Anda di halaman 1dari 28

Armand ABECASSIS

Professeur de philosophie à Bordeaux


Professeur de psychologie à Strasbourg

COURS DU 27/10/86 de 16 à 18h

CLIVAGES HISTORIQUES DE LA NOTION D’IMAGE

PLAN I Différences historiques dans le problème de l’image


1) - Naissance
2) - Période cartésienne (Descartes) - Rationalisme
3) - Kant
4) - Modernes (Vers la pensée contemporaine)
II Description :
1) La réalité matérielle et objective de l’image
2) Voir et entendre
3) Unité

I 1) Naissance de l’Image
Les récits grecs et latins de l’antiquité en sont pleins. On en a toujours imaginé mais à partir des grands
philosophes du IVème siècle av JC, l’image est un problème humain et plus divin.
Levi STRAUSS « Le cru et le cuit » - « La pensée sauvage »
La parole des mythes prononcée par ceux qui ont l’autorité pour, est vraie, alors que mes expériences ont une
valeur moindre. Le discours mythique est une vision fantasmagorique. La subversion : ce qui est vrai ce n’est pas
ce que j’expérimente mais le récit qui en est fait.
L’image devient ensuite un problème de psychologie, un phénomène intime.
PLATON « L’Aède »
L’aède est inspiré des Dieux, il chante les textes anciens avec l’air du temps. La nouvelle pensée grecque a lutté
contre ça. EPICURE veut chasser les aidola (rêves, angoisses, images fantasmagoriques). Même problématique
chez PLATON : rejet de ce qu’il peut y avoir de Divin dans l’image, rejet du thème antique.
Il s’agit de MAITRISER les images (tout ce qui est en moi, de l’ordre de l’impression). C’est une dimension
Sophistique très moderne pour PLATON : c’est aussi maîtriser l’opinion en passant par l’idée.
Le LOGOS : discours cohérent qui s’articule.
Le logos descend du Mythe et il expose ce qu’il a en lui d’intelligibilité. Ce n’est plus la divinité qui parle dans
ma bouche. La toute puissance du langage - Cela devient un combat.
Problème de la dialectique du combat : il s’agit de prouver.
Les sophistes ont l’art de maîtriser l’image.
Chez PLATON c’est la dialectique. L‘image est soit un obstacle, soit un moyen.
Ils ont affronté la crainte des images d’inspiration divine.
AIDOS : honte d’être en dehors du coup : (actuellement) transgression.
Ils cherchent le juste milieu entre le courage et le respect.
PLATON « L’apologie de Socrate »
L’Image et l’Opinion sont sujet à l’examen par le LANGAGE, la PUDEUR et le COURAGE. Passage nouveau
important (C’est ça ce qu’on appelle le Miracle Grec)
ULYSSE : « L’Odyssée », traduction de Bérar (passage de Sisyphe). Caractéristique d’un moment historique de
la pensée. L’accord entre les dieux et les hommes donne ce ton surnaturel. Poésie épique qui est l’exemplaire
dans le quotidien. Le Tragique c’est la rupture entre l’ici-bas et l’en deça. Prise de conscience que le monde d’en
bas n’est pas tout à fait d’accord avec celui d’en haut. Les épopées l’ont mis en avant.
OTTO : « Les dieux de la grèce ». Il montre que les Dieux s’occupant de nous ne peuvent pas s’occuper de notre
douleur, de notre souffrance. Donc les Dieux ne sont pas toujours responsables. Idée d’une théologie vengeresse.
Avec ESCHYLE, c’est le passage de l’Esthétisation du religieux. Besoin d’innocenter les Dieux de nos maux.
Mettre en scène la méchanceté des Dieux, c’est mieux que de les subir : importance de l’Esthétique. Importance
du VOIR = Métaphore du connaître.
Jean-Pierre VERNANT : « Mythe et Pensée chez les Grecs » (Compte rendu d’un ouvrage de Vidal-Naguet sur
Clisthène l’Athénien). Il y a un thème politique. La cité reproduit une dimension astrologique et divine.
Chez PLATON : Ordre théologique (antérieur des groupes humains) et philosophique. Ordre théologique en lui
donnant une valeur rationnelle de plus en plus explicite (transcription du sacré au rationnel). La Vérité c’est Moi.
Conscience personnelle critique qui interroge ce que je vois.
Religion : cohérence et réunion. Là les forces qui circulent sont respectables.
SOCRATE s’interroge et se donne en spectacle de cette rupture. Conscience de la faille entre ce qui est donné et
l’interrogation. Conscience de l’inégal pour ce qui devrait être légal.
Le sensible ne suit pas. Lui a osé dire : « ça ne va pas ». Idée essentiellement démocratique. Thème aussi
historique que politique. Ce miracle grec est apparu au moment où il a disparu. C’est dans un monde déjà en
train de disparaître que Socrate apparaît. Quand ce dont on peut parler est mort arrive le miracle grec.
La Problématique : ensemble de problèmes que l’on prend dans sa forme. Organisation des problèmes ente eux
(leur structure).

LA PAROLE ET L’IMAGE
Deux ordres différents par la source.
Présentation :
L’IMAGE : source visuelle
LA PAROLE : source auditive
Monde organisé dans lequel on essaie de passer de l’ordre de l’oreille à l’ordre du visuel.
Le canal (la source) n’est pas la même.
Dans l’ordre de l’image le canal est spatial
Dans l’ordre de la parole, le canal est temporel
Image : ordre de la simultanéité (conjonction « et » : on peut voir plusieurs images à la fois)
Parole : ordre de la succession (conjonction « ou » : les mots nous arrivent vraiment les uns après les autres).
Les vérités qui entrent par le canal de la vision ne sont pas les même que celles de l’audition.
ces deux ordres sont structurés de manières différentes.
Il y en a qui veulent soumettre ce qu’ils voient à ce qu’ils entendent et ce qu’ils entendent à ce qu’ils voient.
Nous sommes nés dans un monde pour croire ce qu’on voit. Le témoignage enregistré n’est pas possible dans
notre civilisation (pas crédible). La civilisation soumet ce qu’on entend à ce qu’on voit. Et cela depuis la
naissance de la Philosophie.
PLATON, quand il parle de contemplation (Yeux de l’esprit) : métaphore visuelle.
Progression de « J’entends » à « Je vois » à « Je saisis » pour dire qu’on comprend.
La crise de la civilisation actuelle naît du rapport de l’oreille à l’oeil.
L’ordre de l’oreille c’est une structure de la non vérité (le sens).
L’ordre de l’oeil c’est une structure de la vérité (le savoir).
« Idée », en grec, a pour origine le sens de VOIR, vers SAVOIR, vers POUVOIR.
L’écriture est la première manière de soumettre ce qu’on écrit à ce qu’on voit.
L’ordre du savoir est fanatique. La Vérité par elle-même est intolérable et intolérente.
On est toujours trompés par le savoir.
Dès l’origine de la philosophie (née en Ionie), on veut savoir indépendamment des Dieux.
Du langage du mythe (non savoir mais du sens), vers le langage objectif.
La Nature de cet objet (Savoir Oeil)
La Relation que j’ai avec l’Objet (Sens, oreille)
Le Monde du sens renvoie à autre chose qu’à lui-même.
La Vérité ne renvoie qu’à elle-même (elle a une limite).
L’Esprit est fini : DESCARTES - ARISTOTE.

L’infini est la créativité qui vient du sens, du désir, de l’imagination. La structure visuelle est close (cloture), elle
tourne sur elle-même.

SCHOPENHAUER : « Le syllogysme est une bonne à tout faire ».


La structure de la parole est ouverte puisqu’on a jamais cessé de poser la question Pourquoi ? La question rouvre
toujours la raison.

LA STRUCTURE :
La structure est née au 19ème siècle chez les philosophes allemands (les gestaltistes), né en réaction aux
empiristes.
L’empirisme reposait sur l’idée que rien est inné, tout est acquis. Tout dérive de l’expérience.
KANT a réagi. Les Structures à priori conditionnent l’esprit.
REMINICENCE INNEISME A PRIORI
(Platon)
Connaissances non apprises

La perception est l’association de toutes les sensations.


Les Gestaltistes montrent que la structure est là avant l’expérience et elle s’impose à chacunes des parties de
l’expérience. (Soumettre ce qu’on voit à ce qu’on entend).

L’ORDRE DE LA PAROLE :
On a découvert que la langue est une structure, un système. Les infinités de langues obéissent à la même
structure (combinaison de signes). Le signe est composé d’un signifiant (mot) et d’un signifié (idée) et la totalité
va vers le référant.
Attention : différence entre la Structure et le modèle.
Il y a une structure linguistique qui s’impose à tous les modèles (langues).
La Structure : (distingue les invariants des variants), - Finalité (but)
- Dissymétrie
- Lois, règles
- Initiation (Initium = mettre au commencement d’une
nouvelle histoire)

COURS DU LUNDI 24/11/86

Principes de l’Analyse structurale

Approche du Mythe par ses caractères


1) Tout peut arriver dans un mythe. Il semble dépourvu de logique et de continuité. Il n’apparait pas
historique, c’est ce qui le fait passer pour une légende.
Toute relation concevable est possible.
2) Les Mythes se reproduisent dans toutes les parties du monde et dans tous les temps avec les mêmes
caractères.
Si on arrive à reconnaître les mythes pour les qualifier comme tels c’est qu’ils doivent avoir des
caractères.
3) Il y a un rapport entre le mythe et le langage
Le Mythe se rapporte toujours à des événements passés.
ELIADE, cf In Illo Tempore : Dans ce temps-là...
La question du mythe est celle du commencement.
A la question du commencement, le discours logique, rationnel, ne peut pas répondre. La preuve est que
dans l’histoire, la philosophie est née après le mythe.
Les premiers principes de la raison sont des principes qui échappent à la démonstration rationnelle.
L’Axiome par principe est ni vrai ni faux : exemple O est un nombre.
Exemple : Qu’est-ce que la liberté ? C’est un principe.
La raison c’est le principe d’identité.
Le logos est fondé sur un certain nombre de principes.
Le logos est toujours en second après le Mythos
La raison est une dimension de l’existence
La raison met en ordre le Noumen, avant il existe le phénomène
Le logos c’est la représentation, le concept.
Ne pouvant être moi-même l’objet de la connaissance, je suis condamné par le logos à me le
représenter.
On ne peut jamais, au-delà de la cohérence, être assuré que la pensée correspond à ce qui est.
Le Mythos a la force de nous faire coïncider avec la présentation de l’existence; Il porte au coeur même
de l’existence.
Le Mythe part toujours de la question de l’origine qui échappe au logos.
La manière dont le mythe part de l’origine est structurée.
Elle a une structure permanente. Le mythe est organisé d’une manière historique et antihistorique à la
fois.
Il apparaît historique puisqu’il nous raconte une histoire, le mythe récite, et il apparaît comme
antihistorique car en même temps le récit se situe en dehors de l’histoire.
Son caractère historique est diachronique.
Son caractère anhistorique est synchronique.
Le langage est en même temps diachronique et synchronique.
Le mythe c’est un code, le langage a les mêmes caractères.
Le langage est déroulé dans le temps en succession.
Il est en même temps synchronique.
La langage obéit à des structures. La synchronie du langage est composée de signes.
La structure anhistorique c’est le signe. Un signe c’est signifié et un signifiant.
La parole c’est l’aspect historique, mais toutes les paroles sont structurées d’une manière du langage
historique.
L’Histoire n’est que l’occasion pour l’homme de prendre conscience des structures du langage.
L’homme a toujours pensé et rêvé de la même manière.
La structure reste toujours la même.
Pour LEVI-STRAUSS, le logos est dans le mythos et il organise le mythe.
Donc, le mythe ressemble au langage.

DIFFERENCES DU MYTHE AU LANGAGE

Le mythe n’obéit pas aux principes du langage.


Toute traduction est une trahison.
L’Essence même de l’action est inconnaissable. Je suis obligé de la faire entrer dans la strucutre
linguistique.
Le Mythe est toujours traduisible, le mythe résiste.
Quelque soit sa traduction, il est toujours perçu comme Mythe dans sa substance.
1) Le sens du mythe n’est donc pas la vérité du mythe mais il est dans la structure dont ses éléments
sont combinés.
2) Le mythe relève du langage. C’est un code spécifique.
3) Les éléments du Mythe sont plus complexes que les éléments linguistiques. Mythèmes = tas de
relations.

DANS LE COMPLEXE D’OEDIPE


Là le mythème est : Oedipe a tué son père.

I II III IV

1) Cadmos cherche sa
soeur Europe
2) Les spartois
s’entretuent
3) Cadmos tue le dragon

4) Labdakos, grand père


d’Oedipe était boiteux
5) Oedipe tue son père
6) Laïos, père d’Oedipe
est gauche
7) Oedipe tue le Sphinx
8) Oedipe a épousé sa
mère
9) Oedipe veut dire : pied
10) Teocle tue son frère enflé

11) Antigone enterre son


frère Polynice
I LES LIENS DE II SOUS ESTIMATION III L’HOMME EST IV L’HOMME NE
PARENTE DES SENTIMENTS SUPERIEUR A MAITRISE PAS LA
SUREVALUES FAMILIAUX L’ORDRE DE LA NATURE
NATURE
La relation d’amour L’Homme sort de la Il n’a pas dépassé la
conduit au sacrifice; nature et de quelque chose nature.
Quelle est la limite des de plus; Il doit maîtriser
sentiments familiaux ? l’ordre de la nature.
DRAGON - SPHINX -
SERPENTS = se sont
l’expression désordonnée
de la nature, des
MONSTRES. Si Oedipe
répond à la question du
Sphinx, il est capable de
répondre à la nature.

D’où vient le surnaturel chez l’homme si ce n’est dans la nature ?


Pourquoi le même mythe nous rapporte deux thèmes différents : le rapport I - II et III - IV
Parce qu’ils ont quelque chose de commun. Il y a un détour. Il faut répondre à III - IV pour aller vers I - II
C’est la définition même de l’intelligence. L’intelligence c’est le détour. Cf. les expériences faites sur les
animaux (appats/cages/labyrinthes)

C’est sur l’interdit de l’inceste que se fonde la société. Si on dit que l’homme descend du deux, on est
en train de deviner qu’un enfant naît d’un homme et d’une femme. Si on dit qu’il vient de la nature de Un, il n’y
a aucune raison pour que l’homme ne couche pas avec sa mère ou sa soeur ou sa fille !
La société, c’est le rapprochement des cellules familiales; La société ne peut être fondée que sur des
lois. La première loi c’est l’Oedipe.

COURS DU LUNDI 12/86

DIFFERENCE ENTRE LA STRUCTURE ET LE SENS

STRUCTURE : relation non quelconque entre des éléments quelconque.


Dégager la structure du mythe ne dégage pas totalement le sens du mythe.
L’analyse structurale a apporté de la rigueur dans l’analyse scientifique.
Le sens de la structure est à l’extérieur de la structure.
Le sens n’a pas d’autre voie que la voie structurale.
La psychanalyse va relire le sens par rapport à la structure.
Le sens c’est autre chose à définir qui doit être mis en rapport avec le désir.
(L’objet du désir : dans le sens de la fin du désir, de la satisfaction)
Entrant dans la structure le sens va perdre définitivement la chance de satisfaire son désir.
Cf « L’Allégorie de la caverne » de Platon
Il y a un monde des sens.
Il y a un monde de la réflexion sur le monde des sens.
Jamais la réalité ne correspond à son idée. Il y a une chute à passer. L’Homme est condamné à assouvir
son désir sa pulsion. La pulsion n’a qu’un seul but : utiliser les objets pour atteindre la satisfaction; L’Homme est
sur terre pour jouir. La connaissance est moyen de jouissance.
La pulsion tend vers la jouissance.
Elle ne peut l’atteindre que par l’intermédiaire d’une structure spatiaux temporelle.
Ce moyen lui interdit d’atteindre sa jouissance.
L’individu est fondé à partir de l’intérêt de l’inceste.
Le mythe de l’Oedipe est un texte universel.

DELPHES THEBES Le roi et la reine ont le droit d’avoir des enfants mais ils sont
stériles.

CORINTHES Le roi et la reine veulent un enfant mais ils n’ont pas le droit.
Oedipe naît et on lui perce les talons et les pieds pour l’exposer.

Les éléments ne sont pas gratuits dans le mythe (des pieds troués aux yeux crevés)
La différence entre Thèbes et Corinthes est la suivante :
Corinthe était connu dans l’Antiquité comme la ville du tic, de l’illusion, du faux-semblant. C’est la
ville où l’être est certain d’être ce qu’il n’est pas.
On éduque les gens pour les convaincre que la conscience qu’ils ont d’eux-mêmes est fictive.
Oedipe va donc aller à Delphes pour apprendre qui il est. Il doit être le prince de Corinthe et il ne l’est
pas.
A Thèbes, on enseigne que l’homme coïncide avec sa conscience.
Cf. LACAN « Stade du miroir » Le sujet n’est pas dans la conscience mais dans l’inconscience.

LAIOS : père d’Oedipe. Il fuit Thèbes parce qu’il y avait eu une guerre. Il se réfugie à Athènes chez le roi
Pelops. Il rencontre le prince Chrysype, en tombe amoureux, l’enlève. Le roi Pelops le maudit. Laios va faire
pélerinage à Delphes. Il entend l’oracle qui le condamne à la stérilité. Hera va envoyer le sphinx à la porte de
Delphes parce qu’il se marie avec Jocaste, etc... Il a un fils et il décide de s’en débarrasser.

PREMIERE STRUCTURE : Désordre sexuel chez le père qui le conduit à s’acharner sur le fils.
Quel est le sens de ça ?
C’est la structure générale.
1ère version : Jocaste (première femme de Laios, mère d’Oedipe). Elle s’unit plus tard à Oedipe sans lui
faire d’enfant. Oedipe se remarie et il a 4 enfants.
2ème version : Jocaste (deuxième femme de Laios). Ce serait la première femme de Laios, Euryclis, qui
serait la mère d’Oedipe.

Les deux versions hésitant entre l’inceste réel ou l’inceste symbolique (Jocaste s’est mariée à Laios
beaucoup plus jeune que lui).

DEUXIEME STRUCTURE : La mère a une relation anormale à l’Epoux. Ni Laios ni Jocaste sont dans la
relation d’amour normale.

TROISIEME STRUCTURE : Le Sphinx (la sphinge)

1ère variante : la sphinge est la fille naturelle de Laios avant le mariage. (La sphinge mettrait en
question la rivalité fraternelle).

2ème variante : la sphinge descend des monstres.


Un de ces montres s’appelait Typhon; Il a été conçu par Gaia avec Pontos son fils aîné.
Typhon va s’unir à Echidna (la Vipère) et de ce mariage vont naître Cerber, l’Idre de l’Erne, la Chimère
et le chien Orthros; Orthros va s’unir à Echidna et de ce mariage va naître la sphinge qui est androgyne.
La sphynge représente un monstre, la nature livrée à elle même. L’interdit de l’inceste n’est pas un
produit culturel.
Différence entre la loi de la nature (universelle, extension sans fin) et la loi de la culture (particulière).
L’interdit de l’inceste qui est une loi culturelle est aussi une loi universelle. La pulsion, la force biologique qui
tend vers la satisfaction, quelques soient les motifs, l’énergie vitale étant naturelle est livrée à elle-même.

OEDIPE : ne reçoit aucun nom de son père (rupture avec l’origine qui l’a fait venir au monde)
Il est porté comme un chevreau (chevilles attachées)
Oedipe ça signifie : pied enflé (signe de la cicatrice laissée par le désir de mort de son père).
Le père d’Oedipe s’appelait Laios = être gauche
Le père de Laios s’appelait Labdakos = le boîteux.
Qu’est-ce que le nom ?
Le nom doit porter le désir du père ou de la mère.
Laios n’exprime pas de désir pour l’enfant.

LES PROTAGONISTES DU DRAME

LE SPHINX : répond à des questions qui ont un rapport symbolique avec la réalité.
Entrer dans le symbole, c’est ouvrir le monde de la nature à autre chose qu’à lui-même. Cela se peut par
l’intermédiaire du signe. Le monde de la nature c’est le monde du 1, le monde du signe c’est le monde du 2.

NATURE SIGNE (Signifiant/Signifié) SYMBOLE


X +

1 2 3

Le signe est accroché à la nature.


Dans le monde du signal il y a 2, mais le lien entre les 2 éléments du signe est naturel.
Exemple : « la fumée est le signal du feu »
La fumée et le feu sont là et entre eux il y a un rapport naturel.
Le signe apporte un message pas une réaction. Si par le signe on donne un premier sens à la nature, le
symbole c’est le sens du sens, c’est la surdétermination.

5ème acte : l’entrée dans le symbolique doit être payée par l’interdit de l’inceste. C’est la femme qui permet la
société. C’est elle la première « monnaie d’échange ».
L’ordre symbolique repose sur l’interdit de l’inceste.
L’ordre symbolique c’est l’ordre de la société.
Le principe dans l’entrée du symbolique c’est l’inceste.
L’INTERDIT DE L’INCESTE
Savoir que chaque signe lui-même repose sur une dimension d’absence.

Si la langue est un système fermé (dictionnaire), elle repose elle-même sur un trou.
Derrière chaque signe se dessine une dimension d’absence pour qu’il y ait une place à ma signification
personnelle refoulée.
Signe Symbole

Discontinuité/Rupture

Il n’y a aucun lien naturel entre les connotations ajoutées au signe vers le symbole.
Le symbole est capable de porter toutes les significations.
Le sens ne se délivre qu’à travers les structures, que ces structures soient matérielles (physique) ou
formelles (intellectuelles).
L’interprétation psychanalytique disant que le sens est en dehors de la structure.
Le sens se dégage par l’analyse de la structure.

Il y a plusieurs définitions du mot sens. Cela peut être :


1) La dynamique historique (le mouvement qui va vers une finalité, il ne s’agit pas de ce sens là qui
signifie la cohérence)
2) Le sens logique (même chose)
3) Le sens linguistique (non plus)
4) Le sens de l’Ouie et de l’odorat, etc... (non plus)

Tout cela c’est de la cohérence et non le sens.

LE SENS C’EST LE DESIR

C’est le rapport entre le but, l’objet du désir et la satisfaction que revêt le sens.
Le schéma du désir est cohérent avec le schéma du sens.
Le désir c’est la loi.
L’être de l’homme n’existe que dans la mesure où le désir reste continuellement insatisfait.
Le désir relance des significations les unes aux autres.
Le désir, c’est la loi de l’inceste.
Etre sujet, c’est être sujet du désir.
Il faut que le désir finalement soit castré de l’objet final de la satisfaction pour qu’il soit désir..

THESE : L’ORDRE DE LA PAROLE ET L’ORDRE DE L’IMAGE SONT DES ORDRES


SYMBOLIQUES

Tout est soumis à l’ordre symbolique, c’est-à-dire l’ordre de la parole. L’image n’est pas le mot.

L’ORDRE SYMBOLIQUE
Le mythe est organisé. Cette organisation est de l’ordre symbolique, ce n’est pas un ordre du signe.
Le signe c’est cette réalité maintenant perceptible qui renvoie à une réalité non visible maintenant
(signifiée).
Le symbole, c’est cette réalité sensible (le signifiant) qui renvoie à une réalité non perceptible,
impossible à réaliser, impossible à atteindre. (Exemple : le langage poétique)
Il arrive à réveiller les lecteurs aux significations que contient la réalité mais auxquelles ils sont
aveugles.
Le poète s’appuie sur une expérience pour l’ouvrir sur un sens que je ne connais pas. Il transmet une
orientation.
Paul VALERY : « Ce que j’écris ne regarde que moi et n’a de sens que pour moi » (mais j’ai écrit
formellement afin que chacun puisse ouvrir le sens). C’est une forme organisée ouverte à l’infini.

L’ORDRE DE LA PAROLE :
La loi essentielle du psychisme est l’association
Les loi de l’association dans l’ordre des images conscientes :
- la ressemblance
- le contraste (une forme de la ressemblance)
- la contiguïté (deux faits de conscience sont donnés de façon contigu)

Le langage obéit à un certain nombre de tropes (tout emploi figuré de mots ou d’expressions)
Ces figures de style peuvent être réduites à deux figures principales :
- la métaphore (qui obéit à la ressemblance)
- la métonymie (qui obéit à la contiguïté)

La Métaphore est une figure de rhétorique par laquelle on transporte la signification propre d’un mot à une autre
signification qui ne lui convient qu’en vertu d’une comparaison sous entendue (exemple : « sa gerbe n’était point
avare ni haineuse »)

La Métonymie est une figure de rhétorique qui consiste à désigner un objet au moyen d’un terme désignant un
autre objet uni au premier plan par une relation de cause à effet, de contenant à contenu (exemple : « j’aperçois
30 voiles à l’horizon »)

L’ORDRE DE LA SYNTAXE DU LANGAGE obéit à deux lois (cf. JAKOBSON)


(Ordre de la structure générale de la parole)

1) Le Paradigme : l’axe des choix que le locuteur doit faire pour parler
2) Le Syntagme : l’axe du temps de succession.

CHOIX de l’ordre de succession des mots : J’ ECRIS SUR LE TABLEAU


pronoms verbe etc...

PARADIGME (choisir pour laisser tomber les autres)

il
tu
SYNTAGME je
nous
vous
ils

Les lois de l’association dans l’ordre des images inconscientes (exemple dans les rêves) :

1) : Condensation : surdétermination des termes, des images (fondé sur la ressemblance)


Chaque image du rêve est surdéterminée car elle renvoie à un certain nombre de significations.

2) : Déplacement (d’accent, d’énergie par une censure)


Le déplacement est fondé sur la contiguïté.

Les images conscientes comme les images inconscientes obéissent aux mêmes lois :
LA METAPHORE ET LA METONYME

Le psychisme dès qu’il commence à s’organiser, s’organise spontanément par le langage.

CONNAISSANCE

LANGAGE DESIRS - TENDANCES - BESOINS

AFFECTIF : émotions, passion, sentiments

COURS du ?

QU’EST-CE QUE LE SENS,

Le sens renvoie toujours à autre chose qu’à lui-même.


Exemple : le sens linguistique (signifiant - signifié). Le rapport entre le signifiant et le signifié est
conventionnel. Il n’y a aucun rapport entre le signifiant et le signifié à l’intérieur du signe. Le monde du sens
c’est le lieu du renvoi infini des significations les unes aux autres.
Dans la linguistique, le monde du sens revient dans un sens clos (dictionnaire). Le monde des images
permet d’ouvrir et de créer, autrement c’est la névrose ! Le monde des paroles doit être sauvé par le symbole.
Pourquoi le monde du sens, du symbole fonctionne comme ça ?
Pourquoi suis-je toujours renvoyé à quelque chose d’autre ?

En regard du travail de composition d’une dissertation :


L’ordre de la création n’est pas l’ordre de la rédaction.
L’ordre de la découverte des idées est chronologique, l’ordre de la composition est de l’ordre du logos.

Grâce à l’analyse du monde des images et de la parole, on a montré que les deux sont régis par la loi du sens (du
symbolique) et pas seulement des lois de la signification.
Il y a donc un ordre « symbolique » dont le monde de l’imaginaire (monde de représentation) et du
discours sont des productions.

ANALYSE DU MONDE SYMBOLIQUE

I - Quelles sont les lois intérieures de ce monde-là ? Quelles sont les structures ? Aussitôt découvert le monde du
symbolique je peux me laisser régresser dans le monde du signe, de la signification (névrose, société totalitaire).

II - La considération du monde symbolique n’implique-t-elle pas une conception du sujet (l’homme) ?

III - Aujourd’hui l’analyse de l’univers symbolique n’est il pas le seul chemin philosophique du sujet ?

Exemple dans la philosophie grecque.

UNIVERS DE LA PAROLE
PLATON « Le Cratile » ARISTOTE « De L’interprétation »

Il essaie de répondre à la question de l’origine du Régime diurne des signes


langage considérant les polysémies des mots. Il Il veut que les choses soient définies en elles-mêmes
découvre cette ouverture du monde symbolique vers une définitivement. Il renvoie à ce qu’il appelle la
réalité dont la substance ne dépend plus de l’ordre rhétorique et la poésie. Aristote nous oblige à définir le
symbolique. C’est ça l’idéalisme de Platon (à bien signe d’une manière objective, de telle manière que la
définir !) science soit possible. Principe d’identité. Principe de
Platon découvre le régime nocturne du symbole. Il lui non contradiction. Là Platon a davantage raison
faut le langage du mythe pour expliquer ce monde du qu’Aristote.
symbole. Pourquoi alors n’admet-il pas le poète dans la
société ? Parce que selon lui, le poète s’exprime par
rapport aux reflets du monde réel et s’appuie sur
l’illusion.

Sujets à traiter :
1) La parole et l’image ne sont-elles qu’un système de signes ou des ouvertures à l’univers symbolique ?
(exemples sur la parole, exemples sur l’image et réponses)
2) Qu’est-ce que parler veut dire ? (à travers ce qu’il dit)
3) L’histoire a-t-elle un sens ?

I FONCTIONNEMENT DU SYMBOLIQUE EN LUI-MËME

A - Du discours au symbole (comparer et en tirer des lois)


Le monde de la parole est un monde de signes
Le monde du signe est le monde réservé au linguiste (quand c’est la parole)
Il n’y a que la linguistique qui peut en venir à bout.
Il n’y a pas de symbole sans signe.
Dans le symbole il y a un facteur pré-linguistique.

B- Comparaison du symbole et du signe à travers la métaphore.


Dans le passé, la métaphore a été définie comme un ornement du discours qui sert à persuader en plus
de convaincre.
Pourquoi ne pas se parler directement comme en prose courante ?
Le rapport entre le langage propre et le langage figuré n’est pas essentiel. Cet ornement a une valeur
émotionnelle. Il faut être persuadé en plus d’être convaincu ! C’est le travail de la rhétorique qui atteint ça. La
métaphore est une substance morte. Il y a la proposition et la croyance.
Exemple : je vois un arbre et en plus il faut que je crois que je le vois réellement.

Avec Paul RICOEUR, on va demander au langage poétique si la définition (donnée par les théoriciens) de la
métaphore est valable.
Exemple : dans la démarche discursive qu’on appelle la prose directe, on procède du signifié au
signifiant (de l’intérieur vers l’extérieur). Or, la démarche de la poésie est exactement inverse, elle va du
signifiant au signifié, elle va de l’expérience de la parole à l’idée.

MALLARME (réponse au peintre) : « Ce n’est pas avec des idées qu’on fait des sonnets, c’est avec des mots
qu’on fait des idées ».
Le processus métaphorique caractérise la poésie.
En poésie, il y a des figures mères, des mêmes images persistent quelque soient les cultures. Il y a
même des images mères, matrices caractéristiques de chaque culture.
La métaphore n’est pas simplement un ornement mais elle vient ouvrir au monde de la culture
différemment.
La métaphore apporte une information nouvelle à la forme prosodique.
Exemple : dans le monde symbolique il y a non seulement le signe, mais un facteur mon linguistique
qui s’applique à la métaphore.

4) à travers l’Histoire des religions.

Il y a des entités concrètes caractéristiques de chaque religion.


Exemple : l’Arbre sacré - Le labyrinthe - La Verticale, l’horizontale - l’échelle - la croix - la montagne -
le vol.
Le symbole est vécu comme un ajout au signe.
L’histoire des religions nous montre que dans le fonctionnement symbolique il y a un surplus de symbole par
rapport au signe.

3) à travers la psychanalyse
Dans les rêves.
Le symbole met en rapport deux dimensions, il relit deux dimensions. Une dimension linguistique et
une dimension extra-linguistique. Donc, passer du discours au fonctionnement métaphorique du symbole c’est
nécessaire parce que le symbole relie les deux dimensions. C’est montrer que le symbole peut relier les deux
dimensions parce qu’elles ne sont pas de même nature.
FREUD dit qu’une hystérie de conversion est un symptôme car ça renvoie à une substance psychique. Nous
sommes continuellement dans des expériences à ces deux dimensions. Le symbole c’est : installer une relation
dans une discontinuité.
LA METAPHORE VIVE
Il faut passer continuellement du signe au symbole et dégager la tension entre les éléments du symbole
et c’est cela qui fait penser. La métaphore apporte quelque chose de nouveau sur la réalité.

C - DE LA METAPHORE AU SYMBOLE

1) Le noyau sémantique du symbole (sa relation au signe). Le symbole se prête à l’analyse linguistique
(structurale).
C’est l’interprétation qui dégage les deux niveaux de signification. L’interprétation consiste à ouvrir le signe au
symbole. Elle met en rapport deux niveaux de signification. Le symbole, c’est la théorie du double sens. Un
premier sens linguistique, un deuxième sens symbolique.
Le surplus d’interprétation est toujours le résidu de l’interprétation littérale.
Il n’y a pas de théorie qui ne laisse pas de déchet. Ex : la grille d’explication du monde (causalité, etc...)
Cet esprit scientifique ça laisse toujours un surplus de signification moral (ex : le mal)
Le symbole est in-intégrable; C’est le surplus qui donne accès au symbole.
Autre exemple (chez PLATON) :
- c’est l’Allégorie qui est le processus interne du monde symbolique. L’Allégorie n’est pas un mythe,
pas un symbole. Lorsqu’on a compris le contenu de l’allégorie on peut se débarrasser du contenant. L’Allégorie
est un procédé didactique.
Le symbole assimile les choses les unes aux autres, il empêche l’homme de se laisser enfermer. Le symbole c’est
l’exégèse sans fin (l’interprétation infini - penser plus)
Le symbole vient révéler à l’homme qu’il est capable de penser plus qu’il peut produire et c’est pourquoi il vient
toujours de l’extérieur. Autant d’hommes, autant d’interprétations possibles. On a vite fait le tour de
l’entendement et des catégories de l’entendement. Cf. KANT - DESCARTES. Là ils ont fixé les limites.
Le symbole vient susciter à penser plus que ce qu’on contient en réalité.

2) Le monde non sémantique du symbole.


Quelque chose est inscrit dans le symbole qui ne passe jamais dans le signe et qui ne sera jamais
exprimé.
Le symbole rappelle qu’au-delà du signe il y a une réalité que l’on ne peut pas signifier, elle est extra
linguistique.
Le symbole est enraciné dans l’existence et l’existence est au-delà des champs divers qui l’étudient.
L’activité symbolique est une alliance perpétuelle, elle relie ce que le discours sépare, c’est pourquoi elle n’est
pas autonome.

3) en psychanalyse.
L’activité symbolique est un phénomène de frontière entre le désir de l’individu et l’identité culturelle.
Le symbole est un processus de relation. Le symbole vient entre le désir et le jeu du signifiant, entre le logos et le
bios (lois de la langue, désir déposé dans la langue)
Derrière le jeu du signifiant, le désir de l’individu se donne métaphoriquement.
Dans le symbole, la force et le sens coïncident.
La langage et la psychanalyse est mixte (la psychanalyse est aussi symbolique), la psychanalyse décrit le
phénomène de frontière.
4) L’Histoire des religions.
Rudolph OTTO : pour lui, ce qui caractérise la religion, c’est la puissance, le sacré (de nature physique et
psychique).
Cette puissance ne passe pas par l’articulation linguistique. Grâce au symbolique c’est possible.
Le Rite et le Mythe.
La capacité religieuse de dire est fondée sur sa capacité de symboliser. La logique symbolique n’a rien à faire
avec la logique rationnelle. Il y a donc bien un emploi représentatif conceptuel de la raison, il y a une rationalité
symbolique. Il y a un ordre symbolique caractérisé par l’emploi de la recherche de la raison infini.

C - Le symbole ne peut relier le discontinu que symboliquement.


2ème principe de l’univers symbolique.
Il y a donc deux types d’intelligibilité.
1) L’intelligence structurale (éléments, unités, signifiants, signifiés, etc...)
- la linguistique synchronique
- Le langage comme système clos (phonologie, dictionnaire, etc...)
2) La philosophie symbolique du discours (phrases, énoncé, textes)
- L’aspect chronologique
- Le dehors du langage.
Le signe dans la linguistique n’est pas mis pour une chose, il se définit par opposition aux autres signes. Il est en
lui-même une référence interne. Or, le pivot de l’enquête, c’est s’ouvrir à la phrase, à l’énoncé.
Ex : Est-ce que le lien qu’il y a entre les phrases est le même que la loi à l’extérieur de la phrase ?
Non, car le texte c’est le lien entre les phrases.
Le pivot de l’enquête sur le symbolique c’est la phrase, l’énoncé. L’unité de la linguistique c’est le signe. L’unité
du symbole c’est l’énoncé, la phrase.
Ex : un texte a rompu avec son auteur, avec son lecteur. Un texte a rompu avec son contexte culturel. La seule
compréhension du texte est possible grâce au symbole. C’est toujours une reprise, une relecture philosophique ou
psychologique. Il faut interpréter un texte pour notre culture à nous. Le discours symbolique est un acte, un
événement. Parler, c’est toujours un acte évanouissant. Il s’oppose en tant que tel au système de la langue. Parler,
c’est dans l’histoire et c’est une manière d’être dans l’histoire. Parler c’est subversif; Le discours symbolique
repose sur des choix. Le discours symbolique s’oppose au signe, au système. La parole symbolique, c’est
s’ouvrir à des combinaisons neuves, inédites. C’est le fonctionnement symbolique qui relance l’histoire et la
culture. C’est l’activité symbolique dans l’homme qui le relance. Le symbolique a une référence extra discursive.
Parler, c’est toujours parler de, mais, parler c’est parler à.
L’Univers symbolique désigne parce qu’il renvoie au sujet face au système qui est anonyme. La relation par
excellence est la relation intersubjective.

COURS du LUNDI 27/4/87

Comment fonctionne l’Univers symbolique en lui-même ?


Il nous reste à établir, à partir de la réflexion sur l’univers symbolique et sa relation au sujet, un seuil
d’anthropologie, c’est à dire... Essayer de constituer cette philosophie du sujet, à partir de la réflexion sur
l’univers symbolique et la relation entre le sujet et les signes extérieurs. Pourquoi ? Parce que on va découvrir
que le sujet est ad d’interprétation et non pas ab de pensée; L’acte fondamental de l’homme, Socrate s’est
trompé, c’est pas la pensée. Il faut reprendre donc pour réviser le cogito et essayer de donner une signification
non plus seulement phénoménologie, au-delà de l’interprétation phénoménologique du cogito et montrer que la
pensée est seconde. Non pas le premier acte de l’acte originel. Nous avons commencé à analyser l’univers
symbolique et nous avons vu que la définition du symbole pouvait venir du fait qu’il consiste, son acte essentiel,
consiste à relier. Nous sommes dans le monde du signe et donc nous sommes dans le monde du 2, c’est-à-dire
dans le monde où, contrairement au monde de la nature ou la vue renvoie à elle-même, dans le monde du signe
(par définition même, le signe c’est ce qui met en rapport un signifiant à un signifié) donc quand on va dans le
monde du signe, on va dans un monde qui fait référence toujours à autre chose qu’à lui-même.
Seulement, à la différence du signe, le symbole relie deux réalités différentes l’une de l’autre.
Le signe relie quand même deux images ; l’image phonique et l’image psychique, donc ça reste cohérent.
... Et puis, ça vous renvoie au signifié, ça vous renvoie à l’image. Le symbole est un signe particulier. A la
différence du signe (en général), les signifiants et les signifiés ne sont pas de même nature.
Quand vous dîtes par exemple que la mélancolie peut être symbolisée par le saule, le saule pleureur. Le saule
pleureur c’est une réalité que vous voyez et la mélancolie, c’est un état psychique qui n’a rien à faire avec le
saule. Le saule n’est pas là pour vous suggérer la mélancolie. Entre le signifiant et le signifié, il y a cette rupture,
la barre de fraction qui ne relie pas, elle sépare. Le symbolique oriente vers le signifié mais ne le nomme jamais
précisément parce qu’ils sont de nature différente.
Comment voulez-vous que je vous parle de Dieu si c’est pas symboliquement ? Exemple, quelqu’un dit : « je
n’ai pas d’argent » (monde du signe). Mais dès que vous vous mettez à dire : « qu’est-ce qu’il me demande
derrière la demande d’argent », vous êtes dans le symbole. Et ce qu’il vous demande derrière la demande
d’argent, vous l’atteindrez jamais, parce qu’il ne le sait même pas lui-même !
Mais par le symbole il vous dit qu’il le demande. C’est ce que ne comprend pas souvent la mère par rapport à
l’enfant. Quand l’enfant demande le lait, la mère joue sur le signe avec lui, c’est pourquoi elle le tue, elle le
névrose, parce qu’il veut le lait et on lui donne le lait ! Ca c’est vrai s’il meurt de faim, on lui donne le lait, ok !
Mais elle ne dit pas que nous sommes dans un monde humain, dans une philosophie du sujet et que l’autre, en
exprimant, en articulant sa demande de lait, d’un besoin, est en train d’articuler une autre demande derrière la
demande. Il demande à travers le lait autre chose. A ce moment-là la mère fonctionne symboliquement avec
l’enfant et l’enfant sera équilibré parce qu’il n’est pas enfermé dans le signe. C’est la même chose sur le plan de
l’institution scolaire. Que l’élève dans l’école primaire soit faible dans telle et telle matière alors qu’on travaille
pour lui dans le signe, alors on lui donne un professeur, on lui donne des heures supplémentaires et on enlève ses
heures de tennis, de basket, etc..., ses heures de scoutisme ou de catéchisme, on les remplacera par des
mathématiques, parce que c’est plus important ! On lui donnera pas de professeur supplémentaire pour le
catéchisme s’il est faible !, mais pour les mathématiques on lui en donnera. Mais on ne comprendra pas que la
cause de ce qu’il demande n’a rien à faire avec les mathématiques ou le signifié concret à travers lequel il
demande. La preuve, rendez le fort en mathématiques, il vous déplacera la demande sur l’anglais, rendez le fort
en anglais, il vous déplacera la demande sur le latin. Parce qu’il est en train de vous demander quelque chose à
travers cela.
S’il y avait un autre signifiant beaucoup plus important que les maths ou la philosophie ou l’anglais ou la
psychologie, l’enfant signifierait sa demande à travers ces signifiants culturels. Mais les signifiants culturels sont
tout à fait secondaires. Mais la relation intersubjective est porteuse d’une demande et quand elle est lue
symboliquement, ça signifie qu’elle oriente l’objet de cette demande sans jamais qu’aucun des deux
interlocuteurs ni le locuteur ni le récepteur ne peuvent préciser l’objet de cette demande. Cela veut dire que le
signifié, dans le symbole par rapport au signe, devient signifiant, et nous sommes renvoyés aux significations les
unes aux autres d’une manière infinie.
Et c’est comme ça que nous vivons tous les jours ! Donc nous sommes ad d’interprétation continu. Nous
interprétons continuellement puisque nous n’arriverons jamais à la vérité en elle-même. La philosophie
cartésienne est une interprétation, est une conception du sujet? La preuve, c’est que tout le monde n’est pas
cartésien. Mais alors, on peut avoir une conception de l’homme ou de la relation, à la manière kantienne, avec les
catégories, la sensibilité, l’entendement, etc... C’est une conception de l’homme. Mais c’est une conception parce
qu’on peut très bien ne pas être kantien et être hégélien. On peut être sartrien, structuraliste, psychanalyste... Ca
veut dire qu’il ne faut pas tirer de ça que donc il n’y a pas de vérité comme les sophistes l’ont dit. Les sophistes
avaient tort sur une constatation vraie. Que, à partir du moment où l’on commence à réfléchir pour chercher la
vérité, comment il se peut dit-il, avec le bon sens qui est la chose du monde qui est la mieux partagée, avec la
même raison, il y a autant de philosophie que de philosophes ? C’était donc que la vérité est impossible puisque
tous les philosophes utilisent la raison ! Descartes lui pense à autre chose, Aristote également. Aristote déjà, le
premier, avait dit : « non, ce n’est pas de la faute de la raison, c’est parce que l’homme n’en a pas conscience, il
l’emploie spontanément, c’est une question de savoir bien l’employer. » Et il nous montre, selon l’Organum,
comment employer selon la logique et la raison le syllogisme et vous trouverez la vérité. Et Sartre ?
Cela ne veut pas dire que Sartre n’emploie pas de raisonnement philosophique, cela ne veut pas dire que
Descartes ne raisonne pas. Vous ne pouvez pas surprendre ces grands philosophes et ces génies en flagrant délits
de contradiction avec eux-mêmes. Ils utilisent la même raison et pourtant ils arrivent à des philosophies
différentes. Par conséquent, ce n’est pas la faute de la raison, ce n’est pas la faute de l’homme qui emploiera la
raison.
Toute vision du monde est interprétation.
Lorsque nous lisons les textes, toute interprétation est une lecture, il faut qu’il y ait une définition, une
conception de la lecture. Qu’est-ce que c’est lire ? Et quand je dis lire, ce n’est pas simplement avec les yeux des
textes, mais lire le monde aussi avec tout le corps. Quand vous dîtes que ça c’est le ciel bleu, vous saurez que
vous êtes en train de lire. Lire c’est à dire percevoir, organiser, faire entrer votre expérience, l’organiser comme
un démiurge.
L’acte fondamental de l’homme c’est la lecture. C’est-à-dire, faire entrer une expérience dans l’univers du sens,
dans l’univers du signe. Et les phénoménologues l’ont compris. Parce que l’homme est acte psychique et parce
que l’acte essentiel (et là ils ont eu tort) du psychisme, c’est comme dit Descartes le cogito, c’est-à-dire la
conscience. Parce que l’homme est conscience il y a un sens. Il n’y a de sens que par rapport à une conscience. le
mur n’a pas de sens, il est ce qu’il est mais donnez-lui la conscience et il sera qu’il n’est pas mur, il se met à lire.
Il n’y a de sens que par rapport à un acte psychique. Il n’y a de sens (disaient les phénoménologues) que par
rapport à un acte psychique. Et pour les phénoménologues, l’acte psychique essentiel c’est la conscience (là c’est
la place de la psychanalyse); En cela ils sont cartésiens les phénoménologues. Ils parlent du cogito; Il y a une
reprise phénoménologique du cogito. Descartes est génial dans ce sens-là.
Donc je pense, c’est-à-dire je suis. Qu’est-ce que je suis ? Une pensée ? Que veut dire une pensée ? Une
conscience d’abord. Et si je suis conscience, il faut bien que la conscience soit là pour que les choses
apparaissent. Sans la conscience y aurait-il quelque chose ? Finalement, il n’y a qu’une seule réalité : la
conscience. Et cette conscience est une conscience intentionnelle, c’est-à-dire qu’elle vise autre chose qu’elle-
même. Il y a toujours ce renvoi du signifiant au signifié. L’acte de conscience est ce qu’on appelle aujourd’hui le
but conscient, c’est-à-dire la structure de la conscience, al visée de la conscience. Et donc, dès que cette
conscience est en relation à deux, il y a divorce. Il y a ce qu’est la conscience et ce dont elle a conscience; Vous
êtes dans le monde du signe. Donc, si la lecture c’est ça, c’est l’interprétation, alors il faut bien définir que veut
dire « toute lecture est interprétation ». Donc qu’est-ce que la lecture ? Et deuxièmement, qu’est-ce que lire, et
plus particulièrement pour nous philosophes, qu’est-ce que lire un texte ?
Quand on entre dans l’univers symbolique est-ce que j’arriverai un jour à dire ce qu’est la philosophie
platonicienne en elle-même, véritablement, objectivement, ou est-ce que je ne suis jamais que devant des
relectures et des reprises de la philosophie platonicienne ? La preuve, il y autant de Platon que de lecteurs, de
même pour Descartes ! Il ne faut pas s’en désoler ou s’en traumatiser, tous les savants sont devant la même
chose.

Qu’est-ce que la lecture ?


Nous avons, dans le monde des sciences humaines deux théories de la lecture en général :
1) celle de la phénoménologie.
Exemple : dans la phénoménologie des religions. C’est-à-dire l’histoire de la lecture des mythes et des
religions.
VILTHEY : théorie de la compréhension en général.
GIEROULE : histoire de la philosophie d’une manière phénoménologique.

2) celle du sémiologique :
BARTHES
LEVI STRAUSS
Ferdinand de SAUSSURE
HEIDEGGER
GADAMER

La théorie phénoménologique est en quête du sens des symboles et du mythe. Elle vise à faire apparaître (et c’est
déjà un aspect positif de la méthode) la cohérence propre du monde symbolique. Elle montre que le symbole
n’est pas une production de la distraction de l’esprit, qu’il soit dans la religion, dans la philosophie, dans
l’allégorie, dans le mythe, ce n’est pas du délire, ce n’est pas une récréation de l’esprit, ce n’est pas une science
balbutiante.
L’univers symbolique a sa cohérence propre et ses propres lois.
Il y a quelque chose de commun à tous les phénomènes symboliques. Il y a donc un sens qu’il faut chercher.
Seulement, l’activité de comprendre le monde symbolique s’inscrit à l’intérieur d’un double présupposé :

1er présupposé : il faut fonctionner symboliquement pour expliquer le monde symbolique. Quand vous
êtes en train d’analyser l’univers symbolique, vous restez en acte psychique en train d’interpréter et de
fonctionner symboliquement. Parce qu’il n’y a pas moyen de sortir du symbole pour pouvoir analyser le symbole
puisque l’homme fonctionne toujours symboliquement. Quand vous réfléchissez sur le symbolique, ce que vous
dîtes reste symbolique.
C’est le diallèle, le cercle her..?.. vicieux.
Aucune science ne peut éviter ce diallèle. C’est-à-dire le fait d’utiliser le défini pour le définir. Pour définir un
objet, il faut sortir de l’objet. Vous ne pouvez pas dire l’émotion c’est une émotion psychique affective ! Il faut
sortir de l’émotion pour dire, c’est un acte psychique ou dynamique. Vous êtes sorti de l’émotion, vous allez par
exemple dans la pensée, vous n’êtes pas ému, vous vous souvenez de l’émotion, vous voyez quelqu’un
s’émouvoir et vous êtes à l’extérieur de l’émotion pour pouvoir la définir. La preuve, c’est que pendant que vous
vivez l’émotion vous pouvez pas définir l’émotion. Réfléchir sur l’émotion, à savoir ce qu’elle est, pendant que
vous la vivez, c’est la perte de l’émotion.
Comment voulez-vous être en colère et analyser la colère ? C’est impossible. Donc il y a un diallèle à
présupposer qu’on appelle le cercle d’interprétation qui est la manière générale d’exprimer le cercle du
psychisme et de la pensée en général; L’acte psychique, la pensée, est obligé d’entrer dans ce diallèle pour
pouvoir fonctionner.
Exemple : vous êtes savant, vous croyez que le monde est rationnel, qu’il y a des lois dans le monde. Si
la pluie tombe, c’est qu’il y a des lois dans le monde. Si la pluie tombe, c’est qu’il y a des lois sinon elle ne
tomberait pas ! Si vous lâchez un verre et qu’il se casse, c’est qu’il y a des lois, c’est que la terre se trouve
malheureusement pour vous plus résistante que le verre, c’est pourquoi elle envoie le verre en fracas. Donc vous
croyez que le monde est organisé rationnellement. Il faudrait à ce moment sortir du diallèle, sortir du monde et
sortir de la pensée pour bien vérifier que le monde est bien comme cela. Il faut, par la raison, montrer que le
monde est rationalisable; C’est la raison qui s’utilise elle-même ! C’est la contradiction interne dans
l’épistémologie. Toute connaissance implique que vous êtes pris dans cette connaissance. Mais c’est encore pire
dans les sciences humaines. Dans les sciences humaines où l’objet coïncide avec le sujet puisque c’est l’homme
qu’il faut étudier et qui l’étudie ? L’homme ! C’est là que le diallèle se montre le plus.
La première condition de ...?... c’est précisément qu’il n’y a pas de neutralité scientifique. C’est ça que révèle le
symbole... C’est ce que disaient les religieux au moyen âge. Vous voulez comprendre la foi ? Il faut avoir la foi.
Alors il faut croire pour comprendre et plus vous comprenez plus vous avez la foi. Et ayant une foi plus profonde
vous comprenez davantage la foi. La comprenant mieux vous l’approfondissez et l’ayant plus profonde vous la
comprenez. Et on reprochait ça aux religieux en disant : « Vous les religieux, vous êtes dans le diallèle et la
contradiction, c’est stupide d’avoir la foi pour comprendre, etc... Vous êtes en train de tourner en rond ! » Et on
trouve dans les sciences la même chose !
... l’ordre du monde parle de vous, il parle pas du monde.
... Puisque les catégories à priori de ma sensibilité, l’espace et le temps (pour le temps là il s’est trompé Kant)...
Mais essayons de voir la forme de son esprit. Il a raison. Le temps et l’espace n’existent pas à l’extérieur de moi
et sont des données de mon corps. C’est parce qu’il a un corps dans l’espace et le temps, alors je suis obligé de
l’organiser dans l’espace et le temps. Cette première synthèse spatiaux temporelle va être prise par les catégories
de la raison, de l’entendement (il y en a 12) Et ces catégories de l’entendement sont à priori.
Ensuite, les idées de ma raison (le moi) vont prendre en charge la deuxième synthèse pour la synthétiser
davantage, donc l’ordre du monde il est en moi. C’est une autre manière de parler du diallèle. Comment savoir
s’il y a vraiment un haut et un bas dans le monde, un devant et un derrière ?
Comme disait Sartre : « Je suis en situation », et rien n’a de sens en dehors de la situation où vous êtes. Donc
parler de la liberté, c’est parler de quelqu’un qui en parle à partir d’une situation.
Si Monsieur Abécassis parle de la liberté, c’est quelqu’un qui est né à un moment donné, dans un milieu donné,
transporté, exilé, étudiant, etc... et puis mesurant un mètre 80 avec une sensibilité grossière ou fine, sa culture
artistique grossière ou fine, avec sa barbarie,... c’est à partir de là que ce que je dis de ma liberté a un sens.

« Monsieur et Madame Térieur ont deux enfants comment ils les appellent ? » Alain et Alex. Vous riez ? Et bien
l’homme du moyen âge ne rirait pas ! Le présupposé culturel est imputé dans l’acte de comprendre. C’est comme
ça que l’acte de compréhension en général, d’interprétation s’ouvre à tous les univers symboliques. L’homme est
condamné à l’interprétation. Et c’est ce qu’elle a fait la phénoménologie, elle s’est développée sur le terrain
philosophique cartésien, mais elle s’est ouverte à la psychologie, à la sociologie, à la linguistique, à la
psychanalyse, à l’histoire des religions.
Et c’est ça l’acquis définitif avec la phénoménologie, c’est grâce à la phénoménologie, quand elle a compris que
l’homme est sens, et il n’y a de sens que parce qu’il y a un homme. La phénoménologie est devenue une
méthode générale de lecture de toutes les sciences.
Symbolisme donc qui dépend de la contingence culturelle. La question de l’interprétation, comme toutes les
questions humaines, est située. Même la question scientifique est située et même la question philosophique est
située.
Vous ne pouvez pas comprendre la naissance de la philosophie si vous ne comprenez pas la situation de la Grèce
au 5ème et 6ème siècle. Et vous ne pouvez pas comprendre pourquoi la question philosophique par excellence
c’est question de l’être, tout de suite la philosophie a fait de l’ontologie. Qu’est-ce que l’être en tant qu’être,
quelles sont ses lois, pourquoi la question de la philosophie première, fondamentale reste et a-t-elle toujours été
la question de l’être ? Mais il faut replacer cela dans la civilisation grecque du 5ème et 6ème siècle pour
comprendre pourquoi c’était la première question. C’est-à-dire que c’est à travers, cela ne veut pas dire que ce
n’est pas une question universelle, c’est vrai que la question de l’être... Etre ou ne pas être, c’est la question et
qu’est-ce que c’est qu’être ? C’est vrai qu’elle est fondamentale, elle est universelle. Mais il reste quand même
que se sont les grecs, à un moment donné, à l’intérieur d’une culture et d’une histoire située, qui l’ont fait éclore,
naître au monde. Et de cela le monde, l’univers leur en sera éternellement reconnaissant. La preuve c’est que
cette question de l’être n’a pas préoccupé les autres nations. Les juifs et les chrétiens compris sont préoccupés
par autre chose. Les Perses qui sont venus juste à Crète, à la porte d’Athènes, sont préoccupés par autre chose
que la question de l’être.
Donc il faut s’appuyer sur la contingence culturelle et individuelle personnelle pour comprendre.
BACHELARD : « L’esprit scientifique prend forme à la lecture scientifique du monde, et la lecture scientifique
du monde rejaillit en retour sur votre esprit scientifique pour l’affiner, votre esprit scientifique étant affiné, il
affine sa lecture scientifique du monde et cette lecture scientifique étant affinée elle revient de nouveau sur
votre...?... pour l’affiner. C’est le dialogue permanent entre la raison et la réalité. »
Jusqu’à présent nous avons réfléchi à la statique de l’interprétation, à la statique de la lecture. Réfléchissons
maintenant sur la dynamique de la lecture. La dynamique phénoménologique de la lecture qu’est-ce qu’elle est ?
Et bien la phénoménologie compare les données, elle classe les données dans tous les domaines (psychologiques,
sociaux des religions, mythes, légendes, contextes...) elle classe ces données. Elle découvre derrière la
description et la classification des symboles du mythe et des rites, elle découvre une dynamique. C’est-à-dire que
le monde symbolique n’est pas statique, il est traversé de part en part par un effort de dépassement continu qui ne
vient pas du sujet.
Par exemple : les mythes luttent les uns contre les autres pour se dépasser. Les mythes apparaissent
contradictoires et la contradiction c’est l’articulation de leur dynamique. C’est les lectures scientifiques qui
étudiant le dynamisme de l’univers symbolique, le solidifient. Et quand le symbole se solidifie il devient signe.
Le signe, c’est la solidification, la perte de la vie du symbole. Le signe c’est la mort du symbole. C’est ce qu’a
fait la phénoménologie pendant longtemps. Or il faut respecter cette contradiction des symboles du mythe.
Je vous ai donné cet exemple que j’ai emprunté à RICOEUR parce que c’est le grand spécialiste de
l’interprétation, l’exemple que je vous ai donné sur la faute. La définition de l’acte qu’on appelle la faute, le
péché, la révolte, une liberté morale, le mal, le bien, vous voyez chaque définition qu’on peut lire ! Mais on peut
généraliser avec RICOEUR. Ricoeur s’aperçoit qu’il y a un premier jet du mal, il y a un mythe sur le mal qui se
trouve dans « ... de la volonté » qui est un livre formidable, jamais dépassé je pense et où il atteint l’essentiel où
il prend en exemple le mal. Il veut savoir comment dans le mythe on a exprimé le mal, dans la philosophie
qu’est-ce que le mal chez Platon, chez Aristote, chez Descartes, dans la bible. Et il pose la question au mythe.
Qu’est-ce que le mal ?
On s’aperçoit que dans la mythologie grecque, le mythe est traversé par une contradiction entre deux grandes
catégories (deux notions) sur le mal. A l’intérieur des grecques, à l’intérieur des latins, à l’intérieur des
amérindiens, il n’y a pas de civilisation qui n’ait pas deux mythes contradictoires sur le mal.
Par exemple, le premier mythe du mal. Le mal est là dans la nature, c’est un être, c’est un diable par exemple, on
vérifie le mal, c’est une substance, il est quelque part.
Vous voyez comment ça continue à fonctionner. Tenez par exemple le mal qui devient la maladie. Ca n’a rien à
faire le mal et la maladie. La maladie est une forme du mal; Le mal va se baisser du symbole au signe, il va
devenir maladie.
Le deuxième mythe du mal : le mal entre dans le monde par la faute de l’homme. Le mal n’existe pas. C’est le
résultat de la liberté de l’homme. C’est l’homme qui a introduit le mal dans le monde.
Par exemple : le péché originel; Dieu a dit à l’homme de ne pas fauter et puis l’homme a fauté. Le mal est entré
dans le monde à partir de l’homme.
Et pourtant, dans le même jeu religieux, pas chez les grecs, mais de l’autre côté de la méditerranée, entre la terre
d’Israel et... à une heure de bateau, 4 heures en ce temps-là, on rencontrait la même chose. C’est vrai que c’est
l’homme qui a introduit le mal (symboliquement) mais voilà, c’est le serpent qui l’a tenté. Le serpent a fauté,
donc le mal existe réellement, c’est le serpent, il est là, c’est pas l’homme ! Et vous dîtes contradiction à savoir si
c’est le serpent ou si c’est l’homme ! Si c’est le serpent qui a fauté, on va exprimer ça en langage philosophique,
en sortant du symbole on va tuer le symbole, on va le solidifier, on va le transformer en catégories de la pensée,
c’est-à-dire en signes.
Le mal est-il un résultat de la liberté de l’homme ?
Oui c’est vrai, je l’expérimente tous les jours, mais tout de même, ne pourrait-il pas réaliser le mal dans la liberté
s’il n’était pas tentable ? Et qui a inscrit la tentation en toi ? C’est la nature. Et toute la philosophie fonctionne
par rapport au mal exactement comme dans le mythe. Seulement, si dans la philosophie on ne sort pas de la
contradiction : vous êtes ceci ou vous êtes cela, vous êtes dans le monde du signe... ce qui est merveilleux, ce qui
est bien admis dans le symbole, c’est que vous pouvez dire que les deux sont possibles en même temps et c’est
alors que vous situez la vérité qui est à double lecture. Parce que c’est vrai que le mal c’est vous qui le faites et
c’est vrai que le mal vit dans l’homme avant vous. Mais quelle est la solution ?
L’homme est un homme critique, il est en crise, il est à la croisée des chemins et c’est à lui à inventer sa solution
d’instant en instant. Et c’est ça qu’on appelle la dynamique du symbole. Et c’est ça la supériorité du mythe du
symbole par rapport au rationnel, aux catégories de la pensée.

La Philosophie est tragique en elle-même. Le philosophe est inquiet. C’est pourquoi toute philosophie est
tragique et pessimiste; La théologie c’est un art, vous admirez le tableau. Tandis que l’homme du symbole ce
n’est pas l’homme qui..?... c’est l’homme qui est heureux parce qu’il a découvert une problématique dont la
solution dépend de lui. Il réfléchit sur le mal. On lui dit le mal existe dans le monde, le mal c’est toi qui l’a créé
et à chaque instant tu vas faire l’expérience de tel aspect de toi qui va pécher en eau trouble et de quel aspect est
l’eau trouble en elle-même avant que tu arrives.
L’explication cherche la vérité objective qui provoque le signe. La compréhension cherche le sens. Comprendre
un auteur, comprendre un philosophe, c’est reconstruire sa pensée, c’est reconstituer architectonniquement son
système. C’est grâce à cette reconstruction, explication, arriver à la compréhension, et arriver à se placer dans
l’intuition code de l’auteur qui permet d’expliquer comment tout ce qu’il a écrit et dit n’est que la répétition de
plusieurs..?... de l’auteur de la même intuition.
Il faut atteindre l’impulsion fondamentale de l’auteur et relire en descendant à travers les oeuvres pour voir de
quelle façon, à travers chaque phrase qu’il écrit, à travers chaque texte, chaque chapitre, comment il ne fait que
répéter toujours la même chose, la même intuition.
Donc, pour pouvoir connaître un auteur, il ne faut pas l’expliquer, il faut le comprendre.
Pour résumer : il y a deux conditions de la lecture.
Condition subjective : entrer dans le cercle, assumer courageusement le cercle hermétique. Il faut être
sensible à l’art, à l’esthétique pour comprendre ce qu’est l’esthétique. Mais d’un autre côté, il y a les conditions
de l’objet; Il faut arriver quand même, pour s’assurer de la compréhension, s’assurer de l’explication pour
dégager l’architectonique de l’auteur. Autrement dit, il faut s’assurer de la structure objective du texte sur
laquelle s’appuie votre intuition. Donc le symbole repose sur une contingence culturelle dont tout le symbole est
le produit le plus manifeste.
Deuxième aspect du symbole : la dynamique.
L’interprétation a pour objet le monde nouveau, ouvert par le texte et par l’auteur. La lecture a une visée, une
intention, elle vise autre chose qu’elle-même, donc le monde symbolique n’a pas pour objet de nous dire ce que
sont les choses et la vérité derrière, il a pour objet à partir de la contingence culturelle de chaque culture, de
chaque auteur, de vous ouvrir d’une nouvelle manière vers cette réalité visée par le sujet. Car elle est toujours la
même cette réalité.
Mais pourquoi il est intéressant d’étudier Platon. C’est pas pour dire exactement comment Platon trouve sa
signification mais quand on s’installe après l’explication dans la compréhension de Platon par l’intuition, Platon
alors n’est plus ce qu’il est, il devient une dynamique. On comprend dans cette impulsion l’effort extraordinaire
mais jamais réalisé par Platon de nous ouvrir à une visée de l’être sans jamais pouvoir y arriver; Et c’est cette
visée qui est originale dans Platon. La preuve, Aristote aussi nous ouvre vers la même visée mais d’une autre
manière, Descartes de même.
Et donc, il y a une certaine manière de faire de la philosophie et de rassembler toute la philosophie dans la
même histoire, si on suit la méthode phénoménologique et si on comprend la dynamique du symbole. Le
symbole est une force qui vous projette vers l’au-delà, cet au-delà ne peut pas être différent pour les
auteurs, il est le même ! C’est toujours un même problème, un problème de sexualité, de mort, de vie.
Mais ce qui est intéressant, c’est l’ouverture nouvelle vers ce monde. Donc, lire un texte, ce n’est pas dire ce
qu’est le texte, ni quelle est sa réalité (il faut y passer, il y a une structure, il faut analyser le mythe
structuralement), ce qui est intéressant, c’est le monde nouveau, la manière nouvelle de découvrir la dynamique
symbolique. Le texte doit devenir un prétexte, mais il y a un prétexte sous le double sens du terme. Il y a une
occasion pour moi de me remettre dans l’univers symbolique, de me gagner sur le monde du signe culturel.
C’est ça qui est rassurant quand on jette des tomates à un artiste. Ca c’est le signe que l’homme reste
poétique, que le symbole n’est pas mort en lui ! Car si la tomate n’était que la tomate, il ne penserait pas à
la jeter à la tête de quelqu’un ! S’il donne une signification autre que la tomate à consommer, ça veut dire
qu’il reste poétique, il est ouvert au symbole, il est poète. C’est exactement ça la définition du poète.

Avant les philosophes nous avons besoin de la poésie. Parce que le poète il sait qu’il est dans c’qu’on appelle des
mots valises. Chaque mot de langue est polysémique, il contient une infinité de significations parce qu’il est
dynamique. Il projette à une dynamique de la signification. La culture elle passe son temps à étouffer le symbole
et à l’aplatir sur le signe.
On prend le texte comme une occasion d’une dynamique qui fonctionne en lui et qui entrant dans la structure
objective culturelle, froide, devient signe.
Le sens ne peut pas faire autrement qu’entrer dans la structure pour se communiquer mais alors que la structure
ne devienne pas sa tombe !

EXTRAIT de COURS d’ABECASSIS

Le mot rappelle plus la castration que l’image. Le mot est plus abstrait que l’image. L’image est plus
concrète et c’est là que le leurre entre !
Il y a un danger de l’image plus grand que le mot. La castration dans l’image est plus cachée alors que
dans le mot c’est plus évident. L’ordre de l’imaginaire fonctionne maternellement parce que le modèle maternel
c’est celui qu’on recherche. L’ordre symbolique est caché dans l’image. Sartre l’a compris « le regard c’est
l’enfer ».
DELEUZE. La logique du sens est fondée sur le désir. La logique du vrai est fondée sur la raison.
SPINOZA a déjà essayé d’ouvrir ça. LEVINAS : si l’homme est objet du désir, la relation d’altérité, c’est la
relation de deux désirs. Mon désir c’est de te reconnaître et de te remercier d’être ce que tu es. L’enfant dit « tu »
avant « je ». La véritable conjugaison spirituelle et philosophique c’est (dans l’ordre) : « tu, il, je »

...
... et écrase le symbole sur le signe, alors l’image devient mauvaise, mais si l’image renvoie au contraire à autre
chose qu’à elle-même et qu’elle fonctionne symboliquement, c’est-à-dire qu’elle demande au sujet de céder sur
l’essentiel de lui-même par rapport à elle, alors bien sûr l’image lui rappelle la castration. C’est là qu’il y a une
différence entre le mot et l’image. Le mot rappelle plus la castration que l’image parce que le mot se reçoit par
l’oreille. Et chaque fois que vous parlez, vous pouvez toujours dire : « qu’est-ce vous voulez dire ? » parce que le
mot, sur la hiérarchie de l’abstraction, le mot est plus abstrait que l’image, il est placé plus haut. Dans la
hiérarchie de l’abstraction l’image est plus concrète que le mot. Or comme l’image est plus concrète, elle se
donne par les yeux et c’est là où le leurre entre. Vous croyez à ce que vous voyez ! Il y en a qui ne croient que ce
qu’ils voient ! Et c’est ça le danger de l’image, c’est qu’elle se donne à l’imaginaire alors qu’elle est structurée
symboliquement. Mais si vous savez que cet imaginaire est aussi structuré symboliquement comme le mot alors
l’image n’est plus diabolique.
Il y a un danger de l’image beaucoup plus grand que le danger du mot. Il y a des mots manipulateurs. Les mots
sont manipulateurs parce qu’ils se dégradent, ils descendent de l’abstraction sur le plan des images. On vous tient
un discours et on vous montre ce discours à la télévision à coups d’images qui signifient ce discours, c’est par là
qu’on vous influence et qu’on vous manipule, parce que l’image est plus proche de la réalité. La castration dans
l’image est plus cachée, le leurre est plus caché dans l’ordre visuel alors que la frustration est évidente dans le
mot puisque quand quelqu’un parle vous dîtes immédiatement « qu’est-ce qu’il essaye de dire ? » donc il y a la
castration toujours. Tandis que quand vous voyez il y a pas à discuter, vous voyez ! L’ordre de l’imaginaire est
l’ordre de la castration le plus caché, autrement dit l’imaginaire fonctionne maternellement, selon le modèle
maternel.
Il n’y a qu’un seul amour, c’est celui de la mère, avant d’ouvrir la bouche vous avez déjà..., avant même de lui
dire que vous allez... elle arrive, avant même de lui dire que vous avez envie de faire caca elle est là et elle vous
a déjà changé trois fois ! Et elle est tout le temps sur vous à vous torchez, à précéder votre demande, elle n’attend
pas. Elle ne dit pas comme dans la castration « je sais mon chéri, tu as faim mais ton père m’a dit de lui faire
d’abord un oeuf au plat et puis je m’occuperai de toi ». C’est ce qu’on appelle la castration, mais la mère ne fait
pas cela.
...
(NOTES SUR PAPIERS)

L’ordre de la sagesse c’est l’ordre du monde et pas du sujet.


Comment l’unité va absorber la diversité ? Comment être sûr que ma représentation correspond au réel ? Du
point du vue de l’anthropologie philosophique c’est un faux problème.
Pourquoi une image est forte ?

PSYCHANALYSE : FREUD - LACAN


Illustration possible.
Chez Freud, l’identification du sujet avec sa conscience c’est une philosophie qui repose sur le narcissisme.
1) La révolution copernicienne. L’Homme s’est réfugié dans l’idéologie qu’il est maître de lui-même comme...
La conscience n’est qu’une représentation du monde extérieur. Elle a pour fonction de mettre en relation le sujet
avec le monde extérieur.
Une sensation peut varier sans qu’on la sente.
C’est une fonction de surface. Il faut critiquer la conscience immédiate. Il faut déplacer le lieu du sujet. Il faut se
dé-saisir de la conscience. C’est le point de vue descriptif.
2) Point de vue topique et économique. La conscience devient une localité psychique parmi d’autres, il y a la
conscience, l’inconscience, la pré-conscience.
Le lieu du sens doit être cherché ailleurs que dans la conscience.
Dans le rêve, le lieu du sens doit être déplacé dans l’inconscience.
3) Point de vue économique. Point de vue dynamique. Il y a des forces qui agissent dans l’inconscient pour
empêcher l’avènement du sens. Cela vient à partir de l’inconscient lui-même et de la conscience. La conscience
ne peut exprimer que ce qu’elle structure par elle-même. Les lois de la conscience sont spatiaux temporelles.
La représentation. L’inconscient est non pas ce qui est oublié, ni implicite, mais ce qui est refoulé.
La conscience transforme un problème d’inconscience en vérité.
Toute la question de Freud « Esquisse pour une théorie scientifique ». L’appareil psychique est différent de
l’appareil nerveux. Ce qui caractérise le corps, c’est la force, une force biologique qui n’a qu’un seul but : la
satisfaction. C’est ce qu’on appelle la sexualité (relation sexuelle). L’appareil psychique inconscient (et
conscient) obéit à une autre loi.
Comment la force devient-elle sens et comment le sens devient-il force ?
La pulsion biologique et le sens ultime de l’appareil psychique, visent la satisfaction. La force implique que
l’appareil nerveux est construit, il a comme objet de rétablir l’équilibre, le corps est exposé à des stimulations
(apport d’énergie extérieure, changement). Il faut que l’appareil nerveux puisse rétablir l’équilibre. La pulsion
donnée de mort c’est la satisfaction.
Pour LACAN : l’objet du désir c’est l’objet a. La garantie du symbolique c’est l’absence. Le sujet est
toujours second. Une parole nous a précédés, c’est la loi, la loi du symbolique. Au commencement est la
parole (la loi). Le sujet structure son identité à partir d’une parole dans laquelle il nait sans aucune
liberté. D’où vient cette loi du symbolique. Pourquoi le sujet n’est pas premier ?

COURS DU LUNDI 11/5/87

Le sens ne peut pas faire autrement qu’entrer dans la structure pour se communiquer, mais alors, que la structure
ne devienne pas sa tombe !
Il y a des auteurs qui veulent simplement expliquer.
Le texte est un prétexte pour retrouver la véritable dynamique. Toute écriture est morte.
En quoi est-elle sainte l’écriture ?
Je dis ça parce qu’il y a des théologiens juifs ou chrétiens, des spécialistes qui vont enseigner le texte comme un
prétexte, pour finalement parler de ce qu’ils ont envie de dire. Il y en a qui veulent dire ce qu’est Platon en lui-
même ! Mais ils ne disent rien sur Platon ! Ils font de la paraphrase, ce ne sont pas les meilleurs explicateurs de
Platon ! Et voilà que le texte de Platon a perdu l’âme de Platon.
Le véritable texte est avant le texte, c’est-à-dire la situation et la contingence culturelle.
Si vous ne comprenez pas la situation à partir de laquelle le texte a été écrit, vous ne pouvez pas
comprendre d’où vient la dynamique symbolique puisqu’elle vient de cette situation originelle.
Il n’y a que les réfugiés qui peuvent vous faire la meilleure philosophie des réfugiés. Il n’y a que celui qui est
pauvre qui peut vous dire ce qu’est la pauvreté parce qu’il a le prétexte de la pauvreté.

IIème interprétation : l’interprétation au sens musical.


- Notion de fidélité (tradition)
- Notion d’originalité (création)
Le sens advient dans la singularité de l’interprétation.
Il y a une complémentarité entre expliquer et interpréter.
PROPP a analysé des dizaines de contes russes. Il distingue la fonction et le personnage qui joue la fonction qu’il
interprète.
Il y a une logique de la narration.
BARTHES analyse la situation du récit par l’analyse structurale et il montre quel est la limite de la sémiologie
(monde des signes) dans le récit lui-même.
C’est dans la situation du récit qu’il faut s’installer pour comprendre. L’explication n’épuise pas le récit.
HEIDEGGER nous parle également de la situation de l’homme, il nous dit qu’elle est traversée par la précarité
du sujet.
La mort n’est pas un accident qui vous emporte mais elle est essentielle dans l’être. « L’Être pour la mort ».
D’où la déréliction de l’être humain.
Expliquer, c’est toujours partir des indices réunis dans les textes. Prendre en compte tous les faits des textes et
les reconstruire (Structuralisme).
Cette analyse donne le possible du texte. C’est l’interprétation qui va atteindre le sens du texte : savoir au sujet
de quoi parle le texte.
Le texte parle toujours d’un monde possible et d’une manière possible de s’y présenter. Le projet est toujours
transcendant au texte. Le texte est la mort, la fixation du projet.
La lecture consiste à réanimer le texte.
Un Rabbi a dit : « le texte est toujours des braises ».
Il y a toujours le feu de la mort dans l’auteur. Le texte creuse une distance entre le projet et le résultat de la
dynamique. Le texte est ce que le souffle en fait de ce texte. L’interprétation dépend du souffle dont est capable
le texte. La compréhension d’un texte traverse l’explication et l’interprétation. C’est pourquoi la compréhension
d’un texte se termine par l’appropriation du texte. L’appropriation du texte est la dernière étape. L’auteur éclate
dans plusieurs directions et le lecteur aussi.
Le texte relie l’auteur au lecteur, le lecteur ouvre l’auteur à d’autres possibilités. L’auteur et le lecteur éclatent,
s’ouvrent à la dynamique symbolique.
1) Explication, - Structure
2) Interprétation
3) Appropriation
4) Dialogue

THEORIE DU TEXTE ET THEORIE DE LA LECTURE

RICOEUR : Le symbole donne à penser.


Relation entre l’image et le mot : si l’image est tellement subjective, c’est qu’elle fonctionne comme symbole.
Pourquoi la subjection est-elle plus forte ?
Parce que la subjection laisse place au sujet. Ce pouvoir peut être utilisé de manière négative.

LA FONCTION METAPHORIQUE DE L’IMAGE

Le symbole est au croisement de la métaphore et de la métonymie.


Nous avons là deux sortes d’imaginaires possibles, opposés et complémentaires.
La métaphore met en rapport deux systèmes de communication différents. Le rapport métaphorique est le cœur
même du symbole.
Le symbole engage le sujet vers l’interprétation. L’interprétation qui parle plus du sujet que du fonctionnement
symbolique lui-même. Lire c’est s’engager dans notre interprétation.
Exemple : « Le terre est bleue comme une orange » ELUARD

Le Christianisme dépasse de loin la croix à travers laquelle il se donne comme le meilleur symbolisme.

LA RELATION DU SUJET AU PROCESSUS SYMBOLIQUE

Cette relation se nomme interprétation.


La définition de l’interprétation, c’est la recherche du sens (avec une connotation dynamique). La recherche du
sens concerne tout l’être, toute l’histoire, tout l’avenir. Tout ça est engagé dans la lecture.
Je suis obligé de distinguer deux niveaux du sens :
- Le sens manifeste (la réalité, le mot, l’image)
Si je recherche, c’est que le véritable sens est caché derrière le sens manifeste.
Le symbole, c’est le sens du sens.
Pourquoi y-a-t-il recherche du sens ?
Pourquoi le sens lutte-t-il contre lui-même pour se révéler ?
Cette recherche est infinie. Elle va de signification en signification.
Le signal attend de nous une réaction. Le signal ne demande pas de penser. La relation au signe est une relation
de connaissance.
La relation du symbole est une relation de connaissance.
La réaction du symbole incite à la recherche infinie.
Pourquoi le sens est destiné à jamais se donner ?
Cela ne vient pas de la raison, ni du mauvais emploi de la raison pour l’homme.
Si je dis qu’il y a recherche de sens, c’est que je suis obligé de dire qu’il y a des forces qui travaillent à la
recherche de ce sens mais en même temps il y a des forces qui luttent contre la recherche de sens.
Jamais l’idée de Jésus n’aurait entraîné autant d’hommes s’il n’y avait mis autant de force.
« L’Attraction du héros » BERGSON
Le fait que le sens se cache, c’est parce qu’il y a en nous des forces qui s’efforcent à m’en éloigner et d’autres
qui s’efforcent à m’en rapprocher. Le sujet est un être critique, en crise, en proie au centre, à la convergence de
forces opposées. Ces forces qui éloignent, on les appellera refoulement.
S’il y a recherche, c’est que nécessairement des voies de détour, des voies de garage interprètent sans cesse. Je
vais croire que j’y suis arrivé, je vais donc abandonner la recherche. Je fais la fuite en avant. Les voies de détour
c’est les voies symboliques.
Il y a un aspect présent et un aspect absent dans le symbole.
C’est la dimension d’absence qui est garantie de la présence. On appellera sens, la satisfaction du désir.
Et le sujet vise cet objet constamment. Le lieu des significations les unes aux autres. Il faut garder le sens de ce
sens.
Ce qui est divin dans l’homme c’est l’imperfection.

A propos d’une séquence du film « Le dernier métro » de Truffaut.


La séquence est subjective, elle est extraordinaire.
Qu’est-ce que ça peut vouloir dire cette image de quelqu’un qui par en bas dirige. Ainsi je me mets à deviner, et
c’est justement ça, c’est que les images sont fortes pour dériver, pour vous permettre de vous approprier.
Moi, j’ai vécu cette séquence, je l’ai vérifié encore la semaine dernière, je l’ai vu pour la 4 ème fois. Ca veut dire
que l’histoire qui est sur la scène et que vous voyez, elle est télécommandée, elle est dirigée, elle est orientée par
des structures et des projets dont aucun spectateur ne peut être conscient, en dehors de toutes les intentions que le
spectateur donne à la pièce. Il y a une intention profonde dans la pièce qu’aucun spectateur ne saisissait.
Pourquoi l’allemand est là ? Il cherche du juif partout. La scène est présente, elle est entièrement pourrie (ou
pourvue) par la philosophie juive, c’est le thème de la philosophie juive et c’est devant ses yeux, il cherche le
juif et il ne le trouve pas. Ca lui crève tellement les yeux qu’il ne voit pas alors que s’il est un bon nazi, dès que
les acteurs sur la scène commencent à répéter, il devrait se dire « houlà ! c’est une pièce juive ! ». Exactement
comme le spécialiste de Racine n’a pas besoin d’ouvrir Racine, il entend un alexandrin, il sait que c’est du
Racine ou du Hugo, du Molière ou du Voltaire. C’est ce qu’on appelle le style.
Hors voici comment cela fonctionne. Sur un premier niveau de sens, vous avez sur la scène une pièce qui
fonctionne et puis chacun lui donne une signification. D’ailleurs le film ne s’intéresse pas beaucoup à la scène.
De temps en temps on les voit répéter mais c’est tout. Finalement on ne connaît pas le sujet de la pièce. On ne
voit que deux ou trois séquences où ils répètent, et à travers cela, on saisit non pas l’esprit, le sens, le message,
mais l’intention derrière du metteur en scène, de donner à voir cette chose qui ne se verra jamais, et qui ne peut
être vue que par chacun de nous sans que chacun de nous voit ce que le voisin y voit. C’est ça le fonctionnement
symbolique.
Si je vous dis que la scène ça représente l’histoire, sûrement, cela doit fonctionner de la même manière, dans les
événements historiques et collectifs qui se donnent sur la scène, sûrement le sens profond m’échappe, il est caché
dessous. Et sûrement je le cherche et sûrement je ne le trouverai pas. Et je peux le chercher parce que je suis
disposé positivement ou négativement. C’est parce que je me doute de ce sens mais je ne le vois pas clairement
et je le cherche pour le démolir parce que je ne le supporte pas ou au contraire je me doute de ce sens et il
m’emballe tellement que je reviens ailleurs le trouver et je le trouverai pas. Ca veut dire que vous êtes accroché,
vous êtes en train d’interpréter avec vos tripes, et pas simplement avec votre intellect. Sinon vous ne mettriez pas
tant de hargne à chercher ce sens.
Alors, si les événements historiques que tout le monde voit (il y en a qui ne croient que ce qu’ils voient, les
articles dans les journaux, un avion est tombé, le Japon déclare la guerre, et puis Tchernobyl… enfin, vous voyez
ça au niveau de la scène, mais qu’est-ce qui fonctionne derrière Tchernobyl ? Anniversaire ? Ah oui, parce que
danger atomique, ça c’est l’explication, mais en fait, on peut vous montrer objectivement qu’il y a des dangers
plus grands qui sont en train de tuer l’humanité plus gravement que le danger atomique (je ne sais, pas, peut-
être !)
Sans compter ce qu’on ajoute à des interprétations.
Oui, Tchernobyl, ce que je vois d’abord, les Russes ne nous l’ont révélé que plus tard, ensuite ils ont caché les
morts, ils trichent, ils disent qu’il y a 5 morts, alors que… et puisque je hais les Russes, je vais le dire aussi.
Tandis qu’un autre, au contraire, qui aime les Russes, Marchais dirait « Mais de quoi, Tchernobyl ! Ce sont les
occidentaux anti-russes, sales bourgeois, sales capitalistes, individualistes, qui en profitent et prennent le prétexte
de Tchernobyl pour assommer la Russie ! Ce qu’on vous raconte dans les journaux en dehors de l’Humanité,
c’est faux ! » Qui a raison, qui a tort ?
Quelle vision du monde implique l’interprétation entre l’Humanité de Tchernobyl et le Figaro de Tchernobyl ?
C’est ça qui est intéressant.
C’est toujours en changeant d’interprétation que se révèlent les véritables dispositions de l’homme.
Le symbole ne fonctionne que s’il n’est jamais satisfait, c’es-à-dire qu’il y a toujours ce trou qu’il n’arrive pas à
remplir et il a mis des milliards d’années à le remplir et il arrivera jamais à le remplir parce qu’il est vide. C’est
parce que vous avez faim que vous faites de l’histoire. Si vous étiez heureux, vous ne feriez pas d’histoire, vous
seriez comblés. C’est parce que vous désirez, c’est parce qu’il y a une absence, un manque dans le sujet, que le
sujet s’arrache d’ici pour aller là-bas, pour combler le manque.

De dire que la condition de la liberté c’est la connaissance : si vous ne savez pas, vous n’ignorez pas, vous n’êtes
pas libre, donc vous n’êtes pas responsable. On a là un discours moral non culturel qui repose sur une conception
du sujet qui l’identifie à sa conscience.
Mais dîtes que le sujet est différent de sa conscience, et c’est le discours culturel.
D’une manière générale, à partir de la révolution socratique, le sujet a été identifié à sa conscience. Cela signifie
immédiatement, dans la philosophie, et ce par quoi Socrate commence, une élaboration qu’il n’a pas terminé,
une philosophie qu’on appelle une philosophie du concept.
Et KANT répond : si on définit le concept, il y a des lois qui sont des lois de la raison (les catégories de la
pensée, et le principe de non contradiction, etc… toutes ces lois qui règlent les combinaisons des concepts).
Lorsqu’on avance avec Aristote, par-delà Platon, et on arrive à Descartes par exemple, pour commencer cette
réflexion sur le sujet en philosophie, on va vous montrer que le cogito c’est le point de départ à partir de quoi une
philosophie fondée peut être constituée.
Descartes va ajouter que la pensée, c’est la conscience et le sujet est pensée. Il avait raison, mais l’essence de la
conscience c’est le jugement.
La philosophie du concept c’est la philosophie du jugement.
La conscience n’est pas un miroir qui se contente d’illuminer les concepts que vous élaborez, mais la conscience
est une activité.
L’acte essentiel de la conscience, c’est le jugement.
Descartes trouve la meilleure méthode, l’activité essentielle de la pensée c’est le jugement, il n’y a qu’à
s’abstenir de juger et on ne risque pas de mal juger. On appelle ça le doute.
Et puis on avance avec Kant, avec Hegel. On a toujours identifié le sujet à la conscience mais parallèlement on
était obligé de faire un sort à l’autre conception du sujet : le sujet identifié à son désir.
Si bien qu’il serait intéressant de reprendre toute l’histoire de la philosophie pour voir comment chaque
philosophie, dans chaque système depuis Socrate jusqu’à Spinoza, en arrivant jusqu’à l’Existentialisme,
comment la philosophie a balancé, en prenant position toujours pour la première conception du sujet identifié à
sa conscience, entre le sujet conscient et le sujet désir.
C’est cela maintenant que je voudrais illustrer dans ce dernier cours, voir comment le sujet, à partir du
symbolique et à partir des caractéristiques qu’on a découvertes et qu’on a analysé de l’ordre du symbolique,
comment l’ordre symbolique assumé comme médiation entre le sujet et le réel… Affirmer que l’ordre
symbolique c’est la médiation incontournable et indispensable entre le sujet et le réel, à partir de là il n’y a
qu’une seule conception du sujet possible, celle qui englobe la conception du sujet philosophique identifié à sa
conscience et qui est le sujet du désir faisant de la conscience un second moment du sujet face à lui-même.
L’acte de concevoir le concept (Socrate), l’acte de juger et de raisonner (Aristote, Descartes, Kant), l’acte de la
pensée, l’acte de la Conscience, est un acte second par rapport au désir qui lui est premier.
Si on a vu bien sûr que la médiation essentielle entre le sujet et le réel, c’est l’ordre symbolique. En incluant ce
problème pour lequel aussi la philosophie s’est cassée le nez jusqu’à aujourd’hui (il n’y a pas de solution
possible, parce que le problème est mal posé dans la philosophie sur ce plan-là, quelque soit d’ailleurs le génie
des philosophes qui nous ont précédé depuis le 20ème siècle). Jamais la philosophie n’a pu constituer une
véritable anthropologie, une véritable philosophie du sujet.
Alors que la philosophie a pu constituer une philosophie de l’objet. Et toute philosophie n’est que philosophie de
l’objet : c’est ce qu’on appelle la sagesse, la sophia.
Les stoïciens (disciples de Socrate) ont tiré la philosophie socratique et donc la mutation du passage du mythos
au logos. Les Stoïciens sont les premiers et les derniers qui ont définitivement tiré la bénéficence de la révolution
socratique. Toute philosophie n’est qu’amour de la sagesse. La sagesse, ça signifie le logos. Le logos qui
ordonne le monde (l’objet, c’est la science). Mais l’ordre du logos qui est à l’intérieur de l’homme (qui est la
raison) n’est qu’une partie du logos qui est dans le monde. Si bien que le microcosme est une image du
macrocosme.
La raison informe la matière exactement comme le logos, un ordre du monde, et par la science informe la
matière et donc ne la laisse pas au hasard. Et c’est ça qu’on appelle la sagesse.
L’ordre de la sagesse, c’est l’ordre du monde et pas l’ordre du sujet.
Mais l’atteindre ne signifie pas qu’on a répondu à la question véritable du sujet. L’ordre de la sagesse est une
philosophie de l’objet. Et quand vous demandez aux stoïciens ce qu’il faut faire, et bien il faut, par la raison,
obéir à la raison en général qui ne demande qu’à rentrer.
Que veut dire la mal ? Que veut dire « pas la sagesse » ?
L’anti-sagesse, le désordre, le mal, c’est que votre désir puisse se leurrer en croyant qu’il peut aller au-delà et
remettre en question l’ordre du monde, de la raison. Et la raison doit étouffer le désir et tout le mal vient du désir.
Voilà le monde de la sagesse qui est un monde de l’objet en soi.
La grandeur de la philosophie occidentale, c’est un amour de la sagesse. Sa misère, c’est qu’elle n’est pas tenue
d’atteindre en l’homme cet amour de la sagesse.
Par là même elle se rend inatteignable d’une véritable philosophie du sujet. Quand vous voyez la révolution
existentialiste, quand vous lisez « L’Etre et le Néant »… On croirait qu’après la guerre, comme après toutes les
guerres et catastrophes, on se désintéresse de la sagesse et on s’occupe des problèmes humains, et de l’homme,
de sa personnalité, comme on fait aujourd’hui, après l’épreuve de 1939-45. Maintenant, l’existentialisme, au
lendemain de la grande guerre, s’est développé, profitant de la guerre de 45, on a cru enfin que la philosophie,
grâce à l’exitentialisme sartrien ou Heideggerien (qui était son maître) allait enfin constituer, enfin se mettre à
son véritable travail, c’est-à-dire la philosophie du sujet. Mais c’est une philosophie de l’objet qui se cache
encore derrière les thèses existentialistes. « L’Etre et le Néant », c’est un monument de rationalisme, alors que
tout le monde le prend pour la bible de l’existentialisme. Même l’existentialisme véritable n’a pas encore
constitué la philosophie du sujet, mais déjà c’est une révolution. Il a fait sous-entendre que la philosophie de
l’objet était une philosophie de l’être, et par conséquent, elle excluait l’homme dans son acte essentiel qui n’est
pas l’acte de juger, mais l’acte de liberté, de spontanéité, de création de valeurs, etc…
Aujourd’hui, cette philosophie du sujet est possible, à partir de cette prise de conscience que ce qu’on pensait
être la représentation et ce qui était le problème essentiel de la philosophie, est un problème secondaire. Le
problème essentiel de la philosophie, c’est comment…, comment la pensée rencontre l’être ? Comment l’unité
va absorber la diversité ?
Comment être sûr que ma représentation correspond au réel absolu alors que ce n’est qu’une représentation ?
La philosophie s’est posée ce problème et elle s’est embarquée, pendant 24 siècles, sur un travail ahurissant,
impossible : comment arriver à vous convaincre, et à convaincre l’homme que sa représentation et son concept,
son jugement correspond exactement à ce qui se passe dans le réel.
Les lois de la nature sont naturelles, c’est nous qui les rationalisons, alors comment être sûr qu’elles sont
rationnelles ? Comment faire que dans ma pensée, à chaque concept correspond un terme dans la réalité, et la
combinaison que ma pensée fait des concepts (jugement raisonné), comment être sûr que ça correspond
exactement à la dynamique des relations réelles entre les éléments qui sont représentés par ce réel ?
Si vous êtes cartésien, vous appelez le Bon Dieu à la rescousse ! Si vous êtes empiriste, vous nierez le sujet.
Impossible de résoudre le problème de la rencontre entre la pensée et l’être, la preuve, tout le monde n’est pas
platonicien, tout le monde n’est pas kantien, tout le monde n’est pas cartésien.
Mais c’est un faux problème.
Du point de vue de l’anthropologie (philosophie du sujet), c’est un faux problème car le problème n’est pas de
savoir dans quelle mesure le sujet identifié à sa conscience arrive par l’intermédiaire des représentations de sa
conscience, c’es-à-dire les combinaisons de leur dynamisme interne – arrive à percevoir, à connaître de manière
absolu le réel tel qu’il est. Or cette représentation n’est qu’un symbole possible du réel.
L’ordre symbolique ne pose pas la question de la vérité, il pose la question du sens.
La réflexion sur le mot ou la réflexion sur l’image le montre.
Qu’est-ce qui fait la force de l’image ? Pourquoi les nazis, avec des caricatures faisaient courir tous les
allemands après les juifs ? Comment se peut-il que l’image puisse soulever des cultures, soulever des montagnes,
d’où lui vient cette force ?
Si la force lui vient de sa coïncidence avec le réel, alors ce n’est pas une force, car ça veut dire que le réel est
plus fort que l’image. Or l’image est plus forte que le réel ! Sinon on ne paierait pas tant d’argent à aller voir une
pièce de théâtre ou de cinéma. Donc la force de l’image, c’est la relation qu’elle entretient entre le sujet
(l’homme) et elle. Et il serait intéressant de voir quel est la nature de cette relation entre le sujet et l’image.
Il n’y a pas d’images fortes, sinon des images qui sont rendues fortes par la publicité parce qu’elles engagent,
déjà dans la structure interne de l’image, une dynamique qui réveille des forces insoupçonnables dans le sujet.
Toute la publicité fonctionne comme ça. La preuve c’est que si je dis « Eliminez, éliminez ! », vous savez de
quoi je veux parler.
Celui qui fabrique l’image, intègre dans l’image des associations qui réveillent des forces insoupçonnables dans
le sujet. La plus grande force, c’est la pulsion sexuelle. Il n’y a pas de force plus grande. La fore de l’image vient
de ce qu’elle signifie pour le sujet. La preuve : une caricature ou un dessin très stylisé, ou une poésie symbolique
ou surréaliste, est infiniment plus poétique, elle fonctionne d’une manière beaucoup plus dynamique, créatrice
qu’une poésie ou qu’un art reproducteur. Une poésie descriptive peut être une belle poésie descriptive, mais elle
n’a pas de force en elle-même.
L’image, comme le mot, fonctionne d’une manière symbolique. Or si ça fonctionne d’une manière symbolique,
c’est que ça a relation, non pas au sujet identifié à sa conscience, mais au sujet identifié à son désir, et c’est cela
qu’il faut essayer maintenant de définir.
Les données d’une anthropologie possible, à partir de cette médiation symbolique.
Cette médiation demande à être interprétée.
1 – S’il y a recherche de sens, c’est que le sens se cache.
S’il se cache, c’est parce qu’il y a des forces dans le sujet qui empêchent le sujet d’y atteindre.
Exemple de la psychanalyse à partir de Freud et Lacan.
Freud n’est pas arrivé à faire accepter à la philosophie cette révolution de décentrer le sujet, de déposséder le
sujet de sa conscience. La psychanalyse est un exemple.
Freud rappelait toujours : « L’identification du sujet avec la conscience, c’est une philosophie qui repose
essentiellement sur le narcissisme ». On n’en peut pas évacuer le narcissisme. La preuve, c’est que chaque fois
qu’on a essayé de déposséder le sujet de sa conscience et d’aller y chercher un autre lieu dans le psychisme pour
chercher le sujet (dans l’autre qu’on appelle l’inconscience), ça a été très difficilement accepté, parce que ça a
été reçu par l’humanité (occidentale) comme des blessures d’amour propre, des atteintes à son narcissisme.
La première humiliation, c’est la révolution copernicienne de l’héliocentrisme.
Le narcissisme nous a fait penser que nous étions sur la terre, et la terre était le centre du monde, parce que le
lieu habité doit être le centre de l’univers. Et alors bien sûr, la preuve c’est que vous voyez bien que c’est le
soleil qui tourne autour de nous puisqu’il se couche, qu’il se lève… Ces pseudo-preuves sont encore aussi des
déguisements symboliques du narcissisme. Elles sont exploitées par le désir, pour maintenir ce narcissisme. Et il
est capable, ce désir, de construire et d’élaborer une conception du monde scientifique très très rigoureux, pour
pouvoir justifier cela. La preuve : nous acceptons l’héliocentrisme seulement depuis 3 siècles alors que
l’humanité occidentale a vécu pendant 12000 ans autour du géocentrisme.
Que tout d’un coup, dans la raison, au nom de la raison, lorsqu’on affirme que ce n’est pas le soleil qui tourne
autour de la terre mais la terre qui tourne autour du soleil (la révolution héliocentrique), on le fait, c’est vrai, au
nom de la raison, mais puisque c’est au nom de la raison, pourquoi cette humiliation ? Pourquoi les gens, au nom
de la même raison n’acceptent pas les démonstrations rationnelles et les expérimentations ? Si c’est au nom de la
raison, on n’a pas à faire le procès de Galilée, ni du point de vue des savants, ni du point de vue de la chrétienté !
Pourquoi les chrétiens ont-ils voulu tuer Galilée ?
Ca veut dire que l’essentiel ne se passe pas sur le plan de la vérité, mais que chacun de nous, individuellement,
tient à ce qu’il appelle la vérité, parce que c’est celle-là qui lui sert symboliquement à préserver son narcissisme.
Et c’est ce qu’on appelle l’idéologie, ou en terme freudien ou psychanalytique, c’est ce qu’on appelle
l’élaboration secondaire.
Cette élaboration secondaire n’est pas primaire. Ce qui est primaire, c’est le narcissisme qui est primaire, et
inconscient.
Et c’est ce principe, cette force, cette pulsion biologique et psychique qu’on appelle le narcissisme, c’est elle qui
inconsciemment produit dans la conscience, qui est un deuxième moment, les conceptions du monde pour la
préserver.
Si vraiment il n’y avait pas de narcissisme, et si vraiment le désir était secondaire et facilement maîtrisable, et si
vraiment l’homme se soumettait à la raison, on ne comprendrait pas pourquoi tout le monde n’applaudit pas
Copernic qui apporte une vue du monde plus rationnel que les approximations antérieures.
La deuxième humiliation, l’homme s’est réfugié à l’intérieur de la terre, dans l’idéologie, l’image, la croyance
qu’il est le maître de lui-même, comme de l’univers. Comme disait Corneille, il est le maître sur la Terre au
moins. C’est vrai, la Terre n’est pas le centre du monde, la Terre n’est qu’un satellite de rien du tout, que le
Soleil un jour peut envoyer balader dans l’infini s’il pouvait le faire, nous ne sommes que des satellites mais au
moins sur notre planète, nous sommes supérieurs aux animaux, aux plantes, nous sommes les maîtres de la Terre,
au moins sur notre planète.
La deuxième humiliation au 18ème siècle, c’est la même chose, le procès à Lamarck et Darwin. Il n’y a qu’à
écouter les chrétiens, les religieux en général parler de Lamarck et Darwin, c’est aussi diabolique que Copernic.
Mais pourquoi cela ? Qu’est-ce qui se passe ? Ils apportent des choses vraies et rationnelles ! Pourquoi l’homme
ne veut pas céder sur cela ?
Il est supérieur à l’animal, ce n’est pas un embranchement animal ! Il y a l’animal, il y a l’homme. Mais l’animal
c’est pas du tout l’homme et l’homme c’est pas du tout l’animal ! Pourquoi nous tenons à cela ?
On va élaborer une théorie aussi : c’est Dieu qui a créé l’animal et c’est Dieu qui a créé l’homme, mais l’animal
c’est pas le Dieu et c’est l’homme qui est à l’image de Dieu, c’est pas l’animal qui est à l’image de Dieu ! Mais
tout ça dirait la psychanalyse et Freud, c’est une manière pour le narcissisme de nouveau de secondariser,
d’élaborer des conceptions du monde pseudo-rationnelles, pour sauver ce qu’il y a à sauver, c’est-à-dire le
narcissisme, c’est-à-dire la pulsion inconsciente.
Nous découvrons ici deux emplois de la rationalité. La rationalité conceptuelle catégorielle rationnelle, et puis ce
qu’on appelait l’irrationnel, c’est-à-dire l’erreur, ce qu’on appelait l’anti-rationnel, ce qui était a-rationnel
(stupide).
Tout ce qui n’était pas rationnel selon la rationalité conceptuelle catégorielle aristotellicienne, socratique,
philosophique, selon l’ordre du vrai, était a-rationnelle, antirationnelle, irrationnelle, était faux ! Or voici qu’on
découvre une forme de la rationalité symbolique qui n’est pas rationnelle, qui est dans le domaine de
l’irrationnel, mais c’est de la sorcellerie et de la magie !!! Mais pas du tout ! On s’aperçoit avec les structuralistes
et la psychanalyse, que ça véhicule une logique du sens aussi valable que la logique du vrai. Et c’est elle
finakement (la logique du sens) qui est derrière la logique du vrai puisqu’on arrivera jamais à répondre à la
question qui est celle de la philosophie de l’objet, que ce que je pense, ce que j’élabore comme représentation du
monde, qui est secondaire, comment je peux savoir qu’elle est primordiale et pas secondaire puisqu’elle
correspond au réel ?
Il faut sortir de soi pour se voir en train de penser. C’est impossible ; Comment avoir le regard de Dieu
(symboliquement) sur moi en train de penser le monde ! Pour être sûr de l’extérieur, dans quel lieu je dois
aller pour me voir en train de penser le monde ? Je ne peux pas sortir de ma pensée, donc je me pense
comme pensant le monde et c’est un diadèse. Je ne peux pas utiliser ma pensée, avoir confiance en ma
pensée pour penser en pensant sur les lois de la pensée que ce que je pense correspond au réel.
Et ça, la philosophie ne peut pas accepter cette humilité.
Elle ne veut pas accepter cela comme la science d’ailleurs. La science au moins, elle a quelque chose de
supérieur à la philosophie, c’est qu’elle est efficace. La preuve que les électrons tournent autour du noyau à
300000 km/sec, c’est qu’avec ce principe, j’envoie un homme dans l’espace, il débarque dans la lune et il revient
à la seconde près quand on est américain, quand on est russe, il y a une marge d’erreur (c’est vrai, je n’suis pas
anti-russe). Là où se trompent les américains, ce n’est pas dans le temps, c’est dans l’espace. Ils l’attendent ici et
ça tombe là à 30 km plus loin !
Mais ce n’est pas parce que c’est efficace que c’est vrai. Que la vérité soit efficace, c’est évident, mais que la
vérité soit vraie parce qu’elle est efficace, ça ce n’est pas philosophique. Il n’y a que le savant qui n’est pas un
véritable savant qui croit ça ! Le véritable savant est assez humble, il sait cela.
On a tout le temps cru et on continue à le croire, qu’il n’y a que deux mots qui soient naturels, tout le reste est
culturel.
Il y a deux mots dans tout le langage universel qui soient naturels, c’est oui – non.
Vous faites une expérience, la nature réussit, elle vous dit oui, la théorie est vraie. Vous faites une expérience, la
nature vous dit non, donc c’est faux. Donc oui et non sont naturels ? Pas du tout !
Le oui n’est pas naturel mais le non est naturel.
Ca échoue, c’est que notre théorie est fausse. Mais ce n’est pas parce que la nature fait réussir votre expérience
que votre conception est vraie. La nature peut faire réussir une expérience sur une théorie fausse, mais quand la
nature dit non après il y a pas de problème c’est le seul mot naturel.
Ou alors il faut croire en Dieu et dire avec Descartes. « Comme il a créé le monde, le macrocosme, il l’a organisé
logiquement et quand moi il m’a créé il a dit « Quel type de pensée je vais lui donner si je lui donnais une pensée
qui obéit à des lois autres que les lois de la nature il ne pourra jamais faire les sciences humaines le pauvre
malheureux mais comme je l’aime (Dieu est un lien c’est pas un malin génie) on dit qu’il est bon il ne peut
jamais me tromper alors vous êtes tranquille que quand je pense le monde, ça correspond au réel.
Ca ce n’est pas digne de la philosophie non plus et pourtant Descartes et Descartes et on enseigne ça très
sérieusement en terminale, que Descartes c’est sérieux il s’amuse pas. Ce n’est pas philosophique ce qu’il dit. On
dit que Dieu est beau, et… il aurait pu envoyer par exemple une syncope à Hitler !, il l’a pas fait, il nous a
trompé ! Il n’a pas le droit !
Nous allons donc prendre la psychanalyse comme exemple de cette constitution ostentative d’une philosophie du
sujet identifié à son désir.
Nous allons voir comment Freud le fait et quel est la reprise de Lacan. C’est un exemple, une tentative.
Freud présente la psychanalyse comme un discours sur le sujet à condition d’entendre que le sujet n’est jamais
celui qu’on croit que l’on pense puisque dit Freud : « la conscience n’est qu’un représentant, une représentation
du monde extérieur ». Elle a pour fonction de mettre en relation le sujet avec le monde extérieur et intérieur.
Mais elle n’a pas pour objet de lui en donner l’image. La preuve : le système de perception.
C’est à la fin du 19ème siècle que les premiers laboratoires de psychologie ont été créés en Allemagne et c’est là-
bas qu’on a étudié les fonctions psychiques élémentaires. Les fonctions psychiques élémentaires, c’était la
perception et la sensation.
Et ils se sont aperçus au grand étonnement des philosophes que la perception n’était pas la copie de la réalité,
c’est-à-dire la fonction la plus élémentaire de la conscience qui met en rapport le sujet à travers la peau avec le
réel, et qu’elle soit à l’intérieur ou à l’extérieur, la sensation n’est pas la copie, puisqu’elle obéit à des lois.
Le stimulus par exemple n’est qu’un ensemble de vibrations, mais ces vibrations touchant le corps sont
transformées en son par l’oreille, en parfum par le nez, en couleur par la rétine, mais la couleur n’existe pas à
l’extérieur de soi, ce sont des vibrations sur ma rétine.
Si la sensation déjà n’est pas la copie de la réalité, ça veut dire qu’il y a une philosophie de la sensation. La
sensation n’est pas un moyen de connaissance. C’est faux.
Descartes a raison, mais en sens contraire.
On a donné à la lecture platonicienne et cartésienne une signification concrète : les sens sont trompeurs. Mais
non, pas du tout, les sens ne sont pas trompeurs, les sens ne vous trompent pas, Descartes a eu tort.
Que veut dire une erreur des sens ?
Il vaut mieux reprendre la théorie cartésienne de la perception, c’est celle-là qui est plus que la théorie, qui est
incluse dans le doute dans les premières méditations : « Percevoir c’est viser ». Il n’y a pas d’erreur des sens, il y
a des erreurs de jugement sur les sens, mais le sens n’est pas trompeur, le sens, il est fait pour vous donner ce
qu’il est, là. Le sens est chargé de transformer les vibrations en couleur. Il (le visuel) vous trompe pas si ça
fonctionne. C’est comme si vous reprochiez à la chaleur de faire monter de température l’eau de la marmite qu’il
y a dessus. On ne peut rien reprocher. Le sens est là et il est fabriqué par la vie, protégé par le corps, pour vous
mettre en relation d’une certaine manière avec le monde. Or déjà il n’y a pas de problème de vérité de la
sensation, la sensation n’est pas trompeuse, c’est votre jugement qui se trompe.
Le sens est là pour vous mettre en relation avec le monde (l’aspect dit Freud) extérieur mais pas du point de vue
de la vérité, du point de vue du sens. La preuve : tant que ce n’est pas dangereux pour vous (c’est ça la
signification de la sensation et c’est ça la signification de la conscience, signification vitale), vous n’avez pas de
sensation, la sensation traverse votre corps, elle s’en va, vous ne vous en apercevez pas et dès que ça commence
à être dangereux, vous avez une sensation parce que le corps fait appel à vous pour l’aider à vous éloigner du
feu. Parce qu’il ne peut pas le faire par lui-même à travers le … ?... par exemple. Donc la sensation, son
problème n’est pas un problème de vérité, le problème de la sensation veut dire la conscience.
La stimulation, à travers les influx nerveux retrouvent ce que vous connaissez. La conscience est une fonction
qui met en relation le sujet avec le monde mais qui est construite elle-même selon l’ordre, selon la question du
sens pour le sujet.
La preuve, il y a encore les lois du seuil relatif, les lois du seuil absolu. Qu’est-ce que cela signifie les lois du
seuil relatif ? Cela signifie qu’une sensation peut varier et vous ne sentez pas du tout la variation. Si on vous met
10 grammes dans la paume de la main, on y ajoute 1 gramme, vous ne sentez pas du tout la sensation. Il faut
donc atteindre 3 grammes et demi, un pourcentage entre la relation initiale et puis ce qu’on ajoute, c’est à ce
moment-là qu’il y a un seuil relatif, alors là vous dîtes « tiens, ça commence à changer, ça commence à être plus
lourd ou plus léger ». Donc, le problème n’est pas la copie de la réalité, le problème c’est que tout d’un coup,
quand ça devient un peu plus lourd, l’appareil sensuel sensitif fait appel à votre psychisme, fait appel au sujet
pour réagir à la variation intérieure ou extérieure qu’on produit dans son corps. Donc il y a une signification de la
sensation, ce n’est pas du tout un problème de connaissance, c’est un problème de sens. Il y a un sens biologique
et le corps vous avertir à travers l’appareil nerveux de ces variations pour que vous puissiez réagir pour
maintenir votre vie.
Quand vous êtes dans une chambre très chaude et que vous voyez qu’il neige de l’autre côté, par les yeux, vous
associez à ce que vous voyez avec l’image donnée par les feuilles une sensation qui n’est pas donnée par votre
œil, qui est la sensation du froid. Avec les yeux, vous voyez le froid. C’est ce qu’on appelle les montages
réflexes des associations qui n’ont rien à faire les unes avec les autres.
Donc la conscience a une fonction vitale et c’est la fonction la plus superficielle. C’est une fonction de surface,
comme la fonction de perception. Et il faut donc critiquer la conscience immédiate.
Il faut déplacer le lieu du sujet. C’est le premier point de Freud qu’on pourra appeler le dé-saisissement de la
conscience.
Il faut se dé-saisir de la conscience contrairement à ce que faisait Socrate. C’est le point de vue qu’on appellera
le point de vue descriptif. Remettre en question la conscience immédiate, même réflexive.
Le deuxième point de vue chez Freud va être le point de vue topique et économique. Rappelez-vous que c’est un
exemple (la psychanalyse) de tentation contemporaine (tentative aussi) de constituer enfin une véritable
philosophie du sujet. Le philosophe a beaucoup à apprendre de la psychanalyse sur ce plan-là, à condition qu’il
garde son esprit critique habituel.
Point de vue topique.
La conscience est bien une localité psychique parmi d’autres.
Par exemple, il y a la conscience et il y a l’inconscience. Et l’inconscient est également une localité psychique.
On ne peut pas dire que la conscience est supérieure à l’inconscient. Non seulement la conscience est une localité
psychique parmi d’autres (préconscient – conscient et inconscient) mais le lieu du sens doit être cherché ailleurs
que dans la conscience. Et là, bien sûr, c’est un coup de pied donné aujourd’hui par la psychanalyse à la
phénoménologie.
Le lieu du sens doit être également (par exemple dans le rêve) déplacé vers l’inconscient.
Si le dé-saisissement de la conscience, du point de vue descriptif et du point de vue topique est vrai, alors on doit
pouvoir ajouter un troisième point de vue qui est le point de vue économique. C’est-à-dire du point de vue
dynamique.
Il y a des forces qui agissent dans l’inconscient (désir, pulsions) pour empêcher l’avènement du sens. C’est bien
pourquoi c’est inconscient. Et cela vient donc pour deux raisons.
A partir de l’inconscient lui-même, mais cela vient de la conscience. La conscience ne laisse passer en elle, elle
ne peut exprimer que ce qu’elle structure selon ses propres lois qui sont des lois rationnelles, c’est-à-dire des lois
spatiaux temporelles.
L’inconscient n’est ni ce qui est oublié, ni implicite, mais ce qui est refoulé.
Le problème de la conscience transforme un problème de sens inconscient au problème de vérité. Le sens, dans
la conscience, devient un problème de vérité. Voilà donc comme til faut faire se déplacer ce dé-saisissement de
la conscience.
C’est pourquoi la mutation consiste en langage freudien, à passer de l’inconscient (qu’on connaît depuis
longtemps) adjectif à l’inconscient substantif.
L’inconscient comme un lieu avec ses propres lois. Voici comment Freud élabore cela.
Toute la question de Freud vient de la physiologie (c’est un médecin) pour essayer de voir si tout les faits
psychiques, comme on le pensait dans les théories matérialistes et physiologistes au 19ème siècle, avaient une
étiologie (c’est-à-dire une causalité) biologique.
Est-ce que vraiment le psychisme était le reflet du corps.
L’essentiel est-ce le corps et pas le psychisme ?
Par exemple le rêve, est-ce de la distraction ? Ca n’a pas de sens ?
Et Freud va jouer le jeu dans « L’esquisse pour une théorie scientifique » à partir de ses observations du
psychisme des malades mentaux, il va essayer d’expliquer toutes les observations, toute sa clinique, à partir du
postulat du modèle biologique, et il va montrer qu’il y a énormément de faits qui n’entrent pas dans ce domaine
biologique, dans ce postulat mécaniste physiologique de l’homme.
L’appareil psychique est un appareil qui est différent de l’appareil nerveux.
Ce qui caractérise l’appareil nerveux, c’est-à-dire le corps, c’est la force biologique (une activité, une dynamique
biologique dans le besoin, la soif, la faim, etc…), cette force biologique n’a qu’un seul but : la satisfaction.
On appellera ce rapport entre la pulsion qui est un fragment d’activité biologique et sa satisfaction qui est son
but, on l’appellera « relation sexuelle ». Ce n’est pas ce qu’on appelle la sexualité, je ne parle pas de la génitalité.
Je parle de la sexualité, c’est-à-dire la relation, la pulsion, la force et sa satisfaction, son but.
L’appareil psychique conscient ou inconscient (en fait inconscient) obéit à une autre loi puisqu’il est de l’ordre
symbolique, puisque sa qualité c’est de représenter, c’est pas de présenter. C’est-à-dire selon la question du sens,
pas la question de la vérité.
Comment poser de nouveau le problème entre le psychique et l’organisme ou le corps et l’âme, la matière et
l’esprit ?
Ca se lit de la manière suivante dans une anthropologie du sujet (Freud). Comment la force devient-elle sens,
comment le sens devient-il force ?
Si ce qui caractérise le corps c’est la force biologique et ce qui caractérise l’appareil psychique c’est le sens.
L’homme étant corps et âme, cela signifie que chez lui il y a une relation constante de transformation, de
conversion continue de la force dans le sens et le sens dans la force.
Exemple : l’appareil psychique le voici : j’ai l’image que je veux lever le doigt pour vous montrer quelque chose
. Vous voyez, ça fonctionne comme le sens.
J’ai l’image, je veux lever le doigt pour vous montrer quelque chose. Ca c’est l’ordre du sens. Maintenant, je vais
passer dans l’ordre de la force (Il fait le geste).
Expliquez-moi ça. Expliquez-moi comment le sens s’est transformé en force ?
Ou alors, dans les études sur l’hystérie. La conversion hystérique c’est précisément cela. Le passage continu du
sens à la force. Comment un problème proprement psychique comme dans l’hystérie, alors qu’on a analysé le
corps aussi bien anatomiquement que physiologiquement, il n’y a aucune raison matérielle, de force biologique,
physique, qui explique la maladie… les raisons sont seulement psychiques. Comment se fait-il que ces raisons
purement psychiques se traduisent, se projettent dans le corps ?
On appelle conversion le passage d’une substance à une autre.
Comment expliquer l’hystérie, qui est une maladie mentale, psychique, projetée, convertie en maladie
biologique ?
Comment le sens se transforme en force ?
L’hystérique, la malade a quelque chose à dire mentalement, inconsciemment, elle le sait pas elle-même. Elle a
un message à dire. Elle trouve personne pour le dire, alors son inconscient précisément va se projeter dans son
corps et de telle manière que puisque les gens n’ouvrent pas l’oreille pour l’écouter et bien ils vont ouvrir les
yeux pour voir. Comment est-ce possible ?
Je vais vous citer un exemple sur lequel j’ai travaillé.
C’est une jeune fille. Le jour où elle voit sa mère être enterrée, elle ne peut plus partir, elle a les pieds qui se
retournent à l’intérieur. Et elle est restée pendant 6 mois comme ça. A l’analyse du cerveau, du sang, on a rien
trouvé.
Freud ne dit pas que le psychisme c’est le reflet du biologique. Freud ne dit pas que le cerveau sécrète la pensée
comme le foie la bile.
Il dit que la différence entre l’appareil psychique et l’appareil nerveux est que l’un fonctionne selon l’ordre du
sens et l’autre fonctionne selon l’ordre du biologique, mais à part cette différence énorme qui les sépare
définitivement l’un de l’autre, les deux se structurent et fonctionnent selon les mêmes lois parallèles. La loi des
lois c’est que la pulsion biologique, de la même manière que la force cherche la satisfaction, de la même manière
le sens ultime de l’appareil psychique c’est la jouissance, la satisfaction. Les deux sont construits selon la force
et le sens, la présence et l’absence (symbolique) mais les deux visent un même but, c’est-à-dire la satisfaction.
Comment cela se passe-t-il ?
L’ordre de la pulsion, de la force qui cherche sa satisfaction caractéristique de l’appareil nerveux, implique un
postulat (un principe fondamental) que l’appareil nerveux construit suivant le principe suivant.
Il a comme objet (pas comme but, le but c’est la satisfaction), comme processus interne, de rétablir
continuellement le fil, le corps en tant que corps est exposé à une multiplicité infinie de sensations et de
stimulations (que nous dormions ou pas, la température, la vision, la pression) 24h sur 24. Or, il faut que
l’appareil nerveux puisse traiter ces énergies qui le stimulent, les absorber, c’est-à-dire rétablir l’équilibre. Donc
l’appareil nerveux est construit de telle manière qu’il est traversé par ce principe dynamique suivant : afin de
fonctionner pour, rétablissant l’équilibre, ne plus rien ressentir du tout. Quand la satisfaction est atteinte,
l’équilibre est rétabli, et l’équilibre c’est la mort.
La pulsion de mort, c’est précisément la satisfaction donnée à la pulsion.
C’est pas par hasard qu’on appelle l’orgasme la petite mort. La preuve c’est qu’à ce moment-là on voudrait que
le temps s’arrête, on ferme les yeux et on dit « attend » ! Quoi « attend » ! C’est en train de partir…
Lacan va plus loin quand il décrit ça.
Donc la satisfaction, c’est-à-dire le fait pour la pulsion d’atteindre son but, c’est ce qu’on appelle la mort.
Il y a donc une première force qui traverse l’appareil biologique qui est la force de la mort.
Quand vous arrivez à satisfaire une pulsion, il n’y a plus d’histoire. Il faut prendre à la lettre que les peuples
heureux comme les individus heureux n’ont pas d’histoire, parce que ce qu’ils veulent, c’est rester là où ils sont.
La satisfaction, c’est le principe de force et c’est là qu’intervient l’appareil psychique qui fonctionne selon
l’ordre du sens.
La pulsion en tant que telle va solliciter l’appareil psychique pour l’aider à rétablir l’équilibre quand elle franchit
le seuil.
Le bébé est là, il va crever de faim, il faut bien que son appareil psychique soit sollicité et qu’il puisse crier de
toutes ses forces pour que ce cri un jour fonctionne comme un appel et que la mère sache qu’il a faim et c’est
comme ça que la mère vient pour lui donner à boire et à manger et pour le torcher ou pour le changer. Donc,
quand la pulsion biologique fait appel à l’appareil psychique c’est qu’elle interpelle l’appareil psychique pour
l’aider à trouver satisfaction. C’est par là qu’elle va se condamner définitivement à ne plus rejoindre sa
satisfaction. Pourquoi ? Parce que l’appareil psychique ne fonctionne que symboliquement. Donc il ne peut lui
donner son but, l’objet du désir, il ne peut le donner que symboliquement parce que l’appareil est symbolique. Et
c’est comme ça que l’appareil psychique va sur ajouter à l’appareil organique traversé par la pulsion de mort ce
qu’on appelle la pulsion de vie. Et la pulsion de vie, c’est le symbolique.
Le fait de ne pouvoir jamais atteindre la satisfaction hic et nunc telle que vous la souhaitez, telle que vous la
désirez, telle que la pulsion en vous l’attend depuis longtemps. Parce que, à partir du moment où ça franchit la
barre de l’appareil psychique, l’appareil psychique va lui présenter des tas d’objets qui symbolisent la
satisfaction mais qui ne lui donneront pas la satisfaction et c’est ça qu’on appelle le principe de vie. Le principe
de vie c’est l’insatisfaction. Mais alors, la pulsion n’est plus pulsion, elle devient désir.
C’est formidable ce que dit Freud, il faut aller plus loin et profiter aussi du passage de Lacan, mais on est en train
de constituer cette philosophie du sujet, il faut la constituer. Ce n’est pas par hasard qu’on s’intéresse aux
mythes, aux rîtes, aux cultures en général et leur maieutique, parce que tout d’un coup on s’est aperçu que
pendant 26 siècles, la philosophie a raté son but.

Anda mungkin juga menyukai