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Histoire

Géographie 1S re

ÉDITION
2016

Livre du professeur
Sous la direction de Guillaume Le Quintrec et Éric Janin

Viviane Bories, certifiée d’Histoire-Géographie


Professeure au lycée Joseph-Vallot à Lodève

Mathias Burgé, agrégé d’Histoire


Professeur au lycée Rabelais à Meudon

Jean-Marie Darier, agrégé d’Histoire


Professeur en classes préparatoires au lycée Saint-Exupéry à Mantes-la-Jolie

Lise Fournier, agrégée de Géographie


École des Hautes études Hispaniques et Ibériques (EHEHI)
Casa de Velásquez à Madrid

Isabelle Greig, agrégée de Géographie


Professeure au lycée Paul-Valéry à Paris

Juliette Hanrot, agrégée d’Histoire


Professeure au lycée Eugène-Ionesco à Issy-les-Moulineaux

Daniel Henri, agrégé d’Histoire, ancien élève de l’École normale supérieure


Professeur au lycée Henri-IV à Paris

Éric Janin, agrégé de Géographie


Professeur en classes préparatoires au lycée Lakanal à Sceaux

Heinrich Jannot, agrégé de Géographie


Professeur au lycée Étienne-Bezout à Nemours

Nicolas Le Brazidec, agrégé de Géographie


Professeur en classes préparatoires au lycée Clemenceau à Nantes

Guillaume Le Quintrec, agrégé d’Histoire, ancien élève de l’École normale supérieure


Professeur en classes préparatoires au lycée Fénelon à Paris

Caroline Lechat, agrégée de Géographie, ancienne élève de l’École normale supérieure


Professeure en classes préparatoires au lycée Jean-Jaurès à Montreuil

Florian Louis, agrégé d’Histoire,


Professeur au lycée Jean-Jacques Rousseau à Sarcelles

Anne-Claire Michel, agrégée d’histoire, ancienne élève de l’École normale supérieure


Professeure au lycée René-Descartes à Champs-sur-Marne

Émilie Morbois-Viney, agrégée de géographie


PRAG à l’université Paris-Sorbonne (Paris IV)

Joseph Viney, agrégé de géographie


Professeur en classes préparatoires aux lycées Montaigne et Victor-Duruy à Paris
CHAPITRE  

1   Croissance  et  mondialisation    


 
»  Présentation  de  la  question   Les  économies-­‐monde  successives  
(britannique,  américaine,  multipolaire)
La   croissance   économique  et   ses   différentes  
phases  depuis  1850   Fernand Braudel forge le concept d’économie-
monde en 1949 dans La Méditerranée et le monde
À partir de 1850, l’accélération des transformations méditerranéen à l’époque de Philippe II. Puis, il
du système productif conduit les pays qui développe cette notion dans Civilisation matérielle,
s’industrialisent à entrer dans une ère de forte économie et capitalisme en 1979. Une économie-
croissance. En effet, la diffusion du progrès monde est un « morceau de la planète
industriel entraîne une expansion économique, dont économiquement autonome, capable pour
la rapidité contraste avec les progrès plus lents et l’essentiel de se suffire à lui-même et auquel ses
aléatoires de l’ère préindustrielle. Ce dynamisme liaisons et ses échanges intérieurs confèrent une
accélère la mondialisation de l’économie, qui n’est certaine unité organique ». L’économie-monde a
pas un phénomène récent mais plutôt une constante une structure hiérarchisée : un centre, qui est un
de l’histoire de l’humanité depuis le XVIe siècle. pôle urbain, assure un rôle décisionnel. (Ce n’est
Cependant, si elle est plus rapide et plus pas toujours le même, une économie-monde peut
importante, cette croissance reste irrégulière et des être animée successivement par plusieurs villes.
crises profondes affectent le processus, sans pour Deux centres peuvent aussi coexister pendant un
autant remettre en question l’accroissement continu temps.) Ce centre, où affluent et d’où repartent
de la richesse des États qui s’industrialisent. informations, capitaux, marchandises et travailleurs
domine des périphéries plus ou moins développées
Cette industrialisation s’accompagne d’une et subordonnées, les plus dépendantes étant
augmentation considérable des volumes produits, marquées par « l’archaïsme, le retard, l’exploitation
ainsi que de la diversification, de la standardisation facile par autrui ».
et de la diffusion accrues des biens. La part de
l’activité manufacturière dans le produit national et Dans les années 1980, le sociologue américain
l’emploi s’affirme ; une industrie plus moderne Immanuel Wallerstein précise les cycles
prend son essor et tous les secteurs d’activité hégémoniques qui marquent une économie-monde.
finissent par adopter le modèle industriel. Les En effet, tout centre voit peu à peu s’éroder sa
logiques du secteur secondaire pénètrent aussi bien prépondérance et d’abord dans le domaine de la
l’agriculture (recours aux machines, liens de plus production et du commerce (la domination
en plus étroits entre la production agricole et financière survit un temps plus long). La
l’industrie agro-alimentaire, etc.) que le tertiaire concurrence, qui marque le fonctionnement d’une
(aujourd’hui, le recours à l’informatique entraîne économie-monde, entraîne la diffusion des
une « mécanisation » des activités de bureau). technologies et des modes d’organisation sur
lesquels le centre a fondé sa suprématie. Ce déclin
En outre, même si, au XXe siècle, et surtout après du centre n’affecte pas le dynamisme d’une
1945, la part du secteur manufacturier diminue, économie-monde si un autre pôle le remplace.
avec l’essor fulgurant des services dans l’économie
des pays industrialisés, l’activité tertiaire ne L’économie mondialisée actuelle résulte du
contribue pas encore majoritairement au PIB déploiement de l’économie-monde européenne.
mondial. Depuis 1850, l’industrie reste donc le Elle s’est mondialisée au cours des cinq derniers
principal moteur de la croissance. siècles. Son trait spécifique est son caractère
capitaliste. Chaque centre qui a dominé ce système
a fait prévaloir ses intérêts par la promotion du
libéralisme, en particulier du libre-échange. Cette
politique a instauré des rapports de domination
entre des économies ayant un niveau de
développement inégal. Cette politique a aussi
permis l’expansion du capitalisme. La diffusion des
capitaux, des techniques et des modes VERLEY P., La Révolution industrielle, « Folio »,
d’organisation a alors provoqué une contestation Gallimard, Paris, 1997.
des avantages acquis par la puissance hégémonique.
À plusieurs reprises, le centre de gravité de Ouvrages   sur   le   concept   d’économie-­‐monde  
l’économie capitaliste s’est déplacé : au XVIIe et  les  économies-­‐monde  successives  :  
siècle aux Provinces-Unies, au XVIIIe-XIXe siècle
au Royaume-Uni et au XXe siècle aux États-Unis.
Ce pays offre un exemple de périphérie dominée ADDA J., La Mondialisation de
dont le décollage industriel a été possible grâce à l’économie, Genèses et problèmes, Paris, La
l’importation et à l’assimilation des techniques Découverte, 2006.
européennes. Ce décollage constitue dès la fin du APRILE S., RAPOPPORT M. (dir.), Le Monde
XIXe siècle une menace pour l’hégémonie de britannique (1815-1931), Atlande, 2010.
Londres et du Royaume-Uni. BAILLY P., « L’Union européenne, une économie-
monde dans la mondialisation », article publié dans
Aujourd’hui, le débat porte sur l’ampleur du déclin Colloque international – Économie politique
des États-Unis commencé vers 1967. Il aurait internationale et nouvelles régulations de la
conduit à l’émergence d’une économie-monde mondialisation, Centre de recherche sur
multipolaire, voire à la juxtaposition de plusieurs l’intégration économique et financière, Université
économies-monde. D’après Pierre Bailly, « le de Poitiers, 2009.
système monde serait ainsi constitué par un BRAUDEL F., Civilisation matérielle, économie et
ensemble d’économies-monde régionales ». En capitalisme, t. 3 : Le Temps du monde, Armand
effet, la forte instabilité économique qui règne Colin, 1979.
depuis la fin du XXe siècle conduit à l’organisation CHAVAGNEUX C., MILEWSKI F., PISANI-
d’ensembles régionaux. Les liens économiques FERRY J. et PLIHON D., Les Enjeux de la
interrégionaux sont désormais prédominants pour mondialisation, La Découverte, 2007.
les membres de chaque ensemble malgré la FAULKNER H., Histoire économique des États-
mondialisation. Le modèle d’intégration le plus Unis, Presses Universitaires de France, 1958.
achevé est l’Union Européenne qui a établi une GAUCHON P., HAMON D. et MAURAS A., La
monnaie commune et un marché unique. Triade dans la nouvelle économie mondiale,
L’ALENA est un simple accord de libre-échange Presses universitaires de France, 2002.
rassemblant le Canada, les États-Unis et le SICARD P., Histoire économique des États-Unis
Mexique. Un accord tente de s’établir en Asie après 1945, Nathan Université, 1995.
Pacifique mais son institutionnalisation n’a pas WALLERSTEIN I., The Modern World-System,
encore abouti. vol. III : The Second Great Expansion of the
Capitalist World-Economy, 1730-1840’s, Academic
»  Bibliographie   Press, 1989.
The three instances of hegemony in the history of
Ouvrages   généraux   sur   l’histoire   économique   the capitalist world-economy, International Journal
mondiale   of Comparative Sociology, 24, 1-2, 1983.
BAIROCH P., Victoires et déboires, histoire
économique et sociale du monde, Gallimard, Paris, Autres  ouvrages    spécialisés  
1997. « Mille ans de croissance économique »,
BRASSEUL J., De la révolution industrielle à la L’Histoire, n° 239, janvier 2000.
Première Guerre mondiale, A. Colin, Paris, 2004. KOMLOS J., « Ein Überblick über die
CARON F., Les deux révolutions industrielles du Konzeptionen der Industriellen Revolution », in
XXe siècle, « Agora », Pocket, 1999. VSWG, 84, 1997.
CASTEL O., Histoire des faits économiques : La CRAFTS N. F. R., « Productivity Growth in the
dynamique de l’économie mondiale du XVe siècle à Industrial revolution : a New Growth Accounting
nos jours, PU Rennes (8 septembre 2005). Approach », Journal of Economic History, 2004.
GAUTHIER A., L’Économie mondiale des années
1880 aux années 2000, Bréal, 2000.
LEON P., Histoire économique et sociale du
Sitographie  
monde, A. Colin, Paris, 1978. Site du ministère de l’Économie et des finances à
« Les racines de la mondialisation », L’Histoire, vocation pédagogique :
n° 270, 2002. http://www.lamondialisation.fr/
NOREL P., Une histoire du monde global, Éditions Groupe d’études et de recherches sur les
Sciences humaines, 2012. mondialisations (GERM), portail de ressources sur
VAN DER WEE, H., Histoire économique les processus de mondialisation contemporains :
mondiale, 1945-1990. http://www.mondialisations.org/php/public/index.p
hp

2
Des sites sur des études de cas parfois anglophones, industrielle a imposé son hégémonie (cours 3) avant
ce qui peut permettre de travailler en liaison avec le d’être dépassé par les États-Unis au XXe siècle
professeur d’anglais : (cours 4). Enfin, le 5e cours expose comment
– sur Ford et le fordisme, l’accélération de la mondialisation et l’émergence
http://www.thehenryford.org/imagesource.aspx de nouvelles puissances sont en train de restructurer
(documents iconographiques) l’économie mondiale. Désormais, elle semble
– sur le port de Liverpool : animée par trois pôles majeurs : l’Amérique du
http://www.liverpoolmuseums.org.uk/maritime/ Nord, l’Europe et l’Asie Pacifique.
– sur l’exposition universelle de Londres en 1851 :
http://www.expositions-universelles.fr/1851- Le chapitre comprend aussi trois dossiers. Le
exhibition-londres.html (en français) premier propose une étude de cas sur la crise
Les plans de l’exposition : économique de 1929. Ce dossier permet aux élèves
http://london1851.com/cross10.htm d’étudier le mécanisme de ce qui reste encore
Des aquarelles du Victoria and Albert Museum : aujourd’hui la plus grave des crises économiques
http://www.vam.ac.uk/collections/paintings/past_ex mondiales. Le deuxième dossier invite à réfléchir
h/greatEx_watercolours/index.html. sur le rôle majeur de Londres dans l’économie-
– sur l’exposition universelle de Shanghaï : monde britannique. Il montre comment cette ville a
http://fr.expo2010.cn/ (en français) profité de son rôle d’interface entre un pays
industriel prospère, précocement industrialisé, et le
»  Plan  du  chapitre   reste du monde. Le dernier dossier porte sur la
Chine et l’Inde, pays émergents, passés en quelques
Comme le veut le programme, le chapitre insiste années du statut de pays sous développé à celui de
d’abord sur l’examen des étapes de la croissance puissance économique mondiale, jouant un rôle
qui, à partir du milieu du XIXe siècle, s’étend moteur dans la croissance de la planète.
progressivement de l’Europe occidentale au reste Une double page Histoire de l’art complète ce
du monde (cours 1). Ceci permet d’envisager chapitre. Elle révèle comment le rôle majeur dans
ensuite comment et pourquoi l’essor de l’industrie, l’économie mondiale de ce dernier pays, alors
principal moteur de cette expansion, bouleverse l’État le plus moderne du monde et l’accroissement
l’ensemble de l’économie, donnant naissance à ce des écarts de développement notamment entre ce
qu’on appelle le système capitaliste (cours 2). Puis, pays et son voisin le Mexique, ont profondément
le chapitre aborde les systèmes économiques qui se marqué l’imaginaire des peintres du début du XXe
sont succédés depuis 1850. Il montre que le siècle.
Royaume-Uni, berceau de la Révolution

3
Commentaire des documents et réponses aux questions

 
Ouverture  de  chapitre     est la conséquence directe du dynamisme
>  MANUEL,  P.  18-­‐19   économique chinois et de la place nouvelle
qu’occupe la Chine dans le commerce mondial.
  La Chine est ainsi devenue le premier partenaire
Doc  1.  –  L’accroissement  de  la  production commercial des États-Unis en 2015, en devançant
William Bell Scott (1811-1890), peintre écossais, pour la première fois le Canada. Les États-Unis
est un des premiers artistes à s’intéresser au sont le premier client de la Chine. Ce commerce
processus d’industrialisation. Cette œuvre fait sino-américain est d’ailleurs très déséquilibré et se
partie d’une série de huit panneaux commandés par fait aux dépens des États-Unis, qui importent de
la riche famille Trevelyan pour décorer leur plus en plus de produits manufacturés chinois.
résidence de Wallington Hall. Elle donne une
représentation de la révolution industrielle en cours
»  Cours  1.  Plus  de  150  ans  de  croissance  
dans le Northumberland.
Le premier plan évoque une fonderie avec trois >  MANUEL,  P.  20-­‐21
forgerons martelant le fer en fusion sortant d’un  
four. Sur le sol repose le dessin d’une locomotive Doc   1.   –   L’évolution   des   PIB,   une   croissance  
construite par Robert Stephenson and Co., inégale  
ingénieurs à Newcastle-upon-Tyne. Un exemplaire En 1870, les pays avancés produisent 43,7% du PIB
de cette locomotive traverse le haut de la toile sur mondial. Le Royaume-Uni est alors la première
un pont de fer. puissance économique mondiale, suivie de près par
À gauche de la toile, derrière les travailleurs, les États-Unis.
l’artiste a peint les quais d’un port au bord d’une En 1950, les pays avancés ont encore accru leur
rivière : on y voit des pêcheurs, des bateaux à poids économique ; ils produisent alors 73,7% du
voiles, un navire à vapeur et même une barge PIB mondial. Les États-Unis sont devenus la
chargée de charbon, la source d’énergie majeure de première puissance économique. À eux seuls ils
cette première révolution industrielle... représentent plus de 31% du PIB mondial.
Tout dans cette toile glorifie les réalisations En 2011, la situation a complètement changé : les
techniques et le dynamisme économique de pays en développement produisent un peu moins de
l’Angleterre du XIXe siècle (machine à vapeur, pont la moitié de la richesse mondiale (49,6%),
de fer, sidérurgie, charbon, etc.) essentiellement grâce à l’essor phénoménal des
Les bienfaits sociaux de cette croissance économies asiatiques. La Chine est ainsi devenue la
économique ne sont pas oubliés : par exemple, une deuxième puissance économique du monde, avec
petite fille au premier plan à gauche tient entre ses un PIB à peine inférieur à celui des États-Unis. En
mains le déjeuner de son père et un manuel 2014, selon la Banque mondiale, le PIB ppa de la
scolaire. Grâce au travail de son père, l’enfant est Chine a officiellement dépassé celui des États-Unis.
bien habillé, bien nourri et peut fréquenter l’école.
Tous les aspects positifs de cette révolution Doc  2.  –  La  croissance  économique  en  Europe  
industrielle se résument dans la légende que le
avant  1914  
peintre a donné à son œuvre: « Au XIXe siècle, les
On peut relever les citations suivantes comme
Northumbriens montrent au monde ce qui peut être
particulièrement significatives du dynamisme
fait avec du fer et du charbon. »
économique de l’époque.
Sur l’ampleur de la croissance :
Doc  2.  La  mondialisation  des  échanges   « un essor commençait, qui se faisait presque
Cette photographie illustre bien la mondialisation également sentir dans tous les pays de notre
des échanges commerciaux et l’émergence de Europe. »
nouvelles puissances économiques en cette fin du « On sentait en toutes choses que la richesse
XXe siècle. s’accroissait et se répandait plus largement. »
Apparu dans les années 1970, le porte-conteneur est « Jamais l’Europe n’avait été plus puissante, plus
maintenant le principal mode de transport maritime riche, plus belle » ;
de fret dans les ports de commerce. Il assure Sur les origines de la croissance :
l’essentiel du commerce mondial de produits « la technique avait accéléré le rythme de
manufacturés et leur taille ne cesse de croître. l’existence, les découvertes scientifiques avaient
Ce porte-conteneur qui navigue dans le port empli de fierté l’esprit de cette génération » ;
américain de Miami appartient à la China Shipping Sur les conséquences de cette croissance :
Line, une compagnie chinoise créée en 1997 qui est « Les rues se faisaient plus larges, plus fastueuses,
devenue en 2006, le 9e armateur mondial. Son essor les bâtiments publics plus imposants, les magasins

4
étaient plus luxueux et aménagés avec plus de est alors employée par ce qui devient la Farm
goût » ; Security Administration (« Administration de
« les salles de bains et le téléphone, naguère le sécurité des fermiers »). Celle-ci a été créée par le
privilège de cercles très étroits, pénétraient dans les gouvernement fédéral américain en 1935 afin de
milieux petits-bourgeois » combattre la pauvreté dans les zones rurales. Il
s’agit de l’un des programmes du New Deal
Doc   3.   –   La   société   de   consommation   vue   par   (« Nouvelle Donne », pour la relance économique
un  artiste   du pays) mis en place par le président démocrate
Eduardo Luigi Paolozzi (1924-2005), est Franklin Delano Roosevelt à partir de 1933.
un artiste écossais, il est un des fondateurs de La FSA emploie toute une équipe de photographes
l’Independent Group, cercle précurseur du et a pour objectif de démontrer la nécessité d’une
mouvement Pop art britannique des années 1950. aide fédérale.
La première œuvre considérée comme pop art est
d’ailleurs un collage sur papier d’Eduardo Paolozzi Réponses  aux  questions  
de 1947, I Was a Rich Man’s Plaything (J’étais le
jouet d’un riche). On y trouve de l’humour et une Question 1. Entre 1919 et 1929, les États-Unis
représentation de la culture populaire alors connaissent une grande prospérité : leur PIB
profondément marquée par l’essor de la société de augmente d’environ 30 %. Cette croissance est
consommation. En effet, le pop art utilise et relativement régulière ; seule une brève crise vient
détourne les objets liés à cette société de l’interrompre au début des années 1920. Cet essor
consommation en récupérant notamment les codes est suivi par un effondrement très brutal du PIB :
de la publicité. Le mot « pop » en haut de ce entre 1929 et 1933, il baisse de plus de 30 %. Le
collage de 1947 fut repris ensuite pour la première maximum de la crise est atteint en 1933, puis la
exposition pop art, à Londres. croissance redémarre, mais il faut attendre 1937
Dans l’œuvre présentée ici, l’artiste a découpé des pour que le PIB dépasse le niveau atteint en 1929.
personnages et des objets dans des magazines Ce redémarrage est fragile : les États-Unis
populaires américains avant de les coller dans un connaissent une nouvelle crise économique en
savant désordre. Il a choisi des objets 1938. Seule la guerre qui éclate en Europe permet
particulièrement symboliques de la société de en fait au pays de retrouver son dynamisme
consommation : la voiture, la moto, la radio, les économique : le PIB augmente à nouveau de 30 %
équipements ménagers modernes, qui envahissent entre 1939 et 1942.
les cuisines (bouilloire), etc.
À droite, la présence d’une publicité pour un jus Question 2. Selon Churchill, la crise est causée par
d’orange manifeste la nouvelle abondance l’endettement phénoménal des ménages américains.
alimentaire ainsi que l’invasion de notre quotidien Les Américains, encouragés par leurs banques, ont
par les marques (ici Real Gold). acheté des actions à crédit ; ils ont aussi emprunté
Dans cette société de consommation, la place de la pour se loger et s’équiper. Le krach de Wall Street a
femme est celle du « sex symbol », objet du désir ruiné les actionnaires, qui n’ont pas pu rembourser
masculin qui se doit d’être belle, bien habillée et leur crédit. Les banques – en difficulté financière –
maquillée ou celle de la ménagère attentive à la n’ont plus voulu prêter de l’argent aux ménages.
propreté de son intérieur. C’est à l’homme que Cette restriction du crédit a entraîné une chute
revient de conduire la puissante voiture du premier brutale de la consommation, une baisse de la
plan ou la moto. production et une hausse du chômage.

»  Dossier.  La  crise  économique  de  1929   Question 3. Cette photographie a été prise en 1936
>  MANUEL,  P.  22-­‐23 en Californie alors que la plus grave crise
  économique de l’histoire ravage le pays. C’est une
commande officielle à la photographe D. Lange
Doc  3.  –  La  misère  aux  États-­‐Unis  pendant  les   d’un organisme gouvernemental chargé d’aider les
années  1930   paysans touchés par cette crise. Son objectif est de
Dorothea Lange (1895-1965) est révéler à l’opinion dans quel état d’extrême
une photographe américaine dont les travaux les dénuement la crise a réduit une partie de la
plus connus ont été réalisés pendant cette crise population. Le formidable pouvoir évocateur de
économique que les Américains surnomment the cette œuvre permet de légitimer auprès de l’opinion
Great Depression (la Grande Dépression). les aides apportées par la FSA.
Pendant cette crise, elle photographie ce qui se
passe dans les rues de San Francisco. Ses Question 4. Les deux documents montrent que les
photographies des sans-abris attirent l’attention de paysans sont parmi les principales victimes de la
l’administration fédérale américaine, qui la recrute crise. Tout, dans la photographie, souligne la
comme photographe officielle en 1935. D. Lange misère d’une famille de migrants venus s’installer

5
en Californie. La mère et ses deux enfants sont »   Cours   2.   L’industrie,   moteur   de   la  
pieds nus et vêtus de vêtements sales – de véritables
croissance  
haillons. Leur logement, derrière eux, est une
baraque insalubre fait de tôles et de bouts de bois >  MANUEL,  P.  24-­‐25  
récupérés. Le champ dans lequel ils sont installés
apparaît comme un véritable dépotoir. Doc  1.  –  Une  vision  de  l’agriculture  française  
Cette misère s’explique par les difficultés dans  les  années  1950
économiques, qui poussent des milliers Ce tableau scolaire représente toutes les étapes de
d’agriculteurs à quitter leur foyer à la recherche la moisson des céréales. Au premier plan, un
d’un emploi. La plupart partent s’installer en tracteur tire une moissonneuse-batteuse, des
Californie. Steinbeck évoque des « caravanes de hommes chargent le blé moissonné et mis en sac
sans-logis affamés […] en quête de travail ». Ces dans un camion, tandis que sur la route, un autre
migrants sont prêts à accepter n’importe quelle tracteur tire une remorque chargée de bottes de
tâche « en échange d’un peu de nourriture », car paille parfaitement liées et calibrées.
leurs enfants ont faim et ils n’ont plus de toit. Ils À l’arrière-plan, de l’autre côté de la route, on voit
sont très mal accueillis par les ouvriers californiens, les mêmes activités mais avec des outils
qui voient en eux des concurrents dangereux qui traditionnels : une moissonneuse tractée par un
contribuent à la baisse des salaires. couple de chevaux, un paysan qui utilise une faux,
deux travailleurs agricoles qui lient à la main des
Question 5. Les graphiques confirment ce que dit gerbes de paille. Plus loin encore, on distingue une
Churchill sur la forte baisse de la production et la charrette tirée par quatre chevaux et chargée d’une
forte hausse du chômage aux États-Unis. La cargaison de paille en vrac. Cette disposition
production industrielle baisse d’environ 30 % entre permet à l’instituteur de montrer aux élèves
1929 et 1933, tandis que le taux de chômage passe comment l’agriculture française s’est
d’environ 4 % à 22 %. Même si la situation progressivement modernisée aux lendemains de la
s’améliore par la suite, ni la production industrielle guerre, notamment en se mécanisant. Il s’agit de
ni le taux de chômage n’ont retrouvé en 1938 leur mettre en valeur la plus grande efficacité des
niveau d’avant la crise. machines modernes par rapport aux techniques
traditionnelles.
Question 6. La crise américaine entraîne une  
désorganisation économique mondiale, car elle a Doc   2.   –   L’évolution   du   rythme   des  
pour conséquence « une réduction générale du
commerce ». Aux États-Unis, les difficultés
innovations  
financières – voire la faillite des banques – font Ce tableau montre que les grands groupes
qu’elles n’accordent plus de crédits. La forte hausse internationaux emploient plusieurs centaines de
du chômage entraîne une baisse drastique du milliers de travailleurs. Certains comme Walmart,
pouvoir d’achat des ménages. Ces phénomènes font China national Petroleum Corporation, State Grid
chuter fortement la consommation et donc les Corporation of China font même travailler plus
importations américaines. Ces problèmes d’un million et demi de personnes.
conduisent à un effondrement des investissements Surtout, chacun de ces groupes a un chiffre
américains à l’étranger. Le recours au d’affaires impressionnant. Pour les trois premiers
protectionnisme « afin de protéger les marchés groupes (Walmart, Royal Dutch Shell et Sinopec), il
intérieurs » de la concurrence des pays étrangers est supérieur au PIB d’un pays très développé et
contribue aussi à cette chute des échanges industrialisé comme l’Autriche. Cette comparaison
internationaux. permet de constater que ces entreprises disposent
On assiste alors à une baisse de la production d’une puissance économique bien supérieure à celle
industrielle et à une forte montée du chômage dans de très nombreux États dans le monde.
la plupart des grandes puissances économiques :
ainsi en Allemagne, pays le plus touché après les Doc  3.  –  L’ère  de  l’électricité.  
États-Unis, la production industrielle s’effondre Cette affiche vante les avantages de l’électricité en
entre 1929 et 1933 (moins 30 %) et le taux de insistant d’abord sur la facilité et la rapidité de son
chômage passe de 4 à 16 %. Le marasme se transport. En effet, un espace rural cultivé mais peu
poursuit plusieurs années (jusqu’en 1938). Par la peuplé (on ne distingue qu’un hameau) est pourtant
suite, même si la production industrielle repart équipé d’une ligne électrique capable d’apporter
nettement à la hausse dans certains pays comme facilement l’énergie d’un endroit fort lointain.
l’Allemagne ou le Royaume-Uni, aucune des L’électricité qui parcourt cette ligne est figurée sous
grandes puissances ne parvient à retrouver un taux la forme de chevaux au galop, qui symbolisent la
de chômage aussi faible qu’en 1929. puissance et la rapidité du transport de cette
nouvelle énergie. En dessous, la légende affirme
que « l’électricité apporte la prospérité ». Les

6
champs soigneusement cultivés du premier plan Britanniques manifestent alors leur inquiétude face
suggère que ce message s’adresse aux agriculteurs à cette concurrence nouvelle.
de cette campagne australienne. Les pays qui apparaissent ici comme les principaux
concurrents du Royaume-Uni sont la Russie, les
»   Cours   3.   L’économie-­‐monde   États-Unis, désormais aptes à vendre des trains et
des locomotives sur le marché britannique, la
britannique  (1850-­‐1914)   France, qui apparaît comme un concurrent dans le
>  MANUEL,  P.  28-­‐29 domaine textile, et l’Allemagne, dont l’industrie est
désormais la plus performante d’Europe.
Doc   1.   –   Un   progrès   industriel   majeur,   le  
procédé  du  Britannique  Bessemer   »   Dossier.   Londres,   capitale   de  
Ce texte révèle la très nette avance du Royaume- l’économie-­‐monde  britannique  
Uni dans le domaine de la sidérurgie et la capacité
d’innovation de ses ingénieurs. Henri Bessemer est
>  MANUEL,  P.  30-­‐31
parvenu dans les années 1860 à concevoir un
procédé permettant d’obtenir « de l’acier en barre à Doc   3.   –   La   City   de   Londres   à   la   fin   du   XIXe  
150 francs la tonne au lieu de 1500 francs ». Cette siècle  
baisse du coût de production est tellement William Logsdail (1859 -1944) est un artiste
phénoménale que Bessemer se heurte à l’incrédulité peintre britannique de style réaliste, connu
des producteurs d’acier. Il décide alors de notamment pour ses représentations des rues de
construire sa propre usine sidérurgique, ce qui lui Londres. Son dessin est d’une grande précision ; il
permet de démontrer sa capacité à produire et donc a la volonté de peindre avec la plus grande
à vendre de l’acier « à bas prix ». exactitude les paysages et les scènes qui sont
devant lui. C’est en 1887, alors qu’il revient d’un
Doc  2.  –  Le  rôle  de  l’État  britannique   séjour au Moyen-Orient où il a pris l’habitude de
Joseph Chamberlain veut une forte intervention de peindre en plein air qu’il se lance dans une série de
l’État pour défendre l’hégémonie économique du représentations des rues alors très animées de
Royaume-Uni. Il préconise une mobilisation de Londres. Ses deux tableaux les plus connus sont
« tous les grands services de l’État » afin de The Bank and Royal Exchange (1887) et St Martin-
défendre la place de son pays dans le commerce in-the-Fields (1888), conservés aujourd’hui à la
mondial. Le gouvernement doit, en utilisant son Tate Gallery.
influence diplomatique et sa puissance militaire,
soit aider les entreprises britanniques à conquérir de Réponses  aux  questions  
nouveaux marchés, soit protéger les positions
qu’elles ont déjà acquises. Question 1. Les documents présentent des
Cette lutte contre la concurrence internationale informations sur la ville de Londres de la fin du
légitime la colonisation d’autres territoires par les XIXe siècle au début du XXe siècle. Le document 1
Britanniques, notamment celle de l’Afrique. Sans montre que Londres est encore un centre financier
celle-ci, le continent aurait été entièrement occupé au rayonnement mondial en 1913. Le document 2
par les rivaux commerciaux du Royaume-Uni « qui révèle que le port de Londres fait face à une sévère
auraient commencé par fermer ce grand marché concurrence des ports étrangers en 1906. Le
potentiel au commerce britannique ». Même le document 3 est une peinture des rues du quartier
système éducatif du Royaume-Uni doit veiller à la d’affaires appelé « City » en 1887 et le document
formation de « concitoyens bien en tête dans la 4 est un tableau statistique sur le commerce
lutte commerciale ». international du port de Londres entre 1860 et 1911.
Le contexte économique de l’époque est marqué
Doc   3.   –   Le   Royaume-­‐Uni   face   à   la   par une industrialisation rapide qui a commencé au
concurrence  internationale   Royaume-Uni à la fin du XVIIIe siècle. Cette
John Bull est un personnage symbolisant le industrialisation fait entrer le monde dans l’ère de
bourgeois britannique conservateur. Il a été créé en la croissance, et le Royaume-Uni devient la
1712 et popularisé par le dessin de presse depuis le première puissance industrielle mondiale et le reste
XIXe siècle. jusqu’à la fin du XIXe siècle. Puis, le pays connaît
Le Royaume-Uni a toujours été un farouche une période de déclin à cause de la concurrence des
défenseur du libre-échange, tant que son avance autres pays industrialisés, en particulier des États-
technologique lui a permis de dominer les marchés Unis et de l’Allemagne. Cependant, le pays
mondiaux. Cependant, au début du XXe siècle, maintient une grande partie de son hégémonie
l’essor économique de nouvelles puissances commerciale et financière jusqu’au début du XXe
industrielles capables de produire à des coûts très siècle.
compétitifs entraîne l’invasion du marché
britannique par les produits étrangers. Certains

7
Question 2. Le peintre montre bien que ce quartier grands et les plus modernes », c’est pourquoi
est un des plus actifs de Londres. La circulation y « l’amélioration des bassins et l’approfondissement
est dense. De nombreuses voitures à cheval de la rivière sont essentiels ». Londres est en effet
convoient des passagers ou transportent des un port de fond d’estuaire situé au bord de la
marchandises de toutes sortes (on distingue des Tamise.
ballots, des tonneaux, etc.). Tout donne
l’impression d’une activité frénétique ; aucun des Question 6. À la fin du XIXe siècle et au début du
personnages n’est immobile et tous semblent XXe siècle, le Royaume-Uni n’est plus la première
concentrés sur leur tâche ou la conversation qu’ils puissance industrielle du monde, mais elle reste une
mènent. des principales puissances financières et
La prospérité économique de la ville est aussi commerciales. Londres est le symbole de sa
soulignée par la présence, au premier plan, de puissance économique. La City, quartier de
bourgeois bien habillés et par l’architecture Londres (où sont installés la principale bourse de
néoclassique de la bourse de Londres, qui domine valeur de la planète, le Royal stock exchange et les
cette place. Les réverbères, qui parsèment le lieu, sièges sociaux de très nombreuses banques et
rappellent aussi la modernisation rapide des compagnies d’assurance) est la capitale de la
équipements publics. finance mondiale. Le port de Londres assure encore
environ un tiers du commerce extérieur britannique
Question 3. Londres est un centre financier au et son trafic est en constante augmentation.
rayonnement mondial, parce que de nombreuses Cependant, le Royaume-Uni a des problèmes de
banques étrangères ont choisi d’avoir une compétitivité liés à une insuffisante modernisation.
succursale dans la capitale britannique. On constate Le pays connaît un certain retard dans la
que des établissements financiers de tous les construction de grands navires marchands
continents se sont installés à Londres. La forte modernes et le port de Londres est encore incapable
présence des banques européennes (38 %) de les accueillir.
s’explique par le dynamisme économique du
continent en 1913. Beaucoup de ces établissements »   Cours   4.   L’économie-­‐monde  
financiers sont originaires de l’empire colonial
américaine  (1914-­‐1990)  
britannique, par exemple d’Australie et de Nouvelle
Zélande (17 %). >  MANUEL,  P.  32-­‐33
Les banques londoniennes sont aussi très bien
implantées à l’étranger, en particulier dans les Doc   1.   –   La   puissance   économique  
colonies britanniques d’Océanie (47 %), d’Afrique américaine  après  1918  
et du Moyen-Orient (28 %). La puissance économique des États-Unis repose
d’abord sur ses abondantes richesses naturelles :
Question 4. Londres est aussi un des plus « ils produisent 64 % du pétrole du monde, 39 % de
importants ports du monde. Entre 1860 et 1911, son la houille, 36 % du minerai, les deux tiers du
trafic connaît « une croissance constante » ; il a été cuivre, plus des deux tiers du coton ». L’efficacité
multiplié par plus de 10 en valeur. À lui seul, son de leur agriculture leur permet de ne pas être
poids dans le commerce extérieur britannique est dépendant du reste du monde pour ce qui est du blé
très important : deux cinquièmes du commerce et de la viande.
maritime britannique en volume en 1906 (soit La Première Guerre mondiale a eu des
40 %), 28,6 % du commerce extérieur du pays en conséquences très bénéfiques pour le pays : « ils
valeur en 1911. Londres, suivant les années, est ont pu fournir à l’Europe les approvisionnements de
soit le premier (1906) soit le deuxième port du toutes sortes dont elle manquait ». Le résultat en a
Royaume Uni après Liverpool (1911). été un très fort excédent commercial. Enfin, la
guerre leur a permis de supplanter le Royaume-Uni
Question 5. Londres subit la concurrence d’autres comme « banquier du monde ».
ports anglais (Southampton) mais surtout d’autres
ports étrangers, en particulier Anvers en Belgique Doc  2.  –  La  prospérité  américaine  en  1900  
et Hambourg en Allemagne. Cette concurrence est L’arrière-plan de cette affiche montre sur quels
d’autant plus forte que le port de Londres ne s’est secteurs repose la prospérité économique des États-
pas modernisé assez rapidement : en 1906, « les Unis en 1900. À droite, on aperçoit une ville et des
bassins sont inadaptés aux besoins du commerce usines aux cheminées fumantes, qui rappellent
moderne ». En outre, la marine britannique est en l’industrialisation et l’urbanisation rapide du pays.
passe d’être dépassée par celle des États-Unis et de À gauche est figuré le dynamisme du commerce
l’Allemagne en terme de taille de navires. extérieur américain : on distingue les quais d’un
D’après ce rapport, si le port de Londres veut port en pleine activité. Des marchandises
survivre à cette concurrence, il faut qu’il soit nombreuses attendent d’être chargées sur plusieurs
capable d’accueillir navires à vapeur « les plus

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navires à voile. Un train de marchandises circule plus grand exportateur au monde ». C’est aussi « le
entre le port et la ville. plus grand marché automobile de la planète ».
L’attitude des personnages manifeste leur confiance Cet essor rapide repose sur l’accroissement de la
dans les capacités du pays. Des hommes de toutes consommation, causé par l’enrichissement d’une
les catégories sociales, de l’ouvrier à l’homme partie de la population de ces pays souvent très
d’affaires, saluent fièrement le spectateur en levant peuplés : « les classes moyennes prennent de
leur chapeau ; ils portent le candidat à l’élection l’ampleur dans les pays en développement ; des
présidentielle sur un dollar en or. Une monnaie milliards d’êtres humains font leur entrée dans
solide, dont la valeur est fondée sur un important l’économie mondiale ».
stock d’or, est alors un gage de prospérité.
Le candidat-président Mc Kinley est dans la même Doc  2.  –  Le  retour  du  protectionnisme  
attitude. Il regarde au loin, vers un avenir sans Ce dessin est fondé sur le contraste entre deux
doute radieux et tient fermement le drapeau situations. D’un côté, un camion chinois déverse de
américain. nombreux colis de marchandises fabriqués en
Le slogan de l’affiche, « Prospérité dans le pays, Chine au pied d’un oncle Sam qui apparaît
prestige à l’étranger », est un signe manifeste de la submergé par cette invasion. De l’autre côté, un
confiance qu’ont les Américains dans la poursuite camion de produits américains conduit par l’Oncle
de cette croissance économique. Elle ne peut Sam est empêché d’entrer en Chine, dont le marché
conduire qu’à l’affirmation de la puissance est protégé par une muraille infranchissable et une
américaine sur la scène internationale. porte trop étroite.
Ce dessin dénonce en fait le maintien par la Chine
Doc   3.   –   Une   économie   de   plus   en   plus   de mesures protectionnistes qui empêchent les
concurrencée   produits étrangers de pénétrer facilement sur son
Dans les années 1980, le marché américain est territoire. Or la Chine a bâti sa prospérité sur
envahi par des voitures fabriquées au Japon. Les l’exportation de produits manufacturés vers les
grands constructeurs automobiles américains pays occidentaux ; elle a bénéficié notamment du
comme Ford, qui ne parviennent plus à écouler fait que le marché américain soit très ouvert aux
aussi facilement leurs produits et doivent licencier importations. Cette situation entrave une
en masse des travailleurs. Ces licenciements mondialisation qui est fondée sur le respect par tous
entraînent la colère des syndicats américains qui des règles du libre-échange. Or la Chine est
organisent des campagnes pour protester contre la membre de l’OMC depuis le 11 décembre 2001 ;
concurrence japonaise. elle devrait donc respecter ces principes.
Le désespoir conduit les travailleurs à des actes de
violence telle que la destruction de cette Toyota. Ils Doc   3.   –   L’évolution   du   commerce   mondial  
entendent ainsi attirer l’attention des médias et donc de  marchandises  depuis  1993  
de l’opinion publique sur leur sort et faire pression Ce tableau évoque la situation avant et après la
sur les constructeurs étrangers pour qu’ils création de l’organisation mondiale du commerce
construisent des usines sur le territoire américain et en 1995. Il permet de constater que la mise en place
créent des emplois au lieu d’importer en masse des de l’OMC a réellement permis de franchir une
voitures de l’étranger. nouvelle étape dans la libéralisation des échanges
de biens. La conséquence en est un essor
»   Cours   5.   Une   économie   multipolaire   phénoménal du commerce mondial de
(depuis  1990)   marchandises : sa valeur double entre 1993 et 2003,
>  MANUEL,  P.  34-­‐35 puis est multipliée par 2,5 entre 2003 et 2013.
 
Doc   1.   –   Vers   une   nouvelle   économie   Doc  4.  –  La  fabrication  d’un  avion  
La fabrication de l’Airbus A380 le symbole de la
mondiale   mondialisation. C’est un avion « made in world »,
Le président de la Banque mondiale souligne le rôle puisque quasiment tous les continents ont participé
nouveau que jouent dans l’économie mondiale à sa fabrication : des pays d’Afrique (Maroc,
certains pays en développement. Il remarque ainsi Tunisie), d’Asie (Chine, Inde, Thaïlande),
qu’« en termes de parité de pouvoir d’achat, la part d’Amérique (Brésil, Etats-Unis, Canada) et
du monde en développement dans le PIB de la naturellement plusieurs États européens (Belgique,
planète est passée de 33,7 % en 1980 à 43,4 % en Grande-Bretagne, etc.).
2010 ». 77 pays au total ont produit des pièces détachées
C’est l’Asie du Sud qui est le moteur de cet essor : pour l’A380. Dans chaque cas, l’entreprise a
l’auteur du texte prévoit pour cette zone 7 % de sélectionné un pays en recherchant le meilleur
croissance en 2015. L’Inde, et surtout la Chine, sont rapport entre ses capacités technologiques et ses
les pays les plus dynamiques de cette région. La coûts de production.
Chine a déjà « devancé l’Allemagne pour devenir le

9
»  Travailler  autrement   cheminées fumantes. L’énergie utilisée est le
>  MANUEL,  P.  36-­‐37   charbon. Si le papier est fait à la machine, il reste
aussi une activité artisanale (« hand made papers »).
Au-delà des objectifs affichés dans le manuel, cette Le choix du libre-échange britannique explique la
activité permet de faire réfléchir les élèves sur la volonté de vouloir atteindre le marché étranger
notion de source iconographique. Les images étant (« foreign market »). La publicité cherche à
communiquer sur sa capacité à exporter (le mot
souvent décontextualisées et utilisées à mauvais
escient, notamment par les médias, cette activité les « export » apparaît trois fois) L’entreprise a
d’ailleurs une succursale à Paris. Enfin, la mention
oblige à faire un travail rigoureux de sélection afin
de produire un travail pertinent et sans des succursales australiennes et indiennes rappelle
les liens de l’Angleterre avec ses colonies.
anachronisme.
L’activité peut se décliner tout au long de l’année,
chaque groupe d’élève se voyant confier un »  Bac  blanc  
chapitre du manuel. Cette présentation bilan peut >  MANUEL,  P.  43  
ensuite être visionnée en classe ou simplement mise
en ligne sur l’espace numérique de travail du lycée Cette affiche publicitaire Michelin met en scène le
pour révision. fameux Bibendum né de l’imagination des frères
Il est conseillé de laisser aux élèves le choix de la Michelin et créé par le dessinateur O’Galop en
technique pour réaliser cette activité. Certains sont 1898. Le personnage rencontre très vite un vif
déjà à l’aise avec des logiciels de montage vidéo. succès et sa notoriété traverse les frontières.
Ici ne sont proposés que ceux qui peuvent être Cette affiche permet de constater que l’entreprise
utilisés gratuitement. D’autres élèves, moins produit dans sa ville natale de Clermont-Ferrand
avancés techniquement, se contenteront d’un mais aussi en Italie et aux États-Unis. La croissance
diaporama. Pour la bande-son, l’enregistrement sur de la production est suggérée par un flot infini de
Smartphone ou la lecture à haute voix en classe du pneus. Ceux-ci se déversent sur le globe : son
script sont une alternative possible. marché est mondial. Aucun espace n’échappe à
Michelin. Il est important de noter aussi que le
»  Bac     caoutchouc naturel, matière première de ces pneus
>  MANUEL,  P.  40-­‐41   implique aussi l’Empire colonial français, puisqu’il
provient principalement des plantation d’hévéas
  indochinoises.
Sujet  :   Une   économie   multipolaire   depuis   la  
fin  du  XXe  siècle  

Le premier paragraphe du texte renvoie de manière


claire à la problématique du programme. On passe
d’une domination européenne jusqu’en 1914, au
siècle des États-Unis, et enfin à une économie
multipolaire. Mais ce texte ne se contente pas
d’étudier le phénomène d’un point de vue
économique et c’est pour cette raison qu’il réfute
l’expression de multipolaire au profit d’apolaire. En
effet, seuls les États-Unis sont une puissance
complète, tandis que les autres pays ne présentent
pas tous les attributs puissance.

Sujet  :   l’économie-­‐monde   britannique   (1850-­‐


1914)  

Spalding & Hodge est une entreprise anglaise de


fabrication de papier basée à Londres et fondée en
1789. Elle disparait dans les années 1960. Elle est
le plus gros fournisseur de papier pour livre au
XIXe siècle.
Cette affiche publicitaire permet de mettre en relief
l’industrialisation britannique. L’usine du Kent
représentée est installée sur la rivière Darent, l’eau
étant une matière première indispensable à la
fabrication du papier. On remarque aussi les deux

10
CHAPITRE  
La  Première  Guerre  mondiale  
2   (1914-­‐1918)    
 
    Comme le précise le libellé du programme, l’étude
de la Première Guerre mondiale doit être envisagée
»  Présentation  de  la  question  
à partir de « l’expérience combattante ». En effet, si
les populations civiles ont été parfois durement
Le programme insère les deux conflits mondiaux
éprouvées par la guerre, en particulier dans les
dans le cadre d’une réflexion globale sur la guerre
régions occupées, ce sont les combattants qui en ont
au XXe siècle. Conformément aux pratiques
payé le plus lourd tribut. Le souvenir de 14-18 reste
pédagogiques adoptées depuis son entrée en
essentiellement attaché à l’image des tranchées,
vigueur, ce manuel propose un découpage
mais l’expérience combattante est une notion qui se
chronologique qui traite des guerres mondiales dans
décline au pluriel : on combat autant sur mer et,
deux chapitres distincts. La notion de guerre totale
pour la première fois, dans les airs, que sur terre ; le
permet toutefois d’esquisser d’emblée une
vécu de la guerre est très différent dans l’artillerie
comparaison entre les deux conflits. L’expression
ou l’infanterie. Le taux de mortalité des aviateurs
apparaît en France dès avant la fin de la guerre, en
est comparable à celui des fantassins. Bien que de
1918, dans un livre de Léon Daudet (La Guerre
nombreux combattants de 14-18 aient tenu très tôt à
totale). Mais pour cet auteur, membre de l’Action
témoigner de l’expérience traumatisante des
française, il s’agit bien moins alors de dégager les
combats, la dimension anthropologique du conflit a
caractéristiques nouvelles de la guerre moderne que
été longtemps négligée par les historiens, qui ont
de traquer toux ceux qu’il accuse de défaitisme. En
préféré s’en tenir à une histoire militaire
1935, le général allemand Ludendorff publie sous
traditionnelle, centrée sur les batailles et la stratégie
le même titre un ouvrage où il veut tirer les leçons
des généraux. Dans la lignée des travaux menés par
de la défaite allemande de 1918. Ludendorff estime
l’équipe de chercheurs groupés autour de l’Historial
que la victoire ne dépend plus seulement de la
de la Grande Guerre à Péronne, le programme
bravoure des combattants et de l’efficacité de
invite les élèves à « retrouver » la guerre, c’est-à-
l’armement, mais de l’aptitude des États à mobiliser
dire à prendre la mesure du déchaînement de la
la nation toute entière dans la guerre. Dans un
violence de guerre en 14-18, sans précédent. Il
discours prononcé au palais des sports de Berlin le
s’agit aussi de se demander comment des millions
18 février 1943, Goebbels appelle ainsi les
d’hommes ont pu tenir durant quatre longues
Allemands à s’engager dans une « guerre totale ».
années dans l’enfer des tranchées. Ici se placent les
débats forts vifs qui, depuis une quinzaine
Les deux guerres mondiales sont assurément des
d’années, opposent les historiens de la Première
guerres totales, tant en raison de l’ampleur des
Guerre mondiale : dans quelle mesure les « poilus »
moyens humains et matériels engagés que du
ont-ils participé à une « culture de guerre » qui,
nombre de leurs victimes, aussi bien civiles que
pour Stéphane Audoin-Rouzeau notamment,
militaires. L’une des caractéristiques majeures des
constitue l’une des clés pour comprendre le
guerres mondiales est en effet d’effacer la frontière
déchaînement inouï de la violence des combats ?
entre combattants et non combattants. Certains
Peut-on dire que les combattants de 14 ont été non
historiens font toutefois valoir qu’il n’a pas fallu
seulement les victimes, mais les acteurs
attendre les horreurs du XXe siècle pour que les
« consentants » d’une telle violence ? Au-delà, le
civils soient victimes de la violence de guerre. A
débat incite à s’interroger sur l’accoutumance des
contrario, André Loetz estime quant à lui que la
sociétés de l’entre-deux-guerres à la violence, et par
Première Guerre mondiale n’est jamais devenue
conséquent au rôle qu’a pu jouer la Première
« totale », « en raison des marges d’autonomie
Guerre mondiale dans l’avènement des régimes
qu’ont souvent pu garder groupes et individus,
totalitaires et dans la préparation des atrocités
comme des limites qui sont encore fixées à la
perpétrées durant la Seconde Guerre mondiale.
violence ». Il entend ainsi nuancer l’idée que la
Paradoxalement, le premier conflit mondial,
Première Guerre mondiale aurait été la matrice des
pourtant caractérisé pour la première fois comme
fascismes et du processus de brutalisation qui
une guerre totale, s’achève non pas par la
culmine lors du second conflit mondial. Certains
capitulation de l’un des adversaires, mais par un
historiens préfèrent donc évoquer un « processus de
armistice qui évite à l’Allemagne d’avoir à
totalisation » de la guerre en 1914-1918.
combattre sur son propre sol. Dans l’esprit du
programme, il convient de passer rapidement sur la
teneur des traités pour dégager les grands principes BARTHAS L., Les Carnets de guerre de Louis
de la sécurité collective et les modalités de leur Barthas, tonnelier, 1914-1918, La Découverte,
mise en œuvre. Si la nouvelle Société des nations 2003.
s’est montrée impuissante face aux coups de force GENEVOIX M., Ceux de 14, Seuil, 1996.
des dictatures dans les années 1930, il faut rappeler REMARQUE E. M, À l’Ouest rien de nouveau,
que son rôle n’a pas été négligeable dans les années « Livre de Poche », 2001. (Voir aussi le film réalisé
1920 pour faire progresser la notion d’arbitrage en 1930 par Lewis Milestone).
dans le règlement des litiges internationaux. Sa
faiblesse tient moins à ses principes et à son Romans  
organisation qu’à la division et à la démission des ECHENOZ J., 14, éditions de Minuit, 2012.
grandes démocraties victorieuses de 1918.
Filmographie  
»  Bibliographie   CLARKE I. et COSTELLE D., Apocalypse. La
Première Guerre mondiale, 2014.
DUPEYRON F., La Chambre des officiers, 2001.
Ouvrages  généraux   JEUNET J.-P., Un long dimanche de fiançailles,
AUDOIN-ROUZEAU S. et al. (dir.), La Violence 2004 (adapté du roman de Sébastien Japrisot).
de guerre, 1914-1945. Approche comparée des KUBRICK S., Les Sentiers de la gloire, 1957.
deux conflits mondiaux, Complexe, 2002. RENOIR J., La Grande illusion, 1937.
DUFOUR J.-L. et VAÏSSE M., La Guerre au XXe
siècle, Hachette Supérieur, « Carré Histoire », Sites  Internet  
2003. Collectif de recherche international et de débat sur
ROUSSEAU F. (dir.), Guerre, paix et sociétés la guerre de 1914-1918 : http://crid1418.org/
1911-1947, Atlande, 2004. Mémorial de Caen, La Couleur des larmes. Les
VAÏSSE M., La Paix au XXe siècle, Belin Sup, peintres et la Première Guerre mondiale,
2004. exposition virtuelle : http://www.memorial-
caen.fr/10EVENT/EXPO1418/fr/visite.html
Première  Guerre  mondiale   La Première Guerre mondiale. Le quotidien sur le
LOEZ A., La Grande Guerre, La Découverte, front de l’ouest, dossier pédagogique de la BDIC :
Paris, 2010. http://www.bdic.fr
HORNE J. (dir.), Vers la guerre totale. Le tournant Le site du centenaire : http://centenaire.org/fr
de 1914-1915, Tallandier, 2010. (nombreuses ressources en ligne).
AUDOIN-ROUZEAU S., Jean-Jacques Becker Le Canada et la Première Guerre mondiale,
(dir.), Encyclopédie critique de la Grande Guerre exposition en ligne :
1914-1918, Bayard, 2004. http://www.warmuseum.ca/firstworldwar/
AUDOIN-ROUZEAU S. et BECKER A., 14-18,
Retrouver la guerre, Gallimard, 2000. »  Plan  du  chapitre  
CAZALS R. et al. (dir.), La Grande Guerre,
Les cours sont précédés d’une double page
pratiques et expériences, Privat, 2005.
« Repères », rappelant les grandes phases et
COCHET F., Survivre au front. Les poilus entre
certaines données élémentaires de la Première
contrainte et consentement, 14-18 éditions, 2006.
Guerre mondiale, et d’une double-page de cartes,
HARDIER T., JAGIELSKI J.-F., Combattre et
illustrant l’évolution des fronts et les conséquences
mourir pendant la Grande Guerre, Imago, 2001.
territoriales du conflit. Trois doubles-pages
LEPICK O., La Grande Guerre chimique, PUF,
« Cours » sont consacrées à l’étude de la guerre : la
1998.
violence sans précédent des combats, l’épreuve
LOEZ A., 14-18. Les refus de la guerre. Une
endurée par les soldats dans les tranchées, le rôle de
histoire des mutins, Gallimard, 2010.
la Société des Nations de 1919 à 1939. Trois
PROST A., Les Anciens combattants 1914-1940,
doubles-pages « Dossier » viennent en appui du
Gallimard/Julliard, « Archives », 1977.
cours : la bataille du Chemin des Dames, dont on
ROUSSEAU F., La Guerre censurée, une histoire
célébrera le centenaire en 2017, les fraternisations
des combattants européens de 14-18, Seuil,
et refus de guerre, la violence de guerre à l’encontre
« Points », 2003.
des populations civiles. Elles sont complétées par
WINTER J., La Première Guerre mondiale, trois
deux pages « Études », évoquant la figure héroïque
tomes (Combats, États, Sociétés), Fayard, 2013.
de l’aviateur Georges Guynemer et l’engagement
des femmes aux côtés des soldats. Une double-page
Principaux  témoignages  :     « Histoire des Arts » propose l’analyse du
BARBUSSE H., Le Feu, « Folioplus », Gallimard, monument aux morts conçu par le sculpteur
2006. Aristide Maillol pour la commune de Banyuls-sur-
Mer en 1933.
Commentaire des documents et réponses aux questions

 
»  Ouverture  de  chapitre     névrotiques ou psychotiques. Les psychiatres
>  MANUEL,  P.  44-­‐45   britanniques emploient dès 1915 le terme de « shell
shock » pour désigner l’ensemble de ces troubles
  post-traumatiques. Les médecins français emploient
Le chapitre s’ouvre sur deux photographies des termes divers, parfois « l’obusite », mais plus
extraites de la remarquable George Metcalf généralement celui de « commotion ». Comme dans
Archival Collection, exposée au Musée canadien de le cas des blessures corporelles, les services de
la guerre. La première symbolise l’intensité inédite santé des armées se sont employés à prendre en
des bombardements et le changement d’échelle de charge le plus rapidement possible les soldats
l’utilisation de l’artillerie dans la guerre moderne. 1 atteints, dans le but d’accroître leurs chances de
389 millions d’obus sont tirés au total entre 1914 et guérison et de pouvoir les renvoyer sur le front. Des
1918. Ils sont responsables de 70 % des morts de la centres neuropsychiatriques d’armée ont été
guerre. La puissance de l’artillerie conduit à installés à quelques kilomètres de la ligne de front,
repenser la stratégie militaire, les moyens défensifs le maintien du patient dans un environnement
l’emportant désormais sur les capacités offensives, militaire étant censé favoriser le succès des
ce qui conduit les armées à s’enterrer. Le thérapeutiques. D’autres centres de traitement ont
commentaire de l’image peut être complété par été implantés dans les asiles des grandes villes et
l’analyse du graphique de la page 79 indiquant la dans les hôpitaux militaires, comme le Val de
production d’obus des principaux pays belligérants Grâce. La précocité de la prise en charge a permis
de 1914 à 1918. La Première Guerre mondiale est de réduire la durée d’hospitalisation à deux ou trois
une guerre industrielle, qui impose la mobilisation semaines en moyenne. 34% des patients ont pu être
de l’ensemble de l’appareil de production. La renvoyés directement au front, les autres
fabrication en série des obus a contribué à accélérer bénéficiant de périodes de convalescence ou étant
en Europe la diffusion des méthodes américaines de expédiés vers d’autres centres spécialisés.
production (taylorisme et fordisme), comme L’expérience de la Grande Guerre a ainsi conduit à
l’illustre l’exemple de la nouvelle usine installée reconnaître et à identifier les troubles
par André Citroën, Quai de Javel à Paris. psychiatriques déclenchés par la violence inédite
des combats. En revanche, il n’y a pas eu
La seconde photographie offre une vue saisissante d’innovations dans les traitements proposés : cures
de ce à quoi ressemble désormais le champ de de sommeil, hydrothérapie (ou « balnéothérapie »),
bataille : un paysage lunaire couvrant des milliers alimentation reconstituante, hypnose, électrochocs
d’hectares, dont le sol est percé de multiples trous (électrothérapie).
d’obus et où toute végétation a disparu. Le terrain
détrempé donne à imaginer les conditions
éprouvantes dans lesquelles les soldats doivent
Doc   2  –   Une   violence   de   guerre   sans  
évoluer. Il n’est pas rare que certains se noient dans précédent  
les flaques d’eau profondes remplissant les trous Ce court témoignage rend compte du stress
d’obus ou soient ensevelis vivants par des permanent auquel sont soumis les soldats mobilisés
glissements de terrain. Au centre de l’image, un sur le front. En mai 1915, les armées sont
soldat, seul, semble perdu au milieu de nulle part désormais enterrées dans des tranchées solidement
dans cet univers boueux : la scène est défendues et s’épuisent dans des attaques destinées
emblématique de la solitude du combattant face à à percer la ligne de front. Ces opérations imposent
l’angoisse de la mort. une longue préparation de l’artillerie, dont le rôle
est d’atteindre les défenses de l’ennemi ou, au
contraire, de briser sa capacité offensive. Les
»  Cours  1.  1914-­‐1918  :  combattre  
bombardements incessants peuvent ainsi durer
>  MANUEL,  P.  50-­‐51   pendant plusieurs semaines, comme dans le cas du
  soldat Barrau, qui les a subis pendant 22 jours.
Doc.  1  –  De  graves  traumatismes  psychiques   Durant ces phases de combat, les unités postées en
L’image est extraite d’un film montrant un soldat première ligne ne sont pas toujours relevées : le
victime d’une crise alors qu’il est interné pour soldat Barrau est contraint de rester à son poste,
troubles psychiatriques à l’hôpital du Val de Grâce dans la boue des tranchées, où les conditions
à Paris. Les explosions d’obus ont en effet d’hygiène sont lamentables. De nombreux
provoqué une multiplication des pathologies liées à témoignages comme celui-ci évoquent la terreur qui
des lésions du système nerveux central ou saisit les soldats lors de ces bombardements, terreur
impliquant, sans lésions visibles, des troubles provoquée par le souffle des explosions, le bruit qui
déchire les tympans et les blessures épouvantables les mutineries de 1917, « pour des hommes
infligées sur les corps par les éclats d’obus. socialisés dans le cadre de l’État-nation, répondre à
Ce témoignage évoque également l’utilisation des la mobilisation est la seule conduite socialement
gaz de combat. La première attaque chimique pensable, qu’on le veuille ou non ». « Aucune autre
allemande a en effet eu lieu dans la région d’Ypres, possibilité réaliste n’est ouverte que le loyalisme,
le 2 avril 1915. À cette époque, il ne s’agit encore l’obéissance et le conformisme social ». « La
que de gaz asphyxiants. Passé l’effet de surprise, mobilisation de 14 relève de l’évidence collective.
les armées ont mis au point des masques à gaz de Elle n’est pas le fruit de la peur (de la contrainte),
plus en plus efficaces. D’où l’invention d’un mais a été rendue possible par un travail très intense
nouveau type de gaz, le gaz moutarde (ou ypérite), de nationalisation des sociétés où le service
appelé ainsi en raison de son odeur : agissant militaire et la scolarité obligatoire tiennent une
directement sur la peau, il rend inefficace la place centrale ». Ce qui explique le très faible taux
protection des masques et provoque de graves d’insoumission : 1% lors de la mobilisation
brûlures. La mortalité par le gaz est inversement générale, alors que l’état-major avait envisagé la
proportionnelle à la crainte qu’elle suscite chez les probabilité qu’il atteigne 10 %.
combattants : les gaz sont responsables d’à peine
1% des pertes militaires de la Première Guerre Doc  4  –  Des  blessés  livrés  à  eux-­‐mêmes  
mondiale. Soumis aux aléas climatiques, les Le récit du soldat Antoine Bieisse témoigne du sort
bombardements d’obus à gaz étaient par ailleurs terrifiant qui attend les blessés qui ne peuvent pas
très aléatoires. Les gaz sont surtout utilisés comme être évacués immédiatement. Contrairement aux
des incapacitants, les soldats intoxiqués étant guerres du passé, les combattants ne meurent plus
momentanément mis hors de combat. Ils ont qu’exceptionnellement de maladies contractées lors
également pour effet d’amoindrir le moral de des campagnes militaires, mais des blessures qui
l’ennemi en aggravant les conditions de vie dans les leur sont infligées sur le champ de bataille. Ce
tranchées. L’emploi de gaz de combat témoigne dernier devient désormais un véritable enfer où non
bien malgré tout du processus de déshumanisation seulement les combattants tombent en masse, mais
résultant du passage de la guerre à l’âge industriel. où ils peuvent agoniser pendant plusieurs jours dans
des souffrances atroces, sans pouvoir être secourus.
Doc  3  –  Le  départ  des  soldats  mobilisés   Antoine Bieille évoque non seulement la douleur
Grand historien, fondateur de la revue des Annales que provoquent ses blessures, mais aussi l’angoisse
en 1929, Marc Bloc est un témoin privilégié des d’avoir à affronter sa propre mort dans la solitude la
deux guerres mondiales durant lesquelles il a plus totale, loin des siens.
combattu, avant d’être fusillé pour faits de En 1914, les services militaires de santé ne s’étaient
résistance en 1944. Cet extrait de ses récits de pas préparés à prendre en charge des blessés aussi
guerre de 1914-1918 permet de tordre le cou au nombreux et à soigner rapidement les lésions
cliché longtemps répandu de soldats partant la fleur graves qui entraînaient des infections mortelles. La
au fusil, pour prendre leur revanche sur la guerre de prise en charge des blessés s’est améliorée ensuite,
1870 et récupérer l’Alsace-Lorraine. Ce n’est pas notamment en France sous l’impulsion de Justin
l’enthousiasme triomphant qui domine, mais la Godard, nommé sous-secrétaire d’État au service de
tristesse. Les femmes vivent dans l’angoisse du santé militaire auprès du ministre de la Guerre, en
départ des hommes. Les hommes ne sont pas gais, juillet 1915. Cette nomination a répondu aux
mais résolus : « ce qui vaut mieux », écrit Marc nombreuses critiques adressées à l’encontre du
Bloch, exprimant ainsi, en dépit de son ardent service de santé des armées, rendu responsable de
patriotisme, sa défiance à l’égard du nationalisme la mort de nombreux blessés abandonnés à leur
belliciste. Plusieurs semaines se sont en effet sort. Le service de santé militaire a été réorganisé
écoulées entre la déclaration de guerre et le départ pour effectuer le plus rapidement possible le
des premiers mobilisés : dans l’intervalle, la guerre « triage » des blessés en fonction de leurs blessures
est désormais acceptée, dans un mélange et de leur état d’urgence, les soins apportés durant
difficilement mesurable de résignation et de les premières 24 heures étant déterminants pour la
résolution. Les Français se considèrent comme guérison. Cette réorganisation est apparue
agressés et paraissent assurés de leur bon droit. nécessaire pour des raisons militaires tout autant
Marc Bloch relève enfin l’esprit de solidarité dont qu’humanitaires : la proportion de soldats français
font preuve les Français à l’heure de la récupérés par l’armée est passée de 79% en 1916 à
mobilisation : l’Union sacrée, à laquelle le 91% en 1918. Sur les 5 millions de blessés et de
président de la République Raymond Poincaré malades ayant reçu des soins pendant la guerre,
appelle les milieux politiques, se voit également au 90% ont pu reprendre un service actif.
quotidien dans les rues de Paris. Il convient
toutefois de nuancer la part prise par le patriotisme
dans cet élan de mobilisation nationale. Comme le
rappelle l’historien André Loetz dans sa thèse sur
»   Dossier.   La   bataille   du   Chemin   des   décimées. Les survivants endurent la faim et la soif
et peinent à s’orienter sur un champ de bataille
Dames  (avril-­‐octobre  1917)    
criblé de trous d’obus, parmi les nombreux
>  MANUEL,  P.  52-­‐53   cadavres et les agonisants qui ne peuvent être
secourus.
Réponses  aux  questions   Dans La Peur, roman autobiographique publié en
1930, Gabriel Chevalier évoque quant à lui la
terreur qui saisit les combattants sous les
Question 1. Le Chemin des Dames est situé sur la bombardements. Les combats se sont en effet
ligne de front qui s’est stabilisée depuis septembre- poursuivis au Chemin des Dames jusqu’en octobre
octobre 1914. Après la bataille de la Marne, 1917. Les soldats ont cherché à s’abriter dans les
l’armée allemande a consolidé ses positions sur la cavités souterraines d’anciennes carrières qu’on
ligne de crête du plateau du Soissonnais, qui appelle des creutes. L’auteur évoque les graves
domine la plaine s’étendant de Laon à Reims. D’un troubles psychiques que provoque l’intensité des
important intérêt stratégique, le Chemin des Dames bombardements (voir doc. 1, p. 51) et n’hésite pas à
a été transformé en forteresse imprenable, prenant témoigner du sentiment de peur panique qui l’a
appui sur un réseau de galeries et de cavernes où les alors submergé. Douze ans après la victoire de la
Allemands ont installé des batteries de canons France, on voit se multiplier les témoignages sur
légers et de nombreux nids de mitrailleuses. Le 16 l’expérience douloureuse des combattants de la
avril 1917, le général Nivelle, chef de l’état-major Première Guerre mondiale, contribuant à la
français, déclenche une vaste offensive dans diffusion du pacifisme dans la société française de
l’espoir d’effectuer une percée décisive et de mettre l’époque.
un terme à la guerre de position.
Question 4. Le récit du commandant du Plessis,
Question 2. Comme l’indique le témoignage de publié après la guerre, décrit les ravages provoqués
Paul Clerfeuille (doc. 5), les unités de l’infanterie sur le terrain par les combats d’artillerie. « C’est un
française sont lancées en plusieurs vagues à l’assaut paysage lunaire », dévasté par les trous d’obus et
de la ligne de crête tenue par les Allemands. les vestiges des tranchées, où toute végétation a
900 000 hommes sont engagés dans les combats. Ils disparu. Le fort de la Malmaison, construit par la
sont épaulés pour la première fois par près de 200 France pour sécuriser la frontière française au
chars d’assaut, dont le blindé Schneider (doc. 1), lendemain de la guerre de 1870 (fortifications Séré
chargés d’ouvrir des brèches et d’éliminer les nids de Rivières), fut repris par l’armée française en
de mitrailleuse. L’offensive française est préparée octobre 1917, dans le cadre des offensives
par d’intenses tirs d’artillerie, censés affaiblir la désormais limitées ordonnées par Pétain. Les
capacité de résistance de l’ennemi : du 12 au 15 Allemands abandonnent alors le Chemin des
avril, 533 obus par minute en moyenne sont ainsi Dames pour se replier plus au nord. En 1919, le
tirés. Contrairement toutefois au plan Nivelle, les secteur du Chemin des Dames est déclaré « zone
premières vagues d’assaut se heurtent à des lignes rouge », impropre à la culture et évacué. Il faudra
de défense restées en grande partie intactes : dès les plus de 20 ans pour remblayer le terrain et en
premiers jours de l’offensive, « le plan d’attaque du extraire les tonnes de munitions et les nombreux
général Nivelle est raté… Les abris blindés où sont cadavres. Couvert de vignes et de terres agricoles
les mitrailleuses et canons légers ne sont pas en 1914, le plateau de Californie a été ainsi replanté
démolis, c’est cela qui nous empêche d’avancer de pins noirs d’Autriche sous l’égide de l’Office
davantage ». Les mauvaises conditions national des forêts. En 1998, en commémoration du
météorologiques sont en partie responsables de 80e anniversaire de la victoire de 1918, un
l’échec des tirs d’artillerie. La percée est un échec Monument à la mémoire des combattants de toutes
et, devant l’ampleur des pertes, l’offensive est les guerres a été inauguré par le Premier ministre
suspendue le 8 mai, Nivelle étant remplacé à la tête Lionel Jospin, faisant du Chemin des Dames l’un
de l’état-major par le général Pétain le 15 mai. des hauts lieux de mémoire de la Première Guerre
mondiale.
Question 3. Le récit de Paul Clerfeuille décrit
l’enfer du champ de bataille. L’avancée des troupes Question 5. La bataille du Chemin des Dames
françaises est bloquée par les tirs d’obus et de illustre, avec celle de Verdun, le déchaînement de
mitrailleuses de l’artillerie ennemie. La deuxième la violence dans une guerre totale, caractérisée par
vague d’assaut ne parvient qu’à progresser l’intensité des combats d’artillerie et l’ampleur des
faiblement en se heurtant aux nombreux morts de la pertes humaines. Elle reste surtout associée, dans la
première vague. Les pertes sont considérables. Du mémoire collective, à l’une des grandes
16 au 25 avril 1917, 34 000 soldats français sont « boucheries » de la guerre, durant laquelle des
tués et au total, 134 000 sont mis hors de combat dizaines de milliers de vies humaines furent
(voir tableau p. 52). Des unités entières sont inutilement sacrifiées.
»  Cours  2.  1914-­‐1918  :  survivre     – La résignation, le poids de l’habitude, la « lente
>  MANUEL,  P.  54-­‐55   pesée des choses » : le poilu a fini par s’accoutumer
à l’anormalité même de la guerre, dont il ne
  parvient même plus à espérer qu’elle se termine.
Doc  1  –  La  propagande  patriotique   Loin de chez lui, ses camarades de combat forment
Cette image de propagande, parue dans Le Petit sa nouvelle famille. Frédéric Rousseau insiste sur
Journal en décembre 1917, entend justifier la l’importance du groupe primaire pour les soldats en
guerre comme la revanche légitime de la France situation d’extrême insécurité, qui fait qu’encore
après l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine par plus qu’à l’accoutumée, l’homme est un « animal
l’Allemagne lors de la guerre de 1870. Un poilu grégaire ». Au sein de ces groupes primaires,
ramène à la France, incarnée par Marianne, les notamment l’escouade dans l’infanterie, la
provinces perdues, symbolisées par deux allégories camaraderie, mais aussi le conformisme de groupe
féminines revêtues de costumes folkloriques. jouent un rôle essentiel. Comme l’écrit Frédéric
Couronnée des lauriers de la victoire, Marianne Rousseau, « le regard des autres constitue un
tend ses bras au soldat victorieux en tenant un contrôle social très efficace qui renforce la
drapeau tricolore et un rameau d’olivier, symbole discipline, la cohésion et la ténacité des petites
de paix. À sa droite, le coq gaulois piétine le blason unités », ajoutant que « c’est pour les copains que le
allemand où figure l’aigle impérial, transpercé par soldat tient son rôle si longtemps ».
une épée. À l’arrière-plan s’étire la ligne bleue des On retrouve ici la critique majeure que certains
Vosges au-dessus de laquelle l’aube vient de se historiens ont adressée à la thèse du consentement à
lever, symbole du retour à la paix. Cette illustration la guerre, soutenue par Stéphane Audoin-Rouzeau
affiche les buts de guerre de la France : la et Annette Becker. Comme l’écrit André Loetz, « la
récupération des provinces injustement annexées ténacité combattante ne tient pas à un choix ou à
par l’Allemagne. Elle accompagne l’entreprise de une motivation, elle relève du conformisme
remobilisation du pays, engagée par le social ». « Les soldats de 1914-1918 évoluent dans
gouvernement Clemenceau, au lendemain des un cadre qui ne leur laisse que très peu de choix.
mutineries et des grèves de 1917 et de la rupture de On fait la guerre parce qu’il y a la guerre. Elle
l’Union sacrée, après le départ des ministres devient la situation sociale ordinaire – et
socialistes du gouvernement. En réalité, comme le précisément parce qu’elle extraordinaire,
montre le document suivant, la grande majorité des choquante, déstabilisante, les liens sociaux et les
Français n’a jamais été prête à faire la guerre pour dispositifs institutionnels s’adaptent et se resserrent
reconquérir l’Alsace et la Lorraine. pour y faire face » ;
– Louis Mairet n’exclut pas toutefois les « éléments
Doc  2  –  Pourquoi  les  poilus  combattent-­‐ils  ?   individuels » qui expliquent selon lui la ténacité
Louis Mairet s’insurge contre la manière dont la combattante : le sentiment diffus de faire son
propagande patriotique rend compte de devoir, la fierté du devoir accompli, auxquels il
l’engagement des poilus (« Qu’on me démente si ajoute même « le besoin de tuer, le goût de
on ose ! »). Leurs motivations ne sont pas d’ordre l’énergie ». Mais cette accoutumance à la violence
idéologique ou politique : le soldat de 1916 ne se de guerre s’effectue « à son insu » : « la guerre
bat pas pour récupérer l’Alsace-Lorraine et par réveille en lui des atavismes endormis ». Le
esprit de revanche contre l’Allemagne. Il ne combat témoignage de Louis Mairet entend se démarquer
pas non plus par patriotisme, du moins en 1916 : également sur ce point du discours de propagande
car les enthousiasmes du début se sont effondrés qui exalte l’héroïsme militaire des poilus.
après l’échec de la guerre courte et le Ce document suggère ainsi la complexité des
découragement qui a suivi. Trois facteurs facteurs qui rendent compte de la ténacité des
expliquent donc, selon Louis Mairet, la ténacité combattants de la Première Guerre mondiale.
dont font encore preuve les soldats en 1916 : Frédéric Rousseau soutient la thèse d’un « faisceau
– La « contrainte de la société et de ses lois » : on de facteurs », et parmi ces derniers, il n’exclut pas
fait la guerre parce qu’on ne peut pas faire le patriotisme, pourtant récusé ici par Louis Mairet :
autrement. La société impose à ses membres de la « Personne, écrit-il, ne peut soutenir que le
défendre lorsqu’elle est menacée. Ainsi que le patriotisme était totalement absent des tranchées. Si
rappelle l’historien André Loetz, les guerres, l’on veut bien admettre que le sentiment national
comme toutes les grandes épreuves sociales, peut présenter des configurations extrêmement
forment un « événement extérieur à la conscience variées, alors, effectivement, les soldats étaient
de chacun et affronté de manière très largement patriotes. Mais beaucoup d’autres raisons ont
collective » : ce qu’on a tendance à perdre de vue motivé, permis, rendu possible leur ténacité et leur
lorsqu’on utilise des témoignages, car, par leur patience ».
nature même, ces derniers ont un caractère
individuel ;
Doc   3  –   Les   soldats   français   fusillés   en   1914-­‐ »   Dossier.   Fraternisations   et   refus   de  
1918   guerre  
Les chiffres regroupés dans ce tableau sont extraits >  MANUEL,  P.  56-­‐57  
du rapport établi en 2013 à la demande du ministre
délégué aux Anciens Combattants par le groupe de
travail dirigé par Antoine Prost, président du Réponses  aux  questions  
Conseil scientifique de la Mission du Centenaire. Il
ne s’agit que d’estimations, car il y eut
probablement bon nombre d’exécutions sommaires Question 1. Les deux textes du document
qui n’ont pas laissé de traces dans les archives témoignent du refus des soldats d’être engagés dans
militaires. Les soldats français fusillés l’ont été des offensives aussi meurtrières qu’inutiles, comme
principalement pour abandon de postes et refus celle commandée par le général Nivelle au Chemin
d’obéissance en présence de l’ennemi. des Dames en avril 1917 : « Nous ne voulons plus
Contrairement à ce suggère l’image des mutins faire d’attaques », « je crois que maintenant il n’y a
fusillés en 1917, les soldats condamnés plus d’attaque possible ». Pour Guy Pedroncini (Les
officiellement pour instigation à la révolte ont été Mutineries de 1917, 1967), c’est la cause principale
peu nombreux. En effet, la plupart des condamnés des mutineries de 1917 dans l’armée française :
par les conseils de guerre ont été fusillés dans les « C’est l’offensive, tantôt par son échec dans des
deux premières années du conflit : 206 en 1914, conditions d’impréparation certaine, tantôt par la
296 en 1915, 136 en 1916, ce chiffre s’abaissant crainte qu’elle soit encore inutile, qui a déterminé
ensuite à 89 en 1917 et à 14 en 1918. Un net les zones des actes collectifs ou limités de
tournant s’est opéré en 1916, avec la reprise en désobéissance ». « Tous les incidents, ajoute-t-il, se
main de l’armée par le pouvoir politique, ce qui a produisent là où l’on a attaqué, attaque, ou
contraint la justice militaire à se montrer moins attaquera seulement. D’emblée s’impose l’idée
expéditive et moins sévère. Les Conseils de guerre d’une crise de discipline qui naît d’une
spéciaux, qui avaient prononcé la plupart des constatation : l’inutilité des attaques ».
condamnations à mort, ont été supprimés en 1916. Le premier extrait du document fait allusion à
Une loi votée la même année a rétabli les l’offensive Nivelle d’avril 1917 : « On nous a trop
circonstances atténuantes et autorisé les recours en bourré le crâne avec la dernière » : du fait de son
révision. ampleur, un million d’hommes engagés, cette
offensive a fait naître l’espoir, encouragé par le
Doc  4  –  Maintenir  les  liens  avec  ses  proches   discours des officiers et par la presse, qu’elle serait
Cette belle photographie témoigne de l’importance la dernière et qu’elle mettrait un terme à la guerre.
qu’attachent les soldats à la réception de leur Ayant repris le dossier des mutineries de 1917,
courrier. Ce maintien des liens avec l’arrière joue André Loez nuance toutefois le lien de causalité
un rôle décisif dans l’entretien du moral des directe entre l’échec de l’offensive du Chemin des
troupes. Au front, les soldats restent en contact avec Dames et le déclenchement des mutineries, qui
leur famille et leur pays par l’échange souvent n’intervient qu’un mois plus tard, en mai 1917,
quotidien de lettres, de cartes postales et de colis. d’autant que toutes les unités qui se sont mutinées
On estime que 10 milliards de lettres ont été ainsi n’ont pas participé à cette opération. L’échec de
échangées durant la guerre, toutes armées l’offensive Nivelle a surtout contribué, selon A.
confondues. Les sujets les plus souvent abordés Loez, à « modifier les horizons d’attente et le
dans la correspondance des combattants tiennent à rapport à la « fin » de la guerre et finalement rendu
la gestion de la ferme et à l’éducation des enfants. possible la désobéissance collective ». En effet,
Ce n’est pas là l’effet de la censure ou de d’autres événements intervenus en 1917 ont pu
l’autocensure : la correspondance est un moyen convaincre une partie des soldats que leur action
pour les soldats de s’évader quelques instants de la collective pouvait contribuer à hâter la fin de la
guerre, en abordant des sujets qui n’ont rien à voir guerre. « Nous voulons la paix et que nos
avec elle, comme si la vie ordinaire suivait son gouvernants ne refusent pas d’entrer en pourparlers
cours. Beaucoup d’hommes tiennent d’abord pour avec l’Allemagne » : la révolution russe de février
leurs « chers absents » (Genevoix) restés à 1917 et l’annonce de la tenue d’une nouvelle
l’arrière : « la voilà, écrit Frédéric Rousseau, la conférence socialiste à Stockholm alimentent
petite nation que chacun porte en son cœur ». l’espoir d’une relance des négociations en faveur
Lorsque ce lien essentiel avec l’arrière vient à se d’une paix de compromis. De même, les grèves
rompre, le coup pour le moral est fatal, l’une des parisiennes du mois de mai ont constitué un arrière-
principales raisons de vivre disparaît. Les hommes plan aux mutineries. Selon A. Loez, ces grèves
qui vivent une rupture brutale avec l’arrière sont témoignent d’une rupture inédite dans le
bien plus en danger que les autres. De nombreux conformisme social en temps de guerre ; elles
récits de guerre rapportent le cas de poilus abattus montrent qu’une rupture dans les comportements
peu de temps après avoir vécu cette rupture. d’obéissance est envisageable. Par ailleurs, la
diffusion de la nouvelle des premières mutineries meilleure alimentation et davantage de permissions,
parmi les combattants favorise le passage à l’acte. cela ne veut pas dire que ces revendications
C’est très net dans le second extrait : « Je crois que matérielles soient le seul motif, et même le motif
maintenant il n’y a plus d’attaque possible, la principal de leur mouvement. Selon A. Loez, la
plupart des régiments ne veulent plus marchés demande de permissions est une manière efficace
(sic) » : les soldats peuvent plus facilement de légitimer l’indiscipline en l’adossant aux
rejoindre un mouvement de désobéissance règlements et à une justice égalitaire. La permission
collective, ce qui paraissait impensable auparavant. permet d’exprimer un droit qui banalise l’acte
Selon A. Loez, par conséquent, « les mutineries se transgressif du refus d’obéissance à la guerre. Que
déclenchent en lien avec ce contexte perçu comme les mutins français n’aient été ni défaitistes ni
instable, lorsque des soldats reçoivent et croisent révolutionnaires n’empêche pas que leur
deux types d’informations : une menace pesant sur mouvement exprime bien un refus de guerre massif
eux [notamment lorsqu’ils reçoivent ou croient et multiforme.
recevoir l’ordre de remonter dans les tranchées] et Cette interprétation a conduit A. Loez à remettre en
un exemple d’indiscipline leur donnant l’espoir d’y cause le rôle traditionnellement attribué à Pétain,
échapper ». qui remplace Nivelle à la tête de l’état-major. Selon
Les mutins exigent le respect des « tours de G. Pedroncini, Pétain aurait rapidement mis un
permission », suspendus par le commandement lors terme aux mutineries en accédant aux
des grandes offensives du printemps 1917. Or, ces revendications matérielles des mutins. Il réforme
permissions constituent pour les soldats un droit ainsi le système de permissions visant à assurer à
fondamental. Depuis juillet 1915, des permissions tous les militaires sept jours de permission
ont été instaurées pour tous les soldats afin de statutaires par période de quatre mois. Il ordonne
garantir un partage plus juste des sacrifices. Les également que les soldats puissent bénéficier de
mutins réagissent comme des soldats-citoyens, vraies périodes de repos de trois à quatre jours à
dénonçant la rupture du pacte d’égalité républicain. l’arrière des lignes, en limitant les exercices, les
Les mutins du 36e RI s’en prennent également aux revues et les entraînements. Il prend toute une série
embusqués et aux profiteurs de guerre, parmi de mesures pour améliorer la nourriture. Il exige
lesquels ils incluent « les ouvriers des usines [qui] que des fruits soient distribués aux soldats. Surtout,
gagnent jusqu’à 25 francs par jour ». L’effort de il aurait abandonné les offensives inutiles, en
guerre a en effet conduit le gouvernement à affecter attendant « les chars et les Américains ». Or,
une partie des ouvriers mobilisés dans les usines comme le montre A. Loez, Pétain n’a pas renoncé à
d’armement. La loi Dalbiez d’août 1915 précise les l’offensive : ce qui est abandonné, c’est l’objectif
conditions dans lesquels les mobilisés peuvent être d’une percée visant à la rupture du front, Pétain
retirés du front. Mais la guerre s’éternisant, la optant pour des « attaques à objectifs limités »,
perception qu’ont les soldats des conditions de vie à selon ses propres termes, effectivement moins
l’arrière – « les embusqués roulent en autos avec coûteuses en vies humaines. Mais de toute manière,
des femmes » – alimente un profond sentiment les ordres de l’état-major n’ont été communiqués
d’injustice. Les mutins réclament ainsi une qu’aux commandants de corps d’armée et les
meilleure prise en compte de leurs conditions soldats ne pouvaient pas les connaître. Pour A.
d’existence, et en particulier « d’être mieux Loez, ce n’est pas donc pas la sollicitude ou la
nourris ». prévoyance des chefs qui, en renonçant aux grandes
Toutefois, ces deux extraits montrent que les offensives, auraient mis fin aux mutineries : c’est
revendications des mutins ne sont pas seulement au contraire la généralisation de la désobéissance
d’ordre matériel. Les mutins demandent bien que qui a rendu ces offensives inenvisageables. On
tout soit mis en œuvre pour mettre fin à la guerre : comprend mieux dès lors la justesse de la
« Nous voulons la paix et que nos gouvernants ne perception des mutins : en refusant de monter en
refusent pas d’entrer en pourparlers avec ligne, ils sont bien parvenus à contrecarrer
l’Allemagne ». Dans certains cas, ces effectivement certains projets offensifs. Selon A.
revendications peuvent aller jusqu’à un refus Loez, « le véritable tournant ne date donc pas de la
déclaré du patriotisme, comme l’illustre le second nomination de Pétain, à la mi-mai, puisque les
extrait : « Ceux qui veulent l’alsace lorraine (sic) offensives sont maintenues et l’indiscipline ignorée,
n’ont qu’à venir la gagner les vaches !! moi je m’en mais de la prise de conscience de la menace, à tous
fout de l’alsace et la patrie je l’ai quelque part ! ». les échelons de la hiérarchie militaire et du pouvoir
Assurément, il est bien établi que les mutineries ne politique dans les derniers jours du mois de mai
sont pas à mettre au compte de la propagande 1917 ».
pacifiste et ne relèvent pas d’un mouvement
politique, et a fortiori révolutionnaire. De ce point Question 2. Cette photographie saisit sur le vif la
de vue, la thèse d’A. Loez confirme les conclusions réunion d’un comité (soviet) de soldats de l’armée
auxquelles était déjà parvenue l’enquête de Guy russe. Officiers (en casquette) et soldats se sont
Pedroncini. Mais si les mutins exigent une rassemblés autour de l’orateur, probablement un
officier lui-même (bottes et casquette à la main). Question 4. Lors des premières grandes offensives
Ces comités de soldats se sont multipliés au particulièrement meurtrières de 1914, le haut
lendemain de la révolution de février 1917, qui a commandement doit prendre des mesures
conduit au renversement du régime tsariste. Le 1er draconiennes pour endiguer la multiplication des
mars 1917, le Soviet de Petrograd a édicté le actes de désobéissance individuelle, comme les
prikaze n°1, prévoyant l’élection de représentants gestes d’automutilation. La note du général de
parmi les simples soldats « dans toutes les Langle de Cary renforce ainsi la surveillance sur les
compagnies, dans les bataillons, régiments, parcs, individus suspectés de s’être infligés des blessures
batteries, escadrons et administrations militaires, et volontaires à la main ou au pied. Ils sont pris en
à bord des bâtiments de la flotte de guerre ». On charge par la gendarmerie militaire et doivent être
assiste ainsi, dans l’armée comme dans l’ensemble examinés par des médecins, chargés d’établir les
de la société russe, à un vaste mouvement de rapports qui permettront de traduire les suspects
libéralisation de la parole. Mais si les soldats devant les tribunaux militaires. Cette justice
souhaitent la paix, ils ne vont pas jusqu’à y appeler militaire est expéditive. « La répression doit être
ouvertement. Ils demandent le versement rapide et sévère », souligne la note. Les suspects
d’indemnités versées à leurs proches en cas sont déférés « séance tenante » devant des Conseils
d’invalidité ou de mort au combat. Ils demandent de Guerre spéciaux, « à composition restreinte et à
également un assouplissement de la discipline, la procédure simplifiés ». Autrement dit, les droits
suppression des abus, un traitement plus humain dévolus à la défense devant les juridictions
par les officiers, la libéralisation et la ordinaires ne sont pas respectés. Les prévenus
démocratisation de l’institution militaire. Mais la encourent la peine de mort pour abandon de poste
décision du gouvernement de poursuivre la guerre devant l’ennemi et, en cas de condamnation, ne
éloigne la perspective d’une paix blanche, sans bénéficient pas du droit de grâce. Il est stipulé que
indemnité ni annexion. La crise d’indiscipline de les « hommes condamnés seront fusillés à hauteur
l’armée s’amplifie, qui se traduit par un vaste des troupes combattantes » : les exécutions doivent
mouvement de fraternisations avec les troupes avoir un caractère exemplaire afin d’exercer un
allemandes. Les soldats refusent d’obéir aux ordres effet dissuasif. 200 soldats français environ ont été
de leurs officiers contre-révolutionnaires. La fusillés de septembre à décembre 1914, soit un tiers
propagande bolchévique en faveur de la paix des fusillés 1914-1918. La plus grande vague
immédiate progresse inexorablement dans l’armée à d’exécutions dans l’armée française a eu lieu, non
l’été 1917, au lendemain de l’échec de l’offensive pas lors des mutineries de 1917, mais au moment
lancée par Kerenski et du putsch Kornilov. Les de la désorganisation provoquée par la retraite de la
soldats en permission jouent également un rôle Marne. Des mesures sont établies par la suite pour
décisif dans les troubles révolutionnaires qui mieux encadrer la justice militaire. Le droit de
secouent alors les campagnes russes. grâce est rétabli en janvier 1915. Sous la pression
de la Ligue des droits de l’homme, les conseils de
Question 3. La presse britannique s’est faite Guerre spéciaux sont supprimés en avril 1916, afin
largement l’écho de la trêve spontanée intervenue à de mieux assurer les droits de la défense des
l’occasion de la fête de Noël en 1914, qui fut au combattants déférés devant les tribunaux militaires.
contraire censurée dans la presse française.
Brandissant un sapin de Noël, un soldat allemand Question 5. L’ampleur et l’interprétation des
s’approche de la ligne de barbelés de la ligne mutineries de 1917 dans l’armée française font
adverse, sourire aux lèvres ; il n’a pas lâché son débat parmi les historiens de la Grande Guerre.
fusil, mais il le tient dans la main gauche, suivi à Reprenant la thèse de Guy Pedroncini, Stéphane
l’arrière-plan par ses camarades qui sortent de leurs Audoin-Rouzeau rappelle que le mouvement,
tranchées. Cette illustration se démarque de la intervenu tardivement, est resté très minoritaire et
propagande de guerre, présentant les soldats qu’il a été rapidement circonscrit. Deux tiers de
allemands sous les traits de barbares assoiffés de l’armée auraient été affectés par cette crise
sang. Le journal londonien sympathise avec ces d’indiscipline, mais moins de 10 % des divisions
combattants des deux camps qui, le temps d’une auraient été sérieusement touchées, soit environ
fête chrétienne, ont décidé de mettre la guerre entre 40 000 hommes ayant participé de près ou de loin
parenthèses pour la célébrer. D’autres trêves de aux mutineries. L’effectif des mutins reste
Noël sont intervenues par la suite. Elles témoignent néanmoins très difficile à évaluer, car on ne peut
des limites du processus de totalisation de la guerre pas savoir, au sein d’une même unité touchée,
en 1914-1918, en dépit de la violence extrême des combien de soldats y ont effectivement participé.
combats. Ces trêves spontanées et éphémères sont Au total, le mouvement paraît en effet n’avoir
tolérées, parce qu’elles ne remettent pas impliqué qu’une minorité de soldats, 1 sur 15 ou 20
fondamentalement en cause la logique de guerre. peut-être. Mais pour André Loez, cette participation
minoritaire ne doit pas être sous-estimée : elle est
comparable au niveau ordinaire des grandes
mobilisations sociales de l’époque contemporaine concentration similaires. Un accord permet de
(qu’il s’agisse de la proportion de salariés lors des libérer une partie des otages en avril 1917, mais les
grands mouvements de grèves ou de l’engagement négociations s’enlisent ensuite et l’Allemagne
des Français dans la Résistance en 1940-1944). procède à une nouvelle déportation de 600 otages
« Que les soldats mobilisés (dans les mutineries) français en janvier 1918.
soient minoritaires ne fait pas de leur mobilisation La photographie, publiée dans la presse française
un événement minime », en conclut A. Loez. en décembre 1916, n’a pu être prise qu’avec
Selon S. Audoin-Rouzeau, on constate par ailleurs l’accord des autorités allemandes. Les civils
que, contrairement à ce qui s’est produit dans internés ont pris la pause devant le photographe :
l’armée russe, les mutineries dans l’armée française installé dans le camp, ce dernier y a pris de
n’ont pas débouché sur un mouvement de nombreux clichés qui témoignent de la vie
fraternisation ou de désertion. Les mutineries sont quotidienne et qui ont été conservées dans les
intervenues à l’arrière des premières lignes, la collections des Archives départementales du Nord.
ténacité combattante étant restée intacte dans les Le document enjolive les conditions dans lesquelles
tranchées. Ce serait la preuve que les mutins n’ont les prisonniers y sont détenus : ils ont conservé
pas refusé la guerre, mais qu’ils exigent seulement leurs vêtements civils, ils paraissent bien traités et
la cessation des offensives inutiles et le respect des en bonne santé. Les détenus peuvent recevoir de
permissions. A. Loez réfute cet argument, en France des colis de ravitaillement, du courrier, et
rappelant qu’à la guerre, refuser de combattre est un acheter sur place le nécessaire qui leur fait défaut.
acte particulièrement transgressif. Si les mutineries Le camp dispose d’une chapelle et d’une
se produisent à l’arrière des lignes, c’est que les bibliothèque, les détenus peuvent assister à des
soldats savent que dans les tranchées, il sera trop concerts et organiser des fêtes. Mais les conditions
tard pour agir. Pour A. Loez enfin, l’absence de de détention n’en sont pas moins éprouvantes : les
pacifisme militant chez les mutins n’implique pas baraques en bois qui abritent les prisonniers, qu’on
l’absence de refus de guerre. Refuser la guerre, distingue à l’arrière-plan de la photographie, sont
c’est vouloir que celle-ci s’arrête et ne plus vouloir mal chauffées, l’alimentation est déplorable. Les
y participer. C’est pourquoi les mutineries de 1917 conditions de vie des détenus ont empiré en 1918 :
constituent bien selon lui un « refus de guerre il est vrai qu’à cette date, la population civile
massif et multiforme ». allemande souffre elle aussi très durement des
effets du blocus allié.
Question 6. Les refus de guerre se sont manifestés
par des gestes individuels de désobéissance Question 2. Cette lithographie fait partie d’un
(désertion, permission illégalement prolongée, recueil du peintre Jean-Gabriel Domergue,
abandon de poste en présence de l’ennemi) et, en dénonçant les exactions perpétrées par l’armée
1917, par des mutineries. Si leur ampleur reste allemande lors de l’invasion de la Belgique et du
discutée, ces refus n’ont pas eu, en France, la même nord de la France au début de la guerre. Prétextant
dimension révolutionnaire qu’en Russie, où ils ont l’action de groupes de francs-tireurs, souvenir
favorisé la prise du pouvoir par les bolcheviks, en lointain de la guerre de 1870, les troupes
octobre 1917. allemandes ont pris des otages, exécuté des civils
et, comme à Nomény, incendié des villages. À
l’instar de Jean-Gabriel Domergue, artistes et
»   Dossier.   La   violence   de   guerre   à   intellectuels français se sont emparés du thème des
atrocités allemandes, afin de justifier la guerre au
l’encontre  des  populations  civiles    
nom de la défense de la civilisation contre la
>  MANUEL,  P.  58-­‐59   barbarie.

Question 3. Le blocus décrété par les pays de


Réponses  aux  questions   l’Entente provoque la pénurie généralisée des
produits de première nécessité en Allemagne.
Question 1. Cette photographie montre que le Comme l’indique cette épouse de soldat, un
camp de Holzminden, installé à la périphérie d’une rationnement draconien a été mis en place, dont les
petite ville du duché de Brunschwig, a été conçu premières victimes sont les familles nombreuses et
pour interner des civils. Hommes, femmes et les pauvres, qui ne peuvent se procurer le
enfants y sont détenus ensemble. Les autorités complément indispensable au marché noir. Elle
allemandes y ont d’abord enfermé des ressortissants signale également que la pénurie fait flamber les
des pays belligérants, puis des otages français prix des produits non rationnés dans les villes (les
originaires des régions occupées du nord de la légumes), les habitants des campagnes ayant
France, déportés à partir de 1916. L’Allemagne davantage la possibilité d’avoir recours à
entend ainsi répliquer à l’internement de civils l’autoconsommation. Pour cette femme allemande,
allemands par la France dans des camps de le blocus participe d’une stratégie délibérée des
alliés pour affamer la population. Elle incrimine monuments en morts recensés grâce à un outil
tout particulièrement les Anglais, dont la flotte cartographique très utile.
domine les mers et qui n’ont pas à souffrir des http://monuments.centenaire.org/cartographie/
mêmes contraintes d’approvisionnement. Toutefois,
la guerre a partout entraîné la hausse vertigineuse »  Bac  
du prix des produits de première nécessité. La >  MANUEL,  P.  64-­‐65  
France a dû elle aussi instaurer des mesures de
rationnement. Entre 1929 et 1930 , Jean Norton Cru, ancien
combattant, publie deux livres : Témoins et Du
Question 4. Le témoignage de ce journaliste Témoignage, qui sont une critique sévère de la
allemand, en poste à Constantinople à l’époque des
production testimoniale des combattants français. Il
faits, est d’autant plus crédible que l’Allemagne est analyse environ 300 livres et propose une définition
alors l’alliée de l’Empire ottoman. Il établit
normative du témoignage et du témoin, qui lui
clairement que le massacre des Arméniens de 1915 permet de distinguer les bons et les mauvais
– l’auteur n’emploie naturellement pas le mot témoins. Alors qu’il critique sévèrement Roland
« génocide », inventé plus tard par Lemkin – a fait Dorgelès ou Henri Barbusse, il encense Maurice
l’objet d’une politique délibérée, décidée en haut Genevoix qui, lui, « occupe le premier rang, sans
lieu par le gouvernement nationaliste des Jeunes- conteste » grâce notamment à « son exactitude
Turcs. Ce massacre s’est déroulé en deux phases. scrupuleuse ».
Dans un premier temps, les autorités turques ont Ceux de 14 est la compilation de cinq récits qui
utilisé le prétexte de l’engagement d’un petit sont la transcription des carnets de guerre de
nombre d’Arméniens aux côtés de l’armée russe l’auteur. Il en commence la publication dès 1916
pour ordonner l’élimination de tous les Arméniens alors qu’il est en convalescence après avoir été
vivant dans la zone de guerre, femmes et enfants grièvement blessé aux Éparges en avril.
compris. Dans un second temps, l’ensemble de la
population arménienne de l’Empire ottoman a été
Question a. L’expérience sensible de la guerre fait
déporté vers les territoires arabes de l’Empire de cette dernière une expérience totale : la profonde
ottoman, dans des conditions telles que la plus
sollicitation des sens, bruits, odeurs, chaleur, froid,
grande partie d’entre elle n’a pas survécu. La vision. Genevois sent tout.
séparation systématique des hommes et des femmes
lors des déportations montre bien qu’il ne s’agit pas Question b. L’importance du groupe primaire et de
de déplacer des populations que les Turcs la solidarité combattante est essentielle. Les liens
soupçonnent de sympathiser avec l’ennemi. Selon avec les officiers de contact (Genevoix est
Stuermer, c’est la preuve d’un plan systématique de lieutenant) relèvent plus de l’attention, de la
destruction des Arméniens, ce que d’autres sources douceur que de la brutalité hiérarchique. C’est une
permettent de confirmer. Tout en reconnaissant caractéristique de 14-18, la violence du feu et les
l’existence de massacres d’Arméniens, le tranchées isolent des petits groupes où les relations
gouvernement turc continue jusqu’à nos jours de les de hiérarchie sont modifiées.
imputer au contexte de guerre, en niant la réalité
d’un plan systématique d’extermination, donc du Question c. Là aussi, on constate que le lieutenant
génocide.
est le recours ultime de ses hommes, qui lui
demandent de les achever ou de les amputer.
Question 5. Durant la Première Guerre mondiale,
les populations civiles subissent une violence qui Question d. Cet extrait permet aussi d’évoquer la
sévit bien au-delà des seules zones de combat : puissance de feu et les atteintes au corps : blessures,
exécution d’otages, internement dans des camps de mutilations d’un type nouveau. Des corps ouverts,
concentration, travail forcé. Si elle n’atteint pas le éclatés, enterrés. Autre nouveauté : la puissance du
degré de violence de la Seconde Guerre mondiale, feu empêche les évacuations.
elle a été aussi le théâtre du premier génocide du Question e. Ce thème est à relier à l’encadré a. Les
XXe siècle, perpétré à l’encontre des Arméniens de tranchées sont une expérience sensible extrême.
l’Empire ottoman.
Question f. L’artillerie provoque 80 % des
»  Travailler  autrement     blessures. Genevoix en est victime lui même en
>  MANUEL,  P.  60-­‐61   avril. Il est réformé à 70 % d’invalidité et perd
l’usage de sa main gauche.
Cette activité permet aux élèves de comprendre
comment l’historien se saisit d’un objet pour en
faire une source historique.
Le site de la Mission du Centenaire de la Première
Guerre mondiale permet de localiser les
»  Bac  blanc    
>  MANUEL,  P.  67  

Eric Kennington est un sculpteur, illustrateur et


peintre britannique. Il reçoit sa formation à l’école
d’art de Lambeth au Sud de Londres. En 1908, il
expose ses premières toiles à la Royal Academy.
Lors de la Première Guerre mondiale, il s’engage et
est envoyé sur le front Ouest avec le 13e bataillon
de Londres, les Kensingtons. Blessé, il rentre chez
lui. Il profite de sa convalescence pour réaliser
pendant six mois ce portrait des soldats de son
bataillon, qui est exposé à Londres dès 1916. Il se
représente lui-même au fond à gauche, revêtu d’une
cagoule noire. Son tableau est loué pour sa
virtuosité technique mais aussi pour sa
représentation de l’héroïsme silencieux des
hommes du rang. En 1917 il est à nouveau envoyé
sur le front, mais cette fois en qualité d’artiste de
guerre.
Ce tableau permet d’aborder de nombreux thèmes :
les conditions climatiques difficiles, l’omniprésence
de la mort, une certaine résignation des soldats,
l’attente interminable.
CHAPITRE  

3   Les  régimes  totalitaires  dans  


l’entre-­‐deux-­‐guerres    
 

»  Présentation  de  la  question   démocratique libéral ont pris le pouvoir et mis en
place des dictatures. Si l’impact de la Première
Guerre mondiale et de son règlement est essentiel
Le  totalitarisme,  un  concept  controversé   dans les trois cas, le contexte de crise économique
Le concept de totalitarisme a été inventé par le et sociale est également déterminant.
libéral Giovanni Amendola en 1924 en Italie pour À la différence des bolcheviks, les nazis et les
désigner le pouvoir absolu du régime fasciste. Il a fascistes parviennent au pouvoir légalement. La
ensuite été repris par Hannah Arendt (Les origines mise en place d’un pouvoir absolu est progressive
du totalitarisme, 1951), puis par des philosophes et en Italie et en URSS, alors que la transition est très
politologues américains pour caractériser le rapide en Allemagne. Cette leçon peut être
nazisme et le stalinisme. Ils ont dégagé des approfondie à l’aide de deux études : l’une s’appuie
caractéristiques communes pour définir l’archétype sur l’exemple de l’Italie pour montrer le rôle de la
du régime totalitaire : idéologie officielle, parti violence dans la mise en place d’un régime
unique de masse, chef charismatique, monopole des totalitaire ; l’autre montre que les fascistes et les
moyens de communication et des armes, terreur. Ce nazis ont utilisé des procédés similaires pour mettre
concept a été remis en cause dans les années 1960- fin à la démocratie.
1970, en pleine guerre froide, notamment par les La deuxième leçon est consacrée aux pratiques
intellectuels communistes, car il était perçu comme communes aux trois régimes : les pouvoirs et la
une volonté de mettre les régimes fasciste, stalinien place du chef ; la création et l’encadrement d’une
et nazi sur le même plan. Il a été accusé d’induire nouvelle société fondée sur de nouvelles valeurs ;
une banalisation du nazisme. Il est aujourd’hui l’usage de la terreur. Ces différents aspects sont
utilisé avec précaution par les historiens, qui repris et développés dans deux études consacrées à
soulignent les spécificités de chaque régime et la création d’un homme nouveau en URSS et en
notamment de leur idéologie. Allemagne et à la propagande totalitaire et, dans
deux dossiers, sur le culte du chef et l’encadrement
Plan  du  chapitre   de la jeunesse.
En prenant en compte les dernières recherches La troisième leçon permet de souligner les
historiques, il ne s’agit pas ici de mettre en différences idéologiques fondamentales qui existent
évidence un modèle unique, mais bien de comparer entre les trois régimes et de mettre l’accent sur la
les trois régimes en tentant d’en dégager les points singularité de l’idéologie raciste des nazis. Le
communs, mais aussi les spécificités. Respectant dossier consacré à la violence totalitaire permet
l’enjeu du comparatisme, tout le chapitre s’efforce également de mettre au jour des différences entre
ainsi d’établir des similitudes et des différences les trois pays étudiés. L’Italie, qui connaît un degré
entre les trois régimes. moindre de violence (certains historiens parlent dès
Le chapitre débute par une double page « Repères » lors d’un totalitarisme incomplet) a été
qui permet de préciser le contexte dans lequel volontairement écarté pour centrer l’étude sur
émergent les régimes totalitaires et d’aborder le l’URSS et l’Allemagne nazie. Ce dossier, en
débat historiographique sur le concept de étudiant les cibles de la terreur, les fondements
totalitarisme (ce point peut être développé à l’aide idéologiques sur lesquelles elle repose, et les
des prolongements numériques qui proposent formes qu’elle revêt permet de souligner la
plusieurs textes d’historiens sur ce concept). Une spécificité des crimes nazis. Enfin, deux études
brève présentation des trois chefs et des trois partis développent des aspects importants de l’idéologie
peut enfin être utilisée tout au long du chapitre. stalinienne et nazie : la collectivisation en URSS et
La première leçon s’intéresse à la genèse et à la les lois de Nuremberg en Allemagne.
mise en place des régimes nazi, fasciste et Une double page Histoire des arts clôt le chapitre.
soviétique. Il s’agit de voir dans quel contexte L’exemple de l’exposition universelle de Paris
historique ces régimes sont nés, si on peut dégager permet de voir comment l’architecture et la
des facteurs communs et enfin comment ces sculpture sont mises au service de l’idéologie des
régimes farouchement opposés au modèle régimes totalitaires.

1
»  Bibliographie  
 
Sur  l’Allemagne  nazie  
CHAPOUTOT J., « Le nazisme. Une idéologie en
actes », La Documentation photographique n°
8085, 2012.
CHAPOUTOT J., La Loi du sang. Penser et agir en
nazi, Gallimard, 2014.
KERSHAW I., Qu’est-ce que le nazisme ?,
Gallimard, 2003.
Sur l’Italie fasciste
« Le fascisme italien : débats, historiographie et
nouveaux questionnements », Revue d’Histoire
moderne et contemporaine, n° 55-3, 2008.
GENTILE E., La Voie italienne au totalitarisme,
Ed. du Rocher, 2004.
MILZA P., Le Fascisme italien, 1919-1945, Seuil,
2003 (1re éd. 1980).

Sur  la  Russie  et  l’URSS  de  1917  à  1945    


« Les crimes cachés du communisme », L’Histoire
n° 324, octobre 2007.
COURTOIS S. (dir.), Le Livre noir du
Communisme, R. Laffont, 1997.
WERTH N., Histoire de l’Union soviétique, PUF,
2008.
WERTH N., L’Ivrogne et la marchande de fleur :
autopsie d’un meurtre de masse, Tallandier, 2009.
Ouvrages  comparatistes  
« Communisme et fascisme au XXe siècle », Le
Débat n° 89, mars-avril 1996.
BERSTEIN S., MILZA P., Dictionnaire historique
des fascismes et du nazisme, Complexe, 1992.
BRUNETEAU B., Les totalitarismes, A. Colin,
2014.
FERRO M., Nazisme et communisme, deux régimes
dans le siècle, Hachette, 2005.
MUSIEDLAK J., « Les totalitarismes : fascisme et
nazisme », La Documentation photographique n°
7037, 1996.
ROUSSO H. (dir.), Stalinisme et nazisme. Histoire
et mémoire comparées, Complexe, 1999.
TRAVERSO E., Le totalitarisme, le XXe siècle en
débat, Seuil, 2001

2
 
Commentaires des documents et réponses aux questions

»  Ouverture  de  chapitre   réduction de l’armée à 100 000 hommes,


>  MANUEL,  P.  68-­‐69   occupation de la Rhénanie…). Hitler détourne le
principe du droit des peuples à disposer d’eux-
  mêmes, énoncé par le président américain Wilson,
Les deux documents d’ouverture permettent pour demander la création d’une Grande Allemagne
d’aborder le contraste qui existe entre l’image que qui réunirait tous les germanophones. Enfin, le
les régimes veulent donner d’eux-mêmes et leur NSDAP revendique un droit aux colonies pour
réalité tout en évoquant les moyens qui leur l’Allemagne au même titre que la France et le
permettent de prendre le pourvoir et de s’y Royaume-Uni. Ce point annonce également la
maintenir : l’endoctrinement et la violence. revendication de la création d’un espace vital.
  En ce qui concerne les affaires intérieures, le
Doc.  1  –  Des  foules  fanatisées   NSDAP préconise des mesures antisémites (voir
Le premier document est une photographie prise en question suivante) et la mise en place d’un pouvoir
novembre 1938, lors du congrès du parti nazi fort et centralisé allant à l’encontre de la tradition
organisé à Nuremberg. Depuis 1933, ces congrès allemande d’un pouvoir décentralisé.
ont lieu dans un gigantesque complexe (on le Question 2. Les juifs sont considérés comme des
distingue en arrière plan) construit à cet effet par étrangers n’appartenant pas à la nation allemande.
Albert Speer, architecte du régime. Ils permettent À ce titre, ils doivent être exclus de la communauté
d’exalter l’idéologie nazie tout en célébrant Hitler. nationale – et ainsi être privés de droits civiques –
Cette photographie montre une foule nombreuse et exclus de la fonction publique.
effectuant le salut nazi avec, au premier plan, des  
membres de la SS et, derrière, des jeunes filles Doc.  2  –  Mobiliser  le  peuple  russe  pendant  la  
membres de la Ligue des jeunes filles allemandes,
la branche féminine des Jeunesses hitlériennes. En
guerre  civile  
Dimitri Moor, artiste soviétique, réalisa une
arrière-plan, la croix gammée, symbole du régime,
cinquantaine d’affiches pendant la guerre civile
est visible. Cette photographie permet ainsi
d’aborder plusieurs thèmes importants du chapitre : pour encourager les Russes à rejoindre les rangs de
l’Armée rouge.
l’importance de la propagande et des cérémonies de
masse dans la diffusion de l’idéologie nazie, Question. Sur cette affiche, Dimitri Moor a
l’embrigadement de la jeunesse, le culte du chef, le représenté un soldat, un paysan et un ouvrier
(identifiable par son marteau) unis pour défendre la
rôle des SS dans l’encadrement de la société.
révolution prolétarienne face aux partisans du tsar.
  Le slogan rappelle la dimension universaliste de la
Doc.  2  –  Des  populations  vouées  à  la  mort   révolution communiste.
Le second document permet d’évoquer la violence  
totalitaire et plus particulièrement la Grande famine
qui a touché l’Ukraine en 1932-1933. Elle a fait
Doc.   3  –   La   montée   du   nazisme   en   Allemagne  
entre 2 et 5 millions de morts selon les estimations vers  1930  
des historiens. Melita Maschmann (1918-2010) a exercé des
  fonctions importantes au sein de la Ligue des
jeunes filles allemandes, la branche féminine des
»   Cours   1.   Genèse   et   mise   en   place   des   Jeunesses hitlériennes. Puis, elle a dirigé un camp
régimes  totalitaires   en Pologne, pendant la guerre. Dans Ma Jeunesse
>  MANUEL,  P.  72-­‐73   au service du Nazisme, elle raconte son engagement
  sous le régime hitlérien. Cette autobiographie se
Doc.  1  –  Le  programme  du  NSDAP   présente comme une lettre écrite à une amie juive à
qui elle tente d’expliquer son adhésion à l’idéologie
Le document reprend plusieurs extraits du
nazie.
programme en 25 points du NSDAP rédigé en
Question. Plusieurs facteurs sont ici évoqués par
grande partie par Hitler en 1920.
Melita Maschmann pour expliquer l’arrivée des
Question 1. Ce programme comprend des mesures
nazis au pouvoir : le ressentiment né des traités de
de politique extérieure et intérieure. En politique
paix, la crise économique et sociale (celle d’après-
extérieure, le NSDAP demande l’abrogation des
guerre et celle de 1929), l’antisémitisme et la
traités de Versailles et de Saint-Germain et de leurs
volonté de restaurer l’honneur de l’Allemagne.
mesures humiliantes pour l’Allemagne (perte de
l’Alsace-Lorraine, réparations importantes,  

3
»   Étude.   La   violence   dans   l’affirmation   Éléments attendus : Les fascistes utilisent la
violence pour prendre le pouvoir et transformer le
du  fascisme  
régime en dictature. Dans un premier temps, avec la
>  MANUEL,  P.  74   Marche sur Rome, ils respectent la légalité tout en
  usant de la force comme moyen d’intimidation.
Doc.   1  –   La   marche   sur   Rome,   28   octobre   Dans un second temps, avec l’assassinat d’un
1922   opposant politique, l’emploi de la force est
Ce document est une photographie prise lors de la revendiqué et met ainsi fin à la démocratie. Les
Marche sur Rome, le 28 octobre 1922. Quatre jours élèves peuvent souligner en conclusion que la
après avoir déclaré lors du congrès du parti fasciste, violence est une valeur revendiquée par le
devant 40 000 chemises noires, « ou ils nous fascisme : en effet, l’homme nouveau est avant tout
donnent le pouvoir, ou nous le prenons en tombant un guerrier conquérant dont on célèbre la force et la
sur Rome », Mussolini organise une démonstration virilité.
de force. Victor-Emmanuel III le nomme alors  
président du Conseil. »   Étude.   La   fin   de   la   démocratie   en   Italie  
  et  en  Allemagne  
Doc.  2  –  L’assassinat  du  député  Matteotti   >  MANUEL,  P.  75  
Le second document de cette étude est une
 
caricature parue dans le journal clandestin Becco
Giallo, peu de temps après l’assassinat du député Doc.  1  –  Les  lois  fascistissimes  
socialiste Matteotti en juin 1924 par un groupe de Les lois fascistissimes sont adoptées peu de temps
fascistes. Matteotti (1885-1924) est député après la revendication par Mussolini de l’assassinat
socialiste depuis 1919, puis secrétaire général du de Matteotti. Elles transforment le régime en
parti socialiste italien en 1924. Il dénonce sans dictature.
relâche à la tribune du Parlement les violences des
fascistes. Le 30 mai 1924, il accuse les fascistes de Doc.   2  –   L’établissement   de   la   dictature   nazie  
malversations pendant la campagne électorale et en  1933  
demande l’annulation des élections. Il est enlevé À la différence de l’Italie, où la mise en place d’une
puis assassiné le 10 juin par cinq fascistes. Après dictature est progressive, la transition est très rapide
avoir nié son implication dans ce meurtre, en Allemagne. Hitler est nommé chancelier le 30
Mussolini le revendique en janvier 1925. Il légitime janvier 1933. Le 27 février, le Reichstag est
ainsi le recours à la violence en considérant qu’elle incendié ; Hitler en attribue immédiatement (à tort)
est nécessaire pour supprimer les oppositions. Il la responsabilité aux communistes. Cet événement
rompt définitivement avec l’État de droit et la lui permet de prendre un décret, le 28 février, qui
démocratie. Dans cette caricature, l’auteur affirme instaure une dictature en supprimant les libertés
la complicité voire la responsabilité de Mussolini individuelles et civiques. Un mois après l’arrivée au
dans l’assassinat de Matteotti. pouvoir d’Hitler, la démocratie est donc
définitivement supprimée.
Réponses  aux  questions    
Question 1. Mussolini défile devant des militants Réponses  aux  questions  
fascistes qui font le salut romain. Il est entouré par Question 1. La première mesure supprime la liberté
des hommes vêtus de chemises noires. Ils arborent de pensée et d’expression pour les fonctionnaires.
avec fierté leurs décorations d’anciens combattants, La seconde met fin à l’équilibre des pouvoirs :
rappelant ainsi leurs actes d’héroïsme pendant la l’exécutif n’est plus responsable devant le pouvoir
Première Guerre mondiale. Certains portent des législatif. La troisième supprime les élus à l’échelle
gourdins qui sont l’un des instruments essentiels locale : le pouvoir revient à un homme nommé par
des « escouades » (squadre) fascistes qui attaquent le pouvoir et donc fidèle au régime. La quatrième
les journalistes et les militants de gauche. implique la suppression de la liberté d’expression.
Enfin, la cinquième mesure met en place une
Question 2. L’arrivée au pouvoir de Mussolini Justice contrôlée par les fascistes (plus de
respecte les règles du jeu démocratique : c’est le roi séparation des pouvoirs), supprime la procédure
qui le nomme Président du Conseil. Mais, en d’appel : la justice impartiale et indépendante du
réalité, elle se fait dans une ambiance de violence et pouvoir disparaît alors. En supprimant les libertés
de tensions. Les fascistes utilisent donc la force et individuelles, les élus locaux, la pluralité politique,
l’intimidation pour s’imposer légalement. la séparation et l’équilibre des pouvoirs, les
fascistes font disparaître tous les fondements d’un
Question 3. Il reconnaît ouvertement et légitime système démocratique et mettent en place une
l’assassinat d’un opposant politique mettant ainsi dictature.
fin à l’État de droit.

4
Question 2. Hitler prend soin de rappeler la légalité Question. En permettant à tous les Allemands de
de ses décisions. Selon cet article, le président de la s’offrir une voiture, les nazis cherchent à s’attirer
République peut, lorsque la sûreté et l’ordre public leurs faveurs. Cette publicité permet également de
sont gravement troublés, recourir à la force et diffuser l’image de la famille nazie idéale (voir
suspendre totalement ou partiellement l’exercice étude p. 78).
des droits fondamentaux. Il prend alors des décrets
qui n’ont pas besoin d’être approuvés par le Doc  3  –  Célébrer  le  régime  et  son  chef  
Parlement. Les communistes menaçant la sûreté de Cette photographie a été prise lors d’une grande
l’État, Hitler ne fait « qu’appliquer la Constitution » parade sportive organisée sur la place Rouge, à
en supprimant la démocratie. Moscou, le 13 juillet 1935. À droite du portrait de
Staline, on peut lire : « Vive le guide du grand parti
Question 3. Les troubles à l’ordre public et la communiste, le meilleur ami des gymnastes, le
crainte d’une révolution bolchevique sont pris camarade Staline » et, entre le portrait de Staline et
comme prétextes pour mettre en place une de Lénine, « Prêt pour le travail et la défense. »
dictature. Comme Mussolini, Hitler joue sur la peur Cette photographie illustre bien le rôle du sport
des « rouges » pour supprimer la démocratie. dans la propagande totalitaire et l’avènement d’un
homme nouveau.
Question 4. Ce décret supprime les libertés Question. Cette cérémonie s’inscrit dans une
individuelles fondamentales et instaure la censure. politique de propagande. Elle réunit plusieurs
  centaines de personnes sur la place Rouge, à
Moscou. La mise en scène a été soigneusement
»  Cours  2  –  Des  pratiques  communes   préparée : chaque gymnaste occupe une place
>  MANUEL,  P.  76-­‐77   déterminée, ce qui permet de former le symbole du
  régime : une faucille et un marteau dans une étoile.
Doc   1  –   Le   quotidien   d’un   prisonnier   Cela montre, d’une part, la discipline qui règne
politique   dans la société et, d’autre part, l’adhésion de cette
dernière à l’idéologie communiste. Cette parade
Antonio Gramsci, membre fondateur du parti
sportive permet également d’exalter Staline. Son
communiste italien, a été arrêté en novembre 1926
portrait est affiché en grand à côté de celui de
et condamné pour ses activités antifascistes.
Lénine. Il se pose ainsi en héritier de ce dernier.
Jusqu’à sa mort en 1937, il est emprisonné dans
différents lieux. Tout au long de sa détention, il  
entretient une correspondance importante avec »  Étude.  Créer  un  homme  nouveau  
plusieurs membres de sa famille et des amis. Une >  MANUEL,  P.  78  
grande partie de cette correspondance a été  
conservée et constitue une source intéressante pour
Doc  1  –  Un  prolétariat  héroïque  en  URSS  
connaître le sort réservé aux opposants du régime.
Sur cette affiche de Nikolai Kogout, réalisée en
Question 1. Les victimes de la terreur fasciste sont
1920, un couple d’ouvriers est mis en avant au
des opposants politiques : essentiellement des
premier plan. En arrière plan, une foule d’ouvriers
communistes et des socialistes.
et des usines rappellent la volonté de Staline
Question 2. Ils sont emprisonnés et déportés,
d’industrialiser l’URSS. Le slogan célèbre le travail
notamment sur des îles. Comme le montre cette
et le dévouement du prolétariat ouvrier pour la
lettre, lors de leur détention, les opposants
gloire de l’URSS.
politiques peuvent entretenir une correspondance
avec leurs proches.  
  Doc  2  –  La  famille  allemande  idéale  
C’est également un couple qui est mis en avant sur
Doc  2  –  La  «  voiture  du  peuple  »  
la première page du calendrier offert en supplément
Le KDF (Kraft durch Freude : « la Force par la
de Neues Volk, qui est le périodique de propagande
joie ») est une organisation de loisirs contrôlée par
édité par l’Office de la politique raciale du NSDAP.
les nazis. Elle fait partie du Deutsche Arbeitsfront
Il permet de diffuser dans la population allemande
qui a remplacé les syndicats, interdits en 1933. Elle
l’idéologie du régime. On y voit un couple d’aryens
propose, à des prix attractifs, des activités sportives
(cheveux blonds et teint clair). Un homme dont on
et culturelles ainsi que des séjours touristiques
souligne la force et la virilité domine et protège une
(notamment des croisières). Il s’agit d’offrir des
femme qui porte un bébé dans ses bras. Cette image
loisirs au plus grand nombre, alors qu’ils étaient
rappelle ainsi la nécessité de perpétuer la race
jusqu’à présent réservés à une élite. Le KDF
aryenne. En arrière plan, l’aigle, symbole du Parti
propose aussi au peuple d’acquérir une voiture bon
nazi, protège cette famille modèle.
marché : la « voiture du peuple » (Volkswagen). Il
organise un système d’épargne permettant aux  
ouvriers d’acheter une voiture.

5
Réponses  aux  questions   Doc  3  –  Le  travail  de  l’orateur  
Question 1. Les affiches sont le principal vecteur Heinrich Hoffmann intègre le NSDAP dès 1920 et
de diffusion de l’idéologie totalitaire. devient le photographe personnel d’Hitler. Cette
Question 2. En URSS, c’est la figure du prolétaire série de photographies montre qu’Hitler travaillait
qui est mise en avant et le travail ouvrier qui est avec attention tous ses gestes. Son charisme est le
valorisé. En Allemagne, on célèbre la force et la fruit d’un important travail.
virilité de l’homme ainsi que la fertilité de la
femme ; la propagande nazie met en avant la race Doc  4  —  Ode  à  Staline  
aryenne (teint clair, cheveux blonds). Ce poème a été publié dans la Pravda, qui est le
  journal officiel du parti communiste. Il s’agit donc
»  Étude.  La  propagande  totalitaire   d’une publication de propagande qui relaie
>  MANUEL,  P.  79   l’idéologie du régime. Ce poème glorifie Staline en
en faisant la source de la prospérité de l’URSS.
 
Doc  1  –  Le  cinéma  au  service  du  fascisme   Doc  5  –  Un  chef  dévoué  à  son  peuple  
Cette photographie a été prise en 1937 lors de Cette affiche est l’une des affiches de propagande
l’inauguration des studios de cinéma Cinecittà, réalisées par Viktor Govorkov. Comme pour
situés dans la banlieue de Rome. Ces studios ont Mussolini dans le document 2, l’accent est mis sur
étés créés pour concurrencer les studios américains le travail acharné de Staline qui se dévoue
d’Hollywood et servir la propagande fasciste. entièrement au bien-être du pays.
 
Doc  2  –  La  propagande  selon  Hitler   Il faut bien évidemment rappeler aux élèves qu’il
Mein Kampf a été rédigé par Hitler en 1924, lors de s’agit de documents de propagande qui émanent du
son emprisonnement à la suite de sa tentative pouvoir lui-même ou d’organes sous son contrôle :
avortée de putsch à Munich en 1923. Dans cet ils nous informent sur l’image que les régimes
ouvrage, il définit l’idéologie nazie et son veulent donner du chef et de l’attitude du peuple à
programme politique. Dans cet extrait, Hitler son égard. L’étude de ce dossier est l’occasion
définit la propagande, ses cibles et ses grandes d’évoquer les nouvelles recherches
caractéristiques. historiographiques qui insistent sur les phénomènes
  de résistance dans les trois régimes.
Réponses  aux  questions    
Question 1. La propagande s’adresse avant tout au Réponses  aux  questions  
peuple, elle doit toucher le plus grand nombre. Question 1. Cette image met en valeur l’admiration
Question 2. Elle doit ainsi être simple et des Italiens pour Mussolini. On voit une foule
compréhensible par tous, se limiter à quelques acclamer Mussolini, qui domine la scène. Grâce à
grandes idées. L’utilisation de slogans permet une la vue en contre-plongée, l’artiste souligne la
diffusion plus efficace de l’idéologie totalitaire. supériorité du Duce qui apparaît déterminé et sûr de
Question 3. Le cinéma qui se développe dans lui.
l’entre-deux-guerres est un vecteur efficace de Question 2. Mussolini est le chef du gouvernement
propagande. En utilisant ce nouveau divertissement, et du parti fasciste. Les Italiens doivent lui obéir,
les régimes totalitaires diffusent de manière sans contester ses décisions.
efficiente et à grande échelle leur idéologie. Question 3. Le charisme est le fruit d’un travail
  minutieux. Chaque geste d’Hitler lors de ses
»  Dossier.  Le  culte  du  chef   discours étaient étudiés et calculés. Aucun détail
>  MANUEL,  P.  80-­‐81   n’est laissé au hasard dans la mise en scène du
  Führer.
Question 4. Grâce à son travail acharné et à son
Doc  1  –  Un  chef  acclamé  
dévouement désintéressé, le chef est la source de la
Cette Une de l’hebdomadaire italien La Domenica
prospérité du pays et du bien-être de la population.
del Corriere montre le lien qui unit Mussolini à son
Question 5. Trois éléments sont attendus :
peuple.
– les qualités mises en avant dans les trois régimes
(le chef est un être exceptionnel, il est
Doc  2  –  Un  chef  tout  puissant   charismatique et admiré, il travaille avec
Cet extrait de manuel de propagande dresse un acharnement et se dévoue entièrement pour assurer
portrait idéal de Mussolini (chef charismatique dont à son peuple bonheur, puissance et prospérité) ;
le travail acharné et le dévouement ont permis de – l’attitude de la population (reconnaissance,
sauver l’Italie de la ruine) et rappelle l’attitude que obéissance et admiration) ;
les Italiens doivent avoir envers le Duce.

6
– la diversité des moyens mobilisés pour diffuser ce Réponses  aux  questions  
culte du chef (photographies, affiches, manuels de  
propagande, presse…).
Question 1. Dans le cadre du Komsomol, les
  jeunes reçoivent un enseignement marxiste-
»   Dossier.   L’embrigadement   de   la   léniniste, des enseignements techniques. Ils
jeunesse   effectuent également des exercices militaires et des
>  MANUEL,  P.  82-­‐83   défilés.
Question 2. Hitler souhaite inculquer aux jeunes
  Allemands les valeurs suivantes : la force, la virilité
Doc  1  –  La  jeunesse  soviétique   et le courage. Il s’agit avant tout de former les
Ce document est une affiche pour le Komsomol futurs soldats du Reich.
datant de 1933. Le Komsomol (ou Union des Question 3. L’éducation intellectuelle n’a pas de
jeunesses léninistes communistes) regroupe les place dans la formation souhaitée par Hitler.
adolescents soviétiques (à partir de 14 ans). Il L’intelligence et la raison sont dénigrées au profit
dépend directement du Parti communiste. En haut à de la force, de la discipline et de l’obéissance.
gauche, le symbole de l’organisation avec sa Question 4. À travers les organisations de jeunesse,
devise : « Toujours prêt ». Le slogan dit : « Une il s’agit également de contrôler les adultes et de
relève digne pour les Jeunesses communistes diffuser, par l’intermédiaire des enfants, l’idéologie
léninistes ». fasciste dans toute la société.
Question 5. On remarque, dans les deux cas :
Doc  2  –  L’éducation  selon  Hitler   – le port de l’uniforme (les Jeunesses hitlériennes
Hermann Rauschning (1887-1982) est un ancien portent la chemise brune des SA ; les Komsomols
membre du parti nazi et maire de Dantzig. Au le foulard rouge) ;
milieu des années 1930, il devient un opposant au – un drapeau avec le symbole de l’organisation de
régime nazi. En exil, il écrit plusieurs ouvrages jeunesse.
pour dénoncer le nazisme. Dans Hitler m’a dit, En URSS et en Allemagne, l’apprentissage de la
publié en 1939, il relate des conversations qu’il discipline est essentiel tout comme les activités
aurait eues avec le Führer. En réalité, Hermann collectives (notamment les parades).
Rauschning n’a que très rarement rencontré Hitler Question 6. Les régimes totalitaires créent des
et jamais seul à seul : il a donc inventé ces organisations de jeunesse qui délivrent avant tout
conversations, notamment à partir des discours un enseignement physique et militaire et un
d’Hitler et des ouvrages de propagande nazie. endoctrinement idéologique. Il s’agit de former de
futurs soldats et des agents de propagande, ainsi
Doc  3  –  Les  Jeunesses  hitlériennes   que de recruter les futurs cadres du parti. Ces
Les Jeunesses hitlériennes sont créées dès 1926 organisations mettent en avant l’obéissance, la
pour façonner l’esprit des jeunes Allemands et en discipline, le courage, la force et la virilité.
faire les futurs soldats du Reich. Avec  
l’endoctrinement idéologique, l’entraînement »  Cours  3.  Des  fondements  idéologiques  
physique et militaire y est donc très important. À
partir de 1939, l’adhésion devient obligatoire.
différents    
Baldur von Schirach (1907-1974) est à leur tête. Il >  MANUEL,  P.  84-­‐85  
fait partie des dignitaires nazis qui sont jugés lors  
du procès de Nuremberg. Doc  1  –  La  lutte  contre  les  koulaks  
Les « koulaks » sont des paysans propriétaires plus
Doc  4  –  L’Opera  nazionale  Balilla   ou moins aisés ; le mot « koulak » évoque le
L’Opera nazionale Balilla est l’organisation de « poing », car ils sont réputés tenir les autres
jeunesse créée en 1926 par les fascistes. Le nom de paysans sous leur dépendance, sous leur poing. Ils
Balilla fait référence à Giovan Battista Perasso dit sont soupçonnés par le pouvoir de s’opposer à la
Ballila qui aurait, à l’âge de 17 ans, déclenché une collectivisation forcée des terres. Staline les rend
révolte à Gênes contre l’occupation autrichienne en ainsi responsables des difficultés agricoles et décide
1746. Elle regroupe les Fils de la Louve (de 4 à 8 de les éliminer dès 1929 pour obtenir une
ans), les Balilla proprement dits (jusqu’à 14 ans) et soumission du monde agricole. Ils sont exécutés ou
les Avanguardisti (jusqu’à 18 ans). Comme pour les déportés dans des camps.
Jeunesses hitlériennes, les petits Italiens y reçoivent Question. Ils sont accusés d’être des ennemis de la
une éducation physique et militaire ainsi qu’un révolution communiste, d’empêcher la
endoctrinement idéologique (amour de la patrie, collectivisation des terres ainsi que la
culte de Mussolini). modernisation des campagnes et sont rendus
  responsables des difficultés alimentaires de
l’URSS.

7
Doc  2  –  La  supériorité  de  la  race  aryenne   Doc  3  –  Une  famine  organisée  
Il s’agit d’un extrait de Mein Kampf dans lequel Il s’agit de trois extraits de lettres envoyées aux
Hitler expose sa théorie raciste. Selon Hitler, les soldats de l’Armée rouge par des membres de leur
hommes appartiennent à des races différentes, entre famille habitant le Caucase Nord et saisies par la
lesquelles il établit une hiérarchie : à son sommet, censure militaire en février 1933. D’autres extraits
les Aryens ; tout en bas, les Juifs. sont disponibles sur le site de l’institut d’histoire du
Question. Selon Hitler, les Aryens sont une race temps présent (http://www.ihtp.cnrs.fr). Ces
supérieure car ils sont à l’origine de toutes les lettres montrent les conséquences de la
grandes inventions scientifiques et techniques. collectivisation forcée des terres qui a débuté en
Sources de tous les progrès, ils sont donc 1929 : le monde agricole est désorganisé et les
« prédestinés » à dominer les autres hommes. épisodes de famine sont nombreux. Le plus célèbre
  d’entre eux est la Grande famine qu’a connue
Doc   3  –   La   célébration   des   conquêtes   l’Ukraine en 1932-1933 ; mais toutes les régions
fascistes   ont été concernées, comme le montrent ces lettres
Cette gravure d’Achille Beltrame célébre la victoire écrites par des paysans du Caucase.
italienne en Éthiopie. Elle est parue dans  
l’hebdomadaire italien La Domenica del Corriere, Doc  4  –  Le  goulag  
le 27 décembre 1936. Les détenus du Goulag sont astreints au travail
Question. L’armée italienne apparaît comme forcé. La construction du canal de la Mer Blanche
puissante (cf. les armes détruites au premier plan), est le premier grand chantier des prisonniers du
admirée et accueillie avec joie par les Éthiopiens. Goulag. Il est construit en vingt mois, de 1931 à
  1933. Long de 230 km, il relie la mer Blanche à la
»   Dossier.   La   violence   totalitaire   en   mer Baltique. Mais il est trop étroit et pas assez
profond ; il n’a donc jamais été vraiment utilisé.
URSS  et  en  Allemagne   Plus de 20 000 détenus sont morts pendant les
>  MANUEL,  P.  86-­‐87   travaux.
   
Doc   1  –   La   survie   dans   un   camp   de   Doc  5  –  Terreur  stalinienne  et  terreur  nazie  
concentration  allemand   Ian Kershaw est un historien britannique spécialiste
Dès l’arrivée au pouvoir d’Hitler, les nazis d’Hitler et du nazisme. Cet article est extrait d’un
souhaitent éliminer rapidement leurs adversaires numéro de la Revue Débat consacré à la
politiques (notamment les communistes et les comparaison des régimes totalitaires
socialistes). Le décret pour la défense du peuple et (« Communisme et fascisme au XXe siècle », Le
de l’État (voir p. 75) permet l’arrestation de tous les Débat n° 89, mars-avril 1996.)
opposants sans aucun contrôle judiciaire. Ils sont  
enfermés dans des camps. Dachau est le premier Réponses  aux  questions  
camp de concentration, il est ouvert fin mars 1933. Question 1. Ce règlement a été rédigé quelques
À l’automne 1933, le commandant du camp, mois après l’arrivée au pouvoir d’Hitler.
Theodor Eicke, instaure un règlement disciplinaire L’Allemagne est déjà à cette époque une dictature,
et pénal pour les détenus et des directives détaillées le décret pour la défense du peuple et de l’État
pour le corps de garde SS. Des peines extrêmement ayant supprimé toutes les libertés individuelles. Le
sévères sont indiquées afin de briser la personnalité camp de Dachau est ouvert dès mars 1933.
des détenus, d’obtenir leur obéissance absolue et Question 2. Le camp de Dachau a pour but de
d’empêcher les tentatives de fuite. briser toute opposition politique au nazisme.
  Question 3. Ces lettres révèlent la réalité de la vie
Doc  2  –  Les  violences  antisémites   dans les campagnes soviétiques à la suite de la
La photographie montre une boutique juive pillée et collectivisation. Les récoltes sont mauvaises, les
détruite à Berlin pendant la Nuit de Cristal. famines sont très fréquentes. Ces lettres ont été
La Nuit de Cristal est un gigantesque pogrom qui censurées car elles montrent l’ampleur des
touche toute l’Allemagne. Elle est appelée ainsi en mensonges de la propagande qui décrit des
raison du verre des vitrines des boutiques juives campagnes prospères.
pillées qui jonchent les rues. En effet, dans la nuit Question 4. Cette photographie montre la réalité
du 9 au 10 novembre 1938, des centaines de des conditions de travail des détenus du Goulag. Ils
synagogues sont incendiées, des milliers de travaillent avec des outils rudimentaires (pelle,
commerces et d’appartements sont ravagés ; les pioche, marteau, brouette) sans l’aide d’animaux ou
juifs sont violentés, parfois assassinés. 30 000 juifs de machines.
sont déportés dans les camps de concentration. Question 5. Les principales victimes de la violence
  nazie sont les juifs qui sont considérés comme une

8
race inférieure qui menace la pureté de la race Question 2. Il faut moderniser les campagnes pour
aryenne. obtenir l’indépendance de l’URSS vis à vis des
Question 6. On observe plusieurs points communs pays capitalistes en devenant un pays autosuffisant,
dans les formes que prennent la violence soviétique pour assurer la survie du communisme en
et nazie : le travail forcé, l’enfermement dans des supprimant la propriété privée qui est la base du
camps, les exécutions et les violences physiques. capitalisme et pour permettre l’industrialisation du
Mais il existe néanmoins de grandes différences : la pays.
violence soviétique peut toucher tout le monde et Question 3. La suppression de la propriété privée
vise avant tout les opposants au régime ; la violence avec la mise en place des sovkhozes et des
nazie repose sur des préjugés racistes et antisémites kolkhozes et l’élimination des koulaks tout comme
et vise l’élimination totale d’une partie de la société la mécanisation et l’utilisation croissante des
allemande. engrais doivent permettre, selon Staline, la
  modernisation des campagnes.
»   Étude.   Collectiviser   et   industrialiser    
l’URSS   »  Étude.  Les  lois  de  Nuremberg  (1935)  
>  MANUEL,  P.  88   >  MANUEL,  P.  89  
   
Doc  1  –  Une  vision  de  l’URSS  en  1929   Doc  1  –  Les  lois  de  Nuremberg  
Staline souhaite moderniser l’économie soviétique. Ce document présente les deux lois adoptées à
La priorité est d’industrialiser le pays. En effet, en l’occasion du Congrès du NSDAP de 1935 et le
1917, quand les communistes s’emparent du décret d’application. Ces trois textes définissent la
pouvoir, la Russie est un pays essentiellement citoyenneté allemande selon les nazis.
agricole. Mais le développement des industries ne
peut se faire sans son corollaire : la modernisation Doc  2  –  Les  lois  de  Nuremberg  expliquées  aux  
des campagnes. Il s’agit d’accroître la production enfants  
agricole pour dégager des surplus afin de nourrir les Ce dessin explique aux enfants allemands quels
ouvriers. Cette modernisation doit se faire grâce à sont les mariages autorisés par le régime nazi. On
une collectivisation des terres et une utilisation peut une nouvelle fois signaler l’importance de la
croissante des machines agricoles et des engrais, jeunesse dans la propagande totalitaire. Quatre cas
que doit permettre le développement des industries. sont présentés et les dessins sont construits de la
Les deux réformes sont donc liées, comme le même manière. À gauche, un couple est représenté
montre cette affiche de Nikolai Kogout qui date de à l’entrée d’une mairie ; la légende précise
1929 et donc du début des grandes réformes l’identité des deux époux. À droite se trouve un
économiques menées par Staline. enfant né de cette union. Le décor de la porte
d’entrée de la mairie, tout comme la couleur des
Doc   2  –   Un   bilan   du   premier   plan   personnages (blanche, grise ou noire), permettent
quinquennal   d’identifier les unions qui sont condamnées par le
Staline dresse ici devant le comité central du PCUS régime.
le bilan du premier plan quinquennal. Question 1. Le fait d’être juif est présenté dans ces
  documents comme un caractère biologique ; il
existerait une race juive et il y aurait donc une
Réponses  aux  questions   différence de sang entre les Allemands et les juifs,
Question 1. Cette affiche met en avant le lien qui les juifs ne pouvant être considérés comme
unit les campagnes aux usines ainsi que les deux Allemands. On est juif ou Allemand en fonction du
volets de la réforme économique stalinienne statut de ses parents et grands-parents et de la
(collectivisation et modernisation des campagnes et nature de son mariage.
industrialisation du pays). Le haut de l’affiche Question 2. Les lois de 1935 visent à exclure les
représente des campagnes prospères qui viennent juifs de la communauté civique et à interdire les
d’être moissonnées. La récolte est abondante. Le mariages et les relations adultérines entre juifs et
bas de l’affiche représente une ville où l’on trouve non juifs. Les juifs sont vus comme des étrangers
de nombreuses usines fabriquant des machines qui menacent la pureté de la race aryenne.
agricoles. Les deux mondes sont reliés par des
voies ferrées. Dans un sens, un train transporte des
 
céréales vers la ville ; dans l’autre sens, on imagine
qu’il transporte des machines agricoles vers les
campagnes (le chargement des wagons est
représenté au premier plan). L’union de la ville et
des campagnes, des paysans et des ouvriers est
également célébrée par le slogan.

9
»  Bac.     »  Bac  blanc  
>  MANUEL,  P.  92-­‐93   >  MANUEL,  P.  95  
   
Sujet  :   Le   régime   totalitaire   soviétique   dans   Ce programme est fortement marqué par le contexte
l’entre-­‐deux-­‐guerres   de l’après-guerre. La peur de la menace
révolutionnaire est bien réelle en Italie en 1921.
 
S’il dévoile des éléments fondamentaux de
Question a. Le portrait de Staline est flatteur. Il est
l’idéologie fasciste, ce programme ne peut laisser
représenté plus jeune qu’il ne l’est : les cheveux
imaginer le choc de sa mise en œuvre. Il est à la
d’un noir éclatant, sans rides et sans les cicatrices
fois novateur, mais aussi réactionnaire. Ce
héritées de la petite vérole. Sa posture, et le fait
conservatisme est dû à la nécessité de rassurer les
qu’il soit photographié en contre-plongée, font
classes possédantes, électorat à conquérir mais que
oublier sa petite taille. Le culte du chef est un
le passé socialiste de Mussolini rend très méfiant.
élément commun à tous les régimes totalitaires.
La révolution anthropologique annonçant un
Question b. La présence de cette foule, de la masse
« homme nouveau », l’idée de nation organique et
compacte est un autre de ces traits communs. Elle
la place dévolue à la masse sont des fondements
représente le peuple soviétique, agglutiné ici
idéologiques inédits. En revanche, la volonté de
comme témoin et aussi acteur de cette révolution
revenir à une situation historique précédente,
technique et agricole.
idéalisée, qu’est l’Empire ou l’antiparlementarisme
Question c. Ce tracteur (et non moissonneuse-
ne le sont pas. En ce qui concerne le projet socio-
batteuse) à cinq charrues est tout à fait irréaliste. Il
économique : reconnaissance de la propriété privée,
a pour but de mettre en valeur la modernité
interdiction des grèves, ou refus de la lutte des
technique de l’agriculture soviétique.
classes confirment le virage libéral très net de
Question d. Le rouge est la couleur du
Mussolini. Les racines socialistes du fascisme ont
communisme, tandis que le vert renvoie ici à
ici disparu pour rallier les classes dirigeantes.
l’agriculture.
Question e. Le premier plan quinquennal touche à
sa fin en 1932. Les objectifs sont cependant loin
d’être atteints. La disparition de koulaks a
notamment provoqué une grande désorganisation
de l’agriculture et la production a très largement
chuté.
Caractères communs : rôle de la propagande,
utilisation de techniques modernes comme le
photomontage, culte du chef, place de la masse, etc.
Finalités propres au régime soviétique : les objectifs
socio-économiques, la collectivisation.
 
Sujet  :  Le  régime  totalitaire  nazi  dans  l’entre-­‐
deux-­‐guerres  
 
Le professeur peut choisir de faire étudier les deux
affiches de cette double page en même temps, sans
avoir à modifier la consigne. Il sera alors plus aisé
de dégager des caractères communs signifiants
(culte du chef par exemple).
Cette affiche célèbre l’Anschluss. La carte de
l’Allemagne inclut l’Autriche. Hitler a son regard
tourné vers l’Est, ce qui montre que ses ambitions
territoriales ne s’arrêtent pas à l’annexion de
l’Autriche. Cette volonté de réunir tous les
territoires germanophones et de conquérir un
espace vital pour la race aryenne à l’Est est un
élément propre au régime nazi.
 

10
CHAPITRE  
La  Seconde  Guerre  mondiale  
4    
 
 
 
»  Présentation  de  la  question  

L’esprit du programme invite à dégager les l’historien Keith Lowe reconnaît qu’il s’agit d’un
continuités et les discontinuités entre les deux « argument de taille », même s’il met
guerres mondiales. De ce point de vue, l’une des « extrêmement mal à l’aise ». Pourquoi en effet
différences essentielles entre ces deux conflits tient distinguer le capitaine d’un sous-marin allemand et
au tribut bien plus lourd payé par les civils en 1939- l’ouvrier qui a participé à sa construction ? Par
1945. Le cours doit être centré par conséquent sur extension, les paysans produisant pour ravitailler
la notion de guerre d’anéantissement, en insistant les troupes ou les ouvrières de l’industrie textile qui
plus particulièrement sur le génocide des juifs et fabriquent des uniformes peuvent être considérés
des Tsiganes. comme des cibles militaires. « Dans une guerre
La notion de guerre d’anéantissement nous paraît totale », écrit K. Lowe en rappelant que les
être source de confusions, voire de fâcheux Allemands ont été les premiers à la qualifier ainsi,
amalgames par les élèves. En toute rigueur, elle ne « tous étaient considérés comme des proies
peut s’appliquer qu’aux violences perpétrées par légitimes, comme peut l’être tout ce qui vient
l’Allemagne et le Japon : dans les deux cas, on a soutenir l’économie de guerre ennemie ». Mais le
affaire à deux régimes ultra-nationalistes qui problème est alors de fixer la limite à ne pas
entendent, par la guerre, coloniser de vastes franchir : peut-on justifier la mort des acteurs et des
territoires, réduire la majeure partie de leurs musiciens qui contribuent à soutenir le moral de la
populations en esclavage et, dans le cas du régime population en guerre, les médecins et les
nazi, en exterminer les éléments jugés indésirables. infirmières qui soignent les blessés pour les
Les dirigeants nazis, à commencer par Hitler lui- renvoyer au front, voire les femmes et les enfants,
même, ont fréquemment employé ce terme afin de priver les soldats allemands et japonais de
d’ « anéantissement » (Vernichtung) en visant les l’incitation à se battre pour défendre leurs
juifs et l’URSS (voir doc. 1, p. 103). familles ? « En vertu de ce type de logique,
Peut-on dire que les Alliés aient, de leur côté, mené remarque K. Lowe, la Seconde Guerre mondiale
une guerre d’anéantissement contre l’Axe ? n’avait plus rien d’une lutte juste et honorable
Conformément à la Charte de l’Atlantique, signée contre un régime maléfique, mais tout d’une guerre
le 14 août 1941 alors que les États-Unis ne sont pas d’anéantissement ». « Le seul élément qui, selon cet
encore entrés en guerre, le but premier de la guerre auteur, sauve cette politique d’une accusation de
est bien de parvenir à la destruction totale de la totale immoralité, c’est qu’elle est née de la
tyrannie nazie. Il ne s’agit pas toutefois d’anéantir meilleure des intentions ». Les concepteurs des
l’État, et a fortiori le peuple allemand ou japonais. bombardements des populations civiles ont cru
Toutefois, les bombardements massifs des villes sincèrement qu’ils étaient un moyen de sauver bien
allemandes et japonaises relèvent bien d’une guerre plus de vies humaines que d’en détruire. Certains
d’anéantissement qui frappe indistinctement d’entre eux, comme Arthur Harris, le commandant
populations civiles et cibles militaires. Les en chef britannique du Bomber Command, avaient
bombardements stratégiques des villes ennemies connu les carnages de la Première Guerre mondiale.
posèrent aux Alliés un problème moral qui fut Les bombardements devaient permettre de limiter
discuté dès l’époque du conflit. Les concepteurs de les pertes combattantes. Ils sauveraient également
ces bombardements arguèrent qu’il était beaucoup de nombreuses vies civiles en contribuant à
plus difficile de détruire les usines que de tuer ceux écourter les hostilités. Selon K. Lowe toutefois, le
qui y travaillaient. Ils devaient par ailleurs problème de la stratégie de la guerre aérienne alliée
contribuer à briser le moral des populations et à pendant la Seconde Guerre mondiale est qu’aucune
affaiblir leur gouvernement, en les acculant plus limite nouvelle ne fut clairement définie pour
rapidement à la capitulation. Dans son essai sur le distinguer les combattants des civils. « Cette
bombardement de Hambourg (Inferno. La incapacité ouvrait la porte au cauchemar de la
dévastation de Hambourg, 1943, Perrin, 2007), guerre illimitée, où tout est permis, pourvu que
s’accomplisse la besogne – la guerre sans règles, allemand, et c’est pour cette raison que le
sans principes, sans conscience ». Il réfute toutefois traitement qui leur a été réservé fut différent de
l’amalgame, qui n’est pas toujours le fait de celui des juifs ». Il reste que, comme il l’écrit lui-
négationnistes patentés, avec le génocide des juifs même, « les pertes en vies humaines subies par la
et avec les exactions perpétrées par le Japon à communauté tsigane sous les Nazis sont
l’encontre des populations civiles. colossales » : probablement près de 200 000
En ce qui concerne la Shoah, le débat entre personnes, selon les estimations les plus
intentionnalistes et fonctionnalistes étant communément admises.
aujourd’hui dépassé, les historiens se sont attachés
à préciser les circonstances dans lesquelles la »  Bibliographie  
décision d’exterminer les juifs d’Europe a été prise, Pour les ouvrages généraux, se reporter à la
probablement à l’automne 1941. Si le génocide des bibliographie du chapitre 3.
juifs reste associé à l’image du camp
d’extermination et de la chambre à gaz, les AGLAN A. et FRANK R. (dir.), 1937-1947 : la
recherches récentes menées par le père Patrick guerre-monde, « Folio Histoire », 2015.
Desbois et l’équipe Yahad-In Unum ont tenu à ASSEO H., Les Tsiganes : une destinée
rappeler l’ampleur considérable des fusillades de européenne, « Découvertes », Gallimard, 1991.
masse, au point que l’on évoque désormais la BENSOUSSAN G., Histoire de la Shoah, « Que-
« Shoah par balles ». sais-je ? », PUF, 2010.
Les sources disponibles sur les persécutions BARTOV O., L’Armée d’Hitler : la Wehrmacht,
ordonnées à l’encontre des Tsiganes demeurent les nazis et la guerre, « Pluriel », Hachette
malheureusement très insuffisantes. Sans minorer le Littératures, 2003.
lourd tribut payé par les Tsiganes à la barbarie BURRIN P., Hitler et les Juifs. Genèse d’un
nazie, et en évitant naturellement de placer les génocide, Seuil, « Points Histoire », 1989.
victimes en concurrence les unes par rapport aux BROWNING C. , Des hommes ordinaires : le 101e
autres, la comparaison du sort réservé aux juifs et bataillon de réserve de la police allemande et la
aux Tsiganes doit permettre de mieux cerner la Solution finale en Pologne, « Texto », Tallandier,
question du génocide perpétré par l’Allemagne 2007.
nazie. Dans son essai sur la persécution des FRIEDLÄNDER S., Les Années d’extermination :
Tsiganes par les nazis, l’historien Guenter Lewy l’Allemagne nazie et les Juifs : 1939-1945,
estime qu’à son avis, « les déportations des « L’Univers historique », Seuil, 2008.
Tsiganes vers l’Est et leurs conséquences fatales ne HILBERG R., La Destruction des juifs d’Europe,
constituent pas des actes de génocide ». Il rappelle « Folio Histoire », Gallimard, 2006.
en effet que pour qualifier un crime de génocide, au INGRAO C., Les Chasseurs noirs : la brigade
sens de la Convention pour la prévention et la Dirlewanger, « Tempus », Perrin, 2009.
répression du crime de génocide des Nations unies LEWY G., La Persécution des Tsiganes par les
de 1948, il faut qu’il y ait une « intention » de nazis, Les Belles Lettres, 2003.
détruire un groupe « en tant que tel ». Or, les MARGOLIN J.-L., L’Armée de l’empereur.
déportations de Tsiganes, y compris celle du camp Violences et crimes du Japon en guerre 1937-1945,
tsigane d’Auschwitz, ne relèvent pas d’un plan Armand Colin, 2007.
préétabli de destruction des Tsiganes dans leur MASSON P., Une Guerre totale 1939-1945.
ensemble, mais de la volonté « d’expulser Stratégies, moyens, controverses, Hachette,
d’Allemagne une grande partie de cette minorité « Pluriel », 1993.
qui était amplement méprisée ». En revanche, PRAZAN M., Einsatzgruppen : les commandos de
peuvent être considérées comme des actes de la mort nazis, Seuil, « Points-histoire », 2015.
génocide, au sens juridique de la Convention, les SOLCHANY J., L’Allemagne au XXe siècle,
mesures de stérilisation forcée. Ces dernières ne « Nouvelle Clio », PUF, 2003 (voir notamment le
furent pas appliquées toutefois à tous les Tsiganes, chapitre V, « La violence nazie : répression,
mais seulement à ceux qui étaient censés persécution, extermination »).
représenter un danger de « contamination du sang WIEVIORKA A., Auschwitz, soixante ans après,
allemand », en particulier les « métis tsiganes ». Robert Laffont, 2005.
Les mesures de discrimination raciale édictées Auschwitz. La Solution finale, Les Collections de
contre les Tsiganes résultent au départ de la l’Histoire n°3, 1998.
pression exercée par des cadres subalternes de WIEVIORKA O. et LOPEZ J. (dir.), Les mythes de
l’administration et du parti nazis. Elles ont été la Seconde Guerre mondiale, Perrin, 2015.
amplifiées par Himmler à partir de 1938. Mais
Hitler, quant à lui, s’en est toujours désintéressé.
« Les Tsiganes, souligne G. Lewy, étaient
considérés comme des gêneurs et un fléau, mais pas
comme une menace fondamentale pour le peuple
Témoignages  
HOESS R., Le Commandant d’Auschwitz parle, La
Découverte, 2004.
LEVI P., Si c’est un homme, Presses Pocket, Paris,
1988.
Mémorial de la Shoah, Des voix sous la cendre,
manuscrits des Sonderkommandos d’Auschwitz-
Birkenau, « Le Livre de Poche », 2006.
SPIEGELMANN A., L’Intégrale, Maus : un
survivant raconte, Flammarion, 1998 (bande
dessinée inspirée des souvenirs du père de l’auteur).
WIESEL E., La Nuit, Les Éditions de Minuit, 2007.

»  Filmographie  
EASTWOOD C., Mémoires de nos pères, 2006, et
Lettres d’Iwo Jima, 2007.
LANZMANN C., Shoah, 1985.
NEMES L., Le Fils de Saul, 2015.
RESNAIS A., Nuit et Brouillard, 1955.

»  Sites  Internet  
Mémorial de la Shoah :
http://www.memorialdelashoah.org/
Encyclopédie multimedia de la Shoah :
http://memorial-wlc.recette.lbn.fr/fr/#
Catalogue en ligne de l’exposition sur les crimes de
la Wehrmacht (version anglaise) :
http://www.verbrechen-der-
wehrmacht.de/pdf/vdw_en.pdf
Site du mémorial Yad Vashem, à Jérusalem (en
anglais) : http://www.yadvashem.org.il/
Site de l’United States Holocaust Memorial, à
Washington (en anglais) : http://www.ushmm.org/

»  Plan  du  chapitre  


Dans le premier cours sont analysés les éléments
qui permettent de caractériser le second conflit
mondial comme une guerre d’anéantissement. Le
cours est complété par deux études : sur la bataille
d’Iwo Jima et le bombardement de Hambourg.
Deux cours et un dossier sur le camp d’Auschwitz-
Birkenau sont consacrés à l’étude du génocide nazi
et au système concentrationnaire. Un dernier
dossier propose une réflexion sur l’engagement des
femmes dans la Seconde Guerre mondiale.
Commentaire des documents et réponses aux questions

 
»  Ouverture  du  chapitre     argumentaire du complot judéo-bolchevique, que
>  MANUEL,  P.  96-­‐97   les nazis n’ont pas inventé, mais dont ils se sont
amplement servis pour alimenter leur propagande.
  La révolution bolchevique est mise au compte d’un
Doc.   1   –   Une   nouvelle   arme   de   destruction   complot juif destiné à dominer le monde. Hitler
massive     rend les juifs responsables de la défaite de
Le premier essai de la bombe atomique, baptisé l’Allemagne en 1918. Dès avant le déclenchement
Trinity, a été réalisé le 16 juillet à Almagordo, dans de la Seconde Guerre mondiale, en janvier 1939, il
le désert du Nouveau Mexique. Il s’inscrit dans le avait annoncé qu’en cas de conflit, quelle qu’en soit
cadre du projet Manhattan, nom de code du l’issue, ce serait « l’anéantissement de la race juive
programme de recherche sur l’arme nucléaire, en Europe ». À l’heure où la perspective d’une
dirigé par le physicien américain Robert nouvelle défaite de l’Allemagne se profile, les
Oppenheimer. Ces essais permirent ensuite de dirigeants nazis accélèrent la fuite en avant du IIIe
larguer deux bombes atomiques sur les villes Reich : pour Goering, il n’y a d’autre issue que « la
d’Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 9 août 1945. Il liberté ou l’anéantissement » de l’Allemagne.
convient toutefois de rappeler que ces L’idéologie totalitaire du régime nazi constitue
bombardements atomiques ont fait moins de ainsi l’un des ressorts majeurs de la totalisation de
victimes que les bombardements conventionnels, la guerre en 1939-1945. S’y ajoute la croyance
comme ceux de Tokyo, en mars et mai 1945 absolue dans l’infaillibilité du Führer pour
(100 000 victimes). conduire le pays à la victoire, alors qu’Hitler
commence à perdre la main sur la conduite des
Doc.  2  –  Des  crimes  contre  l’humanité   événements et multiplie les erreurs militaires.
Cette photographie a été retrouvée dans l’album
personnel d’un membre des Einsatzgruppen, avec Doc.   2  –   Les   États-­‐Unis,   «  arsenal   de   la  
au dos la mention « le dernier juif de Vinnitsa ». démocratie  »  
Pour l’occasion, les soldats SS se sont livrés à une Cette photographie d’une chaîne d’assemblage de
macabre mise en scène : l’un d’entre eux s’apprête bombardiers B-29 dans les usines Boeing illustre
à exécuter la victime d’une balle dans la tête devant l’efficacité des méthodes de production en série de
la fosse déjà remplie de cadavres, tandis que ses l’industrie américaine au service de l’effort de
complices prennent la pause à l’arrière-plan. Les guerre. Comme le montrent les tableaux de la page
28 000 juifs de la ville ukrainienne de Vinnitsa 141, les États-Unis ont été, de loin, les plus gros
furent exécutés par le Einsatzgruppe D en producteurs de matériel militaire durant la Seconde
septembre 1941. On évalue à 1 700 000 le nombre Guerre mondiale : 324 000 avions, 100 000 chars,
des victimes de la « Shoah par balles ». 124 porte-avions et 245 sous-marins ont été
construits. Première puissance économique
»  Cours  1.  Une  guerre  d’anéantissement     mondiale, les États-Unis consacrent 53 % de leur
>  MANUEL,  P.  102-­‐103   revenu national à leurs dépenses militaires en 1943.
  Le bombardier Superfortress B-29 a joué un rôle
majeur dans la victoire de l’armée américaine
Doc.   1  –   La   guerre   contre   l’URSS   vue   par   les  
contre le Japon : entré en service à partir de 1942, il
nazis   dispose d’un long rayon d’action, sa cabine
Le maréchal Goering prononce ce discours devant pressurisée lui permet de voler à haute altitude et il
les officiers de la Luftwaffe le 30 janvier 1943, alors peut emporter 9 tonnes de bombes. Les B-29 ont
que l’armée allemande commandée par le général été spécialement équipés pour le bombardement
von Paulus est à la veille de capituler à Stalingrad. atomique d’Hiroshima et de Nagasaki (voir la
Il y est fait allusion à ceux qui croient encore photographie de l’Enola Gay, p. 99).
possible un compromis avec le régime soviétique :
c’est en effet avec l’URSS que l’Allemagne avait
Doc.  3  –  Le  massacre  de  Nankin  (1937)  
conclu le traité de Rapallo, en 1922, lui permettant
Cette photographie témoigne des massacres
notamment de tester des armements interdits par le
perpétrés par les soldats japonais lors de la prise de
traité de Versailles. En août 1939, les deux pays
Nankin, le 13 décembre 1937, non seulement contre
s’étaient partagé la Pologne et les Pays baltes lors
les militaires chinois, systématiquement exécutés
de la signature du pacte germano-soviétique, rompu
après leur capture, mais aussi contre les populations
par Hitler en juin 1941. Pour couper court aux
civiles. L’immense majorité des victimes ont été
doutes qui commencent à naître au sein des élites
des hommes, des militaires, mais aussi de jeunes
militaires allemandes, Goering reprend le vieil
hommes que les Japonais considéraient comme des
déserteurs ou des francs-tireurs potentiels. Les capitulation japonaise, puis de l’occupation de
femmes, quant à elles, ont été systématiquement l’Archipel après la victoire alliée.
pourchassées et violées, et ceci pendant plusieurs
mois. Elles ont été contraintes par la suite à se »  Étude.  Un  champ  de  bataille  extrême  :  
prostituer, cette « valeur marchande » leur
Iwo  Jima  (19  février-­‐26  mars  1945)    
permettant au moins de garder la vie sauve.
L’évaluation du nombre des victimes fait encore >  MANUEL,  P.  104  
aujourd’hui l’objet de vifs débats : les autorités  
chinoises revendiquent officiellement 300 000 Réponses  aux  questions  
morts. Jean-Louis Margolin propose un chiffre Question 1. Le texte du général Smith souligne
compris entre 50 000 et 90 000 victimes, dont l’intérêt stratégique de la petite île d’Iwo Jima
20 000 à 30 000 civils. Il se refuse à y voir un (22 km2), située au large de l’archipel japonais.
massacre génocidaire, tout en réfutant Cette île inhospitalière, en raison de la faiblesse de
l’interprétation révisionniste japonaise, qui impute ses ressources en eau, offre en effet l’avantage
le massacre à un simple relâchement de la d’être plate (le plus haut relief est le mont
discipline des soldats nippons : ces derniers ont Suribachi, qui culmine à seulement 169 mètres), ce
bien été encouragés par leurs officiers à multiplier qui a permis l’aménagement par les Japonais de
les exécutions et les viols, afin de faire un exemple trois aérodromes. L’armée américaine prévoyait
et de terroriser l’ensemble de la population d’installer ses bombardiers B-29 à Saipan, conquise
chinoise. Le massacre de Nankin s’inscrit dans une en juillet 1944 (voir carte p. 104). De Saipan, les
stratégie d’anéantissement de l’ennemi, qui dépasse bombardiers auraient dû cependant parcourir un
l’objectif d’une simple conquête territoriale. long trajet de 2 600 km jusqu’à Tokyo, sans
pouvoir être escortés par des chasseurs, dont
Doc.  4  –  L’utilisation  de  la  bombe  atomique   l’autonomie en carburant est beaucoup plus faible.
Dans ses mémoires publiés après la guerre, le La nécessité d’embarquer une grande quantité de
Premier ministre britannique Winston Churchill carburant aurait imposé également de réduire le
(évincé du pouvoir en 1945 par les travaillistes, stock de bombes à bord des bombardiers. Les
avant de revenir au 10 Downing Street en 1951) radars d’Iwo Jima risquaient aussi de détecter
entend répondre à ceux qui, y compris parmi les l’approche des appareils américains et de donner
anciens Alliés de la Seconde Guerre mondiale, ont l’alerte aux chasseurs japonais stationnés sur l’île.
dénoncé l’emploi de l’arme nucléaire contre le Enfin, les bombardiers endommagés ne disposaient
Japon. Churchill rappelle que les stratèges alliés d’aucun terrain de déroutement pour atterrir en
s’attendaient à une résistance jusqu’au-boutiste de urgence avant de regagner Saipan. La conquête
l’armée japonaise, dispersée dans les nombreuses d’Iwo Jima, située à 1 250 km de Tokyo et à
îles du Pacifique et sur le continent de l’Asie 1 400 km de Saipan, constituait la solution à tous
orientale. Les bombardements conventionnels et les ces problèmes. En s’emparant d’Iwo Jima, l’armée
opérations de débarquement auraient été selon lui américaine est dès lors en mesure d’effectuer des
insuffisants pour amener le Japon à capituler. Selon bombardements massifs sur toutes les villes du
lui, au contraire, l’emploi de la nouvelle arme a Japon.
offert en quelque sorte une porte de sortie à
l’empereur Hiro-Hito et à l’état-major japonais, Question 2. Le général Kuribayashi a transformé
pour signer dans l’honneur l’acte de capitulation. Il l’île d’Iwo Jima en véritable camp retranché (doc.
est vrai que, jusqu’en juillet 1945, la détermination 1). Il a ordonné la construction de près de 1 000
de l’armée japonaise est restée intacte après le fortifications souterraines, à une dizaine de mètres
bombardement des grandes villes japonaises de profondeur pour les protéger des
comme Tokyo, pourtant plus meurtrier que les bombardements. Tirant la leçon de l’échec des
attaques atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki troupes japonaises lors des débarquements
ensuite. Churchill estime donc qu’en dépit des américains précédents, notamment à Guam et aux
ravages effrayants qu’elle a provoqués, l’arme Philippines, il renonce à livrer le combat sur les
nucléaire a permis d’épargner bien plus de vies plages et opte pour une stratégie de guérilla, d’où
qu’elle n’en a détruite, celles de nombreux soldats les instructions données aux soldats japonais
britanniques et américains, mais aussi celles d’un (doc. 2). Ces derniers reçurent l’ordre de combattre
grand nombre de civils japonais, dans la mesure où jusqu’au dernier, après avoir abattu le plus grand
elle a permis d’écourter la guerre. Il reconnaît nombre d’ennemis possible. L’option de la
toutefois que les considérations politiques n’ont pas reddition est d’emblée écartée. De fait, 95 % des
été absentes dans la décision de recourir à l’arme soldats japonais furent tués dans les combats, non
nucléaire : l’entrée en guerre de l’URSS contre le sans avoir infligé aux Marines commandés par le
Japon, après la capitulation allemande de mai 1945, général Smith leurs pertes les plus importantes dans
n’était plus dès lors déterminante et de fait, les la guerre du Pacifique (21 000 hommes au total mis
États-Unis ont été les seuls maîtres d’œuvre de la hors de combat). La célèbre photographie de Joe
Rosenthal, montrant des soldats américains hissant Question 3. Le bombardement de Hambourg avait
le drapeau américain au sommet du mont Suribachi, un double objectif stratégique : atteindre l’appareil
reçut le prix Pulitzer avant de faire le tour du de production de l’Allemagne, notamment les
monde. Elle a inspiré la construction du Mémorial chantiers navals Blohm & Voss, qui construisaient
du corps des Marines des États-Unis, situé à des sous-marins, et briser le moral de la population
proximité du cimetière militaire d’Arlington en civile allemande en frappant l’Allemagne
Virginie. directement sur son sol. Dès cette époque toutefois,
certains responsables militaires émirent des doutes
»  Étude.  Un  bombardement   sur l’efficacité de tels bombardements. Les
industries militaires les plus importantes se
stratégique  :  Hambourg  (juillet-­‐août   rétablirent rapidement et fin 1943, la construction
1943)     navale dépassait le niveau atteint avant les
>  MANUEL,  P.  105   bombardements. Par ailleurs, le bombardement de
Hambourg n’eut pas sur le moral de la population
Réponses  aux  questions   les effets escomptés dans l’immédiat, du fait de
l’incapacité de l’aviation alliée à bombarder
d’autres grandes villes allemandes, comme Berlin.
Question 1. Comme l’illustre le document 1, la Ce n’est qu’en février 1945 que les Alliés obtinrent
plupart des quartiers résidentiels de Hambourg ont la suprématie aérienne et purent rééditer à Dresde
été entièrement rasés par les six raids de ce qui avait été fait à Hambourg. Mais à cette date,
bombardiers effectués par les alliés entre le l’Allemagne était en passe d’être envahie, les Alliés
25 juillet et le 3 août 1943. Paradoxalement, les ayant mis l’accent sur les opérations terrestres.
installations portuaires et les chantiers navals, qui Comme l’écrit l’historien du bombardement de
constituaient la principale cible stratégique de ce Hambourg K. Lowe, « tout en étant le signe
bombardement, ont été relativement moins touchés. précurseur des catastrophes de Dresde et Tokyo,
Selon une étude américaine réalisée au lendemain Hiroshima et Nagasaki, la suprématie aérienne
de la guerre, 40 385 bâtiments résidentiels furent alliée n’intervint pas assez vite pour que Hambourg
soit complètement anéantis, soit gravement pèse vraiment dans la balance ». Les
endommagés au point d’en devenir inhabitables. bombardements stratégiques de villes n’ont donc eu
Ces immeubles représentaient environ 60 % du qu’un faible rôle dans la victoire alliée, du moins
total des logements de Hambourg. Près de la moitié sur le front européen. Ils posent par ailleurs un
des 81 000 bâtiments commerciaux ou industriels problème moral, évoqué plus haut dans la
de la ville ont été complètement détruits. En août présentation de ce chapitre.
1943, la capacité de production de la ville fut
réduite de moitié, et fin 1943, la ville ne produisait »   Cours   2.   Le   génocide   des   juifs   et   des  
encore qu’à 82 % de ses capacités normales.
L’étude américaine estime que les bombardements Tsiganes  
ont fait perdre à Hambourg 1,8 mois de sa >  MANUEL,  P.  106-­‐107  
production industrielle totale, dont la moitié était
destinée aux forces armées.
Doc.  1  –  L’enfermement  dans  les  ghettos  
Question 2. Les bombardements déclenchèrent Dès l’invasion de la Pologne, les nazis regroupent
d’immenses incendies, responsables de la grande les populations juives des régions occupées dans
majorité des 45 000 victimes des raids alliés (5 000 des quartiers urbains séparés, appelés ghettos. Ce
de plus que lors du bombardement atomique de mot provient du nom du quartier de Venise où les
Nagasaki). Les vents provoqués par les incendies juifs de la cité des Doges avaient été contraints de
soufflèrent par endroits à plus de 200 km/h, résider en 1516. Comme le montre cette
déclenchant un véritable ouragan de feu. Les Alliés photographie, les ghettos sont clos par des barrières
larguèrent en effet sur la ville un mélange de ou des murs afin de contrôler les entrées et les
bombes incendiaires (un mélange liquide de Benzol sorties, coupant leurs habitants du monde extérieur.
et de caoutchouc mettant le feu dans un rayon de 10 Avec celui de Varsovie, le ghetto de Lodz est l’un
mètres) et de bombes explosives. Ces dernières des plus grands de Pologne ; il fut le dernier à être
étaient destinées non pas à détruire les bâtiments, ce démantelé en août 1944. La ghettoïsation constitue
qui aurait été moins efficace que le feu, mais à pour les nazis une solution provisoire pour
souffler autant de portes et de fenêtres que possible, contrôler les juifs des territoires occupés, avant de
pour permettre à l’air de s’y engouffrer et statuer définitivement sur leur sort. Les juifs
d’alimenter les flammes. Un grand nombre doivent porter un insigne distinctif. Chaque ghetto
d’habitants trouvèrent également la mort dans les est administré par un Conseil juif (Judenrat),
abris, par inhalation de fumée ou empoisonnement nommé par les autorités allemandes, qui leur
au monoxyde de carbone. imposent des mesures de plus en plus
draconiennes : impôts spécifiques, travail forcé,
puis livraison de déportés vers les camps de la mort la décision d’exterminer les juifs. Assurément,
lors de la liquidation progressive des ghettos. Les aucun ordre écrit du Führer n’a été retrouvé et ce
conditions de vie deviennent rapidement dernier n’a probablement jamais existé. On relève
épouvantables : privés de moyens d’existence, un néanmoins que rien n’est possible, à ce niveau, sans
grand nombre de leurs habitants y meurent de faim. l’approbation du Führer, ce que tient à rappeler
d’emblée R. Heydrich, l’adjoint de Himmler, qui
Doc.  2  –  La  discrimination  raciale  à  l’encontre   préside la réunion.
des  Tsiganes   La conférence de Wannsee ne vise qu’à faire
Comme le montre bien ce document, la persécution avaliser par la bureaucratie ministérielle du régime
raciale exercée contre les Tsiganes émane à nazi la décision déjà prise de déporter l’ensemble
l’origine de demandes formulées par des cadres des juifs d’Europe à l’Est de l’Europe, dans des
locaux de l’administration nazie : son auteur, camps où ils seront exterminés d’une manière ou
Tobias Portschy, dirige la province autrichienne du d’une autre. Selon le témoignage d’Eichmann, lors
Burgenland, où vivait une importante communauté de son procès, Heydrich avait organisé cette
tsigane. En Allemagne comme dans les autres pays conférence pour faire approuver par l’ensemble des
européens, les Tsiganes étaient considérés comme secrétaires d’État la tâche qui lui avait été confiée.
des marginaux et des délinquants en puissance. Heydrich informe ainsi les participants que
Sous la République de Weimar, des lois avaient l’évacuation des juifs vers l’Est « remplace
déjà été édictées contre eux, au prétexte de réprimer maintenant l’émigration », comme, par exemple, le
le vagabondage et le travail clandestin. Portschy plan d’émigration forcée vers Madagascar qui avait
suggère ainsi à ses supérieurs d’étendre aux été envisagé en 1940. Il est ainsi prévu de déporter
Tsiganes les lois raciales de Nuremberg de 1935, une population juive estimée à 11 millions de
conférant un statut pseudo-légal à des mesures personnes.
eugénistes. La prétendue criminalité tsigane est en De manière caractéristique, la bureaucratie
effet considérée par les nazis comme une tare criminelle du régime nazi procède par euphémisme.
congénitale, qui se transmet héréditairement par le Heydrich ne dit pas explicitement ce que tous les
sang. Les Tsiganes sont censés représenter une participants à la conférence comprennent
menace pour « la pureté du sang » allemand. parfaitement : les juifs sont évacués pour être
Portschy envisage ainsi de soumettre les Tsiganes à assassinés sur le lieu de leur déportation. Heydrich
des mesures de stérilisation forcée (« les empêcher n’envisage que le sort des juifs qui seront capables
de se reproduire ») et de les astreindre au travail de travailler : le travail forcé en éliminera
forcé dans des camps de concentration. Ces « naturellement » le plus grand nombre ; les nazis
propositions sont reprises par Himmler dans sa liquideront les derniers survivants, d’autant plus
circulaire du 8 décembre 1938 et généralisées sur dangereux qu’il s’agira des éléments les plus
l’ensemble du territoire du Reich. Dès cette époque, résistants et qu’ils pourraient, selon Heydrich,
une partie des Tsiganes sont internés dans des contribuer à une régénération de la race juive. Le
camps de concentration, en Allemagne, puis dans document ne dit rien du sort des juifs qui seront
l’Autriche annexée, où ils sont soumis au travail considérés comme inaptes au travail : on déduit
forcé et à des conditions atroces de détention. Dans aisément qu’ils seront exterminés dans les plus
les camps, les Tsiganes sont identifiés par un brefs délais. Selon P. Burrin, il est possible, compte
triangle noir (celui des « asociaux »), vert (celui des tenu de la crise de la main-d’œuvre, que les
criminels de droit commun) ou par la lettre Z (pour responsables nazis aient réellement eu l’intention,
Zigeuner, Tsigane). en janvier 1942, d’affecter une bonne partie des
juifs déportés à un travail productif. En réalité, très
peu l’ont été et de toute façon, ils n’étaient que des
Doc.   3   –   Le   protocole   de   Wannsee   (20   janvier  
morts en sursis.
1942)  
Il s’agit du fameux protocole sur la déportation des
juifs d’Europe, rédigé par Adolf Eichmann et
»  Cours  3.  L’univers  concentrationnaire  
authentifié par lui, lors de son procès en Israël en >  MANUEL,  P.  108-­‐109  
1961. La conférence de Wannsee ne fait
qu’entériner la décision prise dans les mois Doc.  1.  –  Le  système  concentrationnaire  
précédents, probablement en septembre-octobre, de Les camps de concentration sont pour la plupart
généraliser à l’ensemble des juifs d’Europe le implantés en Allemagne. Dès 1933, les nazis y
processus d’extermination déjà engagé par les internent tous les individus jugés dangereux ou
Einsatzgruppen en Pologne, dans les Pays Baltes et indésirables, détenus politiques, « asociaux », juifs,
en URSS. La conférence, programmée initialement Tsiganes, homosexuels ou droits communs, ces
en décembre, avait été différée après l’attaque de derniers étant parfois utilisés comme surveillants
Pearl Harbor. Intentionnalistes et fonctionnalistes (Kapos). D’autres camps de concentration ont été
ont longuement débattu du rôle joué par Hitler dans installés à l’intérieur du « Grand Reich », comme
les camps de Mauthausen en Autriche ou du
Struthof en Alsace. Inversement, les camps »  Dossier.  Auschwitz    
d’extermination sont tous situés dans la partie >  MANUEL,  P.  110-­‐111  
occupée et non annexée de la Pologne, qui forme le
Gouvernement général de Pologne, à l’exception
Question 1. Le camp d’Auschwitz est le seul camp
d’Auschwitz, situé en Pologne annexée. Les camps d’extermination situé à l’intérieur des frontières du
d’extermination ont été implantés à proximité des « Grand Reich », dans la partie de la Pologne
ghettos dont les nazis ont voulu liquider rapidement
annexée par l’Allemagne. Auschwitz est en effet à
la population (Treblinka et Sobibor à proximité de l’origine un camp de concentration où ont été
Varsovie par exemple), en y déportant également
internés des détenus polonais, puis des prisonniers
les millions de juifs raflés dans l’ensemble des pays
de guerre soviétiques. Fin 1941, il devient l’un des
européens occupés par l’Allemagne.
sites choisis par les nazis pour exterminer la
population juive européenne. Le camp est agrandi
Doc.  2  –  L’insurrection  du  ghetto  de  Varsovie   sur le site de Birkenau, où sont implantés, à partir
L’insurrection du ghetto de Varsovie est le symbole de 1942, les chambres à gaz couplées avec les fours
de la résistance que les juifs ont opposée à crématoires. Auschwitz est toutefois resté un camp
l’Allemagne nazie, en dépit de la difficulté de nouer de concentration, où des centaines de milliers de
des contacts avec les mouvements de résistance à détenus, juifs et non juifs, sont astreints au travail
l’extérieur et de se procurer des armes. Dirigée par forcé. La grande entreprise chimique allemande IG
Mordekhaï Anielewicz, la révolte fut déclenchée le Farben, construite sur le site de Monowitz, utilise la
19 avril 1943, jour de la Pâque juive. À cette date, main d’œuvre gratuite du camp pour fabriquer du
il ne restait plus que 40 000 juifs dans le ghetto, caoutchouc synthétique (Buna). Ce n’est que
300 000 ayant été déjà déportés vers les camps l’usine la plus importante d’un complexe
d’extermination. Les combattants juifs résistèrent concentrationnaire qui englobait une soixantaine de
pendant un mois aux unités blindées SS, camps secondaires.
commandées par le général Stroop, qui ordonna
d’incendier le ghetto. 7 000 résistants furent tués Question 2. Le témoignage de Filip Müler (doc. 3),
dans les combats. Les survivants furent déportés au extrait du film de Claude Lanzmann, est très
camp de Treblinka, où ils furent exterminés. Le précieux, car c’est l’un des rares
monument commémorant l’insurrection du ghetto Sonderkommandos, ces détenus juifs employés par
de Varsovie constitue l’un des hauts lieux de la les nazis dans les crématoires, à avoir survécu. Il
mémoire européenne de la Seconde Guerre fournit des indications très précises sur la
mondiale : en 1969, le chancelier allemand Willy configuration des chambres à gaz et sur le
Brandt est venu s’y recueillir lors de sa visite processus de mise à mort des victimes. En effet, les
historique en Pologne. En Israël, la commémoration nazis ont fait sauter les crématoires de Birkenau
de la Shoah est dénommée officiellement « Journée avant d’évacuer le camp. On distingue les
du souvenir pour la Shoah et l’héroïsme », en cheminées de deux de ces crématoires (II et III) sur
hommage aux combattants du ghetto de Varsovie et la photographie de l’arrivée d’un convoi de juifs
des partisans juifs engagés dans la Résistance. hongrois (doc. 4). Chaque « crématoire »
comprenait plusieurs chambres à gaz, avec leurs
Doc.   3  –   Le   camp   de   concentration   de   vestiaires, et des fours pour incinérer les cadavres.
Flossenbürg   Filip Müller indique comment les bourreaux
Bien que le camp de Flossenbürg n’ait pas été mettaient tout en œuvre pour cacher à leurs
conçu comme un camp d’extermination, ce victimes le sort qui les attendaient : les chambres à
document, extrait d’un rapport présenté devant le gaz étaient maquillées en salles de douche, comme
tribunal international de Nuremberg, montre s’il s’agissait d’une désinfection. Les SS ont eu
qu’outre l’astreinte à des travaux forcés, la mise à recours à un même stratagème pour massacrer les
mort des détenus y a été systématiquement Tsiganes (doc. 2). Les boîtes de Zyklon B étaient
organisée par de multiples exécutions et par des acheminées dans un fourgon portant l’insigne de la
conditions effroyables de détention visant à les Croix-Rouge. Les capsules de gaz à l’état solide
éliminer. Le rapport signale que les prisonniers étaient versées dans un conduit, le gaz toxique se
juifs ont été la cible privilégiée de ces assassinats. répandant, au contact de l’air, dans la chambre
Le camp étant situé au cœur de la Bavière, les hermétiquement close. La mort n’était pas
populations allemandes ne pouvaient pas ignorer instantanée, puisqu’il fallait attendre une quinzaine
les crimes perpétrés par le régime nazi sur son de minutes pour que tous les détenus meurent
propre sol. asphyxiés ; les plus robustes, dans un réflexe de
survie, grimpaient sur le corps des premières
victimes pour continuer à respirer, à mesure que le
gaz s’élevait peu à peu dans la chambre. Puis les
Sonderkommandos pénétraient dans la chambre à
gaz pour en extraire les corps, traités comme une
vulgaire marchandise (les cheveux rasés, les dents 2 897 hommes, femmes et enfants, furent assassinés
en or arrachées). Les cadavres étaient ensuite dans les chambres à gaz. Les 1 400 survivants
transportés à l’étage pour être brûlés dans des fours furent transférés à Buchenwald et à Ravensbrück.
crématoires (doc. 2). Soucieux de faire disparaître Le génocide des Tsiganes a donc été perpétré selon
toute trace de leur crime avant l’arrivée de l’Armée des modalités différentes de celles du génocide des
rouge, le commandant du camp, Rudolf Hoess, juifs (voir les conclusions de l’historien G. Lewy
condamné et exécuté en Pologne après la guerre, a sur ce point, signalées en introduction de ce
ordonné de déterrer les cendres des disparus et de chapitre). En l’absence d’un plan global de
les disperser dans la rivière voisine du camp, la déportation, le sort des populations tsiganes a été
Sola. très variable selon les pays. En France par exemple,
Auschwitz fonctionne ainsi comme une véritable où le gouvernement de Vichy avait interné les
usine de mort, mobilisant les ressources d’une Tsiganes de sa propre autorité dans des camps, ils
grande nation industrielle pour assassiner des n’ont pas été déportés.
millions de personnes dans un minimum de temps.
Ingénieurs, architectes, médecins, techniciens et Question 4. Les détenus sont déportés à Auschwitz
entreprises (la Topf und Söhne d’Erfurt, par par le train, la plupart du temps dans des wagons de
exemple, qui fabriquait des fours crématoires) ont marchandise (mais aussi parfois dans des voitures
travaillé d’arrache-pied pour mettre leurs de voyageurs), au terme d’un parcours très
connaissances et leur savoir-faire au service de l’un éprouvant de plusieurs jours, sans eau et sans
des pires massacres de l’histoire. L’efficacité nourriture, durant lequel les personnes les plus
industrielle au service de la barbarie, la science et la fragiles, enfants et vieillards notamment, décèdent
technique dévoyées pour assassiner des millions de avant d’atteindre leur destination. Au début, les
personnes innocentes : voilà ce qui paraît encore si trains arrivaient à la gare située à l’extérieur du
difficilement concevable, dans nos sociétés qui sont camp. En 1944, pour accélérer le processus de mise
elles aussi des sociétés modernes et industrielles… à mort, une rampe de débarquement a été aménagée
directement à l’intérieur du camp de Birkenau.
Question 3. Comme dans le cas des juifs, les C’est cette rampe, détruite après la guerre que l’on
persécutions raciales à l’encontre des Tsiganes peut apercevoir sur le document 4. Le site
s’accroissent après le déclenchement de la guerre. d’Auschwitz a précisément été choisi parce qu’il
Plusieurs milliers de Tsiganes allemands sont s’agissait d’un nœud ferroviaire important. Les
déportés dès 1940 et parqués dans des ghettos en grandes compagnies ferroviaires ont toutes été
Pologne. Fin 1941-début 1942, des Tsiganes mises à contribution, y compris la SNCF en France,
originaires d’Allemagne et d’Autriche sont gazés puisque c’est vers Auschwitz que la plupart des
dans les camps d’extermination de Chelmno et de juifs de France ont été déportés. La Reichsbahn
Treblinka. Dans un décret du 16 décembre 1942, facturait des allers simples aux autorités nazies.
dont la copie n’a pas été retrouvée, Himmler À leur arrivée, les déportés sont pris en charge par
ordonne la déportation vers le camp d’Auschwitz des détenus, dont on peut apercevoir l’uniforme
des « métis » Tsiganes (Zigeunermischlinge), rayé sur la photographie. Ces détenus sont chargés
suspectés de contaminer le sang allemand. Cette de récupérer les bagages que les arrivants doivent
directive épargne toutefois les Tsiganes de « race abandonner sur le quai. Les effets personnels sont
pure » et ne prévoit pas l’extermination des ensuite acheminés pour être triés dans un entrepôt
individus déportés. Comme l’indique le document appelé le « Canada ». Les déportés sont ensuite
2, les Tsiganes sont détenus, à partir de février divisés en deux colonnes, hommes et femmes de
1943, dans un camp séparé, à proximité des chaque côté. Les médecins SS procèdent alors à la
crématoires de Birkenau. On l’appelait le « camp sinistre sélection : les déportés inaptes au travail,
des familles tsiganes » car, contrairement aux juifs, soit la grande majorité (mais le quota dépendait des
les familles n’avaient pas été séparées. Les disponibilités « d’accueil » du moment), sont
Tsiganes ne furent pas exécutés immédiatement : immédiatement conduits à la chambre à gaz. Ces
durant 17 mois, ils moururent principalement de derniers ne sont pas, comme les autres détenus,
mauvais traitements, de faim, de maladie et tatoués et enregistrés, de sorte qu’il est très difficile
d’épuisement consécutif au travail forcé. Les encore aujourd’hui d’évaluer précisément le
enfants ont été soumis aux expériences médicales nombre des personnes assassinées à Auschwitz.
du sinistre docteur Mengele et d’autres physiciens
SS. C’est en août 1944 que les nazis décident de Question 5. Le récit de Simone Veil évoque la
liquider le camp des familles tsiganes et d’en gazer déshumanisation dont font l’objet les déportés dès
les derniers survivants. Il semble que cette décision leur arrivée. Lors de la désinfection, les femmes
ait été prise pour libérer des baraques en vue de doivent se dénuder, sous le regard de leurs proches
l’arrivée massive des juifs hongrois. Sur les 23 000 et de leurs gardiennes, dont elle dénonce le
Tsiganes déportés à Auschwitz, principalement voyeurisme. Dans cette usine de mort où tout était
d’Allemagne et des territoires annexés par le Reich, censé être rationalisé, elle souligne l’absurdité
consistant à affubler les détenus de vêtements Dans l’armée clandestine polonaise, elles servent
infestés de poux, après leur avoir infligé de longues notamment d’agents de liaison. Bien qu’elles ne
séances de désinfection. Les poux sont les vecteurs soient pas engagées dans des opérations militaires à
des épidémies de typhus, qui firent de nombreuses proprement parler, Jan Karski rappelle les risques
victimes dans les camps de concentration. Les considérables qu’elles encourent. Leur espérance de
détenus sont ainsi privés dès leur entrée dans le vie est ainsi inférieure à celle de leurs camarades
camp de tout ce qui leur conférait leur identité. masculins. Nombre d’entre elles y ont laissé leur
Contrairement à la procédure habituelle, Simone vie après avoir été affreusement torturées par la
Veil n’a pas eu la tête rasée, mais, comme elle Gestapo. Parce que femmes, les résistantes sont
l’indique par ailleurs, un numéro d’immatriculation toutefois écartées des fonctions de commandement,
fut tatoué sur son avant-bras. qui sont réservées aux hommes. En Pologne,
comme en France, la glorification des actions
Question 6. Auschwitz condense, en quelque sorte, militaires de la Résistance, auxquelles les femmes
toutes les atrocités commises par les nazis durant la ne participaient pas d’ordinaire, sauf dans les
Seconde Guerre mondiale : la déshumanisation groupes de partisans soviétiques, amena à sous-
systématique des détenus, l’assassinat par des estimer leur sacrifice héroïque.
méthodes industrielles de centaines de milliers
d’êtres humains, l’asservissement de centaines de Question 3. Comme dans toute guerre, les femmes
milliers d’autres au travail forcé. Plus d’un million furent victimes de nombreux viols perpétrés par des
de personnes y ont été assassinées, appartenant à soldats durant la Seconde Guerre mondiale. Ces
toutes les catégories de réprouvés que les nazis viols ont pris toutefois un caractère systématique
avaient jugé indignes de vivre : juifs avant tout, après l’entrée de l’Armée rouge à Berlin en 1945.
mais aussi Tsiganes, prisonniers de guerre Les femmes allemandes payèrent le prix des
soviétiques, patriotes polonais et résistants exactions commises par l’armée allemande en
politiques. C’est aussi pourquoi Auschwitz a pu URSS et les autorités soviétiques ne firent rien pour
être, dans le passé, l’objet de concurrences les empêcher. Les viols participent d’une stratégie
mémorielles entre les différents groupes de d’humiliation délibérée : comme le relève l’auteure
victimes. Contrairement aux autres camps anonyme de ce récit autobiographique, les hommes
d’extermination, où il ne reste plus rien, certains « doivent se sentir encore plus sales que nous, les
vestiges font d’Auschwitz l’un des principaux lieux femmes souillées ». L’un d’entre eux encourage
de mémoire de la Seconde guerre mondiale. Depuis même l’une de ces femmes à se laisser faire, par
2005, l’ONU célèbre chaque année une « Journée crainte des représailles des soldats russes. S’en
internationale dédiée à la mémoire des victimes de prendre aux femmes allemandes est une manière de
l’Holocauste » le 27 janvier, jour anniversaire de la « déviriliser » les hommes. Ce drame est demeuré
libération du camp d’Auschwitz par les troupes tabou dans la mémoire collective de l’Allemagne
soviétiques. jusqu’à une époque récente. On peut également
rappeler que les Allemands pratiquèrent l’esclavage
»   Dossier.   Les   femmes   dans   la   Seconde   sexuel des détenues dans les camps de
concentration et que l’armée japonaise multiplia les
Guerre  mondiale  
bordels peuplés de prostituées coréennes, appelées
>  MANUEL,  P.  112-­‐113   par euphémisme « femmes de réconfort ».

Question 4. Dans tous les pays belligérants, la


Réponses  aux  questions   propagande a largement diffusé le portrait de jeunes
filles souriantes comme autant d’emblèmes de la
Question 1. L’engagement des États-Unis dans la mobilisation patriotique. C’est à cette fin que les
guerre totale implique le recours massif au travail services cinématographiques de l’armée
féminin dans l’industrie de guerre. La part des américaine, commandés par l’acteur Ronald
femmes dans la population active américaine passe Reagan, chargèrent le photographe David Conover
ainsi de 27 % à 37 % de 1940 à 1945. En 1945, de réaliser une série de clichés d’ouvrières de
Norman Jean, alias Marilyn Monroe, fabrique des l’industrie aéronautique. Il ignorait alors que son
hélices à la Radioplane Corporation, une entreprise modèle de l’époque allait devenir le plus grand sex-
de petits avions radiocommandés utilisés par la symbol de l’histoire du cinéma hollywoodien. Dans
défense anti-aérienne. En 1943, plus de 300 000 le même esprit, une grande campagne de
femmes sont employées dans l’industrie propagande popularisa le personnage de « Rosie the
aéronautique américaine, soit 65 % de la main- Riveter » (Rosie la riveteuse), pour magnifier
d’œuvre, contre seulement 1 % avant la guerre. l’engagement des femmes américaines dans
l’industrie d’armement. L’URSS fut le seul pays
Question 2. Les femmes se voient essentiellement belligérant à intégrer des femmes dans des unités
confier des tâches de logistique dans la Résistance. combattantes, avec trois régiments d’aviation
entièrement composés d’effectifs féminins. À ce d’Ukraine subcarpathique (appartenant à l’époque à
titre, Mariya Dolina reçut la distinction de « Héros la Hongrie), qui arrivent à Auschwitz à partir de la
de l’Union soviétique ». Dans un régime fin mai 1944. Cet album de 193 photographies sur
proclamant, du moins officiellement, l’égalité 56 pages a été conçu pour le commandant du camp
complète entre les sexes, l’engagement des femmes par le SS-Hauptscharführer Bernard Walter, chef du
dans l’Armée rouge est un moyen de glorifier la laboratoire photographique du camp et son assistant
mobilisation de la société soviétique tout entière SS-Unterscharführer Ernst Hofmann. Il a été mis en
dans la « Grande Guerre patriotique ». Bien page par un prisonnier, Myskowski, qui travaillait
qu’elles aient incarné dans l’entre-deux-guerres au laboratoire et a aussi décoré l’album et écrit les
l’une des grandes figures de la femme émancipée, légendes. L’album a été découvert au moment de la
les aviatrices ne furent pas autorisées ailleurs à libération du camp par une survivante, Lili Jacob,
participer aux combats. La grande championne qui apparaît sur une des photographies. Serge
allemande de vol en planeur Hanna Reitsch fut Klarsfeld la convainc de l’offrir à Yad Vashem en
seulement utilisée comme pilote d’essai dans la 1980. Ces deux photographies peuvent mener à
Luftwaffe. L’armée américaine recruta plus de l’explication de nombreuses étapes du processus
1 000 femmes pilotes dans le Women’s Airforce génocidaire.
Service Pilots, mais pour convoyer des appareils ou
effectuer des missions de transport aérien. Question a. Les prisonniers ont pour mission
d’aider au processus génocidaire. Le deuxième vers
Question 5. En dépit de leur image traditionnelle la droite a été identifié comme étant Eddy
de protectrices du foyer, les femmes ont pris une Wynschenk, juif hollandais. Il est arrivé en
part active et sans précédent dans la Seconde novembre 1943 d’Amsterdam à l’âge de 16 ans. Il a
Guerre mondiale : non plus seulement dans survécu au camp et à la marche de la mort et est
l’industrie d’armement et les services auxiliaires décédé en 2003 à San Francisco.
des armées (santé et administration), mais aussi Question b. Ces femmes et ces enfants sont dirigés
dans les combats, et en particulier dans la vers la chambre à gaz.
Résistance. Elles ont dû toutefois attendre de Question c. Il s’agit de wagons à bestiaux.
longues années pour voir leur rôle reconnu à égalité Question d. On distingue la fumée des chambres à
avec les hommes, comme l’illustre en France la gaz.
récente panthéonisation des résistantes Geneviève Question e. Les hommes jeunes sont regroupés sur
de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion. Victimes la droite.
de viols de masse et d’un esclavage sexuel à grande Question f. De dos, on identifie un SS en charge du
échelle, elles ont également payé un lourd tribut, en tri.
tant que femmes, au déchaînement inédit de la Question g. Il s’agit des bagages confisqués aux
violence de guerre. déportés.
Question h. Les hommes sélectionnés pour le
»  Bac  blanc     travail sont menés vers une autre section du camp.
>  MANUEL,  P.  117  
Sujet  :  La  capitulation  japonaise  
Ilya Ehrenbourg (1891-1967), né à Kiev dans une
famille juive lituanienne, est un des auteurs les plus Cette déclaration est connue sous le nom de
prolifiques de l’URSS. Il a publié plus d’une Gyokuon-hōsō, littéralement « voix radiodiffusée
centaine d’ouvrages. Il est correspondant de guerre du Joyau ». L’empereur du Japon y annonce à son
pendant les deux guerres mondiales et la guerre peuple que son pays accepte les termes de la
civile espagnole. Dès 1942, il multiplie les articles déclaration de Potsdam du 26 juillet, mettant ainsi
controversés. Le plus connue, « Tue », est publié le fin à la guerre du Pacifique et donc à la Seconde
24 juillet 1942. Il y appelle à tuer le plus Guerre mondiale. Cette décision fait suite aux
d’Allemands possibles, et y affirme que « les bombardement de Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9
Allemands ne sont pas des êtres humains. » août, mais aussi à l’invasion de la Mandchourie par
l’URSS le même jour. Pour des millions de
Japonais, c’est la première fois qu’ils entendent la
»  Bac  
voix de leur souverain, bien que beaucoup ne
>  MANUEL,  P.  118-­‐119   puissent comprendre le japonais archaïque qu’il
  parle. Il est nécessaire qu’un commentateur clarifie
Sujet  :  Le  génocide  des  juifs   le discours juste après pour que la majorité
comprenne. Le 2 septembre, le Japon signe les
actes de capitulation.
« L’album d’Auschwitz », dont font partie ces deux
documents comprend des photographies sur
l’arrivée, la sélection et le traitement des juifs
CHAPITRE  
La  Résistance  en  France  
5   (1940-­‐1945)    
 
 
»  Présentation  de  la  question   de la Résistance et sur la difficulté qui en découle à
les faire œuvrer de concert dans la mesure où, si
elles ont un même ennemi, elles sont loin d’être
Le programme inscrit l’étude de la Résistance
toutes d’accord sur ce qu’il convient de substituer
française dans le cadre d’une investigation plus
au régime de Vichy. D’où les difficultés à instaurer
générale sur le long processus d’implantation du
rapidement une IVe République au sortir de la
régime républicain en France. Il importe donc en
guerre, et les difficultés que rencontre cette dernière
premier lieu d’insister, plus que sur la dimension
une fois mise en place.
stratégique et militaire dans lequel elle s’inscrit, sur
son contexte politique. Il convient notamment de
bien mettre en évidence la manière dont la défaite  »  Bibliographie  
de juin 1940 ouvre la voie à la plus grave remise en De nombreuses synthèses et outils de travail ont
cause qu’ait eu à affronter la République au XXe paru ces dernières années, qui offrent d’abondantes
siècle, en portant au pouvoir une réaction ressources pour se familiariser avec la question.
antirépublicaine revigorée par la crise des années CAÏTUCOLI G., BROCHE F. et MURACCIOLE
1930 qui trouve en la personne du maréchal Pétain J.-F (dir.), Dictionnaire de la France Libre, Robert
un héraut de circonstance. Laffont, 2010.
En montrant comment le régime de Vichy remet en DOUZOU L., La Résistance française : une
cause les valeurs fondamentales de la culture histoire périlleuse, éditions du Seuil, 2005.
républicaine précédemment étudiées par les élèves, DOUZOU L. (dir.), Faire l’histoire de la
on est à même de leur faire comprendre comment la Résistance, PU de Rennes, 2010.
Résistance, qui lutte d’abord contre l’occupation du LABORIE P., Le Chagrin et le Venin. La France
pays, est bientôt amenée à reprendre également à sous l’occupation, mémoire et idées reçues, Bayard,
son compte la défense d’un idéal républicain 2011.
vilipendé par ses adversaires. On mesure ce faisant MARCOT F. (dir.), Dictionnaire historique de la
la profonde division de la société française durant Résistance. Résistance intérieure et France libre,
ces « années sombres », ce qui permet de préparer Robert Laffont, 2006.
utilement le terrain à l’étude des mémoires de la WIEVIORKA O., Une certaine idée de la
Seconde Guerre mondiale dans la France Résistance. Défense de la France, 1940-1949,
contemporaine au programme des classes de éditions du Seuil, 2010.
Terminale. WIEVIORKA O., Histoire de la Résistance (1940-
Pour bien mettre en lumière la dimension 1945), Perrin, 2003.
républicaine de l’action résistante, il est nécessaire
d’insister sur la manière dont sont rapidement mises »  Plan  du  chapitre  
sur pied par les Résistants des institutions (CFLN,
Le chapitre s’ouvre sur une leçon et une étude
GPRF, CNR) appelées à concurrencer celles de
documentaire destinées à permettre de faire
l’État français pétainiste pour mieux le délégitimer.
appréhender aux élèves les conséquences politiques
Celles-ci permettent d’entretenir l’héritage
de la défaite militaire française de l’été 1940. En
républicain officiellement renié, et par là même de
rappelant ce que furent l’occupation et la
faciliter sa renaissance une fois le pays libéré.
collaboration, elles mettrent en lumière la façon
Mais elles participent aussi et surtout de son
dont l’héritage républicain français est renié par
évolution, en ce que la République qui renaît à
l’instauration d’un « État français », réceptacle de
partir de 1944 n’est pas celle qui avait disparu en
l’idéologie antirépublicaine des années 1930. Cet
1940. Profondément repensé au terme de débats
indispensable préalable posé, on entre ensuite dans
parfois houleux qui ont agité la Résistance tout au
l’étude de la Résistance à proprement parler. Celle-
long du conflit et compliqué son unification, le
ci est menée au travers d’une leçon complétée par
modèle républicain a connu une véritable
six pages d’études documentaires qui permettent au
refondation au cours de cet épisode bref mais
professeur de construire un itinéraire pédagogique
intense que fut la Résistance. Pour bien le faire
destiné à montrer la diversité de la Résistance, que
comprendre aux élèves, il convient donc d’insister
ce soit dans son idéologie ou dans ses modes
particulièrement sur la diversité des composantes

1
d’action, tout en insistant sur le fil conducteur de la Danielle Casanova. En menant une étude incarnée
défense de l’idéal républicain. Une place centrale de la Résistance à travers le parcours de certains de
est accordée au sein de cet ensemble documentaire ses acteurs, on comprend en effet d’autant mieux sa
au Conseil national de la Résistance et à l’action de diversité et les difficultés auxquelles elle a pu être
Jean Moulin, précisément parce qu’il se donne pour confrontée. Enfin, une double page est consacrée
objectif d’unifier et de faire coopérer ces différentes au noncours national de la Résistance et de la
Résistances, ouvrant la voie à leur victoire et au Déportation afin d’encourager les élèves désireux
rétablissement du régime républicain. Outre Jean d’approfondir l’étude de cette question à y
Moulin, l’accent est également mis sur le parcours participer et de les aider à en comprendre le
de deux acteurs de la Résistance : Felix Éboué et fonctionnement.

2
Commentaire des documents et réponses aux questions

»  Ouverture  de  chapitre   lequel la figure du maréchal a pris la place de la


>  MANUEL,  P.  120-­‐121   traditionnelle Marianne républicaine.
L’illustration de la carte dénonce « l’esprit de
jouissance » dont se seraient rendus coupables les
Les deux documents proposés sont des images de Français durant l’entre-deux-guerres, selon les
propagande produites par la Résistance afin pétainistes. Préférant faire la fête et se prélasser
d’illustrer ses actions dont ils permettent au passage plutôt que de travailler et de se préparer à la guerre,
de mesurer la diversité. ils auraient récolté, avec la débâcle de 1940, le fruit
de leur coupable frivolité. C’est une attaque à peine
Doc.  1  –  Un  combat  idéologique   voilée contre la politique du Front populaire, et
Cette affiche, éditée par la France libre en 1942, notamment la création des congés payés.
montre que le combat de la Résistance est d’abord L’illustration représente cependant plutôt un
idéologique. En produisant sa propre propagande, il bourgeois qu’un prolétaire, et la critique vise donc
s’agit de contrer celle mise en œuvre par le régime aussi les élites républicaines accusées d’être
de Vichy. Il importe ici de souligner la manière coupées des réalités et corrompues, selon la vieille
dont cette affiche reprend certains symboles que antienne antiparlementariste.
s’est approprié le régime de Vichy comme le La femme au premier plan qui tient un nouveau-né
drapeau tricolore, mais en défend également dans les bras indique clairement la visée de cette
certains qu’ils vilipende, comme l’héritage de 1789. affiche qui est d’inciter les Français à abandonner
Enfin, la présence d’une croix de Lorraine et d’une « l’esprit de jouissance » au profit de « l’esprit de
citation du général de Gaulle montre comment la sacrifice » au service du pays. En l’occurrence, le
France Libre tend à opposer son leader à celui de sacrifice demandé consiste à faire des enfants, la
l’État français (le général plutôt que le maréchal) natalité étant conçue comme le prélude au
mais également à le placer au-dessus des autres redressement national promu par le maréchal
leaders des groupes résistants, notamment à Pétain.
l’intérieur.
Doc.  2  –  Le  choix  de  la  collaboration    
Doc.  2  –  Une  action  militaire     Dans cette célèbre allocution d’octobre 1940, le
Produit au lendemain de la Libération du pays, ce maréchal Pétain, qui a rencontré une semaine plus
document de propagande à destination des enfants tôt Hitler à Montoire-sur-le-Loir, justifie auprès des
insiste sur l’aspect militaire de la Résistance. Il Français la voie de la collaboration dans laquelle il
illustre l’action des maquisards, ces résistants de a choisi d’engager le pays.
l’intérieur qui, souvent pour échapper au STO, se Le maréchal Pétain justifie son choix de collaborer
regroupent à l’écart des villes et mènent des actions avec l’Allemagne nazie par le souci de « maintenir
de harcèlement des forces d’occupation et de leurs l’unité française » et de préserver la
collaborateurs. On les voit ici, camouflés par la « souveraineté » du pays qui demeurera ainsi dirigé
végétation, prendre à partie un convoi militaire par des Français, fussent-ils soumis de fait aux
ennemi. La disproportion entre leur équipement autorités nazies dont ils relaient, quand ils ne les
léger et la lourde colonne de véhicules à laquelle ils devancent pas, les attentes. Surtout, le maréchal
s’attaquent renforce l’image d’héroïsme qui leur est Pétain laisse entrevoir la possibilité pour la France
donnée, de même que le fait de représenter la scène de voir les conditions imposées par son vainqueur
de leur point de vue, qui permet de s’identifier à allégées grâce à la collaboration. Perdu pour perdu,
eux. et contrairement à ce que demande le général de
Gaulle aux Français, mieux vaudrait donc se plier
»  Cours  1.  La  France  à  l’heure  allemande     docilement aux desideratas du vainqueur afin que
>  MANUEL,  P.  124-­‐125   celui-ci se montre bienveillant à leur égard. Ainsi,
la France peut espérer occuper une place de choix
Doc.  1  –  Régénérer  la  France  ?   au sein du « nouvel ordre européen » que les nazis
Cette carte postale fait partie d’une série éditée à sont en train d’instaurer.
l’initiative de l’État français afin de diffuser Le maréchal Pétain insiste sur la nécessité d’une
l’idéologie de « Révolution nationale » qu’il collaboration « sincère », c’est-à-dire dénuée
promeut. La propagande personnelle en faveur du d’arrière-pensée, avec l’Allemagne. Il ne suffit
maréchal Pétain n’est également jamais loin, donc pas que les Français acceptent de collaborer
comme en témoigne la présence des étoiles sur la avec les Allemands. Il faut encore qu’ils renoncent
carte, de la citation de Pétain, et le timbre poste sur à l’idée même d’un jour les chasser du pays : la
collaboration doit être « exclusive de toute pensée

3
d’agression ». Il importe donc « d’éteindre les Waffen SS » dans le but de combattre un « ennemi
divergences de l’opinion » et de « réduire les commun ». En clair, il s’agit de toucher la frange la
dissidences de ses colonies », en clair de renoncer à plus réactionnaire de la société française,
suivre ceux qui appellent à la Résistance, et de notamment celle séduite par le modèle fasciste dès
réprimer ces derniers, à commencer par le général l’entre-deux-guerres, pour l’inciter à combattre
de Gaulle, qui s’appuie notamment sur l’empire avec les Allemands contre l’URSS afin de venir à
colonial dans sa volonté d’ériger une France Libre bout de ce qu’ils considèrent comme un péril
opposée à l’État français pétainiste. communiste.
 
Doc.  3  –  L’armistice     »  Dossier  –  Vichy,  un  régime  
Cet extrait de la convention d’armistice qui met un
terme aux combats entre une armée française antirépublicain  
débordée par la puissance offensive de son >  MANUEL,  P.  126-­‐127  
adversaire et une Allemagne alors triomphante
impose des conditions particulièrement drastiques Question 1. Si l’instauration de l’État français
au vaincu. Cela s’explique aisément si on se replace résulte d’un vote des députés légitimement élus, le
dans le contexte global : si la guerre franco- régime ainsi établi n’est plus démocratique. En
allemande est terminée, la guerre mondiale ne fait effet, les Assemblées sont « ajournées jusqu’à
que commencer. Ce qui importe pour l’Allemagne, nouvel ordre » et les ministres ne sont responsables
ce n’est donc pas seulement de neutraliser un de ses que devant le chef de l’État, qui cumule donc les
adversaires, mais aussi et surtout de mettre son pouvoirs exécutifs et législatifs.
potentiel économique au service de l’effort de
guerre à venir. Question 2. La loi sur le statut des juifs, adoptée à
Les conditions de l’armistice sont particulièrement l’initiative du régime de Vichy, vise à écarter les
avantageuses pour l’Allemagne dans la mesure où juifs de la fonction publique et de certaines
elles ne se contentent pas de mettre un terme aux professions jugées influentes (la vulgate antisémite
combats, mais imposent au vaincu de se mettre au veut que les juifs cherchent à les accaparer pour
service du vainqueur qui demeure engagé dans une mieux orienter l’opinion en leur faveur). Près de
guerre acharnée contre d’autres ennemis. 3 400 fonctionnaires métropolitains sont exclus de
Concrètement, la France doit elle-même payer le la fonction publique au nom de ce statut qui bafoue
prix de son occupation, et cette clause, qui permet à le principe de l’égalité de tous les citoyens devant
l’Allemagne de concentrer ses moyens dans l’effort la loi et revient sur le décret de 1791, qui faisait des
de guerre contre le Royaume-Uni, n’est pas sans juifs des citoyens à part entière. Un second statut,
apparaître comme une forme de revanche sur le adopté en 1941, instaure un numerus clausus pour
« diktat » de Versailles qui avait imposé à l’accès des juifs aux professions libérales, tandis
l’Allemagne le paiement de lourdes indemnités à la que le port de l’étoile jaune est imposé par une
France. ordonnance allemande de mai 1942.

Doc.  4  –  Le  collaborationnisme     Question 3. Le régime de Vichy prend


Cette affiche, produite par le graphiste allemand explicitement ses distances avec l’héritage
Ottomar Anton (1895-1976), illustre la propagande républicain, puisqu’il prétend opérer une
nazie à destination des populations de la France « révolution » afin de « renverser » la
occupée. Elle témoigne surtout du fait que la IIIe République, qualifiée de « gouvernement
collaboration ne relève pas seulement des corrompu ». À la place, il entend imposer un
circonstances ou de la contrainte, mais qu’elle peut « Ordre véritable » qui revient sur l’héritage –
témoigner de l’adhésion de certains Français à présenté comme désastreux – de la Révolution
l’idéologie nazie. Une adhésion qui peut aller française, dont se réclament les républicains. Dans
jusqu’à l’engagement volontaire aux côtés des nazis la vision vichyste de l’histoire, la Révolution
dans leur combat contre l’URSS : française, loin d’avoir instauré l’égalité ou la
l’anticommunisme prend ici le pas sur le liberté, comme le prétendent ses continuateurs
patriotisme et l’on se sent plus proche d’un nazi républicains, se réduit à un « chambardement
allemand que d’un communiste français. On parle universel », un « régime sanglant » aux mains de
de collaborationnisme pour désigner cette forme « sectes fanatiques ». On voit donc clairement que,
radicale de collaboration qui dépasse le simple dans son projet comme dans ses références
intérêt mais repose sur une véritable adhésion historiques, l’État français cherche à se démarquer
idéologique. du modèle républicain.
Cette affiche, réalisée par un graphiste allemand,
est destinée aux Français, comme en témoigne la Question 4. Cette série de timbres illustre à la fois
langue utilisée pour son texte. Elle les incite à le culte de la personnalité organisé autour de la
s’engager au sein d’une « division française de la personne du maréchal Pétain, et la devise

4
(« Travail, Famille, Patrie ») qu’il a substituée à »  Cours  2.  La  Résistance  
celle de la République (« Liberté, Égalité, >  MANUEL,  P.  128-­‐129  
Fraternité »). Dans la logique de la « Révolution
nationale » prônée par l’État français, le
redressement de la France passe par trois vecteurs, Doc.  1  –  Les  maquisards    
ici illustrés chacun par un timbre. D’abord le Cette affiche est éditée par Jean de Vaugelas,
travail, dont il n’est pas anodin de souligner qu’il directeur des opérations de maintien de l’ordre dans
est ici représenté dans sa forme rurale : on sait le la région de Limoges en avril 1944. Il y appelle les
tropisme pour la « terre » et la campagne du régime résistants, qualifiés de « terroristes » et de « bandes
de Vichy, qui considère les villes et leurs usines de rebelles » à se rendre au plus tôt aux autorités
comme de dangereux lieux de débauche et de « dans l’intérêt de la France » et dans leur « intérêt
propagation du communisme. La famille est propre ». L’affiche a été recouverte d’une
présentée sous sa forme la plus traditionnaliste : la inscription en rouge par des maquisards
femme au foyer s’occupe de sa nombreuse communistes.
progéniture, tandis que l’homme travaille pour Ce document témoigne du renversement du rapport
nourrir les siens. Enfin, la patrie est représentée au de force qui est en train de s’opérer en France en
travers d’un salut au drapeau tricolore. C’est là avril 1944. L’Allemagne nazie et ses collaborateurs
encore une manière de stigmatiser le communisme français, étant dans une situation de plus en plus
et son appel à l’internationalisme, incarné par le difficile, accroissent leur répression contre les
drapeau rouge. résistants, mais tentent aussi de les dissuader de
combattre en leur promettant « l’indulgence » s’ils
Question 5. Le régime de Vichy recourt acceptent de déposer les armes. Mais ceux-ci sont
massivement à la propagande. Affiches, cartes de plus en plus nombreux et ils sont galvanisés par
postales et timbres postes servent de support aux la perspective de la victoire. L’entrée en masse des
portraits du maréchal Pétain, souvent plus jeune communistes dans la résistance suite à l’attaque de
qu’il ne l’était en réalité en 1940 (84 ans). L’image l’URSS par Hitler en 1941 a considérablement
placide, sereine et calme de Pétain devait rassurer la renforcé leurs rangs. C’est précisément dans cette
population française. La photographie ici présentée région limousine que se trouve le village
montre un facteur vendant des portraits du maréchal d’Oradour-sur-Glane qui, en juin 1944, fera les
Pétain, que les Français sont invités à placarder frais du déchaînement de violence d’une division
chez eux pour montrer leur soutien à la Révolution SS rendue d’autant plus meurtrière qu’elle est en
nationale et à son leader. Pour la seule ville de déroute.
Paris, les facteurs vendent 1 300 000 portraits du
maréchal au cours du mois de mai 1940. On peut Doc.  2  –  La  Corse  en  résistance    
donc parler d’un véritable « maréchalisme », c’est- Ce tract, qui illustre le développement des réseaux
à-dire d’une adhésion des Français à la personne du de résistance en Corse, permet d’illustrer la
maréchal Pétain, auréolé du souvenir de Verdun, diversité des motivations qui conduisent à entrer en
qui a facilité l’acceptation de la collaboration. Résistance. Une diversité qui a des ressorts
Pétain fait ainsi figure de sauveur, ce qui complique idéologiques mais aussi géographiques.
le travail de persuasion de la Résistance qui Ce tract appelle à se rebeller contre les autorités
développera en miroir la propagande autour de la représentant l’État français en Corse, qui sont
personne du général de Gaulle pour imposer une accusées de vouloir, par soumission à l’égard de
contre-figure protectrice à l’opinion publique l’Allemagne nazie, laisser la Corse tomber aux
française déboussolée par la défaite de 1940. mains de l’Italie fasciste de Mussolini.
Cet appel à la résistance repose sur plusieurs
Question 6. Le régime de Vichy est antirépublicain fondements idéologiques. D’abord, on relève un
à plusieurs titres. D’abord parce que ses institutions fort attachement régionaliste à l’identité corse, dont
permettent à un seul homme de concentrer entre ses témoigne la citation finale. Mais celui-ci est
mains tous les pouvoirs. Ensuite parce qu’il renie la conjugué à un appel aux valeurs républicaines
culture républicaine au profit d’un « ordre héritées de 1789 : « nous sommes devenus citoyens
nouveau » autoritaire et traditionnaliste. Enfin parce libres en devenant français ». Enfin, on y trouve un
qu’il organise une discrimination entre les Français, fort antifascisme lié à une adhésion au mouvement
ce qui est contraire au principe républicain communiste des auteurs du tract.
fondamental de l’égalité des citoyens.
Doc.  3  –  La  Libération    
Cette photographie, typique des scènes d’allégresse
consécutives à la Libération du pays, permet
d’évoquer les acteurs de la Résistance et les
moyens souvent rudimentaires dont ils disposent.
On y voit notamment la jeunesse de la plupart des

5
maquisards, et la présence de femmes, même s’il meilleure manière d’y réagir. C’est précisément
est à noter qu’aucune ne porte d’armes. Tandis pour une large part en raison des analyses
qu’un drapeau français flotte à l’avant du camion, divergentes qu’ils lui donnèrent que les Français y
on repère un symbole communiste sur la poitrine réagirent de manière différenciée. La controverse
d’une des résistantes. Le camion sur lequel parade qui oppose le maréchal Pétain au général de Gaulle
le groupe est quant à lui frappé du sigle des FTP est sur ce point d’autant plus symptomatique que
(francs-tireurs et partisans). les deux hommes furent longtemps proches, le
premier ayant pris le second sous son aile. Si tous
»  Étude.  Juin  1940  :  capituler  ou   deux s’accordent pour reconnaître l’ampleur de la
défaite française, ils ne lui attribuent pas les mêmes
résister  ?   causes. De Gaulle, qui n’a cessé de plaider durant
>  MANUEL,  P.  130   l’entre-deux-guerres pour la mécanisation et la
professionnalisation de l’armée française, y voit la
Question 1. Selon le général de Gaulle, la défaite tragique réalisation de ses prophéties et se pose en
française de juin 1940 est d’abord le résultat de Cassandre. Pétain, qui était aux responsabilités, ne
l’impéritie des chefs militaires. C’est une défaite peut évidemment endosser une telle analyse — qui
tactique : l’armée française a été incapable de reviendrait pour partie à se rendre lui-même
s’adapter à la stratégie de guerre-éclair mise en responsable de la défaite. Il préfère donc chercher
œuvre par l’armée allemande. Elle a été submergée des causes politiques et non pas stratégiques au
par la puissance de feu, notamment des chars et des désastre. Selon lui, la défaite militaire est le fruit
avions, de l’ennemi. d’un effondrement social de la France qui aurait été
trahie par ses élites politiques.
Question 2. Pétain donne de la défaite française Par ailleurs, les deux hommes n’ont pas la même
une toute autre explication que de Gaulle. Selon lui, lecture du conflit. De Gaulle le place d’emblée dans
elle est le résultat logique d’une forme de un cadre global, qui l’incite à ne pas désespérer de
décadence qu’aurait connu le pays depuis sa voir la situation se renverser, tandis que Pétain
victoire de 1918. Le pays aurait préféré jouir de la considère la défaite française comme irréversible.
paix dans l’insouciance de la guerre qui se C’est précisément pourquoi il fait le choix de la
préparait, notamment en ne travaillant pas assez collaboration avec le vainqueur nazi, tandis que de
(critique du Front populaire) et en ne faisant pas Gaulle pense qu’il faut poursuivre le combat afin de
assez d’enfants, si bien que l’armée allemande s’est placer la France aux côtés des vainqueurs
trouvée numériquement plus nombreuse et (britanniques et américains) de demain.
matériellement mieux équipée que l’armée
française : « trop peu d’enfants, trop peu d’armes,
trop peu d’alliés, voilà les causes de notre défaite ».
»  Étude  –  Résister  au  nom  de  la  
République  
Question 3. De Gaulle et Pétain s’accordent sur >  MANUEL,  P.  131  
l’ampleur de la défaite subie par l’armée française,
qui est incontestable. Mais alors que le premier n’y Question 1. Cette affiche a été réalisée en juillet
voit qu’une bataille perdue, le second considère que 1944, peu après le débarquement de Normandie,
c’est la guerre qui est terminée. Leur grille alors que la France était en train d’être libérée de
d’analyse diverge donc d’abord par son échelle : l’occupation nazie et que le Gouvernement
Pétain pense dans une logique franco-allemande, provisoire de la République française s’activait
tandis que de Gaulle pense dans une logique pour prendre la place du régime de Vichy à la tête
globale en termes de guerre mondiale. Pour le du pays.
premier, la défaite de la France marque la fin de la
guerre, alors que pour le second, pour douloureuse Question 2. Cette affiche s’adresse aux habitants
qu’elle soit, elle n’est qu’un épisode au sein d’un de la région du Vercors, qui fut l’un des fiefs de la
conflit d’une envergure plus vaste. En conséquence, résistance intérieure. Elle a été réalisée par le
Pétain considère que la moins mauvaise solution est Comité de libération nationale du Vercors qui est
de collaborer avec le vainqueur, tandis que de une structure émanant des maquis de résistants de
Gaulle considère qu’il faut poursuivre le combat la région. Celui-ci n’agit cependant pas en son nom
par d’autres moyens en attendant un retournement propre mais en tant que représentant local du GPRF
de situation favorable aux intérêts français dans le puisqu’il est fait mention du fait qu’il a été
conflit mondial. « investi » par « le commissaire de la République ».
Éléments attendus des élèves : Il convient de
commencer par rappeler le choc qu’a constitué pour Question 3. Le principal changement annoncé dans
les Français la débâcle de l’été 1940. Abasourdis l’affiche est l’abolition de toutes les lois et mesures
par cette « étrange défaite », ils ont cherché à en instaurées par le régime de Vichy et le
fournir des explications afin de déterminer la rétablissement des lois républicaines. La parenthèse

6
de l’occupation et de la collaboration se referme, et l’ensemble des composantes de la Résistance afin
le cours de la longue histoire républicaine de la d’accroître sa capacité à triompher. Cela concerne
France reprend ses droits. bien sûr la Résistance intérieure et la Résistance
extérieure, qui devront coordonner leurs actions,
Question 4. Les concepteurs de l’affiche, pour bien mais aussi les différents groupes de la Résistance
se démarquer du régime de Vichy, ont pris soin de intérieure qui devront mettre de côté leurs éventuels
multiplier les références et les symboles différends. Deuxièmement, il s’agit de promouvoir,
républicains, à commencer par l’en-tête qui affiche une fois le pays libéré, de profondes réformes qui
fièrement le mot « République française » qui avait garantissent aux Français non seulement le
été banni et remplacé par celui d’« État français » rétablissement de la République et de la
durant l’occupation. Juste en dessous, on distingue démocratie, mais aussi le respect d’un certain
également nettement la devise républicaine, nombre de droits sociaux fondamentaux afin
« Liberté, Égalité, Fraternité », remplacée sous d’établir « un ordre social plus juste ».
Vichy par « Travail, Famille, Patrie ». Outre le
recours permanent au champ lexical républicain Question 3. Sur les deux objectifs que s’assigne le
dans la rédaction de l’affiche, on note également la CNR, seul le premier est explicitement évoqué par
mention du 14 juillet. De Gaulle : il s’agit d’accroître l’efficacité de la
Éléments attendus des élèves : Au travers de Résistance en l’unifiant. En revanche, De Gaulle
l’étude de cette affiche, il s’agit de montrer semble beaucoup plus circonspect quant à la
comment la Résistance fait appel à la symbolique vocation politique que se donne le CNR en
républicaine pour ancrer son action dans une promouvant l’établissement un nouvel ordre social
continuité historique glorieuse, tout en marquant qui témoigne notamment du poids des communistes
clairement une rupture avec les valeurs défendues en son sein. En se fixant ainsi non seulement une
par l’État français. mission opérationnelle (combattre l’occupant et ses
En se réclamant ainsi de l’héritage républicain, les collaborateurs) mais aussi une mission politique, le
Résistants espèrent faire d’autant mieux reconnaître CNR empiète sur les plates-bandes du
leur autorité et leur légitimité auprès des gouvernement provisoire dirigé par De Gaulle.
populations dont ils ont la charge du fait de la
débâcle des troupes d’occupation et des autorités de Question 4. La première difficulté rencontrée par
Vichy. Jean Moulin est la féroce répression orchestrée par
les nazis et le régime de Vichy à l’encontre des
Dossier  –  Le  Conseil  national  de  la   résistants. Pour y échapper, il doit recourir à la
clandestinité en changeant de nom et d’apparence.
Résistance   Il sera néanmoins arrêté et mourra sous la torture.
>  MANUEL,  P.  132-­‐133   Par ailleurs, la difficulté de la mission d’unification
de la Résistance qui lui a été confiée par de Gaulle
Question 1. Le général de Gaulle insiste sur la réside dans l’extrême diversité de celle-ci. On y
nécessité d’unifier et de coordonner les diverses trouve en effet des groupes provenant de régions
actions de résistance, non seulement pour accroître françaises différentes qui n’ont pas le même statut
leur efficacité, mais surtout dans la perspective de (zone nord/zone sud), des partis politiques, mais
l’après-guerre. Il considère en effet que pour que la aussi des syndicats. Qui plus est, chacune de ces
France puisse conserver son indépendance après la composantes est issue de mouvances politiques et
Libération, il faut qu’elle soit capable de présenter idéologiques diverses et parfois même
un front uni et organisé qui puisse être considéré contradictoires. D’où l’importance de
comme un interlocuteur à la fois fiable et légitime l’établissement d’un programme commun, qui
par les Alliés. L’unité de la résistance est donc à la mette en avant les points de convergences entre ces
fois un « intérêt immédiat », en ce qu’elle facilite la différentes composantes et leur permette par la
libération du territoire national, et un gage de même occasion de mettre de côté ce qui les divise.
« l’indépendance » et de la « grandeur de
demain », en ce qu’elle prépare le terrain au Question 5. Jean Moulin est célébré non seulement
rétablissement d’un pouvoir républicain en raison du rôle crucial qui fut le sien dans la
indépendant sur celui-ci. structuration de la Résistance, mais aussi du fait
qu’il est mort en mission dans des conditions
Question 2. Le programme adopté par le CNR en effroyables. Le fait même qu’il n’ait pas survécu à
mars 1944 assigne à la nouvelle organisation deux la guerre a facilité son utilisation à des fins
objectifs prioritaires : l’un relève d’un « plan mémorielles dans la mesure où, n’étant plus vivant,
d’action immédiate », tandis que l’autre consiste en il pouvait aisément être « récupéré » par les uns ou
un train de mesures destinées à être appliquées par les autres des anciens groupes résistants dont
« dès la Libération du territoire ». Concrètement, le les divergences demeuraient bien réelles.
premier objectif est de réaliser l’unification de

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Question 6. Le CNR est un organe clandestin créé intérêts supérieurs de la France lui impose de
en 1943 par Jean Moulin à l’initiative du Général désobéir à un gouvernement qui les bafoue et de se
de Gaulle. Son objectif est de fédérer et de rallier à la France libre du général de Gaulle.
coordonner l’action des différents groupes de Éléments attendus des élèves : On peut ici repartir
résistance intérieure ou extérieure afin de renforcer du célèbre appel du 18 juin dans lequel De Gaulle
leur efficacité. Une mission particulièrement insiste sur le fait que la « bataille » de France ne
délicate à accomplir du fait de sa dangerosité liée à saurait décider à elle seule du sort d’un conflit
la difficulté de réunir des représentants de groupes mondial. La France peut en effet compter sur la
clandestins dans la France occupée. Jean Moulin persévérance de ses alliés, mais aussi sur les
paya d’ailleurs de sa vie son engagement. Le CNR ressources de son empire ultra-marin qui demeure
ne se contente pas de coordonner les actions de la hors de portée des troupes allemandes. En se
Résistance française, il pense également à l’après- ralliant à la France Libre, Félix Éboué a joué un
guerre et s’engage, dans un programme adopté en rôle considérable dans la structuration du
mars 1944, à procéder à de profondes réformes mouvement initié par De Gaulle, puisqu’il lui a
politiques et sociales dans le pays une fois celui-ci permis de reposer sur une assise territoriale. En
libéré. De ce point de vue, on peut dire que, pour le administrant des territoires et en y levant des
CNR, la Libération n’est pas une fin en soi mais troupes, De Gaulle a ainsi pu gagner en crédibilité
bien plutôt une étape en vue non d’un tant vis-à-vis des Français que des Alliés.
rétablissement, mais d’une véritable refondation
républicaine. »  Étude.  Danielle  Casanova  :  une  icône  
de  la  Résistance  
»  Étude.  Félix  Éboué,  pionnier  de  la   >  MANUEL,  P.  135  
France  libre  
>  MANUEL,  P.  134   Question 1. L’encadré placé en haut de l’affiche
précise que ce sont les Allemands, péjorativement
Question 1. Félix Éboué est gouverneur du Tchad, qualifiés de « Boches », qui sont responsables de la
alors colonie française, depuis 1938. Il s’exprime mort de Danielle Casanova. Cependant, il prend
en août 1940 alors que vient d’être instauré en également soin de préciser que ce sont des policiers
France le régime de Vichy auquel, en tant que français, aux ordres du régime de Vichy, qui ont
fonctionnaire, il est légalement tenu d’obéir. livré la résistante française à la Gestapo.

Question 2. Félix Éboué s’oppose au régime de Question 2. Le ton de la lettre rédigée par Danielle
Vichy, et commence pour cela par contester la Casanova à la veille de sa déportation laisse
légitimité de l’armistice conclu à l’initiative du clairement voir qu’elle ne se fait pas d’illusion sur
maréchal Pétain avec l’Allemagne. Selon lui, cet le sort qui lui est réservé. C’est une lettre d’adieu
armistice était en effet prématuré : il a été signé dans laquelle elle justifie son combat et rappelle les
alors même que la France disposait encore de idéaux au nom desquels elle s’apprête à mourir.
troupes mobilisables pour renverser la situation,
notamment dans les colonies. Il évoque ainsi « les Question 3. Danielle Casanova se réclame d’abord
garnisons du Tchad » dont il a la charge et qui ont des valeurs républicaines, notamment lorsqu’elle
du déposer leurs armes « avant même d’avoir fait référence à la Marseillaise. Elle montre
combattu ». Qui plus est, il conteste le fait que cet également un attachement patriote à la France,
armistice a été conclu sans que soit « consulté qu’elle qualifie de « belle » et souhaite voir
l’empire français ». « libre ». Enfin, elle témoigne de son attachement à
l’idéal communiste.
Question 3. Dans un premier temps, Félix Éboué a
accepté l’armistice par souci de « discipline » : en Question 4. Par cette affiche, les résistants
tant que fonctionnaire attaché aux principes souhaitent, d’une part, célébrer le sacrifice et
démocratiques, il estimait nécessaire d’obéir aux honorer la mémoire de leur camarade. Mais il s’agit
autorités françaises légitimes, même si les ordres aussi de recruter de nouveaux militants. Le ton de
qui lui étaient donnés lui paraissaient mauvais. la lettre est essentiel sur ce point : certes, son auteur
va mourir, mais il affronte cet épisode la tête haute
Question 4. Il change finalement d’avis lorsqu’il et fier de son combat. Il s’agit par là de désinhiber
constate que l’armistice ne se limite pas à cesser le les Français tentés d’entrer en résistance mais que
combat contre l’Allemagne, mais consiste plutôt à peut rebuter la perspective des représailles qu’ils
le poursuivre contre l’Angleterre. Le tout au prix auront peut-être à subir. Cette affiche gagne donc à
d’une politique d’isolement économique qui s’avère être rapprochée des affiches dissuasives placardées
désastreuse pour les populations africaines dont il a par les autorités d’occupation et annonçant
la charge. Il estime dès lors que la défense des

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l’exécution de résistants ou menaçant les civils de
représailles pour mieux les inciter à la délation.
Éléments attendus des élèves : Ce document
présente l’intérêt d’illustrer, à travers la figure
d’une seule résistante, la diversité des vecteurs
d’engagements. Danielle Casanova cumule en effet
un attachement aux valeurs républicaines, un fort
patriotisme français, et un militantisme
communiste. Elle témoigne également du fait que la
Résistance ne se fait pas seulement les armes à la
main. Elle passe aussi par la propagande, comme
l’édition ou la diffusion de brochures (acte pour
lequel Danielle Casanova a été arrêtée) et d’affiches
(comme celle qui lui rend hommage). Elle illustre
enfin la dangerosité de l’engagement au sein de la
Résistance, qui se paie au prix des tortures endurées
et d’une mort certaine pour ceux qui se font arrêter.

»  Travailler  autrement  
>  MANUEL,  P.  136-­‐137  

Ce concours, bien connu des enseignants, peut aussi


être préparé pendant les séances d’enseignement
moral et civique. En effet, c’est souvent par
manque de temps que l’on renonce à y présenter ses
élèves. Cette double page a pour vocation de
susciter l’envie d’y participer.

»  Bac  blanc    
>  MANUEL,  P.  141  

Jean Guéhenno est fils de cordonnier, il abandonne


l’école à 14 ans pour entrer à l’usine. Il continue ses
études le soir, seul. Il obtient l’agrégation de
Lettres. Humaniste, son engagement politique se
poursuit pendant la guerre, il rejoint très tôt la
résistance. Il entre à l’Académie française en 1962.
Maurice Garçon, lui, est issu de la moyenne
bourgeoisie. Il est un avocat brillant et parmi les
plus connus de France. Lui aussi entre à
l’Académie française, en 1946. Il ne se dit ni de
gauche ni de droite, mais libéral, et défend la liberté
de pensée et d’expression. Maréchaliste plutôt que
pétainiste de la première heure, il fait volte-face à
l’armistice et, après le vote des pleins pouvoirs à
Pétain, ne cessera plus de fustiger « le Vieux ». Son
journal témoigne par la suite d’une honte de la
collaboration, de sa colère et de son chagrin de
patriote.

9
CHAPITRE  
La  guerre  froide  
6   (1947  -­‐  1991)  
 

 
»  Présentation  de  la  question   »  Bibliographie  
Le programme demande de traiter la guerre froide à Sur  la  guerre  froide  
travers l’étude de Berlin, lieu emblématique de la JEANNESSON S., La Guerre froide, La
confrontation Est/ Ouest. Découverte (Repères, n° 351), 2002.
Le professeur n’est donc plus censé faire un cours La guerre froide, hors-série de la revue GEO
général sur la guerre froide, ses origines, ses Histoire, novembre-décembre 2010.
caractéristiques, sa chronologie. Il doit en faire GROSSER P., La Guerre froide, La Documentation
comprendre les mécanismes et les enjeux à travers photographique n° 8055, 2007.
l’étude de Berlin. GROSSER P., Les Temps de la guerre froide.
La guerre froide s’inscrit dans le thème plus large Réflexions sur l’histoire de la guerre froide et les
de la guerre au XXe siècle, ce qui nous invite à causes de sa fin, Complexe, 1995.
cerner les caractères originaux de la guerre froide SOUTOU G.-H., La Guerre de cinquante ans. Les
dans une démarche comparative (typologie des relations Est-Ouest, 1943-1990, Fayard, 2001.
conflits). La guerre froide est un conflit de VAÏSSE M., Les Relations internationales depuis
puissances poussé au paroxysme, puisqu’il met aux 1945, A. Colin, 2008.
prises deux superpuissances dans une logique FREEDMAN L., La Guerre froide, 1945-1989,
bipolaire inédite. Ce face-à-face entre les deux Autrement (Atlas des guerres), 2004.
blocs est très largement déterminé par la dissuasion • www.ena.lu : ce site luxembourgeois consacré à
nucléaire, qui rend un conflit armé direct l’histoire de l’Europe propose de très nombreux
impossible. C’est pourquoi la confrontation Est/ documents (textes, dessins, photographies, etc.).
Ouest est surtout une guerre idéologique, opposant
deux camps qui se diabolisent mutuellement, et un
ensemble de conflits armés indirects à la périphérie Sur  Berlin  
du système. TAYLOR F., Le Mur de Berlin (1961-1989), JC
Lattès, 2009.
L’étude consacrée à Berlin permet d’expliquer « Le Mur de Berlin », dossier de la revue
comment fonctionne le centre du système de la L’Histoire, n° 346, octobre 2009.
guerre froide. Le face-à-face entre les deux blocs FAYOLLE C., « Les enjeux aériens de Berlin
coupe l’Europe en deux, et au cœur de celle-ci pendant la guerre froide » (1948-1961), Guerres
l’Allemagne et la ville de Berlin. Cette ville est mondiales et conflits contemporains, 2001/2,
donc un véritable microcosme de la guerre froide. n° 202-203, pp. 189-202 (article aussi disponible
C’est le seul lieu où les deux superpuissances sont sur internet, cairn.info).
directement en contact. La cohabitation des deux
blocs idéologiques y devient impossible : après »  Plan  du  chapitre  
avoir tenté le blocus de Berlin-Ouest, les
Soviétiques décident de construire le Mur. À
travers l’étude des deux crises de Berlin (1948- La double page d’ouverture permet au professeur
1949 et 1958-1961), on peut comprendre d’abord de poser la problématique de la guerre froide, en
comment la guerre froide a commencé (fin de la partant des thèmes imposés par le programme. La
Grande Alliance, tensions croissantes entre les frise chronologique permet aux élèves de situer les
puissances occidentales et l’URSS), ensuite principaux événements et de les relier aux
comment elle s’est progressivement régulée dirigeants des deux superpuissances. La double
(chaque superpuissance évite d’aller trop loin : le page Repères et la double page Cartes fournissent
pont aérien est la riposte pacifique au blocus aux élèves les données essentielles sur la guerre
soviétique ; le Mur est l’alternative à l’annexion de froide, qui ne doit plus être enseignée en détail. Le
Berlin-Ouest dont rêvaient les Soviétiques). cas de Berlin est traité en un cours, deux études en
une page sur les deux crises de Berlin (1948-1949
et 1958-1961), puis un dossier sur la chute du Mur.
Commentaire des documents et réponses aux questions

»  Ouverture  du  chapitre   constitué des trois secteurs américain, britannique


>  MANUEL,  P.  142-­‐143   et français – est ainsi une enclave occidentale dans
la future RDA. Pour y accéder depuis l’Allemagne
occidentale, les Alliés disposent de voies ferrées et
Doc.   1   –   La   guerre   impossible   dans   une   de routes (qui sont l’objet du blocus soviétique en
Europe  divisée   1948-1949) et de trois couloirs aériens reliant
Cette photographie a été prise le 29 février 1972. Berlin à Hambourg, Hanovre et Francfort (couloirs
Ces enfants, qui jouent sur une partie du Mur de définis et garantis par les accords interalliés de
Berlin avec une apparente insouciance, montrent 1944-1945).
que la division de la ville, de l’Allemagne et de
l’Europe en deux blocs est devenue une réalité Doc.  2  –    «  Ich  bin  ein  Berliner  »  
banale. L’ordre de la guerre froide règne et Kennedy présente Berlin-Ouest comme une
empêche la guerre en Europe. L’inscription sur le citadelle du « monde libre » assiégée par les
Mur vient quand même rappeler que certains ne se communistes, comme une sorte d’îlot de liberté au
satisfont pas de ce « Mur de la honte » qui coupe milieu du bloc soviétique (il emploie cette
littéralement en deux l’ancienne capitale de métaphore de l’île dans une autre partie du
l’Allemagne. discours), comme un avant-poste du combat pour la
liberté. Les Berlinois de l’Ouest, « sur la ligne de
Doc.  2  –  La  chute  du  mur  marque  la  fin  de  la   front » de la guerre froide, sont érigés en modèles
guerre  froide   pour tout le bloc occidental.
Les Berlinois sont ici rassemblés sur la partie la Ce discours est typique de la guerre froide,
plus célèbre du mur, à proximité de la porte de puisqu’il est fondé explicitement sur « la lutte entre
Brandebourg. le monde libre et le monde communiste », sur
Celle-ci se trouve dans Berlin-Est, comme le l’opposition entre « nous » (les Occidentaux, les
rappelle le drapeau de la RDA qui flotte à son « hommes libres ») et le « système communiste ».
sommet. Ce dernier est dénoncé en termes extrêmement
Le Mur passant juste devant la Porte de virulents : la construction du Mur est le signe de sa
Brandebourg symbolise depuis 1961 la fermeture « faillite » et un « crime contre l’humanité ». Les
de l’Allemagne de l’Est, la coupure de Berlin en conseillers de Kennedy lui reprochèrent d’ailleurs
deux et donc la guerre froide. d’avoir tenu des propos trop agressifs, alors que les
Kennedy, en 1963, vient contempler la porte de États-Unis entraient dans une phase de détente avec
Brandebourg, que les autorités est-allemandes ont l’URSS. Le président américain s’est probablement
obturée avec des rideaux rouges ! Reagan, en 1987, laissé emporter par l’enthousiasme de la foule
devant le monument, s’écrie : « Monsieur massée devant l’Hôtel de ville de Berlin, et il a
Gorbatchev, ouvrez cette porte ! ». largement improvisé les passages ici cités.
La « réouverture » de la porte en novembre 1989 Les quelques mots prononcés en allemand font
marque donc la fin de la confrontation Est/Ouest. partie de ces passages improvisés. Une légende
La confrontation de ces deux photographies permet veut que Kennedy aurait fait rire involontairement
de faire comprendre aux élèves, à travers le cas l’auditoire en disant « Ich bin ein Berliner », alors
extrême de Berlin, une caractéristique essentielle de que la formule correcte serait « Ich bin Berliner ».
la guerre froide : l’existence de deux blocs L’introduction de l’article ein aurait changé le sens
idéologiques, séparés en Europe par le Rideau de de la phrase et le mot Berliner aurait alors désigné
fer. le beignet à la confiture, une spécialité de Berlin.
En fait cela est faux : la formule employée par
»   Cours   1.   Berlin   au   cœur   de   la   guerre   Kennedy n’était pas vraiment incorrecte et le mot
Berliner n’a pas été confondu avec le beignet par le
froide  (1948-­‐1989)   public berlinois…
>  MANUEL,  P.  148-­‐149  
Doc.  3  –  Un  Mur  entre  deux  blocs  
Doc.  1  –  L’Allemagne  en  1945-­‐1949   Le dessinateur allemand donne une vision très juste
La situation de Berlin est particulièrement de la guerre froide et de Berlin. La ville, symbolisée
complexe parce que l’ancienne capitale du Reich se par la porte de Brandebourg, est l’enjeu de
trouve au cœur de la zone d’occupation soviétique l’affrontement entre les deux blocs. Elle menace
en Allemagne et que la ville est elle-même divisée d’être écrasée par la confrontation entre les deux
en quatre secteurs d’occupation. Berlin-Ouest – camps, une sorte de mêlée de rugby. Mais elle ne le
sera pas, car les forces en présence s’équilibrent bottes) et arborent une mine patibulaire. Ils essaient
dans un face-à-face qui est figé dans la pierre : les de barrer l’accès à Berlin aux Occidentaux, en
corps des dirigeants forment comme un mur, qui fermant les routes et les voies ferrées et en tentant
évoque évidemment le mur de Berlin, dont la d’empêcher les avions de passer avec une sorte de
construction a commencé quelques mois plus tôt. filet à papillons ! Mais les avions occidentaux
C’est l’équilibre de la terreur qui est suggéré ici, la défilent imperturbablement dans le ciel, ce qui fait
confrontation entre les deux blocs ne pouvant pas du blocus une mesure dérisoire et archaïque.
dégénérer en guerre, parce que celle-ci serait
nucléaire. Chaque camp est incarné par ses Question 3. Chaque camp présente donc l’autre
principaux dirigeants. En première ligne, on comme l’agresseur. Les Soviétiques affirment que
reconnaît bien sûr Kennedy et Khrouchtchev, dont les Occidentaux veulent imposer leur monnaie et
l’affrontement a été un peu plus tard encore plus déstabiliser Berlin-Est. Les Occidentaux affirment
médiatisé dans la crise de Cuba. On peut noter que que les Soviétiques veulent annexer Berlin-Ouest
de Gaulle soutient de tout son poids Kennedy : la parce qu’ils ne supportent pas la présence d’une
politique d’indépendance de la France n’exclut pas enclave du « monde libre » dans leur zone
la solidarité occidentale lors des crises de la guerre d’occupation.
froide. Le chancelier Adenauer est figuré comme Éléments attendus des élèves : Dans le contexte
un membre à part entière du bloc occidental, alors du début de la guerre froide, Berlin est un point
que le dirigeant est-allemand Ulbricht est une sorte majeur de crispation entre les deux blocs. La
de nain qui peine à soutenir les Soviétiques, ce qui réforme monétaire occidentale déclenche la
est une manière de dénier toute légitimité à la RDA. première crise de Berlin, car les Soviétiques
Andreï Gromyko est le ministre des Affaires répliquent par le blocus de Berlin-Ouest. Mais le
étrangères de l’URSS (de 1957 à 1985 !) et le pont aérien organisé par les Américains rend le
maréchal Malinovski (qu’on écrit plutôt avec un v blocus terrestre inefficace. Cette crise est une
qu’un w) est le ministre de la Défense (de 1957 à sa manifestation majeure de la guerre froide : la
mort en 1967). confrontation entre les deux blocs atteint un niveau
très élevé à Berlin, mais elle ne dégénère jamais en
»  Étude.  Le  blocus  de  Berlin  (1948-­‐1949)   affrontement direct (les Occidentaux n’ont pas osé
forcer le blocus terrestre, ni les Soviétiques annexer
>  MANUEL,  P.  150   Berlin-Ouest).
Réponses  aux  questions  
»   Étude.   La   seconde   crise   de   Berlin  
Question 1. Les Soviétiques reprochent aux (1958-­‐1961)  
Occidentaux de constituer un « bloc militaire >  MANUEL,  P.  151  
agressif contre l’Union soviétique et les pays de la
Réponses  aux  questions  
nouvelle démocratie », c’est-à-dire les pays
d’Europe centrale et orientale, que l’URSS est en
Question 1. Les mémoires du général de Gaulle
train de transformer en « démocraties populaires ».
montrent que les dirigeants occidentaux évaluent
Plus précisément, le maréchal Sokolovski met en
d’une manière différente la pression soviétique.
cause la réforme monétaire opérée par les
Eisenhower et MacMillan ont peur de
Occidentaux en juin 1948 dans leurs zones
Khrouchtchev et sont prêts à lui faire des
d’occupation en Allemagne et à Berlin.
concessions, sans doute un statut de neutralité pour
L’unification monétaire de l’Allemagne occidentale
Berlin. Le Premier ministre britannique redoute une
par la création du Deutsche Mark est présentée
guerre nucléaire et il ne veut pas « assumer de
comme un acte agressif visant à déstabiliser la zone
conduire son pays à une épouvantable
soviétique et comme une violation des accords de
destruction ». De Gaulle, au contraire, prône la
Potsdam (statut quadripartite de Berlin). Ce qui
fermeté et il entend rassurer ses « collègues » sur la
permet de justifier le blocus de Berlin, qui apparaît
détermination des Russes (de Gaulle préfère ce
comme une réponse à cette agression et une mesure
terme à celui de Soviétiques) : ils ne veulent pas
de protection de la zone soviétique. Les Soviétiques
plus « mourir pour Berlin » que les Occidentaux.
redoutent en fait que l’hémorragie vers l’Ouest ne
L’URSS respecte les règles de la guerre froide, elle
soit accentuée par la réforme monétaire, les
ne prendra pas « l’initiative du choc et du chaos ».
Berlinois de l’Est, et plus largement les Allemands
L’expression employée par le Général rappelle le
de l’Est, étant attirés par la prospérité de Berlin-
contexte de 1939, quand le pacifiste Marcel Déat
Ouest.
refusait de « mourir pour Dantzig » et appelait à la
négociation avec Hitler (qui venait d’annexer
Question 2. Cette caricature britannique présente le
Dantzig, ville libre sous protection de la SDN
blocus de Berlin comme une mesure à la fois
depuis 1919). De Gaulle assimile-t-il implicitement
agressive et inefficace. Les dirigeants soviétiques
portent l’uniforme russe traditionnel (blouse,
Staline et Hitler en employant cette expression et en »   Dossier.   La   chute   du   mur   de   Berlin,   la  
rapprochant les deux villes allemandes ?
fin  de  la  guerre  froide  
Question 2. Les dirigeants de la RDA reprochent
aux Occidentaux de vouloir « ruiner la RDA », en >  MANUEL,  P.  152-­‐153  
violant ses frontières et en débauchant sa main-  
d’œuvre. C’est une référence aux millions de Réponses  aux  questions  
citoyens de la RDA qui ont fui vers l’Ouest en
profitant du statut de Berlin. L’attraction du modèle
occidental est ainsi transformée en une politique Question 1. R. Reagan utilise des termes très forts
agressive des « adversaires » qui veulent empêcher pour évoquer le Mur : élément le plus visible du
le socialisme de « s’épanouir » et qui Rideau de fer qui « déchire l’Allemagne comme
envisageraient même d’annexer Berlin-Est (l’article une grande entaille », c’est une véritable cicatrice
évoque l’armée ouest-allemande défilant sous la au cœur de la ville blessée. Cette rhétorique est
porte de Brandebourg, c’est-à-dire entrant dans typique de la guerre froide, où chaque camp défend
Berlin-Est). son idéologie et diabolise l’adversaire. Reagan
accuse ici le camp soviétique de porter atteinte à la
Question 3. La crise de Berlin se termine par la « liberté de toute l’humanité ».
construction du Mur à partir du 13 août 1961, c’est-
à-dire par la mesure la plus radicale que peuvent Question 2. Les « troubles de la Pentecôte »,
prendre les Soviétiques sans aller jusqu’à évoqués par ce quotidien de la RFA, nous
l’affrontement direct avec les Occidentaux. Berlin- apprennent que la situation est très tendue à Berlin-
Ouest est coupée de l’Allemagne de l’Est, pour Est en 1987. De nombreux jeunes ont voulu
stopper l’exode vers l’Ouest. participer à leur manière au grand concert pop
Les « faucons » dans l’entourage de Kennedy organisé à Berlin-Ouest, en écoutant la musique
prônaient une réaction musclée (envoyer des chars jouée de l’autre côté du Mur. Ils ont donc tenté de
pour rétablir la libre circulation dans Berlin, en se rapprocher le plus possible de la porte de
détruisant le mur). Mais le président américain a Brandebourg, très proche du lieu du concert. Ils
exclu d’emblée cette hypothèse et s’est résigné à la n’ont pas hésité à s’en prendre aux forces de
fermeture de Berlin-Est comme à un moindre mal. sécurité qui tentaient de les en empêcher et à
Il expliqua à Willy Brandt, le maire de Berlin- scander des slogans hostiles au régime communiste
Ouest, que l’essentiel était la survie de Berlin- est-allemand. La musique pop est considérée par ce
Ouest, que les Soviétiques auraient voulu annexer. dernier comme un produit capitaliste et une arme de
La tension resta vive pendant quelques semaines et « l’impérialisme » occidental.
on frôla le 27 octobre 1961 un incident grave entre
chars américains et soviétiques autour de Question 3. La porte de Brandebourg a pris une
Checkpoint Charlie. Puis les deux camps forte dimension symbolique du fait de sa situation
s’adaptèrent à l’existence du Mur, même si elle géographique : au centre de Berlin, elle s’est
était en contradiction avec le statut théorique de retrouvée en 1945 dans la zone soviétique, juste à la
Berlin. limite de la zone britannique ; et en 1961, le Mur a
Éléments attendus des élèves : Dans un contexte été érigé devant elle. Ce monument, qui marquait à
d’apogée de la guerre froide, Berlin est plus que l’origine l’entrée dans la ville, a donc été ainsi
jamais au cœur des tensions Est/Ouest. Les fermé, privé de sa fonction. C’est pourquoi il
Soviétiques voudraient annexer Berlin-Est à la symbolise la division de Berlin et de l’Allemagne,
RDA, pour stopper l’hémorragie de la population ce qui est bien résumé par la formule du président
est-allemande. Les Occidentaux, malgré quelques Weizsäcker : « La question allemande restera
flottements, ne veulent pas abandonner Berlin- ouverte tant que la porte de Brandebourg sera
Ouest, qui est un symbole du « monde libre ». La fermée ». Et c’est pourquoi R. Reagan file la
« seconde crise de Berlin », qui se termine par la métaphore en exigeant l’ouverture de la porte de
construction du Mur, reflète bien le fonctionnement Brandebourg, ce qui équivaudrait à la chute du
de la guerre froide. Elle se présente comme une Mur.
guerre idéologique : les communistes est-
allemands, ici, diabolisent leur adversaire et Question 4. Le 12 juin 1987, Ronald Reagan,
affirment défendre le socialisme contre l’agression comme les jeunes de Berlin-Est deux jours plus tôt
occidentale. La guerre froide est aussi un équilibre (10 juin 1987), s’adresse à M. Gorbatchev, le
entre deux blocs, qui ne peuvent pas s’affronter secrétaire général du parti communiste de l’URSS
directement : de Gaulle montre bien qu’il s’agit qui a lancé depuis peu des réformes spectaculaires.
d’une sorte de jeu de poker, avec une dose de bluff Gorbatchev symbolise une évolution possible de
et d’intimidation, mais aussi avec des règles que l’URSS et un apaisement de la confrontation Est/
tout le monde doit respecter. Ouest. Reagan veut en quelque sorte le prendre au
mot : que Gorbatchev applique sa politique de
libéralisation en abattant le mur de Berlin ! Et les novembre est aussi le résultat de la politique
jeunes de Berlin-Est veulent s’appuyer sur réformiste du dirigeant soviétique. De ce fait, la
Gorbatchev contre les dirigeants est-allemands, qui, chute du mur est aussi le symbole du renoncement
on le sait, défendent une ligne dure, « stalinienne », de l’URSS à sa sphère d’influence.  
hostile aux réformes prônées par le nouveau
dirigeant soviétique.

Question 5. Le mur de Berlin a presque


entièrement disparu, parce que, dans l’euphorie de
l’automne 1989, on a voulu détruire ce symbole de
la guerre froide et de la dictature est-allemande. On
peut éventuellement le regretter, au nom d’une
sorte de devoir de mémoire : c’est le point de vue
de Lothar de Maizière, qui aurait aimé qu’un
tronçon soit conservé pour témoigner du « mépris
de l’être humain que représentait ce dispositif », en
hommage aux victimes du Mur.
5 043 personnes ont réussi à franchir le Mur entre
1961 et 1989. 239 ont été tuées et 3 221 arrêtées
alors qu’elles tentaient de passer à l’Ouest.

Question 6. La chute du mur de Berlin symbolise


la fin de la guerre froide dans la mémoire collective
parce qu’il était devenu l’emblème de la
confrontation Est/Ouest. Le Mur, avec une
majuscule et sans précision, c’était pour tout le
monde le mur de Berlin, la partie la plus
spectaculaire du Rideau de fer. Sa construction en
1961, à l’issue de la seconde crise de Berlin, a
marqué les esprits, parce qu’elle coupait
littéralement une ville en deux, séparant
brutalement les familles et concrétisant jusqu’à
l’absurde l’ordre bipolaire. Dans le camp
occidental, le mur de Berlin était considéré une
sorte d’aveu d’échec des communistes, obligés
d’enfermer la population qui voulait fuir vers
l’Ouest. La politique d’ouverture de Gorbatchev a
alimenté l’espoir d’une chute prochaine du Mur,
notamment chez les jeunes de Berlin-Est.

»  Bac  blanc    
>  MANUEL,  P.  157  

Serge July est directeur de Libération de 1973 à


2006. Son édito permet de rendre compte de la
dimension symbolique considérable que prend
l’effondrement du mur de Berlin pour les
contemporains, au moment même des faits. Pour
l’auteur, il s’agit tout simplement d’une révolution,
de « L’autre révolution d’octobre », en référence à
la révolution bolchévique de 1917. Elle clôt une
époque, celle de la guerre froide, dont Berlin
divisée était l’emblème mais aussi celle de la
Seconde Guerre mondiale qui avait fait naître cette
situation. Serge July compare aussi l’événement à
la prise de la Bastille. Car en effet la chute du mur
marque la fin d’un régime, celui du « totalitarisme
bureaucratique ». Et, comme en 1789, il s’agit là de
l’œuvre de la rue. Cependant l’auteur n’oublie pas
de préciser le rôle joué par Gorbatchev. Le 9
CHAPITRE  

7   La  République,  
trois  républiques  
 

Présentation  de  la  question   refondation est largement inspirée par les idéaux de
la Résistance, qui est évoquée dans un chapitre
antérieur. La IVe République propose ainsi une
Par la déclinaison au pluriel (« trois républiques ») démocratie modernisée, mais, sur le plan
d’un thème singulier (« La République »), le institutionnel, elle reste très proche de la IIIe
programme invite à questionner la nature du régime République.
républicain français, en insistant sur son évolution
au fil du temps, ainsi que sur la pluralité des Dernière étape de l’analyse, les années 1958-1962,
lectures auxquelles il a pu donner lieu. Il s’agit de où le général de Gaulle, revenu au pouvoir à la
montrer que, si le choix républicain n’a plus guère faveur de la crise du 13 mai, édifie un nouveau
été remis en cause depuis 1870, la manière de le régime. Tout en se revendiquant de l’héritage
mettre en œuvre n’a cessé de faire débat. Ce sont républicain, il en propose une lecture inédite. Le
ces débats, les expériences auxquelles ils ont donné choix gaullien de renforcer les prérogatives du
lieu, qui doivent être étudiés avec les élèves. Pour président de la République au détriment du
ce faire, les concepteurs du programme ont renoncé Parlement n’est pas sans susciter des oppositions. Il
à une étude linéaire et continue de l’histoire faut donc connaître les débats provoqués par le
politique de la France de 1870 à nos jours. À sa référendum de 1958 sur l’adoption de la
place, ils proposent de s’arrêter sur trois moments constitution de la Ve République, et ceux
clés qui ont en commun d’avoir été marqués par occasionnés par le référendum de 1962 sur
une redéfinition du régime républicain. Un tel l’élection au suffrage universel direct du président
choix, qui a le mérite de focaliser l’attention sur des de la République.
épisodes majeurs, nécessite cependant de donner
aux élèves un minimum d’informations leur Bibliographie  
permettant de comprendre le passage de l’un à
l’autre de ces moments, et donc leur réelle portée
(c’est la fonction assignée aux pages Repères qui Ouvrages  généraux  
jalonnent le chapitre).
AGULHON M., La République, de Jules Ferry à
Première étape de ce parcours au travers des grands François Mitterrand, 1880 à nos jours, Hachette,
moments de l’histoire républicaine française, les 1997.
décennies 1880-1890 sont caractérisées par BERSTEIN S. et WINOCK M. (dir.), Histoire de la
l’enracinement du modèle républicain. La France politique, t. 3 : L’invention de la démocratie
problématique qui sous-tend l’étude de ce moment (1789-1914), Seuil, 2004.
est de savoir pourquoi la troisième tentative BERSTEIN S. et WINOCK M. (dir.), Histoire de la
d’instauration de la République en France donne le France politique, t. 4 : La République recommencée
jour à un régime durable, alors que les précédentes (1914 à nos jours), Seuil, 2004.
tentatives avaient débouché sur des échecs rapides. BERSTEIN S. (dir.), Les Cultures politiques en
La réponse est donnée par l’intitulé même du France, « L’univers historique », Seuil, 1999.
programme : c’est en suscitant l’adhésion des DUCLERT V. et PROCHASSON C., Dictionnaire
Français à la culture républicaine que le régime est critique de la République, Flammarion, 2002
parvenu à se stabiliser. Après avoir défini la nature NORA P. (dir.), Les Lieux de Mémoire, t. 1, La
et rappelé la genèse d’une culture politique propre République, Gallimard, 1984.
aux républicains, il s’agit donc de montrer par
quels moyens et au prix de quels combats elle a fini  
par s’imposer à la majorité des Français.  
 
Le deuxième temps du parcours proposé est la
 
refondation républicaine, au sortir de la Seconde
Guerre mondiale et du régime de Vichy. Cette Sur  la  IIIe  République  
ZANCARINI-FOURNEL M., DELACROIX C., La
HOUTE A.-D., Le Triomphe de la République, France du temps présent, Belin, 2010.
1871-1914, Seuil (Histoire de la France
contemporaine, 4), 2014. Plan  du  chapitre  
DÉMIER F., La France du XIXe siècle (1814- Après l’ouverture du chapitre, qui pose la
1914), « Points Histoire », Le Seuil, 2000. problématique, une double page Repères permet
DUCLERT V., L’Affaire Dreyfus, La Découverte aux élèves de comprendre d’où vient la IIIe
(Repères), 2006. République.
DUCLERT V., La République imaginée (1870- On peut alors analyser les décennies 1880-1890 et
1914), Belin, 2010. l’enracinement de la culture républicaine. Le
AGULHON M., Marianne au combat. L’imagerie premier cours est complété par un dossier
et la symbolique républicaines de 1789 à 1880, approfondissant la notion de culture républicaine.
Flammarion, 1979 Deux études traitent ensuite des menaces
NORD P., Les Impressionnistes et la politique, auxquelles doit faire face la IIIe République :
Tallandier, 2009. l’agitation d’extrême droite (le boulangisme) et le
NORD P., Le Moment républicain, Armand Colin, terrorisme anarchiste. Un dossier sur l’affaire
2013. Dreyfus explique pourquoi elle a permis de
réaffirmer les valeurs républicaines. Une double
Sur  les  IVe  et  Ve  Républiques   page Histoire des arts explique comment la
peinture impressionniste peut être aussi un mode
ANDRIEU C., BRAUD P., PIKETTY G., d’expression de la culture républicaine.
Dictionnaire de Gaulle, Robert Laffont, 2006. La Résistance ne figure dans ce chapitre, car nous
BERSTEIN S., Le Gaullisme, La documentation avons privilégié le plan chronologique et préféré la
photographique n° 8050, La Documentation traiter avec la Seconde Guerre mondiale. On passe
française, 2006. donc ici de 1900 à 1944, une double page Repères
GUARRIGUES J. (dir.), La France de la aidant les élèves à faire la transition. Le 2e cours
Cinquième République, 1958-2008, Armand Colin, analyse la refondation républicaine des années
2008. 1944-1947. Un dossier consacré à la crise du 13
GUARRIGUES J., GUILLAUME S., SIRINELLI mai 1958 contextualise le passage de la IVe à la Ve
J.-F. (dir.), Comprendre la Ve République, PUF, république. Le 3e cours présente la nouvelle
2010. République créée par de Gaulle de 1958 à 1962. On
WINOCK M., L’agonie de la IVe République – 13 finit par le dossier La République selon de Gaulle
mai 1958, Gallimard, 2006. (1946-1962), qui permet, dans l’esprit du
WINOCK M., 1958, La naissance de la Ve programme, une réflexion transversale sur les
République, Gallimard (Découvertes), 2008. institutions des deux régimes.
Commentaire des documents et réponses aux questions
 
 
»  Ouverture  de  chapitre   volonté de formation du futur citoyen qui doit être
>  MANUEL,  P.  158-­‐159   prêt à défendre la patrie et à se sacrifier pour elle.

La confrontation de ces deux documents Doc.   2  –   La   Ve   République   fondée   par   de  


iconographiques permet de faire entrer les élèves Gaulle  
dans la problématique du chapitre. Entre 1883 et La constitution de la Ve république, préparée depuis
1958, on est passé de la IIIe à la Ve République. juin par un comité d’experts dirigé par Michel
Mais si les institutions changent, la République Debré, est adoptée par le Conseil des ministres le 3
reste : les deux cérémonies ont lieu au même septembre 1958. Le général de Gaulle la présente le
endroit à Paris, sur la place de la République, qui a 4 septembre 1958 : « C’est dans la légalité que moi-
repris toute sa dimension symbolique lors des même et mon gouvernement avons assumé le
tragiques événements de 2015. Les mêmes mandat exceptionnel d’établir un projet de nouvelle
emblèmes républicains se retrouvent dans les deux constitution et de le soumettre à la décision du
images, comme les lettres RF et la statue. peuple ». On trouve le texte intégral du discours sur
le site de la Fondation Charles de Gaulle :
http://www.charles-de-gaulle.org. Le 28
Doc.  1  –  Le  14  Juillet,  fête  de  la  République  
septembre, la constitution est adoptée par
La statue en bronze des frères Morice fut inaugurée
référendum, avec 79,25 % de oui.
le 14 juillet 1883 place de la République (ancienne
La cérémonie a pour but d’ancrer le nouveau
place du Château d’eau).
régime dans la continuité républicaine, pour éviter
Cette peinture un peu naïve est un bon exemple de
les accusations de pouvoir personnel. D’où le lieu
la culture politique nouvelle qui associe la
(place de la République), la date (anniversaire de la
République et la Patrie et où l’École et l’Armée
proclamation de la IIIe République le 4 septembre
s’associent pour former des citoyens.
1870), les symboles (lettres RF, garde
La défaite de 1870-1871 provoqua un énorme choc
républicaine). Le gigantesque V derrière la statue
dans l’opinion française qui prit conscience de la
renvoie en même temps à la Ve République et au V
faiblesse de sa défense. La victoire prussienne fut
de la victoire, souvent reproduit par le Général de
considérée comme celle des instituteurs qui avaient
Gaulle dans un geste qui le caractérise (les deux
su préparer physiquement et moralement les
bras levés).
garçons dès leur plus jeune âge. D’où l’idée des
bataillons scolaires, destinés à assurer une première
préparation physique et militaire des enfants d’âge »   Cours   1.   L’enracinement   de   la   culture  
scolaire. Ces bataillons naquirent d’une initiative républicaine  (1880-­‐1900)  
parisienne : le premier fut formé en 1880 dans le Ve >  MANUEL,  P.  162-­‐163  
arrondissement de Paris. Puis un décret du 6 juillet
1882 généralisa cette initiative, qui reçut le soutien
de la Ligue de l’enseignement et de la Ligue des Doc.  1  –  «  Ce  qu’a  fait  la  République  »  
patriotes. Le décret prévoyait la constitution de Ces images s’adressent à l’électorat populaire, qui à
bataillons formés de 4 compagnies de 50 enfants cette date est encore majoritairement rural (les deux
dans les écoles de plus de 200 élèves, l’armée tiers de la population habitent dans une commune
fournissant l’encadrement. Les bataillons défilaient rurale en 1881). Les républicains préparent les
à l’occasion de quelques manifestations publiques, législatives des 21 août et 4 septembre 1881. Ils
comme ici lors du 14 juillet 1883. Mais veulent convaincre les Français que la République
l’expérience fut en réalité un échec. Leur est le meilleur régime pour la France et que son
organisation était difficile et leurs effectifs restèrent bilan des républicains arrivés au pouvoir en 1879
faibles, même à leur apogée en 1885 (62 bataillons est très positif. Ce peuple, largement composé de
dans toute le France dont 24 dans le seul paysans, est d’ailleurs représenté sur ces images.
département de la Seine et au total environ 23 000
enfants). Les enfants étaient trop jeunes pour Ces trois images mettent en avant les valeurs de la
recevoir une véritable formation militaire, ce dont devise républicaine, qui apparaît d’ailleurs dans la
se rendirent rapidement compte les représentants de salle de classe derrière l’instituteur.
l’armée. Et surtout, les bataillons étaient loin de La vignette centrale exalte la liberté de la presse,
faire l’unanimité, même chez les républicains. Les garantie par la loi du 29 juillet 1881. L’image
bataillons furent finalement supprimés à Paris en représente une discussion politique dans un
1892. Ils sont cependant emblématiques de la « humble village ». On aperçoit par la fenêtre le
clocher de l’église, qui symbolise la France rurale.
Les deux personnages assis sont des paysans « classes salariées ». Les modérés pensent que tous
(sabots du personnage de gauche, bonnet de celui les problèmes sociaux se régleront progressivement
de droite). Le personnage debout est un ouvrier, grâce à la liberté et au suffrage universel. Les
reconnaissable à sa casquette et à sa blouse (bleu de radicaux comme Clemenceau veulent une
travail). démocratie politique, mais aussi sociale : si la
La vignette de gauche représente l’égalité à travers République n’a pas une politique sociale, les
le service militaire. Le message de l’image, travailleurs ne verront pas la différence avec la
redoublé par la légende, est on ne peut plus clair : monarchie et ils feront une nouvelle révolution.
toutes les classes sociales sont égales devant la Clemenceau critique ici vigoureusement le
conscription, rétablie en 1872. On voit un bourgeois libéralisme, doctrine des républicains modérés,
(redingote et chapeau haut de forme), un ouvrier selon laquelle « la liberté, c’est la solution de tous
(casquette et blouse), un curé et un paysan (bonnet) les problèmes économiques et sociaux ». Il dénonce
marchant au pas devant un soldat. Mais cette vision « une liberté fausse, une liberté menteuse », en
est un peu contestable, car il faut attendre la loi de prenant l’exemple du contrat de travail qui, selon
1889 pour que le service devienne vraiment les libéraux, est librement consenti entre deux
universel. La loi de 1872 établit le principe du parties égales, l’employeur et l’employé. C’est une
service militaire obligatoire, mais prévoit de fiction selon Clemenceau, car « le capitaliste » et
nombreuses dérogations pour les ecclésiastiques et « le misérable » ne sont pas du tout à égalité sur le
les bourgeois. marché du travail. Pour frapper son auditoire,
La vignette de droite exalte aussi l’égalité sous la Clemenceau compare cette relation au « combat
forme de « l’instruction pour tous » assurée entre celui qui est privé de toute arme et celui qui
notamment par la loi du 16 juin 1881 (gratuité de est chargé d’un canon à mitraille ». Cette
l’enseignement primaire). On peut rappeler qu’il métaphore d’un combat qui n’a pas lieu à armes
s’agit de l’école primaire seulement, les égales est certainement aussi une allusion à des
républicains ayant conservé un enseignement événements réels, la répression fréquente des
secondaire payant, réservé aux privilégiés. grèves ouvrières par l’armée (« Hélas ! nous
l’avons vu ! »).
Doc.   2  –   L’instituteur,   la   politique   et   la  
République   »   Dossier  –   Vivre   la   République   (1879-­‐
L’instituteur est souvent secrétaire de mairie parce 1900)  
qu’il est le seul à savoir bien lire et écrire dans le >  MANUEL,  P.  164-­‐165  
village où il enseigne. Dans les années 1880, les
maires des petites communes rurales peuvent être
des paysans n’ayant reçu qu’une instruction Question 1. Selon Roger Thabault, la culture
républicaine se diffuse de deux manières : par le
sommaire. L’instituteur contribue ainsi, au-delà de
vote et par la fête.
son métier principal, à assurer le service public
dans les campagnes. Il y trouve aussi un Les citoyens sont fiers de leur droit de vote, qui les
fait participer à la vie politique au niveau national
complément de revenus.
Les consignes de l’inspecteur ne paraissent pas (« la gestion des affaires de l’État »), avec les
élections législatives, et au niveau local, avec les
évidentes à appliquer. Il demande aux instituteurs
élections municipales. Celles-ci permettent
d’éviter autant que possible de « parler politique
dans toutes vos conversations », mais aussi de d’enraciner la République au village, autour
d’enjeux très concrets. Rappelons que le maire est
défendre « l’idée républicaine » si nécessaire. Or,
dans beaucoup de villages encore à cette date, la désormais élu par les conseillers municipaux (alors
politique oppose les républicains à la droite qu’il était nommé par le préfet sous le Second
Empire) et que la « révolution des mairies », dans
monarchiste et cléricale. Il semble donc difficile de
les années 1880, a permis aux républicains de
distinguer entre défense de la république et
gagner de nombreuses communes aux dépens des
politique. Mais dans l’esprit de l’inspecteur, la
notables conservateurs. Roger Thabault fait ici
République est un principe intangible, intouchable,
au-dessus des partis. On peut rappeler que la allusion aux « chouans », à la droite cléricale, que
les républicains appellent « les réactionnaires » et
révision constitutionnelle de 1884 interdit de
« qui n’osaient se dire royalistes » — ce qui montre
remettre en question « la forme républicaine du
à quel point « le sentiment républicain […] était si
gouvernement ».
général ». On peut noter que l’auteur ne fait aucune
allusion au fait que le suffrage universel est
Doc.  3  –  La  République  et  les  ouvriers   masculin et que les femmes sont donc exclues de
Clemenceau reproche aux républicains modérés de cette culture républicaine fondée sur le vote.
se limiter à « l’émancipation politique » et de L’autre mode de diffusion de la culture républicaine
négliger les « satisfactions économiques » est la fête du 14 juillet, qui est la fois « une grande
réclamées par « les classes laborieuses », les cérémonie républicaine », avec un discours
évoquant la prise de la Bastille et le chant de La deuxième date a été quasiment effacée par la
Marseillaise, et une fête villageoise, avec des jeux, première.
une retraite aux flambeaux, un feu de joie et un bal.
Thabault précise que tous les habitants de la Question 5. Cette affiche publicitaire est une
commune y participent : « presque tous les enfants source historique sur la culture républicaine, parce
du bourg, de nombreux enfants de la campagne – qu’elle montre à quel point Marianne est devenu un
même ceux des chouans ». Dans ce pays de bocage, personnage familier aux Français à la fin du XIXe
la commune comprend « le bourg » (avec l’église, siècle. Cette réclame pour une lessive fait ainsi de
la mairie, l’école, etc.) et des hameaux, une zone Marianne la propagandiste de la « saponite ». Parce
d’habitat dispersé qu’il appelle « la campagne » et qu’elle est une femme, elle sait faire la lessive et
dont les habitants sont moins républicains. elle en remontre donc à ces deux hommes qui
symbolisent le passé monarchique et qui sont
Question 2. Pour décrire cette culture républicaine, familiers aux Français : Napoléon (bicorne et main
Roger Thabault parle d’un « sentiment glissée sous la redingote) et Louis-Philippe (visage
républicain », expression qui connote un en forme de poire et parapluie). La France « lave
attachement affectif à la République, et aussi d’une son linge sale en famille » et on voit dans la
foi, d’une religion, des termes encore plus forts. lessiveuse les emblèmes de la royauté (fleurs de
C’est comme si la religion républicaine s’était lis), de l’empire (aigle) et de la République
substituée à la religion catholique, comme si la (drapeau tricolore). C’est en quelque sorte la grande
croyance en Dieu était remplacée par la « foi au lessive républicaine.
progrès » et « l’attachement à la République à qui Cette publicité est assez ambiguë du point de vue
l’on attribuait les progrès constatés et une capacité du genre. Marianne fait la lessive, parce que c’est le
indéfinie d’en assurer de nouveau ». Les fêtes et les rôle de la femme et aussi parce qu’elle est une
campagnes électorales sont « comme des femme du peuple. Elle apparaît ici comme une forte
cérémonies où se retrempait la foi » et les militants femme, presque une virago, qui semble effrayer
républicains sont les apôtres de la nouvelle Louis-Philippe et Napoléon. Par ailleurs, l’image
religion… est approximative sur le plan historique, puisque le
drapeau blanc aux fleurs de lis n’était pas celui de
Question 3. Ce buste a été créé en 1879, parce que Louis-Philippe (qui avait rétabli le drapeau
c’est l’année où les républicains sont arrivés au tricolore).
pouvoir : ils obtiennent la majorité au sénat avec les
élections sénatoriales du 5 janvier 1879, Mac- Question 6. La Révolution française occupe une
Mahon démissionne de la présidence de la place centrale dans la culture républicaine. En effet,
République le 30 janvier, Jules Grévy est élu le les républicains ont fait de la Révolution l’acte
même jour président de la République et il est fondateur du monde moderne, le début d’une ère de
remplacé à la présidence de l’Assemblée par progrès et de démocratie. Ils ont fait du 14 Juillet la
Gambetta. Waddington forme le premier fête nationale et celle-ci a très vite été adoptée par
gouvernement républicain, avec Jules Ferry à les Français, comme le montre Roger Thabault pour
l’Instruction publique, le 4 février 1879. La révision son village (doc. 5). La Bastille devient même une
constitutionnelle du 21 juin 1879, ramène les véritable attraction foraine (doc. 4) pour les
chambres à Paris (elles étaient à Versailles depuis visiteurs de l’exposition universelle de Paris en
1871). La Marseillaise devient l’hymne national le 1889, où l’on célèbre le centenaire de la
14 février 1879. Révolution. La forteresse et le quartier du faubourg
De nombreux sculpteurs ont alors commercialisé Saint-Antoine avaient été reconstitués au Champ-
des bustes. La Marianne de Jean Gautherin fut de-Mars, avec des figurants en costume d’époque,
achetée par l’Hôtel de ville de Paris, par plusieurs dans une sorte de Disneyland révolutionnaire ! Cela
mairies d’arrondissement, par le Conseil d’État… montre bien que la Révolution est au cœur de cette
culture républicaine, qui se diffuse aussi par les
Question 4. Le 14 Juillet a une double spectacles, par la culture de masse moderne.
signification : c’est la date anniversaire de la prise
de la Bastille (14 juillet 1789), mais aussi de la fête »  Étude.  La  République  face  à  l’agitation  
de la Fédération (14 juillet 1790). La prise de la
Bastille symbolise la chute de l’Ancien Régime, et boulangiste  (1888)  
c’est essentiellement cela qu’a retenu la mémoire >  MANUEL,  P.  166  
collective, comme le montrent les documents 4 et 5.
La fête de la Fédération symbolise « l’unité de la Question 1. Le sens de cette caricature est
patrie » « dans une manifestation pacifique ». largement donné par son titre : l’assaut de la
Beaucoup préféraient se référer à cet événement République. Marianne, retranchée dans un bâtiment
moins violent que la prise de la Bastille, mais la portant les lettres RF, cherche à repousser avec un
balai les assaillants. Ceux-ci veulent défoncer la
porte avec un bélier à l’effigie du général ennemis de la République : les réactionnaires, c’est-
Boulanger. Ce sont les représentants de la droite à-dire la droite monarchiste et cléricale, qui tente de
monarchiste et cléricale. On reconnaît un prêtre revenir au pouvoir en entretenant l’agitation
catholique, un royaliste, habillé comme un noble de boulangiste.
l’Ancien Régime et coiffé d’une perruque poudrée
(terminée par une fleur de lis !) et un bonapartiste, »   Étude.   La   République   face   au  
avec la redingote, le grand chapeau et une barbiche
terrorisme  anarchiste  
à la Napoléon III (c’est le « ratapoil », agent
électoral bonapartiste immortalisé par Daumier). Le >  MANUEL,  P.  167  
message est donc clair : la droite tente d’utiliser le
boulangisme pour abattre sa vieille ennemie, la Question 1. Le contexte dramatique peut expliquer
République. Marianne doit faire le ménage, chasser le vote de ces lois par une majorité de députés. Ces
d’un grand coup de balai tous ces factieux. On derniers ont été directement visés par l’attentat
comprend que le Grelot est un journal satirique perpétré par Auguste Vaillant le 9 décembre 1893 :
républicain et anticlérical, qui combat le il a causé évidemment une grande émotion, même
boulangisme. s’il n’a fait que des blessés. Deux lois sont votées
les jours suivants, celle du 12 décembre 1893 sur la
Question 2. La Société des droits de l’homme et du presse et celle du 18 décembre sur les associations
citoyen se réclame explicitement de la Révolution de malfaiteurs. La classe politique est choquée
française, dont elle veut défendre l’héritage et ensuite par l’assassinat du président de la
poursuivre l’œuvre. Ses membres sont les République Sadi Carnot, le 25 juin 1894, poignardé
« continuateurs » de la Révolution et son nom est par l’anarchiste italien Caserio à Lyon (Carnot avait
lui-même directement inspiré par la Déclaration des refuse de gracier Auguste Vaillant). La troisième
droits de l’homme et du citoyen de 1789. La loi scélérate, qui interdit toute propagande
République doit défendre les libertés héritées de la anarchiste, est votée le 28 juillet 1894.
Révolution et l’association des citoyens est le
meilleur moyen de le faire. Question 2. La loi du 12 décembre 1893 punit
l’apologie, « la provocation indirecte », alors que la
Question 3. La Société des droits de l’homme et du loi sur la presse de 1881 « ne punit que la
citoyen présente le boulangisme comme une provocation directe aux faits qualifiés de crimes »
« aventure […] si humiliante pour notre pays », un rappelle Léon Blum. La liberté de la presse en est
« saut dans l’inconnu », un « péril » pour la menacée, car la notion d’apologie est très floue : la
République, une « entreprise de réaction ou de justice peut en faire une interprétation très large et
dictature ». On sent bien que les républicains sont interdire tout journal manifestant une sympathie à
un peu surpris par le développement de ce nouveau l’égard de l’anarchisme sans pour autant soutenir le
courant, qui rassemble des hommes politiques terrorisme.
venus de la droite comme de l’extrême-gauche
(radicaux, blanquistes…) : ce sont des Question 3. Léon Blum reproche au nouveau texte
« aventuriers » qui entraînent la France « dans de loi sur les associations de malfaiteurs (18
l’inconnu ». Il y a sans doute une part de remords décembre 1893) une définition beaucoup trop large.
dans cette inquiétude, car Clemenceau a soutenu au Le crime d’association de malfaiteurs est désormais
départ Boulanger, qui apparaissait comme un défini non seulement par des actes commis, mais
général républicain. Mais ce que retient surtout la aussi par le simple fait d’avoir été en contact avec
Société, c’est la menace qui pèse sur l’héritage de les auteurs de ces actes, « c’est-à-dire le hasard
1789 : « la grande famille républicaine » doit se d’une conversation surprise, le logement donné à
rassembler contre les « réactionnaires », contre le un inconnu, un service rendu sans comprendre, une
risque d’une dictature militaire ou d’un complot commission faite sans savoir ». Blum reproche
monarchiste. On peut souligner que la famille aussi à cette loi d’encourager la délation.
républicaine s’est en effet réunie : la principale Éléments attendus des élèves : Les trois lois
conséquence du boulangisme, c’est que les radicaux votées en 1893-1894 pour lutter contre le terrorisme
ont atténué leurs critiques contre les républicains anarchiste ont été dénoncées par la gauche comme
modérés et resserré les rangs pour défendre le des « lois scélérates », parce qu’elles remettent en
régime. cause la légalité républicaine, qu’elles « suent la
Éléments attendus des élèves : Les radicaux tyrannie, la barbarie et le mensonge » selon Léon
considèrent qu’il faut défendre la République Blum. Elles permettent en effet d’interdire un
contre le boulangisme, parce que celui-ci remet en journal ou d’incriminer un militant simplement
cause les libertés héritées de la Révolution parce qu’il a exprimé une forme de sympathie à
française. Le pouvoir fort réclamé par le général l’égard de l’anarchisme ou parce qu’il a été
Boulanger peut mener à la dictature. Surtout, dénoncé pour avoir indirectement (voire
Boulanger est un aventurier instrumentalisé par les involontairement) aidé un anarchiste.
Le professeur, dans le cadre de l’EMC, peut des années 1890. Jaurès alors de douter de la
comparer le débat sur les lois scélérates à celui sur sincérité de ce mouvement, et il prend un malin
l’état d’urgence après les attentats de 2015 à Paris. plaisir à donner une sorte de leçon de
Les impératifs sécuritaires peuvent conduire à républicanisme à ses adversaires.
suspendre certaines garanties démocratiques qui
protègent le citoyen de l’arbitraire de l’État. La Question 2. Dans la première phrase de cet extrait,
peur peut susciter un climat intellectuel propice aux Edouard Derré évoque « l’odieuse trahison d’un
amalgames. En 1893-1894, toute opinion anarchiste officier portant l’uniforme français laissant accuser
est ainsi assimilée à l’apologie du terrorisme. et déshonorer un innocent » : il parle du
Aujourd’hui, l’islam est confondu avec l’islamisme commandant Esterhazy, « l’officier félon », qui est
et celui-ci est parfois assimilé au jihadisme le vrai traître ayant livré des informations à
terroriste. l’Allemagne et qui a laissé le capitaine Dreyfus être
condamné par le conseil de guerre. Le jeune élève
»   Dossier.   Les   valeurs   républicaines   au   instituteur est scandalisé par un comportement aussi
immoral, en plus de la part d’un officier (alors que
cœur  de  l’affaire  Dreyfus  
les antidreyfusards parlent sans cesse de l’honneur
>  MANUEL,  P.  168-­‐169   de l’armée).

Question 1. Ce débat à la chambre résume bien Question 3. Emile Zola est le héros des
l’affaire Dreyfus et l’affrontement des deux camps antidreyfusards, parce qu’il a osé, armé de sa seule
en présence. plume, défier les plus hautes autorités et dénoncer
Le comte de Mun, leader de la droite (légitimiste les coupables. Il est la figure même de
rallié et catholique social), avance l’un des grands l’intellectuel : le terme apparaît à l’époque (d’abord
arguments des antidreyfusards : remettre en cause dans une acception péjorative chez les
le jugement de deux conseils de guerre (celui qui a antidreyfusards) pour qualifier les écrivains, les
condamné Dreyfus en 1894 et celui qui vient savants, les artistes s’engageant en faveur de
d’innocenter Esterhazy le 11 janvier 1898), c’est Dreyfus. Le dessin italien (doc. 2) met précisément
porter atteinte à « l’honneur des officiers » et donc en scène cet engagement : Zola y apparaît comme
ébranler « la confiance de la nation dans la le chef des intellectuels qui s’en prennent avec leur
direction de nos affaires militaires ». L’autorité de plume à l’armée française. Le titre de l’article,
l’armée passe avant le destin d’un individu. « J’accuse », au centre de l’image, montre le
D’autant que Dreyfus est défendu par le rayonnement international de l’action de Zola. Le
« syndicat », terme employé par les antidreyfusards dessin semble cependant manifester un certain
pour dénoncer un prétendu complot juif. scepticisme sur les résultats de cette action, car les
L’antisémitisme n’apparaît pas dans cet extrait, soldats regardent d’un air goguenard les
mais il inspire d’autres déclarations d’Albert de intellectuels se démener contre l’armée. Edouard
Mun. Derré (doc. 4) confirme la stature de Zola,
Jean Jaurès – l’un des premiers socialistes à « écrivain déjà célèbre dans le monde entier » et
s’engager, après des hésitations, dans le camp salue le « plus bel exemple de courage civique ». Il
dreyfusard – répond à Albert de Mun, qui demande rappelle que Zola prenait des risques, puisqu’il a
des sanctions contre Zola : « il paraît plus facile de ensuite été condamné « à un an d’emprisonnement
réprimer la presse qui dénonce les abus militaires pour diffamation à l’égard du second conseil de
que de réprimer les abus militaires eux-mêmes ». guerre » (23 février 1898 ; puis, après cassation,
La presse ne fait que dénoncer les fautes de la une deuxième fois le 18 juillet). Zola dut s’exiler à
justice militaire et défendre l’armée à tout prix, Londres (jusqu’au 5 juin 1899). On sait que certains
c’est « livrer la République aux généraux ». Depuis ont attribué sa mort par asphyxie en 1902 à un
l’opposition au Second Empire, la gauche est attentat fomenté par les antidreyfusards (qui
largement pacifiste et antimilitariste : elle se méfie auraient bouché sa cheminée).
d’une armée dont beaucoup d’officiers sont des
nobles, proches de la droite cléricale. Jaurès entend Question 4. L’auteur de ce dessin est clairement
rappeler que « le principe même de la République, engagé du côté antidreyfusard. En effet, les
qui est la subordination du pouvoir militaire au dreyfusards sont représentés comme des « sales
pouvoir civil ». Et que l’Armée n’est pas au-dessus cabots » à qui l’on ordonne de se taire pour laisser
de la justice et des droits du citoyen Dreyfus. On passer les « gloires de la France ». Cet ordre est
peut noter une certaine ironie de Jaurès, quand il donné par le soldat à gauche de l’image, qui botte le
s’adresse « à vous tous, conservateurs de droite et derrière de l’un des chiens. Ceux-ci ont le visage
du centre qui vous dites républicains ». C’est une des défenseurs de Dreyfus, que les lecteurs de
allusion au Ralliement, ce mouvement l’époque doivent reconnaître aisément, notamment
d’acceptation de la République par la droite Jaurès, Clemenceau et Zola. Ce dernier est
catholique (jusque-là monarchiste), lancé au début particulièrement caricaturé, puisqu’il est représenté
en train d’éructer et de péter ! Les détracteurs de – l’accès à la citoyenneté des « peuples d’outre-
Zola lui reprochent en effet non seulement son mer » (dernier paragraphe).
engagement dreyfusard, mais aussi ses romans En revanche, un principe nouveau énoncé par le
naturalistes, considérés comme obscènes et puants. préambule ne figure pas dans le programme du
Zola est souvent représenté comme un cochon se CNR, c’est l’égalité des sexes (premier
roulant dans la fange ou dans des mises en scène paragraphe). Le droit de vote et d’éligibilité des
scatologiques. Face à ces roquets défilent donc les femmes, établi par l’ordonnance du GPRF du 21
gloires de la France, c’est-à-dire ses gloires avril 1944, n’était pas prévu par le CNR. On sait
militaires, comme une sorte d’armée idéale, de que la gauche française est restée largement
Jeanne d’Arc à Napoléon, en passant par Du réticente au vote des femmes, qu’elle soupçonnait
Guesclin, Henri IV et Turenne. Le drapeau blanc d’être influencées par l’Eglise ; et que si les
aux fleurs de lis se mêle au drapeau tricolore dans femmes ont joué un rôle dans la Résistance, ce rôle
cette cavalcade intemporelle fantasmée par le est resté très « genré ».
dessinateur. Traduction : l’armée est intouchable,
les roquets dreyfusards doivent retourner à la Doc  2.  –  Déjà  la  IVe  République…  
niche ! Le Pilori est un journal satirique, Cette affiche peut être utilisée par les historiens
bonapartiste à l’origine, devenu ensuite boulangiste comme une source sur l’année 1946, car les
et nationaliste. publicitaires jouent sur l’état de l’opinion, sur l’air
du temps, souvent avec une dose d’humour, pour
Question 5. L’affaire Dreyfus commence vraiment vendre leur produit. Ici, pour mettre en valeur
quand Zola publie l’article « J’accuse » dans le l’ancienneté de l’entreprise (« maison fondée en
journal de Clemenceau L’Aurore, le 13 janvier 1784 », avant même la Révolution), le dessinateur
1898. Il reproche aux autorités militaires une Sennep l’oppose aux fréquents changements de
double erreur judiciaire : la condamnation d’un régime qu’a connus la France : « Les républiques
innocent, le capitaine Dreyfus, en 1894, puis passent, les peintures Soudée restent ! ». Il faut
l’acquittement du vrai espion, Esterhazy, le 11 donc en remettre « encore une couche », comme le
janvier 1898. L’armée est donc au cœur de l’affaire, fait la IVe République, qui est plus petite que les
puisqu’elle a condamné Dreyfus selon une trois précédentes (parce qu’elle est encore une
procédure opaque et sous l’influence de enfant). Cette affiche nous fait comprendre que
l’antisémitisme. Les antidreyfusards refusent de l’opinion, en 1946, est sans doute un peu lasse des
mettre en cause « l’honneur » de l’armée, alors que débats institutionnels et des multiples scrutins
les dreyfusards estiment que la défense d’un qu’ils occasionnent.
individu innocent, les droits de l’homme, sont des
valeurs républicaines supérieures à la raison d’État.
Doc  3.  –  Le  programme  du  CNR  
La presse, par le texte et par l’image, joue un rôle
Avec le programme du CNR, la Résistance a voulu
essentiel, puisqu’elle lance l’affaire et qu’elle
renouveler profondément la République. Sur le plan
permet ensuite aux deux camps de s’exprimer et de
politique, il s’agit de restaurer la démocratie, avec
s’affronter.
tous les droits qui ont été bafoués par le régime de
Vichy. Le programme comprend les droits
»   Cours   2.   La   refondation   républicaine   fondamentaux déjà garantis par les précédentes
(1944-­‐1947)   républiques, et y ajoute le respect de la personne
>  MANUEL,  P.  172-­‐173   humaine, en réaction aux crimes commis pendant la
guerre par les nazis et leurs alliés.
Ce qui est plus original, c’est la volonté de
Doc  1.  –  Une  République  de  «  notre  temps  »   renforcer la démocratie sur le plan économique et
Le préambule de la Constitution de la IVe social, les forces de gauche étant très influentes au
République s’inscrit dans la continuité sein du CNR (voir sa composition, page 176). Le
démocratique, en invoquant la Déclaration des programme comprend des réformes importantes,
droits de l’homme et du citoyen de 1789 et « les qui ont été mises en œuvre à la Libération : la
principes fondamentaux reconnus par les lois de la nationalisation de plusieurs secteurs de l’économie,
République » (par exemple la loi de 1884 autorisant la planification, les comités d’entreprise
les syndicats). Mais il proclame aussi des principes (« participation des travailleurs à la direction de
nouveaux, qui s’inspirent souvent du programme du l’économie ») et la création d’une sécurité sociale.
CNR. On peut citer : Il y a là une rupture avec le modèle libéral, qui a
– la défense des droits politiques et syndicaux et le dominé sous la IIIe République (à l’exception du
refus de toute discrimination (deuxième et Front Populaire), avec une intervention beaucoup
troisième paragraphes) ; plus forte de l’État dans les domaines économique
– la Sécurité sociale, évoquée à l’avant-dernier et social. Dans le même esprit, on peut souligner
paragraphe d’une manière détaillée (assurance- que le CNR consacre une rubrique entière de son
maladie, retraite) ; programme à la démocratisation de l’enseignement,
pour promouvoir « une élite véritable, non de années les plus sombres de notre histoire, fut notre
naissance mais de mérite ». L’enseignement chef pour la reconquête de la liberté », et c’est
secondaire restait réservé aux privilégiés sous la IIIe pourquoi René Coty se tourne vers lui le 29 mai
République, qui n’a établi sa gratuité que dans les 1958 pour qu’il sauve une nouvelle fois la
années 1930. Pour renforcer l’égalité, le CNR veut République.
donc réformer le système éducatif. Il entend aussi
établir l’égalité entre les citoyens français et les Question 2. Le retour au pouvoir du général de
« populations indigènes et coloniales », en étendant Gaulle a cependant suscité chez certains des
les droits politiques, sociaux et économiques » de inquiétudes, pour deux raisons.
ces dernières. La IIIe République s’est montrée D’abord à cause du contexte de son retour : les
incapable de mettre ses pratiques coloniales en événements d’Alger s’apparentent à un coup d’État
accord avec ses principes (assimilation) : elle a mené par les extrémistes de l’Algérie française en
maintenu les habitants des colonies dans un statut liaison avec l’armée. Or les putschistes ont réclamé
inférieur (l’indigénat). Une République nouvelle le retour du général de Gaulle au pouvoir et celui-ci
doit aussi donc repenser la relation avec ses ne les a jamais clairement désavoués. C’est
colonies. pourquoi les mineurs de la CGT (doc. 4)
considèrent qu’avec l’investiture du Général « les
»  Dossier.  La  crise  du  13  mai  1958   institutions de la République sont toujours
gravement menacées par la dictature » et qu’il faut
>  MANUEL,  P.  174-­‐175   « continuer le combat […] contre le fascisme venu
d’Algérie ».
Question 1. Le passé du général de Gaulle joue un Ces inquiétudes s’expliquent aussi par le
grand rôle dans la crise de mai 1958. De Gaulle lui- programme politique du Général : de Gaulle
même (doc. 1), contre ceux qui l’accusent de combat le « régime des partis » et la IVe République
vouloir « démolir l’institution républicaine », depuis sa création. Ses adversaires le soupçonnent
déclare le 19 mai : « La République ! […], j’ai donc de vouloir profiter de la crise pour achever un
redressé ses armes, ses lois, son nom ». C’est bien régime qu’il déteste. On l’a vu, de Gaulle qualifie
sûr une référence à l’action du Général pendant la ses adversaires ironiquement de « sauveurs
Seconde Guerre mondiale. Il retourne d’ailleurs professionnels de la République » (doc. 1). Il vise
l’accusation contre ses adversaires, en ironisant sur ici principalement les partis de gauche, qui
« les sauveurs professionnels de la République », « m’imputent de vouloir attenter aux libertés
qui depuis 18 ans (donc depuis 1940) le critiquent publiques, détruire les droits syndicaux ». Pour ces
et le soupçonnent, lui, le vrai sauveur de la partis, le gaullisme menace le modèle républicain,
République. Selon lui, « les partis » ont « trahi » la parce qu’il remet en cause le régime parlementaire,
République en 1940 et puis ils ont « reparu » et parce qu’il réclame un pouvoir présidentiel plus
« ont fait une Constitution mauvaise », celle de la fort, ce qui rappelle le bonapartisme.
IVe République. De Gaulle s’est alors « retiré »,
allusion à sa démission du gouvernement en janvier Question 3. Sur cette photographie d’une
1946. Il a combattu le « régime des partis », c’est-à- manifestation à Alger en mai 1958 (le jour exact
dire le régime d’assemblée de la IIIe et de la IVe n’est pas connu), on identifie deux catégories de
Républiques, au nom d’une autre conception de la personnes. D’une part des civils, hommes, femmes
République, mais il n’a pas cherché à imposer cette et enfants, de type européen, qui portent des
conception en 1946. On peut d’ailleurs souligner banderoles « Vive de Gaulle » : ce sont des
une formulation très révélatrice : « J’ai fait la Français d’Algérie, des pieds noirs, qui réclament le
guerre pour obtenir la victoire de la France et je me retour au pouvoir du Général. D’autre part, on
suis arrangé de telle sorte que ce soit aussi la aperçoit des militaires (parachutistes) en uniforme
victoire de la République ». De Gaulle veut dire ici et en armes : ils sont au premier rang, comme s’ils
qu’il a été fair play, en respectant les partis avec assuraient le service d’ordre de la manifestation,
lesquels il était allié dans la Résistance, alors qu’il mais ils semblent détendus et souriants, complices
aurait pu agir autrement. de la foule. On voit ici de façon très claire que la
Selon René Coty (doc. 2), de Gaulle aurait pu alors crise du 13 mai 1958 est une révolte des partisans
imposer un pouvoir personnel. Mais, « ayant réalisé de l’Algérie française, avec le soutien d’une partie
autour de lui l’unanimité nationale, [il] refusa la de l’armée (le général Massu, chef de la 10e
dictature pour rétablir la République ». Le sauveur division parachutiste, qui a mené en 1957 la
de 1940 a refusé d’être un dictateur en 1945, il n’a « bataille d’Alger » contre le FLN), contre le
donc aucune raison de jouer ce rôle en 1958. gouvernement de la IVe République. Et que les
« Croit-on, qu’à 67 ans, je vais commencer une révoltés font appel à de Gaulle, en qui ils voient le
carrière de dictateur ? » lance de Gaulle aux sauveur de l’Algérie française.
journalistes. Légitimé par son passé, de Gaulle est
« le plus illustre des Français […], celui qui, aux
Question 4. Cette célèbre caricature de Jean Effel »   Cours   3.   Une   nouvelle   République  
présente la crise de mai 1958 en filant la métaphore
(1958-­‐1962)  
du mariage. Marianne épouse le général de Gaulle,
qui a mis son costume de cérémonie. Mais elle est >  MANUEL,  P.  176-­‐177  
retenue de force par les deux témoins, deux
dirigeants politiques de premier plan de la IVe Doc.  1  –  Le  gaullisme  
République, le radical Félix Gaillard et le socialiste Ces deux affiches mettent en valeur une
Guy Moquet. Le maire lui pose la question caractéristique essentielle de la Ve République : la
traditionnelle : « Acceptez-vous de prendre pour personnalisation du pouvoir.
mari et légitime époux…? ». Mais il a une L’affiche de septembre 1958 (doc. 1a) appelle à
mitraillette en main et un air très impératif. C’est le voter « oui » à la nouvelle constitution. Elle est
général Massu, coiffé de son béret de parachutiste, signée de l’UNR (Union pour la Nouvelle
le costume de maire cachant mal son uniforme et République), le parti gaulliste fondé en 1958.
ses rangers. On l’a compris, Marianne est obligée L’argumentaire est simple : « Avec de Gaulle, oui à
d’épouser de Gaulle : c’est un mariage forcé, sous la Ve République ». On demande aux électeurs de
la pression de l’armée, avec la complicité d’une faire confiance au Général, d’approuver le nouveau
partie de la classe politique. Derrière une apparence régime qu’il veut fonder, de marcher avec lui vers
de légalité, le dessinateur dénonce un coup de l’avenir. Une foule anonyme d’électrices et
force, un complot. L’aspect de mascarade, de coup d’électeurs se masse derrière la pancarte, où le
d’État à peine déguisé, est renforcé par le fait que le « avec de Gaulle » est souligné par un oui en
bouquet de la mariée et le code civil gisent à terre. grosses lettres rouges. Ce « oui » semble presque
L’Express est un hebdomadaire de centre gauche, irrésistible, incontournable, comme si voter non
connu pour son opposition au retour au pouvoir du c’était empêcher de Gaulle de sauver la France : le
général et très critique sur la politique française en gaullisme a une évidente dimension plébiscitaire
Algérie. (créer l’adhésion directe des citoyens au chef qui
sollicite leur confiance).
Question 5. Ce texte est une lettre envoyée au L’affiche d’octobre 1962 (doc. 1b) appelle à
président de la République René Coty par le approuver l’élection du président de la République
syndicat CGT des mineurs de Lens, dans le Pas-de- au suffrage universel direct. Là aussi, la réponse au
Calais. Écrite sur une feuille de cahier, dans un référendum semble ne pouvoir qu’être affirmative,
français parfois approximatif (« en définitif »), elle tant le texte est formulé comme une évidence :
a été rédigée le 1er juin 1958, juste après « oui, c’est vous qui élirez le Président de la
l’investiture du Général comme président du République ». Cette phrase forme le fond tricolore ;
Conseil, probablement par le dirigeant local de la au centre se trouve le « vous », d’où jaillit une main
CGT, un militant communiste. Le document dont l’index tendu désigne le spectateur de
original est reproduit dans le catalogue l’affiche. L’électeur est ainsi désigné
d’exposition : 1958. D’une république à l’autre. personnellement, appelé implicitement à voter
L’avènement de la Ve République, dir. Catherine « oui » et surtout mis en valeur comme le nouveau
Dhérent, Reims, 1998. centre de la vie politique, disposant désormais d’un
Les mineurs félicitent « les 224 députés pouvoir accru (élire le président). Cette main
républicains qui courageusement se sont opposés à pointant du doigt l’électeur crée ainsi un lien direct
cette investiture » et veulent informer le entre lui et le Président de la République.
gouvernement qu’ils vont continuer le combat
contre « le fascisme » et « les comploteurs », pour Doc.   3  –   La   République   menacée   par   le  
sauver la République de « la dictature ». L’historien
a ici une source primaire, qui donne le point de vue
putsch  d’Alger  
de la « base », des ouvriers proches du parti Dans ce discours, de Gaulle se présente comme
communiste, sur les événements de 1958. Les l’homme qui a déjà sauvé deux fois la France (en
termes employés montrent une grande défiance à 1940-1945 et en 1958) et qui s’apprête à la sauver
l’encontre du général et une volonté de défendre la une nouvelle fois, dans le respect de la légalité
République affirmée d’une manière ferme et un peu républicaine. Il donne à son action une cohérence,
naïve (« notre solennel avertissement »). une continuité, en évoquant « l’immense effort de
redressement de la France entamé depuis le fond de
l’abîme le 18 juin 1940 » et « repris depuis trois ans
afin de refaire l’État », puis il ajoute : « tout cela
risque d’être rendu vain à la veille même de la
réussite par l’odieuse et stupide aventure
d’Algérie ». Le putsch des généraux vient donc
compromettre le redressement de la France par la
Ve République, qui passait notamment par « une
nécessaire décolonisation ». Il y a évidemment une
part de reconstruction a posteriori dans cette tard, le Général explique donc aux Français : « les
présentation, car, quand il a pris le pouvoir en 1958, attentats qui ont été perpétrés et ceux qui sont
de Gaulle n’avait sans doute pas encore une vision préparés font voir que ma disparition risquerait de
claire de la décolonisation. Quoi qu’il en soit, la replonger la France dans la confusion de naguère et,
République est de nouveau menacée en 1961 et de bientôt, dans la catastrophe ». Le raisonnement est
Gaulle va la sauver. le suivant : je suis menacé de mort, il est donc
Il s’efforce d’établir avec les Français un rapport urgent de renforcer la fonction présidentielle en
personnel, en s’adressant à eux directement : modifiant la Constitution. Si jamais je mourrais
« Françaises, Français, voyez où risque d’aller la avant cette réforme, la France risquerait de
France […]. Françaises, Français, aidez-moi ! ». retomber dans les ornières de la IVe République,
Cette dernière formule, un peu surprenante, qui parce que l’autorité présidentielle est surtout liée à
dramatise la situation, doit pousser les Français à ma personne. L’élection au suffrage universel direct
serrer les rangs derrière leur président. De Gaulle, est dans la logique de la constitution adoptée en
en effet, veut justifier le recours à l’article 16 de la 1958, elle donnera au président de la République
Constitution, qui donne les pleins pouvoirs au « la force et l’obligation d’être le guide de la France
président (cf. doc. 2). Cet article, appliqué en 1961 et le garant de l’État ». On voit que de Gaulle
pour la première et la dernière fois, est en effet exploite les menaces d’attentat pour faire passer la
contesté par tous ceux qui redoutent le pouvoir réforme par la voie du référendum, ce qui a entraîné
personnel. C’est pourquoi de Gaulle précise qu’il a la seule motion de censure de la Ve République (5
respecté les règles (« ayant pris l’avis officiel du octobre 1962). Court-circuitant le parlement,
Conseil constitutionnel, etc. ») et qu’il remplit sa s’adressant directement aux Français, le Général
mission de Président de la République : « Par là leur délivre au fond ce message : renforcez la
même je m’affirme en la légitimité française et fonction présidentielle avant que je ne sois
républicaine qui m’a été conférée par la Nation, que éventuellement assassiné !
je maintiendrai quoi qu’il arrive jusqu’au terme de
mon mandat ». Question 3. La confrontation de ces deux images
est frappante, car elle montre l’utilisation des
»   Dossier.   La   République   selon   de   Gaulle   mêmes symboles dans un sens totalement différent.
Dans l’affiche gaulliste de septembre 1958 (doc. 2),
(1946-­‐1962)   Marianne lève ses bras, libérés des chaînes, et
>  MANUEL,  P.  178-­‐179   semble crier sa joie. Le texte explicite l’image :
« oui à la République libérée du système », ce qui
Question 1. Au moment où le général de Gaulle dans la rhétorique gaulliste désigne le « système
prononce le discours de Bayeux (16 juin 1946), il des partis » qui serait responsable de l’impuissance
n’exerce plus de fonctions officielles et la France de la IVe République. Derrière Marianne, l’ombre
n’a pas encore de constitution. De Gaulle a en effet du Général, bien reconnaissable à son képi et à sa
démissionné le 20 janvier 1946 de ses fonctions de grande taille, reproduit le même geste en faisant
chef du gouvernement, parce qu’il s’opposait au avec ses bras levés le V de la victoire. De Gaulle
projet de constitution rédigé par les socialistes et les est comme l’ombre de la République libérée,
communistes et prévoyant un régime d’assemblée. comme une sorte d’éminence grise protectrice.
Ce projet a ensuite été repoussé par le référendum Dans le dessin de Siné, publié dans L’Express du
du 5 mai 1946 et des élections législatives ont eu 11 octobre 1962 (doc. 5), on retrouve les deux
lieu le 2 juin 1946 (153 députés pour le PCF, 129 mêmes personnages, mais le message est inversé.
pour la SFIO, 169 pour le MRP). La nouvelle Les bras levés de Marianne sont ceux d’une
assemblée doit choisir la constitution de la IVe personne en train de se noyer et d’appeler à l’aide.
République. À Bayeux, de Gaulle détaille son Marianne se trouve dans le ventre du Général, qui
projet, qui annonce la constitution de 1958, avec un devient une sorte d’ogre dans l’estomac duquel la
président élu par un collège plus large que les seuls République se noie. De Gaulle est un personnage
parlementaires, « placé au-dessus des partis », bedonnant, un gros bonhomme un peu ridicule et un
servant « d’arbitre au-dessus des contingences peu inquiétant. Ses bras levés ne sont plus un
politiques ». Mais c’est un régime parlementaire solennel V de la Victoire, mais plutôt une
(tendant au régime d’assemblée) qui a été adopté gesticulation dérisoire pour masquer la réalité (la
lors du référendum du 13 octobre 1946 (malgré République se meurt).
l’opposition du Général, exprimée dans le discours
d’Épinal le 22 septembre 1946). Question 4. Pierre Pflimlin affirme que la réforme
de 1962 (élection du président de la République au
Question 2. Pour justifier la modification de la suffrage universel direct) a modifié les « mœurs
Constitution, de Gaulle fait allusion à l’attentat du politiques », mais pas le droit. Sur le plan purement
Petit-Clamart, commis par l’OAS le 22 août 1962 et juridique, « cette novation a renforcé l’autorité
auquel il a échappé de justesse. Deux mois plus politique et morale du président de la République »,
mais sans altérer vraiment « le rapport des forces au http://www.assemblee-nationale.fr
sein du système ». Pflimlin rappelle que, selon Dans le premier cas, le rapport public de 2013 cité à
l’article 20 de la Constitution, c’est bien le Premier l’étape 1 est d’une grande utilité pour amorcer les
ministre qui gouverne la France dans le cadre d’un recherches des élèves. Il est disponible à cette
régime parlementaire. Mais il reconnaît en même adresse :
temps que cette réforme a accentué « la http://www.ladocumentationfrancaise.fr
personnalisation de la vie politique », encore
renforcée ensuite par la télévision (l’élection »  Bac  
présidentielle de 1965 est la première où la >  MANUEL,  P.  184-­‐185  
télévision joue un rôle important). La vie politique
s’est entièrement recentrée sur l’élection
présidentielle, ce qui a entraîné un effacement de
Sujet  :   L’enracinement   de   la   culture  
fait du Premier ministre. Les « mœurs politiques » républicaine  (années  1880  et  1890)  
– c’est-à-dire la pratique, l’interprétation qui est
faite des institutions – peuvent donc jouer un rôle
Question a. L’instruction est une valeur
aussi important que le droit.
républicaine essentielle, car c’est l’école qui doit
transformer les jeunes Français en citoyens
Question 5. La conception gaulliste du pouvoir a
conscients de leurs droits et de leurs devoirs. Elle
trouvé sa première expression dans l’opposition du
est d’ailleurs gratuite (1881) et obligatoire et laïque
Général à la IVe République. De Gaulle
(1882) depuis peu.
démissionne en janvier 1946, parce qu’il refuse le
« régime des partis », c’est-à-dire au fond le régime
Question b. Les lions, symboles du peuple, sont le
d’assemblée qu’était la IIIe République et que la IVe
socle de la démocratie et son moteur, puisqu’ils
République a recréé. Dans le discours de Bayeux,
tirent le char de Marianne. Ils sont guidés par le
en 1946, le Général prône un pouvoir présidentiel
génie de la liberté, torche à la main, qui leur
fort.
indique la voie à suivre.
Le projet gaulliste s’élabore donc dans l’opposition
à la IVe République et il se réalise de 1958 à 1962.
Question c. Le forgeron symbolise le travail, autre
Rappelé au pouvoir en mai 1958, dans un contexte
valeur républicaine.
délétère, de Gaulle fait approuver par référendum la
constitution de la Ve République (28 septembre
Question d. La statue de la Liberté, conçue par
1958). C’est un régime parlementaire, avec un
Auguste Bartholdi pour être offerte aux États-Unis
pouvoir présidentiel fort, ce qui a conduit certains à
d’Amérique, représente une femme en majesté qui
parler de régime semi-présidentiel. Une seconde
aurait pu être Marianne. Elle tient aussi une torche
étape est franchie en 1962 : dramatisant la situation
enflammée, symbole de lumière et de progrès.
créée par les attentats contre sa personne, de Gaulle
Cependant, elle n’arbore pas les mêmes symboles
fait approuver par référendum l’élection du
républicains : le bonnet phrygien est remplacé par
président de la République au suffrage universel
une couronne d’inspiration antique, plus neutre.
direct.
Ce nouveau régime est critiqué par tous ceux qui
Question e. La Marianne de Dalou, un sein nu et
s’opposent à la personnalisation du pouvoir et
portant le bonnet phrygien, semble marcher avec
redoutent une dérive autoritaire. Les opposants à de
assurance. Elle incarne ainsi une République
Gaulle lui reprochent une pratique du pouvoir
triomphante, qui n’a plus à craindre pour son
« bonapartiste » (recours au référendum, posture
avenir.
d’arbitre « au-dessus des partis ») et défendent le
régime parlementaire.
Question f. Marianne est juchée sur un globe
terrestre qui symbolise le monde. Dalou promeut
»  Travailler  autrement     par là l’idée que le modèle républicain a vocation à
>  MANUEL,  P.  180-­‐181   s’exporter, dans l’empire français en premier lieu,
et dans le monde entier dans l’absolu.

Comme pour celle du chapitre 7 (modélisation des Question g. La femme représente la justice. La
Nations Unies), cette activité peut être menée de justice et l’équité sont aussi deux valeurs centrales
plusieurs manières. On peut organiser un débat sur de l’idéologie républicaine.
une panthéonisation à venir, ou bien rejouer les
débats suscités par celle de Zola par exemple. Sujet  :  La  crise  du  13  mai  1958  
Dans ce 2e cas, l’Assemblée nationale propose un
dossier contenant l’ensemble des débats relatifs à la
Panthéonisation de Zola, précédé d’une remise en Pour les opposants à de Gaulle comme Pierre
contexte historique : Mendès-France, les événements d’Alger constituent
une forme de chantage destiné à contraindre les parallèle de celui de la seigneurie. L’expression de
députés à voter en faveur du général. Il avoue ses « commune » met en valeur le fait que cette
« sentiments », son attachement personnel au organisation du territoire français en petites
général de Gaulle du fait de son action passée. circonscriptions administratives aux statuts variés
Pourtant, il refuse de voter son investiture du fait de contraste avec l’égalité que permet l’État français
la pression exercée par les « factieux » d’Alger en républicain et centralisé. On remarquera la présence
ce sens. Ce souvenir « dénature » et « altère » selon de l’Église en arrière plan, qui se dresse au bout
lui le sens de l’appel à de Gaulle qui pourrait être le d’une rue anormalement vide. Les habitants sont
prélude à une mainmise militaire sur le pouvoir des serfs courbés aux champs ou se cachent dans
civil. Toutefois, il espère se tromper et voir le leur maison.
général de Gaulle rétablir l’ordre en Algérie et La Révolution française est évoquée par la présence
refonder sur des bases solides la République. De d’une Bastille exempte de toute présence humaine
Gaulle est finalement investi par 329 voix pour 250 ainsi que par le texte de la DDHC, pointée du doigt
contre. par un député du tiers-état reconnaissable à son
habit noir. Les événements révolutionnaires sont
»  Bac  blanc     réduits à l’année 1789, présentée comme celle où
>  MANUEL,  P.  187   les Français ont conquis leur liberté. Ces
événements mènent aujourd’hui à la salle de classe,
où les petits Français apprennent à devenir des
Cette affiche de Delagrave, éditeur scolaire depuis
citoyens grâce à leur maître, pour plus tard pouvoir
1865, a pour but d’ancrer les valeurs républicaines
voter de manière éclairée, comme le montre le
chez le jeune Français. Sa vision de l’Histoire
présente une France pré-révolutionnaire aux dernier carton. On remarquera l’absence
caractéristiques médiévales : le château et le remarquable de toute présence féminine. Sur cette
affiche, les femmes sont absentes de l’histoire
servage sont les symboles du système féodal et de
la domination de l’aristocratie. La ville, « la comme elles sont absentes de la vie démocratique.
commune », rappelle qu’un monde urbain existe en
CHAPITRE  

8   La  République  et  les  


évolutions  de  la  société  
française  
 
»  Présentation  de  la  question   rappeler le premier chapitre du programme de
  seconde).
Cette immigration de masse prend une autre
La   population   active   française,   reflet   des   dimension pendant les « Trente glorieuses ». Les
bouleversements   économiques   et   sociaux   origines des immigrés se diversifient. La France
depuis  1914   accueille encore pour l’essentiel (61%) des
Européens (Italiens, Portugais, Espagnols) mais les
populations en provenance du Maghreb et
Les changements subis par la société française sont d’Afrique subsaharienne sont de plus en plus
représentatifs des mutations de toutes les sociétés nombreuses. La division du travail, qui les cantonne
occidentales qui ont connu très tôt l’accélération de aux travaux pénibles et sous-payés, ainsi que la
la croissance et l’industrialisation. Ces sociétés ont précarité de leurs logements, souvent situés dans
été en effet marquées par un profond processus de des bidonvilles, des foyers ou dans des quartiers
transformation qui a effacé leur caractère rural. délaissés à la périphérie des centres urbains,
Elles sont devenues des sociétés industrielles et entraînent une marginalisation des immigrés. Leurs
urbaines puis des sociétés postindustrielles dures conditions d’existence contrastent avec celles
fortement tertiarisées. du reste de la société qui entre dans l’ère de la
En France, le passage à la société industrielle se fait consommation de masse.
de 1850 aux années 1970. Le salariat se développe, À partir de 1974, le ralentissement de la croissance
les emplois dans le secteur secondaire augmentent conduit les gouvernements à tenter de limiter
et se diversifient, le niveau moyen de formation l’immigration. Mais la réalité des nouvelles
progresse ; l’exode rural qui conduit à la « fin des mobilités engendrées par la mondialisation,
paysans » favorise l’essor de grandes l’importance des écarts de richesses avec les pays
agglomérations. en développement, l’instabilité politique de ces
La société française devient de type postindustriel à États entraînent des flux que les politiques
partir du milieu des années 1970. Elle est alors restrictives ne parviennent pas à contrôler. La
caractérisée par l’élévation encore plus forte du persistance des flux d’immigrés et la précocité de
niveau de qualification, l’hégémonie du secteur l’immigration en France font que la part des
tertiaire, alors que le nombre d’actifs dans étrangers dans la population française est très
l’industrie diminue. Ces phénomènes élevée depuis le XIXe siècle. Son niveau est
s’accompagnent de l’élévation globale du niveau de d’ailleurs proche du niveau actuel dès 1931, alors
vie, malgré une certaine précarisation de l’emploi et même que beaucoup d’étrangers accèdent à la
l’apparition d’un chômage de masse. L’ampleur nationalité française par naturalisation grâce
nouvelle que prend, pendant cette période, le notamment au droit du sol (loi de 1889
salariat féminin permet de faire le lien avec un autre notamment).
thème du programme, la place des femmes dans la L’attitude de la société française face aux immigrés
vie politique et sociale de la France. alterne entre l’indifférence et des moments où les
tensions économiques et sociales favorisent les
L’immigration   et   la   société   française   au   XXe   réactions xénophobes. Déjà dans les années 1930 se
siècle   développe un climat de rejet des étrangers, jugés
Dans cette société en mutation, les immigrés inassimilables, alors même qu’ils sont le plus
occupent une place de plus en plus importante. La souvent d’origine européenne. Depuis le milieu des
France, dont le dynamisme démographique est années 1970, l’immigration est de nouveau un sujet
faible jusqu’aux années 1940, doit faire venir de la de controverse majeur dans la société française, qui
main-d’œuvre de l’étranger. Terre de liberté, elle accueille des migrants de culture encore plus
attire de nombreux réfugiés politiques. Elle devient éloignée. Aujourd’hui, des manifestations de
ainsi un pays d’immigration de masse, le seul xénophobie, essentiellement focalisées sur la
d’ailleurs en Europe dès le XIXe siècle. En effet, les population maghrébine, rappellent le climat des
autres grands États européens sont longtemps restés années 1930. La question de l’intégration de ces
des régions de départ. (On peut ici utilement immigrés venus d’Afrique du Nord entraîne de
nombreux débats, alors que l’insertion
professionnelle des jeunes issus de l’immigration les formes de domination que les femmes ont
semble difficile et que se manifestent des attitudes subies depuis les débuts de l’humanité. Dans les
de repli communautaire chez certains immigrés ou années 1980, le concept d’histoire du genre est
descendants d’immigrés. À ces problèmes s’ajoute préféré à celui d’histoire des femmes. Il s’agit de
celui de l’immigration clandestine. mettre davantage l’accent sur la question du rôle
attribué à la différenciation sexuelle, plus qu’à
celle-ci proprement dite. De plus, le terme de
La   République   et   la   question   ouvrière  :   le   « genre » permet d’élargir le champ d’étude aux
Front  populaire   communautés lesbiennes, gays, bisexuels et
transgenres.
Ce thème ne demande pas de relater l’histoire du La période retenue pour cette question est une ère
mouvement ouvrier et d’analyser l’essor d’une riche en évolutions pour la place des femmes dans
« conscience de classe » au sein d’un groupe social la vie politique et sociale de la France. La Belle
en essor depuis les débuts de la Révolution Époque voit l’essor de mouvements féministes. Par
industrielle. L’approche est strictement limitée à la suite, les femmes investissent de nouveaux
l’attitude des institutions républicaines envers une secteurs économiques, des postes à responsabilités
catégorie sociale dont les conditions de vie et de qui leur étaient jusqu’alors interdits. Elles
travail sont très difficiles et les revendications de acquièrent la maîtrise de leur sexualité et sont plus
plus en plus fortes. Le suffrage universel, nombreuses à accéder à l’enseignement secondaire
l’instauration des grandes libertés, le progrès des et supérieur et aux responsabilités politiques.
idées socialistes et l’organisation de syndicats Le rôle de l’État est déterminant. La Troisième
(CGT en 1895) ou de partis politiques (SFIO en République a permis les premières avancées dans la
1905, PCF en 1920) qui veulent défendre les conquête des droits civils et a développé la
travailleurs ne permettent plus à la République scolarisation des filles. Cependant, elle ne parvient
d’ignorer leurs problèmes. pas à faire des Françaises des citoyennes à part
1936 est un temps fort de l’histoire des luttes entière, alors que d’autres démocraties l’ont fait.
ouvrières et des lois sociales. Le caractère joyeux L’origine de ce blocage est la convergence de deux
des grèves, après le succès électoral du Front antiféminismes : l’antiféminisme de droite avec une
Populaire, montre à quel point ce moment est vécu conception familiariste du vote (c’est le chef de
par les travailleurs comme la promesse d’un avenir famille, donc le mari qui doit posséder le droit de
meilleur. En effet, jamais jusqu’alors un vote), l’antiféminisme de gauche (les radicaux
gouvernement n’a été soutenu par une coalition de anticléricaux se méfient de l’influence des femmes
gauche aussi large allant des radicaux aux sur le vote, car elles sont plus pratiquantes que les
communistes. Jamais la République ne s’est hommes, et donc soumises aux injonctions du
montrée aussi soucieuse de la question ouvrière. clergé. Il faut attendre la Libération et une
L’historiographie traditionnelle insiste sur la ordonnance du gouvernement provisoire en 1944
fragilité des acquis sociaux ; certains ont même pour que soit enfin accordé le droit de vote aux
parlé de ce point de vue d’une « défaite du Front femmes. Enfin, la Ve République voit d’autres
Populaire ». Cependant le 70e anniversaire du Front avancées législatives décisives (maîtrise du corps,
populaire en 2006 a entraîné de nombreuses parité).
publications qui ont montré l’empreinte de ce temps Mais, si les progrès sont importants, les blocages
fort dans la mémoire ouvrière et nationale. Ces sont encore nombreux. Cette question permet
ouvrages ont aussi amené à une relecture de la d’ailleurs aux élèves de réfléchir aux stéréotypes de
politique du Front populaire qui insiste à la fois sur sexes, qui sont encore très présents dans les
son aspect novateur (notamment par mentalités, malgré les évolutions législatives.
l’interventionnisme des autorités publiques dans la
vie économique, sociale et culturelle) et sur le fait
qu’il est au fondement du système français de
négociations collectives.

La   place   des   femmes   dans   la   vie   politique   et  


sociale  de  la  France  au  XXe  siècle  

L’essor d’une historiographie intégrant la


dimension sexuée (ou genrée) explique la volonté
de mettre en valeur la condition féminine dans
l’enseignement. Une branche de l’histoire
consacrée à l’étude des femmes en tant que groupe
social naît dans les années 1970, étroitement liée
aux luttes féministes. Ce courant met en lumière
»  Bibliographie   Élise ou la vraie vie (M. Drach, 1969) montre une
usine dans les années 1960.
Sur  la  population  active  :   Ressources humaines (Laurent Cantet, 1999) traite
de l’évolution récente du monde du travail.
BRAUDEL F., LABROUSSE Ernest (dir.),
Histoire économique et sociale de la France, PUF, Playtime est un film franco-Italien réalisé par
Jacques Tati, tourné entre 1964 et 1967 et sorti en
réed. 2002.
1967. Il montre notamment les conditions de vie et
BORNE D., Histoire de la société française depuis
1945, Armand Colin, 2005. de travail dans une ville moderne.
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1814-1914, Seuil, 1994. La   République   et   la   question   ouvrière  :   le  
DUPAQUIER J. (dir.), Histoire de la population Front  populaire  
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LEQUIN Y. (dir.), Histoire des Français XIXe-XXe BRUNET J.-P., Histoire du Front populaire, 1934-
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d’ici », aux éditions Autrement, plusieurs numéros 2006.
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Nanterre algérien (n° 85), Les Polonais du Nord ou La   place   des   femmes   dans   la   vie   politique   et  
la mémoire des corons (n° 83), Portugais à sociale  de  la  France  au  XXe  siècle  
Champigny, le temps des baraques (n° 86).
Les sites de l’ined et de l’insee : www.ined.fr et MARUANI M., Femmes, genre et société, La
www.insee.fr Découverte, 2005.
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http://www.nordmag.com/nord_pas_de_calais/doua Géographes, APHG, 2006 (extraits des numéros
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BARD C., Les Filles de Marianne. Histoire des
féminismes, 1914-1940, Fayard, 1995.
Le point du jour (L. Daquin, 1948) évoque la mine.
La meilleure part (Y. Allégret 1956) évoque la vie
d’un travailleur immigré.
GUBIN E., JACQUES C., ROCHEFORT F., WIEVIORKA A., Quelles places pour les femmes
STUDER B et alii, Le Siècle des féminismes, dans l’histoire enseignée ? Avis et rapport du
L’Atelier, 2004. Conseil économique et social, 2004 (www.conseil-
LATGER H. et WAGNIART J.-F. (dir.), Des economique-et-social.fr)
femmes sans histoire ?, Syllepse, 2005. Les archives du féminisme, ressources en ligne et
DESCAS-RAVOTEUR M. et MARLIN-GODIER expositions virtuelles :
M., Dossier pédagogique des archives http://buweb.univangers.fr/ARCHFEM
départementales de la Martinique : Femmes de la
Martinique : Quelle histoire ?, 2009. »  Plan  du  chapitre  
SEAGER J., L’Atlas des femmes dans le monde,
Autrement, 2003.
 
Le premier cours traite de la population active
Revue TDC, Femmes et hommes : quelle égalité ?,
depuis 1914. Il est suivi de deux études sur les
2003.
conditions d’emploi des femmes et d’un dossier sur
Tudor Ruth, Enseigner l’histoire des femmes au 20e
le travail dans l’industrie automobile en France.
siècle : la pratique en salle de classe. Bruxelles,
Le second cours montre de quelle manière le Front
Conseil de l’Europe, 2000
populaire tente d’améliorer le sort des travailleurs.
ZANCARINI-FOURNEL M., Histoire des femmes
Cette leçon s’accompagne d’un dossier qui souligne
en France : XIXe-XXe siècle, PU Rennes (1
combien les congés payés ont bouleversé la vie des
décembre 2005).
travailleurs.
L’association Archives du féminisme
Le troisième cours explique comment la France est
(http://archivesdufeminisme.fr), ainsi que le centre
devenue une terre d’immigration, et comment la
des archives du féminisme (http://bu.univ-
société française a réagi. Il est suivi d’un dossier
angers.fr/EXTRANET/CAF), tous deux fondés et
sur les Portugais en France.
dirigés par Christine Bard (historienne, professeure
Le dernier cours traite de l’émancipation des
à l’Université d’Angers) mettent en ligne des
femmes au cours du XXe siècle et du difficile
documents numérisés, des articles et des
passage d’une situation très inégalitaire à une
bibliographies sur l’histoire du féminisme français
relative parité en France. Un dossier et deux études
principalement.
complètent ce cours. Le dossier permet de mesurer
Des expositions virtuelles consacrées aux femmes :
le poids de préjugés sexistes, encore largement
http://musea.univ-angers.fr
répandus, une des études montre comment la
De la mixité… à l’égalité dans le système éducatif,
République a amélioré la représentation des
colloque à la MGEN, mai 2004, actes :
femmes parmi les élus, la deuxième étude révèle
http://eduscol.education.fr/D0126/mixite_actes.htm
dans quelles conditions les femmes ont obtenu le
droit à l’avortement.
Commentaire des documents et réponses aux questions

»  Ouverture  de  chapitre   reportage photographique entre la fin des années


>  MANUEL,  P.  188-­‐189 1920 et le début des années 1930 a pu jouer dans la
popularisation du geste.
Son utilisation en 1936 en France devient courante.
Doc.   1   –   L’enthousiasme   des   travailleurs   Lever le poing est devenu est alors moins un signe
après  la  victoire  du  Front  populaire qui annonce qu’on est prêt à en découdre qu’un
Au lendemain de la victoire du Front populaire, un signe de reconnaissance mutuelle entre camarades
vaste mouvement de grève se développe dans toute de lutte.
la France, provoqué par les nombreuses années de
frustrations sociales engendrées par la crise et les Doc  2.  –  Jeune  femme  vietnamienne  dans  un  
espoirs importants soulevés par l’arrivée de la
atelier  de  confection,  France,  1980  
gauche au pouvoir.
Cette photographie souligne que la croissance
Ce rassemblement des ouvriers du bâtiment est
économique a poussé la France à faire appel à des
organisé dans un contexte marqué par ce que la
travailleurs étrangers, devenant ainsi un pays
CGT, appelle de « grandes victoires ouvrières ». En
d’immigration.
effet, entre le 11 et le 12 juin sont successivement
Depuis plus d’un siècle, dans les grandes villes
votées les lois sur les conventions collectives,
françaises et en particulier à Paris, des femmes et
les congés payés (15 jours) et la semaine de 40
des hommes venus des quatre coins du monde ont
heures. Les premières conventions collectives ont
travaillé derrière les machines à coudre. Ce recours
été signées à Paris pour les métallurgistes et
à une main-d’œuvre immigrée docile, peu coûteuse
certains ouvriers du bâtiment. Pour la CGT et le
et parfois clandestine à permis à l’industrie urbaine
Parti communiste français, les ouvriers doivent
de la confection de résister alors que l’activité
continuer à faire pression « pour obtenir une
industrielle globale reculait au cœur des grandes
légitime satisfaction dans toute la province et dans
villes françaises.
toutes les corporations avec puissance, calme et
C’est vers la fin du XXe siècle qu’un grand nombre
discipline ». (L’Humanité, 13 juin 1936). C’est
d’immigrants venus de l’Asie du Sud-Est arrivent
pour cette raison qu’est organisé ce rassemblement
en France. Dans les années 1970, ce sont surtout
du 13 juin 1936.
des réfugiés chinois, khmers, laotiens et
Cette photographie rend bien compte de l’intention
vietnamiens. Ils commencent souvent par des
des organisations ouvrières de montrer leur
travaux à domicile ou en atelier puis, avec un peu
« puissance », leur « calme » et leur « discipline ».
d’argent et quelques machines, ils mettent sur pied
On voit en effet une foule d’hommes (le bâtiment
une entreprise familiale.
est alors un secteur exclusivement masculin) qui
Le quartier chinois à Paris, dans le 13e
portent pour la plupart le béret, typique du costume
arrondissement, le Pletzl, le Sentier, Belleville ou
des classes populaires. Ils sont rassemblés en bon
Issy-les-Moulineaux deviennent alors des centres
ordre, l’air déterminé mais serein, ils lèvent tous le
importants de la confection parisienne. Au milieu
poing.
des années 1980, une estimation fait état de 15 000
Ce poing gauche levé est un salut gestuel surtout
ouvriers de la couture dans le quartier chinois de
utilisé par les activistes de gauche. Il est
Paris.
généralement perçu comme une expression de
révolte, de force mais aussi de solidarité. Gilles
Vergnon, maître de conférences d’histoire »   Cours   1.   La   population   active   depuis  
contemporaine à l’IEP de Lyon en retrace la genèse 1914
ainsi : « Au milieu des années trente, en Europe, le >  MANUEL,  P.  190-­‐191  
poing levé devient le signe d’appartenance par
excellence de la gauche, surtout de la gauche Doc  1.  –  L’évolution  de  la  population  active  
antifasciste, qui s’oppose aux troupes du bras Entre 1911 et 1954, le nombre d’actifs diminue
tendu ». On le voit ainsi dans les défilés du Front
légèrement, il passe de 20 à 19,5 millions, ce qui
populaire en France et chez les Républicains
représente une baisse de 2,5 % . Cette évolution
espagnols.
s’explique par le déficit démographique lié à la
Mais ce symbole apparaît pour la première fois en
Première Guerre mondiale, par la crise des années
1924 en Allemagne au sein du parti communiste de 1930 et par le nombre d’adultes qui ont disparu
la République de Weimar, le KPD. Le signe se
entre 1939 et 1945.
propage et est, dans les années 1930, récupéré par
En revanche, en 2014, il y a environ 9 millions
les socialistes et les communistes de toute l’Europe.
d’actifs en plus (46 % de plus). Cette hausse est dûe
Le développement d’une presse illustrée et du
à l’arrivée sur le marché du travail des adultes nés
lors du baby boom, à celle de nombreux immigrés travail de trois femmes qui sont infirmières. Les
ou rapatriés, et enfin aux nouveaux progrès de femmes ont été longtemps été cantonnées aux
l’emploi féminin. métiers les moins qualifiés, dans les années 1950 –
elles étaient infirmières plutôt que médecins. Elles
Doc   2.   –   Le   chômage   en   France   sont très présentes dans les métiers de la santé et de
métropolitaine  depuis  1977   l’instruction, car ceux-ci correspondent aux
En 1977, le taux de chômage reste peu élevé, il stéréotypes en vigueur et à ses « aptitudes
atteint 4,1%. Les années suivantes, il progresse naturelles » de mère. Les écoles ont contribué au
fortement pour atteindre 9,6 % en 1995. Dans les maintien de cette situation en ancrant ce type de
années 2000, il baisse d’environ deux points avant préjugés dans l’esprit des écoliers, notamment à
de remonter à cause de la crise. Depuis 2007, il est l’aide de ces panneaux scolaires. Cette répartition
aux alentours de 9,9% en 2014. sexuée des tâches existe encore aujourd’hui, même
La France connaît donc depuis les années 1970, une s’il y a beaucoup plus de femmes médecins (voir
longue période de chômage de masse. La fin du doc 2 p. 193).
plein emploi s’explique par le ralentissement de la
croissance. Les fermetures d’entreprises, les »   Étude.   Les   inégalités   salariales   entre  
délocalisations et l’automatisation de la production les  hommes  et  les  femmes  
expliquent la persistance de ce fort taux de >  MANUEL,  P.  192  
chômage. Les femmes et les jeunes hommes de 15
à 24 ans sont les catégories les plus touchées par ce
Réponses  aux  questions  
chômage. En 2014, le taux de chômage des jeunes
femmes est supérieur de 12,3 points au taux de
Question 1. L’affiche est composée de deux
chômage général, celui des jeunes hommes de 14,5
parties. À droite, une image qui représente deux
points.
salariées avec des objets qui évoquent leur travail.
L’une d’elle, celle qui porte une jupe noire
Doc  3.  –  Du  paysan  à  l’exploitant  agricole   symbolise les employées de bureau (une secrétaire,
Plusieurs phénomènes montrent que les agriculteurs on distingue un téléphone et une machine à écrire).
ont connu une véritable « révolution de leurs modes L’autre porte une salopette d’ouvrière et tient dans
de vie et de travail ». Leur nombre a d’abord la main une clé à molette. Elle est entourée d’objets
fortement diminué. À la fin des années 1970, il y a évoquant l’univers de l’usine, en particulier de
« deux fois moins de paysans qu’en 1950 ». Leur l’industrie textile (bobine de fil).
façon de cultiver la terre s’est perfectionnée, La partie gauche de l’affiche est une liste des
obligeant l’agriculteur à devenir « un agent qualifié revendications de la CGT. Certaines concernent les
de l’économie ». Il récolte « d’autres espèces » de deux sexes, par exemple, une augmentation
blé « plus éloignées de celles qu’il cultivait au générale des salaires, deux jours de repos
lendemain de la guerre », car beaucoup plus consécutifs. D’autres demandes concernent plus
productives. Sa productivité s’est aussi améliorée particulièrement les femmes : à travail égal, salaire
grâce à la mécanisation : « la puissance motrice égal ou le droit à la maternité (c’est-à-dire à un
installée chez l’exploitant agricole est supérieure à congé maternité).
celle de l’industriel d’autrefois ».
Les bouleversements ne concernent pas seulement Question 2. On constate qu’effectivement, il
les méthodes de production mais aussi la « façon de n’existe pas d’égalité salariale entre les hommes et
penser, de vivre et d’agir » qui « n’a plus beaucoup les femmes à la fin des années 1950, ce qui
de points communs avec ce que l’on observait il y a explique la revendication de la CGT, « à travail
vingt-cinq ans ». On peut parler de véritable égal, salaire égal ». Vers 1958, une femme
révolution car le pays, dans les années 1970, est travaillant à temps complet touche en moyenne
« plus différent de la France de 1950 que celle-ci de environ 64 % du salaire d’un homme.
la France de 1870 ».
Question 3. C’est pour la catégorie socio-
professionnelle des cadres que l’écart salarial est le
Doc  4.  –  Le  développement  des  emplois  dans   plus important en 1954. À cette date, un cadre
féminin touche en moyenne 57 % du salaire d’un
les  services  de  santé.  
cadre masculin. L’écart salarial est donc de 43 %,
La multiplication des emplois dans les hôpitaux
alors qu’il n’est que de 21,4 % pour les employés et
favorise la tertiarisation de la population active. Les
de 31,8 % pour les ouvriers. Cette situation
hôpitaux recrutent de nombreux médecins et des
s’explique en grande partie par le fait que le
infirmières. Ce panneau scolaire montre que cet
sommet de la hiérarchie reste occupé par des
essor des emplois dans les services de santé conduit
hommes et donc ils monopolisent les postes les
à une différenciation des métiers selon les sexes.
mieux rémunérés.
L’homme présenté ici est médecin, il dirige le
Question 4. C’est dans les années 1970 que l’écart Question 4. Ces deux documents sont très
de salaire entre les hommes et les femmes révélateurs du maintien des préjugés traditionnels
commence à changer fortement. En 1968, une concernant la femme. Les femmes sont surtout
femme travaillant à temps complet touche encore nombreuses dans les emplois proches de l’idéal
en moyenne 65 % du salaire d’un homme. Vers bourgeois de la femme : celui de la mère qui veille
1978, cet écart se réduit d’environ 5 points. Depuis, sur son intérieur, sur la santé et l’éducation de ses
des progrès notables ont été faits puisqu’en 2011, jeunes enfants. Elles continuent aussi à être
l’écart est de 17,6 % contre 30 % vers 1978. majoritaires dans des postes à faible qualification,
Ces progrès s’expliquent en partie par le sommet de la hiérarchie restant dominé par les
l’intervention de l’État. En 1972, une loi est votée hommes. Cela au nom du préjugé traditionnel de
afin d’assurer l’égalité de rémunération entre les l’infériorité intellectuelle de la femme dans certains
femmes et les hommes. Cette première loi est suivie domaines et de son incapacité naturelle à occuper
de quatre autres mesures législatives pour les postes d’autorité – l’autorité étant perçue
contraindre les entreprises à mettre fin aux comme un attribut masculin.
inégalités professionnelles. La dernière loi, votée en
2010, prévoit même des sanctions financières pour »   Dossier.   Travailler   dans   l’industrie  
les entreprises les plus réticentes. Une autre
automobile  en  France  
explication est l’ouverture aux femmes de
nombreux métiers bien rémunérés – autrefois >  MANUEL,  P.  194-­‐195
réservés aux hommes. Enfin, les femmes sont
aujourd’hui plus qualifiées : leur taux de scolarité à Réponses  aux  questions  
20 ans est passé de 3,5 % en 1946 à 55,6 % en 2012
(voir tableau p. 204). Question 1. En 1931, les méthodes de fabrication
mises au point par le constructeur américain Ford à
»   Étude.   Quels   métiers   pour   les   Détroit en 1913 s’imposent dans les usines
femmes  ?   françaises. La photographie 4a montre en effet une
>  MANUEL,  P.  193   chaîne d’assemblage mobile chez Citroën en 1931.
Elle occupe toute la longueur de l’atelier. Un tapis
roulant transporte le châssis vers chacune des
Réponses  aux  questions   étapes du montage jusqu’à la réalisation complète
de la voiture. Les ouvriers sont placés par deux de
Question 1. Il existe un pourcentage très important chaque côté d’une chaîne, conçue pour placer la
de femmes travaillant dans les bureaux. En effet, voiture à hauteur d’homme. Ils n’ont qu’une seule
parmi les métiers les plus féminisés en 2011, on tâche à accomplir (l’un deux met en place une
trouve les emplois administratifs de la fonction roue). Toute l’usine est organisée de façon à
publique (73,4 % de femmes), les emplois répondre aux besoins de la chaîne de montage
administratifs d’entreprise (76,9 % de femmes), les principale. On aperçoit au dessus des travailleurs,
emplois de comptabilité (84,6%). Mais c’est surtout un convoyeur qui apporte les roues venues d’une
dans le secrétariat qu’il y a le plus de femmes. En autre partie de l’usine à la chaîne de montage
effet, la quasi-totalité des secrétaires sont des principale. Cette organisation de la fabrication
femmes (97,6%). permet une production de masse qui n’est possible
que grâce à la standardisation de toutes les pièces
Question 2. Cette photographie est très révélatrice détachées et à la parcellisation des tâches.
de la hiérarchie qui existe dans les bureaux.
L’homme occupe un poste à responsabilité, dont le En 1988, le principe de la chaîne mobile n’a pas été
symbole le plus marquant est son immense bureau abandonné, mais des robots ont remplacé les
de bois verni. Il lit un document et peut-être dicte-t- hommes et effectuent toutes les opérations de
il quelque chose à sa secrétaire. Cette dernière, montage de la carrosserie. On n’aperçoit aucune
placée sur le côté, est occupée à taper sur sa présence humaine sur toute la longueur de la chaîne
machine à écrire, elle ne dispose que d’un bureau de montage. L’ouvrier spécialisé a été remplacé par
de petite taille. un ouvrier professionnel ayant des connaissances
pointues en robotique et donc capable de surveiller,
Question 3. Le taux de féminisation est supérieur à et de régler le travail des robots.
85 % dans les métiers du secrétariat, mais surtout
dans ceux qui concernent la santé, le soin aux Question 2. Les femmes n’occupent qu’une faible
enfants ou l’entretien. Les emplois peu qualifiés place dans la construction automobile, considérée
d’aides à domicile, aides ménagères et assistants comme un métier masculin. Chez Renault, les
maternels détiennent le record absolu avec 97,7 % ouvrières représentaient 7 % du total des employés
de taux de féminisation. en 1978. Cette part n’augmente pas entre 1978 et
2012, alors même que la France connaît un net »   Cours   2.   Le   Front   Populaire   et   la  
essor du travail féminin.
question  ouvrière  
Question 3. Simone Weil peine à s’adapter aux >  MANUEL,  P.  196-­‐197
cadences très rapides imposées par le travail à la
chaîne. Elle a beaucoup de mal à s’investir dans ce Doc  1.  –  Léon  Blum  s’adresse  aux  Français  
qu’elle fait car « la monotonie de la tâche » Dans ce discours radiodiffusé, le nouveau président
l’entraîne « à rêver ». Elle se sent complètement du Conseil français annonce le dépôt prochain
isolée car « personne ne lève la tête », « personne devant le Parlement de trois lois. La première veut
ne sourit », car le rythme de production contraint limiter la semaine de travail à quarante heures pour
les autres ouvrières à une concentration extrême. La les salariés, la deuxième prévoit des congés payés
surveillance pointilleuse du contremaître qui la (15 jours) pour ces derniers, et enfin la troisième
pousse à accélérer sans cesse et la menace même envisage la mise en place des contrats collectifs (ou
d’un licenciement si elle ne réussit pas à augmenter conventions collectives).
sa production la met dans un état d’angoisse. Elle Léon Blum veut montrer que le Front populaire
finit par éprouver un « dégoût » et un tient les « engagements » qu’il a pris pendant la
« écœurement » qui la « paralysent ». campagne électorale. Il veut aussi satisfaire les
travailleurs ; ces mesures sont en effet les
Question 4. Avant le recours au travail à la chaîne « principales réformes réclamées par les ouvriers ».
et à la fabrication en série, la production est faible. Il espère, en procédant avec rapidité, mettre fin aux
Renault ne produit que 1615 voitures en 1906. Le grèves qui ont éclaté dans tout le pays. Il a peur
système de production fordiste permet un essor que les mouvements sociaux ne dégénèrent et que
phénoménal de la production : en 1972, Renault les travailleurs ne se laissent aller à des violences.
parvient à produire plus d’un million de véhicules, C’est pourquoi le chef du gouvernement appelle
soit 11 par employés. En 2013, la production a les travailleurs à faire part de leurs revendications
diminué (elle est moitié moins importante), mais le dans le « calme, la dignité et la discipline ». Enfin
recours à la robotisation permet à Renault de Léon Blum craint « une tactique patronale
fabriquer 19 voitures par salariés et par an, ce qui d’intransigeance », c’est-à-dire une opposition
représente un gain de productivité très important. résolue des chefs d’entreprise à toutes les mesures
sociales prises par le Front populaire.
Question 5. Ce recours à la robotisation a entraîné
une nette baisse des effectifs de Renault. Doc  2.  –    Les  grèves  du  printemps  1936  
L’entreprise faisait travailler plus de 100 000 Le Petit Dauphinois est un quotidien d’information
personnes en 1972. En 2013, elle n’emploie plus locale de la région des Alpes françaises. De
que 26 633 personnes, ce qui représente une baisse tendance socialiste, il est fondé en 1878 et disparaît
de 73 %. La robotisation s’est donc accompagnée en 1944 à la Libération. Il est essentiellement
de licenciements massifs. Ils ont surtout concerné diffusé en Isère, Savoie, Drôme et Hautes Alpes.
les ouvriers peu qualifiés, qui ont été remplacés par Comme beaucoup de journaux de ce type, certaines
des robots. Leur nombre est passé d’environ 75 000 de ces pages sont consacrées aux événements
dans les années 1970 à environ 2000 aujourd’hui. nationaux et internationaux.
En revanche, Renault a besoin d’un personnel Cet article insiste sur le caractère national des
qualifié plus important : le nombre de techniciens, grèves. Le titre parle d’un « mouvement de grève
ingénieurs, dessinateurs et cadres est passé, lui, qui s’étend et gagne la province ». Selon Le Petit
d’environ 13 000 à 20 000. Dauphinois, dès le 4 juin 1936, il y a déjà, en
région parisienne, « 100 000 ouvriers grévistes
Question 6. L’exemple de l’automobile est appartenant à « 230 usines ». L’ampleur du
particulièrement symbolique des principales mouvement est telle que Paris risque même de
transformations du travail ouvrier en France au XXe « manquer d’eau ».
siècle. Dans toutes les entreprises industrielles, le Les grèves de mai-juin 1936 ont un caractère aussi
recours au travail à la chaîne et à la fabrication en très particulier : elles sont spontanées, il s’agit de
série a permis une production de masse et l’emploi « grèves sur le tas » et les ouvriers décident
en grand nombre de salariés faiblement qualifiés. d’occuper les usines. Cette occupation se déroule
Puis à partir des années 1970 et surtout des années dans une atmosphère de fête. La photographie
1980, l’automatisation de la production a entraîné montre, en effet, des travailleurs en train de danser
des licenciements massifs, qui expliquent en partie dans un atelier de production et la légende indique
l’essor du chômage. Le nombre d’ouvriers n’a qu’il s’agit de souligner « un aspect gai des
cessé de diminuer. Résultat : en 2013, le secteur du grèves ».
bâtiment et de l’industrie n’emploie plus que
18,9 % des actifs contre 40 % en 1974. La France
est devenue une société postindustrielle.
Doc.  3  –  L’opposition  au  Front  Populaire   les employés de commerce et de bureau avant
S’étant rendu compte des manques de la droite en 1914).
matière de propagande, Henri de Kérillis (1889- La loi du 20 juin 1936 sur les congés payés ne
1958), un journaliste et un homme politique figurait pas dans le programme initial du Front
nationaliste, fonde en 1926 le centre de propagande populaire. La revendication des congés payés jaillit
des républicains nationaux. Cette organisation a des grèves de mai et de juin 1936, essentiellement
pour mission de préparer les campagnes électorales dans la région parisienne et l’Oise. Elle est reprise
à venir, d’aider les candidats de droite dans toute la par le gouvernement Blum le 5 juin et est votée le
France et de diffuser les thèmes de propagande. 11 juin à une quasi-unanimité à la Chambre des
Installé à Paris, le centre comprend ainsi un service députés (une voix contre) et à une très forte
d’édition en charge de la confection de tracts, de majorité au Sénat le 16 juin.
brochures et d’affiches.
Le Front populaire est ici accusé d’abord de ne pas Doc  3.  –  La  bourgeoisie  et  les  congés  payés  
avoir su résoudre la crise économique. En 1938, le René Dubosc (1897-1964), dessinateur de gauche, a
déficit budgétaire s’est accru, l’inflation est forte et publié 250 dessins humoristiques dans son ouvrage,
le chômage reste élevé. Ces difficultés raniment Sac à malice en 1937. Dans ce recueil, il se moque
l’agitation sociale : d’importantes grèves ont lieu à des réactions de la droite, du patronat et des
partir de novembre 1936 notamment sur des catégories aisées à la politique du Front populaire.
problèmes de pouvoir d’achat. Cette planche en fait partie, elle met en scène un
L’affiche attise ce mécontentement. En effet, le couple de bourgeois élégamment habillés. Ils se
principal reproche qui est fait au Front populaire lamentent à propos des effets néfastes des congés
porte sur son incapacité à maîtriser l’inflation alors payés sur leur mode de vie. C’est l’absurdité des
qu’il « avait promis de faire baisser le coût de la situations et des propos de ces bourgeois qui, à
vie ». chaque fois déclenche le rire.
Pour étayer cette accusation, l’affiche présente une
femme munie d’un sac à main et de son porte- »  Réponses  aux  questions  
monnaie devant un étalage de produits alimentaires.
Chaque aliment est accompagné de deux Question 1. Par cette loi, tous les travailleurs
étiquettes : l’une mentionnant son ancien prix (celui salariés qui ont au moins un an d’ancienneté
d’avril 1936, c’est-à-dire avant l’arrivée au pouvoir obtiennent au minimum « un congé annuel continu
de la gauche) barré d’un trait rouge, l’autre le prix à payé d’au moins quinze jours ». Pendant cette
la date d’« aujourd’hui » soit « après 20 mois » de période, ils doivent recevoir la même rémunération
gouvernement de Front populaire ». Chaque prix a que lors de leur temps de travail. La loi laisse la
fortement augmenté : l’entrecôte est ainsi passée de porte ouverte à des accords plus généreux
20,50 francs le kilo à 29 francs, le pain de 1,60 puisqu’elle indique ne pas interdire des
francs à 2,70 francs, etc. « dispositions » qui assureraient des congés payés
Juste en dessous, l’affiche souligne que l’inflation « de plus longue durée ». Enfin, elle tente de
sévit aussi dans tous les autres domaines prémunir le salarié contre toute pression de son
(transports, loyers, gaz, électricité et même impôts). employeur. Celui-ci pourrait être tenté de monnayer
Elle se termine par une conclusion sous forme de un abandon de ce droit par son employé. La loi
slogan rimé en caractères gras de grande taille pour précise donc que « tout accord comportant la
mieux frapper le spectateur : « le Front populaire, renonciation » par le travailleur aux congés payés
c’est la vie chère ». « contre l’octroi d’un indemnité compensatrice, est
nul ».
»   Dossier.   Les   congès   payés,   une  
révolution  dans  la  vie  des  travailleurs   Question 2. L’application de la loi aurait entraîné
>  MANUEL,  P.  198-­‐199   d’après le journal L’Intransigeant la fermeture de
nombreuses entreprises dès le mois de juillet 1936.
  À Roubaix et Tourcoing, « toutes les usines textiles
Doc  1.  –  La  loi  du  20  juin  1936   ont mis bas leurs feux le samedi 25 juillet, à 17
Entre 1900 et 1930, les congés payés sont instaurés heures et ne les rallumeront plus le 10 août au
dans de nombreux pays : en Allemagne, en matin », soit après deux semaines de vacances
Norvège, en Pologne mais aussi au Chili ou au accordées aux ouvriers « à pleins salaires, payés
Brésil. Avant 1936, si beaucoup d’usines françaises d’avance ». Ces nouveaux congés auraient des
ferment une ou deux semaines en été, rares sont les conséquences négatives pour le commerce des
ouvriers qui sont payés pendant cette période. Ce grandes villes du Nord. Beaucoup d’ouvriers ont
n’est qu’en 1926 que la CGT revendique le droit à quitté les deux agglomérations, « les rues sont vides
des congés payés pour tous, alors que certaines et désertes » et les « petits commerçants se
catégories de salariés français en bénéficiaient déjà lamentent derrière leurs comptoirs désertés ».
depuis longtemps (les fonctionnaires depuis 1853,
Question 3. René Dubosc, un dessinateur partisan Question 6. Jamais auparavant autant de
du Front Populaire, utilise ici l’ironie afin de travailleurs n’avaient pu prendre de vacances en
souligner la révolution que constituent les congés continuant à recevoir leurs salaires. Cette mesure
payés pour la société française et critiquer est accueillie avec enthousiasme par les Français, et
l’opposition de la droite et du patronat à cette ce d’autant plus que la loi est mise en application
mesure. dès l’été 1936 par les entreprises. Dès cette date,
Ses dessins se moquent de l’attitude supposée des 600 000 salariés profitent des congés payés.
bourgeois face à l’essor des congés payés. En effet, L’année suivante, on assiste au départ de 1,8
jusqu’en 1936, les loisirs étaient réservés à une élite million de salariés en vacances.
qui, seule, pouvait partir en vacances et faire du Ce phénomène de masse entraîne le développement
tourisme. Or les congés payés entraînent le des loisirs de masse, en particulier du tourisme
développement du tourisme de masse : les balnéaire et du camping. Très vite, les entreprises
travailleurs qui partent en vacances se mettent à prennent l’habitude d’accorder ces congés pendant
prendre le train qu’ils « surchargent l’été. On assiste alors dans certaines régions à la
dangereusement » ou encombrent les routes avec fermeture de la plupart des usines pendant deux
leur bicyclette. Ils envahissent les plages, jusque là semaines.
réservées aux plus riches, ou les champs avec leur Ce phénomène entraîne des migrations estivales
tente. Chaque vignette suggère que ces phénomènes massives qui vident les rues des villes. De
sont intolérables pour des bourgeois qui ne nombreux Français quittent leur lieu habituel de
supportent pas de devoir désormais côtoyer les résidence pour visiter la campagne ou le littoral
travailleurs dans des lieux qui leur étaient autrefois français. Dans les régions frontalières, on n’hésite
réservés. pas à se rendre à l’étranger.
La nouveauté que constituent les congés payés n’est
Question 4. L’Intransigeant est un journal pas sans provoquer des réactions négatives de la
d’information qui essaie ici de faire la part des part des patrons et des milieux bourgeois de droite.
choses et de rapporter les faits sur un ton plutôt Pour certains chefs d’entreprise et commerçants, les
neutre. Il n’y a, dans le texte, aucune condamnation congés payés ne font qu’aggraver la crise.
de la politique du Front populaire sur l’instauration
des congés payés. Le journaliste semble se Cours   3.   L’immigration   et   la   société  
contenter de constater les faits.
française  
Cependant certains indices montrent qu’il ne s’agit
pas d’un journal de gauche. Il ne se réjouit pas que MANUEL,  P.  200-­‐201  
cette mesure ait enfin été prise. Il remarque
simplement ses conséquences. Il écrit que les Doc  1.  –  Le  droit  du  sol  en  France  
travailleurs partent en Belgique pour pouvoir En 1889, il suffit d’être né et domicilié en France
bénéficier d’un meilleur pouvoir d’achat et qu’ainsi pour être considéré comme Français.
« les pauvres ont la sensation d’être de nouveaux En 1998, un jeune d’origine étrangère doit être né
riches ». Cette appréciation n’est pas en France et avoir résidé au moins 5 années dans le
particulièrement flatteuse à l’égard des vacanciers. pays depuis l’âge de onze ans pour acquérir la
À la fin du journal, il ne peut pas s’empêcher de nationalité française. Le nouveau code civil est
rapporter le mécontentement de quelques donc plus restrictif, mais ne remet pas en cause le
industriels et des commerçants en se gardant de le droit du sol.
condamner. On peut donc en déduire que ce journal Il est ainsi très facile pour une personne dont les
a une position plutôt centriste. parents d’origine étrangère sont venus habiter en
France de devenir citoyen français. Elle n’a aucune
Question 5. Lors des premiers congés payés, démarche à effectuer pour disposer des mêmes
beaucoup de salariés décident de quitter la ville, droits que tous les autres citoyens et donc pour
leur lieu de résidence et de travail. Ils partent à la participer à la vie sociale et politique de son pays
campagne où, souvent ils vont faire du camping de naissance.
sauvage en pleine nature – les campings
d’aujourd’hui n’existant pas encore. Pour d’autres, Doc   2.   –   Les   étrangers   en   France   de   1851   à  
« l’appel de la mer est irrésistible », ce qui explique nos  jours  
l’essor d’un tourisme balnéaire populaire. Dans le Le nombre d’étrangers est très faible en 1851 ; ils
Nord, « la plus grande partie des travailleurs a sont moins de 500 000. Puis, dès 1911, le chiffre
gagné la Belgique » afin de profiter de prix deux augmente fortement : il y a plus d’un million
fois plus faibles. Mais certains doivent rester chez d’étrangers en France. Aujourd’hui, ils sont près de
eux, et on apprend que des villes cherchent à leur 4 millions.
proposer des loisirs, ainsi la municipalité de En 1911, les étrangers sont essentiellement des
Roubaix « a élaboré […] tout un programme de Européens, surtout des Italiens (environ 35 à 40 %)
fêtes gratuites et sportives ». et des Belges.
En 1975, les Européens sont toujours très présents, Ce dossier comprend aussi un entretien avec
mais les Italiens sont moins nombreux que les l’artiste qui raconte sa propre expérience
Espagnols ou les Portugais. En outre, une bonne d’immigré.
partie des étrangers (environ un million) est
originaire d’Afrique du Nord, surtout d’Algérie. Réponses  aux  questions  
Aujourd’hui, la part des Européens est encore
moins grande et les principales régions d’origine se
sont diversifiées, avec notamment 500 000 Question 1. Dans les années 1960, les immigrés
personnes venues de Turquie et d’autres régions portugais sont encore peu nombreux en France (un
d’Asie et environ 300 000 individus originaires peu plus de 5 000 ont été recensés). C’est
d’Afrique subsaharienne. seulement à partir de 1964 que leur nombre
commence à dépasser les 50 000. L’apogée de
Doc  3.  –  La  main  d’œuvre  immigrée  dans  les   l’immigration portugaise se situe entre 1969 et
mines   1972 : plus de 100 000 personnes sont alors
Cette affiche montre que les mines du Nord-Pas-de- originaires du Portugal. En 1970, les Portugais
Calais emploient dans les années 1960 un grand représentent à eux seuls 56 % du total des étrangers
nombre d’immigrés d’origines très différentes. présents en France, ce qui est en fait, de loin, la
L’entreprise a en effet été obligée de rédiger les communauté d’immigrés la plus importante de
consignes de sécurité en 5 langues : le français, France. Puis, à partir du début des années 1970,
l’allemand, le polonais, l’italien et l’arabe. leur nombre décline de plus en fortement : les
arrivées nouvelles sont moins importantes et
Doc  4.  –  La  vie  des  immigrés  sans  papiers   beaucoup d’entre eux ont pris la nationalité
Les conditions de vie des sans-papiers sont très française. En 1978, on ne recense plus que 5 000
difficiles. Le Chinois, dont parle cet article du étrangers d’origine portugaise (un peu moins de
Monde, doit travailler dans des ateliers de 10 % des étrangers présents en France).
confection clandestins. Il fait des journées de 10 Cette immigration est d’abord masculine ; il s’agit
heures pour un salaire très modeste. Une bonne en majorité de travailleurs qui viennent chercher un
partie de son revenu a servi, dans les premières emploi en France. Puis, progressivement, surtout à
années de son existence en France, à rembourser le partir de la fin des années 1960, les Portugais font
prix de son voyage. L’absence de papiers venir leur famille. Dès 1967, les familles
l’empêche de mener une vie normale. Par peur des représentent 43 % du total de l’ensemble des
contrôles, il évite les lieux publics et les Portugais installés en France. À partir de 1972, les
déplacements hors de la capitale. Il hésite aussi familles sont désormais plus nombreuses que les
parfois à se rendre à son travail, ce qui le prive travailleurs à arriver du Portugal.
d’une partie de ses revenus.
Question 2. José Pinho da Costa est un immigré
clandestin. La dictature portugaise interdisait les
»  Dossier.  Les  Portugais  en  France     migrations de travail vers la France, il est donc parti
>  MANUEL,  P.  202-­‐203   sans passeport. Il a acheté très cher son voyage
auprès de passeurs et a traversé la péninsule
Doc   1.   –   Une   famille   d’immigrés   dans   un   ibérique en voiture avec un groupe d’une
bidonville   « quarantaine de jeunes émigrants ». Les conditions
Doc  4.  –  Un  immigré  au  travail     de voyages ont été très difficiles, « inhumaines ».
Gérald Bloncourt, né en 1926, est un artiste Pendant cinq jours, il a voyagé dans une voiture où
d’origine haïtienne. Installé en France à la fin des étaient entassées 14 personnes. Puis il a fait une
années 1940, il commence une carrière de reporter- partie du voyage dans « un camion à bestiaux » où
photographe. Il fait partie de la famille des il avait à peine de quoi se nourrir. Quant à la
photographes humanistes. traversée des montagnes, elle s’est faite à pied dans
Les photographies de Gérald Bloncourt sur une angoisse totale. Seule la fin du voyage, pour
l’immigration portugaise ont fait l’objet d’une aller des Pyrénées à Paris, s’est effectuée dans des
exposition intitulée Pour une vie meilleure à la cité conditions décentes.
nationale de l’immigration en 2013. La vie des
immigrés portugais était racontée à travers Question 3. José Baptista de Matos a multiplié les
cinquante photographies en noir et blanc, prises en efforts pour s’intégrer dans son pays d’accueil. Il a
France et au Portugal entre 1954 et 1974. Une très vite appris la langue française en fréquentant
partie de cette exposition a été mise en ligne à après son travail des « cours d’adulte de nuit ».
l’adresse suivante : http://www.histoire- Grâce à cette formation et à son investissement
immigration.fr/expositions-temporaires/pour-une- dans son travail, il est devenu cadre à la RATP. Il
vie-meilleure-photographies-de-gerald-bloncourt ne cache pas qu’il a rencontré d’importantes
difficultés et suggère même qu’il s’est heurté à une
certaine xénophobie (« ça a été une lutte pleine croissance économique. Les années 1960
permanente, ici en France pour être respecté »), sont celles des « Trente Glorieuses », il n’y a
mais ne regrette rien. Il proclame même son amour quasiment pas de chômage. L’urbanisation rapide
pour la France qu’il ne compte pas quitter pour du pays et son fort dynamisme démographique
retourner au Portugal maintenant qu’il est à la permettent aux Portugais de trouver rapidement un
retraite : il se dit « français et portugais » mais c’est emploi dans le secteur du bâtiment et des travaux
en France qu’il se sent chez lui. publics. Dès qu’il est assuré d’un emploi, l’immigré
portugais cherche à faire venir sa famille. Le
Question 4. À leur arrivée en France, les conditions manque de moyens rend leur installation difficile et
de vie des Portugais sont très difficiles. Une les Portugais sont souvent obligés de séjourner
majorité d’entre eux ne peut pas obtenir de quelque temps dans des bidonvilles de banlieue, où
logements décents. À Paris, ils habitent dans le ils vivent dans des conditions de grande insalubrité.
bidonville de Champigny sur Marne. En 1967, Cependant, ils parviennent progressivement à
selon José Baptista de Matos, 14 000 Portugais s’intégrer en France et leur installation devient
séjournent dans ce qui est alors « le plus grand définitive. S’ils ne renient pas leurs origines, une
bidonville de France ». bonne partie d’entre eux ne songent plus à retourner
La photographie rend bien compte de la précarité au Portugal.
de cette situation : on voit une famille de six
personnes devant leur logement. Au premier plan, »   Cours   4.   Les   femmes   dans   la   vie  
une immense bassine semble être le point d’eau
politique  et  sociale  au  XXe  siècle  
principal et montre l’absence d’eau courante. La
maison à l’arrière est un habitat précaire typique >  MANUEL,  P.  204-­‐205  
des bidonvilles ; elle a été construite par les
immigrés eux-mêmes avec des matériaux de Doc  1.  –  Une  certaine  image  de  la  femme  
récupération ; c’est un amas de bois et de tôle, la C’est une vision très traditionnelle de la répartition
cour est d’ailleurs remplie de débris de bois. sexuée des rôles qui apparaît sur cette affiche. Elle
est construite sur un contraste entre ce qui relève
Question 5. Le regroupement familial est un respectivement des hommes et des femmes.
facteur essentiel dans l’installation définitive des À l’arrière plan, c’est l’univers vu comme
Portugais en France et dans leur intégration. Dès la masculin, celui du travail à l’extérieur du foyer
fin des années 1960, les familles représentent une dans le secteur du bâtiment, de l’agriculture ou de
part très importante de l’immigration portugaise en l’industrie.
France (plus de 35%). La dernière vague d’arrivées Au premier plan apparaît ce qui doit être le
en provenance du Portugal, celle des années 1970, domaine féminin : être une femme, c’est d’abord
est d’ailleurs essentiellement composée de familles. être une mère qui veille sur la santé et l’éducation
José Baptista de Matos a attendu deux ans avant de de ses enfants. C’est pourquoi l’affiche présente
faire venir ses enfants et son épouse. une Française qui allaite son bébé auprès de sa
jeune fille, assise sagement à faire ses devoirs.
Question 6. Les Portugais obtiennent d’abord des
emplois dans le domaine du bâtiment et des travaux Doc  2.  –  Un  essai  antiféministe  et  misogyne  
publics. José Baptista de Matos a ainsi travaillé à la L’auteur développe plusieurs arguments pour
construction de routes, de « petits égouts ». La s’opposer à l’égalité des sexes. D’après lui, les
photographie de Gérald Bloncourt montre un femmes n’ont pas l’intelligence des hommes : elles
Portugais, maçon, en train de monter un mur en sont « des créatures d’intuition plutôt que de
région parisienne. Certains, comme José Baptista raison », elle sont « esclaves de la sensibilité ».
de Matos, parviennent à obtenir des emplois plus Aucune femme « n’a élaboré en philosophie nul
qualifiés. De Matos a réussi ainsi à devenir cadre à système, n’a produit en art nul chef d’œuvre, n’a
la Régie autonome des transports parisiens (la fait en science nulle découverte ».
RATP), une entreprise qui exploite la plus grande Cette inégalité repose sur des « différences
partie des transports en commun de Paris et de sa physiologiques que la nature a mises entre les
banlieue. Il a sans doute à ce titre participé à la sexes ». Celle-ci n’a pas accordé aux deux sexes
construction de nouvelles lignes de métro et à leur les mêmes compétences et donc « l’homme exerce
entretien. certaines fonctions auxquelles la nature le rend plus
propre que la femme ».
Question 7. Un immigré portugais est avant tout un
homme qui décide de partir seul pour aller chercher Doc  3.  –  La  vie  d’une  femme  d’ouvrier  
du travail en France. Beaucoup sont des immigrés Cette femme a arrêté toute activité salariée pour
clandestins qui n’arrivent à destination qu’après un s’occuper de ses enfants. C’est à la naissance de
voyage difficile et dangereux. Cet immigré trouve son quatrième enfant qu’elle a perdu tout espoir de
assez vite du travail dans une France qui est en « travailler comme avant ».
Ce texte révèle que, dans cette famille, c’est Question 4. Les féministes reprochent aux manuels
l’épouse qui gère le budget du ménage. Celui-ci scolaires d’histoire de ne pas accorder une place
étant insuffisant « pour boucler les fin de mois », suffisante aux femmes. Le centre Hubertine Auclert
cette femme fait du « lavage et du repassage pour a calculé que « les œuvres ou travaux des femmes
les autres » ou garde leurs enfants. Mais elle doit le sont environ 25 fois moins nombreux que ceux des
faire « en cachette », car son mari ne veut pas hommes » dans ces livres. Le texte remarque que
qu’elle travaille. Elle doit effectuer d’importants lorsque les femmes sont évoquées, elles
efforts pour que son mari « ne s’aperçoive de « apparaissent davantage dans des dossiers qui leur
rien ». Cumuler son rôle de mère de famille, sont dédiés, au détriment d’une présence dans le
l’entretien de son foyer et son travail clandestin ne corps du texte, au cœur de la leçon ». Pour les
lui laisse que peu de temps libre. féministes, « ces dossiers marginalisent les femmes
du récit historique ». Enfin, les femmes ne sont
»  Dossier.  Éducation  et  préjugés   mentionnées que trop rarement comme acteurs
>  MANUEL,  P.  206-­‐207   économiques, elles « figurent le plus souvent
comme mère, fille ou femme de ». En faisant cela,
le manuel d’histoire « conforte une vision
Réponses  aux  questions   stéréotypée de la société, où les femmes sont
Question 1. Simone de Beauvoir réfute un des cantonnées à la sphère privée ».
arguments majeurs des féministes (voir doc 2, p.
205) – à savoir que l’inégalité entre les hommes et Question 5. Ce que dit Simone de Beauvoir est
les femmes et la répartition sexuée des tâches sont confirmé par l’image de la femme que propose le
« une donnée biologique ». Pour l’auteur, c’est manuel scolaire de 1950. Il s’agit d’un manuel
l’éducation différente que l’on donne aux enfants dans lequel les enfants apprennent la lecture et qui
des deux sexes qui est à l’origine du problème. invite ces derniers à rejouer des scènes de la vie
Ceux-ci ont, à l’origine, des capacités physiques et quotidienne. Or le modèle qui est présenté aux
surtout intellectuelles similaires. Mais tout est fait fillettes d’alors est celui d’Odile, « la petite
pour inculquer à la fillette son future rôle d’épouse, ménagère » . Il suggère qu’une petite fille se doit
de mère et de ménagère : ainsi on « dispense d’être capable de remplacer sa mère dans ses tâches
d’ordinaire » le garçon des tâches ménagères, alors traditionnelles. Elle doit savoir comme le dit
qu’on demande systématiquement à une fillette de Simone de Beauvoir tenir « sa maison exactement
« balayer, épousseter, éplucher les légumes, laver comme le fait sa mère ».
un nouveau-né, surveiller le pot-au-feu ».

Question 2. Chacune des deux images du manuel »   Étude.   Les   femmes   et   les  
scolaire montre les activités traditionnellement responsabilités  politiques  en  France  
dévolues dans une famille à une fillette. >  MANUEL,  P.  208  
Alors que sa mère est malade et alitée, elle a la
responsabilité de la remplacer : on voit donc la Réponses  aux  questions  
fillette à la cuisine, elle épluche les légumes. On
apprend que c’est à elle que revient la préparation
Question 1. Avant les années 2000, il y a peu de
du dîner composé « d’une soupe de légume et une
femmes parmi les élus en France – ce qui, selon
omelette ». Elle doit en outre s’occuper d’habiller
Lionel Jospin, « témoigne que notre démocratie est
sa petite sœur, faire le ménage après le repas,
incomplète ». C’est seulement « 55 ans après que le
coucher son petit frère et enfin servir son repas à sa
droit de vote a été reconnu aux femmes » que
mère malade. Cette dernière la félicite de son « bon
« l’objectif de parité » s’est « inscrit enfin dans
travail de ménagère ». L’école joue donc ici un rôle
notre constitution ». Les chiffres donnés par
essentiel dans la transmission des stéréotypes de
l’observatoire de la parité et l’Insee sont éloquents.
sexe.
Seuls les conseils municipaux et régionaux
comportent une part notable de femmes
Question 3. La répartition du temps consacré par
(respectivement 25,7 % et 27,5%). Au Sénat, à la
les deux sexes aux tâches domestiques n’a pas subi
Chambre des députés et dans les conseils généraux,
de bouleversement majeur depuis 1986. Les
la situation est pire : il y 10,9 % de députés, 8 % de
femmes consacrent toujours beaucoup plus de
sénatrices et 9,1 % de conseillères générales. Enfin,
temps que les hommes au ménage, aux courses et
les femmes ont du mal à accéder aux postes à
au soin des enfants. Les progrès sont minimes : les
responsabilités. En effet, à peine 7 % des maires
hommes passent seulement sept minutes de plus à
sont des femmes.
s’occuper du ménage et des courses et 9 minutes de
plus à soigner leurs enfants. La répartition des
Question 2. Face à cette situation, le gouvernement
tâches au sein du foyer apparaît donc toujours très
de Lionel Jospin a décidé de faire voter une loi qui
sexuée.
impose le principe de parité de sexes pour « tous les
scrutins de listes – régionales, européennes, clandestinité et dans de mauvaises conditions,
sénatoriales […] et municipales pour les communes mettant ainsi leur vie en danger.
de plus de 3500 habitants ». Pour les élections
législatives, qui se font au scrutin uninominal, « un Question 2. Parmi les facteurs qui ont conduit au
dispositif de modulation de l’aide publique dépôt d’un projet de loi légalisant l’avortement, il y
conduira à pénaliser financièrement les partis a d’abord la pression des mouvements féministes.
politiques qui ne respecteront pas le principe de Des associations comme le MLAC (mouvement
parité ». pour la liberté de l’avortement et de la
contraception) ont multiplié les tracts, les affiches
Question 3. La loi a conduit effectivement à une et les manifestations réclamant le droit à
amélioration de la situation, en particulier pour l’avortement. À cette pression des féministes se
toutes les élections à scrutin de liste pour lesquelles sont ajoutées des circonstances politiques
la parité des sexes est devenue obligatoire. Les favorables : en 1974, Valéry Giscard d’Estaing a
dernières élections locales ont permis d’obtenir été élu président de la République. Il a alors « voulu
qu’il y ait 40,3 % de conseillères municipales, 48 % remuer et moderniser la société ». Cet objectif
de conseillères régionales et 50 % de conseillères politique l’a conduit à nommer Simone Veil comme
départementales parmi les élus. En revanche, les ministre de la Santé publique, une femme
progrès sont beaucoup moins importants pour les « partisane de la libéralisation de l’IVG ».
deux assemblées législatives qui restent dominées
par les hommes : le Sénat n’accueille que 25 % de Question 3. Les débats à la chambre des députés
femmes et la Chambre des députés que 26,9 %. ont été particulièrement houleux. Gisèle Moreau
Enfin, l’accès aux postes à responsabilité est parle de discussions « vives, très dures »,
toujours aussi difficile pour les femmes. Elles sont d’attitudes « agressives ». Elle explique cette
toujours très peu nombreuses à être maires (16%), atmosphère par le fait qu’il y « avait peu de
présidentes de conseil départemental (10%) ou femmes » parmi les députés. L’assemblée, dominée
présidentes de conseil général (7,7%). par les hommes, avait une « conception de la
femme passéiste ». Certains élus ont laissé entendre
»  Étude.  La  loi  Veil  (17  janvier  1975)   que « les femmes étaient superficielles et
>  MANUEL,  P.  209   irresponsables ». Pour ces députés, « il était
inconcevable que les femmes puissent être
maîtresses de leur corps ».
Doc.  1  –  Une  affiche  féministe   Plus étonnant encore, certaines femmes membres
Le mouvement pour la liberté de l’avortement et de de la chambre des députés « n’étaient pas
la contraception (MLAC) est une association favorables à la libéralisation de l’avortement ».
française de loi 1901 créée en avril 1973 dans le but
de légaliser l’interruption volontaire de grossesse
(IVG) en France. Le mouvement a été dissous en »  Travailler  autrement    
février 1975 après le vote de la loi Veil autorisant >  MANUEL,  P.  210-­‐211  
l’IVG, l’objectif du mouvement ayant été atteint.
Cette association soutenait des manifestations, mais
La série de portraits mis en ligne par la Cité de
a aussi permis à de nombreuses femmes d’avorter :
l’histoire de l’immigration aidera l’élève à se
le MLAC organisait des voyages collectifs au
familiariser avec le témoignage oral. L’activité peut
Royaume-Uni ou aux Pays-Bas pour permettre aux
d’abord être précédée d’une visite de ce musée.
femmes d’interrompre leur grossesse dans de
Cette activité peut être suivie d’un moment de
meilleures conditions médicales que
partage en classe, afin que les différentes histoires
clandestinement en France.
recueillies puissent être comparées et remises dans
une perspective historique. Ce travail permet aussi
Réponses  aux  questions   de comprendre par quels procédés et moyens le
chercheur produit son discours historique et/ou
Question 1. L’affiche rappelle que l’avortement est sociologique.
strictement interdit en France avant 1974 et des L’implication civique, voire psychologique que
sanctions sont prévues par le code pénal et le code nécessite cette activité est importante. Elle
de la santé publique pour « l’avortement, la permettra, pour certains jeunes, d’établir le
provocation à l’avortement ou la propagande en dialogue au sein de leur famille et de découvrir une
faveur de l’avortement ». La femme « qui se fait histoire familiale, la leur, que souvent ils
avorter ou tente de se fait avorter » risque jusqu’à connaissent mal, voire qu’ils ignorent.
deux ans d’emprisonnement ». Il serait dommage de se priver de cette activité sous
Malgré cette interdiction, les femmes seraient prétexte que certains élèves n’ont pas d’origine
« 3 000 à avorter en France par nécessité ». Elles étrangère. Ils peuvent se mettre en groupe avec
bravent la loi et doivent le faire dans la d’autres élèves, ou bien aller à la découverte de
leurs voisins. Ils peuvent aussi faire une autre
activité proposée dans les pages « Travailler Question e. Peu à peu, l’auteure devient « une
autrement ». Car travailler autrement, c’est aussi femme gelée ». Elle met de côté ses propres
trouver à chacun une activité qui lui convient. ambitions et se laisse convaincre que sa réussite à
  elle est moins importante que celle de son mari.
»  Bac  
Question f. À cette époque, Annie Ernaux écrit
>  MANUEL,  P.  214-­‐215   déjà des nouvelles. Elle veut devenir professeure,
mais aussi écrivaine.
Sujet  :   La   place   des   femmes   dans   la   société  
française   Question g. Son mari, malgré une situation de fait
Annie Ernaux est une écrivaine dont l’œuvre, très inégalitaire au foyer, continue à tenir un
essentiellement autobiographique, entretient des discours égalitaire et encourage même Annie
liens étroits avec la sociologie. Son œuvre est Ernaux à continuer d’écrire. Elle n’a pourtant même
parfois qualifiée d’auto-socio-biographique. Née en pas le temps de poursuivre ses études à un rythme
1940, elle passe sa jeunesse à Yvetot en qui la satisfasse.
Normandie, avec ses parents cafetiers et épiciers.
Dans ses livres, elle dissèque – entre autres – Sujet  :  La  République  et  le  Front  populaire  
l’ascension sociale de ses parents, la sienne, mais Les grèves prennent de l’ampleur au moment même
aussi son mariage et sa condition de fille puis de où Léon Blum présente son gouvernement pour
femme. investiture à la Chambre des députés le 6 juin 1936.
Si le chef du gouvernement admet que l’occupation
Question a. Annie Ernaux se marie à un jeune d’usine n’est pas quelque chose de légal, il
cadre favorable à l’égalité des sexes, sur le plan n’envisage pas le recours à la force (que d’ailleurs
intellectuel. Elle se berce de l’illusion que leur personne ne réclame). Il ne reste donc que la
couple sera égalitaire et que tous les deux pourront négociation ; le patronat a pris contact dès le 3 juin
poursuivre leurs études et se partager les tâches avec des proches de Léon Blum et la CGT pour
ménagères de manière équitable. organiser une rencontre. Elle commence sous la
présidence de Léon Blum le 7 juin dans l’après-
Question b. Très rapidement, l’auteure prend midi et aboutit dans la nuit. C’est la première fois
conscience qu’elle assumera seule des tâches telles qu’un accord se fait entre syndicat et patronat sous
que la cuisine, par exemple. Elle n’a pas été l’arbitrage de l’État. L’accord Matignon garantit le
préparée à cela. Elle a grandi au sein d’une famille respect de la liberté syndicale au sein de l’entreprise
très atypique. Fille unique, c’est son père cafetier et admet l’élection des délégués du personnel dans
qui prépare les repas, tandis que sa mère tient les établissements de plus de 10 salariés. Les
l’épicerie dans la pièce à côté. patrons s’engagent aussi « à ce qu’il ne soit pris
aucune sanction pour fait de grève. » L’accord
Question c. L’auteure a conscience que sa prévoit aussi une forte augmentation des salaires et
condition est partagée par les autres étudiantes « l’établissement immédiat de contrats collectifs ou
mariées, dont certaines sont déjà mères de famille. conventions collectives ». Ces avantages s’ajoutent
aux engagement du gouvernement sur la diminution
Question d. L’auteure emploie un ton ironique. du temps de travail (semaine de 40 heures, congés
Elle dénonce vivement l’idée que les femmes payés, etc.)
trouveraient la plénitude dans leur statut d’épouse
et de mère.
CHAPITRE  

8   La  République  et  les  


évolutions  de  la  société  
française  
 
»  Présentation  de  la  question   rappeler le premier chapitre du programme de
  seconde).
Cette immigration de masse prend une autre
La   population   active   française,   reflet   des   dimension pendant les « Trente glorieuses ». Les
bouleversements   économiques   et   sociaux   origines des immigrés se diversifient. La France
depuis  1914   accueille encore pour l’essentiel (61%) des
Européens (Italiens, Portugais, Espagnols) mais les
populations en provenance du Maghreb et
Les changements subis par la société française sont d’Afrique subsaharienne sont de plus en plus
représentatifs des mutations de toutes les sociétés nombreuses. La division du travail, qui les cantonne
occidentales qui ont connu très tôt l’accélération de aux travaux pénibles et sous-payés, ainsi que la
la croissance et l’industrialisation. Ces sociétés ont précarité de leurs logements, souvent situés dans
été en effet marquées par un profond processus de des bidonvilles, des foyers ou dans des quartiers
transformation qui a effacé leur caractère rural. délaissés à la périphérie des centres urbains,
Elles sont devenues des sociétés industrielles et entraînent une marginalisation des immigrés. Leurs
urbaines puis des sociétés postindustrielles dures conditions d’existence contrastent avec celles
fortement tertiarisées. du reste de la société qui entre dans l’ère de la
En France, le passage à la société industrielle se fait consommation de masse.
de 1850 aux années 1970. Le salariat se développe, À partir de 1974, le ralentissement de la croissance
les emplois dans le secteur secondaire augmentent conduit les gouvernements à tenter de limiter
et se diversifient, le niveau moyen de formation l’immigration. Mais la réalité des nouvelles
progresse ; l’exode rural qui conduit à la « fin des mobilités engendrées par la mondialisation,
paysans » favorise l’essor de grandes l’importance des écarts de richesses avec les pays
agglomérations. en développement, l’instabilité politique de ces
La société française devient de type postindustriel à États entraînent des flux que les politiques
partir du milieu des années 1970. Elle est alors restrictives ne parviennent pas à contrôler. La
caractérisée par l’élévation encore plus forte du persistance des flux d’immigrés et la précocité de
niveau de qualification, l’hégémonie du secteur l’immigration en France font que la part des
tertiaire, alors que le nombre d’actifs dans étrangers dans la population française est très
l’industrie diminue. Ces phénomènes élevée depuis le XIXe siècle. Son niveau est
s’accompagnent de l’élévation globale du niveau de d’ailleurs proche du niveau actuel dès 1931, alors
vie, malgré une certaine précarisation de l’emploi et même que beaucoup d’étrangers accèdent à la
l’apparition d’un chômage de masse. L’ampleur nationalité française par naturalisation grâce
nouvelle que prend, pendant cette période, le notamment au droit du sol (loi de 1889
salariat féminin permet de faire le lien avec un autre notamment).
thème du programme, la place des femmes dans la L’attitude de la société française face aux immigrés
vie politique et sociale de la France. alterne entre l’indifférence et des moments où les
tensions économiques et sociales favorisent les
L’immigration   et   la   société   française   au   XXe   réactions xénophobes. Déjà dans les années 1930 se
siècle   développe un climat de rejet des étrangers, jugés
Dans cette société en mutation, les immigrés inassimilables, alors même qu’ils sont le plus
occupent une place de plus en plus importante. La souvent d’origine européenne. Depuis le milieu des
France, dont le dynamisme démographique est années 1970, l’immigration est de nouveau un sujet
faible jusqu’aux années 1940, doit faire venir de la de controverse majeur dans la société française, qui
main-d’œuvre de l’étranger. Terre de liberté, elle accueille des migrants de culture encore plus
attire de nombreux réfugiés politiques. Elle devient éloignée. Aujourd’hui, des manifestations de
ainsi un pays d’immigration de masse, le seul xénophobie, essentiellement focalisées sur la
d’ailleurs en Europe dès le XIXe siècle. En effet, les population maghrébine, rappellent le climat des
autres grands États européens sont longtemps restés années 1930. La question de l’intégration de ces
des régions de départ. (On peut ici utilement immigrés venus d’Afrique du Nord entraîne de
nombreux débats, alors que l’insertion
professionnelle des jeunes issus de l’immigration les formes de domination que les femmes ont
semble difficile et que se manifestent des attitudes subies depuis les débuts de l’humanité. Dans les
de repli communautaire chez certains immigrés ou années 1980, le concept d’histoire du genre est
descendants d’immigrés. À ces problèmes s’ajoute préféré à celui d’histoire des femmes. Il s’agit de
celui de l’immigration clandestine. mettre davantage l’accent sur la question du rôle
attribué à la différenciation sexuelle, plus qu’à
celle-ci proprement dite. De plus, le terme de
La   République   et   la   question   ouvrière  :   le   « genre » permet d’élargir le champ d’étude aux
Front  populaire   communautés lesbiennes, gays, bisexuels et
transgenres.
Ce thème ne demande pas de relater l’histoire du La période retenue pour cette question est une ère
mouvement ouvrier et d’analyser l’essor d’une riche en évolutions pour la place des femmes dans
« conscience de classe » au sein d’un groupe social la vie politique et sociale de la France. La Belle
en essor depuis les débuts de la Révolution Époque voit l’essor de mouvements féministes. Par
industrielle. L’approche est strictement limitée à la suite, les femmes investissent de nouveaux
l’attitude des institutions républicaines envers une secteurs économiques, des postes à responsabilités
catégorie sociale dont les conditions de vie et de qui leur étaient jusqu’alors interdits. Elles
travail sont très difficiles et les revendications de acquièrent la maîtrise de leur sexualité et sont plus
plus en plus fortes. Le suffrage universel, nombreuses à accéder à l’enseignement secondaire
l’instauration des grandes libertés, le progrès des et supérieur et aux responsabilités politiques.
idées socialistes et l’organisation de syndicats Le rôle de l’État est déterminant. La Troisième
(CGT en 1895) ou de partis politiques (SFIO en République a permis les premières avancées dans la
1905, PCF en 1920) qui veulent défendre les conquête des droits civils et a développé la
travailleurs ne permettent plus à la République scolarisation des filles. Cependant, elle ne parvient
d’ignorer leurs problèmes. pas à faire des Françaises des citoyennes à part
1936 est un temps fort de l’histoire des luttes entière, alors que d’autres démocraties l’ont fait.
ouvrières et des lois sociales. Le caractère joyeux L’origine de ce blocage est la convergence de deux
des grèves, après le succès électoral du Front antiféminismes : l’antiféminisme de droite avec une
Populaire, montre à quel point ce moment est vécu conception familiariste du vote (c’est le chef de
par les travailleurs comme la promesse d’un avenir famille, donc le mari qui doit posséder le droit de
meilleur. En effet, jamais jusqu’alors un vote), l’antiféminisme de gauche (les radicaux
gouvernement n’a été soutenu par une coalition de anticléricaux se méfient de l’influence des femmes
gauche aussi large allant des radicaux aux sur le vote, car elles sont plus pratiquantes que les
communistes. Jamais la République ne s’est hommes, et donc soumises aux injonctions du
montrée aussi soucieuse de la question ouvrière. clergé. Il faut attendre la Libération et une
L’historiographie traditionnelle insiste sur la ordonnance du gouvernement provisoire en 1944
fragilité des acquis sociaux ; certains ont même pour que soit enfin accordé le droit de vote aux
parlé de ce point de vue d’une « défaite du Front femmes. Enfin, la Ve République voit d’autres
Populaire ». Cependant le 70e anniversaire du Front avancées législatives décisives (maîtrise du corps,
populaire en 2006 a entraîné de nombreuses parité).
publications qui ont montré l’empreinte de ce temps Mais, si les progrès sont importants, les blocages
fort dans la mémoire ouvrière et nationale. Ces sont encore nombreux. Cette question permet
ouvrages ont aussi amené à une relecture de la d’ailleurs aux élèves de réfléchir aux stéréotypes de
politique du Front populaire qui insiste à la fois sur sexes, qui sont encore très présents dans les
son aspect novateur (notamment par mentalités, malgré les évolutions législatives.
l’interventionnisme des autorités publiques dans la
vie économique, sociale et culturelle) et sur le fait
qu’il est au fondement du système français de
négociations collectives.

La   place   des   femmes   dans   la   vie   politique   et  


sociale  de  la  France  au  XXe  siècle  

L’essor d’une historiographie intégrant la


dimension sexuée (ou genrée) explique la volonté
de mettre en valeur la condition féminine dans
l’enseignement. Une branche de l’histoire
consacrée à l’étude des femmes en tant que groupe
social naît dans les années 1970, étroitement liée
aux luttes féministes. Ce courant met en lumière
»  Bibliographie   Élise ou la vraie vie (M. Drach, 1969) montre une
usine dans les années 1960.
Sur  la  population  active  :   Ressources humaines (Laurent Cantet, 1999) traite
de l’évolution récente du monde du travail.
BRAUDEL F., LABROUSSE Ernest (dir.),
Histoire économique et sociale de la France, PUF, Playtime est un film franco-Italien réalisé par
Jacques Tati, tourné entre 1964 et 1967 et sorti en
réed. 2002.
1967. Il montre notamment les conditions de vie et
BORNE D., Histoire de la société française depuis
1945, Armand Colin, 2005. de travail dans une ville moderne.
DAVET J.-P., La société industrielle en France,
1814-1914, Seuil, 1994. La   République   et   la   question   ouvrière  :   le  
DUPAQUIER J. (dir.), Histoire de la population Front  populaire  
française, t. 4, PUF, 1988.
DEWERPE A., Histoire du travail, « Que sais- BOURDÉ G., La Défaite du Front populaire,
je ? », Seuil, 2001. Maspéro, 1977.
LEQUIN Y. (dir.), Histoire des Français XIXe-XXe BRUNET J.-P., Histoire du Front populaire, 1934-
siècle, t. 1 : Un peuple et son pays, t. 2 : La société, 1938, « Que sais-je ? », PUF, 1991.
Armand Colin, 1983 et 1984. DARD O., Les Années 30, « La France
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la fin du XIXe siècle à nos jours, A. Colin, 1996 2006.
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« Découvertes », Gallimard », 2000. à nous, « Découvertes Histoire », Gallimard, 1996.
Dans la collection « Français d’ailleurs, peuple WINOCK M., « Chronique de 1936 », L’Histoire,
d’ici », aux éditions Autrement, plusieurs numéros 2006.
sont consacrés à des communautés d’immigrés : Un
Nanterre algérien (n° 85), Les Polonais du Nord ou La   place   des   femmes   dans   la   vie   politique   et  
la mémoire des corons (n° 83), Portugais à sociale  de  la  France  au  XXe  siècle  
Champigny, le temps des baraques (n° 86).
Les sites de l’ined et de l’insee : www.ined.fr et MARUANI M., Femmes, genre et société, La
www.insee.fr Découverte, 2005.
Le site de la CNHI : www.histoire-immigration.fr BRANCHE R. et VOLDMAN D. (dir.), Histoire
Écomusée du Creusot :http://www.ecomusee- des femmes, histoire des genres, Vingtième siècle,
creusot-montceau.fr/sommaire.php3 n°75, juillet-septembre 2002.
Centre historique minier de Lewarde : Dossier Histoire des femmes, Historiens &
http://www.nordmag.com/nord_pas_de_calais/doua Géographes, APHG, 2006 (extraits des numéros
i/lewarde.htm 392, 393 et 394).
L’Histoire, numéro spécial : Les femmes 5000 ans
Filmographie   pour l’égalité, n° 245, juillet-août 2000.
BARD C., Les Filles de Marianne. Histoire des
féminismes, 1914-1940, Fayard, 1995.
Le point du jour (L. Daquin, 1948) évoque la mine.
La meilleure part (Y. Allégret 1956) évoque la vie
d’un travailleur immigré.
GUBIN E., JACQUES C., ROCHEFORT F., WIEVIORKA A., Quelles places pour les femmes
STUDER B et alii, Le Siècle des féminismes, dans l’histoire enseignée ? Avis et rapport du
L’Atelier, 2004. Conseil économique et social, 2004 (www.conseil-
LATGER H. et WAGNIART J.-F. (dir.), Des economique-et-social.fr)
femmes sans histoire ?, Syllepse, 2005. Les archives du féminisme, ressources en ligne et
DESCAS-RAVOTEUR M. et MARLIN-GODIER expositions virtuelles :
M., Dossier pédagogique des archives http://buweb.univangers.fr/ARCHFEM
départementales de la Martinique : Femmes de la
Martinique : Quelle histoire ?, 2009. »  Plan  du  chapitre  
SEAGER J., L’Atlas des femmes dans le monde,
Autrement, 2003.
 
Le premier cours traite de la population active
Revue TDC, Femmes et hommes : quelle égalité ?,
depuis 1914. Il est suivi de deux études sur les
2003.
conditions d’emploi des femmes et d’un dossier sur
Tudor Ruth, Enseigner l’histoire des femmes au 20e
le travail dans l’industrie automobile en France.
siècle : la pratique en salle de classe. Bruxelles,
Le second cours montre de quelle manière le Front
Conseil de l’Europe, 2000
populaire tente d’améliorer le sort des travailleurs.
ZANCARINI-FOURNEL M., Histoire des femmes
Cette leçon s’accompagne d’un dossier qui souligne
en France : XIXe-XXe siècle, PU Rennes (1
combien les congés payés ont bouleversé la vie des
décembre 2005).
travailleurs.
L’association Archives du féminisme
Le troisième cours explique comment la France est
(http://archivesdufeminisme.fr), ainsi que le centre
devenue une terre d’immigration, et comment la
des archives du féminisme (http://bu.univ-
société française a réagi. Il est suivi d’un dossier
angers.fr/EXTRANET/CAF), tous deux fondés et
sur les Portugais en France.
dirigés par Christine Bard (historienne, professeure
Le dernier cours traite de l’émancipation des
à l’Université d’Angers) mettent en ligne des
femmes au cours du XXe siècle et du difficile
documents numérisés, des articles et des
passage d’une situation très inégalitaire à une
bibliographies sur l’histoire du féminisme français
relative parité en France. Un dossier et deux études
principalement.
complètent ce cours. Le dossier permet de mesurer
Des expositions virtuelles consacrées aux femmes :
le poids de préjugés sexistes, encore largement
http://musea.univ-angers.fr
répandus, une des études montre comment la
De la mixité… à l’égalité dans le système éducatif,
République a amélioré la représentation des
colloque à la MGEN, mai 2004, actes :
femmes parmi les élus, la deuxième étude révèle
http://eduscol.education.fr/D0126/mixite_actes.htm
dans quelles conditions les femmes ont obtenu le
droit à l’avortement.
Commentaire des documents et réponses aux questions

»  Ouverture  de  chapitre   reportage photographique entre la fin des années


>  MANUEL,  P.  188-­‐189 1920 et le début des années 1930 a pu jouer dans la
popularisation du geste.
Son utilisation en 1936 en France devient courante.
Doc.   1   –   L’enthousiasme   des   travailleurs   Lever le poing est devenu est alors moins un signe
après  la  victoire  du  Front  populaire qui annonce qu’on est prêt à en découdre qu’un
Au lendemain de la victoire du Front populaire, un signe de reconnaissance mutuelle entre camarades
vaste mouvement de grève se développe dans toute de lutte.
la France, provoqué par les nombreuses années de
frustrations sociales engendrées par la crise et les Doc  2.  –  Jeune  femme  vietnamienne  dans  un  
espoirs importants soulevés par l’arrivée de la
atelier  de  confection,  France,  1980  
gauche au pouvoir.
Cette photographie souligne que la croissance
Ce rassemblement des ouvriers du bâtiment est
économique a poussé la France à faire appel à des
organisé dans un contexte marqué par ce que la
travailleurs étrangers, devenant ainsi un pays
CGT, appelle de « grandes victoires ouvrières ». En
d’immigration.
effet, entre le 11 et le 12 juin sont successivement
Depuis plus d’un siècle, dans les grandes villes
votées les lois sur les conventions collectives,
françaises et en particulier à Paris, des femmes et
les congés payés (15 jours) et la semaine de 40
des hommes venus des quatre coins du monde ont
heures. Les premières conventions collectives ont
travaillé derrière les machines à coudre. Ce recours
été signées à Paris pour les métallurgistes et
à une main-d’œuvre immigrée docile, peu coûteuse
certains ouvriers du bâtiment. Pour la CGT et le
et parfois clandestine à permis à l’industrie urbaine
Parti communiste français, les ouvriers doivent
de la confection de résister alors que l’activité
continuer à faire pression « pour obtenir une
industrielle globale reculait au cœur des grandes
légitime satisfaction dans toute la province et dans
villes françaises.
toutes les corporations avec puissance, calme et
C’est vers la fin du XXe siècle qu’un grand nombre
discipline ». (L’Humanité, 13 juin 1936). C’est
d’immigrants venus de l’Asie du Sud-Est arrivent
pour cette raison qu’est organisé ce rassemblement
en France. Dans les années 1970, ce sont surtout
du 13 juin 1936.
des réfugiés chinois, khmers, laotiens et
Cette photographie rend bien compte de l’intention
vietnamiens. Ils commencent souvent par des
des organisations ouvrières de montrer leur
travaux à domicile ou en atelier puis, avec un peu
« puissance », leur « calme » et leur « discipline ».
d’argent et quelques machines, ils mettent sur pied
On voit en effet une foule d’hommes (le bâtiment
une entreprise familiale.
est alors un secteur exclusivement masculin) qui
Le quartier chinois à Paris, dans le 13e
portent pour la plupart le béret, typique du costume
arrondissement, le Pletzl, le Sentier, Belleville ou
des classes populaires. Ils sont rassemblés en bon
Issy-les-Moulineaux deviennent alors des centres
ordre, l’air déterminé mais serein, ils lèvent tous le
importants de la confection parisienne. Au milieu
poing.
des années 1980, une estimation fait état de 15 000
Ce poing gauche levé est un salut gestuel surtout
ouvriers de la couture dans le quartier chinois de
utilisé par les activistes de gauche. Il est
Paris.
généralement perçu comme une expression de
révolte, de force mais aussi de solidarité. Gilles
Vergnon, maître de conférences d’histoire »   Cours   1.   La   population   active   depuis  
contemporaine à l’IEP de Lyon en retrace la genèse 1914
ainsi : « Au milieu des années trente, en Europe, le >  MANUEL,  P.  190-­‐191  
poing levé devient le signe d’appartenance par
excellence de la gauche, surtout de la gauche Doc  1.  –  L’évolution  de  la  population  active  
antifasciste, qui s’oppose aux troupes du bras Entre 1911 et 1954, le nombre d’actifs diminue
tendu ». On le voit ainsi dans les défilés du Front
légèrement, il passe de 20 à 19,5 millions, ce qui
populaire en France et chez les Républicains
représente une baisse de 2,5 % . Cette évolution
espagnols.
s’explique par le déficit démographique lié à la
Mais ce symbole apparaît pour la première fois en
Première Guerre mondiale, par la crise des années
1924 en Allemagne au sein du parti communiste de 1930 et par le nombre d’adultes qui ont disparu
la République de Weimar, le KPD. Le signe se
entre 1939 et 1945.
propage et est, dans les années 1930, récupéré par
En revanche, en 2014, il y a environ 9 millions
les socialistes et les communistes de toute l’Europe.
d’actifs en plus (46 % de plus). Cette hausse est dûe
Le développement d’une presse illustrée et du
à l’arrivée sur le marché du travail des adultes nés
lors du baby boom, à celle de nombreux immigrés travail de trois femmes qui sont infirmières. Les
ou rapatriés, et enfin aux nouveaux progrès de femmes ont été longtemps été cantonnées aux
l’emploi féminin. métiers les moins qualifiés, dans les années 1950 –
elles étaient infirmières plutôt que médecins. Elles
Doc   2.   –   Le   chômage   en   France   sont très présentes dans les métiers de la santé et de
métropolitaine  depuis  1977   l’instruction, car ceux-ci correspondent aux
En 1977, le taux de chômage reste peu élevé, il stéréotypes en vigueur et à ses « aptitudes
atteint 4,1%. Les années suivantes, il progresse naturelles » de mère. Les écoles ont contribué au
fortement pour atteindre 9,6 % en 1995. Dans les maintien de cette situation en ancrant ce type de
années 2000, il baisse d’environ deux points avant préjugés dans l’esprit des écoliers, notamment à
de remonter à cause de la crise. Depuis 2007, il est l’aide de ces panneaux scolaires. Cette répartition
aux alentours de 9,9% en 2014. sexuée des tâches existe encore aujourd’hui, même
La France connaît donc depuis les années 1970, une s’il y a beaucoup plus de femmes médecins (voir
longue période de chômage de masse. La fin du doc 2 p. 193).
plein emploi s’explique par le ralentissement de la
croissance. Les fermetures d’entreprises, les »   Étude.   Les   inégalités   salariales   entre  
délocalisations et l’automatisation de la production les  hommes  et  les  femmes  
expliquent la persistance de ce fort taux de >  MANUEL,  P.  192  
chômage. Les femmes et les jeunes hommes de 15
à 24 ans sont les catégories les plus touchées par ce
Réponses  aux  questions  
chômage. En 2014, le taux de chômage des jeunes
femmes est supérieur de 12,3 points au taux de
Question 1. L’affiche est composée de deux
chômage général, celui des jeunes hommes de 14,5
parties. À droite, une image qui représente deux
points.
salariées avec des objets qui évoquent leur travail.
L’une d’elle, celle qui porte une jupe noire
Doc  3.  –  Du  paysan  à  l’exploitant  agricole   symbolise les employées de bureau (une secrétaire,
Plusieurs phénomènes montrent que les agriculteurs on distingue un téléphone et une machine à écrire).
ont connu une véritable « révolution de leurs modes L’autre porte une salopette d’ouvrière et tient dans
de vie et de travail ». Leur nombre a d’abord la main une clé à molette. Elle est entourée d’objets
fortement diminué. À la fin des années 1970, il y a évoquant l’univers de l’usine, en particulier de
« deux fois moins de paysans qu’en 1950 ». Leur l’industrie textile (bobine de fil).
façon de cultiver la terre s’est perfectionnée, La partie gauche de l’affiche est une liste des
obligeant l’agriculteur à devenir « un agent qualifié revendications de la CGT. Certaines concernent les
de l’économie ». Il récolte « d’autres espèces » de deux sexes, par exemple, une augmentation
blé « plus éloignées de celles qu’il cultivait au générale des salaires, deux jours de repos
lendemain de la guerre », car beaucoup plus consécutifs. D’autres demandes concernent plus
productives. Sa productivité s’est aussi améliorée particulièrement les femmes : à travail égal, salaire
grâce à la mécanisation : « la puissance motrice égal ou le droit à la maternité (c’est-à-dire à un
installée chez l’exploitant agricole est supérieure à congé maternité).
celle de l’industriel d’autrefois ».
Les bouleversements ne concernent pas seulement Question 2. On constate qu’effectivement, il
les méthodes de production mais aussi la « façon de n’existe pas d’égalité salariale entre les hommes et
penser, de vivre et d’agir » qui « n’a plus beaucoup les femmes à la fin des années 1950, ce qui
de points communs avec ce que l’on observait il y a explique la revendication de la CGT, « à travail
vingt-cinq ans ». On peut parler de véritable égal, salaire égal ». Vers 1958, une femme
révolution car le pays, dans les années 1970, est travaillant à temps complet touche en moyenne
« plus différent de la France de 1950 que celle-ci de environ 64 % du salaire d’un homme.
la France de 1870 ».
Question 3. C’est pour la catégorie socio-
professionnelle des cadres que l’écart salarial est le
Doc  4.  –  Le  développement  des  emplois  dans   plus important en 1954. À cette date, un cadre
féminin touche en moyenne 57 % du salaire d’un
les  services  de  santé.  
cadre masculin. L’écart salarial est donc de 43 %,
La multiplication des emplois dans les hôpitaux
alors qu’il n’est que de 21,4 % pour les employés et
favorise la tertiarisation de la population active. Les
de 31,8 % pour les ouvriers. Cette situation
hôpitaux recrutent de nombreux médecins et des
s’explique en grande partie par le fait que le
infirmières. Ce panneau scolaire montre que cet
sommet de la hiérarchie reste occupé par des
essor des emplois dans les services de santé conduit
hommes et donc ils monopolisent les postes les
à une différenciation des métiers selon les sexes.
mieux rémunérés.
L’homme présenté ici est médecin, il dirige le
Question 4. C’est dans les années 1970 que l’écart Question 4. Ces deux documents sont très
de salaire entre les hommes et les femmes révélateurs du maintien des préjugés traditionnels
commence à changer fortement. En 1968, une concernant la femme. Les femmes sont surtout
femme travaillant à temps complet touche encore nombreuses dans les emplois proches de l’idéal
en moyenne 65 % du salaire d’un homme. Vers bourgeois de la femme : celui de la mère qui veille
1978, cet écart se réduit d’environ 5 points. Depuis, sur son intérieur, sur la santé et l’éducation de ses
des progrès notables ont été faits puisqu’en 2011, jeunes enfants. Elles continuent aussi à être
l’écart est de 17,6 % contre 30 % vers 1978. majoritaires dans des postes à faible qualification,
Ces progrès s’expliquent en partie par le sommet de la hiérarchie restant dominé par les
l’intervention de l’État. En 1972, une loi est votée hommes. Cela au nom du préjugé traditionnel de
afin d’assurer l’égalité de rémunération entre les l’infériorité intellectuelle de la femme dans certains
femmes et les hommes. Cette première loi est suivie domaines et de son incapacité naturelle à occuper
de quatre autres mesures législatives pour les postes d’autorité – l’autorité étant perçue
contraindre les entreprises à mettre fin aux comme un attribut masculin.
inégalités professionnelles. La dernière loi, votée en
2010, prévoit même des sanctions financières pour »   Dossier.   Travailler   dans   l’industrie  
les entreprises les plus réticentes. Une autre
automobile  en  France  
explication est l’ouverture aux femmes de
nombreux métiers bien rémunérés – autrefois >  MANUEL,  P.  194-­‐195
réservés aux hommes. Enfin, les femmes sont
aujourd’hui plus qualifiées : leur taux de scolarité à Réponses  aux  questions  
20 ans est passé de 3,5 % en 1946 à 55,6 % en 2012
(voir tableau p. 204). Question 1. En 1931, les méthodes de fabrication
mises au point par le constructeur américain Ford à
»   Étude.   Quels   métiers   pour   les   Détroit en 1913 s’imposent dans les usines
femmes  ?   françaises. La photographie 4a montre en effet une
>  MANUEL,  P.  193   chaîne d’assemblage mobile chez Citroën en 1931.
Elle occupe toute la longueur de l’atelier. Un tapis
roulant transporte le châssis vers chacune des
Réponses  aux  questions   étapes du montage jusqu’à la réalisation complète
de la voiture. Les ouvriers sont placés par deux de
Question 1. Il existe un pourcentage très important chaque côté d’une chaîne, conçue pour placer la
de femmes travaillant dans les bureaux. En effet, voiture à hauteur d’homme. Ils n’ont qu’une seule
parmi les métiers les plus féminisés en 2011, on tâche à accomplir (l’un deux met en place une
trouve les emplois administratifs de la fonction roue). Toute l’usine est organisée de façon à
publique (73,4 % de femmes), les emplois répondre aux besoins de la chaîne de montage
administratifs d’entreprise (76,9 % de femmes), les principale. On aperçoit au dessus des travailleurs,
emplois de comptabilité (84,6%). Mais c’est surtout un convoyeur qui apporte les roues venues d’une
dans le secrétariat qu’il y a le plus de femmes. En autre partie de l’usine à la chaîne de montage
effet, la quasi-totalité des secrétaires sont des principale. Cette organisation de la fabrication
femmes (97,6%). permet une production de masse qui n’est possible
que grâce à la standardisation de toutes les pièces
Question 2. Cette photographie est très révélatrice détachées et à la parcellisation des tâches.
de la hiérarchie qui existe dans les bureaux.
L’homme occupe un poste à responsabilité, dont le En 1988, le principe de la chaîne mobile n’a pas été
symbole le plus marquant est son immense bureau abandonné, mais des robots ont remplacé les
de bois verni. Il lit un document et peut-être dicte-t- hommes et effectuent toutes les opérations de
il quelque chose à sa secrétaire. Cette dernière, montage de la carrosserie. On n’aperçoit aucune
placée sur le côté, est occupée à taper sur sa présence humaine sur toute la longueur de la chaîne
machine à écrire, elle ne dispose que d’un bureau de montage. L’ouvrier spécialisé a été remplacé par
de petite taille. un ouvrier professionnel ayant des connaissances
pointues en robotique et donc capable de surveiller,
Question 3. Le taux de féminisation est supérieur à et de régler le travail des robots.
85 % dans les métiers du secrétariat, mais surtout
dans ceux qui concernent la santé, le soin aux Question 2. Les femmes n’occupent qu’une faible
enfants ou l’entretien. Les emplois peu qualifiés place dans la construction automobile, considérée
d’aides à domicile, aides ménagères et assistants comme un métier masculin. Chez Renault, les
maternels détiennent le record absolu avec 97,7 % ouvrières représentaient 7 % du total des employés
de taux de féminisation. en 1978. Cette part n’augmente pas entre 1978 et
2012, alors même que la France connaît un net »   Cours   2.   Le   Front   Populaire   et   la  
essor du travail féminin.
question  ouvrière  
Question 3. Simone Weil peine à s’adapter aux >  MANUEL,  P.  196-­‐197
cadences très rapides imposées par le travail à la
chaîne. Elle a beaucoup de mal à s’investir dans ce Doc  1.  –  Léon  Blum  s’adresse  aux  Français  
qu’elle fait car « la monotonie de la tâche » Dans ce discours radiodiffusé, le nouveau président
l’entraîne « à rêver ». Elle se sent complètement du Conseil français annonce le dépôt prochain
isolée car « personne ne lève la tête », « personne devant le Parlement de trois lois. La première veut
ne sourit », car le rythme de production contraint limiter la semaine de travail à quarante heures pour
les autres ouvrières à une concentration extrême. La les salariés, la deuxième prévoit des congés payés
surveillance pointilleuse du contremaître qui la (15 jours) pour ces derniers, et enfin la troisième
pousse à accélérer sans cesse et la menace même envisage la mise en place des contrats collectifs (ou
d’un licenciement si elle ne réussit pas à augmenter conventions collectives).
sa production la met dans un état d’angoisse. Elle Léon Blum veut montrer que le Front populaire
finit par éprouver un « dégoût » et un tient les « engagements » qu’il a pris pendant la
« écœurement » qui la « paralysent ». campagne électorale. Il veut aussi satisfaire les
travailleurs ; ces mesures sont en effet les
Question 4. Avant le recours au travail à la chaîne « principales réformes réclamées par les ouvriers ».
et à la fabrication en série, la production est faible. Il espère, en procédant avec rapidité, mettre fin aux
Renault ne produit que 1615 voitures en 1906. Le grèves qui ont éclaté dans tout le pays. Il a peur
système de production fordiste permet un essor que les mouvements sociaux ne dégénèrent et que
phénoménal de la production : en 1972, Renault les travailleurs ne se laissent aller à des violences.
parvient à produire plus d’un million de véhicules, C’est pourquoi le chef du gouvernement appelle
soit 11 par employés. En 2013, la production a les travailleurs à faire part de leurs revendications
diminué (elle est moitié moins importante), mais le dans le « calme, la dignité et la discipline ». Enfin
recours à la robotisation permet à Renault de Léon Blum craint « une tactique patronale
fabriquer 19 voitures par salariés et par an, ce qui d’intransigeance », c’est-à-dire une opposition
représente un gain de productivité très important. résolue des chefs d’entreprise à toutes les mesures
sociales prises par le Front populaire.
Question 5. Ce recours à la robotisation a entraîné
une nette baisse des effectifs de Renault. Doc  2.  –    Les  grèves  du  printemps  1936  
L’entreprise faisait travailler plus de 100 000 Le Petit Dauphinois est un quotidien d’information
personnes en 1972. En 2013, elle n’emploie plus locale de la région des Alpes françaises. De
que 26 633 personnes, ce qui représente une baisse tendance socialiste, il est fondé en 1878 et disparaît
de 73 %. La robotisation s’est donc accompagnée en 1944 à la Libération. Il est essentiellement
de licenciements massifs. Ils ont surtout concerné diffusé en Isère, Savoie, Drôme et Hautes Alpes.
les ouvriers peu qualifiés, qui ont été remplacés par Comme beaucoup de journaux de ce type, certaines
des robots. Leur nombre est passé d’environ 75 000 de ces pages sont consacrées aux événements
dans les années 1970 à environ 2000 aujourd’hui. nationaux et internationaux.
En revanche, Renault a besoin d’un personnel Cet article insiste sur le caractère national des
qualifié plus important : le nombre de techniciens, grèves. Le titre parle d’un « mouvement de grève
ingénieurs, dessinateurs et cadres est passé, lui, qui s’étend et gagne la province ». Selon Le Petit
d’environ 13 000 à 20 000. Dauphinois, dès le 4 juin 1936, il y a déjà, en
région parisienne, « 100 000 ouvriers grévistes
Question 6. L’exemple de l’automobile est appartenant à « 230 usines ». L’ampleur du
particulièrement symbolique des principales mouvement est telle que Paris risque même de
transformations du travail ouvrier en France au XXe « manquer d’eau ».
siècle. Dans toutes les entreprises industrielles, le Les grèves de mai-juin 1936 ont un caractère aussi
recours au travail à la chaîne et à la fabrication en très particulier : elles sont spontanées, il s’agit de
série a permis une production de masse et l’emploi « grèves sur le tas » et les ouvriers décident
en grand nombre de salariés faiblement qualifiés. d’occuper les usines. Cette occupation se déroule
Puis à partir des années 1970 et surtout des années dans une atmosphère de fête. La photographie
1980, l’automatisation de la production a entraîné montre, en effet, des travailleurs en train de danser
des licenciements massifs, qui expliquent en partie dans un atelier de production et la légende indique
l’essor du chômage. Le nombre d’ouvriers n’a qu’il s’agit de souligner « un aspect gai des
cessé de diminuer. Résultat : en 2013, le secteur du grèves ».
bâtiment et de l’industrie n’emploie plus que
18,9 % des actifs contre 40 % en 1974. La France
est devenue une société postindustrielle.
Doc.  3  –  L’opposition  au  Front  Populaire   les employés de commerce et de bureau avant
S’étant rendu compte des manques de la droite en 1914).
matière de propagande, Henri de Kérillis (1889- La loi du 20 juin 1936 sur les congés payés ne
1958), un journaliste et un homme politique figurait pas dans le programme initial du Front
nationaliste, fonde en 1926 le centre de propagande populaire. La revendication des congés payés jaillit
des républicains nationaux. Cette organisation a des grèves de mai et de juin 1936, essentiellement
pour mission de préparer les campagnes électorales dans la région parisienne et l’Oise. Elle est reprise
à venir, d’aider les candidats de droite dans toute la par le gouvernement Blum le 5 juin et est votée le
France et de diffuser les thèmes de propagande. 11 juin à une quasi-unanimité à la Chambre des
Installé à Paris, le centre comprend ainsi un service députés (une voix contre) et à une très forte
d’édition en charge de la confection de tracts, de majorité au Sénat le 16 juin.
brochures et d’affiches.
Le Front populaire est ici accusé d’abord de ne pas Doc  3.  –  La  bourgeoisie  et  les  congés  payés  
avoir su résoudre la crise économique. En 1938, le René Dubosc (1897-1964), dessinateur de gauche, a
déficit budgétaire s’est accru, l’inflation est forte et publié 250 dessins humoristiques dans son ouvrage,
le chômage reste élevé. Ces difficultés raniment Sac à malice en 1937. Dans ce recueil, il se moque
l’agitation sociale : d’importantes grèves ont lieu à des réactions de la droite, du patronat et des
partir de novembre 1936 notamment sur des catégories aisées à la politique du Front populaire.
problèmes de pouvoir d’achat. Cette planche en fait partie, elle met en scène un
L’affiche attise ce mécontentement. En effet, le couple de bourgeois élégamment habillés. Ils se
principal reproche qui est fait au Front populaire lamentent à propos des effets néfastes des congés
porte sur son incapacité à maîtriser l’inflation alors payés sur leur mode de vie. C’est l’absurdité des
qu’il « avait promis de faire baisser le coût de la situations et des propos de ces bourgeois qui, à
vie ». chaque fois déclenche le rire.
Pour étayer cette accusation, l’affiche présente une
femme munie d’un sac à main et de son porte- »  Réponses  aux  questions  
monnaie devant un étalage de produits alimentaires.
Chaque aliment est accompagné de deux Question 1. Par cette loi, tous les travailleurs
étiquettes : l’une mentionnant son ancien prix (celui salariés qui ont au moins un an d’ancienneté
d’avril 1936, c’est-à-dire avant l’arrivée au pouvoir obtiennent au minimum « un congé annuel continu
de la gauche) barré d’un trait rouge, l’autre le prix à payé d’au moins quinze jours ». Pendant cette
la date d’« aujourd’hui » soit « après 20 mois » de période, ils doivent recevoir la même rémunération
gouvernement de Front populaire ». Chaque prix a que lors de leur temps de travail. La loi laisse la
fortement augmenté : l’entrecôte est ainsi passée de porte ouverte à des accords plus généreux
20,50 francs le kilo à 29 francs, le pain de 1,60 puisqu’elle indique ne pas interdire des
francs à 2,70 francs, etc. « dispositions » qui assureraient des congés payés
Juste en dessous, l’affiche souligne que l’inflation « de plus longue durée ». Enfin, elle tente de
sévit aussi dans tous les autres domaines prémunir le salarié contre toute pression de son
(transports, loyers, gaz, électricité et même impôts). employeur. Celui-ci pourrait être tenté de monnayer
Elle se termine par une conclusion sous forme de un abandon de ce droit par son employé. La loi
slogan rimé en caractères gras de grande taille pour précise donc que « tout accord comportant la
mieux frapper le spectateur : « le Front populaire, renonciation » par le travailleur aux congés payés
c’est la vie chère ». « contre l’octroi d’un indemnité compensatrice, est
nul ».
»   Dossier.   Les   congès   payés,   une  
révolution  dans  la  vie  des  travailleurs   Question 2. L’application de la loi aurait entraîné
>  MANUEL,  P.  198-­‐199   d’après le journal L’Intransigeant la fermeture de
nombreuses entreprises dès le mois de juillet 1936.
  À Roubaix et Tourcoing, « toutes les usines textiles
Doc  1.  –  La  loi  du  20  juin  1936   ont mis bas leurs feux le samedi 25 juillet, à 17
Entre 1900 et 1930, les congés payés sont instaurés heures et ne les rallumeront plus le 10 août au
dans de nombreux pays : en Allemagne, en matin », soit après deux semaines de vacances
Norvège, en Pologne mais aussi au Chili ou au accordées aux ouvriers « à pleins salaires, payés
Brésil. Avant 1936, si beaucoup d’usines françaises d’avance ». Ces nouveaux congés auraient des
ferment une ou deux semaines en été, rares sont les conséquences négatives pour le commerce des
ouvriers qui sont payés pendant cette période. Ce grandes villes du Nord. Beaucoup d’ouvriers ont
n’est qu’en 1926 que la CGT revendique le droit à quitté les deux agglomérations, « les rues sont vides
des congés payés pour tous, alors que certaines et désertes » et les « petits commerçants se
catégories de salariés français en bénéficiaient déjà lamentent derrière leurs comptoirs désertés ».
depuis longtemps (les fonctionnaires depuis 1853,
Question 3. René Dubosc, un dessinateur partisan Question 6. Jamais auparavant autant de
du Front Populaire, utilise ici l’ironie afin de travailleurs n’avaient pu prendre de vacances en
souligner la révolution que constituent les congés continuant à recevoir leurs salaires. Cette mesure
payés pour la société française et critiquer est accueillie avec enthousiasme par les Français, et
l’opposition de la droite et du patronat à cette ce d’autant plus que la loi est mise en application
mesure. dès l’été 1936 par les entreprises. Dès cette date,
Ses dessins se moquent de l’attitude supposée des 600 000 salariés profitent des congés payés.
bourgeois face à l’essor des congés payés. En effet, L’année suivante, on assiste au départ de 1,8
jusqu’en 1936, les loisirs étaient réservés à une élite million de salariés en vacances.
qui, seule, pouvait partir en vacances et faire du Ce phénomène de masse entraîne le développement
tourisme. Or les congés payés entraînent le des loisirs de masse, en particulier du tourisme
développement du tourisme de masse : les balnéaire et du camping. Très vite, les entreprises
travailleurs qui partent en vacances se mettent à prennent l’habitude d’accorder ces congés pendant
prendre le train qu’ils « surchargent l’été. On assiste alors dans certaines régions à la
dangereusement » ou encombrent les routes avec fermeture de la plupart des usines pendant deux
leur bicyclette. Ils envahissent les plages, jusque là semaines.
réservées aux plus riches, ou les champs avec leur Ce phénomène entraîne des migrations estivales
tente. Chaque vignette suggère que ces phénomènes massives qui vident les rues des villes. De
sont intolérables pour des bourgeois qui ne nombreux Français quittent leur lieu habituel de
supportent pas de devoir désormais côtoyer les résidence pour visiter la campagne ou le littoral
travailleurs dans des lieux qui leur étaient autrefois français. Dans les régions frontalières, on n’hésite
réservés. pas à se rendre à l’étranger.
La nouveauté que constituent les congés payés n’est
Question 4. L’Intransigeant est un journal pas sans provoquer des réactions négatives de la
d’information qui essaie ici de faire la part des part des patrons et des milieux bourgeois de droite.
choses et de rapporter les faits sur un ton plutôt Pour certains chefs d’entreprise et commerçants, les
neutre. Il n’y a, dans le texte, aucune condamnation congés payés ne font qu’aggraver la crise.
de la politique du Front populaire sur l’instauration
des congés payés. Le journaliste semble se Cours   3.   L’immigration   et   la   société  
contenter de constater les faits.
française  
Cependant certains indices montrent qu’il ne s’agit
pas d’un journal de gauche. Il ne se réjouit pas que MANUEL,  P.  200-­‐201  
cette mesure ait enfin été prise. Il remarque
simplement ses conséquences. Il écrit que les Doc  1.  –  Le  droit  du  sol  en  France  
travailleurs partent en Belgique pour pouvoir En 1889, il suffit d’être né et domicilié en France
bénéficier d’un meilleur pouvoir d’achat et qu’ainsi pour être considéré comme Français.
« les pauvres ont la sensation d’être de nouveaux En 1998, un jeune d’origine étrangère doit être né
riches ». Cette appréciation n’est pas en France et avoir résidé au moins 5 années dans le
particulièrement flatteuse à l’égard des vacanciers. pays depuis l’âge de onze ans pour acquérir la
À la fin du journal, il ne peut pas s’empêcher de nationalité française. Le nouveau code civil est
rapporter le mécontentement de quelques donc plus restrictif, mais ne remet pas en cause le
industriels et des commerçants en se gardant de le droit du sol.
condamner. On peut donc en déduire que ce journal Il est ainsi très facile pour une personne dont les
a une position plutôt centriste. parents d’origine étrangère sont venus habiter en
France de devenir citoyen français. Elle n’a aucune
Question 5. Lors des premiers congés payés, démarche à effectuer pour disposer des mêmes
beaucoup de salariés décident de quitter la ville, droits que tous les autres citoyens et donc pour
leur lieu de résidence et de travail. Ils partent à la participer à la vie sociale et politique de son pays
campagne où, souvent ils vont faire du camping de naissance.
sauvage en pleine nature – les campings
d’aujourd’hui n’existant pas encore. Pour d’autres, Doc   2.   –   Les   étrangers   en   France   de   1851   à  
« l’appel de la mer est irrésistible », ce qui explique nos  jours  
l’essor d’un tourisme balnéaire populaire. Dans le Le nombre d’étrangers est très faible en 1851 ; ils
Nord, « la plus grande partie des travailleurs a sont moins de 500 000. Puis, dès 1911, le chiffre
gagné la Belgique » afin de profiter de prix deux augmente fortement : il y a plus d’un million
fois plus faibles. Mais certains doivent rester chez d’étrangers en France. Aujourd’hui, ils sont près de
eux, et on apprend que des villes cherchent à leur 4 millions.
proposer des loisirs, ainsi la municipalité de En 1911, les étrangers sont essentiellement des
Roubaix « a élaboré […] tout un programme de Européens, surtout des Italiens (environ 35 à 40 %)
fêtes gratuites et sportives ». et des Belges.
En 1975, les Européens sont toujours très présents, Ce dossier comprend aussi un entretien avec
mais les Italiens sont moins nombreux que les l’artiste qui raconte sa propre expérience
Espagnols ou les Portugais. En outre, une bonne d’immigré.
partie des étrangers (environ un million) est
originaire d’Afrique du Nord, surtout d’Algérie. Réponses  aux  questions  
Aujourd’hui, la part des Européens est encore
moins grande et les principales régions d’origine se
sont diversifiées, avec notamment 500 000 Question 1. Dans les années 1960, les immigrés
personnes venues de Turquie et d’autres régions portugais sont encore peu nombreux en France (un
d’Asie et environ 300 000 individus originaires peu plus de 5 000 ont été recensés). C’est
d’Afrique subsaharienne. seulement à partir de 1964 que leur nombre
commence à dépasser les 50 000. L’apogée de
Doc  3.  –  La  main  d’œuvre  immigrée  dans  les   l’immigration portugaise se situe entre 1969 et
mines   1972 : plus de 100 000 personnes sont alors
Cette affiche montre que les mines du Nord-Pas-de- originaires du Portugal. En 1970, les Portugais
Calais emploient dans les années 1960 un grand représentent à eux seuls 56 % du total des étrangers
nombre d’immigrés d’origines très différentes. présents en France, ce qui est en fait, de loin, la
L’entreprise a en effet été obligée de rédiger les communauté d’immigrés la plus importante de
consignes de sécurité en 5 langues : le français, France. Puis, à partir du début des années 1970,
l’allemand, le polonais, l’italien et l’arabe. leur nombre décline de plus en fortement : les
arrivées nouvelles sont moins importantes et
Doc  4.  –  La  vie  des  immigrés  sans  papiers   beaucoup d’entre eux ont pris la nationalité
Les conditions de vie des sans-papiers sont très française. En 1978, on ne recense plus que 5 000
difficiles. Le Chinois, dont parle cet article du étrangers d’origine portugaise (un peu moins de
Monde, doit travailler dans des ateliers de 10 % des étrangers présents en France).
confection clandestins. Il fait des journées de 10 Cette immigration est d’abord masculine ; il s’agit
heures pour un salaire très modeste. Une bonne en majorité de travailleurs qui viennent chercher un
partie de son revenu a servi, dans les premières emploi en France. Puis, progressivement, surtout à
années de son existence en France, à rembourser le partir de la fin des années 1960, les Portugais font
prix de son voyage. L’absence de papiers venir leur famille. Dès 1967, les familles
l’empêche de mener une vie normale. Par peur des représentent 43 % du total de l’ensemble des
contrôles, il évite les lieux publics et les Portugais installés en France. À partir de 1972, les
déplacements hors de la capitale. Il hésite aussi familles sont désormais plus nombreuses que les
parfois à se rendre à son travail, ce qui le prive travailleurs à arriver du Portugal.
d’une partie de ses revenus.
Question 2. José Pinho da Costa est un immigré
clandestin. La dictature portugaise interdisait les
»  Dossier.  Les  Portugais  en  France     migrations de travail vers la France, il est donc parti
>  MANUEL,  P.  202-­‐203   sans passeport. Il a acheté très cher son voyage
auprès de passeurs et a traversé la péninsule
Doc   1.   –   Une   famille   d’immigrés   dans   un   ibérique en voiture avec un groupe d’une
bidonville   « quarantaine de jeunes émigrants ». Les conditions
Doc  4.  –  Un  immigré  au  travail     de voyages ont été très difficiles, « inhumaines ».
Gérald Bloncourt, né en 1926, est un artiste Pendant cinq jours, il a voyagé dans une voiture où
d’origine haïtienne. Installé en France à la fin des étaient entassées 14 personnes. Puis il a fait une
années 1940, il commence une carrière de reporter- partie du voyage dans « un camion à bestiaux » où
photographe. Il fait partie de la famille des il avait à peine de quoi se nourrir. Quant à la
photographes humanistes. traversée des montagnes, elle s’est faite à pied dans
Les photographies de Gérald Bloncourt sur une angoisse totale. Seule la fin du voyage, pour
l’immigration portugaise ont fait l’objet d’une aller des Pyrénées à Paris, s’est effectuée dans des
exposition intitulée Pour une vie meilleure à la cité conditions décentes.
nationale de l’immigration en 2013. La vie des
immigrés portugais était racontée à travers Question 3. José Baptista de Matos a multiplié les
cinquante photographies en noir et blanc, prises en efforts pour s’intégrer dans son pays d’accueil. Il a
France et au Portugal entre 1954 et 1974. Une très vite appris la langue française en fréquentant
partie de cette exposition a été mise en ligne à après son travail des « cours d’adulte de nuit ».
l’adresse suivante : http://www.histoire- Grâce à cette formation et à son investissement
immigration.fr/expositions-temporaires/pour-une- dans son travail, il est devenu cadre à la RATP. Il
vie-meilleure-photographies-de-gerald-bloncourt ne cache pas qu’il a rencontré d’importantes
difficultés et suggère même qu’il s’est heurté à une
certaine xénophobie (« ça a été une lutte pleine croissance économique. Les années 1960
permanente, ici en France pour être respecté »), sont celles des « Trente Glorieuses », il n’y a
mais ne regrette rien. Il proclame même son amour quasiment pas de chômage. L’urbanisation rapide
pour la France qu’il ne compte pas quitter pour du pays et son fort dynamisme démographique
retourner au Portugal maintenant qu’il est à la permettent aux Portugais de trouver rapidement un
retraite : il se dit « français et portugais » mais c’est emploi dans le secteur du bâtiment et des travaux
en France qu’il se sent chez lui. publics. Dès qu’il est assuré d’un emploi, l’immigré
portugais cherche à faire venir sa famille. Le
Question 4. À leur arrivée en France, les conditions manque de moyens rend leur installation difficile et
de vie des Portugais sont très difficiles. Une les Portugais sont souvent obligés de séjourner
majorité d’entre eux ne peut pas obtenir de quelque temps dans des bidonvilles de banlieue, où
logements décents. À Paris, ils habitent dans le ils vivent dans des conditions de grande insalubrité.
bidonville de Champigny sur Marne. En 1967, Cependant, ils parviennent progressivement à
selon José Baptista de Matos, 14 000 Portugais s’intégrer en France et leur installation devient
séjournent dans ce qui est alors « le plus grand définitive. S’ils ne renient pas leurs origines, une
bidonville de France ». bonne partie d’entre eux ne songent plus à retourner
La photographie rend bien compte de la précarité au Portugal.
de cette situation : on voit une famille de six
personnes devant leur logement. Au premier plan, »   Cours   4.   Les   femmes   dans   la   vie  
une immense bassine semble être le point d’eau
politique  et  sociale  au  XXe  siècle  
principal et montre l’absence d’eau courante. La
maison à l’arrière est un habitat précaire typique >  MANUEL,  P.  204-­‐205  
des bidonvilles ; elle a été construite par les
immigrés eux-mêmes avec des matériaux de Doc  1.  –  Une  certaine  image  de  la  femme  
récupération ; c’est un amas de bois et de tôle, la C’est une vision très traditionnelle de la répartition
cour est d’ailleurs remplie de débris de bois. sexuée des rôles qui apparaît sur cette affiche. Elle
est construite sur un contraste entre ce qui relève
Question 5. Le regroupement familial est un respectivement des hommes et des femmes.
facteur essentiel dans l’installation définitive des À l’arrière plan, c’est l’univers vu comme
Portugais en France et dans leur intégration. Dès la masculin, celui du travail à l’extérieur du foyer
fin des années 1960, les familles représentent une dans le secteur du bâtiment, de l’agriculture ou de
part très importante de l’immigration portugaise en l’industrie.
France (plus de 35%). La dernière vague d’arrivées Au premier plan apparaît ce qui doit être le
en provenance du Portugal, celle des années 1970, domaine féminin : être une femme, c’est d’abord
est d’ailleurs essentiellement composée de familles. être une mère qui veille sur la santé et l’éducation
José Baptista de Matos a attendu deux ans avant de de ses enfants. C’est pourquoi l’affiche présente
faire venir ses enfants et son épouse. une Française qui allaite son bébé auprès de sa
jeune fille, assise sagement à faire ses devoirs.
Question 6. Les Portugais obtiennent d’abord des
emplois dans le domaine du bâtiment et des travaux Doc  2.  –  Un  essai  antiféministe  et  misogyne  
publics. José Baptista de Matos a ainsi travaillé à la L’auteur développe plusieurs arguments pour
construction de routes, de « petits égouts ». La s’opposer à l’égalité des sexes. D’après lui, les
photographie de Gérald Bloncourt montre un femmes n’ont pas l’intelligence des hommes : elles
Portugais, maçon, en train de monter un mur en sont « des créatures d’intuition plutôt que de
région parisienne. Certains, comme José Baptista raison », elle sont « esclaves de la sensibilité ».
de Matos, parviennent à obtenir des emplois plus Aucune femme « n’a élaboré en philosophie nul
qualifiés. De Matos a réussi ainsi à devenir cadre à système, n’a produit en art nul chef d’œuvre, n’a
la Régie autonome des transports parisiens (la fait en science nulle découverte ».
RATP), une entreprise qui exploite la plus grande Cette inégalité repose sur des « différences
partie des transports en commun de Paris et de sa physiologiques que la nature a mises entre les
banlieue. Il a sans doute à ce titre participé à la sexes ». Celle-ci n’a pas accordé aux deux sexes
construction de nouvelles lignes de métro et à leur les mêmes compétences et donc « l’homme exerce
entretien. certaines fonctions auxquelles la nature le rend plus
propre que la femme ».
Question 7. Un immigré portugais est avant tout un
homme qui décide de partir seul pour aller chercher Doc  3.  –  La  vie  d’une  femme  d’ouvrier  
du travail en France. Beaucoup sont des immigrés Cette femme a arrêté toute activité salariée pour
clandestins qui n’arrivent à destination qu’après un s’occuper de ses enfants. C’est à la naissance de
voyage difficile et dangereux. Cet immigré trouve son quatrième enfant qu’elle a perdu tout espoir de
assez vite du travail dans une France qui est en « travailler comme avant ».
Ce texte révèle que, dans cette famille, c’est Question 4. Les féministes reprochent aux manuels
l’épouse qui gère le budget du ménage. Celui-ci scolaires d’histoire de ne pas accorder une place
étant insuffisant « pour boucler les fin de mois », suffisante aux femmes. Le centre Hubertine Auclert
cette femme fait du « lavage et du repassage pour a calculé que « les œuvres ou travaux des femmes
les autres » ou garde leurs enfants. Mais elle doit le sont environ 25 fois moins nombreux que ceux des
faire « en cachette », car son mari ne veut pas hommes » dans ces livres. Le texte remarque que
qu’elle travaille. Elle doit effectuer d’importants lorsque les femmes sont évoquées, elles
efforts pour que son mari « ne s’aperçoive de « apparaissent davantage dans des dossiers qui leur
rien ». Cumuler son rôle de mère de famille, sont dédiés, au détriment d’une présence dans le
l’entretien de son foyer et son travail clandestin ne corps du texte, au cœur de la leçon ». Pour les
lui laisse que peu de temps libre. féministes, « ces dossiers marginalisent les femmes
du récit historique ». Enfin, les femmes ne sont
»  Dossier.  Éducation  et  préjugés   mentionnées que trop rarement comme acteurs
>  MANUEL,  P.  206-­‐207   économiques, elles « figurent le plus souvent
comme mère, fille ou femme de ». En faisant cela,
le manuel d’histoire « conforte une vision
Réponses  aux  questions   stéréotypée de la société, où les femmes sont
Question 1. Simone de Beauvoir réfute un des cantonnées à la sphère privée ».
arguments majeurs des féministes (voir doc 2, p.
205) – à savoir que l’inégalité entre les hommes et Question 5. Ce que dit Simone de Beauvoir est
les femmes et la répartition sexuée des tâches sont confirmé par l’image de la femme que propose le
« une donnée biologique ». Pour l’auteur, c’est manuel scolaire de 1950. Il s’agit d’un manuel
l’éducation différente que l’on donne aux enfants dans lequel les enfants apprennent la lecture et qui
des deux sexes qui est à l’origine du problème. invite ces derniers à rejouer des scènes de la vie
Ceux-ci ont, à l’origine, des capacités physiques et quotidienne. Or le modèle qui est présenté aux
surtout intellectuelles similaires. Mais tout est fait fillettes d’alors est celui d’Odile, « la petite
pour inculquer à la fillette son future rôle d’épouse, ménagère » . Il suggère qu’une petite fille se doit
de mère et de ménagère : ainsi on « dispense d’être capable de remplacer sa mère dans ses tâches
d’ordinaire » le garçon des tâches ménagères, alors traditionnelles. Elle doit savoir comme le dit
qu’on demande systématiquement à une fillette de Simone de Beauvoir tenir « sa maison exactement
« balayer, épousseter, éplucher les légumes, laver comme le fait sa mère ».
un nouveau-né, surveiller le pot-au-feu ».

Question 2. Chacune des deux images du manuel »   Étude.   Les   femmes   et   les  
scolaire montre les activités traditionnellement responsabilités  politiques  en  France  
dévolues dans une famille à une fillette. >  MANUEL,  P.  208  
Alors que sa mère est malade et alitée, elle a la
responsabilité de la remplacer : on voit donc la Réponses  aux  questions  
fillette à la cuisine, elle épluche les légumes. On
apprend que c’est à elle que revient la préparation
Question 1. Avant les années 2000, il y a peu de
du dîner composé « d’une soupe de légume et une
femmes parmi les élus en France – ce qui, selon
omelette ». Elle doit en outre s’occuper d’habiller
Lionel Jospin, « témoigne que notre démocratie est
sa petite sœur, faire le ménage après le repas,
incomplète ». C’est seulement « 55 ans après que le
coucher son petit frère et enfin servir son repas à sa
droit de vote a été reconnu aux femmes » que
mère malade. Cette dernière la félicite de son « bon
« l’objectif de parité » s’est « inscrit enfin dans
travail de ménagère ». L’école joue donc ici un rôle
notre constitution ». Les chiffres donnés par
essentiel dans la transmission des stéréotypes de
l’observatoire de la parité et l’Insee sont éloquents.
sexe.
Seuls les conseils municipaux et régionaux
comportent une part notable de femmes
Question 3. La répartition du temps consacré par
(respectivement 25,7 % et 27,5%). Au Sénat, à la
les deux sexes aux tâches domestiques n’a pas subi
Chambre des députés et dans les conseils généraux,
de bouleversement majeur depuis 1986. Les
la situation est pire : il y 10,9 % de députés, 8 % de
femmes consacrent toujours beaucoup plus de
sénatrices et 9,1 % de conseillères générales. Enfin,
temps que les hommes au ménage, aux courses et
les femmes ont du mal à accéder aux postes à
au soin des enfants. Les progrès sont minimes : les
responsabilités. En effet, à peine 7 % des maires
hommes passent seulement sept minutes de plus à
sont des femmes.
s’occuper du ménage et des courses et 9 minutes de
plus à soigner leurs enfants. La répartition des
Question 2. Face à cette situation, le gouvernement
tâches au sein du foyer apparaît donc toujours très
de Lionel Jospin a décidé de faire voter une loi qui
sexuée.
impose le principe de parité de sexes pour « tous les
scrutins de listes – régionales, européennes, clandestinité et dans de mauvaises conditions,
sénatoriales […] et municipales pour les communes mettant ainsi leur vie en danger.
de plus de 3500 habitants ». Pour les élections
législatives, qui se font au scrutin uninominal, « un Question 2. Parmi les facteurs qui ont conduit au
dispositif de modulation de l’aide publique dépôt d’un projet de loi légalisant l’avortement, il y
conduira à pénaliser financièrement les partis a d’abord la pression des mouvements féministes.
politiques qui ne respecteront pas le principe de Des associations comme le MLAC (mouvement
parité ». pour la liberté de l’avortement et de la
contraception) ont multiplié les tracts, les affiches
Question 3. La loi a conduit effectivement à une et les manifestations réclamant le droit à
amélioration de la situation, en particulier pour l’avortement. À cette pression des féministes se
toutes les élections à scrutin de liste pour lesquelles sont ajoutées des circonstances politiques
la parité des sexes est devenue obligatoire. Les favorables : en 1974, Valéry Giscard d’Estaing a
dernières élections locales ont permis d’obtenir été élu président de la République. Il a alors « voulu
qu’il y ait 40,3 % de conseillères municipales, 48 % remuer et moderniser la société ». Cet objectif
de conseillères régionales et 50 % de conseillères politique l’a conduit à nommer Simone Veil comme
départementales parmi les élus. En revanche, les ministre de la Santé publique, une femme
progrès sont beaucoup moins importants pour les « partisane de la libéralisation de l’IVG ».
deux assemblées législatives qui restent dominées
par les hommes : le Sénat n’accueille que 25 % de Question 3. Les débats à la chambre des députés
femmes et la Chambre des députés que 26,9 %. ont été particulièrement houleux. Gisèle Moreau
Enfin, l’accès aux postes à responsabilité est parle de discussions « vives, très dures »,
toujours aussi difficile pour les femmes. Elles sont d’attitudes « agressives ». Elle explique cette
toujours très peu nombreuses à être maires (16%), atmosphère par le fait qu’il y « avait peu de
présidentes de conseil départemental (10%) ou femmes » parmi les députés. L’assemblée, dominée
présidentes de conseil général (7,7%). par les hommes, avait une « conception de la
femme passéiste ». Certains élus ont laissé entendre
»  Étude.  La  loi  Veil  (17  janvier  1975)   que « les femmes étaient superficielles et
>  MANUEL,  P.  209   irresponsables ». Pour ces députés, « il était
inconcevable que les femmes puissent être
maîtresses de leur corps ».
Doc.  1  –  Une  affiche  féministe   Plus étonnant encore, certaines femmes membres
Le mouvement pour la liberté de l’avortement et de de la chambre des députés « n’étaient pas
la contraception (MLAC) est une association favorables à la libéralisation de l’avortement ».
française de loi 1901 créée en avril 1973 dans le but
de légaliser l’interruption volontaire de grossesse
(IVG) en France. Le mouvement a été dissous en »  Travailler  autrement    
février 1975 après le vote de la loi Veil autorisant >  MANUEL,  P.  210-­‐211  
l’IVG, l’objectif du mouvement ayant été atteint.
Cette association soutenait des manifestations, mais
La série de portraits mis en ligne par la Cité de
a aussi permis à de nombreuses femmes d’avorter :
l’histoire de l’immigration aidera l’élève à se
le MLAC organisait des voyages collectifs au
familiariser avec le témoignage oral. L’activité peut
Royaume-Uni ou aux Pays-Bas pour permettre aux
d’abord être précédée d’une visite de ce musée.
femmes d’interrompre leur grossesse dans de
Cette activité peut être suivie d’un moment de
meilleures conditions médicales que
partage en classe, afin que les différentes histoires
clandestinement en France.
recueillies puissent être comparées et remises dans
une perspective historique. Ce travail permet aussi
Réponses  aux  questions   de comprendre par quels procédés et moyens le
chercheur produit son discours historique et/ou
Question 1. L’affiche rappelle que l’avortement est sociologique.
strictement interdit en France avant 1974 et des L’implication civique, voire psychologique que
sanctions sont prévues par le code pénal et le code nécessite cette activité est importante. Elle
de la santé publique pour « l’avortement, la permettra, pour certains jeunes, d’établir le
provocation à l’avortement ou la propagande en dialogue au sein de leur famille et de découvrir une
faveur de l’avortement ». La femme « qui se fait histoire familiale, la leur, que souvent ils
avorter ou tente de se fait avorter » risque jusqu’à connaissent mal, voire qu’ils ignorent.
deux ans d’emprisonnement ». Il serait dommage de se priver de cette activité sous
Malgré cette interdiction, les femmes seraient prétexte que certains élèves n’ont pas d’origine
« 3 000 à avorter en France par nécessité ». Elles étrangère. Ils peuvent se mettre en groupe avec
bravent la loi et doivent le faire dans la d’autres élèves, ou bien aller à la découverte de
leurs voisins. Ils peuvent aussi faire une autre
activité proposée dans les pages « Travailler Question e. Peu à peu, l’auteure devient « une
autrement ». Car travailler autrement, c’est aussi femme gelée ». Elle met de côté ses propres
trouver à chacun une activité qui lui convient. ambitions et se laisse convaincre que sa réussite à
  elle est moins importante que celle de son mari.
»  Bac  
Question f. À cette époque, Annie Ernaux écrit
>  MANUEL,  P.  214-­‐215   déjà des nouvelles. Elle veut devenir professeure,
mais aussi écrivaine.
Sujet  :   La   place   des   femmes   dans   la   société  
française   Question g. Son mari, malgré une situation de fait
Annie Ernaux est une écrivaine dont l’œuvre, très inégalitaire au foyer, continue à tenir un
essentiellement autobiographique, entretient des discours égalitaire et encourage même Annie
liens étroits avec la sociologie. Son œuvre est Ernaux à continuer d’écrire. Elle n’a pourtant même
parfois qualifiée d’auto-socio-biographique. Née en pas le temps de poursuivre ses études à un rythme
1940, elle passe sa jeunesse à Yvetot en qui la satisfasse.
Normandie, avec ses parents cafetiers et épiciers.
Dans ses livres, elle dissèque – entre autres – Sujet  :  La  République  et  le  Front  populaire  
l’ascension sociale de ses parents, la sienne, mais Les grèves prennent de l’ampleur au moment même
aussi son mariage et sa condition de fille puis de où Léon Blum présente son gouvernement pour
femme. investiture à la Chambre des députés le 6 juin 1936.
Si le chef du gouvernement admet que l’occupation
Question a. Annie Ernaux se marie à un jeune d’usine n’est pas quelque chose de légal, il
cadre favorable à l’égalité des sexes, sur le plan n’envisage pas le recours à la force (que d’ailleurs
intellectuel. Elle se berce de l’illusion que leur personne ne réclame). Il ne reste donc que la
couple sera égalitaire et que tous les deux pourront négociation ; le patronat a pris contact dès le 3 juin
poursuivre leurs études et se partager les tâches avec des proches de Léon Blum et la CGT pour
ménagères de manière équitable. organiser une rencontre. Elle commence sous la
présidence de Léon Blum le 7 juin dans l’après-
Question b. Très rapidement, l’auteure prend midi et aboutit dans la nuit. C’est la première fois
conscience qu’elle assumera seule des tâches telles qu’un accord se fait entre syndicat et patronat sous
que la cuisine, par exemple. Elle n’a pas été l’arbitrage de l’État. L’accord Matignon garantit le
préparée à cela. Elle a grandi au sein d’une famille respect de la liberté syndicale au sein de l’entreprise
très atypique. Fille unique, c’est son père cafetier et admet l’élection des délégués du personnel dans
qui prépare les repas, tandis que sa mère tient les établissements de plus de 10 salariés. Les
l’épicerie dans la pièce à côté. patrons s’engagent aussi « à ce qu’il ne soit pris
aucune sanction pour fait de grève. » L’accord
Question c. L’auteure a conscience que sa prévoit aussi une forte augmentation des salaires et
condition est partagée par les autres étudiantes « l’établissement immédiat de contrats collectifs ou
mariées, dont certaines sont déjà mères de famille. conventions collectives ». Ces avantages s’ajoutent
aux engagement du gouvernement sur la diminution
Question d. L’auteure emploie un ton ironique. du temps de travail (semaine de 40 heures, congés
Elle dénonce vivement l’idée que les femmes payés, etc.)
trouveraient la plénitude dans leur statut d’épouse
et de mère.
CHAPITRE  
La  République  face  à  la  
9   question  coloniale  
 
 
»  Présentation  de  la  question  

Le programme de 2011 a été aménagé à la rentrée d’émancipation de la tutelle et de l’occupation par


de l'année scolaire 2013-2014 et deux études ont été un État étranger, c’est qu’il permet de montrer la
supprimées : « Le partage de l’Afrique à la fin du diversité des pratiques et des attitudes face à ce
XIXe siècle » pour la question des dominations mouvement. Il est important, au cours de cette
coloniales et « La fin de l’Empire des Indes » pour étude, de faire prendre conscience aux élèves du
la question de la décolonisation. La colonisation et poids des mots et de la difficulté à nommer
la décolonisation doivent donc être traitées au simplement des réalités complexes. La notion
travers de deux études seulement. Il s’agit de deux même de « guerre d’Algérie » fut longtemps niée
thèmes centraux, qui étaient déjà abordés dans par les gouvernements français qui ne voulaient y
l’ancien programme et qui ne présentent aucune voir que des « événements » donnant lieu à des
difficulté particulière. opérations de « maintien de l’ordre ». Finalement
reconnue officiellement par la loi française en
L’Empire français au moment de l’Exposition 1999, l’expression devenue canonique de « guerre
coloniale de 1931 est à son apogée. D’abord parce d’Algérie » n’en est pas moins critiquable : il s’agit
qu’il a atteint ses dimensions maximales, avec les plus d’une guerre pour l’indépendance de l’Algérie
mandats confiés par la SDN à la France. Ensuite que d’une guerre en Algérie comme le laisse
parce que les Français, longtemps réticents, ont fini entendre cette appellation qui passe sous silence les
par adhérer à l’idéologie colonialiste, diffusée par théâtres extérieurs du conflit. Côté algérien, on
de multiples canaux. Le rôle des troupes indigènes parle tantôt de « révolution », tantôt de « guerre de
dans la Grande Guerre a été largement utilisé par la libération nationale », parfois même de « jihad ».
propagande coloniale pour convaincre les Français Plutôt que de prétendre trancher entre ces
de l’utilité de l’Empire. Mais au moment même où différentes appellations qui recèlent toutes une part
le consensus colonialiste règne en métropole, les de vérité, on gagnera à insister sur l’imperfection de
contestations se multiplient chez les peuples chacune d’elles pour éviter aux élèves d’avoir une
dominés. Elles sont largement motivées par la vision univoque d’un conflit aux multiples facettes.
contradiction entre l’idéal d’assimilation et la Cette étude porte sur des événements dont la
brutalité de la domination coloniale. Le programme mémoire demeure à la fois vive et particulièrement
invite explicitement à analyser ce décalage entre les sensible, plus d’un demi-siècle après les faits. La
réalités et les représentations de la colonisation. guerre d’Algérie continue en effet d’empoisonner
L’historiographie française a beaucoup travaillé ces les relations franco-algériennes et donne
dernières années sur l’idéologie colonialiste et régulièrement lieu à des polémiques médiatiques de
analysé les ressorts de la propagande du « parti part et d’autre de la Méditerranée. On ne s’étonnera
colonial ». De multiples documents – textes, donc pas de constater que ces sujets ont fait l’objet
images, monuments, objets – permettent d’innombrables travaux tentant d’apporter des
d’expliquer aux élèves comment s’est constitué un réponses à une demande sociale régulièrement
imaginaire colonial, comment les Français ont été ravivée. L’historiographie nostalgique de la
plongés dans un « bain colonial ». L’Exposition « grandeur » coloniale, déplorant dans la
coloniale internationale de Vincennes en 1931, décolonisation le déclin de la vieille Europe au
véritable parc d’attractions colonial, en est bien sûr profit d’un condominium américano-soviétique, a
le plus bel exemple. aujourd’hui quasiment disparu. Elle a parfois été
remplacée par une historiographie tendant à
L’étude de la guerre d’Algérie ne permet pas de héroïser les mouvements indépendantistes et posant
traiter le sujet de la décolonisation de manière comme acquis l’existence d’une volonté
exhaustive. Les tragiques exceptions indochinoise indépendantiste unanime et d’une unité nationale
et algérienne ne doivent en effet pas faire oublier des futurs pays indépendants. Il est au contraire
que la majorité des colonies françaises ont été nécessaire d’insister sur la pluralité des positions
décolonisées par la négociation. Si le cas de indigènes face au phénomène colonial, et sur la
l’Algérie a été retenu pour saisir le processus construction par les indépendantistes d’une identité
nationale justifiant la lutte pour l’émancipation de L’imaginaire  colonial,  l’idéologie  coloniale  
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Ouvrages  généraux  sur  la  décolonisation  
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DROZ B., La décolonisation, La Documentation La double page d’ouverture pose la problématique
photographique n° 8062, La Documentation du chapitre : le décalage entre les représentations et
française, 2008. les réalités coloniales. Une première double page
FERRO M., Histoire des décolonisations. Des Repères permet de replacer le thème de la première
conquêtes aux indépendances (XIIIe-XXe siècles), étude dans la perspective globale de la colonisation
« Histoire », Seuil, 1996. et de présenter rapidement l’Empire français en
GRIMAL H., La Décolonisation de 1919 à nos 1931. Le planisphère de la page suivante localise
jours, éditions Complexe, 1999. les grands empires coloniaux de l’époque. La
MICHEL M., Décolonisation et émergence du présentation de l’Empire français en 1931 est traitée
Tiers-monde, « Carré Histoire », Hachette, 1993. à l’aide d’une leçon et d’un dossier sur l’Exposition
coloniale de 1931. Une seconde double page
La  guerre  d’Algérie   Repères permet de replacer le thème de la
AGERON C.-G. (dir.), La Guerre d’Algérie et les deuxième étude dans le contexte général de la
Algériens 1954-1962, Armand Colin, 1997. décolonisation et de faire le point sur la situation de
BRANCHE R. et THENAULT S., La Guerre l’Algérie dans les années 1950. La question de la
d’Algérie, La Documentation photographique n° guerre d’Algérie est ensuite traitée à l’aide d’une
8 022, La Documentation française, 2001. leçon, un dossier sur la guerre d’Algérie en
PERVILLE G., Atlas de la guerre d’Algérie – de la métropole et deux études (la Toussaint rouge et la
conquête à l’indépendance, Autrement, 2003. violence pendant la guerre d’Algérie).
STORA B. et HARBI M. (dir.), La Guerre
d’Algérie (1954-2004), la fin de l’amnésie, Robert
Laffont, 2004.
Commentaire des documents et réponses aux questions

»  Ouverture  de  chapitre     Cours  1.  L’Empire  français  en  1931    


>  MANUEL,  P.  216-­‐217   >  MANUEL,  P.  222-­‐223  
   
Doc.   1   –   Une   vision   idéalisée   de   la   Doc.  1  –  L’exotisme  publicitaire  
colonisation   :   les   prétendus   bienfaits   de   la   Sur la première affiche, le publicitaire a choisi de
présence  française  en  Afrique.   représenter des habitants de l’ancienne « colonie
Cet extrait, comme l’ensemble du livre dont il est des rivières du sud », territoire sillonné par
tiré, joue sur la comparaison entre la situation de l’explorateur Victor Gaboriaud entre 1879 et 1881,
l’Afrique subsaharienne avant la colonisation devenu en 1891 la colonie de Guinée française
(vignette de gauche) et en 1931, à l’apogée de cette (actuelle Guinée). Ces Guinéens semblent fascinés
dernière (vignette de droite). L’idée est d’insister par la boisson que se passent les deux explorateurs
sur les progrès permis par la présence française. Les et font des grands gestes pour ameuter le reste de la
deux vignettes du haut sont consacrées au travail et tribu. Le désert en arrière-plan, la déshydratation
opposent l’esclavage, dont le projet d’éradication a apparente des explorateurs et la tenue des indigènes
servi de prétexte aux Européens pour coloniser sont destinés à susciter la soif et incitent le
l’Afrique, et le travail prétendument libre de consommateur à acheter un Toni-Kola, vin de noix
« paysans noirs » formés par des professeurs de kola fabriqué par la distillerie Jules-Honoré
français. Cette vision n’est pas seulement idéalisée Secrestat. L’affiche joue sur le contraste entre les
mais mensongère : les métropoles européennes, si deux groupes, contraste qui passe en grande partie
elles mettent bien un terme à l’esclavage et à la par la tenue vestimentaire : les indigènes sont à
traite négrière, ont souvent recours au travail forcé moitié nus et portent un simple pagne en paille,
(voir l’étude sur le travail forcé en Oubangui Chari) alors que les deux Français sont vêtus de blanc et
et pillent les ressources naturelles des colonies portent le salacot, le casque colonial utilisé par les
d’exploitation. Les deux vignettes du bas ont pour Occidentaux sous les tropiques et devenu l’un des
thème l’habitat : les « villages primitifs » des emblèmes de l’épopée coloniale européenne. Les
indigènes, isolés en pleine campagne et composés Guinéens sont représentés comme des grands
de huttes en paille, sont remplacés par des villages enfants, faisant de grands gestes et s’émerveillant
« plus confortables », sillonnés par des routes et de peu de choses. On retrouve dans cette
dont les maisons sont désormais en dur. Le drapeau représentation l’un des stéréotypes colonialistes de
français flotte sur l’une de ces habitations ; les l’époque, celui du bon sauvage accédant à la
colonisateurs (au volant de leur voiture) et les civilisation et au confort matériel, symbolisé par le
colonisés (sur le bord du chemin) semblent vivre en vin de Kolas frais, grâce à l’homme blanc. Comme
paix. Là encore, il s’agit d’une vision idyllique dans l’ont montré les spécialistes de la culture coloniale,
la mesure où les sociétés coloniales sont des cette figure de l’indigène comme enfant permet de
« sociétés plurales » (John Furnivall), où les résoudre la contradiction fondamentale du
différents groupes ne se mélangent pas. colonialisme français : d’un côté un imaginaire
raciste, qui hiérarchise les populations
« inférieures » ; de l’autre un discours
Doc.   2   –   Une   réalité   beaucoup   plus   brutale   :  
assimilationniste et républicain. C’est ce
l’armée  française  en  Algérie.     qu’expliquent Nicolas Bancel et Pascal Blanchard
Le contraste avec la vision idéalisée représentée sur (« Civiliser, l’invention de l’indigène », Culture
la page de gauche saute aux yeux. La position des coloniale, Autrement, 2003) : « L’un des credo de
personnages est révélatrice des inégalités inhérentes ce discours est « l’élévation » des colonisés aux
à la société coloniale : la minorité de colonisateurs, lumières de la civilisation européenne : la
symbolisée par le militaire français debout au contradiction est flagrante entre cette antienne et la
second plan, domine la majorité d’indigènes persistance d’une représentation fortement
colonisés, personnifiés par les deux bergers stigmatisante de l’indigène. Par paliers et seuils
algériens couchés au sol. En Algérie, l’action de successifs se dessine ainsi une autre représentation
l’armée française va plus loin que ces opérations de de l’Africain, qui le fait passer de la sauvagerie au
ratissage et la torture est utilisée pour combattre le statut d’indigène éducable, potentiellement
FLN (voir l’étude sur la violence pendant la guerre assimilable, maintenant une hiérarchie d’ordre
d’Algérie). civilisationnel et racial avec le colonisateur, mais
établissant aussi une multitude d’effets de
proximité qui incluent désormais l’indigène, de
plein droit, dans la Plus Grande France ».
Sur la deuxième affiche, le publicitaire utilise aussi sultan Moulay Abdelhafid signe le Traité de Fès,
un Africain pour vanter les mérites de son produit. qui place le Maroc sous la protection de la France.
La véracité du slogan « Le savon DIRTOFF me En 1917, c’est le sultan Moulay Youssef qui est
blanchit ! », prononcé par l’unique personnage, est officiellement à la tête du royaume. Enfin, la
vérifiée par la scène représentée : l’utilisation du Tunisie est gouvernée depuis 1705 par les beys de
savon est en train de faire partir la couleur noire de la dynastie des Husseinites. En 1881, Sadok Bey
la main du jeune homme. Cela est bien sûr signe le Traité du Bardo qui fait de la Tunisie un
impossible, mais le fabricant utilise cette image protectorat français. En 1917, c’est Naceur Bey qui
pour montrer que son produit est plus puissant que dirige le pays.
tous les autres, capable de nettoyer les taches les En Afrique subsaharienne, la situation est très
plus tenaces. Cette affiche diffuse une image différente et l’administration est plus directe. Les
stéréotypée et raciste des Africains. En effet, la commandants de cercle disposent de tous les
noirceur de la peau est clairement assimilée à une pouvoirs (pouvoirs judiciaires, financiers et de
tache, à quelque chose de sale qu’il faudrait police) : « seul le commandant de cercle
nettoyer pour lui rendre sa pureté originelle. commande ; seul, il est responsable. » En revanche,
Ensuite, le jeune homme est représenté en tenue de ces commandants ont pour consigne de travailler
garçon de restaurant : cravate rouge, chemise avec les chefs indigènes, qui connaissent à la fois le
blanche, ceinture jaune, pantalon à rayures rouges territoire et la population : « Il est vrai que cet
et blanches. La place des Africains dans les sociétés auxiliaire n’est pas un simple agent de transmission
occidentales est donc réduite à un rôle de service. et qu’il met au service du commandant de cercle
non seulement son activité et son dévouement, mais
Doc.   2   –   Administration   directe   ou  indirect   encore sa connaissance du pays et l’influence réelle
rule  ?   qu’il peut avoir sur les habitants de ce pays. »
Joost van Vollenhoven est un administrateur Ainsi, ce document permet de nuancer l’opposition
colonial français, d’origine néerlandaise, né à simpliste entre une France assimilationniste
Rotterdam en 1877. Après avoir été professeur à favorable à l’administration directe et une Grande
l’École coloniale, il est successivement secrétaire Bretagne prônant l’association et l’administration
général au ministère des Colonies, gouverneur en indirecte : les administrateurs français n’hésitent
Guinée puis au Sénégal, gouverneur général de pas non plus à s’appuyer sur des chefs locaux, y
l’Indochine et enfin gouverneur général de l’AOF à compris en Afrique subsaharienne.
partir de juin 1917. Cette circulaire est l’une de ses
premières en tant que responsable de la fédération. Doc.  3  –  Le  nationalisme  algérien.  
Elle commence par rappeler que la France utilise le L’Étoile nord-africaine (ENA) est une association
plus souvent un mode d’administration direct : fondée en France en 1926 par des travailleurs
« Nous n’admettons d’autre représentant que celui algériens immigrés. Dans les années 1930, devenue
de l’autorité française. La souveraineté française ne un parti politique, elle est dirigée par Messali Hadj
se partage pas, ni ne se monnaye. » Le gouverneur et réclame l’indépendance de l’Algérie.
général précise toutefois qu’il existe des exceptions Ce tract insiste sur le décalage entre l’idéal
à cette règle. Ainsi, en Annam, au Cambodge, en d’assimilation et la réalité brutale de la domination
Tunisie et au Maroc, c’est un mode coloniale. Il ne s’agit donc pas d’une colonie
d’administration indirect qui est privilégié : « nous d’exploitation mais d’un territoire destiné à
avons admis quelques rares exceptions à cette recevoir un jour les mêmes droits que ceux des
règle. » Cette exception se justifie par l’histoire de Français de métropole. Il faut rappeler que
ces territoires, dirigés depuis longtemps par des l’Algérie est la seule colonie de peuplement,
souverains : « Ces États avaient, avant notre venue, divisée depuis 1848 en trois départements, placée
une véritable personnalité. » Depuis 1802, les sous le contrôle du ministère de l’Intérieur et dont
régions d’Annam et du Tonkin sont en effet les habitants possèdent la nationalité française
dirigées par les empereurs de la dynastie des depuis le sénatus-consulte de 1865. Alors que la
Nguyen. Le traité de Hué, signé en 1884, place France est censée apporter la liberté et l’égalité, elle
l’Annam sous l’administration indirecte de la maintient une inégalité dans l’accès à l’éducation :
France, tandis que le Tonkin est mis sous un régime « Il nous empêche de nous instruire en notre langue
de protectorat distinct administré plus directement. nationale et en français. 900 000 de nos enfants
En 1917, c’est l’empereur Khải Định qui est sont à l’école de la rue ». En effet, dans les années
officiellement à la tête de la région d’Annam. Au 1950, 100% des enfants des Européens d’Algérie
Cambodge, c’est le roi Norodom Ier, au pouvoir sont scolarisés dans les écoles primaires mais
depuis 1860, qui reste à la tête du pays après la seulement 14% des enfants d’Algériens. La France
mise en place du protectorat français en 1863. Au a aussi accaparé les biens de la population (« nous
Maroc, la dynastie des Alaouites, qui descend ne connaissons que misère et esclavage », « il s’est
directement du Prophète Muhammad, règne depuis emparé de nos terres et de nos biens ») et privé les
la seconde moitié du XVIIe siècle. En 1912, le Algériens de leurs droits les plus élémentaires
(« nous fait gémir sous un joug barbare », « nous français est représenté par de nombreux pavillons :
prive de la liberté de la presse et d’association »). Indochine, AOF, AEF, Madagascar, Maroc,
Les auteurs prennent comme exemple la répression Tunisie, Algérie, Côte des Somalis, Martinique,
qui s’est abattue sur leur mouvement pourtant Guadeloupe, Saint-Pierre-et-Miquelon, Réunion,
parfaitement légal : « Il vient, par l’arrestation du Comptoirs des Indes, Océanie, Missions
président Messali, du secrétaire Imache et du catholiques, Missions protestantes, mandats du
trésorier Radjef, de frapper à la tête notre Togo et du Cameroun, mandats du Levant. Le clou
organisation ». Ils dénoncent aussi l’application de de l’exposition est la reconstitution du temple
« l’odieux code de l’indigénat », ensemble de d’Angkor (numéro 27 sur le plan). D’autres
mesures juridiques appliquées par l’administration puissances coloniales sont également présentes,
coloniale aux seuls Algériens, qui ont donc un comme la Belgique, les Pays-Bas, le Portugal,
statut inférieur aux citoyens français. L’adjectif l’Italie, le Danemark et les États-Unis, qui
« odieux » vise à stigmatiser une France qui nie ses proposent des expositions sur l’Alaska, Porto Rico
propres principes (l’égalité, l’assimilation) en et Hawaï. Le Royaume-Uni n’est pas représenté
faisant une différence entre colons et indigènes. Le parce qu’il a organisé une exposition coloniale en
tract souligne ainsi les contradictions entre l’image 1924-1925 dont le coût n’est pas amorti. S’ajoutent
traditionnelle de la France (« la France qui se à tous ces pavillons géographiques des pavillons
déclare le champion de la démocratie ») et le visage thématiques : publicité, aviation, croisière noire,
qu’elle montre en Algérie (« l’impérialiste bois coloniaux, horticulture, tabacs, presse,
français », « joug oppresseur », « l’impérialiste tourisme, souks, beaux-arts.
redouble ses moyens féroces de répression »).
Question 3. La première affiche est l’affiche
»   Dossier   –   L’Exposition   coloniale   de   officielle de l’Exposition coloniale, réalisée par
Victor Desmeures en 1931. Elle est clairement
1931    
inspirée de l’idéologie colonialiste. Elle représente
>  MANUEL,  P.  224-­‐225   quatre hommes de couleurs différentes dans leurs
tenues traditionnelles, qui personnifient les peuples
Question 1. L’Exposition est nécessaire, selon Paul et les territoires sur lesquels s’étend l’Empire
Reynaud, pour « donner aux Français conscience de colonial français : en bas, un homme jaune portant
leur empire ». En 1931, le ministre des Colonies un chapeau conique et une tunique verte, qui
éprouve encore le besoin de convaincre l’opinion représente l’Indochine ; à droite un homme noir,
de l’utilité de la colonisation. Il fait allusion au torse nu avec un collier doré, symbole de l’Afrique
scepticisme d’une grande partie des Français avant subsaharienne ; à gauche un homme à la peau
guerre : « beaucoup pensaient qu’étendre la rouge, qui a les cheveux longs et porte un collier en
puissance française dans le monde, c’était la diluer, dents de bêtes sauvages, qui ressemble à un Indien
l’affaiblir ». Et il évoque le rôle des colonies dans d’Amérique et évoque peut-être la Guyane ;
la Grande Guerre comme une sorte de test décisif, derrière les trois, un homme barbu à la peau
de déclic : « Aux jours tragiques, les colonies basanée portant un chèche et représentant les
vinrent aux côtés de la Mère patrie et l’union de colonies d’Afrique du Nord. Tous ces peuples sont
notre Empire se fit à l’épreuve de la douleur et du réduits à des stéréotypes facilement identifiables : si
sang ». On voit bien ici que le lobby colonial a mis l’Asiatique et le Maghrébin font preuve d’un
du temps à convertir les Français au colonialisme. certain raffinement dans la manière dont ils sont
Paul Reynaud légitime la colonisation par vêtus, l’Indien et l’Africain sont à moitié nus, ce
l’argument classique de la « mission civilisatrice » qui leur donne un air de sauvages. La position
de la France, de son « œuvre coloniale ». Pour le dominante de l’Africain du Nord est révélatrice des
ministre des Colonies, la colonisation c’est d’abord conceptions anthropologiques des années 1930 :
« l’ordre et la paix », c’est-à-dire la fin des Algériens, Marocains et Tunisiens sont considérés
« razzias » et de « l’esclavage » en Afrique. La comme blancs de peau et donc supérieurs aux
colonisation, c’est ensuite la santé et l’éducation : autres peuples colonisés. Ces quatre indigènes
Reynaud évoque la lutte contre les épidémies et la forment la « plus grande France, celle des cinq
famine et les « petits visages éveillés des écoliers parties du monde » (Paul Reynaud), qui s’étend sur
noirs ». La France a donné « la vie une seconde tous les continents et rassemble 100 millions
fois » et « apporté la lumière dans les ténèbres ». d’habitants. On retrouve sur les deux côtés de
Enfin, la colonisation c’est le développement l’affiche le slogan de l’exposition « Le tour du
économique (la « route », le « rail » et les « zones monde en un jour », qui rappelle que la France
irriguées »). possède des territoires sur l’ensemble de la planète.
Très clairement inspiré du roman de Jules Verne Le
Question 2. L’Exposition coloniale de 1931 est Tour du monde en quatre-vingts jours, il insiste sur
installée dans le Bois de Vincennes. Elle s’étend sur l’opportunité incroyable qui est offerte aux
110 hectares autour du lac Daumesnil. L’Empire visiteurs. En arrière-plan, devant un ciel bleu sans
nuages synonyme de paix et d’harmonie, on l’assimilation, 100 % des enfants d’Européens sont
retrouve deux bâtiments emblématiques des scolarisés à l’école primaire pour seulement 14 %
colonies françaises et reconstitués dans le Bois de des enfants d’Algériens. Dans les colonies
Vincennes : le minaret d’une mosquée d’Afrique du d’Afrique subsaharienne, lorsque les enfants
Nord et les deux tours du temple cambodgien d’indigènes vont à l’école, on leur enseigne
d’Angkor. L’affiche exhibe ainsi les peuples seulement les rudiments de français nécessaires
colonisés tels les animaux exotiques d’un zoo, pour comprendre les ordres et le travail qui leur
tentant tout à la fois d’attirer les Français à sera demandé plus tard. Le tract des surréalistes
l’exposition et de flatter leur prétendue supériorité insiste bien sur l’idée que la colonisation a pour
raciale. objectif premier le profit économique (« la présence
La seconde affiche est l’œuvre du parti communiste sur l’estrade inaugurale […] de ceux de Citroën et
et de la ligue anti-impérialiste. Elle représente de Renault, exprime clairement la complicité de la
l’idéologie anticolonialiste. Datant également de bourgeoisie tout entière ») et pour conséquence une
1931, elle se veut une réponse à l’affiche officielle grande violence à l’égard des populations
et invite le spectateur à se rendre à une autre colonisées (« la conscience de propriétaire qu’il
exposition intitulée significativement « La vérité leur faudra pour entendre sans broncher l’écho des
sur les colonies ». Le titre de cette contre- fusillades lointaines »). L’Exposition coloniale de
exposition, placé en haut de l’affiche, indique 1931 est révélatrice de ce fossé entre le discours
clairement que l’exposition officielle et son affiche colonialiste et la réalité de la domination coloniale.
mentent et dissimulent la réalité de la domination Elle prend en effet la forme d’un zoo humain en
coloniale. Les deux affiches sont construites en présentant des indigènes comme des sauvages aux
parallèle et l’on retrouve le même fond (le temple mœurs étranges. C’est ce qu’on voit sur le
d’Angkor) et trois des personnages de la première document 5, qui présente un groupe de Kanaks
affiche. Seul l’Indien a disparu, probablement parce (habitants de Nouvelle-Calédonie) à moitié nus en
qu’il ne représente pas vraiment les réalités de tenue traditionnelle et prêts à danser pour le plus
l’empire colonial français. En revanche, grand plaisir des visiteurs. Cent onze indigènes ont
l’Asiatique, l’Africain et le Maghrébin sont bien en effet été contraints de quitter la Nouvelle
présents et portent les mêmes tenues que sur la Calédonie pour rejoindre l’Europe. Les uns ont été
première affiche (chapeau conique pour le premier, échangés contre des crocodiles d’un zoo de
torse nu pour le deuxième, chèche pour le dernier). Francfort, les autres sont contraints de rester au
Contrairement à ce que l’on voit sur l’affiche jardin d’Acclimatation de Paris, obligés de jouer
officielle, les trois hommes ont l’air en colère et leur rôle, mangeant de la viande crue et dansant en
souffrent de manière évidente du travail imposé par criant comme des prétendus « sauvages ».
les colonisateurs. Ainsi, l’Africain ploie sous le
poids du fardeau. Question 5. Pour les auteurs de ce tract, la
« Grande France » est une escroquerie, qui a pour
Question 4. Dans son discours inaugural, Paul but de « donner aux citoyens de la métropole la
Reynaud affirme que la République a « apporté la conscience de propriétaires qu’il leur faudra pour
lumière dans les ténèbres ». Il sous-entend ainsi que entendre sans broncher l’écho des fusillades
la situation des colonies avant l’arrivée des Français lointaines ». Selon les surréalistes, le concept de
était particulièrement terrible. L’utilisation de deux « plus grande France » a pour but de faire adhérer
termes connotés religieusement (« lumière » et les Français à la colonisation, en en masquant les
« ténèbres ») assimile la prétendue « mission violences. Plusieurs passages du texte renvoient à
civilisatrice » de la France à une croisade, à une l’idéologie communiste : « complicité de la
mission divine. Pour justifier cette idée, le ministre bourgeoisie tout entière », « conscience de
des Colonies met en avant tous les soi-disant propriétaires ». Conformément aux théories de
progrès permis par la présence française : Lénine et aux positions du Parti communiste, les
disparitions des razzias, de l’esclavage, de la auteurs de ce tract considèrent l’impérialisme
famine et des épidémies, création de la route, du comme « le stade suprême du capitalisme » et le
chemin de fer, de l’école et de zones irriguées. Mais colonialisme comme une exploitation des peuples
cette manière de présenter les choses est idéalisée coloniaux par la bourgeoisie. Les prolétaires
sinon mensongère. Si les colonisateurs luttent bien français ne doivent donc pas adhérer à la
contre l’esclavage, dont l’éradication sert de propagande bourgeoise (colonialisme, patriotisme),
prétexte à la colonisation, ils remplacent souvent ce mais être solidaires des indigènes et lutter pour
dernier par le travail forcé, dénoncé par le parti l’indépendance des colonies.
communiste dans son affiche pour la contre-
exposition. De même, l’image des « petits visages Question 6. Du 6 mai au 15 novembre 1931, plus
éveillés des écoliers noirs » ne reflète pas la réalité. de 8 millions de personnes visitent les différents
Si l’on prend l’exemple de l’Algérie, seule colonie pavillons de l’Exposition coloniale organisée dans
française de peuplement véritablement promise à le Bois de Vincennes. L’Empire colonial français
est à son apogée et célèbre à la fois sa puissance et  »  Cours  2.  La  guerre  d’Algérie    
les prétendus bienfaits de sa présence outre-mer. >  MANUEL,  P.  228-­‐229  
Cet événement est toutefois révélateur des
contradictions de la colonisation puisqu’il véhicule
des stéréotypes raciaux et est fortement critiqué par
Doc.  1  –  Le  programme  du  FLN  
certains groupes, qui profitent de l’occasion pour Cette toute première proclamation du FLN date du
dénoncer le colonialisme. 1er novembre 1954, jour de la « Toussaint Rouge »,
L’objectif de l’exposition est de célébrer l’œuvre au cours de laquelle l’organisation commet une
coloniale française. Cette dernière a d’abord permis série d’attentats qui se solde par la mort de neuf
à la France de renforcer sa puissance en dominant Français. Par cette déclaration, le mouvement
des territoires sur l’ensemble de la planète. C’est le annonce ses objectifs et ses moyens d’action.
message de l’affiche officielle (document 1), qui Contrairement à l’UDMA (Union Démocratique du
présente les différents peuples colonisés, originaires Manifeste Algérien), à qui elle succède, elle ne se
de tous les continents, et invite les visiteurs à faire place plus dans une perspective assimilationniste
« le tour du monde en un jour ». Pour montrer au mais revendique clairement l’indépendance :
peuple français la grandeur et la richesse de leur « l’indépendance nationale par la restauration de
empire, des pavillons de la plupart des colonies ont l’État algérien souverain, démocratique et social ».
été bâtis et les monuments les plus emblématiques Le FLN précise que cette restauration doit se faire
ont été reconstruits à l’identique, comme le temple « dans le cadre des principes islamiques » et on
cambodgien d’Angkor (document 4). Dans son retrouve ici l’une des revendications de
discours inaugural (document 3), Paul Reynaud l’Association des oulémas musulmans du cheikh
loue aussi l’œuvre coloniale pour les bienfaits Ben Badis, qui a fusionné avec la Fédération des
qu’elle a soi disant apporté aux peuples colonisés. élus pour donner naissance à l’UDMA en 1946
Le ministre des Colonies revendique en effet la (voir p. 227). L’organisation demande aussi « le
« mission civilisatrice » dont la France aurait été respect de toutes les libertés fondamentales sans
investie et qui aurait permis de faire reculer distinction de race et de confession ». C’est la
l’esclavage, la famine et les épidémies, d’apporter pseudo-politique d’assimilation menée par la
les bienfaits de l’école et du progrès technique. La France en Algérie qui est ici visée et c’est la preuve
République aurait ainsi « apporté la lumière dans que si tous les mouvements algériens basculent
les ténèbres ». dans l’indépendantisme et la lutte armée, c’est
Mais l’exposition de 1931 montre surtout les parce que la France continue à refuser obstinément
contradictions de la colonisation et le fossé qui l’égalité entre pieds-noirs et musulmans. Alors que
sépare ce discours théorique d’émancipation et les l’Algérie est divisée en trois départements depuis
réalités de la domination coloniale. Le Parti 1848 et que tous les Algériens ont la nationalité
communiste et les surréalistes veulent révéler au française depuis le sénatus-consulte de 1865, la
grand jour la « vérité sur les colonies ». Par des France n’a jamais accordé à ces derniers la
affiches (document 2) et des tracts (document 6), ils citoyenneté complète. Les indigènes peuvent
tentent d’informer la population sur ce qu’il se obtenir cette dernière à titre individuel s’ils
passe vraiment dans les colonies et essaient de renoncent à leur statut personnel de musulman ou
dissuader les visiteurs de se rendre au Bois de de berbère. En 1898, les délégations financières
Vincennes. L’affiche pour la contre-exposition (assemblées locales) sont créées mais elles sont
insiste ainsi sur les souffrances des indigènes, élues par un corps électoral algérien restreint. La
soumis au travail forcé. Le tract des surréalistes Loi Jonnart de 1919 élargit le collège électoral
dénonce quant à lui les massacres perpétrés dans les algérien (100 000 électeurs pour les délégations
colonies et les bénéfices réalisés par les grands financières soit 10,5% des musulmans âgés de plus
groupes industriels, qui n’hésitent pas à piller les de 25 ans), qui ne peut cependant pas voter pour les
matières premières. Si les pratiques coloniales sur élections françaises. Le projet de loi Blum-Viollette
le terrain sont critiquables, l’exposition organisée à de 1936 propose d’accorder la pleine citoyenneté
Paris l’est tout autant : le groupe de Kanaks française à une élite algérienne (24 000 personnes),
photographiés sur le document 5 révèle l’un des mais il est retiré sous la pression des Français
pires aspects de l’événement, la présentation d’Algérie. L’ordonnance du 7 mars 1944 abolit le
d’indigènes qui doivent jouer le rôle de sauvages régime de l’indigénat, accorde la pleine citoyenneté
pour le plus grand plaisir des visiteurs amateurs française à 65 000 Algériens et une citoyenneté
d’exotisme. restreinte aux Algériens de plus de 21 ans. La loi
Lamine-Gueye (1946) reconnait la citoyenneté
française à tous les ressortissants des territoires
d’outre-mer. Le statut de 1947 crée enfin une
assemblée algérienne à qui est déléguée une partie
de l’administration de la colonie. Elle est composée
de 120 députés élus par deux collèges électoraux
distincts : Arabes et Kabyles élisent la moitié des
députés, les pieds-noirs l’autre moitié. La voix d’un classement sans suite ». La conclusion de la
électeur français vaut donc huit voix d’électeurs journaliste est sans appel « le pouvoir civil assurait
musulmans. Le troisième objectif de cette d’avance aux militaires l’impunité pour les
proclamation est de fédérer le peuple algérien en dépassements qu’il exigeait d’eux. »
faveur de l’indépendance : « Algérien ! Nous
t’invitons à méditer notre charte ci-dessus. Ton Doc.  3  –  Femmes  algériennes  
devoir est de t’y associer. » Le 13 mai 1958 à Alger, le gouvernement général
Le FLN précise aussi ses moyens d’action et d’Alger est pris d’assaut par des pieds-noirs et des
annonce qu’elle aura recours à la violence : unités militaires qui constituent un Comité de salut
« conformément aux principes révolutionnaires », public. Celui-ci défie le gouvernement de
« la continuation de la lutte par tous les moyens métropole au moment où l’Assemblée s’apprête à
jusqu’à la réalisation de notre but ». Dès lors, les investir Pierre Pflimlin, considéré comme un
attentats commis le jour même montrent que potentiel bradeur de l’Algérie Française. Le Comité
l’organisation a déjà commencé à passer de la de salut public, à la recherche d’un homme
théorie à la pratique. providentiel capable de « sauver l’Algérie
Française », est noyauté par des gaullistes qui le
Doc.   2  –   La   violence   de   l’armée   française   en   poussent à faire appel à de Gaulle. Celui-ci se
Algérie     déclare alors prêt à assumer les pouvoirs de la
Le texte est un extrait d’article paru dans le République et est investi Président du Conseil avec
quotidien Le Monde en 2000. Il ne s’agit donc pas les pleins pouvoirs par l’Assemblée. Il a ainsi toute
d’une source primaire. Cependant, la journaliste latitude pour rédiger une nouvelle constitution et
cite abondamment deux sources primaires : mettre ainsi fin à la IVe République. C’est à ce
« l’instruction n°11 » du 1er juillet 1955, rédigée par changement politique que le texte accompagnant la
Maurice Bourgès-Maunoury, ministre de l’Intérieur photographie fait allusion.
du 23 février au 1er décembre 1955, et le général En Algérie aussi, les événements de mai 1958 ont
Pierre Koenig, ministre de la Défense nationale des conséquences importantes. En effet, les femmes
entre le 23 février et le 6 octobre 1955 ; un texte du algériennes ont participé aux manifestations qui ont
3 août 1955 sur la conduite à tenir en cas de entrainé le retour du général de Gaulle. Non
plaintes relatives aux infractions attribuées aux seulement elles ont obtenu gain de cause, mais en
forces de l’ordre. La date de parution de cet article, plus cette intervention dans le domaine public est
assez récente, est révélatrice du tabou qu’a prise au sérieux par le gouvernement, qui accorde
constitué et constitue encore l’utilisation de la un nouveau statut à la femme musulmane : cette
torture par l’armée française : les historiens dernière peut désormais refuser le mariage et elle
poursuivent leurs investigations et apportent des obtient surtout le droit de vote et d’éligibilité. En
preuves supplémentaires des exactions perpétrées théorie, le statut de 1947 a donné le droit de vote
par des soldats français. Ce document est aux hommes et aux femmes musulmans. Mais en
réutilisable dans le premier chapitre d’Histoire du pratique, les femmes restent privées de ce droit
programme de Terminale sur les mémoires de la jusqu’en 1958 à cause d’un consensus entre les
guerre d’Algérie. pieds-noirs, qui craignent l’arrivée de deux millions
Ces deux textes montrent que le gouvernement d’électeurs supplémentaires, et des députés
français laisse non seulement carte blanche aux musulmans traditionnalistes. La France est
militaires pour éradiquer les rebelles, mais en plus condamnée par l’ONU en 1952 et 1953 pour non
leur demande explicitement d’enfreindre la loi. Les respect des droits élémentaires de la démocratie. À
militaires reçoivent ainsi pour consignes de tirer sur partir de 1958, les femmes algériennes se servent
les suspects en fuite (« Le feu doit être ouvert sur massivement de ce droit de vote et certaines sont
tout suspect qui tente de s’enfuir. ») et d’utiliser la même élues, comme Rebiha Khebtani, maire de
violence pour parvenir à leurs fins (« Les moyens Sétif en 1959. Sur la photographie, on voit un
les plus brutaux doivent être employés sans délai » groupe de femmes s’apprêtant à voter pour le
[…] Il faut rechercher le succès par tous les référendum sur l’indépendance de l’Algérie en
moyens. ») L’utilisation à trois reprises des verbes juillet 1962.
« devoir » et « falloir » montre bien qu’il s’agit
d’un ordre et non pas d’une simple possibilité. »   Dossier.   La   guerre   d’Algérie   en  
L’expression « par tous les moyens » encourage métropole    
implicitement l’utilisation de la torture. Le
>  MANUEL,  P.  230-­‐231  
deuxième texte fait directement suite au premier et
prévoit de couvrir les militaires accusés
Question 1. Le premier document dans l’ordre
d’infractions. Le texte du 3 août 1955 supprime la
chronologique est le document 2, qui date de
responsabilité pénale des auteurs d’infractions et
novembre 1954, c’est-à-dire du tout début de la
empêche les familles des victimes d’être
guerre d’Algérie, peu après les attentats de la
informées : « les plaintes devront faire l’objet d’un
« Toussaint rouge » perpétrés par le FLN qui ont rationnels. D’après les auteurs du tract, le principe
coûté la vie à neuf Français. En France, la de la colonisation entre en contradiction à la fois
population est encore peu concernée par ce que l’on avec le droit français et le droit international : « on
appelle encore pudiquement les « événements maintient tout un peuple sous la botte colonialiste,
d’Algérie » et c’est la raison pour laquelle le FLN au mépris de la Constitution française et de la
diffuse ce tract en Meurthe-et-Moselle : il s’agit de Charte des Nations Unies ». En effet, la
faire comprendre à la population de métropole que Constitution de la Ve République stipule dans son
la situation est beaucoup plus grave qu’elle n’y article premier : « Elle [la France] assure l’égalité
parait et qu’un point de non retour a été atteint. En devant la loi de tous les citoyens sans distinction
Algérie en revanche, la situation est plus explosive : d’origine, de race ou de religion ». La Charte des
tous les partis (le Mouvement pour le triomphe des Nations Unies affirme quant à elle le droit des
libertés démocratiques et l’Union démocratique du peuples à disposer d’eux-mêmes. Ainsi, on peut lire
manifeste algérien, devenus respectivement en dans le préambule : « résolus à proclamer à
1954 le Mouvement national algérien et le Front de nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de
libération nationale) ont désormais renoncé à l’idée l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne
d’assimilation et exigent l’indépendance. Ils sont humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des
encouragés par le contexte international : en juillet femmes, ainsi que des nations, grandes ou petites. »
1954, les accords de Genève ont mis fin à la guerre Le deuxième argument est historique et vise
d’Indochine et ont reconnu l’indépendance du Laos, davantage à persuader en faisant appel aux
du Vietnam et du Cambodge. Comme le sentiments des Français. Les membres du FLN
gouvernement français fait la sourde oreille, le rappellent d’abord que la France a elle aussi été
MNA et le FLN décident d’avoir recours à la sous le joug d’une puissance étrangère par le
violence. passé et que cette occupation a traumatisé le pays et
La carte du document 1 localise les principaux sa population : « Peuple français ! Souviens-toi de
attentats perpétrés par le FLN à Paris entre 1957 et tes propres souffrances sous la domination nazie ».
1959. Le contexte n’est plus le même. L’année Les auteurs du tract insistent surtout sur l’aide
1956 a marqué un durcissement des deux camps, en apportée par les Algériens pendant la Seconde
grande partie parce que l’indépendance du Maroc et Guerre mondiale pour aider la France à combattre
de la Tunisie attise le nationalisme algérien. La le IIIe Reich : « Tu n’admettras jamais que
France double ses effectifs en Algérie et envoie le l’Algérie, qui a sacrifié des centaines de milliers de
contingent, ce qui rend l’opinion publique de plus ses enfants pour libérer la France et le monde du
en plus hostile à la guerre. Le F.L.N. décide de nazisme et du fascisme, soit si odieusement exclue
généraliser le terrorisme urbain : le 30 septembre du droit à la liberté ». Il est vrai que plus de
1957, deux bombes explosent sur la terrasse bondée 300 000 Maghrébins étaient affectés aux armées
de deux cafés algériens faisant plus de 80 victimes. françaises en 1940 et ont participé à la bataille de
Les militaires français lancent alors la bataille France (1939-1940), à la campagne de Tunisie
d’Alger : le général Massu se voit confier les pleins (1942-1943), à la campagne d’Italie (1943-1944) et
pouvoirs dans l’objectif de démanteler les cellules à la libération de la France.
du F.L.N. Ses parachutistes ont massivement
recours à la torture (utilisation d’électricité, Question 3. Cette célèbre photographie a été prise
pendaison par les membres, supplice de la au lendemain de la manifestation du 17 octobre
baignoire). 1961. Ce jour-là, à l’appel de la Fédération de
Enfin, le document le plus récent est le document 3. France du FLN, des dizaines de milliers
La photographie a été prise au lendemain de la d’Algériens enfreignent le couvre-feu imposé par le
manifestation du 17 octobre 1961. La fracture entre préfet Maurice Papon en réaction aux attentats
les Français de métropole et les Français d’Algérie perpétrés contre les forces de l’ordre. Alors qu’ils
est de plus en plus profonde : les premiers sont manifestent pacifiquement dans plusieurs artères de
majoritairement favorables à la proposition la capitale, des affrontements avec les policiers
d’autodétermination faite par de Gaulle aux éclatent et font plusieurs dizaines de morts et des
Algériens en 1959, tandis que les seconds font tout centaines de blessés. Certains cadavres sont
pour l’empêcher (semaine des barricades du 24 retrouvés flottant dans la Seine et c’est à ces scènes
janvier au 1er février 1960, tentative de putsch à macabres que l’inscription peinte sur le pont fait
Alger le 22 avril 1961). allusion : « Ici, on noie les Algériens. » Si la
violence des affrontements est d’abord et avant tout
Question 2. Pour convaincre la population physique, elle est aussi verbale.
française de la nécessaire indépendance de
l’Algérie, le FLN utilise deux principaux Question 4. L’Organisation de l’armée secrète est
arguments. Le premier est un argument juridique, une organisation politico-militaire clandestine créée
qui vise à convaincre l’opinion publique en faisant le 11 février 1961 à Madrid par Jean-Jacques Susini
appel à sa raison et en donnant des arguments et Pierre Lagaillarde, soutenus par des officiers
comme le général Raoul Salan. Cette affiche est simples « événements », mais d’une véritable
révélatrice des objectifs et des méthodes d’action de « révolution » qui doit déboucher sur
l’OAS. l’indépendance de l’Algérie. Il s’agit aussi de
L’objectif de l’organisation est la défense de convaincre et de persuader la population de la
l’Algérie française et ses membres tentent donc justesse de ce combat. Les membres du FLN ont en
d’empêcher l’indépendance de l’Algérie par tous effet compris que l’indépendance ne pourrait
les moyens. L’affiche montre bien que l’OAS s’obtenir qu’avec le soutien de l’opinion publique,
considère que la métropole et sa colonie de comme ce fut le cas pour l’indépendance de
peuplement ne forment qu’« une patrie » et que les l’Indochine (document 2). Si la guerre s’exporte en
habitants des deux territoires sont égaux dans la métropole, c’est aussi à cause de l’OAS. Fondée en
nationalité française. Elle fait en effet référence aux février 1961, cette dernière s’oppose à la politique
propos du général de Gaulle à Alger lors de la crise d’autodétermination menée par le général de Gaulle
du 13 mai 1958 : « Tous français de Dunkerque à et multiplie les actions sur le sol français afin
Tamanrasset », c’est-à-dire du nord de la France au d’empêcher à tout prix l’indépendance de l’Algérie
sud de l’Algérie. L’OAS rappelle ces mots du (document 4).
général de Gaulle pour insister sur le fait que ce Le FLN et l’OAS ont recours aux mêmes moyens
dernier les a trahis en acceptant le principe de d’action. Les deux tentent de légitimer leur combat
l’autodétermination et l’idée de l’indépendance. en s’adressant à la population par des tracts
Mais il faut rappeler que, contrairement à ce que (document 2) ou des affiches (document 4).
sous-entendent les auteurs de l’affiche, il n’y a Cependant, alors que le FLN, parti légal, organise
jamais eu de véritable égalité en Algérie entre des manifestations à Paris (document 3), l’OAS,
musulmans et pieds-noirs et que si les premiers ont organisation secrète, reste dans la clandestinité. Les
basculé dans l’indépendantisme et la violence, c’est deux mouvements n’hésitent pas à utiliser la
parce que les seconds ont toujours refusé de mettre violence pour parvenir à leurs fins. Ils organisent
en œuvre l’assimilation promise. des assassinats ciblés (contre des policiers ou des
Pour atteindre ses objectifs, l’OAS est prête à tout militaires pour le FLN, contre des membres du FLN
et n’hésite pas à utiliser l’action violente, comme le ou des policiers pour l’OAS), des attentats aveugles
prouve le personnage central, qui tient un fusil dans (attentat de l’OAS contre un train Strasbourg-Paris
la main gauche et illustre le slogan de l’affiche : en 1961) et des actions de sabotage (document 1).
« Ni valise… ni cercueil ! Un fusil, une patrie ! » Ainsi, si la guerre d’Algérie oppose assurément
Le texte fait allusion à l’alternative laissée par le Algériens et Français et voit s’affronter les
FLN aux pieds-noirs : la valise ou le cercueil, c’est- Algériens entre eux, c’est aussi une guerre franco-
à-dire le retour en France ou la mort. française.

Question 5. Le FLN mène plusieurs types d’actions »  Étude.  La  «  Toussaint  Rouge  »    
en métropole et alterne les méthodes pacifiques et >  MANUEL,  P.  232  
violentes. Pour faire connaître son action et tenter
de convaincre les Français du bien fondé de cette Question 1. Les attentats perpétrés par le FLN le 1er
dernière, il diffuse d’abord des tracts, comme celui novembre 1954 (la « Toussaint Rouge ») se soldent
adressé aux habitants de Meurthe-et-Moselle en par la mort de 9 Français. Les attaques sont variées
novembre 1954 (document 2). Il organise aussi des par leur nature (« des attaques à main armée, des
manifestations, comme celle du 17 octobre 1961, à attentats à la bombe, des sabotages de lignes et de
laquelle participent des dizaines de milliers voies de communication, des incendies ») et par
d’Algériens (document 3). Enfin, l’organisation leur localisation (« de Constantine à Alger et
recourt aussi à la violence et aux attentats : entre d’Alger à Oran », c’est-à-dire dans les trois
1957 et 1959, 16 fusillades visent des membres de départements d’Algérie). La une de l’hebdomadaire
la police et de l’armée, 5 attentats sont perpétrés Radar illustre l’une de ces attaques, celle dont sont
contre des personnalités et 7 opérations de sabotage victimes Guy et Jacqueline Monnerot, frappés par
sont réalisées dans la région parisienne (document les balles des membres du FLN. C’est la première
1). fois qu’un parti nationaliste algérien prône la
violence et passe à l’action. Devant le refus
Question 6. Le 1er novembre 1954, le FLN persistant du gouvernement français d’accorder
déclenche la « Toussaint rouge », une vague enfin la citoyenneté complète aux Algériens, les
d’attentats perpétrés sur le sol algérien qui marque partis nationalistes sont ainsi devenus
le début de la guerre d’Algérie. Dans la foulée, révolutionnaires. Il n’est désormais plus question
l’organisation exporte aussi la guerre en métropole. d’assimilation ou d’association mais de rupture
Le FLN agit de la sorte afin de faire prendre totale avec la métropole et d’indépendance. En
conscience aux Français de métropole qu’un point 1955, même le modéré Ferhat Abbas rejoint le
de non-retour a été atteint, qu’il ne s’agit pas, FLN.
comme voudrait le faire croire le gouvernement, de
Question 2. Le gouvernement et les médias Question 4. Dans la dernière phrase du texte,
français ne semblent pas avoir pris conscience de la François Mitterrand affirme que la loi française
gravité de la situation. Dans son discours du 12 s’applique de la même manière dans tous les
novembre 1954 devant l’Assemblée nationale, le territoires d’outre-mer et que tous les habitants de
ministre de l’Intérieur, François Mitterrand, parle ces territoires et de métropole sont absolument
simplement d’« événements » : « Dans le égaux : « Des Flandres jusqu’au Congo, s’il y a
département de Constantine, vous le savez, se quelque différence dans l’application de nos lois,
produisirent les événements les plus graves. » Il fait partout la loi s’impose et cette loi est la loi
toutefois preuve de fermeté et rappelle que le française ; c’est celle que vous votez parce qu’il n’y
territoire français est indivisible : « parce qu’il se a qu’un seul Parlement et qu’une seule nation dans
trouve que l’Algérie c’est la France, parce qu’il se les territoires d’outre-mer comme dans les
trouve que les départements de l’Algérie sont des départements d’Algérie comme dans la
départements de la République française. » Le métropole. » Cette affirmation n’est pas
gouvernement, dirigé par Pierre Mendès France, complètement conforme à la réalité. L’ordonnance
choisit d’envoyer des troupes pour réprimer les du 7 mars 1944 a aboli le régime de l’indigénat et
agitations et d’adopter en même temps une accordé la pleine citoyenneté française à 65 000
politique de réformes. Il nomme Jacques Soustelle Algériens et une citoyenneté restreinte aux
gouverneur général d’Algérie. Celui-ci se montre Algériens de plus de 21 ans. La loi Lamine-Gueye
favorable à une politique d’assimilation et prône de 1946 a reconnu la citoyenneté française à tous
l’octroi de la nationalité pleine et entière à tous les les ressortissants des territoires d’outre-mer. Mais,
habitants des trois départements algériens. Mais les dans le cas de l’Algérie, le statut de 1947 a créé une
Français d’Algérie, les pieds-noirs, réagissent très Assemblée algérienne à qui a été déléguée une
mal et considèrent cette politique conciliante partie de l’administration de la colonie. Mais cette
comme le « salaire du crime ». assemblée est composée de 120 députés élus par
Les médias français voient aussi ces attentats deux collèges électoraux distincts : Arabes et
comme un simple fait divers parmi d’autres, qui fait Kabyles élisent la moitié des députés, les Pieds-
la une des magazines spécialisés comme Radar. Le noirs l’autre moitié. La voix d’un électeur français
titre de la une est révélateur de cette conception et vaut donc huit voix d’électeurs musulmans et il n’y
ne parle à aucun moment de « guerre » ou de a aucune égalité entre Musulmans et Pieds-noirs.
« révolution » : « Algérie : troubles sanglants ». La C’est la raison pour laquelle les derniers partis
scène dessinée met ainsi en avant le côté algériens favorables à la France basculent dans
dramatique de l’attaque : les « fellaghas » l’indépendantisme.
dissimulés dans la montagne, Jacqueline Monnerot
terrorisée par ce qui est en train de se passer, son »   Étude.   La   violence   pendant   la   guerre  
mari qui s’effondre sous les balles des tueurs.
d’Algérie    
Question 3. Dans son discours, François Mitterrand >  MANUEL,  P.  233  
évoque la décolonisation de manière ambigüe. D’un
côté, il rejette l’emploi de la violence au service de Ce texte est extrait d’un recueil de témoignages
la cause indépendantiste : « De même que le Maroc intitulé Guerre d’Algérie. Mémoires plurielles,
et la Tunisie ont connu ce phénomène du terrorisme réalisé en 2014 par les élèves du Club histoire du
individuel dans les villes et dans les campagnes. » lycée Buffon de Paris. Il s’agit ici du témoignage de
D’un autre côté, il présente le processus comme Mohamed Ladhi Chérif, membre de l’ALN (Armée
nécessaire et semble comprendre la volonté de libération nationale), la branche armée du FLN,
d’indépendance de peuples restés trop longtemps arrêté et torturé à trois reprises par l’armée
sous le joug des métropoles européennes : « cette française entre 1954 et 1962.
ceinture du monde en révolte depuis quinze ans
contre les nations qui prétendaient les tenir en Question 1. Le 8 janvier 1961, le peuple français
tutelle. » En revanche, il s’oppose catégoriquement approuve par référendum le principe de
à l’idée que l’Algérie puisse suivre la même voie l’autodétermination des Algériens et le
dans la mesure où, pour lui, il ne s’agit pas d’une gouvernement du général de Gaulle peut
colonie comme les autres mais d’une colonie de commencer ses négociations avec le GPRA
peuplement, divisée en trois départements et faisant (Gouvernement provisoire de la République
partie intégrante du territoire français : « Eh bien ! algérienne). Le 11 avril 1961, au cours d’une
Non, cela ne sera pas, parce qu’il se trouve que conférence de presse, le général de Gaulle parle de
l’Algérie c’est la France, parce qu’il se trouve que l’Algérie comme d’un « État souverain ». Le 22
les départements de l’Algérie sont des départements avril, les généraux Challe, Jouhaud, Zeller et Salan
de la République française. » organisent un putsch à Alger et prennent le pouvoir.
Mais ils ne sont pas suivis par l’armée et, devant la
fermeté du général de Gaulle, ils sont contraints de
renoncer. Si Challe et Zeller acceptent de se livrer destinée normalement à soulever des poids
aux autorités, Jouhaud et Salan prennent la tête importants. Il faut souligner la rareté et l’intérêt
d’une organisation terroriste et clandestine opposée exceptionnel de cette photographie, l’une des
à l’indépendance de l’Algérie, l’OAS, qui organise preuves les plus évidentes et les plus accablantes de
une série d’attentats. l’utilisation de la torture par l’armée française en
Algérie.
Question 2. Le témoignage de Mohamed Ladhi
Chérif montre que la guerre d’Algérie ne prend pas Question 3. Du côté algérien comme du côté
la forme d’un affrontement militaire classique entre français, les combattants considèrent l’usage de la
deux armées qui combattent sur des champs de violence comme légitime. Les militaires français du
bataille clairement identifiés. En effet, l’Armée de Détachement opérationnel de protection
libération nationale à laquelle appartient l’auteur est considèrent ainsi la torture comme un moyen
divisée en deux branches : la résistance des maquis, particulièrement efficace pour obtenir des
composée de soldats réguliers en uniformes, qui informations et lutter contre les « fellaghas » : « Ils
affrontent l’armée française de manière assez voulaient nous soutirer des renseignements sur nos
classique et la résistance urbaine, formée de actions, nos relations avec le maquis… Ils faisaient
combattants sans uniforme, qui pratique la guérilla. leur travail de récolte d’informations au moyen de
Ce sont les activités de cette deuxième branche qui la torture. » De même, les membres de l’ALN
sont ici décrites. Les membres de la résistance conçoivent leurs propres « actes terroristes »
urbaine vivent clandestinement au sein de la comme des « actes patriotiques » et les « Fidaï »
population algérienne et se spécialisent dans les chargés d’assassinats ciblés agissent prétendument
« actes terroristes ». L’auteur prend l’exemple des au nom de la justice dans la mesure où leurs
assassinats ciblés perpétrés par les « Fidaï » : victimes ont été condamnées à mort par des
« jeunes militants qui, quand le FLN condamnait tribunaux du FLN.
quelqu’un à mort, étaient chargés d’exécuter la
sentence soit au revolver, soit au couteau. » »  Bac  
L’armée française ne respecte pas plus les règles de >  MANUEL,  P.  236-­‐237  
la guerre et n’hésite pas à abattre les suspects. C’est
ce qui a failli arriver à Mohamed Ladhi Chérif et à
Votée en 1881, puis renouvelée en 1888, 1890,
sa famille : « Nous avons été faits prisonniers. 1897 et régulièrement jusqu’en 1927, la loi relative
L’officier de gendarmerie, le lieutenant Delmas,
aux pouvoirs disciplinaires des administrateurs des
nous a sauvé la vie car il ne voulait pas qu’on nous
communes mixtes d’Algérie (dépourvues de conseil
fusille directement devant la porte de la maison. » municipal et de maire, gérées par un administrateur
L’armée française a même créé le DOP
nommé) est un exemple de régime pénal de
(Détachement opérationnel de protection), qui agit l’indigénat, qui permet aux administrateurs
en marge de l’armée régulière et se spécialise dans
d’infliger des sanctions aux seuls indigènes sans
la torture : « L’interrogatoire s’est déroulé comme
passer par les tribunaux. Ce régime ne respecte pas
dans toutes les DOP. C’était la torture, les coups, la les principes généraux du droit français puisqu’il
torture à l’électricité, les coups de pieds, les coups
autorise des sanctions collectives, des déportations
de bâtons, le supplice de la baignoire, le palan… La d’habitants, et sanctionne des pratiques que la loi
photographie du document 2 illustre cette dernière
française n’interdit pas.
technique : le prisonnier algérien est suspendu par
les mains à l’aide d’une machine de chantier
 

CHAPITRE Approche des


10 territoires du
quotidien
>  MANUEL  PP.  248  A  279  
» Objectifs pédagogiques

Présentation  de  la  question  


Ce   chapitre   ouvre   un   programme   de   géographie   construit  
suivant   la   logique   d’un   emboîtement   d’échelles,   de   l’espace  
proche   à   l’espace   mondial,   en   passant   par   les   échelles  
régionale,   nationale,   et     européenne.   Intitulé   «  Approches  
des   territoires   du   quotidien  »,   il   articule     une   étude   de   cas  
sur   «  un   aménagement   choisi   dans   un   territoire   proche   du  
lycée  »  et  une   entrée  générale  sur  les  «  acteurs  et  enjeux  de  
l’aménagement  des  territoires  ».  
 
On   choisit   d’abord   de   privilégier   une   démarche   empirique,  
qui   part   de   l’observation     d’un   exemple   d’aménagement  
précis   situé   dans   l’espace   proche  :   cette   approche   a   une  
double  finalité,  à  la  fois  didactique  et  civique.  
 
Ce   chapitre   permet   en   premier   lieu   une   initiation   aux  
démarches   de   l’enquête   scientifique  :   observations   sur   le  
terrain,  rencontre  avec  des  acteurs,  utilisation  de  documents  
spécifiques  tels  que  des  cartes  topographiques,   des   données  
statistiques,   des   documents   de   planification   (PLU,   SCOT),  
des   publications   des   collectivités   territoriales,   etc.  On   vise  
de   surcroit   à   favoriser   l’implication   des   élèves,     en   leur  
donnant   accès   des   savoirs  incarnés  dans  espace  familier.  

Dans   le   cadre   plus   général   de   l’apprentissage   de   la  


citoyenneté,   cette     approche   permet  de  décortiquer  avec  les  
élèves   le   processus     de   décision   qui   amène   à   discuter,   à  
formuler   puis   à   mettre   en   pratique   des   choix  
d’aménagement  du   territoire   à   l’échelle   locale.   Comprendre  

     
 
 

ce   fonctionnement   démocratique,   savoir   quels   en   sont   les    


acteurs   et     les     enjeux,     fait     partie   intégrante   de   la  
formation  du  citoyen.  
 
L’étude     de     cas     doit     permettre     une  généralisation   sur   les  
acteurs   et   les   enjeux   de   l’aménagement   des   territoires   du  
quotidien.   Il   importe   de   tenir   de   compte   d’évolutions  
contemporaines  telles  que  :  
–  le     caractère   de     plus     en     plus     multiple   des  territoires   du  
quotidien,  à  la  fois  plus  protéiformes   et   plus   vastes   que   les  
communes  héritées  de  la  Révolution  ;  
–   la     multiplication     des     acteurs     de   l’aménagement   des  
territoires   du   q uotidien,  liée   à   la   superposition  de  plusieurs  
échelles   de  gestion  des   territoires,  à   la   place   croissante  des  
acteurs   privés,   à  la    montée   de   la   démocratie  participative  ;  
–   la   complexité   d’un   aménagement  répondant,  dans   l’esprit  
du   «  développement   durable»,   à   des   finalités   multiples,  
voire  contradictoires.  
On   ne   peut   se   satisfaire   d’une   définition   purement  
administrative   des   territoires   du   quotidien.   On   s’attache  
donc   à   mettre   en   évidence   des   critères   multiples   de  
définition  de  ces   territoires,  reliés   aux   activités  quotidiennes  
des   individus.   On   aboutit   ainsi,   plutôt   qu’à   des   territoires  
aux   frontières   nettes   et   linéaires,   à   des   aires   aux    
frontières  floues  définies  par  rapport  à  d e s  pôles  :  mobilités    
pendulaires   autour   d’un   pôle   d’emploi,   aire   de   chalandise  
d’un   centre   commercial,   etc.   L’INSEE   a   pris   acte   de   cette  
évolution  des  modes   de  vie,  liée  à   une   plus   grande     mobilité  
des     individus,   en   définissant   plus   de   1  600   bassins   de   vie  
structurant   le   territoire   français.   On   est   loin   des   36  000  
communes,   qui   restent   pourtant   un   référentiel   identitaire  
fort.   La   question   récurrente   et   controversée   de  
l’obsolescence  de  ce  découpage  peut  être  abordée  avec     les  
élèves,   sans   toutefois   oublier   de   rappeler   qu’elles  
constituent   encore   le   plus   petit   échelon   de   la   démocratie  
représentative.   Enfin,   la   généralisation   de  
l’intercommunalité   est   un   point   incontournable   de   ce  
chapitre.   Les   EPCI   sont   aujourd’hui   la   principale   réponse  
apportée  à  l’émiettement  communal.  

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

 
Il   est   nécessaire   de   rendre   compte   de   la   variété   des   acteurs  
intervenant   dans   l’aménagement  des  territoires  du  quotidien.  
Il  importe  de  souligner  la  multiplicité     des     acteurs     publics  :  
collectivités  territoriales  (communes,  départements)  et  EPCI  à  
l’échelle   locale,   mais   aussi   État   et   Union   européenne,   qui  
interviennent   souvent     par     le   biais   de   la   législation   ou   du  
financement.   Mais   il   faut   également   insister   sur   la  
multiplication   des   partenariats   public-­‐privé,   dans   un  
contexte   de   désengagement   relatif   des   acteurs     publics.   De  
grands   groupes   privés   se   font   désormais   aménageurs,   à  
l’instar   d’Apsys   construisant   des   espaces   commerciaux   et   de  
loisirs   ou   de   JCDecaux   équipant   plusieurs   grandes   villes  
françaises   en   systèmes   de   vélos   en   libre-­‐service.   Enfin,   il  
convient   de   mettre   en   lumière   le   rôle   croissant   joué   par   la  
démocratie   participative,   fondée   sur   une   participation   active  
de  la  société  civile  aux  choix  d’aménagement.  
 
Enfin,   les   enjeux   de   l’aménagement   des   territoires   du  
quotidien  se  déclinent  selon  les  trois  piliers  du  développement  
durable   :   compétitivité,   cohésion,   durabilité.   On   introduit  
ainsi   dès   ce  premier   chapitre   le    thème   de   la   mondialisation,  
dont     on     montre     qu’elle     induit     une     mise     en   compétition  
des   territoires   à    toutes   les   échelles,  mettant    ainsi    au    cœur    
des     politiques   d’aménagement   la   notion   d’attractivité.   On  
pose   également   des   jalons   pour   la   suite   du   programme   en  
amenant   les   élèves   à   une   réflexion   sur   les   disparités  
territoriales   à   l’échelle   locale,   ainsi   que   sur   la   protection   de  
l’environnement,     dont  l’échelle   locale   est   souvent   présentée  
comme  le  cadre  privilégié.  

» Pour aller plus loin


BIBLIOGRAPHIE
•   BARON-­‐YELLES   N.,   France.   Aménager   et   développer   les  
territoires,  La  Documentation  photographique  n°  8067,  2009.  
•   LE   BRAS  H.,   Atlas   des   inégalités.  Les  Français  face   à   la   crise,  
Atlas  Autrement,  2014.  
•   REGHEZZA-­‐ZITT   M.,  La   France  dans  ses  territoires,  SEDES,  
2011.  

     
 
 

•   REGHEZZA-­‐ZITT   M.,   La   France.   Une   géographie   en  


mouvement,  La   Documentation  photographique  n°   8096,   La  
Documentation  française,  2013.  
•   VANIER   MARTIN   J.-­‐Y.,   La   France,  aménager  les   territoires,  
Armand  Colin,  2009.  
•   WOESSNER   R.,   La   France,  aménager  les   territoires,  SEDES,  
2010.  
 
SITES  INTERNET  
• Le dossier « La France : des territoires en mutation » du site
Géoconfluences sur la France : http://geoconfluences.ens-
lyon.fr/geoconfluences/informations-scientifiques/dossiers-
regionaux/la-france-des-territoires-en-mutation

• Le site de l’Observatoire des Territoires :


http://carto.observatoire-­‐des-­‐territoires.gouv.fr/-­‐  
l=fr;v=map6  
 
•   La   Base   nationale   sur   l’intercommunalité  :  
https://www.banatic.interieur.gouv.fr/V5/accue  
il/index.php  
 
•   Le   site   de   la   Commission   Nationale   du   Débat   Public  
(CNDP)  :  http://www.debatpublic.fr  
 
FILMS  
•  «  La  France  en  territoires  »,  Canopé-­‐CNDP,  2012.  
•   «  La   ville,   l’habiter,   l’aménager  »,   Canopé-­‐CRDP   Rennes,  
2013.  

» Pour entrer dans le chapitre

Le     programme     préconise   d’entrer   dans   la   question   par  


une   étude   de   cas     sur   «  un   aménagement   choisi   dans   un  
territoire   proche  du   lycée  ».   Le   manuel   propose   une   étude  
de  cas  type  sur  l’aménagement  d’un  espace  insulaire  (l’île  de  
Ré).   Dans   la   mesure   où     les   enseignants   choisiront     un  
exemple  proche  de  leur  établissement,  ces  études  de  cas  ont  
essentiellement   pour   but   de   mettre     en   évidence   des  

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

démarches  et  des  méthodes   réutilisables.  Elle  peut  en  outre  


être   exploitée   dans   le   cadre   du   chapitre   sur   «  Valoriser   et  
ménager   les   milieux  ».   L’étude   de   cas   s’articule     en     trois    
temps,    qui     renvoient    aux   trois     axes  de     la     leçon     afin     de    
permettre     le   passage  de  l’exemple  à  la  généralisation.  On   se  
demande  dans  un  premier  temps  à  quoi  correspondent   les   «  
territoires    du   quotidien  »,  et  on  s’efforce  de  définir   et  de  les  
caractériser.   On   s’intéresse   ensuite   aux   acteurs   de  
l’aménagement   de   ces   territoires,   en   soulignant   leur  
diversité   (acteurs   publics   et   privés,   société   civile)    et   leurs  
interactions.   On   met   enfin   en   perspective   l’aménagement  
de   ces   territoires,   au   regard   des   enjeux   économiques,  
sociaux  et  environnementaux  de  leur  aménagement.  

OUVERTURE
Ø Manuel PP. 248-249

Doc.  1  –   La  grande  braderie  de  Lille  


La   photographie   montre   la   grande   braderie   de   Lille   sur   la  
place  du  Général-­‐de-­‐Gaulle.On  s’attache    ici   à   montrer   que  
les   territoires   du   quotidien   sont   d’abord   des   territoires  
vécus  :   lieux   du   travail,   des   loisirs,   de   la   sociabilité.   On  
retrouve   ces   éléments   à   travers   la   grande   braderie,   à   la  
fois   évènement     commercial   et   moment   festif   constitutif  
d’une   temporalité   et   d’une     identité     proprement   lilloises.  
On     peut  identifier   sur   la   photographie   des   repères  urbains  
forts   de   ce   territoire   du   quotidien  :   place     du   Général-­‐de-­‐
Gaulle   au   premier   plan,   beffroi   à   l’arrière-­‐plan   ,Vieille  
Bourse   au   centre,   immeuble   de   La   Voix   du   Nord     (le  grand  
quotidien  régional)  à  droite.  
 

Doc.   2   –   Brochure   promotionnelle   du   conseil   régional   d’Aquitaine  


(2014)  
Le   document   2   permet   de   mettre   en   évidence   les   enjeux  
économiques   et   sociaux   du   développement   régional.   C’est  
une   brochure   promotionnelle   du   conseil   régional  
d’Aquitaine   parue   dans   le   supplément   Jeunes  

     
 
 

(http://v4.aquitaine.fr/IMG/pdf/AQUITAINE_   JEUNES_16-­‐
25_2012_BAT_BD.pdf).   Les   jeunes   (et   notamment   les   16-­‐
25  ans)   représentent   un   défi   pour   la   région   dont   la  
population   vieillit.   En   effet,   en   Aquitaine,   en   2011,   les  
889  000   personnes   de   moins     de   25  ans   représentaient  
28,5  %   de   la   population   contre   29,2    %   en   1999.  
L'Aquitaine   fait   partie   des    régions   où   la   part   des   jeunes  
est   la   plus   faible,   après   le   Limousin   (25,8  %),   la   Corse,  
l'Auvergne   et   le   Poitou-­‐Charentes.   À   l'opposé,  le   Nord-­‐Pas-­‐
de-­‐Calais   détient   le   record   avec   plus   d'un   tiers   de   jeunes  :  
34,7  %.  

Doc.  3  –  Des  citoyens  mobilisés  


Des   militants   «  zadistes  »   protestent   contre   le   projet   de  
barrage   à   Sivens.   Cette   photographie   permet   d’évoquer   le  
rôle   croissant   de   la   société   civile   dans   l’aménagement   des  
territoires   locaux,   ainsi   que   l’exigence   de   plus   en   plus  
affirmée  de  protéger  l’environnement.    La   photographie  met  
en     scène   deux   citoyens   anonymes   portant     des     masques,  
brandissant   des   pancartes   formulant   leur   opposition   au  
projet   de     barrage   et   leur     détermination     à   protéger     ce    
territoire  (la  ZAD,  ou     «  zone     à  défendre  »),   symboliquement  
délimité   par   une  clôture  de   carton  représentant  des   arbres  
et   des   poings   verts   (écologistes)   levés.   On   montre   ici   le  
caractère     éventuellement   conflictuelde   l’aménagement  des  
territoires  du  quotidien.  

ÉTUDE DE CAS 1

L’île de Ré : un territoire insulaire du quotidien

> Manuel PP. 254-257


A. Un territoire insulaire dynamique

Doc.  1  –  Les  territoires  de  l’île  de  Ré  


Doc.  2  –  Ars-­‐en-­‐Ré,  une  commune  de  l’île  
Ces   deux   documents   sont   complémentaires   et   doivent  
faciliter   leur   déchiffrage   réciproque.   Ils   sont   l’un   et   l’autre  
centrés   autour   d’une   typologie   des   espaces   productifs  :  

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

activités  agricoles  ou  liées  à  la  mer,  activités  traditionnelles  


ou   activités   récentes.   Le   littoral   est   marqué   par   des  
activités   traditionnelles  :   la   saliculture   et   l’ostréiculture.   Ces  
activités  nécessitent  des  aménagements  spécifiques  (marais  
salants,  parcs  à  huîtres)  qui  ont  façonné  les   paysages   de   l’île  
de  Ré  et  revêtent  aujourd’hui  une  valeur  patrimoniale.  À  ces  
activités   anciennes   s’ajoute   une   activité   plus   récente  
historiquement  :   le   tourisme,   matérialisé   sur   la    
photographie   par   le   port   de   plaisance   d’Ars-­‐en-­‐Ré   (au  
deuxième  plan  de  l’image).  
Doc.  3  –  L’évolution  de  la  population  de  l’île  de  Ré  
Les   données   statistiques   permettent   d’aborder   le  
peuplement   de   l’île,   en   lien   avec   l’occupation   du   sol   et   les  
activités  observées  à  l’aide  des  deux  documents     précédents.  
Son   analyse   fait   l’objet   d’un   point   méthodologique   dans  
l’analyse  des  documents.  

Doc.  4  –  Vivre  sur  l’île  de  Ré  


Cet  article  issu  d’un  média  régional  aborde  l’île  de  Ré  comme  
espace   vécu,   auquel   s’attachent   un   certain   nombre   de  
perceptions  et   de   représentations.  D’après  ce   texte,   l’île     de  
Ré   présente   un   certain   nombre   d’aménités   qui   expliquent  
son   attractivité.   C’est   ce   que   montre   l’exemple   de   la  
commune   de   Loix,   labellisée   «  Cittaslow  »   en   vertu   de   «  la  
tranquillité  »     de   son   cadre  de   vie   et   de   son   «  art   de   vivre  ».  
Le  cahier   des   charges   pour   l’obtention   de   ce   label  combine  
des   critères   d’ordre   écologique   («  développement   des  
transports  alternatifs,  des  énergies   durables   et   des   espaces  
verts  »),   des   critères   d’ordre     culturel     ou     patrimonial  
(«  sauvegarde     du   patrimoine   bâti,   des   coutumes   locales   et  
des   produits   régionaux  »   à   l’image   des   «  cagouilles  »  
charentaises)   et   des   critères   d’ordre     social   («  accueil     des  
handicapés   et   solidarité   entre   les   générations  »).   Plus    
généralement,   l’île   de   Ré  offre   en   raison   de   son   caractère  
insulaire   un  relatif  sentiment  d’isolement  et   de   calme,  ainsi  
que    des    particularités   paysagères   préservées,   notamment  
du   fait   du   moindre   impact     de     la   périurbanisation    et    de  
l’automobile.  

     
 
 

» Analyse des documents

Décrire  un  espace  à  l’échelle  locale  


1.   L’économie   traditionnelle   de   l’île   de   Ré   repose   sur   les  
activités   agricoles   et   liées   à   la   mer.   La   carte   et   la  
photographie   permettent   de   repérer   des   espaces   agricoles,    
maraîchers   et   viticoles   (au    premier   plan   à   gauche),   ainsi  
des  marais   salants   (deuxième   plan)   et   des   parcs   à  huîtres  
(troisième  plan).  
 

2.  D’après  le  tableau  statistique,  l’île  de  Ré  est  un     territoire    
démographiquement   dynamique  :   sur   une     période   de  
quarante   ans   environ   (soit   depuis   1968),   la     population   a  
sensiblement   augmenté   à   chaque     recensement,   passant  
d’un   peu   moins   de   10  000   habitants   en   1968   à   près   de  
18  000  habitants  en  2011,  ce  qui  correspond  quasiment  à  un  
doublement   de   la   population.   La   densité   du   peuplement   a  
connu   la  même  courbe  croissante,  passant   de   115  habitants  
au   km2     en     1968     à     210     habitants     au     km2   en   2011,   soit  
presque   le   double   (pour   une   densité   démographique    
moyenne     avoisinant  les  115    habitants   au   km2  à   l’échelle   de  
la   France).   La  croissance  démographique  semble  s’accélérer  
au   début   des   années  1980,   pour   peut-­‐être   commencer   à  
ralentir  dans  les  années  2010.  
 

3.   L’île   de   Ré   est   réputée   pour   sa   qualité   de  vie,  liée   à   son  


environnement   préservé   du   fait  d’un   moindre   impact   de   la  
périurbanisation   et   de   l’automobile   et   à   son   patrimoine  
culturel.  

Analyser  une  photographie  de  paysage  


4.   Cette   photographie  aérienne   de   la   commune  d’Ars-­‐en-­‐Ré  
prise  est  prise  en  direction  du  nord-­‐ouest.  On   identifie  sur  la  
photographie   tous   les   éléments   de   la   carte  :   espace  
urbanisé,  espaces  viticoles,    marais  salants,    parcs     à     huîtres.    
On  devine   à     l’arrière-­‐plan   de   la   photographie   Les  Portes-­‐
en-­‐Ré   (à   gauche)   et   Loix   (à   droite)   qui   referment   la   baie  
bien  visible  sur  la  carte.  
 

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

5.   Cette   photographie   permet   de   mettre   en   évidence  


différents   usages   de   l’espace   littoral  :   traditionnellement  
l’ostréiculture   et   la   saliculture,   et   plus   récemment   le  
tourisme.  Il   est  possible  d’introduire  dès  à   présent  la   notion  
de   conflit   d’usage   évoquée   dans   la   dernière   partie   de  
l’étude   de   cas,   en   amenant   les   élèves   à   se  questionner    sur  
la   proximité   géographique   de   ces   différentes   activités    
économiques  :   quels   sont   les   possibles   impact   du   port   de  
plaisance  sur  les  activités  salicoles  et  ostréicoles  ?  
B. La mise en tourisme du territoire

Doc.  5  –  Le  tourisme  sur  l’île  de  Ré  


Cette  carte  permet  de  souligner  l’importance   d’un   tourisme  
balnéaire   et   estival   sur   l’île   de  Ré.  L’île  présente  des  plages  
de  sable,   notamment   sur   la   quasi-­‐totalité   de   la   face   sud   de    
l’île.   C’est   également   du     côté   du     Pertuis   d’Antioche   que  
l’on   trouve   plusieurs   spots   de   surf,   tandis   que   le   Pertuis  
breton  offre   des   sites  abrités  pour  les  ports  de     plaisance.  À  
cela   s’ajoutent   des   sites   patrimoniaux   remarquables  :  
villages   typiques,   marais   salants,   phare   des   Baleines,  
citadelle   Vauban   à    Saint-­‐Martin-­‐de-­‐Ré,  etc.  Le  pourcentage  
élevé   de   résidences   secondaires   (supérieur   à   60,   voire   à  
80  %)   est   un   marqueur   fort   de   l’attractivité   touristique   de  
l’île.     On     observe     un     gradient     entre  l’est     et  l’ouest  de  l’île  :  
les   communes   les   plus   proches   du   pont   permettant     de    
rejoindre     La     Rochelle   semblent   les   moins   prisées,   au  
contraire,  la  commune  des   Portes-­‐en-­‐Ré,  géographiquement  
la   plus   éloignée,   accueille   plus   de   80  %   de   résidences  
secondaires.   Le   pont   vers   La   Rochelle,   inauguré   en   1988,  
témoigne   aussi   de   l’attractivité   de   l’île   de   Ré  :   sa    
construction  avait   été   décidée   à   la   suite   de  l’augmentation  
exponentielle   du   trafic   des   bacs   dans   les   années  1960.    
Enfin,  la  densité  du     réseau     de     pistes   cyclables   est   aussi   à  
mettre  sur  le  compte   de  la  fréquentation  touristique.  

Doc.  6  –  Les  pistes  cyclables  sur  l’île  


La   couverture   du   plan   des   pistes   cyclables   de   l’île   de   Ré,  
publié  par  la  communauté     de  communes  de   l’île   de   Ré   en  

     
 
 

2014-­‐2015,   met  en  en  valeur  un  mode  de  transport  «  doux  ».  
La  photographie   d’une    petite   fille   à   bicyclette,   le  dessin   de  
vélo,   la   dominante   verte   dans   le   choix   des   couleurs  
viennent   à   l’appui   d’une   communication   axée   sur   «  un  
environnement  protégé  ».  Ce     parti-­‐pris   vise   à  préserver   et  
mettre   en   valeur   la   principale   aménité   de   l’île,   qui  a  fait     sa  
célébrité   (le   calme,   l’environnement   préservé),   alors   que  
celle-­‐ci   a   fait   face   à   une   augmentation   considérable   de   sa  
fréquentation  au  cours  des  dernières  décennies.  

Doc.  7  –  La  clientèle  touristique  sur  l’île  


Ce   document   est   un   extrait   du   Schéma   de  
CohérenceTerritoriale   de   l’île   réalisé   par   la   communauté  
de   communes   de   l’Ile   de   Ré   en   2012,  ce   qui  nous  indique  
que   les   communes   et   l’échelon   intercommunal   sont   des  
acteurs   incontournables   de   l’accueil   touristique   à   travers   les  
choix   opérés   en     matière   d’aménagement,   d’urbanisme   et   de  
développement   économique.   D’après   le   SCOT,   l’île   de   Ré  
dispose   d’une   très   forte   capacité   d’hébergement  :  
campings,   locations   de  meublés,   maisons   d’hôtes,   hôtels.   Le  
SCOT   insiste   notamment   sur   l’importance   des   acteurs  
économiques  privés  dans  le  secteur  de  l’hôtellerie.  
 
C. Un territoire vulnérable

Doc  8  –  Les  risques  d’inondation  sur  l’île  de  Ré  


D’après   cette   carte,   la   majeure   partie   de   l’île   se   trouve   en  
zone   inondable  :   non   seulement  l’ensemble   de   sa   face   nord,  
mais   aussi   toute   sa   moitié   occidentale.   Les   digues   de  
protection  existantes  ont   montré   leurs   limites   en   2010   lors  
de   la   tempête   Xynthia  :   sujettes   à   de   nombreuses   brèches,  
elles   n’ont   pas   permis   d’éviter   d’importantes   inondations,  
qui   ont  touché   les   zones   urbanisées   sur   les   communes  des  
Portes-­‐en-­‐Ré,   d’Ars-­‐en-­‐Ré,   de   La   Couarde-­‐sur-­‐Mer  et   de   La  
Flotte.  

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

Doc.  9  –  Les  enjeux  du  développement  de  l’île  de  Ré  


Ce   deuxième   extrait   du   SCOT   souligne   l’un   des   enjeux    
majeurs   de   l’aménagement   des   territoires   locaux   (en  
particulier   littoraux)  :   la   gestion   des   conflits   d’usage   et   la  
difficulté   de   concilier   dynamisme   économique   et  
développement   durable.   Il   montre   que     les  acteurs   publics  
locaux    sont   confrontés   à   des  choix  cruciaux.  
Analyse  des  documents  

Croiser  des  documents  de  nature  différente  


6.   L’activité   touristique   est   très   importante   sur   l’île   de   Ré  :  
elle   se   concentre   sur   les   littoraux   (plages,   spots   de   surf,  
ports   de   plaisance)   et   sur   quelques   sites   patrimoniaux  
remarquables.  Son  poids  est  sensible  dans  la  proportion  très  
élevée   de   résidences   secondaires   ainsi   que   dans   les  
aménagements   réalisés   en   matière   de   transport   (pont   pour  
la  liaison  avec  l’extérieur,  pistes  cyclables  pour  la  circulation  
à  l’intérieur).  
 
7.   Les   principaux   acteurs   locaux   de   l’accueil   touristique   sont  
les   acteurs   privés   du   secteur   de   l’hôtellerie   et   du   tourisme  
(restauration,   commerce,   loisirs),   et   la   communauté   de  
communes  de  l’île  de  Ré  (acteur  public).    
 
8.  La  communauté  de  communes  de  l’île  de  Ré  met  en  avant  
le   réseau   de   pistes   cyclables   de   l’île   afin   de   valoriser   son  
principal  atout  :  un  environnement  préservé.  
 
Synthétiser  des  informations  
9.   L’urbanisation   rapide   de   l’île   a   aggravé   sa   vulnérabilité  
aux   catastrophes   naturelles,   en   particulier   en   cas  
d’inondation,  comme  ce  fut  le  cas  lors  de  la  tempête  Xynthia  
en   février   2010,   au   cours   de   laquelle   de   nombreuses   zones  
urbanisées  ont  été  sinistrées.  
 
10.   Le   SCOT   de   l’île   de   Ré   insiste   sur   la   nécessité   de   «  faire  
face   à   la   pression   liée   au   tourisme  »,   qui   induit   non  
seulement   une   aggravation   des   risques,   mais   aussi   un  

     
 
 

accroissement   des   «  conflits   d’usage  ».   Il   propose   donc   de  


plafonner  les  espaces  urbanisés  et  urbanisables  à  2  %  de  la  
surface  de  l’île  et  de  «  maîtriser  le  rythme  de  construction  de  
résidences   secondaires   afin   de   contenir   la   population   de  
résidents  secondaires  à  79  600  personnes  en  2020  ».  
 
Vers  le  BAC  
I.   Potentialités   et   contraintes   du   territoire  :   un   territoire  
insulaire   aux   potentialités   économiques   diverses  ;   un  
territoire   attractif   et   démographiquement   dynamique  ;   une  
insularité  qui  est  également  contraignante.  
II.   La   mise   en   valeur   économique   du   territoire   et   ses  
acteurs  :   les   activités   traditionnelles     le   poids   du   tourisme  
dans  l’économie  locale  ;  le  rôle  des  acteurs  privés  et  publics.  
III.   Les   enjeux   d’une   mise   en   valeur   durable   tenant   compte  
la  vulnérabilité  du  territoire  :  un  espace  à  risques  ;  un  espace  
sous  pression  ;  des  enjeux  d’aménagement.  

BILAN DE L’ETUDE DE CAS 1

Ø MANUEL  PP.  258-­‐259  


 
Le   bilan   de   l’étude   de   cas   met   l’accent   sur   deux   notions  
centrales   du   chapitre,   mais   aussi   de   la   démarche  
géographique  en  général  :  territoire  et  aménagement.  

Notions  à  retenir  

Territoire  
On   propose   du   territoire   une   définition   systémique   afin   de  
tenter   d’en   saisir   la   complexité mais   aussi   la   spécificité   (par  
rapport  à  la  notion  plus  ouverte  d’  «  espace  »).
Dans   la   mesure   où   il   est   une   portion   d’espace   occupée,  
appropriée  et  aménagée  par  une  société,  il  se  définit  d’abord  
par  un  ensemble  d’atouts  et  de  contraintes,  qui  ne  sont  pas  
absolus   mais   relatifs  :   ils   ne   se   comprennent   qu’en   relation  
avec  l’ensemble  des  activités  pratiquées  sur  le  territoire  par  
une  société  et  à  un  moment  donnés.  Loin  d’être  réduit  à  ses  

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

fonctions   économiques,   le   territoire   doit   enfin   être   compris  


comme   un   espace   vécu,   parcouru   de   flux,   porteur   de  
représentations.  
Aménagement
La   notion   d’aménagement   est   quant   à   elle   déclinée   en  
termes   d’acteurs,   d’actions   et   d’enjeux   concrets   à   partir   de  
l’étude   de   cas.   On   met   l’accent   sur   la   multiplicité   des   acteurs  
qui   interviennent   à   différents   niveaux   dans   l’aménagement  
du   territoire,   ainsi   que   sur   la   combinaison   des   enjeux  
économiques,   sociaux   et   écologiques   dans   la   perspective  
désormais  incontournable  du  développement  durable.  

ÉTUDE DE CAS 2

Une nouvelle région : Auvergne-Rhônes- Alpes

> Manuel PP. 260-263


A. Auvergne-Rhônes-Alpes : un territoire de vie

Doc.  1  –  L’organisation  de  l’espace  de  la  nouvelle  région  


Le   document   1   est   une   carte   qui   présente   le  territoire  de  
vie  de  la  nouvelle  région  Auvergne-­‐Rhône-­‐Alpes.  La  nouvelle  
limite  régionale   est   ainsi   dessinée   et   permet   de   voir  qu’elle  
suit   les   contours   des   deux   anciennes  régions  réunies.  Les  
grandes   villes   y   sont   figurées,   reliées   par   les   axes   de  
communication  majeurs.   La   représentation   de   la   diversité  
des   dynamiques   régionales   permet   de   mettre     en   évidence  
les   contrastes   entre   les   espaces   peuplés   de   Rhône-­‐Alpes   et  
les  espaces    peu  peuplés  d’Auvergne.  
Ces  contrastes  sont  évoqués  dans  la  revue   Lyon   Capitale  qui  
explique   dans   un   article  paru    le   20  novembre     2014   (Steven    
Belfis,«  Rhône-­‐Alpes   Auvergne  :   7   détails   que   vous   ne  
saviez   pas  »  
https://www.lyoncapitale.fr/Journal/Lyon/Politique/Region
-­‐rhone-­‐alpes/Rhone-­‐Alpes-­‐Auvergne-­‐7-­‐details-­‐que-­‐vous-­‐ne-­‐
saviez-­‐pas)   que   la   région   Auvergne   apporte   plus   de   vaches  
que     d’habitants  :   «  Il   faut   dire   que   l’Auvergne   est   plus  

     
 
 

agricole   que   Rhône-­‐Alpes,   du   moins   en   part   de   terres  


cultivées.   Près   de   56  %   du   foncier   de   la   région   y   est  
consacré   contre   36,3  %   en   Rhône-­‐Alpes.   »   […]     «  Faible  
densité   de   population   et   forte   agriculture,   l’Auvergne   a   vite  
fait   de   passer   pour   une   région   dont   certains   diront   qu’elle  
compte   plus   de   vaches   que   d’habitants.   Ce   n’est   d’ailleurs  
pas   faux  :   1,17  vache   pour   être   précis,   quand,   en   Rhône-­‐
Alpes,   ce   ratio   plafonne   à   0,15     vache   par   habitant.   Avec   la  
fusion   des   deux   régions,   le   taux   passe   à   3,3  vaches   pour  
10  habitants  ;  soit  3,5  fois  moins   pour   les   Auvergnats   alors  
que   le   ratio   double   pour   les   Rhônalpins.   Mais   nous  
n’arrivons   pas   non   plus   les   mains   vides,   avec   plus   de  
12  millions   de   poulets,   soit   près   de   2   Gallus   par   Rhônalpin.  
Évidemment  il  ne  s’agit  que  d’un  jeu  statistique  et   de  là   à   voir  
les   vaches   paître   place   Bellecour,   et     les     poulets     picorer  
place  de  Jaude,  il  y  a  encore  à  attendre.  »  
 

Doc. 2 – La fête des Lumières à Lyon


Au-­‐delà   de   l’organisation   territoriale   présentée   dans   le  
document   1,   le   document   2   cherche   à   présenter   la   région  
comme   un   territoire   de   vie.   Le   document   2   est   une  
photographie   prise   sur   la   place   Bellecour   dans   le   centre-­‐
ville   de   Lyon  lors   de   la   fête   des   Lumières.   Il   s’agit   d’une  
grande   fête   qui   a   un     caractère   populaire   issu   d’une    
tradition   ancienne.   C’est   devenu     une   attraction   touristique  
qui   met   en   scène   la   métropole   lyonnaise   et   son  
rayonnement.   Elle   est   traditionnellement   appelée   fête   du  
8  décembre   ou   Illuminations.   Cette   manifestation   se   tient  
chaque   année   pendant  quatre  jours   autour   du   8   décembre,  
qui   est   la   date   correspondant   à   la   fête   de   l’Immaculée  
Conception.    En     effet,     dès     le     Moyen  Âge,    la  ville  s’est  mise  
sous   la   protection   de   la   Vierge   Marie   pour   conjurer   le  
risque   d’épidémie   de   peste.   Avec   l'inauguration   de   la  
statue   de   la   Vierge   Marie   érigée   sur   la   chapelle   de   la   colline  
de   Fourvière   en   1852,   les   habitants   de   Lyon   illuminent  
leurs   fenêtres   et    descendent  dans  les  rues.     Depuis  lors,  la  
fête   a   été   reconduite   chaque   année.   Depuis   1989,   des  
animations   sont   proposées   par   la   municipalité   et   des  

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

professionnels   font   le   spectacle.   Un   des   sponsors   majeurs  


de   l'évènement   est   l’entreprise   «   E.D.F   »   qui   utilise  
l'électricité   pour   mettre   en   lumière   différents   bâtiments   et  
spectacles   mobilisant   arts   contemporains,   arts   plastiques,  
musique,   etc.)   La   fête   a   aujourd'hui   revêtu   un   caractère  
touristique   attirant   plusieurs   millions   de   visiteurs,   ce   qui  
donne  à  Lyon  un  rayonnement  culturel  international.  

Doc.  3  –  L’Auvergne  vu  de  Rhône-­‐Alpes  


Si   le   document   2   permet   d     travaille   sur   «   l’espace   vécu  »  
cher   à   Armand   Frémont,   le   document   3   évoque   l’image  
que   peut   avoir  la  région  Auvergne  pour  les   habitants  de    
  la   région   Rhône-­‐Alpes.   Ce   document   ouvre   donc   sur   un  
aspect   important   de   la     définition     du   territoire   en  
géographie,   celui   des   représentations.   Le   territoire,   c’est  
aussi   l’espace   représenté.   Le   document   3,   dessin  
humoristique   de  Deligne  paru  dans  la  revue  La  Montagne   le  
24  septembre  2014,   évoque   donc   les   représentations  
communes  (stéréotypes)  qui  portent  sur  l’Auvergne.  
Deux   personnages   sont       ils   sont   issus   de   la   région   Rhône-­‐
Alpes   pour   l’un   et   Auvergne   pour   l’autre   (comme   en  
témoigne   les   panneaux   en   arrière-­‐plan).   Il   est   intéressant  
de   voir   que   le   personnage   de   Rhône-­‐Alpes   a   des  
représentations   sur   la   région   Auvergne   qui   sont   celles   du  
bonhomme   Michelin   jouant   au   rugby   et   vivant   à   la  
campagne.   Ces   représentations   sont   des   représentations  
assez   communes     Clermont-­‐Ferrand   étant   considérée  
comme   la   «  ville-­‐Michelin  »,   le   développement   de   la   ville  
ayant   accompagné   le   développement   de   la   firme   de  
pneumatique   Michelin.   De   plus,   le   rugby   y   a   une   place  
importante   dans   les   pratiques   sportives   (grâce  au   résultat  
du   club   local,   l’ASM)   et   l’espace   rural   restant   dominant  
dans   cette   région.   Pourtant,   le   personnage   incarnant  
Auvergne  est   semblable    à   celui   de   Rhône-­‐Alpes   (cravate   et  
chemise  blanche).  
La   construction   du   dessin   met   en   symétrie   la   région  
Rhône-­‐Alpes   et   Auvergne   en   soulignant   les   éléments   de  
différences   (surtout   dans   les   représentations)   et   les    

     
 
 

similitudes.   Il   évoque   aussi   la     fusion     des   deux   régions  


puisque   les  personnages  se  serrent  la  main.  

Doc.  4  –  Les  enjeux  économiques  de  la  fusion  


Le   site   officiel   de   la   région   Auvergne  
(www.auvergne.fr/content/reforme-­‐territoriale)   cherche   à  
mettre   en   évidence   les   éléments   de   complémentarités  
comme    le  souligne  le  document  4  :  «  Quand  l’Auvergne  est  en  
pointe  dans  certains  secteurs  comme  la  filière  aéronautique,   la  
recherche   et   le    développement  dans  des  créneaux  spécifiques  
comme       les  nouveaux  matériaux  ou   encore   l’agroalimentaire  
et   l’industrie   pharmaceutique,   en   Rhône-­‐Alpes,  les   forces   se  
concentrent   sur   des   filières   comme   l’électronique   et   le  
multimédia,   la   chimie   et   la  pétrochimie,   la   mécanique   et   la  
fabrication   de   véhicules   industriels,   la   métallurgie,   la  
recherche  biologique  et  moléculaire,  etc.  »  

» Analyse   des  documents  

Synthétiser des informations


1.  La  région  Auvergne-­‐Rhône-­‐Alpes  est  dominée  par  Lyon  qui  
est   un   carrefour   important   situé   sur   l’axe     majeur   en  
France  :   Paris/Lyon/Marseille.   L’organisation   régionale    
présente   schématiquement   une   dissymétrie   entre   les   deux  
anciennes   régions  :   peuplée   et   à   économie  dynamique   pour  
la   région   Rhône-­‐Alpes   et   peu   peuplée   aux   activités    
agricoles  et     touristiques  dans  la  région  Auvergne.  Cependant  
le   pays   de   la   Limagne   avec   Clermont-­‐Ferrand   apparaît  
peuplé  et  dynamique.  
 

2.   Les   enjeux   de   la   fusion   sont     avant     tout   économiques,  


comme   le   souligne   le   document   4.   Il   s’agit,   selon   le   site  
officiel  de  la  région  Auvergne,  de  favoriser  les     échanges  et  
les   synergies   entre   des   activités   économiques  
complémentaires.   Pour   cela,   la   nouvelle   région   va  
promouvoir   le   développement   des   axes   de   communication  
entre  les  deux  anciennes  régions.  
 

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

3.   Les   habitants   de   Rhône-­‐Alpes   semblent   avoir,   selon   le  


document   3,   des   représentations   un   peu   surannées   des  
habitants   de   l’Auvergne  ;   celles-­‐ci   sont   influencées     par   la    
présence   industrielle   ancienne   de   l’entreprise   Michelin  
dans   la   région,   par   le   caractère   rural   et   naturel   des    
territoires     égionaux  et     par  des     aspects  culturels  comme  la  
pratique  du  rugby.  
 

4.   Au-­‐delà   des   différences   de   représentations,   les  


documents   1   et   4   montrent   les   complémentarités   possibles  
entre   espace  urbain/rural,   espace   peuplé/peu   peuplé   entre  
espace  industriel  et  espace  touristiques.  
B. L’aménagement d’une nouvelle région

Doc.  5  –  Le  pôle  de  compétitivité  ViaMéca  


Le   document   5,   texte   de   Nicolas   Bros   paru   au   Journal   des    
entreprises,   présente   le   pôle     de   compétitivité   de   ViaMeca.  
Il   permet   de   voir   comment   les   acteurs   publics   et   privés  
investissent   ici   dans   l’innovation   de   la   filière   mécanique.  
Sur  le  site  officiel  (http://www.viameca.fr/),   il   est     rappelé  
qu’«   un   pôle   de   compétitivité   est,   sur   un   territoire  donné,  
l’association   d’entreprises,   de   centres   de   recherche   et    
d’organismes   de     formation,   engagés   dans   une   démarche  
partenariale   pour  mettre     en     œuvre   une  stratégie   commune  
de   développement.   Cette   stratégie   est   destinée   à   dégager  
des   synergies   autour   de   projets   innovants   conduits   en  
commun   en   direction   d’un   ou   plusieurs   marchés  ».   Le   pôle  
ViaMéca  impacte  les  régions  Auvergne,  Limousin   et     Rhône-­‐
Alpes   et   les  zones   du   Massif   Central   situées   dans   les  régions  
Centre,   Midi-­‐Pyrénées   et    Languedoc-­‐  Roussillon.  
Potentiel  du  territoire  ViaMéca  :  
–  4  000  entreprises,  
–   235  000   salariés,   soit   25  %   des   effectifs   français   qui  
travaillent  dans  la  mécanique,  
– 2  500  chercheurs,  
–   plus   de   1  000ingénieurs   et   masters   recherche   diplômés  
chaque  année.  
Source  :    http://www.viameca.fr/nos-­‐  missions.html  
 

     
 
 

Créé   en   2005,   ViaMéca   a   pour   principal   objectif   de  


permettre  l’innovation  de   la   filière  mécanique  dan   le   Massif  
Central   et   la   région   Rhône-­‐Alpes.   Ce   territoire   concentre,  
selon   le   site   officiel,   4  000   entreprises   de   mécanique   de  
toute   taille   (grands   groupes,   ETI,   PME,   TPE),   235  000  
salariés   (20  %   des   effectifs   français)  et   2  500     chercheurs.  
Sur   le   plan   juridique,   ViaMéca   est   une   association   qui  
regroupe   des   entreprises,   des   centres   de   recherche,   des  
institutionnels,   des   clusters,   etc.   L’ambition   du   pôle   de  
compétitivité   ViaMéca   est   de   faire   du   territoire   Massif  
Central-­‐Rhône-­‐Alpes   une   référence   mondiale   de   la  
mécanique   en   améliorant   la   compétitivité  des    entreprises  
du   territoire   par   l’innovation   collaborative   (Émergence,  
Accompagnement   de   projets   collaboratifs   entre   les  
entreprises   et   les   structures   de   recherche).   Le   périmètre  
d’intervention   de   ViaMéca   se   situe   à   l’interface   de   la  
formation,   de   l’industrie   et   de   la     recherche.   Les   marchés  
finaux   des   projets   soutenus   par   ViaMéca   concernent  
l’aéronautique,   le   médical,   les   transports,   l’énergie,   la  
maintenance   des   équipements   lourds,   le   BTP,   la  
productique,  la  défense,   etc.  ViaMéca  fédère  aujourd’hui  plus  
de   500   partenaires   (grandes   entreprises,   PME,   laboratoires  
et  organismes  de  formation).  

Doc.  6  –  Le  budget  2015  de  l’Auvergne  


Le   document   6   présente   le   budget   de   la   région   Auvergne  
pour   2015   et   les   «  grands   postes   de   dépenses  »    que   l’on  
peut   retrouver   sur   le   site   officiel   de   la   région  :  
http://www.auvergne.fr/content/budget-­‐2015.  
Il   est   rappelé   sur   ce   site   que   :   «  Les   3   grands   postes   de  
dépenses   restent   les   transports   (138,2  M€),   comprenant   la  
convention   avec   la   SNCF  pour  l’exploitation  des  Transports    
express   régionaux   (TER),   la   formation   professionnelle   et  
l’apprentissage    (114,8    M€),   et   l’enseignement   et   les    lycées  
(9     M€)  »   C’est  le  dernier  budget  voté  sur  l’ancien  périmètre.  
Doc.  7  –  La  valorisation  de  la  nature  en  ville  en  Rhône-­‐Alpes  
Le   document   7   présente   un   extrait   du   Schéma   Régional  
d’Aménagement   Durable   du   Territoire   (SRADDT)   en  

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

Rhône-­‐Alpes     qui   porte   su     la   valorisation   de   la   nature   en  


ville.  L’étude  «  nature  en  ville  en  Rhône-­‐Alpes  »,  conduite   par  
la   DREAL   (Direction       Régionale,   de   l’Environnement,   de  
l’Aménagement   et   du  Logement)   présente   plusieurs   actions  
de   promotion   de   la   nature   en   ville     menées   par   les  
collectivités  de  Rhône-­‐Alpes  :  écoquartiers,  biodiversité   dans  
un   site   industriel,    renaturation  des   cours  d’eau,  jardins  bio  
collectifs,  etc.  
Le  rapport  d’étude  est  à  disposition  en  téléchargement  sur  le  
  site  :   http://www.rhone-­‐alpes.developpement-­‐
durable.gouv.fr/nature-­‐en-­‐ville-­‐r205.html  
C. Une nouvelle région, des défis
Les   documents   8,   9   et   10   présentent   les   défis   à  venir  pour  
la   région   Auvergne-­‐Rhône-­‐Alpes   marquée   par   des  
déséquilibres  territoriaux  entre  les  deux  anciennes  régions.  
 

Doc.  8  –  Les  inégalités  salariales  en  Auvergne-­‐Rhône-­‐Alpes  en  2015  


Le   document   8   est   une   carte   qui   présente   les  inégalités  
salariales   pour   Auvergne-­‐Rhône-­‐Alpes.   Le   salaire   horaire  
moyen   en   euros   est   cartographié   par   commune.   On   peut  
noter  une  opposition  entre  les   anciennes   régions   Auvergne  
et   Rhône-­‐Alpes.   Ainsi   le   salaire   horaire   moyen   est  
globalement   inférieur   à   10  euros   en   Auvergne   (exceptées  
dans   les   communes   urbaines   comme   celles   de   Clermont-­‐
Ferrand)   alors   qu’il   est   largement   supérieur   à   11  euros   en  
Rhône-­‐Alpes.  
Sur   le   site   Internet   de   l’INSEE  
(http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_i  
d=8272),   Farid   Bouagal   explique  :  «  Avec   un  salaire   horaire  
moyen   légèrement   inférieur   à   10  euros,     l’Auvergne   se  
classe   au   15  rang   des   régions   métropolitaines.   Le   Puy-­‐de-­‐
e

Dôme   se   situe   légèrement     au-­‐dessus   de   la   moyenne   des  


départements   de   province.   Les       rémunérations  augmentent  
avec   l’âge   des   salariés   ou   la   taille   de   l’établissement.   De  
même,   certains   secteurs   s’avèrent   beaucoup   plus  
rémunérateurs   que   d’autres.   En   moyenne,   les   Auvergnates  

     
 
 

perçoivent  8,49  €   de   l’heure.   Leurs   homologues   masculins  


touchent  1,4  €  de  plus.  »  
 
Doc.  9  –  «  Une  armature  urbaine  cohérente  »  
Le   document   9   permet   de   présenter   les   éléments   qui  
participent   à   la   cohérence   territoriale   de   la   nouvelle    
région.   L’extrait   de   texte   issu   d’un   article   paru   dans  
Rue89Lyon   présente   l’opinion  du   politologue    spécialiste   de  
la   région   Rhône-­‐Alpes   Daniel   Navrot.   Celui-­‐ci   indique   que  
c’est   l’armature   urbaine   qui   donne   sa   cohérence   à   la  
nouvelle   région.   Reste   à   améliorer,   selon   lui,   les  
infrastructures  de  communication  entre       les  grandes  villes.  

Doc.  10  –  L’A89,  l’autoroute  inachevée  


Le   document   10   illustre   ce   dernier   point.   La   carte  
présente  les  projets  pour  achever  l’autoroute  A89  et  montre    
l’opposition   qui   existe   entre   la  métropole  lyonnaise  et  l’État.  
La   carte   se   trouve   sur   le   site   Internet   suivant  :  
http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Lyon/Politique/Grand-­‐
lyon/Le-­‐Grand-­‐Lyon-­‐unanime-­‐contre-­‐le-­‐barreau-­‐entre-­‐l-­‐
A89-­‐et-­‐l-­‐A6.  
La     métropole   lyonnaise   s’oppose   au   tracé   souhaité   par  
l’État   car   il   a   le   désavantage   de   reporter   les   flux  
autoroutiers   sur   l’A6   et   donc   sur   Lyon.   L’État   fait   la  
promotion  de   son  tracé  sur  le  site  officiel  :http://www.a89-­‐
a6.fr/spip.php?rubrique29.  
Sur   le   site   de   France   3   Rhône-­‐Alpes,   Isabelle   Gonzales    
indique  :   «  Ce   samedi   19  janvier  2013   a   été   inauguré   le  
tronçon   Balbigny   -­‐   La   Tour-­‐ de-­‐ Salvagny,   poussant  
l’autoroute   A89,   aussi   appelée   La   Transeuropéenne,   vers  
l’est.   Une     autoroute     qui     avance,     désenclave   des  
territoires    mais     échoue    sur     une     impasse,    la  Nationale   7,  
à  une  quinzaine  de  kilomètres  de  Lyon  !  
Très   tôt,   des   voix   s’élèvent   pour   dénoncer   l’absurdité   des  
choix   de   tracés.   L’A89   est   la   seule   liaison   autoroutière    
transversale,  elle  a  pour  vocation  de  relier  Bordeaux  à  Genève  
(A46).   À   la   hauteur   de   Lyon,   le   bon   sens   voudrait   que   le  
raccordement   soit   mis   en   place   avec   l’A46   et   non   avec   l’A6,  

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

dont   le   trafic  est   déjà   dense.   Or   le  tracé   s’arrête   à   la   Tour-­‐


de-­‐Salvagny,   commune   du     Grand     Lyon     située     à   une  
quinzaine  de  kilomètres   de   l’agglomération  et   qui,   de   fait,   ne  
peut  absorber     une  telle  augmentation  de  circulation.   Les   élus  
s’y   opposent   mais   aucune  solution   n’émerge   des   différentes  
tentatives   de  conciliation   [...]   l’A89   arrive   et   rien   n’est   prévu  
[...]  C’est  l’impasse  !  »  

» Analyse des documents

Synthétiser  des  informations  


5.  Les  régions  Auvergne  et  Rhône-­‐Alpes  mènent   des     actions  
dans  leurs  champs     de  compétences   qui  portent  en  premier  
lieu   sur   les  transports,   mais   aussi   sur   l’enseignement  et   les  
lycées,     l’emploi   et   la   formation   économique,   sur   le  
déploiement   du   numérique   et   sur   la   protection   de  
l’environnement.  
 

6.   Le   pôle   de   compétitivité   ViaMeca   s’étend  sur  l’ensemble  


des  régions  de  l’Auvergne  et  de  Rhône-­‐Alpes   notamment.   Il  
permet   donc   déjà  de   créer   des   synergies     entre   les   acteurs  
(industrie,  recherche,    etc.)  dans   la  filière  mécanique.  
 

7.   Les   inégalités   socio-­‐économiques   entre   les   deux    


anciennes  régions  peuvent  nuire  à  la  cohérence     territoriale  
de   la   nouvelle   région   Auvergne-­‐Rhône-­‐Alpes,   comme   en    
témoigne  la  carte  des  inégalités  salariales  dans  cette  région.  
Des   conflits   d’aménagement   peuventaussi   émerger,  
comme   en   témoigne  l’exemple  de  l’achèvement  de  l’A89.  
 

8.   Les   projets   portés   par   la   région   doivent   permettre  


d’améliorer   la   cohérence   territoriale,   notamment   par   le  
déploiement  d’infrastructures  de  transport  performantes.  

Vers  le  BAC  


•   La   région   est   un   territoire   de   vie,   car   c’est   un   espace  
articulant   lieux   de   vie,   lieux   de   travail  et   lieux   de    détente.  
(document   1).   C’est   aussi  un     espace  vécu  (document   2)  et    
un     espace   représenté   (document   3)   porteur   d’identités  
(sentiments  d’appartenance).  

     
 
 

•   Dans   le   cadre   de   l’aménagement   régional,   les   acteurs    


publics   et   privés   participent     au   développement   socio-­‐
économique   et   à   la   protection   de   l’environnement.  
(documents   5,  6  et  7).  
•  Les  défis  de  la  nouvelle   région   Auvergne-­‐   Rhône-­‐Alpes   sont  
liés   aux   inégalités   territoriales.   Il   s’agit   pour   les   acteurs  
publiques   et   privés   de   favoriser   le   développement  
économique,   social   et   environnemental   et   d’atténuer   les  
disparités  territoriales  (documents  8,  9,  10).  

BILAN DE L’ÉTUDE DE CAS 2


>  MANUEL  PP.  264-­‐265  
» Les notions à retenir

Réforme  territoriale  
Le   document  1   présente   sous   forme   de   texte   et  de   schéma  
synthétique   la   réforme   territoriale  en  cours.  
Le   site   officiel   du   gouvernement   en   fait   une  présentation  :  
http://www.gouvernement.fr/action/la-­‐reforme-­‐
territoriale.  
Ainsi   que   le   site   vie   publique  :   http://www.vie-­‐  
publique.fr/actualite/dossier/reforme-­‐collectivites-­‐
territoriales/tableau-­‐regions-­‐avant-­‐reforme-­‐
territoriale.html.  

Aménagement  régional  
Le   document   2   présente   sous   forme   de   texte   la   définition  
de   ce   qu’est   un   aménagement  régional  et   l’outil   majeur   de  
planification  :   le   SRADDT.   Le   texte   est   accompagné   d’un  
schéma   sagittal   qui   présente   le   fonctionnement   de  
l’aménagement   régional   par   le   Conseil   régional.  On  y   lit   les  
acteurs,   les   documents   majeurs   et   les   objectifs   de  
l’aménagement  régional.  

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

CARTES
» Les territoires du quotidien
>  MANUEL  PP.  266-­‐267  

Doc.  1  –  L’aménagement  des  territoires  en  France  métropolitaine  


La   carte   présente   les   principales   réalisations   de  
l’aménagement   des   territoires   en   France.   De   nombreux  
aménagements   datent   de   l’âge   d’or   de   l’État   aménageur  
(années  1960),   notamment   les   grandes     zones   industrialo-­‐
portuaires,  les  stations  balnéaires  sur  les  littoraux  atlantique  
et   languedocien,   ou   encore   les   grandes   stations   de   ski  
alpines.   Les   principales   réalisations   récentes   de  
l’aménagement  des  territoires  portent  sur  :  
–   les   réseaux     de     transport     et     de   communication,   avec    
notamment     l’extension   des   lignes   ferroviaires   à   grande  
vitesse   et   la   densification   des   réseaux   autoroutiers   et  
routiers  rapides,  
–   le   développement   économique,   par   exemple   à   travers   le  
soutien     aux     espaces     en     crise   (bassins   de   reconversion  
industrielle,   aide   au   développement   rural)   ou   le  
renforcement   des   espaces   les   plus   dynamiques   (pôles   de  
compétitivité),  
–   la   préservation   des   milieux   (initiée   dès   les   années  1960  
avec  la  création  des  Parcs  nationaux).  
 

Doc.  2  –  Les  bassins  de  vie  


La   carte   représente   les   bassins   de   vie   définis  par  l’INSEE,  
soit  une  autre  façon  de  définir  les  territoires    du    quotidien  :  
non  plus   administrative  mais     fonctionnelle.     L’INSEE  prend    
ainsi     appui     sur  le  recensement     des  services     proposés     à    
l’échelle  de  territoires  locaux  englobant  plusieurs  communes.  

Questions  sur  les  documents  


1.   Les   principales   réalisations   de   l’aménagement   des  
territoires   sont   des   infrastructures   de   transport   et   de  
communication   (autoroutes,   lignes   à   grande   vitesse,   zones  

     
 
 

industrialo-­‐portuaires,   etc.),   des   politiques   de   soutien   au  


développement   économique   ciblés   sur   des   territoires  
spécifiques  (bassins   de  reconversion,  pôles   de  compétitivité,  
etc.),   des   aménagements   touristiques   (balnéaires   et   de  
montagne)   et   enfin   des   zonages   destinés   à   la  protection  de  
l’environnement.  
 

2.   Les   bassins   de   vie   sont   délimités   par   l’INSEE   d’après   le  


nombre   d’équipements   proposés,   sur   une   liste   de   31  
équipements   correspondant   aux  services  les  plus  courants  :  
commerces,   enseignement,   santé,   etc.  Un   bassin   de   vie   est  
donc     un     territoire   organisé     autour     d’un     pôle   disposant  
d’au   moins   14   des   31   équipements  de  base  répertoriés  par  
l’INSEE.  
 

3.   La   question   vise   à   permettre   aux   élèves   de  caractériser  


le   territoire   dans   lequel   ils   évoluent   au   quotidien   en  
passant   de   l’échelle  locale  à  l’échelle  nationale.  
 
COURS 1
Définir les territoires du quotidien
>  MANUEL  PP.  268-­‐269  

Doc.  1  –  Les  mobilités  quotidiennes  en  Bretagne  


Le   document   1   représente   les   mobilités   quotidiennes   en  
Bretagne.   Cette   carte,   réalisée  à    partir   d’une   étude   menée  
par   les   Agences   d’urbanisme   et   de   développement   de  
Bretagne  Sud   en   2015,   mesure   et   cartographie   les   flux  de  
déplacements   pendulaires   (c’est-­‐à-­‐dire   les   navettes  
domicile-­‐travail)   autour   des   principales   aires   urbaines   de  
Bretagne   Sud.   On   rappelle   que   l’INSEE   définit   une   aire  
urbaine   comme   «  un   ensemble   de   communes,   d’un   seul  
tenant   et   sans   enclave,   constitué   par   un   pôle   urbain    
(unité     urbaine)   de   plus   de   10  000   emplois,   et   par   des  
communes   rurales   ou   unités   urbaines   (couronne  
périurbaine)   dont   au   moins   40  %   d e   la   population  
r é s i d e n t e  a yant  un  emploi  travaille  dans  le  p ô l e  ou  dans  
des   communes   attirées   par   celui-­‐ci  ».   Cette   définition    
s tatistique   s’appuie   donc   sur   les   mobilités   quotidiennes  

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

pour   caractériser     le   rayonnement   d’un   pôle   urbain   et   les  


dimensions  d’une  aire  urbaine.  

Doc.  2  –  Des  communes  moins  nombreuses  ?  


Cet  article  tiré  d’un  média  d’information  régionale  soulève  le  
débat  récurrent  sur  l’obsolescence  des  communes  françaises  
héritées   de   la   Révolution,   généralement   jugées   trop  
nombreuses,  mais  dont  la  longévité  ne  se  dément  pas.  

Doc.  3  –  «  Égoïstes  Alsaciens  »  


Le    document   est  un  dessin   humoristique   de  Patrice  Seiler  
publié   en   2014   qui     présente   l’opposition   de   la   région  
Alsace   à   sa   fusion   avec   la   Lorraine.   Cette   opposition   est  
rendue   par   une   scénette   qui   présente   une   demande   en  
mariage         refusée  d’un  Lorrain  à  une  Alsacienne.  
Le   dessin   présente   une   construction   en   symétrie,   où   les  
deux   personnages   s’opposent.  Le  personnage  de  gauche  est  
une   femme   représentant   l’Alsace,   comme   en   témoigne   le  
costume   traditionnel  alsacien   (coiffe   noire   avec   la   cocarde,  
chemisier   blanc   avec   un   corselet   noir,   jupe   rouge  
surmontée   d’un   tablier   noir   brodé)   et   le   panneau   de  
signalisation   Alsace   sur   lequel   elle   s’accoude.   Elle   est  
plantureuse,  ce   qui   cherche   à   rendre   compte   de   l’opulence  
de    la    région.   À  contrario,   le    personnage   de  droite  est   un  
homme   gringalet,   vêtu   comme   un   ouvrier   d’une   chemise  
jaune   et   d’une   salopette   bleue   portant   au   cou   un   foulard  
rouge,   qui   tient   dans   une   main   un   bouquet   de   fleurs   et    
dans   l’autre   u n   panneau   ébréché   sur   lequel   est   inscrit  
«  Lorraine  ».  La  maigreur  et  le  panneau  ébréché  cherchent   à  
traduire   les   difficultés   que   peut   connaître   la   région   (déclin  
industriel,  crise   économique  et   sociale).   Aussi   la   déclaration  
de   l’ouvrier   lorrain   («  je   t’aime     d’un   amour   sincère     et  
véritable  »)   trouve-­‐t-­‐elle   un   écho   négatif   auprès   de  
l’Alsacienne   qui   tient   un   sens   interdit   devant   elle   («  je   te  
l’ai  déjà  dit  et  répété  que  je  voulais  rester   célibataire  »)   qui  
traduit   le   fait   que   la   «  riche  »   région   Alsace   n’est   pas  
favorable  à  sa  fusion  avec  la  «  pauvre  »  région  Lorraine.  

     
 
 

Questions  sur  les  documents  


1.   La   carte   fait   nettement   ressortir   deux   aires   urbaines    
principales  :  Rennes  et  Nantes.    Ces  dernières  se  distinguent  
par   l’étendue   de   leur   aire   urbaine   (représentée   en   grisé   sur  
la   carte),   par   le   volume   des   flux   domicile-­‐travail   (plusieurs  
milliers  de  personnes  par  jour  entre  Nantes  et  Saint-­‐Nazaire  
par   exemple)   et   par   les   distances   parcourues   par   les  
navetteurs  (ainsi,  les  mouvements  pendulaires  à  destination  
de   Rennes   s’étendent   jusqu’à   Lorient,   située   à   environ  
150  kilomètres).  On  remarque  aussi  d’importants  flux  croisés  
entre   ces   deux   métropoles.   Les   autres   aires   urbaines  
cartographiées   (Vannes, Lorient,   Quimper,     etc.)   sont   de   plus  
petites   dimensions,   mais   font   néanmoins   apparaître   que   les  
navetteurs     parcourent     fréquemment   jusqu’à   50  kilomètres  
pour   se   rendre   sur   leur   lieu   de   travail.   Les   dimensions    
inégales   des   aires   urbaines   (et   des   flux   de   déplacements  
quotidiens  associés)  reflètent  le  processus    métropolisation  à  
l’œuvre  sur  le  territoire  français.  
2.   Depuis   1950,   le   nombre   de   communes   n’a  diminué   que  
de   5  %   en   France,   par   opposition  avec   de    nombreux   pays  
européens   qui   ont   vu   leur   nombre   de   communes  
drastiquement   réduit.   La   France   compte   ainsi   un   nombre  
très   élevé   de   communes,   dont   beaucoup   sont   de   petite  
taille  («  on     dénombre  en  France  toujours     près     de  27  000  
communes   de   moins   de   1  000   habitants  »).   Les  
regroupements   de   communes   ont   été    peu    nombreux,   en  
dépit   des   incitations   (loi     Marcellin     de     1971,   nouveau    
statut     de   «  commune  nouvelle  »  en  2010)  et  des  difficultés  
rencontrées   par   les   plus   petites   communes   (difficulté     à    
constituer   une   équipe   municipale).  
Le   député   Paul   Molac   explique   cette   situation   par   le  
«  conservatisme  »   et     l’   «  esprit   de   clocher  »   des   Français,    
qui   «  aiment   leur   village,   leur   mairie,   leur   église   et   leur    
cimetière  ».  Cette  explication,  formulée   en   termes   péjoratifs  
par   le   député   écologiste,   renvoie   à   l’attachement  historique  
et   culturel  aux  communes  héritées  de  la     Révolution.   Celles-­‐
ci   sont     encore   porteuses   d’une  symbolique  qui  en  fait  des  
cadres  d’identification  forte.  
 

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

3.   La   caricature   présente   une   riche   Alsacienne  qui  refuse  la  


demande   en   mariage   d’un   pauvre   ouvrier   lorrain.   Elle    
traduit   l’opposition   à   fusionner   de     la   région   Alsace   envers  
la  Lorraine.  Les  inégalités  socio-­‐économiques  entre  les  deux  
régions     sont,     semble-­‐t-­‐il,   un   élément   déterminant   dans  
cette  opposition.  

COURS 2
Les acteurs de l’aménagement des territoires du quotidien

>  MANUEL  PP.  270-­‐271  

Doc.  1   –   Le   schéma  de   cohérence  territoriale   (SCOT)  du   pays  de   la  


Provence  verte  
Le   document   est   un   extrait   du   Schéma     de   cohérence  
territoriale   élaboré   en   2013   à   l’échelle   du   pays   de   la  
Provence   verte,   c’est-­‐à-­‐dire   au  niveau   d’un   regroupement  
de   communes   et   de   communauté   de   communes   dans  
l’espace   rural.   La   brochure   vise   à   communiquer   sur   ses  
choix   d’aménagement   du   pays   auprès   des   habitants.   La  
stratégie  de     communication  met  en  a vant  la  couleur   verte,  
gage   de   développement   durable   et   référence   a u   n om   du    
pays.     a  photographie  occupe  l’essentiel  de   l’image  :  elle  met  
en   scène   la   vie   quotidienne   des   habitants   dans   un   petit  
village   provençal   (place   du   village   ombragée   par   les  
platanes,   terrasses,   café,   fanfare,   passants,   etc.).   Territoire  
du  quotidien,  le  pays  joue  ainsi  la  carte  de  la  proximité.  
 

Doc.  2  –  Les  Vélo’V  à  Lyon  


Cet     article     tiré   d’un     uotidien     d’information  gratuit   fait  
l’éloge   des   Vélo’V   de   Lyon,   projet  pionnier   emblématique  
de   la   place   croissante   des   partenariats   public-­‐privé   en    
matière  d’aménagement  urbain.  

Doc.  3  –  La  démocratie  participative  dans  les  lycées  et  les  CFA  
Le   document   est   issu   du   conseil   régional   deRhône-­‐Alpes.  
C’est   une   affiche   de   campagne  émise  par     la  région  Rhône-­‐
Alpes,  qui  encourage   à   la   démocratie   participative   dans  les  

     
 
 

lycées  et   les  CFA  à   travers  des  injonctions  telles  «  Ouvrez-­‐là  


!  »,  «  Faire  bouger  les  choses  ».   Il   permet   de   sensibiliser   les  
élèves   aux   enjeux   dont   ces   documents,   mal   connus,   sont  
porteurs.   La   volonté   d’informer,     de  sensibiliser,     sinon     de    
faire  partager  certains  idéaux   fait   partie   d’une   stratégie   de  
formation   citoyenne   et   de   démocratie   qui   se   veut   plus  
participative  et     davantage  ancrée  dans  les  situations  locales.  
 
Questions  sur  les  documents  
1.  Cet   extrait  du  SCOT  du  pays  de   la   Provence   verte  met  en    
évidence   les     différents     thèmes  abordés    dans   le   cadre   des  
politiques   d’aménagement   du   territoire   à   l’échelle   du   pays.  
Ils   se   déclinent   sous   forme   d’icônes   de   couleur   sur     la    
marge     droite   de   la     age  :   formation,  population   et   habitat,  
transport,   énergie,   économie,   agriculture,   tourisme,  
environnement   et   paysage,   culture   et   patrimoine.   On   y  
retrouve   donc   les     axes   habituels   d’un   SCOT,   avec   un  
accent   plus   particulièrement   mis   sur   les   aspects  paysagers  
et   patrimoniaux,  que   l’on   peut   relier  au     développement     du    
tourisme     vert     dans     ce  secteur.  
2.   Les   Vélo’V   lyonnais   constituent   un   très   bon  exemple   de  
partenariat   public-­‐privé.   Côté   public,   c’est   un   EPCI,   la  
communauté   urbaine   du   Grand   Lyon   (aujourd’hui  
métropole),   qui   est   à   l’origine   du   projet.   Côté   privé,   les  
vélos   en  libre   service   sont   dus   à   l’entreprise   JC   Decaux,  un  
groupe   industriel   français   spécialisé   dans   la   publicité  
urbaine.   Ce   partenariat   est   présenté   par   l’article   de  
20   Minutes   comme   un   succès  :   le   Grand   Lyon   a   été  
précurseur   sur   ce   mode   de  déplacement  urbain,   qui   a   par  
la   suite   été   repris   par   de   nombreuses   métropoles  
françaises.   «  Le   vélo   représente   aujourd’hui   5  %   des  
déplacements  quotidiens     observés     dans  l’agglomération  »,  
se  félicite  la  journaliste,  constatant     l’essor     de     ce  mode  de    
transport   durable   de   plus   en   plus   en   vogue.   «  Vélo’V   a  
largement   contribué   à   développer   l’usage   personnel   du  
vélo  »   souligne   ainsi   un   conseiller   municipal.   Satisfait,   le  
Grand  Lyon  s’apprête  à  étendre  le  dispositif  aux     communes  
de     la  première  couronne  lyonnaise.  Ce  type  de  partenariat  

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

est   avantageux   pour   les   deux   parties  :     l’entreprise   assure  


une   délégation   de   service     public   et   bénéficie     en  
contrepartie   d’espaces   publicitaires,   l’intercommunalité  
quant  à  elle  profite  de  l’expertise     et  des  investissements     de    
l’entrepreneur     privé,   qui  assure   la   conception,   la   réalisation  
et  le  fonctionnement  de  l’équipement.  
3.   La   région  Rhône-­‐Alpes  fait   la   promotion  dela  démocratie  
participative   dans   les   lycées   pour   que   les   lycéens    
deviennent     acteurs-­‐citoyens   des   projets  mis   en   place   dans  
leur  lycée.  
 

COURS 3
L’avenir des territoires du quotidien
>  MANUEL  PP.  272-­‐273  

Doc.  1  –  Pôles  d’excellence  rurale  et  de  revitalisation  rurale  en  Corse  
La   Corse   est   un     territoire   insulaire   majoritairement  
montagneux   et   rural,   qui   bénéficie     à   ce   titre   de   différentes  
politiques  d’aménagement  des  territoires  locaux.  La  politique  
des   Pôles   d’excellence   rurale   (PER)   permet   de   valoriser   les  
secteurs   d’activités   les   plus   compétitifs.   La   valorisation  
d’activités   spécifiques   porteuses   d’une   valeur     ajoutée   (enjeu  
de   compétitivité)   se     ombine   avec   des   dispositifs   d’aide   aux  
espaces   en   déprise   (enjeu   de   cohésion)  :   les   espaces   les    
moins   dynamiques   (Balagne,   Castagniccia,   etc.)   sont   classés  
en   Zones   de   revitalisation   rurale   afin   de   bénéficier   d’aides  
spécifiques.  

Doc.  2  –  L’Agenda  21  de  Noisy-­‐le-­‐Grand  (Seine-­‐Saint-­‐Denis)  


Les  Agendas     21     (ou     agendas     pour  le     XXIe  siècle)  ont  été  
popularisés   dès  les  années  1990  à  la   suite   du   Sommet   de   la  
Terre   de   Rio,   ils   sont   la   traduction   concrète   du   slogan  
«  Penser  global,  agir   local  ».    L’Agenda  21   de   Noisy-­‐le-­‐Grand,  
commune   située   en   banlieue   parisienne,   se     donne     pour    
objectif   d’inscrire   le   développement   durable   dans   la   vie  
quotidienne   des   habitants.   Comme   l’ensemble   de   l’aire  
urbaine   parisienne,   ce   territoire   a   été   fortementmarqué  

     
 
 

par   le   phénomène   d’étalement   urbain,   l’usage   massif   du  


transport   automobile,   et   les   diverses   nuisances   liées   à   la  
croissance  urbaine.  

Doc.  3  –  L’aménagement  de  la  ZAC  de  Montsinery  en  Guyane  (2012)  
La     commune     de     Montsinéry     (Guyane)   est  située   au   bord  
de   la   rivière   Montsinéry,   à   une  trentaine  de     kilomètres  de  
Cayenne   par     la   route,     dans     un     espace     forestier     en     cours  
de   défrichement   qui   a   connu   une   forte   croissance  
démographique   (population   communale   multipliée   par   5  
depuis  le  début  des  années  1990).  

Questions  sur  les  documents  


1.   Cinq   PER   valorisent   les   différents   atouts   des   territoires  
corses,   tels   que   la   gastronomie  (filières     viticole   et   apicole),  
l’artisanat  traditionnel  (briqueteries,  tuileries,  arts  du  feu),  la  
culture   (centre   européen   de   la   guitare   par  exemple)   et   le    
patrimoine,   ou   les     richesses  naturelles   (ainsi   le   PER    Sud-­‐
Corse,   lui-­‐même  inscrit     dans   le   périmètre   du   Parc   naturel  
régional   de   Corse,   a   notamment    pour   but   la  valorisation  
du  patrimoine  naturel).  
 

2.   Six   axes   dits   «  stratégiques  »   structurent   le   programme  


d’actions   engagées   par   la   commune   de   Noisy-­‐le-­‐Grand.   L’  
«  aménagement   durable    des    quartiers    et     la  qualité   de   vie  
des   habitants  »   peut   se   référer   à  des     actions     concernant   le  
logement.   L’«  amélioration   des   déplacements  »   peut    
consister   à   améliorer   l’offre   de   transports   en   commun.   La  
«  préservation  de     ’environnement  »     suggère  une     attention    
particulière     portée     aux     espaces  verts  et  à  la  consommation  
des   ressources   (eau,   énergie).   L‘«  exemplarité   de   la   ville  »,  
l’«  investissement   des   citoyens  »   et   l’«  implication   des    
entreprises  »  marquent   la  volonté  de  la  commune   d’associer  
différents   types  d’acteurs  (publics,  privés,  société  civile)  dans  
ce  projet  de  développement   durable.   Les   exemples   du   texte  
montrent   que   ces   actions   touchent   au   quotidien   des  
habitants,   par   exemple   à   travers   implication   des   citoyens   à  
l’échelle   du   quartier   («  formation   d’éco-­‐ambassadeurs   de  
quartier  »).  

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

 
3.   La   Zone   d’aménagement   concerté   de   Montsinéry   prévoit    
différents   aménagements   organisés   sous   forme   de  
«  hameaux  »  :  des  logements,  un  collège,  des  commerces,  des  
espaces   publics   de   détente   et   de   loisirs   («  jardin  intérieur  »,  
«  place   fluviale  »,   etc.).   Il   s’agit   en   somme   de   proposer   un  
cadre  de  vie  attractif  par  son   offre  de  services  et  son   cadre   de  
vie   (mis   en  avant     par     les   images     de   synthèse     en     bas     du  
document)   à   une    population   qui   chercherait   à  s’éloigner     de    
la     côte     du     fait     du     manque     de  terrains  et  de    l’augmentation  
des   prix   immobiliers.   Avec   la   croissance   de   la   population   et  
des   activités,   la   commune   escompte   probablement   des    
retombées     financières  importantes   au   niveau   de   la   fiscalité  
locale.  

RÉVISER
>  MANUEL  PP.  274-­‐275  
» Schémas pour réviser

Doc.  1  –  Le  découpage  territorial  en  France  


Ce   schéma   a   pour   but   de   représenter   de   manière   claire   et  
synthétique  les  différents  échelons   du   fameux   «  millefeuille  
territorial  »   français.   Les   collectivités   territoriales   sont  
dotées   de   compétences   importantes   depuis   les   premières  
lois   de   décentralisation     datant     de   1981.   Si   les   régions,  
départements  et  communes     obéissent  à  une  simple     logique  
d’emboîtement,  l’échelon  communal,  lui,   subit  de   profondes  
mutations   depuis   l’avènement   de   l’intercommunalité   de  
projet   (pays,   EPCI)   au  cours  des  années  1990.  
 
Doc.  2   –  Les  territoires  du  quotidien  
Il  s’agit   ici  d’appréhender  les  territoires  du  quotidien  comme  
des   territoires   vécus.   On   met  l’accent   sur   la   constitution   de  
territoires   du   quotidien   à   géométrie   variable,   non   plus  
administratifs   mais   fonctionnels,   délimités   notamment   par  
les   flux   de   déplacements   quotidiens   (en   particulier   les  
mouvements  pendulaires,     qui     s’effectuent     parfois     sur     de  
grandes  distances).  

     
 
 

Doc.  3  –  Les  transformations  de  la  gestion  territoriale  


Ce   schéma   complète   celui   du   document   1  :   il  rappelle  que  
l’État  n’est  plus  depuis  longtemps  le  seul  maître  d’œuvre  de  
la   politique   d’aménagement   du   territoire,   et   souligne  
l’avènement   d’une     logique   contractuelle   entre   l’État   et  
différents   acteurs   publics   (collectivités   territoriales,   EPCI)  
ou   privés   (entreprises).   La   politique   de   la   ville   à  
destination   des   quartiers   urbains   dégradés   est   à   cet   égard  
emblématique.  
À   partir   de   2014,   le   nouveau     zonage   de   la   politique   de   la  
ville   cible   1  300   quartiers   prioritaires   contre   2  600    
auparavant,   afin    de   concentrer  les   efforts   sur   les   quartiers  
les  plus  pauvres.  
 

Doc.  4  –  Les  compétences  des  régions  françaises  


Ce  croquis  synthétique  rappelle  les  compétences  des  régions  
françaises.  
 
BAC
Composition

» Analyser le sujet et formuler une problématique

Sujet   :   Acteurs   et   enjeux   de   l’aménagement   des   territoires   du  


quotidien  

1.  Analyser  le  sujet  


1.  Définitions  des  termes  du  sujet  
Acteur  :   collectivité   territoriale,   entreprise,  citoyen  exerçant  
une   action  sur   le   territoire.  Enjeu  :   ce   qui   est   à   gagner  ou   à  
perdre.   Aménagement  :   voir   notion   page   258   du   manuel  
Territoires   du     quotidien  :   territoires   vécus   par   leurs  
habitants  dans   leurs   activités  et  mobilités  quotidiennes.  
2.   Problématique  :   reprendre   la   question   posée   dans  
l’exemple.  

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

2.  Mobiliser  et  organiser  les  connaissances  


3  à  5.  Les  idées  contenues  dans  l’exemple  sont  
à  compléter  à  l’aide  du  manuel.  
 
L’exemple   de   plan   proposé   répond   au   sujet  ;   tout   autre  
plan   est   acceptable   s’il   est   cohérent   avec   le   sujet   et   la  
problématique  définie.  

3.  Rédiger  la  réponse  au  sujet  


6   à   9.   L’introduction,   le   développement   et   la   conclusion  
sont   à   rédiger   en   utilisant   les   réponses   aux   questions  
précédentes  de  l’exercice  et  les  exemples  proposés.  
 

10.   Le   schéma   proposé   peut   être   intégré   dans   la   partie   2  


du     développement  (Des  acteurs  nombreux).  

BAC
Schéma

» Qu’est-ce qu’un croquis régional ?


>  MANUEL  PP.  278-­‐  279  

Sujet  :  L’organisation  de  la  région  de  votre  lycée  


 
Cet   exercice   fournit   une   méthode   et   des   pistes   de     travail    
permettant     de     réaliser     un     croquis  régional.  Il  est  conçu  de    
façon   à   pouvoir   s’appliquer   à   la   représentation  
cartographique  de  n’importe  quelle  région.  
1.  Analyser  le  sujet  
1.  L’organisation   du  territoire  est  le  résultat  de  dynamiques  
produites  par  les   sociétés  et   leurs  activités.  
 
2.   Idée   directrice  :   Quelle   organisation   territoriale   est  
produite   par   les   dynamiques   de   ma   région  ?   Ou   bien  :  
comment  est   organisé  le  territoire  de  ma  région  ?  

     
 
 

2.  Mobiliser  les  connaissances  


3.   Le   point   Méthode   liste   les   informations   à  relever   pour  
réaliser   le   croquis.   Les   réponses  aux  questions   posées   dans  
le   guide   de   travail  sont   à   rechercher     sur   Internet     et     dans    
la  documentation  fournie  par  votre  région.  
4.   Des   éléments   de   réponse   sont   fournis   dans  l’exemple.  Le  
choix   des   figurés   et   des   couleurs   doit   impérativement  
respecter  le  langage  cartographique  conventionnel.  
 

3.  Répondre  à  la  consigne  


5.   Le   choix  du   plan   dépend  des   caractéristiques  principales  
de   la   région  :   urbaine,   touristique,   industrielle,   frontalière,  
périphérique,   agricole,  etc.  
En   deux   ou   trois   parties,   le   plan   de   la   légende   fera    
apparaître   les   activités,   les   dynamiques   (ouverture,  
intégration,  dépendance,  etc.)  et   la  diversité  des  territoires.  
Le   titre   du   croquis   peut   être   «  L’organisation  du   territoire  
de   la   région   [nom   de   la   région]  »   ou   tout   autre   libellé  
exprimant  la  même  idée.  

  ©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

Valoriser  
CHAPITRE et  ménager  les  
11 milieux  

>  MANUEL  PP.  280  A  299  

» Programme  et   objectifs  pédagogiques  

«  Valoriser   et   ménager   les   milieux  »   est   l’une   des   quatre  


questions  à  traiter  dans  le   cadre  du   thème  2   «  Aménager   et  
développer   le   territoire   français  »   auquel   le   programme  
préconise   de   consacrer   16   à   17  heures   au   total.   Le  
professeur   peut   construire   son   projet   sur   la   base   de   2   à   3  
heures.  
 

Le   territoire   français   présente   une   grande   diversité   de  


milieux.   Leur   gestion,   en   particulier  la   valorisation   de   leurs  
ressources,   est   l’objet   d’enjeux   économiques,   sociaux   et  
environnementaux   appréciés  différemment  selon   les   acteurs  
qui,   à   différentes   échelles,   y  interviennent.   Des   compromis  
sont   de   plus   en   plus   recherchés   entre   «  valoriser  »   et  
«  ménager  »  ces  milieux.  
Quels   milieux   composent   le   territoire   français  ?   Comment  
les   hommes   les   ont-­‐ils   transformés  ?   Quelles   formes  
d’équilibres   et   de   déséquilibres   (inégalités   socio-­‐spatiales,  
exposition  aux   risques  majeurs,  etc.)  résultent  des  actions  et  
des  aménagements  ?  
 

Quelles  nouvelles  exigences,  parfois   contradictoires,  la  prise  


en   compte   du   développement   durable   introduit-­‐elle  ?  
Comment   valoriser   les   potentialités   du   territoire   tout   en  
préservant   les   ressources  ?   Comment   concilier   la   recherche  
d’une  performance   économique   des  territoires,  soumis  à  la  
concurrence   européenne   et   mondiale,   et   l’équité   entre   les  

   
 
 

citoyens   d’un  territoire   et   entre   les   territoires,   ainsi   que   la  


qualité   environnementale  ?   Comment   mieux   gérer   les  
territoires  en  prenant   davantage  en  compte   les  perspectives  
et  les  regards   des  différents  acteurs  concernés  ?  
 

» Présentation  de  la  question


Le   chapitre   11   fait   suite   à   celui   sur   les   régions   au   sein  
duquel   la   notion   d’aménagement   occupe   une   place  
centrale.   Dans   la   continuité   de   ce   dernier,   il   montre  
comment   les   évolutions   de   l’usage   du   sol,   les   politiques  
d’aménagement   et   celles   de   développement   territorial  
contribuent  tantôt  à  valoriser  les   atouts  des  milieux,  tantôt  à  
fragiliser   leurs  équilibres.   Ces  aménagements  doivent  aussi  
faire  face  à   différentes   contraintes  voire  aux  risques  majeurs.  
 

L’actualité   récente   offre   de   multiples   possibilités   d’entrée  


en   matière,   qu’il   s’agisse   de   l’exposition   du   territoire   aux  
risques  naturels   (inondations   dans   le   Var   et   l’Hérault   en  
novembre  2014,   dans   les   Alpes   du   Nord   en   mai  2015,  
tempête   Jeanne   en   mars  2016   )   ou   des   conflits   d’usages  
parfois   violents   témoignant   des   difficultés   à   trouver   des  
compromis   entre   développement   économique  et  protection  
de   l’environnement   (aéroport   de   Notre-­‐Dame-­‐des-­‐Landes,  
barrage   de   Sivens,   Center   Parcs   de   la   forêt   de   Chambaran,  
etc.).  
 

L’objectif   du   chapitre,  en   particulier  celui   des  exemples,   est  


précisément   de   montrer   comment   la   gestion   durable  
cherche   à   résoudre   certaines   contradictions   entre   la  
tendance   à   la   préservation,   voire   à   la   sanctuarisation   des  
espaces,   et   la   volonté   de   développer   les   territoires   ou   tout  
simplement  les  pratiques  des  acteurs  locaux.  En  croisant  les  
dimensions   sociales,   économiques   et   environnementales  
des   territoires,   ce   chapitre   permet   la   mise   en   relation  
d’une  société   d’un   pays   développé   avec   les   potentialités  de  
son  territoire  et  de  ses  milieux,  une  des  notions  centrales  du  
chapitre.  
 
Le   «  milieu  »   fait   figure   de   concept   phare   de   l’École  
française   de   géographie   qui   domine   la   discipline   dans   la  

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

première   moitié   du   XXe  siècle.   Or,   ses   limites   (dérive  


déterministe,   caractère   daté   lié   à   l’émergence   du   concept  
dans   une   France   encore   majoritairement   rurale)  
apparaissent   avec   l’émergence   du   paradigme  spatialiste  en  
géographie   qui   tend   à   ostraciser   peu   à   peu   la   géographie  
physique.   Le   retournement   de   situation   correspond     au  
développement  d’une  prise  de   conscience  de   la  fragilité  de  la  
«  planète   bleue  »   et   une   forte   demande   sociale   de  
«  nature  ».   La   notion   de   milieu   entre   fréquemment   en  
résonance   avec   celle   d’environnement   qui   se   superpose  
souvent   à   elle   si   bien   qu’il   s’avère   parfois  difficile   d’établir  
une   distinction   claire   entre   les   deux   termes.   L’anglais   ne  
connaît   que   le   terme   environment   et,   en   français,   le   mot  
milieu   est   d’ailleurs   souvent   utilisé   dans   une   acception  
restrictive   sous-­‐entendant   «  milieu   naturel  ».   Le   chapitre  
permet   au   contraire   de   souligner   que   le   milieu   fonctionne  
avant   tout   en   système.   Plutôt   que   de   penser   le   milieu  
comme  une  entité  complètement  extérieure  aux  individus   et  
aux   sociétés,   il   s’agit   de   montrer   qu’il   repose   sur   des  
interactions   entre   nature   et   sociétés.   Le   milieu   naît   des  
potentialités,   des  ressources  et   des   contraintes  offertes   par  
la   nature   d’une   part   et   des   capacités   d’aménagements,   de  
peuplement   et   de   gestion   d’une   population   d’autre   part,  
qui   répondent   elles-­‐mêmes   à   des   valeurs   et   à   des  
représentations.   La   question   des   risques   et   de   leur   gestion  
se   trouve  au   cœur   de   ces   logiques  complexes  d’interactions  
entre   nature   et   sociétés   et   témoigne   de   l’impérieuse  
nécessité  de  ménager  les  milieux.  
 
C’est   précisément   l’objectif   de   la   gestion   durable   qui  
correspond   à   l’utilisation   d’un   milieu   selon   des   modalités  
telles   que   celui-­‐ci   conserve   sa   diversité   biologique,   sa  
productivité  et  ses  capacités  de  régénération.  Il  s’agit  de  faire  
en   sorte   que   ce   milieu   satisfasse   aujourd’hui   et   pour   les  
générations   à  venir  les   fonctions  écologiques,  économiques  
et  sociales  qui  lui  ont  été  attribuées.  Cette  forme  de  gestion  
territoriale,   forcément   envisagée   sur   le   long  terme,  répond  
à   une   démarche   citoyenne   et   concertée.   Chaque   décision  
d’aménagement  répond   donc   à   une   approche   prospective  et  

   
 
 

stratégique   reposant   sur   l’utilisation   raisonnée   des  


ressources   et   la   conciliation   des   différents   usages   d’un  
milieu   tout   en   garantissant   le   maintien,   ou   mieux,  
l’amélioration  des  conditions  de  vie  des  habitants.  
Le   schéma   proposé   doit   faire   écho   aux   trois   piliers   du  
développement  durable  envisagés  sous  cette  forme   ou  sous  
une   autre   dans   le   thème   introductif   du   programme   de  
géographie  de   la   classe  de   seconde.  Comme  dans  le   schéma  
précédent,   il   s’agit   de   montrer   comment   les   différentes  
composantes   d’un   milieu   interagissent   dans   le   cadre   d’une  
gestion   durable.   La   coordination   des   différents   modes   de  
mises   en   valeur   d’un   territoire   passe   par   le  
décloisonnement   du   traitement   des   questions   sociales,    
économiques   et   environnementales.  L’enjeu   est   de   garantir  
le   bien-­‐être   de   la   population   en   conciliant   le  
développement   et   la   compétitivité   d’un   territoire   donné  
avec   la   préservation   de   ses   ressources   et   de   ses   qualités  
environnementales.  Il   s’agit   d’aménager   tout   en   ménageant  
et  de  protéger  sans  sanctuariser.  
 

En   s’appuyant  aussi   sur   des   acquis   de   la   classe  de   seconde  


(sur   la   question   de   l’eau,   sur   les   risques,   les   énergies   ou  
encore   les   littoraux),   l’étude   des   dynamiques   des  
territoires   et   des   acteurs   qui   interviennent   dans   leur  
protection  permet  de  montrer  aux  élèves  que  la  géographie,  
envisagée   dans   sa   transversalité,   se   trouve   au   fondement  
d’une  citoyenneté  active.  
 
» Pour   aller   plus   loin  
BIBLIOGRAPHIE  
• DEBOUDT P., Inégalités écologiques, territoires littoraux et
développement durable, PU du Septentrion, 2010.
• DEPRAZ S., Géographie des espaces naturels protégés. Genèse,
principes et enjeux territoriaux, Paris, Armand Colin, Coll. U
Géographie, 2008.
• LASLAZ L., Les Espaces protégés. Entre conflits et acceptation,
Belin, 2014.
• VEYRET Y., LAGANIER R., Atlas des risques en France. Prévenir
les catastrophes naturelles et technologiques, Autrement, 2013.

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

• BARON-YELLÈS N., « France : Aménager et développer les


territoires », La Documentation Photographique n° 8067, La
Documentation française, 2009.
• « Paris inondé. Les métropoles face aux crues », Textes et
documents pour la classe n° 990, 15 février 2010.
• « Xynthia. Regards de la géographie, du droit et de l’histoire »,
Noroît n° 222, Presses Universitaires de Rennes, 2012.

DOSSIERS  THEMATIQUES  
• DODANE C., Les Nouvelles Forêts françaises. L'exemple
ardéchois, Géoconfluences, 2010.
• HASSID M.-J., L'Agriculture et l'aménagement des domaines
skiables dans les Alpes : des enjeux environnementaux en montagne,
Géoconfluences, 2007.
• HOUET T., Mutations de l'agriculture et politiques de l'eau en
région Bretagne, Géoconfluences, 2009.
• RICHARD-SCHOTT F., La « gestion durable des ressources en
eau » dans le bassin du Rhône, de la théorie à la pratique,
Géoconfluences, 2011.
• RENARD J., RIALLAND-JUIN C., Le Projet d’aéroport de Notre-
Dame-des-Landes : les rebonds d’un aménagement conflictuel,
Géoconfluences, 2013.
• GUILLAUME J., Le Système productif d’énergie de la Basse-
Loire, quelle durabilité ?, Géconfluences, 2014.
SITES  INTERNET  

Bases  de  données  


 

•   Accidents   technologiques  :  
http://www.aria.developpement-­‐  durable.gouv.fr/  
•  Avalanches  :  www.anena.org  
•   Portail   du   Système   d’Information   sur  
l’Eau  :www.eaufrance.fr  
•   Portail   de   la   prévention   des   risques  
majeurs  :www.prim.net  
•   Incendies   de   forêts   en  
Aquitaine  :http://www.feudeforet.org/  
•  Séismes  :  www.sisfrance.net  
Sources  législatives  et  sites  institutionnels  

   
 
 

Site  des  agences  de  l’eau  présente  les  actions  menées  pour  la  
protection   de   la   ressource   hydrique,   en   particulier   la   lutte  
contre  les  pollutions  :  www.lesagencesdeleau.fr  
•   Le   Conservatoire   du   littoral,   chargé   de   la   gestion   des  
littoraux  français  :  www.conservatoire-­‐du-­‐littoral.fr  
•   Le   site   de   la   Direction   Régionale   de   l’aménagement,   de  
l’Environnement   et   du   Logement   (DREAL)   de   Languedoc-­‐
Roussillon   offre   de   nombreuses   ressources   sur   l’étude   des  
risques   (atlas   des   risques   inondables,   dossiers  
départementaux  desrisques  majeurs,  PPR,  etc.)  :  
http://www.languedoc-­‐   roussillon.developpement-­‐
durable.gouv.fr/  
•   Institut   des   Risques   Majeurs   de   Grenoble  :   www.irma-­‐
grenoble.com  
•   Ministère  de   l’Écologie,  de   l’Énergie  et   du  Développement  
durable   sur   les   observations   et   les   statistiques   de  
l’Environnement  :   http://www.statistiques.developpement-­‐  
durable.gouv.fr/  
•  Parcs  nationaux  de  France  :www.parcsnationaux.fr  
 

•   Parcs   naturels   régionaux  :   http://www.parcs-­‐   naturels-­‐


regionaux.tm.fr  
FILMS  
 
• La Réunion, les cirques et les pitons, Paysages d’ici et d’ailleurs,
Arte, 2013.
• La Réunion, le littoral, Paysages d’ici et d’ailleurs, Arte, 2013.
• Presqu'île de Crozon, Paysages d’ici et d’ailleurs, Arte, 2013.
• Ubaye, Paysages d’ici et d’ailleurs, Arte, 2013.
• Le Beaufortain, Paysages d’ici et d’ailleurs, Arte, 2013.
• « Le Parc National des Pyrénées : une aire protégée », La France en
territoires, CNDP, 2012.
• Les Inondations. Les Sorciers prennent l’eau, C’est pas sorcier,
France 3, 2011.
• Méditerranée : sous le béton, la plage, C’est pas sorcier, France 3,
2011.
• Au cœur de la forêt tropicale, C’est pas sorcier, France 3, 2011.
• WEBER O., La Fièvre de l’or, 2008.
• PARISOT C.-J., Le Rhône, la renaissance d’un fleuve, Arte, CNRS
Images et la société lyonnaise Cocottesminute Productions, 2014.
 

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

INTRODUCTION
>  MANUEL  PP.  280-­‐281  

OUVERTURE
>  MANUEL  PP.  280-­‐281  

» Pour   entrer   dans   le  chapitre


Les  exemples  proposés   répondent   à   une  volonté  de  donner  
le   choix   aux   professeurs   entre  deux   types  de   milieux   bien  
distincts   mais   qui   présentent   aussi   certains   enjeux   en  
commun  :   le   littoral   méditerranéen   et   la   montagne   alpine.  
En   effet,   si   ces   deux   espaces   offrent   des   ressources  
valorisées  par  différents  types  d’aménagements  et  d’activités  
pouvant  générer   diverses  pressions   environnementales,   les  
mesures   de   protection   adoptées   diffèrent   selon   qu’on   se  
trouve   dans   un   parc   national   (Calanques)   ou   dans   un   parc  
naturel   régional   (Bauges).   L’un   et   l’autre   des   deux  
exemples   permettent   toutefois   d’aborder   à   la   fois   les  
notions  de   milieu   et   de   gestion  durable.    
Valoriser   les   milieux   et   leurs   potentialités   implique   une  
exploitation   de   leurs   ressources,   ce   qui   conduit   à   leur  
anthropisation   et  peut  déboucher   sur   des   conflits   d’usages  
(cours   1).   Cette   valorisation   est   rendue   possible   par   des  
aménagements   destinés   à   maîtriser   les   risques   et   les  
contraintes   des  milieux  (cours   2).   Ces   aménagements   sont  
susceptibles   de   fragiliser  les   équilibres   de   certains   milieux,  
ce   qui   rend   nécessaire  leur   protection,  en   particulier  par   le  
biais  de  stratégies  de  gestion  durable   (cours  3).  Le   choix   des  
documents   composant   les   cours   a   été   pensé   en  
complémentarité   avec   ceux   des   études   de   cas.   Ils  
permettent   d’aborder   le   territoire   français   dans   toute   sa  
diversité,   du   littoral   atlantique   à   l’Outre-­‐Mer   en   passant  
par  les  espaces  périurbains.  

Doc.  1  –  La  maîtrise  des  contraintes  du  littoral  vendéen  (Bouin)  


Pour   l’essentiel,   le   littoral   vendéen   se   caractérise   par   une  
côte   basse   et   sableuse,   comme   on   peut   le   voir   sur   la  

   
 
 

photographie.  Celle-­‐ci  a  été  prise   dans  le   Marais  breton,  une  


ancienne  baie   colmatée   au  fil   des   siècles   par   les   sédiments.  
Certaines   terres   ont   aussi   été   gagnées   sur   la   mer   par  
l’aménagement   de   polders   dans   les   années  1950-­‐1960.   La  
faible  altitude  de  ces  terrains  (entre  3  et   4  mètres)  les  rend  
vulnérables   aux   inondations   et   aux   submersions   marines  
occasionnées   par   la   conjonction   des   tempêtes   et   des  
grandes   marées.   C’est   pourquoi   le   cordon   dunaire,   fragile  
protection   naturelle,   a   été   renforcé   par   l’aménagement   de  
digues.   De   plus,   un   système   de   fossés   de   drainage   et   de  
vannes   limite   la   pénétration   de   l’eau   salée   à   l’intérieur  
tout   en   évitant   son   inondation   par   les   eaux   douces.  
Plusieurs   activités   ont   ainsi   pu   être   développées,  telles  que  
l’affinage   des   huîtres   au   sein   de   claires   aménagées   à  
l’emplacement  d’ancien  marais  salants  ainsi  que  l’agriculture  
sur  les  polders.  

Doc.  2  –  Aménagement  de  digues  à  Barèges  (Hautes-­‐Pyrénées)


Le   18   juin   2013,   le   village   de   Barèges   a   été  dévasté   par  la  
crue   brutale   d’un   petit   torrent,   le   Bastan,   consécutive   à   la  
conjonction   de   trois   phénomènes   météorologiques.   Après  
un   hiver  caractérisé   par   un   enneigement   exceptionnel   et  à  
basse   altitude   qui   s’est   prolongé   jusqu’à   la   fin   du   mois   de  
mai,   un   réchauffement   rapide   des   températures   (produit  
par   un   effet   de   foehn)   suivi   de   fortes   pluies   a   conduit   à  
une   brutale  fonte   d’énormes  quantités  de  neige  et   à   la   crue  
torrentielle   du   Bastan.   L’enrochement   du   cours  d’eau   dans  
sa   traversée   du   village   (qui   est   à   la  fois   un   centre   thermal  
et   une   station   de   sports   d’hiver)   a   pour   objectif   d’éviter  
l’affouillement   des   berges   et   d’accélérer   la   circulation   des  
eaux,   évitant   ainsi   la   formation   des   embâcles   (barrages   de  
végétaux   et   de  minéraux)  qui  favorisent  les  débordements.  
 
Doc.  3   –   La   protection  de   la   faune  dans  le   massif  de   la   Chartreuse  
(Isère)  
Le   tétras-­‐lyre,   oiseau   symbole   des   Alpes,   fait   partie   des  
espèces   emblématiques   de   la   Chartreuse,   massif   préalpin  

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

situé   entre   Grenoble   et   Chambéry.   Ses   populations   ont  


connu   de   fortes   régressions  suite   à   la   pratique   de  la  chasse  
ainsi   qu’au  déboisement   et   au  développement   de   l’élevage  
qui   détruisent   la   végétation   nécessaire   à   sa   survie.   En  
hiver,   il  se  construit   une  sorte  d’igloo   dans   la  neige  pour   se  
protéger   du   froid.   S’il   est   dérangé,   sa   fuite   le   rend  
vulnérable   car   elle   lui   fait   perdre   ses   réserves   de   graisse.  
Pour   cette   raison,   le   ski   et   la   randonnée   hors-­‐piste   sont  
interdits   dans   les   zones   d’habitat   du   tétras-­‐lyre.   La  
signalétique   destinée   à   l’information   des   touristes   est  
réalisée   par   les   acteurs   départementaux,   comme   l’indique  
le   logo   de   l’Isère   en   bas   à   gauche   de   la   pancarte   et,   à  
droite,   celui   des   espaces   naturels   sensibles,   sites   au  
patrimoine   naturel   remarquable   définis   à   l’initiative   des  
conseils  généraux.  

Cartes
>  MANUEL  P.  282-­‐283  
Les  milieux  :  potentialités,  contraintes,  risques  

Doc.  1  –  Potentialités  et  contraintes  du  territoire  français  


La   carte   des   atouts   et   contraintes   des   milieux  français   se  
présente   avant   tout   comme  un  document   de   synthèse.   Elle  
ne   prétend   donc   pas   fournir   une   présentation   exhaustive  
des   potentialités   et   des   risques   sur   le   territoire   national.  
Elle   peut   être   l’occasion   de   prendre   le   contre-­‐pied   de  
certaines  idées  reçues  sur  l’éternelle  «  hostilité  »   de   certains  
milieux   qui   seraient   particulièrement   difficiles   à  
domestiquer.   Ainsi,   elle   fournit   aux   élèves   les   outils   d’une  
approche   nuancée   de   la   gestion   territoriale  en  déjouant  le  
paradigme   déterministe.   L e   niveau   de   développement   de  
la   France   et   l’ancienneté   de   l’appropriation   de  ce   territoire  
par   les   sociétés   humaines   peuvent   constituer   une   entrée  
pour   expliquer   la   maîtrise   des   contraintes   et   des   risques  
naturels.  
 

   
 
 

Doc.  2  –  La  gestion  des  espaces  naturels  sensibles  en  France  


Si   la   gestion   des   espaces   naturels   sensibles   a   avant   tout  
permis   de   sauvegarder   des   écosystèmes   en   voie   de  
dégradation   ou   d’abandon,   elle   répond   de   plus   en   plus   à  
une   demande   sociale   de   nature   émanant   en   particulier   des  
populations  citadines.  Il  convient   toutefois   de   rappeler   que  
la   France   s’est   engagée   très   tardivement   dans   la   logique  
des   parcs   comparativement   à   l’Amérique   du   Nord et   à   ses  
voisins  européens.  

Doc.  3  –  Les  risques  technologiques  


Il   peut   être   pertinent   de   confronter   la   carte   des   risques  
industriels   avec   une   carte   des   densités  de   population.   Leur  
littoralisation   (Étang   de   Berre,   Le   Havre,   Saint-­‐Nazaire,  
etc.)   et   leur  concentration   en   zone   urbaine   (Rouen,   Lyon,  
Île-­‐de-­‐France,   etc.)   indiquent   que   ces   risques  naissent  de  la  
rencontre   entre   un   aléa   technologique   et   une   vulnérabilité  
sociale.   La  carte   insiste   tout   particulièrement   sur   le   risque  
nucléaire,   une   question   dont   l’acuité   s’est   trouvée  
renforcée   suite   à   l’explosion   en   mars  2011  de  la  centrale  de  
Fukushima  au  Japon.  
 
Questions  sur  les  documents  
1.   Le   nord   de   la   France   présente   des   plaines   aisément  
aménageables  qui  ont  favorisé  l’étalement  de   grandes  villes  
mais   aussi   le   développement   de   puissants   espaces  
agricoles.   Le   territoire   français   est   ouvert   sur   différentes  
espaces  maritimes,  de  la  mer  du  Nord  à  l’Océan  Atlantique  et  
à  la  mer  Méditerranée.  Il  communique  avec   les   pays  voisins  
grâce  à  différents  couloirs   de  communication  (fossé  rhénan,  
vallée   de   la   Moselle).   D’autres   couloirs   de   transports  
facilitent   les  communications   à   l’intérieur   du   pays   (vallées  
de   la   Seine,   du   Rhône   et   de   la   Garonne).   Le  sud   du   pays  
bénéficie   d’un   ensoleillement   propice   à   l’agriculture   (en  
particulier  la  viticulture,  le   maraîchage  et   l’arboriculture)  et  
à   l’attractivité   touristique.   En   montagne,   certaines  
contraintes   peuvent   aussi   être   considérées   comme   des  

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

ressources  («  or  blanc  »,  dénivellations  susceptibles  d’attirer  


les  skieurs,  paysages  spectaculaires).  
2.   Sur   le   territoire   métropolitain,   le   milieu   méditerranéen  
concentre   un  grand  nombre  de  risques   liés   à   un   climat   qui  
est   marqué   par   les   extrêmes   (sécheresse,   incendies,  
orages).  La  pente  constitue  le  principal  facteur  de  risque  dans  
les   milieux   montagnards   où   les   avalanches   mais   aussi   les  
glissements   de   terrain   peuvent   se   montrer   dévastateurs.  
Les   milieux   tropicaux   sont   eux   aussi   particulièrement  
exposés   à   des   risques   d’une   grande   diversité,   à   la   fois  
climatiques   (cyclones,   pluies   tropicales)   et   telluriques  
(volcanisme  et  séismes).  
3.   La   carte   2   fait   apparaître   la   spécificité   des   milieux  
littoraux  dans  la  mise  en  œuvre  de  stratégies  de  protection.  
En   effet,   ils   concentrent   les   pressions   (fréquentation  
touristique,   baléarisation)   et   les   conflits   d’usage   (tourisme,  
pêche,   chasse,   etc.).   Si   les  parcs  et  autres     espaces  naturels  
protégés   reflètent   la   diversité   des   milieux   (zones   humides,  
espaces   forestiers   etc.)   près   de   la   moitié   d’entre   eux   sont  
localisés   dans   des   zones   de   moyenne   montagne   souvent  
touchées   par   la   déprise   rurale.   D’autres   visent   la   limitation  
de   la   pression   foncière   au   sein   des  territoires  périurbains.  
Tandis   que   les   parcs   nationaux   concernent   surtout   des  
espaces   de   haute   montagne   en   France   métropolitaine   (à  
l’exception  des  Cévennes,  des  Calanques  et  de  Port-­‐Cros),   ils  
correspondent   davantage   à   des  espaces   de   forêt   tropicale  
dans   les   territoires  ultra-­‐marins.   Les   uns   et   les   autre   ont  
en   commun   de   présenter   des   paysages   et   des   milieux  
encore  préservés  mais  fragiles.  

4.   Les   risques   technologiques   sont   souvent   concentrés   sur  


les   littoraux   et   dans   les   grandes   vallées   fluviales   dans   la  
mesure   où   la   présence   de   l’eau   a   été   un   facteur  
d’industrialisation.  Or,   les  littoraux   sont   exposés   au   risque  
de   submersion  marine  et  les  vallées  aux  inondations.  

   
 
 

COURS 1

>  MANUEL  PP.  284-­‐285  

Valoriser les milieux et leurs potentialités

Doc.  1  –  La  mise  en  valeur  des  milieux  alsaciens  


Mettre   en   évidence   les   liens   entre   la   topographie   et   la  
spécificité   des   formes   de   mise   en   valeur   ne   revient   pas  
forcément   à   adopter   une   posture   déterministe.  
L’organisation   méridienne   des   spécialisations   agricoles   en  
Alsace   obéit   à   l’adaptation   des   sociétés   rurales   aux  
potentialités   et   aux   contraintes   des   différents   milieux.  
Ainsi,   en   Alsace,   la   viticulture   se   concentre   sur   les   pentes  
les   mieux   adaptées   à   la   maturation   du   raisin   et   les  
villages   occupent   le   piémont   des  Vosges.   Moins   délicate   et  
nécessitant   mois   d’entretien,   la   forêt   a   été   reléguée   sur   les  
pentes   de   la   montagne   vosgienne.   Si   ces   pentes   peuvent  
s’avérer   contraignantes,   elles   ont   offert,   au   cours   de  
l’histoire,   des   sites   défensifs   et   perchés,   fortifiés   par   des  
châteaux  permettant   de  voir  arriver  l’ennemi.  

Doc.  2  –   Les  aménagements  de  la  vallée  du  Rhône  


Deux   sociétés   ont   joué   un   rôle   majeur   dans   la   mise   en  
valeur   des   ressources   hydrauliques   offertes   par   le   Rhône.  
Depuis  1993,  la  Compagnie  Nationale  du   Rhône  est   chargée  
par   l’État   d’assurer   la   navigabilité   du   fleuve   tout   en  
valorisant   son   potentiel   énergétique.   Principale  
concurrente  d’EDF  sur  le  territoire  national,  elle   exploite   19  
centrales  hydroélectriques  qui   lui  permettent  d’assurer  3  %  
de   la   production   électrique   française.   Créée   en   1955,   la  
compagnie   d'aménagement   du   Bas-­‐Rhône   et   du  Languedoc  
gère  la  maîtrise  de  l’eau  dans  la  basse  vallée  du  fleuve.   Dès  sa  
création,  elle  a  eu  pour   objectif   d’approvisionner   en   eau   les  
stations   balnéaires   du   littoral   languedocien   qui   étaient  
aménagées   à   la   même   époque.   Elle   a   aussi   permis   le  
développement   agricole   des   Costières   de   Nîmes   et   de   la  

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

Camargue   grâce   à   l’aménagement   de   nombreux   canaux  


d’irrigation.  
 
Doc.  3  –  La  construction  du  barrage  de  Sivens  (Tarn)  
À   la   date   de   parution   de   l’article,   le   conflit   autour   de  
l’aménagement   du   barrage   de   Sivens   n’a   pas  encore   connu  
la   médiatisation   provoquée   par   la  grève   de   la   faim   de   trois  
opposants   au   projet   et   surtout   la   manifestation   du   25-­‐
26  octobre  2014  au  cours   de  laquelle  un  jeune   manifestant  a  
trouvé  la   mort.   Ce   projet   remonte   aux   années  1960   et   à   la  
création   de   la  Compagnie   d'Aménagement   des  Coteaux   de  
Gascogne,   société   d'économie   mixte  chargée   de   la   maîtrise  
de   l'eau   dans   un   but   d'aménagement   régional.   Elle   en   assure  
aujourd’hui   encore   la   maîtrise   d’ouvrage.   Outre   le   contexte  
hydrologique  et  économique  (gestion   des  étiages,  expansion  
de   la   maïsiculture   intensive   irriguée)   et   les   termes   du  
débat   (développement   économique   contre   sanctuarisation  
de   la   nature),   cet   exemple   permet   d’aborder   le   rôle   des  
différents   acteurs   dans   la   mise   en   œuvre   du   projet,   en  
particulier   les   modalités   d’implication   des   citoyens  dans  le  
processus  décisionnel.  

Questions  sur  les  documents  


1.   La   localisation   du   vignoble   sur   l’escarpement   peut  
s’expliquer  par  un  faisceau  de  facteurs  :  exposition  au  soleil,  
sols   bien   égouttés   et   surtout   d’une   grande   diversité   à  
l’origine   d’une   multiplicité   de   terroirs.   L’eau   est   valorisée  
par   de   multiples   usages  :   consommation   domestique   (en  
particulier   urbaine),   production   énergétique  
(hydroélectricité   et   refroidissement   des   centrales  
nucléaires),   agriculture   (irrigation),     transport   (navigation  
fluviale).  
2.   Les  conflits  d’usages  autour  de  l’eau   sont   potentiellement  
nombreux,   surtout   dans   les   régions   méridionales   où   la  
sécheresse   estivale   peut   être   importante.   Les   tensions   au  
sujet   de   la   construction   du   barrage   de   Sivens   témoignent  
des  divergences   entre  la  volonté  de  développer  l’agriculture  

   
 
 

intensive  et  celle   qui  consiste   à  protéger   une   zone   humide  


en   raison   de   ses   fonctions   (hydrologiques,   biologiques)   et  
de   ses   valeurs   (préservation   de   la   réserve   en   eau   et   de   la  
biodiversité,   prévention   des   risques   naturels).   Dans   le  
sillon   rhodanien,   les   plus   forts   besoins   en   eau   se  
concentrent   durant   l’été   alors   que   la  ressource   se  fait  plus  
rare  :   les   cultures   fruitières   et   légumières   sont  
abondamment   irriguées,   tandis   que   les   usages  
domestiques   et   touristiques   sont   intenses   (remplissage  
des   piscines,   douches)   et   qu’il   faut   maintenir  
l’approvisionnement   des   centrales   nucléaires   et  
hydroélectriques.  
 
EXEMPLE 1
>  MANUEL  PP.286-­‐287  

La  gestion  durable  d’un  milieu  montagnard  :  le  massif  des  Bauges  

Doc.  1  –  Les  Bauges,  un  territoire  montagnard  


Cette   carte   met   en   évidence   les   différentes   ressources   du  
massif   des   Bauges.   Elle   souligne   notamment   l’ambivalence  
de   certaines   ressources   de   la   montagne   qui   peuvent   aussi  
apparaître   comme  des  contraintes.   Ainsi,   bien   que   la   pente  
et   l’altitude   aient   permis   le   développement   des   sports  
d’hiver,   elles   ont   longtemps   contribué   (et   y   participent  
toujours)   à   l’enclavement   du   massif,   comme   en  
témoignent   les   routes   en   lacet   et   les   cols   qui   limitent   la  
circulation   ou   encore   le   fait   que   les   cultures   ne   sont  
présentes   qu’à   la   périphérie   du   parc,   l’élevage   s’avérant  
plus  adapté  aux  contraintes  de  la  montagne.  
 
Doc.  2  –  Une  production  locale  :  la  tome  des  Bauges  
Géré   par   le   Syndicat   Interprofessionnel   de   la   tome   des  
Bauges,  le  site  Internet  dont  est  extraite  cette  page  permet  de  
travailler  sur   les   ressources  et  les   fonctions   des   alpages.   La  
richesse   floristique  des   pelouses  d’altitude   offre  aux   vaches  

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

une  alimentation  qui    confère    toutes  ses  qualités  gustatives  


à   la   production   fromagère   locale.   La  richesse  du  terroir  des  
Bauges   repose   aussi   sur   des   savoir-­‐faire   locaux   comme   le  
soulignent   les   indications   textuelles.   Le   logo   en   bas   à  
droite   indique   d’ailleurs   que   cette   production   fait   l’objet  
d’une   Appellation   d’Origine   Protégée   dont   l’objectif   est  
d’assurer   au   consommateur   que   toutes   les   étapes   de   sa  
fabrication   ont   été   réalisées   dans   une   aire   géographique  
délimitée,   de   la   production   du   lait   jusqu’à   l’affinage   des  
fromages.   Les   logos   situés   en   bas   à   gauche   soulignent  
l’importance   du   soutien   des   collectivités   locales   (PNR,  
conseil   général,   conseil   régional)   et   de   l’Union   Européenne  
(programme   LEADER   de   «   Liaison   Entre   les   Actions   de  
Développement   de   l’Économie   Rurale   »)   aux   producteurs  
de   tome  des  Bauges.  
 
Doc.  4  –  La  station  de  ski  du  Revard  
Regroupé   avec   La   Féclaz   et   Saint-­‐François-­‐de-­‐Sales,   la  
station   du  Revard  forme   le  1  domaine   de  ski  nordique   en  
er

France   sous   le   nom   de«  Savoie   Grand   Revard  ».   Si   sa  


fréquentation   est   loin   d’atteindre   celle   des   grandes  
stations   de   la   Vanoise,   elle   bénéficie   de   la   proximité  
immédiate   des   pôles   urbains   d’Annecy,   de   Chambéry   et  
d’Aix-­‐les-­‐Bains  situés  à  30  minutes  en  voiture.  
 
»Analyse   des  
documents    

Prélever  et  confronter  des  informations  


1.   Les   ressources   naturelles   dont   disposent   les   Bauges  
sont  à  la  fois  paysagères,  végétales  (forêt,  prairies  d’altitude)  
et  liées  au  climat  (neige).  
 

2.   Les   agriculteurs   et   les   bûcherons   valorisent   les   matières  


premières   végétales   tandis   que   les   professionnels   du  
tourisme   et   les   touristes   eux-­‐mêmes   tirent   profit   des  
paysages   des   Bauges   et   de   la   ressource   en   neige.   Les  
collectivités   locales   soutiennent   le   développement   d’une  
agriculture  de  qualité,  respectueuse  de  son  environnement.  
 

   
 
 

3.   Cette   carte   thématique   identifie   les   ressources   et   les  


usages   des   Bauges.   Les   aménagements   réalisés   valorisent  
les   fonctions   écologiques   (biodiversité),   esthétiques  
(aménités   paysagères),   sociales   (résidences,   loisirs)  
etéconomiques   (agriculture,   sylviculture,   tourisme)   de   cet  
espace  montagnard.  

Décrire  une  situation  géographique  


4.   La   qualité   des   prairies   d’altitude   est   mise   à  profit  par  les  
éleveurs  bovins  qui  ont  développé  une  filière  lait  destinée  à  
la  production  de  fromages.  La   neige   et   la   pente   ont  permis  
le   développement   des   sports   d’hiver.   La   beauté   des  
paysages   et   la   richesse   de   la   biodiversité   ont   aussi   favorisé  
différentes  activités  récréatives  (chasse,  tourisme  vert).  
 
COURS 2
>  MANUEL  PP.  288-­‐289  

Maîtriser  les  contraintes  des  milieux  

Doc.   1   –   Surmonter   les   contraintes  :   le   vignoble   d’Irouléguy   (Pays  


basque)  
Situé  dans  la   partie  occidentale  de   la   chaîne  pyrénéenne,   le  
vignoble   d’Irouléguy   fait   partie  des  moins   vastes   de   France.  
Il   se   déploie   sur   des   pentes   entre   200   et   300   mètres  
d’altitude   dans   une   zone   exposée   aux   pluies   océaniques.  
Certaine   années,   celles-­‐ci  peuvent   donner   de  forts  cumuls  
qui,   associés   à   la   pente,   favorisent   le   ravinement   et   les  
glissements  de  terrain.  Les  viticulteurs  se  sont  donc  adaptés  
à   cette   contrainte   en   aménageant   des   terrasses   grâce   à   la  
construction   de   murs   de   soutènement.   Ces   terrasses   de  
culture   étaient   autrefois   très   répandues   dans   le   sud   de   la  
France  (Cévennes,  Provence,  Corse)   mais   la  déprise  rurale  a  
contribué   à   l’abandon   et   à   la   disparition   d’une   grande  
partie  d’entre  elles,  faute  d’entretien.  La  vitalité   du   vignoble  
basque   et   la   forte   valeur   ajoutée   de   cette   production  
expliquent  largement  les  soins  minutieux  dont  font  l’objet  les  

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

terrasses   d’Irouléguy   et   de   ses   environs,   à   l’origine   d’un  


paysage   singulier   dont   on   peut   aussi   trouver   quelques  
exemples   dans  le  Roussillon   (vignoble  de  Banyuls).  

Doc.  2  –   La  prévention  du  risque  de  tsunami  en  Polynésie  


La   rareté   de   la   survenue   des   tsunamis   dans   l’archipel  
polynésien   a   largement   contribué   à  atténuer   la   conscience  
du   risque   chez   ses   habitants,   comparativement   à   ceux  
d’autres   pays   bordés   par   l’océan   Pacifique   plus   souvent  
concernées   (Japon,   Chili)   en   raison   de   leur   localisation  sur  
la   Ceinture   de   feu.   C’est   dans   ce   contexte   que   les   récentes  
catastrophes  survenues  Asie   du   Sud-­‐Est  (2004)   et   au  Japon  
(2011)   ont   incité   l’État     français   à   améliorer   la   conscience  
du   risque   au   sein   de   la   population   locale   en   lançant   des  
campagnes   de   prévention.   En   cas   d’alerte,   les   populations  
sont   invitées   à   se   réfugier   sur   les   hauteurs   de   ces   îles  
montagneuses.   Il   convient   cependant   de   signaler   que   les  
pouvoirs  publics  ont  laissé  urbaniser  des  littoraux  fortement  
exposés   au   risque   de   submersion,  notamment  à   Tahiti   et   à  
Moorea.  
 
Doc.  3  –  Les  risques  industriels  à  Mardyck,  commune  de  Dunkerque  
 
Avec   quinze   installations   classées   Seveso,   la   zone  
industrialo-­‐portuaire   de   Dunkerque   fait   partie   des  
territoires   les   plus   concernés   par   le   risque   industriel   en  
France.   Situé   à   proximité   immédiate   de   l’usine   Polimeri  
spécialisée   dans   les   matières   plastiques,   d’une     voie   ferrée  
destinée   au   transport   des   produits   chimiques   et   de  
réservoirs   d’hydrocarbures,   le   village   de   Mardyck   constitue  
la   partie   la   plus   exposée   de   l’agglomération.   Au   risque  
d’explosion,   il   faut   ajouter   les   rejets   réguliers   d’émanations  
polluantes   à   l’origine   de   maladies   respiratoires   et,  
potentiellement,   de   cancers.   Le   classement   «  Seveso  »   des  
usines   voisines   a   conduit   à   la   définition   de   zones   de  
sécurité,   l’une   à   risque   de   blessures   graves   (Z1)   et  l’autre  à  
risque   mortel   (Z2)   dont   les   périmètres   définis   par   les  
entreprises   elles-­‐mêmes   sont   contestés   par   les  habitants.  Il  

   
 
 

a   régulièrement   été   question   d’exproprier   une   partie   des  


habitants  et   de   les  faire   déménager.   Le  Plan   de   Prévention  
des  Risques  Technologiques  de  la  commune  de  Dunkerque  a  
fini   par   opter   pour   l’interdiction   de   la   poursuite   de  
l’urbanisation   et  la  sécurisation  du  bâti  existant.  

Question  sur  les  documents  


Les   documents   1   et   2   renvoient   à   des   risques   naturels.  
Dans   le   premier,  les   terrasses  visent   à  limiter  les   effets   du  
ravinement   qui   peuvent   naître   de   la   conjonction   de   la  
pente  et  des  fortes   pluies.   Le  second   renvoie  à  la  prévention  
du   risque   de   raz-­‐de-­‐marée   consécutif   à   un   tsunami  
déclenché   par   un   séisme.   Le   troisième   porte   sur   le   risque  
industriel   lié   à   la   fabrication   et   au   transport   de   produits  
chimiques.   Les   rideaux   d’arbres   qui   entourent   le   village   de  
Mardyck   font   figure   de   protection   bien   dérisoire   fac   à   son  
niveau   d’exposition   au   risque,   conséquence   d’une   grande  
proximité  entre  les  habitations   et  les  réservoirs  de  pétrole,  
l’usine   pétrochimique   et   les   wagons   transportant   des  
produits  chimique  
 
COURS 3
>  MANUEL  PP.  290-­‐291  

Protéger  les  milieux  fragiles  

Doc.  1  –  Agir  pour  respecter  l’environnement  


L’insularité   de   la   Corse   rend   particulièrement   criante   la  
question  de  la  gestion  des  déchets  dans  la   mesure  où  il   faut  
pouvoir  stocker  et   traiter  sur  un   territoire   réduit   la   masse  
des   ordures   issues  des   habitants   mais   aussi   des   touristes.  
Au   cours  des   années  2000   et   2010,   plusieurs   déchetteries  
ont   été   aménagées   pour   se   substituer   aux   décharges  
«  sauvages  »   qui   existaient   sur   l’île,   non   sans   conséquences  
néfastes  sur  les  paysages.  Cette   campagne   de   sensibilisation  
des   citoyens   fait   suite   à   une   phase   de   rationalisation  

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

administrative   de   la   gestion   et   du   traitement   des   déchets  


par  les  collectivités  locales.  

Doc.  2  –  Les  conséquences  de  l’orpaillage  clandestin  en  Guyane  


L’or   guyanais   n’est   pas   exploité   dans   des   mines   mais   au  
sein   de   placers   alluviaux   situés   le   long   des   «  criques  »  
(cours   d’eau)   dans   la  forêt   amazonienne.   Si   une   trentaine  
d’entreprises   exercent   l’activité   d’orpaillage  dans   un   cadre  
légal,   des   milliers   de   «  garimpeiros  »,   le   plus   souvent  
brésiliens   ou   surinamiens,   travaillent   dans   la   clandestinité.  
La  dispersion   des   sites   d’exploitation   et   leur  caractère  non  
encadré   conduisent   à   former   des   clairières   dans   la   forêt,  
causant   de   lourds  dommages  à  la  végétation  mais   aussi   à  la  
faune  privée   de  son   habitat.   L’usage   du   mercure  contamine  
toute   la   chaîne   alimentaire,   jusqu’à  l’homme,   et   les   cas   de  
malformations   sont   fréquents   chez   les   nouveau-­‐nés  
amérindiens,  ce  qui  témoigne   du   risque   d’une   diffusion   de  
la  maladie  de  Minamata.  

Doc.  3  –  Le  développement  de  parcs  éoliens  en  mer  


Mal   dotée   en   énergies   fossiles,   la   France   a   fait   le   choix   du  
nucléaire  qui   présente   l’avantage   de  ne  pas  émettre   de  CO2  
et   de   garantir   une   certaine   indépendance   énergétique.  
Cependant,   la   catastrophe   de   Fukushima   au   Japon   en   mars  
2011   témoigne   des   difficultés   à   construire   un   avenir  
énergétique  durable.  Si,  comme  la  Bretagne,  la  Picardie   et  la  
Champagne-­‐Ardenne,  la  Haute-­‐Normandie   se  démarque  peu  
du   point  de   vue   de   sa   capacité  de   production  au   sol,  elle  se  
veut   en   pointe   concernant   le   développement   des   parcs  
éoliens   offshore.   Ainsi,   un   projet   mené   par   EDT   et   Alstom  
est   prévu   au   large   de  Fécamp.   Un  autre,   conduit   par  GDF-­‐
Suez   et  Areva,  doit  être  mis  en  service  en  2020  au  large  du  
Tréport.   À   la   faveur   de   ces   aménagements,  c’est   toute   une  
filière   économique   qui   est   en   train   d’émerger   dans   la  
région,  de  la   formation  à   la   maintenance   en   passant   par   la  
fabrication   et   la   logistique.   Cependant,   le   projet   fait   face   à  
certaines   protestations.   Les   pêcheurs   du   Tréport   estiment  
que  l’implantation   des  éoliennes  va  compliquer  leur  travail  

   
 
 

dans   une   zone   particulièrement   poissonneuse.   Les  


écologistes   et   certains   habitants   craignent   aussi   une  
dégradation   du   paysage.   Les   professionnels   du   tourisme  
redoutent   une   diminution   de   l’attractivité   touristique  de   la  
côte  d’Albâtre.  
Questions  sur  les  documents  
1.  L’orpaillage  clandestin  a   des  conséquences  en  chaîne   sur  
les   milieux   guyanais   dont   il   perturbe  tous   les   aspects.   Sur  
le   plan   environnemental,  l’utilisation  du   mercure  contribue  
à   la   pollution  de   l’eau   tandis   que   la   déforestation   détruit  
les  écosystèmes  de  la  forêt  amazonienne.  Les  conséquences  
sont   à   la   fois   sanitaires   (contamination   au   mercure   des  
ressources   halieutiques   pêchées   et   consommées   par   les  
Amérindiens)   et   économiques   (destruction   des   territoires  
de  chasse  et  de  cueillette  des  autochtones).  
 

2.   Il   s’agit   de   politiques   curatives   qui   visent   à   limiter   les  


effets   de   certaines   pratiques   sur   l’environnement.  En   Corse,  
l’objectif  est   de  limiter   la   pollution  en   terre   comme  en   mer,  
en   incitant   les   habitants   à   jeter   leurs   ordures   dans   les  
déchetteries.  En  Haute-­‐Normandie,  l’objectif  est  d’augmenter  
la  production  d’énergies  renouvelables  pour  contribuer  à   la  
réduction  des  gaz  à  effet  de  serre.  
 
EXEMPLE 2
 
Ø MANUEL  PP.  292-­‐293  
 
La  protection  d’un  milieu  fragile  :  les  Calanques  
 
Doc.  1  –  Un  incendie  dans  la  calanque  de  Sormiou  
Le   dernier   grand   incendie   survenu   dans   les   Calanques   a  
détruit   1  100  hectares   de   végétation   en   2009.   La   situation  
périurbaine   du  site  engendre  une  forte  fréquentation  et  une  
démultiplication   des   comportements   inadaptés   (mégots  
jetés   dans   la   nature,   bivouacs).   Le   caractère   escarpé   du  
site   complique   l’intervention   des   pompiers,   dans   un  

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

contexte   climatique   conjuguant   sécheresse   et   vents  


violents.  
 
Doc.  2  –  La  pollution  aux  boues  rouges  
Les   enjeux   économiques   et   environnementaux  entrent   ici  
en  contradiction  :  les  rejets  de  l’usine  polluent   la   mer   mais  
la   fermeture   du   site   entraînerait   la   suppression   de   1  400  
emplois   directs   et   induits.   En   septembre  2014,   le   conseil  
d’administration   du   Parc   a   donné   son   feu   vert   à  
l’autorisation   de   déverser   en   mer   84  tonnes  d’effluents  par  
an.   Face   au   tollé   suscité   par   cette   décision,   la   Ministre   de  
l’Ecologie  a   commandé   trois  expertises  dont  les  conclusions  
divergentes  l’ont   conduite  à   demander  le   report  de  l’enquête  
publique   afin   que   des   études   complémentaires  
indépendantes  soient  menées.  

Doc.  3  –  Le  parc  national  des  Calanques  


La   carte   souligne   le   fait   que   l’essentiel   du   parc   (84  %)   est  
constitué   d’espaces   marins  tandis  que  la  partie  terrestre  ne  
représente   que   16  %   de   sa   superficie   totale.   Ces   deux  
milieux   font   l’objet   d’activités   spécifiques  :   pêche   et  
navigation   de   plaisance   pour   l’un,   randonnée,   chasse   et  
agriculture   pour  l’autre.  Ces  pratiques  sont  en  grande  partie  
le   fait   de   citadins,   comme   l’indique   la   proximité   de   l’unité  
urbaine  marseillaise  (1,6  million  d’habitants)   qui  encercle  le  
parc  des  Calanques.  

Doc.  4  –  Les  «  écogardes  »  du  parc  des  Calanques  


En   travaillant  à   l’interface   entre   la   protection  et  l’étude  des  
milieux   d’une   part,   et   la   sensibilisation   des   usagers   d’autre  
part,   les   écogardes   reflètent   l’ambition   de   gestion   durable  
qui  a  présidé  à  la  création  du  parc  des  Calanques.  
 Analyse  des  documents  

Prélever  et  confronter  des  informations  


1.   Les   Calanques   sont   un   territoire   littoral   qui   met   en  
contact   une   partie   terrestre,   composée   de   forêts,   de  

   
 
 

garrigues  et  d’espaces  agricoles,  et  une  partie  marine.  Si  les  
espaces   urbains   sont   exclus   du   parc,   on   voit   néanmoins  
qu’ils   s’étendent   au   plus   près   de   son   périmètre.   On   peut  
donc   aussi   considérer   les   Calanques   comme   un   territoire  
périurbain.  

2.   La   partie   terrestre   du   parc   est   confrontée   à   la  


surfréquentation   touristique   et   aux   incendies.   La   partie  
marine   est   touchée   par   les   pollutions   industrielles   et  
urbaines   ainsi   que   la   dégradation   des   fonds   sous-­‐marins  
par   les  filets  de  pêche.  

3.   Il   existe   des   stratégies   curatives   (réglementation  


juridique   pouvant   conduire   à   la   verbalisation,   nettoyage  
des   côtes)   et   des   démarches   préventives   (sensibilisation   des  
usagers   par   le   biais   de   plaquettes   d’information   et   des  
écogardes  ou  la  participation  aux  opérations  de  nettoyage).  
 
RÉVISER

>  MANUEL  PP.  294-­‐295  

Chiffres-­‐clés  

Les  données  choisies  visent  à  fournir  aux  élèves  des  chiffres  


aisément   mémorisables   sur   l’ensemble   des   thématiques  
abordées   dans   le   chapitre.   Il   a   semblé   nécessaire,   avant  
tout,  de  rappeler  une   donnée  de   base  (superficie  nationale)  
que   les   élèves   peuvent   mobiliser   à   différentes   fins  :   calcul  
de  densité,  comparaison  avec  d’autres  pays,  etc.    
Les   chiffres-­‐clés   sur   es   risques   illustrent   l’ampleur   de  
l’exposition   des   territoires   en   France.   Plutôt   que   de  
susciter   des   réflexes   alarmistes,   ils   permettent   de   montrer  
aux   élèves   la   bonne   connaissance   des   risques   majeurs   au  
sein   de  l’espace   national,   un   préalable   nécessaire  à   la  prise  
de  mesure  adaptée.  L’ensemble  est  complété  par     quelques  
données   sur   les   politiques   de   protection   des   milieux.   La  
part   des   espaces   protégés   peut   sembler   minime   mais   la  
France   se   situe   au-­‐dessus   de   la   moyenne   mondiale,   bien  

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

qu’en   retard   comparée   aux   États-­‐Unis   ou   à   certains   pays  


d’Europe   du   Nord   et   d’Europe   centrale.   Ceci   s’explique  
autant   par   des   facteurs   politiques  qu’historiques  (précocité  
des   logiques   de   protection   dans   les   pays   anglo-­‐saxons   et  
germaniques)   et   culturelles   (usages   et   perceptions   de   la  
nature,   quête   de   la   wilderness,   sensibilité   écologique).   Il  
convient   de   montrer   aux   élèves   que   ces   mesures   ne  
concernent   pas   des   superficies   négligeables   au   vu   des  
difficultés   inhérentes   à   la   mise   en   place   de   tels   projets   et  
qu’elles  connaissent  des  extensions  régulières.  
» Schémas  pour  réviser

Doc.   1  –  La   mise   en  valeur   des   milieux  :  entre   conflits   d’usage   et  


protection  
Plus   qu’un   simple   schéma   fléché,   le   document   1   est   un  
système   qui   met   en   évidence   les   interactions   entre   nature   et  
sociétés  en  s’appuyant  sur  la  notion  de  milieu.  Il  permet  de  
faire   comprendre   aux   élèves   que   les   phénomènes  
géographiques   résultent   le   plus   souvent   de   causalités  
multiples,   voire   circulaires.   Ainsi,   les   liens  
d’interdépendances   sont   particulièrement   denses   entre   les  
différentes   composantes   des   milieux.   Le     fonctionnement  
systémique   des   milieux   réside   dans   le   fait   qu’ils   ne   sont  
jamais  intangibles  mais,  au  contraire,  sujets  à  de  constantes  
mutations   qui   peuvent   être   liée   à   l’évolution   d’un   seul   de  
leurs   éléments   constitutifs.   L’attention   des   élèves   ne   doit  
donc  pas   se   concentrer   uniquement   sur   les  caractéristiques  
de   ces   éléments   mais   surtout   sur   la   nature   des   relations  
qu’ils   entretiennent   les   uns   avec   les   autres.   Ainsi,   comme  
tout   système   géographique,   les   milieux   sont   avant   tout  
des  systèmes  ouverts.  
 

Doc.  2  –  Les  milieux  en  France  


Le   croquis   reprend   en   les   synthétisant   certaines  
informations   des   cartes   1   et   2   pp.   282-­‐283.   Ce   schéma  
d’organisation   spatiale   du   territoire   français   sur   le   thème  
des  milieux  peut  être  l’occasion  d’exercer  les  élèves  (tout  du  
moins   visuellement)   à   la   réalisation   d’une   production    

   
 
 

graphique,  conformément     aux   exigences  du  baccalauréat.  Il  


s’agit   aussi   d’un   croquis   aisément   mémorisable   qu’ils  
pourront   utilement   intégrer   à   une   copie   de   composition  
avec   toute   la   rigueur   qui   s’impose   (organisation   de   la  
légende,  choix   des   figurés,  mobilisation   des  notions  acquises  
au   cours   du   chapitre).   Cette   réalisation   graphique   donne   à  
voir,   en   premier   lieu,   l’inégale   anthropisation   du   territoire  
français.   Les   zones   littorales   apparaissent   comme   les   plus  
exposées   aux   pressions   environnementales.   Il   est   donc  
logique   que   ces   milieux   fragiles   fassent   l’objet   d’un   grand  
nombre   de   mesures   de   protection.   Le   document   rappelle  
aussi  que  les  zones  de  protection  les  plus  strictes  concernent  
des  espaces  tout  aussi  fragiles  mais  moins  anthropisés,  bien  
que   toujours   plus   attractifs   (forêts   des   territoires  
ultramarins,  espaces  marins  et  montagnards).  

Doc.  3  –  Un  pays  développé  face  aux  risques  


Ce   schéma   fléché   mobilise   à   la   fois   des   connaissances   du  
chapitre  et  des  acquis   du   programme  de  seconde.  Il  montre  
que  si  le  niveau  de  développement  de  la  France  peut  s’avérer  
créateur   de   risques   (liés   à   l’urbanisation   et   aux   activités  
industrielles)   il   constitue   aussi   un   atout   dans   la   gestion  
des   risques.   Les   deux   tiers   du   territoire   français   sont  
menacés   par   les   risques   mais   la   France   possède   les  
moyens   financiers   et   législatifs   de   réduire   l’exposition   aux  
risques   de  sa  population   et  de  ses  équipements.   Il  est  donc  
essentiel   de   montrer   que   les   risques   majeurs   ne  sont  pas  
liés   à   une   fatalité   dictée   par   le   milieu   mais   bien   à   la  
combinaison  de   facteurs   économiques  et   politiques.   Il   peut  
être   intéressant   de   développer   un   exemple   pris   dans  
l’outre-­‐mer   français,  en  particulier  dans  les   Antilles,  et   de   le  
comparer  à  un  autre   territoire  de   la  zone  caraïbe  confronté  à  
des   risques   similaires   mais   dans   un   contexte   de   sous-­‐
développement  (Haïti,  notamment).   Bien  entendu,  les   élèves  
doivent   être   capables   de   nuancer   les   informations  
apportées   par   le   schéma   en   se   référant   a u   contenu   du  
chapitre,   notamment   en   montrant   que   la   gestion   des  

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

risques   en   France   n’est   pas   sans   failles,   comme   l’ont  


rappelé   les  récentes  catastrophes  (repère  p.  288).  
 
BAC
> Manuel PP. 296-297
» Analyser   une   photographie   aérienne   de   paysage   >   Identifier  
les   documents
Sujet  :   Aménager   et   valoriser   un   littoral  :   le   lido   du   Petit-­‐Travers  
entre  Carnon  et  la  Grande-­‐Motte  (Hérault)  

Doc.  1  –  Le  lido  du  Petit-­‐Travers  (Hérault)  


La  photographie  est  prise  vers  l’est.  Le  lido  du  Petit-­‐Travers  
est  une  bande  de  sable   d’environ   deux   kilomètres   de   long  
sur   500  mètres   de   large   entre   l’étang   de   l’Or   et   la   mer  
Méditerranée.   Il  relie  les  communes   de  Mauguio-­‐Carnon  et  
de   La   Grande   Motte.   Il   est  constitué   d’une   immense   plage  
de  sable,   de  dunes,   de  boisements  et  de  prairies   halophiles  ;  
ce   site,   remarquable   par   la   richesse   de   sa   faune   et   de   sa  
flore,   est   classé   Natura   2000.   Il   est   en   grande   partie   la  
propriété  du  Conservatoire   du  Littoral.  
C’est   un   lieu   où   coexistent   plusieurs   activités  ou   usages   à  
fort   intérêt   économique  :   le   canal   du   Rhône   à   Sète,   deux  
routes   dont   une   2x2   voies,   les   activités   de   tourismes   et  
de   loisirs  liées  à  la  plage   (plages  privées,  paillotes,  activités  
nautiques).   La   forte   fréquentation   de  la   plage   et   des   dunes  
a   incité   les   municipalités  à   planter   des   piquets   (ganivelles)  
pour   limiter   le   piétinement   et   protéger   les   plantes   vitales  
pour   la   stabilisation   du   sol.   Cette   mesure   a   provoqué   la  
fragmentation   de   l’espace   dunaire   et   s’est   avérée  
insuffisante   pour   préserver   le  milieu.  En  effet,  les  dunes  et  
la  plage  sont  bordées  par   la   RD   59,   une   route  empruntée  par  
plus  de  2  000  voitures   par  jour  en  été,  et  le  long   de   laquelle  
le   stationnement   est   totalement   anarchique.   Ainsi,   depuis  
plusieurs   années,   le   site   subit   une   forte   dégradation   qui   se  
traduit  par  l’érosion  du  lido  et  le  recul  du  trait  de  côte.  

   
 
 

Doc.  2  –  Le  projet  d’aménagement  du  lido  


Un   projet   pour   la   protection   et   l'aménagement  durable   du  
lido   est   annoncé   en   2005.   Les   travaux   d’aménagements   se  
sont   étalés   de   2012   à   avril  2015,   date   de   la   réouverture  
officielle   du   lido   au   public,   avec   des   interruptions  lors   des  
saisons  estivales.  
La   RD59   a   été   supprimée   et   remplacée   par   une   piste  
paysagère   permettant   la   découverte   du   lido   à   pied   ou   en  
vélo.   Un   parking   de   1  000  places   a   été   créé   le   long   de   la  
RD65   (voie   rapide   entre   Carnon   et   la   Grande-­‐Motte).   Le  
cordon   dunaire   a   été   consolidé   et   les   dunes   réhabilitées.  
Elles   sont   protégées   u   piétinement   par   des   ganivelles   le  
long   de   la   piste   cyclable   et   des   accès   à   la   plage.   Neuf  
cheminements   piétons   d’accès   à   la   plage   ont   été  
aménagés,   dont   cinq   pour   les   personnes   à  mobilité  réduite.  
Des   conteneurs   de   récupération   des   déchets,   des   toilettes  
sèches   et   une   signalétique   à   destination   du   public   ont   été  
installés.   L’accès   par   les   transports   collectifs  est  encouragé  
avec  la  mise  en  place   de  navettes  de  bus  depuis   le  terminus  
de  la  ligne   3  du  tramway  (Montpellier-­‐Pérols).  
L’aménagement   du   lido   du   Petit-­‐Travers   s’inscrit   dans   une  
démarche   de   développement  durable.   En   effet,   il   permet   le  
maintien   des   activités   touristiques   essentielles   à  
l’économie   locale   tout   en   assurant   une   protection   et   une  
mise  en  valeur  du  patrimoine  naturel.  
1.  Analyser  le  sujet  et  identifier   les  documents  
1.   Aménager  :  agir   sur   un   lieu,   un   territoire  pour  l’adapter  
à  une  nécessité  ou  à  un  usage.  Valoriser  :  exploiter  les  atouts.  
Lido  :  bande  de  sable  fermant  une  lagune.  
 

2.  La  consigne  fournit   des  mots  clés  (aménagements,  mettre  


en   valeur,   protéger,   littoral)   qui   permettent   de   mieux  
comprendre  le   sujet  ;   elle   aide   aussi   à   déterminer   les   axes  
d’analyse  des  documents.  
 

3.  Le  document  1  est  présenté  dans  l’exemple.   Le  document  


2   est   une   représentation   cartographique   sous   forme   de  

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

croquis   du   projet   d’aménagement   du   lido.   Il   a   été   publié  


dans   un   hebdomadaire   local,   La   Gazette   de   Montpellier,   en  
juin  2014.  
Les   deux   documents   permettent   de   faire   une   analyse  
diachronique   du   site  :   la   photographie  a   été   prise   avant   le  
réaménagement   du   lido,   le   croquis   le   représente   après   la  
fin   des   travaux  prévue  au  premier  trimestre  2015.  

2.  Analyser  et  critiquer  les  documents  


4.   La   photographie   peut   être   décomposée   en   3   sous-­‐
ensembles   principaux  :   à   droite   (sud)   la   mer  
Méditerranée  ;   à   gauche   (nord)   l’étang   de   l’Or  ;   au   centre  
(de   l’Ouest   vers   l’Est),   le   lido,  bordé   sur   son   côté   nord   par  
une  route  (RD65)  et  le  canal  du   Rhône  à  Sète   et  traversé  sur  
tout   son   côté   sud   par   une   autre   route   (RD59)   où   sont  
stationnés   de  nombreux   véhicules.   Le  lido  est   végétalisé   sur  
les   deux   tiers   de   sa   largeur,   l’autre   tiers   correspond   aux  
dunes  et  à  la  plage.  Des  chemins  relient  la  RD59   à  la  plage  en  
général,   aux   paillotes   et   plages   privées   en   particulier,   en  
traversant   les   dunes.   Les   dunes   bordant   directement   la  
plage   sont   aménagées  avec   un   système   de   stabilisation   et  
de   fixation   du   sable   (on   aperçoit,   au   premier   plan   de   la  
photo,   le   carroyage   formé   par   les   ganivelles,   un   système  
d e   fixation   constitué   par   des   piquets   en   bois   maintenus  
entre  eux  par  des  fils  de  fer  torsadés).  
L’activité  dominante  de  cet  espace  est  le  tourisme.  
 

5.  Un  axe  unique  de  circulation  est  créé  avec  la  RD65  (places  
de   stationnement  le   long   d’une  piste  à  double  sens  pour  les  
voitures,   une   piste   cyclable)  ;   de   nouveaux   chemins  
permettent  l’accès  à  la  plage.  La  superficie  en  zones  humides  
est   augmentée   (création   d’une   mare  de  4  000  m²).  
Ces   aménagements   offrent   l’avantage   de   limiter   et   de  
canaliser   la   fréquentation   du   site   mais   aussi   de   protéger  
l’environnement   naturel   du   lido.   Il   devient   possible   de  
redécouvrir   le  lido  en  tant  que  lieu  de  biodiversité.  
 

6.   La   RD   59   a   été   détruite,   le   stationnement   sauvage   et  


anarchique   au   bord   de   la   plage   n’est   plus   possible.   Les  

   
 
 

dunes   ne   peuvent   plus   être   traversées  n’importe  où  par  les  


piétons.   Le   résultat   est   la   transformation   du   paysage   et   la  
limitation  des   dégradations     d’origine  anthropiques.  
 

7.   L’idée   qui   se   dégage   des   deux   documents   est   que   le  


lido,  menacé  par  la  sur-­‐fréquentation  touristique,  fait  l’objet  
d’aménagements   qui  doivent  permettre  son  développement  
durable.  
 

8.     Le     lido     du     Petit-­‐Travers     est     un     site  important  pour  


l’économie   locale   fondée   en   grande   partie   sur   l’activité  
touristique.   Sur   le   plan   environnemental,   il   constitue   un  
milieu   particulier   avec     une   biodiversité   spécifique   qu’il  
convient  de  préserver.  
 

9.   À   partir   d’un   exemple   précis,   ces   documents  permettent  


de   mieux   comprendre   la   notion   de   valorisation  :   valoriser  
un  espace  consiste    concilier  les  intérêts  économiques     et  les  
intérêts   environnementaux   qui   le   caractérisent   avec   un  
objectif  de  durabilité.  

3.  Répondre  à  la  consigne  


10.  Le  plan  de  l’analyse  est  donné  en  exemple.  
 

11   à   13.   La   rédaction   du   devoir   reprend   les  éléments  de  


réponses   dégagés   au   cours   de   l’exercice,   ainsi   que   les  
connaissances   personnelles  :   introduction   à   partir   des  
réponses   1  à  3  ;  développement   à  partir  des  réponses  4  à   6  ;  
conclusion  à  partir  des  réponses  7  à  9.  

BAC
> Manuel PP. 298-299
»  Schéma  >  Construire  un  schéma    
 
Sujet  :   Potentialités  et   contraintes  du   territoire  français  

1.  Analyser  le  sujet  


 
1.  Territoire   français  :   il   s’agit   du   territoire  métropolitain  et  

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

des  régions  françaises  d’outre-­‐mer.  


 
2.  Potentialité  :  confrontation  des   caractéristiques   naturelles  
d’un   territoire   avec   les   besoins   des   populations   qui  
l’occupent,   associée   à   la   possibilité   de   réaliser   les  
aménagements   nécessaires   pour   l’exploiter.   Contrainte  :  
difficulté   que   présente   un   milieu  pour  son  occupation  ou  sa  
mise  en  valeur.  
 
3.   Le   schéma   devra   montrer   les   éléments   qui  favorisent   et  
ceux   qui   freinent   la   mise   en   valeur   du   territoire   français  
métropolitain   et  ultramarin.  
 
2.  Mobiliser  les  connaissances  
 
4.   Informations   à   sélectionner   (certaines   sont   associées  
pour  les  synthétiser)  :  
–   plaines   et   plateaux   +   climats   et   sols   propices   à  
l’agriculture  =  plaines   et  plateaux   propices   à  l’agriculture  ;  
–  espaces  montagnards  ;  
–  vallée  fluviale  +  couloirs  naturels  de  communication  ;  
–   ouverture   maritime   +   ouverture   terrestre   sur   l’Europe   =  
ouverture  au  monde  ;  
–  espace  maritime  exploité  (ZEE)  ;  
–  insularité  rompant  la  continuité  territoriale  ;  
–  ressources  forestières    
–  risque  sismique  et  volcanique  =  volcan  actif    
–   risque   d’incendie   +   inondations   fréquentes   +risque  
cyclonique  =  risques  climatiques.  
 
5.   Le   figuré   qui   convient   le   mieux   pour   symboliser   les  
plaines   et   plateaux   propices   à   l’agriculture   est   un   aplat   vert  
car   ce   type  d’information  nécessite   un  figuré  de  surface  et  le  
vert  convient  pour  l’activité  agricole.  
 
La   couleur   rouge   représente   les   contraintes   les   plus  
importantes.  
 
6  et  7.  

   
 
 

 
 
3.  Réaliser  le  schéma  
8  à  10.  

11.  Titre  :  Potentialités  et  contraintes   du  territoire  français  


 

  ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S  


 

CHAPITRE
La  France  en  villes  
12
Ø Manuel  PP.  300  à  321  

» Programme et objectifs pédagogiques


Le  chapitre   12  présente   les  grandes   caractéristiques  actuelles   du   fait  
urbain   en   France.   Il   s’agit   de  montrer   ici  que  la   population  résidant  
sur  le  territoire  français  est  une  population  majoritairement   urbaine,  
que   les   espaces   urbains   connaissent   des   mutations   profondes,   tant  
dans   l’extension   des   superficies   urbanisées   que   dans   les   enjeux  
auxquels   les   villes   sont   confrontées   face   à   la   mondialisation   et   au  
développement   durable.  Ce  chapitre   débute   par   une  double  page   de  
cartes  synthétiques.   Les   trois   pages   de  cours  sont  centrées   sur  les  
caractéristiques   de  l’urbanisation,   sur   les   enjeux   de   l’aménagement  
urbain,  ainsi  que  sur  les  conséquences  de  l’étalement   urbain   sur   les  
espaces   ruraux.   Trois  études  sont   proposées   sur  la  croissance   de  la  
métropole   bordelaise,   sur   l’aménagement   du  quartier   de   la   Part-­‐Dieu  
à   Lyon,   et   sur   l’urbanisation   des   campagnes   en   Midi-­‐Pyrénées-­‐
Languedoc-­‐Roussillon.   Les   permanences,   les   mutations   et   les  
disparités   géographiques  sont  constamment  présentes,   au   moyen   de  
cartes,   tout  au  long  de  ce  chapitre.  

»  Pour  aller  plus  loin  


BIBLIOGRAPHIE  
 
DUMONT  G.  F.  (dir.),  La  France  en  villes,  CNED-­‐SEDES  2010.  
MERLIN  P.,  Les  grands  ensembles,  étude,  La  Documentation  française,  
2010.  
PAULET  J.-­‐P.,  La  France,  villes  et  systèmes  urbains,  A.  Colin,  «  U  »,  2010.  
REGHEZZA-­‐ZITT   M.,   «  La   France,   une   géographie   en   mouvement  »,   La  
Documentation  photographique  n°8096,  française,  2013.  
SUBRA   P.,   Le   Grand   Paris,   géopolitique   d’une   ville   mondiale,   A.   Colin,  
2012.  
WACKERMAN  G.  (dir),  La  France  en  villes,  Ellipses,  2010.  
L’Atlas  de  la  France  et  des  Français,  Le  Monde/La  Vie,  H.S.,  2014.  

SITES  INTERNET  

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

Les ouvrages concernant les aspects démographiques et territoriaux


de la France vieillissent vite. Pour actualiser les thèmes et les
données chiffrées, se rendre sur le site www.insee.fr.  
 
OUVERTURE
>  Manuel  PP.  300-­‐301  
Doc.  1  –  L’étalement  urbain  de  Rennes  
La  photographie  est  prise  en  direction  de  l’est.  Elle  est  centrée  sur  le  
cœur   de   l’agglomération   rennaise   dont   on   distingue   nettement   les  
grands  axes  structurant   son  tissu  urbain  :  la  voie  ferrée  sur  la  droite  
(nouvelle   ligne   LGV  Bretagne-­‐Pays-­‐de-­‐la-­‐Loire  dont  la  mise  en  service  
est   prévue   pour   2017)  ;   le   cours   canalisé   de   la   Vilaine   au   centre  ;   le  
canal  d’Ille  et  rance  sur  la  gauche.  La  photographie  met  également  en  
valeur   l’horizontalité   de   l’urbanisation,   à   peine   rompue   par   les   grands  
ensembles  édifiés  dans  les  années  1960/170  à  la  faveur  du  début  de  
l’essor  démographique  contemporain  de  la  ville  etqui  se  détachent  au  
premier  plan,  au  centre  et  sur  la  droite.  
L’étalement   urbain   est   perceptible   à   l’arrière   plan   (commune   de  
Cesson-­‐Sévigné,   la  plus  peuplée   de   la  première   «  ceinture  »  rennaise  
avec   16  000   habitants,   dont   la   population   a   été  multipliée   par  5  en  
40  ans)   où   l’on   peut   apercevoir   l’interpénétration   entre  
l’agglomération   et   les   périphéries   rurales.   Rennes   est   représentative  
de   la   dynamique   urbaine   que   connaît   la   majorité   des   grandes  
métropoles  régionales.  Sa  population  intra-­‐muros  ne  cesse  de  croître  
depuis   plusieurs   décennies,   pour   atteindre   aujourd’hui   près   de  
210  000  habitants  (croissance  de  6  %  depuis  1990)  pour  une  densité  
de  4  200  au  km²,  ce  qui  est  modeste  pour  une  métropole  régionale  et  
très   éloigné   des   «  normes  »   parisiennes   (plus   de   20  000  habitants   au  
km²).   L’intercommunalité   de   Rennes   Métropole   (43   communes)  
regroupe   425  000   habitants   en   2015   sur   une   superficie   d’environ  
72  km²,   alors   que   son   aire   urbaine   rassemble   environ   700  000  
habitants,   ce   qui   la   place   au   10e  rang   national,   entre   Strasbourg   et  
Grenoble.   La   double   dynamique   démographique   et   spatiale   de   la  
capitale  excentrée  de  la  Bretagne  est  portée  par  la  réussite  de  ses  pôles  
technologiques,   de   ses   universités   et   grandes   écoles   (plus   de   60  000  
étudiants  dans  la  ville  sur  les  sites  d’Atalante)  ainsi  que  de  ses  centres  
de   recherche   dans   les   domaines   de   l’information   et   des  
télécommunications   qui   ont   contribué   ces   dernières   années   à   attirer  
des   populations   jeunes   et   fortement   qualifiées   définitivement  
installées   dans   l’aire   métropolitaine.   Au   centre   historique   (premier  
plan   autour   de   la   cathédrale)   fortement   muséifié   s’adjoint   un   tissu  

   
 

urbain   moderne   depuis   la   reconstruction   de   la   ville   après   le   terrible  


incendie  de  1720.  De  nombreux  projets  d’aménagement  contribuent  à  
renforcer   le   pouvoir   métropolitain   de   Rennes.   Parmi   ceux-­‐là,   la  
requalification  des  quartiers  autour  de  la  gare  (EuroRennes)  ainsi  que  
l’éco-­‐quartier  de  la  Courouze.  
 
Doc.  2  –  La  place  Stanislas  à  Nancy  
La  place  Stanislas  est  représentative  des  territoires   du  quotidien   d’une  
certaine   urbanité  urbaine   harmonieuse.  C’est   à   la   fois   un   lieu   de  vie  
festif   au   cœur   de   Nancy,   un   lieu   d’attraction   touristique   pour   la  
qualité   de   son   patrimoine   architectural,   ainsi   qu’un   lieu   d’activités  
administratives  et  tertiaires.  
Réaménagée   il  y  a  quelques  années  en  un  vaste  espace  piétonnier,  la  
place   Stanislas,  construite  au   XVIIIe   siècle,   est   le   lieu   par   excellence  
de   l’identité  locale   pour   tous   les   habitants   de   la  métropole  lorraine,  
mais  aussi  un  joyau  de  l’architecture  et   de   l’urbanisme  néo-­‐classiques  
qui   attire   chaque   année   plusieurs  centaines  de  milliers   de   touristes  ;  
enfin   c’est   autour   de   la   place   que   se   trouvent   les   lieux   du   pouvoir  
municipal  (hôtel  de  ville).  Préfecture  du  département  de  Meurthe-­‐et-­‐
Moselle,   Nancy   n’était   toutefois   pas   préfecture   de   l’ancienne   région  
Lorraine.  Son  statut  ne  s’affaiblit  donc  pas  avec  la  «  construction  »  de  la  
nouvelle   entité   régionale   regroupant   la   Champagne-­‐Ardenne,   la  
Lorraine   et   l’Alsace.   Avec   une   population   légèrement   supérieure   à  
106  000   habitants   (plus   de   430  000   pour   l’aire   urbaine),   Nancy   a  
depuis   quelques   décennies   tourné   le   dos   à   son   passé   industriel   et  
engagé   des   politiques   de   reconversion   et   d’aménagement   de   ses  
territoires  au  profit  des  activités  tertiaires.  Il  s’agit  d’un  bon  exemple  
de  métropolisation  régionale.  

Doc.  3  –  Un  parc  d’attractions  en  milieu  rural  


(Center  Parcs  de  Verneuil-­‐sur-­‐Avre,  Eure)  
La   photographie   a   été   prise   dans   le   sud   de   la   Normandie   à  
Verneuil-­‐sur-­‐Avre,   à   une   centaine   de   kilomètres   à   l’ouest   de  
l’agglomération  parisienne,  à  mi-­‐chemin  entre  Dreux  et  Argentan.   Elle  
témoigne   de   la   transformation   des   fonctions   des   espaces   ruraux,  
désormais   fortement   structurés   par   les   activités   induites   par   les  
villes  et  les  demandes  de  sociétés  fortement  urbanisée.  La  campagne  
normande  propose  ici  un  espace  de  récréation  et  de  loisirs  géré  par  la  
société  Center  Parcs  qui   compte  cinq  unités  de  ce  type  en  France  en  
2015  (en  Moselle,  dans  l’Aisne,  en  Normandie,  en  Sologne,  et  près   de  
Poitiers).   Le   parc   s’inscrit   dans   un   espace   forestier   et   s’articule  
autour   du  centre  marqué  par  sa  bulle  aquatique,  ses  piscines   et   ses  

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

espaces   de   jeux.   À   partir   de   ce  centre,   qui   regroupe   également   les  


fonctions   de   services   du   centre   de   loisirs,   les   dizaines   de   cottages  
accueillant   les   familles   s’éparpillent   dans   la   forêt.   L’ensemble  
témoigne   bien   de   la   tertiarisation   de   l’espace   rural   et   de   son   offre  
récréative.   Ces   parcs   sont   tous   situés   près   de   zones   urbaines  
densément   peuplées   ou,   tout   du   moins,   sont   aisément   accessibles  
en   raison   de  leur   proximité   d’axes   autoroutiers.   Si   la   construction   de  
ce   type   d’infrastructure   récréative   participe   du   dynamisme   des  
espaces  ruraux,  la  conflictualité  entre  les  acteurs  spatiaux   (promoteurs  
d’un   côté,   associations   de  défense  de  la  nature  et  monde  agricole  de  
l’autre)   n’est   jamais   totalement   absente   comme   le   révèlent   les  
tensions  fortes  apparues  en   2014  à  l’occasion  d’un  nouveau  projet  de  
Center   Parcs,   dans   l’Isère,   à   proximité   de   Grenoble,   sur   le   site   de  
Roybon.   D’autres   projets   sont   à   l’heure   actuelle   envisagés   mais   en  
suspens  dans  le  Jura,  en  Bourgogne  et  dans  le  sud-­‐ouest.  
 
CARTES
» Aires urbaines et territoires ruraux
>  Manuel  PP.  302-­‐303  
Doc.  1  –  Population  et  grandes  aires  urbaines  en  France  
La   carte   des   densités   de   population   en   France  réalisée  à  partir  des  
dernières   données   statistiques   de   l’INSEE   souligne   les   faits  
géographiques  suivants  :  
 

–  une  apparence  de  sous-­‐peuplement  


Avec   118   habitants   au   km²,   la   France   a   une   densité  de  population  
à  peine  deux  fois  supérieure  à   la   moyenne   mondiale   (55).   Mais  par  
rapport   à   la   plupart   de   ses   voisins   européens   (Belgique,   Pays-­‐Bas,  
Allemagne),  la  France  apparaît  comme  sous-­‐peuplée.  Seule  l’Espagne  
est   moins   densément   peuplée.   Sur   les   ¾   du   territoire,   les   densités  
n’atteignent   pas   50   habitants   au   km²,   et   la   désormais   célèbre  
«  diagonale   du   vide  »   qui   s’étire   entre   le   massif   ardennais   et   les  
piémonts   pyrénéens   en   passant   par   le   Massif   central   quant   à   elle  
n’atteint  pas  20  habitants  au  km²  en  moyenne  !  
–  une  répartition  dissymétrique  
La  dissymétrie  du  peuplement  de  part  et  d’autre   d’une   ligne   fictive  
allant   de   la   basse   Seine   au   bas   Rhône  (longtemps  nommée  ligne   Le  
Havre-­‐Marseille)   semble   se   réduire   mais   demeure   une   structure  
forte   du   peuplement   du  territoire.   Elle   résulte   de   l’histoire   urbaine  
et   industrielle   des   XIXe   et   XXe  siècles   qui   a   transformé   la   moitié  
orientale   en   une   nébuleuse   de   grands   foyers   de   développement  

   
 

économique   et   démographique,   la   moitié   occidentale   demeurant  


quant  à  elle  majoritairement  rurale.  L’accentuation,  puis,  désormais,  le  
rééquilibrage,   s’effectue   par   le   jeu   des   migrations   intérieures,  
essentiellement   au  profit  des  grandes  métropoles.  
–   des   régions   de   fortes   densités   le   long   des  principaux  axes  
de  communication  
La  carte  met  en  valeur  les  grandes  vallées  fluviales   (Seine,   Oise,   Loire,  
Garonne,   Saône,  Rhône,  Rhin)  ce  qui  souligne  l’importante  corrélation  
entre  peuplement  et  activités  économiques,  elles-­‐mêmes  dépendantes  
des   grands   axes   de   communication.   C’est   aussi   sur   ces   grands   axes  
que  se  localisent  les  principales  agglomérations  urbaines.  
–   une   concentration   démographique   au   profit  des  littoraux  
Ce   phénomène   dépend   en   grande   partie   de   la   nature   même   du  
contact   littoral.   Si   les   5  000  kilomètres  de  littoraux  métropolitains  ne  
constituent   pas   un   ensemble   homogène   et   accueillant,   certains  
secteurs   sont   tout   particulièrement   le   support   d’une   intense  
urbanisation.  On  parle  depuis  peu  d’un  processus  de  litturbanisation,  
c’est-­‐à-­‐dire   d’urbanisation   intensive   du   littoral.   C’est   le   cas   des  
littoraux   méditerranéen,   breton,   vendéen,   basque,   normand   ainsi  
que   ceux   du   nord.   Quelques   secteurs   échappent   à   cette   tendance  
comme  le  littoral  landais.  
–  une  archipelisation  du  peuplement  
La  carte  met  également  en  valeur  la  concentration   de   la   population  
sous   la   forme   de   noyaux   de   peuplement.   Ces   «  taches  »   urbaines  
d’importance  variable  soulignent  l’effet  de  polarisation  du  territoire  
au  profit  de  ce  que  l’INSEE  appelle  désormais  les  «  aires  urbaines  ».  
– la métropolisation et la litturbanisation des territoires ultramarins
Ces territoires n’échappent pas à ces tendances, mais dans un contexte
de très fortes densités de population qui dépassent fréquemment
300 habitants au km². Par conséquent, on peut classer les densités de
population en trois groupes : les régions de forte densité (aires urbaines,
littoraux, grandes vallées fluviales), les régions de moyenne densité
(régions rurales de petites exploitations très spécialisées, très intensives
et utilisatrices de main-d’œuvre, villes moyennes, etc.), les régions peu
peuplées de la « diagonale du vide ».

Doc.  2  –  Les  territoires  ruraux  en  France  


La   carte   reprend   les   nomenclatures   statistiques   de   la   Datar.   On  
distingue  ici  deux  catégories  principales  ;  la  premières  regroupant  des  
items  pouvant  être  placés  sous  l’appellation  «  territoires  ruraux  sous  

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

influence   urbaine  »,   la   seconde   regroupant   des   items   pouvant   être  


placés   sous   l’appellation   «  territoires   ruraux   à   faible   influence  
urbaine  ».   On   retrouve   ici   certains   des   aspects   observés   sur   la   carte  
précédente.   La   France   à   dominante   urbaine   (environ   40  %   du  
territoire)   se   détache   autour   des   grandes   métropoles   et   même   les  
régions   considérées   comme   «  rurales  »,   comme   le   Limousin,  
n’échappent   pas   à   ces   phénomènes   de   polarisation,   en   l’occurrence  
autour  de  Limoges  (dont  l’agglomération  regroupe  près  du  tiers  de  la  
population  du  Limousin).  Il  s’agit  bien  d’un  archipel  de  tâches  ruralo-­‐
urbaines,   dont   la   plus   importante   est   bien   entendu   celle   située   autour  
de   Paris   et   dépasse   même   parfois   les   limites   de   l’Île-­‐de-­‐France   en  
s’étalant   sur   les   régions   voisines   comme   la   Haute-­‐Normandie,   la  
Picardie  ou  la  Bourgogne.  La  connexion  entre  ces  territoires  s’effectue  
principalement   par   l’intermédiaire   des   grandes   vallées   fluviales,  
aisément  reconnaissables  sur  cette  carte  (particulièrement  le  couloir  
rhodanien).   Les   territoires   ruraux   à   faible   influence   urbaine,   quant   à  
eux   (près   de   60  %   du   territoire),   sont   essentiellement   localisés   dans  
les   régions   de   montagne   (Corse,   Alpes   du   sud,   Massif   central,   Vosges),  
sur   les   marges   des   bassins   parisien   et   aquitain   et   au   cœur   de   la  
Bretagne.   Une   vaste   écharpe   s’étirant   des   confins   champenois   et  
ardennais   aux   marges   pyrénéennes,   englobant   les   plateaux  
bourguignons,   une   grande   partie   du   Massif   central   et   de   la   forêt   des  
Landes  souligne  la  fragilité  de  ces  territoires  éloignés  de  l’influence  des  
grands  centres  métropolitains.

Questions  sur  les  documents  


1.   La   carte   révèle   nettement   une   «  diagonale  »,  qui   s’étend   des   pays  
ardennais   au   nord-­‐est   aux  piémonts  pyrénéens,   en   passant   par   les  
marges   orientales   du   Bassin   parisien,   le   Morvan   et   le   Massif  
central,   dans   laquelle   les   métropoles   de   plus   de   500  000   habitants  
sont  absentes  (à  l’exception   de   Toulouse).   C’est  le   cas   aussi   du  centre  
de  la  Bretagne  et  des  Alpes.  Cette  géographie   du  vide  s’oppose  à  une  
géographie   du   plein,   là   où   les   métropoles   sont   plus   nombreuses  
comme   dans   le   nord   du   Bassin   parisien,   dans   la   région   lyonnaise   ou  
bien   sur   le   littoral   méditerranéen.   Malgré   un   léger   rééquilibrage  
depuis   quelques   décennies,   la   majorité   des   grandes   métropoles  
françaises   se   situe   à   l’est   d’une   ligne   Le   Havre-­‐Marseille   où   l’on  
retrouve   les   quatre   premières   métropoles   de   la   hiérarchie   urbaine  
que  sont  Paris,  Lyon,  Marseille  et  Lille.  
2. Réponse aléatoire en fonction du lieu de résidence des lycéens.
3. On distingue deux grands types de territoires ruraux sur la carte : les
territoires ruraux dynamiques, situés à proximité des villes ; les

   
 

territoires ruraux faiblement influencés par les villes. Pour le type


« territoires ruraux périurbains et dynamiques », on peut dissocier
trois sous-types en fonction de l’influence urbaine ; pour le type
« territoires ruraux faiblement influencés par les villes », il est possible
de distinguer quatre sous-types en fonction de variables diverses
(déclin, montagne, agriculture, etc.).
 
4.   Le   premier   critère   est   celui   de   l’influence   plus   ou   moins    
importante   des     villes   sur   les  territoires  ruraux.  Le  second  critère  est  
celui  de  la  dynamique  économique  (agricole,  touristique,  etc.).  
 
COURS 1

Une France urbaine


>  Manuel  PP.  304-­‐305  
Doc.  1  –  L’accroissement  de  l’aire  urbaine  de  Toulouse  
Toulouse   est   une   des   métropoles   les   plus   dynamiques   depuis   au  
moins   deux   décennies.   Si   le   «  vieux  »   Toulouse   reste   habité   par   les  
classes   moyennes   supérieures   et   aisées   (ainsi   que  par  les  étudiants)  
attirées   par   les   atouts   du   cadre   de   vie   au   cœur   de   la   capitale   de   la  
région   Midi-­‐Pyrénées,   ce   sont   les   marges   de   l’agglomération   qui  
connaissent  aujourd’hui  une  croissance  démographique   considérable,  
alimentant  ainsi  un   étalement   urbain   qui   n’est   pas   sans   poser   des  
problèmes   dans   l’organisation   et   dans   les   mobilités   de   cette  
métropole.   Le   mitage   de   la  première  couronne  périurbaine  semble  
avoir   atteint   ses   limites   et   les   espaces   de   réserve   interstitiels   sont  
désormais   rares   à   l’intérieur   d’un   périmètre   délimité   par   la   rocade  
autoroutière.  Les  enjeux  de  la  croissance  périurbaine  sont  désormais  
concentrés  au-­‐delà  de  cette  rocade  où  se  multiplient  les  lotissements  
d’habitat  collectif  ou  individuel,  particulièrement  destinés  aux  classes  
moyennes   et   classes   moyennes   supérieures.   C’est   notamment   le   cas  
dans   la   couronne   périurbaine   ouest   et   nord-­‐ouest,   en   raison   de  
l’attractivité  du  pôle  d’activités  aéronautiques  autour  de  l’aéroport  de  
Blagnac.   L’aire   urbaine,   d’environ   1,3   million   de   personnes,   a   gagné  
près  de  500  000  habitants  depuis  le  début  des  années  1990.  Selon  les  
prévisions,  la  région  de  Toulouse  devrait  accueillir  250  000  personnes  
supplémentaires  dans  les  20  prochaines  années  !  

Doc.  2  –  Perpignan  :  une  métropole  attractive  


Perpignan   fait   partie   des   grandes   aires   urbaines   (cf.   doc.   3).   Cette  
affiche   promotionnelle,   utilisant   un   slogan   reprenant   la   célèbre  

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

formule  de  Salvador  Dali  faisant  de  la  gare  de  Perpignan  le   «  centre  du  
monde  »,   insiste   sur   l’imagerie   de   l’attractivité   de   la   capitale   de   la  
Catalogne   française  :   les   Pyrénées,   la   mer   Méditerranée,   les  
vignobles,   le   soleil,   la   proximité   de   Montpellier   et   de   Barcelone,   le  
nouveau  centre  d’affaires  et  de  commerce  autour  de  la  gare.  
 
Doc.  3  –  Les  principales  aires  urbaines  en  France  (2015)  
La   carte   reprend   les   deux   grands   types   de   concentrations   urbaines  
définies   par   l’Insee  :   les   aires   métropolitaines   et   les   grandes   aires  
urbaines.   Malgré   une   hiérarchie   assez   stable   entre   les   grandes  
métropoles  nationales,  l’aire  urbaine  parisienne   demeurant,   de  loin,  
la  plus   peuplée  avec  plus  de  12  millions  d’habitants,  ce  sont  désormais  
les   métropoles   régionales   qui   ont   les   taux   de   croissance  
démographique   les   plus   élevées.   C’est   le   cas   de   Toulouse,   Nantes,  
Lyon,  Lille,   Bordeaux,  Rennes,  Marseille,   etc.   Elles   ont  profité  des   lois  
de   décentralisation   pour   se   lancer   dans   des   programmes   de  
développement   industriel,   universitaire,   culturel,   etc.   qui   en   font  
aujourd’hui   des  pôles  de  croissance.   Lyon  est  devenue  une  métropole  
européenne   et   engage   des   synergies   avec   les   métropoles   suisses,  
italiennes   et   allemandes.   Toulouse   est   une   des   deux   capitales  
mondiales   de   l’aéronautique.   Lille   bénéficie   de   sa   localisation  
frontalière,  au   cœur   de   l’Europe   du  nord,  pour  s’affirmer  comme  une  
grande  métropole.  Ces  métropoles  sont  désormais  en  compétition  avec  
Paris  pour  leur  cadre  de  vie,  plus  proches  de  la  montagne,  de  la  mer,  de  
la  campagne.   Le   coût   de   la   vie   y   est,   en   général,  moins  excessif   qu’à  
Paris.   Bref,   on   assiste   depuis  une  vingtaine  d’années  à  une  revanche  
des   métropoles   régionales.   Pour   autant,   la   hiérarchie   urbaine  
demeure   largement   dominée   par   le   poids   de   l’agglomération  
parisienne.  

Questions  sur  les  documents  


1.  La  superficie  de  l’aire  urbaine  de  Toulouse  a  été  environ  multipliée  
par   6   (de   900  km²   à  5  400   km²).   L’évolution   de   la   population   de   l’aire  
urbaine   de   Toulouse   entre   1968   et   2014   offre   un   coefficient  
multiplicateur  plus   faible  :  +  728  680   habitants,   soit   une   croissance   de  
153,6  %   (population   multipliée   par   2,53)   ou   de   3,33  %   par   an   en  
moyenne.   La   densité   passe   de   526   à  240   hab./km²  :   elle   a   donc   été  
divisée   par   2,2.   C’est   le   signe   d’un   étalement   urbain   et   d’une  
dilution  du  peuplement  très  prononcés.  
 

2.   L’affiche   de   Perpignan   insiste   sur   les   aménités   paysagères   (mer,  


montagne,   soleil)   et  économiques   (vignoble,   centre   des   affaires)  :   ce  
sont  les  vecteurs  essentiels  de  l’héliotropisme.  
 

   
 

3.  Une  diagonale  s’étirant  du  nord-­‐est   de  la  France  au   cœur  du  Massif  
central  est  dépourvue  de  grandes  aires  urbaines.  

EXEMPLE

Bordeaux, la croissance urbaine d’une métropole

>  Manuel  PP.  306-­‐307  


Doc.  1  –  L’agglomération  bordelaise  
La  photographie  aérienne  oblique  montre  une  grande  partie  de  la  ville  
de   Bordeaux   qui   s’étire   de   part   et   d’autre   de   la   Garonne.   La  
photographie  est  prise  en  direction  du  nord.  La  première  impression  
est  celle  de  la  dilution  de  l’espace  urbain  marqué  par  une  horizontalité  
de  l’ensemble  à  peine  rompue  par  les  grands  ensembles  de  la  cité  du  
Grand   Parc   que   l’on   peut   distinguer   en   haut   à   gauche   de   l’image.  
Bordeaux   est   la   ville-­‐centre   d’une   agglomération   qui   regroupe   40  
communes  et  d’une  métropole  (depuis  le  1er  janvier  2015),  ancienne  
Communauté   urbaine   de   28   communes.   La   population   de   Bordeaux  
est  de  243  000  habitants,  celle  de  la  métropole  de  725  000  habitants  et  
celle  de  l’aire  urbaine  de  1  120  000  habitants,  ce  qui  la  place  au  6e  rang  
en  France.  En  50  ans,  la  superficie  urbanisée  a  plus  que  doublé,  mais  ce  
phénomène   s’est   surtout   accéléré   au   cours   des   25  dernières   années.  
Dans  le  même  temps  la  population  n’a  augmenté  «  que  »  de  50  %.  Il  en  
résulte   un   phénomène   de   dilution   spatiale   de   l’urbanisation   qui   se  
traduit   par   une   régression   très   nette   de   la   densité   moyenne   qui   est  
aujourd’hui   d’environ   1  277  hab./km².   Bordeaux   est   ainsi   devenue,  
parmi   les   grandes   agglomérations   françaises,   celle   aux   densités   de  
peuplement  les  plus  faibles.  La  rive  droite  de  la  Garonne  (à  droite)  a  
été   moins   affectée   en   raison   de   contraintes   topographiques   (collines  
calcaires  de  l’Entre-­‐Deux-­‐Mers),  la  rive  gauche  offrant  quant  à  elle  des  
conditions   favorables   aux   lotissements   résidentiels   en   raison   de   la  
subhorizontalité   des   terrains   (terrasses   sableuses)   et   de   la   faible  
pression  foncière  (marges  de  la  forêt  landaise).  Il  ne  faut  pas  négliger  
de   mentionner   que   cette   extension   démesurée,   que   certains  
caractérisent  d’urbanisation  extensive,  induit  de  nombreux  problèmes  
dans   le   fonctionnement   urbain  :   consommation   excessive   d’espaces  
«  naturels  »,   accroissement   des   déplacements   intra-­‐urbains,   offre  
régressive  des  services  publics,  etc.  Le  paysage  urbain  de  Bordeaux  a  
été  profondément  bouleversé  ces  deux  dernières  décennies  :  lignes  de  
tramway,   nouveau   pont   Chaban-­‐Delmas,   aménagement   de   la   rive  
droite   (quartier   de   la   Bastide)   mais   aussi   du   quartier   du   lac   (nouveau  

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

stade  en  prévision  du  Championnat  d’Europe  de  football  en  2016)  ou  
des   bassins   à   flot,   sans   oublier   l’arrivée   de   la   ligne   à   grande   vitesse   en  
2017   et   la   transformation   du   quartier   de   la   gare   Saint-­‐Jean   (projet  
Euratlantique).  
Doc.  2  –  Bordeaux  2030  :  territoire  d’une  métropole  millionnaire  
La   carte   «  Bordeaux   2030  »   met   en   relief   les   grands   projets  
d’aménagement  à  venir  de  la  grande  métropole  du  sud-­‐ouest  français.  
Le  premier  axe  repose  sur  l’intensification  du  caractère   multimodal  du  
territoire  métropolitain  :  extension  des  lignes  de  tramway  existantes  ;  
interconnexions  facilitées  avec  les  réseaux  de  transport  régionaux  au  
moyen   de   pôles   multimodaux   disséminés   dans   le   centre   et   le  
péricentre   de   la   métropole  ;   nouveaux   ponts   sur   la   Garonne   pour  
faciliter  la  fluidité  des  mobilités  ;  arrivée  de  la  ligne  à  grande  vitesse  en  
2017   qui   mettra   Bordeaux   à   2  heures   de   Paris  pour   un   objectif   de  
20  millions   de   passagers  en  gare   Saint-­‐Jean,  soit   le   double   du   chiffre  
actuel.   Cela   va   de   pair   avec   l’aménagement   d’infrastructures   et   de  
pôles   de   développement  économique.   Des  corridors  d’urbanisation  
vont   être   favorisés   afin   d’accueillir   les   nouveaux   logements,  
contribuant   ainsi   à   la   densification   du   peuplement  ;   des   pôles  
récréatifs,  culturels,  commerciaux   s’articuleront   le   long   des   corridors  
de  peuplement  favorisant  l’émergence  d’une  métropole   polycentrique  
tout   en   rééquilibrant   les   deux   rives   de   la   Garonne.   Le   projet  
Euratlantique,   autour   de   la   gare   Saint-­‐Jean   qui   devrait   accueillir   le  
TGV  en   2017,  s’étire  sur   750  hectares   et   devrait  s’imposer   comme   un  
important  pôle   multimodal  de  la  capitale  girondine.  

Doc.  3  –  Les  enjeux  du  projet  Bordeaux  2030  


Ce texte souligne les principaux enjeux du projet Bordeaux 2030. Il
montre que l’aspect principal du projet repose sur la nécessite d’amplifier
l’offre de logements dans une métropole qui ambitionne le million
d’habitants d’ici cette date. Une politique ambitieuse de construction de
50 000 logements est envisagée en lien avec le développement des pôles
d’activités et des transports en commun intra-urbains. L’ambition est bien
de faire de Bordeaux une grande métropole attractive et dynamique à
l’échelle européenne en densifiant la ville, rempart face à l’étalement
urbain, et en proposant des logements adaptés à la demande afin d’éviter
les excès de la spéculation immobilières et les risques de gentrification.
 
»Analyse des documents
Prélever  et  confronter  des  informations  
1.   La   croissance   démographique   de   Bordeaux  s’est  réalisée  à   la   fois  
de   manière   concentrique   (succession   d’auréoles   à   partir   du   centre  

   
 

historique  situé  sur  la  rive  gauche  de  la  Garonne),   de  manière  radiale,  
le  long  des  axes  de  communication  rayonnant  à  partir  du  centre  de  la  
métropole   en   direction   des   espaces   périphériques,   mais   aussi   de  
manière  dissymétrique   entre   la   rive  gauche   et   la   rive  droite   de   la  
Garonne,   cette   dernière   ayant   été   longtemps  marginalisée  et   dédiée  
aux  activités  industrielles  et  logistiques.  
 

2.   Les   aménagements   sont   de   plusieurs   natures  :   développer   les  


moyens  de   transport  et  les   pôles  d’échanges   multimodaux  ;   densifier  
l’habitat   le   long   de   corridors   de   peuplement  ;  favoriser  l’émergence  
de   pôles   de   développement   et   d’activités   économiques   afin   de  
déconcentrer  la  métropole  bordelaise.  
 
Réaliser  un  schéma  cartographique  
3.  On  peut  réaliser  rapidement  le  schéma  suivant  :  

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

COURS 2
Aménager les villes de demain

>  Manuel  PP.  308-­‐309  


Doc.  1  –  Schéma  :  les  territoires  de  l’espace  métropolitain  
Le   schéma   de   synthèse   insiste   sur   les   grandes  structures  spatiales  
qui   participent   de   l’organisation   des   territoires   des   grandes  
métropoles   en   France.   Ces   dernières   demeurent  marquées  par  une  
organisation   gravitaire   et   concentrique   dans   laquelle   se   succèdent  
plusieurs  auréoles   autour   du  centre   «  historique  »   souvent  fortement  
muséifié   de   la   ville-­‐centre.   On   peut   notamment   distinguer   la  
couronne   de   banlieues   (première   «  ceinture  »)   de   la   couronne  
périurbaine   (seconde   «  ceinture  »),   plus   récente,   cette   dernière  
témoignant  du   processus  d’étalement  urbain.   À   ce   modèle   gravitaire  
s’adjoint  un  schéma  radial  porté  par   les   axes   de   communication   qui  
permettent   l’intensification   des   mobilités   entre   les   différents  
territoires   de   la   métropole   ainsi   que   l’insertion   de   ces   mêmes  
territoires  dans  des  réseaux  d’échanges   à   différentes   échelles.   Il   existe  
encore   une   primauté   des   axes   radiaux   sur   les   axes   «  périphériques  »  
(rocades   autoroutières).   Enfin   la   multiplication   des   pôles   d’activités,  
autrefois   concentrés   dans   les   espaces   centraux   de   la   métropoles,  
témoigne  de  la  dispersion  et  du  «  glissement  »  de  ces  activités  vers  les  
marges  de  l’aire   urbanisée  ;   c’est   le   cas   des   centres   commerciaux,   des  
zones   d’activités   tertiaires   ou   bien   des   pôles   récréatifs,   en   relation  
avec   la   proximité   des   espaces   résidentiels   et,   une   fois  encore,  des  
axes  de  communication  rapide.  

Doc.  2  –  Les  quartiers  prioritaires  en  2015  


Les   quartiers   prioritaires   ont   succédé   en   2014   aux   Zones   urbaines  
sensibles  (ZUS).  Il  s’agit  de  territoires,  principalement  urbains  mais  on  
en   trouve   aussi   dans   les   petites   villes   très   proches   d’un  
environnement  rural,   où   se   concentrent   les  maux   de   notre   société  
au   point   de   menacer   la   cohésion   sociale   dans   son   ensemble.   Ces  
quartiers  sont   définis   et   délimités   par   les   pouvoirs   publics  français  
pour  être  la  cible  prioritaire  de  la  politique  de  la  Ville.  Plus  de  5  millions  
d’habitants  résident  dans  ces  zones  en  difficulté  où  le  taux  de  chômage  
est   très   souvent   équivalent   au   double   de   la   moyenne   nationale.   On  
compte   environ   1  300   quartiers   prioritaires.   La   quasi-­‐totalité   des  
départements   est  concernée  par  la  présence  de  ces  quartiers,  hormis  
la   Lozère,   alors   que   la   géographie   des   anciennes   ZUS   laissait   neuf  
départements   sans  quartiers  dits  sensibles.   Les  quartiers   prioritaires  
se   caractérisent   notamment  par  d’importantes  difficultés  en  matière  

   
 

de   logements   et   d’emploi.   Ces   quartiers   sont   majoritairement   situés  


dans   le   nord   de   la   France,  dans   la   région   parisienne,   en   Lorraine   et  
dans   la   vallée   du   Rhône,   ce   qui   correspond   à   la   fois   aux   zones   de  
forte  densité  de  population  et  aux  anciennes  régions  industrialisées.  

Doc.  3  –  Le  quartier  de  la  porte  deValenciennes,  Lille  


Situé   au   sud-­‐est   de   Lille,   sur   le   tracé   des   anciennes   fortifications,  
«  coincé  »   entre   une   ancienne   gare   de   marchandises   (gare   Saint-­‐
Sauveur)   et   la   rocade   autoroutière   de   la   métropole,   le   quartier   de   la  
porte   de   Valenciennes   est   majoritairement   constitué   de
 logements   sociaux   construits   dans   les   années  1960.   Enclavé   et  
dégradé  ce  territoire  est  l’objet  depuis  le  milieu  des  années  2000  d’une  
gigantesque   opération   de   renouvellement   urbain.   Les   anciennes  
barres   et   tours   ont   été  démolies.  La   ZAC  de   16   hectares  qui   succède  
à  ces   grands   ensembles,   idéalement  située  car  très  proche   du   centre-­‐
ville,   verra   surgir   d’ici   2019  un   millier   de   nouveaux  logements  HQE  
(haute   qualité   environnementale),   32  000   m²   de   bureaux,   3  900   m²  
d’équipements,   6  600   m²   de  scommerces   et   d’activités   de   services.  
Il   s’agit  bien   d’une   opération   de   requalification   urbaine  autour  d’un  
projet   de   territoire   résidentiel   et   productif,   dans   un   cadre  
harmonieux   et   attractif   et   respectueux  de   la   mixité   sociale.   Le   quart  
des   nouveaux   logements   construits   seront   des   logements   sociaux,  
prioritairement  adressés  aux  populations   qui  vivaient   précédemment  
sur   ce   site,   dans   des   grands   ensembles.   Le   quartier   sera   désormais  
mieux  connecté  aux  quartiers  voisins,  son  esthétique  urbaine  sera  plus  
agréable  comme  en  témoigne  la  photographie.  

EXEMPLE
Lyon la Part-Dieu : l’aménagement d’un centre métropolitain

>  Manuel  PP.  310-­‐311  


Cette   étude   propose   un   exemple   d’aménagement   à   grande   échelle,  
celle  d’un  quartier  d’une  grande  métropole  régionale  :  Lyon  Part-­‐Dieu.  

Doc.  1  –  La  rénovation  du  quartier  de  la  Part-­‐Dieu  


Le  texte  s’attache  tout  d’abord  à  montrer  les  atouts   d’un   quartier  qui  
souffrait  depuis  quelques  années  d’un  déficit  d’image,  d’une  saturation  
de   son   tissu  urbain   et   de   ses   espaces   circulatoires,   ainsi   que  d’un  
urbanisme   vieillissant   et   peu   fonctionnel.  Les   atouts   reposent   sur   la  
convergence   de   moyens  de  communication  à   différentes   échelles   qui  
font   de  ce  quartier  un  véritable  hub.  L’offre  commerciale  et   culturelle  
est   remarquable.   Pour  ces  raisons,  le  maire  de  Lyon,  Gérard  Colomb,  

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

a   lancé   un   vaste  programme   de  projets  urbains  afin  de  redonner   ses  


lettres  de  noblesse  à  un  quartier  qui  était  au  bord  de  la  rupture.  Pour  
cela,   trois   axes   sont   privilégiés  :   une   nouvelle   dynamique   urbaine   au  
moyen   de   la   verticalité   et   de   la   construction   de  nouvelles   tours  ;   un  
réaménagement   des   espaces  
de   mobilités   autour   de   la   gare   et   du   centre   commercial  ;   le  
développement   des   activités   commerciales   et   de   services   dans  
l’ensemble  du  quartier.  
 
Doc.   2   –  Un   quartier  d’activités  tertiaires  au   cœur  de   la   métropole  
lyonnaise  
Lyon  est  une  métropole  polynucléaire.  Sa  centralité   fonctionnelle   est  
éclatée   en   plusieurs  pôles  centraux,  péricentraux  et  périphériques.  Au  
cœur  de  cette  armature  se  trouvent  les  pôles  de  la  presqu’île  (centre  
historique)   et   de   la   confluence,   de   Gerland,   et   de   la   Part-­‐Dieu.   Le  
quartier   de   la   Part-­‐Dieu   est   un   centre   très   actif.   Il   rassemble   2  200  
entreprises   pour   40  000   emplois.   Autour  de   la   gare,   ce   sont   2  000  
chambres   d’hôtel   qui  
sont proposées. Le centre commercial concentre l’essentiel des
110 000 mètres carrés de commerces répartis en 267 boutiques. 8 000
places de parking, plusieurs lignes de métro et de tramway font de ce
quartier la véritable plateforme multimodale de la métropole.120 000
personnes transitent chaque jour par la gare.

Doc.  3  –  Le  quartier  de  la  Part-­‐Dieu  :  paysage  urbain  


La   photographie   est   prise   en   direction   du   sud   de   l’agglomération  
lyonnaise.  On  distingue  notamment  le   Rhône   sur   la   partie   droite   de  
la   photo.   Ce   paysage   couvre   une   grande   partie   du   quartier   de   La  
Part-­‐Dieu,  dont   la   gare   éponyme  est  située  sur  la  bordure  droite  de  la  
photographie.   Le   paysage   urbain   lyonnais   a   longtemps   été   marqué  
par   son   homogénéité   et  son  horizontalité,  exception  faite  de  l’utopie  
urbaine  de  la  cité  industrielle   de  Tony  Garnier.  Il  a   fallu   attendre   les  
années  1960   et   la   libération   d’un   foncier   d’anciennes   friches  
industrielles   et  militaires  pour  voir  apparaître  les  premiers  projets  de  
grands   ensembles   et   de   grandes   tours.   On   distingue   sur   la   droite  
deux   des   premières  «  barres  »   construites  parallèlement  entre   1963  
et   1965,   de   dimension   impressionnante  :   135  mètres   de   long   et  
53   mètres   de   haut.   Le   projet  initial  prévoyait  une  dizaine  de  barres  
d’envergure   identique,   mais   il   a   rapidement   cédé   la   place   à   une  
multitude   de   réalisations   résidentielles   et   de   bureaux   moins  
ambitieuses,  dont   certaines   sont   visibles   sur   la   partie   gauche  de   la  
photographie.   La   Tour   du   Crédit-­‐Lyonnais   est,   depuis   40  ans,   le  

   
 

bâtiment   symbolique   de   ce   quartier.   Inauguré   en   1977,   l’édifice   est  


une   tour  de  forme  cylindrique  d’un  diamètre   de  44  mètres,  mesurant  
165  mètres   de   haut   pour   42  étages.   Elle   s’inscrit   au   cœur   d’un  
«  urbanisme   de   dalle  »   marqué   par   la   présence   d’un   centre  
commercial,   d’un   auditorium,   d’une   bibliothèque   municipale,   de   la  
tour  Caisse  d’Épargne,   de  bâtiments  divers,   l’ensemble   fait   face   à   la  
gare   de   la   Part-­‐Dieu  inaugurée   à   l’occasion  de  l’arrivée  de  la   ligne  à  
grande   vitesse   entre   Paris   et   Lyon   au   début   des   années  1980.   Après  
trois   décennies   de   somnolence   architecturales,   sanctionnées   par   un  
mécontentement   local   généralisé   à   l’encontre   de   cet   urbanisme  
considéré   comme   déshumanisé   et   inesthétique,   les   projets   de  
grandes   tours   ont  repris   avec   la   Tour   Oxygène   et   la   Tour   Incity  
marquant  la  nouvelle  ambition  de  ce  «  petit  Manhattan  »  rhodanien.  

Doc. 4 – La gare de la Part-Dieu et l’aménagement local


Les enjeux de l’aménagement du quartier autour de la gare de la Part-
Dieu s’expliquent en raison du caractère multimodal de ce quartier. Le
texte souligne l’importance de la gare et de son quartier dans l’insertion
du territoire métropolitain lyonnais à différentes échelles : locale,
régionale, nationale et même internationale. En cela La Part-Dieu est
bien la porte d’entrée de la métropole. Toutefois ce quartier, résolument
moderne lors de ses deux premières phases d’aménagement (à savoir
les années 1960 puis 1980) est désormais en voie de saturation en raison
de l’intensification des mobilités. Cela nécessite un vaste programme de
réaménagement afin de moderniser et de fluidifier les trafics dans et
autour de la gare afin de rendre ce hub plus efficace qu’il ne l’est
actuellement.

» Analyse des documents


Décrire  et  mettre  en  récit  une  situation  géographique  
 
1.   On   peut   distinguer   plusieurs   atouts   pour   le  quartier   de   Lyon  
la   Part-­‐Dieu.   Tout   d’abord   le   quartier  est  idéalement  situé  au  cœur  
de   l’espace   métropolitain,   sur   la   rive   gauche   du   Rhône.   Ensuite   il  
s’articule   autour  d’une  gare   TGV  qui  fonctionne   comme   un   hub   en  
concentrant   des   modes   de   transport   à   différentes   échelles.   Enfin   il  
s’agit   également  d’un   lieu   de   concentration  des  services   marchands  
et   culturels   avec   un   centre   commercial,   des   boutiques,   un  
auditorium,   une  bibliothèque  municipale,  etc.  
 
2.   Les   transformations   envisagées   reposent   sur   une  
verticalisation   du   paysage   urbain   avec   la   construction   de  
nouvelles   tours   et   sur   une   modernisation   de   l’espace   autour   de   la  
gare  afin  d’accueillir  plus  de   passagers  et   de   fluidifier  les  mobilités  

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

autour  de  ce  pôle  d’échanges.  


 

3.   En   favorisant   les   mobilités,   en   multipliant   les   activités   et   en  


densifiant   le   bâti   dans   l’ensemble   du   quartier,   les   acteurs   de   ce  
projet  d’aménagement   ambitionnent  de  faire  de  La  Part-­‐Dieu  un  des  
grands  hubs  européens.  
BAC
Pour   répondre   à   la   consigne   il   est   possible   d’organiser   le   plan   de   la  
réponse  selon  les  trois  axes  suivants  :  
•   les   facteurs   du   nouvel   aménagement  :   vieillissement   des  
infrastructures,   saturation  des   réseaux   de   transport,   obsolescence   des  
espaces   d’accueil   dans   et  autour   de   la  gare,  ambition  politiques,  etc.  
•   les   réalisations   envisagées  :   tours   de   grande   hauteur,   nouvelle  
gare,   commerces,   services,  etc.  
•   les   objectifs   recherchés  :   fluidité   des   mobilités,   densification   des  
activités  et  des  commerces,  transformation  du  paysage  urbain,  etc.  

COURS 3
L’urbanisation des campagnes
>  Manuel  PP.  312-­‐313  
Doc.   1  –  Un  lotissement  périurbain  à  Bussy-­‐Saint-­‐Georges  (Seine-­‐et-­‐
Marne)  
La   photographie   aérienne   a   été   prise   sur   les   marges   sud-­‐est   de  
l’agglomération  parisienne,   à   la   hauteur   de   la   commune   de   Bussy-­‐
Saint-­‐Georges  (Seine-­‐et-­‐Marne).   Elle   témoigne   bien   du   processus   de  
«  front   d’urbanisation  »,   caractéristique   de   l’étalement   urbain   de   la  
métropole   parisienne.   Les   marges   rurales   et   agricoles   ont   été  
«  grignotées  »   (on   parle   de   mitage)   par   la   multiplication   des  
lotissements   d’habitat   individuel   aux   formes   géométriques.   Ancien  
village  agricole,  Bussy-­‐Saint-­‐Georges  comptait  441  habitants  en  1975.  
En   1999,   la   population   était   de   9  164   habitants.   Elle   est  désormais,   en  
2015,  de  près  de  2  000  !  La   population  a  donc  été  multipliée  par  58  en  
quarante  ans.  Il  s’agit  bien  de  ce  que  les  démographes  et  géographes  
appellent  une  «  boomburb  »,   c’est-­‐à-­‐dire   une   ville-­‐champignon  (mais  
au  départ  il  s’agissait  bien  d’un  village)  à  la  croissance  démographique  
spectaculaire.   Les   récentes  études  de   l’INSEE  mettent   en   évidence  le  
dynamisme  démographique  des  zones  rurales   situées  à   la   périphérie  
des  villes  où  s’installent  de  plus  en  plus  de  citadins,  parfois  également  
qualifiés   de   «  néo-­‐ruraux  ».   Comme   le   constate   l’INSEE,   «  la  
périurbanisation  continue  de  représenter  la  contribution  la  plus  forte  à  
la   croissance   de   la   population  ».   Ainsi,   en   2015,   la   moitié   de   la  
population   française   vit   dans   des   villes   de   moins   de   10  000  

   
 

habitants.   Depuis   1999,   ce   sont   les   communes   de   moins   de   2  000  


habitants,   et   particulièrement   celles   de   moins   de  500  habitants  qui  
connaissent  les  taux  de  croissance  démographique  les  plus  importants,  
principalement   celles   situées   dans   la   zone   d’attraction   d’un   ou   de  
plusieurs   pôles   urbains.   Dans   le   cas   de   Bussy-­‐Saint-­‐Georges,   ville-­‐
dortoir   de   la   région   parisienne,   la   croissance   démographique   et  
l’étalement   spatial   s’expliquent   en   grande   partie   par   le   foncier  
disponible,   la   proximité   de   Disneyland   Paris   et   la   présence   de  voies  
de   communication   et   de   moyens   de   transport  en   direction   de   Paris  
(RER,  autoroute).  

Doc.  2  –  Les  néoruraux  


Il   est   possible   de   définir   les   néoruraux   comme   des   citadins   ayant  
décidé  de  s’installer  en  milieu  rural.  Comme   le  souligne   le   texte,   le  
phénomène   de   migration   urbaine   en   direction   des   campagnes   (on  
parle   aussi   d’exode   urbain),   début   vers   la   fin   des   années  1960   alors  
que   la   population   rurale   n’a  cessé   de   diminuer   depuis   la  seconde  
moitié   du  XIXe   siècle  est  le  début   de  l’exode  rural.   L’Insee  démontrera  
d’ailleurs   que   la   population   rurale   recommencera   à   croître   avec   les  
résultats  du  recensement   de   1975.   Ce   sont   les   communes   de  moins  
de   2  000   habitants,  souvent   situées   à   une  cinquantaine  de  kilomètres  
des   centres   des   grandes   agglomérations,   qui   sont   les   principales  
«  cibles  »   de   ces   populations.   Il   s’agit   principalement   de  populations  
jeunes   (entre   25   et   34  ans)   appartenant   à   la   classe   moyenne  
souhaitant  bénéficier   d’un   meilleur   cadre   de   vie,   ou   bien  retrouver  
des   racines   familiales   rurales,   éventuellement   participer   au  
renouvellement   et   développement  du  milieu  rural  par  des  activités  en  
relation   avec   la   nature.   La   contribution   de   ces   néo-­‐ruraux   au  
dynamisme  de  territoires  autrefois   en  déclin  est  indéniable  :  maintien  
des   services   publics   (écoles),   du   commerce   de   proximité,   vie  
associative  locale,  défense  de  l’environnement,  etc.  

Doc.  3  –  Les  zones  de  revitalisation  rurale  (ZRR)  


Créées  en  1995,  les  zones  de  revitalisation  rurale   (ZRR)   visent   à   aider  
le   développement  de   territoires   ruraux   à   partir   de   critères   objectifs  
clairement   définis.   Depuis   2005,   on   distingue   trois   types   de  
critères   pour   que   le  territoire   d’une   commune   soit   inscrit   comme  
ZRR  :  
–     critère  démographique  :  densité  inférieure  (de   la  commune  ou   du  
canton)  à  31  hab./km²  ;  
–   critère   socio-­‐économique  :   diminution   de   la  population   et/ou   part  
de   la   population   active   agricole   deux   fois   plus   importante   que   la  
moyenne  nationale  ;  

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

–  critère  institutionnel  :  appartenir  à  un  EPCI.  Le   classement   en   ZRR  


permet   aux   entreprises   de   ces   territoires   de   bénéficier   d’avantages  
fiscaux   conséquents,   notamment   lors   de   leur   création.   Il   s’agit   par  
conséquent   d’un   dispositif   visant   à   aider   ces   territoires   manquant  
parfois  d’attractivité.  
Questions  sur  les  documents  
1.   Si   la  photographie   souligne   la  densité   de   l’habitat  individuel  au  
premier   plan,   elle   montre   également   que   ces   lotissements   sont  
entourés   par   le   foncier   agricole.   On   distingue  bien  à  l’arrière-­‐plan  les  
parcelles  agricoles,  tout   du   moins   ce   qui   reste   d’une   marqueterie  de  
champs   mités   à   la   fois   par   les   lotissements  mais  également  par  les  
entrepôts   et   usines.   Tout   en   haut   de   l’image,   la   ceinture   forestière  
constitue   le   front   de   résistance   à   cette   extension   des   surfaces  
artificialisées.   À   terme,   il   est   probable   que   l’ensemble   du  
parcellaire   agricole   disparaisse.   À   noter   toutefois   que   les   espaces  
verts   ne   sont   pas   complètement   absents   des   lotissements   puisque  
jardins,   allées   plantées   d’arbres   et   parcs   trouvent   leur   place   dans  
l’ensemble  d’habitations.  
 

2.  On  peut  distinguer  plusieurs  raisons  en  mouvement   de   migration  


des   citadins   vers   les  campagnes  :  
–   raison  écologique  :   vivre  au  plus  proche  de  la  nature,  s’éloigner  de  la  
pollution  et  des  désagréments  des  villes  ;  
–    raison  idéologique  :  rejet  de  la  société   de  consommation  ;  
–     raison   économique  :   fuir   les   marchés  immobiliers   urbains   devenus  
trop   élevés   dans  des  villes  où  le  coût  de  la  vie  est  excessif  ;  
–   raison   sociologique  :   départ   de   populations   jeunes   avec   leurs  
enfants.  
Ces  raisons  peuvent  bien  entendu  se   combiner  pour  déterminer   une  
stratégie  de  départ  des  villes  et  d’installation  à  la  campagne.  
 
3.   Si   l’on   compare   la   carte   des   ZRR   et   celle   des   densités   de  
population   de   la   page   302,   on   s’aperçoit   que   ce   sont   les   régions  
densément  peuplées  et  fortement  urbanisées  qui  sont  globalement  
épargnées   par   ces   ZRR.   Le   grand   Bassin   parisien,   le   littoral   du  
Grand   Ouest,   le   pourtour   méditerranéen,   les   sillons   rhénan   et  
rhodanien   n’accueillent   que   très   peu   de   ces   ZRR.   En   revanche,   la  
«  diagonale  »   des   faibles   densités   de   population,   qui   s’étire   des  
Ardennes  aux  Pyrénées,  en  passant  par  le  Massif  central,  concentre  
la  plus  grande  part  de  ces  ZRR.  
 
4.   Les   espaces   ruraux   sont   inégalement   exposés   au   phénomène  
d’urbanisation.  Les  espaces  ruraux  situés  en  périphérie  des  grandes  
métropoles  dynamiques  sont  l’objet  d’une  forte  conquête  de  la  part  

   
 

des   acteurs   fonciers   et   immobiliers   de   la   ville.   C’est   le   cas  


également   des   territoires   ruraux   plus   éloignés   mais   qui   sont  
accessibles   grâce   aux   réseaux   de   transport.   En   revanche,   les  
territoires   ruraux   plus   éloignés,   moins   accessibles,   plus  
contraignants   et   reposant   sur   un   fort   potentiel   et   patrimoine  
naturels  sont  encore  épargnés  par  l’urbanisation.  
 
EXEMPLE
L’urbanisation des campagnes
du Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées

> Manuel PP. 314-315


Cet   exemple   s’inscrit   dans   la   continuité   du   cours   3   consacré   à  
l’urbanisation   des   campagnes   en   France.   Il   a   pour   objet   d’étude   la  
nouvelle   région   du   Languedoc-­‐Roussillon-­‐Midi-­‐Pyrénées,   fusion   de  
deux   entités   qui   ont   en   commun   d’avoir   connu   un   très   fort  
accroissement  démographique  au  cours  des  trente  dernières  années.  
En  France  métropolitaine,   c’est   d’ailleurs   le   Languedoc-­‐   Roussillon  
qui   a   connu   la   plus   forte   croissance   de   population   entre   1975   et  
2013   (+  50  %).   Ce  sont  les  espaces  ruraux  qui  ont  absorbé  l’essentiel  
de  cette  croissance.  

Doc.  1  –  L’urbanisation  des  campagnes  


Ce  texte  insiste  sur  le  processus  de  croissance  des  espaces  artificialisés  
pour  le  Languedoc-­‐Roussillon   mais   il   peut   s’appliquer  également  à  la  
région   Midi-­‐Pyrénées.   Il   montre   les   différents   aspects   de   ce  
phénomène,   à   savoir   l’étalement   urbain   à   partir   des   espaces  
fortement  peuplés  du  littoral,   mais   également  le  mitage   de   l’arrière-­‐
pays.  Il  met  en  avant  le  rôle  des  infrastructures  de  communication  dans  
le   processus   d’artificialisation.   Ce   sont   les   immenses   réserves  
foncières   agricoles   et   viticoles   qui   ont   constitué   le   support   de   la  
dynamique   démographique   des   dernières   décennies   dans   le   cadre  
notamment   d’un   héliotropisme   qui   a   attiré   autant   des   populations  
jeunes   que   des   populations   retraitées,   en   raison   de   l’attractivité   des  
aménités   de   la   nature   de   cette   région.   On   retrouve   ces   facteurs  
pour   la   région   Midi-­‐Pyrénées,   à   savoir   des   pôles   urbains  dynamiques  
(notamment   Toulouse)   mais   également  des  espaces  ruraux   soumis   à  
cette   nouvelle   pression   démographique.   Le   texte   s’achève   en  
montrant   que   la   dynamique   se   poursuit   et   que   l’augmentation   à  
venir   de   ce   nouvel   ensemble   régional   devrait   constituer   un   enjeu  
majeur.  

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

Doc.  2  –  Un  nouveau  lotissement  périurbain  près  de  Perpignan  


La   photographie   aérienne   verticale   est   tirée   du   plan  
d’aménagement   d’un   lotissement   dans   la   commune   de   Baixas,  
située   à   quelques   kilomètres   à   l’ouest   de   Perpignan.   Elle   montre   le  
projet   d’extension   des   zones   résidentielles   par   l’élaboration   d’un  
vaste   périmètre   de   maisons  individuelles  sur   les  marges  de  l’espace  
bâti  de  la  petite  commune.  On  distingue  nettement  que  cette  extension  
s’effectue   au   détriment   des   terrains   agricoles   et/ou   viticoles   qui  
entourent   la   commune.   On   peut   également   constater   que   ce  
processus   de   périurbanisation   (ou   de   rurbanisation   car   en  
l’occurrence   il   s’agit   d’un  ancien  bourg  viticole  qui  a  vu  sa  population  
passer   de   1  969  habitants   en   1975   à   2  587   habitants  en   2012)   a   été  
initialement   engagé   avec   un   lotissement   antérieur   situé   sur   les  
marges  de  celui   projeté.  La   dynamique   démographique  est  donc   très  
présente   dans   ce   bourg   et   s’explique   par   l’attractivité   de   la   région  
et   de   la   métropole   de   Perpignan   dans   le   cadre   de   l’héliotropisme  
résidentiel   mais   aussi   touristique   de   l’ensemble  du  Roussillon,  et  par  
extension  de  la  région  Languedoc-­‐Roussillon-­‐Midi-­‐Pyrénées.  
Les   activités   viticoles   résistent   encore   autour   et  dans  le  village  avec  
la   présence  d’une   importante  coopérative   en   bas   à   droite   de   l’image  
ainsi   qu’une   exploitation   dont   on   distingue   la   cour   ouverte  sur   la  
bordure  droite  de  la  photographie.  

Doc.  3  –  L’évolution  des  populations  communales  


Cette   carte   de   l’Insee   montre   l’évolution   démographique   des  
communes   pour   l’ensemble   de   la   nouvelle   région   Languedoc-­‐  
Roussillon-­‐Midi-­‐Pyrénées.  Elle  révèle   plusieurs  choses.  Tout   d’abord,  
il   faut   souligner   que   l’évolution  démographique   régional   moyen   est  
très   au-­‐dessus   de   la   moyenne   nationale.   Alors   que   l’accroissement  
démographique  national  se   situe  ces  dernières  années  aux  alentours  
de   0,6  %   de   taux   de   croissance   par   an,   il   est   de  plus   du   double   à  
l’échelle   de   la   «  nouvelle  »   région  depuis   le   début   des   années   2000  
avec   un   taux   proche   de   1,2  %.   Il   s’agit,   avec   la   région   PACA,   de  
l’ensemble   territorial,   à   l’exception   de   certains   territoires  
ultramarins,  ayant  connu  la  plus  forte  croissance  démographique  ces  
dernières  décennies.   Ensuite,   certains   territoires   de   cette   région   ont  
connu   des   croissances   particulièrement   fortes  entre   2000   et   2014.  
Ainsi   la   quasi-­‐totalité   des   territoires   littoraux,   mais   aussi   ceux   du  
«  Grand  Toulouse  »  ont  vu  leur  population  croître   d’environ  1,5  %  par  
an,   ce   qui   constitue   un   rythme   considérable.   Ce   sont   des   territoires  
déjà   fortement   urbanisés   depuis   les   années  1960   qui   ont   connu   des  
processus  de  densification  de  leur  population.  
Ces  deux  «  foyers  »  de  forte  croissance  diffusent   leur   modèle   sur   les  

   
 

espaces   ruraux   environnants.  Ainsi   peut-­‐on   constater  sur   cette   carte  


le  «  glissement  »  gradué  en  direction  des  montagnes  du  Massif  central  
et  des  vallées  pyrénéennes.   Les   deux   «  foyers  »   opèrent   leur   jonction  
le   long   de   l’axe   de   l’autoroute   entre   Narbonne   et   Montauban   en  
passant   par   Carcassonne   et   Toulouse.   Le   rôle   des   grands   axes   de  
communication   est   fondamental   pour   comprendre   ce   phénomène.  
On   retrouve   ici   les   tracés   des   autoroutes   A20   et   A75   qui   expliquent  
les   fortes   croissances   sur   les   axes  méridiens  en  direction  du  Lot  et  
de  la  Lozère.  Pour   terminer,   il   est   important   de   souligner   que   cette  
croissance   démographique   est   régionalement   dissymétrique.   On  
trouve   par   conséquent   des  territoires   communaux   qui   perdent   de   la  
population.   C’est   le   cas   dans   les   Pyrénées,   sur   les   retombées   du  
Massif   central   et   aux   marges   des   rayonnements   métropolitains.   À  
l’image   du   territoire   national,   s’opposent   ici   des   territoires  
«  gagnants  »  et  des  territoires  «  perdants  »  en  fonction   de  l’attractivité  
et  de  l’accessibilité  de  ces  territoires.  Ce   sont   les   territoires   ruraux   les  
plus   éloignés   des   métropoles   qui   perdent   actuellement   de   la  
population.   Mais,   paradoxalement,   ils   constituent   sans   doute  
également  les  réserves  foncières   pour   les   croissances   à   venir   dans  
les  prochaines  décennies.  

Doc.  4  –  La  croissance  de  la  population  en  Languedoc-­‐Roussillon  


Cette  carte  complète  les  trois  documents  précédents   et   s’inscrit   dans  
une   perspective   à   moyen   terme.   Elle   évoque   les   prévisions   de  
croissance   démographique   et   montre   qu’aucun   des   ensembles  
subrégionaux   n’échappera   au   processus   d’accroissement   rapide.  
L’arrière-­‐pays   languedocien   devrait   connaître   une   croissance  
soutenue  et  même  les  territoires  ruraux  des  Pyrénées  ou  de  la  Lozère  
porteront   ce   processus.   Les   réserves   foncières   sont   importantes,   les  
prix   du   foncier   accessibles   et   le   caractère   héliotropique   toujours  
présent.   Par   conséquent  cette  «  ancienne  »  région,  aujourd’hui  partie  
intégrante  de  la  nouvelle  région  Languedoc-­‐Roussillon-­‐Midi-­‐Pyrénées,  
devrait  continuer  à  connaître  un  très  forte  dynamique  démographique  
contribuant  à  favoriser  l’urbanisation  des  campagnes.  

» Analyse des documents


Confronter   des   situations   géographiques   à  différentes  échelles  
1.   L’urbanisation   en   Languedoc-­‐Roussillon   se   manifeste   à   la   fois  
par   la   périurbanisation   et   l’étalement   urbain   à   partir   des   espaces  
urbanisés   du   littoral,   mais   aussi   par   le   mitage  de   l’arrière-­‐pays  ainsi  
que   par   la   rurbanisation  des   petits   bourgs   qui   voient   se   multiplier  
les  lotissements  d’habitat  individuel.  
 

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

2.   Ce   sont   principalement   les   espaces   agricoles   et   viticoles   qui   sont  


«  victimes  »  de  cette  périurbanisation.  
 
3.   On   estime   que,   dans   les   25  prochaines  années,  la   population   du  
Languedoc-­‐Roussillon   devrait   croître   d’environ   1  million  
d’habitants.  Les  taux  de  croissance  annuels  moyens  sont  de  l’ordre  
de   1,2  %   actuellement   et   ils   devraient   être   d’encore   0,8  %   par   an  
d’ici   2030.   Toutes   ces   données   chiffrées   témoignent   bien   de  
l’importance   d’un   phénomène  qui   devrait   principalement   affecter  
les  espaces  ruraux  de  la  région.  
 
4.   La   croissance   démographique   devrait   continuer   sur   un   rythme  
soutenu.   Si   ce   rythme   demeure   très   important   dans   les   foyers  
fortement   urbanisés   du   littoral   du   Languedoc-­‐Roussillon,   les  
territoires   ruraux   de   l’arrière-­‐pays   et   des   marges   montagnardes  
n’échapperont  pas  au  processus.  

BAC  
•   Dans   la   première   partie   de   la   réponse   au   sujet,   il   s’agit   de  
convoquer   les   termes-­‐clés   pouvant   alimenter   le   thème   des   facteurs  
de  l’urbanisation  des  campagnes  de  la  région  :  héliotropisme,  réserves  
foncières   rurales,   attractivité   d’un   marché   foncier   accessible   en  
contrepoint   des   prix   immobiliers   difficilement  abordables   dans   les  
villes   dynamiques   de   la   région   (Toulouse,   Montpellier,  
Perpignan,  etc.),  migrations  de  retraite  etc.  
•   Dans   la   deuxième   partie,   les   documents   de   cette   double   page  
permettent   d’évoquer   les   mots-­‐clés   suivants  :   périurbanisation,  
mitage,  rurbanisation,  densification  rurale,  etc.  
•   Enfin,   il   est   possible   de   terminer   dans   une  troisième  partie  sur  
l’artificialisation   des   territoires,   la   dynamique   démographique   à   venir,  
la   diffusion   du   modèle   urbain   au   détriment   des   campagnes  
environnantes,  etc.  

RÉVISER
> Manuel PP. 316-317

» Schémas pour réviser


Doc.  1  –  Les  principales  aires  urbaines  en  France  
Les   trois   paragraphes   de   synthèse   reprennent   les   trois   cours   du  
chapitre   en   insistant   en   gras   sur   les   grandes   lignes   directrices  
proposées  dans   le   manuel   en   mettant   en   relief   les   mots-­‐clés   ou   les  
notions-­‐clés  que  l’on  retrouve  dans  un  encadré  à  part  en  haut  à  droite  

   
 

de   la   page.   Les   chiffres-­‐clés   ont   pour   objectif   de   souligner  


l’importance  du  fait  urbain  en  France  et  de  permettre   aux   élèves   une  
rapide   mémorisation.   Pour   l’Insee,   ce   sont   près   de   85  %   de   la  
population   qui   peut   être   considérée  comme  des  urbains  en  France,  
soit   près   de   55  millions   de   personnes.   Ces   urbains   résident  
majoritairement  dans   les   792   aires   urbaines   définies   par   l’Insee.  La  
principale   d’entre   elles   est   l’aire   urbaine   de   Paris   qui   rassemble  
12,5  millions  d’habitants  :  elle  est  ainsi  presque  sept  fois  supérieure  à  
la   deuxième,   Lyon   (2,2  millions   d’habitants).   Les   quartiers  
prioritaires  (ancienne  appelés  ZUS  ou  zones  urbaines  sensibles)  sont  
désormais  au   nombre  de  1  300   en   2015.   On   comptabilise   environ  
trois   millions   de   résidences   secondaires,   ce   qui   représente   10  %   du  
parc  de  logements  en  France.  
Malgré le dynamisme démographique récent des métropoles
régionales, la France reste un pays macrocéphalique. L’aire urbaine
de Paris est six fois plus peuplée que celles de Lyon ou de Marseille.
Seules sept aires urbaines ont plus de 1 million d’habitants.

Doc.  2  –  Le  processus  de  métropolisation  


Ce   schéma   permet   de   mettre   en   perspective   la   notion   de  
métropolisation.  Il   s’agit   d’une   notion  multiforme.  C’est  un  processus  
quantitatif   et   démographique   (concentration   des   populations   dans  
des   métropoles)   qui   se   traduit   dans   l’espace   par   l’étalement   urbain   et  
la   périurbanisation.   C’est   aussi   d’un   processus   économique,   avec   la  
concentration   des   activités   tertiaires   (recherche,   innovation,   centres  
universitaires,  etc.)   permettant   à   la   métropole   de   s’insérer   dans   des  
réseaux   de   métropoles   et   de   rayonner   sur   son   aire   d’influence  
immédiate.   Ce   processus   va   de   pair   avec   «  l’embellissement  »   de   la  
métropole   au   moyen   de   projets   d’aménagement   et   de  
patrimonialisation  au  sein  de  l’espace  bâti.  

Doc.  3  –  Les  dynamiques  socio-­‐spatiales  dans  la  ville  


Ce  schéma  souligne  les  disparités  socio-­‐spatiales  au  sein  des  grandes  
agglomérations  françaises.  On  peut  décomposer  l’espace  métropolitain  
en   trois   unités  :   la   ville-­‐centre,   la   couronne   de   communes   de  
banlieue,   la   ceinture   périurbaine.   On   peut   encore   opposer   des  
quartiers   aisés   aux   quartiers   populaires   même   si   les   processus   de  
diffusion   se   multiplient   et   que  les  «  enclaves  »  peuvent  apparaître  ici  
et   là.   L’espace   urbain   se   dilue   sur   les   marges,   et   accompagne   les  
migrations  des  populations,  qu’elles  soient  aisées  ou  ouvrières.  

Doc.  4  –  Le  développement  urbain  durable  


Il   s’agit   du   schéma   élémentaire   permettant   de   replacer   les  

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

principales   composantes   du   développement   urbain   durable.   Il   est  


possible   de   demander   aux   élèves   dans   un   premier   temps   de   le  
mémoriser,  de  leur  proposer  un  fond  vierge  et  de  leur  demander  de  le  
compléter.  
 
BAC
Analyse de documents
>  Manuel  PP.  318-­‐319  
 
»  Extraire  et  confronter  les  informations  
Sujet  :  Les  villes    en  France  

Analyser  le  sujet  et  identifier  le  document  


1. Urbanisation  :   processus   d’extension   spatiale   des  
villes   et   de   concentration   des   populations   dans   les  
espaces  urbains.    
Enjeux   spatiaux  :   ce   qui   est   à   gagner   ou   à   perdre   en  
fonction   d’un   objectif   donné   à   l’échelle   d’un   espace  
géographique.  
2. Le   sujet   concerne   les   espaces   urbains   du   territoire  
français   métropolitain   et   ultramarin.   La   consigne  
fournit   les   axes   d’analyse   du   document   et   la   notion  
clé  au  cœur  de  cette  étude.  
3. Le  document  1  est  un  tableau  de  statistiques  portant  
sur  la  population  et  la  superficie  des  unités  urbaines  
françaises   en   1982   et   en   2011.   Une   unité   urbaine   se  
définit  comme  un  ensemble  de  communes  présentant  
une  zone  de  bâti  continu  qui  compte  au  moins  2  000  
habitants.   Les   données   sont   fournies   par   l’Institut  
national   de   la   statistique   et   des   études   économiques  
en   2015.   Le   document   2   est   extrait   d’un   article   de  
presse,  publié  dans  le  quotidien  Libération  en  date  du  
12  mars   2014.   Les   auteurs   sont   géographes   et   donc  
spécialistes  de  la  question.    
 
Extraire  et  confronter  les  informations  
4. La   question   invite   à   considérer   l’évolution   de   la  
population   et   l’évolution   de   la   superficie   de   chaque  
catégorie  de  villes  à  l’aide  des  données  brutes  et  des  

   
 

pourcentages.   Entre   1982   et   2011,   toutes   les  


catégories   d’unités   urbaines,   à   l’exception   des   villes  
de   100  000   à   400  000  habitants,   connaissent   une  
croissance  de  leur  population.  À  l’échelle  nationale,  le  
nombre   de   citadins   s’est   accru   de   22,6  %.   Ce  
phénomène   est   particulièrement   marqué   dans   les  
très   grandes   villes   (hors   Paris)   avec   un   quasi  
doublement  de  leur  population  en  30  ans.  Les  petites  
unités  urbaines  de  moins  de  10  000  habitants  ont  été  
aussi   très   attractives   avec   une   progression   de   plus   de  
30  %  du  nombre  de  leurs  habitants.  En  revanche,  les  
unités   urbaines   de   100  000   à   400  000  habitants   ont  
perdu   plus   d’un   million   et   demi   de   personnes.   Par  
ailleurs,  on  observe  une  constante  en  1982  comme  en  
2011  :   ce   sont   les   villes   dont   la   population   est  
comprise   entre   10  000   et   100  000  habitants   qui  
réunissent   la   majeure   partie   de   la   population   avec  
près   d’un   quart   des   citadins   français.   Quant   à   Paris,  
elle   représente   toujours   un   peu   plus   d’un   cinquième  
de   la   population   urbaine   française,   avec   un   gain   de  
1,3  million  de  résidents.    
La   superficie   des   unités   urbaines   s’est   accrue   pour  
toutes   les   catégories   de   villes.   L’urbanisation   a  
conquis   environ   33  500  km²   d’espaces  
supplémentaires   à   l’échelle   nationale.   La   surface   des  
très  grandes  villes  de  province  a  plus  que  doublé  ;  la  
croissance   des   unités   urbaines   de   moins   de  
100  000  habitants   a   été   particulièrement   forte  
également.    
L’étalement   urbain   est   mis   en   évidence   par   la  
comparaison   entre   la   croissance   de   la   population   et  
celle   de   la   surface  :   une   augmentation   du   nombre  
d’habitants   se   traduit   par   une   augmentation   plus   ou  
moins   importante   de   la   superficie   urbaine.  
Cependant,   un   exemple   montre   que   cet   étalement  
correspond   aussi   à   une   dé-­‐densification   de   la   ville  :  
en   effet,   alors   que   les   villes   de   100  000   à  
400  000  habitants   ont   perdu   des   habitants   entre  

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

1982   et   2011,   la   superficie   qu’elles   occupent   sur   le  


territoire  français  a  augmenté  dans  la  même  période.    
5. La  ville  moyenne  correspond  aux  communes  et  unités  
urbaines   de   20  000   à   100  000   habitants   (définition  
de   l’Insee).   Les   villes   moyennes   représentent   la  
moitié  de  la  population  urbanisée  en  France.  Souvent  
chef-­‐lieu  de  département  ou  de  canton,  elles  sont  des  
pôles   urbains   intermédiaires,   interfaces   entre   les  
aires   métropolitaines   et   l’espace   rural.   La  
métropolisation   du   territoire   entraîne   des   difficultés  
pour   les   villes   moyennes   à   développer   des   fonctions  
urbaines   bien   affirmées.   Elle   peut   avoir   deux  
conséquences  principales  sur  l’évolution  de  ces  villes.  
Elle   favorise   l’intégration   des   villes   qui   auront   su  
développer   des   liens   d’interdépendance   avec   la  
métropole  ;   ou   bien,   elle   entraîne   un   repli   sur   elles-­‐
mêmes   de   celles   qui,   par   la   faiblesse   de   leurs  
fonctions   économiques   et   administratives,   perdent  
leur   attractivité   au   profit   de   la   métropole,   et/ou   qui,  
par  leur  éloignement,  ne  développent  que  peu  ou  pas  
de  relations  avec  la  métropole.    
6. et   7.   Les   exemples   fournis   dans   les   exercices  
permettent  de  répondre  aux  questions.    
8.   L’armature   urbaine   française,   toujours   dominée  
par   l’agglomération   parisienne,   connaît   depuis   les  
années  1980  des   mutations   fortes   liées   à   une  
tendance   à   la   concentration   des   habitants   dans   les  
grandes  aires  urbaines  de  province.  Cette  dynamique  
se   traduit   par   l’augmentation   de   la   population   des  
communes,   en   particulier   les   communes   rurales,  
situées   dans   la   périphérie   immédiate   de   ces   aires  
urbaines.  Ainsi,  les  grandes  villes  de  province  se  sont  
affirmées  comme  des  métropoles  à  la  tête  de  réseaux  
de  villes  moyennes  et  de  petites  villes.    
 
3.  Rédiger  la  réponse  au  sujet  
 
9.   Thème   1  :   une   urbanisation   dans   le   temps   et   dans  
l’espace  (croissance   de   la   population   et   de   la  

   
 

superficie   des   villes,   de   l’échelle   locale   à   l’échelle  


nationale  ;  inégale  urbanisation  du  territoire).  
   Thème   2  :   la   diversité   des   villes   et   des   dynamiques  
urbaines   (catégories   et   hiérarchie   des   unités   urbaines  ;  
métropolisation   et   polarisation   du   territoire  ;   rééquilibrage  
de  l’armature  urbaine).  
   Thème   3  :   les   enjeux   spatiaux   de   l’urbanisation  
(aménagements   urbains  ;   mobilités  ;   modes   de   vie  ;  
intégration   et   dynamisation   des   espaces   ruraux  
périurbains).  
 
10.   L’introduction   est   rédigée   à   partir   des   réponses   1   à   3.   Le  
développement  est  construit  à  partir  des  réponses  4  à  9.    
Exemple   possible   de   conclusion  :   l’urbanisation   du   territoire  
français   s’est   accentuée   depuis   plus   de   trois   décennies.   Elle  
se   caractérise   par   le   renforcement   des   grandes   aires  
urbaines,   la   métropolisation,   et   par   un   étalement   des  
espaces   urbains   vers   les   périphéries   rurales   des  
agglomérations,   la   périurbanisation.   Ces   processus  
renforcent   le   poids   et   l’influence   des   grandes   métropoles  
dans   l’armature   urbaine   française   qui,   bien   que   plus  
équilibrée,   reste   macrocéphale.   L’étalement   urbain   a  
entraîné   le   développement   des   mobilités   et   généré   un  
accroissement   des   inégalités   socio-­‐spatiales   à   toutes   les  
échelles.    

BAC
> Manuel PP.320-321
Composition  
»  Sélectionner  les   informations  
Sujet  :   Les   mutations   des   espaces   urbains   en  France.  
 
1.  Analyser  le  sujet  
 
1.  Mutations  :  transformations  liées  à  des  dynamiques.  
Espaces   urbains  :   espaces   présentant   les   caractères   de   la   ville   (pôle  
urbain,   aire   urbaine,   couronne   périurbaine).   Il   s’agit   plutôt   d’une  
notion   qualitative   dans   la   mesure   où   elle   n’est   pas   définie   par   un  
nombre  d’habitants.  
2.  Le  sujet  couvre  le  territoire  français  métropolitain  et  ultramarin.  Un  

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

exemple  de  problématique  est  fourni  dans  l’exercice.  


3.  Une  reformulation  du  sujet  est  proposée  dans  l’exemple.  
 
2.  Mobiliser  et  organiser  les  connaissances  
 

4.   Les   principales   notions,   idées   et   exemples   sont   classés   dans   le  


tableau  ci-­‐dessous.  

   
 

 ©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S  


 

CHAPITRE

13
Ø MANUEL  PP.  322  A  357  
 
Les dynamiques des espaces
productifs dans la mondialisation
» Programme et objectifs pédagogiques

Rappel  du  programme  


«  Les   dynamiques   des   espaces   productifs   dans   la  
mondialisation  »   est   l’une   des   quatre   questions   à   traiter  
dans   le   cadre   du   thème   2   «  Aménager   et   développer   le  
territoire   français  »   auquel   le   programme   préconise   de  
consacrer  16  à  17  heures  au  total.  Le  professeur   peut   donc  
construire  son  projet  sur  la  base  de  4  à  5  heures.  

Cette   question   vise   à   décrire   et   à   comprendre  les  nouvelles  


logiques   d’organisation   de   l’espace   économique   français.  
Elle   est   ainsi   l’occasion   de   mettre   en   lumière   un   type  
d’acteurs   qui   jouent   un   rôle   important   dans   le  
développement  des  territoires  français  :  les  entreprises.  Ces  
acteurs   déploient   des  stratégies   qui   leurs   sont   propres   et  
qui,   pour   partie,   ne   relèvent   pas   de   logiques   spatiales.  
Mais   leurs   choix   doivent   tout   de   même   être   étudiés   car  
ils   influent   de   manière   importante  sur  les  dynamiques  des  
territoires.  
 
–   Comment   la   mondialisation   modifie-­‐t-­‐elle   les   logiques  
d’implantation   des   activités  ?   Quel   est   l’impact   de   ce  
processus   sur   les   stratégies   de   localisation   produites   par  
les   différents   acteurs  ?   Quels   facteurs   de   localisation   se  
révèlent   particulièrement   déterminants   dans   ce   nouveau  
contexte  ?  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

–   Comment   les   logiques   de   la   mondialisation   modifient-­‐


elles   l’organisation   de   l’espace   économique   français  ?   Quels  
territoires   semblent   disposer   des   meilleurs   atouts   dans   ce  
cadre  ?   Quels   territoires   semblent   au   contraire   moins  
avantagés  ?  
–   Quels  sont   les   effets   de   la   mondialisation  sur  les  territoires  
productifs  ?   Comment   s’adaptent-­‐ils   à   la   multiplication   des  
échanges  et  à  la  mise  en  concurrence  accrue  des  territoires  ?  
En   première   S,   deux  études  de   cas   au   choix  sont  proposées  :  
«  Roissy  :   plateforme   multimodale   et   hub   mondial  ;   un  
territoire   de   l'innovation  »   et   «  un   espace   de   production  
agricole  ».  

Présentation  de  la  question  


Loin   de   consister   en   un   simple   tableau   économique   de   la  
France,   ce   chapitre   vise   à  démontrer   le   caractère   évolutif  
de   espaces   productifs   français   en   les   replaçant   dans   le  
contexte   européen   mais   aussi   dans   celui   d’une   économie  
mondialisée.  Il   ne   s’agit  donc  pas   de  se  livrer  à   une  approche  
simplement  sectorielle  et   statistique  de   la   question  mais   de  
l’envisager  de  manière  géographique.  
 

Le   concept   d’«  espaces   productifs  »   fait   écho   à   celui   de  


«  système   productif  »,   forgé   dans   les   années  1990   par  Félix  
Damette   e   Jacques   Scheibling   (Le   Bassin   parisien  :   système  
productif   et  organisation   urbaine,   Université  de   Paris   I,   La  
Documentation   française,   1992   et   Le   Territoire     français,  
permanences   et   mutations,   Paris,   Hachette,   1995).   Leur  
objectif   était   de   ne   pas   considérer   la   sphère  productive  de  
manière   isolée   mais  de  souligner  ses  liens  avec  des  activités  
péri-­‐productives   (services   aux   entreprises,   finance,  
transports,   logistique,   etc.)   ainsi   que   la   «  sphère   de   la  
reproduction   sociale  »   (administration,   formation,   etc.).   Ces  
concepts   se   sont   substitués   à   la   division   de   l’économie   en  
trois   secteurs   (primaire,   secondaire,   tertiaire)   héritée   des  
travaux   de   Colin   Clark   (The   Conditions   of   Economic  
Progress,   1947)   et   visent   à   ne   pas  cloisonner   les   activités  

 
 

agricoles,   industrielles   et   de   services   mais   au   contraire   à  


les  articuler  pour  souligner  leurs  interactions.  
 
L’étude   de   cette   question   prend   tout   son   sens   dans   une  
actualité   marquée   par   les   conséquences   sur   le   territoire  
français  de  la  crise   économique   de   la   fin   des   années   2000.  
Laurent   Carroué   a   notamment   mis   en   évidence   deux  
facteurs   expliquant   la   crise   du   système   productif   français.  
D’une   part,   selon   lui,   celle-­‐ci   est   liée   au   caractère   dual   de  
l’héritage   industriel   français   partagé   entre   le   secteur  
manufacturier   d’inspiration   fordiste   (textile,   sidérurgie,  
automobile)   et   les   sites   de   production   issus   du  
développement   volontariste   des   Trente   Glorieuses  
(aérospatiale,   énergie,   défense).   D’autre   part,   le    
redéploiement   du   capital   financier   et   industriel   dans   le  
contexte  néo-­‐libéral  qui  caractérise   la  mondialisation  depuis  
les   années  1980   a   profondément   fragilisé   les   bases  
productives   nationales.   Ainsi,   la   nouvelle   division  
internationale   du   travail   et   l’émergence   de   grandes  
puissances   économiques   concurrentes   ont   largement  
contribué   aux   restructurations   de   l’industrie   française,  
affectant   l’ensemble   du   système   productif.   Néanmoins,   il  
faut   se   garder   de   tout   discours   généralisant   sur   la  
désindustrialisation  de   la   France   pour   mettre   en   évidence   l e  
caractère   très   contrasté   des   m u tations   sectorielles   et  
territoriales    témoignant  des   modalités  variées  d’adaptation  
de   l’industrie  française   à   la   mondialisation.  On   observe,   par  
exemple,   que   si   les   vieux   bastions   régionaux   du   Nord-­‐Est  
restent   les   plus   industriels,   ce   sont  aussi   ceux   qui  perdent  
le   plus   d’emplois   manufacturiers   tandis   que   le  
développement   des   nouvelles   technologies   a   profité   à  
l’Ouest  et  au  Sud  et,   plus  généralement,  aux  métropoles  qui  
sont   les   principales   bénéficiaires   des   logiques   sélectives   et  
de  hiérarchiques  intrinsèques  à  la  mondialisation.  De  même,  
en  ce  qui  concerne  les  espaces  agricoles,  le   productivisme  et  
le   renforcement   des   spécialisations   régionales   ne   doivent  
pas   occulter   la   résistance   des   productions   agricoles   de  
qualité  et  de  proximité.  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

Ainsi,  en  s’appuyant  sur  des  systèmes  d’échelles   emboîtées,  


du   mondial   au   local,   il   est   nécessaire   de   montrer   que   les  
recompositions   des   espaces   productifs   témoignent   de  
facteurs   de   localisation   évolutifs   répondant   à   de   nouvelles  
exigences.  La  question   suppose   donc   d’identifier   le   rôle   des  
acteurs   privés   (en   particulier,   les   entreprises)   et   publics  
(l’État,  les  collectivités  territoriales,  l’Union  européenne,  les  
Chambres   de   commerce)   et   les   liens   qui   les   unissent.   Il  
convient  dès  lors  d’identifier  leurs  choix  d’aménagement  qui  
visent     à  assurer  la  compétitivité   de   leurs   entreprises   pour  
les   uns  ou   de   leurs   espaces   productifs  pour   les   autres.  Loin  
de   sceller   la   fin   des   territoires,   la   mondialisation   suscite   le  
développement   de   politiques   publiques   portées   aussi   bien  
par   les  États  que  par  les  collectivités  territoriales.  Comme  l’a  
montré  Gilles  Ardinat  dans  sa  récente   thèse   (Géographie   de  
la   compétitivité,  2013),   cette  quête  de  compétitivité  fait  des  
territoires   de   véritables   marchandises,   en   concurrence   les  
uns   avec   les   autres   pour   attirer   les   investisseurs.  
«  Innovation  »   et   «  compétitivité  »   deviennent   ainsi   le  
maître-­‐mot   pour   des   acteurs   privés   et   des   acteurs   publics  
qui  fonctionnent   de  plus   en  plus   en  synergie.   À   toutes   les  
échelles,   elles   orientent   les   nouvelles   stratégies  
d’aménagement   du  territoire   relayées   par   des   stratégies   de  
marketing   territorial   destinées   à   séduire   aussi   bien   les  
investisseurs  que  l es  cadres,  les  ingénieurs  ou  les  touristes.  
 

La   nouvelle   question   sur   la   France   (Les   mutations   des  


systèmes   productifs)   mise   au   programme   des   deux  
agrégations   externes   en  2014 et  à  celui  du  CAPES  externe  en  
2015,   a   permis   un   renouvellement   bibliographique   sur  
toutes   ces   questions.   Les   données   statistiques   actualisées  
mais   aussi   les   nombreuses   études   de   cas   fournies   par   les  
nombreux   manuels   publiés   à   cette   occasion   pourront   donc  
être  d’une  grande  utilité  aux  professeurs    du  secondaire.  

» Pour   aller   plus   loin  

BIBLIOGRAPHIE  
•  ARDINAT  G.,  Géographie  de  la  compétitivité,  PUF,  2013.  

 
 

•   BARON-­‐YELLÈS   N.,   «  France,   aménager   et   développer   les  


territoires  »,   La   Documentation   photographique  n°   8067,   La  
Documentation  française,  2009.  
 

•  BOYER  J.-­‐C.  et  al.,  La  France.  Les  26  régions,  Armand  Colin,  
2009.  
•   BOST   F.,   La   France  :   mutation   des   systèmes   productifs,  
SEDES,  2014.  
•   BONNET   J.,   BROGGIO   C.,   Entreprise   et   territoires,   Ellipses,  
Carrefours  géographie,  2010.  
•   BRAUN   B.   et   COLLIGNON   F.,   La   France,   Bréal,   Coll.   Le  
monde  en  fiches,  2010.  
•   CARROUÉ   L.,   La   France.   Les   mutations   des   systèmes  
productifs,  Armand  Colin,  2013.  
•   COLOMBEL   Y.,   OSTER   D.,   La   France,   territoires   et  
aménagement   face   à   la   mondialisation,   Nathan,   «  Nouveaux  
continents  »,  2014.  
•   DAVEZIES   L.,   La   crise   qui   vient.   La   nouvelle   fracture  
territoriale,  Seuil,  La  République  des  Idées,  2012.  
•   GROU   P.   et   al.,   Pour   une   nouvelle   industrialisation   des  
régions   françaises,   L’Harmattan,   «  Questions  
contemporaines  »,  2012.  
 

•   GUMUCHIAN   H.,   PECQUEUR   B.,   La   Ressource   territoriale,  


Economica,  2007.  
•   REGHEZZA-­‐ZITT   M.,   La   France   dans   ses   territoires,   Paris,  
Sedes,  2011.  
•   WOESSNER   R.,   Mutation   des   systèmes   productifs,   France,  
Atlande,  2013.  
REVUES
•   CARROUÉ   L.,   «  Les   systèmes   productifs   européens  :  
nouvelles   problématiques,   nouvelles   méthodologies  »,  
Méditerranée,   t.   92,   3-­‐1999.   Redéfinir   l’industrie.   Colloque  
d’Aix-­‐en-­‐Provence  les  28  et  29  mai  1998,  p.  21-­‐26.  
•   CHARVET  J.-­‐P.,  CROIX  N.,  DIRY  J.-­‐P.,  «  Agricultures  durables  et  
développement   durable   de   territoires   ruraux   en   France  »   in  
Historiens  et  Géographes,  n°  387,  p.  217-­‐229,  2004.  
 

•   BARON-­‐YELLÈS  N.,   «  France  :   Aménager  et   développer  les  


territoires  »,   La   Documentation  Photographique  n°   8067,   La  
Documentation  française,  2009.  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

•   MARCONIS  R.,   «  France  :   recompositions  territoriales  »,   La  


Documentation   Photographique   n°   8051,   La   Documentation  
française,  2006.  
•   REGHEZZA-­‐ZITT   M.,   Géographie   de   la   France,   La  
Documentation  Photographique  n°  8096,  La   Documentation  
française,  2013.  
DOSSIERS PEDAGOGIQUES
•   EDELBLUTTE   S.,   Reconversion   industrielle   ou  
redéveloppement   territorial  ?   L'exemple   de   Thaon-­‐les-­‐
Vosges,  ancienne  ville-­‐usine   textile  lorraine,  Géoconfluences,  
2014.  
 

•   GRÉSILLON   B.,   Marseille-­‐Provence   2013,   analyse  


multiscalaire   d’une   capitale   européenne   de   la   culture,  
Géoconfluences,  2013.  
 

•  GUILLAUME  J.,  Le  Système   productif   d’énergie  de  la  Basse-­‐


Loire,  quelle  durabilité  ?,  Géoconfluences,  2014.  
•   SCHIRMER   R.,   «  Le   vin,   miroir   de   nos   sociétés  »,  
Géoconfluences,  2007.  
•   TABARLY   S.,   «  Du   champ   à   l'usine,   production   et  
transformation  d'une  denrée  agricole  :  la  pomme  de  terre  et  
le  «  système  »  »  McCain,  Géoconfluences,  2009.  
FILMS, DOCUMENTAIRES
•  BRUGIER  A.  Les  Petits  Gars  de  la  campagne,  2013.  
•   PERRET   G.   Ma   mondialisation,   2006   ;   De   mémoire  
d’ouvriers,  2012.  
•  DOUBLET  A.  La  Pluie  et  le  beau  temps,  2011.  
•  La  Défense,  un  quartier  d’affaires,  C’est  pas  sorcier,  2011.  
•  NOSSITER  J.,  Mondovino,  2003.  
•  DEPARDON  R.,  Profils  paysans,  L’approche,  2000.  
•  DEPARDON  R.,  Le  Quotidien,  2004.  
•  DEPARDON  R.,  La  Vie  moderne,  2008.  
•  LE  KIM  A.,  Ciel,  ma  Géo  !,  Le  Clos  Vougeot  ;  La  vallée  de  la  
Romanche  ;   Les   bocages   vendéens   ;   Le   bassin   minier   du  
Nord-­‐  
Pas-­‐de-­‐Calais,  2000.  
•   BISCHOFF   P.,   Carrefour   d’Europe  :   Bergheim,   un   village  
d’Alsace,  La  Cinquième/CNDP,  1998.  

 
 

SITES INTERNET
Bases  de  données  :  
•   Agreste,   le   site   de   la   statistique   agricole  :  
http://agreste.agriculture.gouv.fr  
•   Institut   National   de   la   statistique   et   des   études  
économiques  :  www.insee.fr  
Sources  législatives  et  sites  institutionnels  :  
•  Ministère  de  l’Industrie  :  http://www.industrie.gouv.fr  
•  Pôles  de  compétitivité  :  http://competitivite.gouv.fr  
•  Sur  la  filière  viticole  française  :  www.onivins.fr  

OUVERTURE
> MANUEL PP. 322-323

Doc.  1  –  L’aéroport  Roissy-­‐Charles-­‐de-­‐Gaulle  


Le  document  1   permet  de   montrer   a  capacité  des  territoires  
français   à   s’intégrer  dans   les   grands   réseaux   mondiaux   par  
des   infrastructures   performantes   (ici   les   réseaux   aériens).  
On   peut   en   effet   voir   sur   la   photographie   aérienne   oblique  
les  pistes,  l’aérogare  2  de  l’aéroport  e t,  par  le  ciel,  l’horizon  
aérien  international  ouvert.  
 
Doc.  2–  Le  pôle  de  compétitivité  Mer  Bretagne  Atlantique  
Créés   en   2005,   les   pôles   de   compétitivité   ont   pour  
vocation   de   renforcer   la   compétitivité   des   espaces  
productifs   français   en   dynamisant   la   capacité   d’innovation  
des   entreprises.   Pour   ce   faire,   les   pôles   de   compétitivité  
soutiennent   le   développement   de   projets   collaboratifs   en  
recherche   et   développement.   Ils   reposent   sur   un   ancrage  
territorial  fort,   généralement  en   lien  avec   une   spécialisation  
économique   locale   ou   régionale   qu’il   s’agit   de   soutenir.  
C’est   le   cas  du   Pôle   Mer   Bretagne   Atlantique   qui   est   né   de  
l’économie   et   de   l’identité   maritimes   des   régions   Bretagne  
et   Pays   de   la   Loire.   Comme   l’indique   le   document,   son  
domaine   d’action   concerne   tous   les   aspects   de   l’économie  
maritime.   Il   regroupe   aussi   bien   des   grandes   entreprises  
(Veolia   Eau,   halès,   Grand   Port   Maritime   de   Nantes-­‐Saint-­‐

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

Nazaire)   que   des   PME   (comme   Hydrocean,   spécialisée  


dansles   hydroliennes)   qui   travaillent   en   synergie   avec   de  
grandes   écoles   (École   Centrale   de   Nantes,   ENSTA  
Bretagne),   des   universités   (Brest,   Nantes,   Lorient),   des  
organismes   de   recherche   (Ifremer)   non   sans   l’intervention  
d’acteurs   publics   (CCI   de   Brest,   technopôles   de   Nantes,  
Brest   et   Quimper)   qui   apportent   notamment   des  
financements   et   garantissent   la   mise   en   réseau   des  
différents   acteurs.   La   France   compte   deux   autres   pôles   de  
compétitivité   spécialisés   dans   l’économie   de   la   mer  :  
Aquimer   dont  le  siège  est  à  Boulogne-­‐sur-­‐Mer  et  le  Pôle  Mer  
Méditerranée  à  Toulon.  

Doc.  3  –  Campagne  de  promotion  pour  l’agriculture  du  département  


de  la  Manche  
Ce  document  démontre  avec  humour  que  la  recherche  de   la  
compétitivité   et   de   l’innovation   n’est   pas  un   monopole   des  
secteurs   industriels   et   tertiaires.   Il   fait   partie   d’une   série  
d’affiches   présentées   sur   le   stand   des   agriculteurs   de   la  
Manche   lors   du   Salon   de   l’Agriculture   en   2012.   Celles-­‐ci  
reposent   toutes   sur   les   mêmes   ressorts   humoristiques,   à  
savoir   l’utilisation   de   termes   polysémiques   pouvant  
renvoyer   aussi   bien   à   l’agriculture   qu’aux   hautes  
technologies.   La   Manche,   deuxième   département   pour   le  
nombre   d’exploitations   agricoles,   occupe   le   premier   rang  
national   pour   le   cheptel   de   vaches   laitières.   C’est   aussi   un  
important   producteur   de   légumes   (carottes,   poireaux,  
navets).   Cette   campagne   témoigne   aussi   de   l’investissement  
des   acteurs   publics   (ici   la   Chambre   d’Agriculture   et   l e  
Conseil   Général   de   la   Manche)   dans   la   promotion   de  
l’agriculture   française   et,   plus   généralement,   de   la  
compétitivité  des  territoires.  

 
 

ÉTUDE DE CAS 1
Roissy : plate-forme multimodale et hub mondial

>  MANUEL  PP.  324-­‐327  


Le   pôle   de   Roissy   constitue   un   équipement   majeur   dans  
l’économie   et   dans   l’organisation   de  l’espace  local,  régional,  
national   et   international  :   l’aéroport   a   drainé   plus   de  
63  millions   de   voyageurs   en   2014   (doc.   4),   a   traité   plus   de  
2,2  millions  de  tonnes  de  marchandises,   et  participe   à   plus  
de   4  %   du  PIB  régional  (doc  .7).  
A. Roissy : un grand aéroport international
Ces   quatre   documents   présentent   l’aéroport   Paris-­‐Charles-­‐
de-­‐Gaulle  (implanté   en  partie  sur  la  commune  de  Roissy-­‐en-­‐
France,   d’où   son   nom   courant   de   Roissy-­‐CDG)   comme  
plate-­‐forme   multimodale   permettant   son   insertion   dans   le  
trafic  aérien  mondial.  
 

Doc.  1  –  Un  aéroport  international,  une  plate-­‐forme  multimodale  


Le   document   1   est   un   croquis   présentant   l’aéroport  
international   de   Roissy.   Sont   représentés   les   équipements  
aéroportuaires,   les   infrastructures   qui   en   font   une   plate-­‐
forme   connectée   et   des   éléments   qui   en   font   un   pôle  
économique  majeur.  
Les   équipements   aéroportuaires   font   de   Roissy-­‐CDG   un  
grand   aéroport   (partie   1   de   la   légende).   Les   terminaux  
aéroportuaires   s’alignent   sur   plusieurs   kilomètres   du  
terminal   T1,   construit   en   1974,   au   satellite   S4   du   terminal  
T2   mis   en   service   en   2012   (voir   la  partie  1  de  la  légende,  
mais   aussi   la   photographie   en   ouverture   doc.   1   p.   322).   La  
construction   s’est   faite   à   un   rythme   accéléré   par   ADP  
(Aéroports   de   Paris),   gestionnaire   des   infrastructures  
aéroportuaires   parisiennes.   Elle   s’est   réalisée   sans  
interruption   u   trafic   et   montre   la   capacité   de   Roissy-­‐CDG   à  
s’agrandir,   contrairement   à   d’autres   aéroports   européens  
comme  Londres-­‐Heathrow.  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

Roissy-­‐CDG   est   une   plateforme   connectée   (partie   2   de   la  


légende).   On   eut   mesurer  l’ampleur   du  site,  qui  nécessite  en  
son   sein  un   transport  en   commun  rapide  en   site   propre,  de  
type  métro  léger  aérien  :  CDG-­‐Val.  
Roissy-­‐CDG   est   desservi   par   le   réseau   routier   avec   le  
passage   sous   les   pistes   de   l’aéroport  d’un   des   principaux  
axes  routier  français,  l’autoroute  A1  Paris-­‐Lille.  Elle  offre  une  
desserte  locale  (l’agglomération  parisienne)  et  une   desserte  
longue   distance   (vers   le   nord   du   Bassin   parisien  
notamment).   L’ouest   et   l’est   du   Bbassin   parisien   sont  
accessibles   par   la   Francilienne   (A104),   autoroute   de  
contournement   de   l’agglomération   parisienne.   L’aéroport  
présente   aussi   une   double   desserte   ferroviaire  :   deux  
réseaux  différents   mais   une  gare   au   cœur   de   l’aéroport.   Le  
RER   (Réseau  Express  Régional)  permet  l’accès  au   centre  de  
Paris  et   à   la   région  Ile-­‐de-­‐France.  La   gare  TGV  située   sur   la  
LGV   InterconnexionEst   (contournement   est   de   l’Île-­‐de-­‐
France),   permet  des   liaisons   avec   les   villes   desservies   par  
le  réseau  TGV  de  la  SNCF.  Toutefois,  par  la  LGV,  on  ne  peut  
accéder  au   centre   de   Paris  :   la   LGV   Nord   (Paris-­‐Lille)   passe  
quelques  kilomètres  trop  au  nord  de  Roissy.  
Les   dessertes  routières  et   ferroviaires  font  donc  de   Roissy-­‐
CDG   une   plate-­‐forme   multimodale   connectée   (ce  
qu’indique   la   légende   dans   la   deuxième   partie)   pour   les  
voyageurs  principalement,  même  s’il   existe   une   activité  de  
fret  aérien.  
Le   croquis   montre   aussi   que   l’aéroport   est   un   pôle  
économique   majeure   (partie   3   de   la   légende).   Il   peut   jouer  
le   rôle   de   locomotive   économique   en   Ile-­‐de-­‐France,   avec  
plus  de  86  000  emplois  sur  le  site.  

Doc.   2   –   Le   réseau   aérien   couvert   par   Air   France   (au   départ   de  


Roissy),  2015  
Le   document   2   est   un   planisphère   présentant  les   liaisons  
directes   à   partir   de   Roissy-­‐CDG.   Si   la   quasi-­‐totalité   des  
grands   aéroports   dans   le   monde   est   accessible   depuis  
Roissy,   certaines  grandes    régions  géographiques  sont  mieux  
représentées   que   d’autres  :   Europe,   Afrique   francophone,    
Amérique   du   Nord,   etc.   Cela   traduit   l’insertion   européenne  

 
 

de  la   France,  son  rôle  dans  la  mondialisation   (échanges  avec  


les   pays   du   Nord   révélés   par   la   desserte   du   territoire  
américain  ;   échanges   avec   les   pays   émergents   révélés   par  
les   vols   vers   la   Chine,   l’Inde   ou   le   Brésil),   mais   aussi  
l’aire   d’influence   traditionnelle   de   la   France   (anciennes  
colonies).   Avec   ce   document,   Roissy   apparaît   comme   un  
pôle  majeur  du  transport  aérien  mondial.  
Sur   le   site   officiel   d’Air   France  
http://corporate.airfrance.com/fr),   il     est   indiqué  :   «  Air  
France   exploite   à   Paris-­‐Charles   de   Gaulle   le   hub   le   plus  
puissant   d’Europe   en   termes   de   correspondances   et   y  
propose   plus   de   18  000   opportunités   de   correspondances  
entre   le   long-­‐courrier   et   le   moyen-­‐courrier   (le   long  
courrier   est   un   avion   de   transport   destiné   à   voler   sur   de  
très   longues   distances   –   6  000   km   au   moins  ;   le   moyen  
courrier  est   un   avion  de  transport   destiné   à   voler   sur   des  
distances  moyennes  –  en  général  inférieures  à  4  000  km,   en  
moins   de   deux   heures).   À   Paris-­‐Charles-­‐de-­‐Gaulle,   le  
programme   des   vols   d’Air   France   est   organisé   en   six  
plages   de   rendez-­‐vous,   soit   six   vagues   d’arrivées   et   de  
départs,  étalées   tout  au  long  de  la  journée  pour  permettre  un  
maximum   de   correspondances   dans   un   délai   le   plus   court  
possible.   Contrairement   à   d’autres   plates-­‐formes  
européennes,   Paris-­‐Charles-­‐de-­‐Gaulle   présente   un   fort  
potentiel   de   développement.   L’une   des   grandes   forces   de  
cette   plate-­‐forme   est   de   ne   pas   être   saturée,   et   d’être   en  
expansion  pour  anticiper    les  évolutions  à  venir.  Le  terminal  
2   de   l’aéroport   Paris-­‐Charles-­‐de-­‐Gaulle   s’est   doté   en   2012  
d’un   nouveau   satellite,   qui   offre   16   points   de  
stationnements  avion  supplémentaires  »  

Doc.  3  –  Roissy-­‐Charles-­‐de-­‐Gaulle  :  un  pôle  logistique  


Le   document  3   vient   compléter   le   document  1.  L’extrait   de  
texte   (issu   de   l’ouvrage   collectif  dirigé   par  Yves   Colombel  
et   Daniel   Oster,   La  France,   territoires   et   aménagement   face  
à   la  mondialisation,  Nathan,    2014)  met  en  évidence   le   fait  
que   Roissy-­‐CDG   est   un   pôle  logistique.  Il  est  rappelé  dès  la  
première   phrase   que   Roissy-­‐CDG   est   au   1   rang   européen  
er

pour  le  fret  ;  FedEx  en  a  fait  son  hub  en  Europe.  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

Doc.  4  –  Le  trafic  de  Roissy  en  2015  


Le   document   4   vient   compléter   la   mise   en   évidence   le   rôle  
international   de   Roissy,   puisque   le   diagramme   circulaire  
montre   que  plus   de  90  %  du  trafic  est  international   (91,6  %  
en  2015  selon  l’Union  des  Aéroports  français).  
 
» Analyse  des  documents

Exploiter   des   informations   sur   des   documents   de   types  


différents
1.   La   desserte   de   l’aéroport   de   Roissy   est   assurée   par   une  
diversité   des   modes   de   transport  :   ferroviaire   (TGV,   RER,  
métro),  routier  (routes  et  autoroutes).  
Comme   le   montre   le   document   1,   il   est   possible   de   passer  
d’un  mode  de  transport  à  un  autre  au  niveau  de  Roissy-­‐CDG.  
Le   voyageur  a  le  choix  de  différents  modes   de  transport  pour  
se   rendre   à   un   endroit   donné.   C’est   cela   qui   en   fait   une  
plate-­‐forme  multimodale.  
 

2.   Roissy   est   un   grand   aéroport   international   car   il   permet  


de   relier   des   destinations   internationales   (doc.   2).   Plus   de  
90  %  du  trafic  est  international  (doc.  4).  
3.   Le   document   3   indique   les   atouts   de   Roissy  en     tant   que    
plateforme   logistique  :   «  une   excellente   accessibilité  »  
permise  par  des  modes  de   transport   interconnectés  »,   «  des  
équipements  logistiques  de  haut  niveau  technologique  »,  «  de  
vastes  réserves  foncières  ».  

Méthode   BAC  " Question  1  


•   Le   document   1   a   pour   titre   «  Roissy  :   un   grand   aéroport  
international  ».   Il   faut   relever   l’idée   de   grandeur   et   le  
niveau  international  de  l’aéroport.  
•   La   légende   du   schéma   est   organisée   en   trois   parties.   La    
première   partie   s’intéresse   à   l’organisation   des  
équipements   aéroportuaires,   la   deuxième   partie   montre  
que   l’aéroport   est   une   plate-­‐forme     multimodale,   enfin   la  
troisième   partie   met   en   évidence   qu’il   est   un   pôle  
économique  majeur.  

 
 

•   C’est   la   deuxième   partie   de   la   légende   qui   permet   de  


voir   que   l’aéroport   est   une   «  plate-­‐forme     connectée  ».  
Différents     modes     de   transport   (ferroviaire   et   routier)   sont  
interconnectés   au   niveau   de   Roissy   qui   est   un   lieu   de  
correspondance   entre   différents   modes   et   réseaux   de  
transport.  

B. Un moteur du développement territorial

Doc.     5     –     Le     Grand     Roissy   :   un     pôle  économique  majeur  

Doc.   6   –   Un   nouveau   centre   commercial   à   proximité   de  


l’aéroport  

Doc.  7   –   Les  retombées  économiques   de   l’aéroport  


Les     documents   permettent   de   mettre   en   évidence  le   rôle  
de  l’aéroport  comme  moteur  du  développement  territorial.  
Il   apparaît   ainsi   comme   un   centre   d’emploi,   en   croissance  
forte   qui   en   fait   une   locomotive   économique   de   l’Ile-­‐de-­‐
France  :   plus   de    247  893   emplois   directs,   indirects   ou  
induits   sont   liés   à   l’aéroport   selon   Aéroports   de   Paris   en  
2014  (doc.  7).  Sur  le  site  même  de  l’aéroport,  80  000  emplois  
sont  réunis.  
Pour   accompagner   la   croissance   économique,   des  
politiques   d’aménagement   du   territoire   sont   mises   en  
œuvre.  Le  projet  du  Grand  Paris  a  identifié  plusieurs  grands  
territoires   d'action   dans   le   cadre   de   contrat   de  
développement  territorial,   dont   le   Grand   Roissy   (doc.   5).  
Ce   contrat   vise   au   développement   de   la   plate-­‐forme  
économique   constituée   autour   de   l’aéroport  Roissy-­‐Charles  
de   Gaulle,   qui   a   vocation   à   constituer   un   pôle   économique  
majeur  –  un  cluster   –  axé  sur  les  échanges  internationaux  et  
la   logistique,   les   congrès,   l'événementiel,   le   tourisme  
d'affaires  et    les    rencontres  professionnelles.  
C’est   dans   ce   cadre   que   peuvent   se   diversifier  les   activités  
économiques.   Ainsi   Europa   City  (doc.  6)  est  un  pôle  urbain  
regroupant   des   loisirs,   des   équipements   culturels   et   des  
commerces   et   qui   doit   voir   le   jour   en   2021.  L’article   de  
Libération   (doc.   6)   présente   ce   projet.   Il   est   situé   sur   la  
commune   de   Gonesse   dans   le   département   du   Val-­‐d'Oise,  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

tout   près   de   l'autoroute   A1   et   de   l'aéroport   Paris-­‐Charles-­‐


de-­‐Gaulle.   Ce   projet   s'appuie   sur   le   vaste   projet   de   Grand  
Paris,   sa   construction   doit   accompagner   celle   du   Grand  
Paris   Express   afin   d'être   desservi   par   la   ligne   17   et   par   la  
ligne  D  dès  son  ouverture.  
La   société   responsable   de   ce   projet     est  Immochan,   filiale  
du  groupe  Auchan.  L'aménagement   du   site   est   encadré   par  
l’établissement   public   d’aménagement   de   la   Plaine   de  
France.  
Le   site   doit   accueillir   à   terme,   sur   une   superficie   de  
80  hectares  :   un   centre   commercial   de   500   enseignes  ;   un  
parc  d’attractions  et  un  parc  aquatique,  un   parc   des   neiges,  
un  cirque  permanent  et  une  salle  de  spectacle  ;  une  douzaine  
d’hôtels  ;   une   salle     d’expositions   culturelles  ;   un   centre   de  
congrès.  
 
C. Roissy : les contraintes du développement

Doc.  8  –  Les  zones  de  bruit  autour  de   l’aéroport  

Doc.  9  –  Une   desserte   locale   à  améliorer  


Le   développement   de   Roissy   ne   se   fait   pas   sans  
inconvénients.   La   proximité   de   l’aéroport   avec   les   zones  
résidentielles   est   source   de   nuisances   sonores.   Le   Plan  
d’Exposition   au   Bruit   (PEB)   de   Roissy   prévoit   les  
conséquences     du     trafic     aéroportuaire   en   cartographiany  
les   zones  plus  ou   moins  touchées  par  les  nuisances  sonores  
(zonage   de   A   à   D  :   A   correspondant   à   des   zones   de   bruit  
fort  et  D  de  bruit  faible)  (doc.  8).  
Les   zones   à   proximité   de   l’aéroport   et   localisées   sous   les  
couloirs  aériens  sont  les  plus  exposées  au  bruit.  De  plus,  une  
étude   confiée   à   Bruitparif   par   l’Agence   Régionale   de   Santé  
d’Île-­‐de-­‐France   (ARS   IdF)   a   montré   que   les   zones   à  
proximité   des   aéroports   pouvaient   cumuler   forte  
surexposition   au   bruit   du   trafic   aérien   et   défaveur   sociale  
(comme   sur   la   commune   de   Garges-­‐lès-­‐Gonesse).   Des  
inégalités   socio-­‐spatiales   sont   donc   notables.  
(http://www.bruitparif.fr/sites/default/files/Note_synthese
_volet3_SURVOL.pdf)  

 
 

Véritable  plate-­‐forme  multimodale,  Roissy-­‐CDG  souffre  aussi  


de   l’engorgement   des   infrastructures   et,   parfois,   de   leur  
ancienneté.   Les   temps   de   parcours   sont   allongés   sur  
l’autoroute   par   les   embouteillages   fréquents.  Le   RER   B   fait  
de   nombreux   arrêts   entre   Roissy-­‐CDG   et     Paris,     de   plus   la  
ligne  est  souvent   saturée,   et   peut   connaître   des   avaries.  Les  
rames   sont   vieillissantes   et   inadaptées   au   transport   de  
bagages.   Les   situations   perturbées   sont   fréquentes   sur   les  
axes   qui   desservent   Roissy,   à   cause   d’accidents   liés   à  
l’intensité  du  trafic.  
Le   projet   CDG-­‐Express   vise   donc   à   créer   une   desserte  
ferroviaire   spécifique   pour   l’aéroport,   rapide   et   à   haut  
niveau   de   service.   Elle   s’impose,   car   elle   existe   dans   de  
nombreux  aéroports   dans   le   monde,   et   constitue   un   atout  
dans   la   compétition   européenne   et   mondiale.   Une  
présentation   en   est   faite   sur   le   site   de   Réseau   Ferré   de    
France   (http://www.rff.fr/reseau/projets/nouvelles-­‐
lignes/cdg-­‐express)  :  «  La  liaison  CDG  ».  
 
BILAN DE L’ÉTUDE DE CAS 1
>  MANUEL  PP.  328-­‐329  
» Les  notions  à  retenir
Hub  
Le   doc.   1   présente   des   exemples   de   parcours  aériens   pour  
les   utilisateurs   d’un   hub   comme   celui     de     Roissy-­‐CDG.   Il  
liste   aussi   les   principaux   atouts   de   l’organisation   en   hub  
des  réseaux  aériens.  

Plate-­‐forme  multimodale  
Le   doc.   2   propose   une   vision   synthétique   des   structures  
qui     contribuent   à   établir   la   multimodalité   d’un   territoire  :  
les   moyens   de   transports   sont   représentés   ici   dans   leur  
diversité   (transport   fluvial,   maritime,   aérien,   etc.)   et  
correspondent   à   des   échelles   variées   de   mobilité  :   locale  
(villes),   nationale   (arrière-­‐pays)   et   bien   entendu  
internationale  (port,  aéroport).  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

 
ÉTUDE DE CAS 2
Le Choletais : de l’héritage industriel à l’innovation

>  MANUEL  PP.  330-­‐333  


A. Un héritage industriel face à la mondialisation

Doc.  1  –  Saint-­‐Pierre-­‐Montlimart,  ville  caractéristique  du  Choletais  


Le   tissu   industriel   de   Saint-­‐Pierre-­‐Montlimart   surprend  
par   son   étendue.   L’entreprise   la   plus   importante   est   la  
société     Éram,   premier   fabricant   français   de   chaussures,  
dont   le   siège   emploie   à   lui   seul   1  100   salariés.   En  
comparaison   du   nombre   d’habitants   (3  400),   celui   des  
emplois   (2  900)   apparaît   élevé  :   on   peut   donc   en   déduire  
que   les   activités   de   cette   commune   lui   permettent   de  
polariser   tout   un  bassin  de  vie  rural.  
Doc.   2   –   Nova   Child  :   un   cluster   spécialisé   dans   le   bien-­‐être   de  
l’enfant  
Le   concept   de   cluster   a   été   forgé   par   l’économiste  
américain   Michael   Porter   pour   désigner   une   forme  
d’organisation   des   systèmes   productifs   fondée   sur   des  
«  grappes   d’entreprises  ».   Ainsi,   un   cluster   regroupe   des  
centres   de   recherche   publics   et/ou   privés   et   des  
entreprises  (qui  peuvent  aller   de  la   multinationale  à  la  PME)  
unies   par   des   intérêts   communs  :   infrastructures  logistiques,  
brevets   de  fabrication,  veille  technologique   et   commerciale,  
stratégies   d’innovation   et   de   promotion.   Ils   bénéficient   le  
plus   souvent   du   soutien   des   pouvoirs   publics  locaux   voire  
nationaux.  
 

Doc.  3  –  Historique  de  la  création  du  cluster  Nova  Child  


La   forte   spécialisation   dans   le   textile   et   la   chaussure,   qui   a  
contribué   à   la   prospérité   du  Choletais,   a   débouché  sur   une  
situation   mono-­‐industrielle,  facteur  de  fragilité.  Pour  limiter  
la   vulnérabilité   de   ces   activités   manufacturières  
particulièrement   sujettes   aux   délocalisations,   les   acteurs  

 
 

économiques   locaux   ont   décidé  d’investir   dans   l’innovation  


afin  de  diversifier  la  production  locale.  
 

Doc.  4  –  Le  Choletais  :  un  espace  industriel  original  


Le   Choletais   figure   parmi   les   systèmes   productifs   locaux  
(SPL)   les   plus   dynamiques   du   territoire   français.   Identifiée  
dès   1890   par   l’économiste   britannique   Alfred   Marshall  
(Principes   d'économie   politique)   sous   le   nom   de   «  districts  
industriels  »,   l’organisation  des   SPL  a  fait   l’objet   de   travaux  
approfondis   de   la   part   d’économiste   italiens   en   raison   de  
leur   caractère   récurrent   dans   les   espaces   productifs   de  
l'Italie   du   Nord.   Un   SPL   est   une   concentration,   sur   un  
territoire   géographiquement   délimité,   d'unités   productives  
(essentiellement   des   PME-­‐PMI),   spécialisées   dans   un   ou  
deux   secteurs   d'activité.   Le   rôle     joué   par   les   réseaux  
d’interconnaissance,   y   compris   familiaux,   est   souvent   au    
fondement   des   logiques   de   complémentarité   entre   les  
entreprises.  
» Analyse  des  documents

Prélever  et  confronter  des  informations  


1.   La   photographie   aérienne   verticale   réalisée   par  
l’Institut   Géographique   National   (doc.   1)   reflète   bien   la  
réalité  décrite  dans  le  texte  (doc.  4).  La  superficie  limitée  de  
la   zone   habitée   laisse   apparaître   la   proximité   des   espaces  
agricoles,   ce   qui   fait   de   Saint-­‐Pierre-­‐Montlimart   un   gros  
bourg   rural.   L’importance   de   l’emprise   spatiale   des  
industries   et   des   entrepôts,   au   sein   de   ce   petit   pôle,   reflète  
la  dispersion  des   usines  dans  les  campagnes  du  Choletais.  

Passer  de  l’observation  à  l’explication  


2.   À   l’image   de   Nova   Child,   un   cluster   désigne   une  
concentration   géographique   d’activités   d’un   même   secteur  
ou   d’une   même   filière   (le   bien-­‐être   de   l’enfant,   ici).   Ces  
entreprises   nouent   des   liens   de   coopération   et/ou   de  
complémentarité   (partage   de   savoir-­‐faire,   stratégies   de  
promotion   et   d’expansion)   tout   en   bénéficiant   du   soutien  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

des   acteurs   publics   locaux   (financement   de   dispositifs   de  


formation  et  d’innovation,  par  exemple).  
 

Synthétiser  des  informations  


3.  Alors  que  le   Choletais  se   trouve  confronté  à  une   crise   de  
ses   industries   traditionnelles   dans   les   années  1990,   les  
acteurs   locaux   (entreprises,   collectivités   locales,   CCI)   se  
concertent   pour  éviter   la   désindustrialisation.  L’innovation  
a   consisté   à     développer   une  nouvelle   spécialisation   (le   bien-­‐
être   de   l’enfant)   à   partir   de   certains   savoir-­‐faire  existants,  
grâce   à   une   meilleure   coopération   entre   les   différentes  
entreprises   mais   aussi   différentes   structures   de   soutien  
(veille  commerciale,  formation,  expertise).  
 
B. Un réseau d’acteurs

Doc.  5  –  Un  espace  productif  innovant  


Cette   carte   met   en   évidence   les   dynamiques   de   l’espace  
productif   du   Choletais   en   soulignant  les  mutations   de   ces  
activités,  les  facteurs  d’innovation  mais   aussi   de   localisation  
en   lien  avec  la   qualité   du   réseau  de   transport.  Les   choix  de  
représentation  permettent   aussi   de   spatialiser   la  logique   de  
«  grappe  d’entreprises  ».  
 
Doc.  6  –  La  plate-­‐forme  technologique  eMODE  
Outre   les   modalités   des   synergies   entre   acteurs   d’un    
territoire    innovant,   l’intérêt  de  ce  document  est  de  montrer  
comment   certaines   activités   concilient   innovation   et  
développement   durable.   Le   témoignage   concret   d’un  
adhérent  de   la   plate-­‐forme  eMODE  doit  faciliter  l’empathie  
des  élèves  avec  ce  jeune  créateur.  
C. Un territoire qui résiste à la crise

Doc.  7  –  Une  «  terre  d’entrepreneurs  »  


Les     statistiques   traduisent   la   vitalité   socio-­‐économique   de  
la  région  de  Montaigu.  Elles  font  aussi   ressortir   l’originalité  
du   Choletais  :   la   part   des   emplois   industriels   de   la  

 
 

communauté  de  communes  «  Terres   de   Montaigu  »   est   trois  


fois  plus  élevée  qu’à  l’échelle  nationale.  

Doc.  8  –  La  réussite  du  «  Vendéopôle  »  du  pays  des  Essarts  


Ce   texte   illustre   le   rôle   fondamental   du   volontarisme  
politique   en   matière   de   développement   local.   Les  
multinationales   (à   l’image   de   Vuitton)   mettent   en  
concurrence   les  territoires  afin  de  bénéficier  des  conditions  
d’investissement   les   plus   favorables.   Compétitivité   des  
entreprises   et   compétitivité   des   territoires  apparaissent  ici  
indissociables.  
 
Doc.  9  –  L’évolution  démographique  du  Choletais  
La  population  du  Choletais  a   augmenté  de  69  %  entre  1968  
et   2011.   Ce   dynamisme   démographique   traduit   sa   vitalité  
économique   et   une   forme   de   résilience   non   seulement   à   la  
crise  rurale  mais  aussi  à  la  désindustrialisation.  
» Analyse  des  documents

Prélever  et  exploiter  des  informations  


4.  La  capacité  d’initiative  des  acteurs  locaux  est  à  l’origine  de  
différentes  stratégies  qui  ont  limité   la  désindustrialisation  en  
valorisant   les   savoir-­‐faire   hérités  :   reconversion   en   lien  
avec   l’habillement   (ouverture   de   magasins   d’usines),  
innovation  (renforcement   des   liens   entre   les   entreprises   et  
les   écoles),   diversification   des   activités   (électronique,  
plasturgie),  tertiarisation  (transport,  logistique).  
5.   Le   SPL   du   Choletais   repose   sur   la   collaboration   entre  
acteurs   économiques   (entreprises,   centres   de   recherche),  
acteurs   académiques   (établissements   d’enseignement)   mais  
aussi     acteurs   politiques  (collectivités  locales)  qui  apportent  
notamment   des   financements.   Les   pouvoirs   publics   sont   les  
instigateurs   de   structures   (plate-­‐forme   eMODE)   qui   ont  
facilité   les   synergies   entre   eux.   Ainsi,   les   entreprises  
bénéficient   des   conseils   et   de   l’expertise   de   centres   de  
recherche   tout   en   favorisant   l’insertion   professionnelle   des  
jeunes.  
 

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

6.   L’héritage   industriel   du   Choletais   repose   essentiellement  


sur   le   textile,   le   cuir   et  l’ameublement.   Les   mutations   de   ce  
territoire   confronté   à   la   crise   ont   consisté   à   innover   à  
partir   des   savoir-­‐faire  locaux  en   les   adaptant  aux   évolutions  
du  marché  (prise  en  compte  du  développement  durable),  des  
logiques  commerciales  (ouverture  de  magasins  d’usines),  des    
technologies   (impression   numérique,   électronique)   et   de   la  
mode.  

Passer  de  la  description  à  l’explication  


7.   Le   Choletais   est   un   espace   attractif   aussi  bien   pour   les  
investisseurs   que   pour   la   population.   Ses   caractéristiques  
suscitent   l’installation   de   nouvelles   entreprises  
pourvoyeuses   d’emplois   qui   attirent   de   nouveaux   résidents  
et  expliquent  le  dynamisme    démographique   local.     Celui-­‐ci  
stimule   à   son   tour   l’installation   de   nouveaux  services.  

BAC  
La  plaquette   de  promotion  de  la  communauté  de  communes  
«  Terres   de   Montaigu  »   fait   la   publicité   de   ce   territoire  
dynamique.  C’est  aussi  un  moyen  pour  les  élus  de  vanter  les  
mérites   de   leur   stratégie   de   développement   local.   La  
photographie   d’usines   flambant   neuves   ainsi   que   les  
statistiques   se   veulent   la   traduction   concrète   de   ces  
réussites.   Néanmoins,   certaines   données   s’avèrent  
incomplètes  :   la   période   sur   laquelle   a   été   calculée   la  
moyenne   annuelle   de   l’augmentation   du   nombre  
d’entreprises   n’est   pas   indiquée,   pas   plus   que   le   taux   de  
chômage  et  son  évolution.  

BILAN DE L’ÉTUDE DE CAS 2


>  MANUEL  PP.  334-­‐335  
» Les  notions  à  retenir

Acteurs  spatiaux  
Les   acteurs   spatiaux   désignent   l’ensemble   des  individus   ou  
des   groupes   de   personnes   exerçant   plus   ou   moins  
directement   une   action   sur   un   territoire.   Les   acteurs  

 
 

possèdent   leurs   objectifs,   ils   développent   des  


représentations  et  défendent  leurs  intérêts,   en     fonction     de    
quoi   ils   peuvent   développer   des   stratégies,   entrer   en  
concurrence  ou   au   contraire  passer  des   alliances  entre   eux,  
faire   du   «  lobbying  »,   etc.   Ils   contribuent   au   mode  
d’organisation   et   de   fonctionnement   d'un   espace  
(production,   transports,   distribution,     loisirs,   services,  
urbanisme,   etc.)   et   à   la   transformation  des  paysages.  
Une   utilisation   possible   du   schéma   serait   de   l’appliquer   à  
l’exemple   du   Choletais.   Le   professeur  pourrait  proposer  aux  
élèves   un   schéma  fléché  vierge  avec  les  cinq  types  d’acteurs  
entrant   dans   le   fonctionnement   de   ce   territoire   de  
l’innovation.   Les   élèves   placeraient   les   acteurs   envisagés  
dans  l’étude  de  cas  dans  les  cases  correspondantes.  
Espace  productif  
La   notion   d’espace   productif   invite   à   réfléchir   à   des  
territoires   fonctionnels,   de   création   et   de   transformation.  
Leur  mise  en  valeur  vise  un  objectif  de  rentabilité  qui  pousse  
les   acteurs   (entreprises,   individus   et   pouvoirs   publics)   à  
déployer   des   stratégies   pour   en   garantir   la   viabilité   et   la  
compétitivité.   Le   degré   de   spécialisation   de  ces   espaces  est  
variable   et  leur  organisation  obéit  souvent   à  des  logiques   de  
filières   de   plus   en   plus   mondialisées.   En   effet,   ils   se  
définissent   par   leur  caractère   dynamique  :   certains   espaces  
productifs  sont   en   déclin   ou   bien   en   reconversion  tandis   que  
d’autres   ont   réussi   à   s’adapter   pour   assurer   la   pérennité  
de   leurs   activités.   Ces   recompositions   peuvent   être   liées   à  
des  facteurs  endogènes  (vieillissement   des   techniques   et   de  
l’appareil   de   production,   par   exemple)   ou   exogènes  
(concurrence,  subventions,  par  exemple).  
Sur   le   même   modèle   que   l’exercice   proposé   à   partir   du  
schéma   sur   la   notion   d’acteur,   il   serait   possible   de   donner  
aux   élèves   un   organigramme   vierge   où   les   élèves  
mettraient   en  relation   les  stratégies   et   les   aménagements  
qui   président   à   l’organisation   de   l’espace   productif   du  
Choletais.  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

ÉTUDE DE CAS 3
Le Bassin parisien : grenier à blé de la France
>  MANUEL  PP.  336-­‐339  
A. Un espace céréalier productiviste

Doc.  1  –  Les  espaces  agricoles  du  Bassin  parisien  


Dès   le   Moyen   Âge,   certaines   communautés   du   Bassin  
parisien  s’étaient  rendues  compte  qu’une  partie  des    plaines  
et  des  plateaux  qui  le  composent   se   montraient     favorables    
à   la   céréaliculture.   À   l’époque   contemporaine,   la  
mécanisation  et  le  recours  aux  engrais  ont  permis  d’étendre  
les  superficies  cultivées  à  des  terres  beaucoup  moins  fertiles  
(Champagne   crayeuse).   Cette   dynamique   se   poursuite  
encore   aujourd’hui   sur   les   marges   herbagères   du   bassin  
(Lorraine,  Normandie,  Maine,  etc.).  

Doc.   2   –   Grandes   cultures   et   industries   agroalimentaires   dans   la  


Beauce  
Aux   confins   de   la   Beauce   et   du   Gâtinais,   la  petite  ville  de  
Pithiviers   présente   une   forte   spécialisation   dans   les  
industries  agro-­‐alimentaires.   La   photographie   donne   à   voir  
le   paysage   d’openfield   caractéristique   de   cet   espace  
productif,   favorable   à   la   mécanisation  de   l’agriculture.   Elle  
montre  que   le   blé   alterne  avec   d’autres   cultures   (betterave  
sucrière,   par  exemple).   Elle   permet   aussi   de  travailler   sur  
les   filières   agro-­‐alimentaires,   des   champs   à   l’expédition,   en  
passant  par  la  phase  de  transformation.  

Doc.  3  –  L’Eure-­‐et-­‐Loir,  premier  département  céréalier  de  France  


Le  tableau  témoigne  des  spécificités  des  espaces  agricoles   du  
centre   du   Bassin   parisien   où   l’on   trouve   les   plus   vastes  
exploitations   du   territoire   mais   aussi   certains   des   revenus  
agricoles   les   plus   élevés   (avec   les   régions   de   vignobles  
prestigieux).   La   taille   des   exploitations   est   motivée   par   la  
recherche   d’économies   d’échelle   permise   par   un   haut  
niveau  de  mécanisation  et  de  maîtrise  technologique.  
 

 
 

» Analyse   des   documents  

Exploiter et confronter des informations


1.   La   culture   de   blé   est   présente   dans   la   plus   grande    
partie     du     Bassin     parisien,     tout   particulièrement   dans   sa    
partie   centrale   (Beauce,   par   exemple).   Cette   spécialisation  
signifie   que   les   agriculteurs   ont   abandonné   certaines  
productions   pour   se   concentrer   sur   cette   culture  
rémunératrice.  
2.   La     céréaliculture   marque   l’organisation   spatiale   du  
Bassin   parisien   à   toutes   les   échelles.   À   l’échelle   nationale,  
celui-­‐ci   fait   figure   de   grenier   à   céréales   de   la   France   tant  
elles  dominent  ses  surfaces  agricoles.  À  l’échelle  locale,   dans  
le   département   de   l’Eure-­‐et-­‐Loir   par   exemple,   on   peut  
constater   que   la   part   des   céréales   dans   la   SAU   représente  
plus   du   double   de   la   moyenne   nationale.   De   même,   elle  
marque   les   paysages   qui   laissent   parfois   apparaître   une  
monoculture  ainsi   que   des   infrastructures  destinées  à  leur  
conditionnement   (silos)   et   à   leur   transformation  
(biscuiteries,  malteries).  
 

3.   Le   tableau   statistique   et   l’histogramme   fournissent   des  


données   du   Recensement   Général   de   l’Agriculture    
concernant   le   département   de   l’Eure-­‐et-­‐Loir.   Le   premier  
permet     de     comparer     l’agriculture   de   ce   département   avec  
la   moyenne   nationale.   Le   second     présente     l’évolution     du    
nombre   d’exploitations   dans   entre   2000   et   2014.   On  
constate   ainsi  que  la  diminution   du  nombre   d’exploitations  
a  pour  corollaire  une   concentration   des   terres   agricoles.   En  
effet,   le   nombre   des   petites   exploitations   a   diminué   tandis  
que   les   grandes   exploitations   sont   de   plus   en   plus    
nombreuses.   Leur   superficie   moyenne   est   d’ailleurs   deux  
fois   plus   étendue   qu’à   l’échelle   nationale.   On   peut   donc   en  
déduire   que   les   gros   exploitants   rachètent   les   terres   des  
cultivateurs   n’ayant   pas   trouvé   de   successeurs   à   leur  
exploitation.   La   carte   met   en   évidence   l’extension   des  
grandes   cultures   au   détriment   de   la   polyculture   et   de  
l’élevage,   en  particulier  sur   les   marges   du   Bassin   parisien,  
témoigne   du   renforcement   de   la   spécialisation  céréalière  et  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

confirme   l’intérêt   des   agriculteurs   pour   ces   cultures  


rémunératrices.  

Passer  de  la  description  à  l’argumentation  


4.   La   céréaliculture   du   Bassin   parisien   est  intensive   car   elle  
fournit   de   gros   rendements   comme   en   atteste   le   niveau  
des   revenus   des   agriculteurs.   Leurs   exploitations   sont  
vastes   pour   la   France   mais   leur   superficie   reste   moyenne  
comparée   aux   fermes   nord-­‐américaines   ou   argentines,   par  
exemple.  Elle  est  aussi     productive  car   sa  mécanisation  (qui  
explique   la   superficie   des   exploitations)   permet  de  dégager  
de  gros  revenus  par  actif  agricole.  
 
B. Des acteurs intégrés aux marchés mondiaux

Doc.  4  –  Rouen,  le  premier  port  céréalier  européen  d’exportation  


Le   port   de   Rouen   exporte   chaque   année   plus  de   3  millions  
de   tonnes   de   céréales,   ce   qui   représente     la   moitié   du  
tonnage   des   vracs   solides.   Situé   au   fond   de   l’estuaire   de   la  
Seine,   sa   proximité   avec   les   espaces   de   production   lui  
permet   de   limiter   le   coût   des   transports   terrestres   par  
rapport  aux  autres  ports.  

Doc.  5  –  Les  exportations  françaises  de  blé  vers  l’Égypte  


L’Afrique   du  Nord   et  l’Afrique   de  l’Ouest   sont  les    principaux    
importateurs    de    céréales  françaises.  Le   Bassin   parisien   se    
trouve   cependant   confronté   à   l’émergence   de   nouveaux  
concurrents   (Russie,   Ukraine,   Roumanie,   Kazakhstan   aux  
vastes   plaines   fertiles)   qui   bénéficient   d’une   main-­‐d’œuvre  
bon  marché.  
 

Doc.  6  –  L’espace  productif  du  groupe  Soufflet  


Dans   les   années   1920,   Jean   Soufflet   est   un   petit   négociant  
en   céréales   de   Nogent-­‐sur-­‐Seine.   Son   petit-­‐fils   est  
aujourd’hui  à  la  tête  d’une   entreprise  multinationale  de  plus  
de  4  000  salariés  qui   réalise  un    chiffre    d’affaires  annuel  de    
4,7  milliards  d’euros  dont  54  %  à  l’exportation.  

 
 

C. Vers une céréaliculture durable ?

Doc.  7  –  Le  pôle  de  compétitivité  «  Industries  et  Agro-­‐Ressources  »  


L’intérêt  de  ce  document  est  de  combiner  l’étude  d’un  espace  
de  production  agricole  et  celle  d’un  territoire  innovant  pour  
montrer   que   l’innovation   ne   se   limite   pas   aux   hautes  
technologies  en  lien  avec  le  numérique  ou  l’électronique.  

Doc.   8   –   Les   conséquences   environnementales   de   l’agriculture  


productiviste  
La   nappe   de   Beauce   est   la   plus   vaste   d’Europe.   Elle   s'étend  
sur   10  000   km2   et   six   départements   (Eure-­‐et-­‐Loir,   Loir-­‐et-­‐
Cher,   Loiret,   Seine-­‐et-­‐Marne,   Yvelines   et   Essonne).     61  %  
des  prélèvements  réalisés  sont  destinés  à   l’irrigation   contre  
31  %   pour   l’usage   domestique   et  8  %  pour  l’industrie.  
» Analyse  des  documents

Exploiter  et  confronter  des  informations  


5.   En   amont   de   la   filière   agroalimentaire,   les  entreprises  
de  services  fournissent  engrais  et  semences  aux  exploitants  
agricoles.  Ensuite,  ces  derniers   expédient   leur   récolte   à   des  
entreprises   de   stockage   ou   de   transformation   (moulins,  
malteries).   Elles   exercent   aussi   des   activités   de   négoce,   ce  
qui   les   met   en   relation   avec   les   entreprises   de   transport  
(train,   bateau)   en   vue  d’une  exportation.  
 

6.   La   qualité   et   la   quantité   des   céréales   du   Bassin   parisien  


permettent   à   la   France   d’en   être   le   1  pays   européen  
er

exportateur.   Le   port   de   Rouen   concentre   la   majeure   partie  


de  ces  flux  à  destination  notamment   de   l’Afrique   du   Nord.  
Des   FMN   confèrent   à   cette   filière   une   organisation  
caractéristique   de   l’agrobusiness   qui   garantit   sa  
compétitivité  sur  les  marchés  mondiaux.  Celle-­‐ci   repose  sur  
l’innovation  (développement   de   nouvelles   valorisations   des  
céréales)   et   des   bureaux   de   négoce   (recherche   de  
débouchés  commerciaux).  
 

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

7.   Le   productivisme   a   des   conséquences   à   la   fois  


quantitatives   et   qualitatives   sur   l’eau.   Les   prélèvements  
destinés   à   l’irrigation   contribuent   à   une   diminution   de   la  
ressource  qui  peut  nuire  aux   espèces  aquatiques.  Le   recours  
aux  produits  phytosanitaires  pollue  les  aquifères.  
 
Passer  de  la  description  à  l’argumentation  
8.  Le  pôle  IAR  vise  de  nouveaux  débouchés  pour  les   produits  
agricoles   du   Bassin   parisien.   Il   s’agit   de   développer   les  
usages   non   alimentaires   des  céréales   pouvant   se   substituer  
aux   matériaux   polluants   ou   gourmands   en   énergie   utilisés  
dans  la  fabrication  des  produits  de  la  vie  courante.  

BAC  
•   L’affiche   et   le   texte   issus   du   site   Internet   du   pôle  
«  Industries   et   Agro-­‐Ressources  »   vantent   les   mérites   de  
l’innovation  développées  par   les  acteurs   qui   le   composent  
(IAA,   laboratoires,   collectivités).   Il   s’agit   donc   d’un  
document  promotionnel.  
•   L’image   illustre   la   diversification   des   débouchés   de   la  
céréaliculture   qui   ne   se   limite   plus   à   l’alimentation  
(agromatériaux,  cosmétiques,  agrocarburants).  
•   Si   la   durabilité   apparaît   dans   la   volonté   de   protéger  
l’environnement   tout   en   soutenant   le   développement  
économique,   on   peut   s’interroger   sur   la   conciliation   du    
défi   alimentaire   avec   les   enjeux   énergétiques   et  
environnementaux.   En   effet,   la   recherche   d’usages     non  
alimentaires  des  céréales  ne  risque-­‐t-­‐elle  pas  de  reléguer  au  
second  plan  la  résolution  de  la  faim  dans  le  monde  ?  
 
BILAN DE L’ÉTUDE DE CAS 3
 

>  MANUEL  PP.  340-­‐341  


» Les  notions  à  retenir

Agriculture  productiviste  
Ce   modèle   d’agriculture,   caractérisé   par   une  production   de  
masse   à   destination   des   marchés   nationaux   et   mondiaux,  

 
 

s’est  développé  en  Europe  de  l’Ouest  et  aux   États-­‐Unis,  où  il  a  
contribué  à  la  disparition  de  l’agriculture  vivrière.  Il  a  ensuite  
été   adopté   par   les   pays   émergents   (Brésil,   Argentine,  
Thaïlande,   Chine)  confrontés   à  la  nécessité   de   nourrir   une  
population   en   forte   croissance.   Le   productivisme   agricole  
est   néanmoins   très   critiqué   en   raison   des   pollutions  
engendrées  et   de  scandales   alimentaires   récents  (maladie   de  
la  vache  folle,  poulet  à  la  dioxine).  Si  certaines  réorientations  
sont  en  cours  (agricultures  durables,  raisonnées,  biologiques,  
etc.),  l’agriculture  productiviste   est   loin   d’être   abandonnée,  
comme   en   témoigne   l’inauguration   contestée   de   la   «  Ferme  
des   Mille   Vaches  »   dans   la   Somme   en  2014.  
Le   schéma   invite   les   élèves   à   ne   pas   limiter   l’agriculture  
productiviste   à   ses   seules   caractéristiques   économiques   en  
isolant   la   sphère  productive    de     ses     conséquences  sociales  
et   environnementales.   À   partir   de   l’étude   de   cas   sur   le  
Bassin   parisien,   ils   doivent   être   en   mesure   d’identifier    les  
différents   aspects   de   ce   type   d’agriculture,   sous   la   forme  
d’un  exercice   à  trous  par  exemple.  

Agrobusiness  
L’agrobusiness   a   un   sens   plus   général   que   l’agriculture  
productiviste   qu’il   englobe   dans   un   ensemble   plus   vaste  
comprenant  aussi  les  activités  de  transformation  et     de  vente  
des   produits   alimentaires.   L’organigramme   a   été   composé  
de  manière   à   placer   les   exploitations   agricoles   en   maillon  
central   de   la   filière   agroalimentaire,   entre   les   facteurs   de  
production   situés   en   amont   et   les   activités   de  
transformation   et  les   débouchés   en  aval.  
Pour   exercer   les   élèves   à   la   mobilisation   de   connaissances  
précises,   on  peut   leur   demander  d’illustrer   certains     items  
du     schéma   fléché  (transports,   industries   agro-­‐alimentaires,  
recherche   scientifique)   par   des     exemples   contenus   dans  
l’étude   de   cas   (port   de   Rouen,   groupe   Soufflet,   pôle   de  
compétitivité   «  Industries  et     agro-­‐ressources  »).  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

CARTES
Les dynamiques des espaces productifs français
>  MANUEL  PP.  342-­‐343  

Doc.  1  –  L’espace  agricole  français  dans  la  mondialisation  


Cette   carte   témoigne   des   dynamiques   contrastées   des  
systèmes   agricoles   français   en   lien   avec   les   marchés  
européens   et   mondiaux.  Sans  tomber  dans  le  déterminisme,  
on   peut   comparer   cette   carte   à   celles   des   potentialités   et  
des   contraintes   du   territoire   page   282.   On   mettra   en  
évidence   la   puissance   agricole   des   plaines   du   Bassin  
parisien,   véritable   grenier   à   blé,   ou   bien   les   difficultés   de  
l’élevage   en   moyenne   montagne.   Mais   il   est   indispensable  
de   rappeler   qu’une   fois   les   contraintes   des   milieux  
maîtrisées,   une   agriculture   à   hauts   rendements   peut   se  
développer  grâce   à   l’irrigation   dans   le   Midi   méditerranéen  
ou   aux   élevages   hors-­‐sol   en   Bretagne.   C’est   aussi  l’occasion  
de   replacer   l’agriculture   française   dans   des   logiques   de  
filières   de   l’amont   vers   l’aval   (IAA,   transport,   distribution)  
et   d’en   montrer   les   recompositions   (diversification   des  
activités  dans  les  régions  en  difficultés).  

Doc.  2  –  Les  pôles  de  compétitivité  français  


Cette   carte   est   susceptible   d’évolution   puisque   des   pôles  
peuvent   être   déclassés   tandis   que   de   nouveaux   sont  
labellisés.   Elle   illustre   les   mutations   de   la   philosophie   des  
pôles   de   compétitivité   qui   est   passée   d’une   logique   de  
soutien  à  des  pôles  puissants  (qualifiés  de  pôles   mondiaux)  
à   la   possibilité   de   lancer  des  pôles  dans  des  régions  où  tout  
reste   à   construire   (pôles   nationaux),   notamment   dans   des  
régions   en   reconversion   (le   Nord-­‐Pas-­‐de-­‐Calais,   par  
exemple),   renouant   ainsi   avec   une  approche   plus   classique  
de   l’aménagement  du  territoire.  Il  convient  de   souligner,  par  
ailleurs,   la   faible   intégration   européenne   de   ces   pôles   de  
compétitivité,   l’européanisation   du   fonctionnement  
d’Aerospace   Valley   constituant   plutôt   une   exception   à   cet  
égard.  

 
 

Questions  sur   les   documents  


1.   L’agriculture   productiviste   domine   dans   le   Bassin  
parisien,   en   Bretagne,   dans   le   Bassin   aquitain,   la   vallée  
du   Rhône   et   de   la   Saône   ainsi   que   dans   le   Midi  
méditerranéen.  
 

2.   Les   pôles   de   compétitivité   spécialisés   dans   l’agriculture   et  


dans   l’agroalimentaire   sont   Agri   Sud-­‐Ouest   Innovation  
(Toulouse),   Aquimer   (Boulogne-­‐sur-­‐Mer),   Céréales   Vallée  
(Clermont-­‐Ferrand),   Hippolia   (Caen),   Nutrition   Santé  
Longévité   (Lille),   Qualiméditerranée   (Montpellier),  Qualitropic  
(Saint-­‐Denis),   Terralia  (Avignon),   Valorial   (Rennes),   Végépolys  
(Angers)  et  Vitagora  (Dijon).  
3.   Les   pôles   de   compétitivité   spécialisés   dans   l’industrie  
sont   Aerospace   Valley   (Toulouse),   Route   des   Lasers  
(Bordeaux),   Microtechniques   (Besançon),   Alsace   Biovalley  
(Strasbourg),  Cosmetic  Valley   (Chartres),  Plastipoli   (Oyonnax)  
Minalogic   (Grenoble),   Mont-­‐Blanc   Industries   (Cluses),  
Viameca  (Saint-­‐Etienne),  etc.  
 

4.   Les   pôles   de   compétitivité  spécialisés  dans   les  services  sont  


i-­‐Trans  (Valenciennes),   iDforCAR  (Nantes),   LUTB  Transport  &  
Mobility   Systems   (Lyon),   Mer   Bretagne   Atlantique   (Brest),  
Mer   Méditerranée   (Toulon),   Mov’eo   (Rouen),   Systematic  
(Paris),   Solutions   Communicantes   Sécurisées   (Sophia-­‐
Antipolis),  Risques  (Aix-­‐en-­‐Provence),  etc.  

CARTES
Les dynamiques des espaces productifs industriels et
tertiaires
>  MANUEL  PP.  344-­‐345  

Doc.  1  –  Les  espaces  industriels  français  


C’est   l’évolution     même   de   la   définition   d’industrie   que  
donne   à   voir   cette   carte.   La   part   croissante   des   ingénieurs  
(par   rapport   à   celle   des   ouvriers),   l’augmentation   de   la  
production   de    biens  immatériels,  l’importance  des  activités  
de   conception   par   rapport   à   la   seule   fabrication   sont  
l’illustration   d’une   industrie   qui   se   technicise   et   s’organise  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

en  systèmes  productifs  englobant  le   secondaire  productif  et  


le   tertiaire   périproductif   (recherche,   transports,   logistique,  
services   aux  entreprises,   etc.).   Ces  évolutions    expliquent  les  
nouvelles   dynamiques   de   localisation   des   activités  
industrielles   en   France,   qui   sont   venues   se   substituer   aux  
politiques   d’aménagement   du   territoire   des   Trente      
Glorieuses  (déconcentration  industrielle,  création  de  ZIP).  

Doc.  2  –  Les  espaces  tertiaires  en  France  


La   carte   des   services   en   France   reflète   largement   la  
métropolisation   du   territoire,   les   métropoles   concentrant  
les   activités   tertiaires   supérieures.   Elle   souligne   aussi   le  
poids   du   secteur   touristique   dans   l’économie   de    certaines    
régions   françaises,   y   compris   celles   dont     les   activités   sont  
très   diversifiées   (l’Île-­‐de-­‐France   et   Rhône-­‐Alpes   sont   aussi  
les     principales   régions   industrielles  françaises).   Les   régions  
de   l’Ouest   et   du   Sud   à   l’économie     longtemps   agricole     et  
sous-­‐industrialisées  ont  connu  une  tertiarisation  qui  repose  
sur  le  tourisme  et  les  activités  de  R&D.  

Questions  sur   les   documents  


1.   Les     principales   régions   industrielles   se   concentrent   au  
Nord-­‐Est   d’une   ligne   Le   Havre-­‐Grenoble   (Nord-­‐Pas-­‐de-­‐
Calais,   Île-­‐de-­‐France,   Lorraine,   Alsace,   Franche-­‐Comté,  
Rhône-­‐Alpes).  
 

2.   Cette   carte   montre   que   le   marché   intérieur   n’est   plus  


l’unique  moteur  de   l’industrie  :   tête   de   pont  pour   le  marché  
européen,  la   France   attire   les   IDE  grâce   à   l’efficacité   de   ses  
infrastructures   de   transports   et   de   communication,   la  
qualification   de   sa   main-­‐ d’œuvre   et   son   ouverture   sur  
l’espace   européen   et   le   système-­‐monde.   Ces   dynamiques  
profitent   avant   tout   aux   principales   métropoles,   en  
particulier  celles   du   Sud   et   du   Grand   Ouest,   mais   aussi   aux  
territoires   du   Nord-­‐Est   bien   reliés   à   la   Mégalopole  
européenne.   Mais   ces     mutations   n’excluent   pas   certaines  
permanences   dont  témoigne   le   maintien   de   SPL   (mais   qui  
doivent  aussi  s’adapter  aux  exigences  de  la  mondialisation)  :  

 
 

Choletais,  Vimeu,  vallée  de  l’Arve,  etc.  À  l’inverse,  la  présence  


de  ressources  minières   n’apparaît   plus   comme   un   facteur  
de  localisation  des  activités  industrielles.  
 

3.   Les   principales   régions   touristiques   sont   l’Île-­‐de-­‐France,  


la   Bretagne,  l’Aquitaine,  Rhône-­‐Alpes,  la   Corse,    Languedoc-­‐
Roussillon  et  Provence-­‐Alpes-­‐Côte  d’Azur.  
 

4.   Les   activités   tertiaires   sont   plus   nombreuses   dans   les  


régions   de   l’Ouest   et   du   Sud   qui   apparaissent   moins    
industrialisées.   L’héliotropisme,   le   thalassotropisme   et   la  
qualité   des   réseaux   de     transport     ont   favorisé   leur  
développement   touristique   mais   ces   aménités   ont   aussi  
attiré   les   activités   de   R&D.   Celles-­‐ci   sont   aussi   présentes  
dans   les   régions   industrielles   dont   elles   accompagnent  
l’innovation   et/ou   la   reconversion.   Globalement,   les   vieilles  
régions  industrielles  apparaissent  moins   attractives  pour  les  
touristes.  

COURS 1
Les espaces productifs dans la mondialisation

>  MANUEL  PP.  346-­‐347  

Doc.  1  –  Campagne  de  promotion  touristique  pour  l’Île  de  la  Réunion  
Chaque   année,   ce   sont   environ   10  millions   de  Sud-­‐Africains  
qui   partent   en   vacances,   un   chiffre     en     augmentation   qui    
reflète     les  mutations  post-­‐apartheid.  Pour  l’instant,  il  s’agit  
essentiellement   d’un   tourisme   intérieur   ou   bien   à  
destination   des   pays   voisins   (Zimbabwe,   Namibie,  
Mozambique)   mais   les  plus   aisés     se   tournent     vers   d’autres  
destinations.   Ainsi,   l’Île   Maurice   a   enregistré   la   venue   de  
94  000   touristes   sud-­‐africains   en   2013   contre   seulement  
505   la   même   année   à   La     Réunion.   En     facilitant   les    
formalités  d’entrée   pour   ces   ressortissants   (comme   elle   l’a  
fait   pour   les   touristes   indiens   et   chinois),   La   Réunion    
souhaite     profiter     des     deux     vols  quotidiens   reliant   Saint-­‐
Denis   à   Johannesburg   en   4  h  30   pour   concurrencer   les  
destinations   voisines.   Les   touristes   étrangers   ne  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

représentent   que   20  %   du   total   des   touristes   se   rendant   à  


La  Réunion  chaque  année.  
Doc.  2  –  Une  friche  industrielle  à  Uckange  (Moselle)  
Durant   l’apogée   de   la   production   sidérurgique   lorraine,   la  
localisation   des   hauts   fourneaux   d’Uckange   le   long   de   la  
Moselle   leur   a   permis   d’expédier   la   gueuse   (fonte   brute)  
par   bateau   vers   les   industries   de   la   Sarre.   Dans   les  
années  1960,  plusieurs     facteurs  contribuent  aux  premières  
fermetures   d’usines  sidérurgiques  en   Lorraine  :     vétusté  des  
installations,  faible  teneur  en  minerai  des  mines  de  charbon  
et   de   fer,   développement   de   la   sidérurgie   sur   l’eau   (Fos-­‐
sur-­‐Mer,   Dunkerque).   Le   site   d’Uckange  doit  alors  sa  survie  
à  la  possibilité  d’acheminer  de   Rotterdam,   via   le   Rhin   et   la  
Moselle,   des   minerais   d’importation   à   plus   forte     teneur  
(Brésil,   Mauritanie,   Australie),   jusqu’à   l’arrêt  définitif   de   la  
production   de   fonte   en   1991.  Des   quatre   hauts   fourneaux  
d’origine,   trois   ont   été   démolis.   Différents   acteurs  
(association   d’anciens   salariés   de   l’usine,   communauté  
d’agglomération   du   Val   de   Fensch,   Ministère  de  la  Culture)  
ont   œuvré   pour   la   sauvegarde   du   site   et   sa  
patrimonialisation.  

Doc.  3  –  La  viticulture  française  face  aux  marchés  émergents  


L’évolution   des   marchés   mondiaux   expose   les   espaces  
viticoles   français   à   deux   enjeux   majeurs.   D’une   part,   la  
France   doit     faire   face   à   l’expansion   des   vins   du   «  Nouveau  
Monde  »   (États-­‐Unis,   Afrique   du   Sud,   Australie,   Argentine,  
Chili)   en   plus   de   ses   concurrents   traditionnels   (Espagne,  
Italie)     auxquels   pourraient   s’ajouter   d’autres   pays   au  
potentiel   viticole   élevé   (Chine,   Brésil,   Inde,   Bulgarie,  
Roumanie).   D’autre  part,  elle  peut  bénéficier  de  l’émergence  
de   nouveaux   marchés   de   consommation   (Chine,   Inde,  
Brésil,   Singapour,  etc.).  Mais,  si  les  savoir-­‐faire  et  la  notoriété  
de  la  France  en  la  matière  constituent  des  atouts  certains,  il  
arrive   qu’elle   pâtisse   de   la   complexité   de   ses   appellations  
liées   à   la   notion   de   terroir  parfois  difficilement  lisible  pour  
les  non-­‐initiés.  

 
 

Questions  sur   les   documents  


1.   Les   paysages   de   la   France   constituent   un   atout  
touristique   majeur,   qu’il   s’agisse   des   paysages     tropicaux     de    
l’Outre-­‐mer   (La   Réunion)   ou   bien   de   certains   paysages  
agricoles   de   la   métropole   (vignobles).   Le   patrimoine  
gastronomique   français   constitue   aussi   un   facteur  
d’attractivité  (vins).  
 

2.   Les   espaces   productifs   français   cherchent   à   préserver  


leur  compétitivité  au  sein  des  marchés  mondiaux.  Ils  visent  
notamment   la   conquête   des   nouveaux   marchés   dans   les  
pays   émergents.   Pour   les   espaces   touristiques,   il   s’agit   de  
capter  une  nouvelle  clientèle  touristique    (Sud-­‐Africains  vers  
l’Île  de  La  Réunion).   Pour   les   espaces   agricoles,   il   s’agit  de  
trouver   de   nouveaux   marchés   à   l’exportation   (exportations  
de   vin   de   Bordeaux   vers   la   Chine)   tout   en   affrontant   la  
concurrence  des   autres   pays   producteurs   européens   et   des  
vins  dits  du  «  Nouveau  Monde  ».  Victimes  de  la  concurrence  
de  pays  mieux  dotés  en  matière  première  ou  bien  à  bas  coût  
de   main-­‐d’œuvre,  certaines   régions   font,   en   revanche,   figure  
d’espaces   perdants   de   la   mondialisation  :   c’est   le   cas   du  
bassin  sidérurgique  lorrain.  
 
COURS 2
Des acteurs aux stratégies variées

>  MANUEL  PP.  348-­‐349  

Doc.  1  –  Le  parc  du  Futuroscope  au  nord  de  Poitiers  


Le   Futuroscope   est,   par   sa   fréquentation   (1,64  millions   de  
visiteurs   en   2014),   le   3   parc   de   loisir   français   après  
e

Disneyland   Paris   et   le   Parc   Astérix.   Inauguré   en   1987,   à  


l’initiative   du  Conseil   Général   de   la   Vienne,   ce   parc   a   pour  
thème   les   nouvelles   technologies.   Il   jouxte   d’ailleurs   un  
technopôle   composé   d’une   pépinière   d’entreprises,   de    
différents  établissements  consacrés  à  la  formation  (l’ENSMA,  
l’ESEN   chargée   de   la   formation  des  personnels  d’inspection  
et  de  direction  mais  aussi  le   CNED   et   le   CNDP)   ainsi   que   de  
nombreux   centres   d’appel.   Mais   ce   territoire   innovant   a   du  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

mal  à  pérenniser  ses  activités,  comme  en  témoigne  la  perte  


du   label   de   p ôle   de   compétitivité   «   Mobilité   et   transports  
avancés   »  en  2010  puis,  en  2013,  l’arrêt  du  financement  par  
le   conseil   général   de   la   «  Cité   des   Savoirs  »,   un   cluster  
spécialisé  dans   les   métiers   de   la   formation   à   distance  et   de  
l'ingénierie  pédagogique.  
 

Doc.  2  –  La  valorisation  du  «  Made  in  France  »  


Boulogne-­‐sur-­‐Mer   est   le   1     port   de   pêche   français   et   le  
er

1   centre  européen  de   traitement  du  poisson.   L’essentiel   des  


er

activités   du   secteur   se  concentre   dans   la   zone   industrielle  


de   Capécure  qui   jouxte   le   port  et  emploie   5  000   personnes.  
Bien   que   ce   dernier  soit   plutôt  en   déclin,  le   panel  d’activité  
reste   vaste  :   conditionnement,   armement,   entrepôts  
frigorifiques,   conserveries,   usines   de   plats   cuisinés,  
transports,   etc.   L’usine   Findus   compte   quant   à   elle   200  
employés   et   réalise   une   production   annuelle   d’environ  
20  000  tonnes,   essentiellement     du     poisson   pané.   L’affiche  
mentionne  bien  que  le  poisson  est  «  transformé  »  à  Boulogne  
et   non   pêché  :   les  poissons   utilisés   dans   la   fabrication     des  
Croustibat    ne  sont  pas  livrés  à  la  criée  de   Boulogne  par  des  
chalutiers   locaux   mais   par   des   navires-­‐usines   évoluant   en  
mer   du   Nord   et   en  mer  de  Norvège.  
 

Doc.   3   –   Répartition   du   chiffre   d’affaires   et   des   salariés   de  


l’entreprise  Limagrain  par  zone  géographique  
Limagrain   est   un   groupe   coopératif   français   créé   en   1942   à  
Saint-­‐Beauzire,   village   de   la   plaine   de   la   Limagne   près   de  
Clermont-­‐Ferrand,   où   il   a   toujours     son     siège.   L’entreprise  
est   spécialisée   dans   les   semences  (4   groupe  mondial  après  
e

Monsanto,  DuPont  et  Syngenta)  et  propriétaire,  notamment,  


de   la   marque   Vilmorin.   Elle   a   néanmoins   diversifié   sa  
production   en   développant   d’autres   activités,   telles   que   les  
ingrédients   céréaliers   (farines   de   blé   et   semoule   de   maïs  
pour   l’industrie   agro-­‐alimentaire)   et   la   boulangerie-­‐
pâtisserie   industrielle   (marques   Jacquet   et   Brossard).   Le  
groupe   réalise   un   chiffre   d’affaires   annuel   d’environ  

 
 

2  milliards   d’euros   et   emploie   8  600   personnes   dont   1  800  


chercheurs  répartis  dans  une  quarantaine  de  pays.  

Questions  sur  les  documents  


1.   Le   Futuroscope   concentre   des   activités   de   services.  
Outre   la   fonction   récréative   liée   à   la  présence  d’un  parc  de  
loisirs   ainsi   que   la   fonction   commerciale,   on   y   trouve   un  
technopôle   qui   regroupe   différentes   fonctions  relevant   du  
tertiaire   supérieur   (enseignement   supérieur,   bureaux,  
services   aux   entreprises).   En   raison   de   son   emprise    
spatiale,   le   Futuroscope   a   été   aménagé   à   la   périphérie   de  
Poitiers,   dans   une   zone   autrefois   agricole.   Il   bénéficie   de  
la  présence   d’une  gare  TGV  et  de  la  proximité   de  l’autoroute  
Paris-­‐Bordeaux  qui  facilitent  son  accessibilité.  
 

2.   Les   entreprises   s’adaptent   à   la   concurrence   mondiale   en  


se  lançant  à  la  conquête  de  nouveaux  marchés.  Limagrain,  par  
exemple,  est  devenue  une  multinationale  en  investissant  dans  
des   pays   à   fort   potentiel   de   croissance   agricole.   Findus  
valorise   au   contraire   l’origine   française  de   ses   produits   par  
le  biais   d’une   campagne  publicitaire     destinée  à  jouer  sur  la  
fibre  patriotique  de  ses  consommateurs  dans  ce  pays.  
 
COURS 3
Des dynamiques contrastées
>  MANUEL  PP.  350-­‐351  

Doc.   1   –   La   Cité   de   la   Méditerranée  :   un   nouvel   espace   tertiaire   à  


Marseille  
Situé   à   droite   de   la   photographie,   le   Vieux-­‐Port,   qui  
accueille   aujourd’hui   les   bateaux   de   plaisance,   a   été  
historiquement   le   centre   de   l’activité   portuaire   de  
Marseille.   Celle-­‐ci   s’est   déplacée   vers   l’ouest,   en   direction  
de   la   zone   industrialo-­‐portuaire   de   Fos-­‐sur-­‐Mer   créée   en  
1968,   parallèlement   à   l’augmentation   du   tirant   d’eau   des  
navires.   Le   port   de   la   Joliette,   au   premier   plan   de   la  
photographie,   a   connu   son   apogée   à   l’époque   coloniale   en  
raison   du   dynamisme   du   trafic   avec   le   Maghreb.   Grâce  au  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

projet  Euroméditerranée,  la  ville  ambitionne  de  redynamiser  


ses   infrastructures   logistiques,   portuaires   et,   plus  
généralement,   urbaines.   Sur   le   plan   économique,   il   s’agit  
d’un   projet   de  reconversion   destiné  à  remplacer  le  port  de  
commerce   par   un   port   de   ferries   et   de   bateaux   de  
croisières,   tout   en   développant   des   activités   culturelles   et  
de   commandement.   Sur   le   plan   urbanistique,   cet  
aménagement   repose   sur   des  chantiers  de  rénovation  et  de  
réhabilitation.   Cette   reconquête   du   waterfront   s’inscrit  
dans   le   prolongement   de   la   rénovation   d’autres   quartiers  
dégradés   (Le   Panier)   et   de   friches   industrielles   (Belle   de  
Mai).  

Doc.  2  –  Les  mutations  industrielles  du  Nord-­‐Est  


Bastion   historique   et   géographique   de   l’industrie   française,  
les   espaces   productifs   du  nord-­‐est  de  la   France  témoignent  
d’une   inégale   résilience   face   à   la   crise   économique.   La  
Lorraine  a  été  durement  frappée  par   la  crise  en  raison   de   sa  
spécialisation   dans   les   industries   lourdes   en   lien   avec   une  
extraction   minière   aujourd’hui   disparue   (cf.   doc.   2   p.  
347).   La  qualité  de  son  réseau  de  transport  et     sa  situation  
centrale   en   Europe,   à   proximité   du   marché   de  
consommation   de   la   Mégalopole  européenne,   ont   attiré   les  
activités   logistiques   mais   aussi   de   nouvelles   usines,   à  
l’image   de   celle   où   est   fabriquée   la   Smart,   près   de  
Sarreguemines,   qui   soutient   l’activité   de   plusieurs   sous-­‐
traitants   localisés   à   proximité   immédiate.   L’activité  
automobile  est  bien  implantée  aussi  en  Alsace  et  en  Franche-­‐
Comté   (Mulhouse,   Sochaux)   mais   ces   régions   sont   plutôt  
caractérisées   par   un   semis   de   PMI   à   l’origine   de   districts  
industriels   (horlogerie,   micromécanique,   bois).   Certaines  
participent  à  des  pôles  de  compétitivité  dynamiques  (Alsace  
Biovalley,  Microtechniques).  
 

Doc.   3   –   Une   campagne   publicitaire   en   faveur   de   l’agriculture  


durable  
Écophyto  est  un  plan  du  Ministère  de  l’Agriculture  destiné  à  
réduire   et   à   améliorer   l’utilisation   des   produits  

 
 

phytosanitaires.   Il   s’articule   autour   de   six   axes   qui  


mobilisent   différents   acteurs   du   secteur   (agriculteurs,  
chercheurs,   techniciens   des   chambres   d’agriculture   et   des  
instituts   techniques)  :   évolution   des   pratiques   agricoles,  
évaluation   et   maîtrise   des   impacts   environnementaux   des  
pesticides,  développement  de  la  recherche  et  de  l’innovation,  
inscription   du   plan   dans   une   logique   de   territoires   et   de  
filières,  abandon  progressif  de  l’usage  des  pesticides  dans  les  
espaces  verts  publics.  
Question  sur  les  documents  
L’accroissement   du   nombre   et   du   gabarit   des   navires   ainsi  
que   le   besoin   d’espace   pour   les   activités   logistiques   a  
conduit   à   un   abandon   progressif   d’une   partie   du   port  
marseillais   de   la   Joliette   au   profit   de   celui   de   Fos-­‐sur-­‐Mer.  
Les  friches  qui  ont  résulté  de  ce  déclin  ont  fait  l’objet  d’une  
politique   de   reconversion   reposant   sur   le   développement  
d’activités   décisionnelles   (siège   social   de   la   CMA-­‐CGL),  
culturelles   (MUCEM)   et   commerciales   qui   participent   de   la  
métropolisation  de  Marseille.  
Certaines   régions   du   Nord-­‐Est   ont   aussi   connu   une  
dynamique   de   reconversion,   en   particulier   la   Moselle,   qui   a  
vu   s’implanter   de   nouvelles   industries   (automobile,   par  
exemple)   dans   un   contexte   de   crise   de   la   sidérurgie.   Les  
espaces  productifs  alsaciens  et  francs-­‐comtois,  fondés  sur  un  
réseau   de   PMI,   ont   mieux   résisté   à   la   désindustrialisation  
grâce   à   la   proximité   de   la   Mégalopole   européenne   qui  
contribue   à   l’attractivité   de   ces   régions   pour   les  
investisseurs  étrangers.  

RÉVISER

Chiffres-­‐clés  
 
>  MANUEL  PP.  352-­‐353  

Les   statistiques   sur   l’agriculture   française   montrent   que,  


malgré   une   place   modeste   dans   l’économie  et   dans  l’emploi,  
ce  secteur  représente  un   facteur   de   la   puissance  économique  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

nationale.   Les   excédents   dégagés   grâce   à   une   forte  


productivité   et   aux   performances   des   industries  
agroalimentaires  permettent  l’exportation  de  la  production   et  
garantissent   la   bonne   insertion   des   espaces   productifs  
français  dans  les  marchés  européens  et  mondiaux.  
La   division   par   trois   en   quarante   ans   du   nombre  d’emplois  
industriels   renvoie,   en   revanche,   à   la   désindustrialisation  de  
l’économie   et   des   espaces   productifs   français.   Il   faut  
cependant   nuancer   ce   déclin   en   s’appuyant   sur   la   part  
importante   de  l’industrie   dans  le  PIB  et  dans  les  exportations  
de  la  France.   Mais   on   constate   que   les   entreprises  françaises  
investissent   une   faible   part   de   leur   PIB   dans   la   Recherche-­‐
Développement.  
Les   chiffres-­‐clés  montrent  enfin  que   le   secteur  des  services  est  
devenu  le  premier  secteur  économique  en  France  en  termes  de  
richesse  produite  et  d’emploi.    Toutefois,  il  convient    d’attirer  
l’attention   des   élèves   sur   les   logiques   de  complémentarité   et  
d’imbrication   qui   existent   entre   les   secteurs   primaire,  
secondaire  et   tertiaire.  En  effet,  dans  un  contexte    d’économie  
postindustrielle,   cette   classification   est   désormais   devenue  
fort   contestable   tant   les   interpénétrations   sont   nombreuses  
entre   les   différentes   secteurs   d’activité.   Ainsi,   de   nombreux  
emplois   tertiaires  dépendent   de   l’industrie  :   il   ne   s’agit   donc  
pas   de   faire   rimer   systématiquement   tertiarisation   avec  
désindustrialisation   mais   plutôt   d’établir   des   causalités    
complexes    pour    expliquer    ces  processus.  

» Schémas  pour  réviser

Doc.   1   –   Les   acteurs   et   le   fonctionnement   d’un   territoire   de  


l’innovation  
Ce   système   illustre   les   formes   de   polarisation   à   l’œuvre  
dans   les   espaces   d’innovation   technologique   dont   les  
premières   formes   sont   apparues   aux   États-­‐Unis   (Silicon  
Valley,   Route   128)   et   qui   ont   inspiré   bon   nombre   de   pays  
européens.   Malgré   la   diversité   des   spécialisations   d’un  
technopôle   à   l’autre,   le   fonctionnement   repose  toujours  sur  
la   mise  en  interaction  d’industries  de   haute  technologie  et   de  
centres  de  recherche  et  de   formation  supérieure.  L’objectif  est  

 
 

de   faire   émerger,   par   effet   de   proximité,   des   synergies   qui  


n’auraient   pas   pu   avoir   lieu   dans   un   autre   contexte.   Les  
acteurs   publics   jouent   donc   un   rôle   d’aménageurs   et  
d’intermédiaires  car   ils   doivent  veiller  à  ce  que  ces  territoires  
de   l’innovation   ne   se   résument   pas   à   une   juxtaposition  
d’établissements  sans  lien  entre   eux.   Ils   apportent   un   certain  
nombre  de  financement  tout  en  veillant  à  l’échange  des  savoir-­‐
faire  et  de  la  matière  grise  entre  les  industries,  les  laboratoires  
de  recherche  et  les  écoles.  
 
Doc.  2  –  L’organisation  d’un  espace  productif  tertiaire  
Ce   croquis   permet   de   modéliser  la   géographie  des   activités  
de  services  que  les  élèves  peinent  parfois  à  inscrire  dans  une  
spatialité.  Il  met  en  évidence  la   concentration   des   fonctions  
supérieures   (économiques,   politiques   et   culturelles)   qui  
contribuent   au   rayonnement   des   métropoles.   Il   fait   aussi    
illustrer   le     caractère   de   plus   en   plus   polycentrique   des    
métropoles,  en  lien  avec  l’émergence  de  nouvelles  centralités  
en  périphérie  (quartiers  de  bureaux,  par  exemple).  L’étude  de  
ce   croquis   est,   en   outre,   l’occasion   d’exercer   les   élèves   à  
l’identification   de  facteurs  de  localisation  des  activités.  Ainsi  
la   proximité  d’un  vaste  marché   de   consommation   explique  
la   présence   de   deux   parcs   d’attraction   majeurs.   Ceux-­‐ci  
bénéficient   aussi   d’un   réseau   de   transport   très   dense,  
notamment   des   aéroports   qui   polarisent,   par   ailleurs,   les  
activités   liées   au   commerce   de   gros,   au   stockage   et   au    
transbordement  des  marchandises.  Enfin,  d’un  point  de  vue  
méthodologique,   ce   croquis   est   aussi   l’occasion  d’initier  les  
élèves  à   la   rigueur  qui  s’impose  dans  la   structuration   d’une  
légende,   qui   s’organise   ici  autour  d’une  typologie  des  pôles  
d’activités  tertiaires  très  simple  à  mettre  en  œuvre.  
 

Doc.  3  –  Les  dynamiques  des  espaces  industriels  en  France  


Le   croquis   reprend,   en   les   synthétisant,   certaines  
informations   de   la   carte   1   p.   346.   Il   illustre   le  
redéploiement   spatial   de   l’industrie   française   et  ses  limites  
en  montrant  que  des  dynamiques  contrastées   sont  à  l’œuvre  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

dans   les   territoires   structurés   par   l’industrie.   Ce   schéma  


d’organisation   spatiale   peut   être   l’occasion   d’exercer   les  
élèves   à   l’élaboration   d’une   production   graphique,   en  
fonction   des   nouvelles  exigences   du   baccalauréat.   Il   s’agit  
aussi   d’un   croquis   aisément   mémorisable   qui     va   à  
l’essentiel   et   qu’ils   pourront   intégrer   à   une   copie   de    
composition.   La   connaissance   qu’ont   les   élèves   de   la  
géographie   industrielle   de   la   France   étant   parfois   assez  
limitée,   ce   schéma   peut   aussi   constituer   le   support   d’un  
exercice  de  localisation  qui  consisterait,  après  mémorisation  
des   informations   de   la   carte   1   p.   346,   à   en   compléter   la  
nomenclature   en   indiquant   le   nom   des   métropoles,   des  
principaux   territoires   en   reconversion,   des   zones  
industrialo-­‐portuaires,   etc.  
 
BAC
> Manuel PP. 354-355

» Composition  >    Construire  le  plan

Sujet  :   Les   dynamiques   des   espaces   agricoles   français   dans   la  


mondialisation.  

1.  Analyser  le  sujet  


 

1.   Dynamiques  :   changements,   évolutions.   Espaces    


agricoles  :  espaces  consacrés  à  l’agriculture.  
Mondialisation  :   interdépendance   des   espaces   et     des  
économies  mondiales  par  une  intensification  des  échanges.  
 

2.  Le  sujet  est  à   l’échelle  nationale  (métropole   et   territoires  


français  ultramarins).  
 

3.   La   problématique   la   plus   adaptée   au   sujet   est  


«  Comment   les   espaces   agricoles   français  évoluent-­‐ils  pour  
s’intégrer  dans  la  mondialisation  ?  ».  

2.  Mobiliser  et  organiser  les  connaissances  

 
 

4.   Une   grande   partie   des   informations   sont   fournies   dans  


l’exemple  ;   il   faut   rajouter   les   espaces   agricoles   des    
territoires   français   ultramarins   et   leurs   productions   (voir  
carte   1  p.  342  du  manuel).  
 

5.   On   observe   que   les   espaces   agricoles   français   sont  


caractérisés   par   leur   diversité   et  leur  spécialisation.  
 
6.  Les  autres  thèmes  possibles  pour  compléter  le  plan  sont  :  
l’intégration  aux  marchés  mondiaux  ;  les  mutations  en  cours.  
 

7.  Un  plan  général  est  donné  dans  l’exemple  de  la  question.  
Appliqué   au   sujet,   cela   donne  :   I.   Des   espaces   agricoles  
diversifiés  ;   II.   Des   espaces   intégrés   aux   marchés  
mondiaux  ;   III.   Des   mutations   en   cours  :   difficultés  et   quête  
de  durabilité.  
 

3.  Rédiger  la  réponse  au  sujet  


8  à  10.  Dans  la  présentation  du  sujet  dans   l’introduction,  on  
peut   attendre   les   idées   suivantes  :   la   France,   première  
puissance   agricole   d’Europe  ;   faible   part   de   l’agriculture  
dans   le   PIB   national   mais   rôle   important   dans   le    
commerce     extérieur  ;   les   espaces   de   production   agricoles  
subissent   les   effets   de   la  mondialisation.  
L’annonce   de   la   problématique   et   du   plan   reprend   les  
réponses  aux  questions  3  et  7.  
Dans   le   développement,   le   thème   de   chaque   partie   est  
annoncé   dans  une  phrase,  et  non  par  un  titre,  par  exemple  :  
–   les   espaces   agricoles   français   présentent   une   grande  
diversité   de   paysages   et   de   productions   sur   le   territoire  
métropolitain  comme  dans   les  régions  d’outre-­‐mer  ;  
–     l’intégration   aux   marchés   mondiaux   a   renforcé   la  
productivité   et   la   spécialisation   des   espaces   agricoles  
français  ;  
–   de   la   déprise   à   la   quête   de   durabilité,   les   espaces  
agricoles   français   connaissent   aujourd’hui   d’importantes  
mutations  liées   à   la  mondialisation.  

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

En   conclusion,   la   réponse   à   la   problématique  peut  être  que  


les   espaces   agricoles   français   ont   été   transformés   et  
adaptés   pour   répondre   aux  mutations   du   secteur   imposées  
par   le   marché  mondial.  
Une   proposition   d’ouverture   du   sujet   est   fournie   dans  
l’exemple  de  la  question  10.  
Le   schéma   peut   être   intégré   dans   la   deuxième   partie   sur  
l’intégration  dans  la  mondialisation.  
 

11.  Ce  schéma  pourrait  s’intégrer  dans  la  deuxième  partie  du  
développement.  
Titre  :   Les   espaces   agricoles   français   dans   la  
mondialisation.  
 

1.  Des  espaces  agricoles  inégalement  performants  


   Espaces  agricoles  fortement  productifs  
     Agriculture  de  montagne  
   Territoires  ruraux  en  déprise  

2.  Une  puissance  agricole  exportatrice  

Exportations
   

 
 

Port  d’exportation  des  céréales  

Centres de décision politique (subventions, régulation de


marché)

BAC
>  MANUEL  P.  356-­‐357  

» Analyse  de  documents  >    Déterminer  les  enjeux  spatiaux  

Sujet  :  Les  territoires  de  l’innovation  


 
Analyser  le  sujet  et  identifier  les  documents  
1.   Territoire   de   l’innovation  :   espace   où   se   concentrent   des  
lieux   d'enseignement,   de   recherches   et   de   production  
travaillant   en   synergie  :   les   entreprises   produisent   des   biens  
et  des  services  développés  par  les  chercheurs  qui  financent  
ces  dernières  en  retour.  
Dynamiques  :   évolutions   liées   aux   interactions   de   réalités  
géographiques.  
Mutations  :  changements.  
Espaces  productifs  :  ensemble  de  lieux  dont  les  potentialités  
sont   mises   en   valeur   dans   le   cadre   d’une   activité  
économique  donnée.    
Le  sujet  concerne  les  territoires  des  technopôles  et  des  pôles  
de  compétitivité,  c’est-­‐à-­‐dire  des  territoires  innovants.    
2.   Le   document   1   est   un   schéma   d’organisation   spatiale   du  
technopôle   de   Nancy-­‐Brabois,   produit   à   partir   des  
informations   fournies   par   l’Agence   de   développement   et  
d’urbanisation   de   l’aire   urbaine   de   Nancy   en   2015.   Le  
document  2  est  un  texte  extrait  d’un  ouvrage  de  géographie.  

Analyser  les  documents  


Tableau  de  relevé  des  informations  :    

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

  Doc.  1   Doc.  2  
Technopôle     Acteurs  :   Acteurs  :  
entreprises,  campus   entreprises,  
scientifique,   chercheurs  et  
hôpitaux,  campus   institutions  tournés  
médical.     vers  la  recherche  
Organisation   appliquée.    
spatiale  :  espace  de   Organisation  
taille  modeste   spatiale  :  dans  un  
(environ  9  km²  -­‐   même  lieu  ;  
voir  l’échelle  du   périphérie  urbaine  ;  
schéma)  intégrant   environnements  de  
des  espaces   qualité.  
récréatifs  et    
forestiers.  
Périphérie  sud-­‐est  
de    la  métropole  de  
Nancy.    
Bordé    par  une  
autoroute  drainant  
le  Nord-­‐Est  de  la  
France.    
Pôle  de   Acteurs  :   PMI-­‐PME,  
compétitivité grandes  
entreprises,   centres  
de   recherche   et   de  
formation,  
collectivités  
territoriales.    
Organisation  
spatiale  :   quatre  
départements   d’Île-­‐
de-­‐France   et   Paris  ;  
fonctionnement   en  
réseau

4.   Le   technopôle   de   Nancy-­‐Brabois   et   le   pôle   de  


compétitivité  System@tic  sont  des  territoires  innovants  car  
ce   sont   des   espaces   productifs   spécialisés   constitués  
d’entreprises,   de   pôles   de   recherche   publics   ou   privés   et  

 
 

d’établissements   d’enseignement   supérieur   travaillant   en  


synergie.   Ils   sont   implantés   dans   un   même   lieu   ou  
fonctionnent  en  réseau.    
5.   Les   objectifs  :   créer   un   réseau   d'activités   économiques  
performant,   favoriser   la   complémentarité   et   l'innovation,  
améliorer   la   compétitivité   pour   une   meilleure   intégration  
dans  la  mondialisation.    
6.  Voir  l’exemple.    
7.  Voir  l’exemple.    

Répondre  à  la  consigne  


8.   Plan   possible  :   I-­‐   Présentation   des   différents   types   de  
territoires   de   l’innovation   (technopôle,   parc   scientifique,  
pôle   de   compétitivité,   mais   aussi   cluster)     et   des   acteurs  
(voir   réponse   3   et   schéma   1   p.353)   /   II-­‐   Organisation  
spatiale   (voir   réponse   3)   /   III-­‐   Dynamiques   (réponses   5,   6,  
7).    
Exemple   d’introduction  :   un   territoire   de   l’innovation  est  
espace   où   se   concentrent   des   lieux   d'enseignement,   de  
recherches   et   de   production   travaillant   en   synergie.   Un  
schéma   d’organisation   spatiale   du   technopôle   de   Nancy-­‐
Brabois   et   un   texte   extrait   d’un   ouvrage   de   géographie  
portant   sur   les   espaces   productifs   français   permettent   de  
montrer   comment   les   territoires   de   l’innovation   illustrent  
les  mutations  des  espaces  productifs  en  France.    
Exemple  de  conclusion  :  Par  leurs  acteurs,  leur  organisation  
spatiale   et   leurs   dynamiques,   les   territoires   innovants   sont  
un   exemple   de   l’adaptation   des   espaces   productifs   français  
aux   exigences   de   la   compétitivité   et   de   l’innovation   dans   le  
contexte  de  la  mondialisation.    

©  NATHAN  2016  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S        


 
 

Les territoires de
CHAPITRE l’Union européenne
14  
 
 
 
 
>  MANUEL  PP.  358-­‐381  
 
» Objectifs pédagogiques

Présentation  de  la  question  


 
 
Ce   chapitre   aborde   les   territoires   de   l’Union   européenne,   y  
compris  les  territoires  ultramarins.  En  ce  qui  concerne  l’UE,  
ce  chapitre  a  deux  objectifs  principaux  :  
 –  premièrement,   analyser  ce  à  quoi  correspond  le  territoire  
de   l’Union   européenne,   en   étudiant   ses   limites   et   ses  
frontières  ;   il   s’agit   d’étudier   comment  l’Union     européenne  
se   traduit   concrètement   en   analysant   les   enjeux   de   ses  
élargissements   successifs,   de   la   création   de   l’espace  
Schengen  et   de   la   zone   euro  ;   on   souligne   l’effacement   des  
frontières   intérieures   en   Europe   qui   contraste   avec   la  
barriérisation  contemporaine  de  ses  frontières  extérieures  ;  
–   deuxièmement,   d’étudier   les   contrastes   régionaux   à  
l’intérieur   de   l’UE   et   d’analyser   l’action   de   l’UE   face   à   ces  
disparités  et  inégalités  socio-­‐spatiales.  
 

L’Union   européenne   est   donc   abordée   à   la   fois   comme   une  


réalité   géographique   (un   espace   de   coopération   et  
d’intégration   régionale   en   évolution,   dont   les   limites   ne    
recoupent   pas   exactement   celles   de   l’espace   Schengen   et  
celles   de   la   zone   euro)   et   comme   un   acteur   (envisagé   ici   à  
l’échelle   régionale   et   locale,   en   Europe).   La   démarche  
d’analyse   repose   sur   une   lecture   des   enjeux   européens   en  
termes   géopolitiques   et   géoéconomiques,   mais   aussi  
géoculturels  et  citoyens.  
 

©  NATHAN  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S      


 
 

«  Les   territoires   ultramarins   de   l’Union   européenne   et  leur  


développement  »   est   la   deuxième  question  à   traiter  dans   le  
cadre   du   thème   3   du   programme   consacré   à   «  L’Union  
européenne  :   dynamiques   de   développement   des  
territoires   ».   Les   territoires   ultramarins   sont   des  
périphéries   de   l’Union   européenne.   Malgré   leurs  difficultés,  
ils   constituent   des   espaces   attractifs   au   sein   de   leur   aire  
régionale.   La   question   invite   à   analyser   les   relations   entre  
l’Union   européenne   et   les   territoires   ultramarins,   et   entre  
ces  derniers  et  leur  environnement  régional,  ainsi  que  leurs  
impacts   sur   les   dynamiques   de   développement   des  
territoires  ultramarins.  
 

La     question     concerne     dans     une     acception     large  


l’ensemble   des   territoires   ultramarins   des   États   de   l’Union    
européenne   (Danemark,   Espagne,   France,   Pays-­‐Bas,  
Portugal,   Royaume-­‐Uni).   On   distingue   les   régions  
ultrapériphériques  (RUP)  des  pays  et   territoires  d’outre-­‐mer  
(PTOM).  Les   neuf   RUP   –  Açores,  Madère  (Portugal),   Canaries  
(Espagne),   Guadeloupe,   Guyane,   Martinique,   Mayotte,  
Réunion,   Saint-­‐Martin   (France)   font   partie   intégrante   du  
territoire   de   l’Union  européenne   et   bénéficient   de     moyens  
et   d’aides  diverses   de   la   part   de   l’Union   européenne   (fonds  
structurels   et     d’investissement,   etc.).   Les     PTOM  
représentent   une   vingtaine   de   territoires   qui   relèvent   de  
quatre   États  :   France   (Nouvelle-­‐Calédonie,   Polynésie  
française,   Saint-­‐Pierre-­‐et-­‐Miquelon,   Wallis-­‐et-­‐Futuna,   etc.),  
Royaume-­‐Uni   (Anguilla,   Bermudes,   Caïmans,   Falkland,  
Sainte-­‐Hélène,   etc.),   Danemark   (Groenland)   et   Pays   Bas  
(Aruba,   Sint   Maarten,   etc.).   Les   PTOM   ne   font   pas   partie  
intégrante   du   territoire   de   l’Union   européenne   –   ils  
bénéficient   d’un   statut   d’association  avec   l’UE   –  mais  leurs  
habitants   sont   des   citoyens   européens.   Ils   reçoivent   des  
aides   du   fonds   européen   de   développement,   l’instrument  
principal   de   l’aide   communautaire   à   la   coopération   et   au  
développement.   Dans   ce   chapitre,   les   RUP   constituent  
l’essentiel   des   objets   d’étude,   même   si   les   PTOM   sont  
évoqués.  
Le   programme   invite   à   aborder   la   question   à   partir   d’une  
étude   de   cas   «  Le   développement  d’un   territoire  ultramarin  :  

 
 

entre   Union   européenne   et   aire   régionale  »   et   d’une   entrée  


générale   traitant   des   «  discontinuités,   distances,   insularité  
et  spécificités  socio-­‐économique    »  des  territoires  d’outre-­‐mer  
de  l’Union  européenne.  
Cette  partie  du   chapitre   s’articule   autour   des   trois   aspects  
de   la  problématique  :  
–   la   mise   en   évidence   des   spécificités   géographiques  des  
territoires   ultramarins  :   comment   ces   territoires   gèrent-­‐ils  
les   effets   de   la   distance,   de   la   discontinuité   géographique  
et   de   l’insularité  ?   Quelles   sont   les   spécificités     socio-­‐
économiques   des   territoires   ultramarins  ?   Quels   sont   leurs  
handicaps  ?  
–  l’étude  de  la  dépendance  du  développement  des  territoires  
ultramarins   à   l’égard   de   la   métropole   et   de   l’Union    
européenne  :  quels    types  de  relations  s’établissent  entre  les  
territoires  ultramarins  et  l’Union  européenne  ?  
–   une   réflexion   sur   les   difficultés   d’intégration   de   ces  
territoires   dans     leur  aire     régionale  :  comment  les  territoires  
ultramarins   se   positionnent-­‐ils   dans   leur   bassin   régional  ?  
Quelles   sont   les   formes   de   partenariat   mises   en   œuvre   et  
quelles  en  sont  les  limites  ou  les  difficultés  ?  
 

Le     traitement     de     cette     question   ne     doit     pas     se  


concentrer   uniquement   sur   l’outre-­‐mer   français,   et   l’étude  
de   cas   doit   prendre   suffisamment   en   compte   la  
problématique   des   liens   de   ce   territoire   avec   l’Union  
européenne  et  avec  ses  voisins  du  bassin  régional.  
 

» Pour aller plus loin


BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages  généraux  
•  ADOUMIÉ  V.,  Géographie  de  l’Europe,  Hachette,  2013.  
•   FOUCHER   M.,   Europe,   Europes,   La   Documentation  
photographique  n°  8074  (2010),  La  Documentation  française  
2010.  
•   MIGREUROP,   Atlas   des   migrants   en   Europe,   Géographie  
critique  des  politiques  migratoires,  Armand  Colin  2012.  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S      


 
 

Reportages,  récits  graphiques,  romans  


•  RUMIZ  P.,  Aux  frontières  de  l’Europe,  Gallimard,  2011.  
•   GUIBERT  E.,   KELER  A,   LEMERCIER  F.,   Des  nouvelles  d’Alain,  
Les  Arènes  XXI,  2011.  
•  MANKELL  H.,  Tea-­‐bag,  2008.  
•   DI   NICOLA   A.,   MUSUMEC   G.,   Trafiquants   d’hommes,   Liana  
Levi,  2015.  
Articles  
•  BRENETTEAU  A.,  «  Géographie  de  l’Europe  et  géographie  de  
la   construction   européenne  »,   in   Espace   Politique   n°19,  
https://espacepolitique.revues.org/2613  
•   ORCIER   P.,   «  L’Europe   entre   associations,   alliances   et  
partenariats.  L’état   de   l’Union  européenne,  de   la   zone   euro,  
de   l’espace   Schengen   et   de   l’Otan   au   1  janvier  2015  »  
er

(actualisé   tous   les   ans),   sur   le   site  


Géoconfluences  :http://geoconfluences.ens-­‐
lyon.fr/doc/etpays/Europe/EurDoc13.htm  
FILMS
•   Le   Dessous   des   Cartes,   «  L’Europe,   un   modèle  
géopolitique  ?  »,  Arte,  2008.  
•  LIORET  P.,  Welcome,  2009.  
•  CRIALESE  E.,  Terraferma,  2011.  
SITES INTERNET
•  Site  de  l’Union  européenne  :  www.europa.eu.  
•   Site   officiel   de   l’UE   destiné   aux   jeunes  :  
http://europa.eu/kids-­‐corner/index_fr.htm.  
•  Site  du  Conseil  de  l’Europe  :  www.coe.int.  
•   Site   du   photographe   Olivier   Jobard,   avec   de   nombreux  
reportages   sur   les   frontières   de   l’espace   Schengen   et   les  
migrants  en  Europe  :  www.olivierjobard.com.  
Pour aller plus loin sur les territoires ultramarins
BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages  
•   BERNADIE   N.,   TAGLIONI   F.   (dir.),   Les   Dynamiques  
contemporaines  des  petits  espaces  insulaires.  De  l’île-­‐relais  aux  
réseaux  insulaires,  Karthala,  2005.  

 
 

•   GAY   J.-­‐C.,   L’Outre-­‐mer   français.   Un   espace   singulier,   Belin,  


2008.  
•  GAY  J.-­‐C.,  Les  Cocotiers  de  la  France.  Tourismes  en  outre-­‐mer,  
Belin,  2009.  
•   TAGLIONI   F.   (dir.),   Insularité   et   développement   durable,  
Marseille,  IRD  Editions,  2011.  

Revues  et  articles  


•   «  Les   outre-­‐mer   français    »,   Textes   et   documents   pour   la  
classe,  n°  1017,  1er   juin  2011.  
•   «  Outre-­‐mer   en   France  :   où   en   sommes   nous  ?  »,   Regards  
sur  l'actualité  n°  355,  La  Documentation  française,  2009.  
•  DOUMENGE  J.-­‐P.,  «  L’outre-­‐mer  français  face  aux  pratiques  
touristiques  »,  Hérodote  n°127/4,  2007.  
•   DUVAT   V.,   «  Mondialisation   touristique   et   environnement  
dans   les   petites   îles   tropicales  »,   Les   Cahiers   d’Outre-­‐mer  n°  
236,  2006.  
•   GAY   J.-­‐C.,   «   L’outre-­‐mer   français   en   mouvement   »,   La  
Documentation   photographique   n°   8031,   La   Documentation  
française,  2003.  
•   LAGADEC   G.,   SUDRIE   O.,   «  Du   court   au   long   terme  :   un  
scénario   «  norvégien  »   pour   pérenniser   la   rente   nickel   en  
Nouvelle-­‐Calédonie  ?  »,  Développement   durable  et  territoires,  
vol.  4  n°  3,  2013.  
•   LAMY-­‐GINER   M.-­‐A.,   «  Mayotte,   un   DOM   insulaire   entre  
enclavement   et   ouverture  »,   2015.   Géoconfluences,  
disponible  sur  :  http://geoconfluences.ens-­‐lyon.fr/  
•  LETNIOWSKA-­‐SWIAT  S.,  «  Oyapock,   un  pont  trop  loin  ?  Un  
pont  pour  quoi  ?  »,  2012.  
Géoconfluences,   disponible   sur  :   http://geoconfluences.ens-­‐
lyon.fr/  
•   SANGUIN   A.-­‐L.,   «  Périphéricité   et   ultrapériphéricité  
insulaires   dans   l’Union   européenne  »,   L’Espace   politique,  
2007/2,  2007.  
•   SIMON  T.,   «  La   Réunion  :   une   «  terre   de   projets  »   dans   les  
impasses   du   développement  ?  »,   Études   caribéennes,   n°17,  
2010.  
SITES INTERNET

©  NATHAN  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S      


 
 

•  Ministère  des  outre-­‐mer  :  www.outre-­‐mer.gouv.fr/  


•  IEDOM  :  www.iedom.fr/iedom/  
•   La   concertation   sur   les   fonds   européens   2014-­‐202  :  
www.partenariat20142020.fr  
•   L’Europe   s’engage   en   France  :   www.europe-­‐en-­‐  
france.gouv.fr  
•   Site   de   l’UE   sur   les   RUP  :  
http://ec.europa.eu/regional_policy/themes/outermost/i  
ndex_fr.htm  
•   Portail   officiel   de   l’année   des   Outre-­‐mer  :www.2011-­‐
annee-­‐des-­‐outre-­‐mer.gouv.  
•  Centre  Spatial  Guyanais  :  www.cnes-­‐csg.fr/  
FILMS
•  OFFENSTEIN  C.,  En  solitaire,  2013.  
L’arrivée   d’un   jeune   clandestin   à   bord   d’un   voilier  
participant  au  Vendée  Globe  en  solitaire  bouleverse  la  course  
du  skipper.  
•  BARRAT  M.,  Orpailleur,  2010.  
Un  jeune  Parisien  d’origine  guyanaise   rentre  au  pays  suite  à  
la  disparition  de  son  frère.  
 
LITTERATURE
•  CHAMOISEAU  P.,  Texaco,  1992.  
•  CÉSAIRE  A.,  Cahiers  d’un  retour  au  pays  natal,  1936-­‐1939  
 
OUVERTURE
>  MANUEL  PP.  358-­‐359  
 

Doc.  1  –  La  passerelle  des  Deux-­‐Rives  entre  la  France  et  l’Allemagne  
La  passerelle  des  Deux-­‐Rives  a   été   construite  en  2004  pour  
les   piétons   et   les   cyclistes.   Celui   qui   y   passe   oublie  
facilement   qu’il   vient   de   franchir   une   frontière   puisqu’il  n’y  
a   ni   douanier  ni   policier   pour   le   contrôler.   Cette   passerelle  
se   trouve   à   côté   du   pont   de   l’Europe,   premier   grand  
symbole   de   la   réconciliation   franco-­‐allemande,   inauguré   le  
23  septembre  1960.   Ils  joignent  la   France  et   l’Allemagne  au-­‐
dessus   du   Rhin   en   reliant   Strasbourg   à   Kehl.   Strasbourg  
incarne   la  réconciliation   franco-­‐allemande   et   la   construction  

 
 

européenne,  la  ville   est   le   siège   du   Parlement  européen,  du  


Conseil   de   l’Europe   et   de   la   Cour   européenne   des   droits   de  
l’homme,   pour   en   savoir   plus  :   http://www.strasbourg-­‐  
europe.eu  
Notions   à   mobiliser  :   Frontière,   mobilités,   héritages  
historiques,  construction  européenne,  paix.  

Doc.  2  –  La  Croatie  :  28e  État  de  l’Union  européenne  


La   Croatie   a   intégré   l’Union   européenne   en   2013.   Avec   la  
Slovénie,  qui   a   rejoint   l’UE   dès   2004,   c’est   le  deuxième  État  
des   Balkans   issu   de   l’ex-­‐Yougoslavie   à   devenir   membre   de  
l’UE.   Sur   la   photographie,   on   voit   des   militaires   de  
l’Eurocorps   lever   le   drapeau   croate,   qui   rejoint   les   autres  
drapeaux   des   États-­‐Membres   de   l’UE     sur     le     parvis     du    
Parlement     Européen     à   Strasbourg.   À   droite,   on   voit   les  
journalistes   et   équipes   de   télévision  :   la   cérémonie,   très  
symbolique,   a  été  médiatisée.  À  gauche,  le  panneau  indique  
«  Bienvenue   à   la   Croatie  »   en   langue   croate.   Au   centre  
devant   les  drapeaux,  la  sculpture  est  une  œuvre  de  1991  de  
l’artiste   Ludmila   Tcherina   (une   danseuse   et   sculptrice  
française   d’origine   russe   décédée   en   2004),   elle   est  
intitulée   «  L’Europe   à   cœur  »   et   symbolise   l’Europe   unie  
et   en   paix.   Cet   exemplaire   en   bronze   fut   installé  devant   le  
Parlement   européen   en   2000.   L’Eurocorps   a   été   créé   en  
1992   lors   d’un   sommet   franco-­‐allemand,   l’objectif     était    
d’affirmer     l’importance     de     la   coopération   européenne   en  
matière   de   défense.   C’est   aujourd’hui   une   structure   de  
coopération   militaire   au   service   de   l’UE   et   de   l’OTAN,   qui  
regroupe   des   forces   armées   européennes   autours   de   cinq  
«  nations-­‐cadres  »  de   l’Eurocorps  :   la   France,   l’Allemagne,   la  
Belgique,   l’Espagne   et   le   Luxembourg.   En   2016,   la   Pologne  
est   devenue   la   6e   nation-­‐cadre   (en   savoir   plus  :  
www.eurocorps.org).  
Notions   à   mobiliser  :   Élargissement,   paix,   construction  
européenne,  lieux  symboliques.  
Doc. 2 – L’Europe en Guadeloupe
Le   document   2   est   une   plaquette   de   présentation   de  
l’action   de   l’Union   européenne   en   Guadeloupe.   La  
Guadeloupe,   distante   de   6  800   km   de   Paris,   compte   une  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S      


 
 

population   de   404  000   habitants.   Comme   toutes   les   autres  


RUP,   la   Guadeloupe   bénéficie   d’aides   européennes.   Cette  
plaquette   montre   les   différents   fonds   européens    
intervenant   en   Guadeloupe,   en   présentant   pour   chacun   un  
exemple   de   projet   soutenu.   Le   fonds   européen   de  
développement   régional   (FEDER)   et   le   fonds   social  
européen   (FSE)   sont   les   deux   fonds   structurels   de   l’Union  
européenne.   Le   fonds   européen   agricole   pour   le  
développement   rural  (FEADER)   et   le   fonds   européen   pour  
la   pêche   (FEP)   font   partie   des   fonds   d’investissement  
européens.   Pour  la   période   2014-­‐2020,   l’Union   européenne  
intervient  en  Guadeloupe  à  hauteur  de  1  milliard  d’euros.  
 
ÉTUDE DE CAS 1
La Réunion, un territoire de l’Union européenne dans l’océan
Indien

> Manuel PP. 360-363


A. Un territoire insulaire au fort potentiel touristique

Doc.  1  –  Le  tourisme  sur  l’île  de  La  Réunion  


Le   secteur   du   tourisme   à   la   Réunion   présente   un   fort  
potentiel   de   développement.   Cette   carte   montre  
l’organisation   et   la   variété   des   types   de   tourisme   que   l’on  
trouve   à   La   Réunion,   distinguant   le   littoral   balnéaire   de  
l’intérieur  montagneux  associé  à  un  tourisme  de  nature.  

Doc.  2  –  La  pratique  du  parapente  à  La  Réunion  

Doc.  3  –  Campagne  promotionnelle  pour  La  Réunion  

Doc.  4  –  La  fréquentation  touristique  de  l’océan  Indien  

Doc.  5  –  Origine  géographique  des  touristes  à  La  Réunion  

 
 

» Analyse des documents

Prélever  et  hiérarchiser  et  des  informations  


1.   Les   atouts   touristiques   de   La   Réunion   reposent   sur   la    
complémentarité  et     la     diversité  des     types     de  tourisme   que  
l’on   peut   pratiquer   sur   l’île  :   du   tourisme   balnéaire   au  
tourisme   de   nature.   Île   volcanique   (Piton   de   la   Fournaise  
encore   en   activité   et   Piton   des   Neiges),  La   Réunion   dispose  
de   sites   remarquables   mis   en   valeur   dans   le   cadre   du   Parc  
national  créé  en  2007.  
 

2.   Les   documents   1   à   3   présentent   la   mise   en   valeur   par   le  


tourisme   de   deux   types   d’espaces   à   La   Réunion  :   le   littoral  
balnéaire   et   l’intérieur   montagneux   de   l’île.   Jusque   dans   les  
années  1980,   La   Réunion   a   joué   la   carte   du   tourisme  
balnéaire.   Disposant   des   principales   plages  de   l’île,   le   littoral  
de  l’ouest  autour  de  Saint-­‐Gilles   est  la   région  la   plus  attractive  
pour  ce  type  de  tourisme   (doc.  1).  L’intérieur   montagneux   de  
La   Réunion,   qui   a   pourtant   connu   une   première   mise   en  
tourisme   de   1850   à   1960,   initialement   axée   sur   le  
thermalisme,   se   trouve   depuis   valorisé    par    la     diffusion    de    
pratiques     touristiques   sportives   (VTT,   randonnée   ou  
parapente).   Les   cirques   volcaniques   de   La   Réunion   sont  
parcourus   de   circuits   de   randonnées   balisés   (doc.   3)   tandis  
que   de   nombreux   sites   de   l’île   permettent   la   pratique   du  
parapente  (doc.  2).  
 

3.   En   2013,   les   touristes   à   La   Réunion   proviennent   pour  


leur  grande     majorité  (81  %)  de  la  France  métropolitaine,  en  
dépit  de  la  distance  à  parcourir  (9  300   km   depuis   Paris).   La  
majorité   de   la   clientèle   touristique   à   La   Réunion   entretient  
un   lien   avec   cette  île   et   rentre   dans   le   cadre   du   «  tourisme  
affinitaire  »,   qui   a   pour   motivation   principale   de   rendre  
visite   à   des   parents   ou   à   des   amis,   tandis   que   le   «  touriste  
d’agrément  »   recherche   la   détente   et   les   loisirs.   Cette  
fréquentation   touristique   dominée   par   la   métropole   peut  
trouver   également   une   explication   dans   la   desserte  
spécifique  de   La   Réunion   par   long-­‐courriers,  avec   un  goulet  
d’étranglement   aérien.   Seuls   19  %   des   touristes   à   La  
Réunion   proviennent   de   l’étranger,   ce   qui   montre   la   faible  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S      


 
 

internationalisation   du   tourisme   ultramarin.   La   clientèle  


européenne   non   métropolitaine   reste   rare   avec     seulement  
5  %   des   touristes.   Une   clientèle   régionale   occupe   néanmoins  
un   certain   poids  :   11  %   des   touristes   qui   fréquentent   La  
Réunion  proviennent  ainsi  de  l’océan  Indien.
4.   La   Réunion,   qui   fait   partie   des   petites   îles   tropicales,  
occupe  une  place  secondaire  comme  destination   touristique  
au   sein   de   l’océan   Indien.   En   accueillant   un   peu   plus   de  
400  000   touristes   par   an   sur   toute   la   période   (à   l’exception  
de   2006   et   2007   où   la   fréquentation   touristique   de   l’île   a   été  
fortement  affectée   par   le   chikungunya  :   278  800   touristes   en  
2006),   La   Réunion   reste   loin   des   destinations   touristiques  
phares   de   l’océan   Indien   que   sont   les   Maldives   et   l’île  
Maurice   qui   accueillent   plus   du   double   de   touristes.   À   ce  
titre,   la   progression   touristique   des   Maldives   est  
intéressante   à   comparer   à   celle   de   La   Réunion.   Si   en   2005,  
les   Maldives   recevaient   395  000   touristes   et   La   Réunion  
409  000,  en  2012,  les  Maldives  en  accueillent  958  000  alors  
que   La   Réunion   stagne   à   446  500.   La   Réunion   est  
cependant  plus   fréquentée   que   Mayotte   (45  800   touristes   en  
2012),   les   Seychelles   (208  000   touristes   en   2012)   ou  
Madagascar  (256  000  touristes  en  2012).  
B. Une île soutenue par la métropole et par l’UE

Doc.  6  –  Manifestations  contre  la  baisse  des  aides  

Doc.  8  –  L’Union  européenne  et  l’île  de  La  Réunion  

Doc.  7  –  Le  commerce  extérieur  de  La  Réunion  


Comme  la  majorité  des  économies  insulaires,   l’économie   de  
La   Réunion   a   largement   recours   aux   importations   pour  
ses   approvisionnements   en   biens   de   consommation   et   en  
matières   premières.   La   France   métropolitaine   est   de   loin  
le   premier   fournisseur   de   l’île,   avec   plus   de   57  %   du   total  
importé.   Les   importations   en   provenance   d’autres   pays  
européens   représentent   13  %   du   total   importé   et  
proviennent   principalement   d’Allemagne,   d’Italie   et  

 
 

d’Espagne.  Hors  Union  européenne,  Singapour  est  le  premier  


fournisseur   de   La   Réunion   (avec   des   produits  intégralement  
composés    d’hydrocarbures    et    de  produits   pétroliers),  suivi  
par   la   Chine,   puis   l’Afrique  du   Sud,   qui   reste   le   principal  
fournisseur   régional   et   fournit   l’essentiel   du   charbon  
destiné  aux  usines  thermiques  du  Gol  et  de  Bois  Rouge.  
La  France  métropolitaine  est  également  le  premier  client   de  
La   Réunion   (31,9  %   du   volume   exporté),   et   lui   achète  
majoritairement   du   sucre   et   du   rhum.  L’Union   européenne  
arrive   en   deuxième   place   avec   21  %   des   exportations.  
Hors   France   métropolitaine,   le   Vietnam   est   le   principal  
débouché  de  l’île,  devant  l’Espagne,    Mayotte  et  Madagascar  
(qui   lui   achète   principalement   des   aliments   pour   animaux  
destinés  aux  élevages  de  crevettes  et  des  véhicules).  
 
C. Une faible intégration dans l’océan Indien

Doc.  9  –  Une  intégration  inégale  

Doc.  10  –  Le  PIB  par  habitant  des  pays  de  la  zone  océan  Indien  
» Analyse des documents

Prélever  des  informations  


5.   La   Réunion   est   dépendante   économiquement   de   la  
France  métropolitaine  et  de  l’Union  européenne  à  plusieurs  
titres.   Cette   dépendance   repose   notamment   sur   les    
transferts     financiers  de  l’État  et  de  l’Union  européenne  sous  
des   formes   diverses  :   crédits   alloués   à  la    région  (doc.  6)  ou  
fonds   structurels   ou   d’investissement   (doc.   8).   Pour   la  
période   2014-­‐2020,   ces   derniers   atteignent   même  
pratiquement   2,1  milliards   d’euros.   La   dépendance  
économique  se  retrouve  également  dans  le  déséquilibre  des    
échanges   commerciaux   de   La   Réunion   pour   qui   la   France  
métropolitaine   représente   le   principal   partenaire  
commercial  (doc.  7).  
 

6.  Le  faible  ancrage  régional  de  La  Réunion   se  mesure  à  son  


processus   d’insertion   régionale   limité   (doc.   9b).   Si   La  
Réunion   est   membre,   via   la   France,   de   la   COI,   dont   la  
vocation   est   l’intégration   régionale   par   la   coopération  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S      


 
 

politique,   La   Réunion   n’est   que   partenaire   de   dialogue  ou  


observateur   des   organisations   régionales   promouvant   une    
intégration   régionale   économique,   comme   la   COMESA   ou  
l’IOR-­‐ARC,   voire   en   e st   même   écartée   (SADC).   L’ancrage  
régional   de   La   Réunion   apparaît   par   ailleurs   limité   du   fait  
des   degrés   inégaux   de   relations   entretenues   avec  
l’extérieur,   que   reflètent   les   trois   cercles   potentiels   de  
coopération  (doc.  9a).  
 

7.   L’ampleur  des   flux   financiers  venant   de   métropole  ou   de  


l’Union   européenne   fait   de   La   Réunion   un   véritable   îlot   de  
richesse   au   sein   de   son   environnement   régional.   Avec  
19  477  €  de  PIB/hab.,  La  Réunion  contraste  fortement    avec  
ses   voisins  :   l’indicateur   ultramarin  allant   de   plus   du   double  
de   celui  des   Seychelles  à   plus  de  cinquante  fois  plus  de  celui  
de  Madagascar.  
 
Vers  le  BAC  
•   Les   atouts   du   développement   de   La   Réunion  :   un   fort  
potentiel   de   développement   touristique   le   PIB/hab.   le   plus  
élevé  de  la  région,  etc.  
•   Le   déséquilibre   des   échanges   commerciaux  :   une   relation    
commerciale     privilégiée     avec  la  France  métropolitaine  ;  des  
liens   commerciaux   réduits   avec   l’environnement  régional,  
etc.  
•   L’importance   des   aides   financières   reçues  :   des   aides  
provenant  de  métropole  et   de  l’Union  européenne  ;   des  aides  
en   faveur   du   développement     régional   (infrastructures,  
insertion  professionnelle,  etc.)  
 

BILAN DE L’ÉTUDE DE CAS 1

>  MANUEL  PP.  364-­‐365  


 
La   page   de   gauche   s’attarde   sur   les   deux   notions-­‐clés  qu’il  
s’agit   de   mobiliser   pour   l’intégralité   de   ce   chapitre  :  
dépendance  économique  et  insularité.  

 
 

La   page   de   droite   propose   un   croquis   de   synthèse   à  


compléter  et  un  organigramme     de  montée  en  généralisation  
de  l’étude  de  cas.  
 

» Les  notions  à  retenir  

Dépendance  économique  
L’organigramme   décline   les   différents   objectifs   des   crédits  
européens  :   infrastructures   d’aménagement   du   territoire   et  
coopération   régionale   financées   par   le   Fonds   européen     de  
développement   régional   (FEDER)  ;   formation  
professionnelle,   aide   à   l’emploi   et   l’insertion  financées  par  
le   Fonds   social   européen   (FSE)  ;   développement   rural  
financé  par  le  Fonds  européen  agricole    de    développement  
rural  (FEADER)  ;  développement  du  secteur  de  la  pêche  et  de  
l’aquaculture  par  le  Fonds  européen  pour  la  pêche  (FEP).  
 

Insularité  
Le  croquis  insiste  sur  les  caractéristiques  géographiques   des  
territoires   insulaires  :   l’opposition   entre   le   littoral   et  
l’intérieur,  l’éloignement  et  la  dépendance  à   la   métropole  et  
la   faible  intégration  dans  l’environnement  régional.  

De  l’étude  de  cas  à  la  généralisation  


 

Le   lien   est   réalisé   entre   la   première   étude   de   cas   de   ce  


chapitre  (La   Réunion)  et   le  cours  pages  374-­‐375.  Il  s’agit  ici  
de  montrer  l’articulation  de  ce  chapitre  et  la  connexion  entre  
ses  différentes  parties.  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S      


 
 

CARTES
 
» L’Union européenne : une union d’Etats à géométrie
variable

>  MANUEL  PP.  366-­‐367  

Doc. 1 – L’Union européenne, de 6 à 28


La   carte   montre   les   élargissements   successifs   de   l’UE.  
Ceux   de   1973   (Royaume-­‐Uni,   Irlande,   Danemark)   et   1995  
(Suède,   Finlande,   Autriche)   ont   concerné   des   pays   dont   les  
économies   étaient   déjà   très   interdépendantes   avec   celles  
des   pays   de   l’UE.   Tandis   que   les   élargissements   de   1981  
(Grèce),   1986   (Espagne   et   Portugal),   2004   (Europe   de  
l’Est   ainsi   que   Chypre   et   Malte),   2007   (Bulgarie   et  
Roumanie)   et   2013   (Croatie)   correspondent   aussi   à   des  
contextes   de   retour   de   la   démocratie   et   de   transition  
postcommuniste.   La   notion   «  d’élargissement  »   en   tant   que  
telle   apparaît   d’ailleurs   après   1989,   lorsque   les   Européens  
commencent   à   réfléchir   sur   les   modalités   d’intégration   à  
l’UE   de   l’ancienne   Europe   de   l’Est   communiste   (on   utilisait  
auparavant   simplement   le   mot   «  adhésion  »).   Avant   de  
pouvoir   entrer   dans   l’Union,   les   pays   candidats   doivent  
posséder   un   régime   démocratique   stable   et   des  
institutions   propres   à   garantir   la   primauté   du   droit   et   le  
respect   des   droits   de   l’homme.   Ils   doivent   aussi   avoir   une  
économie   de   marché   opérationnelle   et   une   administration  
capable    d’appliquer  le  droit  communautaire  et  les  politiques  
de   l’UE.   Les   conditions   d’adhésion   propres   à   chaque   pays  
candidat   font   l’objet   de   négociations   avec   la   Commission  
européenne,   généralement   sur     plusieurs   années.   En   savoir  
plus   sur   les   négociations   d’adhésion   en   cours  :  
geoconfluences.ens-­‐lyon.fr,   «  L’Europe   entre   associations,  
alliances   et   partenariat  »,   une   mise   au   point   actualisée  
chaque  année  sur  l’état  de  l’UE.  

 
 

Doc.  2  –  L’espace  Schengen  en  2015  


Signé   à   Schengen   (Luxembourg)   en   juin  1985,   l’accord   du  
même   nom   n’est   entré   en   vigueur   qu’en   mars   1995,   en  
raison   de   la   difficulté   à   mettre   sur   pied   «  le   système  
d’information  Schengen  »  destiné  au  contrôle    des   frontières  
extérieures   avec   les   États   non   membres,   et   à   la   circulation  
et   aux   échanges   d’information   entre   les   États   signataires.  
L’accord  a  permis  la  suppression  des  contrôles  aux  frontières  
intérieures   pour   la   circulation   des   personnes  :   cet  
effacement   des   frontières   a   été   une   étape   clé   de  
l’approfondissement  de  l’Union.  
Les   «  visas   Schengen  »   permettent   aux   citoyens   des   États  
non   membres   de   l’UE   de   circuler   librement   dans   tout  
l’espace   Schengen.   Tous   les   pays   membres   ne   font   pas  
partie   de   l’espace   Schengen  :   le   Royaume-­‐Uni   et   l’Irlande  
maintiennent   le   contrôle   aux   frontières   pour   les   flux   de  
personnes.   À   l’inverse,   d’autres   États   non   membres   y   sont  
associés  :   c’est   le   cas   de   la   Suisse,   de   l’Islande,   de   la  
Norvège  et  du  Liechtenstein.  Les  États  ayant  rejoint  l’Union  
en   2004   ont   intégré   progressivement   l’espace   Schengen.  
Seules   la   Bulgarie,   la   Roumanie   et   la   Croatie   ne   font   pas  
encore   partie   de   l’espace   Schengen   en   2015.   Quelque  
400  millions   de   personnes   peuvent   donc  désormais   voyager  
librement   d’est   en   ouest,   du   cercle   polaire   en   Norvège,  
jusqu’au  Portugal,  et  à  Malte.  
Schengen  est  aussi  l’élément  clé  du  contrôle  de  l’immigration  
et   des   trafics   illégaux.   Les   dispositifs   de   surveillance   ont  
été   renforcés   avec   la   création   de   Frontex  :   l’Agence  
européenne   pour   la   gestion   de   coopération   opérationnelle  
aux     frontières   extérieures     des   États   membres   de   l’UE.  
Basée   à   Varsovie,   Frontex   est   chargé   depuis   2005   de  
coordonner  les   opérations  des   États   dans   le   domaine   de   la  
sécurité   aux   frontières.   À   ce   titre,   Frontex  met  sur  pied  des  
opérations   maritimes,   terrestres   et   aériennes   (dans   les  
aéroports)   d’interception   des   migrants   illégaux   et   de  
reconduite   aux   frontières.   Frontex   a   pour   principale  
mission  la   lutte   contre  l’immigration   clandestine   et   le   trafic  
d’êtres   humains.   Les   flux   de   migrants   clandestins   sont  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S      


 
 

importants   dans   la   région   de   Gibraltar,   entre   la   Tunisie,  


l’Albanie   et   l’Italie   et   la   Grèce,   ainsi  qu’aux  frontières  avec  
les  nouveaux  États  membres.  

Doc.  3  -­‐  Une  monnaie  européenne  :  l’euro  


Le   Traité   de   Maastricht   en   1992   a   institué   l’Union  
économique   et   monétaire   (UEM)   qui   repose   sur   2   volets  :  
création   d’une   monnaie   commune   et   coordination   des  
politiques   économiques  et   budgétaires  des   États   membres.  
Celle-­‐ci   se   manifeste   surtout   par  l’obligation  pour   les   États  
de   respecter   des   critères   de   convergence   économique  
(notamment   en   matière   de   déficit   budgétaire   et   de   dette  
publique).   Les   billets   et   pièces   de  monnaie  en  euros   ont   été  
mis   en   circulation   le   1   janvier  2002  :   parmi   les   15   États  
er

membres   de   l’UE   à   l’époque,   12   adoptent   l’euro   et   3   le  


refusent   (Grande-­‐Bretagne,   Suède   et   Danemark).   Les  
nouveaux   États   membres   ont   vocation   à   rejoindre   la   zone  
euro   une   fois   les   critères   de   convergence   remplis.   La  
Slovénie  a   été   le   premier   nouvel   État   membre   à   rejoindre  
la   zone   euro  (en  2007)  suivie  par  Chypre  et  Malte  (2008),    la  
Slovaquie   (2009)   et   l’Estonie   (2011),   puis   la   Lettonie  
(2014)   et   la   Lituanie   (2015).   L’Estonie   est   le  premier  pays  
à   faire   figurer   une   carte   du   pays   sur   ses   pièces   en   euro.  
D’autres   micro-­‐États   et   certains   pays   comme   le  
Monténégro   utilisent   de   facto   l’euro   sans   être   membres  de  
l’UE  :  ils  ne  sont  pas  autorisés  à  l’émettre  et  aucune  pièce ne  
comporte  de  face  nationale  spécifique.
 
CARTES
» Les territoires ultramarins de l’Union européenne

>  MANUEL  PP.  368-­‐369  


Sur   cette   carte   de   localisation   figurent   tous   les   territoires  
ultramarins   de   l’Union   européenne  :   les   régions  
ultrapériphériques   et  les  pays  et  territoires   d’outre-­‐mer.  Les  
territoires   ultramarins   européens   rassemblent   6  millions  
d’habitants  :   4,7  millions   d’habitants   dans   les   RUP   et  
1,3  million   dans   les   PTOM.   Les   territoires   ultramarins   sont  

 
 

relativement  dispersés  et  éloignés  de   l’Union  européenne.  La  


carte  mentionne   à  ce  titre  le  décalage   horaire   par  rapport  à  
l’heure  d’hiver  en  France.  Ces  territoires  ultramarins  jouent  
un   rôle    stratégique   pour   l’Union  européenne.   La   France   est  
ainsi   la   deuxième   puissance   maritime   mondiale,   avec  
11   millions   de   km²   de   zone  économique   exclusive   (ZEE),  
dont   la   moitié   outre-­‐mer,   alors   que   la   superficie   des  
territoires  ultramarins   français  n’est  que  de  120  000  km²  (en  
excluant  la  Terre-­‐Adélie).  
 

Questions  sur  les  documents  


1.   Les   États   de   l’UE   possédant   des   régions  
ultrapériphériques   sont   au   nombre   de   trois  :   l’Espagne  avec  
les   Canaries  ;   la   France   avec   la   Guadeloupe,   la   Guyane,   la  
Martinique,   Mayotte,   La   Réunion   et   Saint-­‐Martin  ;   le  
Portugal   avec   les   Açores   et   Madère.   Les   États   de   l’UE  
possédant   des   pays   et   territoires   d’outre-­‐mer   sont   au  
nombre   de   quatre  :   le   Danemark   avec   le   Groenland  ;   la  
France   avec   Clipperton,   les   îles   Éparses,   la   Nouvelle-­‐  
Calédonie,   la   Polynésie   française,   Saint-­‐Barthélemy,   Saint-­‐
Pierre-­‐et-­‐Miquelon,   les   terres   australes   et   antarctiques  
françaises,   Wallis-­‐et-­‐Futuna  ;   les   Pays-­‐Bas   avec   dans   les  
Antilles   les   îles   d’Aruba,   Bonnaire,   Curaçao,   Saba,   Saint-­‐
Eustache,   Sint-­‐Maarten  ;   le   Royaume-­‐Uni   avec   Anguilla,  
Ascension,   les   Bermudes,   les   Caïmans,   les   Falkland,   la  
Géorgie   du   Sud,   les   îles   Vierges   britanniques,   Montserrat,  
Pitcairn,   les   îles   Sandwich   du   Sud,   Sainte-­‐Hélène,   les  
territoires   de   l’Antarctique   britannique,   les   territoires   de  
l’océan   Indien,   Tristan   da   Cunha,   Turks-­‐et-­‐Caicos.   Seule   la  
France  possède  à  la  fois  des  RUP  et  des  PTOM.  
 

2.   Les   territoires   ultramarins   insulaires   de   l’Union  


européenne   sont   présents   dans   la   plupart   des   mers   et  
océans   du   globe  :   mer   des   Caraïbes,   océan   Atlantique,  
océan  Indien  et   océan  Pacifique.  Les   territoires   ultramarins  
continentaux   sont   présents   en   Amérique   du   Sud   et   en  
Antarctique.   Les   territoires   ultramarins   sont   relativement  
éloignés   de   l’Union   européenne  :   jusqu’à   18  000   km   de  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S      


 
 

Paris   pour   Wallis-­‐et-­‐Futuna.   Cet   éloignement   se   remarque  


notamment  à  travers  les  décalages  horaires.  
 

3.   De   manière  générale,  les  régions  ultrapériphériques  sont  


globalement   plus   proches   de   l’Union   européenne   que   les  
pays   et   territoires   d’outre-­‐mer.   C’est   particulièrement   le  
cas  des  Canaries,  des  Açores  et  de  Madère.  
 
COURS 1
L’Union européenne : une union d’États à géométrie variable

>  MANUEL  PP.  370-­‐371  

Doc.  1  –  Les  institutions  européennes  


Le   Traité   sur   le   fonctionnement   de   l’Union  européenne,   dit  
Traité   de   Lisbonne,   entré   en  vigueur  en   2009,   a   modifié   le  
fonctionnement   des   institutions   de   l’UE.   Le   rôle   du  
Parlement   européen   a   été   renforcé  :   la   procédure   de  
codécision  a   été   élargie  et   le  Parlement   a   plus   de   poids   sur  
un   grand   nombre   de   domaines,   dont   l’agriculture   et   la  
justice,   ainsi   que   sur   les   choix   budgétaires.   Un   droit  
d’initiative  est  reconnu  aux  citoyens  :  un  million  de  citoyens  
pourront   par   leur   signature   inviter   la   Commission   à    
présenter  une  proposition  sur  tout  domaine  de  compétence  
de   l’UE.   Le   Conseil   européen   a   désormais   un   président   élu  
pour   30  mois.  Les  décisions  sont  prises  à  la  majorité  qualifiée  
sur   un   grand   nombre   de   domaines   dont   la   justice   et   les  
affaires   intérieures.   Un   haut   représentant   pour   les   Affaires  
étrangères  et  la  politique  de  sécurité  est  désigné.  

Doc.  2  –  L’entrée  de  la  Lituanie  dans  la  zone  euro  (janvier  2015)  
En   2015,   la   Lituanie   est   devenue   le   19  pays   membre  de   la  
e

zone   euro.   La   géographie   de   la   zone   euro   (19   États  


membres)   ne   recoupe   pas   exactement   celle   de   l’Union  
européenne   (28   États   membres),   ni   celle   de   l’espace  
Schengen   où   la   circulation   des   personnes   se  fait  librement    
à     travers   les   frontières   (26     États   membres)   Comme   pour    
les  autres  États  baltes,  l’intégration  de  la  zone  euro  a  eu  une  
dimension   géopolitique   importante   en   Lituanie  :   elle   est  

 
 

venue  confirmer  l’ancrage  à   l’Ouest  du   pays,  par   opposition  


avec   la   Russie   voisine   (les   trois   États   baltes   ont   proclamé  
leur  indépendance  de  l’URSS  en  1990).  

Doc.  3  –  La  Serbie,  futur  État  membre  de  l’Union  européenne  ?  


Comme   le   Monténégro,   l’Albanie,   la   Macédoine   et   la  
Turquie,   la   Serbie   fait   partie   des   États   qui   sont   en   cours   de  
négociations   avec   l’Union   européenne   pour   leur   adhésion.  
Dans   les   Balkans,   le   Kosovo   et   la   Bosnie   ont   également  
manifesté   leur   intention   d’entamer   des   négociations   en   ce  
sens  avec  l’UE.  

Questions  sur  les  documents  


L’adhésion   à   l’UE   signifie   pour   un   État   et   ses   citoyens  
l’entrée   dans   les   institutions   européennes  :   des   députés  
européens   vont   être   élus,   des   représentants   de   l’État   vont  
siéger   au   Conseil   européen   et   à   la   Commission,   ainsi   que  
dans   les   autres   organisations  de   l’UE.   Après  son  adhésion  à  
l’UE,   un   État   peut   intégrer   la   zone   euro   et   l’espace  
Schengen.   Cela   a   des   conséquences   très  concrètes  pour  ses  
habitants  et  leur  vie  quotidienne.  
 
2
COURS 2
Les inégalités socio-spatiales dans l’Union européenne

> Manuel PP. 240-241

Doc.  1  –  Les  inégalités  de  richesse  dans  l’Union  européenne  

Doc.  2  –  La  politique  européenne  de  cohésion  régionale  (2014-­‐2020)  


Les   Fonds   structurels,   composés   du   Fonds   social   européen  
(FSE),   du   Fonds   européen   de   développement   régional  
(FEDER)  et  du  Fonds  de  cohésion,  représentent   environ   un  
tiers   du   budget   total   de   l’UE.  Les  régions  sont  éligibles  aux  
différentes   aides   européennes   en   fonction   de   leur  
PIB/habitant.   Les   régions   éligibles   à   l’objectif   dit   «  de  
convergence  »  de  la  politique  régionale  de  l’UE  sont  celles  où  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S      


 
 

le  PIB/habitant   est   inférieur   à   la   moyenne   de   l’UE.   On  voit  


qu’il   s’agit   surtout   des   nouveaux   États   membres   d’Europe  
de   l’Est,   des   régions   d’Europe   du   Sud   ainsi   que   de  
l’Outremer.   À   noter   qu’il   existe   aussi   des   aides   régionales  
spécifiques  aux  régions  transfrontalières.  

Doc.  3  –  La  Roumanie,  grenier  de  l’Europe  ?  


Membre   de   l’UE   depuis   2007,   la   Roumanie   fait   partie   des  
États   européens   où   le   PIB/habitant   est   le   plus   faible.   Mais  
les   contrastes   sont   grands   entre   la   région   de   la   capitale  
Bucarest   et   les   régions   rurales   isolées,   on   le   voit   d’ailleurs  
nettement   sur  la  carte  du  doc.  1.  L’attractivité   nouvelle   des  
terres   agricoles   roumaines   pour   les   investisseurs  
européens   est   le   résultat   de   ce  contraste,   qui   montre   que  
les   héritages   de   la   période   communiste   ont   laissé   des  
traces   encore   très   visibles   dans   ce   pays.   Le   texte   est   tiré  
d’un   article   du   Monde   qui   comporte   dans   sa   version  
intégrale   de   nombreuses   informations   complémentaires  
intéressantes  :  www.lemonde.fr  

COURS 3
Les territoires ultramarins de l’UE

MANUEL  PP.  374-­‐375  

Questions  sur  les  documents  


1.   Cette   campagne   de   promotion   met   en   avant   plusieurs  
caractéristiques   du   tourisme   en   Polynésie   française.   Il  
s’agit   d’une   campagne   à   destination   de   l’Italie,   ce   qui  
souligne   la   forte   dimension   internationale   du   tourisme  
polynésien.   La   Polynésie   française   attire   en   effet   de  
nombreux   touristes   étrangers  :   les   États-­‐Uniens   arrivent  en  
tête   avec   30  %   des   touristes,   suivis   par   les   Japonais  (10  %)  
et   les   Italiens   (7  %).   L’affiche   évoque   également   des  
réductions   sur  des  billets  d’avion   de  la  compagnie   Air  Tahiti  
Nui  :   le   tourisme   s’est   développé   en   Polynésie  avec  l’essor  
des  transports  aériens  ;  une  seule  porte   d’entrée,   l’aéroport  
de   Tahiti,   redistribuant   l’ensemble   des   flux   touristiques.  

 
 

Enfin,   cette   campagne   met   l’accent   sur   les   pratiques  


balnéaires   qui   se   déploient   dans   les   différents   lagons  
polynésiens.  

2.  Avec  570    habitants    au  km²,    Mayotte  est  le  département  


français  le  plus  dense  après  ceux  d’Île-­‐de-­‐France.   Près   de   la  
moitié   de   la   population   de   Mayotte   se   concentre   dans     le  
nord-­‐est   de   l’île,   sur   les   communes   de   Petite-­‐Terre,   de  
Koungou   et   d e   Mamoudzou.   Commune   la   plus   peuplée   de  
l’île,  Mamoudzou   compte   57  300   habitants,   soit   27  %   de   la  
population  mahoraise.  Préfecture  et  capitale  économique   du  
département,   Mamoudzou   concentre   sur   son   territoire  
l’essentiel   des   administrations   et   des   emplois.   La   ville  
portuaire   et   industrielle   de   Koungou   est   la   deuxième  
commune  la   plus   peuplée  de   l’île   avec  26  500  habitants.  En  
troisième  position,  Dzaoudzi,  l’ancienne  préfecture,  héberge  
14  300  habitants.  
1  Situé   dans   le   Pacifique   Sud,   à   1  500  km   à   l’est   des  côtes  
australiennes  et  à  1  800  km  au  nord  de  la  Nouvelle-­‐Zélande,  
l’archipel  de  la  Nouvelle-­‐Calédonie  occupe  une  superficie  de  
18  576  km²  pour  une  population   de   256  000   habitants.   Les  
trois   principales   communautés   présentes   en   Nouvelle-­‐
Calédonie   sont  les  Kanak,  les  Européens  et  les  Wallisiens  et  
Futuniens.   La   communauté   Kanak   représente   40  %   de   la  
population   du   territoire   et   les   Européens   29  %.   La  
population  de  Nouvelle-­‐Calédonie  réside  majoritairement  en  
Province   Sud   (75  %),   suivie   de   la   Province   Nord   (18  %)   et  
des   Îles   Loyauté   (7  %).   La   Province   Sud   est   composée   de  
35,9  %   d’Européens,   de   26,7  %   de   Kanak   et   de   11,4  %   de  
Wallisiens  et  Futuniens.  Les  Kanak     sont  majoritaires     dans    
la   Province   Nord   (73,8  %),   suivis   par   les   Européens  
(12,7  %).   La   Province   des   Îles   Loyauté   est   composée  
presque   exclusivement   par   une   seule   communauté,   avec  
96,6  %  de  Kanak.  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S      


 
 

 
RRÉVISER
VISER
MANUEL  PP.  376-­‐377  

Chiffres  clés  
Les   chiffres   rappellent   qu’UE   et   Europe   ne   sont   pas  
synonymes.  
Le   PIB   de   l’UE   était   de   13  920   milliards   d’euros   en  2014.  
Les   députés   européens   sont   élus   au   suffrage   universel  
direct   depuis   1979.   Le   traité   de   Lisbonne   a   fixé   à   759   le  
nombre   maximal   de   députés,   chaque   État   membre   ne  
pouvant  pas  avoir  moins  de  6  députés  ou  plus  de  96.  

Ces   données   soulignent   les   différences   entre   les   territoires  


ultramarins.   Les   RUP   ne   regroupent   que   9   territoires   mais  
accueillent   une   population   importante   de   4,7   millions  
d’habitants.   Les   PTOM,  plus   nombreux,  ont   une   population  
moindre.  

Doc.   1   –   Disparités   et   inégalités   socio-­‐spatiales   dans   l’Union  


européenne  
Le   schéma   1   montre   l’organisation   de   l’espace   européen  
selon  une  logique    centres/périphéries.  Densités,  richesses  et  
attractivité   se   concentrent   encore   aujourd’hui   dans   la  
mégalopole   européenne   et   les   contrastes   Est/Ouest   restent  
importants.   Le   schéma   montre   les   derniers   élargissements  
(2004,  2007  et   2013)  et  souligne  la  dynamique  d’ouverture  à  
l’Est  de  l’UE.  

 
 

BAC
 
> Manuel PP. 378-379
 
» Composition " Rédiger l’introduction et le développement  

Sujet  :  L’Union  européenne  :  unité  et  diversité    

Analyser  le  sujet  


1.   Le   mot   «  et  »   précise   le   sens   du   sujet  :   il   met   en   relation  
l’idée   d’unité   (civilisation   européenne   née   d’une   histoire  
commune,  par  exemple)  et  l’idée  de  diversité  (géographique,  
culturelle)  qui  caractérisent  l’Union  européenne.    
2.  Le  sujet  porte  sur  l’Union  européenne  en  tant  qu’ensemble  
géographique   de   28   États   et   non   en   tant   qu’entité  
institutionnelle.    
3.   Le   fil   directeur   du   sujet  :   «  En   quoi   l’Union   européenne  
est-­‐elle   marquée   à   la   fois   par   une   unité   et   par   une  
diversité  ?  »  ou  toute  formulation  exprimant  cette  idée.    
 
Mobiliser  et  organiser  les  connaissances  
4.  5.  Exemple  non  exhaustif  :  
 
Thèmes   à   Éléments   de   Éléments   d’unité   de  
reprendre   dans   diversité  de  l’UE   l’UE  
le  plan            
NB  :  diversité  et  
unité  sont  traités  
en  parallèle  dans  
chaque  partie  
Peuplement  et   Fortes  densités   Homogénéisation  
démographie     de  l’Ouest  et  des   des  comportements  
(Partie  a)   littoraux,  faibles   démographiques  
densités  des   et  sociaux  
périphéries.    
Culture     Plus  de  200   Civilisation  commune  
(partie  a)   langues  et   fondée  sur  plusieurs  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S      


 
 

dialectes  parlés,   héritages  (grec,  


3  alphabets.     romain)    
Nombreuses    
minorités  
nationales.    
Toutes  les  
grandes  
religions  :  
catholicisme,  
protestantisme,  
islam,  judaïsme…  
 
Économie  et   Disparités  de   Modèle  économique  
développement   développement   libéral  (depuis  les  
(partie  b)   et  de  richesse.   années  1990,  après  la  
chute  de  l’URSS)  
Politique     Morcellement   Organisation  
(partie  c)   politique.   politique  
Monarchies,   parlementaire,  
républiques.   démocratie.  
 
 
Rédiger  la  réponse  au  sujet    
6.   Exemple   de   présentation   du   sujet  :   «  Unie   dans   la  
diversité  »,   la   devise   de   l’Union   européenne   illustre   la  
mosaïque  qu’est  cet  ensemble  de  pays.  L’Union  européenne  
est   créée   en   1957   avec   six   États   d’Europe   de   l’Ouest.   Elle  
compte   aujourd’hui   28   États     et   rassemble   507  millions  
d’habitants  dont  6  millions  dans  les  territoires  ultramarins.    
7.  Voir  l’exemple  donné  dans  l’exercice.  
8.   «  L’Union   européenne…   cours   de   l’histoire  »  :   idée  
principale.    
«  Cet   ensemble   constitué…   Antilles   françaises,   etc.)  »  :   idée  
secondaire.    
«  De   nombreuses   langues….   islam   principalement)  »  :  
exemples.    
9.   Exemple   de   réponse   à   la   problématique   dans   la  
conclusion  :   l’Union   européenne   est   marquée   par   une  

 
 

civilisation  commune  et  une  diversité  culturelle  qui  en  fait  sa  
richesse  ;   à   cela   s’ajoute   une   grande   diversité   économique  
mais   qui   tend   à   s’estomper   sous   l’effet   des   politiques   de  
solidarité  régionale.  
Exemple   d’ouverture  :   les   élargissements   futurs   de   l’Union  
européenne  ont  vocation  à  intégrer  tous  les  États  d’Europe.    
10.   Le   schéma   peut   être   intégré   dans   la   2ème   partie   pour  
évoquer  les  disparités  économiques  de  l’UE.    
 
BAC
> Manuel PP. 380-381
» Analyser une affiche promotionnelle "Porter un
regard critique sur un document

Sujet  :   L’agriculture   d’exportation   des   territoires   ultramarins  


français  

1.  Analyser  le  sujet  et  identifier  les  documents  


1.   Agriculture   d’exportation  :   agriculture   dont   les  
productions   sont   destinées   à   être   vendues   dans   les   pays  
étrangers.  
Territoires   ultramarins   français  :   territoires   situés   hors   du  
continent   européen   sur   lesquels   la   France   exerce   sa  
souveraineté.  
2.  La   consigne  fournit  les   axes  d’analyse  des  documents  :   la  
place   de   l’agriculture   d’exportation   dans   l’économie   et   le  
développement   des   territoires   ultramarins,   l’intégration   de  
ces  territoires  dans  la  mondialisation.  
 

3.   Le   document  1   est   une   affiche   faisant   la   promotion  de  la  


filière  de   production  du   sucre  à  La   Réunion  ;  elle  a  été   émise  
par   le   syndicat  réunionnais  du   sucre  en   2013.  Le  document  
2  est  un  texte  extrait  d’une  campagne  de  communication  de  
l’Union   des     groupements   de   producteurs   de   bananes   de  
Guadeloupe   et   de   Martinique.   Daté   de   2014,   ce  
communiqué   fait   la   promotion   de   la  filière  de  production  de  
la  banane  aux  Antilles  françaises.  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S      


 
 

2.  Analyser  et  critiquer  les  documents  


4.  L’affiche  a  été  commandée  par  le  syndicat  de  producteurs  
de   sucre,   soutenu   par   la   région   Réunion,  l’État  et  l’Union  
européenne.  
 

5.  Le  sucre,  dont  un  morceau  figure  au  centre  l’affiche,  fait  l’objet  
de   cette   publicité.   Ce   morceau   de   sucre   a   la   forme   d’un  
conteneur.  Il   est   déchargé   d’un   camion   dans   un   port  que   l’on  
identifie   grâce   aux   grues   de   déchargement   de   conteneurs   et  
grâce   à   la   proue   d’un   bateau   à   droite   de  l’image.  Le  texte  en  
haut   de   l’affiche   permet   de  comprendre   que   ce   sucre   va   être  
exporté   de   la   Réunion  vers  le  monde  entier.  Le  message  qui  est  
transmis   par  cette  affiche   est   que   le   sucre   est   non   seulement  
une   ressource  importante  pour  l’économie    locale  mais  aussi  un  
facteur   d’intégration   de   l’île   dans   la   mondialisation.   L’affiche  
s’adresse   aux   décideurs   politiques   de   France   et   de   l’Union  
européenne   ainsi   qu’aux   investisseurs.   Les   arguments  utilisés  
sont   pertinents   mais   ne   correspondent   que   partiellement   à  
l’importance   réelle   de   la   filière   sucre   réunionnaise   dans   la  
mondialisation.   En   effet,   bien   que   le  bandeau   de   texte   mette  
e n   avant   des   mots   forts   par   un   procédé     typographique  
(«  50  %  des    exportations  »,  «  s’ouvre  au  monde  »),  le   paratexte  
relativise   le   message   en   indiquant   que   les   exportations   sont  
en  quasi-­‐totalité  à  destination  de  l’UE.  
6.   Une   filière   est   un   système   qui   concerne   une   seule  
matière  première,  ici  la  banane,  depuis  la  recherche  initiale,  
à   la   production,   à   la   transformation   jusqu'à   la  
consommation.   La   filière   banane   regroupe   donc   de  
nombreuses  activités  interdépendantes  liées  à  la  production,  
à   la   transformation,   à   la   commercialisation   de   ce   fruit.   Le  
texte  fournit  de  nombreux  exemples  de  l’importance  de  cette    
filière   dans   le   développement  antillais  :  «  premier  employeur  
privé  de  Guadeloupe   et   de  Martinique  »,   «  80  %   des   emplois  
permanents   dans   l’agriculture  »,   etc.   Elle   est   aussi   un   facteur  
de   désenclavement   et   de   rupture   de   la   discontinuité  
géographique   des   Antilles   grâce   au   développement   du  fret  
maritime.  
7.   La   Réunion,   la   Guadeloupe   et   la   Martinique   sont   des  
régions   ultrapériphériques   françaises.   Ce   sont   des   îles  ;  

 
 

elles   produisent   et   exportent   des   produits   agricoles  


tropicaux.  Leurs  productions  sont  organisées  en  filières.  
 

8.   Le   développement   des   territoires   ultramarins   français   et  


leur   intégration   dans   la   mondialisation   sont   dépendants  
d’une  économie  de  plantation  fondée  en  grande  partie  sur  les  
cultures  d’exportation.  
 

9.   Les   enjeux  spatiaux  liés   à   l’agriculture  d’exportation  sont  


la  mise  en  valeur  des  territoires  ultramarins,   l’ouverture  au  
monde   avec   le   développement   portuaire   et   l’intégration  
régionale.  
 

10.  La  réponse  à  cette  question  est  fournie  dans  l’exemple.  


11.   Ces   documents   sont   des   outils   de   communication  
dont   le   but   est   de   valoriser   l’image   d’une   activité   ou   d’un  
territoire  :   le   dynamisme  de  la   filière  sucre  à   La   Réunion,  le    
rôle   essentiel   de   la   filière   banane   dans   le   développement  
économique   et   social   responsable   des   Antilles   françaises.  
L’affiche   utilise   des   procédés   visuels   et   typographiques  
permettant   d’attirer   l’attention   d’un   public   ciblé  ;   le   texte  
met   en   avant   des   performances   avec   des   statistiques,   mais  
au-­‐delà    de  l’information  qu’il   transmet,  il   a   pour  objectif  de  
convaincre.  Dans  les   deux  cas,  les  difficultés  sont  occultées  :  
en   réalité,   l’agriculture  ultramarine   est   en   crise,   l’économie  
de   ces   territoires   est   déséquilibrée   et   fragile  ;   l’insertion  
dans  la  mondialisation  est  faible  et  l’ouverture  au  monde  se  
résume   surtout   à  un  lien  étroit  avec  la  métropole   et  l’Union  
européenne.  
 

3.  Répondre  à  la  consigne  


12.  Le  plan  est  donné  dans  l’exemple.  
 

13.   L’introduction   est   rédigée   à   partir   des   réponses   aux  


questions  1  à  3.  
 

14.   La  réponse   au  sujet   s’appuie   sur   les  questions  4  à  9  et  sur  


les  connaissances  personnelles.  
 

15.   La   conclusion   reprend   les   réponses   aux   questions   10   et  


11.  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐géographie  1ère  S      


 
 

CHAPITRE

15
L’Union européenne
et la France
dans la mondialisation

>  MANUEL  PP.  382  A  405  

» Programme et objectifs pédagogiques


Si  la  mondialisation  est  prise  en  compte  dans   l’ensemble   du  
programme   de   la   classe   de   première,   ce   processus   est  
central   dans   ce   chapitre.   Il   sert   ainsi   de  transition   avec   le  
programme   de   terminale   portant   sur  «  la  mondialisation   e t  
les   dynamiques   géographiques   des   territoires  ».   La  
métropolisation,   le   rôle   majeur   de   l’innovation   dans   la  
compétitivité   internationale,   l’importance   des   réseaux   de  
transport   et   de   télécommunication   abordés   dans   les  
chapitres   précédents   seront   abordés   à   nouveau   dans   ce  
chapitre  traitant  de  la  France  et  de  l’Union  européenne  dans  
la   mondialisation.   L’étude   de   la   Northern   Range,   la  
principale   façade   maritime   de   l’UE,   bénéficiera   du   profond  
renouvellement   de   la   bibliographie   consacrée   à   la  
géographie   des   mers   et   des   océans,   très   présente   dans   les  
questions   de   programme   du   CAPES   et   des   agrégations.  
Nous   nous   limiterons  dans   la   bibliographie   proposée   aux  
ouvrages   les   plus   directement   adaptés   à   l’enseignement  
secondaire.  
 

Étudier   «  l’Union   européenne  dans   la   mondialisation  »,   c’est  


à   la   fois   mesurer   son   importance   dans   les   flux   mondiaux  
et  envisager  son  rôle  moteur  dans  l’organisation  de  l’espace  
mondial.    

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 
 

Le   chapitre   4   présente   les   grands   traits   de   l’insertion   de   la  


France   dans   la   mondialisation.   Il   s’agit   de   montrer  ici   que  
la   France  est   un   pays  qui   compte  sur   les   scènes  économique,    
diplomatique,     politique,     culturelle…  mondiales.    

» Pour aller plus loin


BIBLIOGRAPHIE sur l’Union européenne dans la mondialisation
•   ADOUMIÉ   V.   (dir.),   Géographie   de   l’Europe,   Hachette  
supérieur,  2013.  
•   BECKOUCHE  P.   et   RICHARD  Y.,   Atlas   de   la   grande  Europe,  
Autrement,  2013.  
•  CARROUÉ  L.,  COLLET  D.,  L’Europe,  Bréal,  2014.  
•  CHOPIN  T.,   FOUCHER  M.,   Le   Rapport  Schuman  sur   l’Europe,  
Lignes  de  repère,  2015.  
•   DIDELON  C.,   GRASLAND  C.,   RICHARD  Y.,   Atlas   de   l’Europe  
dans  le  monde,  La  Documentation  française,  2008.  
•  DUGOT  P.,  Géopolitique  de  l’Europe,  Nathan,  2014.  
•   DUMONT   G.-­‐F.,   Géopolitique   de   l’Europe,   PUF,   collection  
Major,  2015.  
•   DURAND   M.-­‐F.,   Atlas   de   la   mondialisation,   Presses   de  
Sciences  Po,  2013.  
•   GHORRA-­‐GOBIN   C.,   Dictionnaire   critique   de   la  
mondialisation,  Armand  Colin,  2012.  
•   LECOQ   T.   (dir.),   Enseigner   la   mer,   CANOPE   /CRDP   de  
Bretagne,  2013.  
REVUES
•   Collectif,   «  Les   grands   ports   mondiaux  »,   Questions  
internationales  n°70,  2014.  
•   FOUCHER   M.,   «  Europe,   Europes  »,   La   Documentation  
photographique  n°  8074,  La  Documentation  française,  2010.  
 

•   FRÉMONT   A.,   «  Géographie   des   espaces   maritimes  »,   La  


Documentation   photographique   n°   8014,   La   Documentation  
française,  2015.  
SITES INTERNET
•   Site   d’information   sur   l’Union   européenne   très   complet   :  
http://www.touteleurope.eu/  
•  Site  officiel  de  l’Union  européenne  :  

 
 

http://europa.eu/index_fr.htm  
 

•   Un   article   de   référence   sur   l’organisation   de   l’espace  


européen  :  
http://www.mgm.fr/PUB/Mappemonde/M202/Brunet.  pdf  
•   Site   du   premier   port   européen   présente   de   nombreux  
documents   sur   le   port   de   Rotterdam   et   des   statistiques  
actualisées  :  
http://www.portofrotterdam.com/en/Pages/default.aspx  
http://geoconfluences.ens-­‐  
lyon.fr/doc/etpays/Europe/Eur.htm  
 

•   Une  mise  à   jour  du  dossier  de  Géoconfluences  sur   l’Union  


européenne  :   http://geoconfluences.ens-­‐  
lyon.fr/doc/etpays/Europe/EurDoc13.htm  
•   Site   du   festival   de   Saint-­‐Dié,   un   dossier   est   consacré   à  
l’édition  2009  «  mers  et   océans,  les   géographes   prennent  le  
large  !  »  :  http://www.cndp.fr/fig-­‐saint-­‐die  
•  Site  qui  permet  de  suivre  le  trafic  maritime  dans  le  monde  en  
temps  réel  :  http://www.marinetraffic.com/en/  
FILMS
•   ALLEN   W.,   To   Rome   With   Love,   2012.   Un   des   films   de  
Woody   Allen   consacré   aux   capitales   européennes   et   à   leur  
attraction  pour  les  touristes  américains.  
 

•   Ce   film   publicitaire,   extrait   d’une   tétralogie,   présente  


l’espace   portuaire   de   Rotterdam.   Les   quatre   films   sont  
disponibles   gratuitement   sur   Youtube  :  
https://w.youtube.com/watch?v=5uZgpMeepnE  
BIBLIOGRAPHIE sur la France dans la mondialisation
•   FOUCHER   M.   (dir.),   Atlas   de   l’influence   française   au  
XXIe   siècle,  Robert  Laffont,  2013.  
•   GAUCHON   P.,   Géopolitique   de   la   France,   plaidoyer   pour   la  
puissance,  PUF,  collection  MAJOR,  2012.  
•   Gauchon   P.,   HUISSOUD  J.-­‐M.,   Vive   la   France   quand   même  :  
les   atouts   de   la   France   dans   la   mondialisation,   PUF,   coll.  
MAJOR,  Rapport  ANTEIOS,  2011.  
•   «  La   France   dans   le   monde  »,   Questions   internationales,  
n°61-­‐62,  mai-­‐août  2013.  
 

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 
 

SITES INTERNET
•  Le  site  de  l’Organisation  internationale  de  la  Francophonie  :  
http://www.francophonie.org/  
•   Les   opérations   extérieures   militaires   françaises  :  
http://www.defense.gouv.fr/operations  
•   Site   du   ministère   des   Affaires   étrangères  :  
http://www.diplomatie.gouv.fr  
•   Agence   pour   l’enseignement   français   à   l’étranger  :  
http://www.aefe.fr/  

OUVERTURE
>  MANUEL  PP.  382-­‐383  

Doc.  1  –  Londres,  une  métropole  mondiale  


Londres   est   une   ville-­‐monde   étudiée   dans   le   premier  
chapitre   d’histoire   du   programme   de   première   portant  
notamment  sur  l’économie-­‐monde  britannique.  Il  s’agit  donc  
d’un   espace   déjà   étudié   par   les   élèves.   Sur   cette  
photographie,   les   élèves   pourront   identifier   le   rôle   majeur  
de  la  Tamise   mettant  en  relation  la  ville  et  l’espace   mondial.  
La   verticalité   de   la   ville   témoigne   également   de   son  
dynamisme.   On   repère   à   droite   le  quartier  d ’affaires  de  la  
City,   la   première   place  financière   de   l’Europe.   À   gauche,   le  
nouveau   quartier   d’affaires   du   Tower   Bridge,   se   distingue  
par  la  construction  du  Shard,   la  plus   haute   tour   d’Europe.  Ce  
paysage   illustre   donc   bien   le   caractère   historique   et  
actuel  du  pôle  européen  de  la  mondialisation.  
 
Doc.  2  –  L’Oréal,  une  firme  mondialisée  
La   photographie   montre   une   affiche   publicitaire   pour  
l’Oréal  dans  les  rues  de  Riga  en  Lettonie.  Cette  célèbre  firme  
française   de   cosmétiques   utilise   ici   l’image   d’une   de   ses  
égéries,   Laetitia   Casta,   ancienne   mannequin   et   désormais  
actrice.   Créée   au   début   du   XXe   siècle   (1909),   l’Oréal   est  
devenue   le   leader   mondial   sur   le   marché   des   produits   de  
beauté,   et   dispose   d’un   portefeuille   de   marques  très  variées,  
tant   dans   le   domaine   du   luxe   que   dans   celui   du   grand  
public   comme   Lancôme,   Ralph   Lauren,   Garnier,   Giorgio  

 
 

Armani,   Vichy,   Yves   Saint-­‐Laurent,   etc.   Ce   ne   sont   pas  


moins   de   28   marques   qui   constituent   le   «  catalogue  »   de  
l’entreprise.   Le   chiffre   d’affaires   a   été   de   23   milliards  
d’euros   en   2013.   La  marque  est   présente  dans   plus   de   130  
pays  et   emploie  près  de  80  000  personnes  dans  le  monde.  La  
dynamique   de   l’entreprise   est   portée   principalement  
aujourd’hui   par   les   marchés   émergents   d’Europe   orientale,  
d’Asie   orientale   et   d’Amérique   du   Sud.   Toutefois   ce   sont  
bien   l’Europe   occidentale   (26  %)   et   l’Amérique   du   Nord  
(20  %)   qui   constituent   encore   les   parts   de   marché   les  plus  
importantes.  Même  si   la   marque  l’Oréal   demeure  associée   à  
la   France,   la   firme   dispose   d’un   actionnariat   international.  
La   famille   Bettencourt   Meyers   (France)   est   propriétaire   du  
à   hauteur   de   33  %   mais   Nestlé   (Suisse)   détient   26  %   des  
actions   du   groupe.   Le   siège   social   et   les   services   de   la  
direction   opérationnelle   se  trouvent  à   Paris  et   à   Clichy-­‐sur-­‐
Seine.  

Doc.  3  –  La  tour  Eiffel  :  un  des  hauts  lieux  du  tourisme  à  Paris  
La   tour   Eiffel   est   le   monument  symbole  de   la   capitale  de  la  
France   et   un   des   hauts   lieux   du   tourisme   en   France,   mais  
aussi   en   Europe   et   dans   le   monde.   Inscrite   au   Patrimoine  
mondial   de   l’UNESCO   depuis   1991,   elle   accueille   chaque  
année   près   de   7  millions   de   visiteurs   en   provenance   du  
monde   entier.   Elle   fait   partie   du   patrimoine   parisien   mais  
également   mondial   comme   en   témoigne   la   photographie.  
De   l’esplanade  du  Trocadéro,  qui  lui  fait  face,  des  millions  de  
touristes  étrangers   se   font   prendre   en   photo   avec   la   Tour  
en   arrière-­‐plan.   Il   s’agit   de   la   principale   vitrine   de   l’insertion  
de   la   France   dans   le   tourisme   mondial.   La   France   est   en  
effet  la  première  destination  du  tourisme  international  avec  
près   de   85  millions   de   visiteurs   étrangers   chaque   année.  
Paris  est  la  première  destination   du  tourisme  urbain  dans  le  
monde.  Chaque  année   elle   accueille   près   de   30  millions   de  
visiteurs  dont  17  millions  en  provenance  de  l’étranger.  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 
 

 
CARTES
» L’Union européenne, pôle et acteur de la mondialisation
>  MANUEL  PP.  384-­‐385  
 
Ce   planisphère  en   projection   polaire   met   en   valeur   la  place  
centrale   de   l’Union   européenne   dans   la   mondialisation   en  
montrant   l’importance   des   relations  qu’elle   entretient   avec  
les   autres   parties   du   monde.   Le  classement   des   principales  
puissances   économiques  de  l’UE   présentent   les   économies  
européennes   les   plus   fortement   intégrées   à   l’espace  
mondial.  

Questions  sur  les  documents  


1.   L’UE   attire   d’importants   flux   c ommerciaux   en  
représentant  36  %   du   commerce   mondial.   Environ   les   trois  
quarts   de   ces   échanges   sont   réalisés   entre   les   États-­‐
membres   de   l’Union   européenne.   Londres,   Paris   et  
Francfort   sont   trois   places   financières   majeures   qui  
polarisent   des   flux   spéculatifs   en   provenance   du   monde  
entier.   Enfin,   la   carte   montre   l’attractivité   de   l’UE  pour  les  
flux   de   migrants   en   particulier   ceux   qui   sont   originaires  
d’Afrique  et  d’Asie.  
 

2.   Si   les   États   de   l’UE   échangent   majoritairement  des  biens  


et   des   services   entre   eux,   ils   ont   également   une   relation  
privilégiée   avec   les   deux   autres   pôles   majeurs   de   l’espace  
mondial  :   l’Amérique   du   Nord   et   l’Asie,   notamment   celle  
de   l’Est.   L’UE   entretient   également   des   flux   commerciaux  
secondaires   avec   l’Afrique   et   la   CEI   (la   communauté   des  
États   indépendants).   Cette   dernière   région,   incluant  
principalement   la   Russie,   assure   une   grande   partie   de  
l’approvisionnement   en  hydrocarbures  de  l’Europe.  
 

3.   L’UE   est   un   acteur   majeur   de   la   mondialisation.   Son  


système   capitaliste   libéral   ancien   lui   a   permis   d’être   à  
l’origine   du   processus   de   mise   en   relation   des   différentes  
parties  du  monde.  Elle  concentre  également  de  nombreuses  

 
 

firmes   transnationales,   qui   par   leurs   choix   d’implantation,    


d’investissement,  modèlent  l’espace  mondial.  
 
CARTES
» La France dans le monde
>  MANUEL  PP.  386-­‐387  
Cette   grande   carte   de   synthèse   prend   en   compte   trois  
paramètres  :   la   présence   française   dans   le   monde  
(métropole,  outre-­‐mer,  expatriés),  le  rayonnement  culturel  à  
travers  la  francophonie  et    les  alliances  françaises,  l’influence  
diplomatique  et  militaire.  
 
Si   la   France   offre   un   territoire   continental   modeste,   elle  
dispose   de   la   2e   ZEE   dans   le   monde   après   les   États-­‐Unis,  
grâce   à   ses   possessions   d’outre-­‐mer   «  héritées  »   de   son  
passé   colonial.  La  France   est  ainsi  présente   dans  le   Pacifique,  
dans   l’océan  Indien  et   dans   les   Caraïbes.  Mais  cette  présence  
est  également  portée  par  les  Français  expatriés.  Bien  que  tous  
les   Français  résidant  à   l’étranger   ne   sont   pas   recensés   auprès  
des   services   consulaires   ou   des   ambassades   de   leurs   pays  
d’accueil   (ce   n’est   pas   une   obligation),   on   estime   entre   1,6  
(chiffre   officiel   du   Ministère   des   Affaires   étrangères)   et  
2  millions   (chiffre   sans   doute   plus   proche   de   la   réalité)   le  
nombre   d’expatriés.   Près   de   la   moitié   de   ces   expatriés  
résident   dans   un   pays   d’Europe   occidentale,   8  %   sont   aux  
États-­‐Unis,   6  %   en   Afrique   du   nord,   2  %   en   Chine.   Avec   la  
mondialisation,   rares   sont   les   régions   du   monde   où   les  
expatriés   français   sont   absents.   Leur   présence   est   d’autant  
plus   forte   que   les   relations   économiques,   diplomatiques  
et/ou   culturelles   entre   ces  pays   étrangers   et   la   France   sont  
intenses.  Ces   expatriés  sont  également   très  présents   dans  les  
pays   francophones   (cf.   exemple   pages   394-­‐395)   et  
contribuent   à  la  vitalité  de   la   langue   française,   notamment   à  
travers   le   réseau   des   alliances   françaises.   Par   ailleurs,   la  
France  demeure  une   puissance   militaire   capable   de   projeter  
des   troupes   sur   les   terrains   d’opération   situés   hors   du  
territoire   métropolitain.   En   2015,   on   compte   environ   8  000  
militaires   français   à   l’étranger   impliqués   dans   une   dizaine  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 
 

d’opérations   extérieures  (ce  que  l’État-­‐major  français  appelle  


les   OPEX),   dont   les   plus   importantes   se   situent   en   zone  
saharo-­‐sahélienne   (opérations   Sangaris   et   Barkhane,   soit  
5  soldats)   face   aux   cellules   islamistes,   au   Liban,   dans   les  
Balkans.   Certaines   troupes   sont   stationnées   en   permanence  
en   raison   d’accords   de   défense   comme   c’est   le   cas   en   Côte  
d’Ivoire   et   à   Djibouti.   Au   total   ce   sont   près   de   10  000  
soldats   qui  sont   stationnés  hors   de   la   métropole  auxquels  il  
faudrait   rajouter   les   forces   navales   (particulièrement   le  
porte-­‐avions   Charles-­‐De-­‐Gaulle   et   ses   navires  
d’accompagnement)   qui   effectuent   des   sorties   spécifiques  
comme   à   l’occasion   de   l’intervention   en   Libye   au  
printemps   2011   ou   contre  l’organisation   de   l’État  islamique  
en   2014/2015.   Il   faut   y   ajouter   également   les   soldats   des  
territoires   ultramarins   au   titre   des   Forces   de   souveraineté  
ainsi   que  les  troupes  encore  présentes  en  Allemagne.  On  peut  
donc  estimer  la  présence   militaire   française   dans   le  monde  
à   près   de  18  000  hommes  et  femmes.  
 
Questions  sur  les  documents  
1.   Différents   aspects   de   la   présence   française   dans   le  
monde  sont  abordés  sur  cette  carte  :  les  aspects  territoriaux  
et   démographiques,   les   aspects   culturels,   les   aspects  
diplomatiques  et  militaires.  
 

2.  La  France  est  très  présente  sur  le  continent  africain,   et,   à  
un   degré   moindre,   dans   les   Caraïbes   ainsi   que   dans   les  
océans   Indien   et   Pacifique.   Il   s’agit   d’un   héritage   de  
l’histoire  coloniale  de  la  France.  
 

3.   La   présence   de   la   France   est   réduite   sur   le   continent  


américain  qui  est  un  continent  majoritairement  anglophone,  
hispanophone   et   lusophone  ;   cette   présence   est   également  
réduite   en   Asie   à   l’exception   des   anciennes   colonies  
d’Indochine.   C’est   aussi   le   «  marqueur  »   d’une   forte  
concurrence   entre   les   grandes   cultures   du   monde  :   russe,  
chinoise,  indienne,  etc.  

 
 

 
COURS 1
L’Union européenne, acteur et pôle de mondialisation
>  MANUEL  PP.  388-­‐389  

Doc.  1  –  L’Union  européenne,  un  pôle  touristique  majeur  


Ce  planisphère  thématique  montre  l’importance  du  tourisme  
dans   la   mondialisation   avec   plus   d’1  milliard   de   touristes  
dans  le  monde  par  an.  L’UE  est  un  pôle  attractif  et  émetteur  
majeur   pour   le   tourisme   international.   On   remarquera  
également   l’importance   des   services   touristiques   pour  
l’économie   européenne   avec   les   plus   importantes   recettes  
dans   le   monde.   Cette   carte   offre   un   regard   sur   la  
mondialisation   complémentaire   de   la   carte   p.   384-­‐385   en  
mettant   en   avant   l’importance   des   mobilités   dans  
l’animation  de  réseaux  mondiaux.  
 

Doc.  2  –  L’innovation,  une  priorité  de  l’Union  européennes  


Cet   extrait   d’un   site   émanant   du   gouvernement   français  
rappelle   l’importance   de   l’innovation   pour   défendre   la  
compétitivité  de  l’Union  européenne  dans  la  mondialisation.  
Ce   texte   permet   de   montrer     les   interrelations   qui   peuvent  
exister  entre  les  entreprises,  l’Union  européenne  et  les  États.  
 

Doc.  3  –  Glasgow,  une  métropole  attractive  


Glasgow  est  une  métropole  située  en  périphérie  du  territoire  
de   l’UE.   Elle   est   pourtant   connectée   à   l’espace   mondial   et  
développe   une   politique   de   communication   pour   appeler  
aux   investissements   comme   le   montre   le   slogan   «  Invest  
Glasgow  ».   Ce   document   complète   donc   l’exemple   sur   la  
mégalopole   européenne   insistant   sur   la   centralité   de   cette  
région.   L’extrait   de   la   brochure   met  également   en   avant   le  
potentiel   de   la   main-­‐d’œuvre   de   cette   ville   pour   attirer   de  
nouvelles  entreprises.  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 
 

EXEMPLE 1
La Northern Range, une façade maritime mondiale

> Manuel PP. 390-391


Après   avoir   montré   l’importance   de   l’UE   dans   la  
mondialisation,  cet  exemple  permet  de  présenter  la  mise  en  
relation  de  l’UE  avec  le   reste  du  monde  par  les  échanges  de  
marchandises.   Cela   permet   de   construire  la   notion  de   façade  
maritime  avec  les  élèves.    

Doc.  3  –  La  Northern  Range  dans  les  réseaux  d’échanges  mondiaux  


Ce   planisphère   permet   une   comparaison   entre   la   Northern  
Range   et   les   principales   façades   portuaires   du   monde.  
Même   si   l’affirmation   de   la   façade   asiatique   nuance   le  
poids   de   la   concentration   portuaire   de   l’Europe   du   Nord-­‐
Ouest,   on   constate   qu’elle   demeure   une   façade   de   niveau  
mondial.  Seules   les   trois   aires   de  puissance   en   disposent.   Il  
est   intéressant   également   de   noter   que   les   dessertes  
terrestres   sont   principalement   développées   au   sein   de  
l’UE   et   des   États-­‐Unis,   alors   qu’en   Asie   on   assiste   à   une  
littoralisation   des   activités   plus   qu’à   d’intenses   échanges  
entre   la   façade   maritime  et  son   hinterland.   Cela  s’explique  
notamment   par  le  niveau   de   développement  de   l’UE   et   des  
États-­‐Unis   qui   constituent   d’importants   marchés   de  
consommation.  

Doc.  4  –  Un  terminal  de  conteneurs  à  Hambourg  


Cette   photographie  d’un   des  trois   ports   les  plus   importants  
de  la  Northern  Range  (cf.  document  1)  montre  l’organisation  
de   l’intermodalisme.   Le   premier   plan   présente   le   transport  
terrestre   des   conteneurs,   tandis   que   l’on   aperçoit   l’Elbe   à  
l’arrière-­‐plan   permettant   une  communication  fluviale  vers  la  
mer  du  Nord.  

Doc.  5–  Les  facteurs  du  dynamisme  du  port  de  Rotterdam  
Le   texte   liste   les   principaux   atouts,   à   différentes   échelles,  
qui   ont   permis   à   Rotterdam   de   devenir   le   premier   port  

 
 

européen  :   un   relais   rapide   et   efficace   entre   le   centre  


européen   et   l’espace   mondial  ;   un   site   permettant  
l’extension   des   aménagements   portuaires  ;   une  
organisation   efficace   fondée   sur   un   savoir-­‐faire  portuaire  
de  différents  acteurs.  

Questions  sur  les  documents  


1.   De   nombreux   ports   se   concentrent   le   long   de   la  
Manche   et   de   la   mer   d u   Nord   du   Havre   jusqu'à  Hambourg.  
On  en   compte  12   sur  cette   carte.  Il   s'agit   de  ports   au   trafic  
plus   ou   moins   important.   «  Le   delta   d'or  »,   l'embouchure  
du   Rhin   et   de   la   Meuse,   accueille   les   plus   grands   ports  :  
Rotterdam  avec  un  trafic  portuaire   de   plus   de   400  millions  
de   tonnes   et   Anvers   au   trafic   compris   entre   100   et  
200  millions   de   tonnes.   Le   port   de   Hambourg,   situé   dans  
l'embouchure   de   l'Elbe,   connaît   également   un   important  
développement  avec   un   trafic   portuaire   également   compris  
entre  100  et  200  millions  de  tonnes.  
 
2.   La   Northern   Range   est   relié   au   centre   européen,  
composé  de  la  mégalopole,  de  métropoles  et  notamment  de  
la  métropole  mondiale  de  Francfort  (doc.   2).   Cette  mise   en  
relation   est   permise   par   un   ensemble   de   voies   de  
communication   (voies   fluviales,   autoroutes,   voies   ferrées)  
et   même   par   des   oléoducs.  Le   Rhin   constitue   ainsi   un   axe  
pénétrant   au   sein  de  l'espace   européen   le   plus   densément  
occupé   par   les  populations  et  les  activités.  
 
3.   Le   port   d’Hambourg  constitue   un   port   moderne  en  étant  
adapté   à   la   conteneurisation.   Il   dispose   de   terminaux  
spécialisés   dans   la   manutention   de   ces   boîtes   de   transport.  
Les   portiques   permettent   un   chargement   et   un  
déchargement   rapide   des   conteneurs.   L’intermodalisme  
permet   un   transport   maritime   et   terrestre   des  
marchandises.  
 
4.   La   Northern   Range   dispose   d’importants   atouts   pour  
s’intégrer   à   la   mondialisation.   Elle   dispose   d’un   vaste  
hinterland   européen   desservi   par   un   dense   réseau   de  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 
 

voies   de   communication   terrestres   (doc.   2).  Ses   ports  sont  


modernes   en   étant   adaptés   à   la   conteneurisation   des  
marchandises   (doc.   4).   Enfin,   les   ports   de   la   façade   sont  
animés  par  des  acteurs  performants  au  savoir-­‐faire  reconnu  
(doc.  5).  
 

COURS 2
La France dans le monde
>  MANUEL  PP.  392-­‐393  

Doc.  1  –  La  France  et  son  aide  publique  au  développement  


La   carte   montre   le  budget   consacré   par   la  France   à  l’aide  
au   développement   dans   le   monde   entre   2006   et  2014  (en  
millions   de   dollars).   L’aide   publique   au   développement  
(APD)   désigne   l’ensemble   des   dépenses   publiques   au  
bénéfice   des   pays   en   développement   dont   le   but   est   de  
favoriser   le   développement   économique   et   l’amélioration  
des  conditions  de  vie  dans  les  pays  concernés.  Le   ministère  
des   Affaires   étrangères   (MAE)  est   la   principale   institution  
française   en   charge   de   la  mise   en   œuvre   de   cette   aide.   Le  
continent   africain  est   la   première   destination   avec   près   de  
50  %   de   cette   APD.   La   Côte   d’Ivoire,   la   République  
démocratique   du   Congo   ou   bien   le   Maroc   font   partie   des  
principaux   destinataires.   Le   Proche   et   Moyen-­‐Orient  
perçoivent   20  %   de   cette   aide,   les   pays   d’Asie   12  %  
(principalement   à  destination  de  la  Chine,  du  Vietnam  et  de  
l’Indonésie),   l’Amérique   environ12  %   également,   l’Europe  
6  %.  Malgré   les   difficultés   économiques   que   traversent   la  
France,  cette  dernière  demeure  un  important  contributeur  à  
l’APD.  Avec  près   de  10  milliards  d’euros  par   an   (9,8   n   2014),  
la   France   est   le   cinquième   contributeur   mondial   d’Aide  
publique   au   développement   (APD)   après   les   États-­‐Unis,   le  
Royaume-­‐Uni,   l’Allemagne   et  le  Japon.   Toutefois   le  budget  
n’a   cessé   de   diminuer   ces   quatre   dernières   années.   Cela  
représente  0,36  %   du   produit  national  brut,  loin  de  l’objectif  
de   0,70  %   fixé   par   l’ONU   et   respecté   par   seulement   cinq  

 
 

pays   dans   le   monde   (Danemark,   Luxembourg,   Norvège,  


Suède,  Royaume-­‐Uni).  

Doc.  2  –  L’ONG  Médecins  sans  frontières  contre  le  virus  Ebola  


Courant   2014   l’Afrique   occidentale   a   été   frappée   par   une  
épidémie   du   virus   Ebola.   Il   s’agit   d’une   maladie,   d’origine  
animale,   souvent   mortelle   chez   l’homme   avec   des   taux   de  
létalité   moyen   d’environ   50  %.   Les   premiers   foyers   du  
virus   Ebola   ont   été   détectés   dans   des   villages   isolés  
d’Afrique   centrale,   à   proximité   de  forêts  tropicales,  mais,  en  
2014,   c’est   l’Afrique   de   l’Ouest   qui   a   été   impacté   par   le  
virus,   tant   dans   les   grands   centres   urbains   que   dans   les  
zones  rurales.  L’épidémie   s’est  propagée   à  travers  plusieurs  
pays,  partant   de  la  Guinée   pour  toucher   la  Sierra   Leone  et  le  
Libéria,   le   Nigeria   mais   aussi   les   États-­‐Unis   (par  
l’intermédiaire   d’un   voyageur),   le   Sénégal   et   le   Mali   (par  
l’intermédiaire   de   deux   voyageurs).   Les   pays   les   plus  
touchés   (la   Guinée,   la   Sierra   Leone   et   le   Libéria)   ont   des  
systèmes   de   santé   très   fragiles,   manquent   de   ressources  
humaines   et   d’infrastructures   et   sortent   à   peine   de  
longues   périodes   de   conflits   et   d’instabilité.   Dans   ces  
conditions,   l’action   des   ONG   internationales,   et  
particulièrement   françaises,   a   été   déterminante   dans   la  
lutte   contre   le   virus   et   dans   le   traitement   sanitaire   des  
populations.   Médecins   sans   frontières   est   une  ONG   réputée  
pour   ce   genre   de   crise   par   l’efficacité   et   la   compétence   de  
ses   personnels  qui   se   sont   rendus   en  plein  cœur  de  la  zone  
virale  pour  prendre  en   charge  les  malades,  pour  établir  des  
cordons   sanitaires   malgré   l’absence   de   traitement  
homologué  contre  l’épidémie.  

Doc.  3  –  Les  réseaux  diplomatiques  et  culturels  de  la  France  


Le   texte   souligne   l’importance   des   rôles   diplomatique   et  
culturel   de   la   France   dans   le   monde.   Malgré   les  
contraintes   budgétaires   et   la   forte   concurrence   de   pays  
comme   les   États-­‐Unis,   la   Russie   ou   bien   la   Chine,   la   France  
conserve   un   rôle   déterminant   dans   ces   secteurs   afin   de  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 
 

demeurer   une   puissance   culturelle   et   diplomatique   à  


vocation  mondiale.  

Questions  sur   les  documents  


1.   L’Afrique   est   la   première   destination   de   l’aide   publique  
française   au   développement.   C’est   un   continent   qui   a   des  
besoins   considérables   en   matières  d’éducation,   de   culture,  
d’infrastructures   etc.   mais   il   s’agit   également   d’un  
continent   sur   lequel   la   France  demeure  fortement  engagée  
n   raison   de   son   passé   colonial   et   des   liens   très   forts  
existant   avec   les   pays  africains  de  langue  francophone.  
 

2.   L’ONG   Médecins   sans   frontières   intervient   en   Afrique  


pour   lutter   contre   l’épidémie   du   virus   Ebola.   Leur   action  
contribue   au   rayonnement   de   la  rance  dans  le  monde  dans  
les  domaines     médicaux,  scientifiques,  humanitaires,  etc.  
 

3.   Le   réseau   diplomatique   français   fait   partie   des   plus  


importants   réseaux   dans   le   monde   dans   ce   domaine.   Il  
témoigne   du   volontarisme   de   l’action   diplomatique   et  
culturel  de  la  France.  

EXEMPLE 2
La francophonie dans le monde

>  MANUEL  PP.  394-­‐395  

Doc.   1  –  Chronologie  de  la  Francophonie  Doc.   2  –  Les   objectifs  de  la  
Francophonie  Doc.  3  –  Les  francophones  dans  le  monde  Doc.  4  –  La  
francophonie   dans   le   monde   Doc.   5   –   Quel   avenir   pour   la   langue  
française  ?  
Le  document  1  montre  la  chronologie  de  la  Francophonie.  Le  
terme  francophonie  a  été  inventé  par  le  géographe  Onésime  
Reclus   en   1880   pour   définir   l’ensemble   des   territoires   et  
des   personnes   usant   de   la  langue  française.  Il  est  longtemps  
resté  un  terme  conceptuel,  particulièrement  jusque  dans  les  
années  1970   où   la   francophonie   est   alors   portée   par   de  
nombreuses   associations   ou   mouvements   littéraire,  

 
 

intellectuel,   politique,   universitaire   etc.   regroupant   des  


personnalités   du   monde   entier.   Il   faut   attendre   1970   pour  
voir   la   création   de   l’ACCT   (Agence   pour   la   coopération  
culturelle   et   technique)   qui   devient   la   première  
organisation     intergouvernementale   francophone.   Elle  
devient   ensuite   l’Agence   intergouvernementale   de   la  
francophonie   (AIF)   en   1998   puis   l’Organisation  
internationale   de   la   francophonie   (OIF)   en   2005.   Le  
premier   sommet   de   la   francophonie   a   eu   lieu   en   1986   à  
Versailles   sous   l’égide   du   président   François   Mitterrand,  
regroupant   42   chefs   d’État   et   de   gouvernement.   Depuis  
1986,  14  autres  sommets  ont  eu  lieu,  sur  les  cinq  continents,  
le   dernier   en   2014   à   Dakar,   au   Sénégal.   À   chaque   sommet  
on   y   parle   développement   économique,   échanges  culturels,  
coopération,  communication,  sciences  et   technologie   etc.,   le  
tout   étant   sanctionné   de   manière   solennelle   par   une    
«  déclaration  ».  Depuis  1998,  l’organisation   s’est   dotée   d’un  
secrétaire   général   de   la   Francophonie  :   à   l’Égyptien   Boutros  
Boutros-­‐Ghali   a   succédé   en   2003   le   Sénégalais   Abdou  
Diouf,   qui   a   été  réélu  à   ce   poste  lors   du   sommet  de   2010.  En  
2014,   pour  la  première  fois,  une  femme  a  accédé  à  ce  poste  
prestigieux  :   la   canadienne   Michaëlle   Jean.   Le   document   2  
est   un   texte   extrait   de   la   Charte   de   la   Francophonie  
rédigée  en  2005.  Il  montre  que  les  objectifs  de  l’Organisation    
ne     sont     pas     limités     à     des  aspects  linguistiques  et  culturels.  
L’ambition   de   l’organisation   est   de   s’imposer   comme   une  
plate-­‐forme   de   coopération   et   de   développement   afin   de  
faire   de  la  langue   française  un  ciment,   une   dynamique  entre  
les   peuples   concernés.  Le  document   3  est   un   graphique   qui  
montre   la   répartition  mondiale  des  francophones.  L’Europe  
est  encore  le  principal   foyer   de   francophones  mais   devance  
l’Afrique   de   peu.   Dans   les   prochaines   décennies,   l’Afrique  
deviendra   le   principal   foyer   continental   de   la   francophonie  
dans   le   monde   en   raison   de   la   forte   croissance  
démographique   que   connaissent   les   pays   de   cette   région.  
La  carte  (doc.  4)  reprend  les  données  officielles  fournies  par  
l’Organisation   internationale   de   la   francophonie   qui   classe  
les   pays   francophones   en   trois   catégories  :   les   États   et  
gouvernements   membres   de   plein   droit   (ce   sont   ceux   où  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 
 

les   francophones   sont   les   plus   nombreux),   les   États  


observateurs   (principalement   situés  en   Europe   orientale   à  
l’exception   de   la   Thaïlande,   du   Mozambique   et   de   la  
Géorgie)   et   les   membres   associés.   En   2015,   on   compte   56  
États   et   gouvernements   membres   de   l’OIF   ainsi   que   19  
États   observateurs.   Près   de   900  millions   de   personnes   sont  
concernées   par   la   francophonie   mais   on   peut   e stimer   le  
nombre  de  locuteurs  à  environ  220  millions  d’individus.  Car  
il   faut   distinguer   les   pays   où   le   français   est   la   langue  
officielle   (unique   ou   non)   des   pays   où   le   français   est   la  
langue   maternelle   ou   langue   de   culture   pour   une   partie  
de   la   population   (par   exemple   pour   les   Québécois   dans  
un  pays,   le   Canada,   majoritairement   anglophone).   À   noter  
que  l’Algérie  ne  fait  pas  partie  de  l’OIF  alors  que  le  pays  est  
probablement  celui  où  le  nombre  de  francophones  est  le  plus  
important   après   la   France.   Par   ailleurs   on   estime   à  
100  millions   le   nombre   de   personnes,   des   jeunes  
particulièrement,   qui   apprendraient   le   français   à   l’école  
dans   les   pays   étrangers.   Toutefois   le   document   5   montre  
que   l’avenir   de   la   langue   française   est   soumis   à   sa  capacité  
de  demeurer  une  langue  populaire  et  universalise  si  elle   veut  
concurrencer  l’anglais  par  exemple,  ou  ne  pas  être  cantonnée  
au  statut  de  langue  de  service.  
 
» Analyse des documents

Exploiter  et  confronter  les  informations  


1.   L’organisation   de   la   Francophonie   a   été   créée   en  1970  
sous   l’appellation   d’«  Agence   de   coopération   culturelle   et  
technique  »,   devenue   en   1998   Agence   intergouvernementale  
de   la   Francophonie   puis   Organisation   internationale   de   la  
Francophonie   en   2005.   L es   étapes   de   son   organisation   et   de  
son  internationalisation   ont  été   d’abord  la   mise  en   place  de  
sommets   de   la   Francophonie   (à   partir   de   1986),   puis   la  
création  d’une  journée  internationale  de  la  Francophonie,  et  
des   jeux   de   la   Francophonie.   La   dernière   étape   a   été   la  
création   du   poste   de   secrétaire  général  de  la  Francophonie  
en  1998.  
 

 
 

2.   Les   objectifs   de   la   Francophonie   sont  :   mettre   en  


relation   les   individus   et   les   peuples   de   langue   française  ;  
favoriser   le   développement   de   la   démocratie,   prévenir   les  
conflits,   soutenir   les   droits   de   l’homme,   contribuer   au  
développement   économique   des   pays,   promouvoir  
l’éducation  et  la  formation.  
 

3.  La  francophonie  est  la  mieux   implantée   en  France   et   dans  


ses  pays  voisins,  en  Afrique  et  plus  ponctuellement   en   Asie  
et   en   Amérique   du   nord.   Les   territoires   français   ultra-­‐
marins   sont   également   concernés.   Il   s’agit   ici   d’une  
conséquence   de   l’histoire   et   de   la   présence   coloniales  
françaises,   mais   aussi   de  l’action  diplomatique  ainsi  que  du  
rayonnement  culturel  de  la  France.  
 

4.  Les  enjeux  sont  le  risque  de  disparition  de  la  pratique  de  
la   langue   française   en   tant   que   langue  populaire,   que   langue  
de   la   création   artistique   et   de   la   voir   être   cantonnée  
uniquement   à   un   statut   de   langue   de   service,   dans   les  
grandes   organisations   internationales.   Pour   que   la  
francophonie   se   développe,   il   faut   que   la   langue   française  
se   diffuse   à   la   base,   c’est-­‐à-­‐dire   auprès   des   individus   eux-­‐
mêmes.  
 

Vers  le  BAC  


•   Facteurs   du   développement   de   la   francophonie  :   une  
organisation  structurée  qui  a  pris  de  l’importance  depuis   sa  
création   en   1970,   une   langue   associée   aux   valeurs   de   la  
France   (démocratie,   droits   de   l’homme,   etc.),  une  charte  de  
la  francophonie,  etc.  
•   Aspects   du   développement   de   la   francophonie  :  
220  millions   de   locuteurs,   une   langue   parlée   sur   tous   les  
continents,  action  forte  de   l’organisation  de  la  Francophonie,  
etc.  
•   L imites   du   développement   de   la   francophonie  :  
concurrence   d’autres   langues   (anglais,   chinois,   etc.),   une  
langue  de  service,  etc.  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 
 

COURS 3
Une puissance économique dans la mondialisation
>  MANUEL  PP.  396-­‐397  

Doc.  1  –  Total,  un  groupe  mondialisé  


Le   document   propose   trois   diagrammes   concernant   des  
données   statistiques   produites   par   le   groupe   pétrolier  
Total.   Il   témoigne   de   la   forte   internationalisation   de   la  
principale   entreprise   française   par   son   chiffre   d’affaires.  
L’actionnariat   français   est   minoritaire   puisqu’il   ne  
représente   que   28  %   du   total   de   l’entreprise,   pourcentage  
inférieur   à   l’actionnariat   d’origine   nord-­‐américaine.   Les  
autres   régions   du   monde   sont   également   très   présentes,  
comme  le  Royaume-­‐Uni   (plus   de   10  %).   Le   cosmopolitisme  
de   l’actionnariat   est   à   mettre   en   relation   avec   la   diversité  
géographique   de   la   production   d’hydrocarbures  opérée  par  
le  groupe.  Total  est  présent  partout  dans  le  monde  :  l’Afrique  
constitue   le   premier   foyer   de   production   (à   noter   que  
l’actionnariat   africain   est   faiblement   représenté),   devant   le  
Moyen-­‐Orient   et   l’Europe,   mais  l’Asie,  l’Amérique  du   Sud  et  
l’Amérique   du   Nord   sont   également   concernés.   Cette  
répartition   plus   ou   moins  équilibrée   disparaît   en   revanche  
lorsqu’on   étudie   les  effectifs  du  groupe.  60  %  des  employés  
de   Total  sont  en   Europe  et   CEI,   très   loin   devant   les   autres  
zones   géographiques.   Toutefois   le   personnel   extra-­‐
européen  représente  40  %  du  personnel,  ce  qui  est   là  aussi  
significatif  de  l’internationalisation  du  groupe.  

Doc.  2  –  Les  régions  dans  le  commerce  extérieur  de  la  France  
Le   commerce   international   est   un   des   vecteurs   de   la  
croissance   économique   de   la   France   et   de   son   insertion  
dans  la  mondialisation.   Si  la  France  se  positionne  au  6e   rang  
des   puissances   marchandes   mondiales,   c’est   en   partie  
grâce   à   quelques   régions.   Car   les   inégalités  régionales   sont  
fortes  dans  ce   domaine.  L’Île-­‐de-­‐France  est  de  loin  la  région  
la   plus   puissante   pour   le   commerce   international   devant  
l’ACAL,   l’ARA,   le   NPDCP   et   le   LRMP.   À   noter   que   la  Corse   et  
les   régions  ultramarines  ont   des   économies  peu   intégrées  au  

 
 

commerce   mondial.   Il   faut   bien   entendu   mettre   en  


corrélation   cette   carte   avec   celles   de   la   répartition   de   la  
population   et   des   foyers   économiques   de   la   France.   Les  
régions   les   plus   densément   peuplées,   les   plus   actives,   les  
plus   innovantes,   dont   l’économie   repose   sur   des   activités  
diversifiées   et   performantes,   sont   celles   qui   participent  le  
plus   au   commerce   extérieur   de   la   France.   Il   faut  
également  souligner  que  cette  carte  propose  une  répartition  
entre   importations   et   exportations   pour   chacune   des  
régions  :   on   peut   ainsi   constater   que   peu   d’entre   elles  
proposent   un   solde   excédentaire.   Le   déficit   commercial   de  
la   France   est   très   important   depuis   le   début   des  
années  2000   et   l’on   retrouve   ce   phénomène   à   l’échelle   des  
grandes   régions   actuelles.   La   région   Languedoc-­‐Roussillon-­‐
Midi-­‐Pyrénées  est  celle  qui  dégage  l’excédent  commercial  le  
plus  important,  en  grande  partie  en  raison  de  l’efficacité  du  
modèle  industriel  aéronautique  porté  par  l’agglomération  de  
Toulouse   et   l’assemblage   des   Airbus.   D’autres   régions  sont  
excédentaires  :   l’Alsace-­‐Champagne-­‐Ardenne-­‐Lorraine,   le  
Centre-­‐Val-­‐de-­‐Loire,   la   Bourgogne-­‐Franche-­‐Comté,  
l’Auvergne-­‐Rhône-­‐Alpes.   En   revanche   l’Île-­‐de-­‐France   offre  
un  solde  déficitaire.  

Doc.  3  –  L’évolution  des  10  plus  grandes  entreprises  françaises  


Ce   tableau   montre   l’évolution   contrastée   des   10   plus  
grandes   firmes   françaises   dans   la   mondialisation   à   travers  
une   comparaison   de   leur   situation   entre   2010   et   2014.  
Premier   constat  :   les   chiffres   d’affaires   de   ces   grands  
groupes   ont   dans   l’ensemble   peu   évolué   favorablement   à  
l’exception   de   celui   de   Total   qui   a   connu   une   croissance   de  
46  %,   résultat   porté   par   la   très   forte   hausse   des   prix   du  
pétrole   au   cours   de   cette   période,   et   de   celui   de   la   Société  
Générale   avec   +   57  %.   La   croissance   a   été   modérée   pour  
Engie   (ex   GDF-­‐Suez)  avec   +  6,5  %,   EDF   (+  8,1  %)   et   PSA   (+  
6,6  %).   Elle   a   même   été   nulle   pour   Axa   (-­‐   5,7  %),   BNP-­‐
Paribas   (-­‐6,6  %)   et   surtout   le   Crédit   Agricole   (-­‐   12,1  %),  
Banque     Populaire  Caisse  d’Epargne  (-­‐  13  %)  et  Carrefour  (-­‐  
16  %).  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 
 

Deuxième   constat  :   les   positions   des   groupes   français   dans  


le   classement   mondial   se   sont   érodées.   Si   Total  gagne  trois  
places  et  la  Société  Générale   une  trentaine,  on   assiste   à   une  
chute   vertigineuse   pour   certaines   de  ces  entreprises.   BNP-­‐
Paribas   perd   22   places,   Carrefour   43   places   et   Crédit  
Agricole   47.   Cela   témoigne   de   la   difficulté   qu’on   eue   les  
entreprises   françaises   à   résister   ces   dernières   années   à   la  
fois  à  la  crise  financière  mondiale   mais  aussi  à  l’émergence  
d’autres   firmes,  asiatiques,   moyen-­‐orientales,  européennes,  
etc.  Troisième   et   dernier   constat  :   alors   qu’en   2010   les   10  
premières   firmes   françaises   étaient   classées   entre   les   9e   et  
94e   rangs   mondiaux,   elles   sont   désormais   placées  entre   les  
11e   et  136e   rangs  mondiaux.  

Doc.  4  –  La  France,  championne  du  tourisme  mondial  


Avec  environ  85  millions  de  touristes  étrangers  en  2014,   la  
France   est   la   première   destination   touristique   mondiale.  
Elle   devance   très   nettement   les   États-­‐Unis,   l’Espagne,   la  
Chine   et   l’Italie.   Ce   chiffre   de   85  millions   est   souvent  
controversé   car   il   prend   en   compte   les   individus   en  
«  transit  »   sur   le   territoire   français.  Ainsi   un   Néerlandais   se  
rendant  en  Espagne  pour  passer   ses  vacances   et   s’arrêtant  
en   France   pour   une   nuitée   sera   considéré   comme   un  
touriste   étranger.   Même   remarque   pour   un   passager   en  
transit   à   l’aéroport   de   Roissy.   C’est   pour   cette   raison   sans  
doute  que   la   France   n’est   pas  première   au   classement   des  
dépenses   des   touristes   étrangers,   devancée   par   les   États-­‐
Unis.  Allemands,   Britanniques,  Néerlandais,  Italiens,   Belges,  
Suisses   et   Espagnols   représentent   à   eux   seuls   80  %   des  
touristes   étrangers   qui   séjournent   en   France.   La   clientèle  
dite   «  long-­‐courrier  »   est   plus   fluctuante   (c’est   le   cas   des  
Américains   et   des   Japonais)   même   si   la   clientèle   chinoise  
devrait   augmenter   dans   les   prochaines   années.   Cette  
clientèle   «  long-­‐courrier  »  est  certes  moins  nombreuse  que  la  
clientèle   européenne   mais   elle   assure   cependant   40  %   des  
recettes.   Les   clientèles   asiatiques   et   américaines   dépensent  
donc  plus  que  les  clientèles  européennes  sur  le  sol  français.  
L’explication   des   hiérarchies   régionales   ne   pose   guère   de  
problèmes   avec   en   tête   l’Île-­‐de-­‐France   (Paris   est   la  

 
 

première   métropole   touristique   du  monde   avec   30  millions  


de   visiteurs   par   an   et   l’Île-­‐de-­‐France   héberge   près   de   la  
moitié   des   1  200   sites   les  plus  visités  de  l’Hexagone).  

Questions  sur  les  documents  


1.   Les   quatre   documents   témoignent   de   l’insertion   de   la  
France   dans   l’économie   mondiale.   La   firme   Total   est  
fortement   internationalisée   de   par   le   cosmopolitisme   de   ses  
actionnaires,   de   ses   salariés   et  de  son  implantation  sur  tous  
les   continents   de   la   planète.   Malgré   des   résultats   inégaux,  
certaines   entreprises   françaises   font   partie   des   150   plus  
grandes   entreprises   mondiales.   Le   commerce   extérieur   de  
certaines   régions   est   excédentaire   et   la   France   est   la  
première  destination  touristique  mondiale.  
 

2.   L’Île-­‐de-­‐France,   l’AlsaceCAL,   Auvergne-­‐RA,   Nord-­‐Pas-­‐de-­‐


Calais-­‐Picardie   et   le   LRMP   contribuent   le   plus   au  
commerce   extérieur   de   la   France.   Il   s’agit   des   régions   les  
plus   peuplées,   aux   marchés   de   consommation   développés,  
et   pouvant   s’appuyer   sur   des   secteurs   d’activités  
performants   et   innovants  :   aéronautique,   automobile,  
services  financiers,  etc.  
 
EXEMPLE 3
Paris, ville mondiale
>  MANUEL  PP.  398-­‐399  

Doc.  1  –  Les  ambitions  du  Grand  Paris  


Ce   texte   issu   du   site   Internet   du   Grand   Paris   résume   en  
quelques   lignes   les   principales   ambitions   du   projet   qui   va  
concerner   le  territoire   de  la  capitale  et  de  sa  région  pour  les  
prochaines   décennies.   Ces   ambitions   sont   économiques  
(développement   durable   de   l’économie   et   de   l’emploi  ;  
renforcer   la   position   de   l’Île-­‐de-­‐France),   scientifiques  
(clusters,  pôles  de  développement  stratégiques)  et  logistique  
(création  d’un  réseau  de  transports  publics).  

Doc.  2  –  Paris,  capitale  mondiale  de  la  culture  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 
 

Paris  est  un  centre  touristique  majeur  aux  échelles  nationale  


et   mondiale   qui   ne   repose   pas  uniquement  sur  sa  richesse  
historique   et   patrimoniale.   Paris   est   également   un   grand  
foyer  culturel  à  l’échelle  planétaire  et   rivalise   avec   Londres,  
New   York,   voire   Milan   et   Tokyo.   Paris   devance   ses  
principales  rivales  en  nombre  de   galeries  d’art,  de   salles  de  
cinéma,   de   salles   de   concert.   Elle   est   devancée   par   New  
York   pour   le   nombre   de   théâtres   et   par   Londres   pour   le  
nombre   de   musées.   Mais   Paris   est   incontestablement   une  
des  offres  urbaines  les  plus  denses  et  les  plus  variées  sur  la  
scène     culturelle   mondiale.   Elle   est   aussi   très   dynamique  
avec   les   réouvertures   récentes   du   Musée  Picasso   et   de   la  
Monnaie   de   Paris   en   2014   ainsi   que   l’inauguration   de   la  
Fondation   Louis   Vuitton   dans   le   bois   de   Boulogne.   Le  
nombre   d’arrivées   de   touristes   étrangers   ne   cesse  
d’augmenter   à   Paris   (+   4  %   en   2014)   en   grande   partie   en  
raison  de  cette  offre  culturelle  sans  cesse  en  mouvement.  

Doc.   4   –   La   Défense  :   un   des   principaux   quartiers   d’affaires   en  


Europe  
Véritable   «  Wall-­‐ Street-­‐ sur-­‐ Seine  »,   le   quartier   de   la  
Défense   offre   son   paysage   de   tours   dans   la   continuité   du  
grand   axe   est-­‐ouest,   perspective   historique   de   la  capitale.  
Ici   se   concentrent   les   activités  tertiaires   de  décision   dans  
un  véritable  CBD  à  l’américaine.  Hypercentre   décisionnel   de  
la   modernité   qui   s’étend   sur   le   territoire   de   trois  
communes  (Puteaux,  Courbevoie,  Nanterre),  la  Défense  reste  
encore   aujourd’hui   un   lieu   de   polémique   esthétique,   mais  
aussi   symbolique,   car   il   s’agit   d’un   lieu   d’activités   où   se  
regroupent   plus   de   200  000   personnes   au   quotidien,   mais  
n’a   que   faiblement   réussi   à   fixer   les   populations  résidentes  
(environ   20  000  habitants).   La   Défense  souffre   donc   de   cette  
dissymétrie,  où  les  flux  se  dirigent  plus  vers  un  site  de  sièges  
sociaux  et  de  bureaux  que  vers  un  véritable  quartier.  
Dans  la  continuité  de  l’axe  historique  et  du  «  glissement  »  vers  
l’ouest,   les   projets   de   prolongement   et   d’aménagement   ne  
manquèrent   pas   tout   au   long   du   XXe  siècle.   Espaces   de  
banlieue   progressivement   transformés   en   friches   et   en  
taudis,   les   abords   du   carrefour   de   la   Défense   posèrent  

 
 

problème   aux   autorités   politiques   à   la  fin  des  années  1950.  


Le   ministère   de   l’urbanisme  combina   alors   deux   initiatives  
privées   d’implantation  dans  ces  lieux  pour  s’y  engouffrer,  et  
proposer   un   vaste   programme   d’urbanisation.   La   société  
Esso   voulait   se  construire   un   nouveau   siège   social   (la   tour  
a   depuis   lors   été   détruite   en   1992)   et   un   industriel   privé  
désirait  édifier  un  hall  d’exposition,  le  CNIT  (centre  national    
des  industries   et   des   techniques),   que   l’on   distingue   sur   la  
photo   en   haut   à   droite,   au   pied   de   la   Grande   Arche.  
L’organisme   public,   l’Epadesa   (Établissement   Public  
d’Aménagement  de  la  Défense  Seine  Arche)  fut  mis  en  place  
en   1958.   Les   travaux   de   ce   nouveau   quartier   d’affaires  
commencèrent   en   1960.   L’ensemble   est   regroupé   autour  
d’une   vaste   dalle   qui   recouvre   l’axe   de   circulation  
principale.  Le  tout  est   limité   par  un  boulevard   circulaire.  Le  
quartier  de  la  Défense  est  aujourd’hui  le  1  quartier   d’affaires  
er

en   Europe   et   le   2   hub   multimodal   de   la   région   parisienne  


e

(500  000  voyageurs  par  jour).  

Doc.  5  –  Le  risque  de  déclassement  de  Paris  


Paris  et  sa  région  sont  une  des  régions  les  plus  productives  
en   Europe   et   dans   le   monde.   Avec   un   PIB  de   615  milliards  
de   dollars   en   2014   elle   se   situe   au   6  rang   des   Produits  
e

urbains   bruts   dans   le   monde   (2  européen   derrière  


e

Londres).   La   région   parisienne   est   un   parfait   exemple   de  


concentration  :   concentration   des   pouvoirs   politiques   tout  
d’abord,  héritage  de  siècles  de  centralisation  ;  concentration  
des   sièges   sociaux   des   entreprises   et   des   activités  
industrielles   et   tertiaires   (l’Île-­‐de-­‐France   représente   ainsi  
32  %   de   la   valeur   ajoutée   brute   des   services   en   France   et  
20  %  de   la  valeur  ajoutée  brute  industrielle)  ;  concentration  
des  réseaux   de   transport   à   différentes   échelles   qui   en   fait  
une   des   régions   du   monde   les   plus   accessibles,   notamment  
avec   la   présence   de   deux   aéroports   internationaux   dont   le  
cumul   passagers   atteint   près   de  80   millions   de   personnes.  
La   région   parisienne   est   la   plus   ouverte   de   toutes   les  
régions   françaises   sur   l’économie   mondiale.   Elle   développe  
un   poids   commercial   susceptible   d’entrer   en   concurrence  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 
 

avec   les     autres     grandes   métropoles   européennes  


constitutives   de   l’archipel   métropolitain.   Après   des  
décennies  de   politiques  visant  à   freiner  son   développement  
au   profit   des   métropoles   régionales,   il   semble   acquis  
désormais   que   ce   dynamisme   n’est   en  rien  excessif  et   que,  
bien   au   contraire,   il   tire   toutes   les  régions   vers   le   haut.   Le  
développement   de   Paris   et   de   sa   région   passe  
nécessairement   par   des   liens   économiques   forts   avec  
d’autres   régions   françaises,   et   bien   entendu   avec   d’autres  
régions   européennes   et/ou   mondiales.   L’aménagement   des  
territoires   doit   désormais   prendre   en   compte   cet   aspect  
multiscalaire   et   intervenir   afin   que   Paris   et   sa   région  
demeurent  compétitives  face  aux  autres  grandes  métropoles  
européennes.  Son  organisation    polycentrique,  son  extension  
spatiale,   ses   réseaux   de   communication…   sont   autant  
d’atouts   qu’il   s’agit   de   maximiser.   Mais   la   concurrence   est  
rude   face   aux   autres   grandes   métropoles   mondiales   et   face  
aux   métropoles   émergentes.   Les   handicaps   demeurent  
comme   le   niveau   élevé   de   la   fiscalité,   l’engorgement   des  
réseaux  de  communication,  le  prix  des  logements,  etc.  
 
Questions  sur   les  documents  
1.   Plusieurs   objectifs   sont   annoncés   pour   les   prochaines  
années  :  
–  développer  durablement  l’économie  ;  
–  favoriser  la  croissance  de  l’emploi  ;  
–   renforcer   la   position   de   Paris   en   tant   que   métropole  
mondiale  ;  
–   créer   un   nouveau  réseau   de   transports  publics   reliant  les  
différents  pôles  de  développement  ;  
–   favoriser   le   développement   de   la   recherche   et   de  
l’innovation.  
 
2.   Paris   s’impose   comme   ville   mondiale   dans   les   domaines  
de   la   finance,  des   services,  du   tourisme,   de  la  culture.  
 

4.  Paris  est  confrontée  à  la  concurrence   d’autres  métropoles  


mondiales,  ainsi  qu’à  une  croissance  économique  faible,  à   un  

 
 

recul   de  l’investissement,  à  un  niveau   élevé   de   la   fiscalité,   au  


prix  excessif    des  logements,  etc.  

RÉVISER
>  MANUEL  PP.  400-­‐401  

Chiffres-­‐clés  

Les   chiffres-­‐clés   permettent   d’étayer   les   différentes   étapes  


du   chapitre.   L’importance   de   l’UE   dans   le   commerce  
mondial   présente   la   polarité   de   l’Europe   dans   la  
mondialisation.   L’importance   du   trafic   de   la   Northern  
Range   permet   de   présenter   la   Northern   Range   comme   une  
façade  maritime  de   rang   mondial.   La   France   est   un   acteur  
majeur   de   la   mondialisation  :   elle   est   la   6e   puissance  
économique    mondiale.  C’est  aussi   depuis   plusieurs   années  
la   première   destination   du   tourisme   international   avec  
près  de   85   millions  de  visiteurs  étrangers  en  2014.  
» Schémas pour réviser

Doc.  1  –  Les  interfaces  de  l’Union  européenne  avec  l’espace  mondial  


Le   premier   schéma   peut   être   présenté   en   appui   de  
l’exemple   sur   la   Northern   Range.   Le   schéma   illustre   à   la  
fois   la   concentration   portuaire   linéaire   du   nord-­‐ouest  
européen,   mais   également   la   situation   d’interface   de   cette  
façade   maritime.   Le   figuré   de   l’interface   maritime   permet  
de   montrer   la   relation   avec   l’avant-­‐pays,   tandis   que   les  
fleuves   montrent   les   relations   avec   l’hinterland   établies  
depuis   les   gateways.   Les   frontières   permettent   de  
représenter   le  caractère  transfrontalier  de  cette  façade.    
 

Doc.  2  –  La  Northern  Range,  une  façade  maritime  mondiale  


Ce   schéma   simple   peut   être   proposé   en   illustration   de  
composition.   Il   permet   de   replacer   l’UE   dans   ses   relations  
avec   les   autres   régions   du   monde.   Il   s’agit   donc   d’une  
représentation  de  l’insertion  de  l’UE  dans  la  mondialisation.  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 
 

Doc  3  –  Les  dynamiques  socio-­‐spatiales  dans  le  Grand  Paris  


Le   schéma   montre   les   principales   structures   de  
l’organisation   socio-­‐spatiale   du   Grand   Paris.   Il   s’articule  
autour   des   trois   notions   suivantes  :   étalement   urbain,  
organisation   polycentrique,   mise   en   réseau   à   différentes  
échelles.  
 
BAC
>  MANUEL  PP.  402-­‐403  
» Analyser une carte " Rédiger la réponse à la consigne

Sujet  :  Le  rayonnement  mondial  de  l’Union  européenne  

1.  Analyser  le  sujet  et  identifier  le  document  


1.   Le   «  rayonnement   mondial  »   signifie   l’ensemble   des  
relations   et   des   flux   développés   entre   l’Union   européenne   et  
le  reste  du  monde.  L’Union   européenne  est  une  organisation  
régionale   économique   et   commerciale   regroupant  
actuellement  28  États.  
 

2.   D’après   la   consigne,   les   thèmes   à   développer   sont   les  


facteurs   du   rayonnement   mondial   de   l’UE   et  la  notion  de  
pôle  appliquée  à  l’UE.  
 

3.   Le   document   est   un   croquis   géographique   de   synthèse  


illustrant   la   place   et   le   rôle   de   l’Union   européenne   dans   le  
monde.  

2.  Analyser  et  critiquer  le  document  


4.   Ville   globale  :   ville   qui   constitue   un   centre   d’impulsion  
majeur   de   la   mondialisation.   Elle   concentre   des   fonctions  
décisionnelles,   économiques   et   financières,   et   souvent   des  
fonctions   politiques   et/ou   culturelles   lui   permettant  
d’exercer   un   rayonnement   à   l’échelle   mondiale.   C’est   aussi  
un  carrefour  de  communication  et  une  ville  cosmopolite.    
OMC   (Organisation   mondiale   du   commerce)  :   organisation  
internationale  qui  s’occupe  des  règles  régissant  le  commerce  
entre  les  pays.  

 
 

Unesco  :  Organisation     des  Nations     unies     pour  l’éducation,  


la     science  et  la  culture  ;  institution  spécialisée  de  l’ONU.  
Investissements  étrangers  :   voir  «  IDE  »  vocabulaire  p.  388.  
Politique   européenne   de   voisinage  :   politique   de   l’Union  
européenne   visant   à   améliorer   ses   relations   avec   ses  
voisins  n’entrant  pas  dans  le  projet  d’adhésion  à  l’UE.  
Délocalisation  :   abandon   d’une   activité   de   production  
nationale   et   transfert   de   cette   activité   vers   une   unité   de  
production  à  l’étranger.  
 

5.   De   nombreux   flux   convergent   vers   l’UE  :   des  


investissements   en   provenance   des   États-­‐Unis,   du  Japon,     de  
la   Chine,   et   du   Moyen-­‐Orient  ;   des   immigrants   venant  
d’Amérique   latine,   d’Afrique   et   de  l’Asie  en  développement.  
Ces   flux   traduisent   l’attractivité   de   l’UE.   Les   villes   globales  
(Paris,   Londres,   Francfort)   et   les   sièges   de   l’OMC   à   Genève  
et  de  l’Unesco  à  Paris  permettent  d’évoquer  le  rayonnement  
mondial   de   l’UE.   Les   informations   «  1  ensemble  
er

commercial   du   monde  »   et   «  places   boursières   majeures  »  


(Londres,   Paris)     indiquent   la   puissance   économique   et  
financière  de  l’UE.  
6.  L’évolution  et  le  dynamisme  de  l’UE  sont  indiqués  par  les  
informations   «  un   ensemble   qui   s’élargit  depuis   60   ans  »   et  
«  pays  candidats  à  l’adhésion  ».  
 

7.   L’UE  est   un   partenaire  essentiel  des   pays  du   Sud   car  elle   a  
développé   des   relations   commerciales   et   économiques,   mais  
aussi   des   relations   de   coopération  avec  de  nombreux  pays  
en  développement.  La  politique   de  voisinage  a   pris  la   forme  
d’un   partenariat   avec   les   pays   du   Maghreb   et   du   Proche-­‐
Orient)   dans  lesquels  l’UE  appuie     les     réformes     politiques  
et   économiques   pour   la   s tabilité   et   la   prospérité  
économique  de  la  région.  
 

8.   Le   document   décrit   la   puissance   et   le   rayonnement   de  


l’UE  en  tant  que  pôle  majeur  de  la  mondialisation.  
 

9.   Les   enjeux   du   rayonnement   de   l’UE   sont   l’attractivité,  


l’influence  diplomatique,  la  puissance  dans   la  mondialisation  
face   aux   autres   pôles   majeurs   que   sont   l’Amérique   du  
Nord   et   l’Asie   orientale   (les   villes   globales   américaines   et  

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 
 

asiatiques   figurent   sur   le   croquis,   ce   qui   permet   d’évoquer  


ces  pôles  concurrents).  
 

10.   La   notion   de   pôle   est   illustrée   par   la   convergence  des  


flux,   la   concentration   de   lieux   de   pouvoir   et   la  
matérialisation  d’une  zone  d’influence.  
 

3.  Répondre  à  la  consigne  


11.   Un   exemple   de   plan   est   fourni,   mais   tout   plan  logique  et  
répondant  au  sujet  est  acceptable.  
 

12   à   14.   Rédiger   l’introduction   à   partir   des   réponses  aux  


questions   1   à   3  ;   le   développement   à   partir   des  réponses  
aux  questions  4  à  10.  
 

Conclure  sur   le  poids   et  le  rôle  de  l’UE   qui   s’est   accru  depuis  
plus   d’un   demi-­‐siècle   grâce   à   une   plus   grande  cohésion  des  
États  membres.  
 
BAC
>  MANUEL  PP.  404-­‐405  

» Composition " Rédiger la conclusion

Sujet  :  Les  atouts  de  la  France  dans  la  mondialisation  

1.  Analyser  le  sujet  


1.  Atout  :  point  fort,  avantage.  
Mondialisation  :   interdépendance   des   espaces   et   des  
économies  mondiales  par  une  intensification  des  échanges.  
 

2.   L’espace   concerné   par   le   sujet   est   la   France   et   les  


territoires  français  d’outre-­‐mer.  
 

3.  Des  problématiques  sont  données  en  exemple.  

2.  Mobiliser  et  organiser  les  connaissances  


4  et  5.  Les  atouts  :  territoriaux   (domaine   maritime   et  ZEE,),  
touristiques   (gastronomie,   sites   touristiques,   ville  

 
 

mondiale),   diplomatiques   (ONG,   membre   permanent   du  


Conseil   de   sécurité   de   l’ONU),   économiques   (firmes  
transnationales,   banques,   membre   du   G8,   secteur   agro-­‐
alimentaire,   réseau   et   infrastructures   de   communication),  
culturels   (siège   de   l’Unesco,   réseau   d’expatriés   et   de   lycée  
français,  industrie  du  luxe,  ville  mondiale,  francophonie).  
À  compléter  avec  les  informations  du  chapitre  10.  
 

6.  La  première  question  invite  à  faire  un  plan  thématique  où  


les   atouts   sont   regroupés   en   trois   parties  :   économiques,  
territoriaux   et   diplomatiques,   touristiques   et   culturels.   Il  
répond  plutôt  à  la  première  problématique  de  la  question  3.  
La   deuxième   question   permet   de   construire   un   plan  
répondant   à   la   deuxième   problématique   de   la   question   3  :  
Les   atouts   de   la   puissance  économique  française,  les   atouts  
du  rayonnement  international  de  la  France.  

3.  Rédiger  la  réponse  au  sujet  


7.   L’introduction   est   rédigée   à   partir   des   réponses   aux  
questions  1  à  3.  
 

8.   Le   développement   est   rédigé   à   l’aide   des   réponses   aux  


questions  4  à  6.  
 

9.   Un   exemple   d’idée   générale   du   développement   est  


proposé  dans  l’exemple.  
 

10.   Ces   atouts   sont   les   fondements   de   la   puissance   et   du  


rayonnement   de   la   France   dans   la   mondialisation   et   lui  
permettent   d’être   un   acteur   majeur   sur   la   scène  
internationale.  
 

11.  Une  proposition  d’ouverture  est  fournie  dans  l’exemple.  


 

12.   Le   schéma   n°   3   p.   401,   représentant   l’organisation  


spatiale   du   Grand   Paris,   peut   illustrer   la   notion   de   ville  
mondiale   dans   la   deuxième   partie   du   plan   2   (les   atouts   du  
rayonnement  international  de  la  France).  
 
 

©  NATHAN  –  Histoire-­‐Géographie  1ère  S      


 

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