
tique dans un ouvert U admet une prin7i-
choix de ce chemin (il existe au moins un
tive (au sens complexe) dans cet ouvert,
tel chemin qui soit une ligne brisée,
alors l’intégrale curviligne de f le long de
cf. suprrr, chap. 1, Principe des zéros isolés,
tout lacet est nulle. Il est remarquable que,
car U est connexe). Montrons que F est
comme nous allons le montrer maintenant,
une fonction analytique qui a pour dérivée
cette condition est caractéristique : une
fonction f analytique dans un ouvert
f dans U ; soit zO un point de U. 11 existe
conne.ye U admet une primitive dans U si un disque D(z,, CI) dans lequel f est
et seulement si : développable en série entière. Pour tout
point 2 de ce disque, F(z) est l’intégrale
curviligne de ,f‘ le long de tout chemin de
U d’origine rr et d’extrémité z, par exemple
le chemin obtenu en parcourant successi-
pouv t o u t lacet y d o n t lu trajectoire est
vement un chemin y&) d’origine a et
tnntenue duns U.
d’extrémité zO ; d’où une intégrale curvi-
Pour cela, remarquons tout d’abord
ligne égale à F(z,), puis le segment [z,,, z].
que l’hypothèse (21) entraîne que, si y, et
soit :
yr sont deux chemins de U de r&rl?e
origine et cle même extrémité, alors les
intégrales curvilignes de ,f le long de y,
F(z) = F(z,) + s[zo,zl(5)dC
413
FONCTIONS ANALYTIQUES

toute fonction analytique dans U a une


fig. 2
primitive dans U.

L’homotopie
Soit U un ouvert du plan complexe et y, et
yz deux lacets de U ; quitte à remplacer
l’un d’entre eux par un lacet équivalent, on
peut supposer qu’ils sont définis dans le
même intervalle 1 = [a, b] de R. On dit
que ces deux lacets sont homotopes duns U
s’il existe une application continue :

<P:I X J-C,

Primitive dUne fonction analytique J = [c, d] C R, telle que cp(t, c) = y,(t),


rp(t, d) = y?(t) pour tout t E 1, et <p(a, u)
(fig. 2) ; or un calcul facile sur le dévelop- = cp(b, u) pour tout u E J ; intuitivement,
pement en série entière defdans D(z,, o) cela signifie qu’on peut <( passer » de y, a
montre que : y*, sans sortir de U, par une « famille
continue » de courbes fermées C,, (de
représentation paramétrique t - q(t, u)).
Cette notion d’homotopie des lacets est
est une primitive de f dans ce disque. fondamentale dans toute la théorie de
Remarquons que la condition (21) n’est Cauchy ; on définit ainsi une relation
pas toujours satisfaite. Par exemple la d’équivalence sur l’ensemble des classes de
fonction f(z) = l/z est analytique dans lacets équivalents (au sens ci-dessus).
l’ouvert connexe C* complémentaire de 0 L’homotopie va permettre d’introduire
dans le plan complexe, et son intégrale le une importante notion géométrique. On dit
long du cercle /z l= 1 parcouru une fois qu’un ouvert U du plan est sirvlplement
dans le sens direct est : connexe si tout lacet de U est homotope
2a dans U à un lacet constant, de trajectoire
e-“ie”dt = 2irfO;
s0 réduite à un point. Un exemple important
est constitué par les ouverts étoilés pur
ainsi, cette fonction n’admet pas de pri-
rapport à un point ; cela signifie qu’il existe
mitive dans C*.
un point a d’un tel ouvert U tel que le
On voit ainsi que la recherche d’une
segment [u, z] soit entièrement contenu
primitive d’une fonction analytique
dans U pour tout z E U. C’est ainsi le cas du
dans un ouvert U est un problème qui n’a
complémentaire dans le plan complexe
pas toujours de solution. Pour aborder
d’une demi-droite fermée, si on prend pour
cette question nous aurons besoin d’intro- a un point quelconque de la demi-droite
duire de nouvelles notions de topologie du
opposée. Avec les notations précédentes, si
plan. En particulier, on va voir que, si U
U est un ouvert étoilé par rapport à u et si
satisfait a une condition de nature géo-
y:I- U est un lacet de U, l’application :
métrique : être (< simplement connexe ))
(cf. infra, Théorème de Cauchy), alors <P:I x [O, II-U,

414
FONCTIONS ANALYTIQUES

définie par : Indiquons, sans entrer dans tous les


détails, les grandes lignes d’une démons-
@, u) = UYV) + (1 -u)a,
tration de ce théorème. Soit, avec les
réalise l’homotopie de y sur le lacet cons- notations ci-dessus :
tant réduit au point a, car ~(t, 0) = y(r), q:P= [a,!?] x [c,d]-U,
~(r, 1) = u ; on peut écrire :
la fonction continue qui réalise l’homoto-
@,u)-a = u(u(t)-a),
pie. L’ensemble L = <p(P) parcouru par
ce qui montre que q(t, u) est homothétique <u(t. u) pour (f, u) E P est compact et inclus
de y(t) dans l’homothétie de centre CI et de dans U (fig. 3 ; L est ombré). La compacité

r
rapport u.
fig. 3

Le théorème de Cauchy
Ce résultat exprime que, si f est une
fonction analytique dans un ouvert U, la
valeur de l’intégrale curviligne defsur tout
lacet de U ne dépend que de la classe
d’homotopie de ce lacet dans U. En fait, on
peut même montrer, ce qui est plus fort,
qu’elle ne dépend que de la classe d’homo-
logie (cf. infra, chap. 5, Lïndice) de ce
lacet. D’après ce qui précède, ce résultat
est intimement hé au problème de la
recherche de primitives « globales )) pour
une fonction analytique.
Théorème de Cuuchy. Soit U un ouvert
du plan complexe et f une fonction
analytique dans U ; si y, et y2 sont des
lacets de U qui sont homotopes dans U,
alors :

f(z) dz = f(z) dz.


sII s12

En particulier, si U est simplement


connexe, on a :

f(z) dz = 0 Démonstration du théorème de Caochy


s7

pour tout lacet y de U ; par suite, toute de L entraîne d’abord qu’il existe o > 0 tel
fonction analytique dans un ouvert que, pour tout point z0 E L, la fonction f
connexe et simplement connexe admet une soit développable en série entière en
primitive (au sens complexe) dans cet (z ~ zO) dans le disque D(z,, o) et, par suite
ouvert. (cf. supra, chap. 2, Dérivation des fonctions

415
FONCTIONS ANALYTIQUES

unalytiqurs), admette une primitive dans un raisonnement très analogue montrerait


ce disque. D’après la continuité uniforme que :
de <y sur P. il existe alors 6 > 0 tel que
/t- t’l < E et 1 I I - II’/ < E entraînent rof(4 dz = ,j f(z) dz,
s 7,
/ q(r, u) - cç(t’, u’) 1< o/4. Soit mainte-
nant : Jrmf(z) dz = s f(z) dz,
li
a = t, < t, < t, < <.. < t, = b,
d’où le résultat cherché
c = ii0 < ü, < uî < < u, = d,

des subdivisions de [u, h] et [c, ~4 respec- Le logarithme complexe


tivement telles que t,+, ~ 1, < E et Il résulte de ce qui précède que toute
Il,+1 ~ u, < 6. Posons z,,, = cp(ti, u,) et fonction analytique dans un domaine sine-
désignons par f, la ligne brisée (fermée) phrnt tannese admet des primitives dans
joignant les points z,,, pour i croissant de 0 cet ouvert ; de plus, deux telles primitives
a n (fig. 3) : cette ligne brisée peut être diffèrent d’une constante au voisinage de
paramétrée par une fonction affine par chaque point (unicité du développement
morceaux et nous désignerons encore par en série entière) et, par suite, dans l’ouvert
f, le lacet ainsi défini. connexe tout entier d’après le principe du
Soit A,,i l’intégrale curviligne de f’ le prolongement analytique (cf. chap. 1, Prin-
long du segment [z!,,, z,+,, J et B,,, I’inté- cipe &s ~&OS isolhs). Ainsi, le choix de sa
grale curviligne de ,f le long du segment valeur en un point détermine entièrement
[z,,~ z~,,+,] (fig. 3). D’après le choix de E et cette primitive.
de la subdivision, les quatre segments Voici une importante application de
correspondant aux intégrales A ,,,, A,,,+,, ce résultat. Si f est une fonction analyti-
B,.,, B,+,,,, sont dans un même disque que dans un domaine simplement connexe
où il existe une primitive F de f; on a U et ne s’annule pas dans U, la fonction
donc : ,f”/‘est dérivable, donc analytique, dans U
et, par suite, admet des primitives dans U.
A b, + 1 - 4,
= (F(z , + I,, + 11 - W,., + 11)
Soit L l‘une d’entre elles, telle que l’on
-(W, + I,,) - W,,,)) ait :
= (F(z / + L, + 11 - W, + L,))
eL@) =f(a)
- (FG ,.,+ d - Wz,,))
=8 + 1.1 -R,,. en un point a E U ; c’est toujours pos-
sible, car ,f‘(u) # 0 et tout nombre com-
Additionnant les égalités ci-dessus pour
plexe non nul peut se mettre sous la forme
i = 0, 1, _.., II - 1. on fait disparaître les
eh, h E c (Cf. EXPONENTIELLE ET LOGA-
B,,, et on obtient :
RITHME, chap. 4). La fonction analyti-
que :

puisqu’il est clair que :


n-1
Is ‘ i f(z)dz = c
i=o A,, ; g’(z) = L’(z)eW) =fBg(z)
J-(z) ’

416
FONCTIONS ANALYTIQUES

par définition de L. Ainsi : analytique du logarithme, définie pour x


non réel < 0, qui prend la valeur 0 pour
f’(z)&?(z) -f@k’(Z) = cl;
-7 = 1 ; la détermination correspondante
divisant par V(Z))’ # 0, on a : de l’argument prend ses valeurs entre - K
et + TT et la détermination principale
f’(zlg(~)-f(zk?‘(z) = o

(f(z))* ’
réalise une bijection du plan complexe
privé du demi-axe réel négatif sur la
ce qui exprime que la dérivée de la fonction <( bande )) formée des nombres complexes
f/g est nulle dans U, et, par suite, que cette Z = X + iY tels que ~ TI < Y < + TT
fonction est constante dans le domaine (cf. EXPONENTIELLE ET LOGARITHME, chap.
simplement connexe U. Cette constante 4). Pour z réel positif, L(z) est le logarithme
est égale à 1, puisquef’(a) = g(cr), et on a de z au sens usuel, et la série de Taylor de
donc :
cette fonction au point 1 est :
g(z) = e-L(Z) =f(z),
L(1 + z)
pour tout z E U. On dit que la fonction +; +z;+ ,,, +(-l)“+‘;+
analytique L est une détermination analy-
tique (en particulier continue) du loga-
rithme de la fonction f
Le théorème de Morera
Notamment, il existe des détermina-
tions analytiques du logarithme de z dans Le théorème de Cauchy admet une réci-
tout domaine simplement connexe ne proque, qui ne fait intervenir que des
contenant pas 0 (par exemple, dans le intégrales curvilignes le long de contours
complémentaire d’une demi-droite fermée fermés très simples : le théorème de
issue de 0) ; et deux quelconques de ces Morera affirme qu’une fonctionfcontinue
déterminations diffèrent d’un multiple dans un ouvert U est analytique dans U si
entier de 2 xi, mais on a vu plus haut qu’il et seulement si son intégrale curviligne le
n’existait pas de primitive de l/z dans le long de tout rectangle, de côtés parallèles
plan complexe privé de 0 tout entier. Si L aux axes 0x et Oy, assez petit pour être
est une détermination du logarithme, sa entièrement contenu dans U est nulle. La
partie imaginaire est une fonction continue condition nécessaire résulte du théorème
qui est égale, en chaque point Z, à une des de Cauchy ; indiquons le principe de la
valeurs possibles de l’argument de Z. On dit démonstration de la réciproque. Soit a un
que c’est une détermination continue de point quelconque de U et soit D un disque
l’argument ; l’existence, dans un ouvert, ouvert de centre CI entièrement contenu
d’une détermination continue arg t de dans U ; pour z E D, désignons respecti-
l’argument équivaut à l’existence d’une vement par A, M, P, Q les points d’affixes
détermination analytique du logarithme, respectives :
par la formule :
a=a+ifJ 2=x+&,
(22) L(z) = In 12 1+ i argz, x+ip, a+iy.

où In 1: / est le logarithme du nombre réel D’après l’hypothèse, les intégrales curvili-


positif 1z 1, On appelle détermination prin- gnes defle long des deux chemins APM
cipale du logcrrithme de z la détermination et AQM sont égales ; soit F(z) cette valeur

417
FONCTIONS ANALYTIQUES

commune. On vérifie facilement que F / f1g. 4


admet dans D des dérivées partielles qui
sont :

d ’ a p r è s l e s c o n d i t i o n s d e Cauchy-
Riemann (6) ou (7) la fonction F est donc
analytique, de dérivée au sens complexef:
Ainsi la fonctionfi qui est, au voisinage de
chaque point, la dérivée d’une fonction
analytique, est analytique dans U.
Le théorème de Morera peut servir à
éliminer des (( fausses )) singularités. Par
Principe de symétrie
exemple, désignons par P+ et par P- les
demi-plans ouverts Irnz > 0 et Im= < 0 ;
Le résultat qui précède permet d’établir
si .f‘ est une fonction continue dans un
le principe rie s~wktrie de Schwarz, utilisé
ouvert U qui est analytique dans chacun
pour prolonger des fonctions analytiques
des ouverts U f’ P+ et U n P-, alorsf’est
(cf. la partie B ci-après Fonctions ellip-
en fait analytique dans U tout entier. Il
tiques et modulaire). Soit U un ouvert
suffit de montrer que l’intégrale def’le long
connexe symétrique par rupport à une
de tout rectangle de côtés parallèles aux
droite L ; désignons par V l’intersection de
axes est nulle et le seul cas où une
U avec un des demi-plans fermés détermi-
démonstration est nécessaire est celui où
nés par L et par Ut l’intersection de U avec
ce rectangle ABCD coupe l’axe réel, c’est-
le demi-plan ouvert correspondant. Alors,
à-dire rencontre à la fois P+ et P-;
toute fonction f continue dans V, analyti-
bornons-nous a de rapides indications
géométriques. Introduisons, comme l’indi- que dans U, et telle quef’(U n L) C L’, où
L’ est une droite, se prolonge (de manière
que la figure 4, les segments opposés PQ
unique car U est connexe) en une fonction
et RS, parallèles et à une distance s de l’axe
analytique dans U tout entier (en faisant
réel. Puisque ,f est analytique dans P+ et
correspondre à des valeurs de : symétri-
dans P-, les intégrales curvilignes de ,f’le
ques par rapport à L des valeurs deJ‘(=)
long des lignes brisées QABP et SCDR
symétriques par rapport à L’). En effet, par
sont respectivement égales aux intégrales
des transformations affines portant sur = et
curvilignes defle long des segments PQ et
surf(s), on peut toujours se ramener au
RS. La continuité de ,f’entraîne alors que,
lorsque 6 tend vers 0, les integrales deSle cas où L et L’ sont l’axe réel, U symétrique
par rapport à l’axe réel, U, = U n P+ et
long de PS et de RQ tendent vers 0, tandis
f(z) réel pour 2 E U n R. Il suffit alors de
que les intégrales le long des segments PQ
remarquer que la fonction g définie dans U
et RS tendent vers des valeurs opposées
tout entier par :
(fig. 4). A ia iimite, on obtient bien que
l’intégrale deJ’le long du rectangle ABCD g(z) =f(z), zEUrlP+,
est nulle. g(z) =f(i), z EU n P-,

418
FONCTIONS ANALYTIQUES

est continue dans U et analytique dans puisque :


chacun des ouverts U f’ P+ et U n P- ;
remarquons que g prend des valeurs symé- ,, ‘(t ) = r’(t ,
Y@)--z
triques par rapport à l’axe réel en des
points symétriques par rapport à l’axe réel. sauf en un nombre fini de points, on a :

g ’ ( f ) = -h’(f)(y(t)-z)ep*(‘)
+ y’(t)e-*(‘) = 0,

5. La formule intégrale de Cauchy ce qui montre que la fonction continue g


est constante, sur [a, h]. En particulier,
Cette formule donne les valeurs d’une
g(u) = g(b), d’où, puisque /r(a) = 0 :
fonction analytique, sous forme d’une
intégrale curviligne ; en particulier, elle e4(b)(y(b) -2) = y(a)-2 ;
traduit le fait que les valeurs d’une fonction
or y(h) = y(0), car y est un lacet, ce qui
analytique à l’« intérieur )) d’une courbe
établit le résultat.
sont déterminées par les valeurs prises sur
la courbe. Nous aurons tout d’abord La formule (23) montre facilement que,
besoin de préciser une notion de caractère pour y fixé, la fonction =H~(Z ; y) est
géométrique, le (( nombre de fois )) où une continue dans 0 ; puisqu’elle ne prend que
courbe fermée G tourne >) autour d’un des valeurs entières, elle est donc constante
point. dans chaque composante connexe de 0.
D’autre part, si y, et y? sont deux lacets
homotopes dans le complémentaire de 2, il
L’indice
résulte du théorème de Cauchy que
Soit y : 1 = [a, h] + C un lacet et soit Q
j(z ; y,) =j(z ; y*), puisque 5 - l/(c ~ z)
le complémentaire de la trajectoire y(I) de est analytique dans C ~ {z} ; en particu-
y. Pour tout z E 0, on appelle indice du lier, si la trajectoire de y est contenue dans
point z par rapport au lacet y le nombre : un ouvert simplement connexe U, on a
.i(z ; y) = 0 pour tout z 6f U. Il en résulte
quej(z ; y) = 0 pour 1z / assez grand et par
suite dans toute la composante connexe
montrons quej(z ; y) est toujours un entier
non bornée de 0 = C-y(I). Si y :
rrlatif. Pour z E Iz fixé, posons :
t - em’, n E Z, est le cercle unité parcouru

n fois, on a :
h ( t ) = f - Y’(U)
d u , tEI,
s.Y@-z

de telle sorte que j(z ; y) = /r(b)/2 ix, par


définition de l’intégrale curviligne le long
de y. Puisque e”’ = 1 si et seulement si
W/2 iTC CSt Un entier (Cf. EXPONENTIELLE ET
et par suite j(z;y) =n pour 1~1 < 1,
LOGARITHME, chap. 4), il suffit d’établir que
r-~ h(b) = 1, puisque le disque unité est connexe ; puis-
que l’extérieur du disque unité est connexe,
Posons :
on a,i(z ; y) = 0 pour 1z 1> 1, De manière
g(t) = e-hQ’(y(t)---2); générale, l’indice exprime le nombre algé-

dl9
FONCTIONS ANALYTIQUES

brique de fois où le point y(r ) (< tourne )> Formule intégrale de Cauchy
autour de z lorsque t croît de CI à b. Par Soit y un lacet dans un domaine simple-
exemple, sur la figure 5, on aj(u ; y) = 1, nrenf connese U ; la formule intégrale de
j(u ; y) = 3, ,j(w : y) = 2. Cauchy exprime que, pour toute fonction
fog. 5
,f analytique dans U, on a :

pour tout point 3 de U n’appartenant pas


à la trajectoire de y.
En effet, on voit facilement sur le
développement en série entière de ,f’ au
voisinage de z que la fonction g définie
par :

g(g J(5)-f(z) pour 5 fz,


I t-z
[s(z) =I-‘(z)
est analytique dans un voisinage de z, et,
par suite, dans U tout entier. D’après le
théorème de Cauchy (cf. chap. 4) l’inté-
grale curviligne de g le long de y est donc
La notion d’indice permet, en intro- nulle ; soit, puisque z n’appartient pas à la
duisant une nouvelle définition, de défi- trajectoire de y :
nir le cadre exact du théorème de
Cauchy. Soit U un ouvert du plan ; on
dira que deux lacets y et y’ sont
U-homologues si tout point du complé-
mentaire de U a le même indice par
rapport à ces deux lacets. Intuitivement,
= s f(S)
5dL-2i?rf(z)j(z;y)
Y -2
cela exprime que y et y’ (( tournent )> le
La formule de Cauchy est particulière-
même nombre de fois autour de tout
ment intéressante lorsque y est un cercle
point du complémentaire de U. On voit
parcouru dans le sens direct ou rétrograde.
alors facilement que deux lacets homoto-
car alors i(z ; y) = + 1 ou ~ 1 pour tout
pes dans U sont a fortiori U-homologues.
point z intérieur à ce cercle.
Le théorème de Cauchy, sous sa forme la
La formule (24) exprime les valeurs
plus générale, que nous admettrons,
d‘une fonction analytique en fonction de sa
affirme que, si y et y’ sont U-homologues,
restriction à la trajectoire d’un lacet y, qui
alors :
est une fonction continue sur cette trajec-
toire. Réciproquement, on peut &jnit
ainsi des fonctions analytiques. Plus pré-
cisément, soit y : 14 C un chemin (on ne
pour toute fonction f analytique dans U. suppose pas qu’il est fermé) et soit f une

420
FONCTIONS ANALYTIQUES

fonction continue sur la trajectoire y(1) ; converge uni$mwhent sur tout compact
alors la fonction : lxerïv uneftinction ,f si tout point u E U est
centre d’un disque fermé A inclus dans U
(25) f(u)&
g(z) = syu-z sur lequel la suite (f;,) converge uniformé-
ment vers f, c’est-à-dire :
est analytique dans l’ouvert complémen-
taire de y(1). La démonstration consiste à
établir, par des majorations au voisinage de
chaque point, que l’on peut dériver (au sens tend vers zéro pour n tendant vers l’infini.
complexe) sous le signe d’intégration, ce qui On peut alors affirmer (théorème dû à Karl
entraîne l’analyticité ; ainsi, la dérivée Weierstrass) que la fonction limite f est
analytique dans U ; de plus, la suite (f’,)
n-iéme au sens complexe est donnée par :
des dérivées converge uniformément sur
(26) f(u)
g(“)(z) = n ! r(Ud+, tout compact vers la dérivée f’ deJ: Soit
s
en effeet @a, r) un disque fermé de centre
obtenu en dérivant n fois par rapport à Z. a sur lequel la convergence est uniforme,
En particulier, si f est analytique dans un et soit y le cercle frontière 1 z ~ a I= r
ouvert simplement connexe U, on a, en parcouru une fois dans le sens direct.
combinant les deux résultats précédents : D’après la formule de Cauchy, on a :

pour tout lacet y de U et tout z E U pour 1Z ~ u 1< r. Puisque les fonctions cf,)
n’appartenant pas à la trajectoire de y. convergent uniformément vers f sur le
cercle / z - 0 1= r, un passage à la limite
Suites convergentes dans l’intégrale montre que :
de fonctions analytiques
Dans le domaine réel, une limite uniforme
de fonctions dérivables n’est pas nécessai-
ce qui établit, d’après (25), que f est
rement dérivable ; en fait, le théorème de analytique. Partant maintenant de :
Weierstrass affirme même que toute fonc-
tion continue sur un intervalle borné [a, h]
est limite uniforme de polynômes (cf.
représentation et approximation des FONC- une majoration facile de l/(u - z)~ montre
TIONS). Mais, dans le cas complexe, la alors quef ‘,1 converge uniformément dans
situation est tout à fait différente, et la tout disque /Z - a / < r’, r’ < Y, vers :
formule intégrale de Cauchy permet
d’obtenir des conditions très fortes de
régularité par passage à la limite.
La notion de convergence appropriée Les résultats précédents permettent de
ici est la (( convergence uniforme sur tout définir des fonctions analytiques à partir de
compact )). Soitfi, f?, . . .._ f;,, une suite de séries ou de produits infinis de fonctions
fonctions analytiques dans un ouvert U du analytiques ou encore d’étendre (25) à des
plan complexe ; on dit que la suite V;,) <( chemins sans fin » (cf. fonction GAMMA).

421
FONCTIONS ANALYTIQUES

6. Points singuliers isolés et résidus fig 6


1
On se propose ici, dans une première appro-
che vers les points singuliers, d’étudier le
comportement d’une fonction analytique
dans un disque pointé 0 < / r - CI 1< r,
c’est-à-dire dans un disque ouvert privé
de son centre ; sifne se prolonge pas en
une fonction analytique dans le disque
entier, on dira que a est un point singuh
(isolé) pourf.

La série de Laurent
Un disque pointé 0 < 1: - a / < r est un cas
Développement en série de Laurent
particulier d’une couronne ouverte -
r,<~zpa/<rz: on va obtenir pour une
d’où, puisque j(z ; y) = 1, j(z ; y’) = 0,
fonction analytique dans une telle couronne
Sun développement en série généralisant le
développement en série entière de centre CI,
valable seulement pour les fonctions analy-
tiques dans tout un disque de centre n.
Il nous faut d’abord étendre la formule qui généralise (24).
de Cauchy qui n’est pas applicable direc- Remarquons alors que (en suppo-
tement, puisque S n’est pas simplement sant, dans le calcul qui suit, a = 0 pour
connexe. Soit r et r’ tels que simplifier, ce qui ne retire aucune géné-
r, < r < r’ < r,_ et soit y et y’ les ralité), d’après le choix de 2, r < /z 1< r’,
cercles de centre a et de rayons Y et r’ la série :
parcourus une fois dans le sens direct
(fig. 6). On voit comme ci-dessus que, pour
r < 1z ~ CI 1< r’, la fonction g définie par :
converge uniformément pour / II l= r’, car
&+) =f@-f(z) pour u fz, alors 1 u/zi = izl/r’ < 1 ; on peut donc
r u-z intégrer terme à terme sur y’ et on obtient :
1 s(z) =f’@)

est analytique dans S. Puisque les lacets y


et y’ sont manifestement homotopes dans
S, le théorème de Cauchy (cf. chap. 4j avec :
affirme que les intégrales de g le long de y
1 f(u),,
et y’ sont égales. On a donc : (30) a, = -
2irr s y,un+l ’

en fait, ces coefficients u,, ne dépendent pas


de r’, car la fonction J’(u)/u”+’ est analy-
tique dans S et, par suite, d’après le

422
FONCTIONS ANALYTIQUES

théorème de Cauchy, on peut remplacer y’ une couronne r, < jz-Q / < r2; toute
par n’importe quel cercle concentrique fonctionfanalytique dans S peut s’écrire :
(contenu dans S) parcouru dans le sens
direct, puisqu’il est homotope à y’. Ainsi la (31) f(z) = 1 & + c a,@-a)n
série entière définie dans (29) converge ?I=l n=O
pour tout 3 de module < y2 ; donc elle a un
où la première série converge pour / 2 - cz /
rayon de convergence > rz et, par suite,,f,
> Y, et la seconde pour 1z - n 1< r2 ; leurs
se prolonge en une fonction analytique
sommes sont donc des fonctions analyti-
pour 1 zI < r2 (que nous désignerons
ques pour /z - a 1> r, et 1z - a 1< r2 res-
encore par y,). Remarquons qu’on aurait
pectivement. Pour tout n entier relatif, les
pu obtenir le résultat qui précède sans
coefficients u, sont donnés par :
développer I/(L~ -z) en série : d’après
(25), la fonction ,fr définie par l’intégrale 1 f(u)du
a,=- -> n E z,
(32) 2ia sr(u-4)n+’
(29) est analytique pour 1z 1< r’ ; d’après
le théorème 4 du chapitre 2 elle est donc où y est un cercle quelconque de centre CI
développable en série entière et les inté-
et de rayon r, r, < r < r2, parcouru une
grales (10) ne sont autres que des intégrales fois dans le sens direct.
curvilignes du type (30) que l’on a expli-
citées en revenant à la définition. De
Points singuliers
même, la série :
Soit f’ une fonction analytique dans un
disque pointé 0 < / z - a 1< r. Un tel dis-
A=-X&) que pointé étant un cas particulier de COU-
=-;
[
l+;+;+...+$+...
1 ronne, f admet un développement du type
(3 1). Remarquons qu’ici la série entière :
converge uniformément pour 1II I=r < 1z 1; m

on peut donc l’intégrer terme à terme sur


u(C) = 4-“5”
y et on obtient : c
“=I

converge pour tout 5 E C ; u est donc une


fonction analytique dans tout le plan telle
que u(O) = 0. On dit que :
avec : UP” = ~
2t, u*-‘f(u)du
sI
1
(33) (
u-c
z-4 1
par le même raisonnement que ci-dessus, est la partie singulière de la fonction ,f’ au
on voit alors que ces coefficients ne dépen- point a. D’après (3 l), la fonctionfest donc
dent pas de r pour r, < r < r2 et que la somme de sa partie singulière et d’une
série de terme général a...(, z- ” est conver- fonction analytique dans tout le disque
gente pour / z 1> r, Sa somme, que nous lz-f7 < r .
désignerons encore par ,fi, est donc une Si u = 0, la formule (31) montre quef
fonction analytique pour 1 z / > r,. est somme d’une série entière pour
Revenant au cas d’un point CI E C, )z- CI] < r et, par suite, se prolonge par
énonçons les résultats précédents. Soit S continuité en une fonction analytique dans

423
FONCTIONS ANALYTIQUES

tout ce disque : LI n’est pas un G vrai » point théorème plus élémentaire de Weierstrass,
singulier ; on dit que c’est un point régulier. décrit le comportement d’une fonction
Pour II # 0, on dit que u est un point analytique autour d’un point singulier
singulier isolé. essentiel : Si CI est un point singulier
Si 11 est un polynôme de degré m > 1, on essentiel pour une fonction ,f; alors, dans
dit que a est un pôle d’ordre nz. Remar- tout disque pointé de centre a, la fonction
quons qu’alors la fonction (Z ~ ~)‘y’(?) se ,fprend toutes les valeurs complexes, sauf
prolonge en une fonction Ir analytique dans au plus une ; par exemple, la fonction e’i’
le disque / z - n 1< r et que : prend toutes les valeurs sauf 0 dans tout
disque pointé de centre 0.

Le théorème des résidus


cela entraîne que lJ‘(z) 1-t 00 pour z + u.
Plus généralement, si f et g sont analyti- Soit U un ouvert et a,, u2, . . . . u,! des points
ques dans un voisinage de CI avec f (a) # 0 distincts de U. Si ,f’ est une fonction
et CI zéro d’ordre m de g (cf. chap. l), alors analytique dans U’ = U - {a,, u2, . . . . a,,},
j/g a un pôle d’ordre m en a, car on peut désignons par v,, r2, . . . . v,, les parties
écrire g(2) = (Z ~ a)“Z/z(~), avec h(z) # 0, singulières de f en a,, a2, . . . . u, respecti-
d’ou f/h est analytique, dans un disque de vement ; ainsi, la fonction rk est analytique
centre CI. Ce qui précède conduit à la dans le plan complexe privé du point CI~. La
notion de fonction méromorphe : Soit U fonction :
un ouvert du plan et P un sous-ensemble g =f-0, + Y2 + ... + v.)
fermé de U dont tous les points sont isolés ;
on dit qu’une fonction analytique dans est alors analytique dans U’ et sa partie
U ~ P est mérumorphe duns U si les points singulière en chacun des points uk est
de P sont des points réguliers ou des pôles nulle ; elle se prolonge donc en une fonc-
(on peut d’ailleurs se ramener à ce seul cas tion, que nous désignerons encore par g,
en prolongeant F par continuité aux points analytique dans U tout entier. Si U est
réguliers ; P est alors l’ensemble des pôles simplement connexe, le théorème de Cau-
de la fonction méromorphe). Remarquons chy affirme que l’intégrale de g le long de
que cela revient à dire que tout point de U tout lacet y est nulle, soit, si aucun des flh
est centre d’un disque pointé inclus dans U n’appartient à la trajectoire de y :
dans lequelf‘est quotient de deux fonctions
analytiques dans le disque tout entier.
Examinons enfin le cas où il existe une
infinité d’entiers positifs n tels que n-,, # 0 ; ainsi, pour calculer l’intégrale de f, il suffit
on dit alors que CI est un point singulier de calculer les intégrales des 11~. Effectuons
essentiel. Par exemple, la fonction : ce calcul. Soit donc :

1, z # 0,

admet 0 pour point singulier essentiel. Un une fonction analytique dans tout le
théorème dû à Émile Picard, précisant un plan et y : 1 + C un lacet dont la trajec-

A24
FONCTIONS ANALYTIQUES

toire y (1) ne contient pas un point CI ; la Un exemple de calcul


série : La formule des résidus permet le calcul
explicite de nombreuses intégrales. Don-
v(z) = a-.@-a)-” = u .& nons un exemple en calculant la transfor-
c ( 1
n=l mée de Fourier de la fraction rationnelle
converge uniformément pour z = y(r ), R(X) = I/(v’ + a’). où a est un nombre
t E 1, et, par suite, on peut intégrer terme complexe de partie réelle > 0. Il s’agit
à terme cette série sur le lacet y. Or, pour donc de calculer l’intégrale :
II 2 2, la fonction (z ~ a)-‘! admet une
primitive (1 ~ n)(: ~ u)rmn dans C - {a} R(u) = +mR(x)e-zlmud.x, UER.
s-m
et, par suite, son intégrale le long de y est
nulle ; il reste seulement le terme en Considérons la fonction :
l/(z ~ CI), qui introduit l’indice du point a
par rapport au lacet y :

qui est méromorphe dans tout le plan et


admet irr et ~ io comme pôles d’ordre 1.
On voit donc l’importance du coeffi- Calculons les résidus en ces points.
cient de l/(z - u) dans la partie singulière D e m a n i è r e g é n é r a l e , s i F(z) =
au point u ; on l’appelle le résidu de f au P(z)/Q(z), où P et Q sont analytiques dans
point a, et on le note Res (n ; J’). Ce qui un disque de centre h, P(h) # 0 et h rncine
précède permet d’énoncer le thL;orémr des simple de Q, on a vu que :
résidus sous sa forme générale : Soit U un
F(z) = z% + h(z),
ouvert simplement connexe et u,, ,.., u,, des
points distincts de U ; pour toute fonction où cxp] est le résidu de f‘en h et 11 holo-
,fanalytique dans : morphe au voisinage de b. Par suite, on a :
u’= U-{a,,...,an}
PG 1
Res(b;F) =f’lb(~-b)~
et tout lacet y de U’, on a laftilmule des
rhidus :

puisque Q(h) = 0. Dans notre cas, on a


donc, F étant la fonction (36) :
Cette formule est encore valable lors-
que f’est une fonction méromorphe dans
l’ouvert simplement connexe U ; soit P
Res(-ia;F) =-eg.
l’ensemble des pôles de ,f: Comme P n’a
que des points isolés dans U, pour tout
Dans le calcul qui suit, on est alors
lacet y de U - P, l’ensemble des a E P tels
amené à distinguer deux cas, suivant que
que j(u ; y) # 0 est fini. Dans ces condi-
u > 0 ou u < 0. Pour u > 0, appliquons
tions, on a :
la formule des résidus à l’intégrale de F le
(35’) /f(r)dz = 2ir~j(a;y)Res(a;f). long du lacet constitué par le segment
I aEP [- R, R] de l’axe réel et par le demi-cercle

425
FONCTIONS ANALYTIQUES

rR de centre 0 et de rayon R, R > 1u 1, du or, sur Fa, on a :


demi-plan inférieur (fig. 7). L’indice de iu
f1g. 7

Y
car 1 P+‘J l= f? et J < 0 ; la majoration
A (19) montre alors que l’intégrale de F le
long de FR tend vers 0 quand R tend vers
l’infini, puisque :

d’ou, par passage à la limite dans (37) :

Pour 11 < 0, on intègre sur le lacet


constitué par le segment [-R, R] et le
demi-cercle F’a orienté comme l’indique la
figure 7. L’indice de ia est cette fois égal a
+ 1, tandis que l’indice de - iu est nul. On
voit, comme ci-dessus, que l’intégrale cur-
4
viligne de F le long de F’a tend vers 0 pour
R tendant vers l’infini et on obtient :

P<u> = SOS F(x)dx=2iaRes(iu;F)


T
=-eî~lul, u ( 0.
u
)x
-R . ‘0 +R
/’
/’ En résumé, on a donc :
//
,
- la l

Compteur logarithmique
Soitf’une fonction méromorphe non nulle
dans un ouvert simplement connexe U, soit
N l’ensemble de ses zéros et P l’ensemble de
ses pôles. AlorsJ“/fest une fonction méro-
est égal à 0 et l’indice de ~ icr est égal à ~ 1. morphe dans U et ses poles, qui sont tous
On a donc : simples, sont les éléments de N U P.
En outre, si a E N, on a :

Resb :f) = no.


= -2iaRes(-ia;F)
où n, est la multiplicité du zéro CI, et, si
hE P,

426
FONCTIONS ANALYTIQUES

Ra(b ;f) = -nb, converge dans le plus grand disque ouvert


D contenu dans U (cf. chap. 2) ; mais.
où n,, est la multiplicité du pôle h.
comme on l’a déjà signalé ci-dessus, il se
La formule des résidus, appliquée a la
fonctionf”/f, montre que, pour tout lacet peut fort bien que le disque de convergence
y de U ~ (P U N), on a : A de cette série « déborde H de U. La
somme de la série dans A est alors une
fonction analytique dans A qui. d’après le
principe du prolongement analytique (cf.
chap. 1). coïncide avec ,/’ dans la compo-
C’est pourquoi cette fonction s’appelle
sante connexe de U n A qui contient D.
compteur logarithmique des zéros et des
Cependant, si U f’ A n’est pas connexe, on
pôles deJ
ne peut pas affirmer en général que ,f se
En particulier, siJ’est holomorphe dans
prolonge en une fonction analytique dans
U et si y est le bord d’un disque contenu
U U A. Prenons pour exemple, pour U, le
dans U~N :
plan complexe privé des nombres réels
i f’o,= n.2
négatifs ou nul U = C ~ R~~ et, pour,f, la
2i7r srf@) c
otïi, détermination principale du logarithme (cf.
chap. 4). Pour z0 = sg + i?,", x0 < 0,
où N, est l’ensemble des zéros intérieurs au y,) > 0, le disque de convergence de la série
disque. de Taylor de In z en 2” est le disque de centre
Cette formule permet en particulier de -7” qui passe par 0, car la dérivée l/~ de In z
déterminer le nombre de zéros d’un poly- est analytique dans C* = C ~ {O} (fig. 8).
nôme, comptés avec leur ordre de multi-
r
plicité, contenus dans un disque donné. fig. 8

Comme le compteur logarithmique


dépend continûment des coefficients du
polynôme, on en déduit que les racines
d’un polynôme dépendent continûment
des coefficients de ce polynôme (théorème
de Weierstrass).
De manière semblable, on peut utiliser
le compteur logarithmique pour établir des
propriétés du spectre d’un endomor-
phisme d’un espace vectoriel de dimension
finie sur C (continuité des racines du
polynôme caractéristique).

7. Prolongement analytique

On se propose d’étudier ici la possibilité de


prolonger une fonctionf’analytique dans un
ouvert U a un ouvert plus grand. Pour tout P r o l o n g e m e n t analybque d e /a d6ferm,nafion princi
mie d u looarithme comolexe
point (z E U, la série de Taylor de f’en LI

A27
FONCTIONS ANALYTIQUES

Ici A n U a deux composantes connexes et naturel d’existence de la fonction, car, dans


la somme de la série de Taylor en z,, n’est pas ce cas, on ne peut pas la prolonger en une
égale à,f(z) pour z E A f’ U, Im z < 0, car fonction analytique dans un ouvert
Im (In z) = Arg 2 subit une discontinuité connexe plus grand.
en <( traversant » RP n A, ce qui exclut la
possibilité de prolonger f à U U A. L’exa- Éléments analytiques
men de ces phénomènes a priori surpre- Pour étudier les problèmes posés par le
nants conduit à des extensions de la notion prolongement analytique. nous introdui-
de fonction analytique et aux surfaces de rons une nouvelle notion due, sous cette
Riemann. Pour éviter des difficultés du type forme, à Weierstrass.
précédent, nous raisonnerons ici sur des On appelle élément de fonction unalyti-
disques, car l’intersection de deux disques que, ou, en abrégé, élément unal~~tique de
est toujours connexe. centre a le couple (a, S) d’un nombre com-
plexe CI et d’une série entière S (de centre a)
Points singuliers et points réguliers de rayon de convergence strictement posi-
Soit f une fonction analytique dans un tif; par abus de langage, on désignera
disque ouvert D ; on dira qu’un point fron- encoreparS,danscequisuit,lasommedela
tière 24 est un point rdgulier pourf’s’il existe série S dans son disque de convergence. Par
un disque ouvert D, de centre u et une exemple, toute fonction analytique dans un
fonction g analytique dans D, qui coïncide ouvert U définit un élément analytique de
avecf‘dans D U D,. On peut alors prolon- centre a en tout point (I E U.
ger ,f en une fonction analytique dans On dit que deux éléments analytiques
D U D,, d’après le principe du prolonge- (u, S) et (h, T) sont le prolongement
ment analytique. Dans le cas contraire, on analytique direct l’un de l’autre si leurs
dit que u est un point singulierpourf. Il est disques de convergence ont une intersec-
clair que les points réguliers forment un tion non vide et si S et T coïncident dans
ouvert de la frontière de D. cette intersection. L’idée est de chercher à
Remarquons que le fait, pour u, d’être (< prolonger )> un élément analytique (a, S)
un point régulier ou singulier n’a rien à en construisant des N chaînes )) :
voir avec la nature de la convergence de la
série de Taylor de ,f’en u. Par exemple, (Q>S).(~,, S,), . ..> (a,, S”I
telles que deux éléments analytiques consé-
J‘“(z) = 1 + z + 22 + + 2” + ._. = &,
cutifs quelconques soient prolongements
pour / : 1< 1. est analytique dans D(O, 1). directs l’un de l’autre.
et tous les points du cercle 1: 1= 1. sauf le
Prolongement le long d’un chemin
point z = 1. sont des points réguliers, bien
que la série diverge en tout point de ce Soit y : [0, l] + C un chemin ; on dit qu’un
cercle. On peut montrer que, si D est le Clément analytique (b, S), de centre
disque de convergence d’une série entière h = y(l), est le prolongrrnenl nnal~Vique le
de somme ,f. il existe uu moins un point long de y d’un élément (CI, S) de centre
singulier pour,f, sur sa frontière, mais il se CI = y(O) s’il existe une chaîne (au sens
peut que tous les points frontières soient prkcédeni) :
des points singuliers (séries « lacunai- @.V.@,,S,),...,
res 1)) ; on dit alors que D est le domaine (a.-r, Sn-11, (a,, S,) = (6, T)

428
FONCTIONS ANALYTIQUES

d’éléments analytiques centrés sur y([O, 11) Surface de Riemann


dont les disques de convergence recou- d’un élément analytique
vrent cette trajectoire. Soit (CI, S), un élément analytique de centre
Si y est un chemin d’origine u et (CI, S) CI, considérons l’ensemble X des éléments
un élément analytique, il n’est pas toujours analytiques (h, T) qui sont des prolonge-
possible de prolonger cet élément analy- ments analytiques de (u, S) le long de
tique le long de y (par exemple, si la chemins du plan complexe. On désignera
trajectoire de y contient un point singulier par p : X -+ C l’application de « projec-
de S), mais on peut montrer que, si cela tion 1) qui a (h, T) E X fait correspondre h.
est possible, il y a unic~iti du prolongement. Soit B, = (b,,, T,) E X un élément
Par contre, ce prolongement ne dépend analytique du disque de convergence D,
pas en général seulement de l’origine et et désignons par V(B,) l’ensemble des
de l’extrémité de y. Considérons, par éléments analytiques centrés dans D,,
exemple, l’élément analytique ( 1, S), où S qui sont des prolongements analytiques
est la série de Taylor au point 1 de la dkcts de B, (ce sont les éléments analy-
détermination principale du logarithme, tiques déterminés par la fonction T,,
S( 1) = 0. Le prolongement analytique le analytique dans Do). La restriction p,, de
long des deux demi-cercles 17 / = 1, la projection p A V(B,,) est une bijection de
Im : > 0 et Im : < 0, respectivement de V(B,) sur D, au moyen de laquelle on peut
1 vers ~ 1, donne (- 1, T) et (-- 1, U) où H transporter )) sur V(B,) la structure ana-
T et U sont des déterminations du loga- lytique du disque D,. On &finirrr ainsi, à
rithme dans D(- 1, 1) qui diffèrent de partir de ceux de D,,. les ouverts de V(B,J ;
2 i7r, car : une fonction à valeurs complexes définie
T(- 1) = ia
dans V( B,,) sera dite u~~~/JY@w si ,f'o pi ’
est analytique dans D,, (fig. 9) : par
et :
U(- 1) = -irr;

si on considère aussi, A partir de ce même


r
Clément (1, S), les prolongements analyti-
ques le long de tous les chemins d’origine
1 et d’extrémité - 1 qui ne passent pas par
0, on obtient une infinité d’éléments ana-
lytiques différents (- 1. T,,), 17 E Z, où T,,
est la détermination du logarithme dans
D(& 1, 0) telle que :
T,(- 1) = (2 n + 1)ia.

Les problémes que nous rencontrons ici


et qui constituent ce qu’on appelait impro-
prement la théorie des (< fonctions » mul-
tiformes trouvent leur véritable cadre dans Surface de Riemann du logarithme complexe au-
dessusdeC’=C-{O}
la théorie des surfaces de Riemann.

429
FONCTIONS ANALYTIQUES

exemple p est analytique ; de même, 9. Théorèmes de décomposition


l’application qui à (h, T) associe T(b) est
analytique. Théorème de factorisation
Par recollement, on a ainsi muni X de Weierstrass
d’une structure de variété analytique com-
La théorie de Weierstrass a pour objet de
plexe de dimension (complexe) 1 ; le
généraliser aux fonctions entières (c’est-à-
couple (X, p) s’appelle la surfuce k dire analytiques dans tout le plan com-
Riemann de l’élément analytique (a, S). plexe) le théorème de d’Alembert-Gauss.
On dit aussi que c’est une surface de Les zéros non nuls d’une fonction
Riemann au-dessus de l’ouvert G = p(X) ; entière peuvent être rangés en une suite
pour des exemples et une introduction à (zJ, chaque zéro étant répété dans cette
l’étude des surfaces de Riemann, nous suite un nombre de fois égal à sa multi-
renvoyons à l’article suivant, qui traite de plicité, telle que 1 z, 1 soit une suite crois-
la représentation conforme. Signalons sante, car tout disque ne contient qu’un
cependant pour terminer le principe de nombre fini de tels zéros.
monodromie, qui affirme que, si G est D’une part, étant donné une telle suite
simplement connexe, alors p est une (z,,), il existe une fonction entière F asso-
bijection, donc X est analytiquement iso- ciée à cette suite de zéros. L’idée la plus
morphe à G. simple consiste à poser :

F(z)= $j(l-;>
8. Théorèmes d’approximation
mais ce produit ne converge que si la série
Le théor?me de Runge affirme que, si U est C I/l z,, / est convergente. Dans le cas géné-
un ouvert du plan complexe et A un ral, il faut « corriger )) le facteur (1 ~ z/z,,)
ensemble ayant un point dans chaque par un facteur exponentiel. On est ainsi
composante connexe du complémentaire conduit à introduire les fonctions suivan-
de U, alors toute fonction ,f analytique tes, dites facteurs primaires :
dans U est limite uniforme sur tout
compact dans U d’une suite de fractions E,(z) = (1 -z) exp [Z + ; + + ; ).
rationnelles dont les pôles appartiennent à
A. Dans le cas particulier où U est borné Il est alors possible de trouver une suite
et <( sans trous )), ce qui veut dire que @,,) d’entiers positifs tels que le produit
C ~ U est connexe, alors f est limite infini :
uniforme sur tout compact d’une suite de
polynômes.
n=*
Le théorelme de S. N. Mergelyan est un
résultat difficile. publié en 1954 ; il affirme soit normalement convergent sur tout
que, si K est un compact du plan complexe, compact de C, ce qui fournit une fonction
de complémentaire connexe, toute fonc- qui convient.
tion continue sur K, holomorphe dans Inversement, soit,f‘une fonction entière,
l’intérieur de K, est limite uniforme sur K (:,J la suite de ses zéros non nuls et k
de polynômes. l’ordre de multiplicité de la racine 0. Alors,

430
FONCTIONS ANALYTIQUES

la fonction f/?F est une fonction entière soit normalement convergente sur tout
qui ne s’annule pas, donc de la forme &‘, compact de C ~ S, où S est l’ensemble des
où g est entière. pôles.
Finalement, on a : Dans ces conditions, la fonction :

J-@-W)

est une fonction entière.


On peut étendre ce résultat a un ouvert
décomposition de f en facteurs primaires.
quelconque de C.
On peut étendre ce résultat à un ouvert
Les théorèmes de Weierstrass et de
U simplement connexe de C : Soit A un
Mittag-Leffler s’appliquent notamment aux
sous-ensemble discret (donc nécessaire-
développements eulériens des fonctions
ment dénombrable) de U et associons a
transcendantes élémentaires (cf. EXPONEN-
chaque point a E A une (( multiplicité )) /T,,
T~ELLE ET LOGARITHME, chap. 5), au déve-
qui soit un entier positif; on peut alors
loppement de la fonction gamma (cf. fonc-
montrer qu’il existe une fonction analyti-
tion GAMMA ) et à la construction des
que dans U dont les zéros sont exactement
fonctions elliptiques (cf. la partie B ci-après
les points de A, avec les multiplicités
- Fonctions elliptiques et modulaire).
correspondantes. Il en résulte que, si /7 est
une fonction rne'mmrphe dans U, alors JEAN-LUC VERLEY
elle peut s’écrire, dans U tout entier et non
pas seulement localement, comme quo-
Bibliographie
tient de deux fonctions analytiques. H. CARTAN, T/km ~l~t,~altcrirrtle.~,fi~r~ctions c~nul~~ti-
que.~ ti irne ou plusiw,:r wkrh/es cot~~pl~‘.~~s, Her-
marin. Paris, @éd. 1975 / B. V. CHABAT, b~rrotlucrion
Théorème de Mittag-Leffler
ci I irnc~l~se <u~r~~p/~w, vol. 1 : Fonc~/ions ditne wtwhl~~.
La théorie de Mittag-Leffler a pour objet Mir. Moscou, 1990 /J. D IEUDONNÉ, Cdculinjnitchi-
de généraliser aux fonctions méromorphes mrrl, ihiti., 7’ éd. 1980 / P. DOLBEAULT , Andw um-
~~/~~.w, Masson. 1990 / M. HERVÉ, Les F»~&M.~ LUI~-
dans C la décomposition en éléments /tiquer, P.U.F., Paris, 1982 / E. HILLE, Anu/dt
simples des fractions rationnelles. Fuwtion Tkorv. vol. 1. Ginn and CO.. Boston. 1959 /
Soit fune fonction méromoruhe dans C vol. II, Boston. 1962 / S. LANG, Co,n~/cw Amrhis.
et (z,,) la suite de ses pôles distincts, y Springer-Ver& ?‘éd. 1985 / R. NAR&HAN, Co~l-
p1c.v A~//~:vir in O/w Ciwicrh/c, Birkhrrüser, Boston.
compris éventuellement 0, organisée par 1985 / W . RUDIN. Rrd cd (ompku AM/J:s;.\.
module croissant, et soit : McCraw-Hill. New York. 3’éd. 1987.

PIS ! ~ 1
z-z, 1
6. F o n c t i o n s e l l i p t i q u e s
la partie principale relative au pôle z,,. Par et modulaire
un procédé correctif analogue a celui qui
est employé dans le théorème de Weiers- Inaugurée par N. H. Abel et C. Jacobi, la
trass, on montre qu’il existe des polynômes théorie des fonctions elliptiques a été un
Q,, tels que la série : sujet de prédilection pour les analystes
pendant tout le XIX~ siècle. Appliquées par
F(z) = -$ Pn(z&)-Qn@, B. Riemann et K. Weierstrass à l’étude des
n=l courbes algébriques dans le plan projectif

431
FONCTIONS ANALYTIQUES

complexe, ces fonctions sont à la base de la partie [ 1, + 00 [ (resp.] ~ a7, ~ 11) de la


la théorie plus générale des fonctions algé- frontière, au-dessus ou au-dessous, u décrit
briques, du domaine de l’algèbre et de la la droite Re u = 7r/2 (resp. ~ rr/2)
géométrie algébrique. Généralisées par au-dessus ou au-dessous de l’axe réel. De
H. Poincaré, qui a étudié les fonctions laformule intkgrule de Cauchy (cf. la partie
<( fuchsiennes )), elles sont aussi à l’origine A ci-dessus - Fonctions analytiques d’une
de la théorie des fonc.tkm.r trlrfo/jro~.lll~c,.(.. II variable complexe, chap. 5) résulte alors
s’agit là de deux branches trcs acticcs des une correspondance conforme biunivoque
mathématiques contemporaines. qui utili- entre .Y décrivant o et u décrivant la bande
sent simultanément des techniques d’ana- 6 définie par :
lyse et d’algèbre très élaborces.
-rr/2 < Reu < d2.

Le principe de symétrie de Schwrz


Intégrales circulaires et elliptiques (cf. la partie A ci-dessus - Fonctions ana-
Le calcul intégral classique montre qu’une lytiques d’une variable complexe, chap. 4)
intégrale de la forme : permet de prolonger cette correspondance

s dx
Tqq’
par symétrie par rapport aux frontières
rectilignes de o et 6 : après ce prolonge-
ment, à deux valeurs de u symétriques par
où P(X) est un polynôme du 2’ degré sans rapport à l’une des droites Re u = f 7r/2
racine double, se calcule à l’aide de fonc- correspondent deux valeurs de s symétri-
tions dites élémentaires, c’est-a-dire circu- ques par rapport à l’axe réel, donc à deux
laires ou hyperboliques. Posons par exem- valeurs de u différant de 2 rr correspond la
ple : même valeur de x. Ainsi l’inversion de

u=
s x
dt
d==+
l’intégrale circulaire :

s
dt
lL= oxm’
si x et t sont réels, ils doivent être compris effectuée dans le champ complexe, donne
entre f 1, et l’on a u = Arc sin .Y, dont la une fonction de période 2 TT, qui, d’autre
fonction inverse est _y = sin u ; comme u part, est évidemment solution de l’équa-
reste compris entre + 7r/2, la période 2 TT tion différentielle :
de cette fonction inverse n’apparaît pas si
l’on prend s et t réels, = l-x2
Mais prenons-les complexes : si o est
l’ensemble des points du plan dont l’affixe Ce raisonnement, dont le principe est
est non réel ou réel strictement compris de Carl Jacobi (1804-l 85 1). s’applique
entre * 1. la fonction : aussi à l’intégrale elliptique :

où P est le degré 3 ou 4, sans racine double.


a une détermination holomorphe sur o,
vaiant i à i-origine, qui à son tour a une _Prrnnnî
_..-..I par PYP!1?ple :
primitive ~(.y) holomorphe sur o et nulle à m dt
l’origine. Quand x varie dans o le long de s= U(t - a)(t - BN - Y)

432
FONCTIONS ANALYTIQUES

Cette intégrale a une détermination holo- être restreinte à un purullélogrunme de


morphe sur o, positive sur la partie périodes de sommets u, u + T, u + T’,
]c(, + -[ de la frontière. Cette détermina- u + T + T’, sur lequel elle prend toutes ses
tion, à son tour, a une primitive U(X) valeurs. ou bien considérée comme une
holomorphe sur o et nulle à l’infini. Quand fonction holomorphe ou méromorphe sur
.Y varie dans o le long de la frontière, la variété compacte connexe C/G.
passant successivement par + a, o, 0, y. D’après le principe du maxinum, cette
- 00, u décrit le périmètre 0, u, h, L’, 0 d’un fonction ne peut être holomorphe sans être
rectangle, où CI et ic sont réels < 0 ; comme constante ; on appellera donc G-elliptique
dans le cas précédent, la correspondance une fonction f méromorphe sur C admet-
conforme biunivoque, entre .Y décrivant o tant le groupe de périodes G, ou bien
et II décrivant l’intérieur 6 de ce rectangle, méromorphe sur C/G. Si .f prend la
se prolonge par symétrie par rapport aux valeur .Y aux points W,(X), . . . . M.,( X) de C/G
frontières rectilignes de o et 6. Après ce (points distincts sauf pour une nombre fini
prolongement, .Y prend la même valeur en de valeurs de .Y), on montre que l’entier n
deux points u symétriques par rapport à ne dépend pas de x, c’est l’ordre de la
l’un des sommets du rectangle, donc admet fonction f; d’après la formule intégrale de
un groupe (additif) de périodes engendré Cauchy prise le long du périmètre d’un
par r = 2 a, T’ = 2 ic, dont le rapport est parallélogramme de périodes, les images
imaginaire pur. réciproques dans C des points w;(s), déter-
Ainsi l’inversion de l’intégrale ellipti- minées chacune modulo G, ont une
que : somme indépendante (modulo G) de X.
Une application géométrique de cette pro-
uzz
sCe
dt
x V(t - a)@ - BN - 7)
priété est donnée dans l’article COURBES
ALGÉ BRIQUES, chapitre 7. Il résulte d’autre
donne une fonction doublement périodi- part que l’ordre de ,f’est au moins 2.
que, qui d’autre part est évidemment Soit maintenant g une autre fonction
solution de l’équation différentielle : G-elliptique, prenant les valeurs Y~(X) aux
points w,(s) ; le développement de :
= (x - a)(x - p)(x - y).
fi k-Yj(x)l
,=I

Propriétés générales est un polynôme en g de degré n dont les


des fonctions analytiques uniformes coefficients sont des fonctions rationnel-
admettant un groupe les 1. r,(s), . . . . r,,(x) ; on a donc, entre les
de périodes donné G deux fonctions G-elliptiques quelconques./
Le cas intéressant est celui qu’on vient de et g. la rehtion algébrique :
rencontrer, où G est engendré par deux
vf,g) =g” + r,Cf)g”-’ + + r.(f) = 0
périodes T, T' dont le rapport n’est pas réel.
Une fonction holomorphe ou méromor- En particulier, f et sa dérivée f’ sont
phc (c’est-a-dire quotient de deux fonctions liées par une relation algébrique : toute
holomorphes) sur le plan complexe C, fonction G-elliptique est solution d’une
admettant le groupe de périodes G, peut équation différentielle algébrique.

433
FONCTIONS ANALYTIQUES

Soit encore h une fonction G-elliptique, avec :


prenant les valeurs z,(x) aux points M;(S) ;
le développement de :

Du développement (2), il résulte que :

4P3-g2P-g,-P12
est encore un polynôme en g, cette fois de
degré < n, dont les coefficients sont des est holomorphe et nulle à l’origine, d’où la
fonctions rationnelles s,(x), . . . . s,(x) ; on a formule fondamentale :
donc, entre les trois fonctions G-elliptiques (4) P’Z = 4P’--g,p-g,,
f, g, il, la relation algébrique :
prouvant que x = p (u) est fonction
hPplf,g) = s,cf)g”-’ + + s,(f), inverse de l’intégrale elliptique :
d’où l’on peut tirer h en fonction rution- dx
ll=
nelIe de f et g pourvu que P’,cf, g) # 0. 4x3-g,x -g,
Ainsi les fonctions G-elliptiques sont exac-
considérée au chapitre 1, ou encore que
tement les fonctions rationnelles de deux
x = p(u), y = p’(u) est une représentation
d’entre elles, f et g, choisies de manière
paramétrique de la cubique :
que, pour un .Y convenable, une valeur yj(x)
soit distincte de toutes les autres. Les y2=4x3--g*x--g,,
raisonnements de cet alinéa et du précé-
qui, pour cette raison, est dite elliptique
dent peuvent être faits sur une variété (Cf. COURBES ALGÉBRIQUES, Chap. 7).
compacte quelconque.
Aux deux points de C/G, où p prend
une valeur donnée s, la fonction p' prend
les fonctions de Weierstross des valeurs opposées ; par suite (cf.
L’ordre d’une fonction G-elliptique étant chap. 2), les fonctions G-elliptiques sont
au moins 2. on en cherche une d’ordre 2 : exactement les~fonctions rutionnelles de p et
la somme de la série de terme général p'. De la fornzule de Weierstrass :
l/(~ ~ T)?, pour T EG, répondrait a la
1 P’(U)-p’(v) 2
question si elle avait un sens ; une légère
modification. dont le seul but est d’assurer
p(u) + P@I + P(U + Y) = 4
1
p(u)-p(v)
1
la convergence nécessaire, donne la fonc- résultent, d’abord, une relation algébri-
tion de Karl Weierstrass (18 15-l 897), que entre p(u), P(V). p(u + IX), puis une
notée par lui d’un p gothique : relation algébrique entre ,f(u). ,f(v),
f(u + 11) pour une fonction G-elliptique
(1) P(u)=;+ 1 [&-A]. quelconque ,f: Le yrohltnie rie Weierstrms
TtG-10, est la recherche des fonctionsfanalytiques
uniformes ayant cette propriété : ce sont
C’est une fonction paire et G-elliptique
les fonctions rationnelles de la variable ou
d’ordre 2, car l’origine en est un pôle
de l’exponentielle, et les fonctions ellipti-
double. et le seul pôle modulo G ; au
ques.
voisinage de l’origine, on a :
Les autres fonctions de Weierstrass
(2) P(U)= l/u* + (g,/20)u2 + (g,/28)u, + attachées à G, 5 et o, respectivement

434
FONCTIONS ANALYTIQUES

méromorphe et holomorphe partout, ne Par suite, la fonction méromorphe


sont pas G-elliptiques, mais sont liées à D paire :
par les formules :
H(u + r/2)
uHexp(-rriu/~)
5 = - p, D’/O = 5 ; H(u + r’/2)
(5)

elles permettent d’exprimer toute fonction admet les demi-périodes T et T’, et la


G-elliptique d‘ordre II soit en combinaison fonction méromorphe impaire :
linéaire de II fonctions dérivées de trans- W)
u++exp(-rriu/~)
latées de 6. soit comme quotient du produit H(u + r’/2)
de II translatées de o par le produit de n admet la demi-période T et la période T' ;
autres translatées de o. on obtient les fonctions 2 G-elliptiques
(2 G-homothétique de G dans le rapport 2)
cn II et sn ~4 en les multipliant respec-
Les fonctions de Jacobi
tivement par des constantes telles
Les développements en séries de p et 5, que cn 0 = sn ~/2 = 1. La notation de
en produit infini de (T, convergent lente- ces nouvelles fonctions rappelle celle
ment : si l’on garde seulement les termes des fonctions circulaires COS et sin en
ou facteurs correspondant aux périodes T raison de certaines analogies : ainsi
de modules < k, l’erreur commise est cn% + sn’u = 1 ; comme ces fonctions
de l’ordre de l/k ; le calcul numérique ne dépendent que des rapports T'/T et U/T
exige une convergence plus rapide, au on peut choisir T en fonction de T’/T de
moins celle d’une série géométrique, manière que les développements de
qu’on obtient en formant d’autres fonc- Maclaurin commencent par :
tions.
Choisissons un couple de périodes T, T’ cnu = 1 -g + . . . .
engendrant le groupe G : le rapport T’/T
snu=u--(kZ+ l)“;+.,.,
n’étant pas réel, on peut supposer sa partie
imaginaire > 0, et, de plus, aussi grande
où k’ ne dépend que de T'/T ; sn u est alors
que l’on veut, pour que le développement solution de l’équation différentielle :
(6) ci-dessous converge plus vite ; alors
dx *
A = exp (TGT'/T) est le module < 1, aussi
petit que l’on veut. On note : c-1
du
= (1 -x2)(1 -kZX2),

donc s’obtient aussi par inversion de l’ir~fk-


(6) H ( u ) = i 1 (- l)kA(kpW’
grrrle elliptiqur de Lrgetxiw :
X exp [(2k - 1)rriu /T],

somme portant sur tous les entiers k : c’est


u=
s x
dt
fl V(l-t*)(l-Pi*)

une fonction holomorphe partout,


impaire, vérifiant : La fonction modulaire

(7) H(~+T)=-H(u), Les formules (3) associent au groupe G les


nombres g2 et g,, appelés inwrimts u’e G ;
H(u + T’) = - (11%) exp (- 2rriu /T)H(u) ;
on peut en effet les considérer comme
elle ne dépend que des rapports T'/T et U/T. fonctions d’un couple T, T' de périodes

435
FONCTIONS ANALYTIQUES

engendrant G. et ces fonctions sont


inchangées quand on remplace le couple T,
T’ par un autre couple engendrant G, donc
par un couple CI~ + hr’, cr + ch', où a, h,
c, d sont des entiers tels que ad ~ bc = 1.
En outre. le rapport gZ3/g,’ est conservé
par une homothétie sur G, donc est
fonction du rapport t; = T/T’ des deux
périodes engendrant G, fonction inchan-
gée quand on effectue sur la variable 5 une
substitution moduluiw :

couvrent le demi-plan. La jonction J réalise


La ,fOnction mochduire J est celle qui à une bijection holomorphe de A sur
5 = T/T' fait correspondre : l’ensemble des points du plan dont l’affixe
est non réel ou réel > 1.
J(C)= gz En particulier, la dérivée J’ ne s’annule
g+27&
qu’aux points i etj de la frontière de A, où
elle n’a de sens que pour 5 non réel, c’est J prend les valeurs 1 et 0 respectivement,
pourquoi on la considère sur le demi-plan et aux points images des précédents par les
supérieur Im C. < 0, où elle est holomor- substitutions modulaires ; par suite, la
phe ; elle est invariante par les substitu- fonction analytique multiforme inverse de
tions modulaires, en particulier par la
J, dont les valeurs appartiennent au demi-
translation 5 - 5 + 1. C’est donc aussi, plan supérieur, se prolonge analytique-
pour 1 11‘1 < 1, une fonction holomorphe
ment le long de tout chemin, tracé dans le
de IV = exp (2 Tic), à savoir :
plan, évitant les points 0 et 1.
De là résulte que, pour les fonctions
holomorphes omettant deux valeurs dis-
tinctes, donc aussi pour les fonctions méro-
morphes omettant trois valeurs distinctes,
on retrouve certaines propriétés des fonc-
tions holomorphes à valeurs dans un demi-
Le gwupe tnorluluiw, formé des substi- plan ou, ce qui revient au même par com-
tutions modulaires, opérant sur le demi- position avec une homographie, des
plan supfrieur, admet le domaine fonda- fonctions holomorphes bornées. Ainsi, du
mental A défini par les inégalités : fait qu’une fonction non rationnelle, méro-
morphe partout, ne peut être borner sur le
ICI < l,-1/2 < ReC < 1/2;
complémentaire X d’un disque (théorème
cela veut dire que les images de A par les assez élémentaire, qui est dû àLiwri//c), on
substitutions modulaires (la figure déduit, grâce à la fonction modulaire,
ci-contre en indique queiques-unes) sont qu’une teiie fonction ne peut omettre trois
deux à deux disjointes tandis que les valeurs sur X (ce dernier théorème, beau-
images de z (réunion de A et sa frontière) coup plus profond, est dû à Pkurd).

436
FONCTIONS ANALYTIQUES

Les fonctions automorphes est formée des groupes G pour lesquels la


On doit à Henri Poincaré (1854-1912) une frontière de A ne rencontre pas celle de D ;
vaste extension des fonctions elliptiques. ce sont aussi les groupes G pour lesquels
Les translations étant des automorphismes la variété D/G est compacte, de sorte que
du plan, c’est-à-dire des bijections holomor- deux fonctions G-automorphes quelcon-
phes du plan sur lui-même, et les fonctions ques sont liées par une relation algébrique.
G-elliptiques des fonctions méromorphes Inversement, à toute relation algébrique
entre deux variables x et J’, on peut associer
sur le plan invariantes par le groupe G
d’automorphismes, on peut de même se un groupe G-discret et un couple de fonc-
tions G-automorphes non constantesfet g
donner un groupe G d’automorphismes
liées par cette relation ; autrement dit, toute
d’un disque ou demi-plan D et chercher des
courbe algébrique peut être paramétrée à
fonctions méromorphes sur D invariantes
l’aide d’un couple de fonctions automor-
par G : on les appellera G-automorphes.
phes : x =f(Q, y =g(<). Ce résultat
Pour qu’il en existe d’autres que les
remarquable de Poincaré, publié en 188 1,
constantes, il est évidemment nécessaire
généralise le fait que toute cubique non
que G satisfasse à la condition suivante,
unicursale, donc aussi toute courbe algébri-
que Poincaré énonçait (( G-discontinu >x, et
que de genre 1 (cf. COURBES ALGÉBRIQUES,
qu’on énonce maintenant « G-discret )) :
chap. 6 à 8), peut être paramétrée à l’aide
aucun élément g de G n’est limite d’élé- d’un couple de fonctions elliptiques.
ments de G distincts deg. Poincaré montra
que cette condition nécessaire est aussi Les fonctions périodiques
suffisante pour qu’il existe des fonctions de plusieurs variables complexes
G-automorphes (il disait (( fuchsiennes »)
La construction de la fonction p de Weiers-
non constantes.
trass montre, parmi bien d’autres choses,
Lorsque la variété D/G n’est pas com-
qu’étant donné deux nombres complexes
pacte, ce qui est le cas général, deux T,, Tu linéairement indépendants sur le
fonctions G-automorphes ne sont pas en corps R des nombres réels il existe tou-
général liées par une relation algébrique : jours une fonction méromorphe sur le plan
ainsi, pour le groupe modulaire, la fonc- C, dont le groupe de périodes est emcte-
tion modulaire J est une fonction auto- ment celui qu’engendre le couple T,, T?.
morphe holomorphe, donc aussi eJ, qui 11 n’en est plus ainsi lorsqu’on passe à
n’est pas liée algébriquement à J. Une 112 variables complexes, 177 > 2. Étant
fonction automorphe pour ce groupe est donné 2 m vecteurs T,, . . . . T?,,, dans C”’
liée algébriquement à J, si, et seulement si, (écrits dans la suite comme colonnes d’une
comme J d’après la formule (8), cette matrice T à M lignes), linéairement indé-
fonction est une fonction méromorphe de pendants sur R, pour qu’il existe une
w = exp (2 &,) pour 1w 1< 1. fonction méromorphe sur C”‘, dont le
Poincaré caractérisa les domaines fon- groupe de périodes soit exactement celui
damentaux A des groupes G-discrets, et qu’engendrent T,, . . . . Tu ,,,, il faut et il suffit
divisa ces groupes en familles suivant la que ces 2 nz vecteurs soient liés par les
disposition de A, dont dépend l’existence conditions u’e Frohrnius suivantes : Il existe
d’une relation algébrique entre deux fonc- une matrice carrée A d’ordre 2 n7, inver-
tions G-automorphes. La première famille sible et symétrique gauche, à éléments

437
FONCTIONS ANALYTIQUES

entiers, telle que la matrice symétrique abéliennes )), in J. Dieudonné et al., Abr&g@ r/%istoirr
ries n~urhén~~iques. t. II, chap. VII. Hermann, Paris /
gauche (d’ordre n?) TA(T) soit nulle, ce
G. A. JONES & D . SINGERMAN, Cmples Fumions, LUI
qui fait /rr(f?r - 1)/2 équations linéaires, et Algrbrrric und Geornetric Vies Point, Cambridge
la matrice hermitienne (d’ordre m) Univ. Press, 1988 / S. LANG, Elhptic Furdons,
i TA(T) définie positive. Springer-Verlag, New York, 2’ fd. 1987 / B. SCHOE-
NEBERG, Elliptic Modulur Functiot~s. ibid, 1 9 7 4 /
D’autre part, le mathématicien Carl C. L. SIEGEL, Topics in Comph Function Theo~y,
Ludwig Siegel a étendu à plusieurs varia- 3 vol., Wiley, New York, 1989 / G. VALIRON, C«~I:F
bles le groupe modulaire, sous le nom de dmalyr nd~érm~tique, t. 1 : ThP«,7r rlrsfonctions.
groupe modulaire symplectique. Au lieu 3’ éd., Masson, Paris, 1990 / A. WEIL, Elliptic
Functions Atzording to Eismstein und Kwnrtker.
d’une variable 5 telle que (l/i)(c ~ 2) > 0, Springer Verlag, New York-Berlin, 1976.
il considère une matrice carrée symétri-
que Z d’ordre nr, telle que la matrice her-
mitienne (l/i)(Z ~ 2) soit définie positive : Z C. Représentation conforme
décrit alors, dans ci’ avec p = ~n(n? + l)/
2, un domaine de Siegel, qui est lié aux La représentation conforme la plus ancien-
conditions de Frobenius, comme le demi- nement connue est la projection stéréogra-
plan supérieur à la condition 5 = T,/T~ non phique, inventée par les Grecs (Hipparque,
réel. De même que les automorphismes du Ptolémée). Les problèmes cartographiques
demi-plan supérieur sont les homographies conduisirent à la découverte d’autres appli-
5 - (us + ~)(CC + tl) ’ avec 0. h. c. u’réels, cations conservant les angles d’un domaine
un-hc= 1,ou: sphérique sur un domaine plan, telle la
projection de Mercator (XVI~ siècle). Au
début du XIX~ siècle, Carl Friedrich Gauss
étudia systématiquement les propriétés
de même les automorphismes du domaine intrinséques des surfaces de l’espace habi-
de Siegel sont les applications : tuel ; en particulier, il examina les applica-
Z-(AZ + B)(CZ + D)-‘, tions bijectives d’une surface sur une autre
qui sont différentiables, ainsi que leur réci-
avec A, B, C, D matrices carrées d’ordre proque, et qui conservent les angles. La
177 à éléments réels : notion de représentation conforme reçut
un nouvel éclairage avec l’avènement de la
théorie des fonctions d’une variable com-
plexe, à laquelle elle est intimement liée.
(1 est la matrice unité pour la multiplica-
Bernhard Riemann sut exploiter cette rela-
tion) : on obtient le groupe modulaire
tion de façon particulièrement féconde,
symplectique en prenant A, B, C, D à
introduisant la notion de .sur$~~~ rte Rie-
éléments entiers.
mann, qui résout les difficultés dues aux
MICHEL HEKVL « fonctions multiformes » et donne un
cadre convenable à la théorie du prolonge-
Bibliographie ment analytique. Cette théorie pose un cer-

ont conduit Bernhard Riemann et Henri


Paris. 1929-1930 / K. CHANDRASEKHARAN. E/kptic
Fw~ctions. Sorineer-Verlap. New York. 1985 / Poincaré à développer les premières bases
C . HOUZEL. ‘« Fhztions -elliptiques et intégrale; de la topologie algébrique.

438
FONCTIONS ANALYTIQUES

1 . Définition fig. 1
f

La représentation conforme
Considérons un domaine D du plan R’. On
dit qu’une application différentiablefde D
dans R* est conforme en un point z0 de D si
sa dérivée (ou application linéaire tan-
gente) D!~(Z,) en z0 conserve les angles
Ol-itXltéS (Cf. CALCUL INFINITÉSIMAL - CdClli

à plusieurs variables). En convenant que


l’angle en z0 de deux chemins différentia-
bles y, et y2 passant par z0 est l’angle de leurs
tangentes en zO, on voit que cette condition
revient àla suivante : l’angle orienté en,f‘(+)
des chemins imagesfo y, etf‘o yz est égal
à l’angle orienté de y, et y1 en zO, quels que
soient les chemins y, et y1 différentiables
passant par z, (fig. 1).
On sait qu’une application linéaire du
plan dans lui-même, qui conserve les angles
orientés est une similitude directe de cen-
tre 0. Ainsi, la conformité de,fen z0 signifie
que l’application linéaire tangente D]~(Z,)
est une similitude directe. Il est très com-
mode de représenter les similitudes à l’aide
de la multiplication des nombres comple-
Conservation des angles
1
xes. Dans la suite, on considérera que le h - ah, avec a E C, a # 0 ; par consé-
plan est le corps des nombres complexes C, quent, le rapport :
et l’on écrira .Y + ~JJ pour le point (.Y. J3 du
plan (cf. nombres COMPLEXES ) ; une simili-
tude directe de centre 0 est alors une appli-
cation de la forme z-a:, où a est un
tend vers 0 avec h. ou encoref’est dérivable
nombre complexe non nul dont le module
uu sens camplue en zO, avec comme
et l’argument sont respectivement le rap-
dérivée, ,f”(z,,) = CI # 0 (cf. la partie A
port et l’angle de la similitude ; dans la base
ci-dessus -- Fonctions analytiques d’une
canonique (1, i) de C sur R, la matrice de la
variable complexe, chap. 2). En termes
similitude considérée s’écrit :
réels, on doit écrire que la matrice jaco-
a-P bienne def= P + iQ, soit :
( P a1
ap aQ

i-Ii
où c( est la partie réelle de CI, et fl sa partie
imaginaire. ax ax
Dire que f est conforme en z0 revient ap aq
donc à dire que sa dérivée est de la forme ay ay

439
FONCTIONS ANALYTIQUES

est de la forme : c’est-à-dire le plan fendu suivant le demi-


axe réel positif. Comme :

(x + iy)’ =x2-y> + 2ixy,

ce qui donne les conditions de Cauchy- on voit que l’image de la demi-droite .Y = a


Riemann : (U # 0), 4’ > 0 est la demi-parabole :

ap acj ap aQ
dx=dy' dy=-ax. !1! X=&&. aY > 0.

Ainsi toute fonction holomorphefdans La parabole ( 1) admet l’axe réel pour axe
D, dont la dérivée ne s’annule pas, est de symétrie ; son foyer est en 0 et son som-
conforme en tout point de D. Or on peut met d’ordonnée positive. L’image de la
montrer que l’image d’une partie ouverte demi-droite .Y = 0, 1’ > 0 est le demi-axe
de C par une fonction holomorphe non réel négatif. De plus, la droite? = h(h > 0)
constante est ouverte ; l’image du domaine est transformée en la parabole :
D par une fonction holomorphe non
(2) X = g-b’,
constantefest donc un domainef(D). De
plus, si f‘est injective (on dit quelquefois qui a pour axe l’axe réel : son foyer est en 0
univalente), sa dérivée ne s’annule pas ; ,f et son sommet d’ordonnée négative. Les
définit une bijection de D sur.f(D) dont paraboles de la famille (1) sont évidemment
l’application réciproque est holomorphe
toutes orthogonales à celles de la famille (2)
dans ,f(D) ; ,f est alors une wpwkntation
(fig. 2). Remarquons que l’application
co~~jOr~~ze de D sur f’(D). Les domaines D
conforme considérée se prolonge continû-
et ,f (D) sont dits conformément équiva-
ment à la frontière -’ = 0 du domaine (en
lents, ou encore isomorphes ; en ce qui
concerne la théorie des fonctions analyti- fig. :

ques, ils ont les mêmes propriétés, car


l’application : g - gqf est une bijection de
\x=a

l’ensemble des fonctions holomorphes


dans ,f (D) sur l’ensemble des fonctions
holomorphes dans D. Enfin, si g est une
représentation conforme de f(D) sur un
nouveau domaine D’, la composée gqf’est
une représentation conforme de D sur D’.

Exemples de représentations conformes


Chaque fonction holomorphe injective
dans un domaine D définit une représen-
tation conforme de D sur ,f (D). Par
exemple, la fonction z - ? est holomor-
phe et injective dans le &e,~ri-l,lrr~ sup~~rieur,
défini par Im z > 0 : son image est le
complémentaire dans C de R’f (ensemble
des nombres réels strictement positifs),

440
FONCTIONS ANALYTIQUES

fait z - ? est holomorphe dans le plan tout En composant de telles représentations


entier. mais non injective) ; l’image de cette conformes, on peut construire une repré-
frontière est la frontière du domaine image sentation conforme d’un secteur angulaire
(le demi-axe réel positif). quelconque sur un autre, par exemple sur
Par restriction de la représentation le demi-plan supérieur. Pour préciser la
conforme précédente, on obtient une représentation z - z “* du plan fendu sur
représentation conforme du demi-plan le demi-plan supérieur, décrivons les trans-
1’ > b sur l’extérieur d’une parabole. formées des droites parallèles aux axes.
On peut étudier de la même façon la L’image de la droite x = a (a # 0) est la
fonction holomorphez - s” (n entier > 0), demi-hyperbole équilatère :
qui est injective dans le secteur angulaire
(3) X2--YZ=a, Y > 0,
0 < argz < ldn,
dont les asymptotes sont les bissectrices
et définit une représentation conforme de des axes de coordonnées ; si a > 0, les
ce secteur angulaire, sur le plan fendu sommets sont sur l’axe réel et l’image est
suivant l’axe réel positif. Ici encore, la formée de la moitié supérieure de chacune
représentation se prolonge par continuité des branches de l’hyperbole ; si, au
à la frontière, mais, au point 0, la trans- contraire, a < 0, les sommets sont sur
formation cesse d’être conforme, car la l’axe imaginaire et l’image est la branche
dérivée s’annule ; chaque angle en 0 est supérieure de l’hyperbole. La droite .y = 0
multiplié par n dans cette transformation. a pour image la réunion des deux demi-
Les applications réciproques de ces bissectrices des axes qui sont dans le
représentations conformes fournissent de demi-plan supérieur. Enfin, la droite J = b
nouveaux exemples : dans le plan fendu (h # 0) est transformée en la branche
suivant le demi-axe réel positif, on définit supérieure de I’hyperbole équilatère :
sans ambiguïté la fonction z - z’/‘~ par la
(4) 2XY = b,
condition :
dont les asymptotes sont les axes de coor-
0 < argz”” < 2T/rl, données et la demi-droite J’ = 0, s < 0 est
et on obtient une représentation conforme transformée en la demi-droite X = 0,
du plan fendu sur un secteur angulaire Y > 0. Chaque hyperbole de la famille (4)
d’amplitude 2 K/I~. Pour tout exposant CA est orthogonale à toutes les hyperboles de
réel > 0, on peut définir une représentation la famille (3) (fig. 3). Le demi-plan y > h
conforme z - 5’ dans le secteur angulaire : est représenté conformément sur l’inté-
rieur d’une branche d’hyperbole.
0 < argz < inf(2rr, 2rr/a),
Étudions maintenant la représentation
en imposant la condition : conforme définie par la fonction z - 1 /z,
qui est holomorphe et injective dans
0 < argz” < 2*a,
C - {OI et admet pour image C ~ {OI :
qui détermine une branche holomorphe de cette transformation est sa propre réci-
la fonction considérée, injective dans le sec- proque (transformation involutive).
teur décrit par: ; l’image de cette représen- Ici :
tation conforme est le secteur angulaire :
1 x -iy
0 < argz < inf(2rra, 2~). x + iy x2+y2

441
FONCTIONS ANALYTIQUES

fig. 3
y--b y =~ 6

.Y = CI (a # 0) et z- 1 ~ 2 hiz, on trouve une représenta-


et les droites
tion conforme :
1’ = h (h # 0) sont respectivement trans-
formées en les cercles passant par 0 z - ib
z .
(privés de 0) : z + ib
du demi-plan supérieur f > 0 sur le disque
(5) n(X? + Y2) = x, unitk 1 z / < 1 (on peut prendre b = 1) ;
(6) b(XZ + Y”) = -Y ;
cette transformation se prolonge à la
frontière, l’image de la droite JJ = 0 étant
les cercles (5) sont orthogonaux aux cer-
le cercle unité privé du point - 1. Il est
cles (6) ; ils sont centrés sur l’axe réel et maintenant possible de construire une
tangents en 0 à l’axe imaginaire (fig. 4). représentation conforme d’un secteur
Les droites s = 0 et 1’ = 0 sont globale- angulaire quelconque sur le disque unité,
ment invariantes. Plus généralement. cha- puisqu’un tel secteur se représente confor-
que droite issue de 0 est transformée en sa mément sur le demi-plan.
symétrique par rapport a l’axe réel ; en La fonction z - r’ donne un nouvel
composant avec la symétrie d-axe R, on exemple de représentation conforme (cf.
obtient une transformation z - I/i, appe- EXPONENTIELLE ET LOGARITHME). Elle est
lée i~wersion (de pôle 0 et de puissance l), holomorphe dans tout le plan et sa res-
qui laisse globalement invariante chaque triction à la h0rîr/e 0 < Im z < 2 7r est
droite issue de 0 : elle transforme les injective ; l’image de cette bande est le plan
angles en leurs opposés. De cette transfor- fendu suivant le demi-axe réel positif.
mation se déduit par restriction une repré- Comme ez = e‘+lJ = @e”, c’est-a-dire
sentation conforme du demi-plan J’ > b je- / = ey et arg eL = J’, nous décrirons
sur le disque h(X’ + Y’) + Y < 0 ; en l’image à l’aide des coordonnées polaires
composant à droite avec la translation I et 0 (0 < 8 < 2 Tr). Les segments 3
2 - 5 + ih et à gauche avec la similitude = constante de la bande sont transformés

442
FONCTIONS ANALYTIQUES

en cercles de centre 0 (privés du point réel 0, et prend la même valeur aux points u et
> 0) ; les droites 1’ = constante sont I/u : restreinte à l’extérieur 1 u 1 > 1 du
transformées en demi-droites passant par disque unité, elle est injective et représente
0 (fig. 5). La transformation réciproque, conformément l’extérieur du disque unité
fig. 5
sur le plan privé de l’image du cercle unité,
c’est-à-dire le plan privé du segment
d’extrémité ~ 1 et 1. Si u = wie (Y > 1).
les coordonnées de son image sont :

1
x=5 r+; me,
( )
1 1
y = 2 7-m me,
( r 1

OI x les cercles de centre 0 sont donc trans-


formés en ellipses de foyers - 1 et 1, tandis
que les droites passant par 0 sont trans-
formées en hyperboles ayant les mêmes
foyers, avec dégénérescence en les axes de
coordonnées (fig. 6). La même fonction

f1g. 6
x=a

0 \ l /O = b

e
y=$

notée lg, représente le plan fendu confor-


mément sur une bande.
La fonction :

z++cosz = f(e- +e-=)


est composée des fonctions :
donne une représentation conforme du
z-i2 = t, disque unité privé de son centre sur le plan
t-e’=u, privé du segment d’extrémités ~ 1 et 1.
Il est maintenant facile de voir que
la fonction COS définit une représen-
Étudions d’abord la dernière fonction : tation c o n f o r m e d e l a d e m i - b a n d e
elle est holomorphe dans le plan privé de 0 < Re z < 2 rr, Im z > 0 sur le plan

443
FONCTIONS ANALYTIQUES

p r i v é d e l a d e m i - d r o i t e Imz = 0 , dre certains problèmes de Dirichlet : pour


Re z > ~ 1 (fig. 7). trouver une fonction harmonique U,
connaissant une courbe u = a (constante,
fig. 7
qui est la frontière d’un domaine D confor-
mément équivalent au demi-plan supérieur,
on utilise une représentation conformefde
D sur le demi-plan supérieur ; si f se pro-
longe par continuité à la frontière de D et
transforme cette frontière en celle du demi-
plan, soit la droite Im z = 0, la solution est
u = h (f + U) (Cf. POTENTIEL ET FONC-
b TIONS HARMONIQUES).
Si les domaines D et D’ sont conformé-
ment équivalents, ils sont /wwf~t;ornouphes,
c’est-à-dire qu’il existe une bijection conti-
nue de D sur D’ dont la réciproque est aussi
continue. Ainsi est réalisée une condition
nécessaire d’isomorphisme ; mais cette
condition n’est pas suffisante, car le plan C
et le disque unité sont homéomorphes
(l’application z- z/(l + 1~1) e s t u n
homéomorphisme du premier sur le
second), mais certainement pas isomor-
phes, puisque la fonction z - z est holo-
morphe et bornée dans le disque unité, alors
que toute fonction holomorphe et bornée
dans C est constante d’après le théorème de
Liouville (cf. la partie A ci-dessus - Fonc-
tions analytiques d’une variable complexe).
D’ailleurs, comme on l’a vu ci-dessus,
une grande variété de domaines sont
conformément équivalents au disque
unité : le demi-plan, un secteur angulaire,
2. Le problème une bande ou une demi-bande, l’extérieur
de la représentation conforme d’une parabole. En fait, Riemann a obtenu
(par une démonstration un peu incom-
Étant donné des domaines D et D’ du plan, plète) le remarquable résultat suivant :
sont-ils conformément équivalents ? Dans Tout domaine D différent du plan C et
l’affirmative, il s’agira de construire, au sir~~pkwrnt HMVK~ (c’est-à-dire que tout
moins d’une manière approchée, une repré- lacet de D peut se déformer continûment
sentation conforme de D sur D’. Ce pro- dans D en un point) est conformément
. .
bleme a des appiications en diverses ques- équivaient au disque unité.
tions de physique (par exemple en Ce théorème a été complètement
hydrodynamique), car il permet de résou- démontré par W. F. Osgood. puis par

AA4
FONCTIONS ANALYTIQUES

P. Koebe, qui l’a généralisé en donnant 08 les nombres u, sont réels et les exposants
aussi des modèles pour les domaines non ai compris entre 0 et 1 et de somme 2 ;
simplement connexes à l’aide du disque pour n = 4 et a, = a? = a3 = a4 = 112,
unité privé d’un certain nombre d’arcs de l’intégrale considérée est une intégrale
cercles de centre 0. Voici les étapes de la elliptique et donne une représentation
démonstration : conforme du demi-plan sur un rectangle
a) On commence par se ramener au cas (cf. la partie B ci-dessus - Fonctions
où D est borné en construisant une fonc- elliptiques et modulaire).
tion holomorphe bornée et injective dans Il est possible de déterminer toutes les
D (c’est assez facile). 11 est alors possible représentations conformes du plan sur
de trouver des représentations conformes lui-même ou du disque unité sur lui-même.
de D sur des domaines contenus dans le Dans le cas du plan, une représentation
disque unité (à l’aide de similitudes, par conforme ,f : C + C est une fonction
exemple). entière qui est injective ; cela entraîne
h) En choisissant un point u de D et en d’abord que f est un polynôme, sinon la
considérant l’ensemble F des représenta- fonction u -f’( l/u) aurait une singularité
tions conformes de D sur des parties du dis- essentielle à l’origine et transformerait le
que unité qui transforment CI en 0, on disque unité (privé de 0) en un ensemble
démontre que, pour un élémentfde F, les partout dense dans C d’après un théorème
propriétés suivantes sont équivalentes : (1) de Weierstrass ; ainsi, l’image par ,f de
L’image de D parf‘est le disque unité. (II) l’extérieur du disque unité serait partout
dense et, par suite, rencontrerait l’image
I.f’(cr) /est maximale parmi les valeurs que ce
nombre peut prendre lorsquefparcourt F. du disque unité, qui est un ouvert : c’est
impossible si,fest injective. De plus,fdoit
c) Il reste à démontrer I’existence d’un
élément f de F qui réalise le maximum de être de degré 1, car un polynôme de degré
If ‘(a) 1. Cela résulte du fait que F est un II a n racines ; donc f est de la forme
ensemble umpuct pour la N topologie de la
f (7) = ut + h (a # 0) et la représenta-
tion conforme est une similitude. Il est
convergence compacte » dans D et que
remarquable que les transformations du
.f- If’(u) / est une fonction numérique
plan en lui-même qui conservent les angles
continue dans F.
conservent la distance euclidienne à un
En général, on ne peut pas déterminer
facteur près ; ces transformations forment
explicitement une représentation conforme
un groupe à quatre paramètres, opérant
de D sur le disque unité, mais seulement
transitivement.
chercher à construire des approximations
Passons au cas du disque unité, en étu-
d’une telle représentation ; c’est un pro-
diant d’abord les automorphismes laissant
blème d’analyse numérique qui peut être
fixe le point 0. Un tel automorphisme est en
difficile. La méthode de H. A. Schwarz
particulier une fonction holomorpheftelle
donne explicitement une représentation
quef’(0) = Oetif(=) < lpourtoutpoint~
conforme du demi-plan supérieur sur un
du disque unité ; le lemme de Schwarz lui est
polygone convexe arbitraire par une for- applicable : 1f (2) 1< 1z /, avec égalité seule-
ment si f (:) est proportionnel à z (cf. la par-
mule du type :

s
z- =--
0 (t -a,)“~
dt
(t-a”)%
tie A ci-dessus - Fonctions analytiques
d’une variable complexe) ; le même lemme

445
FONCTIONS ANALYTIQUES

appliqué à f ’ donne 1 z 1 < If(z) 1, donc nées sont notées x, y, t ). La projection


l’égalité a lieu etf(z) = az avec une cons- stéréographique de pôle (0, 0, 1) sur le plan
tante u de module 1. Si f est un automor- t = 0 est l’application qui, à chaque point
phisme quelconque du disque unité, on (x, JI, t ) de la sphère distinct de (0, 0, l),
pose h =f’(O). L’application : associe le point où la droite joi-
gnant (0, 0, 1) à (x, y, t ) rencontre le plan
t = 0 (fig. 8).
est une représentation conforme du disque
sur lui-même qui transforme 0 en b. Donc I t
fig. 8

f 0 g, qui est conforme et laisse 0 fixe, est


une rotation 5 ++ az (1 CI / = l), et :

f ( z ) = a g

Les automorphismes du disque unité


sont ainsi les transformations homographi-
ques qui le laissent invariant ; ils forment
un groupe à trois paramètres transitif dans
le disque unité. On peut montrer qu’il
existe une métrique riemannienne dans le
disque unité qui est invariante par ce Projection stéréographique
groupe ; sa courbure est constante et
négative de sorte que la géométrie corres- Ainsi, l’image de (x, y, t ) est le point :
pondante est celle de N. 1. Lobatchevsky
(c’est le fameux modèle de Poincaré pour x Y

la géométrie non euclidienne). 1-t’l-r


i- 1’

Les résultats obtenus pour le disque soit :


unité se transposent au demi-plan. Comme
le passage de l’un a l’autre s’opère au x + &J
1 - t
moyen d’une transformation homographi-
que, les automorphismes du demi-plan avec la notation complexe. Il est facile de
supérieur sont les transformations homo- montrer que cette application conserve les
graphiques qui le laissent invariant : angles (c’est-à-dire que l’application
linéaire tangente possède cette propriété).
Z,aZ+ C’est une représentation conforme de la
a + d
sphère privée du pôle (0.0, 1) sur le plan C.
avec CI, h, c, n réels et un- hc > 0.
On peut aussi considérer la projection
stéréographique de pôle (0, 0, - l), qui
3. Surfaces de Riemann s’écrit :

Projection stéréographique
et sphère de Riemann
Considérons la sphère SI de centre 0 et de et représente conformément la sphère
rayon 1 dans l’espace R’ (où les coordon- privée de (0, 0, ~ 1) sur C. Il n’a pas été

AA6
FONCTIONS ANALYTIQUES

tenu compte des questions d’orientation et sphère de Riemann, ainsi considérée


un même angle orienté sur la sphère est comme C complété par un point à l’infini,
transformé en des angles opposés par les peut aussi s’identifier à la droite projective
deux projections ; ce défaut se corrige en complexe P,(C).
composant la deuxième projection avec la Pour déterminer les automorphismes
symétrie d’axe réel, ce qui donne la repré- de la sphère de Riemann, remarquons
sentation conforme : d’abord que ceux qui laissent fixe le point
à l’infini donnent par restriction des auto-
morphismes de C, c’est-a-dire des simili-
tudes :
de la sphère privée de (0, 0, - 1) sur C. Si
z+-az + b.
z et z’ sont les images d’un même point (.Y,
J’, t) distinct de (0, 0, 1) et de (0, 0, - 1) SiSest un automorphisme quelconque,
par nos deux représentations, alors : posons c =,f’-‘(w) ; l’application :

zz, = (.x +jy)C-iy) x2 +Y2 1. g:z-c + l/z


(l-t)(l +t) 1 -tz
transforme as en c et c’est un automor-
phisme de la sphère de Riemann, donc
.f’0 g laisse a3 fixe et c’est encore un
ainsi on passe de l’une a l’autre par la automorphisme ; il en résulte quefo g est
transformation 7 - l/z. une similitude 3 - CI: + h et que :
Si D est une partie ouverte de la sphère,
la première projection stéréographique f(z) = zfc + b.
identifie D privé éventuellement du pôle
Les représentations conformes de la
(0, 0, 1) a un ouvert D’ de C, tandis que
sphère de Riemann sur elle-même sont
la seconde projection identifie D privé
donc les transformations homographi-
éventuellement de (0. 0, ~ 1) à un autre
ques :
ouvert D” du plan. On dira qu’une fonc-
tion numérique complexe,f‘définie dans D
est holomorphe si les fonctions correspon-
dantes dans D’ et D” sont holomorphes ; (a. h. c, d complexes tels que ad ~.- hc # 0).
cette définition est cohérente parce que la Elles forment un groupe à six paramètres
transformation 2 - l/z est un isomor- réels et transforment les cercles en cercles
phisme de D’ privé éventuellement de (groupe circulaire).
l’origine sur D” privé éventuellement de
l’origine. Avec cette notion de fonction Courbes analytiques
holomorphe, la sphère Sz s’appelle sp/~èw et surfaces de Riemann
&J Rie~nwr. Le plan s’identifie par la La structure qui a été définie précédem-
projection stéréographique de pôle (0, 0, 1) ment sur la sphère s’exprime bien dans le
au complémentaire de (0, 0, 1) dans la langage des variétés,
sphère de Riemann ; comme ce point a D’une manière générale. on appelle
pour image 0 par l’autre projection, il wr.iétt: malytique c’on1p1e.w de dimension 1,
s’appellera point à l’ir$ini noté oc (prolon- ou courbe analytique complexe (régulière).
geant ainsi z - 1 /z en posant 1 /O = CO). La ou encore, par abus de langage, surface de

447
FONCTIONS ANALYTIQUES

Riemann, un espace topologique séparé X donc une structure de surface différentia-


muni d’un atlas analytique complexe maxi- ble ; cette surface est orientable et trian-
mal a valeurs dans des ouverts de C. Cette gulable (la dernière propriété est due a
définition repose sur la notion de carte de X T. Rade, 1925).
a valeur dans un ouvert de C : il s’agit d’un On démontre qu’une surface orientable
homéomorphisme d’un ouvert de X sur un triangulable connexe et compucte est
ouvert de C ; deux cartes dont les ouverts de homéomorphe soit à la sphère Sz, soit à
définition se rencontrent définissent un une « sphère à p anses )) (ou N tort à p
homéomorphisme appelé changement de trous B) obtenue en identifiant deux à deux
carte entre les deux images de l’intersection les côtés d’un polygone à 4 p côtés selon
des ouverts de définition. Un atlas analyti- le symbole :
que complexe est une famille de cartes dont
les ouverts de définition recouvrent X et tel
que tous les changements de cartes (entre
(où les 4p côtés sont nommés dans l’ordre
des cartes de la famille) soient holomor-
où ils se présentent sur le bord orienté du
phes ; par exemple, la projection stéréogra-
polygone, (I, ’ devant être identifié à a,
phique de pôle (0, 0, 1) et celle de pôle (0, 0,
après avoir renversé son orientation, etc.,
- 1) composée avec la symétrie d’axe R
fig. 9). Chaque côté du polygone devient
sont des cartes de Sz et le changement de
un lacet sur la surface et les classes
cartes est z - l/~ ; ces cartes forment un
d’homotopie des 2 y lacets ainsi obtenus
atlas analytique complexe de S, qui définit
engendrent le groupe fondamental de cette
une structure de courbe analytique com-
surface ; l’entier p s’appelle le genre topo-
plexe sur la sphère (droite projective com-
logique de la surface. La sphère Sz est
plexe). Voici encore un exemple important
dans la théorie des fonctions elliptiques : simplement connexe ; on lui attribue le
étant donné deux nombres o et o’ dont le genre 0. Le tore T? est de genre 1. Ces
rapport n’est pas réel, considérons le quo- résultats s’appliquent aux courbes analyti-
tient X de C par le sous-groupe engendré ques complexes connexes et compactes.
par o et GI’ ; muni de la topologie quotient de Tout ouvert d’une courbe analytique
celle de C, c’est un espace séparé (homéo- complexe est muni d’une manière naturelle
morphe au tore T’) sur lequel on définit un d’une structure induite qui en fait aussi une
atlas analytique complexe à l’aide des variété analytique complexe de dimen-
ouverts de C assez petits pour que I’applica- sion 1. Plus généralement, si X est une
tion canonique rr de C sur X y soit injective, courbe analytique complexe et sif‘: X’ ++ X
en prenant pour cartes les réciproques des est un homéomorphisme local, l’espace X’
restrictions de rr à de tels ouverts ;X devient a une structure naturelle de courbe analy-
ainsi une courbe analytique complexe tique complexe provenant de celle de X.
(courbe elliptique). Cela s’applique au revêtement universel X
Comme une fonction holomorphe est a de X ; par exemple, le revêtement universel
fortiori différentiable (au sens réel), tout d’une courbe elliptique est C.
atlas analytique complexe est aussi un atlas La notion de fonction holomorphe sur
différentiable et définit une structure de une courbe analytique complexe se définit
variété différentiable de dimension réelle 2. en procédant comme ci-dessus pour la
Une courbe analytique complexe possède sphère de Riemann. Plus généralement, on

448
FONCTIONS ANALYTIQUES

fig. 9

peut définir la notion d’application holo- alors X est isomorphe au plan ou au plan
morphe d’une courbe analytique complexe privé d’un point, ou bien est une courbe
dans une autre. elliptique.
Deux courbes analytiques sont dites Une application holomorphe non cons-
isomorphes ou conformément équivalen- tante f’ : X - Y est toujours ouverte. Ses
tes s’il existe un homéomorphisme holo- $huesf ‘(J) (~3 E Y) sont discrètes et, pour
morphe de l’une sur l’autre ; il est facile de tout point .y E X, il existe des cartes rf et
voir que l’application réciproque d’un tel tt~ de X et Y définies respectivement dans
homéomorphisme est aussi holomorphe. des voisinages de x et de J‘(x) telles que
Le théorème de représentation conforme ‘p (x) = 0, y@(x)) = 0 et que v ofo 9-l
de Riemann se généralise ainsi : soit de la forme z +-+ z”, où n est un entier
Toute courbe analytique complexe > 1, que l’on appelle l’indice de ramifi-
connexe et simplement connexe est iso- cation de ,f’ en .y ; en général n = 1, et
morphe a l’une des suivantes : l’ensemble des points de X où l’indice de
a) La sphère de Riemann (droite pro- ramification est > 2 (points de ramifica-
jective complexe) ; tion def’) est discret. Par exemple, l’appli-
h) Le plan C (droite affine complexe) ; cation z - z2 de C dans C est ramifiée
c) Le disque unité (ou le demi-plan). seulement en 0, avec 2 comme indice de
On distingue aisément les cas CI, h, c, car ramification ; si on la prolonge à la sphère
la sphère est la seule à être compacte. et le de Riemann en posant 03~ = 33, on obtient
disque unité le seul a admettre des fonc- une application holomorphe de la sphère
tions holomorphes bornées non constan- de Riemann sur elle-même, ramifiée en 0
tes. Le revêtement universel d’une courbe et en cc, et dont les fibres au-dessus des
analytique complexe connexe X est iso- points # 0, ~3 ont toutes 2 points. L’image
morphe à l’une des courbes précédentes ; réciproque, par cette application, du plan
si c’est la sphère, la courbe X est elle-même fendu C-R+, se compose de 2
isomorphe a la sphère ; si c’est le plan, N feuillets 1) isomorphes au plan fendu (ils

449
FONCTIONS ANALYTIQUES

correspondent aux 2 déterminations de point et a une infinité de feuillets. La surface


z’/?, fig. 10). de Riemann de la fonction algébrique y de
.y définie par l’équation :
fig. 10
y2 = 4x3 + bx + c

(avec b3 + 27 c2 # 0) est la courbe d’équa-


tion homogène :

y2t = 4x3 + bxt* + ct’

dans le plan projectif complexe P,(C),


munie de l’application dans la sphère de
Riemann P,(C), qui transforme le point
(x, y, t ) en (x, t ) pour t # 0 et le point
(0, 1, 0) en (1,0) = m (coordonnées
homogènes) ; elle a 2 feuillets et est
ramifiée au-dessus des solutions de
4 x3 + bx + c = 0 ; en paramétrant la
courbe à l’aide des fonctions elliptiques
x = p(u), y = p’(u) (u E C), on voit
Les deux feuillets de /a surface de Riemann de ,,6 qu’elle est isomorphe au quotient de C par
un sous-groupe discret de rang 2 (courbe
On appelle surface de Riemann une elliptique, cf. la partie A ci-dessus Fonc-
courbe analytique connexe X munie d’une tions elliptiques et modulaire).
application holomorphe non constante à Riemann a démontré que toute surface
valeurs dans la sphère de Riemann ; ainsi de Riemann compacte est la surface de Rie-
(S,, z - 2’) est une surface de Riemann, mann d’une fonction algébrique. Autre-
grâce à laquelle il est possible de prolonger ment dit, toute courbe analytique complexe
analytiquement une branche holomorphe compacte est isomorphe à une courbe algé-
de la racine carrée : une telle branche est brique d’un certain espace projectif com-
définie initialement dans le plan fendu, mais plexe (cf. COURBES ALGÉBRIQUES). Il est
on peut la considérer comme définie dans remarquable que le genre topologique de la
l’un des 2 feuillets de la surface de Riemann courbe analytique considérée est égal au
(c’est alors l’application identique de la genre algébrique de la courbe algébrique
sphère de Riemann), ce qui permet de isomorphe ; dans l’isomorphisme, les fonc-
définir un prolongement analytique sur la tions ou les formes différentielles méromor-
surface de Riemann. D’une manière géné- phes sur la courbe analytique s’identifient
rale, le prolongement analytique d’une aux fonctions ou aux formes différentielles
fonction holomorphe définie dans un rationnelles sur la courbe algébrique.
ouvert de C conduit à construire une sur-
CHRISTIAN HOUZEL
face de Riemann sur laquelle on peut défi-
nir ce prolongement. Ainsi la fonction In est
Bibliographie
définie sur la surface de Riemann (C,
L. AHLFORS, Cmpleu An+is, McGraw-Hill. New
z ++ e-), dont l’image est C - {OI ; cette York, 1963 / H. BEHNKE & F. SOMMER , Theoric riet
surface de Riemann n’est ramifiée en aucun ana~~tischrn Furtktionm cincr komplexm Ve~ünt~w-

450
GAMMA FONCTION

lichen, Springer, Berlin, 1955 / P. A. GRIFFITHS.

G
Introduction 10 A/grhrrric Cwres. American Mathe-
matical Society. Providence (R. 1.). 1989 /
R. NEVANLMNA. (Ir~ifiw~~~isirrurtg, Berlin, 1953 /
H. POINCARÉ. CFuws. vol. II. IV et IX, Gauthier-
Villars, Paris, 1916-1954 / B. RIEMANN, G311.ws
n~uthénufiques, Gauthier-Villars, 1898. repr. en
fac-similé. J. Gabay. Paris. 1990 / G. SPRINGER.
Introduction fi Rkwtrnn SUI~/&S. Chelsea Pub].,
New York, 2’ éd. 198 I / S. STOILOW, Leq»ns SUI’ /es
principrs topoiogiqurs de ICI thlorir drs ,f&ctions
I/~U/U@CS, Gauthier-Villars. 1938 / H. WEYL, Thr
Conwp/ cf CI Riemann Su-JNc~, Addison-Wesley,
Londres, 1964.

FONCTIONS CONVEXES
--+ CONVEXITÉ - Fonctions
convexes
GAMMA FONCTION

FONCTIONS DE BESSEL
- BESSEL FONCTIONS DE
1 ntroduites pour la première fois comme
nouvelles transcendantes par L. Euler,
la fonction gamma et la fonction bêta, qui
s’y ramène, sont les plus importantes
(( fonctions spéciales )) étudiées, au fur et à
mesure des besoins, depuis le XVIII~ siècle.
C’est ainsi que la fonction gamma inter-
FONCTIONS vient dans de nombreuses estimations

HARMONIQUES asymptotiques des G grands nombres », en


statistique notamment ; elle intervient
- POTENTIEL & aussi dans la théorie des séries de Dirichlet
FONCTIONS (cf. théorie des NOMBRES Théorie analy-
tique ; fonction zÊr.4).
HARMONIQUES Nous avons choisi ici d’aborder la
fonction gamma dans le domaine réel.
Appliquant le principe du prolongement
analytique (cf. F O N C T I O N S ANALYTIQUE~
Fonctions analytiques d’une variable com-
FORMES QUADRATIQUES plexe, chap. l), on obtient ensuite I’exten-
- QUADRATIQUES FORMES sion au champ complexe de la plupart des
formules.

451
GAMMA FONCTION

ê-6 Relation fonctionnelle et graphe

Remplaçant .Y par x + 1 dans (2) et


intégrant par parties, on obtient :
La fonction gamma
dans le domaine réel *e-‘txdt = I-e’txll+xJ1*e-lr’-‘dr
sr?
Une intégration par parties montre faci-
=e-nax-e-AA~ +x Ae-‘tx-l&
lement que, pour tout entier positif n, on
s0
a:
ce qui donne, en faisant tendre a vers 0 et
e-‘t’dt = 1.2.3 . . . (n - I)n = n ! ;
A vers l’infini, la relation fonctionnelle :
(1) Jo-
(3) r(x + 1) = XT(x)
mais l’intégrale (1) garde un sens pour
Par récurrence, on en déduit facile-
des valeurs non nécessairement entières
ment :
de n, d’où l’idée d’extrapoler ainsi la suite
des factorielles. On pose traditionnelle- r(x) = x(x+r-(xl)...(x+n);
+ ~1
ment :
cette relation permet de définir T(s) pour
me-‘tx-ldt
(2) I-(x) =
s0 s réel négatif, -n < x < -Iî + 1. On a
ainsi défini T(x) pour tout nombre réel s
(intégrale eulérienne de seconde espèce), qui n’est pas un entier négatif ou nul.
forme due à Euler (1781). Pour .Y > 0, La fonction In r est convexe sur
cette intégrale est convergente au voisi- 10. fa;] ; en effet, l’inégalité de Schwarz
nage de 0, car em ‘t’ I - t’ ’ pour x montre que :

r2 a rr”,
tendant vers 0, avec x ~ 1 > ~ 1 ; la
convergence pour l’infini résulte de la
présence du terme exponentiel F’. En fait, d’où (In r)” > 0. A fortiori, la fonction r
on peut montrer que l’intégrale (2) et est convexe. Comme r (2) = r (1) = 1, la
toutes les intégrales obtenues en dérivant fonction r atteint son minimum sur RT en
un nombre quelconque de fois par rapport un point compris entre 1 et 2. La figure 1
à .Y sous le signe d’intégration sont représente le graphe de cette fonction.
uniformément convergentes au voisinage
Formules d’Euler et de Weierstrass
de 0 et de + w La fonction r est donc
indéfiniment dérivable pour .Y > 0, de Pour n tendant vers l’infini,

c 1-in i ”
dérivées :

T”)(x) = om(ln t)“e-‘r’dt.


s tend vers e ’ pour tout t, et cela suggère la
formule (qu’il faut, bien entendu, démon-
Remarquons qu’avec la définition (2)
trer rigoureusement) :
on a, en tenant compte de (1) :
l-(l) = 1, l-(n) = (n - 1) !>

1
ce qui suggère la convention généralement
lu”-‘(1 -u)“du , x > 0,
adoptée 0 ! = 1.

452
GAMMA FONCTION

! fig. 1 produit (X + l)...(~ + n) par l’entier cor-


respondant pris dans n !, on a donc :
i

VI u x
nT+
:n
puisque le produit infini est convergent (cf.
-4 -3 -2 -1 0 S É R I E S E T P R O D U I T S I N F I N I S ) ; ce dévelop-
pement en produit infini a été obtenu par
Weierstrass.

I
Graphe de /a fonction gamma
Comportement asymptotique
Le comportement de la fonction gamma
lorsque la variable s tend vers l’infini est
décrit par la formule de Stirling :

(6) r(x + 1) -xxe-xVZE,x- + -,

la seconde intégrale s’obtenant en fai- qui donne, en particulier, un N infiniment


sant le changement de variable t = nu grand )> équivalent à la factorielle :

dans la première. Or, un calcul facile TZ!-n”e-” VZG,?I-+~;


montre que :
on peut d’ailleurs préciser plus étroitement
B(x, n + 1) = lux+‘(l-u)%h
le comportement asymptotique de T(x) (cf.
sII CakUk ASYMPTOTIQUES).
n!
, x>o; Indiquons maintenant une formule due
=x(x+ 1),.,(x+??)
à Legendre pour p = 2 et à Gauss dans le
d’où la formule d’Euler : cas général :
formule de Lcgrndre-Guuss :
n”n !
(4) r(x) = lim x > 0.
n-m x (x + 1) . . . (x + n) ’ (7) r(;)r(x+)...r(x~)

Pour transformer cette expression, on = (Zir)b-wzp -x + 112l-(x),

peut écrire :
pour tout entier p > 1. Pour p = 2, on a
donc :

or la quantité :

1+;+...+;+

Intégrales eulériennes
tend vers une limite y (la célèbre constante De nombreuses intégrales définies s’expri-
d’Euler y - 0,577 2) lorsque 12 tend vers ment au moyen de la fonction gamma.
l’infini. Divisant chacun des termes du C’est ainsi que, pour les intégrales eulé-

453
GAMMA FONCTION

riennes de première espèce (fonction bêta), simples, sont ces points ~ n. La formule
.u>Oety>O: (9) est la factorisation de Weierstrass de la
fonction entière l/F (cf. FoNcrIoNs ANA-
(8) B(-TY) = ltX-‘(l-t)v-Idt, LYTIQUES Fonctions analytiques d’une
s0
variable complexe, chap. 9).
a partir de la formule (4), Euler a établi la Le principe du prolongement analyti-
formule fondamentale : que permet alors de voir que de nombreu-
ses formules établies ci-dessus pour .Y réel
positif restent vraies pour z complexe. Par
exemple la relation fonctionnelle s’écrit :
on en déduit beaucoup d’autres résultats.
Par exemple, si on effectue le changement tw r(~ + 1) = z r(z);
de variable u = sin2 f, on obtient :
la formule (7) de Legendre-Gauss s’étend
également. D’autre part, de (9) résulte
facilement, en faisant à l’envers le calcul du
chapitre 1, que l’on a pour tout z :

Faisant x = y = 1/2 dans la formule (11) &= hz@+ y.-y+@,


n-m
précédente, on obtient la valeur :
où IZ- = e”“” est fonction entière de Z.
r 0 i =v%, Enfin, pour tout nombre complexe 2 de
partie réelle strictement positive, on a :
qui permet, en utilisant (3) de calculer plus
généralement F(n + 1/2). (12) T(z) = me-‘lz-idt
s0

Extension au champ complexe l’intégrale étant uniformément conver-


La formule de Weierstrass (5) garde un gente pour 0 < a < Re z < M.
sens lorsque la variable x prend des valeurs La convergence étant normale dans (9),
complexes. En effet, on montre par on obtient, en prenant la dérivée logarith-
des majorations que le produit infini de mique des deux membres :
terme général (1 + ~/n)ë+ = 1 + U,,(Z)
converge normalement (cela signifie que la (13) #=-,-;+ 2 ej,
série de terme général U,(Z) converge !l=,
normalement) dans tout disque 1 z / < R. pour -7 # ~ n, n E N, la convergence étant
Ce produit infini définit donc une fonction normale sur tout compact de C ~ (-N).
de z analytique dans tout le plan complexe.
Nous poserons pav d+ïnirion :
La formule des compléments
À partir de (11) et du développement
(9) +zevfi(l ++; eulérien de sin 3 (cf. EXPONENTIELLE ET
n=,
LOGARITHME, chap. 5) :
cette fonction admet les points - IZ, 11 t N,
pour zéros simples, et, par suite, la fonc-
tion F(Z) est méromorphe et ses pôles,

454
GAMMA FONCTION

1
r
on obtient l’importante <( formule des com-
fig. 2
pléments )> due à Euler : Y

1 sin m
(15) r(z)r(l-2) = 7’ 2EC.

Appliquons, par exemple, cette formule


pour z = it, t réel. On a alors l-( 1 ~ it )
= - it r(- it ) = - it r(it ) d’après (IO),
d’où 1T(it ) 12 = -rrjt sh t.
La formule des compléments peut aussi
s’obtenir directement, sans utiliser (13), à
partir d’une représentation, due à Hankel,
de l/T(z) comme intégrale curviligne le
long d’un ((chemin sans fin )) : cette
formule (16) sert d’ailleurs dans de nom-
breuses questions relatives à la fonction
gamma. Formule de Hankel
Désignons par U l’ensemble des nom-
bres complexes privé des réels négatifs ou La composante connexe du groupe mul-
nuls. Pour z E C et II E U, ZF désignera la tiplicatif du corps R est le groupe RT, dont
détermination principale de cette fonction la mesure invariante est dt/t. Les caractères
dans U, soit II- = erinu, où In u représente du groupe multiplicatif sont de la forme :
la détermination principale du logarithme
t-P, S E C .
dans U, réelle pour u réel positif. Soit alors
L: R - U un chemin sans fin dans U Si on cherche à décomposer un carac-
défini par L(t) = r(t )N), où r(t) tend tère additif selon les caractères du groupe
vers l’infini lorsque t tend vers f ot>, on multiplicatif, on est conduit à étudier l’inté-
suppose qu’il existe E > 0 tel que : grale sur RT (transformée de Laplace,
71 appelée aussi transformée de Mellin) :
Z+&(Y(t)<71 e t -nçV(f)<-;-E
m ,-“rtsfc
au voisinage de + a3 et de -as respecti- s0 t ’
vement (fig. 2). On a alors :
qui converge pour Re s > 0 et Re u > 0.
Le changement de variable ut = ,Y joint à
une intégration dans le champ complexe
suivant le contour indiqué dans la fig. 2,
suivi d’un passage à la limite pour 6 + 0
Interprétation par la théorie
et R - + m (on applique le théorème de
des groupes
Cauchy), conduit à la relation :
Le corps R des nombres réels est locale-
ment compact et les caractères du groupe
additif R (cf. analyse HARMONIQUE,
chap. 4) sont de la forme : où LI.’ = exp (s In u), en désignant par In u
la détermination principale du logarithme.

455
GÉOMÉTRIE

Le point de vue précédent montre GÉOMÉTRIE


l’analogie entre la fonction gamma et les
sommes de Gauss, en arithmétique, où on
considère l’anneau fini Z/nZ des entiers
modulo n et le groupe multiplicatif G,, de
ses éléments inversibles. Ces deux cas
L a géométrie est communément définie
comme la science des figures de
l’espace. Cette définition un peu incertaine
relèvent de l’analyse harmonique dans les risque de conduire a inclure dans la
anneaux localement compacts. géométrie des questions qui ne sont géo-
La formule (17) permet en outre métriques que dans leur langage, mais
d’exprimer les caractères du monoïde mul- relèvent en fait d’autres domaines. Tel est
tiplicatif N, à savoir : le cas de l’algèbre géométrique des Grecs
qui parlait du « rectangle » de deux seg-
1
ments pour qualifier le produit de deux
nombres. Jusqu’au début des Temps
à l’aide des caractères t - 6” du groupe modernes, presque toute la mathématique
additif R par la formule : s’exprimait géométriquement : ainsi la
Géom&rir de Descartes traite non seule-
ment de géométrie, mais aussi des équa-
tions algébriques. Et, au XIX~ siècle, les
On en déduit qu’une série de Dirichlet
mathématiciens étaient encore bien sou-
peut s’écrire comme transformée de Mel-
vent qualifiés de géomètres, même quand
lin d’une série entière :
ils étaient de purs analystes ou algébristes.
Plus délicat, en revanche, est le cas des
domaines mixtes où des questions au
départ incontestablement géométriques
La fonction gamma permet ainsi de rame- apparaissent très vite ne constituer qu’un
ner certains problèmes d’arithmétique chapitre de l’algèbre ou de l’analyse, et ne
multiplicative à des problèmes additifs. En pouvoir être correctement traitées que par
particulier, la célèbre fonction zêta, inter- les moyens de ces disciplines. Ainsi se
venant dans la théorie des nombres pre- présentent le calcul des surfaces, le calcul
miers, peut s’écrire sous la forme : des volumes, la détermination des tangen-
tes à une courbe, et, plus généralement,
l’ensemble de la géométrie infinitésimale.
Historiquement, ces questions relevèrent
qui est à la base de la théorie de Riemann. de la géométrie pure, mais leur caractère
abstrait devait bientôt se dégager et être
JEAN-LUC VERLEY retenu comme premier. Pourtant, ces deux
modes d’approche sont trop intimement
liés pour que l’on puisse songer à les
séparer ; en outre, par son caractère infi-
nitésimal, ce domaine se distingue assez
nettement des autres branches de ia géo-
métrie qui sont à peu près exclusivement
de caractère (< fini )). Aussi n’en sera-t-il pas

456
GÉOMÉTRIE

question, sans que soit oubliée pour autant XIX’ siècle, avec la constitution de la
l’existence d’une géométrie infinitésimale géométrie projective en discipline auto-
<( directe )) où ont excellé, au XVII~ siècle, nome et avec la naissance des géométries
Pierre de Fermat et Pascal, au XVIII~ siècle, non euclidiennes. Diversité qui fut pleine-
Jean-Baptiste Meusnier de La Place, au ment comprise et dominée par le mathé-
XIX~ siècle, Charles Dupin, et qui, même au maticien allemand Félix Klein, dans son
xxc siècle, notamment avec les travaux de célèbre programme d’Erlangen.
Georges Bouligand, demeure un champ de La diversification devait s’accentuer
recherches certes assez limité, mais digne lorsque, se libérant plus nettement encore
d’attention. de l’espace physique euclidien où elle était
Pour des raisons similaires on ne retien- demeurée enfermée depuis plus de deux
dra ni la géométrie algébrique ni la trigo- millénaires, la géométrie, d’une part, s’est
nométrie, bien que le point de vue infini- étendue aux espaces à plus de trois dimen-
tésimal n’y soit pas aussi dominant, sions et, d’autre part, a intégré systémati-
Ainsi délimitée, la géométrie a un
quement les éléments imaginaires, Dans
objectif fondamental assez homogène qui
une étape ultérieure, la géométrie devait
est l’étude des figures au sens le plus large,
« éclater » pour s’insérer dans les deux
bien qu’elle soit fort diverse dans ses
grandes structures générales de la mathé-
méthodes et dans ses points de vue.
matique moderne, l’algèbre et la topologie.
Depuis Descartes, la géomctric s’est
Dès lors, on peut comprendre les vraies
développée dans deux directions nette-
raisons de l’incertitude qui a pesé, tout au
ment distinctes : la géométrie analytique et
long de l’histoire de la géométrie, sur sa
la géométrie dite « pure » ou encore (( syn-
nature et sur ses rapports avec les autres
thétique )). La conception de l’une et de
domaines de la mathématique. On com-
l’autre, ainsi que celle de leurs rapports, a
prend mieux également pourquoi, très tôt,
connu des vicissitudes qui constituent l’un
elle s’est sentie menacée dans son autono-
des aspects les plus intéressants de l’his-
mie par le développement de l’algèbre et
toire moderne de la géométrie. On a pu
notamment assister aux efforts de la géo- de l’analyse, et pourquoi, finalement, en
métrie pure pour sauvegarder une auto- dépit du constant effort d’unification qui
nomie que menaçait sans cesse davantage marque son histoire, notamment avec
le développement de l’algèbre et de I’ana- Euclide, Apollonios, René Descartes,
lyse. Un de ses derniers bastions, la chaire Gérard Desargues, Jean Victor Poncelet,
de géométrie pure de l’École polytechni- Michel Chasles, elle était condamnée a
que de Paris, a été supprimé en 1956. disparaître comme discipline autonome,
Aujourd’hui, bien qu’elle soit encore vala- pour ne plus être qu’une (( illustration )>
ble a plus d’un titre, principalement en des structures abstraites de la mathémati-
raison du rôle qu’y jouent l’imagination et que moderne.
l’intuition, la géométrie pure n’occupe plus Du très grand nombre de questions et
qu’une place seconde dans la mathémati- de problèmes qui se rencontrent dans la
que. géométrie, on retiendra essentiellement les
De caractère plus intrinsèque apparaît fondements, les principes, les notions
le pluralisme de la géométrie qui s’est majeures et les théorèmes les plus impor-
manifesté, surtout depuis le début du tants.

457
GÉOMÉTRIE

dérées comme évidentes, et, de ce fait,


n’appelant pas de démonstration (deux
grandeurs égales a une même grandeur
1. La géométrie classique sont égaies entre elles, le tout est plus grand
que la partie...), des demandes ou postu-
La synthèse euclidienne lats, vérités non évidentes par elles-mêmes,
On rencontre déjà en Égypte ancienne, a que l’on ne sait pas démontrer, mais dont
côté d’une pratique géométrique, un début on a besoin du fait que les théorèmes que
de science géométrique, comprenant l’on en déduit apparaissent vérifiés concrè-
notamment diverses propositions sur les tement.
propriétés du triangle et du cercle. Plus La plus importante et la plus célèbre de
tard, en Grèce, principalement avec Thalès ces demandes est le postulat des parallèles
au VF siècle avant J.-C., Pythagore et qui affirme - à la formulation près - que,
Hippocrate de Khios au vr siècle, Eudoxe par un point situé hors d’une droite, on
au IV’ siècle, un nombre appréciable de peut mener une droite et une seule qui ne
résultats géométriques sont obtenus : ins- la rencontre pas, cette droite étant dite
cription de sphères dans un cône, simili- parallèle.
tude des triangles, principales propriétés Une autre demande de grande portée,
du cercle, polygones et polyèdres réguliers, que l’on trouve seulement dans le corps de
sections coniques. Utilisant ces données et l’ouvrage, est le postulat dit d’Archimède,
les complétant, Euclide (fin du IV siècle av. qualifié aujourd’hui de postulat de conti-
J.-C.) réalise avec ses Éléments la première nuité : Deux points A et B étant donnés sur
synthèse de la géométrie. une droite, si, à partir de A, l’on met à la
En fait, les Élhrnts comportent, à côté suite des segments de même longueur, on
de la géométrie proprement dite, d’impor- dépassera le point B après une série finie
tants chapitres qui n’en relèvent aucune- de telles opérations, si petite que soit cette
ment (nombres entiers, nombres irration- longueur.
nels, proportions, équations du premier et Il existe en réalité une certaine hésita-
du second degré), ou qui n’en relèvent pas tion chez Euclide et ses successeurs quant
au sens restreint retenu ici pour la géomé- à la nature exacte de ces <( demandes )). Les
trie, savoir la détermination des surfaces et uns estiment qu’elles sont suffisamment
des volumes. évidentes pour n’avoir pas à être démon-
Outre leur caractère organique. les trées. D’autres, au contraire, pensent que
Élchrzts ont ceci de remarquable que leur l’on doit pouvoir les démontrer et que la
auteur a le souci de « fonder )) la géomé- géométrie ne sera vraiment satisfaisante
trie : ils débutent par une série d’énoncés que lorsque l’on y sera parvenu. C’est cette
de base, à partir desquels sont déduites dernière opinion qui l’emporta, donnant
toutes les autres propositions. Une telle lieu aux tentatives infructueuses de
innovation procède essentiellement des démonstration qui occupèrent tant de
préoccupations et de l’œuvre logique géomètres jusqu’à la naissance des géomé-
d’Aristote. tries non euclidiennes.
Ces énoncés se répartissent en trois En dehors du postulat des paralleles, la
catégories : des définitions (point, ligne géométrie euclidienne a été longtemps
droite, surface, angles...), des vérités consi- considérée comme le modèle même d’une

458
GÉOMÉTRIE

connaissance vraie et rigoureuse. des géométries (< non archimédiennes )> où


Aujourd’hui, ses fondements se révèlent, à le postulat d’Archimède n’est pas vérifié.
bien des égards, très peu assurés. Les C’est dans cette perspective que se situe la
définitions d’Euclide ne sont pas de vraies conception des géométries subordonnées
définitions, mais plutôt des descriptions de KJein dont il est question plus loin.
d’intuitions ; elles utilisent des concepts
qui sont considérés comme premiers, alors La sphère
qu’ils demandent eux-mêmes à être définis. La géométrie de la sphère, principalement
Tel est le cas des définitions du point pour les besoins de l’astronomie, devait
comme ce qui n’a pas de partie, de la ligne être particulièrement développée dès
comme longueur sans largeur, de la ligne I’Antiquité g r e c q u e . Elle constitue,
droite comme celle qui est située sembla- jusqu’au début des Temps modernes, un
blement par rapport à tous ses points, de savoir assez autonome par rapport aux
l’angle plan comme l’inclinaison mutuelle autres aspects de la géométrie. Très tôt,
de deux lignes qui se rencontrent dans un même avant les Grecs, furent étudiés dans
plan et qui ont des directions différentes. le cercle et la sphère les rapports entre les
C’est seulement à la fin du xrxe siècle, cordes et les angles. Dans les Sphdriques,
surtout avec David Hilbert (1862-1943), Menelaos d’Alexandrie (Fr siècle apr.
dans Principesfondumentuus de lu géomk- J.-C.) démontre un important théorème,
trie (Grundhgen der Geometrie, 1899) que valable non seulement pour les triangles
la géométrie euclidienne est fondée de sphériques, mais aussi pour les triangles
façon satisfaisante par une démarche déga- plans : Si un triangle sphérique (resp. un
gée de toute intuition sensible, et Hilbert plan) est coupé par un grand cercle (resp.
démontre préoccupation étrangère à une droite), les trois points d’intersection
Euclide - que les axiomes retenus sont L, M, N, sont tels que les produits des sinus
indépendants et qu’ils ne conduisent pas à des arcs (resp. les segments) sans points
des contradictions. Ensuite, des mathéma- communs sont égaux aux produits des trois
ticiens, tel Gustave Choquet dans L’Ensri- autres. À partir de ces résultats prendra
gnement de lu gt;omL;trie (1964) ont exposé naissance la trigonométrie plane et sphé-
la géométrie euclidienne sous une forme rique.
élémentaire mais rigoureuse.
La présentation moderne des axiomes Les « Coniques » d’Apollonios
de la géométrie euclidienne offre, en plus Avec les Ébnents d’Euclide et les écrits
de sa rigueur logique, la supériorité sur d’Archimède, les Coniques d’Apollonios
celle d’Euclide de faire apparaître ce que de Perge (fin du me siècle av. J.-C.)
Georges Bouligand a appelé la (( causa- constituent l’un des ouvrages les plus
lité » des propositions : on est en mesure complets et les plus remarquables qu’a
de désigner les axiomes qu’utilise une légués la mathématique grecque. Apollo-
proposition donnée, certaines proposi- nios y présente en un ensemble organique
tions ne faisant pas appel à l’ensemble des des notions et des résultats pour une part
axiomes. Ainsi, en abandonnant le postulat notable antérieurs à lui, mais auxquels il a
des parallèles on obtient des propositions joint d’importantes contributions. Apollo-
qui sont valables aussi dans les géométries nios unifie la définition des coniques : au
non euclidiennes, et l’on peut construire lieu d’utiliser pour chaque catégorie de

459
GÉOMÉTRIE

coniques un cône à base circulaire différent avant Descartes, ils n’ont cependant pas
(obtusangle pour l’hyperbole, droit pour la été rapprochés.
parabole, acutangle pour l’ellipse), il ne fait Dès la plus haute antiquité, l’observa-
appel qu’à un seul cône à base circulaire. tion astronomique avait conduit à repérer
On lui doit aussi la dénomination des trois les directions dans l’espace par deux coor-
types de coniques. Alors qu’avant lui on ne données angulaires : hauteur au-dessus de
prenait en considération qu’une seule l’horizon, écart par rapport au méridien.
branche de I’hyperbole, il définit l’hyper- Et, trk tôt, furent mises en évidence des
bole comme constituée de deux branches. relations entre ces coordonnées. Mais il
Retenons aussi parmi les apports origi- s’agissait là de pratiques qui étaient à peu
naux d’Apollonios son étude des condi- près sans rapport avec la science géomé-
tions d’égalité et de similitude des coniques trique. Au contraire, c’est au cœur même
et de la disposition de ces courbes sur un de la géométrie que l’on voit intervenir
cône donné. En dehors des éléments nou- chez les Grecs un calcul portant sur deux
veaux sur les coniques qu’apportera la variables en vue de caractériser des réalités
géométrie projective, l’ouvrage d’Apollo- géométriques et d’en établir les propriétés.
nios diffère peu mis à part la prolixité des Chez Archimède et surtout chez Apollo-
explications, due surtout à l’absence de nios, un tel calcul est développé systéma-
notations - de l’enseignement sur les tiquement pour l’étude des coniques. Apol-
coniques qu’on dispensait en France, dans lonios écrit explicitement les équations des
les années soixante, en classe de mathé- coniques en coordonnées obliques ayant
matiques élémentaires. pour origine un point de la conique et pour
directions le diamètre correspondant à ce
point et son diamètre conjugué :
2. La géométrie analytique
y2 = 2px +0x2,
a
Origines
Il est assez habituel de considérer que la y2 = 2px-!Xl,
a
géométrie analytique a été créée par Des- y2 = 2px,
cartes. En réalité, cette vue est trop simple.
Si la (< géométrie analytique » est prise au pour l’hyperbole, l’ellipse et la parabole
sens moderne de l’expression, celle de respectivement.
Descartes en était encore assez éloignée. Dans une perspective tout à fait diffé-
D’autre part, plusieurs éléments caracté- rente. Nicolas Oresme, au XIV siècle,
ristiques de la géométrie analytique imagine une représentation graphique de
avaient été formulés avant Descartes. certains phénomènes. Il distingue une
La géométrie analytique paraît consis- htitutio et une hgitudo qui correspondent
ter dans l’association de trois facteurs : à l’abscisse et à l’ordonnée d’une repré-
l’expression d’une réalité géométrique par sentation en coordonnées rectangulaires.
une relation entre des quantités variables, Cette façon de faire est inverse de celle des
l’usage des coordonnées, le principe de la Grecs, puisque Oresme ne part pas d’une
représentation graphique. Or, si chacun de réalité géométrique mais exprime sous
ces trois facteurs se rencontre assez tôt forme géométrique une relation entre des
dans le développement de la géométrie grandeurs. La conception même d’une

460
GÉOMÉTRIE

telle correspondance doit être considérée se développer (logarithme, sinus et cosi-


comme s’inscrivant dans le cadre des idées nus...).
qui sont a la base de la géométrie analy- Il faut, d’autre part, noter qu’à la même
tique. Toutefois, les vues d’oresme, en époque, et même un peu avant lui, Pierre
dépit de la grande faveur qu’elles connu- de Fermat (1601-1665) avait abouti à des
rent, ne furent aucunement rapprochées conceptions fort voisines. Mais, alors que
des pratiques <( analytiques » des Grecs Descartes adopte des notations symboli-
dont l’Occident prit connaissance vers la ques qui représentent les constantes et les
fin du XVI~ siècle avec la publication en latin variables par des lettres, et les puissances
des œuvres d’Archimède et d’Apollonios. par des exposants, Fermat demeure atta-
ché au langage beaucoup plus lourd de
l’algèbre géométrique des Grecs.
Descartes et Fermat
Descartes applique avec succès sa
Le calcul géométrique exposé par Descar- méthode à la résolution du problème dit de
tes (1596-1650) dans sa GL;onwVrie (1637) Pappus : Déterminer le lieu des points tels
ne diffère guère en son principe du calcul que, étant donné quatre droites et étant
d’Apollonios. Il porte sur deux variables considéré les distances d’un point à chaque
que l’on peut sans doute considérer droite sous des angles déterminés, le pro-
comme constituant des coordonnées ; duit de deux distances est égal au produit
mais on n’y trouve pas explicités des axes des deux autres. Descartes montre aisé-
de coordonnées, c’est-à-dire deux droites ment par le calcul que ce lieu est une
orientées, distinctes des lignes de la figure. conique.
Toutefois, dans quelques passages de son La nouvelle méthode suscita dans la
ouvrage, Descartes précise qu’il choisit sur seconde moitié du XVII~ siècle un grand
une droite, distincte de la figure, un point nombre de travaux, concernant surtout les
origine ; mais il ne fait pas intervenir un courbes planes algébriques (tangente, nor-
autre axe de coordonnées, se contentant de male, centre de courbure, point
choisir une direction selon laquelle est d’inflexion...).
mesurée la seconde variable.
Le vrai progrès réalisé par Descartes La géométrie analytique moderne
réside en ce que, au lieu de limiter un tel La géométrie analytique n’acquiert pleine-
calcul à l’étude d’une figure donnée, ment les traits qui la caractérisent
comme le faisaient les Grecs, il le pose en aujourd’hui qu’au XVIII~ siècle. Tout
procédé général susceptible de permettre d’abord, alors qu’elle était demeurée limi-
la création d’une infinité de courbes nou- tée jusque-là au plan, la géométrie analy-
velles Malheureusement, il limite singuliè- tique est étendue à l’espace. En 1700, est
rement le champ de sa géométrie en écrite l’équation de la sphère ; en 173 1,
refusant d’y recevoir les « courbes décrites Alexis Clairaut (17 13-l 765) publie une
par deux mouvements qui n’ont entre étude remarquable sur les courbes à double
eux aucun rapport qu’on puisse mesurer courbure. L’apport de Leonhard Euler
exactement 1). La formule signifie que Des- (1707-I 783) est particulièrement notable :
cartes ne reconnaît que les courbes algé- dans Introductio in analysis injînitorum
briques, excluant les courbes « transcen- (1748) pour la première fois, il énonce le
dantes )), dont l’étude commençait alors à principe de l’équivalence des deux axes,

461
GÉOMÉTRIE

alors que jusque-là l’axe des abscisses avait Le XIX~ siècle apporte peu de complé-
conservé, par une anomalie qui nous ments notables à la géométrie analytique
étonne, un rôle privilégié, et il donne une proprement dite. Mais le caractère arbi-
formule vraiment claire du changement de traire du choix des axes de coordonnées
coordonnées, utilisée cependant par Van devait conduire a l’étude des invariants
Schooten dès 1649. De plus, Euler déter- dans les changements de coordonnées qui.
mine l’équation des surfaces du second seuls, peuvent exprimer les propriétés géo-
degré. métriques intrinsèques des figures. À côté
La géométrie analytique ne prend des travaux d’ordre algébrique qu’elle
cependant son essor que dans la seconde contribua à susciter, cette étude fut un des
moitié du XVIII~ siècle. Dans l’esprit de ses facteurs principaux du développement, au
travaux sur la mécanique analytique, Louis cours du XIX~ siècle, des notions de vecteur
de Lagrange (1736-l 8 13) souligne G avec et de tenseur, dont l’utilisation allait être si
féconde, non seulement en mathématique
combien de facilité et de succès la méthode
pure mais aussi dans de nombreuses appli-
algébrique peut être employée pour les
cations.
questions qui paraissaient être le plus du
ressort de la géométrie proprement dite et
les moins propres à être traitées par le
3. La géométrie projective
calcul H. Rompant avec la méthode carté-
sienne qui mêlait les procédés analytiques
Au sens moderne du terme, on entend par
et géométriques, les éléments du premier
géométrie projective l’étude des propriétés
ordre (droite et plan) demeurant toujours
des figures qui se conservent par transfor-
envisagés de manière géométrique,
mation homographique. Ce point de vue
Lagrange établit autour des années 1770
général ne s’est dégagé que lentement, par
les équations de la droite et du plan et
élargissement de conceptions plus particu-
inaugure l’utilisation systématique de trois lières et par une clarification qui a eu
axes de coordonnées. notamment à distinguer les propriétés
C’est dans cet esprit que Gaspard projectives des figures de leurs propriétés
Monge (1746-1818). à partir de 1771 et, métriques. La géométrie projective a joué
plus systématiquement, en 1795 dans ses un rôle majeur dans l’évolution de la
Feuiks d irnal~~e appliquée ir lu gL;onzè trie, conception de la géométrie. Elle fut le
donne à la géométrie analytique son principal facteur du mouvement d’idées
ampleur, établissant les équations des qui, au cours du XIX’ siècle, a progressi-
divers types de surfaces algébriques (sur- vement rapproché les diverses géométries
faces réglées, développables, de révolu- et a donné à la notion de transformation
tion...) et résolvant analytiquement de une place centrale dans la géométrie.
nombreux problèmes. On peut alors dire
que la géométrie moderne est née. En Le rapport anharmonique
1797, Sylvestre François Lacroix (1765- chez les Grecs
1843) en rédige le premier traité, mais sans Dans les mathématiques grecques, on ne
encore user du terme même de géométrie rencontre pas a proprement parler de
analytique, intitulant son ouvrage : Tmitc; géométrie projective, essentiellement
de t~alcul dij?wn tic1 rt in t&ral. parce que la notion de transformation des

462
GÉOMÉTRIE

figures n’y apparaît pas, même pas la l’espace à partir du point de vue constitué
projection centrale que semble suggérer par l’oeil. Ils sont ainsi amenés à l’étude de
pourtant très naturellement la considéra- la projection centrale, et, en particulier, à
tion des cônes et de leurs intersections par la considération du point de fuite qui
des plans qui engendrent les coniques. En représente, sur le plan des projections, le
revanche, on trouve des notions et des point à l’infini de droites parallèles per-
théorèmes qu’on rattache maintenant à la pendiculaires à ce plan. Il faut signaler les
géométrie projective. Principalement, la traités de perspective de Jean Pélerin
définition du rapport anharmonique, dit (1505) et d’Albert Dürer (1525). Dès le
aujourd’hui birapport, de quatre points XV siècle, les architectes, tels que Filippo
alignés A, B, C, D, soit : Brunelleschi et Leon Battista Alberti,
avaient contribué au développement de la
(A,B,C,D)=E:;, perspective pratique. Des considérations
de perspective se rencontrent également
et la démonstration de la conservation de dans la gnomonique (art des cadrans
ce rapport pour les points d’intersection de solaires) et dans la stéréotomie ou taille des
toute transversale coupant quatre droites pierres. Plus tard, la perspective est déve-
concourantes. Les Grecs se sont plus loppée pour les besoins des fortifications et
spécialement intéressés au rapport harmo- de la H scénographie )). Mais elle demeu-
nique, cas particulier où le rapport anhar- rait encore au début du XVII~ siècle une
monique a pour valeur 1. Ils le rencon- discipline sans rapport avec la science
traient notamment dans l’étude des géométrique. C’est Desargues qui, le pre-
coniques, puisque, sur une droite quelcon- mier, rapprochera ces deux ordres de
que passant par un point donné, ce point recherches.
est conjugué harmonique de l’intersection
de la droite joignant les points de contact Desargues et Pascal
des deux tangentes menées du point, par Le Français Girard Desargues (1593-
rapport aux deux points d’intersection de 1662), ingénieur et architecte, appartient
la droite avec la conique. Ces considéra- au milieu des praticiens. Il a été en rapport
tions se trouvent dans les Coniques d’Apol- avec les milieux savants de l’époque. Son
lonios et dans la Collection mutlzémutiyue souci d’une rationalisation et d’une sim-
de Pappus d’Alexandrie (11~ siècle apr. plification de la perspective par la mise en
J.-C.). Il faut aussi mentionner, comme se lumière de nouvelles méthodes géométri-
rattachant à la géométrie projective, un ques l’amène, en 1639, deux ans après la
certain nombre de théorèmes sur les seg- Géométrie de Descartes, à publier
ments déterminés par des transversales à Brouillon projet d’une atteinte des A~éne-
des triangles ou à des quadrilatères, prin- ments des rencontres du cône avec un ph,
cipalement le théorème de Menelaos déjà petit ouvrage de quarante pages, tiré
énoncé. seulement à cinquante exemplaires.
Rédigé de façon assez obscure, utilisant
La perspective à la Renaissance des termes nouveaux, qui, pour la plupart.
En Europe, dès le xv’ siècle, les artistes, ne seront pas retenus, cet opuscule est
peintres et graveurs, s’intéressent surtout à accueilli avec estime par Descartes et par
la représentation sur un plan des figures de Fermat ; pourtant ceux-ci n’en savent pas

463
GÉOMÉTRIE

reconnaître l’originalité et la portée ; il se considérés comme de même nature que les


heurte à de violentes oppositions, notam- points à distance finie. Dès lors, Desargues
ment, à celles d’auteurs de traités de pouvait substituer a l’étude séparée des
perspective pratique. Seul Pascal (1623- trois catégories de coniques, selon la
1662) comprend vraiment Desargues. Il manière de faire d’Apollonios, une étude
voit en lui «un des grands esprits de ce unique.
temps et des plus versés aux mathémati- On lui doit en outre l’introduction de la
ques )). Pascal s’inspire très directement notion - et du terme - d’involution,
des vues de Desargues dans son Essuypouu étroitement liée à la notion de la division
les coniques (1640) texte de quelques pages harmonique. Ces questions, on l’a vu,
présentant déjà le vaste programme que n’étaient pas ignorées des Grecs, mais elles
développera le Traité des coniques, achevé n’avaient pas encore été étudiées systéma-
entre 1654 et 1658, mais qui ne fut pas tiquement.
publié et dont il ne reste qu’un résumé et Au langage près, assez complexe chez
un commentaire dus à Leibniz. Philippe de lui parce que dépourvu de notations sym-
La Hire (1640-l 7 18) dans deux traités sur boliques, Desargues définit l’involution sur
les coniques (1673, 1679) reprend et une droite, ainsi qu’on le fait aujourd’hui,
systématise les idées et les résultats de comme une correspondance symétrique et
Desargues et de Pascal sans y apporter donc réciproque de deux points sur une
toutefois des éléments notablement nou- droite. Elle s’écrit sous forme canonique
veaux. sy = k. Tout couple de points d’une
Après La Hire et pendant près d’un involution est conjugué harmonique des
siècle, la géométrie projective tombe dans deux points doubles x = y = t f m.
l’oubli. Cela s’explique surtout par l’intérêt Desargues envisage seulement le cas où ces
porté alors à la géométrie analytique pro- points sont réels. Il montre aussi que deux
mue par Descartes et au développement couples de points définissent une involu-
du calcul infinitésimal auquel Leibniz et tion et il s’intéresse spécialement à l’ensem-
Newton venaient de donner son plein ble constitué par trois couples de points en
essor. involution. Ces trois couples interviennent
La nouveauté de l’œuvre géométrique notamment dans un théorème relatif aux
de Desargues réside essentiellement dans coniques, dont l’énoncé et la démonstra-
l’introduction, en géométrie, de la projec- tion représentent un apport remarquable
tion centrale ; elle permet à ce mathéma- de Desargues au progrès de la théorie des
ticien des démonstrations (< par le relief 1). coniques. Ce théorème s’énonce ainsi : Les
Ainsi, il démontre pour le cercle des coniques d’un faisceau ponctuel défini par
propriétés relatives aux polaires et aux quatre points, dont trois quelconques ne
tangentes ; ensuite, par une projection sont pas alignés, déterminent sur chaque
centrale qui transforme le cercle en une droite de leur plan des couples de points en
conique, il les étend aux coniques. D’autre involution ; les trois coniques dégénérées
part, se fondant sur le fait que, dans une du faisceau qui sont les couples de côtés
perspective, des droites parallèles se trans- opposés du quadrilatère complet défini par
forment en droites concourantes, Desar- ces quatre points satisfaisant à cette pro-
gues complète l’espace euclidien, en défi- priété. Desargues démontre ce théorème,
nissant les points a l’infini, qui seront d’abord dans le cas du cercle en utilisant

464
GÉOMÉTRIE

les relations de puissances, puis pour une définition devait jouer un rôle capital dans
conique quelconque en la considérant les travaux de Jean Victor Poncelet (178%
comme section plane d’un cône de base 1867).
circulaire. Il semble qu’il faille chercher Soit en effet dans un plan P un trian-
l’origine de ce théorème dans des lemmes gle T projeté en un triangle T’ sur un plan
de la Collection mathématique de Pappus P’ à partir d’un point 0 n’appartenant ni
d’Alexandrie ayant trait aux relations entre à P ni à P’. Rabattons le plan P sur P’ par
segments formés sur une transversale cou- rotation autour de la droite D, intersection
pée par les trois couples de côtés opposés des deux plans P et P’. T se rabat en un
d’un quadrilatère complet. Mais Desar- triangle T”. Les couples de droites joignant
gues est le premier à avoir considéré les les côtés homologues des triangles T’ et T”
coniques dans lesquelles est inscrit ce du plan P’ se rencontrent évidemment sur
quadrilatère. D dont les points sont demeurés inchangés
Un autre de ses apports majeurs est le aussi bien dans le rabattement que dans la
théorème sur les triangles (( perspectifs )) : projection. Ces trois points étant donc
Si, dans un même plan ou dans l’espace, alignés, il en résulte, d’après la réciproque
deux triangles ABC et A’B’C’ sont tels que du théorème de Desargues, que les trois
les trois droites joignant respectivement les droites portant les couples de sommets
trois couples de sommets homologues homologues de T’ et de T” se rencontrent
AA’, BB’, CC’ se rencontrent en un même en un même point S. On définit ainsi une
point S, les trois points de concours des correspondance réciproque point à point
couples de droites portant les côtés homo- et droite à droite, la construction du
logues des deux triangles sont alignés. Et transformé M” d’un point courant M’
réciproquement. s’obtenant aisément par intersection de
Desargues démontre ce théorème, dans droites, dès lors que sont donnés le som-
l’espace, par des propriétés d’incidence, et, met de l’involution S, son axe D et deux
dans le plan, par l’emploi répété du théo- couples de points homologues, A’A”, B’B”
rème de Menelaos. (A’A” et B’B” étant soumis à la seule
Ce théorème de Desargues occupe une condition de se rencontrer en S).
place fondamentale dans la structure de la Dans ses travaux sur les coniques,
géométrie projective ; ce que montre Pascal reprend les méthodes et les résultats
notamment le fait que sa démonstration de Desargues, mais de manière beaucoup
dans le plan nécessite les postulats projec- plus synthétique et plus claire. 11 y ajoute
tifs de l’espace comme l’a établit Hilbert des éléments nouveaux remarquables dont
d a n s s e s Grundlagm du Geometrie l e le plus important est le théorème de
théorème de Menelaos utilisé par Desar- l’hexagone inscrit dans une conique : Les
gues supposant ces axiomes. Hilbert a pu trois points de concours des côtés opposés
alors définir une géométrie projective d’un hexagone inscrit dans une conique
plane (( non arguésienne )) où le théorème sont en ligne droite. Pascal démontre ce
de Desargues n’est pas vérifié. théorème d’abord pour le cercle et l’étend
L’importance de ce théorème se mani- ensuite par une projection aux coniques.
feste aussi dans le fait qu’il est à la base de Il est possible que Pascal ait entrevu le
la définition de l’homologie dans le plan. théorème dual, démontré par Charles
Seulement entrevue par Desargues, cette Julien Brianchon (1783-l 864) au début du

465
GÉOMÉTRIE

xrxe siècle : On peut toujours trouver trois Poncelet veut G rendre la géométrie enfin
diagonales concourantes dans un hexa- indépendante de I’analyse algébrique )), et,
gone circonscrit a une conique. pour lui, les propriétés projectives des
Pascal devait déduire du théorème de figures comptant parmi les plus générales
l’hexagone de nombreuses propriétés des que l’on connaisse méritent à ce titre seul
coniques, en particulier les propriétés des l’attention des géomètres. Il entend faire
pôles et polaires, considérant à cet effet le cesser un état de choses où N la géométrie
cas où, deux points de l’hexagone étant analytique offre des moyens généraux et
confondus, un des côtés se trouve être la uniformes » alors que «jusqu’ici l’autre
tangente à la conique en ce point. géométrie a procédé par hasard ». Il veut
« donner aux conceptions géométriques
Renouveau et essor cette extension et cette généralité qui sont
de la géométrie projective dans sa nature et les constituer en une
C’est seulement à la fin du XVIII~ siècle que doctrine organique » . Il souligne aussi
renaît l’intérêt pour la géométrie projec- l’avantage qu’offre la géométrie projective
tive. Elle devait alors connaître un essor du fait que ((jamais on n’y tire des
remarquable. Son renouveau est jalonné conséquences sans que les formes réelles et
d’une série d’oeuvres majeures : Gaspard existantes ne puissent se peindre à l’image
Monge, Application de l’algèbre à la géo- et à la vue 0.
métrie (1795), Géométrie descriptive La géométrie projective de Poncelet se
(1795) ; Lazare Carnot, Géométrie de posi- fonde sur deux principes fondamentaux,
tion (1803) ; Jean Victor Poncelet, Traité les principes de continuité et de projection.
d e s propriétks projectives d e s Jigures Le principe de continuité s’énonce
(1822) ; Michel Chasles, Aperçu historique ainsi : Chaque fois qu’une démonstration
sur le dèveloppement des méthodes en a été obtenue en supposant finies et réelles
géométrie (1837), Traité de géométrie supé- certaines parties de la figure qui intervien-
rieure (1852) ; C. Van Staudt, Geometrie nent dans la démonstration, la proposition
der Lage (1847). subsiste quand ces parties disparaissent ou
Chez Monge, la géométrie analytique et deviennent infinies ou imaginaires ou que
la géométrie pure demeurent intimement la démonstration ne subsiste plus. Ainsi,
associées. De plus, son intérêt se porte l’extension du fini à l’infini réalisée par
surtout sur la géométrie descriptive qui Desargues et Pascal est complétée par
représente les figures de l’espace par deux l’extension aux points imaginaires que
projections orthogonales sur deux plans ceux-ci n’avaient aucunement envisagée.
perpendiculaires. Monge ne semble pas Ce principe devait être vivement critiqué,
avoir saisi toute l’importance de la projec- particulièrement par Augustin Cauchy. Il
tion centrale. 11 n’en eut pas moins une convenait de préciser, ce qui fut fait plus
influence décisive sur le développement tard, que ce principe vaut seulement lors-
ultérieur de la géométrie projective, que les propriétés envisagées se traduisent
notamment par le sens de l’espace qui par des relations algébriques, qui étaient
imprègne tout son enseignement. d’ailleurs les seules que faisait intervenir
Avec Poncelet s’affirme beaucoup plus Poncelet. L’application la plus obvie de ce
nettement le dessein de constituer la géo- principe est offerte par les intersections de
métrie projective en discipline autonome. deux cercles dont l’axe radical, défini par

466
GÉOMÉTRIE

les deux points d’intersection des cercles plus tard une justification plus rigoureuse.
lorsque ceux-ci se coupent, subsiste encore Cette transformation se définit analytique-
lorsqu’ils ne se coupent plus. ment dans le plan par l’équation :
Pour le principe de projection, Poncelet
, ax + by + c
retient les propriétés qui se conservent par
x =dx+ey+f
projection centrale et par les transforma-
tions qui en dérivent, notamment I’homo- et par une équation analogue pour y’.
logie dans le plan définie plus haut ; ces L’homologie correspond au cas particulier
propriétés peuvent ètre réduites par pro- où une droite l’axe d’homologie se
jection « a des circonstances plus simples )) transforme en elle-même, point par point.
se trouvant alors plus aisément démontra- Il faut en outre mentionner I’introduc-
bles. Michel Chasles (1793-l 880) devait tion par Monge de la transformation par
exprimer ce principe d’une manière plus polaire réciproque, qui, une conique (resp.
claire et le généraliser : (( Que l’on prenne une quadrique) étant donnée, fait corres-
une figure quelconque de l’espace et l’une pondre réciproquement dans le plan un
de ses propriétés communes, qu’on appli- point (pôle) à une droite (sa polaire) et,
que a l’une de ces figures l’un de ces modes dans l’espace, un point pôle à un plan (son
de transformations et qu’on suive les plan polaire). Cette transformation fut
diverses modifications qu’éprouve le théo- systématiquement utilisée, notamment par
rème qui exprime cette propriété, on aura Joseph Diez Gcrgonnc (1771-I 859)
une nouvelle figure et une nouvelle pro- Brianchon, Poncelet et Chasles, qui devai-
priété qui correspondra a celle de la ent en montrer toute la fécondité. Par là
première. Ce moyen que possède la géo- était introduite la notion de dualité dont
métrie récente permet de multiplier a l’importance majeure ne tarda pas à être
l’infini les propriétés géométriques. )) soulignée, et qui devait recevoir une exten-
La mise en œuvre de ces deux principes sion bien au-delà de la géométrie projec-
par Poncelet et, après lui, par plusieurs tive, par l’introduction, due à Monge, mais
autres géomètres, Chasles en particulier, non développée par lui, de la notion de
devait permettre une unification et une transformation de contact.
extension remarquables de la géométrie, En dépit des vues profondes de Pon-
spécialement dans le domaine de la théorie celet et de Chasles et des nombreux
des coniques. Poncelet utilisa surtout la résultats auxquels ils parvinrent, la géomé-
transformation qualifiée par lui d’homolo- trie projective souffrait d’un grave défaut :
gie (définie plus haut), dont le principe la distinction entre propriétés métriques et
avait été posé, on l’a vu, par Desargues, propriétés projectives n’était pas élucidée
mais qu’il devait étendre à l’espace. de façon satisfaisante, les propriétés pro-
Chasles, posant le problème plus large jectives demeurant d’ailleurs, le plus sou-
de la détermination de la transformation vent, définies par des considérations et des
ponctuelle la plus générale qui fait corres- relations de caractère métrique. Cette
pondre à une droite une droite et à un plan carence devait conduire von Staudt, en
un plan, devait définir la transformation 1847, à une présentation abstraite de la
qu’il désigna par le terme d’homographie. géométrie projective où n’intervenaient
K. G. C. von Staudt (1798-1867) et Gas- plus les éléments de caractère métrique,
ton Darboux (1842-19 17) en donnèrent c’est-à-dire les notions d’angle et de dis-

467
GÉOMÉTRIE

tance. Cette synthèse n’était cependant pas Saccheri fait appel au trapèze isocèle
tout à fait sans défaut. En particulier, elle qu’avait introduit le géomètre arabe Nasir
faisait intervenir inutilement le postulat ai-D% (XII~ siècle). Ce trapèze est construit
des parallèles. C’est seulement avec les en menant perpendiculairement aux extré-
travaux de Hilbert, Klein (1849-1925) mités d’une droite AB deux segments
Darboux (1842-I 917) à la fin du xW siècle, égaux AC et AD. Les angles intérieurs en
et, plus tard, ceux de Federigo Enriques C et D sont égaux. Ils valent un droit dans
(1871-1946) que seront formulées de le cas où le postulat est vrai ; dans le cas
façon rigoureuse les notions de base et les contraire, ils sont soit aigus, soit obtus.
axiomes de la géométrie projective. Ainsi, bien avant que ne soit prouvée la
validité des géométries non euclidiennes,
était mis en évidence le dédoublement de
4. Les géométries non euclidiennes l’hypothèse de la négation du postulat :
angle aigu (géométrie de Lobatchevski),
Jusqu’au début du XVIII~ siècle, le problème angle obtus (géométrie de Riemann).
posé par le postulat des parallèles fut Nasir al-Din avait très vite cru pouvoir
envisagé dans la même perspective : le conclure que ces angles intérieurs en C et
postulat n’est pas une évidence première, D étaient droits, pensant donc avoir
mais une vérité qu’on doit pouvoir démon- démontré le postulat. Saccheri arrive à la
trer. La plupart des démonstrations se même conclusion, mais au terme de longs
fondent sur la définition de la parallèle développements, au cours desquels, contre
comme droite équidistante à une droite son gré pourrait-on dire, il édifie pour une
donnée, définition que l’on ne trouve pas grande part la géométrie de Nikolaï Iva-
dans les Éléments d’Euclide, il faut le novitch Lobatchevski (1792-l 856) et pour
noter. On ne soupçonne pas le cercle une moindre part celle de Bernhard Rie-
vicieux qu’implique une telle façon de mann (1826-l 866). Finalement, il rejette
faire, la possibilité qu’une droite puisse les deux hypothèses de l’angle aigu et de
être équidistante à une autre droite sup- l’angle obtus, car elles le conduisent à deux
posant le postulat. Telles se présentent les conclusions qu’il estime non admissibles,
démonstrations de Posidonius (IF siècle la première à l’existence d’une perpendi-
av. J.-C.), de Geminus (F siècle apr. J.-C.), culaire commune à deux droites à l’infini,
de Proclus (ve siècle apr. J.-C.) ; et encore la seconde à l’affirmation que deux droites
celle du jésuite Clavius (1537-1612) à la fin contiennent un espace.
du XVI~ siècle, celui-ci doutant cependant Plus de trente ans plus tard, en 1766, le
de la validité de sa démarche. Le jésuite mathématicien suisse Johann Heinrich
G. Saccheri, dans son Euclides ah omni Lambert (1728-l 777) indépendamment
naevo vindicatuu (1733) est le premier semblet-il de Saccheri, dans une étude qui
mathématicien à mettre nettement en ne sera publiée qu’en 1786, suit fondamen-
doute la validité des démonstrations fon- talement la même démarche que Saccheri.
dées sur l’équidistante et à proposer une Mais si, comme ce dernier, il rejette
autre approche, la réduction à l’absurde : l’hypothèse de l’angle obtus, il est plus
supposer que le postulat des parallèles ne hésitant dans le cas de l’angle aigu.
vaut pas et démontrer que cette hypothèse Carl Friedrich Gauss (1777-l 855)
aboutit à une contradiction. À cet effet, amorce vraiment, autour des années 1820,

468
GÉOMÉTRIE

la rupture avec la croyance bimillénaire en développement des deux géométries non


la démonstrabilité du postulat des parallè- euclidiennes, on n’y rencontrerait pas de
les : Gauss pense que l’on peut démontrer contradiction, ce qui ne fut réalisé de façon
de façon rigoureuse que l’hypothèse de pleinement satisfaisante qu’à la fin du
l’angle obtus conduit à une contradiction, xrxe siècle grâce aux travaux de Klein et
mais il arrive a la conviction que l’on ne par l’élaboration de modèles des deux
peut pas y parvenir dans le cas de I’hypo- géométries ; ainsi, pour la géométrie de
thèse de l’angle aigu. Cette vue entraîne un Bolyai-Lobatchevski, par le modèle de
changement radical dans la conception de Henri Poincaré (1854-l 9 12) où l’on consi-
la géométrie. Gauss déclare que, désor- dère le demi-plan et où les droites sont
mais, (( la géométrie ne doit pas être mise représentées par les demi-cercles centrés
au même rang que l’arithmétique dont la sur la droite qui limite ce demi-plan ; et,
vérité est purement a priori, mais plutôt au pour la géométrie de Riemann, par une
même rang que la mécanique » . correspondance associant à un point de
Lobatchevski, dont les travaux se l’espace une droite, et à une droite un plan
situent entre 1826 et 1856, parvient en (cf. GROUPES - Groupes classiques et
1834 à une conclusion encore plus expli- géométrie, chap. 3).
cite : (( La vérité à établir - le postulat des Soit qu’au début ils les rejettent comme
parallèles n’est pas impliquée dans les aboutissant à des contradictions, soit que,
notions antérieures ; pour la démontrer, il au contraire, ne parvenant pas à y trouver
faut recourir à des expériences, par exem- de contradiction, ils inclinent à les recon-
ple aux observations astronomiques. 1) Ces naître valables, durant un siècle environ, à
expériences furent faites à l’époque et partir de Saccheri jusqu’à Lobatchevski et
montrèrent qu’au degré de précision des Bolyai, les géomètres ont peu à peu élaboré
appareils de mesure on ne pouvait écarter la géométrie de l’angle aigu et, de façon
la géométrie euclidienne. Le mathémati- beaucoup plus sommaire, celle de l’angle
cien hongrois Farkas Bolyai (1775-l 856) obtus qui ne prend vraiment consistance
qui, indépendamment de Lobatchevski. qu’après son acceptation par Riemann.
élabore de façon assez complète la géo- Saccheri et Lambert montrent que les
métrie de l’angle aigu dans La Science trois hypothèses, angle aigu, angle droit.
absolue de léspuce (1832), n’a pas une angle obtus, sont stables, c’est-à-dire que,
attitude aussi nette ; il n’aperçoit pas si elles valent pour un trapèze, elles valent
clairement que la validité du postulat des pour tout trapèze. Ils établissent en outre
parallèles est à chercher non dans une que ces trois hypothèses sont équivalentes
déduction logique à partir des axiomes aux trois catégories de valeurs possibles
d’Euclide, mais dans l’expérience. pour la somme des angles d’un triangle :
Quant à l’hypothèse de l’angle obtus, en inférieure, égale, supérieure à deux droits.
1854, elle est reconnue acceptable par Dans le cas de l’angle aigu, Saccheri
Riemann, bien qu’elle conduise à affirmer montre, ce qu’avait à peine aperçu Lam-
que les droites sont de longueur finie et que bert, que, pour un point situé hors d’une
deux droites peuvent enfermer un espace. droite, on peut mener une infinité de
Toutefois, ces vues nouvelles ne firent droites non sécantes. Pour chaque droite
qu’assez lentement leur chemin. Il restait non sécante, on peut déterminer une
d’ailleurs à s’assurer qu’en poursuivant le perpendiculaire commune à cette non-

A69
GÉOMÉTRIE

sécante et à la droite. De plus, Saccheri a elle n’était qu’une figure de l’espace dont
reconnu l’existence de deux droites limites on ne concevait pas qu’il pût avoir une
qui se rapprochent indéfiniment de la structure ; on le regardait seulement
droite donnée, l’une à droite, l’autre à comme un cadre homogène et infini.
gauche.
Allant plus loin que Saccheri, Lambert,
se fondant sur l’analogie de la géométrie de 5. Transformations géométriques
l’angle aigu avec la géométrie sur la sphère,
pour la valeur de la surface d’un triangle, En introduisant la projection centrale, ou
montre, en faisant appel à une sphère perspective, en géométrie, Desargues puis
imaginaire, que, dans la géométrie de Pascal avaient ouvert la voie à l’étude des
l’angle aigu, la surface d’un triangle est transformations géométriques. Ce n’est
proportionnelle à la différence entre deux qu’à la fin du XVIII~ siècle que les transfor-
droits et la somme des angles du triangle. mations géométriques commencèrent vrai-
Par là, il introduit une constante caracté- ment à retenir l’attention des mathémati-
ristique de l’espace qui séduira Gauss et ciens. À côté de la projection centrale,
constituera une des raisons principales qui I’homologie est systématiquement utilisée
inciteront le mathématicien allemand à comme transformation par Poncelet ; puis
penser que cette géométrie peut être vraie. Chasles définit l’homographie, transfor-
Lambert est conduit à une conclusion mation projective la plus générale. D’autre
assez surprenante, mais qui ne le choque part, des transformations plus particulières
pas : dans la géométrie de l’angle aigu, sont largement étudiées : l’affinité, à
quand la longueur des trois côtés d’un laquelle s’était déjà intéressé Euler, les
triangle devient infinie, la surface du trian- rotations, les symétries, les translations, les
gle n’en demeure pas moins finie. homothéties.
Quant à la géométrie de l’angle obtus, Chez les géomètres purs, les transfor-
dont Riemann montre en 1854 qu’elle mations apparaissent surtout comme un
n’est nullement contradictoire, un esprit instrument de démonstration, tout spécia-
moderne peut s’étonner qu’il ait fallu lement chez Chasles. Mais les mathémati-
attendre si longtemps avant de l’admettre, ciens qui, comme Arthur Cayley (1821-
alors que, dès le milieu du XVIII~ siècle, les 1895) notamment, s’intéressent surtout à
études sur les propriétés infinitésimales des l’analyse et à l’algèbre, s’attachent à leurs
surfaces et même, bien avant, la connais- aspects d’invariance. Ainsi s’amorce entre
sance des triangles sphériques en offraient l’algèbre et la géométrie une symbiose
un modèle dans le cas de l’espace à deux féconde.
dimensions, au moins dans le voisinage Ces divers types de recherches tendent
d’un point. Mais une telle manière de voir à donner aux transformations une place
les choses est anachronique : elle implique non plus marginale, mais centrale en
qu’une surface peut être considérée géométrie, au point que l’on voit au milieu
comme constituant un espace à deux du XIX~ siècle se dégager l’idée que les
dimensions. C’est là une vue très moderne. propriétés géométriques se classent et se
Encore au XVIII~ siècle et même au xrxr, caractérisent par les transformations qui
une surface ne pouvait aucunement être les laissent invariantes. À chaque type de
considérée comme constituant un espace ; transformation correspond une géométrie.

470
GÉOMÉTRIE

Ainsi, en 1868, Hermann von Helmoltz reuse la notion de distance cayleyenne ;


développe l’idée que l’on peut caractériser puis, portant son attention aux deux géo-
les propriétés de l’espace euclidien par les métries non euclidiennes, dont ne s’était
propriétés des déplacements, envisagés pas occupé Cayley, il montre qu’elles
comme transformations ponctuelles. viennent aussi prendre place dans le cadre
D’autre part, la notion de transformation de la géométrie projective, en associant à
allait permettre de préciser les relations chacune des deux géométries non eucli-
entre propriétés projectives et propriétés diennes une transformation conservant
métriques (que ni Poncelet, ni Chasles, ni une conique dans l’espace à deux dimen-
même von Staudt n’avaient vraiment élu- sions, et une quadrique dans l’espace à
cidées) et, en outre, entre géométrie eucli- trois dimensions, définies de façon appro-
dienne et géométrie non euclidienne. Le priée. Ainsi les trois géométries d’Euclide,
premier pas dans cette voie est fait par de Bolyai-Lobatchevski et de Riemann se
Cayley, en 1859 : ayant particularisé la trouvent rapprochées et apparaissent
transformation homographique en lui comme des types particuliers de géométrie
imposant la conservation d’une conique projective.
dans le plan ou d’une quadrique dans De plus, posant le problème général de
l’espace, il peut définir la distance de deux la détermination des géométries projecti-
points A et B comme le logarithme du ves à courbure constante, Klein établit
rapport anharmonique de ces deux points qu’il ne peut en exister que trois types qui
et des points de rencontre de la droite qui sont précisément les trois géométries.
les porte avec la conique ou la quadrique. Ainsi les géométries non euclidiennes, qui
Cette approche allait se révéler très étaient considérées jusque-là comme des
féconde. Edmond Laguerre (1834-l 886) situations géométriques plutôt bizarres,
s’était déjà engagé dans cette voie en 1853 aberrantes et sans rapport avec la géomé-
lorsqu’il avait lié la mesure d’un angle au trie euclidienne et la géométrie projective,
rapport anharmonique de ses côtés et des se révèlent avoir une place précise et
deux droites isotropes passant par le point nécessaire au sein de la géométrie projec-
de rencontre de ces côtés. tive à côté de la géométrie euclidienne ;
Cayley montre alors que l’on peut Klein tient à noter que cette conclusion est
déterminer une conique ou une quadrique obtenue par des considérations N tout
telle que la distance projective correspon- autres )) que celles par lesquelles ces géo-
dant à la transformation projective qui la métries avaient été précédemment défi-
conserve est identique à la distance de la nies. Ajoutons que, par une telle intégra-
géométrie euclidienne. La géométrie eucli- tion, il était clairement établi que la
dienne apparaît comme un type particulier géométrie projective générale ne fait pas
de géométrie projective. Enthousiasmé par intervenir le postulat des parallèles, ce que
ce résultat, Cayley déclare à la fin de son ni Poncelet, ni Chasles, ni Staudt n’avaient
mémoire : (( La géométrie projective est su montrer.
toute la géométrie. )>
Dans des travaux entrepris à partir de Transformations et groupes
1868, Klein reprend ces vues pour les Le rôle des transformations, en géométrie,
préciser et leur donner de plus larges ne fut pleinement compris que lorsque
applications. Il définit de façon plus rigou- Klein leur associa la notion de groupe,

471
GÉOMÉTRIE

introduite par Évariste Galois (18 1 l-l 832) propose, par une mutation de perspective
en 1830, et diffusée seulement en 1870 par dont on ne saurait trop souligner l’audace
le Traité des substitutions et des équations et la portée, de ne plus s’attacher à une telle
algébriques de Camille Jordan (183% distinction et de réunir toutes ces opéra-
1922). C’est par cet ouvrage que Klein en tions dans un type unique de processus :
prit connaissance. Certes, en 1844, Her- des transformations hiérarchisées consti-
mann Grassmann (1809-l 877) avait déjà tuant des groupes. Cette conception sys-
pressenti qu’il y aurait lieu de faire inter- tématique et unifiée est proposée par lui en
venir l’algèbre dans l’étude fondamentale 1872 dans le célèbre programme d’Erlan-
de la géométrie, mais il ne devait pas gen. L’objet de la géométrie se trouve ainsi
dépasser dans cette voie des vues généra- défini : « Étant donné une multiplicité et
les. Klein, au contraire, envisage d’emblée un groupe, étudier les êtres au point de vue
une <( théorie des groupes qui peuvent être des propriétés qui ne sont pas altérées par
engendrés par les transformations d’une les transformations du groupe », ou
nature donnée » . Il montre alors que la encore : N Étant donné une multiplicité et
plupart des transformations géométriques un groupe de transformation, développer
considérées avant lui constituent bien des la théorie des invariants relatifs à ce
groupes (loi de composition, élément groupe. )) Comme le dit encore Klein, (( les
inverse, élément unité). Ces groupes sont méthodes géométriques modernes sont
hiérarchisés. Klein appelle groupe princi- caractérisées par le fait que leurs considé-
pal celui qui correspond aux transforma- rations, au lieu de s’appuyer sur le groupe
tions qui n’altèrent pas les propriétés principal, reposent sur des groupes de
géométriques des figures. 11 est défini par transformation plus étendus. Dès que leurs
l’ensemble des opérations de translation, groupes se contiennent l’un l’autre, une loi
de rotation et de symétrie. En supprimant analogue établit leurs rapports récipro-
les symétries, on obtient le groupe des ques. De la sorte, pour la première fois, les
déplacements euclidiens. Le groupe prin- divers ordres de recherche de la géométrie
cipal lui-même s’insère dans le groupe des sont exprimés par des groupes de trans-
similitudes constitué par l’ensemble des formation qui leur correspondent. ))
opérations d’homothéties et de translation. Cette doctrine unificatrice ne se limitera
Ce groupe prend place à son tour dans le pas aux transformations que l’on avait
groupe affine qui garde le parallélisme et, étudiées jusque-là, et dont la plus générale
pour une direction donnée, les rapports de était l’homographie. La logique même de
longueur. On peut le définir comme une la démarche de Klein et ses contacts avec
homographie conservant le plan à l’infini. le mathématicien norvégien Sophus Lie
Ainsi, alors que demeuraient auparavant (1842-I 899), qui venait d’entreprendre ses
nettement distinguées et considérées travaux sur les groupes continus, condui-
comme de nature différente les opérations saient à envisager des groupes plus géné-
qui n’altèrent pas les figures, qui préser- raux allant jusqu’au groupe le plus général
vent en quelque sorte leur identité, et, à des transformations continues auquel cor-
l’opposé, des opérations qui les modifient, respondent des propriétés de (( position »,
comme l’étaient déjà les symétries et les dont plusieurs avaient déjà été reconnues
similitudes, mais beaucoup plus encore les et dont l’étude constituera la topologie
homologies et les homographies, Klein algébrique.

A72
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

6. La généralisation de Riemann donnaient, mais aussi par la substitution,


dans la conception de la géométrie, à
Si la synthèse de Klein avait pu sembler l’intérêt premier porté aux figures, de la
couvrir tout le champ de la géométrie, elle considération de la nature même de
ne portait en fait que sur des espaces l’espace. Réalité (( neutre », sans
<( homogènes )). En 1854, dans sa Disser- « forme >), simple réceptacle dans la géo-
tation inaugurale, Riemann avait proposé métrie classique, l’espace, désormais envi-
une conception plus générale, et, en un sagé comme une structure, était reconnu
sens, plus profonde de la géométrie. Il comme le constituant fondamental de la
s’était attaché au (( concept général de géométrie, comme son objet premier.
grandeur de dimension multiple (déjà envi-
FRANÇOIS RUSSO
sagé, mais de façon beaucoup moins pré-
cise, par Grassmann en 1847). compre-
nant comme cas particulier les grandeurs Bibliographie
étendues B et il avait conclu qu’« une M. BERGER, Géon~lrrie, 2 vol., Nathan, Paris, 1990 /
grandeur de dimensions multiples est sus- M. CHASLES, Aperp historique sur /Origine et le dk-
loppement ries 4thode.s rn gbnétrie, Gauthier-
ceptible de différents rapports métriques ))
Villars, 1889, repr. en fac-sim., Gabay, Paris, 1989 /
et que (< l’espace n’est par suite qu’un cas G. ~HOQUET, L’Enseignement de la géom~trir, Her-
particulier d’une grandeur de trois dimen- mann, Paris, 1964 / H. S. M. CO X E T E R , Introduction
10 Geonwtr~~. John Wiley. New York. zî éd. 1989 /
sions )). Se libérant encore plus ncttcmcnt
Eric-,clopedw des sciences mathémrrtiques pures et
que Gauss et Lobatchevski de la limitation crppliquk, t. III, 2 vol., Gauthier-Villars et Teubner.
qu’imposait le lien de la géométrie avec Paris, Leipzig. 19 1 1, repr. en fac-sim. Gabay, 1992 /
l’espace physique, et allant au-delà de la J. GRAY, I&I~ of Sprrce. Clarendon Press, Oxford.
2’ éd. 1989 1 D. HILBERT, Les Fondements de la géo-
reconnaissance de la validité de la géomé-
nktrie. éd. critique par Paul Rossier, Dunod. Paris,
trie de l’angle obtus, Riemann fut amené 1971 / D. HILBERT & COHN-VOSSEN, GcometrJ und
à définir un espace à partir d’éléments Imagincrtion, Chelsea, New York, 1952/ F. KLEIN, Le
différentiels, en exprimant le carré & de Programme d’Erkzngen, Gauthier-Villars, Paris.
1974, repr. en fac-sim. Gabay, 1991 / M. KLINE,
l’élément de distance entre deux points Mtrthemuticcrl Thought from Ancient to Modem
infiniment voisins en fonction des éléments TNiles, 3 vol., Oxford Univ. Press, New York, 1990 /
différentiels CAS, dj, et & des coordonnées J. LELONGFERRAND, LesFondementsde lug~ométrie,
d’un point. Riemann définissait alors un P.U.F.. Paris. 1985 /R. TATON, L’YEuwemuthérnati-
qfrrt/eDevcrrgues. J. Vrin. Paris, 1988 ;L’C5uwescien-
type d’espace très général dont l’intérêt tifique tir Mange, Paris, 195 1 / R. TATON dir., Histoire
devait notamment apparaître lors de la gL;n~rcrletkirsciences, 3 vol., P.U.F., 2’éd. 1969-1983 /
création par Albert Einstein de la théorie C . TISSERON . GéonzrWes ofine, projectioe et eucli-
dierme. Hermann, Paris. 1983.
de la relativité générale. Les conceptions
de Klein et de Riemann ne furent (( rac-
cordées )) que par les travaux d’Élie Cartan
(1869-1951), qui généralisa la notion
d’espace de Riemann par l’introduction GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE
d’une connexion définie par un groupe.
Déjà avec Klein, mais plus encore avec
Riemann, la notion de géométrie avait
connu une mutation profonde, non seule-
ment par les généralisations qu’ils en
S ous sa forme actuelle, la géométrie
algébrique est une branche de l’algèbre
relativement récente (cf. ALGÈBRE). Pour

473
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

« comprendre » les phénomènes d’inter- algébriques définis sur un anneau tel que
section des courbes et des surfaces, il s’est Z. Pendant la première moitié du xxe siè-
révélé nécessaire d’élaborer des techniques cle, l’école allemande a développé la théo-
compliquées qui se sont développées de rie des ensembles algébriques (de dimen-
manière abstraite et sont venues à leur tour sion quelconque) de l’espace affine k” ou
enrichir d’autres domaines des mathéma- de l’espace projectif P,(k), k étant un corps
tiques (théorie moderne des nombres, de base algébriquement clos arbitraire.
fonctions analytiques de plusieurs varia- Pour l’étude des propriétés intrinsèques
bles complexes, topologie algébrique) ; d’un ensemble algébrique, il est plutôt
pour le profane, cet appareil mathémati- gênant d’avoir à le considérer comme
que peut sembler bien loin de 1’« intuition plongé dans un espace affine ou un espace
géométrique )) ! projectif. Le problème se pose donc de
La géométrie algébrique est issue de définir des (( variétés algébriques abstrai-
l’étude des courbes algébriques du plan R’ tes », non plongées dans k” ou P,(k), un
ou de l’espace R3 et des surfaces algébri- peu comme on définit des variétés diffé-
ques de R’. Pendant le XVIII~ et le xrxe siè- rentiables indépendamment d’un plonge-
cle, on s’est aperçu qu’il était plus com- ment dans R” en géométrie différentielle.
mode de modifier le problème en se De telles variétés abstraites ont été définies
plaçant dans le plan complexe C* ou dans par A. Weil (1946). Une définition équi-
l’espace complexe C’ ; en effet, C est un valente, plus simple et plus maniable se
corps algébriquement clos, de sorte que les trouve dans l’article de J.-P. Serre, (( Fais-
courbes et les surfaces ont toujours « suf- ceaux algébriques cohérents » (1955) ; elle
fisamment » de points à coordonnées com- est inspirée de la théorie des espaces
plexes, alors qu’il peut n’y avoir aucun analytiques. Dans le présent article, nous
point à coordonnées réelles (comme c’est donnerons la définition de Serre un peu
le cas pour la courbe d’équation élargie, en prenant comme corps de base
x2 + y* + 1 = 0). On a observé aussi que un corps algébriquement clos. Le cas d’un
certains énoncés intéressants n’étaient corps de base non algébriquement clos, ou
vrais que si l’on complétait les courbes et d’une base plus générale, s’exprime bien
les surfaces par des « points à l’infini )>, se dans le cadre de la théorie des schémas de
plaçant ainsi dans le plan projectif P,(C) A. Grothendieck, qui généralise considé-
ou dans l’espace projectif Ps(C) ; les cour- rablement celle des variétés algébriques au
bes ou les surfaces y sont définies par des sens de Serre en partant du même point de
équations polynomiales homogènes por- vue.
tant sur les coordonnées homogènes.
Cette diversité de points de vue (réel ou
complexe, affine ou projectif) a dû être
encore élargie lorsque la théorie des nom-
bres a mis en évidence l’intérêt de l’étude 1. Ensembles algébriques
des courbes algébriques définies sur des
corps autres que R ou C, comme les corps Soit k un corps de base algébriquement
finis ou les corps p-adiques ; la théorie des clos. Pour tout entier naturel n, l’espace
équations diophantiennes conduit même à affine k” est l’ensemble des suites (x,, x2, . . . .
considérer des courbes ou des ensembles x,) de n éléments de k ; on appelle ces n

474
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

éléments les coordonnées du points = (.Y,, isomorphe au quotient de l’anneau des


x2, . . . . x,,) de k”. L’espace projectif P,(k) polynômes k[T,, T,, . . . . T,] par l’idéal des
est le quotient de k’+’ ~ (O}, complémen- polynômes qui s’annulent sur X.
taire de l’origine 0 = (0, 0, . . . . 0), par la Il est clair que la composée de deux
relation d’équivalence qui identifie (x0, applications régulières est une application
,Y,, . . . . s,,) à toute suite proportionnelle (t-u,, régulière. En particulier, une application
f.x,, . . . . t.u,,) (r élément non nul de k) ; on régulière u : X + Y définit un homomor-
voit que les points P,?(k) sont les droites phisme f-f o u, de l’anneau des fonc-
passant par 0 dans k”+ t, privées de 0. Si tions régulières sur Y dans l’anneau des
un élément (x0, x, . . . . x,) de k”+ ’ repré- fonctions régulières sur X. Un isomor-
sente un point x de P,(k), on dit que les phisme d’un ensemble algébrique X sur un
coordonnées x0, x,, . . . . x, de cet élément autre Y est une application bijective de X
sont des coordonnées homugénes de x ; elles sur Y, qui est régulière ainsi que sa
ne sont pas toutes nulles et sont définies à réciproque ; il définit un isomorphisme de
un facteur de proportionnalité près. l’anneau des fonctions régulières sur Y sur
Une partie X de k” est un ensemble
l’anneau des fonctions régulières sur X.
algébrique afine si c’est l’ensemble des On trouvera ci-après quelques exemples
zéros communs à des polynômes fi,
d’applications régulières.
f2, . ..., f, par rapport aux coordonnées ; on Paramétrisation d’une paruhole (fig. 1).
dit que X est défini par les équations :
Considérons l’application II de la droite k
fl@l> x2> .-9x,) = 0 fig. 1
f*(x 1, x2, . . ..X”) = 0
............... Y

1 f,(x*, x2, . . . . x,) = 0.


Un ensemble ulgébrique projectif dans
P,(k) est défini d’une manière analogue
par des équations polynomiales homogè-
nes par rapport aux coordonnées homo-
gènes.

Applications régulières
Soient XC k”’ et Y C k” des ensembles
algébriques affines ; une application u de X
dans Y est dite régulière si les coordonnées
u ,(.x), ~&XI), .._, u,(x) de u(x) sont des fonc-
tions polynomiales des coordonnées du
point x de X. En particulier, les applications
régulières de X dans k, encore appelées
isomorphisme d’une droite et d’une parabole
fonctions régulières sur X, sont les fonctions
polynomiales des coordonnées d’un point
de X ; elles forment un sous-anneau de dans le plan k’ définie par u(t) = (t, t’).
l’anneau de toutes les applications de X L’image u(k) est la parabole X d’équation
dans k. et ce sous-anneau est visiblement y = x2, et u définit une bijection de k sur

475
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

X, réciproque de l’application (x, y) ++ .Y ;


on a donc un isomorphisme de la droite k
sur la parabole X.
- Cissoïilr (fig. 2). L’application 11: t h (t?

f,g i

l’espace k” définit un isomorphisme du plan


sur le paraboloïde d’équation z = xy.
Pour définir les applications régulières
d’un ensemble algébrique projectif
t’) de k dans k’ est aussi une application X CP,Jk) dans un autre Y CP,(k), on
régulière. Elle applique la droite k bijecti- procède de la même façon. Une applica-
vement sur son image, qui est la « parabole tion u de X dans Y est régulière si les
semi-cubique » (ou cissoïde) Y d’équation coordonnées homogènes de u(x) peuvent
y? = .Y3 ; mais ce n’est pas un isomor- s’exprimer par des polynômes homogènes
phisme de k sur Y, car la bijection réci- un, Ulr ..., u,,, tous de même degré par
proque v’, définie par v’(x, y) = y/,~ si rapport aux coordonnées homogènes de
.Y # 0 et ~‘(0, 0) = 0 n’est pas une appli- .x ; notons que ces polynômes ne peuvent
cation régulière. En fait on peut montrer s’annuler simultanément pour .Y E X. Si
que la cissoïde Y n’est pas isomorphe à une maintenant X C k”’ est affine et Y C P,(k)
droite en observant que son anneau de est projectif, les applications régulières de
fonctions régulières n’est pas intégrale- X dans Y sont définies en donnant les
ment clos (la fraction z = ~>/s vérifie coordonnées homogènes sur Y comme
l’équation z2 = s, donc est entière sur cet fonctions polynomiales (ne s’annulant pas
anneau, sans y appartenir, cf. Arw11~4ux simultanément) des coordonnées sur X ;
COMMUTATIFS), et ne peut par suite être quant aux applications régulières de Y
isomorphe à l’anneau k[T] des fonctions dans X, ce sont les applications constantes
régulières sur k. (les polynômes homogènes de degré 0 sont
- Paraholuide (fig. 3). L’application ration- les seuls à être constants sur chaque droite
nelle (x, y) - (.y, -J, .y~) du plan k2 dans issue de l’origine dans k”+‘).

476
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

Par exemple, l’application o,, de k” dans le point de coordonnées homogènes (,S,


P,,(k) qui transforme (.Y,, .Y~, . . . . x,) en le xj~, y*) ; cette application définit un iso-
point de coordonnées homogènes morphisme de la droite projective P,(k)
(1, s,, . . . . s,,) est régulière ; elle définit une sur la conique % complétée de la parabole
bijection de k” sur le complémentaire de X (cf. exemple ci-dessus), dont l’équation
I’hyperplan d’équation homogène x,, = 0 homogène est y2 = xz.
dans P,(k) (fig. 4). Tout ensemble algébri- On peut généraliser l’exemple précé-
dent et l’on peut ainsi définir pour tout
fig. 4
couple (n, d) d’entiers naturels une appli-
cation régulière de P,(k) dans P,(k) dans
laquelle e = (n + I)(n + 2)... (n + qi)i
d ! - 1, de manière à obtenir un isomor-
phisme de P,(k) sur un ensemble algébri-
/Il. a. b) q u e V,,, d a n s P , ( k ) ( l a v a r i é t é d e
Veronese) ; les coordonnées homogènes
du transformé de x sont tous les monômes
de degré d par rapport aux coordonnées
homogènes de x.

Applications rationnelles
En remplaçant les polynômes par des frac-
tions rationnelles dans tout ce qui précède,
Plongemenr ,t2 du plan affine dans le plan profecfif on obtient des G applications » non partout
définies en général (car les dénominateurs
que X de k” s’identifie par o, à la partie peuvent s’annuler ; il y a donc un abus de
d’un ensemble algébrique % de P,(k) où langage à parler d’applications) ; ce sont les
x,, # 0 ; si les équations de x sont : applications rationnelles. Nous ne donnons
f, = 0, . . ..f. = 0 de définition précise que dans le cas des
fonctions rationnelles (applications ration-
les équations homogènes de % sont : nelles à valeur dans k). Considérons
d’abord un ensemble algébrique affine X
X:efl(x,/x 0, . . ..x./x,) = 0,
...xo’fs(x./xo, . . . . Xn/Xo) = 0 dans k” ; une fonction rationnellefsur X est
définie par une fraction P/Q E k(T,,
0 désigne le degré f;) ; nous dirons que T2, . . . . T,), dont le dénominateur ne
X est la complétion projective de X. Toute s’annule pas identiquement sur X ; c’est
application régulière u d’un ensemble algé- l’application x - P(x)/Q(x) de l’ensemble
brique affine X dans un autre Y se pro- U = IxE XI Q(x) # O} dans k . De
longe d’une manière unique en une appli- même, pour définir une fonction ration-
cation régulière U de % dans y. En nelle sur un ensemble algébrique projectif
particulier, l’application u : t - (t, t2) de k XC P,,(k) on prend une fraction P/Q en
dans k’ se prolonge en l’application régu- coordonnées homogènes, avec P et Q
lière G : P,(k) - P,(k), qui transforme le homogènes de même degré (pour avoir une
point de coordonnées homogènes (x, y) en fonction constante sur les droites issues de

477
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

0 dans k”+‘) et Q non identiquement nul phe (d’une manière canonique) au quo-
sur X. tient k[T,, Tz, . . . . T,,,]/I(X) où I(X) désigne
La composée de deux applications l’idéal formé des polynômes qui s’annulent
rationnelles ,f de X dans Y et g de Y dans sur X. Si une application u : X -+ Y d’un
Z peut se définir si l’ensemble des points ensemble algébrique dans un autre est
.y de X tels quefsoit définie en s et g en régulière, f‘~ II appartient à A(X) pour
f(s) n’est contenu dans aucun ensemble toute fonction f de A(Y). Inversement,
algébrique strictement plus petit que X ; cette condition implique que u est régu-
c’est encore une application rationnelle. lière ; remplaçons en effet f par les fonc-
Une équivalence hiïutionnrllr entre X et Y tions coordonnées y,, y?, .., ~1,~ de Y : nous
est un couple (u, V) où u est une application obtenons des fonctions CI, =
rationnelle de X dans Y et v une applica- yi 0 u (i = 1,2, _.,, n) régulières sur X,
tion rationnelle de Y dans X, les composés c’est-à-dire induites par des polynômes en
1 o IA et u o v étant les applications identi- les coordonnées de X.
ques de X et Y respectivement. On voit même que tout homomor-
Par exemple (-y, y) - y/x est une fonc- phisme cp de A(Y) dans A(X) détermine une
tion rationnelle dans le plan k’, définie application régulière II de X dans Y telle que
dans le complémentaire de la droite ‘p soit l’application f w f o u ; les coordon-
d’équation s = 0. Sa restriction à la nées de u sont les fonctions
courbe d’équation ,v” = s3 est une fonction C~(V,), <~(y:). . . . &J de A(X). Considé-
rationnelle définie en dehors de l’origine ; rons, en particulier, le cas où X = {e} est
on voit que la cissoïde est birationnelle- réduit à un point ; c’est l’espace affine k” et
ment équivalente à la droite (sans lui être son algèbre de fonctions régulières se réduit
isomorphe ; cf. exemple supra et fig. 2). aux constantes A(X) = k. La donnée d’une
D’une manière générale, on dit qu’une application (régulière automatiquement)
courbe algébrique est unicursale si elle est u : x = {el + Y, c’est-à-dire d’un point v
birdtionnellement équivalente à la droite k = u(e) de Y, équivaut donc à celle de
(Cf. COURBES ALGÉBRIQUES). LeS fractions l’homomorphisme f ++ f o u =f(> de
.y,/.~~, ,y,/.~,, . . . . -~,,/.y~ définissent une appli- A(Y) dans k ; d’où une bijection de I’ensem-
cation rationnelle de P,Jk) dans k” ; cette ble Y sur l’ensemble Horn, (A(Y), k) des
application est définie dans le complémen- homomorphismes de A(Y) dans k.
taire de l’hyperplan d’équation homogène Tout isomorphisme A(Y) + A(X), où
.Y” = 0 et donne (avec c(,, ; cf. supm) une X et Y sont des ensembles algébriques
équivalence birationnelle entre P,!(k) et k”. affines, détermine un isomorphisme de X
De même, tout ensemble algébrique affine sur Y. Cela nous met sur la voie d’une
est birationnellement équivalent à sa com- définition intrinsèque des ensembles algé-
plétion projective. briques affines, indépendamment du plon-
gement dans un espace i? : la structure
d’ensemble algébrique est définie par la
2. Variétés algébriques affines donnée de l’algèbre des fonctions réguliè-
res. Nous allons considérer une structure
À tout ensemble algébrique affine X C k”‘, un peu plus fine, en utilisant une autre
nous avons associé la k-algèbre A(X) des algèbre qui n’est pas une algèbre de
fonctions régulières sur X ; elle est isomor- fonctions. En effet, il est avantageux de

470
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

pouvoir distinguer. par exemple, l’ensem- couple (u, v) d’une application u : X + Y


ble algébrique {O] C k défini par I’équa- et d’un homomorphisme v : B - A de
tion .y = 0 (« point simple ») du même k-algèbres, tel que <p(x) o v = V(U(X)) pour
ensemble défini par l’équation x2 = 0 tout point .y de X ; en fait la connaissance
(CC point double »), bien que ces ensembles de v détermine entièrement u (à l’aide de
soient isomorphes. Pour cela, on est <p et y). Le composé d’un tel morphisme
conduit a associer a l’ensemble algébrique avec un morphisme (I I ’, v’) : (Y, B,
X C k”, défini par les équations f, = 0, w) - (Z, C, x) est le morphisme (r/ o u,
f; = 0, .._, f, = 0, non pas l’algèbre de VO v’) de (X, A, <p) dans (Z, C, x). Le
fonctions k[T,, T2, . . . . T#(X), mais l’algè- morphisme (u, V) est un isomorphisme s’il
bre k[T,, T,, . . . . T,]/a, où a est l’idéal de existe un morphisme (u’, v’) de (Y, B, q)
polynômes engendré parfi,f?, . . ..A ; il est dans (X, A, cp) tel que les composés
clair que a est contenu dans I(X), donc (u’, v’) 0 (u, v) et (2.4, v) 0 (u’, v’) soient les
l’algèbre des fonctions régulières sur X morphismes identiques (id,, id,) et (id,,
s’identifie à un quotient de la nouvelle idB) ; cela revient à dire que v est un
algèbre ; ainsi, tout élément de cette nou- isomorphisme de k-algèbres.
velle algèbre définit une fonction régulière La droite affine est la variété (k, k[T], w)
f sur X (sa classe modulo I(X)/a), mais f où tl~ applique tout élément a de k sur
peut être nulle sans que l’élément consi- l’homomorphisme k[T] + k qui trans-
déré le soit. Dans l’exemple de {0) C k, forme T en u. Un morphisme de (X, A, q)
l’algèbre associée est k[T]/(T) = k dans le dans la droite affine est donc formé d’une
cas du point simple, d’équation x = 0, et application u de X dans k et d’un homo-
k[T]/(T’) = k + ks, algèbre des nombres morphisme v de k[T] dans A ; la donnée de
duaux (extension quadratique de k engen- v, qui équivaut à celle du morphisme (u, v),
drée par un élément E de carré nul) dans revient à celle de l’élémentf= v(T) de A ;
le cas du point double, d’équation x2 = 0 ; pour tout point x de X on a
l’élément E définit une fonction nulle. u(x) = <p (X)C~). Autrement dit, les élé-
Nous appellerons variété algébrique ments de A correspondent bijectivement
ufJine un triplet (X, A, <p) où X est un aux morphismes de (X, A, <p) dans la droite
ensemble, A une k-algèbre engendrée par affine (et non plus aux fonctions réguliè-
un nombre fini d’éléments et <p une bijec- res ; un morphisme est une donnée plus
tion de X sur Homk(A, k). Notons que si riche que la fonction u sous-jacente).
(.Y,, x2, . . . . x,) est un système de généra- Nos définitions montrent que l’étude
teurs de A, il détermine un homomor- des variétés algébriques affines est équiva-
phisme surjectif k[T,, T2 . . . . T,] -+A dont lente à celle des k-algèbres de type fini
le noyau a est engendré par un nombre fini (c’est-à-dire engendrées par un nombre fini
de polynômes, car l’anneau des polynômes d’éléments). Les principaux résultats de
est noethérien (théorème de Hilbert, cf. cette théorie sont dus aux géomètres alle-
.~N~vE.~ux CohmumTIFs) ; ainsi A est iso- mands de la première moitié du xxe siècle.
morphe à l’algèbre associée a un ensemble Nous les citerons sans donner de démons-
algébrique affine contenue dans k”, et <p tration complète.
détermine une bijection de X sur cet Précisons d’abord que si B est un
ensemble. Un morphisnze (X, A, <p ) - (Y, anneau, une B-algèbre A est dite de t)rpe,fini
B, w) de variétés algébriques affines est un si elle est engendrée en tant qu’algèbre par

479
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

un nombre fini d’éléments, tout élément de où les a,(s) sont des polynômes en .Y. Ainsi
A s’exprimant comme fonction polynôme la classe de - dans A est entière sur k[s],
de ces générateurs. L’algèbre A est ditefinir et la courbe apparaît comme un revête-
si elle est engendrée par un nombre fini ment ramifié (de degré r) de l’axe des ,Y.
d’éléments en tant que B-module : tout Appliquons ce résultat en remplaçant A
élément de A est combinaison linéaire des par le quotient A/m où m est un idéal
générateurs ; cela revient à dire que A est de maximal de A ; ce quotient est encore de
type fini et entière sur B. type fini sur k, et c’est un corps. D’après
le lemme, il contient une sous-algèbre B
Lemme de normolisation isomorphe à une algèbre de polynômes,
d’Emmi Noether sur laquelle il est une algèbre finie ; on en
Soit A une k-algèbre de type fini non nulle, déduit aisément que B est elle-même un
engendrée par n éléments. Il existe un corps. et ensuite que B = k. Comme k est
entier d et un homomorphisme inj,~tif algébriquement clos, son extension finie
v : k[T,, T,, . . . . TJ + A, faisant de A une A/m lui est isomorphe. Cela prouve que
k[T,, TZ, . . . . T,,]-algèbre jnie. tout idéal maximal de A est le noyau d’un
Géométriquement, v s’interprète homomorphisme de A dans k, et permet
comme un morphisme de la variété affine d’établir une correspondance bijective
X qui correspond à A dans l’espace affine entre les idéaux maximaux de A et les
lc” ; les propriétés de v impliquent que ce points de la variété algébrique affine asso-
morphisme est surjectif et « fini », c’est-à- ciée à A. Pour développer la géométrie
dire qu’il fait de X une sorte de revêtement algébrique sur un corps non algébrique-
ramifié de k”. ment clos, il est raisonnable de remplacer
On peut démontrer ce lemme par récur- l’ensemble Hom,(A, k) par l’ensemble des
rence sur le nombre n de générateurs de idéaux maximaux de A dans la définition
A = k[T,, T2, _.., T,,]/n ; il est évident si des variétés algébriques affines ; cela
a = {0}, en particulier si n = 0. Dans le revient à considérer, outre les « points
cas contraire, on montre qu’il est possible rationnels sur k )) de la variété, qui cor-
de trouver un nouveau système de n respondent à des idéaux maximaux m tels
générateurs dont le dernier est entier sur la que A/m = k, d’autres points correspon-
sous-algèbre A’ engendrée par les n - 1 dant a des idéaux maximaux m tels que A/m
premiers, de sorte que A est une A’-algèbre soit une extension finie de k. Nous conser-
finie ; on applique alors l’hypothèse de vons un corps de base algébriquement clos
récurrence à A’. pour rester plus près des notions intuitives.
Par exemple, si A = k[x, ~]/cf) est
Considérons une variété algébrique
l’algèbre de la courbe plane définie par
affine (X, A, (p) ; si J‘E A et x E X, nous
l’équationf(‘c, 2’) = 0, on fait un change-
noteronsf(_u) la valeur en s de la fonction
ment de base dans k2 de manière que l’axe
sur X définie par f; c’est-à-dire <p (.Y) v).
des y ne soit pas une « direction asymp-
Pour qu’un élément de ,f‘de A soit inver-
totique » de la courbe (c’est possible, car k
sible, il faut et il suffit quef(s) # 0 pour
est infini) ; l’équation de la courbe prend
tout point N de X ; en effet, cette condition
alors la forme :
signifie que .f‘ n’appartient à aucun idéal
Y ’ + a,(x)y’-’ + + a,(x) = 0, maximal de A, et, d’après le théorème de

480
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

Krull, un élément non inversible appar- de X. Avec l’algèbre Aja, il forme une
tient toujours a un idéal maximal. variété algébrique affine à laquelle on peut
appliquer le théorème précédent. On
Théorème des zéros de Hilbert trouve ainsi que l’idéal I(V (a)) formé des
Soit (X, A, cp) une variété algébrique affine. élémentsfde A tels quef(x) = 0 pour tout
Si fE A les conditions suivantes sont x E V(a) est égal à la racine ta(a) de a
équivalentes : c’est-à-dire à l’ensemble des éléments de A
(1) Pour tout point x de X, f(x) = 0. qui ont une puissance dans a ; en particu-
(2) L’élément 1 -fT est inversible lier, V(a) n’est pas vide si a # A (c’est
dans l’algèbre de polynômes A[TJ. l’énoncé du Nullstellensatz de Hilbert).
(3) fest nilpotent, c’est-à-dire que l’une
de ses puissances est nulle.
La condition (2) sert d’intermédiaire 3. Variétés algébriques
entre (1) et (3) ; elle s’interprète en disant
que 1 -,fl ne s’annule pas sur la variété L’utilisation des fonctions régulières ne
affine d’algèbre A[T] (qui n’est autre que conduit à rien dans l’étude des ensembles
X X k, cf. infra). Ainsi, on voit aisément algébriques projectifs, puisque l’anneau
que( l)implique(2). Pourvoirque(2)impli- des fonctions régulières d’un tel ensemble
que (3) on note que 1 -fl admet pour est toujours réduit à k. On peut remplacer
inverse 1 +fT + f ?T? + . ..f”T” + les fonctions régulières par les fonctions
dans l’algèbre de séries formelles A [[T]], rationnelles. La théorie ainsi construite
si cet inverse est un polynôme, fest nilpo- permet l’étude des propriétés conservées
tent. Enfin, si f est supposé nilpotent, il par une équivalence birationnelle ; elle a
en est de même def(x) pour tout point x ; été développée à la fin du siècle dernier,
orf(x) E k, et dans un corps tout élément principalement en Italie. Cette méthode
nilpotent est nul. interdit la distinction entre des ensembles
Autrement dit, l’ensemble n des élé- algébriques birationnellement équivalents,
ments nilpotents de A est l’intersection des même non isomorphes. Il faut donc cher-
idéaux maximaux (c’est un idéal qu’on cher dans une autre direction pour obtenir
appelle le nilrudical de A). Pour un anneau une définition intrinsèque des variétés
quelconque, le même raisonnement algébriques.
prouve que le nilradical est l’intersection En localisant la notion de fonction
des idéaux premiers ; ici, on voit, en régulière, on arrive à une notion adéquate.
appliquant le théorème précédent à A/p où Commençons par munir les ensembles
&J est un idéal premier de A, que tout idéal algébriques d’une topologie qui permette
premier de A est une intersection d’idéaux une telle localisation.
maximaux (on dit que A est un anneau de
Jacobson). Topologie de Zariski
À tout idéal a de A, nous associerons Si le corps de base est celui des nombres
l’ensemble V(a) C X des points x tels que complexes, on peut essayer la topologie
f(x) = 0 pour tout fE a ; il suffit d’écrire induite par celle de C” ou P,,(C) (c’est la
cette condition pour un système de géné- topologie transcendante, définie à partir du
rateurs cfi, f >, . . . . f,Y) de a, et on peut dire module d’un nombre complexe). Il est
que V(a) est un sous-ensemble algébrique clair, en effet, que les applications réguliè-

481
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

res sont continues pour cette topologie ; communs aux polynômes J;g, (1 < i < r,
par suite, les isomorphismes la conservent. 1 < j < .Y), donc un ensemble algébrique.
Mais cela ne convient pas au cas d’un Enfin l’ensemble vide est algébrique, étant
corps de base général. défini par l’équation 1 = 0. Ainsi les
On veut une topologie adaptée à l’étude axiomes des fermés d’une topologie sont
des propriétés algébriques ; ainsi les pro- vérifiés par les ensembles algébriques (cf.
priétés algébriques (ou du moins beaucoup TOPOLOGIE GÉ NÉ RALE). Dorénavant nous
d’entre elles) doivent avoir une nature considérons k” et P,,(k) comme munis de
locale pour la topologie cherchée : par leurs topologies de Zariski, et tout ensem-
exemple, une fonction rationnelle définie ble algébrique affine ou projectif est muni
en un point doit rester définie au voisinage de la topologie induite ; toute variété
de ce point. Or les ensembles exceptionnels algébrique affine est de même munie de sa
où les propriétés algébriques considérées topologie de Zariski.
cessent d’être vraies sont définis par des Si (X, A, <p) est une variété algébrique
équations polynomiales (l’annulation du affine, une base d’ouverts de sa topologie
dénominateur dans le cas de la définition de Zariski est formée des ensembles
d’une fonction rationnelle) ; ce sont eux- DfJ) = (x E X 1f (.y) # O}, oùfE A. On
mêmes des ensembles algébriques. Ainsi, obtient de même une base d’ouverts sur un
nous imposons la condition suivante : les ensemble algébrique projectif en considé-
ensembles algébriques doivent être fermés rant les ensembles où ne s’annule pas un
pour la topologie cherchée. II se trouve qu’il polynôme homogène.
existe sur k”, ou sur P’!(k), une topologie Il est clair que les applications réguliè-
bien déterminée pour laquelle les ensem- res sont continues pour la topologie de
bles fermés sont les ensembles algébriques : Zariski : l’image réciproque d’un ensemble
on l’appelle la topologie de Zuriski. algébrique par une telle application est
En effet, l’intersection d’une famille encore algébrique. Ainsi, deux ensembles
(E,)i., d’ensembles algébriques est encore algébriques isomorphes sont homéomor-
algébrique : si E, est défini par les équa- phes. La réciproque n’est pas vraie, puis-
tionsjiA = 0, h E A,, cette intersection est que la représentation paramétrique
définie par l’annulation de tous les poly- t - (t l, t ‘) de la cissoïde est un homéo-
nômes ,f; : c’est l’ensemble des zéros morphisme de k sur cette courbe, qui n’est
communs’aux polynômes de l’idéal engen- pourtant pas isomorphe à une droite
dré par les f;, et il suffit de prendre un (cf. chap. 1, Applicntions rL;guli>res) ; autre-
ensemble fini de générateurs de cet idéal ment dit, la topologie de Zariski est
pour avoir un système d’équations de insuffisante pour caractériser les ensem-
l’intersection (rappelons la propriété bles algébriques à isomorphisme près.
noethérienne de l’anneau des polynômes ;
dans le cas projectif, il faut bien sûr Anneaux locaux
prendre des générateurs homogènes). À tout point .Y d’un ensemble algébrique X
Considérons maintenant la réunion de on peut associer l’anneau cT&, des germes
deux ensembles algébriques, définis res- de fonctions rationnelles sur X définies en
pectivement par les équations f, = 0, s; un tel germe est une classe d’équiva-
f z = 0, . ..., fr = 0 et g, = 0, gz = 0, lence de fonctions rationnelles définies en
.,., g,\ = 0 ; c’est l’ensemble des zéros .Y, pour la relation qui consiste à confondre

482
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

deux fonctions lorsqu’elles coïncident dans ~ Il est facile de voir que les fonctions
un voisinage de x. Ainsi un élément de 0x., rationnelles sur la courbe d’équation
est représenté par une fraction P/Q dont le y2 = x3 s’écrivent d’une manière unique
dénominateur Q ne s’annule pas en x; sous la forme R(x) + y S(x), où R et S sont
dans le cas projectif, les polynômes P et Q des éléments de k(x) ; ainsi l’ensemble des
sont homogènes de même degré. Pour fonctions rationnelles sur la cissoïde est un
qu’un tel élément soit inversible, il faut et corps, extension quadratique de k(x)
il suffit que son numérateur P ne s’annule engendrée par un élément y qui vérifie
pas en x; autrement dit, l’ensemble des y2 = x3. L’anneau local d’un point (a, 6)
éléments non inversibles de 0x,., est l’idéal s’identifie à l’ensemble des éléments
m,, noyau de l’homomorphismef-f(x) à R(x) + y S(x) tels que R et S soient
valeurs dans k, et c’est le seul idéal définies en u. Comme les applications
maximal de l’anneau. Un anneau qui u : t++ (t *, t ‘) (application régulière) et
possède un seul idéal maximal est dit local ; v = y/x (application rationnelle définie
nous avons muni l’ensemble algébrique X sauf en (0, 0)) forment une équivalence
d’un anneau local 0x,, pour chaque birationnelle entre la droite et la cissoïde
point x. X, les anneaux locaux sur X aux points
Si une application rationnelle II : X - Y (a, b) # (0,O) sont isomorphes à ceux des
est définie en un point x de l’ensemble points correspondants sur la droite. Au
algébrique X, il lui correspond un homo- contraire, l’anneau local, 0x,(,,,) n’est pas
morphisme g - g o u de l’anneau local intégralement clos (il ne contient pas
0 Y,u(rJ dans 0x,, ; cet homomorphisme l’élément entier y/~), tandis que tous les
applique l’idéal maximal du premier anneaux locaux sur la droite sont intégra-
anneau dans celui du second, ce qu’on lement clos. On voit donc que le point de
exprime en disant que c’est un homomor- rebroussement de la cissoïde se manifeste
phisme local. Si (u, v) est une équivalence dans les propriétés des anneaux locaux
birationnelle entre X et Y, elle définit une (fig. 2).
bijection entre des ouverts de Zariski par- Un raisonnement analogue permet
tout denses U et V de X et Y de manière que d’étudier le cône d’équation z* = x2 + y”
les anneaux locaux en des points corres- dans k3. Les fonctions rationnelles sur
pondants de U et V soient isomorphes ; cette surface forment un corps, extension
cela s’applique en particulier à un isomor- quadratique de k(x, y) ; elles s’écrivent
phisme de X sur Y, avec U = X et V = Y. R(x, y) + zS(x, y). L’anneau local de l’ori-
On peut donner trois exemples : gine est formé de ceux de ces éléments
- Les fonctions rationnelles sur la droite k pour lesquels les fractions R et S sont
forment le corps k(x) (corps des fractions définies en (0, 0), et son idéal maximal est
de l’anneau des polynômes k[x]). Comme défini par la condition R(O,O) = 0.
les voisinages ouverts au sens de Zariski
d’un point CI sont des complémentaires Faisceau structural
d’ensembles finis, deux fonctions ration- La connaissance de la topologie et des
nelles qui coïncident au voisinage de a sont anneaux locaux sur un ensemble algébrique
identiques, et l’anneau local de a n’est est insuffisante pour caractériser cet ensem-
autre que l’ensemble des fractions dont le ble à isomorphisme près ; en particulier,
dénominateur n’est pas nul en a. elle ne permet pas de reconstituer l’algèbre

483
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

des fonctions régulières sur l’ensemble. teur divise une puissance de gi). Nous
Nous allons remplacer les anneaux locaux pouvons donc trouver un entier m et des
par une structure plus riche. fonctions régulières h,, h?, . . . . h, tels que
Considérons un ouvert de Zariski U $;‘f coïncide avec hi dans D(gi) ; dans
dans un ensemble algébrique X. Nous D(g,) n D(gi) = D(g,g,), les fonctions ,$‘h,
dirons qu’une application de U dans k est et eh, sont égales, et par suite leur diffé-
une fonction régulière dans U si son germe rence est annulée par g,g,. Il existe des
en chaque point x de U appartient à fonctions régulières f,, fi, . . . . f, telles que
l’anneau local 0x,,; l’ensemble des fonc- f,g,m+’ +f&‘i’+’ + +f;.g.y+’ = 1 ,
tions régulières dans U forme un anneau car les D(&l+‘) recouvrent X; on peut
(et même une k-algèbre), que nous note- alors vérifier que f coïncide avec f,g,h,
rons O,(U). Notre terminologie n’est pas +.f2g2 h, + + Lg,h, dans chaque
contradictoire, car 0x(X) est précisément D(g,), donc lui est égale.
l’ensemble des fonctions régulières sur X, On appelle faisceau d’anneaux sur un
en vertu du théorème : espace topologique X un couple (A, p) du
Soient X un ensemble algébrique et f : type suivant : A associe à chaque ouvert U
X -+ k une application de X dans k. On de X un anneau A(U) et p associe à chaque
suppose que pour tout point x de X il existe couple (U, V) d’ouverts tels que U C V un
un voisinage V, de x et une fonction hornorphisme puv : A(V) + A(U) appelé
rationnelle rx définie dans V, et telle que restriction de V à U. On impose à ces
.fl v, = rn. Alors f est une fonction régu- données les conditions suivantes :
lière. ( 1 ) P o u r t o u t o u v e r t U , l’homo-
Ce résultat se démontre ainsi, dans le cas morphisme ptiu est l’application identique
où X est affine : on peut supposer que les d e A ( U ) . Si UCVCW, on a
voisinages V, sont de la forme D(g,) Puw = Puv 0 Pvw.
(ensemble des points oùg, ne s’annule pas), (2) Pour tout ouvert U et tout recou-
avec des fonctions régulières g,. Comme les vrement (U,),,, de U par des ouverts,
D(g,) recouvrent X, l’idéal engendré par les l’application f- ( puiucf)) est une bijec-
fonctions g, est l’anneau A de toutes les tion de A(U) sur l’ensemble des familles :
fonctions régulières sur X (sinon on pour-
rait trouver un idéal maximal contenant les
gx, donc un point de X où toutes ces
fonctions s’annulent) ; par suite, 1 est telle que les restrictions deJ etf; à U, n U,
combinaison linéaire d’un nombre fini de soient égales pour tout couple (i, j) d’indi-
fonctions g, soient g,, g2, . . . . g, et ces. Cela signifie qu’un élément de A(U)
X = D(g,) U D(g,) U U D(g,). Dans est connu quand on connaît ses restrictions
l’ouvert D(g,),fcoïncide avec une fonction à tous les U,, et donne la condition pour
rationnelle r, définie dans D(g,) ; ici nous que des éléments des A(U,) proviennent
avons besoin d’un lemme : toute fonction par restriction d’un même élément de
rationnelle définie dans D(g,) peut s’écrire A(U).
sous la forme ,/$ où h est une fonction LaJihre A, du faisceau en un point Y de
régulière et m un entier (car g, s’annule sur X est la limite inductive des A(U) lorsque
l’ensemble des zéros du dénominateur, U parcourt l’ensemble filtrant des voisina-
donc, par le Nullstellensatz, ce dénomina- ges ouverts de .Y ; pour construire cette

484
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

limite inductive, on identifie des éléments des points de X oùf’n’est pas nulle, muni
de A(U) et A(V), où U et V sont des de la structure d’espace annelé induite par
voisinages ouverts de .y, si leurs restrictions celle de X, est un sous-espace ouvert de X.
à un voisinage W C U n V sont égales ; les Si X est défini, dans k”, par les équations
classes d’équivalence ainsi définies sont les g, = 0, gz = 0, . . . . g,, = 0, et si f est la
éléments de A,. restriction à X d’un polynôme fE k[s,,
11 est clair que les anneaux de fonctions s2, . . . . x,], alors Dcf) est la projection sur
0x(U) que nous avons définis sur un k” de l’ensemble algébrique Y C k>‘+’ =
ensemble algébrique X forment un fais- k” X k défini par les équations g, = 0,
ceau d’anneaux (avec la notion habituelle gz = 0, ,.., g, = 0 et 1 - tf = 0. La pro-
de restriction). Les fibres sont les anneaux jection : (x, t ) - .Y définit un isomor-
locaux 0x,,. Considérons une application phisme d’espaces localement annelés de Y
régulière u : X-t Y d’ensembles algébri- sur Dcf). Par exemple, le complémentaire
ques ; elle est continue pour les topologies de 0 dans la droite k est isomorphe, comme
de Zariski, de sorte que si V est un ouvert espace localement annelé, à l’hyperbole
de Y, u-‘(V) est un ouvert de X. On a alors d’équation xt = 1 dans le plan des (x, t )
un homomorphisme g - g o u de O,(V)
(fig. 5).
dans 0,(u~‘(V)). D’une manière générale,
on appelle espuce localement annelé un
espace topologique X muni d’un faisceau
d’anneaux (A, p) dont les fibres sont des
anneaux locaux. Un morphisme d’espaces
localement annelés de (X, (A, p)) dans (Y,
(B, o)) est un couple (u, r) où u est une
application continue de X dans Y et v
associe à chaque ouvert V de Y un
homomorphisme v, : B(V)-A(u-](V)) de
manière compatible avec les restrictions p
et o. On impose de plus que, pour tout
p o i n t .Y d e X , l ’ h o m o m o r p h i s m e
t’, : Bu(,, - A, déduit de v soit un homo-
morphisme local. Il est facile de définir le
morphisme composé de deux morphismes,
puis la notion d’isomorphisme entre espa-
ces localement annelés.
Soit U un ouvert d’un espace locale-
Isomorphisme de k - { 0) avec une hyperbole
ment annelé (X, (A, p)). La topologie i
induite et le faisceau induit
A r, : U’ - A(U’), pour U’ ouvert contenu Nous pouvons aussi munir Dcf) d’une
dans U, font de U un espace localement structure de variété algébrique affine, en
annelé ; on dit que c’est un sous-espace transportant celle de Y. Soit A =
ouvert de X. Par exemple, si X est un k[s,, .x2, s,,]/a l’algèbre de la variété
ensemble algébrique affine et si f est une affine X, où a est l’idéal engendré par gl,
fonction régulière sur X, l’ensemble Dcf) gz> ..., g,. L’algèbre de Y est

485
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

k[x,, .Y*, _.., x,,t ]/b où b est engendré par les variétés algébriques affines comme des
g,, g2, .._, g, et 1 - tf; elle est isomorphe à espaces localement annelés.
Af = A[t ]/( 1 - tf’), en désignant parf’ la Considérons maintenant un ensemble
classe de f dans A. Dorénavant, si (X, A, algébrique X défini dans l’espace projectif
<p) est une variété algébrique affine et si g P,,(k) par des équations homogènes
est un élément de A, nous munirons g, = 0, g, = 0, . . . . g, = 0, et un polynôme
l’ouvert Dcf) des points de X où f n’est pas f homogène de degré d par rapport aux
nul d’une structure de variété algébrique coordonnées homogènes .x0, .Y,, . . . . .Y,,. Soit
affine au moyen de l’algèbre A,= A[t ]/ D+Q”) l’ensemble ouvert des points de X
(1 - tJ’) ; les éléments de cette algèbre où f n’est pas nul, muni de la structure
peuvent s’écrire comme des fractions du annelée induite par celle de X ; il est
type h/f r où h E A (notons qu’une telle isomorphe à un ensemble algébrique
fraction est nulle dès que h est annulé par affine. On le voit tout de suite si f = x0, en
une puissance de f, soit f "'h = 0 ; cela utilisant l’isomorphisme connu de k” sur le
n’exige pas que h soit nul). On peut complémentaire de l’hyperplan d’équation
montrer qu’il existe sur X un faisceau 0x x0 = 0 dans P,(k) ; si d = 1, un change-
et un seul qui prennent la valeur A, dans ment de coordonnées nous ramène a ce cas
l’ouvert Dcf) pour tout f E A. Si U est un facile. Le cas général se ramène au cas où
d = 1 en identifiant P,(k) à la variété de
ouvert de X, les éléments de 0x(U) ne sont
Veronese V,,, (cf. chap. 1).
pas des fonctions dans U, mais chacun
Cela permet encore de munir D+(f)
d’eux définit une fonction (régulière) dans
d’une structure de variété algébrique
U : cette fonction est nulle si. et seulement
affine, dont l’algèbre est obtenue ainsi : soit
si, l’élément considéré est nilpotent. La
a l’idéal homogène de polynômes engendré
fibre de 0x,., en un point x est un anneau
par g,, g,, . . . . g,T, et soit A = k[.x,, x,, . . . .
local, dont les éléments s’écrivent comme
,x,J/a l’algèbre graduée quotient ; dési-
d e s f r a c t i o n s h/g a v e c h, gE A e t
gnons par A(” la sous-algèbre de A formée
g(x) # 0 ; ainsi (X, 0x) est un espace
des éléments dont le degré est un multiple
localement annelé. de d; l’algèbre de D+(f) est Au, = A(“)/
Si (u, v) : (X, A, cp) -. (Y, B, y) est un cf- 1) et ses éléments s’écrivent comme
morphisme de variétés algébriques affines, des fractions h/f r où h est un élément de
on en déduit aisément un morphisme (u, degré rd de A. Il existe alors un faisceau
F) : (X, 0,) - (Y, 0,) en définissant i&,>, d’anneaux bien déterminé sur X qui prend
pour g E B, comme l’homomorphisme de la valeur A,, sur D+(J) ; sa fibre en un
B, dans A,,(,, qui transforme h/g” en point x est un anneau local, dont les
v(h)/(g)“. Inversement, si (u, w) : (X, 0x) -+ éléments sont les fractions du type h/g avec
(Y, 0,) est un morphisme d’espaces loca- h, g E A homogènes de même degré et g
lement annelés, (u, wy) est un morphisme non nul en x. Nous désignerons ce faisceau
de variétés affines ; on a (ij))u= v et par 0x, et nous dirons que l’espace loca-
(cv) = w. Cela implique en particulier que lement annelé (X, 0,) est une variété
deux variétés algébriques affines sont iso- algébrique projective. On peut montrer
morphes si, et seulement si, elles sont que pour tout morphisme d’espaces loca-
isomorphes comme espaces localement lement annelés (u, w) : (X, 0,) + (Y, 0,)
annelés. Dans la suite, nous considérerons entre des variétés algébriques projectives,

486
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

l’application u est régulière (on commence tives) peuvent être considérées comme des
par observer que la restriction de u à tout sous-variétés fermées d’un espace k” (resp.
ouvert affine de la forme D+(/‘) C X est P,,(k)).
régulière). Si Y est un fermé quelconque de X, le
La notion d’espace localement annelé faisceau d’idéaux 2, formé des f qui
nous a permis de traiter de manière s’annulent sur Y est localement de type fini
analogue les variétés algébriques affines ou et t&/‘Ju a pour support Y, d’où sur Y une
projectives. De plus, toute variété algébri- structure de sous-variété fermée de X. Ce
que projective X C P,,(k) peut être recou- n’est pas la seule possible, mais on peut la
verte par des ouverts U, qui sont des caractériser par le fait qu’elle est réduite,
variétés affines pour la structure induite ; c’est-a-dire que son faisceau structural ne
on peut même prendre des U, en nombre comporte pas d’éléments nilpotents non
fini, par exemple Uj = D+(x,) (xi coor- nuls (il s’interprète comme un faisceau de
données homogènes). D’une manière fonctions sur Y). En particulier, si Y = X,
générale, nous dirons qu’un espace loca- on définit une sous-variété fermée X,.,, de
lement annelé (X, 0x) est une varibt~ X qui est réduite et a même espace
a/géhrique s’il existe un recouvrement (U,) topologique sous-jacent que X.
de X par des ouverts qui sont isomorphes Sur l’ensemble produit X X Y de deux
(pour la structure localement annelée variétés algébriques, on peut définir une
induite) à des variétés algébriques affines. structure de variété algébrique munie de
morphismes p : X X Y - X e t
q:XXY- Y, de manière que les mor-
4. Propriétés élémentaires phismes u d’une variété Z dans X X Y
correspondent bijectivement aux couples
Tout ouvert U d’une variété algébrique X, 0, o u, q o il) de morphismes de Z dans X
muni de la structure annelée induite, est et Y respectivement. En général la topo-
une variété algébrique ; on dit que c’est une logie de X X Y est strictement plus fine
sous-wriPté ouverte de X. que la topologie produit. Par exemple
Considérons un faisceau d’idéaux 2 de k”’ X k” = k”‘+” ; le produit de deux varié-
0x (c’est-à-dire un faisceau tel que J(U) tés affines est par suite une variété affine.
soit un idéal de 0,(U) pour tout ouvert U, De même, le produit de deux variétés
les opérations de restriction de 2 étant projectives est projective ; en effet,
induites par celles de 0x) ; on peut définir P,),(k) X P,,(k) s’identifie à une sous-
un faisceau quotient 0x/?, dont la fibre en variété fermée de P,.(k), avec Y = WI + IN
un point x quelconque de X est ox,,/J,. Si + n, au moyen du rnorphisme de Segre
2 est « localement de type fini », le support qui transforme un couple (.Y
Y de ce faisceau quotient, c’est-à-dire 3 E P,)!(k) X P,Jk) en le point de coor-
l’ensemble des points .Y où sa fibre n’est pas données homogènes XJ, (0 < i < m,
nulle, est une partie fermée de X. On peut 0 < j < n) où les x, sont les coordonnées
considérer 0x/2 comme un faisceau sur Y, homogènes de s et les J, celles de y. Par
et Y muni de ce faisceau est une variété exemple, pour tn = n = 1, le morphisme
algébrique ; on dit que c’est une sous- de Segre P,(k) X P,(k) -+ P,(k) identifie
wrri& ,fermée de X. Par exemple, les le produit de deux droites projectives à la
variétés algébriques affines (resp. projec- quadrique d’équation homogène zt = .y.)

A87
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

(cf. chap. 1, exemple des paruboloïdes et La dimension d’une variété algébrique


fig. 3) ; lorsque a décrit P,(k), l’image de X est définie comme la borne supérieure de
{a} X P,(k) décrit l’un des systèmes de l’ensemble des entiers n pour lesquels il
génératrices rectilignes de la quadrique, existe une suite strictement croissante de
tandis que l’image de P,(k) X {a} décrit (F,, F,, . . . . F,) de fermés irréductibles de
l’autre système. X ; c’est un nombre fini si X est quasi
On dit qu’une variété algébrique X est compacte. Si X est une variété intègre,
séparée si la diagonale A, = I(x, x) 1 c’est-à-dire irréductible et réduite, on peut
x E IX} est une partie fermée de X X X définir des fonctions rationnelles sur X ; ces
(comme la topologie de X X X est plus fine fonctions forment un corps K(X), exten-
que la topologie produit, cela ne signifie sion de type fini de k dont le degré de
pas en général que la topologie de X est transcendance est égal à la dimension de X
séparée). Une sous-variété (ouverte ou (cf. CORPS). Ainsi l’espace k” et l’espace
fermée) d’une variété séparée est aussi P,(k) sont de dimension n, leur corps de
séparée ; de même, un produit de variétés fonctions rationnelles étant k(x,, x2, . . . . x,).
séparées est séparé. L’espace k” et l’espace Si k est le corps des nombres comple-
xes, on peut considérer k” = C”, comme
P,(k) sont séparés, donc les variétés algé-
une variété analytique complexe. Toute
briques affines ou projectives sont sépa-
variété algébrique affine X, sous-variété
rées.
fermée de C” peut alors être munie d’une
La propriété noethérienne des algèbres
structure d’espace analytique X”” sous-
de type fini se traduit dans le fait que toute
espace analytique fermé de C” (la topolo-
suite décroissante de fermés d’une variété
gie de X”” est induite par la topologie
algébrique affine est stationnaire. Il en
transcendante de C” et son faisceau struc-
résulte que tout sous-espace d’une telle
tural est quotient du faisceau des fonctions
variété est quasi compact, c’est-a-dire véri-
analytiques). Considérons maintenant une
fie l’axiome de Borel-Lebesgue (cf. TOPO-
variété algébrique X sur C, recouverte par
LOGIE GÉ NÉ RALE). Les variétés algébriques
des ouverts affines U, ; les structures ana-
qui sont quasi compactes sont celles qui lytiques Ily’ se recollent et définissent sur
admettent un recouvrement fini par des X une structure d’espace analytique X”“,
ouverts affines ; il en est ainsi pour les de même dimension que X. Un grand
variétés affines ou projectives. Les variétés nombre de propriétés de géométrie algé-
algébriques au sens de Serre sont suppo- brique concernant X se traduisent par des
sées réduites, séparées et quasi compactes. propriétés analytiques de X0”.
Une variété non vide qui n’est pas Par exemple, on peut définir la notion
réunion de deux fermés strictement plus de point Ggulier d’une variété algébrique
petits est dite irréductible ; il revient au X ; si le corps de base est C, pour qu’un
même de dire que tout ouvert non vide est point .Y de X soit régulier, il faut et il suffit
partout dense. L’espace k” et l’espace que X”” soit une variété analytique sans
P,(k) sont irréductibles. Toute variété singularité au voisinage de x. Ainsi, tout
algébrique quasi compacte est réunion point de C” ou de P,,(C) est régulier, mais
d’un nombre fini de composantes irréduc- 0 n’est pas un point régulier de la cissoïde
tibles, qui sont ses parties fermées irréduc- représentée dans la figure 2 (on dit que
tibles maximales. c’est un point singulier). L’ensemble des

488
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

points réguliers d’une variété algébrique fm'(U,) de X soient affines et que les
est ouvert, et il est partout dense si la restrictions :
variété est réduite. L’anneau local en un
point régulier est factoriel (cf. ANNEAux
COMMUTATIFS). soient finies. Un morphisme fini trans-
Comme autre exemple, considérons la forme les fermés de X en fermés de Y, et,
notion de wr.i&é dgéhrique complète pour tout point )’ de Y, la fibref-’ est
(définie sur un corps de base arbitraire). finie et discrète. Le lemme de normalisa-
Dans le cas où le corps de base est C, pour tion de Noether, énoncé au chapitre 2,
que X soit complète il faut et il suffit que signifie que si X est une variété algébrique
X”” soit compact. On voit ainsi que P,,(C) affine, il existe un morphisme fini et
et que les variétés algébriques projectives surjectif de X sur un espace k” ; l’entier d
sont des variétés complètes. Au contaire, est égal à la dimension de X. Si X est une
les variétés affines de dimension non nulle sous-variété fermée d’une variété Y. le
ne sont pas complètes. morphisme d’injection X + Y est fini.
Dans la suite de cet article, nous rem- Soit ,f : X + Y un morphisme de
plaçons les définitions de certaines notions variétés algébriques tel que pour tout
de géométrie algébrique par leurs traduc- point J’ de Y la fibre f -'(y) soit finie et
tions transcendantes, en nous restreignant discrète. En général ,f’n’est pas fini, mais,
au cas où le corps de base est C ; c’est le si on le suppose séparé (cela signifie que
point de vue de la géométrie italienne du A, = I(x, s) 1 s E Xl est fermé dans le
siècle dernier (on démontrait alors les « produit fibré » X X .X ; c’est toujours
théorèmes par des méthodes transcendan- vrai si X est séparé), on peut montrer qu’il
tes). Nous pourrons ainsi énoncer un existe une variété algébrique X’ dans
certain nombre de résultats sans être laquelle X se plonge comme sous-variété
entraînés à des développements trop ouverte de manière que f se prolonge en
longs ; cependant, ces résultats conservent un morphisme fini de X’ dans Y. Ce
leur sens et leur validité avec un corps de résultat, profond et difficile, est connu
base général. sous le nom de thlorètne principd de
Zariski.
Un point s d’une variété algébrique X
est dit novnz~l si l’anneau local 0x,, est
5. Morphismes finis. Normalisation intègre et intégralement clos. Sur le corps
et désingularisation des complexes, cela revient à dire que x est
un point normal de X”“, c’est-à-dire que
On dit qu’un morphisme f = (u, toute fonction analytique définie seule-
11) : x - Y de variétés algébriques affines ment aux points réguliers voisins de .y et
est ,fini si ry : B + A fait de A une bornée se prolonge en une fonction ana-
B-algèbre finie (A désigne l’algèbre de X et lytique définie dans un voisinage de .y. Un
B celle de Y). Plus généralement, un point régulier est normal ; sur une courbe
morphisme ,f : X -+ Y entre des variétés la réciproque est vraie, mais pas en dimen-
algébriques quelconques est dit jni s’il sion plus grande. Par exemple, le sommet
existe un recouvrement de Y par des 0 du cône d’équation z2 = .Y? + y’ dans k‘
ouverts affines U, tels que les ouverts est normal sans être régulier (cf. chap. 3 et

489
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

f1g. 6 l’ensemble des points de X qui ne sont pas


normaux (c’est un fermé sans point inté-
lZ
rieur) ; les variétés j< et X sont biration-
nellement équivalentes. Lorsque X est une
courbe, X est une courbe sans point
singulier ; par exemple si X est unicursale
et affine, X est isomorphe à k, et T donne
une représentation paramétrique de X (cf.
fig. 2 et fig. 7).

fig. 7

e
I

fig. 6). En un point normal x, chaque


composante irréductible de l’ensemble S
des points singuliers est de codimension au
moins 2 ; par exemple, si X est une courbe,
x a un voisinage qui ne contient aucun
point singulier ; si X est une surface, il
existe un voisinage de x qui ne contient pas
d’autre singularité que x. 11 est beaucoup plus difficile d’éliminer
Soit X une variété algébrique affine d’une manière analogue les singularités des
intègre, d’algèbre A. On démontre que la variétés de dimension plus grande. Ce
clôture intégrale À de A (ensemble des problème a été résolu par S. Abhyankar
éléments du corps K(X) qui sont entiers pour les surfaces et par H. Hironaka pour
sur A ; cf. ANNEAUXCOMMUTATIFS) est finie les variétés de dimension quelconque sur
sur A ; il lui correspond une variété algé- un corps de caractéristique 0 ; on associe
brique affine >cr dont tous les points sont à une variété algébrique X une variété X’
normaux, munie d’un morphisme fini sans point singulier et un morphisme
X -+ X. On généralise ce résultat en asso- surjectif <p : X’ + X (non fini en général)
ciant à toute variété réduite X une variété qui est une équivalence birationnelle et un
normale X et un morphisme T : X + X fini isomorphisme de X’ ~ <p-‘(S) sur X ~ S (S
et surjectif qui induit un isomorphisme de désignant l’ensemble des points singuliers
X ~ TI-‘(Z) sur X - Z en désignant par Z de X).

490
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

6. Faisceaux cohérents On peut montrer que le fait, pour un


et cohomologie faisceau algébrique 9 sur la variété affine
X, d’être isomorphe à un faisceau M, où
Les méthodes cohomologiques sont, M est un A-module, est une propriété
comme dans la théorie des espaces analy- locale. On peut donc définir une propriété
tiques, un des outils les plus puissants de la correspondante sur toute variété algébri-
géométrie algébrique. La topologie de que. Nous dirons qu’un faisceau algébri-
Zariski permet de développer une théorie que 9 sur une variété algébrique X est
de la cohomologie à valeur dans les fais- cohérent s’il existe un recouvrement de X
ceaux algébriques cohérents sur les varié- par des ouverts affines U, d’algèbres Ai et
tés algébriques. des Armodules de type fini M, tels que la
Considérons une variété algébrique (X, restriction de 9 à U, soit isomorphe a M,
0x). On définit un faisceau de 0x-modules pour tout i. Par exemple, si rr : E -+ X est
9, ou ,fuisceau cdgt;brique sur X, en asso- un fibré vectoriel algébrique localement
ciant à chaque ouvert U de X un O,(U)- trivial, on lui associe un faisceau cohérent
module F(U) et en se donnant, pour C dont la valeur dans un ouvert U est
U C V, des opérations de restriction l’ensemble des morphismes o : U -. E tels
F(V) + F(U) « semi-linéaires )) relative- que rr o o soit l’injection canonique de U
ment à celles de 0,. Ces données sont dans X (« sections de E au-dessus de U ») ;
soumises à des axiomes (1) et (2) analogues le faisceau c est même localement libre,
à ceux énoncés au chapitre 3 pour les c’est-à-dire qu’on peut choisir les ouverts
faisceaux d’anneaux. La fibre : Ui de manière que & 1u, = Mi où M, est un
module libre de type fini.
9, = lim 9 (U),
À un faisceau algébrique cohérent 9
u3x
sur une variété algébrique X, on associe les
en un point .Y de X est un 0,,,module. Un groupes de cohomologie H”(X,3)
morphisme u d’un faisceau algébrique 9 (n E N) ; on a H”(X, F) = F(X). Si X est
dans un autre S est la donnée, pour chaque affine, H”(X, 9) = 0 pour II 2 1 et pour
ouvert U de X, d’une application 0x(U)- tout faisceau cohérent 9 ; cette propriété
linéaire de uti de 9(U) dans Ç(U) ; si (analogue au théorème B de Cartan en
U CV, on impose que uu et uv soient géométrie analytique) caractérise les varié-
compatibles avec les restrictions de V à U tés algébriques affines.
dans 3 et Ç. Par exemple, si X est une Pour étudier la cohomologie d’une
variété algébrique affine, d’algèbre A, et si sous-variété fermée de l’espace projectif
M est un A-module, on peut lui associer un P,.(k), on utilise le faisceau fondamental
faisceau algébrique M dont la valeur dans 0( 1) ainsi défini. Désignons par rr l’appli-
un ouvert D(f) de X avec f E A, est cation canonique /F+I ~ { 0} sur Pr(k), et
M, = M[t]/( 1 ~ tf)M[t] (les éléments de considérons la sous-variété algébrique E de
M, se représentent comme des fractions P.(k) X k”+’ définie par les conditions
nzif’ avec nz E M) ; à toute application c’= 0 ou < # 0 et r-r(i) = x(x E P,(k),
A-linéaire r : M -+ W entre A-modules 6 Ek’+‘), et obtenue en faisant (< éclater
correspond un morphisme 1; : M + N de 0 )> dans k’+’ (cf. fig. 3 pour le cas r = 1) ;
faisceaux algébriques ; le faisceau 0, est c’est un sous-fibré vectoriel de rang 1 du
égal à ‘4. fibré trivial Pr(k) X k’+’ de base P,(k) et

491
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

de fibre k”+‘. Le faisceau 0( 1) des sections transcendante) se manifestent dans les


du fibré dual E* est localement libre de groupes de cohomologie à valeur dans des
rang 1 et HO(P,., 0( 1)) s’identifie à l’ensem- faisceaux constants, par exemple dans les
ble des formes linéaires sur k’+’ ; s a groupes Hn(XaH, Z). Les groupes corres-
puissance tensorielle n-ième, notée 0(n), pondants calculés sur X avec la topologie
est encore un faisceau localement libre de de Zariski n’ont pas les propriétés raison-
rang 1 et HO(P,, 0(n)) s’identifie a I’ensem- nables attendues, car la topologie de
ble des polynômes homogènes de degré n Zariski est trop grossière ; par exemple, il
sur k’+‘. Si X est une sous-variété fermée existe des (( revêtements N Y + X (ou Y””
de P,.(k), nous désignerons par O,(l) le sur un revêtement de X”‘) qui ne sont pas
faisceau des sections du dual de localement triviaux pour la topologie de
Ex = X X p,E, et par 0,(n) la puissance Zariski. Cependant Grothendieck est par-
tensorielle n-ième de ce faisceau ; ce sont venu à construire une théorie cohomolo-
des faisceaux localement libres de rang 1 gique valable sur un corps de base général
sur X ; enfin, si 9 est un faisceau algébri- et donnant de bons groupes de cohomo-
que cohérent sur X, le produit tensoriel : logie à valeur dans des faisceaux constants
(cohomologie étaie) ; si k = C, la cohomo-
logie étale à valeur dans Z/nZ coïncide
est noté s(n). J.-P. Serre a démontré que, avec la cohomologie transcendante. À
pour un faisceau cohérent 9 donné, il partir des mêmes idées, on peut même
existe un entier no tel que H”(X, s(n)) = 0 développer une théorie de l’homotopie des
pour IZ > no et q > 1. De plus Hq(X, 3) variétés algébriques (M. Artin).
est un k-espace vectoriel de dimension finie
pour tout q et s’annule pour q > dim X.
Plus généralement Hq(X, 3) est de dimen- 7. Intersections
sion finie sur k pour tout q lorsqu’on
suppose seulement que X est complète.
Définitions
Lorsque k = C, à tout faisceau algé-
Soit Y un fermé irréductible d’une variété
brique cohérent 9 sur une variété algébri-
que X correspond un faisceau analytique algébrique X. La codimension de Y dans X
cohérent 3U’z sur l’espace analytique X0”. est définie comme la borne supérieure des
Si X est projective, on a H”(X, entiers n tels qu’il existe une suite stricte-
9) = H”(XO’l, Furz) pour tout n ; on peut ment croissante (F,, F,, . . . . F,,) de fermés
en déduire que tout sous-espace analytique irréductibles de X avec F, = Y ; si X est
fermé Y de Pr(C) est de la forme X”” où irréductible :
X est une variété algébrique (théorème de codim,(Y) = dim X - dim Y.
Chow) et que tout faisceau analytique
cohérent Ç sur Y est de la forme gUn où 9 Supposons maintenant que X est une
variété sans point singulier, et considérons
est un faisceau algébrique cohérent bien
déterminé sur X. des fermés irréductibles Y et Z de X ; si W
est une composante irréductible de Y n Z,
Considérons une variété algébrique X
on a l’inégalité suivante :
sur le corps des nombres complexes. Les
propriétés topologiques de X”” (topologie codim W ( codim Y + codim Z

A92
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

(par exemple, dans l’intersection de deux Soit z E Z”‘(X) et TE Z”(Y) où X et Y


hypersurfaces, toutes les composantes irré- sont des variétés sans singularité ; on définit
ductibles sont de codimension au plus 2). un cycle produit z X t E Znrtn(X X Y).
On dit que Y et Z se coupent proprement Alors si 2.z’ et t. t’ sont définis, il en est
en W dans le cas où il y a égalité : de même de (2 X t ) (z’ X t’) et donc
(2 x t ) (z’ x t’) = (zz’) x (t.t’).
codim W = codim Y + codim Z
Soit J’ : X -+ Y un morphisme de
(formule des dimensions) ; on peut alors variétés irréductibles sans singularité.
définir un entier m,. appelé mdtiplicit6 de On définit l’image directe f* :
W dans l’intersection de Y et Z (cf. Z”‘(X) -+ Z”‘+“(Y) (r = dim Y - dim X) ;
COURBES ALGÉBRIQUES, pour le cas OÙ Y et c’est une application additive telle que :
Z sont des courbes). Si Y et Z se coupent
f*(W) = 0 si dimf(W) < dim W,
proprement en toutes les composantes
f*(W) = df(W) si dimf(W) = dim W,
irréductibles de Y f’ Z, on dit que l’inter-
section de Y et Z est propre, et on peut avec d = [K(W) : KV(W))] (degré de W
définir un G cycle )) intersection : comme revêtement ramifié de f(W) ; W
est un fermé irréductible de X). L’image
Y.Z= c m,W rkiproquef*(t ) d’un cycle t sur Y n’est pas
toujours définie ; on pose ,f”(t ) =
(somme étendue aux composantes irréduc- p*((X X t).r,) où p est la projection de
tibles de Y n Z). D’une manière générale, X X Y sur X et f, est le graphe de ,fi
nous appellerons cycle de codimension wz La codimension est conservée parfpc, et on
une combinaison linéaire formelle à coef- a Y+ (t, + td =f* (tJ +J” (td et
ficients entiers de fermés irréductibles de f (t.t’) =f”(t )f(t’) lorsque les deux
codimension w~, et nous désignerons par membres sont définis. Si des cycles z et z’
Z”‘(X) le groupe additif des cycles de sur X se coupent proprement, on a
codimension M. On peut aussi définir la 2.2 ’ = FI*~(~ X z’) où Sx : x - (,Y, x) est le
notion de cycles qui se coupent propre- morphisme diagonal de X dans X X X.
ment ; si z E Z”!(X) et z’ E Z”“(X) sont des Considérons un cycle z sur X et un cycle
cycles qui se coupent proprement, leur t sur Y ; on a la formule de projection
produit d’intersection :.z’ est défini, et c’est ,fi (: .p(t )) =,/i(z) t (si les deux mem-
un cycle de codimension n? + nz’. Voici les bres sont définis).
propriétés fondamentales du produit La théorie des intersections utilise
d’intersection : diverses notions d’équivalence de cycles
(1) Soit z E Z”J(X) et :‘,, z’? E Z’jl’(X) ; (linéaire, algébrique, numérique ; cf. COUR-
si zz’, et z.z’z sont définis, il en est de même BES ALGÉ BRIQUES) ; ces relations d’équiva-
de z.(z’, + z’?) et z.(z’, + -‘a) = lence sont compatibles avec l’addition des
z.z ‘, + zzp2. cycles et avec le produit d’intersection (et
(2) Commutativité : z.2’ = z’.z (si l’un même avec les opérations.fi et?). Si z et
des membres est défini, l’autre l’est z’ sont des cycles quelconques sur une
aussi). variété X, le produit z.z’ n’est pas défini en
(3) Associativité : z.(i.z”) = (z.?).?’ général, mais il existe un cycle z’, équiva-
lorsque les deux membres sont définis. lent à -7’ qui coupe proprement z; il en

493
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

résulte une loi quotient partout définie. Les Supposons maintenant que X est une
propriétés (1) (2) et (3) montrent que surface ; la formule de Riemann-Roch
l’ensemble des classes de cycles a une s’écrit :
structure d’anneau commutatif. x(X, C) = dh H’(X, C)
- dim HI (X, C) + dim H*(X, C)
Théorème de Riemann-Roch = ;degD.(D-K) + 1 +p.,
Soit 3 un faisceau cohérent sur une variété
algébrique projective X sans singularité. où K est une classe de diviseurs, dite
La caractéristique d’Euler-Poincaré de 3 canonique, et liée au faisceau des formes
est définie par : différentielles sur X (ou au fibré tangent à
X) et où pu est un entier appelé genre
x(X, 9) = ,?Y(- 1)’ dim H’(X, F). arithmétique de X. Les invariants numéri-
Le théorème de Riemann-Roch ques, comme le genre arithmétique, ont été
exprime x(X, 3) au moyen de classes de introduits initialement dans l’espoir d’arri-
ver à une classification des variétés algé-
cycles liées à 3 et à X jouant le rôle de
briques.
classes de Chern. Par exemple, si L1 est un
faisceau localement libre de rang 1, il
s’interprète comme le faisceau des sections
8. Groupes algébriques
d’un fibré linéaire C ; si s est une section
rationnelle de C, on lui associe un diviseur On appelle groupe algébrique une variété
0) = (SIO - (& c’est-à-dire un cycle de algébrique G munie d’un morphisme IYI :
codimension 1 sur X. On désigne par (.Y)~ G X G - G tel que pour toute variété
l’image réciproque pars de la section nulle algébrique T, l’application (u, V) -
de C ; (s)~, se construit de même à l’aide de m o (u, V) soit une loi de groupe sur
l/.r. Lorsque X C P,(k) et que C = 0x( 1) l’ensemble G(T) des morphismes de T
est le faisceau fondamental, (.Y) est l’inter- dans G ; si T est une variété affine,
section de X avec un hyperplan de P,(k). d’algèbre A, on écrit souvent G(A) au lieu
Lorsque s varie, le diviseur (s) reste dans de G(T) ; par exemple si T est la variété
une même classe pour l’équivalence réduite à un point avec l’algèbre k,
linéaire, et cette classe D caractérise C à G(T) = G(k) s’identifie à l’ensemble des
isomorphisme près (première classe de points de G (cf. chap. 2) et on voit que nr
Chern). définit sur cet ensemble une structure de
Si X est une courbe, le théorème de groupe. La théorie des groupes algébriques
Riemann-Roch donne, pour un faisceau C. est assez analogue à celle des groupes de
localement libre de rang 1 : Lie, mais ses méthodes sont différentes.
Comme premiers exemples de groupes
x(X, C) = dimHO(X, C)-dimH’(X, C)
algébriques, citons le groupe additif G,,
=degD+l-g
c’est-à-dire la droite affine (k.
_ kftl)
__ munie
où deg D est le degré de la classe D, de l’addition comme loi, et le groupe
c’est-à-dire la somme des coefficients d’un multiplicatif G,,,, c’est-à-dire la variété
diviseur quelconque appartenant à cette affine (k- {O}, k [t, lit]) munie de la
classe, et g est le genre de X (cf. COURBES multiplication ; on démontre que tout
ALGÉBRIQUES). groupe algébrique affine de dimension 1

494
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

qui est connexe et réduit est isomorphe a ques. Si A est une variété abélienne, c’est
G, ou à G,. L’ensemble GL(n,k) des une variété projective et sa loi de groupe
matrices carrées inversibles d’ordre n est est commutative. Lorsque le corps de base
un ouvert affine dans M(n, k) C K’7X>1, k est celui des nombres complexes,
défini par det (u,) # 0 ; la multiplication l’espace analytique A”” associé à une
des matrices en fait un groupe algébrique variété abélienne A est un tore complexe
affine. Tout groupe algébrique affine C”/l- (f sous-groupe additif discret de
s’identifie à un sous-groupe fermé d’un rang 2 n) ; on peut caractériser les tores
GL(n, k) ; les groupes classiques sont des complexes qui proviennent d’une variété
exemples de groupes algébriques (cf. abélienne par l’existence d’une forme de
GROUPES Groupes classiques et géomé- Riemann (c’est-à-dire une forme hermi-
trie). tienne positive non dégénérée sur C” X C”
On peut également définir la notion dont la partie imaginaire prend des valeurs
d’opérations algébriques d’un groupe algé- entières sur f X T). Tout groupe algébri-
brique sur une variété algébrique. La que connexe réduit G contient un sous-
théorie des groupes algébriques affines, groupe affine connexe distingué H tel que
édifiée par A. Borel, repose sur le théo- le quotient G/H soit une variété abélienne.
rème suivant : À une variété algébrique complète X on
Considérons un groupe algébrique associe des variétés abéliennes intéressan-
affine G résoluble et eonnese, qui opère sur tes : la variété de Picard et la variétL:
une variété complète X. Il existe un point dillbanese. La première a pour ensemble
de X invariant par les opérations de G. sous-jacent l’ensemble des classes pour
En appliquant ce résultat à un sous- l’équivalence linéaire de diviseurs algébri-
groupe algébrique résoluble et connexe de quement équivalents à 0 sur X ; la seconde,
GL(n, k) opérant sur la <( variété des A, est munie d’un morphisme X + A tel
drapeaux )) de k”, on trouve qu’un tel que tout morphisme de X dans une variété
sous-groupe est conjugué d’un sous-groupe abélienne (( se prolonge )) a A d’une
formé de matrices triangulaires (théor-&Te manière unique. Si X est une courbe, la
de Lie-Kolchin). On appelle sous-groupe de variété de Picard et la variété d’Albanese
Bore1 d’un groupe algébrique affine G tout coïncident, et portent le nom dejucobienne
sous-groupe fermé résoluble connexe de X ; la dimension de la jacobienne est
maximal ; les sous-groupes de Bore1 sont égale au genre de X.
conjugués par automorphismes intérieurs.
CHRISTIAN HOUZEL
Si B est un sous-groupe de Bore1 de G,
l’espace homogène G/B est une variété
algébrique projective ; les sous-groupes H Bibliographie
qui contiennent un sous-groupe de Bore1 J. BOCHNAK, M. CO~TE & M. F. ROY, G&rnétri~
(sous-groupes paraboliques) sont caracté- cr/g&ique réelle. Springer-Verlag, 1987 / A. B~REL.
Lineau Algehrrric Groups. Springer-Verlag. New
risés par le fait que G/H est une variété York, 2’ éd. 1991 / J. DIEUDONNÉ, Histor.v of
complète. Algehruic Geornerrr, Brooks/Cole Publ., Pacifie
À l’opposé des groupes affines se trou- Grave (Calif.), 1985 ; Cours drg&m&rie algc’hriqur,
vent les wriétés abéliennes, c’est-à-dire les 2 vol., P.U.F.. Paris. 1974 / J. DIEUDOIYNÉ &
A. GROTHENDIECK, Éléments Cie &métrir ulgéhri-
groupes algébriques connexes réduits qui que, 4 vol., Paris, 1960-1965 / A. GROTHENDIECK.
sont complets en tant que variétés algébri- Fondmrnr.~ de lu géométrie ulgéhrique, 2 vol.,

495
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

Secrétariat mathématique, Paris, 1985 / P. GRIF- Meusnier (1776) Monge (1784) qui intro-
FITHS & J. HARRIS , Prkiples ofillgebruic Geometr,v, duisit les lignes de courbure et Dupin
J. Wilev. New York. 1978 / J. HARRIS . Akehmic
Gronte&~~ : u Fi,s/ Course, Springer-Verlai, New ( 18 13) qui introduisit les directions conju-
York, 1992 / R. HARTSHORNE. Algebrcric Geometrl, guées et l’indicatrice qui porte son nom.
ibid., 1991 / C. A. PARIKH, The Unred Life «JOscur La contribution fondamentale de Gauss
Zurik, Academic Press, San Diego (Calif.), 1990 /
(Disquisitiones circa superficies curvas,
1. R. SAFAREVI~ Busic Algehruic Geotnerr.y, trad. du
russe Dar H. A. Hirsh. Sorinrer, Berlin-New York, 1827) donna un nouveau visage à la
1990 i A. W EIL. Foud&ns $Algebrcric Geometry. géométrie différentielle. Il utilisa une
American Mathematical Society, Providence (R. 1.). représentation paramétrique des surfaces
(amorce de la notion de carte locale) et
dégagea le caractère intrinsèque de la
courbure totale ; tous les résultats du
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE chapitre 6 lui sont dus. Enfin, le tournant

CLASSIQUE décisif est dû à Riemann (Sur les hypothP-


ses qui servent de fondement ci lu géométrie,
1854) qui surmonta les difficultés rencon-

L $ histoire des courbes planes est inti- trées pour donner une définition globale
mement liée à l’histoire et aux déve- mathématiquement satisfaisante des cour-
loppements du calcul infinitésimal, et les bes et des surfaces en introduisant la
premiers résultats obtenus au XVII~ siècle notion de variété à n dimensions.
sont directement issus de considérations On se bornera dans cet article à l’étude
géométriques et cinématiques. Les courbes des courbes et surfaces plongées dans
dans l’espace a trois dimensions (dites à l’espace euclidien à deux ou trois dimen-
(( double courbure ~1) ont été étudiées par sions. Les définitions correctes exigent
Clairaut (173 1). C’est Monge qui, dans un l’emploi du théorème des fonctions impli-
mémoire présenté en 177 1, introduisit les cites, c’est pourquoi on introduira d’abord
notions fondamentales de rayon de cour- ici la notion d’arc paramétré, dont l’image
bure et de surface réglée développable est une trajectoire, puis on effectuera
engendrée par les tangentes à une courbe l’étude locale ; la notion de courbe
gauche. En 1826, Cauchy définit la nor- s’obtiendra ensuite en « recollant )) de
male principale et donna des expressions manière régulière une réunion de trajec-
de la courbure et de la torsion. Enfin, toires. On définira de même les surfaces en
Frénet ( 1847) et Serret (1850) démontrè- recollant entre elles des images de repré-
rent l’équivalent des formules qui portent sentations paramétriques régulières ; on
leur nom. introduira les deux formes fondamentales
Les surfaces, pour leur part, ont été au (l’ensemble de ces deux formes définit
XVIII~ siècle une occasion naturelle de déve- localement la surface à un déplacement
lopper les fonctions de plusieurs variables. euclidien près) et la courbure totale (qui ne
Euler, Monge admettent implicitement dépend que de la première forme fonda-
l’existence du plan tangent, qui est établie mentale). Cette courbure totale joue un
par Dupin en 18 13 et reprise par Cauchy grand rôle, tant dans l’étude locale (posi-
(1826). L’étude de la courbure entreprise tion par rapport au plan tangent) que
par Euler (1760). qui introduisit les direc- globale (caractéristique d’Euler-Poincaré)
tions principales, a été approfondie par des surfaces.

496
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

donné deux repères G et G’, il existe un


déplacement euclidien et un seul transfor-
mant G en G’.
1. Sur quelques propriétés À un mouvement euclidien t - D, cor-
de l’espace euclidien respond un repère mobile G, = D, (Iii,,) (on
peut également définir un repère dépen-
La structure E,, d’espace euclidien de R3 est dant de plusieurs paramètres) défini par :
définie par le choix du produit scalaire usuel
M(t) = a’(t)&, + ail+ a’(t)~
pour lequel la base canonique E, = (1, 0, 0),
ez(t) = ufcr>q + a:(t)&, + U!(f)&,
rzz = (0, 1, 0), Es = (0, 0, 1) est orthonor-
mée ; la norme de X = (AT, y, z) est alors : pour i = 1, 2, 3 ; si on rapporte les
vecteurs dérivés dM/dt et de,/dt au repère
x = vx2 +y* + 22.
mobile, on a, en utilisant le fait que
Un d&p!acement euclidien D est une appli- d (e, e,)/dt = 0 :
cation affine de R3 dans R3 telle que
l’application linéaire associée soit une rota-
tion, c’est-à-dire une transformation ortho-
3- _ “z-qe,,
gonale de déterminant égal à 1 ; l’ensemble dt
des déplacements euclidiens forme alors d- ---Te, +pe,,
un groupe Ç, produit semi-direct du dr
groupe additif R3 (groupe des translations) % -
-qel-pe2.
et du groupe 0+(3, R) des rotations. Un dt

déplacement euclidien est défini par les Le vecteur o de composantes (p, q, r)


trois composantes (a’, a2, a’) de la trans- est le vecteur rotation instantanée du mou-
lation et les éléments a; d’une matrice vement; pour tout vecteur V lié à G,,
orthogonale de déterminant 1. On appelle c’est-à-dire tel que :
mouvement euclidien une application t -
V = ne, + be, + ceg,
D, d’un intervalle 1 de R dans le groupe Ç ;
ce mouvement sera dit différentiable de où a, b, c sont des constantes, on a alors :
classe C” si les fonctions t t--+ a’(t) et t ++
dV
a;(t) définissant ce mouvement sont des dt'WAV.
fonctions k fois continûment dérivables de
t. Dans une interprétation cinématique, le On démontre que toute application
paramètre t désigne le temps. Dans ce qui continue d’une partie de E, dans E,, qui
suit, nous adopterons le langage de la est une isométrie (c’est-à-dire conserve la
cinématique (vitesse, accélération) pour un norme), est une restriction de déplacement
paramétrage quelconque. euclidien ou d’antidéplacement (transfor-
Un repère G (M, e,, r,, e3) de l’espace mation affine dont la transformation
euclidien Es est le transformé par un linéaire associée est orthogonale de déter-
déplacement D du repère canonique (0, minant - 1).
61, 62, E3) ; Ce,, e2, e,) est donc une base Rappelons enfin (cf. CALCUL INFINITÉS-
orthonormée de E, (considéré comme MAL Calcul à plusieurs variables) qu’une
espace vectoriel) de même sens que (a,, E*, applicationfd’un ouvert U de RP dans R3
c3), ce qui oriente l’espace. De plus, étant est dite différentiable de classe C” si .f

497
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

s’exprime au moyen de trois fonctions sions : une courbe de E? est définie par une
numériques. f = cf’, f?, ,f3), admettant équation F(x, y) = 0, ou y =f(x) ; une
des dérivées partielles continues jusqu’à courbe de E,, est définie par deux équa-
l’ordre k. La d$,Guentirl/e D~(U) de f au tions z = g(x) et y =,f’(x), o u
point 0 = (a’, CI?, . . . . ap) E U est l’applica- F(x, J’, z) = 0 et G(x, hi, z) = 0. De même,
tion linéaire de R” dans R3 définie par : une CC surface >) de E, est définie par une
équation z = j-(x, y), ou F (.Y, L’, 2) = 0.
’ Jf
Df(a).h = G (a )h ’ > Mais, si on veut préciser ces notions,
c
,=l des difficultés surgissent. Par exemple, le
pour h = (ht, . . . . IV) E RI’ ; on considérera cercle de centre 0 et de rayon R est
souvent la forme quadratique associée à la l’ensemble des points de E, dont les
différentielle seconde en a, définie par : coordonnées vérifient l’équation :
P x2 + y2= RZ,
D*f(a).(h,h)= &(a)hlhj;
c mais on peut aussi représenter ce cercle
,,,= 1
par :
on appelle upplication ujfine tungente en u
à ,f’l’application affine T,f définie par : x = Rcost
I y = Rsint, 0 <t <27r;
T,f :h++f(a)+Df(a).h,
or l’application ainsi définie de l’intervalle
ce qui équivaut a : fermé [0, 24 sur le cercle n’est pas
f(a+h)=T,f(h)+&(h)llhll, biunivoque, car les extrémités de cet inter-
valle sont appliquées sur le même point A
où à tend vers 0 quand iz tend vers 0. (1, 0) du cercle. Or, ce point ne présente
Rappelons enfin que, si on compose aucune singularité sur le cercle.
deux applications différentielles g etJ on a : De même, la sphère de centre 0 et de
rayon R est l’ensemble des points de E,
dont les coordonnées vérifient :
et
x2+yz+z*= R*;
TbCfog) = T,,,f 0 T,g ;
mais elle peut aussi être représentée par :
en particulier, si Dg(h) (et par suite Tg) est
x = R COS u COS t
une bijection, alors T#o g) et T,,&ont la
y = R COS u sin f
même image. Dans le cas particulier où g
I z = R sin u
est une fonction d’une variable, alors on a :
pour 0 < t < 2r et ~ X/2 6 u < 1T/2, les
courbes u = constante étant les parallèles et
les courbes t = constante étant les méri-
diens Mais l’application ainsi définie d’un
rectangle de E2 sur la sphère n’est pas
2. Remarques sur les courbes biunivoque : les C( pôles H P (0, 0, 1) et
et les surfaces P’ (0, 0, ~ 1) correspondent respective-
ment à u = rr/2 et u = - rr/2, f quelcon-
On a une notion intuitive de « courbe » que ; pourtant les points P et P’ ne présen-
dans l’espace euclidien à 2 ou 3 dimen- tent aucune singularité sur la sphère.

498
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

Par contre, le cône de révolution d’axe donc en deux classes : ceux pour lesquels
Oz d’équation : d<p/dt > 0 et ceux pour lesquels
dq/dt < 0. Choisir un signe revient à
x* +y2-22 = 0, z > 0
orienter la trajectoire.
est en correspondance bijective avec le
plan d’équation z = 0, cette correspon-
dance associant au point m (x, y) le point Exemples
M(x, y, z) tel que : Considérons le (< trèfle à quatre feuilles )) :

z=vFTjJ; x = cost(cos*t-sin2t) = costcos2t


y = sint (cos2t-sin2f) = sinrcos2t
pourtant ce cône présente un point singu-
lier qui est son sommet. pour 0 < t < 2 rr ; l’origine 0 est un point
multiple pour la trajectoire, car on a
.~=y = 0 pour t = ~r/4, 3 ~14, 5 ~14,

3. Arcs paramétrés et trajectoires

Nous allons distinguer à présent les


notions d’arc paramétré et de courbe
régulière.
On appellera arcparamétré de classe Ck
une applicationfd’un intervalle 1 = [a, b]
de R dans E, ou E, qui soit k fois
continûment dérivable dans 1 (en a et b, on
considère respectivement les dérivées à
droite et à gauche) ; dans ce qui suit, on
supposera k assez grand pour que toutes
les dérivations effectuées aient un sens. On
appelle trujectoire de l’arc paramétré f le
sous-ensemble image A =f(I).
On dira que deux arcs paramétrés u, 1)
et (g, J) de classe Ck sont Ck-équivalents s’il
existe un C”-difféomorphisme <p de 1 sur J
(c’est-à-dire une bijection k fois continû-
ment dérivable ainsi que son inverse) tel
que :

f =&To<p;
1
Soit maintenant, pour t E R, l’arc para-
cela entraîne en particulier que les deux métré :
arcs ont la même trajectoire. On dira que
x = R(t-sin?),
le changement de loi de (< temps )) T = q(t)
y = R(l-COS~);
est un changement de paramètre admissi-
ble. Pour tout t E 1, on a d<p/dt # 0 ; les la trajectoire est composée d’arcs se dédui-
paramètres admissibles se répartissent sant les uns des autres par translation.

499
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

C’est la cycluïde, trajectoire d’un point lié Si t est intérieur à l’intervalle 1 et si


à un cercle qui roule sans glisser sur une f’(t) # 0, on dit que le point f (t) est un
droite (fig. 2). point rkgulirr de la trajectoire ; cette pro-
priété se conserve par changement de
flg 2
paramètre admissible. Il résulte alors du
Y
4 théorème des fonctions implicites (cf.
CALCUL INFINITÉSIMAL CakUl à plUSieUrS
variables) qu’il existe un intervalle Ii C 1
contenant t tel que la restriction de f à I,,
soit injective : par exemple, tous les points
du cercle .X = R COS t, y = R sin t sont des
points réguliers et la restriction de,fà

est injective pour tout 1.


Pour un arc paramétré, le vecteur
#f/dt représente l’accélération. Dans un
changement de paramètre admissible, on
a, pour g(T) = f (t) :
Points réguliers

vitesse t
d=g
-= dt 2 d2f d2t df
-
Soitf: 1 -E, un arc paramétré. On appelle dr2 i dr 1 z+dTz’
à l’instant le vecteur dérivé : ainsi, si les vecteurs df/dt et c17f/dt2 ne sont
d! f@ + h) -f(r)
pas colinéaires, le vecteur @g/# appar-
2 (t) = lim
h-0 h ’ tient au plan engendré par ces vecteurs,
appelé plun oscuhteuv à la trajectoire au
si on change la loi de temps, t = (P(T) et point ,f (t).
~(7) =.f(co(@L on a : En un point régulier, désignons par 11 le
plus petit entier > 2 tel que le vecteur
tl/‘j~dt~’ soit non nul et non colinéaire au
vecteur vitesse dj’/dt : au voisinage d’un tel
et les vecteurs (df/dt)(t) et (dg/dT)(T). par point, la trajectoire présente l’aspect indi-
suite, sont colinéaires ou simultanément qué sur la figure 3 : le point est dit ordinaire
tous deux nuls. si p est pair ; si p est impair, la trajectoire
(< traverse >) la tangente au voisinage du
Si (#/dt)(t) n’est pas nui et si t est un
point et on dit qu’il y a i~f(esiorz. Le cas où
point intérieur à 1, la droite portant le
df/dt et &f/dt sont colinéaires se ramène
vecteur vitesse s’appelle la tungente en M
au précédent. car on peut trouver. dans un
à la trajectoire. Si 1 = [n, h], on dit que
intervalle 1, C 1 contenant t. un change-
l’arc est fermé lorsque f (0) = f(h) ; remar-
ment de paramètre admissible tel que
quons que, même si en tout point la dérivée
&g/d$ soit nul.
est non nulle, la trajectoire peut ne pas
avoir de tangente enf(u) (par exemple si Points singuliers
s=costcos2t, J=sintcos2t p o u r Soit maintenant t. une valeur du paramètre
7r/4 < t < 3 Tr/4). pour laquelle le vecteur vitesse est nul : on

500
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

fig. 3 et, par suite, l’arc paramétré défini par


l’application g est régulier pour r = 0 et il
df
a la même trajectoire que l’arc défini par
dt /I On peut dire qu’on a une singularité
(( cinématique D, due au paramétrage, et
M non une singularité de la trajectoire. Par
/’ d* exemple, l’arc paramétré défini par x = t3,
/’ dt’ J’ = tb , z = t9 a une singularité pour t = 0,
,/’
/’
mais, si on pose T = t’, on obtient x = T,
F
y ZZZ T’, Z = r3, qui est un arc paramétré
sans singularité.
Si p est pair, on ne peut pas éliminer la
p pair singularité par changement de paramètre.
On dit que la trajectoire présente un point
0
dt
de rebroussernent. Au voisinage d’un tel
point, la courbe présente l’aspect indiqué
par la figure 4 ; si q est impair, on dit qu’on
a un point de rebroussement de première
Jfedq espèce (cf. la cycloïde, fig. 2) ; si q est pair,
/’ dt’
on dit qu’on a un point de rebroussement
/’
Y’ de deuxième espèce.

p Impair Élément de longueur

Jusqu’à présent, nous n’avons pas utilisé la


structure euclidienne de l’espace ; nous
allons en faire usage pour choisir un
paramètre admissible privilégié au voisi-
dit que le pointf(t,) est un point singulier. nage d’un point régulier. On appelle abs-
Soitp et q, p < q, les plus petits entiers tels cisse curvihgne un paramètres tel que, pour
que les vecteurs : g(s) =,f(t), le vecteur vitesse dg/ds soit
unitaire. Comme :

(g=(g(gL 1,
soient tous deux non nuls et non colinéai-
res.
Pour p inpuir, posons r = (t ~ t,Y, ; on
on doit avoir :
définit ainsi un changement de paramètre
qui est un homéomorphisme, mais qui
n’est pas admissible au sens ci-dessus, car
la fonction réciproque T - t = t, + TIIP
d’où :
n’est pas dérivable pour T = 0. On a alors :

501
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CtASSIQUE

f1g 4 finie t0 = a < t, < t2 < < t,, , < t,


dPf
= h de l’intervalle [u, h], associons la
dip longueur de la ligne polygonale joignant les
points f(tJ :
n
lIf(ti) -J-O-,) Il;
c
r=l
alors la longueur L est la borne supérieure
de ces nombres pour toutes les subdivi-
sions finies de [a, h].
Par exemple, la longueur du cercle de
rayon R est :
rebroussement de l’* espèce
iq Impair)
2rR\/sinzt + cos2tdt = R 2”dt = 2sR.
s0 s0
dnf Pour la cycloïde, la longueur d’un arc
df’
compris entre deux points de rebrousse-
ment successifs est :

s(271)-s(0) = 2=2Rsin;dt = 8R.


s0

Trièdre de Frénet

Nous allons continuer l’étude locale d’un


arc paramétré nu voisinqr d’un point
M
rebroussement de 2’ espke
régulier en associant à chaque point de la
iq palri trajectoire un trièdre orthonormé de sens
direct.
Si on prend pour paramètre au voisi-
nage d’un point régulier l’abscisse curvili-
gne s, alors, par définition, le vecteur
choisir le signe de s ~ sO, c’est orienter la
vitesse :
trajectoire en choisissant un <( sens de
parcours )). &
Si ,f définit un arc paramétré, l’inté- t=z
grale : est unitaire. Si le vecteur dt/ds n’est pas
nul, il est orthogonal au vecteur t ; on
posera :

s’appelle la longueur de l’arc A =.f([a, 61). dt n


S=E’
Cette longueur est invariante par change-
ment de paramètre admissible et peut où n est un vecteur unitaire et R un nombre
s’interpréter ainsi : a chaque subdivision positif appelé rayon de courbure si la

502
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

courbe est non plane (dans le cas d’une r f1g. 5


courbe plane, on choisit le vecteur n b
directement perpendiculuire et R est un
nombre réel de signe quelconque) ; on
appelle alors centre de courbure le point P
défini par P = M + Rn. Remarquons que
si on change l’orientation de la trajectoire,
s-~ s et t - - t, le vecteur dt/d~y ne ht

change pas d’orientation. Définissons ti

alors le vecteur b par la formule : point ordinaire

b=tAn;

A
le trièdre t, n, b s’appelle le trièdre de
Frénet. On a les formules :

dt n
ds R
dn
-=-;+;,
ds
db n.
ds T’
point d’mflexion
les fonctions l/R(s) et ~/T(S) s’appellent
respectivement la courbure et la torsion de
la trajectoire. Au voisinage d’un point
régulier, les projections de la trajectoire sur
les trois plans définis par t, n, b présentent
l’aspect indiqué par la figure 5.
On démontre que si deux trajectoires
ont même courbure et même torsion pour
tout s, alors il existe un déplacement
euclidien transformant l’une en l’autre. Si
l/T = 0 pour tout s, la trajectoire est
plane ; si l/R = 0, alors la torsion est nulle pant de rebroussement
et la trajectoire est une droite.

4. Courbes régulières priété suivante : Tout point x E C est


centre d’une boule ouverte B (resp. d’un
Nous sommes enfin capables de donner disque ouvert B) telle qu’il existe un arc
une définition correcte de la notion de paramétréf: 1 + Es (ou E2), de classe C”,
courbe régulière. tel que f(t) f 0 pour tout t E 1, qui soit
Par définition, une courbe régulière C, un homéomorphisme de 1 sur C n B. Ainsi
de classe Ck, de l’espace euclidien E, ou E2 C est une réunion de trajectoires d’arc
est un sous-ensemble qui possède la pro- paramétrés sans points singuliers. Si V;, 1,)

503
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

et U;, 1,) sont deux représentations para- la courbure garde un signe constant) il y
métriques telles que 1, =A(I,) fl f;(Ij) ne a au moins quatre sommets (c’est-à-dire
soit pas vide, alors, f;-‘of;, défini dans des points où la courbure présente un
J; -I(I& est un changement de paramètre extrémum).
admissible. Ce qui précède sur les arcs
paramétrés montre qu’on peut définir la
tangente en chaque point ainsi que, quand
5. Définition des surfaces
le plan osculateur est défini, le trièdre de
Frénet. Remarquons qu’une courbe aussi
Surfaces régulières
simple que la cycloïde ne rentre cependant
On appellera surfuce rkgulière de classe C”,
pas dans ce cadre, car elle présente des
k > 1, de l’espace euclidien Es un sous-
points singuliers.
ensemble S C E, possédant la propriété
Le théorème des fonctions impli-
suivante : Tout point de S est centre d’une
cites entraîne que si F est une fonction
boule ouverte B de E, telle qu’il existe une
numérique sur E’, différentiable de déri-
application <p de classe C” d’un ouvert U
vée ne s’annulant pas sur F-‘(a) pour un
de R? dans E, :
nombre réel CI, l’ensemble F-‘(a) est une
courbe régulière ; de même, dans E,,
si deux fonctions F, et F, sont indépen-
dantes, l’ensemble défini par F, = cons- de rang 2 en tout point de U, qui soit un
homéomorphisme de U sur S n B. Si
tante et F, = constante est une courbe
régulière. Par exemple, dans le plan, <c = (<p,, <p2, <P~I, où vI, v2 et <p, sont des
l’équation : fonctions numériques de classe Ck. la
condition sur le rang signifie que la
(x2 +yy-(x2-y2)* = a matrice :
représente une courbe régulière pour a #
0, car la différentielle de F(x, y) = (,Y’ +
J.:)’ - (.Y’ ~ Y*)~ ne s’annule que pour
s = )’ = 0, et alors F(0, 0) = 0. Par
contre, l’équation (9 + y”)’ ~ (s* ~ y’)’
= 0 représente une courbe présentant une est de rang 2, ou encore que le produit
singularité à l’origine : c’est le « trèfle à vectoriel :
quatre feuilles )> vu ci-dessus (fig. 1).
Enfin. une courbe régulière est dite
orientée si tous les changements de repré-
sentation paramétrique A-’ of; sont des est un vecteur non nul.
fonctions croissantes. L’application <p est appelée une reprC;-
On peut démontrer pour les courbes sentution parumétrique truie, ou régulière,
fermées régulières planes les deux théorè- de V = S 0 B. Il résulte alors du théorème
mes suivants : l’angle dont «tourne )) le des fonctions implicites qu’au voisinage de
vecteur unitaire tangent à une telle courbe chaque point de S on peut exprimer l’une
orientée est f 27~; pour toute courbe des coordonnées comme fonction de
fermée convexe (c’est-à-dire ne présentant classe C” des deux autres, l’application
pas d’inflexion, et par suite pour laquelle ainsi définie étant de rang 2. Si (<p,, U,) et

504
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

:hangemenf de paramétre pour une swface S

(<pi, U,) sont deux représentations para- qui est un homéomorphisme. De même,
métriques telles que V, = <P!(U,) f? q,(U,) l’inversion de pôle P’(0, 0, ~ 1) applique
ne soit pas vide, le changement de para- R’ sur S - {P’} :
mètre cp,-’ o ‘p, est un difféomorphisme de
2 u’
classe Ck de <P~~I(~,,) sur <pl~~‘(V,,) (fig. 6). x = 1 + u’2 + “12’
Ces considérations conduisent directe- 2 Y’
ment à la notion de variété différentiable y=l+*‘z+“‘z’
générale. u’2 + y’Z- 1
Par exemple, pour la sphère S de centre z = 1 + u’2 + y,2’
0 et de rayon 1, la représentation para-
métrique : dans R’ - {O}, le changement de para-
mètre est l’inversion de pôle 0 et de
x = COS ü COS Y puissance 1 :
y = COS u sin Y
I t = sin u

n’est pas réguliére aux pôles. Par contre,


au moyen d’une projection stéréographi- En utilisant le fait que S est compacte
que de pôle (P(0, 0, l), on définit une (fermée et bornée dans R’), on peut
a p p l i c a t i o n d e c l a s s e CA d e R2 s u r montrer qu’il n’existe aucune représenta-
s - {PJ : tion paramétrique régulière de la sphère
tout entière.
2u
De manière générale, soit f une fonc-
x=l+uz+v2’
2v
tion numérique de classe C” définie dans
y = 1 + uz + “2’ Es ; si a Ef(E,) est tel quef soit de rang
u2 + Y*- 1 1 (c’est-a-dire que sa différentielle ne
z=l+uî+“Z’ s’annule pas) en tout point de f’(n), alors

505
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

le théorème des fonctions implicites entièrement contenue dans S ; une telle


entraîne que l’ensemble f-‘(a) est une droite est appelée une génératrice de la
surface régulière. Par exemple, la sphère surface (fig. 7 et 8) Par exemple, l’hyper-
est définie par l’équation :

x2+y*+z*=1

S’il existe des points de f-‘(u) où la


différentielle s’annule, on dit quef-‘(u) est
une surfuce UVPC singulurités ; par exemple
le cône xz + y’ ~ ? = 0, vu au chapitre 2,
a l’origine pour point singulier (sommet du
cône).
Comme exemples importants de surfa-
ces régulières, on a notamment les quudri-
ques (à l’exclusion du cône) définies par
une équation :

f(x,y, 2) = constante

où ,f est un polynôme de degré 2 (cf.


QUADRIQUES), par exemple l’hyperholoïde à
fig. 7 - La cubique réglée (x2 + y2 + zz) 2 z (x2 + y* + x)
une nuppe : = 0 (D. R.).

boloïde à une nappe et le paraboloïde


(;)‘+(;)“-(:)‘=1;
hyperbolique sont engendrés par deux
familles à un paramètre de droites : par
il admet la représentation paramétri-
chaque point passe une génératrice de
que :
chaque famille.
x =acosuchv Parmi les autres surfaces d’un type
y = b sin u ch Y particulier, notons les surfaces de révo-
I z =cchv lution : une surface S (régulière ou
qui n’est pas régulière, car non bijec- avec singularités) est dite de révolution
tive. Par contre, cette représentation autour d’un axe D si toute rotation d’axe
paramétrique définit un difféomorphisme D transforme S en elle-même. Ainsi, si M
de S, X R sur la surface, en désignant est un point de S qui n’appartient pas à D,
par S, le cercle de centre 0 et de rayon 1. le cercle d’axe D passant par M est
Un autre exemple est le puruboloi’de entièrement situé dans S ; on dit qu’un
hyperbolique (« selle de cheval ))) d’équa- tel cercle est un purullè/e de la surface.
tion : D e m ê m e , on appelle méridien les
intersections de S avec les plans passant
par D ; bien entendu, la terminologie
précédente généralise celle adoptée tradi-
qui est difféomorphe à R’ (fig. 10). tionnellement pour la sphère qui est de
On dit qu’une surface S est réglée si par révolution autour de tout axe passant par
tout point de S passe au moins une droite son centre. Par exemple, pour u = b,

506
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

I’hyperboloïde à une nappe est de révo- paramétrique (non régulière, parce que
lution autour de l’axe 02 ; c’est la surface non bijective) :
engendrée par la rotation d’une droite
x = (2 + COSü)COSY
autour d’un axe non coplanaire et les y=(2+cosu)sinv
méridiens sont des hyperboles. Le tore est i z = sin u ;
défini par la rotation d’un cercle autour
d’une droite de son plan ne le rencontrant cette représentation paramétrique définit
pas (fig. 11). Il admet la représentation un difféomorphisme de S, X S, sur le tore,
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

en désignant toujours par S, le cercle de en particulier, s’il passe par M deux géné-
rayon 1. ratrices distinctes, elles engendrent le plan
tangent : c’est ce qui se produit pour
Plan tangent l’hyperboloïde à une nappe et pour le para-
Soit M un point d’une surface régulière (ou boloïde hyperbolique (fig. 10). Dans le cas
un point régulier d’une surface avec sin- particulier où le plan tangent est le même
gularités). Si (<p, U) est une représentation tout le long de chaque génératrice, on dit
paramétrique régulière au voisinage de M, qu’on a une surface réglée développable.
l’image de R2 par l’application affine Examinons les différentes surfaces
T,<p tangente à <p au point m = <p-t(M) réglées développables. Si toutes les géné-
(cf. chap. 1) est indépendante du choix de ratrices passent par un point fixe, on a un
la représentation paramétrique régulière : cône ; si elles sont parallèles à une direction
cette image est le plan, passant par M, fixe, on a un cylindre. Un autre exemple
engendré par les vecteurs : très important s’obtient à partir des tan-
gentes à une courbe : l’ensemble des
tangentes à une courbe régulière engendre
une surface développable. On peut mon-
appelé plan tangent à la surface en M. On trer que la surface développable la plus
le désignera par T,S. Ce plan tangent est générale est formée de nappes de surfaces
l’ensemble engendré par les tangentes en coniques, cylindriques et de tangentes à
M aux courbes régulières passant par ce des courbes gauches, ces nappes étant
point et tracées sur S. De manière précise, attachées les unes aux autres le long d’une
cela signifie que, pour tout arc paramétré génératrice (deux nappes se H recollant )) le
régulier y tel que y(t,,) = M dont la long d’une génératrice ont même plan
trajectoire est contenue dans S, le vecteur tangent).
vitesse (dy/dt)(t,) d’origine M appartient
au plan tangent; de plus, si <p : U + S,
Position par rapport au plan tangent
U C R’ est une représentation paramétri-
que de S, l’application y se factorise Au voisinage d’un point M,(x,,, y0, zO)
localement sous la forme y = <p 0A où f régulier d’une surface S, on peut exprimer
est un arc paramétré de U, c’est-à-dire que une des coordonnées en fonction des deux
l’arc paramétré est défini par u =f,(t), autres, par exemple z = g(x, y). Le plan
v =f2(r) si f = cf,, f2). En particulier les tangent en Ma est alors défini par :
vecteurs (&f/du)(m) et (du/&) corres-
pondent respectivement à 11 = constante et
u = constante. Réciproquement, pour tout
vecteur V E T,S, il existe une application où m, est le point (,Y”, yo) ; par un
f : 1 + U telle que le vecteur vitesse : changement de repère euclidien, on peut
ramener M, à l’origine des coordonnées,
soit x0 = y0 = z0 = 0, le plan tangent en
ce point a S étant défini par z = 0, soit
soit égal au vecteur V. (dg/dx)(m,) = 0 et (dg/dy)(m,) = 0. Le
Si la surface est réglée, toute génératrice nombre z = g(x, y) représente alors la
passant par M appartient au plan tangent ; distance (( algébrique » du point M (.Y, y,

508
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

g(s, J’)) de la surface au plan tangent en


Ma. La formule de Taylor donne :
fig. 9
1
z = g(x,y) = rx2 + 2sxy + QJ~ + R,,

où on a adopté les notations de Monge :

le reste R2 est ici une quantité qui tend vers


0 plus vite que .$ + y2 quand (x, y) tend
vers (0, 0).
Si la forme quadratique associée à la
différentielle seconde de g :
Q(x,y) = rx~ + 2sxy + tyz

z = x3 - 3 xy’
est nulle (r = s = t = 0), on dit que le
point M, est pbt ; la surface et son plan
tangent ont alors un contact d’ordre supé-
rieur à 1. Par exemple, la surface d’équa-
tion z = .G ~ 3 ‘;1,* (cc selle de singe D) a un
point plat à l’origine ; elle coupe son plan
tangent à l’origine suivant trois droites et
traverse ce plan tangent (fig. 9). Par contre,
la surface z = .$Y~, qui présente elle aussi
un point plat à l’origine, coupe le plan
tangent en ce point suivant deux droites et
reste d’un même côté de ce plan tangent
(fig. 9).
Si la forme quadratique Q est non nulle,
on distingue trois cas (fig. 10) :
CI) Si rt ~ sz > 0, la forme Q est définie
positive ou négative. Au voisinage de M,,
l’intersection de S et du plan tangent en M, c) Si rt ~ s’ = 0, on ne peut rien dire
se réduit a M, et la surface reste d’un de général. Même si la surface reste
même côté de ce plan tangent (elle est localement d’un même côté du plan tan-
localement convexe). C’est le cas de tous gent (point pardolique), l’intersection ne
les points d’un ellipsoïde. On dit que le se réduit pas nécessairement a un point.
point M, est elliptique. C’est le cas de tout point d’un cylindre
h) Si rt - sz < 0, la surface traverse elliptique ou parabolique ; l’intersection
son plan tangent au voisinage de M,. avec un plan tangent est ici une généra-
C’est le cas de tout point d’un hyperbo- trice.
loïde à une nappe ou d’un paraboloïde Une même surface peut présenter des
hyperbolique. On dit que le point est points de nature différente. Par exemple, le
h~perboliqur. tore, dont on a donné une représentation

509
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

hg. 1 0 paramétrique ci-dessus, admet des points


elliptiques (tels que x2 + y2 > l), des
points hyperboliques (tels que
x2 + y2 < 1 ; fig. 11) et des points para-
boliques (tels que x2 + y2 = 1). L’ensem-
ble des points paraboliques est constitué de
deux parallèles au tore, le plus (( haut )) et
le plus CC bas », et en un tel point de plan
tangent touche le tore tout le long du
parallèle correspondant.

fig. 11

point parabolique

6. Formes fondamentales
sur une surface

On appelle pmière forme fondamen-


tale sur une surface S la forme quadrati-
point hyperbolique
que @ qui, à tout vecteur V tangent à S
en M. associe le carré de sa longueur,
soit :

+(V)=IlVl1*=V.V, VET,S.

510
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

Si au voisinage de M la surface S admet se factorise sous la forme y = <p of (cf.


pour représentation paramétrique infra), alors le produit scalaire :
(u, Y) - ‘p (u, v), on écrit :

où D’<p est la dérivée seconde de q, ne


et on a : dépend que du vecteur tangent :

v = d;(to) = D<p ;(to) ;


( 1
en posant :
en effet, on a :
E= b- F=!?E 9 G= !Y2.
( au ) ' au' av' ( av 1 2 d’y a<p d2u d<p d2v
dt au dt2 + dv dtZ
justifions ces notations. Si y est un arc
paramétré, dont le vecteur vitesse en M est
égal à V, qui se factorise sous la forme
d’où :
y= ‘p of’(avec les notations du chapitre
précédent), alors on a :

et par suite : en posant :

La forme quadratique w : V - w(V) est


Définissons maintenant la deuxième
appelée la deuxième forme fondamentale
forme fondamentale ; il sera pour cela de la surface. On démontre que la quan-
nécessaire d’orienter la surface. Si la repré- tité :
sentation paramétrique <p : U + S, U C R’
est régulière en tout point M de q(U), le K= CN-JL*
EG-F2
produit vectoriel :
est indépendante de la représentation para-
métrique. En particulier, pour la représen-
tation paramétrique 2 = g(.u, y) utilisée
où m = <p ‘(M) E U, est non nul ; on peut dans le chapitre précédent (avec
donc associer à chaque point M de <p(U) p=q=OenM),ona:
un vecteur unitaire n normal à S de même K=rt-s2;
sens que le produit vectoriel précédent,
ce scalaire K s’appelle la courbure totale,
c’est-à-dire on oriente la surface. Si un arc
ou courbure de Gauss, en M. Suivant le
paramétré :
signe de K, le point est elliptique, hyper-
y:I-S,ICR, bolique ou parabolique (cf. chap. 5, Posi-

511
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

tion par rapport au plan tangent) ; remar-


quons que, puisque la forme quadratique
@ est définie positive, le signe de K est celui
de Ch” - JC*.
C. Gauss a démontré que la courbure
totale était déterminée par E, F, G et leurs
dérivées partielles premières. Étant donné
deux surfaces S et S’, on appelle isométrie
locale de S dans S’ un difféomorphisme
d’un ouvert U de E, dans Es, appliquant
S 0 U dans S’ et transformant en chaque
point M de S n U la première forme
fondamentale de S en la première forme
fondamentale de S’ ; par suite, une iso-
métrie locale laisse invariante la courbure
totale. En particulier, une surface S telle
qu’il existe en chaque point M E S une
isométrie d’un voisinage de ce point dans
S sur un ouvert plan est dite applicable sur
le plan ; puisque, pour un plan, la deu-
xième forme fondamentale est nulle, la
courbure totale d’une surface applicable
sur un plan est nulle. On démontre que
toute surface à courbure totale nulle est type elllptlque

une surface développable et que toute


surface développable est applicable sur le
plan.
Plus généralement, on montre que si
deux surfaces S et S’ ont une courbure
totale constante (cette constante étant la
même pour les deux surfaces). il existe des
isométries locales de S sur S’. Si la
courbure totale est une constante positive,
on dit que la surface est une surface
sphérique ; parmi ces surfaces figurent la
sphère, et les surfaces sphériques de révo-
lution du type hyperbolique et du type
elliptique (fig. 12). Si la courbure totale est
constante négative. on a les surfaces pseu-
dosphériques ; celles qui sont de révolution
type hyperbolique
se répartissent en trois types indiqués par
la figure 13.
Enfin, signalons qu’on démontre
Suriaces sphériques de révolut,on
qu’une isométrie locale qui conserve aussi

512
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

fig. 13

type hyperbolique type parabohque


lpseudosphkrej

S ‘ùrfaces pseudosphériques de révoluoon


/
la deuxième forme fondamentale est la direct). Si s est l’abscisse curviligne sur C,
restriction d’un déplacement euclidien ; on a alors les formules :
par suite, l’ensemble des deux formes
3 - L e2 1
fondamentales caractérise localement une + -e3>
ds - ~8 P”
surface. 1
de2 1
--=--e, + - e , ,
ds 0, ‘s
3--L 1
ds - p,e2 + Ge3,
7. Courbes tracées
sur une surface
les nombres l/pR, l/p,, et l/rX ainsi définis
s’appellent respectivement la courbure
Soit C une courbe régulière orientée tracée
gkodkique, la courbure normale et la
sur une surface régulière S ; à tout point M
torsion géodkique en M. Si p et r sont la
de C on va attacher un repère, appelé
trisdre de Darbous, obtenu de la manière courbure et la torsion de C en M, on a, en
suivante : soit t, n, b le trièdre de Frénet désignant par 8 l’angle des deux vecteurs
de la courbe C au point M ; le trièdre de n et e3 :
Darboux et, ez, e3 s’obtient en prenant 1 sin 8 1 COS~ 1 de 1
-=-, -=-, _=
pour e3 le vecteur unitaire normal en M à PP P P” P =g
;i;+;,
la surface associé à l’orientation de cette
surface, et en prenant e, = t (et La courbure normale l/p, en M est la
ez = es A et pour obtenir un trièdre même pour toutes les courbes tracées sur

513
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

S qui admettent la même tangente en ce fig 14


point M ; en effet, l/p, = e3. (dM/ds*), ce
qui entraîne que cette courbure normale
est égale à v(e,), en désignant par v la
deuxième forme fondamentale. On en
déduit le théorème de Meusnier : Si un plan
P pivote autour d’une droite du plan
tangent T,S, alors le centre de courbure
(en M) de la section de S par P décrit un
cercle passant par le point M. Un point
d’une surface S pour lequel la courbure
normale est la même dans toutes les
directions est appelé un ombilic.
Une courbe tracée sur S est appelée
une ligne asymptotique si la courbure
normale en chacun de ses points est nulle ;
en chaque point, tout vecteur tangent
à une telle courbe annule la deuxième
forme fondamentale. Par suite, il ne passe
de lignes asymptotiques que par les
points hyperboliques (deux directions
asymptotiques) ou paraboliques (une
direction asymptotique). Toute droite tra-
cée sur une surface est une ligne asymp-
totique. Surfaces des centres S, et S, assoctées aux deux

On appelle lignes de courbure les lignes lignes de courbure d’une surface S a” voismage
d’un point régulier qw n’est pas un ombdic.
dont la torsion géodésique en chaque point
est nulle, et on montre que cette condition simplement aux courbures des lignes de
équivaut à dire que les normales à la courbure par la formule :
surface S le long d’une telle courbe engen-
drent une surface développable ; ces nor- K=L.
males sont les tangentes à la courbe décrite
RI%
par les centres de courbure de la ligne de Sur une surface dont tous les points
courbure. En chaque point régulier qui sont des ombilics, toutes les courbes sont
n’est pas un ombilic, il existe deux direc- lignes de courbure ; les seules surfaces
tions du plan tangent, appelées directions possédant cette propriété sont les plans (K
principales, perpendiculaires entre elles, = 0) et les sphères (K = l/R* constant).
pour lesquelles la courbure normale atteint On appelle géodésiques les courbes dont
son maximum l/R, et son minimum l/Rr ; la courbure géodésique est nulle, c’est-à-
les lignes de courbure peuvent aussi être dire dont la normale principale est nor-
définies comme les courbes tangentes en male à la surface ; les géodésiques sont
chaque point aux directions principales définies par un système d’équations diffé-
(fig. 14). La courbure totale est reliée rentielles du second ordre, et on démontre

514
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE

que par tout point d’une surface il passe autre paramètre t = as + h, a et b cons-
une géodésique et une seule admettant une tants avec a # 0.
tangente donnée. De même, par deux Si la courbure totale n’est pas nulle, le
points M et M’ de S assez voisins passe une transport par parallélisme le long d’un
géodésique et une seule : la longueur de lacet (c’est-à-dire un arc paramétré y :
l’arc de géodésique MM’ réalise alors le [a, b] -t S tel que y(a) = y(b) ne ramène
minimum de la longueur des arcs joignant pas en général le vecteur X(u) à sa position
M à M’. Par exemple, les géodésiques du initiale et, par suite, si on considère deux
plan sont les droites ; les géodésiques d’une points M et M’, le transport par parallé-
sphère sont les grands cercles, sections de lisme de M à M’ dépend du chemin choisi.
la sphère par les plans passant par le En effet, on démontre que la (< variation de
centre, et par deux points non diamétra- l’angle » du vecteur X par transport
lement opposés passe un tel grand cercle et parallèle le long d’un lacet est l’intégrale :
un seul. Les géodésiques d’un cylindre de
révolution sont les parallèles et les hélices
circulaires.
On montre que la courbure géodésique
ne dépend que de la première forme où C est la partie de S limitée par le lacet
fondamentale ; par suite, une isométrie et da l’élément d’aire sur S.
locale applique les géodésiques sur les D’autre part, on montre que si le lacet
géodésiques. y se compose d’un nombre fini d’arcs
différentiables yk séparés par des points
anguleux où l’angle du vecteur tangent à
y subit une discontinuité 8,. on a :
8. Propriétés globales
liées à la courbure totale

Soit y : 1 -f S un arc paramétré d’une


formule de Gauss-Bonnet. Dans le cas
surface S. Si X = X(t) est un champ de
particulier où y est un triangle géodésique,
vecteurs le long de la courbe C = y(I), on
c’est-à-dire un triangle curviligne dont
définit la dhivbe covariante DX/dt du
les côtés sont des arcs géodésiques, l’inté-
champ X au point M = y(t) en projetant
grale de la torsion géodésique est nulle.
le vecteur dX/dt sur le plan tangent T,S
Si on désigne par o,, oz, o3 les mesures
parallèlement à la normale. On dit alors
en radian (comprises entre 0 et 27r) des
que le champ X se dkplace par parallélisme,
angles du triangle, on a, puisque ces angles
ou est parallèle, si pour tout t E 1 la dérivée
covariante est nulle. Remarquons que la sont les supplémentaires de ceux qui
interviennent dans la formule de Gauss-
valeur X(t,) du champ en un point déter-
mine alors le champ parallèle. En particu- Bonnet :
lier, on dit qu’un arc paramétré est géo-
do
désique si sa vitesse se déplace par ai+a,+a,=a+ RR;
SS 1 *
parallélisme ; une courbe géodésique
devient un arc géodésique si on prend pour pour le plan on retrouve le résultat classi-
paramètre l’abscisse curviligne s ou tout que que la somme des angles d’un triangle

515
GROUPES

est égale à TT. Sur une sphère de rayon R, gique de la surface. On montre aussi qu’il
on a : existe, sur une surface S, un champ diffé-
rentiable de vecteurs tangents ne s’annu-
A lant en aucun point si, et seulement si, la
a,+a,+a,=71+-r
R2 caractéristique d’Euler-Poincaré est nulle ;
où A est l’aire du triangle. Remarquons il n’existe donc pas de tel champ sur une
que si la courbure totale est négative en sphère.
tout point de S, alors la somme des angles PAULE’ITE LIBERMANN
d’un triangle géodésique est inférieure à K.
On retrouve que les surfaces à courbure
constante constituent des modèles pour les Bibliographie
J . - M . BR A E M E R & Y. KERBRAT, Géomérrie des
géométries non euclidiennes de Riemann ~~u,-hrs et des surfuces, Hermann, Paris, 1976 /
et de Lobatchewski. H. CARTAN, Formes d@w&#es, ibid., 1967 1
Si on considère maintenant une surface P. DOMBROWSKI, 150 Yeurs aJier Gauss’ « Disyuisi-
tiomv genereales circu superjcies curvas », astéris-
compacte (c’est-a-dire fermée et bornée)
que 62, Société mathématique de France, Paris,
sans bord, on montre qu’on peut la trian- 1979 1 L. P. EISENHART, An Introduction to L@e-
guler, c’est-à-dire la découper en domaines rential Geornetr~ with Use of thr Tensor Calculus,
limités par des triangles curvilignes (pas repr. of 1947, Books on Demand, Ann Arbor
(Mich.) / D. LEBORGNE, Calcul d@rentiel et géo-
nécessairement géodésiques). Appliquant mPtrie, P.U.F., 1982 / P. LIBERMANN, « Géométrie
la formule de Gauss-Bonnet à chaque différentielle )), in J. Dieudonné et al., Ahrégk
triangle et faisant la somme, on obtient, d’histoire ders mathPmatiques, t. II, Hermann, 1978 /
puisque chaque arc est parcouru deux fois J. PICHON, Les Courbes dans le plan et dans l’espace,
Ellipses, 1987 / 1. PORTEOUS, Gromrtric D&@emi-
en sens contraires : urion, Cambridge Univ. Press, New York, 1992 /
M. SPIVAK, A Cornprehensiw Introduclion 10 Diffe-
rential Geometry, 5 vol., Publish or Perish, Houston
(Texas), 1979 / S. STERNBERG, Lecrures on D@%em
tial Geomeuy, Chelsea Pub]., New York, 2’ éd.
o ù n,, n, et n, sont respectivement le 1983 / J. J. STOKER, orferential Geometry, Wiley-
nombre de triangles, le nombre d’arêtes et Interscience, New York, 1989 / P. THUILLIER,
le nombre de sommets de la triangulation. J.-C. B ELLOC & A. DE VILLÈLE, Mathématiques
g&mhtrie tlij’ërenrie~le. Masson, Paris, 2’ éd. 1991.
Le premier membre étant indépendant de
la triangulation, il en est de même du
second. Le nombre entier positif :

GROUPES
n2-n, +n,

est appelé la caractéristique d’Euler-


Poincart: de la surface ; par exemple, pour
la sphère il est égal à 2, car :
L ES ID ÉES de symétrie et de régu/arit& se

retrouvent dans toutes les civilisations,


bien avant que ne fût conçue la notion de
groupe : par exemple, presque tous les
pour le tore, la caractéristique d’Euler- groupes discrets de déplacements du plan
Poincaré est nulle. (il y en a dix-sept types non isomorphes)
On montre que la caractéristique sont sous-jacents aux multiples ornements
d’Euler-Poincaré est un invariant topolo- géométriques imaginés par les artistes

516
GROUPES

arabes. Les Grecs, dans leur géométrie, fondements de la géométrie (( élémen-


ont été très tôt intéressés par les propriétés taire », à mettre la notion de groupe de
de régularité, et on sait que le couronne- transformations à la base même de cette
ment des Ékhwts d’Euclide est la cons- branche des mathématiques, qui devient
truction des cinq polyèdres réguliers, ce un simple chapitre de la théorie des grou-
qui, en substance, revient à la détermina- pes classiques développée depuis Jordan
tion des groupes finis de rotations dans pendant toute la fin du XIX~ siècle.
l’espace à trois dimensions. Il faut attendre la fin du XIX~ siècle pour
Toutefois, la notion de groupe n’appa- que la structure de groupe telle que nous
raît explicitement qu’au cours des travaux la concevons aujourd’hui soit enfin définie
sur la résolution des équations algébriques de façon intrinsèque (et non plus en se
« par radicaux )), au début du XIX~ siècle ; restreignant au cas où les éléments du
développant une idée de Lagrange, Ruffini groupe sont des transformations). Depuis
et Cauchy sont amenés à considérer les lors, la notion de groupe a envahi toutes les
groupes de permutations des racines d’une mathématiques contemporaines. On s’est,
équation algébrique qui laissent invarian- d’une part, aperçu du caractère protéi-
tes certaines fonctions de ces racines ; et forme de l’idée de groupe, débordant
c’est en approfondissant cette idée que largement le concept initial de groupe
Galois obtiendra ses résultats décisifs sur (( ensembliste >) (groupes topologiques,
la résolution par radicaux. Ces premiers groupes algébriques, schémas en groupes
groupes sont donc des groupes jnis, et et, plus généralement, N objets en grou-
c’est sous la forme de la théorie des pes )) d’une catégorie représentant un fonc-
groupes de permutations que la théorie teur représentable de cette catégorie dans
générale des groupes finis commencera à la catégorie des groupes) ; on a, en outre,
se développer (notamment chez Mathieu découvert de surprenantes relations entre
et Jordan) jusque vers 1870. Les débuts de des types de groupes très divers (par
la cristallographie mathématique (vers exemple entre les groupes de Lie, les
1830) font apparaître d’autres groupes groupes algébriques, les groupes <( arith-
finis, cette fois formés de rotations et de métiques )) et les groupes finis). D’autre
symétries laissant un point fixe ; enfin, part, l’expérience a montré l’extraordi-
Jordan, en 1868, aborde franchement naire efficacité de la notion de groupe dans
l’étude des groupes de déplacements (finis toutes les parties des mathématiques, une
ou non) dans l’espace euclidien à trois fois qu’on parvient à l’y introduire :
dimensions. Un peu plus tard, Klein et groupes d’homologie et d’homotopie en
Poincaré feront des groupes de déplace- topologie algébrique, espaces fibrés prin-
ments non euclidiens le fondement de leur cipaux en géométrie différentielle et en
théorie des fonctions automorphes, tandis topologie différentielle en sont des exem-
que Lie, cherchant à réaliser pour les ples bien connus ; un autre exemple, plus
équations différentielles ce que Galois remarquable encore, est la possibilité de
avait fait pour les équations algébriques, définir une structure de groupe sur
crée la théorie générale des groupes conti- l’ensemble des classes de structures diffé-
nus de transformations (actuellement rentielles compatibles avec une variété
appelés groupes de Lie). En même temps, (topologique) donnée. Cette tendance a
Klein est amené, par ses réflexions sur les gagné la physique elle-même : en cherchant

517
GROUPES

a expliquer les symétries expérimentales dira un inverse), c’est-à-dire qu’il existe un


qu’ils constataient dans les phénomènes élément de G, noté a-‘, tel que :
atomiques, les théoriciens se sont naturel-
a-‘*a=a*a-‘=e.
lement tournés vers la théorie des groupes,
avec un succès assez remarquable, bien On ne se préoccupera pas ici de savoir
que fort mystérieux. si l’on peut affaiblir ces axiomes en jon-
glant avec des hypothèses « à droite F) et
JEAN DIEUDONNÉ (( à gauche » dans (b) et dans (c). Le
groupe est dit conzmututif, ou abélien, si la
?+ loi de composition est commutative, c’est-
à-dire a * b = b * LI pour tout couple d’élé-
ments de G. Cette loi est alors souvent
(mais pas toujours) notée additivement,
A. Généralités par le signe + ; l’élément neutre est
désigné par 0 et le symétrique d’un élément
On se propose de présenter ici les notions a est noté ~ a. C’est le cas, par exemple,
fondamentales de théorie des groupes qui pour la loi de groupe sous-jacente à une
interviendront constamment dans la suite. structure d’anneau ou d’espace vectoriel.
Celle-ci contient un très grand nombre On appelle ordre d’un groupe fini G le
d’exemples, c’est pourquoi cet exposé nombre 1G 1de ses éléments.
introductif n’explicite que quelques grou- Dans ce qui suit, sauf mention explicite
pes utilisés aussi ailleurs, notamment en d’une autre notation, la notation multipli-
cristallographie, en chimie, en linguistique. cative sera adoptée systématiquement, ce
qui signifie que l’on notera .Y. y, ou plus
simplement ~y, l’image du couple (x, JJ) par
la loi de composition. L’élément neutre
1. La structure de groupe
sera désigné par 1. Lorsque plusieurs
Un groupe G est un ensemble muni d’une groupes seront considérés simultanément,
loi de composition interne : le même symbole 1 désignera donc plu-
sieurs objets mathématiques distincts, ce
(-T.v)-x *Y qui paraît en contradiction avec les règles
qui possède les propriétés suivantes : logiques les plus simples (cf. par exemple
(a) Elle est mvociatiw, c’est-à-dire que, la formule (2) ci-dessous) ; en fait, cela
si n, h, c sont des éléments de G, on a : n’est guère gênant, car le contexte mathé-
matique permet toujours d’éviter toute
a*(b*c)=(a*b)*c; ambiguïté. Ainsi, dans la formule (2)
(b) Elle admet un élément neutre, c’est- puisquefest une application de G dans G’,
à-dire qu’il existe un élément e E G (néces- le symbole 1 dans la partie gauche de la
sairement unique, manifestement) tel que, formule représente l’élément neutre de G
pour tout a E G : tandis que le 1 de droite représente l’élé-
ment neutre de G’.
a*e=e*a=a;
Remarquons maintenant que, si l’on
(c) Tout élément a de G admet un multiplie à gauche par Ü’ les deux mem-
synkrique (en notation multiplicative on bres de l’égalité as = ay, on obtient, en

518
GROUPES

applicant l’associativité, lx = ly, d’où bien entendu, il faut, quand les deux
x = y. On a ainsi obtenu la règle de groupes ne sont pas tous les deux notés
sirnpll$cation dans un groupe : si a, x, y multiplicativement, adapter les notations
sont des éléments d’un groupe, on a les de la condition (1). Un morphisme bijectif
équivalences : est appelé un isomorphisme ; c’est le cas du
<2,x =ayaxa =yaox =y.
logarithme qui réalise un isomorphisme du
groupe multiplicatif RT sur le groupe
Une démonstration tout à fait analogue additif R. Dans le cadre de la théorie des
montre que, dans un groupe, les équations groupes, il n’y a pas lieu de distinguer des
linéaires, du type ax = 6, ou xa = b, ont groupes isomorphes, et on parlera parfois
toujours une solution unique ; par multi- (par abus de langage) de réalisation d’un
plication à gauche par aPI, on obtient par même groupe pour désigner des groupes
exemple que la première a pour solution isomorphes. Remarquons enfin que, si on
x = a&b. prend pour J: l’élément neutre de G dans
Si x est un élément d’un groupe G et n (1) on obtient, après simplification :
un entier positif, on notera x” le produit de
n éléments égaux à x, et x-” le produit de (2> f (1) = 1,
II éléments égaux à x-‘. L’élément x0 étant qui montre que tout morphisme de G dans
par définition l’élément neutre, on a donc G’ transforme l’élément neutre de G en
défini .u” pour tout entier relatif II et on l’élément neutre de G’. Les groupes, et
vérifie facilement que deux puissances leurs morphismes, forment un exemple
quelconques d’un même élément commu- très simple de catégorie.
tent toujours et que :
xnxm=xm+n, mnEZ,
> 1 Sous-groupes
Une partie non vide H d’un groupe G est un
en notation additive on écrit nx au lieu de
sous-groupe si le composé de deux éléments
-9.
de H est encore un élément de H et si H est
un groupe pour la loi de composition ainsi
Morphismes définie ; on vérifie facilement qu’une partie
Conformément aux définitions générales H non vide d’un groupe G est un sous-
pour les structures algébriques, on dit groupe si et seulement si .~y ’ E H pour
qu’une applicationfd’un groupe G dans tout couple (-Y, y) d’éléments de H. Des
un groupe G’ est un morphisme, ou un exemples très simples de sous-groupes
homomorphisme, de groupe si on a : s’obtiennent à partir des morphismes : sif:
G + G’ est un morphisme de groupe, alors
(1) f(v) =f(xlfOl)
son imagef(G) est un sous-groupe de G’ et
pour tout couple d’éléments de G. Par son noyau Ker f=f ‘(1) est un sous-
exemple, le logarithme usuel réalise un groupe de G (en fait, comme on le verra
homomorphisme du groupe multiplicatif ci-dessous au chapitre 3, le noyau n’est pas
RT des nombres réels strictement positifs n’importe quel sous-groupe). Sis: G - G’
sur le groupe additif de tous les nombres etg:G’- G” sont deux morphismes, on
réels, car : dira que la (( suite )) :
lnxy = l n x + lny, x,yER:; GLG’LG”

519
GROUPES

est emcte si l’image defest égale au noyau engendré par l’élément 1 ; car, avec les
de g ; cette situation est fondamentale en notations ci-dessus, n = nl. Si G est un
algèbre homologique. groupe cyclique quelconque (on revient à
11 est clair que l’intersection d’une la notation multiplicative), engendré par
famille quelconque de sous-groupes est u E G, l’application :
encore un sous-groupe (éventuellement le
sous-groupe { 1 J réduit à l’élément neutre).
Par suite, si K est une partie quelconque est un morphisme surjectif de Z sur G. Si
d’un groupe G, il existe un (( plus petit )) ce morphisme est injectif, c’est un isomor-
sous-groupe contenant K, à savoir l’inter- phisme. Dans le cas contraire, il existe des
section de tous les sous-groupes contenant entiers n et 17’ distincts tels que u” = a”’ ;
K ; si H est ce sous-groupe, on dit qu’il est si on suppose n’ > n, on en déduit
engendré par K, ou encore que K est un a”-“’ = 1. Désignons par p le plus petit
systèrnr de g&éruteurs de H. Les éléments entier positif tel que up = 1 ; les éléments :
de H sont les produits finis x1x1 x,~, où aQ= 1>> LI 1a2 > ap-1
l’un au moins des deux éléments xi ou x,-I
appartient à K ; en effet, tout sous-groupe sont donc distincts et ce sont les seuls
contenant K contient ces éléments et éléments du groupe G, car pour tout entier
l’ensemble de ces éléments est un groupe. II on a : CI” = ujj+” = a> si n = pq + r est
Indiquons enfin que, si A et B sont deux l’identité de division euclidienne de n par
p, avec rE {0, 1, _._, pP l}. Ainsi tout
parties d’un groupe G, on note AB
l’ensemble des produits ah pour a E A et groupe cyclique infini est isomorphe à Z ;
h E B. tous les groupes cycliques finis de même
ordre p sont isomorphes entre eux. On
désignera le groupe cyclique d’ordre p par
C,,. On peut le réaliser comme l’ensemble
2. Quelques exemples
des rotations du plan de centre 0 et
Dans de nombreux cas, les éléments d’un d’« angles )) 2 kr/p, k = 0, 1, . . . . p ~ 1. la
groupe G seront réalisés comme des loi de groupe étant la composition des
bijections d’un ensemble E sur lui-même ; rotations, ou encore comme l’ensemble
par définition, le produit uh de deux telles des rotations d’angle 2 kn/p autour de
bijections est alors la bijection composée l’axe 02 dans l’espace à trois dimensions.
obtenue en faisant d’abord h, puis a. Remarquons que le groupe multiplicatif
L’ensemble X(E) de toutes les bijections des racinesp-ièmes de l’unité dans le corps
d’un ensemble E est un groupe, appelé le des nombres complexes (cf. nombres COM-
groupe symétrique de l’ensemble E, pour la PLEXES) est aussi une réalisation de ce
loi de composition ainsi définie. groupe.

Groupes cycliques Groupes diédraux


Un groupe G est dit c~dique s’il est Pour II > 3, on appelle groupe dibdrul D,,
engendré par un de ses éléments a. Tout le groupe des rotations et des symétries du
élément de G est ainsi une puissance de u, plan qui conservent un polygone régulier à
et G est donc commutatif. Par exemple, le n sommets. Ce groupe est d’ordre 2 n, car
groupe additif Z des entiers relatifs est il contient n rotations, qui forment un

520
GROUPES

sous-groupe isomorphe au groupe cyclique Pour n = 2, les relations (3) définissent


C, et n symétries (par rapport aux n droites un groupe commutatif d’ordre 4, dont les
joignant les sommets au centre du poly- éléments sont 1, CI, b, ub, avec u2 = b’ = 1,
gone). Si on numérote les sommets 1,2, . . . . ub = bu. C’est le Cgroupe de Klein. On
n (en choisissant un (< sens de parcours » peut le réaliser comme le groupe des
sur le polygone), le groupe D, est engendré symétries qui conservent un rectangle (qui
par la rotation a : n’est pas un carré) ; les nombreuses réa-
lisations intuitives que l’on peut donner
1 2 3 . . . n-l n
III II de ce groupe lui donnent une grande impor-
2 3 4 n 1 tance dans la pédagogie et l’enseignement
élémentaire des mathématiques.
et la symétrie b :
12 3 . ..n-ln
I I I I I
Les « symétries » du cube
1 il n-l . . 3 2 Considérons un cube dont les sommets
autour de la droite joignant 1 au centre du sont numérotés comme l’indique la figure.
polygone. Les générateurs a et b vérifient
les « relations » :

a” = 1, b2 = 1, ab = bac’; i (Dl
(3)

il en résulte que tout élément du groupe est


de la forme uk si c’est une rotation, ou de
la forme a’b si c’est une symétrie, avec
k = 0, 1, _.., n - 1. Ces relations détermi-
nent entièrement le groupe D,,.
On peut donner des réalisations de D,
comme groupe de déplacements de
l’espace à trois dimensions, par exemple en
prenant pour rotations des rotations
autour de l’axe Oz et pour symétries des
symétries autour de n droites du plan xO~
faisant entre elles des angles égaux ; on
peut obtenir une autre réalisation en rem-
plaçant les symétries précédentes par des
symétries autour de n plans passant par
0:. En cristallographie, on considère aussi
Groupe des I symétries Y du cube
le groupe D,lh d’ordre 4n des déplacements
de l’espace à trois dimensions qui conser-
vent un polygone régulier à n sommets du Le groupe G des déplacements conservant
plan .xOy ; on peut le réaliser comme le le cube est engendré par la rotation u :
groupe engendré par D, (dans la réalisa-
tion précédente) et la symétrie par rapport
à l’origine. 2 3 4 1 6 7 8 5

521
GROUPES

autour de la droite D joignant les centres supprimant purement et simplement toute


des deux faces opposées l-2-3-4 et 5-6-7-8, paire consécutive de ce type. On appellera
par la rotation h : alors groupe libre engendré par S l’ensem-
ble des mots réduits muni de la loi de
1 2 3 4 5 6 1 8
IIIIIIII composition qui, à deux mots réduits
1 4 8 5 2 3 7 6 f= O,üZ u,, e t g = h,h, b,,,, f a i t c o r -
respondre le mot réduit& obtenu à partir
autour de la diagonale l-7 et par la
du mot :
symétrie L’ :
a,a,...a,b,b,...b,,
1 2 3 4 5 6 7 8
TIITIISI obtenu en écrivant d’abordfpuis g. 11 est
5 6 7 8 1 2 3 4
clair qu’on obtient bien ainsi un groupe.
autour du plan équidistant des deux faces dont le mot vide est l’élément neutre ; le
opposées ci-dessus. Ce groupe est d’ordre nzot inverse est le mot obtenu en renversant
48. Les rotations forment un sous-groupe l’ordre des termes et en remplaçant l’« ex-
G, d’ordre 24 engendré par a et b ; c’est posant )) (égal à + 1 ou à - 1) de chaque
le groupe des déplacements conservant terme par son opposé : en effet, par
l’octaèdre régulier dont les sommets sont réduction on obtient alors le mot vide
les centres des huit faces du cube. On peut comme produit d’un mot et du mot inverse
aussi considérer le sous-groupe cyclique H, puisque, de proche e n p r o c h e , o n
d’ordre 3 engendré par h : c’est le groupe <( gomme >) tout en réduisant le mot obtenu
des rotations qui laissent fixe le sommet 1. en juxtaposant un mot et son inverse.
Un groupe G est dit l i b r e s’il est
Groupes libres isomorphe au groupe libre engendré par
un ensemble S, que l’on peut supposer
Si un sous-ensemble K engendre un
groupe G, tout élément de G est un produit inclus dans G en prenant pour S l’ensem-
fini d’éléments de K et d’inverses d’élé- ble qui correspond dans l’isomorphisme
ments de K, mais l’existence de (( rela- aux mots d’une seule (( lettre )) avec
tions )) entre éléments de K fait qu’il peut 6 = + 1. L’ensemble S est un système de
y avoir plusieurs telles représentations (cf. générateurs sans (( relations )).
supra). Nous allons examiner le cas où il y La théorie des groupes libres a été
a unicité. élaborée par J. Nielsen et 0. Schreier. Le
Soit S un ensemble quelconque. On résultat principal en est que tout sous-
appelle Nyon de S soit l’ensemble vide, noté groupe d’un groupe libre est libre (c’est un
résultat dont la démonstration est longue
ici 1 et appelé le n~ot ~itk, soit une suite
formelle ,finir : et très technique).

d’éléments écrits Y où s E S, avec 3. Relations d’équivalence


E = + 1 ou ~ 1. On dira qu’un tel mot est et quotients
~éduir s’il ne contient pas de termes consé-
cutifs de la forme sFsP, .Y E S ; à tout mot, Dans ce qui suit interviendra souvent le
on peut toujours associer le mot réduit fait que l’inverse d’un produit ub de deux
obtenu en (( gommant )), c’est-à-dire en éléments d’un groupe est le produit b- ‘a~’

522
GROUPES

des inverses en renversant l’ordre ; car, en groupe G est le produit de l’ordre de H par
utilisant l’associativité : l’indice de H dans G, soit :

(ab)(b-‘a-‘) = a(bb-‘)a-’ lGI= [G:H]IH/,


ZZ a la-’ = aa-’ = 1.
résultat obtenu par Lagrange, sous une
À partir d’un sous-groupe, on peut forme différente, à propos de la théorie des
définir plusieurs relations d’équivalence équations et avant l’élaboration de la
sur un groupe. Si le sous-groupe vérifie une théorie des groupes proprement dite (cf. la
propriété supplémentaire, ces relations partie C ci-après Groupes finis).
coïncident et on peut alors munir Bien entendu, on pourrait définir de
l’ensemble quotient d’une structure de manière analogue les classes à droite Hx
groupe. pour la relation d’équivalence xv- ’ E H.
La symétrie x - xp’ est une bijection du
Classes suivant un sous-groupe groupe sur lui-même qui conserve les
sous-groupes et échange les classes à gau-
Soit G un groupe et H un sous-groupe de
che et les classes à droite ; en particulier,
G. La relation :
si le nombre de classes à gauche suivant H
x-,yox-‘yEH est fini (c’est-à-dire H d’indice fini dans G),
ce nombre est aussi le nombre de classes
est une relation d’équivalence sur G. En
à droite.
effet x -K x,carx’x= 1 EH;six-,?y,
Revenons par exemple au groupe des
l’élément xp’y appartient à H et, par suite,
N symétries )) du cube, avec les notations
aussi son inverse (X+V)~’ = y -‘,Y, c e
du chapitre 2. Le groupe G’ est d’indice 2
qui signifie : y -g x ; la transitivité résulte
dans G et ici les classes à gauche sont GI
du fait que, si ~‘y et J)-‘z sont deux
et CG,, groupe des déplacements directs
éléments du sous-groupe H, leur produit (rotations) et ensemble des déplacements
(x~‘y)~~‘z) = x ‘z est aussi un élément de inverses conservant le cube. Deux élé-
H. La classe d’équivalence d’un élément ments x et y de GI sont équivalents à
.Y E G est l’ensemble xH des produits xh gauche par rapport au sous-groupe H’ si et
lorsque h parcourt H, appelé classe ri seulement s’ils envoient 1 sur le même
gauche de x suivant H (ou modulo H). sommet, puisque les éléments de HI
Deux classes à gauche sont disjointes ou conservent ce sommet 1. Il y a donc huit
confondues. Lorsque le nombre de classes classes : H, x,H, x3H, x,H, x5H, x6H, .+H,
à gauche distinctes est fini, on l’appelle x,H, où x, est une rotation quelconque de
l’indice du sous-groupe H dans G, et on GI envoyant le sommet 1 sur le sommet i ;
note ce nombre [G : H]. Remarquons que, on peut prendre par exemple x2 = CI,
puisque, pour x fixé, l’application g - xg x3 s a’, x4 = a’, x5 = ba3, x6 = aha’,
est, d’après la règle de simplification (cf. .Y, = a2ba3 et x8 = a3ba3. Ainsi H’ est
chap. 1), une bijection de G sur lui-même, d’indice 8 dans GI et on a bien :
si le sous-groupe H est fini, toutes les
classes à gauche ont le même nombre [G,:H,]=IG-.
IH11
d’éléments que H. Pour G fini, on obtient,
puisque les classes à gauche distinctes On voit de même que deux rotations de
forment une partition, que l’ordre du G, sont équivalentes à droite si et seule-

523
GROUPES

ment si le sommet 1 est l’image du même groupe de Aut( On appelle centre du


sommet i par ces deux rotations, ce qui groupe G le noyau Z(G) du morphisme
permet d’expliciter les huit classes à droite. s - a, ; c’est un sous-groupe de G qui est
Indiquons enfin que, si H et K sont deux l’ensemble des éléments s E G tels que
sous-groupes de G, on définit la double XX~~’ = .Y, soit XX = XS, pour tout x E G.
classe HxK d’un élément x E G suivant H Ainsi le centre est l’ensemble des éléments
et K ; si K = H, on parle de doubles de G qui commutent avec tous les éléments
classes suivant H. Comme ci-dessus, on du groupe ; ce centre est un sous-groupe
montre, en introduisant une relation commutatif qui est transformé en lui-même
d’équivalence convenable, que deux dou- par tout automorphisme de G. Plus géné-
bles classes sont disjointes ou confondues. ralement, soit H un sous-groupe de G et S
une partie de G (qui n’est pas nécessaire-
Automorphismes intérieurs ment un sous-groupe). On montre facile-
ment que l’ensemble des éléments .Y E H
Si G est un groupe, l’ensemble des auto-
qui commutent avec tous les éléments de S,
morphismes de G est un groupe, que nous
c’est-à-dire tels que sx = xs pour tout
noterons Aut( pour la composition des
s E S, est un sous-groupe de H, noté Z,(S)
applications : c’est le sous-groupe du
et appelé le centralisateur de S dans H ; avec
groupe symétrique C(G) de l’ensemble G,
cette extension, le centre apparaît comme
formé des bijections de G sur G qui sont,
le centralisateur de G dans G.
en plus, des morphismes. Nous allons
Soit H un sous-groupe de G. On dit que
mettre en évidence certains automorphis-
deux éléments s, s’ E G sont conjugués par
mes qui jouent un rôle fondamental en
rapport à H s’il existe s E H tel que :
théorie des groupes.
Soit s un élément d’un groupe G. s’ = XSX-~ = a,(s)
L’application a, : G - G d é f i n i e p a r
il est clair, puisque H est un sous-groupe,
a,(x) = sxs-’ est un automorphisme de G
que la conjugaison est une relation d’équi-
que nous appellerons l’automorphisme
valence sur G. Plus généralement, on dit
intérieur défini par s ; en effet :
que deux sous-ensembles S et S’ de G sont
a,(q) = sxys-’ = sx lys-l conjugués par upport à H s’il existe x E H
= (sxs-*)@y~-~) = a,(x)a,(r), tel que S’ = xS.u~’ ; si S est un sous-
et a, est manifestement bijectif, car groupe, ses conjugués sont les sous-
y = a,,(x) équivaut à .Y = s’ys, ce qui groupes images de S par les automorphis-
montre que l’automorphisme réciproque mes intérieurs a ï, .Y E H. Revenant à un
est I’automorphisme intérieur défini par sous-ensemble S quelconque, on vérifie
ST’. De plus, l’application s - a,, est un facilement que l’ensemble NH(S) des élé-
morphisme de G dans le groupe Aut( ments .Y E H tels que S = XST’ est un
car on a : sous-groupe de H appelé normalisateur de
S dans H ; bien entendu, Z,(S) est un
a,,(x) = ss’x(ss’)-l sous-groupe de Nu(S).
= ss’xs’-l,-l = s(s’xs’-1)s -1
Dans tout ce qui précède, on supprime
= a,(a,.(x)) = a,oa,.(x);
la référence à H si H = G ; on parle alors
par suite, l’ensemble Int(G) de tous les d’éléments conjugués, de centralisateur, de
automorphismes intérieurs est un sous- normalisateur.

524
GROUPES

Sous-groupes distingués G/H d’une structure de groupe pour


Si un groupe H est le noyau d’un mor- laquelle l’application canonique est un
phisme f d’un groupe G dans un groupe morphisme. Le groupe G/H est appelé le
G’, pour tout XE G et y E H, donc groupe quotient de G par le sous-groupe
f b) = 1, on a : distingué H ; si H n’est pas distingué, on
peut cependant faire (( opérer )> le groupe
fcw-‘1 =f(xlfCvlfW’) sur l’espace G/H et on obtient alors ce
=f(x)f(x-1) =f(xx-1) = 1,
qu’on appelle un espace homogène (cf.
d’après (2) et, par suite, .XJ.,Y i = chap. 5). L’application canonique f réalise
CC,(J) E H ; ainsi .xH.K = H pour tout une bijection entre les sous-groupes de G
x E G et H est égal à tous ses conjugués. contenant H et les sous-groupes de G/H,
On dit qu’un sous-groupe possédant cette à un sous-groupe distingué correspondant
propriété est distingué (ou normai, ou un sous-groupe distingué et vice versa.
invariant) ; ainsi les noyaux des morphis- Si ,f : G -+ G’ est un morphisme de
mes sont des sous-groupes distingués. En noyau H, le premier théorème d’isomor-
fait, on va voir aussi que tout sous-groupe phisme des groupes affirme que le groupe
distingué est le noyau d’un certain mor- quotient G/H est isomorphe au groupe
phisme. f(G) image de G par f par le morphisme
Revenons pour un instant à un sous- qui, à chaque classe, fait correspondre la
groupe quelconque H d’un groupe G et valeur constante de,fsur cette classe. Il cn
désignons par G/H l’ensemble des classes résulte que f peut s’écrire comme composé
à gauche suivant H, c’est-a-dire l’ensemble de trois morphismes qui sont (respective-
quotient de G par la relation d’équivalence ment de gauche à droite) surjectif, bijectif
à gauche suivant H, et par f : G - G/H et injectif :
l’application canonique qui à tout x E G G - G/H -f(G) - G
associe sa classe à gauche. S’il est possible
de munir G/H d’une structure de groupe Indiquons enfin un autre résultat d’iso-
pour laquelle f est un morphisme, alors, morphisme. Si H est un sous-groupe dis-
d’après (2), l’élément neutre de ce groupe tingué de G et L un sous-groupe quelcon-
est la classe de 1 et le noyau de f est donc que, alors LH = HL est un sous-groupe,
H ; ainsi H est nécessairement un sous- H n L est un sous-groupe distingué de L et
groupe distingué. Réciproquement, si on les deux groupes L/(H n L) et HL/H sont
suppose maintenant H distingué, la classe isomorphes,
d’un produit .Y,V ne dépend que des classes
de x et J, car, si J~‘Y E H et y-‘~ E H, Suites de composition
c’est-à-dire x et ?: équivalents (à gauche) à Dans un groupe G, le sous-groupe { 11
s’ et y’ respectivement, on a : réduit à l’élément neutre et le groupe G
@y)-‘x’y’ =y -Ix-lx’y’ lui-même sont distingués ; si ce sont les
seuls sous-groupes distingués de G, ce
= (V-‘x-‘xj~)O>-‘y’)EH,
groupe est dit simple. À l’opposé, dans un
comme produit de deux éléments de H (le groupe commutatif, tous les sous-groupes
premier est l’image de X- ‘,Y’ par l’auto- sont distingués. Nous allons expliquer
morphisme intérieur défini par y), et on maintenant comment on peut préciser la
vérifie facilement qu’on peut ainsi munir structure d’un groupe en fabriquant des

525
GROUPES

suites de sous-groupes encastrés. Pour (x y) pour x E H et 4’ E K (attention, le


éviter des interprétations erronées, il sera produit de deux commutateurs n’est pas
bon de se rappeler qu’il n’y a pas transi- un commutateur en général). Le groupe
tivité de la notion de sous-groupe distin- quotient G/H est donc commutatif si
gué : si K C H C G, K sous-groupe dis- et seulement si H contient le groupe
tingué de H et H sous-groupe distingué de (G, G) = D(G) appelé groupe des com-
G, le sous-groupe K de G n’est pas mutateurs de G, OU groupe dérivé ; ce
nécessairement distingué dans G. groupe est évidemment transformé en
On appelle suite de composition d’un lui-même par tout automorphisme de G et,
groupe G une suite strictement décrois- en particulier, il est distingué dans G. On
sante : peut donc itérer cette opération de « déri-
vation » et construire la suite décroissante
Go= G3GI>G,3...>G, = (1)
des groupes dérivés successifs :
de sous-groupes telle que G,,, soit un
G 3 D(G) 3 Dz(G)
sous-groupe distingud de Gi pour i = 0,
= D(D(G)) > . > D’ i- ’ (G) = Dr (D(G)) ;
1, . . . . n - 1 ; les groupes quotients GJG,+,
s’appellent les facteurs de composition de la on montre alors qu’un groupe G est
suite ; si tous les facteurs de composition résoluble si et seulement s’il existe un entier
sont simples, on dit qu’on a une suite de r tel que D’+‘(G) = {l} et qu’alors il
Jordan-Holder ; dans un groupe fini, on existe une suite de composition dont tous
peut toujours trouver de telles suites de les termes G, sont des sous-groupes distin-
Jordan-Holder et leur longueur est un gués dans G (et non pas seulement dans le
important invariant du groupe (cf. théo- sous-groupe précédent G,+,) et dont tous
rème de Jordan-Holder dans la partie C les facteurs de composition sont commu-
ci-après Groupes finis, chap. 2). tatifs.
Examinons ici les groupes dits résolubles Si G est un groupe jni, il est résoluble
admettant des suites de composition dont si et seulement s’il admet une suite de
tous les facteurs de composition sont com- Jordan-Holder dont tous les facteurs de
mutatifs ; historiquement, cette notion est composition sont des groupes cycliques
liée à la résolubilité des équations algébri- d’ordre premier.
ques par radicaux, d’où la terminologie On montre que tout sous-groupe ou
(cf. CORPS, chap. 3). Nous aurons pour cela tout groupe quotient d’un groupe résoluble
besoin d’une condition exprimant que le est résoluble.
quotient G/H d’un groupe G par un sous- Un cas particulier de groupes résolubles
groupe distingué H est commutatif. S’il en est fourni par les groupes nilpotents qui
est ainsi, quels que soient .Y et y dans G, les sont les groupes admettant une suite de
classes de .~y et 4~ suivant H doivent être composition :
égales ; donc l’élément :
G>G,>G,>...>G,= {l}
@,y) = &y)-‘yx = y -‘x-‘yx,
telle que chaque groupe quotient G,,/G,
appelé commutateur de x et y, doit appar- soit dans le centre du groupe G/Gi (une
tenir à H. De manière générale, si H et K telle suite est dite centrale) ; dans le cas de
sont des sous-groupes de G, notons (H, K) groupes finis (cf. la partie C ci-après -
le groupe engendré par les commutateurs Groupes finis, chap. 3) on peut donner

526
GROUPES

diverses autres caractérisations, Définis- Dans la situation précédente, le groupe


sons par récurrence le commutateur de k G apparaît comme produit de certains de
éléments .Y,, . . . . ‘r, de G comme : ses sous-groupes et les groupes obtenus en
changeant l’ordre des groupes facteurs
(x,,x*, . . . . Xk) = ((Xl> .->xk-J>Xk)
sont isomorphes.
et désignons par C’(G) le groupe engendré On dira qu’un groupe G est produit
par les commutateurs de k éléments de G. direct d’une famille finie H,, . . . . H,, de
On vérifie que les groupes C?(G) peu- sous-groupes distincts de G si tout élément
vent être définis par les relations de récur- de H, commute avec tout élément de H,
rence : pour i #j et si tout élément u de G s’écrit
C’+‘(G) = (C’(G), G),
de tnanière unique comme un produit :
C(G) = D(G),
u=u,u~...u,, u,EH,;
et forment une suite décroissante de sous-
groupes (appelée série centrale descen- on dit que u, est le composant de IA dans H,.
dante). Un groupe G est alors nilpotent si Cela entraîne que les H, sont des sous-
et seulement s’il existe un entier Y tel que groupes distingués de G et que l’applica-
C”+‘(G) = {l}. tion :

(Ul>U 2, . ..> un) C+U,U2...ün

est un isomorphisme du groupe produit


4. Produits
Ht X X H,, sur le groupe G. Si
Soit n groupes G,, . . . . G,,. L’ensemble H,, H,, . . . . H,, sont des sous-groupes dis-
produit : tingués d’un groupe G tels que :

(H,Hî...Hi)nH,+,= 111, i= l,..., n - l ,


G = G, X G, X X G,

est un groupe, appelé groupe produit, pour on montre que l’ensemble H, H, H,, est
la loi de composition : un sous-groupe distingué de G qui est
produit direct de la famille considérée.
Un sous-groupe distingué H d’un
groupe G est dit facteur direct dans G s’il
si Ht, Hz, . . . . H,, sont des sous-groupes de existe un sous-groupe distingué K de G tel
G,, G?, _.., G,, respectivement, le groupe que G soit égal au produit direct de H et
produit : K ; remarquons que le groupe K est alors
isomorphe au groupe quotient G/H.
H, X H, X X H,
En notation additive, on parle de
est un sous-groupe de G, distingué si somme directe au lieu de produit direct.
chacun des H, l’est. Prenons en particulier Le produit direct permet de définir une
Hi=G, e t Hi= {l} p o u r j#i; l e nouvelle et importante classe de groupes
groupe produit est un sous-groupe distin- (cf. ci-après les parties B - Groupes clas-
gué de G isomorphe à G, et nous identi- siques et géométrie et E - Groupes de
fierons ces deux groupes. Remarquons Lie). Un groupe G est dit semi-sinzph s’il
que, en effectuant cette identification, tout est produit direct d’un nombre fini de
élément de G, commute avec tout élément sous-groupes simples (c’est-à-dire dont les
de G, pour i # j. seuls sous-groupes distingués sont tri-

527
GROUPES

viaux). On montre que le nombre de ces ment que HK est un groupe isomorphe au
sous-groupes, appelé la longueur de G, est produit semi-direct de H par K relative-
le même pour toutes les expressions de G ment à T ; en effet, pour x, x’ E H et y,
comme produit direct de sous-groupes y’ E K, on a :
simples. Si G est produit direct d’une xyx'y' = xx'(x'-'yx')y' = xx'T,.(y)y';
famille finie (H,), i E 1, de sous-groupes
simples, tout sous-groupe distingué K le groupe quotient HK/K est isomorphe
est isomorphe au produit direct d’une à H.
sous-famille (H,), j E J, J C 1 ; en particu-
lier tout sous-groupe distingué est semi-
simple, de longueur inférieure ou égale à 5. Groupes de transformations
celle de G (avec égalité des longueurs si et
seulement si K = G). Il en est de même Si E est un ensemble, nous avons déjà
des groupes quotients d’un groupe semi- indiqué que les bijections de E sur lui-
simple. même forment un groupe C (E) pour
On va maintenant généraliser la notion la composition des applications, le
de produit direct. Soit H et K deux groupe symétrique de E. Si E est muni
groupes, et soit donné, pour tout x E H, d’une structure, les bijections qui conser-
.y - T, un morphisme de H dans le groupe vent cette structure forment un sous-
Aut (K) des automorphismes de K. On groupe de C(E), le groupe des automor-
appelle produit semi-direct de H pur K phismes de E pour la structure considérée.
rebtifà T l’ensemble H X K, muni de la C’est ainsi qu’on a introduit ci-dessus le
loi de composition : groupe Aut des automorphismes d’un
groupe G ; si V est un espace vectoriel, on
(X,Y)(X’,Y’) = W’3 ~J.YIY’)>
obtient le groupe linéaire de V, noté
qui est un groupe ; on notera H XT K ce GL(V), formé des bijections linéaires de V
produit semi-direct. Si T&) = y pour tout sur V.
x E H, on retrouve le produit direct défini On dit qu’un groupe G opère sur un
ci-dessus. On vérifie que les éléments de la ensemble E si E est muni d’une loi externe
forme (x, l), x E H, forment un sous- dont le domaine d’opérateurs est G :
groupe de G isomorphe à H et que les
@,x)-g&
éléments de la forme (1, ,v), y E K, forment
un sous-groupe distingué de G isomorphe de telle sorte que g(hx) = (gh)x et 1 x = x
à K. Réciproquement, soit G un groupe, H pour g, h E G et x E E. Cela entraîne que,
un sous-groupe de G et K un sous-groupe pour g E G, l’application p(g) : E -+ E qui
distingué de G tel que H f’ K = {l}. à x fait correspondre g-x est une bijection
Cela a pour conséquence que xy = s’y’, de E sur lui-même (dont la bijection
pour ,Y, x’E H et y, y’E K. entraîne réciproque est p(g ‘)) ; la condition d’asso-
x = x’ et y =y’ (car on a alors x’-‘.x = ciativité s’écrit p(gh) = p(g) o p(h) et
~“y-’ E H f-’ K, d’où x’~ ’ x = y’+ = 1). exprime donc que p est un morphisme de
Puisque K est distingué, pour tout x E H, G dans le groupe symétrique C(E). On
l’automorphisme intérieur défini par x-’ appelle un tel morphisme une représenttr-
induit un automorphisme de K que nous tion du groupe G dans le groupe Z(E) ; si
désignerons par T,. On voit alors facile- p est un isomorphisme de G sur son image,

528
GROUPES

on dit qu’on a réalisé le groupe G comme l’application qui à la classe à gauche de .Y


groupe de transformations de E. Remar- fait correspondre la classe à gauche de g,v
quons qu’on peut toujours réaliser un est une bijection de G/H sur lui-même et
groupe comme groupe de transformations que l’on fait ainsi opérer G transitivement
de l’ensemble qui lui est sous-jacent en sur l’ensemble G/H, ce qui munit cet
identifiant tout élément g E G a la trans- ensemble d’une structure d’espace homo-
lation à gauche h - gh. Dans ce qui suit, gène. Réciproquement, si E est un ensem-
nous considérerons un groupe G qui opère ble sur lequel opère transitivement un
sur un ensemble E. groupe G, soit a un élément de E et
Pour x E E, on appelle orbite de s désignons par H, le sous-groupe des élé-
l’ensemble des éléments gx pour g E G ; ments de G laissant a invariant, c’est-à-dire
remarquons que les orbites de deux élé- tels que ga = a ; on vérifie facilement que
ments sont toujours disjointes ou confon- l’espace homogène E est isomorphe (en
dues, car la relation .Y - ,t’, s’il existe g E G tant qu’espace homogène) à l’espace
tel que y = gs, est une relation d’équiva- homogène G/H, des classes à gauche de G
lence sur E. On appelle &ssrs dlntrunsi- suivant le sous-groupe H,,.
hité les classes pour cette relation d’équi-
JEAN-LUC VERLEY
valence, c’est-à-dire les orbites disjointes.
Le groupe est dit ~vunsitif s’il n’existe
qu’une seule classe d’intransitivité (E tout Bibliographie
entier). Cela signifie que, si x et y sont deux J. CALAIS , É/&ents de théorie drs gtqws. P.U.F..
Paris, 1984 / M. KARGAPOLOV & J. MERZLJAKOV.
éléments quelconques de E, il existe au Éléments de théorie des grouprs, Mir, Moscou,
moins un élément g E G tel que ?/ = g.x ; 1985 / A. G. RUROSH, Tlwury, 2 vol., Chelsea Pub]..
si cet élément g est de plus toujours unique, New York, 1979 / E. SCHENKMAN, Gro~q Theory.
le groupe est dit sitwphwnt transitif. Plus repr. of 1965, Krieger Pub]., Melbourne (Fla.),
1975 1 W. R. S~on-, Grou~ Throry, repr. of 1964.
généralement, on dit que le groupe G est Dover Publ, New York, 1987.
n-&Y tr.ansit$’ si E contient au moins y1
éléments et si, étant donné deux systèmes
quelconques x,, .._, ,Y,, et y,, . . . . J’,~ de n B. Groupes classiques et géométrie
éléments de E, il existe au moins un
élément g E G tel que y, = g’u, pour Jusque vers 1800, la géométrie dite N élé-
i = 1, 2, . . . . n. On verra de nombreux mentaire » est restée à peu de chose près
exemples de ces situations dans les articles ce qu’elle était dans I’Antiquité, tant dans
sur les groupes classiques et sur les groupes sa substance que dans ses méthodes
finis. (l’invention de la (( géométrie analytique »
On appelle enfin cspncc irorrwgène un ayant à peu près exclusivement servi à
ensemble E muni d’un groupe transitif prolonger le champ d’action de la géomé-
d’opérateurs. Voici, pour terminer, un trie classique dans les directions de la
exemple important de cette situation, géométrie algébrique et de la géométrie
auquel on peut toujours se ramener par un différentielle). Mais, même dans les expo-
isomorphisme. Soit G un groupe et H un sés d’Euclide et de ses continuateurs, bien
sous-groupe quelconque de G ; désignons que l’intérêt se concentre sur les propriétés
par G/H l’ensemble des classes à gauche des figures (( classiques )) (triangle, rectan-
suivant H. Il est clair que, pour g E G, gle, parallélogramme, cercle, coniques,

529
GROUPES

etc.), les isométries (transformations de même, un espace dans lequel un groupe G


l’espace ou du plan conservant les distan- opère transitivement), un principe fécond
ces) jouent un rôle essentiel, non toujours est d’en ramener l’étude à celle du groupe
explicité ; le fait qu’elles forment un G lui-même.
groupe était implicitement utilisé bien Les groupes envisagés par Klein et cer-
avant que la notion abstraite de groupe ne taines de leurs généralisations sont connus
se fût dégagée. À partir de 1800 environ. sous le nom de <( groupes classiques » ; en
avec le développement de la géométrie tant que groupes de Lie, ils correspondent
projective, on commence a distinguer, aux algèbres de Lie simples « classiques »
parmi les notions géométriques invariantes (cf. la partie E ci-après-Groupes de Lie) et,
par isométrie, celles qui sont de nature de ce fait, la théorie des représentations
(( descriptive )) de celles que l’on qualifie de linéaires (de dimension finie) et des invu-
« métriques )), les premières restant inva- riants de ces groupes peut être regardée
riantes par des transformations plus géné- comme entièrement connue (ibid.) ; ce qui,
rules, à savoir celles qui transforment en un certain sens, permet de considérer les
linéairement les coordonnées cartésien- « géométries )) correspondantes comme
nes ; par exemple, dans le plan, au point essentiellement achevées et ne présentant
(,Y, y) correspond le point (x’, y’) tel que : plus aucun problème digne de recherches
mathématiques sérieuses.
x’=ux+bx+c, y’=a’x+b’y+c’.
Nous allons parler d’abord en détail des
C’est ainsi que, par une telle transfor- deux groupes les plus liés à la géométrie
mation, une médiane d’un triangle se classique, le groupe linéaire général et le
transforme en une médiane du triangle groupe orthogonal ; mais nous nous place-
image : la notion de médiane est ((des- rons d’emblée dans la géométrie à n
criptive )) ; au contraire, une hauteur d’un dimensions (n arbitraire 2 2). NOUS SU~-
triangle n’a pas cette propriété : la notion posons connus du lecteur les notions et
de hauteur est (( métrique )). Avec Félix résultats fondamentaux de l’algèbre
Klein et son ((programme d’Erlangen )) linéaire et multilinéaire, exprimés dans le
(1872), cette distinction s’est précisée, et le langage géométrique des espaces vecto-
concept même de (( géométrie )) a reçu une riels ou projectifs ; il pourra voir combien
définition générale, englobant la géométrie l’algèbre linéaire facilite, dans ces groupes,
classique (dite aussi u euclidienne »), la la solution de problèmes qui présentent de
géométrie projective, la géométrie grandes difficultés dans des groupes quel-
conforme, les géométries (< non euclidien- conques.
nes )>, etc. : une géométrie est l’étude des
notions et des propriétés qui restent inva-
riantes par un groupe donné de transfor- 1. Le groupe linéaire général
mations. De ce fait, la « géométrie )), après
Klein, est devenue essentiellement l’étude Soit E un espace vectoriel de dimension n
de ces groupes, les propriétés des <( figu- sur le corps R des nombres réels ; on
res )) classiques passant au second plan ; appelle groupe linéaire général de E et on
plus généralement, dans toutes les parties note GL(E) le groupe de tous les auto-
des mathématiques où intervient un espace morphismes de l’espace vectoriel E (ou
honzogkne G/H (ou, ce qui revient au transformations linéaires de E en lui-

530
GROUPES

même) ; il est isomorphe au groupe GL(n,


R) des matrices inversibles d’ordre n sur R.
L’application u - det(u), où det(u) dési-
gne le déterminant de u, est un homomor-
phisme de GL(E) sur le groupe multipli-
catif R * des nombres réels # 0 ; le noyau 0
\
SL(E), ou SL(n, R), de cet homomor- \
\
phisme est appelé groupe unimodulaire ou t
groupe linéaire spécial.

Générateurs 7

On caractérise aisément les involutions de


GL(E), transformations u telles que u*
= 1 ou u-’ = 24. Comme on peut écrire : i
(fig. 1). On a det(u) = A ; pour A = ~ 1,
on obtient les réflexions d’hyperplan H.
on voit que E est somme directe de deux b) les transvections, de la forme :
sous-espaces Vt, V dans lesquels on a u(x) = x +f(x)a,
respectivement u(x) = x et u(x) = - x
ou a E H ; dans l’hyperplan affine H,
(ce sont donc les sous-espaces propres
de u pour les valeurs propres 1 et ~ 1) ; on parallèle à H, d’équation ,f(.~) = 1, u est
la translation z - z + a (fig. 2).
a:

d&(u) = ( - I)*mV-, fig. 2

où dim V est la dimension de l’espace


vectoriel V. Si V = {O}, u est l’identité ;
si V+ = {O}, u est la symétrie .Y - ~ .Y.
Lorsque V+ est un hyperplan H, on dit que
u est une réjexion d’hyperplan H.
Si H est un hyperplan d’équation
f(s) = 0 cf forme linéaire), les transfor-
mations de GL(E) qui laissent invariants
tous les points de H sont de deux
sortes :
a) les dikatations : une telle transforma-
tion u est définie par une droite D sup On dit que u est une transvection
plémentaire de H et par un nombre h # d’hyperplan H et de droite D = Ra ; on
1 tels que u(s) = Ax dans D, d’où : a det(u) = 1. Les transvections forment
un système générateur de SL(E) ; les
u(x) =P@I + G--p(x));
dilatations et les transvections engendrent
pour .Y quelconque dans E, p(x) étant la GL(E). Toute transvection est produit de
projection de x sur H parallèlement à D deux réflexions.

531
GROUPES

Centralisateurs que u(D,) = D’, pour 1 < i < n + 1, et u


Soit Z = Z(E) le groupe des homothéties est déterminé à un facteur h, près.
h, : .y - Ax de rapport A # 0, qui est Deux réflexions quelconques sont
isomorphe a R *. Une homothétie peut conjuguées dans GL( E) ; ii en est de même
être caractérisée comme une transforma- de deux transvections # 1. Si n 2 3, deux
tion de GL(E) laissant invariante (gioba- transvections # 1 sont conjuguées dans
lement) toute droite de E. SL(E) ; au contraire, si n = 2, il y a deux
Pour tout hyperplan H de E, les trans- classes de transvections conjuguées dans
vections d’hyperplan H forment un groupe SL(E) : si t est une transvection # 1, t et
commutatif O(E, H) isomorphe au groupe tk sont conjuguées dans SL(E) pour k > 0
additif H ; son centralisateur dans GL(E) mais non pour k < 0.
En tout cas, comme :
est le groupe ZO(E, H). Une transvection
# 1 et une dilatation ne sont jamais t = t*t-’ = (SWl)fF’,
permutables ; le centralisateur dans GL(E)
pour un s E SL(E), toute transvection est
du sous-groupe T(E, H) laissant invariants
un commutateur de deux éléments de
tous les points de H est donc réduit à Z ;
SL(E) et, par suite, SL(E) est égal à son
en particulier Z est le centre de GL(E), et
groupe des commutateurs, qui est aussi le
Z n SL(E) le centre de SL(E) (isomorphe
groupe des commutateurs de GL(E).
au sous-groupe de h E R tels que A” = 1,
donc réduit à l’élément neutre, si n est
impair, et formé de l’identité et de la Simplicité du groupe
symétrie s - -x, si n est pair). WMZ n W))
Les transvections de droite donnée D
On va voir que tout sous-groupe distingué
(et d’hyperplan variable contenant D)
N de SL(E) est soit contenu dans le centre
forment un groupe commutatif 0’ (E, D) ;
Z n SL(E), soit égal à SL(E). Supposons
le centralisateur de ce sous-groupe dans
GL(E) est ZO’(E, D). donc N dr Z.
a) N opère transitivement sur les droi-
tes de E. En effet, si u E N n’est pas dans
Propriétés de transitivité Z, il existe au moins une droite D telle que
et de conjugaison u(D) # D ; pour toute autre droite D’, il
Le groupe SL(E), et a fortiori GL(E), y a un v E SL(E) tel que v(D) = D’, donc
opère de façon doublement trunsitive sur ~I>~~(D’) # 1~~I(D’) ou WV I(D’) # D’, et
les droites de E ; si (D,, Dz) et (D’,, D’J on a VU~~ EN ; donc, pour toute droite D,
sont deux couples de droites distinctes, deE,ilyaunu,ENtelqueu,(D,)#D,.
il existe au moins une transformation Soit D? une droite distincte de D, et
u E SL(E) telle que u(D,) = D’,, montrons qu’il existe u E N tel que u(D,)
u(DJ = D’? ; si n = 2, GL(E) opère de = Dz. Comme SL(E) opère de façon
façon triplement transitive sur les droites de doublement transitive sur les droites de E,
E. En général, on appelle repèreprojectifde il existe v E SL(E) tel que I(D,) = D,,
E un système (DJ de n + 1 droites de E v(Dz) = u,(D,) ; alors v ‘u,v(D,) = D2 et
dont n quelconques ne sont pas dans un v-‘u,v E N.
même hyperplan ; pour deux repères pro- 6) Pour toute droite D de E, soit So
jectifs (D,) et (D’,), il existe u E GL(E) tel l’ensemble des v E SL(E) tels que

532
GROUPES

v(D) = D ; alors SL(E) = N. S, ; en effet, de E X E dans R, qui est en outre


pour tout u E SL(E), il existe I’ E N tel que supposée s1wétrique, c’est-à-dire que :
u(D) = v(D), donc )>PI 24 E SD.
b Iv) = o>lx),
c) So contient le groupe commutatif
O’(E, D), qui est évidemment distingué et positive non dégénérée, c’est-à-dire que :
dans S,, et on a vu (cf. Générateurs, supra)
(4x) > 0
que les conjugués dans SL(E) du groupe
O’(E, D) engendrent SL(E). Tout r E pour Y # 0 dans E. La donnée d’une telle
SL(E) peut donc s’écrire : application définit dans E une notion

n s,t,s;’ d’orthogonalité : x, J’ dans E sont dits


orthogonaux si l’on a (xl y) = 0 (relation
sy&trique en x et y). On dit que deux
avec ti E O’(E,D) ; puis on peut écrire sous-espaces vectoriels V, W de E sont
si = 11,v~ avec u, E N et ri E So, en vertu orthogonaux si tout vecteur de V est
du chapitre 2 ; puisque O’(E, D) est orthogonal a tout vecteur de W ; pour un
distingué dans So, on a : sous-espace vectoriel V donné, l’ensemble
s,t,s;’ = UJ’,U~‘, des vecteurs orthogonaux à tous les vec-
teurs de V est le plus grand sous-espace
avec t’,E O’(E,D). Mais, comme N est vectoriel orthogonal a V ; on l’appelle
distingué dans SL(E), un produit d’élé- l’orthogonal de V et on le note VI. On a les
ments de O’(E, D) et d’éléments de N relations :
(dans n’importe quel ordre) peut toujours
vnvl= col,
s’écrire ut avec u EN et tE O’(E, D).
V + V’ = E,
Considérons alors deux éléments r, = dim V + dim VI = dim E,
u, t,, vI = u2 t, de SL(E), avec u,, u2 dans (V+W)‘=Vlnwl,
N et t,, t2 dans O’(E, D) ; on a donc : (VnW)L=V~+WL,
Y,Y2v~lY;1 (Vi)l = v.
ZZZ u,(t,u*t~~)t,t,t~‘t~‘(t*u~~t~~)u~~
L’exemple classique de produit scalaire
= u,(r,uztÏ’N,u, -‘t2’)u,’ E N , dans R” est :
en vertu de la conmutativité du groupe
O’(E, D). Mais on a vu plus haut (Proprié- cIY)= p,o,;
tés de transitivité et de conjugaison) que ,=1
SL(E) est égal à son groupe des commu- inversement, pour tout produit scalaire
tateurs ; donc N = SL(E). (-u~J) sur E, il existe une base dite ortho-
normale (ri) de E telle que :

@le,) = 0 sii#j,
2. Le groupe orthogonal (eiler) = 1 pour tout i.

Un espace vectoriel E muni d’un pro-


On suppose donné sur E LUI produit
duit scalaire est ce qu’on appelle un espace
scalaire : c’est une application hilinéaire :
euclidien ; sur un même espace vectoriel E,
il y a une infinité de produits scalaires non

533
GROUPES

proportionnels, donnant une infinité de Pour une transformation orthogonale


structures d’espace euclidien pour lesquel- de matrice U, on a, d’après la formule (1)
les les notions d’orthogonalité sont distinc- (det U)2 = 1 ; le sous-groupe O+(E), ou
tes ; toutefois tous ces espaces sont iso- SO(E), des transformations orthogonales
morphes, en vertu de l’existence des bases de déterminant 1 (aussi appelées rotations)
orthonormales. On suppose dans ce qui est d’indice 2 dans O(E). Les similitudes
suit que le produit scalaire est J;xé, et on appartenant au sous-groupe :
pose I/x ] =(x 1X)I/~ (longueur du vecteur GO+(E) = O+(E) X Z+(E)
4.
On appelle similitude de E une trans- sont dites directes, les autres inverses.
formation linéaire u E GL(E) telle que : Lorsque E = R”, on suppose toujours
que R” est muni du produit scalaire
(u(x)luotN = WY), classique, et on écrit O(n,-R) [resp. O+(n,
R) ou So(n, R)] au lieu de O(R”) [resp.
quels que soient x, y dans E, où u = p(u) est
O+(R”)] et on l’identifie avec le groupe des
une constante # 0 dite multiplicateur de u ;
matrices orthogonales (i.e. telles que
on a nécessairement p > 0 comme on le
IU = U-t). Si E est de dimension II, le
voit en faisant y =x # 0. Si Uest la matrice
groupe O(E) est isomorphe à O(n, R).
de u rapporté à une base orthonormale, il
revient au même de dire que :
Générateurs du groupe orthogonal
(1) ‘U = pu-‘. Les involutions u de GL(E) qui appartien-
nent à O(E) sont celles pour lesquelles les
Les similitudes forment un sous-groupe
sous-espèces propres V+ et V- (cf. Géné-
GO(E) C GL(E), et u - p(u) est un
rateurs, in chap. 1) sont orthogonaux : on
homomorphisme de ce groupe sur le
dit encore qu’une telle involution est une
groupe multiplicatif RT des nombres
symbtrie orthogonale par rapport à V+.
réels > 0 ; son noyau O(E) est appelé le Lorsque V+ est un hyperplan H, on dit
groupe orthogonal de E (pour le produit
encore rbjexion orthogonale de droite
scalaire considéré) ; c’est donc le sous- V = HI. Si dim E = n, toute transfor-
groupe de GL(E) formé des u tels que : mation orthogonale est produit de n
(~(X)lUtiN = W); réflexions orthogonales au plus. Lorsque
V+ est de dimension n - 2, on dit que
on peut montrer que c’est aussi le groupe I’involution est un renversement d’axe V ;
de toutes les applications non supposées pour n > 3, toute rotation est produit de
linéaires a priori - telles que U(O) = 0, n renversements au plus. Tout renverse-
/ u(x) / = 11.Y / pour tout x E E. ment est un commututeur de O+(E) si
Toute homothétie h, est une similitude n > 3 : en effet, soit (e,, ez) une base
de multiplicateur A2 ; toute similitude de orthonormale de V, et posons
multiplicateur p s’écrit d’une seule V+ = Re,O W, où W est orthogonal à
manière 12, e v, où A = Vjj et v E O(E) ; ,
e3 ; on peut ecrire u = r,rl, où v, (resp. vJ
GO(E) est produit direct du groupe O(E) est le renversement d’axe Re, 0 Re, (resp.
et du groupe multiplicatif Z+(E) des Re, 0 Re,) ; comme r2 est conjugué de ~1
homothéties de rapport > 0, isomorphe à dans O+ (E) [cf. infra, Propriétés de tran-
RT. sitivité et de conjugaison] et comme vt =

534
GROUPES

v -1, on a u = v~\JI~,,~’ pour un s E O’(E). M,(R) ; il s’identifie au corps C des


On en conclut que O+(E) est son propre nombres complexes en identifiant la
groupe des commutateurs et le groupe des matrice :
commutateurs de O(E).
Le centre Z, de O(E) est formé de
l’identité et de la symétrie x - ~ x. Si n
est pair, Z, est aussi le centre de O+(E) ; au nombre complexe CI + pi, image du
sinon, le centre de O+(E) est réduit a vecteur de base e , par la similitude
l’identité et O(E) est le produit direct correspondante. Le groupe O+(R2) est
Z, X O+(E). alors identifié ainsi au groupe multipli-
catif U des nombres complexes de
Propriétés de transitivité module 1.
et de conjugaison On appelle groupe des angles un groupe
u isomorphe à O+(R’) (donc à U) mais
Pour que deux sous-espaces vectoriels V,,
noté additivement ; il n’y a, par suite, pas
V, de E soient transformés l’un de l’autre
de distinction essentielle à faire entre les
par une transformation orthogonale, il faut
notations d’angle et les notations de rota-
et il suffit qu’ils aient même dimension ; il
tion plane, bien qu’il soit commode de
existe alors une rotation u telle que
parler de la (( rotation d’angle 8 )) et de la
Vz = u(V,). Les symétries orthogonales
par rapport à V, et V, sont alors conju- noter :
guées. r(e) E 0+ (R*) = 0+ (2, R).

Puisque, par définition, r est un iso-


Le groupe 0(2, R) et les angles
morphisme de u sur 0+(2, R), on a :

Pour une matrice U d’ordre 2, le calcul r@ + 0’) = r(Eqr(W),


montre que la relation (1) équivaut à r(O) = 1 (matrice unité),
dire que U peut prendre l’une des deux r(-e) = (r(e))-1.
formes :
Par définition, les éléments c( et fi dans
r,r,=(z -t), ul=(; J, lamatrice:

avec o2 + 0’ f 0. r(e>=(~ -i)


Les matrices U, (resp. UJ sont celles
se notent cas 8 et sin 8 et s’appellent le
des similitudes directes (resp. inverses). On
cosinus et le sinus de l’angle 0 E u. Les
déduit de ces formules que le groupe
formules précédentes sur r se traduisent en
GO+(R’) des similitudes directes est com-
les formules dites « trigonométriques )) :
mututif donc aussi le groupe O+(R2) des
rotations ; GOt(R2) opère de façon sim- COS(8 + e’j = COS 8 COS 8’ - sin 8 sin EV,
pbment transitive dans R’ ~ {OI. On voit sin (0 + W) = sine COS 8’ + COS 8 sine’,
aussi que : COS0 = 1,
sino = 0,
GO+(R2)‘J {OI CM,@)
COS( - e) = COS 8,
est un sous-corps commutatif de l’anneau sin( - e) = - sin 8,

535
GROUPES

qui ne font donc que transcrire des pro- l’angle p tel que r(p) = e’ est appelé rudim
priétés du groupe 0+(2, R). et, si, pour un angle 8, on a r(e) = e”, on
Pour deux vecteurs .Y et J’ de R2 de dit (improprement) que test une (C mesure
même longueur //‘il/ = /IJ// # 0, il existe en radians >) de 0 (il y en a une infinité
une rotation u et une seule telle que différant de multiples entiers de 2rr;
~I(S) = J’ ; l’angle 8 de cette rotation est cf. EXPONENTIELLE ET LOGARITHME). On a
appelé l’angle cie J uwc .Y et noté (Fy). Si vu plus haut (Gbnéruteurs du groupe ortho-
les deux vecteurs sont unitaires, on a COS gonal) que toute rotation r(e) est produit
8 = (x 1J). de deux symétries orthogonales si, s2
Si .y, J‘, z sont trois vecteurs de même autour de deux droites D,, D2 ; si xi E D,
longueur dans R2, on a : eG?E Dz ont la même longueur et si
- - - (x,, x2) = o, on a 8 = 20. Notons enfin
(&Z) = (x3.v) + cv,z). que 0+(2, R) est le groupe des commu-
tateurs de 0(2, R).
Le groupe des angles II contient des
éléments d’or& fini : par exemple, l’angle
Structure
droit 6 qui correspond au nombre com-
des transformations orthogonales
plexe i E U ou à la matrice :
Pour toute transformation orthogonale
0 - 1 u E O(E), il y a une décomposition de E en
( 1 0;
1 sous-espaces deus ù deus orthogonuux V,
on a 4 6 = 0 (un angle de CC quatre droits )) W, P,, P, . . . . P,. stables par II et tels que :
est I’ungle ~LIT). Il n’est donc pas possible de a) la restriction de u à V est l’identité ;
définir sur 11 une relation d’ordre pour h) la restriction de u à W est la symétrie
laquelle les relations 8 > 0, 8’ > 0 entraî- x- ~ x;
neraient 8 + 8’ > 0, et il est absurde de c) chacun des P, est un plan (espace de
parler d’un angle (< plus petit qu’un autre H. dimension 2) et la restriction uj de u à P,
Il est tout aussi absurde de considérer un est une rotation distincte de l’identité et de
x - - .Y.
angle comme une G grandeur mesurable H,
Si U\ est une isométrie de P sur R2, il
puisqu’on sait que, pour de telles gran-
existe un angle 8, distinct de 0 et de 26 tel
deurs, il y a une relation d’ordre du type
que u,= U; ir(e,)U;, et 0, est déterminé
précédent. Par contre, une propriété fon-
<( au signe près )> indépendamment du
damentale du groupe U est l’existence d’un
choix de ‘1; ; les valeurs propres de u sont
Izon~omorphisnw continu <t, noté :
1 (de multiplicité dim V), ~ 1 (de multi-
t-e”, plicité dim W) et les r*q (ces dernières
peuvent être multiples si ej = * ek pour
du groupe additif R sur U, qui est auto-
matiquement dérivable et est le seul homo- .i # k).
On a det (u) = (- l)dim w ; par suite, si
morphisme continu tel que C$(O) = i. II est
u E O+(E) et si dim E est inzprrir (resp.
périodique et sa pius petite période posi-
u 4 O+(E) et dim E puir), W est néces-
tive est 2 rr (ce qui dé’nit le nombre 1~). Le
sairement de dimension paire (resp.
cosinus et le sinus d’un nombre rbel t se
impaire) ; donc V ne peut être réduit à 0,
d$înissent alors par :
en d’autres termes il existe au moins un
COS~ = Re(el’), sinr = Im(erf) ; vecteur ,Y # 0 invariant par 24.

536
GROUPES

Simplicité du groupe 0+(3, R) renversement d’axe Ru(x). Comme N est


distingué,
Montrons que tout sous-groupe distingué
v(uvu-l) = (WV-‘)u-’ E N,
N de 0+(3, R) non réduit à l’identité est
nécessairement égal à 0+(3, R). Suppo- et c’est le renversement d’axe orthogonal
sons donc qu’il existe u # 1, dans N, de au plan R.x 0 RU(X). On est ainsi ramené
sorte que (cf. supra, Structure des trans- au cas a.
formations orthogonales) il existe une c) 0 < COS 8 < 1. On voit aisément
droite D dont tous les points sont inva- qu’il existe un entier Iz > 0 tel que COS
riants par U, et la restriction de u au plan ne < 0 ; comme II”E N, il suffit d’appli-
P = D1 est une rotation d’angle 0 # 0 quer le cas b à u” et la démonstration est
(déterminé <( au signe près ~1). Distinguons achevée.
trois cas :
a) cas 8 = - 1 ou 8 = 26, autrement Les groupes O+(n, R) pour n 3 4
dit u est un renversement ; mais, comme N
est distingué, il contient tous les renverse- En utilisant la simplicité du groupe 0+(3,
ments (cf. supra, Propriétés de transitivité et R), on peut, par un raisonnement tout aussi
de conjugaison, in chap. 2), et donc il est élémentaire mais assez long, prouver que :
égal à 0+(3, R) (cf. supra, Générateurs du
O+(n,R)/(Z,fTO+(n,R))
groupe orthogonal).
h) COS 0 < 0. Soit e3 un vecteur de lon- est simple pour n > 5 ; cela entraîne que,
gueur 1 dans D, e, un vecteur de longueur si n > 5 est pair, il ne peut y avoir de
1 dans P et e, = u(e,) E P ; on a sous-groupe r de O+(n, R) tel que O+(n,
(e, ) ez) = COS 8 < 0. Considérons un vec- R) soit produit semi-direct de Z, et de r,
teur x = Ae, + e , ; on a U(X) = he, + e2, car r serait d’indice 2, donc distingué. Par
donc (xi u(x)) = A2 + COS 8, et, en pre- contre, le groupe 0+(4, R) a une structure
nant A = (-COS e)‘/2, on obtient un vec- tout à fait exceptionnelle, liée à l’existence
teur tel que (x 1u(x)) = 0 (fig. 3). Soit alors du corps des quaternions H (cf. ANNEAUX ET
v le renversement d’axe Rx : ~VU-’ est le ALGÈ BRES, chap. 2). Identifiant H et R4 on
montre en effet que toute rotation de R4
peut s’écrire x-sxt, où s et t sont deux
quaternions tels que N(s)N(t ) = 1 ; en
outre, si sxt = s’xt’ pour tout x E H, on a
nécessairement s’ = As, t’ = A- ‘t pour un
h E R. On en déduit que le groupe
0+(4, R)/Z, est isomorphe au produit de
deux groupes simples isomorphes à 0+(3,
R) ; mais Z, n’est pas facteur direct dans
0+(4, R).

Spineurs
L’algèbre des quaternions sur R se géné-
ralise de la façon suivante. Pour tout
entier n > 2, il existe une algèbre C,,

537
GROUPES

sur R, de dimension 2”, dite algèbre 3. Les groupes orthogonaux


rlr C7i&w d’indice n, qui est engendrée, des formes non positives
en tant qu’algèbre. par l’élément unité 1 et
II éléments e, (1 < ,j < n) identifiés à Dans le chapitre 2, on peut remplacer, au
la base canonique de R”, et qui sont départ, le produit scalaire par une forme
assujettis à vérifier les conditions suivan- bilinéaire symétrique non dégénérée y~/-
tes : conque @(,Y, J3 ; pour une telle forme, il
e,e, = -e,e,, si i#j, existe toujours au moins une base (dite
e; = - 1, pour tout i. adaptée à @) telle que :

On montre que les 2” produits : @(ei, e,) = 0 pour i # j,


Q(ei,ei)= 1 pour1 6 i <p,
@(e,,e,)=-1 pourp+l<i(n=dimE,
(où 0 < 11 < 12, i, < i2 < < iJ forment
et le nombre p est le même pour toutes les
une base sur R de l’espace vectoriel C,,.
bases adaptées (« loi d’inertie ») ; on dit
Ceux de ces éléments pour lesquels p est
que (p, n -p) est la signature de @ ; un
pair forment une sous-algèbre C$de C,, de
produit scalaire est donc une forme de
rang 1qn ’ sur R. Pour deux vecteurs a et
signature (n, 0).
.Y de R”CC ,I) on a ax + xa = - (s /a)
La différence fondamentale entre le
dans C,,, donc - 2(a 1a) = a? et finale-
cas 1 < p < n et les cas p = n et p = 0
ment, si a f 0,
réside dans l’existence de vecteurs x # 0
axa-1 =-x + 2(Xoa;
tels que @(x, .Y) = 0, dits vecteurs isotropes
(ala) (leur ensemble est appelé cône isotrope
ce qui prouve l’application de E). Plus généralement, il y a des
que
.X - - a.xa-’ de R” dans lui-même n’est sous-espaces V # {O} tels que la restric-
autre que la rklfexion orthogonale s, de tion de @ à V soit identiquement nullr ;
droite Ra (cf. supra, G&érateurs du groupe o n d i t q u e c e s e s p a c e s s o n t totule-
orthogonal). ment isotropes et leur dimension maximale
Le groupe mdtiplicatif engendré dans est :
Cz par les produits ab, où a et h varient
y = sup @, n -PI,
dans R” ~ {O} et sont de longueur 1, est
noté Spin(n) ; on montre qu’il existe un appelée indice de Witt de Q. On définit
homomorphisme surjectif et un seul o : comme dans le chapitre 2 les notions de
Spin(n) + O+(n, R) tel que o,, = s,r,, ; le vecteurs orthogonaux (pour a) et de sous-
noyau de cet homomorphisme est formé espaces orthogonaux ; on a encore entre V
de l’identité et de - 1, mais Spin(n) n’est et son orthogonal V1 les mêmes rela-
pas produit semi-direct de ce sous-groupe tions, sauf les relations (équivalentes)
et d’un groupe isomorphe à O+(n, R). VfIV’= {O} e t VfVl=E; s i
Lorsque l’on considère Ci comme un V n V’ # {O}, on dit que V est un sous-
espace vectoriel sur lequel Spin(n) opère espace isotrope. Dire que V C V1 signifie
par multiplication à gauche, les éléments que V est totalement isotrope ; pour tout
de Cn sont appelés spineurs (cf. la partie E sous-espace V, V n V1 est totalement iso-
ci-dessous Groupes de Lie). trope et c’est, en fait, le plus grand

538
GROUPES

sous-espace totalement isotrope contenu tude relative à + est caractérisée par la


dans V ou VI. relation :
Ces notions d’« orthogonalité )) relati-
tU.D.U=pD,
ves à @ ont une traduction plus familière où :
(tout au moins pour n = 4) en géométrie D = diag (1, . . . . 1, - 1, . . . . - 1) ;
projective : si P(E) est l’espace projectif P “-P
(de dimension TI - 1) associé à E, l’image
Q dans P(E) du cône isotrope d’équation on a donc (det U)’ = un, et en particulier,
@(X,X) = 0 est appelée quadrique (ou det U = f 1 pour une transformation
hyperquudrique) projective non dégéné- orthogonale ; on définit comme dans le
rée ; si x et y sont deux vecteurs # 0 dans chapitre 2 le groupe des rotations O+(a) ;
E, orthogonaux pour <p, on dit que les sauf lorsque n est pair et p = n/2, on dit
images de RX et Ry sont des points de que le sous-groupe d’indice 2 dans GO(@),
P(E) conjugués par rapport à Q. Si D est GO+(+) = O+(Q) X Z+(E),
u n e d r o i t e d e E e t H = Dl l’hyper-
plan orthogonal pour @, on dit que le est formé de similitudes directes (les autres
étant dites inverses). Pour n = 2~7, le
point de P(E) correspondant à D est le
pôle de I’hyperplan projectif correspon- groupe GO+(@) des similitudes directes
est défini comme formé des similitudes u
dant à H et que ce dernier est l’h,vperplun
telles que det(u) = O$U))~; il contient le
polaire de ce point (par rapport à Q). Un
produit direct précédent, qui en est un
sous-espace isotrope de E a pour image
sous-groupe d’indice 2.
une variété projective tangente à Q et un
Le groupe O(a) relatif au cas n = 4,
sous-espace totalement isotrope a pour
p = 3 joue un rôle fondamental en relati-
image une variété projective contenue
vité restreinte et est connu sous le nom de
dans Q (de dimension projective v ~ 1 ;
groupe de Lorentz (le cône isotrope étant
pour n = 4, v = 2, ce sont les génératrice.~
alors souvent appelé <( cône de lumière ))).
de QI. Nous supposons dans tout ce qui suit
On définit les similitudes et les trunsfor- que 1 < p < n ~ 1 ; on peut d’ailleurs
mutions orthogonales relatives à @ en supposer p > n/2 pour l’étude de GO(@).
remplaçant, dans les définitions du chapi-
tre 2, le produit scalaire par @(x, y) ; on
Générateurs de O(Q)
note GO(@) [resp. O(Q)] le groupe des
similitudes [resp. le groupe orthogonal] Les involutions de O(Q) se caractérisent
relatif à @ ; on a GO(- @) = GO(@). La comme ci-dessus (cf. Générateurs du
loi d’inertie montre que le multiplicateur groupe orthogonal, in chap. 2) ; mais,
u(u) d’une similitude est nécessairement comme V+ et V- doivent être orthogonaux
> 0 sauf si n est pair etp = n/2 ; sauf dans et tels que V+ + V- = E, ce sont néces-
ce dernier cas, GO(@) est produit direct de sairement des espaces non isotropes. Si
O(a) et de Z+(E) ; si p = n/2, ce produit n = dim E, il est encore exact que toute
direct est un sous-groupe d’indice 2 (non transformation orthogonale est produit de
facteur direct) dans GO(@). n réflexions orthogonales au plus et que
Si on rapporte E à une base adé- toute rotation est produit d’un nombre fini
quate pour @, la matrice U d’une simili- de renversements. Le centre Z0 de 0(4>)

539
GROUPES

est le même que dans le cas euclidien, et on droites isotropes D,, Dz dans E ; une base
a Z, C O+(Q) si n est pair, O(a) = (CI,, u?) de E telle que ut E D,, u2 E Dz et
Z, X O+(Q) si n est impair. @(a,, CI,) = 1 est dite hnse isotrope de E.
Par rapport à une telle base, la matrice
Propriétés de transitivité d’une similitude a l’une des deux for-
Les propriétés de transitivité sont très mes :
différentes du cas euclidien. Pour un sous-
espace V de E, de dimension n7, on
considère le sous-espace totalement iso-
trope V f’ V’ de dimension r < m, puis un Les matrices U, (resp. U,) sont celles
supplémentaire W de V n V1 dans V ; la des similitudes directes (resp. inverses) ;
restriction de @ à W est non dégénérée, elles laissent invariantes chacune des droi-
soit (4, m ~ r - q) sa signature. On a ainsi tes isotropes (resp. les échangent). Le
attaché trois invariants numériques 111, r et groupe GO+(@) est donc encore cotwzw
q au sous-espace V ; étant donné deux tutif, mais isomorphe au produit
sous-espaces V,, V, de E, pour qu’il existe R * X R * ; il opère, dans ce cas,
une transformation orthogonale u telle que de façon simplement transitive dans
u(V,) = VI, il faut et il suffit que ces trois R’ - (D, U Dz), et le sous-anneau qu’il
entiers soient les mêmes pour V, et Vz. engendre dans M,(R) est isomorphe à
Lorsqu’il en est ainsi, il existe même une R X R. Le groupe O+(a) est formé des
rotation u telle que u(V,) = Vz, sauf dans matrices U, telles que Au = 1 et est
un cas, celui où n est pair, @ de signature isomorphe au groupe multiplicatif R * ;
(n/2, n/2) et où il s’agit de sous-espaces il contient donc un sous-groupe d’in-
totulement isotropes de dimension maxi- dite 2, O++(a), dit groupe des rota-
male n/2. En effet, il existe deus classes t i o n s orthochrones, correspondant aux
d’intransitivité n,, n2 de ces sous-espaces, matrices pour lesquelles A > 0 et isomor-
pour l’action du groupe O+(a) ; dans phe à RT!. On a par suite un isomorphisme
l’interprétation projective, ce sont les bicontinu :

t- c e* 0 1
variétés projectives de dimension n/2 - 1
contenues dans la quadrique Q de dimen-
0 e-I
sion II ~ 1 et pour 12 = 4, on retrouve les
deux systèmes de génératrices classiques. du groupe additif R sur le groupe
Si V, V’ sont deux sous-espaces totalement O++(a). Ce dernier opère de façon sim-
isotropes de dimension n/2, dim (V n V’) plement transitive dans chacun des quatre
a mL;me parité que ni2 si V et V’ appar- (( quadrants )) ouverts déterminés dans R’
tiennent à la même classe d’intransitivité par les droites D,, Dz. Si A et A’ sont deux
n, (i = 1, 2) une purité opposée à celle de demi-droites contenues dans l’un d’eux
17/2 dans le cas contraire. (par exemple celui défini par <, > 0.
iz > 0) la rotation orthochrone u telle que
Le groupe O(Q) pour n = 2 u(A) = A’ correspond à un nombre h > 0
tel que h-m? = (D,D,DD’), birupport de
Le seul cas a considérer est celui de la Dr, de Dz et des droites D, D’ contenant
signature (1, 1) : E, muni de a, est alors A, A’ ; on est donc conduit ici à appeler
appelé plun hyperbolique. Il y a deux (( angle hyperbolique )> (s, Y) d’un vecteur

540
GROUPES

x E A et d’un vecteur .Y’ E A’ le nombre On peut encore prouver que le groupe


réel : O++(+)/(Z, n O++(a)) est simple pour
n = 3 et n > 5 ainsi que pour n = 4 et
p = 1 ou p = 3 ; par contre, O++(*)/Z,
est produit direct de deux groupes simples
on a encore la relation : pour n = 4 et p = 2. Les méthodes sont
ici tout à fait différentes de celles qui sont
(x, “ ) = (xx, ‘) + (x2 “ )
employées dans le cas euclidien.
pour trois vecteurs du même quadrant. Si
on rapporte R2 à une base adaptée, la Géométries non euclidiennes
matrice correspondant au nombre t Soit @ une forme bilinéaire symétrique de
s’écrit : signature (n ~ 1, 1) sur E, et soit F la partie
de l’espace projectif P(E) correspondant
aux vecteurs x E E tels que @(x, x) < 0 ; il
résulte de la loi d’inertie que le groupe
et les traductions du fait que l’application O(a) opère transitivement sur F, et y
de R sur O++(a) définie ainsi est un définit donc une «géométrie » qu’on
homomorphisme donnent cette fois les appelle géométrie non euclidienne hyperbo-
formules de la « trigonométrie hyperboli- lique (en dimension n - 1) ; une variété
que k). linéaire non euclidienne de dimension
m < II ~ 1 est, par définition, l’intersec-
Les groupes O+(Q) pour n > 3 tion de F et d’une variété linéaire projec-
tive de dimension m qui rencontre F. Le
La description générale des rotations, en groupe O(a) opère alors encore transiti-
raison de l’existence des vecteurs isotro- vement sur les variétés linéaires non eucli-
pes, est ici beaucoup plus compliquée que diennes de dimension donnée m ; cela
celle donnée plus haut (cf. Structure des résulte des propriétés de transitivité (cf.
transformations orthogonales, in chap. 2) Propriétés de transitivitk, in chap. 3) et de
pour le cas euclidien, et nous ne I’indique- l’hypothèse p = II ~ 1 (la propriété analo-
rons pas. gue serait inexacte pour n? # 0 et pour
Le groupe des commutateurs de O(Q) m # n ~ 1 si l’on prenait n/2 < p < n ~
est ici un sous-groupe d’indice 2 de O+(Q), 2). La quadrique Q est qualifiée d’« ub-
qu’on appelle encore le groupe orthochrone SO/U )) de l’espace non euclidien F ; elle n’y
et qu’on note 0 ++(@) ; si l’on écrit : est évidemment pas contenue, mais donne
un moyen commode d’étudier les proprié-
XY
tés de l’espace non euclidien F. Par exem-
i Z T1
ple, comme deux plans de E peuvent
une matrice de O+(Q) par rapport à une rencontrer F et avoir une intersection qui
base adaptée, X étant d’ordre p, le groupe soit une droite Rx avec @(x, .Y) > 0,
O++(a) est formé des matrices pour l’existence d’une infinité de droites non
lesquelles det(X) > 0. On a Z,C O++(Q) euclidiennes passant par un point A, conte-
et sont pairs, nues dans le plan non euclidien déterminé
o+(*;= z, x o-Q&)si n est pair et p par A et une droite D, et ne rencontrantpas
impair. D (dans F) est immédiate. De même,

541
GROUPES

l’étude faite plus haut (cf. Le groupe O(a) modèle de Behrami par cette transforma-
pour II = 2, in chap. 3) conduit à définir la tion, on obtient le modéle de Klein-Poinc&
distunce non euclidienne de deux points A, de la géométrie non euclidienne hyperbo-
et A, de F comme suit. On considère les lique, où les « hyperplans non euclidiens ))
deux points 1 et 1’ où la droite non sont les traces sur B des sphères « ortho-
euclidienne A,A, rencontre Q, et on prend gonales )) à S (y compris les hyperplans
pour distance de A, et de A1 le nombre diamétraux de S) ; l’intérêt de ce modèle est
/ ln(Il’A,A,) 1, à un facteur près. Enfin, que l’angle de deux (( droites non euclidien-
soit D, et D2 deux droites non euclidiennes nes )) (c’est-à-dire dans le modèle, deux
passant par un même point A de F ; si L cercles (( orthogonaux )) à S) est l’angle
est la droite de E correspondant à A. D, euclidien des tangentes à ces deux cercles en
et DZ correspondent à deux plans P, et P, leur point commun. En transformant
de E contenant L ; par la loi d’inertie, la encore par une inversion de pôle situé sur
restriction de @ à I’hyperplan H orthogo- S, on obtient comme modèle le demi-espuce
nal à L est positive non dégénérée, autre- C!e Poincurk, ensemble des x E R”+i tels
ment dit H est un espace euclidien de que t,“+i > 0, où les hyperplans non eucli-
dimension n - 1 ; si X, et x2 sont deux diens sont les demi-sphères de centre dans
vecteurs de longueur 1 orthogonaux à L l’hyperplan H défini par &+, = 0 et les
dans P, et P, respectivement, l’angle (x,, hyperplans perpendiculaires à H.
.Y~) a donc un sens, et c’est par définition 11 y a une autre géométrie (( non eucli-
l’arzgk (non euclidien) des « vecteurs » dienne » classique, la gkométvie elliptique
AM; et Ez si M, et Mz correspondent à de Riemann-Klein ; ici, on prend pour +
Rs, et a Rx? dans P(E). une forme bilinéaire symétrique de signa-
L’espace non euclidien F défini ture (n, 0) (autrement dit, le produit sca-
ci-dessus est encore appelé modèle de laire euclidien dans E), et F = P(E), les
Co~leq’ de la géométrie non euclidienne variétés linéaires non euclidiennes étant ici
hyperbolique. Comme p = 1, F est en simplement les variétés linéaires projecti-
correspondance biunivoque canonique ves ; il n’y a donc pas ici de (( droites
avec la boule unité ouverte B de R”+i, à parallèles » non confondues et le groupe
tout point .Y E B correspondant l’image de la géométrie est O(n, R). La notion
dans F de la droite R(x + e,) de E = R” ; d’angle (non euclidien) se définit comme
en transportant le modèle de Cayley par dans la géométrie hyperbolique ; quant à la
cette correspondance, on obtient le mod>le distance non euclidienne de deux points A,
de Beltuumi, géométrie définie dans B, ou et A?, on la définit comme la « mesure )) en
l’« absolu )) est la sphère unité S définie par radians comprise entre 0 et 7r/2 de l’angle
Il.Y/ = 1. (euclidien) de deux vecteurs s, et ,Y?
L’application : correspondant respectivement à A, et à
A,.

est une bijection de la boule B sur elle- 4. Généralisations


même, qui transforme les hyperplans de
R”+i rencontrant B en les sphères « ortho- Les groupes GL(E) et SL(E) se définissent
gonales )) à la sphère S. En transformant le de la même manière lorsque E est un

542
GROUPES

espace vectoriel de dimension finie sur un faut remarquer d’abord qu’il y a toujours
corps commutatif K quelconque ; si ici des bases orthogonales (e,) de E pour la
n = dim E, on note aussi ces groupes forme @, c’est-àdire @(e,, e,) = 0 pour
GL(n, K) et SL(n, K). Tout ce qui a été vu i # j ; mais, si l’on pose *(ei, ei) = a,, il
dans le chapitre 1 pour le cas K = R n’est pas possible en général d’obtenir une
s’étend sans changement au cas général, base orthogonale pour laquelle ai = f 1
sauf en ce qui concerne la détermination pour tout i ; la notion de signature de @ n’a
des involutions lorsque K est de caracté- pas de sens lorsque K n’est pas un corps
ristique 2 et, en ce qui concerne les ordonné. Par contre, la définition des
propriétés de conjugaison, lorsque vecteurs et sous-espaces isotropes subsiste
dim E = 2. On peut toutefois montrer que sans modification ; on appelle encore
SL(E) est encore son propre groupe des indice de Witt de <p la dimension maximale
commutateurs sauf lorsque dim E = 2 et v des sous-espaces totalement isotropes, et
que K est un corps fini ayant deux ou trois on a 2 I, < n. Il faut noter que, lorsque K
éléments ; la démonstration de simplicité est algébriquement clos (par exemple
faite plus haut dans le chapitre 1 s’applique K = C), on a toujours v = [n/2], partie
alors sans modification et prouve que entière de 42 ; si K est fini, on a v = [n/2]
SL(E)/(Z f’ SL(E)) est un groupe simple, pour n impair, v = 42 ou 42 - 1 si n est
sauf dans les deux cas précédents. pair.
On peut étendre la définition de GL(E) Tout ce qui a été dit dans le chapitre 3
et de SL(E) au cas où E est un espace sur les involutions de O(a) subsiste sans
vectoriel (à gauche) de dimension finie sur changement dans le cas général. Les ques-
un corps K non commutatif, mais il faut tions de transitivité sont résolues par le
utiliser dans ce cas une autre définition du théorème de Witt : Soit deux sous-espaces
déterminant ; moyennant quoi, on peut vectoriels V, et V, de même dimension
encore prouver la simplicité du groupe dans E, pour qu’il existe une transforma-
SL(E)/(Z (7 SL(E)) ; le centre Z(E) de tion u E O(Q) telle que u(V,) = V,, il faut
GL(E) est ici formé des homothéties et il suffit que les restrictions de @ à Vi et
x - hx où A # 0 est dans le centre de K. à V, soient des formes équivalentes (dégé-
La définition de GL(E) est aussi valable nérées ou non). On peut encore alors
pour un module (à gauche) E sur un transformer Vi en V, par une rotation, sauf
anneau quelconque A ; mais, ici, la struc- dans le même cas d’exception que pour
ture de ce groupe dépend de façon essen- K = R (cf. Propriétés de transitivité, in
tielle de la structure de l’anneau A, et on chap. 3).
ne connaît de résultats satisfaisants que Le groupe O+(a) est encore commu-
dans un petit nombre de cas particuliers. tatif pour n = 2 ; il est formé des matrices :
La notion de groupe orthogonal O(Q)
se généralise aussi au cas où E est un
espace vectoriel de dimension finie sur un
corps commutatif K, que nous suppose-
rons en outre de caractéristique # 2 (la telles que a,c2 + ag2 = a, ; si - aJo,
caractéristique 2 introduit ici des phéno- n’est pas un carré dans K, ce groupe est
mènes spéciaux) ; @ est une forme bili- isomorphe au groupe multiplicatif des
néaire symétrique non dégénérée sur E. Il éléments de norme 1 dans l’extension

543
GROUPES

quadratique K(V- az/a,) de K ; sinon, il mais sur le corps Q des nombres rationnels ;
est isomorphe à K * X K *. les matrices U = (a,) ont donc leurs
Il n’y a rien d’analogue en général à la éléments rationnels, vérifiant en particulier
prétendue <( mesure » des angles ; autre- les équations :
ment dit, il n’existe pas en général d’homo-
a: + a: + a; = 1,
morphisme du groupe additif de K sur le
groupe des rotations O+(a). pour i = 1,2, 3. Or, pour toute solution de
Lorsque n > 3, il faut distinguer, dans l’équation :
l’étude de la structure du groupe O+(Q),
r; + 7; + r: = 1
le cas li > 1 et le cas v = 0.
Pour v 2 1 (autrement dit, lorsqu’il en nombres rationnels (supposés réduits
existe des vecteurs isotropes # 0), on en fractions irréductibles), le dénomina-
considère le groupe a(@) C Of(@) des teur de chaque r, y1 ‘rst pas divisible par 2.
commutateurs de O(a). Le quotient Supposons en effet le contraire : on voit
O+(@)/n(@) est isomorphe à K*/K*?, en alors aussitôt qu’on aurait une relation de
désignant par K*2 le groupe des carrés des la forme :
éléments # 0 de K ; si n est pair, le groupe
G(a) n Z, est égal à Z, si et seulement si m222k =p: +p: +p:,
le discriminant de @ est un carré dans K. ou k est un entier > 0, m un entier impair,
Lc groupe : p,, p2, p3 des entiers dont l’un au moins est
impair ; mais il est immédiat de vérifier
que, dans ces conditions, la somme
est simple pour II 2 5. Pour n = 3, a(@) pf +pi + p; n’est jamais multiple de 4,
est isomorphe à SL(E)/Z,, donc simple d’où notre assertion.
sauf si K a trois éléments ; pour n = 4 et Cela étant, pour tout entier r > 1, soit
v = 1, le discriminant A de <p ne peut être G, le sous-groupe de O(Q) formé des
un carré dans K ; a(@) est alors simple et matrices de la forme I + 2’V, où Vest une
isomorphe à SL(F), où F est un espace matrice à coefficients rationnels dont
vectoriel de dimension 2 sur K(V?%). les dénominateurs ne sont pas divisibles
Enfin, pour n = 4 et v = 2, le groupe : par 2. Pour toute matrice ci E O(a), on a
alors :

est isomorphe au produit : U(I + 2’ V) U-1 E G,

(WWZ,) X (SWVW, en vertu de ce qui précède. Par suite,


chaque G, est un sous-groupe distingut;
dont les facteurs sont simples si K # F,.
de O(Q) ; on montre qu’ils sont tous
Le cas v = 0 (absence de vecteurs différents et forment une suite descen-
isotropes # 0) est tout à fait différent, et dante :
la structure de O(a) cldpend essentielle-
ment du corps de base K. Prenons par O(@)>G1>Gz>...>G,3...

exemple n = 3 et. pour a. le produit Si K = Q, le phénomène precklent iic


scalaire usuel :
peut se produire que pour les dimensions
@(%Y) = Siril + 52% + Lb> 3 et 4 ; mais on peut, pour toute valeur de

544
GROUPES

II ,
donner des exemples de corps K et de distincte de l’identité, c’est-a-dire une bijec-
forme * pour lequel on a une suite infinie tion de K sur lui-même telle que :
décroissante de sous-groupes distingués de
t** = 5, (5 + QI’ = 5* + q*>
OC@). (ET))* = q*t*, 1* = 1 ;

soit E un espace vectoriel a gauche de


dimension finie sur K, et soit @ une forme
5. Groupes symplectiques hermitienne non dégénérée sur E (pour
et groupes unitaires l’involution donnée) ; le groupe U(a) des
u E GL(E) tels que :
Deux autres types de groupes « classi-
ques )) ont été étudiés depuis le milieu du
XIX’ siècle. Si E est un espace vectoriel pour X, y dans E est appelé le groupe
sur un corps (commutatif) K de dimen- unitaire relatif à a. Lorsque K est
sion finie n, une forme bilinéaire ulternée commutatif, les u E U(a) tels que
Q> sur E ne peut être non dégénérée que (det u)(det u)* = 1 forment un sous-
si n = 2 v est pair. Il existe alors une groupe distingué U+(a), ou SU(@), dit
base : groupe spécial unitaire.
Pour le groupe symplectique et pour le
Ce,), 1 Q i < 2v,
groupe unitaire, les définitions des vecteurs
de E (dite base symplectique) telle que : et des sous-espaces orthogonaux, des sous-
espaces totalement isotropes, des sous-
W,,e,+,) = 1,
espaces isotropes et de l’indice de Witt
pour 1 < i < v, et : sont les mêmes que dans le chapitre 4.
Pour le groupe symplectique, tout vecteur
w,, ej) = 0,
est isotrope et l’indice de Witt est n/2 ; les
pour tout autre couple d’indices, de sorte transvections (cf. Générateurs, in chap. 1)
que l’on a : appartenant à Sp(2 v, K) sont celles pour
lesquelles l’hyperplan H de la transvection
@(.&Y) = (s,rii+“-si+“ri,); (toujours isotrope) est orthogonal à la
c
r=, droite D de la transvection ; les transvec-
tions symplectiques engendrent Sp(2 v,
toutes les formes alternées non dégénérées
K), donc det(u) = 1 pour tout II E Sp(2 v,
sont équivalentes. On appelle groupe sym-
K). Le centre de Sp(2 v, K) est Z,. Pour
pktique (sur K) et on note Sp(2v, K) le
p premier, désignons par F, le corps fini
sous-groupe formé des u E GL(E) tels
des entiers relatifs modulo p. Le groupe
que :
Sp(2 v, K)/Z, est simple pour v > 1, sauf
V(x), u(Y)) = W,Y), lorsque v = 1 et K = Fz ou K = F,, et
lorsque v = 2 et K = F, ; dans ce dernier
pour .Y, y dans E.
cas, Sp(4, F2)/Z0 est isomorphe au groupe
Considérons maintenant un corps K
symétrique C,. Pour v = 1. Sp(2. K) =
(non nécessairement commutatif) muni
SL(2, K).
d’une involution :
Lorsque n = 4, les plans totalement
5 +-+ Y, isotropes de E correspondent, dans

545
GROUPES

l’espace projectif P(E), aux droites d’un C. Groupes finis


complexe linéaire, et le groupe Sp(4, K)/Z,
est le groupe qui laisse ce complexe inva- Née de l’étude des groupes de permuta-
riant, d’où son nom. tions des racines d’équations, la théorie des
Pour les groupes unitaires, on a v < groupes finis s’est développée indépen-
n/2, mais v peut prendre toutes les valeurs damment depuis le Traité des substitutions
entières remplissant cette condition. Pour et des équations algébriques (1870) de
v > 0, il existe dans U(G) des transvec- Camille Jordan. Après les travaux impor-
tions dont I’hyperplan H est nécessaire- tants de Burnside, de Frobenius et de leurs
ment isotrope et la droite D est orthogo- élèves vers le commencement du XX~ siècle,
nale a H. Ces transvections engendrent un cette théorie connut une période de déve-
sous-groupe distingué T(a) de U(a) dont loppement lent, faute de méthodes pour
le centre W(a) est égal a T(a) n Z(E) ; le résoudre les nombreux problèmes posés
groupe T(@)/W(@) est simple, sauf lorsque par ces pionniers. Les efforts de mathé-
K = F, et II = 2, ou lorsque K = F,, maticiens comme P. Hall et R. Brauer
n = 2 et n = 3 ; T(G), pour n = 2 et K pendant cette période ont engendré les
commutatif, s’identifie à SL(2, K,), nouvelles méthodes qui, après 1955, ont
amené une intense activité dans ce
où K, est le sous-corps des invariants de
domaine ; des progrès énormes ont été
l’involution de K. Lorsque K est commu-
accomplis, particulièrement dans la théo-
tatif, on a T(a) = Ut(@), sauf lorsque
rie des groupes simples et la théorie des
n = 3 et K = F,. Lorsque v > 2, ou
relations entre un groupe et ses sous-
lorsque n > 3 et que K est de rang fini
groupes. Mais beaucoup de questions sont
sur son centre, T(a) est le groupe des
restées longtemps ouvertes et sont l’objet
commutateurs de U(a) ; par contre,
d’une recherche acharnée.
pour n = 2, il y a des corps non commu-
tatifs de rang 4 sur leur centre tels que
T(G) ne soit pas le groupe des commuta-
1. Groupes de permutations
teurs de U(@), le quotient U(@)/T(@)
pouvant avoir des facteurs de composi-
Historiquement la théorie des groupes finis
tion simples (non commutatifs). Pour
commença avec l’étude des groupes symé-
v = 0, les mêmes phénomènes que
triques et de leurs sous-groupes, les grou-
pour les groupes orthogonaux peuvent se
pes de permutations. Soit E un ensemble
produire.
fini formé des n éléments e,, . . . . e,,, n > 1.
Une permutation K des éléments e,, . . . . e,
JEAN DIEUDONNÉ
(ou encore une permutation TT sur E) est
une application s - rr(x) de E dans E, telle
que chaque élément y de E soit l’image
Bibliographie y = TT(X) d’un élément unique x de E.
E. ARTIN, Geometric Algrhru, Wiley. New York, L’application r-r, envoyant chaque élé-
1 9 8 8 / R . DE H E U V E L S , Fornles quahztiques et ment y sur l’élément x tel que y = rr(x), est
giutipes <hiqires, P.U.F., 1981 i J. DIE~DG& Sui
Ifs groupes chsiques. Hermann, Paris, réimpr.
alors aussi une permutation sur E, qui
198 I ; Alg?hre linéuire et géométrie &nentaire, s’appelle l’inverse de x. Le produit Arp de
3’ éd., Hermann, Paris, 1968. deux permutations rr, p sur E est la

546
GROUPES

permutation de e ,, . . . . e,! définie par : rrp(x) définie par : rr(1) = 5, rr(2) = 6, rr(3) =
- rr(p(x)), pour tout x dans E. Avec ces 3, ~(4) = 2, rr(5) = 1, rr(6) = 4, a pour
définitions de l’inversion et de la multipli- tableau :
cation, l’ensemble des permutations sur E
2 - 6
forme un groupe fini C(E), le groupe lzQ5 Y/ 32
4
xyun&rique de E. Son élément neutre est la
permutation identité 1 = 1, sur E, qui
Il est évident que l’ensemble { 1, 2, . . . .
envoie chaque x = e,, __,, e,, sur lui-même :
6} se décompose en une réunion disjointe
l&) = x. des sous-ensembles { 1, 51, {2, 6,4} et {3},
Le groupe symétrique C(E) est déter-
sur lesquels rr opère comme les permuta-
miné à un isomorphisme près par le
tions cycliques (1, 5) (2, 6, 4) et (3). Ces
nombre n = 1 E 1d’éléments de E ; et on permutations cyhques sont les cycles de rr.
l’appelle souvent le groupe symétrique C,,
La longueur d’un cycle de r est le nombre
de degré n, sans spécifier l’ensemble E.
d’éléments dans le sous-ensemble corres-
L’ordre ( C,? / du groupe C,, c’est-a-dire le
pondant. Donc rr a des cycles de longueur
nombre de ses éléments, est n ! = 1.2... 2, 3 et 1. On écrit rr comme le produit
(n - I)x. (dans n’importe quel ordre) de ses cycles :
On peut représenter une permutation z
TT = (1, 5)(2, 6, 4) (3) = (4, 2. 6)(3)(1, 5)
de e,, .._. e,, graphiquement par un tableau
formé des éléments e,, _.., e,, et de flèches.
On a l’habitude de supprimer les cycles
Chaque flèche joint un élément x = et. . . . .
de longueur 1 quand l’ensemble E est
e,, à son image ,r = X(X). Par exemple, si
connu. On écrit ainsi (1, 5)(2, 6, 4) au lieu
rr est la permutation des éléments u, b, c,
de (1, 5)(2, 6, 4)(3) pour la permutation
d, définie par rr(a) = c, r(b) = a,
considérée précédemment. Cette notation
r(c) = d, -rr(d) = b, son tableau est :
est cohérente avec la notation adoptée
G-C pour la multiplication, car la permutation
I 1 (1, 5)(2, 6,4) = (1, 5)(2, 6,4)(3) est en fait
b - d
le produit des permutations (1, 5) = (1,
Une permutation comme celle-ci, dont W)(3)(4)(6) et (2, 6, 4) = (2, 6
le tableau a la forme d’une seule boucle, 4)(l)(3)(5).
s’appelle une permutation cyclique. Elle se Si les longueurs des cycles d’une per-
note en donnant les éléments dans leur mutation 7r sont I,, . . . . 1, alors la signclture
ordre cyclique rr = (LI, c, d, b). Dans cette sgn(rr) rie rr est le nombre :
écriture, o n p e u t commencer avec sgn(r) = (- l)(/L 4 +i,)+k,
(1)
n’importe quel élément et écrire rr sous les
formes équivalentes : donc la signature de (1. 5)(2, 6, 4) est
(- 1)“+3’+? = ~ ,
a=(a,c,d,b)=(c,d,b,a)
= (d, b, a, c) = (b, a, c, d).
Si cette signature est égale à 1, la
permutation R est chaire, si elle est égale à
Toute permutation sur E s’écrit ~ 1, elle est im7puire. La fonction sgn est
comme un produit de permutations cycli- une fonction multiplicative : sgn(rp)
ques sur certains sous-ensembles de E. - sgn(rr)sgn(p), pour toutes les permuta-
Ainsi, la permutation rr de 1, 2, . . . . 6 tions 7T et p. L’application rr - sgn(rr) est

547
GROUPES

donc un morphisme surjectif du groupe En k. Ces restrictions TI,, . . . . rA déterminent la


sur le groupe multiplicatif des nombres permutation TT. L’ensemble G, des restric-
f 1 (si II 2 2). Le noyau de ce morphisme, tions X, (à E,) des permutations r de G est
c’est-à-dire l’ensemble A,,, des permuta- un groupe transitif de permutations sur E,,
tions paires de Xn est alors un sous-groupe i= l,...,k;etl’application~-~,estun
distingué de &. C’est le groupe alter& de morphisme surjectif du groupe G sur G,.
degré n. Son ordre est 1A,, l= n !/2. On a donc analysé le groupe G en les
Les groupes C, et A, sont des exemples groupes transitifs G,, . . . . Gk au moyen des
de groupes de permutations. Un tel groupe morphismes r - r?
G sur un ensemble E est un sous-groupe La famille des groupes transitifs de
quelconque du groupe symétrique C(E). permutations est universelle, en ce sens que
Le degré, deg G, de G est alors le nombre chaque groupe fini H est isomorphe à un
/ E 1d’éléments dans E. Son ordre 1G 1est le groupe G de cette famille. En effet, chaque
nombre de ses éléments. élément o de H détermine une permuta-
À chaque élément .Y de E on associe son tion r, des éléments de H, définie par
stabilimteur G,, le sous-groupe de toutes K,(T) = (TT, pour tout T de H. L’applica-
les permutations TT dans G envoyant x sur tion o- r,, est un isomorphisme du
lui-même : 7r(x.) = X. groupe H sur un groupe transitif G de
Si, pour tout couple (.Y, y) d’éléments permutations sur H. Le groupe G ainsi
distincts de E, il existe au moins une obtenu a la propriété suivante : Si une
permutation x dans G telle que K(X) = y, permutation TC de G laisse invariant au
on dit que le groupe G est transit.$ Par moins un élément de l’ensemble sur lequel
exemple, le groupe alterné A,, est transitif G opère, alors z = 1. On appelle régulier
pour n > 3 : si x et y sont deux éléments tout groupe transitif de permutations
distincts de E, il existe un élément z de E, ayant cette propriété. Tout groupe régulier
distinct de .X et de y. La permutation (x, y, G de permutations s’obtient à partir d’un
z) est paire, d’après (1) et envoie x sur .Y. groupe abstrait H de la manière décrite
On a déja décomposé une permutation plus haut.
x sur un ensemble E en permutations Comme la famille des groupes transitifs
cycliques sur certains sous-ensembles dis- de permutations est universelle, il ne peut
joints de E. De manière analogue, on peut être question de les classer tous. On peut
décomposer un groupe G de permutations pourtant essayer de classer certaines sous-
sur E en groupes transitifs de permutations familles importantes de ces groupes. Une
sur certains sous-ensembles disjoints de E. de ces sous-familles est celle des groupes de
À tout élément x de E, on associe sa Frohenius. Un tel groupe G est un groupe
G-orbite G(s), qui est l’ensemble de toutes transitif, mais non régulier, de permuta-
les images TT(X) de .Y par les permutations tions sur un ensemble E, avec la propriété
TI de G. L’élément .Y = l(s) appartient à suivante : Si une permutation r dans G
son orbite G(X), et, pour tout élément J‘ E laisse invariants au moins deux éléments
G(x), on a G(V) = G(x). L’ensemble E est de E, alors TT = 1. Frobenius a montré (en
donc la réunion disjointe des G-orbites E,, 1901) qu’un groupe de Frobenius a tou-
. ..) E, de ses éléments. Si une permutation jours un unique sous-groupe régulier dis-
TC appartient à G, sa restriction rr, est une tingué K, appelé noyau de Frohenius de G,
permutation sur l’orbite E,, pour i = 1, . . . . telqueG=G,KetG,fIK={l}pour

548
GROUPES

tout stabilisateur G, d’un élément . Y dans 2 4, et A, pour n > 6. Ce sont les groupes
E. En 1936, Zassenhaus a donné une de Mathieu (1861 et 1873) M,,, M23, M,?,
classification complète des stabilisateurs M,,, dont les degrés et les ordres sont :
G, des groupes de Frobenius. Il n’y a pas deg (M14) = 24, avec 1 M?, ) =
de classification complète des noyaux K de 244 823 040 ; deg (Mz3) = 23. avec
Frobenius, mais Thompson (1959) a /MI31 = 1 0 2 0 0 9 6 0 ; d e g (M,J = 1 2 ,
démontré une conjecture de Frobenius : avec /M,,I = 95040; deg (M,,) = 11,
tous ces noyaux sont des groupes nilpo- avec / Mi, j = 7 920. Les groupes Mz4 et
tents. M,z sont même 5-fois transitifs, mais non
Une autre sous-famille est la famille des O-fois transitifs. On a de bonnes raisons de
groupes de Zussenl~aus. Un groupe de croire que tout groupe 6-fois transitif (ou
Zassenhaus G est un groupe transitif de plus) est C,, ou A,,, mais il n’y a aucune
permutations sur un ensemble E, tel que la démonstration de cette conjecture.
restriction d’un stabilisateur G, soit un
groupe de Frobenius sur l’ensemble formé
de E moins l’élément x. Pour éviter les cas 2. Groupes simples
triviaux, on suppose aussi qu’il n’y a pas de
sous-groupe régulier distingué dans G. Si H est un sous-groupe distingué d’un
Zassenhaus, Feit, Ito et Suzuki sont arrivés groupe fini G, le morphisme surjectif
a une classification complète des groupes naturel de G sur le groupe quotient G/H,
de Zassenhaus. Un tel groupe G est soit un ayant H pour noyau, nous donne une sorte
PSL(2, K) pour un corps fini K (cf. infra, d’analyse du groupe G en les deux groupes
chap. 2) ou une extension de ce groupe par HetG/H.LesdeuxcasH={l},etH=
un groupe d’ordre 2, soit un des groupes de G sont triviaux, le groupe G étant alors
Su=r& (une autre famille de groupes isomorphe à l’un des deux groupes H et
simples découverte par Suzuki en 1960 lors G/H. Dans tous les autres cas, les ordres
de l’étude de ce problème). 1 G/H 1et 1H 1 sont strictement plus petits
Un groupe G de permutations sur un que l’ordre de G. Les groupes C/H et H
ensemble E est n-fois trunsitif; pour un sont donc plus simples que G. Le groupe
entier positif n, si 1E / > n, et si, chaque fois G est appelé simple si G # { 1} et si l’on
que l’on considère deux n-chaînes s,, . . . . x,, ne peut pas l’analyser ainsi en des groupes
et y,, . . . . yrr d’éléments de E où les x,, . . . . d’ordre strictement plus petit, c’est-à-dire
.Y,? (resp. J,, . . . . J,J sont tous distincts, il si { 1) et G sont les seuls sous-groupes
existe au moins une permutation r dans G, distingués de G. Par exemple, pour chaque
telle que TT(.Y,) = y,, . . . . rr(,v,,) = J’,,. Les entier premier p, le groupe cyclique C,]
groupes de Zassenhaus sont des groupes d’ordre p est simple.
2-fiis trunsit$s. Le groupe symétrique C,, Tout groupe fini G peut se décomposer
est n-fois transitif, pour tout n 2 1. Le en groupes simples : si G = { 1}, il n’y a
groupe alterné A,, est (n ~ 2)-fois transitif rien à faire ; si G # { 1 }, il y a toujours un
pour n > 3. Il y a beaucoup de groupes sous-groupe distingué H, de G tel que
3-fois transitifs, les groupes PGL(2, K). G/H, soit un groupe simple. Si H, = { 11,
par exemple, où K est un corps fini. Mais l’analyse est terminée. Sinon, il existe un
on ne connaît que quatre groupes 4-fois sous-groupe distingué H, de H,, tel que
transitifs, autres que les groupes ,Y,) pour n H,/Hz soit un groupe simple. Si on itère

549
GROUPES

cette construction, on aboutit à une suite certaine unicité des suites de Jordan-
G = H,, H,, H,, .,., H, = { 1 } de sous- Holder : les facteurs de Jordan-Htilder de G
groupes de G, où Hi est distingué dans sont indépendants du choix de la suite de
H ,+,, et où H,,/H, est un groupe simple, Jordan-Holder (théorème de Jordan-
i = 1, . . . . n. Une telle suite s’appelle une Htilder), c’est-à-dire que, si G = H,, H,, . . . .
suite de Jordan-H6lder du groupe fini G, et H, = {l}, et G = K,, K,, . . . . K,, = 111
les groupes quotients H,/H,, H,/H,, . . . . sont deux suites de Jordan-Holder de G,
H .-,/H : s’appellent les facteurs de on a n = rn, et il existe une permutation
Jordan-klder de G. La terminologie rc de { 1, . . . . m = n} telle que le groupe
adoptée ici suit N. Bourbaki ; les théori- H,+,/Hi soit isomorphe au groupe K,(,, ,/
ciens des groupes finis, traditionnellement, K n(lI, pour tout i = 1, . . . . M = n. Chaque
continuent à réserver le terme de suite de groupe fini peut donc être analysé en
composition à ce que nous appelons ici groupes simples uniques, qui sont ses
suite de Jordan-Holder. facteurs de Jordan-Holder. D’où l’impor-
Considérons, par exemple, le groupe tance de l’étude des groupes simples.
symétrique C, des permutations de 1, 2, 3, Les premiers groupes simples non cych-
4. L’ordre de & est 4 ! = 24. Le groupe ques furent découverts dans la première
alterné A, d’ordre 4 !/2 = 12 est un moitié du XIX~ siècle. Les groupes alternés
sous-groupe distingué dans C,, et le groupe A,, sont des groupes simples, pour tout
quotient &/A, est isomorphe au groupe n 2 5. C’est sur cette découverte que
simple C,. Les trois permutations (12)(34), repose la démonstration moderne du théo-
(13)(24), (14)(23) forment avec l’identité rème suivant d’Abel (1824) : Les équations
un sous-groupe V d’ordre 4 dans A, qui de degré 5 ne sont pas résolubles au moyen
s’appelle le 4-groupe u’e Klein. Ce groupe V des seules opérations d’addition, de sous-
est distingué dans C,, et donc dans A,. Le traction, de multiplication, de division et
groupe quotient A,/V est isomorphe au d’extraction des racines n-ièmes effectuées
groupe C3. Le 4-groupe V est commutatif, sur leurs coefficients.
et tous ses sous-groupes sont distingués. Puis, en étudiant les groupes linéaires
Pour o = (12)(34), ou o = (13)(24), ou sur un corps fini K, on découvrit d’autres
o = (14)(23), le sous-groupe {o, l} est groupes simples. Pour chaque entier
isomorphe à C,, ainsi que le groupe n > 1, les n X n matrices (a,) à coeffi-
quotient V/{o, 11. On a donc construit
cients a,, dans K, et de déterminant det (ai/)
pour C, une suite de Jordan-Holder x4, A,, non nul, forment un groupe GL(n,K) pour
V, {o, l}, {l}, ayant comme facteurs de
la multiplication (a,i) (b,,) = (c,) où :
Jordan-Holder C,, C,, C?, C, (à des iso-
morphismes près).
Un groupe fini dont chaque facteur de
Jordan-Holder est isomorphe à un C,,, où
p est un nombre premier, est dit rdsoluble. avec i =j = 1, . . . . n.
Le groupe & est donc résoluble. Le groupe GL(n,K) s’appelle le groupe
Dans l’exemple ci-dessus, il y avait trois linéaire général de degré II sur K. L’appli-
choix possibles pour le groupe {o, 1 }. Un cation (a,) - det(a,,) est un morphisme
groupe G peut donc avoir plusieurs suites surjectif du groupe GL(n,K) sur le groupe
de Jordan-Holder. Il y a malgré tout une multiplicatif du corps K. Le noyau SL(n,

550
GROUPES

K) de ce morphisme surjectif est donc un cela, il s’est inspiré de la construction des


sous-groupe distingué de GL(n, K). Le groupes unitaires comme des variantes des
centre Z de GL(n, K), formé des matrices groupes linéaires généraux.
de la forme ‘cl, où 1 est la matrice identité En 1959, la liste des groupes finis
et x un élément non nul de K, est aussi un simples qui étaient connus contenait les
sous-groupe distingué. Le groupe quotient groupes alternés A,,, les groupes de Che-
GL(n, K)/Z se note par PGL(n, K), et valley, leurs variantes de Steinberg et cinq
l’image SL(n, K)Z/Z de SL(n, K) dans ce groupes isolés : les quatre groupes M, ,,
groupe par PSL(n, K). Jordan et Dickson M,,, Mz3, Mz4 de Mathieu et le stabilisa-
ont montré que, si II > 3, ou si n = 2 et teur d’un élément de Mz3, qui s’appelle le
si K a plus de trois éléments, le groupe gwupr M2? de Muthieu. Les groupes de
PSL(n, K) est simple ; c’est le seul facteur Mathieu mis à part, tous ces groupes
de Jordan-Holder de GL(n, K) qui soit appartenaient i de bonnes familles infinies.
simple et non cyclique. Cet ordre relatif fut ébranlé par Suzuki,
La théorie des groupes linéaires géné- qui découvrit, en étudiant les groupes de
raux a été étendue aux autres groupes Zassenhaus, une nouvelle famille infinie de
classiques par Jordan, Dickson et d’autres, groupes simples de permutations. Mais
vers la fin du XIX~ siècle. Pour chaque Rhee s’aperçut bientôt, en 1961, que l’on
groupe linéaire général, orthogonal, sym- pouvait construire ces groupes de Suzuki
plectique ou unitaire, ils trouvérent un ou avec une nouvelle variante de la construc-
plusieurs groupes correspondants (cela tion de Chevalley, variante possible seule-
pour tout corps fini K). À quelques excep- ment pour certains corps finis. En appli-
tions près (elles sont en nombre fini), tous quant cette méthode à d’autres groupes
ces groupes ont la propriété du groupe simples de Lie, Rhee trouva deux nouvelles
GL(n, K) ; ils ont un et un seul facteur de familles infinies de groupes finis simples.
Jordan-Holder qui soit simple et non Les groupes de Suzuki et de Rhee n’étant
cyclique. que des variantes des groupes de Cheval-
Les groupes simples définis par les ley, tout rentra dans l’ordre.
groupes classiques sont eux-mêmes des cas L’ordre ne dura pas longtemps. En
spéciaux des groupes simples de Lie. En classant les groupes finis simples possédant
plus de ces groupes, il y a cinq groupes de des 2-sous-groupes de Sylow abéliens,
Lie simples exceptionnels. Dickson décou- Janko (1966) découvrit un nouveau
vrit des groupes finis correspondant à groupe simple isolé d’ordre 175 560.
certains de ces groupes exceptionnels, mais Depuis lors, de nombreux autres groupes
c’est Chevalley. en 1955, qui donna une finis simples, apparaissant comme isolés et
méthode générale de construction des exceptionnels (d’où leur nom de « groupes
groupes finis simples, correspondant à sporadiques ») ont été découverts : le
n’importe quel groupe simple de Lie (cf. la nombre de ces groupes sporadiques,
partie E ci-après Groupes de Lie). Il incluant les groupes de Mathieu, était de
découvrit ainsi de nouveaux groupes finis vingt-six en 1980.
simples, correspondant aux autres groupes Il est nécessaire ici de préciser ce que
de Lie exceptionnels. Steinberg (1959) l’on entend par N découverte » d’un
compléta le travail de Chevalley en cons- groupe fini simple sporadique. En effet,
truisant des variantes de ces groupes. Pour l’existence de nombre de ces groupes a

551
GROUPES

triviaux, soit Z(P) # { 11. Chaquep-groupe tatifs S de P, ayant pour ordre 1S 1= s, est
P est donc nilpotent (cf. la partie A un sous-groupe non trivial et distingué de
ci-dessus - Généralités, fin du chap. 3). P. Thompson a montré que le groupe G est
Si G est un groupe fini et si E est un p-nilpotrnt si No(A) l’est et sip 2 3. 11 suffit
sous-ensemble de G, le normalisateur donc de regarder le normalisateur du seul
No(E) de E dans G est le sous-groupe p-sous-groupe A de G.
formé des éléments o de G, tels que Il y a d’autres généralisations du théo-
oEo-’ = E. On montre alors qu’un rème de Frobenius à des théorèmes sur
groupe fini G est nilpotent si et seulement l’existence de p-groupes quotients du
si tout sous-groupe H de G, différent de G, groupe G sous certaines conditions sur les
est strictement contenu dans son norma- normalisateurs des p-sous-groupes de G.
lisateur No(H). On peut aussi montrer Les résultats de ce type jouent un rôle
qu’un groupe fini G est nilpotent si et important dans l’étude des groupes sim-
seulement si G n’a qu’un p-sous-groupe de ples et, en particulier, dans le théorème de
Sylow Gp pour chaque nombre premier p. Feit et Thompson.
Dans ce cas, G est le produit direct de ses
uniques sous-groupes de Sylow G,,. Les EVERETT DADE

groupes finis nilpotents sont donc (< pres-


que )) des p-groupes.
Plusieurs théorèmes relient la structure Bibliographie
des normalisateurs No(H) des p-sous- N . BL A N C K B U R N & B . HU P P E R T, Fini~r Groups,
groupes H # { 1 } d’un groupe fini G avec Springer, New York-Berlin, 1981 / J. CALAIS,
Éliments de théorie dps groupes, P.U.F.. Paris,
celle de G. Frobenius a, par exemple, donné 1984 1 W. FEIT, Representution Theory of Fini@
un critère pour la p-nilpotence de G, c’est- Groups, Elsevier Science, New York, 1982 /
a-dire pour l’existence d’un sous-groupe D. GORENSTEIN , The Classification of Finite Simple
Groups, Plenum, 1983 / M.-P. MALLIAVIN, J.-P. BÉzI-
distingué K dans G tel que P f7 K = { 1 } et
VIN & A. LÉw-BRUHL, Les Groupes ,jnis et leurs
PK = G pour tout psous-groupe de Sylow reprekentations cotnpleses, Masson, 1981-1982.
P. Voici le critère : un groupe fini G est
p-nilpotent si le normalisateur No(H) est
p-nilpotentpour toutp-sous-groupe H # Il }
de G. Notons qu’en général ces norma- D. Représentation linéaire des
lisateurs No(H) sont plus petits que G groupes
(par exemple, si G est simple et non cycli-
que). Développée d’abord comme moyen de
Certains travaux récents de Thompson classification des différentes apparences du
ont montré qu’il n’est pas nécessaire de même groupe G comme groupe de trans-
vérifier lap-nilpotence de N,(H) pour tout formations linéaires, la théorie des repré-
p-sous-groupe H de G. Il suffit d’en choisir sentations linéaires est devenue un des
quelques-uns qui soient significatifs. Le outils les plus puissants pour l’étude de la
plus important de ses résultats est le sui- structure de G. En particulier, les carac-
vant : Soit P # { 11 un p-sous-groupe de tères irréductibles d’un groupe fini G,
Sylow de G, et soit s le maximum des ordres introduits pour mieux classer les représen-
1 S 1des sous-groupes commutatifs S de P. tations linéaires, sont vitaux pour la théorie
L’intersection A des sous-groupes commu- moderne des groupes simples.

554
GROUPES

1. Représentation des groupes homomorphisme de G dans le groupe


C(E) des permutations sur E (que l’on peut
À chaque système mathématique S est considérer comme les symétries de E).
associé son groupe de symétries (ou L’opération de G sur E détermine donc
d‘automorphismes) X(S). On considère ces une représentation R de G comme groupe
groupes I(S) comme étant concrets. Une de symétries de E. En fait, la représenta
représentation R d’un groupe quelcon- tion et l’opération ne sont que deux façons
que G comme groupe de symétries de S est de voir la même chose, car la première
un homomorphisme o - R, de G dans le détermine la seconde par la relation
groupe concret C(S). Elle donne une réa- ox = R,(X), pour tout u de G et tout .Y
lisation de la loi de composition abstraite de E.
de G comme loi de composition concrète Une représentation linéaire d’un
dans C(S). groupe G est une représentation de G
La théorie des représentations cherche comme groupe de symétries d’un espace
les conséquences, pour les deux structu- vectoriel. Rappelons qu’un espace vecto-
res S et G, de l’existence d’une représen- riel V sur un corps K est un groupe additif
tation R, et les utilise pour démontrer des
muni d’une loi de composition externe, qui
théorèmes qui n’ont quelquefois rien à voir envoie tout élément h de K et tout élément
avec les représentations ; par exemple, le
I’ de V sur un élément AV de V, et qui est
théorème de Feit et Thompson : tout telle que les combinaisons linéaires
groupe d’ordre impair est résoluble. Seules
A,v, + + A,,v, d’éléments rt, . . . . v, de V
les relations entre S et G étant intéressan-
à coefficients A,, . . . . A, dans K obéissent
tes, la tendance moderne est de les définir
aux règles ordinaires de calcul. Une opé-
directement et de supprimer le groupe
ration linéaire de G sur V est une opération
C(S) et l’homomorphisme R. Voici, sur un
de G sur l’ensemble V, satisfaisant à la
exemple, comment on procède.
condition de linéarité :
Une opération d’un groupe G sur un
ensemble E est une loi de composition o(A,v, + + A,v,)
externe, envoyant tout élément o de G et = A,o(v,) + + A,o(v,)
tout élément x de E sur un élément cxx de
E, et suppose que cette loi satisfait aux pour tout o de G, tout A,, . . . . A,, de K, et
conditions : tout r,, . . . . rII de V. Chaque application R, :
v - 0) e s t a l o r s u n e tran~formution
(14 1x=x
Maire b!jective de V sur lui-même, et
pour tout .Y dans E, l’homomorphisme o - R’, est une reprk-
sentation lintiaire de G sur V. On dit alors
(1 b) (U+t = U(TX), que V est un G-espace.
pour tout o, r dans G et tout s dans E, où On dit que deux représentations
or est le produit dans G, et 1 l’élément o - R, et o - R, sur des espaces
neutre de G. Ces conditions impliquent vectoriels V et V’ sont équivalentes
que, pour tout o de G, l’application R, : (ou isomorphes) s’il existe un isomor-
.Y - ox est bijective de E sur E, c’est-a-dire phisme linéaire de V sur V’ tel que
que R, est une permutation sur I’ensem- R, = ‘p-r 1 R’, I <p pour tout o E G, ce qui
ble E. Et l’application o +-+ R, est un équivaut à q I R, = R’, 0 cp.

555
GROUPES

11 y a une autre façon, souvent utile, de 11 faut noter la propriété suivante du


considérer les représentations linéaires. caractère xv, qui découle de l’équation
Supposons que l’espace vectoriel V ait une Tr(AB) = Tr(BA) pour des matrices A et
base finie 1<,, . . . . vd, c’est-à-dire que tout B:
élément 1’ de V ait une expression unique :
(2) xY(T-lN = Xv(@,
1’ = A,),, + .., + h,~;,, comme combinai-
son linéaire des éléments v,, . . . . v,/ de la pour tout o, T dans G.
base, à coefficients h,, . . . . A, dans K. Pour On dit que deux éléments, CI et p de G
tout élément o de G, il existe alors sont conjugués s’il existe un élément T de
des éléments uniques c<,(a) dans K tels G tel que p = ~‘(sT. Les classes d’équi-
que : valence pour cette relation de conjugaison
s’appellent les classes de conjugaison de G.
d
La condition (2) signifie donc que chaque
ovj = a,(o)vi, pourj = 1, . . . . d.
c caractère xv est constant sur chaque classe
i=l
de conjugaison de G.
La d X tl matrice, A(o) = (a,,(o)),
détermine la transformation linéaire R,
par les équations ci-dessus. Les condi- 2. Théorie des représentations
tions (1) équivalent à dire que l’applica- linéaires d’un groupe fini
tion A : cr - A(o) est un homomorphisme
du groupe G duns le groupe GL(d, K) de La théorie classique trouvée par G. Fro-
toutes les matrices d X d dont le détermi- benius, W. Burnside, et 1. Schur dans la
nant n’est pas nul. période 1890-l 9 10 est la base de toutes les
On peut donc regarder les représenta- généralisations modernes. Cette théorie
tions linéaires ou les opérations linéaires s’applique aux représentations linéaires
comme des homomorphismes dans GL(d, d’un groupe fini G sur des espaces vecto-
K). riels de dimensions finies (c’est-à-dire
Cette façon de voir facilite la définition ayant une base finie) sur le corps C des
du caractère xv du G-espace V. C’est la nombres complexes.
fonction de G dans K dont la valeur On cherche, d’abord, à classer les
xv(o) est la trace, Tr(A(o)), de la G-espaces, i des isomorphismes près. Un
matrice A(a) : G-espace V est G-isomorphe à un
G-espace U s’il existe une application
linéaire bijectivefde V sur U qui conserve
les opérations de G :J’(ov) = of(v), pour
pour tout o de G. tout o dans G, et tout LX dans V, c’est-à-dire
La trace de A(o) est indépendante du si les représentations linéaires sont équi-
choix de la base I’,, . . . . I<, et ne dépend que valentes.
de la transformation linéaire Ro. Le carac- L’outil principal de la classification des
tère xv est donc déterminé par l’opération. opérations linéaires de G sur des espaces
Dans certains cas importants, la récipro- vectoriels V est la décomposition des
que est vraie, c’est-à-dire que l’opération espaces V en somme directe de sous-
de G sur V est déterminée par le caractère espaces stables. Un sous-espace de V est un
xv (cf. injk). sous-ensemble U, qui est fermé pour la

556
GROUPES

formation de combinaisons linéaires d’élé- dimension finie sur le corps C des nombres
ments ; U est donc lui-même un espace complexes est contenue dans les deux
vectoriel avec, pour lois de composition, énoncés suivants :
les restrictions des lois de composition de (3~) l’espace V a au moins une décompo-
V. Le sous-espace U est stable par G s’il est s i t i o n : V = UtO 0 U,, e n s o m m e
fermé pour l’opération de G sur U, c’est- directe de sous-espaces stables et irréduc-
à-dire si ou appartient à U pour tout o dans tibles Ut, . . . . Uk ;
G et tout u dans U. Dans ce cas, la (3b) si V = U’, 0 0 U’, est une autre
restriction à U de l’opération de G sur V telle décomposition, alors l= k et, après
est une opération linéaire de G sur U. Soit une permutation convenable des indices,
U,, . . . . Uk des sous-espaces stables de V. U, est G-isomorphe à Ufi, pour i = 1, . . . .
On dit que V est la somme directe k.
U, 8 ,.. 0 U,+ des U;, si tout élément v Pour tout G-espace irréductible W, on
de V a une expression unique de la définit la multiplicité, nz(W dans V), de W
forme : dans V. C’est le nombre des indices
i = 1, . . . . 1 pour lesquels W est
G-isomorphe à U,. À cause de (3 b), cette
où u, appartient à Ui pour i = 1, . . . . k. multiplicité est indépendante de bd décom-
Les éléments u,, . . . . uk sont les compo- position V = U, 0 0 U1. Donc deux
san/es de I’ pour la décomposition V =
G-espaces V et V’ sont isomorphes si, et
U, 0 .,. 0 U,. La correspondance :
seulement si :
v-(U,>...,Uk) m(WdmV) =m(WdansV’),
est une bijection de V sur le produit
pour tout G-espace irréductible W.
cartésien Ut X . . X Uk ; les lois de com-
position de V et l’opération de G sur V se Frobenius découvrit une méthode très
calculent à partir des structures des Ui par simple de calcul des multiplicités nn(W
les relations : dans V) en utilisant les caractères. On
définit un produit hermitien cflg)o sur
v + Y’ = (u, + u;) + 1.. + (Uk + u;), l’espace vectoriel Fct(G, C) de toutes les
A = (Au1) + + @Uk), fonctions de G dans C par :
UV = (a4 1) + + (Oak),

où h appartient au corps, (5 au groupe, et


où v’ est un élément de V ayant comme
-
composante les éléments u’,, . . . . zJk. La pour tout f et g dans Fct(G, C), ou g(o)
décomposition V = U, 0 0 Uk donne désigne le complexe conjugué de g(o) et
donc une analyse de la structure de V au ) G / est l’ordre de G, c’est-à-dire le nombre
moyen de celles des Ui. d’éléments dans le groupe fini G. Si W et
Si G opère sur un espace vectoriel U sont deux G-espaces irréductibles de
U # {O}, et s’il n’y a aucun sous-espace
dimension finie sur G, Frobenius a démon-
stable par G, sauf U et {O}, on dit que le
tré les relations d’orthogonalité suivantes,
G-espace U est irrt;ductible. La classifica-
pour leurs caractères xw et xu :
tion des opérations linéaires d’un groupe
fini G sur des espaces vectoriels V de Va) (xwl X”)G = 17

557
GROUPES

si W est G-isomorphe à U ; Frobenius a démontré la lui de récipro-


cité :
(4 b) (xw I X”)G = 03

si W n’est pas G-isomorphe a U. (6) (XHIOH = (XlrpOk,


La décomposition, V = U, @I 0 U,, pour tout caractère x de G et tout carac-
entraîne pour les caractères la relation : tère <p de H.
xv = xu, + .,. + xu,. On peut calculer les caractères irréduc-
tibles de G en utilisant les caractères
On a donc, d’après les relations d’ortho- induits : on part de certains sous-groupes
gonalité (4) la formule suivante pour la H de G, et de certains caractères connus
multiplicité de W dans V :
cp de H. À l’aide de (5), on calcule les
m (w dam VI = (xw / XV)~ caractères induits <pc, qui sont, comme
tous les caractères, des combinaisons
On voit que le caractère xv détermine
linéaires a,x, + + acxc à coefficients
les multiplicités nz(W dans V). Le G-espace
entiers a,, . . . . ~1,. des caractères irréducti-
V est donc déterminé à un isomorphisme
bles x,, . . . . x, de G. On cherche alors un
près par son caractère xv.
nombre suffisant de caractères <pc, de telle
Les relations d’orthogonalité (4) mon-
manière qu’ils engendrent le groupe additif
trent que les cumct&es irréductibles (les
X(G) de toutes ces combinaisons linéaires
caractères des G-espaces irréductibles) dis-
de x,, . . . . x,,. Il faut donc trouver les
tincts sont des fonctions linéairement indé-
pendantes sur le groupe fini G. Il n’y a éléments :
donc qu’un nombre fini x,. . . . . xc de tels
caractères. On peut alors montrer que le
de X(G) tels que :
nombre c des caractères irréductibles de G
est égal au nombre des classes de conju- (x 1 X)G = a: + + aj = 1.

gaison de G.
Un tel élément est forcément de la
Soit H un sous-groupe de G. Tout
G-espace V est, par restriction, un f o r m e f xi, o ù i = 1, . . . . c. Comme
H-espace Vu. Le caractère de cet H-espace x,( 1) > 0, on peut déterminer le caractère
est la restriction xH du caractère x du Xi.
G-espace V au sous-groupe H. Donc la Cette méthode est justifiée, car
restriction x - xH est une application R. Brauer a montré que X(G) est en fait
des caractères de G dans ceux de H. engendré par les caractères induits ‘pc, où
Frobenius découvrit une application, ‘p parcourt la famille de tous les caractères
allant en sens inverse, envoyant tout linéaires (c’est-a-dire irréductibles de
caractère q de H sur le curuct~re induit qG degré 1) des sous-groupes H de G. On
de G défini par : peut méme se restreindre aux sous-grou-
pes H qui sont nilpotents. Un caractère
linéaire <F d’un sous-groupe H est simple-
ment un homomorphisme CT - q(o) de H
dans le groupe multiplicatif du corps C.
pour tout o de G, où la sommation sur Ces caractères sont donc faciles à cal-
l’ensemble vide est nulle par définition. culer.

558
GROUPES

3, Les généralisations pour la norme 11v 1(= (v 1V)I/’ définie par


ce produit hermitien. Une opération
La théorie classique, exposée ci-dessus, a linéaire de G sur V est continue si l’appli-
été au fil des années généralisée de plu- cation (o, u, v) + (or u) est continue en
sieurs façons. L’une d’elles consiste à tant qu’application de G X V X V dans
remplacer le corps C des nombres com- C. Elle est unitaire si elle conserve le
plexes par un autre corps K. Si le corps K produit hermitien (crv / ov) = (u 1 v) pour
est de caractéristique zéro, ou p (l’entier p tout o dans G et tout u, v dans V. On dit,
étant un nombre premier qui ne divise pas dans ce cas, que V est un G-espace de
l’ordre fini /G 1 de G), la théorie des Hilbert.
représentations linéaires de G sur les Lorsque le groupe topologique G est
espaces vectoriels de dimension finie sur K compact, la théorie est très semblable a la
se réduit facilement à la théorie classique théorie classique. L’espace V admet alors
des caractères complexes de G, et l’on une décomposition en somme orthogo-
n’obtient aucune notion nouvelle. Par nale :
contre, si la caractéristique p de K est un
nombre premier qui divise l’ordre / G 1, on V=@U
trouve une nouvelle famille de représenta- “CF

tions irréductibles et de caractères de G,


d’une famille F de sous-espaces stables et
les caractères modulaires. L’étude de ces
irréductibles U. C’est-à-dire que les U sont
caractères modulaires et de leurs relations
des sous-espaces fermés de V, deux à deux
avec les caractères complexes, due surtout
orthogonaux pour le produit hermitien
à R. Brauer, a permis de trouver, pour ces
(n ( v), et tout élément v de V admet une
derniers, des lois et identités nouvelles.
décomposition unique :

Y= c“EF QI>
Plusieurs théorèmes importants sur les
groupes simples n’ont pu être démon-
trés que grâce à la théorie de ces caractè-
res.
Une autre famille de généralisations de en une somme convergente en norme de
ses composantes vl, appartenant à U.
la théorie classique concerne les représen-
tations unitaires continues d’un groupe Toute autre telle décomposition :
topologique sur un espace de Hilbert. Un
groupe topologique G est un groupe muni
v=@w
WEE
d’une topologie par rapport à laquelle la
multiplication et l’inversion sont des appli- est équivalente à la première, en ce sens
cations continues. Un espace hilbertien V qu’il existe une application bijectivef‘de E
est un espace vectoriel sur les nombres sur F et, pour tout W de E, une application
complexes C muni d’un produit hermitien linéaire bijectiveg de W sur U =J‘(W) qui
(u) v) (c’est-à-dire une application de conserve les opérations de G et les pro-
V X V dans C telle que l’application duits hermitiens sur les deux sous-espaces
u i-t (u 1v) est linéaire pour tout v dans V, W et U. Donc V est déterminé à un
(u 1v) = (v 1u) pour tout u et v dans V, et isomorphisme près par les multiplicités des
(u j u) est un nombre réel strictement G-espaces de Hilbert irréductibles W dans
positif pour tout n # 0 dans V) et complet V, c’est-à-dire le nombre de sous-espaces U

559
GROUPES

appartenant à F, tels que U soit la structure algébrique de G. On combine


G-isomorphe à W. ces conditions et ces relations pour mon-
On peut montrer que toute représenta- trer des théorèmes parfois surprenants
tion unitaire continue irréductible d’un sur G.
groupe compact est de dimension finie. Un On utilise d’abord les caractères pour
groupe compact G possède donc des trouver des sous-groupes distingués de G.
cumctères iriductihles. Ces caractères Pour i = 1, ,.., c, soit W, un G-espace
satisfont aussi aux relations d’orthogona- ayant x, pour caractère ; on appelle nojwf
lité (4) où le produit hermitien (x 1cp)o est de xi, le sous-groupe distingué Ker(x,)
défini par : formé de tous les o de G opérant trivirr-
Lement sur W, par ou’ = tt’, pour tout r<’
dans W,. Il est important de noter que ce
sous-groupe distingué est caractérisé par
l’intégrale étant prise par rapport à la
les valeurs de x, : c’est l’ensemble de tous
mesure de Haar normalisée (cf. INTÉGRA-
les éléments o de G tels que x,(a) = x,( 1).
TION ET MESURE, chap. 3) :
Il n’y a qu’un seul caractère x, tel que

s 0
ldo= 1.
Ker(x,) = G, le cnrmtére trivialX, dont les
valeurs sont x,(o) = 1 pour tout o de G.
Pour tout caractère non trivial xi, i > 2, il
Lorsque le groupe G n’est pas compact,
la théorie est beaucoup moins nette. Au existe un élément o de G tel que x,(a)
lieu de décomposer V en sommes ortho- f Xi(l),
gonales, il faut le décomposer en intégrdes On peut aussi montrer que, pour tout
orthogonales de G-espaces irréductibles. élément o # 1 de G, il existe au moins un
De telles décompositions, quand elles caractère non trivial x, tel que xi(o)
existent, ne sont pas nécessairement uni- f x,(l).
ques. Les représentations irréductibles Une connaissance très grossière des
peuvent être de dimension infinie, et valeurs des caractères de G peut permettre
donc ne pas avoir de caractères. En de prouver l’existence d’un sous-groupe
général, tout devient très compliqué. Il y a distingué K qui soit non trivial (K # 111,
néanmoins une théorie assez bonne pour K # G). Il suffit de trouver un seul élé-
les représentations des groupes classiques ment 0 # 1 et un seul caractère non trivial
qui sont importants en mécanique quan- x, tel que x,(l) = xi(o). Le sous-groupe
tique. K = Ker(x,) est alors un sous-groupe
distingué non trivial.
On s’intéresse aux relations entre la
4. Applications aux groupes finis
structure des sous-groupes de G et les
caractères de G. Une de ces relations a
Les caractères irréductibles x,, ._., x, d’un
trait aux ensembles à intersections trivia-
groupe fini G forment un outil très puis-
les. Un tel ensemble S est un sous-ensemble
sant dans l’étude de G. On considère leurs
d’un sous-groupe H, appelé norndim-
valeurs comme des invariants numériques
teur de S, dont les conjugués o-‘SO satis-
de G, invariants qui doivent satisfaire à
font à :
plusieurs conditions fortes, comme les
relations d’orthogonalité, et qui sont liés à (7a) s = u-'SO,

560
GROUPES

si o appartient à H ; d i t q u e l ’ e n s e m b l e K e s t u n sous-
groupe distingué de G. On appelle groupe
(7 6) s n (0-1~0) = B
de Frobenius tout groupe G possédant
si o est dans Ci mais non dans H. un sous-groupe H différent de { l} et
Voici un exemple d’un tel ensemble S : de G, ayant la propriété énoncée dans le
pour tout o de G, on désigne par Rat(o) théorème de Frobenius. Le sous-groupe
l’ensemble de tous les T de G qui sont distingué K s’appelle le noyau & Fro-
racines de CI (il existe n tel que T” = a). henius (cf. la partie C ci-dessus - Groupes
Rat(o) est un ensemble à intersections finis).
triviales, et le sous-groupe H est le norma- La théorie des caractères exceptionnels
lisateur du sous-groupe cyclique < o > est basée sur I’isométrie (9). Supposons
engendré par o. C’est le groupe formé de que ‘pI et <p, soient deux caractères irré-
tous les éléments p de G, tels que ductibles distincts de H tels que <pI ~ <y,
p-‘<o>p=<o>. appartienne à X(H 1 S). On a alors :
Soit q,, . . . . ‘p( les caractères irréducti-
cP-cpJG = QIXI + .., +4,x<
bles de H. On désigne par X(H 1 S) le
groupe additif formé des combinaisons pour certains entiers a,, . . . . uc. L’isométrie
linéaires : (9) et les relations d’orthogonalité (4)
donnent :
Ic’ - a,q, + + a,<ç,

(à coefficients entiers ai) qui s’annulent


hors de S. La fonction induite @, définie
par (5) appartient alors au groupe X(G) Mais les u, sont des entiers. Ils sont donc
formé des combinaisons linéaires à coef- tous nuls, sauf deux d’entre eux, a, et u,, qui
ficients entiers des x,, . . . . x,. Les condi- valent f 1. Si 0, = ui = * 1, on a :
tions (7) et la formule (5) entraînent :
0 = (<pL-<p,)w = f(X,(l) + x,(l)),
(8) PC4 = uJ(@,
ce qui est impossible, car les degrés xi( 1)
pour tout o dans S et tout v dans X(H 1S). et x,(l) sont des entiers strictement posi-
En combinant cette équation avec la loi tifs. On a donc :
de réciprocité (6) on trouve que I’appli-
cation v - vG est une isométrie (<p, - <PIY = +- (Xl -x,).
X(H )S) - X(G), c’est-à-dire que l’on a : On dit que x, et x, sont les cutncttres
(9) (WP)G = (<PIVC))“> exceptionnels de G correspondant à ‘p, et
<p,. À cause de (5), ces deux caractères
pour tout <p et v dans X(Hl S). sont égaux en dehors des conjugués de S.
Frobenius fut le premier à utiliser Sur ces conjugués, leur différence est
cette isométrie. Il considéra le cas où S déterminée par (8). Ce type de résultat
est égal au sous-groupe H moins I’élé- intervient, par exemple, dans la démons-
ment neutre 1. On désigne par K le tration par Feit et Thompson de leur
sous-ensemble de tous les éléments T de G célèbre théorème : (< Tout groupe d’ordre
qui n’appartiennent à aucun conjugué impair est résoluble. )) Feit et Thompson
o ‘Sa de S. Le théorème de Frobenius utilisent la théorie des caractères excep-

561
GROUPES

tionnels pour des isométries qui générali- constituent les premiers et les plus impor-
sent (9). tants exemples de groupes de Lie.

EVERETI DADE

1. La structure
Bibliographie des groupes de Lie généraux
R. BRAUER, Collectrd Pupe,s. 3 vol., W. J. Warren
et P. Fong éd.. M.I.T. Press, Cambridge (Mass.), Un groupe & Lie (appelé aussi groupe de
1980 / C . W . CU R T I S & 1. REINER, Metkod~ o f
Representution Themy, J. Wiley, New York, 1990 / Lie rbei) est, par définition, une variété
J.-P. SERRE, Représentutiom linéaires des groupes analytique réelle G (dite sous-jucente au
finis, Hermann, Paris, 3’ kd. 1978 / E. B. VINBERG, groupe), munie d’une loi de composition
Linenr Rrpresentutrons qf Groups, Birkhauser Bos-
ton. Cambridge (Mass.). 1989 / H. WEYL, T/IC CG Y) - sy pour laquelle G est un groupe,
Throq of Groups und Qutrntum Mechunic.~. Dover. et qui est telle que l’application (.Y,
New York. 1950. y) - .YJJ ’ de G X G dans G soit analy-
tique. Une variété analytique complexe G
munie d’une loi de composition
E. Groupes de Lie (x, y) - ‘cy pour laquelle G est un groupe,
et qui est telle que (x, y) - .~y-’ soit une
La théorie des groupes de Lie, fondée dans application holomorphe de G X G dans G,
la période de 1870-1880 par le mathéma- est appelée groupe de Lie complexe ; un tel
ticien norvégien Sophus Lie, a d’abord été groupe peut évidemment aussi être consi-
considérée comme une partie assez mar- déré comme groupe de Lie rie1 (dit sous-
ginale des mathématiques, liée a des pro- jucent au groupe de Lie complexe), en
blèmes touchant les équations différentiel- n’envisageant que sa structure de variété
les, les équations aux dérivées partielles et analytique réelle. Dans un groupe de Lie
la géométrie différentielle. Leur étude réel (resp. complexe) G, les translations
générale a mis plus tard en évidence un x-ax, X- xa et les automorphismes
certain nombre d’objets mathématiques intérieurs :
particuliers, explicitement définis, les grou-
Int(a) :x luxa-’
pes semi-simples, dont on a peu à peu
découvert le rôle fondamental dans pres- sont des applications analytiques (resp.
que toutes les parties des mathématiques holomorphes) ; il en résulte que la dimen-
modernes, même les plus éloignées en sion (resp. la dimension complexe) de la
apparence des vues initiales de Lie. En variété sous-jacente à G est la même en
outre, ces groupes semblent intervenir de tous les points de G ; on dit que c’est la
façon de plus en plus profonde dans les dimension (resp. la dimension comple‘ce) de
conceptions récentes de la physique théo- G ; si G est un groupe de Lie complexe de
rique, surtout en théorie de la relativité et dimension complexe II, le groupe de Lie
en mécanique quantique. réel sous-jacent est de dimension 2 n.
On suppose connues les notions fonda- Un sous-groupe de Lie (resp. SOUS-
mentales relatives aux variétés différentiel- groupe de Lie complexe) H d’un groupe de
les et analytiques. On utilisera systémati- Lie (resp. groupe de Lie complexe) G est
quement ici les notions introduites dans un sous-groupe de G dont l’ensemble
l’article sur les groupes classiques, qui sous-jacent est une sous-variétéfkrmée de la

562
GROUPES

variété sous-jacente a G. On montre qu’un groupes de Lie, la structure de variété


sous-groupe fermé d’un groupe de Lie G est produit sur G X G’ définit sur ce groupe
nécessairement un sous-groupe de Lie de une structure de groupe de Lie. Plus
G (mais non nécessairement un sous- généralement, soit L et N deux groupes de
groupe de Lie compkxe lorsque G est un Lie, et ,Y+-+ T, un homomorphisme du
groupe de Lie complexe). groupe L dans le groupe Aut des
Ainsi, le groupe linéaire GL (n, R) automorphismes de N, tel que I’applica-
(resp. GL(n, C)) est un groupe de Lie réel tion (x, y) - T,&) de L X N dans N soit
(resp. complexe) de dimension (resp. de analytique. Alors le produit semi-direct
dimension complexe) n’ ; le groupe uni- L X TN de L par N relatif à T est un
modulaire SL(n, R) (resp. SL(n, C)) en est groupe de Lie pour la structure de variété
un sous-groupe de Lie (resp. un sous- produit; N est un sous-groupe distingué
groupe de Lie complexe) de dimension fermé de L XT N, et le groupe quotient :
(resp. de dimension complexe) n2 - 1. Le
CL xrN)/N
groupe orthogonal O(n, R) (resp. O(n, C))
est un sous-groupe de Lie (resp. un sous- est isomorphe à L.
groupe de Lie complexe) de GL(n, R) Les groupes de Lie de dimension 0 sont
(resp. GL(n, C) de dimension (resp. de les groupes discrets. Dans un groupe de
dimension complexe) n(n ~ 1)/2. Lie G, la composante neutre (c’est-à-dire la
Un homomorphisme f : G + G’ de composante connexe de l’élément neutre e
groupes de Lie (resp. de groupes de Lie de G) est un sous-groupe ouvert (donc à
complexes) est un homomorphisme de plus forte raison fermé) distingué G”, et le
groupes qui est en même temps une quotient G/G” est discret ; on notera que
application analytique (resp. holomorphe). G n’est pas nécessairement produit semi-
Le noyauf’(e’) est un sous-groupe de Lie direct de Go et d’un sous-groupe isomor-
(resp. un sous-groupe de Lie complexe) de phe à G/G’. L’étude des groupes de Lie se
G. Par contre, l’image f(G) est un sous- concentre presque exclusivement sur les
groupe de G’ qui n’est pas nécessairement groupes de Lie connexes.
fermé. Pour un groupe de Lie connexe G, il
On se bornera, dans ce chapitre, aux existe un groupe de Lie simplement
propriétés des groupes de Lie réels ; connexe G appelé revêtement universel de
lorsqu’on mentionnera un groupe de Lie G, déterminé à un isomorphisme près. tel
complexe, par exemple GL(n, C), c’est en que G soit isomorphe à G/D, où D est un
fait le groupe de Lie réel sous-jacent dont sous-groupe discret du centre de G. iso-
il sera question. morphe au groupe fondamental rr,(G) de
Si N est un sous-groupe de Lie distingk la variété sous-jacente à G (le groupe K,(G)
d’un groupe de Lie G (donc fermé dans est donc toujours commuta@‘). La struc-
G), on peut définir sur le groupe G/N une ture des groupes de Lie connexes est donc
structure et une seule de variété analytique ramenée à celle des groupes simplement
qui en fait un groupe de Lie et pour connexes.
laquelle l’application canonique : Ainsi le groupe GL(n, C) est connexe ;
mais le groupe GL(n, R) a deux compo-
rr:G+G/N
santes connexes, la composante neutre
est une submersion. Si G et G’ sont deux étant l’ensemble des matrices de détermi-

563
GROUPES

nant strictement positif. Les groupes SL(n, dérivé est le groupe trigonalstrict suphieur,
C) et SL(n, R) sont connexes. Chacun des qui est formé des matrices de T(n, R) telles
groupes O(n, C) et O(n, R) a deux que .xir = 1 pour tout i. Tout groupe de Lie
composantes connexes ; les composantes résoluble simplement connexe est isomor-
neutres sont So(n, C) et So(n, R). phe à un sous-groupe d’un groupe trigonal
Un groupe de Lie commutatif connexe T(n, R). On notera qu’un groupe résoluble
est nécessairement isomorphe à un groupe de dimension > 2 peut avoir son centre
du type RP X Tu, où T = R/Z (« tore a réduit à l’élément neutre, par exemple !e
une dimension ») ; son revêtement univer- groupe des matrices réelles :
sel est Rp+Y. Le groupe SL(n, C) est
1 Y
simplement connexe, mais GL(n, C) ne
(0 xi
l’est pas : son revêtement universel est
isomorphe à : où .Y > 0.
Dans un groupe de Lie connexe G, il
SL(n,C) X RZ
existe un plus grund sous-groupe résoluble
et son groupe fondamental isomorphe à Z. connexe R distingué dans G, appelé le
Le groupe SO(2, R) est commutatif et radical de G ; il est fermé dans G. Lorsque
isomorphe à T ; pour II > 3, le groupe R est réduit à l’élément neutre, on dit que
So(n, R) a pour revêtement universel le le groupe G est semi-simple. Pour un
groupe Spin(n) noté encore Spin(n, R), et groupe de Lie connexe G; de radical R.
le groupe fondamental est d’ordre 2 ; on S = G/R est semi-simple. Pour qu’un
définit de même le groupe Spin(n, C), qui groupe connexe soit semi-simple, il faut et
est revêtement universel de So(n, C) pour il suffit que son revêtement universel le
n > 3, avec encore un groupe fondamen- soit. Un groupe de Lie simplement
tal d’ordre 2. connexe G est produit semi-direct de son
Dans un groupe de Lie simplement radical R et d’un groupe semi-simple L
conne,ve G, les groupes dérivés successifs isomorphe à G/R. Le centre d’un groupe
D’(G) sont des sous-groupes distingués semi-simple est discret.
,frrnzks connexes ; il en est de même des
sous-groupes C”(G) de la série centrale
descendante. Un groupe simplement 2. Groupes de Lie compacts
connexe résoluble G a une variété sous- et groupes semi-simples
jacente isomorphe à un espace R” ; son
groupe dérivé D(G) est nilpotent, et il Soit G un groupe de Lie connexe ; il existe
existe une suite croissante (H,), 0 < j < n, alors dans G un sous-groupe compact
de sous-groupes fermés distingués de G musimnl K et un nombre fini de sous-
telle que H, = {e}, H, = G et que groupes fermés H,, . . . . H, isomorphes à R,
H,+,/H, soit isomorphe à R. Par exemple, tels que l’application :
le groupe trigonal hrge supérieur T(n, R)
(kx ,,..., x,)wkx ,... xP
formé des matrices réelles :
du produit :
K X H, X X HP
telles que X0 = 0, pour i > j, est un groupe
simplement connexe résoluble. Son groupe soit un isomorphisme de la variété sous-

564
GROUPES

jacente à ce produit sur la variété sous- Les groupes de types B, C peuvent être
jacente à G ; en outre, pour tout sous- définis pour m > 1 et ceux du type D pour
groupe compact K, de G, il existe s E G 112 > 2, mais on n’obtient pas de groupes
tel que : essentiellement nouveaux, car on a les
sK,s-’ C K, isomorphismes A, = B, = C,, Bz = C, et
A, = D,, et le groupe de type D2 est
et en particulier deux sous-groupes com- isomorphe au produit de deux groupes de
pacts maximaux sont conjugués. Les pro- type A,. Il faut enfin préciser que le groupe
priétés topologiques de G (par exemple ses unitaire U(m, H) sur le corps des quater-
groupes d’homotopie ou d’homologie) nions H se rapporte à une forme unitaire
sont donc connues lorsqu’on connaît les positive non dégénérée.
propriétés correspondantes de K. Il existe en outre cinq groupes excep-
On peut citer deux exemples : dans
tionnels, notés :
SL(n, R), le groupe So(n, R) est un
sous-groupe compact maximal ; dans G* 14 1
GL(n, C), le groupe U(n, C), aussi noté F4 52 1
U(n), est un sous-groupe compact maxi- E6 78 3

E, 133 2
mal.
ES 248 1
Le revêtement universel d’un groupe de
Lie compact K est de la forme K’ X R”, (la seconde colonne indique la dimension,
où K’ est compact, semi-simple et simple- et la troisième, l’ordre du centre).
ment connexe. Tout groupe compact semi- On verra plus loin (chap. 2, 3 et 4)
simple et simplement connexe est produit d’autres précisions sur ces groupes. Men-
direct de sous-groupes compacts simple- tionnons ici que l’algèbre de cohomologie
ment connexes et simples (c’est-à-dire
des groupes classiques est entièrement
n’ayant pas de sous-groupe fermé distin-
déterminée sur l’anneau des entiers ou sur
gué distinct d’eux-mêmes et de dimension
un corps premier ; on connaît aussi les
strictement positive) ; leurs centres sont
groupes d’homotopie :
finis, et les sous-groupes distingués fermés
d’un groupe simple sont contenus dans le
centre.
pour k < 2 n + 2 ; en particulier :
Les groupes simples compacts simple-
ment connexes sont explicitement connus lrk(U@l, C)) = z
(classification de Killing-É. Cartan) : il y a
pour k impair < 2 II ;
d’abord quatre séries infinies de groupes
classiques (tabl. 1). ~k(U(h C)) = 0

type dimension ordre du centre cas

A, = SU(m + 1 , C ) m(m + 2) m+l m>l


Bm = Spin(2m + 1. R) m(2m + 1) 2 m>2
Cm = U(/n, H) m(2m + 1) 2 ma3
D, = Spin(2 m, R) m(2m - 1) 4 ma4

tabl. 1 Groupes classiques simples. compacts et simplement connexes

565
GROUPES

pour k pair < 2 n, et plexe G’ correspondent plusieurs groupes


semi-simples réels non isomorphes, dont
G’ est le complexifié ; on dit que ces
est cyclique d’ordre n ! ; on obtient des groupes sont les « formes réelles » de G’ ;
résultats analogues pour les groupes une d’entre elles est toujours le groupe
d’homotopie de So(n, R) (théorèmes de compact correspondant à G’. Cependant,
Bott). si, par exemple, on considère, pour un
Les groupes semi-simples complexes entier m > 2 donné et pour chaque p tel
correspondent biunivoquement aux grou- que 1 < p < m, le groupe orthogonal réel
pes semi-simples compacts, tout groupe unimodulaire :
semi-simple compact K étant sous-groupe
compact maximal d’un groupe semi-simple SO@,2m-p)
complexe G, déterminé à isomorphie près, correspondant à une forme quadratique de
de dimension complexe égale à la dimen- signature (p, 2 m -p), tous ces groupes
sion de K et dont le centre est celui de K sont des formes réelles, deux à deux non
(cf. chap. 6 et 7). Pour les groupes com- isomorphes, du groupe semi-simple com-
pacts classiques, les groupes simples com- plexe SO(2 m, C). Toutes les formes réel-
plexes simplement connexes correspon- les des groupes simples complexes ont été
dants sont les suivants : déterminées par É. Cartan.
A, = SL(m + 1, C); Un groupe semi-simple réel connexe
B, = Spin(2m + 1, CT) non compact G admet toujours une dkcom-
position d’hasawa G = KAN, où K est un
(revêtement universel de SO(2 m + 1, C)) ;
groupe compact maximal de G, A un
c, =Sp(2m,C); groupe commutatif fermé dans G, iso-
D, = Spin(2 m, C) morphe à un R”, et N un groupe réso-
luble simplement connexe (donc ayant
(revêtement universel de SO(2 m, C)).
une variété sous-jacente isomorphe à
La situation est plus compliquée pour
un Rq) fermé dans G ; le centre de G
les groupes semi-simples réels non com-
est contenu dans KA ; en outre, l’applica-
pacts (et non sous-jacents à un groupe
tion :
semi-simple complexe) ; ils peuvent avoir
un centre infini (discret) et ne contenir (k,a,n)-km
aucun sous-groupe compact distinct de {e}
est un isomorphisme de la variété sous-
(par exemple le revêtement universel de
jacente à :
SL(2, R)). On se limitera ici aux groupes
semi-simples réels dont le centre est@ (le K X A X N
quotient d’un groupe semi-simple par son
sur la variété sous-jacente à G. Par exem-
centre, cf. chap. 5, a toujours un centre
ple, si G = SL(n, R), on peut prendre
réduit a e). Un tel groupe G,. de dimension
pour K le groupe orthogonal So(n, R), A
n est sous-groupe fermé d’un groupe semi-
est le groupe des matrices diagonales de
simple complexe G,., bien déterminé à
déterminant 1, et N le groupe trigonal
isomorphic près (le (( complexifié >) de G,
strict. Si :
cf. chap. 7) de dimension complexe n ;
mais à un même groupe semi-simple com- G = SOI& 2m -p),

566
GROUPES

on peut prendre pour K le produit : définissent comme pour les groupes quel-
conques (cf. la partie D ci-dessus Repré-
SO@) x SO(2 m -p).
sentation linéaire des groupes), mais on
Revenons aux groupes de Lie compacts. n’envisage d’ordinaire que des actions
Un tel groupe K contient des sous-groupes d’un groupe de Lie G sur une variété
compacts connexes ComnmtutifS, donc iso- analytique X, et on exige que l’application
morphes à des tares T”. Un tore maximal (s, 1~) 1-5 s de G X X dans X soit
T dans K est son propre centralisateur analytique. Pour tout s E G, l’application
(donc contient le centre de K) et, pour tout x - s x est alors un isomorphisme de la
autre tore T’ C K, il existe un s E K tel que variété X sur elle-même ; pour tout x E X,
ST”-’ C T; en particulier, deux tores l’ensemble S, des s E G tels que s .Y = s
maximaux sont toujours conjugués dans est un sous-groupe fermé de G appelé
K. En outre, tout élément de K appartient stabilisateur de .Y. L’orbite G x de x est
à au moins un tore maximal. Ainsi, dans le l’ensemble des s s pour s E G ; les orbites
groupe unitaire U(n, C), un groupe com- sont les classes d’équivalence d’une rela-
pact maximal est formé des matrices dia- tion d’équivalence R dans G ; elles ne sont
gonales : pas nécessairement fermées dans X et
diag @‘et, elez, ,,., eie.) ;
peuvent être en fait des ensembles très
compliqués. Leur étude générale n’a guère
le fait que la réunion des tores maximaux été poussée que pour G = R ou G = 2.
est U(n, C) équivaut ici à la classique L’ensemble X/C des orbites ne peut en
réduction d’une matrice unitaire à la forme général être muni d’une structure de
diagonale par similitude. variété analytique telle que l’application
La dimension nz d’un tore maximal de canonique TT : X -+ X/G (qui fait corres-
K est appelée le ïung de K ; lorsque K est pondre à un point son orbite) soit une
simple, le rang est l’indice m affixé à la submersion ; pour qu’il en soit ainsi, il faut
lettre A, B..., G dans la classification de et il suffit que l’ensemble Ta C X X X des
Kilhng-Cartan. L e normulisuteur N ( T ) couples (.Y, J) appartenant à une même
d’un tore maximal T d’un groupe semi- orbite soit une sous-variété fermée de
simple compact K joue un rôle important : X X X ; toute orbite est alors une sous-
le groupe quotient W = N(T)/T est appelé variété fermée de X.
groupe u’e Weyl du groupe K (cf. chap. 6). Un cas ou la variété des orbites existe
toujours est celui où G est un sous-groupe
fermé d’un groupe de Lie H, le groupe G
3. Actions des groupes de Lie opérant dans H par translation à droite
(s, s) - .~s avec s E G, .Y E H, de sorte que
Les groupes de Lie ont d’abord été étudiés les orbites sont les classes à gauche .x-G
en tant que groupes de transformations de dans H. La variété des orbites H/G est
certains espaces, plutôt que pour eux- alors appelée l’espace homogène des classes
mêmes ; et, dans la théorie moderne, les à gauche suivant G ; le groupe de Lie H
diverses façons dont un groupe de Lie peut opère a gauche sur H/G par (r, -tG)
être considéré comme groupe de transfor- - z-YG. Lorsqu’un groupe de Lie G opère
mations jouent encore un grand rôle. Les sur une variété X de sorte que la variété des
actions ou opérutions d’un groupe de Lie se orbites X/G soit définie, l’orbite d’un point

567
GROUPES

.y est canoniquement isomorphe à l’espace de G opère par :


homogène GIS,.
Le fait pour une variété analytique de X
de pouvoir être considérée comme espace
homogène H/G d’un groupe de Lie H avec a, b, c, d réels et ad - bc = 1. Dans
implique l’existence sur X d’une (( géomé- beaucoup de cas (entièrement déter-
trie N où se reflètent les propriétés des grou- minés par É. Cartan), les espaces symé-
pes H et G : c’est l’idée directrice exprimée triques G/K s’identifient ainsi à des
d’abord par F. Klein dans son programme ouverts d’espaces complexes c”, où G
d’Erlangen, et la géométrie euclidienne opère par transformations holomorphes,
classique n’apparaît plus ainsi que comme et ces espaces jouent un rôle impor-
un exemple particulier des (< géométries » tant dans la théorie des fonctions de
associées aux groupes de Lie ; les plus inté- plusieurs variables complexes. Plus récem-
ressantes correspondent au cas où H est un ment, on a pu déterminer également
groupe simple (cf. chap. 2) et on a par les ouverts bornés de C” qui sont des
exemple développé ainsi les <( géométries espaces homogènes G/H (non nécessai-
de Tits-Freudenthal )> correspondant aux rement symétriques) où G opère par
cinq groupes exceptionnels. transformations holomorphes. Les sphères
Les espaces homogènes G/H les plus et les espaces projectiji sont aussi des
importants dans toutes sortes d’applica- espaces riemanniens symétriques irréduc-
tions sont les espaces riemanniens symé- tibles.
triques irréductibles, découverts et entière-
ment énumérés par É. Cartan au cours de
recherches de géométrie riemannienne : ce 4. Représentations linéaires
sont les espaces de la forme G/K, où G est de dimension finie
un groupe simple réel de centre fini et K
des groupes de lie
un sous-groupe compact de G, obtenu
comme l’ensemble des x E G tels que Les définitions sont données à l’article
o(a) = x où 0 est une involution analytique précédent, qui traite de la représentation
de G (cf. chap. 7). Lorsque G est non linéaire des groupes ; on se bornera aux
compact, K est nécessairement un sous- représentations linéaires dans des espaces
groupe compact maximal de G, et G/K est vectoriels V (de dimension jïnie dans ce
difféomorphe à un espace R”. Si l’on prend chapitre) sur le corps C des nombres
G = SL(n, R), par exemple, K = So(n, complexes ; en outre, les représentations
R) est l’ensemble des matrices invariantes linéaires p : G -+ GL(V) d’un groupe de
par l’involution lJ++ o(U) = ‘U-l (contra- Lie que l’on considère sont supposées
gédiente de CJ) ; pour n = 2, l’espace analytiques (réelles).
symétrique G/K s’identifie canoniquement Lorsque le groupe de Lie G est connexe
avec le demi-plan de Poincaré formé des et résoluble, toute représentation irréduc-
nombres complexes de parties imaginaires tible de G est de dimension 1, autrement
strictement positives, où la matrice : dit de la forme s - x(s), où x est un
caractère (abélien) du groupe commutatif
G/D(G) ; une représentation quelconque

568
GROUPES

de G s’écrit toujours sous la forme trian- en transformant un tel polynôme P,,(.Y,, . . . .


gulaire : 5) en le polynôme :
s P,(x,, . . . . XJ = P,(s-’ .x,, . . . . x-1 .xJ,

en posant s-’ xk = uk,x, + ,.. + u~,~Y,, si


x~-’ est la matrice (cc,). Un invariant dans F,
est un polynôme tel que s P, = P, pour
tout 3 E SL(V) ; cela signifie que P,, engen-
L’exemple de la représentation dre dans F, un sous-espace stable de
linéaire : dimen.~ion 1, et, si l’on sait décomposer

fC 0 1c 1
1 t
toute représentation linéaire en représen-
tations irréductibles, on pourra obtenir
tous les invariants. D. Hilbert avait démon-
de G = R montre qu’une représentation tré (pour SL(V)) qu’il y a un nombre,fini
linéaire d’un groupe commutatif n’est de polynômes homogènes invariants I,, Il,
pas nécessairement complètement réduc- . ..( 1,. tel que tout autre invariant soit de la
tible. forme Q(I,, 17, .__, I,), où Q est un
En revanche, toute représentation polynôme. Ce théorème s’étend a tous les
linéaire d’un groupe de Lie G compact OU gtvupes semi-simples (mais non à tous les
réduct(f (c’est-a-dire dont le revêtement groupes de Lie).
universel est produit d’un groupe semi- Une représentation linéaire :
simple et d’un R”) est complktement réduc-
p:G-GL(V)
tilde (théorème de H. Weyl) ; pour les
groupes compacts, c’est même vrai sans est dite,fidg/e si elle est injective. On peut
supposer que G est un groupe de Lie (cf. prouver que, pour tout groupe de Lie
art. précédent). Tout revient donc a déter- connexe G, il existe un groupe connexe qui
miner, dans ces cas, les représentations a même revêtement universel que G et qui
irréductibles ; cette détermination a été est isomorphe à un sous-groupe d’un
complètement effectuée par É. Cartan au groupe linéaire GL(V) ; mais le revête-
moyen de techniques qui seront esquissées ment universel de G n’a pas toujours cette
dans le chapitre 6. propriété (par exemple pour G =
La théorie des représentations linéaires SL(2, R)). Toutefois, tout groupe compact
des groupes semi-simples généralise la et tout groupe semi-simple complexe est
théorie classique des inwriunts en géomé- isomorphe à un sous-groupe d’un groupe
trie projective. 11 s’agissait uniquement, linéaire.
dans cette théorie, des représentations des
groupes classiques, et surtout de SL(V).
Ce groupe opère en effet naturellement 5. Algèbres de Lie
dans toute puissance tensorielle VBn, et
dans le sous-espace des tenseurs symétri- L’outil essentiel dans la démonstration des
ques d’ordre 12. Ce dernier s’identifie à remarquables résultats qui précèdent est la
l’espace vectoriel F,, des polynômes homo- méthode infinitésimale, inaugurée par
gènes de degré n à p variables (si S. Lie (1842-1899) qui a pour effet de
~7 = dim V) ; un élément s E SL(V) opère ramener l’étude des groupes de Lie a

569
GROUPES

l’étude de ce qu’on appelle leurs algèbres où on vérifie aisément que :


de Lie. L’idée est d’étudier les conditions
qu’impose l’associativité de la loi d’un
groupe G aux séries qui l’expriment dans
un voisinage V de e. On suppose choisi un (combinaison d’un nombre fini de dérivées
système de coordonnées locales qui partielles deJ à coefficients aa0 analytiques
s’annulent en e, de sorte que V est identifié au voisinage de 0). Les applications,fH Z,J
à un voisinage de l’origine dans R”. Soit W sont donc des opérateurs d$ê’rentiels sur les
un voisinage de 0 tel que W2C V, et fonctions analytiques dans G ; en outre, ils
x = (x, ) .) XJ, y = u,,, . ..1 Y,) deux ont la propriété fondamentale d’invariance
points de W; leur produit z=xyEV à gauche par le groupe. De façon précise,
étant fonction analytique de x, y par pour tous s E G assez petit, posons
hypothèse, les coordonnées z,, . . . . z,, de z ,f,(x) =f(sx). Un opérateur différentiel Z
s’expriment par des séries convergentes est dit invariant à gauche si Z(f,) = (Zcf)),
pour s assez petit ; pour les Z,, cela résulte
pourIxjl<~,/~~il<~,l~j~n:
de leur définition (2) et de l’associativité,
(1) 2, = <p,(%Y) qui donnef, =,f’((sx)y). Il est clair que
l’ensemble Q des opérateurs différentiels
=xj +Y, + c b$xayo, invariants à gauche est une algèbre associa-
IN> l,lLl> I tive sur R, dont on voit aisément que les Z,
forment une base sur R (Z, est pris égal à
1 < j < n, où l’on a employé la notion des
l’identité). En fait, la table de multiplication
multi-indices :
de la base (Z,) se détermine explicitement
a = (a,. . ..> a.). àl’aide des séries (1). On pose en effet, pour
tout multi-indice y = (y,, . . . . y,J :
j a l= a, + a* + + a,

( C f . C A L C U L I N F I N I T É S I M A L CdCLd à plu-

sieurs variables). Considérons alors une


fonction analytique :
de sorte que b(f),B = cnPE,, où &j est le multi-
indice (6,) avec 1 < i < n ; de plus, on
v é r i f i e a u s s i t ô t q u e c,ay = 0 p o u r
donc développable en série convergente au / a 1+ 1p 1< 1y 1et que les seuls c,~( non
voisinage de 0 ; si l’on substitue à chaque nuls tels que Iyl=lo I+/ /3 sont ceux
xi la série z, = ‘p, (x, y) donnée par (1), on pour lesquels y = c( + 0, qui ont pour
obtient une série en les xi et J+, et, en valeur :
groupant les monômes en xaMva pour un
même CX, on obtient ce qu’on peut appeler c,,L?,,+p = w,
lafornrule de Taylor dans le groupe G au
voisinage de e : avec c( ! = o, ! .__ a, !. Pour tout s assez
petit, on peut écrire :

(2) f(xy) = c cw-(x)lY”, f(sxy) = c (Zpf(sX))Y~,


a B

570
GROUPES

et, en vertu de la formule (2) appliquée en qui vérifie les deux identités :
remplaçant f‘ par Z& :
(8) [X7 y1 = -L [x, Y],
(9) FL [Y. 41 + [Y, [Z, XII
+ [Z, [X, Y]] = 0

Mais, d’autre part, on a aussi, par (2) : (identité de Jacobi). Un espace vectoriel
sur un corps K dans lequel est défini une
f(sxy) = 1 (z.,f(sN(xYYf loi de composition :
I

vérifiant ces deux identités et bilinéaire est


appelé ulgèhre de Lie sur K. Un homo-
d’où, en comparant à (4) les formules : morphismef: g + g’ d’algèbres de Lie sur
le même corps est par définition une
(5) z,z, = c”Brzr* application K-linéaire telle que :
c
I
f(b. “1) = [f(u), f(v)l.
qui donnent la table de multiplication. La
On a donc associé canoniquement a
comparaison des formules (3) et (5) mon-
tout groupe de Lie G une algéhre de Lie g
tre que la structure d’algèbre de Q et la
sur R, dite algèbre de Lie de ce groupe et
structure de groupe de G (si G est sim-
notée Lie (G). 11 est très facile, en partant
plement connexe) se de’terminent mutuel-
des formules (4) et (5) et des propriétés des
lement sans ambiguïté.
ccIliï, de voir que les X, engendrent l’algèbre
En particulier, en posant :
associative 0 ; de façon précise, les monô-
Z,, = & bit!, = b,,,, mes :

on tire de (5), en prenant CY = zi, 0 = E, :


n forment une base de l’espace vectoriel 0
(6) x3, = ZE, + E, + b,&, (l’ordre des facteurs dans les X, est bien
c
k=1 entendu essentiel). De plus 0 est entière-
1 < i < n et 1 < j < n ; et, en échan- ment déterminée à isomorphie près
geant i et j : lorsqu’on connaît g, car elle est caractéri-
sée par la propriété (( universelle )> sui-
(7) [X,, Xj] = xixj - x,x,
n vante : Pour toute application hnéairefde
ZZZ (bljk-bjik)Xk, g dans une R-algèbre associative A telle
c que :
k=l
l<i<netl<j<n.
Le sous-espace vectoriel g de Q, de il existe un homomorphisme d’algèbres F
dimension n, admettant les X, pour base,
de Q dans A et un seul qui pro1onge.f:
est l’ensemble des opérateurs invariants à
Lorsque G est un groupe de Lie com-
gauche d’ordre 1 : les formules (7) mon- plexe, son algèbre de Lie g est une algèbre
trent que g est stable pour l’opération : de Lie sur le corps C ; quand on la
(X, Y) - [X, Y] = XY - YX, considère comme algèbre de Lie sur R, elle

571
GROUPES

est l’algèbre de Lie du groupe réel sous- universel (à isomorphie près). Cette cor-
jacent à G. respondance permet d’établir un « diction-
Voici quelques exemples. Si G = R”, naire » entre les notions fondamentales de
on a : la théorie des groupes de Lie et des notions
de la théorie des algèbres de Lie, qui
za=+ relèvent essentiellement de l’algèbre
linéaire (pour deux sous-espaces vectoriels
et (2) est la formule de Taylor usuelle ; a, b d’une algèbre de Lie 5, on note dans
l’algèbre associative 8 s’identifie à l’algè- ce qui suit [a, b] le sous-espace vectoriel
bre des polynômes en les D,, 1 < j < n ; engendré par les [X, Y] pour X E a, Y E b)
l’algèbre de Lie correspondante est com- selon le tableau 2.
mutative, c’est-à-dire que [X, Y] = 0 quels Pour touts E G, il correspond à l’auto-
que soient X, Y dans g. L’algèbre de Lie morphisme intérieur Int(s) : x - S,KF’ de G
du groupe des matrices : l’automorphisme dérivé (Int(s)), de g, noté
Ad(s) ; l’application s - Ad(s) de G dans
1 Y
GL(g) est une représentation linéaire de G
i0 x1
dans l’espace vectoriel g, appelée représen-
a une base de deux éléments X, Y vérifiant tation adjointe ; son noyau est le centre Z de
la table de multiplication [X, Y] = -Y. G et son image Ad(G) C GL(g), isomor-
L’algèbre de Lie 5l(n, R) (resp. 5I(n, C)) du phe à G/Z, est appelée le groupe adjoint de
groupe linéaire GL(n, R) (resp. GL(n, C)) G. On montre que la représentation linéaire
s’identifie canoniquement à l’espace des Ad, de g dans gl(g) est l’application
matrices carrées réelles (resp. complexes) X - ad(X), où on pose :
d’ordre n où le crochet est l’application
(X, Y) - XY - YX; l’algèbre de Lie de
SL(n, R) est la sous-algèbre de Lie II(n, R) cette application est dite reprksentation
de gI(n, R) formée des matrices de trace 0. adjointe de 5 ; son noyau est le centre 3 de
En particulier, fl(2, R) (ou 42, C)) a pour 5 et, pour tout XE Q, ad(X) est une
base les trois matrices : dérivation de l’algèbre 5, c’est-à-dire :

ad(W[Y, Zl = W(WCY), Zl + [Y, 4WO1,


ce qui n’est autre que l’identité de Jacobi.
vérifiant donc la table de multiplication : Pour tout X E g, il existe un homomor-
phisme et un seul du groupe additif R dans
(10) [H,X] = 2x, [H, Y] = -2 Y,
[X, Y] = H.
G, dont l’homomorphisme dérivé soit
t - tX ; on note cet homomorphisme
On montre que réciproquement, à toute t- exp(tX) et l’image de R par cet
algèbre de Lie 5 sur R (resp. C) de h o m o m o r p h i s m e e s t appel& l c sous-
dimension finie, correspond un groupe de groupe à un paramètre de G correspondant
Lie réel (resp. complexe) simplement à X. Un tel sous-groupe n’est pas néces-
connexe et un seul à isomorphie près, dont sairement fermé dans G ; ainsi, par exem-
l’algcbrc de Lie est isomorphe à g. Tous les ple, si G = T2 et si q : R - T est l’homo-
groupes de Lie connexes ayant la même morphisme canonique, alors t ++ (<p(t),
algèbre de Lie ont même revêtement q(b)), où 8 est un nombre irrationnel,

572
GROUPES

groupe de Lie simplement connexe G alg&bre de Lie 9


I 1

homomorphisme dérivé f* : g + g d’algèbres de


Lie d6fini oar :
h o m o m o r p h i s m e f : G + G’ d e g r o u p e s d e L i e
simplement connexes
V*(X))(vP) = X(<p Of)
pour tout opérateur X E g et toute fonction diffé-
rentiable p sur G’

image de f Image de f, (sous-algèbre de g’)


/

noyau de f, (idéal de g, c’est-à-dire sous-espace


composante neutre du noyau de f (sous-groupe Cl c g tel que :
distingué fermé)
[X.Y]Ell pourXEg,YEa

quotient G/N de G par un sous-groupe distingué quotient g/n de l’algèbre de Lie de G par celle de
fermé N la composante neutre de N

centre (idéal 3 des X tels que (X, Y] = 0 pour tout


composante neutre du centre
YE 9)

groupe commutatif alghbre de Lie commutative

sous-groupe (G, H) pour un sous-groupe distingué


fermé connexe H de G (le groupe (G, H) est engen- idéal [g. O] formé des combinaisons linéaires des
dré par les ~hg~W’ pour g E G, h E H) [X. Y] pour x E 9. Y E 0

groupe dérivé (ou groupe des commutateurs) algdbre d6rivée [g, g] d e g


/

produit direct g x g’, avec :


produit direct G x G’
I(X X). (Y. Y,] = ([X, Y], [x’, Y]) !

p r o d u i t semi-direct d ’ u n id84 a e t d ’ u n e sous-


p r o d u i t semi-direct algèbre b, avec :
g=a@b

repksentation linéaire de G dans V : représentation linéaire de g dans V:


p:G+GL(V) P*: g-glP4

tabl. 2 - Correspondance entre la théorie des groupes de Lie et la théorie des algèbres de Lie

définit un sous-groupe à un paramètre cation esponentielle X ++ exp(X) de B dans


partout dense dans T’. On a : G, restreinte à V, soit un isomorphisme
exp((t + t’)X) = exp(t X) exp(t’X), analytique de V sur un voisinage ouvert de
e; mais en général, l’application
exp (3 (?X)) = exp ((a )X) ;
X - exp(X) n’est ni injective ni surjective
par contre, si X et Y sont tels que dans g. Elle est toutefois surjective lorsque
[X, Y] # 0, on a en général : G est compact, et bijective lorsque G est
exp (r (X + Y)) f exp (t X) exp(t Y).
résoluble et simplement connexe. On
prouve, en outre, que :
On montre qu’il existe un voisinage
assez petit V de 0 dans g tel que I’uppli- (11) Ad(exp(X)) = exp(ad(X))

573
GROUPES

pour X E g, l’exponentielle du second On peut parvenir à la détermination de


membre étant la série usuelle : la structure d’un groupe compact semi-
simple G, en analysant sa représentation
adjointe. Il est commode de commencer
par étendre canoniquement chaque endo-
morphisme Ad(s) (pour s E G) de l’algè-
dans l’algèbre des matrices.
bre de Lie g à un endomorphisme de sa
complexifiée 8~ = g OR C, de sorte qu’on
peut considérer G comme opérant par
6. Algèbres de Lie semi-simples s-Ad(s) soit sur g, soit sur g,. L’idée
fondamentale est de restreindre la repré-
La notion d’algèbre de Lie résoluble (resp. sentation adjointe à un tore maximal T
nilporente) se définit comme pour les de G ; comme T est compact et commu-
groupes, en remplaçant les groupes D’(G) tatif et que la forme de Killing est inva-
(resp. C’(G)) par les idéaux formés de la riante par tout automorphisme de g et
façon correspondante dans l’algèbre de négative non dégénérée, cette représenta-
Lie 8, Si G est un groupe de Lie simple- tion est complètement réductible, donc g se
ment connexe, R son radical, le plus grand décompose en somme directe de sous-
idéal résoluble r de l’algèbre de Lie g de G espaces E,, deux à deux orthogonaux pour
est l’algèbre de Lie de R, et on l’appelle le (Xl Y), de dimension 1 ou 2 sur R, et
rudicul de g. Une algèbre de Lie g est dite stables par Ad(s), s E T ; mais le cas
semi-simple si son radical est réduit à {O} dim(E,) = 1 est à exclure, car le groupe à
(ou, ce qui revient au même, si elle ne un paramètre engendré par un élément de
contient pas d’idéal commutatif non réduit E, commuterait alors avec T, contraire-
à {O}. Un groupe de Lie connexe est ment à l’hypothèse que T est maximal.
semi-simple si et seulement si son algèbre Alors :
de Lie est semi-simple.
Ek @aC
On définit d’autre part sur toute algèbre
de Lie réelle (resp. complexe) g une forme est somme directe de deux sous-espaces E’,
bilinéaire symétrique réelle (resp. com- et E”, de dimension 1 sur C, dans lesquels
plexe) diteforme de Killing, par la formule : on a :
Ad(s) X’ = xk (s)X’,
Ad(s). X” = X&)X”
Cette forme est étroitement liée à la
structure de g par les trois critères de respectivement, où y~ est un caractère de
Curtan : T ; en vertu de (1 1), il revient au même de
Pour que g soit résoluble, il faut et il suffit dire que, pour tout
que (4 Y) = 0 pour X E g et Y E [g, g].
HEh=tO,C,
Pour que g soit semi-simple, il faut et il
suffit que la forme de Killing soit non t = Lie(T), on a :
dégénérée.
(12) [H, X’] = a,(H)X dans EL
Pour qu’une algèbre de Lie réelle g soit
[H, X”] = - a,(H)X” dans E;
l’algèbre de Lie d’un groupe compact, il
faut et il suffit que (XIX) < 0 dans g. avec xn(exp(H)) = exp 2 rio,( où oh

574
GROUPES

est une forme linéaire non identiquement Weyl-Chevalley) ; les H, engendrent t et


nulle sur h, à valeurs réelles dans t ; on dit l’on obtient :
que les CQ sont les racines de gc relative-
(17) a(H) = (H / H,) pour HE 5.
ment à la sous-algèbre commutative maxi-
male h. L’identité de Jacobi et le fait que On prouve, a l’aide de ces relations, que
IJ e s t m a x i m a l e m o n t r e n t q u e [E’k, l’application :
E”& C JJ ; on constate alors que la somme
directe : (18) sa:P-P-B(%)a

est une permutution involutive de l’ensem-


ble R des racines ; de plus, si CI E R, on a
est une sous-algèbre de 8, avec une base 2o 6Z R. La détermination complète des
vérifiant (lO), elle est donc isomorphe à ensembles finis R contenus dans le dual I,I*
fl(2,C). Une analyse élémentaire des repré- de l’espace vectoriel IJ, ne contenant pas 0,
sentations irréductibles de N(2, C) permet engendrant b* et ayant les deux propriétés
d’obtenir les résultats fondamentaux sui- précédentes (ensembles dénommés syst&
vants : toutes les racines CI~ (1 < k < mes de wcines) est essentiellement un
(n - m)/2 si n = dim G, m = dim T) sont problème de géométrie élémentaire, qui
distinctes ; on peut donc prendre leur conduit à la classification de Killing-
ensemble R comme ensemble d’indices, Cartan (cf. chap. 2).
écrire g, et E, au lieu de E’, et E”,, et Ainsi, pour le type A,,,, qui correspond
déterminer dans chaque g, un élément X,, à l’algèbre de Lie :
de sorte que, si l’on pose :
qm + 1, C)
(13) H, = FL, XL1 E 6 du groupe unimodulaire, on peut prendre
on obtienne : pour IJ l’algèbre de Lie engendrée par les
éléments Eii - E,, (Ehk est la matrice ayant
(14) a(H,) = 2. un seul élément # 0, situé dans la h-ième
ligne et la k-ième colonne, et égal à 1) ; les
En outre, pour deux racines quelcon-
racines o,, correspondent aux couples (ij)
ques CI, fi, le nombre B(H,) est égal àp ~ q,
tels que i fj, avec oj, = - oi, ; on a :
où p et q sont deux entiers positifs ou nuls
tels que les entiers k vérifiant -p < k < q Ha,, = En -Ejj,
soient exactement ceux pour lesquels Xc,, = Eij, X-,, = Ej:,
fi + kcc est une racine (on montre qu’on a ai,(Hah,) = 0,
toujours p + q 6 3) ; enfin :
si ni /z ni k ne sont égaux à l’un des indices
PL, x,1 = 0 i, j, et
si a + p n’est pas une racine,
(15) [Xx, X,1 = Na&a+fi a,j(%,,) = 1
I si a + fi est une racine,
si h = i et ,j # k, ou h # i et j = k. On
et l’on peut montrer que : peut vérifier sur cet exemple les formules
générales données plus haut.
(16) N-a-, = -Na, e t N,, = + (p + l),
Les racines o appartiennent en fait au
où l’entier p a été défini ci-dessus (base de dual t* de l’espace vectoriel réel t ; si on

575
GROUPES

définit sur t* la forme bilinéaire inverse de plexe) à celles de gf dans V ; ces dernières
(U 1V) sur t, qu’on note (i 1q), la permu- sont donc complètement réductibles, et il
tation s, est la restriction à R de la rkjesion suffit de déterminer les représentations
orthogonule par rapport à l’hyperplan M, irréductibles de g,. On utilise la même idée
des i E t* tels que C(H,,) = 0. Les s, pour que ci-dessus, savoir la restriction à fi d’une
o E R engendrent un groupefini de trans- représentation p de gc dans V ; on appelle
formations orthogonales, canoniquement poids de la représentation p (irréductible
isomorphe au groupe de Weyl W de G (cf. ou non) tout élément 0 E h* pour lequel il
chap. 2) auquel on l’identifie. Les compo- existe un vecteur x E V non nul et pour
santes connexes, dans l’espace t*, de la lequel :
réunion des hyperplans M, sont appelées
les chambres de g (relatives à t) ; pour une
chambre C, il y a exactement nz hyperplans pour tout H E f,t (donc x est vecteur propre
M,, tels que la réunion des M, n C cons- commun à tous les endomorphismes
titue la frontière de C (donc C est un p(H)) ; l’ensemble V,, des vecteurs x ayant
(( angle polyèdre » dans l’espace t* à m cette propriété pour un poids o est un
dimensions) ; on dit que ces hyperplans sous-espace vectoriel V,,, et V est somme
M,, sont les murs de C. Si on choisit une directe des V,,. Les poids de p sont donc en
chambre C, et qu’on note M,(l < i < m) nombre fini ; si l’on suppose maintenant p
ses murs, pour chaque i une des deux irréductible et si l’on choisit une base (ai)
racines opposées orthogonales à Mi est du de R, avec 1 < i < m, on démontre qu’il
même côté que C de M, ; elle est notée oi existe un unique poids TI de p tel que tous
et on dit que les (x, (qui forment une base les autres poids de p soient de la forme :
de l’espace vectoriel t*) forment une buse
m
du système de racines R. On prouve que s- q,a,,
toute racine o E R est combinaison c
i=l
linéaire des o, à coefficients entiers de
même signe; les racines de R sont ainsi où les qi sont des entiers positif ; on dit que
divisées en deux classes, dites positives x est lepoids dominant de la représentation
(resp. nkgatives) pour C si tous les coeffi- p, et on montre que V, est de dimension
cients sont > 0 (resp. < 0). Le groupe de 1. Deux représentations irréductibles de 8~
Weyl permute les chambres (donc aussi les ayant même poids dominant sont sembla-
bases de R) de façon simplement trunsitive. bles. Pour qu’une forme linéaire o E h*
Donnons un exemple : pour le type A,,,, on soit poids dominant d’une représentation
peut prendre comme base les racines a,,,+, irréductible de gc, il faut et il suffit que l’on
pour 1 < i < n? ; donc le groupe de Weyl ait o(H,,J > 0 pour 1 < i < m. Les poids
s’identifie au groupe symétrique TX,,,+, des dominants de toutes les représentations
permutations de 112 + 1 objets. irréductibles de g, forment donc un
Supposons G simplement connexe. On Z-module libre P(R), ayant pour base les
a vu que les représentutions linéaires de G poids K, (1 < i < m) tels que :
dans un espace vectoriel complexe V ~;(Ha,) = 1, T(H,,) = 0
correspondent biunivoquement aux repré-
sentations linéaires de g dans V, et aussi pour i + j ; les rri sont appelés les poids
(puisque V est un espace vectoriel com- fondumentuux de gc (pour la base (c(J) ; on

576
GROUPES

a évidemment R C P(R) et le sous-groupe définie dans T, et, comme tout élément de


Q(R) engendré par R est d’indice fini dans G est contenu dans un conjugué de T, x,,
P(R) ; on prouve que le quotient P(R)/ est bien définie dans G.
Q(R) est isomorphe au centre de G (sup En particulier, la dimension de l’espace
posé simplement connexe). de la représentation irréductible de poids
Ainsi, pour le type A,,,, les poids fon- dominant o s’obtient en prenant la valeur
damentaux o, (1 < i < m) sont donnés de x, (H) pour H = 0, et on montre que
par : cette valeur est :

w,(diag@,, . . . . rm+,))=tl +t2+ +r,, (20)


(alu + PI
n-
a,O 64~)
qui est une fonction restreinte à la sous-
algèbre f,t des matrices diagonales telles que : (produit étendu aux racines positives).

7. Algèbres semi-simples
complexes et leurs formes réelles
On vérifie que o,, est le poids dominant
de la représentation identique : Dans le chapitre 6, en partant de l’algèbre
el(m + 1, C) - qm + 1, C) ; de Lie d’un groupe semi-simple compact,
on a obtenu, en la complexifiant, une
on montre que o, est le poids dominant de algèbre de Lie semi-simple complexe. Ce
la représentation canonique dans la puis- processus admet une réciproque, qui éta-
sance extérieure j-ième de en’+‘. blit une correspondance biunivoque entre
Le caracttre (cf. art. précédent) de la groupes connexes semi-simples complexes
représentation irréductible du groupe com- et groupes connexes semi-simples con?-
pact semi-simple G de poids dominant w pacts.
est donné par la.formule de H. Weyl : L’unique méthode connue pour établir

(19) X” = utW
c e(w)exp27riw(o + 0)
ce fait est due :d Killing et É. Cartan, et est
fort longue : on commence par démontrer,
dans une algèbre semi-simple complexe B
de dimension n sur C, l’existence d’une
c(w) exp 2 niw (rs)
c sous-algèbre commutative maximale h
wEW
(sous-algèbre de Cartan) telle que la rela-
où G est la demi-somme des racines posi- tion ad(X)(h) C IJ entraîne X E IJ. En
tives, w parcourt le groupe de Weyl et E(\V) étudiant la représentation adjointe H -
est son déterminant (égal à f 1 suivant que ad(H) de IJ dans l’espace vectoriel 8, on
w est produit d’un nombre pair ou impair arrive alors à décomposer g en somme
de réflexions s,) ; le caractère apparaît directe de fi et de sous-espaces CX, de
comme une fonction définie dans l’algèbre dimension 1, où les X, vérifient les rela-
de Lie t de T, mais a la même valeur pour tions (13) à (16). On voit aisément que
tous les éléments H E t tels que exp(H) E l’espace vectoriel réel u engendré par les
T ait la même valeur dans T (cela résulte iH,, les X, ~ X. a et les i(X,, + X .) est
de ce que o est la somme des poids une algèbre de Lie w’elle dans laquelle la
fondamentaux 0,) ; en fait, x0 est donc forme de Killing est négative non dégéné-

577
GROUPES

rée ; donc u est l’algèbre de Lie d’un tion linéaire de G correspondant à une
groupe compact semi-simple U , e t représentation linéaire de g de poids domi-
g = u 0 iu. Les iH, engendrent une sous- nant o. Supposons, pour simplifier, G
algèbre (réelle) commutative maximale t de simplement connexe, et soit M le sous-
u (correspondant a un tore maximal T de groupe connexe de G correspondant à h.
U), et on a h = t 0 it. qui est isomorphe à (C*)“I (« groupe de
Si l’on choisit une base (oc,), avec type multiplicatif 1)) ; on déduit de o un
1 < j < rn, du système des racines de g, la homomorphisme vo : M -+ C* défini
sous-algèbre (complexe) tt+ (resp. n) de g par :
ayant pour base les X, pour CI > 0 (resp. yo(exp(H)) = exp Ziro(H),
CI < 0) est une sous-algèbre nilpotente : on
a: coïncidant dans T avec le caractère x, ; si
N+ est le sous-groupe de B correspondant
* = IJ @ n+ a3 n-,
à II+, on a B = M N+ et on prolonge y,,,
et 6 = h 0 II+ est une sous-algèbre résoluble en un homomorphisme de B dans C* en lui
nzuximde de g. Si G est un groupe de Lie donnant la valeur 1 dans N+. Soit alors V,,
(complexe) connexe d’algèbre de Lie g et l’espace vectoriel des fonctionsfholomor-
B le sous-groupe connexe de G correspon- phes dans G et vérifiant l’identité :
dant à 6, B est donc un sous-groupe
rkoluble connexe muximnl de G. Les (21) J-W) = vw(bYf(x),
sous-groupes ayant ces trois propriétés pour x E G et b E B. On peut faire opérer
sont appelés sous-groupes de Bore1 de G ; linéairement G dans V,, en posant :
ils sont tous conjzlgué.7 dans G. On montre
(22) 6 .fW) =fQ-‘XX
que B est son propre normalisateur dans
G, et que l’espace homogène G/B est pour s, x dans G. On prouve que V,, est de
compact et peut canoniquement être muni dimension finie, que la représentation de G
d’une structure de varie% algkhrique pro- dans Vo ainsi définie est irréductible et que
jective sur C. En outre, les doubles classes sa contragrédiente a pour caractère x0.
BsB forment une partition de G qui est On dit qu’une algèbre semi-simple go
canoniquement indexée par le groupe de sur R est une forme réelle de g si g est
We.vl W de U (décomposition de Bruhat) : isomorphe à la complexifiée :
de façon précise, pour tout w E W, il existe,
dans le normalisateur de T dans U, un BO@JRC
élément n,,. tel que Ad(n,,) laisse stable h et de go ; il est immédiat qu’il revient au
induise sur h la contragrédiente de w même de dire que go est isomorphe à une
considéré comme opérant dans h* (cf. sous-algèbre de Lie réelle de g (g étant
chap. 6) ; l’application w - Bn,,B est une considérée comme algèbre de Lie réelle de
bijection de W sur l’ensemble des doubles dimension ~II), formée des éléments inva-
classes modulo B. riants d’une conjugaison de 8, c’est-à-dire
Dans SL(n, C), par exemple, un groupe une application semi-linéaire bijective o de
de Bore1 est le groupe trigonal large g sur elle-même qui préserve le crochet,
supérieur T(M, C) (cf. chap. 1). telle que o2 = 1. Tout revient donc à
Le groupe de Bore1 permet de donner déterminer ces conjugaisons, à automor-
une expression explicite de la représenta- phismes de g près. On montre d’abord que,

578
GROUPES

par un automorphisme de g, on peut Par exemple, si U = SO(3, R), groupe


ramener l’algèbre II à être stable par o. des rotations de R3, on peut prendre pour
Alors t,, = g,, n u est la sous-algèbre de u s l’automorphisme t ++ rtr’, où r est une
formée des points fixes de la restriction de réflexion orthogonale ; alors K = 0(2, R)
o, et u est somme directe de 6 et du et K, = SO(2, R); A est un tore de
sous-espace ipO des X E u tels que dimension 1, comme K,, et la décompo-
o(X) = -X. D’autre part, u est l’ensem- sition K,AK, n’est autre que la classique
ble des points fixes d’une conjugaison T de description des rotations de R’ par les trois
g, qui permute à o ; on a & = 6 0 pO et pO ungles d’Euler.
est l’ensemble des X E Q, tels que De la même manière, si G, est la forme
T(X) = - X. On voit que la restriction à t, réelle (non compacte) correspondant à o,
(resp. pO) de la forme de Killing de g,, est c’est-à-dire le sous-groupe connexe de G
négative (resp. positive) non dégénérée ; correspondant à l’algèbre de Lie g, la res-
une telle décomposition go = Q, 0 p,, ayant triction de T à go est de la forme t., où t est
toutes ces propriétés est appelée décompo- un automorphisme involutif de G, ; K, est
sition de Curtan de la forme réelle go de g ; l’ensemble des s E G, invariants par t, et
elle est déterminée à un automorphisme P, = exp(p,) la composante connexe de e
près de la forme Ad(s). dans l’ensemble des x E G, tels que
Une fois connu un groupe semi-simple t (x) = x-’ ; on obtient G, = K, P,, et ici
compact U, la détermination des formes l’application (k, p) - kp de K, X P, sur
réelles de son complexifié G revient donc G, est un difféomorphisme. L’espace P est
à la détermination des automorphismes isomorphe à un R” ; G, y agit transitive-
involutif s de U (dont o, restreint à u, sera ment par (,Y, p) - xpt(x-‘), et, pour cette
l’automorphisme dérivé s*). Si K est le action, P, est isomorphe à l’espace rieman-
sous-groupe compact de U formé des x nien symétrique G,/K,. On a encore la
invariants par s, sa composante connexe décomposition de Cartan G, = K,A,K,
K, correspond à 6 ; d’autre part, si P est (A, sous-groupe commutatif connexe maxi-
la composante connexe de e dans l’ensem- mal de PJ, et, en analysant de plus près la
ble des x E U tels que s(x) = X-I (qu’on représentation adjointe de A dans ~0, on
montre être égale à exp(ip,)), on a o b t i e n t l a d é c o m p o s i t i o n d’lwasawa
U = K,. P; le groupe U agit sur P G, = K,A,N décrite dans le chapitre 2.
transitivement par : On voit notamment que les espaces
riemanniens symétriques compacts simple-
ment connexes sont en correspondance
et P est isomorphe à l’espace riemannien hiunivoque avec les espaces riemanniens
symétrique U/K. En outre, l’application symétriques non compacts.
(k, p) - kp restreinte à un ouvert partout
dense convenable de K, X P, est un dif-
féomorphisme sur un ouvert partout dense 8. Représentations linéaires
de U. Si A désigne un sous-groupe com- de dimension infinie
mutatif maximal de P (A est ici un tore),
on prouve que tout p E P s’écrit kakp’ La description des représentations irréduc-
pour un a E A et k E K,, d’où tibles d’un groupe semi-simple complexe
U = K,AK, (décomposition de Curtun). donnée dans (21) et (22) est un exemple

579
GROUPES

particulier de l’idée fondamentale de repré- Leur intérêt réside dans le fait qu’ils
sentation lin&ire induite, initialement rattachent a la théorie des groupes de Lie
introduite par Frobenius pour les groupes des questions d’analyse ou de physique
finis, (cf. la partie D ci-dessus Repré- d’allure toute différente.
sentation linéaire des groupes), appliquée En premier lieu, on rencontre ainsi de
aux groupes de Lie. façon naturelle de nombreuses fonctions
D’une façon générale, soit G un groupe spéciales, dont on peut ainsi faire une
de Lie, F un sous-groupe fermé de G, F un théorie unifiée et « expliquer )) maintes
espace vectoriel complexe de dimension propriétés qui paraissaient fortuites.
finie, et i-L(c) une représentation Les exemples les plus simples s’obtien-
linéaire de F dans F. Soit alors V un espace nent lorsqu’on prend G = U. groupe
vectoriel (en général de dimension injinie) compact semi-simple, et F = K, (nota-
de ,fi>nctions définies dans G et vérifiant tions du chap. 7). Alors toutes les repré-
l’identité : sentations de U dans un espace de Hilbert
V se décomposent en représentations
(23) f(xD =L(C) .f(x) de dimension finie, le groupe U opérant
pour x E G et i E F. On fait alors opérer pour ces représentations dans des sous-
G dans V en posant : espaces de dimension finie V, de V, dont
la somme est directe et partout dense.
(24) e .f)@) =fW’s) É. Cartan s’est le premier aperçu que
pour s, x dans G. les fonctions constituant les V, ont des
L’exemple des représentations de propriétés remarquables. Pour
dimension finie donné dans (21) et (22) U = SO(3, R), K = SO(2, R), par exem-
correspond au cas où L est une représen- ple, on obtient ainsi les fonctions sphéri-
tation de dimension 1 et où V est de ques classiques définies sur UjK = Sz
dimension finie. Le cas le plus étudié en (sphère à 2 dimensions) comme restric-
dehors de ce dernier est celui où L est une tions des polynômes harmoniques homo-
représentation unitaire (autrement dit, gènes dans R’.
L(E,) laisse invariant un produit scalaire On obtient d’autres fonctions spéciales,
euclidien dans F) ; si f’vérifie (23), on a telles que les fonctions de Bessel ou les
j/ f (,Y<) 11= JIJ’(s) 11pour la norme eucli- fonctions hypergéométriques, en prenant
dienne dans F, et on peut considérer f pour G certains groupes de dimension 4.
comme définie dans G/F ; on définit alors Si on prend pour G un groupe semi-
V comme l’espace de Hilbert des fonctions simple et pour r un sous-groupe discret
,fsur G/F telles que : convenable, on obtient cette fois comme
fonctions (( spéciales )) ce qu’on appelle
(25) lb-(z) l12dP(Z) < + => des fonctions (ou formes) autonzorphes,
sGA-
qui constituent une vaste généralisation
où p est une mesure sur GF invariante des (( fonctions fuchsiennes )) de H. Poin-
pour l’action de G. Il s’agit de savoir si caré.
cette représentation est irréductible, ou de Les fonctions appartenant à V ne sont
la décomposer en représentations irréduc- pas ncccssairement continues dans G,
tibles ; cela pose des problèmes difficiles mais on peut montrer qu’il y a toujours
qui sont encore loin d’être tous résolus. un sous-espace dense V, de V, stable pour

580
GROUPES

la représentation de G et tel que, pour obtienne comme éléments des V, des


tout XE g (algèbre de Lie de G), la polynômes harmoniques. En physique
dérivée pour t = 0 de l’application quantique, les valeurs propres A des opé-
t - exp(tX) f existe pour tout f E V,. Si rateurs p(Z) dans chaque Vj sont mises en
on note p(X) .fcette limite, p(X) devient correspondance avec les valeurs des gran-
un opérateur linéaire de l’algèbre de Lie g deurs physiques fondamentales (tels que
dans l’espace (de dimension infinie en masse, spin, isospin, etc.) de la « particule
général) Vo. élémentaire )) associée à la représentation
En physique quantique, V est un espace irréductible dans Vj
de <( fonctions d’ondes D, et G est soit le
« groupe de Poincaré » (produit semi-
direct du groupe de Lorentz SO(3, 1) et du 9. Généralisations
groupe commutatif R4), soit (dans la
théorie récente des (< particules élémentai- On constate que les groupes semi-simples
res D) le produit de ce groupe et d’un complexes sont des groupes linéaires ulgG-
groupe compact tel que SU(2), SU(3) ou briques, c’est-à-dire des sous-groupes G de
SU(6). Les opérateurs p(X) sont des groupes linéaires GL(n, C), définis par des
opérateurs différentiels du premier ordre ; bquutions algébriques entre les éléments
o n p e u t étendre la représentation des matrices de G. On sait d’autre part que
X H p(X) de g à une représentation de les groupes classiques peuvent être aussi
l’algèbre enveloppante 0 (cf. chap. 5) ; définis pour un corps de base K quelcon-
pour k éléments Xj E g, que au lieu du corps C (cf. la partie B
ci-dessus - Groupes classiques et géomé-
PV, x2 “ ’ Xk)
trie). On est donc conduit à se demander
sera le produit d’opérateurs : s’il n’existe pas une « théorie de Lie » pour
les groupes linéaires sur un corps quelcon-
P(X!)P(&)... PC%) ;
que K et, comme ici il n’y a plus de notions
ce sont donc des opérateurs différentiels topologiques, on les remplace par la res-
d’ordre quelconque. Un intérêt particulier triction que les groupes considérés sont
s’attache aux opérateurs p(Z) (dits @ru- alg@briques au sens ci-dessus.
teurs de Cusimir) où Z appartient au centre On peut alors développer toute une
de 0 ; comme ils commutent avec les p(X), théorie dont les résultats (mais non les
ils agissent par homothétie dans chaque méthodes) se calquent sur ceux de la
sous-espace V, de V où la restriction de la t h é o r i e d e s g r o u p e s d e L i e (Borel-
représentation considérée de G est irré- Chevalley). On définit une notion (algébri-
ductible ; en d’autres termes, les fonctions que) de (( connexion » et des notions telles
fs Vi satisfont à des équations aux déri- que celle de radical, de groupe semi-simple
vées partielles p(Z)f= hJ Ainsi, pour ou de sous-groupe de Bore1 d’un groupe
G = SO(3, R), le centre de Q est engen- algébrique exactement comme pour les
dré par l’unique élément groupes de Lie. Le résultat le plus remar-
z=x:+x;+x:, où (X,),j= 1, 2, 3 quable est que, lorsque le corps de base K
est une base convenable de l’algèbre de Lie est algébriquement clos (mais de caracte-
[CI(~, R), et on constate que p(Z) est le ristique quelconque), les groupes semi-
luphcien, ce qui (( explique )) que l’on simples sont encore donnés par la classi-

581
GROUPES

fication de Killing-Cartan. Il n’y a plus ici est ici muni d’une topologie, la correspon-
de méthode (( infinitésimale )) à propre- dance entre algèbre de Lie et groupe de
ment parler, bien qu’on puisse encore Lie est presque aussi satisfaisante en
définir une algèbre de Lie g (et même une théorie p-adique que pour les groupes de
algèbre associative 8) associée à un groupe Lie réels ou complexes. En utilisant à la
linéaire algébrique G ; mais son utilité est fois les plongements de G dans G, et dans
bien moindre que dans la théorie classique. les G, correspondant à tous les nombres
Les raisonnements essentiels sont de premiers p, on arrive aux résultats les plus
nature globale et reposent sur le fait que, profonds de Minkowski-Siegel sur les
pour un sous-groupe de Bore1 B de G, le formes quadratiques à coefficients entiers,
quotient G/B est encore muni d’une struc- ici encore largement généralisés et placés
ture de vuriétG ulgébriqur projective. En dans leur cadre naturel. Il est intéressant
outre, on étend encore à ce cas la décom- de noter que, dans cette théorie, un rôle
position de Bruhat (cf. chap. 7), qui joue particulièrement important est tenu par les
également un rôle important dans les mesures invariantes sur les groupes
démonstrations. p-adiques.
Aux groupes linéaires algébriques défi- Enfin, la théorie des groupes semi-
nis sur le corps des rationnels Q est simples est liée de façon inattendue à celle
maintenant rattachée la théorie des guou- des groupes finis. Si l’on part d’une base de
pes arithmétiques : si G est un sous-groupe Weyl-Chevalley (cf. chap. 6) d’une algèbre
algébrique de GL(n, Q), on dit qu’un de Lie semi-simple complexe 8, on constate
sous-groupe r de G est arithmétique s’il que, pour chaque c(, l’application :
laisse stable un IF’S~UU, c’est-à-dire un
t - exp(t ad(X,))
sous-Z-module de Q” engendré par une
base de Q”. Par exemple, SL(n, Z) est un est un isomorphisme du groupe additif C
groupe arithmétique dans SL(n, Q). En sur un groupe Xcc de matrices qui, en vertu
considérant G et l- comme sous-groupes des relations (16), se trouvent avoir des
du groupe de Lie GR (ensemble des éléments qui sont des polynômes en t à
matrices de GL(n, R) vérifiant les mêmes coeficients entiers. Cela permet de définir
équations algébriques que celles qui défi- ces matrices lorsque t appartient à un corps
nissent G) et en utilisant à fond les (commutatif) arbitruire K. En prenant
techniques de la théorie des groupes semi- pour c( toutes les racines de 8, on obtient
simples (notamment les décompositions de dans GL(n, K) (où n = dim g) un
Bruhat et d’Iwasawa), on retrouve la ensemble de matrices qui engendrent un
théorie de la (< réduction » des formes sous-groupe GK de GL(n, K), appelé
quadratiques à coefficients entiers de groupe de Chrvuky sur K associé à g. En
Hermite-Minkowski et le théorème de particulier si K est un corps fini, le groupe
finitude de Jordan sui- les classes de formes GK est un groupe jni.
de degré > 3 à coefficients entiers, et on On prouve alors que, si l’on part d’une
les généralise considérablement. algèbre de Lie simple complexe 8. le groupe
Au lieu de considérer G comme plongé de Chevalley correspondant GK est simple
dans G,, on peut aussi le considérer (au sens de la théorie des groupes (( abs-
comme plongé dans G,, où Q, est le traits D) sauf dans quatre cas correspon-
corps des nombres p-adiques. Comme Qp dant à des corps à deux ou trois éléments

582
HARMONIQUE ANALYSE

et à des algèbres de l’un des types A,, Bz

H
ou G,. Ces groupes simples, ont, en outre,
des décompositions de Bruhat qui permet-
tent d’étudier de façon détaillée leur struc-
ture et qui (pour le cas d’un corps K fini)
les distinguent nettement des autres types
de groupes simples finis.

JEAN DIEUDONNÉ

Bibliographie
H. BACRY, Lecons sur in théorie des groupes et les
symétries des purticules &mentuires, Dunod, Paris,
1968 / A. B~REL. Linecrr Algehruic Groups. repr. of
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rééd. 1988 / N. VILENK~N, Special Funcrions and the la valeur représente, à l’instant t, le dépla-
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Arbor (Mich.) / 0. L.WEAVER & D. H. SATTINGER, de cette équation sous la forme :
Lie Groups and Algehrcrs with Applictrtions to Pllysics,
Geometry and Mechanics. Springer, 1986. u(x,t) =f(ct +x)-f(ct-X),

où f est une fonction quelconque de


période 2 1. Quelques années plus tard, en
1753, Daniel Bernoulli considère des solu-
tions particulières de l’équation des cordes
vibrantes, de la forme :

2 sin ‘!f x COS ‘!f cl,

ou encore :
sin[y(ct+x)]-sin[y(ct-x)],

583
HARMONIQUE ANALYSE

pour toute valeur entière positive de n. Ces travaillaient. C’est ainsi que l’étude de la
solutions correspondent aux fonctionsfde représentation des fonctions périodiques
la forme : par des séries trigonométriques devait
fortement contribuer à la prise de cons-
f(x) = sin 2x. cience de la notion de fonction : la
1
conception moderne d’une fonction, défi-
Or les fonctions trigonométriques : nie comme une correspondance, et pou-
?lTT ?lK vant fort bien ne posséder aucune des
s i n - x o u Cos-x propriétés usuelles de régularité (conti-
1 1
nuité, dérivabilité, intégrabilité), émergea
sont les plus simples des fonctions de peu à peu lorsqu’il devint évident que l’idée
période 2 1. D’où l’idée, avancée par Ber- naïve d’une fonction donnée par une
noulli, que la fonction f la plus générale, formule explicite était insuffisante : il fallut
qui intervient dans la solution de d’Alem- tout à la fois préciser ce qu’on entendait
bert, peut s’exprimer sous la forme d’une par N fonction quelconque » et considérer
série trigonométrique : des classes particulières de fonctions dont
les propriétés spéciales, soigneusement
mises en évidence, permettaient de résou-
f(x)=;+ C(~,COS~x+b,sin~x),
n=l
dre un problème donné.
Ensuite, la théorie des distributions et
ou, de manière équivalente : celle des groupes topologiques sont venues
m proposer diverses directions dans lesquel-
f(x) =; + 1 a, sin “T (x -fi,). les l’analyse harmonique se généralise et
“=l s’approfondit ; celle-ci est devenue une
branche importante des mathématiques, en
Le terme correspondant à n = 1 donne relation avec les distributions, les algèbres
alors la vibration fondamentale de la normées, les probabilités, les espaces de
corde, les termes suivants correspondent Hilbert, les fonctions de variable complexe
aux harmoniques (cela rejoint l’expérience et s’est étendue aux fonctions non linéaires.
acoustique courante) ; de plus, le coeffi-
cient CX, régit l’intensité de l’harmonique
d’ordre n, et p,, en définit la phase.
Ainsi le problème des cordes vibrantes
menait tout naturellement à la question 1. Les séries de Fourier
suivante : une fonction périodique peut-elle
se représenter par une série trigonométri- Les coefficients de Fourier
que ? L’analyse harmonique classique est, Considérons une fonction f à valeurs
cn principe, la branche des mathcmatiqucs réelles ou complexes, d’une variable réelle,
qui traite de problèmes de ce type. périodique, de période 27r pour fixer les
Pour obtenir des éléments de réponse à idées. Si f admet un développement en
cette question fondamentale, il a fallu, a série trigonométrique :
partir du milieu du XVIII~ siècle, que les m

mathématiciens se fassent une idée de plus ( 1 ) f ( x ) = ? + C(akmkx+bksinkx)


en plus précise des objets sur lesquels ils k=l

584
HARMONIQUE ANALYSE

et que la série E ( 1uk / + / h, / ) soit conver- Fourier n’est-elle pas notée par le signe
gente, on peut intégrer terme à terme, d’égalité, mais on écrit :
entre 0 et 27r, les séries : m
f(x)-T+ 1 (u,cosnx +b.sinnx).
f(x) COS nx = - COS nx n=l
2
IL
Si, au lieu d’une fonction de période 275,
(a k kx nx + b k sin kx nx ),
on considère une fonction f de période T,
+ COS COS COS
c
k=l
on définit de manière analogue les coeffi-
f(x) sin nx = 5 sin nx cients de Fourier de f par les formules :
2
m
a n = ; [oTf(x) COS +cdx,
+ (a,coskxsinnx + bksinkxsinnx).
c
k=L b=?
n T o T f(x)sin+dx;
s
Compte tenu des relations, valables
pour des entiers n et k : la série de Fourier de fest alors :
m
2n nx kx dx =
0 sikfn,
71 sik=n,k#O,
2nir 2nlc
a, COS T~ + b, sin TX.
s0 COS COS
2nsik=n=O
c
?I=l

/ ** sin nx COS kx dx = 0, V k et n,
JO
Questions de convergence
2a 0 sikfn,
sm nx sin kx dx = Le problème de la représentation d’une
s0 ?I sik=n,
fonction périodique par une série trigono-
on obtient les valeurs des coefficients a, et métrique se ramène à l’étude de la conver-
h,, directement à partir de la sommef($ gence de sa série de Fourier. Nous nous
de la série donnée : contenterons de donner ici quelques-uns
des nombreux résultats obtenus dans ce
; j;” f(x) COS nx dx,
a, = - domaine (cf. SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES).
(2) a) D’abord, en dehors de toute notion
b, = K i l.2a f(x)sinnxdx;
de convergence, la série de Fourier d’une
fonction caractérise celle-ci (cela doit être
ce sont les formules de Fourier. compris comme une caractérisation en
Si, maintenant, on part d’une fonc- tant que fonction mesurable au sens de
tion f, de période 27r, continue (il suffit, en Lebesgue, deux fonctions étant considé-
fait, qu’elle soit intégrable, au sens de rées comme équivalentes lorsque l’ensem-
Lebesgue sur [0, 27r]), il est naturel de ble des points où elles diffèrent est négli-
considérer, par analogie avec ce qui pré- geable pour la mesure de Lebesgue : on dit
cède, les coefficients an et b,, donnés, pour alors qu’elles sont égales presque partout
un entier n > 0, par les formules (2). Ce (cf. n-mkx4TIoN ET ME~URE); si l’on se
sont les coeficients de Fourier de la fonc- restreint ê la classe des fonctions conti-
tion A et la série qu’ils définissent est la nues. l’égalité presque partout entraîne
sbrie de Fourier de f: Rien ne permet de l’égalité partout). Autrement dit, si deux
préjuger de la convergence de cette série fonctions ont les mêmes séries de Fourier,
vers f, aussi la relation entre f et sa série de elles sont égales presque partout.

585
HARMONIQUE ANALYSE

b) Si les coefficients de Fourier, CI, et b,, 4 Si l’on fait simplement l’hypothèse


d’une fonction continue f forment une quefest continue, on ne peut plus affirmer
série absolument convergente (c’est-à-dire que la série de Fourier de f converge vers
si la série X ( 1u,I + / h,, 1) converge), alors f, ce qui signifierait que la suite des
la série de Fourier de f converge unifor- fonctions :
mément vers une fonction continue qui, m
d’après ce qui précède, a même série de S,(x) = 2 + c (a,cosnx+b,sinnx)
Fourier que f. Le résultat ci-dessus montre n=i
donc quefest égale à la somme de sa série
tend vers f lorsque WI augmente indéfini-
de Fourier.
ment. Au lieu des sommes partielles S,, de
Certains critères permettent d’affirmer
la série de Fourier de f, considérons les
qu’une fonction continue f possède la
propriété ci-dessus. Montrons que c’est le fonctions :
cas si, par exemple, la fonctionfadmet une (T,(x) = SI(X) + S,(x) + ,,, + S,(x)
dérivée seconde continue. Soit a, et b, les In
coefficients de Fourier def, u’,~ et b’, ceux
appelées moyennes de Cdsaro de la fonc-
de,f ‘, a”, et h”,, ceux def” (f’ etf” sont tionf: On a alors le théorème de Fejer : Si
respectivement les dérivées première et
f est continue, ses moyennes de Césaro
seconde def). Une intégration par parties
tendent uniformément vers $
dans les intégrales (2) écrites pour f ’
montre que l’on a :
Coefficients de Fourier exponentiels
ai = nb,, b, = -na,,
Si l’on introduit la fonction exponentieile
et, par suite : complexe en, liée aux fonctions trigono-
métriques par les relations d’Euler :
a,” = -n2a,, 6: = -nzb,.
eu = COS~ + isinx,
Or (2) entraîne que les coefficients de eh + e-u
Fourier d’une fonction sont bornés en cosx -
2
module (ils sont majorés par l’intégrale sur e”-e-‘”
smx -
[0, 24 du module de cette fonction, divisée 2i
par TT), de sorte que la suite n” ( 1a,, I+ / h,, 1) on obtient l’égalité :
est bornée, ce qui montre que la série
Z ( / u,, / + 1h,, 1) converge. On obtient ainsi a,cosnx + b,sinnx = c,eAnx +~-.e-‘~,
le résultat annoncé, qu’une fonction deux où les coefficients a,,, h,,, c,~, cP,, vérifient les
fois continûment dérivable est la somme de relations :
sa série de Fourier, la convergence étant
d’ailleurs absolue et uniforme. a,-ib,
c, -
2
c) Un résultat plus profond, dû à Diri-
chlet et à Jordan, est le suivant, que nous a, + ib,
c-” 2
donnons dans un cas particulier : Si la
a, = c, + cc,,
fonction f; continue et périodique de b, = i(C”--r- --.).
période 27r, possède une dérivée continue,
sa série de Fourier converge uniformé- Si f est périodique et intégrable, on
ment Vers$ appellera coefficients de Fourier exponen-

586
HARMONIQUE ANALYSE

tiels les nombres c,,, définis pour tout entier sur [0, 2~1, cette fonction est en particulier
relutif n, par : intégrable, et possède des coefficients de
Fourier c,, tels que l’égalité (4) ait heu.
1
(3) C"=G
s
o lrf (x)e-‘“dx, Tout aussi remarquable est le fait que
toute suite (c,,), n parcourant l’ensemble
et on appellera encore série de Fourier de des entiers relatifs, telle que :
/“(cf. ~ÉRIE~ TRIGONOMÉTRIQUES) la série :
+=
c IC”I2
ns-x
converge, est la suite des coefficients
Moyennant les relations ci-dessus entre de Fourier d’une fonction de carré inté-
les a,,, h,, (n > 0) et c,, (n quelconque), il y grable.
a identité formelle entre cette notion de En d’autres termes, la correspon-
série de Fourier et la notion antérieure de dance entre une fonction de carré inté-
série de Fourier trigonométrique (où l’on grable sur [0, 2~r] et la suite de ses
peut introduire un coefficient b, égal à 0). coefficients de Fourier définit un isomor-
Nous utiliserons désormais la forme phisme isométrique entre l’espace de
(( exponentielle )) de la série de Fourier Hilbert L’([O, 27r3) et l’espace de Hilbert P
d’une fonction ,f : des suites de carré intégrable (les structu-
res hilbertiennes des deux espaces
ci-dessus sont définies par les produits
scalaires :
qui donne des calculs et des formules plus
simples, et correspond mieux à la nature
profonde de la situation mathématique,
comme nous le verrons au chapitre 4.

te théorème la convergence de l’intégrale et de la série


de Bessel-Parseval-Plancherel étant assurée par l’inégalité de Schwarz ;
Soitfune fonction périodique continue, et c f . I N T É G R A T I O N E T M E S U R E , espace de
soit : HILBERT).
Pour les fonctions périodiques de carré
+-
C”e’-, intégrable sur [0, 21~1, les méthodes hilber-
c
n--c% tiennes simplifient l’étude des séries de
Fourier. Citons par exemple le résultat
sa série de Fourier. On a alors l’égalité
suivant, dont la démonstration est
suivante :
d’ailleurs facile : Si j est périodique, de
carré intégrable sur [O,~TT], la série de
Fourier :

Plus généralement, si on considère une


fonction périodique, de carré intégrable

587
HARMONIQUE ANALYSE

defconverge versfau sens de l’espace L* ; Pour toute fonction presque-périodi-


cela signifie que : que f, l’expression :

possède une limite lorsque T tend vers


l’infini. Cette limite, notée Mcf), est appe-
Les fonctions presque-périodiques lée valeur moyenne de f1
La somme de deux fonctions périodiques Par le biais des moyennes, on peut
dont les périodes sont dans un rapport définir la série de Fourier d’une fonction
irrationnel n’est pas périodique (par exem- presque-périodique. Pour tout h réel, la
p l e , r’“+e-‘m, sin ~+COS V2.x sont des fonction f (x)ë”” est presque-périodique ;
modèles de telles fonctions). Cependant, appelons c, sa moyenne. On montre que
les fonctions de ce type ont des propriétés les valeurs de A telles que c, ne soit pas nul
voisines de la périodicité. Cette idée a forment un ensemble fini ou dénombrable
conduit Harald Bohr, vers 1925, à la A,, A,, . . . . A,, ; on appelle série de Fourier
notion de fonction presque-périodique. de f l’expression :
Une fonction5 continue sur la droite
réelle, est appelée presque-périodique si,
pour tout E > 0, il existe un nombre T > 0
tel que tout intervalle de longueur T lorsquefest périodique de période 27r, les
contienne au moins un nombre c tel que A, sont entiers et on retrouve la notion
l’on ait : usuelle de série de Fourier.
Les séries de Fourier des fonctions
If-(x +c)-f(X)l< E presque-périodiques jouissent de proprié-
pour toute valeur réelle de la variable X. tés analogues à celles des séries de Fourier
Une fonction périodique possède évidem- des fonctions périodiques. Citons par
ment cette propriété. De nombreuses défi- exemple le résultat suivant, analogue à la
nitions équivalentes de la presque- relation (4) : Pour toute fonction presque-
périodicité peuvent être données ; en voici périodiquef, if? est presque-périodique et,
une : Une fonction est presque-périodique si Cc,eiAr+ est la série de Fourier def, on
si, et seulement si, elle peut être approchée a:
uniformément par une suite de fonctions
de la forme :

2. Analyse et synthèse harmoni-


où les c,, sont des nombres complexes et les ques
A, des nombres réels.
Les fonctions presque-périodiques for- Considérons une fonction f continue, de
ment un anneau, et toute limite uniforme période 27r, et soit :
d’une suite de fonctions presque-
périodiques est une fonction presque-
périodique.

588
HARMONIQUE ANALYSE

sa serie de Fourier. L’égalité : linéaires d’exponentielles, &* ‘, avec


A E o,cf) ? Si la réponse est positive, on
dit quefsatisfait à la synthèse harmonique
(ou encore que f est synthétisable) dans E.
entraîne :
Prenons, par exemple, pour E l’espace
des fonctions continues et bornées sur R,
avec la topologie de la convergence uni-
forme. Si f est une fonction périodique
appartenant à E, le spectre de ,f est
Si nous appelonsfila translatée de,fpar t,
l’ensemble des entiers n tels que les coef-
définie par f;(s) =,f(s- t). nous obte-
ficients de Fourier c, correspondants
nons :
soient non nuls : le théorème de Fejer sur
1 la convergence uniforme vers f des moyen-
n 2X f,(x)P’dt.
ce’nx=2?r s0 nes de Césaro montre que ,f est synthéti-
En considérant l’intégrale comme une sable dans E. Plus généralement, si ,f est
limite de sommes finies, on peut dire, de presque-périodique, de série de Fourier :
manière peu précise mais imagée, que
(;,e”‘Y (ou aussi bien e’“” lorsque c, n’est pas C”d+ >
c
nul) est limite de combinaisons linéaires de
avec c,, # 0, le spectre defest l’ensemble
translatées de ,fI
des exposants A, qui figurent dans la série
Cela nous conduit à la notion d’analyse
de Fourier de.K Pour une fonction conti-
harmonique et de spectre d’une fonction.
nue et bornée quelconque, le spectre est
Soit E un espace vectoriel topologique (cf.
plus difficile à déterminer en général. Il est
espaces vectoriels TOPOLOGIQUES ) de fonc-
remarquable que, dans l’espace E que nous
tions définies sur l’ensemble R des nom-
considérons ici, les fonctions synthétisa-
bres réels, tel que si ,fE E et t E R, la
bles soient exactement les fonctions
translatée ,f, appartienne à E, avec certai-
presque-périodiques.
nes conditions de continuité ; on suppose,
En fait, les questions les plus intéressan-
de plus, que toute fonction exponentielle
tes concernant la synthèse harmonique se
erhv, h réel, appartient à E.
posent lorsque l’on prend pour E l’espace
On dira qu’un nombre réel h appartient
L”(R), muni de sa topologie faible d’espace
au spectre d’un élémentJ‘de E si la fonction
dual de L’(R) (cf. INT ÉGRATION ET MESURE,
e”\- peut être approchée, au sens de la
et espaces vectoriels TopoLoa~u~s). Ces
topologie de E, par des combinaisons
problèmes, ainsi que leur généralisation au
linéaires de translatées de,fi On note o,(f),
cas où l’on considère d’autres groupes que
spectre def‘dans E, l’ensemble des tels h
R (cf. chap. 4) sont loin d’être tous résolus
(pour une fonction donnée, la notion de
et leur étude est l’un des points essentiels de
spectre peut dépendre de la topologie dont
l’analyse harmonique moderne.
est muni l’espace E).
Le problème de l’analyse harmonique
dans E d’une fonction ,f est la détermina- 3. La transformation de Fourier
tion de o&‘). Le problème de la synthèse
harmonique dans E de f est le suivant : ,f Certaines classes importantes de fonctions
est-elle limite, dans E, de combinaisons ne se prêtent pas à l’analyse harmonique

589
HARMONIQUE ANALYSE

telle qu’elle a été définie ci-dessus. Ainsi, b) Sifet g sont intégrables, leur produit de
l’espace L’(R) des (classes de) fonctions convolution f* g, défini par :
intégrables sur R ne contient aucune
exponentielle ; aussi utilise-t-on un autre
procédé pour en faire l’analyse et la
synthèse. C’est la transformation de Fou- l’est également. On a alors la relation :
rier qui permet de définir le spectre d’une w* g) = (3f)(3g),
fonction intégrable et, dans certains cas,
d’en faire la synthèse. de sorte que A(R) est un anneau de
Soit f une fonction intégrable (par fonctions continues sur R, de même que
exemple, continue et nulle hors d’un L’(R) est un anneau pour la convolution.
ensemble borné). À f on associe une autre Cette circonstance permet d’appliquer à
fonction définie sur R, notée fou 3J et l’étude de A(R) et de L’(R) la théorie des
appelée transformée de Fourier de ,f :
algèbres normées (cf. algèbres NORMÉES),
qui en est d’ailleurs issue en grande partie.
(5) j‘(t) = (Sf)(?) = j$X)MdX. c) Si JI et u sont des réels, <p une fonction,
on définit les fonctions ‘p!, cp”, (p, 6, <p par :
La présence du coefficient - 2~r est
conventionnelle (la convention n’est
d’ailleurs pas universelle) et permet d’avoir
une formule de réciprocité particulière-
ment simple.
Définissons, outre l’opérateur 9 de
transformation de Fourier, l’opérateur On a alors :
9 de transformation de Fourier conjuguée
(ou réciproque) :

Pour toute fonction5 et tout réel t, on


a: d) Si f est dérivable et si f et f’ sont
intégrables, on a :

(8) s(y)(r) = 2 im(sf)(r).

e) Sifest intégrable, ainsi que son produit


Propriétés
par .y, alors slf est dérivable et on a :
de la transformation de Fourier
a) Pour toute fonction intégrablef, <Tfest (9) F(xf(xN = -kir (3.f)‘.
continue et tend vers 0 à l’infini. Si on
désigne par A(R) l’ensemble des fonctions Il est intéressant de voir comment
Fx pour fE L’(R), A(R) est donc un certaines propriétés des fonctions se tra-
sous-espace de l’espace vectoriel C,,(R) des duisent sur leurs transformées de Fourier.
fonctions continues sur R qui tendent vers Par exemple, les relations (8) et (9)
0 à l’infini. En fait, A(R) est strictement montrent que plus une fonction est régu-
plus petit que C,(R). lière (dérivable), plus sa transformée de

590
HARMONIQUE ANALYSE

Fourier tend rapidement vers 0 à l’infini. indéfiniment dérivables à décroissance


Inversement, plus f tend rapidement vers rapide. Une fonction f appartient à S si, et
0 à l’infini, plus Sf’est régulière. Voici un seulement si, elle admet des dérivées de
autre exemple, présenté en termes vagues : tous les ordres et si, quels que soient les
plus les valeurs d’une fonction sont entiers n et p :
concentrées autour de l’origine, plus celles
de sa transformée de Fourier sont, au
contraire, étalées.
Les relations (8) et (9) montrent que si
Le théorème de réciprocité f appartient à S, il en est de même pour 3ji
De même que la série de Fourier d’une et réciproquement. De sorte que 9 est un
fonction périodique caractérise celle-ci, isomorphisme linéaire de S sur S. dont
sans qu’aucune propriété de convergence s est l’isomorphisme réciproque. En fait,
soit nécessaire, la transformée de Fourier si on considére la topologie usuelle de S
d’une fonctionfcaractérise cette fonction. (cf. DISTRIBUTIONS), 9 et i; sont des
Donc la donnée de .Tf contient toute isomorphismes continus.
l’information relative à f: Dans certains
cas, il est possible d’exprimer f explicite- Extension aux distributions tempérées
ment à partir de ,TJ Rappelons brièvement que, si l’on désigne
Thlorènze. Si f et Fj- sont toutes deux par S’ l’espace des distributions tempérées,
intégrables, on a : espace dual de S, la transformation de Fou-
rier sur S permet de définir, par transposi-
(10) f = S(3f). tion, la notion de transformation de Fourier
C’est là une remarquable propriété de sur S’qui fournit un isomorphisme de S’ sur
symétrie entre les opérateurs 9 et 3. S’. Cela donne d’intéressantes applications,
On peut encore interpréter cela comme par exemple, à l’étude d’équations différen-
une propriété de synthèse : si on appelle tielles. ou plus généralement d’équations de
spectre defle support de sa transformée convolution (lorsque l’on étend cette théo-
de Fourier F,h c’est-à-dire l’adhérence de rie aux espaces R” de dimension supérieure
l’ensemble des points où Ff ne s’annule à 1, on peut traiter par ce procédé des équa-
pas, le théorème de réciprocité, lorsque .Ff tions aux dérivées partielles linéaires à coef-
est intégrable, s’écrit : ficients constants). D’après la propriété h,
une telle équation est transformée par Fou-
rier en une équation qui pourra, dans cer-
tains cas, se résoudre par division. Par
et exprime que f est, en un certain sens, exemple, un opérateur différentiel linéaire à
synthétisable, puisque f (.y) s’exprime sous coefficients constants (convolution par une
la forme d’une intégrale (donc comme combinaison linéaire de dérivées de la
limite de combinaisons linéaires) à partir mesure de Dirac en 0) devient, par transfor-
des exponentielles qui correspondent à des mation de Fourier, l’opérateur de multipli-
valeurs t contenues dans son spectre. cation par un polynôme.
Une classe très importante de fonctions Ces idées sont à rapprocher de la
se prête à l’utilisation du théorème de transformation de Laplace (cf. calcul SYM-
réciprocité : c’est la classe S des fonctions BOLIQUE).

591
HARMONIQUE ANALYSE

Transformation Pour f et g dans L’(R), on a l’identité


de Fourier-Plancherel dans L2 (R) de Parseval, qui exprime précisément l’iso-
morphisme de l’espace de Hilbert L*(R)
Les espaces L’(R) et L’(R) ne sont pas dans lui-même défini par 9 :
inclus l’un dans l’autre. Mais ils contien-
nent tous deux l’ensemble K(R) des fonc- fg = R (3f)(3g).
sR s
tions continues nulles hors d’un ensemble
borné, et tout élément de L’(R) ou de Cela permet, comme pour les séries
L*(R) peut être approché, au sens de L’ ou trigonométriques, d’exploiter, dans l’ana-
lyse harmonique des fonctions de carré
de L* selon le cas, par des éléments de
intégrable, la puissance de la théorie des
K(R).
espaces de Hilbert.
SiJ’appartient à K(R), .3fappartient à
L?(R), et on a l’égalité :
Généralisations
La transformation de Fourier que nous
avons introduite pour les fonctions d’une
formellement analogue à (4). variable réelle se généralise sans peine aux
Cette relation permet d’étendre à L’(R) fonctions de plusieurs variables réelles.
la transformation de Fourier (aussi bien Soitfune fonction intégrable sur R” (n
que la transformation de Fourier récipro- entier > 1). On définit la transformée de
que) : on obtient ainsi un opérateur, Fourier de f comme la fonction de n
toujours noté 9, de L2(R) dans L?(R) qui variables définie sur R” par :
coïncide avec la notion précédente de
transformation pour les fonctions qui,
comme celles de K(R), appartiennent à la = J(X1>X2>...>Xn)
s
fois à L’(R) et à L*(R). x exp[-2iir(t,x, + + t,x,)]dx, . ..dx..
Pour f dans L’(R), on écrit aussi
Les propriétés sont, en dimension n,
parfois :
tout à fait analogues à celles que l’on a en
dimension 1.
(3f)(?) = j$x)e-2’“‘dx,
Une autre direction de généralisation
consiste à définir la transformée de Fourier
bien que cette formule n’ait pas de sens
defnon seulement pour des valeurs réelles
pour deux raisons : d’abord, l’intégrale
de t, mais aussi pour certaines valeurs
peut ne pas être convergente ; ensuite .7f
complexes. On pose :
est un élément de L’(R), donc défini a un
ensemble de mesure nulle près, et on ne
(3ff)(z) = ~Rf(x)e-2’-f~,
peut pas considérer la valeur d’un tel objet
en un point particulier. fonction définie pour certaines valeurs de
Ce nouvel opérateur de L2(R) dans z. Lorsquefest, par exemple, nulle pour les
L?(R), appelé transformation de Fourier- valeurs négatives de .Y, on retrouve la
Plancherel, est un isomorphisme isométri- notion de transformée de Laplace (cf.
que de L*(R), dont l’isomorphisme réci- Cahd SYMBOLIQUE).
proque est 3 (plus exactement, l’extension Lorsque ~Tf(z) peut être définie pour
de 3 a L’). toute valeur de z, on peut déduire du

592
HARMONIQUE ANALYSE

comportement de la fonction de variable (le groupe est noté multiplicativement). II


complexe obtenue de nombreux renseigne- y a lieu de distinguer les translations à
ments sur la fonction f’donnée (théorème gauche et à droite si G n’est pas commu-
de Paley-Wiener, par exemple). tatif. Lorsque G possède la propriété de
compacité locale, le théorème de Haar
affirme l’existence (et l’unicité à un facteur
multiplicatif près) d’une mesure (cf. INT É-
4. Les groupes commutatifs
GRATION ET MESURE) invariante par les
localement compacts
translations à gauche, c’est-à-dire telle que,
pour tout t E G et toute fonction intégra-
La mesure de Haar ble f, ,f soit intégrable et de même
La démonstration par Haar, en 1933, de intégrale que,f: II y a également une mesure
l’existence d’une mesure invariante par invariante par les translations à droite,
translation, sur une large classe de groupes mais elle diffère en général de la mesure
topologiques, permet, ë partir de cette invariante à gauche (pour les groupes
époque, de situer l’analyse harmonique compacts, ces deux types de mesures sont
dans sa vraie perspective et d’en compren- identiques, de même que pour les groupes
dre la nature profonde. commutatifs). Une telle mesure est appelée
Si on considère, sur R, la mesure de mesure de Huar à gauche (ou à droite,
Lebesgue k, on constate qu’elle est inva- selon le cas). Si u est une mesure de Haar
riante par translation, en ce sens que, pour à gauche,f une fonction p-intégrable et t un
toute fonction intégrable,fet tout réel f, la élément de G, on a donc :
translatée fi est intégrable et a même
intégrale que J De même, sur le groupe
multiplicatif des nombres complexes de
module 1, que l’on peut, en ce qui concerne Le théorème de Haar et l’étude des
la théorie de la mesure, identifier à l’inter- représentations linéaires des groupes topo-
valle [0, 274 la mesure de Lebesgue est logiques forment le cadre de l’analyse
invariante par translation, car, pour toute harmonique abstraite.
fonction intégrableji et tout A de module 1, Nous allons donner un bref aperçu de
on a : cette théorie dans le cadre des groupes
commutatifs localement compacts, où elle
est beaucoup plus simple et plus dévelop-
pée.
Parmi les groupes topologiques, ceux
qui sont localement compacts (cette classe Le théorème de dualité
contient, entre autres, les groupes de Lie) de Pontriaguine et Van Kampen
possèdent une propriété analogue.
Soit G un groupe commutatif localement
Pour une fonction ,f définie sur un
compact ; l’opération de G est notée addi-
groupe G, et un élément t du groupe, on
tivement, 0 désigne l’élément neutre.
considère les translatées ,f et f, de j’ par t.
On appelle caractère de G tout homo-
respectivement a gauche et à droite, don-
morphisme continu de G dans le groupe
nées par :
multiplicatif des nombres complexes de
J(x) =f(t-‘xX f,(x) =Y-&-‘) module 1. Autrement dit, un caractère est

593
HARMONIQUE ANALYSE

une fonction continue y sur G, telle que, déterminé par la valeur y(l) = o, car
quels que soient x et y dans G : y(n) = a” pour tout n E Z. Réciproque-
ment, tout nombre a de module 1 définit
IY(x)l= 1,
un caractère y sur Z (tel que y( 1) = a), par
Y@--Y) = g = Y(X)Yti)i la formule y(n) = a”. On identifie ainsi le
dual de Z au groupe multiplicatif T des
on en déduit, évidemment : nombres complexes de module 1. D’après
le théorème de dualité, les caractères sur T
Y(O) = 1, UC---X) = Y(X)>
correspondent aux nombres entiers : tout
Y@ +Y) = Y(X)Ycv).
caractère sur T est de forme a + a” pour
Si y et y’ sont deux caractères, la un entier n ; cela peut d’ailleurs se voir
fonction qui, à tout x de G, associe directement. Pour le groupe R des nom-
y(x est encore un caractère que l’on bres réels, un caractère est une fonction
note y + y’. 11 est facile de voir que l’on continue <p telle que :
peut ainsi munir l’ensemble des caractères
l<p(x)l= 1, m-Y) = <p@)<pti);
sur G d’une structure de groupe commu-
tatif, que l’on rend localement compact en une telle fonction est nécessairement de la
y considérant une topologie particulière forme x + ezrnrr, où t est un paramètre
(c’est la topologie de la convergence uni- réel ; à la somme t + t’ correspond le
forme sur les parties compactes de G). produit des caractères définis par t et t’ ;
Notons G le groupe commutatif locale- ainsi le groupe dual de R s’identifie à R
ment compact formé des caractères de G. lui-même.
Ce groupe est appelé dual de G. On peut
considérer le dual de G, qui est un:groupe La transformation de Fourier
commutatif localement compact G.
Soit G un groupe commutatif localement
Pour tout x de G, la fonction définie sur compact, G le groupe dual de G, dx une
G par y + y(x) est u” caractère sur G,
mesure de Haar sur G.
donc un élément de G, On a ainsi une
À toute fonction intégrablef sur G, on
application de G dans G. associe une fonctionf sur G, la transfou-
Le résultat fondamental établi, vers mée de Fourier de f> définie, pour tout
1935, par Pontriaguine et Van Kampen e$ y E G, par :
le suivant : L’application de G dans G
définie ci-dessus est un isomorphisme topo-
logique. En d’autres termes, le dual du dual
d’un groupe G s’identifie à G lui-même. Si G = T, G = Z et la fonctionf est
Eu égard à la dualité, on notera indif- alors une suite, qui n’est autre que la suite
féremment : des coefficients de Fourier de .f (on peut
considérer ,f indifféremment comme une
Y(X), X(Y)! <Y,X>, <x,-f>
fonction sur T, ou comme une fonction sur
le nombre complexe égal à la valeur en R de période 27r : on identifie les points de
x E G du caractère y sur G, ou à la valeur R congrus à t modulo 27r au nombre
en y E G du caractère x sur G. complexe eit de module 1) ; si G = R,
Soit par exemple, Z le groupe additif G = R etf est la transformée de Fourier
des entiers relatifs. Un caractère y sur Z est usuelle (sur R) def: Ainsi l’étude des séries

594
HARMONIQUE ANALYSE

et intégrales de Fourier apparaît comme Cela permet, comme dans le cas réel, de
un cas particulier de la transformation de définir une transformation de Fourier-
Fourier abstraite. Plancherel qui est un isomorphisme iso-
La transformation de Fourier abstraite métrique de L’(G) sur L2(G). Ici encore,
jouit de propriétés semblables à celles que les méthodes propres aux espaces de Hil-
nous avons vues dans le cas des fonctions bert s’appliquent avec fruit.
de variable réelle. Citons-en quelques-unes. Ainsi, l’étude des groupes commutatifs
a) Si f est intégrable sur G, f est localement compacts offre à l’analyse har-
continue sur 6. monique son cadre naturel, et l’étude
6) f= 0 si, et seulement si, f E 0. abstraite permet de retrouver et d’appro-
Autrement dit,f caractérise parfaitement fondir la théorie de l’analyse harmonique
.f: sur R et celle des séries de Fourier. Bien
c) Soitfet g deux fonctions intégrables entendu, des propriétés liées à la structure
sur G. Alors la fonctionfe g, définie sur G particulière de R (comme celles qui se
par : rattachent à la dérivation, l’extension aux
distributions, par exemple) ne sont pas
(f*g)(x) = SÿfhJkwdy susceptibles d’un tel traitement abstrait.
est intégrable, et : (cg) ={ 8. Aussi l’analyse harmonique continue-t-elle
Ainsi, l’ensemble A(G) des transformées à se développer sur les deux plans, dans le
de Fourier des fonctions intégrables sur G cadre abstrait des groupes commutatifs
est une algèbre. Les méthodes générales de localement compacts, et dans le cadre
la théorie des algèbres normées s’appli- classique de la droite réelle et des espaces
quent à l’étude de nombreuses propriétés R”.
de A(G), ou aussi bien de l’algèbre de Notons enfin que, si l’on considère des
convolution L’(G). groupes localement compacts non com-
mutatifs, il existe - surtout dans le cadre
d) Formule de réciprocitk. On peut
choisir les mesures de Haar d,u et dy de G des groupes de Lie une théorie similaire,
et de G (qui dépendent d’un facteur mais beaucoup plus éloignée de la situation
constant que l’on peut ajuster) de telle (( classique )) de l’analyse harmonique sur
R (par exemple l’objet dual n’est plus un
sorte que, lorsque f’est intégrdble sur G,
groupe, la transformée de Fourier d’une
et f” intégrable sur G, l’on ait, pour tout
fonction n’est plus une fonction numéri-
x E G et tout y E 6 :
que, etc.), et qui fait actuellement l’objet
?(Y) = S,fW < Y, x > dx, d’un développement rapide.

RENÉ SPECTOR
I-(X) = SG~(Y) < Y,X > dy.

e ) Théoréme d e Bessel-Purseval-
Pluncherel : Sifest à la fois intégrable et Bibliographie
de carré intégrable sur G,f est de carré R. N. BRACEWELL , The Fourirr Trrnsfortn md Ils
Applications, McGraw-Hill. New York, 2’ éd. 1986 /
intégrable sur G et on a, avec le même J.-L. CLERC , P. EYMARD , J. FARAU-I et al., An&e
choix des mesures de Haar que ci-dessus : lmrrnonique, Centre international de mathématiques
pures et appliquées, Nice, 1983 / M. HERVÉ.
Trm~fortnation de Fourier et di.wibutions, P.U.F.,
Paris, 1986, 2 vol., Springer-Verlag, New York.

595
HILBERT ESPACE DE

1987-I 988 1 J.-P. PIER, L ‘AnuI~~w hurtnonique : son sous-espaces vectoriels de cet espace. Dès
déwlopprrnrnthistorique. Masson. Paris, 1990 / lors s’impose une présentation axiomati-
M. SAMUELIDES & L. TOU~ILL~ER, Ancr/~e hurmoni-
yur. Cépadues. Toulouse, 1990 / V.S. VARADAW
que des espaces préhilbertiens et hilber-
JAN, An Introduction tu Hurmonic Anui~sis on tiens ; elle est essentiellement due à J. von
Semisimple Lie Groupé, Cambridge Univ. Press, Neumann et à F. Riesz ; le lecteur la
1989 / A. Z YGMUND, ~~+gonowrku/ Soirs, 2 vol.,
trouvera esquissée ci-dessous. Enfin, ces
ibid. 1988.
derniers approfondissent considérable-
ment l’étude des endomorphismes des
espaces hilbertiens, et créent ainsi un des
outils les plus puissants de l’analyse fonc-
HARMONIQUES FONCTIONS tionnelle et de la physique mathéma-
- POTENTIEL & tique.
Nous supposons connus les notions
FONCTIONS fondamentales de l’algèbre linéaire (cf.
HARMONIQUES algèbre L I N É AIRE ET MULTILI~AIRE), le
langage des normes et semi-normes, et la
notion de famille sommable (cf. SÉRIES ET
PRODUITS INFINIS).

HILBERT ESPACE DE

Généralités

L a théorie des espaces hilbertiens trouve


son origine dans celle des développe-
ments de fonctions arbitraires en séries de
Espaces préhilbertiens
On appelle espace vectoriel pkhilbertien
fonctions orthogonales, lesquelles appa- (complexe) un espace vectoriel su’ le
raissent le plus souvent comme fonctions corps C des nombres complexes, muni
propres de certains opérateurs différentiels d’une forme sesquilinéaire autoadjointe
linéaires (séries de Fourier, fonctions sphé- dont la forme hermitienne associée est
riques, théorie des oscillations de Sturm- positive, c’est-à-dire d’une application de
Liouville). À l’occasion de l’étude des E X E dans C, notée (.Y, 4’) - (.Y 1y), satis-
équations intégrales, ébauchées par V. Vol- faisant aux conditions suivantes :
terra, 1. Fredholm et E. Schmidt, Hilbert - pour tout élément J‘ de E, l’application
définit l’espace I2 des suites de carré .Y - (.Y j y) est linéaire ;
sommable, et résout les principaux problè- - pour tout couple (s, ~3 d’éléments de E,
mes posés en interprétant les équations en (J (-Y) = (x 1I’) ;
termes d’endomorphismes de l’espace / 2. pour tout élément .Y de E, (,d x) > 0.
E. Schmidt. M. Fréchet et F. Riesz don- Le scalaire (s 1y) s’appelle produit her-
nent ensuite une forme plus géométrique à mitien des vecteurs x et y.
la théorie de Hilbert, en introduisant le On dit que l’espace vectoriel E est
langage des normes, de l’orthogonalité et préhilbertien séparé, ou hermitien, si la
des bases hilbertiennes, et découvrent que forme hermitienne considérée est définie
de nombreux espaces fonctionnels classi- positive, c’est-à-dire si l a r e l a t i o n
ques sont isomorphes A l?, ou à des (x 1x) = 0 implique la relation x = 0.

596
HILBERT ESPACE DE

Théorème 1. Pour tout couple (,~,y) D’autre part :


d’éléments d’un espace préhilbertien E :
(2) (IIX I + IIY Il)’ = /lx I 2 + IIY Il * + 2 /Ix Il. IIY Il.

L’inégalité triangulaire :
(inégalité de Schwarz).
11x +Y II a llx Il + IIY I
Écartons le cas où l’un des deux vec-
teurs x et y est nul. Écrivons que, pour tout découle des relations (1) et (2) de la
nombre réel cx et pour tout nombre com- relation Re(x / y) < 1(x 1y) 1et de l’inéga-
plexe fi de module 1, le nombre réel : lité de Schwarz.
La semi-norme précédente est une
(x + aPv lx + aSu)
= aPaPCv Ir) + alYx Iv) norme si et seulement si l’espace vectoriel E
+aPCvIx)+(~Ix)>O, est hermitien. Le nombre réel positif /Ix11
s’appelle alors norme hermitienne du vec-
ou encore : teur x, et le nombre 11x -y /I distance hermi-
tienne des points x et y. Un vecteur de
a’@ lb) + 2aRe[l% Iv)1 + 6 1x1 > 0;
norme 1 est dit unitaire. Dans ces condi-
par suite, le discriminant de ce trinôme du tions, il y a égalité dans l’inégalité triangu-
second degré en cx est négatif ou nul pour laire si et seulement si les vecteursx et y sont
tout nombre complexe B de module 1, colinéaires et de même sens, c’est-à-dire s’il
existe un couple (CI, p) de nombre réels posi-
tifs non tous deux nuls tel que ~XX = PV,
L’inégalité cherchée étant évidente lors-
que (xl y) = 0, écartons ce cas. Nous Espaces hilbertiens

obtenons alors l’inégalité de Schwarz en En algèbre, on utilise surtout les espaces


posant : hermitiens de dimension finie. En analyse,
ce sont les espaces hermitiens de dimen-
+;;,. sion infinie qui interviennent dans la plu-
part des questions ; on est amené à sup-
Lorsque l’espace vectoriel E est hermi- poser que ces espaces sont complets,
tien, on montre qu’il y a égalité dans c’est-à-dire que toute suite de Cauchy est
l’inégalité de Schwarz si et seulement si les convergente. Un espace hermitien complet
vecteurs x et J sont colinéaires. est dit hilbertien. Tout espace hermitien de
Théorème 2. Soit E un espace vectoriel dimension finie est hilbertien.
préhilbertien. L’application qui à tout Voici deux exemples fondamentaux :
vecteur x de E associe le nombre réel Soit 1 un ensemble non vide. L’espace
positif //x// = (-4 x)‘/* est une semi-norme vectoriel C(t) des applications de 1 dans C
sur E, dite associée à la forme sesquili- nulles sauf pour un nombrejni de valeurs
néaire (x, y) - (XT 2’). de la variable, muni de la forme ses-
En effet, pout tout nombre complexe o, quilinéaire qui, aux vecteurs x = (c,) et
11~XX 11
= / c( 1_II x 1 . Pour tout couple (x, y) y = (n,), i E 1, associe le nombre com-
de vecteurs de E : plexe :

(1) lIx+Yll~=(x+Ylx+Y) LK,


= 11.x /I * + lb /I * + 2 Re(x IY 1.
c
IEI

597
HILBERT ESPACE DE

est hermitien ; il est hilbertien si et seule- évidence l’intérêt de la théorie de Lebesgue


ment si l’ensemble 1 est fini. pour toutes ces questions.
Soit I?(I) l’espace vectoriel des familles
.Y = (Q, i E 1, de nombres complexes Orthogonalité
telles que : On dit que deux vecteurs x et I: d’un espace
hermitien E sont orthogonaux si leur
produit hermitien est nul : (~14.) = 0.
Puisque (J 1s) = (X 1y), cette relation est
Si .Y = (i,) et y = (rl,), i E 1, sont deux symétrique.
éléments de cet espace, la famille (Si$> On dit que deux parties A et B de E sont
i E 1, est sommable. Muni de l’application : orthogonales si, pour tout élément x de A
et pour tout élément y de B, (xl y) = 0.
L’ensemble, noté Al, des vecteurs ortho-
gonaux à une partie A de E est un
sous-espace vectoriel fermé de E, appelé
/ 2 (1) est un espace hilbertien.
orthogonal de A. L’orthogonal de E est
Voici deux autres exemples, dont
réduit au vecteur nul.
l’importance est capitale en analyse fonc-
Soit F un sous-espace vectoriel de E. On
tionnelle. Soit 1 un intervalle de R non
dit que F admet un supplémentdire ortho-
réduit a un point, et p une fonction à
gonal s’il existe un sous-espace vectoriel G
valeurs réelles continue sur 1, prenant des
de E orthogonal a F tel que E = F 0 G.
valeurs strictement positives en tout point
Alors G = F1 ; c’est pourquoi F1 s’appelle
intérieur a 1. Soit C(I, p) l’espace vectoriel
le supplémentaire orthogonal de F dans E.
des fonctions ,f continues sur 1 à valeurs
La projection d’un vecteur .y de E sur F
complexes telles que :
parallèlement à G s’appelle projection
orthogonale de x sur F. Sous ces mêmes
hypothèses, (F1)l = F. En effet, il est
évident que (Fi)l contient F. Soit donc .Y
Pour tout couple (f, g) d’éléments de cet un élément de (Fi)l ; écrivons s sous la
espace vectoriel. fgp est intégrable sur 1. forme x = )’ + z, où y E F1 et z E F. Il
s’ensuit que :
Muni de l’application :

c’est-à-dire que (~1 y) = 0. Ainsi, y = 0, et


C(l, p) est un espace vectoriel hermitien, .Y = z. Le vecteur x appartient donc à F.
mais ce n’est pas un espace hilbertien. En Soit maintenant (FJ, i E 1, une famille
revanche, l’espace vectoriel L?(I, p) des de sous-espaces vectoriels de E orthogo-
classes de fonctionsfà valeurs complexes, naux deux à deux, et F leur somme. Alors
mesurables sur 1 et telles que : cette somme est directe ; c’est pourquoi
l’on dit que F est somme directe orthogo-
IlfwPwd~ < +-9 nale des sous-espaces vectoriels F,.
s
Soit S = (.Y,), i E 1, une famille de
muni de l’application définie par la for- vecteurs d’un espace hermitien E. On dit
mule (3), est hilbertien, ce qui met en que S est orthogonale si, pour tout couple

598
HILBERT ESPACE DE

(i,j) d’éléments distincts de 1, les vecteurs Théorie élémentaire


x, et .Y, sont orthogonaux. Dans ces condi- L’étude des espaces hermitiens de
tions, pour toute partie finie J de 1 : dimension finie repose sur le théorème qui
suit.
lkforème 3. Tout espace hermitien de
dimension finie admet au moins une base
(théorème de Pythagore). On dit que S est orthonormale.
orthonormale si, de plus, pour tout élé- La démonstration s’effectue par récur-
ment i de 1, le vecteur xi est unitaire ; la rence sur la dimension de l’espace hermi-
somme des droites CX, est alors directe tien E. Soit donc E un espace hermitien de
orthogonale. dimension strictement positive n. Choisis-
On dit enfin que S est une base hilber- sons un vecteur unitaire e,. L’ensemble H
tienne de E si S est orthonormale, et si le des vecteurs orthogonaux à e, est un
sous-espace vectoriel engendré par S est hyperplan de E, car c’est le noyau de la
dense dans E. Cette notion est mieux forme linéaire non nulle X- (x / e,). De
adaptée à l’analyse que celle de base plus, e, n’appartient pas à H, si bien que
orthonormale. E est somme directe orthogonale de la
Par exemple, la base canonique (ei), droite Ce, et de H. Il suffit alors d’appli-
i E 1, de l’espace vectoriel C?) est ortho- quer l’hypothèse de récurrence à H, qui est
normale ; cette famille est une base hilber- de dimension n - 1, pour obtenir une base
tienne, dite canonique, de l’espace hilber- orthonormale de E.
tien 1 2(I), car Cc’) est dense dans l’(1). Théorème 4. Soit E un espace hermitien
Voici un autre exemple, lié de manière et F un sous-espace vectoriel de E de
essentielle à la théorie des séries de Fou- dimension finie.
rier. Soit C?(T) l’espace vectoriel des fonc- - Pour tout vecteur x de E, il existe un
tions continues sur R à valeurs complexes couple (y, z) et un seul de vecteur de E tel
et admettant 1 pour période, muni du que y E F’, z E F et .Y = y + z. Autre-
produit hermitien : ment dit, le sous-espace vectoriel F’ est
supplémentaire orthogonal de F dans E.
Par suite, (FL)‘= F. Enfin, pour tout
v e c t e u r u de F différent de z,
La famille (e,), n E Z, des fonctions
/lx- u(( > (lx-z((.
définies par les formules :
- Si F est muni d’une base orthonormale
e,(f) = ezlnn* (e,, e,, . . . . ep), alors :
est une base hilbertienne de C(T) ; les P
éléments du sous-espace vectoriel engen- Z= 6 I ej)e,.
c
j=i
dré par S s’appellent polynômes trigono-
métriques. L’espace hermitien C(T) n’est Munissons F d’une base orthonormale
pas complet; il peut s’identifier à un
(e,, q, ,.,, eJ. Le vecteur z, s’il existe, peut
sous-espace vectoriel de l’espace vectoriel s’écrire d’une manière et d’une seule sous
hilbertien L’([O, l]), dense dans L’([O, 1)).
la forme I = a,e, + + apep ; o r .
La famille (e,,), n E Z, apparaît alors
comme une base hilbertienne de L2([0, 11). (x l dl) = (v l e,) + (2 / e,) = a, ;

599
HILBERT ESPACE DE

par suite, les vecteurs )’ et z sont nécessai- il convient de prendre h, = i, pour tout
j E [ 1, p], Posons en effet :

Z= cP Cx l
rement définis par les formules :

Z= cP S,ej et u = cP AF,
,=L
ej)e, e t y=x-t,
,=I j=i
ce qui prouve l’unicité du couple (y, z).
Puisque u appartient au sous-espace
Réciproquement, les vecteurs ainsi définis
vectoriel F engendré par e,, e2, . . . . e,,, nous
conviennent visiblement.
savons que, si tl # z :
Soit maintenant u un vecteur de F. Le
vecteur ,Y ~ I est orthogonal a F, et le II-U I > lb-z il,
vecteur z - LI appartient a F. Donc :
ce qu’il fallait prouver.
Soit, par exemple,,f’une fonction conti-
ce qui achève la démonstration. nue à valeurs complexes admettant 1 pour
Corolhire 1. Toute famille orthonor- période, et p un entier naturel. Parmi
male d’éléments d’un espace hermitien E les polynômes trigonométriques de la
de dimension finie peut être complétée en forme :
une base orthonormale de E. P
Soit en effet F le sous-espace vectoriel
engendré par une famille orthonormale L. c A,en >
n=-p
D’après le théorème, F’ est supplé-
mentaire orthogonal de F dans E. Il existe celui qui approche le mieuxfen moyenne
une base orthonormale L’ de FI. La base quadratique est le polynôme :
de E obtenue en réunissant L et L’ P
convient. s, = cf 1en)en,
c
Corolluire 2. Soit (e,, e,, . . . . e& une n=-p
famille orthonormale de vecteurs d’un
somme partielle à l’ordre p de la série de
espace hermitien E, et .Y un vecteur de E.
Fourier de J
Pour tout élément ,j de [ 1, n], on pose
Procktk d i>rthonornzulisation de
<, = (s 1e,), Alors la fonction ,f‘qui à tout
Schrnidt. Soit E un espace hermitien, (e,,
élément (A,, A,, . . . . A,,) de U’ associe le
e-l_, _.., c;,) une famille orthonormale de
nombre réel positif :
vecteurs de E, et F le sous-espace vectoriel
de E engendré par cette famille. On
suppose que F est différent de E, et on
considère un vecteur .Y de E n’appartenant
admet un minimum strict au point (ci, ir, pas à F. Il existe alors un vecteur e,,+, de
. . . . $). Autrement dit, pour approcher le E et un seul tel que :
mieux possible (en norme) un vecteur .Y par - la famille (e,, e2, ._.~ e,,, e,,+,) soit ortho-
des éléments de la forme : normale ;
P
l e v e c t e u r L;,+, appartienne au sous-
Aje,, espace vectoriel F 0 CU ;
c
j-1 le scalaire (e,,+, / .Y) soit réel positif.

600
HILBERT ESPACE DE

De plus, le vecteur ep+, est donné par deux nombres réels strictement positifs
la formule : c( et l3 tels que, pour tout t E 1, ~(r ) <
fi exp (- ci 1t 1) (cf. polynômes ORTHOG~
e P+I = &,$ NAUX).
Étudions enfin les principales proprié-
où : tés des bases hilbertiennes.
P Théorème 6. Soit (ei), i E 1, une famille
y =x- Cx 1ej)ej orthonormale d’éléments d’un espace her-
c
,=l
mitien E, F l’adhérence du sous-espace
Par récurrence, on en déduit le théo- vectoriel engendré par les vecteurs e,, x un
rème suivant. vecteur de E, et (c,), i E 1, la famille des
Théorème 5. Soit (x,), n E N, une composantes de x suivant (e,), i E 1, c’est-
famille libre d’éléments d’un espace her- à-dire des scalaires 5, = (x / ei).
mitien E. Il existe alors une famille ortho- 1. La famille (c,), i E 1, est de carré
normale (r,,), n E N, et une seule de sommable, et :
vecteurs de E telle que, pour tout entier n,
e, appartienne au sous-espace vectoriel
engendré par les vecteurs .x0, x1, . . . . x,,, et
(inégalité de Bessel).
que (x,l e,,) soit réel positif. On dit que (e,,),
2. Pour que x appartienne à F, il faut
n EN, se déduit de (x~), n E N, par
et il suffit que :
orthonormalisation. Ces deux familles
engendrent le même sous-espace vectoriel
F de E.
En particulier, si (.Y,,), n E N, est totale, (égalité de Parseval).
c’est-à-dire si F est dense dans E, (e,,), Dans ces conditions, la famille (<,e,),
n E N, est une base hilbertienne de E. II en i E 1, est sommable, et :
résulte que tout espace hermitien séparable
(c’est-à-dire, admettant une famille de vec-
teurs totale dénombrable) admet une base
hilbertienne dénombrable. 3. Pour tout couple (,Y, y) d’éléments
Appliquons ces résultats à l’espace her- de F de composantes respectives (5,) et
mitien C(I, p) introduit plus haut, en (n,), i E 1, la famille (&Y$, i E 1, est som-
supposant que, pour tout entier naturel n, mable, et :
la fonction .Y, : t- t" est un élément de
C(I, p). La famille (e,), déduite de (,Y,,),
n E N, par orthonormalisation est consti-
Ce théorème est une conséquence immé-
tuée de fonctions polynomiales, e,, étant de
degré II. La famille (e,,) s’appelle système diate du théorème 4, puisque, pour toute
partie finie J de 1, la projection orthogonale
de polynômes orthogonaux associé au
dessurle sous-espace vectoriel F, engendré
poids p sur l’intervalle 1. Lorsque l’inter-
par la famille (e,), i E J, est égale à :
valle 1 est borné, (e,,), n E N, est une
base hilbertienne de C(I,p) ; il en est de
même lorsque 1 est non borné, s’il existe c/El Le,.
601
HILBERT ESPACE DE

Lorsque (e,), i E 1, est une base hilber- Ce théorème contient le théorème 4


tienne de E, les assertions 2 et 3 s’appli- comme cas particulier, et s’applique aussi
quent à tous les éléments de E. au cas où E est hilbertien et F fermé.
Corolluire. Soit E un espace hermitien et La démonstration s’appuie sur le théo-
(e,), i E 1, une base hilbertienne de E. Alors rème suivant.
l’application qui à tout vecteur de E Théorème 8. Soit E un espace hermi-
associe la famille de ses composantes dans tien, F une partie convexe complète non
la base (e,) est un isomorphisme de l’espace vide de E, et x un élément de E. Il existe
hermitien E sur un sous-espace vectoriel de alors un élément 2 de F et un seul tel que :
l’espace hilbertien I”(I).
I/X -2 il = d(x, FL
Si l’espace E est hilbertien, cette appli-
cation est un isomorphisme de E sur I*(I). où :
En effet, si E est complet, pour tout
d(x,F) = hhllx-u 11.
élément (IX,). i E 1, de 1 ‘(I), la famille (cx,~,),
i E 1, est sommable. Alors le vecteur :
On montre pour cela que toute suite (zI,)
Y= a,e,
de points de F telle que 11x - z, 11converge
c
rtr vers d(.u, F) est une suite de Cauchy.
Comme F est complet, la suite (z,,) admet
admet IX, pour i-ième composante.
une limite z dans F, et on vérifie que z
On peut appliquer ce théorème aux
convient.
développements en série de fonctions
On en déduit facilement le théorème 7.
orthogonales (séries de Fourier, polynô-
en prouvant que y = ,Y - z est orthogonal
mes orthogonaux, etc.).
à F.
Dégageons quelques conséquences du
Espaces hilbertiens théorème 7.
Dans la théorie précédente, le théorème de Corollaire 1. Soit F un sous-espace
projection orthogonale (théorème 4) a vectoriel fermé d’un espace hilbertien E. Si
joué un rôle fondamental, Il ne s’étend F # E, il existe un vecteur non nul de E
malheureusement pas au cas d’un sous- orthogonal à F.
espace vectoriel fermé quelconque F d’un Corollaire 2. Pour qu’une famille (e,),
espace hermitien. Ainsi, dans l’espace i E 1, de vecteurs d’un espace hilbertien E
hermitien C([- 1, l]), l’hyperplan fermé soit totale, il faut et il suffit que le vecteur
noyau de la forme linéaire continue : nul soit le seul vecteur orthogonal à tous les
vecteurs e,.
Corollaire 3. Soit u un vecteur d’un
espace hilbertien E. L’application L, :
n’admet pas de supplémentaire orthogo- .Y - (s 1CI) est une forme linéaire dont la
nal, Néanmoins, si F est complet, le norme est égale à celle de a. Autrement dit :
théorème 4 s’étend de la manière suivante :
ThL:or&ne 7. Soit E un espace hermitien sup I (x 1a) / = llu Il,
#IX i6 I
et F un sous-espace vectoriel complet de E.
Alors F admet un supplémentaire ortho- Réciproquement, pour toute forme
gonal, et (Fi)l = F. linéaire continue ,f sur E, il existe un

602
INTÉGRALES ÉQUATIONS

vecteur a de E et un seul tel quefsoit égale


à l’application x - (4 a). Ainsi, l’applica-
tion a -A, est une application semi-
linéaire bijective de E sur son dual topo-
logique E*.
Corollaire 4. Toute famille orthonor-
male d’éléments d’un espace hilbertien E
peut être complétée en une base hilber-
tienne de E. En particulier, tout espace
hilbertien admet au moins une base hil-
bertienne (ej), i E 1. L’application

est alors un isomorphisme de l’espace


hilbertien P(I) sur E.
On démontre aussi que deux bases
hilbertiennes d’un espace hilbertien E sont INTÉGRALES ÉQUATIONS
équipotentes. Le cardinal d’une base hil-
bertienne de E s’appelle dimension hilber-
tienne de E.

LucIm CHAMBADAL et JE~-Louis OVAERT


L es premières équations intégrales
furent obtenues par Daniel Bernoulli
vers 1730 dans l’étude des oscillations
d’une corde tendue. Après l’introduction
du noyau de Green, il fallut attendre les
Bibliographie dernières années du XW siècle, avec les
S. K. BERBERIAN, Introduction to Hilhert Space, travaux de H. A. Schwarz, de H. Poincaré,
Chelsea Pub]., New York, 2’ éd. 1991 / N. BOUR-
de V. Volterra et surtout ceux de 1. Fred-
BAKI, Espaces vectorie1.s topologiques, chap. V, Her-
mann, Paris, 1964, rééd.. Masson, 1981 / J. DIEU- holm, pour disposer de résultats généraux
DONN É, Élénzrnts dànal)w, Gauthier-Villars, Paris, en liaison étroite avec les premiers déve-
t. 1, 2’ éd. 1979, t. II, 4’ éd. 1981 / J. DIXMIER. Les loppements de l’analyse fonctionnelle.
Algèbres di)pc’rateurs dans l’espace hilbrrtien, ibid..,
1969 1 A. GUICHARDET, Intégration : analJïvr hilber- Quelques années plus tard, l’étude des
tienne, éd. Marketing, Paris, 1989 / F. RIESZ & équations intégrales conduisait D. Hilbert
B. Sz. N A G Y , Lqons d’analyse /&ctionnelle, à définir l’espace qui porte son nom et à
Gauthier-Villars. 1965, reprod. en fac-sim.,
poser les premières bases de la théorie
J. Gabay, Sceaux, 1990 / L. SCHWARTZ, Ana/yse
hilbertienne, Hermann, 1979 1 J. WEIDMANN, Linear spectrale, cadre dans lequel F. Riesz déve-
Operators on Hilbert Spaces, Springer, New York, loppa la théorie des opérateurs compacts
1980. (19 18). Ainsi, les équations intégrales ont
joué un rôle historique important dans
l’élaboration des principaux concepts de
l’analyse contemporaine.

E. U.

603
INTÉGRALES É QUATIONS

donne la solution de l’équation non homo-


gène :

1. Exemples vérifiant les conditions aux limites don-


nées, de sorte que le problème de Sturm-
La forme usuelle d’une équation intégrale Liouville est transformé en l’équation inté-
est : grale homogène :

y(x) = A bG(~, S)r(&~(E)dt.


sL?
où A est une partie de R”’ décrite par
chacune des variables x et 5, K une Problème de Dirichlet
fonction donnée sur A2 appelée noyau de
l’équation, f une fonction donnée sur A,
Le problème de Dirichlet, dans un ouvert
borné A de R”‘, pour une fonction continue
qui est la constante 0 dans l’équation
fdonnée sur la frontière f de A, consiste à
homogène :
trouver la fonction, unique d’après le prin-
Y(X) = A AW,Sly(E)dE; cipe du maximum, continue sur :
(2) s
a=AUI-,
enfin la fonction y est l’inconnue de
l’équation et A un paramètre ; toutes ces harmonique sur A, qui coïncide avec f sur
quantités sont de préférence complexes. f. En 1877, C. G. Neumann proposait la
méthode suivante pour la solution de ce
problème, en supposant m = 2 et f pour-
Problème de Sturm-Liouville
vue d’une tangente continue ; on désignera
Le problème de Sturm-Liouville (cf. équa-
par L(T) la longueur de la courbe r.
tions DIFFÉRENTIELLES, chap. 3) concerne
Soit (6, n) le point courant de r, d’abs-
les valeurs du paramètre réel h pour
cisse curviligne o, et (o, 0) les cosinus
lesquelles l’équation différentielle linéaire
directeurs de la normale en ce point orien-
homogène :
tée vers A. On appelle potentiel de double
Ly-Ary=O couche d’une densité continue p sur r la
limite, quand 6 tend vers 0, du quotient par
(où L est un opérateur différentiel d’ordre
2 6 de la différence entre le potentiel de la
n à coefficients continus sur un intervalle
densité u au point (t: + ~6, n + BS) et celui
compact [a. b] de R et r une fonction
de la densité - u au point (5, n). Le potentiel
continue strictement positive sur cet inter-
de double couche est la fonction :
valle) a des solutions non nulles vérifiant n
conditions aux limites données.
Si 0 n’est pas l’une de ces valeurs de A,
on définit une fonction de Green G du Ez pdo,
problème, continue sur [a, b12 ; si l’on sr

connaît G, la formule intégrale : où u’o est l’angle orienté sous lequel, du


point (.Y, y) E A, on voit l’arc do de r. Cette
fonction est harmonique sur A et, en un

604
INTÉGRALES ~NATIONS

point (,Y, y) E I, d’abscisse curvilignes, elle Supposons maintenant 1 h 1 1 S / 1 < 1.


a pour limite : D’une part, l’équation homogène :

(2’) y=AXy

en égalant cette limite àf<x, y), on obtient ne peut avoir que la solution identique-
une équation intégrale non homogène où ment nulle ; d’autre part, la suite J‘,, définie,
les variables sont s et o, mais sans para- à partir de ~~~ = 0 par exemple, par la
mètre h. formule de récurrence ou d’approxima-
Henri Poincaré pressentit, dès 1896, le tions successives (cf. espaces MÉrRrQuEs) :
rôle que ce paramètre jouerait dans les Y, =f + AJCY,-l,
résultats ; cette intuition fut confirmée en
1903 par les remarquables travaux du converge dans C’(A) vers la solution de (1)
Suédois Ivar Fredholm résumés ci-dessous à savoir :
(cf. chap. 3).
(4) v=f+
c
hn+lX.n+lf,
“EN
2. Méthode X”+i étant le (n + 1)-ième itéré de I’opé-
des approximations successives rateur JC, ou l’opérateur intégral associé au
noyau itéré K (+‘) défini par récurrence
Supposons A compact, le noyau K continu
par :
sur A2 et, de même, f dans l’espace de
Banach C(A) formé des fonctions 1’ conti-
nues sur A à valeurs complexes, avec la
et, pour IT > 1, par :
norme :
( 5 ) K@+l)(x, 5)
IIYII = suplyl.
A = W, t,) WL b)...
sA”
Au noyau K est associé l’opérateur
X K(f,-,,t,)K(r,, E)dt, . ..dt..
intégral :
On met la solution (4) sous la forme :
x E L: [C(A), ‘?(A)I
qui à la fonction )’ E C(A) fait correspon- (6) Y = (1 + ~ÇAlf
dre z = ;i;y E C(A) définie par : en introduisant l’opérateur intégral Çh
associé au noyau r&lvant :
(3) z(x) = W > E)Y (5) d i.
sA
1 désignant l’application identique, on
peut écrire l’équation intégrale (1) :
puisque (6) donne la solution unique de
(1’) (1-hJi)y =f,
(1) les opérateurs 1~ hJC et 1 + hÇ, sont
et sa résolution revient à inverser l’opéra- inverses l’un de l’autre, d’où résulte, pour
teur 1 -LX ; or (3) permet de déterminer h/llS.l/ < 1 et luII/3cll < 1, la relation
la norme de l’opérateur X : fondamentale entre noyaux résolvants :

(7) (ÇA - SQ/@ - fi) = ç), su = su si;,


A # p.

605
INTÉGRALES ÉQUATIONS

Vito Volterra étudia le cas particulier 1 < n < p, a pour limite, quand le plus
A = [a, b], a < b, K(x, 5) = 0 pour grand des diamètres des o,, tend vers 0, le
< > X, K(x, i) fonction continue de (x, 5) monôme :
pour a < 5 < s < b. Dans ce cas, l’équa-
tion (1) s’écrit : (9) ys,“K(;; 1:: *$ix,...dx,,

(8) v(X)-+W>WWt =f(x)>


L?
où la notation de Fredholm :
et la définition (5) des noyaux itérés
entraîne :
4;: : : in)
désigne le déterminant des n2 fonctions
pour 5 < x, K(x,, ci), i et j = 1, . . . . n.
Kc’ + “(x, i) = 0 pour 5 > x. Le monôme (9) est le terme général
d’une série entière convergente pour tout
C’est donc pour tout h E C, et non plus
A E C ; en ajoutant à la série un terme
seulement pour 1h 1l/ .X 11< 1 comme dans
constant égal à 1, on obtient une fonction
le cas général, que, d’une part, l’équation
entière D(A) appelée dbterminante du
homogène n’a que la solution identique-
noyau K et aussi déterminante du noyau
ment nulle, puisqu’elle entraîne
transposé k défini par :
y = A”Xny pour tout n ; que, d’autre part,
la série (4) converge dans C(A) vers la (10) K(x, E) = WE,x).
solution de (8) : enfin. on a la relation (7)
quels que soient h et u. Le produit de cette déterminante et du
Les difficultés que présente le cas géné- noyau résolvant est encore une fonction
ral furent surmontées par les deux mémoi- entière de A :
res de Fredholm de 1901 et de 1903. D(x >t ; 9 = WFA (x > 5)

3. Méthode de Fredholm + K(x, 5).

Le premier théorème de Fredholm


Supposons toujours A compact et le noyau
affirme que, si D(h) # 0, pour tout second
K continu sur A’. Si l’on partage A en p
membre f E C(A), l’équation (1) a une
parties A, de mesures CI,, i = 1, . . . . p, et si
solution unique, encore donnée par (6)
l’on choisit .Y, E Ai pour chaque indice i, on
avec maintenant :
peut considérer le système linéaire :
P
Y(X a,K(Xi,X,)Y@j) =f(xt)s
c
j=i
c’est donc une fonction méromorphe du
i = 1, . . ..p.
paramètre h, et l’on a la relation (7) quels
comme une approximation de (1) ; or son que soient A et u.
déterminant est un polynôme en A de Si au contraire A est valeur singulière du
degré < p. dont le terme de degré n, noyau K, c’est-à-dire D(A) = 0, le deu-

606
INTÉGRALES ÉQUATIONS

xième théorème de Fredholm affirme que si .Y ,, ,.., .Y,, sont deux à deux distincts.
chacune des équations homogènes (2) et : d’où :

(3 z(x) = A K(i,x)z(E)dS
sA
D(h) = exp -A bK(x,x)dx
[ sa 1
a des solutions formant un espace vectoriel Le rus de Gouwit est celui où le noyau
de dimension finie r/(A) > 0 commune aux K est de la forme :
deux équations et au plus égale à l’ordre de
multiplicité de la racine A de la détermi-
K(x, E) = 2 h,(x)k,(S),
nante. i=l
Si j’ est solution de (1) et z solution de
(2), on a :
les h, étant linéairement indépendantes
dans C(A), ainsi que les k,. Dans ce cas, on

- A K(E,x)y(x)z(C)dxdt = 0,
sA.2
d’où d(A) conditions linéaires que le second Ki;: y:: ;+O,
membref’de ( 1) doit vérifier pour que (1)
ait une solution ; le troisième théorème de pour n > p : dont D(A) est un polynôme
Fredholm affirme que ces d(h) conditions de degré < p et le noyau K a au plus 17
nécessaires sont aussi suffisantes. valeurs singulières.
De ces trois théorèmes se dégage l’ulteu- Le noyau K est dit hrrmitien si :
native de Fredhholm : i-c Es K,

1. Ou bien l’opérateur 1 - h.X est inver- c’est-à-dire si :


sible dans C[C’(A), C(A)] ;
K(E, x) = &x, 0
2. Ou bien l’opérateur 1 -AS. n’est ni quels que soient .Y et c E A. Dans ce cas,
injectif ni surjectif, son noyau étant de chaque déterminant de Fredholm :
dimension finie, son image étant fermée et
de codimension finie.
Le deuxième cas se présente pour les 4:: : : ::)
valeurs de h qui annulent la déterminante : est réel et les valeurs singulières aussi ; car :
si donc il y en a, elles sont en nombre fini
y=AJiy
ou forment une suite A,,,- m, chaque
éventualité pouvant se présenter. entraîne la relation :

4. Principaux cas particuliers s A(y(x)‘2dx = h s


Ai
K(x > S)Y (x )y (5) dx d L

où les deux intégrales sont réelles. Le


Dans le tus C/C Volfrrru (cf. supra, fin du noyau K a certainement au moins une
chap. 2), la déterminante ne peut s’annu- valeur singulière s’il n’est pas identique-
ler. On retrouve ce fait en remarquant que : ment nul, et il a certainement une suite A,,,.
vz E N, de telles valeurs singulières, si le
4:: ::: 3 = KW 1, x ,)...K(x,, X~I> noyau n’est pas un noyau de Goursat. Le

607
INTÉGRALES É QUATIONS

cas particulier de Goursat étant exclu, on Sous ces hypothèses, réalisées en par-
a les formules : ticulier si K est continu sur le compact A’,
que l’on munisse C(A) de la norme :
( l l a ) C~=~~K",(x,x)dx,n~2,
mEN m

et :
comme aux chapitres 2 et 3, ou que l’on
(llb) D(h)=exp [ -AJAK(x,x)dx
' 1 munisse C(A) de la norme :

x JJ(l+)exp;.
mtïv
définissant une topologie strictement
La richesse et la précision des résultats moins fine, l’opérateur intégral 3c a cette
obtenus dans cette théorie, pour des propriété (obtenue en appliquant le théo-
noyaux quelconques et plus encore pour rème d’Ascoli à la suite bornée équicon-
des noyaux hermitiens, ne sont pas seule- tinue XJ‘J que, pour toute suite y,, bornée
ment admirables par elles-mêmes : elles ont dans C(A), la suite Xl’,, contient une suite
contribué largement à l’essor, au xxe siècle, partielle convergente dans C(A).
de l’analyse fonctionnelle en général, à Cette propriété de l’opérateur ?n fut
l’essor de la théorie des opérateurs linéai- dégagée, puis étudiée dans un espace
res et a celui de la théorie des espaces vectoriel normé quelconque E, par le
préhilbertiens ou hilbertiens en particulier. Hongrois Frédéric Riesz, sous le nom de
cornpl?te continuité. auquel on préfère
aujourd’hui celui de compucité : elle
5. Opérateurs compacts entraîne en effet la continuité de l’opéra-
teur, mais s’oppose à ce qu’il ait un inverse
continu, du moins si E est de dimension
Propriété de compacité
infinie.
L’inégalité de Schwarz, appliquée à (3) La seconde norme sur C(A) indiquée
donne : ci-dessus a sur la première l’avantage de
munir C(A) d’une structure préhilber-
tienne (cf. espace de HILBERT, chap. 1)
permettant de considérer d’autre part des
et :
opérateurs autoadjoints (cf. ci-dessous).
.2(x’)-z(x)12
Valeurs spectrales
Soit E un espace vectoriel normé quelcon-
Ces inégalités suggèrent les hypothèses que et ;h: E C(E, E) : on dit qu’un nombre
suivantes sur le noyau K : l’espace C’(A) complexe 5 est valeur spectrale de X si
contient chaque fonction : l’opérateur 5; ~ 51 n’est pas inversible
dans C(E, E), valeurpropre de 3c si .X - 61
Kx :Fi+.K(x.E)
n’est pas injectif ; ceci entraîne ceia, et
et l’application .Y + K, est une application réciproquement, si E est de dimension
continue de A dans C’(A). finie.

608
INTÉGRALES É QUATIONS

Soit E de dimension infinie et JC com- est stable par 3c et la restriction de JC à ce


pact : alors, la valeur 0 est spectrale, mais supplémentaire est un opérateur compact
elle n’est pas propre en général ; au autoadjoint sans autre valeur spectrale que
contraire, si 5 # 0, on a pour l’opérateur 0, donc nul ; cela veut dire que tout vecteur
X ~ C,I l’alternative de Fredholm telle y E E est la somme de ses projections
qu’elle a été énoncée à la fin du chapitre 3, orthogonales y,,, sur les noyaux des
de sorte qu’une valeur 5 # 0 est propre si -3; - &,,I, M = 0, 1, . . . . n, d’où les formu-
et seulement si elle est spectrale. S’il y a de les :

c S,y,,
telles valeurs. elles sont en nombre fini ou n n

In=0 rn=l
forment une suite tendant vers 0. (12) Y= Ym, KY =
c

Opérateur adioint qui définissent parfaitement l’opérateur 3;


Supposons désormais que la norme de E et permettent, par exemple, de traiter
lui donne une structure préhilbertienne, l’équation :
donc qu’elle est associée à un produit (JC--hI)y =z,
scalaire, noté (X / J’) ; on dit alors que deux
opérateurs ,JC et ;Jc* E C(E, E) sont où 2 est donné : si A n’est pas valeur
ndjoints si : spectrale, l’équation a pour solution uni-
que :
(3LqY) = (xlK*y),

quels que soient .Y et JJ E E, et que JC est (13)


autoadjoint s’il est son propre adjoint.
Ainsi, lorsque E est égal à C(A) muni de
où z,)( est la projection orthogonale de z sur
la seconde norme indiquée mpm ( c f . le noyau de :
PïopriL;tb ~k cornpucité), les opérateurs
intégrarx associés aux noyaux K et JC---S,I;
K* =K sont adjoints. si, au contraire, A est une valeur spectrale
Si JC et .T;* sont adjoints et compacts, CV, l’équation n’a de solutions que si
on retrouve le troisième théorème de z = 0 ; ces solutions sont encore données
Fredholm sous la forme suivante : L’image p!u (13), à ceci près que le terme de rang
de l’opérateur ,X - CI est le supplémen- 1-1 est remplacé par un élément quelconque
taire orthogonal du noyau de son adjoint du noyau de :
JC* -SI.
Soit enfin 3i compact autoadjoint : ses K - iq.
valeurs spectrales sont réelles, les noyaux Les valeurs spectrales de JC peuvent
de S ~ CI et .X - 5’1 sont orthogonaux si
aussi former une suite C,,,, tendant vers
5 # 5’ et si 11.3C 11ou -. 11.TC /I est valeur 5” = 0, et les formules (12) et (13) subsis-
spectrale.
tent à condition que les séries qu’elles
Les valeurs spectrales peuvent former
contiennent convergent dans E : mis à part
un ensemble fini {&,, 6,, . . . . c,,}, avec &, = le cas A = 0, il suffit pour cela que E soit
0. Alors, le supplémentaire orthogonal du
complet ou soit un espace de Hilbert. On
sous-espace engendré par les noyaux des :
remarque, à ce sujet, que C(A) n’est pas
Ji - C,I, m = 1, . . . . n complet : pour un opérateur intégral X

609
INTÉGRATION & MESURE

dans C(A), associé a un noyau K hermitien à l’œuvre et de montrer comment elles lient
mais non noyau de Goursat, donc possé- les aspects les plus élémentaires de la
dant une suite de valeurs spectrales, on a théorie de la mesure aux développements
pourtant le remarquable théorème de les plus généraux de la théorie de l’inté-
Hilbert-Schmidt, d’après lequel la deu- gration.
xième série (12) converge uniformément
vers la fonction 3;~. ?!5
MICHEL HERVÉ

1. Le problème initial
Bibliographie Généralités
C. CORDUNEANU, Integrul Equufions and Applicu-
/ion Cambridge Univ. Press. New York, 1991 / Mesurer est une activité dont l’existence
R. COURANT & D. HILBERT, Merhods of muthrmaticrrl
est attestée dans toutes les sociétés histo-
Physi<s, vol. 1. J. Wiley, New York, 1989 / J. DIEU-
DONNÉ. Éléments d’unalw. 9 vol.. Gauthier-Villars. riques, et il est assez surprenant de cons-
Paris, 1975-1983 1 E. ‘GOUR~AT, Cours d2mul~.w tater que ce n’est que dans un passé
mathémutique. vol. III, fac-sim. de l’éd. Gauthier- relativement récent, au début du xxe siècle,
Villars, 1923-1925, Gabay Sceaux, 1992 / J. GUY & que la réflexion mathématique a com-
A. SALÈS. Integral Equations in Ewryday Practiee,
Lavoisier, Paris. 1991 / H. HOCHSTADT, Intrgrul mencé à en établir une théorie claire et
Equutions, Wiley, New York, 1989 / M. KRASNOV et cohérente.
al., Équutions int~grules, M.I.R.. Moscou-Paris, Il faut tout de suite remarquer que le
1977 1 R. KR E S S , Lineur Integrul E q u a t i o n s ,
Springer-Verlag, New York, 1989 / D. PORTER &
problème, pris dans sa plus grande géné-
D . S . STIRLING, Integrul Equuliom A Pruc/icul ralité, reste encore mystérieux : on ne sait
Treatmenr. ,fiom Spectral Tluwy to Applicutions, pas encore très clairement, par exemple, le
Cambridge Univ. Press, 1991 / F. RIESZ & sens qu’il faut donner au mot u mesurer »,
B. Sz. NAGY, Leçons dirnal~.~r,f0nctionnrIle, fac-sim.
de l’éd. Gauthier-Villars, Paris, 1955, Gabay, 1990 / ni même si on peut vraiment lui donner un
A. F. RUSTON, Fredholm Theory in Bunach S~uces, sens dans le domaine des sciences humai-
Cambridge Univ. Press, New York, 1986 / V. VOL- nes, bien qu’on ait l’impression qu’une
TERRA, LeCon. sur les @quations inl6gralrs ef inGgro-
d@&entielles, ibid., Paris. 1913.
bonne conception de la mesure puisse y
être l’origine de progrès décisifs.
Il faut encore remarquer que le mot
N mesure )) a, en mathématique, un sens
plus restreint qu’en physique, et que ce que
INTÉGRATION & MESURE le mathématicien appelle théorie de la
mesure ne s’applique directement qu’à une
partie de l’activité du physicien et ne vise

L a théorie de l’intégration joue en


mathématique un rôle extrêmement
important. C’est une théorie riche et com-
que la structure conceptuelle à l’exclusion
des procédés expérimentaux de détermi-
nation des valeurs numériques qui relèvent
plexe. Il ne sera pas question ici d’en de la métrologie.
donner une description exhaustive ni d’en Ce qui a retardé la naissance d’une
aborder les assez redoutables aspects tech- bonne théorie de la mesure a été l’inca-
niques. On s’efforcera de mettre en pacité où est demeurée longtemps l’huma-
lumière les grandes idées simples qui y sont nité de distinguer nettement entre ce que

610
INTÉGRATION & MESURE

l’on mesure d’une part et l’échelle avec construction, Dans la construction


laquelle on mesure d’autre part, et de d’Eudoxe, comme dans celle de Dedekind,
concevoir clairement ce qui les lie. un réel apparaît comme un ensemble de
L’échelle est constituée par le corps rationnels, chaque rationnel étant lui-
ordonné R des nombres réels, dont la même un ensemble de couples d’entiers ;
théorie définitive n’a été élaborée qu’à la mais Eudoxe reste fidèle au langage des
fin du XIX’ siècle (G. Cantor, R. Dede- entiers, tandis que Dedekind dégage expli-
kind), mais qui avait été déjà presque citement la structure du corps totalement
totalement construit par le mathématicien ordonné archimédien et complet des réels.
grec Eudoxe, au IV siècle avant J.-C., sous (À noter d’ailleurs que l’axiome dit
le nom, que la tradition a conservé, de d’Archimède est explicitement attribué à
mesure des grandeurs (et de rapports de Eudoxe par Archimède lui-même.)
grandeurs), qui est révélateur de la confu- C’est l’apparition presque simultanée
sion signalée plus haut. En réalité, Eudoxe d’une bonne théorie des nombres réels et
ne considérait que ce que nous appelons de la notion d’ensemble qui a créé les
les nombres réels positifs. Il le faisait d’une conditions favorables à la naissance de la
manière rigoureusement correcte et extrê- théorie moderne de la mesure.
mement pure : il est émouvant pour le
mathématicien contemporain de constater Formulation de la question
le souci, très moderne, qu’a montré Reprenons la question dans un cas simple :
Eudoxe de ne rien introduire qu’il ne tout le monde a appris à calculer la surface
puisse construire par combinaison de ou l’aire de certaines régions du plan, et les
concepts préalablement bien délimités. mathématiciens des siècles passés ont
Mais sa construction, impeccable au point consacré beaucoup d’efforts à calculer les
de vue de la rigueur, en ce qui concerne aires de régions de plus en plus compli-
l’édification d’une échelle de valeurs, était quées, sans jamais cependant dire très
beaucoup moins claire en ce qui concerne explicitement pourquoi ils menaient leurs
les (< grandeurs )). Elle était en outre d’une calculs comme ils le faisaient, ni ce qu’ils
complexité qui l’a rendue inutilisable pour attendaient du résultat. Expliciter les idées
la plupart de ses successeurs ; ceux-ci ne non formulées qui présidaient à ces recher-
l’ont pas comprise et n’en ont retenu que ches n’eut pas pour seul effet de satisfaire
des bribes, qu’ils se sont transmises avec les exigences de rigueur et d’esthétique du
une telle persévérance qu’on les trouve mathématicien, cela lui permit de forger
encore à l’état de vestiges peu intelligibles les outils propres à déterminer, puis à
dans la plupart des manuels élémentaires. étendre le domaine de validité de ces
Ce qui a manqué à Eudoxe, c’est une autre calculs et de les effectuer dans tous les cas
idée très moderne qui consiste, lorsque où ils sont valables.
l’on a construit, a partir d’un matériel Qu’attendons-nous en effet de ces
conceptuel initial, de nouveaux êtres calculs d’aire ? Ils permettent (une unité
mathématiques très complexes par rap- d’aire étant choisie) d’attribuer à chaque
port aux éléments initiaux, à considérer les région du plan d’un certain type un nom-
propriétés essentielles de ces nouveaux bre réel positif que l’on appelle son aire, la
êtres et à repartir en les prenant à leur tour propriété essentielle étant souvent expri-
comme éléments initiaux d’une nouvelle mée par le fait que l’on peut (( ajouter )) des

611
INTÉGRATION & MESURE

aires, ce que l’on peut décrire sous une bijection du plan sur le plan qui conserve
première forme en disant que, si une la distance), on a :
région R apparaît comme formée de deux
~[T(A)] = m(A).
régions R, et R, (( qui n’empiètent pas
l’une sur l’autre )), l’aire de R est la somme Cette définition précise étant donnée, deux
des aires de R, et de R1. Deux régions telles problèmes se posent : Existe-t-il de telles
que l’on puisse les (( transporter )) (au applications ? Si oui, en existe-t-il une
moins idéalement) l’une sur l’autre ont des seule, ou plusieurs ? Il est clair que, s’il en
aires égales. existe une, que nous appellerons rn, et, si
Si l’on veut préciser ces idées, il faut h est un réel positif fixe, hm en est une
d’abord savoir ce que l’on entend par autre. L’unicité recherchée ne sera donc
(< région » du plan. Le plan étant considéré qu’une unicité à un facteur près, Cela dit,
comme un ensemble dont les éléments la réponse aux questions posées est si peu
sont les points, le projet le plus ambitieux évidente qu’on a, en réalité, les résultats
sera de considérer que tout sous-ensemble suivants. Il existe une telle application dans
du plan doit avoir une aire. Cela signifie- le cas du plan, mais l’unicité n’est pas
rait donc que l’on peut définir une appli- assurée. Il n’existe pas de telle application
cation m (appelée mesure universelle) de dans l’espace euclidien à trois dimensions
l’ensemble Y(P) de toutes les parties du (où l’on parle alors de volume et non plus
plan P dans l’ensemble des nombres réels d’aire), ni pour les espaces euclidiens à plus
positifs, et que cette application a les de trois dimensions.
propriétés d’additivité et d’invariance par
isométrie. Espaces mesurés
A&itivitk. Pour tout couple (A, B) de La non-existence ou la non-unicité amè-
parties disjointes du plan (c’est-à-dire telles nent à restreindre nos ambitions initiales et
que A f’ B = @), on a : à reposer le problème en essayant de
m(AUB)=m(A)+m(B). définir l’application non pas sur l’ensemble
de toutes les parties du plan ou de l’espace,
Cette condition peut être également mais sur un sous-ensemble. Pour donner
formulée sous la forme équivalente sui- une formulation plus générale, nous allons
vante : abandonner le plan et supposer que l’on
part d’un ensemble X quelconque : Sur
m(0)=&
quelles parties .& de T(X) est-il raisonnable
et alors, pour tout couple de parties (A, B), de chercher à définir une application
du plan : additive ?
Une première exigence est que, si A et
m(AUB)+m(AnB)=m(A)+m(B);
B sont deux parties disjointes de X qui
ce qui permet de préciser le sens de (< ne appartiennent à -t, leur réunion appartient
pas empiéter l’un sur l’autre 0 par « avoir aussi à .A. Mais il est plus commode
une intersection d’aire nulle ». d’exiger que, quelles que soient les par-
Invariance par isombtrie. Quelle que ties A et B éléments de -t, alors A U B soit
soit la partie A du plan, et quelle que soit aussi élément de it. L’ensemble A U B est
l’isométrie r du plan (une isométrie est une d’autre part la réunion de A et de B - A,

612
INTÉGRATION & MESURE

qui sont disjoints, et il est commode que de T(X) : on dit alors que ce clan est
B - A appartienne aussi a 4. engendré par la partie. On peut montrer
Ce qui s’est effectivement révélé être la qu’il existe des mesures non triviales (c’est-
bonne structure pour l’ensemble 4 est à-dire ne prenant pas uniquement la valeur
exprimé par la condition suivante : Pour 0) sur tout clan.
tout couple (A, B) d’éléments de -4, alors Voici des exemples usuels et importants
A U B et A ~ B sont éléments de 4. (On d’espaces mesurés.
peut montrer que cette condition est équi- (a) X = R, et A est l’ensemble des réu-
valente au fait que la différence symétrique nions finies de semi-segments [u, h[
An B et l’intersection An B sont élé- (u < x < h), avec ~([a, h[) = b ~ a. Il y a
ments de -4, si A et B le sont.) On dit alors invariance par rapport aux translations de
que 4 est un clan de parties de X, ou R. Cette mesure n’est autre que la lon-
quelquefois un anneau de Boole (4 a une gueur. On notera qu’il est préférable de
structure d’anneau pour les opérations n et considérer la longueur comme une applica-
f' (cf. ANNEAUX ET ALGÈ BRES, chap. 2). tion de :t dans R+, plutôt que de parler de
On dira alors qu’une application addi- la mesure de la longueur, qui, ou bien est un
tive nz de 4 dans l’ensemble R+ des pléonasme, ou bien se réfère à un concept
nombres réels positifs est une mesure (en de longueur défini indépendamment, ce qui
précisant, si besoin est, simplement addi- complique inutilement la situation.
tive) ou encore une étendue (content, (h) X est un segment [CT, l3] de la droite, ct
Znhal& La situation fondamentale est le îc est le clan engendré par les semi-
triplet (X, il, w), où .4 est un clan de segments [a, h[ et les segments [(I, l3]. On
parties de X, et WI une application additive définit ni au moyen d’une fonction positive
de “ 4 dans R’. Un tel triplet est souvent croissante g définie sur [o, fi] en posant
appelé un espuce mesuré. N[u, .Y[) = d-x) et m([a, PI) = g(P). On
Dans certains cas, il peut être intéres- peut interpréter m comme une masse. Si g
sant (comme dans le cas de l’aire et du n’est pas affine, cette masse m n’est pas
volume) d’avoir une propriété d’inva- (( uniformément répartie » .
riante par rapport à un sous-groupe G du (c) X est le plan et Sz. est l’ensemble des
groupe des bijections de X sur X, ce qui réunions finies de rectangles dont les côtés
signifie que, pour tout g E G et tout ont des directions fixes, et la mesure d’un
A E 4, on ag(A) E 4 et HT~(A)] = n?(A), rectangle est le produit des longueurs de ses
mais la théorie ne se limite pas a ce cas. côtés. Il y a invariance par rapport au
L’exemple le plus ancien d’espace groupe des translations du plan.
mesuré qui ait été considéré par l’humanité (cl) X est un ensemble d’éventualités, 4 un
est celui où X est un ensemble, .-t l’ensem- clan d’événements, avec X E A, et m une
ble de ses parties finies, et n?(A) le nombre probabilité, à qui est imposée la condition
d’éléments de la partie finie A, et l’on peut m(X) = 1.
dire que c’est à partir de ce cas, par Les exemples les plus classiques repré-
extensions successives, qu’a été dévelop- sentés par ce schéma concernent, comme
pée toute la théorie de la mesure. ci-dessus, les longueurs, les aires, les volu-
Notons que, l’intersection d’une famille mes, les masses et les probabilités : l’inclu-
de clans étant un clan, il existe toujours un sion de la théorie des probabilités dans la
plus petit clan contenant une partie donnée théorie de la mesure (A. Kolmogorofl) a

613
INTÉGRATION & MESURE

été l’origine du développement moderne Dans le cas des aires planes, partant de
de la première et d’un considérable enri- l’espace mesuré de l’exemple (c), on trouve
chissement de la seconde. tous les ensembles qualifiés classiquement
de quarrubles, et l’espace mesuré est inva-
Extension d’une mesure riant pour les isométries du plan : on
obtient l’aire classique la plus générale.
La formulation moderne du problème que
les mathématiciens s’efforçaient de résou-
dre en calculant les mesures d’ensembles
de plus en plus complexes est la suivante : 2. Linéarisation
Étant donné un espace mesuré (X, rt, m), et intégrale de Riemann
est-il possible de déterminer d’autres tri-
plets (X, 2, ti), où St C .2 et où fi est une Soit (X, ;t, m) un espace mesuré. À chaque
extension de nr à ,i ? élément A de Sz, associons sa fonction
L’idée d’une solution remonte-t-elle caractéristique (Pu et considérons les com-
aussi à Eudoxe ? Soit A une partie de X binaisons linéaires à coefficients réels de
n’appartenant pas à jt, mais telle qu’il ces fonctions caractéristiques : on obtient
existe au moins un élément fi E Jt avec des fonctions dites étagées (relativement à
A C l3. On considère alors tous les éléments St) et leur ensemble V a une structure
a E “A tels que LX C A (il en existe : il y a au naturelle d’espace vectoriel réticulé. Si cp et
moins l’ensemble vide) et tous les éléments w sont deux éléments de V, SU~(C~, y) et
f3 E yt tels que A C l3. On a donc : inf(cp, y) appartiennent aussi à V.
aCACp. On peut alors associer à m une forme
linéaire 1 sur V, en posant :
Or, m étant additive et positive, m est
croissante (c’est-à-dire que a C l3 entraîne
m(a) < m@)). On en déduit alors que la
I(d) = c LmGW
borne supérieure de l’ensemble des nom- pour :
bres m(a) est au plus égale à la borne
inférieure de l’ensemble des nombres ‘p= Ai’pA,,
c
m(B). L’idée est que l’on pourra étendre m
aux ensembles pour lesquels ces deux et l’on vérifie que, si <p s’exprime de deux
bornes sont égales, et le résultat qui justifie manières différentes comme combinaisons
tous les calculs classiques est le suivant : La linéraires de fonctions (Pu,, on obtient bien,
famille des ensembles A pour lesquels la dans les deux cas, la même valeur pour
borne supérieure des m(a) et la borne I(q). La linéarité de 1 est évidente. En
inférieure des m(o) sont égales est un outre, si ‘p > 0, on a I(<p) > 0.
clan ;t qui contient & et, en posant : On peut alors poser un problème
d’extension de la forme 1 à un espace
61 (A) = sup m(a),
vectoriel contenant V. Le procédé classi-
on obtient une mesure sur “ 2 dont la que de l’intégration de Riemann est l’ana-
restriction à ;t est m. En général, “ 2 est logue du procédé d’Eudoxe pour l’exten-
strictement inclus dans !r(X), et I’applica- sion des mesures et peut être ainsi décrit.
tion du même procédé à (X, .k, ti) On considère les fonctionsfdéfinies sur X
redonnerait le même triplet. à valeurs dans R, qui ont la propriété

614
INTÉGRATION 8s MESURE

d’être bornées et de s’annuler hors d’un Une fonction v à variation bornée étant
ensemble A/E -t. On peut encadrerfpar la différence de deux fonctions croissantes
des fonctions étagées cp et w telles que p et n, on peut définir l’intégrale de toute
<p < f < w. On a donc : fonction continue f’ par rapport à v en
posant :
I(9) G I(v),
suPwf)l<p~V,<p <fl

et on a :
on montre que l’ensemble des fonctions
pour lesquelles l’égalité a lieu dans la
< Va, LMf I,
formule précédente est un espace vectoriel
réticulé V qui contient V, et que, si l’on
prend pour î(f) la valeur commune aux
où 1l.f I/ est la norme uniforme de f, définie
par :
deux bornes, on définit sur 9 une forme
linéaire positive î qui prolonge 1.
Tel est l’essentiel de l’intégration au
sens de Riemann. Remarquons que, par- V(~X, p) est la variation absolue de v entre
tant de (X, ;t, m), la famille des ensem- a et D, soit :
bles A dont les fonctions caractéristiques q
appartiennent à Y n’est autre que “2, et que V(a, IV = SUP c lf(xk)-f(XkkL)l?
î(<p) n’est alors autre que h(A). On ne perd k=,
donc rien, et on gagne beaucoup à procé- où la borne supérieure est prise par rap-
der à cette linéarisation et à travailler sur port à l’ensemble des subdivisions finies
des espaces vectoriels de fonctions et sur a = x0 < x, < < x,, ~, < x,, = fl de
leurs formes linéraires positives. l’intervalle [c(, 01,
Un problème technique concernant Autrement dit, sur l’espace de Banach
cette intégration est de savoir, suivant des fonctions continues réelles définies sur
l’espace mesuré (X, SC, wz), ou l’espace V, [c(, 81, les intégrales de Riemann-Stieltjes
dont on part, si l’on peut caractériser indé- sont des formes linéaires continues. En
pendamment de l’intégration les fonctions 1909, F. Riesz a prouvé qu’elles étaient les
de 9 : dans cet ordre d’idées, si X est seules.
localement compact, et si “ 4 contient tous
les compacts de X, toutes les fonctions
3. La théorie de Lebesgue
continues à support compact appartien-
nent à V. Plus particulièrement, si (X, & m) L’odditivité dénombrable
est l’espace mesuré de l’exemple (b), où nz
On s’est efforcé, dans ce qui précède, de
est définie à partir d’une fonction crois-
mettre en lumière les idées implicites
sante g, toutes les fonctions continues réel- essentielles de la théorie classique de la
les sur [c(, fl] sont intégrables, et l’intégrale mesure et de l’intégration telle qu’elle s’est
est appelée l’intégrale de Riemann-Stieltjes développée non sans difficultés des Grecs
par rapport à g et est souvent notée : à Riemann, et qui constitue ce que l’on
peut appeler la théorie élémentaire de la
mesure.

615
INTÉGRATION & MESURE

Mais, historiquement, cette prise de où it est un clan et m une mesure


conscience de ce qui intervenait fonda- simplement additive, et considérons la
mentalement dans la théorie classique s’est famille D(;t) des parties A de X telle que
produite en même temps, sinon plus tard chacune de ces parties soit incluse dans la
que l’introduction d’une nouvelle idée réunion d’une famille dénombrable (cxi),
extrêmement féconde, due à É. Bore], et i E N, d’éléments de Jt. On peut considé-
qui est celle de I’additivité dénombrable. rer la somme :
Reprenons un triplet (X, 3,~) et suppo-
sons que le clan 3 contient non seulement c m(a,),
itx
les réunions finies de ses éléments, mais
aussi les réunions dénombrables, c’est-à- qui est un réel positif ou + 05, et désigner
dire supposons que la réunion de toute par m*(A) la borne inférieure de l’ensem-
famille dénombrable d’éléments de 3 soit ble de ces sommes obtenues en considérant
un élément de 3. On dit alors que 3 est une toutes les familles dénombrables d’élé-
tribu, ou encore un o-anneau (de Boole). ments de .& dont la réunion contient A.
Supposons que u soit non seulement L’idée est que m*(A) doit fournir une
additive, mais vérifie la condition sui- approximation par le haut (en langage plus
vante : Pour toute famille dénombrable mathématique, un majorant) de l’éven-
(A;), i E N d’éléments de 3 deux à deux tuelle mesure de A. On définit ainsi une
disjoints, on a : application nz* de D(“&) dans R+ (union
de R+ et de {+ m}). Il est clair qu’une
réunion dénombrable d’éléments Ai de
D(-t) est un élément de D(k) et l’on a :
on dit alors que u est d&omhrahhent
additive (ou o-additive). C’est cette situa- -*(o) a &*(A,).
rtx iEZ1
tion qui a été envisagée par Bore1 et qui est
toujours, sauf précision limitative, dési- Cette propriété, plus faible que la
gnée par le terme espace mesuré. o-additivité, est a p p e l é e l a o-sous-
Un premier problème est celui de additivité, et m* est qualifiée de mesure
l’existence de tels triplets. Il est évident estérieure associée à (X, A, m).
qu’il existe des tribus : pour tout ensem- On considère alors les éléments A de
ble X, l’ensemble Y(X) de ses parties est D(it) tels que l’on ait, pour tout élément
une tribu. De plus, l’intersection de toute E de D(-t) :
famille de tribus étant une tribu, il existe,
m*(E)=m*(AnE)+m*(CAnE),
pour toute partie C de :I’(X), une plus petite
tribu qui la contient ; on appelle cette et on montre que leur ensemble est une
derniere la tribu engendrée par c”. tribu 3 qui contient ;t et que la restriction
L’existence d’une mesure o-additive a u de nr* à 3 est o-additive. Les éléments
posé un problème plus redoutable, qui a de 3 sont qualifiés d’ensenrbles mesura-
été résolu par Lebesgue suivant une voie bles, ou (.k, w?)-mesurables si on veut
que l’on peut schématiser, dans un cadre rappeler leur origine.
plus général que le sien, de la façon Lebesgue a d’abord démontré ce résul-
suivante : Partons d’un triplet (X, =t, m), tat dans le cas où X est un segment de la

616
INTÉGRATION 8, MESURE

droite, rt le clan engendré par les seg- c’est ce qui est réalisé pour les longueurs,
ments, et m la longueur. Le même proces- les aires, les volumes...
sus peut être appliqué à la droite entière,
et la mesure obtenue, qui prolonge la L’intégrale de Lebesgue
longueur et qui est invariante par transla- En même temps qu’il démontrait l’exis-
tion, est appelée mesure de Lebesgue de la tence de mesures o-additives, Lebesgue
droite. (Le même procédé réussit pour les définissait l’intégrale qui porte son nom.
aires, les volumes et l’on parle encore de Dans le cas simple de fonctions réelles
mesure de Lebesgue dans R’, R3, R”.) bornées nulles hors d’un élément de 3 de
Il faut noter que 3 est en général mesure finie, le processus indiqué pour
strictement incluse dans :I’(X) et on démon- l’intégrale de Riemann conduit, a condi-
tre par exemple, dans le cas de la droite, tion de partir des fonctions étagées relati-
qu’il est impossible d’étendre la mesure de ves à (X, 83, u), à l’intégrale de Lebesgue.
Lebesgue à !J(X) tout entier. Les fonctions bornées nulles hors d’un
La tribu 3 dépend de J+ et de w, mais ensemble mesurable de mesure finie qui
3 contient toujours la plus petite tribu sont intégrables sont alors exactement
contenant A. En particulier, dans le cas de celles que Lebesgue a appelées mesurables,
R”, la tribu des ensembles mesurables au c’est-à-dire celles qui donnent pour image
sens de Lebesgue (;t étant le clan engendré réciproque de tout borélien de R un
par les produits d’intervalles bornés, appe- ensemble mesurable (c’est-à-dire apparte-
lés pavés, et m le volume n-dimensionnel) nant à 3). Signalons en passant que cette
contient la tribu engendrée par les pavés, notion de fonction mesurable (dont la
qu’on appelle tribu horélienne de R”, elle dénomination n’est d’ailleurs pas heu-
contient tous les ouverts et tous les fermés reuse) est très importante et se définit de
de R”. (Ses éléments sont appelés boréliens façon générale dans la situation suivante :
de R”.) & étant une tribu de parties d’un ensemble
Dans tous les cas, la tribu 3 est X, et 3 une tribu de parties d’un ensemble
complète par rupport à p, en ce sens que, si <p, une application f de X dans cp est dite
A E 3 avec p(A) = 0, toute partie de A (A, %)-mesurable si l’image réciproque de
appartient aussi à 33 et a aussi une mesure tout élément de 3 est un élément de it. Si
nulle. Le triplet (X, 3, u) a été construit à une mesure u a été définie sur Je, cela
partir du triplet (X, .&, m) et on a St C 3 ; permet d’en définir une v sur 3, en posant,
u est-elle une extension de m ? En général, pour tout B E 33 :
on a seulement pour c( E .k : 0) = PV-WI.
Na) 6 m (a) ; Pour les fonctions bornées, la différence
l’égalité est assurée pour tout o E .k, si et essentielle entre l’intégration de Riemann
seulement si, pour tout élément c( de A qui et celle de Lebesgue réside dans le fait que
la première part d’un clan et d’une mesure
est réunion d’une famille dénombrable
simplement additive et la seconde d’une
d’éléments deux à deux disjoints o,, de rt,
on a : tribu et d’une mesure o-additive, fait qui
avait été obscurci par certains commen-
m(a) = taires déclarant que, dans le cas de fonc-
m@J;
c tions réelles définies sur un segment de R,
IEN

617
INTÉGRATION & MESURE

Riemann partageait le domaine de la tion f et s’il existe une fonction intégrable


variable et Lebesgue celui de la fonction, g telle que, pour tout n E N, on ait
ce qui ne correspondait qu’à deux maniè- If;, / < g, alors f est intégrable et :
res d’obtenir des fonctions étagées (que ni
I(f) = lim I(f.).
l’un ni l’autre n’utilisaient explicitement). n
Lebesgue ne se limitait en outre pas aux
fonctions bornées ou définies sur des
ensembles de mesure finie, mais il étendait 4. L’intégrale comme forme linéaire
son intégrale de telle sorte qu’elle appa-
raissait finalement comme une forme Le fait que l’intégrale est une forme
linéaire positive 1, classiquement notée : linéaire sur un espace vectoriel de fonc-
tions est si fondamental qu’il peut en
constituer une définition ; cependant cette
importance n’était pas encore perçue au
sur l’espace L’, ou, si l’on veut préciser, moment où Lebesgue créait son intégrale.
L[(X, 3, u), des fonctions intégrables qui Un des résultats qui contribua le plus à
est un espace vectoriel réticulé, avec les dégager le rôle de cette notion fut le
propriétés suivantes : théorème de F. Riesz, déjà cité, sur l’iden-
(CI ’) J’E C’ est équivalent a If1 E f’. tité entre les intégrales de Stieltjes des
(Y) Sur C’, I( If’1 ) est une semi-norme. La fonctions continues réelles définies sur un
relation : segment [CZ, b] et les formes linéaires conti-
nues sur l’espace de Banach que consti-
tuent ces fonctions. Les idées de Riesz
est équivalente au fait que,f’et g prennent furent étendues par J. Radon, dont le nom
les mêmes valeurs sauf aux points d’un est désormais associé aux formes linéaires
ensemble de mesure nulle, ce que l’on continues sur l’espace V des fonctions
traduit en disant qu’elles sont égales pres- continues à support compact définies sur
que purtout. L’égalité presque partout est un espace localement compact X,
une relation d’équivalence, et l’espace l’espace V étant muni de la topologie de la
quotient est un espace vectoriel normé, convergence compacte ; l’hypothèse de
classiquement noté L](X, 3, p) qui a la continuité que l’on impose ici à une forme
remarquable propriété d’être complet, linéaire m sur V s’exprime par le fait que,
(c’) Sijif;, est une suite croissante de fonc- pour tout compact K de X, il existe une
tions intégrables, telles que la suite IV;,) constante M(K) telle que :
converge, la suite ,f;, converge simplement I m U-1 < M(K)Ilf!l,,
presque partout (c’est-à-dire sauf aux
points d’un ensemble de mesure nulle) vers où :
une fonction intégrable f telle que :
I(f) = lim I(f,).
n
pour toute fonction f E V nulle en dehors
(ci’) Théor~rnr de ICI c’onvrrgrnw dwninée. de K. L’aspect linéaire a paru tellement
Si une suite de fonctions intégrables jif;, important aux mathématiciens contempo-
converge presque partout vers une fonc- rains, et en particulier à Bourbaki, qu’ils

618
INTÉGRATION & MESURE

utilisent le terme de mesure de Rudon pour où la borne inférieure est prise par rapport
désigner non plus des fonctions o-additives à l’ensemble des suites cf,) de fonctions de
d’ensembles, mais les formes linéaires V telles que :
décrites ci-dessus.
Un autre pas en direction de la linéa-
risation fut accompli par l’Américain
P. J. Daniell, qui exposa une théorie de on a alors :
l’intégration comme méthode de prolon-
gement d’une forme linéaire positive pré-
sentant une « continuité » convenable.
Une théorie de l’intégration est d’abord on se restreint alors à l’ensemble G des
l’étude du prolongement d’une forme fonctions f pour lesquelles NCf) est ,fini.
linéaire, continue en un certain sens, sur un L’ensemble G est un espace vectoriel qui
espace vectoriel de fonctions a un espace contient V et sur lequel N est une semi-
vectoriel plus vaste. Le cœur de la question norme.
est que cet espace plus vaste se présente Le résultat essentiel est que G est
naturellement sous deux formes différentes complet pour cette semi-norme.
- comme complété d’un espace vectoriel (c”) On considère alors l’adhérence v de
topologique dont les éléments sont a priori V dans G qui est un espace complet pour
des classes d’équivalence de suites de la semi-norme N ; on peut prolonger de
Cauchy (cf. espaces MÉTRIQUES, espaces manière unique, par continuité, 1 en une
vectoriels NORMÉS), ou comme quotient, forme linéaire T continue (relativement à
relativement à une relation d’égalité pres- N) sur v. Puisque Ï s’annule sur le
que partout, d’espaces de fonctions) - dont sous-espace des fonctions telles que
il s’agit de montrer qu’elles sont isomor- Nef) = 0, on peut définir une forme J sur
phes. l’espace quotient W de v pour la relation
Voici le schéma d’une telle théorie d’équivalence Nef-g) = 0, et ‘I7 est un
(selon M. H. Stone). espace de Banach. Si, comme c’est souvent
(a”) Le départ est un espace vectoriel V le cas, Nef) = 0 entraîne ,f= 0 si f E V,
réticulé d’applications d’un ensemble X alors V est isomorphe à un sous-espace de
dans R, contenant inf( 1, f) s’il contient A Y7 et on peut considérer J comme le
et une forme linéaire positive 1 sur V telle prolongement de 1 de V à ‘17.
que : I et V ont toutes les propriétés signalées
plus haut pour l’intégrale de Lebesgue et
les espaces Ct(X, 3, u) ; V est l’espace
C’(X, 3, p) pour la tribu 3 engendrée par
(h”) Cela étant, on associe à toute appli- les ensembles E dont les fonctions carac-
cation f de X dans R la quantité NCf) téristiques a p p a r t i e n n e n t à 7, a v e c
(réelle positive ou égale à + 00) définie y(E) = I(X,). L’espace v correspond a
par : L’(X, 3, ~1) et J est la forme déduite de
l’intégrale par le passage au quotient.
N(f) = inf ( 1 I( If, II) Une situation extrêmement importante
“EN déjà signalée, mais qui entre dans ce cadre

619
INTÉGRATION & MESURE

général, est le cas où V est l’espace des fonc- Pour II= 2, on a q = 2 et l’espace L’
tions réelles continues à support compact est isomorphe à son dual topologique.
définies sur un espace localement compact L’inégalité de Holder prend la forme
et où 1 est une forme linéaire continue sur V particulière appelée inégalité de Schwarz :
muni de la topologie de la convergence
compacte, c’est-à-dire le cas des mesures de
Radon, qui s’expriment comme différences
de deux formes positives. J”dg du ne dépend que des classes def et
Enfin signalons, sans donner le moindre de g et permet de définir un produit
détail, qu’il est possible de définir, en en scalaire sur L’ qui apparaît alors comme
conservant la linéarité et une continuité un espace de Hilbert et joue un rôle
convenablement définie, des intégrales à extrêmement important en analyse harmo-
valeurs non plus seulement réelles, mais nique et en physique quantique.
dans C, dans R” et plus généralement dans On désigne par C” l’espace des fonc-
les espaces vectoriels topologiques locale- tions mesurables bornées presque partout.
ment convexes. C’est un espace vectoriel sur lequel on peut
définir une semi-norme N=(J), égale au
Espace Lp plus petit réel positif k tel que l’ensemble :

Aux espaces î’ et L’(X, 3, n) peuvent être {XEX~f(X) > k}


associés d’autres espaces remarquables, soit de mesure nulle. L’espace quotient,
dont une des définitions peut être présentée relativement à l’égalité presque partout, est
comme suit : Appelant mesurables les fonc- noté L”. II est normé et complet. II est
tions réelles, qui sont (3, B)-mesurables, où isomorphe au dual topologique de L’, mais
B est la tribu borélienne de R, l’espace C’l il n’y a pas cette fois réciprocité ; le dual de
pour p > 1, est constitué des fonctions L” contient au moins un sous-espace
mesurables telles que lfl”E Ci. C’est un isomorphe à L’, mais le contient stricte-
espace vectoriel sur lequel N, définie par : ment.

Mesure de Haar
est une semi-norme. La relation N,(J) = 0 La longueur, l’aire, le volume sont des
est équivalente à l’égalité presque partout, mesures de Radon invariantes par les
et l’espace quotient relativement à cette translations de R, R’, R3.
relation, L”(X, 3, u), est normé et complet. Un résultat très général et très impor-
De plus, si p > 1. le dual topologique tant, dû à Haar, généralise cette situation :
de Lp est isomorphe à L<’ si : Soit G un groupe topologique localement
compact, dont l’opération est notée mul-
‘+LJ, tiplicativement. Si s est un élément du
P 4
groupe, à toute fonction continue à sup-
et on a l’inégalité dite de Holder, pour port compactfon peut associer la fonction
fE Lp et g E 1” : f,, également continue à support compact.
définie par :

620
INTÉGRATION & MESURE

Le théorème de Haar affirme qu’il 3, existe-t-il une fonction intégrableftelle


existe alors une mesure de Radon sur G que, pour tout A E 3, on ait :
unique (à un facteur près) invauiantr à
gauche, c’est-à-dire telle que, pour tout
s E G et pour toute fonction f,
4.9 = sI-xA~P?
La réponse est fournie par le théorème
Kfs) = Kf). de Radon-Nikodym (d’ailleurs énoncée et
démontrée par Lebesgue dans le cas où p
est la mesure de Lebesgue sur R), que nous
ne donnerons pas dans sa plus grande
5. Intégration et dérivation généralité : Si XE 3) et p(X) < + ~0, la
condition nécessaire et suffisante pour que
Un très célèbre théorème d’analyse classi- v puisse s’exprimer par :
que énonce que, si J’ est une fonction
continue réelle définie sur [a, b], l’applica-
tion :
v(A) = sAXA du,
XH s‘7xf(t)dt est que, pour tout ensemble B de 3,

p(B) = 0 = v(B) = 0.
est dérivable et admetf‘(‘c) pour dérivée au La fonction f n’est évidemment déter-
point x. minée que presque partout, mais est uni-
En vertu de ce théorème, intégration et que à cela près, et peut être considérée
dérivation sont souvent présentées comme comme une densité de la mesure v par
des « opérations inverses » l’une de l’autre. rapport à la mesure IJ- : c’est, en fait, la
En réalité, la recherche des primitives meilleure manière et la plus générale de
(ce qui est vraiment l’inversion de la
concevoir la notion de densité.
dérivation) et l’intégration ne coïncident
nullement, car les fonctions intégrables ne ANDRÉ REVUZ
sont pas toutes des fonctions dérivées, et
les fonctions dérivées ne sont pas toutes
intégrables. Bibliographie
Le problème de la recherche des pri- R. COUTY & J. AZRA, Anulyx, Armand Colin, Paris,
mitives de la fonction dérivée la plus 5’ éd. 1980 / P. DEHEUVELS , L’lntégruL. coll. Que
générale a été résolu par A. Denjoy dans sais-je ?. P.U.F., 1986 1 P . HALMOS, Me~sure Theory.
Springer-Verlag. New York, 1991 / H. LEBESGUE.
sa belle et difficile théorie de la totalisa- LC~OIZS SUI Iïnfégruriun, Gauthier-Villars. Paris,
tion. 1928, reprod. en fac-sim. J. Gabay, Paris, 1989 / Lrr
Mais le problème peut être présenté ~Wsure &.Y grarrrleurs, Blanchard, Paris, 1975 /
autrement : partant d’un espace mesuré J. NEVEU, Brrses mathbnutiqurs du dd des pro-
babilités, Masson, Paris, 2’ éd. 1970 / J. NEVEU &
(X, 3, cl) et d’une fonction intégrabIef; on M. MÉTI~~ER, Th&rir de la rnc~wre rt de lïntégrution.
peut définir une mesure v sur 3, en École polytechnique, Palaiseau, 1983 / K. Vo KHAC.
prenant pour valeur v(A) de la mesure Mesure, intégrution, conwlutio~7 P! una!vssr de Fou-
d’un élément A de 3 l’intégrale de fxA, où rier, Marketing, Paris, 1984.

x,, est la fonction caractéristique de A.


Réciproquement, v étant une mesure sur

621
LIMITE NOTION DE

dernières raisons étaient effectivement


atteintes (à l’instant de naissance ou d’éva-
nouissement).
C. Maclaurin, dans son Trratise of
Fluxions (1742) présenté lui aussi comme
une réponse à Berkeley, reprend l’inter-
prétation des (< premières et dernières
raisons )) de Newton en termes de limites ;
cependant il fonde le calcul infinitésimal
sur la notion de fluxion (vitesse instanta-
née) et non sur celle de limite. Au
contraire, d’Alembert, dans l’article « Dif-
férentiel » de L’Encyclopbdie, vol. IV,
1754, présente la notion de limite comme
la (( vraie métaphysique du calcul différen-
tiel » : il y définit le rapport différentiel
LIE GROUPES DE - G R O U P E S - dy/d.x comme la limite du rapport des
accroissements finis de y et de x lorsque ces
Groupes de Lie accroissements tendent vers 0, et il insiste
sur le fait que l’on ne doit pas séparer les
« différentielles » dy et d,r Comme pour
ses prédécesseurs Robins et Maclaurin, le
langage de D’Alembert est entièrement

LIMITE NOTION DE
géométrique, et la notion de limite n’est
pas très clairement définie : on dit simple-
ment que le rapport considéré peut devenir

L a notion de limite fait son apparition


dans un ouvrage du mathématicien
anglais B. Robins intitulé A Discourse
aussi proche que l’on veut de sa limite, ou
encore qu’une H grandeur est la limite
d’une autre grandeur, quand la seconde
Conceming tlze Nuture and Certninty of Sir peut s’approcher de la première plus près
Isauc Nelvton S Method of Fluxions und qu’une quantité donnée, si petite qu’on
Prime und Ultimate Rutios (1135) ; c’est puisse supposer, sans pourtant que la
une réponse aux critiques formulées par le grandeur qui s’approche puisse jamais
philosophe G. Berkeley à l’encontre du surpasser la grandeur dont elle s’approche,
calcul infinitésimal dans son célèbre pam- en sorte que la différence d’une pareille
phlet Z%e Anrrlpt (1734). Robins essaie de quantité à sa limite est absolument inassi-
préciser et de clarifier l’expression un peu gnable )) (on remarque que, pour d’Alem-
obscure de Newton « premières et derniè- bert, la limite est approchée d’un seul
res raisons )), en parlant de limites vers côté). Cependant, d’Alembert prend soin
quoi tendent, sans jamais les atteindre, des d’établir l’unicité de la limite. Il n’a jamais
rapports de quantités variables ; il a dû mis en œuvre son programme de construc-
soutenir une controverse contre son com- tion du calcul différentiel à partir de la
patriote J. Jurin, newtonien orthodoxe et notion de limite : dans tous ses écrits
sourcilleux, pour qui les premières et scientifiques, il utilise le langage des infi-

622
LIMITE NOTION DE

niments petits, langage commun aux limite s’est progressivement clarifié au xrx’
mathématiciens continentaux du XVIII~ siè- siècle : dès 1800, C. F. Gauss avait une
cle. conception extrêmement claire de la limite
Quelques successeurs de D’Alembert d’une suite de nombres réels (a,), puisqu’il
ont donné des exposés du calcul infinité- la définit (dans un travail inédit Notions
simal fondés sur la notion de limite. On ,fondamentales sur la théorie des suites)
peut citer A. G. Kastner, An&zgsgründe comme la valeur commune à lim sup CI, et
d e r Analysis d e s Unendlichen (1161) lim inf a, lorsque ces deux limites extrê-
ouvrage assez maladroit qui comporte des mes, qui sont définies de manière précise,
incohérences ; S. L’Huillier, Exposition coïncident. A. L. Cauchy a imposé la
élémentaire des principes des calculs supé- notion de limite à la base du calcul
rieurs (1787), primé par l’Académie de infinitésimal ; la définition qu’il en donne
Berlin, où les limites sont présentées est encore un peu vague : <( Lorsque les
comme une interprétation de la u méthode valeurs successivement attribuées à une
d’exhaustion )) des mathématiciens grecs : même variable s’approchent indéfiniment
sa définition de limite n’est pas plus claire d’une valeur fixe, de manière à finir par en
que celle de D’Alembert, et toujours en différer aussi peu que l’on voudra, cette
langage géométrique, « Étant donné une dernière est appelée la limite de toutes les
quantité variable, toujours plus petite ou autres » (résumé des (( leçons )X données à
plus grande qu’une quantite donnëe ; mais l’École royale polytechnique sur le calcul
qui peut différer de celle-ci de moins infinitésimal, 1823) ; mais il introduit une
qu’une quantité arbitraire, si petite soit- notation lim pour la limite, et il montre sur
elle ; cette quantité constante est appelée la des exemples numériques comment se
limite en grandeur ou en petitesse de la comportent les limites.
quantité variable ». Le Traité de calcul La définition très précise de limite que
diJ&entiel et intégral de Lacroix (1797) l’on donne encore dans les cours remonte
qui a connu de nombreuses rééditions et a à Weierstrass, promoteur du (( style des
été traduit en anglais, est aussi fondé sur la epsilons )). Pour que la théorie soit entiè-
notion de limite, et il a sans doute beau- rement claire, il ne manque alors qu’une
coup fait pour populariser cette notion. théorie satisfaisante des nombres réels, qui
La mise en œuvre de la notion de limite permettrait d’établir l’existence d’une
au XVIII~ siècle se heurtait à un certain borne supérieure pour une partie non vide
nombre d’obstacles : le langage géométri- majorée et de démontrer le critère de
que ne fournissait pas un domaine numé- Cauchy, admis jusqu’alors comme une
rique homogène où développer la théorie, évidence ; diverses théories des nombres
et la notion générale de fonction n’était pas réels ont été élaborées vers 1860-1870
encore assimilée. Il était donc difficile de (Dedekind, Weierstrass, Méray, Cantor).
concevoir clairement comment une gran- La notion de limite a été étendue hors du
deur ou un rapport variable tendaient vers cadre numérique par la topologie générale
leurs limites : des objections du genre de au xxc siècle ; dans les espaces métriques,
celle de Zénon d’Elée pouvaient être oppo- on peut tout ramener à la définition de la
sées, ce qui faisait dire à Lagrange que la limite d’une suite de points, qui est formel-
notion de limite paraissait soulever des lement identique à la définition de la limite
difficultés métaphysiques. Le concept de d’une suite de nombres, mais dans les espa-

623
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

ces plus généraux, les suites ne suffisent considéré comme module sur l’algèbre de
plus : on a d’abord utilisé une sorte de ce groupe, et à l’étude des formes quadra-
généralisation des suites, avec un ensemble tiques sur Z. Enfin, ces dernières années
d’indices non dénombrable (convergence à ont été introduites l’algèbre homologique
la Moore-Smith), puis la notion de jiltre et, plus généralement, la théorie des caté-
introduite par H. Cartan (1937) ; de cette gories abéliennes, permettant d’appliquer
dernière notion est dérivée celle d’ultrafiltre la théorie des modules à des domaines où
qui a fourni un puissant moyen de construc- elle semblait inopérante (théorie des fibrés
tion et de démonstration en topologie géné- vectoriels et des faisceaux).
rale et en logique. On trouvera un aperçu historique plus
complet dans l’article A L GÈ BRE . D’autre
CHRISTIAN HOUZEL
part, on trouvera des détails sur les appli-
cations de l’algèbre linéaire dans de nom-
breux articles tels que GROUPES - Groupes
classiques et géométrie, Groupes de Lie et
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE théorie des N O M BRES - N o m b r e s a l g é b r i -
ques. Bien entendu, la liste précédente
ALGÈBRE
n’est pas exhaustive : on pourrait, à la
limite, affirmer que l’algèbre linéaire a

L 7 algèbre linéaire sur un corps commu- envahi tous les domaines des mathémati-
tatif, telle qu’on la trouvera présentée ques. À titre d’exemple, on consultera les
ici, s’est progressivement dégagée, au cours applications à la théorie des équations
du XIX~ siècle et au début du XX~, de la algébriques et à l’analyse fonctionnelle (cf.
théorie des équations linéaires (systèmes de &qUatiOIX aux DÉRIVÉES PARTIELLES, DISTRI-
n équations linéaires à p inconnues, équa- BUT IONS, algèbres NORMÉES, espaces vecto-
tions différentielles et intégrales linéaires) riels NORMÉS).
et de la géométrie (calcul vectoriel dans les Dans le présent article sera d’abord
espaces affines, transformations des espa- exposée la théorie des espaces vectoriels
ces projectifs, dualité pour les sous-variétés sur un corps commutatif, indépendam-
linéaires et les quadriques, structure même ment de la notion de dimension. L’expli-
de la géométrie). L’algèbre multilinéaire citation des résultats obtenus lorsque les
sur un corps commutatif a pris naissance espaces vectoriels sont de dimension finie
dans la théorie des invariants et dans la et munis de bases fait l’objet du paragra-
partie de la géométrie différentielle consa- phe consacré au calcul matriciel. Dans
crée au calcul tensoriel. Plus récemment, cette partie, l’exposé reste élémentaire, et
on a développé l’algèbre linéaire sur un la plupart des théorèmes sont accompa-
anneau afin d’appliquer les méthodes de gnés de démonstrations. Suivent quelques
l’algèbre linéaire sur les corps à la théorie indications sur l’algèbre tensorielle et la
des groupes abéliens, considérés comme théorie des modules.
Z-modules, à la théorie des entiers algébri- En ce qui concerne la réduction des
ques sur un anneau commutatif unitaire, endomorphismes et la théorie des formes
considérés comme éléments d’un module quadratiques, on se reportera aux articles :
sur cet anneau, à la représentation linéaire théorie S P E C T R A L E et formes QUADRATI-
d’un groupe dans un espace vectoriel, QUES.

624
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

Soit E, F et G trois espaces vectoriels


sur K. Pour toute application linéaire U de
E dans F et pour toute application linéaire
V de F dans G, l’application composée
1. Espaces vectoriels V 0 U est linéaire.
et applications linéaires On dit qu’une application linéaire U de
E dans F est un isomorphisme de E sur F
s’il existe une application linéaire V de F
Espaces vectoriels
dans E telle que :
Soit K un corps commutatif, On appelle
espace vectoriel sur K, ou encore K-espace VoU=IE e t UoV=I,.
vectoriel. un ensemble E muni de deux lois
Une application linéaire de E dans
de composition : une loi interne, applica-
lui-même s’appelle endomorphisme de E, et
tion de E X E dans E, notée (.Y, y) -s + y
un isomorphisme de E sur lui-même auto-
et une loi externe, application de K X E
morphisnze de E.
dans K, notée (a, x) - a . x, ou encore Voici quelques exemples d’espaces vec-
(a, ,Y) - as ; ces deux lois satisfaisant aux
toriels et d’applications linéaires :
conditions suivantes : 1. Soit n un entier naturel non nul.
(a) L’ensemble E, muni de l’addition, est
L’ensemble K” des suites de n éléments de
un groupe commutatif.
K, muni des deux lois définies par les
(b) Pour tout couple (a, fi) d’éléments de
formules :
K et pour tout élément s de E :
a.@.x)=(@).x,

et, pour tout élément .Y de E, 1 . x = x.


(c) Pour tout couple (a, 0) d’éléments de K est un espace vectoriel sur K.
et pour tout couple (.Y, y) d’éléments de E : 2. Soit A un ensemble non vide et F un
(a+@.x=a.x+P.x, espace vectoriel sur K. L’ensemble F”,
a.(x+y)=a.x+a.y. noté encore %F(A, F), des applications de
A dans F, muni des deux lois définies par
Les éléments de E sont souvent appelés les formules :
vecteur.~, les éléments de K scalaires.
cf+ g)(x) =f(x) + g(x),
@f)W = af(x A
Applications linéaires
Soit E et F deux espaces vectoriels sur un est un espace vectoriel sur K.
même corps commutatif K. On dit qu’une 3. Soit (FJrEI une famille d’espaces
application U de E dans F est K-linéaire vectoriels sur un même corps commuta-
ou, plus simplement, linéaire si, pour tout tif K. L’ensemble produit :
couple (.Y, y) d’éléments de E et pour tout
couple (a, B) de scalaires :

U(as + By) = au(x) + PUg,). muni des deux lois suivantes :


On dit aussi que U est un morphisme
d’espaces vectoriels.

625
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

est un espace vectoriel sur K, appelé Par exemple, soit E l’espace vectoriel
espace vectoriel produit de la famille des fonctions à valeurs réelles définies sur
(FI),E,. (Lorsque tous les espaces vecto- R et CLLEN la famille des fonctions
riels Fi sont égaux à un même espace monomiales f, : x - .Y. Les combinaisons
vectoriel F, l’espace produit n’est autre que linéaires de ces fonctions ne sont autres
FI.) Pour tout élémentj de 1, le projecteur que les fonctions polynomiales. En revan-
canonique de l’espace produit sur F,, qui che, la fonction exponentielle x - eY n’est
à toute famille (x&t associe le vecteur .Y,, pas combinaison linéaire des fonctions f,.
est une application linéaire surjective. Soit E un espace vectoriel sur K. On dit
4. Soit E un espace vectoriel sur K. On qu’une partie E’ de E est un sous-espace
appelle forme linéaire sur E une applica- vectoriel de E si E’ est stable pour les deux
tion linéaire de E dans K, le corps K étant lois de E et si, munie des lois induites, E’
considéré comme espace vectoriel sur est un espace vectoriel sur K.
lui-même. Pour qu’une partie non vide E’ de E soit
Par exemple, soit E l’espace vectoriel un sous-espace vectoriel de E, il faut et il
des fonctions continues sur l’intervalle [0, l] suffit que, pour tout couple (x, y) d’élé-
à valeurs complexes. L’application qui à ments de E’ et pour tout couple (o, fi) de
tout élémentfde E associe le scalaire : scalaires, le vecteur ox + (33: appartienne

s)- (x)dx
est une forme linéaire sur E.
à E’.
L’intersection d’une famille de sous-
espaces vectoriels de E est encore un sous-
espace vectoriel de E. Il en découle que,
Sous-espaces vectoriels
pour toute partie A de E, l’ensemble des
sous-espaces vectoriels de E contenant A
Soit E un espace vectoriel sur K, (x,),~, une
possède un plus petit élément (au sens de la
famille de vecteurs de E, (CC~)~~, une famille
relation d’inclusion), à savoir l’intersection
de scalaires dont le support J est fini. (On
de tous les sous-espaces vectoriels conte-
appelle support de (c(,),~, l’ensemble J des
nant A. Ce sous-espace vectoriel, dit engen-
éléments i de 1 tels que o, # 0.) Pour toute
dré par A, est encore l’ensemble des com-
partie finie H de 1 contenant J :
binaisons linéaires d’éléments de A, lorsque
A est non vide. Voici quelques exemples.
Le sous-espace vectoriel engendré par
Cette somme se note encore : un vecteur x est noté Kx; c’est en effet
l’ensemble des vecteurs de E de la forme

LE1 a,x,.
c o.y, où c( appartient à K.
Soit E un espace vectoriel sur K et
Cette convention permet de poser la (Et)iEl une famille de sous-espaces vecto-

définition suivante : On dit qu’un vecteur x riels de E. Le sous-espace vectoriel de E


de E est combinaison linéaire des vec- engendré par la réunion des sous-espaces
teurs x, s’il existe une famille (o,),,, de vectoriels Ej est constitué des vecteurs de
scalaires à support fini telle que : E de la forme :

X= c aixi.
rt1
X= crEI x,2
626
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

où, pour tout élément i de 1, .Y, appartient a par U est un sous-espace vectoriel de F. En
E,, et où la famille (.Y,),,, est à support fini. Ce particulier, l’image de E par U est un
sous-espace vectoriel s’appelle aussi son~~w sous-espace vectoriel de F, appelé aussi
des sous-espaces vectoriels E,, et se note : image de U, et noté Im(U). De même,
l’image réciproque d’un sous-espace vecto-
E,. riel de F par U est un sous-espace vectoriel
c
iEI
de E. En particulier, l’image réciproque du
Dans le cas particulier où 1 = { 1, 21, la sous-espace vectoriel réduit au vecteur nul
somme des sous-espaces vectoriels E, et E2 de F est un sous-espace vectoriel de E,
se note E, + E,. appelé TZOJYZA de U, et noté Ker(U). Pour
que U soit injective, il faut et il suffit que son
Espaces vectoriels noyau soit réduit au vecteur nul de E.
d’applications linéaires ThL;&rnr 1 ( t h é o r è m e d e factorisa-
Soit E et F deux espaces vectoriels sur K. tion). Soit E, F et G : trois espaces
L’ensemble des applications linéaires de E vectoriels sur K.
dans F est un sous-espace vectoriel, noté 1. Soit U une application linéaire sur-
C(E, F), de l’espace vectoriel T(E, F) des jective de E sur F. Pour toute application
applications de E dans F. linéaire V de E dans G telle que Ker(V)
Soit E, F et G trois espaces vectoriels contienne Ker(U), il existe une application
sur K. L’application V - V o U est une linéaire W et une seule de F dans G telle
application linéaire de L(F, G) dans que V = W 0 U. Plus précisément, l’appli-
C(E, Ci), et l’application U - V o U une cation W +-+ W o U est un isomorphisme
application linéaire de C(E, F) dans de l’espace vectoriel c(F, G) sur le sous-
W, GI. espace vectoriel de C(E, G) constitué des
En particulier, l’ensemble des endomor- applications linéaires dont le noyau
phismes d’un espace vectoriel E, muni des contient celui de U.
trois lois de composition : 2. Soit U une application linéaire injec-
tive de F dans G. Pour toute application
WV-u+v,
linéaire V de E dans G telle que Tm(V) soit
(u,v++v~u,
contenue dans Im(U), il existe une appli-
(a. u) - au,
cation linéaire W et une seule de E dans F
est une algèbre associative unitaire, notée telle que V = U 0 W. Plus précisément.
c(E) (cf. ANNEAUX ET ALGÈBRES). Le pro- l’application W-W 0 U est un isomor-
duit V o U se note encore VU. phisme de l’espace vectoriel C(E, F) sur le
Les automorphismes de E constituent sous-espace vectoriel de C(E, G) constitué
un groupe multiplicatif, appelé groupe des applications linéaires dont l’image est
linéaire de E, et noté GL(E) ; c’est le contenue dans celle de U.
groupe multiplicatif des éléments inversi-
bles de l’anneau unitaire C(E). Espaces vectoriels quotients
Soit E’ un sous-espace vectoriel d’un espace
Factorisation des applications linéaires vectoriel E. La relation binaire dans E défi-
Soit E et F deux espaces vectoriels sur K, nie par les couples (.Y, J,) tels que .Y - j
et U une application linéaire de E dans F. appartienne à E’ est compatible avec les lois
L’image d’un sous-espace vectoriel de E de E. Muni des lois quotients, l’ensemble

627
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

quotient est un espace vectoriel sur K, Le dual de l’espace vectoriel E*, c’est-
appelé espace vectoriel quotient de E par E’, à-dire l’espace vectoriel des formes linéai-
et noté E/E’. L’application canonique <p de res sur E*, s’appelle bidual de E, et se note
E sur E/E’ est linéaire, et son noyau est E’. E**. Pour éviter des confusions, nous
Le théorème de factorisation montre noterons :
aussitôt que le couple (E/E’, <p) possède la
propriété universelle suivante : @**,y*)-Kz**,y*D
Pour tout couple (F, U) constitué d’un la forme bilinéaire canonique sur
espace vectoriel F sur K et d’une applica- E** X E*.
tion linéaire U de E dans F dont le noyau Étant donné un vecteur x de E, l’appli-
contient E’, il existe une application cation de E* dans K, qui à toute forme
linéaire Ù et une seule de E/E’ dans F telle linéaire y* sur E associe le scalaire
que U = ù 0 <p. Plus précisément, I’appli- <y*, x > , est une forme linéaire sur E* ;
cation V - V o cy est un isomorphisme de c’est donc un élément de E**. L’applica-
l’espace vectoriel C(E/E’, F) sur le sous- tion x, qui associe au vecteur x cet élément
espace vectoriel de C(E, F) constitué des
de E**, est une application linéaire de E
applications linéaires de E dans F dont le
dans E**, dite canonique ; elle est définie
noyau contient E’.
par la relation :
Voici une conséquence immédiate de la
propriété universelle des espaces vectoriels KX(x),y*)) = cy+*,xj.
quotients : Soit E et F deux espaces
vectoriels sur K, soit U une application On dit qu’un vecteur x de E et une
linéaire de E dans F, soit <p l’application forme linéaire y* sur E sont orfhogonuux
canonique de E sur E/Ker(U), soit V si <y*, x> = 0. On dit qu’une partie A
l’unique application de E/Ker(U) dans de E et une partie B de E* sont orthogo-
Im(U) telle que U(x) = (V 0 <p)(x), pour nales si, pour tout élément x de A et pour
tout vecteur x de E, et soit i l’injection tout élément y* de B, x et y* sont
canonique de Im(U) dans F. Alors V est un orthogonaux. L’ensemble des éléments de
isomorphisme de E/Ker( U) sur Im( U), et : E* orthogonaux à un sous-espace vecto-
riel F de E est un sous-espace vectoriel de
u =iovo<p,
E*, appelé orthogonal de F, et noté FI. De
formule de décomposition canonique de même, l’ensemble des vecteurs de E ortho-
U, qui ramène en quelque sorte l’étude de gonaux à un sous-espace vectoriel G de E*
U à celles de i, de q et de V. est un sous-espace vectoriel de E, appelé
orthogonal de G, et noté G’.
Dualité
Théo@me 2. Soit E et F deux espaces
Soit E un espace vectoriel sur K. L’espace
vectoriels sur K, soit E* et F* leurs duaux,
vectoriel C(E, K) des formes linéaires sur
et U une application linéaire de E dans F.
E s’appelle espace vectoriel dual de E, et
Il existe une application linéaire de F* dans
se note E*. L’application de E* X E dans
E* et une seule, appelée trunsposée de U et
K, qui au couple cv*, x) associe le scalaire
notée ‘U. telle que. pour tout élément x de
J*(S), est une forme bilinéaire, dite cano-
E et pour tout élément y* de F*,
nique, et encore notée :
(1) (‘uo>*),x) = <y*,u(x)).

628
LINÉAIRE 8, MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

L’aplication ‘U n’est autre que I’appli- Le vecteur h s’appelle second membre


cation y* -J‘* 0 U. La relation (1) de l’équation (1). Lorsque b = 0, on dit
s’appelle identité fondamentale de la trans- que l’équation (1) est homogène, ou, par
position. abus de langage, sans second membre.
L’application U - ‘U est une applica- L’équation :
tion linéaire de C(E, F) dans C(F*, E*), U(x) = 0
(2)
appelée transposition.
La transposée de l’application identi- s’appelle équation linéaire homogène asso-
que de E n’est autre que l’application ciée a l’équation (1).
Voici les propriétés de l’ensemble des
identique de son dual :
solutions d’une équation linéaire.
f 1, = I,.. Si l’équation linéaire (1) est homogène,
ses solutions constituent un sous-espace
Soit E, F et G trois espaces vectoriels
vectoriel de E, à savoir le noyau de U.
sur K, soit U une application linéaire de E
Dans le cas général, si l’équation (1) admet
dans F, et V une application linéaire de F
une solution .x0, on obtient toutes les
dans G. Alors la transposée de V o U est
solutions de cette équation en ajoutant à .Y,
égale a ‘U o ‘V. En particulier, si G = E,
une solution quelconque de l’équation
et si U est inversible à gauche (resp. à homogène associée.
droite). % est inversible à droite (resp. à Enfin, pour que l’équation (1) admette
gauche). Plus particulièrement encore, si une solution et une seule quel que soit le
U est un isomorphisme de E sur F, ‘U est second membre b, il faut et il suffit que
un isomorphisme de F* sur E*, et : l’application linéaire U soit bijective, ou
(‘U)-1 = r (u-1) encore que sa transposée ‘U le soit. Dans
ces conditions, l’unique solution de l’équa-
L’isomorphisme de E* sur F* ainsi tion (1) n’est autre que U’(b) ; l’applica-
défini s’appelle contrug@dient de U, et se tion de F dans E, qui à tout vecteur h
note Ù. Lorsque F = E, l’application associe cette solution, est donc linéaire. On
U - Ù est un morphisme du groupe dit aussi que la solution dépend linéaire-
GL(E) dans le groupe GL(E*). ment du second membre.
Enfin, pour toute application linéaire U On voit donc que les notions d’image et
de E dans F, le noyau de ‘U n’est autre que de noyau sont fondamentales pour l’étude
l’orthogonal dans F* de l’image de U : des équations linéaires.
Ker(‘U) = [Im(U)]~

2. Sommes directes, bases

Équations linéaires Sommes directes


Soit E et F deux espaces vectoriels sur K, Soit (E&t une famille d’espaces vectoriels
soit U une application linéaire de E dans sur K. Dans l’espace vectoriel :
F, et h un élément de F. On appelle
iqutrtiotl linckriw définie par U et h l’équa- IIE,,
rEI
tion :
l’ensemble des éléments (.Y,),,, à support
(1) U(x) = b. fini est un sous-espace vectoriel de cet

629
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

espace vectoriel, appelé somme directe de Enfin, pour que E soit somme directe
la famille (E,),,,, et noté : des sous-espaces vectoriels E,, il faut et il
suffit que tout vecteur .Y de E s’écrive d’une
manière et d’une seule sous la forme :

il coïncide avec l’espace vectoriel produit


lorsque l’ensemble 1 est fini.
X= c,EI Xi>
Soit, en particulier, E un espace vecto- où, pour tout élément i de 1, x, appartient
riel sur K, soit (E,),, une famille de à E,.
sous-espaces vectoriels de E, et U l’appli- L’intérêt de la notion de somme directe
cation linéaire de la somme directe de cette apparaît dans le théorème suivant.
famille dans E qui à tout élément (x,),~, 7’héorème 3. Soit E et F deux espaces
associe l’élément : vectoriels sur K, et (E,),,, une famille de
sous-espaces vectoriels de E dont E est
Xl.
c somme directe.
iEI
1. Pour tout élément (U,),,, de :
Alors l’image de U est la somme :

Ei
c
IEI
il existe une application linéaire U et une
des sous-espaces vectoriels E,, et le noyau seule de E dans F telle que, pour tout
de U est l’ensemble des éléments (.Y&, tels élémentj de J, la restriction de U à E, soit
que : égale à U,. À tout vecteur x de E, écrit sous
la forme :
x, = 0
c
rEI X= c xj.
Ainsi, pour que U soit surjective, il faut IEJ
et il suffit que :
où, pour toutj E J, x, E Ej, l’application U
Ei = E,
associe le vecteur :
c
IEI
U,(x,).
c
et, pour que U soit injective, il faut et il JC1

suffit que, pour tout i E 1 :


2. L’application (U,b,, - U est un iso-
E, n Ej = [OI. morphisme de l’espace vectoriel :
c

Lorsque ces deux conditions sont réa-


lisées, c’est-à-dire lorsque U est un isomor-
sur l’espace vectoriel :
phisme, il est d’usage d’identifier E et :

ce qui conduit à dire que E est Swwne En particulier, deux applications linéai-
directe des sous-espaces vectoriels E,. res de E dans F ayant, pour tout élémentj

630
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

de J, même restriction au sous-espace Par exemple, dans l’espace vectoriel


vectoriel E, sont égales. S(A, K) des applications d’un ensemble A
dans K, le sous-espace vectoriel F des
Sous-espaces vectoriels supplémentaires,
applications nulles en un point donné CI de
projecteurs
A et le sous-espace vectoriel G des appli-
cations constantes sont supplémentaires.
On dit que deux sous-espaces vectoriels Le projecteur sur G parallèlement à F est
F et G d’un espace vectoriel E sur K
l’application f’++f(a).
sont suppkhentuires dans E si les trois
De même, dans l’espace vectoriel sur C
conditions équivalentes suivantes sont
des fonctions II fois continûment dériva-
vérifiées :
bles sur R à valeurs complexes, le sous-
(a) L’espace vectoriel E est somme directe
espace vectoriel F des fonctions polyno-
de F et de G.
miales de degré inférieur ou égal à n et le
(b) Tout vecteur x de E s’écrit d’une
sous-espace vectoriel G constitué des fonc-
manière et d’une seule sous la forme
tions f telles que, pour tout p E [0, n],
x = y + 2, oùyEF et zEG.
(DP’)(O) = 0 sont supplémentaires. Le
(c) La réunion de F et de G engendre E,
projecteur sur F parallèlement à G n’est
et l’intersection de F et de G est réduite au
autre que l’application qui à toute fonction
vecteur nul.
associe son développement limité à l’ordre
L’application P, qui associe au vecteur
n au point 0.
x le vecteur 1’ est un endomorphisme de E,
Soit enfin E un espace vectoriel sur K
appelé projecteur sur F parallèlement à G.
et (E&, une famille de sous-espaces vec-
Le vecteur J’ est appelé projection de x sur
toriels de E dont E est somme directe. Pout
F parallèlement à G. On définit de même
tout élément i de 1, l’application P, qui
P,.
associe au vecteur x sa i-ième composante
Le projecteur P, a pour image F et pour
.Y, est le projecteur sur E, parallèlement à :
noyau G, et les endomorphismes P, et P,
satisfont aux relations :
03 El
j*i
(1) P,P, = P,P, = 0
(2) P$ = P, et Po2 = P, La famille des projecteurs P, satisfait
(3) P, + P, = 1,. aux relations suivantes :
Les seules relations P, + P, = 1, et - Pour tout couple (i, j) d’éléments dis-
P$ = P, impliquent les relations (1) à tincts de 1,
(3). En effet p,p, = P,(I, ~ PF) P;P, = P,P; = 0 ;
=P,-P,?=O; de même, P,P,=O;
enfin : Pour tout élément i de 1,

P,2 = (IE - P,)2 = 1, - 2P, + P,* P? = P, ;


=1,--P, = P,.
- L’application identique de E est égale à
C’est pourquoi on dit qu’un endomor- la somme des projecteurs P,.
phisme U de E est un projecteur si U2 = U. Une famille (Pi)i,, de projecteurs de E
L’endomorphisme U est alors le projecteur satisfaisant aux trois conditions précéden-
sur Im(U) parallèlement à Ker(U). tes s’appelle système de projecteurs.

631
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

L’intérêt de la notion de sous-espaces l’espace vectoriel des polynômes à coeffi-


vectoriels supplémentaires apparaît dans le cients dans K.
théorème fondamental suivant. On notera que :
Théorème 4. Soit E et F deux espaces
vectoriels sur K, U une application linéaire K’ = n E, et K(g = $ Ei,
rEI
de E dans F, E’ un sous-espace vectoriel de
E, et U’ la restriction de U à E’. Pour que où, pour tout élément i de 1, E, = K. Par
U’ définisse un isomorphisme de E’ sur suite, l’espace vectoriel K(t) est somme
Im(U), il faut et il suffit que E’ soit un directe des sous-espaces vectoriels Ke,, où
sous-espace vectoriel supplémentaire de pour tout élément i de 1, e, est l’élément de
Ker( U). K(t) défini par les formules ei(J = 6,.
Soit en particulier E, un sous-espace Autrement dit, tout élémentfde K(t) s’écrit
vectoriel d’un espace vectoriel E sur K. d’une manière et d’une seule sous la
Pour tout sous-espace vectoriel E, supplé- forme :
mentaire de E, dans E, la restriction à E,
de l’application linéaire canonique de E f = c aie,,
sur E/E, est un isomorphisme de E2 sur iEI
E/E,. (Il suffit d’appliquer le théorème où o, n’est autre quef(i).
précédent au cas où F = E/E,, où U est Théorème 5. Le couple (K”), (e,)&
l’application linéaire canonique de E sur possède la propriété universelle suivante :
E/E,, et où E’ = E?.) Pour tout couple (E, (xi)& constitué d’un
Soit enfin Ez et E’z deux sous-espaces espace vectoriel E sur K et d’une famille
vectoriels supplémentaires de E, dans E. (xk, de vecteurs de E, il existe une
La restriction à E, du projecteur sur E’? application linéaire U et une seule de K”)
parallèlement à E, définit un isomor- dans E telle que, pour tout élément i de 1,
phisme de E, sur E’?. (Il suffit cette fois U(e,) = x,. L’application U associe à tout
d’appliquer le théorème précédent au cas élément f= (c4JiEI le vecteur :
où F = E’,, où U est le projecteur sur E’,
parallèlement à E,, et où E’ = E2.)
c a;x,.
Ainsi, deux sous-espaces vectoriels sup- iEl
plémentaires d’une même troisième sont L’image de U est le sous-espace vecto-
canoniquement isomorphes. riel de E engendré par les vecteurs s,, et le
noyau de U est l’ensemble des éléments
Bases (c(,),~, tels que :
Soit Ki l’espace vectoriel des applications
c a,x, = 0.
d’un ensemble non vide 1 dans K. L’ensem-
ble, noté K’t), des applications de 1 dans K
iEI
à support fini est un sous-espace vectoriel Les éléments de ce noyau sont appelés
de K’ ; il est égal à K’ si 1 est fini. relations linéaires entre les vecteurs x, ; en
En particulier, prenons pour 1 l’ensem- particulier, le vecteur nul de K(t) est appelé
ble N des entiers naturels. Alors KN est relation linéaire triviale entre ces vecteurs.
l’espace vectoriel des séries formelles à Ainsi, pour que U soit surjective, il faut
coefficients dans K, tandis que KcN) est et il suffit que tout vecteur x de E soit une

632
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

combinaison linéaire des vecteurs -Y,. On La notion de base permet d’exprimer


dit alors que la famille (.Y,),,, est généra- sous la forme suivante la propriété univer-
trice. Pour que U soit injective, il faut et il selle de l’espace vectoriel K”) énoncée
suffit que toute relation linéaire entre les dans le théorème 5.
vecteurs x, soit triviale. On dit alors que la Théorènze 6. Soit E et F deux espaces
famille (x,),~, est libre. Lorsque ces deux vectoriels sur K, et (e,),E, une famille
conditions sont réalisées, c’est-à-dire lors- d’éléments de E. Si cette famille est
que U est un isomorphisme de K(‘) sur E, génératrice, deux applications linéaires de
on dit que la famille (.&i est une buse de E dans F prenant pour toutj E J la même
E. Cela revient à dire que tout vecteur x de valeur sur le vecteur e, sont égales. Si cette
E peut s’écrire d’une manière et d’une famille est une base de E, pour toute
seule sous la forme : famille u;),.,, d’éléments de F, il existe

.X= c a,xi. une application linéaire U et une seule

‘EI de E dans F telle que, pour tout


j E J, U(e,) =f;. À tout vecteur x de E
La famille (M&, s’appelle famille des décomposé dans la base B sous la
composantes du vecteur .Y dans la base forme :
C&l.
Par exemple. la famille fer).,,
\ c CL1 est une X= c c,ej,
base, dite canonique, de KuJ. En particu- jEl
lier, lorsque 1 = [ 1, n], la base canonique
l’application U associe le vecteur :
de K” est constituée des n vecteurs sui-
vants :

e, = (l,O, 0, . . . . O),
cJE’ ES,.
e, = (0, l,O, . . . . O), Nous pouvons maintenant caractériser
. . . . . . . . . . . les applications linéaires injectives et sur-
e, = (O,O, 0, . . . . 1). jectives à l’aide de la transformée d’une
De même, l’espace vectoriel base.
K[X] = K cN) des polynômes à une indé- Soit E et F deux espaces vectoriels sur
terminée à coefficients dans K a pour base K, soit U une application linéaire de E
canonique la famille des monômes dans F, et (e,),EJ une base de E. Pour que
e,, = X”, où n parcourt N. U soit surjective (resp. injective), il faut et
Soit S une partie de E. On dit que S est il suffit que la famille (U(ej))jE, soit géné-
une partie génératrice, une partie libre ou ratrice (resp. libre). Pour que U soit
une partie basique si la famille (.Y,),~~, où, bijective, il faut et il suffit que (U(e,)),,, soit
pour tout élément s de S, s, = .Y, est une une base de F.
famille génératrice, une famille libre ou Lorsque F = K, le théorème 6 se par-
une base. ticularise de la manière suivante.
Pour qu’une partie à un seul élément .Y T/ze’or?me 7. Soit E un espace vectoriel
soit libre, il faut et il suffit que le vecteur sur K, et B = (e,),EJ une base de E. Pour
.Y soit non nul. Lorsqu’une partie lx, ,Y} à toute famille (o,),EJ de scalaires, il existe
deux éléments n’est pas libre, on dit aussi une forme linéaire y* et une seule sur E
que les vecteurs s et j‘ sont colinéaires. telle que, pour tout j E J, <y*, e, > = o,.

633
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

À tout vecteur x de E décomposé dans la engendré par B ne soit pas égal à E.


base B sous la forme : Puisque S est génératrice, il existe un
élément x de S n’appartenant pas à E’, ce
.X= t,ej, qui implique que B’ = B U {Y} est encore
c
jEJ
libre. Ainsi, B’ est un élément de & ayant
la forme linéaire y* associe le scalaire : p + 1 éléments, ce qui contredit la défini-
tion de p.
c sjaj.
jEJ
Lorsque S est quelconque, la démons-
tration est analogue, le principe de récur-
De plus, l’application (a,),,,++~* est rence étant remplacé par le théorème de
un isomorphisme de l’espace vectoriel K’ Zorn.
sur l’espace vectoriel E*. Corollaire 1. Pour toute partie libre L de
Ainsi, le dual de K(‘) s’identifie à K”, E, il existe une partie basique B de E
l’application bilinéaire canonique étant contenant L ; pour toute partie génératrice
définie par la formule : S de E, il existe une partie basique B de E
contenue dans S. En particulier, pour tout
((Bj)jtJ, (aj)jtr) = C ajPj. espace vectoriel E sur K, l’ensemble des
IEJ
bases de E est non vide.
En particulier, pour tout entier naturel Ce corollaire s’obtient en spécialisant le
n, l’espace (K”)* est canoniquement iso- théorème aux trois cas suivants : S = E,
morphe à K”. L=@,S=EetL=@.
Corollaire 2 (théorème de la base incom-
plète). Pour toute partie libre L de E et
3. Existence de bases pour toute partie génératrice S de E, il
existe une partie S’ de S telle que L fl S’
Théorème 8. Soit E un espace vectoriel sur soit vide et que B = L U S’ soit une partie
K. soit L une partie libre de E, et S une basique de E.
partie génératrice de E contenant L. Il Voici l’une des principales conséquen-
existe alors une partie basique B de E telle ces du théorème précédent :
que LCBCS. Théorème 9. Tout sous-espace vectoriel
Nous allons démontrer ce théorème E’ d’un espace vectoriel E admet un sous-
lorsque la partie S est finie. espace vectoriel supplémentaire dans E.
Introduisons l’ensemble & ordonné par On choisit en effet une partie basique B’
inclusion des parties libres T de E telles que de E’, que l’on complète en une partie
L CT C S. L’ensemble & est non vide, basique B de E. Alors le sous-espace
puisque L appartient à C. La partie S étant vectoriel engendré par B” = B ~ B’ est un
finie, l’ensemble tard(T) des entiers natu- sous-espace vectoriel supplémentaire de E’
rels, où T parcourt C, admet un plus grand dans E.
élément p. Soit B un élément de & ayant p Corollaire 1. Soit E et F deux espaces
éléments. Montrons que B convient. Puis- vectoriels sur K, soit E’ un sous-espace
que B appartient à C, la partie B est libre, vectoriel de E, et U’ une application
et L C B C S. Il reste donc à prouver que linéaire de E’ dans F. Il existe alors une
B est génératrice. Supposons en effet par application linéaire U de E dans F pro-
l’absurde que le sous-espace vectoriel E’ longeant U’.

634
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

Corollaire 2. Soit E et F deux espaces Pour qu’un espace vectoriel E soit de


vectoriels sur K, soit F’ un sous-espace dimension finie, il faut et il suffit qu’il existe
vectoriel de F, et cp l’application linéaire une partie génératrice finie de E, puisque
canonique de F sur F/F’. Pour toute de toute partie génératrice on peut extraire
application linéaire U de E dans F/F’, il une partie basique.
existe une application linéaire V de E dans Théorème 10. Soit E un espace vectoriel
F telle que U = <p o V. de dimension finie sur K, et B une partie
Corollaire 3. Soit E et F deux espaces basique finie de E ayant n éléments. Alors
vectoriels sur K, et U une application toute partie libre L de E est finie, et le
linéaire de E dans F. Pour que U soit nombre p d’éléments de L est inférieur ou
surjective, il faut et il suffit que U soit égal à n. De plus, on peut compléter L en
inversible à droite, c’est-à-dire qu’il existe une partie basique de E en lui adjoignant
une application linéaire V de F dans E telle (n -p) éléments convenablement choisis
que U 0 V = 1,. Pour que U soit injective, dans B.
il faut et il suffit que U soit inversible à Le théorème se démontre en utilisant le
gauche, c’est-à-dire qu’il existe une appli- lemme d’échange suivant, qui fournit en
cation linéaire V de F dans E telle que
outre un procédé pratique de complétion
v 0 u = 1,.
de L en une partie basique.
En effet. il est évident que. si U est
Lemme. Soit B = (e,, e2, .__, e,,j une
inversible à droite (resp. à gauche), U est
base de E, soit q un entier inférieur ou égal
surjective (resp. injective). Réciproque-
à n, et L, = cf ,,fr, . . . . f,) une famille libre
ment, si U est surjective, U définit un
de E. On suppose que Bq = Cfl,fZ, . . . .
isomorphisme U’ d’un supplémentaire E’
de Ker(U) sur F ; il suffit de prendre pour J y ,, ey, . . . . e,) est une base de E. Alors il
V l’application linéaire de F dans E coïn- existe au moins un entier i E [q, n] tel
qu’en substituant f, à e, dans B, on
cidant avec U’ ‘. De même, si U est
injective, U définit un isomorphisme U’ de obtienne encore une base de E, notée B,+,.
E sur Im( U) ; il suffit alors de prendre pour Il suffit pour cela de décomposer ,f,
V l’application linéaire nulle sur un sup- dans la base B,. Puisque L, est libre, il
plémentaire F’ de Im(U), et coïncidant existe au moins un entier i E [q, n] tel que
avec U’-’ sur Im(U). la i-ième composante de f y soit non nulle.
Il est alors immédiat que cet entier i
convient.
Corollaire 1. Soit E un espace vectoriel
4. Espaces vectoriels de dimension finie sur K. Toutes les parties
de dimension finie basiques de E sont finies, et elles ont le
même nombre d’éléments.
Définition Il résulte en effet du théorème 10 que
On dit qu’un espace vectoriel E sur K est toutes les parties basiques de E sont finies.
de dimension finie sur K, ou, plus simple- Soit donc B et B’ deux parties basiques de
ment. de dimension finie, s’il existe une E. ayant respectivement n et n’ éléments.
partie basique finie de E. Dans le cas Comme B est basique et que B’ est libre,
contraire, on dit que E est de dimension n’ < IZ ; de même, n < y1’, et finalement
infinie. n = ri.

635
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

Le cardinal commun a toutes les parties s’appelle i-ième forme linéaire coordon-
basiques de E s’appelle dinzension de E sur née. La famille (e*,),E, des formes linéaires
K, et se note dim,E, ou, plus simplement, coordonnées est libre ; pour que ce soit une
dim E. L’espace vectoriel réduit au vecteur base de E*, il faut et il suffit que E soit de
nul est le seul espace vectoriel de dimen- dimension finie. Cette base s’appelle base
sion 0. Un espace vectoriel de dimension duale de la base B, et se note B*. Nous
1 s’appelle une droite, un espace vectoriel voyons ainsi que l’espace vectoriel dual de
de dimension 2 s’appelle un plun. E est de dimension finie si et seulement si
Voici quelques exemples : E est de dimension finie, et que, dans ces
Soit 1 un ensemble non vide. L’espace conditions :
vectoriel K(i) est de dimension finie si et dimE* = dimE.
seulement si 1 est fini, et la dimension de
K(i) est alors égale à tard(1). En particulier, Corollaire 2. Pour que deux espaces
vectoriels de dimension finie sur K soient
pour tout entier naturel non nul n, K” est
isomorphes, il faut et il suffit qu’ils aient
de dimension n.
même dimension.
Soit E et F deux espaces vectoriels sur
Corollaire 3. Soit E un espace vectoriel
K non réduits à {O}, soit B = (rj),tJ une
de dimension finie n sur K, et S une partie
base de E, et B’ = (f,),E, une base de F.
génératrice finie de E. Alors le nombre p
Pour tout élément (i,j) de 1 X J, désignons
d’éléments de S est supérieur ou égal à n.
par U, l’unique application linéaire de E
De plus, il existe une partie basique de E
dans F telle que, pour tout élément k de J,
constituée de n vecteurs convenablement
U,(e,) = 0 s i k # j e t U,,(ej) =fi. choisis dans S.
Corollaire 4. Soit E un espace vectoriel
Les applications linéaires U,, consti-
de dimension finie n sur K. Toute partie
tuent une base de l’espace vectoriel
libre de E ayant n éléments est une partie
C(E, F), dite associée aux bases B et B’. En
basique de E, et toute partie génératrice de
particulier, si E et F sont de dimension
E ayant n éléments est une partie basique
finie, il en est de même de C(E, F), et :
de E.
dim C(E, F) = (dim E) . (dim F’).
Dimension et codimension
(Notons que cette formule reste valable
d’un sous-espace vectoriel
si E ou F est réduit à { 0) .)
Plus particulièrement encore, l’espace Soit E un espace vectoriel sur K. On dit
vectoriel des endomorphismes de E est de qu’un sous-espace vectoriel E’ de E est de
dimension finie, et : codimension finie dans E si l’espace vec-
toriel quotient E/E’ est de dimension finie.
dim L:(E) = (dim E)*. La dimension de E/E’ s’appelle alors
Soit E un espace vectoriel sur K non coditnension de E’ dans E, et se note
réduit à {O}, et B = (e,),EJ une base de E. codim,E’. Les sous-espaces vectoriels de
Pour tout élément i de J, l’unique forme codimension 1 dans E s’appellent hyper-
linéaire f$ telle que, pour tout élément pluns de E.
Pour qu’un sous-espace vectoriel E’ de
,jdeJ:
E soit de codimension finie dans E, il faut
(e:,e,) = o,, et il suffit que E’ admette un sous-espace

636
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

vectoriel supplémentaire de dimension vectoriel de E. Alors la dimension de tous


finie. Alors, pour tout sous-espace vecto- les sous-espaces vectoriels supplémentaires
riel E” supplémentaire de E’ dans E : de E’ dans E est égale à dim E ~ dim E’.
De plus :
dim E” = codim,E’ = dim ED?‘.
codim,E’ = dim E/E’ = dim E - dim E’.
Théorème II. Soit E et F deux espaces
vectoriels sur K, et U une application En particulier, pour que E’ = E, il faut
linéaire de E dans F. et il suffit que dim E’ = dim E. De même,
1. Si F est de dimension finie et si U est les hyperplans d’un espace vectoriel de
injective, alors E est de dimension finie, et dimension n ne sont autres que les sous-
dim E < dim F. En particulier, tout sous- espaces vectoriels de dimension n - 1.
espace vectoriel F’ d’un espace vectoriel F
de dimension finie est aussi de dimension
Rang d’une application linéaire
finie, et dim F’ < dim F.
Soit E et F deux espaces vectoriels sur K,
2. Si E est de dimension finie et si U est
et U une application linéaire de E dans F.
surjective, alors F est de dimension finie,
On dit que U est de rang fini si l’image de
et dim F < dim E. En particulier, tout
sous-espace vectoriel E’ d’un espace vec- U est un espace vectoriel de dimension
toriel E de dimension finie est de codi- finie. La dimension de Im(U) s’appelle
alors rang de l’application linéaire U, et se
mension finie dans E, et :
note rang(U).
dim E/E’ = ccdim,E’ ( dim E. Théorème 12. Pour que l’application
Soit en effet B une partie basique de E, linéaire U soit de rang fini, il faut et il suffit
et B’ une partie basique de E’. que le noyau de U soit de codimension
Si U est injective, card(U(B)) = finie dans E. Le rang de U est alors égal à
tard(B), et U(B) est une partie libre la codimension dans E du noyau de U :
de F. Il résulte du théorème 10 que (1) rang(U) = dim Im(U) = codim, Ker(U)
card(U(B)) < card(B’). L’assertion 1 en
découle, puisque F est de dimension finie. En effet, l’espace vectoriel quotient
Le cas particulier s’en déduit en prenant E/Ker(U) est isomorphe à l’espace vecto-
pour E un sous-espace vectoriel F’ de F, et riel Im(U).
pour U l’injection canonique de F’ dans F. Si F est de dimension finie, toute
Si U est surjective, U(B) est une partie application linéaire U de E dans F est de
génératrice de F ; d’autre part, tard rang fini, car Im(U), étant un sous-espace
(U(B)) < tard(B). Il résulte du corollaire vectoriel de F, est de dimension finie.
4 d u t h é o r è m e 1 0 q u e card(B’) < Si E est de dimension finie, toute
card(U(B)). L’assertion 2 en découle, puis- application linéaire U de E dans F est de
que E est de dimension finie. Le cas dimension finie, et l’on a la formule de la
particulier s’en déduit en prenant pour F dimension :
l’espace vectoriel quotient E/E’, et pour U
(2) rang(U) = dim E - dim Ker(U).
l’application linéaire canonique de E
sur E/E’. En effet, U définissant une application
Corollaire. Soit E un espace vectoriel de linéaire surjective de E sur Im(U), l’espace
dimension finie sur K, et E’ un sous-espace vectoriel Im(U) est de dimension finie. La

637
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

formule (2) est alors une conséquence de On peut maintenant préciser les pro-
la formule (1) et de la suivante : priétés de l’orthogonalité en dimension
finie.
codim, Ker(U) = dim E - dim Ker(U)
Thkorénze 14. Soit E un espace vectoriel
Lorsque les espaces vectoriels E et F de dimension finie sur K, et E* son dual.
sont tous deux de dimension finie, et qu’ils Pour tout sous-espace vectoriel F de E :
ont même dimension TZ, il est équivalent de
(1) dim F + dim FL = dim E.
dire :
L’application linéaire U est un isomor- Pour tout sous-espace vectoriel G de E* :
phisme de E sur F ;
(2) dim G + dim G’ = dim E.
L’application linéaire U est inversible à
droite ; De plus :
- L’application linéaire U est inversible à
gauche ; (3) (FI)’ = F e t (G’)l = G .
- L’application linéaire U est bijective ;
Considérons en effet une base (et, eî, . . . .
- L’application linéaire U est surjective ;
e,,) de F, et complétons-la en une base (et,
L’application linéaire U est injective ; e,, . . . . e,,) de E ; soit (e;, eb . . . . e:) sa base
- Le rang de U est égal à n.
duale. Pour établir la formule (1) il suffit
de prouver que ce;+,, ez+?, . . . . en) est une
Dualité en dimension finie base de FI. Les formes linéaires coordon-
Tlzéorénze 13. Soit E un espace vectoriel de nees ez+,, er+2r . . . . en, appartiennent
dimension finie sur K. Alors l’application évidemment à FI, car elles sont orthogo-
linéaire canonique x de E dans son bidual nales aux vecteurs et, e,, . . . . ep, lesquels
E** est un isomorphisme. engendrent F ; elles sont linéairement indé-
Soit en effet x un élément du noyau de x. pendantes, car elles font partie d’une base ;
Alors. pour toute forme linéaire y* sur E, enfin, il reste à montrer que tout élément
:x(x),y*) = (y*,x) = 0. J’* de F’ est combinaison linéaire de ces
éléments. Écrivons pour cela y* sous la
Choisissons une base B = (ei), <,<,, de forme :
E. En prenant successivement pour y* les n
N formes linéaires coordonnées e,*, nous y* TE qie;,
voyons que toutes les composantes de s c
i=l
sont nulles, et donc que .y = 0, ce qui
montre que l’application linéaire x est Puisque, pour tout élément i de [ 1, p],
injective. Comme : <y*, e,> = 0, nous voyons que
n, = n2 = .., = ni1 = 0, ce qui achève la
dim E** = dim E* = dim E,
démonstration. La formule (2) s’établit de
la formule de la dimension permet d’en manière analogue, en tenant compte du
déduire que x est un isomorphisme de E fait que toute base de E* est la base duale
sur E**. d’une base de E. Enfin, la formule (3) se
Il découle de ce théorème que l’applica- déduit des relations F C (Fr)‘, G C (G’)‘,
tion qui à toute base B de E associe sa base dim F = dim(Fl)’ et dim G = dim(G’)‘,
duale B* est une bijection de l’ensemble des ces deux dernières égalités découlant des
bases de E sur l’ensemble des bases de E*. formules (1) et (2).

638
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

Théorème 15. Soit E et F deux espaces Nous sommes donc amené à introduire
vectoriels de dimension finie sur K, soit U les définitions suivantes, utiles pour les
une application linéaire de E dans F, et ‘U calculs explicites concernant les applica-
sa transposée. tions linéaires : Soit K un corps commu-
Les applications linéaires U et ‘U ont tatif, IZ et p deux entiers naturels non nuls.
même rang : On appelle matrice à n lignes et p colonnes
à éléments dans K toute famille :
rang(U) = rang(’ U).

En effet, la formule de la dimension I+!f = (a,), (i,j)E Il, nl x LPI


appliquée à ‘U montre que : d’éléments de K. Il est d’usage de disposer
rang(’ U) = dim F* - dim Ker(’ U) les éléments d’une matrice dans les cases
= dim F - dim Ker(’ U). d’un tableau rectangulaire à n lignes et p
colonnes, encadré de deux parenthèses (ou
D’autre part :
parfois de deux crochets) :
rang(U) = dii Im(U) = dim F - dim[Im(U)]l.
ail a,* . . . a,j . . . alp
La formule annoncée résulte alors du a*, a,, azi azp
fait que le noyau de ‘U n’est autre que <.................
M=
l’orthogonal de l’image de U. aIl ch2 acj arp
,.................
1 anI an2 a, an9
5. Matrices
L’indice i s’appelle indice de ligne,
l’indice j, indice de colonne. Pour tout
Matrices et applications linéaires élément i de 11, VI], la suite (a,,)1G,6,,
Soit E et F deux espaces vectoriels sur K s’appelle i-ième ligne de M; pour tout
non réduits à {O}, de dimensions respec- élément j de [l,p], la suite (c(,,),~,~,~
tives p et n, soit B = (e,. e,, . . . . . e,,) une s’appelle j-ième colonne de M.
base de E, soit B’ = (f,, f ?, . . . . f J une Le vecteur de Kp dont les composantes
base de F et U une application linéaire de constituent la i-ième ligne de M s’appelle
E dans F. Pour tout élémentj de [l, p], le i-ième ligne de M ; le vecteur de K” dont les
vecteur U(e,) se décompose d’une manière composantes constituent la j-ième colonne
et d’une seule dans la base B’ sous la de M s’appellej-ièmevecteur colonne de M.
forme : Lorsque n = 1, on dit que h4 est une
n matrice ligne ; lorsque p = 1, on dit que M
u(ej) = qfi~ est une matrice colonne.
c
i=, L’ensemble des matrices à II lignes et p
Ainsi, à toute application linéaire U de colonnes à éléments dans K, se note
E dans F nous pouvons associer une M&K). Lorsque n = p, on dit que A4 est
famille (ai) d’éléments de K. Réciproque- une matrice carrée d’ordre n. L’ensemble
ment, pour toute famille (a,) d’éléments de des matrices carrées d’ordre n à éléments
K, où (i,j) E [l, n] X [l, p], il existe une dans K se note M,(K).
application linéaire U et une seule de E Soit, plus généralement, A, 1 et J trois
dans F satisfaisant aux conditions (1). ensembles, 1 et J étant finis. On appelle

639
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

matrice de type (1. J) à éléments dans A Produit d’une ntahce pur un scaluirr.
toute famille : On appelle produit d’un élément A4 = (cx,,)
de M,,,p(K) par un scalaire h, et on note
M=(a,,), (i,j)EIXJ
AM, l’élément (p,) de M,,,,>(K) défini par les
d’éléments de A. Lorsque 1, ou J, est vide, relations :
on dit que M est la matrice vide.
Pi, = hi.
Reprenons maintenant le problème ini-
tial : la matrice M = ((x,) définie par la Muni de ces deux lois, l’ensemble
formule (1) est dite associée à l’application M,,,p(K) est un espace vectoriel de dimen-
linéaire U dans les bases B et B’, et notée sion np sur K, et <y est un isomorphisme de
Ma,a.(U). La matrice M a pour j-ième l’espace vectoriel M,,,p(K) sur l’espace
colonne la famille des composantes dans la vectoriel L(K”, K’,).
base B’ de l’image par U duj-ième vecteur Plus généralement, soit E et F deux espa-
de la base B. L’application qui à toute ces vectoriels sur K, de dimensions respec-
application linéaire U de E dans F associe tives p et n, soit B une base de E, et B’ une
la matrice MB,B.(U) est une bijection de base de F. La bijection U - MB,B.( U) est un
C(E, FI sur M,,,,,(K). isomorphisme de l’espace vectoriel L(E, F)
En particulier, lorsque E = F, U est un sur l’espace vectoriel M&K).
endomorphisme de E. La matrice MB,H.(U) Produit de deux ttzatrices. Soit ~1, n et p
est une matrice carrée, appelée matrice trois entiers naturels non nuls, soit
associée à l’endomorphisme U dans la M = (IX,,) un élément de M,,,,,(K), et
base B, et notée plus simplement MB(U). N = (Dlri) un élément de M,,,,,,(K). On
Toute matrice peut être considérée appelle produit des matrices Met N, et on
comme une matrice associée à une appli- note NM, l’élément (Y,],) de M,,,,,,(K) défini
cation linéaire : pour tout élément M de par les relations :
M,,,,(K), il existe une application linéaire ”
et une seule de l’espace vectoriel KP dans Yh, = Bhi a,,
c
l’espace vectoriel K” dont la matrice asso- z=I
ciée dans les bases canoniques de ces
On obtient donc l’élément y,?, àl’intersec-
espaces vectoriels soit M. Cette application
tion de la /?-ième ligne et de laj-ième colonne
linéaire s’appelle application linéaire de KS
de NM en prenant la h-ième ligne de N, la
dans K” canoniquement associée ù M.
j-ième colonne de M, et en ajoutant les pro-
duits des éléments de même indice (règle de
Opérations sur les matrices multiplication « ligne par colonne »).
La bijection canonique <ç de M,,,,,(K) sur Grâce à la bijection canonique de
C(K)‘, K”) ainsi introduite conduit aux M&K) sur f(Kp, K”), on voit aussitôt
dCfinitions qui suivent. que, pour tout couple (M, M’) d’éléments
Sotntne de deu‘c matrices. On appelle de M,,,,,(K), pour tout couple (N, N’)
somme de deux éléments M= (a,,) et d’éléments de M,,,,,,(K) et pour tout couple
M ’ = ( a ’ , , ) d e M,,,p(K), e t o n n o t e (A, p) de scalaires :
M + M, l’élément (0,) de M,,,,>(K) défini
(N+N')M=NM+N'M,
par les relations :
N(M+M')=NM+NM',
B, = a,, + a’,, C-W(~) = WP'M.

640
LINÉAIRE 8. MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

Pour tout élément M de M,,,JK), pour Pour tout élément M de M,JK) et pour
tout élément N de M,,,,,,(K) et pour tout tout élément N de M,,,,(K) :
élément P de M,,,,,(K), 1 (NM) = f M’N
(PN)M = P(NM).
Pour tout élément M de M,,JK) :
Soit enfin E, F et G trois espaces
‘(‘M)=M.
vectoriels sur K, de dimensions respectives
p, n et m, soit B une base de E, soit B’ une Soit enfin E et F deux espaces vectoriels
base de F, et B” une base de G. Pour toute sur K, de dimensions respectives p et n,
application linéaire U de E dans F et pour soit B une base de E et B’ une base de F,
toute application linéaire V de F dans G : soit B* et B’* leurs bases duales. Pour toute
application linéaire U de E dans F :

Algèbre des matrices carrées d’ordre n.


Muni des trois opérations précédentes,
l’ensemble M,,(K) est une algèbre associa- Changement de base
tive unitaire. L’élément unité est la matrice :
Soit E un espace vectoriel de dimension p
1” = @J. sur K. Considérons deux bases de E :

B, = (e,rez> . . ..eJ.
Soit E un espace vectoriel sur K, et B
B, = (e’i,e’z, . . . . e\),
une base de E. L’application U - Ma(U)
est un isomorphisme de l’algèbre unitaire appelées respectivement ancienne et nou-
Ç_(E) sur l’algèbre unitaire M,,(K). Dans velle base. Pour tout élément j de [ 1, p], le
cet isomorphisme, le groupe linéaire vecteur e) se décompose dans la base Br
GL(E) a pour image le groupe, noté sous la forme :
GL,,(K), ou encore GL(n, K), des matri- P
ces carrées d’ordre n inversibles. En par- e’, = C$e,.
c
ticulier, si U est un automorphisme de E, i= L

Ma(U) admet pour inverse la matrice L’élément P = (o,,) de M,,(K) s’appelle


associée à U i dans la base B : matrice de passage de la base B, à la base
B2 ; ses colonnes sont constituées des
composantes dans l’ancienne base des
Transposke d’une matrice. Soit M un nouveaux vecteurs de base. La matrice P
élément de M,,,J K). On appelle transposée n’est autre que la matrice MB2,a,(IE) asso-
de A4, et on note ‘M, l’élément de M,,,,(K) ciée à l’application identique de E dans les
dont les colonnes sont les lignes de M. bases B, et B,. Il s’ensuit que la matrice P
Soit U l’application linéaire de KJ’ dans est inversible, et que la matrice de passage
K” canoniquement associée à M ; alors ‘M de B2 à B, n’est autre que P’.
n’est autre que la matrice associée à ‘U Soit E et F deux espaces vectoriels non
dans les bases canoniques de (K”)* et de réduits a {O} de dimension finie sur K. soit
(Kp)*. Par suite, l’application M++ ‘A4 est B, et B, deux bases de E et B’, et B’, deux
un isomorphisme de l’espace vectoriel bases de F, soit P la matrice de passage de
M,,,JK) sur l’espace vectoriel MJK). B, à Bz et Q la matrice de passage de B’r

641
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

à B’?. Pour toute application linéaire U de - Le rang des vecteurs colonnes de M est
E dans F, les matrices associées à U dans égal à n ;
les bases B, et B’,, d’une part, et dans les Le rang des vecteurs lignes de M est égal
bases B, et B’z, d’autre part, sont liées par à n.
la relation :
Matrices équivalentes
M a2<s2CJl = Q-‘MB>,B,(W
Soit M, et M7 deux éléments de M,,,,,(K).
En particulier, pour tout endomor- On dit que les matrices M, et M? sont
phisme U de E : équivalentes s’il existe deux matrices car-
rées inversibles P et Q d’ordres respectifs
MBI(u) = P-~M,,(u)P.
p et 12 à éléments dans K telles que :
Mz = Qkf,P.
Rang d’une matrice
Soit M un élément de M,,,,>(K). On appelle Soit Y un entier naturel. Pour qu’une
rang de la matrice A4, et on note rang(M) matrice Mde M,,,,>(K) soit de rang Y, il faut
le rang de l’application linéaire de Kp dans et il suffit que M soit équivalente à la
K” canoniquement associée à M. matrice Jr = (a,), où o,, = 1 si i E [ 1, Y] et
Plus généralement, soit E et F deux où o0 = 0 dans les autres cas.
espaces vectoriels de dimension finie sur K Il en découle qu’une condition néces-
non réduits à {O}, soit B une base de E et saire et suffisante pour que deux éléments
B’ une base de F. Pour toute application de M,,,JK) soient équivalents est qu’ils
linéaire U de E dans F : aient même rang.
On appelle opfhtions élémetitaires les
rang IW,,~ (U) = rang(U).
applications M- A4’ de M,JK) dans
De la relation entre le rang d’une lui-même de l’un des types suivants :
application linéaire et celui de sa transpo- (a) La matrice A4’ se déduit de la matrice
sée, on déduit aussitôt que, pour tout M par permutation de deux colonnes, ou
élément A4 de M,,,JK) : de deux lignes.
(b) La matrice A4’ se déduit de la matrice
rang(M) = rang(‘M).
M par multiplication d’une colonne, ou
Il en découle que le rang de M est égal d’une ligne, par un scalaire non nul.
au rang de ses vecteurs colonnes, ou (c) La matrice A4 se déduit de la matrice
encore au rang de ses vecteurs lignes. M par addition à un vecteur colonne (resp.
Les caractérisations des applications à un vecteur ligne) du produit d’un autre
linéaires inversibles conduisent à des vecteur colonne (resp. d’un autre vecteur
caractérisations des matrices carrées inver- ligne) par un scalaire.
sibles. Pour que deux matrices M, et A42 soient
Soit A4 un élément de M,,(K). Il est équivalentes, il faut et il suffit que l’on
équivalent de dire : puisse transformer M, en M, par une suite
La matrice A4 est inversible ; finie d’opérations élémentaires.
- La matrice M est inversible à droite : La théorie des opérations élémentaires
La matrice A4 est inversible à gauche ; permet en outre de calculer le rang d’une
- La matrice ‘A4 est inversible ; matrice, son déterminant et, lorsqu’elle
Le rang de M est égal à n ; existe, la matrice inverse.

642
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

Systèmes d’équations linéaires matrices, on obtient les résultats sui-


vants :
Soit n et p deux entiers naturels non nuls,
Unicité des solutions. Il est équivalent de
U une application linéaire de KP dans K”
dire :
et M = (a,) la matrice associée, soit CI,, u2,
- Pour tout élément b de K”, l’équation
. . . . ap les vecteurs colonnes de cette matrice
U(x) = b a au plus une solution ;
et a’,, uf2, . . . . CI’, ses vecteurs lignes, soit
- Les vecteurs colonnes a,, u2, . . . . uP sont
enfin b = (PJIclg,, un élément de K”. On linéairement indépendants dans K” ;
désigne par x = (i,), <,< p un élément de
Les vecteurs lignes a’,*, dz*, . . . . a’n*
K”. L’équation U(x) = b équivaut au sys-
engendrent (Kp)* ;
tème de n équations linéaires àp inconnues
- Le rang r de M est égal à p.
suivant : Existence des solutions quel que soit le
second membre. Il est équivalent de dire :
a,,[, + a,,& +
- Pour tout élément b de K”, l’équation
+ a&, + . . . + a& = 8,
azlE1 + az2a2 + U(x) a au moins une solution ;
+ ch,& + + a4tp = P2 - Les vecteurs colonnes a,, uz, . . . . ulP
.................................... engendrent K” ;
a,,L, + a,,S2 + Les vecteurs lignes a’,*, a’**, . . . . a’n* sont
+ aijtj + + aiptp = Pi linéairement indépendants dans (Kp)* ;
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .._.............
- Le rang r de M est égal à n.
a,,E, + anzSz + .

+ %jS, + + a.,& = B,
Existence d’une solution, le second mem-
l
................................... bre étant donné. Soit b un élément de K”.
Il est équivalent de dire :
La résolution de ce système peut s’inter-
L’équation U(x) = b a au moins une
préter vectoriellement comme la recherche solution ;
des suites (C,,, iz, . . . . $J de scalaires telles
- Le second membre b appartient au
que : sous-espace vectoriel de K” engendré par

t,a, + La, + a,, u2> . . . . UP ;


Le second membre b est orthogonal à
+ Siai + + [,a, = b,

ou encore comme la recherche des vec- Ker(‘U) ;


teurs x de Kp tels que : - Toute relation linéaire vérifiée par les
vecteurs lignes l’est aussi par les compo-
(a’,*, x)=& santes de b.
(a’ 2*,x) = lb
........
(a ‘, *, x ) = pi
6. Applications multilinéaires
.........
l (a ‘n *, x)=P.
Définitions
c’est-à-dire des vecteurs x sur lesquels les Soitp un entier naturel non nul, soit E,, E2,
formes linéaires a’,*, u’~*, . . . . CI’,* prennent ._., Ep et F des espaces vectoriels sur K. On
des valeurs données p,, b2, . . . . p,,. dit qu’une application S de E, X E, X
On appelle rung de ce système le rang X Ep dans F est multilinéaire, si, pour
de M, c’est-à-dire le rang de U. En tout élément ,j de [l, p], toute application
appliquant les propriétés du rang des partielle S, de Ej dans F est linéaire.

6 4 3
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

Lorsque F = K, on dit que S est une forme Les applications p-linéaires sur E à
multilinéaire. valeurs dans F constituent un sous-espace
Soit E un espace vectoriel sur K. Les vectoriel, noté Jt,,(E, F), de l’espace vec-
applications multilinéaires de Ep dans F toriel 3(Ep, F) des applications de EJ’ dans
s’appellent applications p-linéaires sur E à F. Lorsque p = 1, AJE, F) n’est autre
valeurs dans F, et les formes multilinéaires, que C(E, F). Les applications p-linéaires
formes p-linéaires. symétriques et les applications p-linéaires
Voici quelques cas particuliers : alternées constituent des sous-espaces vec-
Soit S une application p-linéaire sur E à toriels de AJE, F), notés respectivement
valeurs dans F. On dit que S est alternée si, S&E, F) et .-t,(E, F). Enfin, lorsque F
pour toute suite (x,, -Y~, . . . . -Y,,) de vecteurs = K, ces divers espaces vectoriels se
de E contenant deux vecteurs égaux : notent plus simplement A,(E), S,(E) et
+,(E).
S(x,,x, ,..., XJ =o.

On dit que S est symétrique si, pour Exfension d’une application linéaire
toute permutation o de [ 1, p] et pour toute Voici une généralisation de la transpo-
suite (,Y,, .x2, . . . . x,,) de vecteurs de E : sition : Soit E, E’ et F trois espaces
S(Xo(,,,X@, ,...> X0@,) = w,,x,, . ..> XJ. vectoriels sur K, et U une application
linéaire de E’ dans E. Pour toute appli-
On dit que S est antisymétrique si, dans cation p-linéaire S sur E à valeurs dans F,
les mêmes conditions : l’application S, de E’P dans F définie par
la formule :

où E(O) désigne la signature de la permu- S,(x,,x,,...,x,) =S(U(x,),U(x,),...,U(x,))


tation 0. est une application p-linéaire sur E’ à
Toute application p-linéaire alternée est valeurs dans F. L’application UP qui à tout
antisymétrique ; la réciproque devient élément S de J$(E, F) associe Su est une
vraie si la caractéristique du corps K est application linéaire de &,,(E, F) dans
différente de 2. &JE’, F), et l’image de U, de S,(E, F)
Pour qu’une application p-linéaire S (resp. de &JE, F)) est contenue dans
soit alternée, il faut et il suffit que, pour S,(E’, F) (resp. dans .-t,,(E’, F)). Soit enfin
toute suite (x,, ‘Y~, . . . . x,,) de vecteurs de E E” un espace vectoriel sur K, et V une
contenant deux vecteurs consécutifs x, et application linéaire de E” dans E’. Alors :
.y+, égaux :
(Vou), = u,0v,.

S(x,,x,, . . . . xp) = 0.
Lorsque U est l’homothétie de rapport
Si S est alternée, on ne change pas la c( dans l’espace vectoriel E, l’application
valeur de S sur une suite de p vecteurs de U, n’est autre que I’homothétie de rapport
E en ajoutant à l’un de ces vecteurs une ~9 dans l’espace vectoriel &JE, F).
combinaison linéaire des autres. En parti- Voici maintenant une méthode générale
culier, si l’un des vecteurs s,, x2, . . . . .Y,, est de construction d’applications p-linéaires
une combinaison linéaire des autres, S(x,, symétriques, ou alternées : Pour toute
Y?, ) X”) = 0. application p-linéaire S de E dans F, les

644
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

applications M(S) et A(S) de Ep dans F, (E*)” dans .X,,(E) (resp. dans S,(E), resp.
définies pour les formules : dans “t,,(E)).
On dit qu’une forme p-linéaire S est un
élément décomposable de JC,,(E) (resp. de
S,(E), resp. de k,,(E)) s’il existe une suite
($, JI;, ,.., y;) de p formes linéaires sur E
dont le produit tensoriel (resp. symétrique,
resp. extérieur) est égal à S.
Il reste à montrer que toutes les formes
où X,, désigne le groupe symétrique de p-linéaires peuvent être reconstituées à
degré p, sont respectivement symétrique et l’aide des éléments décomposables lorsque
alternée. De plus, l’application M : l’espace vectoriel E est de dimension finie,
S-M(S) de AJE, F) dans S,(E, F) est ce qui fait l’objet du théorème fondamental
linéaire, et l’application A : S-A(S) de suivant.
Jt,,,(E, F) dans k,(E, F) est linéaire ; elles Tlkwème 16. Soit B = (e,, e2, . . . . e,,)
se dénomment opérateurs de symétrisation une base de E, et B* = (e;, e;, . . . . e*,J la
et d’antisymétrisation. base duale de B.
1. Soit 9 l’ensemble des applications de
[l, p] dans [l, n], et, pour tout élément X
Formes multilinéaires
de 9, cx l’élément de “C,(E) défini par la
Lorsque F = K, nous allons étudier la
formule :
structure de A,,(E), de S,(E) et de k,,(E).
Nous allons d’abord construire des
formes p-linéaires à l’aide de formes linéai-
Alors la famille (e,),. 7 est une basse
res.
de h,,(E), dite canoniquement associée à
Soit (J;, p;, , y;) une suite de p formes
B. Par suite, la dimension de A,,(E) est
linéaires sur E. L’application J‘de Ep dans
égale à np, et les formes p-linéaires décom-
K définie par la formule : posables constituent une partie génératrice
f-(X1,X*. . ..> Xp) = (.V;,Xi) (yi,X*) <vp,Xp> de cet espace vectoriel. En particulier,
l’espace vectoriel des formes bilinéaires sur
est une forme p-linéaire sur E, appelée E est de dimension n’.
produit tenxwiel des formes linéaires J’Y, 2. Soit S l’ensemble des applications s
J;, . . . . y,: et notée 1~; 0 y*20 O$. Les de [ 1, n] dans N telles que :
applications M(f‘) et A(J), symétrisée et
n
antisymétrisée de f; s’appellent respective-
SO’) =p.
ment ptduit .gw~~trique et produit exté- c
,=1
rieur des formes linéaires J,:. y:, ._., JP et
se n o t e n t y; .J$ ‘Y,,* et et, pour tout éléments de S, e, l’élément de
y; A y; Il A y;,. S,,(E) défini par la formule :
L’application qui à (Y;, I>f, . . . . $
associe ~2; 0 .rf 0 O,t,; (resp. JX; . y5. __.
*
*.y,,. resp. J,; A y; A A J$) est une
application y-linéaire (resp. p-linéaire Alors, si K est de caractéristique 0, la
symétrique, resp. p-linéaire alternée) de famille (e.A t s est une base de S,>(E), dite

645
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

canoniquement associée à B. Par suite, la 7. Déterminants


dimension de S,,(E) est égale à C~+n~l. et les
formesp-linéaires symétriques décomposa- Déterminant de n vecteurs
bles constituent une partie génératrice de Soit E un espace vectoriel de dimension n
cet espace vectoriel. En particulier, l’espace sur K, et B = (e,, ez, . . . . e,) une base de E.
vectoriel des formes bilinéaires symétri- La base de k,(E) canoniquement associée
ques sur E est de dimension n(n + 1)/2. à B est réduite à la forme n-linéaire alternée
3. Lorsquep > n, .4,(E) = {O]. Dans e; A e2* A A ez ; celle-ci est la seule
le cas contraire, soit T l’ensemble des forme n-linéaire alternée sur E prenant la
parties de [ 1, n] à p éléments, et, pour tout valeur 1 sur (CT,, e,, . . . . e,). On l’appelle
élément P de Y, ep l’élément de k,,(E) déterminant dans la base B, et on la note
défini par la formule : det,. Pour tout élémentfde &JE) et pour
toute suite (,Y,, xî, . . . . x,) de vecteurs de E :
ep = .e,(,) A e,(2) A ... A e&),
(X*,X2,.-,X,)
où 9 désigne l’application strictement =f(e,, e2 ,..., e,)deb(x,,x,, . . ..x.).
croissante de [ 1, p] dans [ 1, n] ayant P pour Les propriétés des formes n-linéaires
image. Alors la famille (eJpErI. est une base alternées s’appliquent à det,. De plus, le
de -t,(E), dite canoniquement associée à critère d’indépendance linéaire de n vec-
B. Par suite, la dimension de &JE) est teurs s’énonce ici : pour que (xl, x2, . . . . x,,)
égale à Ci;, et les formes p-linéaires alter- soit libre, il faut et il suffit que det,(x,, x2,
nées décomposables constituent une partie ._.) x,) # 0.
génératrice de cet espace vectoriel. En
particulier, l’espace vectoriel des formes Déterminant d’un endomorphisme
bilinéaires alternées sur E est de dimension Soit E un espace vectoriel de dimension n
n(n - 1)/2. sur K. Puisque -4,,(E) est de dimension 1,
Enfin, comme Ci = 1, l’espace vecto- tout endomorphisme de A,(E) est une
riel des formes n-linéaires alternées sur E homothétie. En particulier, pour tout
est de dimension 1, résultat dont l’impor- endomorphisme U de E, l’extension U,, de
tance va apparaître dans la théorie des U à l’espace vectoriel k,(E) est une
déterminants. homothétie ; le rapport de cette homothé-
En utilisant la structure de +JE), on tie s’appelle déterminant de l’endomor-
établit facilement les deux critères d’indé- phisme U, et se note det U. Ainsi, par
pendance linéaire suivants, très utiles en définition de det U, pour tout élémentfde
pratique. J%,(E) :
Soit E un espace vectoriel de dimen-
PJ@ L )> w zx “‘1 w n 11
sion n sur K, etp un entier inférieur ou égal =(detU).f(x,,x, ,..., x,).
à n. Pour qu’une suik (.Y,, x2, . . . . ,y~) de
vecteurs de E soit libre, il faut et il suffit Des propriétés des extensions des appli-
qu’il existe un élément f de A,(E) tel que cations linéaires on déduit les résultats
suivants :
f(x,, x2> ...> x,,) # 0. De même, pour
qu‘une suite b;, y;, . . . . y;) de formes Pour tout couple (I-1, V) d’endomorphis-
linéaires sur E soit libre, il faut et il suffit mes de E :
que y; A ~1; A A ~a# 0. det VU = (det V,l . (det U).

646
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

Le déterminant de l’application identi- M ,>,,, ,,(K), et Ml’élément de M,,(K) défini


que de E est égal à 1 ; plus généralement, par la formule :
le déterminant de l’homothétie de rapport
cx est égal à o”.
Pour qu’un endomorphisme U dc E soit
Alors :
inversible, il faut et il suffit que son
déterminant soit non nul ; dans ces condi- detM = (detA). (detB).
tions : On peut en déduire la formule de
développement d’un déterminant suivant
detU- = &. une colonne, ou une ligne. Considérons
pour cela un élément M = (a,,) de M,,(K),
Le déterminant du transposé W d’un où n > 1 ; pour tout couple (i, j) d’élé-
endomorphisme U de E est égal à celui ments de [ 1, n], notons A, la matrice carrée
de U : d’ordre n ~ 1 obtenue en supprimant la
det’U = det U. i-ième ligne et la j-ième colonne de M.
Alors, pour tout élément ,j de [1, n] :
L’application U - det U est donc un n
morphisme du groupe linéaire GL(E) dans detM = ( - l)f+la,, detA,,.
le groupe multiplicatif K*. Le noyau de ce c
i-1
morphisme est un sous-groupe dtstmgué
On est ainsi amené à considérer la
de GL(E), appelé groupe spr’cial lidaire de
matrice IV dont les éléments o’,, sont
E, et noté SL(E). définis par la relation :
a’i, = ( - l)‘+~detA~~.
Déterminant d’une matrice carrée
La transposée de M’ s’appelle matrice
On appelle déterminant d’un élément A4
cornplét~~entaire
de A4, et se note ik Il en
de M,(K), et on note det Mle déterminant découle immédiatement que :
de I’endomorphisme de K,, canonique-
ment associé a M. Les propriétés du MG = fiM = (det M)I,,

déterminant d’un endomorphisme se En particulier, lorsque Mest inversible :


transcrivent aussitôt pour les matrices. De
plus, le déterminant de M n’est autre M-1 = 22,
det M
que le déterminant de ses vecteurs colon-
nes, ou de ses vecteurs lignes, dans la formule dont le principal intérêt est de
montrer que l’application M-M-’ est
base canonique de K”. Enfin, les matrices
rationnelle.
de déterminant 1 constituent un sous-
groupe d i s t i n g u é d e GL,,(K), n o t é
SL,,(K). 8. Produits tensoriels
En utilisant la caractérisation du déter-
minant dc II vecteurs, on démontre la Produit tensoriel d’espaces vectoriels
proposition suivante : soit n et p deux La notion de produit tensoriel sert a rempla-
entiers naturels non nuls tels que p < n, cer l’étude des applications multinéaires
soit A un élément de M,](K), soit B un par celle des applications linéaires. Plus pré-
élément de M,, ,,(K), soit C un élément de cisément, on obtient le résultat suivant.

647
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

Théorème 17. Soit E,, E2, . . . . E,, des On l’appelle produit tensoriel des appli-
espaces vectoriels sur K. Il existe un couple cations linéaires U,, et on la note U, @ U,
(G, T) constitué d’un espace vectoriel G sur 0 0 u,.
K et d’une application multilinéaire T de
E, X E, X .._ X Ep dans Ci possédant la Trace d’un endomorphisme
propriété universelle suivante : Pour tout
Soit E et F deux espaces vectoriels sur K.
couple (F, S) constitué d’un espace vecto-
Pour tout élément (a*, b) de E* X F,
riel F sur K et d’une application multili-
l’application Uu*,h qui à tout vecteur x de
néaire S de E, X E, X X Ep dans F, il
E associe le vecteur < a*, .Y > b de F est
existe une application linéaire S et une seule
une application linéaire de E dans F ; on
de G dans F telle que S = S o T. Un tel
l’appelle application linéaire élémentaire
couple (G,T) est unique à isomorphisme
associée à (LI*, h). Si CI* et b ne sont pas
près. L’espace vectoriel G s’appelleproduit
nuls, l’image de Uo*,h est la droite Kh de F,
tensoriel des espaces vectoriels E,, E,, . . . .
et son noyau est l’hyperplan de E noyau de
E,, et se note E, 0 E, 0 0 E,,. L’appli-
la forme linéaire a*. De plus, l’application
cation multilinéaire T se note :
ca*, h) - Uo’.h est une application bili-
(X,>XI> . .Y x,)-x, @x, @ @3x,. néaire de E* X F dans C(E, F).
L’application S - S est un isomor- Il existe une application linéairej et une
phisme de l’espace vectoriel .M(E, X E2 seule de E* 0 F dans C(E, F) telle que, pour
X ,.. X Ep, F) des applications multilinéai- tout élément O,*, z) de E* X F :
res de E, X E, X X E,, dans F sur j(y* 82) = Uviz.
l’espace vectoriel C(E, 0 E,O @ E,,, F).
Les éléments de E, @ E,@ 0 Ep de la En effet, l’application b*, z) - UY.,- est
forme x, 8 x20 0 .x,, sont dits décompo- une application bilinéaire de E* X F dans
sables ; ils constituent une partie généra- C(E, F). La propriété universelle du pro-
trice de E, 0 E2 0 __. 8 E,,. Si, pour tout élé- duit tensoriel E* 0 F montre alors l’exis-
mentjde [ 1 ,p], E, est de dimension finie n, et tence et l’unicité de j.
est muni d’une base B, = (eV), alors les élé- De plus, si E et F sont de dimension
ments e,,,, 0 e,?,* 0 .__ 0 ef,,,p constituent une finie, j est un isomorphisme, car j est
base de E, 0 E, @ 0 E,,, dite canonique- injective et que :
ment associée aux bases B,. En particulier :
dim E* 63 F = (dim E*) . (dim F).

Soit enfin E un espace vectoriel sur K.


Soit maintenant (E,, El, . . . . E,,) et (Fi, 11 existe une forme linéaire c et une seule
F2, . . . . F,,) deux suites d’espaces vectoriels sur l’espace vectoriel E* 0 E telle que, pour
sur K, et, pour tout élément j de [l, p], U, tout élément (J* , x) de E* X E :
un élément de C(E,, F,). Il existe alors une
application linéaire U et une seule de E, 0 c(y* 63 x) = (y*,x).
Ez 0 . . . 0 EI, dans F, 0 F, 0 0 Fp telle L’application c s’appelle contraction
que, pour tout élément (x,, .Y?, .Y,,) de E, canonique de E* 0 E dans K.
0 E, 0 ._. 0 E,, : En l’application @*, .Y) -
effet,
V(x, 0 x2 8 .., c3 xp) <J’*, x > est une application bilinéaire de
= U,(x,) @ U,(x,) B Q U,(x,>. E* X E dans K. La propriété universelle

648
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

du produit tensoriel E* 0 E prouve l’exis- Les résultats des chapitres 1 et 2 s’éten-


tence et l’unicité de c. dent sans changement dans ce cadre plus
En combinant les résultats précédents, général, I ceci près que, lorsque l’anneau
nous obtenons le théorème qui suit. A n’est pas commutatif, les homothéties ne
Théorénze 18. Soit E un espace vectoriel sont pas des endomorphismes, si bien qu’il
de dimension finie sur K. Il existe une n’est plus possible de munir le groupe
forme linéaire et une seule sur l’espace a d d i t i f C(E, F ) d ’ u n e s t r u c t u r e d e
vectoriel L(E), appelée tutce et notée tr, A-module et l’anneau C(E) d’une structure
telle que, pour tout endomorphisme élé- de A-algèbre. Enfin, le dual d’un A-module
mentaire Uo*,h de E, à gauche doit être considéré comme un
A-module à droite.
tr U,.,, = (a *, b ).

Cette forme linéaire n’est autre que Existence de bases


où ,j désigne l’isomorphisme cano-
C 0 J’- ’ >
Une différence essentielle avec les espaces
nique de E* 0 E sur c(E). vectoriels est la suivante : il peut arriver
De plus, la trace possède les propriétés qu’une partie réduite à un élément non nul
suivantes : ne soit pas libre. C’est le cas pour les
- Pour tout couple (U, V) d’endomorphis- éléments de Z/nZ, considéré comme
mes de E : Z-module.
trpJ) = t@Jv). De plus, alors que, dans tout espace
vectoriel, il existe des bases (cf. théo-
Pour tout endomorphisme U de E :
rème 8), il n’en est pas de même dans tout
tr’U = trU. module, même lorsqu’il existe une partie
Enfin, on définit la trace d’un élément génératrice réduite à un seul élément ; c’est
A4 = ((x,,) de M,,(K) comme la trace de le cas pour Z/nZ. Un module admettant
l’endomorphisme de K” canoniquement une base est dit libre.
associé i M; on vérifie que :
Existence de supplémentaires

tr(M) = a,. De même, le théorème 9 ne se généralise


c pas à tous les modules. Ainsi, le sous-
I=l
module du Z-module Z engendré par 2
n’admet pas de sous-module supplémen-
9. Modules
taire. Un sous-module admettant un sup-
Soit A un anneau unitaire. On appelle plémentaire est appelé ,fucteur direct.
A-mo&e à gauche un ensemble E muni de On dit qu’un A-module E est senzi-
deux lois de composition satisfaisant aux simple si tout sous-module de E est un
mêmes axiomes que les espaces vectoriels. facteur direct. La théorie des modules
On définit de même les A-modules à semi-simples est utile pour la réduction des
droite : cette fois endomorphismes : Soit en effet U un
endomorphisme d’un espace vectoriel E,
a.(p.x)=@a).x.
et A le sous-anneau de L(E) engendré par
Par exemple, l’application (n, s) - nx U. L’application (V, s) - V(X) fait de E
définit sur tout groupe abélien une struc- un A-module. Les sous-modules de E ne
ture de Z-module. sont autres que les sous-espaces vectoriels

649
LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

de E stables par U. Pour que le module E Applications multilinéaires


soit semi-simple, il faut et il suffit que tout et déterminants
sous-espace vectoriel stable par U admette Les résultats des chapitres 6 et 7 s’étendent
un supplémentaire stable. On dit alors que sans changement au cas des A-modules
U est semi-simple. libres de type fini sur un anneau commu-
Plus généralement, la théorie des modu- tatif, sauf les critères d’indépendance
les semi-simples est utile pour la représen- linéaire et d’inversibilité. En particulier,
tation linéaire des groupes (cf. GROUPES - pour qu’un endomorphisme U soit inver-
Groupes de Lie), où elle intervient sous le sible, il faut et il suffit que det U soit
nom de complète réductibilité. inversible dans l’anneau A. Ainsi modifié,
ce critère d’inversibilité permet d’étudier
les équations linéaires à coefficients entiers
Modules de type fini
et, plus généralement, suivant les métho-
On dit qu’un A-module E est de type fini
des de Dedekind et de Kronecker, les
s’il existe une partie génératrice finie de E.
entiers algébriques.
(Ici, la terminologie (( de dimension finie N
serait désastreuse, puisqu’un module de LUCIEN CHAMBADAL et J E A N - L O U I S O V A E R T
type fini peut très bien ne pas avoir de
base.) Même lorsque E est un A-module
libre de type fini, il peut arriver qu’il existe Bibliographie
deux bases finies de E n’ayant pas le même N. BOURBAKI, AIgc%re : chap. I à m, Masson, Paris,
nombre d’éléments. Cependant, ce phéno- 1982 1 R. CABANE & C. LEB(EUF, Algèbre linéaire,
mène ne se produit pas lorsque l’anneau A 2 vol., Ellipses, Paris, 1987-1990 / L. CHAMBADAL &
J.-L. OVAERT , Algèbre multilin~rrire, Dunod, Paris,
est commutatif. nom. éd. 1984 1 R. GANTMACHER, Théorie des
On peut envisager deux généralisations oratrices, 2 vol.. i&!., 1966, reprod. fac-sim.. Gabay,
(( raisonnables N du théorème 11 concer- Sceaux, 1990 / R. GODEMENT . Cour.~ d’algèbre,
Hermann, Paris, 1963 / W. GRAEUB. Linear Algehro,
nant les sous-espaces vectoriels des espaces
Springer, Berlin, 4’ éd. 1991 / J. GRIFONE, Algèbre
vectoriels de dimension finie : linécrire, Cepadues, Toulouse, 1990 / N. JACOBSON,
1. Un sous-module d’un A-module de Basic Algebrrr. 2 vol., W. H. Freeman, New York,
2’ éd. 1984-1985 / S. LANG. Algcki. Springer-
type fini n’est pas, en général, de type fini ;
Verlag, New York, 3’ éd. 1989 / J.-L. OVAERT &
c’est cependant le cas lorsque l’anneau A J.-L. VERLEY. Algèbre, vol. 1, C.E.D.l.C.-Nathan,
est noethérien. L’importance de ce cas Paris, 198 1 / G. W. STEWART, Introduction fo Mutri.v
apparaît dans la théorie des polynômes (cf. Conr~utcrri»ns. Acad. Press, New York, 1973 /
B. L. VAN DER W AERDEN, Modwn Algrbrcr. 2 vol.,
ANNEAUX COMMUTATIFS) et etl géOITlétI%
Springer-Verlag. New York, 1990.
algébrique.
2. Un sous-module d’un A-module
libre n’est pas nécessairement libre ; c’est
cependant le cas lorsque l’anneau A est
principal. Les résultats sont riches en
applications pour la théorie des groupes LOGARITHME
abéliens et la réduction des endomorphis-
mes, à propos des diviseurs élémentaires + EXPONENTIELLE &
(cf. théorie S P E C T R A L E ) . LOGARITHME

650
MÉTRIQUES ESPACES

M
1. Distances

L’analyse des principales propriétés de la


distance entre deux points dans l’espace
euclidien conduit à la définition axiomati-
que suivante. On appelle distance sur un
ensemble E une application d de E X E
dans l’ensemble R+ des nombres réels
positifs ou nul telle que, quels que soient les
éléments x, y et z de E, on ait :

(1) d(x,y) =00x =y,


(2) d@,Y) = dgt,x),

(3) d(x,z) a d(-%Y) + dOl,z);


MESURE + INTÉGRATION & cette dernière condition est appelée inéga-
MESURE lité trianguhire car elle est la généralisation
de la classique inégalité entre les longueurs
des côtés d’un triangle.
Un ensemble E muni d’une distance
s’appelle un espace métrique. Si (E, d) et
(E’, J) sont deux espaces métriques, une
MÉTRIQUES ESPACES bijection f’ de E sur E’ sera dite une
isométvie si elle conserve la distance,
c’est-à-dire si &(f(x), fb)) = d(x, y) quels

L a notion d’espace métrique, introduite


en 1906 par M. Fréchet et développée
peu après par F. Hausdorff, est directe-
que soient x, y E E ; deux espaces métri-
ques sont dits isométriques s’il existe une
telle isométrie de l’un sur l’autre et
ment issue d’une analyse des principales présentent alors, (< par transport » au
propriétés de la distance usuelle. L’exten- moyen de cette isométrie, des propriétés
sion aux espaces métriques des propriétés semblables.
de l’espace euclidien qui sont définissables
a partir de la distance seule introduit un Exemples
langage géométrique dans de nombreuses On verra dans ce qui suit que la notion
questions d’analyse et de théorie des nom- d’espace métrique recouvre un matériau
bres. C’est ainsi que l’on définit, à partir mathématique très varié. Comme exemple
des boules, les ouverts. Par la manière extrême, remarquons que tout ensemble
naturelle dont s’introduisent les voisinages peut être muni de la distance, dite triviale,
et les notions de limite et de continuité, définie par d(x, x) = 0, d(x, y) = 1 si ‘c #
l’etude des espaces métriques est une .Y. Si E est un espace métrique de distance
excellente introduction à la topologie géné- d, tout sous-ensemble A de E est un espace
rale. métrique, dit sous-espace métrique de E

651
MÉTRIQUES ESPACES

pour la distance induite d’ définie par Lu droite numérique achevée. Désignons


d’(x, y) = d(x, y), x, y E A. par R la droite numérique achevée,
Une classe très importante d’espaces R= RU {-CO} U {+ w}, qui est obte-
métriques est constituée par les espaces nue en adjoignant à l’ensemble R des
vectoriels normés, en définissant ici la nombres réels deux nouveaux éléments,
distance de deux éléments x et JJ comme la que l’on désigne traditionnellement par
norme de leur différence, soit : - 00 et + 05 vu le rôle qu’ils jouent en
analyse, et remarquons que l’applicationf,
d(x,y) = IIX-yIl; définie par :
la distance ainsi obtenue est invariante
pour les translations de l’espace vectoriel, f(x) = &> xER,
c’est-à-dire d(x ~ u, y ~ a) = d(x, y) quels
f-(+-)=+1, f-(--=9=-1,
que soient les éléments x, y et u. Nous
renvoyons a l’article espaces vectoriels réalise une bijection de R sur le segment
NORM ÉS pour de nombreux exemples, [- 1, + 11. On peut donc transporter la
relatifs a l’analyse fonctionnelle notam- distance usuelle sur R, en définissant une
ment, et mentionnerons seulement ici distance d sur R par :
les trois distances suivantes, qui sont
déduites des normes correspondantes, sur d@>y) = If(x)-fCv)Ii
R2 :
bien entendu f est une isométrie de R,
d,(x,y) = p-y,1 + Ix*--Y*1 = I/x-YIl,, muni de cette distance d, sur le segment
d*(X,Y) = V(x,-Y,)2 + (x*-J+ = llx-VII*, fermé [- 1, l] muni de la distance habi-
d,@,.v) = SUP(lX,-Y,l,lX*-Y,l), tuelle, puisqu’on a fait exactement ce qu’il
fallait pour cela !
où x = (x,, x2), y = b,. y2). Ces distances - Distances p-udiques sur Q. En théorie
vérifient les inégalités : des nombres, on associe à tout nombre
d, a d, < d, < 2d,, premier p une distance sur l’ensemble Q
des nombres rationnels de la manière
dont on verra des conséquences plus bas. suivante. Pour tout entier n stricte-
Si (E. 6) et (E’, 6’) sont des espaces ment positif, s o i t u(n) s a v a l u a t i o n
métriques, on peut utiliser ce qui précède p-adique, c’est-à-dire l’exposant de p
pour définir des distances 6, sur le produit dans la décomposition de n en facteurs
cartésien E X E’, en posant : premiers ; ainsi u(n) = 0 pour n non
~,Kx,x’Mv~~‘)) = d,(F(x.y).6’(x’,y’)), divisible par p et u(nn’) = u(n) + u(n’).
Prolongeons alors IJ ë l’ensemble Q* des
où i = 1,2, 3, et où les d, sont les distances rationnels non nuls en remarquant que si
sur R’ ci-dessus. x = * ris, alors u(x) = u(r) - u(s) ne
Les espaces vectoriels normés sont les dépend que du rationnel x et non du choix
espaces métriques dont les propriétés de la fraction r/s ; on vérifie facilement que
« ressemblent le plus )) a celles des espaces l’on a :
numériques habituels. Donnons mainte-
nant des exemples qui ne rentrent pas dans u(-t) = v(z),
ce cas. ?J(r3 + z') ( inf(v(z),2'(z')),

652
MÉTRIQUES ESPACES

pour z, z’ E Q*, On définit alors la distance en désignant par B, la boule pour la


p-adique sur Q par : distance d, (cf. figure).
d(x,x) = 0,
d(x,y) =p-l’(x-Y),

où s, JCQ. La condition (1) est claire, et


la condition (2) résulte de (a). La condition
(b) entraîne que l’on a la condition (3’), qui
entraîne (3) :

(3’) d(x,z) 4 suP(d(x,Y),d(v,z)).

Un espace métrique dont la distance


vérifie la condition (3’), plus forte que
l’inégalité triangulaire (3), est dit ultramé-
Pique ; comme on le verra, ces espaces ont
des propriétés très particulières.

Le langage géométrique
Les boules, définies à partir de la distance B2h. r) Bdx. r)
comme dans l’espace euclidien, consti-
tuent la notion géométrique essentielle
dans les espaces métriques. Dans un Si A est une partie d’un espace métrique
espace métrique E de distance d, on E et x E E, on appelle distunce de .y à A
appelle boule ouverte de centre x0 E E et de la borne inférieure de l’ensemble des
rayon r > 0, l’ensemble des points de E nombres d(x, ~1) pour y E A, soit :
dont la distance à x0 est strictement infé-
d(x, A) = inf d(x,y) ;
rieure à r, soit : YEA
B(x,,r)= IxEEld(x,,x) < r); c’est le rayon de la plus grande boule
de manière analogue, on définit la boule ouverte de centre x qui ne rencontre pas A.
Pour bien expliquer cette notion, établis-
fermée de centre x0 et de rayon r :
sons la relation :
B,(xo, r) = Ix E Eld(x,,x) < r) ;
ld(x,A)-d(x’,A)l 6 d(x,x’),
la justification des qualificatifs ouvert et
fermé apparaîtra plus bas. Nous ren- pour deux éléments ,Y et .Y’ quelconques
voyons aux figures 1, 2 et 3 de l’article sur de E. Par définition de la borne infé-
les espaces vectoriels NORMÉS pour une rieure, pour tout 6 > 0, il existe J E A tel
représentation des boules quand on munit que :
R? des distances d,, d2 et d3 déjà mention- d(x,y) < dh.4) + &;
nées. Les inégalités établies entre ces
distances se traduisent par les inclusions : par suite, d’après l’inégalité triangulaire,
d(x’,y) < d(x’,x) + d(x,y)
C B,(x,r) C B,(V) C B,(x,r), < d(x,x’) + d(x,A) + 6,

653
MÉTRIQUES ESPACES

ce qui entraîne : a pas de boules sécantes, en ce sens que si


deux boules B(x, I) et B(u’, r’), r < Y’, ont
d(x’,A) 6 d(x’,y) < d(x,x’) + d(x,A) + E,
un point commun y, alors B(x, r) C
donc : B(u’, r’). En effet, soit z un point quelcon-
que de B(.Y, r), c’est-à-dire d(.~, 2) < r <
d(x’,A) < d(x,x’) + d(x,A) + E,
r’ ; on a, d’après (3’), d(y. z) <
et, par suite, puisque E est quelconque, sup (rio;, .Y)&, z)) < r puisqu’on a aussi
d(x, y) < r car y E B(x, r). Utilisant à
d(X’,A)-d(X,A) < d(x,x’);
nouveau (3’), on a :
échangeant les rôles de x et x’ et rassem-
blant les deux résultats, on obtient la
conclusion recherchée. donc z E B(x’, r’), ce qui établit l’inclusion
Continuons a transposer le vocabulaire annoncée ; on aurait une démonstration
géométrique usuel ; nous dirons qu’un analogue pour deux boules fermées. Nous
sous-ensemble A d’un espace métrique E verrons dans le chapitre suivant que cette
de distance (1 est hovné s’il est contenu dans particularité des espaces ultramétriques
une boule. Cela équivaut a dire que le nous réserve encore bien des surprises.
nombre :

d(A) = sup d(x,y), 2. Topologie d’un espace métrique


X,YEA

appelé dkwnètre de l’ensemble A, est fini. À partir des boules, on peut construire sur
Le langage géométrique que nous venons un espace métrique les principales notions
d’introduire dans les espaces métriques topologiques qui permettent de (< faire de
constitue un support pour une intuition l’analyse )). À ce propos, par la clarté avec
géométrique qui est très utile mais doit être laquelle les notions de limite et de conti-
soigneusement contrôlée car elle n’est pas nuité s’expriment au moyen de la termi-
sans surprises et risque d’utiliser implici- nologie que nous allons introduire, la
tement, sans s’en rendre compte, des théorie des espaces métriques constitue un
propriétés de l’espace euclidien plus riches excellent préliminaire à la topologie géné-
que sa seule structure métrique. Par exem- rale.
ple, si A est une boule de rayon r, on
montre facilement avec l’inégalité triangu- Ouverts et fermés
laire que son diamètre est < 2r, mais on Soit E un espace métrique de distance d.
ne peut affirmer l’égalité que si on a un On dit qu’un sous-ensemble U de E est
espace vectoriel normé. Les espaces ultra- ouvert si pour tout points E U il existe une
métriques présentent ainsi de nombreux boule ouverte de centre s contenue dans
phénomènes ~1 pathologiques ti, en ce sens U. D’aptes un principe general de logique,
qu’ils sont contraires à l’intuition géomé- l’ensemble vide, qui n’a pas d’élément, est
trique courante ; le mathématicien qui donc ouvert. Faisons le lien avec la termi-
travaille sur ces espaces est ainsi amené à nologie introduite plus haut en montrant
dklopper une << intuition gkométrique » qu’une houk ouverte B(x,, 1.) es1 u11 ~II.WJI~-
qui peut sembler tout à fait ésotérique au hle ouvert : en effet, si x E B&, r),
profane... Ainsi, dans un tel espace, il n’y l’inégalité triangulaire entraîne que B(x, r’)

654
MÉTRIQUES ESPACES

C B(x,, r) pour r’ = r - d&, ,Y) > 0. On métrique : un sous-ensemble F de E est dit


voit donc qu’un ensemble U est ouvert si fermé si son complémentaire dans E est un
et seulement si c’est une réunion de boules ensemble ouvert. Par exemple toute boule
ouvertes. fermée B, (x”, r) est un ensemble fermé ; en
La famille des ouverts d’un espace effet, si x 4 Bf(x,, r), on a :
métrique vérifie les propriétés suivantes
B(x, r’) O B,(xo, r) = 0
qui sont prises en topologie générale
comme axiomes pour définir une topolo- pour r’ = d(.x,, x) - r > 0, comme cela
gie : (0,) E et 0 sont des ensembles résulte facilement de l’inégalité triangu-
ouverts ; (O?) Toute réunion (finie ou pas) laire. Des propriétés (O,), (0,) et (0,) il
d’ensembles ouverts est un ensemble résulte facilement que 0 et E sont des
ouvert; (0,) Toute intersection jinie fermés ; toute intersection (finie ou pas) de
d’ouverts est un ouvert. fermés est un fermé ; toute réunion$nie de
Montrons ce dernier point. Soit U,, U,, fermés est un fermé. Si A est un sous-
. . . . U, des ouverts ; si l’intersection est ensemble quelconque de E, il existe donc
vide, c’est terminé d’après (0,). Sinon, soit un (( plus petit )) (pour l’inclusion) ensem-
x E u , nn U, = U ; par hypothèse, il ble fermé contenant A, à savoir I’intersec-
existe r,, i = 1, . . . . II, tels que B(x, r,) C Ui tion A de la famille de tous les fermés qui
et par suite B(x, r) C U pour r = inf (r,, contiennent A ; cet ensemble A est aussi le
_.., r,,j. complémentaire du (( plus grand )> (tou-
On dit que deux distances d, et d, sur jours pour l’inclusion) ensemble ouvert ne
un même ensemble E sont (topologique- rencontrant pas A, qui est la réunion des
ment) équivalentes si les ouverts corres- boules ouvertes ne rencontrant pas A.
pondants sont les mêmes. Cela signifie que Ainsi, un point x E E appartient à A si et
toute boule ouverte B, de centre xa par seulement si toute boule ouverte de centre
rapport à la distance d, contient une boule x rencontre A, ce qui revient au fait que la
B, de centre x,, (par rapport à la distance distance de x à A est nulle : on dit alors que
dz), puisque x,E B,, qui, étant un ouvert x est un point adhérent à A. L’ensemble
pour d,, est aussi un ouvert pour dz, et vice fermé A s’appelle la fermeture, ou l’adhé-
versa. C’est ce qui se produit pour les trois rence de A. On dit que A est partout dense
distances d,, d2 et d3 considérées plus haut dans E si A = E ; par exemple l’ensemble
sur R’, qui définissent les mêmes ouverts Q des nombres rationnels est partout
(cf. figure). Remarquons aussi que, sur R, dense dans R.
la distance usuelle d définie à partir de la Les notions précédentes sont la trans-
valeur absolue par d(.y, y) = /x ~ y 1, et position, au moyen des boules, de notions
pour laquelle les boules sont les intervalles, familières dans les espaces numériques et,
est topologiquement équivalente à la dis- comme telles, sont aussi l’objet d’un inves-
tance d’ pour laquelle R est un sous-espace tissement intuitif qui n’est cependant pas
métrique de R (cf. chap. l), c’est-à-dire : toujours justifié. Ainsi on pourrait penser
que l’adhérence d’une boule ouverte est
d’(x, y) = ~ ~ toujours la boule fermée de même centre
1 :,x,-1 +,y
et de même rayon mais, si cela est vrai pour
Par passage au complémentaire, on les espaces vectoriels normés, les espaces
définit la famille des fermés d’un espace ultramétriques nous réservent ici encore

655
MÉTRIQUES ESPACES

des surprises. En effet, montrons que, dans valeur absolue) : on dit quef’est continue
un tel espace, toute boule ouverte B(x,, r), en unpoiws, E E si, pour tout nombre réel
qui est un ensemble ouvert comme nous 6 > 0, il existe un nombre réel q > 0 tel
l’avons vu, est aussi un ensemble fermé et, que :
par suite, est sa propre adhérence. Il suffit
db,, x) < rl *d’V(xo)s f(x)) < E>
pour cela de remarquer que si x 6Z B(x,, r),
alors la boule B(x, r/2) ne rencontre pas la ce qui exprime l’inclusion :
boule B(_u,, r) car sinon, puisqu’il n’y a pas
Wxm Q) Cf -YB’cf(~o), 6)) ;
de boules (( sécantes ». la boule de ravon >
r/2 serait contenue dans l’autre (cf. fin du or, dire qu’il existe Q tel que l’on ait cette
chap. l), d’où, en particulier, ,Y E B(.Y,, r), inclusion signifie que l’image réciproque
ce qui contredit l’hypothèse sur .Y. par J’ de la boule B’(/(s,), &) est un
voisinage de .x0 dans E. Puisqu’une partie
de E’ est un voisinage de f (s,,) si et
Voisinages et continuité
seulement si elle contient une boule de
Introduisons maintenant les voisinages centre f (x,J, on peut maintenant donner,
pour préciser la notion de continuité. Soit en termes de voisinages seuls, la définition
E un espace métrique de distance d. On dit suivante de la continuité : f est continue en
qu’un ensemble V C E est un voisinaggr .x0 si et seulenzent .si I’imuge rkiproque pur
d’un point .Y E E s’il contient un ouvert f’de tout voisinage de f (‘cg) est un voisinuge
contenant .Y ; cette notion donc est N topo- de x0.
logique » : elle ne dépend que des ouverts Il en résulte que f est continue en tout
de l’espace métrique E, ouverts caractéri- point de E (on dit que f est continue, sans
sés, à leur tour, par le f a i t q u ’ i l s s o n t préciser davantage) si et seulement si
voisinages de chacun de leurs points. En l’image réciproque parJ‘de tout ouvert de
particulier, les boules ouvertes de centre x E’ est un ouvert de E.
sont des voisinages de x et il en est de Les notions précédentes sont topologi-
même des boules fermées puisqu’on a ques : elles ne dépendent que des ouverts
toujours B(x, r) C Bf(“, r). Les boules des espaces considérés. 11 est utile d’avoir
ouvertes (ou les boules fermées) de centre une notion de continuité plus forte, qui
.Y constituent un systhne fondamental de n’est plus seulement topologique, utilisant
~~oisinuges de .Y, en ce sens qu’un ensemble le fait que l’on peut (< comparer 1) les
est un voisinage de x si et seulement s’il voisinages de deux points distincts grâce
contient une telle boule ; on obtient un aux rayons des boules. Plus précisément,
système fondamental dhzornhrahle de voi- on dira qu’une application f: E + E’ est
sinages en se limitant par exemple aux un~fornzhmxt continue si, pour tout E > 0.
boules de rayon I/n, avec n entier positif. il existe rl > 0 tel que :
Soit maintenant E et E’ deux espaces
métriques de distances respectives d et d’
etfune application de E dans E’. Analy- ou encore :
sons la notion de continuité telle qu’elle est
W, Q) Cf -‘(B’cf(~ )>EN>
suggérk dc manikrc naturelle par la défi-
nition classique (quand E = E’ = R muni pour touts E E. Un cas particulier de cette
de la distance usuelle définie à partir de la situation est fourni par les applications

656
MÉTRIQUES ESPACES

lipschitziennes : on dit que ,f est lipschit- u, - + 00 pour n + 00 si et seulement si,


zienne de rapport k si on a : pour tout M = (1 /E) - 1, il existe un entier
N tel que :
n)Nsu,>M;
quels que soient ,Y, y dans E ; ainsi l’image
réciproque parfde la boule de centref(x) on retrouve la notion classique de suite de
et de rayon r contient la boule de centre x nombres réels « tendant vers l’infini » pour
et de rayon r/k. Par exemple, on a vu plus n + 00.
haut que, pour toute partie A de E, Dans un espace métrique E de distance
l’application qui à x E E associe sa distance d, le fait que tout point possède un système
à A est lipschitzienne de rapport 1. fondamental dénombrable de voisinages
permet d’exprimer toutes les propriétés
Le langage des suites topologiques en termes de suites. Mon-
Soit (u,) une suite de points d’un espace trons par exemple qu’un point ,Y” est adhé-
métrique E (de distance 4. On dira de rent ù une purtie A de E si et seulement s’il
manière naturelle que cette suite converge est limite dans E d’une suite de points de A :
vers un élément a E E pour n tendant vers pour x adhérent à A, si on choisit pour tout
l’infini si d(a,u,,) - 0 pour II -00. Pour tout entier positif n un point u, dans A f’ B(x,,
E > 0, il existe donc un entier N tel que : I/n), on obtient une suite de points de A
qui converge vers ,u,, puisque cl(x,,tr,) <
n > N=+d(a,u,) < E,
I/n ; réciproquement, si (24,) est une suite
c’est-à-dire : de points de A qui converge vers x0, tout
voisinage V de -ïO contient tous les termes
n > N~u,EB(u,E);
de la suite pour n assez grand et par suite
ainsi u, -, a pour n + 00 si, pour tout A f? V # @. Un ensemble A est donc fermé
voisinage V de a, il existe un entier N tel si et seulement s’il contient les limites de
que u, E V pour n > N. On peut dire aussi toutes ses suites qui sont convergentes
que V contient les u, sauf pour un nombre dans E ; ainsi, on peut définir les fermés,
fini d’entiers n. Remarquons que la notion et par complémentarité les ouverts, à partir
de suite convergente est topologique. de la notion de suite convergente. De
La définition précédente généralise bien même, on montre qu’on peut caractériser
entendu la notion de limite d’une suite dans la continuité d’une applicationfen termes
l’espace R” pour l’une quelconque des dis- de suites : une upplication f d’un espace
tances équivalentes habituelles. À titre métrique dans un autre est continue en un
d’exemple, cherchons maintenant à quelle point .x0 si et seulement si, pour toute suite
condition une suite (u,,) de nombres réels (u,) qui converge vers x0, la suite image
positifs va converger vers l’élément + 00 (f(Q) converge versf(xJ. La compacité
dans la droite réelle achevée R munie de la va nous donner d’autres exemples de
distance ddécrite dans le chapitre 1. On a : l’importance de la notion de suite.
1
d(+cqx)= 1-x =FI Espaces métriques compacts
1+x 1+x
! !
On montre que tout sous-ensemble fermé
pour tout s 2 0. Soit E > 0 ; on aura et borné C de l’espace numérique R”
cl(+ CO, u,) < E, pour u,, > (l/&) - 1. Ainsi possède la propriété suivante, appelée

657
MÉTRIQUES ESPACES

proprièté de Borel-Lebesgue : pour toute Nous pouvons maintenant énoncer la


famille (U,) d’ouverts de R” dont la propriété de Bolzuno- Weierstruss, vraie
réunion contient C (on dit qu’on a un pour tout espace topologique compact,
recouvrement ouvert de C), il existe une mais qui cuructérise les espaces métriques
sous-famille jinie U,,, . . . . U,n dont la réu- compacts parmi les espaces métriques :
nion contient C. L’importance de cette toute suite poskde uu moins un point
propriété dans de nombreuses questions d’accumubtion.
fines d’analyse mathématique a conduit à Nous renvoyons à l’article TOPOLOGIE
étudier systématiquement les espaces topo- GÉ NÉRA LE pour l’examen des très impor-
logiques qui la possèdent (cf. TOPOLOGIE tantes propriétés des espaces compacts en
GÉNÉRALE). mentionnant seulement ici le résultat sui-
On dit qu’un espace métrique E est vant, de la théorie des espaces métriques,
compuct si, pour toute famille d’ouverts de connu sous le nom de théor&ne de Heine-
E dont la réunion est égale à E, il existe une Borel: une applicution continue d’un espace
sous-famille finie possédant cette pro- métrique cornpuct dans un espace métrique
priété. Ainsi, tout fermé borné C de R”, est uniformément continue. Donnons la
muni de la distance induite par celle de R”, démonstration qui est très simple et mon-
est un espace métrique compact (car les trera comment on utilise la propriété de
ouverts du sous-espace métrique C sont les Borel-Lcbesgue. Soit E et E’ des espaces
intersections avec C des ouverts de R”) ; en métriques de distances respectives d et d
particulier, pour n = 1, le segment fermé e t f : E-E’ une application continue.
[- 1, + l] est compact et il en est donc de
Choisissons un nombre réel positif E. La
même de la droite numérique achevée R continuité de f entraîne que, pour tout
qui est isométrique à ce segment (cf. point s E E, il existe un nombre réel n(x),
chap. 1).
dépendant de X, tel que :
Tout espace métrique compact est de
diamètre fini, ce qui exprime que la dis-
tance entre deux points d’un tel espace est
les boules ouvertes B(x,n(x)/2), x E E,
bornée ; on montre que tout sous-espace
forment un recouvrement ouvert de E dont
métrique fermé d’un espace métrique con?-
puct est compact.
on peut, puisque E est compact par hypo-
thèse, extraire un recouvrementjni fermé
Avant de donner, en termes de suites,
une caractérisation des espaces métriques de boules de centres -Y,, .Y~, . . . . x,,. Soit
maintenant n le plus petit des nombres
compacts, il nous faut introduire une
nouvelle notion. On dit qu’un point u est n(x,)/2, . . . . n(x,,)/2. Montrons que :
un point d’accumulation d’une suite (u,,)
si tout voisinage de a contient les points u,~
pour une infinile J’enlieru n ; ainsi, si ce qui établira l’uniforme continuité de j:
la suite (u,,) converge vers CI, ce point a En effet, le point x appartient a au moins
est le seul point d’accumulation, mais il une des boules du sous-recouvrement fini,
peut exister plusieurs points tels, chacun soit la boule de centre .Y,, c’est-à-dire d(x,,x)
d’entre eux étant caractérise par le fait < n(s,)/2, d’où :
qu’on peut trouver une sous-suite de la
suite initiale qui converge vers ce point.

658
MÉTRIQUES ESPACES

puisque d(x,y) < Q(.u,)/2, on a, par l’iné- pour tout 6 > 0, il existe un entier N tel
galité triangulaire, d(x,,y) < q(x,), d’où : que :

P > Nq 2 N * d(u,,u,) < E.

Il est facile de voir que toute suite


et par suite, en utilisant encore une fois
convergente (u,), de limite CI, est a fortiori
l’inégalité triangulaire,
une suite de Cauchy. Pour tout E > 0, il
existe N tel que n > N * d(u,, a) < &/2;
G ~‘Cf(x)f(x;N + d’(f(x,)JCv)) < 6. pour p 2 N et q > N, on a donc, en
appliquant l’inégalité triangulaire, d(u,,, uy)
Les espaces numériques R” ne sont pas
< d(uP, a) + d(a, uy) < 6. Au contraire,
compacts, mais tout point possède un
l’exemple de l’ensemble des nombres
système fondamental de voisinages com-
rationnels montre qu’une suite de Cauchy
pacts constitué par les boules fermées. On
n’est pas toujours convergente. On dit
dit qu’un espace métrique dans lequel tout
qu’un espace métrique, comme R”, dans
point a un système fondamental de voisi-
lequel toute suite de Cauchy est conver-
nages compacts (ce qui revient à dire que,
gente, c’est-à-dire dans lequel les suites de
pour tout x, les boules fermées de centre x
Cauchy coïncident avec les suites conver-
et de rayon assez petit sont compactes) est
gentes, est un espace complet.
un espace localement compact.
Les notions de suite de Cauchy et
d’espace complet ne dépendent pas que de
la topologie de l’espace métrique. Pour
3. Espaces métriques complets illustrer ce fait, désignons par R, l’ensem-
ble des nombres réels muni de la distance
Alors qu’au chapitre précédent les notions usuelle, définie à partir de la valeur abso-
introduites (à l’exception de l’uniforme lue, et par R2 ce même ensemble muni de
continuité ; cf. infra) sont topologiques, les la distance induite par celle de R (cf.
notions de ce chapitre dépendent de chap. 1) ; on a vu que les ouverts de R, et
manière essentielle de la distance. R2 sont les mêmes (ce qui signifie que les
deux distances sur R sont équivalentes).
Considérons la suite des entiers naturels,
Suites de Cauchy
dont le n-ième terme est l’entier n ; ce n’est
B. Bolzano et A. Cauchy ont dégagé manifestement pas une suite de Cauchy
l’importance du critère de convergence pour la distance usuelle sur R, mais c’est
suivant, qui ne fait pas intervenir la valeur une suite de Cauchy dans Rz, puisqu’elle
de la limite : une suite (u,) de nombres réels converge vers l’élément + 00 dans R.
est convergente si et seulement si, pour tout D’autre part, l’espace R, est complet,
6 > 0, il existe un entier N tel que : tandis que l’espace Rz ne l’est pas car la
p > N,q > N =a ~u+,--u~~ < E. suite (de Cauchy) des entiers naturels n’est
pas convergente dans cet espace : cela tient
(cf. CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à une au fait que R, n’est pas un sous-espace
variable). D’où le nom de suite de Cuuchy ,fernzé de l’espace métrique E (qui est
donné à une suite (u,,) d’éléments d’un complet car isométrique au segment
espace métrique E, de distance d, telle que, [- 1, + 11) ; plus généralement, la carac-

659
MÉTRIQUES ESPACES

térisation des fermés au moyen des suites qui converge vers x et que l’application g
(cf. chap. 2) montre qu’un sous-espace ainsi définie est uniformément continue, ce
métrique F d’un espace métrique complet qui est un raisonnement élémentaire utili-
est complet si et seulement s’il est fermé sant l’inégalité triangulaire.
dans E. Précisons enfin le lien entre les espaces
Dans l’exemple précédent, l’application métriques compacts et complets. Remar-
identique i : Rz + R,, définie par i(x) = .Y quons d’abord qu’une suite de Cauchy a au
pour tout .Y E R, est continue, ce qui plus un seul point d’accumulation : ou bien
montre que l’image d’une suite de Cauchy elle n’en a aucun et elle ne converge pas, ou
par une application continue n’est pas bien elle a exactement un point d’accumu-
nécessairement une suite de Cauchy. Par lation et elle converge alors vers ce point.
contre, les définitions montrent immédia- Par suite, l a p r o p r i é t é d e Bolzano-
tement que l’image d’une suite de Cauch) Weierstrass montre que tout espace métri-
pur une upplication unijbrmément continue que compact est complet. Réciproque-
est une suite de Cauchy, donc une suite ment, on montre qu’un espace métrique
convergente si l’espace d’arrivée est com- complet E est compact si et seulement s’il
plet. Donnons, comme application de cette vérifie la propriété suivante de précompa-
remarque, un important théorème de pro- cité : Pour tout 6 > 0, il existe un recouvre-
longement. ment.fini de E par des boules de rayon E.
Thbot+me de prolongement des applica-
tions uniformkment continues : Soit E un Complétion d’un espace métrique
espace métrique, A un sous-ensemble par- La construction, due à Cantor, des nom-
tout dense de E (cela signifie, rappelons-le bres réels comme classes d’équivalence de
que tout point de E est adhérent à A) et F suites de Cauchy de nombres rationnels
un espace métrique complet. Alors toute (« suites fondamentales )) dans la termino-
applicationf: A + F qui est uniformément logie cantorienne) se transpose sans modi-
continue se prolonge de manière unique en fication à un espace métrique quelconque.
une application continue g : E - F ; de Tht5orSme d e complétion. P o u r t o u t
plus, g est uniformément continue. espace métrique E, il existe un espace
Nous nous bornerons à indiquer l’idée métrique complet Ê tel que E soit isomé-
de la démonstration. Pour x E A, on doit trique à un sous-espace partout dense de
avoir g(x) =f(~), et il faut donc définir Ê ; de plus, l’espace Ê est déterminé à une
g(x) pour x @ A. Or, puisque A est dense, il isométrie près.
existe une suite (.Y,) d’éléments de A qui On dit que Ê est le complété de E, et on
converge vers x et, l’application g cherchée identifie dans la pratique E au sous-espace
étant continue, on doit avoir nécessaire- partout dense de Ê qui lui est isométrique.
mentg(x) = lim g(-c,,), avecg(.u,,) =f(x,,) ; Ainsi, le complété de l’ensemble des ration-
mais la suite (j”(s,,)), image d’une suite de nels pour la distance usuelle est l’ensemble
Cauchy par une application uniformément des réels muni de la distance usuelle. Si on
continue, est une suite de Cauchy et, puis- considère sur l’ensemble des rationnels la
que F est complet, c’est une suite conver- distance p-adique associée à un nombre
gente, dont nous désignerons précisément premier y, on obtient comme complété
la limite par g(x). Il reste à vérifier que g(s) l’ensemble des nombresp-adiques (cf. théo-
ne dépend pas de la suite d’éléments de A rie des NOMBRES Nombres p-adiques).

660
MÉTRIQUES ESPACES

Ê. Esquissons la construction du complété


Nous dirons que deux suites de Cauchy
(x,) et cv,) d’éléments de E sont équiva-
La méthode
des approximations successives
On doit à E. Picard une méthode de cons-
lentes si &,,,y,) -+ 0 pour n + 0~. Il est truction de solution d’équations par
clair que l’on définit ainsi une relation approximations successives (équations
d’équivalence sur l’ensemble & de toutes les numériques, théorèmes d’existence et

désignerons par Ê
suites de Cauchy d’éléments de E ; nous
le quotient de & par cette
d’unicité d’équations différentielles ou inté-
gK&S ; Cf. éqUatiOllS DIFFÉRENTIELLES,

truire une distance sur Ê.


relation d’équivalence, et nous allons cons-
Si x = (x,) et
JJ = b,) sont deux suites de Cauchy, on
chap. 1 ; équations INTÉGRALES, chap. 2)
que l’on peut formuler de la manière sui-
vante dans le cadre des espaces métriques.
montre que la suite de nombres réels Théorème dupointjîxe. Soit E un espace
d(x,, y,!) est convergente pour n -+ 00 (car métrique complet etfune application de E
c’est une suite de Cauchy) et que la limite dans lui-même telle qu’il existe une cons-
ne change pas si on remplace x et y par des tante k, 0 < k < 1, avec d(f(x)f(y)) <
suites qui leur sont respectivement équi- kd(x,y) quels que soient x et y dans E (on
valentes ; cette limite ne dépend donc que dit quefest une application contractante).
des classes d’équivalence X et -9 des suites Alors l’équation :
x et y et nous la désignerons par S(X#). On
f’(x) = x

distance sur Ê ; le fait que Ê


vérifie maintenant facilement que 6 est une
soit complet
pour cette distance se montre par le célèbre
a une solution unique dans E. De plus, quel
que soit x,, E E, la suite (x,) définie par
récurrence par x, =f(xJ, x,,, =f(-u,)
(( procédé diagonal » de Cantor, dont nous
converge vers cette solution.
allons indiquer le principe : soit (x@)), .x0’)
La démonstration est très simple et on
= (x,(P), . ..) x,@‘, . ..) une suite de Cauchy
voit clairement le rôle joué par les suites de
d’éléments de E (pour simplifier les nota-
Cauchy. Remarquons d’abord que l’unicité
tions, nous commettons ici l’abus de lan-
est évidente : si f(x) = x et à = y, on
gage qui consiste à identifier x@‘) avec sa
aura dCf(x)f(y)) = d(x,y) < k d(x,y), d’où
classe d’équivalence) ; on montre alors que
d(x,y) = 0. Il suffit donc de montrer que la
la suite (x@)) converge dans E vers la classe
suite (x,) est convergente car, si sa limite est
de la suite diagonale (x,(I), xIc2), . . . . x,(“), . ..).
x, on obtient immédiatement x = f(s) en
Construisons maintenant une injection
faisant tendre n vers l’infini dans la relation
de E dans E. Pour a E E, nous désignerons
de récurrence x,+, =f(x,), Or on a :
par <p(u) E E la classe d’équivalence de la
suite constante (a, a, . . . . a, . ..) ; il est clair ~(x,+I,x,) = dCf(x,M-(x,-J) < k d(x,,x,-,),
que G(<p(a),q(h)) = d(a,b), et par suite <p d’où, par récurrence sur p,
réalise une isométrie de E sur le sous-
espace métrique F de E formé des classes d(x,+,>x,) 6 kpd(x,,xo);
d’équivalence des suites constantes. par l’inégalité triangulaire, on a mainte-
nant, pour q > p,
L’ensemble F est partout dense dans E car
si x = (x,J est une suite de Cauchy d’élé- 9-l d(X,+,J,) <
ments de E, alors la suite (cp(x,J) d’élé-
ments de F converge vers X dans E.
c,=p ,=p
661
MÉTRIQUES ESPACES

soit, en remplaçant la progression géomé- mentaire de son adhérence est partout


trique de raison k par sa somme et en dense ; ainsi, la propriété de Baire entraîne
majorant cette dernière : que, si un ensemble est réunion dénom-
brable d’ensembles rares (on dit qu’un tel
ensemble est maigre), son complémentaire
est partout dense. En particulier ce com-
et donc plémentaire est non vide ; ce type de
d(-~&) - 0 p o u r p, q - m p u i s q u e raisonnement a été utilisé par S. Banach
0 < k < 1. La suite de Cauchy (x,) pour démontrer l’existence de fonctions
converge dans E vers une certaine limite s possédant des singularités données à
puisque E est complet. Remarquons que si l’avance. Voici maintenant, pour terminer,
on fait tendre y vers l’infini dans l’inégalité un énoncé faisant intervenir la notion
précédente, on obtient : d’ensemble maigre et permettant, grâce à
elle, de G dire quelque chose )) d’une fonc-
tion qui est limite simple d’une suite de
fonctions continues (on sait qu’une telle
qui précise la rapidité de convergence de
limite n’est pas nécessairement une fonc-
la suite (.Y,,) vers .Y.
tion continue) : Si E est un espace métrique
complet et F un espace métrique, soitf, une
suite d’applications continues de E dans F
4. La propriété de Baire telles qu’en chaque point x E E la suite
(f;,(x)) converge dans F vers un élément
Les sous-espaces ouverts des espaces y(.~). Alors l’ensemble des points x de E où
métriques complets et les espaces métri- f n’est pas continue est un ensemble
ques localement compacts possèdent la maigre.
propriété suivante, appelée propriété de
JEAN-LUC VERLEY
Bai~, qui joue un rôle important dans de
nombreuses questions d’analyse : Si U,, est
me suite d’ouverts purtout denses, alors Bibliographie
l’intersection des U,, est un ensembh partout N. BOURBAKI c Utilisation des nombres réels )), in
dense. Éléments de mrrrhématique.~, liv. 3 : Topologie
Sous le nom de (( méthode de la caté- gc+r&, Masson. nouv. éd., 1982 / G. ~HOQUET,
Cours de topologie : rspcrccir topologiques et esprrm
gorie )), cc résultat a été utilisé systémati- rnétriyue.~, fonctions numlriques, espcrm vectoriels
quement par l’école mathématique polo- topologiques, ibid., 2’ éd. 1984 / J. DIEUDONNÉ,
naise pour démontrer de profonds Fon&nwnr.~ de lànrr/,w nw&rne, Gauthier-Villars,
Paris. 3’ éd. 1979.
théorèmes (théorème du graphe fermé,
théoreme de Banach-Steinhaus ; cf. espa-
ces vectoriels NORMÉ~).
Par passage au complémentaire, on

MULTILINÉAIRE A L G È B R E
peut énoncer cette propriété : si F,, est une
suite de fermés dont le complémentaire est
partout dense, alors la rcunion des F,, a un - LINÉAIRE &
complémentaire partout dense. On dit
qu’un ensemble A est rare si le complé-
MULTILINÉAIRE ALGÈBRE

662
NOMBRES THÉORIE DES

N
réflexions sur la divisibilité : elles aboutis-
sent, deux siècles plus tard, au magistral
exposé d’Euclide. On sait qu’il démontre
(aux notations près) l’existence et l’unicité
de la décomposition d’un entier positif en
facteurs premiers, et, par un raisonnement
très ingénieux, l’existence d’une infinité de
nombres premiers.
Aux pythagoriciens remontent égale-
ment les premiers exemples d’équations
diophantiennes, notamment la résolution
de l’équation p2 + q* = ? en nombres
entiers ; c’était, dans leur « arithmogéomé-
trie )), la recherche des triangles rectangles
a côtés commensurables. Diophante
d’Alexandrie lui-même (sans doute au
NOMBRES THÉORIE DES IV siècle apr. J.-C.), s’il traite un grand
nombre d’exemples de telles équations ou
systèmes d’équations, ne s’intéresse en

D ANS la plupart des civilisations par-


venues au stade de l’écriture, les
nombres entiers ont, dès l’origine, été liés
général qu’à la recherche de solutions en
nombres rutionnrls, non nécessairement
entiers. Mis à part quelques résultats isolés
à des pratiques religieuses ou magiques, et des mathématiques chinoise et indo-arabe
leurs propriétés ont exercé une sorte de sur des équations diophantiennes du pre-
fascination sur les esprits, qui est loin mier et du second degré, la théorie des
d’être disparue de nos jours, où la <( numé- nombres ne recommence à se développer
rologie )) conserve des adeptes ; il n’est qu’avec Pierre de Fermat. Ses contribu-
donc pas étonnant que ce soit au sein de tions portent à la fois sur la théorie de la
l’école pythagoricienne, imbue de mysti- divisibilité, avec le fameux théorème
cisme, qu’ait débuté l’étude scientifique de d ’ = 1 (mod p) pour tout nombre pre-
ces propriétés. Cette école entendait mierp, et sur les équations diophantiennes,
d’ailleurs mener de front les développe- où on lui doit la première méthode géné-
ments de la géométrie et de l’arithmétique rale d’attaque, la <( descente infinie », dont
en une (( arithmogéométrie » où certains le domaine d’application n’est pourtant
types de nombres étaient associés à des pas défini avec précision et dépend avant
figures ; on associait par exemple, de façon tout de l’ingéniosité du mathématicien qui
assez naturelle, les nombres n* aux figures l’applique. Au XVIII~ siècle, L. Euler, J.-L.
carrées : c’est ainsi que les pythagoriciens Lagrange et A.-M. Le Gendre, s’inspirant
découvrent la formule 1 + 3 + 5 + .., des idées de Fermat, prouvent la plupart
+ (2n - 1) = n* en inscrivant dans un des théorèmes seulement énoncés par ce
carré de côté IZ les carrés de côtés 1, 2, . . . . dernier, et donnent en tout cas une solu-
n - 1 ayant un même sommet. C’est aussi tion complète pour les équations diophan-
dans cette école, avec les H catégories >) du tiennes du second degré à deux inconnues ;
pair et de l’impair, que commencent les c’est à ce propos qu’intervient une tech-

663
NOMBRES THÉORIE DES

nique nouvelle, celle des fractions conti- Dedekind), et partiellement des formes
nuées, premier exemple d’utilisation ternaires. La théorie générale des formes
d’approximations diophantiennes pour la quadratiques à n variables (théorèmes de
résolution d’équations diophantiennes. réduction, de finitude et de représentations
Jusque-la, les procédés de résolution des formes les unes par les autres) est
d’équations diophantiennes consistaient édifiée par F. G. Eisenstein, C. Hermite,
en des manipulations algébriques élémen- H. J. S. Smith, H. Minkowski et H. Hasse,
taires plus ou moins subtiles, pour permet- et prend sa forme quantitative générale
tre une application judicieuse de la théorie avec les travaux de C. L. Siegel, qui utilise
de la divisibilité des entiers rationnels. À largement la théorie des fonctions analy-
partir du début du XIX~ siècle, toutes les tiques et introduit à cette occasion la
parties des mathématiques vont être pro- notion de fonction modulaire à II variables
gressivement mises à profit pour résoudre (cf. formes QUADRATIQUES). Les théorèmes
les problèmes de théorie des nombres. de finitude sont d’autre part étendus par
Avec C. F. Gauss, développant des C. Hermite, C. Jordan et H. Poincaré aux
ébauches peu concluantes d’Euler, c’est formes de degré > 3.
d’abord l’extension de l’idée de divisibilité Enfin, on sait que Gauss avait aussi
aux corps de nombres algébriques réels ou découvert les fonctions elliptiques et la
complexes ; il la développe en détail pour fonction modulaire (d’une variable), sans
le corps Q(i) et, dans des notes non rien publier d’ailleurs sur ces sujets, et il
publiées de son vivant, pour certains corps n’avait pas manqué d’observer les liens
cyclotomiques. Il faudra tout l’effort de entre cette théorie et certains problèmes de
l’école allemande du XIX~ siècle théorie des nombres. Pendant tout le
(E. E. Kummer, L. Kronecker, R. Dede- XIX~ siècle, l’exploration de ce nouveau
kind) pour surmonter, par la création de la domaine est menée avec vigueur, notam-
théorie des idéaux, les difficultés provenant ment par C. Jacobi, C. Hermite et L. Kro-
du fait que les anneaux d’entiers algébri- necker. Les résultats les plus profonds sont
ques ne sont pas principaux en général (cf. obtenus par ce dernier dans son étude de
la partie C ci-après - Nombres algébri- la multiplication complexe des fonctions
ques), et amener ainsi la théorie de la elliptiques, qui le conduit au premier
divisibilité dans ces anneaux au même exemple de corps de classes.
point que la théorie d’Euclide pour Z. Le P. G. Lejeune-Dirichlet, de son côté.
premier succès de cette nouvelle théorie est inaugure deux nouvelles voies en théorie
le critère obtenu par Kummer pour la des nombres. D’abord, par sa (( méthode
non-résolubilité de l’équation de Fermat des tiroirs )), il montre comment traiter les
X + y” = z”, où n est premier, à savoir questions d’approximations diophantien-
que n ne divise pas les numérateurs des nes autrement que par la théorie des frac-
(n - 3)/2 premiers nombres de Bernoulli. tions continuées, et l’applique aussitôt pour
C’est aussi avec Gauss que commence obtenir un des théorèmes fondamentaux de
la théorie générale des formes quadrati- la théorie des nombres algébriques, le théo-
ques à coefficients entiers ; il traite en rème des unités (cf. la partie C ci-après -
détail des formes binaires (dont la théorie Nombres algébriques). Après lui, d’autres
équivaut à celle des corps quadratiques sur méthodes encore sont introduites dans la
Q, comme devait le montrer plus tard théorie des approximations diophantien-

664
NOMBRES THÉORIE DES

nes : Hermite utilise à cette fin sa théorie des secondaire et implicite : la géométrie
formes quadratiques et Minkowski sa algébrique et la théorie des groupes. Grâce
(( géométrie des nombres )), obtenant des aux puissants moyens empruntés à ces
estimations remarquablement précises par théories, on dispose pour la première fois
des considérations très intuitives sur la posi- de quelques théorèmes génémus sur les
tion relative d’un ensemble convexe de R” équations diophantiennes ; bien que l’on
par rapport au réseau Z” (cf. approxima- soit encore très loin d’une compréhension
tions DIOPHANTIENNES). J. Liouville, de son profonde des phénomènes étudiés, on peut
côté, obtenant le premier théorème de espérer être sur la bonne voie et arriver un
(( non-approximation )) des nombres algé- jour à une théorie unique qui engloberait
briques, donne le premier exemple effectif à la fois ce que nous appelons maintenant
de nombres transcendants, et Hermite, en la théorie des groupes algébriques, celle
combinant habilement des méthodes des (( groupes arithmétiques )) et une
d’approximation diophantienne à la théo- bonne part de la théorie des nombres.
rie des fonctions analytiques d’une variable Avant de donner quelques indications
complexe, prouve en 1872 la transcendance sur ces développements, mentionnons que
du nombre e, résultat spectaculaire que l’approfondissement des méthodes héri-
F. Lindemann complète, dix ans plus tard, tées du XIX~ siècle a aussi permis d’impor-
en établissant, par une méthode analogue, tants progrès : l’extension de la méthode
la transcendance de rr. d’Hermite pour la preuve de la transcen-
L’autre contribution fondamentale de dance de e a conduit, par une série
Dirichlet est l’introduction des séries qui d’améliorations successives (Siegel, Gel-
portent son nom et dont il se sert pour fond), aux résultats généraux de A. Baker
démontrer le théorème de la progression sur les nombres transcendants (cf. nom-
arithmétique, ainsi que pour obtenir une bres TRANSCENDANTS). Une évolution ana-
expression explicite du nombre de classes logue pour les approximations diophan-
d’idéaux d’un corps quadratique (cf. la tiennes (A. Thue, Siegel, Dyson) a de
partie A ci-après - Théorie analytique des même permis d’améliorer le résultat initial
nombres). Ces deux types d’application de N non-approximation » de Liouville : le
des séries de Dirichlet vont être considé- meilleur résultat (K. Roth) est que, pour
rablement développés : ils conduisent, un nombre algébrique non rationnel c( et
d’une part, avec B. Riemann, J. Hada- p, q entiers (q > 1), on a, pour tout E > 0,
mard et C. de La Vallée-Poussin à la
démonstration du théorème des nombres
premiers et, d’autre part, avec Dedekind,
aux généralisations des fonctions L à tous
les corps de nombres algébriques. préludes mais la démonstration de ce résultat ne
à des généralisations ultérieures encore donne aucun moyen de calculer effective-
plus vastes (cf. fonction &TA). ment C(E) pour o et E donnés. Baker, par
Le développement de la théorie des ses méthodes, a obtenu la beaucoup moins
nombres, depuis la dernière décennie du bonne inégalité :
XIX~ siècle, se caractérise par l’apport de
plus en plus important de deux théories qui (2) > cg-d exp ((ln q) l/k),
jusqu’alors n’y avaient joué qu’un rôle

665
NOMBRES THÉORIE DES

oùd 2 3estledegrédeccetk > d+ 1, tion y2 =x3 + D, avec D # 0, on a


c étant cette fois une constante C(c(, k) que nécessairement : sup ( 1 x 1, ly 1) < exp
l’on peut minorer explicitement en fonc- ( lOio 1D 1104).
tion de cx et k. Une autre source de progrès en théorie
A. Thue avait déjà déduit de son des nombres est la géométrie algébrique
théorème de <( non-approximation )), par sur un corpsjni, développée par E. Artin,
un raisonnement très ingénieux, le fait que, par H. Hasse et surtout par A. Weil. Ainsi
si P(x, y) est un polynôme à deux variables, une congruence algébrique telle que P(u,,
à coefficients entiers, homogène et de degré __.) xI) = 0 (mod p), où p est premier, est
> 3, alors l’équation P(x, y) = m, où m une équation algébrique P(X,, . . . . X,) = 0
est entier # 0, ne peut avoir qu’un nombre entre les classes Xi modulo p des entiers .Y,.
fini de solutions (x, y) en nombres entiers. autrement dit entre éléments du corps.fini
Ce théorème a été généralisé et mis sous sa Z/pZ = F,,. Cette interprétation est une
forme définitive par Siegel en 1929 : Pour des raisons qui ont conduit à développer la
tout polynôme (homogène ou non) P(x, y) géométrie algébrique sur un corps de base
à coefficients entiers, tel que le genre de la autre que les corps usuels R ou C (cf.
courbe C d’équation P(x, y) = 0 soit > 1, GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE). Il y a en PZirtiCU-

il ne peut y avoir sur C qu’un nombreJini lier une parenté très étroite entre les corps
de points (x, y) à coordonnées entières. Ce de nombres algébriques et les corps de
résultat fait déjà intervenir une notion fonctions rationnelles sur une courbe
profonde de géométrie algébrique (le d’équation P(x, y) = 0 à coefficients dans
genre d’une courbe) dans sa formulation. un corps fini ; toute la théorie de la divisi-
Sa démonstration combine le théorème de bilité se développe de façon semblable dans
(( non-approximation )) d’un nombre algé- les deux cas (cf. infiu), et on peut aussi
brique avec le théorème de Mordell-Weil. définir les (( fonctions L )) et la fonction
Ici encore, la formulation même de ce zêta de la même manière pour ces deux
théorème fait intervenir la géométrie algé- types de corps. Le résultat fondamental
brique, et sa démonstration utilise un obtenu par Weil est que, pour ces dernières
raisonnement de N descente infinie )) sur la « fonctions zêta )) (qui sont ici rationnelles
jacobienne de C (variété abélienne de en p”), l’« hypothèse de Riemann )) est
dimension égale au genre de C). L. J. Mor- vraie ; cela entraîne des majorations pour
del1 a conjecturé que, sous les hypothèses les sommes d’exponentielles qui jouent un
du théorème de Siegel, il n’y a même qu’un grand rôle en théorie analytique des nom-
nombre fini de points de C à coordonnées bres (cf. la partie A ci-après - Théorie ana-
rationnelles lorsque le genre de C est 2 2. lytique des nombres) : par exemple, sif(s)
Cette conjecture a été démontrée en 1983 est un polynôme sur F, sans facteur carré
par G. Faltings ; cette démonstration et de degré impair m, on a l’inégalité (qu’on
ouvre un nouveau chapitre de la théorie ne sait pas prouver par d’autres méthodes) :
des nombres (cf. équations DIOPHANTIEN-
NES ). D’autre part, Baker, par ses métho-

des, a pu dans certains cas améliorer le


théoréme de Siegel en donnant une majo-
ration effective pour les solutions entières où (-) est le symbole de Le Gendre. Au
de P(s, y) = nl ; par exemple, pour l’équa- moygn de cette inégalité, on prouve par

666
NOMBRES THÉORIE DES

exemple que le plus petit non-résidu quadra- théorèmes fondamentaux sur la divisibilité
tique modula p tend vers l’infini moins vite dans les corps de nombres algébriques
1,4*+F
quep ,p -+ m, quel que soit E > 0. s’interprètent de façon extrêmement sim-
Le passage d’une équation diophan- ple et frappante en langage de la théorie
tienne P(s,. . . . . .Y,) = 0 à la congruence des groupes topologiques.
modula p correspondante P(s,, . . . . -u,-) Mais ce n’est pas tout : en premier lieu,
E 0 (mod p) est un des procédés les plus on a de même une interprétation remar-
anciens d’étude de ces équations. Mais on quable dans ce langage des résultats fon-
peut aussi considérer les congruences P(s,, damentaux de la théorie du corps de
. ..) s,.) = 0 (mod p”) pour tous les expo- classes. Déjà, sous l’impulsion de D. Hil-
sants 17, et, en un certain sens, l’existence bert, cette théorie avait été rattachée à la
de solutions pour tout n est un résultat théorie de Galois (cf. CORPS) ; le problème
(( proche )) de l’existence de solutions de central en est la détermination du groupe
l’équation initiale (la différence de deux de Galois de l’extension abélienne maxi-
entiers peut être non nulle et divisible par male A, d’un corps de nombres algébri-
une puissance élevée de p, mais non par ques k. Or, la théorie des idèles en donne
toutes les puissances de p). En approfon- une expression explicite : si 1, est le groupe
dissant cette idée, on a été conduit à des idèles de k, P, le sous-groupe (discret)
l’introduction des nombres p-adiques de d e s idcles p r i n c i p a u x , C, = I,/P, le
Hensel et à leurs generalisations : ils groupe (compactj des classes d’idèles et D,>
fournissent un procédé systématique pour la composante neutre de CA, le groupe de
(( localiser )) en un nombre premier (resp. Galois de A, sur k est canoniquement
un idéal premier) l’étude de l’anneau des isomorphe à C,/D,. On a des résultats tout
entiers Z (resp. d’un anneau d’entiers à fait analogues pour la divisibilité et la
algébriques), procédé tout semblable au théorie du corps de classes lorsque k est un
développement en série entière au voisi- corps de fonctions rationnelles sur une
nage d’un point d’une fonction rationnelle courbe algébrique définie sur un corps fini.
sur une courbe algébrique (cf. la partie B En second lieu, toute la théorie de
ci-après - Nombres p-adiques) ; on touche l’analyse harmonique générale (cf. analyse
la à une nouvelle et profonde influence de HARMONIQUE) est applicable aux groupes
la géométrie algébrique, qui n’a cessé d’adèles et d’idèles ; le développement de
d’inspirer Hensel et ses successeurs. cette théorie a conduit Tate, Ono, Tama-
L’étude de la divisibilité dans les corps gawa et A. Weil à insérer dans ce nouveau
de nombres algébriques se conçoit main- cadre les travaux de Hecke sur les fonc-
tenant comme une synthèse (( globale » des tions L et ceux de Siegel sur les formes
propriétés (( locales )) d’un tel corps en quadratiques (cf. fonction ZÊTA et formes
toutes ses (( places 1) ; les outils essentiels QUADRATIQUES). POUr dkr plus lOiIl et
pour en exprimer les résultats sont les (( sortir du commutatif )), la voie qui semble
groupes d’rr&lrs et d’i&lrs introduits par aujourd’hui la plus prometteuse est la théo-
C. Chevalley (cf. la partie C ci-après - rie des groupes de Lie (généralisée aux
Nombres algébriques). Ces groupes sont groupes algébriques, p-adiques et (( adéli-
naturellement munis de topologies, qui en ques )> de façon convenable), et notam-
font des groupes commutatifs localement ment celle des représentations de ces grou-
compacts ; et on constate alors que les pes dans des espaces fonctionnels

667
NOMBRES THÉORIE DES

convenables (cf. GROUPES - Groupes de tion xf + $ = n en nombres entiers.


Lie). Déjà, on a subordonné à cette théorie Depuis 1830, on a imaginé, pour résoudre
les résultats classiques d’Hermite, de Jor- ces questions, des méthodes d’une extraor-
dan et de Minkowski sur la « réduction » dinaire ingéniosité qui consistent à associer
des formes (A. Bore1 et Harish-Chandra) et aux fonctions arithmétiques étudiées des
la théorie arithmétique des fonctions auto- fonctions analytiques auxquelles on peut
morphes, notamment celle des formes appliquer la théorie de Cauchy ou l’analyse
modulaires de Hecke, Siegel, Maass et harmonique ; mais, malgré les succès spec-
Petersson (Shimura et Jacquet-Langlands). taculaires obtenus par ces méthodes, on ne
Il y a lieu d’espérer qu’on aboutira par cette peut dire que l’on en comprenne vraiment
voie à une généralisation satisfaisante de la les raisons profondes.
théorie du corps de classes pour les exten-
sions galoisiennes non abéliennes des corps
de nombres algébriques ; peut-être aussi 1. La théorie additive
ces méthodes permettront-elles de com-
prendre les raisons du succès de méthodes Le point de vue formel
de théorie analytique des nombres telles Un monoï& est un ensemble M où est défi-
que la méthode de Hardy-Littlewood (cf. la nie une loi de composition (s, t) - st qui est
partie A ci-après - Théorie analytique des associative et possède un élément neutre e
nombres). (autrement dit es = se = s pour tout
JEAN DIEUDONNÉ
s E M) ; les groupes sont évidemment des
monoïdes ; d’autres exemples importants
sont formés par l’ensemble N des entiers
?+
> 0, avec pour loi l’addition, et l’ensem-
ble N* des entiers > 0, avec pour loi la mul-
tiplication. Étant donné un corps commuta-
A. Théorie analytique des nombres
tif K, on définit, pour tout monoïde M,
Ce qu’on appelle la « théorie analytique des l’alglbre K[M] du monoïde M sur K de la
nombres )) ne peut pas être considéré façon suivante : on définit l’espace vecto-
comme une théorie mathématique au sens riel K[M] à l’aide d’une hase (u,), dite cano-
usuel qu’on donne à ces mots, c’est-à-dire nique, où l’ensemble d’indices est M ; puis
un système organisé de définitions et de on prend pour table de multiplication de
théorèmes généraux accompagné d’appli- cette base u,uI = u,,,, quels que soient s et t
cations à des exemples importants. Il s’agit dans M ; on vérifie qu’on a bien défini ainsi
au contraire ici presque exclusivement de une algèbre associative dont l’élément unité
problèmes particuliers qui se posent en est u,. Tout élément .Y E K[M] s’écrit d’une
arithmétique et qui, pour la plupart, consis- seule manière :
tent à étudier (cf. calculs ASYMPTOTIQUES
pour la position du problème et les nota- Srür>
c-
tions o et 0 de Landau) l’« allure à l’infini »
de certainesfonctions définies par des condi- avec 6, E K et i, = 0 sauf pour un nombre
tions de nature arithmétique : par exemple fini de valeurs de s E M ; il revient au
le nombre TT(.Y) de nombres premiersp < x même de dire que K[M] est formé des
ou le nombre U(n) des solutions de l’équa- familles (i,), s E M, d’éléments de K.

668
NOMBRES THÉORIE DES

indexées par M, telles que i, = 0 sauf pour du produit de séries entières. On note
un nombre fini d’éléments de M ; l’addi- encore cette algèbre K[[X]]. Elle contient
tion se fait composante par composante et évidemment l’algèbre des polynômes
la multiplication est définie par : K[X] ; en outre, pour qu’une série for-
melle :
(1) KS)(%) = KJ
05

avec : LX”
c
n=o
(2) L= Lrilv,
c ait un inverse dans K[[X]], il faut et il suffit
w=s
que C$ # 0. Les fractions rationnelles
somme qui a un sens dans K, puisqu’elle
P(X)/Q(X) telles que Q(0) # 0 sont donc
n’a qu’un nombre jîni de termes # 0.
des éléments de K[[X]] ; en particulier, on
Remarquons maintenant que, si l’on ne
a :
fait aucune hypothèse sur les familles (&) et
(ns), le second membre de (2) a encore un (3) ~ = 1+ x + x2 + + X” +
1 -l x
sens si le monoïde M satisfait à la condition :
(D) Pour tout s E M, il n’existe qu’un L’ordre o(j) d’une série formelle :
nombre$ni de couples (v, w) d’éléments de m

M tels que vw = s. f(X) = 1 E”X”


Par exemple, les monoïdes N et N* n=o

définis ci-dessus vérifient (D). Pour un tel


non nulle est le plus petit exposant n tel que
monoïde, on définit donc sur l’espace
E,, # 0. Soit cf,) une suite de séries for-
vectoriel K[[M]] de toutes les familles (i,),
melles telle que l’ordre OC&) tende vers
s E M, une structure d’algèbre par les
+ 00 avec n. Alors, on peut définir dans
formules (1) et (2) ; on dit que cette algèbre
K[[X]] la somme injnie :
est l’algèbre /urge du monoïde M.
Lorsque M = N, K[[N]] n’est autre (4) f, +fz + +.f, +
que l’algèbre des séries formelles à une
et le produit injini :
indéterminée : si l’on pose U, = X, on a
11, = X” pour tout entier n > 1 ; au lieu (5) (1 +f,N +f*)-o +f”)...
d’écrire (c,,), IZ E N, les éléments de cette
de la façon suivante. Pour tout entier m, il
algèbre, on convient de les noter :
existe un entier N(m) tendant vers + 00
c avec m tel que, dans la somme f, +
t.xn, fi + + f,, resp. le produit
c
n=o
(1 +f,)...(l +fJ, tous les termes de
la loi de multiplication (2) donnant alors la degrés < m soient les mêmes dès que
formule usuelle : n > N(w). Il y a donc une série formelle
/z(X) et une seule telle que, pour tout entier
(2’) (-gJ)( $J) m, les termes de degrés < m dans h(X)
n=o n=o soient les mêmes que ceux des sommes
= 2 ( 2 Ep’l,jXn fi th + +f,, resp. d e s p r o d u i t s
(1 +fi).(1 +y,), pour tout n > N(m) ;
n=o p+*=n c’est cette série qui, par définition, est la

669
NOMBRES THÉORIE DES

somme infinie (4), resp. le produit X)k, qui s’obtiennent en dérivant un nom-
infini (5). Cette définition justifie, pour une bre quelconque de fois les deux membres
série formelle, l’écriture : de (3), on obtient aisément l’expression de
6, comme l’entier le plus proche de
(n + 3)‘/12.
Plus généralement, soit CI,, u?, . . . . a, des
entiers > 0, sans diviseur commun # 1, et
On supposera toujours par la suite
notons 5, le nombre de solutions en entiers
que K est le corps C des nombres com-
> 0 de l’équation à r inconnues :
plexes ; si (5,) est une suite de nombres
complexes, on dit souvent que la série (‘5) 0,x, + cz2xz + + a,x, = n.
formelle :
On voit que la série génératrice corres-
pondante est :

(1 -xaf)(l -XQ) (1 -X0,)’


est la série génératrice de la suite (i,). Cela
étant, des propriétés d’une suite (5,) on La décomposition de cette fraction
peut souvent déduire une expression de la rationnelle en éléments simples donne
série génératrice sous une autre forme qui encore i, ; si l’on ne cherche qu’une partie
permet d’obtenir des relations entre (5,) et principale de i,, on constate aisément
d’autres suites. qu’elle provient du pôle d’ordre le plus
élevé, c’est-à-dire le point 1, et l’on trouve :
Exemples
5,-nr-‘/(a,a,...a,(r-l)!).
Désignons par i,, le nombre de solutions en
entiers > 0 de l’équation diophantienne à
trois variables x + 2~ + 37 = n. En rai- Sommes de carrés
son de (3), la série génératrice : Il peut se faire que la série génératrice
d’une suite (c,,) de nombres complexes
S”X” fournisse une série entière convergente
c
n-0 dans un voisinage de z = 0 lorsqu’on y
est égale à : substitue à l’indéterminée X un nombre
complexe z. Des propriétés de la fonction
1
analytiqueJ’(z) égale à la somme de cette
(l-x)(1-x*)(1-x’)’
série entière, on peut alors déduire des
Si l’on décompose cette fraction ration- renseignements sur la valeur de c,,.
nelle en éléments simples, on obtient : Les premiers exemples de cette
méthode ont été donnés par Jacobi à l’aide
1 1 17
6(1 -X)3 + 4(1-X)2 + 72(1 -x) de sa théorie des fonctions elliptiques,
1 1 1 pour le problème consistant à chercher le
+ K(1 + X) + 9(1 -jX) + 9(1 -j2X)’ nombre de solutions en nombres entiers
(positifs ou négatifs) de l’équation à I
où j désigne la racine cubique de l’unité
inconnues :
exp (2 xi/3) ; utilisant de nouveau (3) ainsi
que les formules analogues pour l/( 1 ~ (7) x;+x;+...+xj=n.

670
NOMBRES THÉORIE DES

Ce nombre est le coefficient de z” dans Il convient de noter ici qu’il y a des


le développement en série entière de la formules explicites pour le nombre de
fonction u(z)): où : solutions de (7) pour r < 8 qui se dédui-
sent de la théorie générale des formes
quadratiques a coefficients entiers, cette
théorie (( expliquant » aussi l’absence de
telles formules pour r > 8 (cf. formes
série entière qui converge pour 1z 1< 1, Or
QUADRATIQUES).
f(z) est une des G fonctions thêta )) de la
théorie des fonctions elliptiques, et certai-
Partitions
nes de ses puissances s’expriment par
Le « nombre de partitions )) p(n) d’un
d’autres développements en série qui four-
nissent le nombre de solutions de (7). entier n 2 1 est par définition le nombre
de solutions en entiers > 0 de l’équation :
Par exemple, pour r = 2, on a :
m (9) x1 + 2x, + 3x, + + mx, + .,. = n,

cf(z)Y= 1 +4 &
c où le nombre d’inconnues x,,~ n’est pas
n=l
m
limité (mais, pour un n donné, il est clair
Z” -z3n qu’on a nécessairement ,Y,,! = 0 pour tout
=1+4
c 1-t4”’ m > n). Ce nombre peut aussi être défini
n=1
comme le nombre des classes d’équiva-
d’où l’on déduit que le nombre U(n) lence des partition.~ d’un ensemble de n
de solutions de .x: + X; = n est quutre éléments, lorsqu’on range dans une même
fois Iu d$Grrnce entre le nombre des classe deux partitions qui se déduisent
diviseurs de n de lu fOrme 4k + 1 et le l’une de l’autre par une permutation de
nombre des diviseur.~ de n de la ,forme l’ensemble. II est immédiat que la série
4k + 3. génératrice converge pour /z 1 < 1 et est
De même, pour r = 4, on a la formule : donnée par :
es m
fW=l+8(&+~+&+...) (10) F(z) = cp(n)rn = n
n=O rn=l (l-zm)-1.
=1+8 ol(m)(zm + 3z*m
c L’idée fondamentale est d’exprimer le
m
coefficient p(n) à l’aide de la formule de
+ 32”” + 3z*m + . ..).
Cauchy :
où M parcourt l’ensemble des nombres
impairs > 1 et où o,(n~) désigne la somme
des diviseurs de II~. On en conclut que, si
(11) p@) = & sc F(x”+IX)&,
l’on pose n = 2cwr, où m est impair, le où C est un cercle de centre 0 et de rayon
r < 1 ; le problème est d’évaluer cette
nombre de solutions de :
intégrale lorsque r est pris voisin de 1. On
x;+x;+x:+x:=n utilise le fait que F(z) est liée à une
« fonction modulaire )) q(t) par la for-
est 8 ol(m) si c( = 0 et 24 a,(~~r) si c( > 0 ;
mule :
en particulier ce nombre est toujours > 1
(théorème de Lagrange). (12) F(ez’“‘) = e”‘r”*(q(r))-1,

671
NOMBRES THÉORIE DES

où t est un nombre complexe de partie les longueurs :


imaginaire strictement positive. La pro-
1 1
priété essentielle de cette fonction n est la -> L,=----
L1 = k(k + k’) k(k + k”)
formule de transformation :
étant donc bornées par :
(13) q(s. C) = E (ct
s + d)“2Q(Z),
1 1
pour toute transformation modulaire : ->
k(2N-1) ’ Lz’ k(N+l)

pour i = 1, 2, ce qui permet les majora-


(14) tions ultérieures. À ces intervalles corres-
où n, b, c, d sont des entiers tels que pondent sur le cercle C les arcs & de la
ad ~ bc = 1 et où E, est une racine 24ième « dissection de Farey X) définis par :
de l’unité, déterminée explicitement en
fonction de a, h, c , d. Comme il est eE1h,k.

immédiat que z = 1 est un point singulier


de la fonction F, il en est de même, en vertu Utilisant (14), on est conduit à rempla-
de (12) et (13) de tout point « rationnel )) cer dans l’intégrale :
sur le cercle unité, c’est-à-dire de la forme
exp (2rilz/k) où 11 et k sont des entiers F(x).+-’ dx
s‘h,k
premiers entre eux. La méthode extrême-
ment ingénieuse de Hardy-Ramanujan, la fonction F(x) par l’expression :
perfectionnée par Rademacher, consiste à Qh,k B’k(Z),
faire intervenir les contributions de ces
points singuliers dans l’intégrale (1 l), en avec :
divisant le cercle C en arcs partiels dont
chacun est <( voisin )> d’un tel point. De
façon précise, pour tout entier N, on
considère l’intégrale (11) étendue au cer- de sorte que :
cle C de rayon exp (- 2ir/N2). On range en
une suite croissante les fractions h/k à z=k(&-iq),
termes premiers entre eux et tels que
0 < h < k < N (suite de Farey d’ordre où <p varie de ~ Lz à L,, où ‘1; est la
N). La théorie élémentaire de la suite de fonction (< élémentaire )) :
Farey conduit, pour trois fractions consé-
cutives h’/k’ < h/k < h”/k”, à G isoler )) Y,@) =r’Bexp(&(f-z)),
la fraction centrale par l’intervalle II,.,
d’extrémités : et enfin où o,,,~ est la racine 24-ième de
l’unité définie par :
h +h’ h+h”;
k+k” k i-k” qk = exp(tiS(h, k)),
on démontre que ces extrémités s’écrivent avec :
al.!rri :
h 1 h 1 S(h,k)= y($-[$]-;)(;-;)
k-m+ Pk(k+k”) ,=o

672
NOMBRES THÉORIE DES

Un calcul assez élémentaire de majo- culier, on a la partie principale (résultat dû


ration montre que, lorsqu’on fait ces à G. H. Hardy et à S. Ramanujan) :
substitutions dans les diverses intégrales
étendues aux arcs &k, l’erreur totale com-
mise est O(N-“*). Il reste à évaluer les
intégrales : Signalons encore que la formule (10) a
permis à Ramanujan, en se plaçant au
s Sh,k 'I‘,(z)x-+'dx; point de vue formel, d’obtenir des pro-
priétés arithmétiques intéressantes des
cela se fait à l’aide d’une utilisation très nombres p(n) ; par exemple, on a les
ingénieuse de la théorie de Cauchy et congruences :
conduit finalement au remarquable résul- p(5n + 4)s 0 (mod 5),
tat suivant obtenu par H. Rademacher p(7n + 5) E 0 (mod 7),
(1937). Le nombre p(n) s’exprime par une p (25n + 24) E 0 (mod 25).
sbrie convergente :

Le problème de Waring
Le théorème de Lagrange sur la possibilité
d’écrire tout entier comme somme de
où sh désigne le sinus hyperbolique, ou quatre carrés au plus a conduit en 1792 le
c=7r~,où: mathématicien anglais E. Waring à avan-

A,(n) = c
@,k)= I
"h,k exp(-2 Trinhht),
cer la conjecture que, pour tout exposant
entier k > 2, il existe un entier g(k) tel que
l’équation :
h parcourant l’ensemble des entiers < k
(17) x: + x; + +x$, = n
premiers à k, et enfin où :
12 possède au moins une solution en nombres
u(n)= ( n-A) ; entiers, quel que soit l’entier n > 0. La
première démonstration de cette conjec-
on peut obtenir des majorations commo- ture fut donnée par Hilbert en 1909 ; on
des du reste de cette série en fonction de dispose actuellement de méthodes beau-
M lorsqu’on ne considère que les M coup plus puissantes, dues à G. H. Hardy,
premiers termes. Pour obtenir la valeur de à J. E. Littlewood et à 1. M. Vinogradov et
p(n). il suffit évidemment de prendre M tel qui non seulement prouvent la conjecture
que ce reste soit en valeur absolue < 1/2 de Waring avec une bonne estimation de
puisque p(n) est un entier. Par exemple, g(k), mais encore donnent une estimation
pour n = 72 1, il suffit de prendre M = 2 1, approchée du nombre de solutions de (17)
et l’on trouve : en nombres entiers. L’idée de Hardy et de
p(721)= 161061755750279477635534762. Littlewood est de généraliser la méthode
de Jacobi en considérant la fonction :
De plus, chacun des termes de la série
(15), considéré comme fonction de n, est f(z) = 2 zm*,
négligeable devant le précédent ; en parti- m=ll

673
NOMBRES THÉORIE DES

série entière convergente pour 1z 1< 1. Le et permet, dans (19) de prendre pour C
nombre de solutions de : le cercle 1 z 1 = 1 lui-même. D’autre part,
il n’y a pas intérêt à tenir compte des
(18) x:+ +x,k=n
valeurs .Y, = 0 dans les solutions de (18) ;
en entiers > 0 est donc donné, comme finalement, si l’on note r(n) le nombre
dans (1 l), par la formule de Cauchy : de solutions de (18) pour lesquelles .Y,
2 1 pour tout j, on obtient I’expres-
sion :

l’intégrale étant étendue à un cercle de cen- (20) r(n) = o’ (h(x)~e-2nLnxdx,


s
tre 0 et de rayon r < 1. La fonctionfn’aici
aucune propriété analogue à (12) et (13), où :
mais : = 1 en est évidemment un point sin-
gulier, et des considérations heuristiques e2nrm*x,
h(x) =
montrent qu’il en est encore de même de c
m=l
tout point (< rationnel » exp (2mp/q), la
(( contribution » d’un tel point dans l’inté- Pour traiter cette intégrale, Vinogradov
grale (18) étant d’autant plus importante retient le principe de la méthode de Hardy-
que y est plus petit. La &thode de Hardy- Littlewood, en divisant l’intervalle [0, l] en
Littlen,oorlconsiste à décomposer encore le (( major arcs » et « minor arcs » liés aux
cercle C en arcs partiels centrés aux points suites de Farey ; mais il utilise, en outre,
correspondant à une suite de Farey ; on ne pour majorer la contribution des G minor
peut plus ici obtenir de majoration com- arcs >), une méthode nouvelle, beaucoup
mode pour les arcs k& tout entiers ; il faut plus puissante que la méthode de H. Weyl
les restreindre d’une certaine manière, obte- qu’avaient appliquée a cette fin Hardy et
nant ce qu’on appelle les (( major arcs » ; Littlewood.
leur contribution donne la partie principale Les résultats sont les suivants :
de vo(n) : mais. pour le prouver, il faut majo- a) La contribution des (< major arcs ))
rer la contribution des arcs restants de C fait intervenir la fonction gamma ; elle est
(G miner arcs »). Les calculs de majoration de la forme :
et d’approximation sont ici beaucoup plus
difficiles que pour le problème des parti-
tions. (21) (4 +~~)‘,(n,s)ns,k~l + o(,r/k-l),

On peut, avec Vinogradov, présenter l-i


0
cette méthode d’une manière un peu dif-
férente ; pour un n donné, on a évidem- où 0 (n, S) est un nombre dépendant de n,
ment ~.Y,~ < P = [ntl”] pour 1 <,j < s s et k, mais restant borné lorsque n varie de
pour toute solution de (18) ; il n’y a donc 1 a ] X, s et k restant fixes. Ce nombre,
pas lieu de faire intervenir les exposants dit a série singulière de Hardy-
r77’ > n dans la sérief(z), ce qui conduit Littlewood », s’obtient de la façon sui-
à remplacer f’ par le po/yzbnr : vante. Pour tout entier q > 1, on pose :
P I
zmk S(a, 4) = exp ( 2 Tcim Wq),
c c
m=O
rn=l

674
NOMBRES THÉORIE DES

pour tout entier CI tel que 1 < a 6 q ~ 1 j Le nombre g(k) intervenant dans la
premier à q ; on pose ensuite : formulation originale du problème de

A(q) = q-’ c
(asu)= 1
(S(a, 4))” exp(-2rrindq).
Waring a pu, grâce aux travaux de Vino-
gradov, être complètement déterminé,
sauf pour k = 4 et k = 5 ; il est toujours
la somme s’étendant aux entiers a précé- au moins égal à 2k - 2 + [(3/2)k] et est
dents, et enfin : égal à ce nombre, sauf pour un nombre fini
m d’exposants k. On a :
Q(n,s) = c A(q); g(3) = 9 , 19 a g(4) < 35,
37 ( g(5) < 54, g(6) = 73.

on prouve que la série est absolument


convergente pour s > 2k + 1 et que, pour Le problème de Goldbach
s > 4k, il y a un nombre c > 0 tel que Sans doute sur la base d’essais numériques,
Q(n, s) 2 c pour tout entier n. un contemporain d’Euler, C. Goldbach,
h) Hardy et Littlewood prouvent que, avait émis en 1742 la conjecture que tout
pour s > (k ~ 2)2Lm t + 5, la contribution
entier pair est somme de deux nombres
des (< minor arcs » est o(&~-’ ), et Vino- premiers et tout entier impair somme de
gradov obtient le même résultat en sup- trois nombres premiers. Aucune de ces
posant seulement que k > 12 et s > deux conjectures n’est encore complète-
10 k2 In k. Si l’on désigne par G(k) le plus ment démontrée, mais Vinogradov a pu
petit nombre tel que, pour s > G(k), établir en 1937 que tout nombre impair
l’équation (18) ait des solutions dès que II assrz grand est somme de trois nombres
est supérieur à un entier n,(k) dépendant premiers. Si l’on pose :
de k, on voit donc que, pour k 2 12, on
a G(k) < lOk*lnk, et la partie principale (22) f-(x, n) = 1 exp(27wh
de r(n), lorsque n tend vers + M, est PC”
donnée par le premier terme de (21) dès
où la somme est étendue à tous les
que s 2 10 k7 In k. En fait, par un raffi-
nombres premiers p < n, le nombre de
nement de ses méthodes, Vinogradov a
solutions de l’équation p, + pr + p3 = n
pu montrer que l’on a l’inégalité
en nombres premiers est donné par :
G(k) < k (3 In k + 1 l), sans peut-être,
alors, que la partie principale de r(n) soit (23) r(n) = J:;+’ Cf(x,n))“exp(-2rrinx)dx,
donnée par (21).
c) On montre aisément que pour un x0 réel quelconque. L’évaluation
G(k) > k + 1 et on conjecture que de cette intégrale se fait encore en suivant
G(k)/k est borné. On a G(2) = 4 par le l’idée de la méthode de Hardy-Littlewood ;
théorème de Lagrange, les nombres de la on prend x0 = n-t lnt5n et, dans l’inter-
forme 8 TIZ + 7 ne pouvant être somme de valle [.x0, x0 + 11, les (( major arcs )) sont
trois carrés ; Davenport a prouvé que les intervalles centrés aux points h/q (où
G(4) = 16. Pour les autres valeurs de k, on q < ln’%, 0 < h < q, h premier à q) et de
n’a que des majorations pour G, obtenues demi-longueur .Y,,. Si E, est le complémen-
par des procédés particuliers : G(3) < 7, taire de la réunion de ces intervalles,
G(5) < 23. Vinogradov commence par prouver, par

675
NOMBRES THÉORIE DES

une ingénieuse et longue succession de Autrement dit, on a remplacé la som-


majorations de nature élémentaire (n’uti- mation sur les nonzhres prenziefx < nl par
lisant même pas le théorème des nombres une sommation sur tous les entiers < ni,
premiers), que l’on a : beaucoup plus maniable. En particulier, si
l’on pose :
(24) ~~,(i(x,n))lenp(-2ai~x)dx~
P@I = Jy,, (g(~,n))~exp(-2rriny)dy,
< Cn2lr4n,

où C est une constante. La partie profonde on montre élémentairement que l’on a :


du raisonnement est l’évaluation de
(27) +l”-‘n < p(n) < .2;
,f‘(x, m) pour m < II et pour x dans un
(( major arc )>, c’est-à-dire .Y = (h/q) + J’ d’autre part, on introduit, pour tout entier
où q et h sont comme ci-dessus et où
q, la somme :
1 J‘ 1 < .Y”. L’idée essentielle est de remar-
quer que, dans la somme : (28) CqW) = exp (- 2 rinh/q ) ;
c
” < h < q.(h,q) = I
f( $, m) = 1 exp(27c@h/q),
on montre que la série :
p<m
cc
si l’on ne considère que les nombres S(n) = &Lc,(n)
(29)
premiers ne divisant pas q, l’erreur com- c
y-, 9+(q)
mise en valeur absolue est au plus q, Mais
la somme restante s’écrit alors : est absolument convergente et que l’on a :
e (30) S(n) = n (1 -&),
dh/q) r(m ; q, I),
c exp(2
O<l<q
P
B.9)= I où le produit est étendu à tous les nombres
où K(m ; q, l) est le nombre de nombres premiers ; cela donne S(~I) = 0 pour n
premiers p < m qui appartiennent à la pair, et on montre aisément que S(n) > 1
progression arithmltique d e s n o m b r e s pour II impair. On déduit alors de (23). (24)
kq + I (k entier arbitraire). En utilisant et (25) l’inégalité :
(cf. Le thborhe de lu progression urith- Ir(n)-S(n)p(n)I ( C’n21r4n,
tndique, in chap. 2) la forme la plus
précise connue de l’estimation asymptoti- ce qui, joint à (27), prouve que r(n) 2 1
que de rr(nz ; y, /), on parvient alors à pour n assez grand.
l’inégalité :
2. La théorie multiplicative

Le point de vue formel


où p est la fonction de Mobius, q la On a vu supra (cf. Lc point de vue fomel,
fonction d’Euler et où : in chap. 1) que le monoïde multiplicatif

(26) g@, m) = c m

i=l
& exp (2 7rikx).
N * vérifie la condition (D), et qu’on peut
donc définir son ulgèhw kwgc> sur un corps
K ; on se bornera encore au cas où K = C,

676
NOMBRES THÉORIE DES

et on notera D cette algèbre large. On note on écrit alors F (o + a), pour tout nom-
ici n-‘” l’élément U, de la base canonique de bre complexe a, la série formelle de
C[N*], et cette fois, un élément fE D se
note :
Dirichlet :
Di Cf(fl)ra)ru;
c
de même, on écrit F (ko), pour tout entier
et on dit que c’est une série formelle de k, la série formelle de Dirichlet :
Dirichlet. Le produit de deux élémentsfet
g de D se note aussi f* g et est défini par :

et F’(o) la série formelle de Dirichlet :


m
ce qui s’écrit encore : (-f(n)lnn)n-“.
c
“=I
La décomposition d’un entier en fac-
teurs premiers exprime encore que le
monoïde multiplicatif N* est !< produit
= 2 (CfopDj)~-u
qr = n
direct » d’une infinité de monoïdes iso-
morphes au monoïde additif N. Dans la
Pour qu’une série formelle de Dirich- théorie des séries formelles de Dirichlet, ce
let : fait apparaît de la manière suivante. Rap
pelons qu’une fonctionfdéfinie dans N*,
à valeurs complexes, est dite multiplicative
si l’on afll) = 1 etf(mn) =f(m)f(n) pour
ait un inverse dans D, il faut et il suffit que
f( 1) # 0. L’ordre d’une série formelle de
Vérifie
deux entiers m et n premiers entre eux (cf.
DIVISIBILITÉ). On aisément que, si f
et g sont multiplicatives, il en est de même
Dirichlet :
def* g et de l’inverse defdans D. Lorsque
ce
f est multiplicative, on a la décomposition
f(n)n-‘”
c en produit infini (produit étendu à tous les
n=l
nombres Premiers~) de la série formelle de
non nulle est encore défini comme le plus Dirichlet :
petit entier n tel que j(n) # 0. On voit
qu’on peut encore définir dans D la somme (33) F ( o ) = gf(n)nr”
i@nie (4) et le produit injni (5) lorsque n=,
l’ordre def, tend vers + 00 avec n. Si on
convient d’écrire F(o) une série formelle = r I (1 +f@)p-o + . ..f@k)@k)-‘” + . ..)
de Dirichlet : P

qui équivaut à la décomposition fl~) =


f(p, “1) . ..f&‘r) pour la décomposition de
n en facteurs premiers n = plkt . . . py’r.

677
NOMBRES THÉORIE DES

Rappelons (cf. DIVISIBILITÉ) que la fonc- la théorie additive : si, dans une série
tion constante i : n - 1, la fonction de formelle de Dirichlet :
Mobius u, la fonction d’Euler <p, la fonction
n - cA(n), où cf(l(n) est le nombre de diviseurs a(n)n-W,
c
n
de n, et les fonctions n - o,(n), où o,(n) est
la somme des puissances cc-ièmes des divi- on remplace le symbole n- w par le nombre
seurs de n, sont multiplicatives ; il en est de complexe nF = exp (- s In n), où s E C,
même de la fonction n - 2”(“), où v(n) est le on obtient une série de nombres comple-
nombre des facteurs premiers distincts de II, xes, qui, si elle converge, a pour somme
de la fonction de Liouville n - h(n), définie une fonction de s ; l’application de la
par h(n) = (- l)k, où k est le nombre des théorie de Cauchy à cette fonction dans les
facteurs premiers de n, comptés avec leur régions du plan C où cette fonction est
ordre de multiplicité ; enfin, la fonction de analytique donnera des informations sur
von Mangoldt n - A(n) est aussi multipli- les coefficients u(n) de la série.
cative, A(n) étant 0 si n n’est pas une puis- On poses = (5 + it, où o et t sont réels,
sance d’un nombre premier, égal à Inp si pour tout nombre complexe S, de sorte que
n = p”’ est une telle puissance. l’on a :
À ces diverses fonctions multiplicatives
~a(n)rsl = ~a(n)lrO,
correspondent des séries formelles de Diri-
chlet, en premier lieu la série .&a : et, par suite, si la série de Dirichlet :

(34) 5(o) = g n-“’ = n (1 -p-“)-,,


“=l P
c a(n)n-s
converge absolument pour s, = or + it,,
et on montre que les séries formelles de elle converge absolument dans le demi-plan
Dirichlet correspondant aux autres fonc- o > o, ; on en déduit aussitôt qu’il existe un
tions multiplicatives s’expriment à l’aide
nombre réel o, (éventuellement égal à + 00
de la série zêta par : ou -m) tel que la série converge absolu-
(35) zp(n)n-bj = l/qo), ment pour o > o, et ne converge pas abso-
lument pour o < o,. Mais, contrairement à
(36) c /E(n ) 1n -u = 5(0)/5(2 w),
ce qui se passe pour les séries entières, il se
(37) ”
r@(n,n-~ = 5(0-1)/6(o), peut qu’une série de Dirichlet soit conver-
Lf(n)n-~ = goy, gente sans l’être absolument dans toute une
(38) n
partie ouverte non vide du plan. De façon
(39) pJ”(n)n-~~ = go)Qo - a),
précise, on montre, par un raisonnement
(9 E2”(“)n-m = c(o)*/5(20), d’intégration par parties, que, si la série
&)n-u = 5(2o)/Qo),
converge pour s0 = (5” + it,, elle converge
(41)
un$wmémrnt dans tout angle de sommet
(42) I&n
n )n -w = - qo)/c(o). sO, défini pars = s0 + pele, avec p > 0 et
~ CY < 8 < o, cx étant un nombre quelcon-
que tel que 0 < c( < 7~12. De là on déduit
Séries de Dirichlet aisément qu’il existe un nombre réel
L’idée fondamentale de la théorie multi- oc 6 oo tel que la série converge pour
plicative est tout à fait analogue à celle de o > oc et ne converge pas pour o < a,. ; en

678
NOMBRES THÉORIE DES

outre, on a toujours 0, ~ 0,. < 1. La fonc- Gauss avait même précisé cette conjecture
tion : en indiquant comme meilleure approxima-
m tion de rr(x) la fonction Ii, appelée loga-
F(s) = a(n)n-$ rithme intégral :
c
n=,
h(x)= if&.
est alors kolomorphe pour o > o,, et ses s
dérivées s’obtiennent en dérivant la série
Le théorème des nombres premiers
de Dirichlet terme à terme dans ce demi-
établit (46) ; démontré d’abord en 1896
plan. Lorsque la fonction a(n) est multi-
par J. Hadamard et C. de La Vallée-
plicative, la formule :
Poussin indépendamment, il a été par la
(43) F(s) = fl (1 + a@)~-’ suite amélioré par divers mathématiciens
et l’on peut maintenant montrer que :
+ f a(pk)p-k + . ..)
(47) x(m ) = li (m ) + O(m exp (- c VEK)),
est valable pour o > o,,, le produit infini
du second membre (dit G produit eulérien )) où c > 0 est une constante. Si l’hypothèse
de F) étant uniformément convergent dans de Riemann était vraie (cf. fonction ZÊTA),
tout demi-plan o < o, + E pour E > 0. on pourrait remplacer dans (47) le terme
La théorie de Cauchy ne fournit pas ici complémentaire par O(m ‘/* In m) : on sait
directement les coefficients u(n) à l’aide que c’est la meilleure majoration possible.
d’une intégrale curviligne, mais seulement La démonstration de (47) utilise la for-
les sommes de ces coefficients : mule (45) appliquée à la série de Dirichlet :
LD

(9 A(m) = a(n). F(s) = - C’(3)/C(s) = c A(n )n -I.


c
“drn n-1

On montre en effet que, pour tout Si l’on pose :


nombre a > 0 tel que a > oc, et tout m
entier < 1, on a, pour tout T > 0, e(m) = lnp,
c
PGrn
(45) & [Ir:z y F(s) ds - A(m) !
où p parcourt les nombres premiers < m

6 Cm + Il”+’ cm w, na
et A(n) = e(n) - n, on a :
T n=, m 0(n)-qn-l)
n(m) = ~~-
c In n
n=2
Le théorème des nombres premiers
” 1 +A(n)-A(n-l)
À la fin du XVIII~ siècle, A. M. Le Gendre =
c Inn
et C. F. Gauss, indépendamment, avaient n=2
cmis la conjecture (d’après les tables de A+&+...+& 1
nombres premiers) que le nombre K(X) des
nombres premiers < .Y avait, lorsque x A(m) 41)
+In-ïz
tend vers + a7, une partie principale :

(46) ?+,n,:
NOMBRES THÉORIE DES

Dans cette dernière expression, la pre- où t* = max (1 t 1, 100) la fonction q ne


mière somme diffère de li (m) par une s’annule pas, et l’on a l’inégalité :
quantité bornée. Pour prouver (47), il suffit
donc d’établir que : (48) < c, ln’t *,
IA(n)1 a Cnexp(-cc),
ou C, est une constante.
pour deux constantes C > 0 et c > 0. Cela s’établit à l’aide de raisonnements
Or, si l’on pose : assez longs, mais élémentaires, de la théo-
U’(m) = rie des fonctions holomorphes d’une varia-
A(n )9
c ble complexe, à partir des inégalités sui-
n<m
vantes :
on montre élémentairement que :

0 < U’(m ) - e(m ) < m 1’2 1nZ m


et on est donc ramené a montrer que l’on a :
/ U’(m)-m 1< cm exp(-c G). ( 5 0 ) ~63(o)64(a+ir)C(o+ 2it)l 2 1, 0 > 1,
On applique (45) en prenant : la seconde inégalité étant conséquence de
1 l’observation que la partie réelle de
a=l+
In m+t
3 + 46s + Se est toujours < 0 pour 8
réel.
T~exp(~~~). Cela étant, on utilise (48) de la façon
suivante. En verte du théorème de Cauchy
On sait que la fonction 5 se prolonge en appliqué a la fonL..on :
une fonction méromorphe dans C, ayant (m + 1/2)’ q’(s)
un seul pôle simple au point s = 1 et ne s QG>
s’annulant pas dans le demi-plan o > 1 (cf.
fonction ZÊTA) ; la série de Dirichlet F(s) holomorphe dans un voisinage ouvert
converge absolument dans ce demi-plan, et de D, l’intégrale de cette fonction, étendue
au segment d’extrémités CO ~ LT, c(’ + iT,
l’on montre aisément a partir de (45) que
est égale à l’intégrale étendue aux
l’on a, en posant n(s) = (.Y- l)<(s),
trois autres côtés du rectangle d’extré-
q@-m + & s ~+IT (m + 1/2p11’(s)ds
a-r= s ri(s)
mités c( f iT, o’ k LT, pourvu que ce rec-
tangle soit contenu dans D (cf. figure). On
< C’m exp -&G). prend :
(
1
Le point essentiel est de majorer l’inté- a’= l-
10 000 In T
grale qui subsiste dans cette formule. La
proprictc dc la fonction n(s) que l’on utilise qui répond à la question pour m assez
pour cela est la suivante : grand. Il est alors facile, en appliquant la
Dans l’ensemble D (cf. figure, où les majoration (48) de voir que l’on a bien :
proportions ne sont pas respectées), défini
par les inégalités :

l- l au<&
100coInt *

680
NOMBRES THÉORIE DES

que le nombre rr(m) introduit plus haut.


Alors, pour tout entier N, on peut écrire :

< C(N)mexp
c 1
-~vïÏGG >
1
où la constante C(N) ne dépend que de N,
l’inégalité étant valable pour tout entier m,
tout entier k tel que :

(52) k < lnNm

et tout entier 1 < k premier avec k ; <p est la


fonction d’Euler, <p(k) étant donc le nombre
d’entiers 1 tels que 1 < / < k, qui sont pre-
miers avec k. La comparaison des parties
pour une constante convenable C 2, ce qui
principales de rr(nr ; k, r) et de rr(nz) montre
achève la démonstration.
que l’on peut encore dire que les nombres
premiers sont (C également répartis » dans
Le théorème les q(k) progressions arithmétiques kn + 1.
de la progression arithmétique L’idée fondamentale de Dirichlet est de
La méthode d’Euclide prouvant l’existence considérer à lu fois ces <p(k) classes
d’une infinité de nombres premiers peut, d’entiers et d’utiliser le fait qu’elles for-
convenablement modifiée, établir par ment naturellement un groupe commutatif,
exemple qu’il y a une infinité de nombres savoir le groupe (Z/kZ)* des éléments
premiers de la forme 4 n + 3 ou de la inversibles de l’anneau Z/kZ. 11 y a donc
forme 6 n + 5. Le théorème de la progres- <p(k) caractères x,,, 1 < h < <p(k), de ce
sion arithmétique affirme que, quels que groupe (à valeurs dans le groupe U des
soient les entiers k et 1 premiers entre eux, nombres complexes de valeur absolue l),
il y a une infinité de nombres premiers de qui ici sont des homomorphismes de
la forme kn + 1; il fut démontré pour la (Z/kZ)* dans U (ce qui entraîne que leurs
première fois en 1837 par Dirichlet, qui, a valeurs sont des racines q(k)-ièmes de
cette occasion, introduisit à la fois dans la hnité) ; rappelons que l’on a les relations
science les deux notions de série de Dirich- d’orthogonalité :
let et de caractère d’un groupe abélien fini
(cf. GROUPES - Représentation linéaire des
groupes) ; les améliorations et généralisa-
tions de ce théorème utilisent toujours
pour .Y, y dans (Z/kZ)*,
l’idée extrêmement originale de Dirichlet.
La forme la plus précise du théorème de
Dirichlet est la suivante :
Notons n(nr ; k, /) le nombre de nom-
bres premiers p < rn qui sont de la forme la somme étant étendue à tous les éléments
kn + / ; le nombre rr(m ; 1, 1) n’est autre x de (Z/kZ)*. L’application x, : x 4 1 est

681
NOMBRES THÉORIE DES

un caractère dit principal et, pour tout voit que, pour établir (51) il suffit de
caractère non principul x, on a, d’après montrer que l’on a :
(54)
I~(~;X~)/ < CI(N)mexp -&G),
x(x) = 0. (
c
pour h = 2,3, __., q(k) et k < lnNm.
partir de ces caractères de (Z/kZ)*, on
À La marche suivie est analogue à celle du
définit surZ des fonctions x(n) dits (< carac- théorème des nombres premiers, en rem-
tères modulo k )) en prenant x(n) égal àx(x) plaçant la fonction S(s) par les (( fonc-
tions L )) de Dirichlet :
où x est la classe de n (mod k) si (n, k) = 1,
et x(n) = 0 si (n. k) # 1. On vérifie aussi- m
tôt que ~(t?zn) = X(ni)X(n) quels que soient (59) w, xl = 1 x@W3
les entiers 1~2 et n ; le 0 caractère principal “=l
modulo k » est la fonction égale à 1 pour = n (1 -x(Pk-SI-‘,
(n, k) = 1, à 0 sinon.
Cela étant, on peut écrire : définies pour chaque k et chaque (( carac-
tère modulo k )) x. Il suffit de se borner aux
a(m ; k, 1) = g@), caractères non principaux ; on montre
c
p<m alors aisément que la série de Dirichlet (59)
converge dans le demi-plan o > 0 (contrai-
où p parcourt l’ensemble des nombres
rement à ce qui se passe pour un caractère
premiers < /n et g(n) = 1 si n E 1 (mod
principal) et que l’on a dans ce demi-plan
k), g(n) = 0 sinon. Or. en raison des
l’inégalité analogue à (49) :
relations d’orthogonalité (53), on peut
écrire : (60) ~L(~,x)l<klsl/~,

WI si x est un caractère modulo k.


(55) g(n) = 1 XhWXh@)> La difficulté est d’obtenir une inégalité
cp(k 1 c-
h=l analogue à (48) pour la dérivée logarithmi-
d’où : que L’(s, X)/L(~, x) dans un domaine D,
analogue au domaine D considéré dans la
figure supra, mais dépendant de N ainsi que
la constante C,, l’inégalité devant être satis-
faite pour tousles caractères non principaux
où l’on a posé : modulo k et tous les entiers k vérifiant (52).
Le point capital est de montrer que les
(57) “@;X!I)= Xh@). L(s, x) ne s’annulent pas dans un tel
c domaine D, ; on y parvient assez facile-
p<m
ment pour les points d’un tel domaine non
Si x, est le caractère principal modulo situés sur l’axe réel en utilisant des inégalités
k, on a d’autre part : analogues à (50) pour les fonctions L. On
prouve aussi (comme l’avait déjà fait Diri-
(58) I~M-W;x,)l < <p(k)>
chlet) que L( 1, x) # 0 pour tout caractère
pour k < ~FI ; en vertu du théorème des non principal, ce qui permet d’obtenir (5 1)
nombres premiers sous la forme (47) on pour un kjïx:. Pour avoir la forme générale

682
NOMBRES THÉORIE DES

de (5 l), il faut faire appel à un résultat plus où a = K/W si u’ < - 4, c( = ir/3VT


profond, démontré par C. L. Siegel en pour d = - 3, o = ~14 pour d = - 4 et
1936 : Pour tout E > 0, il y a un entier A(&) cx = 2 In .Q/W si d > 0, Q étant 1’« unité
tel que, pour tout k > A(E) et tout caractère fondamentale )) du corps. C’est à l’aide de
non principal x modulo k, on ait cette formule que Dirichlet prouva que
L(s,~)#Opourl-kmE<x< 1. L( 1, x) # 0 pour tout caractère non prin-
Mentionnons ici un résultat démontré cipal.
par Y. Linnik au moyen d’autres métho- L’application la plus intéressante de la
des : le plus petit nombre premier appar- formule (61) a été donnée par Siegel ; une
tenant à une progression arithmétique des formes de son théorème cité plus haut
kn + 1, pour k et 1 premiers entre eux, est implique que :
majoré par k’, où c est une constante.

Le nombre de classes d’idéaux lorsque 1d / tend vers + 00 ; on en déduit.


d’un corps quadratique par (611,
Les résultats précédents peuvent se géné- (62) Id(d)- 1/2ln 14,
raliser aux idéaux premiers d’un corps de
nombres algébriques, grâce à l’extension à lorsque d tend vers ~ CU, et :
ces corps des définitions de la fonction zêta (63) ln(h (d) In Ed) - 1/2 Ind,
et des fonctions L. Nous ne mentionnerons
lorsque d tend vers + 05.
ici qu’un cas particulier des résultats de
L’équivalence (62) prouve entre autres
cette théorie, le lien découvert par Dirich-
une conjecture de Gauss, selon laquelle
Jet entre les fonctions L et le nombre de
h(d) croît indéfiniment lorsque d tend vers
classes d’idéaux d’un corps quadratique.
~ 0~ (conjecture démontrée d’abord par
De façon précise, le discriminant d d’un
H. Heilbronn). En particulier, il n’y a
corps quadratique est non divisible par un
qu’un nombre fini de corps quadratiques
carré # 4, et est ou multiple de 4, ou de
de discriminant d < 0 dont le nombre de
la forme 4 k + 1 ; pour tout entier impair
classes d’idéaux est donné ; pour h(q = 1.
n > 1, on désigne par (i) le symbole de
on sait, d’après Stark et Baker (1966) que
Jacobi (cf. DIVISIBILITÉ) si d et n sont
les seuls corps quadratiques correspondent
premiers entre eux, 0 sinon ; on définit
auxvaleurs-3,-4,-7,-S,- ll,- 19,
($ comme égal à 1 si d G 1 (mod 8) à - 1
- 43, - 67 et - 163 de d.
si d = ~ 1 (mod. 8) et à 0 dans les autres
cas ; on montre alors que n ++ (R) est un
caractère non principal modulo 1 d 1, et on 3. Valeurs moyennes
peut donc former la série correspondante : de fonctions arithmétiques
m
d L’irrégularité
L‘AS) = ; n-$,
cc 1 des fonctions arithmétiques
n=l
Les fonctions définies dans l’ensemble des
et la formule découverte par Dirichlet pour
entiers > 0 par des conditions de nature
le nombre de classes h(d du corps qua-
arithmétique, telieslesfonctions multiplica-
dratique de discriminant d est :
tives qu’on a étudiées plus haut (cf. chap. 2,
(61) L,(l) = ah(d), Le point de we formel), ont une allure en

683
NOMBRES THÉORIE DES

général très irrégulière. Par exemple, la direction, on peut, par une étude poussée
fonction d(n) est égale à 2 pour n premier, de la fonction &Y), montrer que :
mais elle est très grande pour les nombres de
la forme m ! ; on peut montrer par des pro- Pntl-Pn = o(py) ;
cédés élémentaires (n’utilisant pas le théo- si l’hypothèse de Riemann était vraie, elle
rème des nombres premiers) que l’on a : entraînerait pn+, P~U = O(JI,“~ In p,,).

Moyennes des fonctions arithmétiques

Pour o,(n), l’irrégularité est moins pro- On espère en général que, lorsqu’une
fonction f définie pour les entiers > 0 a
noncée; on a o,(n) = n + 1 si n est
une allure irrégulière, la fonction
premier, et on montre (à l’aide du théo-
F(m) =J‘(l) +f(Z) + +f(m), égale
rème des nombres premiers) que :
à m fois la (< valeur moyenne )) de f dans
(65) lim sup
o,(n) l’intervalle 1 < n < m, se comportera de
“-m Inlnn=eT’
façon plus satisfaisante ; c’est ce qui se
où y est la constante d’Euler (cf. fonction passe pour la plupart des fonctions arith-
G A MM A ).De même, pour la fonction métiques. Le théorème des nombres pre-
d’Euler <p(n), on a cp(n) = n( 1 ~ l/p) pour miers en est un exemple : de façon géné-
n =pk, puissance d’un nombre premier, rale, siP est une partie de N et si l’on prend
ce qui entraîne : pour f’la fonction caractéristique de P, la
fonction correspondante m - F(m)/m est
hmsn*~ = 1; ce qu’on appelle la densité de P dans
n--
l’intervalle [ 1, m] ; le théorème des nom-
on montre ici que l’on a : bres premiers dit que, pour l’ensemble P
des nombres premiers, cette G densité )) a
liminf<p(n)lnlnn =e-r
(66) n-m n une partie principale l/ln m.
Pour certaines fonctions considérées
Une fonction arithmétique très étudiée, supuu ( c f . Le point de wr fbrmel, i n
mais sur laquelle on sait encore peu de
chap. 2), on peut effectivement obtenir des
chose, est la différence p,,+, -pn entre parties principales de leurs G moyennes ))
deux nombres premiers consécutifs, On
de façon élémentaire ; par exemple, on a :
conjecture qu’il y a une infinité de valeurs
de n pour lesquelles P,~+, -pn = 2 (nom- (67) 1 d(n) = xlnx + (2~ - I)X + O(G),
bres premiers ((jumeaux ») et que le nom- ” cx
bre des p,, < x ayant cette propriété est
asymptotiquement égal à Cx/(ln ,Y)?, avec : (68) c o,(n) = 12x2 + 0(x lnx),
n<r
C=4rI(l-(PI
P
(produit étendu aux nombres premiers (69) <p(n) = $x2 + 0(x Inx),
c
impairs) ; mais tout ce que l’on a pu
prouver jusqu’ici, avec V. Brun, est que la
série des inverses des nombres premiers (70) lP@)l= $ + O(W,
jumeaux est convergente. Dans l’autre c

684
NOMBRES THÉORIE DES

la derniére somme étant la « densité )) dans où C est une constante absolue et r un


l’intervalle [ 1, .Y] de l’ensemble des entiers nombre vérifiant les relations r > 1,
sans facteur carré. r > sup(l/lf”(u)])etr > sup(l/f’(u))3.
À l’aide du théoreme des nombres L’idée de la démonstration consiste à faire
premiers, on établit : varier le domaine G en remplaçant la fonc-
tion f(u) par f (u) + y, avec )y 1< r-1,3 ;
(71) 1 p(n) = 0(x exp(-c*)) = o(x), soit G, cette région variable. Si l’on pose
n<x pour simplifier 8 = r-iii, p = supf’(u),
on voit aussitôt que l’on a :
(72) c h(n) = 0(x exp(-CG)) = o(x),
n<x

(73) 2 v(n) = x In Inx + ax + o(x), on a d’autre part :


n<x
I(G) a ; e KG,) dy ;
avec : s0

B=r+~(ln(l-;)+p) on majorera donc I(G) ~ A(G) si l’on sait


P majorer :

(somme étendue aux nombres premiers). ’ (IF, 1 - A@, 1) 4,


scl
Le premier membre de (67) admet une
interprétation géométrique intéressante : et on procédera de même pour A(G) ~
c’est le nombre des points (Y, s) du réseau I(G) en donnant à y des valeurs négatives.
Z’ dans le plan qui appartiennent à la Le point essentiel est que l’on peut écrire
région du plan formée des points (u, v) l’intégrale :
vérifiant u > 1/2, v > 1/2 et uv < ‘c.
Cette interprétation suggère aussitôt que
la partie principale de ce nombre est l’aire
de la région précédente et conduit à sous forme d’une série double :
améliorer la majoration du terme complé-
mentaire. D’une façon générale, considé-
rons dans le plan la région G définie par
s < u < 11’, q < 1’ < f(u), où s - 1/2,
où :
H- 1/2 et q - 1/2 sont entiers ; f est
supposée deux fois continûment différen- PCv,m,n) = SS 0” COS 2mnu COS 21rnv du dv,
tiable, sa dérivée étant > 0 dans [s, w], et
sa dérivée seconde ne s’annulant pas dans
à l’aide du développement en série de Fou-
cet intervalle.
rier de .Y- 1/2. Or on a
Soit I(G) le nombre de points du réseau
P(J, 0, 0) = A(G,.) ; tout revient à majorer
Z’ dans G et A(G) l’aire de G. On a alors
au second membre de (75) la somme des
l’inégalité suivante, établie par Van der
termes aufr’es que le terme principal corres-
Corput :
pondant à IIZ = n = 0. On y parvient grâce
(74) 1A(G) - I(G) / < CT~‘~ SU~~‘(U), aux hypothèses faites sur J’et grâce a un

685
NOMBRES THÉORIE DES

lemme de Van der Corput, d’après lequel, où J, désigne la fonction de Bessel


pour une fonction réelle F, on obtient : d’indice 1.

(76) aDerF(‘)dt < C/V% Interprétations probabilistes


/J l
Étant donné une fonction réelle mesurable
où C est une constante absolue, si, dans fdéfinie pour 0 < t < 1, pour tout nombre
l’intervalle [a, 01, on a F”(t) > h > 0. o tel que - 00 < o < + 00, on peut définir
Appliquée convenablement à la fonction la <( probabilité )) pour que f(t) < o
f’(u) = ,Y,%, l’inégalité (74) permet (théo- comme la mesure de l’ensemble des t véri-
rème de Voronoï) de remplacer, dans (67), fiant cette condition : si on désigne ce
O(6) par 0(x” In x). Si l’on prend pour nombre par a(o), la fonction o est une
G la région limitée par une ellipse fonction croissante et continue à gauche
au? + bv2 = x, on obtient l’expression : dans la droite réelle achevée R (cf. espaces
MÉ TRIQUES, chap. 1) telle que o(- w) = 0 et
(77) I(G) = A(G) + 0(x In).
o ( + CO) = 1 et est dite (( fonction de
En outre, Jarnik a pu montrer que, dans répartition » def La « moyenne » :
l’inégalité (74), il n’est pas possible de
remplacer l’exposant 2/3 par un nombre ‘f(t)dt
s0
plus petit, ce qui tend à conjecturer que,
dans (77), l’exposant 1/3 est le meilleur de f est alors égale à :
possible. Mais on a particulièrement étudié
+“xdo(x).
le cas a = b = 1 ; si U(n) est le nombre de s-m

solutions de l’équation uz + v2 = n (cf. Les <( lois limites » du calcul des pro-
Sommes de carrés, in chap. l), I(G) est, babilités affirment que, sous certaines
dans ce cas, la somme : conditions, pour une suite un) de fonctions
mesurables, les fonctions de répartition on
U(n) = I(x)
c correspondantes convergent vers une fonc-
“Gx
tion de répartition, dont la plus connue est
et Van der Corput a pu prouver qu’il existe la fonction de Gauss :
un a > 0 tel que :
I(X) = TX + 0(X ]‘,-a) G(o) = & s0, e-X”‘Zdx.
D’autre part, Hardy a démontré que, Considérons maintenant une fonction
dans cette formule, on ne peut pas rempla- réelle h définie dans l’ensemble N des
cer 1/3 ~ a par 1/4 (on conjecture cepen- entiers > 0. Pour tout entier N et tout
dant que n’importe quel exposant > 1/4 est o E R, soit KN(w) le nombre des entiers
possible). Ces deux résultats découlent n < N tels que h(n) < o ; la fonction :
d’une analyse extrêmement subtile, à partir
de la remarquable identité de Hardy : Ma) = ; KN(@)

est la fonction de répartition de la fonction


JN(r ) définie, pour 0 < t < 1, par les
conditions :

fN@) = h(n),

686
NOMBRES THÉORIE DES

pour : Si la seconde des séries (79) converge,


mais non la première, il y a encore une
n+l
+--a O<n<N-1. fonction de répartition pour la fonction :
N
= h+Cn)
Si ces fonctions oN tendent vers une
limite o lorsque N tend vers + =, cela
signifie donc que, pour tout o, la suite des Enfin, si les deux séries divergent. il faut
entiers n telle que h(n) < 0 a une &zsit~ considérer la fonction :
a(o) ; on dit alors que h a une (< fonction
de répartition )) o. g (n ) = Ch (n ) - A(n D/B@ )>
On dit que iz est au’ditive si e” est où l’on pose :
multiplicative, soit /r(mn) = h(w) + h(n)
A(n)= h@) > B(+(c"p');
si IyI et II sont premiers entre eux. Erdos et c P
Wintner ont montré que, pour de telles P<n SC"
fonctions, on peut, en utilisant le théorème il y a alors toujours. d’après Erdos et Kac,
des nombres premiers, donner la condition une fonction de répartition pour g égale à
nécessaire et suffisante suivante pour l’exis- la fonction de Gauss G(o). Par exemple, si
tence d’une fonction de répartition. Les l’on prend pour /z(n) la fonction v(n) et si
deux séries : KN(a) est l’ensemble des entiers 17 < N
tels que :
(79) h+@)
-> Ch +(PN*
~ v(n) (lnlnn + ov%-TLG,
c P c P
P
alors K,(o)/N tend vers G(w), et on peut
doivent être t’onvergenfes ; ici p parcourt même prouver la «loi du logarithme
l’ensemble des nombres premiers, avec itéré )) :
h+(p) = h(p) si 1~I(P) 1< 1, et /I+@I) = 1
dans le cas contraire. En outre, d’après
P. Lévy, la fonction de répartition o est
continue si et seulement si la somme des
inverses I/p des nombres premiers pour
JEAN DIEUDONNÉ
lesquels ,f@) # 0 est infinie.
Des exemples, où ces conditions sont
vérifiées, sont donnés par les deux fonc- Bibliographie
tions : Voir la bibliographie à la fin de la partie C ci-après.

,n <p(n) , ln(51o.
n n B. Nombres p-adiques
pour la première de ces deux fonctions, la On peut aborder l’étude d’un problème dio-
fonction de répartition o(o) est en outre phantien (cf. équations DIOPHANTIENNES)
H singulière )) au sens de Lebesgue (autre- en commençant par chercher les solutions
ment dit, Erdos a montré qu’elle a une modulop, un nombre premier quelconque :
dérivée nulle presque partout, sans être on est alors devant un problème plus facile,
constante). carZ/pZestun corps (cf. DIVISIBILITE). Cette

687
NOMBRES THÉORIE DES

méthode ne donne qu’une information à {O), et I’homomorphisme considéré est


insuffisante pour le problème initial ; on la injectif et permet d’identifier Z à un sous-
raffine en étudiant les équations modulop”’ anneau de Z,,. La surjection canonique
pour tous les entiers 1?1 > 1. L’anneau Z + Z/p”Z se décompose en l’injection de
Z/p”‘Z n’est pas un corps, mais ses proprié- Z dans Z,, suivie de la projection de Zil dans
tés arithmétiques sont beaucoup plus sim- le facteur Z/p”Z ; on voit ainsi que cette
ples que celles de Z : c’est un anneau fini qui dernière projection est surjective ; son
a un seul idéal premier (engendré par la noyau est l’ensemble des entiers p-adiques
classe dep) ; les autres idéaux sont les puis- (x,,,) tels que X, = 0, ce qui donne -Y,,, = 0
sances de l’idéal premier. p o u r rn < n e t x,,, Ep”Z/p”‘Z p o u r
Supposons maintenant qu’on connaisse m > n ; autrement dit, ce noyau est
une solution x, E Z/p”‘Z du problème l’ensemble des entiers p-adiques multiples
modulop”’ ; pour tout k < m, on en déduit de p”. On obtient ainsi l’isomorphisme :
une solution X, mod p” au moyen de
Z,/P”Z,? z/pflz
l’application canonique évidente :
pour tout entier n > 1.
Pour n = 1, cela montre que ZP/pZP est
provenant de l’application identique de Z. un corps, donc que l’idéalpz,, engendré par
Ces considérations nous conduisent p est maximal. Si un entier p-adique
à introduire les suites (-Y,,,) telles que x = (x,,) n’appartient pas à pZ,,, chacune
x, E Z/p Z pour tout ~1 et x, = <~~~~(>i,,) de ses composantes x,,, est inversible dans le
pour k < m. L’ensemble Z,, de ces suites facteur correspondant Z/p”‘Z et (x1;;‘) est
est ainsi une partie du produit : inverse de .y dans Zp ; ainsi l’idéal maximal
pZ,, est exactement l’ensemble des éléments
n Z/P”Z, non inversibles de Z,,, et c’est donc le seul
m
idéal maximal : l’anneau Z,, est locul (cf.
et c’est même un sous-anneau pour la ANNEAUXETALGÈBRES) etsoncorpsrésiduel
structure d’anneau produit (car les (Pk>?? est Z,,/pZ, y F,, corps à p éléments. Les
sont des homomorphismes d’anneaux) ; puissances successives de l’idéal maximal
on dit que c’est la limite projective des
forment une suite décroissante @,,lZ,)
anneaux Z/p”‘Z. L’anneau Z,, ainsi défini d’idéaux dont l’intersection est visiblement
s’appelle l’ann~u des entiers p-adiques ; la
{0) ; le plus grand de ces idéaux est
méthode d’approche d’un problème dio-
p”Zp = 5. La multiplication par p” est
phantien envisagée plus haut consiste à
injective dans Z,, ; il suffit de le vérifier pour
étudier d’abord le problème dans Z,,. Dans
n = 1, et px = 0 équivaut à p-u,, = 0 dans
cet article, on donne les principales pro-
Z/p”‘Z pour tout nz, ce qui donne :
priétés arithmétiques de cet anneau.
x m Epmp1 Z/pm Z,

d’où .Y,,, , = 0. L’anneau Z,, s’applique


1. Généralités
donc bijectivement sur l’idéal p”Z,, et
l’ensemble U = Z,, -pZ,, de ses éléments
Le noyau de l’homomorphisme canonique
inversibles s’applique bijectivement sur :
Z -. Zp est formé des entiers divisibles par
toutes les puissances dep ; il est donc réduit pnz,-pn+lzp =P”u;

688
NOMBRES THÉORIE DES

on voit ainsi que l’ensemble Z,, ~ {O} est de la topologie produit ; on obtient ainsi un
réunion disjointe des p”U (n E N). Autre- anneau topologique compact, comme pro-
ment dit, tout entier p-adique non nul x duit d’ensembles compacts (cf. théorème
s’écrit d’une seule manière sous la forme de Tychonoff, in TOPOLOGIE GÉNÉRALE).
p% avec n E N et u E U entier p-adique Comme les applications canoniques <Fi,)!
inversible ; l’entier naturel n s’appelle la sont continues, Z, est une partie fermée de
valuation p-adique de x et se note IJ,,(x), Si cet anneau produit ; c’est donc encore un
x =p’% et y =p% sont des entiers anneau topologique compact pour la topo-
p-adiques non nuls, avec u E U et u E U, logie induite. Un système fondamental de
on a : voisinages de 0 pour la topologie produit
est formé par les ensembles :
xy =pm+nuv f 0,
v, = I(x,) Ix, = 0, m < n J ;
car nu est encore inversible, donc Zp est un
anneau intègre ; on voit en même temps la trace de V, sur Zll n’est autre que l’idéal
que : p”Z,, qui est encore égal à l’ensemble des
entiers p-adiques de valuation 2 n. Pour
tout entier p-adique x, on pose :
et on peut vérifier par ailleurs l’inégalité :

ce dernier nombre s’appelle valeur absolue


ces deux propriétés de la valuation p-adique de x, et l’on a :
p-adique restent vraies même si x ou y est l~YI,=I4,lYlp~ Ix +Ylp 6 SUP(/4,, IYIJ.
nul lorsque l’on pose u,(O) = + OC, élé-
ment abstrait ajouté a N avec les proprié- avec 1x 1, = 0 si et seulement si x = 0. On
voit alors que :
tés habituelles : on a n < + 00 et
n + (+ 00) = + 00 pour tout n E N. (X,Y)+-d(X,Y) = IY-xl,
Considérons un idéal non nul a de Zp ;
est une distance (ultramétrique) sur Z,, (cf.
si n est la borne inférieure des valuations
espaces MÉrnrQu~s) ; les remarques précé-
des éléments de a, on voit sans peine que
dentes montrent que cette distance définit
a est l’idéal engendré par p”. Ainsi les seuls
la topologie de Zp. Notons maintenant que
idéaux de Z,, sont (0) et les p”ZP ; en
les isomorphismes :
particulier Z,? est un anneau principal et il
n’a qu’un seul idéal premier non nul pZ,, : z,/pflz, = Z/P”Z
un tel anneau s’appelle un anneau de
montrent que Z est partout dense dans 5.
valuation discrète (cf. ANNEAUX COMMLITA-
Comme Zp est complet (puisque compact),
TIFS). La décomposition en facteurs pre-
il est isomorphe au complété de Z pour la
miers d’un entierp-adique .Y est de la forme
distance p-adique 1y ~ x b.
x = p”u avec n = u,(x) et u E U.
Soit S un système de représentant.~ de F,
Il y a une autre structure intéressante
dans Z,,, c’est-à-dire un ensemble d’entiers
sur l’anneau Z,,. On peut en effet considé-
padiques possédant exactement un élé-
rer chaque Z/p”‘Z comme un anneau
ment dans chaque classe mod pZP. Par
topologique discret et munir :
exemple, on peut prendre :

IIz/pmz s = (0, 1, . . ..p - l} ;

689
NOMBRES THÉORIE DES

mais nous verrons plus loin un autre sance de p ; la valuation p-adique se


système de représentants plus intéres- prolonge à Qp en posant :
sant. Pour tout entier p-adique X, il
x
existe un élément s0 de S et un seul congru 2’ P =L&-nEZU(+~l.
( j i)
à x mod pZP; on a >c ~ sa = px, avec
xl E Zp. De même, il existe un couple On a encore :
unique d’éléments s, E S et x2E Z,, tels
que x, = s, + px,, ce q u i d o n n e
x = s0 + ps, + p2x2 ; en raisonnant par
récurrence, on trouve pour tout n pour .Y, y E Q,. On fait de Q,, un corps
topologique localement compuct en le
une manière unique d’écrire x sous la
forme : munissant de la topologie pour laquelle Zp
est un sous-groupe additif ouvert (cf.
x=s,+s,p+...+s,p”+x.+,p , algèbre TOPOLOGIQUE) ; cette topologie
peut aussi être définie par la distance
avec s,E S et x~+, E Zp. Lorsque n tend
ultramétrique (x, y) - d(x, y) = 1y ~ x lP
vers l’infini, le reste ,Y,+~“+’ tend vers 0
correspondant à l a v a l e u r a b s o l u e
dans Zll ; on trouve donc un développe-
1 x lp =pm%‘). Remarquons que Z,, n’est
ment en série infinie :
autre que la boule unité :
X= SiP’,
c

de même, l’idéal maximalpz,, est défini par


avec des coefficients s, E S ; inversement, l’inégalité 1x L < 1 ou aussi bien v,~(x) > 0.
toute série de cette forme converge dans Zp Le corps Q,, est complet, car il est locale-
et définit un entier p-adique, comme on le ment compact, et Q est un sous-corps
voit, en appliquant le critère de Cauchy ; partout dense ; donc Qp est isomorphe au
notons d’ailleurs que, d’après l’inégalité complété de Q pour la distance p-adique.
ultramétrique :

2. Équations p-adiques ;
une série converge dans Zp dès que son
lemme de Hensel
terme généra1 tend vers 0.
Au début du siècle, K. Hensel a intro- Revenons aux considérations du début et
duit les nombres p-adiques en les définis- étudions un système d’équations :
sant par des développements en série du
type précédent. fa(x,,x2, . . ..x.) = 0,
Le corps des fractions Qp de Zp où a = 1, 2, . . . . Y et où les f, sont des
s’appelle le corps des nombres p-adiques ; il polynômes à coefficients dans Z,, ; on
contient le corps Q des nombres rationnels cherche les solutions (x,, x2, . . . . ,Y,,,) dans
comme sous-corps (autrement dit, c’est un (ZJ1. Par réduction modula p”, on en
corps de caractéristique 0). Chaque nom- déduit un système d’équations f,,,, = 0
bre p-adique peut s’écrire comme une dans Z/p”Z. Pour que le système étudié ait
fraction x/p” avec au numérateur un entier une solution dans (Zp),>l, il faut et il suffit
p-adique x et au dénominateur une puis- que pour tout IZ le système réduit mod p”

690
NOMBRES THÉORIE DES

ait une solution dans (Z/p”Z)“‘. En effet, On construit y comme limite d’une suite
une solution dans (ZJ7 n’est autre qu’une (x,) d’éléments de (ZJT vérifiant :
suite de solutions mod p” pour tous les n,
qui se correspondent par les applications (x,) c O(modp “+q), &+,,j = k,
canoniques qk,, ; si X,, C (Z/p”Z)“’ désigne x0=x, x,+,=x,(modpn+r-k);
l’ensemble des solutions mod pH, on voit
que l’image dans X, de l’image X des l’existence d’une telle suite résulte du
solutions dans (Z,),,l est : lemme suivant.

Lemme. Soit fE Z,[X] et x E Zp tels que


f(x) G 0 (mod p”). Si :

qui est non vide si chaque X, est non vide


(intersection décroissante d’ensembles
il existe .Y’ E Z,, tel que :
finis non vides ; en termes plus savants, on
observe que X est limite projective des X, f(x’) E 0 (modp*+‘),
et que la limite projective d’une suite lf’(x’)lp = If’(x)lp, x’~x(modp~-k),
d’ensembles finis non vides est non vide).
De la même manière, on prouve que o ù k = U,v“(X)).
Pour démontrer ce lemme, on cherche
l’existence d’une solution prir?7itive dans
x’ sous la forme .Y’ = x + pJrPkr et on
(Z&” équivaut a l’existence d’une solution
primitive mod p” pour tout 12 ; un élément utilise la formule de Taylor :
primitif de (Z,,>,,l, ou de (Z/pnZ)n7, est, par J-(x +p”-kZ) =f(x) +p”-kZf’(X) +pz”-=t,
définition, un élément dont l’une des WI
coordonnées est inversible. Remarquons où test un entierp-adique ; disons quef(r)
que l’existence d’une solution primitive est multiple de p” et que la valuation de
dans (ZJ’ équivaut encore à l’existence f’(x) est k, soit f’(x) = p”y et f“(x) = phu
d’une solution différente de 0 dans (Q,,)“’ ; avec yEZp et uE U, donc :
on le voit en réduisant au même dénomi- j-(x +p”-kz) =p=o> +zu +p+2kt).
nateur.
Le résultat suivant donne une condition Comme par hypothèse y1 - 2k > 1, il
suffisante pour qu’un zéro mod p” d’un suffit de choisir z tel que y + zu soit
polynômef’E Z,[X,, X2, . . . . X,,,] se relève multiple de p, c’est-à-dire z E -yu ’
en un zéro dans Z,,, Soit x E (Z,,,,l tel que (modp) ; alors f(x + pnmkz) est divisible
f(x) = 0 (mod p”) ; s’il existe un indice j par p”+’ et :
tel que : ‘(x + p”-kZ) =f’(x) + pn-kzt ’
=pk(u +p”-*kzt’)
g(x) > pv’2, a pour valuation k.
( I IP
Appliquons ce résultat dans le cas où
il existe un élément JE (ZJz tel que n = 1 ; on a alors nécessairement k = 0 et
f(y) = 0 et y = x (mod p”+“), où : on voit que, si 5 E (F,)” est un zéro du
polynôme :
k = 1p
6 FJX,, X,, . ..> X,1,

691
NOMBRES THÉORIE DES

déduit defpar réduction modulo p, et si reste à étudier la structure du groupe U ; on


une au moins des dérivées partielles pre- définit unefiltration décroissante (U,) de U
mières de f ne s’annule pas en 5 (zéro en posant pour tout n > 0 :
N simple »), alors il existe un zéro defdans
U,={xEZp/XE1(modp~)}, u,=u;
(ZJm qui relève 6. Par exemple, si f est
homogène de degré 2 (forme quadratique) ainsi U, est le noyau de l’homomorphisme
et si son discriminant est inversible dans canonique de U dans le groupe des élé-
Z,,, f- est une forme quadratique non ments inversibles de Z/p”Z. Il est clair que
dégénérée ë coefficients dans F,, : lorsque U/U, = F*,, groupe cyclique d’ordre
pf2 t o u t iE(F,)“‘-(0) tel que p - 1 ; pour n > 1, une bijection
fm (i) = ti est une racine simple et se relève x - 1 + p”x de Zp sur U, applique pZ,,
donc en un x E (Z,,)” tel que f (9) = a. sur Un+1 et définit un isomorphisme de
Lorsque p = 2, on montre de même que, groupes :
si x est un élément primitif de (Z,)“’ tel que
z/pz - z,/pz,=u,AJ,+,,
f(x) E a (mod 8) il existe JI E (Z,),p’ tel
que f(y) = u et y =x (mod 4). Pour en vertu de l’identité :
m = 1, ces résultats permettent de déter-
(1 +p”x)(l +p”y) = 1 +p”(x +y) +p2”w
miner les éléments inversibles de Z,, qui
G 1 +p”(x +y)(mcdp”+‘);
sont les carrés ; lorsque p # 2, ce sont les
éléments de U dont la classe modp est un ainsi U,/U,+, est cyclique d’ordre p pour
carré dans F,, ; nous étudierons plus loin n > 1.
les carrés de Zp par une autre méthode. De ces considérations on peut déduire
Le lemme de Hensel est un résultat qu’il existe un sous-groupe unique V de U
voisin du précédent et s’énonce ainsi : soit isomorphe à Fp* et que U est isomorphe au
f E Z,[X] un polynôme à une indéterminée produit V X U, ; le sous-groupe V est
à coefficients entiersp-adiques ; supposons l’ensemble des entiers padiques x tels que
donnée un décomposition,f = <PV de la 2-l = 1, et V U {O} est un système de
réduction de f modulo p en produit d’un représentants de Fp dans Zp qui est stable
polynôme unitaire <p de degré d et d’un par multiplication, c’est un système de
polynôme w étranger à cp ; il existe un représentants multiplicatifs (cf. chap. 1).
couple unique (g, h) de polynômes g, h Pour obtenir ces résultats, on considère U
appartenant à Z,[X] tels que f= gh, et Ut comme limites projectives des suites
g = <p, % = ut et que g soit unitaire de de groupes (UjU,) et (U,/U,) respective-
degré d. ment, et on est ramené à prouver l’exis-
tence d’un unique sous-groupe V, de U/U,,
isomorphe à F, et tel que :
3. Structure
uAJ,=v, xu,/u,;
du groupe multiplicatif Q p*
comme U,/U, est d’ordre p”-’ et que :
On sait que tout élément non nul de Qp
s’écrit d’une seule manière sous la formep’k
avec n E Z et u E U, groupe des éléments est d’ordre p - 1 premier à pn-‘, on
inversibles de Z,, ; cela donne immédiate- peut démontrer que UjU, est produit de
ment un isomorphisme Qp* = Z X U. Il U,/U, par le sous-groupe des racines

692
NOMBRES THÉORIE DES

(p - I)-ièmes de 1 en utilisant l’identité de sipf2età:


Bezout (cf. A N N E A U X C O M M U T A T I F S ). Che-
z x (Z/2Z) x z,,
min faisant, nous avons démontré que le
corps des nombres p-adiques Q,, contient sip = 2.
les racines (p ~ 1)-ièmes de 1. Nous sommes maintenant en mesure de
Il faut enfin élucider la structure du déterminer quels sont les carrés dans Q,,.
groupe U,. Nous allons voir que U, est Pour p # 2, on a :
isomorphe au groupe additif Z,, si p est
Q*‘=2Z
P X F*’
P XZP
différent de 2, et a {-+ 11 X Z2 si p = 2.
Pour p # 2, on choisit un élément a de U, car, 2 étant inversible dans Z,, on a
qui n’appartient pas à U, et on considère 2ZP = Z, ; on retrouve le fait qu’un élé-
l’homomorphisme x ++ a” de Z dans U, ; ment inversible de Zp est un carré si et
o n a a=l+pu a v e c uEU, d o n c seulement si son image dans F,] est un
a’ = 1 + xpu +p2t (t entier p-adique) carré. Le groupe quotient Q,,/Q,)*? est
par le développement du binôme, et, pour isomorphe à :
x premier à p, cela montre que aï est
encore un élément de Ut qui n’est pas dans (Z/2Z) x oi,/F;y c.z (Z/2Z) x (Z/2Z) ;

U? ; au contraire, pour x = p”, on trouve


c’est un groupe à 4 éléments qui admet
que a” est un élément de Uh+, qui n’est pas
pour système de représentants dans Q,,*
dans U,,+,, en remarquant que pour tout
l’ensemble { 1, p, 11, up} où u est un entier
n la puissance p-ième d’un élément de
qui n’est pas résidu quadratique modp.
U,, - U,+, appartient à U,,+, ~ Un+*. Ces
Lorsque p = 2, on a :
résultats permettent de voir que l’image
réciproque de Un+, dans Z est exactement
p”Z ; par conséquent, x - cY définit un
homomorphisme injectif de Z/p”Z dans et alors :
u,KJ,,+,> et cet homomorphisme est même u3 = (u E z, 1u = 1 (mod8))
un isomorphisme, car les deux groupes ont
le même nombre d’éléments. En passant a est l’ensemble des carrés inversibles de Z2 ;
la limite projective pour n + a3, on obtient QZ/Qf2cZ/2Z-Z/2z X 21-22
l’isomorphisme cherché Z,,- U, ; on
notera encore a-Y l’image d’un entier p-adi- est un groupe d’ordre 8 qui admet pour
que x par cet isomorphisme. Dans le cas où système de représentants { 1, 2, 3, 5, 6, 7,
p = 2, on observe d’abord que : 10, 14} dans QI. Notons que Q,*’ contient
UIsip#2etU,sip=2;donc,c’estun
u=u,=I+lI x u ,
sous-groupe ouvert de Qp* ; le groupe
et on définit un isomorphisme de Z, sur U, quotient Qp*/Qp*? peut être considéré
à partir de l’homomorphisme x - a-’ de Z
comme un espace vectoriel sur le corps à
dans U, construit à l’aide d’un élément a 2 éléments Fz, de dimension 2 ou 3 suivant
de U, qui n’appartient pas à U, (ainsi a est
que p # 2 ou p = 2. Sur cet espace
congru à 5 mod 8). En résumé, on a trouvé
vectoriel, il y a une forme bilinéaire cano-
que le groupe multiplicatif Q,,’ est isomor-
nique, qui est symetrique et non degcnk-
phe à :
rée ; elle est définie par le s~wzhok~ rk
2 x (Z/@ - 1)Z) x z,, Hilbert (a, h), u, b E Q,*> qui vaut 1 ou ~ 1

693
NOMBRES THÉORIE DES

suivant qu’il existe ou non un élément non et le nombre d’entiers k < n tels que
nul de (Q&’ qui annule la forme quadra- u,(k) > r est égal à la partie entière [n/p’]
tique z’ ~ 0X’ hY’ (cf. DIVISIBILITÉ ; la du nombre rationnel n/p: ce qui donne :
partie C ci-après -Nombres algébriques ; n-s
formes QUADFUTIQUES). À l’aide du sym- vp(n !) =; +p”i + ,,, = n,
P-l
bole de Hilbert, on définit un invariant c(f)
associé à toute forme quadratique ,f’ à en désignant par s, la somme des coefh-
coefhcients dans Q,, ; si : cients du développement p-adique de n (si
n=Cug’ a v e c 0 <a,<~~1, o n a
f(x,,xz, . ..>X.) = a,x: + a,x: + + a,&$, s,~ = Gai) : on en déduit facilement que
dans une base orthogonale, on a : up( 1 /fz !)/n converge vers ~ 1 /(p ~ 1) pour
n infini, c’est-à-dire que 1I/n ! llln converge
af) = n @,,a,) vers p’i@ ‘1, On peut donc définir une
i <j
fonction exponentielle x - exp .Y pour
et on peut montrer que E(J) ne dépend pas IX <P- ri+‘) ; il est clair que l’on a :
de la base orthogonale choisie. Pour que
exp(x + y) = expx . expy
deux formes quadratiques à coefficients
dans Q, soient isomorphes, il faut et il et que la fonction exponentielle ne s’annule
suffit qu’elles aient même rang, même pas dans son disque de convergence : elle
invariant E et que leurs discriminants aient définit un homomorphisme de ce disque,
la même classe dans Q,>*/Q,>*? ; on trouve qui est un sous-groupe du groupe additif de
ainsi 4 (resp. 8) classes de formes de rang 1 Q, (à savoir pZP si p # 2 et 4Z2 si p = 2),
et 7 (resp. 15) classes de formes de rang 2 dans le groupe multiplicatif de Q,>*. C’est
et enfin 8 (resp. 16) classes dc formes de en fait un isomorphisme sur un sous-
rang II > 3 si p # 2 (resp. p = 2). groupe de QI>*, comme on peut le montrer
à l’aide de la fonction logarithme définie
4. Analyse p-adique par la série :

On peut développer une théorie des fonc- log(1 + Y ) = Y -y +

tions analytiques de variables p-adiques en


+ ( - l)“P’ ; +
définissant de telles fonctions par des déve-
loppements en séries entières convergentes qui converge pour u,~(L) > 0 et définit
( c f . F O N C T I O N S A N A L Y T I Q U E S - Fonctions donc un logarithme dans U, ; on peut
analytiques d’une variable complexe). vérifier que :
Par exemple. la série e.~por2rrztirli~ :
log(expx) =x, exp (log (1 + x)) = 1 + x
expx = 1 + x + + $ +
pour u,(9) > l/(r,- 1) et, par suite, exp
convcrgc dans lc « disque ouvert 1) de Q, définit un isomorphisme de pZ,, sur U, si
défini par l’inégalité : p # 2 et de 4 Z2 sur Uz si p = 2 : on
retrouve les isomorphismes du chapitre 3.
1
Z>(X) > -; Comme le corps Q,, est totalement
P-l
discontinu, on ne peut cspcrcr une théorie
en effet :
globale raisonnable pour les fonctions
qn 1) = q(l) + lp(2) + + tb(n), analytiques au sens habituel, c’est-à-dire

694
NOMBRES THÉORIE DES

définies localement par des développe- En s’inspirant de la théorie de Jacobi,


ments en série. II y a cependant une théorie J. Tate a élaboré une théorie analytique des
globale pour les fonctions (( strictement fonctions elliptiques sur un corpsp-adique.
holomorphes N ; donnons, par exemple, la SoitqEQ,telqueO < 141 < l,onconsi-
définition des fonctions strictement holo- dère le corps des fonctions strictement
morphes dans la H couronne 1) : méromorphes dans Qp - {O} (couronne de
rayons 0 et ~0) qui sont invariantes par la
multiplication par q, c’est-à-dire f(qx)
Ce sont les fonctions définies par des = f(x) ; on peut montrer que c’est un corps
développements de Laurent : de fonctions algébriques d’une variable et
que son genre est 1, c’est-à-dire qu’il s’iden-
tifie au corps des fonctions rationnelles sur
une courbe elliptique. Cette théorie donne
l’uniformisation de certaines courbes ellip-
qui vérifient la condition de convergence
tiques sur Q,,; plus récemment, M. Ray-
suivante : pour tout p E [Y, R], ( CI,, / p” tend
naud et D. Mumford ont étudié d’une
vers 0 lorsque n tend vers & 00 ; l’espace
manière analogue les variétés abéliennes et
L(r, R) de ces développements de Laurent
les courbes algébriques de genre > 2.
est un espace de Banach sur le corps Qp
J. Tate a également donné une défini-
pour la norme (ultramétrique) :
tion des espaces analytiques p-adiques qui
llfll=sup(sup/~.Ir”,supla,/R”), permet d’étudier les fonctions analytiques
n n de plusieurs variables. Les principaux théo-
et on peut y définir une multiplication qui rèmes de la théorie des faisceaux cohérents
en fait une algèbre de Banach. On démon- ont été établis pour ces espaces (J. Tate et
tre que L(r, R) est un anneau principal et R. Kiehl). Le renouveau d’intérêt pour
que ses éléments irréductibles sont les poly- l’analyse p-adique vient surtout de la
nômes unitaires irréductibles dont les raci- démonstration par Dwork de la rationalité
nes (dans une clôture algébrique de Q,,) ont de la fonction zêta d’une variété algébrique
des valeurs absolues dans l’intervalle [Y, R], sur un corps fini (cf. fonction zÊr.4) ; la
ainsi que les produits de ces polynômes par méthode utilisée consiste à démontrer la
rationalité d’une série formelle à coeffi-
des éléments inversibles ; ces derniers sont
cients entiers en étudiant ses propriétés
les développements de la forme :
comme fonction analytique p-adique (pour
différents nombres premiers p) ; les pro-
priétés en question s’obtiennent, dans le
cas de la fonction zêta, en appliquant la
avec 1a,, / r”’ < 1 et 1(I,, 1R” < 1 pour tout n. théorie de Fredholm p-adique (J.-P. Serre ;
M. Lazard a généralisé ces résultats au cas Cf. théorie SPECTRALE).
d’une couronne <( ouverte )) (définie par II existe aussi une théorie des groupes
des inégalités strictes) et a obtenu des de Liep-adiques tout à fait analogue à celle
théorèmes analogues à ceux de Weierstrass des groupes de Lie réels ou complexes (cf.
(développement en produit infini d’une GROUPES - Groupes dc Lie). Le résultat du
fonction strictement méromorphe) et de chapitre 3 sur la structure de Q,,* s e
Mittag-Leffler. généralise ainsi : tout groupe de Lie

695
NOMBRES THÉORIE DES

c o m m u t a t i f d e d i m e n s i o n n s u r Q, maximal est l’ensemble des éléments de


contient un sous-groupe ouvert isomorphe valuation > 0. La valuation définit une
à (ZJ ; si le groupe considéré est compact, valeur absolue ultramétrique :
c’est une extension d’un groupe fini par
(ZJ, La théorie des représentations linéai-
res pour les groupes de Lie p-adiques a été où u est un nombre réel fixé appartenant
développée par F. Bruhat ; dans le cas à l’intervalle 10, 11 ; on a :
commutatif, on dispose de la transforma-
tion de Fourier comme dans le cas classi-
que et le groupe dual du groupe additif Q,, et 1s / ne s’annule que pour .Y = 0. Dans le
est isomorphe à Q,,. Signalons enfin l’exis- cas où K est complet pour la topologie
tence d’une théorie des fonctions sphéri- définie par cette valeur absolue, il possède
ques p-adiques et les travaux de F. Bruhat des propriétés très semblables à celles de
et J. Tits sur la structure des groupes
Q,] ; pour qu’il soit localement compact, il
algébriques p-adiques.
faut et il sufit qu’il soit complet et que le
corps résiduel k = A/rA soit fini (cf. la
partie C ci-après - Nombres algébriques).
5. Extensions
Si A est un anneau de valuation discrète
complet et si L est une extension finie de
On connaît beaucoup d’autres anneaux de
son corps des fractions K, on démontre
valuation discrète que les anneaux Z,, ;
que la fermeture intégrale B de A dans L
nous pouvons citer l’anneau k[[T]] des
est encore un anneau de valuation discrète
séries formelles à une indéterminée à
complet et que c’est un A-module libre de
coefficients dans un corps k, ou l’anneau
rang [L :K] ; désignons par r un généra-
local d’un point régulier sur une courbe
teur de l’idéal maximal de A (une «uni-
algébrique (ou sur une courbe analytique
Complexe ; Cf. GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE). Si
formisante H) et par IV la valuation définie
A est un anneau de valuation discrète de par B ; l’entier e = w(r) s’appelle l’indice
de ramification de L sur K. La valeur
corps des fractions K et si rrA est l’unique
idéal premier non nul de A, les idéaux de absolue de K se prolonge d’une manière
A sont 0 et les VA (n E N) ; tout élément unique à L. Considérons un anneau de
.Y # 0 de K s’écrit d’une seule manière valuation discrète complet A ; supposons
sous la forme s = 7Pu où n E Z et où u est que son corps des fractions K soit de
un élément inversible de A ; la vuluation de caractéristique 0 et son corps résiduel k de
.Y est l’entier u(s) = II et l’application caractéristique p > 0. Alors. l’injection
u : K * + Z est un homomorphisme sur- canonique de Z dans A (resp. de Q dans
jectif de groupes vérifiant l’inégalité K) se prolonge par continuité en :
tl(s + J,) > inf (U(X), u(y)). Inversement, Z, - A (resp. Q, - K) ;
la donnée d’une valuation discrète
u : K* -. Z détermine un sous-anneau : l’entier e = II@). où u est la valuation
définie par A, s’appelle l’indice de ramifi-
A={xEKIv(x)>O},
cation absolue de A. On démontre
où l’on a posé u(0) = + as, qui est un (1. S. Cohen) que, pour tout corpspu-firit k
anneau de valuation discrète et dont l’idéal de caractéristique /I, il existe un anneau de

696
NOMBRES THÉORIE DES

valuation discrète complet A absolument Plus généralement, Théétète (v’ s. avant


non ramifié (c’est-a-dire d’indice de rami- J.-C.) a établi qu’un entier qui n’est pas le
fication absolue égal à 1, ce qui signifie que carré d’un entier n’est pas non plus le carré
l’idéal maximal de A est p A) dont le corps d’un nombre rationnel. Le dixième livre
résiduel est k; cet anneau est unique à des Éléments d’Euclide est consacré à
isomorphisme (unique) près, et sa cons- l’étude et à la classification des grandeurs
truction se fait au moyen des vecteurs de irrationnelles rencontrées dans les cons-
Witt; ainsi Zp est l’anneau de valuation tructions géométriques.
discrète complet absolument non ramifié Les recherches sur les équations algé-
de corps résiduel Fp. briques ont toujours été inséparables de
Si A est un anneau de valuation discrète problèmes touchant la nature des solutions
complet de caractéristique un nombre de ces équations. Durant le XVIII~ siècle, il
premier p, alors son corps résiduel k est fut établi que les n racines d’une équation
aussi de caractéristique p, et on démontre algébrique de degré n à coefficients réels
qu’il admet dans A un système de repré- étaient des nombres complexes (cf. nom-
sentants qui est un sous-corps (les repré- bres COMPLEXES). On appelle maintenant
sentants multiplicatifs sont également nombre algébrique tout nombre complexe
additifs ; cf. chap. 3) ; on en déduit, en qui est racine d’une équation algébrique à
utilisant des développements de type hen- coefficients rationne& : ainsi fl, racine de
sélien par rapport aux puissances d’une l’équation x2 - 2 = 0, ou bien i, racine de
uniformisante, que A est isomorphe à l’équation x2 + 1 = 0, ou encore e2inln,
l’anneau des séries formelles k[[T]]. Il en racine de x” - 1 = 0, sont des nombres
est de même si k est de caractéristique 0. algébriques ; au contraire e, 7c, log 2 ou i’
L’analyse p-adique se généralise en ne sont pas des nombres algébriques (cf.
remplaçant Q,, par un corps valué complet nombres TRANSCENDANTS).
ultramétrique quelconque. Les résultats et
les méthodes sont les mêmes (sauf ceux qui
font intervenir les propriétés arithmétiques 1. Équations diophantiennes
particulières à Q,,).
Les problèmes de théorie des nombres
CHRISTIAN HOUZEL conduisant à résoudre des équations de
degré 2 2 ont progressivement montré la
Bibliographie nécessité d’étudier les propriétés arithmé-
Voir la bibliographie à la fin de la partie C ci-après. tiques des nombres algébriques et de bâtir
ainsi une extension de l’arithmétique élé-
mentaire. Le premier de ces problèmes est
C. Nombres algébriques probablement celui qu’Euler a impropre-
ment attribué à Pell : il s’agit de résoudre
Les mathématiciens grecs avaient décou-
en nombre entiers x et J’ l’équation
vert que certains rapports de grandeurs ne
x2 - Dy2 = f 1, où D est un entier positif
sont pas rationnels, c’est-à-dire qu’ils ne
donné, sans facteur carré. Euler remarqua
sont pas égaux au rapport de deux entiers :
très tôt que cette équation peut encore
il en est ainsi du rapport de la diagonale
s’écrire :
d’un carré à son côté, puisque aucun
nombre rationnel n’a un carré égal à 2. (x +Ym)(x-ym) = * 1

697
NOMBRES THÉORIE DES

et que, par suite, si (x, y) en est une solu- A = 1, g, g’, . . . . g+’ (sans compter
tion, on en tire une infinité d’autres (u, v) cf, 0) =f), qui sont les racines d’une
en calculant (-x + JMT)” = u + vVD équation de degré e à coefficients entiers ;
pour tout n E N. L’équation x3 + y3 = z3 ensuite, lesfracines rnh” qui constituent la
a fourni à Euler une autre occasion période v, A) sont les racines d’une équa-
d’exploitation arithmétique de nombres tion de degréfdont les coefficients sont des
irrationnels (imaginaires cette fois) ; pour combinaisons linéaires à coefficients
établir que cette équation n’a pas de entiers de 1 et des e périodes de longueur
solution non triviale en nombres entiers f: Gauss établit que le produit de deux
(c’est un cas particulier du <( dernier théo- périodes de longueur f est une combinai-
rème de Fermat »), Euler (1770) se fonde son linéaire du type précédent : ces com-
sur le fait, admis sans démonstration, que, binaisons forment donc un sous-anneau du
si p et q sont des entiers premiers entre eux corps C des nombres complexes (cf.
tels que (P + qv=mp - q”--3) ANNEAUX ET ALGÈ BRES); de plus, si p est
= p2 + 3q2 soit un cube, alors chacun des une période de longueur f, les autres
deux facteurs imaginairesp k qVT7 est le s’expriment par des polynômes en p (de
cube d’un nombre complexe de la même degré au plus e ~ 1) à coefficients ration-
forme. nels. Lorsque e = 2, les deux périodes de
longueur m = (n - 1)/2 sont (m, 1) et (m,
Périodes g), et elles sont construites avec h = g2 ; la
Un autre type de nombres algébriques première est la somme des r o avec a résidu
apparaît dans la dernière section des Dis- quadratique modulo n et la seconde la
quisitiones arithmrticue de Gauss (180 l), somme des r ” avec b non résidu (cf.
ou se trouve élaborée la théorie de l’équa- DIVISIBILITÉ). Gauss montre que l’équation
tion de la division du cercle en n parties dont les racines sont ces deux périodes est
égales, avec n premier impair. Si r est l’une x2 + x f v = 0 si n = 4 v f 1 ; le discri-
des racines imaginaires de cette équation, minant de cette équation est f n, dont la
les autres sont ?, rs, . . . . r+‘, et Gauss racine carrée est donc la valeur de la
introduit certaines sommes partielles de différence des deux périodes :
ces racines, qu’il appelle périodes, et qui
sont solutions d’équations de degrés infé- h l)-cm, g) = hrcndn pjr1,
rieurs : siJ’est un facteur de n - 1 et si A
est un entier quelconque, la période (x A) où 5n est le symbole de Le Gendre. Les
de longueurfest, par définition, la somme : 0
expressions du type :
(h A) = ï-h + ru + ru* + + ru’-‘,

où h est un entier premier à n tel que A~S 1


(mod n) mais que h” +l (mod n) si
1 < CI < f- 1 ; la période ne dépend pas (puisque z rJ = 0) et leurs généralisa-
du choix de h vérifiant ces propriétés, et on hmod IZ
obtient un tel h en posant h = g’, où g est tions hmod n sont appelées sommes de
une racine primitive modulo n (cf. DIVISI- Gauss; elles jouent un grand rôle en
BILITÉ) et e = (n - l)/fi Il y a e périodes théorie des nombres, et Gauss lui-même en
distinctes de longueur J correspondant a tira deux démonstrations de la loi de

698
NOMBRES THÉORIE DES

réciprocité quadratique (la quatrième, Lien avec les fonctions elliptiques


1808, et la sixième, 1818). Si l’on précise
La théorie des fonctions elliptiques
la racine r choisie, par exemple r = cJrrrln,
( c f . F O N C T I O N S A N A L Y T I Q U E S - Fonctions
il convient de préciser aussi celle des deux
elliptiques et modulaire) est une autre
racines carrées de + n qui donne la valeur
voie par laquelle les nombres algébriques
de la somme de Gauss, et ce problème
sont intervenus en mathématiques : si p est
arrêta Gauss pendant longtemps. En
une fonction elliptique de Weierstrass, on
notant z = 0 et z’ = 0 les deux équations
de degré WI dont les racines sont respecti- sait en généra1 exprimer p(nu) par une
fonction rationnelle de p(u) et de p’(u)
vement les P (a résidu quadratique modulo
n) et les ti (b non résidu), on a : lorsque n est entier ; mais, pour certains
modules, dits « singuliers », on a encore
X”-1 une telle expression pour n = CI f &55,
zz
x-l ’
avec a et h entiers convenables (h > 0).
et Gauss en déduit que : Lorsque cela se produit, on dit que la
fonction elliptique admet de la multi-
X”-1
4-=Y2+nZZ, plication complexe ; Gauss a rencontré
X - l
cette situation dès la fin du XVIII~ siècle, à
où Y = 2 Xn’ + Y- + .__ et Z = ,?‘IP’ propos de la fonction elliptique x = sl u
+ . sont des polynômes en x à coeffi- (« sinus lemniscatique ») qui inverse l’inté-
cients entiers ; si p est un nombre premier grale :
+l (mod n), et si ,x” = 1 (modp) (mais
2 +l (modp) si 1 < s < n - l), on a
donc Y* F k nZ2 (modp) et (kn/~) = 1,
“E
s x
dt
ovÏ=F

ce qui donne un cas particulier de la loi de


(son module J vaut 1) ; comme sl (iu) est
réciprocité (cf. DIvrsrBnk).
égal à i SI U, la fonction sl admet de la
Lorsque e = 3, les périodes p, p’ et p”
multiplication complexe par tous les
de longueur m = (n - 1)/3 sont (m, l), (m,
entiers de Guuss m + ni, où m, n E Z.
g) et (n7, g’), et ce sont les racines d’une
Abel (1828) a utilisé cette multiplication
équation du troisième degré x3 + .xz - mx
complexe pour établir que l’équation algé-
- (a’-bc) = 0, où a, b et c sont des
brique dont les racines sont les nombres
entiers tels que pp’ = hp + cp’ + UP” ;
sl(o/p), où p est un nombre premier de la
ces entiers a, 15, c sont aussi les nombres de
forme 4 k + 1 et o est l’une quelconque
s o l u t i o n s (x, y ) m o d u l o n p o u r l e s
des périodes de la fonction sl, est résoluble
congruences x3 + 1 = Ay’ (mod n), avec
par radicaux ; dans ce cas, p = m2 + n*
A = 1, g ou gz, et Gauss montre que
est le produit de deux entiers de Gauss
4n = (6~ ~ 3 b - 3 c - 2)2 + 27 (h - c)~.
m f in (cf. la partie A ci-dessus - Théorie
Ainsi, le quadruple d’un nombre premier
analytique des nombres), et Abel montre
n de la forme 3 n? + 1 est représenté par
que la méthode de Gauss pour la division
la forme quadratique xl + 27 4.’ (cf. for-
du cercle s’applique à l’équation dont les
mes QUADRATIQUES) ; comme il est facile de
racines sont :
voir qu’une telle représentation est unique,
elle donne, inversement, un moyen de
déterminer les entiers ~2. h et c.

699
NOMBRES THÉORIE DES

Réciprocité biquadratique se trouve seul dans sa catégorie ; les


Les mêmes entiers de Gauss donnent le nombres premiers = 3 (mod 4), qui res-
cadre où l’on peut étudier la loi de tent premiers dans les entiers de Gauss ;
réciprocité hiqurrdrutique, qui relie la réso- enfin, les nombres premiers p = 1 (mod
lubilité des deux congruences Y =p 4) qui s’écrivent comme somme de deux
(mod q) et x4 = q (modp), où p et q sont carrés p = m2 + ,* = (WI + in)(m - in)
des nombres premiers. Dans un article de et se décomposent donc, dans les entiers de
1832, Gauss développe l’arithmétique de Gauss, en produit de deux facteurs m f in,
ces entiers généralisés, qui repose sur un tous les deux premiers. Gauss introduit un
algorithme de division analogue a celui symbole :
d’Euclide pour les entiers ordinaires : si a
0
et b sont des entiers de Gauss, avec b # 0, (1
P 4
il existe des entiers de Gauss q (« quo-
pour la réciprocité biquadratique analogue
tient ») et I’ (« reste ») tels que a = hq + Y
à celui de Le Gendre pour la réciprocité
et que, de plus, N(r) < N(b), où N désigne
quadratique : p étant un nombre entier de
la norww, définie par :
Gauss et q un entier de Gauss non divisible
N(m+in)=(m+in)(m-in)=m2+n2 par P,

(cf. DrvrsnnLrTÉ). Lorsque le reste r est nul, 9


0
on dit que b divise a ; les unités, entiers de P 4

Gauss qui divisent 1, sont les quatre est l’unité ih G q(N@lp’)/4 (mod p) (0 < k
nombres f 1 et k i (racines quatrièmes de < 3), et il vaut 1 exactement dans le cas où
l), et deux entiers de Gauss sont dits la congruence ,?e q (mod p) a une
associés si l’un est le produit de l’autre par solution. La loi de réciprocité énoncée par
une unité. Exactement comme pour les Gauss (et démontrée par Jacobi et Eisens-
entiers ordinaires, on établit l’existence du tein) s’énonce alors : si p et q sont des
plus grand commun diviseur (P.G.C.D.) nombres premiers de Gauss non associés
de deux entiers de Gauss, avec une identité a l-i,ona:
de Bezout ; on appelle nombre premier de
Gauss un entier de Gauss qui n’est pas une
unité et qui n’est divisible que par ses
associés et par les unités, et on voit qu’un La démonstration de Jacobi (1836) utilise
tel nombre ne peut diviser un produit de des ((sommes de Jacobi », intimement
facteurs sans diviser l’un d’eux. II en liées à certaines sommes de Gauss ; Eisens-
résulte que tout entier de Gauss se décom- tein (1845) a donné d’autres démonstra-
pose d’une manière essentiellement unique tions fondées sur la multiplication com-
en produit de facteurs premiers de Gauss plexe de la fonction elliptique sl (dont l’une
(« essentiellement » veut dire ici <( à l’ordre est inspirée par une démonstration qu’il
près des facteurs et à une multiplication avait trouvée pour la loi de réciprocité
près par une unité 1)). Les nombres pre- quadratique, et qui utilisait la formule qui
miers ordinaires se classent en trois caté- donne sin I~X en fonction de sin x). Jacobi
gories : 2 = i( 1 - i)?, qui est associé au et Eisenstein ont étudié de même la loi de
carré du nombre premier de Gauss 1 ~ i et réciprocité cubique, qui donne des rensei-

700
NOMBRES THÉORIE DES

gnements sur la résolubilité d’une En 1847, Lamé crut avoir une démons-
congruence x3 = m (mod p) 0, nombre tration du dernier théorème de Fermat
premier ordinaire, m E Z) ; il faut rempla- pour tout exposant n 2 3 : il décomposait
cer i par la racine cubique imaginaire : x” + y” en n facteurs x + Yy, avec
0 < a < n - 1 et r racine n-ième de 1, et
-1+v=3
j= admettait que, dans le cas où x et y sont
2
premiers entre eux, chacun de ces facteurs
de 1, et se placer dans le cadre des nombres devait être une puissance n-ième s’il en est
de la forme m + nj avec m, n E Z. Ces ainsi de leur produit x” + y” = ?.
nouveaux nombres ont encore des proprié- Comme Liouville le reconnut aussitôt, la
tés arithmétiques analogues à celles des décomposition unique en facteurs pre-
entiers ordinaires, car ils admettent un algo- miers pour les nombres de la forme
rithme de division euclidienne relatif à la a, + a,r + + a,-, F’(a, E Z), que
n o r m e N(m + nj) = ( m + nj)(m + nj*) Lamé admettait implicitement, n’était pas
=m2~mn+n2;ilyasixunitésf.1,?Ij forcément justifiée. Il se trouve que Kum-
et f j2 qui sont les valeurs possibles du mer, qui étudiait ces nombres depuis 1843,
symbole permettant d’exprimer la loi de avait publié dès 1844 un article dans lequel
réciprocité cubique. il montrait que la décomposition unique en
facteurs premiers n’a pas lieu pour n = 23.
« Dernier théorème de Fermat » L’intérêt de Kummer pour les (( entiers
Avant les travaux de Kummer (cf. infra), cyclotomiques )) du type ci-dessus prove-
deux nouveaux cas du (( dernier théorème nait sans doute autant de son désir de
de Fermat », appelé aussi « grand théo- généraliser les lois de réciprocité connues
rème de Fermat >), ont été établis par que d’efforts pour démontrer le dernier
Dirichlet, Legendre et Lamé ; il s’agit de théorème de Fermat. Cependant, sa théo-
l’impossibilité de résoudre en nombres rie lui fournit une démonstration dudit
entiers non triviaux l’équation théorème pour toute une classe d’expo-
x” + y” = z” pour n = 5 (Dirichlet, Le sants n premiers, qu’il appela réguliers ; le
Gendre, 1825) et pour n = 7 (Dirichlet, plus petit nombre premier irrégulier est 37
Lamé, 1839). Sophie Germain avait mon- (malheureusement, on ne sait pas s’il existe
tré que, dans ces deux cas, l’exposant n une infinité de nombres premiers régu-
divise nécessairement l’un des nombres X, liers). Rappelons que le grand théorème de
youz; pour le cas n = 5, Dirichlet utilise Fermat a enfin été démontré en 1993.
les nombres algébriques de la forme
m + n fl, avec m, n E Z, et il établit que,
si m et n sont premiers entre eux dont l’un 2. Les « nombres idéaux »
est pair, si n est multiple de 5 et si de Kummer
m2 - 5 n* = (m + 12 Us) (m -n u5) est
Entiers cyclotomiques
une puissance cinquième, alors m + n V5
est la puissance cinquième d’un nombre Considérons, avec Kummer, un nombre
algébrique de la même forme. Pour le cas premier impair A et une racine h-ième
II = 7, on utilise une propriété analogue imaginaire cx de 1 ; ainsi :
des nombres algébriques de la forme ah-1
m + n m avec m, n E Z. ~ = ah-l + ah-Z + + a + 1 = 0.
a - l

701
NOMBRES THÉORIE DES

L’équation de degré h ~ 1 précédente est ( a v e c 1 <j 6 A - l ) , c a r N ( l -cc/)


irréductible sur le corps Q des nombres = (1 - a’)( 1 ~ a*/) .._ (1 ~ a’” tu) est la
rationnels, donc les nombres 1, a, a?, . . . . valeur, pour s = 1, du polynôme (X - cx’ )
a’ 7 sont linéairement indépendants sur (x- a(” ‘11) = 1 + x + X2 + ,.. + Xc”
Q ; les entiers cyclotomiques correspon- I, ce qui donne N( 1 - cx’) = h indépen-
dant à A sont les nombres de la forme : damment dej. Des calculs précédents, on
titre aussi :

l-a* l-a3 1 --ah-l


où uO. a,. . . . . u,,-? E Z, c’est-à-dire les élé- A = (1 - ap1 I-a I-cc ... ~ ;
l - a
ments du sous-anneau Z[a] de C engendré
ainsi h se décompose, dans l’anneau des
par a. Il résulte des remarques précédentes
entiers cyclotomiques, en le produit de
que l’écriture d’un entier cyclotomique
(1 - a)*-’ par une unité.
sous la formef(o), polynôme en a de degré
On dit qu’un entier cyclotomique h(a)
< h ~ 2 à coefficients entiers, est unique (il
est premirr s’il n’est pas une unité et s’il ne
n’en serait pas de même avec des polynô-
peut diviser un produit f(a)g(a) sans
mes de degré < h ~ 1 qu’il est parfois utile
diviser l’un des facteurs f(a) ou g(a) ; si
d’introduire). L’anneau Z[a] des entiers
h(a) est premier, il en est de même de ses
cyclotomiques ne dépend pas du choix de a
conjugués h(aJ) et des produits de ces
parmi les racines A-ièmes imaginaires de 1,
conjugués par des unités. Par exemple,
puisque toutes ces racines sont les puissan-
1 ~ a est premier : en effet, si 1 ~ a divise
ces de l’une d’elles ; à l’entier cyclotomique
un entier rationnel nz, A = N( 1 ~ a) divise
f(a), on associe ses coniugués,f(a2),,fo.
Nm = mal’. c’est-à-dire que A divise m
.... ,f(a’ ‘) et sa nornir
(puisque A est premier) et, inversement, les
YIf’ =f(a)f(a’) . ..f’(a* i), qui est un multiples de h sont divisibles par 1 ~ a ; si
entier ordinaire car elle ne change pas l - a d i v i s e ,f(a)g(a), c ’ e s t - à d i r e
lorsqu’on remplace o par une de ses puis- comme
f(alg(a) = 0 (mod (1 - CO),
sances. Comme 0’ et cxi 1 sont complexes a= 1 (mod(l-a)), on af(l)g(l)=O
conjugués, f(<xi)f’(oA 1) est réel positif, et
(mod (1 ~ a)), donc f(1) ou g(1) est divi-
N.~‘(U) est donc un entier positif ; on vérifie sible par h et, par suite, f(a) E 0 ou
facilement que la norme est multiplicative : g(a) E 0 (mod (1 ~ a)). Soit /z(a) un
NCf(a)g(a)) = IVf(a). Ng(a). O n d i t entier cyclotomique de norme A ; le nom-
qu’un entier cyclotomiqueJ‘(a) en divise un bre premier cyclotomique 1 ~ a divise
autre /z(a) s’il existe un entier cyclotomique N(!I(a)), donc divise l’un de ses facteurs
g(a) tel que h(a) =f(a)g(a) ; on dit que Iz(a’) (1 < ,j < A ~ 1). et, comme
h,(o) et hz(a) sont congrus modulof(a), et N(h(a’)) = N(h(a)) = h = N( 1 - a), le
on écrit h,(a) E /~,(a) (modf(a)), si quotient est une unité : h(a) est donc
h,(a) -/z?(o) est divisible parf(a). Kum- encore premier et c’est le produit d’un des
mer appelle unit& les entiers cyclotomiques conjugués de 1 - a par une unité.
dont la norme est 1, c’est-à-dire ceux qui Considérons maintenant un entier
divisent 1 ; par exemple les a’ sont des cyclotomique h(a) dont la norme soit
unités. de même que les quotients : un nombre premier q # h ; ainsi
l-IX1 q = N(/z(a)) ~/t( 1)” i (mod (1 -a)), d’où,
~ = 1 + a + a2 + + a/-1
l - a d’après ce qui précède q G h(l)“- = 1

702
NOMBRES THÉORIE DES

(mod h) (théorème de Fermat ; cf. DIVI- h(a”‘), de ai= u (mod h(d)) on tirerait
SIBILITÉ).On voit comme ci-dessus que aJ~u~c(“’ (mod Ma”)), donc
les entiers rationnels divisibles par h(o) q = N(h(a”‘)) diviserait N(cti - a”‘) =
sont les multiples de q ; pour continuer le N(l ~ a”‘-/), ce qui exige m ~j (mod A)
raisonnement et montrer que h(a) est (sinon N( 1 - am -j) = A).
premier, on va prouver qu’il existe un Kummer a fait des calculs systémati-
entier rationnel u tel que a z u ques de nombres premiers cyclotomiques
(mod h(a)), et on lui fera jouer le rôle que h(a) de norme un nombre premier ration-
jouait 1 pour 1 - a. Posons i = (q - l)/h nel q, et des entiers u correspondants. en
et k = y’, où y est une racine primitive prenant de petites valeurs de A. Par exem-
modulo q ; la congruence xh E 1 (mod q) ple, pour h = 5, a + 2 a pour norme 11,
a pour solutions x E 1, k, k2, . . . . kAp’ a ~ 2 a pour norme 31, etc. ; pour
(mod 41, donc x” ‘+.a++... A=7,-a4+a2+1apournorme29et
+ x + 1 E (x ~ k)(x ~ k2) (x - k”-‘) divise a + 13, a + 2 a pour norme 43.
(mod q). On en déduit facilement que etc. Ses tables donnent, pour A < 19, les
h(k)h(k’) h(kAp’) = 0 (mod q), puisque facteurs premiers cyclotomiques de tous
N(h(a)) = q ; par suite, q divise l’un des les nombres premiers q E 1 (mod A)
nombres h(k) et le polynôme h(x) est inférieurs à 1 000. Pour A = 23, on voit
divisible modulo q par x ~ ki. On prend que 47 n’est la norme d’aucun entier
u = kj, de sorte que h(a”) est divisible cyclotomique, et n’admet donc aucun divi-
modulo q par a”’ ~ upourl < m <A-l, seur premier cyclotomique ; cependant :
et (a - u)h(a*)h(a’) . h(aApi) est divisible
423 - 1
modulo q par : N(a-4) = -=
4-1 -0 (mod47),

l-u”
N(a-u) = l-u, et on calcule que N(l - a + a -‘) =
47. 139 et N(at” + apI0 + a8 + a
lui-même divisible par q = /r(a)h(a2) R + a7 + a-‘) = 47*, 47 étant le produit
h(aAp’) ; cela prouve bien que a - u est de la moitié des conjugués de ce dernier
divisible par h(a). Il en résulte alors que, nombre. On en déduit deux décomposi-
si h(o) divise f(a)g(a), il divise f(u)g(u) tions distinctes de 47 . 139 en produits
qui est donc un multiple de q ; ainsi q divise d’entiers cyclotomiques irréductibles, mais
f(u) ou g(u), ce qui signifie que h(a) divise non premiers. L’idée des G facteurs prc-
f(a) ou g(a) : on voit donc que h(a) est miers idéaux )> de Kummer consiste à
premier. Si h,(a) est un autre entier associer à a - 4 un tel facteur : par
cyclotomique de norme q, h(a), qui divise définition, un entier cyclotomiquef(a) est
q, divise l’un des conjugués de h,(a), et le divisible par ce facteur sif(4) est divisible
quotient est de norme 1 ; ainsi, h,(a), qui par 47, mais le facteur lui-même n’existe
est aussi premier, est le produit d’un des pas en tant que nombre.
conjugués de h(a) par une unité. Les Si h(a) est un nombre premier cyclo-
différents facteurs premiers h(a), h(a2), . . . . tomique quelconque, il divise N(/I(~)),
h(a”-‘) trouvés pour q dans les entiers donc l’un des facteurs premiers rationnels
cyclotomiques sont essentiellement dis- y de cet entier ; montrons que les entiers
tincts, c’est-à-dire qu’aucun d’eux n’en rationnels divisibles par h(a) sont exacte-
divise un autre ; si en effet h(aj) divisait ment les multiples de q : si h(a) divise

703
NOMBRES THÉORIE DES

l’entier m, il divise le P.G.C.D. (m, q) qui de 1ongueur.f; et il est donc congru modulo
vaut 1 (exclu car h(o) n’est pas une unité) h(o) à un unique entier cyclotomique de la
ou q, et par suite q divise m. Lorsque forme b, + b,cc + + b,_,of-‘, où les
q # A, on a qh ’ e 1 (mod A) par le petit coefficients b, sont des entiers rationnels de
théorème de Fermat ; soit f le plus petit l’intervalle [0, y - l] ; les qf entiers cyclo-
entier > 1 tel que qf- 1 (mod A). On sait tomiques ainsi décrits forment donc un
quefest un diviseur de A - 1 ; le casS= 1 système de représentants des classes
a été traité ci-dessus, et nous allons exa- modulo h(o). Les,. entiers U, au moyen
miner le cas général en cherchant des desquels on peut tester la divisibilité par
entiers cyclotomiques congrus a des h(o) sont liés par des relations modulo q
entiers rationnels modulo h(o). D’après le qui proviennent des relations entre les
théorème de Fermat, on a : périodes : si n,q,= c1,, + ain, + + a,~,,
x”-x=(x-1)(x-2).,.(x-q) (modq); o n d o i t a v o i r uiu,= u0 + u,u, + +
u,u, (modq).
en prenant x =f(o) entier cyclotomi- Considérons maintenant un nombre
que t e l q u e f(a4) =f(o), d o n c premier rationnel y # A quelconque, et
f(o) =y(@) ~f(o)q (modq), on voit soitfle plus petit entier > 1 tel que qf E 1
que h(o) divise l’un des facteursf(o) ~ U, (mod A) ; on pose encore e = (A - I)/f: Il
c’est-à-dire que f(o) E u (mod h(o)). La se peut que q ne soit divisible par aucun
transformation c( - oq laisse invariantes nombre premier cyclotomique, comme
les e = (A ~ l)/f périodes no, n,, . . . . nepi nous l’avons vu dans le cas où h = 23 et
de longueurf, et il existe donc des entiers q = 47 ; mais on peut encore démontrer
rationnels uO, u,, . . . . 24+, tels que n, f U, que l’équation de degré r dont les racines
(mod h(o)) pour 0 < i < e - 1 ; autre- sont les périodes de longueur f se décom-
ment dit, l’équation de degré e (à coeffi- pose modulo q en e équations de degré 1,
cients entiers rationnels) dont les solutions et les e entiers rationnels, racines modulo q
sont les périodes de longueur f se décom-
de ces congruences, vont permettre de
pose complètement modulo q en
définir une relation de congruence dans les
(x ~ u())(x - u,) (x - u, -,).
entiers cyclotomiques, si on les associe
Pour qu’un entier de la forme a, + u,
convenablement aux e périodes de lon-
ni + + aen, (n, = no, les indices des
gueur J Pour ce faire, on considère les
périodes sont pris modula e), avec CI”,
entiers cyclotomiques u ~ n,. avec u entier
a,, . . . . a,E Z, soit divisible par h(o), il faut
rationnel tel que :
et il suffit que u0 + CI,U, + + CI,U, soit
divisible par q ; chacun des entiers cyclo- e-1

tomiques formés des périodes qi est congru n CU-rlr)


i=o
modulo h(o) à un unique entier rationnel
appartenant à [0, q - 11. Comme c( est soit divisible par q (0 < u < q ~ l), et on
racine d’une équation de degré fà coeffi- forme un produit, noté ‘I’(n), de tels nom-
cients formés des périodes de longueur J bres avec des u et des ns choisis tels que
tout entier cyclotomique écrit d’une ‘I’(n) ne soit pas divisible par q, mais que,
manière unique sous la forme pour tout i, il existe 21, tel que (u,
w(q) + w,(rl) + + ~f-‘lyt~l(qL oùles n,)V’(q) = 0 (mod q) ; l’entier rationnel U,
coefficients v,(n) sont formés des périodes est déterminé d’une manière unique par

704
NOMBRES THÉORIE DES

cette condition, car si on en avait deux, U, distincts, et que ce sont les seuls possibles ;
et L/, on aurait (u, ~ u’)‘I’(q) G 0 (mod q), en ce sens, q se trouve décomposé, dans les
avec u, - u’ +0 (mod qL entiers cyclotomiques, en r = (A ~ I)/f
donc inversible modulo p, ce qui donne- facteurs premiers distincts, tous conju-
rait ‘I’(q) SE 0 (mod 4). Soit gués, mais pouvant être idéaux : pour
F(Q, n ,, . . . . ne ,) = 0 une relation polyno- qu’un entier cyclotomique soit divible par
miale quelconque (à coefficients entiers) q, il faut et il suffit qu’il soit divisible par
entre les périodes ; on tire de ce qui précède chacun des e facteurs de q, c’est-à-dire
que F(u,, u,. . . . . u,. ,)\I’(n) = 0 (mod q), équivalent à 0 pour chacune des e relations
d’où F(u,, u,, .._, u+,) E 0 (mod q), puis- d’équivalence correspondantes. Par exem-
que F(u,, u,, . . . . ue+,) est un entier ration- ple, le nombre U’(n) qui a servi a construire
nel et que ‘I’(rl) + 0 (mod q). Kummer (uO, u,, .,., u+,) est divisible par tous les
associe à la suite ( uO, u,, . . . . zf+,) un (( nom- facteurs de q sauf celui qui est associé à
bre premier idéal >) divisant q, qui n’est pas (u,, u,, . . . . u+,). Notons que, lorsque
du tout un nombre, mais bien une relation ,f= A - 1, c’est-à-dire lorsque q est une
d’équivalence entre entiers cyclotomiques, racine primitive modulo A, e = 1 et q reste
pour laquelle chaque période q, de lon- premier dans les entiers cyclotomiques.
gueur J‘est équivalente a l’entier rationnel On précise la définition des « nombres
u, correspondant. Cela détermine entière- premiers idéaux » en spécifiant avec quelle
ment la relation d’équivalence, si on lui multiplicité ils divisent tel ou tel entier cyclo-
impose d’être compatible avec la structure tomique. Soit, comme plus haut, U’(n) un
d’anneau des entiers cyclotomiques (addi- entier cyclotomique formé des périodes de
tion et multiplication ; cf. ANNEAUX ET longueur f et divisible par tous les facteurs
ALGÈBRES) ; explicitement, des entiers d’un nombre premier rationnel q d’ordre
cyclotomiques sont équivalents si leurs pro- f modulo A, sauf celui qui correspond à une
duits par U’(n) sont congrus modulo q. On suite (uO, u,, _,., U, r) d’entiers rationnels ;
montre encore que les q’ entiers cycloto- on définit une valuation v sur l’anneau des
miques h, + b,cc + ,.. + h,_,&‘, avec entiers cyclotomiques en posant :
0 <b,< q - l p o u r j=O,l,_.., f - l ,
v(f(a)) = sup In EN If(a)T(@ E 0 (modq”)l
forment un système de représentants des
classes pour la relation d’équivalence consi- (cf. algèbre TOPOLOGIQUE). Lorsque le fac-
dérée, et qu’un produit d’entiers cycloto- teur de q associé à (uO, u,, . . . . u,~,) est un
miques ne peut être équivalent à 0 sans que vrai nombre premier cyclotomique /z(o),
l’un des facteurs le soit : autrement dit, les nombres de valuation n sont ceux qui
l’anneau quotient est intègre et, comme il sont divisibles par /z(o)” mais pas par
est fini, c’est un corps a q’ éléments. /d’ô+‘. La théorie de Kummer consiste
Le groupe de Galois de l’équation dont en définitive à remplacer les nombres
les racines sont les e périodes de longueur premiers cyclotomiques, qui n’existent pas
fest formé des permutations circulaires de toujours, par des valuations ; au moyen de
ces périodes (cf. CORPS) ; on peut donc ces valuations, on peut énoncer un critère
transformer la suite (u”, u,, . . . . u+,) par de divisibilité pour les entiers cyclotomi-
permutations circulaires, ce qui définit en ques, qui joue le rôle de la décomposition
tout e « nombres premiers idéaux )) divi- en facteurs premiers lorsque celle-ci est
sant q. On peut vérifier qu’ils sont tous possible.

705
NOMBRES THÉORIE DES

Théorème. Soitf(a) et g(a) deux entiers deux entiers cyclotomiques n’ont le même
cyclotomiques. Pour quef(a) divise g(a), diviseur que si l’un est le produit de l’autre
il faut et il suffit que, pour toute valuation par une unité (pour une unité e(a), on a
r associée à un (< nombre premier idéal », vo(e(a)) = 0 quel que soit Q). D’une
on ait vcf(a)) < v(g(a)). manière générale, on appelle diviseur un
La condition est évidemment néces- symbole PlnrPZn? . Pk”k, où P,, P2, . . . . P,
saire, car les valuations v ne prennent que sont des (( nombres premiers idéaux » (que
des valeurs positives sur les entiers cyclo- l’on peut identifier aux valuations corres-
tomiques ; pour voir qu’elle est suffisante, pondantes vp,) et iz,, n2, . . . . n,E N ; on
on observe que f(a)lg(a) équivaut à peut multiplier entre eux les diviseurs
Nf’(a)l g(a)f(a’)f(a3) . ..f(aAp’). donc on (mais pas les additionner). et la multipli-
peut se ramener au cas où f(a) est un cation est une loi commutative et associa-
entier rationnel, en ajoutant tive admettant comme élément neutre le
vcf(a’) . ..f(a”-l)) à vcf(a)) et à v(g(a)). diviseur (1) des unités. Si A est un diviseur,
On décompose alors f’(a) en un produit on note encore vo(A) l’exposant du <( nom-
P,J+ pIl de nombres premiers rationnels bre premier idéal » Q dans A ; à deux
(non nécessairement distincts), et on se diviseurs A et B, on associe un diviseur
ramène, par récurrence sur n, à montrer P.G.C.D. (A, B), pour lequel :
que la propriété est vraie pourf(a) = q,
~Q(C& BN = iWQ(A), ~Q@N
nombre premier rationnel, ce qu’on a déjà
vu plus haut. quel que soit Q. Par exemple un (< nombre
En résumé, un (< nombre premier idéal 1) premier idéal )) P, facteur d’un nombre
Q est défini par la donnée d’un nombre premier rationnel q, s’écrit comme le
premier rationnel q # A et d’une corres- P.G.C.D. (q, v(q)) des diviseurs (y) et
pondance convenable entre les e périodes (w(n)), où v(n) est un entier cyclotomique
de longueurf(ordre de q modulo h) et les formé de périodes de longueur f(ordre de
racines modulo q de l’équation de degré e q modulo A) tel que r+(lc)(n)) = 1 et
qui donne ces périodes ; il faut ajouter àcela vo(w(n)) = 0 pour les autres facteurs
le nombre premier exceptionnel 1 - a, uni- idéaux Q de q ; il est facile de construire un
que diviseur de h avec la multiplicité A ~ 1. tel w(q) en utilisant le nombre B’(n) intro-
À l’entité Q, on associe une valuation vo sur duit plus haut et ses conjugués.
l’anneau des entiers cyclotomiques ; si Soit o un automorphisme de conju-
vo(f(a)) > 1, on af(a) = 0 (mod q) (et gaison des entiers cyclotomiques,
inversement), donc Q divise Nu(a)), qui défini par une substitution a-a’; on
est ainsi multiple de q : on a donc fait opérer o sur les diviseurs en posant
v&(a)) = 0 sauf pour un nombre fini de a(P,“’ P23 ,__ Pknk) = o(P,)“’ o(P,)‘5
Q qui divisent les facteurs premiers ration- a(P,Yk, et o(P) = @, w(q)) si
nels de NV(a)), À l’entier cyclotomique P = (p, v(n)). La norme d’un diviseur A
f‘(a), on associe le symbole : est le diviseur NA = A . o(A) _., &*(A),
où o est un automorphisme de conjugaison
rI
Q
Q"uV@)) = (y(@),
défini par a - a.(, y racine primitive
modulo A ; on voit facilement que c’est le
que l’on appelle le diviseur de f (a), et on diviseur d’un entier rationnel que l’on note
voit, grâce au théorème précédent, que encore NA. L’entier NA s’interprète

706
NOMBRES THÉORIE DES

encore comme le nombre de classes divise g(a)Iz(cc) dont le diviseur est ACBD.
d’entiers cyclotomiques pour la Le quotient est un entier cylotomique de
congruence modulo A, en définissant diviseur BD, qui est donc encore princi-
f(a) E ~(CC) (mod A) par la condition : A pal ; si, donc, pour un diviseur C, AC et
divise Q”(~C) - g(<x)) ; pour le voir, on se BC sont tous deux principaux, alors AD et
ramène, grâce à une généralisation du BD sont principaux en même temps pour
théorème des restes chinois (cf. équations un diviseur quelconque D. Selon Kum-
DIOPHANTIENNES), a u Cas O ù A = P” est mer, on dit que les diviseurs A et B sont
une puissance d’un diviseur premier équivalents s’il existe un diviseur C tel que
P = (p, V(Q)), et on établit, par récurrence AC et BC soient principaux : les diviseurs
sur II, que tout entier cyclotomique est principaux sont ceux qui sont équivalents
congru modulo P” i un nombre de la au diviseur (1). La relation d’équivalence
forme : est compatible avec la multiplication des
diviseurs : si A, (resp. Al) est équivalent
à B, (resp. B?), A,A? est équivalent à BIB,,
où les a, sont des entiers cyclotomiques car si A,A,C est principal, il en est de
déterminés d’une manière unique même de B,A,C = A,B,C (A, équivalent
modulo P. Ainsi le nombre de classes a B,), donc aussi de B,B,C (A2 équivalent
modulo P’l est la puissance n-ième du à B2). Pour chaque diviseur A, il existe un
nombre de classes modulo P, et on est diviseur C tel que AC soit équivalent à
ramené à n = 1, soit A = P; alors P a l’élément neutre (1) de la multiplication ;
seulement r conjugués distincts par suite, la multiplication des diviseurs
(p, o’v(q)), avec 0 6 j < e ~ 1, qui sont induit, sur l’ensemble des classes de divi-
répétés chacunf fois, et le produit de ces seurs, une structure de groupe anmutatij;
conjugués est p : on a donc NP =p’ qui dont l’élément neutre est la classe des
est bien le nombre de classes modulo P. Le diviseurs principaux.
cas où P = 1 ~ c( est à part ; il y a Un théorème fondamental de Kummer
A = N( 1 ~ ct) classes modulo (1 ~ c(), affirme que le groupe des classes de
représentées par 0, 1, . . . . h - 1. diviseurs estfini. Sa démonstration repose
sur deux lemmes.
Classes de diviseurs Lenmc~ 1. Il n’y a qu’un nombre fini de
Les diviseurs premiers ont été définis diviseurs de norme inférieure à un
comme facteurs de nombres premiers entier M fixé.
rationnels ; par suite, tout diviseur A divise On a en effet N(( 1 ~ II)~~‘) P,,“’ Pz”2
un nombre véritable : il existe un diviseur Pi”k) = A”n p,‘l”l I,z”“2 _,, Pa k”k < M,

C tel que AC soit le diviseur d’un entier donc les p, et les n, ne peuvent prendre
cyclotomique. On appelle principau.~ les qu’un nombre fini de valeurs ; chaque p,
diviseurs d’entiers cyclotomiques. Consi- n’a qu’un nombre fini c, de facteurs
dérons des diviseurs A, B, C tels que AC premiers idéaux, donc les P, ne prennent
et BC soient principaux, et soit D un qu’un nombre fini de valeurs, ce qui
diviseur tel que AD soit principal ; on a démontre le lemme.
d o n c A C = cf(cx)), B C = (g(o)) e t Lenme 2. Soit p = (A ~ 1)/2 ; pour
AD = (h(a)), et on voit, en se servant du tout diviseur A, il existe un diviseur C de
théorème du chapitre précédent, quef(cx) norme < h’l tel que AC soit principal.

707
NOMBRES THÉORIE DES

Soit en effet c le plus petit entier tel que forme Z[e], où 8 vérifie une équation irré-
(c + l)“-’ > NA + 1 ; les entiers cyclo- ductible Y + u,x+’ + + a,, = 0 à
tomiques a,a + aza2 + + ah ~ la” ’ coefficients a, entiers rationnels ; si les raci-
tels que 0 < ai < c (i = 1, . . . . A - 1) sont nes de cette équation sont 8, 8,, . . . . 8,,+,, les
en nombre supérieur à NA, donc il y en a conjugués d’un élément f’(B) de Z[6] sont
deux qui sont congrus modulo A et on f(e,), . . . . f(e,,+,), et sa norme est le produit
prend pour AC le diviseur de la différence NV(e)) =f(e)f(e,) . ..f(e+.). Les unités
de ces deux nombres, qui s’écrit de Z[e] sont les élémentsf’(B) de norme k 1
h,a + &a’ + + b,- ,a”-’ =/“(a) (la norme est toujours un entier rationnel,
avec /b, 1< c. On a : mais elle peut être négative dans ce cas géné-
ral) ; parmi les unités, les racines de 1 qui
appartiennent à Z[0] sont caractérisées par
If(e)1 = lf(e,)i = =If(~,-,)l = 1.
(inégalité de la moyenne géométrique, En effet, sif(8) vérifie ces conditions, il en
applicable aux nombres réelsf(a’)J‘(a ‘)), est de même de ses puissances,f(8)k, k E N,
et on calcule facilement que : dont tous les conjugués restent donc bor-
h-l nés. Or l’ensemble des éléments de Z[e]
v(a’lf(a-‘)) = A -p-( Cb,),; dont les conjugués sont tous majorés par
c
i=1 une constante M est fini, car ces éléments
donc : sont les racines d’un nombre fini d’équa-
tions de degré n (leurs coefficients sont les
fonctions symétriques élémentaires des
conjugués, donc ce sont des entiers ration-
nels majorés en fonction de M et de n) ; il
et : n’y a donc qu’un nombre fini de puissances
1 P
f‘(e)k distinctes, etJ’(e)’ = 1 pour 1 conve-
f(a’lf(a-‘1) a k*, nable. Les racines de 1 appartenant à Z[e]
; c
i=1
forment un groupe fini cyclique pour la
d’où Nu(a)) < h@ t < AL’NA d’après le multiplication ; la finitude provient du
choix de c, ce qui signifie que NC 6 A”. résultat précédent, et le caractère cyclique
En appliquant ces lemmes, on voit qu’il du fait que, pour tout I, il y a au plus
existe un nombre fini de diviseurs C,, C?, / solutions de l’équation .Y’ = 1 dans C,
. . . . C,,, tels que, pour tout diviseur A, l’un donc dans Z[e] (cf. GROUPES - Généralités).
des AC, (1 < ,; < w) soit principal ; donc L’énoncé fondamental de Dirichlet est le
il y a au plus 111 classes de diviseurs suivant :
distinctes. Tlzcbwehe. Soit I, le nombre de racines
réelles de l’équation en 8, et 2 r1 le nombre
de ses racines imaginaires (de sorte que
3. Unités Y, + 2 r2 = n). Il existe Y = Y, + r2 ~ 1
unités fondamentales e,(e), ez(e), . . . . r,.(O)
Dans une série dc courtes notes, Dirichlet telles que toute unité s’écrive, d’une
(1841-1846) a étudié les unités dans des manière unique, sous la forme
anneaux de nombres algébriques de la oe,(e)“l e,(e)“2 er(e)“r, où 6) e s t u n e

708
NOMBRES THÉORIE DES

racine de 1 et où les exposants n, appar- ment non nul f(e) de Z[e] vérifiant les
tiennent à Z. inégalités If(C),) 1 Q K, (1 < i < n), avec
Autrement dit, le groupe multiplicatif des nombres réels positifs K,, K~, .._, K,, tels
des unités est le produit du groupe des que K,+,-, = K, pour r, + 1 < j < r, + r2
racines de 1 par un groupe isomorphe à Z’. et que le produit K, K~ K,, soit assez
On démontre le théorème en utilisant le grand. S i f(e) = ao + a,8 + + CI,~
plongement logarithmique ainsi défini : on 18’1 ‘, ces inégalités s’interprètent comme
indexe les racines de l’équation en 8 de un système d’inégalités définies par des
manière que 8,, 02, . . . . 8,, soient réelles et jauges de Minkowski sur l’espace
que 8,+,2 soit complexe conjugué de 8, R'1 X C'2 = R" des vecteurs
pour Y, + 1 < j < Y, + rz ; on note alors (ao, a,, . . . . a, ,) ; la matrice des jauges est
Le(B) le vecteur (In / r(0,) 1) de Rrl+Q wlgi~,z,0<,~n Ir et la condition d’exis-
(1 < i < r, + rz). Ainsi e(f3) - Le(B) est tence def(B) est que K,K~ K, soit plus
un homomorphisme du groupe des unités grand que la valeur absolue 1 A 1 du déter-
dans RQtrz, et son noyau est le sous- minant de cette matrice. L’élément f(e)
groupe formé des racines de 1 ; l’image est ainsi obtenu est de norme
un sous-groupe de R’I+‘z, et on aura f(e,y-ce,) . ..f(e.) au moins 1 en valeur
démontré le théorème en prouvant que absolue (entier non nul), ce qui donne
cette image est un groupe libre de rang r. if(t$) 1 > KJK pour i = 1, 2, .._, n, en
Or l’image de L est discrète, car si Le(B) posant K = K,K? K,. Soit cp une forme
reste borné, tous les conjugués de e(e) sont linéaire non nulle sur R’ et x le vecteur de
majorés en valeur absolue par une cons- coordonnées(ln ~,,h K~,..., ln K,) ;lesiné-
tante et e(e) ne peut prendre qu’un nombre galités obtenues donnent 1<pH -
fini de valeurs ; on sait qu’un sous-groupe <p(fU@)N I < Il(~11 In K (où Il <pli est la
discret de R‘ est libre de rang < s (cf. somme des valeurs absolues des coeffi-
algèbre TOPOLOGIQUE). En écrivant que la cients de <p). On prend M > I/ cp 1 In K fixé,
norme de e(e) est f 1, on voit de plus que et, pour chaque entier h, on choisit
l’image de L est contenue dans l’hyperplan K,, K~, . . . . k,. de manière que cp(x) = 2 Mh ;
d’équation : on peut alors trouver K,.+, assez petit
pour que ]/‘p l/ln (K,K? K,,) < M , et
on a un élément ,fi,(e) correspondant dans
~x,+*~x,,+j4,
i=, ,=1 Z[t3] qui vérifie (2 h - 1)M < <p(Î&(e)))
< (2 h + l)M, de sorte que la suite
ce qui majore son rang par r, + r, - (<p 0 iv,l(e))), est strictement croissante.
1 = r ; cet hyperplan se projette isomor- Par ailleurs, les normes Nfi,(e) restent
phiquement sur R”, et on note L la majorées par K, doncfil divise un entier
composée de L avec la projection. Il reste rationnel de l’intervalle fini [1, K] ; on en
à voir que l’image de L est de rang r, déduit qu’il existe des indices h et 1 tels que
c’est-à-dire que l’orthogonal de cette image fje) = e(e)jj(e), où e(e) est une unité, et
dans le dual de R’ est 0 (cf. algèbre alors <p(LMW) = d4fw))
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE) ;on obtient ce ~ <p (Ï&(e))) # 0, comme on voulait.
résultat grâce au théorème de Minkowski Le groupe des unités n’est donc fini (et
(Cf. apprOXimatiOnS DIOPHANTIENNES), qui réduit aux racines de 1) que si r, = 1 et
permet de prouver l’existence d’un élé- r2 = 0, ce qui donne n = 1 et 8 E Z, ou

709
NOMBRES THÉORIE DES

bien si Y, = 0 et r2 = 1, ce qui donne le nombre de classes de formes quadrati-


n = 2 ; dans ce cas, on peut se ramener à ques (cf. la partie A ci-dessus - Théorie
8 =n, avec D entier rationnel positif analytique des nombres), Kummer a donné
non divisible par 4, ou bien à une formule pour l’ordre h du groupe des
0 = (1 +m)/2, avec D = 3 (mod 4). classes de diviseurs des entiers cyclotomi-
On a vu, par exemple, que le groupe des ques ; il se sert d’une fonction analogue à la
unités de Z[i] est d’ordre 4, tandis que celui fonction Zêta (cf. fOnCtiOII ZÊTA) :
de aA> j racine cubique
de 1, est d’ordre 6 (théorie de Kummer c N(A)-’ = n (1 -N(P)-‘)-’
A P
pour A = 3). Lorsque 8 = VD, avec D
entier rationnel positif sans facteur (où A parcourt l’ensemble des diviseurs et
carré, on a r, = 2, r2 = 0 et le groupe des P celui des diviseurs premiers) et de son
unités est de rang r = 1 ; toute unité comportement pour s -+ 1, et obtient
s’écrit k (T + Un)“, où n E Z et où h = lz,h,, où le facteur hz, le plus difficile
T + Un est une unité fondumentale. à calculer, a la signification ci-dessus ; le
Cela revient à dire que l’équation de Pell facteur h, est plus explicite :
x2 ~ DJ? = N(x + y”D) = f 1 est
P
résolue en posant x+ym hl=oa-”
- f (T + U!‘D)“, et on a donc démontré
l’existence de solutions pour cette équa- avec p = 1cpmco(13’h(B5) “’ (PM” *) 1,
tion. Pour les entiers cyclotomiques, on a, b racine primitive (A ~ 1)-ième de 1, et qz
avec les notations antérieures, r, = 0 et polynôme défini par <p(x) = 1 + y+
r, = (A 1)/2 = u, donc le groupe des + y22 + + yh 2.+ -, où y est une
unités est de rang r = p - 1, qui est > 1 à racine primitive modulo A et, pour chaque
partir de A = 5 ; la difficulté de trouver des j, yi est le reste de la division de y’ par h.
lois de réciprocité supérieures sur le Kummer a calculé ht pour tous les
modèle des lois pour les degrés 2, 3 et 4 est h < 100 ; la première valeur de A donnant
liée au caractère infini de ces groupes h, # 1 est 23, pour lequel ht = 3. La crois-
d’unités. Pour A = 5, Y = 1 et on peut sance de h, est très rapide : il vaut
prendre le nombre réel a + a4 comme 411 322 823 001 pour A = 97 et est équi-
unité fondamentale ; pour A = 7, r = 2 et valent à A@+‘/2u-‘rrI-’ pour h -+ as ; les
un système d’unités fondamentales (réel- nombres premiers irréguliers sont ceux
les) est donné par (a + a-‘, a3 + ap3). pour lesquels h est divisible par h, et cela
Pour A = 11, r = 4, et on a le système équivaut à dire que h, est divisible par h
fondamental (a + a-‘, az + a-‘, a4 + (Kummer a donné un critère simple à véri-
a4, a3 + a j). Dans le cas cyclotomique fier pour cette propriété, au moyen des
général, Kummer considère le sous-groupe nombres de Bernoulli).
du groupe des unités engendré par + 1, a
et les unités (1 - a’)/(1 - a), en prenant
j = y’, y racine primitive modulo h et 4. Corps de nombres algébriques
1 < i < p = (A ~ 1)/2 ; ce sous-groupe a
le même rang r = u - 1 que le groupe des Dedekind (1871, 1893) a étendu les théo-
unités, et le quotient est donc d’ordre fini ries précédentes en développant les notions
hz. En s’inspirant du travail de Dirichlet sur de corps de nombres algébriques et

710
NOMBRES THÉORIE DES

d’entiers algébriques. Un corps de nombres lui-même entier ; si p = cg + c,e + __,


algébriques est une extension finie du corps + c,, ,8”+’ est entier, avec c, E Q, on a,
Q des nombres rationnels ; un tel corps pour tous ses conjugués p, = c0 +
peut s’écrire K = Q(e), où 0 vérifie une c,e, + + c,,+,e;-‘. Les coefficients c,
équation algébrique irréductiblef(x) = 0, sont donc donnés par un système
de degré n, à coefficients rationnels (cf. d’équations linéaires de matrice (0;)
CORPS), et chacune des n racines complexes (0 < i < n - 1 ; 1 <i < n) ; le détermi-
de f définit un plongement de K dans le nant de cette matrice est :
corps C des nombres complexes. On note r,
n(Oj-e,)=A#O,
le nombre des racines réelles, qui donnent
ICk
des plongements de K dans R, et 2r, le
nombre de racines complexes (paires de et on peut résoudre le système par les
racines complexes conjuguées) ; en tant formules de Cramer qui montrent que
qu’espace vectoriel sur Q, K est de dimen- l’entier rationnel A2 est un dénominateur
sion n, avec 1, 8, 02, . . . . 8”+’ comme base commun à tous les c,. Ainsi l’anneau oK des
(division euclidienne ; cf. PoLyMkws). Si entiers de K est contenu dans le Z-module
g(8) E K, on appelle conjugués de g(e) les libre de base (@/A’), et il est d’indice fini
IZ nombres complexesg(O,),g(O,), ,..,g(e,), car il contient les 8, ; par suite, il est
où 8,) 8,, . . . . 8, sont les racines def(x) = 0 ; lui-même libre et a une base à n éléments
ce sont tous des nombres algébriques. (01, 02, . . . . on). La matrice de passage
d’une base à une autre appartient à
Entiers algébriques GL (n, Z), et son déterminant vaut * 1 ; il
Parmi les nombres algébriques, les entiers en résulte que le déterminant de la matrice
algr’briques sont définis de manière à (cd(‘)),
/ où on note o.(l),
J ,J2j
/ 1 . . . . w)Ji) les

former un anneau dont l’intersection avec conjugués de o,, est défini au signe près par
Q soit réduite à Z ; on veut de plus que tous K. Le carré de ce déterminant est un entier
les conjugués d’un entier algébrique (c’est- rationnel A # 0, que l’on appelle le discri-
à-dire les racines de son équation minimale minant de K ; on a :
à coefficients rationnels) soient encore
entiers. Alors les coefficients de l’équation
minimale d’un entier algébrique sont des
entiers algébriques rationnels, c’est-à-dire et il n’y a qu’un nombre fini de corps de
des éléments de Z ; on définit donc les discriminant donné (Hermite).
entiers algébriques comme les racines Par exemple, dans le corps Q(i) (avec i’
d’équations à coefficients entiers ration- -
-~ l), les entiers sont de la forme m + ni
nels, avec un coefficient dominant 1 (cf. avec m, n rationnels tels que n? + ni
ANNEAUX COMMUTATIFS), et il est facile de + m - ni = 2 m et (m + ni)(m - ni)
voir que l’équation minimale d’un tel = 177’ + n2 soient entiers ; alors 4 ,n2 +
nombre a encore ses coefficients entiers 4 n’est un entier, donc aussi 4 n2, et 2 n est
(donc les entiers algébriques rationnels encore entier. Enfin, la condition que
sont bien les éléments de Z, ce qui (2 m)’ + (2 n)2 = 4 (m’ + n?) soit divisi-
généralise le résultat de Théétète cité au ble par 4 exige que 2 IY~ et 2 >z soient pairs,
début). Pour étudier les entiers du corps donc M et IZ sont entiers ; les entiers de Q(i)
K = Q(e), on peut supposer que 8 est forment donc l’anneau des entiers de Gauss

711
NOMBRES THÉORIE DES

Z[i], de base (1, i). Le discriminant de Q(i) en désignant par f le polynôme :


est le carré du déterminant de la ma-
X”-1
trice : f(x)=x”-*+...+x+1=---;
X - l

(: -:)* (x- llf(x) =,Y- 1,


s;x) t ( x - Iv’(x) = A+‘, (ad?;
soit (- 2 i)* = - 4. Pour le corps Q(j) (avec f’(a) = Aa” -’ et :
j* +j + 1 = 0). les entiers sont 111 + Iv, hNlf’(a)) = N(a - l)Nlf’(a))
avec m + nj + 171 + nj’ = 2 111 17 et = A”-’ (Na)“-’ = A”-,
(?H + ?Zj)(M + PZj*) = HI2 11111 + $
entiers, et on voit encore que cela exige 111 et d’où, en définitive NV’(a)) = A*-’ et d
= (- l)‘“-l’/*p*,
n entiers ; l’anneau des entiers est Z[i]. de
base (1, j), et le discriminant est (j? -j)’ À côté de la trace
= ~ 3. Passons au cas du corps cyclotomi- Trf (0) =f (W +f (%) + + f (%)
d’un élément f (6) de K, on définit sa
que Q(a), avec ah ’ + aA-* +
norme Nf (0) =f(e,)f (0,) f (0,) ; la
+ a + 1 = 0, A étant un nombre premier
trace et la norme sont des nombres ration-
impair (on vient de traiter le cas A = 3) ; si
nels, et ils sont entiers si f (0) est entier. Les
p = cg + c,a + + c,mzaA-‘estunentier
unités de K sont les entiers de K de
de ce corps, on a :
norme 1 ; elles forment un groupe multi-
(l-a)p=c,(l-a)+c,(a-aZ)+ plicatif pour lequel le théorème de Diri-
. . + ch-2(a”-Z - ah-r), chlet est applicable en toute généralité.

et on voit que la somme des conjugués, ou


trace, de ce nombre vaut c,A, car la trace de La théorie des idéaux
d est -1 pour 1 <j<A-1. Comme Dedekind a remplacé la considération des
tous les conjugués (1 ~ &)p, du premier N nombres idéaux », que Kummer n’avait
membre sont divisibles par 1 - a, la trace jamais définis comme objets mathémati-
c,A l’est aussi ; or c’est un entier rationnel : ques, par celle d’objets véritables, qu’il a
il est donc divisible par A et cg est entier. On appelés les idéaux du corps K. L’idée est
peut recommencer ce raisonnement avec de considérer, au lieu d’un diviseur A et
a-~‘@ - cg), qui est encore entier, et mon- de la congruence f (0) E g(0) (mod A)
trer que c, est entier ; en continuant, on voit qu’il définit dans les entiers algébriques,
que tous les c, sont entiers, et que l’anneau l’ensemble a de ces entiers qui sont
congrus à 0 modulo A, c’est-à-dire
des entiers de Q(a) est Z[a], avec comme
base (1, a , __., aA ?). Le discriminant est le l’ensemble des entiers algébriques divisi-
bles par A ; Dedekind a pu caractériser les
carré du déterminant de la matrice (a”)
ensembles a d’entiers algébriques ainsi
(1 < i 6 A - 1 ; 0 < j < h - 2) soit :
obtenus par les propriétés suivantes : si
f (0) et g(B) appartiennent à a, il en est de
(n (a,--al)) même de f (0) + g(B) ; de plus, sif(0) E a
,<i
et h(e)Eo,, alors f(O)h(e)Ea. Autre-
ment dit a est un idéal de l’anneau ok des
entiers de K (cf. A N N E A U X E T A L G È B R E S );
= (- l)(* - ‘Y* NV’(a)), en tant que sous-groupe additif de ok, il est

712
NOMBRES THÉORIE DES

donc libre de rang < n. Tout entier p E oK d’un produit de deux polynômes g et 11 à
définit un idéal principal (p), ensemble des coefficients dans oK, il divise tous les
po, où o parcourt oK ; si a est un idéal produits d’un coefficient de g par un
quelconque, dire que x divise p, c’est-à-dire coefficient de /7. On peut alors prouver que
que p E a, revient donc à dire que (p) est l’égalité ab = ai avec a # (0) (a, 6, i idéaux)
contenu dans a. Le plus petit idéal conte- implique b = i ; en effet, en multipliant les
nant des entiers algébriques p,, p2, . . . . pr deux membres de la première égalité par
joue le rôle de leur P.G.C.D., et on le note un idéal convenable on se ramène au cas
(p,, pz, . . . . p,) ; c’est l’ensemble des com- où a est principal, qui est immédiat. Une
binaisons p,o, + pzo, + . + pro?, où autre propriété, qui revient essentiellement
o,, CI*, . . . . o, parcourent oK. Tout idéal a à dire que oK est ce que l’on appelle
peut s’écrire sous la forme (cx,, az, . . . . a,) maintenant un anneau de Dedekind (cf.
en prenant, par exemple, pour ANNEAUX COMMUTATIFS), est ki SLliVZUlte :

CI,, a2, . . . . a, les éléments d’une base de a ; pour qu’un idéal a divise un idéal i, il faut
autrement dit, l’anneau oK est nœthérien et il suffit que i soit contenu dans a ; la
( c f . A N N E A U X C O M M U T A T I F S ) . Leproduitde condition est évidemment nécessaire, et
deux idéaux a = (a,, a*, . . . . a,) et b = elle est aussi suffisante, car i C a implique
(&, fi?, . . . . fi,) est l’idéal engendré par les ib C ab pour tout idéal b, ce qui permet de
produits d’un élément de a et d’un élément se ramener au cas facile où a est principal.
de 6, c’est-à-dire ab = (~$3,) (1 < i < r, Ainsi l’idéal a + b engendré par deux
1 < j < s) ; on dit que l’idéal a divise un idéaux a et b est aussi le plus grand idkal
idéal i s’il existe un idéal b tel que ab = i, qui divise à la fois a et b (supposés non tous
et on écrit alors a 1i. Un idéal premier p est les deux nuls) ; en utilisant ce
un idéal différent de (1) = oK et qui n’est P.G.C.D. comme dans l’arithmétique élé-
pas divisible par un autre idéal que (1) et p. mentaire, on montre que si un idéal
Le fondement de la théorie de Dede- premier p divise un produit d’idéaux. il
kind est le fait que, pour tout idéal n, il divise l’un des facteurs, et on en déduit que
existe un idéal b # (0) tel que ab soit tout idéal non nul et distinct de (1) s’écrit,
principal. On peut construire b en asso- d’une manière unique, comme produit
ciant, à un système de générateurs d’idéaux premiers.
cx,,a2 ,..., a,. de a, le polynôme Pour tout idéal non nul a, l’anneau
g(x) = cx,x + a2x2 + a$ et ses conju- quotient o,/a est fini ; en effet, si <x est un
gués gi(x) = c(,(~)x + + aJi’x” ; le pro- élément non nul de a, (N(a)) C (tx) C J.
duit F = g,g, . . . g,. de ces conjugués est un donc o,/a est un quotient de O~/(N(~)). qui
polynôme à coefficients entiers rationnels est visiblement fini. La norme de a est. par
et il est divisible par g : F = gh, avec définition, le nombre Na d’éléments de
h(.Y) = p,x + /31x2 + + p,2 PolY- o,/a ; lorsque a = (cx) est principal. NJ est
nôme à coefficients entiers algébriques. On la valeur absolue de N(a). Le théorème
pose b = (@,, fi*, . . . . p”) et on montre que chinois signifie que la norme est multipli-
ab est l’idéal principal engendré par le cative : N(ab) = Na. Nb. Si p est un idéal
P.G.C.D. des coefficients de F en utilisant premier, il divise au moins un entier
une extension du lemme de Gauss aux rationnel (la norme d’un de ses éléments).
polynômes à coefficients dans oK : si un donc, si p # (0), il divise un nombre
entier algébrique divise tous les coefficients premier rationnel p ; alors Np divise

713
NOMBRES THÉORIE DES

Np = p”, et on a donc Np = pf, oùfest un décompose dans K, on a @) = pp’ où p et


entier < n, que l’on appelle le de@ de p, p’ sont des idéaux premiers de degré 1
L’anneau fini ok/p est intègre, donc c’est un conjugués l’un de l’autre, et tout entier de
corps à r/ éléments. Pour tout c( E 0x. K est congru modulo p a un entier ration-
aNs E cx (mod p) et. si oP = c( (mod p), o nel ; on en déduit que D est congru modulo
est congru modula p a un entier rationnel. p (resp. modulo 4 p) à un carré, c’est-à-dire
Dans le cas où le corps K = Q(e) est que le discriminant d est un carré modulo
galoisien sur Q, c’est-a-dire que le poly- 4 p, donc aussi modulo 4 p. Inversement, si
nôme minimaIf‘ de 0 se décompose sur d G x2 (mod 4p), le nombre (.y + fl)/2
K en facteurs du premier degré, les n est un entier de K (sa trace est x et sa norme
plongements de K dans C ont la même un multiple entier de p) qui n’est pas
image, que l’on peut identifier à K, et un divisible par p (sinon son conjugué
idéal a de K donne n images a,, a?, . . . . a,, qui (X ~ W)/2 le serait aussi, donc aussi m,
sont les conjugués de a ; le produit et d serait divisible par p*) ; comme p
a, a2 a,, est l’idéal principal de K engen- divise :
dré par Na. En particulier, la normepf d’un
x+vQ x-va
idéal premier p est le produit des idéaux
2 2
conjugués de p : les idéaux premiers divi-
sant p sont donc conjugués de p, et si aucun sans diviser aucun facteur, il n’est pas
d’eux ne divisep avec une multiplicité > 2, premier dans ok, et il se décompose. Si
J’divise II et il y a nif’conjugués distincts de maintenant y est un facteur premier impair
p, chacun répété f’ fois. de d, on vérifie que (q) est le carré de l’idéal
Considérons par exemple un corps qua- premier q = (4, (d + W)/2), qui est égal
&afique Q(m), où D est un entier ration- à son conjugué. Si enfin d est pair, on a
nel sans facteur carré ; dans ce cas, 2 = (2, a)2 si D = 2 (mod 4) et 2 = (2,
8 = Vi7 e s t r a c i n e d e ,f’(x) = ,Y~ ~ 1 + a)’ si D = 3 (mod 4). Comme u’est
D = 0. dont les racines complexes sont toujours congru à 0 ou à 1 modulo 4, son
f VIT. Le corps est galoisien, et les conju- caractère quadratique modula 4p est le
gués de .Y + ,rm sont les nombres même que modulo p si p # 2 ; les nombres
.\- * J,“D ; la trace et la norme sont res- premiers rationnels se rangent donc en
pectivement 2 .Y et .vz ~ $D, et les entiers trois catégories :
du corps sont caractérisés par le fait que ces 1. Ceux qui ne divisent pas d et modulo
deux nombres rationnels sont entiers. En lesquels d est un carré, qui se décomposent
raisonnant comme plus haut, on voit que en produit de deux idéaux premiers dis-
cela signifie que .Y et 1’ sont entiers si D = 2 tincts conjugués.
OLI 3 (mod 4) ; mais, si D G 1 (mod 4). cela 2 . Ceux qui ne divisent pas ri et modulo
signifie que .Y = u/2 et y = v/2, où 21 et 13 lesquels d n’est pas un carré, qui restent
sont des entiers de même parité. Dans le premiers dans K.
premier cas, une base des entiers est 3. Ceux qui divisent d, qui sont des
( 1. “D). et le discriminant vaut 4 D, tandis carrés d’idéaux premiers égaux à leur
que dans le second cas une base des entiers conjugué. (Pour p = 2, on teste le carac-
est ( 1, (1 + V’D)/2) et le discriminant est tère de n mod 8.)
D. Soit p un nombre premier rationnel qui Cela généralise ce qu’on avait observé
ne divise pas le discriminant d; si p se pour Q(i), Dedekind a démontré un résul-

714
NOMBRES THÉORIE DES

tat plus général, qui englobe aussi les 6a C ok ; alors a est engendré, comme
résultats de Kummer sur la décomposition a,-module, par un nombre fini d’éléments
des nombres premiers rationnels dans les de K. Les idéaux fractionnaires forment un
corps cyclotomiques : si K = Q(e) est un groupe pour la multiplication, avec
corps de nombres algébriques engendré (1) = ok comme élément unité ; c’est un
par un entier algébrique 0 d’équation groupe commutatif libre avec comme base
minimalef’(B) = 0 et si p est un nombre l’ensemble des idéaux premiers.
premier qui ne divise pas l’indice Dedekind définit l’équivalence des
C(B) = (ok : Z[e]). à une décomposition idéaux a et b par l’existence d’un même
modulo p : idéal i # (0) tel que ai et bi soient tous deux
principaux ; il revient au même de dire que
f(x) = n (P,@)Y, Wdp) l’idéal fractionnaire quotient ab- ’ est prin-
i-1 cipal. Autrement dit, le groupe des classes
de j’(u) en produit de polynômes irréduc- d’idéaux est le groupe quotient du groupe
tibles P, (distincts modula p) correspond des idéaux fractionnaires par le sous-
une décomposition : groupe des idéaux fractionnaires princi-
paux (c’est-à-dire engendrés par un seul
élément). Par une méthode analogue à
@) = n PT’
z=1 celle de Kummer, Dedekind montre, dans
le cas général, que le groupe des classes
en produit d’idéaux premiers p, distincts,
d’idéaux est fini ; en utilisant la fonction :
les multiplicités E, étant les mêmes. Pour
chaque i. on dit que e, est l’indice de
ramification de p, et, en considérant la
norme Nr, = p” de p, on voit que :

il= ci=1
cif, 2
et son comportement pour s + 1, il établit
un lien remarquable entre le nombre h des
classes d’idéaux et la (< densité » des
idéaux.
où 1es.f; sont les degrés des p,. Malheureu-
Par ailleurs, Dedekind a montré que la
sement, il y a des cas où on ne peut pas
classification des formes quadratiques
obtenir la décomposition de p par le
binaires développée par Gauss était essen-
résultat précédent (lorsque p divise C(e)
tiellement équivalente a celle des idéaux du
quel que soit le choix de 0). Les idéaux
corps quadratique de même discriminant ;
premiers ramifiés p, c’est-à-dire ceux qui
la loi de groupe définie par Gauss au
divisent un nombre premier rationnel p
moyen de la composition des formes sur
avec un indice de ramification e > 2, sont
l’ensemble des classes de formes quadra-
les diviseurs d’un idéal b, bien déterminé,
tiques de discriminant donné correspond à
dont la norme est 1 d 1; on appelle b, la
celle du groupe des classes d’idéaux.
d#ërente de K.

idéaux fractionnaires ; classes d’idéaux 5. Corps de classes


On appelle idéal fractionnaire de K un
sous-o,-module non nul a de K tel qu’il La difficile théorie du corps de classes tire
existe un entier non nul 6 vérifiant son origine de plusieurs résultats établis au

715
NOMBRES THÉORIE DES

cours du XIX’ siècle. Nous avons vu que ble des idéaux premiers de degré 1 de K est
Gauss avait associé, a tout nombre pre- infini, et il en résulte qu’il y a une infinité
mier impair p, une somme : de nombres premiers dans la progression
arithmétique de raison 11~ qui contient 1 (cf.
la partie A ci-dessus - Théorie analytique
des nombres). Weber a essayé de généra-
corps des racines p-ièmes de 1, dont le liser ce genre de considérations en rem-
carré est (- l)‘/’ 1)‘7p ; le sous-corps de plaçant Q par un corps de nombres
Q(Y) engendré par la somme de Gauss est algébriques k et MZ par un idéal ttt ; il
donc isomorphe au corps quadratique considère le groupe A,,, des idéaux frac-
Q(V(- l)r”p’)l’p). Kronecker a obtenu tionnaircs dc k premiers a tu et un sous-
une vaste généralisation de ce résultat (la groupe H,,, d’indice fini /I’ formé d’idéaux
démonstration complète est due à Weber) : principaux dans A,,,. Il fait alors les hypo-
tout corps K de nombres algébriques dont thèses suivantes :
le groupe de Galois sur Q est commutatif U) Les idéaux entiers de k sont (< éga-
se plonge dans un corps cyclotomique. La lement distribués )) dans les classes de
théorie de la multiplication complexe des A,,/H,,, (comme ils le sont dans les classes
fonctions elliptiques a ensuite conduit d’idéaux habituelles).
Kronecker à formuler une conjecture ana- h) 11 existe une extension K de k de
logue pour les corps de nombres algébri- degré < h’ telle que les idéaux premiers
ques K contenant un corps quadratique de H,,, de degré 1 se décomposent com-
imaginaire k et tel que le groupe de Galois plètement dans K (c’est-à-dire en pro-
G(K/k) soit commutatif (« rêve de jeu- duit d’idéaux distincts tous de degré 1);
nesse de Kronecker )), 1857) ; dans cette l’extension K s’appelle un corps de classes
conjecture, qui n’a été complètement pour k.
démontrée qu’en 1920, les fonctions ellip- Weber montre alors que chaque classe
tiques admettant de la multiplication com- de A,,,/H,,, contient une infinité d’idéaux du
plexe par certains entiers de k jouent le rôle premier degré. Dans le cas où k = Q, on
que jouait I’exponentielle imaginaire pour peut prendre pour H,,, le groupe des idéaux
les racines de 1. engendré par un nombre congru a 1
En étendant la théorie de Kummer aux modulo MI : dans ce cas, Weber a aussi
corps cyclotomiques Q(o) = K, où (x est établi que lc groupe de Galois de
une racine rwième de 1, 111 entier quelcon- Q(c,,,> = K sur Q s’identifie a A,,,/H,,, (c,,,
que. on constate que la décomposition racine wième de 1). et qu’a chaque
d’un nombre premier rationnel p qui ne sous-groupe H’,,, 3 H,,, correspond un
divise pas /rzd (cl discriminant de K) ne corps de classes K’ C Q(c,,,) de groupe de
dépend que de l’ordre ,f de p modula M : Galois A,,,/H ,,,. Dans le cas général, en
p se décompose en CJ = ~&wr)/f facteurs supposant l’existence du corps de classes
premiers idéaux distincts de degré ,f dans K, Weber a seulement démontré que son
K, où cp (111) est l’indicateur d’Euler (cf. degré sur k est égal a 11’ et qu’il est galoisien
DIVISIBILITÉ). En particulier, si p E 1 sur k. Revenant au cas particulier k = Q.
(mod nz). c’est le produit de T(M) idéaux si L est une extension abélienne quelcon-
premiers de degré 1 ; au moyen de la que de Q, elle SC plonge dans un corps
fonction &. on peut montrer que I’ensem- Q(c,,,) (théorème de Kronecker-Weber) et

716
NOMBRES THÉORIE DES

correspond donc à un groupe d’idéaux correspondent appartiennent à une même


principaux H’,,, tel que H,, C H’,, C A,,, et classe de conjugaison dans Gal (K/Q), et
que Gal(L/Q) = A,/H’,,, ; l’entier m n’est en particulier ils sont égaux si ce dernier
pas unique, mais il admet une valeur groupe est commutatif. Cebotarëv (1925)
minimale dont toutes les autres sont des a pu montrer que, pour toute classe de
multiples (le conducteur de L). Weber a conjugaison à m éléments dans Gal (K/Q),
encore formulé des conjectures qui éten- la densité des nombres premiers p qui
dent ces énoncés au cas où Q est remplacé donnent des automorphismes de Fro-
par un corps de nombres algébriques k. benius appartenant à cette classe est mjn,
Hilbert a abordé la théorie du corps de où n = (K : Q) est le degré de K. La loi
classes d’un autre point de vue, à partir de de réciprocité d’Artin (1927 ; la formula-
la théorie des formes quadratiques, et il est tion d’Artin vaut en fait pour un corps de
parvenu à construire certains corps de base k général, et pas seulement pour Q)
classes, correspondant au groupe de clas- signifie que, pour une extension abélienne
ses d’idéaux A/H+, où A est le groupe des L de Q, I’automorphisme de Frobenius
idéaux fractionnaires d’un corps de nom- (WQYP) correspondant à un nombre
bres algébriques k et H+ le groupe des premier p est l’identité exactement dans
idéaux principaux engendré par des entiers le cas où p appartient au sous-groupe
de k qui sont positifs dans tous les plon- H’,, correspondant (où m est le conducteur
gements réels de k. Le corps de classes de de L).
Hilbert est unique, et son groupe de Galois
sur k est A/H+ ; dans ce corps, tous les
idéaux de ok deviennent principaux. 6. Idèles et adèles
Frobenius (1896) a introduit un objet
important dans la théorie du corps de Dans ses recherches sur les formes qua-
classes : I’automorphisme de Frobenius, dratiques à coefficients dans un corps de
ainsi construit. On considère une extension nombres algébriques k, en vue d’étendre
galoisienne finie K de Q et un idéal un résultat de Minkowski, Hilbert avait été
premier p de K, divisant un nombre conduit à considérer simultanément des
premier rationnel p et non ramifié ; alors le congruences modulo les puissances des
sous-groupe Z(p) du groupe de Galois idéaux premiers du corps, et les équations
Gal (K/Q) formé des automorphismes de correspondantes dans R ou dans C, pro-
K qui laissent p invariant (« groupe de venant des divers plongements de k; il
décomposition ») s’identifie au groupe de appelait place de k un idéal premier de k,
Galois du corps résiduel oK/p sur Z/(p). À ou bien un plongement de k dans R ou
l’élévation à la puissancep-ième, qui est un dans C, ces dernières places étant quali-
automorphisme de o,/p, correspond donc fiées de <( places à l’infini » . Takagi (1920),
un élément ((K/Q)/p) de Z(p), qui est par dans ses démonstrations des conjectures
définition l’automorphisme de Frobenius ; de Weber en théorie du corps de classes,
pour ci E Gal (K/Q) quelconque, ((K/Q)/ a modifié la notion de diviseur telle que
(OP)) est conjugué de ((K/Q)/p) sous nous l’avons introduite plus haut, de
l’action de o. Comme les idéaux premiers manière ë inclure les places à l’infini : selon
de K qui divisentp sont tous conjugués, les Takagi, un diviseur est un symbole
automorphismes de Frobenius qui leur m = p,“l p2n2 . P~*I, avec n,E N, les p,

717
NOMBRES THÉORIE DES

étant des places finies (= idéaux premiers) sions finies de Q,,, et on note 3p l’unique
ou non. Dans les diviseurs fractionnaires, idéal premier non nul) ; pour une telle
on admet des exposants n, négatifs, et on extension, H est l’image du groupe multi-
a ainsi un groupe multiplicatif; à un plicatif de K, par la norme relative N,,,k,.
diviseur entier m, on associe le groupe A,,, Les démonstrations de Hasse étaient fon-
des diviseurs fractionnaires premiers a m, dées sur la théorie (( globale » de Takagi,
et le sous-groupe Hm des diviseurs princi- mais Chevalley (1933) est parvenu à un
paux congrus à 1 modulo m, c’est-à-dire exposé autonome de la théorie locale. Il eut
congrus à 1 modulo p,“i pour tout i tel que ensuite l’idée de récupérer la théorie glo-
pI soit un idéal premier, et d’image positive bale a partir de la théorie locale (1936-
pour toute place à l’infini réelle p,. Les 1940), en remplaçant les diviseurs de
groupes de classes d’idéaux de Weber sont Takagi par les idèles. Un idèle de k est un
alors remplacés par les groupes de classes élément (E,,), du produit des groupes mul-
de diviseurs A,,,/H,,, et leurs quotients de la tiplicatifs de tous les complétés k, de k, p
forme A,,,/H,, . Ni+(A,,,(K)), où K est une variant dans l’ensemble de toutes les pla-
extension galoisienne finie de k, A,,,(K) est ces, y compris les places à l’infini ; pour
le groupe des diviseurs fractionnaires de K ces dernières, le complété est R si la place
premiers à m, et NKjk est la <( norme est réelle, et C si la place est imagi-
relative )) ; si l’ordre du groupe quotient naire (d’après un théorème d’ostrowski
précédent est égal au degré (K : k), K est (1935), toutes les valeurs absolues possi-
un corps de classes au sens de Takagi, et bles sur k sont équivalentes à l’une de
son groupe de Galois sur k est isomorphe celles qui sont définies par les places ;
à ce quotient. Toute extension abélienne de cf. algèbre TOPOLOGIQUE). On impose, de
k est un corps de classes pour un certain plus, que v,(&,) = 0 sauf pour un nombre
diviseur m, que l’on peut choisir minimal fini de places finies p, en notant rP la
(le <( conducteur )) de K). valuation correspondante ; l’ensemble I(k)
Une théorie analogue, mais beaucoup des idèles de k est un sous-groupe du
plus simple, a été développée par Hasse produit :
(1929-1930), en considérant, au lieu du
corps de nombres algébriques k son com- n 5
P
plété k, pour la valuation associée a l’idéal
premier p ; ce corps k, est une extension des groupes multiplicatifs. Le groupe mul-
finie du corps p-adique QP, où p est le tiplicatif k* de k se plonge dans I(k),
nombre premier que p divise (cf. la partie chaque i E k donnant pour image l’idèle
B ci-dessus - Nombresp-adiques), et il a des ([,) tel que i, = [ pour toute place p ; on
propriétés analogues : son anneau o, des a un homomorphisme de I(k) sur le groupe
entiers, éléments de valuation > 0, est des idéaux fractionnaires de k, qui trans-
principal ct il a un seul idcal prcmicr non forme l’idèle (i,) en l’idéal :
nul, engendré par p. La théorie du corps de
clusses loeul de Hasse établit une corres-
P
pondance bijective entre les sous-groupes
A’;*A;,,
u I‘I”ICC fi..:
11111 y
1 kti gïoüpc mu!:;plicat$ de I-..,. A..:*
(p’uuulr
.!.+--A..
CLCIIUU
” . ..I -1”--..
au* p,cLcs
cm:,.“\
1IIUGD,. Le

k, et les extensions abéliennes finies K, de noyau de cet homomorphisme est l’ensem-


k, (ce sont aussi des corps locaux, exten- ble U(k) des idèles (5,) tels que i, soit

718
NOMBRES THÉORIE DES

une unité de k, (élément de valuation 0) est aussi compact (théorème de Tycho-


pour toute place finie p ; il en résulte que noff; cf. TOPOLOGIEGÉNÉRALE) ;pourobte-
le groupe des classes d’idéaux est iso- nir A(k), on remplace un nombre fini de
morphe au quotient I(k)/k*U(k). Lorsque facteurs op par le corps localement com-
K est une extension abélienne finie de k, pact k, et on ajoute un nombre fini de
Chevalley définit un homomorphisme facteurs égaux à R ou à C. La topologie
de norme N,,A : I(K) -+ I(k) en combinant induite sur I(k) n’est pas compatible avec
les normes relatives locales ; à tout idèle a, la structure de groupe, et on doit la
il associe un symbole (a, K/k) E Gal (K/ remplacer par la topologie du graphe de
k), égal au symbole d’Artin : l’application a ++ Ü’ (a E I(k)), considéré
comme sous-espace de A(k) X A(k). Les
résultats essentiels concernant ces topolo-
gies sont les suivants : l’image de k (resp.
où a est l’idéal associé à un idèle 11’ E k’a k’) dans A(k) (resp. I(k)) est discr&te et le
et congru a 1 modulo le conducteur de K. quotient A(k)/k (resp. I(k)/k*) est mn-
La loi de réciprocité d’Artin signifie que les pact ; de ces résultats, on peut déduire sans
idèles a tels que (a, K/k) soit l’identité sont peine la finitude du nombre de classes
les éléments de k’ . N,,,(I(K)), de sorte d’idéaux et le théorème des unités de
que Gal (K/k) est isomorphe à I(k)/ Dirichlet. D’une manière plus générale, on
peut associer, à tout groupe algébrique
k* - NK,I;U(W
La théorie multiplicative des idèles doit linéaire G (cf. GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE)
être complétée par une théorie additive, défini sur le corps k, un groupe localement
celle des adèles, introduits par A. Weil : un compact G,, adélisé de G, construit
adèle de k est un élément (Q, du produit : comme I(k) a partir du groupe multipli-
catif; Tamagawa et A. Weil ont montré
que, dans le cas d’un groupe semi-simple,
rrkp
P le groupe Gk des points rationnels sur k de
tel que vi,(&) 2 0 sauf pour un nombre fini G se plonge dans G, comme sous-groupe
discret et que l’espace homogène quotient
de places finies p, L’ensemble A(k) des
GA/G, est de volume fini pour une mesure
adèles est un sous-anneau du produit :
semi-invariante. Le calcul de ce volume,
par exemple pour le cas où G est le groupe
orthogonal associé à une forme quadrati-
que, est équivalent aux résultats de Siegel
dont I(k) est le groupe multiplicatif des
sur le nombre de représentations d’une
éléments inversibles ; on plonge le corps k
forme quadratique à coefficients entiers
dans A(k) comme k‘ dans I(k). En plus de
par un genre donné de formes (cf. formes
ces structures algébriques, A(k) a une
QUADRATIQUES).
topologie localement compacte, compati-
ble avec sa structure d’anneau, et qui CHRISTIAN HOUZEL
provient du fait que chaque o, est un
anneau compact. donc le produit :
Bibliographie
Y. AMICE, Les Nomhm p-adiqum Presses univer-
sitaires de France, Paris, 1975 / E. ARTIN & J. TATE.

719
NORMÉES ALGÈBRES

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loccruw, ibid, 3’ éd. 1980 1 A . WEIL, Busic Numhrr conséquences.
TheorJ~, Springer, Berlin, 1985. Historiquement issue de l’analyse har-
monique (dont l’un des principaux objets
est précisément l’étude de l’algèbre de
convolution des fonctions intégrables sur

NOMBRES COMPLEXES un groupe), la théorie des algèbres nor-


mées permit par la suite d’obtenir de
- COMPLEXES NOMBRES nouveaux résultats aussi bien en analvse
harmonique que dans d’autres branches de
l’analyse (cf. analyse rr4aMoNrQun).

NOMBRES
TRANSCENDANTS
1. La notion d’algèbre normée
- TRANSCENDANTS NOMBRES
Définition
Une algèbre normée est un ensemble muni
a la fois d’une structure d’espace vectoriel
sur le corps des nombres complexes, d’une
NORMÉES ALGÈBRES structure d’anneau et d’une norme (cf.
eSpaCCS VCCtOriek NORMÉS ; ANNEAUX ET

ALGÈBRES).

A u point dc rcncontrc de deux types de


structures, structures algébriques et
structures topologiques, les algèbres nor-
Plus précisément, notons C le corps des
nombres complexes. Un ensemble A est
alors une algèbre normée si les conditions
mées jouent un rôle important dans de suivantes sont réunies :
mn-!-...,.... Ai. I l’“-“l..“-
A,,.,:..,” UL
IIVI‘I”ILUh U”II‘I1IIILJ allayac --+LA
,,,*u,ç- ..\ A-
u, “II ,l^C-:r ^..- li
UCIII‘II su1 A A^.._.
ucun 1-L
,“,> A-
UI; ^^--^
L”uqJu-
matique. Développée à partir de 1940 sition interne, addition et multiplication,
environ, essentiellement par des mathéma- qui munissent A d’une structure d’anneau ;

720
NORMÉES ALGÈBRES

b) On définit une loi de composition (1) Soit X un espace topologique, et soit A


externe, multiplication par les scalaires l’ensemble des fonctions continues et bor-
complexes, qui, jointe à la loi interne nées sur X, muni des opérations usuelles et
d’addition, munit A d’une structure de la norme :
d’espace vectoriel sur C ;
c) Les structures d’anneau et d’espace lla ll=~y”(x’l;
vectoriel sont compatibles en ce sens que,
c’est une algèbre normée commutative
quels que soient les éléments A de C et les
unitaire.
éléments a et h de A, on a :
(2) Soit E un espace de Banach et soit
A(ub) = (Aa)b = a(Ab); A = L(E) l’ensemble des applications
linéaires continues de E dans lui-même.
d) On définit sur A une norme, c’est-
L’addition et la multiplication par les
à-dire une application x - 11x / de A dans
scalaires sont définies de manière usuelle ;
l’ensemble des nombres réels positifs telle
la multiplication interne est la composition
que, quels que soient les éléments h de C
des opérateurs linéaires. Quant à la norme,
et les éléments u, b et c de A, on ait :
elle est définie par :
Ila I = 0,
lla II =~~p’x’ll”;
si et seulement si a = 0, élément neutre de lUXllE = 1
l’addition dans A,
c’est la norme habituelle des opérateurs. A
110. + b 11a 11~ 11+ llb I> est ainsi muni d’une structure d’algèbre
lI~al/=IA/ IlaIl, normée unitaire (l’unité de A est l’opéra-
Ilab 11< ila 11
Ilb Il; teur In, identité de E dans E), non com-
e) La distance déduite de la norme (la mutative si E est de dimension supérieure
distance de deux éléments n et b étant, par a 1.
définition, lb ~ 41) munit A d’une struc- (3) G est un groupe localement compact
ture d’espace complet (cf. espaces MÉTRI- et u est une mesure de Haar a gauche sur
QUES, chap. 3).
G (cf. analyse H A R M O N I Q U E , chap. 4).
Pour cette raison, les algèbres normées Rappelons que c’est une mesure telle que
l’on ait, pour toute fonction intégrablefet
sont fréquemment appelées algkbres de
pour tout élément t de G,
Bunuch, par analogie avec les espaces
vectoriels normés complets, dits espaces
de Banach.
Si la multiplication interne est commu- la fonction J, translatée de f à gauche par
tative, on parle d’algèbre normée commu- t étant définie par :
tative. Si la multiplication interne possède
une unité, on parle d’algèbre normée rf@) =fO-‘-9.
unitaire. A est l’espace de Banach L’(n) des
fonctions u-intégrables, m u n i d e s a
Exemples norme :
Indiquons trois types fondamentaux
d’algèbres normées.

721
NORMÉES ALGÈBRES

la multiplication interne est l’opération de est une fonction x définie sur A, à valeurs
convolution, notée (( * », définie par : complexes, non identiquement nulle, telle
que, quels que soient A dans C, et a et b
dans A, on ait :

f o r m u l e a y a n t u n s e n s <( u-presque- x(h) = hX@),


partout )). x@ + b) = x(4 + x(b), x @b) = x (4 x @).
On a ainsi défini une algèbre normée, Il est facile de vérifier que le noyau d’un
commutative lorsque le groupe G est caractère, c’est-à-dire l’ensemble des élé-
commutatif, unitaire lorsque le groupe G ments de A où s’annule ce caractère, est un
est muni de la topologie discrète, Cet idéal maximal. En fait, caractères et idéaux
exemple, auquel il a été fait allusion dans maximaux satisfont aux propriétés suivan-
+I’introduction, est à l’origine de toute la tes :
théorie. a) Tout idéal propre (c’est-à-dire distinct
de A) est contenu dans au moins un idéal
maximal ;
2. Les algèbres normées b) Tout idéal maximal est fermé pour la
commutatives topologie définie par la norme sur A ;
c) Tout idéal maximal est le noyau d’un
Nous allons examiner quelques propriétés caractère bien déterminé, et tout caractère
fondamentales des algèbres normées en admet pour noyau un idéal maximal : cela
présentant d’abord la théorie dans le cas établit une correspondance biunivoque
des algèbres normées commutatives et entre les idéaux maximaux et les caractères.
unitaires. Les deux dernières propriétés entraînent
le fait remarquable que, pour une algèbre
Idéaux maximaux et caractères normée commutative unitaire, tout carac-
L’étude des idéaux maximaux est sans tère (défini uniquement par des propriétés
doute l’outil le plus puissant pour obtenir algébriques) est automatiquement continu.
des propriétés des algèbres normées com-
mutatives unitaires, Spectre et transformation de Gelfand
Indiquons brièvement qu’un idéal L’ensemble des caractères de A est appelé
d’une algèbre normée commutative A est spectre de A : nous noterons A(A) cet
une partie 1 de A qui est un sous-espace ensemble.
vectoriel de A et qui, d’autre part, contient À tout élément a de A on peut associer
l’élément nb dès que a est un élément de une fonction â, appelée tmn~f0rnzée de
1 et b un élément quelconque de A. Gr&and de a, définie sur A(A), à valeurs
Évidemment A est un idéal (peu intéres- complexes : la valeur de â au point x de
sant !) de 4. LTn idéal est dit n2axinzaI s’il A(.4) est simplement la valeur prise par le
n’est contenu strictement dans aucun idéal caractère x au point a de A :
autre que l’algèbre A elle-même.
G(x) = x(a).
On appelle caractère de l’algèbre nor-
m;re
LIICL ,-,,,,,m,.t,,t;.,~
.,“I<‘IIIUL‘LLIYL ..-it,.i.-~‘7
“‘IIIUI‘L A +-ait
L”UL h-e.-
II”‘II”-
T1II ,,.:,t,.
L,uJLL n..r
>LAI A, A \ .I_^
q.-l, UIIC +---,,.,A-
L”p”‘“g,G”A’..“-“nr.
capus
morphisme non identiquement nul de A compact et une seule pour laquelle les fonc-
dans C : autrement dit, un caractère de A tions â sont toutes continues ; on considère

722
NORMÉES ALGÈBRES

toujours le spectre A(A) muni de cette ThGorème. Pour tout élément u de A. on


topologie (topologie de Gelfand). a:
La correspondance entre caractères et
idéaux maximaux de A se matérialise alors
de la manière suivante : l’idéal maximal
associé au caractère x (le noyau de x) est
l’ensemble des éléments a de A dont les Les algèbres semi-simples
transformées de Gelfand s’annulent au Si la transformation de Gelfand est injec-
point x de A(A). tive, c’est-à-dire si deux éléments distincts
Reprenons l’exemple (1) dans le cas où a et b de A ont des transformées N et g
X est un espace compact ; il est assez facile distinctes, on dit que l’algèbre normée
de voir que les caractères de A sont définis considérée est semi-simple. Cela revient à
par les points de X : au point x on associe dire que l’intersection des idéaux maxi-
le caractère x, tel que, pour la fonction maux ne contient que l’élément 0.
continue bornéefsur X, élément de A, on La transformation de Gelfand permet
ait x,cf) =y(.~). On obtient ainsi tous les alors d’interpréter toute algèbre normée
caractères, et cette correspondance donne commutative unitaire semi-simple comme
un homéomorphisme entre X et A(A) qui une sous-algèbre de l’algèbre des fonctions
permet d’identifier les éléments de A et continues sur un espace compact, qui est
leurs transformées de Gelfand. le spectre de l’algèbre donnée.
Pour l’exemple (3) dans le cas d’un Les algèbres semi-simples jouissent de
groupe discret commutatif, le spectre de A diverses propriétés spéciales : par exemple,
s’identifie au groupe compact dual, et la soit A et B deux algèbres normées com-
transformation de Gelfand correspond mutatives unitaires, B étant semi-simple ; si
alors à la transformation de Fourier (cf. h est un homomorphisme algébrique de A
andySe HARMONIQUE). dans B (c’est-à-dire une application telle
L’ensemble des valeurs prises par la qu’on ait :
transformée de Gelfand â d’un élément a
h (Au) = Ah (a),
de l’algèbre normée commutative unitaire h (ab) = h (a) h (b)
h@ + b) = h(a) + h(b),
A est appelé le spectre de a (bien distinguer
entre le spectre de l’algèbre et le spectre pour tout h dans C et tout choix de CI ct h
d’un élément de l’algèbre). Pour tout dans A), alors h est automatiquement
u E A, et tout x E A(A), on a : continu. Comme cas particulier, dans le
cas où B est le corps C des nombres
I&x)1 = IX(Q)1 < Ilu Il. complexes, on retrouve la continuité des
On appelle rayon spectral de a le nombre caractères.
11Û IL, borne supérieure des 1â(x) 1, pour x
dans A(A). L’application qui à tout élément Le calcul fonctionnel holomorphe
a associe son rayon spectral est une semi- Soit A une algèbre normée commutative
norme (car elle peut s’annuler pour a # 0) unitaire et a un élément de A; appelons
inférieure ou égale à la norme de A. On o(u) le spectre de u, ensemble des nombres
peut, à ce propos, énoncer le (( théorème du complexes qui sont les valeurs prises par Z.
rayon spectral )) suivant. transformée de Gelfand de a.

723
NORMÉES ALGÈBRES

Sifest une fonction continue à valeurs Si 0 n’appartient pas au spectre de a, ce


complexes définie sur o(a), on peut consi- qui signifie que CI est inversible, et si
dérer la fonction composée fo ci et se f(z) = l/=, alors b est l’inverse de u.
demander s’il existe un élément h dans Un cas historiquement important de ce
l’algèbre tel quefo Û soit la transformée de cas particulier, dont la théorie des algèbres
Gelfand de b. normées permet de donner une démons-
Si l’algèbre A est semi-simple, il est clair tration simple et pénétrante, est le résultat
qu’il peut exister au maximum un seul suivant :
élément b de cette sorte. Si la fonctionSest Théorérne d e Wiener-Leyy. S o i t u n e
quelconque, il n’y a en général aucune fonctionfcontinue, par exemple de pkriode
raison pour qu’il existe un tel h ; mais si A 2n, et admettant pour série de Fourier :
est l’algèbre des fonctions continues sur un
espace compact et si f est simplement
supposée continue, ce sera le cas,
Supposons maintenant quef’soit définie
où la série
par une série entière :
+=-
f(z) = 1 CA”,
n=O
c cn
n=-Di
dont le rayon de convergence soit supé- est absolument convergente. Alors, si f ne
rieur au rayon spectral de a. Alors la série : s’annule jamais, la fonction inverse l/f

C,ll” T d,@,
possède une série de Fourier :

c
converge dans A vers un élément h, noté
f(a), dont la hansformée de Gelfand est
c
précisément h =,fo Û. Cela résulte de où la série :
propriétés élémentaires. +-
Moins simple est le théorème suivant, dn
c
n=-Di
qui généralise de beaucoup les considéra-
tions ci-dessus : est absolument convergente.
Soit A une algèbre normée commutative
unitaire semi-simple, a un élément de A et Les algèbres normées commutatives
f‘ une fonction analytique définie sur un non unitaires
voisinage du spectre de a. Il existe un élé- Il existe un procédé standard pour associer
ment b de A, et un seul, tel que b =fo û. à toute algèbre normée A une algèbre
Si, en particulier, f est un polynôme : normée unitaire A,, telle que A soit une
sous-algèbre de A,. Cc prockdk, assez
élémentaire, permet en principe de rame-
ner l’étude de problèmes concernant 4 à
b est alors l’élément : des problèmes qui portent sur A,. Cepen-
N durit, dans bien des cas, ccttc appïûche est
C,cz”. insuffisante et il faut étudier directement
c
n=o les propriétés d’une algèbre non unitaire.

724
NORMÉES ALGÈBRES

L’outil fondamental dans le cas com- A(A) d’une topologie d’espace localement
mutatif unitaire, l’étude des idéaux maxi- compact, pour laquelle les transformées de
maux, ne s’applique pas directement au cas Gelfand â sont continues et tendent vers 0
non unitaire : il faut introduire la notion à l’infini.
d’i&ul régulier. Cela étant, la plupart des propriétés
Dans une algèbre A, un idéal 1 définit valables pour les algèbres normées com-
une relation d’équivalence : a et h, élé- mutatives unitaires s’étendent au cas non
ments de A, sont équivalents si 0-b unitaire sans modifications essentielles.
appartient a 1. L’ensemble des classes Citons, comme exemple d’algèbres de
d’équivalence, le quotient A/I, est muni ce type, l’algèbre des fonctions continues
d’une structure d’anneau (cf. ANNEAUX ET sur un espace localement compact X qui
ALGÈBRES, chap. 3). On dit qu’un idéal 1 de tendent vers 0 à l’infini : ici le spectre
l’algèbre normée commutative A est r&u- s’identifie à X, et les éléments de l’algèbre
lier si l’anneau quotient A/I est unitaire s’identifient à leurs transformées de Gel-
(remarquer que, si A est unitaire, tout idéal fand. Un autre exemple est fourni par
est régulier). l’algèbre, pour l’opération de convolution,
Dans une algèbre commutative uni- des fonctions intégrables sur un groupe
taire, tout idéal propre est contenu dans un abélien localement compact non discret, R
idéal maximal : il n’en va pas toujours de par exemple.
même si l’algèbre n’est pas unitaire. Mais.
si l’on se borne à considérer les idéaux
réguliers, on retrouve des propriétés ana-
3. Les algèbres normées
logues à celles qui ont été données précé-
demment : non commutatives
LI) Tout idéal régulier propre est
L’absence de la commutativité de la mul-
contenu dans un idéal maximal régulier ;
tiplication interne modifie énormément,
h) Tout idéal maximal régulier est
en la compliquant notablement, la théorie
fermé ;
des algèbres normées. Faute de pouvoir
c) Tout idéal maximal régulier est le
ne serait-ce que l’esquisser, nous nous
noyau d’un caractère, et d’un seul, et tout
bornerons à indiquer deux classes d’algè-
caractère admet pour noyau un idéal
bres de ce type particulièrement impor-
maximal régulier.
tantes.
Cela définit une bijection entre l’ensem-
ble des caractères et l’ensemble des idéaux
maximaux réguliers et cela montre, d’autre Les algèbres d’opérateurs
part, que tout caractère est continu. dans les espaces de Banach
Comme pour les algèbres commutati- Reprenons l’exemple (2) du chapitre 1 : E
ves unitaires, on peut définir ici le spectre étant un espace de Banach. l’ensemble
et la transformation de Gelfand : si A(A) L(E) des applications linéaires continues
est l’ensemble des idéaux maximaux régu- de E dans E est une algèbre normée
liers de l’algèbre A, on associe à tout unitaire, non commutative si E est de
élément CI de A sa transformée de Gelfand dimension supérieure à 1. L’étude de cette
Û, fonction définie sur A(A) de la même algèbre est l’un des buts de l’analyse
manière que précédemment. On munit fonctionnelle.

725
NORMÉES ALGÈBRES

Il est possible, en particulier, de géné- On appelle C*-algèbre une algèbre de


raliser dans ce cadre le calcul fonctionnel Banach A vérifiant les deux propriétés
holomorphe. Soit par exemple T un élé- suivantes :
ment de C(E) ; on appellera spectre de T (1) elle est munie d’une invohtion,
l’ensemble o(T) des nombres complexes h c’est-à-dire d’une application a-~* de A
tels que T-M,, où 1, est l’opérateur dans A telle que l’on ait, quels que soient
identique, ne soit pas inversible : cela a et b dans A et A complexe :
correspond à la notion de spectre d’un (a*)* = ii, (a + b)* = a* + b*,
élément dans une algèbre normée commu- (Au)’ = ha*, (ab)* = b*a*,
tative unitaire, défini comme ensemble des
valeurs prises par la transformée de Gel- A étant le nombre complexe conjugué de
fand ; si f est une fonction holomorphe A;
d’une variable complexe, définie au voisi- (II) la norme et l’involution sont liées
nage de o(T), on construit un autre élé- par la relation :
ment de C(E), notéf(T), de telle sorte que
glana 11
= Ila /lz, quel que soit a dans A
l’on ait :
Donnons ici quelques exemples de
Cf+g)(T) =f(T) +g(V>
C*-algèbres :
U-g)(T) =f(T)og(T);
(1) L’algèbre des fonctions continues sur
on exige de plus f(T) = T” si f est la un espace compact ;
fonction qui à z associe z”. À cela (1’) l’algèbre des fonctions continues nul-
s’ajoutent certaines propriétés de conti- les à l’infini sur un espace localement
nuité. Cette construction se fait en utilisant compact (dans les deux cas l’involution est
la formule intégrale de Cauchy (cf. FONC- l’opérateur de conjugaison).
TIONS ANALYTIQUES-F~~~~~~~~ analyti- (2) L’algèbre C(H) des opérateurs bornés
ques d’une variable complexe, chap. 5) ; en sur un espace de Hilbert H (l’involution
fait, bien qu’elle ait été particulièrement étant l’opérateur d’adjonction relatif au
étudiée pour les algèbres d’opérateurs que produit scalaire de H) ;
nous considérons ici, elle est possible dans (2’) toute sous-algèbre fermée de C(H)
le cas le plus général et correspond au stable par passage à l’adjoint ;
calcul fonctionnel holomorphe auquel (2”) en particulier, l’algèbre CC(H) des
nous avons fait allusion dans le cas des opérateurs compacts de H, c’est-à-dire des
algèbres normées commutatives unitaires opérateurs qui sont limite en norme d’opé-
(où l’hypothèse supplémentaire de semi- rateurs de rang fini.
simplicité avait pour seul but de rendre (3) La C*-algèbre d’un groupe localement
l’exposé plus concret). compact G : sur l’algèbre de convolution
L’(y) (cf. ci-dessus l’exemple 3 du chapi-
RENÉ SPECTOR tre lcT) on construit une involution en asso-
ciant à la fonction intégrable fla fonction
Les C*-algèbres f* définie par :f*(t)=A(r’)f(r ‘), où A
Parmi les algèbres normées, on distingue est la fonction modulaire du groupe ; on
celles doni les pïopr~~i~s paï.i~cülièï.es peï.- ~~‘obtiei~t F>a” ainsi ilrie C*-algèbi-e (la
mettent une analyse spectrale plus pous- propriété (II) de la définition n’est pas
sée. vérifiée), mais on montre qu’il existe sur

726
NORMÉES ALGÈBRES

L’(u) une unique norme vérifiant les pro- et algèbres de von Neumann : voir
priétés (1) et (II), et l’algèbre de Banach ci-dessous) ont été introduites dans les
obtenue par complétion est une C*-algèbre années 1930 par J. von Neumann, à la fois
notée habituellement C*(G). pour disposer d’un formalisme algébrique
(1) et (1’) fournissent des exemples de dans l’étude de certains problèmes de l’ana-
C*-algèbre commutative : ce sont des lyse (l’algèbre des opérateurs différentiels
exemples universels dans la mesure où, par exemple), et également pour interpré-
pour une C*-algèbre commutative, la ter mathématiquement des phénomènes
transformation de Gelfand est un isomor- spécifiques de la physique quantique, telle
phisme. On obtient ainsi le théorème de l’interdépendance des observations (par
représentation. exemple, l’impossibilité de mesurer simul-
- Une C*-algèbre commutative et unitaire
tanément la position et la vitesse d’une
est naturellement isomorphe à l’algèbre particule est formalisée par Heisenberg
des fonctions continues sur son spectre comme une relation de non-commutation
(qui est un espace compact) ;
entre des opérateurs de l’espace hilbertien).
- Une C*-algèbre commutative est natu-
Le formalisme abstrait que nous avons
rellement isomorphe à l’algèbre des fonc- présenté est dû à 1. M. Gelfand.
tions continues nulles à l’infini sur son
Rapidement, les C*-algèbres se révèlent
spectre (qui est un espace localement
un outil important de l’analyse harmoni-
compact).
que, et la C*-algèbre C*(G) (exemple 3
- Cette propriété fondamentale permet de
ci-dessus) peut être considérée comme un
définir dans toute C*-algèbre un calcul
<< objet dual )) du groupe localement com-
fonctionnel continu : si a est un élément
pact G (dans le cas où G est commutatif,
normal (i.e. tel que a* et L( commutent), on
la transformation de Gelfand identifie
peut définir sans ambiguïté l’imagef(rr) de
C*(G) et l’algèbre C,(G) des fonctions
0 par une fonction f’ continue à valeurs
nulles à l’infini sur le groupe dual G, ce qui
complexes sur le spectre de a.
est une autre manière d’écrire la dualité de
(2) est un exemple de C*-algèbre non
commutative (si H est l’espace hilbertien Pontriaguine).
D’une manière heuristique, on peut
de dimension 2, on obtient la plus petite de
celles-ci, l’algèbre des matrices 2 X 2, qui considérer les C*-algèbres comme des
est de dimension 4). <( espaces localement compacts non com-
L’exemple (2’) est universel : toute mutatifs », considérer leur théorie comme
C*-algèbre est isomorphe à une sous- une (( topologie non commutative )), leurs
algèbre involutive fermée d’un c(H) (mais formes linéaires comme des (< mesures non
il n’y a pas de manière privilégiée de la commutatives )), etc. Dans ses développe-
représenter ainsi). ments récents (investigation d’invariants
L’algèbre des opérateurs compacts (2”) homotopiques et K-homologiques), leur
joue un rôle fondamental dans toutes les étude tend même à s’imposer comme une
théories, anciennes et nouvelles, de classi- << géométrie différentielle non commuta-
fication des C*-algèbres et de recherche tive )>, se révélant un moyen d’investiga-
d’invariants. tion irremplaçable de strutures différen-
Historiquement, les algèbres d’opéra- tielles qui présentent une composante
teurs dans l’espace de Hilbert (C*-algèbres dynamique : action d’un groupe de Lie sur

727
NORMÉES ALGÈBRES

une variété, et, plus généralement, toutes b) elle contient l’opérateur identité et elle
les structures de variété feuilletée. est fermée pour la topologie de la conver-
Le cadre et les méthodes de la topologie gence simple faible ;
algébrique ont été renouvelés par l’intro- c) elle est égale à son bicommutant (le
duction systématique des C*-algèbres (tra- commutant d’une partie P de C(H) est
vaux de G. Kasparov et A. Connes). Les l’ensemble des opérateurs bornés de H qui
C*-algèbres ont démontré leur aptitude à commutent à tous les éléments de P ; le
fournir et élucider des invariants topolo- bicommutant est le commutant du com-
giques pour les structures différentielles. mutant).
L’effort porte aujourd’hui principalement L’équivalence des propriétés a, b et c est
sur la K-homologie algébrique (cf. algèbre connue comme le théorème de commuta-
TOPOLOGIE) et ses rapports avec la géomé- tion de J. von Neumann (1929). On peut
trie différentielle ; il peut être résumé par également donner une définition plus abs-
ses résultats les plus importants : traite (due à J. Dixmier et S. Sakai) : une
- le théorème de périodicité de R. Bott algèbre de von Neumann est une
qui, reformulé, fournit des suites exactes C*-algèbre qui, en tant qu’espace normé,
de K-homologie à six termes (alors que les est le dual d’un espace de Banach.
suites exactes d’homologie sont en prin- Une algèbre de von Neumann commu-
cipe infinies) et permet des calculs expli- tative s’identifie à l’algèbre des (classes de)
cites ; fonctions mesurables essentiellement bor-
le théorème de l’indice de M. F. Atiyah nées sur un espace mesuré. Sur toute
et 1. M. Singer, dans la version achevée algèbre de von Neumann, le calcul fonc-
d’A. Connes, permet de relier des inva- tionnel des C*-algèbres se prolonge en un
riants dynamiques d’une variété feuilletée calcul fonctionnel borélien.
(l’indice analytique des opérateurs pseudo- Pour poursuivre l’analogie du paragra-
différentiels le long des feuilles, interprété phe précédent, les algèbres de von Neu-
comme un élément de K-homologie du mann sont des « espaces mesurés non
fibré cotangent au feuilletage) à des inva- commutatifs » et leur théorie, une (< théo-
rie de la mesure non commutative » ; elle
riants de nature purement algébrique
(l’indice topologique, interprété comme un fait un usage systématique de fonctionnel-
élément de la K-homologie de la C*-algèbre les non bornées, analogues aux mesures
dites o-finies, appelées trnces et poids : ce
canoniquement associée au feuilletage).
sont des fonctionnelles positives, densé-
ment définies, respectant les limites crois-
Algèbres de von Neumann santes.
Une algèbre de von Neumann est une Les traces sont celles de ces fonction-
sous-algèbre involutive de l’algèbre C(H) nelles sous lesquelles commute toute paire
des opfratcurs bornés d’un cspacc dc d’é1Cments dam leur domaine. À partir
Hilbert H (cf. ci-dessus l’exemple 2’) qui d’elles, les initiateurs de la théorie,
vérifie l’une des trois propriétés équivalen- F. J. Murray et J. von Neumann, avaient
tes suivantes : classé ces algèbres en trois types : type 1.
a) elle coïï~~eïï~ l’opéi.ate.uï. identité et elle
ou discrètes (doni ia ihtorie se raméne phus
est fermée pour la topologie de la conver- ou moins au cas commutatif) ; type II, ou
gence simple ; continues et à trace (celles qui ne sont pas

728
NORMÉS ESPACES VECTORIELS

discrètes mais possèdent suffisamment de R . G . D O U G L A S , C-Algehru E.xtensiot~.r und


K-Hmno/ogJ, Princeton Univ. Press, 1980 / C. E.
traces) ; type III, ou purement infinies
RICKART, General Theor~ oJ”Banach Algebrus, Van
(celles qui ne possèdent aucune trace). Ils Nostrand. Princeton, ,960,
avaient également démontré un résultat
d’unicité remarquable : celle d’une algèbre
de von Neumann continue, à trace finie, à
centre trivial, qui soit limite inductive
d’algèbres de matrices (théorème d’unicité
NORMÉS ESPACES VECTORIELS
du facteur hyperfini de type II,, 1943).
La connaissance de la structure des
algèbres de von Neumann a fait des
progrès remarquables. D’abord avec la
L 1 analyse fonctionnelle linéaire, en tant
que théorie générale, s’est créée au
début du xxe siècle, autour des problèmes
théorie de M. Tomita qui associe à posés par les équations intégrales. Entre
tout poids un groupe a un paramètre 1904 et 1906, D. Hilbert (1862-1943) est
d’automorphismes, le groupe modulaire, amené à étudier des développements en
mesurant exactement son degré de non- séries de fonctions orthogonales, ainsi que
commutativité ; ensuite avec la classifica- des formes quadratiques à une infinité de
tion de A. Connes (dont les travaux sur variables. À sa suite, F. Riesz (1880-l 956)
les algèbres de von Neumann et les et E. Fischer (18751959) étudient les
C*-algèbres ont été consacrés par une fonctions de carré intégrdble et la conver-
médaille Fields en 1982) fondée sur le gence en moyenne quadratique, puis
caractère intrinsèque du groupe modu- F. Riesz introduit les espaces Y, pour
laire, qui fournit, pour le type III, des 1 < p < + 00 et la moyenne d’ordre p.
invariants affinant la typologie de Murray Toutefois, ce n’est que vers 1920 que la
et von Neumann, puis généralise le théo- notion d’espace normé abstrait est déga-
rème d’unicité du facteur hyperfini en gée, principalement par S. Banach (1892-
montrant que, pour toute une catégorie 1945), et ce n’est qu’en 1929-1930 que
d’algèbres de von Neumann (à une excep- J. von Neumann (1903-l 957) propose une
tion près, celles des algèbres dont le centre présentation axiomatique des espaces de
est trivial et qui sont limite inductive Hilbert. S. Banach, dans sa thèse de 1920
d’algèbres de matrices), il s’agit d’inva- intitulée : Sur les opkrutions dans les
riants complets, c’est-à-dire caractérisant ensembles abstrtrits et leur applicution aux
l’algèbre à isomorphisme près. kquations intégrules, écrit : « L’ouvrage
présent a pour but d’établir quelques
JEAN-LUC SAUVAGEOT
théorèmes valables pour différents champs
fonctionnels, que je spécifie dans la suite.
Bibliographie Toutefois, afin de ne pas être obligé à les
A. CON& ‘Géométrie non emmutatiw. Interédi- démontrer isolément pour chaque-champ
tions, Paris, 1990 / J. DIXMIER, Les C*-Algébres rt
leurs rr,t&.wntutions, 2’ éd. rev., Gauthier-Villars,
particulier, ce qui serait bien pénible, j’ai
Paris, 1969 ; Les Algèbws d0pérutrurs dans lèspat~e choisi une voie différente que voici : je
hilbertien (Algèbres de wm Neumunn), ibid., 2’ éd. considère d’une façon générale les ensem-
KV. et augm., 1969 ; C .4%ebrm. Elsevier Science. bles d’éléments dont je postule certaines
N e w Y o r k , 1 9 7 7 / 1 . M: G E L F A N D, D . A . RA I K O V &
G. E. CHILOV. Les Anneuux norrnC~ commutatif~~. propriétés, j’en déduis des théorèmes et je
trad. J.-L. et M. Verley, Gauthier-Villars, 1965 / démontre ensuite de chaque champ fonc-

729
NORMÉS ESPACES VECIORIELS

tionnel particulier que les postulats adop- nombres complexes. Pour éviter de préci-
tés sont vrais pour lui. » ser à chaque fois, on désignera par K ce
Par la suite, les espaces vectoriels corps de base ; pour a E K, la notation / o /
normés ont été étudiés de manière auto- désignera donc soit la valeur absolue de o
nome, notamment du point de vue de leur si K = R, soit le module de a si K = C.
géométrie. Parallèlement, l’obligation, en Soit E un espace vectoriel sur K. On
théorie des équations aux dérivées partiel- appelle norme sur E une application (notée
les par exemple, de considérer des espaces traditionnellement x - ! x ! ; on dit aussi
de fonctions dont la topologie n’est pas que I/x 11est la norme de x) de E dans
déduite d’une norme a motivé l’introduc- l’ensemble R+ des nombres réels positifs
tion d’une structure plus générale : celle ou nuls qui possède les propriétés suivan-
d’espace vectoriel topologique. Toutefois, tes :
en raison de la spécificité des problèmes et (1) Condition de séparation :
des méthodes, les espaces vectoriels nor-
més ne doivent pas être considérés comme 11.x I = 0-x = 0;
de simples cas particuliers d’espaces vec- (2) Homogénéité :
toriels topologiques. De plus, les espaces
vectoriels topologiques les plus importants
peuvent être construits en un certain sens
quels que soient x E E et h E K ;
à l’aide d’espaces vectoriels normés, et
(3) Inégalité du triangle :
bénéficient donc pour leur étude des
propriétés de ces derniers. En retour, les I/x +.Y II < I/x Il + lb Il >
espaces vectoriels topologiques intervien-
nent dans l’étude des espaces normés, quels que soient x, y E E.
notamment pour tout ce qui concerne les Un espace vectoriel muni d’une norme
convergences faibles. s’appelle un espace vectoriel normé. Remar-
Dans la seconde moitié du xxe siècle, quons que la restriction d’une norme à un
l’évolution de la théorie est considérable, sous-espace vectoriel est une norme, appe-
particulièrement en ce qui concerne la lée norme induite, sur ce sous-espace. Si la
géométrie des espaces de Banach et ses condition de séparation n’est pas satisfaite,
liens avec les ensembles d’opérateurs que on dit qu’on a seulement une semi-norme ;
l’on peut définir entre les espaces étudiés. l’espace quotient de E par la relation
d’équivalence :
?+ x-yollx-yIl=

est alors muni de manière naturelle d’une


1. Espaces vectoriels normés, norme, car le nombre (/S~I ne dépend que
de la classe dc .Y (espace norme associé).
espaces de Banach :
Tout espace vectoriel E est un espace
définitions et premières
propriétés métrique pour la distance :

Dans ce q-ui suit, on ne considérera que des


espaces vectoriels sur le corps R des déduite de la norme. On peut donc appli-
nombres réels ou sur le corps C des quer aux espaces vectoriels normés le

730
NORMÉS ESPACES VECTORIELS

langage géométrique de l’analyse (boules, Il faut enfin mentionner que les espaces
ouverts et fermés, convergence, etc.) intro- vectoriels normés apparaissent comme le
duit dans l’article espaces MÉTRIQUES. cadre naturel de la théorie des séries et des
Remarquons que si d est une distance sur familles sommables (cf. SÉRIES ET PRODUITS
un espace vectoriel déduite d’une norme, INFINIS).
elle possède la propriété suivante d’inva- Les exemples que nous donnons main-
riante par tmnslution : tenant fournissent un premier catalogue
des espaces normés les plus courants.
d(x + Z,Y + 2) = d(x,.Y),
Remarquons que lorsque ces espaces
quels que soient x, y, z E E. Ainsi, les ne sont pas complets, en vertu de ce qui a
boules de centre z sont les translatées des été dit précédemment, on étudie leur
boules centrées à l’origine 0 de l’espace complété afin de se ramener à un espace de
vectoriel qui s’obtiennent toutes par homo- Banach.
thétie (d’après l’homogénéité de la norme)
à partir de la boule unité ouverte : Espaces de dimension finie
B(O,l)= bEE;l/x 1) < 1) Bien entendu, l’application X- 1 x ( est
une norme sur K considéré comme un
ou de la boule unité fermée : espace vectoriel de dimension 1 sur
B,(O, 1) = Ix E E ; ~IX 11a 11. lui-même (et aussi d’ailleurs de C
comme espace vectoriel de dimension 2
Ces boules unités sont des ensembles sur R).
convexes, et on peut reconstituer la norme Plus généralement, soit E un espace de
à partir de la boule unité par exemple ; on dimension finie n que l’on identifie à K”
suppose i c i , b i e n e n t e n d u , K = R par le choix d’une base. On considére
(cf. CONVEXITÉ, chap. 4). usuellement les normes :
On dit qu’un espace vectoriel normé E
est complet, ou encore est un espace de
Banuch, s’il est complet pour la métrique
déduite de sa norme. Cela signifie ici
qu’une suite (x,) d’éléments de E est
convergente si et seulement si :

lim ilxp-xq I = 0 i=l


p,4--
pour ,Y = (.Y,, s2, . . . . x,,) E K” ; en fait,
Si E est un espace vectoriel normé, on
pour tout nombre réel positif p > 0,
montre facilement que son complété (au
sens de la théorie des espaces métriques ;
cf. espaces MÉTRIQUES, chap. 3) peut être IIX lIp = ( 2 lX,lP)‘@
i=l
muni d’une structure d’espace de Banach
qui prolonge celle de E. Ainsi, tout espuce est une norme sur K” (espaces de Min-
vectoriel normé peut Ctre plongk dans un kowski). Sur un espuce de dimensiorz finie.
espuce de Bunuch dont il soit un sous-espace on montre que toutes les normes sont
dense ; ce c.o@t;té est unique à un isomor- équivalentes (cf. définition précise in
phisme dèspuce vectoriel normé près. chap. 3) ; cette propriété, comme on le

731
NORMÉS ESPACES VECTORIELS

verra ci-dessous, est caractéristique des que le sous-espace C,(X, K) des applica-
espaces de dimension finie, et la situation tions continues bornées de X dans K est
est fondamentalement différente dans ceux fermé dans 3(X, K) et, par suite (cf.
de dimension infinie. Les espaces de espaces MÉTRIQUES, chap. 3), est aussi un
dimension jinie sont aussi caractérisés par espace de Banach pour la norme de la
le fait que leur boule unité est compacte convergence uniforme.
(théorème de Riesz). Mentionnons enfin
que tout espace vectoriel normé de dimen- Espaces liés à l’intégration
sion finie est nécessairement complet.
Soit [a, b] un intervalle fermé borné de R ;
La norme 11. Il2 sur C” est associée au
désignons par C([a, b], K) l’espace vecto-
produit scalaire hermitien :
riel des fonctions continues définies sur
[a, b] à valeurs dans K ; pour tout nombre
réel p 2 1, on peut considérer la norme :

qui munit C” d’une structure hilbertienne ; llfll, = (J: lfwft)‘*,


de manière générale, tout espace préhil-
bertien E est un espace vectoriel normé si appelée norme de la convergence en
on le munit de la norme : moyenne d’ordre p. Ces normes sont deux
à deux non équivalentes, et C([a, h], K)
IIX I = dc+a n’est complet pour aucune d’entre elles
en désignant par (x 1y) le produit hermitien (alors que C([a, h], K) est complet pour la
de x et y (cf. espace de HILBERT). norme de la convergence uniforme). Le
complété de C([a, b], K) pour une telle
norme (cf. espaces MÉTRIQUES, chap. 3)
Norme de la convergence uniforme
n’est autre que l’espace Lp ([a, b], K) des
Si X est un ensemble, désignons par classes de fonctions à valeurs dans K, de
E = <7%(X, K) l’espace vectoriel des appli- puissancepième intégrale sur [a, b] pour la
cations bornées de X dans K (rappelons mesure de Lebesgue (cf. INTÉGRATION ET
que l’on a toujours K = R ou C) ; on MESURE, chap. 4). Pour p = 2 on obtient
appelle norme de la convergence uniforme un espace de Hilbert, la norme étant
la norme sur E définie par : associée au produit scalaire :

On montre que 3(X, K), muni de la norme


Rappelons qu’une fonction mesurable
de la convergence uniforme est un espace
définie sur [a, b] à valeurs dans K (cf.
complet. Dire qu’une suite cf,,) de fonc-
INTÉ GRATION ET MESURE, chap. 3) est dite
tions converge vers f pour cette norme
essentiellement bornée par M si la mesure
signifie ici que :
de l’ensemble des x tels que If(x) 1> M est
nulle ; la borne supérieure essentielle, notée
llf II- est le plus petit M réalisant la
c’est-a-dire que la suite des fonctions f n condition précédente.
converge uniformément Vers$ Dans le cas L’espace L” ([a, b], K) des classes de
où X est un espace topologique, on montre fonctions essentiellement bornées sur [a, h]

732
NORMÉS ESPACES VECTORIELS

à valeurs dans K est normé par IiJ’ I/ _ ; c’est Dans toute la suite, les espaces lx, c, cO,
alors un espace de Banach. l”, Dl ([a, b], K) seront considérés comme
Il existe d’autres exemples intéressants normés de la façon indiquée dans les exem-
d’espaces de Banach liés à l’intégration, ples D’autre part, du point de vue des
notamment les espaces d’orlicz (cf. CONVE- notations, lorsque aucune confusion n’en
XITÉ - Fonctions convexes). résulte, on se permettra de noter C(X),
U ([a, b]) les espaces C(X,K), U’ ([CI , h],
K).
Espaces de suites

Sur l’espace P” des suites bornées d’élé- Continuité d’une application linéaire
ments de K on peut définir la norme : Soit E et F des espaces vectoriels normés
sur K (égal à R ou C) et :
ll41~ = SUPlU,l,
“EN
u :E-F

où u est la suite de terme général II, ; on une application lin~aiw, c’est-à-dire telle
obtient ainsi un espace de Banach. Remar- que :
quons que cet exemple peut être considéré
u(J,J + P!J) = Au(x) + wcv),
comme un cas particulier de norme de
convergence uniforme sur un espace quels que soient x, y E E et A, u E K. Les
n(X, K) de fonctions bornées en prenant trois conditions suivantes, apparemment
X = N. de plus en plus fortes, sont en fait équi-
L’espace cg des suites d’éléments de K valentes :
qui convergent vers 0 (et sont donc bor- (1) L’application u est continue au point
nées), muni de la norme induite par la OEE;
norme 11 I/ _ de lx, est un espace de (2) L’application u est continue partout ;
Banach ; c’est un sous-espace fermé de Iffi.
(3) Il existe une constante M telle que :
On dispose d’un résultat analogue pour
l’espace L’ des suites convergentes d’élé-
ments de K.
pour tout x E E (on exprime cette condi-
Pour p > 1 on définit l’espace P des
tion en disant que u est hornk).
suites 24 = (u,), a 0 d’éléments de K telles
Ainsi, la continuité en un seul point (on
que ~IW < + 00 ; muni de la norme : se ramène à l’origine par translation)
n=o entraîne que u est uniformément continue
IIU II = (2 lu, Iq, (et même lipschitzienne, cf. espaces MÉTRE
n=o QUES, chap. 2) car on a (la linéarité est bien
entendu ici essentielle) : u(u) - ~(1,)
IP est un espace de Banach. Dans le cas = CC(.~-y), d’où :
p = 2, on obtient un espace de Hilbert,
la norme étant déduite du produit sca-
laire Cette importante propriété rend les
applications linéaires continues redevables
des résultats relatifs aux applications uni-
formément continues. Le théorème de

733
NORMÉS ESPACES VECTORIELS

prolongement (cf. espaces MÉTRIQUE~.


fig. 3
chap. 3) donne ici : soit E un espace
vectoriel normé, E’ un sous-espace dense et
u : E’ + F une application linéaire conti-
nue de E’ dans un espace de Banach F ;
alors il existe un prolongement linéaire
continu unique û : E + F à l’espace E tout
entier (la linéarité du prolongement est
évidente par continuité).

Comparaison de normes
Considérons deux normes )/ ,Il , et / l/ z sur
un même espace vectoriel E et désignons
par E, et E2 les espaces vectoriels normés
correspondants. On dit que la norme 11. I/ ,
est plus fine que la norme (/.II 2 si l’appli-
fig. 1
cation identique de Et dans E2 est continue,
AXZ ce qui signifie que tout ouvert pour la
norme II.11 z est un ouvert pour la norme
I .11 1.
La condition ci-dessus montre que cela
équivaut a dire qu’il existe une constante
u > 0 telle que :

pour tout Y E E. On dit que les deux


normes sont équivnlent~s si elles définissent
les mêmes ouverts, c’est-à-dire s’il existe
des constantes strictement positives u et h
telles que :

Par exemple, si E et F sont des espaces


vectoriels normés de normes respectives
//‘Il et 11’11 ‘) on obtient sur E X F trois
normes équivalentes en prenant pour
norme de l’élément (.Y, J) E E X F respec-
tivement l’un des trois nombres :

sup ( Ilx II, IIY Il ‘X I/x Il + lb I‘> v IIX II * + lb II ‘*.


On montre que, sur un espace vectoriel
de dimensionjnic, toutes les normes sont
équivalentes, mais inversement ce n’est
plus nécessairement le cas en dimension

734
NORMÉS ESPACES VECTORIELS

infinie, comme le démontre l’exemple de l’application linéaire u et admet aussi les


l’espace E = C([O, 11) muni des normes : expressions :

llfll~=o~~p<~f(t)I,
\ . llfllI=Jo’lf(t)ldt;

on a ici I]f 11, < ]If /1_, et, par suite, la ainsi, c’est la plus petite constante M telle
norme de la convergence uniforme est plus que l’on ait :
fine que la norme de la convergence en
moyenne, mais ces deux normes ne sont
pas équivalentes. Il suffit pour s’en
pour tout x E E.
convaincre de remarquer que la suite cf,)
On montre que l’espace vectoriel
d’éléments de E, définie par :
normé C(E, F) est complet si et seulement
si F est complet. En particulier, le dual

l
-nt+1, O<r<!
n’ topologique C(E, K), qui est l’espace vec-
f,(t) =
0, &<l,
"
toriel des formes linéaires continues sur E,
est toujours un espace de Banach ; on le
converge en moyenne vers la fonction 0 note E* (ne pas confondre avec le dual
mais ne converge pas uniformément, car algébrique).
il.f,ll , = 1/(2 n) et llf,,II== 1. Remarquons enfin que si E, F et G sont
trois espaces vectoriels normés, si 24 :
Norme d’une application linéaire E-Fetv:F + G sont des applications
Si E et F sont des espaces vectoriels linéaires continues, alors on a :
normés, on désigne par C((E. F) l’espace
II u 0 y Il a II u II Il y II
vectoriel des applications linéaires conti-
nues de E dans F. La présence du c en en particulier, l’algèbre L(E, E) = c(E) des
indice est destinée à éviter la confusion endomorphismes d’un espace vectoriel
avec l’ensemble de toutes les applications normé est une algèbre normée pour la
linéaires (continues ou pas) de E dans F norme introduite ci-dessus (cf. algèbres
que les algébristes notent (cf. algèbre NORMÉES).
LINÉ AIRE ET MULTILINÉAIRE) L(E, F) ; dans
la pratique, cet indice saute, car le contexte Hyperplans fermés
indique toujours assez clairement si on
Soit E un espace vectoriel normé et F un
impose la continuité ou pas... Dans ce qui
sous-espace vectoriel de E. Si x et y appar-
suit, nous ne considérerons que des appli-
tiennent à l’adhérence F de F dans E, cela
cations linéaires continues et, le lecteur
signifie qu’il existe des suites (x,) et (J,,)
(éventuel) étant prévenu, nous désignerons
d’éléments de F qui convergent respective-
par C(E, F) l’espace vectoriel des applica-
ment vers x et ?: ; pour A, u E K, la suite
tions linéaires continues de E dans F.
(hx,, + uy,) d’éléments de F converge vers
On vérifie que l’application :
A.x + p)’ qui appartient donc aussi à F.
u-/lu ~‘=,,s;+(x)/l, uEc(E,F). Ainsi, l’adhérence d’un sous-espace vecto-
1 .
riel est un sous-espace vectoriel. Si F est un
est une norme sur l’espace vectoriel L(E, sous-espace de dimension jnie de E, on
F). Le nombre 11u 1) s’appelle la norme de montre qu’il est toujours fermé, mais, dans

735
NORMÉS ESPACES VECTORIELS

les espaces de dimension infinie, il peut exis- telle que u et u -’ soient continues est un
ter des sous-espaces distincts de leur adhé- isomorphisme de E sur F ; deux espaces
rence. comme on va le voir. normés E et F sont isomorphes s’il existe un
Rappelons (cf. algèbre LINÉAIRE ET MUL- isomorphisme de E sur F ; du point de vue
TILINÉAIRE, chap. 4) qu’on appelle lzyper- topologique, les espaces E et F sont
pbn d’un espace vectoriel tout sous-espace homéomorphes (cf. TOPOLOGIE GÉNÉRALE,
strict maximal, c’est-à-dire de codimen- chap. 1). Compte tenu de ce qui a été dit
sion 1 ; si H est un hyperplan de E, il existe sur la continuité des applications linéaires,
une forme linéaire u : E + K, unique à un pour qu’une application linéaire surjective
scalaire près, telle que H soit le noyau de u de E sur F soit un isomorphisme il faut et
(on dit que u(x) = 0 est l’équation de il suffit qu’il existe deux constantes C, > 0
l’hyperplan). Supposons E normé et soit H et CI > 0 telles que pour tout élément .Y de
un hyperplan ; l’adhérence H est un sous- E:
espace vectoriel de E qui contient H, et par
c, IIX IIE < lU(X)l/F < cz ~Ix IIE.
suite, d’après la maximalité de H, on a soit
H = H, c’est-à-dire que I’hyperplan H est (Remarquons que I’injectivité est consé-
frrrnr’, soit fi = E, c’est-à-dire que I’hyper- quence de l’inégalité C, l/ x / r < 11u(x) 11F et
plan est dense dans E. On montre facile- de la linéarité de u, si bien que si u n’est
ment que, avec les notations données pas surjective on peut tout de même dire
ci-dessus, I’hyperplan H est fermé si et seu- que u est un isomorphisme de E sur u(E).)
lement si la forme linéaire ~1 est continue. Une application linéaire bijective u d’un
La notion d’hyperplan partout dense espace normé E sur un espace normé F
étant peu intuitive, donnons un exemple telle que pour tout .Y de E 11z+) / r = ~1 .Y 11r
simple de cette situation. Soit E l’espace est une iso&trie, ou encore un normiso-
vectoriel des polynômes à coefficients morphisrne de E sur F ; s’il existe une
réels, muni de la norme de la convergence isométrie de E sur F, les espaces E et F sont
uniforme sur [0, 11, c’est-à-dire : dits isonzL;triqucs ou encore nomisomor-
pi1 PS.
~iPl~=o~y~,IP(t)l, PEE;
, , Tous les espaces de Banach de même
dimension finie II sur K sont isomorphes :
la forme linéaire u définie par :
en revanche. ils ne sont pas tous isométri-
u(P) = P(2) ques comme le montre la considération des
n’est pas continue, car la suite (P,,), définie normes Jj Il? et 11 l/ _ par exemple. Si
par P,,(r ) = (t/2)“, converge vers 0 dans 1 < p < q < + aî. aucun sous-espace
E ; en effet, 11P,, Il= (1/2)“), alors que fermé de dimension infinie de l,, n’est
u(P,,) = 1 ne converge pas vers 0. Il en isomorphe à un sous-espace de l(, ; aucun
résulte que l’espace vectoriel des polynô- sous-espace fermé de c0 n’est isomorphe à
mes P qui admettent le nombre 2 pour un sous-espace de /p. Ki et Kz étant deux
racine forme un hyperplan partout dense espaces compacts, C (K,, R) et C (Kz, R)
de E. sont isométriques si et seulement si K, et
KI sont homéomorphes ; C ([O,l], R) et
Isomorphismes. isométries C ([O,l] K [O,l], R) ne sont donc pas iso-
Une application linéaire bijective u d’un métriques ; on peut montrer cependant
espace normé E sur un espace normé F qu’ils sont isomorphes.

736
NORMÉS ESPACES VECTORIELS

2. Les théorèmes généraux de base soit continue, il faut et il suffit que son gra-
phe soit fermé dans l’espace produit E X F.
Entre 1920 et 1930, S. Banach, H. Hahn,
H. Steinhaus élaborent les théorèmes géné- Théorème d’équicontinuité
raux de base de la théorie. de Banach
Soit (TikI une famille d’applications li-
Théorème de Hahn-Banach néaires continues d’un espace de Banach B
Il existe diverses versions de ce théorème ; dans un espace vectoriel normé F. On sup-
nous donnons ici une version analytique pose que, pour tout élément x de B,
valide dans les deux cas : K = R ou SLIP/~ T,(x) 11< + 00 ; alors sup /I T, 11
< + 00.
K = C. Nous renvoyons à l’article CONVE- GI El
XIT É pour une forme géométrique de ce Théorème de Banach-Steinhaus
résultat. Soit E et F deux espaces de Banach et
Soit E un espace vectoriel sur K, p une (TA~N une suite d’applications linéaires
semi-norme sur E (cf. chap. 1) et f une continues de E dans F. Alors lim T,(x)
forme linéaire sur un sous-espace F de E n-r
qui pour tout x de F vérifie if(x) 1< p(x). existe pour tout x élément de E si et
II existe alors une forme linéaire g sur E qui seulement si lim T,(x) existe pour tout
n-s
prolongefet qui vérifie 1g(x) / < p(x) pour
x d’un sous-ensemble dense de E et
tout .x de E. sup 11T,(x) j < + 00 pour tout x élément
Les quatre théorèmes qui suivent repo-
sent de manière essentielle sur la propriété de E. Quand la limite T(x) existe pour tout
de Baire des espaces métriques complets élément x de E, l’application T est linéaire
(cf. espaces MÉTRIQUES, chap. 4). continue et /I T I/ < lim inf /l T, 1 .
n-m
Théorème de l’application ouverte
Soit E et F deux espaces de Banach et u 3. La décomposition
une application linéaire continue surjective des espaces de Banach
de E sur F. L’image par u de tout ouvert
de E(cf. TOPOLOGIEGÉNÉRALE, chap. 1)est Produits d’espaces de Banach
alors un ouvert de F. E et F étant deux espaces de Banach, la
On déduit immédiatement de ce théo- somme directe E 0 F (cf. algèbre LINÉAIRE
rème que si de plus u est injective alors u est ET MULTILINÉAIRE, chap. 2) peut être munie
un isomorphisme de l’espace de Banach E d’une structure d’espace de Banach dont la
sur l’espace de Banach F. En particulier, topologie associée soit la topologie produit
lorsqu’un espace vectoriel E est muni de de celle de E par celle de F (cf. TOPOLOGIE
deux normes qui en font toutes deux un G ÉN ÉRALE , chap. 1). Il y a en fait plusieurs
espace de Banach, il suffit de montrer que normes qui réalisent cette condition, les
ces normes se comparent pour en conclure plus utilisées étant 11(x, Y) I p =
qu’elles sont équivalentes. UI-~IIEP+I~IIII~P, où 1 <P < +a et
II (x3 Y) Il m = max (I x Il E, Il Y Il d. hidem-
Théorème du graphe fermé ment, ces normes sont équivalentes et les
Soit E et F deux espaces de Banach. Pour espaces de Banach obtenus sont isomor-
qu’une application linéaire u de E dans F phes.

737
NORMÉS ESPACES VECTORIELS

La complémentation fermé de E une projection continue de


Soit E 0 F une décomposition en somme norme 1 de E sur F ; alors E est isomé-
directe algébrique de l’espace de trique à un espace de Hilbert.
Banach X. E et F étant munis des topo- b) Soit E un espace de Banach dans
logies induites par celle de X, et E 0 F de lequel il existe pour tout sous-espace F
la topologie produit, nous dirons que fermé de E une projection continue de E
E 0 F est une décomposition en somme sur F ; alors E est isomorphe à un espace
directe topologique si l’application de Hilbert.

<p:EOF-X
@?U)++X +Y Bases de Schauder
S o i t (-Y&~ une suite d’éléments d’un
est un homéomorphisme.
En utilisant le théorème de l’application espace de Banach E telle que tout élé-
ouverte, on montre que pour qu’une ment x de E se décompose de manière
décomposition en somme directe E 0 F de
unique sous la forme x = c 4 WY,,
l’espace de Banach X soit topologique il
,=a
faut et il suffit que E et F soient des où les $(x) sont des éléments de K (qui
sous-espaces fermés de X. dépendent évidemment de x). Dans ces
Le problème de la complémentation qui conditions, les applications :
se pose alors est de savoir si, étant donné
un sous-espace vectoriel fermé E d’un
espace de Banach X, il existe un supplé-
mentaire topologique de E dans X, c’est- sont des formes linéaires continues, c’est-
à-dire un sous-espace F de X tel que E 0 F à-dire des éléments de E*. On dit alors que
soit une décomposition en somme directe la suite (,Y,),~~ est une base de Schauder
topologique de X ; on dira dans ce cas que de E. Dans les espaces cg, l,,
E est complémenté dans X. On montre que (1 < p < + w), la suite (eJjtN, où
pour qu’un sous-espace fermé E de X soit e, = (B,ri)itN (S,, = 0 si i # j, 6, = 1 si
complémenté dans X il faut et il suffit qu’il i =j) est une base de Schauder. Dans
existe une projection continue P de X sur l’espace de Banach C[O,l] muni de la
E ; alors E 0 (1~~ P)(X), où 1 est l’appli- norme de la convergence uniforme, la suite
cation identique, est une décomposition en de fonctions définie par :
somme directe topologique de X. Il n’est
pas vrai en général que tous les sous- fo@) = Lfl(t) = 1,
2r-2 2 r
espaces fermés d’un espace de Banach
soient complémentés : par exemple, c0
0 si tcf 1 2k+l’2k+l
2r- 1
[

n’est pas complémenté dans I”. Toutefois, fzk+r (f ) = 1 s i f=-


la propriété indiquée est réalisée dans les I
espaces de dimension finie et dans les
espaces de Hilbert (cf. espace de HILBERT,
1 affine sur [TyTÏ]
27-2 2r-1

2r-1 2r
chap. 3) et elle caractérise ces espaces ;
et[-9
2k+l 2k+l 1
~
..,...Y
p1ua ..,L,;“L-,,t
pLLcIJcI1IcI‘I
a) Soit E un espace de Banach dans (r = 1 , 2, . . . . 2” ; k = 0, 1, . ..) constitue
lequel il existe pour tout sous-espace F une base de Schauder.

738
NORMÉS ESPACES VECTORIELS

Dans un espace de Banach E muni compact Q de X et tout c > 0, il existe une


d’une base de Schauder, les combinaisons application linéaire continue T de rang fini
linéaires finies a coefficients rationnels telle que pour tout .Y de Q on ait l/T, -
d’éléments de la base forment une famille x I/ < c. Soit h un réel > 1, si on impose à
dénombrable dense dans E : l’espace E est T la condition supplémentaire d’être de
séparable. La plupart des espaces de norme inférieure à h, on dit alors que X a
Banach séparables que l’on rencontre sont la A-propriété d’approximation @-A.P.).
munis de bases de Schauder ; on peut Lorsqu’il existe un réel A tel que l’espace de
néanmoins construire des espaces de Banach X ait la A-A.P., on dit que X a la
Banach séparables qui n’en possèdent pas. propriété d’approximation bornée
(B.A.P.).Enfin,siXala 1-A.P.,onditqu’il
a la propriété d’approximation métrique.
4. Les propriétés d’approximation On montre que l’espace de Banach X a la
A.P. si et seulement si, pour tout espace de
On supposera désormais que K = R. Banach Y, tout opérateur compact de X
Une application linéaire d’un espace dans Y est limite dans C,. (X, Y) muni de sa
vectoriel E dans un espace vectoriel F est norme usuelle d’une suite d’applications
dite de rang fini si son image est un sous- linéaires continues de rang fini.
espace de dimension finie de F. X et Y étant On sait qu’il existe des espaces de
deux espaces de Banach et f une applica- Banach qui n’ont pas la A.P. et qu’il existe
tion linéaire continue de rang fini de X dans des espaces de Banach qui ont la A.P. mais
Y, il est clair, d’après le théorème de Riesz n’ont pas la B.A.P. Soit un espace de
(cf. chap. l), que l’adhérence dans Y de Banach X ayant une base de Schauder
l’image parfde la boule unité fermée de X (xi)ENt la considération des opérateurs
est une partie compacte de Y, c’est-a-dire
quefest un opérateur compact. Comme on de rang fini T,, défini par T,(x) = g
,=o
sait d’autre part que dans f,. (X, Y) muni de
x,*($ .Y, montre que X a la B.A.P. ; on ne
la norme des applications linéaires conti-
sait pas par contre si tout espace de Banach
nues une limite d’opérateurs compacts est
séparable ayant la B.A.P. possède une base
un opérateur compact, la question qui se
de Schauder.
pose est de savoir si, pour des espaces de
Banach X et Y arbitraires, tout opérateur
compact de X dans Y est limite dans C,. (X,
Y) muni de la norme indiquée d’une suite 5. Intégration des fonctions
d’opérateurs de rang fini. Ce problème, dit à valeurs vectorielles.
problème de l’approximation. n’a été Mesures à valeurs vectorielles
résolu par la négative qu’en 1973 par P.
Enflo ; il a donné lieu a l’étude de divers L’intégration des fonctions à valeurs vec-
énoncés équivalents et à la mise en place de torielles et les mesures à valeurs vectoriel-
quelques propriétés voisines extrêmement les sont des outils intéressants qui permet-
importantes (ces travaux sont essentielle- tent en particulier grâce à des théorèmes de
ment dus a A. Grothendieck). On dit que représentation de mieux étudier certaines
l’espace de Banach X possède la propriété propriétés géométriques des espaces de
d’approximation (la A.P.) si, pour tout Banach.

739
NORMÉS ESPACES VECTORIELS

Intégration des fonctions ples ; cette démarche est possible grâce au


0 valeurs vectorielles lemme suivant :
(0, G, u) est un espace mesuré par une Lemme. S o i t VA), e t (fz),,, d e u x
mesure positive finie u ; X est un espace de suites de fonctions simples qui convergent
Banach et 3, est la tribu borélienne de X presque partout vers la même fonction sim-
(Cf. INTÉGRATION ET MESURE). Une appka-
ple f et telles que, pour i = 1 et 2,
tion f de Q dans X est dite fortement mesu- lim Jo IlfJo) ~ f ;,, (0) /l dp = 0. Alors, les
Il-X
ruhle si c’est une application mesurable n-
(c’est-à-dire si l’image réciproque par f de limites lim JA fi(o) dp (i = 1 et 2) existent
tout élément de 3, est un élément de G) et pour toizélément de G (et même unifor-
s’il existe un sous-espace fermé séparable X, mément par rapport à A) et sont égales.
de X et un élément 0, de G de mesure nulle On peut donner alors la définition
tels quef (R ~ Q,) C X0. suivante :
Une application f de 0 dans X est dite Déjnition. Une fonction fortement
simple si elle est mesurable et si son image mesurable f, de n dans X, est dite inté-
est un sous-ensemble fini de X. grable au sens de Bochner (ou B-intégrable)
Une fonction simple non nulle s’il existe une suite (f,,),? de fonctions
s’écrit alors de manière unique sous la simples qui converge vers f presque par-
forme : tout et telle que :

où les .y, sont des éléments non nuls deux Par définition, on pose alors :
à deux distincts de X, où les A, sont des
éléments non vides deux à deux disjoints de /(w)dp = lim
n-m S,fnWd~.
s
la tribu G et où X, est la fonction
ThL:orème. Une fonction fortement
caractéristique de l’ensemble A,. On peut
mesurable f de 0 dans X est B-intégrable
alors définir l’intégrale de la fonction
si et seulement si Jn il,f(o) /I dp < + 00 ;
simplef=k X,,s, par rapport à la dans ce cas, on a de plus l’inégalité :
I==l
mesure u en posant :

De la même façon que pour les fonc-


tions à valeurs réelles ou complexes, on
définit l’espace L’(O, G, u,X) des classes
(on attribuera à la fonction nulle l’inté- de fonctions B-intégrables de Q dans E
grale 0). (Cf. Iï’TÉGRATION ET MESURE, Chap. d), ainsi
Toute fonction f de 0 dans X, forte- que les espaces V(O, G, p, X), où
ment mesurable, est limite presque partout l<p<+cQ
d’une suite de fonctions simples ; cela nous
suggère de dcfinir l’intégrale de certaines Mesures à valeurs vectorielles
fonctions fortement mesurables grâce à Soit (a, G) un espace mesurable et X
une approximation par des fonctions sim- un espace de Banach. Une application F

740
NORMÉS ESPACES VECTORIELS

de 7Y dans X est une mesure si elle est Déjïnition. On dit qu’un espace de
r-additive : pour toute suite (A,), d’élé- Banach X a la propriété de Radon-
ments deux à deux disjoints de G : Nikodym si, pour tout espace mesuré (0,
77, u) par une mesure positive finie u, et
F( u A,) = 2 FG%), pour toute mesure à variation bornée F de
,=o i=o -t; dans X y-continue, il existe un élément
f de L’ (E, G, u, X) tel que pour tout A
et si F(0) = 0. élément de G on ait :
Notons 1 F 1 l’application de G dans
R+ définie par :

Cette propriété a des applications inté-


ressantes du point de vue des opéra-
où P est l’ensemble de toutes les partitions teurs :
finies de A en éléments de IY ; 1F 1est une Déjinition. Soit (0, G, u) un espace
mesure positive ; quand 1F 1est une mesure mesuré par une mesure positive finie u. On
finie, on dit que la mesure F est à variation dit qu’un opérateur T de L’ (0, G, u) dans
bornée. Si maintenant u est une mesure un espace de Banach X admet une repré-
positive finie sur l’espace mesurable (E, 77) sentation de Riesz s’il existe un élément g
et si F est une mesure définie sur (E, 77) à de L-(0, 77, u, X) tel que pour tout
valeurs dans X, on dira que F est élément f de L’ (0, 2;, u) :
p-continue lorsque ,JmO F(A) = 0.
On peut montrer que, pour que F soit T(f) = nf(NdWv.
s
u-continue, il faut et il suffit que, pour tout
Théorème. Un espace de Banach X a la
élément A de IY tel que u(A) = 0, on ait
propriété de Radon-Nikodym si et seule-
aussi F(A) = 0.
ment si, pour tout espace mesuré (0, 7;, u)
par une mesure positive finie u, tout
La propriété opérateur T de L’ (0, ?Y, u) dans X admet
de Radon-Nikodym une représentation de Riesz.
Théorème. Soitfun élément de LI(E, ZY, u, La propriété de Radon-Nikodym a
X) ; alors la fonction F de G dans X définie d’autre part un aspect géométrique très
par : important :
Déjnition. Un sous-ensemble borné B
d’un espace de Banach X est dit dentable si,
pour tout c > 0, il existe un élément x de B
est une mesure à variation bornée et : qui n’appartient pas à l’enveloppe convexe
fermée de B ~ B(x, E), où B(x, E) est la
l F I(4 = SA 11
f(o) 11
d H. boule ouverte de centre .Y et de rayon &.
Théorème. Un espace de Banach X
Contrairement à ce qui se passe dans le
possède la propriété de Radon-Nikodym si
cas de mesures à valeurs réelles ou com- et seulement si tout sous-ensemble borné
plexes, la réciproque de ce théorème est
de X est dentable.
fausse. On est amené à introduire la
définition qui suit. ROBERT ROLLAND et JEAN-LUC VERLEY

741
NUMÉRATION

Bibliographie deux éléments distincts de A ont tou-


L. CHAMBADAL & J.-L. OVAERT , Cours dc rnuth&x- jours pour images par f’ deux éléments
tiques, t. 1 : Notrons forltlrr~~entc~l~~s ciUlgèhïe et distincts de B (injection).
rlirnu/J~sr, Gauthier-Villar,, Paris, 1966 / M. DAY,
/Vor~ed Linew S~IX~.~, Spinger, Ber!in-Gottingen- Lorsqu’il existe une bijection de A sur
Heidelberg. 1962 / J. DIEUDONNÉ. Foncfenwnrs de B, il en existe aussi une de B sur A, et on
l’una~w &frme, Gauthier-Villars. 1965 ; Éki~wnts dit que A et B ont uutunt d’éléments. C’est
tl’nntrl~~~, t. II, Gauthier-Villars. 1968 / M. KLWE, une notion très simple, car on peut voir si
Mutherwficrrl Thought /km Ancient 10 Modem
Tmes, Oxford Univ. Press. New York. 1972 / deux ensembles ont autant d’éléments sans
A. KOLMOGOROV & S. FOMINE, É/&zrnr.~ (le lu r/&rie compter ces éléments.
rlrs fi~nctions et rlr lirnul~~.re foncrionnelle. t r a d . Ainsi, les bergers de 1’Antiquité utili-
M. Dragnev, MIR, Moscou. 2’ éd., 1977 /
G. KOTHE, Topuhgictrl C’ector’ Spuces, t. 1, Springer,
saient des cailloux (d’où le nom de
Berlin-Heidelberg-New York. 1969 / J. LINDENS- <( calcul ») pour faire rentrer le soir autant
de moutons qu’ils en avaient fait sortir le
matin ; de même, lorsqu’on voit de nom-
breux couples danser sur une scène, malgré
l’animation et sans compter, on sait immé-
diatement qu’il y a autant d’hommes que

NUMÉRATION
de femmes ; remarquons enfin que, dès
l’école maternelle, les enfants savent qu’ils
ont uutant de doigts à une main qu’à

L
l’autre, aux mains qu’aux pieds, qu’il y a
e problème de la numération est celui
autant de tasses que de soucoupes, etc., et
de la désignation des nombres. Les
cela parce qu’ils savent réaliser les bijec-
nombres sont définis de manière intrinsè-
tions correspondantes.
que, indépendamment de leur nom, et la
façon de les désigner dépend du langage,
Cardinaux
du H code » choisi. Pour comprendre en
quoi consiste la numération, il est impor- Plusieurs ensembles d’objets étant donnés,
tant d’abord de savoir distinguer un nom- on peut opérer un classement en rangeant
bre de ses représentations dans divers dans une même G classe )) les ensembles
(( systèmes de numération D. Nous ne rap- ayant uutunt d’éléments. Les ensembles
pelons d’abord ici que les notions élémen- d’une même classe sont dits (< équipo-
taires concernant les nombres entiers natu- tents )). Ces exercices présentent I’incon-
rels. vénient de ne porter que sur des ensembles
finis, mais permettent de bien mettre en
évidence la notion d’équipotence entre
ensembles.
L’équipotence entre ensembles est
Les entiers naturels réflexive, symétrique et transitive, mais on
peut remarquer que l’on commet un abus
Bijections de langage lorsqu’on dit que c’est une
Une application f’d’un ensemble A sur un (< relation d’équivalence H. En effet, les
ensemble B est dite une b~cctim lorsque : relations sont définies seulement sur des
tout élément de B est l’image parfd’un ensembles, or l’équipotence est définie sur
Elément de A (surjection) ; la « collection de tous les ensembles D, de

742
NUMÉRATION

même que l’appartenance ou l’égalité des ordinal ou l’aspect cardinal du nombre


ensembles. naturel considéré qui intervient.
Les cardinaux peuvent être considérés
comme les (X classes d’équivalence )) déter- Numération des entiers naturels
minées par cette « pseudo-relation D sur la L’ensemble des entiers naturels étant cons-
collection de tous les ensembles : les truit, la question se pose de « nommer N
ensembles d’une même classe ont donc en ces nombres oralement et par écrit, 11
commun la propriété d’avoir <( même car- apparaît vite qu’il n’est pas possible
dinal » . d’inventer un nom pour chaque nombre
indépendamment des précédents ; il est
Nombres entiers encore moins possible de lui trouver un
symbole pour l’écriture. Chaque civilisa-
Aspect « cardinal »
tion s’est donc donné un « alphabet ))
On peut être tenté de définir le H nombre
d’éléments )) d’un ensemble comme la particulier et des règles de formation pour
les (< mots », au sens de « combinaisons de
propriété commune à tous les ensembles
qui ont même cardinal que lui ; dans ce cas, symboles )).
Le système adopté par la civilisation
« nombre H et G cardinal » seraient syno-
occidentale utilise actuellement les symbo-
nymes. Mais, en réalité, seuls les cardinaux
les :
JinGv sont des nombres entiers.
On peut prendre comme définition : Un
ensemble est fini si et seulement s’il n’est
équipotent à aucune partie stricte de lui-
qui constituent l’alphabet à partir duquel
même. on écrit les nombres en appliquant le
principe dit de N numération de position ))
Aspect « ordinal »
Si l’on construit une suite d’ensembles avec une base constante.
dont le premier est vide et tels que, à partir
Numération de position
du deuxième (auquel on donnera le
à base constante
numéro un), chacun s’obtient en recopiant
le précédent et en lui adjoignant un objet Soit B un entier naturel fixe, dit H base » :
et un seul, c’est-à-dire que chaque ensem- une unité de chaque ordre vaut B unités de
ble a exactement <( un objet de plus » que l’ordre précédent.
le précédent, ce qu’on matérialise ainsi Par suite de l’unicité du quotient et du
n’est autre que la construction des (( ordi- reste dans la division euclidienne (cf.
naux finis )) par : DIVISIBILITÉ, chap. l), tout entier naturel CI
peut s’écrire d’une manière et d’une seule
a (01, (0, [011, (08 f0),I0, i0)11, .,. sous la forme :
qui sont respectivement de cardinal :
0, 1, 2, 3,
où les czO, a,, . . . . a, sont des entiers naturels
Or deux ordinaux finis de même cardi- strictement inférieurs à B et où a, est non
nal sont isomorphes ; on peut sans danger nul.
les confondre et les identifier à leur cardi- La numération de position revient à
nal ; mais, selon les situations, c’est l’aspect représenter le nombre en écrivant seule-

743
NUMÉRATION

ment les coefficients de ce polynôme (mais utilisé, en informatique par exemple, car
tous les coefficients nuls ou non, de les machines à deux états peuvent réaliser
manière que leur place soit définie sans une représentation des nombres entiers
ambiguïté), donc à désigner le nombre par leur désignation binaire, les deux états
précédent par : de la machine étant, dans le code, la
traduction du 0 et du 1. Ainsi, (< neuf »
B
a,a, -,.......... a2a,(10 > peut être codé par un top suivi de deux
blancs puis d’un autre top.
ou, plus généralement, lorsque aucune Lorsque la base est supérieure à dix, il
confusion n’est possible, en omettant est nécessaire d’adjoindre aux chiffres
l’indication de la base, par : habituels de nouveaux symboles, Par
exemple, en base douze, on utilisera :
ana,-, . . . . . . . . .*,a,*,

et même sans surlignage par :

a,anp, . a,a,a,.
Numération de position
Ainsi. le nombre « neuf )) s’écrit : à base non constante
On peut voir que, dans de nombreuses
civilisations, le système de numération est
Une erreur est à éviter : il faut se garder un système positionnel à base non cons-
de lire « mille un )) pour 100 1 cdeux) ; on doit tante : il est analogue au système défini plus
lire la suite des chiffres écrits de gauche à haut, mais les unités des divers ordres ne
droite dès que le nombre est écrit dans une sont pas toutes les puissances de l’unité du
base différente de dix. Il serait également premier ordre. Les unités de chaque ordre
maladroit d’écrire la base en chiffres, car étant définies, tout nombre naturel s’écrit
on ne saurait pas de quel nombre il s’agit encore d’une manière et d’une seule dans
(sauf lorsque l’on convient que les bases le système déterminé par ces unités en
sont toujours exprimées dans la base dix, opérant des divisions euclidiennes succes-
par exemple). sives comme dans les cas a base constante.
Le système décimal est le système de
Comparaison de deux nombres
numération de position où la base est dix,
et opérations
c’est-a-dire que les unités du deuxième
ordre (les (( dizaines ») valent dix unités du Deux nombres écrits dans le même sys-
premier ordre, les unités du troisième tème de numération de position peuvent
ordre (les N centaines ») valent dix unités être comparés : on a vu qu’un même
du deuxième ordre, etc. Prenons, par nombre ne peut s’écrire que d’une seule
exemple, 8 345 : manière dans un système donné. Soit deux
nombres u et h :
8345 = 5 + 4 X lO+ 3 X 102 + 8 X 103.
a = cl, a,+, a,, b = b, b,-, b. ;
Le système binaire est le système de
numération de position où la base est si i7z < 17, alors h < ü ; si in > tz, alors
deux : l’alphabet est composé des deux h > a ; si tn = tz, alors, ou bien, si CI,~ # h,,,
seuls chiffres 0 et 1. Ce système est très a et h sont dans le même ordre que a,, et

744
NUMÉRATION

h,,, ou bien, si a,, = b,,, CI et b sont dans le - le matériel pédagogique : les « blocs
même ordre que n, et 6,, l’entier i étant le multibases N utilisés dans l’enseignement
plus grand entier p tel que ap # hIl. primaire sont des ensembles de petits
Pour les opérations, le système de cubes, de barres, de plaques carrées et de
numération a des implications sur les grands cubes ; pour compter en base trois,
techniques opératoires (retenues) : la par exemple, on utilise des petits cubes, des
désignation du résultat d’une opération sur barres formées de trois petits cubes acco-
les entiers naturels est fonction de la lés, des plaques formées de trois barres et
désignation de ces nombres. des cubes formés de trois plaques ; les
enfants, pour compter le nombre d’élé-
ments d’un ensemble d’objets, ont,
Apprentissage de la numération d’abord, à prendre (( autant » de petits
On peut présenter, dès l’école primaire, cubes qu’il y a d’objets (en établissant une
des situations mettant en lumière les prin- bijection), puis ils les regroupent, rempla-
cipes de numération que nous venons cent chaque ensemble de trois petits cubes
d’énoncer. par une barre, puis chaque ensemble de
Citons d’abord des numérations à buse trois barres par une plaque et chaque
non constunte : ensemble de trois plaques par un grand
- dans de nombreux jeux, les enfants cube (ce procédé ne permet pas de repré-
comptent les points gagnés en utilisant des senter des nombres a l’aide d’unités
jetons tels que, par exemple, cinq ronds d’ordre supérieur au quatrième ordre) ;
valent un carré, deux carrés valent un - le <( compteur humain » binaire (jeu
rectangle, etc. ; présenté par T. L. Fletcher in LXppren-
- utilisation des pièces de monnaie cou- tissage de la matlzémutique aujourd’hui) :
rantes (centimes, sous, francs) ; 6 Plusieurs enfants sont alignés (les mains
- décompte des voix obtenues à des baissées). Il leur est précisé que, dans la
élections en dessinant des blocs de cinq suite, leur main droite doit être nettement
traits : par exemple, q i5 IJ donne treize ; dirigée vers le haut ou vers le bas. L’enfant
calendrier et mesure du temps. situé le plus à droite reçoit l’instruction de
Les exemples d’enseignement scolaire changer de position (du haut vers le bas ou
de la numération à base constante sont du bas vers le haut) à chaque signal, un
évidemment nombreux : claquement de mains du professeur, par
- le boulier traditionnel, très utilisé encore exemple ; les autres changent de position
actuellement dans certains pays pour quand la main de l’enfant à leur gauche se
l’apprentissage des opérations ; dirige en bas. ))
les exercices de groupement par paquets C’est là une réalisation pédagogique du
(trois billes dans un sac, trois sacs dans une principe même des compteurs.
boîte. trois boîtes dans une caissette, etc.) ;
- le solfège : dès huit ans, les enfants Nombres à virgule
savent qu’une ronde vaut deux blanches, De nombreux codages utilisés dans la
une blanche vaut deux noires, une noire pratique sont fondés non pas sur l’ordre
vaut deux croches, une croche vaut deux des entiers, mais sur celui des nombres à
doubles croches... ; ils utilisent donc ici la virgule : par exemple les cotes des livres
G numération binaire )) ; dans les bibliothèques modernes, le numé-

745
NUMÉRATION

rotage des maisons de certaines rues en bis, base. Il faut cependant noter que, tandis
ter.. que pour les entiers naturels changer de
On y est amené lorsqu’on veut pouvoir base revenait à changer le nom des mêmes
intercaler des éléments entre deux élé- nombres, ici la base intervient dans la
ments quelconques. Il s’agit d’un ordre définition des nombres eux-mêmes ; par
analogue à celui des dictionnaires ; c’est exemple, le nombre à virgule ternaire 0,l
pourquoi on l’appelle aussi « ordre lexico- n’est pas un nombre décimal, car il s’agit
graphique » . Cette question est en relation du nombre rationnel 1/3 dont on sait que
avec celle du repérage sur une demi-droite. ce qu’on appelle le (< développement déci-
mal » s’écrit « 0,333...3... » avec une
Construction de nombres infinité de chiffres H 3 )).
à virgule binaires
Entre 0 et 1 on introduit un nombre noté JOSETI-E ADDA
« 0,l )) ; entre 0 et 0,l on introduit un
nombre noté « 0,Ol )) ; entre 0 et 0,Ol on
introduit un nombre noté (( 0,001 )) ; etc. Bibliographie
De même, entre 1,l et 1,ll on introduit un J. CROSSLEY, The Emergence of Number, World
nombre noté N 1.101 H. etc. Scientific Pub]., River Edge (N. J.), 1987 /Z. P. DIE-
Un nombre à virgule binaire s’écrit NES, Lu Mathématique moderne duns l’enseignement
primaire, O.C.D.L., Paris, 5’ éd. 1970 / T. L. FLET-
donc comme un nombre entier en base CHER, L’Apprentissage de la mathématique
deux suivi d’une virgule et d’une suite de uujourd’hui. Une didactique nouvelle pour le second
c 0 )) et de « 1 )) en nombre jini avec la degré (Some Lessons in Mathematics, 1965), trad.
propriété que tout nombre est égal à tous M. Glaymann et al.. O.C.D.L., 1966 / G. GUITEL.
Histoire comparée des numérations écrites, Flamma-
ceux qu’on peut écrire en adjoignant des
rion, Paris, 1975 / Ci. IFRAH, Les Ch@ers, ou
zéros à sa droite. Par exemple : I’Histoire d’une grande invention, R. Laffont, Paris.
1985 1 N. PICARD, À lu conquête du nombre,
101,100 = 101,1ooo = 101,l.
O.C.D.L., nouv. éd., 1975.

Nombres à virgule de base quelconque


On construit les nombres « décimaux » à
partir des nombres naturels en introdui-
sant neuf nouveaux nombres entre deux
nombres naturels consécutifs, puis encore
neuf nombres entre deux nombres consé-
cutifs ainsi déterminés, et ainsi de suite.
L’ensemble des entiers naturels appa-
raît donc comme sous-ensemble de
l’ensemble des nombres décimaux, et
ceux-ci sont écrits avec les symboles « 0 )),
<( 1 )), << 2 )), << 3 », <( 4 », <( 5 », « 6 >>, << 7 H,
(( 8 », « 9 )) et le symbole de virgule (( , >).
De même que les nombres à virgule
binaires ou décimaux, on peut considérer
des nombres à virgule de n’importe quelle

746
ORDONNÉS ENSEMBLES

Rappelons enfin que c’est à partir de la

0
relation d’ordre usuel sur l’ensemble des
nombres rationnels que R. Dedekind, en
1872, a donné la première construction
rigoureuse de l’ensemble des nombres
réels.

Relations d’ordre
On dit qu’une relation 3 sur un ensemble
E est une relation d’ordre (cf. théorie
élémentaire des ENSEMBLES, chap. 2) si elle
satisfait aux axiomes suivants :
(0,) Réflexivité : pour tout élément u de
E, on a la relation a31a ;
ORDONNÉS ENSEMBLES (02) Antisymétrie : les relations a!\(/~ et
bXa ne sont compatibles que pour a = b ;
(0,) Transitivité : les relations a:Rb et hil(c

L es relations d’ordre interviennent


de manière naturelle dans des ques-
tions comme l’étude des liens de parenté
impliquent u.3~.
Par exemple, la relation < est une
relation d’ordre sur tout sous-ensemble de
et celle des liens de subordination, comme l’ensemble R des nombres réels.
les problèmes de classification, etc. C’est Étant donné deux nombres réels dis-
de là, et de la relation < entre nombres, tincts u et b, on a toujours une, et une seule,
que découle la terminologie habituelle- des relations u < b ou b < a. Plus géné-
ment employée : on dit que a est <( plus ralement, si E est un ensemble muni d’une
petit )> que 6, que a est N dominé )> par b, relation d’ordre 3, on dira que deux
que b est « plus haut )) que a, etc éléments u et b sont con~pumbles si on a au
Remarquons que cette situation inclut moins une des relations uXb ou bjta. Si
l’égalité a = b ; on précise que, de plus, deux éléments quelconques d’un ensemble
n # b, en ajoutant l’adverbe « stricte- ordonné E sont toujours comparables, on
ment ». dit que E est totalement ordonné, ou
La théorie des ensembles ordonnés encore que l’ordre est total, ou linéaire.
comporte une partie élémentaire qui est Dans le cas contraire, on parle d’ordre
exposée ici, mais constitue aussi un cha- partiel.
pitre important de la « grande » théorie
des ensembles en liaison étroite avec Un exemple d’ordre partiel
l’axiome du choix dont plusieurs formula- Soit X un ensemble ; la relation d’inclusion
tions équivalcntcs s’expriment en terme C est une relation d’ordre sur l’ensemble
d’ordre. La théorie des ordinaux, due a E = W(X) des parties de X (cf. théorie
Cantor, s’exprime aussi dans ce cadre. élémentaire des ENSEMBLES, chap. 1). Sur la

747
ORDONNÉS ENSEMBLES

figure 1, on a représenté le diagrummr On définit de même, pour u plus petit


sagittal de cette relation dans le cas où que b, l’intervalle ,fèrmé [a, b] qui est
l’ensemble des éléments .Y de E qui sont
f1g. 1
plus grands que CI et plus petits que b : c’est
l’intervalle ouvert lu, b[ augmenté de ses
deux extrémités.

Majorants
Soit E un ensemble ordonné et A un
sous-ensemble de E. On dit qu’un élément
m de E est un majorunt de A si tout élément
de A est plus petit que m (ce qui implique
que tout élément de A est comparable à
m) ; si A admet au moins un majorant, on
dit que c’est un ensemble majoré. Dans le
cas où, de plus, m appartient à A, on dit
que A admet un plus grand élément ; il
résulte de (02) que ce plus grand élément
~7, s’il existe, est unique.
Reprenons encore l’exemple ci-dessus,
illustré par le diagramme de la figure 1,
X = {CI. B. y} est un ensemble à trois
avec :
éléments : pour a, b E :I’(X), on a :

aCb,
cet ensemble admet pour majorant m =
si a = b ou s’il existe une ou plusieurs
{CI, 0, y}, mais n’admet pas de plus grand
flèches (( consécutives )) du diagramme
élément. L’élément {fl, y} de A n’est pas
partant de a pour aboutir à h. Les parties
un plus grand élément (car il n’est pas
{ @} et {cc, y}, par exemple, ne sont pas
comparable à {cc, B}), mais possède la
comparables et l’ordre n’est donc pas
propriété plus faible qu’il n’existe pas
total.
d’élément de A qui soit strictement plus
grand que lui : on dit que c’est un élément
intervalles muximal.
Soit E un ensemble ordonné et a et b des
éléments de E avec a plus petit que h. On Borne supérieure
appelle interwlle ouvert d’origine a et Soit toujours E un ensemble ordonné et A
d’extrémité h, noté ]a b[, l’ensemble des un sous-ensemble de E que nous suppose-
éléments s de E. qui sont strictement plus rons majoré. Tout élément de E plus grand
grands que a et strictement plus petits que qu’un majorant de A est a fortiori un
h (donc en particulier comparables à u et majorant de A et il est donc intéressant de
à h). Ainsi on a, dans l’exemple précédent chercher des majorants le plus petits pos-
illustré par le diagramme de la figure 1, sible. On dit que A admet une borne
supérieure si l’ensemble de ses majorants
a un plus petit élément ; cet élément,

748
ORDONNÉS ENSEMBLES

nécessairement unique, s’appelle la borne treillis est une branche de l’algèbre qui a de
supérieure de A et on le note : nombreuses applications tant en mathé-
SU~A.
matiques pures qu’en mathématiques
appliquées.
Bien entendu, on définirait de même la
notion de borne inférieure.
Quelques ordres sur N*
Dans le cas des nombres réels, tout
ensemble majoré admet une borne supé- On peut munir l’ensemble N* des entiers
rieure (cf. CALCUL IN~~É~IMAL - Calcul à naturels strictement positifs de diverses
une variable, chap. 1) et c’est cette impor- relations d’ordre qui montreront bien la
tante propriété qui permet de <( faire de grande variété de propriétés que l’on peut
l’analyse », alors que l’existence de lacunes obtenir ainsi.
dans l’ensemble des nombres rationnels Après la relation < usuelle, la relation
met cette propriété en défaut : c’est ainsi d’ordre la plus courante est la relation de
que l’ensemble des nombres rationnels divisibilité :
dont le carré est strictement inférieur à 2
PI47
n’admet pas de borne supérieure dans Q ;
dans R, sa borne supérieure est le nombre si p divise q, c’est-à-dire si q est multiple de
(irrationnel) VF. p : cela signifie qu’il existe un entier
Lorsque l’ordre est total, tout sous- m E N* tel que q = mp. Sur la figure 2, on
ensemble fini a un plus grand élément ;
mais il n’en est plus de même si l’ordre est fig. 2

partiel. Étant donné deux éléments a et b,


on désigne par :

sup (6 b)

la borne supérieure (si elle existe) de /[A

l’ensemble {u, b}. Par exemple, si l’ensem- 10

ble E = Y(X) des parties d’un ensemble X


est ordonné par inclusion, soit a et b deux 3

parties de E. Une partie c est « plus /?,y5

grande » que CI et que b, c’est-à-dire a C c


et b C c, si, et seulement si, CI U b C c ; la
réunion u U b est donc le plus petit majo- 1
rant commun à a et a b, c’est-à-dire la
borne supérieure. Raisonnant de même
pour la borne inférieure, on a donc dans L’ensemble des dwiseurs de 30 ordonné par /a
notre exemple : rélafion de d/nsion

sup(a,b)=aUb, inf(a,b)=anb.
a représenté le diagramme sagittal de
On appelle treillis tout ensemble l’ordre ainsi obtenu sur l’ensemble des huit
ordonné dans lequel deux éléments quel- diviseurs du nombre 30. On remarque ia
conques ont toujours une borne supérieure parfaite analogie avec l’ensemble des par-
et une borne inférieure ; la théorie des ties de X = {cc, D, ~1 ordonné par inclu-

749
ORDONNÉS ENSEMBLES

sion ; plus généralement, on dit que deux on définit ainsi une relation d’ordre total
ensembles ordonnés sont isomorphes s’il très différente de l’ordre usuel. Par exem-
existe une bijection de l’un sur l’autre qui ple 31 < 2 ou 12 < 8. L’intervalle ouvert
respecte les ordres. 12, 14[ contient les nombres 6 et 10, mais
La relation de divisibilité ne définit pas l’intervalle 12, 12[ contient une infinité
un ordre total, car 2 et 3, par exemple, ne d’éléments, à savoir tous les nombres de la
sont pas comparables. Si p et q sont deux forme 2(2 k + 1), k > 1, et le nombre 4
entiers. l’ensemble des (< majorants )) com- qui est son plus grand élément.
muns est l’ensemble des multiples com-
muns dep et de q ; cet ensemble a un (( plus L’ordre lexicographique
petit )) élément, le plus petit commun
Un ordre important dans les applications
multiple (P. P. C. M.) de p et de q, qui est
les plus variées (pour tous les problèmes de
donc la borne supérieure de p et de y pour
classification en sciences humaines, par
la relation de divisibilité. On interpréterait
exemple) est l’ordre lexicographique. Il est
de même le P. G. C. D. (plus grand com-
familier à tous ceux qui ont consulté un
mun diviseur) de p et de y comme la borne
dictionnaire.
inférieure de p et de q, ce qui donne une
Soit X un ensemble ordonné par < que
structure de treillis.
nous appellerons un alphabet. On appelle
Très différente est la relation d’ordre
mot toute suite finie d’éléments de X, sans
suivante sur N*, qui intervient dans une
se préoccuper du sens éventuel de ce mot
démonstration du théorème de d’Alembert
dans une langue naturelle. Par exemple, si
sur les racines d’une équation algébrique.
X est l’alphabet usuel, constitué par nos
On remarque d’abord que tout entier n 3 1
vingt-six lettres,
s’écrit de manière unique sous la forme :
abbcda, encyclopedie
n = 2’ (26 + l),

sont des mots.


avec u, b E N*. Cela signifie que n est
L’ordre lexicographique se définit
divisible par 2”, mais pas par 2”+’ ;
alors sur l’ensemble E des mots de la
le quotient de n par 2” est alors un
manière suivante. Si x = .x,x? ,yI, et
entier impair, donc de la forme 2h + 1.
y = y,yz yy sont des mots, on dira que :
Par exemple, 72 est divisible par 8 = 2s
mais n’est pas divisible par 16 = 2” ; x ay
le quotient de 72 par 8 est le nombre
si on a p < q et x, = y,, x7 = y2, . . . .
i m p a i r 9 = 4 X 2+1, d ’ o ù l ’ o n a
‘ip = y,,, ou si, désignant par k le plus petit
72 = 23(4 X 2 + 1).
entier tel que s, # yh, on a .xk < yk. Ainsi,
Pour n = 2” (2b + 1) et
si l’un des deux mots n’est pas obtenu en
n’ = 2”‘(2b’
,. + 1) on dira que n est
rajoutant des lettres a l’autre, on classe ces
dominé par n’, et on notera n < II’, si
mots en examinant la première lettre qui
on a :
diffère, par exemple :
a < a’
aha < abaa < abd.
ou si on a simultanément :

a = a’, b (b’; ANDRÉ WARUSFEL

750
ORTHOGONAUX POLYNÔMES

Bibliographie tout élément x de E, la fonction


M. BARBW & B. MONJARDET, Ordre et classificufion. y- k (x, Y)~(J) est intégrable sur E et la
2 vol., Paris, 1971 / A. BOUVIER, La T/~&rie &s fonction g, définie presque partout par la
rrzsrmh~e.~. coll. Que sais-je ?, P.U.F., Paris, 3’ éd.
formule :
1982 / N. BOURBAKI, T%&~ir ries enwnbles, Masson,
Paris, nouv. éd. 1990 / P. R. HALMOS , Introduction
à lu théorie des ensembles, Paris, 1967 / J. PICHON,
Th&?e des ensembles, logique, les entiers, éd.
Marketing, Paris, 1989. est de carré intégrable sur E. L’application
U,, dite associée au noyau k, qui à tout
élément f de L’(E) associe g, est un
endomorphisme de L’(E). Lorsqu’on
munit L?(E) de la norme de la convergence
en moyenne quadratique, cet endomor-
ORTHOGONAUX POLYNÔMES phisme est continu et sa norme est infé-
rieure à /) k// z ; cet endomorphisme est
même un endomorphisme compact. La

C 7 est à travers l’étude de certains


problèmes d’analyse fonctionnelle
(équations intégrales, skies de Fourier,
résolution de l’équation intégrale de Fred-
holm :

problème de Sturm-Liouville et, plus géné-


ralement, problèmes aux limites dans les
équations aux dérivées partielles) qu’est où h est un élément donné de L2(E),
apparue la notion de système orthogonal conduit à chercher les valeurs propres et
de fonctions. Ces problèmes amènent à les vecteurs propres de I’endomorphisme
considérer des espaces hermitiens consti- U,. Lorsque le noyau k est hermitien,
tués de fonctions et à déterminer les c’est-à-dire lorsque, pour tout couple (x, y)
valeurs propres et les fonctions propres d’éléments de E, k(y, x) = k(x, y), alors
(cf. théorie SPECTRALE) de certains endo- l’endomorphisme compact U, est hermi-
morphismes de ces espaces. Dans le cas tien. La théorie spectrale montre que
d’un opérateur hermitien, les sous-espaces l’ensemble S~(U,) des valeurs propres de
propres sont orthogonaux deux à deux. Le U, est une partie bornée dénombrable de
problème essentiel consiste alors à cher- R, dont tous les points, sauf peut-être 0,
cher des bases hilbertiennes constituées de sont isolés. De plus, les sous-espaces pro-
fonctions propres. pres E, sont orthogonaux deux à deux et
le sous-espace vectoriel :

est dense dans L2(E). Enfin, E est de


Équation intégrale de Fredholm
dimension finie si A # 0. Il existe donc une
Soit E un ensemble muni d’une mesure suite (A,,) de nombres réels convergeant
positive p et k une fonction de carré vers 0 et une base hilbertienne (<PJ de
intégrable sur E X E. Pour toute fonction L’(E) telles que, pour tout entier IZ,
f de carré intégrable sur E et pour presque U, (cp,) = A,, qn. U n e t e l l e b a s e (cp,,)

751
ORTHOGONAUX POLYNÔMES

s’appelle système orthogonal associé au E. Schmidt (1907) et T. Mercer (1909)


noyau k. Enfin, la suite (A,) est de carré ont trouvé des conditions assez larges
sommable : sous lesquelles la convergence est uni-
forme.
La théorie spectrale d’opérateurs her-
mitiens plus généraux conduit encore à des
théories analogues. Signalons le cas des
et le noyau k peut se développer de la
séries de Fourier (cf. analyse HARMONIQI-JE,
manière suivante :
espace de HILBERT) et celui des fonctions
sphériques (cf. GROUPES - Groupes de Lie).
k(x,y)= 2
A” 9. (x) ~
% cv). Nous allons nous borner ici à un cas
n=o
particulièrement simple.
Pour résoudre l’équation intégrale (l),
on décompose le second membre h dans la
Polynômes orthogonaux
base hilbertienne précédente :
Soit 1 un intervalle de R non réduit à un
+-
point et p une fonction à valeurs réelles
h= a, 9.. a, = (h Icp.).
c continue sur 1, telle qu’en tout point x
n=O
intérieur à 1, p (x) > 0. Soit C?&V) l’espace
Pour que : vectoriel des fonctionsfà valeurs comple-
xes continues sur 1 telles que :

sIlfb-)12Pwx < +-.

soit solution de (1) il faut et il suffit que, On munit C,@) du produit hermitien :
pour tout entier naturel n,

(A, -VB, = a,.

En particulier, lorsque A n’appartient L’espace hermitien C,(p) n’étant pas


pas à S~(U,) U {O}, l’équation (1) admet complet, on est amené à le considérer
une solution et une seule. Lorsque comme un sous-espace vectoriel L:@) des
h E S~(U,) U {O}, pour que (1) admette classes de fonctions f mesurables sur 1 à
une solution, il faut et il suffit que h soit valeurs complexes et telles que :
orthogonale au sous-espace vectoriel E,.
Enfin, lorsque A = 0, pour que (1) admette s pmwx < +m.
une solution, il faut et il suffit que h soit
orthogonale au noyau de Uk et que : Muni du produit hermitien précédent,
Lb) est un espace hilbertien.
Plaçons-nous dans l’un des deux cas
suivants :
où P désigne l’ensemble des entiers n tels u) L’intervalle 1 est borné et p est
que A,, # 0. intégrable sur 1, c’est-à-dire que :
On notera que les séries précédentes
p(x)dx < + 00.
convergent en moyenne quadratique. s1

752
ORTHOGONAUX POLYNÔMES

h) L’intervalle 1 est non borné, p est Il reste à examiner si la suite (P,,) est une
intégrable sur 1 et à décroissance rapide à base hilbertienne ou, ce qui revient au
l’infini, c’est-à-dire que, pour tout entier n, même. si le sous-espace vectoriel engendré
par les fonctions e,, est dense dans C,(p).
l i m Pp(x)=O
X-*- Lorsque l’intervalle 1 est borné, il en est
toujours ainsi ; cela résulte du théorème
Les fonctions monomiales e, : x +-+ X d’approximation de Weierstrass et du fait
appartiennent alors à C,(p). La suite (P,) que, sur un intervalle borné, la conver-
des fonctions polynomiales déduite de la gence uniforme implique la convergence
famille (e,) par orthonormalisation est dans C,(p).
appelée systtme depolynômes orthogonaux Lorsque l’intervalle 1 n’est pas borné, il
sur 1 associé au poids p ; pour tout entier peut arriver que (P,) ne soit pas une base
naturel n, la suite (P,) est un polynôme à hilbertienne, par exemple si p (s) =
coefficients réels de degré n, et le coefficient exp (- IX~), où IX E]O, l[. Cependant.
dominant de (P,) est strictement positif. lorsque p est à décroissance exponentielle.
Réciproquement, soit (Q,) une suite c’est-à-dire lorsque p est dominée par une
orthogonale de polynômes à coefficients fonction de la forme x - exp (- cx / x 1),
complexes telle que, pour tout entier n, le où o > 0, au voisinage de f 00, la suite est
polynôme Q,> soit de degré n. Pour tout une base hilbertienne de Li (p) et a fortiori
entier n, il existe un nombre complexe h, de C,(p). En effet, tous les moments
et un seul tel que Q, = A,P, ; plus préci- M, = v / e,) d’un élément f’ de Lf o-))
sément : orthogonal aux polynômes P,, sont nuls.
D’autre part, la décroissance exponentielie
L = (Qn 1PJ
du poids p permet de prouver que la bande
En utilisant le fait que P,, est orthogonal de convergence de la transformée de
à tout polynôme de degré inférieur ou égal Laplace defp est non vide. On en déduit
à n ~ 1, on prouve facilement les résultats alors que ,fp est nulle presque partout et
suivants : que f est nulle presque partout. Le pro-
Pour tout entier naturel non nul n, il blème de la recherche de conditions por-
existe un triplet (o,, &,, y,,) de nombres tant sur p pour que la suite (P,,) soit une
réels et un seul tel que : base hilbertienne (problème de Bernstein)
est assez délicat ; il a fait l’objet de travaux
P n+,(X) =(%Ix + P”)P&) + Y,P.-l(X)
de A. Denjoy (1922) et de T. Carleman
(formule de récurrence linéaire à deux (1932) et, plus récemment, de W. Pollard
termes) ; en outre, o,, est strictement posi- (1956) et de J.-P. Ferrier (1965) qui ont
tif et yn strictement négatif. obtenu des conditions nécessaires et suf-
Toutes les racines de P,, sont réelles, fisantes.
simples et intérieures à 1 et, pour tout
entier naturel non nul n, les racines de P, Équations différentielles
séparent celles de P,+,. des polynômes orthogonaux
Enfin, lorsque l’intervalle 1 est symétri- Soit 1 = [a, 131 un intervalle compact de R,
que par rapport à 0 et que la fonctionp est a et h deux fonctions a valeurs réelles
paire, le polynôme P,, est pair si 12 est pair, indéfiniment dérivables sur 1, la fonction a
impair si n est impair, et B,, = 0. ne s’annulant pas sur l’intérieur de 1 et

753
ORTHOGONAUX POLYNÔMES
admettant un zéro simple aux points (Y et Dans beaucoup de cas intervenant en
J3. On considère l’équation différentielle : pratique, on peut déterminer une base
hilbertienne de E constituée de vecteurs
(1) ay” + by’ = hy,
propres de U. Nous nous contentons ici
où A est un nombre complexe. De telles d’examiner le cas où CI et b sont des
équations interviennent, par exemple, dans fonctions polynomiales de la forme sui-
les problèmes de Sturm-Liouville. Les solu- vante :
tions de (1) sont les fonctions propres de 4~) = (x -a)@ - PI,
I’endomorphisme U :J’++ of” + hJ” de b(x) = yx + 6, y # 0.
l’espace vectoriel E des fonctions indéfi-
niment dfrivablcs sur 1. Pour étudier Pour tout entier naturel n. le sous-
l’équation (l), on introduit sa fonction espace vectoriel E, de E constitué des
résolvante, c’est-à-dire une fonction Y à fonctions polynomiales de degré inférieur
ou égal à n est stable par U. Les conditions
valeurs réelles strictement positives, défi-
u > 0 et v > 0 sont équivalentes aux
nie sur l’intérieur de 1 vérifiant l’équation
conditions ccy + 6 > 0 et fiy + 6 > 0.
différentielle :
De plus :
(ru)’ = rb ;
r(x) = (x-a)~-‘(p--x)“-’
alors : est une résolvante de U. Le système (P,) de
1 polynômes orthogonaux associé au poids r
U(f) = - (raf’ )‘.
r est une base hilbertienne de E constituée
de fonctions propres de U ; plus précisé-
Supposons que les nombres :
ment :
,=b(a), b UV U(P,) = n (n + y - l)P,.
a ‘(a) “=<I’(p)
Les polynômes P,, s’appellent polynô-
soient réels strictement positifs. Dans ce
mes de Jacobi. Dans le cas où u = v = 1,
cas, (X ~ o) ~‘v(x)u(x) admet une limite
on trouve les polynômes de Legendre ;
finie non nulle au point c( et (J3 ~ s) ”
dans le cas où u = v = 1/2, on trouve les
r(~)u(.~) admet une limite finie non nulle au
polynômes de Tchebichev, ainsi que dans
point D. Par suite, pour tout couple V; g)
le cas où u = v = 3/2.
d’éléments de E, la fonction cjjj est inté-
Soit maintenant 1 un intervalle de la
grable sur 1.
forme [CX, + CO[. On suppose cette fois que
On peut donc définir un produit her-
les fonctions a et h, ainsi que toutes leurs
mitien sur E par la formule :
dérivées, sont des éléments de l’espace
vectoriel E des fonctions à croissance lente
(flg) = ~pr@vwwdx.
a au voisinage dc + CÜ, ct on considcrc U
comme un endomorphisme de E. On
L’endomorphisme U est alors hermi-
suppose que u = h(o) / u’(o) > 0 et que,
tien ; plus précisément :
d’autre part, b(x) / U(X) admet une limite
(Ucf) iS) = U i U(g)) strictement négative v, finie ou infinie,
= - s ”pr (x) a (x)f (x)g(x)dx. lorsque s tend vers + 00. Pour tout couple
(f; g) d’éléments de E, la fonction rfg est

754
ORTHOGONAUX POLYNÔMES

alors intégrable sur 1, et U est encore Fonctions génératrices


hermitien pour le produit hermitien pré- des polynômes orthogonaux
cédemment défini. Lorsque CI(X) = x ~ a Les polynômes orthogonaux P, précédem-
et que h(s) = ys + 6, avec y # 0, les ment introduits peuvent se calculer de la
conditions p > 0 et v < 0 sont équivalen- manière suivante : de la relation (ru)’ = rb,
tes aux conditions y < 0 et ya + 6 > 0.
on déduit, par récurrence sur n, que :
De plus,
D”(ru”) = rQ.,
r(x) = (X-a)‘-le’”
où Q, est une fonction polynomiale de
est une résolvante de x. Le système (PJ de
degré IZ. Par intégrations par parties, on
polynômes orthogonaux associé au poids r
prouve que, pour tout entier n, Q, est
est une base hilbertienne de E constituée de
proportionnel à P, : c’est la formule de
fonctions propres de U ; plus précisément :
Rodrigues. De plus, la résolvante r peut se
UP,) = nyp, ; prolonger en une fonction holomorphe sur
les polynômes P, s’appellent polynômes de C ~ {a, fi}. La formule intégrale de Cau-
Sonine ; dans le cas où p = 1, on trouve les chy permet alors d’établir la formule de
polynômes de Laguerre. Schkiffli :
Examinons enfin le cas où 1 = R ; on
suppose que les fonctions a et b, ainsi que
toutes leurs dérivées, sont des éléments de
l’espace vectoriel E des fonctions à crois- où z E C - {a, fl> et où r est un cercle
sance lente au voisinage de ?Z M, et on d’indice 0 par rapport à a et p. On en
considère U comme un endomorphisme déduit le résultat suivant (fonction géné-
de E ; on suppose de plus que b(x) / a(x) ratrice des polynômes orthogonaux).
admet des limites p > 0 et v < 0, finies ou Soit x un point de 1, et p un nombre réel
infinies, lorsque x tend vers - 00 et vers strictement positif tel que le cercle r de
+ CO. La théorie se poursuit alors comme centre x et de rayon p soit d’indice 0 par
dans les cas précédents. Lorsqu’on a : rapport à a et b. Pour tout nombre
0(x)=1, b(x)=yx+F, FfO,
complexe 24 tel que ) u 1;~y ) a(<) 1< p,

c+-Q&,=r(w, 1
les conditions p > 0 et v < 0 sont équi-
valentes à la condition y < 0. De plus :
n=O
Il! r(x) 1 -us’(w)’

où w est le seul élément du disque ouvert


de centre x et de rayon p tel que :
est une résolvante. Le système (PJ des
w-x -us(w) = 0.
polynômes orthogonaux associé au poids r
est encore une base hilbertienne de E Dans le cas des polynômes de Legendre
constituée de fonctions propres de U ; plus réduits, c’est-à-dire le cas où a(x) = .x2 -- 1
précisément : et où h(x) = 2 x, on peut prendre r = 1 ;
le polynôme Q,, satisfait alors à l’équation
U(P.) = Ynp”;
différentielle :
les polynômes P, s’appellent alors polynô-
mes d’Hermite. (x2 - 1)y” + 2 xy’ - n(n + 1)y = 0 ;

755
POLYNÔMES

d’où :

P
Q,(x) = D”[(x* - l)‘l,
et :

lorsque 1 u ( < 1/6, cette strie converge


uniformément sur [- 1, 11.
De même, la fonction génératrice des
polynômes de Laguerre réduits, c’est-à-
dire dans le cas où U(X) = .Y et où
h(s) = 1 -s, est :

c+- wu.
n! = ,i, exP(-1-u).
n=o
Enfin, la fonction génératrice des poly- P-ADIQUES NOMBRES
nômes d’Hermite réduits, c’est-à-dire dans - NOMBRES (THEORIE
le cas où a(x) = 1 et h(.u) = ~ 2-Y, est :
DES) - Nombres p-adiques
+- Qn(x)
c
TU” = = exp(-u2 + 2UX).
n=o

JEAN-LOUIS OVAERT

POLYNÔMES
Bibliographie
C. BREZINSKI. A. DRAUX, A. P. MAGNUS et al..

L
Polynôtn~s orthgoncru.~ et upplicorions, Springer. a théorie des équations et des polynô-
New York, 1985 / T. S. CHIHARA, Au Indroduclion mes a i-té le propos essentiel de l’algè-
fo Orthog»nrr/ Pdpmich, Cordon & Breach. New
York, 1978 / J. DIEUDONNÉ. É@nw7ts dirnrz/w, t.
bre jusqu’au xrxr siècle (cf. ÉQUATIONS
1, II et VI, Gauthier-Villars. Paris, 1962-1982 / ALGÉBRIQUES, ALGÈBRE) et est à la base de

S. GODOUNOV. Équution.~ (ie lu physiqur muthému- la théorie des corps et de la théorie des
tique, M.I.R., Moscou, 1973 / A. NIKIFOROV & nombres algébriques. Nous nous sommes
V . U V A R O V , S~wicrl Functiom of Muthen~uticul
limités ici à une construction formelle des
Ph~~sics, Birhauser Boston, Cambridge (Mass.),
19Si / V. SMIKNUV. CO~IT rie n7ari7er,tcrriclues SU~C’- objets mathkmatiqucs considkrds, qui fait
rreuws, t. I I e t I I I , ihid, 1972-1982 / G. SZEGO. apparaître, sous le vocable <( polynômes )).
O&~~oncr/ Po/~xomicrl.s, American Mathematical l’existence de deux notions distinctes : les
Society. Providence (R.I.), 1985.
polynômes formels et les fonctions poly-
nomiales. Cet article Clémentaire pourra
aussi servir d’introduction au maniement
des notations abstraites.

756
POLYNÔMES

Anneau des polynômes


Nous allons maintenant définir formelle-
ment l’addition et la multiplication. Soit :
Polynômes formels
P = (ao, a,, . . . . a,, . ..).
La notion de polynôme est familière, mais
Q = (b,, b,, . ..> b,, ..A
on s’est contenté pendant fort longtemps
de décrire des règles de calcul sans définir deux polynômes à coefficients dans A. On
véritablement les objets mathématiques appelle somme et produit de P et Q
considérés. On trouve couramment des respectivement les polynômes :
définitions comme : (< Un monôme entier
(1) P + Q = (a0 + b,,a, + bl, . . . .
en la variable x est une expression de la
a, + b,, . ..)
forme A?, A étant un coefficient numéri-
que et n un entier positif )) ; CC Un polynôme et :
en la variable x est une somme qui ne peut
être composée (sic) que de nombres et de (79 PQ = (CO>~I> . ..>c., . ..).

monômes entiers n. Puis suit l’énuméra- avec :


tion des règles de calcul sur ces objets.
cg = aobo, C, = a,b, + a,b,, . . . .
La construction des polynômes donnée
c, = a,,b, i- a$-, + + a,b,.
ici illustre, dans le cadre simple de l’algèbre
élémentaire, la manière dont le mathéma- Il est facile de vérifier que l’ensemble
ticien formalise, en suivant une voie qui des polynômes considérés est ainsi muni
peut sembler a priori déroutante, voire d’une structure d’anneau commutatif uni-
artificielle, certaines notions tenues pour taire ; nous désignerons provisoirement
C( évidentes )) ou (< intuitives » . cet anneau par L. On va montrer qu’on
peut « identifier » A à un sous-anneau de
Définition l’anneau L en remarquant pour cela que
Soit A un anneau commutatif unitaire (cf. l’application :
A~E.~UX E-r ALGÈBRES). On appelle p& a - (cz, 0, 0, . . . . 0, . ..)
nôme à une indéterminée (cette termino-
logie sera justifiée plus loin) à coejjîcients est un isomorphisme d’anneuu de A sur le
dans A toute suite : sous-anneau A’ de L formé des polynômes
dont tous les coefficients de rang > 2 sont
P = (ao, a,, il2, . . . . a,, . ..)
nuls. Il est donc équivalent de (( calculer ))
d’élément de A nuls sauf au plus un dans A ou de faire ces calculs sur les
nombre fini d’entre eux (c’est-à-dire tous éléments correspondants de A’, et nous
nuls à partir d’un certain rang). Les identifierons ces deux anneaux en utilisant
éléments ui sont les coeficients du poly- l’écriture abrégée :
nôme P.
a = (a, 0, . . . . 0, . ..).
Les polynômes étant définis comme des
cas particuliers de suites (c’est-à-dire pour tout a E A. Pour cette raison, les
d’applications de l’ensemble N des entiers éléments de A’ sont appelés des constantes,
naturels dans A), deux tels polynômes sont ou des polynômes constunts.
donc égaux si et seulement s’ils ont les Remarquons que, si a est un polynôme
mêmes coefficients. constant et P un polynôme quelconque, la

757
POLYNÔMES

multiplication de P par u revient à multiplier Pour éviter des cas d’exception, on pose
tous les coefficients de P par a. Dans le cas souvent do(O) = ~ oû, symbole formel régi
où A est un corps, cette N multiplication sca- par les conventions suivantes : pour tout
laire N (CI, P) - OP munit l’anneau des poly- entier naturel n, on pose -00 < n et
nômes à coefficients dans A d’une structure n+(-CO)=-00; (-oo)+(-m) =
d’algèbre commutative sur le corps A. -cc>. On peut alors énoncer, quels que
soient les polynômes P et Q, des résultats
Notion d’indéterminée tels que :
Désignons par X le polynôme : W’ + Q) < sw(d”(O do(Q)),
x = (0, 1, 0, . . . . 0, -), avec égalité si d”(P) # do(Q), et :
dont tous les coefficients sont nuls, sauf le dVQ) < do(P) + dYQJ
second coefficient, qui est égal à l’élément
1 de l’anneau A. Il résulte de la définition avec égalité si A est un anneau intègre.
(2) de la multiplication que l’on a : La notation (3) justifie la terminologie
de polynôme (< à une indéterminée >F et la
x2 = (0, 0, 1, 0, . . . . 0, . ..). notation A[X] que l’on utilise pour désigner
x3 = (0, 0, 0, 1, 0, . . . . 0, . ..)
l’anneau des polynômes à une indéterminée
et, plus généralement, pour tout entier à coefficients dans A. Il est clair que la lettre
n > 0, X que l’on utilise pour désigner le poly-
nôme (0, 1, 0, . ..) est arbitraire, en ce sens
X” = (h,, h,, . ..> h”, . ..). que, si, dans un texte mathématique, les
où 6,, est le symbole de Kronecker (égal à lettres X et Y sont G disponibles », c’est-à-
1 si i=jet à 0 si i#j). Si on a: dire si elles n’ont pas encore été employées
précédemment, on a A[X] = A[Y].
p = @Jo, a ,> . ..> a,), La construction formelle est mainte-
avec u, = 0 pour p > n et CI, # 0, on nant terminée et les polynômes sont com-
obtient donc, en appliquant les définitions : plètement définis. Il nous suffit de retenir
que ce sont des objets mathématiques qui
(3) P = ao + a,X + 0.*x* + + U,X”
” s’écrivent de manière unique sous la forme
Z c a;X’, a, #O. (3) et qui obéissent aux règles usuelles de
r=O calcul dans un anneau.
Remarquons pour terminer que, si A
Le nombre n qui figure dans la formule est un corps,
(3) s’appelle le degré du polynôme P, noté
d”(P) ; tout polynôme différent du poly- 1, x, x2, . . . . X”
nôme nul a un degré bien déterminé, et est une base de l’espace vectoriel (sur A)
l’écriture (3), appelée développement de P des polynômes de dimension < 12, espace
suivant les puissances croissantes, est uni- qui est donc de dimension n + 1.
que. L’anneau des polynômes étant com-
mutatif, on pourrait tout aussi bien Dérivation formelle
« ordonner P suivant les puissances
L’examen des règles classiques de dériva-
décroissantes )) en écrivant :
tion des fonctions numériques conduit à
P = a,xn + + a,X + czo> a, # 0. une approche formelle de la dérivation

758
POLYNÔMES

dans un anneau. On appelle dérivation d’après les règles de calcul dans l’anneau
d‘un anneau commutatif unitaire B une C, tout polynôme non nul de C s’écrit donc

P Y
application : de manière unique sous la forme :
D :B-B

telleque.quelsquesoientPetQ E B,onait:
(‘5)
cc
r=O j=O
a,,X’Yl,a, f 0

(4) W’ + Q) = DP) + D(Q)> La symétrie qui apparaît dans cette


(5) W’Q) = W’)Q + WQ). formule suggère la notation symétrique
On s’intéressera ici à l’unique dériva- C = A[X,Y] pour désigner l’anneau des
tion de B = A[X] telle que : polynômes à deux indéterminées à coeffi-
cients dans A. On définit de la manière
D(X) = 1, D(a) = 0,
usuelle le degré total d’un tel polynôme,
pour tout polynôme constant u E A. Si égal à p + q si le polynôme est sous la
P = a, + a, X + .._ + u,,X”, il résulte forme (6) les degrés partiels en X et en Y,
immédiatement des conditions (4) et (5) égaux respectivement à p et y dans (6) et
que l’on a : les dérivations partielles formelles.
La construction précédente s’étend
D(P) = a, + 2a,X + ___ + na,X”~’ ;
sans difficulté par récurrence pour définir
on note souvent D(P) = P’. Par récur- l’anneau A[X,, . . . . X,,] des polynômes a n
rence, on alors la définition : variables à coefficients dans A.
Si A est un anneau d’intégrité, les
P” = Dz(P), . . . . P(i) = W(P)
anneaux de polynômes A[X,, . . . . X,] sont
des anneaux d’intégrité. Dans le cas par-
Polynômes à plusieurs indéterminées ticulier où A = K est un corps commuta-
Si A est un anneau commutatif unitaire, il tif, le corps des fractions (cf. ANNEAUX
en est de même de l’anneau B = A[X] des COMMUTATIFS, chap. 1, et CORPS, chap. 2)

polynômes à une indéterminée à coeffi- de l’anneau K[X,, . . . . X,] est le corps des
cients dans A. On peut donc considérer fractions rationnelles à n variables à coef-
l’anneau C des polynômes à une indéter- ficients dans K ; on le note traditionnelle-
minée à coefficients dans B, soit : ment K(X,, . . . . X,).
C = WI = (NXIWI ;
Division euclidienne
il faut employer une autre lettre, Y, car X
Nous supposerons dans ce qui suit que
a déjà été utilisé. L’anneau B s’identifie à
A = K est un corps commutatif. L’anneau
un sous-anneau de C et tout élément non K[X] possède alors des propriétés arith-
nul de C s’écrit de manière unique : métiques très voisines de celles de l’anneau
Z des entiers relatifs. Cela traduit le fait
que l’un et l’autre sont des anneaux prin-
cipaux et on peut dire que cette notion
où P, E A[X], soit : unificatrice d’anneau principal est née
P
essentiellement de la répétition parfaite,
P, = U<,X’ ; pour l’anneau K[X], de toutes les consi-
c
;=Il dérations de divisibilité valables dans Z

759
POLYNÔMES

(Cf. ANNEAUX COMMUTATIFS, chap. 2). un élément de A[X] écrit sous la forme (3).
Comme pour Z, la démonstration du fait On appelle valeur de P sur un élément
que tout idéal est principal repose sur .Y E A l’élément :
l’existence d’une division euclidienne : Si A n

et B E K[X], il existe des polynômes Q et 03) P(x) = a+ E A,


R déterminés de manière unique tels que : c
r=o

(7) A = BQ + R, do(R) < do(B) ; et fonction polynonkzle associée à P


l’application P* : A + A définie par
le cas R = 0 exprime que A est un multiple
P*(x) = P(s) ; dans la pratique, on dési-
de B. On voit ici l’intérêt de la convention
gne encore par P cette fonction polyno-
do(O) = ~ m, qui nous évite un cas
miale.
d’exception.
Les fonctions polynomiales, c’est-à-dire
Soit 1 un idéal de K[X]. Nous pouvons
les applications de A dans A pouvant
supposer 1 # {O] et nous choisissons dans
s’obtenir à partir des éléments de A[X],
1 un polynôme B f 0 de degré minimum.
Soit A E 1 ; la division euclidienne (7) de forment un anneau commutatif unitaire,
A par B entraîne que R = A - BQ appar- et l’application de K[X] dans cet anneau
tient à 1 puisque 1 est un idéal qui contient qui à tout polynôme formel associe la
A et B. L’inégalité do (R) < d”(B) entraîne fonction polynomiale correspondante est
R = 0 puisque B est de degré minimum un homomorphisme (par définition sur-
parmi les polynômes # 0. Ainsi l’idéal 1 jectif) d’anneaux. Si A est un anneau
est formé des multiples du polynôme B et d’intégrité infini, cet homomorphisme
est donc principal. e s t e n f a i t u n isonwrphisme, c’est-à-
La structure arithmétique des anneaux dire que deux polynômes P et Q E A[X]
de polynômes à plusieurs indéterminées sont égaux si et seulement si P(x) = Q(x)
est plus compliquée et nous renvoyons à pour tout x E A. Pour obtenir un contre-
l’article A N N E A U X C O M M U T A T I F S pour des exemple, il suffit de prendre pour A
indications sur ce sujet. le corps fini {O, 1, 2} des classes
d’entiers modulo 3 ; le polynôme non
Fonctions polynomiales nul :
À l’exception de tout ce qui concerne les 2X-3X2 +X3 = X ( X - 1)(X-2)
racines, les résultats qui seront énoncés
prend la valeur 0 en tout point de A.
dans le présent chapitre s’étendent facile-
ment au cas des polynômes à plusieurs
Remarque
indéterminées ; nous nous contenterons de
les énoncer pour les polynômes à une Soit L un sur-anneau de l’anneau A. La
indéterminée. formule (8) permet de définir P(x) pour
tout s C L et de définir ainsi une applica-
Fonction polynomiale tion polynomiale. dite encore associée a P,
associée 0 un polynôme formel de L dans L. Cette remarque va nous
Soit A un anneau commutatif unitaire et : permettre de préciser un point de notation.
n -..- .._.
r‘cll”il>
1 1- ~~~
puur L 1c bUI-arlrleau Nii<j > s i

P = a,X’ Q E A[X], la notation P(Q) désigne un
c élément de A[X] qui s’obtient en « substi-
i=o

760
POLYNÔMES

tuant Q à X » et en développant les P = (X ~ a)“Q, l’élément a n’étant pas


puissances de Q obtenues, en tenant racine du polynôme Q.
compte des règles de calcul dans AF]. Si Nous renvoyons aux articles CORPS et
on prend, en particulier, Q = X, on É Q U A T I O N S A L G É BRIQUES pour une étude
obtient le polynôme P lui-même, soit détaillée des racines dans le cas où A est un
P(X) = P, ce qui nous permet d’utiliser corps commutatif. Terminons sur un résul-
indifféremment, pour désigner un poly- tat valable pour les anneaux d’intégrité : Si
nôme, la notation P ou la notation P(X). A est un anneau d’intégrité (unitaire) et si
Prenant l’anneau A[X, Y] des polynô- P E A[X] est de degré < n, P # 0, la
mes à deux indéterminées pour sur- somme des ordres de multiplicité de P dans
anneau, on peut donc définir A est < n. Il en résulte que, si P et
P(X + Y) E A[X, Y] pour tout P E K[X]. Q E A[X] sont tous deux de degré < n et
La (< formule de Taylor H s’écrit ici, si P est prennent des valeurs égales sur n + 1
de degré n, éléments de A, alors P = Q.
Si K est un corps, on en déduit qu’il
P(X + Y) = P(X) + pyX)Y + ;!Pyx)Y2 existe un polynôme de degré n et un seul
prenant des valeurs données 6, E K sur n
+ + ; !Fqx)Y~ éléments distincts donnés 0, E K,
i= 1, . . . . n. On doit à Lagrange son
où les dérivations qui figurent sont les expression sous la forme :
dérivées formelles définies au chapi- n
tre 1.
P(x) = c b, R(x),
r=,
Racines où R,(X) est le polynôme :
Soit P E A[X] et CI un élément de A. La
(X-o,)...(X-a,-,)(X-a,+,)...(X-a,),
division euclidienne de P par X-a (u;-a~)...(uj-a,~,)(u;-a,+,)... (a,--a,)’
s’écrit :
nous renvoyons à l’article représentation et
P=(X-a)Q+R, approximation des FONCTIONS pour plus de
avec do(R) < d”(X -a) = 1 ; donc R est précisions sur l’interpolation polynomiale.
un polynôme constant. Prenant les valeurs Remarquons que R,(X) est l’unique poly-
des deux membres en a, on a P(a) = R, nôme de degré n tel que :
d’où l’égalité :

(9) P = (X - a)Q + P(a). où 6, est le symbole de Kronecker.

On dit que l’élément u E A est une JEAN-LUC VERLEY


racine du polynôme P si P(a) = 0. D’après
(9), cela équivaut à avoir P divisible par le
polynôme du premier degré X-u. On Bibliographie
appelle ordre de mulplicité de la racine a le L. CHAMBADAL & J.-L. OVAERT, Cou~~s de n~akkn-
plus grand entier /z tel que (X ~ a)” divise riyues, t. II : Alghhre II, Gauthier-Villars, Paris.
1972 / R. GODEMENT, Cours d’algèbre, Hermann,
P ; ainsi, dire que a est racine d’ordre k Paris, 3’ éd. 1994 / J. PICHON. Les Polynihes,
du polynôme P équivaut à affirmer : Marketing, Paris, 1989.

761
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES

POLYNÔMES pas, non plus, parler des théories plus


spéciales, comme par exemple la théorie
ORTHOGONAUX très importante des potentiels besséliens
- ORTHOGONAUX d’Aronszajn et Smith. On envisagera
quelques-unes des théories axiomatiques
POLYNÔMES
ou dérivées, issues de la théorie du poten-
tiel, en mettant l’accent sur le lien avec la
théorie des probabilités et celle des équa-
tions aux dérivées partielles : c’est là un
centre de recherche important.
Le sujet est immense et la théorie du
POTENTIEL & FONCTIONS potentiel occupe une position centrale en
HARMONIQUES analyse. En étudiant l’existence d’une
solution du problème de Dirichlet, 1. Fred-
holm considéra l’équation intégrale qui

L a théorie du potentiel, directement


issue de l’électrostatique, est une
source d’inspiration extrêmement riche en
porte son nom ; c’est aussi à l’occasion de
l’étude d’un critère de polyharmonicité
que Laurent Schwartz a été amené à
analyse. Si, au début du XIX~ siècle, on définir les distributions. Les problèmes de
connaissait déjà l’équation de Laplace, la Dirichlet et de Neumann sont également
fonction de Green et l’intégrale de Poisson des problèmes fondamentaux de la théorie
dans la boule, ce n’est vraiment qu’avec des équations aux dérivées partielles.
C. F. Gauss (1840) que sont posés et Enfin, la théorie de la capacité peut être
résolus, bien qu’imparfaitement, les
considérée comme un chapitre important
grands problèmes de la théorie. Les idées
de la théorie de la mesure (ou vice versa),
de ce dernier sont si exemplaires qu’elles
et le théorème de représentation intégrale
sont encore utilisées à l’heure actuelle, et il
de Choquet est tout aussi surprenant par
fallut attendre Frostman (1935) pour que
sa simplicité que par sa profondeur et son
le travail de Gauss fût amélioré en préci-
efficacité.
sion et en rigueur par l’introduction des
outils nouveaux que s’était entre-temps
forgés l’analyse.
On commencera par exposer les élé-
ments fondamentaux qui permettront
d’énoncer les problèmes et les principes les
plus importants et les plus spécifiques de la 1. Fonctions surharmoniques
théorie du potentiel : théorèmes de conver- et potentiels
gence. principe de domination, problème
du balayage (cela afin d’arriver de la façon Pour tout ensemble A de R”, on note dA
la plus directe à des résultats suffisamment sa frontière topologique et A son adhé-
précis). On se limitera ainsi au cas d’un rence. B(x, Y) désigne une boule ouverte de
ouvert borné, et on omettra de parler de centre x et de rayon Y.
(( topologie fine )) et de tout un chapitre de La mesure de Lebesgue est notée d.x et
la théorie fine du potentiel. On ne pourra on entend par fonction réelle une fonction

762
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES

a valeurs réelles prenant éventuellement les au voisinage. Cela entraîne que les fonc-
valeurs + 05 et ~ 00. tions hyperharmoniques dans un ouvert
vérifient le principe du minimum.
Fonctions surharmoniques 2. L’ensemble des fonctions hyperharmo-
et harmoniques niques forme un cône convexe qui est
Une fonction réelle u définie dans un stable par enveloppe inférieure finie.
ouvert o de R”, n > 2, est dite hJ>per- 3. L’enveloppe supérieure d’un ensemble
harmonique si elle est semi-continue infé-
filtrant croissant de fonctions hyperharmo-
rieurement et > - 00, et si, pour tout .Y E 0 niques est hyperharmonique.
et pour toute boule B = B(x, r), B C o, 4. Dans un domaine o C R”, une fonction
on a : hyperharmonique finie en un point est finie
presque partout. Elle est alors dite surhtrr-
monique.
5. Une fonction localement surharmoni-
où do désigne la mesure superficielle de la que est surharmonique.
boule et o(B) l’aire de la boule B. On 6. Si s est surharmonique dans un ouvert
exprime cette dernière condition en o C R”, pour tout p et tout compact
disant que u majore sa moyenne sur toute K C o, il existe une suite croissante {s,,} de
boule. fonctions surharmoniques p fois continû-
De manière analogue, u est dite hypo- ment différentiables dans un ouvert 6
harmonique si elle est semi-continue supé- contenant K, telle que :
rieurement et < + 00 et si, avec les nota- s(x) = SUPS”@),
n
tions précédentes,
pour tout x E 6.
u(x)<’
a(B) Les propriétés 2, 3 et 4 sont évidentes.
saeudq
Les propriétés 1, 5 et 6, plus difficiles, sont
pour B C 0. fondamentales.
Le module ou le logarithme du module Une fonction u telle que ~ u soit
d’une fonction holomorphe de la variable surharmonique est dite sous-harmo-
complexe z est hypoharmonique. nique. Si u est surharmonique et sous-
On dit qu’une fonctionf‘définie dans un harmonique, elle est dite harmonique. Elle
ouvert o de R” vérifie le (( principe du est donc finie, continue et égale à sa
minimum » si, pour tout ouvert 6, avec moyenne en tout point.
6 compact C o, la condition :

lim inff(v) > A, Propriétés des fonctions harmoniques


Y-X
1. Une fonction harmonique u dans un
pour tout x E dF, entraîne f > h dans 6. ouvert o C R” ne peut avoir un maximum
ou un minimum en un point de o sans être
Propriétés constante au voisinage.
des fonctions hyperharmoniques 2. Les fonctions harmoniques sont indé-
1. Dans un ouvert o, une fonction hyper- finiment dérivables.
harmonique ne peut atteindre un mini- Il suffit pour le voir de faire le produit
mum en un point de o sans être constante de convolution de u harmonique dans un

763
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES

ouvert o avec la fonction indéfiniment Ainsi, la partie réelle d’une fonction


dérivable <F définie par : holomorphe est harmonique (cf. FONC-
TIONS ANALYTIQUES Fonctions analyti-

l
1 ques d’une variable complexe, chap. 3).
qp(x)= f-Pr'> O<r<ra,
5. Une fonction harmonique est anaiyti-
0, r > ro, que.
6. Dans le plan, l’inversion et les trans-
r = /lx ~ t0 11, pour B(t,, ro) C o, la cons-
tante k Etant choisie de telle sorte que : formations conformes conservent l’harmo-
nicité. Dans R”, IZ > 3, l’inversion ne

s %, ro)
<p(x)dx = 1.
conserve pas l’harmonicité : si une inver-
sion 1,” de centre .y0 transforme .Y en ,Y’, u
harmonique se transforme en V tel que
En écrivant 1( sous le signe J en fonction V(x’) = u(x), alors :
de sa valeur moyenne et en intervertissant
vx 7
l’ordre des intégrations, on vérifie que la h (x ‘) =
1x0--x y-*
fonction cp * II, définie par :
est harmonique. La fonction h s’appelle la
transformée de Kelvin de II.
La transformation de Kelvin (inversion
est indéfiniment dérivable en t,, et vaut dans le plan) conserve également la surhar-
u( t ) au voisinage de to. monicité. Ajoutons aussi qu’une fonction
3. Une fonction u est harmonique dans o s surharmonique vérifie AS < 0 au sens
si et seulement si, pour toute boule des distributions. Cela se voit facilement
B C B C o, on a, en désignant par &‘&I la pour s de classe C’ a l’aide d’un dévelop-
dérivée normale de u sur dB. pement limité à l’ordre 2. On passe au cas
général en utilisant une suite croissante
d’après la propriété 6 des fonctions surhar-
moniques.

ce qu’on exprime en disant que le flux


sortant est nul. Potentiel newtonien et logarithmique
En effet, si u est harmonique, la En écrivant le laplacien en coordonnées
moyenne de u sur B(t,, Y) ne dépend pas de polaires et en cherchant des solutions de
r et, en dérivant sous le signe J, on obtient Au = 0 qui ne sont fonction que de la
(1). Inversement, l’intégration de (1) en Y distance r à l’origine, on trouve les fonc-
montre que u vaut sa moyenne. tions :
4. Une fonction u est harmonique si et
alnr+b,
seulement si elle vérifie Au = ü où A
désigne le laplacien. pour n = 2, et les fonctions :
Cela résulte immédiatement de la for-
mule de Green :

pour n > 3, a et h étant des constantes


arbitraires,

764
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES

On introduit alors la fonction harmo- Intégrale de Poisson


nique fondamentale h(r). Dans le plan : et problème de Dirichlet
La formule de Poisson dans la boule
h(r) = 1,; B = B(0, R) :

s’appelle noyau logarithmique. Dans ( 3 ) P(x) =&S,,~ucy)docy).


l’espace R”, n > 3,

h(r)& où o,, désigne l’aire de la boule de rayon 1,


peut s’obtenir de diverses manières. La
est le no~)au newtonien. La fonction h est plus simple consiste à utiliser la transfor-
surharmonique et harmonique en dehors mation de Kelvin de la façon suivante : Si
de l’origine. x’ désigne l’inverse de x dans l’inversion de
Si n est une mesure à support compact centre 0 et de puissance R’, on effectue la
(par exemple), la fonction : transformation de Kelvin de centre x’ qui
transforme x en 0 et qui conserve
U+t) = h(x-Y)dPti) aB(O, R). La fonction ub) devient alors
s
h(y), et on écrit que la valeur en 0 est la
s’appelle potentiel logarithmique ou newo- moyenne de h sur dB. En transformant
nien selon que l’on se place dans le plan ou cette intégrale sur h en intégrale relative à
l’espace. On parlera aussi de potentiel u, on obtient la relation cherchée.
classique si l’on ne veut pas préciser : il La formule de Poisson permet de résou-
faut noter que ce potentiel n’est pas dre le problème de Dirichlet dans le cas de
partout défini. En pensant à une charge la boule : Sifest une fonction donnée finie
électrique répartie (par exemple continû- continue sur dB, alors 17 est un prolonge-
ment) avec une densité p sur une surface ment continu de J’ dans B, harmonique
C, on a : dans B.

UP(X) = hC-Y)PO,)d%vO>,
s Inégalités de Harnack
et familles de fonctions harmoniques
où do représente la mesure d’aire de la
surface. C’est pourquoi on utilise un lan- Une majoration suivie d’une minoration
gage imagé en disant que la mesure u de (3) donne, pour u > 0 harmo-
représente la charge ou les masses du nique dans B(0, R), les deux formules
potentiel. Par dérivation sous le signe suivantes :
somme, on vérifie facilement que W est R-+--y1 < u ( x )
harmonique en dehors du support de u. Il ( 4 ) Rn-2
R + /x -yl’-’ ’ u(v)
faut aussi savoir que, si u est positive, U” < R + ix-J’ Rn-2,
est surharmonique. ’ R-(x -yl”-’
II y a une différence essentielle entre le -
Igradul, ( nu(O).
cas du plan et celui de l’espace, qui R

provient de la différence de comportement


des noyaux à l’infini : toute fonction On en déduit immédiatement :
surharmonique positive dans R’ tout Thbor&we 1 : Toute famille F locale-
entier est constante. ment bornée de fonctions harmoniques

765
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES

dans un ouvert o est équicontinue en tout Théorème de représentation de Riesz


point de o. Soit J un point de B(x,, R). On appelle
Corollaire 2 (Ascoli) : La convergence fonction de Green ou bien noyau de Green
simple d’une suite {un} localement bornée de la boule B(x,, R) relative au pôle 4‘ la
entraîne la convergence uniforme locale fonction :
vers une fonction harmonique. Si o est
G; = h, - I(h,).
connexe, il suffit, grâce à l’analyticité, que
{u,!} converge simplement au voisinage ou I(h,) est l’intégrale de Poisson dans B
d’un point. de la restriction de h). à dB.
De toute suite {u,,} on peut extraire une Si y, est l’inverse de y dans l’inversion
s u i t e { unJ c o n v e r g e a n t u n i f o r m é - de centre x0 qui conserve dB, on a expli-
ment localement vers une fonction harmo- citement :
nique.
L’inégalité (5) montre encore que la G,(x) =h(,~-y,)-h(y-~‘~~-~“).
convergence uniforme locale de u entraîne
celle des dérivées successives. La fonction GJ, surharmonique posi-
En partant de (4) ou du théorème tive dans B, est harmonique en dehors de
précédent, on peut montrer facilement les y, s’annule sur dB et vérifie la propriété de
deux propriétés suivantes, d’ailleurs équi- symétrie G>(x) = G,O/).
valentes dans un domaine o : On définirait plus généralement la fonc-
a) Pour tout K compact inclus dans o, il tion de Green d’un ouvert borné o en
existe une constante k > 0 dépendant posant :
seulement de K et de o telle que, pour G; =h,-H,yy.
toute fonction harmonique u > 0 dans o,
on ait les inégalités de Harnack : où H”,l! désigne la solution généralisée du
problème de Dirichlet avec pour donnée
1 u(x) < k frontière la trace de hY sur ao. La seule
k(uO>)‘
différence provient de ce que G,, ne
quels que soient s, y E K. s’annule pas partout à la frontière.
h) Pour toute famille (u,) filtrante crois- Si u est une mesure positive, la fonc-
sante de fonctions harmoniques dans o, si tion :
sup u, est finie en un point, sup 24, est finie
et harmonique dans o. G;(x)= G;(x)d~0>)
s
L’équicontinuité jointe à l’inégalité de
est appelée potentiel de Green, potentiel
Harnack permet d’énoncer que toute
pur ou simplement potentiel. C’est une
famille (u,) de fonctions harmoniques,
fonction hyperharmonique positive dans
localement bornée inférieurement dans un
0.
domaine, forme une famille normale de
Si le potentiel UP est deux fois continû-
Monte1 ; autrement dit : de toute suite
ment différentiable et p = p d.q avec p
(u,,) C (ui) on peut extraire une suite
continue, on obtient, à l’aide de la formule
cop‘.“y:geap,t .“re:s + m 0-d ./ers ür,e fop,c-
de Green, l’équation de Poisson :
tion harmonique (uniformément locale-
ment). AU!’ =-qn@,

766
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES

où q,! est un coefficient numérique dépen- Notons qu’un potentiel est donc carac-
dant de IZ. térisé comme une fonction surharmonique
Plus généralement, si T est une distri- positive dont la plus grande minorante
bution à support compact, UT se définit harmonique est nulle.
encore comme la distribution h * T, et on
a encore au sens des distributions :

AU= = -qtT 2. Théorèmes et principes


fondamentaux
L’équation de Poisson permet de
connaître la charge quand on connaît le
potentiel et permet de démontrer le théo- Balayage
rème suivant. On appelle S-fonction une fonction u
Tlw%~rc?me 3 (théorchr de upkentution localement bornée inférieurement qui véri-
& Riess) : Si V, surharmonique dans un fie, pour toute boule B(x, R), la relation :
ouvert borné o. admet une minorante
u d o , yEB(x),
harmonique dans o. on a : cr(B) m
u(y)>’ l

V(x) = G;(x)dtiCv) + V*(x), où rla est la mesure-aire de dB et 1’


s
l’intégrale supérieure.
où V* est la plus grande minorante har- L’utilité de ces fonctions provient de ce
monique de V et u la mesure positive que l’enveloppe inférieure d’une famille de
~ ~VI%. S-fonctions localement bornée inférieure-
L’existence d’une plus grande mino- ment est une S-fonction et que la régula-
rante harmonique résulte de la proposition risée semi-continue inférieurement d’une
suivante. S-fonction est hyperharmonique.
Proposition 4 : Si 3 est la famille des Soit CL) un ouvert borné de R”, E C o, et
fonctions sous-harmoniques minorant la cç‘ une fonction > 0 sur E. On note (R:),,,
fonction surharmonique V, alors ou RF l’enveloppe inférieure des fonctions
/I = sup 3 est harmonique. r hyperharmoniques > 0 dans o qui
La fonction h est alors la plus grande m a j o r e n t <p s u r E . L a f o n c t i o n R,r
minorante harmonique de V. Cela se s’appelle la r.éduite de q sur E et est une
démontre en utilisant le fait que l’on peut S-fonction ; c’est une fonction croissante
remplacer s sous-harmonique dans o par la de E, positivement homogène et sous-
fonction s’ égale à 1: dans la boule additive en cc’.
B C Ë C o et égale à s ailleurs. De ce fait, La proposition 4 montre que Rt est
s’ < s, et s’ est encore sous-harmonique. harmonique, ou égale à + oc, en dehors
On remarque que 3 est filtrante crois- de E.
sante. Si 3’ désigne la famille des fonctions Si q est la trace d’une fonction surhar-
s’ quand s parcourt 3 pour B donné, on monique r 3 0, la régularisée RF, alors
voit que sup 9 = sup 3’ est harmonique surharmonique, est appelée la hul~j~;r de
dans B (théorème de convergence pour les Y sur E. Si E est suffisamment régulier (une
fonctions harmoniques) ; B étant arbi- boule, par exemple), la balayée vaut IX sur
traire, 12 est harmonique (critère local). E ; et, si r est un potentiel G,,, la balayée,

767
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES

majorée par G,, est encore un potentiel qui La capacité (” est une fonction d’ensem-
vaut G, sur E. On peut donc écrire : ble définie sur les compacts de o et telle
que :
RE% =G.
PE 1. La fonction C est une fonction crois-
On dit que uE est la balayée de p sur E sante :
et que pE engendre le même potentiel que K, C K, = WG) < W3 ;
G, sur E. On dit de façon imagée que l’on
2. Si (K,,) est une suite décroissante de
a balayé les masses sur E. C’est en fait ce
compacts, d’intersection K # 0, on a :
qui se passe : si E est toujours un compact
suffisamment régulier, pE est alors consti- C ( K ) = lim C(K,);
n --
tuée des masses de p portées par E,
auxquelles viennent s’ajouter les masses de on dit que C descend sur les compacts ;
p qui n’étaient pas portées par E. Une 3. On a la propriété de sous-additivité
étude approfondie donne un résultat plus forte. Pour tous compacts K, et KI, on a :
précis pour E quelconque. C(K, U K,) + e(K, n K,) < C(K) + W3.

On définit aussi la capacité intérieure


Principe de domination
C, (E) et la capacité extérieure C*(E) d’un
Plusieurs formes plus ou moins fortes du ensemble quelconque E par :
principe de domination peuvent être don-
C’,(E) = sup C’(K),
nées, dont celle-ci : Si, dans un ouvert o,
une fonction surharmonique majore un où la borne supérieure est prise pour K
potentiel G,, localcmcnt born& s u r l e parcourant l’ensemble des compacts
support de p, elle le majore partout. Si G,, contenus dans E, et :
était continu, il ne s’agirait de rien d’autre
C’*(E) = inf e,(o),
que du principe du minin~un~.
où la borne inférieure est prise pour o
Capacité parcourant l’ensemble des ouverts conte-
nant E.
Soit K un compact d’un ouvert borné w de
On montre que, pour E relativement
R”. On appelle potrntid crrpa~~itrriw de K
compact dans o, C*(E) est encore la masse
la balayéek) de 1 sur K. La mesure qui
totale de la mesure associée àa:.
l’engendre s’appelle la rnrsure cupucituire
La fonction C* est croissante, descend
et p(K) est la cupucitl de K, notée C(K).
sur les compacts et monte sur les ensem-
Grâce au principe de domination, on voit
bles quelconques ; cela signifie que, si (E,,)
quegy est le plus grand potentiel majoré
est une suite croissante d’ensembles quel-
par 1 dans o ayant une masse associée > 0 conques. on a :
portée par K. Ce résultat donne la formule
plus connue : C*(V En) = sup ‘C?*(E,).
n ”

(f(K) = sup P(K),

OIL !a bvrne r.ln‘Gr;nllra


aupc”cu’b ao+
b.aL ..r;c‘,
&f‘,JC S.A..,.
pvu, hemb!ec excep!ionne!c
l’ensemble de toutes les mesures positives Il existe des ensembles de capacité stric-
p portées par K telles que G,, < 1 sur K. tement positive, qui sont très petits. Par

768
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES

exemple, dans le plan, l’ensemble fermé de famille @ des fonctions hyperharmoniques


Cantor sur le segment [0, l] est de capacité v telles que :
strictement positive alors qu’il est non
liminfv(x) >Y(v),
seulement de mesure nulle (dans R’), mais X-Y
x E j>
de mesure linéaire nulle. La capacité
mesure donc de façon très fine la petitesse pour tout y E do, cette limite inférieure
des ensembles. On verra qu’elle est par- étant > ~ 00 partout sur dw. On définit :
faitement adaptée à la mesure des ensem-
bles exceptionnels de la théorie du poten-
tiel. on a alors :
On dit qu’une propriété est vraie -
quasi partout (on note en abrégé q.p.) si H/ < Hf>
elle est vraie en dehors d’un ensemble
et I?f(,-) est une fonction positivement
de capacité extérieure nulle. Un ensemble
homogène et sous-additive de f: Si on a
P est dit polaire dans un ouvert borné
HI = g, = HP on dit que f est résolutive
s’il existe un potentiel G, fini en un point
ët H, est alors la solution généralisée du
et infini sur P (contrairement aux problème de Dirichlet. Cette construction
apparences, cela ne dépend pas de o
est due a Perron. Pour sa part, N. Wiener
borné). montra queffinie continue était résolutive
H. Cartan a montré qu’il y avait et qu’ainsi f- HAx) définissait une
identité entre ensemble polaire et ensem-
mesure de Radon positive p-y appelée
ble de capacité extérieure nulle dans un
mesure harmonique. Brelot montra alors
que pour qu’une fonction f, définie sur do,
ouvert borné. Il a aussi démontré le
théorème suivant, qui avait été obtenu
soit résolutive, il faut et il suffit qu’elle soit
précédemment par M. Brelot pour
py intégrable ; cela ne dépend pas de
la capacité intérieure. Ce théorème est
XE 0.
la clef de toutes les études fines de la
Un point frontière -v, E do est dit rkgu-
théorie.
lier si, pour toutef‘finie continue sur do,
Théorème 5 (théorème de Cartan-
on a :
Brelot) : L’enveloppe inférieure d’une
famille (v,) localement bornée inférieure- lim H,(x) =f(xo) ;
x-x0
ment de fonctions surharmoniques dans xtw
un ouvert o de R” diffère de sa régula-
si tout point frontière est régulier, on dit
risée semi-continue inférieurement d’un
que o est régulier. C’est le cas de la boule.
ensemble polaire. Cela permet de préciser On dit qu’un ensemble E est ej$k en un
pour un ensemble E quelconque que$,
point ,Y,) @ E si x0 n’est pas adhérent à E ou
pour v surharmonique > 0, est égale q.p. s’il existe une fonction surharmonique v au
à v sur E.
voisinage de E telle que :

V(X~) < lim inf v(x) ;


Problème de Dirichlet généralisé X-Xe
et effilement XEE

Soit o un ouvert borné et f une donnée si x,E E, on dit encore que E est @lé en
frontière (finie ou non). On considère la x,, si E - {x0} est effilé en x0.

769
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES

On montre alors qu’il existe un poten- par K(X, ,3 lui soit proportionnelle. À
tiel fini continu P dans o (ouvert borné) tel toute fonction harmonique h > 0 dans o
que, pour tout E C o, l’ensemble des correspond alors sur r une mesure unique
points d’effilement de E coïncide avec ph 2 0 portée par r, telle que :
l’ensemble des points x pour lesquels on a :

R;(x) < P(x).

On en déduit, d’après le théorème 5, Brelot a résolu un problème de Diri-


chlet avec donnée frontière sur r. On peut
que l’ensemble des points de E, où E est
alors faire une étude du comportement à
effilé, est polaire (ou de capacité extérieure
la frontière des fonctions harmoniques
nulle). Si o est un ouvert borné, on montre
positives, grâce à l’introduction de l’effi-
que x0 est régulier pour 0 si et seulement
lement minimal (Naïm), et généraliser, à
si son complémentaire est non effilé en x.
l’aide de la topologie fine, le résultat de
Il s’ensuit que l’ensemble des points
Fatou sur les limites angulaires dans le cas
irréguliers forme un ensemble polaire.
de la boule (J. L. Doob).

Fonctions harmoniques positives


et frontières de Martin
Toute fonction harmonique positive u 3. Liens avec l’analyse
dans la boule B(O,R) s’écrit : fonctionnelle

Énergie
La physique élémentaire nous apprend que
où p est une certaine mesure 2 0 sur dB. l’unique charge électrique y du potentiel
Citons aussi le théorème de Fatou qui capacitaire V d’un conducteur donne un
affirme que toute fonction harmonique
état d’équilibre et correspond à un mini-
positive dans la boule B admet une limite mum de l’énergie :
angulaire en presque tout point x E dB.
En 194 1, R. S. Martin, afin de généra- ; V d q ;
s
liser cette représentation intégrale au cas
d’un ouvert borné, introduisit la fonction on dit que V est un potentiel d’équilibre.
de Green normulisde : C’est cette idée qui conduisit Gauss, en
1840, à considérer l’intégrale :

(U”-2f)dp,
s
il montra l’existence d’un espace compact
ô, unique à un homéomorphisme près, tel où Uu est le potentiel newtonien d’une
que; = 0 ct prouva que la famille des mcsurc p don& par une densité sur une
fonctions s - K(.u, y) se prolonge continû- surface C rendant minimum l’intégrale. Or
ment à r = ô ~ 0 et sépare r. On appelle cela n’est vrai qu’avec des restrictions qui
ri l’ensemble des points XE r tels que furent éclaircies par Frostman en 1935. Ce
!U c,.,,t;,.. . ..-.,,..-A” C”L
IVLILL‘ULI pL”,“Ll&rr _-Lr_L Gop”L’UalrLG
“-,.-A”-+,. ^,.-t “1. +-,...A
.lUIIL, au ‘“‘LU, 1-m
LG> :d’- A,. “CIUDD
1 cc> UG CT”..“” -..:
yLu ‘?,.st
511‘LL
K(X, J3 soit minimale, c’est-à-dire telle que à l’origine du travail de Cartan sur I’éner-
toute fonction harmonique > 0 majorée gie dont il est question ci-dessous.

770
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES

Dans R”, n > 3, avec le noyau newto- A E L+ portées par K est un cône convexe
nien, on appelle énergie mutuelle de deux complet de C ; on obtient (9) et (10).
mesures u et v > 0 la quantité : TlGoréme 9 (du hulayuge) : Soit ,u E C+.
La projection uK de u sur 9, est carac-
térisée comme la seule mesure > 0 sur K
telle que, d’une part, on a partout l’inéga-
pour toute mesure p, on appelle énergie de lité :
u le nombre )/ p 11
c = Vm et, à l’aide de
l’inégalité fondamentale (non évidente),
et, d’autre part, pour toute mesure A E C+,
on a, h-presque partout,
il est facile de voir que u - 11u I( e est une IJPK = U’.
semi-norme et, par suite, que l’ensemble
des mesures positives ou nulles d’énergie On voit que uK est la balayée de u grâce à
finie est un cône convexe &+. la remarque qui suit le théorème 5 et au
On considère ensuite l’espace vectoriel théorème suivant.
C = Ci ~ Cf et on prolonge de façon Thhorème 10 : Un borélien de R” est
standard la semi-norme à C. L’inégalité polaire si et seulement s’il est de A-mesure
fondamentale est encore vérifiée et la nulle pour toute mesure A E &+.
semi-norme prolongée est encore une
semi-norme sur C. Norme et principe de Dirichlet
Soit :rO l’espace des fonctions numériques
possédant un gradient fini continu de carré
Principaux théorèmes
intégrable. Pour toute u E Y,, on pose :
ThGorènze 6 (principe de l’énergie de
Frostman) : La semi-norme I/ u II(’ est une
norme sur C. llull=(~~(~)2dx)“*.
Corolluire 7 : L’espace C est un espace i=,
préhilbertien muni du produit scalaire L’application 24 -1]u1] est une semi-
(!J / VI. norme dans Y, associée au produit sca-
ThL:orènze 8 (principe de damination ou

s --
laire :
principe du nzasirnun~ de Curtunj : Soit
u E C et v surharmonique positive majo- (u1,ü2)= gradu,.gradu,dx;
rant UP sur un support restreint de u
(c’est-à-dire un ensemble dont le complé- la condition 111111= 0 équivaut a u cons-
mentaire est de u-mesure nulle) ; alors v tante.
majore UP partout dans R”. Pour obtenir une norme on passe au
ThéoGnze jbndwnentrrl (Curtanj : L e quotient Y par la relation d’équivalence
cône convexe &+ est complet dans &. naturelle. La norme correspondante
On utilise pour la démonstration de ce s’appelle la norme de Dirichlet. Par com-
théorème le théorème de représentation de modité de langage, on confond une fonc-
Riez (théorème 3). Un exemple de Cartan tion de 0, avec sa classe d’équivalence
montre que C n’est pas complet. dans Y.
Si K est un compact de R”, on peut Tlu?or&ne II : Le sous-espace 3e des
montrer que l’ensemble TfK des mesures fonctions harmoniques est complet dans :i’.

771
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES

Cela permet d’énoncer le principe de duit les éléments du complété en dévelop-


Dirichlet : pour toute fonction fE 0, il pant une théorie du potentiel dans R”, où
existe une fonction harmonique u E Je le noyau est une distribution et le potentiel
unique rendant minimum le nombre un produit de convolution de distributions
I u -f II, (cf. DISTRIBUTIONS). Avec quelques restric-
En effet, Je étant un sous-espace com- tions, la théorie de Cartan peut être
plet, on obtient u par projection. adaptée. Dans l’axiomatisation par Beur-
On peut ainsi résoudre le probl>me de ling et Deny des espaces de Dirichlet, on
Dirichlet dans les conditions suivantes : utilise le fait que la norme de Dirichlet est
Soit o un domaine borné de R”, IZ > 2, et diminuée par les contractions normales : Si
f une fonction de 9’, bornée dans o et v varie moins vite que u, l’intégrale de
admettant un prolongement fini et continu Dirichlet relative à v est plus petite que
à w (noté encore f ). La projection de f sur l’intégrale de Dirichlet relative à u. Cette
X est Hf. Si, de plus, o est un domaine remarque, due à A. Beurling, permet de
régulier, Hy est l’unique fonction de Y’,, de donner des démonstrations très courtes et
norme minimale admettant en tout point la très élégantes des résultats fondamentaux
même limite que f. de la théorie du potentiel. Elle permet aussi
En songeant à compléter l’espace Y, de démontrer des théorèmes profonds de
J. Deny a été amené à introduire des synthèse spectrale en analyse harmonique.
fonctions appelées <( BL précisées » ou
« BLD V, obtenues en précisant des fonc- Théories axiomatiques sans noyaux
tions introduites par Beppo Levi et Niko- La théorie axiomatique de Brelot et de ses
dym. Les classes d’équivalence de ces extensions ultérieures (Bauer, Constanti-
fonctions, par rapport à l’égalité presque nescu et Cornea) est inspirée d’une axio-
partout à une constante près, forment un matique probabiliste de Doob et fut pré-
espace de Hilbert. On peut résoudre un cédée d’une tentative due à Tautz. Le
problème de Dirichlet correspondant pour principe en est le suivant.
ces fonctions. Dans un espace Q localement compact,
On peut faire le lien des fonctions BLD on considère un faisceau d’espace vectoriel
avec les potentiels Uu d’énergie finie : Si de fonctions numériques continues, appe-
u E C, alors UP est une fonction BLD et on lées harmoniques (axiome 1). On suppose
a: qu’il existe une base de domaines réguliers,
c’est-à-dire tels qu’il existe une solution du
problème de Dirichlet (axiome 2) et enfin
où (P~ est un coefficient numérique dépen- (axiome 3) que tout ensemble filtrant
dant de n. croissant de fonctions harmoniques dans
un domaine o tend vers + 05 ou une
fonction harmonique. La théorie se déve-
4. Théories axiomatiques loppe considérablement si l’on ajoute le
et dérivées principe de domination (axiome D)
comme nouvel axiome.
Méthodes hilbertiennes Les solutions dans un onveit d’üne
L’espace & des mesures d’énergie finie équation du deuxième ordre de type ellip-
n’étant pas complet, Deny, en 1950, intro- tique à coefficients suffisamment réguliers

772
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES

vérifient les axiomes. Il en est de même, ce composer deux noyaux. Si v est une mesure
qui est plus difficile, pour des équations à positive, on définit la mesure vN par :
coefficients discontinus (Mme Hervé). Cela
apporte de considérables simplifications à vN(E) = N(x, E)~V(X).
s
l’étude directe de ces équations faites par
Stampacchia. L’exemple classique est le noyau :
En revanche, les solutions d’équations
de type parabolique ne vérifient pas les
axiomes 3 et D. C’est pourquoi Bauer
dans R”. Ici Nfest le potentiel newtonien
modifia l’axiomatique précédente par
de densitéfet vN est absolument continue
l’introduction d’un nouvel axiome et
par rapport à la mesure de Lebesgue, ayant
l’affaiblissement de l’axiome 3, afin de
comme densité le potentiel U”.
contenir, dans les applications, les solu-
On dit que N satisfait au principe
tions d’équations de ce type.
complet du maximum si, pour toute cons-
Enfin, J. M. Bony est arrivé à caracté-
tante CI 3 0 et tout couple (f, g) de fonc-
riser de façon presque complète, en termes
tions positives universellement mesura-
d’opérateurs différentiels, les théories
bles, la relation :
axiomatiques du type Brelot, Bauer... dans
R”. a + Nfx 2 Ngx,
Soit, par exemple, ,K une théorie axio- pour tout x tel que g(x) > 0, entraîne :
matique de Brelot telle qu’il y ait « suffi-
samment >) de fonctions de classe Y. Il a + Nf, > Ngx,
existe alors un ouvert dense dans lequel est pour tout x E 0.
défini un opérateur différentiel L à coef- Avec certaines restrictions satisfaites
ficients de classe Cm tel que toute fonction dans les applications, G. A. Hunt montre
harmonique de classe e2 vérifie Lu = 0 et qu’on peut associer à un noyau N, satisfai-
même encore, au sens des distributions, si sant au principe complet du maximum, un
u n’est pas de classe C2. semi-groupe P, (défini pour t 3 0,
P S+I = P, o PJ de noyaux, vérifiant des
Théorie de Hunt et probabilités conditions de continuité à l’origine, tel que :
Soit 0 un espace localement compact. On
Nf= +-P,fdt;
appelle noyau N une famille {u,} de s0
mesures dépendant mesurablement (en un
cela lui permet de développer une théorie
sens à préciser) de x. On note
du potentiel purement probabiliste. On
u,(E) = N(x, E). À toute ,f borélienne
appelle excessives les fonctionsf > 0 véri-
> 0, on associe :
fiant :

également borélienne. On peut considérer en cas d’égalité, ,f est dite invrwiante.


N comme une application linéaire positive Quand f’ > 0 n’a pas de minorante inva-
de l’ensemble des fonctions boréliennes riante > 0 autre que zéro, f est appelée
positives dans lui-même. On peut donc potentiel.

773
POTENTIEL & FONCTIONS HARMONIQUES

Dans les bons cas, P, peut être inter- Cette remarque a permis à G. Choquet
prété comme le semi-groupe de transition de démontrer le théorème extrêmement
d’un processus de Markov. De tels pro- profond qui suit.
cessus sont appelés processus de Hunt. Th&rkme. Soit C un cône convexe et B
Dans le cas particulier du mouvement une base compacte de C. Si B est métri-
brownien, le générateur infinitésimal (déri- sable, tout Y E B est barycentre d’une
vée à l’origine du semi-groupe) est l’opé- mesure unitaire p portée par l’ensemble
rateur A, ce qui permet d’identifier les des points extrémaux. De plus, si C est
fonctions surharmoniques et les fonctions réticulé pour son ordre, p est unique.
excessives. II en est de même dans le cas Si B n’est pas métrisable, le problème
général d’une théorie axiomatique du type est beaucoup plus compliqué. En particu-
Brelot. Mm’ Hervé a construit un noyau lier, l’ensemble des points extrémaux n’est
vérifiant des conditions qui permirent à pas nécessairement mesurable.
P. A. Meyer de montrer l’existence d’un On peut partir de ce théorème pour
semi-groupe dont les fonctions excessives retrouver la représentation intégrale de
sont précisément les fonctions surharmo- Martin : c’est une méthode beaucoup plus
niques de la théorie. simple. Ce théorème permet également de
Cette identification va beaucoup plus donner une représentation intégrale de
loin et permet d’interpréter en termes Riesz dans les espaces harmoniques de Bre-
probabilistes les faits les plus importants de lot (Ml”, Hervé, G. Mokobodski) et même,
la théorie du potentiel : balayage, effile- sous une forme moins satisfaisante, dans les
ment, espace de Martin, etc. La théorie du axiomatiques affaiblies (Mokobodski).
potentiel est donc une source d’inspiration
considérable pour les probabilistes qui Théorie de la capacité
s’occupent des processus markoviens. Une tzrpacitk gL;nL;rcrlisPe, au sens de Cho-
quet, sur un espace topologique séparé X
Théorème est une fonction réelle C d’ensemble,
de représentation intégrale définie sur toutes les parties de X ; elle est
Les fonctions harmoniques positives dans croissante, descend sur les compacts et
un ouvert borné o C R” forment un cône monte sur les ensembles quelconques. La
convexe C : celles qui valent 1 en un point capacité extérieure classique dans R” et les
forment une base convexe compacte B mesures extérieures sur X localement com-
(pour la convergence compacte) du cône et pact sont des exemples de capacité géné-
les fonctions minimales de cette base sont ralisée. Un ensemble A C X est dit cupu-
les éléments extrémaux de B. On peut aussi citable si :
interpréter la représentation intégrale de C(A) = “y C(K),
Martin d’une fonction l! F B en disant que
LI est le barycentre d’une mesure p portée la borne supérieure étant prise pour K
par l’ensemble des points extrémaux parcourant l’ensemble des compacts
(modulo une identification des éléments contenus dans A.
minimallu
. . . . . . . . -, . > c’e+$.-&re ~utr&m~~llu Pn,,r tzxrm;nor ) ;nrl;m,nnc
v4.L1 -IIIcL.l‘.. de B 1 “WI LLLL111LLL‘ LLLu’yu”“~ .,n
LLII th&,rAme
LIIL”L..IIIC,
avec les points de l’ensemble r, défini à la dû à Choquet, qui est très utile en théorie
fin du chapitre 2). de la mesure et en théorie des probabilités.

774
PROJECTIFS ESPACE a REP ÈR E

Il nous faut pour cela donner quelques relation G entre deux éléments x et J
définitions : On dit qu’un ensemble dans définie par :
un espace topologique est un K, si c’est
3hEK, AfO, y=hx.
une réunion dénombrable d’ensembles
compacts ; un K,, est un ensemble qui est La relation G est une relation d’équi-
intersection dénombrable de K, ; enfin, on valence et l’ensemble quotient E’/G est
dit qu’un sous-ensemble A d’un espace appelé espace projectif déduit de E et est
topologique séparé est ana&ique si A est noté P(E). L’ensemble E est appelé espace
l’image continue d’un K,, contenu dans vectoriel sous-jacent de P(E). Une classe
un espace compact. Le théorème de d’équivalence, élément de P(E), est appe-
Choquet s’énonce alors : Tout ensemble lée point projectif; on désigne par rr
analytique contenu dans un K, est capa- l’application canonique qui a un élément
citable. de E’ associe sa classe dans P(E). Lorsque
E = K”+‘, l’espace projectif déduit se note
ARNAUD DE LA PRADELLE P,,(K). Si E est de dimension n + 1, la
dimension de P(E) est, par définition, n. Il
faut toutefois remarquer que P(E) n’est
Bibliographie pas un espace vectoriel.
S. J. AXLER, P . BOURDON & W. RAMEY, Hunnonit L’espace projectif réel ou complexe
Funrtion %YJ~,v. Springer, N e w Y o r k , 1 9 9 2 /
P,(R) ou P,,(C) est une variété compacte
M . BRELOT, Ek+~rwf dt~ I~I thhwir c~luuiyur d u
po~~riel, C.D.U., Paris, 1959 ; Sc%nuiw de thkorie non orientable. L’expace affine réel ou com-
clupotmtiel 1972. univ. Pierre-et-Marie-Curie. Paris. plexe de dimension n se plonge de manière
1973 : On Topolq@r und Bourzdaries in Potrntial naturelle dans cet espace projectif ; ce plon-
Theoy. Springer-Verlag, Berlin, 1971 / J. KRAL et
al., PorentkJl Theory, Plenum Press, 1988 / N. LAND gement correspond géométriquement a
KOF, Fuundutions oJM&rn Potwiicrl Theory, Sprin- l’adjonction de (< points à l’infini D, réels ou
ger, Berlin, 1972 / P. A. MEYER & C . DELLACHERIE, imaginaires, à cet espace affine.
Probubrlirc’s CI potentiel. 5 vol., Hermann, Paris,
Vurikté li&uire projective. Soit F un
1976-1992.
sous-espace vectoriel de E, l’image par TT de
F’ = F ~ { 01 est, par définition. une variété
linéaire projective de P(E). On peut aisé-
ment montrer que l’intersection d’une

PRODUITS INFINIS - SÉRIES


famille quelconque de variétés linéaires
projectives est une variété linéaire projec-
& PRODUITS INFINIS tive et que l’espace vectoriel sous-jacent de
cette intersection est l’intersection des espa-
ces vectoriels sous-jacents des variétés de la
famille. Une variété projective déduite d’un
hyperplan de E s’appelle un hyperplan pro-
PROJECTIFS ESPACE & REPÈRE
jectif, et sa dimension (lorsque dim (E) = n
+ 1) est égale à n ~ 1 ; un espace projectif
de dimension 1 (resp. 2) est appelé droite

E spuceprojectif:
Étant donné un espace
vectoriel E sur un corps commutatif
K, on considère dans E’ = E - {0} la
projective (resp. plan projectif). Soit X un
sous-ensemble de P(E) ; on appelle variété
linéaire engendrée par X l’intersection de

775
PROJECTIVES APPLICATIONS

toutes les variétés linéaires contenant X. nées homogènes d’un point de P(F) est
Soit k + 1 points de P(E) ; on dit qu’ils donné par :
forment une partie projectivement libre si k+l
la dimension de la variété engendrée par 1 < i $ n+ 1, x, = a,,h,,
c
eux est égale à k ; ils sont projectivement ,=1
liés si la dimension de la variété est infé-
où les h, appartiennent à K et ne sont pas
rieure à k. On peut montrer que k + 1
tous nuls. Ces n + 2 formules définissent
points ~(.y,) de P(E) sont libres si et
une bijection entre P,+,(E) et P(F) qui est
seulement si les k + 1 points .Y, sont libres
une représentation paramétrique de la
dans E. Ainsi, bien que P(E) ne soit pas
variété projective.
un espace vectoriel, la notion d’indé-
Dans le cas particulier de P,!(R), où
pendance se conserve. Par suite, on a
R”+I est muni de la base canonique, le plon-
des énoncés de théorèmes sur les dimen-
gement, indiqué ci-dessus, de l’espace affine
sions équivalents aux énoncés sur les
de dimension n identifié à R” dans P,!(R)
dimensions des sous-espaces vectoriels, en
fait correspondre au point (h,, A,, A,,) le
particulier le théorème de la G base incom- pointdecoordonnéeshomogènes(A,,h,, ....
plète )). A,,, A,,,,) ; les (< points à l’infini )> de PJR)
CoordonnL;es honlogènes I_ repère projec- sont caractérisés par la condition A,,+, = 0
t$ Soit B = (PJ, 1 < i < n + 1, une base et forment donc un hyperplan projectif.
de l’espace vectoriel E de dimension La géo&trie projective est l’étude des
n + 1. Tout élément x de E s’écrit : espaces projectifs et des variétés linéaires
projectives, ainsi que des invariants par le
groupe projectif.

JACQUES MEYER
avec s, E K. Le (n + 1)-uple (ic,, .I-~, ,.,,
s,,+,) s’appelle système de coordonnées
homogènes du point r(s) de P(E). Soit e.
l’élément de E de coordonnées : PROJECTIVES APPLICATIONS

on appelle repère projectif l’ensemble des


S oit E et F deux espaces vectoriels sur
un même corps commutatif K, P(E) et
P(F) les espaces projectifs déduits de E et
II + 2 points T(e& r(e,, . . . . T(e,,+,). de F,f’une application linéaire de E dans
On peut donner une représentation, à F et N = ker cf, le noyau de,f: Comme
l’aide de coordonnées, d’une variété l’image par ,f’ d’une droite de E non
linéaire projective P(F) : il suffit de donner contenue dans N est une droite de F, la
la représentation du sous-espace vectoriel restriction defà E-N est compatible avec
sous-jacent F privé de 0. Soit n(g,), 1 6 ,i les relations d’équivalence sur E~~-N et F’
< k + 1, une famille libre engendrant = F-{O}. On peut donc déduire deJ’une
P(F)
,~ ,. -Wsimnm
-I.=---__I nnr
r-- In
\--,,,< 1 1 - < Y i .G
< n-- f 1, app!ication g de P(E) ~ P(N) dans P(F)
le système de coordonnées homogènes du par passage au quotient. L’application g
point $g,). Alors un système de coordon- est dite application linéaire projective ou

776
QUADRATIQUES FORMES

encore, par abus de langage, application


projective de P(E) dans P(F).
Notons quefet AL où A est un scalaire
non nul, donnent la même application

Q
déduite. Réciproquement, si l’on se donne
une variété linéaire projective P(N) et une
application projective g de P(E)-P(N)
dans P(F), toutes les applications linéaires
dont g est déduite s’obtiennent à partir de
l’une d’entre elles par multiplication par un
scalaire non nul. Si l’on considère les
applications projectives bijectives de P(E)
dans P(F), on voit aisément que :
- les applications linéaires dont une appli-
cation projective bijective est déduite sont
elles-mêmes bijectives ;
la composée de deux applications pro-
QUADRATIQUES FORMES
jectives bijectives est une application pro-

L
jective bijective ; a notion de forme quadratique inter-
- les applications projectives bijectives de vient dans toutes les parties des mathé-
P(E) sur P(E) forment un groupe, appelé matiques. Elle est à la base de la géométrie
groupe projectif de P(E) et noté PGL(E) ; euclidienne et de la mécanique classique
lorsque E = K”+‘, ce groupe se note (énergie cinétique), et aussi de la notion
PGL,,(K) ou PGL(n,K) ; d’espace de Hilbert, de la théorie spectrale
- lorsque les espaces projectifs P(E) et et de leurs nombreuses applications à
P(F) sont de dimension finie, et si leurs l’analyse fonctionnelle (équations différen-
dimensions sont égales, toute application tielles, aux dérivées partielles ou intégra-
projective injective de P(E) dans P(F) est les). Elle est étroitement liée au concept de
bijective et donc inversible. De plus, on a dualité. Enfin, l’étude arithmétique des
le théorème suivant : la donnée dans P(E) formes quadratiques a été le point de
d’une famille (71’s) de II + 2 points, départ de la théorie des nombres algébri-
formant un repère projectif, et dans P(F) ques et a eu d’importantes répercussions
d’une famille (K’V;) de n + 2 points, sur la théorie des fonctions automorphes.
formant un repère projectif, détermine une
application projective et une seule de P(E) ?+
dans P(F), appliquant rr(eJ sur T’V;). De
plus, cette application est bijective.

JACQUES MEYER
1. Généralités

En algèbre classique, on appelle (< forme


n-aire de degré r » un polynôme homog&w
de degré r par rapport à n variables ; pour
r = 1, on dit (( forme linéaire » et, pour

777
QUADRATIQUES FORMES

I = 2, on dit CC forme quadratique )>. Dans M X M détermine inversement une forme


la mathématique actuelle, on généralise la quadratique Q à laquelle elle est associée,
notion de forme quadratique comme on a puisque :
généralisé celle de forme linéaire (cf.
B(x,x) = Q(2x)-2Q(x) = 2Q(x).
algèbre LINÉAIRE ET MULTIL~AIRE) : étant
donné un anneau commutatif A et un La définition précédente montre par
A-module M, on considère les applications récurrence que, si (I,, . . . . CI,, sont des
Q de M dans A qui vérifient une relation éléments de M et si i,, . . . . i,, sont des
de la forme : scalaires de A, on a :

(1) QG + C?V) = A*Nx,y)


+ APW,Y) + ~~%,y)> (2) Q( 2 Ep,) = aliS: + + a,,,,Fk
,=1
quels que soient .Y et J dans M, h et u dans
A. En donnant à h et u les valeurs 0 ou 1, + a,t,Sj,
on voit aussitôt que : c
z<j

-%,Y) = Q(x)> ‘&,Y) = QCV) où o,, = B(a,, a,) pour i #jet o,, = Q(a,),
donc B(u,, a,) = 2 o,,. En particulier, si les
et :
a, forment une hase de M, on retrouve la
%,Y) = Q(x +Y)-Q(x)-QCV); définition classique des formes quadrati-
ques.
en exprimant de plusieurs manières
Q(x + y + z), pour x, J’ et z dans M, on
voit sans peine que l’expression : Exemples
Si l’on a été amené à donner une définition
W,y,z) = B(x +y,~)-B(x,z)-B(t~~)
aussi générale, c’est parce que l’on ren-
est symétrique en x, J et z et que l’on a par contre naturellement des formes quadra-
suite : tiques de types très variés dans les appli-
cations. L’exemple le plus connu de forme
D(h,Ay,h) = A3D(x,y,r);
quadratique est le « carré scalaire )), dont
d’autre part, on a : l’étude est exactement la géométrie eucli-
dienne. Deux des parties les plus impor-
Do=, AY, AZ) = AZD(x,y,z), tantes des mathématiques contemporai-
donc D(u, J’, Z) = 0 lorsque A est sans nes, la géométrie riemannienne et la
diviseur de zéro et contient au moins trois théorie des espaces de Hilbert, sont des
éléments. Pour un anneau commutatif A extensions de cette étude dans deux direc-
quelconque, on dit que Q est une forme tions : la forme quadratique est « infinité-
quudrutiqw sur M si D(s. ~3, Z) = 0 quels simale )) en géométrie riemannienne, et
que soient .Y, - ct z dans M, c’est-à-dire si l’espace où elle est définie est de dimension
B est une fomr hi/inL;aire (nécessairement infinie dans la théorie hilbertienne.
symétrique). On dit que cette forme bili- Dans tous ces cas, la forme est C( posi-
néaire est associée à la forme quadratique tive non dégénérée )) (cf. infuu, chap. 2).
n Pi A”..”
y. LJI) ua,,> I l’,.....,,“..
aIIIILau .-b,A ,>A-.._ +:,.- ic,
I Lyuarl”u -7: -
~ ü nf-:” In”IVIIIILJ
IV a‘> LCD c...--..n ILVIL
--- uGgG,lGLrGs
A,L-.i-.L.A^- 11”Il
- - - p”JL-
..,,:
a une solution unique pour tout CI E A, tives n’ont pas moins d’importance : leur
toute forme bilinéaire symétrique B sur théorie (pour les espaces de dimension

778
QUADRATIQUES FORMES

finie) a deux CC traductions » classiques : la généraliser la notion de forme quadratique


théorie des coniques, des quadriques et de en considérant des applications de M dans
leurs généralisations aux dimensions supé- un second A-module M’ (« applications
rieures, et d’autre part les géométries quadratiques »). L’application la plus
cc non euclidiennes )> ( c f . G R O U P E S - imprévue est sans doute celle qui permet
Groupes classiques et géométrie ; QUADRI- d’exclure upriori certains entiers N dans la
QUES) ; l’aspect (( infinitésimal » de cette recherche des plans projectifs finis (non
théorie est la théorie des espaces pseudo- desarguiens) ayant N + 1 points : on
riemanniens, qui est à la base de la théorie montre en effet que, s’il existe un tel plan,
de la relativité. Les formes quadratiques à alors il y a une matrice carrée A d’ordre
coefficients complexes correspondent aux N’ + N + 1 = n à coefficients entiers
quadriques (et leurs généralisations) dans telle que ‘A . A = B, où B est une matrice
les espaces complexes ; et c’est une forme d’ordre II ayant tous ses éléments égaux à
à coefficients complexes, la forme de 1, sauf ceux de la diagonale principale
Killing, sur laquelle repose la classification égaux a N + 1 (Bruck-Ryser) : la théorie
des groupes de Lie semi-simples. de Minkowski-Hasse (cf. infru, RGsultuts
L’étude des formes quadratiques à coef- spéciaux, in chap. 2) donne des conditions
ficients entiers, débutant avec Fermat et arithmétiques de possibilité d’une telle
Euler, a été le ferment le plus actif dans le relation qui permettent d’exclure certaines
développement de la théorie des nombres : valeurs de N.
la théorie des formes binaires, équivalente
à celle des corps quadratiques, a été, avec Transformation
Gauss, le point de départ de la théorie des des formes quadratiques
nombres algébriques ; celle des formes La notion fondamentale à la base de toute
quaternaires est étroitement liée à la théo- la théorie des formes quadratiques est celle
rie arithmétique des quaternions et celle de trunsforrnée d’une telle forme par une
des formes à un nombre quelconque de application linéaire : si M et N sont deux
variables est à l’origine du développement A-modules, si g : M -. N est une applica-
moderne de la théorie des groupes arith- tion linéaire et Q une forme quadratique
métiques et des fonctions modulaires à n sur N, x - Q(g(.u)) est une forme quadra-
variables. tique sur M, dite transformée de Q par g ;
Tout récemment, les formes quadrati- si B est la forme bilinéaire associée a Q, la
ques ont reçu des applications plus inat- forme :
tendues. En topologie différentielle, c’est la
considération d’une forme quadratique sur
le corps à deux éléments F? qui permet de associée à Q o g, est dite transformée de B
définir un nouvel invariant, grâce auquel par g. On se bornera dans toute la suite aux
on a pu donner le premier exemple d’une A-modules & type ,fini (pour la théorie
variété topologique non susceptible d’être hilbertienne, voir l’article théorie SPEC-
munie d’une structure différentielle TRALE). Lorsque M est un A-module libre,

(M. Kervaire) ; d’autres formes quadrati- pour toute base (e,), 1 < j < n, de M, la
ques interviennent en cohomologie (théo- matrice carrée symétrique T = (B(e,, e,))
rie de l’index) et en K-théorie, et l’on est est appelée la matrice de B (ou de Q) par
même amené pour certaines questions à rapport à cette base ; si N est un second

779
QUADRATIQUES FORMES

A-module libre, si V;), 1 < i < m, est une C) Étude du groupe de toutes les bijec-
base de N et X la matrice de type (n7, n) tions linéaires de M qui transforment une
d’une application linéaire g de M dans N forme quadratique en elle-même. Nous en
relativement aux bases choisies, alors la avons donné d’importants exemples dans
matrice de la transformée Q o g de Q par l’article GROUPES - Groupes classiques et
rapport à V;) est ‘X.T.X. géométrie. Notons simplement que les
Les problèmes qui se posent naturelle- formes quadratiques sont exceptionnelles
ment dans la théorie des formes quadra- à cet égard parmi les formes de degré
tiques sont les suivants. > 1 ; pour les formes de degré > 3, le
A) Étant donné deux formes quadrati- groupe des transformations linéaires
ques QI et Q, sur des A-modules M, et MI, laissant invariant la forme est en général
la forme Q2 est-elle transformée de la ,jïni.
forme Q, ? On dit encore alors que « Q,
représente Qr )). En particulier, si M, et M7
sont libres et si T, et T, sont les matrices
de QI et de Q2 par rapport à des bases, une 2. Formes quodratiques
réponse positive a la question entraîne sur un corps
l’existence d’une matrice X à éléments
dans A telle que : Nous distinguons deux cas, suivant que la
caractéristique du corps de base K est
(3) ‘X.T,X= T,;
distincte de 2 ou égale à 2.
inversement, cette existence entraîne que
Q2 est transformée de Q, lorsque, dans A,
l’équation 2c = o a toujours une solution Corps de caractéristique # 2
unique. On notera que, dans ce dernier cas,
lorsqu’on prend M, = A de sorte que Résultats généraux
Tz = (a) est une matrice à un seul élément, On peut se borner ici à considérer le
résoudre l’équation (3) revient à trouver problème de transformation d’une forme
dans M, les solutions de 2Q,(s) = c( que quadratique en une autre sous la forme (3).
l’on appelle (< représentations de l’élément Un premier invariant est le wzg de la
a/2 par Q, )). matrice T d’une forme quadratique Q ; il
B) (( Classer » les formes quadratiques est aussi appelé rang de Q ou rang de la
sur un module M pour diverses sortes de forme bilinéaire associée B, et noté rg(Q)
relations d’équivalence entre ces formes. ou rg(B). C’est un entier qui peut prendre
De façon précise, on se donne un sous- l’une quelconque des valeurs entre 0 et la
groupe f du groupe des bijections linéaires dimension n de l’espace vectoriel V où est
de M sur lui-même, et on considère comme définie Q. On dit que la forme Q (ou B)
équivalcntcs deux formes quadratiques est non &g&&t;e si rg (Q) = II ; la
transformées l’une de l’autre par une forme bilinéaire B définit alors un isomor-
application g E f. On peut encore dire que phisme <p de V sur son dual V* (cf. algèbre
l’ensemble des formes quadratiques sur M LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE) pal' ki rda-
est ün A-mûdüle U(M) d a n s 1eqùe: le tion :
groupe r opère lin&iwment, et on cherche
les orbites de r pour cette action. <x, <PCV)> = W,y),

780
QUADRATIQUES FORMES

pour x et y dans V ; cela permet de définir C’est une algèbre simple de centre K, si
dans V les notions de vecteurs orthogo- afi f 0. Cela étant, il y a toujours des
naux, de sous-espace isotrope et de sous- bases (e,), 1 < j < n, de V orthogonales
espace totalement isotrope (cf. GROUPES - pour Q, autrement dit telles que :
Groupes classiques et géométrie,
chap. 3). (4) Q(X) = 2 ait:, x = 2 t,e,;
Un second invariant est l’indice de Witt j=l ,=1
v < 42 (cf. GROUPES - Groupes classiques
et géométrie, chap. 3) ; l’espace V se ainsi Q(x) est somme de « termes carrés H.
décompose en somme directe d’un sous- On appelle algèbre de Husse de Q
espace W de dimension n - 2v, ne conte- pour cette base le produit tensoriel des
nant aucun vecteur isotrope # 0, et d’un algèbres de quaternions (a,, a, a7 .,, a,),
sous-espace orthogonal à W, dans lequel pour 1 < j < n, et on démontre que
l’indice de Witt de la restriction de Q à ce cette algèbre S(Q) ne dépend pas, à
sous-espace est v ; pour n et v donnés, la isomorphie près, de la base orthogonale
classe d’équivalence de la forme Qw, choisie.
restriction de Q à W, détermine entière- On peut prouver que, pour n < 3, les
ment celle de Q, ce qui permet de ramener invariants rg(Q), d(Q) et S(Q) cuructlri-
le problème d’équivalence au cas des sent, à équivalence près, les formes qua-
formes anisotropes (c’est-à-dire d’indice 0). dratiques sur un corps quelconque K (de
On appelle discriminant de Q (ou caractéristique # 2) ; mais cela n’est
de B) par rapport à une base de V le plus exact pour n > 4. On n’a, dans ce cas.
déterminant de la matrice de B par rapport que des résultats pour des corps particu-
à cette base ; comme la relation (3) liers.
entraîne :

det (T,) = det (T,)(det (X))2, Résultats spéciaux

on voit que le discriminant dépend de la a) Le corps K est algébriquement clos ;


base choisie, mais sa classe d(Q) dans un seul invariant suffit, le rang rg(Q) ; pour
le groupe quotient K*/K*2 du groupe rg(Q) = n, on a v = [n/2], partie entière
multiplicatif K* de K par le sous-groupe de n/2.
des carrés dans K* est un invariant 6) Le corps K est le corps R des
de Q. nombres réels ; pour toute base orthogo-
Enfin, pour deux éléments a et fi de K, nale (ej) de V, si :
on désigne par (a, fi) l’algèbre de quater-
nions (généralisés), espace vectoriel de Q(x) = 2 ait:,
dimension 4 sur K ayant une base formée ,=I
de 1 (élément unité) et de trois éléments
le nombre p (resp. q) des aj qui sont > 0
XI, xz et x3 avec la table de multiplica-
(resp. < 0) est indépendant de la base
tion :
choisie (« loi d’inertie 1) de Sylvester) ; on
x:=(x, xi=p, xi=-ap, dit que (p, q) est la signature sig (Q) de Q ;
x,x* =-XIX* =x3, x,x3 =-x3x, = axz, les nombres p et q caractérisent les formes
x*x, = -XIX2 = -px,. quadratiques à équivalence près ; on a

781
QUADRATIQUES FORMES

rg(Q) = p + y ; si p + C/ = 12, on a équivalence près (théorème de Hasse-


v = inf (p, y) et d(Q) est la classe de (- l)(‘. Minkowski). Les symboles S,(Q,) sont
Le groupe R*/R*’ a ici deux éléments. égaux a 1, sauf pour un nombre fini de
c) Le corps K estfilzi ; dans ce cas, le places finies @, et on a la loi de réciprocité
groupe K*/K*l a encore deux éléments ; de Hilbert :
les invariants rg(Q) et L~(Q) caractérisent
Q, à équivalence près ; si rg(Q) = n, on a
v > 1 pour 17 3 3.
rI% %(Qd = 1.

d) Le corps K est un corps locul (cf.


théorie des NOMBRES - Nombresp-adiques),
d’idéal maximal 9J. Pour deux éléments cx Corps de caractéristique 2
et fl de K. le s~~~zho/c C/C Hdbert (a, fi)p est Soit K un corps de caractéristique 2, V un
défini comme égal a 1 si l’équation espace vectoriel de dimension II sur K et
cx<’ + on7 = 1 a une solution dans K, Q une forme quadratique sur V. La forme
comme égal a ~ 1 dans le cas contraire (cf. bihnéaire B associée a Q est alors alter&,
DIVISIBILITÉ, chap. 4) ; et on montre que autrement dit B(x, ,Y) = 0 pour tout
deux algèbres de quaternions (a, 8) et (CI’, x E V ; son rang rg (B) est par suite un
B’) sont isomorphes si et seulement si on nombre pair 2~. Soit V1 le sous-espace de
a (c(, fl)p = (<x’, fi’)p. On associe alors a la V, formé des .Y E V tels que B(x, y) = 0
forme quadratique Q son .~~tr~holc & HUSS~~ pour tout ~3 E V : sa dimension est n ~ 2 p
S,(Q), égal par définition au produit des et on a :
symboles de Hilbert (a,. o, (x, ._. cc,)@ pour
Q(b + OY) = h2Q(x) + 9Q(v),
toute expression (4) de Q à l’aide d’une
base orthogonale. On prouve que les pour x et J dans V. L’ensemble V, des
invariants t-g(Q), c/(Q) et S,(Q) caractéri- Y E V’ tels que Q(s) = 0 est donc un
sent Q, a équivalence près. On a toujours sous-espace vectoriel de V. Si q < n ~ 2 p
v 3 0 pour rg(Q) > 5. est sa dimension, on dit que 2 p + q est le
e) Le corps K est un corps C/C ~zo&~res rung rg (Q) et on appelle &&uf de Q
crlg~%riques (cf. théorie des N O M B R E S - l’entier S(Q) = y = rg (Q) -- rg (B). Si U
Nombres algébriques). Pour toute place II est un supplémentaire de V, dans VI, si W
de K, le corps K se plonge canoniquement est un supplémentaire de V1 dans V et si
dans le corps local complété K,, et on peut l’on prend une base de V qui soit réunion
donc considérer une forme quadratique Q d’une base symplectique (P,), 1 < ,j < 2p,
sur K comme une forme quadratique Q, de W (c’est-à-dire telle que B(cT,, en) = 0
sur K,. La théorie est entièrement ramenée sauf pour les couples (c,, c,+&, pour les-
au cas des corps locaux par le principe dr quels B(e,, c;+,,) = B(e,+,,, e,) = 1 pour
Iltrsse : pour qu’une forme quadratique Q’ 1 < ,j < p). d’une base (r,). 2p + 1 < j
soit transformée d’une forme Q, il faut et 6 2p + q, de U et d’une base (PJ,
il suffit que Q’, soit transformée de Q, pour 2p + ~1 + 1 < j < II, de V,, alors on
chaque place u (finie ou à l’infini). Les obtient, pour :
;n.iir;antr ‘b\Y,,
III”CL.1LIIILO min\ C’\Y,,
.cni c“jJ,up,
(CI 1 +-,,.
puu’ tr\dr
LVULC
place finie, et sig(Q,) pour toute place .X= Sjej,
c
réelle à l’infini. caractérisent donc Q, à ,=1

782
QUADRATIQUES FORMES

l’expression de Q(x) suivante : Enfin, on peut généraliser aux corps de


caractéristique 2 la notion d’algèbre de
quaternions et obtenir ainsi pour Q un
invariant qui généralise l’algèbre de Hasse
définie supra (cf. Résultats généruus, in
Corps de caructéristique # 2). Grâce à ces
invariants, on peut, pour certains corps de
où la relation : caractéristique 2, obtenir une classification
complète des formes quadratiques sur ces
corps.

entraîne c, = 0 pour
2~ + 1 < j < 2p + q.Ledéfautqnepeut 3. Réduction
être > 0 que si K est impmfuit, c’est-à-dire des formes quadratiques
que le sous-corps K* de K formé par les
carrés des éléments de K est distinct de K ; Nous ne considérerons plus à partir de
plus précisément, on a q < [K : K2]. maintenant que des formes quadratiques
Les entiers p et q sont évidemment des non dégénérées sur le corps R des nom-
invariants de Q. On dit qu’un sous-espace L bres réels, définies dans un espace R”, et
de V est totalement singulier si Q(X) = 0 nous nous intéresserons auxsous-groupes f
dans L ; pour les formes de rang IZ, la dimen- du groupe linéaire GL(r, R) opérant a
sion d’un tel espace est < p. Le maximum v droite, par (g, Q) - Q o g, dans l’espace
des dimensions des espaces totalement O(R’) de ces formes. Deux cas sont
singuliers est encore appelé l’indice de Wtt
particulièrement étudiés, correspondant
de Q et est un invariant de cette forme. au groupe orthogonal l- = O(r, R) et au
Si, pour une base (e,) choisie comme
groupe r = SL(r, Z) des matrices inver-

A(Q) = cP
plus haut, on forme l’élément : sibles de déterminant 1 à coefficients
entiers. Nous renvoyons pour le premier
a,Pj, cas à l’article théorie SPECTRALE, le pro-
j-i
blème étant celui de la réduction d’une
on dit que cet élément est le pseudo- forme quadratique (ou d’une (< hyperqua-
discriminant (ou invariant dY4rf) de Q par drique ») à ses <( axes » . La théorie de la
rapport ë cette base. Pour une autre base « réduction » correspond au second cas.
du même type, le pseudo-discriminant est Comme les orbites de GL(r, R) dans
de la forme : O(R’) sont les ensembles de formes de
signature donnée (p, y), avec p + q = I
A(Q) + t2 + 5
(cf. mpm, Résultats spéciaux, in Corps de
pour un élément i E K ; comme les élé- caractéristique # 2), il y a lieu de distin-
ments i2 + 5 forment un sous-groupe P du guer le cas des formes positives non
groupe additif K, la classe d(Q) de A(Q) dégénerées (c’est-à-dire /J = r et y = 0) et
dans le groupe quotient K/P est encore un le cas des formes où p et q sont tous deux
invariant de Q. > 0 (dites aussi (( indéfinies D).

783
QUADRATIQUES FORMES

Formes positives où le déterminant est celui de la matrice de


L’ensemble X (ou Je,) de ces formes s’iden- Q par rapport à la base canonique de R”.
tifie à celui des matrices symétriques posi- Enfin, cela entraîne aussi que le groupe I
tives inversibles : c’est un « espace symétri- est de type jni.
que )) Je = K\G d’Élie Cartan, avec Un procédé de (( réduction » plus fin,
G = GL(r, R) et K = O(r, R) qui est le dû à Minkowski, fournit dans X un
stabilisateur de la matrice unité. Le pro- domaine fondamental plus petit que les
blème essentiel de la théorie de la réduction domaines de Siegel O’,.,, qui a la propriété
est de trouver dans Je un (( ensemble fon- de ne pouvoir avoir que des points fron-
damental )) 0’ aussi (< petit » que possible tières en commun avec ses transformés par
tel que toute orbite de f dans X le rencon- I. Pour r = 2, en écrivant une forme
tre : il suffit de prendre l’image canonique quadratique positive a(x + -ry)(x + ;y),
dans X d’un ensemble 8 C G tel que avec a > 0 et T nombre complexe tel que
G = 0. I. Si l’on désigne par A le sous- Im T > 0, on identifie l’espace Se(i) des
groupe commutatif de G formé des matri- formes quadratiques positives, définies à
ces diagonales à termes u,, > 0 et par N le un facteur constant près, au demi-plan Im
sous-groupe des matrices triangulaires T > 0 ; la réduction de Minkowski donne
supérieures (n,) telles que n;, = 0 sij < i et alors le domaine fcndamental classique
n,i = 1 pour 1 < i < r, toute matrice défini par 1T / > 1 et 1Re T 1< lj2 et repré-
gE G s’écrit d’une seule manière : senté par la figure.
g=k.u.n,aveckEK,aEAetnEN;
cette décomposition s’appelle « décompo-
sition d’Iwasawa )) (cf. GROUPES - Groupes
de Lie, chap. 2).
On appelle domaine de Siegel O,,, dans
G l’ensemble des matrices k. a. II, avec
a!, G ta u~+~,,+~ p o u r l<i<r-1 e t
/ n,, 1< u pour i < j ; une méthode remon-
tant à Gauss (pour r = 2) et à Hermite
prouve qu’il répond à la question posée,
pour t > 2/VT et u > 112. L’intérêt du
choix d’un tel domaine fondamental Q est
que son intersection avec SL(r, R) a une -1 112 0 112 1
mesure de Haar jinie ; d’autre part, si M
est un ensemble de matrices 1y2 à coeffi-
cients entiers de déterminants bornés, alors Le domaux fondamental classique
modulatre
de /a fonctnn

l’ensemble M, des m E M telles que


0 n 0 . m soit non vide est/îni (Siegel). En
outre, le fait que O,.,,, pour les valeurs de Formes « indéfinies »
t et de u indiquées plus haut, soit un Si Q est une forme quadratique de signa-
domaine fondamental entraîne l’inégalité ture(p,q)avecp+q=retpq#O,onne
d’Heimitc peut p!us poser !e prob!ème de !a ,,Xx &AlP-
j LuuI
xc;~to, Q(x) < (4/3)(r-1)‘Z(det QI"', tion 1) comme pour les formes positives.
(6) En effet, le groupe orthogonal O(Q),

784
QUADRATIQUES FORMES

sous-groupe de GL(v, R) laissant Q inva- soit compact, ou de volume fini. ainsi que
riante, est ici tel que O(Q) n SL(n, Z) soit la preuve d’existence de (( domaines fon-
injïni, et la propriété de finitude de Siegel damentaux )) ayant des propriétés de fini-
ne peut donc être vérifiée pour aucun tude généralisant celles qui sont décrites
ensemble B non vide. La notion de ci-dessus (A. Borel-Harish-Chandra).
N réduction )) qu’il faut introduire ici est
une découverte célèbre d’Hermite. On
ordonne l’ensemble Je des formes quadra- 4. Formes quadratiques sur Z”
tiques positives non dégénérées par la
c o n d i t i o n q u e QI < Qz s i g n i f i e q u e On se borne aux formes quadratiques sur
Qz - Q, E Je ; pour une forme quadrati- Z” non dégénérées, qui s’écrivent sous la
que indéfinie donnée Q, on appelle majo- forme Q : x - B(x, x), où B est une forme
rante d’Hermite de Q une forme Q’ E Se bilinéaire sur Z” X Z” à valeurs dans Z ; la
telle que 1Q(s) ( < Q’(x) pour tout x E R’ forme bilinéaire associée à Q est donc 2 B,
qui est minimale dans l’ensemble des et ce qu’on appelle la matrice de Q est ici
formes de Je ayant cette propriété. Si la matrice de B (et non celle de 2 B) par
sti(Q) est l’ensemble des majorantes d’Her- rapport à la base canonique de Z* ; c’est
mite de Q, alors Se(Q) est encore un espace par suite une matrice symétrique non
symétrique K C G, avec G = O(Q) et K dégénérée arbitraire à coefficients entiers,
sous-groupe compact maximal isomorphe Le problème fondamental est l’étude de
à O(p) X O(q). La forme Q est alors dite l’équation (3) où T, et T? sont deux telles
matrices, d’ordres respectifs n et m < n, et
réduite au sens d’Hermite si l’intersection
où la matrice inconnue X est une matrice
de X(Q) et d’un domaine de Siegel @’ dans
de type (m, n) à coefficients entiers. Pour
sf n’est pas vide, ou encore si Q est l’image
par des opérateurs appartenant à un m = n, les matrices T, pour lesquelles (3)
a une solution constituent la classe de T,.
domaine de Siegel Q dans G de la forme
Une autre manière de présenter l’étude
canonique :
des formes quadratiques sur Z” est de
t: + 5: + .,. + t;-Ep+,-...-sp+,; considérer une forme quadratique non
dégénérée fixe sur R”. Si B est la forme
le théorème de finitude fondamental est bilinéaire symétrique associée, on consi-
que, pour tout c( > 0 dans R, l’ensemble dère les rkseaux E dans R”, à savoir les
des formes réduites dont la matrice est de Z-modules de type fini engendrant
la forme CtX, où X a ses éléments entiers, l’espace R”, tels que B(x, y) soit entier
est un ensemble@. pour x et y dans E ; deux tels réseaux sont
Ces résultats ont été considérablement isomorphes s’ils se déduisent l’un de l’autre
généralisés au cours de ces dernières par une transformation orthogonale (pour
années. On y remplace GL(r, R) par le B). Comme tout réseau est un Z-module
groupe des points réels G,, d’un groupe libre (donc isomorphe à Z’l), les diverses
algébrique réductif G défini sur Q et r par bases de E correspondent aux formes
un sous-groupe « arithmétique )) de G : le quadratiques sur Z” formant une classe
problème fondamental est l’étude de d’équivalence. L’avantage de cette présen-
l’espace homogène G,/T, et notamment tation est qu’elle s’étend au cas où l’on
l’obtention de critères pour que cet espace remplace Z par l’anneau des entiers d’un

785
QUADRATIQUES FORMES

corps de nombres algébriques ; les réseaux m, avec m < n, on note N(S, 7) le nombre
sur un tel anneau ne sont plus nécessaire- de solutions en matrices X sur Z de
ment des modules libres. l’équation ‘X6.X = T, nombre qui estfini
Dans l’étude des formes quadratiques et ne dépend que des classes de S et de T.
sur Z”, on est amené à chercher à étendre On ne connaît pas de formule donnant ce
le G principe de Hasse )) de la théorie des nombre pour n et m quelconques, mais
formes quadratiques sur Q”. Les matri- Siegel en a obtenu une expression
ces X à coefficients entiers figurant dans « moyenne )) qui fait intervenir non seule-
l’équation (3) peuvent être considérées ment la classe de S, mais toutes les classes
comme ayant leurs éléments dans l’un du genre de S. Désignant par S, des
quelconque des anneaux d’entiers représentants de ces classes, on pose :
p-adiques Z,, ou dans R, et l’existence de
solutions X à coefficients entiers implique
donc celle de solutions X dans chacun de
ces anneaux. Mais, ici, la réciproque n’est et la formule de Siegel s’écrit :
plus exacte ; les formes quadratiques
22 + 55y* et 5x2 + 1 ly* sont équivalentes (8)
I Y
dans R et dans tous les Z,,, mais non dans
Z (la première représente 1. mais non la où y(s) est la CC masse )) du genre de S au
seconde). On est donc amené à envisager sens d’Eisenstein-Minkowski, c’est-à-dire
une notion d’équivalence moins stricte que le nombre :
celle qui est définie ci-dessus : deux matri-
1
ces symétriques non dégénérées T, et T2
correspondant à des formes quadratiques
7 N(S,,’

sur Z” sont dites appartenir au même genre


somme des inverses des ordres des groupes
si l’équation (3) a, dans chaque Z,,, une
d’automorphismes de Sj. Au second mem-
solution Xp (dépendant de p) ainsi qu’une
bre de (8) v parcourt l’ensemble des « pla-
solution dans R (ce qui signifie que les
ces )) (finies ou non) de Q, et cc,.(S, 71, qui ne
formes quadratiques correspondantes ont
dépend que des genres de S et de T,
même indice). On déduit de la théorie de
G mesure )) en un certain sens l’ensemble
la réduction qu’un genre ne contient qu’un
des solutions de l’équation ‘XS.X = Tdans
nombre jini de classes.
Qv. On a, d’autre part, une formule expli-
L’étude approfondie de l’équation (3)
cite (remontant à Minkowski) pour y(S) :
dans Z repose sur des méthodes analyti-
ques, où la formule sommatoire de Poisson
( c f . D I S T R I B U T I O N S , chap. 4) joue un rôle
prépondérant. Il y a lieu de distinguer le = 2 1-
cas des formes positives du cas des formes
« indéfinies )).
ce qui permet, en faisant T = S dans (8)
Formes positives d’obtenir le nombre de classes dans le
Si S et ï sont des matrices symétriques genre de S.
correspondant à des formes positives non La formule (8) pour T = S a une inter-
dégénérées sur Z”, d’ordres respectifs n et prétation remarquable dans la théorie des

786
QUADRATIQUES FORMES

groupes « adéliques >). Si A est le groupe où, par abus de langage. les mesures de
des adèles de Q (cf. théorie des NOMBRES - Haar II? et nt, sur des quotients de G, ou
Nombres algébriques), on note G,, G, et de G, par des groupes discrets sont celles
G, les groupes des matrices carrées X qui sont déduites canoniquement des
à coefiicients dans Q, Q, et A respective- mesures notées II? et ~7, sur G, et G,. On
ment vérifiant les relations det(X) = 1 et constate alors que cette formule devient
‘X,X.X’= S. On définit un sous-groupe identique à la formule de Siegel (8) pour
ouvert Go de G, comme produit : T = S, une fois que l’on a prouvé que le
CC nombre de Tamagawa )) rn(G,/G,) est
égul ù 2 ; la preuve de ce fait (qui peut se
faire indépendamment des résultats de
où u parcourt l’ensemble des places de Q, Siegel) nécessite le même genre de métho-
où Grl(U) = G, lorsque IJ = CC est la place des analytiques. On peut aussi obtenir de
à l’infini et où, pour chaque nombre cette manière la formule générale (8) pour
premier p. l’ensemble G,(J’) est l’ensemble n 3 4 et nz < n - 3. En outre, cette
des matrices de GI1 à coefficients entiers méthode d’« adélisation )) peut être consi-
yadiques. dérablemcnt généralisée en remplaçant G
On voit alors que les classes du genre de par un groupe algébrique semi-simple
S correspondent biunivoquement aux ~ OU- défini sur Q et en considérant des sous-
I&S clussrs de G, suivant les sous-groupes groupes CC arithmétiques )) convenables de
G, et Go : si U, sont des représentants de G (Tamagawa, A. Weil, T. Ono).
ces doubles classes, de sorte que G, est la
réunion des G,,U,G,, on désigne par R,,‘J’, Formes indéfinies
pour chaque nombre premier p, le trans- Les développements précédents subsistent
formé dans Qii du réseau Zii par I’automor- sans modification lorsqu’on remplace G
phisme (U, l),,, projection de U,-’ sur G,,. II par le groupe analogue correspondant à la
y a alors un réseau et un seul ROI dans Q” matrice S d’une forme indéfinie à coeffi-
dont l’adhérence dans QI: est R,>ul pour tout cients entiers ; mais, comme ici les nom-
p ; la matrice Sj est celle qui correspond à la bres N(S, r> sont infinis, il n’est plus
forme quadratique lorsqu’on prend pour possible d’interpréter la formule (10) et
base de Q” une base (sur Z) du réseau RC’). l’analogue pour T# S de la même
On peut définir sur G, une mesure de manière que pour les formes positives ;
Haar privilégiée 177 (cf. analyse HARMONI- Siegel a montré comment le faire en
QUE, chap. 4), dite nlesu~ & Tunwgm~a, interprétant, dans la formule (8), les nom-
coïncidant dans G,, avec le produit de bres U(S,, n comme des volumes de
mesures de Haar 172,. sur les G,.. Soit alors domaines fondamentaux pour certains
G,( U,) le sous-groupe discret de G,. pro- groupes discontinus ou comme des limites
jection du groupe (U,P’G,,C,) n Go ; des de rapports de nombres de solutions
raisonnements élémentaires de la théorie comme dans (7), où l’on impose aux
de la mesure de Haar donnent la relation : solutions d’être dans un domaine ~~VIL; de
(10) m (GA/G,) = Z”” et où l’on fait ensuite tendre ce
domaine vers l’espace tout entier.
Donnons un exemple de ce genre
d’interprétation qui précise le théorème de
QUADRATIQUES FORMES

Meyer affirmant qu’une forme quadrati- où p et q sont des entiers > 1 ; les réseaux
que indéfinie a coefficients entiers et a cinq de type 2 sont isomorphes à k (PU 0 yr8),
variables au moins a toujours des solutions avec p et q entiers > 0, où U correspond
non triviales. Si : à la forme quadratique 2 x,.x1 sur Z’. Pour
n = 4k, r,, est le réseau dans Q” formé des
(,Y,), 1 < j < n, tels que 2 .x, etx- X, soient
entiers pour tous les indices, et que
l’entier :
e s t u n e f o r m e indefinie a coelficients
n
entiers, si :
XI
c
,=1

soit pair, la forme bilinéaire fixe prise sur


Q” étant :
est une majorante d’Hermite de cette
forme et si on pose : n
X,Y,i
c
,=*
A(e) = e-nsQa(x), 6 > IJ
c
x
on vérifie que la forme quadratique posi-
x parcourant l’ensemble infini des solu- tive sur Z” définie par fdk est à coefficients
tions de Q(X) = 0, alors cette série est entiers et ne prend que des valeurs paires
convergente et, lorsque E tend vers 0, le si k est pair.
nombre A(E) croît indéfiniment et est
équivalent à Cs (n r)!?, où C est une
constante.
5. Formes quadratiques
À d’autres égards, les formes indéfinies
ont une théorie plus simple que les formes et fonctions modulaires
positives : le nombre des classes d’un genre
Lorsqu’on fait 1~ = 1 dans la formule de
est toujours une puissance de 2 (qui peut
Siegel (8), de sorte que Test réduite à un
être arbitrairement grande), et les nombres
seul entier N, on obtient une « valeur
u,(S, 7) pour les classes d’un même genre
moyenne » du nombre de solutions de
sont tous kgaus, ce qui donne leur valeur
l’équation Q(s) = N dans Z” pour une
en vertu de la formule de Siegel lorsqu’on
forme positive Q sur Z” ; si l’on sait que le
connaît le nombre de classes du genre.
genre de S ne contient qu’une seule classe,
Dans certains cas, on a même une classi-
ou si les nombres N(S,, 7) sont Irs m&7es
fication complète des réseaux correspon-
pour toutes les classes du genre de S, la
dant aux formes quadratiques indéfinies :
formule (8) donne le nombre de solutions
il en est ainsi pour les formes sur Z” de
de Q(X) = N pour tout N. Par exemple. si :
déterminant * 1. On les classe en deux
types suivant que la forme quadratique ne
prend que des valeurs paires (type 2) ou Q(x)= 2x;,
j= I
prend aussi des valeurs impaires (type 1).
Les réseaux de type i sont isomorphes à on sait depuis Eisenstein que ie genre de S
pI+ 0 qIL, où 1, (resp. I-) correspond à la n’a qu’une seule classe pour n < 8, mais ce
forme quadratique ,Y? (resp. ~ x’) sur Z et n’est plus exact pour 17 > 9 ; pour n = 16.

788
QUADRATIQUES FORMES

il y a deux classes dans le genre, mais elles fondamental est donné par la figure. Une
donnent la même valeur à N(S,, 7). On forme nzoduluire de poids 2 k, pour k
déduit donc de la formule de Siegel (8) des entier, est une fonctionfholomorphe dans
expressions exactes pour le nombre de Im z > 0 telle que :
représentations de N comme somme de n
carrés pour n < 8 ou n = 16. f(z) = (a + d)-“X/( S),
La théorie des fonctions thêta et des
formes modulaires donne des expressions pour toute transformation du groupe
remarquables pour le second membre de modulaire ; en outre, on impose à ,f la
(8) pour m = 1. Soit Q(s) une forme condition d’être holomorphe à l’infini, ce
quadratique positive non dégénérée sur Z” qui implique qu’elle est développable en
et soit S sa matrice ; la série : série :

(11) es(z) = exp (ri Q(x )z ).


c
x
N=O

où x parcourt Z”, est absolument conver-


convergente pour Im z > 0 ; on dit de plus
gente pour Im z > 0 et est donc une
que la forme est parabolique si ao = 0. La
fonction holomorphe de z dans ce demi-
fonction 8,, est donc une forme modulaire
plan. La formule sommatoire de Poisson
de poids 42.
permet de prouver l’identité de Jacobi
Si k > 1, la série d’Ei.wnstein :
générale :
(13) G(Z) = (a + d)-*k,
c
(12) e,(z) = ((-ii)ndctS)lnB,-,(-~) cc.4

Bornons-nous, pour simplifier, au cas


où det(S) = 1 et où les termes diagonaux où (c, 4 parcourt Z2 - {OI, est conver-
de S sont pairs ; on montre que cela gente (cas particulier d’une série de Poin-
implique que IZ est un multiple de 8 ; la taré pour le groupe modulaire) et est une
relation (12) s’écrit alors : forme modulaire de poids 2 k, telle que
Gk(m) = 2 c(2k) ; en posant q = e2rnz, on
montre que :

Gk@) = 2 5W) E,(q),


et d’autre part :

O,(z + 1) = e,(z). avec :

Or, dans le demi-plan supérieur


(14) E,(q) = 1 + (-V$ 1 uz~,(Nk~>
Im z > 0, les transformations z ++ z+ 1 et N=I
z H ~ 1 /z engendrent le groupe modulaire
de toutes les transformations : où B, est le k-ième nombre de Bernoulli
et oZkpl(N) la somme des puissances
.,“-t4 (2 k- 1)-ièmes des diviseurs de N (cf.
ct + d
CdCUk A S Y M P T O T I Q U E S , chap. 2).

avec a, b, C, dentiers et ud ~ hc = 1 ; c’est On montre alors que l’on a


un groupe discontinu dont un domaine 8, = E, +,f; où k = n/4 et où ,f, est une

789
QUADRIQUES

forme modulaire parabolique. Comme d’ordre 2 m parcourant le groupe symplec-


l’on peut écrire : tique Sp (2 ~7, Z) sur Z ; la notion de série
d’Eisenstein se généralise et permet d’éten-
dre les formules précédentes.

JEAN DIEUDONNÉ
où v,(N) est le nombre de solutions de
l’équation Q(s) = 2 N dans Z”, on déduit
de (14j l’expression asymptotique : Bibliographie
A. B~REL, Introduction aux groupes urithmétiques,
(16) rd’9 = 2 ozi-, (N) + O(N~). Hermann, Paris, 1969 / J. W. CASSELS, Rational
Quudrutic Forms, Acad. Preas, New York, 1979 i
M. KNESER , G Klassenrdhlen definiter quadratischer
Pour n=8 ou n= 16, on af,=O; Formen », in Archiv du Maihematik, no 8, 1957 1
pour n = 24, on montre quef. = c,F, où 0. T. O’MEARA. Introduciion 10 Qurrdratic Forms,
F est la forme parabolique : Springer Verlag, New York-Berlin, 3’ éd., 1973 /
J.-P. SERRE, Coucî d?withmétique, P.U.F., Paris,
1970 / C. L. SIEGEL, Gesam&lte Ahhandlungen,
F(q) = q n (1 -qV> 3 vol.. Berlin. 1966 l A. WEIL. Sur lu théorie des
N=l forme.~ quadraiiqurs, Bruxelles, 1962 / (( Sur la for-
mule de Siegel dans la théorie des groupes classi-
étroitement liée à la théorie des fonctions ques », in Acta tnuthrmuticu, n” 113, 1965 / E. Wrrr,
elliptiques, et c, une constante dépendant « Theorie der quadratischen Formen in beliebigen
de la classe de S et qu’on détermine en Korpern )), in Journcrl de Crrlle, no 176, 1937.
évaluant le coefficient r,(l) ; on montre,
pour n = 24. qu’il y a vingt-quatre classes
de formes quadratiques vérifiant les condi-
tions indiquées ci-dessus. Siegel a montré
que, pour ~7 = 1, la matrice T étant
réduite à l’entier N, la série génératrice
QUADRIQUES
dont le coefficient de qN est le premier

L
membre de la formule (8) s’exprime encore es surfaces de l’espace matériel, que
à l’aide de séries d’Eisenstein. 11 a ensuite nous connaissons par leur emploi, en
étendu ce fait au cas où m est quelconque, architecture par exemple, étaient autrefois
en introduisant des G fonctions modulaires classées en (( corps ronds )) et « corps
d’ordre m D, où le demi-plan Im 2 > 0 est droits D. La sphère et le cube sont des
remplacé par le <( demi-espace de Siegel >) surfaces typiques de ces deux familles.
formé des matrices symétriques complexes Les corps ronds sont, essentiellement,
d’ordre II?, dont les parties imaginaires la sphère déjà citée, le cylindre et le cône
sont des matrices positives non dégéné- usuels (fig. 1). Étudiées individuellement,
rées ; le groupe modulaire est remplacé par ces surfaces semblent n’avoir que peu de
le groupe de transformations : points communs : l’une est bornée, les deux
autres ne le sont pas. Le cône possède un
point remarquable (son sommet), alors
que ie cyiindre est totaiement homogène.
Il est toutefois bien connu que les inter-
sections de ces trois surfaces par des plans

790
ftg. 1

sont toujours des coniques, éventuellement conduit les Grecs à unifier partiellement dont les coordonnées (x, y) satisfont à une
dégénérées en couples de droites. L’adjec- les définitions et les démonstrations pro- égalité de la forme :
tif conique, c’est-à-dire dessiné sur un pres à chacune d’elles (ellipse, parabole et
P(X,Y> = 0,
cône, est à l’origine du nom donné à ces hyperbole). Seule la géométrie analytique
courbes (cf. CONIQUES ). cartésienne, pourtant, a permis de donner où P est un polynôme non nul du second
Les propriétés très remarquables des des coniques la définition essentielle : ce degré. Suivant la nature des nombres .Y et
coniques, qui constituent l’ensemble le sont les COU~~~S algébriques du second y (qui sont réels ou complexes), on définit
=t
plus riche de courbes simples, avaient ordre, c’est-à-dire les ensembles de points plusieurs types de coniques.

“”
_-“,“^.- . ..~__ ,.“<, “~ -,.. _ .” .~. -,.< “_- ,_I ..,.- _..._,,I_ “., ,. _. I” .” _.
. - -.--. “--“~ <....- I_.-~ _._ . ;i. ,
QUADRIQUES

La généralisation de cette notion à Pour ces géomètres, une quadrique


l’espace de dimension trois est alors évi- était donc finalement déterminée par une
dente. Les surfaces ainsi définies sont équation de la forme :
appelées quadriques. Leurs sections planes
sont des coniques ; et cela les caractérise + 2cxf + 2c’yt + 2c”zt + dt2 = 0.
évidemment parmi les surfaces algébri-
ques. Les (( points » de ces quadriques sont,
en réalité, non des points d’un espace
classique (dit @înne, de dimension trois sur
le corps des nombres réels), mais des
droites d’un espace vectoriel de dimension
quatre sur le corps des nombres comple-
xes. L’ensemble de ces droites, c’est-à-dire
1. Cadre naturel de la théorie des sous-espaces vectoriels de dimension 1,
est appelé le project$é complexijïi de
Extensions diverses l’espace usuel.
Cette extension donna une grande unité
Une quadrique est un ensemble de points aux théorèmes : ainsi, une droite arbitraire
satisfaisant à une égalité de la forme coupe toujours une quadrique en un point
suivante où l’un au moins des six premiers au moins. Dans ce cadre, une théorie fort
coefficients n’est pas nul : élégante de la polarité, directement géné-
ralisée à partir de considérations analogues
+ 2cx + 2~) + 2c”z + d = 0 ; sur les coniques, conduit à un grand
nombre de propriétés (sur les plans tan-
par exemple, une sphère (dont le centre a gents, par exemple), pour lesquelles on
pour coordonnées u, v et MI) a une équation n’est plus tenu de distinguer un grand
du type : nombre de cas.

+ (u* + v* + %v-r*) = 0.
Quadriques et formes quadratiques
Certaines complications dans la théorie Ce passage d’un espace affine à un espace
de ces surfaces conduisirent les mathéma- projectif - au prix d’une augmentation
ticiens du XIX~ siècle à étendre. dans deux de la dimension - permit surtout de placer
directions différentes. la notion de quadri- la théorie des quadriques dans son véri-
que et des autres surfaces algébriques. Non table cadre : celui des formes quadratiques.
seulement ils firent un usage systématique Conformément à une tendance actuelle,
des coordonnées complexes, enrichissant l’étude détaillée des coniques et des qua-
ainsi considérablement le modèle mathé- driques est aujourd’hui délaissée au profit
matique issu des corps de l’espace maté- de la notion plus générale d’hyperquairi-
riel, mais ils élargirent le concept de point que, définie comme un ensemble de-
en considérant des (< éléments à l’infini » droites vectorielles d’un espace E sur
p a r iïntroduction d’une quatrième un corps algëbrrquement clos de caracté-
coordonnée t, nulle pour les nouveaux ristique différente de deux ; une droite
points. appartient à cet ensemble si et seulement

792
QUADRIQUES

si les vecteurs qui la composent annulent le déterminant A = det A de la matrice A


une forme quadratique non nulle q. L’éga- est non nul. Si A = 0, la quadratique est
lité : dite impropre.

q(Y) = 0

est une équation de l’hyperquadrique. 2. Quadriques impropres


Cette généralisation est parfaitement
Il existe onze types différents de quadri-
typique de l’algébrisation d’une théorie
ques impropres, parmi lesquels on distin-
géométrique ; en quelques pages, toutes les
gue trois familles principales : les cônes, les
notions de conjugaison et leurs cas parti-
cylindres et les quadriques décomposées.
culiers (hyperplans tangents ou symétries
centrales, par exemple) peuvent être étu-
Cônes
diés comme applications de la théorie de la
conjugaison de vecteurs par rapport à la Les cônes sont obtenus à partir d’un
forme q. sommet et d’une base, conique non décom-
Donnons un exemple : pour que deux posée dont le plan ne contient pas le
points donnés, associés à deux vecteurs sommet. Le cône de révolution est l’un
-+ d’eux ; on peut l’engendrer par rotation
v et V’ de l’espace E, forment une division
d’une droite autour d’une droite fixe
harmonique avec deux points de l’hyper-
qu’elle rencontre : un cône est constitué de
quadrique, il est nécessaire - et suffisant en
deux nappes, c’est-à-dire de deux parties
général - que l’on ait l’égalité :
symétriques limitant des volumes convexes
et reliées entre elles par le sommet com-
4(7 + 7,) = q(T;) + q(;,),
mun (fig. 2).
Dans le cas particulier évidemment Le sommet d’un cône est toujours réel.
très utile - où l’espace E est de dimension C’est le seul point de cette espèce si la
finie, le calcul matriciel permet une tra- conique de base est totalement non réelle ;
duction souple des calculs analytiques. le cône est alors dit imaginaire. Sinon, le
C’est ainsi que l’équation d’une quadrique cône est réel, et la nature de la conique de
classique peut s’écrire : départ est sans importance.
‘X.,4.X=0, Cylindres
où X est la matrice colonne composée des Les cylindres sont des cônes dont le som-
quatre nombres x, y, z et t ; Yest la matrice met est « à l’infini » : ils sont donc obtenus
ligne transposée de la précédente, et A une par des droites (génératrices) ayant une
matrice symétrique réelle : direction donnée qui rencontrent une coni-
que non décomposée dont le plan n’est pas
parallèle à la direction. Là aussi, le cylindre
de révolution (qui sert de base à tant
d’éléments architecturaux) en est l’exem-
ple le plus simple.
Une quadrique est dite propre si la Suivant que la conique est non réelle, ou
forme quadratique associée q est non une ellipse, ou une hyperbole, ou une
dégénérée, ce qui se traduit par le fait que parabole, le cylindre est dit imaginaire,

793
QUADRIQUES

elliptique, hyperbolique ou parabolique


(fig. 3). Le cylindre de révolution est un cas
particulier de cylindre elliptique. Les
sections planes sont, en général, des coni-
ques de même genre que la conique de et que la quadrique soit impropre. Pour
base. qu’elle soit décomposée en un plan double,
il s’introduit une condition supplémen-
Quadriques décomposées taire : l’ensemble des deux premières
conditions est équivalent au fait que 0 doit
Les couples & pluns sont des quadriques à
être une valeur propre au moins double de
la fois impropres et &ic;contpos&s ; ce der-
nier qualificatif signifie simplement qu’il la matrice A ; la troisième condition
entraîne que 0 est alors une valeur propre
s’agit alors de la réunion de surfaces
au moins triple.
algébriques d’ordre inférieur à celui de la
quadrique : ce sont donc des plans. Il en
existe cinq sortes, selon que les deux plans
sont réels et sécants, réels et parallèles, non
totalcmcnt réels (mais transformés l’un en 3. Quadriques propres
l’autre par une conjugaison des coordon-
nées) et sécants, non réels et parallèles, ou Les quadriques propres présentent moins
réels et confondus. de variété. Elles se classent également e n
t..,.:”
LIV‘> c”-:lln”
l*llllllc> ,,.11:-“,.~‘A,.”
(Grllp”LUG3, 1.IlypG’““I”IuCJ
.,-_r L-l,.YA”o ot
CL
TUUI qu une quadrique soit decompo-
sée, il est nécessaire et suffisant que l’on paraboloïdes) ayant chacune deux sous-
puisse écrire l’égalité : familles.

794
f1g. 3

parabole de base

-
c ‘yliodres parabolique et hyperbolique.

Ellipsoïdes strictement positifs. Le signe moins cor- que l’on transforme une ellipse réelle en un
respond à un ellipsoïde imaginaire, dont cercle). Il est de révolution si deux des
Les ellipsoïdes (fig. 4) par un changement
aucun point n’a toutes ses coordonnées nombres a. h et c (h et c, par exemple) sont
d’axes approprié, peuvent se mettre sous
réelles. Le signe plus correspond à l’ellip- égaux; on le qualifie de sphérique si Q
la forme :
soïde classique dont la partie réelle équi- a=h=c d’aplati si ff <h=c,
x2 y2 t2 vaut, grosso modo, à une sphère, surface d’allongé si CI > h = c. Fi
>+g+s=+t2,
v en laquelle on peut le transformer par des Les sections planes d’un ellipsoïde sont g
2 où a, h et c sont des nombres réels et affinités appropriées (de la même façon en général des ellipses, réelles ou non. vi

.- . _ , _ _,<-,- --_;__”
QUADRIQUES

fig. 4 façons différentes. comme réunion d‘une


famille de droites. les génératrices. Une
affinité convenable, qui revient a égaler les
coefficients CI et h. le transforme en hyper-
boloïde de révolution, engendré par la
rotation d’une droite autour d’une droite
qu’elle ne rencontre pas.
Les sections planes sont des coniques
de toutes espèces ; un plan tangent coupe
l’hyperboloïde suivant deux droites sécan-
tes, qui le séparent en deux parties situées
de chaque côté de ce plan.
Le second cas est celui de I’h~~rrholoiilr
Ell@o/de.
ù deus nuppes (fig. 6). qui admet deux

fag. 6
Hyperboloïdes
Les hyperboloïdes ont une équation que
l’on peut mettre sous l’une des deux formes
suivantes :

Le premier cas est celui de I’hqp&w-


loi’& ù ww nappe (fig. 5) qui est une
surface connexe évoquant la forme d’une
bobine. On peut le considérer, de deux

..~
Hyperbolofde à “ne nappe. Hyperbolotde à deux nappes.

796
QUADRIQUES

nappes disjointes, connexes, limitant deux f1g. 8


volumes convexes. Les génératrices d’une
telle surface ne sont pas réelles, sauf
éventuellement en leur point commun.

Paraboloïdes
Les paraboloïdes ont une équation que
l’on peut mettre sous la forme :

où p et q sont deux nombres réels non nuls.


Si p et q sont de même signe, le
paraboloïde est elliptique (fig. 7), de révo- Parabolmde hyperbolique.

fig. 7
Une quadrique propre possède, comme
nous l’avons vu à propos de l’hyperboloïde
à une nappe, un double système de
génératrices, Dans le cas du paraboloïde
hyperbolique, les génératrices passant par
un point réel sont réelles ; elles séparent la
surface en deux parties situées de part et
d’autre du plan tangent. Les sections
planes sont des paraboles ou des hyper-
boles.
Le paraboloïde hyperbolique possède
de nombreuses définitions géométriques
très simples. Citons-en deux :
Parabolmde elliptique. Si l’on se donne trois droites soumises à
la seule condition d’être parallèles à un
lution si p = q. Une affinité convenable même plan, une droite variable qui ren-
peut toujours mettre le paraboloïde sous contre ces trois droites engendre un para-
cette forme ; la surface résulte alors de la boloïde hyperbolique ;
rotation d’une parabole autour de son axe. - Si l’on se donne deux droites quelcon-
Les sections planes sont des paraboles ques, une droite variable qui les rencontre
ou des ellipses. Dans le cas d’un parabo- toutes les deux et reste parallèle à un plan
loïde de révolution, une section plane se donné engendre un paraboloïde hyperbo-
projette sur un plan orthogonal à l’axe lique.
suivant une droite ou un cercle. Les plans apparaissant dans l’une OU
Si p et q sont de signes différents, le l’autre de ces définitions sont appelés
paraboioïde est hyperbolique (fig. 8). C’est plans directeurs de la surface. 11 en existe
une surface assez remarquable, dont la deux, définis chacun à une translation
forme évoque celle d’une selle de cheval. près.

797
QUADRIQUES

Les ellipsoïdes et les hyperboloïdes ont, des coniques (cf. CONIQUES). Il faut noter
à la fois, un centre et des plans de symétrie. toutefois que, hormis les quadriques de
Les paraboloïdes n’ont que des plans de révolution, obtenues par simple rotation
symétrie. d’une conique autour d’un axe, il n’existe
pas de concept analogue à ceux de foyers
et de directrices pour les coniques. Ces
4. Problèmes tangentiels notions métriques sont donc directement
liées & la structure particulière du plan.
Les dix-sept variétés de quadriques don- Sans doute cela provient-il, comme pour la
nent une idée assez complète des différen- plupart des résultats non généralisables si
tes formes que peuvent prendre les surfa- la dimension de l’espace excède deux, de la
ces de l’espace usuel. Paraboloïde structure des rotations planes dont le
hyperbolique et hyperboloïde à une nappe groupe cesse d’être commutatif lorsque la
fournissent des exemples très simples de dimension passe de deux à trois.
surfaces qui traversent leurs plans tangents
(ce qui n’est pas le cas de la sphère ou du ANDRÉ WARUSFEL
cylindre de révolution, par exemple).
Une étude assez simple, fondée sur la
théorie des valeurs et des vecteurs propres Bibliographie
d’une matrice réelle symétrique, permet de M. BERGER , GéomYtrie / t. IV, Formes quadratiqurs,
déterminer les plans qui coupent une quodrrques et roniques, Cedic/Fernand Nathan,
quadrique suivant des cercles. Ces plans Paris, 1978 / G. CAGNA~, E. RAMIS & J. COMMEAU,
Trait4 de muthPmutique.u spPcia1e.v. t. III : Géométrie,
sont parallèles entre eux (on se limite à des
Masson, Paris, 1967 / G. CAGNA~ & H. COMMIS-
plans réels). Certains plans limites sont SAIRE, Cours de malhr~matiques supc’rieures et spé-
tangents à la surface en des points appelés cicrle.s, t. II, ibid., 195 1 1 P. MARTIN, Applications de
ombilics. Il y en a deux pour un ellipsoïde l’algèbre et de l’analyse 2 la &mcVrie, A. Colin,
Paris, 1967 / A. WARUSFEL. Dictionnaire raisord de
réel non sphérique, deux pour un hyper-
mathématiques (pour la classification des dix-sept
boloïde à une nappe, deux pour un para- sortes de quadriques d’après les éléments de la
boloïde elliptique. Il existe des cas parti- matrice A), Seuil, Paris, 1966.
culiers ; par exemple, tous les points d’une
sphère sont des ombilics.
Les quadriques propres sont non seu-
lement des ensembles de points soumis à
des conditions du second degré, mais aussi
des enveloppes de plans dont les paramè-
tres annulent un polynôme homogène du
second degré, autre forme quadratique
attachée à la surface. Aussi dit-on que ces
quadriques sont des enveloppes & seconde
clusse. Un cône, par exemple, ne répond
pas à cette définition, car il possède deux
équations tangentieiies au iieu d’une.
Les quadriques généralisent donc étroi-
tement les propriétés affines et projectives

798
SÉRIES & PRODUITS INFINIS

S
SÉRIES & PRODUITS INFINIS
REPÈRE AFFINE - AFFINES
ESPACE & REPÈRE L a notion de limite d’une suite est à la
base de l’analyse. Le langage des
séries, équivalent a celui des suites, s’est
imposé dès le XVII~ siècle à propos du
développement des fonctions en série
entière. Cependant, les fondements rigou-
reux de la théorie des séries, reposant sur
une définition des limites, remontent seu-
REPÈRE PROJECTIF lement au début du XIX~ siècle, avec les

- PROJECTIFS E S P A C E
travaux d’Abel, de Cauchy et de Gauss.
& REPÈRE L’étude des séries de nombres réels ou
complexes et celle des séries de fonctions
(séries entières, séries de Fourier, etc.)
peuvent être considérées comme des cas
particuliers de la théorie des séries d’élé-
ments d’un espace vectoriel normé. On
peut regrouper la notion de produit infini,
utilisée par Euler au XVIII~ siècle, avec celle
de série, à condition de se placer dans le
cadre des groupes topologiques séparés.

Séries
Soit G un groupe commutatif topologique
séparé (cf. algèbre TOPOLOGIQUE), dont la

799
SÉRIES 8 PRODUITS INFINIS

loi est notée additivement. On appelle série de convergence des séries peuvent servir
d’éléments de G un couple A = ((u,,), (s,)) à étudier la convergence d’une suite
constitué de deux suites d’éléments de G par l’intermédiaire de la série des différen-
telles que, pour tout entier naturel n, on ces.
ait : Le cas fondamental dans la théorie des
séries est celui où G est le groupe sous-
jacent à un espace vectoriel normé E. Les
séries d’éléments de E c o n s t i t u e n t un
espace vectoriel ; les séries convergentes
l’élément .Y, s’appelle sonwze à /‘ordre n, la
constituent un sous-espace vectoriel de
suite (u,,), terme général, et la suite (s,,),
l’espace vectoriel précédent, et l’applica-
suite des sommes partielles de la série A.
tion qui à toute série convergente fait
On dit que la série A est convergente ou
correspondre sa somme est linéaire. La
divergente s u i v a n t q u e l a s u i t e (3,)
multiplication de Cauchy des séries
converge ou non. Lorsque la série A est
d’éléments d’une algèbre normée ne pré-
convergente, la limite s de (s,) s’appelle
sente d’intérêt que dans le cas des séries
somme de A et se note encore :
entières ; nous n’indiquerons ici que la
+m multiplication des familles sommables
c u,;
n=O
(cf. infra).
Lorsque l’espace vectoriel normé E est
dans ces conditions, pour tout entier natu- complet, le critère de convergence de Cau-
rel n, l’élément r,, = .Y ~ s,, s’appelle reste à chy prend la forme suivante : Pour qu’une
l’ordre n et se note : série A = ((u,), (s,,)) converge, il faut et il
suffit que, pour tout voisinage V de 0, il
existe un entier naturel 11~ tel que, pour tout
couple (q, r) d’entiers naturels avec
r > y > n,, on ait :
Il est immédiat que, si la série A
converge, son terme général tend vers 0.
Examinons les liens entre suites et séries.
Pour toute suite (u,) d’éléments de G, il
existe une série A et une seule dont le terme
général est (u,,) ; sa somme à l’ordre n est tien avec les intégrales impropres

définie par la relation (1). Inversement, Supposons toujours l’espace vectoriel


pour toute suite (s,,) d’éléments de G, il normé E complet. L’étude de la conver-
existe une série A et une seule dont la suite gence d’une intégrale impropre peut se
des sommes partielles est (.Y,,) ; son terme ramener à celle d’une série, et réciproque-
général est défini par les relations : ment. Soit en effetSune application réglée
(cf. CALCUL INFINITÉSIMAL-Calcul à une
110 = SO>
variable, chap. 3) de [0, + CO[ dans E
11, = s, -s,-,, nf0
admettant 0 pour limite à l’infini, (a,) une
Ainsi, par définition, i’étude de ia suite strictement croissante de nombres
convergence d’une série se ramène à celle réels positifs tendant vers + 03 telle que
d’une suite. Réciproquement, les règles c(O = 0 et que la suite (a,+, -a,) soit

800
S É R I E S & PRODUITS INFINIS

bornée, et enfin A la série dont le terme Soitfune fonction réglée sur [0, + W[
général est défini par la relation : à valeurs réelles positives, décroissante et
ayant 0 pour limite à l’infini, et A la série
“. = sana”+‘f(t)dt; de terme général (J(n)). Pour que la
série A converge, il faut et il suffit que
pour que l’intégrale impropre :
l’intégrale impropre :

I+“f (t)dt
Jo

converge, il faut et il suffit que la série A


s 0
+-f(t)dt

converge. converge.
On prend la plupart du temps pour
Convergence des séries séries de références les séries géométriques,
de nombres réels positifs c’est-àdire les séries dont le terme général
Dans le cas des séries de nombres réels est de la forme (a”), les séries de Riemunn,
positifs, on peut obtenir des règles plus de terme général (lin”), convergentes si et
précises de convergences des séries, grâce seulement si c( > 1, les séries de Bertrand,
au résultat fondamental suivant : Pour de terme général :
qu’une série A = ((II,), (Y,)) de nombres 1
réels positifs converge, il faut et il suffit que qïzq’
la suite (s,) soit majorée. Plus précisément,
si cette suite est majorée, on a : convergentes également si et seulement si
a > 1.
La comparaison directe des séries de
nombres réels positifs s’effectue à l’aide de
la règle suivante : soit A et B deux séries de
si cette suite n’est pas majorée, s, tend vers nombres réels positifs, de termes généraux
(u,) et (v,). Si (u,) est dominée par (v,) et si,
Soit A et B deux séries de nombres réels de plus, B converge, alors A converge. Il
positifs, de termes généraux (u,,) et (v,). Si, s’ensuit que, si (u,) et (v,) sont semblables,
pour tout entier naturel n, on a U, < v,, il les séries A et B sont toutes deux conver-
découle du théorème ci-dessus que la gentes ou toutes deux divergentes,
convergence de la série B implique celle de En prenant pour série de référence une
la série A. Dans ce cas : série géométrique ou bien une série de
Riemann, on obtient les règles classiques
que voici.
Règle de Cauchy. Soit (u,,) une suite de
Ce corollaire permet de ramener l’étude nombres réels positifs telle que p <
de la plupart des séries à celle de séries admette une limite p. Si fl < 1, la série de
beaucoup plus simples, qui serviront alors terme général (u,) converge ; si fl > 1,
de séries de référence pour les séries les cette série diverge.
plus générales. La convergence de ces Règle de Riemunn. Soit (u,) une suite de
séries de référence.s’établit en les compa- nombres réels positifs telle qu’il existe un
rant à des intégrales impropres, ce qui nombre réel o satisfaisant à la condition
montre l’importance du résultat que voici. suivante : La suite n%, admet une limite fl

801
SÉRIES & PRODUITS INFINIS

appartenant a [0, + m[. Si c( > 1 et si série A = ((u,,), (.Y,,)) d’éléments d’un


fi < + CO, la série de terme général (u,) espace vectoriel normé E est absolument
converge ; si ci < 1 et si fl # 0, cette série convergente si la série de terme général
diverge. (11 u,, 11) est convergente. Pour que E soit
La comparaison directe s’utilise sou- complet, il faut et il suffit que toute série
vent sous la variante suivante, appelée absolument convergente d’éléments de E
comparaison logarithmique : soit (u,,) et soit convergente. En particulier, toute série
(v,,) deux suites de nombres réels stricte- absolument convergente de nombres com-
ment positifs telles qu’a partir d’un certain plexes est convergente.
rang on ait : Prenons par exemple pour E l’espace
vectoriel des applications bornées sur un
ensemble X à valeurs dans un espace de
Banach F, et munissons E de la norme de
si la série de terme général (vJ converge, la convergence uniforme. La convergence
il en est de même de la série de terme absolue au sens de cette norme est dite
général (u,,). normule. Toute série normalement conver-
En prenant toujours pour série de gente d’éléments de E est uniformément
référence une série géométrique ou une convergente sur X et absolument conver-
série de Riemann, on obtient les deux gente (au sens de la norme sur F) en tout
autres règles classiques suivantes. point de X ; une telle série converge
Rggle de D’Alembert. Soit (u,,) une suite simplement sur X. On notera que toutes les
de nombres réels strictement positifs telle réciproques sont fausses.
que u,,+,/u,,i admette une limite 0. Si L’étude des séries non nécessairement
fl < 1, la série de terme général (u,,) absolument convergentes est souvent faci-
converge : si fi > 1, cette série diverge. litée par la règle suivante.
Règle de Ruube-Duhamel. Soit (u,) une Règle d’Abel. Soit (o,,) une suite décrois-
suite de nombres réels strictement positifs sante de nombres réels positifs convergeant
telle que u,+,/u,, tende vers 1 par valeurs vers 0 et (a,) une suite d’éléments d’un
inférieures. On considère la suite (t,,) espace de Banach E. S’il existe un nombre
dcfinie par la relation : réel positif fi tel que, pour tout couple (q, r)
d’entiers naturels avec q < r, on ait :

on suppose enfin que nt,, admet une limite


p appartenant a [0, + c$. Si @ > 1, la série
de terme général (u,,) converge ; si B < 1, alors la série de terme général (QI,,) est
cette série diverge. convergente. De plus, pour tout entier
naturel II, le reste à l’ordre n est majoré en
Convergence absolue norme par Bec,,,,.
et semi-convergence On retrouve ainsi la condition suffisante
L’étude d’une série d’éléments d’un espace de convergence des séries alternées : soit
de Banach peut souvent se ramener a celle (u,,) une suite de nombres réels non nuis
d’une série de nombres réels positifs, grâce telle que la suite ((- l)“u,,) soit de signe
à la notion suivante : On dit qu’une constant. Si la suite (u,,) tend vers 0 et si la

802
SÉRIES & PRODUITS INFINIS

suite (1 u, 1) est décroissante, alors la série Soit maintenant E un espace de


de terme général (u,) est convergente, son Banach. Le critère de Cauchy devient :
reste a l’ordre n est majoré en valeur Pour qu’une famille (u,), i E 1, d’éléments
absolue par / u,+, 1et a le signe de u,~+,, de E soit sommable, il faut et il suffit que.
Il existe donc des séries convergentes pour tout voisinage V de 0, il existe une
sans être absolument convergentes, telles partie finie J, de 1 telle que, pour toute
que la série harmonique alternée, de terme partie finie K de 1 ne rencontrant pas J,,.
général (- I)“/n, pour n > 1 ; de telles on ait :

ciEK u,EV.
séries sont dites semi-convergentes.

Familles sommables
La définition de la somme d’une série La notion de famille sommable est
repose sur le fait que l’ensemble des commutative. De manière précise, pour
indices est N, et donc un ensemble toute famille sommable (u,), i E 1, d’élé-
canoniquement ordonné. Dans de nom- ments de G et pour toute permutation o
breux problèmes, l’ordre des termes ne de 1, la famille (u,(,), i E 1, est sommable,
joue aucun rôle. Le besoin se fait aussi et :
sentir de définir la somme d’une famille
indexée par un ensemble 1 (non nécessai- &,= CU,
rti iE1
rement dénombrable u priori), indépen-
damment du choix d’une relation d’ordre Examinons le cas où 1 = N. Soit (u,,)
dans 1. une suite d’éléments de G. On dit que la
Soit de nouveau G un groupe commu- série de terme général (u,) est corwm~tu-
tatif topologique séparé. On dit qu’une tivemenl convergente si, pour toute permu-
famille u = (u,), i E 1, d’éléments de G est tation o de N, la série de terme général
sommuble s’il existe un élément s de G (u,(,,)) est convergente. Si la suite (u,,) est
satisfaisant à la condition suivante : Pour sommable, la série de terme général (u,,)
tout voisinage V de 0, il existe une partie est commutativement convergente. Réci-
finie J, de 1 telle que, pour toute partie proquement, dans le cas des espaces de
finie J de 1 contenant J,, on ait : Banach, la convergence commutative
implique la sommabilité ; de plus, pour
s- c u,EV; toute permutation o de N,
LE,
un tel élément s est unique. On l’appelle
somme de la famille a et on le note :

c
iEl
U‘.
Soit (u,), i E 1, une famille sommablc
d’éléments d’un espace de Banach E et
(I,?), h E H, une partition de 1. Alors, pour
Si 0 admet une base dénombrable de tout élément h de H, la famille (ui), i EI,,.
voisinages, le support de toute famille
est sommable, la famille (r,,), h E H, où :
sommable est dénombrable (ce qui ne
signifie pas que l’on doive se ramener Y* =
c ui.
systématiquement au cas ou 1 = N). rE I*

803
SÉRIES & PRODUITS INFINIS

l’est encore, et : J parcourt l’ensemble des parties finies de


1, telles que :

s, = c ut;
,t,
cette formule est dite formule de somma- la suite (u,), t E 1, s’appelle terme général
tion par paquets. Soit E,, E,, et F trois de la série A.
espaces de Banach et S une application On dit qu’une telle série est absolument
bilinéaire continue de E, X E, dans F ; convergente si la famille (24,) t E 1, est
soit (u,), i E 1, une famille sommable d’élé- absolument sommable. La somme :
ments de E, et (v,), jE J, une famille
sommable d’éléments de EZ, Alors, la
famille (S(U,, v,)), (i,j) E 1 X J, est som-
mable, et on a : s’appelle alors comme la série A.
Prenons, par exemple, 1 = Z’- {OI,
1, = N’y 101, c( un nombre réel non nul
et, pour tout élément t = (n,, n2, . . . . n,.) de
1, posons :
1
en particulier, on peut définir le produit de
Ur=(In,l+...+~n,~)“;
deux familles sommables d’éléments d’une
algèbre de Banach. les séries r-uples de termes généraux (u,),
La définition des familles absolument tE 1, et (u,), tE l+, convergent si et
sommables d’éléments d’un espace vecto- seulement si c( > r. Plus génkalement,
riel normé est calquée sur le cas des séries. pour toute norme sur l’espace vectoriel R’,
Toute famille absolument sommable est les séries r-uples de termes généraux :
sommable. La réciproque est vraie lorsque
l’espace vectoriel E est de dimension finie
(mais elle ne l’est pas si l’on suppose
seulement que E est complet). en particu- convergenl si et seulement si 12 > r.
lier, toute série absolument convergente de Soit maintenant A une série double de
nombres complexes est commutativement terme général (u,,,,,), où (12, p) parcourt N2.
convergente. Si cette série est convergente, alors, pour
tout entier naturel n, la série de terme
général (u,,,),p E N, est convergente, et la
Séries multiples
série de terme général (v,,) avec :
La théorie des familles sommables s’appli-
-..- II”CLIIIIIIIGIIC
..,.t---^-* au.5“...i T?c;IIC>
“z.L^,. MulrlpG>.
-..l+:-l-” pLani 7
YUL
v, = U%P
donné un espace de Banach E, un entier L
p=o
naturel non nul r et une partie infinie 1 de
Z’, on appelle série r-uple d’éléments de E est convergente. De plus :
indexée par 1 tout couple A = ((u,), (s,))
constitué d’une suite r-uple d’éléments de
E et d’une famille (sJ) d’éléments de E, où
SÉRIES & PRODUITS INFINIS

dite formule de sommation par lignes des Les produits infinis ayant leurs princi-
séries doubles. On peut énoncer de même pales applications dans la théorie des
une formule de sommation par colonnes. fonctions analytiques, nous nous plaçons
Les réciproques sont vraies si A est une désormais dans le cas du corps des nom-
série de nombres réels positifs. bres complexes.
Le critère de Cuuchy devient ici : Pour
Produits infinis que le produit infini A converge, il faut et
Soit G un groupe commutatif topologique il suffit que, pour tout voisinage V de 1, il
séparé. Lorsque la loi de G est notée existe un entier naturel n, tel que, pour tout
multiplicativement, les séries et les familles couple (q, r) d’entiers naturels tel que
sommables d’éléments de G prennent r > q > n,, on ait :
respectivement les noms de produits infinis
et de familles multipliables.
Cependant, lorsque le groupe G est le
Il
??l=g+,
U,EV.

groupe multiplicatif d’un corps commuta- L’étude des produits infinis de nombres
tif topologique séparé K, une suite d’élé- complexes se ramène à celle des séries :
ments de G ne converge au sens de G que Soit (u,) une suite de nombres complexes
si elle converge vers un élément non nul de non réels négatifs ; pour que le produit
K. Cette remarque conduit à modifier infini de terme général (u,,) soit convergent
légèrement les définitions. (resp. commutativement convergent), il
On appelle produit infini d’éléments de faut et il suffit que la série de terme général
K un couple A = ((u,), Q,,)) constitué de (In un) soit convergente (resp. commutati-
deux suites d’éléments de K telles que, vement convergente). Soit (v,,) une suite de
pour tout entier naturel n, on ait : nombres complexes ; pour que le produit
infini de terme général (1 + v,,) soit
P. = n Ulm; commutativement convergent, il faut et il
m=O
suffit que la série de terme général ( VJ soit
l’élémentp, s’appelle produit à l’ordre n de absolument convergente.
A, et la suite (u,,) s’appelle terme général Comme le terme général d’un produit
de A. infini convergent (u,,) tend vers 1, on pose
On dit que le produit infini A est U, = 1 + v,,, où v,, - 0. Lorsque (u,,) est
convergent dans K si u,, est non nul à partir une suite de nombres réels positif, la
d’un certain rang n, et si le produit infini convergence du produit infini de terme
de terme général (u,,), n > n,, est conver- général u,, équivaut à celle de la série de
gent dans G = K*. Il est immédiat que le terme général b’,,, par passage au loga-
terme général d’un produit infini conver- rithme, car In(1 + x) - .Y au voisinage
geant dans K converge vers 1. de 0.
On dit de même qu’une famille (uJ, On est alors amené à définir la conver-
i E 1, d’éléments de K est multipliable dans gence absolue d’un produit infini de terme
K si le support 1, de cette famille, c’est-à- général II,, par la convergence absolue de
dire l’ensemble des indices i tels que la série de terme général v,. Tout produit
U, # 0, est le complémentaire d’une partie absolument convergent est convergent.
finie de 1 et si la famille (u,), iE I,, est
multipliable dans K*. LUCIEN CHAMBADAL

805
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES

Bibliographie mathématique introduit par les besoins de


M. BALABANE, M. DUFLO, M. FRISH et al., Maths en la physique et dont l’étude a conduit à
kit, t. II : Sommes : séries, Vuibert, Paris, 1982 / l’élaboration de concepts et de théories
N. BOURBAKI, Topologie xénérule, chap. III à IX,
mathématiques de grande portée.
Masson, Paris, n&rv.-éd.-l982 / L . CHAMBADAL &
J.-L. OVAERT. Anal~e II. Gauthier-Villars, Paris, Ce rôle, sans être aussi important
1912 / Y. CHEVALLARD & R. R OLLAND , Théorie des qu’autrefois, n’est pas terminé, et l’article
séries, 2 vol.. Cedic-Nathan, Paris, 1979 /J. COMBES , s’efforcera d’en donner une idée.
Suires et s&ie.r, P.U.F., Paris, 1982 / J. DIEUDONNÉ,
Éléments d’anolJse, t. 1 et II, Gauthier-Villars,
1962.1982 / G. H. HARDY, Divergent Series, Chelsea
Publ., New York, 2’ éd. 1991 / E. RAMIS , C. DES-
CAMPS & J. ODOUX, Cours de muthémat~qurs spéciu-
les, t. IV : Séries, équutions d$‘ërentielle.r..., Masson,
1993 / L. SCHWARTZ , Analyse. Topologie générale et
unal~.~rfonctionnelle, Hermann, 1970 1 E. WHITTA-
KER & Ci. N. WATSON, A Course ofModern Analysis, 1. Notations
Cambridge Univ. Press, New York-Londres, 1969.
Les séries trigonométriques sont les séries
de la forme :
m
SÉRIES (1) c
(a,cosnot + b,sinnot),
n=O
TRIGONOMÉTRIQUES m
(2) r, cos(n ot + <P”I>
c

L
n=O
es series trigonométriques se sont
introduites au XVIII~ et au début du dans lesquelles t désigne une variable
XIX~ siècle, en liaison avec certains problè- réelle, o un nombre > 0 (c’est la fréquence
mes de physique (mouvement des cordes fondamentale), les a, et les b, des coeffi-
vibrantes, propagation de la chaleur). Elles cients réels (6, = 0), les Y, des nombres
sont d’un usage courant en astronomie, en > 0 (les amplitudes) et les cpPn des nombres
cristallographie, en optique. Mais c’est en réels définis modulo 2~r (les phases). Les
mathématiques qu’elles ont joué le rôle le séries (1) et (2) sont liées par les formules :
plus important.
La justification du formalisme introduit rn COS <p. = a,, r,sincp, = - b . .
par Joseph Fourier a occupé une grande Les sommes partielles s’écrivent :
part de l’effort des analystes du XIX~ et
N
même du xxe siècle. Elle a conduit au
concept moderne de fonction, à la théorie S,(t) = 2 (a, COS n ut + b, sin n ot )
n=O
de l’intégration, aux notions les plus impor-
N
tantes concernant ia sommation des séries
ZZZ rn COS (n ut + $7) ).
et enfin à une partie de l’analyse fonction- c
n=O
nelle moderne. Il se trouve même qu’un
problème concernant les séries trigonomé- Il est souvent commode de les écrire :
triques est à l’origine de la théorie des
ensembles. Les séries trigonométriques S,(t) = 2 c,ei*o’,
(3)
constituent donc l’exemple type d’un objet n =-N

806
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES

en posant c,, = u,, + ib,,, 11 > 0, et c,, quelconque de longueur 1. Si la fonction,f


ZZZ a,, ~ ib,,, n 6 0. Cela amène à considé- est réelle, on peut aussi lui associer la série
rer, au lieu de séries (1) ou (2), des séries : (1) définie par :
m
C”t?‘“W’, C”e’“0 ao = Tfwt
(4) c c s
“=-or “EZ
(8) a , =2Tf(t)COS2Trntdf
s
à coefficients c,, complexes, dont on définit
encore les « sommes partielles )) par (3). b, = 2 f(t)sin2mrdt
I sT
C’est sous la forme inspirée de (4) que
s’écrivent le plus commodément les où n est un entier 3 1.
(( séries trigonométriques généralisées )) : On appelle formules de Fourier les
séries (7) et (8) ; leurs premiers membres
s’appellent (< coefficients de Fourier def‘)),
et les séries (4), (1) ou (2) correspondantes
« séries de Fourier def’».
où la suite A,, est réelle (les A,, s’appellent
les fréquences) et les <( séries trigonomé-
triques multiples )> :
2. Aperçu historique
(6)
Quoique certaines sommes de séries trigo-
où t = (f,, t2, .._, tk) E R” et où (n, t ) est le nométriques aient déjà été calculées par
produit scalaire n,t, + n,t? + + nAtA. L. Euler, on peut considérer que l’histoire
Dans la théorie des séries trigonomé- des séries trigonométriques remonte à la
triques, on choisit généralement o = 1 solution, donnée par D. Bernoulli, du ~IV-
(pour la commodité de l’écriture) ou hlèr?w des cordes vihmztes. Le problème est
o = 27r (parce qu’alors les termes des de calculer (cf. figure) le mouvement d’une
séries (1) (2) (4) sont invariants par le
changement de t en t + 1, et qu’ainsi t peut
être considéré comme une variable sur le
tore T = R/Z, c’est-à-dire un nombre réel
défini modulo 1). C’est ce dernier parti que
nous prendrons.
Sifest une fonction, à valeurs comple-
xes, définie sur T, c’est-à-dire une fonction
périodique et de période 1, on pourra
tenter de la représenter par une série
trigonométrique. À cette fin, on lui associe
la série (4) définie par :

(7) c, = Tf(f)e-Zxim’df, nEZ; corde, de longueur 1, fixée en ses extrémités,


s
et qui est soit écartée de sa position d’équi-
on peut interpréter l’intégrale sur T libre et lâchée (corde de guitare), soit
comme une intégrale prise sur un intervalle frappée de façon à lui imprimer, en ses

807
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES

différents points, des vitesses de déplace- Comment une fonction q (s) arbitraire
ment latéral (corde de piano). pourrait-elle se résoudre en une somme de
L’équation des cordes vibrantes, qui fonctions sinus d’arcs multiples? Les
concerne le déplacement latéral J$X, t) meilleurs mathématiciens de l’époque
(supposé petit) au temps t du point x de la (1750) ne le croyaient pas possible.
corde, est : La question ne fut reprise que cin-
;; = w*y;x ; quante ans plus tard, par Fourier, à
Y
l’occasion de la th&rie unalJ,tique de la
les conditions initiales imposent : chaleur (1822). L’équation en cause est ici :
y(O,t) =Y(l,r) =o Y; = ay,,,
et respectivement : où J est la température au temps t et au
point .X d’une barre maintenue à tempéra-
Y (x3 0) = <p(x), y; (x, 0) = 0
ture fixe (par exemple 0) aux extrémités, et
pour la corde pincée, et : une solution formelle en est :
Y;&, 0) = w(x)
y(x,t) = ~b,,erp(-on”~)sin~,
pour la corde frappée. D’Alembert et
Euler avaient découvert la solution géné- de sorte que :
rale, sous la forme :
V@>O) = b, sin 7.
y(x,t) =f(x + ot)-f(x--~t). c

où ,f’ est une fonction périodique et de De nouveau, on est amené à tenter


période 2 1 qui, dans le premier cas, est d’écrire une fonction donnée sous forme
impaire et égale à (~/2 sur [0, r] et, dans d’une série trigonométrique. Fourier
le second cas, est paire et primitive de donne une série d’exemples, fondés sur des
t4/2 o sur [0, 0. Pour des raisons physi- formules du type (8). 11 conclut, un peu
ques évidentes, D. Bernoulli pensait rapidement, que les séries trigonométri-
pouvoir écrire la solution sous la forme ques obtenues sont convergentes, qu’elles
d’une série d’harmoniques solutions de ont bien pour somme les fonctions don-
l’équation des cordes vibrantes, c’est-à- nées et qu’ainsi sont levées les objections
dire : faites à D. Bernoulli.
11 n’en est rien. Mais une bonne part de
l’analyse mathématique allait sortir de
cette intuition de Fourier.
dans le premier cas et, dans le second cas,
L’étape décisive est l’admirable
y@,:) Z c En sin nxI sin n 1~.
or mémoire de 1829 où P. G. Lejeune-Diri-
chlet donne le premier théorème cie conver-
Mais cela supposait, par exemple dans gence de séries de Fourier. Après avoir
le premier cas, que l’on puisse écrire <p(s) établi, pour une fonction f monotone et
sous !a forme : continue entre 0 et h, la formule :

2 b, sin n!f (9)


c

808
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES

Dirichlet montre que, pour toute fonction La thèse de Riemann G Sur la possibilité
fmonotone et continue par morceaux sur de représenter une fonction par une série
le tore T, les sommes partielles S,(t ) de la trigonométrique )) a pour résultat principal
série de Fourier de f convergent, en tout un théorème de loculisation qui s’exprime
point t, vers : grossièrement ainsi : Si deux fonctions sont
égales au voisinage d’un point, leurs séries
; (f(t + 0) +f(t - O)h de Fourier ont les mêmes propriétés en ce
point. Elle introduit une méthode puis-
moyenne des valeurs limites de f a droite
sante. Cette méthode consiste à associer à
et à gauche de t. Cela résulte de (9) et de
une série trigonométrique (4), à coeffi-
l’importante formule :
cients tendant vers 0, la série deux fois
formellement intégrée :

où :
(on suppose pour simplifier cg = 0), qui
i-4 converge vers une fonction continue F(t ),
Qv(~) = e km = sin (2 N + 1)~s
c sin TS et elle consiste ensuite à étudier la diffé-
-N rence seconde :
Dans la dernière intégrale (10) D, joue
W + h) + F(t-h)-2F(r)
le rôle d’un noyau de convolution. On (11) h2
l’appelle, naturellement, le noyau de Diri-
chlet.
L’intérêt du travail de Dirichlet n’est
pas seulement dans le résultat, ni dans la quand h -+ 0. C’est ce qu’on appelle le
méthode qui est fort belle. On peut procédé de sommation de Riemann.
considérer que le concept moderne de C’est dans la note historique qui pré-
j’i~nction remonte à ce mémoire. Aupara- cède la thèse que B. Riemann, critiquant
vant, une fonction était donnée soit par une erreur commise par A. Cauchy, pré-
une expression analytique, soit par une cise la théorie des séries numériques en
représentation graphique. Au contraire, distinguant les séries absolument conver-
pour Dirichlet, la fonction n’est qu’une gentes (qui sont aussi commutativement
loi qui à chaque valeur x de la variable convergentes) et les séries semi-
fait correspondre ,f(.u). Pour expliquer, convergentes (auxquelles on peut donner
par exemple, que les intégrales (8) n’ont n’importe quelle somme par changement
de sens que pour certaines fonctions, de l’ordre des termes). Et c’est au tout
Dirichlet considère une fonction <p égale début de l’étude proprement dite que se
à a pour x rationnel et à h pour x trouve exposée la théorie de l’intégtzle &
irrationnel, a étant différent de b. Avec le Riemann, c’est-à-dire le premier concept
concept d’intégrale qu’on avait à l’époque, d’intégrale mathématiquement élaboré. À
et qui allait être formalisé par Riemann, il ce stade enfin, pour la première fois, les
s’agit en effet d’une fonction non intégra- formules de Fourier (7) ou (8) ont un sens
ble. parfaitement clair !

809
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES

Il était naturel que le concept de L’année 1900 marque un tournant dans


fonction et celui d’intégrale apparussent à l’histoire des séries trigonométriques, avec
l’occasion de l’étude des séries de Fourier. les premiers travaux de L. Fejér et surtout
La théorie des ensenrhles aurait pu naître la thèse de H. Lebesgue.
autrement. 11 se trouve qu’elle aussi a été Fejér introduit les moyennes arithmé-
fondée, par G. Cantor, pour poser et tiques des sommes partielles S,(t ), c’est-
résoudre un problème sur les séries trigo- à-dire les :
nométriques. 11 s’agit maintenant de séries
1
(1) qui ne sont pas nécessairement séries qv(f) = N (SO(~) + + si--,(f )).
de Fourier. Si deux telles séries convergent
en tout point vers la même fonction, Ces <( sommes de Fejér 1) s’expriment
sont-elles nécessairement identiques ? En par une formule, analogue à (10)
d’autres termes, si la série (1) converge
vers 0 pour tout t, a-t-on nécessairement
a,, = b, = 0 pour tout n ? Cantor répond
affirmativement à la question. Puis, en
187 1, sous le titre Extension d’un théorème
sur les séries trigonométriques, il montre
où :
que le résultat subsiste si l’on suppose
seulement que (1) converge vers 0 en K&) = ;(D,(t) + + DN-,(t)) = s.

dehors d’un ensemble fini ou, plus géné-


ralement, d’un ensemble dont un dérivé Fejér montre que ON(t) tend vers :
d’ordre fini ou transfini est vide. C’est loin
d’être, dans cette direction, le meilleur ;w + 0) +f(t-w
résultat possible. Mais on peut voir là
l’acte de naissance de la théorie des chaque fois que cette expression a un sens
ensembles. et qu’en particulier o,(t ) tend vers f(t )
Deux illustres contre-exemples (1872-l 873). quandfest continue en t, uniformément si
K. Weierstrass donne, sous la forme d’une fest continue partout sur T. L’importance
série : de ce résultat, en dehors de sa simplicité,
est d’attirer l’attention sur la notion de
procédé de sornrnution. À partir de là, il
apparaît que, même si une série est diver-
gente, il est raisonnable de lui attribuer une
où h est un entier > 2, où 0 < a < 1 et où somme au moyen d’un procédé de som-
ah > 10, le premier exemple d’une fonc- mation convenable.
tiûn cûntinüc qtùi n’admet de dérivée en L’idée n’était pas absolument nouvelle.
aucun point. Paul Du Bois-Reymond cons- Le procédé de Riemann, déjà décrit,
truit une fonction f continue, monotone consiste à associer à une série numé-
par morceaux hors de tout intervalle de rique :
cenlre 0, mais oscillanl indéfiniment au m
voisinage de 0, et dont la série de Fourier
diverge au point 0. c0 u,,

810
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES

l’expression, si elle existe : et le noyau de Weierstrass W,, qui per-


mettent respectivement d’écrire :
m
Cnr1”le2”“’ = J-(t-s)P,(s)ds,
c-m
s
le procédé d’Abel-Poisson, qui s’introdui-
sait dans l’étude des séries de Taylor, m
associe l’expression : cn e-n2~e-l = /(t-s)w,(s)ds,
c
-m s

les ‘;, étant les coefficients de Fourier de,fI


Les propriétés en question, communes à
le procédé de Weierstrass, très lié à I’équa- K,, P,. et W,, définissent les <( identités
tion de la chaleur, approximatives )) ; la convolution par une
identité approximative est une bonne
façon d’approcher une fonction. L’expli-
citation la meilleure de cette formule un
peu vague se trouve dans le premier
le procédé d’Émile Borel, introduit pour le chapitre du livre de Y. Katznelson cité en
prolongement analytique des séries de référence (cf. représentation et approxi-
Taylor, mation des FONCTIONS, chap. 4 et 7).
m La thèse de Lebesgue (1902) donne une
lim (uo + + u,) Se-^ nouvelle définition de l’intégrale, plus
h-m c
0 générale que celle de Riemann, permettant
et enfin le procédé de Fejér, ou procédé de par conséquent de donner un sens aux
formules de Fourier (7) et (8) et à toutes
Cesaro (C, l),
celles qui en dérivent, pour une classe de
fonctions beaucoup plus étendue. Plus
tard, A. Denjoy, avec la totalisation, allait
trouver une nouvelle généralisation de
À partir de là s’imposait une étude l’intégration, permettant d’attribuer un
systématique des procédés de sommation sens aux formules de Fourier pour toute
(0. Toeplitz, G. H. Hardy, M. Riesz...). fonction f susceptible de s’écrire comme
L’application aux séries trigonomé- somme, en tout point, d’une série trigo-
triques a donné lieu à une très vaste nométrique partout convergente. À chaque
littérature, dont il faut particulièrement sens donné uu symbole dlntégrution corres-
retenir ce qui concerne les séries trigono- pond une d$ïnition des séries de Fourier :
métriques multiples (6) dues à Salomon on doit ainsi distinguer les séries de
Bochner. Fourier-Riemann, celles de Fourier-
Les propriétés de la fonction K, qui Lebesgue, celles de Fourier-Denjoy, celles
figure dans (13), et que l’on appelle le de Fourier-Stieltjes (où dt est remplacé par
noyau de Fejér, expliquent le succès des une mesure sur T) et celles de Fourier-
ON ; ces propriétés sont partagées par Schwartz (oùf(t ) dt est remplacé par une
d’autres fonctions dépendant d’un para- distribution sur T). Dès 1906, dans ses
mètre, par exemple le noyau de Poisson P, Leçons sur les séries trigonométriques,

811
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES

Lebesgue montrait le parti qu’on pouvait p 2 1 ; c’est ce fait fondamental que l’on
tirer de son intégrale, dans l’étude de la désigne quelquefois aujourd’hui sous le
convergence ponctuelle et surtout dans nom de théorème de Fischer-Riesz.
l’étude de la convergence presque partout, Il est difficile de dresser, même en
qui renouvelait complètement le sujet. De grandes lignes, l’histoire des séries trigo-
1906 date également la thèse de P. Fatou : nométriques au cours du xxe siècle. Nous
Sdries trigonométriques et séries de Taylor, retiendrons seulement quelques sujets.
où la notion de mesure de Lebesgue est Mais il est bon d’indiquer que l’épanouis-
largement utilisée. sement des écoles polonaise et russe, dans
L’importance en analyse de l’intégrale les années 1920-1940, dans le domaine de
de Lebesgue s’est ainsi affirmée d’abord à l’analyse fonctionnelle et des probabilités
l’occasion de la théorie des séries trigono- est intimement lié à la fois à la théorie de
métriques. Un exemple remarquable le l’intégrale de Lebesgue (très mal connue
fera comprendre. On connaissait depuis en France à l’époque) et aux problèmes
soulevés par les séries trigonométriques
longtemps la (< formule de Parseval )) :
(également ignorés en France, à l’excep-
tion de A. Denjoy, S. Mandelbrojt et
R. Salem). Le traité de A. Zygmund
(première édition en 1935, deuxième édi-
où les c,, sont les coefficients de Fourier de
tion rééditée en 1988) est la référence
f Cette formule vaut non seulement pour
essentielle, et il a joué un rôle de premier
les fonctions intégrables au sens de Rie-
plan dans la formation de plusieurs géné-
mann, mais pour toutes les fonctions ,f de
rations d’analystes.
carré intégrable au sens de Lebesgue (ce
que l’on écritfE L2). Un théorème, établi
indépendamment par E. Fischer et par 3. Quelques problèmes
F. Riesz (1907), montre que toute suite et autres développements
{c,} telle que :
La convergence des séries de Fourier
Dirichlet avait établi que la convergence
des séries de Fourier avait lieu pour des
(on écrit {c,,} E 1 2, est la suite des coeffi- fonctions monotones et continues par
cients de Fourier-Lebesgue d’une certaine morceaux, Du Bois-Reymond qu’elle
fonction de L2 ; comme l’écrit quelque part n’avait pas nécessairement lieu pour des
F. Riesz, les formules de Fourier (7) sont fonctions continues. Le théorème de
comme un billet aller et retour entre L2 et Fischer-Riesz établit, quant à lui, que les
1 2 ; moins élégamment, on dit que c’est un sommes partielles de la série de Fourier
isomorphisme d’espaces de Hilbert. Oi-, d’une fonction SE L? tendent vers J’” dans
que L’ soit un espace de Hilbert est un fait l’espace L2.
d’intérêt indépendant et de grande portée. Jusqu’en 1966, on n’a pas su si la série
Plus généralement, il apparaît que les de Fourier d’une fonction continue sur T
espaces V, de fonctions de pième puis- converge nécessairement sur un ensemble
sance intégrable au sens de Lebesgue, sont non vide. À cette date, L. Carleson a
des espaces normés et complets pour montré que, pour toutefE L2, la série de

812
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES

Fourier de f converge vers f(t ) presque dont les coefficients ne sont pas nécessai-
partout. La réponse à la question posée est rement donnés par les formules de Fou-
donc positive, C’est le meilleur résultat rier. Le problème est le suivant : Une
possible, dans ce sens que, étant donné un fonctionfétant donnée, existe-t-il une série
ensemble de mesure nulle sur T, il existe trigonométrique qui converge presque par-
une fonction continue dont la série de tout vers f? On peut supposer J’à valeurs
Fourier diverge sur cet ensemble. finies ou infinies, mais on doit la supposer
Le théorème de Carleson vaut en rem- mesurable au sens de Lebesgue.
plaçant L2 par V, avec p > 1 (R. Hunt, C’est un sujet étudié, depuis 1916, par
1967). Il ne vaut pas pour L’, puisque, dès D. Menchov et l’école russe. Menchov a
1926, on connaissait des fonctions de L’ d’abord étudié le cas ,f= 0. Dans ce cas,
dont la série de Fourier diverge partout le problème a évidemment une solution (la
(A. N. Kolmogorov). série à coefficients tous nuls), mais Men-
Essentiellement, pour les séries de Fou- chov montre qu’elle n’est pas unique. Dans
rier à une variable, le problème de la le cas où f a des valeurs finies, le problème
convergence se trouve résolu avec les a une solution positive. Le cas général est
travaux de Carleson et Hunt. encore mystérieux. En particulier, on ne
Pour les séries de Fourier à plusieurs sait pas s’il existe une série trigonométri-
variables du type (6), avec k > 2, il faut que dont les sommes partielles tendent
définir ce qu’on appelle les sommes par- vers + a? presque partout ; la réponse est
tielles avant de poser le problème de la vraisemblablement négative.
convergence. Si l’on prend les sommes Si, au lieu de la convergence, on étudie
partielles « cubiques », définies comme la la sommabilité d’Abel-Poisson, on obtient
somme des termes pour lesquels : des résultats plus complets (N. Lusin et
1. Privalov en 1925, F. Bagemihl et W. Sei-
suptln,l,In,l,...,ln~l) < R,
del en 1954, J.-P. Kahane et aussi
on a le résultat analogue au théorème de Y. Katznelson en 1971) : Étant donné deux
Carleson et Hunt (Charles Fefferman, Per fonctions f et g mesurables, à valeurs finies
Sjolin). Si l’on prend les sommes partielles ou infinies, il existe une série trigonomc-
« sphériques )> définies par : trique (1) à coefficients tendant vers 0, qui
est sommable versf‘et dont la conjuguée :
n; + n; + + ni < R2,
m
il existe pour tout p < 2 une fonction de
V(Tk) dont la série de Fourier diverge c
n=,
(a, sin n oi -b, COS n ut ),

presque partout (Fefferman, 1972) ; la


avec ici o = 2 tr, est sommable vers g.
situation est donc très différente pour
k = 1 et pour k > 2 ; le problème reste
ouvert pour p 2 2, k > 2. Les ensembles d’unicité
Le problème remonte a Cantor. Quels sont
La convergence les ensembles E sur la droite tels que, si une
des séries trigonométriques série trigonométrique (1) converge vers 0
La convergence des séries trigonométri- en tout point n’appartenant pas a E, tous ses
ques est une question toute différente de la coefficients soient nuls ? On les appellera
précédente : on considère ici des séries ensembles d’unicité. Tous les autres ensem-

813
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES

bles sont appelés ensembles de multiplicité. geant vers 0 hors de E soit la série à
Complétant les résultats de Cantor, coefficients tous nuls, forment une classe
W. H. Young montra que tout ensemble U(E). Zygmund a montré qu’il existe des
dénombrable est ensemble d’unicité. Dans ensembles U(E) de mesure positive ; un
l’autre sens, il est facile de voir que tout problème ouvert est d’en trouver dont le
ensemble de mesure positive est ensemble complémentaire soit de mesure nulle.
de multiplicité. Le résultat de Menchov de
1916, qui a été indiqué plus haut, signifie Les séries trigonométriques
qu’il y a des ensembles de mesure nulle qui absolument convergentes
sont ensembles de multiplicité. Considérons les fonctions sommes de séries
La réunion de deux ensembles d’unicité (4) absolument convergentes, avec
fermés est un ensemble d’unicité (Nina (J = 2 rTT. On vérifie qu’en ajoutant, en
Bari, 1927). Le résultat est faux pour des soustrayant, en multipliant des fonctions de
ensembles quelconques, inconnu pour des cette classe on reste dans la classe ; c’est dire
ensembles boréliens. que la classe en question est un anneau,
La classification des ensembles parfaits qu’on désigne par A. Lorsqu’on munit cha-
(fermés sans points isolés) en ensembles que fonction de la norme 4 c, 1, c’est un
d’unicité et ensembles de multiplicité fait anneau normé. La théorie des anneaux nor-
apparaître des phénomènes curieux més est une des perles de l’analyse fonction-
(1. 1. Piatetski-Shapiro, R. Salem et A. Zyg- nelle ; elle est due à 1. M. Gelfand (1942).
mund, A. Rajchman, R. Salem). L’ensem- Mais, avant Gelfand, N. Wiener avait, en
ble triadique de Cantor est un ensemble étudiant l’anneau A, dégagé certaines idées
d’unicité. Mais, si l’on considère un ensem- maîtresses de la future théorie. Le résultat
ble EL parfait, décomposable en deux principal (théorème de Wiener-Lévy) est
portions égales qui lui sont homothétiques que toute fonction analytique d’une fonc-
dans le rapport 5, avec 0 < t < 1/2 (le cas tion de la classe A est une fonction de la
6 = 1/3 correspond à l’ensemble triadique classe A ; en bref, les fonctions analytiques
de Cantor), la réponse dépend de proprié- opèrent dans A.
tés arithmétiques du nombre 8 = 1 /s ; si 8 La réciproque fut établie par
est un entier algébrique dont tous les Y. Katznelson en 1958 : Si F est une
conjugués, à l’exception de lui-même, sont fonction de variable réelle qui opère dans
de module < 1 (on dit alors que 8 est un A, cette fonction F est analytique. En
nombre de Pisot), E, est un ensemble 1959, P. Malliavin démontrait que les
d’unicité ; sinon, c’est un ensemble de idéaux fermés dans A ne sont pas néces-
multiplicité. Ce résultat est a la source de sairement déterminés par leur cospectre ;
plusieurs travaux sur les nombres de Pisot c’est-à-dire qu’une fonctionfE A n’est pas
et leurs généralisations (F. Bertrandias, nécessairement approchable dans A par
Y. Meye1, J.-P. schieiUel). d e s fürdons qül s’annnieni àü vüisiïïage
Si l’on restreint l’ensemble des séries de l’ensemble de ses zéros.
trigonométriques considérées, on agrandit Auparavant (en 1954), A. Beurling et
la classe des ensembles d’unicité. Ainsi, si H. Helson avaient montré que les seules
l’on donne une suite E,, 1 0, 12s ensembles applications q de T dans T telles que
E, tels que la seule série trigonométrique ,f’E A * f o <p E A sont les fonctions
(1) vérifiant 1cI,, l+ 1h,, / < 6,, et conver- linéaires cp(r ) = ni + u.

814
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES

Après ces résultats, l’intérêt principal continue nulle part dérivable. Une fonc-
s’est porté sur les classes A(E) de fonctions tion telle que (12) est très irrégulière ; mais
définies sur un ensemble fermé E C T et elle manifeste une sorte de régularité dans
prolongeables en fonctions de la classe A. l’irrégularité, bien mise en évidence par
Ce sont de nouveaux anneaux normés, G. Freud (1962) et plus encore par M. Bru-
pour lesquels l’extension des théorèmes de neau (1970).
Katznelson et de Malliavin n’est pas Considérons une série (5), où {h,,} est
facile ; le meilleur résultat dans cette direc- une suite symétrique, c’est-à-dire telle
tion a été obtenu en 1965 par N. Varo- que A ,, = ~ A,, satisfaisant à la condition
poulos, au moyen de sa théorie des algè- de lacunarité : A ,?+I b A, avec 4 > 1 et
bres tensorielles : Les deux théorèmes n = 1, 2, . ..( qu’on appelle condition
s’étendent dès lors que E contient un de Hadamard. Dans ce cas, les fonc-
ensemble de la forme E + F, les ensem- tions :
bles E et F étant deux fermés non dénom-
brables. c, e<h.[ + c-, e-1”“’
L’extension du théorème de Beurling et
sont presque indépendantes, et on peut
Helson est encore plus difficile ; elle a fait
obtenir pour ces séries l’analogue de beau-
l’objet de travaux de N. Leblanc.
coup de résultats concernant les sommes
Pour certains ensembles E, la classe
de variables aléatoires indépendantes ; il
A(E) coïncide avec l’ensemble des fonc-
est d’ailleurs intéressant de noter que, dans
tions continues sur E : on les appelle
certains cas, les résultats sur les séries
ensembles de Helson. Deux problèmes
trigonométriques lacunaires ont précédé
posés depuis plus de quinze ans ont été
ceux qui concernent les variables indépen-
résolus tout récemment à leur propos. La
dantes, pourtant essentiellement plus sim-
réunion de deux ensembles de Helson est
ples.
un ensemble de Helson (S. Drury et
N. Varopoulos, 1971). Il existe un ensem- Exemples
ble de Helson qui porte une distribution, 1. Si C / c,, I* < 00, la série (5) converge
non nulle, dont les coefficients de Fourier presque partout (Kolmogorov, 1924) ;
tendent vers 0 à l’infini (T. Korner, 1972) ; inversement, si la série converge sur un
un théorème de Helson affirme qu’une telle ensemble de mesure positive, on a
distribution ne peut être une mesure. Le ~Ic,12 < 00, et de plus la somme f(r)
problème principal qui reste est la vérifie exp (hf*) E Li pour tout h > 0
(( conjecture de dichotomie )> : Ou bien E (Zygmund).
est un ensemble de Helson, et toutes les 2. Si la série (5) converge en tout
fonctions continues opèrent dans A(E), ou point d’un intervalle, on a XI c,, 1 < m
bien seules les fonctions analytiques opè- (S. Sidon).
rent dans A(E). Un problème général, posé par S. Man-
delbrojt, est le suivant. La suite {h,,} étant
Les séries trigonométriques donnée, supposons que f ait une série de
lacunaires Fourier de la forme (5) et quefsatisfasse
Les séries trigonométriques lacunaires à une propriété P sur un intervalle,
apparaissent pour la première fois dans arbitrairement petit. S’ensuit-il que ,f
l’exemple de Weierstrass, d’une fonction ait la même propriété partout ? Lorsque

815
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES

h >,+1 -- h,, + x), avec n -+ + cc, la réponse il est presque sûr que la série :
est positive pour de nombreuses propriétés
P, par exemple : +a,cos2m
a) la nullité, c
I
b) l’appartenance à L*,
c) l’appartenance locale à A, n’est pas une série de Fourier-Lebesgue.
Ainsi, aucune condition sur les amplitudes
d) la dérivabiiité d’ordre infini,
meilleure que la condition de Fischer-
e) l’analyticité.
De plus, pour les propriétés (a), (h) et Riesz ne garantit qu’une série trigonomé-
(c), on connaît explicitement les conditions trique est une série de Fourier.
nécessaires et suffisantes sur {h,} pour que Les séries du second type ont été
introduites par N. Wiener dans l’étude
la réponse soit positive.
du mouvement brownien ; on a dans ce
Si l’on prend pour P la propriété d’être
bornée, ou continue, le problème devient cas :
plus difficile ; les progrès dans cette direc-
a, ZZZ p, ZZZ!
tion, très liée à la théorie des nombres, sont n

dus à Y. Meyer.
Pour les unes et les autres, la plupart des
propriétés intéressantes de la série trigo-
Les séries trigonométriques nométrique aléatoire ont pour probabilité
oléotoires 0 ou 1. La probabilité est la même pour
Les séries trigonométriques aléatoires sont que :
des séries de la forme (1), où les u, et les a) la série converge presque partout.
h, représentent des variables aléatoires ; le h) elle soit une série de Fourier-Lebesgue,
cas le plus simple est : c) elle représente une fonction apparte-
nant à tous les u’, avec 1 < p < ~0
a, = a,(o) = + a,, b, = b,(o) = + B, (PaleyZygmund).
La probabilité est la même pour que :
(variables aléatoires de Rademacher
a’) la série converge partout,
indépendantes) ; un autre cas important
est : h’) elle représente une fonction bornée,
c’) elle représente une fonction continue
a*(o) = X(w)am b,(o) = yn(~)P., (P. Billard. 1961).
où les X,? et Y,, sont des variables aléatoires
gaussiennes centrées, normalisées et indé-
pendantes. 4. Applications
Les séries du premier type apparaissent des séries trigonométriques
pour la première fois dans des notes de
R. Paley et A. Zygmund (1932). Un de En mathématique, les séries trigonométri-
leurs résultats marquants est le suivant. Si ques n’ont cessé, depuis deux cents ans, de
l’on a : suggérer de nouveaux concepts et de
k nouveaux sujets d’étude. Sans occuper.
ai = 00, dans la mathématique du xx’ siècle, la
c
I place qu’elles tenaient au xIxr siècle, on

816
SPECTRALE THÉORIE

peut penser que leur influence n’est pas Bibliographie


terminée. N. K. BARI, Trigonometri&kie rjody, Moscou, 196 1
Les méthodes fondées sur les sommes (trad. angl. M. F. Mullins : A Treatise on Trigono-
mrtric~ Series, 2 vol., Macmillan, New York, 1965) /
trigonométriques jouent un rôle important R. E. EDWARD~, Fourier Series. A Modem Intro&-
en théorie des nombres : problèmes de [ion, vol. II. Springer, New York, 2’ éd. 1982 /
Goldbach et de Waring, répartition J.-P. KAHANE, Slries de Fourier absolument conver-
gentes, ibid., 1970 / Y . KATZNELSON , Introduction ro
modulo 1. Le lien entre séries trigonomé-
Hurmonic Anolysis, Dover, New York, 2’ éd. 1976 /
triques et séries de Taylor explique leur H. LEBESGUE, Lecons sur les séries trigonomL:rriques,
intérêt dans l’étude du comportement des A. Blanchard, Paris, 1975 / R. SALEM, CEuwes
muthématique.~, Hermann, Paris, 1967 / E. M. STEIN
fonctions analytiques à la frontière. Les
& G. WEISS. Introduction 10 Fourier Anulyxs on
séries trigonométriques généralisées, qui Euclidean Spores, Princeton Univ. Press, Princeton
interviennent dans la théorie des fonctions (N. J.), 1971 1 N. WIENER, The Fourier Inregralund
presque périodiques, ont aussi été appli- Certain oj‘fts Applicarions, Cambridge Univ. Press,
New York, 1989 / A. ZYGMUND, Trigonometric
quées à la fonction c(s) de Riemann. On
Series. 2 vol., Cambridge Univ. Press, Cambridge
pourrait poursuivre la liste des exemples. (G.-B.), 1959, 2’ éd. 1988.
Nées avec le problème des cordes
vibrantes et la théorie analytique de la
chaleur, les séries trigonométriques ont
conservé avec la physique un lien perma-
nent, en particulier en optique, en astro- SPECTRALE THÉORIE
nomie et en cristallographie.
La mise en œuvre de programmes de
transformées de Fourier rapides permet le
traitement sur ordinateurs de données L 7 objet de la théorie spectrale est
d’obtenir, pour certains endomor-
phismes d’un espace hilbertien, des formes
autrefois inexploitables. En un mot, les
formules de Fourier, dans lesquelles les réduites analogues aux formes canoniques
intégrales sont remplacées par des sommes de Jordan pour les endomorphismes d’un
finies pour se prêter au calcul, permettent espace vectoriel de dimension finie et aux
le calcul de N coefficients au moyen d’un formes diagonales pour les endomorphis-
nombre d’opérations (additions, multipli- mes hermitiens d’un espace vectoriel her-
cations) qui est de l’ordre de N2. La mitien de dimension finie. La théorie des
(( transformée de Fourier rapide » permet applications de Hilbert-Schmidt, rencon-
d’obtenir ces N coefficients au moyen de trées pour la première fois à propos des
N In N opérations. Le gain est considéra- équations intégrales, permet de construire
ble. une première généralisation des résultats
C’est ainsi qu’en 1970, dans certains obtenus en dimension finie. En fait, le
programmes du Centre interrégional de cadre naturel de cette généralisation est
calcul électronique (C.I.R.C.É.) à Orsay, celui des applications compactes, étudiées
on pouvait calculer plus d’un million de par F. Riesz.
coefficients en moins de dix minutes. Ces Néanmoins, le cas des endomorphis-
programmes ont été utilisés particulière- mes les plus généraux échappe ë ce cadre ;
ment en astrophysique. il fait l’objet de la théorie spectrale de
Hilbert, qui utilise les techniques de l’inté-
JEAN-PIERRE KAHANE gration. On a axiomatisé la théorie spec-

817
SPECTRALE THÉORIE

trale, grâce aux concepts généraux de C’est pour cela que, pour toute valeur
C*-algèbre et d’algèbre hilbertienne. propre A de u, on introduit le sous-espace
propre associé à A, à savoir le noyau de
u - AI,. La somme des sous-espaces pro-
pres de u est toujours directe ; pour que u
soit diagonalisable, il faut et il suffit que
cette somme soit égale à E.
Dans le cas où u n’est pas diagonalisa-
1. Théorie spectrale algébrique
ble, il convient d’introduire des sous-
Tant en algèbre qu’en analyse, on est espaces vectoriels de E stables par u H plus
fréquemment amené à définir et à calculer gros >) que les sous-espaces propres : on
des fonctions d’un endomorphisme u d’un appelle sous-espace spectral de u associé à
espace vectoriel E sur un corps commu- une valeur propre A de II le sous-espace
tatif K (inverse, puissances, exponentielle, vectoriel F, réunion des sous-espaces vec-
etc.). À cet effet, il est utile de chercher les toriels :
droites de E stables par U. On est ainsi
Eh,, = Ker [(u - AI&],
conduit aux notions de valeur propre et de
vecteur propre. On dit qu’un élément non où r E N. Si la suite (Eh,J est stationnaire,
nul s de E est un vecteur propre de u si la on dit que A est l’indice fini. Le plus petit
droite engendrée par x est stable par II. des entiers r tels que E,,, = FA s’appelle
c’est-a-dire s’il existe un élément h de K tel alors indice de A et se note n(A). Lorsque
que u(x) = hx. On dit qu’un scalaire h est F, est de dimension finie, on dit que h est
une vuleur propre u’e u si le noyau de de multiplicité finie ; la dimension de FA
u ~ AI, est non réduit à {O} L’ensemble s’appelle alors multiplicité de la valeur
des valeurs propres de u s’appelle spectre propre A. La somme des sous-espaces
ponctuel de u et se note sp (u). spectraux de u est toujours directe ; on dit
Même lorsque E est de dimension finie que u est tvigonalisuble si cette somme est
et que K est algébriquement clos, il peut égale à E.
arriver que E ne soit pas somme directe de Lorsque E est de dimension finie, le
droites stables par u. C’est le cas par spectre de u est fini ; il est constitué des
exemple lorsque u est un endomorphisme scalaires A tels que :
nilpotent non nul de E. On voit apparaître
det(A1, - U) = 0,
l’intérêt de la notion d’endomorphisme
diagonalisable : on appelle ainsi un endo- c’est-à-dire des racines du polynôme
morphisme II de E tel que E soit somme det (XI, - u), appelé polynôme caractéris-
directe de droites stables par u, ou encore tique de U. De plus, toute valeur propre h
tel qu’il existe une base de E constituée de de II est de multiplicité finie et égale à la
vecteurs propres de u. Lorsque C est de muilipikii& cie i a r a c i n e A ch poiynôiïïe
dimension finie, cela revient à dire qu’il caractéristique de U. En outre, l’idéal de
existe une base de E telle que la matrice K[X] constitué des polynômes P tels que
associée a u dans cette base soit diagonale. P(U) = 0 est non réduit à {OI ; il admet
Il peut arriver que plusieurs droites d o n c u n génerateur, a p p e l é polyn6w~e
stables correspondent à une même valeur minimal de u. Toute valeur propre A de u
propre. est d’indice fini et égal à la multiplicité de

818
SPECTRALE THÉORIE

la racine A du polynôme minimal de u. Une telle matrice trigonale supérieure


Enfin, le polynôme minimal de II divise est dite réduite.
le polynôme caractéristique de II ; c e On peut enfin mettre la matrice associée
résultat s’appelle thiorème de Hamilton- à un endomorphisme trigonalisable sous
Cayley. une forme canonique, grâce à la notion de
Grâce à ces notions, on peut caracté- matrice de Jordan : on appelle ainsi une
riser les endomorphismes diagonalisables matrice carrée de la forme :
et les endomorphismes trigonalisables.
Pour que u soit trigonalisable, il faut et il
suffit que le polynôme minimal (ou le
polynôme caractéristique) de u soit scindé,
c’est-à-dire décomposable en produit de
facteurs du premier degré. Pour que u soit 0 0 0 A 1
diagonalisable, il faut et il suffit que le 0 0 0 A
polynôme minimal de u soit scindé et que
toutes ses racines soient simples. D’autre c’est-à-dire une matrice dont les éléments
part, pour que u soit trigonalisable, il faut diagonaux sont égaux, dont les éléments
et il suffit qu’il existe une base de E telle que juste au-dessus de la diagonale sont égaux
la matrice associée à u dans cette base soit à 1 et dont les autres éléments sont
trigonale supérieure. nuls.
En combinant les caractérisations don- Pour toute valeur propre A de I’endo-
nées ci-dessus, on obtient un résultat plus morphisme trigonalisable u, il existe une
précis : soit u un endomorphisme trigona- base B, de F, telle que la matrice MA
lisable ; pour toute valeur propre h de u, il associée à u,, dans cette base soit une
existe une base B, du sous-espace spectral matrice diagonale de matrices de Jordan.
F, telle que la matrice associée dans cette La matrice Jassociée à u dans la base B est
base à I’endomorphisme uA de F, coïnci- encore une matrice diagonale de matrices
dant avec II soit de la forme : de Jordan ; en particulier, ses éléments
juste au-dessus de la diagonale sont égaux
à 0 ou à 1. Une telle matrice est dite,forme
rkduite de Jordan. Le calcul des puissances
successives de Js’effectue aisément à partir
de la formule du binôme de Newton.
Soit par exemple 14 l’endomorphisme de
R5 canoniquement associé à la matrice :
La matrice R associée à u dans la base B
obtenue en réunissant les bases B, est une
matrice diagonale de matrices trigonales : 1 -4 -1

R=

i MA , 0 0 MA,00 . * 00
* Mi, Le polynôme caractéristique de u est
(X + l)‘(X - l)j. L’endomorphisme II est

819
SPECTRALE THÉORIE

trigonalisable, mais il n’est pas diagonali- seulement si l’image par u de la boule unité
sable. Soit B la base de R5 définie à partir de E est une partie relativement compacte
de la base canonique par la matrice de de F. Sous cette forme, la notion d’appli-
passage : cation complètement continue peut se
généraliser aux espaces vectoriels topolo-
giques.
Plus précisément, soit E et F deux
espaces vectoriels topologiques localement
convexes séparés. On dit qu’une applica-
tion linéaire u de E dans F est compacte
La matrice J = P ' h4P associée à u (resp. prt;compacte) s’il existe un voisinage
dans la base B est sous la forme réduite de V de 0 dans E tel que u(V) soit une partie
Jordan : relativement compacte (resp. précom-
pacte) de F.
Toute application compacte est pré-
0 -10 0 0
compacte ; la réciproque est vraie si
l’espace vectoriel F est complet ou, plus
généralement, si toute partie fermée bor-
née de F est complète. Toute application
précompacte est continue ; la réciproque
est fausse. Ainsi, pour que l’application
2. Théorie de Riesz
identique 1, de E soit précompacte, il faut
des applications linéaires
et il suffit que E soit de dimension finie,
compactes
auquel cas elle est compacte (lemme de
Applications linéaires compactes F. Riesz).
Les applications compactes de E dans
Historiquement, la notion d’application
F constituent un sous-espace vectoriel de
linéaire compacte s’est introduite sous le
nom d’application complètement conti- l’espace vectoriel des applications linéaires
nue : étant donné deux espaces vectoriels continues de E dans F.
normés E et F, une application linéaire II Soit u une application linéaire continue
de E dans F est dite con~plètrment continue de E dans F et v une application linéaire
si de toute suite bornée (.Y,,) d’éléments de continue de F dans un troisième espace G.
E on peut extraire une suite (y,,) telle que Si l’une des applications u et r est com-
la suite (~(y,])) soit convergente dans F. pacte, il en est de même de l’application
F. Riesz fut le premier à remarquer que composée r o u. En particulier, les endo-
cette condition permet de retrouver tous morphismes compacts de E constituent un
;A’,1 “IIULCIC
L:l.>+‘..n Ub
Ao 1I’nl,A,...n
LLI~L”Ib ,‘lE\ rlnr enAn-
ies résuitats de ia rhéorie de r”ïedhoim (cf. IcIbaI “\ , Ub.3 bIIY”-
équations INTÉGRALES, chap. 5). En utili- morphismes continus de E.
sant la caractérisation des espaces métri- Soit E’ et F’ les duaux topologiques de
ques compacts à l’aide de la condition de E et de F, munis de la topologie de la
Bolzano-Weierstrass, on voit immédiale- convergence uniforme sur les disques com-
ment qu’une application linéaire u de E pacts. Alors, si u est compact, il en est de
dans F est complètement continue si et même de ‘u.

820
SPECTRALE THÉORIE

Enfin, toute application linéaire de rang Schwartz a dégagé le résultat fondamental


fini est compacte. suivant :
On peut énoncer des propriétés analo- 7Yhéorème de jnitude. Soit E et F deux
gues pour les applications précompactes. espaces vectoriels localement convexes
Revenons au cas particulier où les séparés, u et v deux applications linéaires
espaces E et F sont normés ; munissons continues de E dans F. On suppose que u
l’espace vectoriel C(E, F) de la norme des est un isomorphisme de E sur F et
applications linéaires continues, à savoir la que v est compacte. Alors le noyau de
norme de la convergence uniforme sur la w = u + v est de dimension finie, l’image
boule unité de E. Alors les applications de w est un sous-espace vectoriel fermé de
précompactes de E dans F constituent un codimension finie dans F, et on a la for-
sous-espace vectoriel fermé de C(E, F). Il mule :
en est de même des applications compactes dti Ker(w) = codim,Im(w),
de E dans F, lorsque F est complet. Il en
résulte que la limite en norme d’une suite dite formule du rang. De plus, n’ est
d’applications de rang fini est une appli- un morphisme strict, c’est-à-dire que MI
cation compacte. Réciproquement, lors- définit un isomorphisme de E/Ker(w) sur
que l’espace vectoriel F est hilbertien, Im( u.).
toute application compacte de E dans F est Ce théorème a trouvé des applications
limite d’une suite d’applications de rang non seulement dans la théorie spectrale,
fini. Lorsque F est un espace de Banach, que nous esquissons ci-dessous, mais aussi
cette réciproque se ramène au problème dans la théorie des faisceaux analytiques
suivant : l’application identique d’un cohérents (cf. GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE,

espace de Banach est-elle limite forte de chap. 6) et dans celle des indices topolo-
projecteurs de rang fini (propriété giques.
d’approximation) ? Ces deux problèmes
ont été résolus par la négative en 1976. Spectre d’un endomorphisme compact
Supposons maintenant que E et F sont Examinons maintenant le cas particulier
des espaces de Banach ; soit E’ et F’ les où E = F et supposons que le corps de
duaux topologiques de E et de F, munis des base est le corps C des nombres comple-
normes correspondantes. Pour qu’une xes. On appelle spectre d’un endomor-
application linéaire continue u de E dans phisme continu u de E l’ensemble, noté
F soit compacte, il faut et il suffit que sa SP(U), des nombres complexes A tels que
transposée ‘U soit une application com- u - AI, ne soit pas inversible dans l’algèbre
pacte de F’ dans E’. u n i t a i r e c(E). L e s é l é m e n t s d e SP(U)
En particulier, si E et F sont des espaces s’appellent valeurs spectrales de U. Lors-
hilbertiens, l’adjointe U* d’une application que E est un espace de Banach, le spectre
compacte u de E dans F est une application de u est une partie compacte non vide de
compacte de F dans E. C. Toute valeur propre de u est une valeur
Les propriétés des applications de spectrale de u, mais la réciproque est
rang fini se généralisent aux applica- fausse si E n’est pas de dimension finie : il
tions linéaires compactes, ce qui fait le peut même arriver que u n’ait aucune
principal intérêt de ces dernières. Laurent valeur propre. C’est la principale raison

821
SPECTRALE THÉORIE

pour laquelle la réduction des endomor- que les projecteurs associés sont continus).
phismes continus de E nécessite des outils De plus, l’endomorphisme de F, coïnci-
radicalement nouveaux (cf. infia, chap. 3). dant avec u est nilpotent, tandis que
Cependant, lorsque l’endomorphisme u l’endomorphisme de F’, coïncidant avec II
est compact, les principaux résultats de la est un automorphisme de l’espace vectoriel
réduction des endomorphismes d’un localement convexe séparé F’,.
espace vectoriel de dimension finie se En outre, le spectre d’un endomor-
généralisent. phisme compact u d’un espace vectoriel
Plus précisément, soit u un endomor- localement convexe séparé E est une partie
phisme compact d’un espace vectoriel compacte non vide de C, et tout point de
localement convexe séparé E et p, une SP(U) autre que 0 est isole. Autrement dit,
valeur spectrale non nulle de u. ou bien le spectre de u est fini, ou bien il
a) Le nombre complexe h est une est constitué de 0 et d’une suite (A,) de
valeur propre de u. nombres complexes non nuls convergeant
6) Le sous-espace propre : vers 0. Lorsque l’espace vectoriel E n’est
pas de dimension finie, 0 appartient tou-
E, = Ker(u --AI,)
jours au spectre de u. On notera néan-
est de dimension finie. Plus généralement, moins que les résultats précédents ne
pour tout entier naturel non nul Y, le s’appliquent pas a la valeur spectrale 0. Or,
sous-espace : il peut arriver que 24 soit compact et injectif
et que le spectre de u soit réduit à {OI, ce
E,,, = Ker (u - AI,)’
qui signifie que u est quasi nilpotent,
est de dimension finie. En outre, h est une c’est-a-dire que :
valeur propre d’indice fini. En particulier,
le sous-espace spectral FA est de dimension
finie. c’est le cas pour l’endomorphisme de
c) Le sous-espace vectoriel : C([O, 11) qui à toute fonction continue sur
E’, = Im(u --AI,)
[u, b] associe sa primitive s’annulant au
point a.
est fermé de codimension finie dans E. Enfin, I’endomorphisme transposé ‘u
Plus généralement, pour tout entier naturel d’un endomorphisme compact u a le
non nul Y, même spectre que u et les mêmes valeurs
propres non nulles. avec les mêmes indices
E’A,, = Im (u - AI,)’
et les mêmes multiplicités pour II et ‘u. Plus
est fermé de codimension finie. 11 en est de précisément, pour tout entier naturel non
même de : nul r, le sous-espace :
Im[(‘u - &.)7]
F’, = fi E’,,,.
r-O est l’orthogonal de Ker[(u -hIa)‘.] et de
même le sous-espace :
J) Les sous-espaces vectoriels F, et F’,
Im[(u -AI&]
sont supplémentaires topologiques dans E
(c’est-à-dire qu’ils sont supplémentaires et est l’orthogonal de Ker[(‘u - hI,,)r]

a22
SPECTRALE THÉORIE

Alternative de Fredholm e) l’endomorphisme ‘w est surjectif ;


Soit E un espace vectoriel de dimension f) l’endomorphisme ‘w est injectif.
finie, E* son dual, w un endomorphisme de Grâce aux résultats précédents, on
E et ‘w le transposé de w. Alors I’alterna- peut préciser la nature de la résol~n/e
tive suivante est vraie (cf. algèbre LINÉAIRE d’un endomorphisme compact. Soit u un
ET MULTILINÉAIRE) : endomorphisme d’un espace vectoriel
a) Ou bien w et ‘w sont des automor- localement convexe séparé E. On dit qu’un
phismes. Dans ce cas, pour tout élément J nombre complexe A est une valeur singu-
de E et pour tout élément y* de E*, les deux lière de u si A n’est pas seul et si l/A
équations suivantes : appartient à SP(u). Le complémentaire
de l’ensemble des valeurs singulières
(1) w(x) =y, est noté reg(u). Lorsque 24 est compact,
(2) ‘)V(x’) = y * reg(u) est un ouvert de C dont le com-
admettent une solution et une seule. plémentaire est discret. Considérons alors
b) Ou bien les noyaux de w et de ‘~0 ne la résolvante R de u, c’est-à-dire I’appli-
sont pas réduits a {OI et, dans ce cas, cation :

dim Ker(w) = dim Ker(‘w). P-(1,-W-’

L’équation (1) admet une solution si et Cette résolvante est holomorphe sur
seulement si y est orthogonal à Ker(‘w), et reg (u), et chaque valeur singulière A de II
l’équation (2) admet une solution si et est un pôle d’ordre égal à la multiplicité
seulement si ,v* est orthogonal à Ker(w). m(A) de la valeur propre l/h. Plus préci-
Cette alternative ne subsiste pas lorsque sément, soit ph et q, les projecteurs sur F,
w est un endomorphisme continu d’un et F’,, où v = l/A. Alors u se décompose
espace vectoriel localement convexe de la manière suivante :
séparé E, même si E est un espace hilber- u = rh + Si>
tien et si w est hermitien. Néanmoins, à
l’aide du théorème de finitude et de la où rA = q>,u et sh = p,,u. De plus :
théorie de Riesz, on démontre l’énoncé a) L’endomorphisme r, est compact et
suivant : h est une valeur régulière de Y,.
h) L’endomorphisme sh est continu de
Soit E un espace vectoriel localement
convexe séparé, E’ son dual topologique, u rang fini et A est l’unique valeur singulière
un automorphisme de E, v un endomor- de s>.
phisme compact de E et w = u + V. Alors (3 La résolvante de u est égale au
l’alternative énoncée plus haut reste vala- produit des résolvantes de r, et de sh. Celle
ble, mututis mutundk. En particulier, les de u, est holomorphe au voisinage de A :
assertions suivantes sont équivalentes : celle de sh admet A pour unique pôle.
a) l’endomorphisme w est un auto- d’ordre m(A).
morphisme de E ;
h) l’endomorphisme w est injectif ; Cas des espaces hilbertiens
c) l’endomorphisme w est surjectif ; Soit E un espace hilbertien et u un endo-
u’) l’endomorphisme ‘w est un auto- morphisme continu de E. Supposons que
morphisme de E’ ; u est normal, c’est-à-dire que U*U = ULI*

823
SPECTRALE THÉORIE
(l’importance de cette classe d’endomor- d’une manière et d’une seule sous la
phismes provient du fait que les endomor- forme :
phismes hermitiens, antihermitiens ou uni-
taires sont normaux). Alors la norme de II
est égale au rayon spectral de U, c’est-a-dire
au rayon du plus petit disque de centre 0 où, pour tout élément A de SP(U), ,Q
contenant le spectre de u. En particulier, appartient à E,. Dans ces conditions, on a
un endomorphisme normal dont le spectre les formules :
est réduit à {O} est nul. En outre, toute
valeur propre A de u est d’indice 1, et l’on
a :

Ex(u *) = Eh(u). dites formules de décomposition spectrale. 11


existe donc une base hilbertienne de E
Enfin, les sous-espaces propres de u constituée de vecteurs propres de u.
sont orthogonaux deux à deux. Néan- On notera que le théorème précédent
moins, il peut arriver qu’un endomor- s’applique au cas d’un endomorphisme
phisme continu normal (ou même hermi- normal u d’un espace vectoriel hermi-
tien) n’admette aucune valeur propre. Il en tien de dimension finie. Dans ce cas, le
est ainsi de l’endomorphisme de multipli- spectre de u est fini, et les familles
cation par une fonction continue non sommables intervenant dans les for-
constante à valeurs réelles dans l’espace mules de décomposition spectrale se rédui-
hilbertien L2([a, b]) des classes de fonctions sent à des sommes finies. Il existe alors
de carré intégrable sur [a, b]. Toutefois, une base orthonormale de E constituée
lorsque II est à la fois compact et normal,
de vecteurs propres de U. En particulier,
la théorie-de Riesz prend la forme achevée tout endomorphisme normal de E est
que voici : diagonalisable. Par suite, pour toute
Théorème spectral. Soit u un endomor- matrice normale M, il existe une matrice
phisme compact et normal d’un espace diagonale D et une matrice unitaire P telles
hilbertien E. que :
a) Le spectre de u est une partie
compacte de C dont tout point autre que M = PDP-’

0 est isolé.
Ce résultat s’applique a la réduction des
h) Toute valeur spectrale non nulle de formes hermitiennes par rapport à une
u est valeur propre de U. forme hermitienne positive non dégénérée
c) Pour tout élément non nul A de (Cf. foi-IXS QUADRATIQUES).
SP(U), le sous-espace propre E, est de
La théorie précédente s’applique aussi
dimension finie. au cas des endomorphismes de puissance
4 L’espace hilbertien E est somme p-ième nucléaire : étant donné un espace
hilbertienne des sous-espaces propres de U, hilbertien E et un endomorphisme hermi-
c’est-à-dire que ces sous-espaces propres tien positif h, le nombre :
sont orthogonaux deux à deux et que leur
somme directe est dense dans E. En
particulier, tout vecteur x de E s’écrit

824
SPECTRALE THÉORIE

est indépendant du choix d’une base hil- norme N implique la convergence dans
bertienne (e,), i E 1, de E. Ce nombre C(E, F). On peut alors développer une
s’appelle truce de 12 et se note tr(h). Soit théorie des espaces V(E, F) en tous points
maintenant p un nombre réel supérieur à analogues à celle des espaces U interve-
1, E et F deux espaces hilbertiens et u un nant dans la théorie de l’intégration (cf.
élément de C(E, F). On appelle valeur INTÉ GRATION ET MESURE, chap. 4).
absolue de u l’endomorphisme Soit maintenant u un élément de C’(E)
/ u (= (u*u)‘/~ ; on dit que u est de puis- et (A,,) la suite des valeurs propres non
sance p-ième nucléaire si la trace de 1u JP nulles de u, chacune d’elles étant écrite un
est finie. On pose alors : nombre de fois égal à sa multiplicité. La
série de terme général (A,,) est absolument
N~(ul = [tr(lulP)l’@.
convergente, et donc convergente ; s a
Lorsque p = 1, de telles applications somme s’appelle trace de U. De même,
sont dites nuclkires, ou encore tmçubles. pour tout nombre complexe z, le produit
Lorsque p = 2, on les appelle upplicutions infini de terme général (1 + zh,,) est
de Hilbert-Schmidt, ou upplicutions de car@ convergent ; on pose :
truqable (cf. équations D I F F É R E N T I E L L E S ,
chap. 3, et équations INTÉGRALES, chap. 5).
det(I, +zu) = i i (1 +A)
Les applications de puissance p-ième n=o
nucléaire sont compactes ; plus précisé-
ment, soit II une application compacte de E
La fonction entière z i-r det(I, + zu)
dans F, soit (e,), i E 1, une base hilbertienne s’appelle déterminunt de Fredhoim de
de E constituée de vecteurs propres del u / ,
I’endomorphisme u ; on peut calculer son
et (@, i E 1, la famille correspondante de
développement en série entière en intro-
valeurs propres. Pour que u soit de puis-
duisant les puissances extérieures hilber-
sancep-ième nucléaire, il faut et il suffit que :
tiennes de u, notées A’(U) :

det(I, + zu) = tr(Ar(u))z’.


c
r=o
Dans ces conditions, on a : On généralise ainsi la théorie du poly-
nôme caractéristique, ce qui constitue la
théorie de Fredholm.

Les applications de puissance p-ième 3. Théorie spectrale de Hilbert


nucléaire constituent un sous-espace vec-
toriel, noté C”(E, F), de l’espace vectoriel Soit u un endomorphisme continu normal
des applications compactes, et l’applica- d’un espace hilbertien E. La sous-algèbre
tion u - N,,(u) est une norme sur C”(E, F), unitaire fermée autoadjointe A de C(E)
qui en fail un espace de Banach. Les engendrée par u est une C*-algèbre com-
applications de rang fini sont denses dans mutative unitaire, dont le spectre s’identi-
V(E, F), et la convergence au sens de la fie canoniquement à celui de U. De plus, la

825
SPECTRALE THÉORIE

tramformation & Grlfund est un isomor- de L’(u), il existe un élément et un seul de


phisme de A sur l’algèbre C(sp(A)) des C(E), noté f (u), tel que, pour tout couple
fonctions continues sur le spectre de A. (x, y) d’éléments de E, on ait :

s
L’isomorphisme réciproque définit un
morphisme <p de C(sp(A)) dans l’algèbre f(z)lJx.,(z) = u-(u)@) lu),
w1
unitaire C(E) ; c’est l’unique morphisme de
C(sp(A)) dans C(E) tel que <p(z) =u, où z C’est pourquoi f (u) se note encore :
est l’injection canonique de sp (A) dans C.
Pour tout élément f de e(sp (A)), I’endo-
morphisme cpfJ’) se note encore f (u). Cette
où u désigne la mesure vectorielle corres-
théorie permet donc de définir un calcul
pondant aux mesures scalaires ur,J. En
fonctionnel portant sur les fonctions conti-
particulier, on a les formules de décom-
nues de U. En particulier, u* = <p(Z).
position spectrale suivantes :
L’objet de la théorie spectrale de Hilbert
est d’étendre le calcul fonctionnel à des
fonctions plus générales. On observe à cet
effet que, pour tout couple (x, y) d’élé- De plus, l’application f ++ f (u) est
ments de E, l’application : linéaire, et If(u)]* =f(~*). En outre, pour
f- L.,V) = u-(u)(x) Iv) toute suite (f;,) d’éléments de L’(U) conver-
geant simplement versA dominée par une
est (cf. INTÉGRATION ET MESURE, chap. 4) fonction positive g appartenant à L’(u), la
une mesure de Radon sur SP(U). De plus, fonction f appartient à L’(u) et les endo-
l’application : morphismes f,(u) convergent fortement
(&Y)- &,y vers f (u) ; c’est le théorème de convergence
dominée de Lebesgue. Enfin, pour tout
est sesquilinéaire hermitienne. Enfin, on élément f de L’(u) et pour tout élément g
a: de L”(U), on a l’égalité :

II PJ < /Ix II. lb II> cfg)(u) =f@W).


Les mesures u\-, ,. s’appellent mesures En particulier, l’application u ++ f (u)
spectrules associées. à u. On dit qu’une définit un morphisme de la C*-algèbre
fonction f définie sur SP(U) à valeurs L”(u) dans C(E), prolongeant ainsi le calcul
complexes est u-mesurable si, pour tout fonctionnel aux éléments de L”(u) ; les
couple (.Y, y) d’éléments de E, cette fonc- éléments f(u), où f appartient à L’(u),
tion est u,,,-mesurable. On note L”(u) appartiennent au bicommutant de A. Lors-
l’algèbre des classes de fonctions que f est la fonction caractéristique d’une
.u-IIIlzsu,a”,Gs
-^^ .._^ LT,.” G>>FI111G;11G111GL,L
,.““,.-&:..ll.-.-^-+ ““IIILJGS
I,.--T.-” e t , A, Jp(Lc,,J
païtic M UC r..i..\ c,,,
\,r,M,\ CJC
n.-t UII
..s pL”,c~c~u’
,,,;,,tP,,v
pour tout nombre réel p > 1, on note hermitien de E, noté P,, appartenant au
L~(U) l’espace vectoriel des classes de bicommutant de A. Les projecteurs P,
fonctions u-mesurables appartenant à s’appellent projecteurs spectruux de u, et
U(n.,,,.) pour tout couple (x, y) d’éléments leurs images s’appellent variétés spectrales
de E: On démontre alors le théorème de u. Lorsque E est de dimension finie et
fondamental suivant : Pour tout élément f que M est réduite à un point, on retrouve

826
SYMBOLIQUE CALCUL

la notion de sous-espace propre. Le calcul pourra, compte tenu de la formule de


fonctionnel précédent permet de générali- Taylor (cf. CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul
ser aux endomorphismes normaux la plu- à une variable, chap. 3), être représenté par
part des résultats de la théorie spectrale e+‘j’. En fait tous les opérateurs représentés
classique. On peut même définir un calcul ainsi symboliquement ont la propriétt- de
fonctionnel portant sur les opérateurs nor- permuter avec les translations dans le
maux non bornés ; ses applications sont temps. Physiquement, cela signifie que ces
nombreuses (mécanique quantique, pro- opérateurs sont liés à des organes linéaires
blèmes de Sturm-Liouville). invariants dans le temps : si on décale dans
le temps l’action exercée sur un tel organe,
LUCIEN CHAMBADAL et JEAN-LOUIS OVAERT
sa réponse subit le même décalage. Dans
la terminologie moderne, ce sont des
ophtruus de convolution. Par exemple, la
Bibliographie
dérivation est la convolution par la dérivée
N. BOURBAKI, EJspac~~~s r~c1oriel.s ?opologiqurs, Mas-
son, Parla, 1981 / R. DAL~TRAY & J.-L. LIONS, And,nte de la mesure de Dirac.
niutl~énruliqrre et dwl tnmériqur pour /es .scimce.s Le calcul symbolique a été justifié sur le
cf les /echr+m. t. V : Spc,ctre drs opéruteucs, ihkl.. plan théorique grâce à l’utilisation de la
1988 / J. DIEUDONNÉ, .&%ICII& il’unu/,rse, t. 1 et II,
tran&mution de Laplucr. Celle-ci associe
Gauthier-Villars, Paris. 3’ éd. 1979-1983 / N. DUN-
FORD & J. SCHWARTZ, Lineclr Oper&~r.~. 3 vol.. Wiley, à une fonction à support positif une
1988 / M. REED & B. SIMON , h4&0& q/ ,ti&rn fonction d’une variable complexe p. Un
Murhwnuricul P/I,I:Y~c:T. 4 vol., Acad. Press. New
opérateur de convolution se transforme en
Y o r k , 1972-1979 1 L. SCHWARTZ, Am/y.~ hilher-
tienne, Hermann, 1979 / C. SCOVARNEC. Algi’hw un opérateur de multiplication par une
spwt,a2e, 2 bol.. Publisud. Paris, 1990 / K. YOSIDA, fonction F de la variable complexe p.
Fun&nn/ Amr/~..sis, Springer, New York, 6’ éd. Enfin, grâce à la théorie des distributions,
1988.
cette fonction F peut elle-même être consi-
dérée comme la transformée de Laplace de
l’élément par lequel se fait la convolution.
La transformation de Laplace opérant sur
des éléments (fonctions ou distributions) à

SYMBOLIQUE CAI.CUL support positif, c’est à l’étude des régimes


transitoires que le calcul symbolique est
utilisé. Pour les systèmes à temps discret.

L e calcul symbolique est né au XIX~ siè- une forme analogue de calcul symbolique
cle d’une succession de démarches a été développée sous le nom de tr.nn.Tfi,r.-
heuristiques et il a été particulièrement mutiorz 6w 2. Parmi les aspects qui ne
développé par Heaviside pour l’étude des pourront pas être traités ici, citons l’appli-
circuits électriques. cation aux systèmes différentiels à coeffi-
Si l’on désigne par p la dérivation, p’ cients variables, l’application à la résolu-
désignera naturellement la double dériva- tion de certaines équations aux dérivées
tion, l/r, l’intégration (encore faut-il choi- partielles, la transformation de Laplace à
sir convenablement la (< constante d’inté- plusieurs variables et les aspects numéri-
gration »). L’opérateur qui à la fonction ques de l’utilisation de la transformation
.f(r) fait correspondre la fonction ,f’(t - a) de Laplace.

827
SYMBOLIQUE cAtcut

et dans de nombreux ouvrages on sous-


entend le facteur Y(t).
En fait, la transformée de Laplace
Transformation de Laplace d’une mesure 1-1 n’est définie que pour les
des fonctions et des mesures valeurs dep pour lesquelles la fonction e JJ’
Soit f une fonction à valeurs réelles ou est intégrable par rapport à p. On a le
complexes définie sur l’ensemble R des résultat suivant, facile à démontrer.
nombres réels et nulle pour les valeurs Théorème 1. Il existe un nombre &, tel
strictement négatives de la variable (c’est- que la fonction e-J” soit intégrable par
à-dire que ,f est une fonction (< à support rapport à p pour Rep > k$ et non inté-
positif v). Sa transformée de Laplace est la grable pour Rep < CO, en désignant par
fonction CLf’ de la variable complexe p Rep la partie réelle de p.
définie par la formule : Le nombre &, est appelé abscisse dïnk-
gruhilitc!. II peut être égal à + 00 ou à - 00.
Cf@) = Jo+-f(t)e-p’dt. Pour une fonction 5 on supposera f
intégrable sur tout intervalle fini, de sorte
De même si p est une mesure (cf. que ,f‘ est la densité d’une mesure p.
INTÉGRATION ET MESURE) SUT R à SUppOI-t L’abscisse d’intégralibilité de Cp est appe-
positif, c’est-à-dire telle que P(~I) = 0 pour lée ubscisse de convergence absolue de Cj Si
toute fonction q nulle pour les valeurs Re p > F,,,, l’intégrale :
positives de la variable, sa transformée de
Laplace est la fonction Lp de la variable
complexe p définie par la formule :
s +-
0
e-pff(t) dt

est absolument convergente, et, si


Cp@) = Je-@p(dt); Rep < CO, cette intégrale n’est pas abso-
lument convergente (elle peut être diver-
si p est une mesure de densitéfpar rapport gente ou <C semi-convergente »). Par exem-
à la mesure de Lebesgue, alors on a ple, si,f’(r) = Y(t)c&, on a &, = Re A. En
Cv = Cf On notera par la suite Y la fonc- fait, on a trouvé que :
tion définie par Y(t) = 1 si t > 0 et
Y(1) = 0 si f < 0. On voit par un calcul Lf@)=‘;
P-A
élémentaire que la transformée de Laplace
de Y est l/p. Plus généralement, la trans- c’est une fonction holomorphe pour Rep
formation de Laplace de f(t) = Y( t)c’“’ est > Re h, et elle se prolonge de façon
naturelle au plan complexe. D’une façon
Il@ ~A).
Au lieu du symbole L pour représenter plus générale, on a le résultat fondamental
suivant.
la transformation de Laplace, on utilise
Iiv2orknîe 2. La transformée de Lapiace
souvent un symbole, par exemple 7, pour
d’une mesure p est une fonction holomor-
relier les expressions analytiques d’une
phe pour Rep > 6” (abscisse d’intégrabi-
fonction et de sa transformée de Laplace.
lité). La dérivée k-ième de C~I est donnée
On écrira par exemple :
par :
1
Y(t)ebIp,
P-A WYk)@) = (-- lr[Vk01@).

828
SYMBOLIQUE CALCUI

Ainsi, avec f(t) 7 F(p), on a : v sont de densités f et g par rapport à la


mesure de Lebesgue, alors u * v est de
(-rFf(t) 7 F’%J).
densité f* g, où :
En particulier, si u est à support com-
pact, c’est-à-dire si toutes les fonctions
continues sont u-intégrables, alors sa trans-
est le produit de convolution des fonctions
formée de Laplace est une fonction
entière. f et g.
Théorème 5. Si u * v désigne le produit
Théortke 3. Avec p(dt) 7 F(p), on a :
de composition de deux mesures p et v à
e Af p(d) 1 F@ - A), support positif, on a :

autrement dit : C(p * v) = epcv

pour les valeurs de la variable dont la


partie réelle est supérieure aux deux abs-
Thèorèmes 4, dits théortmes de la valeur
cisses d’intégrabilité.
jinule et de la vuleur initiale. Soit f une
Soit alors ,f une fonction à support
fonction a support positif ayant pour
positif, continûment dérivable pour t > 0,
transformée de Laplace F, on a les résul-
continue 1 droite pour t = 0. On a :
tats suivants :
a) Sifa une limite a droite pour t -- 0,
alors on a :

lim f ( t ) = limpF(p).
t-+0 FER ce qui s’écrit aussi :
p-+’
f = Yf(O) + Y *f’,
b) Sifa une limite pour t + + 00, alors
l’abscisse de convergence absolue CO est d’où :
négative ou nulle, et l’on a :

lim f(t) = lim pF@).


t-+0 FER
p-0 c’est-à-dire :
Avant de donner la propriété principale V’@) =PU@)-f(O).
de la transformée de Laplace des mesures,
rappelons la définition suivante. Si u et v Si l’on af(0) = 0, on trouve la formule
sont deux mesures sur R à support positif, simplifiée :
alors : V’(P> =pCf(P);

ce sont les discontinuités pour t = 0 qui


compliquent les formules liant les trans-
est une mesure sur R à support positif, formées de Laplace d’une fonction à celles
appelée le produit de convolution des de ses dérivées. Or, la dérivation au sens
mesures u et v (c’est un cas particulier du des distributions fait intervenir ces discon-
produit de convolution de deux distribu- tinuités et permet, par suite, de conserver
tions ; cf. DISTRIBUTIONS, chap. 3). Si u et à ces formules leur forme la plus simple. Si

829
SYMBOLIQUE CALCUL

D désigne la dérivation au sens des distri- T

8’8
T CT CT
butions (cf. DISTRIBUTIONS, chap. 3), on I I I

aura : e-dPp
8 cx, P’
Df=f’ +fW,

6 étant la distribution de Dirac, et. par


suite :
-L Y

CT
1 IP

W’f)@) =PU-@). ehf

1 .
0 SlnWt

Transformation de Laplace
des distributions COS ot

y(t) x
Soit T une distribution a support positif g+ ( a > 0)
telle que T = Dk’, où f est une fonction
pour laquelle Cf a une abscisse de conver-
gence absolue &, # + 0~. On posera : $

CT@) =pkV@) $g (a > 0)


L

pour Rep > 6”.


tabl. 1 - Transform&s d e L a p l a c e les P~US
On montre aisément la cohérence de usuelles
cette définition et la compatibilité avec les
définitions antérieures. On obtient en par- Le tableau 1 donne les transformées de
ticulier UP)@) = j+. La généralisation Laplace les plus usuelles.
aux distributions possédant la propriété
indiquée des règles obtenues pour les Relations entre la transformation
fonctions et les mesures est aisée et donne de Fourier et la transformation
les résultats suivants : de Laplace
a) La transformée de Laplace d’une Dans ce chapitre, nous utiliserons la for-
distribution T est holomorphe dans un mule suivante pour définir la transformu-
demi-plan Rep > o, et l’on a : tion de Fourier d’une fonction f (cf. analyse
HARMONIQUE, chap. 3) :
(CT)' = - C(fT).
(Ff)(y) = J+mf(x)e-wx.
b) On a : -m

C(T*U)=CTCU; De la formule :

en particulier si l’on fait U = Wi, on


obtient :

C(D*T)(p)=@CT@). supposée valable pour Re p > CO (abscisse


de convergence absolue), il résulte que :
c) On a :
(Cf)(S + iq) = ~o+~f(r)e-w’l~dt
QV)@) = CT@-h). = [wf(r) ~-w~).

830
SYMBOLIQUE c~tcut

Cette formule se généralise sans diffi- distribution. Si l’on peut prendre


culté aux distributions. Avec T = D”f; où m = ~ 2, alors F est la transformée de
f admet une transformée de Laplace défi- Laplace d’une fonction.
nie pour Rep > CO, on aura, pour tout
5 > i”, Applications
de la transformation de Laplace
CT(t + iq) = [9(T e-“)](q).
L’application la plus répandue de la trans-
En particulier, si i. < 0, on aura : formation de Laplace est la résolution des
fT(iq) = ST(q). équations de convolution, et en particulier
des équations différentielles linéaires à
La transformée de Laplace apparaît coefficients constants. Soit l’équation de
donc comme une extension convenable au convolution CI * .Y = h, où a, h et x sont des
plan complexe de la transformée de Fou- fonctions à support positif. Si u, h, sont des
rier qui, elle, est une fonction de variable transformées de Laplace A, B, X, on aura :
réelle. 11 convient de rappeler que cette
extension n’a pu se faire que moyennant AtiF@) = WL
l’hypothèse que l’élément auquel on appli- c’est-à-dire :
que la transformation de Laplace était à
support positif. Étant donné que la trans- WP) = B@)/A@).
formation de Fourier est injective, il en La résolution de l’équation de convolu-
sera de même de la transformation de tion se ramène donc à la résolution d’une
Laplace. On peut même reconstituer une équation algébrique et à la recherche d’un
fonction à partir de sa transformée de élément ayant une transformée de Laplace
Laplace supposée connue sur une verticale donnée. Il est intéressant de noter que, pour
du plan complexe d’abscisse 5 > CO, abs- les distributions à support positif, la convo-
cisse de convergence absolue. On aura en lution n’a pas de diviseurs de zéro. Une
général, compte tenu de la formule de équation de convolution sur R+ ne peut
réciprocité de la transformation de Fou- donc avoir qu’une solution. Si l’usage de la
rier, transformation de Laplace fournit une solu-
tion (c’est-à-dire si a et h ont des transfor-
mées de Laplace et si B(p)/A(p) est la trans-
formée de Laplace d’une distribution),
où l’intégrale figurant au second membre
celle-ci est l’unique solution de l’équation.
est prise dans le plan complexe sur la Exenzpl~~ 1. Soit à résoudre l’équation
verticale d’abscisse c. L’holomorphie de F différentielle :
permet de modifier le chemin d’intégra-
tion. On peut également rechercher des d2x

conditions suffisantes assurant qu’une 2F+X=e’

fonction F(p) soit la transformée de avec les conditions initiales :


Laplace d’une distribution. On a alors le
résultat simple suivant. x(0) = 1, $ (0) = 2.
ThL:or&w. Si F(p) est holomorphe pour
Re p > c et vérifie 1F(p) 1< C 1p ) ‘j’, alors Si l’on ne s’intéresse qu’aux valeurs de
F est la transformée de Laplace d’une .x(t) pour t > 0, on peut aussi bien suppo-

831
SYMBOLIQUE atcut

ser x(t) = 0 pour t < 0, à condition natu- d’où l’on déduit :


rellement de supposer que le second mem-
bre est remplacé par 0 pour t < 0. Les
conditions initiales indiquent alors des
discontinuités de x(t) et de dx/dt pour Exemple 3. En automatique, tout
t = 0 ; et, pour en tenir compte, il suffit organe linéaire invariant dans le temps
d’introduire les dérivées au sens des dis- établit une relation de la forme s =f* e
tributions : entre l’entrée e et la sortie s. Pour des
raisons physiques,fest à support positif. Si
Dx=$+, S, F, E sont les transformées de Laplace de
s, f, e, alors on SQ) = F@)E(p), et F est
+ F’ = ‘2 + 2 F + 8’. appelée la fonction de transfert de l’organe.
Dans le cas d’un système constitué de
L’équation différentielle se récrit alors : différents organes reliés entre eux, on
(Dzx-2F-b’)+x=Y(t)e’, obtient facilement la fonction de transfert
F du système à partir de celles F,, F,,
c’est-à-dire : des différents organes. Par exemple, pour
D2x+x=Y(t)ef+2F+6’. le système représenté par la figure, on a :

Soit X la transformée de Laplace de x. (F,@)E@)-F,@)S@))F,@) = S@),


On obtient :

cp+ 1)X@) =-+2-l-p,


l
P-l

d’où :

pz+p--1 1
XGO) = Gn*+ I)(D--1) 2@-1)
+ PI2 3/2
pz+1+pz+1

et :
1 3 d’où :
x(t) = ie’ + ,cost + zsl”‘, t > 0.
0) FI@) F,(P)
Exen~ple 2. Soit à résoudre l’équation : UP)=~=
1 + F&)F&)’
‘sin(t-8)x(0)de = t2, 2 2 0,
s0
Transformation en z
I.,PP VAu c,,nnnrt
L."II,, iupy"'L nna;t;f
y"uLLL'. P“3L-t III?‘= UyuuL'""
L UUL Ullr .Aml?t;nn
Soit a une suite réeiie ou compiexe définie
de convolution a*x=h, avec sur l’ensemble N des entiers positifs OU
a(f) = Y(t) sin t et h(t) = Y(t)t*. En pre- nuls. On appelle transformée en z de cette
nant les transformées de Laplace, on suite la fonction de variable complexe :
obtient :

LX@) +
p2+ 1

832
SYMBOLIQUE CALCUL

II existe R E [0, + ce] tel que cette série rente linéaires à coefficients constants et
soit absolument convergente pour plus généralement des équations de convo-
1~1 > R. Le produit de composition lution sur N. Pour l’inversion de la trans-
c = a * h de deux suites a et h sur N est formation en I, on utilise généralement
défini par : l’intégration dans le plan complexe. La
transformation en 2 est largement utilisée
c(n) = a@)b(q), pour l’étude des systèmes asservis à temps
c
P+u=” discret (souvent dénommés (< échantillo-
et les transformées en z de a, b, c sont liées nés D).
par la relation C(z) = A(z)B(z). En parti-
ROBERT PALLU DE LA BARRIÈRE
culier, l’opérateur dit opérateur d’avance-
ment E, qui associe à toute suite a la suite
Eu telle que Eu(n) = u(n - l), est un
opérateur de convolution : Bibliographie
R. BELLMAN. R. KALABA & J. LOCKETT. Nunreric,u/
E.a=a*ô,, Inversion of thr Laplace TransJkz, American Else-
vier Publ. CO., New York, 1966 / 0. HEAVISIDE.
où ak est la suite égale à 1 pour II = k et Elec’fromugnrric Throry, 3’ éd., Chelsea-New York,
nulle ailleurs. 197 1 / J. HLADICK, La Trun~formation de Luplwc’ fr
plusieurs wriuhles. Résolution du c@xkms c/ijf&
En posant h = Eu, on a la relation entre
renrielle.~, intc’grules et uua d~ki~~ées purticlk~. Mas-
les transformées en z de a et b : son, Paris, 1969 1 J. LAVOINE, Culcul ~~wdwliquc~.
C.N.R.S., Paris, 1960 / W. R. LEPAGE. Cornpk~
B(z) = ; A(z). Vuriublrs cmd the Laplace Trunsfi~rm jOr Enginc~r,s.
McGraw-Hill, New York, 1961 / R. PALLU DE LA
BARRIÈRE, Cour.~ ti’mtotnutique théorique, Dunod.
Paris. 1966 /J. R. RAGAZZINI & G. F. FRANKL~, Le\
Le tableau 2 donne quelques transfor- S~stèmrs asservi.~ échantillomk (Srrmpled Dtrm
mées en z de suites simples. L’utilisation Conrrol S~:~tms, 1958), traduit par un groupe de
travail de la section genevoise de l’Association suisx
r 0) A(d pour I’automatlque (Asspa). ihid, Paris, 1962 /
L. SCHWARTZ. Théorie des disrrihutions. Hermann.
8x 1/z* Paris, 195 1 / D. V. WIDDER . The Loplrcr Tum~form.
Princeton Univ. Press, Princeton (N. J.), 1941 i
A" II(I - A) L. A. ZADEH & C. A. DESOER , LinrurSy.srem The»r:1~.
" Zl(I- l)* McCraw-Hill, New York, 1963.
nz z(z + l)/(z- 1)s

sinno zsin0/(z2-2zcosm + 1)

COS"0 (22 - 2 coso)/(z* - 22 cosw + 1)

tabl. 2 - Ouelques transform&s en z de

L
suites simples

pratique de la transformation en z suppose


de disposer de tables beaucoup plus impor-
tantes.
L’usage de la transformation en z per-
met la résolution des équations de récur-

833
TENSORIEL atcut

Pour étudier la variété E, on choisit


un système de coordonnées dans lequel
on va faire les calculs ; dans les formules
que l’on écrira, on distinguera d’une part
ce qui dépend du système de coordonnées
choisi, et qui est en général dépourvu
d’intérêt, d’autre part ce qui décrit des
phénomènes intrinsèques. Parmi les plus
importants des objets que l’on peut asso-
cier à une variété se trouvent les trnseur:~.
On se propose ici de les décrire dans
un système de coordonnées et de voir
comment cette description varie si l’on
change de système. On appliquera ensuite
c e s calculs à l’étude des variétés
pseudo-riemanniennes, en donnant des
formules explicites pour la dérivée cova-

TENSORIEL CALCUL
riante.

1 ntroduit en 1900 par G. Ricci-Curbas-


tro et T. Levi-Civita, le calcul tensoriel
est un puissant outil de l’analyse mathé-
matique ; très utile en mécanique classi-
que, il est indispensable en mécanique
1. Champs de vecteurs
relativiste.
et formes de degré 1
Dans le présent article, E est une variété
différentiable de dimension n. Rappelons
Soit un système de coordonnées u’, . . . . u”
rapidement ce que cela signifie. Au voisi-
au voisinage du point t~z,, de E, de coor-
nage de chaque point VI~” de E, on peut
données ~0, . . . . u”‘I. Toute fonction numé-
trouver un système de coordonnées loca-
rique f définie sur E au voisinage de nrO
les, c’est-à-dire repérer chaque point HZ par
apparaît comme une fonction ,f” de n
ses n coordonnées u’(nr), . . . . u”(r~). Mais,
variables réelles : le nombref”(u’. . . . . u”)
au voisinage de wr,, il existe une infinité de
est la valeur def au point de coordonnées
systèmes de coordonnées raisonnables ;
u’, _._, u”. On dit quef‘est de classe Cm si
aucun d’eux ne joue, a priori, un rôle
f” est une fonction de classe Cm d’un
particulier. Notons v’(I?z), . . . . Y(r?r) les
üüveïi de E,, &iilS R. C~ii~ ûéfiïïitiûiï
coordonnées de nr pour un autre système ;
semble privilégier un système de coordon-
il existe II fonctions indéfiniment dériva-
nées, mais il n’en est rien : en utilisant le
bles v’, .._, QI”, définies sur un ouvert de E,,,
fait que les changements de coordonnées
telles que, pour tout point 177 voisin de t?rO
sont de classe C”, on demontre que, pour
et pour toutj, 1 < ,i < n, on ait :
tout autre système de coordonnées v’, . . . .
vi(m) =I@@I(~), . . ..un(m)). v qui à,fassocie la fonction de n variables

834
TENSORIEL cAtcuI

f’, la fonction f” est de classe C” si et d) Pour tout couple (X, Y) de champs


seulement si f' est de classe C”. de vecteurs et toute fonction <p de classe
Un champ de vecteurs sur E (ou, plus C”, on a :
précisément, un champ de vecteurs de
0(x + TPY) = 0 + w(Y).
classe C” ; cf. équations aux D É R I V É S
PARTIELLES, chap. 1 ) e s t u n e corres-
Une forme de degré 1 est donc une
pondance X qui à toute fonction f de classe
application linéaire du module des champs
C’” associe une fonction X(f) de classe
dans l’anneau des fonctions de classe Cas.
C” et vérifie les trois conditions suivan-
En posant :
tes :
a) Si f et g coïncident au voisinage d’un
point M, alors Xcf) et X(g) coïncident au
voisinage de n? ; pour tout champ de vecteurs Y, on munit
b) XY-+ k) = xf, + Wg), Où h l’ensemble des formes de degré 1 d’une
est une constante ; structure de module sur l’anneau des
4 xm = Wk +f X(g). fonctions de classe Coo. La correspondance
On définit sur l’ensemble des champs de X - Xcf) est une forme de degré 1 pour
vecteurs une structure de module sur toute fonctiotrfde classe Ccc ; on l’appelle
l’anneau des fonctions de classe C” (cf. la différentielle de J et on la note cif: Soit
algèbre LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE, 22 la fonction qui à tout point m associe sa
chap. 9) en posant : i-ième coordonnée u’(nz) dans le système
(22, . ..) u”) ; les formes du’, . . . . a’u” cons-
(X + <pw-) = XV) + <pym tituent une base du module des formes de
degré 1, c’est-à-dire que, pour toute forme
pour toute fonctionf: En associant a toute
fonctionfla fonction df “/du’. on définit un o, il existe une famille o,, . . . . o,, de
champ de vecteurs, que l’on notera dl&‘. fonctions de classe C”, et une seule, telle

CO= c”
On montre que les n champs ainsi obtenus que :
forment une base du module des champs ;
qdu’.
c’est-à-dire que, pour tout champ de vec-
i= 1
teurs X, il existe une famille X1, ..,, X” de
fonctions de classe C”, et une seule, telle
Les fonctions oi sont appelées les coor-
que :
données de la forme o dans le système (u’,

. . . . u”). On vérifie que :
(1) x = Xl&
c
r=, 0 , ifk,
(3)
les X’ sont appelées les coordonnées du 1, i = k.
champ X dans le système de coordonnées
(u’, . ..) LP). Il en résulte que la valeur de la
Une forme de degré 1 est une corres- forme :
pondance GI qui à tout champ de vecteurs n
X associe une fonction o(X) de classe Cas o= c o,du’
et vérifie la condition suivante : i= 1

835
TENSORIEL cacut

sur le vecteur : respectivement les fonctions X’, X”, u), et


a’,, on a :
n n
x= c xz GJ X’J =
n
X’ = c p; x’i
u: X’ ;
i=, c
,=1 ,=1
est : (6) n ”
0; = 0; 0, ; 0, = c a; 0;.
i c
,=I ,=1

Changement de coordonnées
2. Tenseurs
Soit maintenant un nouveau système de
coordonnées (II’, . . . . Y). On a des fonctions
Tenseurs covariants
de changement de coordonnées <p’ et #
Un tenseur covariant ap variables T est une
telles que, pour tout m, on ait respective-
fonction. définie sur l’ensemble des systè-
ment :
mes de p champs de vecteurs et à valeurs
u’(m) = <p’(!J’(?n), . . . . V”@I)), dans l’anneau des fonctions de classe C”,
v’(m) = qJ’(U’(rn), . . . . u”(m)). qui est linéaire par rapport à chacune de
ses variables. c’est-à-dire qui vérifie, pour
Posons : tout k tel que 1 < k < p, la condition LA
suivante : Pour tout système de vecteurs
$U+n>, . . ..U~(nl)) = a:(m), (X,, .._, X,,), avec X,\ = Y + (c’Z où <o est
une fonction de classe C”, on a :
$+n),...,V”(rn)) = p;(m).
T(X,, . ..> xp>
= qx,, . . . . XL,, y, x, + L, . ..> XJ
Les matrices : + <çT(X,, . . . . Xk&,, z, x, + 1, . . . . X,)

a(m) = (ai(m)), B(m) = ce;(m)>


Soit 0,. . . . . GI,, un système de p formes
de degré 1. En associant a tout système de
sont inversibles et inverses l’une de l’autre : champs (X,, ,_., X,J le produit :
on démontre les formules :
~l(X,h(X,) “ ’ q(X,),

on définit un tenseur covariant à p varia-


bles que l’on note :
(ii I I <- P’

En particulier. si l’on s’est donné un


système de coordonnées (n’, . . . . u”), alors.
De ces formules on déduit que, si o est
pour tout système i = (i,, . . . . i,J d’indices
une forme dc degré 1 ct X un champ de
compris entre 1 et II, on a un tenseur :
vecteurs dont les coordonnées dans les
systèmes (u’. . . . . u’l) et (v’, . . . . Y) sont

836
TENSORIEL cAtcuL

on montre que les np tenseurs ainsi définis T’ dans le système de coordon-


1,. ,.,. lp
forment une base du module des tenseurs nées (v’, . . . . v”) on a les relations (9) du
covariants à p variables ; c’est-à-dire que, tableau.
pour tout tenseur covariant àp variables T,
il existe une famille (T,,, ,,,, , ) de np fonctions Tenseurs contravariants
de classe C”, et une seule, telle que : De la même façon, on appelle tenseur
contravariant à p variables une applica-
tion, linéaire par rapport à chaque varia-
ble, de l’ensemble des systèmes dep formes
les fonctions T,,, ,j sont les coordonnées de degré 1 dans l’anneau des fonctions de
du tenseur dans le &tème de coordonnées classe C”. Pour tout système d’indices
choisi. i = (i,, . . . . i,,), on définit le tenseur :
Si l’on se donne un autre système de a a
coordonnées (v’, . . . . v”), les formules (5) G @ .'. @ jg$
entraînent les formules (8) figurant dans le par la formule :
tableau.
On en déduit qu’entre les coordonnées
Tj,, ,, ,Ip du tenseur dans le système de
coordonnées (u’, . . . . un) et ses coordonnées

837
TENSORIEL c~tcut

Les nP tenseurs ainsi définis forment les tenseurs de ce type forment une base,
une base du module des tenseurs contra- c’est-à-dire que, T étant donné, il existe une
variants à p variables ; donc, pour tout famille et une seule de n3 fonctions de
tenseur contravariant à p variables T, on a classe CC~, que l’on notera (r$ ‘?), telle que :
une famille (~~1.. ” ‘p) de fonctions de classe
C”, et une seule, telle que la relation (10)
du tableau soit satisfaite : les fonctions
-fi. 5 sont les coordonnées du tenseur
dans le système de coordonnées (u’, . . . . u”).
Si maintenant les fonctions ~“1. --Jp sont Conventions de sommation
les coordonnées de T dans le système Dans tout ce qui précède, on a décrit un
(vi, . . . . V), on a les relations (10’) du certain nombre de familles d’objets : bases
tableau. du module des champs ou du module des
formes de degré 1 ; coordonnées des
Tenseurs de variante mixte
champs, des formes, des tenseurs ; déri-
Soit (1, J) une partition de l’ensemble vées partielles des changements de coor-
des entiers compris entre 1 et p. Un données. Les objets de chacune de ces
tenseur T de variante (1, J) est une fonction familles sont alors repérés par un ou
de p variables (A,, .._, A,,), linéaire par plusieurs indices compris entre 1 et n. On
rapport à chacune d’elles, où A,, est une a placé certains de ces indices en haut,
forme de degré 1 si c( E 1 et un champ de d’autres en bas. A priori, le choix de la
vecteurs si c( E J. L’ensemble 1 est place de ces indices paraît assez arbitraire ;
l’ensemble des indices contravariants de T il n’en est rien. En effet, si on regarde
et J l’ensemble des indices covariants. toutes les formules de sommation qui ont
Chaque système de coordonnées (ut, ..,, été écrites, on constate que (à condition de
u”) définit une base (ayant np éléments) du considérer que, dans dl&‘, l’indice i est en
module des tenseurs de variante (1, J) ; bas) :
donc T est déterminé, dans le système de a) Chaque fois qu’on a sommé par
coordonnées choisi, par np fonctions coor- rapport à un indice, celui-ci apparaît deux
données.
fois dans la formule, une fois en haut et une
Par exemple, pour p = 3, un tenseur T fois en bas ;
de variante ({ 1, 3}, 2) associe à tout triplet b) Chaque fois qu’un indice apparaît
(0, X, rr), où X est un champ de vecteurs deux fois, il est une fois en haut et une fois
et o, rr des formes de degré 1, une fonction en bas, et on somme par rapport à lui.
r((3, X, rr). Pour tout triplet (i,, iz, i,)
Ces deux remarques permettent de
d’indices compris entre 1 et n, en associant
retrouver assez facilement toutes les formu-
à (0, X, rr) la fonction produit :
les que l’on a écrites et, d’autre part, d’éli-
miner celles qui n’ont aucun sens intrinsè-
que. Par exemple, si on a deux champs X et
Y de coordonnées X’ et Y’ dans un certain
on définit un tenseur de variante ({ 1, 3 1.
système, on n’écrira jamais :
2), que l’on note :
X’Y’,
c

838
TENSORIEL CALCUL

car cette quantité dépend du système de a un indice covariant et un indice contra-


coordonnées choisi ; mais, si o est une variant, on peut les contracter et on obtient
forme de degré 1, de coordonnées o,, la ainsi un tenseur qui a deux variables de
somme : moins que le tenseur que l’on contracte.

0,X’
7
3. Variétés pseudo-riemanniennes
est indépendante du système de coordon-
nées choisi. Nous écrirons désormais toutes les formu-
On utilise cette convention pour l’écri- les dans un système de coordonnées fixe
ture des tenseurs ; on écrit les indices (u’, . . . . u”), d’ailleurs arbitraire. Soit g un
contravariants en haut et les indices cova- tenseur covariant à deux variables qui est
riants en bas. C’est ce que l’on a fait dans symétrique, c’est-à-dire que g(X, Y) =
les exemples cités plus haut. g(Y, X) quels que soient X et Y. Les
Comme les sommations que l’on doit valeurs en un point m des coordonnées g,,
faire sont indiquées par les indices, on de g forment une matrice carrée d’ordre n,
prend l’habitude de supprimer les signes C et le déterminant de cette matrice dépend
de sommation ; c’est la convention d’.Eins- du système de coordonnées choisi ; mais,
tein. Ainsi, les formules (9) s’écrivent : s’il est nul dans un système, il l’est dans
tous les autres. Si ce déterminant ne
T ‘,,...,i, = a!’ ,,. ajfI$ 7’ii.- h’ s’annule en aucun point m, on dit que g est

Tjt.....jp = Pi: . ..ai.~, ,,... Lp, une structure pseudo-riemannienne sur E.
Dans ce qui suit, on fixe une fois
La sommation par rapport aux indices
pour toutes une structure pseudo-rieman-
j dans la première formule et par rapport
nienne g.
aux indices i dans la seconde est indiquée
Soit X un champ de vecteurs ; la cor-
par le fait que chacun de ces indices se
respondance qui à tout champ de vec-
trouve une fois en bas et une fois en haut.
teurs Y associe g(X, Y) est une forme de
degré 1 ; on la note Xb. La correspondance
La contraction qui à X associe Xb est un isomorphisme du
Ce principe de sommation, énoncé pour module des champs sur le module des
des indices de deux tenseurs différents, formes ; elle est donc biunivoque, et :
s’étend aux indices d’un même tenseur.
Considérons, par exemple, un tenseur T à (X + qY)b = Xb + <pYb.
quatre indices, de coordonnées r&, dans un Si on note X’ les coordonnées de X, et
certain système de coordonnées ; les quan- X,b celles de Xb, on a, en utilisant les
tités I$,, c’est-à-dire :
conventions de notations ci-dessus.

(11) x; = g,] XJ.

Cet isomorphisme b se prolonge au cas


sont les coordonnées d’un tenseur à deux des tenseurs : Si T est un tenseur dont
variables, appelé le contracté de T par l’indice a est contravariant, on définit un
rapport aux deux premiers indices. De tenseur @> dont la variante diffère de
façon générale, chaque fois qu’un tenseur celle de T par le fait que a y est covariant

839
TENSORIEL atcut

en posant, pour tout système de champs et de T et celles du tenseur contravariant


de formes, (..., X, . ..). où l’on n’a pas écrit associé a T sont appelées les coordonnées
les variables d’indice différent de CY : contravariantes de T. Les g’J sont donc les
coordonnées contravariantes du tenseur
ry... > x > . ..) = T(... 1Xb 7 . ..)>
métrique g et les g, ses coordonnées
les coordonnées ?Ci),, ,<1 de 9(o) provien- covariantes. De même les X’ sont les
nent des coordonnées T ‘CI’, de T, grâce a coordonnées contravariantes du champ X
la formule : et les X, = g,, X’ ses coordonnées cova-
riantes.
(12) Tb) ,,., a.., = gi&= Jm

Pour tout m, la matrice des coefficients


g,j(m) est inversible ; soit g”(nj) la matrice
4. La dérivée covariante
inverse. Les fonctions g” sont de classe Cco.
Avec les conventions de notation que l’on Soit D une connexion linéaire sur E : à tout
a faites, le fait que la matrice (g,(m)) soit couple (X, Y) de champs de vecteurs elle
l’inverse de la matrice (g”(nz)) se traduit associe un champ de vecteurs Dx Y tel que
par la formule : l’on ait les relations :
1, i = k, (a) Dx+ox Y = D,Y + +D,.Y,
(13) gl’gjk = i # k. (0) D,(Y + @Y’) = D,Y + +D,Y’ + x(t’)y.
l 0,

De cette relation résulte que : Soit X’ les coordonnées de X, soit Y’


celles de Y et f’$ celles de :
6°6,k&, = gki ;
a a
autrement dit, le tenseur g est obtenu à Dduj&p
partir du tenseur g* de coordonnées g’/ par
dans le système de coordonnées (ut, . . . . II”).
application de b (1) et b (2).
On note t les isomorphismes inverses Des conditions (o) et (p) on déduit :
des isomorphismes b et on démontre que :
(14) D,Y=W(g+QYk)&.
CI) Pour toute forme o de degré 1, on
a :
Si D est la dérivée covariante, on
(wfl)” = gko, ; montre que les l$ sont donnés par la
formule :
h) Pour tout tenseur T dont l’indice o
es1 covariant, on a : (15) r, = ;#( $ + !&!$k);
(T”(4) ,n zz g’da7,, j,
on les appelle les symboles de Christoffel.
fi.-
“Il .,-:t -.._ 1I>n-
“VII yur “II -....t
p’uL, grâce âüx iso- On remarquera que, contrairement à ce
morphismes b et #, modifier à volonté les qu’une analogie de notations pourrait lais-
variantes des indices d’un tenseur. En ser penser, les symboles de Christoffel ne
particulier, on peut les rendre tous cova- se comportent pas comme les coordonnées
riants ou tous contravariants. Les coor- d’un tenseur ; c’est-à-dire que, si l’on
données du tenseur covariant associé à T exprime la dérivée covariante dans un
sont appelées les coordonnées covariantes autre système de coordonnées, on obtient

840
TOPOLOGIE GÉNÉRALE

d’autres fonctions T’i,, qui ne sont pas gente T à une courbe (fig. 1) telle qu’on la
égales à : trouve dans les manuels classiques de
géométrie élémentaire : Si M varie sur T,
r;p~~Ja~.
la corde M,,M varie continûment et, si M
Ces calculs permettent d’écrire de façon tend vers M,, la corde M”M a une position
très simple le système différentiel des limite qui est T.
géodésiques : Soit y une courbe paramé-
trée proportionnellement à sa longueur ;
c’est une géodésique si et seulement si :
ftg. 1
1
D d~,dl dy
x = 0>

c’est-à-dire si, en notant y’ les fonctions


coordonnées de y, on a :
d*y’
(16) diT+r;kd$d$=o,

quel que soit i.

CLAUDE MORLET

Bibliographie
É. CARTAN, Lrqons sur Io gkmétrie des espuces de
Riemann, éd. rev. et augm.. Gauthier-Villars, Paris, En disant que M,M varie continûment,
1963 / J. C. H. GERRETSEN, Lectures on Tensor on exprime que, si M s’approche indéfi-
Culculus rtnd D@rentiul Grornetgi Groningen,
niment d’un point M,, la droite M,M
1962 / S. GOLAB, Tensor Culculus, Elsevier Scientific
Publ., Amsterdam-New York, 1974 / A. LICHNE- s’approche indéfiniment de la droite
ROWICZ, Él&ents de calcul tensoriel, Armand Colin, M,M, ; en disant que M”M a une position
Paris. 1950 ; Théorie globale des connexions et des
limite T, on exprime que, si M s’approche
groupes d%olonomie, Masson. Paris-Rome, 1955 ;
Algèbre et unul~sc~ linéaire, Dunod, Paris, 1970 1 i n d é f i n i m e n t d e M,, l a d r o i t e M,M
J. S. SOKOLNIKOFF, Tensor Anulpxis. ThrorJ and s’approche indéfiniment de T. On peut
Applications to Geotnetr~ und Mechonics o/ Conti- donc donner les définitions suivantes :
I~I, 2’ éd., Wiley, New York-Londres-Sydney,
1964. - L’applicationfde X dans Y est continue
en ,Y, si une condition suffisante pour que
f(x) soit voisin def(.u,) est que x soit assez
voisin de s, ;
- L’application f de X x, dans Y a une
TOPOLOGIE GÉNÉRALE limite yo en x,,, si une condition suffisante
pour quef(x) soit voisin de y0 est que .y soit
assez voisin de ,u,.

L es notions de continuité et de limite ont


une origine intuitive et l’on se propose
d’analyser ici cette intuition. Considérons,
Pour que ces définitions deviennent des
définitions mathématiques, il faut donner
un sens précis aux termes ((f(x) voisin de
par exemple, la description de la tan- f (xt) (ou de y,,) )) et G .Y assez voisin de s,

841
TOPOLOGIE GÉNÉRALE

(ou de .y,) )). Dans les chapitres 1 et 2, on voisinages de a dans E ; pour dire G com-
s’occupera d’abord de définir cette notion ment h est voisin de LI )), on dit dans quel
de voisinage, puis on donnera les princi- voisinage de CI il se trouve. Si, pour tout
pales propriétés des fonctions continues et élément a de E, on a défini les voisinages de
des limites. Les chapitres 3 et 4 seront a dans E, on dit que E est un espace topo-
consacrés à l’étude de deux classes d’espa- logique ; les éléments de E sont alors appe-
ces topologiques très importantes, les espa- lés des points. Si E et F sont deux espaces
ces compacts et les espaces connexes. topologiques et sifest une application de E
La notion d’espace topologique dans F, on dit quefest continue au point a
contient en particulier celle d’espace métri- de E si : Pour tout voisinage V def(u) dans
que (cf. espaces MÉTRIQUES) dont l’étude F, il existe un voisinage W de u dans E tel
est une excellente introduction à la topo- que, pour tout point h de W, le pointf(h)
logie générale. soit dans V. On dit quefest continue si elle
est continue en chaque point de E. Tout
espace métrique X devient naturellement
1. Espaces topologiques
un espace topologique si l’on choisit pour
voisinages d’un point x les sous-ensembles
Voisinages et continuité
de X qui contiennent une boule de centre x
On a vu que, pour définir les notions de et de rayon strictement positif. On vérifie
limite et de continuité. on devait donner un alors que, si X et Y sont métriques, pour une
moyen de savoir si deux points sont voisins
application f‘de X dans Y les deux défini-
(resp. assez voisins). Pour cela, il est assez
tions de la continuité que l’on a données
naturel de mesurer la distance de ces deux
coïncident.
points. On peut donc parler de continuité
On impose aux voisinages de vérifier les
ou de limites pour les applications de X
quatre conditions suivantes :
dans Y, si l’on a défini la distance entre les
(V,) Tout voisinage de a contient a ;
points de X et la distance entre les points
(Vz) Tout sous-ensemble de l’espace E
de Y, c’est-a-dire si X et Y sont des espaces
qui contient un voisinage de a est un
métriques (cf. espaces MÉTRtQuEs).
Ce point de vue est sufikant tant que Xet voisinage de CI ;
Y sontR,R~‘,lessurfacesdeR3,etc.,et,plus (V,) L’intersection d’un nombre fini de
généralement, pour tous les problèmes géo- voisinages de u est un voisinage de a ;
métriques. C’est l’analyse qui a mis ses lacu- (V,) Pour tout voisinage V de a, il existe
nes en évidence ; il arrive, en effet, que l’on un voisinage W de a tel que V soit
dispose d’applications de RJ’ dans un voisinage de chacun des points de W.
ensemble de fonctions E qui, pour des rai- Ces conditions permettent d’étendre au
sons propres au problcme a résoudre, doi- cas des espaces topologiques les principa-
l,”
1LJ ..,,,.z’t’, A,” L”IILLI”IIJ
p’“p”LLLJ ULJ C,...,t:,.., C”IIIIIIULJ
,,“L....,” UC
A, I.
D
vent être considérées comme continues,
mais qu’il n’existe aucune métrique sur E dans R. En particulier, toute somme, tout
qui les rende continues. Il faut donc donner produit et tout quotient de fonctions numé-
unmoyen,autrequeladistance,poursavoir riques continues sont encore des fonctions
si deux éléments a et h de E sont voisins. numériques continues. On démontre aussi
Pour cela, on se donne une famille ‘7, de que la composée de deux applications
sous-ensembles de E que l’on appelle les continues est une application continue.

842
TOPOLOGIE GÉNÉRALE

Ouverts et fermés De même, d’après (F,), l’intersection


On dit qu’un sous-ensemble U de l’espace de tous les fermés contenant A est un
topologique E est ouvert s’il est voisinage fermé A qui est le plus petit fermé conte-
de chacun de ses points. Les ouverts d’un nant A : on l’appelle la fermeture ou
espace topologique E vérifient les trois l’a&érrnce de A. On vérifie facilement
propriétés suivantes : qu’un point . Y E E appartient à A si et
seulement si, pour tout voisinage V de .Y.
(0,) L’ensemble E et l’ensemble vide
on a V fI A # 0 ; un tel point est dit
sont ouverts ;
adhérent à A. On dit enfin que A estpurtout
(0,) Toute réunion d’ouverts est un
dense dans E si A = E, ce qui revient a dire
ouvert ;
que tout ouvert non vide de E rencontre A.
(0,) Toute intersection d’un nombre
La considération des ouverts et des
,jni d’ouverts est un ouvert.
fermés donne une caractérisation très sim-
La structure topologique d’un espace
ple des applications continues. En effet.
est déterminée par la connaissance de ses
pour qu’une applicationfde E dans F soit
ouverts ; en effet, les voisinages d’un point
continue, il faut et il suffit que, pour tout
a de E sont les sous-ensembles de E qui
ouvert V de F, l’ensemblef-‘(V) soit un
contiennent un ouvert qui contient a.
ouvert de E ; ou encore, en termes de
Il est clair que la donnée des ouverts de fermés : pour tout fermé A de F, I’ensem-
E e s t é q u i v a l e n t e à c e l l e d e s sous- ble f’-‘(A) est fermé dans E.
ensembles de E dont le complémentaire
dans E est ouvert ; ces sous-ensembles sont
Exemples
appelés les férm& de E ; ils vérifient les On trouvera dans de nombreux articles
trois conditions suivantes :
du présent ouvrage des exemples d’ensem-
(F,) L’ensemble E et l’ensemble vide bles munis d’une topologie, Voici quelques
sont fermés ; rappels et exemples complémentaires.
(F,) Toute intersection de fermés est un 1. Sur tout ensemble X, on appelle
fermé ; topologie grossière la topologie dont les
(F3) Toute réunion d’un nombre@ de seuls ouverts sont X et l’ensemble vide.
fermés est un fermé. Tout point de X a alors un seul voisinage
Soit A un sous-ensemble d’un espace qui est X lui-même.
topologique E. D’après (02), la réunion de 2. Il existe une topologie sur X pour
tous les ouverts de E contenus dans A est laquelle tout sous-ensemble qui contient . Y
un ouvert qui est évidemment le plus grand est un voisinage de x; c’est la topologir
ouvert (au sens de l’inclusion) contenu discrète ; tout sous-ensemble de X est alors
dans A ; on l’appelle l’intérieur de A et on à la fois ouvert et fermé.
le note A. L’intérieur d’un ensemble peut 3. Tout espace métrique X a une topo-
être vide sans que cet ensemble le soit, logie naturelle (cf. espaces MÉTRIQUES). LcS
comme on le voit en prenant, par exemple, voisinages d’un point x sont les SOUS-
pour E l’ensemble R des nombres réels ensembles de X, qui contiennent une boule
muni de sa topologie usuelle, et pour A de centre x dont le rayon est de la forme 1 jn.
l’ensemble Q des nombres rationnels. Les avec 12 entier. Pour qu’une topologie puisse
ensembles ouverts sont caractérisés par le être définie par une métrique, il est donc
fait qu’ils sont égaux à leur intérieur. nécessaire que tout point x possède une

843
TOPOLOGIE GÉNÉRALE

suite de voisinages (V,‘, . . . . V’$ . ..) telle que cette topologie 9, est continue si et
tout voisinage de x contienne l’un des VT ; seulement si l’application :
cette remarque permet de montrer que les
@:A XR-R,
topologies définies aux exemples (6) et (7)
ci-dessous ne peuvent pas être déduites qui à (a, t) associe la valeur de <p(a) en t,
d’une métrique. est continue, l’ensemble A X R étant
4. Si A est un sous-ensemble de muni de la topologie produit (cf. exemple
l’espace topologique E, les sous-ensembles 5).
de A de la forme A n U, où U est un Dans les exemples 6 et 7 précédents, on
ouvert de E, forment les ouverts d’une a défini deux topologies distinctes sur
topologie snr A ; c’est la topologie induite l’ensemble E des applications de R dans R.
sur A par la topologie de E ; muni de cette mais il en existe bien d’autres : topologie
topologie, A est appelé un sous-espace discrète ; topologie grossière ; topologie de
topologique de E. la convergence uniforme, définie par la
5. Si E et F sont deux espaces topolo- distance :
giques, on appelle pavé ouvert de E X F
les sous-ensembles de la forme U X V, où
U est un ouvert de E et V un ouvert de F ; Sur un ensemble donné, il existe ainsi
les réunions de pavés ouverts sont les beaucoup de topologies ; pour certains
ouverts d’une topologie sur E X F, appe- ensembles, en particulier pour les ensem-
lée topologie produit. Remarquons que la bles de fonctions, plusieurs d’entre elles
topologie naturelle de R’ est la topologie ont un réel intérêt ; mais, sur R et sur R”,
produit de la topologie de R par elle- on n’utilise pratiquement que l’une d’elles,
même. celle qui est déduite de la distance eucli-
6. Soit E l’ensemble des applications de dienne.
R dans R ; pour tout nombre x et tout
ouvert U de R, notons V(x, U) l’ensemble
Homéomorphismes
des éléments g de E tels que g(x) appar-
Une application ,f de l’espace topologique
tienne à U. Parmi les topologies sur E dont
les V(x, U) sont des ouverts, il en existe une X dans l’espace topologique Y est appelée
un homt;omorphisme si elle est bijective et
qui a le moins d’ouverts ; c’est la topologie
si elle est continue ainsi que son inverse.
de la convergence simple. Ses ouverts sont
les réunions d’intersections/%ries d’ensem- Il est important de noter qu’une applica-
tion bijective et continue n’est pas nécessai-
bles V (x, U).
7. Soit encore E l’ensemble des appli- rement un homéomorphisme ; par exem-
cations de R dans R ; pour !CI ouvert de ple, si X est le sous-espace de R formé de
R’, notons V(Q) l’ensemble des éléments ]a, h[ et des points a et c, avec c > h, l’appli-
cationfde X dans [a. h]. définie par-f(t) = t
g de E tels qüe, ..- puu ..~~L
LUUL x, ie point (n,
g(x)) soit dans 0. Les V(n), lorsque CI si t # c et f(c) = b, est bijective et conti-
parcourt l’ensemble des ouverts de R*, nue, mais son inverse n’est pas continue.
sont les ouverts d’une topologie sur E, que
l’on appelle la topologie ‘fO. On voit Recollements de topologies
facilement qu’une application <p d’un Soit (U,), i E 1, une famille d’espaces
espace topologique A dans E, muni de topologiques, et, pour tout i, une injection

844
TOPOLOGIE GÉNÉRALE

<F’! de U, dans un ensemble E. On suppose


vérifiées les trois conditions suivantes :
CI) E est la réunion des images des <pi;
h) Pour tout couple (ij), l’ensemble
cp ;‘(<9, (U,)) est un ouvert de U, ;
c) Pour tout couple (i,j), l’application
<P;‘o cp, réalise un homéomorphisme de
<p I ‘(‘p, (U,)) sur cpp’,(<p,(Ui)) comme l’indi-
que la figure 2.

Topologie de l’espace projectif réel P, IR)

en associant à 24 E U le sous-espace vec-


toriel C~(U) engendré par u (fig. 3). Les
E
conditions (a), (h) et (c) sont vérifiées. Si
n = 1 ou 2, l’espace P,,(R) s’identifie à
Recollement des espaces topologiques
L i l’ensemble des droites du plan ou de
l’espace de la géométrie élémentaire qui
Alors, il existe une topologie et une passent par un point M, donné ; c’est la
seule sur E, telle que, pour tout i, l’appli- topologie que nous venons de décrire qui
cation vi soit un homéomorphisme de Ui est utilisée quand, dans la définition de la
sur le sous-espace <p, (U,) de E. Un sous- tangente, on parle de la limite d’une droite
ensemble 0 de E est ouvert pour cette passant par M, (fig. 1).
topologie si et seulement si, pour tout i, On définit de façon analogue une topo-
‘pi ‘(0) est ouvert dans U,. logie sur l’espace projectif complexe
Parmi les topologies définies par ce P,,(C), c’est-à-dire sur l’ensemble des sous-
procédé de recollement, citons la topologie espaces vectoriels de dimension 1 de C”+‘.
de l’espace projectif réel P,!(R), c’est-à-dire
de l’ensemble des sous-espaces vectoriels
de dimension 1 de R”+I : droites de R”+I
2. Limites
passant sur l’origine. Pour tout sous-
espace affine U de R”+I qui ne passe pas
Exemples
par l’origine, on définit une injection :
Dans l’analyse classique, le mot limite peut
<P:U-P,(R) désigner des choses apparemment très

a45
TOPOLOGIE GÉNÉRALE

diverses dont on va citer quelques exem- b) L’intersection d’un nombre fini d’élé-
ples. ments de 9 est un élément de 9 ;
1. Limite d’une suite numérique. Soit c) Toute partie de A qui contient un
(,Y~) une suite de nombres ; on dit qu’elle élément de 9 est elle-même un élément de
converge et que sa limite est y si, quel que 3.
soit le nombre strictement positif E, il existe Si f est une application de A dans un
un entier N tel que, pour tout n > N, on espace topologique X, on dit que le point
ait l’inégalité 1y ~ x,, 1< E. y de X est limite defsuivant le filtre 9 si,
2. Limite uniforme d’une suite de fonc- pour tout voisinage V de y dans X, il existe
tions. Soit V;,) une suite de fonctions un élément F de 9 tel que f(a) soit dans
numériques définies sur un ensemble X ; V chaque fois que a appartient a F.
on dit qu’elle converge uniformément et Montrons que l’on a obtenu le résultat
que sa limite est g si, quel que soit le cherché, c’est-à-dire que les quatre notions
nombre strictement positif 6, il existe un de limites définies plus haut sont des cas
entier N tel que, pour tout n > N et pour particuliers de limite suivant un filtre.
tout élément z de X, on ait l’inégalité Sur l’ensemble N des entiers naturels,
kW -./A-) / Q E. les complémentaires des parties finies for-
3. Limite en + 00 d’une fonction numé- ment un filtre 9, (que l’on appelle souvent
rique d@nie sur l’intervalle [a, + M[. Soit f filtre de Fréchet). Dire que la suite numé-
une fonction numérique définie sur l’inter- rique (x,,,) converge et a pour limite y
valle [a, + W[ ; on dit qu’elle a une limite (exemple l), c’est dire que y est limite de
en + M et que cette limite est le nombre y la fonction de N dans R qui à n associe x,,,
si, quel que soit le nombre strictement suivant le filtre 9,.
positif E, il existe un nombre N tel que Dire que la suite de fonctions numéri-
l’inégalité x > sup (a, N) entraîne l’inéga- ques (f,) converge uniformément et qu’elle
lité 1y -f(x) 1< E. a pour limite g (exemple 2), c’est dire que,
4. Limite à droite en a d’une fonction si l’on note E l’ensemble des fonctions de
numérique déjinie sur ]a, b[. Soit f une X dans R et si l’on munit E de la distance
fonction numérique définie sur ]a, b[ ; on de la convergence uniforme, g est limite
dit que fa une limite à droite en a et que suivant le filtre 9, de l’application de N
cette limite est ~1 si, quel que soit le nombre dans E qui a n associe fn.
strictement positif E, il existe un nombre Dire que y est la limite de f en + =
strictement positif c( tel que, pour tout (exemple 3) c’est dire que y est la limite de
point x qui vérifie a < .Y < CI + cx, on ait f suivant le filtre .Y+m formé des complé-
1I‘ -f’(-4 1< E. mentaires des parties majorées de
[a, + 4.
Filtres Dire que y est la limite à droite en a de
II existe une certaine parente entre ces ia fonction numérique f définie sur jrr, ni
définitions ; pour dégager ce qu’elles ont de (exemple 4) c’est dire que y est la limite de
commun, H. Cartan a introduit la notion de f suivant le filtre 9,+ formé des intersec-
filtre. Un jiltre sur l’ensemble A est, par tions de ]a, b[ et des voisinages de a dans
définition, un ensemble 9r de parties de A, R.
qui vérifie les trois conditions suivantes : On démontre que, si f et g sont des
a) Tout élément de 9 est non vide ; applications de A dans R qui ont des

846
TOPOLOGIE GÉNÉRALE

limites y et z suivant le filtre 9, alors y + Condition fBL). On dit que l’espace


z (resp. J<Z) est limite def+ g (resp. limite topologique E vérifie la condition de Borel-
de .fg) suivant le filtre .F. Lebesgue si, quelle que soit la famille
Notons encore que, si A est un espace d’ouverts (U,), i E 1, de E telle que :
topologique, les voisinages d’un point LI
forment un filtre sur A ; dire que l’appli- u u, = E,
JE,
cationfde A dans l’espace topologique X
est continue en CI, c’est dire quef‘a pour il existe un sous-ensemble ,jni J de 1 tel
limite f(u) suivant ce filtre. que :

u U, = E.
Séparation rEJ
Une suite numérique ne peut avoir deux
Par définition, on dit qu’un espace
limites ; de même, une fonction numérique
topologique est compact s’il est séparé et
ne peut avoir deux limites en + a, (ou
s’il vérifie la condition de Borel-Lebesgue.
en a). Mais, si l’ensemble A est muni du
Cette condition est équivalente SI chacune
filtre 3 et sif‘est une application de A dans
des deux suivantes.
un espace topologique X, deux points
Condition (BL)‘. Quelle que soit la
distincts de X peuvent être limites de f
famille (F,), iE 1, de fermés de E d’intrr-
suivant le filtre 9 ; par exemple, si X est
section vide, il existe un sous-ensemble,/ini
muni de la topologie grossière, tout point
J de 1 tel que l’intersection des F,, pour
de X est limite defsuivant le filtre %T. Pour
iE J, soit vide.
avoir l’unicité des limites pour les appli-
Condition (BL)“. Quelle que soit la
cations à valeurs dans X, on doit supposer
famille (F,), i E 1, de fermés de E, si, pour
que X vérifie la condition suivante : Deux
tout sous-ensemble ,fir?i J de 1,
points distincts de X possèdent des voisi-
nages disjoints. On dit alors que X est
s&k. Tous les espaces métriques sont
séparés, a cause de la relation d(s, y) = 0
P
est non vide, il existe (au moins) un point
a .Y = J‘ ; c’est le fait que R est séparé qui de E qui appartient à tous les F,.
permet de faire les raisonnements classi-
ques dits (( par passage à la limite » ou <( par
Exemples
continuité >).
L’intervalle [cl, h] de R est compact. Plus
généralement, un sous-espace A de R est
3. Espaces compacts compact si et seulement s’il est fermé ct
borné. De la même façon, les sous-espaces
Les intervalles fermés bornés de R ont des compacts de R” sont les fermés bornés.
propriétés topologiques remarquables, Tout sous-espace fermé d’un compact est
connues depuis très longtemps ; ces pro- compact. Tout produit d’espaces compacts
priétés découlent toutes du fait qu’ils est compact.
vérifient la condition suivante, appelée
condition de Borel-Lebesgue (cf. le théo- Propriétés
rème (7) du chapitre 4 de l’article CALCUL Citons les plus importantes propriétés des
INFINITÉSIMAL - Calcul à une variable). espaces compacts.

a47
TOPOLOGIE GÉNÉRALE

1. Si X est compact et Y séparé, l’image rentiables...) sont localement compacts.


d’une application continue de X dans Y est Tout espace localement compact est
un sous-espace compact de Y. En particu- homéomorphe à un ouvert d’un espace
lier, si A est compact, l’image d’une compact. En fait, on peut même s’arranger
application continuefde A dans R est un pour que cet ouvert soit le complémentaire
sous-espace compact de R ; c’est donc un d’un unique point de l’espace compact
sous-ensemble fermé borné de R ; c’est (compactification d’Alexandrof).
pourquoi f est une application bornée et Parmi les propriétés les plus utiles des
atteint ses bornes. espaces localement compacts, citons les
2. Propriété de Bokuno- Weierstruss. Soit deux suivantes, qui concernent les problè-
(u,), 12 E N, une suite dc points du com- mes de prolongement de fonctions conti-
pact A. Alors, il existe un point a de A tel nues lorsque E est un espace localement
que tout voisinage de a contienne u, pour compact G dénombrable à l’infini D, c’est-
une infinité de valeurs de n ; un tel point à-dire tel qu’il existe une famille dénom-
II est appelé une valeur d’adhérence de la brable (K,,), II E N, de sous-espaces com-
suite. pacts de E, avec :
La démonstration, par l’absurde, est la
suivante : Si, pour tout point x de A, il u K. = E.
nEN
existait un voisinage ouvert V, de x qui ne
contienne qu’un nombre fini des u,,, alors, 1. ThéorGme de Tietze. Toute fonction
comme N est infini, l’ensemble A ne continue d’un fermé de E dans R est la
pourrait pas être recouvert par un nombre restriction d’une fonction continue définie
fini des V,. sur E tout entier.
Réciproquement, cette propriété de 2. Existence de «partitions de l’unité ».
Bolzano-Weierstrass entraîne la propriété Pour tout recouvrement de E par des
de Borel-Lebesgue si l’espace considéré est ouverts (U,), i E 1, il existe une famille de
un espace métrique. fonctions (fi), i E 1, telle que :
3. Tout espace métrique compact est a) quel que soit le point zc n’appartenant
complet (cf. espaces MÉ TRIQUES, chap. 3). pas à U,, on a,f;(x) = 0,
4. Tout sous-espace compact d’un h) en chaque point ,y, il n’existe qu’un
espace topologique E est un fermé de E. nombre fini des.f; qui ne s’annulent pas,
5. Toute fonction continue d’un espace c) pour tout point x, on a :
compact dans un espace métrique est
uniformément continue (cf. espaces h4Érm-
QUES, chap. 2).
cJE1 L(x) = 1;
une telle famille de fonctions est appelée
Espaces localement compacts une partition de l’unité relative au recou-
On dit qu’un espace topologique est loca- vrement 1 tu,).
,lT\ I .77
t I, donne.
lement compact s’il est séparé et si chacun
de ses points possède un voisinage com-
pact. On se convainc de l’importance des 4. Espaces connexes
espaces localement compacts en remar-
quant que tous les espaces de la géométrie On regardant une figure géométrique, cha-
(R, R”, surfaces, courbes, variétés diffé- cun sait dire si elle est formée de plusieurs

848
TOPOLOGIQUE ALGÈBRE

morceaux disioints. La connexité est la Masson, Paris, 2’ éd. rev. 1984 / J. D IEUDONNÉ.
notion mathématique qui correspond à Él&mm dùnrri~x, t. 1 : Fondements de lùnulyse
moderne, Gauthier-Villars, Paris, 2’ éd. 1979 /
cette réalité physique. Si la figure F est L. SCHWARTZ, AnulJ,se, vol. 1 : Théorie des ensembles
formée de deux morceaux disjoints A et B, et topologie, Hermann, Paris, 1991.
tout point de F assez voisin de A est encore
dans A, et tout point de B assez voisin de
B est encore dans B. Donc A et B sont des
ouverts non vides et disjoints de F. Inver-
sement, si F est d’un seul tenant, il n’existe TOPOLOGIQUE ALGÈBRE
pas de partition de F en deux ouverts non
vides disjoints. Mathématiquement, on
exprime ce fait en disant que F est
connexe.
Les sous-espaces connexes de R sont les
L 7 algèbre topologique est consacrée à
l’étude d’ensembles munis d’une
topologie et d’une structure algébrique
intervalles de R, ouverts, semi-ouverts ou définie par des lois de composition conti-
fermés, bornés ou non. Si X est connexe et nues (cf. TOPOLOGIE GÉNÉRALE ; A LGÈBRE).
si f : X -+ Y est une application continue, Les exemples les plus importants sont les
l’image de f est un sous-espace connexe de groupes topologiques, les espaces topolo-
Y. En particulier, l’image d’une applica- giques à groupe d’opérateurs, les espaces
tion continue f : [a, h] + R est un inter- vectoriels topologiques (cf. espaces vecto-
valle de R. C’est le théorème de lu valeur riels -roPoLoGIQu~3) et les anneaux topo-
intermédiaire, qui s’énonce comme suit. logiques dont les corps topologiques sont
Théorème. Si f’ est une application un cas particulier.
continue de [a, h] dans R, quel que soit z
compris entre f(a) et f(h), il existe un
point c de lu, h[ tel que f(c) = z (cf.
CALCUL INFINITÉSIMAL - CalCLll à Une Varia-
ble, chap. 9, théorème 14 bis).
Notons encore que, si X est connexe, 1. Groupes topologiques
toute fonction localement constante de X
dans Y, c’est-à-dire telle que tout point x de Un groupe topologique est un espace
X possède un voisinage sur lequel f est topologique G muni d’une loi de compo-
constante, est constante dans X tout entier. sition interne continue : G X G - G véri-
Le principe des zéros isolés pour les fiant les axiomes d’une loi de groupe, notée
fonctions analytiques (cf. FONCTIONS multiplicativement et telle que l’applica-
ANALYTIQUES -Fonctions analytiques d’une tion .Y ++ x-’ de G dans lui-même soit aussi
variable complexe, chap. 1) utilise ce type continue (c’est alors un homéomorphisme
d’argumentation. involutif de G sur G). Un morphisme de
groupes topologiques est une application
CLAUDE MORLET continue qui est un homomorphisme de
groupes.
Soit G un groupe topologique ; si
Bibliographie a E G, la translation à gauche :
G. ~HOQUET, Cours de topologie : espcrce.7 topologi-
ques et espaces nIétriqua, ,f&c.tion.s numériques,

a49
TOPOLOGIQUE ALGÈBRE

est un homéomorphisme de G sur lui- groupe R! formé des nombres réels


même qui transforme l’élément neutre e en strictement positifs. L’application expo-
a (l’homéomorphisme réciproque est nentielle x ++ e’, avec x E R, est un
y;‘). Ainsi les voisinages de a sont les isomorphisme de groupes topologiques de
images y,(V) = UV par y, des voisinages V R sur R! ; l’isomorphisme réciproque est
de e (on pourrait aussi utiliser les transla- donné par le logarithme (cf. EXPONEN-
tions à droite). Par suite, la loi de groupe TIELLE ET LOGARITHME).
de G étant supposée connue, sa topologie 3. Plus généralement, on peut considé-
est déterminée par le filtre Bdes voisina- rer les espaces numériques R”’ avec la loi
ges de e ; ce filtre a les propriétés suivan- additive (et en particulier C”’ = R*“‘). Le
tes : groupe multiplicatif se généralise en le
(GV,) Quel que soit U E x il existe V groupe GL(m, R) des matrices carrées
E :I// tel que VV C U ; cette condition inversibles d’ordre m ; c’est un ouvert de
exprime que la loi de G est continue en M,,,(R) = Rm’ et on le munit de la
te, e). topologie induite. De même GL(m, C) a
(GV,) Quel que soit U E ‘4 on a une structure de groupe topologique ; pour
Ut E ‘Y; cette condition exprime que m = 1, c’est le groupe multiplicatif C* (cf.
x - x ’ est continue en e. nombres C O M P L E X E S ) .
(GV,) Quels que soient U E ‘Y et 4. D’une manière encore plus générale,
a E G, on a aUa- l E 7; autrement tous les groupes de Lie sont des groupes
dit, I’automorphisme intérieur ,Y - uxu ~ ’ topologiques ; rappelons que tout homéo-
est un homéomorphisme de G sur G. morphisme continu d’un groupe de Lie
Notons que la condition (GV,) est dans un autre est automatiquement analy-
automatiquement vérifiée si G est commu- tique, de sorte que, si un groupe topolo-
tatif. Inversement, considérons un groupe gique admet une structure analytique,
G et un filtre Kiisur G possédant les celle-ci est unique (cf. GROUPES - Groupes
propriétés précédentes ; il existe sur G une de Lie).
topologie et une seule faisant de G un 5. Soit E un espace vectoriel normé,
groupe topologique et pour laquelle ‘Yest réel ou complexe (cf. espaces vectoriels
le filtre des voisinages de e. NORMÉ S) ; sa topologie et sa loi additive en
Tout homomorphisme d’un groupe font un groupe topologique. Plus généra-
topologique dans un autre qui est continu lement, on peut prendre pour E un espace
en l’élément neutre est continu partout ; vectoriel topologique (cf. espaces vecto-
donc c’est un morphisme de groupes riels ToPoLoGIQuEs). Le groupe multipli-
topologiques. catif des éléments inversibles d’une algèbre
de Banach est un groupe topologique (cf.
Exemples algèbres NORMÉ ES).

1. On fait d’un groupe quelconque G un 6. Considérons un groupe G et un


groupe topologique en le munissant de la ensemble Yde sous-groupes distingués de
topologie discrète. G qui est filtrant pour la relation 3 ; le filtre
2. La droite numérique réelle R, munie engendré par Ydéfinit sur G une topologie
de la loi additive, est un groupe topologi- qui en fait un groupe topologique. Par
que. Il en est de même du groupe multi- exemple, on peut prendre pour -1 I’ensem-
plicattf R* = R - {0} et de son sous- ble des sous-groupes d’indice fini de G.

850
TOPOLOGIQUE ALGÈBRE

Un cas particulier important est celui groupes distingués (cf. exemple 6), ces
où l’on se donne unejdtratim de G par des sous-groupes sont à la fois ouverts et
sous-groupes distingués, c’est-a-dire une fermés et G est totalement discontinu. La
suite décroissante (GJ, avec n E Z, de composante connexe de l’élément neutre e
sous-groupes distingués. Par exemple, la dans un groupe topologique G est toujours
topologie p-adique sur le groupe additif Q un sous-groupe distingué fermé G, ; c’est
est définie par la filtration (p”Z) oùp est un le sous-groupe engendré par un voisinage
nombre premier (cf. théorie des NOMBRES arbitraire de e.
- Nombres p-adiques). Les sous-groupes fermés de R distincts
7. Pour qu’un groupe topologique G de R sont de la forme aZ, avec a E R ; ils
soit &paré, il faut et il suffit que l’inter- sont discrets (les autres sous-groupes sont
section des voisinages de l’élément neutre partout denses). Plus généralement, les
P soit réduite à {e), ou encore que {e} soit sous-groupes fermés de R”’ sont de la
fermé. forme :
8. Soit G et H des groupes topologi-
VX W=R* X Zi,
ques ; le produit G X H muni de la
topologie produit et de la loi de groupe où V est un sous-espace vectoriel, isomor-
produit est un groupe topologique. On p h e a R”, d e R”‘, et W 5 Z’ est un
peut de même considérer le produit d’une sous-groupe engendré par une partie d’une
famille quelconque de groupes topologi- base d’un supplémentaire de V ; un tel
ques. Par exemple, R”’ est le produit de m sous-groupe est de rangs + t et est discret
facteurs identiques a R. Le groupe multi- dans le cas où s = 0. On appelle réseau de
plicatif C* est isomorphe au produit RT R”’ un sous-groupe discret de rang maxi-
X U, où U désigne le groupe multiplicatif mum, c’est-à-dire engendré par une base
de nombres complexes de module 1 (muni de R”‘, donc isomorphe a Z”‘.
de la topologie induite par C). Parmi les groupes topologiques locale-
ment compacts, les groupes & Lie (cf.
Sous-groupes, groupes quotients exemple 4) sont caractérisés par la
Soit G un groupe topologique et H un propriété d’admettre un voisinage de
sous-groupe de G ; la topologie induite sur l’élément neutre e ne contenant pas
H par celle de G en fait un groupe d’autre sous-groupe que {e} (A. Gleason
topologique. Par exemple, les groupes et H. Yamabe, 1953). On en déduit
classiques, qui sont des sous-groupes de qu’un groupe localement compact et loca-
GL(nr, R) ou de GL(m, C), ont une lement connexe qui est de dimension
structure de groupe topologique : ce sont topologique finie est un groupe de Lie ; il
des groupes de Lie (cf. GROUPES - Groupes en est ainsi, en particulier, des groupes
classiques et géométrie). L’adhérence Ï? topologiques qui sont des variéte? topolo-
d’un sous-groupe H de G est encore un giques, localement isomorphes à des
sous-groupe ; si H est distingué, il en est de ouverts de R”’ ; cela fournit une réponse
même de H. Pour qu’un sous-groupe soit (partielle) au cinquième problème de
ouvert, il faut et il suffit qu’il ait au moins Hilbert. À l’opposé, tout voisinage de L’
un point intérieur, et alors il est aussi dans un groupe localement compact
fermé ; ainsi, lorsque la topologie de G est totalement discontinu contient un sous-
définie par un ensemble filtrant de sous- groupe ouvert ; on en déduit que la

851
TOPOLOGIQUE ALGÈBRE

topologie d’un groupe compact totalement de R dans C* est un morphisme strict :


discontinu est définie par un ensemble
R-T=U4C*.
filtrant de sous-groupes distingués (cf.
exemple 6).
Soit H un sous-groupe distingué d’un Limites projectives
groupe topologique CI. La topologie et la de groupes topologiques
loi de groupe quotient font de G/H un Soit 1 un ensemble ordonné filtrant supé-
groupe topologique, qui est séparé dans le rieurement (c’est-à-dire tel que toute paire
cas où H est fermé et qui est discret dans d’éléments ait une borne supérieure). Un
le cas où H est ouvert. Par exemple, si G système projectif, indexé par 1, de groupes
est un groupe compact totalement discon- topologiques est un système (G,,A,) où les
tinu, son quotient G/H par un sous-groupe G,, pour i E 1, sont des groupes topolo-
distingué ouvert est discret et compact, giques et oùAj, pour i, j E 1 avec i < j, est
donc fini. Le tore à une dimension T = un morphisme de G,,,. dans Gi. Par défi-
R/Z est un exemple important de groupe nition, la limite projective :
quotient ; il est compact, car il est séparé G=l&GG,
(Z étant fermé dans R) et image de
l’intervalle compact [0, 11. Les groupes de ce système est le sous-groupe du groupe
quotients séparés de R”’ sont de la forme produit rrGi formé des éléments x = (xi)
T’ X R’+‘, où r = s + t est le rang du tels que L(x,) = x, pour tout i < j et G a
noyau ; un tel groupe est compact seule- donc une structure de groupe topologique.
ment si r = m. Le quotient x0(G) = G/ Lorsque les morphismes canoniques G -
Gi identifient les Gi à des quotients séparés
G, d’un groupe topologique G par la
de G, on dit quelquefois que les Gi donnent
composante connexe G, de son élément
une approximation de G.
neutre est un groupe topologique séparé et
Considérons un groupe topologique G
totalement discontinu, discret si G est
et une famille (Hi) de sous-groupes distin-
localement connexe.
gués fermés, filtrante pour la relation 3.
Tout morphismef: G + H de groupes
Les morphismes canoniques G -+ G/H;
topologiques admet une décomposition
définissent un morphisme :
canonique :
f: G-G’=&G/H,;

G - G/KerfLf(G) 4 H,
si tout voisinage de e dans G contient l’un
où Kerfest le sous-groupe distinguéf ‘(e) des Hi, on démontre que f est un mor-
de G ; le morphisme fest bijectif, mais ce phisme strict dont le noyau est {ë} et dont
n’est pas un homéomorphisme en général, I?mage est dense dans G’. En particulier,
on dit n,lJP ,,f pst ljfi .v?Q&lirnî~ gri-t si si G est compact, f est un isomorphisme de
l-'"U""
,f est un homéomorphisme ; cela a lieu G sur G’ ; un groupe compact totalement
en particulier si G/Ker f est compact discontinu G est isomorphe à la limite
projective des groupes finis G/H, où H est
(resp. localement compact dénombrable à
un sous-groupe distingué ouvert : on dit
l’infini) etf(G) séparé (resp. de Baire). Par
que G est un groupe pro@ pour exprimer
exemple, le morphisme :
cette propriété d’approximation par des
x Y .$nrn, x E R, groupes finis. Par exemple, le groupe de

852
TOPOLOGIQUE ALGÈBRE

Galois d’une extension galoisienne infinie commutatif, son complété G est un groupe
d’un corps commutatif est un groupe topologique ; il en est de même si la
profini. topologie de G est définie par une famille
Tout groupe localement compact filtrante (H,) de sous-groupes distingués
contient un sous-groupe ouvert approcha- tels que les quotients G/H, soient complets.
ble par des groupes de Lie. Alors le morphisme :

G-G’=&GG/H,
Structures uniformes, groupes complets
Soit G un groupe topologique ; à tout se prolonge en un isomorphisme de G sur
voisinage V de l’élément neutre on associe G’. Par exemple, la limite projective Zdes
l’ensemble VE (resp. l’ensemble VJ des quotients finis Z/mZ de Z est le complété
couples (x, y) E G X G tels que x- ‘y de Z pour la topologie des sous-groupes
(resp. y.~- ‘) appartienne à V. Lorsque V d’indice fini (cf. exemple 6) ; c’est le
parcourt le filtre des voisinages de e, les VE groupe de Galois de la clôture algébrique
(resp. les V& forment le filtre des entou- d’un corps fini, engendré topologiquement
rages d’une structure uniforme compatible par l’élément de Frobenius a - aY où q est
avec la topologie de G et dite structure le cardinal du corps de base. Le complété
uniforme gauche (resp. droite) ; en général de Z pour la topologiep-adique (cf. théorie
les structures uniformes gauche et droite des NOMBRES - Nombre p-adiques) est :
sont distinctes, bien qu’isomorphes par la
z, = @ z/pz.
symétrie x ++ x- t. Cependant, elles coïn-
cident si G est commutatif ou compact. Si La théorie des familles sommables et
G est séparé et si e a un système fonda- des séries peut se développer dans un
mental dénomhruble de voisinages, on peut groupe topologique complet commutatif
construire une distance d sur G qui définit noté additivement comme dans R (cf.
sa structure uniforme gauche (resp. droite) SÉRIES ET PRODUITS INFINIS).
et est invariante à gauche (resp. à droite), Voici un résultat technique utile en
c’est-à-dire telle que : algèbre commutative. On associe à tout
groupe G filtré par des sous-groupes dis-
d (@Y gr ) = d 6, 2 ),
tingués G,, (cf. exemple 6) la famille des
pour g, s, t E G ; ainsi G est mitrisable (cf. groupes quotients (GJG,,,,), pour n E Z :
eSpaCeS MÉTRIQUES). on obtient ainsi un (( groupe gradué D, que
On dit que G est complet si l’une ou l’on note gr G. Si u : G - H est un
l’autre des structures uniformes gauche et homomorphisme de groupes filtrés tel que
droite en fait un espace complet (c’est-à- u(G,) C H,,, pour tout n, on désigne par
dire où tout filtre de Cauchy converge). gr’k l’homomorphisme de G,,/G,,+, dans
Par exemple, les groupes localement com- WH,,+ I déduit de u par passage au
pacts sont toujours complets. Soit G le quotient, d’où le morphisme de groupes
complété d’un groupe topologique pour sa gradués gr u : gr G - gr H. On munit G
structure uniforme gauche ; la loi de G se et H des topologies définies par leurs
prolonge continûment en une loi de filtrations et on suppose que G est réunion
monoïde sur G, mais la symétrie .Y - .Y- r, des G,, et H réunion des H,. Alors :
pour s E G, ne se prolonge pas en général, a) si G est séparé et si gr u est injectif.
et G n’est pas un groupe. Si G est u est injectif;

853
TOPOLOGIQUE ALGÈBRE

h) si G est complet et H séparé, et si gr complet pour tout sous-groupe fermé H


u est surjectif, u est surjectif (si H est de G.
discret, l’hypothèse que G est complet est On dit que G opère propremrnt sur E si
inutile) ; l’application (s, x) ++(.~,s.~)deG X E
c) si G est complet et H séparé, et si gr dans E X E est propre. Alors, les appli-
u est bijectif, u est bijectif. cations orbitales sont propres, les orbites
sont ,fèm&s et les stabilisateurs sont
compucts ; enfin, pour tout x E E, l’appli-
cation orbitale définit un isomorphismr de
2. Espaces à groupe d’opérateurs G/G, sur G.x (en particulier si G opère
proprement et transitivement dans E,
Soit G un groupe topologique et E un l’espace E est isomorphe à G/G, pour tout
espace topologique. Une loi d’opération .Y E E). Lorsque G est localement compact
de G a gauche sur E est une application et E séparé, pour que G opère proprement
continue de G X E dans E qui vérifie les il faut et il suffit que la condition suivante
axiomes suivants, où g.x désigne l’image de soit satisfaite : Quels que soient les points
(g, x) dans E : x et y de E, il existe des voisinages V et W
1. Associativité : quels que soient g, h E de x et de y respectivement tels que
G et x E E, on a g.(h..u) = (gh).x. l’ensemble des s E G pour lesquels on a s.V
2. Quel que soit x E E, on a e..~ = -c, f? W # @ soit un ensemble relntiwment
où e désigne l’élément neutre de G. compact, donc fini dans le cas particulier
On définirait de même les lois de où G est discret. Dans ce cas, si E est
composition a droite. localement compact, on a encore le critère
Pour tout x E E, l’application orhitulr suivant pour une loi d’opération propre :
‘p\ : g - g..~ de G dans E, avec g E G, a Pour toute partie compacte K de E,
pour image l’orbite G.s de .Y, et l’image l’ensemble des s E G pour lesquels on a s.K
réciproque de x par <p\- est un sous-groupe f’ K # @ est un ensemble fini.
G, de G appelé le stahilisuteur de x. Deux
orbites distinctes dans E sont disjointes ;
ainsi les orbites sont les classes pour une
relation d’équivalence sur E, et l’on dési- 3. Anneaux topologiques
gne l’espace topologique quotient par E/G
(ou par G/E si on veut rappeler que G On appelle anneau topologique un groupe
opère à gauche). topologique A commutatif, noté additive-
ment, muni d’une loi multiplicative conti-
Soit H un sous-groupe d’un groupe
nue A X A + A qui en fait un anneau (cf.
topologique G ; il opère à droite sur G par
ANNEAUX ET ALGÈBRES). Un morphisme
la loi (s, 11) - .sh, pour s E G et iz E H.
rl’nnn~211~
Y . . . . . . _ ..-.. tnnnlnoin11~2
.vïv.vp.7~~” est 12p.p nnnlicn-
-L-r----
L’orbite sH de s est aussi appeiée sa classe
tion continue qui est un homomorphisme
a droite suivant H : le groupe G opère à
d’anneaux.
gauche sur le quotient G/H par la loi
(g, sH) - gsH, pour g, s E G, et cela de
façon transitive (il y a une seule orbite). Exemples
Lorsque G est métrisable complet, on 1. Les anneaux discrets sont des anneaux
démontre que G/H est encore métrisable topologiques.

854
TOPOLOGIQUE ALGÈBRE

2. Les corps R et C des nombres réels de K [X,, X2, . . . . X,] pour la topologie
et complexes, les anneaux M,,(R) et m-adique, où m = (X,. X,, . . . . X,). Cet
M,,(C) des matrices carrées d’ordre m à anneau filtré complet n’est autre que
coefficients réels ou complexes, les algè- l’anneau des séries formelles en les X, a
bres normées, réelles ou complexes, sont coefficients dans K. Soit A un anneau
des anneaux topologiques. commutatif et m un idéal muxitna/ de A ;
3. Les corps p-adiques Q, et l’anneau le complété de A pour la topologie
des adèles A (cf. théorie des N O M B R E S nr-adique est un anneau locul d’idéal maxi-
- Nombres algébriques) sont des anneaux mal 2 (c’est le cas de Z,, et de l’anneau des
topologiques. séries formelles si K est un corps).
4. On peut faire d’un anneau A un Soit A un anneau commutatif complet
anneau topologique, un « anneau linéaire- pour une topologie définie par une famille
ment topologisé », au moyen de la topo- filtrante d’idéaux a ; le complété de
logie définie par une famille filtrante l’anneau de polynômes A[X,, X7, . . . . X,.]
décroissante d’idéaux bilatères (cf. chap. 1, pour la topologie définie par les idéaux
exemple 6). a[X,, X,, . . . . X,] s’identifie au sous-anneau
On peut encore associer une topologie de A[[X,, X,, . . . . X,]] formé des séries
compatible avec la structure d’anneau à formelles dont les coefficients tendent vers
toute jibration (A,,), avec n E Z, suite 0 dans A ; cet anneau est appelé l’anneau
décroissante de sous-groupes du groupe des séries formelles restreintes. Le lemme
additif de A telle que A,,,A,, C A,,+,, pour cie Hensel (cf. théorie des NOMBRES - Nom-
m, n E Z et 1 E A,. Par exemple, si m bres padiques, chap. 2) a une formulation
est un idéal bilatère de A, il définit générale dans ce cadre.
une filtration dite m-adique, pour laquelle Soit A un anneau commutatif et m un
A,, = m” si n 2 0 et A, = A si n < 0 ;
idéal de A ; pour tout A-module M, la
on en déduit la topologie m-adique sur A.
filtration m-adique (mn M), avec n E N,
Pour A = Z et m= pZ, où p est nombre fait de M un groupe topologique additif tel
premier, on retrouve la topologie que la loi externe A X M -+ M soit
p-adique ; comme autre exemple, signalons
continue (« module topologique D). Le
le cas où A = K[X,, X1, _.,, X,] est un
théor;me de Krull affirme que, dans le cas
anneau de polynômes à coefficients dans
où A est noethérien et M de type fini, la
un anneau commutatif K et où m = (X,,
topologie induite par celle de M sur un
Xl, . . . . X,).
sous-module quelconque N est identique
Soit A un anneau topologique ; sa loi
à la topologie m-adique de N, définie par
multiplicative s e prolonge continû-
la filtration (m” N). Si m est contenu
ment en  X  +  et le complété Â
dans le radical de A (intersection des
est encore un anneau topologique. Par
idéaux maximaux), tout A-module de type
exemple. le complété Z,, de Z pour la
fini est st;par@ pour la topologie m-adique
topologie p-adique est un anneau topolo-
et le complété M d’un tel module M
gique ; on peut en dire autant du
s’identifie à A 8, M ; les suites exactes de
complété :
modules de type fini le restent après
K[W,, XI, . ..> X,11 complétion ; autrement dit, Â est pkut
=l@nK[X,, X,, . . . . X~]/III”
n sur A.

855
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS

4. Corps topologiques où l’on a 0 < CI < 1 et où V,> est la


valuation p-adique (cf. théorie des NOM-
On appelle corps topologique un anneau BRES - Nombres p-adiques) ;

topologique K qui est un corps et dans


lequel l’application .Y - .Y ‘, pour x E K c) les applications .Y c-+ 1B / ‘, où 1ic / est la
et x # 0, est continue. Les plus importants valeur absolue usuelle et où l’on a
des corps topologiques sont les coïps 0 < s < 1, Ces valeurs absolues définis-
vulués, dont la structure est définie par une sent la même topologie que la valeur
vnleuu absolue, c’est-a-dire une application absolue usuelle.
x +. 1x 1de K dans R+ vérifiant : 2. Les corps topologiques localement
compacts sont des corps valués (cf. théorie
VA,) 1x1= 0-x = 0,
des NOMBRES - Nombres algébriques).
(VA,) l~YI=lx/.lYl~ 3. Si K est un corps valué non ultra-
FA,) Ix+Yl<lxl+lYl~
métrique, il existe un isomorphismej de K
quels que soient X, J E K. Une valeur sur un sous-corps partout dense de l’un des
absolue définit une distance d(x, y ) = corps R, C ou le corps H des quaternions
1y ~ x 1, donc une topologie. On dit que la et un nombre réel s E]O, l] tels que
valeur absolue est ultrun&rique si elle 1x 1= 1j (,Y) I,\, pour ,Y E K (théorème
vérifie la condition suivante, plus forte que d’ostrowski).
WA4 : Le complétf d’un corps topologique K
est un anneau qui n’est pas un corps en
général ; cependant c’est un corps dans le
quels que soient ,Y, y E K ; dans ce cas, cas où K est valué.
l’application v : s - log l/ 1 x 1 de K* = CHRISTIAN HOUZEL
K ~ {OI d a n s R e s t u n e vduation,
c’est-à-dire vérifie, pour x, y E K*, les deux
conditions :

Inversement. toute valuation définit & L . ZIPPIN, Topo/o,qicul T~rrnsfo~rllutior1 Groups.


une valeur absolue par la formule Interscicncc P&&ers. N e w Y o r k . 1 9 5 5 /
L. S. P ONTRIAGIN. Topolo,~~crl Gmp. Princeton
1.Y 1= &), où CI est un nombre réel choisi UC. Press. Princeton. 1946.
dans l’intervalle 10, l[.

Exemples
1. Sur le corps Q des nombres rationnels,
les valeurs absolues sont de l’un des trois T^P^!^G!QUES ESPACES
types suivants : VECTORIELS
u) la valeur absolue impropre, qui vaut
0 en 0 et 1 ailleurs ;
b) les valeurs absolues p-adiques :

lx Ip = a’.P”),
L a théorie des espaces normés, déve-
loppée par S. Banach et ses élèves, s’est
vite révélée insuffisante pour les besoins de

856
TOPOLOGIQUES ESPACES VwoRIEts

l’analyse fonctionnelle où interviennent de (EV,) Quel que soit U E ‘4 il existe


nombreux espaces vectoriels munis d’une V E ‘q ‘contenu dans U et équilibré, c’est-
topologie qui n’est pas déduite d’une à-dire tel que :

AVCV.
IAU4 v
norme. Les espaces vectoriels topologi-
ques et leurs variantes définis dans cet
article sont des généralisations des espaces
normés ; la convexité y joue un rôle Inversement, considérons un K-espace
essentiel. vectoriel E et un filtre ‘YSur E possédant
les propriétés (GV,), (EV?) et (EV,) ; il
existe sur E une topologie vectorielle et une
seule pour laquelle T‘est le filtre des
voisinages de 0.
Un espace vectoriel topologique E a
une structure uniforme naturelle dont les
1. Définition et exemples entourages sont les ensembles :

Soit K un corps valué complet non discret, 8= {(x,y)EE XEly-xEW, VE w


par exemple R ou C (cf. algèbre TOPOLC-
Pour que E soit séparé, il faut et il suffit
GIQUE). Une topologie sur un K-espace
que {O} soit fermé ; si, de plus, le filtre ‘Y
vectoriel E est dite vectorielle si les appli-
admet une base dénombrable, il existe une
cations (x, ~1) -x + y et (A, x) - hx de
distance invariante par translation qui
E X E dans E et de K X E dans E sont
définit la structure uniforme de E. Les lois
continues ; on appelle espace vectoriel
interne et externe de E se prolongent par
topologique sur K un K-espace vectoriel
continuité au complété l? et en font un
muni d’une topologie vectorielle. Un tel
espace vectoriel topologique sur K.
espace E est, pour sa loi additive, un
Les espaces vectoriels topologiques que
groupe commutatif topologique, et sa
l’on rencontre en analyse sont le plus
topologie est donc déterminée par le filtre
souvent localement convexes, c’est-à-dire
Ydes voisinages de l’élément neutre 0. que leurs filtres Y’de voisinages de 0
Rappelons que ce filtre vérifie les condi-
vérifient la condition suivante, plus forte
tions suivantes (écrites ici en notation que (EV,) :
additive) : (EV’,) Quel que soit U E x’il existe
(GV,) Quel que soit U E x‘il existe V E ;r/+i est disqué et contenu dans U.
V E ItelqueV+VCU; Une partie V d’un espace vectoriel E est
(GV,) Quel que soit U E x. o n a dite disquée si, pour toute famille finie (A,),
-UE T’ avec i E 1, de scalaires, on a :
En exprimant la continuité de l’appli-
cation (A, .Y) - Ax, on trouve les condi-
tions suivantes, dont la première renforce
(GV:) : on dit encore que V est un disque. Si
(EV,) Quels que soient U E W et K = R (resp. C), les disques de E sont les
hEK,onahUE.‘Ii-/;deplus,ona: parties convexes (cf. CowExrrÉ) et symé-
triques (resp. équilibrées), d’où le terme
UN=E.
htK « localement convexe ». Notons que les

857
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS

conditions (EV,) et (EV,) impliquent pour cette topologie est formé des ensem-
(GV,) car, si V est disqué, on a bles :
V 3 hV + AV, avec A E K, choisi tel que
V c,t = U-E C(Wllfll, = y&p < El,
0 < 1h 1< 1/2 (rappelons que K n’est pas
discret). Le complété d’un espace vectoriel où C est un compact quelconque de X et
topologique localement convexe (en où 6 E RT. Cet espace est complet si X est
abrégé e.1.c.) est encore localement localement compact ou métrisable ; il est
convexe ; on appelle espuce de Fréchet un métrisable s’il existe une suite (C,) de
e.1.c. métrisable et complet. compacts de X telle que tout compact de
X soit contenu dans l’un des C,,.
Exemples En utilisant les ensembles finis F C X
1, Les espaces <( numériques )) K”‘, avec la au lieu des compacts C, on définit d’une
topologie produit, sont des e.1.c. complets ; manière analogue la topologie de la
on démontre (par récurrence sur ~2) que la convergence simple qui est aussi vecto-
seule topologie vectorielle skpar&e sur K”’ rielle et localement convexe, mais non
est la topologie produit. complète sur e(X) si X est infini.
4. Soit X une variété différentiable, de
2. Tout espace vectoriel normé E est un
classe m < + CO, par exemple un ouvert de
e.1.c. ; un système fondamental de voisina-
ges de 0 dans E est formé des homothé- R”. Sur l’espace C”(X) des fonctions numé-
riques de classe ~1 dans X, on définit une
tiques de la houle unité :
topologie vectorielle localement convexe
B = {xEE/~IxI~ ( 11. en prenant comme système fondamental de
voisinages de 0 la famille des ensembles :
Comme cas particuliers, on trouve
l’espace e(X) des fonctions numériques V a,c,c= IfEcn(X)lVDEA, IIDfiic < ~1,
continues sur un espace topologique com-
où A est un ensemble fini d’opérateurs de
pact X (avec la topologie de la convergence
uniforme dans X), l’espace 1” des suites de dérivation d’ordre < m, où C est un
scalaires de puissance p-ième sommabie et compact de X et où l’on a E > 0. L’e.1.c.
C”(X) ainsi obtenu est complet ; il est
l’espace Y, (X, u) des classes de fonctions
métrisable si X est dénombrable à l’infini
de puissance p-ième intégrable dans un
(ce qui est le cas pour un ouvert de R”) et
espace mesuré (X, u), avec p > 1 et
normable si X est compacte et m fini. On
K = C ; ces espaces sont complets, c’est-
écrit C(X) pour C”(X).
a-dire que ce sont des espaces de Banach.
5. La construction de l’exemple 4
Lorsque 0 < p < 1, on peut encore défi-
admet plusieurs variantes ; par exemple, si
n i r u n e s p a c e vectoriel topologique
X est un ouvert de R” et sip > 1, on définit
L”(X, u), qui est métrisable et complet,
un espace de Fréchet a>-(X) dont les
mais non iocaiement convexe.
éléments sont les fonctions indéfiniment
3. Si X est un espace topologique
dérivables dans X dont toutes les dérivées
séparé, on fait un e.1.c. de l’espace e(X) des
sont de puissancep-ième intégrable, avec la
fonctions numériques continues dans X en
topologie définie par le système fondamen-
le munissant de la topologie de la conver-
tal de voisinages de 0 :
gence uniforme sur tout compact de X ; un
système fondamental de voisinages de 0 V,, = Ife %(X)l V DE A, Il~fll, < ~1,

858
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS

où A est un ensemble fini d’opérateurs de toriel et, pour chaque i, une application
dérivation et où l’on a E > 0, la norme dans linéaire f; : E + E, ; la moins fine des
I/‘(X) étant désignée par 11. IL. Citons topologies sur E pour lesquelles 1es.f; sont
encore l’espace S des fonctions indéfini- continues est vectorielle : on l’appelle la
ment dérivables à décroissance rapide dans topologie initide pour lesf;. Si les E, sont
R”, qui est aussi un espace de Fréchet ; ses tous localement convexes, il en est de
éléments sont les fonctions indéfiniment même de E muni de la topologie initiale.
dérivables dont toutes les dérivées décrois- Lorsque 1 = {O} est réduit à un élé-
sent à l’infini de R” plus vite que toute ment et que& : E k E, est l’injection d’un
puissance de l/ //x 1 , une norme étant choi- sous-espace vectoriel, la topologie initiale
sie dans R” ; un système fondamental de n’est autre que la topologie induite ; elle est
voisinages de 0 est donné par : séparée (resp. métrisable) si celle de E,
V &~<c= U-~SIVD~A,
l’est. Si E, est complet et E fermé, E est
y ” ’ +~IX ~I’)kW(x)l 6 ~1,
aussi complet ; l’adhérence d’un sous-
xt ”
espace vectoriel est encore un sous-espace
où A est un ensemble fini d’opérateurs de vectoriel.
dérivation, k un entier naturel et E > 0. Sur le produit E = IIE, d’une famille
6. Soit U un ouvert de C” et O(U) (E,), pour i E 1, d’espaces vectoriels topo-
l’espace vectoriel des fonctions holomor- logiques, la topologie initiale pour les
phes dans U. La topologie de la conver- projections pri : E -+ E, est la topologie
gence uniforme sur tout compact de U (cf. produit. Considérons plus généralement
exemple 3) en fait un espace de Fréchet. un système projectif (E,,&) d’espaces vec-
7. Soit S(X, p) l’espace vectoriel des toriels topologiques, avec des morphismes
classes de fonctions p-mesurables sur un de transition A, : E,- E, linéaires conti-
espace mesuré (X, p) ; on le munit d’une nus ; la limite projective E = lim E,, c’est-
topologie vectorielle en prenant comme
h-dire le sous-espace de IIE, formé des (-Y,)
système fondamental de voisinages de 0 la
famille des ensembles VA.6,E : tels quexj(x;) = s,, pour tout morphisme
de transition& est munie de la topologie
V-E W, 14 /P*(A W-l (c [- E, ~1)) < 61, initiale pour les applications f; : E + E,
où A est une partie p-intégrable de X et où induites par les projections. Lorsque les E,
sont séparés (resp. complets), il en est de
6 et E sont des nombres réels > 0. La
topologie ainsi définie est appelée celle de la même de E ; si les E, sont métrisables et si
convergence en mesure et elle est importante 1 est dénombrable, E est métrisable.
en calcul des probabilités ; elle n’est pas À tout disque V d’un espace vectoriel E
localement convexe, mais elle fait de S(X, on associe la semi-normepvjnuge de V (cf.
CONVEXITÉ), telle que :
p) un espace vectoriel topologique complet.
p,(x)=infIlAlIxEhV}, x E E,

2. Limites projectives et l’espace semi-normé Ev, qui est le


et limites inductives sous-espace engendré par V muni de la
semi-norme p,,. Supposons E muni d’une
Soit (E,), pour i E 1, une famille d’espaces topologie localement convexe et prenons
vectoriels topologiques, E un espace vec- pour V un voisinage disqué de 0 ; alors. en

a59
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS

vertu de la condition (EV,), l’espace Ev est fermé, alors E est métrisable et complet
E tout entier (on dit que V est ahsorhant) (cf. algèbre TOPOLOGIQUE). Toute applica-
et, lorsque V varie, la topologie de E est tion linéaire continue f : E + F d’un
initiale pour les applications E + Ev éga- espace vectoriel topologique dans un autre
les à l’application identique. On dit que admet une décomposition canonique :
cette topologie est définie par la famille
de semi-normes Q+)v ; les espaces E et
lim Ev sont alors isomorphes en tant
l’application linéaire j- est bijective mais
qu’espaces topologiques. Lorsque E est n’est pas un homéomorphisme en géné-
séparé, on en déduit qu’il est limite pro- ral : on dit que f est stricte si f est
jective des espaces normés EV, en dési- un isomorphisme d’espaces vectoriels
gnant par Ev l’espace séparé associé à Ev ; topologiques. Le théorème d’homomor-
lorsque E est complet et que K est R ou phisme de Banach s’énonce de la manière
C ou un corps (( maximalement complet », suivante.
on voit à l’aide du théorème de Hahn- Théorème. Soit E et F des espaces
Banach (cf. CONVEXITÉ) que E est limite vectoriels topologiques métrisables et com-
projective des espaces de Banach &,. plets et fune application linéaire continue
De façon duale, on peut considérer la de E dans F. Sif(E) n’est pas maigre, par
topologiejnale sur un espace vectoriel E exemple si f est surjective (théorème de
pour une famille d’applications linéairesA : Baire ; cf. espaces vectoriels NORM É S ,
Ej- E définies dans des espaces vectoriels chap. 4), alors f est un épimorphisme strict,
topologiques E, : c’est la plus fine des identifiant F à un quotient de E.
topologies vectorielles sur E rendant conti- Corollaire (Théorème du gruphe fermé).
nues les f; ; elle n’est pas en général S o i t g : F - E une application linéaire
localement convexe, même si tous les Ej le d’un espace vectoriel topologique métrisa-
sont, et, dans ce cas, on considère plutôt la ble complet dans un autre. Pour que g soit
topologie localement convexe la plus fine continue, il faut et il suffit que, pour toute
rendant lesf; continues, qui est moins fine suite (y,,) convergeant vers 0 dans F et telle
que la précédente. En particulier, on défi- que (g(y,,)) converge dans E, on ait lim
nit ainsi l’espace vectoriel topologique ‘a,) = 0.
(resp. 1’e.l.c.) limite inductive d’un système En effet, la condition signifie que le
inductif (E,,Jj) d’espaces vectoriels topo- graphe F, de g est un sous-espace fermé de
logiques (resp. d’e.1.c.). F X E, donc un espace métrisable et
Soit E, un espace vectoriel topologique complet; la projection FE-F, qui est
et E, un sous-espace de E, ; sur le quotient bijective, est donc un isomorphisme et g
E = EJE,, la topologie vectorielle finale s’obtient en composant l’isomorphisme
pour l’application canonique E, + E est la réciproque avec l’autre projection :
topologie quotient et les voisinages de 0 l-g+ E.
dans E sont les images des voisinages de 0 Il existe diverses généralisations de ces
dans E,. Si E, est localement convexe, il en résultats, où F est remplacé par un espace
est de mëme de k ; pour que E soit sépare, localement convexe separé, limite induc-
il faut et il suffit que E, soit fermé dans E,. tive d’espaces de Banach, et E par un
Si E, est métrisable et complet et si E, est espace localement convexe souslinien (L.

860
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS

Schwartz-A. Martineau) ou par un espace si les applications (x,y) -x + r et


admettant un N réseau absorbant )) (M. De (A,x)++AxdeE X EdansEetdeK-X E
Wilde). dans E sont bornées. Cela équivaut aux
conditions suivantes :
(EB,) Quels que soient A,, A,E .;s on
3. Bornologies aA,+A,E.2;
(EB,) Quels que soient A E ‘A et
Pour comprendre de façon claire et natu- AEK, on aAAE.2;
relle la théorie des espaces vectoriels topo- (EB,) Quel que soit A E 2, l’« enve-
logiques, il faut étudier simultanément une loppe équilibrée de A )), c’est-à-dire la
structure voisine, celle d’espace vectoriel réunion des ensembles AA, pour / A 1< 1,
bornologique, que les traités classiques appartient à .7?.
laissent malheureusement de côté au prix Un espace vectoriel muni d’une borno-
d’un certain nombre d’obscurités et de logie vectorielle s’appelle un espace vec-
maladresses. toriel bornologique. Les plus fréquents des
Une bornologk sur un ensemble E est espaces vectoriels bornologiques sont de
un ensemble ‘/de parties de E vérifiant les type convexe, vérifiant la condition plus
axiomes suivants : forte que (EB,) :
(B,) Quels que soient A E .‘9et A’ C A, (EB’,) L’enveloppe disquée d’un borné
on a A’ E .%; est bornée.
(B,) Quels que soient A,, A? E .=A, on a Remarquons que (B2), (EBz) et (EB’,)
A, UA,E ,2; impliquent (EB,).
(BJ La réunion des A, pour A E ,‘8, est On dit qu’un espace vectoriel bornolo-
égale a E. gique E est séparC: si le seul sous-espace
Un ensemble E muni d’une bornologie vectoriel borné de E est {O}.
s’appelle un espace hornologique et les
éléments de la borrr&rgiL & E s’appeknr Exemples
les parties bornées de E ; une applicationf: 1. La bornologie produit sur K”’ est la
E -. F d’un espace bornologique dans un seule bornologie vectorielle séparée ; elle
autre est dite bornée si elle transforme les est de type convexe.
parties bornées de E en parties bornées de 2. Tout espace vectoriel normé E a une
F. Le corps K est, comme tout espace bornologie de type convexe dont les bornés
métrique, muni d’une bornologie naturelle sont les parties de diamètre fini, c’est-à-dire
dont les éléments sont les parties de contenues dans une boule.
diamètre fini. Si (E,), pour i E 1, est une 3. Sur un espace vectoriel quelconque
famille d’espaces bornologiques, la bor- E, la bornologie vectorielle la plusjine est
nologie produit sur E = PE, a pour élé- formée des parties contenues dans un
ments les parties dont toutes les projec- sous-espace de dimension finie et bornées
tions sont bornées ; par exemple, K X K dans ce sous-espace ; elle est de type
est un espace bornologique pour la bor- convexe et séparée.
nologie produit et l’addition et la multipli- 4. Soit X une variété différentiable de
cation de K sont des applications bornées classe m < + 00 ; sur l’espace ‘d)“(X) des
de K X K dans K. Une bornologie ~~ sur fonctions numériques m fois différentia-
un K-espace vectoriel E est dite vectorielle bles à support compact dans X, on définit

861
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS

une bornologie vectorielle de type Y= (M,), pour iE 1, est une famille de


convexe, dont les éléments sont les ensem- constantes.
bles de fonctions uniformément bornées, On définit sans peine les notions de
ainsi que toutes leurs dérivées d’ordre bornologie initiale et de bornologie vecto-
< tn et nulles en dehors d’une même rielle finale pour une famille d’applications
compact de X. linéaires, comme au chapitre 2. On peut
Voici un autre exemple d’espace vec- ainsi parler de sous-espaces et de limites
toriel bornologique de type convexe projectives b o r n o l o g i q u e s , a i n s i q u e
(en abrégé e.b.c.) de fonctions différenti- d’espaces quotients et de limites inductives
ables : l’espace des fonctions indéfiniment bornologiques. Considérons un e.b.c. E ;
différentiables & croissunce lente dans R”. sa bornologie est finale pour les injections
Ses éléments sont les fonctions f‘indéfini- E, -+ E où A décrit l’ensemble des disques
ment différentiables dont toutes les déri- bornés de E et où E, est le sous-espace
vées ont au plus une croissance polyno- engendré par A muni de la semi-norme pA,
miale à l’infini de R” ; les bornés sont les jauge de A. On a un isomorphisme :
parties contenues dans l’un des ensem- limE,zE
bles : A

Bq,)= U;vQvx>~Df(x)~ <iPdx)ll, d’espaces vectoriels bornologiques ; pour


que E soit séparé, il faut et il suffit que
où (Pt,) est une famille de polynômes
chaque E, le soit, c’est-à-dire soit un
indexée par l’ensemble des opérateurs de
espace normé. Par exemple, la bornologie
dérivation D ; on dit que les Bon, forment
la plus fine sur un espace vectoriel E est
un système fondamental de bornés. limite inductive des bornologies séparées
5. Soit LJ un ouvert de K” et 0(U) sur les sous-espaces de dimension finie de
l’espace des fonctions analytiques dans U, E
L.
c’est-à-dire localement développables en
On dit qu’un e.b.c. E est complet s’il
série entière convergente dans U. Si V est
existe un système fondamental de disques
un polydisque de centre a et de rayon I
bornés A tels que E, soit complet ; cela
contenu dans U et si f est une fonction
revient à dire que E est séparé et limite
analytique dans U dont le développement inductive d’espaces de Banach. Tout e.b.c.
de Taylor en II est : ,,fi
E admet un complete qui est le <( séparé
rcv(z -a)“, associé )) à :

on pose : lim Ê,;


A
VII” = Clc,lr y ;
l’application canonique de E dans fi n’est
on définit alors sur i?(U) une bornologie de pas mjective en génëral, mëme si E est
type convexe en prenant comme système séparé : il existe des e.b.c. séparés non nuls
fondamental de bornés les ensembles : dont le complété est nul, comme l’a montré
L. Waelbroeck. Toute limite projective et
toute limite inductive séparée d’e.b.c. com-
où Y/= (U,), pour i E 1, est un recouvre- plets sont complètes. Les exemples donnés
ment de U des polydisques et où sont des e.b.c. complets.

a62
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS

On dit qu’une suite (,Y,) de points d’un Lorsque E = K, l’applicationfh,f( 1)


espace vectoriel bornologique E converge identifie C(K, F) à F et permet de munir F
vers une limite x CI~ sens de Muckey s’il d’une bornologie vectorielle, la bornologie
existe une suite bornée O;,) dans E et une canonique ou bornologie de von Neu-
suite (AJ tendant vers 0 dans K telles que mann ; ses éléments sont les parties A de
x, ~ x = hny,. Une partie X de E est dite F qui sont ubsorbées par chaque voisinage
fermée (au sens de Mackey) si toute limite V de 0 dans F (il existe h E K tel que
(au sens de Mackey) de points de X A C AV), et on note “F l’espace F muni de
appartient à X ; pour qu’un sous-espace F cette bornologie. L’adhérence dans F d’un
de E soit fermé, il faut et il suffit que le tel borné est encore bornée ; pour que
quotient E/F soit séparé. Pour que E soit A C F soit borné, il faut et il suffit que
séparé, il faut et il suffit que toute suite toute partie dénombrable A soit bornée. Si
convergente dans E ait une seule limite, ou U est un ouvert de (Y, la bornologie
encore que la diagonale Aa soit fermée canonique de l’espace de Fréchet O(U) des
dans E X E. Lorsque E est de type fonctions holomorphes dans U (chap. 1,
convexe, la convergence au sens de Mac- exemple 6) n’est autre que celle qu’on a
key dans E est équivalente à la conver- définie dans l’exemple 5 du chapitre 3.
gence dans l’un des espaces semi-normés Soit maintenant E et F des espaces
E, ou A est un disque borné dans E. vectoriels bornologiques ; on fait de
Dans un e.b.c. complet E, toute suite l’espace L(E, F) des applications linéaires
de « Cauchy-Mackey )) (x,), telle que bornées de E dans F un espace vectoriel
(Y,,, - x,) tende vers 0 au sens de Mackey bornologique en prenant comme bornés
pour m, IZ + m, est convergente ; mais les ensembles H équibornés d’applications
cette condition n’est pas suffisante pour linéaires, tels que, pour tout borné A de E.
assurer que E est complet. il existe un borné B de F, avec H(A) C B.
On associe encore un espace vectoriel
bornologique C(E, F) d’applications linéai-
4. Espaces d’applications linéaires res au couple d’un espace vectoriel topo-
et produits tensoriels logique E et d’un espace vectoriel borno-
logique F ; ses éléments sont les
Soit E et F des espaces vectoriels topolo- applications linéaires bornantes (c’est-à-
giques ; on désigne par C(E, F) l’espace dire transformant un certain voisinage de
vectoriel des applications linéaires conti- 0 dans E en un borné de F) et ses bornés
nues de E dans F, muni de la bornologie sont les ensembles H équibornants (pour
vectorielle dont les éléments sont les lesquels il existe un voisinage U de 0 dans
ensembles équicontinus d’applications E et un borné B de F tels que H(U) C B).
linéaires : un ensemble H d’applications Considérons enfin un espace vectoriel
linéaires est équicontinu s’il l’est en 0, bornologique E et un espace vectoriel
c’est-à-dire si, pour tout voisinage V de 0 topologique F. Sur Horn, (E, F), la topo-
dans F, il existe un voisinage U de 0 dans logie de la convergence uniforme dans les
E tel que : , bornés de E a comme voisinages de 0 les
ensembles :
H(U) = Uf(U)CV.
EH T(A, v) = W-(A) c VI,

863
TOPOLOGIQUES ESPACES VECIORIELS

où A est un borné de E et V un voisinage G, avec une structure bornologique en


de 0 dans F ; ces voisinages engendrent le général. Lorsque E, F et G sont topologi-
sous-espace L(E, F) des applications linéai- ques (resp. bornologiques), on prend les
res bornées de E dans ‘F. Sur l’espace applications bilinéaires continues (resp.
C(E, F) ainsi défini, on voit que la topolo- bornées), avec comme bornés les ensem-
gie précédente est vectorielle. bles équicontinus (resp. équibornés). Dans
À tout couple (E, F) d’espaces vecto- le cas bornologique (mais pas dans le cas
riels munis de structures topologiques ou topologique !), on a des isomorphismes
bornologiques nous avons ainsi associé un canoniques :
espace d’applications linéaires C(E, F) qui f(E, c(F, G)) = 3(E, F ; G) z L(F, C(E, G))
est bornologique, sauf dans le cas où E est
bornologique et F topologique ; dans ce Considérons enfin des espaces vecto-
dernier cas, C(E, F) est topologique. Lors- riels topologiques E et G et un espace
que F est de type convexe (resp. séparé, vectoriel bornologique F ; on vérifie faci-
resp. complet), il en est de même de C(E, lement que la bijection canonique :
F). En particulier, si F est un e.l.c., hF est Hom,(E, Hom,(F, G)) zHom,(F, Hom,(E, G))
de type convexe ; pour que “F soit séparé,
il faut et il suffit que F le soit; si F est induit un isomorphisme d’espaces vecto-
complet, il en est de même de hF, mais la riels bornologiques :
réciproque n’est pas vraie en général W, W, GI) = C(F, W, ‘3)).
(cependant elle est vraie si F est supposé
Les applications bilinéaires <p :
mltrisable). L’espace C(E, F) dépend fonc-
E X F + G correspondant aux éléments
toriellement de E et de F ; si (Ei) est un
de ces espaces sont caractérisées par la
système inductif et (F,) un système projec-
propriété suivante : Pour tout borné B de
tif, le morphisme canonique :
F et tout voisinage V de 0 dans G, il existe
C(l% Ei , le Fj) - l@ L(Ei , Fj) un voisinage U de 0 dans E tel que
<P(U X B) C V ; on dit que ces applica-
est un isomorphisme, à condition que le tions bilinéaires sont hypocontinues. Par
système (Ei) soit fini s’il s’agit d’espaces exemple, si E, est un espace vectoriel
vectoriels topologiques et que les deux bornologique et si E, et E, sont des espaces
systèmes soient finis si les E, sont topolo- vectoriels topologiques, la composition des
giques et les F, bornologiques. Par exem- applications linéaires est hypocontinue de
ple, le foncteur F + hF commute aux C(E,, EJ X W% EJ d a n s C(E,, EJ;
limites projectives ; il commute aussi aux lorsque les structures topologiques et bor-
limites inductives strictes, c’est-à-dire nologiques sont réparties différemment
dénombrables et dont les morphismes de entre E,, E2 et E,, on a une application
transition sont des monomorphisrnes bilinéaire bornée :
stricts d’images fermées.
C(E,> EJ X Y&, Ed - C(E,, Ed ;
Considérons maintenant trois espaces
E, F et G, avec des structures topologiques si E, et E, sont tous deux topologiques
ou bornologiques. On leur associe d’une (resp. bornologiques), il faut imposer a E2
manière analogue un espace %(E, F ; G) d’être aussi topologique (resp. bornologi-
d’applications bilinéaires de E X F dans que). Si F est un espace vectoriel topolo-

864
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS

gique et si E est un espace vectoriel soit séparés, il en est de même de E 0, F ; le


topologique, soit bornologique, l’appli- produit 0, bornologique commute aux
cation b i l i n é a i r e (.Y, U) - u(x) d e limites inductives quelconques. Supposons
E X C(E, F) dans F est hypocontinue ; maintenant E localement convexe et F
lorsque E et F sont bornologiques, bornologique de type convexe ; on munit
E X L(E, F) + F est bornée. E 0 F de la topologie localement convexe
Soit E et F des espaces vectoriels la plus fine qui rende hypocontinue
topologiques localement convexes ; on E X F -E @ F, ce qui donne un e.1.c.
note E 0, F le produit tensoriel de E et F E 0, F, produit tensoriel mixte de E et F.
muni de la topologie localement convexe la On a, pour tout e.1.c. G, l’isomorphisme :
plus fine rendant continue l’application C(E@.F,G)s3)(E,F;G),
bilinéaire canonique E X F + E 0 F ; la
composition avec cette application induit où T~(E, F ; G) est l’espace des applications
alors un isomorphisme : bilinéaires hypocontinues ; il se peut que
E 0, F ne soit pas séparé, même si E et F
C(E@,F,G)-3(E,F;G),
le sont ; le produit 0, mixte commute aux
pour tout e.1.c. G. Lorsque E et F sont des limites inductives quelconques.
espaces normés, la topologie de E 0, F Soit F un e.b.c. ; l’application y - 1 @y
peut se définir au moyen de la norme : est une bijection de F sur K 0 F et permet
de transporter à F la topologie du produit
tensoriel mixte K 0, F. On définit ainsi un
e.1.c. ‘F dont un système fondamental de
c’est visiblement une semi-norme : on
voisinages de 0 est formé par les disques de
démontre que c’est une norme en utilisant
F qui absorbent tous les bornés ; la topolo-
le théorème de Hahn-Banach, ce qui
gie de ‘F s’appelle la topologie cunonique
impose la restriction que le corps K soit
associée à la bornologie de F. Pour tout
égal à R, à C ou à un corps maximalement
e.1.c. G, on a :
complet ; on a :
C(tF, G) cz C(K 8 n F, G) = C(F, C(K, G))
IIX @ Y II 1 = IIX Il . lb II > zz C(F,bG);

pour .Y E E et y E F. Si E et F sont séparés en particulier, l’application identique


(resp. métrisables), il en est de même de F -+ h’F (resp. “‘G -+ G) est bornée (resp.
E 0, F. Le produit tensoriel BT, appelé continue) et on dit que F (resp. G) est nor-
produit tensoriel projectif, commute aux malsi c’est un isomorphisme. On peut mon-
limites inductives finies. Pour E et F trer que tout e.1.c. métrisable est normal.
bornologiques de type convexe, on définit Par complétion de E 0, F, on obtient le
encore un produit tensoriel bornologique produit tensoriel complèté E 0, F (topolo-
E 0, F avec la bornologie de type convexe gique, bornologique ou mixte selon le cas).
la plus fine rendant E X F- EOF Par exemple, si l’on désigne par I k l’espace
borné ; on a : des suites (J,) absolument sommables de
C(E@.F,G)=3(E,F;G)
vecteurs d’un espace de Banach F, muni de
la norme II 64,) I = x /Ix, I , on a :
pour tout G bornologique (ou topologi-
que) de type convexe. Si E et F sont

865
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS

plus généralement, si (X, u) est un espace lorsque E est un e.1.c. séparé, les espaces
mesuré et F un espace de Banach, on a : disqués EC et E’ sont quasi complets ; si E
est complet, Eh et Y sont quasi complets
WW&cF=L~(W, et l’on a Ep = E’, mais les réciproques sont
fausses. À tout espace disqué E on associe
et on en déduit que, si (Y. v) est un second
un quasi-complété fi réunion des adhéren-
espace mesuré, on a :
ces des bornés de E dans le complété f.
(pour la topologie) ; notons que. si E est un
e.l.c., le quasi-complété de Eh n’est plus de
en utilisant le théorème de Fubini (cf. la forme Fh pour un e.1.c. F.
INTÉGRATION ET MESURE).
Soit E et F des espaces disqués ; on note
L(E, F) l’espace disqué dont les éléments
sont les applications linéaires continues et
5. Espaces disqués bornées de E dans F, dont les bornés sont
les ensembles à la fois équicontinus et
Sur un espace vectoriel E, on dit qu’une équibornés d’applications linéaires et dont
topologie 7et une bornologie =A vecto- la topologie est celle de la convergence
rielles sont compatibles si elles satisfont les uniforme dans les bornés de E ; il est facile
conditions suivantes : de vérifier que la bornologie et la topologie
(VB,) Tout vioisinage de 0 pour 7 sont compatibles. Si F est séparé (resp.
absorbe tout borné de .-2; quasi complet), il en est de même de C(E,
(VB-,) L ’ a d h é r e n c e ( p o u r p7 d ’ u n F). Pour trois espaces disqués E, F et G,
borné de ,~est encore bornée. on a encore un isomorphisme canonique :
On appelle espace disqué un espace
C(E, C(F, GI) = V, XE, G))
vectoriel muni d’une topologie localement
convexe et d’une bornologie de type et on désigne par a(E, F ; G) l’espace
convexe compatibles. Par exemple, si E est correspondant d’applications bilinéaires
un espace localement convexe, on obtient de E X F dans G ; ses éléments sont les
un espace disqué Eh en le munissant de sa applications bornées et hypocontinues, de
bornologie canonique, qui est visiblement façon symétrique par rapport à E et F. Par
compatible avec la topologie (cf. début du exemple, la composition des applications
chap. 4) ; on obtient un autre espace disqué est une application bornée et hypoconti-
Ep en prenant comme bornés les parties nue :
précompactes de E (dans le cas où K est
C(E,, Ed X C(E,, E,) - C(E,, Ed>
localement compact). Si E est séparé, on
en fait un espace disqué E” en prenant les espaces Et, E, et Es étant disqués ;
comme système fondamental de bornés la l’application (-y, U) - U(X) de E X C(E, F)
famille des dtsques compacts ; une autre dans F est bornée et hypocontinue, pour E
structure disquée E‘ est définie par la et F disqués. Si E et F sont des e.1.c. séparés
bornologie vectorielle la plus fine sur E (cf. et G un espace disqué, toute application
chap. 3, exemple 3). bilinéaire <p de E” X F” dans G est bornée ;
L’espace disque E est dit s@uré si sa si cp est hypocontmue, on dit qu’elle est
topologie l’est ; il est dit quasi complet si séparément continue. Les applications bili-
tout borné fermé est complet. Par exemple, néaires que l’on rencontre en analyse sont

866
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS

généralement hypocontinues pour des famille d’espaces infratonnelés sont infra-


structures disquées convenables, mais rare- tonnelés. On dit qu’un espace localement
ment continues. convexe E est tonnek (resp. quasi-tonnele’)
Le théorème de Banach-Steinhaus est si E’ (resp. Eh) est infratonnelé ; les espaces
lié à la structure des espaces C(E, F) et d e Fréchet s o n t tonneiés e t l e s e.1.c.
3(E, F ; G). Il s’énonce ainsi (cf. espaces métrisables sont quasi-tonnelés.
vectoriels NORM ÉS , chap. 4 ) : Le produit tensoriel E 0 F de deux
ThGorènw. u) Soit E et F des espaces espaces disqués est muni de la structure
disqués ; on suppose que la topologie de E disquée (topologie et bornologie) la plus
est une topologie de Buire. Alors tout fine rendant bornée et hypocontinue
ensemble équiborné d’applications linéai- l’application bilinéaire canonique
res continues de E dans F est équicontinu. EXF- EOF;onlenoteEO,Feton
h) Soit E, F et G des espaces disqués ; a:
on suppose que E et F sont métrisahles et
C(E@.F,G)‘Z(E,F;G)
que l’un d’eux est complet. Alors tout
ensemble équihypocontinu d’applications pour tout espace disqué G. Le produit
bilinéaires de E X F dans G est équicon- tensoriel disqué 0, commute aux limites
tinu. inductives ; si E et F sont séparés (resp.
De (a) on déduit par exemple que, si infratonnelés), il en est de même de
une suite (u,,) d’applications linéaires conti- E 0, F. On définit ainsi différentes struc-
nues de E dans F converge simplement tures disquées sur le produit tensoriel de
vers une limite U, cette limite est encore deux e.1.c. E et F séparés : le produit
linéaire continue ; car l’ensemble {u,,} est tensoriel <C inductif » :
simplement borné, donc équicontinu et,
par suite, son adhérence {u,,},, U {u} est
encore équicontinue. et les deux structures :
La propriété de Baire n’est pas néces-
E @,F = Ee @,Fc,
saire pour la conclusion de (CI). On dit E@,pF=Eb@,Fb;
qu’un espace disqué E est i~fiutonnelé si,
pour tout espace disqué F, toute partie lorsque E et F sont tonnelés, les topologies
équibornée de C(E, F) est équicontinue ; il sous-jacentes a ces trois structures coïnci-
revient au même de dire que tout disque dent et font de E 0 F un e.1.c. tonnelé. Les
fermé de E qui absorbe les bornés est un trois topologies coïncident encore si les
voisinage de 0. Pour qu’un espace disqué espaces E et F sont métrisables, l’un d’eux
E soit infratonnelé, il faut et il suffit que étant tonnelé : ces topologies sont alors
toute application linéaire bornée de E dans identiques à celle du produit tensoriel
un espace de Banach soit continue dès que topologique E 0, F.
son graphe est fermé. Si E et F sont des
espaces disqués métrisables dont l’un est
infratonnelé, tout ensemble équihypocon- 6. Dualité
tinu d’applications bilinéaires de E X F
dans un espace G est équicontinu. Tout Soit E un espace vectoriel topologique,
quotient d’un espace infratonnelé est infra- bornologique ou disqué ; son dual est, par
tonnelé ; la somme et le produit d’une définition, l’espace C(E, K) = E’ des for-

867
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS

mes linéaires sur E. Ainsi, le dual d’un E est un e.1.c. ou un espace disqué séparé,
espace vectoriel topologique (resp. borno- le morphisme de bidualité est injectlf; il
logique, disqué) est un espace vectoriel résulte en effet du théorème de Hahn-
bornologique (resp. topologique, disqué). Banach (cf. CONVEXITÉ) que, pour tout
Par exemple, on définit l’espace C’(X) des élément x # 0 de E, il existe un ,Y’ E E’ tel
distributions à support compact dans une que x’(x) # 0 (prolonger à E une forme
variété différentiable X, l’espace S’ des linéaire non nulle définie sur la droite K-Y).
distributions tempérées dans R” et l’espace Il n’en est plus de même pour un e.b.c. E,
0’(U) des fonctionnelles analytiques dans car il se peut qu’on ait E’ = 0 même si E
l’ouvert U de C” comme les duaux respec- est séparé et non nul ; pour que E + E”
tifs des e.1.c. donnés dans les exemples 4, soit injectif, il faut et il suffit que E soit
5 et 6 du chapitre 1 ; l’espace ‘D’(X) des séparé et que sa bornologie soit compatible
distributions dans X est le dual de I’exem- avec la topologie canonique associée, c’est-
ple 4 du chapitre 3 et l’espace W(U) des à-dire que l’adhérence dans ‘E d’un borné
fonctionnelles analytiques dans U peut de E soit encore bornée : on dit alors que
encore être défini comme le dual de E est régulier. Tout e.b.c. séparé normal est
l’exemple 5 du chapitre 3 (cf. DISTRIBU- régulier ; toute limite projective et toute
TIONS). Si E est un e.b.c., on a : somme d’e.b.c. réguliers sont régulières. Si
E et F sont des e.1.c. et si F est séparé, alors
('E)' = L(lE,K)= c(E,bK)= b(E');
C(E, F) est régulier ; il en est de même si
en particulier, si F est un e.1.c. normal E est un e.1.c. ou un e.b.c. et si F est un
(cf. chap. 4) par exemple métrisable, on a e.b.c. régulier.
E’ = h((hE)‘). Le dual d’un e.1.c. séparé E On dit que E est r@esjf’si le morphisme
admet diverses structures disquées, avec de bidualité est un isomorphisme E q E”.
toujours la même bornologie, dont les Par exemple, soit (X, p) un espace mesuré
bornés sont les ensembles équicontinus de etp un nombre réel > 1 ; l’espace V (X, p)
formes linéaires : le dualfaible E’, = (E’)‘, des classes de fonctions de puissancep-ième
muni de la topologie de la convergence intégrable (cf. chap. 1, exemple 2) est
simple dans E ; l’espace E’, = (E”)‘, muni réflexif, car son dual est isomorphe à
de la topologie de la convergence uniforme L’I(x. p), avec 1 /p + t/q = 1 (Cf. INTÉGRA-
dans les disques compacts de E ; le dual TION ET ME~ URE). Sur un corps ultramétri-

,fort E’,, = (Eh)‘, muni de la topologie de la que K, les seuls espaces normés réflexifs
convergence uniforme dans les parties sont les espaces de dimension finie. On dit
bornées de E. Si E est un e.1.c. normal, on qu’un espace localement convexe E est un
a l’égalité E’, = ((hE)‘)h ; les duaux forts espuce de Schvartz si, pour toute applica-
d’espaces de Fréchet ont des applications tion linéaire continuef de E dans un espace
importantes en analyse complexe et ont été de Banach, il existe un voisinage U de 0
systématiquement étudiés par A. Grothen- dans E tel que f (U) soit relativement com-
dieck. pact ; ainsi. l’espace C(X) de l’exemple 4 du
Le bidual E” = (E’)’ d’un espace E a chapitre 1, l’espace 0(U) de l’exemple 6 du
une structure de même nature que celle de chapitre 1 et l’espace ‘d>‘(X) des distribu-
E et on a un morphisme de bidualité tions (cf. supra) sont des espaces de
E -, E” (cf. algèbre LINÉAIRE ET MULTILI- Schwartz : cela résulte du théorème des
NÉAIRE) ; ce morphisme est strict. Lorsque accroissements finis et du théorème
TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS

d’Ascoli ; on peut montrer que les espaces au moyen de u, à F/E0 muni de la


de Schwartz complets sont réflexifs. Pour bornologie vectorielle la plus fine. Le
tout e.1.c. séparé E, les espaces disqués E” et bipolaire Xoo d’une partie X de E est son
E’ sont réflexifs ; si E est réflexif, il en est de enveloppe disquée faiblement fermée,
même de Eh ; mais la réciproque n’est pas c’est-a-dire fermée dans “E ; ce résultat,
vraie en général. connu sous le nom de théorème des bipo-
La théorie de la dualité se développe à laires, se démontre à partir du théorème de
l’aide de la notion de systéme dual; on Hahn-Banach. Les parties faiblement bor-
appelle ainsi un triplet (E, F, U) où E et F nées de E (bornées de ‘OE) sont exactement
sont des espaces vectoriels et où u : les parties faiblement précompactes. Appli-
EXF- K est une forme bilinéaire. Pour quons cela au système dual (F’, F, U) où F
toute partie X de E, on appelle pobire de est un e.1.c. et où u(x’, x) = x’(x) pour
X l’ensemble : x E F et x’ E F’ : la topologie faible de F’
X0= ~JJEF~VXEX,~U(X,~)~< 11;
est celle de F,‘et ses parties équicontinues
sont faiblement bornées ; or les disques
de même, on définit le polaire YoC E équicontinus sont les polaires dans le dual
d’une partie Y de F. Il est clair que X0 est algébrique F* des voisinages de 0 dans F,
un disque et que l’application X -+ X0 est ce qui montre qu’ils sont complets pour la
décroissante. De plus. on a : topologie faible, car ce sont des fermés
XCX”, dans F* qui est complet. On démontre
x0 = xm, ainsi le théorème suivant, qui généralise le
G principe de choix )) de Hilbert (théorème
et (hX)O = (1 /h)X”, pour A E K* ; enfin,
d’Alaoglu pour les espaces normés) :
pour toute famille (X,) de parties de E, on
ThéoGme. Soit F un e.1.c. : les parties
a:
équicontinues de F’ sont faiblement rela-
tivement compactes, c’est-à-dire d’adhé-
rence compacte dans F’,.
Si l’on a X C E et Y C F, pour que X” Voici un autre résultat fondamental de
absorbe Y, il faut et il suffit que Y0 absorbe la théorie :
X. Considérons un autre système dual (E,, Théorème de Muckey. Soit (E, F, u) un
F,, ZI,) et des applications linéairesfde E système dual ; on suppose E et F munis de
dans Et et g de F, dans F telles que : bornologies de type convexe compatibles
avec les topologies faibles et telles que u
soit borné et on munit E (resp. F) de la
pourxEEety,EF,;sionaXCE,il topologie dont un système fondamental de
vient u(X))O = gp’(Xo). voisinages de 0 est formé des polaires de
Soit (E, F, u) un système dual ; on note bornés de F (resp. E). Si les bornés de E
“E l’espace E muni de la topologie faible et de F sont précompacts pour les topo-
dont un système fondamental de voisina- logies précédentes (ce qui revient à dire
ges de 0 est formé par les polaires de que l’application u est faiblement continue
parties finies de F (topologie de la conver- sur le produit d’un borné de E par un
gence simple dans F). L’adhérence de 0 borné de F), le dual de E s’identifie, au
dans “E est F” et le dual de “E s’identifie, moyen de U, au quasi-complété de F.

869
TRANSCENDANTS NOMBRES

Supposons maintenant F faiblement blème fort difficile. L’exemple le plus célè-


séparé (soit E” = 0) ; on appelle topologie bre est celui du nombre K, dont la transcen-
de Mackey sur E la topologie dont un dance n’a été démontrée qu’en 1882 ; ce
système fondamental de voisinages de 0 est résultat prouvait définitivement l’impossi-
formé des polaires de disques faiblement bilité de la N quadrature du cercle D, c’est-
compacts de F. Il résulte du théorème de à-dire le problème, posé depuis les Grecs,
Mackey que la topologie de Mackey sur E de la construction géométrique « par la
est la plus fine des topologies pour lesquel- règle et le compas N d’une longueur égale a
les toute forme linéaire continue peut la circonférence de diamètre unité ; il est
s’écrire .Y ++ U(X, y) pour un J’ E F. facile, en effet, de montrer qu’une telle
construction ne peut jamais donner que des
CHRISTIAN HOUZEL
longueurs dont la mesure est un nombre
algébrique (et même un nombre algébrique
Bibliographie d’un type très particulier).
S. BANACH, Théorie &.Y opérations linéaires, Varsovie,
1932, plusieurs fois réédité / N. BOURBAKI, Espaces
wctorids topologiques, chap. I à v. nouvelle version, ?+
Masson, Paris, 1981 / A. GROTHENDIECK, Espaces
vectoriels topdogiques, PublicaçZo de Sociedade de
Mathematica de Sào Paulo, 2’éd., 1958 /C. HOUZEL, L’existence
SénGnaire Banach. Sprineer. Berlin. 1972. des nombres transcendants
11 est commode d’étendre la définition
des nombres algébriques aux nombres
complexes, et d’appeler encore nombre
TRANSCENDANTS NOMBRES transcendant un nombre complexe non
algébrique. J. Liouville a établi, en 1844,
l’existence des nombres transcendants par

S
i la notion de nombre irrationnel une construction fondée sur la propriété,
remonte aux Grecs, l’idée de nombre découverte par lui, de <( mauvaise appro-
transcendant n’a pu se dégager qu’après la ximation D des nombres irrationnels algé-
création de notations algébriques assez briques par les nombres rationnels (cf.
développées pour que le concept de poly- approximations DIOPHANTIENNES ). En
nôme de degré quelconque puisse être clai- 1873, G. Cantor déduisit l’existence des
rement formulé ; aussi est-ce seulement au nombres transcendants de son théorème
XVIIe siècle que l’on commence à faire la prouvant que l’ensemble de tous les nom-
distinction entre les nombres algébriques, bres réels est non dénombrable : il suffit, en
tels m ou COS (K/n) pour n entier, qui effet, de prouver que l’ensemble A de tous
sont racines de polynômes à coefficients les nombres algébriques est dénombrable.
entiers, les autres nombres réels étant qua- Pour cela, associons à chaque polynôme à
lifiés de transcendants. L’existence de nom- coefficients entiers :
bres transcendants n’a été prouvée qu’au
P(X) = a,X” + a,xn-’ + + a,,
XIX~ siècle ; s’il est facile de construire des
nombres transcendants, la question de sa hauteur :
savoir si un nombre donné est ou non
ht(P) - max /a, /
transcendant est généralement un pro- I

870
TRANSCENDANTS NOMBRES

Comme un polynôme n’a qu’un nom- cette manière, par exemple la constante
bre fini de racines, l’ensemble A, des d’Euler :
nombres algébriques qui sont racines
y=lim I+~+~+...+~--LOgn ,
de polynômes à coefficients entiers de n-” c i
degré < N et de hauteur < N est un
ensemble jki ; comme A est réunion des dont on ne sait même pas si elle est
A,, pour N = 1, 2, ,.. l’ensemble A est irrationnelle (cf. Cahk ASYMPTOTIQUES
dénombrable. chap. 2).
L’ensemble des nombres transcendants Les théorèmes d’Hermite et de Linde-
n’est donc pas dénombrable ; en termes mann sont des cas particuliers du résultat
suivant.
imagés, on peut dire qu’un nombre pris au
hasard (par exemple en se donnant au ThGorème Z. U n n o m b r e c o m p l e x e
a # 0 ne peut être tel que a et e” soient
hasard son développement décimal illi-
mité) n’a (( aucune chance )> d’être algé- tous deux algébriques.
En effet, ce théorème entraîne, en
brique.
faisant a = 1, que e est transcendant et, en
faisant a = ix, que TC est transcendant.
Valeurs transcendantes L a méthode d e Siegel-Gelfond-
de fonctions entières
Schneider déduit le théorème 1 d’un
Le premier résultat profond sur les théorème plus général concernant les
nombres transcendants fut obtenu par valeurs de deux fonctions entières liées par
C. Hermite en 1872 : par une méthode des bquations d@érentielles algébriques :
très originale reposant sur l’approxima- Théorème II. Soit f et g deux fonctions
tion de la fonction exponentielle 6 par entières d’ordre fini p, c’est-à-dire vérifiant
des fonctions rationnelles, il put montrer des majorations,
que le nombre t> est transcendant, et
c’est par une extension de la méthode (1)
d’Hermite que Ferdinand von Linde-
mann, en 1882, prouva que x est aussi pour tout z E C. On suppose que :
transcendant. De nouveaux résultats de 1” Les fonctions f et g sont algébrique-
cette nature n’apparurent qu’après 1929 ; ment indépendantes, c’est-à-dire qu’il
ils concernent, comme les précédents, n’existe aucun polynôme P(X, Y) non
des nombres qui sont des valeurs prises nul à coefficients complexes tel que
par certaines fonctions entières ou méro- Pff(z), g(3) = 0.
morphes (ou leurs fonctions inverses) 2” On a des relations différentielles :
pour des valeurs algébriques de la varia-
ble ; les méthodes, développées à partir f’(z) = Q(f(z),g(z)),
(4
d’idées de C. L. Siegel et de A. Gelfond, g’(z) = W-(z),g(z)h
raffinées par T. Schneider et récemment où Q et R sont des polynômes à coeffi-
par A. Baker, utilisent, comme celle cients dans un corps de nombres algébri-
d’Hermite, des propriétés des fonctions ques K de degré fini d sur le corps des
entittres d’une variable complexe. Aucune rationnels Q.
méthode n’a encore été trouvée pour Supposons alors qu’il y ait m nombres
des nombres qui ne sont pas donnés de complexes distincts IV,, . . . . w,,, tels que

871
TRANSCENDANTS NOMBRES

les 2n1 nombresf(wJ et g(w,) appartien- (c) Il existe un w,, par exemple )v,, tel
nent à K. Cela n’est possible que si que :
m < 10 pd.
Pour en tirer le théorème 1, on prend kw,) = Y f 0,
f(z) = z et g(z) = e-, qui vérifient les
conditions (1) et (2) ; si a et eu étaient et tel que :
algébriques, ils appartiendraient à un (3) ly-'1 < C,s5"-'k
même corps de nombres K dc degré
fini ; mais alors tous les nombres no On remarque alors que la fonc-
et ena appartiendraient aussi à K pour tion :
tout entier n, ce qui contredit le théo- Fs@)
rème II. G(z) = (z-W~)s...(Z--PV,)’
Si 13 est un nombre algébrique irration-
est une fonction entière en vertu de (b) qui,
nel, les fonctions e’ et epr vérifient les
pour 1z 1< R, où R est assez grand, vérifie,
conditions du théorème II en prenant pour
en vertu de (a) et du principe du maximum,
K un corps contenant p. On en déduit le
l’inégalité :
théorème de Gelfond-Schneider :
Théorème III. Si a est un nombre algé- (4) 1G(z) 1< R-ms3r exp(C,s’“R”).
brique autre que 0 et 1 et l3 un nom-
D’autre part, on a :
bre algébrique irrationnel, le nombre
al3 = exp (p Log a), avec une détermina- m

tion quelconque du logarithme, est trans- Y = (;)k(w,) =s!G(w,) n (w,-wj)s.


j=1
cendant.
En effet, dans le cas contraire, les On prend R = @*PJ, et on déduit de (4)
valeurs de e’ et e@ pour tous les nom- la majoration :
bres n Log a, avec n entier quelconque, , y, < C;s@o-mW(W
(5)
appartiendraient à un corps K’ conte-
nant a et aB, contrairement au théo- et, en comparant avec la minoration de 1y /
rème II. donnée par (3), on obtient aisément
Par exemple, le nombre 2fl et le m < 10 pd.
nombre ey, qui est une détermination de Tout revient donc à satisfaire aux condi-
(- l)‘, sont transcendants. tions (a), (b) et (c). On se donne un entier
L’idée de la démonstration du théo- r arbitrairement grand divisible par 2m et
rème II est de former une suite (F,(z)) de on pose n = r*/(2 m). On considère la
fonctions entières d’ordre p, où l’indice s fonction :
prendra des valeurs entières arbitrairement
gronde.?, qui possèdent les propriétés rui- F(z) = h&-(z)“g(z)“,
c
vantes, où C,, G, sont des constantes Il,“= I
indépendantes de s,
où l’on détermine les coefficients b,, dans
K tels que :

@> ($)‘F,(w,) = 0, (6) ($)’ F(wj) = 0,

O<k<s, l<j<m. O<k<n, 1 (j<m.

872
TRANSCENDANTS NOMBRES

C’est un système de nzn équations algébriques, autrement dit il ne peut exister


linéaires à ? = 2 mn inconnues h,,, dont de relation :
les coefficients sont par hypothèse dans K,
en vertu des relations (2) et de l’hypothèse
sur les f(u)) et g(wj). On montre par avec des coefficients algébriques b,, . . . . l3,,
des majorations élémentaires que l’on non tous nuls.
peut prendre pour solutions b,, de ce (h) Si z,, . . . . zn sont des éléments de L, il
système des entiers de K non tous nuls tels ne peut exister de relation :
que :

(7) l& < GnZn.


où Do, l3,, . . . . l3,, sont des nombres algé-
L’hypothèse quej’et g sont algébrique- briques et où l’on a BO # 0.
ment indépendantes implique alors que F On déduit aussitôt du théorème IV
n’est pas identiquement nulle. Il y a donc que, si l3,, . . . . l3, sont des nombres algé-
un plus petit entiers tel que F = F, vérifie briques tels que 1, fi,, . . . . &, soient linéai-
(b) et que : rement indépendants sur Q, alors le nom-
bre :
( $ > ‘F(wj) ay’a12 afian
ne soit pas nul pour un j au moins ; en vertu
de (6) on a nécessairement s > n. On est transcendant pour tous les o, algébri-
prouve élémentairement qu’il y a un nom- ques différents de 0 et de 1. De même, si
bre rationnel c < C”, tel que cy soit un o,, . . . . o,, pO, p,, . . . . l3,, sont des nombres
entier algébrique de K et que c-y et tous ses algébriques non nuls, le nombre :
conjugués soient majorés par C6.+ en eBoayb . . a npfl
valeur absolue. Pour la norme de cy, qui est
un entier rationne1 non nul, on a alors les est transcendant. On déduit aussi par
inégalités : exemple du théorème IV que rr + Log c(
est transcendant pour tout nombre algé-
brique o # 0.
ce qui donne (3) ; quant à la majoration (u) La méthode de démonstration du théo-
de F,,, elle se déduit aisément des majora- rème IV est une extension de celle du
tions defet g et de (7). théorème II, mais utilisant une technique
A. Baker a généralisé les théorèmes 1 et plus subtile ; pour (h), par exemple, on
III ; désignons par L l’ensemble des nom- raisonne par l’absurde en supposant l’exis-
bres complexes z tels que ez soit un nombre tence d’une relation :
algébrique ; c’est évidemment un sous-
espace vectoriel de C sur le corps Q des 2, = BO + B,z, + ... + Pn-,Z,-l,
nombres rationnels. Alors, on a les résul- et on considère la fonction entière de n
tats suivants de Baker : variables complexes t,,, t,, . . . . t,,+, :
Théorème IV. (a) Si z,, . . . . zn sont des
éléments de L linéairement indépendants
sur Q, ils sont aussi linéairement indépen-
dants sur le corps de tous les nombres
Zz
@(kJ, . . . . f,+,)

p @,, . . . . A, )r ôa exp 11 @o, . . . . t,j,

873
TRANSCENDANTS NOMBRES

où : Une même méthode, due à Siegel,


permet de démontrer ces deux résultats.
u(t,,tl, .-,f,) = LBdo + (A, + A,B,)z, t,
Elle applique une idée analogue à celle de
+ ,.. + (b-1 + hBn-,)~“-,tn-,>
la démonstration du théorème II, utilisant
les A,, étant des entiers tels que 0 < A, < c,. le fait que les fonctions 6” et Jo(z) vérifient
On impose auxp(h) d’être entiers et choisis une équation différentielle linéaire homo-
de sorte que @ et toutes ses dérivées gène et des majorations tirées de la théorie
partielles jusqu’à un ordre c2 s’annulent des fonctions analytiques ; mais les détails
lorsqu’on y fait t, = f2 = ___ = t,,+, = II de la démonstration sont beaucoup plus
et que IL’ est un entier tel que 0 < II‘ 6 c3. délicats et compliqués.
Par un choix convenable des constantes cl,
c2, ci et l’emploi de majorations tirées de JEAN DIEUDONNÉ
la théorie des fonctions holomorphes, on
aboutit à une contradiction.
Bibliographie
Indépendance algébrique A. BA&R, ~rrrnsrrwlenrt~l Numher Theory, Cam-
bridge Univ. Press, Cambridge, 1990 / D. BERTRAND
de nombres transcendants et M. WALDSCHMIDT éd., Approximations diophan-
La transcendance d’un nombre a signifie timnes et nomhrrs transcendants. Colloque de
qu’il n’est pas racine d’un polynôme à Luming 1982, Birkauser, Stuttgart, 1983 ; Foncfions
tihéliermrs et nombres trcwxenciur~rs, Société mathé-
coefficients entiers. Plus généralement, 12 matique de France. Paris, 1980 / D. BERTRAND et al.,
nombres complexes a,, az, . . . . a,, sont dits Les Nombres transcendonfs. Gauthter-Villars, Paris,
ai~q%riquement ind+wndants s’il n’existe 1984 1 G . V . CH U D N O V S K Y , Contributions to the
Theq of Trununscenduntul Numhus, A m e r i c a n
aucun polynôme non nul P(T,, . . . . T,,) à n
Mathematical Society, Providence (R.I.), 1984 /
indéterminées et à coefficients entiers tel A. B. SHIDLOVSKII, Trunscendmtd Numhws. De
que P(cc,, . . . . a,,), = 0, ce qui implique bien Gruyter, Hawthorne (N.Y.), 1989.
entendu que a,, .._, a,, sont transcendants.
On n’a que peu de résultats sur cette
question ; par exemple, on ignore si f et TT
sont algébriquement indépendants. On
conjecture que, sous les conditions (a) du
théorème IV, les z, sont algébriquement TRIGONOMÉTRIQUES SÉRIES
indépendants.
Les résultats positifs les plus intéres-
- SÉRIES
sants sont les suivants : TRIGONOMÉTRIQUES
Théor~ttte V (Lindetnunn). Si a,, _.,. a,,
sont des nombres algébriques linéairement
indépendants sur Q, les nombres e”l, . . . . P’*>’
sont algébriquement indépendants.
ThL;orètne VI (Segel). Si J’,, est la
fonction de Bessel d’indice 0, alors les
nombres J,,(a) et J’,)(a) sont algébrique-
ment indépendants pour tout nombre algé-
brique a # 0.

874
VARIATIONS cAtcut DES

ments du calcul des variations et donnè-

V
rent une première condition d’extrémum.
Cette équation d’Euler-Lagrange allait
jouer un rôle très important, surtout en
physique, où elle justifiait les principes
variationnels : principe de Fermaf pour la
propagation de la lumière dans les milieux
différemment réfringents ; principes de
moindre action de Maupertuis et Hamilton
pour la détermination des mouvements en
mécanique analytique.
La recherche de conditions d’extré-
mum se poursuivit aux xvme et XIXe siècles,
notamment avec les travaux de Legendre,
Jacobi et Weierstrass, pour aboutir au
début du xxe siècle à une théorie bien
élaborée que l’on situe aujourd’hui dans
VARIATIONS CALCUL DES le cadre du calcul différentiel au sens
de Fréchet dans les espaces de Banach.
Mais de difficiles problèmes relatifs à

L 1 étude d’une fonction a valeurs réelles


comporte en particulier la détermi-
nation de ses extrémums. C’est là un des
l’existence de ces extrémums restent
encore ouverts.
Plus récemment, les travaux de Morse
objets du calcul différentiel classique lors- relancèrent l’intérêt porté au calcul des
que la source de cette fonction est un variations. Utilisant à la fois des techni-
espace numérique ; c’est l’objet de ce ques d’analyse fonctionnelle, de topologie
qu’Euler a appelé le calcul des variations algébrique et de topologie différentielle, ils
lorsque cette source est un espace fonc- sont à l’origine de ce qu’on appelle main-
tionnel. tenant l’analyse différentielle globale, une
On rencontre déjà dans la plus haute des théories carrefours de la mathématique
antiquité des problèmes d’une telle nature. actuelle.
La légende ne veut-elle pas que Didon, Il faut enfin mentionner le contrôle
lorsqu’elle fonda Carthage, ait délimité optimal, terminologie d’origine anglo-
la plus grande étendue qu’elle pût cir- saxonne fréquemment remplacée par
conscrire à l’aide de lanières découpées « commande optimale 1). Par ses problè-
dans la peau d’un taureau? Et il est mes d’optimisation de fonctionnelles sur
bien connu que les Grecs caractérisaient des espaces de solutions d’équations dif-
un segment de droite comme la ligne de férentielles avec paramètres de contrôle, il
plus petite longueur joignant ses extrémi- s’intègre en effet au calcul de variations.
tés. Mais la recherche de solutions qui peuvent
Ce n’est cependant qu’au XVIII~ siècle, être discontinues y conduit au développe-
à la suite de l’essor du calcul infinitésimal, ment de techniques fort différentes ; on
qu’Euler et Lagrange établirent les fonde- n’en parlera pas ici.

875
VARIATIONS cAtcuL DES

ment, on est ici amené à minimiser l’inté-


grale :

Quelques problèmes classiques

La brachistochrone La solution est en général un arc de


On considère dans le champ de la pesan- chaînette :
teur deux points A et B et un point matériel X+P
y=hch-.
M se déplaçant sans frottement sur une
courbe d’extrémités A et B. Déterminer la OU ch désigne le cosinus hyperbolique.
courbe. appelée brachistochrone, pour
laquelle le temps de parcours est minimal Les géodésiques
lorsque le point M part du point A avec Étant donné une surface S dans R3 et deux
une vitesse nulle. points A et B de S, détcrmincr les courbes
Ce problème, dont la solution est en tracées sur S d’extrémités A et B et de
général un arc de cycloïde, avait déjà été longueur minimale.
considéré par Galilée, qui avait remarqué De ce point de vue, le problème de la
que ce minimum n’était pas réalisé par le distance d’un point à une courbe suggère,
segment de droite. Résolu en 1697, en d’ailleurs, la généralisation des exemples
particulier par Jean Bernoulli, Jacques précédents à la considération de courbes
Bernoulli et Newton, il allait attirer I’atten- dont les extrémités sont non pas fixées mais
tion des mathématiciens de l’époque sur mobiles sur deux courbes données (pro-
les problèmes variationnels. blèmes variationnels à extrémités varia-
En admettant que sa solution soit bles).
une courbe plane ayant une équation de
la forme 2’ =,f‘(x), on peut en donner Le problème isopérimétrique

la formulation analytique suivante : Déterminer parmi les courbes planes fer-


Déterminer la fonction continûment déri- mées sans point double de longueur don-
vable v =,f(s) vérifiant les conditions née celle dont l’intérieur a la plus grande
J’C~“) = L’O et f(s,) = J’, qui minimise surface : c’est le problème de Didon.
l’intégrale : Ce problème, dont la solution est le
cercle, est un probkme d’extrémum lié. Il
fut résolu par Jacques Bernoulli en 1697 et
joua également un rôle important dans
l’essor du calcul des variations.

La surface minimale de révolution Le problème de Plateau


Étant donnk dans un plan I’ un axe 3 et Les quatre exempies pr&klents conter-
deux points A et B situés d’un même côté nent des espaces de courbes : on dit que ce
de A, déterminer la courbe du plan P, sont des problèmes variationnels de dimen-
d’extrémités A et B, engendrant par révo- sion 1. On peut bien évidemment conce-
l.üiioï, aüiouï de A uiïe sui.face ~oiii l’aii.e voir dz5 pro’bi&mes de dimensions snpe-
est minimale. Sous des hypothèses analo- rieures. Le plus célèbre d’entre eux est
gues à celles qui ont été faites précédem- celui du physicien belge J. Plateau : Étant

876
VARIATIONS cAtcuL DES

donné dans l’espace une courbe fermée ait Jcf) < J(g) pour tout g E D vérifiant
sans point double, déterminer une surface llf-41 G E @SP. Ilf-g/I G 0
d’aire minimale ayant cette courbe pour Naturellement un minimum au sens
bord. Ce problème est essentiel dans fort est également un minimum au
l’étude des lames minces liquides. sens faible. Mais cette distinction se
trouve justifiée par le fait que la fonc-
Présentation analytique tion J, qui est continue pour la topologie
d’un problème variationnel K’, ne l’est pas en général pour la
À la lumière des exemples qui viennent topologie %O.
d’être présentés, on peut donner la formu- On peut maintenant, avec
lation suivante d’un problème variationnel J. L. Lagrange, considérer un élément o de
simple de dimension 1 à extrémités fixes. & comme une « variation » de la fonction
Soit ‘3 l’espace affine des fonctions f à f de ‘3 en introduisant la fonction
valeurs réelles continûment dérivables sur g = f + o. La formule de Taylor permet
l’intervalle [a, h] et vérifiant f(u) = ct et alors d’écrire, à des termes d’ordres supé-
f(h) = B. L’espace vectoriel C associé à rieurs près (pour la norme II.11 ,), la varia-
cet espace affine peut s’interpréter comme tion J(g) - Jcf) sous la forme :
l’espace des fonctions o continûment
dérivables sur [a, 61 et vérifiant snb [F;W-(xLf’(x)) o(x)
o(a) = <d(h) = 0. + F;.(x J-(x ),f’(x )) Q’(X 1 dx.
On munit l’espace ‘d) des deux topolo-
gies ‘yo et v ’ définies respectivement par On peut donc dire que la fonctionnelle :
les normes de la convergence uniforme :
o - b [F;w + F;d] dx
sn
IlfIl = y6 If(x) I>
est la dérivée de la fonction J au point f
llrll,=;LP,(f~x~/+lf’(X)l).
Y, lorsqu’on munit l’espace ‘B de la topologie
La topologie Vi est plus fine que la ‘6 ‘. Avec Lagrange, on notera cette déri-
topologie 7 O. vée SJlf] et l’on dira qu’elle est la (( varia-
Soit F(x, y, y’) une fonction à valeurs tion première » de J en f.
réelles deux fois continûment différentia- On a ainsi démontré qu’une condition
ble sur l’espace [a, h] X R X R. On peut nécessaire pour que f soit un minimum
lui associer la fonctionnelle J sur 9 déter- relatif faible (et a fortiori fort) de J est que
minée par : l’on ait SJlf] = 0.

Équation d’Euler-Lagrange
Si l’on suppose que f est un minimum
On dit alors qu’une fonction f de ‘B est
une solution du problème variationnel relatif faible de J deux fois continûment
correspondant à la fonction F si elle est un dérivable, on peut transformer l’expres-
minimum de J sur 23, c’est-à-dire si l’on a sion de SJ[f] en intégrant par partie le
Jcf’) < J(g) pour tout g E 9. On dit éga- second terme. On obtient ainsi :
lement que f est un minimum relatif faible
M[~](O) = s” O[F; -& (Fi.)] dx.
(resp. fort) de J s’il existe E > 0 tel que l’on 0

a77
VARIATIONS atcut DES

Ce qui conduit à l’équation donnée par équation différentielle du second ordre par
Euler en 1744 : sa valeur et celle de sa dérivée en un point.
Théorème 1. Une condition nécessaire Exemple 1. Lorsque la fonction F est
pour qu’une fonction f deux fois continû- indépendante de s, l’équation d’Euler-
ment dérivable soit un minimum relatif Lagrange admet l’intégrale première
faible de J est qu’elle vérifie l’équation : F ~ y’F’!, = C”.
On en déduit par exemple que, pour le
F;(x,f(x),f’(x))-$[F:.(x,f(x),f’o)] = 0. problème de la surface minimale de révo-

lution, ses solutions sont, dans les bons cas,


Ce résultat est une conséquence immé- les chaînettes :
diate du lemme suivant :
Lewme 1. Soit h une fonction continue
sur [a, b]. Si l’on a :
Remarque 1. On a supposé ici que le
bc(X)h(X)dX =0 minimum f était deux fois continûment
sY
dérivable. En fait, une étude plus fine, due
pour toute fonction & continûment dérivd- à P. Du Bois-Reymond, permet de mon-
ble sur [a, b] et vérifiant E(U) = à = 0, trer que, si f est une fois continûment
on a h = 0 sur [a, h]. dérivable, la fonction F’?.(x,f(x),f’(x)) est
Démonstration du lenzme 1. Supposons dérivable et que sa dérivée est égale à
que la fonction h soit, par exemple, posi- F’,.(.~,f(x),f’@)) ; autrement dit, f satis-
tive en un point .x0 de ]a, b[. On peut alors fait encore l’équation d’Euler-Lagrange.
trouver un intervalle [c, 4 contenant ‘c, sur On peut de plus vérifier qu’elle est alors
lequel h est positive. deux fois dérivable en tout point où l’on a
Si l’on désigne par 6 la fonction égale à F”?.,~.,(x,f(x),f’(x)) # 0. Ainsi l’hypo-
(X - c)l (d-x)’ sur [c, cl] et nulle en thèse de départ n’était pas trop restrictive.
dehors de [c, d], on a dans ces conditions : Remarque 2. Certains problèmes varia-
tionnels, par exemple celui qui correspond à
bs(x)h(x)dx > 0, la fonction F = y’*( 1 -y’)*, n’ont pas de
sY
solutions dans l’espace 3. On est ainsi
qui est en contradiction avec les hypothè- amené à élargir cet espace en l’espace 3’ des
ses ; par conséquent h est nulle sur [a, b]. fonctions f continues et continûment déri-
La démonstration est terminée. vables par morceaux sur [a, b], c’est-à-dire
L ’ é q u a t i o n d’Euler-Lagrange peut quefest continue sur [a, b] et qu’il existe une
s’écrire : suitea, = a < a, < < u, = htelleque
F; - F;.x --y ‘F;> -y “Fy,, = 0 ; fsoit continûment dérivable sur chacun des
intervalles [a,, a,+,].
c’est une équation différentielle du second On peut encore montrer qu’un mini-
ordre et sa solution dépend de deux mum relatif f de J dans 9’ satisfait
constantes arbitraires, qui sont en général l’équation d’Euler-Lagrange sur chacun
déterminées par les conditions limites en a des intervalles où elle est continûment
et en ri. Cette situation difke donc du dérivabie (c’est une conséquence immé-
problème classique de Cauchy, qui diate de la formule de Chasles pour les
consiste à déterminer une solution d’une intégrales) et vérifie de plus les conditions

878
VARIATIONS cALcuL DES

suivantes, dues à K. Weierstrass et à quadratique positive, c’est-à-dire telle que


G. Erdmann : en chaque point de [cl, b] les S’JV] (0) > 0 pour tout o E C.
limites à gauche et à droite de : On va, suivant Legendre, transformer
l’expression de cette variation seconde en
F;GJ-(~M’(X))
remarquant que, si w est une fonction
ainsi que celles de : continûment dérivable sur [a, h], on a :

sont égales.
En utilisant le théorème de Rolle, on pour toute fonction o E C. On peut donc
déduit de cette première condition qu’en écrire :
un point de discontinuité c def’ la fonction
F”,,?.,(c,f(c), y’) à un zéro. Par consé- S*Jlf](o) = s” [(P + w ‘)d
0
quent, si F”,..,..(x, ,Y, y’) est sans zéro, tout + 2(Q + w)w + Ru’~] dx
minimum de J dans ‘D’ est deux fois soit encore :
continûment dérivable.
t?Jlf](o) = [; R[ wr + “R” a]’ dx ,
Conditions de Legendre et Jacobi
Soit f un minimum relatif faible de J dans si le discriminant (Q + w)’ ~ R(P + u”)
3. Utilisant à nouveau la formule de est nul. Cette égalité nous conduit à une
Taylor, on peut écrire, toujours à des seconde condition, énoncée par Legendre
termes d’ordres supérieurs près, la varia- en 1786 :
tion de J correspondant à une variation o Thkdne 2. Une condition nécessaire
de f sous la forme : pour quefsoit un minimum relatif faible
de J est que l’on ait sur [a, h] l’inégalité :
f 1; F’(x ) Nx Y + 2 QG ) 0(x ) ~‘(x )
R(x) = F;y&f(x)X(x)) > 0.
+ R(x ) o’(x Y] dx >
Démonstrution. Supposons R négative en
où l’on a posé :
un point x0 de ]a, b[. On peut trouver un
P(x) = Fy;W-(xW@))~ intervalle [c, ci] contenant x0 sur lequel R
Q(x) = F;+d(~,J-‘(~)h reste négative. On peut supposer qu’il
R(x) = F;&,f(x),f’(x)). existe une solution de l’équation différen-
tielle (Q + IV)~ - R(P + IV’) = 0 sur cet
La fonctionnelle :
intervalle.
o - b [Po* + 2 Qoo’ + Rd*] dx On a alors l’inégalité 6*J[f](o) < 0
sL1 pour la fonction o qui intervient dans la
est une forme quadratique sur l’espace & preuve du lemme 1, ce qui est absurde.
que l’on peut interpréter comme la dérivée L’expression précédente de @Jlf] mon-
seconde @Jr] de J enf: on dira que S2Jlf] tre que, si l’équation :
est la (( variation seconde H de J en f:
(Q + WY + R(P + w’) = 0
On aainsi le résultat suivant : Une condition
nécessaire pour quef soit un minimum rela- a une solution sur [a, b], la condition
tif faible de J est que S’Jlf] soit une forme R > 0 entraîne S2J[f](o) > 0 pour toute

879
VARIATIONS cAtcut DES

variation o non nulle. C’est en partant de tions locales, la condition de Jacobi est
cette remarque que Weierstrass montra, en globale.
1879, que les conditions suivantes sont Remarque 3. Dans son important
suffisantes pour qu’une fonctionf’de ‘B soit mémoire de 1837, Jacobi mit aussi en
un minimum relatiffaible de J : évidence la propriété importante suivante
a) La fonction f est une solution de de l’équation qui porte son nom :
l’équation d’Euler&grange ; SoitJ’(x, A) une famille différentiable à
b) On a F”~,~,(.u,f(.u),f”(x)) > 0 sur un paramètre de solutions de l’équation
b, bl ; d’Euler-Lagrange telle quef(x, 0) =Y(x).
c) Il existe une solution sur [a, h] de Alors la fonction u(x) =J”h(x, 0) est une
l’équation (Q + WI)? ~ R(P + MI’) = 0. solution de l’équation de Jacobi ; autre-
Jacobi introduisit en 1837 le change- ment dit, l’équation de Jacobi correspon-
ment de variable w = - Q - Ru’/u qui lui dant à la fonction f est l’« équation
permit de transformer l’équation différen- aux variations )) de l’équation d’Euler-

tielle (Q + w)’ ~ R(P + w’) = 0 en Lagrange pour sa solution f


l’équation différentielle linéaire du second Remarque 4. Les conditions données
ordre, dite équation u’e Jacobi : dans les théorèmes 1,2 et 3 concernent un
minimum relatif faible. En 1879, Weiers-
(P-Q.)U-$Ru’) = 0; trass donna la condition nécessaire sui-
vante pour un minimum relatif fort, obte-
et l’existence d’une solution de la pre- nue en exprimant que la valeur de J sur
mière sur [cc, h] est équivalente à l’existence l’arc AB doit être inférieure à la somme
d’une solution sans zéro sur [a, h] de la des valeurs de J sur les arcs AC et CB
seconde.
(cf. figure). L’expression :
Soit alors u(x) une solution non nulle de
l’équation de Jacobi telle que u(a) = 0. On F(x,f(x),v’)-F(x.f(x),f’(x))
dira qu’un point c 2 u est un point conju- -Cv’ -f’(x))F;,(x,f(x),v’)
gué de u si l’on a u(c) = 0. Le théorème de doit être positive pour tout y’ et tout x dans
Sturm permet de montrer que, si l’inter- [a, h] ; cette condition est en particulier
valle [a, h] ne contient aucun point conju- vérifiée si l’on a :
gué de a, il existe une solution de l’équation
F;+,f(x),y’) > 0
de Jacobi sans zéro sur cet intervalle, donc
une solution du discriminant sur [a, b] pour tout y’ et tout x dans [a, b].
(cf. supra).
En 1877, Weierstrass donna la condi-
tion suivante, appelée condition de Jacobi :
Théorème 3. Une condition nécessaire
pour qu’une fonction f de 3 vérifiant
F”,.,.,(-c,f(x),f’(x)) > 0 sur [u, 61 soit un
minimum relatif faible de J est que l’inter-
valle [a, h] ne contienne aucun point conju-
gue du point CI.
On remarquera que, contrairement aux Condition de Weierstrass pour un minimum relatif
fort
théorèmes 1 et 2 qui expriment des condi- 1

880
VARIATIONS atcut DES

Il montra également que les conditions Le lemme de Morse assure que, si z est
suivantes sont suffisantes pour qu’une fonc- un point critique non dégénéré d’index p,
tionfde 3 soit un minimum relatiffirtde J : il existe un système de coordonnées locales
a) La fonction f est solution de l’équa- Y’> . ..1 y,2 avec y+) = 0 tel que l’on ait :
tion d’Euler-Lagrange ;
(y,, . . . . yn) =f(O)-y;-...
h) On a l’inégalité F”~+, y, y’) > 0 -y;+.!$+, + +.Y:;
pour tout y’ et pour tout couple (x, y) dans
un voisinage du graphe de f; ce qui montre en particulier que les
c) L’intervalle [a, b] ne contient aucun points critiques non dégénérés sont isolés.
point conjugué du point a. On peut déduire de cette expression
que, si a et h ne sont pas des valeurs
critiques de f, et si l’intervalle ]a, b[
Théorie de Morse
contient une seule valeur critique, corres-
Dans son aspect classique, la théorie de pondant à un seul point critique 2, non
Morse ne fait pas partie du calcul des dégénéré, on obtient la sous-variété
variations. Elle concerne en fait l’étude des M, = f --r (]- CO, h]) en recollant à la sous-
fonctions différentiables sur les variétés et variété M, = f -’ (]- CO, a]) une <( anse »
permet, en particulier, de donner des I)p X D”-p d’indice p, où p est l’index de
décompositions des variétés jouant en z, au moyen d’une application différenti-
topologie différentielle le rôle que jouent les able de s” ’ X D”-P dans le bord de M,,.
décompositions simpliciales en topologie La variété M, a donc le type d’homotopie
combinatoire. C’est en utilisant cette tech- de l’espace obtenu en recollant à M, une
nique que S. Smale démontra, en 1962, la cellule de dimension p. On en déduit par
conjecture de Poincaré en dimensions exemple que le q-ième nombre de Betti de
supérieures à 5. M est inférieur au nombre de points
Si f est une fonction différentiable à critiques d’index q deJ
valeurs réelles sur une variété M, on dit L’originalité de Morse fut alors de mon-
qu’un point z de M est un point critique de trer, en 1934, que, sur une variété rieman-
f s’il annule sa différentielle df, ce qui nienne M, on pouvait raisonner de façon
s’exprime, dans un système de coordon- analogue pour l’espace CI(M ; p, q) = fi
nées locales .Y,, . . . . x,, tel que xi (z) = 0, par des courbes COO par morceaux joignant p à
les conditions : q (qui est une variété banachique) et la
fonction E : Q -. R définie par :
g (0) = . = $ (0) = 0.
I n
CU
Ce point critique est non dégénéré si le
hessien Hcf) de f en z, c’est-à-dire la forme qui est différentiable sur 0.
quadratique définie par la matrice : On se trouve ici devant un problème
variationnel pour lequel les solutions de
l’équation d’Euler-Lagrange, qui sont les
points critiques de E, sont les géodésiques
est de rang maximum. L’index de z est Ccc joignantp à q (cf. Remarques 1 et 2). Le
alors le nombre de valeurs propres néga- hessien de E pour une géodésique y est la
tives du hessien. variation seconde de E en y, et y est un

881
VARIATIONS cxcut DES

point critique non dégénéré de E si et 7rTTz, (U) = 0 e t Tr2,+,(U) = Z pour le


seulement si cette variation seconde est une groupe unitaire
forme définie. On peut montrer qu’il en est
LJ = l& U(n, C).
ainsi si le point q n’est pas conjugué du
point p (en un sens qui généralise directe-
ment celui du chapitre 5) le long de y. CLAUDE GODBILLON
Dans ces conditions, le plus grand
sous-espace sur lequel le hesrien est défini
négatif est de dimension finie, et sa dimen- Bibliographie
sion est égale au nombre de points conju- N. 1. AKHIEZER, C&ulus of Vanations, Gordon and
gués de p sur y comptés avec leur ordre de Breach Science, New York, 1988 / J.-P. BOLJRGLII-
multiplicité (puisque l’équation de Jacobi GNON, Calcul vnrrationnel, École polytechnique,
Palaiseau, 1993 / 1. M. GELFAND & S. V. FOMIN,
est dans ce cas une équation linéaire du
Culadus of Varierions, Prentice Hall, Englewood
second ordre et de dimension II, cette Cliffs (N.J.), 1963 / M. R. HESTENES, Culculu.~ <>f
multiplicité est toujours inférieure à n). Vuriution nnd Optimcd Control Theory, R. E. Krieger
Le résultat central de la théorie de Publ., New York, 1980 / J. MILNOR, Morse Tkory,
Princeton Univ. Press, Princeton (N.J.), 1963 /
Morse assure alors que, si p et q ne sont
M. MORSE, The Culadus of’ Variations in rhe Large.
conjugués le long d’aucune géodésique, A.M.S., New York, 1934. rééd. American Mathe-
l’espace 0 a le type d’homotopie d’un matical Society, Providence (R.I.), 1986 / L. S. PON-
complexe simplicial dénombrable ayant TRIAGUINE,L. BOLTIANSKI&V.GAMKRELIDZE, Théo-
une cellule de dimension d pour chaque rie mathématique de.7 processus optimuux, M.I.R.,
Moscou. 1978.
géodésique d’index djoignantp à q (en fait,
ce type d’homotopie est un invariant
topologique de la variété).
Par exemple, les géodésiques de la
sphère euclidienne sont les arcs de grands
cercles, et deux points sont conjugués si et
seulement s’ils sont diamétralement oppo-
sés ; la multiplicité pour le demi-grand
cercle est alors n -- 1. On en déduit que, si
p et q ne sont pas diamétralement opposés,
l’espace !2(S’l ; p, q) a le type d’homotopie
d’un complexe simpiicial ayant une cellule
en dimensions 0, n --- 1, 2(n ~ l), 3(n ~ l),
Ce résultat, qui reste vrai pour toute
variété riemannienne homéomorphe à S”,
permet de montrer l’existence globale de
géodésiques.
En 1957, R. Bott, appliquant ces métho-
des aux groupes unitaire U(n, C) et ortho-
gonal O(n, R), a montré, ce qui est un
résultat fondamental pour la topologie
moderne, la périodicité des groupes
d’homotopie de ces espaces : par exemple,

882
ZÊTA FONCTION

participant de l’analyse, de la théorie des

Z
groupes et de la géométrie algébrique, qui
nous fera un jour pénétrer dans les recoins
les plus mystérieux de la « reine des
mathématiques )) (C. F. Gauss), l’étude
des nombres entiers.

La fonction zêta de Riemann


La série :
m
(1) n-s,
c
n=l

avec nP = exp(-s In n), et le produit

ZÊTA FONCTION
infini :

(2) I-I (1 -p-“)F’>


P

1 ssues d’un calcul formel d’Euler, la


<( fonction zêta » de Riemann et les
« fonctions L N de Dirichlet ont été
étendu aux nombres premiers p, sont
tous deux absolument convergents
pour s = o + it de partie réelle o > 1 et
jusqu’ici les outils analytiques les plus
représentent la même fonction analy-
puissants pour étudier la répartition et les
tique QS) dans ce domaine. Le résultat
propriétés des nombres premiers. Mais ces
fondamental de Riemann est qu’il est
fonctions sont elles-mêmes devenues
possible de prolonger cette fonction
l’objet d’études analytiques poussées,
en une fonction mèromorphe dans
en raison de leurs propriétés très particu-
tout le plan, vérifiant l’équation fonction-
lières qui semblent être liées aux compor-
nelle :
tements les plus cachés de la théorie des
nombres et sont encore loin d’être bien (3) t(s) = W-s),
comprises.
où l’on a posé :
Le mouvement d’idées qui tend, depuis
1920, à l’unification de la théorie des
(4) S(s) = ;s(s- l)a-snr (;j S(s).
nombres et de la géométrie algébrique a
conduit à définir, dans cette dernière
Une des démonstrations de Riemann
théorie, des (( fonctions zêta >) et des
lie la fonction zêta à une fonction thêta de
(( fonctions L )) analogues aux fonctions
Jacobi, grâce à l’expression de T(s) par
classiques et présentant un comportement
l’intégrale eulérienne qui donne :
semblable. Il y a lieu de penser qu’on se
trouve en présence de fragments encore
mal reliés d’une vaste théorie générale,

883
ZÊTA FONCTION

où l’on a : Riemann avait annoncé sans démons-


tration qu’il y a en fait une infinité de zéros
(5) e(x) = i 2 exp(rrin *x) sur la droite o = 1/2 ; ce résultat fut prouvé
“=-ce par G. H. Hardy en 1914 et A. Selberg a
z établi en 1942 qu’il y aune constante A > 0
exp (rrin 2~), telle que le nombre de zéros pour lesquels
:+
-1
n-1 onao= 1/2etO < t < Testsupérieurou
pour Imx i 0. L’identité fondamentale égal à .4T ln T. On a calculé numérique-
qui exprime la propriété <( modulaire » de ment plus de trois millions de zéros de c(s)
la fonction thêta : et on les a tous trouvés sur la droite o = l/
2. Il faut noter toutefois qu’on connaît des
1 exemples de séries de Dirichlet vérifiant des
(6) 8 - - = (-iX)“2e(x),
i x1 équations fonctionnelles du type (3) et
avec la détermination de la racine carrée ayant cependant une infinité de zéros où
z112 positive pour z réel > 0, donne alors : CI > 1.

Fonction zêta et fonctions L


d’un corps de nombres algébriques
1 1
2s 2s-1 R. Dedekind généralisa la définition des
fonctions zêta et L à un corps de nombres
Vu la décroissance exponentielle de
algébriques k, en prenant :
0(it ) ~ 1/2 à l’infini, l’intégrale dans cette
formule converge pour toutes les valeurs
(9) w, x) = x@)W”
complexes de s et ne change pas quand on c
a
remplace s par -s + 1/2, d’où l’équa-
tion (3). = n (1 -X(P)@@-")-',
P
On voit aussitôt que s = 1 est le seul
pôle de c(s) ; il est simple et de résidu 1 ; où a parcourt l’ensemble des idéaux entiers
les points ~ 2, - 4 , s o n t d e s z é r o s de k, où p parcourt l’ensemble des idéaux
simples de QS), dits (< triviaux ». Les seuls premiers, où Na est la norme de l’idéal a,
autres zéros de QS) sont tels que 0 < o < 1 c’est-à-dire le nombre d’éléments de oja (où
et Riemann a émis l’hypothèse, non encore o est l’anneau des entiers de k) et où x est
démontrée, que tous ces zéros sont sur la un caractère du groupe des idéaux # 0
droite o = 1/2. On a en outre, pour le (pour x = 1, on a la fonction zêta).
nombre N(T) des zéros contenus dans le E. Ecke put établir que ces fonctions sont
rectangle 0 < o < 1,0 < t < T, l’expres- méromorphes et vérifient des équations
sion asymptotique : fonctionnelles analogues à (3). Il introdui-
sit d’autres fonctions L à l’aide de carac-
( 8 ) N ( T ) = &ThT-!+T tères plus généraux que ceux de Dedekind
et put encore, au prix de calculs difficiles,
+ OOn T).
prouver l’existence d’équations fonction-
où 0 désigne le symbole de Landau nelles. Dans sa thèse de 1950, J. Tate a
(cf. calculs ASYMPTOTIQUES, chap. 1). montré comment la théorie des idèles

884
ZÊTA FONCTION

permet une exposition simple et unifiée de c(a) = x(a) / a (), où x est un curactère de
tous ces travaux qui, en définitive, peuvent k:/k* (« Grossencharakter )) dans la ter-
être fondés sur la transformation de Fou- minologie de Hecke) et s un nombre
rier dans le groupe des adèles de k complexe ; deux quasi-caractères corres-
(rappelons que la propriété (6) est une pondant au même caractère x sont dits
conséquence de la formule de Poisson de équivalents ; l’ensemble des quasi-
la théorie de Fourier classique). Dans la caractères équivalents à un quasi-caractère
théorie de Tate, on considère d’une part le donné a donc une structure complexe et
groupe additif k, des adèles de k et sa l’on peut parler de (( prolongement analy-
mesure de Haar da, normalisée de sorte tique )) d’une fonction holomorphe dans
que kA/k ait pour mesure 1 ; il y a sur kA un ensemble ouvert de l’ensemble des
un caractère h : k,- T = R/Z tel que quasi-caractères.
l’application : Le théorème fondamental de Tate est
alors que, pour une fonction poids ,f
(a, b) - exp (2 rrih(ab))
donnée la fonction C- c(J c), définie
identifie k, à son dual de Pontriaguine. La seulement pour les quasi-caractères
transformée de Fourier d’une fonction d’exposant > 1, se prolonge en une fonc-
intégrable sur k, est alors donnée par : tion méromorphe sur l’ensemble de tous les
quasi-caractères ; ses seuls pôles sont le
Vf)(b) = /S(a) ev(-- 2 ~%W) da caractère trivial x0 : a - 1 et le quasi-
caractère (< module » N : a - 1a 1, avec
et on a la formule d’inversion habituelle des résidus respectivement égaux à @ *f(O)
(s(%Y,f))(a) =f(- a) sifest suffisamment et ~ p . S-f(O), où fi est le volume de
régulière. On considère d’autre part le kz/k* pour la mesure de Haar additive da.
groupe multiplicatif des idèles ka et sa Enfin, on a l’équation fonctionnelle :
mesure de Haar d*a. On appelle quusi-
caructère d e ki un homomorphisme (11) S(Lc) = S(SLQ,
continu c : ki- C* qui est kg& ù 1 sur où F est le quasi-caractère
k* (de sorte qu’il s’agit en fait d’un ?(a) = /a / (c(a)))’ (de sorte que; = c). La
homomorphisme dans C* du groupe k$,/k* démonstration est une adaptation facile de
des clusses dïdèles). Pour un tel quasi- celle de Riemann rappelée plus haut ; on
caractère c, il y a un nombre réel u bien décompose l’intégrale (10) en deux autres,
déterminé tel que l’on ait Ic(a)i =/a/u étendues respectivement aux idèles tels que
pour tout idèle a ; on dit que c’est l’expo- la1 < letauxidèlestelsque~a~ 2 l,eton
sant de c. Pour des «fonctions poids » ramène la première au domaine ) a) 2 1
f‘ : k,- C satisfaisant à certaines condi- par changement de variable et utilisation
tions de régularité, on pose alors : de la formule générale de Poisson de
l’analyse harmonique.
(10) Slf,c) = jf(a)cW*a, Pour retrouver à partir du théorème de
Tate les résultats de Hecke et de Dedekind,
intégrale qui a un sens pour tout quasi-
on spécialise la fonction poids ; on prend :
caractère d’exposant > 1.
Un quasi-caractère peut toujours
s’écrire (de plusieurs manières)

885
ZÊTA FONCTION

où, pour chaque place u de k, a est le Mais on peut considérer k comme le


composant de l’idèle a dans le corps local corps des fonctions rationnelles sur une
k, et J; une fonction convenable sur k courbe algébrique irréductible définie sur
D’autre part, si l’on a c(a) = x(a) 1a / ‘, on F, ; ce point de vue amène à une nouvelle
désigne par S, l’ensemble fini des places de généralisation, en remplaçant la courbe
k formé des places infinies et des places par une variété algébrique X de dimension
finies où x prend des valeurs # 1 dans le quelconque définie sur F,. Pour simplifier,
groupe des unites de k Alors, si l’on pose : on supposera qu’il s’agit d’une variété
affine, ensemble des points x = (xl, . . . . x,J
(12) Le, x) = fl (1 - x(P)(NP)-s)-‘, d’un espace Fy, où F, est la clôture
PES,
algébrique de F,, vérifiant un nombre fini
on trouve l’égalité ccf, c) = @(s)L(s, x) où d’équations P,(x,, . . . . x,,) = 0, où les P,,
Q(s) est un produit de fonctions de la sont des polynômes à coejîcients dans F,,.
forme s - T(cts + b)“‘, expression dans Soit a l’idéal de l’anneau de polynômes
laquelle o et fi sont des constantes com- F,[T,, . . . . T,,] engendré par les P,. Tout
plexes et m un entier rationnel, et de point x E X définit un homomorphisme
fonctions rationnelles par rapport à un F,[T,, . ..> T,l - c transformant T, en x,
certain nombre de puissances p”, où les p pour 1 < j < m et s’annulant dans a ;
sont des constantes non nulles. L’équation réciproquement, un tel homomorphisme
fonctionnelle (11) se réduit alors à l’équa- correspond à un point x E X et à un seul.
tion de Hecke pour la fonction L. L’image de cet homomorphisme est un
corps fini, extension de F,, ayant donc q”
éléments ; on pose h = deg(x). On montre
Fonctions zêta et fonctions L
sur une variété algébrique alors que le produit infini :
définie sur un corps fini
(13) Z(X, t ) = n (1 -i d’8’“‘)
XEX
Depuis les travaux de E. Artin, on sait que
est, pour / t / < qPdim@), absolument conver-
tous les résultats de la théorie des nombres
gent et l’on définit la fonction zêta de X
algébriques se transportent (avec des
par :
expressions plus simples, dues à l’absence
des G places infinies ») aux «corps de (14) C(X s) = Z(X, 4”).
fonctions algébriques d’une variable sur un
On voit facilement que, pour tout entier
corps fini F, », c’est-à-dire les extensions
n > 0, il n’y a qu’un nombre fini v,, de
algébriques finies du corps des fractions
points de X tels que deg(x) = IZ, et on
rationnelles F,(X). E. Artin lui-même avait
déduit de (13) l’égalité :
noté, sur le cas particulier des extensions
quadratiques de F,(X), que la définition de m

Dedekind de la fonction zêta se généralise (15) LogZ(X,t) = “n’n”


c
n-l
à un tel corps k en prenant pour p toutes
les places de k et pour Np le nombre Le nombre v, s’interprète à l’aide de
d’éléments du corps résiduel de la place p. l’uutomorphisme de Frobenius F de X, qui
La théorie de Tate s’étend également sans à tout point (x,, . . . . ,Y,,~) de X fait corres-
difficulté. pondre le point (.x,4, . . . . -tim) ; v, est

886
ZÊTA FONCTION

simplement le nombre des points de X tration de l’« hypothèse de Riemann 1)


j&s pur F”. Cette interprétation, d’abord correspondante qui serait que les zéros de
introduite par A. Weil, est à la base de tous Z(X, t ) soient tous sur le cercle (t I= C/“I?.
les résultats récents obtenus sur les fonc- Suivant une idée de E. Artin, on peut
tions zêta des variétés X. aussi définir des <( fonctions L >) relatives à
On définit de la même manière la l’action d’un groupe fini G (commutatif ou
fonction Z(X, t ) lorsque X est une variété non) opérant dans la variété X ; on pose :
projective sur F, ou une variété ((abs- m

traite )) au sens de A. Weil ou de (19) lnL(X,X;f) = V”(X) ;


c
J.-P. Serre. Lorsque X est une courbe n=l
projective sans singularité de genre g,
pour un mructère x de G, les nombres
F. K. Schmidt a montré en 1929 que l’on v,,(x) étant définis par :
peut écrire :
(20) v,(x) = (‘3rd G)-l XC~-‘) A (SF,)>
Pl&.(f) c
(16) z(x,r) = (l-r)(l-qt)’ rtG

où A(sF”) est le nombre de points de X


où Pzs est un polynôme de degré 2~, et on
fixes par I’automorphisme sF”. A. Gro-
a l’équation fonctionnelle :
thendieck et J.-L. Verdier ont montré que
2 L =q’-pt2-2g W); ces fonctions sont encore rutioflnelles. Une
(17) c 4t j des propriétés les plus importantes de ces
fonctions est qu’elles fournissent une $uc-
en outre, H. Hasse pour g = 1 et A. Weil
rorisation de la fonction zèta :
pour le cas général montrèrent que les
zéros de Pzg sont tels que 1I )= q”‘, ce qui
(21) Z(X, t ) = n L(X, x ; t p(X),
correspond dans ce cas à 1’~ hypothèse de x
Riemann )). Pour X (projective ou non) de
OU x parcourt l’ensemble des caractères de
dimension quelconque, B. Dwork montra G.
en 1960 que Z(X, t ) est encore une fonc-
tion rutionnclle de t. Par exemple, si
X = q, on a c(X, s) = (1 - q”‘-‘)-‘. Fonction zêta et fonctions L
sur une variété algébrique
Grâce à l’introduction d’une notion de
« définie sur Z »
<( cohomologie )> pour les variétés sur un
corps quelconque, A. Grothendieck et
Considérons maintenant dans l’anneau de
M. Artin ont montré que, si X est une
polynômes Z[T,, .._, T,,,] un idéal a et
variété projective irréductible sans singu-
convenons de dire qu’il définit une
larité de dimension 12 sur F,, la fonction
N variété X sur Z » (le langage adapté à
zêta vérifie l’équation fonctionnelle géné-
cette situation est celui des <( schémas )) de
ralisant (17) :
Grothendieck). Pour chaque nombre pre-
mier p, I’homomorphisme canonique :
(18) z & = (- l)kq”k’2tkZ(f),
c 1 z-Z/pZ=E,
où k est la (< caractéristique d’Euler-
définit un homomorphisme :
Poincaré )) de X pour cette cohomologie.
Mais on n’a pas encore obtenu de démons- W,, . . > T,l -F,tT,, . . > T,l

887
ZÊTA FONCTION

transformant a en un idéal a,,, définissant lorsque G opère sur X, c’est-a-dire lorsque


par suite une variété algébrique Xp sur Fp. G opère sur Z[T,, . . . . T,,,] en laissant stable
On peut alors, tout au moins formellement, l’idéal a ; on a donc encore une factorisa-
considérer le produit : tion :

(22) C(X,s) = J-J C(X,,s) (24) gx, s) = n L(X, x ; Sp(X),

étendu a tous les nombres premiersp ; c’est Équations fonctionnelles


lafonction zêta de Hase- Weil. Par exemple, et représentation des groupes
si l’on prend a = (0), on trouve On peut considérer que l’intégrale eulé-
c(X, s) = C(m ~ S) ou, au second membre, rienne :
5 est la fonction de Riemann. Si n est la
dimension de X (qu’on définit ici comme le
plus grand nombre tel qu’il y ait une chaîne
définit T comme N transformée de Mellin ))
strictement croissante p0 C p, C C p,,+,
de ep’, la transformation de Mellin se
d’idéaux premiers de Z[T,, . . . . T,] conte-
déduisant de la transformation de Laplace
nant a), on montre que le produit (22) est
bilatère (ou transformation de Fourier-
absolument convergent pour Re s > n. On
Laplace) qui a une fonction f fait corres-
conjecture que c(X, s) peut se prolonger en
pondre la fonction :
une fonction méromorphe dans tout le plan
et vérifiant une équation fonctionnelle ana-
logue à (3) : mais on ne sait jusqu’ici prou-
ver cette conjecture que dans un petit nom- par le changement de variable x = e’ dans
bre de cas où X est soit une courbe l’intégrale ; la (( formule d’inversion )) de la
algébrique d’un type très particulier, soit transformation de Mellin donne alors :
une variété abélienne d’un type spécial, soit 1
‘+‘“x-~r(s)ds,
enfin certaines variétés fibrées ayant pour e-x = 2ai s<-,-
base une courbe algébrique et pour fibres
où l’intégrale est prise le long de la droite
des variétés abéliennes. Dans chacun de ces t-c + it dans le plan complexe, avec
cas, on parvient au résultat par un calcul c > 0. La démonstration de l’équation
explicite de L(X, s) à l’aide de fonctions L de fonctionnelle de t(s) par Riemann rappe-
Hecke ou de Dedekind. En général, on sait lée plus haut conduit à l’idée plus générale
seulement prolonger analytiquement d’attacher à une série de Dirichlet :
5(X, S) en une fonction méromorphe dans
le demi-plan Re s > n ~ 1/2 et, si X # 0.
(25) Ns> = 1 (I”n-‘,
le point s = IZ est un pôle d’ordre égal au n=L
nombre de composantes irréductibles de X
convergente dans un demi-plan, donc telle
de dimension n.
que a,, = O(n?) pour c > 0, la foncti0n.f.
On peut aussi considérer les fonctions L
analytique dans le demi-plan H tel que
que l’on définit par une formule analogue
Im z > 0, définie par :
a\ (LLJ
I-m\ :

(23) L(X,x;s)= ~L(X,,x;s) (26) f(z) = =$7,cq+h;],


P

888
ZÊTA FONCIION

pour h > 0, de sorte que la fonction : le groupe G( 1) n’étant autre alors que le
groupe moduhire des transformations :
(27) a(s) = ( h
2 7r 1 -$ T(s) dl(s)
soit transformée de Mellin de f.Généra-
lisant la méthode de Riemann, E. Hecke a avec u, b, c et d dans Z et avec
remarqué que les propriétés (A) et (B) ad - hc = 1 ; ce groupe est le quotient de
SL(2, Z) par son centre.
suivantes sont équivalentes.
Propriété (A). La fonction : On aperçoit donc là le début d’une
étroite relation entre la théorie des repré-
sentations des groupes (du groupe GL(2)
pour commencer) et les propriétés arith-
ou E = * 1, est entière et bornée dans métiques des courbes algébriques définies
chaque C( bande >X 1 Re s 1 < a et vérifie, sur un corps de nombres, par le biais des
pour un k > 0, l’équation fonctionnelle : fonctions zêta et L attachées à ces courbes.

(28) <p(k -s) = E@(S). JEAN DIEUDONNÉ

Propriété (B). On a :
Bibliographie
T. M. APOSTOL, Modulrrr Functions und Dirichlet
S~i@s in Number Theory, Springer, New York,
2 ’ é d . 1 9 8 9 / H . M . EDWARD~, Riemnnn~s
Lorsque Q>(s) = 5(2x), on a 6 = 1, h = 2 Zeiu Function, Acad. Press, New York-Londres,
1974 i H. J~cyu~~r B R. LANGLANDS, Autonzorphrc
et k = 1/2. Une fonction analytique dans
Form o n GL(2), Springer, Heidelberg-New
H de la forme (26), donc telle que York, vol. 1, 1970, vol. II, 1972 / S. LANG, A/,&ruic
f’(~ + A) = f (z), et vérifiant en outre (B) Numbrr Throry, 1970, rééd. Springer, 1986 /G. SHI-
MURA , I n t r o d u c t i o n t o t h e Arithmrtic T/leoq~ qf
est dite forme modulaire de dimension k et Autotnorphic Functions, Princeton Univ. Press, Prin-
de multiplicateur E pour le groupe G(h) ceton (N. J.), 1971 / E. C. TITCHMARSH, The T'hror~
engendré par les deux automorphismes of the Rimann ZL’trr-Function, Oxford Univ. Press,
Oxford, 2’ éd. 1987 / A. WEIL, Dirichkt Series und
z c--+ z + A et z - - l/~ du demi-plan H. Aufomorphic Fonns, Springer, New York-Berlin-
Le cas le plus important est celui où A = 1, Heidelberg, 197 1,

889
INDEX
Certaines ENTRÉES de cet index sont aussi des titres d’articles : dans ce cas, elles sont pré-
cédées d’une puce et suivies d’un folio (exemple : l ALGÈBRE 12).
En l’absence de puce et de folio, le mot joue seulement le rôle d’entrée d’index (exemple :
ADÈLES).
Pour plus d’informations sur le fonctionnement de l’index, voir page 9.

ABEL NIELS HENRIK (1802.1829) . ALGÈBRE 12


CORPS 157
É OUATIONS ALGÉBRIOUES 327 ALGÈBRE THEORÈME FONDAMENTAL DE L' OU

NOMBRES ( THÉORIE DES) - Nombres THÉORÈME DE D’ALEMBERT


algébriques 699 C OMPLEXES (NOMBRES) 116
É QUATIONS ÀL&BRIQ&S 325
ABEL RÈGLE D'
SÉRIES ET PRODUITS INFINIS 802 ALGÈBRE DE BOOLE b BOOLE
ALGÈBRE & ANNEAU DE
ABÉLIENNES IN-IkGRALES
COURBES ALGÉBRIQUES /6K ALGÈBRE & THÉORIE DES NOMBRES
ALGÈBRE 12
ACCÉLÉRATION ANNEAUX ET ALGÈBRES 38
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 500 COMPLEXES ( NOMBRE~) 113
CORPS 150
ACCROISSEMENTS FINIS THÉORÈME DES NOMBRES ( THÉ ORIE DES) 663
CALCUL INFINITÉSIMAL - CakUl à ""e
variable 83 ALGÈBRE LINÉAIRE
ALGÈBRE 20
ADÈLES LINÉ AIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈ BRE) 624
N OMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres
algébriqùes 719 ALGÈBRE MULTILINÉAIRE _
QUADRATIQUES ( FORME~) 787 w LINÉAIRE & MULTILINEAIRE
TOPOLOGIQUE ( ALGÈ BRE) 855 ALGÈBRE
ADHÉRENCE ALGÈBRE TOPOLOGIQUE
MÉTRIQUES ( ESPACES) 655. 657 ) TOPOLOGIQUE ALGÈBRE
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 843
ALGÈBRES
ADHÉRENCE D’UNE SUITE VALEUR D' ALGÈBRE 20. 22
b POINT D’ACCUMULATION ANNEAUX ET ALGÈBRES 38
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 478
. AFFINE APPLICATION II GROUPES - Groupes de Lie 570, 574, 577
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 498 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Théorie analvtiaue
I .
668 _
AFFINE É QUATION SPECTRALE ( THÉORIE) X25
ÉQUATIONS ALGÉBRIQUE~ 318
ALGÈBRES NORMÉES b NORMÉES
. AFFINES ESPACE & REPÈRE II ALGÈBRES
AFFINE ( APPLICATION)
BARYCENTRE ALG-BRIQUES NOMBRES e NOMBRES
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIOUE 474 ALGEBRIQUES
PROJECTIFS ( ESPACE ÈT REPÈ RE)
ALGÉBRIQUES STRUCI'URES
AFFIXE ALGÈBRE 12
COMPLEXES ( NOMBRES) 115
ANALYSE
AIRE FONCTION ( NOTION DE)
CONIQUES 123. 128
INTÉGRATION ET MESURE 611 ANALYSE COMBINATOIRE
) COMBINATOIRE ANALYSE
AIRY ait GEORGE BIDDELL (i%i-i892j
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 59 ANALYSE FONCTIONNELLE
DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) 172
ALÉATOIRE VARIABLE HILBERT ( ESPACE DE) 598
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES 816 NORMÉ ES ( ALGÈ BRES) 725
SPECTRALE ( THÉ ORIE) 818
ALEMBERT JEAN LE ROND D' (1717.1783)
^^.._._. 1-” ,..^.,
L”MYLLAhJ ..“.-,.\ ,111
,nvLnann>, IIE ANALYSE HARMONIQUE
EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 352 ) HARMONIQUE ANALYSE
LIMITE ( NOTION DE)
ANGLE
ALEMBERT THÉORÈME DE D' t ALGÈBRE GROUPES Groupes classiques et géomktrie
THÉORÈME FONDAMENTAL DE L' 535, 542

890
INDEX

ANNEAU DE BOOLE b BOOLE ALGÈBRE ARITHMÉTIQUE


& ANNEAU DE ANNEAUX COMMUTATIFS 26, 29
DIVISIBILITÉ 289
l ANNEAUX COMMUTATIFS 75 FERMAT (GRAND THÉORÈME DE) 354
ANNEAUX ET ALGÈBRES 37 NOMBRES (THÉORIE DES) 668
NORMÉES (ALGÈBRES) 721
POLYNÔMES 757 ARITHMÉTIQUE FONCI'ION
DIVISIBILITÉ 289
. ANNEAUX & ALGÈBRES 37 NOMBRES ( THÉORIE DES) - Théorie analytique
ALGÈBRE 15 683
BOOLE (ALGÈBRE ET ANNEAU DE)
NOMBRÈS ( THÉORIE DES) - Nombres ARITHMÉTIQUES PARTTITONS
algébriques 702, 705. 712 NOMBRES ( THÉORIE DES) - Théorie analqtlque
NORMÉ ES (AL GÈ BRES) 720 671

ANTISYMÉTRIQUE RELATION ARRANGEMENT


ENSEMBLES ( THÉ ORI E É LÉ MEN TAIRE DES) 312 COMBINATOIRE (ANALYSE) 104
APOLLONIOS DE PERGA ARTIN EM". (1898.1962)
(-262?-? - 1 9 0 ) NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
GÉOMÉTRIE 459 algébriques 717
ZÈTA (FONCTION) 8x6
APPARTENANCE RELATION D'
ENSEMBLES ( THÉ ORIE É LÉ MENTAIRE DES) 297 ASCOLI THÉORÈME D'
FoNCrIoNs ( REPRÉSENTATION ET
APPLICATION APPROXIMATION DES) 365. 375
ENSEMBLES ( THÉ ORI E É LÉ MENTAIRE DES) 3/2
ASSOCIATIVITÉ
APPLICATION AFFINE w AFFINE ANNEAUX ET ALGÈBRES 37
APPLICATION ENSEMBLES (THÉORIE É LÉ MENT AIRE DES) 306
APPLICATION CONFORME GROUPES - Généralités SIS
FONCTIONS ANALYTIOUES Reorésentation ASSOCIÉS ÉLÉMENTS
cotlfurmc 43Y . ANNEAUX COMMUTATIFS 27
APPLICATION RATIONNELLE l ASYMPTOTIQUES CALCULS 47
CC+JRBES ALGÉBRIQUES 165 BESSEL ( FONCT IONS DE) 65
GEOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 477. 483
ATLAS ANALYTIQUE
APPLICATION RÉGULIÈRE FONCTIONS ANALYT IQUES Représentation
FONC~IONS (REP RÉ SENTATION ET conforme 448
+PPROXIMATIOy DES) 373
GEOMETRIE ALGEBRIQUE 475. 478 4x1, 485 AlTRACTEUR ÉTRANGE
DÉFIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
APPLICATIONS PROJECTIVES Equations non linéaires 208
C PROJECTIVES APPLICATIONS
AUTOMATIQUE
APPROXIMATION SYMBOLIQUE (CALCUL) X32
FoNc-TIoNs (REPRÉSENTATION ET
APPROXIMATION DES) 373. 391 AUTOMORPHE FONCTION
NORMÉS (ESPACES VE~ORIELS) 739 F O N CT I O N S A N A L Y T I Q U E S - Fonctions
elliptiques et modulaire 437
APPROXIMATIONS DIOPHANTIENNES - Groupes de Lie 580
* DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS
GROUPES

AUTOMORPHISME
APPROXIMATIONS SUCCESSIVES CORPS 156, 160
MÉTHODES DES GROUPES - Généralités 524
DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 223, 235, 24Y L INÉ AIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈ BRE) 67.5
FoNcrIoNs (REPRÉSENTATION E T
APPROXIMATION DES) 374 AXIOME
ImÉmaEs (ÉQUATIONS) 605 GÉOMÉTRIE 459
MÉ TRIQUES ( ES PACES) 661
BAIRE THÉORÈME DE
ARC PARAMÉTRÉ MÉTRIQUES (ESPACES) 662
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 499
BAKER ALAN (I939- )
ARCHIMÈDE (-287.-212) DIOPHANTIENNES (ÉQLIATIONS) 27/. 274
EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 342 TRANSCENDANTS (NOMBRES) 873
GÉOMÉTRIE 458
BALAYAGE PROBLÈME Du
ARGAND PLAN D' POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 76'
COMPLEXES (NOMBRES) 114
BANACH ALGÈBRE DE
ARGUMENT NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
coMPLExEs (NOMBRES) 119 p-adiques 69j
EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 35/ NORMÉES (ALGÈBRES) 721. 726

891
INDEX

BANACH ESPACES DE BIJECTION


CONVEXITÉ - Fonctions convexes 146 ENSEMBLES( THÉ ORIE É LÉ MENT AIRE DES) 3/5
NORMÉES ( ALGÈBRES ) 721 NUMÉRATION 742
NORMÉS ( ESPACES VECXORIELS) 731. 736, 740
SÉRIES ET PRODUITS INFINIS 802 BINAIRE SYSTÈME
NUMÉRATION 744
BANACH STEFAN (1892-1945)
ALGÈBRE 23 BINÔME FORMuLE DU
NORMÉ S ( ESPACES VECTORIELS) 729 CALCUL - Calcul
INFINITÉSIMAL à plusieurs
variables 92
BANACH-STEINHAUS T H ÉO R ÈM E DE COMBINATOIRE (ANALYSE) 105
FONCTIONS (REPRÉSENTATION ET
APPROXIMATION DES) 380. 390 BIQUADRATIQUE LOI DE RÉCIPROCITÉ
NORMÉ S (ESPACES VECTORIELS) 737 NOMBRES ( THÉ ORI E DES) - Nombres
TOPOLOGI~~ES ( ESPACES VECTORIELS) 867 algébriques 700

BARYCENTRE 63 BIRAPPORT
GÉOMÉTRIE 463
BASE D’UN ESPACE VECTORIEL
HILBERT ( ESPACE DE) 599 BIRKHOFF GEORGE DAVID (1884-l 944)
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 633 ERGODIQUE (THÉORIE) 331
BASE ORTHONORMALE BOHR HARALD (1887-1951)
GROUPES - Groupes classiques et géométrie HARMONIQUE ( ANALYSE) 588
534
HILBERT ( ES PAC E DE) 599
BOLTZMANN LUDWG (18441906)
ERGODIQUE ( THÉ ORIE) 329, 334
BÉNARD PROBLÈME DE
DÉpIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) - BOLYAI FAlUCAS (1775-1856)
Equations non linéaires 208 GÉOMÉTRIE 469

BERKELEY GEORGE (1685-1753)


BOLZANO-WEIERSTRASS THÉORÈME DE
MÉ TRIQUES ( ESPACES) 658
LIMITE ( NOTION DE)
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 848
BERNOULLI DANIEL (1700-1782)
HARMONIQUE ( A N A L Y S E ) 583 BOMBELLI RAFFAELE (1526-1573)
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES 807 É QUATI ONS ALGÉ BRIQUES 323

BERNOULLI JEAN (1667-1748)


. BOOLE ALGÈBRE & ANNEAU DE 66
EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 352 ANNEAUX ET ALGÈBRES 39, 42
ENSEMBLES ( THÉ ORIE É LÉ MENT AIRE DES) 306
BERNOULLI LES
FONCTION (NOTION DE) BOOLE GEORGE ( 18 15-1864)
VARIATIONS (CALCUL DES) 876 BOOLE ( ALGÈ BRE ET ANNEAU DE)
ENSEMBLES ( THÉ ORIE É LÉ MENTAIRE DES) 296
BERNOULLI NOMBRES DE
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 55 BOREL ÉMUE (1871-1956)
ERGODIQUE (THÉORIE) 333
BERNOULLI r’oLw&ms DE FONCTIONS (REPRÉSENTATION ET
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 55 APPROXIMATION DES) 371
BESSEL FONCTIONS DE 63
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 495
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 60, 62 BORELLEBESGUE AXIOME DE
GROUPES - Groupes de Lie 580 CALCUL INFINITÉSIMAL - CakUl à IlIle
BESSELPARSEVAL-PLANCHEREL variable 79
MÉ TRIQUES ( ESPACES) 658
THÉORÈMEDE
HARMONIQUE (ANALYSE) 587. 595 TOPOLOGIE GÉNÉRALE 847

BÊTA FONCITON BORNE SUPÉRIEURE & BORNE


GAMMA (FONCI~ON) 454
INFÉRIEURE
CALCUL IN F INITÉS I M A L - Calcul à une
BÉZOUT ÉTIENNE (1739-l 783) variable 68
COURBES ALGEBRIQUES !64 ORDONNÉS ( ENSEM BLES) 748
BÉZOUT THÉORÈMEDE BORNOLOGIE
ANNEAUX COMMUTATIFS 30 TOPOLOGIQUES ( ESPACES VECTORIELS) 861
DIOPHANTIENNES ( APPROXIMATIONS) 254 863
(É QUATI ONS) 262
BOULE
DIOPHANTIENNES

BIDUAL co>~~w~É EnwTnI&r PI\I~.IPVPO 139


.Ioc a."IuL cvII...,.-~
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈBRE) 628 MÉ TRIQUES ( ESPACES) 653
NORMÉ~ (ESPACES VECTORIELS) 73/
BIELOUZOF-ZABOTINSKI RÉACITON DE
DÉFIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) - BRACHISTOCHRONE
Equations non linéaires 2201 222 VARIATIONS (CALCUL DES) X76

892
INDEX

BF~W;R,;;HARD (1901.1977) OÉr0vÉ~s PARTIELLES (ÉQUA TIONS AUX) -


Théorie linéaire 188
GROUPES - Représentation linéaire des
groupes 558 CARATHÉODORY THÉ ORÈ ME DE
CONVEXITÉ Ensembles convexes 137
BRELOT MARCEL (1903- )
POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 769 CARDAN JERÔME (1501.1576)
~0MPLExEs (NOMBRES) 113
BRIGGS HENRY (1561-1630) EQUATIONS ALGÉBRIQUES 323
EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 342
CARDINAL
BURGER É QUATION DE COMBINATOIRE (ANALYSE) 103
DÉpIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) NUMÉRATION 743
Equations non linéaires 204 210
CARRÉS LATINS
BURNSIDE WILLIAM SNOW (1852-1927)
COMBINATOIRE (ANALYSE) 110
GROUPES - Reurésentation linéaire des
groupes 556 CARROLL LEWIS (1832-1898)
CALCUL DES VARIATIONS ENSEMBLES (THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES) 299
) VARIATIONS CALCUL DES CARTAN ÉLIE (1869-1951)
CALCUL DIFFÉRENTIEL & INTÉGRAL GROUPES - Groupes de Lie 565, 574, 577
CALCUL INFINITÉSIMAL CakU] à plUSieUrS
CARTAN HENRI (1904. )
variables y5 POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 769
DISTRIBUTIONS 275
FoNcTIoNs (REPRÉSENTATION ET CARTE, topologie
APPROXIMATION DES) 387 FONCTIONS ANALYTIQUES - Représentation
LIMm ( NOTION DE) conforme 448
l CALCUL INFINITÉSIMAL 68 CATALAN CONJECTLIRE DE
LIMITE (NOTION D E) DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 262. 275
CALCUL SYMBOLIQUE
CAUCHY AUGL'STIN-LOUIS (1789-l 857)
t SYMBOLIQUE C A L C U L ALGÈBRE 13
CALCUL TENSORIEL b TENSORIEL COMPLEXES ( NOMBRES) 114. 117
CALCUL CORPS 152
DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX)
CALCULS ASYMPTOTIQUES Théorie linéaxe 1x7
* ASYMPTOTIQUES CALCULS FoNcno~ ( NOTION DE)
CANONIQUE BASE FONCTIONS ANALYTIQUES Fonctions d'une
LINEAIRE E T MULTILINÉAIRE ( ALGÈBRE) 633 variable complexe 411
mmE (NOTION DE)
CANTOR GEORG (1X45- 19 18)
SERIES TRIGONOMÉTRIQUES XIII. 813 CAUCHY CRITÈRE DE
zwiscENDAN~s (NOMBRES) 870 CALCUL INFINITÉSIMAL - CakUl à une
variable 71
CAPACITÉ SÉRIES ET PRODUITS INFINIS 800, KO3
POTENTIEL El- FONCTIONS HARMONIQUES 768
CAUCHY FORMULE DE
CARACTÈRE NOMBRES ( THÉORIE DES) - Théorie analytique
GAMMA (FONCTION) 456 671. 674
G R O U P E S - Représentation linéaire des
groupes 556 CAUCHY FORMULE INTÉGRALE DE
GROUPES - Groupes de Lie 577 FONCTIONS (REPRÉSENTATION ET
HARMONIQUE (A NALYSE 5 9 3 APPROXIMATION DES) 369
NOMBRES ( THÉ ORIE DES 1 - Théorie analytique FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d'une
6X1 variable complexe 4/~
NORMÉES (AL G ÈBRES) 722, 725
CAUCHY 1NÉGALI'I-b DE
CARACTÈRE IRRÉDUCTIBLE FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d'une
G R O U P E S - Représentation linéaire des
variable complexe 4//
groupes 558, 560
CAUCHY PROBLÈME DE
CARACTÈRE MODULAIRE DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
GROUPES - Reorésentation linéaire des Sources et aonlications 174
groupes 55U DÉRIvÉEs PAR+LLES (ÉQ UATIONS AUX) -
CARACTÉRISTIQUE Théorie linéaire 187, 192
ANNEAUX ET ALGÈBRES 42 EXPONENTIELLE E'I LOGARITHME 342
CORPS 150. 159 FoNCrIoNs (REPRÉSENTAATI~N ET
APPROXIMATION DES) 361. 370
CARACTÉRISTIQUES COURBES O U SURFACES
DERIVEES PA R T I E L L E S (É Q U A T I O N S A U X ) CAUCHY SUITE DE
Sources et applications 172, 175 MÉTRIQUES (ESPACES) 659

893
INDEX

CAUCHY T HÉ ORÈ ME DE CLASSE D’ÉQUIVALENCE


ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 58 ENSEMBLES ( THÉ ORIE ELEMENTAIRE DES) 316
FONCT IONS ANALYTIQUES - Fonctions d’une GROUPES - Généralités 523
variable complexe 415
CLASSE RÉSIDUELLE
CAUCHY-KOVALEVSKAïA THÉORÈME DE ANNEAUX ET ALGÈBRES 45
DÉRIVÉE~ PARTIELLES (É QUATI ONS AUX) - DIVISIBILITÉ 288
Théorie linéaire /87. 189
CLOS INTÉGRALEMENT
CAUCHY-RIEMANN ÉQUATIONS DE ANNEAUX COMMUTATIFS 2% 32
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d'une
variable complexe 406 CLÔTURE ALGÉBRIQCE
CûRPS i55, i59
CAYLEY ARTHUR (1x21-1895)
COMBINATOIRE (ANALYSE) 108 CODIMENSION
GÉOMÉTRIE 470 GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 492
LINÉAIRE MULTILINÉAIRE ( ALGÈBRE) 636
CENTRALISATEUR ET

GROUPES - Généralités 524 COHOMOLOGIE


GROUPES - Groupes classiques et géométrie GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 491
532 ZÊTA (FONCTION) 887
CENTRE COL MÉTHODE DU
CORPS 159
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 57
GROUPES Général& 524
COMBINAISON
CERCLE
COMBINATOIRE (ANALYSE) 105
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 498
CESAR0 MOYENNES DE . COMBINATOIRE ANALYSE 102
ERGODIQUE ( THÉORIE) 331 COMMUTATEUR
HARMONIQUE (ANALYSE) 586 GROUPES - Généralités 526
CHALEUR É QUATION DE LA GROUPES - Groupes classiques et géométrie
DÉRIVkES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) j32
Sources et applications IX2
COMMUTATIVITÉ
CHASLES MICHEL (1793-I X80) ANNEAUX ET ALGÈBRES 37
GÉOMÉTRIE 467 ENSEMBLES ( THÉ ORIE É LÉ MEN TAIRE
DES) 306
CHEMIN GROUPES - Généralités 518
FONCT IONS ANALY TIQUES Fonctions d'une
variable complexe 411 COMPACTES APPLICATIONS LINÉAIRES
SPECTRALE ( THÉ ORIE) 820
CHEVALLEY CLAUDE (1909-1984)
DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 265 COMPARAISON DE DEUX FONCTIONS
GROUPES - Groupes finis 551 ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 47. 49
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres
algébriques 718 COMPLÉMENTS FORMULE DES
GAMMA ( F O N CT I O N ) 455
CHOC, mkuniqur
DÉFI~ÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) - COMPLET GROUPE
Equations non linéaires 200 TOPOLOGIQUE ( ALGÈ BRE) 853
CHOQUET GUSTAW! (1915- ) . COMPLEXES NOMBRES 112
POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 774 CORPS 151
CHRISTOFFEL SYMBOLES DE É QUATIONS ALGÉ BRIQUES 323
TENSORIEL (CALCUL) 840 NOMBRE~ (THÉORIE DES) Théorie analytique
6 70. 678
CIRCUITS ÉLECTRIQUES
ENSEMBLES ( THÉ ORI E ELÉ MENTA IRE DES) 307 COMPOSITION LOIS DE
ANNEAUX ET ALGÈBRES 37
CIRCULAIRES FONCTIONS
Ex?^NEhT!ELLE ET L0GARK?ME 3',? CÔNE
CONIQUES 120
CISSOïDE GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 483
COURBES ALGÉBRIQUES 164 GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 499
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 476. 483 QUADRIQUES 793
CLAIRAUT ALEXIS CLAUDE (17 13-I 765) CONCRUENCE MODULO N
C.,%LCrJL .INFlNITFÇIMAT
II ..- C&!J! à nlllPiPIIrE
r---‘-- -.’ ANNEAUX COMMUTATIFS '8
variables 9/
ANNEAUX ET ALGÈBRES 45
GÉOMÉTRIE 461
DIVISIBILITÉ 288
CLAN NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
INTÉGRATION ET MESURE 613 algébriques 699, 703. 712

894
INDEX

l CONIQUES 120 CONVERGENCE wmti DE


DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 265. 269 FoNcrIoNs (REPRÉSENTATION ET
GÉOMÉTRIE 459. 464 APPROXIMATION DES) 383. 392
QUADRIQUES 790, 798
CONVERGENCE TOPOLOGIES DE LA
CONJUGUÉ D’UN ÉLÉMENT TOPOLOGIE GÉNÉRALE 844
COMPLEXES ( NOMBRES) 116
CORPS 1% CONVERGENCE ABSOLUE
GROUPES - Généralités 524 SÉRIES ET PRODUITS INFINIS 802
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres CONVERGENCE DOMINÉE THÉORÈME
algébriques 702. 714 DE LA
COKJUGL’ÉE FONCTION FONCTIONS ( REPRÉSENTATION ET
CONVEXITÉ Fonctions convexes 147 APPROXIMATION DES) 385
INTÉGRATTON ET ME&RE 618
CONJUGUÉS HARMONIQUES SPEC TRALE ( THÉ ORIE) 826
CONIQUES 127
GÉOMÉTRIE 464 CONVERGENCE EN MOYENNE
FoNcrIo~s (REPRÉSENTATION ET
CONNEXE ESPACE APPROXIMATION DES) 362
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d’une CONVERGENCE EN MOYENNE
variable complexe 405
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 848
QUADRATI UE
FONCTIONS YREPRÉSENTATION ET
CONNEXE SIMPLEMENT APPROXIMATION DES) 362, 364
FONCTIONS ANALYTIQUES Fonctions d’une CONVERGENCE SIMPLE
variable complexe 414 FONC~IONS ( REPRÉSENTATION ET
CONNEXES COMPOSANTES APPROXIMATION DES) 365
FONCTI ONS ANALYTIQUES Fonctions d’une CONVERGENCE UNIFORME
variable complexe 405 FONC~IONS (REPRÉSENTATION ET
CONSiSTANCE, n/+w numérique APPROXIMATION DES) 362
DIFFERENTIELLES \EQUATIONS) 247 FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d'une
FoNcrIo~s (RE PRESENT ATION ET variable complexe 421
APPROXIMATION DES) 391, 397 NORMÉS ( ESPACES VECTORIELS) 737 735
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 846
CONTINUITÉ
CALCUL INFINITFkMAL '&kUl à une CONVEXE ENVELOPPE
variable 80 CONVEXITÉ - Ensembles convexes 133. 13~
Foïwmo~ (NOTION DE) 141
MÉTRIQUES ( ESPACES) 656, 660 l CONVEXITÉ 131
NoRMÉs (ESPACES VECTORIELS) 733 HILBERT ( ESPACE DE) 602
TOPOLOGiE GÉNÉRALE 841 ' TOPOLOGIQUES ( ESPACES VECT ORIELS) 857
CONTINUITÉ É QUATION DE CONVOLUTION PRODUIT DE
DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
Sources et applications /83 Théorie linéaire IYI
CONTINUITÉ UNIFORME DISTRIBUTIONS 2x2
MÉTRIQUES ( ESPACES) 656 FoNcmoNs (REPRÉSENTATION ET
NomtÉs (ESPACES VECTORIELS) 733 APPROXIMATION DES) 373
HARMONIQUE (ANA L Y S E ) 590
CONTRACTION NORMÉ ES ( ALGÈ BRES) 722
ERGODIQUE (THÉORIE) 335 SYMBOLIQÙE (CALCUL) 829
TENSORIEL (CALCUL) 839
COORDONNÉES
CONVERGENCE GÉOMÉTRIE 460
ANNEAUX ET ALGÈBRES 41 TENSORIEL (CALCUL) 834, 836
COMPLEXES (NOMBRES) 117
DIFFERENTIELLES ( EQUATIONS) 245. 247. 251 COORDONNÉES HOMOGÈNES
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 475 486
DISTRIBUTIONS 276
FONCTIONS (REPRÉSENTATION ET PROJECI?FS ( ESPACE ET REPÈRE)
APPROXIMATION DES) 36' 364 396 CORDES VIBRANTES
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d'une DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX)
variable complexe 402 Sources et applications 173
HbRMONIQUE (ANALYSE) 585 HARMONIQUE (ANALYSE) 583
M,ETRIQUES ( ESPACES) 6.57 SERIES TRIGONOMÉTRIQUES 807
SERIES ET PRODUFS INFINIS 800
SERIES TRIGONOMETRIQUES 808, 812 . CORPS 149
TopoLoG~~u~s (ESPACES VEC TORIELS) x58. ALGÈBRE 16
863 COMPLEXES (NOMBRES) 115
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
CONVERGENCE ABSCISSE DE algébriques 710
SYMBOLIQUE (CALCUL) X28 QUADRATIQUES ( FORMES) 780

895
INDEX

CORPS ALGÉBRIQUEMENT CLOS CUBIQUES


COMPLEXES ( NOMBRES) 117 COURBES ALGÉBRIQUES 163, 166
cows 15j DIOPHANTIEKNES (É QUATIONS) 270
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 474
CYCLE> ro/dug;e
CORPS DE CLASSES THÉORIE DC GÉOMETRIE ALGÉBRIQUE 493
CORPS 158
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) 667 CYCLE D’UNE COURBE
NOMB RES ( THÉ ORIE DES) - Nombres COURBES ALGÉBRIQUES 169
algébriques 715 CYCLOïDE
CORPS FINIS GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 500
CORPS 15(1. 159 VARIATIONS (CALCUL DES) 876
CORPS QUADRATIQUE CYCLOTOMIQUES ANNEAUX & CORPS
DIVISIBILITÉ 293 ALGÈBRE 17
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Théorie analytique N OMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
6X1 algébriques 702. 712
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
algébriques 714 CYLINDRE
QUADRIQUES 793
COSINUS
COMPLEXES (NOMBRES) 118 DARBOUX TRIÈDRE DE
EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 348 GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQL'E 513
GRcwPEs - Groupes classiques et géométrie DÉCIMAL DÉVELOPPEMENT
535 CALCUL INFINITÉSIMAL - CakUi à "0C
COSINUS HYPERBOLIQUE variable 68
EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 344 DÉCIMAL NOMBRE
COCPLE CALCVL INFINITÉSIMAL Calcul à WK
ENSEMBLES ( THÉ ORIE É LÉ MENTA IRE DES) 309 variable hn
NUMÉRATION 746
COURBE ELLIPTIQUE
COURBES ALGÉBRIQUES 167 DÉCI11AL SYSTÈME
FERMAT (GRAND THÉORÈME DE) 357 NUMÉRATION 744
COURBE IRRÉDUCTIBLE DÉCOMPOSITION EN FACTEURS
COURBES ALGÉBRIQUES 161 PREMIERS
ANNEAUX COMMUTATIFS 3/
COURBES DIVISIBILITE 288
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 4Y6
DÉCROISSANTE FONCTION
. COCRBES ALGÉBRIQUES fhl, 503. 5 1 3 CALCUL INFINITÉSIMAL - CakLIl à. utle
DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 269 variable KO
FONCTIONS ANALYTIOUES -
Fonctions
elliptiques et modulaire 437 DEDEKIND ANNEAU DE
FONCTIONS ANALYTIQUES - Représentation ANNEAUX COMMUTATIFS 32
conforme 450 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 474 478 algébriques 713
QUADRIQUES 790
DEDEKIND RICHARD (1831-1916)
COURBES BICARACTÉRISTIQUES ALGÈBRE 16
DÉ RIVÉ ES (É QUATIONS
PARTIELLES AUX) CORPS 151
Sources et aoolications 175 NOMBRES ( THÉ ORIEDES) - Nombres
DÉ RIVÉ ES PART~LLES (É QUATIONS AUX) - algfbriqucs 7/0. 7/2. 714
Théorie Ikaire 194 ZÊTA ( FONCTION) XX4
COURBES RÉGULIÈRES DEGRÉ D’UNE ÉQUATION
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 503 É QUATIONS ALGÉ BRIQUES 321
COURBES UNICURSALES DEGRÉ D’CN POLYNÔME
COURBES ALGÉBRIQUES 165 POLYNÔMES 7>8
COURBURE DENJOY ARNAU D (i8wiYi4)
CONIQUES 123, 126 INTÉGRATION ET MESURE 621
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIOUE 503. ORTHOGONAU X (POLYNÔMES) 753
S/I. 513
DÉNOMBRABLE
CROISSANTE FONCITON MÉTRIQUES (ESPACES) 656
CALCUL INFINITÉSIMAL - CakUl à une
variable Kf) Ul!.RUI\lBRE~~ENï
COMBINATOIRE (ANALYSE) If)( COMBINATOIRE (A N A L Y S E ) 102
CUBE DÉNOMINATECR
GROUPES - Généralit& 521 ANNEAUX COMMUTATIFS 27

896
INDEX

DENSE PARTOUT DIFFÉRENCES FINIES MÉTHODES DE


MÉTRIQUES (ESPAC ES) 655, 662 DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 235
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 843
DIFFÉRENTIABLES VARIÉTÉS
DÉRIVATION, unalpe nuthémutique - VARIÉTES DIFFÉRENTIABLES
CALCUL INFINITÉSIMAL - C&Ul à "ne
variable 82, 85 DIFFÉRENTIELLE
CALCUL INFINITÉSIMAL - C&Ul à plUSi.ZUIS CALCUL INFINITÉSIMAL - CalCUl à DlUSieUIS
variables 96 variables 91, 97
ANALYTI Q U E S - Fonctions d’une
F O N C T IO N S GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 498
variable complexe 406 l DIFFÉRENTIELLES ÉQUATIONS 222
INTÉ GRATI ON ET MESURE 621 ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 59
DÉRIVATION COMPLEXE
FONCI~ ONS ANALYTIQUES - Fonctions d’une
variable complexe 406
FONCTIONS ANALYTI QUES - Représentation
conforme 439 Équations non linéàirès 199, 217, i2/
INTÉ G RAL E S (É Q U A T I O N S ) 604
DÉRIVATION EXTÉRIEURE ORTHOGONAUX (POLYNÔMES) 754
CALCUL INFINITÉSIMAL - CakUl à plIISieUIS SYMBOLIQUE (CALCUL) 83/
variables 95 DIFFÉRENTIELLES FORMES
DÉRIVATION FORMELLE TBNSORIEL (CALCUL) 835
POLYNÔMES 758
DIFFÉRENTIELS SYSTÈMES
DÉRIVÉE AU SENS DE GÂTEAUX DIFFÉ RENT IELLES (É QUATIONS) 226
CONV EXI TÉ - Fonctions convexes 14x
DIFFUSION
DÉRIVÉE COVARIANTE DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS Aux) -
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 5/5 Sources et applications 182
TENSORIEL (CALCUL) 840 DÉRIVÉES PARTIELLE~ (ÉQUATION~ AUX) -
Equations non linéaires 215, 222
DÉRIVÉE PARTIELLE
CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à plusieurs DIMENSION
variables 91 ANNEAUX ET ALGÈBRES 41
DISTRIBUTIONS 281 LINÉ AIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈ BRE) 635
PROJECTIFS (ESPACE ET REPÈRE)
l DÉRIVÉES PARTIELLES ÉQUATIONS AUX
171 DIMENSION D’UNE VARIÉTÉ
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 488
DESARGUES GÉRARD (1591-1661) PROIE~IIFS (ESPACE ET REPÈRE)
GÉOMÉTRIE 463
DINI THÉORÈME DE
DESCARTES RENÉ (1596-l 650) FONCTIONS ( REPRÉSENTATION ET
EQUATIONS ALGEBRIQUES 324 APPROXIMÀTION DES) 365
GEOMETRIE 460
. DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS 251
DÉTERMINANT DIOPHANTIENNES (É QUATIONS) 262. 271
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 646 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) 664

DÉTERMINATION PRINCIPALE DU l DIPPHANTIENNES ÉQUATIONS 261


LOGARITHME EQUATIONS ALGEBRIQUES 322
EXPONENIIELLE ET LOGARITHME 353 FERMAT (GRAND THEORÈME DE) 355
FONCTIONS ANALYTI QUES - Fonctions d’une
variable complexe 417 ~~b~q~~6~~ :z] - %mbres
DÉVELOPPEMENT ASYMPTOTIQUE
ASYMPTOTIQIJES (CALCULS) 51, 62 DIRAC É Q U A T I O N D E
hwÉEs PARTIELLES (ÉQUATIONS Aux) -
DÉVELOPPEMENT LIMITE Sources et applications 176. 185
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 51
DlRAC FONCITON DE
DICKSON LEONARD EUGENE (18741954) DISTRIBUTIONS 275
DIOPHANTIENNES (É QUATIONS) 265 Foncions ( REPRÉSENTATION ET
APPROXIMATION DES) 368
DIFFÉOMORPHISME
CALCUL INFINITÉSIMAL - C&Ul à PlIISiWIS DIRICHLET INTÉGRALE DE
variables Y8 DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX)
Sources et applications 180
DIFFÉRENCE SYMÉTRIQUE
ENSEMBLES (THÉORIE É LÉMENTAIRE DES) 305 DIRICHLET NORME DE
POTENTIEL ET FONCZTONS HARMONIQUES 771
DIFFÉRENCES CALCUL DES
DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 249 y;H$HLET PETER GUSTAV LEJEUNE (1805.
FONCTIONS ( REPRÉSENTATION ET
APPROXIMATION DES) 381 DIOPHANTIENNES ( APPROXIMATIONS) 257

897
INDEX

DIOPHANTIENNES (É QUATIONS) 268 DIVISION EUCLIDIENNE


NOMBRES (THÉORIE DES) 664 ANNEAUX COMMUTATIFS 30
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Théorie analytique DIVISIBILITÉ 287
681 POLYNÔMES 760
NOMBRES ( THÉ ORI E DES) - Nombres
algébriques 7U!, 708, 7/2 DOMAINE
SÉRIES TRIGONOMETRIQUES 808 CONVEXITÉ - Fonctions convexes 143
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d‘une
DIRICHLET PROBLÈME DE variable complexe 405
DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) - FONCTIONS ANALYTIQUES - Représentation
Sources et applications 177, /KO conforme 444
DÉRIVÉE~ PARTIELLES (ÉQ UATIONS AUX) -
ThCoriz iinkaire i4i DUAL
INTÉ GRAL ES (É QUATIONS) 604 LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈBRE) 628,
POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 765. 63X
769, 772
DUAL D’UN GROUPE
DIRICHLET S É RIE DE HARMONIQUE (A N A L Y S E ) 594
NOMBRES THÉORIE DES) 665 DUALITÉ
NOMBRES I THÉ ORIE DES) - Théorie analytique FoNcTIoNs (REPRÉSENTATION ET
677, 682 APPROXIMATION DES) 367
DISCONTINUITÉ HARMONIQUE (ANALYSE) 594
FONCTION ( NOTION DE) TOPOLOGIQUES ( ESPACES VECTORIELS) 867

DISCRÉTISATION e
DIFFÉ RENT IELLES (É QUATIONS) 244
DIOPHANTIENNES ( APPROXIMATIONS) 255
FONC~IONS ( REPRÉ SENT ATION ET EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 343
APPROXIMATION DES) 377 TRANSCENDANTS ( NOMBRE~) X71

DISCRIMINANT D’UN CORPS EFFILÉ ENSEMBLE


NOMBRES ( THÉORIE DES) - Théorie analytique POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 769
6X3 EISENSTEIN FERDINAND GOTTHOLD MAX
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres (1823-18521
algébriques 71 I ' NOMBRES'(THÉORIE DES) - Nombres
DISCRIMINANT D’UNE FORME algébriques 700
QUADRATIQUES (FORMES) 781 É L ÉM ENT
DISTANCE ENSEMBLES ( THÉ ORIE É LÉ MENTAIRE DES) 2Y6
MÉTRIQUES( ESPACES) 651, 65X ELLIPSE
NORMÉS (ESPACES VECTORIELS) 7311 CONIQUES 125. 128
TOPOLOGIE GÉNÉRALE X42
ELLIPSOïDE
l DISTRIBUTIONS 275 QUADRIQUES 794
DÉRIVÉES PARTIELLES
(ÉQUATIONS Aux) /72
DÉRIVÉE~ (É QUATIONS AUX) -
PARTIELLES ELLIPTIQUE TYPE
Théorie linéaire /XX, IY/, lY.5 DÉ RIVÉ ES PARTIELLES (É QUATIONS AUX) -
DÉPIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS Aux) - Sources et applications 177. 184
Eauations non linéaires 1~8. 200 DÉ RIVÉ ES PARTIELLES (É QUATIONS AUX) -
FoNkoNs (RE PRÉ SENTATION ET Théorie linéaire 189, 192
APPROXIMATION DES) 365. 369. 387
POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 767 ELLIPTIQUES INTÉGRALES
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions
SYMBOLIQUE (CALCUL) X29
TOPOLOGIQUES (ESPACES VECTORIELS) X68 elliptiques et modulaire 432

DISTRIBUTIONS TEMPÉRÉES EMPILEMENT


CONVEXITÉ - Ensembles convexes 134
DISTRIBUTIONS 2X3
HARMONIQUE (ANALYSE) 591 ENDOMORPHISME
DISTRIBUTIVITÉ LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE
ORTHOGONAUX (POLYNÔMES)
( ALGÈBRE)
751
625
ANNEAUx ET ALGÈBRES 37
ENSEMBLES (THÉORIF ÉLÉMENTAIRE D ES) .30? ~PE~TP.ALE ( THÉORIE) 817

DIVERGENCE ENDOMORPHISME DIAGONALISABLE


SÉRIES ET PRODUITS INFINIS 8(1o SPECTRALE ( THÉORIE) 818

DIVISEUR DE ZÉRO É NERGIE


POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 77/
ANNEAUX ET ALGÈBRES 43
ENSEMRI,E ALGÉRRIQIJE
l ÛIVISIBILITÉ a/ GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 47% 482
ANNEAUX COMMUTATIFS 26, 33
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres ENSEMBLE COMPLÉMENTAIRE
algébriques 703, 705 ENSEMBLES ( THÉ ORIE É LÉ MENT AIRE DES) 3114.
0RDowÉs ( ENSEMBLES) 749 306

898
INDEX

ENSEMBLE DES PARTIES ÉQUIP~TENCE


ENSEMBLES (THÉORIE É LÉMENTAIRE DES) 2YY NUMÉRATION 742
ENSEMBLE PRODUIT ÉQUIRÉPARTITION
ENSEMBLES THÉ ORIE ÉLÉ MENT AIRE DES) 309 DIOPHANDENNE~ (APPROXIMATIONS) 260
GROUPES - &énérahtés 527
ÉQUIVALENCE RELATION D'
ENSEMBLE QUOTIENT CORPS 152
ENSEMBLES (THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES) 316 ENSEMBLES (THÉORIE ÉLÉMENTAIRE D ES) 3/5
GROUPES - Généralités 523
ENSEMBLE VIDE
ENSEMBLES (THÉORIE É LÉMENTAIRE DES) 298, ÉQUIVALENCE BIRATIONNELLE
304 GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 478, 481, 483, 490
ENSEMBLES THÉORIE DES ÉQUIVALENTES FONCTIONS
INTÉGRATION ET MESURE 612 ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 48
NUMÉRATION 742
ÉQUIVALENTE S MATRICES
l ENSEMBLES THÉ ORIE ÉLÉMENTAIRE DES 295 LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE ( A LGÈBRE) 642
BOOLE (ALGEBRE ET ANNEAU DE)
oRDoNNÉs ( ENSEMBLES) 747 ERDOSWINTNER THÉ ORÈ ME D'
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Théorie analytique
ENSEMBLES CONVEXES 6X7
CONVEXITE Ensembles convexes 131
l ERGODIQUE THÉORIE 329
ENSEMBLES D’UNICITÉ
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES 813 ERLANGEN PROGRAMME D'
GÉOMÉTRIE 472
ENSEMBLES ORDONNÉS GROUPES - Groupes classiques et géométrie
- ORDONNES ENSEMBLES 530
ENTIER ÉLÉMENT ERREUR FONCTION D'
ANNEAUX COMMUTATIFS 29 ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 52. 62
ENTIER ALGÉBRIQUE ESCALIER FONCTION EN
ALGÈBRE 18 FONCTION~ (REPRÉSBNT.~TION ET
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres APPROXIMATION DES) 383
algébriques 7//
ESPACE AFFINE b AFFINES ESPACE &
ENTIER NATUREL REPÈRE
FERMAT (GRAND THÉORÈME DE) 355
NUMERATION 743 ESPACE ANALnIQUE
GEOMETRIE ALGEBRIQUE 488
ENTROPIE
DÉjwÉEs PAR TIELLES (ÉQ UATIONS ALK) - ESPACE COMPACT
Equations non linéaires ZOO CALCUL INFINITÉSIMAL CakUI à une
ERGODIQUE (THÉORIE) 334 variable 69
FoNcTIoNs ( REPRÉSENTATION E T
ÉQUATION FONCTIONNELLE APPROXIMATION DES) 365
zÊT.4 (FONCTION) 8x3, 888 METRIQUES ( ESPACES) 657
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 847
É Q U ATION LINÉ A I R E
DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) - ESPACE COMPLET
Théorie linéaire /86 FONCTIONS ( REPRÉSENTATION E T
DIFFÉ R E N T I E L L E S (ÉQ U A T I O N S ) 227 APPROXIMATION DES) 363. 366
LINEAIRE ET MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 62Y, 643 METRIQUES ( ESPACES) 65Y
NORMES (ESPACES VECTORIELS) 731
l ÉQUATIONS ALGÉBRIOUES 317 TOPOLOGIQUES (ESPACES VECTORIELS) 862
COMPLEXES (NOMBRES) fi2 116
CORPS 157 ESPACE DE HILBERT b HILBERT
ÉQUATIONS Aux
DÉRIVÉES
ESPACE DE
PARTIELLES t DÉRIVÉES ESPACE DISQUÉ
PARTIELLES ÉQUATIONS AUX TOPOLOGIQUES (ESPACES VECTORIELS) 857.
866
ÉQUATIQNS DIFFÉRENTIELLES
w DIFFERENTIELLES É QUATIONS ESPACE EUCLIDIEN
GEOMETRIE DIFFERENTIELLE CLASSIQUE 497
ÉQUATIONS DIOPHANTIENNES
c DIOPHANTIENNES É QUATIONS
GRoum - Groupes classiques et géométrie
533
ÉQUATI~ONS INTÉGRALES ESPACE FIBRÉ t FIBRÉ
b INTEGRALES ÉQUATIONS
ESPACE HERMITIEN
ÉQuICONTINUITÉ HILBERT (E S P A C E D E ) 596. 599 602
NORMÉ~ (ESPACES V ECTORIELS) 737
POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 766 ESPACE HOMOGÈNE
TOPOLOGIQUES (ESPA CES VECTORIELS) 863 GROUPES - Généralités 529

a99
INDEX

ESPACE LOCALEMENT ANNELÉ EULER INDICATEUR D'


GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 485 DIVISIBILITÉ 289
NOMBRES (THÉORIE DES) - Théorie analytique
ESPACE LOCALEMENT COMPACT 684
MÉ TRIQUES ( ESPACES) 65Y
TOPOLOGIE GÉNERALE 848 EULER LEONHARD (1707-I 783)
CALCUL INFmiTÉSIMAL Calcul à plusieurs
ESPACE LOCALEMENT CONVEXE variables Y/
CONVEXITÉ - Ensembles convexes 141 COMBINATOIRE (ANALYSE) 110
TOPOLOGIQUES ( ES PACES VECTORIELS) X57 COMPLEXES ( NOMBRES) 116
C O N V E X I T É Ensembles convexes 136
ESPACE PROJECTIF b PROJECTIFS DIOPHANTIENNES (É QUATIONS) 263. 267. 272
ESPACE & REPÈRE EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 337. 343,
ESPACE SÉPARÉ 348. 352
CONVEXITÉ - Ensembles convexes 132, 140 FONCTION ( NOTION DE)
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 847 GAMMA (FONCIION) 45/. 455
TOPOLOGIQUE (ALGÈBRE) X51 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres

TOPOLOGIQUES ( ESPACES VECIORIELS) 857. algébriques 6Y7


861 VARIATIONS (CALCUL DES) 875

ESPACE TONNELÉ EULFR MÉTHODE DU PAS À PAS D', ‘WI‘&


TOPOLOGIQUES ( ESPACES VECT ORIELS) 867 nurnenyue
DIFFERENTIELLES (ÉQUATIONS) 244. 246, 24Y
ESPACES L P FONCTION~ (REPRÉSENTATION ET
INTÉGRATION ET MESURE 620 APPROXIMATION DES) 361
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES
TOPOLOGIQUES
812
( ESPACES VECTORIELS) 858
EULER-FERMAT THÉOR&E D'
DIVISIBILITÉ 291
868 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
ESPACES MESURÉS algébriques 7~4
INTÉGRATION ET MESURE 612. 616 EULER-LAGRANGE ÉQ U A TIO N D '
ESPACES MÉTRIQUES * MÉTRIQUES VARIATIONS (CALCUL DES) 877
ESPACES EULER-MACLAURIN FORMULE D'
ESPACES VECTORIELS ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 54
AFFINE (APPLICATION) EULER-POINCARÉ CARACI'kRIS'IIQUE D'
AFFINES ( ESPACE ET REPERE) GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 494
ALGÈBRE 20 GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 516
LINÉAIRE E T MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 625
PROIECTIFS ( ESPACE ET REPÈ RE) EULÉRIENNES INTÉGRALES
SPECTRALE ( THE ORIE) X/X GAMMA ( FONCTION) 452
ESPACES VECTORIELS NORMÉS EULÉRIENS DÉVELOPPEMENTS
* NORMÉS ESPACES VECTORIELS EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 353
ESPACES VECTORIELS TOPOLOGIQUES EXHAUSTION MÉTHODE D'
t TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS LIMITE (NOTION DE)

ÉTAGÉE FONCTION EXPONENTIELLE FONCTION


CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à une EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 342
variable 72 FONCTIONS ( REPRÉS ENT ATION ET
INTÉGRATION ET MESURE 614 APPROXIMATION DES) 36/
FONCTIONS ANALYTIQUES - Représentation
EUCLIDE (-IV~--III~ s.) conforme 442
GÉOMÉTRIE 458
NOMBRES (THÉORIE DES) 663 l EXPONENTIELLE & LOGARITHME 337
COMPLEXES ( NOMBRES)
117
EUCLIDE P O ST U L AT D' FONCTIONS - Fonctions
ANALYTIQUES d'une
GÉOMÉTRIE 45X. 468 variable complexe 416
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
EUDOXE DE CNIDE (-400 env.--355) p-adiques 694
!NTÉGR4T!oN ET MESURE h!!
EXTENSION D’UN CORPS
EULER CONSTANTE D' CORPS ISO, 153, 156
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 54 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
GAMMA ( F O N CT I O N ) 453 p-adiques 6~6
TRANSCENDANTS (NOMBRES) 871 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres

ElmJLER ÉQI~TI~NS n’ algébriques 718


DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) EXTÉRIEUR PRODUIT
Equations non bnéaires 203. 2CJ6 LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈBRE) 645
EULER FORMULE D', ~~~po/o~~~ EXTRÉMUM
CONVEXITÉ - Ensembles convexes 137 VARIATIONS (CALCUL DES) 87.5

900
INDEX

FACTORIEL ANNEAU FONCTION CARACTÉRISTIQUE D’UNE


ANNEAUX COMMUTATIFS 31 PARTIE
COMBINATOIRE (ANALYSE) 104
FAISCEAUX ENSEMBLE~ (THEORIE ELEMENTAIRE DES) 306
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 484, 491. 494
FONCTION DE VARIABLE COMPLEXE
FAREY surm DE COMPLEXES (NOMBRE~) 117
NOMBRES (THÉORIE DES) - Théorie analytique EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 347
672, 674 FONCTIONS ANALY TI QUES - Fonctions d’une
variable complexe 402
FEIT & THOMPSON THÉORÈME DE
GROUPES Groupes finis 553 FONCTION GAMMA ) GAMMA
GROUPES - Representation linéaire des FONCTION
groupes 555, 561
FONCTION HOLOMORPHE
FEJÉR LEOPOLD (1880-I 959) DIFFÉRENTTELLES (ÉQUATIONS) 226
HPRMONIQUE ( ANALYSE) 586, 589 FONCTIONS ANALYTIQUES Fonctions
SERIES TRIGONOMETRIQUES 810 elliptiques et modulaire 432
FONCTIONS ANALYTIQUES - Représentation
l FERMAT GRAND THÉORÈME DE 354 conforme 440. 447
ALGhBRE 17 TopoLoGIQu~s ( ESPACES VECTORIELS) 859
DI~PHANTIENNES (ÉQUATIONS) 267
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
FONCTION TANGENTE
algébriques 701 CALCUL INFINITÉSIMAL CakLIl à phISieUrS
variables 96
FERMAT NOMBRE DE EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 349
DIVISIBILITÉ 290
FONCTION ZÊTA b ZÊTA FONCIION
FERMAT PETIT TH É OR È ME DR
DIVISIBIL~É 291
FONCTIONS ALGÈBRE DE
ANNEAUX ET ALGÈBRES 39
FERMAT PIERRE DE (1601-1665) NORMÉ ES ( ALGÈ BRES) 720
DIOPHANTIENNES (É QUATIONS) 266 l FONCTIONS REPRÉSENTATION &
FERMAT (GRA ND THÉ ORÈ ME DE) 355
APPROXIMATION DES ,360
GÉOMÉTRIE 461 DIFFERENT IELLES ( EQUATIONS) 245
NOMBRES (THÉORIE DES) 663
’ FONCTIONS ANALYTIQUES 400
FERMÉ ANNEAUX ET ALGÈBRES 39
MÉ TRIQUES ( ESPACES) 655 AS,YMvOTIQUES (CALCULS) 58
NORMÉS ( ESPACES VECTORIELS) 735, 738 DERIVEES PARTIELLE~ (EQUA TIONS AUX)
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 843 Théorie linéaire 187
TOPOLOGIQUE (AL GÈ BRE) 851 DISTRIBUTIONS 285
FoNcrIoNs (REPRÉSENTATION ET
FERMETURE, topologie APPROXIMÀTION DES) 371
MÉTRIQUES (ESPACES) 655 NOMBRES (THÉ ORIE DES) Nombres
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 843 p-adiques 694
FERMETURE INTÉGRALE NORMÉES (ALGÈBRES) 724
ANNEAUX COMMUTATIFS 29 TOPOLOGIQUES ( ESPACES VECTORIELS) 862

FERRARI LUDO”!CO (1522-1565) FONCTIONS CONVEXES


CONVEXITÉ Ensembles convexes 141
EQUATIONS ALGEBRIQUES 323
- Fonctions convexes 142
CONVEXI TÉ
FIBRÉ FONCTIONS DE BESSEL ) BESSEL
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 4K4 FONCITONS DE
FILTRE & ULTRAFILTRE FONCTIONS ELLIPTIQUES &
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 846 MODULAIRE
TOPOLOGIQUE ( ALGÈ BRE) 850. 855 COURBES ALGÉBRIQUES 167
TOPOLOGIQUES ( ESPACES VECTORIELS) 857 FONCTIONS ANALYTIQUES Fonctions
FLUIDES MÉCANIQUE DES elliptiques et modulaire 431
NOMBRES ( THÉORIE DES) Théorie analytique
DÉRIVÉES PA RTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
670
Foucces et applications IX3 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
DEFIvEEs PARTIELLES (ÉQUATIONS Aux) - p-adiques 695
Equations non linéaires 199. 201, 203 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
l FONCTION NOTION DE 358 algébriques 699, 716
ENSEMBLES (THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES) 3/3 FONCTIONS HARMONIQUES
HARMONIOUE (ANALYSE) 584 b HARMONIQUES FONCTIONS
SÉRIES TRiGONOMÉTRIQ;ES 809
FONCTIONS IMPLICITES THÉORÈME DES
FONCTION ANALYTIQUE É LÉ MENT DE CALCUL INFINITÉSIMAL - cakd à DhLkIrS
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d’une variables 99
variable complexe 428 GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 504

901
INDEX

FORME ALTERNÉE FREDHOLM ALTERNATIVE DE


LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 644 INTÉ GRAL ES (É QUATIONS) 607
QUADRATIQUES ( FORMES) 782 SPECTRALE ( THÉ ORIE) X23
FORME LINÉAIRE FREDHOLM TVAR (1866-l 927)
DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 230 INTÉ G RAL E S (É Q U A T I O N S ) 606, 6UY
DISTRIBUTIONS 278 SPECTRALE ( THÉ ORIE) 823, 825
INTÉGRATION ET MESURE 614. 618
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈBRE) 626 FRÉNET TRIÈDRE DE
QUADRATIQUES (FORMES) 777 GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 502

FORMES FONDAMENTALES SUR UNE FROBENIUS AUTOMORPHISME DE


156. 159
SURFACE CORPS
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 510
algébriques 717
FORMES QUADRATIQUES ZÊTA ( FONCT ION) 8X6
h QUADRATIQUES FORMES FROBENIUS GEORG FERDINAND (1849-1917)
FOURIER COEFFICIE~~~~ DE DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS Aux)
DISTRIBUTIONS 284 Théorie linéaire 191
HPRMONIQUE ( ANALYSE) 5x5 GROUPES - Représentation linéaire des
SERIES TRIGONOMETRIQUES 807 groupes 556, 561
FOURIER JOSEPH (1768-1830) FROBENIUS GROUPES DE
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES 8118 GROUPES - Groupes finis 54~
FOURIER OPÉRATEURS INTÉGRAUX DE FUBINI THÉORÈME DE
DÉRIVÉE~ PA RTIELLES (ÉOUATIONS AUX)
FoNcrIoNs (REPRÉSENTATION ET

Théorie linéaire 19‘7 . APPROXIMATION DES) 387

FOURIER SÉRIE DE FUCHS É QUATION DU TYPE DE


BESSEL ( FONCTIONS DE) 64
FoNmoN ( NOTION DE)
DIFFÉ RENTIELLES (É QUATIONS) 227
FoNcrIoNs (REPRÉSENTATION ET
APPROXIMATION DES) 372. 376, 390 FUCHSIENNE FONCTION
HARMONIQUE ( ANALYSE) 584 FONCTIONS ANAL~IQUES - Fonctions
HILBEFT ( ESPACE DE) 5Y9 elliptiques et modulaire 437
NPRMEES (ALGEBIJES) 724
SERIES TRIGONOMETRIQUES 8Oi $11 CPILOIS ÉVARISTE (181 l-1832)
ALGÈBRE 14. 16
FOURIER TRANSFORMATION DE CORPS 157, 159
DÉ RIVÉ ES PARTI ELLES (É QUATIONS AUX) 172
DÉ RIVÉ ES PARTIELLES (É QUATIONS AUX) GALOIS GROUPE DE
Théorie linéaire 194 CORPS 156. ISY
DISTRIBU?IONS 2X3 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
FONCTIONS ( REPRÉ SENTATION ET
algébriques 705, 716
APPROXIMÀTION DES) 367 TOPOLOGIQUE ( ALGÈBRE) 852
HARMONIQUE (ANALYSE) 5Y(l. 594 l GAMMA FONCTION 451
SYMBOLIQUE (CALCUL) 830
GAUSS CARL FRIEDRICH (1777-1855)
FOURIER-PLANCHEREL TRANSFORMATION ALGÈBRE 14. 17
DE COMPLEXES ( NOMBRES) 116
HARMONIQUE (ANALYSE) 592. 595 DIOPHANTIENNE~ (APPROXIMATIONS) 255
DIOPHANTIENNES (ÉQUATTONS) 263. 267
FOYER DIVISIBILITÉ 2YO
CONIQUES 121. 124 É QUATIONS A LGÉ BR IQ UE~ 325 327
FRACTION CONTINUÉE F O N C T I O N S A N A L Y T I Q U E S - Représentation

DI0pHANTIEwE.s (APPROXIMATIONS) 253 conforme 438


FoNcTIoNs (REPRESENTATION ET GAMMA ( FONCTION) 453
APPROXIMATION DES) 375 GÉOMÉTRIE 468
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 511
FRACTION RATIONNELLE LIMITE ( NOTION DE)
CORPS 152 NOMBRFS (T&ORIF DESI 664
NOMBRES ( THÉ ORIE DES/ - Nombres
FRACTIONNAIRE IDÉAL algébriques 698
ANNEAIJX COMMUTATIFS 33 POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 762.
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres 770
algébriques 715
GAUSS ENTIER DE
FRACTION CORPS DE ?loMBRCS \isu&wl=
. ..I" I\LL DES) No!&PS
ANNEAUX COMMUTATIFS 27 algébriques 700
CORPS 152
GAUSS PÉRIODES DE, a[ >bre
FRÉCHET ESPACE DE NOMBRES ( THÉ ORIE DES P - Nombres
TOPOLOGIQUES (ESPACES VECTORIELS) H-8 algébriques 698

902
INDEX

GAUSS SOMMES DE GÉOMÉTRIES NON EUCLIDIENNES


GAMM A (FONCTI ON) 456 FONCTIONS ANALYTIQUES - Représentation
NOMBRES ( THÉ OR IE DES) Nombres conforme 446
algébriques 698, 716 GÉOMÉTRIE 468
GELFAND rzmü MOÏSSEïEWa (19 13. ) GROUPES - Groupes classiques et géométrie
NORMEES (AL GÈ BRES) 720, 727
541

GELFAND TRANSFORMATION DE GERMAIN SOPHIE (1776-l 83 1)


NORMÉES (ALGÈBRES) 722, 725 DIOPHANTIENNES (É QUATIONS) 268
SPECTRALE ( THÉORIE) 826 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
algébriques 701
FgEk;OND ALEXANDRE OSSIPOVITCH (1906
GERMES ALGÈBRE DES
TRANSCENDANTS ( NOMBRES) 871 ANNEAUX ET ALGÈBRES 3% 44
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 482
GELFOND-SCHNEIDER THÉORÈME DE
TRANSCENDANTS ( NOMBRES) 872 GHELFAND ISRAËL ) GELFAND ~ztiii

GÉNÉRATEURS SYSTÈ ME DE GIRARD ALBERT (1595-1632)


GROUPES - Généralités 520, 522 C OMPLEXES (NOMBRES) //3
ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES 324
GÉNÉRATRICE FAMILLE
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 633 GOLDBACH PROBLÈME DE
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Théorie analytique
GÉNÉRATRICE FONCTION 675
BESSEL ( FONCTIONS DE) 65
COMBIN ATOIRE ( ANAL YSE) 106 GRADIENT
ORTHOGONAUX (POLYNÔMES) 755 CALCUL INFINITÉSIMAL Calcul à PlUSieUrS
variables Y4
GENRE D’UNE COURBE OU D’UNE DÉ RIVÉ ES PARTIELLES (É QUATI ONS nux) -
SURFACE Théorie linéaire 187
COURBES ALGÉBRIqUES 170
DIOPHANTIENNES (E~UATIONS) 769 GRAPHE D’UNE RELATION
FONCTIONS ANAL+TI&ES - Réprésentation ENSEMBLES ( THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES) 310.
conforme 448 313
GÉODÉSIQUES GRAPHE FERMÉ THÉORÈME DU
DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) - NORMÉS ( ESPACES VECTORIELS) 737
Théorie linéaire 194 TOPOLOGIQUES (ESPACES VECTORIELS) 860
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 514
VARIATIONS (CALCUL DES) 876 GRAPHES THÉORIE DES
COMBINATOIRE (ANALYSE) 108
l GÉOMÉTRIE 456 CONVEXITÉ - Ensembles convexes 136, 140
ALGÈBRE 14
QUADRATIQUES (FORMES) 778 GRASSMANN HERMANN GÜNTHER (1809.
1877)
GÉOMÉTRIE AFFINE ALGÈBRE 21
AFFINES (ESPACE ET REPÈRE)
BARYCENTRE GRAVITÉ CENTRE DE
~R~~E~TIFS (ESPACE ET REPÈRE) BARYCENTRE
l GÉOMÉTRIE ALGÉBRIOUE 473 GREEN FONCITON DE
ALGÈBRE 18 DIFPÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 232
CORPS 153 INTEGRALES (ÉQUATIONS) 604
DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 268. 270. 273
FONCTIONS @ALYTIQUES 401 GREEN FORMULE DE
NOMBRES (THEORIE DES) 666 DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
PROJE~TIF~ (ESPACE ET REPÈRE) Sources et applications 178
POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 764
GÉOMÉTRIE ANALVTIQUE
FoNcmoN ( NOTION DE) GREEN NOYAU DE
F?NCT?ONS‘ANALYTIQUÉS 401 DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATI O N S A U X ) -
GEOMETRIE 460 Théorie linéaire 193
POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 766.
’ GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE 770
CLASSIQUE 496
GROTHENDIECK ALEXANDER (192% )
GÉOMÉTRIE ELLIPTIQUE ZÊTA (FONCTION) 887
GROUPES - Groupes classiques et géométrie
542 GR+?E ALGÉBRIQUE
GEOMETRIE ALGÉBRIQUE 494
GÉOMÉTRIE PROJECTIVE GROUPES Groupes de Lie 581
GÉOMÉTRIE 462
PROJECT~F~ (ESPACE ET REPÈRE) GROUPE ALTERNÉ
PROJECTIVES (APPLICATIONS) GROUPES - Groupes finis 548, 550

903
INDEX

GROUPE COMPACT GROUPE SYMPLECTIQUE


GROUPES - Groupes de Lie 564 GROUPES Groupes classiques et géométrie
TopoLoGIQuE ( A L G ÈB R E) X52, S i 4 545

GROUPE CYCLIQUE GROUPE TOPOLOGIQUE


GROUPES - Généralités j?o ALGÈBRE 24
GROUPES - Représentation linéaire des
GROUPE DE TRANSFORhlATIONS groupes 559
GÉOMÉTRIE 472 HARMONIQUE (ANALYSE) 593
GROUPES Groupes classiques et géométrie SÉRIES ET PRODUITS INFINIS 799, 803
530 To~o~owQuE ( ALGÈ BRE) 849
GROUPE DIÉDRAL GROUPE TRANSITIF
GROUPES - Généralités 520 GROUPES - Généralités 529
GROUPE D’UNE ÉQUATION GROUPES - G r o u p e s finis 5 4 8
CORPS 157 GROUPE UNI&lODULAIRE ou GROUPE
ÉQUATIONS A LG ÉB R I Q U E S 3 2 8 LINEAIRE SPECIAL
- Groupes classiques et géométrie
GROUPE LIBRE GROUPES
“_.
(il
GROUPES - Généralités 522
GROUPES - Groupes de Lie 563
GROUPE LINÉAIRE GÉNÉRAL
GROUPES - Groupes classiques et géométrie
GROUPE UNITAIRE
530 GROUPES - Groupes classiques et géométrie
GROUPES - Groupes finis 550 545

GROUPE LINÉAIRE SPÉCIAL . GROUPES 5/6


ALGÈBRE /3
b GROUPE UNIMODULAIRE GÉOMÉTRIE 471
GROUPE LOCALEMENT COMPACT GROUPES DE LIE b LIE GROUPES
cmmtA (FON~ION) 455 DE

HARMONIQUE (ANALYSE) 5Y3 GROUPES FINIS


ALGÈBRE 14
GROUPE MODULAIRE GROUPES - Groupes finis 546
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions
GROUPES - Representation linéaire des
elliptiques et modulaire 436
g r o u p e s 560
zÊT.4 (FONCTION) 889

GROUPE NILPOTENT HAAR ALFtiD (1885.1933)


ALGÈBRE 24
G ROUPES Généralités 526
H A R M O N I Q U E (A N A L Y S E) 593
GROUPES - Groupes finis 554

GROUPE ORTHOGONAL HAAR MESURE DE


HARMONIQUE (ANALYSE) 593, 595
GROUPES - Groupes classiques et géométrie
INTÉGRATION ET MESURE 620
533, 53X
N O R M ÉES ( A L G ÈBRES ) 7 2 1
GROUPES G r o u p e s d e L i e 5 6 3

GROUPE QUOTIENT HAAR THÉORÈME DE


FONC~IONS ( REPR ÉS E N T A T I O N ET
GROUPES - Généralités 525
APPROXIMATION DES) 393
TOPOLOGIQUE ( A L G ÈB R E) 8 5 2
HADAMARD FORMULE D’
GROUPE RÉSOLUBLE FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d’une
GROUPES -
Généralités 526
variable complexe 402
GROUPES - G r o u p e s finis 550
GROUPES - Groupes de Lie 564, 56k HADAMARD JACOUES Il 865-l 963)
DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
GROUPE SEMI-SIMPLE T h é o r i e l i n é a i r e 1~19
GROUPES - Généralités 527
NOMBRES ( TH ÉORIE DES ) - Théorie analytique
GROUPES - Groupes de Lie 565, 5% )
679
GROUPE SIMPLE HAHN-BANACH TH ÉO R ÈME DE
GROUPES - Généralités 525
CONVEXITÉ -
Ensembles convexes 140
GROUPES Groupes classiques et géométrie
NORMÉS ( ESPACES V EC T O R I E L S ) 7 3 7
532. 537. 543
TopoLoGIQuEs (ESPACES VECTORIELS) 860
G R O U P E S - G r o u p e s f i n i s 54~
X65
GROUPES - G r o u p e s d e L i e 5 6 5
HAMILTON WILLIAM ROWAN (1805-l 865)
GROUPE SPÉCIAL UNITAIRE ALGÈBRE 22
GROUPES Groupes classiques et géométrie coMpLExEs ( NOMBRES) 114
545
HAMILTON-C4YLEY THÉORÈME DE
GROUPE SYMÉTRIQUE SPECTRALE ( T H ÉO R I E) KIY
GROUPES - Généralités 528
GROUPES - G r o u p e s tinjs 5 4 6 HAMILTONIEN
GROUPES - Representatlon linéaire des &&Es PARTIELLES (É QUATIONS AUX) -
groupes 555 Equations non linéaires 213

904
INDEX

HARDY GODFREY HAROLD (1877-1947) l HILBERT ESPACE DE 596


ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 53 ALGEBRE 22
NOMBRES ( THEORIE DES) - Théorie analytique ERGODIQUE (THÉORIE) 332
673 GROUPES- Représentation linéaire des
groupes 559
HARDY NOTATIONS DE HARMoNIQUE (ANALYSE) 587, 5Y2
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 49
NORM~ ES ( ALG EBRES) 726
HARDY-LITTLEW~OD MÉTHODE DE NORMES (ESPACES VECTORIELS) 731. 738
ORTHOGONAUX (POLYNÔMES) 751
~%%?[%%RI(I%~+%~~~ analytique SPECTRAL E (THÉORIE) 823. 825
674
HILBERT THÉORÈME DES ZÉROS DE
. HARMONIQUE ANALYSE 583 GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 481
FONCTIONS (REPRÉSENTATION ET
HILBERT-SCHMIDT THÉORÈME DE
APPROXIMATIPN DES) 367
DIFFÉ RENT IELLES (É QUATIONS) 233
NORMEES ( ALGEBRES) 720
HARMONIQUE SYNTHÈSE
HISTOIRE DES MATHÉMATIQUES
HARMONIQUE (ANALYSE) 589 $OMPLEXES (NOMBRES) 113
EQUATIONS ALGEBRIQUES 318
HARMONIQUES FON@lONS FERMAT (GRAND THÉORÈME D E) 355
DERIVEES PARTIELLES (EQUATIONS AUX) - GÉOMÉTRIE 458
Sources et applications 178 GROUPES 516
POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 763 LImrE (NOTION DE)
NOMBRES (THÉORIE DES 663
HASSE ALGÈBRE DE NOMBRES ( THÉ ORI E DES 1 - Nombres
QUADRATIQUES (FORMES) 78/, 783 algébriques 697
HASSE HELMF (189% ) HOLDER INÉGALITÉ DE
NOMBRES (THEORIE DES) Nombres INTÉGRATION ET MESURE 620
algébriques 7/8
HOLMGREN THÉ ORÈ ME DE
HASSE PRINCIPE DE DÉRIvÉEs PARTI ELLES (ÉQUATIONS AUX) -
QUADRATIQUES (FORMES) 7X7, 786 Théorie linéaire IXH, 1~2
HAUSDORFF FELU< ( 1 8 6 8 - 1 9 4 2 ) HOMÉOMORPHISME
METRIQUES ( ESPACES) 651 CALCUL INFINITÉSIMAL - CakUl à olusieurs
HEAVISIDE OLIVER ( 1850-l 925) variables 98
SYMBOLIQUE (CALCUL) 827 FONCTIONS ANALYT IQUES - Représentation
conforme 444
HE&MvOLTZ ÉQUATION DE TOPOLOGIE GÉNÉRALE 844
DERIVEES PARTIE LLES (É QUATIONS AUX) TopoLoGIQuE (ALGÈBRE) 849
Sources et applications 177
DERIVEES PARTI ELLES (É QUATIONS AUX)
HOMOGRAPHIE
Théorie linéaire 197 FONCTIONS ANALYTIQUES - Représentation
conforme 446
HENSEL KURT (1861-1941) GÉOMÉTRIE 462, 467
NOMBRES (THÉORIE DES) - Nombres
p-adiques 690 HOMOLOGIE
GÉOMÉTRIE 465
HENSEL LEMME DE
NOMBRES (THÉORIE DES) - Nombres HOMOMORPHISME
Padiaues 692 ANNEAUX ET ALGÈBRES 38
TôpoLoCIQuE (ALGÈBRE) 855 EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 337. 341, 347
GROUPES - Généralités 519
HERMITE CHARLES (1822-1901)
DIOPHANTIE~ES ( APPROXIMA TIONS) 257 HOMOTHÉTIE
NOMBRES ( THEORIE DES) - Nombres EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 337
algébriques 711 GROUPES Groupes classiques et géométrie
QUADRATIQUES (FORMES) 785 532, 534
TRANSCENDANTS (NOMBRES) 871 HOMOTOPIE
HERMITE INI’ERPOLATTON DE FONCTIONS ANALYTIQUES Fonctions d'une
FoNcrIoNs (REPRÉSENTATION ET variable complexe 414
APPROXIMATION DES) 380 HOPF BIFURCATION DE
HILBERT DAVID (1862-l 943) +&Es PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
ALGÈBRE 22 Equations non linéaires 207
ANNEAUX COMMUTATIFS 35 HORMANDER LARS (1931. )
DI,OPH+TIENNES (É QUATIONS) 269 DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX)
GEOMETRIE 459
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
Théorie linéaire IHK, 190
algébriques 7/7 HURWITZ ADOLF (1859.1919)

905
INDEX

HUYGENS CHIHSTIAAN (1629-1695) INDÉFINIE FORME


DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS Aux) - QUADRATIQUES (FORMES) 785. 787
Sources et applications 176 INDÉPENDANCE, algèbre
HYPERBOLE TRANSCENDANTS ( N O M B R E S ) 874
CONIQUES 125, 129
INDÉTERMINÉE
HYPERBOLIQUE TYPE POLYNÔMES 758
DÉRIVÉES PARTI ELLES (É QUATION~ AUX) -
INDICE D’UN GROUPE
Sources et applications 174, 184 GR OUPES - Généralités 523
DERIVÉES PARTIELLE~ (ÉQUATT~NS AUX)
Théorie linéaire 192, 196 INDICE D’UN POINT
DÉRIVÉES PARTIELLES (EQUATIONS AUX) - F~~?~IONS A NAL YTIQUE S - Fonctions d’une
Equations non linéatres 199 variable complexe 419
HYPERBOLOïDE INDICES
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 506 TENSORIEL (CALCUL) 836
QUADRIQUES 796
INÉGALITÉ TRIANGULAIRE
HYPERGÉOMÉTRIQUE É QUATI ON MÉ TRIQUES ( ESPACES) 651, 659
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 61
DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 229 INFINI MATHÉMATIQUE
ASYMPTOTIOUES (CALCULS) 47
HYPERGÉOMÉTRIQUE sÉnn. LIMITE (NOTION DE )
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 61
INJECTION
HYPERPLAN COMBINATOIRE (ANALYSE) 104
CONVEXITÉ - Ensembles convexes 132, 14U ENSEM BLES (THEORIE ELEMENT AIRE DES) 314
CONV EXITÉ Fonctions convexes 148
INTÉGRABLES ESPACES DE FONCTIONS
GROUPES - Groupes classiques et géométrie
531. 53Y
CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à une
HILBERT ( ESPACE DE) 599 602
variable 81
HA RMONIQUE ( ANAL YSE) 587
LINÉ AIRE ET MULTILMÉAIRE ( ALGÈ BRE) 636 INTÉGRATION ET MESURE 618
NORMÉ S ( ESPACES VECTORIELS) 736
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES 812
PROIECTIFS ( ESPACE ET REPÈRE) TOPOLOGIQUES ( ESPACES VECTORIELS) 858,
HYPOCONTINUITÉ ô68
TOPOLOGIQUES ( ESPACES VECTORIELS) 864 INTÉGRALE CURVILIGNE
IDÉAL FONCTIONS ANALYTIQUES 401
FONCTIONS A NALYTIQUES - Fonctions d'une
ALGÈBRE 17
ANNEAUX ET ALGÈBRES 43 variable complexe 412
CALCUL INFINITÉ SIMAL - Calcul a plusieurs
INTÉGRALE IMPROPRE
variables 100 SÉRIES ET PRODUITS INFINIS 800
CORPS 151
NOMBRE S ( THÉ ORIE DES) - Nombres l INTÉGRALES É QUATI ONS 603
algébriques 712 ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 56
NORMÉ ES (AL GÈ BRES) 722 ORTHOGONAUX (POLYNÔMES) 751
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES '809, 811
IDÉAUX CLASSES D'
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Théorie analytique l INTÉGRATION & MESURE 610
683 ERGODIQUE (THÉORIE) 330
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres FONCITON ( NOTION DE)
algébriques 715. 718 FONCTIONS ( REPRÉ SENTA TION ET
APPROXIMATION DES) 365. 386
IDÈLES NORMÉS ( ESPACES VECTORIELS) 732. 739
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres SPECTRALE ( THÉORIE) X26
algébriques 718
ZÊTA ( FONCTION) 885 INTÉGRATION PAR PARTIES
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 52. 54
IDENTITÉS REMARQUABLES CALCUL INFINITESIMAL - CRlCUl à HIle
ANNEAUX ET ALGÈBRES 43 variable 87
IMAGE, dgèhre INTÈGRE ANNEAU
GROUPES Généralités 519 ANNEAUX COMMUTATIFS 26
LINÉ AIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈ BRE) 627 ANNEAUX ET ALGÈBRES 43
POLYNÔMES 759
IMMERSION
CALCUL INFINITÉSIMAL - CBICUI à @ISieUI'S INTÉRIEUR, ropologie
çar-iables 99 TOPOLOGIE GÉNÉRALE ô43
INCLUSION INTERPOLATION
ENSEMBLES ( THÉ ORIE É LÉ MENT AIRE DES) 297 FONCTIONS ( REPRÉ SENTATIO N ET
ORDONNÉ S ( ENSEMBLES) 747 APPROXIMATION DES) 376

906
INDEX

INTERSECTION JACCE
COURBES ALGÉBRIQUES 164 CONVEXITÉ - Ensembles convexes 13~
ENSEMBLE~ ( THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES) 300 DIOPHANTIENNES (APPROXIMATIONS) 259
JORDAN CAMILLE
306
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 4Y3 (1538-1921)
ALGÈBRE 14
INTERVALLE GROUPES 517
CALCUL INFINITÉSIMAL - CakUl à "De GROUPES Groupes finis 546
JORDAN MATRICE
variable 69
DE
ORDONNÉ~ (ENSEMBLES) 748
SPECIRALE ( THÉ ORIE) 819
INVARIANTS CORPS DES JORDAN-HOLDER SUITE DE
CORPS 156
GROUPES Généralités 526
INVERSION GROUPES Groupes finis 550
FONCTIONS ANALYTIQUES Représentation
JOUKOVSKI NIKOLAÏ IEGOROVITCH (I847-
conforme 442 1921)
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 505 DÉ RIVÉ ESPARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
INVERSION THÉORÈME D' Sources et applications 177
CALCUL INFINITÉSIMAL CakUl à p!USieLIrS KELVIN WLIAM THOMSON lord (1824-
variables ~8 1907)
INVOLUTION ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 57
GÉOMÉTRIE 464 KEPLER LOIS DE
GROUPES - Groupes classiques et géométrie CONIQUES 129
53/, 534, 539
NORMÉ ES (ALGEBRES) 726 KHINTCHINE ALEXANDRE IAKOVLEVITCH
(1894-1959)
ISOMÉTRIE DIOPHANTIENNES ( APPROXIMATIONS) 258
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 512 ERGODIQUE ( THÉ ORIE) 332
GR O U P ES - Groupes classiques et géométrie
530 KLEIN FELIX (1849-1925)
MÉTRIQUES ( ESPACES) 65/ ALGÈBRE 15
NORMÉ S ( ESPACES VECTORIELS) 736 GÉOMÉTRIE 471
CRouPEs Groupes classiques et géométrie
ISOMORPHISME 530
ANNEAUX ET ALGÈBRES 3X
EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 338 341 KLEIN GROUPE DE
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 475 GROUPES - Généralités 52/
GROUPES Généralit.% S/Y GROUPES - Groupes finis 550
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 625 KOLMOGOROV ANDREï NIKOLA'jEVITCH
NORMÉ~ (ESPACES VECTORIELS) 736 (1903.1987)
POLYNÔMÈS 757. 760 ' ERGODIQUE (THÉORIE) 334
ISOPÉRIMÉTRIQUE PROBLÈME INTÉGRATION ET MESURE 613
CONVEXITÉ Ensembles convexes 135 KONIG LEMME DE
VARIATIONS (CALCUL DES) 876 COMBINATOIRE (ANALYSE) IUY
ISOTROPE KORTEWEG & DE VRIES É QUATI ON DE
GROUPES - Groupes classiques et géométrie DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
53x Sources et applications 186
JACOB1 CARL ( l804- 185 1) DÉPIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
CALCUL INFINITÉSIMAL - Cakui à plUSieurS Equations non linéaires XIX
variables Y/ KOVALEVSKAïA SOFIA VASSILIEVNA ( l850-
DIOPHANTIENNE~ (APPROXIMATIONS) 257 1891)
FONCTIONS ANALYT IQUES - Fonctions DÉ~ÉEs PAR TIELLES (ÉQ UATIONS AUX)
elliptiques et modulaire 432 Théorie linéaire 1x7
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
algébriques 7011 KREIN-MILMAN THÉORÈME DE
VARIATIONS (CALCUL DES) 875. 880 CONVEXITÉ - Ensembles convexes 141
JACOB1 É QUATION DE KRONECKER LEOPOLD (1823-I 89 1)
VARIATIONS (CALCUL DES) 880 ALGÈBRE 16. 21
COMPLEXES (NOMBRES) 115
JACOB1 FONCTIONS DE CORPS 151
F ONCTIONS ANALYT IQUES Fonctions DIoPHANTIwNEs (APPROXIMATIONS) 2CS
elliptiques et modulaire 435 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres
algébriques 7/6
JACOBIEN DÉTERMINANT
CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul a plusieurs KRONECKER SYMBOLE DE
variablcs Y3 POLYNÔMES 758

907
INDEX

KRULL THÉORÈME DE F O N CT I O N S
A N A L YT I Q U E S Fonctions d'une
ANNEAUX ET ALGÈBRES 44 variable complexe 422
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 480 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
TOPOLOGIQUE (ALGÈBRE) 855 p-adiques 6Y5
KRULL WOLFGANG (1899.1970) LEBESGUE HENRI (1875-1941)
ALGÈBRE 18 SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES 811
KUMMER ERNST EDUARD (18 1 o-1 893) LEBESGUE INTÉGRALE DE
ALGÈBRE 17 INTÉGRATION ET MESURE 617
DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 268
FERMAT (GRAND THÉORÈME DE) 355 LEBESGUE MESURE DE
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres LNTÉGRATIÛN ET MESURE 6i7
algébriques 701, 710 LEGENDRE 833)
ADRIEN MARIE (1752-l
L FONCTIONS CALCUL INFINITÉSIMAL CBklll à PhlSieUI'S
NOMBRE~ (THÉORIE DES) - Théorie analytique variables 9/
682 DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 265. 268
ZÊTA ( FONCTION) 884 GAMMA (FONCTION) 453
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
LACET algébriques 701
FONCTIONS ANALYTI QUES - Fonctions d’une VARIATIONS (CALCUL DES) 875 879
variable complexe 412
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENT IELLE CLASSIQUE 515 LEGENDRE POLYNÔMES DE
ORTHOGONAUX (POLYNÔMES) 754
LAGRANGE INTERPOLATIONDE
FoNcrIoNs (REPRÉSENTATION ET LEGENDRE SYMBOLE DE
APPROXIMATION DES) 378 DIVISIBILITÉ 292
NOM BRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
LAGRANGE JOSEPH LOUIS (1736-l 8 13) algébriques 698
DIOPHAN~IENNE~ ( APPROXIMATIONS) 254
DIOPHANTIENNES (É QUATIONS) 263 LEIBNIZ GOTTFRIED WILHELM ( 1646- 17 16)
É QUATIONS ALGÉ BRIQUES 327 ENSEMBLE~ ( THÉ ORIE É LÉ MENTAIRE DES) 295
FONCTION ( NOTION DE) EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 352
FONC~IONS ( REPRÉS EN TATION ET FONCTION ( NOTION DE)
APPROXIMATION DES) 382 FONC~IONS ( REPRÉSENTATION ET
GÉOMÉTRIE 462 APPROXIMATION DES) 387
VARIATIONS (CALCUL DES) 875 877
LEJEUNE-DIRICHLET PETER GUSTAV
LAGRANGE THÉORÈME DE ) DIRICHLET PETER GUSTAV LEJEUNE-
NOMBRES ( THÉORIE DES) - Théorie analytique
67/, 673 LERAY JEAN (1906- )
DÉ RIVÉ ES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
LAMÉ GABRIEL (1795-l 870) Théorie linéaire IRY
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres DÉPIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
algébriques 701 Equations non linéaires 205
LANDAU NOTATIONS DE LEVI-CIVITA TULLIO (1873-l 941)
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 49 TENSORIEL (CALCUL) 834
LAPLACE ÉQUATI ON DE LÉVY PAUL (1886-1971)
0ÉRIvÉEs P ARTIELLE~ (É QUATIONS Aux) NORMÉ ES ( ALGÈ BRES) 724
Sources et applications 177. IX0
LIAPOUNOV ALEXANDRE MIKHAïLOVITCH
LAPLACE MÉTHODE DE (1857-1918)
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 56, 61 DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 237
LAPLACE PIERRE SIMON DE (1749-1827) LIAPOUNOV MÉTHODE DE
ASYMFTOTIQUES (CALCULS) 52 DIFFÉ RENTIELLES (É QUATI ONS) 237
FoNmoNs (REPRÉSENTATION ET
APPROXIMATION DES) 382 LIBRE FAMILLE
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈBRE) 633
LAPLACE TRANSFORMATION DE
FoNcrIo~s (REPRÉSENTATION ET LIE ALGÈBRES DE
APPROXIMATION DES) 367 GROUPES - Groupes de Lie 570, 574. 577
SYMBOLIQUE (CALCUL) 828
LIE GROUPES DE
LAPLACIEN GROUPES Groupes de Lie 562
CALCIUL INFIN!TÉSIMAL - Ca!CLl! à ph&lJI? NOMBRFS (THÉORIE DES) " Nombrey
Variables 92 padiques 6 9 5
GROUPES - Groupes de Lie 581 TOPOLOGIQUE (AL GÈ BRE) 850
LAURENT SÉRIES DE LIE SOPHUS (1842-1899)
BESSEL ( FONCTIONS DE) 65 GROUPES - Groupes de Lie 562

908
INDEX

. LIMITE NOTION DE 622 LOGARITHME FONCTION


CALCUL INFINITÉSIMAL - Cakul à LJJle EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 337
variable 77
COMPLEXES ( NOMBRES) 117 LOGARITHME INTÉGRAL
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 841. 845 ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 52 62

LIMITE INDUCTIVE LOGIQUE MATHÉMATIQUE


( ESPACES VECTORIELS) BOOLE (ALGÈBRE ET ANNEAU DE)
TOPOLOGIQUES 860,
862 ENSEMBLES ( THÉ ORIE É LÉ MENTAIRE DES) 296.
307
LIMITE PROJECTIVE
T~P~LoGJQ~E (ALGEBRE) 852 LONGUEUR
TOPOLOGJQ~E~ ( ESPACE~ VECTORIELS) 859 GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 502
INTÉGRATION ET MESURE 613
L~IMITES PROBLÈME AUX
DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 226 234 LYAPOUNOV * LIAPOUNOV

LINDEMANN FERDINAND (1852-l 939) MACKEY THÉORÈME DE


EXPONENTJELLE ET LOGARITHME 349 TOPOLOGIQUES (ESPACES VECTORIELS) 869
TRANSCEN DA NTS ( NOMBRES) 871. 874
MACLAURIN COLIN (1698-l 746)
LINÉAIRE APPLICATION LIMITE (NOTION DE)

AFFINE ( APPLICATION) MAJORANT


LINÉAIRE ET MULTILINÉAJRE ( ALGÈBRE) 625 ORDONNÉ~ (ENSEMBLES) 748
NORMÉS ( ESPACES VECTORIELS) 733, 735
pRoIEcr~vEs (APPLICATIONS) MARKOV PROCESSUS DE
TOPOLOGIQUES ( ESPACES VECTORIELS) 863 DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX)
Sources et aoolications 184
LINÉAIRE COMBINAISON ERGODIQUE (TH;ORJE) 335
LINÉAIRE ET MULTJLJNÉAIRE ( ALGÈBRE) 626 POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 774
. LINÉAIRE & MULTILINÉAIRE ALGÈBRE MARTIN FRONTIÈRE DE
624 POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 770
AFFINE (APPLICATION)
ALGÈBRE 20 MATRICE
CALCUL INFINITÉSIMAL - Cakul à DRJSieUJ'S COMBD~ATOJRE ( ANALYSE) 110
variables 95 DIFFÉ RENTIELLES (É QUATIONS) 223 241
NORMÉS (ESPACES VECTORIELS) 735 LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈBRE) 639
PRoIEcnvEs (APPLICATIONS) QUADRATJQUES (FORMES) 779
SPECTRALE ( THÉ ORIE) 819
LIOUVILLE FONC-I'JON DE
NOMBRES (THÉORIE DES) - Théorie analytique MATRICE CARRÉE
678 LINÉAIRE ET MULTJLINÉAJRE ( ALGÈBRE) 639
TOPOLOGIQUE (ALGÈBRE) 850
LIOUVILLE JOSEPH 1809-1882)
ERGODIQUE (T H É O R I \
E 330 MAXIMAL ÉLÉMENT
mmscENDAms (NOMBRES) 870 ORDONN ÉS ( ENSEMBLES) 748

LIOUVILLE NOMBRES DE MAXIMAL JDÉaL


DJOPHANTJENNES ( APPROXIMATIONS) 256 ANNEAUX COMMUTATIFS 29
ANNEAUX ET ALGÈBRES 44
LIOUVILLE THÉ ORÈ ME DE CORPS 151
oÉprvÉes PARTIELLES (É QUATIONS AUX) - GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 480
Equations non linéaires 213 NORMÉES ( ALGÈBRES) 722, 725
DJOPHANTJENNES ( APPROXIMATIONS) 256 TOPOLOGIQUE (AL G È B R E ) 85.5
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d'une
variable complexe 411 MAXIMUM
CALCUL INFINITÉSIMAL - CakLJJ à UJle
LIPSCHITZIENNE FONCTION variable 70, 85
DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 243
METRI QUES ( ESPACES) 657 MAXIMUM PRINCIPE DU
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d'une
LI’ITLEWOOD JOHN (1885-1977) variable complexe 410
NOMBRES (THÉORIE DES) - Théorie analytique
673 MÉLANGES
ERGODIQUE (THÉORIE) 333
LOBATCHEVSKI GÉOMÉTRIE DE
GÉOMÉTRIE 469 MELLIN TBANSFORMATION DE
GAMMA ( FONCTION) 455
LOCAL ANNEAU ZÊTA (FON~JON) 888
ALGÈBRE 19
ANNEAUX ET ALGÈBRES 45 MÉROMORPHE FONCTION
GEOMETRIE ALGEBRIQUE 463 FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d'une
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres variable complexe 424
padiques 688 FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions
ToPoLoGIQuE (ALGÈBRE) 855 elliptiques et modulaire 433

909
INDEX

MERSENNE NOMBRE DE DÉ RIVÉ ES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -


DIVISIBILITÉ 29U Sources et applications 180
EXPONENTTELLE ET LOGARITHME 338
MESURABLES FONCI'IONS
INTÉGRATION ET MESURE 617 MORDELL LOUIS JOËL (1888-I 972)
Noh4aaEs (THÉORIE oas) - Théorie analytique DIOPHANTIENNES (É QUATIONS) 270
686
NomïÉs (ESPACES VECTORIELS) 740 MORERA THÉORÈMIZ DE
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d’une
MESURE variable complexe 417
INTÉGRATION ET MESURE 610, 613. 615
NORMÉ S ( ESPACES VECTORIELS) 740 MORPHISME
SYMBOLiQtiE (CALCUL) 828 DISTRIBUTIONS I/X
l MÉTRIQUES ESPACES 65/ GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 479 485. 489
NORMÉ S ( ESPACES VECTORIELS) 730 Gaouws Généralités 519
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 843 TOPOLOGIQUE (AL GÈ BRE) 849 852

MINIMUM MORSE LEMME DE


CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à une VARIATIONS (CALCUL DES) 881
variable 71, RS MORSE MARSTON (1892-1977)
VARIATIONS (CALCUL DES) 876
CALCUL INFINITÉSIMAL - CdCUl à PhSiWS
MINKOWSKI ESPACE DE variables 100
CONVEXITÉ - Ensembles convexes 140 VARIATIONS (CALCUL DES) 881
MINKOWSKI HERMANN (1864-1909) MOT
C ONVEXIT É - Ensembles convexes 132, /SI GROUPES - Généralités 522
QUADRATIQUES (FORMES) 784
MOYENNE PROPRti DE
MINKOWSKI THÉ ORÈ ME DE FONCTIONS ANALYTI QUES - Fonctions d’une
DIOPHANTIENNES ( APPROXIMATIONS) 258 variable complexe 410
MINKOWSKI-HASSE THÉORÈME DE MOYENNE THÉOR ÈMES DE LA
DIOPHANTIENNES (É QUATI ONS) 265 CALCUL INFINITÉSIMAL CalCUl à une
MI’ITAG-LEFFLER THÉORÈME DE variable 76
FONCTIONS ANALYT IQUES - Fonctions d’une
variable complexe 431 MULTI-INDICES
CALCUL INFINITÉSIMAL CaICUI à pIUskUTS
MOBIUS FONCTION DE variables 93
DIVISIBILITÉ 289 DISTRIBUTIONS 277
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Théorie analytique
678 MULTILINÉAIRE ALGÈBRE ) LINÉAIRE
& MULTILINÉAIRE ALGÈBRE
MODULAIRE FONCI’ION
FONCTIONS ANALYTI QUES - Fonctions MULTILINÉAIRE APPLICATION
elliptiques et modulaire 436 LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 643
QUADRATIQUES ( FORMES) 789
MULTIPLICATIVE FONCT,ON
MODULE DIVISIBILITÉ 289
DIo~HANnmms (APPROXIMATIONS) 252 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Théorie analytique
LIN EAIRE ET MULTILINEAIRE ( ALGÈ BRE) 649 677
QUADRATIQUES (FORMES) 779
TENSORIEL (CALCUL) 835 NAPIER JOHN ) NEPER JOHN

MODULE D’UN NOMBRE COMPLEXE NAVIER-STOKES ÉQUATION DE


COMPLEXES ( NOMBRES) 116 DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
Sources et applications 184
MOIVRE FORMULE DE DÉ$WÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS Aux) -
COMPLEXE~ (NOMBRES) /IX Equations non linéaires 203
CONIQUES 131
MONGE GASPARD (1746-l 8 18) NEPER ou NAPIER JOHN (1550-1617)
GÉOMÉTRIE 462. 466 EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 342

MONOïDE NÉPÉRIEN LOGARITHME


ANNEAUX COMMUTATIFS 26 EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 339
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Théorie analytique NEUMANN CARL (1832-1925)
668
INTÉ GRAL ES (É QUATIONS) 604
MONÔME
POLYNÔMES 757 NEUMANN FONCTION & THÉORÈME DE
BESSEL ( FONCTIONS DE) 64. 66
MONOTONE FONC"ON
CALCUL INFINITÉSIMAL - CBICUI à une NEUMANN JOHN "ON (1903-1957)
variable 80 DÉ~VÉES PARTIELLES (É QUATIONS AUX) -
Equations non linéaires 198

910
INDEX

ERGODIQUE (THÉORIE) 331 NOMBRES ALGÉBRIQUES CORPS DE


HILBERT (ESPACE DE) 5Y6 ALGÈBRE 16
NORMÉES (ALGÈBRES) 728 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
algébriques 710
NEUMANN PROBLÈME DE
DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQ UATIONS AUX) NOMBRES COMPLEXES
Sources et applications 177, 180 b COMPLEXES NOMBRES
NEUTRE ÉLÉMENT NOMBRES IRRATIONNELS
ANNEAUX ET ALGÈBRES 37 DIOPHANTIENNES (APPROXIMATIONS) 251
GROUPES - GéIIéTalitéS 5/X
NOMBRES P-ADIQUES * P-ADIQUES
NEWTON ISAAC ( 1642-l 727) NOMBRES
LIMITE (NOTION DE)
NOMBRES PREMIERS
NEWTON POLYNÔMES DE ANNEAUX COMMUTATIFS 27
FoNCiIoNs ( REPRÉSENTATION ET
DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 26X
APPROXIMATION DES) 381 DIVISIBILITÉ 287
NEWTONIEN NOYAU NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres
POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 765 algébriques 699, 7112

NICOLAS ORESME b ORESME NOMBRES PREMIERS THEORÈME DES


NICOLE D' NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Théorie analytique
679 684
NILPOTENT ÉLÉMENT
ANNEAUX ET ALGÈBRES 43 NOMBRES RATIONNELS
ANNEAUX COMMUTATIFS 27
NOETHER EMMY (1882-1935) CORPS 151
ANNEAUX COMMUTATIFS 32 35 ENSEMBLES (THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES) 316
CORPS 160 É QUATIONS ALGÉ BRIQUES 319 322
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 480 GRouPEs - Groupes classiques et géométrie
NOETHÉRIEN ANNEAU 544
ANNEAUX COMMUTATIFS 35 MÉ T R IQ U E S (ESPACES) 660
TOPOLOGIQUE ( ALGÈ BRE) KS6
NOMBRE
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) 663 NOMBRES RÉELS b RÉELS NOMBRES
NUMÉRATION 742
NOMBRES TRANSCENDANTS
NOMBRE D’OR t TRANSCENDANTS NOMBRES
DIOPHANTIENNES (APPROXIMATIONS) 256
NON DÉGÉNÉRÉE FORME
NOMBRE ENTIER ALGÉBRIQUE QUADRATIQUES (FORMES) 78fi 783
) ENTIER ALGEBRIQUE
NON-LINÉAIRE SYSTEME
;ATMU”R”EEL ENTIER NATUREL * ENTIER DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
Equations non linéaires 198
DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 234
NOMBRE IDÉAL
ALGÈBRE 17 NORMALISATEUR
DI~PHANTIENNEs (ÉQUATTONS) 268 GROUPES - Généralités 524
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres GROUPES - Groupes finis 554
algébriques 701 G R O U P E S - Representation linéaire des
groupes 560
NOMBRE NÉGATIF
ÉQUATIONS ALGÉ BRIQUES 319 NORME
CONVEXITÉ - Ensembles convexes 13~
NOMBRE PARFAIT
CONVEXITÉ - Fonctions convexes 146
DIVISIBILITÉ 290
FoNcrIoNs (REPRÉSENTATION ET
NOMBRES GÉOMÉTRIE DES APPROXIMATION DES) 362
CONVEXITE - Ensembles convexes 134 NORMÉES ( A L G È B R E S ) 720
NOMBRES ( THÉORIE DES) - Théorie analytique NORMÉS (ESPACES VECTORIELS) 730, 734
685
' NORMÉES ALGÈBRES 720
l NOMBRES THÉORIE DES 663
ZÊTA (FONCTION) X83 ' NORMÉS ESPACES VECTORIELS 729
ALGÈBRE 23
NOMBRES ALGÉBRIQUES CONVEXITÉ - Ensembles convexes 139
CORPS 151 HILBERT (ESPACE DE) 597. 600
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres MÉTRIQuEs (ESPACES) 652
algébriques 697 SPECTRALE (THÉORIE) 821
QUADRATIQUES (FORMES) 782 T~P~LoOIQLJE (ALGÈBRE) 850
TRANSCENDANTS (NOMBRES) 870 -roPoLoGIQuEs (ESPACES VECTORIELS) 858.
ZÊTA (FONCTION) 884 86O

911
INDEX

NOYAU, algèbre ORDINAL


ANNEAUX ET ALGÈBRES 43 NUMÉRATION 743
G ROUP ES - Généralités 5/9
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈBRE) 627 l ORDONNÉS ENSEMBLES 747
BOOLE (AL GÈ BRE ET AN NEAU DE)
NOYAU, anulysr mathL’mutique
DÉ RIVEES PARTIELLES (ÉQUA~ONS AUX) - ORDRE RELATION D'
Théorie linéaire 191, 193 ENSEMBLES ( THÉ ORIE É LÉ MENT AIRE DES) 312
FoNcTIoNs ( REPRÉ SENT ATI ON ET ORDONNÉ S ( ENSEMBLES) 747
APPROXIMÀTION DES) 368, 373 ORDRE D’UN GROUPE
INTÉGRALES (ÉQUATTONS) 604 - Généralités 518
GROUPES
NOYAU INTÉGRAL GROUPES Groupes fkis 552
FONCTION~ ( REPRÉSENTATION E T
ORDRE LEXICOGRAPHIQUE
APPROXIMATION DES) 370
NUMÉRATION 746
NUMÉRATEUR ORDONNÉ S ( ENSEMBLES) 750
ANNEAUX COMMUTATIFS 27
ORESME NICOLE D' (1325-1382)
l NUMÉRATION 742 GÉOMÉTRIE 460
NUMÉRIQUE ANALYSE ORLICZ ESPACE D'
DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 245 CONVEXITÉ - Fonctions convexes 146
ONDE SOLITAIRE ou SOLITON ORTHOGONALITÉ
DÉJUVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) GROUPES - Groupes classiques et géométrie
Equations non linéaires 208, 215, 217 533
GROUPES - Représentation linéaire des
ONDES ÉQUAITON DES groupes 557, 559
DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS Aux) - HILBERT ( ESPACE DE) 598
Sources et applications 173, 176 LINÉAIRE‘ET MULTIL&AIRE ( ALGÈ BRE) 6261
DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATTONS AUX) - 638
Théorie linéaire 197 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Théorie analytique

OPÉRATEUR 681
ERGODIQUE ( THÉ ORIE) 332 ORTHOGONAUX (POLYNÔMES) 751
NORMÉ ES (A LGÈ BRES) 726
. ORTHOGONAUX Ponw3ms 751
OPÉRATEUR ADJOINT HILBERT ( ESPACE DE) 601
DIFFÉRENTIELLES (É QUATIONS) 230 OUVERT
INT EGRA LES (É QUATI ONS) 609 CALCUL INFINITÉSIMAL - CalCUl à Une
OPÉRATEUR COMPACT variable 69
INTÉGRALES (ÉQUATIONS) 608 FONCTIONS ANALYT IQUES - Fonctions d’une
variable complexe 403
OPÉRATEUR DIFFÉRENTIEL MÉ TRIQUES ( ESPACES) 654
CALCUL INFINITÉSIMAL - CakUl à PlUSieUrS NORMÉ S ( ESPACES VECTORIELS) 734. 737
variables 92 TOPOLOGIE GÉNÉRALE 843
DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) - TOPOLOGIQUE ( ALGÈBRE) 851
Théorie linéaire 187. /Y4
P-ADIQUE ANALYSE
OPÉRATEUR HYPOELLIPTIQUE FONCTIONS ANALYTIQUES 400
r&ruvÉEs PA RTI ELLES (É QUATIONS AIX) - NOMBRES (THÉ ORIE DES) - Nombres
Théorie linéaire 190, 195 p-adiques 694
OPÉRATEUR INTÉGRAL P-ADIQUE DISTANCE
INTÉGRALES (ÉQUATIONS) 605. 608 MÉ TRIQUES ( ESPACES) 652

OPÉRATION D’UN GROUPE P-ADIQUES É QUATIONS


GROUPES - Généralités 528 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
G R O U P E S - Représentation linéaire des padiques 690
groupes 55j
GROUPES - Groupes de Lie 567 P-ADIQUES NOMBRES
Qu4DR4nQuEs (FORMES) ?8fl GROUPES - Groupes de Lie 582
TOPOLOGIQUE (ALGÈBRE) 854 NOMBRES ('I&~R~E DES) 667
NOMBRES ( THÉ ORI E DES) - Nombres
OPTIMISATION & CONTRÔLE padiquès 688 ’
CONVEXITÉ - Ensembles convexes 138, III QUADRATIQUES ( FORMES) 786
FoNffIoNs ( REPRÉ SENT ATION ET TOPOLOGIQUE ( ALGÈ BRE) X5/. 855
APPROXIMATION DES) 392
PAINLEVE ixùx ;:a::-::::;
ORBITE DIFFÉ RENTIELLES (É QUATI ONS) 236
GROUPES - Généralités 529
GROUPES Groupes finis 548 PARABOLE
GROUPES - Groupes de Lie 567 C?NIQ!JES 121
TOPOLOGIQUE (ALGÈBRE) X54 GEOMETRIE ALGÉBRIQUE 475

912
INDEX

PARABOLIQUE TYPE PISOT NOMBRES DE


DERIVEES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) _ DIOPHANTIENNES ( APPROXIMATION S) 261
Sources et applications 182
DÉRIYÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) - PLAN OSCULATJWR
Théorie linéaire 193 GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE jl/li
PLAN TANGENT
PARABOLOïDE
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 508
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 476
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 506 PLANCHEREL THÉORÈM!Z DE
QUADRIQUES 797 DÉRIVÉE~ PARTIE LLES (E QUATIONS AUX)
Théorie linéaire 1%
PARSEVAL IDE& DE
HARMONIQUE (ANALYSE) 392 PLATEAU PROBLÈME DE
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES 812 VARIATIONS (CALCUL DES) 876
PARTIE D’UN ENSEMBLE b SOUS PLONGEMENT
ENSEMBLE PRoIEcDFs ( ESPACE ET REPÈRE)

PARTIE PRINCIPALE PLUS GRAND COMMUN DIVISEUR


ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 50 (P.G.C.D.)
ANNEAUX COMMUTATIFS 30
PARTITION D’UN ENSEMBLE ORDONNÉS ( ENS EMBLES) 750
COMBI NATOI RE (ANALYSE) 106
EJS,E.E.MBLES (THEORIE ELEMENTAIRE DES) 3117. PLUS PETIT COMMUN MULTIPLE
(P.P.C.M.)
ANNEAUX COMMUTATIFS 31, 33
PASCAL BLAISE (1623-l 662) ORDONNÉS ( ENSEM BLES) 750
GÉOMÉTRIE 464
POINCARÉ HENRI (1854-I 9 12)
PASCAL THÉORÈME DE ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 51
CONIQUES 121 DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 237
DIOPHANTIENNES (É QUATIONS) 270
PEANO CIUSEPPE (1858-1932) ERGOD IQ UE ( THÉ ORIE) 329
CALCUL INFINITÉS~V~AL - Caicul à plusieurs FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions
variables 96 elliptiques et modulaire 437
PELL É QUATION DE POINCARÉ-BENDJXON THÉORÈME DE
DI~PHANTIENNES (É QUATIONS) 264 DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 243
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
algébriques 697, 710 POINT P’ACCUMULATION ou VALEUR
D’ADHERENCE D’UNE SUITE
PÉRJODJQUE FON"'ION MÉ TRIQUES ( ESPACES) 658
D I F F É R E NT I E L L E S (É Q U A T I O N S ) 238 TOPOLOGIE GÉNÉRALE 848
DISTRIBUTIONS 284
POINT DE REBROUSSEMENT
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 501
elliptiques et modulaire 433
HARMONIQUE (ANALYSE) 584 POINT D’INFLEXION
COURBES ALGÉBRIOUES 163
PERMUTATION GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 5(1()
COMBINATOIRE (ANALYSE) 105
GROUPES - Groupes finis 546 POINT EXTRÉMAL
CONVEXITÉ - Ensembles convexes 1.14, 141
PERTURBATION &ODE DES
DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 238 POINT FIXE THÉORÈMES DE
CONVEXI TÉ - Ensembles convexes 141
P.G.C.D. t PLUS GRAND COMMUN MÉTRIQUES ( ESPACES) 661
DIVISEUR
POINT MULTIPLE
P-GROUPES COURBES ALGÉBRIQUES 162
GROUPES - Groupes finis 553
POINT RÉGULIER
PHASE STATIONNAIRE tiTIIODE DE LA DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 243
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 57 FONCTIONS ANALYIIQUES - Fonctions d'une
variable complexe 428
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE GEOMETRIE ALGE,BRIQUE 488
BESSEL, (FONCTIONS DE) 63 GEOMETRIE DIFFERENTIELLE CLASSIQUE 501)
DERIVEES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) 171
POINT SIMPLE
PJ COURBES ALGÉBRIQUES 162
COMPLEXES (NOMBRES) 11X
EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 349 POINT SINGULIER
COURBES ALGÉBRIQUES 165
PICARD É MILE (1856-1941) FONCTIONS ANALYT IQUES Fonctions d’une
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d’une variable complexe 422. 42X
variable complexe 424 GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE iI11

913
INDEX

POISSON É QUATION DE PREMIERS ENTRE EUX ÉLÉMENTS


DÉRIVÉE~ PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) - ANNEAUX COMMUTATIFS 30
Sources et applications 177, /HO DIVISIBILKÉ 288
FoNcrIo~s (REPRÉSENTATION ET
APPROXIMATION DES) 368 PRESQUE PÉRIODIQUE FONCITON
HARMONIQUE (ANALYSE) 588
POISSON FORMULE DE
POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 765 PRIMAIRE IDÉAL
ANNEAUX COMMUTATIFS 29
POLAIRE
CONIQUES 127 P R I M I T I V E , mulyse mathérnutique
CALCUL INFINITÉSIMAL CakUl à une
PÔLE variable R/
FONCTIONS ANALYTI QUES - Fonctions d‘une FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d’une
variable complexe 424 variable complexe 408, 413
INTÉGRATION ET MESURE 521
POLYÈDRE
CONVEXITÉ - Ensembles convexes 137 PRIMITIVE RACINE b RACINE
PRIMITIVE
POLYNÔME CARACTÉRISTIQUE
DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 225 PRINCIPAL ANNEAU
~PE<JTRALE ( THÉ ORIE) 8/8 ANNEAUX COMMUTATIFS 29
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres
POLYNÔME CONSTANT p-adiques 689
POLYNÔMES 757
PRINCIPAL IDÉAL
POLYNÔME MINIMAL ANNEAUX COMMUTATIFS 28. 32
CORPS 154. 156
PROBABILITÉS CALCUL DES
l POLYNÔMES 756 ERGODIQUE (THÉORIE) 335
ANNEAUX COMMUTATIFS 30 32. 36 INTÉGRATION ET MESURE 613
CALCUL INFINITÉSIMAL Calcul à plusieurs
variables ~2. ~7, /UO PRODUIT DIRECT
CORPS 151 DISTRIBUTIONS 282
COURBES ALGÉBRIQUES /6/ GROUPES - Généralités 527
FoNcrIoNs (REPRÉSENTATION ET PRODUIT HERMITIEN
APPROXIMATION DES) 372 37K 391 FON(JTIONS ( REPRÉ SENTATION ET
NOMBRES ( THÉ ORIE DÉ S) Nombres
APPROXIMATION DES) 363
algébriques 713 G R O U P E S - Représentation linéaire des
POLYNÔMES ORTHOGONAUX groupes 55% 559
) ORTHOGONAUX PoLxvôms HILBERT ( ESPACE DE) 596
NORMÉS ( E S P A C E S V E C T O R I E L S ) 732
POLYNOMIALE FONCTION ORTHOGONAUX (POLYNÔMES) 752 754
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 476
POLYNÔMES 760 PRODUIT SCALAIRE
GROUPES - Groupes classiques et géométrie
POLYTOPE 533, 538
CONVEXITÉ - Ensembles convexes 137, 139 NORMÉ S ( ESPACES VECTORIELS) 732
PONCELET JEAN VICTOR ( 17X8-1 867) PRODUITS INFINIS
GÉOMÉTRIE 465 SÉRIES ET PRODUITS INFINIS 805
PONTRIAGUINE-VAN KAMPEN THÉORÈME PROGRESSION ARITHMÉTIQUE
DE DUALITÉ DE THÉORÈME DE LA
HARMONIQUE (ANALYSE) 593 NOMBRES ( THÉORIE DES) - Théorie analytique
676. 681
POSITIVE FORME
QUADRATIQUES ( F O R M E S ) 784 786 PROJECTEUR
FONCTIONS ( REPRÉ SENT ATION ET
POSTULAT APPROXIMATION DES) 376. 391
GÉOMÉTRIE 458 468 LINÉAIRE ET MULTILIN~AIRE (ALGÈBRE) 631
. POTENTIEL & FONCTIONS PROJECTIFIÉ
HARMONIQUES 762 QUADRIQUES 792
ERGODIQUE (THÉORIE) 335
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d'une l PROJECTIFS ESPACE & REP ÈRE 775
variable comolexe 4111 C?MBrf“ATOIRE (+NALYSE) 111
INTÉGRALES (É&ATIONS) 604 GEOMETRIE ALGEBRIQUE 474, 486
GROUPES Groupes classiques et géométrie
P.P.C.M. b PLUS PETIT COMMUN 531
MULTIPLE I'ROlECT:v~S (APFL:CATIGNS)
TOPOLOGIE GENÉRALE 845
PREMIER IDÉAL
ANNEAUX CO,$MUTATIFS 29. 32. 34 PROJECTION
NOMBRES ( THEORIE DES) - Nombres GÉOMÉTRIE 464 466
algébriques 7/3 LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈBRE) 631

914
INDEX

. PROJECTIVES APPLICATIONS 776 RADON MESURE DE


FoNcnoNs (REPRÉSENT.~TI~N ET
PROLONGEMENT ANALYTIQUE APPROXIMATION DES) 365
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d’une INTÉGRATION ET MESURE 619
variable complexe 406, 427 S PECTRALE ( THÉ ORI E) 826
c.4mu ( FONCTION) 454
RADON-NIKODYM THÉORÈME DE
PSEUDO-DIFFÉRENTIEL OP~TE~R
INTÉGRATION ET MESURE 621
DÉruvÉEs PARTIELLES (ÉQUATIONS Aux) -
Théorie linéaire 197 NORMÉS (ESPACES VECTORIELS) 741

PSEUDO-DISCRIMINANT RAMANUJAN SRINIVASA (1887-l 920)


QUADRATIQUES (FORMES) 783 DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 274
NOMBRES (THÉORIE DES) - Théorie analytique
PUISSANCE FONCDON 673
ASYMPTOTIOUES (CALCULS) 49
EXPONENTIÈLLE ÈT LOGA&HME 346 RAMSEY THÉORÈME DE
COMBINATOIRE (ANALYSE) 109
PYTHAGORE THÉORÈME DE
HILBmT (ESPACE DE) 599 RANG D’UNE APPLICATION LINÉAIRE
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 637
l QUADRATIQUES FORMES 777
CONIQUES 120 RANG D’UNE MATRICE
NOMBRES (THÉORIE DES) 664 LINÉAIRE E T MULTILINÉAIRE (ALGÈB R E ) 642
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres QUADRATIQUES (FORMES) 780
padiques 694
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres RANG D’UN SYSTÈME LINÉAIRE
algébriques 6YY. 715, 719 LINÉAIRE ET MULTIL~AIRE (ALGÈBRE) 643
QUADRIQUES 792
RANKINEHUGONIOT ÉQUATIONS DE
l QUADRIQUES 790 DÉyvÉEs PARTIELLES (ÉQUATIONS AU~) -
DI,OPHANTIENNES,(ÉQUATIONS) 271 Equations non linéaires 200
GEOMETRIE DIFFERENTIELLE CLASSIQUE 506
RAYON DE CONVERGENCE
QUASI ANALYTIQUE FONCTIONS ANAL YTI QUES Fonctions d’une
FoNcTIoNs (REPRÉSENTATION ET variable complexe 403
APPROXIMATION DES) 371
RÉACTION-DIFFUSION ÉQLJAITONS DE
QUASI-CARACTÈRE DÉp+Es P ARTI ELL ES (ÉQ UATIONS AUX) -
zÊTA (FONCTION) 8x8 Equations non linéaires 215
QUATERNIONS RÉCIPROCITÉ QUADRATIQUE LOI DE
ALGÈBRE 22 DIVISIBILITÉ 293
ANNEALX ET ALGÈBRES 42 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres

QUOTIENT ANNEAU
algébriques 698
ANNEAUX COMMUTATIFS 2Y RÉELS NOMBRES
ANNEAUX ET ALGÈBRES 45 CALCUL INFINITÉSIMAL - CakUl à une
QUOTIENT ESPACE VECTORIEL variable 68
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 628 coh4PLExEs (NOMBRES) 114
INTÉGRATION ET MESURE 611
RACINE D’UNE, ÉQUATION LmurE (NOTION DE)
EQUATIONS ALGEBRIQUES 323. 325 TOPOLOGIQUE (ALGÈBRE) 850
NOMBRES ( THEORIE DES) - Nombres TRANSCENDANTS (NOMBRES) 870
algébriques 697, 708
RÉFLEXION
RACINE D’UN POLYNÔME GROUPES - Groupes classiques et géométrie
COMPLEXES (NOMBRES) 116 531
ORTHOGONAUX (POLYNÔMES) 75?
POL,'NôMES 761 RÉFLEXIVE RELATION
TRANSCENDANTS ( NOMBRES) 871 ENSEMBLES (THÉ ORIE É LÉ MENT AI RE DES) 312
RACINE PRIMITIVE RÉGION INVARIANTE
DIVISIBILITÉ 291 DÉRIvÉEs PA RTIELLES (É QUATIONS AUX) -
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres Equations non linéaires 216. 2lY
padiques 6Yl
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Nombres RÉGLÉE FONCDON
algébriques 698 CALCUL INFINITÉSIMAL CalCul à "Ile
variable 74
RACINES N-IÈMES
CoMpLExEs (NOMBRES) / 19 RÉGULIER IDÉAL
GROUPES Généralités 520 NoRMÉEs (A L GÈB R E S ) 725
RADON JOHANN (1887-I 956) RELATIONS
INTÉGRATION ET MESURE 6/8 ENSEMBLES (THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES) 310

915
INDEX

RÉPARTITION FONCTION DE RIEMANN BERNHARD (1 X26-l 866)


NOMBRES ( TH ÉORIE DES ) - Théorie analytique ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 57
6X6 F O NC T I O N S A N A L Y T I Q U E S F o n c t i o n s d ’ u n e
v a r i a b l e c o m p l e x e 406
RÉPARTITION MODULO UN FONCTIONS ANALYTIQUES - Représentation
D~OPHANTIENNES ( APPROXIMATIONS ) 260 conforme 438, 444
GÉOMÉTRIE 469, 473
REPÈRE AFFINE ) AFFINES ESPACE & SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES %)y
REPÈRE &TA (FONCTION) X83
REPÈRE MOBILE RIEMANN HYPOTHÈSE DE
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 497 zÊTA ( F O N C T I O N ) X84. 887
REPÈRE PROJECTIF t PROJECTIFS RIEMANN ItiGRALE DE
ESPACE & REPÈRE CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à une
variable 74
RÉPONSE IMPULSIONNELLE
I@GRATION ET MESURE 614
FoxrIoNs (REPRÉSE~ITATION ET
SERIES TRIGONOMÉTRIQUES 8Oy
APPROXIMATION DES) 369
RIEMANN SÉRIES DE
REPRÉSENTATION CONFORME SÉRIES ET PRODUITS INFINIS X(II
FONCTIONS ANALYTIQUES - Représentation
conforme 438 RIEMANN SPHÈRE DE
FONCTIONS ANALYTIQUES Représentation
REPRÉSENTATION D’UN GROUPE conforme 447
GROUPES - Généralités 528
GROUPES R e p r é s e n t a t i o n l i n é a i r e d e s RIEMANN SURFACE DE
groupes 555 FONCTIONS A N A L Y TI Q U E S Fonctions d’une
ZÊTA ( F O N C T I O N ) 8 8 8 v a r i a b l e c o m p l e x e 42~
FONCTIONS ANALYTIQUES - Représentation
REPRÉSENTATION INTÉGRALE c o n f o r m e 4 4 7 , 450
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 61
BESSEL ( F O N C T I O N S D E) 6 5
RIEMANN-ROCH THÉORÈME DE
GÉOMÉTRIE .4LGÉBRIQUE 494
FoNcTIoNs (REPRÉSENTATION E T
APPROXIMATION DES) 366, 386 RIESZ FRÉDÉRIC (1880-1956)
HILBERT (ESPACE DE) 5Yh
REPRÉSENTATION LINÉAIRE DES
I N T ÉG R A L E S ( ÉQ U A T I O N S ) 608
GROUPES
I N T ÉG R A T I O N tT MESURE 6 1 2 , 615
GROUPES - Représentation linéaire des
SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES 812
groupes 554 SPECTRALE ( T H É O R I E ) 820, X24
GROUPES - Groupes de Lie 568, 576, 57Y
RIESZ THÉORÈME DE REPRÉSENTATION DE
REPRÉSENTATION PARAMÉTRIQUE POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 767
COURBES ALGÉBRIQUES 165
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 504 ROBIhS BENJAMIN (1707-1751)
LI M I T E ( N O T I O N D E)
RÉSEAU
DIOPHANTIENNES (APPROXIMATIONS ) 252 ROLLE THÉORÈME DE
QUADRATIQUES ( FORMES ) 785 CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à une
ToPoLoGIQuE ( A L G È B R E ) X5/ v a r i a b l e 84

RÉSIDU QUADRATIQUE ROTATION


DIVISIBILITÉ 292 GÉOMÉTRIE 470, 472
NOMBRES ( T H ÉO R I E DES ) Nombres GROUPES - Groupes classiques et géométrie
534. 53% 541
a l g é b r i q u e s 69X

RÉSIDUS THÉORÈME DES ROTATIONNEL


CALCUL INFINIT ÉSIMAL - Calcul X plusieurs
FONC TIONS ANALYTIQUES - Fonctions d’une
variables y4
variable complexe 425
ROTH THÉORÈME DE
RESTES CORPS DE DIOPHANTIENNES (APPROXIMATIONS ) 256
CORPS 151
RUFFINI PAOLO (1765-1872)
RESTES CHINOIS THÉORÈME DES ÉQ U A T I O N S A L G ÉB R I Q U E S 3 2 7
DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 263
RUNGE THÉORÈME DE
RÉUNION FONC TIONS ANALYTIQUES - Fonctions d’une
ENSEMBLES ( T H ÉO R I E ÉL ÉM E N T A I R E DES) 302. v a r i a b l e c o m p l e x e 430
306
RUNGE-KUITA MÉTHODE DE
REVÊTEMENTS D I F F ÉRENTIELLES ( EQ U A T I O N S ) 249
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 48O
RUPTURE CORPS DE
RICCI-CURBASTRO GREGORIO (1853-I 925) C O R P S 155, l5Y
TENSORIEL (CALCUL) 834 ÉQ U A T I O N S A L G ÉB R I Q U E S 3 2 5

916
INDEX

RUSSELL PARADOXE DE SÉRIES GÉOMÉTRIQUES


ENSEMBLES (THÉORIE ÉLÉMEN T AIRE DES ) 298 SÉRIES ET PRODUITS INFMIS 801

SCALAIRE SÉRIES LACUNAIRES


LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALG ÈBRE) 625 SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES 815

SCHAUDER BASE DE l SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES X116


NORMÉS (ESPACES VECTORIELS) 738 HARMONIQUE (ANALYSE) 584

SCHMIDT ERHARD (1876-1959) SESQUILINÉAIRE FORME


HILBERT ( ESPACE DE) 600 HILBERT (ESPACE DE)596

SCHRODINGER ÉQIJATTON D E SIEGEL CARL LUDWIG (1896-1981)


DIOPMIENNES (APPR~XW~TI~NS) 256
D ÉR I V ÉES P A R TI ELLES (ÉQ U A T I O N S AUX)
DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 269. 271
Sources et applications 1X5
FONCI~ONS ANALY T IQUES - Fonctions
SCHUR ISSAï (1875-1941) elliptiques et modulaire 438
GROUPES - Représentation linéaire des QUADRATIQUES ( FORMES ) 7 8 4 7 8 6
groupes 556 TRANSCENDANTS (NOMBRES) 871, 874

SCHWARTZ LAURENT (19 15. ) SIGNATURE D’UNE PERMUTATION


GROUPES - Groupes finis 547
DISTRIBUTIONS 276
FONCTIONS ( REP RÉSEN T A T I O N ET SIMILITUDE
APPROXIMATION DES) 370 FONCTIONS ANALYTIQUES - Représentation
S P E C T R A L E (THÉORIE) 8 2 1 conforme 439, 447
GROUPES - Groupes classiques et géométrie
SCHWARZ INÉGALII% DE
534, 539
HILBERT ( E S PA C E D E) 5 9 7
INT ÉG RALES (ÉQUATIONS ) 608 SIMPLEXE
I N TÉG R A T I O N ET M E S U R E 6 2 0 CONVEXITÉ - Ensembles convexes 133, 1%
SCHWARZ KARL HERMANN AMANDUS (184% SINGULARITÉS DES FONCTIONS
1921) DIFFERENTIABLES
CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à plusieurs CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à plusieurs
variables 90 variables 100
FONCTI ONS ANALYTIQUES - Représentation GmvÉEs P A R T I E L L ES (ÉQ U A T I O N S AUX)

conforme 415 Sources et auolications 174


D@uvÉEs PARTÎÊLLES (ÉQUATIONS AUX) -
SCHWARZ LEMME DE Equations non linéaires 206
FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d’une DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 226, 235
variable complexe 410 SINUS
SCHWARZ PRINCIPE DE Stim DE C O MPLEXES ( N OM B R E S ) 118
FONCT IONS ANALYTIQUES - Fonctions d’une EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 348
variable complexe 418 GAMMA (FON~ION) 454
GROUPES - Groupes classiques et géométrie
SEGRE MORPHLSMB DE 535
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 487
SINUS HYPERBOLIQUE
SÉRIES DE FONCTIONS EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 344
Foïwr10~s ( REPR ÉS E N T A T I O N ET SKOLEM ALBERT THORALF (1887-l 963)
APPROXIMATION DES) 372. 386 CORPS 160
SÉRIES ENTIÈRES SOBOLEV ESPACE DE
ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 55 CONVEXITE - Fonctions convexes 149
FoNCnoNs (REPRÉSENTATION ET r&RIvÉEs P A R TI ELLES (ÉQ U A T I O N S AU~X) -
APPROXIMATION DES) 370 Sources et applications 180
FONCI ~ONS ANALY T IQUES - Fonctions d’une oÉRrvÉEs P A R T I E L L E S (ÉQUA~~NS A U X )
variable complexe 402 T h é o r i e l i n é a i r e 195
SÉRIES ET PRODUITS INFINIS 799 DÉPIVÉES P A R TI ELLES (ÉQUATIONS AUX) -
Eauations non linéaires 205
l SÉRIES & PRODUITS INFINIS 799 FoNCiIoNs (REPRÉSENTATION E T
BBSSEL ( F O N C I ~ O N S D E) 6 5 APPROXIMATION DES) 388
COMPLEXES (NOMBRES) 117
S O B O L E V SERGUEï LVOWCH (1908- )
SÉRIES FORMELLES DISTRIBUTIONS 275
ANNEAUX ET ALGÈBRES 40
COMBINATOIRE (ANALYSE) 106 SOLITON b ONDE SOLITAIRE
CORPS 152 * SoquyoN D’UNE ÉQUATION
NOMBRES ( TH ÉORIE DES ) - Théorie analytique DERwEEs PARTIELLES ( E Q U A T I O N S A u x ) -
669 Sources et applications 183
TopoLoc~Qu~ (ALGÈB R E) 8 5 5 DIFFERENIIELLES ( ÉQ U A T I O N S ) 2 2 3

917
INDEX

soLunoN ÉLÉMENTAIR E SPLINE FONCTION


oÉRrvÉ~s PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) FONCTIONS ( REPRÉ SENT ATION ET
Théorie linéaire 191, /Y5 APPROXIMATION DES) 383, 3YY
FONCTIONS (REPRÉSENTATION ET
APPROXIMATION DES) 368 STABILISATEUR
GROUPES - Groupes finis 548
SOMMABLES FAMILLES TOPOLOGIQUE ( ALGÈ BRE) 854
SÉRIES ET PRODUITS INFINIS 803
STABILITÉ, andyse numérique
SOMMATION DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 236, 247
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) Théorie analytique FoNcrIoNs (REPRÉSENTATION ET
66% 676 APPROXIMATION DES) 389. 397
StRlbS I.KIUONOMÉTRIQUES 8icî
STEINITZ ERNST (1871-1928)
SOMME DIRECTE ALGÈBRE 13, 16
GROUPES Représentation linéaire des CORPS 155
groupes 557
HILBERT ( ESPACE DE) 598 STÉRÉOGRAPHIQUE PROJECTION
LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈBRE) 630 FONCTIONS ANALYTIQUES - Représentation
NorwÉs ( ESPACES VECTORIELS) 737 conforme 438, 446

SOUS-ALGÈBRE STIELTJES INTÉGRALE DE


ANNEAUX ET ALGÈBRES 38 INTÉGRATION ET MESURE 615

SOUS-ANNEAU STIELTJES THOMAS-JEAN (1856-l 894)


ANNEAUX ET ALGÈBRES 37 SÉRIES TRIGONOMÉTRIQUES 811

SOUS-DIFFÉRENTIEL STIRLING FORMULE DE


CONVEXITÉ - Fonctions convexes 148 cmtM.4 (FONCTION) 453
SOUS-ENSEMBLE ou PARTIE D’UN STIRLINC NOMBRES DE
ENSEMBLE COMB~VATOIRE ( ANAL YSE) 106
ENSEMBLE~ ( THÉ ORIE ÉLÉME NT AIRE
INTÉGRATION ET MESURE 6/2
DES) 297
STOKES FORMULE DE
CALCUL INFINITÉSlMAL - Cakd à phISieUrS
SOUS-ESPACE VECTORIEL variables 94
GROUPES - Représentation linéaire des
groupes 556
STONE M4RSHALL HAWEY (1903-1989)
INTÉGRATION ET MESURE 619
LINEAIRE ET MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 626
SOUS-GROUPE STURM CHARLES FRANÇOIS (1803-1855)
ÉQUATIONS A L G É B R I Q U E S 326
GROUPES - Généralités 519
TOPOLOGIQUE ( ALGÈ BRE) 851 STURM-LIOUVILLE PROBLÈME DE
SOUS-GROUPE DISTINGUÉ OU DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 230
NORMAL INTÉGRALES (ÉQUATIONS) 604
GROUPES - GénéralibiS 525 527 ORTHOGONAUX (POLYNÔMES) 754
GROUPES Représentation linéaire des SUITE DE COMPOSITION
groupes 56ü GROUPES - Généralités 526
TOPOLOGIQUE ( ALGÈ BRE) 851 GROUPES - Groupes finis 550
SOUS-VARIÉTÉ SUITE EXACTE
CORPS 153 GROUPES - Généralités 51~
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 487
SUITES
l SPECTRALE T”ÉORIE 817 CALCUL INFINITÉSIMAL - cakd à une
ORTHOGONAUX (POLYNÔMES) 751 variable 7/
SPECTRE, dgèhrr CONVEXITÉ - Fonctions convexes 146
NORMÉES ( ALGÈBRES) 722. 725 DISTRIBUTIONS 276
SPECTRALE (THÉORIE) SlN. XZI, 824 FoNffIoNs (REPRÉSENTATION E T
APPROXIMATION DES) 364. 373, 385
SPECTRE D’UNE FONCTION LIM~~E ( NOTION DE)
HARMONIQUE ( ANALYSE) 589 MÉ T R I Q U E S ( E S P A C E S ) 657
NORMÉS (ESPACES VECTORIELS) 733, 738
SPHÈRE SÉRIES ET PRODUITS INFINIS 799
GÉOMÉTRIE 459
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 498, SUPPLÉMENTAIRES SOUS-ESPACES
505 VECTORIELS
QUADRIQUES 7Y0 LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE ( ALGÈBRE) 631
SPINEUR SURFACE RÉGLÉE
GROUPES - Groupes classiques et géométrie GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 5O6.
538 508

918
INDEX

SURFACES TCHEBYCHEV PAFNOUI'Iï LVOWTCFI (1821-


GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 496, 1894)
xi‘/ FoNcrIoNs ( REPRÉ SENTATION ET
SURFACES DE RÉVOLUTION APPROXIMATION DES) 382. 393, 399
GÉ OMÉ TRIE DIFFÉ RENT IELLE CLASSIQUE 506 TCHEBYCHEV POLYNÔME DE
VARIATIONS (CALCUL DES) 876 FONCTIONS (REPRÉSENTATION ET
SURHARMONIQUES FONCTIONS APPROXIMATION DES) 380 394
POTENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 763 TENSEUR CONTRAVARIANT
SURJECTION TENSORIEL (CALCUL) 837. 840
COMBINATOIRE (ANALYSE) 106
ENSEMBLES (THEORIE É LEMENTAIRE DES) 3/4 TENSEUR COVARIANT
TENSORIEL (CALCUL) 836, 839
SUZUKI GROUPES DE
GROUPES - GrOUpCS fiBiS 549 551 TENSEURS
TENSORIEL (CALCUL) 834 836
SYLOW TMÉORÈMES DE
GROUPES - Groupes finis 553 . TENSORIEL CALCUL 834

. SYMBOLIQUE CALCUL 827 TENSORIEL PRODUIT


LINÉAIRE E T MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 645
SYMÉTRIE TOPOLOGIQUES (ESPACES VECTORIELS) 865
GROUPES - Généralités 520
THÊTA FONCTION
S Y M É T R I Q U E ÉLÉMEN-I QuADp.ATIQuBs (FORMES) 789
GROUPES - Génér&&S 5/8
zÊTA (FONCTION) 883
SYMÉTRIQUE FORME
THOM T H ÉO R È ME DE TRANSVERSALITÉ
m&IRE ET MULTILTNÉAIRE (ALGÈBRE) 644
DE
CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à plusieurs
SYMÉTRIQUE PRODUIT variables /o/
LINÉAIRE ET MULTIL~AIRE ( ALGÈBRE) 645
THOMPSON JOHN 0. (1932- )
SYMÉTRIQUE RELATION GROUPES - Groupes finis 554
ENSEMBLES ( THÉ ORIE É LÉ MENT AIRE DES) 312
THOMSON WILLIAM lord KELVIN
SYSTÈMES DYNAMIQUES b KELVIN lord
ERGODIQUE (THÉORIE) 334
THUE THÉORÈME DE
TAMAGAWA MESURE DE DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 27/
QUADRATIQUES (FORMES) 787
TIROIRS PRINCIPE DES
TANGENTE À UNE COURBE COMBINATOIRE (ANALYSE) 109
CONIQUES 12F. 125
NOMBRES (THÉORIE DES) 664
COURBES ALGEBRIQUES 162
GEOMETRIE DIFFERENTIELLE CLASSIQUE 500 TOPOLOGIE ALGÉBRIQUE
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 841 GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 482. 49/
TANGENTE HYPERBOLIQUE TOPOLOGIE DIFFÉRENTIELLE
EXPONENTTELLE ET LOGARITHME 344 DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) -
TANIYAMA-WEIL CONJECTURE DE Sources et applications 178
FERM A T ( G RA N D T HÉORÈ M E D E ) 357 QUADRATIQUES (FORMES) 779
VARIATIONS (CALCUL DES) 881
TATE JOHN (1925 )
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres TOPOLOGIE DISCRÈTE
padiaues 6 9 5 TOPOLOGIE GÉNÉRALE 843
ZÊTA (FONCTION) 884 TopoLoGIQuE (ALGÈBR E ) X50

TAYLOR FORMULE DE l TOPOLOGIE GÉNÉRALE 841


ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 51 LIMrrE ( NOTION DE)
CALCUL INFINITÉSIMAL CaICUl à "IIe MÉmQùEs (ESPACÉS) 6 5 4
variable 6’7
CALCUL INFINITÉSIMAL cakd à plusieurs TOPOLOGIE PRODUIT
variables 96. 98 GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 4X7
FONCTIONS A NALYTIQUES - Fonctions d'une TOPOLOGIE GÉNÉRALE X44
variable complexe 40~. J/O
GROUPES - Groupes de Lie 570 l TOPOLOGIQUE ALGÈBRE 849
POLYNÔMES 761 ALGÈBRE 23
NORMÉES ( A L G È B R E S ) 728
TAYLOR SÉRIE DE
CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à plusieurs TOPOLOGIQUE ANNEAU
variables 94 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
FoNcxoNs ( REPRÉSENTATION ET p-adiques 689
APPROXIMATION DES) 370 TOPOLOGIQUE (ALGÈBRE) 854

919
INDEX

TOPOLOGIQUE CORPS TREILLIS


NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres 0momÉs (ENSEMIXES) 749
padiques 690
TOPOLOGIQUE ( AL GÈ BRE) 8.56 TRENTE-SIX OFFICIERS PROBLÈME DES
COMBINATOIRE (ANALYSE) 111
. TOPOLOGIQUES ESPACES VECTORIELS 856
ALGÈBRE 23 TRIBU
CONVEXITE Ensembles convexes 140 INTÉGRATION ET MESURE 616
CONVEXITÉ - Fonctions convexes 147
DISTRIBUTIONS 276 TRIGONOMÉTRIE
NORMÉS (ESPACES VECTORIELS) 730 COMPLEXES (NOMBRES) 118
EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 348, 351
TORE GROUPES Groupes classique, et gtomélrie
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENrIELLE CLASSIQUE 507 535. 541
TOPOLOGIQUE (ALGÈBRE) 852
TRIGONOMÉTRIE HYPERBOLIQUE
TORSION EXPONENTIELLE ET LOGARITHME 344
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 503, GROUPES - Groupes classiques et géométrie
513 541
TOURBILLONS TRICONOM~TRIQUES SÉRIES b SÉRIES
~ÉluvÉEs PA RTI ELLES (É QUATIONS AUX) -
Equations non linéaires 208 TRIGONOMETRIQUES

TRACE TRIVIAL CARACTÈRE


GROUPES - Représentation linéaire des GROUPES Représentation linéaire des
groupes 556 groupes 560
LINEAII+E ET M~LTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 649 TURBULENCE
NORMEES ( ALGEBRES) 728 DÉpvÉEs PART IELLES (É QUATIONS AUX) -
TRAJECTOIRE Equations non linéaires 207
ERGODIQUE (THÉORIE) 330
F O N CT I O N S A N A L YT I Q U E S Fonctions d'une TYPE FINI MODULE DE
yariable comp!exe 412 LINÉAIRE ET MULTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 6jU
GEOMETRIE DIFFERENTIELLE CLASSIQUE 499 ULTRAMÉTRIQUE ESPACE
TRANSCENDANCE BASE DE MÉTRIQUES (ESPACES) 653
CORPS 154 TOPOLOGIQUE ( ALGÈBRE) X56

l TRANSCENDANTS NOMBRES 870 UNITÉ


CORPS 154 ANNEAUX COMMUTATIFS 26
DIOPHANTIENNES (APPROXIMATIONS) 256 NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
NOMBRES (THÉORIE DES) 665 algébriques 700. 7UK. 712
TRANSFERT FONCTION DE VALEUR ABSOLUE
SYMBOLIQUE (CALCUL) 832 NOMBRES (THÉORIE DES) - Nombres
p-adiques 6X9
TRANSFORMATIONS GÉOMÉTRIQUES TOPOLOGIQUE ( ALGÈ BRE) KS6
GEOMÉTRIE 462, 467. 470
GROUPES - GrOUpeS classiques et géométrie VALEUR MOYENNE
530 NOMBRES (THÉORIE DES) Théorie analytique
684
TRANSITIVE RELATION
ENSEMBLES ( THÉ ORIE ÉLÉ MENTAIRE DES) 312 VALEUR PROPRE
TRANSITIVITÉ DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX)
GROUPES Groupes classiques et géométrie Théorie linéaire 193
532, 53j. 54(1 DIFFÉRENTIELLES (ÉQUATIONS) 225. 232, 241
SPECTRALE ( THÉO RIE) 818, 821
TRANSLATION
AFFINE~ ( ESPACE ET REPÈ RE) VALEUR SPECTRALE
GEOMÉTRIE 470. 472 INTÉ GRA LES (É QUATIONS) 60x
SPECTRALE ( THÉORIE) 821
TRANSPOSÉE
DISTRIBLTIONS 278 VALEURS INTERMÉDIAIRES THÉORÈME
LINEAIRE ET MULTTLINÉAIRE ( ALGÈ BRE) 628 DES
CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à une
TRANSPOSÉE D’UNE MATRICE variable 89
LINÉAIRE ET MULTILMÉAIRE ( ALGÈBRE) 641
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 849
TRANSVECTION
GROUPES - Groupes classiques et géométrie VALUATION
531 ALGÈBRE 18
ANNEAUX COMMUTATIFS 34
TRAVAUX VIRTUELS PRINCIPE DES NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS Aux) - p-adiques 689, 696
Sources et applications 17k' TOPOLOGIQUE ( ALGÈ BRE) 856

920
INDEX

VANDERMONDE ALEXANDRE (1735-l 796) VOLTERRA vmo (1860-l 940)


ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES 326 n&abuEs (ÉQUATIONS) 606
VAN DER POL ÉQUATTON DE WARING PROBLÈME DE
D IF F ÉR E N T IE L L E S (É Q U A T I O N S ) 240 NOMBRES ( THÉORIE DES) - Théorie analytique
673
VARIABLE
FONCIION ( NOTION DE) WEBER HEINRICH MARTIN (1842-l 9 13)
NOMBRES (THÉORIE DES) - Nombres
VARIATIONNELLE FORMULATION
algébriques 7/6
DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATTONS Aux) -
Sources et applications 179, 181 WEIERSTRASS FONCTIONS DE
FONCI? ONS ANALYT IQUES Fonctions
. VARIATIONS CALCUL D ES 875
FoNcrIo~ (NOTION DE)
elliptiques et modulaire 434
VARIÉTÉ ABÉLIENNE WEIERSTRASS KARL THEODOR WILHELM
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 495 (1815-1897)
GAMMA (FONCTION) 453
VARIÉTÉ ALGÉBRIQUE LpurE (NOTION DF)
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 481. 485 SERIES TRIGONOMETRIQUES 810
ZÊTA ( FONCTION) 886 VARIATIONS (CALCUL DES) 880
VARIÉTÉ ALGÉBRIQUE AFFINE WEIERSTRASS T H É O R È M E D’APPROXIMATION
CORPS 153 DE
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 479, 485 FoNcnoNs (REPRÉSE~ATI~N ET
VARIÉTÉ ALGÉBRIQUE SÉPARÉE APPROXIMATION DES) 372
GEOMETRIE ALGÉBRIQUE 488 WEIERSTRASS THÉORÈME DE FACTORISATION
VARIÉTÉ ANALYTIQUE COMPLEXE DE
FONCTIONS ANALYTIQUES - Représentation FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d'une
conforme 447 variable complexe 430
VARIÉTÉ TOPOLOGIQUE WEIERSTRASS TH É OR È ME DE PRÉPARATION
TopoLoGIQuE (ALGÈBRE) 851 DE
CALCUL INFINITÉSIMAL - cakd à plUSieUrS
VARIÉTÉS DIFFÉRENTIABLES variables /o/
CALCUL INFINITÉSIMAL - Ca1CU1 à l,lUSi’WrS
variables 99 WEIL ANDRÉ (1906- )
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 505 DIOPHANTIENNES (ÉQUATIONS) 270, 273
PROJECTIFS (ESPACE ET REPÈRE) NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
TENSORIEL (CALCUL) 834 algébriques 719
TOPOLOGIQUES (ESPACES VECTORIELS) 858, &TA ( F O N C T I O N) 8 8 7
861
WEYL HERMANN (1885-1955)
VARIÉTÉS PSEUDO-RIEMANNIENNES DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX)
TENSORIEL (CALCUL) 839 Théorie linéaire 193
DIOPHANTIENNES (AP P R O X I M A TI O N S ) 260
VECTEUR
LINÉAIRE ET MLJLTILINÉAIRE (ALGÈBRE) 625 GROUPES - Groupes de Lie 56% 576

VECTEUR PROPRE WHITNEY HASSLER (1907-1989)


S PECTRALE ( THÉO RIE) 8/8 CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à plusieurs
variables 93, 99
VECTEURS CHAM P DE
oÉRrvÉEs PA RTIELLES (ÉQ UA TIONS AUX) WHITNEY THÉORÈMES DE
Théorie linéaire 190 CALCUL INFINITÉSIMAL - CdCUl à plUSieUrS
TENSORIEL (CALCUL) 835 variables 100
VENN DIAGRAMME DE WHIITAKER sir EDMUND (1873-l 956)
ENSEMBLES ( THÉ ORIE É LÉ MENTAIRE DES) 299 ASYMPTOTIQUES (CALCULS) 62
VIÈTE FRANÇOIS (1540-l 603) WIENER NORBERT (1894-l 964)
ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES 321, 324 NORMÉES ( A L G È B R E S ) 724
PS>TENTIEL ET FONCTIONS HARMONIQUES 769
VINOGRADOV I~AN MATVEïEV,TCH (1891- SERIES TRIGONOMÉTRIQUES 811. 816
1983)
NOMBRES (THÉORIE DES) - Théorie analytique WILES ANDREW (1953. )
673, 675 FERMAT (GRAND THÉORÈME DE) 354, 357
VITESSE WILSON THÉORÈME DE
GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CLASSIQUE 500 DIVISIBILITÉ 291. 293
VOISINAGE * WIm INDICE DE
MÉTRIQUES ( ESPACES) 656 GROUPES - GrOUpeS ClaSSiqWS et géO&trie
TOPOLOGIE GÉNÉRALE 842 538, 543, 545
QUADRATIQUES (FORMES) 781. 783

921
INDEX

z TRANSFORMATIONS EN ZÉROS ISOLÉS PRINCIPE DES


SYMBOLIQCE (CALCUL) 832 FONC TIONS - Fonctions d’une
ANALYTIQUES

ZARISKI THÉORÈME PRINCIPAL DE


variable complexe 404
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 4#9 l ZÊTA FONCTION 883
ZARISKI TOPOLOGIE DE GAMMA ( FONCTION) 456
GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE 48/. 492 NOMBRES (THÉORIE DES) 666
NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Théorie analytique
ZÉRO ORDRE D'UN 678
FONC TIONSANALYTIQUES - Fonctions d’une NOMBRES ( THÉ ORIE DES) - Nombres
\ariable complexe 404 algébriques 7/(1
TABLE DES AUTEURS

Josette ADDA Roger GODEMENT,


NUMÉRATION. CALCUL INFINITESIMAL - Calcul à une
variable.
Claude BARDOS
DERIVEES PARTIELLES É QUATIONS AUX, Catherine GOLDSTEIN
OERIVEES PARTIELLES É QUATIONS AUX - FERMAT GRAND THÉORÈME DE,
Equations non linéaires.
Michel HERVÉ
Antoine BRUNEL FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions
ERGODIQUE THÉORIE. elliptiques et modulaire, INTEGRALES
ÉQ UATIONS.
Lucien CHAMBADAL
HILBERT ESPACE DE, LINÉAIRE & Christian HOUZEL
MULTILINÉAIRE ALGÈBRE, SÉRIES & FONCTION NOTION DE, FONCTIONS
PRODUITS INFINIS, SPECTRALE THÉORIE ANALUIQUES - RTprésentation conforme.
GEOMETRIE ALGEBRIQUE, LIMITE
Christ@ COATMELEC NOTION DE, NOMBRES THÉORIE DES -
DIFFERENTIELLES É QUATIONS.
Nombres padiques, NOMBRES niÉorue DES -
Jean-Louis COLLIOT-THÉLÈNE Nombres algébriques, TOPOLOGIQUE
DIOPHANTIENNES ÉQUA~ONS. ALGÈBRE, TOPOLOGIQUES ESPACES
VECTORIELS.
Everett DADE
GROUPES - Groupes finis, GROUPES - Jean ITARD
Représentation linéaire des groupes. EQUATIONS ALGÉBRIQUES.
Marcel DAVID Jqan-Pierre KAHANE
DIOPHANTIENNES APPROXIMATIONS, SERIES TRIGONOMÉTRIQUES.
DIOPHANTIENNES É QUATIONS,
DIVISIBILITÉ. Victor KLEE
CONVEXITÉ, CONVEXITÉ - Ensembles
Jean DIEUDONNÉ convexes.
FONCTIONS ANALYTIQUES, GROUPES,
GROUPES - Groupes classiques et géométrie, Paul KRÉE
GROUPES - Groupes de Lie, NOMBRES DISTRIBUTIONS.
THÉORIE DES, NOMBRES THÉORIE DES - Arnaud de LA PRADELLE
Théorie analytique des nombres, POTENTIEL & FONCTIONS
QUADRATIQUES FORMES, HARMONIQUES.
TRANSCENDANTS NOMBRES, ZÊTA
FONCTION. Paulette-LIBERMANN
GEOMETRIE DIFFÉRENTIELLE
CLASSIQUE.
&~IQUES, CORPS, DIFFÉRENT IELLES
É QUATIONS, ENSEMBLES THÉORIE Jacques MEYER
É LÉ MEN TA IRE DES, INTÉGRALES É QUATIONS. AFFINE APPLICATION, AFFINES ESPACE &
REPÈRE, BARYCENTRE, PROJECTIFS
Dominique FOATA ESPACE & REPÈRE, PROJECTIVES
COMBINATOIRE ANALYSE APPLICATIONS.
Luc GAUTHIER Claude MORLET
COURBES ALGÉBRIQUES. TENS,ORIEL CALCUL, TOPOLOGIE
Robert GERGONDEY GENERALE
CORPS. Jean-Louis OVAERT
Georges GLAESER ASYMPTOTIQUES CALCULS, FONCTIONS
CALCUL INFINITÉ$IMAL Calcul à REPRÉSENTAnON Bi APPROXIMATION DES.

plusieurs variables. HILBERT ESPACE DE, LINÉAIRE &


MULTILINÉAIRE ALGÈBRE,
Claude GODBILLON ORTHOGONAUX POLYNôMES,SPECTRALE
VARIATIONS CALCUL DES. THÉORIE.

923
TABLE DES AUTEURS

Robert PALLU DE LA BARRIÈRE René SPECTOR


SYMBOLIQUE CALCUL. HARMONIQUE ANALYSE, NORMÉES
André REWZ ALGÈBRES.
INTÉGRATION & MESURE.
Jean-Luc VERLEY
Robert ROLLAND ALGÈBRE, ANNEAUX COMMUTATIFS,
CONVE,XITE - Fonctions convexes,
NORMES ESPACES VEaORIELS. ANNEAUX & ALGÈBRES,
ASYMPTOTIQUES C A L C U L S , COMPLEXES
Maurice R O S E A U
NOMBRES, ENSEMBLES THÉORIE ÉLÉMENTAIRE
DIFFERENTIELLES ÉQ U A TI O N S
DES, EXPONENTIELLE & LOGARITHME,
André ROUMANET
FONCTIONS REPRÉSENTATION &
ENSEMBLES
~~É~RIE ÉLÉME~AIRE D ES. APPROXIMATION DES, FONCTIONS
ANALYTIQUES - Fonctions analytiques
François, RUSSO
GEOMETRIE. d’une variable complexe, GAMMA FONCTION,
GROUPES - Généralités, MÉTRIQUES
Gabriel SABBAGH
ESPACES, NORMÉS ESPACES VECTORIELS,
BOOLE ALGÈBRE & ANNEAU DE
POLYNÔMES.
Pierre SAPHAR
BESSEL FONCTIONS DE. André WARUSFEL
Jean-Luc S A U V A G E O T CONIQUES, ORDONNÉS ENSEMBLES,
NORMEES ALGÈBRES. QUADRIQUES.

Le prkent volume a été achevé d’imprimer


SUI les presses de I’imprimerie Maun à Manchecourt
en juillet 1997.

Imprimé en France

DépUt légal septembre 1997


N” d’éditeur : 16760
N” d’imprimeur. 57621M
1.S.B N. E-226-09423-7

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