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Traité de

béton armé
Traité de
béton armé
Des Règles BAEL à l'Eurocode 2

Préface de Jean-Armand Calgaro ~. 3 0 _


.,-------

Jean Perchat

CHEC
Centre des Hautes Rudes
de la Comtrudloo
Illustrations: Ursula Bouteveille, Rachid Maraï, Anthony Cristo
Maquette et mise en page: edito.biz, Mikaël Bidault, Paris

Photo de couverture: © Cmon - Fotolia.com

© Groups Moniteur (Éditions du Moniteur), 17 rue d'Uzès - 75002 Paris, 2010


ISBN: 978-2-281-11452-2
www.editionsdumoniteur.com

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SOMMAIRE

Préalable 1

Préface 3

Avant-propos 7

Abréviations 11

Chapitre 1 Généralités 13

Chapitre 2 Matériaux 49

Chapitre 3 Actions et sollicitations 129

Chapitre 4 Association acier-béton 173

Chapitre 5 Hypothèses et données pour


les calculs sous sollicitations normales 241

Chapitre p Traction simple 259

Chapitre 7 Flexion simple 267

Chapitre 8 Flexion composée 401

Chapitre 9 Flexion déviée 471

Chapitre 10 Compression « centrée» 521

Chapitre 11 État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 543

Chapitre 12 Effort tranchant - Poinçonnement 633

Chapitre 13 Torsion 731

C.hapitre 14 Dimensionnement des bielles, tirants et nœuds 765

Chapitre 15 Fissuration et déformations (EC2) 771

Chapitre 16 Annexes 807

Table des matières 849


PRÉALABLE

La version initiale de ce cours de béton armé, rédigée avant même la parution des Rè-
gles BAEL 80, avait subi de multiples aménagements rendus nécessaires par les modifi-
cations en 1983 et 1991 de ces Règles BAEL. Pendant dix ans, tout au long de la phase
de préparation de l'EC2, M. Perchat en a assuré une mise à jour annuelle afin de suivre
au plus près l'évolution de l'EC2 dans ses nombreuses versions successives.
En 1996, Jean Perchat a abandonné le cours de béton armé du CHEBAP pour en passer
le témoin à Jean Hueber. Michel Weick a pris le relais en septembre 2005. Nous avons
souhaité donner à ce cours, issu de nombreuses mises à jour, une présentation homogè-
ne qui permette une consultation plus facile.
Jean Perchat, lorsque nous lui avons fait part de ce projet, a de lui-même entrepris une
nouvelle mise à jour: la version définitive de l'EC2, publiée en octobre 2005, n'avait
effectivement pas pu être prise en compte dans le document existant. Je tiens donc à le
remercier chaleureusement pour cette nouvelle contribution, persuadé que ce cours, qui
analyse parallèlement les Règles BAEL et les prescriptions de l'EC2, restera un docu-
ment de référence pour tous les élèves du CHEBAP.

Dominique Vié
Directeur du CHEC
PRÉFACE

Le Monde change. La population de notre planète croît rapidement: alors qu'elle vient
de franchir les 6,5 milliards d'individus, les estimations les plus sérieuses envisagent le
nombre de 9 milliards dans une trentaine d'années. Par ailleurs, nous devons désormais
faire face aux effets du réchauffement global de la planète, préserver notre environne-
ment et faire évoluer nos modes de vie. Ceci veut dire que la construction de logements
et autres services publics, d'infrastructures de transports, de réseaux d'assainissement,
de réseaux d'approvisionnement et de distribution d'énergie, etc. resteront la clé du
développement dans toutes les sociétés. L'environnement bâti conditionne la qualité de
vie et contribue à l'identité et à l'héritage culturels.
Actuellement, pour donner quelques ordres de grandeur simples, on produit chaque année
dans le Monde environ 2,3 millions de tonnes (hors clinker) de ciment, ce qui veut dire de
l'ordre de 7 milliards de m3 de béton, dont 1,5 à 2 milliards de m3 de béton prêt à l'emploi.
L'industrie de la construction utilise un volume de béton représentant environ plus du
double en poids de l'ensemble des autres matériaux traditionnels de la construction (acier,
bois, plastiques et aluminium). Et le béton armé, ainsi que son jeune cousin le béton pré-
contraint, resteront encore longtemps des matériaux privilégiés de l'activité de construire.
Les maîtres mots de l'art de l'ingénieur sont désormais la durabilité (des constructions
et des produits de construction) et l'utilisation raisonnée des matériaux, tout en respec-
tant les exigences essentielles de solidité et de bon fonctionnement des structures, et en
évitant les erreurs d'origine humaine tant soit peu importantes, souvent sources de dé-
faillances structurales au cours du processus de construction. C'est là que les normes et
codes de calcul apportent une aide précieuse aux ingénieurs et techniciens. D'ailleurs,
les normes et codes de calcul ont au départ une légitimité historique puisqu'un demi-
siècle à peine après les tout premiers brevets de Louis Lambot et Joseph Monier la pre-
mière « Circulaire du ministre des travaux publics, des postes et télégraphes» transmet-
tait, ie 20 octobre 1906, les instructions relatives à l'emploi du béton armé en France.
Au fait, à quoi sert un code? Tout d'abord, il fixe les notations et la terminologie, ce qui
permet aux ingénieurs de mieux se comprendre en évitant de parler des langages différents.
En second lieu, il doit énumérer la liste des points principaux à vérifier et qu'il serait impar-
donnable d'omettre. Cette liste ne peut être exhaustive, mais elle doit comprendre les cas les
plus généraux ou courants, ainsi que les mesures à prendre pour remédier à la pathologie
constatée et tenir compte de l'expérience des bons constructeurs. Enfin, les codes, même
s'ils ne peuvent tout prévoir a priori, constituent des <<règles du jeu» permettant de compa-
rer des propositions ayant le même niveau de qualité et de fiabilité lors des appels d'offres
et de vérifier que les exigences du « client» ont été prises en compte correctement
On prétend parfois que les normes et codes de calcul brident l'imagination des ingé-
nieurs les plus créatifs. L'expérience prouve largement le contraire car c'est bien lors de
4 Traité de béton armé

la conception d'ouvrages exceptionnels que l'on cherche à se caler, quelle que soit la
méthode de calcul employée, aussi sophistiquée soit-elle, par rapport à des règles issues
des résultats de la recherche la plus avancée.
Mais ces règles, encore faut-il les écrire, puis les expliquer de la manière la plus péda-
gogique de façon à cerner au mieux leur domaine d'utilisation.
Pour écrire les règles, il faut des experts comprenant le comportement d'un matériau que
l'on pourrait parfois qualifier de «versatile» et le fonctionnement des structures dans
leurs moindres détails, capable d'interpréter les résultats d'expérimentations qui ne sont
souvent pas réalisées dans des conditions comparables, et proposant des règles suffisam-
ment simples pour être facilement applicables, tout en restant sécuritaires sans excès. Jean
Perchat est l'un de ceux-là: il fut en particulier l'un des rédacteurs du code-modèle CEB-
FIP de 1978 pour les structures en béton et l'un des signataires de son introduction, aux
côtés de trois autres experts illustres: Franco Levi, Manfred Miehlbradt et Yves Saillard.
Puis débuta l'aventure de l'Eurocode 2 qui connut, comme les autres Eurocodes, trois pha-
ses principales. Une première phase (1976-1990) correspondant à la rédaction de docu-
ments-cadres sous l'égide de la Commission européenne, puis une seconde phase (1990-
1998) correspondant à la mise des premiers documents au format de normes provisoires par
le CEN en tenant compte des résultats des enquêtes internationales ayant porté sur la pre-
mière génération, et enfin, la troisième phase (1998-2007) correspondant à la transforma-
tion des normes européennes provisoires en normes européennes définitives EN. Jean Per-
chat resta un expert actif pour l'élaboration de l'Eurocode 2 de première génération, puis de
la norme ENV après transfert des travaux au CEN selon l'agrément de 1989 entre la Com-
mission et le CEN. Naturellement, cette activité internationale se doublait d'une activité
nationale avec, probablement, les états d'âme d'un pionnier de la nouveauté.
Ainsi, Jean Perchat resta longtemps aux premières loges de ce grand bouleversement de la
seconde moitié du XXe siècle qui vit se cristalliser une approche différente de la conception,
de l'exécution et de la maintenance des ouvrages. Il fallait parallèlement diffuser toute cette
connaissance accumulée et là, on retrouve Jean Perchat dans un rôle qu'il a toujours joué
avec bonheur: le rôle d'enseignant (notamment au CHEC) et de formateur. Il lui fallait, pour
cela, un support écrit dans lequel chacun puisse trouver les réponses aux questions qu'il se
posait. Et, au fil des ans et des évolutions techniques, ce support écrit fut rédigé, repris, per-
fectionné, et complété pour lui conférer une actualité permanente. L'ancien cours du CHEC
eut une notoriété telle qu'on l'appela bientôt « Le Perchat » : l'article en dit long !
Que penser de ce nouvel ouvrage, si ce n'est qu'il est un outil fondamental pour permet-
tre à tous les ingénieurs et techniciens français et étrangers imprégnés d'une tradition
technique française encadrée par des textes nationaux de qualité, de découvrir et
d'adopter une culture développée à l'échelle européenne qui suscite déjà un vif intérêt
dans de nombreux pays non européens.

Jean-Armand Calgaro
Ingénieur Général des Ponts et Chaussées
Président du CENrrC250 (Eurocodes)
L'élément principal des calculs est l'évaluation des limites
des efforts que l'on peut faire supporter aux parties des
divers matériaux. Cette évaluation, établie d'après
l'expérience des constructions existantes, n'est pas
susceptible d'une rigoureuse exactitude. Il pourra donc
exister quelques d~fférences dans les nombres qui seront
adoptés par diverses personnes. Le temps, et la réunion
d'un grand nombre de comparaisons, peuvent seulsflXer
les idées sur ce sujet.

Il ne faudrait pas conclure, d'ailleurs, que l'on doit toujours,


pour avoir égard à l'économie, se placer tout près de ces
limites. Les différences que l'on trouve dans les qualités
des matériaux, et plusieurs autres motifs, s y opposent;
l'art consiste principalement àjuger jusqu'à quel point il est
permis de s'en approcher, et par là, il introduit implicitement
['idée d'une nécessaire réduction des valeurs limites des
efforts pour garantir la sécurité, tout en considérant qu 'i!
est bon d'avoir égard à l'économie.

Louis Navier, « Résumé des leçons données à l'École


des Ponts et Chaussées », 1839
AVANT-PROPOS

Si la date du 9 mai 1950, avec l'appel de Robert Schumann, est une date importante
dans le processus d'unification de l'Europe, celle du 6 novembre 1953 ne l'est pas
moins pour les constructeurs européens. C'est en effet ce jour-là qu'au cours d'une
séance inaugurale tenue au Luxembourg, a été fondé le Comité Européen du Béton
(CEB) qu'André Balency-Béarn, qui présidait alors la Chambre Syndicale des Cons-
tructeurs en Ciment Armé, avait décidé de créer, à l'instigation de techniciens français
qui désiraient confronter leurs vues et leurs expériences avec des techniciens étrangers.
Il s'agissait initialement de réunir périodiquement un petit nombre de techniciens parti-
culièrement compétents, chercheurs, professeurs, ingénieurs et constructeurs issus de
divers pays. Ces réunions restreintes devaient permettre des échanges très libres et des
répartitions de tâches expérimentales que n'autorisent pas des assemblées trop nom-
breuses dans lesquelles il ne peut être question que de communications, mais pas de
dialogues et encore moins de discussions. Dix pays étaient représentés à la séance inau-
gurale. En 1960, ce nombre était passé à dix-neuf. En 1975, le CEB en comptait trente-
deux et d' «européen», il était devenu «euro-international». Actuellement, le CEB a
disparu, intégré à la Fédération Internationale du Béton (fib).
Le CEB .a joué un rôle essentiel dans l'évolution des connaissances sur le comportement
des structures en béton armé et sur celle des textes réglementaires. Les objectifs qui
avaient été statutairement fixés visaient la coordination internationale et la synthèse des
recherches, la sécurité et la durabilité, la conception et le calcul, la règlementation et
l'application pratique aux diverses technologies de la construction.
Dans les années qui suivirent, il apparut rapidement que l'harmonisation des règles de
calcul ne pouvait se faire sur la base des règlementations nationales existantes, beau-
coup trop différentes les unes des autres. Il fallait partir de nouveaux concepts. Déjà,
dans les divers pays d'Europe et d'Amérique, s'élaboraient de nombreuses théories, les
expériences se multipliaient et des connaissances nouvelles sur le comportement, la
sécurité et la conception des ouvrages en béton commençaient à s'accumuler.
En 1964, parurent les «Recommandations pratiques à l'usage des constructeurs», rédi-
gées par Nicolas Esquillan, qui réunissaient sous une forme pseudo réglementaire la
synthèse des connaissances déjà acquises au CEB. Ce document ne concernait que les
'structures en béton armé classiques. Il exposait les principes fondamentaux, développait
surtout, bien qu'il y soit déjà question du concept plus général d' «états-limites», une
méthode pratique de calcul des sections à la rupture en flexion, proposait un mode de
vérification des poteaux exposés au flambement, et un mode de prévision par le calcul
des ouvertures de fissures. Il comportait de nombreuses lacunes, et était loin d'être opé-
rationnel. Mais il avait le mérite de faire apparaître les sujets (le calcul de la résistance à
l'effort tranchant ou au poinçonnement, l'étude des phénomènes d'adaptation et de
8 Traité de béton armé

redistribution dans les structures hyperstatiques, .... ) sur lesquels les recherches et les
études devaient encore porter.
Après cette publication, une étroite coopération technique s'établit entre le CEB et la
Fédération Internationale de la Précontrainte, qui, les réflexions et connaissances ayant
continué de progresser, conduisit en 1970 à une deuxième édition des recommandations
sous le titre de «Recommandations internationales CEB/FIP pour le calcul et
l'exécution des ouvrages en béton». Celles-ci, bien que n'ayant pas encore le caractère
d'un code pratique et opérationnel, constituèrent un document de référence dont
s'inspirèrent nombre de règlements nationaux. Un pas décisif fut franchi avec l'idée,
émise en 1974, de réunir l'ensemble des textes visant des matériaux aussi différents que
le béton, le métal, le bois,.etc. en un vaste «système international de réglementation
technique unifiée des structures», partant de principes de sécurité communs.
Dans ce système, on passa du stade de «recommandations» à celui de «modèle de code»,
susceptible d'être adopté tel quel comme règlement national par n'importe quel pays.
Dans le «Code-Modèle 1978 pour les structures en béton», les règles assorties de com-
mentaires couvraient, sous une forme homogène et cohérente, les différents types de
problèmes que doit appréhender l'ingénieur dans l'établissement du projet, le calcul, le
dirnensionnement, la réalisation et le contrôle de qualité des ouvrages. Elles avaient été
rédigées dans une perspective opérationnelle, en vue de leur application directe par les
ingénieurs d'études et de chantiers. L'aspect opérationnel avait été contrôlé sur une série
d'exemples concrets que chaque pays membre avait eu à résoudre et dont il avait compa-
ré les résultats avec ceux de sa propre règlementation. Quoique le CEB ne disposât
d'aucun pouvoir pour en imposer l'application, l'impact du Code-Modèle 1978 sur les
règlementations nationales n'en fut pas moins considérable. En particulier, nos Règles
BAEL 80 en ont largement subi l'influence. Et lorsque la Commission Européenne a
décidé de se doter de textes techniques, c'est tout naturellement que le Code-Modèle
1978 a été pris comme texte de référence pour la rédaction de la première ébauche de
l'Eurocode 2. En 1990, une version remaniée, le Code-Modèle 90, a pris le relais.
La rédaction d'une norme expérimentale, convertie ensuite en norme européenne, stade
final de l'Eurocode 2, a demandé beaucoup de temps et a connu bien des vicissitudes.
Le passage d'un <<modèle» de code à un code «réel», accepté par tous et applicable dans
l'ensemble des pays membres de l'UE, a exigé de multiples enquêtes et nécessité des
aménagements successifs avec de nombreux compromis obtenus après des discussions
parfois assez âpres.
Au terme d'un parcours de 25 ans, l'Eurocode 2 a fini par obtenir le statut de norme
européenne, dont l'application deviendra obligatoire en 2010. Mais il faudra sans doute
encore quelque temps ensuite avant que cette norme ne se substitue totalement aux règles
. en vigueur dans les pays membres de l'UE et en particulier à nos Règles BAEL et BPEL.
J'ai eu la chance d'entrer dans la Profession au moment de la création du CEB. André
Balency-Béarn m'a présenté à Pierre Lebelle, un grand ingénieur, lui-même disciple de
Freyssinet. Pierre Lebelle m'a d'emblée associé à ses études, à ses recherches et à ses
projets et introduit dans les commissions nationales et internationales de réglementation.
Là, j'ai eu le grand privilège de rencontrer d'éminents ingénieurs français ou étrangers. En
France, Albert Caquot, qui présidait la plupart des réunions techniques, René Chambaud
Avant-propos 9

dont j'ai été le disciple et l'assistant au CHEC pour l'enseignement du calcul à la rupture,
Nicolas Esquillan, avec lequel j'ai collaboré à l'élaboration des Recommandations du
CEB et qui m'a passé la main pour le Code-Modèle 78. Je n'oublie pas Jean Blévot, pro-
fesseur à l'Ecole Centrale de Paris, qui m'a associé à la rédaction de ses publications sur le
béton armé.
C'est à eux tous, Jean Blévot, René Chambaud, Nicolas Esquillan et Pierre Lebelle, mes
«maîtres», par qui j'ai beaucoup appris, et auxquels je ne saurais manquer de joindre
André Balency-Béarn, que je souhaite dédier le présent cours.

Jean Perchat
ABRÉVIATIONS

ACI American Concrete Institute

ADETS Association technique pour le développement de l'emploi du treillis soudé

AFCAB Association française de certification des armatures du béton

AFNOR Association française de normalisation

BA Béton armé

BAEL Béton armé aux états-limites

BCN Béton à caractères normalisés

BHP Béton à hautes performances

BPEL Béton précontraint aux états-limites

BS British standards (norme britannique)

CCAP Cahier des clauses administratives particulières

CCBA Règles techniques de conception et de calcul des ouvrages et constructions en


béton armé

CCTG Cahier des clauses techniques générales

CEB Comité euro-international du béton

CEBTP Centre expérimental de recherches et d'études du bâtiment et des travaux publics

CEN Comité européen de normalisation

CHEBAP Centre des hautes études du béton armé et précontraint

CHEC Centre des hautes études de la construction

CPC Cahier des prescriptions communes

CRM Centre de recherches métallurgiques

CSTB Centre scientifique et technique du bâtiment


12 Traité de béton armé

DIN Deutsches Institut fUr Normung (organisme allemand de normalisation)

DTU Document technique unifié

EC Eurocode

ELS Etat-limite de service

ELU Etat-limite ultime

ENPC Ecole nationale des ponts et chaussées

EOTC European Organization for Testing and Certification (Organisation européen-


ne pour les essais et certifications)

EPFL Ecole polytechnique fédérale de Lausanne

fib Fédération internationale du béton

FIP Fédération internationale de la précontrainte

HA Haute adhérence

HLE Haute limite d'élasticité

IRSID Institut de recherche de la sidérurgie

ISO International Organization for Standardization (Organisation internationale de


normalisation)

ITBTP Institut technique du bâtiment et des travaux publics

MEL Ministre de l'Équipement et du Logement

NF Norme française

NV Neige & vent

POT Pull-out test

RlLEM Réunion internationale des laboratoires d'essais des matériaux

TSHA Treillis soudé à haute adhérence

UE Union européenne
CHAPITRE 1
GÉNÉRALITÉS

1.1 PRINCIPE DU BÉTON ARMÉ


Le béton est un matériau obtenu en mélangeant en proportions convenables et de maniè-
re homogène:
- du ciment,
un « granulat» composé de sable et de matériaux pierreux (gravillons, cailloux),
- de l'eau.
Le mélange fait prise puis « durcit »1, ce qui se traduit par un accroissement de ses résis-
tances à la compression et à la traction. La première atteint des valeurs élevées (cou-
rammenr, en moyenne, 25 à 35 MPa), mais la seconde reste relativement incertaine et
faible (de l'ordre du douzième de la résistance à la compression, c'est-à-dire de 2 à
3 MPa). Le béton est donc un matériau fragile. Pour pallier les inconvénients résultant
de cette fragilité, on associe au béton des armatures en acier: le matériau ainsi obtenu
est le béton armé.
La présence d'armatures dans le béton ne suffit pas à/aire de celui-ci un béton armé.
Il faut en plus une organisation structurale spécifique portant sur les formes des pièces,
ainsi que sur la quantité et l'agencement des armatures .

• Principe nO 1
Tout élément doit être armé suivant trois directions non coplanaires, généralement
orthogonales.
Toutefois, les éléments de faible épaisseur (comme les dalles) ne sont généralement
armés que dans deux directions, parallèles à leur feuillet moyen (voir exemples de fer-
raillage, figures 1.1 et 1.2).

1. Contrairement à ce que l'on entend souvent, le béton ne« sèche» pas. Le durcissement n'est pas dû
à une perte d'eau, mais à une réaction chimique d'hydratation du ciment. Si le béton devait sécher,
comment aurait-on pu l'utiliser dans des ouvrages maritimes, où il est souvent coulé sous l'eau?
2. Les bétons à hautes performances (BHP) permettent d'obtenir des résistances bien supérieures,
pouvant atteindre 100 MPa et même davantage.
14 Traité de béton armé

• Principe nO 2
Seuls peuvent être considérés comme « éléments en béton armé» ceux qui sont encore
aptes à jouer leur rôle dans la structure dont ils font partie lorsque la résistance à la
traction de leur béton constitutif est supposée nulle.
L'application de ce second principe conduit :
1. à toujours mener les calculs comme si le béton avait effectivement une résistance
nulle à la traction, donc à déterminer les armatures des zones tendues pour qu'elles
soient capables d'équilibrer la totalité des efforts de traction développés par le fonction-
nement mécanique de la structure.
2. à toujours prévoir une quantité d'armatures tendues au moins égale à celle nécessaire
pour équilibrer la force de rupture par traction du béton tendu, supposé non armé
(condition de non-fragilité, définissant le pourcentage minimal d'armatures tendues) .

• Exemple 1 (figure 1.1) : Poutre encastrée à une extrémité, reposant librement sur
un appui intermédiaire, avec porte-à-fallX.
Schéma de la Résistance des Matériaux

Diagramme de l'effort tranchant

Face
supérie..,re
Face
inférieure
-
~
T

C
----:;:.--=;-------
TTC
--
T T
~
C
----.
Diagramme du moment de flexion
T= tendu
C = comprimé

Extrêmum
Armature longitudinale supérieure
sur appui « chapeau»
Barres de montage (ou armatures longitudinales supérieures)
en travée Cadre
ou étrier

CoupeAA
Crocl1et

Armatures klngitudinales
inférieures
ROIe des am>atu,•• d'âme ,
équilibrer les tractions obliques
f"><
1 T","km
dues à l'effort tranchant

Figure 1.1. Exemple de ferraillage d'une poutre


Chapitre 1 • Généralités 15

• Exemple 2 (figure 1.2) : Dalle encastrée sur son contour

Chapeaux
sur appuis
CoupeAA

t'B

J...
A Armature longitudinale inférieure

Figure 1.2. Dalle encastrée sur son contour

1.2 FORMES USUELLES DES ÉLÉMENTS


En béton armé, on retrouve constamment:
- le poteau, élément vertical porteur,
- la dane ou hourdis, plaque plane horizontale de faible épaisseur par rapport à ses
dimensions en plan,
- la nervure, élément prismatique, à section généralement rectangulaire.
L'association hourdis-nervure constitue une poutre en T ou à table de compression
(figure 1.3).
La combinaison poteau-hourdis-nervure donne la solution classique pour réaliser des
planchers.
- le voile plan ou courbe délimité par deux surfaces planes ou courbes, l'épaisseur étant
faible vis-à-vis des dimensions de sa surface.
La combinaison voiles plans-hourdis aboutit aux poutres-caissons (figure 1.4).

Figure 1.3. Association hourdis-nervure


16 Traité de béton armé

Figure 1.4.

Des voiles à simple ou double courbure permettent de réaliser des couvertures, des
réservoirs, des réfrigérants, etc.

1.3 ÉVOLUTION DES MÉTHODES


DE CALCUL DU BÉTON ARMÉ
Après une période de relative stabilité, jusqu'aux environs de 1945, les méthodes de
calcul des constructions en béton armé ont subi une évolution continue qui a abouti, à la
suite de concepts qui se sont développés dans la seconde moitié du siècle dernier, à une
modification profonde des principes mêmes sur lesquels reposaient ces méthodes.
Les changements successifs ont résulté:
- d'une part, d'une connaissance plus précise du comportement du matériau «béton
armé », acquise à la suite de nombreux essais effectués dans différents pays;
- d'autre part, d'une évolution de la notion même de la sécurité des constructions où
l'on est passé d'une conception de caractère déterministe à une conception de caractère
probabiliste ou plutôt semi-probabiliste (§ 1.34).
Un rappel de cette évolution est nécessaire pour en mieux comprendre les raisons et la
portée. Auparavant nous devons nous livrer à un certain nombre de considérations à
caractère général.

1.31 Considérations générales


l}n ouvrage doit être conçu et calculé de manière à présenter durant toute sa durée
d'exploitation des sécurités appropriées vis-à-vis:
- de sa ruine ou de celle de l'un quelconque de ses éléments;
- d'un comportement en service susceptible d'affecter gravement sa durabilité, son
aspect ou encore le confort de ses usagers.
Chapitre 1 • Généralités 17

Or un certain nombre de facteurs sont susceptibles, par leur intervention isolée ou com-
binée, d'influer sur la sécurité d'une structure et éventuellement de la compromettre.
Parmi ces facteurs, on peut citer:
• la définition des actions appliquées à l'ouvrage,
• les propriétés des matériaux constitutifs,
• la détermination des sollicitations (M, N, V,1),
• les méthodes de calcul des sections,
• les règles de détail (disposition des armatures, enrobages, recouvrements, etc.).
• la qualité de l'exécution qui dépend elle-même:
- des règles de contrôle,
- de la qualification du personnel, etc.
Étant donné les incertitudes qui entachent ces différents facteurs, il est nécessaire de
prendre des marges de sécurité, sous la forme de « coefficients de sécurité» à introdui-
re dans les calculs.

1°) Selon le mode d'introduction des coefficients relatifs à la sécurité, on distingue:


-les méthodes de calcul aux «contraintes admissibles» (coefficients de sécurité appli-
qués uniquement aux « résistances» des matériaux - voir § 1.32);
les méthodes de calcul à la rupture (coefficients de sécurité appliqués uniquement aux
« actions» qui, le plus souvent, sont des charges - voir § 1.33) ;
-les m~thodes de calcul avec coefficients de sécurité partiels (appliqués d'une part aux
résistances, d'autre part aux actions et éventuellement, aux sollicitations, voir § 1.34).

2°) Selon la conception même de la sécurité, suivant la manière dont on considère les
paramètres de base, on distinglle :
-les méthodes déterministes (paramètres de base considérés comme non-aléatoires),
-les méthodes probabilistes (paramètres de base considérés comme aléatoires).
Toute méthode de calcul devrait donc normalement apparaître comme une combinaison
des méthodes la, ou 1b, ou 1c, avec l'une des deux méthodes 2a ou 2b ci-avant. En fait,
il arrive souvent que ces différentes méthodes s'interpénètrent plus ou moins, ce qui est
très apparent dans la norme allemande DIN 1045 ou le Code américain de l'ACI, mais
est également vrai dans les Règles BAEL.
Dans ces dernières, les lettres « EL » signifient « états-limites ». Il faut bien comprendre
. que ce mot, à la mode depuis les années soixante' , ne recouvre en fait que des concepts

1. Mais dés 1926, en Allemagne, Max Meyer avait proposé de justifier la bonne tenue des ouvrages en
béton armé non par le calcul des contraintes, mais par le calcul aux états-limites. Cette nouvelle fa-
çon de considérer le problème des calculs avait été étudiée par les spécialistes russes, et notamment
par le professeur A. F. Loleit qui, en juin 1932, avait fait à ce sujet une conférence à Léningrad. Les
18 Traité de béton armé

connus et appliqués depuis fort longtemps. En effet par le terme « état-limite », on dési-
gne tout état au-delà duquel une structure ou une partie de cette structure deviendrait
inapte à remplir les fonctions pour lesquelles elle a été conçue. Lorsqu'un état-limite est
atteint, l'une des conditions requises de la structure ou de l'un de ses éléments pour
remplir son objet, et qui ont été fixées lors du projet, est donc strictement satisfaite,
mais cesserait de l'être une fois franchi cet état.
Envisagées sous cet aspect, les méthodes «aux contraintes admissibles» (§ 1.32) par
exemple, sous la forme où elles étaient utilisées autrefois, étaient elles-mêmes des mé-
thodes d'états-limites. On les retrouve d'ailleurs maintenant, avec leurs hypothèses pro-
pres, pour justifier les « états-limites de service ».
Toutefois l'habitude s'est prise (et nous ferons donc de même) de réserver le nom de
« méthode de calcul aux états-limites» à la méthode de calcul se mi-probabiliste avec
coefficients de sécurité partiels (combinaison 1c-2b selon la classification précédente).

1.32 Méthodes aux contraintes admissibles

1.321 Méthode « classique»


Cette méthode de calcul, longtemps considérée comme la seule scientifiquement vala-
ble, était la base des prescriptions des premiers règlements: Circulaires ministérielles de
1906 et de 1934 et, dans une large mesure, Règles BA 1945.
Dans cette méthode, le modèle de calcul est le modèle élastique. En particulier, les ma-
tériaux acier et béton sont supposés obéir à la loi Hooke (0' = E ê). Pour chacun d'eux, la
contrainte maximale 0' sous sollicitations de service, calculée par les méthodes de la
Résistance des Matériaux classique, étendue aux pièces hétérogènes par introduction
d'un «coefficient d'équivalence» et en négligeant le béton tendu, est bornée à une
fraction !y jugée convenable de la contrainte au-delà de laquelle le matériau se rompt

(béton) ou subit des déformations importantes (acier). Cette contrainte - ou «résistan-


ce» f - peut être évaluée en tenant compte (probabilisme) ou non (déterminisme) de la
dispersion des résultats d'essais.
La contrainte maximale admissible cr est ainsi définie par 0: = f et la condition à
vérifier est donc: y

[1.1 ]

où y (> 1) est un coefficient global tenant compte de toutes les causes d'incertitude.

travaux, discussions et expériences qui suivirent cette conférence aboutirent aux règlements de 1939
rendant en URSS le calcul aux états-limites obligatoire pour toutes les constructions en béton armé.
Chapitre 1 • Généralités 19

Si la fraction ! est fixée une fois pour toutes indépendamment du mode de sollicitation
y
des pièces (méthode « classique »), on aboutit à des coefficients de sécurité non homo-
gènes, car variant selon ce mode de sollicitation, et par voie de conséquence, à un di-
mensionnement parfois surabondant.

1.322 Méthode classique « aménagée»


L'un des moyens de pallier l'inconvénient mentionné au paragraphe précédent consiste
à apporter des correctifs à la méthode, en adoptant une fraction ! variable en fonction
y
de la nature de la sollicitation (par exemple, en tenant compte des phénomènes
d'adaptation plastique qui se manifestent dans les poutres fléchies) de manière à obtenir,
sans complications excessives, des coefficients de sécurité homogènes (Règles
BA 1960, Circulaire ministérielle de 1964, Règles CCBA 68).
Un premier pas dans cette voie avait été fait dans les Règles BA 1945, qui admettaient
une légère augmentation des contraintes sur appuis des poutres continues. Mais les Rè-
gles BA 1960 allaient beaucoup plus loin: c'est ainsi que, dans une poutre fléchie de
section rectangulaire, la contrainte admissible par compression du béton était double de
celle d'un poteau soumis à la compression simple.
De même, les valeurs des contraintes admissibles des armatures d'âme sous l'effet de
l'effort tranchant variaient en fonction de la valeur de la contrainte tangente, afin de
tenir c0!llpte des résultats de nombreux essais.
Les Règles CCBA 1968 avaient repris pour l'essentiel les prescriptions fixées par les
Règles BA 1960. La méthode de vérification des sections par application de ces diffé-
rents textes avait constitué un progrès notable par rapport à la méthode classique.

1.323 Critique des méthodes aux contraintes admissibles


Toute méthode de vérification en phase élastique, en limitant les contraintes à des va-
leurs fixées par avance, risque de présenter des inconvénients graves dans tous les cas
où les contraintes ne sont plus proportionnelles aux sollicitations (M, N, Vou 1) et donc
aux forces appliquées, ce qui est notamment le cas de la flexion composée l .
La relation [1.1] revient à s'assurer que la sollicitation S, c'est-à-dire M, N, Vou T,
obtenue pour une combinaison l:Qi d'actions de service (par exemple de charges), de-
meure inférieure à celle qui amènerait le dépassement de la contrainte cr .

l. Attention aux notations: V désigne l'effort tranchant, Tle moment de torsion.


20 Traité de béton armé

Le principe de superposition étant ici applicable, S('L,Qj) = L,S(Q) et l'inégalité à véri-


fier peut donc s'écrire, sous forme symbolique :

[1.2]

a) Considérons d'abord le cas où l'élément que l'on calcule n'est soumis qu'à une seule
action Q et où les sollicitations sont proportionnelles aux actions appliquées. Si,
conformément à la méthode des coefficients partiels, on met en évidence les différentes
causes d'incertitude (voir chap. 3), chacun des termes S, Q et f doit être affecté d'un
coefficient partiel de sécurité et la condition à vérifier est:

[1.3]

avec:
YQ coefficient de sécurité partiel applicable à l'action Q considérée
S sollicitation (M, N, Vou 1) due à l'action Q
a contrainte du matériau calculée élastiquement sous la sollicitation S fonction
elle-même de YQ Q
YB, Ym coefficients tenant compte des écarts possibles des sollicitations et résistances
par rapport à leurs valeurs moyennes
Les solli~itations étant supposées proportionnelles aux actions (forces) appliquées, dans
l'hypothèse d'un modèle de calcul élastique, on a :

S(yQQ) = yQS(Q) [1.4]

et yF3a [S(yQQ)]= y~a [S(Q)] [1.5]

Les relations [1.1] et [1.3] sont donc équivalentes, car la relation [1.3] peut s'écrire,
compte tenu de [1.5] :

y~a [S(Q)] ~ L [1.6]


Ym

c'est-à-dire

[1. 7]
Chapitre 1 • Généralités 21

b) Considérons maintenant le cas où les sollicitations ne sont plus proportionnelles aux


actions appliquées. Ce cas est par exemple celui d'une cheminée en béton armë (figu-
re 1.5).

(Q) ---Ho--l
Une section droite quelconque L est en
effet soumise :
- à un effort normal N (dû au poids propre Vent
G de la partie située au-dessus de la sec-
tion L considérée),
- à un moment M dû à l'action Q (ici, le
vent).

Figure 1.5.

Les contraintes extrêmes crmin et cr max sur cette section droite se calculent par les formu-
les classiques de la Résistance des Matériaux:
N Mv
cr
max
=-+-
S 1
[1.8]

N Mv
cr . = - - - [1.9]
mm S 1

Ces formules comportent une partie fixe O'G(N) = N due au poids propre et une partie
S
variable crrjM) due au moment de flexion (évalué au centre de gravité G de L).
Le poids propre et le vent constituant deux actions ne donnant pas lieu aux mêmes in-
certitudes, il faudrait écrire, au lieu de [1.3], en appliquant toujours la méthode des
coefficients partiels de sécurité:

[1.10]

1. Nous citons cet exemple car il est caractéristique. Vers la fin des années « vingt» en effet, un certain
nombre de cheminées en béton armé, qui avaient été calculées uniquement en vue de résister à un
vent conventionnellement considéré comme « normal» se sont rompues â mi-hauteur sous l'effet de
bourrasques.
22 Traité de béton armé

Cette dernière formule n'est plus équivalente à [1.1]. En effet la méthode des contrain-
tes admissibles reviendrait à écrire (voir [1.7]) :

avec [1.11]

ou encore [ 1.12]

c'est-à-dire à affecter d'un même coefficient de sécurité « global» les contraintes (JG et
(JQ dont les dispersions sont nécessairement très différentes puisque les causes
d'incertitude sur le poids propre et sur le vent ne sont pas les mêmes.
Ainsi, pour ne parler que du béton, la limitation de la contrainte à une valeur admissible
f ne permet pas d'assurer que la construction ne se rompra pas tant que l'action Q ne
y
sera pas multipliée par y. On est au contraire certain que le coefficient de sécurité est
inférieur à y.
Si donc les actions extérieures viennent pour une cause quelconque à dépasser la valeur
maximale théorique Q prise en compte dans le calcul (et en particulier pour le vent
comme pour toute autre action «naturelle », cette éventualité ne peut être écartée a
priori), la contrainte maximale du béton risque de croître beaucoup plus vite que Q et
même d'.atteindre la valeur de la résistance à la compression. Ou bien encore, comme le
montre la relation [1.9], dans le cas où (Jmin est positif mais voisin de zéro, ce dépasse-
ment de la valeur maximale théorique Q peut rendre (Jmin négatif, et donc entraîner un
renversement d'effort puisque des tractions apparaîtront là où l'on avait auparavant des
compreSSIOns.
Pour se préserver contre un risque de rupture prématurée, il faut vérifier que la section
présente une sécurité suffisante vis-à-vis de la rupture. On trouve là l'origine de la « vé-
rification complémentaire de la sécurité à l'égard des charges variables» (charges
d'ex.ploitation ou charges climatiques), prescrite par les règlements français depuis 1945
et dans laquelle les contraintes étaient déterminées après majoration des actions.

1.33 Méthodes de calcul à la rupture


Le but idéal de toute analyse de résistance est la prévision, par le calcul, du danger de
rupture. Dans le cours qu'il professait à l'École polytechnique fédérale de Zurich,
E. Morsch disait en 1912: «Le but de tout calcul statique est moins de déterminer
exactement les fatigues causées dans un ouvrage par des forces extérieures quelconques
que de prouver que la sécurité de cet ouvrage contre la rupture est suffisante. On de-
vrait donc évaluer la résistance à la flexion des constructions en béton armé en se ba-
sant sur la phase de rupture ». De même Considère, dans les commentaires de
l'article 3 de la Circulaire Ministérielle du 20 octobre 1906, avait examiné l'idée d'un
Chapitre 1 • Généralités 23

calcul à la rupture où le coefficient de sécurité serait défini comme le coefficient


d'amplification par lequel il faudrait multiplier les charges pour provoquer la rupture.
L'idée de déterminer les sollicitations probables de rupture d'une pièce (par exemple, le
moment fléchissant probable de rupture d'une poutre) en fonction des caractères géomé-
triques de la pièce (dimensions du béton, position et section des armatures) et des carac-
tères mécaniques du béton et de l'acier, puis, par comparaison de la sollicitation de
service et de la sollicitation probable de rupture, d'apprécier si le coefficient de sécurité
est suffisant, n'est donc pas nouvelle.
À l'inverse d'ailleurs, à partir d'une sollicitation de service donnée et d'un coefficient
de sécurité fixé, on peut déterminer une sollicitation de rupture et en déduire le dimen-
sionnement des sections.
De telles méthodes sont dites « méthodes de calcul à la rupture ». Dans ces méthodes, le
modèle de calcul est élastique pour les sollicitations. Pour les matériaux, on adopte les
lois cr - e réelles. La vérification consiste à s'assurer que la sollicitation S (M, N, V, n
obtenue pour une combinaison LY Qi Qi d'actions de calcul Qi majorées par yQi Ci > 1)
demeure inférieure à celle qui amènerait le dépassement de la résistance f
Sous forme symbolique, l'inégalité à vérifier est:
[1.13]

Les fonctions S (Q), R Cf) n'étant pas linéaires, les inégalités [1.2] et [1.13] ne sont pas
identiques, et il ne revient donc nullement au même de minorer les résistances ou de
majorer l~s actions.
Dans les années cinquante, il a existé en France une méthode de calcul à la rupture, qui
avait été mise au point par R. Chambaud à la suite d'essais sur des poutres en béton
armé, qu'il avait conduits en 1948, avec l'aide de la Chambre syndicale des construc-
teurs en ciment armé. L'application de cette méthode était, dans certains cas, plutôt
laborieuse, mais elle a permis de conserver, sans renforcement, certains éléments
d'ouvrages non conformes aux prescriptions des règlements alors en vigueur.
Toutefois, la méthode de R. Chambaud n'a jamais été officialisée et les Règles de calcul
du béton armé (Règles BA 1945, Règles BA 1960, Circulaire Ministérielle de 1934 et
Règles CCBA 1968), en imposant la vérification complémentaire de la sécurité, dont il
a déjà été question ci-avant, sous des charges variables majorées (sollicitations du
2e genre), tout en conservant les principes généraux et les hypothèses de base du calcul
élastique, se bornaient donc à ne demander qu'un« pseudo-calcul à la rupture ».

1.34 Méthode de calcul semi-probabiliste avec coefficients


partiels de sécurité (états-limites)
Les méthodes de calcul à la rupture permettent d'estimer d'une façon assez précise la
sécurité des pièces en béton armé et, par conséquent, d'avoir des coefficients de sécurité
sensiblement homogènes.
24 Traité de béton armé

Toutefois, comme les méthodes élastiques le sont elles-mêmes vis-à-vis de la rupture,


ces méthodes s'avèrent incomplètes car elles ne dispensent pas de procéder à d'autres
vérifications, dont on avait tout d'abord cru que l'on pourrait se dispenser, suivant les
méthodes élastiques sous les charges de service.
En effet, une structure qui présente une sécurité suffisante vis-à-vis de la rupture n'a pas
nécessairement un comportement convenable en service (notamment en ce qui concerne
les déformations et la fissuration) car les critères sont absolument indépendants. Et,
ainsi qu'on l'a vu, la réciproque peut aussi être vraie dans certains cas.
Il convenait donc d'imaginer et de mettre au point une extension et une généralisation
des méthodes de calcul: les méthodes dites « aux états-limites» répondent à cet objet.

1.341 Définition des états-limites


L'article A-1.2 des Règles BAEL 91 donne d'un état-limite la définition suivante, plus
précise que celle que nous avons donnée au § 1.31 :
Un « état-limite» est un état particulier dans lequel une condition requise d'une cons-
truction (ou d'un de ses éléments) est strictement satisfaite et cesserait de l'être en cas
de modification défavorable d'une action.
Les divers états-limites que l'on peut envisager peuvent être classés en deux catégories
selon le tableau ci-dessous (dû à R. Favre, EPFL, Lausanne).

États-limites ultimes États-limites de service

Mettent en jeu la sécurité des biens et des Sont liés aux conditions normales d'ex-
personnes (droit pénal) ploitation et de durabilité (droit civil)

Correspondent au maximum de la capacité por- ouverture excessive des fissures


tante de l'ouvrage ou d'un de ses éléments par : - compression excessive du béton
- perte d'équilibre statique - déformations excessives des éléments
- rupture de sections non ductiles ou porteurs
déformations plastiques excessives - vibrations inconfortables pour les
- instabilité de forme (flambement) usagers, ou rendant la structure
impropre à remplir sa fonction
transformation de la structure en un mécanisme
- étanchéité, isolation, etc.

Critères de calcul: Critères de calcul:


- déformations relatives limites (ou courbure - contraintes admissibles
limite) (ou déformations admissibles)
- calculs de type « rupture» : lois réelles - calculs de type « élastique» : loi de
(idéalisées) cr - e Hooke, coefficient d'équivalence ...
Chapitre 1 • Généralités 25

1.342 Origine des méthodes de calcul aux états-limites


Les méthodes de calcul aux états-limites ont leur origine:
- d'une part, dans les recherches théoriques dans le domaine du probabilisme concer-
nant la sécurité des constructions,
- d'autre part, dans le développement continu des recherches théoriques et expérimenta-
les sur le comportement des matériaux et des structures.
C'est à Marcel Prot et Robert Levi que revient, en France, le mérite d'avoir montré dès
1936 qu'il ne peut exister de sécurité totale en matière de construction et d'avoir proposé
des méthodes d'analyse statistique tenant compte de la variabilité des divers paramètres
influant sur la sécurité. Une telle approche repose principalement sur la probabilité de
ruine ou de dommages, définissant un risque « calculé» qui puisse être accepté a priori.
Ces idées se sont développées sur le plan international et ont donné naissance à des
principes de sécurité qui ont été exposés pour la première fois en 1957 dans un rapport
du Conseil International du Bâtiment, et adoptés par la suite par le Comité Européen du
Béton (1964), la Fédération Internationale de la Précontrainte (1966), l'Organisation
internationale de normalisation (norme internationale ISO 2394, 1972) et par la Conven-
tion Européenne de la Construction Métallique.
Ces principes de sécurité ont également constitué la base de la deuxième édition des
Recommandations internationales CEB-FIP pour le calcul et l'exécution des ouvrages
en béton (armé ou précontraint) publiées en 1970.
Depuis 1970, le Comité Euro-international du Béton (CEB) a décidé que les éditions
futures d~ ses Recommandations internationales devraient s'insérer dans un vaste « Sys-
tème international de réglementation technique unifiée des structures », à établir par
l'ensemble des associations techniques internationales, agissant en étroite collaboration.
Les travaux, commencés en 1974, ont abouti à la publication en 1978 1 des deux pre-
miers volumes de ce grand ensemble, à savoir:
-le volume l, Règles unifiées communes aux différents types d'ouvrages et de matériaux,
issu des travaux du Comité mixte Inter-associations sur la sécurité des structures (JCSS) ;
- le volume II, Code-Modèle CEE-FIP pour les structures en béton, issu des travaux du
Comité Euro-international du Béton.
Ces deux documents tenaient compte de l'évolution scientifique et technique qui a pro-
fondément modifié, au cours de la deuxième moitié du siècle dernier, les concepts rela-
tifs à la sécurité des structures et à l'analyse de leur comportement.
Ils constituaient une synthèse des idées les plus évoluées à l'époque en matière de sécu-
nté, conception et exécution des structures. Les règles des volumes 1 et II étaient le

1. Le CES a procédé en 1990 à une quatrième édition des Recommandations internationales, sous le
nom de «Code modèle 1990 ». Ce texte comporte de nombreuses innovations, mais son usage de-
mandera probablement une assez longue période d'adaptation.
26 Traité de béton armé

résultat de compromis entre plusieurs tendances nationales, mais un accord international


avait néanmoins pu être obtenu 1•
Ces deux textes ont eu un retentissement considérable sur les différents codes natio-
naux. En France, les Directives communes de 1979 et les Règles BAEL 91 s'en sont
largement inspirées; il en est de même en ce qui concerne l'Eurocode 2, bientôt en
vigueur dans tous les pays de l'UE.

1.343 Idée de base du probabilisme


Un état-limite pourrait être atteint par intervention combinée de multiples facteurs aléa-
toires d'insécurité. L'idée de base du probabilisme est de limiter la probabilité
d'atteindre l'un quelconque des états-limites à une valeur acceptable, en tenant compte
du caractère aléatoire :
des propriétés (en particulier la résistance) des matériaux constitutifs de la structure (incer-
titudes dues à la dispersion des mesures en laboratoire sur éprouvettes, ou dues aux défauts
locaux, conditions climatiques, etc., affectant la résistance effective du matériau en œuvre);
- des actions (charges d'exploitation, charges climatiques, etc.) (incertitudes sur les
valeurs normalement prévisibles, les valeurs anormales ou imprévues) et des combinai-
sons entre elles des différentes actions;
- des hypothèses de calcul faites pour déduire des actions les sollicitations [c'est-à-dire les
efforts (normaux ou tranchants) ou les moments (de flexion ou de torsion)], de la convenan-
ce des modèles de calcul utilisés pour représenter le comportement de la structure, des condi-
tions d'exécution et de contrôle sur le chantier (incertitudes dues aux approximations inévi-
tables adoptées dans les modèles de calcul utilisés et aux imperfections de l'exécution).

1.344 Recours au cc semi-probabilisme »


Malheureusement, si le problème exposé ci-avant est théoriquement résolu, il est loin de
l'être pratiquement car toutes les données statistiques ne sont pas disponibles. En effet,
certains facteurs d'insécurité ne sont pas « probabilisables» ; pour ceux qui le sont, les
lois de probabilité à prendre en compte ne sont pas toujours connues.
En pratique, on est obligé de s'en tenir au « semi-probabilisme », qui permet une appro-
che suffisamment correcte des problèmes, sans complication excessive des calculs.
Dans le procédé de calcul semi-probabiliste dit « de niveau 1 »2 tel qu'il a été préconisé
par le Comité Euro-international du Béton et la Fédération Internationale de la Pré-
contrainte et adopté par de nombreux pays dont la France, l'établissement du projet
passe par deux séries d'opérations:
a) processus destiné à couvrir la divergence statistique, ou variabilité, des résultats
d'essais des matériaux et des observations d'actions au cours du temps:

1. Pour le volume 1 à Paris en novembre 1976 et pour le volume II à Grenade en septembre 1977.
2. Terminologie maintenant abandonnée.
Chapitre 1 • Généralités 27

- la variabilité de la résistance et des autres propriétés du béton et de l'acier est prise


en compte en définissant, sur une base statistique, à partir des mesures effectuées en
laboratoire sur éprouvettes, des résistances caractéristiques associées à des proprié-
tés caractéristiques;
- la variabilité des actions sur la structure est prise en compte en définissant pour celles-
ci des valeurs caractéristiques, déterminées soit par l'exploitation statistique des don-
nées nécessaires, lorsqu'elles existent, soit par une estimation basée sur l'expérience
dans le cas contraire.
b) processus destiné à couvrir les incertitudes résultant de la connaissance imparfaite
des données de base, de l'imprécision des calculs et des imperfections de l'exécution au
moyen de coefficients partiels de sécurité y transformant les valeurs caractéristiques en
valeurs de calcul.
Les valeurs numériques de ces coefficients (coefficients YI1l diviseurs pour les résistan-
ces; coefficients YQ (ou YF) ou Ys multiplicateurs pour les actions ou les sollicitations),
ainsi que d'autres coefficients ('1') qui interviennent dans les combinaisons d'actions,
ont été fixées en fonction de l'état-limite considéré, sur la base de considérations proba-
bilistes. Ces valeurs numériques sont évidemment plus élevées pour les états-limites
ultimes (qui mettent en jeu de façon immédiate la sécurité des personnes et des biens)
que pour les états-limites de service.

Remarques
1. Du fait de l'introduction des coefficients partiels de sécurité, un état-limite ulti-
me est un état de ruine conventionnel normalement très éloigné de l'état physique
de ruine tel qu'on peut l'observer au cours d'un essai en laboratoire.
Il doit être bien compris que la charge de rupture observée au cours d'un essai en labo-
ratoire, qui résulte d'une constatation sans intervention de la statistique et sans prise en
compte de coefficients de sécurité, diffère de la charge ultime; celle-ci ne serait atteinte
que si un certain nombre de circonstances défavorables se trouvaient réalisées en même
temps, et n'a qu'une faible probabilité - c'est ainsi qu'elle est définie - d'être atteinte.
2. II est possible, comme le font les Règles BAEL, d'envisager des simplifications.
A contrario, on trouve dans le volume 1 du Code-Modèle 78 la description d'un pro-
cédé dit « de niveau 2 », dans lequel les résistances et les actions sont représentées
par leurs distributions connues ou supposées, et dans lequel une certaine probabilité
de ruine est acceptée. Il s'agit donc là d'un procédé de calcul vraiment probabiliste,
dont les applications, aussi bien théoriques que pratiques, sont restées très limitées.

1.345 Vérifications
La vérification d'une structure ou de l'un de ses éléments doit être effectué en deux étapes:
- la première étape consiste en général à déterminer les effets des actions de calcul
y Qi Qi correspondant au cas étudié (par exemple, dans le cas des états-limites de résis-
28 Traité de béton armé

tance à déterminer des «sollicitations agissantes» de calcul Sd), les actions y Qi Qi


ayant leurs positions et configurations les plus défavorables et étant prises dans leurs
combinaisons appropriées.
-la seconde étape diffère selon la nature de l'état-limite à vérifier.

1.345-1 Cas des états-limites ultimes de résistance


(par ex. vis-à-vis de la flexion ou de l'effort tranchant)
Pour chaque état-limite et pour différentes sections de la structure étudiée, il faut mon-
trer que pour le cas de charge le plus défavorable sous la combinaison d'actions consi-
dérée, la sollicitation agissante de calcul Sd correspondante ne dépasse pas la sollicita-
tion résistante de calcul Rd.

a) Sollicitation agissante de calcul


Une structure est soumise à des combinaisons d'actions complexes et variées. La sollici-
tation de calcul (effort normal N, moment de flexion M, effort tranchant V, moment de
torsion T) correspondant à une combinaison et à un état-limite donnés est dite « sollici-
tation agissante de calcul» et désignée symboliquement par la lettre Sd.
Pour déterminer Sd, on est amené à faire un choix parmi toutes les combinaisons
d'actions qui peuvent agir simultanément et à ne retenir que celles qui sont physique-
ment possibles et hautement probables.

On définit ainsi, à partir de certaines combinaisons d'actions de calcul (LY Qi Qi) et par
une méthode de calcul appropriée, des sollicitations agissantes de calcul y S3 S (L Y Qi Qi )
que les Règles BAEL simplifient en S(L y Q,.) avec
si ysi = YS3 YQi • Selon l'état-limite
considéré et les valeurs de Ysi prises en compte, ces sollicitations peuvent être des solli-
citations agissantes ultimes Su ou des sollicitations agissantes de service Sser.
Lorsque plusieurs actions individuelles interviennent dans une même combinaison, la
valeur du produit yQi Qi peut d'ailleurs, pour certaines actions, être réduite (par rapport
à la valeur prise en compte pour la même action supposée isolée) pour tenir compte du
fait que la probabilité que toutes les actions de la combinaison atteignent simultanément
leur valeur caractéristique est faible. Ce résultat est obtenu en introduisant selon le cas,
pour une même action, des « valeurs représentatives» différentes:
- valeur de combinaison 'l'oQ à l'état-limite ultime,
- valeurs fréquentes ou quasi permanentes 'l'IQ, 'l'2Q à l'état-limite de service (voir
chap.3).

b) Sollicitation résistante de calcld


Pour chaque état-limite ultime de résistance, il existe une « sollicitation résistante de
calcul» de la structure, qui est celle pour laquelle l'un des matériaux constitutifs a at-
teint soit une certaine déformation limite, soit une certaine contrainte limite.
Chapitre 1 • Généralités 29

Cette sollicitation résistante de calcul, désignée symboliquement par Rd, est normale-
ment déterminée dans l'hypothèse d'un comportement plastique des matériaux en pre-
nant en compte leurs résistances de calcul (c'est-à-dire leurs résistances caractéristiques
divisées par les coefficients Ym).

c) Équation de vérification de la sécurité


L'équation de vérification de la sécurité est de la forme symbolique et vectorielle:

avec

Elle doit être satisfaite pour un certain nombre de sections et d'éléments.


On se borne donc à vérifier que la probabilité pour qu'un état-limite ultime de résistance
soit atteint dans les différentes sections étudiées n'excède pas celle que l'on a acceptée
a priori sans pouvoir conclure en ce qui concerne la probabilité d'atteindre ce même
état-limite ultime pour l'ensemble de la structure.
De façon plus précise, on peut écrire l'équation de vérification de la sécurité:
- sous forme générale :

YS3 s(~YQi
~ Q)< R (le
i - !Cj J;j
d -,-,- J [1.14]
Ys Yb Yb

- ou, sous la forme simplifiée des Règles BAEL :

Sd (LY Qi Q)< Rd (le ' fcj , J;j J


i - [1.15]
Ys Yb Yb

avec:
le limite d'élasticité (considérée comme « résistance caractéristique») de l'acier,
!cj,jlj résistances caractéristiques du béton à la compression et à la traction, respecti-
vement, àj jours d'âge,
Ys, Yi, coefficients partiels au moins égaux à l'unité relatifs respectivement à l'acier et
au béton.
Le processus de vérification est résumé de façon schématique figure 1.6.

Remarque
L'équation de vérification écrite sous la forme

l. L'indice d (de l'anglais design), désigne une valeur de calcul c'est-à-dire dans laquelle les coeffi-
cients de pondération y ont été introduits.
30 Traité de béton armé

1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
r-------I--- ... r------.J.--- ... r--------J..- ...
1 1 1 1 1 1
1 1
: Probabilité : : Probabilité :
l Déterminisme :
: pure : : simplifiée :
I ______ .., ___ .J 11________ j_.J1
I-------r--.J

Figure 1.6. Processus de vérification

est très générale. On peut en dériver toutes les méthodes de calcul possibles:

1. Contraintes admissibles
Pour retrouver la méthode aux contraintes admissibles, il suffit de faire:

YF3 =1 Yg, =1

Qi etfétant évalués de façon déterministe.


Chapitre 1 • Généralités 31

2. Calcul à la rupture
Le calcul à la rupture correspond à :
YF3 = 1 Ym = 1
Qi et/étant toujours évalués de façon déterministe.

3. Calcul aux états-limites


Dans ce cas, plusieurs voies sont possibles l :

A. Méthode des coefficients de sécurité partiels (CEB, BAEL 91, Code britannique
BS 8110, Eurocode 2)
La formule complète est applicable, mais: YF3 est éventuellement pris égal à 1 ;
Qi et / sont évalués (en principe) de façon probabiliste, et plusieurs valeurs repré-
sentatives sont à considérer pour Qi'

B. Méthode « load and resistance factor» (Code américain ACI 318)


L'équation de la sécurité peut aussi s'écrire:

S(LYQj Q):::;_1
YF3
Rd(LJ
Ym

Le Code ACI adopte y m =12 et pose (_I_J


YF3
= <1>

<1> étant différent pour chaque type de sollicitation (par exemple <1> = 0,9 pour la trac-
tion simple ou la flexion simple; <1> = 0,85 pour l'effort tranchant et la torsion;
<1> = 0,70 pour la compression avec ou sans flexion)

- / est évalué de façon probabiliste.

1. Les codes européens cités ici sont ceux qui étaient en vigueur avant l'adoption de l'Eurocode 2.
2. Entre autres arguments d'ingénieurs américains pour l'adoption de cette valeur unité:
1. les coefficients partiels appliqués au béton et à l'acier risquent d'être mal interprétés par les cons-
tructeurs en donnant l'impression à ceux-ci qu'ils doivent viser, comme résistance réelle, la valeur
flYm prise en compte dans les calculs.
2. le coefficient appliqué au béton, nettement plus grand que celui appliqué à l'acier, risque d'être
exploité dans la concurrence entre l'acier et le béton comme traduisant le fait que le béton est un ma-
tériau moins fiable que l'acier.
32 Traité de béton armé

C. Méthode du « coefficient global» (ancienne norme allemande DIN 1045)


Dans l'équation ci-avant, la norme DIN adoptait:

Ym =1
La valeur du coefficient YF3 (= y) n'intervenait que dans les calculs en flexion. Elle
dépendait du type de rupture, soit par l'acier (y = 1,75), soit par le béton (y = 2,1).

1.345-2 Cas des états-limites ultimes de stabilité de forme


Dans ce cas, il faut montrer qu'il existe dans l'ensemble de la structure une distribution
de contraintes qui équilibre dans chaque section les sollicitations de calcul à considérer,
y compris celles du second ordre.
Il n 'y a pas toujours en ce cas de sollicitation résistante, et l'équation de vérification
peut ne s'appliquer qu'aux actions, c'est-à-dire prendre la forme:

1.345-3 Cas des états-limites de service


Dans ce cas, il faut montrer que les sollicitations de calcul agissantes ne provoquent pas
le dépassement des limites qui résultent des exigences fonctionnelles en ce qui concerne
une contrainte 0' ou 't, une flèche a, une ouverture de fissure w , etc.
L'équ,,:tion de vérification prend alors l'une des formes:

Ces comparaisons ne sont pas toujours nécessaires si l'on a pris soin de respecter certai-
nes dispositions constructives. Par exemple, il n'est pas utile de vérifier la condition
a::; alim si l'on a pris soin de choisir judicieusement «l'élancement» l/h d'une poutre de
portée 1 et de hauteur h (voir par exemple, art. B-6.5,1 , B-6.8,424, B-7.5 des Règles
BAEL).

Remarque importante
Dans un ouvrage réel, on ne peut mesurer que des déformations et non des
contraintes. Il n'est donc généralement pas possible de s'assurer directement par
voie expérimentale que 0':::;; O'lim ou 't':::;; 't'lim •
Pour les fissures, l'expérience montre que leur «ouverture» est en fait une notion
indéterminée. D'une part, le choix de la direction de mesure n'est pas évident (pa-
rallèle à la ligne moyenne, perpendiculaire à la fissure, parallèle à la direction prin-
cipale des armatures par lesquelles elle est traversée... ). D'autre part, cette ouvertu-
re varie considérablement aussi bien en parement, le long d'une même fissure et
Chapitre 1 • Généralités 33

d'une fissure à l'autre qu'en profondeur. Il en résulte que la mesure d'une ouverture
de fissure est très mal définie. Aucun projeteur ne doit tomber dans le piège qui
consisterait à garantir par contrat l que les ouvertures des fissures resteront inférieu-
res à une valeur donnée2 • Pour éviter ce piège, il est d'usage de parler des ouvertu-
res calculées, comme le fait l'Eurocode 2, ou mieux, comme le font les Règles
BAEL à l'article A-4.5, de ne pas mentionner de valeurs pour les ouvertures de fis-
sures et de remplacer la condition w ~ Wlim par une condition cr ~ crlim •
De même, pour les bâtiments courants, il n'est généralement pas possible de mesu-
rer les flèches à long terme.
Aussi bien les ouvertures des fissures que les flèches dépendent d'ailleurs d'un
grand nombre de paramètres, dont certains sont totalement inconnus lors de
l'élaboration du projet (conditions thermo-hygrométriques, durée de l'étaiement,
etc.).
Pour toutes ces raisons il serait vain, ainsi que le signalent les Règles BAEL dans
les commentaires de l'article B-6.5,2, de rechercher une identité entre la valeur cal-
culée (ouverture de fissure ou flèche) et la valeur constatée en œuvre.
Aussi, plus que pour tout autre calcul, les vérifications vis-à-vis des états-limites de
service doivent-elles être considérées comme des vérifications conventionnelles
permettant seulement d'assurer que la structure devrait avoir, avec une forte proba-
bilité, un comportement satisfaisant en service.

1.345-4' Cas des états-limites ultimes d'équilibre statique


Pour les états-limites ultimes d'équilibre statique, il faut montrer que les combinaisons
d'actions de calcul à considérer n'entraînent pas la perte d'équilibre de la construction
ou de l'élément étudié.
Dans ce cas, on compare donc les valeurs de calcul Ed.dsl des actions déstabilisantes (dst)
et celles Etbslb des actions stabilisantes (stb). Il faut avoir:

1. Ce que voudraient obtenir les poseurs d'étanchéité par exemple, qui ont eux-mêmes, à garantir la
tenue de leur produit.
2. Un expert n'aurait en effet aucun mal à trouver au moins une zone où les ouvertures des fissures
dépasseraient les valeurs garanties.
34 Traité de béton armé

1.4 RÉGLEMENTATION FRANÇAISE

1.41 Distinction entre maÎtre d'ouvrage


et maÎtre d'œuvre
Dans le cadre d'un marché:
-le maître d'ouvrage est la personne physique ou morale pour laquelle les travaux ou
ouvrages sont réalisés (en quelque sorte, le « client »). Son rôle est d'abord de définir
l'ouvrage sous la forme d'un programme précis indiquant les données sur le site, les
contraintes réglementaires et d'environnement auquel il est soumis, les exigences de
qualité, de prix, de délais, etc. Il est ensuite chargé de passer le marché et d'assurer la
réception.
- le maître d'œuvre est la personne physique ou morale reconnue compétente, et char-
gée par le maître d'ouvrage de concevoir et de contrôler la bonne exécution du marché,
de diriger et de surveiller les travaux et de veiller au respect des «règles de l'art» et de
la réglementation (un architecte, par exemple, est un maître d'œuvre).

1.42 Portée juridique des différents textes réglementaires


Les textes réglementaires français se composent de :
- Cahiers des clauses techniques générales (CCTG) ;
- Documents techniques unifiés (DTU) ;
Nonnes AFNOR;
- Règles professionnelles, Guides, etc.
Tous ont des portées juridiques différentes. Cependant la plupart des DTU constituent
aussi des fascicules CCTG (voir § 1.422b) ou des nonnes (voir remarque au § 1.423).

1.421 Cahiers des clauses techniques générales (CCTG)


Les fascicules des CCTG sont des documents d'application obligatoire pour tous les
marchés de l'État (marchés de travaux publics et marchés de bâtiment). Ils sont publiés
dans les Bulletins Officiels du Ministère de l'Urbanisme et du Logement l . La liste à
. jour de tous les CCTG est publiée chaque année au Journal officiel.

1. Devenu par la suite ministère de l'Équipement et du Transport. Actuellement (2009), ministère de


l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable, et de la Mer.
Chapitre 1 • Généralités 35

1.422 Normes et Documents techniques unifiés (DTU)

Normes françaises AFNOR


Les normes françaises sont constituées par trois types de documents:
- des normes homologuées, ayant reçu une sanction officielle des pouvoirs publics par-
ce que leur valeur technique est reconnue, et qu'elles jouent un rôle important dans le
système de construction ;
- des normes expérimentales soumise à une période de mise à l'épreuve avant, moyen-
nant des amendements éventuels, de devenir normes françaises homologuées;
- des fascicules de documentation, à caractère essentiellement informatif.
Ces documents sont établis par les bureaux de normalisation et des représentants des
divers acteurs de la construction (Centres techniques, entrepreneurs, industriels, archi-
tectes, bureaux de contrôle, etc. et, bien entendu, l'Association Française de Normalisa-
tion AFNOR).

Normes européennes EN
Ces normes sont établies par le Comité Européen de Normalisation (CEN). Après une
période de mise à l'essai, une norme expérimentale (ENV) est soumise au vote des
États-membres. Si, selon les règles qui ont été fixées par l'UE, le résultat de ce vote est
positif, cette norme (EN) devient ipso facto applicable dans tous les États, même ceux
qui ont voté contre, et se substitue donc à toute norme nationale traitant du même sujet,
s'il en existe une. Il en résulte que de nombreuses normes françaises sont progressive-
ment remplacées par des normes EN.
Mais alors que dans le conception française, qu'il s'agisse de produits, d'essais, ou
autres, une norme contient des spécifications très strictes, dont les conditions de mise en
application sont du ressort des fascicules du CCTG et des DTU, dans la conception
européenne, une norme peut être une simple convention technique, parfois un peu floue
ou incomplète et même, parfois aussi, de peu d'utilité.
Ceci ne va pas sans inconvénients: le catalogue AFNOR contient maintenant des texte
au contenu très varié, qui tous s'appellent «normes»: certains traitent de produits,
d'autres de travaux, d'autres encore de calcul, voire des trois à la fois. Les mécanismes
de mise en application (voir ci-après l'application des DTU aux travaux de bâtiment)
sont devenus beaucoup moins sûrs et exigent maintenant de sélectionner, au cas par cas,
les textes qui auront un caractère contractuel pour un chantier déterminé.

DTU
Les DTU sont des documents établis par le Groupe de coordination des textes techni-
ques, autrefois appelé Groupe DTU, mais qui, en 1990, a pris le nom de « Commission
Générale de Normalisation du Bâtiment/DTU ».
36 Traité de béton armé

Les DTU sont principalement:


- des Cahiers des Clauses Techniques (CCT), qui indiquent les conditions techniques
que doivent respecter les entrepreneurs pour le choix et la mise en œuvre des matériaux
dans l'exécution des travaux des différents corps d'état;
- des Règles de calcul, qui permettent de dimensionner les ouvrages en fonction des
conditions d'exploitation;
- des Cahiers des Clauses Spéciales (CCS), qui accompagnent les Cahiers des Clauses
Techniques, et qui précisent la nature des travaux du corps d'état considéré et les obli-
gations de l'entrepreneur par rapport aux corps d'état voisins.
Ces trois types de documents sont d'application contractuelle.
Il existe aussi des mémentos et des guides de choix qui ne sont pas destinés à être impo-
sés à l'entrepreneur.

Évolution du statut des DTU


L 'harmonisation européenne a conduit à transformer progressivement les DTU en nor-
mes. De ce fait, les DTU ont maintenant l'un des statuts suivants:
- norme française homologuée;
- norme expérimentale;
- fascicule de documentation ;
- DTU, statut originel provisoirement conservé; ne fait pas partie du système normatif
officiel.

Application des DTU aux marchés de travaux de bâtiment


a) Marchés privés de travaux
Quels que soient leur statut et leur nature, l'application des DTU résulte d'un accord
passé entre le maître d'œuvre et l'entrepreneur. Un DTU n'engage donc que les signa-
taires d'un marché de travaux de bâtiment qui l'ont introduit comme pièce du marché,
lui donnant ainsi une valeur contractuelle.
La norme NF P 03-001 (Cahier des Clauses Administratives Générales applicables aux
travaux de bâtiment faisant l'objet d'un marché privé) rend contractuelle l'application
des normes françaises homologuées, des DTU Cahiers des Clauses Techniques et DTU
Règles de calcul pour le marché visé, sous réserve de mentions faites aux clauses parti-
culières du marché. Les documents qui concernent les travaux visés par ces marchés
acquièrent alors un caractère d'obligation contractuelle.
Certaines normes françaises homologuées et certains DTU peuvent être rendus
d'application obligatoire par décret ou arrêté.
Sauf indication contraire d'une norme ou d'un DTU, son application s'impose dans les
consultations lancées plus de trois mois après sa date d'effet, mentionnée dans le document.
Chapitre 1 • Généralités 37

b) Marchés publics de travaux


Normes
Selon le décret du 16 juin 2009 les normes homologuées et publiées par l'AFNOR sont
en principe d'application volontaire, mais elles peuvent être rendues obligatoires par un
arrêté signé du ministère chargé de l'industrie et du ou des ministres intéressés.
DTU Cahiers des Clauses Techniques et DTU Règles de calcul
Un Cahier des Clauses Techniques Générales (CC TG) applicables aux marchés publics
de travaux de bâtiment a été institué par décret. Ce CCTG est constitué principalement
par les DTU Cahiers des Clauses Techniques et les DTU Règles de calcul, dont une liste
est publiée périodiquement au Journal Officiel.

1.423 Règles professionnelles, guides, etc.


Ces textes, dont le domaine d'application n'est couvert ni par des CCTG, ni par des
DTU, ni par des normes (exemples: cheminées, tours, silos, coffrages et étaiements, etc.)
ne peuvent être éventuellement imposés que par voie contractuelle.

1.43 Règles applicables au béton armé


Jusqu'en 2010, où l'Eurocode 2 sera d'application obligatoire, les Règles du béton armé
applicables en France sont les Règles techniques de conception et de calcul des ouvra-
ges et constructions en béton armé suivant la méthode des états-limites, en abrégé Rè-
gles BA EL 91 modifiées 99. Elles constituent à la fois un fascicule du CCTG (fascicu-
le 62 - titre 1 section 1) et un DTU.
Ces Règles BAEL ont été adoptées comme base du présent traité; celui-ci analyse éga-
lement les prescriptions de l'Eurocode 2.

Remarque importante
1°) Un texte réglementaire formant toujours un tout, il doit seul être appliqué pour
l'étude d'un même ouvrage. Il est absolument interdit, sous peine de s'exposer à
mécomptes graves, d'appliquer successivement des prescriptions de textes diffé-
rents, par exemple de calculer les moments dans des poutres de plancher avec un
texte puis d'effectuer le dimensionnement avec un autre texte (de manière à combi-
ner les solutions les plus favorables dans chaque cas).
2°) Pour les calculs manuels, il suffit en général de conserver trois chiffres signifi-
catifs (mais il faut les avoir, et exacts !) qu'il s'agisse de forces, de moments, de
contraintes, etc., exprimés respectivement en MN, MNm, MPa ou, plus générale-
ment, de n'importe quelle valeur numérique.
3°) Dans ce qui suit, le calcul automatique n'apparaît qu'en filigrane. Ceci est volon-
taire: il s'agit en effet d'un traité de béton armé et non d'un traité d'informatique!
De nos jours, on a trop tendance à faire aveuglément confiance à l'informatique, qui
38 Traité de béton armé

n'est et ne demeurera jamais qu'un outil (au même titre que la simple table de multi-
plication). Avant toute chose, il est important de comprendre les phénomènes physi-
ques. Le processus logique de leur mise en équations, lorsqu'il est possible et qu'il
ne comporte pas de lacunes, est suffisamment explicité dans cet ouvrage pour que la
mise sur ordinateur ne présente pas de difficultés particulières.

1.5 L'EUROCODE 2
Pour plus de détails, se reporter au cours de J.-A. Calgaro, Présentation des Eurocodes
ou à l'ouvrage Les Eurocodes, conception des bâtiments er des ouvrages de génie civil,
Éditions du Moniteur.

1.51 Historique
Les travaux relatifs à l'Eurocode 2 (désigné en abrégé par EC2 dans ce qui suit) ont
commencé le 14 février 1980. Le document de base était le Code-Modèle CEB/FIP pour
les structures en béton, qui avait été approuvé par l'Assemblée générale du Comité
Euro-intemational du Béton (CEB) à Grenade en septembre 1977 et présenté au
8°Congrès de la Fédération Internationale de la Précontrainte (FIP) à Londres en 1978.
Après une enquête restreinte au cours de l'année 1981, le texte initial a été révisé en
1982-1983 pour aboutir au printemps 1984 à la publication officielle par la Commission
des Communautés européennes, dans les trois langues (DE, EN, FR), du Rapport EUR
8848 Eurocode n02 Règles unifiées communes pour les constructions en béton.
Bruxelles a mis officiellement ce texte à l'enquête dans les différents États-membres à
l'automne 1984. Cette enquête a donné lieu à un nombre très volumineux d'observations
(l 200 pages dont près du tiers pour les seules observations anglaises).
Le texte a donc été de nouveau révisé par un groupe de rédaction étendu, comportant un
représentant de chaque État-membre (saufIe Luxembourg, représenté par la Belgique), et
publié en 1992 comme norme expérimentale (ENV). Celle-ci a été mise à l'enquête pen-
dant six ans, puis revue de nouveau par un groupe de rédaction (project team). La version
finale a été mise à disposition en décembre 2004.
Chapitre 1 • Généralités 39

1.52 Présentation de l'Eurocode 2 (EC2)

1.521 Contenu de l'EC2


L'Eurocode 2 (EN 1992-1-1, en France, norme NF P 18-711) s'applique au calcul des
bâtiments et des ouvrages de Génie Civil en béton non armé, en béton armé ou en béton
précontraint. La partie 1-1 donne les règles générales et les règles pour les bâtiments! .
Ne sont pas concernés par cette première partie les armatures en ronds lisses, les im-
meubles de grande hauteur (lGH), les viaducs, les ponts, les barrages, les enceintes sous
pression, les plates-formes en mer ou les réservoirs, ni les éléments en béton caverneux
ou en béton de granulats lourds.
Sont déjà publiés, en cours de publication ou encore à l'étude:
a) en complément à cette première partie, une partie 1-2 Résistance aufeu des ouvrages
en béton.
b) des adaptations à d'autres types de constructions:
- partie 2 : Ponts en béton armé ou précontraint.
- partie 3 : Réservoirs et silos.

1.522 Documents d'accompagnement


L'EC2 se réfère à des normes internationales lorsqu'elles existent et à des normes éla-
borées par le Comité Européen de Normalisation (CEN).
L'EC2 doit, dans chaque pays, être normalement utilisé avec une Annexe Nationale
(norme NF P 18-712) précisant l'interprétation à donner à certains articles ou précisant
leurs conditions d'application, et/ou précisant également certaines valeurs numériques
présentées seulement comme « valeurs recommandées» dans l'EC2.

1.523 Distinction entre Principes et Règles d'application


L'EC2 établit une distinction entre Principes et Règles d'application:
• les Principes (signalés par le symbole (P) à la suite du numéro de leur paragraphe)
contiennent soit:
des définitions,
- des prescriptions générales,
- des exigences,
'- des modèles analytiques,
pour lesquels aucune alternative n'est possible.

1. Le texte de référence (mas/el' copy) est le texte en anglais. La présente analyse ayant été faite avant la
parution de la traduction officielle française, on y décèlera nécessairement quelques différences dans
la terminologie utilisée (par exemple « calcul» au lieu de « projet ») sans que cela n'ait de répercus-
sions sur le sens général ou l'interprétation.
40 Traité de béton armé

• les Règles d'application sont constituées par des règles généralement admises, qui
respectent les principes et en satisfont les exigences.

1.53 Sommaire détaillé de l'EC2


L'EC2 comporte douze grands chapitres et dix annexes:

1. GÉNÉRALITÉS
1.1. Domaine d'application
1.2. Références normatives
1.3. Hypothèses
1.4. Distinction entre Principes et Règles d'application
1.5. Définitions
1.6. Symboles

2. BASES DU CALCUL
2.1. Exigences
2.2. . Principes du calcul aux états-limites
2.3. Variables de base
2.4. Vérification par la méthode des coefficients partiels
2.5. Dimensionnement assisté par l'expérimentation
2.6. Exigences complémentaires pour les fondations
2.7. Exigences relatives aux fixations

3. MATÉRIAUX
3.1. Béton
3.2. Acier de béton armé
3.3. Acier de précontrainte
3.4. Dispositifs de précontrainte
Chapitre 1 • Généralités 41

4. DURABILITÉ ET ENROBAGE DES ARMATURES


4.1. Généralités
4.2. Conditions d'environnement
4.3. Exigences de durabilité (enrobage)
4.4. Méthodes de vérification

5. ANALYSE STRUCTURALE
5.1. Généralités
5.2. Imperfections géométriques
5.3. Modélisation de la structure
5.4. Analyse élastique-linéaire
5.5. Analyse élastique-linéaire avec redistribution limitée des moments
5.6. Analyse plastique
5.7. Analyse non-linéaire
5.8. Analyse des effets du second ordre en présence d'une charge axiale
5.9. Instabilité latérale des poutres élancées
5.10. Éléments et structures précontraints
5.11. Analyse pour certains éléments structuraux particuliers

6. ÉTATS-LIMITES ULTIMES (ELU)


6.1. Flexion simple et flexion composée
6.2. Effort tranchant
6.3. Torsion
6.4. Poinçonnement
6.5. Dimensionnement à l'aide de modèles bielles-tirants
6.6. Ancrages et recouvrements
6.7. Pressions localisées
6.8. Fatigue
42 Traité de béton armé

7. ÉTATS-LIMITES DE SERVICE (ELS)


7.1. Généralités
7.2. Limitation des contraintes
7.3. Maîtrise de la fissuration
7.4. Limitation des flèches

8. DISPOSITIONS CONSTRUCTIVES RELATIVES AUX ARMATURES


DE BÉTON ARMÉ ET DE PRÉCONTRAINTE
8.1. Généralités
8.2. Espacement des armatures de béton armé
8.3. Diamètres admissibles des mandrins de cintrage pour les barres pliées
8.4. Ancrage des armatures longitudinales
8.5. Ancrage des armatures d'effort tranchant et autres armatures transversales
8.6. Ancrage au moyen de barres soudées
8.7. Recouvrements et coupleurs
8.8. Règles supplémentaires pour les barres de gros diamètre
8.9. Paquets de barres
8.10. Armatures de précontrainte

9. DISPOSITIONS CONSTRUCTIVES RELATIVES


AUX ÉLÉMENTS ET RÈGLES PARTICULIÈRES
9.1. Généralités
9.2. Poutres
9.3. Dalles pleines
9.4. Planchers-dalles
9.5. Poteaux
9.6. Voiles
9.7. Poutres-cloisons
9.8. Fondations
9.9. Régions de discontinuité de géométrie ou d'action
9.10. Chaînages
Chapitre 1 • Généralités 43

10. RÈGLES ADDITIONNELLES POUR LES ÉLÉMENTS


ET LES STRUCTURES PRÉFABRIQUÉES EN BÉTON
(POUR LES CHAPITRES 1, 2, 3, 5 ET 9)
10.1. Généralités
10.2. Bases du calcul, exigences fondamentales
10.3. Matériaux
10.5. Analyse structurale
10.9. Dispositions constructives relatives aux éléments et règles particulières

11. STRUCTURES EN BÉTON DE GRANULATS LÉGERS

11.1. Généralités
Il.2. Bases du calcul
11.3. Matériaux
Il.4. Durabilité et enrobage des armatures
Il.5. Analyse structurale
Il.6. États-limites ultimes (ELU)
11. 7. États-limites de service (ELS)
Il.8. 'Disposition des armatures - Généralités
Il.9. Dispositions constructives et règles particulières
Il.10. Règles additionnelles pour les éléments et les structures préfabriqués en béton
Il.12. Structures en béton (léger) non armé ou faiblement armé

12. STRUCTURES EN BÉTON NON ARMÉ OU FAIBLEMENT ARMÉ

12.1. Généralités
12.3. Matériaux
12.5. Analyse structurale: états-limites ultimes
12.6. États-limites ultimes (ELU)
12.7. États-limites de service (ELS)
12.9. Dispositions constructives relatives aux éléments et règles particulières
44 Traité de béton armé

ANNEXES

A (Informative). Modification des coefficients partiels relatifs aux matériaux


B (Informative). Déformations dues au fluage et au retrait
C (Normative). Propriétés des matériaux compatibles avec l'utilisation de cet Eurocode
D (Normative). Méthode de calcul détaillée des pertes de précontrainte par relaxation
E (Informative). Classes indicatives de résistance pour la durabilité
F (Informative). Expressions pour le calcul des armatures tendues dans les situations de
contraintes planes
G (Informative). Interaction sol-structure
H (Informative). Effets globaux du second ordre sur les structures
1 (Informative). Analyse des planchers-dalles et des voiles de contreventement
J (Informative). Dispositions constructives pour des cas particuliers

1.54 Concept de sécurité structurale de l'Eurocode 2


Le concept de sécurité structurale est développé dans le chapitre-modèle (2.1 à 2.4)
commun à tous les ECn, à quelques détails près dus aux particularités du matériau
considéré à chaque fois. Ce concept ne diffère pas de celui exposé au § 1.344 (méthode
semi-probabiliste aux états-limites).

1.55 Normes et textes de référence


Le texte renvoie généralement:
- aux normes ISO (International Organization for Standardization),
- aux normes CEN (Comité Européen de Normalisation),
- aux recommandations de la RILEM (Réunion Internationale des Laboratoires d'Essais
des Matériaux).

1.56 Notations et unités


Les notations sont conformes à la norme ISO 3898 (dont ont également été dérivées la
plupart des notations des Règles BAEL et BPEL). Les unités sont celles du système inter-
national SI (lSOIDP 4357).
Chapitre 1 • Généralités 45

1.6 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE


DU CHAPITRE 1
Les titres sont classés dans l'ordre chronologique de leur parution.

1.61 Traités généraux


- Robinson (J.-R), Béton armé, Cours CHEBAP (non édité en librairie).
- Fauchart (J.), Initiation au calcul des structures, béton et acier, 1981, éd. Eyrolles.
- Albigès (M.), Mingasson (M.), Théorie et pratique du béton armé aux états-limites,
1981, éd. Eyrolles.
- Fuentès (A.), Lacroix (R), Thonier (H.), Traité de béton armé, 1982, éd. Eyrolles.
- Montoya (P.-J.), Meseguer (A.-G.), Moran Cabre (F), Hormigon armado, 1982,
Gustavo Gili, Barcelone.

1.62 Formulaires et guides d'emploi


- Chambaud (R), Lebelle (P.), Formulaire du béton armé, Tome l, 1967, éd. Eyrolles.
- Courtand (M.), Lebelle (P.), Formulaire du béton armé, Tome II «Application de la
Résistaqce des Matériaux au calcul des structures en béton armé» (2 e édition complétée
et refondue par W. Jalil), 1976, éd. Eyrolles.
- Darpas (G.), Béton armé. Application du nouveau règlement, Bulletin technique du
Setra (F) nO 2, mars 1971 (il s'agit des Règles CCBA 68).
- Beton Kalender, édition annuelle, Verlag W. Ernst und Sohn.
- Capra (E.), Davidovici (V.), Guide pratique d'utilisation des Règles BAEL 80, 1981,
éd. Eyrolles.
- Artopoeus (J.), Fouré (B.), Hueber (J.), Perchat (J.), Manuel d'application des Règles
BAEL, 1981, Syndicat national du béton armé et des techniques industrialisées.
- Perchat (J.), Roux (J.), Pratique du BAEL 91, éd. Eyrolles.
- Perchat (J.), Roux (J.), Maîtrise du BAEL 91, éd. Eyrolles .

. 1.63 Méthodes de calcul.


Règlements et Recommandations

1.631 Méthode aux contraintes admissibles


- Instructions relatives à l'emploi du béton armé, circulaire du 20 octobre 1906. Impri-
merie centrale administrative.
46 Traité de béton armé

- Règlement sur les constmctions en béton armé établi par la Commission d'études
techniques de la Chambre syndicale des constructeurs en ciment armé de France, 1931,
Gauthier-Villars.
- Instructions relatives à l'emploi du béton armé dans les ouvrages dépendant du Minis-
tère des Travaux Publics et commentaires explicatifs, circulaire du 19 juillet 1934, Im-
primerie centrale administrative.
- Règles d'utilisation du béton armé applicables aux travaux dépendant du Ministère de
la Reconstmction et de l'Urbanisme et aux travaux privés, Règles BA 1945, modifiées
en mars 1948, Documentation technique du bâtiment.
- Règles d'utilisation des ronds crénelés et lisses pour béton armé de limite élastique
supérieure ou égale à 40 kg/mm2 , Règles 1948 ronds n'e 40-60, Institut technique du
bâtiment et des travaux publics et Centre scientifique et technique du bâtiment.
- Règles pour le calcul et l'exécution des constmctions en béton armé (DTU),
Règles BA 1960. Documentation technique du bâtiment, mars 1961.
- Règles techniques de conception et de calcul des ouvrages et constmctions en béton
armé (dites« Règles CCBA 1968, révisées 1970 »), 1975, éd. Eyrolles.
- Règles techniques de conception et de calcul des ouvrages et constmctions en béton
armé, circulaire MEL n° 70-115 du 27 octobre 1970. Fascicule 61 - Titre VI modifié du
CPC (le texte de ce document est le même que celui des Règles CCBA 68, il tient
compte des modifications de juillet 1970), BOUL fascicule spécial nO 70-93bis.

1.632 Méthodes de calcul à la rupture


Ces méthodes n'ont jamais fait, en France, l'objet de textes réglementaires.
Chambaud (R.), Le calcul du béton armé à la mpture, 1965, éd. Eyrolles.

1.633 Méthodes de calcul aux états-limites et Eurocode 2


- Recommandations internationales pour le calcul et l'exécution des ouvrages en béton,
Congrès de la FIP, Prague 1970 par le Comité Européen du Béton et la Fédération In-
ternationale de la Précontrainte, Tome 1: Principes et Recommandations, 1970. Tome
II: Fascicules annexes, propositions, 1970, éd. Eyrolles.
- Système international de réglementation technique unifiée des stmctures, Volume 1.
Règles unifiées communes aux différents types d'ouvrages et de matériaux. Volume II.
Code-Modèle CEB-FlP pour les structures en béton, Bulletin d'information CEB
n° 124/125 - F, avril 1978 .
.- Règles techniques de conception et de calcul des ouvrages en béton armé suivant la
méthode des états-limites (dites « Règles BAEL 91 modifiées 99 »), ccrG - fascicu-
le 62 - titre 1 - section 1.
- Blévot (1), Les annexes F des Règles BAEL 80, Annales ITBTP, mars 1981. 1

1. Les Règles BAEL 91 constituent une version révisée des Règles BAEL 80 et 83.
Chapitre 1 • Généralités 47

- Perchat (J.), Règlements étrangers du béton armé. Étude comparative des Codes CEB,
BSI, DIN, ACI, 1982, éd. Eyrolles.
- Règles techniques de conception et de calcul des ouvrages en béton précontraint sui-
vant la méthode des états-limites (dites « Règles BPEL 91 »), CCTG fascicule 62 - titre
1 - section II.
- CEB-FIP Model Code 90 - Thomas Telford (Londres).
- Selected Justification Notes - Bulletin d'information du CEB n° 217, 1993.
- Structural Concrete Textbook on Behaviour, Design and Peiformance, Update
knowledge of the CEB-FIP Model Code 1990 (3 tomes),fib, 1999.
- ENV 1992-1-1 : 2004 Eurocode 2 : Design of concrete structures - Part 1 - General
rules for buildings, Thomas Telford (Londres), 2004 1•
- Calgaro (J.-A.), Moreau de Saint-Martin (1), Les Eurocodes. Conception des bâti-
ments et des ouvrages de génie civil, éd. du Moniteur, 2005.
- Calgaro (l-A), Cortade (J), Application de l'Eurocode 2 au calcul des bâtiments,
Presses des Ponts et Chaussées.
- Beeby (A.W.), Naranayan (RS.), Designer's Guide to EN 1992-1-1 Eurocode 2 :
Design of concrete structures - General rules and ru/es for buildings, Thomas Telford,
août 2005.
- Perchat (1), Eurocode 2. Béton armé, Techniques de l'ingénieur, 2006 (certains ta-
bleaux et figures du présent ouvrage sont extraits de ce document).
De manière générale, le lecteur peut consulter:
pour les publications de lafib et les bulletins du CEB : www.fib-intemational.org/
publications;
- pour les publications en anglais relatives aux Eurocodes : www.thomastelford.com/books.

l. En France, normes NF P 18-71l et NF P 18-712.


CHAPITRE 2
MATÉRIAUX

2.1 RAPPELS PRÉLIMINAIRES

2.11 Diagramme contraintes-déformations


d'un matériau
La courbe contraintes-déformations d'un matériau homogène quelconque, sollicité dans
le sens de sa plus grande résistance, fait en général apparaître deux phases (figure 2.1).

R
CSR -------------------~---------------- •• ___ _
:
1 ------- - __

F : --.
CSF -----------/1------,. 1
i
1
1
:
1
1
1 1

1'

,
E 1
1 1
1
• 1 : :
1 1 1
1 1 1
:
1
:
1
1 1
1 1 1
1 1 1
1 1
1 1 1
1 1 1

E '
1
1
1
1 1
1 1
1 1
1 1

Figure 2.1. Diagramme C1 • t réel d'un matériau

1°) Une phase élastique OF, dans laquelle pour toute contrainte 0 telle que 0::: OF, la
. déformation E est réversible et s'annule lorsque la contrainte (ou la charge) cesse d'être
appliquée.
Il est souvent possible d'assimiler le comportement du matériau à un comportement
linéaire sur une partie OE de la phase OF, c'est-à-dire tant que la contrainte demeure
modérée.
La déformation E varie alors proportionnellement à la contrainte cr - ou charge - appli-
quée, ce que traduit la loi de Hooke : cr = E E.
50 Traité de béton armé

E, pente de la droite OE, est le module de déformation longitudinale du matériau considéré.


Bien noter que l'élasticité n'implique nullement la linéarité.
2°) Une phase plastique FR où la déformation croît beaucoup plus vite que la contrainte
- ou charge - appliquée (celle-ci pouvant d'ailleurs passer par une valeur maximale
avant de décroître).
Par convention, l'ordonnée maximale GR de la courbe (point R) est appelée « résistan-
ce » du matériau. Sous la contrainte GR, le matériau ne se rompt pourtant pas toujours.
Si la courbe continue (pointillé, figure 2.1), la rupture physique ne survient que lorsque
le matériau atteint sa capacité maximale de déformation Emax.
Il est possible de trouver des expressions mathématiques plus ou moins complexes re-
présentant avec une bonne approximation le comportement du matériau, aussi bien dans
la phase OF que dans la phase FR (voir, par exemple, § 2.234).

2.12 Diagramme élastoplastique parfait


Dans certains calculs, en particulier dans le calcul plastique des structures hyperstati-
ques en acier, on remplace le diagramme réel OEFR par un diagramme «élastoplasti-
que» bilinéaire OER comportant (figure 2.2) :
- une zone où le matériau est parfaitement élastique (droite OE)
- une zone où le matériau est parfaitement plastique (palier horizontal ER).

Gr
E
------------- • _ _ _ _ _ _ _ _ _ _--,
R

Figure 2.2. Diagramme élastoplastique

Ce diagramme est également celui adopté dans les Règles BAEL comme diagramme
idéalisé pour les aciers de béton armé. Il est aussi l'un des diagrammes idéalisés proposé
par l'EC2 pour ces aciers.
Chapitre 2 • Matériaux 51

Dans le calcul des dalles par la théorie des lignes de rupture, on considère que les dé-
formations élastiques sont négligeables vis-à-vis des déformations plastiques, ce qui
conduit au diagramme rigide-plastique (figure 2.3).

cr

Er 0, R
.--------------------------~

Figure 2.3. Diagramme rigide-plastique

2.2 BÉTON
Voir aussi le cours CHEBAP spécialisé sur ce sujet.

2.21 Brefs rappels sur les constituants du béton

a) Ciment (voir norme NF P 15-301 de juin 1994)


Le ciment le plus utilisé est le ciment Portland artificiel avec (CEM II-CPJ) ou sans
(CEM I-CPA) ajouts. Les classes courantes en France sont les classes 32,5 et 42,5.
Le dosage (poids de ciment par m 3 de béton mis en œuvre) varie de 300 à 400 kg/m 3 ; le
dosage le plus fréquent est de 350 kg/m3 •

b) Gramdat
La dimension maximale du granulat varie de 15 à 25 mm, cette dernière valeur étant la
plus fréquente.
52 Traité de béton armé

c)Eau
Le dosage en eau est déterminé par une étude de composition du béton. La nécessité
d'avoir un béton «maniable» entraîne toujours un excédent d'eau par rapport à la quan-
tité nécessaire à l'hydratation du ciment l . Il faut se garder de transformer cet « excé-
dent» en « excès ».

2.22 les résistances du béton


Pour les prescriptions réglementaires, voir § 2.24.
Dans la pratique, les essais de rupture du béton ont pour objet la vérification de ses
résistances maximales en compression ou en traction, qui font partie des critères de
qualité et sur lesquelles sont basés les calculs des ouvrages courants. Ces essais, définis
par les normes, sont conventionnels en raison du fait que les valeurs des charges de
rupture ne sont pas indépendantes du type d'éprouvette choisi et de la définition du
processus d'essai.
Suivant les pays, l'essai de compression est effectué sur des éprouvettes de différentes
formes : cubes, prismes, ou cylindres.

2.221 Rupture par compression

2.221-1 Essais de rupture par compression sous charge « instantanée »


Plaçons une éprouvette de béton cylindrique ou prismatique entre les plateaux d'une
presse hydraulique et parmi les deux méthodes d'essai décrites au § 2.23, choisissons
d'exercer un effort axial constamment croissant. Lorsque celui-ci atteint une certaine
valeur, l'éprouvette finit par se rompre.
L'aspect que présente la rupture et la valeur même de la charge de rupture sont influen-
cés par la présence d'efforts parasites qui naissent au contact de l'éprouvette et des
plateaux de la presse.
Pour obtenir un contact aussi parfait que possible, on peut, soit rectifier à la meule les
faces du prisme à essayer, soit plus couramment les surfacer à l'aide d'un mortier de
ciment à prise rapide. Quelle que soit la nature du surfaçage, il se produit malgré tout
des frottements dirigés vers le centre des surfaces de contact et la rupture prend l'aspect
que présente la figure 2.4a.

1. Cette quantité correspond au quart du dosage en ciment soit E = O,25C. Elle est normalement au
moins doublée; toutefois l'emploi de superplastifiants permet de réaliser des bétons avec un faible
dosage en eau.
Chapitre 2 • Matériaux 53

---- ----

---- ----
.,
ttttttt ttttttt

ttttttt
ct
Figure 2.4. Différents aspects de la rupture par compression
d'une éprouvette de béton

En revanche, si l'on interpose une feuille de néoprène qui, en se déformant, exerce des
poussées dirigées vers le contour extérieur de l'éprouvette, la rupture se produit comme
l'indique la figure 2.4c, pour une charge très inférieure à celle que donne le dispositif
précédent. Si l'on interpose des multicouches appropriées de façon à supprimer frotte-
ments et poussées parasites, la rupture se manifeste par séparation du prisme en colon-
nettes (figure 2.4b). La charge de rupture est comprise entre les valeurs que donnent les
deux cas a et c précédents. Le critère de rupture semble être lié à l'effet Poisson, c'est-à-
dire au gonflement latéral qui accompagne toujours le raccourcissement d'une éprouvet-
te comprimée,
De nombreuses théories ont été proposées pour tenter d'expliquer la rupture du béton
pour différents types de sollicitations (uniaxiale comme ci-avant, bi-ou triaxiale, etc.).
Des expériences sont toujours en cours à ce sujet.

2.221-2 Mesure de la résistance à la compression fer


Pendant longtemps jusque dans les années 60 - la mesure de la résistance à la com-
pression a été effectuée sur des éprouvettes cubiques (de 14 ou de 20 cm de côté en
général), mais les résultats ainsi obtenus étaient éloignés des résistances réelles par suite
notamment des eft'ets de frettage dus au frottement mentionnés ci-avant. Bien qu'encore
en usage dans certains pays européens (Grande-Bretagne, Allemagne, etc.), cette mé-
thode a été progressivement abandonnée en France dès la parution des Règles BA 1960.
54 Traité de béton armé

Celles-ci, tout en laissant la liber-


té d'utiliser à titre transitoire des
éprouvettes cubiques, préconi-
saient l'emploi d'éprouvettes
cylindriques ayant une hauteur
double de leur diamètre et don-
naient comme valeur du rapport
« résistance sur éprouvettes cylin- Plan de rupture

driques/résistance sur éprouvettes


cubiques» le chiffre de 0,83, qui
ne représentait malgré son appa-
rente précision qu'une moyenne
assez approximative (entre 0,70 et
0,90 pour des cubes de 14 ou
20 cm de côté).
Bien qu'il soit plus satisfaisant
que l'essai sur éprouvettes cubi-
ques, l'essai sur éprouvettes cy-
lindriques de hauteur double de Figure 2.5
leur diamètre ne donne pas la
résistance vraie à la compression
du béton.

Pour mesurer celle-ci, il conviendrait de procéder à un essai sur des éprouvettes cylin-
driques Ge plus grande hauteur par rapport au diamètre et comportant des embases; de
telles éprouvettes ont bien été utilisées en laboratoire (éprouvette de R. 1'Hermite, figu-
re 2.5). Mais les faibles dimensions que l'on était fatalement conduit à leur donner leur
conféraient une grande fragilité et par suite des difficultés de confection et de transport,
il n'a pas été possible d'en généraliser l'emploi sur les chantiers. Dans ces éprouvettes,
les ruptures se produisaient suivant des plans inclinés faisant un angle d'environ 30°
avec l'axe de l'éprouvette, c'est-à-dire avec la direction de l'effort de compression, ce
qui était en accord avec la théorie et avec les résultats expérimentaux ayant conduit à la
« courbe de résistance intrinsèque du béton» telle que définie en 1932 par le Règlement
sur les constructions en béton armé de la Chambre syndicale des constructeurs en ci-
ment armé.
Actuellement, en France, la résistance à la compression est mesurée par écrasement à la
presse hydraulique de cylindres droits de révolution de 16 cm de diamètre et de 32 cm
de hauteur, dont l'aire de la section droite est donc B = 200 cm2 = 0,02 m 2 (dimensions
'valables pour une grosseur de granulat au plus égale à 31,5 mm).
Le CEB préconise des éprouvettes cylindriques de 15 x 30 cm qui donnent des résultats
très voisins de l'éprouvette de 16 x 32 cm. L'EC2 laisse la liberté d'utiliser des éprou-
vettes cylindriques ou des éprouvettes cubiques.
Chapitre 2 • Matériaux 55

Si P est la charge de rupture de l'éprouvette, on a pour une éprouvette cylindrique de


16 x 32 cm âgée dej jours:

[2.1]

La résistance à la compression varie avec l'âgej du béton. Dans les calculs, on se réfère
habituellement à la résistance à 28 jours d'âge.

2.221-3 Interprétation statistique des essais


Les résistances à la compression mesurées sur éprouvettes sont affectées d'une certaine
dispersion mise en évidence par leur étude statistique. Le béton idéal est celui qui pré-
senterait la plus faible dispersion autour de la valeur moyenne désirée.
Sur le diagramme des fréquences observées pour chaque valeur de la résistance, ce
béton idéal peut être par exemple représenté par une courbe telle que la courbe A (figure
2.6).
Si, en laboratoire, il est possible de réaliser un tel béton à faible dispersion, il n'en va
pas de même sur les chantiers où les conditions de fabrication et de mise en œuvre sont
moins favorables.
Les bétons mal composés ou mal mis en œuvre peuvent donner lieu à une dispersion
importante. Par exemple, un béton relativement sec permet d'obtenir des résistances
élevées, .mais son ouvrabilité est médiocre. Si la mise en place est défectueuse, la dis-
persion peut être très grande (courbe B).
Pour éviter de tels écarts, préjudiciables à la sécurité d'un ouvrage, il est nécessaire de
fabriquer un béton dont la plasticité ait été étudiée pour que la courbe statistique C se
rapproche le plus possible de la courbe idéale.
On constate ainsi que la prise en compte dans les calculs de la valeur moyenne de la
résistance (qui est la même, dans l'exemple choisi, pour les trois courbes A, B et C) ne
tient aucun compte de la dispersion et correspond à un risque inacceptable: elle a en
effet une chance sur deux de ne pas être atteinte. D'où l'introduction de la notion de
« résistance caractéristique ».
56 Traité de béton armé

Nombre d'éprouvettes

o Moyenne
Résistance (MPa)
(30 par exemple)

Figure 2.6. Distributions possibles des résistances d'un béton

2.221-31 Résistance caractéristique


]0) Aspects théoriques
Soit un échantillon de taille n (n éprouvettes de béton) faisant partie d'un ensemble indé-
fini de résultats de mesure de la résistance à la compression (!ct.1c2,1c3, ·.. ,Ic;, ... ,j~n)'
En admettant que la dispersion aléatoire de ces résultats suive la loi normale de Laplace-
Gauss, la moyenne arithmétique m Il et l'écart-type SIl sont définis par :

- 1"
mil =-
n
Lfci;=1

1 n - 2
sn = (n-1) ~ (m71 - !ci) [2.2]

Si n augmente indéfiniment, mil et Sil tendent respectivement vers la moyenne vraie


m et l'écart-type vrai S qui définissent la loi normale de dispersion que l'on obtiendrait
en poursuivant indéfiniment les mesures.

Les quantités connues mil et sn diffèrent des quantités inconnues m et S et cela


'd'autant plus que n est plus petit.
Chapitre 2 • Matériaux 57

Le problème est alors le suivant: connaissant mn et sn quelle probabilité a-t-on qu'une


mesure quelconque vérifie la relation: lci:2: m n - kns n , où kn désigne un coefficient
numérique dépendant du nombre d'essais et de la probabilité acceptée?

Le repère fck = mn - kns n est appelé résistance caractéristique.

De façon plus précise, on définit pour un caractère quelconque d'un matériau la valeur
caractéristique requise d'ordre p de la manière suivante:
Étant donné une distribution statistique des valeurs d'un caractère soit potentielle (avant
toute fabrication du matériau) soit réelle (correspondant à une fabrication) on appelle
« valeur caractéristique requise d'ordre p» la valeur telle que la proportion de la popu-
lation qui lui est inférieure est égale à p (0 :S p :S 1).
Cette quantité (abscisse du point d'ordonnée p de la fonction de répartition) s'identifie
au fractile d'ordre p de la distribution (figure 2.7).

Fonction de répartition

0,5 ------------------------------------7~

P ------------------.~
, l
1

o 1
1
1
Valeurs du caractère
1
Fonction de distribution

o Valeur moyenne
Valeurs du caractère

Valeur caractéristique d'ordre p

Figure 2.7. Définition de la valeur caractéristique requise d'ordre p


58 Traité de béton anné

Dans le cas d'une distribution statistique réelle:


a) Si n est très grand, par exemple supérieur à 100 (pour l'acier, ce serait le cas du
contrôle continu en usine), on peut admettre dans ce cas: m" = m et s" = s.

La résistance caractéristique est alors définie par (figure 2.8) :

lek = m-ks
k, fonction de la seule variable p, est donné par les tables de Galton. Pour n = 00 :
Tableau 2.1

p(%) 50 20 10 5 2,5

k 0 0,8 1,28 1,64 1,96 ::::::2

Fréquence

o fek
>

Figure 2.8. Relation entre la résistance moyenne et la résistance caractéristique

L'aire hachurée représente la probabilité p (%), c'est-à-dire le pourcentage admis de


valeurs individuelles inférieures à la résistance caractéristique.
b) Si n est faible (de l'ordre de 6 à 30 par exemple)
k n augmente d'autant plus que n est plus petit. Il est à la fois fonction de p et de n.

L'inégalité fc..j ~ lek = m n - kns n a (l - p) chances sur 100 d'être satisfaite lorsque kil
prend les valeurs du tableau 2.2 :
Chapitre 2 • Matériaux 59

Tableau 2.2.
n 00 100 35 30 20 12 6
p=5% 1,647 2,000 2,250 2,300 2,500 2,890 >3

p=lO% 1,280 1,460 1,650 1,690 1,820 2,060 2,690

0,000 0,190 0,380 0,430 0,560 0,800 -


P=50%

Les Recommandations Internationales CEB-FIP de 1970 avaient adopté:

sans préciser la valeur n du nombre des essais. On voit donc qu'avec cette formule, la
probabilité d'avoir fc; ~ f ck ' est de :
- 95 % si n = 00
- 90 % seulement si n = 35 environ.
Il faut bien voir que l'idée des rédacteurs des premiers projets des Recommandations du
CEB avait surtout été de pénaliser, par l'introduction de la valeur caractéristique, les
bétons à forte dispersion (courbe B, figure 2.4) et qu'ils se bornaient alors à retirer un
seul écat:t-type soit fck =m - s (sans préciser non plus le nombre d'essais effectués
pour connaître m et s).
La figure 2.9 montre cette pénalisation pour deux bétons de même résistance moyenne,
mais de dispersions différentes.

Fréquence Dispersion s1 faible

o fck2 < fck1 fck1


>

Figure 2.9. Résistances caractéristiques de deux bétons de même résistance


moyenne, présentant des dispersions différentes
60 Traité de béton armé

Les études qui se sont poursuivies par la suite ont pennis de définir de façon plus préci-
se des «règles de contrôle» de la qualité, et l'interprétation des essais est devenue
beaucoup plus délicate, comme indiqué ci-après.
2°) Aspect pratique
Au stade de la conception d'un projet, la résistance caractéristique de l'acier que l'on
utilisera est généralement bien connue, car il s'agit d'un produit souvent déjà fabriqué et
contrôlé dont on connaît en tout cas la loi de distribution des résistances.
Il n'en est pas de même du béton qui ne sera fabriqué et contrôlé qu'au moment de
l'exécution. Seule donc l'exécution donnera une existence à la distribution et le projeteur ne
peut choisir dans la plupart des cas qu'une valeur conventionnelle de la résistance. Ce choix
est fonction des résultats d'essais antérieurs d'éprouvettes fabriquées en laboratoire ou sur
chantier sur des bétons ayant la composition retenue pour l'exécution (voir § 2.241).
La distribution statistique ne peut être connue pour une opération donnée qu'une fois
essayées toutes les éprouvettes de contrôle prélevées lors de cette opération. Le nombre
des éprouvettes ne pouvant être infini, cette connaissance demeure imparfaite.
Il en résulte que les conditions auxquelles le béton réellement exécuté peut être considé-
ré comme ayant la résistance exigée (c'est-à-dire au moins celle prise en compte dans
les calculs) imposent des règles assez complexes relatives à l'interprétation des essais
effectués au cours de l'exécution. Ces règles prennent en compte quantité de facteurs:
probabilité acceptée, nombre de gâchées, nombre de prélèvements sur l'ensemble des
gâchées, nombre d'éprouvettes dans chaque prélèvement, etc. l
La conformité aux spécifications est vérifiée au moyen de «règles de contrôle de la
»;
qualité ces règles comportent deux séries d'épreuves:
- la première (étude; convenance) est effectuée et sanctionnée avant l'ordre de service
de bétonnage,
- la seconde (contrôle; information) est effectuée pendant le bétonnage et sanctionnée
après celui-ci. .
L'interprétation doit assurer un juste équilibre entre le risque du fournisseur (se voir
refuser comme mauvais un lot bon) et celui du client (accepter comme bon un lot mau-
vais).
À titre indicatif, on indique ci-après l'une des règles prévue par le fascicule 65A pour
les essais de contrôle de conformité:
-le lot de béton est défini aux dispositions du marché;
-le nombre de prélèvements par lot est égal à 3 (3 gâchées différentes) ;
-le nombre d'éprouvettes par prélèvement est de 3, et la résistance applicable au prélè-
vement est la moyenne arithmétique des trois valeurs mesurées.

J. Voir le fascicule 65 du CCTG, « Exécution des ouvrages de génie civil en béton armé ou pré-
contraint », Annexe technique T24.4, et fascicule 65A, art. 75 et 77.
Chapitre 2 • Matériaux 61

On dispose donc de trois valeurs de la résistance par lot essayé (trois moyennes arithmé-
tiques portant sur les trois prélèvements). Le lot est réputé conforme à la résistance
caractéristique requise !c28 si :

avec
!c moyenne arithmétique des résultats d'essais effectués sur le lot,
!cl plus petit résultat observé,
k l et k2 définis par le tableau 2.3.
Tableau 2.3.
(1) (2) (3)

!c28 (MPa) < 30 2: 30 <30 2: 30 < 30 2: 30

k, 1,0 2,0 1,5 2,7 4,0 6,0

k2 3,5 3,0 3,5 3,0 1,0 0,0


(1) Bétons entrant dans la fabrication d'éléments préfabriqués, avec certification ou béton prêt
à l'emploi bénéficiant de la marque NF.
(2) Bétons de chantier ou béton prêt à l'emploi ne bénéficiant pas de la marque NF.
(3) Cas ne rentrant ni dans (1) ni dans (2).

2.221-32 La résistance nominale des Règles CCBA 68


Les « Règles de conception et de calcul des ouvrages et constructions en béton armé»
(Règles CCBA 68) définissaient à leur article 9,3 une résistance dite nominale par la
formule:

0"28 = O'~128 - 0,8s' [2.3]

avec
O"m28 résistance moyenne à la compression à 28 jours déduite des essais de n éprou-
vettes (nombre n non précisé; il était seulement question de résultats d'essais
« en nombre suffisant»)
s' écart-type.
Pour un nombre d'essais infini, cette résistance aurait été une résistance caractéristique
au sens défini au § 2.221-31 et aurait correspondu à un risque que 20 % des valeurs
individuelles n'atteignent pas la résistance nominale ainsi fixée (voir tab. 2.1).
62 Traité de béton armé

Pour un nombre d'essais limité à 12, (valeur mentionnée dans les Règles BA 1960) le
risque devenait 50 % (voir tableau 2.2). En d'autres termes, la résistance nominale cal-
culée sur 12 éprouvettes s'identifiait à la résistance moyenne vraie que l'on aurait ob-
tenue en opérant sur un grand nombre d'éprouvettes.
C'est pour cette raison que les Règles BAEL 83 précisaient, en commentaire de
l'article A-2.1,13 (et répétaient au chapitre B 1) que les valeurs caractéristiques sont
inférieures de 10 à 15 % aux valeurs nominales de la réglementation antérieure pour des
bétons identiques.

2.221-4 Influence de la durée d'application de la contrainte


D'après la norme NF P 18-406, la mise en charge d'une éprouvette de béton dont on
désire connaître la résistance à la compression doit s'effectuer avec une vitesse de mon-
tée en contrainte de (0,5 ± 0,2) MPa par seconde.
L'essai dure donc environ une minute par éprouvette, et les résistances mesurées, sur
lesquelles est basée toute l'interprétation statistique (voir § 2.221-3), sont des résistan-
ces « instantanées» sous chargement rapidement croissant.
Du point de vue de la sécurité, il est plus intéressant de connaître la résistance du béton
sous contrainte soutenue. Les essais effectués dès 1960 par le Professeur Rüsch de Mu-
nich, et repris en 1982 par B. Fouré à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, ont montré que la
résistance du béton, compte tenu de la durée d'application de la contrainte, résulte de
deux phénomènes dont les effets sont antagonistes :
1°) le durcissement progressif du béton en l'absence de toute contrainte, dû aux phé-
nomènes physico-chimiques liés à l 'hydratation du ciment;
2°) l'endommagement interne progressif sous l'effet de la contrainte appliquée, corres-
pondant au développement de microfissures.
Si la contrainte est variable dans le temps, l'étude du problème est très complexe. Dans
les essais, on se borne à étudier le cas particulier de la rupture sous contrainte maintenue
constante, censé représenter la condition de chargement la plus sévère.
Des essais d'éprouvettes du même béton à des âgesj différents permettent de détermi-
ner la résistance instantanée!c V) et de tracer la courbe représentative de la loi de dur-
cissement en fonction du temps (figure 2.10).
Si à l'âgej du béton on applique à une éprouvette une contrainte 0"0 légèrement inférieu-
re à !cV) et qu'on la maintienne ensuite constante, on obtient généralement une rupture
. différée à l'âge j + du correspondant à une durée de vie du (trajet MNP, figure 2.10).
Chapitre 2 • Matériaux 63

Contrainte cr
Variable
« loi de durcissement )} (Béton âgé)

Rupture
sous cr insta\.~~__ ..o-__ --1\:
_----0----0
instantanée
fe (j + du) I--~----:»I,....
......- ,
: .,
constante

..t f / : " .• P'


N' .-...,..--_
fe (j) I-----!.::t/ Rupture différée : "'-...
cro = cru ----
/
-+-" -e-...e
N P :
-=-e_._ / :
1
"-


(j (Béton jeune) :

1
1
1
t
1
1
1
M M"
o 1.. Tempst
Durée de vie du

Figure 2.10. Rupture différée du béton (d'après 8. Fouré)

Contrainte soutenue

CD Béton jeune
." .'.
cg)

"""-.j,
Béton âgé

1
Limite conventionnelle
d* fixée
N'e 1 }l'
Contrainte crer t - - - - - - - l
de rupture
1 P'e
asymptote?
minimale

M M'
e - - - - - - -1r - - - - ' - - - - - - - - 3 P
der Temps der Temps

Figure 2.11.

a) Cas où /'âgej estfaible (figure 2.11)


II existe une contrainte critique crer (à laquelle correspond une durée de vie critique der
faible) telle que:

- SI.crcr <- cr 0 <.j"


- J c ( } .) ,on a 0 -< d u <
- d cr'.

- si cr :s; crcr ' on n'observe pas de rupture; autrement dit, dans ce cas, l'effet du durcis-
0

sement l'emporte sur celui de la contrainte soutenue.


64 Traité de béton armé

b) Cas où l'âgej est grand (durcissement du béton presque terminé)


Dans ce cas, on observe une décroissance continue de la contrainte soutenue de rupture
cr/l quand la durée de vie d/l croît.
Autrement dit, l'effet de l'endommagement dû à la contrainte soutenue l'emporte tou-
jours sur celui du durcissement.
En pratique, on peut définir une contrainte de rupture limite conventionnelle pour une
durée de vie fixée assez grande.
Le Professeur Rüsch a proposé de prendre comme contrainte de rupture limite la valeur
cr/l = 0,85Icj; c'est cette valeur qui apparaît dans les vérifications vis-à-vis des états-
limites ultimes de résistance sous sollicitations normales (voir § 5.222).
Selon les conclusions de B. Fouré, il semble que le coefficient 0,85 serait valable en
moyenne pour les bétons à durcissement normal, mis en charge à un âge j compris entre
quelques jours et deux ou trois mois. Pour un âge de mise en charge très élevé, le rap-
port cr/l !fe(j) serait susceptible de s'abaisser jusqu'à 0,75 environ.
Les Règles BAEL 91 modulent la valeur 0,85 par un coefficient e (voir § 5.222).
II doit être souligné que l'article B-8.4,1 des Règles BAEL relatif au calcul de l'effort
normal résistant des poteaux soumis à une compression centrée, de même que son com-
mentaire, ne tiennent aucun compte des phénomènes décrits dans le présent paragraphe
ni des conclusions qui en découlent. Bien au contraire, l'effet du durcissement (pris en
compte par l'introduction d'un terme fc28 > fc28) et celui d'un chargement tardifne sont
0,9
considerés que par leur côté favorable!

2.222 Rupture par traction


Les Règles BAEL, suivant en cela les Règles CCBA 68, de même que l'EC2, ne fixent
pas de méthode de mesure directe de la résistance à la traction du béton ; la valeur « ca-
ractéristique» (Règles BAEL) de celle-ci est définie conventionnellement à partir de la
résistance la compression. On peut le regretter dans la mesure où le rapport des deux
résistances n'est pas constant et où un béton qui a une bonne résistance à la traction
possède également une bonne résistance à la compression alors que l'inverse n'est pas
toujours vrai. Mais c'est de toute évidence une simplification.

2.222-1 Essais de rupture par traction


La mesure directe de la résistance à la traction par un essai de traction axiale est délica-
te, car il faut assurer la transmission de l'effort et son centrage; un tel essai ne peut
donc être réalisé qu'en laboratoire. Il s'effectue sur des éprouvettes cylindriques sur
lesquelles, après sciage des deux extrémités, on a collé des têtes de traction métalliques
parfaitement centrées. Il ne doit y avoir aucun effort de flexion parasite.
Lorsque cette condition est remplie, la rupture survient par formation d'une fissure
perpendiculaire à l'axe de l'éprouvette.
Chapitre 2 • Matériaux 65

En pratique, on tourne la difficulté du mode opératoire en opérant comme indiqué ci-


après au § 2.222-2.

2.222-2 Résistance à la traction ftr


Dans le cas où elle doit être contrôlée, la résistance à la traction est déduite d'essais
effectués selon deux modes opératoires différents:
- flexion d'éprouvettes prismatiques non armées
- fendage diamétral d'une éprouvette cylindrique (essai dit « brésilien» à cause de son
« inventeur» F.L.L. Carneiro (1949) alors que le mérite semble devoir en revenir au
japonais Akazawa (Journal of the Japanese Civil Engineering Institute, novembre
1943)).

1°) Flexion d'éprouvettes prismatiques non armées


Cet essai a été pendant longtemps souvent pratiqué, sur les chantiers mêmes, avec un
appareil Simrup (figure 2.12), en opérant sur des éprouvettes à section carrée de 50 cm2
d'aire et de longueur égale à quatre fois initialement (Règles BA 1945) puis cinq fois
(Règles BA 1960), leur dimension transversale.
Les éprouvettes étaient soumises à un système de deux charges égales et symétriques
entre lesquelles elles étaient sollicitées en flexion circulaire (M constant et V nul) (figure
2.13) ; elles se rompaient par traction du béton dans leur partie centrale.

Figure 2.12. Appareil Simrup

En effet, la limite de résistance est atteinte sur la face tendue bien avant que les possibi-
lités de résistance de la partie comprimée ne soient épuisées.
66 Traité de béton armé

p
"2

~--l:------------~t-f­
~-- -----------~---
.. 1 a 1..

Figure 2.13. Essai par flexion d'une éprouvette prismatique non armée.

En appelant a le coté de l'éprouvette et Mu le moment de rupture, la Résistance des


Matériaux (diagramme linéaire des contraintes) conduirait à la formule qui était donnée
par la Circulaire ministérielle de 1934 :

a4
Irr (flexion) = 6~1I Mv a
( - avec v=- et 1 = - ) [2.4]
a 1 2 12

La comparaison avec des essais de traction directe, effectués au même âge sur des bé-
tons provenant de la même gâchée, montre que l'on a sensiblement:
Irr (traction) "" 0,6Irr (flexion)
d'où

f, = 3,6Mu [2.5]
Ir a3

Cette formule due à A. Caquot est celle que l'on trouvait dans les Règles BA 1945 et
dans les Règles BA 1960.
La formule [2.4] qui admet un comportement élastique jusqu'à la rupture, ne correspond
pas à la résistance réelle à la traction et ne définit qu'une valeur purement convention-
nelle. La formule [2.5], par contre, tient compte du fait que le diagramme des contrain-
tes ne demeure pas linéaire jusqu'à la rupture (figure 2.14).

,,,'"
a <... Diagramme élastique
"2 " --- Diagramme à la rupture

t
Figure 2.14. Diagramme des contraintes dans une éprouvette prismatique
non armée soumise à la flexion circulaire.
Chapitre 2 • Matériaux 67

2
Compte tenu de ce que Mu = -p'p (pour une charge totale Pu) et a = 0,0707 m (valeur
3
fréquente), la formule de A. Caquot conduit à :
ftr = 480 Pu (MN, MPa) [2.6]

Les essais effectués sur des éprouvettes de 50 cm 2 de section (a = 7,07 cm) conduisaient
à des résultats présentant fréquemment des dispersions notables, mais ils avaient
l'avantage de nécessiter un matériel simple facilement transportable sur les chantiers et,
si l'on disposait d'une presse de faible puissance, de permettre de les compléter par des
essais de compression sur les deux parties des éprouvettes rompues en appliquant
l'effort sur une surface de 50 cm2. A défaut d'essais par des procédés plus élaborés, on
avait ainsi des possibilités, sinon de mesure exacte des résistances, tout au moins de
contrôle de la régularité des bétons.
On a quelquefois utilisé, mais plus rarement en raison des difficultés de manutention et
de transport, des éprouvettes de dimensions plus importantes, a = 10 cm et même
a = 14,14 cm.

2°) Fendage diamétral d'une éprouvette cylindrique


Actuellement, on tend à mesurer la résistance à la traction en pratiquant, sur des éprou-
vettes cylindriques identiques à celles servant pour la détermination de la résistance à la
compression, un essai de fendage consistant à appliquer les efforts sur deux génératrices
diamétralement opposées (figure 2.15).

Fissure

Figure 2.15. Essai de fendage


(<< essai brésilien »)

La rupture se produit par apparition d'une fissure suivant le plan diamétral correspon-
dant.
68 Traité de béton armé

En appelant :
Pli la charge de rupture par fendage;
d le diamètre;
1 la longueur de l'éprouvette ;
la Théorie de l'Élasticité conduirait à :
2P
ftr (fendage)::::-" (MN, m, MPa) [2.7]
nd 1

La comparaison avec des essais de traction directe, effectués au même âge sur des bé-
tons provenant de la même gâchée, montre que l'on a sensiblement:
frr (traction) :::: 0,85 frr (fendage)

On arrive ainsi à :

l'
Jtr
°
(traction):::: 85 2P',
, ndl
= ° '
55 ~
dl
(MN,mMPa)

ou, compte tenu de ce que d= 0,16 met 1= 0,32 m


frr(traction)::::10,74~ (MN, m MPa) [2.8]

2.23 Diagramme contraintes-déformations du béton

2.231 Diagramme expérimental

2.231-1 Méthodes d'essai


Pour obtenir le diagramme cr-a d'un béton en compression, on place entre les plateaux
d'une presse hydraulique une éprouvette cylindrique ou prismatique de béton munie de
deux colliers séparés par une distance 1 donnée et de comparateurs permettant de mesu-
rer la variation M de 1. Sur cette éprouvette, on peut exercer:
- soit un accroissement constant des contraintes dans le temps,
- soit un accroissement constant des déformations dans le temps.

a) Accroissement constant des contraintes dans le temps: da = constante


dt
L'essai donne une relation entre la déformation et la contrainte moyenne. A la fin de
l'essai, l'accroissement de déformation dE est très rapide (figure 2.16). Pour suivre
dt
cette phase de l'essai, le débit d'huile de la machine d'essai devrait s'accroître égale-
Chapitre 2 • Matériaux 69

ment, ce que ne permettent pas la plupart des machines d'essai car elles ne possèdent
pas de pompes d'un débit suffisant.

Quand l'accroissement da est maintenu constant jusqu'à la rupture de l'éprouvette, on


dt
observe une rupture explosive due à la libération brutale de l'énergie accumulée. En
pratique

toutelOlS
J:'. •
ce type de rupture s ' 0 bserve rarement car on prelere
'C':: d"munuer- da
dt
vers la fin de l'essai pour protéger l'appareillage. De ce fait, les résultats sont influencés
par la machine d'essai et par l'exécutant.
L'essai de contrôle normalisé du béton est exécuté de cette manière avec:

da = (O,5±O,2) (MPa).
dt s

--- ~ fer
1
1
1 da
1 - = este
1 dt
1
1
1
1
1
1
1
1

: 2.10.3
o
"-------.---->3> êbc

Figure 2.16

b) Accroissement constant des déformations dans le temps: de =constante


dt
Le comportement du béton est totalement différent de celui observé en a).
Dans la première phase de l'essai, les différences entre les diagrammes obtenus par les
deux méthodes sont négligeables car, dans cette phase, la relation cr - e est sensiblement
linéaire.
Quand on atteint les contraintes qui amènent un comportement plastique,
l'accroissement constant des déformations entraîne un ralentissement de l'accroissement
de contrainte: le béton se déforme « plus vite» que dans la zone élastique (figure 2.17).
70 Traité de béton armé

Pour une certaine valeur de crbc les déformations imposées par la machine d'essai sont
en équilibre avec celles du béton.

On a alors da = 0, a be = constante: la charge maximale est atteinte. La microfissura-


dt
tion du béton est très importante, mais le béton n'est pas écrasé.
En poursuivant l'essai, on constate que la charge exercée sur le prisme décroît: la dé-
formation du béton est alors plus forte que la déformation imposée par la machine
d'essai.
Quand on arrête l'essai après être resté longtemps dans la partie décroissante du dia-
gramme, l'éprouvette est intacte. Il est possible de la recharger dans un essai avec
da =constante. La résistance observée diffère peu de celle d'une éprouvette qui
dt
n'aurait pas subi ce type de chargement.

: fer
•1 de
1 - =Cste
1 dt
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

L -_ _ _ _ _ _
2'10.3
: ---------=>:;;. €be
o

r--------~--------------~~~e

Figure 2.17

c) Comparaison entre les deux méthodes


da de
Les diagrammes trouvés par les deux méthodes - =constante - =constante sont
dt ' dt
totalement différents (figure 2.18).
Chapitre 2· Matériaux 71

2.231-2 Phases de comportement


Sur une courbe contraintes-déformations obtenue à vitesse constante de déformation
dE = constante,
( -- ) on peut d'lstmguer,
. a, delormatlOn
'c. . crOIssante,
. quatre ph ases de com-
dt
portement (figure 2.19).
Phase 1 : (cr:::; O,4fcr environ): comportement analogue à celui d'un matériau homogène
et élastique.
Dans cette phase, le béton suit sensiblement la loi de Hooke; la pente à l'origine de la
courbe est le module de déformation tangent à l'origine Ebo'
Phase 2: développement de la microfissuration, d'où incurvation progressive de la
courbe jusqu'à la résistance à la compression !cr (contrainte maximale) atteinte pour une
certaine valeur Ebc\' de la déformation.

(Dans l'essai à da = constante la rupture survient alors plus ou moins brutalement, et la


dt
phase suivante est incontrôlable).

abc (MPa)

35 -- --- r- - - - -,- ----l-- _.. -r -- - -- ,------r-_.. --,


de : : : ; ....+---~ da
- =Cste
dt !
1
:
j
~':
,~i
l -dt = 1 MPa/s
1 1 1 1
30 .. ·--·t-----i---,-' ---~-----+----+-----~
1 1 1 1 1 1 dE
do : : l : ... --: -
1 dt
= 0 ' 5 MPa/s
- =Cste I/.'I
, , C ","" 1
1
dt 25 -----t---- ----,-:----' -'- --~-----~ de
: : / ' : - = 2 %o/mn
,: ,: 1. ,
: 1 dt

20 -----t- -- r----t-----r-----+----+----1
: 1 ; : ! i
:~ = 0,1 %o/mn
1 ; : :
i I I I 1 1
15 ---- i ----1------{------~-----_l-----~~~~---i
1 1 : : : : 1
1 1 1 f

: ~::: i
1 1 ( 1 1 ) 1
10 -. -r·----t·-----}------~-----_i-----+----1
: ! ~ : ; ; 1

;;
~ 1
!: 1 i 1

---r - -----f -..... -- r-----:---.. --r--.. . . -;


1
-~-
l
~; ~
, 1 1 l ,

i ~ i t i !
: :::::
2,5 2,0 1,5 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5
~--~--:--- __~--.r~~~--~--~--~~--~~E~(%o)

obt (MPa)

Figure 2.18
72 Traité de béton armé

t<Dt-
1
Comportement homogène élastique
.
r-®-!- Développement de la microfissuration
1 : ,
: - - @ - - - - Propagation de la rupture
1 1
: !-@- Comportement type « sol»
1 1

fer 1
r--+---+--~~~_~_--
:
1
.... 1

. . . "" !
"
,11
':----
1 - - - - - __ _
1
1

Figure 2.19

La pente générale de cette branche renseigne sur le caractère fragile plus ou moins ac-
centué du béton étudié (si elle est presque horizontale, le béton est très ductile, si elle est
quasi verticale, le béton est très fragile).
Phase 4 : cette phase est sans intérêt pratique; le béton désagrégé se comporte comme
un sol « tout-venant» qui aurait été placé entre les plateaux de la presse hydraulique.
Pour les vitesses d'accroissement de la contrainte ou de la déformation habituellement
utilisées dans les essais «de courte durée» on peut admettre que, dans la phase l, la
relation entre cr et E ne dépend pas du mode opératoire. En particulier, comme déjà dit,
les valeurs du module EbO obtenues dans les essais normalisés à vitesse constante
d'accroissement de la contrainte (da = 0,5 MPais environ) ne diffèrent pas de celles
dt
obtenues à vitesse constante d'accroissement de la déformation (dE = 0,002/mn par
dt
exemple).
En revanche la phase 2, surtout au voisinage du sommet de la courbe, dépend, comme
déjà dit, du mode opératoire et de la vitesse choisie. L'essai à vitesse constante
d'accroissement de la déformation est celui qui permet de fixer de la manière la plus
fiable la valeur de EbC\.
La phase 3 de propagation de la rupture est fortement influencée par le mode opératoire
. (vitesse choisie, «raideur» de la machine, temps de réponse de l'asservissement, et
même, opérateur).
Il existe une déformation limite Eblim qui, conventionnellement, correspond à la frontiè-
re entre les phases 3 et 4 mais qui, pratiquement correspond au point à partir duquel on
n'est plus en mesure de maîtriser la déformation et donc d'enregistrer la courbe.
Chapitre 2 • Matériaux 73

2.231-3 Effets de la présence d'armatures transversales


dans la zone comprimée
Les essais sur éprouvettes en béton non armé ne permettent pas de représenter le phé-
nomène de raccourcissement des fibres comprimées d'éprouvettes comportant des ar-
matures transversales. Celles-ci rendent possible une concentration des contraintes de
compression dans un noyau réduit où le raccourcissement et la contrainte du béton peu-
vent atteindre des valeurs élevées par suite d'un effet de« confinement ».
La figure 2.20 montre les courbes obtenues sur des éprouvettes cylindriques 16 x 32 cm
munies ou non d'armatures transversales (deux pourcentages différents).
On constate que la branche descendante de la courbe d'une éprouvette armée transversa-
lement (même faiblement) est beaucoup plus étendue que celle de l'éprouvette non
armée.

Contrainte rapportée à la section initiale (MPa)

50

40

30

20

10

Raccourcissement
L--------r--------~------_+--------+_--~
o 5 10 15 20 relatif total (%0)

Figure 2.20.
74 Traité de béton armé

2.232 Relation entre le diagramme a - & et la distribution


des contraintes dans le béton comprimé
La valeur êb,lim dont il vient d'être question ne doit pas être confondue avec la valeur
limite du raccourcissement êbcll à prendre en compte dans les calculs en flexion (simple
ou composée, droite ou déviée) (voir § 5.21-4). En effet, les phénomènes physiques
intervenant dans le comportement, d'une part, du béton de la zone comprimée d'une
poutre jusqu'à rupture sous moment fléchissant croissant et, d'autre part, du béton d'une
éprouvette soumise à un essai de compression simple à déformation contrôlée, ne sont
pas exactement assimilables l'un à l'autre. Il en résulte que l'assimilation du diagramme
de calcul utilisable pour le calcul des sections soumises à des sollicitations normales
(diagramme parabole-rectangle, voir § 5.222-1) à la loi de comportement déterminée
par un essai de compression simple et bornée à êb.lim est purement conventionnelle.
En flexion, il est possible de déterminer expérimentalement une valeur ultime êbcu du rac-
courcissement du béton correspondant à l'atteinte du moment maximal et au début
d'écrasement du béton sur les fibres les plus comprimées de la section [dans les années
cinquante R Chambaud en France avait ainsi trouvé ê ClI = 3,6.10-3, valeur confirmée par
E. Hognestad aux USA (3,8.10-3) mais infirmée par H. Granholm en Suède (de 4 à 7.10-3)].
Mais, on peut aussi définir le moment ultime comme le moment maximal à déformation
croissante, et le calculer en utilisant une loi cr-ê du béton possédant une branche décroissan-
te, sans qu'il soit indispensable d'introduire une déformation limite (voir par exemple la loi
de Desayi et Krishnan, § 2.234).

2.232-1 Poutres soumises à la flexion simple


La déformation d'une fibre dans la zone comprimée est proportionnelle à sa distance à
l'axe neutre (hypothèse de la conservation des sections planes, voir § 5.21-1).
La vitesse à laquelle chaque fibre se déforme est également proportionnelle à cette dis-
tance. Comme le diagramme cr-ê dépend de la vitesse de déformation, pour chaque fibre
la relation cr-ê est différente. Sur la hauteur de la zone comprimée, il existe donc un
gradient de déformation (figure 2.21).

~
comprimée
ct l y

-t-------------- __I ___L____)____Ao<~~~


Zone tendue /

Figure 2.21
Chapitre 2· Matériaux 75

Par exemple, la vitesse de déformation de la fibre de béton « c » située à la distance yl2


de l'axe neutre est moitié de la vitesse de déformation de la fibre extrême comprimée
« b », à la distance y de ce même axe.
À des raccourcissements successifs croissants Bc\' Bc2, Ec3, au niveau de la fibre «c»
correspondent des contraintes O"c\' O"c2, O"c3 au niveau de cette fibre, lues sur la courbe
« c » (figure 2.22).
Aux raccourcissements 2Bch 2Ec2, 2Ec3, de la fibre «b» correspondent des contraintes
au niveau de cette fibre, lues sur la courbe « b ».
O"b\, O"b2, O"b3

Les distributions des contraintes dans la zone comprimée prennent ainsi l'allure représen-
tée sur la figure 2.23.

Le diagramme obtenu avec de =constante permet donc d'expliquer ce qui se passe dans
dt
la zone comprimée d'une poutre fléchie: une redistribution des contraintes dans cette
zone est possible, et les fibres ayant des déformations très importantes (fibres b) voient
leur contrainte diminuer, alors que la contrainte des autres fibres augmente (courbe 3).
Dans un essai de longue durée, la distribution des contraintes dans la zone comprimée
diffère de celle observée dans un essai de courte durée, car l'influence de la « vitesse de
mise en déformation» sur la forme du diagramme O"-E est très importante.
Si la charge croît très lentement, la distribution des contraintes est plus uniforme que
dans le cas d'une charge rapidement croissante et les charges ultimes ne di:fferent pas de
façon significative.

;; ---------
A O"b2
:,.,.~
,< i O"c3 .. ' ....
~, 1 1 ..........
, 1 l "
, 1 l "
,.. , l '
vb1· / l '. C 0,5 %o/mn
1 , 1
1 li- 0"c2 1 .~b3
III 1 l '"
: : b 1 %o/mn (par exemple)
Il 1
1 1 1
1 1 1
, 1 1
!

1
1
1
1
{iO"c11 1
, 1 1 1
'1 1 1
'1
11
1
1 I lEc2 IlEc3
1
1
L-~-4-=----~~--------------~----------~ E

Figure 2.22
76 Traité de béton armé

2ec1 2ec2 O"b2 2Ec3


ï---;
1 1
• j------7
1
A j-------------,
1 1 1 1
1
11 ,"
1 1 1 1 1 .-
1 1 1 /
:e 1/
1

L_..1
C
1
1
L ____ I "
lec2/ 1 ec3. -
L ________
1 / ~

1 1
1 1
1 1
1 1
11
1

:
1
1 1
1 /
1
" 1 1 ,

:
1
1
1 .-
.-
.-'- /
11
Il l' 1 /
.t.Il ___ _ ___________ L ________ __________
l' 1 ,_____________ _
~

o f)

Figure 2.23

2.232-2 Poteaux soumis à la compression centrée


Toutes les fibres subissent le même raccourcissement et par conséquent la même
contrainte. Dans ce cas « l'adaptation» dans une section qui se manifeste par une redis-
tribution des contraintes entre les différentes fibres est impossible. Le diagramme obte-
nu avec da =constante permet de comprendre le comportement sous charge croissan-
dt
te : une rupture brusque se manifeste sous la charge ultime.
Si un poteau est chargé longtemps à 90 % (par exemple) de la charge ultime correspon-
dant à un essai de courte durée, on peut également observer une rupture brusque. La
durée du chargement entraîne une réduction de la résistance (voir § 2.221-4 et § 5.222-
1).
On en conclut que:
- dans les éléments fléchis, la distribution des déformations dans la zone comprimée
n'est pas uniforme, une redistribution des contraintes est possible: les déformations
sont prépondérantes;
- dans les éléments soumis à une compression centrée, la distribution des déformations
est uniforme: les contraintes sont alors prépondérantes.

2.233 Valeur expérimentale des principaux paramètres


a) Pour un chargement de courte durée, la relation entre le module tangent de déformation
longitudinale et la résistance à la compression est assez bien représentée par la formule

EbO =1200013 (MPa) [2.9]

Le module sécant, correspondant à une contrainte de l'ordre de 0,5!cr à 0,6!cr est (voir
BAEL, art. A-2.l,21) :

E ::::: EbO
b 1,1
= 11000Jl'X
cr
(MPa) [2.10]

Toutefois, l'EC2 adopte une valeur assez différente (voir tableau 2.4).
Chapitre 2 • Matériaux 77

Raccourcissement ebc1

3 . ~-.,-~~ ..,---~-~-- .. ----- 'l ~ - - - - - - - - 4 - --- ~- ~ï w~~ _ _ ..,, _ _ _ _ _ _ _ _ ~_ -r ---- ---- - --,--- ~ ~ --1
I l ! 1
, 1 1 1

: Essais: de/dt = e s t e : :
1 Ages: 3, 28, 92 jours l :
: : :
!
:

:
. . : . . .
.1:
... !
i
1

2 :
::.
,
--~------------------~--------------,---~------------

"
.
r;---·- ... ---1-·----1 1

:
i
ebe1 = ~,59 fcr1/3 :

,l ,~
1 - - ~--
1
--- -- -- --- -- --- -~i --- -- --- -- -- - -- -- ~-1 - -- --- -- -- --- -- --~--
1
-- --- -- - -- --- ---:1
1 i 1 1 1
1 1 1 1 1
1 1 1 1 1
1 1 1 1
1 1 1 1
1 1 l ,

o 10 20 30 40 50 Résistance fer (MPa)

Figure 2.24. Raccourcissement Ebc1


en fonction de la résistance à la compression fcr

b) Le raccourcissement Sbc1 atteint lorsque 0' = 1er est fonction de 1er.


M. Kavyrchine a proposé:

Ebcl =0,59f3 (!cr en MPa, Sbc1 en %0) [2.11]

c) Les courbes «moyennes» ont des formes qui peuvent être caractérisées par une
branche croissante d'allure parabolique, suivie d'une branche décroissante dont la forme
varie d'une courbe très aplatie et à pente très faible, à une courbe parabolique à peu près
symétrique de la branche croissante: dans les cas intermédiaires, la branche décroissan-
te présente une influence peu marquée.
Le raccourcissement maximal qu'il est possible d'enregistrer (et qui soit significatif,
c'est-à-dire qui ne corresponde pas à la phase 4 du comportement définie précédem-
ment) est très variable. Il est très supérieur à la valeur Sbc1 sauf si l'âge est grand.

2.234 loi de comportement « exacte»


La loi de comportement, dite « exacte» par raccourci de langage, est l'idéalisation aussi
fidèle que possible de la courbe obtenue dans les essais de compression simple. Diver-
ses idéalisations peuvent être utilisées qui décrivent bien la branche croissante de la loi
de comportement et, plus ou moins fidèlement, l'allure de la branche décroissante.
78 Traité de béton armé

Parmi ces idéalisations, l'expression la plus générale est celle qui a été proposée par
Sargin 1 :

~= K11+ (K' -1)11


2
[2.12]
fer 1+(K-2)11+K'112

avec

K = E bO ê bel / fer (Ebo , pente de la tangente à l'origine)

K' choisi en fonction de la forme de la branche décroissante.


M. Kavyrchine a montré qu'il était commode de déduire de l'ensemble des courbes
définies par l'équation [2.12] deux sous-ensembles obtenus en faisant K' = 0 et
K' = K - 1 ce qui conduit respectivement à:
2
cre Kl1-11
[2.13]
- sous-ensemble 1 :
fer = 1+(K-2)11

cre K11+(K-2)rt2
- sous-ensemble 2 : [2.14]
fer = 1+(K-2)11+(K-l)112

Ces deux familles sont représentées sur la figure 2.25 pour diverses valeurs du paramè-
tre K.
Il est possible de substituer à la branche descendante une droite de pente (- E')
d'équation

- droite 3 : cre
-=I-K"11-1
() [2.15]
fer

On peut alors retrouver, comme cas particuliers, les idéalisations le plus couramment
utilisées:
• sous-ensemble 1 seul: diagramme de l'EC2, équation [3.14] de l'article 3.1.5 de
l'EC2, identique à [2.13].
• sous-ensemble 2 et droite 3 :
. - avec K = 2 et K" = 0 (E' = 0) : diagramme parabole-rectangle (voir § 5.222, figure 5.4)
• 015ê .
- avec K = 2 et K = ( , bel ) : diagramme d'Hognestad
0,038-ê bel

1. M. Sargin, Stress-straÎn relationships for concrete and the analysis ofstructural concrete sections.
SM Study nO 4, Solid Mechanics Division, University of Waterloo, Ontario, Canada (1971).
Chapitre 2 • Matériaux 79

• sous-ensemble 2 avec K = 2 : diagramme de Desayi et Krishnan: 0' he =~ [2.16]


fer 1+11
(voir BAEL 91, art. E 7.1,22).

:A!II!III''''''--;.::--- -- --- -- --~--- - -r ----------


i,,
,,
,,
1,

0,5

o 2
Sous-ensemble 1

,
- ---- ------ - - -- -- -- r-- ---- -- --, ,
: :,

0,5

o 2
Sous-ensemble 2

Figure 2.25
80 Traité de béton armé

2.24 Prescriptions réglementaires

2.241 Résistance caractéristique à la compression

a) Règles BAEL (art. A 2.1.11)


Dans les cas courants, pour l'établissement des projets, le béton est défini par une valeur
de sa résistance à la compression à 28 jours, appelée valeur caractéristique requise
(ou spécifiée), notée !c28.
Cette valeur est choisie a priori compte tenu des possibilités locales et des règles de
contrôle qui permettront ultérieurement de vérifier sur le chantier qu'elle a bien été
atteinte.
Pour un béton âgé de plus de 28 jours (j 2: 28), lorsque l'on doit justifier la résistance
des sections, on conserve !ci =!c28.
Pour un béton âgé de moins de 28 jours (j < 28) non traité thermiquement, on peut ad-
mettre une loi du type :
j
Ic} = a + bj le28 [2.17]

avec:
- pour!c28:S 40 MPa : a = 4,76 et b = 0,83
- POurj~'}.8 > 40 MPa : a = 1,40 et b = 0,95
Les Règles BAEL stipulent (art. A.2.1, 1) que les projets doivent être établis en fonction
d'une résistance caractéristique spécifiée, qu'il y a lieu d'obtenir lors de l'exécution.
Les compositions des bétons ne sont donc normalement définies au niveau du projet
qu'à titre indicatif, à moins qu'on ne dispose soit de références précises, soit de garan-
ties comme c'est le cas pour la résistance caractéristique des bétons prêts à l'emploi, à
caractéristiques normalisées (BCN).
Le commentaire de l'article A. 2.1,13 donne pour le choix des valeurs de !c28 les indica-
tions suivantes:
- une résistance de 20 MPa est facilement atteinte sur les chantiers convenablement
outillés;
- on obtient facilement 25 MPa sur les chantiers faisant l'objet d'un contrôle régulier;
- on peut obtenir 30 MPa dans toutes les régions, à condition, en outre, de choisir
convenablement les matériaux et d'étudier la composition du béton;
- des résistances supérieures peuvent être atteintes, moyennant une sélection rigoureuse
des matériaux utilisés.
Depuis l'apparition des adjuvants fluidifiants (superplastifiants) qui permettent de rédui-
re le dosage en eau et, plus récemment, des fumées de silice, il est à présent possible de
fabriquer à peu près partout en France des bétons à hautes performances correspondant
à des résistances pouvant atteindre 60, voire 80 MPa et même davantage. Le domaine
Chapitre 2 • Matériaux 81

d'application des Règles BAEL 91 modifiées 99 a donc été étendu, mais en le limitant
toutefois à 80 MPa (au lieu de 40 MPa antérieurement).
Les indications précédentes sont plutôt applicables à des travaux pour lesquels on dis-
pose de références au départ et qui font l'objet d'un contrôle suivi en cours d'exécution.
Sur les chantiers courants de bâtiments, il est souvent difficile de disposer
d'informations préalables précises sur les bétons réalisables au lieu de l'exécution. Par
ailleurs, on met fréquemment en œuvre des bétons ayant, au slump-test, un affaissement
d'environ 10 cm.
Les Règles applicables aux ouvrages et éléments courants de structures en béton armé
fournissent les indications complémentaires dans un tableau (art. B 1.1) qui donne, pour
les ciments des classes 32,5 (ou 32,5 R) et 42,5 (ou 42,5 R), les dosages en ciment (en
3
kg/m ) permettant l'obtention des valeurs caractéristiques normalisées de.fc28 (en MPa).
Il est évidemment possible d'adopter pour les mêmes compositions des résistances su-
périeures à celles du tableau lorsque les conditions requises sont remplies.

b) Eurocode 2
La résistance à la compression du béton est déterminée soit sur éprouvettes cylindriques
soit sur éprouvettes cubiques, au moyen d'essais normalisés effectués conformément à
la norme EN 206-1.
L'EC2 est basé sur la résistance caractéristique à la compression sur cylindres.fck, défi-
nie comme la valeur de la résistance au-dessous de laquelle on peut s'attendre à trouver
5 % de la population de toutes les mesures possibles de résistance du béton spécifié.
A partir de là, l'EC2 définit un certain nombre de classes de résistance (voir tab. 2.4).
A un âge t quelconque en jours, on peut admettre que pour une température moyenne de
20 oC et une cure effectuée conformément à l'EN 12390, la résistance moyenne à la
compression du béton.fcm(t) peut être évaluée par :
.fcm(t) = ~ee(t).fcm
avec:
lem résistance moyenne à 28 jours (tab. 2.4) et:

. où s est un coefficient qui prend les valeurs:


• 0,20 : pour les ciments CEM 42,S R, CEM 52,5 N, CEM 52,5 R (classe R) ;
• 0,25 : pour les ciments CEM 32,5 R, CEM 42,5 N (classe N) ;
• 0,38 : pour les ciments CEM 32,5 N (classe S).
Note: exp ( ... ) a la même signification que é .. ).
82 Traité de béton armé

La résistance caractéristique à la compression !c~t) à l'âge de t jours se déduit de la


résistance moyenne du béton au même âge par :
!ck(t) = !cm(t) - 8 MPa pour 3 < t < 28 jours.
Pour t;::: 28 jOurS,!ck(t) = !ck (tab. 2.4).

2.242 Résistance à la traction


La résistance à la traction du béton étant faible et incertaine, elle est normalement négli-
gée dans les calculs. Toutefois, certains calculs (adhérence, pourcentages minimaux... )
se rétèrent à une valeur de cette résistance.

a) Règles BAEL (art. A 2.1,12)


La résistance caractéristique à la traction du béton à 28 jours, notée 1128, est convention-
nellement définie par la relation suivante, valable pour !c28 :s 60 MPa :
;;28 =0,6 + 0,06fc28 (MPa) [2.18 a]

Le fait que les Règles BAEL donnent de la résistance caractéristique à la traction une
valeur conventionnelle en fonction de fc28 ne doit pas inciter à négliger de faire, en cours
de travaux, un contrôle des résistances à la traction soit par essais de fendage
d'éprouvettes cylindriques, soit par essais de flexion d'éprouvettes prismatiques (voir
§ 2.222-2).
La résistance à la traction du béton a une influence notable sur le comportement des
ouvrages (fissuration, déformations), et des bétons ayant des résistances élevées à la
compression peuvent avoir des résistances assez faibles à la traction, tandis que
l'inverse ne se produit pas.

b) Eurocode 2
La résistance à la traction prise en compte est la résistance à la traction axiale (fcr,aJ.
La résistance moyenne à la traction peut être déduite d'essais de fendage (splitting)
effectués selon la norme EN 206-1 par la formule suivante, valable pour des bétons de
classes au plus égales à C50/60 (tab. 2.4) :

fct,ax =0,9Icl,sp
A défaut de données plus précises, on peut admettre que la résistance moyenne à la
~action axiale est donnée en fonction de!ck par la relation:

(MPa) [2.18 bl

qui donne des valeurs un peu plus élevées que la formule des Règles BAEL 91.
Les résistances caractéristiques à la traction minimale !crk,o,o5 (fractile 5 % inférieur) ou
maximale Ictk,O,95 (fractile 5 % supérieur) correspondent respectivement à 0,7!ctm et à
1,3!crm'
Chapitre 2 • Matériaux 83

La valeur à introduire dans les calculs dépend du type de problème. Par exemple, il
convient normalement de considérer:
pour calculer les déformations de la structure ou la contreflèche à donner à
une poutre ;
- !ctk 0,95 : pour calculer les effets des actions indirectes, avant fissuration du béton
(exemple: pourcentage minimal d'armatures);
- !crk 0,05 : pour calculer le moment de fissuration.

2.243 Valeurs à introduire dans les projets; classes de résistance

2.243a) Règles BAEL, art. A2.1.13


Les Règles BAEL ne se rétèrent pas explicitement à des classes de résistance (en prati-
que toutefois, la notion de classe apparaît lorsque l'on utilise des bétons prêts à
l'emploi).
Les valeurs de résistance à introduire dans les projets peuvent être déterminées:
- soit à partir de résultats statistiques obtenus sur des chantiers comparables,
- soit à partir d'études préalables des bétons,
- soit encore en s'inspirant des données des circulaires d'agrément des bétons prêts à
l'emploi.
À défaut de telles données, études ou précédents, on peut dans le cas de chantiers cou-
rants de bâtiments, avec des bétons à base de CEM I-CPA 42,5 ou de CEM II-CPJ 42,5,
dosés à 350 kg/m3 et mis en œuvre dans de bonnes conditions, adopter sans trop de
risques:
fc28 =25 MPa d'où fr28 =2,1 MPa

Il est rappelé que les valeurs caractéristiques sont inférieures aux résistances détermi-
nées comme moyennes arithmétiques de résultats d'essais, ce qui veut dire que pour
obtenir la résistance caractéristique requise, le chantier doit viser en moyenne une va-
leur supérieure à la valeur prise en compte dans les calculs (de l'ordre de 15 à 30 %
supérieure, la valeur étant d'autant plus grande que le chantier est moins bien contrôlé et
le béton moins régulier, figure 2.26).
84 Traité de béton armé

/ Chantier bien contrôlé; béton régulier

1. . ./ Chantier peu contrôlé; béton irrrégulier


"",""---11 --.......... ........
,.
$
............
........
........
-------
1
fe2S = 25 MPa fe moy = 33 MPa ('" 1,3 fc2S )
= 29 MPa ('" 1,15 fc2S )
t fe moy
....
Valeur de projet Valeurs moyennes à viser par le chantier

Figure 2.26

2.243b) Eurocode 2 : classes de béton


Un projet donné doit se référer à une classe de béton correspondant à une valeur spéci-
fiée de la résistance caractéristique à la compression (à 28 jours d'âge).
Quatorze classes de béton sont définies. Chaque classe est représentée par deux nom-
bres : le premier correspond à la résistance sur cylindres et le second à la résistance sur
cubes (tableau 2.4).

2.244 Déformations du béton


À l'article 3.1.3, l'EC2 énonce que les déformations instantanées ou différées (de même
que le module de déformation longitudinale à prendre en compte dans les calculs) dé-
pendent non seulement de la classe de résistance, mais également des propriétés des
granulats ainsi que d'autres paramètres liés à la composition du béton et à
l'environnement. Il en résulte une grande variabilité et le choix des valeurs appropriées
(maximale, moyenne ou minimale) dépend donc de l'objet du calcul.

2.244-1 Diagrammes contralntes-déformatlons


L'EC2 établit une distinction entre les diagrammes utilisés dans l'analyse structurale et
ceux utilisés pour le calcul des sections :
10 ) pour les méthodes d'analyse non-linéaire (voir § 3.526) et le calcul des effets du
second ordre (voir chap. 11), on peut utiliser pour les charges de courte durée des dia-
grammes tels que celui représenté figure 2.27, déduit de la loi de Sargin (voir rela-
. tion [2.13]).
Pour l'analyse non linéaire, on prend pour le module tangent à l'origine: Ebo = 1,05 Ecm'
etfcr est remplacé parfcm. Pour le calcul des effets du second ordre, voir § 11.861.
Tableau 2.4. des bétons

Classes de résistance du béton Expression analytique


Commentaires

l~ (MPa) 12 16 20 25 30 35 40 45 50 55 60 70 80 90

h,t('u~'
15 20 25 30 37 45 50 55 60 67 75 85 95 105
(MPa)

t;o.. (MPa) 20 24 28 33 38 43 48 53 58 63 68 78 88 98 lem =fc:k +8(MPa)


_ 2/3
lelm - 0,31c1k
si :5 C50/60
J,~,. (MPa) 1,6 1,9 ')" 2,6 2,9 3,2 3,5 3,8 4,1 4,2 4,4 4,6 4,8 5,0
fc:/m = 2,121n(1 + Icm /10) si >
-,-
C50/60

J:1À.G.05 J~lk =0,71clm


(MPa) 1,1 1,3 1.5 1,8 2,0 2,2 2,5 2,7 2,9 3,0 3,1 3,2 3,4 3,5 fractile 5 %

l1lo,Q5
lelk = 1,31clm
(MPa) 2,0 2,5 2.9 3,3 3,8 4,2 4,6 4,9 5,3 5,5 5,7 6,0 6,3 6,6 fractile 95 %
(")
Ecm == 22[rem /10 p.3 ::::r

Eon (GPa) 27 29 30 31 33 34 35 36 37 38 39 41 42 44 "0
femen MPa ;::;:
Voir fig. 2.27 ëD
l'V
€", <%0) 1.8 1,9 2.0 2,1 2,2 2,25 2,3 2,4 2,45 2,5 2,6 2,7 2,8 2,8 "cl (%
00 )-
- 0, 7;;°·31 <? 8
cm --,
:s:

CD-
::::1.
-

c:
X

co
CIl
CD
CS)

-1
ru
;::;:
(1),
0..
(1)
c-
(1),
S"
::J
tu
3(1),
Classes de résistance du béton Expression analytique
Commentaires
Voir fig. 2.27
pour!ck ;,: 50 MPa
CCIII (%0) 3,5 3,2 3,0 2,8 2,8 2,8 ') [98- j~m
ccul
(0%o)=~.8+27100 r
Voir fig. 5.4
pour!ck ;,: 50 MPa
Cc2 (°/00 ) 2,0 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 ISe' (%,) = 2,0 + O,085[r., - 50 f,·n
Voir fig. 5.4
pour Ici< ;,: 50 MPa
C,'U2 (°/00 ) 3,5 3,1 2,9 2,7 2,6 2,6 li 00= - .t;'NI
,'u2 00'
2 6 +35[90100 J
pour.h·k ;,: 50 MPa

Il 2,0 1,75 1,6 1,45 1,4 1,4 n=14+234[90- h m J


' , 100
Classes de résistance du béton Expression analytique
Commentaires
Voir fig. 5.7
pour /ck ;:: 50 MPa
1>.'3 (%0) 1,75 1,8 1,9 2,0 2,2 2,3 6 (%) - 50]
rJ 00
= 1, 75 + 0, 55[ fi 40

Voir fig. 5.7


pour /ck ;:: 50 MPa
E,,,, (1/00 ) 3,5 3,1 2,9 2,7 2,6 2,6 o _ 90-1,,",
&",3 (%0) - 2,6 + 35 \00

Selon l'Annexe Nationale, des valeurs différentes Qeuvent être Qrises si elles sont justifiées Qar des essais
[ J
(")
::r
Il)
"'0
;::;:
ëi3
N

s:::
~
(1)-
::::1.
Il)
c:
><
co
~
88 Traité de béton armé

O.4fcm

0 - - - - - ' ' - - - - - - - - ' - - - " " " ' ' - - - - - 3 1 > !Oc
o

Figure 2.27. Diagramme contraintes-déformations schématique


pour l'analyse structurale

Ce type de diagramme est aussi celui adopté par les Règles BAEL 91 au commentaire
de l'article A 4.4.32 en prenant Ec.nom = Ej'Yb (voir formule [2.19]), en remplaçant !cm
par 0,85fc28 et en adoptant uniformément Ccl = 0,002 (Yb, coefficient «de sécurité»
f)yb
partiel du béton, égal à 1,5 en général).
2°) pour le calcul des sections à l'état-limite ultime de résistance sous sollicitations
normaltls (M + N), on peut substituer au diagramme expérimental des diagrammes idéa-
lisés (voir § 5.222).

2.244-2 Module de déformation longitudinale instantanée

a) Règles BAEL, art. A 2.1.21


Sauf en ce qui concerne les vérifications au flambement (voir chap. Il) à l'âge dej
jours, pour une contrainte de courte durée d'application (t < 24 heures), le module de
déformation longitudinale instantanée Eij peut être pris égal à :

(MPa) [2.19]
Chapitre 2 • Matériaux 89

b) Eurocode 2
A défaut de données plus précises, lorsqu'une grande précision n'est pas requise, on
peut, pour estimer le module sécant moyen Ecm' utiliser les valeurs données (en
kN/mm2 ou GPa = 103 MPa) par le tableau 2.4.
Ces valeurs sont applicables pour du béton non étuvé.
Lorsque les flèches ont une grande importance, ou lorsqu'il s'agit de granulats particu-
liers, la fourchette dans laquelle se situent les valeurs de Ecm doit être déterminée au
moyen d'essais.
Les valeurs indiquées concernent Ecm à l'âge de 28 jours (puisque les classes se réfèrent
àlck à ce même âge). Pour des âges différents on peut encore utiliser le même tableau en
prenant la colonne correspondant à la résistancelck du béton sur cylindres à l'âge consi-
déré (exemple: pour un béton C25/30 âgé de 14 jours, Ick.14 ~ 20 MPa et
Ecm = 30 kN/mm2 ).

2.244-3 Coefficient de Poisson


Lorsque l'on soumet à la compression axiale une éprouvette cylindrique de longueur 1et
de diamètre a, elle subit un raccourcissement longitudinal 111 et une dilatation transver-
sale qui porte le diamètre de a à a + l1a.
On appelle coefficient de Poisson et l'on désigne par u le rapport de la déformation
transversale relative à la déformation longitudinale relative:
l1a/a
u=--
Mil

En béton armé, ce coefficient intervient dans le calcul des éléments soumis à des
flexions simultanées dans deux directions orthogonales (dalles, parois de réservoirs,
etc.).
L'article A 2.1.3 des Règles BAEL 91 indique que « sauf cas, particuliers, le coefficient
de Poisson est pris égal à 0 pour le calcul des sollicitations et à 0,2 pour le calcul des
déformations ».
L'EC2 dit pratiquement la même chose: le coefficient u peut être pris égal à 0,2 pour le
béton non fissuré, et à 0 si la fissuration du béton est admise (art. 3.1.3.4).

Remarque:
II faut prendre garde que les tableaux que l'on peut trouver dans certains ouvrages
ou formulaires de Résistance des Matériaux et qui donnent les moments de flexion
dans les plaques, ont parfois été établis pour des valeurs « quelconques» du coeffi-
cient de Poisson (0,15 ; 0,20 ; 0,30 ou autre).
90 Traité de béton armé

Les valeurs numériques figurant dans ces tableaux doivent donc, le cas échéant,
être corrigées.
Soient:
MT , My les valeurs des moments de flexion correspondant à la prise en compte
d'une valeur u du coefficient de Poisson,
M/, My' les valeurs correspondant à u' *u.
On a, en signe:

M~ =_1_2 [{I-uu')My +{u' -u)MJ


l-u

2.244-4 Coefficient de dilatation thermique


Pour les calculs où la dilatation thermique n'a pas une grande influence, ce coefficient
peut être pris égal à lO.lO-6/o C (BAEL, Commentaire de l'article A 3.1.33; EC2,
art. 3.1.3.5).

2.244-5 Auage et retrait

1°) Rappel sur les effets du fluage


On rappelle que lorsqu'une contrainte de compression abc uniforme et constante est
appliquée pendant une longue durée à un élément en béton, on observe:

a) Un accroissement de la déformation au cours du temps:


Si si;{abc) est la déformation instantanée du béton à l'âgej où l'on applique la contrainte
ab (Eij = cr he / Eij)' on admet, en première approximation, qu'il s'y ajoute au cours du
temps une déformation complémentaire due au fluage et que celle-ci est elle-même
proportionnelle à sij (abc)'
La déformation totale au bout du temps t > j est ainsi: Eij (crhe) [1 + <p(j, t )]
avec <p (j, t) coefficient de fluage, indépendant de la contrainte abc, si celle-ci demeure
. modérée.
Chapitre 2 • Matériaux 91

b) La rllptllre ail boltt d'lin temps plus 011 moins long, sous toute contrainte maintenue
constante et supérieure, en principe, à (0,7 à 1)fcj, en pratique, dans les calculs de
flexion, à 0,85fcj.
Ces deux effets doivent être considérés comme indépendants l'un de l'autre, c'est-à-dire
que le fait de prendre en compte dans les calculs les effets du fluage n'autorise pas à
faire abstraction du coefficient 0,85 qui frappe fcj (voir par exemple au chapitre Il la
figure 11.14 OÙ/bll = 0,85fcj/Yb)'

2°) Prescriptions des Règles BAEL

a) Fluage - Modllle d'élasticité différé


Sauf s'il s'agit d'ouvrages exceptionnels (voir Règles BAEL, art. A-4.4,32 et ses com-
mentaires) il est d'usage de considérer qu'au-delà d'un temps de chargement suffisam-
ment long, le coefficient de fluage ne varie plus et reste égal à 2 ; on admet donc cou-
ramment que la déformation due au fluage est le double de la déformation instantanée.
Il en résulte que la déformation totale du béton sous une charge de longue durée appli-
quée au jour j est le triple de la déformation instantanée sous la même contrainte appli-
quée au même âge. Il y correspond un module de déformation Evj défini par 1:
E..
E IJ. =-.!L
3 =3670 JCj
.{"1/3 (MPa) [2.20]

Pour une analyse plus fine des effets du fluage, il convient de se reporter à l'annexe 1
Déforma~ions du béton des Règles BPEL ou au Manuel du CEB, Bulletin 142/142 bis
ou encore aux bulletins du CEB 199 et 215.
b) Retrait hydrallliqlle (BAEL, art. A-2.1,22)
Conservé dans un milieu non saturé d'humidité en permanence, le béton perd une partie
de son eau libre et ses dimensions diminuent (retrait hydraulique).
Pour des pièces en béton armé non massives, à l'air libre, comportant un pourcentage
moyen d'armatures, les Règles BAEL indiquent que le raccourcissement unitaire final
dû au retrait peut être pris égal à :
- 1,5.10-4 dans les climats très humides,
- 2,0.10-4 en climat humide (cas de la France métropolitaine, à l'exception de son quart
sud-est),
- 3,0.10-4 en climat tempéré (quart sud-est de la France métropolitaine),
- 4,0.10-4 en climat chaud et sec,
..:.. 5,0.10-4 en climat très sec ou désertique.

1. L'indice « v» vient de ce que E. Freyssinet qui a été le premier à découvrir et à étudier le phénomè-
ne de fluage, considérait que ce module est le module « vrai» du béton.
92 Traité de béton armé

Dans la plupart des cas, il est suffisant de s'en tenir à ces valeurs. Au cas où une analyse
plus fine des effets du retrait s'avèrerait nécessaire, il conviendrait de se reporter aux
documents déjà mentionnés au dernier alinéa du paragraphe a précédent.
3°) Prescriptions de l'EC2 pour le retrait et le fluage
L'EC2 commence par rappeler l'ensemble des paramètres dont dépendent le fluage et le
retrait: humidité ambiante, dimensions des pièces, composition du béton ainsi que, pour
le fluage, degré de maturité du béton, durée et intensité de la contrainte appliquée.
• Fluage
Pour une contrainte de compression cre constante, la déformation de fluage ê ee ( 00 , to)
peut être calculée par:

avec:
to âge du béton au premier chargement,
<P ( 00 , to) coefficient de fluage final,
Ec module tangent de déformation longitudinale du béton, pris égal à 1,05 Eem.
Lorsqu'une grande précision n'est pas nécessaire, pour un béton où cre:::; 0,45!ck (to)
subissant son premier chargement à l'âge to, le coefficient de fluage final <P ( 0 0 , to) peut
être tiré des courbes de la figure 2.28, valables pour une température ambiante comprise
entre - 40 oC et + 40 oC et une humidité relative comprise entre 40 % et 100 %.
L'annexe B de l'EC2 donne les expressions de base permettant un calcul plus précis
(génér~lement non nécessaire).

Lorsque cre{to) > 0,45!ck (to), il faut prendre:


<Pk ( 00 , to) = <P ( 00 , to) exp [1,5 (ka - 0,45)]
avec:
<Pk ( 00 , to) coefficient de fluage non linéaire
ka = cre / !cm (to).
Chapitre 2 • Matériaux 93

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<il (00, to) ho (mm)

• Environnement intérieur - RH = 50 %

Note:
- le point d'intersection des droites 4 et 5 peut
également se situer au-dessus du point 1
- pour to > 100, il est suffisamment précis de
supposer to = 100 (et d'utiliser la tangente)

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<il (00, to) ho (mm)

CD Environnement extérieur - RH = 80 %
Figure 2.28. Méthode de détermination du coefficient de fluage <p ( co , fo) pour le
béton dans des conditions d'environnement normales. ho, rayon moyen: ho = 2ArJu,
avec Ac, aire de la section transversale du béton et u, périmètre de la section exposée à la
dessication ; S, N et R désignent les classes de ciment, telles que définies au § 2,241-b.
94 Traité de béton armé

• Retrait
Le retrait total Bes est égal à Bes = Bed + Bea avec:
Bed, retrait de dessication, fonction de la migration de l'eau au travers du béton durci et
qui se développe lentement,
Eea,retrait endogène qui se développe durant le durcissement du béton et dont la majeu-
re partie s'effectue dans les premiers jours qui suivent le coulage.
À un âge t quelconque en jours :
• Retrait de dessication

avec:
(t -tJ

retrait de dessication non gêné (tableau 2.5 ; les valeurs données sont des valeurs
Eedo:
moyennes «attendues» avec un coefficient de variation de 30 %).
Tableau 2.5. Valeurs nominales (%0) du retrait de dessication non gêné Ecdo pour
les bétons à base de ciments CEM de classe N

!cJ!ck,cube Humidité relative (%)


(IylPa) 20 40 60 80 90 100
20/25 0,62 0,58 0,49 0,30 0,17 0,00

40/50 0,48 0,46 0,38 0,24 0,13 0,00

60/75 0,38 0,36 0,30 0,19 0,10 0,00

80/95 0,30 0,28 0,24 0,15 0,08 0,00

90/105 0,27 0,25 0,21 0,13 0,07 0,00

t, ts : âges du béton respectivement au moment considéré et lorsque le retrait de dessi-


cation commence (à la fin de la cure),
- ho = 2Aju (mm) ; Ac, aire de la section droite et u, périmètre de la section,
- kh = 1 pour ho = 100 mm, 0,85 pour 200 mm, 0,75 pour 300 mm et 0,70 pour 500 mm
et au-delà.
La valeur finale du retrait de dessication est Bed = kh Eedo•
• Retrait endogène
Chapitre 2 • Matériaux 95

ê ca = fJas (t) ê ca ( 00 )

avec:
fJas (t) = 1 - exp (- 0,2 t l12 ) (t en jours)
6
ê ca ( 00 ) = 2,5 ((cl 10).10-

2.245 Résistance à la traction par flexion


Dans certains cas (assez rares) où les calculs feraient intervenir la résistance moyenne à
la traction par flexion!ctmj7, celle-ci peut être prise égale à :
!ctmj7 = max [(1,6 - h/1000)!ctm ;!ctm]
avec:
h hauteur totale de l'élément (mm)
!ctm résistance moyenne à la traction axiale, selon tableau 2.4.
La formule donnant!ctmj7 s'applique également aux valeurs caractéristiques!ctkj7 et!ctk.

2.246 Béton confiné


Le confinement du béton peut être réalisé au moyen de cadres fermés ou d'armatures
transversales. Il permet d'obtenir des résistances et des déformations critiques plus
élevées (!chc >!ch ê c2,c> ê e2; ê cll2,c > êcll2, voir tableau 2.4 pour êclI2,c et ê cll2) qu'en
l'absence' de confinement. Vis-à-vis du calcul, les autres caractéristiques de base peu-
vent être considérées comme non affectées.
On peut utiliser le diagramme contraintes-déformations de la figure 2.29, où 0"2 (= 0"3)
est la contrainte de compression latérale à l'état-limite ultime due au confinement, en
prenant:
!ck.c = !ck (l + 5 0"2 !fck) pour 0"2 ~ 0,05!ck
!ck.c =!ck (1,125 + 2,5 0"2 !fck) pour 0"2 > 0,05!ck
êc2,c = êe2 (!ck,c !fcki
ê'1/2,c = êcll2 + 0,2 0"2!fck
96 Traité de béton armé

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Figure 2.29. Relation contraintes-déformations dans le cas du béton confiné

2.3 ACIERS POUR BÉTON ARMÉ


L'association acier-béton, de même que la mise en œuvre des armatures, imposent, pour
les aciers de béton armé, de strictes exigences qui ne peuvent se trouver représentées par
un caractère unique. Compte tenu de leurs conditions d'emploi et de leurs caractères
mécaniques, ces aciers doivent présenter une adhérence convenable, une ductilité et une
aptitude au façonnage satisfaisantes et, le cas échéant, présenter l'aptitude au soudage
requise pour l'exécution des jonctions, surtout en croix.
L'acier- « idéal» devrait aussi avoir un prix à la tonne rapporté à la limite d'élasticité le
plus bas possible.
Après avoir assisté pendant près de trente ans à une «course» d'abord à la limite
d'élasticité, puis aux caractères technologiques - en particulier l'aptitude au soudage-
entre les différents producteurs, on assiste maintenant à une recherche de fiabilité dans
la qualité, dont l'utilisateur ne peut que bénéficier.

2.31 Brefs rappels sur la fabrication de l'acier

2.311 Types d'aciéries


II existe deux grandes catégories d'aciéries :
1°) les aciéries « de conversion» qui élaborent l'acier par décarburation de la fonte en
fusion, sans apport de chaleur extérieur :
• soit par soufflage, à travers la charge de fonte liquide, d'air sous pression, enrichi ou
non à l'oxygène (procédé Thomas, quelque peu tombé en désuétude)
• soit par insufflation d'oxygène pur au-dessus de la surmce de la charge de fonte liquide,
au moyen d'une lance refroidie, les procédés pouvant être séparés en deux catégories:
Chapitre 2 • Matériaux 97

- pression d'oxygène élevée et four fixe (procédés LD, LD Pompey, OLP ... );
- pression d'oxygène relativement faible et four rotatif (procédé Kaldo).
2°) les aciéries « sur sole» qui opèrent dans des fours sur la sole desquels sont fondues,
puis affinées ferrailles et/ou fontes.
Dans le procédé Martin (long et coûteux) la fusion est obtenue en brûlant du gaz ou un
combustible pulvérisé, et les impuretés sont éliminées essentiellement par oxydation.
Dans le four électrique, couramment utilisé dans les «mini-aciéries» fabriquant des
aciers pour béton armé, on part essentiellement de ferrailles dont la fusion est obtenue
par un arc électrique produit par d'énormes électrodes en graphite qui pénètrent dans la
masse métallique. L'affinage s'opère essentiellement par réactions entre le métal et un
laitier liquide obtenu par fusion de matériaux calcaires.

2.312 Coulée de l'acier


Pendant longtemps l'acier élaboré au convertisseur ou au four électrique a été coulé
d'abord dans une poche puis de la poche dans une lingotière placée en position verticale.
Cette façon de procéder, encore en usage de nos jours, entraîne deux inconvénients:
1°) une ségrégation dans la hauteur de la lingotière, d'où un manque d'homogénéité du
métal et la nécessité de « chuter» la tête et le pied du lingot, ce qui correspond à une
perte d'environ 20 à 25 % sur le volume du métal fabriqué, les parties chutées devant
être refondues (opération dite de mise au mille) ;
2°) l'obligation de laisser refroidir le lingot avant démoulage, pour le réchauffer ensuite
en vue du laminage d'une ébauche (ou demi-produit), elle-même utilisée par la suite
pour fabriquer le rond à béton, d'où une consommation élevée d'énergie.
Actuellement, plus de 50 % de l'acier est produit par le procédé de la coulée continue
qui s'est développé au cours de la deuxième moitié du siècle dernier et s'est considéra-
blement développé en raison des économies d'énergie qu'il permet de réaliser.
Ce procédé consiste à solidifier le plus rapidement possible l'acier liquide. Celui-ci est
d'abord coulé à sa sortie du convertisseur ou du four électrique dans une poche, puis de
celle-ci dans un répartiteur alimentant à gauche ou à droite, sur deux lignes sensiblement
horizontales, un moule en cuivre à canaux de section rectangulaire, refroidi à l'eau.
Dès que le métal touche la paroi il se solidifie en surface et se rétracte; on obtient ainsi
une veine de métal qui glisse le long du moule. À la sortie de celui-ci, quinze mètres
plus loin environ, on obtient directement un demi-produit solide, ayant une grande ho-
mogénéité interne, la ségrégation ayant été empêchée par un brassage magnétique.
Il n 'y a plus ni chutage, ni mise au mille.
Après coupe et réchauffage, le demi-produit obtenu est prêt à être laminé.
98 Traité de béton armé

2.313 laminage à chaud


Par passages successifs à chaud du demi-produit dans des cannelures appropriées qui
ont été fraisées sur les cylindres d'un laminoir, avec une réduction de section à chaque
passage, on peut obtenir :
- soit des barres droites lisses ou « à haute adhérence» (de 6 à 50 mm de diamètre),
- soit un fil machine (de 5 à 13 mm de diamètre) enroulé en couronnes à spires non
rangées, directement après le laminage à chaud.
C'est du laminage que dépendent les caractères géométriques du produit fini; en consé-
quence, l'usure des cannelures des cylindres du laminoir est soigneusement contrôlée.

2.314 Tréfilage et! ou laminage à froid du fil machine


Le tréfilage consiste, après avoir débarrassé de sa « calamine» le fil machine reçu en
couronnes, à le faire passer à travers une ou plusieurs « filières» successives constituées
par des blocs de métal dur comportant en leur centre un orifice conique; l'effort de
traction nécessaire est exercé par des bobines circulaires en rotation, sur lesquelles le fil
tréfilé vient s'enrouler. Les filières, aux orifices parfaitement calibrés, réduisent la sec-
tion tout en améliorant l'état de surface. De ce fait, immédiatement après les filières, le
fil est rigoureusement cylindrique. Si l'on veut améliorer ses qualités d'adhérence au
béton, il faut le faire passer entre des galets crantés avant son enroulage. Le même résul-
tat peut être obtenu par un laminage à froid effectué seul ou en combinaison avec le
tréfilage.
Si la rétluction de section obtenue dans l'opération de tréfilage et/ou laminage à froid est
élevée (> 25 %) le fil machine acquiert une texture allongée et est écroui: sa limite
d'élasticité a fortement augmenté, sa résistance à la traction également mais beaucoup
moins. En contrepartie son allongement sous charge maximale (voir § 2.37b) a forte-
ment diminué.
Le produit ainsi obtenu, appelé couramment fil par les utilisateurs ne doit pas être
confondu avec le fil machine de départ.

2.315 Traitements mécaniques ou thermiques


Actuellement, les utilisateurs demandent de plus en plus, en France comme à l'étranger,
des ronds à béton à limite d'élasticité élevée, ductiles, facilement soudables, de compo-
sition chimique et de fabrication économiques.
. Ces exigences sont en fait contradictoires.
Par exemple, si on veut obtenir un acier «naturellement dur» à l'état-brut de laminage,
c'est-à-dire possédant, à la sortie du laminoir et sans qu'un traitement particulier soit
nécessaire, une limite d'élasticité relativement élevée, on peut agir sur sa composition
chimique et, par référence à un acier à bas carbone (C - 0,2 %) :
Chapitre 2 • Matériaux 99

- soit augmenter les teneurs en carbone (C - 0,3 %) et en manganèse (Mn), mais le gain
de limite d'élasticité est alors obtenu au détriment de la ductilité et de l'aptitude au
soudage,
- soit simultanément ou sans toucher à la teneur en carbone, avoir recours à des addi-
tions importantes de niobium (Nb), de vanadium (V) ou de titane (Ti) - aciers « rnicro-
alliés» - ce qui augmente sensiblement le coût de la fabrication.
Pour conférer à des aciers à bas carbone (ductiles et aisément soudables), des caractères
mécaniques élevés sans grever exagérément leur prix de revient, on peut avoir recours
soit à un traitement mécanique soit à un traitement thermique.

1°) Traitement mécanique d'écrouissage


Ce traitement consiste à imposer à un acier à bas carbone (C - 0,2 %) une déformation
permanente:
- soit par traction et/ou torsion à froid, sans réduction sensible de section,
- soit par tréfilage et/ou laminage à froid, avec forte réduction de section.
Cet « écrouissage» a pour effet d'élever la limite d'élasticité dans le sens de la défor-
mation sans que cela ait une incidence sur l'aptitude au soudage. Cependant
l'allongement de rupture est généralement diminué, dans des proportions variables.
Toutefois, les valeurs finales des caractères mécaniques ne sont pas acquises instanta-
nément, mais seulement après un certain temps (2 à 3 semaines en été, 2 à 3 mois en
hiver). Ce phénomène, appelé vieillissement, est général l .
Le vieillissement peut être accéléré par un chauffage ne dépassant pas 250 oc.
Les conditions économiques et les recherches en matière de traitements thermiques
(moins coûteux que l'opération complémentaire d'écrouissage) ont progressivement
amené le déclin du procédé Tor consistant à écrouir l'acier par torsadage à froid.
Le tréfilage et/ou le laminage à froid de barres ou fils de faible diamètre continuent par
contre d'être assez répandus.

JO) Traitement thermique


Vers 1980, le Centre de Recherches Métallurgiques (CRM) en Belgique et l'Institut de
Recherches de la Sidérurgie (lRSID) en France ont mis au point, chacun de leur côté, un
procédé de traitement thermique des ronds à béton armé qui repose sur un principe très
simple.
À la sortie du laminoir, la barre subit rapidement une trempe superficielle à l'eau, de
manière à faire apparaître un anneau de martensite (figure 2.30) très résistante mais peu
ductile, tandis que le cœur de la barre conserve une grande partie de sa chaleur.

1. Pour les aciers naturellement durs, on observe au cours des deux premières semaines qui suivent le
laminage une perte de limite d'élasticité d'environ 10 à 20 MPa accompagnée d'un gain de quel-
ques % en allongement de rupture. C'est le contraire pour un acier écroui à froid (et non revenu en-
suite) qui voit sa limite d'élasticité augmenter et son allongement de rupture diminuer.
100 Traité de béton armé

Martensite

Ferrite et perlite

Figure 2.30

Lors du séjour de la barre sur le refroidissoir, les températures s'homogénéisent de


façon naturelle dans la section: la martensite reçoit un apport de chaleur par conduction
à partir du cœur resté chaud et subit donc un « auto-revenu» qui restaure la ductilité.
Les barres ainsi traitées ont une limite d'élasticité supérieure de 100 à plus de 200 MPa
à celle de barres qui auraient été laissées à l'état brut de laminage. Ce résultat est acquis
sans qu'il ait été besoin d'augmenter la teneur en carbone, ce qui laisse intacte l'aptitude
au soudage, ni d'ajouter des éléments «dispersoïdes » (Nb, V , Ti) coûteux. Ce résultat
est également acquis sans altération de la ductilité, c'est-à-dire que le produit obtenu a
une bOnne aptitude au façonnage.
Enfin, avantage non négligeable, le coût du traitement thermique compte relativement
peu dans le prix global de la fabrication.
L'acier obtenu par ce procédé de fabrication a reçu le nom d'« acier Tempcore ».

2.32 Classification des produits


Compte tenu des rappels qui viennent d'être faits, les produits utilisés pour constituer
les armatures du béton armé peuvent être classés:

]0) Du point de vue de leur mode de production, en :


a) aciers laminés à chaud sans traitement thermique ou mécanique ultérieur (aciers «na-
turels »), dont les caractères mécaniques dépendent principalement de la composition
chimique;
b) aciers doux laminés à chaud, puis soumis à un traitement thermique approprié (voir
§ 2.315);
c) aciers doux laminés à chaud, puis soumis à un traitement mécanique
«d'écrouissage» (voir § 2.315).
Chapitre 2 • Matériaux 101

2°) Du point de vue de la forme de leur surface, en :


- barres lisses et fils tréfilés lisses, à section droite circulaire;
- barres et fils à haute adhérence dont la surface latérale présente des aspérités judicieu-
sement disposées (nervures, verrous), destinées à réduire la possibilité de glissement du
produit dans la gaine de béton qui viendra l'entourer.
Si leur aptitude au soudage le permet, ces barres et fils à haute adhérence peuvent être
utilisés pour constituer des treillis soudés ou des« panneaux-pré-assemblés ».

3°) Du point de vue de leur aptitllde au soudage, en :


- aciers non soudables,
- aciers soudables.

2.33 Désignations officielles


et appellations pratiques
1°) À la commande, la terminologie qu'il convient d'utiliser pour désigner les armatu-
res concerne, à la fois, le processus de fabrication et le conditionnement. On doit distin-
guer ainsi:
• les ronds lisses en barres droites (0 6 à 50 mm) qui peuvent provenir:
- soit de ronds laminés à chaud eux-mêmes droits
- soit de fil machine (voir § 2.313) redressé et livré droit.
e les barres à haute adhérence (barres HA) laminées à chaud (0 8 à 40 mm), et livrées
en barres droites (parfois en couronnes pour les petits diamètres) ;
• les fils-machine à haute adhérence (06 à 0 16 mm), laminés à chaud et livrés en
couronnes pour les petits diamètres ou, après redressage à froid, en barres droites;
• les fils à haute adhérence (0 4,5 à 0 16 mm), tréfilés et/ou laminés à froid à partir de
fil machine et livrés en couronnes l pour les petits diamètres ou, après redressage à froid,
en barres droites;
• les fils lisses, tréfilés à partir de fil machine, utilisés autrefois uniquement sous la
forme de treillis soudés.
2°) Dans le langage courant des bureaux d'études et des chantiers, cette terminolo-
gie n'est pas toujours respectée. On y désigne en effet le plus souvent sous les noms de:
..:..« aciers à béton », « fers à béton 2 « , «ronds à béton », l'ensemble des produits utili-
sés pour constituer les armatures du béton ;
- « barres », les produits laminés à chaud en barres droites;

1. Le redressage des produits livrés en couronne pose des problèmes particuliers et délicats (§ 2.39).
2. Éviter l'appellation « fers» pour « aciers» ou, ce qui est pire « ferrailles» pour « ferraillage» !
102 Traité de béton armé

-« fils », les produits tréfilés et/ou laminés à froid, qu'ils soient livrés en barres droites l
ou en couronnes;
- « armatures », un ensemble ou un sous-ensemble de ferraillage.
Ces différents produits sont couramment utilisés :
a) soit sous forme de ferraillages traditionnels, composés de barres droites ou façonnées
selon les formes prévues aux dessins d'exécution; les opérations de «façonnage»
comprennent la coupe à longueur, le pliage, l'assemblage, le ligaturage ou le soudage
s'il est autorisé, opérations exécutées soit en atelier soit sur le chantier de construction;
b) soit sous forme de treillis soudés fabriqués en usine (voir § 2.343-1) et livrés au chan-
tier sous forme de panneaux plans ou prépliés, ou sous forme de rouleaux lorsque le
diamètre des fils constitutifs n'excède pas 5,5 mm. Il existe des panneaux (P) ou des
rouleaux (R) standards sur stock intéressants sur le plan économique. Les panneaux
standards peuvent être utilisés soit individuellement soit combinés. Il existe également
des panneaux standards à la demande et des produits sur devis 2 ;
c) soit sous forme d'armatures préfabriquées pré-assemblées, réalisées en usine ou dans
un atelier forain, et livrées prêtes à l'emploi, c'est-à-dire en principe sans nécessité de
façonnages complémentaires sur le chantier.

2.34 Description des différents types de produits 3

2.341 Barres laminées à chaud:


ronds lisses, barres à haute adhérence
Si la section transversale d'une barre est constante et approximativement circulaire, on a
un rond lisse, qui est toujours brut de laminage.
Si la surface latérale est munie de nervures transversales (<< verrous»), celles-ci amélio-
rent la liaison avec le béton et la barre est dite« à haute adhérence» (barre HA).
Les barres à haute adhérence se présentent le plus souvent sous la forme de ronds munis
en saillie de nervures droites, obliques ou hélicoïdales. Il en existe de nombreux types.
L'augmentation de l'adhérence dépend beaucoup de l'importance et des dispositions des

1. « Fil » est une erreur d'appellation: un produit livré droit est toujours appelé « barre» même s'il
s'agit d'un fil redressé.
2. Voir Le treillis soudé, Calcul et utilisation conformément alLl: Règles BAEL 91, Chapitre 1 - Géném-
lités, Association technique pour le développement de l'emploi du treillis soudé (ADETS).
3. Consommation en Fmnce pour 2008,2 202 628 tonnes réparties en :
- ronds lisses: 12652 t (0,57 %)
- barres HA : 634624 t (28,81 %) dont 284320 d'importation
- couronnes HA: 212 184 t (9,63 %) dont 85559 d'importation
- couronnes de fils lisses: 563 843 t (25,60 %) dont III 431 d'importation
- treillis soudés: 779325 t (36,38 %) dont 193 078 d'importation.
Chapitre 2 • Matériaux 103

nervures. Le dessin de celles-ci est souvent étudié (verrous obliques) pour que la section
du rond reste constante sur toute la longueur.
Le profil d'une telle barre peut être obtenu:
- soit directement, à la passe finisseuse du laminage à chaud: l'acier qui est alors « brut
de laminage» provient soit de coulées d'acier élaborées spécialement, soit parfois
d'aciers de récupération (acier à rails) relaminés ;
- soit, plus rarement maintenant, par écrouissage par torsion à froid d'une barre à sec-
tion non circulaire laminée à chaud (cas autrefois de l'acier Tor). Le torsadage, au pas
de 8 à 12 diamètres, constitue une épreuve sévère de la qualité car il permet de mettre en
évidence certains défauts et d'éliminer les barres défectueuses.
Au cours de la torsion, les arêtes ou nervures prennent une forme hélicoïdale. Pour les
diamètres supérieurs à 10 mm, il est indispensable de prévoir des nervures transversales ou
«verrous» dont le rôle est de s'opposer à un dévissage éventuel de la barre dans le béton.
En Europe, à la haute adhérence (HA) est toujours associée une haute limite d'élasticité
(HLE) obtenue soit par la nature même de l'acier, soit par un écrouissage. Selon les
pays, cette limite d'élasticité varie entre 400 et 600 MPa, la valeur de 500 MPa étant la
plus fréquente. En Suède, on a été jusqu'à 900 MPa (acier KAM 90).

2.342 Ais tréfilés et/ou laminés à froid


Un fil tréfilé lisse est un fil machine lisse qui a subi une réduction de section par passa-
ge à froid dans une ou plusieurs filières (voir § 2.314).
En raison de la régularité parfaite de la section et de l'état de surface résultant de leur
mode de fabrication, les fils tréfilés lisses ont une adhérence très faible, bien inférieure à
celle des ronds laminés lisses de même diamètre.
Ils n'ont donc été utilisés que sous la forme de treillis soudés où ce sont les nœuds
soudés, et non l'adhérence longitudinale, qui s'opposent à tout déplacement à l'intérieur
du béton (voir § 2.343).
Actuellement, on ne trouve plus que des treillis soudés constitués de fils à haute adhérence.
Un fil tréfilé nervuré ou à empreintes est un fil machine lisse qui a été laminé ulté-
rieurement à froid entre galets, cette opération pouvant ou non être précédée d'un tréfi-
lage ou d'un laminage à froid: sa surface latérale présente, par rapport à la surface
moyenne:
- soit des nervures en relief(fil nervuré)
..:.- soit des défoncements en creux (fil à empreintes).
Les fils à haute adhérence peuvent être utilisés:
- soit tels quels,
- soit sous forme de treillis soudés ou de panneaux pré-assemblés.
104 Traité de béton armé

2.343 Treillis soudés ou pré-assemblés


De manière générale, on appelle « treillis» des armatures préfabriquées qui se présen-
tent sous la forme de réseaux plans constitués de fils et/ou de barres lisses et/ou à haute
adhérence, de diamètres inférieurs ou égaux à 16 mm, qui sont assemblés rigidement
entre eux en mailles généralement rectangulaires.
La résistance des assemblages aux points de croisement peut, ou non, être prise en
compte dans les calculs, ce qui amène à différencier très nettement:
- d'une part les treillis (ou panneaux) soudés,
d'autre part les treillis (ou panneaux) pré-assemblés.

2.343-1 Treillis soudés


L'appellation « treillis soudé» est réservée à tout treillis dans lequel :
-l'assemblage des éléments constitutifs est obtenu par soudage de chaque point de
croisement, effectué par résistance, en usine, sur machines automatiques;
- la résistance au cisaillement des soudures est garantie car elle est mise en jeu dans la
liaison de l'armature avec le béton, du fait de l'ancrage mécanique créé par la soudure
d'un élément sur un élément perpendiculaire.
L'écartement entre éléments constitutifs parallèles peut être constant ou varier, d'une
façon discontinue, d'un endroit du treillis à l'autre.
Les éléments constitutifs dans une même direction sont de même nature (généralement à
haute adhérence) et présentent les mêmes caractères mécaniques garantis. Ils sont par-
fois grouPés par paquets de deux ronds, fils ou barres accolés.

2.343-2 Treillis pré-assemblés


Dans ce cas, les assemblages des barres sont réalisés :
- soit par des ligatures,
- soit par des soudures dont la résistance au cisaillement n'est pas garantie (et qui
n'intéressent pas nécessairement tous les points de croisement), l'assemblage soudé
devant toutefois résister aux sollicitations et aux chocs pouvant résulter des manuten-
tions lors du stockage, du transport, du déchargement et de la mise en place;
- soit par tout autre procédé: nœud plastique, collage, etc.
La résistance des assemblages des treillis pré-assemblés est trop aléatoire pour pouvoir
être prise en compte dans les calculs: la liaison des armatures avec le béton n'est donc
çonsidérée comme assurée que par l'adhérence propre des barres constitutives.
Chapitre 2 • Matériaux 1 05

2.35 Documents normatifs

2.351 Normes
La qualité des armatures pour béton armé est définie par des caractères géométriques,
mécaniques et technologiques (adhérence, façonnage, soudage) spécifiés dans chaque
norme relative à chaque type d'armature.
a) Normes françaises
Les normes auxquelles renvoie le titre 1 « Armatures pour béton armé » du fascicule 4
du Cahier des Clauses Techniques Générales (CCTG) applicables aux Marchés de l'État
définissent respectivement:
-les ronds lisses soudables (NF A 35-015 de novembre 2007) ;
-les barres et couronnes soudables à verrous de nuance FeE500 et les treillis soudés
constitués de ces armatures (NF A 35-016 de novembre 2007) ;
- les barres et fils machine non soudables à verrous (NF A 35-017 de décembre 2007) ;
-les armatures constituées de fils soudables à empreintes (NF A 35-019 de novembre 2007).
D'autres normes visent les armatures galvanisées ou en acier inoxydable ou les barres
de diamètre supérieur à 40 mm, etc. La liste comporte aussi un certain nombre de nor-
mes d'essais. Toutes ces normes sont appelées à être remplacées par des normes euro-
péennes. La norme principale est la norme EN 10080.
b) Norme européenne EN 10080 (norme AFNOR EN 10080, décembre 2007)
Cette norme vise les armatures pour béton armé soudables. Elle couvre aussi bien les
produits laminés à chaud que les produits tréfilés et/ou laminés à froid, à haute adhéren-
ce et de limite d'élasticité comprise entre 400 et 600 MPa. Elle définit trois classes de
« convenance» A, B,C , dénommées « classes de ductilité» par l'EC 2 (voir § 2.372).
Les aciers sont désignés par la lettre B, suivie de la valeur de la limite d'élasticité ex-
primée en MPa et de la lettre correspondant à leur classe de ductilité. Ex. : B500B au
lieu de FeE500.

2.352 Certification
Autrefois soumis en France à la procédure d'homologation avec contrôle par la Com-
mission Interministérielle d'homologation et de contrôle des armatures pour béton armé,
les aciers pour béton armé sont maintenant « certifiés ». La certification a pour objet
d'attester de la conformité des armatures aux normes.
Les règlements de certification sont définis par l'EOTC (Organisation Européenne pour
les essais et la certification) dans un groupe composé de représentants des organismes
nationaux de certification et de représentants des producteurs et des utilisateurs. Pour la
France, il s'agit de l'Association Française de Certification des Armatures du Béton
(AFCAB), qui a pris la suite de la Commission interministérielle.
106 Traité de béton armé

La création juridique de l'AFCAB remonte à décembre 1990. Elle a, depuis, établi un


« Règlement de la certification et du contrôle des armatures industrielles pour le béton» et
un « Règlement particulier de la marque NF-AFCAB « Armatures pour béton armé ».
Les certifications NF-AFCAB se substituent aux fiches d'identification antérieurement
délivrées par la commission interministérielle.
Depuis le 1er janvier 1993, les aciers à béton, barres, couronnes, doivent:
- être conformes aux normes AFNOR en vigueur et à des spécifications complémentai-
res indiquées au règlement particulier de l' AFCAB ;
provenir d'une fabrication dont la qualité est contrôlée suivant les dispositions pré-
vues par ce règlement;
- avoir une origine identifiable.

2.353 Identification
L'identification de l'acier exige de connaitre :
-le(s) producteur(s) et le nom du produit,
- la nuance de l'acier,
-le type de l'acier (mode d'obtention des caractères mécaniques) (famille),
- les marques spécifiques de laminage,
- les caractères géométriques avec leurs tolérances,
-les caractères d'adhérence,
- les aptitudes au façonnage et au soudage.
L'identification d'un Producteur de barres HA se fait par un système de verrous nor-
maux entre des verrous renforcés (figure 2.31). Pour les fils HA un système de points
peut se substituer aux verrous renforcés. L'identification du pays d'origine est obtenue
par le nombre n de verrous normaux entre verrous renforcés (ou entre points) avec:
n=1 pour l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse;
n= 2 pour la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg;
n= 3 pour la France ;
n= 4 pour l'Italie;
n =5 pour le Royaume-Uni, l'Irlande et l'Islande, etc.
Chapitre 2 • Matériaux 107

--+- Sens de lecture

l1.· .· 1 1 1···;··.>;··· j·.;·.I···· 1· / . / . . . ; ···/···/// . 1


! '- ---..,. ~
Début du Pays n° 3 Usine n° 15
«message»

Figure 2.31. Exemple de marquage d'identification


d'un Producteur de barres HA

La disposition des verrous sur les deux chants d'une barre et leur inclinaison sur l'axe de
celle-ci permettent de reconnaître par simple inspection visuelle la nuance et la classe de
ductilité de l'acier (et, éventuellement, son aptitude au soudage - figure 2.41, § 2.383-2).
Ces marques sont obtenues au laminage ou, pour les fils tréfilés, lors de leur crantage.
Elles se répètent à chaque tour du cylindre de laminoir ou du galet de crantage.

2.36 Caractères géométriques

2.361 Barres et fils


Les caractères géométriques font l'objet de valeurs nominales affectées de tolérances qui
définissent des bornes inférieure et/ou supérieure dont le respect est garanti par le Producteur.
Les caractères géométriques comportent toujours la section nominale. Pour les armatu-
res à haute adhérence (voir ci-après) ils comportent en outre des paramètres, définissant
la forme de la section transversale, spécifiés dans les normes.

2.361-1 Caractères nominaux


Le diamètre nominal d'une barre (lisse ou HA) ou d'un fil (lisse ou HA) est le diamètre
théorique à prendre en compte dans les calculs de résistance. Il est désigné par le sym-
bole 0 (0 barré, mais prononcer« phi »). C'est ce diamètre qui doit être spécifié sur les
plans et à la commande.
Le diamètre nominal est défini comme le diamètre d'un cylindre de révolution du même
métal, ayant la même masse linéique.
Au diamètre nominal correspondent:
. - une section nominale: aire du cercle ayant pour diamètre le diamètre nominal,
- un périmètre nominal : longueur de la circonférence ayant pour diamètre le diamètre
nominal.
Pour les différents types de produits, la gamme des diamètres nominaux (en mm) et les
caractères qui y sont associés sont donnés dans les tableaux 2.6, 2.7, 2.8 et 2.9.
108 Traité de béton armé

Tableau 2.6. Gamme des diamètres nominaux en France (mm)

Diamètres
4,5 5 5,5 6 7 8 9 10 12 14 16 20 25 32 40 50
nominaux

Ronds
lisses et • • • • • • • • • • •
barres HA

Fils HA
(1) • • * • * • •
Treillis
soudés • • • • • • • •
(1) Diamètres 7 et 9 pour armatures préfabriquées seulement.

Tableau 2.7. Gamme des diamètres nominaux de la norme EN 10080 (mm)


Barres 6 8 10 12 14 16 20 25 28 32 40
Barres B 500 A et couronnes • • • • • •
Barres B 500 B • • • • • • • • • • •
Tableau 2.8
Treillis-soudés 5 5,5 6 6,5 7 7,5 8 8,5 9 9,5 10 10,5 11 11,5 12 14 16
B500A • • • • • • • • • • • • • • • • •
B500B • • • • • • • • •
Tableau 2.9. Diamètres, sections, périmètres nominaux, masses linéiques
des produits sidérurgiques utUisés en béton armé
Diamètre nominal 0 Section nominale Périmètre nominal Masse linéique
(cm) (cm2) (cm) (kg/m)
4,5 0,159 1,414 0,125

5 0,196 1,571 0,154

5,5 0,238 1,728 0,187

6 0,283 1,885 0,222

6,5 0,332 2,042 0,261

7 0,385 2,199 0,302

7,5 0,442 2,356 0,347


Chapitre 2 • Matértaux 109

Diamètre nominal 0 Section nominale Périmètre nominal Masse Iinéique


(cm) (cm2 ) (cm) (kg/m)
8 0,503 2,513 0,395

8,5 0,567 2,670 0,445

9 0,636 2,827 0,499

9,5 0,709 2,984 0,556

10 0,785 3,142 0,616

10,5 0,866 3,299 0,680

11 0,950 3,455 0,746

11,5 1,039 3,613 0,815

12 1,131 3,770 0,888

14 1,539 4,398 1,208

16 2,011 5,027 1,579

20 3,142 6,283 2,466

25 4,909 7,854 3,854

28 6,158 8,796 4,834

32 8,042 10,053 6,313

40 12,566 12,566 9,864

2.361-2 Forme de la surface latérale des barres et fils HA


La surface latérale des barres HA et des fils HA est pourvue de nervures ou « verrous»
destinés à s'opposer au glissement de l'armature dans sa gaine de béton.
Les nervures transversales et les nervures continues hélicoïdales remplissent une fonc-
tion semblable pour les barres et les fils machine. li en est de même des nervures trans-
versales pour les fils nervurés ou à empreintes.

. a) Nervures transversales 011 « verrous»


Les nervures transversales sont discontinues, de hauteur variable (en forme de crois-
sant), et inclinées sur l'axe longitudinal de la barre ou du fil (figures 2.32 et 2.33). Elles
ne sont normalement pas en contact avec les nervures continues éventuelles. Elles peu-
vent s'enrouler hélicoïdalement ou être disposées «en arête de poisson », cas de la
figure 2.32).
11 0 Traité de béton armé

Nervure transversale
(verrou)

Nervure continue parallèle


à l'axe de la barre

Figure 2.32

.
.
~~I$
. .c.t:..~/.2~;....,-
. . . . . . . •.• • • •.• • • •.•.• •'•.•.•.•.• .•./ ..•
N
.... y ...
\..'

Figure 2.33

b) Nervures continues
Les nervures continues sont des saillies prismatiques:
- parallèles à l'axe de la barre ou du fil, lorsque l'acier est simplement laminé à chaud
(nervure.s longitudinales, figure 2.32) : elles contribuent à éviter le « dévissage» de la
barre ou du fil dans le béton lorsque toutes les nervures transversales sont orientées dans
le même sens;
- hélicoïdales, lorsque la barre est écrouie par torsion (figure 2.34)1 .

Nervure continue hélicoïdale

Nervure transversale
(verrou)

Figure 2.34

Ce procédé de fabrication, maintenant abandonné, était celui de l'acier Tor (marque déposée) long-
temps le plus vendu du marché. Il ne faut pas, comme le font encore certains bureaux d'études et cer-
tains chantiers, appeler « Tor» n'importe quel type de barre HA.
Chapitre 2 • Matériaux 111

c) Empreintes
Cette disposition ne se rencontre que pour les fils. Ceux-ci présentent des défoncements
en creux par rapport à leur surface latérale extérieure (figure 2.35).

Figure 2.35

2.361-3 Caractères normalisés des barres HA ou fils HA


Les normes NF A 35-016 et NF A 35-019 définissent les différents critères géométri-
ques de forme relatifs :
- aux verrous: hauteur minimale, écartement moyen ou maximal, longueur et inclinai-
son sur l'axe de la barre ou du fil (ainsi que le pas de torsadage et la hauteur minimale
des nervures dans le cas des barres torsadées) ;
- aux nervures continues éventuelles (hauteur minimale, pas) ;
- aux empreintes: profondeur minimale, écartement maximal, inclinaison minimale sur
l'axe longitudinal du fil, ainsi que la largeur minimale du relief entre deux empreintes
successives d'une même série et longueur minimale de celles-ci.

2.362 . Treillis soudés


Les caractères géométriques, qui concernent les dimensions des mailles avec des tolé-
rances diverses sur les distances entre éléments constitutifs, sur la longueur de ceux-ci,
l'équerrage des mailles, etc., sont donnés dans les normes NF A 35-016 et A 35-019.
Les valeurs nominales des dimensions des mailles, mesurées par les espacements entre
axes des éléments constitutifs parallèles, et exprimées en mm, appartiennent normale-
ment à la série suivante:
75 100 125 150 200 250 300
La valeur de 75 mm entre éléments constitutifs parallèles ne se rencontre que dans le
cas où le diamètre nominal de ces éléments est au plus égal à 12 mm.

·2.37 Caractères mécaniques


Les caractères mécaniques auxquels les normes font référence sont:
-la limite d'élasticité en traction (apparente dans le cas des aciers naturels, convention-
nelle dans le cas des aciers écrouis) ;
-la contrainte de rupture par traction;
-l'allongement sous charge maximale;
112 Traité de béton armé

-l'allongement de rupture par traction (base de la mesure: 5 0).


a) La limite d'élasticité et la contrainte de rupture par traction sont conventionnelle-
ment rapportées à la section nominale d'une barre et non à sa section réelle. Pour les
treillis soudés, ces caractères (et l'allongement de rupture) sont mesurés sur des consti-
tuants comportant, en leur milieu, un élément transversal soudé. Les modes opératoires
sont ceux décrits dans les normes particulières relatives aux éléments constitutifs.
b) Allongement sous charge maximale:
Certaines méthodes de calcul font systématiquement appel à l'adaptation plastique des
matériaux. De même, dans le cas de structures soumises à des sollicitations accidentel-
les telles que séismes, chocs, etc., ou exposées à des situations accidentelles, telles
qu'un incendie, il peut se produire, localement, des redistributions d'efforts: la sécurité
de la structure dépend alors de la capacité de déformation que présentent les matériaux
dans leur domaine plastique.
Pour l'acier, cette capacité de déformation est caractérisée par l'allongement total pour
cent sous charge maximale dont la détermination est définie par la norme
NF EN ISO 15630-1.
Cet allongement est l'allongement maximal pris par une éprouvette au cours d'un essai
de traction avant que n'apparaisse l'amorce d'un phénomène de striction en une section
quelconque de celle-ci.
La norme retient comme principe de «mesurer, sur le fragment le plus long d'une
éprouvette ayant été soumise à un essai de traction, l'allongement non proportionnel
sous charge maximale, à partir duquel est calculé l'allongement total pour cent sous
charge maximale» (ce dernier est noté AgI)'
En adoptant les notations de cette norme, l'allongement total sous charge maximale,
exprimé en %, est constitué par la somme (figure 2.36) :
- de l'allongement pour cent non proportionnel (allongement plastique rémanent) Ag
déterminé comme indiqué ci-après;

- d'un allongement élastique égal à 100 R", (retour élastique, Rm: contrainte correspon-
Es
dant à la charge maximale).
On a donc, en exprimant Rm en MPa et, compte tenu de ce que Es = 2.105 MPa,
R
A =A +-"'- [2.22]
gr g 2000
Chapitre 2 • Matériaux 113

Contrainte (MPa)

IRm.------------~~--~--­

1
1
1
-- ....
...... , ..

1 Zone de striction
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

°1:::=====-Ag....;:;-'-Ag-=--t------~...~·+-i-==,.+oi.:--10-~-:-m------->",. Allongement (%)

Figure 2.36

La méthode de détermination de l'allongement total sous charge maximale consiste à


mesurer l'accroissement de longueur entre des repères délimitant une zone concernée ni
par la striction, ni par l'effet des mors de la machine de traction.
Conventionnellement, la base de mesure doit être située à une distance au moins égale à
5 0 de la striction et à 2,50 de l'extrémité des mors (figure 2.37) :

Limite de la mâchoire

Strictipn -JI>- Çl~tii~z··,ü.·•• illl.·OO••·.·.·.w·.·.·.·.·ü··IiiiJ·.·.·.·.w.·.·.·.w.·.·.·••iiiJ·••


·.·q.·.·•.·f@···i4]@.···
••·•• iiiil~.·iiiJ·.·•• ·.w·Iw,····iiiJ·.·•••·.·ü••···•••·w·····'w·····w.·•••·lli$·I~•. • ·w·••·w······@····w·:··OO··:·ii$·'··w···:w·.·w·····m
50 1. B.~d.~~~ .1 2,50

Figure 2.37

La valeur initiale 10 de la longueur entre repères, fonction de la valeur escomptée pour


Ag, est normalement prise égale à :
- 100 mm pour les barres (A gt > 5) ;
- 50 mm pour les fils (2 ~ Agt ~ 5).
Deux séries de marques équidistantes sont faites sur l'éprouvette, ces deux séries étant
décalées d'environ loi 2. La longueur minimale de la base de mesure est au moins égale
. à 10' Pour les aciers nervurés, les marquages se font en fonction du pas des verrous.

La longueur ultime entre repères étant lu, on a Ag = III - /0 .100 d'où l'on déduitAgt par
10
la formule [2.22].
Une autre méthode, couramment employée au Bénélux, consiste à déterminer
l'allongement sous charge maximale à partir des allongements de rupture mesurés res-
pectivement sur des bases de 10 0 et de 5 0 (figure 2.38) ce qui revient à considérer les
114 Traité de béton armé

allongements hors striction (/uhs) 1 et (/uhs)2 de part et d'autre de la section de rupture. De


cette manière l'allongement uniforme caractérise la ductilité de l'acier dans sa zone a
priori la moins résistante.
Cette deuxième méthode nécessite un tracé fin et précis des repères ; on a :
- avant striction: AA'= 100 BB'= 50 AB + A' B'= 5 0

ou 10 0 (1 + AIO ) - 5 0 (1 + As )
100 100
=5 0 (1 + Agi + Ag2
100
J
1

d'où

Figure 2.38.

Les essais comparatifs qui ont été effectués montrent que cette méthode donne des va-
leurs de. résultats d'essais plus élevées, donc plus favorables, que la première.

2.371 Prescriptions des normes NF et des Règles BAEL

a) Limite d'élasticité garantie


Dans les calculs, l'acier est défini par la valeur garantie, notée le, de sa limite
d'élasticité. Cette valeur correspond sensiblement à une valeur caractéristique requise
d'ordre p = 0,025 (voir § 2.213-1, 1°).

A A
1. ~ et ~ représentent respectivement les allongements unitaires des tronçons AB et NB'. De
100 100
façon générale, 1+ I.l/ =1( 1+ ~/) .
Chapitre 2 • Matériaux 115

Pour les aciers certifiés, un contrôle extérieur effectué en usine (VCU) vient se superpo-
ser au contrôle du producteur et vérifier la fiabilité de ce dernier contrôle. Ceci pennet
de donner une définition statistique précise de la notion de garantie (c'est-à-dire de la
frange limitée de la production qui peut tomber hors des limites spécifiées).
Les désignations conventionnelles, les nuances et les limites d'élasticité correspondan-
tes des produits actuellement sur le marché sont (Fe pour acier ou « fer », E pour élasti-
cité, TS pour treillis soudé) :
- ronds lisses FeE 215,1e = 215 MPa : emploi très courant autrefois;
- ronds lisses FeE 235, le = 235 MPa: utilisés uniquement et obligatoirement pour
constituer les épingles de levage des éléments préfabriqués;
- barres et fils tréfilés ou laminés HA FeE 500, le = 500 MPa, emploi généralisé sous
forme de barres droites ou de treillis soudés ;
- treillis soudés HA (TSHA) fonnés de fils HA FeE 500,1e = 500 MPa, emploi courant.

b) Diagramme contraintes-déformations (BAEL, art. A-2.2,2)


Pour les calculs sous sollicitations normales (voir chap. 6 à Il), on substitue aux dia-
grammes expérimentaux le diagramme idéalisé suivant qui se compose conventionnel-
lement:
- de la droite de Hooke, de pente Es = 200 000 MPa, indépendante de la nuance de
l'acier,
- d'un palier horizontal d'ordonnéele.

Remarque:
II est toutefois loisible d'utiliser une forme de courbe se rapprochant du diagramme
réel de l'acier employé, à condition de se référer à la valeur garantie de la limite
d'élasticité le et de contrôler la contrainte prise en compte pour l'allongement de
10 %0.

c) Valeur garantie de l'allongement sous charge maximale (BA EL, art. A.2.2.2)
Cette valeur est de :
- 5 % pour les barres HA ;
- 2 % pour les treillis soudés.
116 Traité de béton armé

Pente Es

------------~--~~--~--------------------~€s

Figure 2.39

Remarque:
Il convient de noter que les Règles BAEL ne se réfèrent plus nulle part ensuite à
des conditions de ductilité minimale pour les aciers.

2.372 Prescriptions de l'EC2


Le tableau Cl de l'annexe C dont le tableau 2.10 est extrait donne les valeurs caractéris-
tiques de la limite d'élasticité en traction (apparente ou conventionnelle à 0,2 %
d'allongement rémanent) /yk et de l'allongement sous charge maximale 8uk (voir figu-
re 2.40). La limite d'élasticité en compression est prise aussi égale à/yk.
Les valeurs de/yksont rapportées à la section nominale.

a) Classes de ductilité
La ductilité d'un acier de béton armé est caractérisée par les valeurs nominales de:
- &uk(figure 2.40) ;
- la valeur caractéristique du rapport (fr //y).
L'EC2, suivant en cela la norme EN 10080, définit trois classes de ductilité:
- classe A: ductilité normale (treillis formés de fils tréfilés ou laminés à froid),
. - classe B: haute ductilité (barres laminées à chaud et treillis formés de fils laminés à
chaud),
- classe C: très haute ductilité (aciers réservés à des usages spéciaux; constructions
parasismiques).
Cette différence de comportement du point de vue de la ductilité est prise en compte
dans l'analyse structurale (voir § 3.524). Les confusions entre barres de nuances ou de
classes de ductilité différentes sont évitées grâce à un marquage spécifique.
Chapitre 2 • Matériaux 117

Tableau 2.10
Exigence
Barres et fils ou valeur
Forme du produit Treillis soudés
redressés du fractile
( %)
Classe A B C A B C
Limite
caractéristique
400 à 600 (1) 5,0
d'élasticité.t;,k ou
fo.2k (MPa)
Valeur
;::: 1,15 ;::: 1,15
minimale de ;::: 1,05 ;::: 1,08 ;::: 1,05 ;::: 1,08 10,0
k=(j;/fyt < 1,35 < 1,35

Valeur
caractéristique de la
déformation relative ;::: 2,5 ;::: 5,0 ;::: 7,5 ;::: 2,5 ;::: 5,0 ;::: 7,5 10,0
sous charge
maximale, Euk ( %)
(1) Pour l'Annexe nationale, la valeur maximale de /yk à utiliser est généralement de 500 MPa.
Les normes NF A 35-016 et A 35-017 de novembre et décembre 2007 ont adopté les nuances
B500A, B500B, B540B et B540C.

b) Diagramme contraintes-déformations (art. 3.24 et 3.27 de L'EC2)


Pour l'analyse globale, les vérifications locales ou le calcul des sections, il est permis de
substituer aux diagrammes expérimentaux de la figure 2.40 des diagrammes idéalisés
(Es = 200 GPa) choisis de manière à donner des approximations dans le sens de la sécurité.
L'EC2 propose d'adopter (voir figures 5.3 et 7.58) :
1. soit un diagramme à branche supérieure horizontale (comme dans les Règles BAEL)
sans limite pour la déformation de l'acier;
2. soit un diagramme à branche supérieure inclinée, mais avec une déformation de
l'acier limitée à Eud = 0,9.Euk'

Remarque:
La norme EN 10080 introduit également un critère de résistance à la fatigue (EC2,
art. 3.2.5 et tableau C2N). Jusqu'à présent, ce caractère n'était pas pris en considé-
ration en France pour les armatures de béton armé.
118 Traité de béton armé

cr cr

ft = kfyk - - - - - - -- - - - -:..:;;-...
- _ - , -_ _ ft = kfO,2k
fO,2k
fyk - - - 1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

o ~1~f--___EU_k_ _ _Jol.1 "1±= 0.2 %


Euk
.1
Figure 2.40. Types de diagrammes contraintes-déformations
pour les aciers de béton armé

2.38 Caractères technologiques


Les caractères technologiques sont:
-l'absence de défauts préjudiciables à l'emploi,
- l'aptitude au façonnage, définie par référence à des essais de pliage et de pliage suivi
de dépliage, et garantie par le Producteur,
-l'aptitude d'une barre à assurer les liaisons mécaniques entre elle et le béton qui
l'entoure (caractères d'adhérence),
- l'aptitude au soudage.
Pour les treillis soudés, vient s'ajouter à ces caractères une résistance minimale au ci-
saillement des assemblages soudés, garantie par le Producteur.

2.381 Aptitude au façonnage


II faut distinguer les conditions de laboratoire et les conditions de chantier.

2.381-1 Conditions de laboratoire


. En laboratoire, l'aptitude au façonnage s'apprécie par des essais de pliage ou de pliage
suivi de dépliage. Ce dernier, qui constitue un test de «non-fragilité» peut servir à
déterminer le diamètre du plus petit mandrin qui donne un essai bon pour une barre
donnée. On appelle ce mandrin: «mandrin critique ». Le diamètre de mandrin garanti
doit évidemment être supérieur à celui du mandrin critique.
Les angles de pliage et de dépliage choisis (50 et 30 grades) sont conventionnels. Après pliage
et avant dépliage, l'acier est« vieilli» par immersion durant plusieurs minutes (- 30 rnn) dans
Chapitre 2 • Matériaux 119

l'eau bouillante. Le choix de la température de vieillissement est purement conventionnel. Il


est donc difficile de considérer le résultat de l'essai comme une mesure certaine de l'aptitude
au façonnage. Ce résultat permet cependant de signaler les aciers dont le vieillissement après
déformation augmente sensiblement la raideur et sans doute la fragilité.

2.381-2 Conditions de chantier


Des aciers satisfaisant aux conditions de pliage indiquées dans les spécifications (plus
ou moins basées sur les diamètres minimaux garantis des mandrins de pliage) ont autre-
fois donné lieu à des ruptures au façonnage sur le chantier. La raison tenait à ce que trop
souvent, aussi bien sur les chantiers que dans les ateliers, le façonnage des armatures à
haute adhérence de nuance FeE 400 ou FeE 500, était conduit de la même manière que
celui des ronds lisses en acier doux (FeE 215). Par ailleurs, le producteur d'acier ne peut
prévoir les traitements malencontreux auxquels les barres sont exposées sur le chantier.
Parmi les mauvais traitements qui ont le plus attiré l'attention, on a noté le pliage par
temps froid l, le dépliage intempestif de barres au cours du façonnage et l'emploi de
cintreuses mal adaptées à leur fonction.
Le façonnage à la machine est maintenant toujours conseillé. Il est plus progressif que le
façonnage à la main pour les barres de diamètre supérieur 14 mm.
Les plieuses sont du type « à mandrin» ou du type « à trois galets ». Dans les premières,
la barre est engagée sur le mandrin et pliée sur celui-ci sous l'action d'un effort exercé
par un taquet agissant suivant un cercle concentrique au mandrin. Si la distance du taquet
au mandrin n'est pas judicieusement déterminée, la régularité de courbure en souffre et
les nervures s'écrasent facilement sous le taquet (et sur le mandrin également si l'on n'a
pas pris la précaution d'augmenter la surface d'appui en prévoyant un mandrin à gorge);
il arrive aussi que certaines machines n'aient pas de mandrins de rechange ou que le
personnel d'exécution néglige de changer de mandrin lorsque le diamètre des barres
varie; enfin on ne trouve généralement pas dans le commerce de mandrin de diamètre
suffisant pour les très grosses barres (ou bien c'est le chantier qui n'en dispose pas).
Les cintreuses à trois galets, dans lesquelles la courbure est obtenue par pression du
galet central, ont le grave inconvénient de nécessiter plusieurs passes, de donner des
pliures avec des courbures non continues et de provoquer des détériorations des nervu-
res, Le résultat satisfaisant à l'oeil est obtenu par pliages successifs et parfois par des
dépliages susceptibles de provoquer des amorces de rupture.
Pour éviter des incidents graves et obtenir sur les chantiers courants des pliages corrects,
les recommandations d'emploi conseillent d'adopter des diamètres de pliage nettement
supérieurs aux valeurs minimales garanties.
'Une distinction doit être faite entre le cas des armatures «transversales» (étriers ou
cadres) pour lesquelles certaines déficiences ne sont pas trop graves, celui des ancrages
aux extrémités des barres, et celui des coudes (barres relevées à 45°, armatures principa-

1. Des essais effectués par le Centre de recherches métallurgiques du Bénélux ont montré que moyen-
nant certaines précautions, le pliage d'aciers trempés auto-revenus (Tempcore) était possible sans
aléas, même pour des températures nettement inférieures à 0 oc.
120 Traité de béton anné

les de poutres ou de consoles parallèles à un parement présentant un changement de


direction) où les risques de dépliage au façonnage sont les plus grands.
En effet d'une part, plus le diamètre augmente, plus le façonnage devient difficile,
d'autre part, si dans les ancrages il n'y a pas normalement nécessité de revenir sur un
façonnage initial de la barre, avec les barres coudées, la correction nécessaire ne peut
parfois être obtenue que par un dépliage intempestif. Ce dépliage comportant de gros
risques, le cintrage des barres doit toujours être conduit de telle façon que la correction
éventuelle du coude soit réalisée par une accentuation du pliage et non par dépliage.
Un problème qui se rattache à celui-ci est celui des épingles de levage pour la manuten-
tion des éléments préfabriqués, pour la confection desquelles il convient de n'utiliser
exclusivement que des ronds lisses de nuance Fe E 235', en raison des contraintes et
déformations auxquelles ces épingles sont exposées.
En effet, pour la nuance Fe E 235, des fourchettes d'élaboration plus serrées au niveau
de l'analyse chimique permettent de garantir des performances plus élevées en ce qui
concerne l'aptitude au façonnage (pliage, pliage suivi de dépliage) et l'aptitude au sou-
dage, que pour la nuance Fe E 215 qui est celle parfois encore utilisée en ronds lisses,
mais qui est aussi celle pour laquelle les tolérances à la production sont les plus larges.
Des dépôts régionaux d'acier Fe E 235 existent chez un nombre limité de « marchands
de fers» (pour la liste des dépôts, voir le fascicule OTUA « Aciers pour béton armé »).

2.382 Caractères d'adhérence


L'adhérence d'une barre au béton qui l'enrobe constitue l'un des phénomènes les plus
complexes des constructions en béton armé.
Elle a fait l'objet de nombreuses théories parmi lesquelles il est encore difficile de dé-
gager une position qui ne soit pas susceptible d'être controversée. Il est en effet difficile
de représenter cette notion par des modèles fiables. Les divers essais que l'on peut faire
pour contrôler les qualités d'adhérence d'une barre ou d'un fil, ainsi que les prescrip-
tions réglementaires concernant l'adhérence sont étudiés en détail au chapitre 4.

2.382-1 Barres ou fils

a) Surface relative des verrous


Conventionnellement, la norme EN 10080 caractérise l'adhérence par un coefficient
appelé « surface relative des verrous» dont la définition, due au Professeur Rehm en
Allemagne, est purement géométrique: il s'agit en effet de la surface des verrous trans-
versaux projetée sur la section droite de la barre et rapportée au produit de la circonfé-
rence nominale par la distance moyenne entre ces verrous.

1 Ne jamais utiliser pour ces épingles des barres HA quelle que soit leur nuance.
Chapitre 2 • Matériaux 121

Selon l'EN 10080, pour les barres n'ayant pas subi un traitement d'écrouissage par tor-
sion, cette surface relative IR peut être déterminée au moyen de la relation (notations de
l'EN 10080) :
.. _ kFR sin~
JR -
1t d c

où:
k nombre de files de verrous obliques ou transversales,
FR aire de la section longitudinale d'une nervure selon son axe (F = Flache = aire),
~ angle formé par les verrous transversaux avec l'axe de la barre,
d diamètre nominal de la barre,
c distance entre les sections droites passant par les points homologues de deux
verrous transversaux consécutifs de la même file.
Concernant cette surface relative, les conditions pour que les barres puissent être consi-
dérées comme à haute adhérence sont:
IR ~ 0,035 pour 5 :::; 0:::; 6 mm ;

IR ~ 0,040 pour 6,5:::; 0:::; 12 mm;

IR ~ 0,056 pour 0 > 12 mm.

Cette not,ion de surface relative et les critères qui y sont associés ont amené les Alle-
mands à pousser à un très haut degré le contrôle des formes géométriques, qui exige
pour une seule éprouvette la mesure dix fois répétée de 5 ou 6 paramètres. Ceci est
réellement excessif car les dispersions observées sur les différents paramètres sont tout à
fait négligeables devant les dispersions des mesures d'adhérence elles-mêmes.
Bien que figurant dans l'EN 10080, cette notion de surface relative des nervures demeu-
re discutable. Il a existé des aciers dont l'adhérence était expérimentalement correcte
bien que leur surface relative ne satisfasse pas aux exigences indiquées ci-avant.

b) Coefficient de fissuration et coefficient de scellement


L'aptitude d'une barre à rester solidaire de la gaine de béton qui l'enrobe en dépit des
forces qui tendent à la faire glisser suivant son axe est définie en France par deux coef-
ficients sans dimensions:
- l'un Tt, appelé coefficient de fissuration, qui est pris en compte dans les calculs rela-
tifs à la fissuration,
-l'autre 'l's, appelé coefficient de scellement, qui intervient dans le calcul des ancrages.
Les caractères géométriques liés à l'adhérence (hauteur, écartement, longueur, inclinai-
son des nervures ou des empreintes) sont ceux définis pour différents profils-types dans
les normes NF A 35-016 ou NF A 35-019. Après avoir longtemps estimé en France que
les caractères d'adhérence ne pouvaient être fixés qu'après essais (voir § 4.23) on
122 Traité de béton armé

considère maintenant que sont réputés « à haute adhérence» les barres ou fils qui res-
pectent les critères géométriques (assortis de tolérances) fixés par les normes précitées.
Lorsqu'il en est ainsi les coefficients d'adhérence sont pris alors égaux:
- en ce qui concerne le coefficient de fissuration à :
11 = 1 par définition, pour les ronds lisses bruts de laminage
11 = 1,6 pour les barres HA courantes quel que soit 0 et pour les fils HA 0 2: 6 mm
11 = 1,3 pour les fils HA 0 < 6 mm
- en ce qui concerne le coefficient de scellement, à :
'Ils =1 par définition, pour les ronds lisses bruts de laminage
'Ils = 1,5 qu'il s'agisse de barres HA ou de fils HA et quel que soit le diamètre.

Esquisse de la signification physique de ces deux coefficients


Pour l'origine expérimentale des valeurs numériques de 11 et 'Ils indiquées ci-avant, se
reporter à § 4.231-2 et § 4.232.

1°) Coefficient de fissuration 1/


Considérons deux prismes en béton à section carrée, de longueur au moins égale à
10 fois le côté du carré et traversés chacun suivant leur axe par une barre lisse de nuance
douce dans un cas, à haute adhérence et à haute limite d'élasticité dans l'autre, de même
diamètte. Soumettons les deux barres à un même effort de traction (assez élevé, mais
nettement inférieur à la limite d'élasticité la plus faible).
Soit nL et nHA le nombre total de fissures transversales qui sont apparues dans le béton
qui enrobe les barres.
On constate que grossièrement (car les choses ne sont pas aussi simples, voir figu-
re 4.10):

Or un nombre élevé de fissures entraîne, à contrainte égale de l'acier, une réduction de


leur ouverture moyenne W m •
Par exemple, si W m = 0,16 mm pour la barre lisse, on constate que W m ~ 0,1 mm pour la
. barre HA. Donc, à contrainte égale, la fissuration étant plus fine, le risque de corrosion
est moindre avec une barre HA qu'avec une barre lisse.
Si l'on accepte maintenant la même ouverture moyenne dans les deux cas, on pourra
tolérer en principe pour les barres HA des contraintes 1,6 fois (ou si l'on préfère « 11
fois») plus élevées que pour les ronds lisses.
Là réside le succès rencontré par les barres à haute adhérence: la haute limite
d'élasticité autorise en service des contraintes plus élevées que pour les aciers doux et
Chapitre 2 • Matériaux 123

donc une économie sur la section d'acier, sans que cet avantage ne soit acquis au détri-
ment d'une fissuration excessive. C'est bien en effet grâce aux reliefs en saillie sur leur
surface latérale que les barres HA ne peuvent pas glisser dans le béton aussi facilement
que des ronds lisses et que la fissuration peut se distribuer tout au long de la pièce.

2°) Coefficient de scellement 'fis


Cherchons maintenant à extraire de deux blocs de béton (essai de «pull-out », voir
§ 4.231-1), deux barres droites, l'une lisse, l'autre à haute adhérence, de même diamè-
tre et enrobées sur la même longueur.
Soit F L et F HA les forces de traction nécessaires pour extraire respectivement la barre
lisse (Fd et la barre à haute adhérence (FHA ).
Grossièrement (car les choses ne sont pas aussi simples, voir § 4.231) il faut exercer une
force plus grande pour extraire la barre à haute adhérence que pour extraire la barre
lisse, ces forces étant telles que:

Si \jf; =(1,5)2 = 2,25, cela signifie que l'on peut:


- soit « ancrer» la même force sur une longueur 2,25 fois plus courte pour une barre
HA que pour une barre lisse de même diamètre (mais ce n'est pas ainsi que se pose
généralement le problème) ;
- soit, pour une même « longueur d'ancrage» autoriser une force 2,25 fois plus élevée
dans la barre HA que dans la barre lisse (c'est par exemple le cas d'une barre
HA Fe E 500 et d'un rond lisse Fe E 215, 500/215::::: 2,25, pour lesquels on aboutit à la
même longueur d'ancrage, voir formule [4.6] et tableau 4.5).

Remarque:
Dans le cas exceptionnel de barres ou de fils qui ne respecteraient pas les critères
géométriques définis par les normes, il conviendrait de procéder à des essais
d'adhérence (voir § 4.23), de manière à justifier expérimentalement que les caractè-
res d'adhérence de ces barres ou fils sont bien au moins égaux à 11 = 1,6 (ou 1,3) et
'l's = 1,5 respectivement.

2.382-2 Treillis soudés


Les Règles BAEL 91 indiquent que:
- pour les treillis soudés constitués par des fils tréfilés lisses, le coefficient de fissura-
tion 11 doit être pris égal à 1, mais de tels treillis ne sont pratiquement plus utilisés.
- pour les treillis soudés formés de constituants autres que les fils lisses, le coefficient 1)
doit être pris égal au coefficient de fissuration des éléments constitutifs.
124 Traité de béton armé

En ce qui concerne le coefficient de scellement 'Vs :


-lorsque les règlements prévoient que l'ancrage des éléments constitutifs est assuré
uniquement par les soudures (ce qui était le cas des treillis soudés formés de fils lisses),
il n'y a pas lieu de fixer une valeur à ce coefficient l,
- dans le cas contraire (TSHA), la valeur de ce coefficient est prise égale à celle du
coefficient des éléments constitutifs.

2.383 Aptitude au soudage


On appelle soudage l'opération de micro-métallurgie consistant à exécuter la fusion
d'une zone de métal, avec ou sans métal d'apport, liant intimement les deux bords de
deux pièces à assembler. Le résultat de l'opération de soudage est appelé soudure.

2.383-1 Principes généraux


Le soudage des armatures concerne à la fois divers types d'assemblage et différents
procédés.
Au niveau de l'assemblage unitaire de deux barres, les conditions définies par la norme
visent:
- le soudage en croix effectué par résistance,
-le soudage bout à bout ou par recouvrement effectué avec électrode enrobée (manuel à
l'arc, ou semi-automatique sous gaz protecteur).
Le soudage par résistance n'est normalement admis qu'en atelier c'est-à-dire dans un
local abrité des intempéries, disposant du personnel qualifié et du matériel nécessaire
pour la réalisation de soudures correctes.
Pour cette raison, le soudage en croix (0:S 20 mm) est un mode de soudage fréquent
dans les ateliers de préfabrication d'armatures, où il est utilisé pour réaliser des éléments
bi- ou tridimensionnels (treillis soudés ou pré-assemblés, ou cages d'armatures).
En revanche, les soudages bout à bout (0 2: 20 mm) ou par recouvrement (0 < 20 mm),
qui n'exigent pas nécessairement un site totalement abrité des intempéries, constituent
deux modes de soudage qui peuvent être utilisés sur le chantier, même si ce n'est pas
très courant. On les emploie surtout dans des cas particuliers pour assurer ou rétablir la
continuité mécanique des armatures (exemples: cas où les longueurs commerciales sont
trop courtes, manque de place en chantier urbain, reprise de barres en attente, réparation
d'une erreur de conception ou d'exécution, ouvrages très particuliers: galeries, cais-
. sons, grands ouvrages d'art).
On peut souder de cette manière soit deux barres individuelles isolées, soit des armatu-
res préalablement soudées en croix lorsque la longueur des éléments doit être limitée
pour des raisons d'encombrement lors de leur transport ou de leur mise en place.

1. Dans un treillis soudé, chaque soudure doit être capable de résister à un effort de cisaillement au
moins égal à 30 % du produit de la limite d'élasticité garantie par la section nominale du fil ancré.
Chapitre 2 • Matériaux 125

Les chantiers de centrales nucléaires ont provoqué le développement des techniques de


«raboutage », car les densités de ferraillage de certaines parties d'ouvrages sont si im-
portantes (de l'ordre de 700 à 1000 kg d'acier par m3 au lieu de 80 à 150 kg/m 3 cou-
ramment), qu'elles rendent impossibles les jonctions par recouvrement traditionnelles
(voir § 4.6). À titre d'exemple, pour la centrale de Creys-Malville, les CPS de l'appel
d'offre prévoyaient l'exécution de plus de 10 000 soudures bout-à-bout ou par recou-
vrement.

2.383-2 Conditions auxquelles sont soumis les aciers dits cc soudables »


En principe, quelle que soit sa composition chimique, n'importe quel acier pourrait être
soudé à condition d'y mettre le temps, les moyens et le prix.
L'aptitude au soudage des aciers pour béton armé ne concerne donc en fait que l'aspect
pratique et économique de cette opération.
L'idée de base est que le soudage des aciers à béton doit pouvoir être effectué au moyen
de procédures applicables de manière simple sur chantier et ne nécessitant pas un sou-
deur hautement qualifié.
La qualité des opérations de soudage est en effet fonction de deux types de paramètres:
- ceux inhérents à l'acier;
- ceux inhérents au matériel de soudage et au niveau de qualification de l'opérateur.
Dans la pratique courante en France:
- tous les aciers conformes aux normes NF A 35-015 et A 35-016 sont aptes au soudage
par étincelage
-les ronds lisses Fe E 235 sont aptes au soudage à l'arc et en croix par résistance, de
même, généralement, que les barres HA obtenues par traitement thermique, ou par
écrouissage à froid, d'un acier doux.
Pour qu'un acier à béton ait droit à la mention « soudable» au sens précédemment don-
né à ce terme, l'analyse de sa composition chimique, faite sur le produit livré, doit
respecter simultanément les conditions:
C::; 0,25 %

C eq =C + Mn :::; 0,48% (carbone« équivalent»)


6
Cette aptitude est en outre contrôlée par des essais de cisaillement, de traction, de pliage
.sur joint soudé pour le soudage par résistance, de traction et de pliage sur joint soudé
pour le soudage à l'électrode.
Pour les barres HA, une simple inspection visuelle permet de distinguer une barre sou-
dable d'une barre non soudable: en effet, l'espacement des «verrous» transversaux
n'est pas le même sur chacun des deux chants de la barre (figure 2.41). Seul l'acier Tor,
acier souda.ble, créé antérieurement à cette convention de marquage, ne la respectait pas.
Cet acier constituait donc une exception pour les aciers soudables, mais on pouvait
facilement le reconnaître grâce à ses nervures continues hélicoïdales.
126 Traité de béton armé

Barre HA soudable Barre HA non soudable

Figure 2.41

II est rappelé que l'EN 10080 n'envisage que l'emploi d'aciers soudables.

2.39 Redressage des aciers livrés en couronnes


Une large part des ronds lisses est constituée par du fil machine vendu en couronnes et
redressé chez les « marchands de fer », les « armaturiers » ou les « préfabricants ». Les
barres HA de petit diamètre sont, elles aussi, souvent livrées en couronnes.
Le redressage peut être effectué sur deux types de machines :
- les redresseuses à cadres tournants
- les redresseuses à galets.
Pour les ronds lisses Fe E 215 et Fe E 235, cette opération ne présente en principe aucu-
ne difficulté.
Pour les barres HA en revanche, les difficultés sont de deux ordres:
- pour les aciers « naturellement durs », il existe des dresseuses modernes qui permet-
tent moyennant certaines précautions de redresser jusqu'à 0 12 mm. Au-delà, ou bien le
prix de revient du redressage devient prohibitif, ou bien l'acier est « matraqué» : les
verrous sont écrasés, ce qui est non seulement préjudiciable à l'adhérence mais peut
aussi amener de sérieux risques de fragilisation locale des barres;
- pour les aciers écrouis et en particulier pour les fils tréfilés HA, le redressage provoque
une détension partielle des contraintes internes, ce qui réduit la limite d'élasticité de
quelques pour-cent. Pour les aciers écrouis livrés en barres, ce problème est l'affaire du
producteur. En ce qui concerne les aciers livrés en couronnes et redressés par
l'utilisateur, une enquête faite autrefois sur un certain nombre de chantiers a montré que,
trop souvent, il était fait usage d'un matériel inadapté, et que de plus le personnel exécu-
tant l'opération de redressage n'était pas qualifié. En conséquence, les réglages nécessai-
. res et les adaptations indispensables en fonction de la nature de l'acier et de son diamètre,
ou bien n'étaient pas faits, ou bien l'étaient incorrectement (on a pu par exemple consta-
ter dans certains cas que des barres HA livrées en couronnes avaient, après redressage,
perdu leurs nervures de surface et avaient même subi une réduction de diamètre !).
Le redressage est donc une opération qui demeure toujours délicate.
Chapitre 2 • Matériaux 127

2.4 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE


DU CHAPITRE 2

2.41 Béton
Se reporter d'abord au cours spécialisé du CHEBAP sur ce sujet, et en outre à:
- Rilem CPC 6, Essai en traction par fendage, Paris, 1975.
- Rilem CPC 7, Essai en traction directe, Paris, 1975
- Recherches sur les structures en béton, Annales de l'ITBTP, avril 1978 (chapitre III).
- Rüsch (H.), Grasser (E.), Rao (P.S.), Principes de calcul du béton armé sous les deux
états de contraintes monoaxiaux, Bulletin d'information CEB nO 36, juin 1982.
- Fouré (B.), Résistance du béton sous contrainte soutenue, Annales de l'ITBTP, juin
1982.
- Lambotte (H.), Motteu (H.), Contrôle de la qualité du béton sur chantier et en usine,
Note d'information technique du CSTC, Bruxelles, juin 1979.
- CCTG, fascicule n° 65 «Exécution des ouvrages de génie civil en béton armé ou pré-
contraint », Bulletin officiel du ministère de l'Équipement, fascicule spécial n° 85-30 bis.
- CCTG, fascicule nO 65 A.

2.42 Aciers
- Normes A 35-015, A 35-016, A 35-019, citées au § 2.351 (toutes de novembre 2007)
- Norme A 35-017 (décembre 2007)
Norme NF EN 10080 (décembre 2007)
- Aciers pour béton armé, 1981, OTUA.
Documentation technique de la Société Torsid (1983).
-Le Treillis soudé. Calcul et utilisation conformément aux Règles BAEL 91, ADETS, 2005.
- Maldague (lC), Perchat (J), et Saillard (Y) : Compte rendu des essais effectués en vue
de fixer les conditions d'emploi des aciers HA, des treillis soudés et des tôles déployées,
Annales de l'ITBTP, mai 1960 et mars-avril 1962.
- NF A 35-020-1 (juillet 1999): Dispositifs de raboutage ou d'ancrage d'armatures
HA.
- XP A 35-025 (mars 2002): Barres et couronnes pour béton aimé galvanisées à
chaud
- NF A 35-030 (décembre 2007) : Barres crénelées HA pour supports de lignes aériennes.
- NF A 35-024 (décembre 2007): Treillis soudés constitués de fils de diamètre infé-
rieur à 5 mm.
CHAPITRE 3
ACTIONS ET SOLLICITATIONS

3.1 NOTATIONS DU PRÉSENT CHAPITRE

BAEL EC2
Action, en général - Fki

Charge permanente quelconque


- valeur caractéristique G G kj

- valeur minimale G min G kin!


- valeur maximale G max G ksup

Action permanente indirecte - Gind

Charge variable quelconque Qi Qki

Action v.ariable indirecte - Qind

Action accidentelle FA A
Coefficients partiels de sécurité
- sur les charges permanentes YG YGj

YGmin YGin!

YGmax YGSllp
- sur les charges variables YQi YQi

3.2 TERMINOLOGIE
• Actions
Les actions sont les forces et/ou les couples appliqués à une construction:
- soit directement: charges permanentes, charges d'exploitation, charges climatiques, etc.,
- soit indirectement (résultant de déformations imposées à la construction) : effets ther-
mohygrométriques (retrait, fluage, variations de température), déplacements (tasse-
ments) d'appuis, etc.
130 Traité de béton armé

Il arrive que l'on utilise le mot action pour désigner l'origine; on dit par exemple « le
vent est une action ».
• Combinaisons d'actions
Les combinaisons d'actions sont les ensembles constitués par les actions à considérer
simultanément. Celles-ci sont introduites dans les combinaisons avec différentes « va-
leurs représentatives» correspondant à différents niveaux d'intensité.
• Sollicitations
Les sollicitations sont les efforts (effort normal N, effort tranchant V) et les moments
(moment de flexion M, moment de torsion 1). Les sollicitations sont en général déduites
des actions par des méthodes appropriées, mais peuvent parfois être déduites de résul-
tats d'essais sur modèles.

3.3 ACTIONS
Les Règles BAEL (A-3.1.1) et l'Eurocode 0 distinguent (notations BAEL):
-les actions permanentes G, dont l'intensité est constante ou très peu variable dans le
temps (par exemple, charge d'eau d'un pont-canal très rarement mis à sec) ou varie
toujours dans le même sens en tendant vers une limite (comme les actions différées du
béton : retrait, fluage) ;
- les actions variables Qi, dont l'intensité varie fréquemment et de façon importante
dans le temps, selon une loi tout à fait quelconque;
- les actions accidentelles FA, provenant de phénomènes se produisant très rarement
(par exemple séismes, chocs).

3.31 Actions pennanentes


:> Référence: BAEL, art. A-3.1,2
Les actions permanentes comprennent:
- le poids propre Go des éléments de la structure,
-le poids des équipements fixes de toute nature (dans les bâtiments, par exemple, revê-
. tements de sols et de plafonds, cloisons) ;
-les efforts (poids, poussées, pressions) exercés par des terres, par des solides ou par des
liquides dont les niveaux varient peu (valeurs pratiquement constantes dans le temps) ;
- les déplacements différentiels des appuis;
-les forces dues aux déformations (retrait, fluage ... ) imposées en permanence à la cons-
truction.
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 131

a) Lorsque l'on peut valablement admettre qu'une action permanente n'est pas suscepti-
ble de subir des écarts sensibles par rapport à sa valeur moyenne, on peut considérer
cette valeur moyenne comme la plus probable, et c'est elle que l'on introduit alors dans
les calculs.
Ainsi, dans la plupart des cas, le poids propre est représenté par une valeur nominale
unique, Go, calculée à partir des dessins du projet et des masses volumiques moyennes
des matériaux. Pour le béton armé, on a :
Go = 25 V (unites: kN, m3 )1
avec V volume théorique, évalué d'après les dimensions prévues aux dessins
d'exécution et le nombre 25 représentant le poids volumique moyen du béton armé en
kN/m3 •
b) Lorsqu'une action permanente est susceptible de subir des écarts sensibles par rap-
port à sa valeur moyenne, il convient d'en tenir compte. On introduit alors dans les
calculs la valeur escomptée la plus défavorable (soit maximale, soit minimale) vis-à-vis
de la combinaison et du cas de charge considérés.
Cette circonstance se rencontre par exemple dans les cas suivants:
- masse volumique mal connue à l'avance ou variable dans le temps,
- imprécisions d'exécution élevées en valeur relative (éléments très minces où une
variation d'épaisseur de ± 1 cm par exemple n'est pas impensable),
- renforcements ultérieurs prévisibles (revêtements de chaussée), etc.

3.32 Actions variables


Les actions variables comprennent:
-les charges d'exploitation (poids et effets annexes tels que forces de freinage, forces
centrifuges, effets dynamiques, etc.) ;
-les efforts (poids, poussées, pressions) exercés par des solides ou par des liquides dont
le niveau est variable;
-les charges non permanentes appliquées en cours d'exécution (équipements de chan-
tier, engins, dépôts de matériaux, etc.) ;
- les actions naturelles : neige, vent, température climatique, etc.

1. Exemples: poids propre d'une dalle d'épaisseur h (m) : go (kN/m 2) = 25 h ; poids propre d'une poutre
à section rectangulaire bh (m2) : g (kN/m) = 25 bh.
132 Traité de béton anné

3.321 Valeurs « représentatives »


Pour bien comprendre cette notion de valeurs «représentatives» ainsi que la manière
dont on constitue les « combinaisons d'actions» (voir § 3.42) nous allons nous intéres-
ser tout d'abord au débit des cours d'eau, même si, de prime abord, ce sujet semble
n'avoir qu'un lointain rapport avec le béton armé.

3.321-1 Les débits des cours d'eau


Les débits d'un cours d'eau sont mesurés par des « stations de jaugeage» judicieuse-
ment disposées le long de celui-ci.

a) Courbe des débits instantanés


Une station de jaugeage permet de connaître le débit instantané qj, à un instant t, au
point où elle se trouve (figure 3.1)

1
1
1
1
1
1
1
:
1
1
1
1
1
1
:
1
: t
o
'-----------.. ---------->~ Temps

Figure 3.1. Courbe des débits instantanés

b) Courbe des débits journaliers


En notant, chaque jour, dans une station de jaugeage, le débit moyen journalier du cours
d'eau, on obtient, au bout d'une année une série de 365 valeurs numériques, classées
dans l'ordre chronologique où les débits moyens journaliers ont été relevés.

c) Courbe des débits classés


Mais on peut aussi ranger ces 365 débits moyens journaliers par ordre décroissant en
commençant par le débit qM le plus grand de l'année (jour de la plus grosse crue) et en
terminant par le débit qm le plus faible (étiage le plus bas). La courbe représentative de
ces 365 valeurs décroissantes est la courbe des débits classés. Elle se déduit facilement
de la courbe des débits journaliers.
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 133

En effet, une horizontale correspondant à un débit journalier quelconque q (qm < q < qM)
fait apparaître un certain nombre de segments ab, cd, ... , de longueurs th t2, ... expri-
mées en jours. La longueur cumulée L t i = l, + 12 + ... représente le nombre de jours
pendant lesquels les débits journaliers ont été supérieurs à q. On obtient ainsi un point
M de la courbe des débits classés, d'abscisse L li et d'ordonnée q.

q q

q I----~M

' - - - - - - - - - - - - - - ' - - - : ; ; . Jours ' - - - - - - - ' - - - - - - - - - - ' - - - 3 > - Jours


o 365 o 365

Figure 3.2. Courbes des débits journaliers et des débits classés

d) Probabilité d'lin débitjollrnalier


Au lieu d'opérer sur les 365 débits journaliers d'une année, on peut classer les débits rela-
tifs à plusieurs années d'observation: la courbe des débits classés permet alors de connaî-
tre la probabilité pour que le débit du cours d'eau soit supérieur à un débit q donné.
Mais, en réalité, on continue d'enregistrer les courbes annuelles des débits classés. Sur
N années d'observation, on dispose de N courbes. Pour chaque valeur de q, on note pour
chaque courbe la valeur du nombre de jours cumulés L li et on en fait la moyenne. Si
l'on gradue alors les abscisses en pourcentages (le temps d'observation Ir = 365 jours
étant pris pour unité, si (Lt; Lo =36,5
y
jours par exemple, le pourcentage est de

36,5 = 10 %), on obtient la probabilité pour qu'au cours d'une période donnée, le débit
365
d'eau soit supérieur à q.

e) Débits caractéristiqlles
Si l'on considère, des intervalles de 3 mois et si l'on met en évidence aux extrémités des
segments de longueur conventionnellement égale à 10 jours, on obtient 5 points qui
définissent respectivement:
134 Traité de béton armé

q
CD débit caractéristique
de crue
~ débit caractéristique
de 3 mois
® débit caractéristique

~ft
de 6 mois
@) débit caractéristique 1
1

de 9 mois :
1
L-..L.-----'-----'-----"'------'--'-------7 Mois
® débit caractéristique :!-I..-10j 6 9 ~10j
d'étiage
Figure 3.3 : Courbe des débits caractéristiques

Ces différentes valeurs permettent de fixer le débit maximal dérivable par une usine
hydroélectrique projetée sur le cours d'eau considéré, le volume d'eau turbinable dans
une année moyenne et l'énergie susceptible d'être produite par la future usine en fonc-
tion de la hauteur de chute.

3.321-2 Actions variables


Les lois action-temps sont de formes complexes et variées. La figure 3.6 en donne quel-
ques e~emples qui ne sont pas sans rappeler la courbe des débits instantanés d'un cours
d'eau (figure 3.4).
Pour les étudier, on a recours à des modèles de représentation.
En découpant le temps en intervalles de base arbitraires mais raisonnables en fonction
de l'action considérée, (ex. : pour le vent: 10 mn, pour l'eau dans un réservoir 24 h,
etc.), on peut rechercher:
- soit la distribution des maxima périodiques,
- soit le nombre de fois et le temps durant lequel un niveau donné a été dépassé (voir
§ 3.321-1c).
La distribution des maxima périodiques est ramenée à :
- une valeur moyenne Qm,
- un coefficient de variation s,
fonctions de l'intervalle de base.
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 135

Î
Q

i Maximum périodique

~~__~~--.r~~~~~~
Niveau de
Q' e - - . I .'-I---4---!---
VV dépassement
1,
,,1
,
,,1
,1
-"I-I--...ICf- Intervalle de base Tempst

Figure 3.4. Modèle de représentation des actions

On peut ainsi définir la valeur caractéristique d'une action Q = Qm - ks comme celle


qui a une probabilité p acceptée a priori (par exemple 5 %) de ne pas être atteinte ou
dépassée, dans un sens défavorable, au cours d'une certaine« durée de référence ».
On peut aussi faire le cumul des temps Mi pendant lesquels un niveau quelconque Q' a
été atteint ou dépassé pendant un temps de référence tr (cf. figure 3.2 pour l'analogie).
En fixant alors certains niveaux de manière conventionnelle, on peut définir pour cha-
que action variable, plusieurs valeurs représentatives.
Une même action variable quelconque n'est donc généralement pas définie par une
valeur unique, mais par plusieurs « valeurs représentatives », qui sont fixées en fonction
de sa fréquence, de sa durée d'application et de la nature des combinaisons dans laquel-
le elle intervient l .
Ces valeurs représentatives sont conventionnellement classées de la manière suivante:
- valeur nominale (tenant lieu de valeur caractéristique) Qi ;
- valeur de combinaison, 'l'oi Qi: cette valeur intervient dans les combinaisons fonda-
mentales (ELU) et dans les combinaisons rares (ELS) ;
- valeur fréquente 'l'li Qi : cette valeur n'intervient que dans les combinaisons accidentel-
les ;

1. Note complémentaire sur les valeurs représentatives d'une même action variable: La Résistance
des Matériaux traditionnelle ne se préoccupe ni de la nature, ni de la durée d'application d'une action
quelconque. Il faut donc se garder de croire que l'effet le plus défavorable est toujours dû à l'intensité
maximale d'une action variable (son intensité minimale étant toujours zéro ... elle n'est pas là). Ainsi:
- une fissure très ouverte sous la valeur maximale Qk (caractéristique) d'une action variable, dont la
durée d'application est très courte, est moins dangereuse vis-à-vis de la corrosion de l'acier qu'une
fissure moins ouverte, mais ouverte plus longtemps sous une action 'l'Qk < Qk.
- de même, une charge de très courte durée telle que Qk n'induit pas dans un poteau de déformations
différées par fluage, alors qu'une charge 'l'Qk < Qk de plus longue durée d'application peut engendrer
de telles déformations et se révéler, en définitive, plus dangereuse que Qk (voir § 11.32).
136 Traité de béton armé

- valeur quasi permanente "'2i Qi ; cette valeur intervient dans les combinaisons acci-
dentelles et pour la vérification de l'état-limite ultime de stabilité de forme.
Les coefficients "'0' "'1. "'2
ne sont pas des coefficients « de sécurité ». Ils sont liés uni-
quement à la probabilité d'occurrence de la combinaison de plusieurs actions variables
simultanées qui ne peuvent atteindre toutes ensemble leur intensité maximale.
Les valeurs numériques de ces coefficients sont données tant pour les ponts-routes que
pour les bâtiments à l'annexe D des Règles BAEL (voir tableaux 3.2 à 3.5) ainsi que
dans l'Eurocode 0 sur les actions.

Q (t)

Ok _~~~E!~!_~!~p!~!Î_~19~_~____ ------------------------f-
Valeur de combinaison 1
"'0 Qk ---------------- ---------- ------------------------r
-----------------------1-11
1
1
1

L--_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _---l_ _=::;;,. Temps t


o tr
(50 ans)

Q (t)

.- Valeur fréquente
1
1
1
1
1

: UVtr
"'2Qk~--~----~~

1 ......

'-'-------1...-------..1---7 tlt r
o 0,01 0,5

Figure 3.5. Représentation schématique d'une action variable illustrant le choix


des valeurs représentatives (cas des charges sur les planchers des bâtiments)
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 137

F F

Éxécution

o Vie de la o
construction
Charge permanente Action d'un véhicule en marche

F F

o o 30 min 3h 3 h + 10 min
Action de plusieurs véhicules à l'arrêt Action de piéton sur l'escalier
d'une salle de spectacle
F F

o 1 jour o
Eau dans un réservoir Action de la température
F F
5s
~
Il 3h

o o
Action du vent Action de la neige
F F

o ,, ,, o
,, , -~
, ,, 1s

:. 30s
,.'
Action d'un séisme Action d'un choc

Figure 3.6. Exemples de variations de charge en fonction du temps


(d'après H. Mathieu)
138 Traité de béton armé

3.322 Charges d'exploitation et charges climatiques


:> Référence: BAEL, art. A-3.1,31
Les valeurs nominales des charges d'exploitation et des charges climatiques sont en
principe définies par les textes réglementaires ou normatifs en vigueur.

3.322-1 Charges d'exploitation

a) Bâtiments
Les charges d'exploitation des bâtiments sont définies par la norme NF P 06-001. Tou-
tefois, pour les bâtiments industriels, la norme NF P 06-001 ne donnant que le principe
d'évaluation des charges, les charges à prendre en compte sont normalement fixées par
le maître d'œuvre (voir § 1.41).
Les charges permanentes et les charges d'exploitation dues aux forces de pesanteur sont
définies par la norme NF P 06-004.

b) Ponts
Les charges d'exploitation des ponts routiers ou ferroviaires sont définies par les titres l,
n et III du fascicule 61 du CCTG.
Les valeurs représentatives s'obtiennent en multipliant les valeurs données dans ces
textes par les coefficients suivants:
- pour les vérifications aux états-limites ultimes: 1,07 pour les charges de chaussée,
de trottoir, et celles sur les passerelles pour piétons et 1,00 pour les charges exception-
nelles et les convois militaires;
- pour les vérifications aux états-limites de service: 1,2 pour les charges de chaussée
et 1,0 dans les autres cas.

3.322-2 Charges climatiques


3.322-21 Vent
Les actions du vent sont en principe définies par les textes réglementaires en vigueur:
- pour les ponts, par les titres l, II et III du fascicule 61 du CCTG (art. 14 du titre II
pour les ponts-routes) ;
- pour les autres ouvrages, en attendant la parution du titre IV du fascicule 61, il
convient de se référer aux Règles NV 65 révisées (NF P 06-002 et DTU) mais les va-
. leurs représentatives à prendre en compte pour l'action du vent à l'état-limite ultime
sont 1,2 fois les valeurs correspondant au vent normal des Règles NV (voir art. III 1.232
de ces Règles). En revanche, dans les vérifications aux états-limites de service, les
valeurs à prendre en compte sont celles correspondant au vent normal des Règles NV,
sans majoration; il est même possible de réduire ces dernières valeurs dans certains
cas ne mettant pas en cause la durabilité de la construction, ou en phase d'exécution.
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 139

3.322-22 Neige
Pour les ponts-routes, il n 'y a pas lieu d'appliquer des charges de neige;
Pour les bâtiments, la valeur caractéristique de la charge de neige est fixée par les Rè-
gles N 84 (CCTG, fascicule 61, titre IV, section II) de même que les situations de com-
patibilité des actions de la neige et du vent.

3.323 Charges appliquées en cours d'exécution


:> Référence: BAEL, art. A-3.1,32
L'annexe D aux Règles BAEL distingue:
- les charges connues en grandeur et en position qui, si elles sont peu variables (car
présentant un caractère permanent durant la phase d'exécution considérée), sont assimi-
lées dans les calculs à des charges permanentes;
-les charges de caractère aléatoire (pouvant varier ou se déplacer au cours d'une même
phase d'exécution) qui sont assimilées à des charges d'exploitation.

3.324 Température climatique


:> Référence: BAEL, art. A-3.1,33
Pour un ouvrage situé à l'air libre en zone de climat tempéré, les actions dues à la tem-
pérature sont déterminées en supposant que les variations de température peuvent être
comprises entre - 40 oC et + 30 oc. Ces variations concernent la température ambiante
initiale, dont la valeur est supposée comprise (en général) entre + 5 oC et + 15 oC envi-
ron. Il convient d'évaluer les variations réellement subies par l'ouvrage en tenant comp-
te de l'inertie thermique des pièces qui le constituent et de leur isolation éventuelle.
Les sollicitations correspondantes, qui ne sont pratiquement prises en compte que pour
les structures particulièrement sensibles aux effets thermiques, sont évaluées:
- en admettant, forfaitairement, un coefficient de dilatation thermique du béton armé
égal à 10 - 5 par degré centigrade;
- en introduisant pour le béton un module de déformation longitudinale dépendant de la
durée d'application de l'action climatique: on admet généralement que l'action de la
température climatique comprend une partie rapidement variable correspondant à une
variation de ± 10°C qui est prise en compte avec le module de déformation instantanée
Eij, le reste, considéré comme lentement variable, étant pris en compte avec le module Evj.
140 Traité de béton armé

"'-
....._ _- - ____J-
___ ~~_ ..........
_-~_ ......

Module Evj Module Eij Module EVj


(.M =-30 oC) =
(.<1e ± 10 OC) =
(.<1e + 20 OC)

Figure 3.7. Variations de température et modules de déformation


correspondants

Dans certains cas (cheminées par exemple) il est nécessaire de tenir compte des effets
d'un gradient thermique. Les valeurs représentatives de cette action sont introduites
conformément aux textes spécifiques en vigueur ou, à défaut, aux stipulations du marché.

3.325 Autres actions variables


:> Référence: BAEL, art. A-3.1,4
Lorsque des actions variables autres que celles visées ci-dessus sont susceptibles d'être
appliquées à la construction, elles doivent normalement être définies par le maître
d'œuvre (voir § 1.41) qui doit en préciser les modalités de prise en compte dans le
Cahier des Clauses Techniques Particulières (CCTP).

3.33 Actions accidentelles


:> Référence: BAEL, art. A-3.1,4
Les actions accidentelles comprennent par exemple:
- les chocs de véhicules contre les dispositifs de retenue ou les appuis des ponts,
- les chocs de bateaux contre les appuis des ponts,
- les séismes,
- les cyclones tropicaux,
-les effets de la destruction d'un remblai par une crue exceptionnelle,
- les glissements de terrain,
- les explosions, etc.
La valeur représentative d'une action accidentelle est toujours une valeur nominale (une
valeur « caractéristique» suppose en effet une interprétation statistique, pour laquelle,
~tant donné le caractère peu fréquent des actions accidentelles, il est impossible dans ce
cas de disposer des données nécessaires).
Normalement le CCTP doit préciser les actions accidentelles à considérer et indiquer les
valeurs à prendre en compte lorsque celles-ci ne sont pas fixées par des textes réglemen-
taires.
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 141

Pour les chocs accidentels de véhicules ou de bateaux sur les appuis des ouvrages d'art,
il Y a lieu de se reporter à l'annexe D des Règles BAEL qui définit les valeurs représen-
tatives des actions (chocs frontaux ou latéraux).
Pour les séismes, il convient de se référer aux Règles parasismiques (Règles PS ou
NF P 06-003, ou DTU).
Un incendie correspond à une situation accidentelle. La résistance au feu fait l'objet du
DTU «Règles FB », décembre 1993.

3.4 COMBINAISONS D'ACTIONS

3.41 Généralités

3.411 Combinaisons d'actions


Vouloir construire des ouvrages capables de résister à toutes les actions possibles, quel-
le que soit la probabilité de leur apparition, ne serait pas économique (par exemple, il
est couramment admis d'édifier des ponts ou des bâtiments qui ne sont pas capables de
résister à la chute d'un avion même si la probabilité d'une telle chute n'est pas nulle).
Pour la ·vérification d'un état-limite quelconque, la question se pose de savoir quelle
combinaison d'actions il y a lieu de prendre en compte, puisque peuvent agir simulta-
nément des actions permanentes, des actions variant d'une manière connue et des ac-
tions aléatoires. Il s'agit donc de trouver la combinaison la plus agressive qu'il convient
de retenir relativement à telle ou telle inégalité d'état-limite.
Comme la probabilité d'apparition simultanée de l'intensité maximale d'actions
d'origines diverses (charges d'exploitation, vent, variations thermiques, etc.) est faible,
les coefficients de pondération vis-à-vis des différentes actions doivent être différents
selon que l'on considère une seule action s'exerçant isolément ou une combinaison de
plusieurs actions s'exerçant simultanément (d'où la notion déjà évoquée ci-avant, au
§ 3.321-2, de« valeur représentative »).
Étant donné le grand choix de combinaisons d'actions complexes et variées auxquelles
peut être soumise une construction, on est nécessairement amené à faire un choix en
cherchant à couvrir avec une forte probabilité les circonstances les plus défavorables
susceptibles de se présenter au cours de la vie de la construction.
Il est donc admis de n'étudier qu'un nombre limité de combinaisons en ne considérant
que celles qui apparaissent comme les plus dangereuses, qui doivent être physiquement
possibles et avoir une probabilité d'occurrence non négligeable, en ne considérant pas
celles qui sont manifestement couvertes par une combinaison plus défavorable.
142 Traité de béton armé

3.412 Cas de charge


Les actions « libres », c'est-à-dire celles qui peuvent avoir une distribution arbitraire
quelconque dans la construction, à l'intérieur de limites données (comme les charges
d'exploitation en général) conduisent à l'étude de différents cas de charge.
Un cas de charge se définit par la fixation de la configuration formée par les actions. On
recherche, pour chaque combinaison, le cas de charge le plus défavorable vis-à-vis de
l'état-limite étudié et de sollicitation étudiée, soit pour l'ensemble de l'élément soit pour
la section considérée.
Les «cas de charge» ne doivent pas être confondus avec les «combinaisons
d'actions» (voir par exemple § 3.423-31).
Ainsi, il faut se garder de combiner vectoriellement les composantes maximales d'une
sollicitation si, prise individuellement, chaque composante maximale correspond à un
cas de charge différent, comme illustré par la figure 3.8.

N N N

2 B
-----------------------: Nmax l---"'----::I\"---------1
1 1
1 1
1 1
:
1
:
1

N :A 2 1
1
1
1
1
1
1
1
1
1

"""'------......-3>M L-----~----~1~7M
o o M o

Cas de charge A Cas de charge B Faux 1 pUisque les cas de


(N correspond à Mmax (M correspond à Nmax charge sont différents, Nmax
dans ce cas de charge) dans ce cas de charge) ne peut coexister avec M max

~-----------------------------------------------------------'
Même combinaison d'actions

Figure 3.8. Exemple de combinaison d'actions erronée

La distinction de plusieurs cas de charge pour les actions libres conduit, en cas
d'analyse linéaire, à l'usage de lignes ou de surfaces d'influence. Les valeurs caractéris-
tiques ou nominales des actions libres peuvent dépendre du cas de charge (par exemple,
charges routières, direction du vent. .. ).
.En résumé, avant d'entamer le calcul d'une structure quelconque (dont par ailleurs on a
défini toutes les dispositions et dimensions par des dessins appropriés), on doit:
1. établir, dans les différentes situations, les différentes combinaisons d'actions à considé-
rer dans le calcul, en attribuant à chacune des actions la valeur représentative qui convient;
2. pour chaque combinaison, rechercher le cas de charge le plus défavorable (ce qui
conduit généralement au tracé des « courbes-enveloppes» du moment de flexion et de
l'effort tranchant, voir figure 3.11).
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 143

3.42 Sollicitations de calcul


:> Référence: BAEL, art. A-3.3,Il
Les justifications doivent montrer, pour les divers éléments d'une structure et pour
l'ensemble de celle-ci, que les sollicitations de calcul définies ci-après ne provoquent
pas le phénomène que l'on veut éviter.
Grossièrement, une loi action variable-temps peut être schématisée comme indiqué sur la
figure 3.9.

-------- Action n° 2
'-----Action n° 1
GI------
Charge permanente
~------~----~---------------------7Temps
o Temps t1 Temps t2

Figure 3.9. Loi simpliste action variable-temps

Ce schéma simpliste montre que lorsque plusieurs actions variables s'exercent sur une
construction, à l'instant où l'une quelconque (action variable « de base» ou dominante)
des actions atteint sa valeur maximale, les autres (actions« d'accompagnement ») sont à
un niveau 'l'i Qi inférieur et que les actions permanentes sont toujours présentes, de sorte
qu'une combinaison comprend toujours:
-les actions permanentes (G)
- une action quelconque Q), considérée comme action variable dominante,
- toutes les autres actions susceptibles de s'exercer en même temps que QI (actions
d'accompagnement) à un niveau réduit 'l'iQi'
Chaque action variable doit successivement être considérée comme action dominante, et
venir en occuper le rang.
Le cas où deux actions variables atteindraient au même moment leur valeur maximale
(pointes à la même abscisse sur la figure 3.9) n'est pas à envisager, car la probabilité
. d'avoir, pour deux actions QI et Q2 et rigoureusement au même instant, la simultanéité
QI + Q2 est très inférieure à celle d'avoir QI + 'l'2Q2 ou Q2 + 'l'IQI.
De ces remarques découle ce qui suit
144 Traité de béton armé

3.421 Combinaisons d'actions à prendre en compte


dans les états-limites ultimes de résistance
Pour les états-limites ultimes, on distingue:
- des combinaisons fondamentales,
- des combinaisons accidentelles.

3.421-1 Règles BAEL (A-3.3,2)

a) Combinaisons fondamentales (à considérer lors des situations durables


ou transitoires)
Les combinaisons fondamentales comprennent:
- soit les actions permanentes seules;
- soit les actions permanentes, une action variable dominante avec sa valeur caractéristi-
que (ou nominale) et, s'il ya lieu, une ou plusieurs actions dites «d'accompagnement»
avec leurs valeurs de combinaison.
Les actions dominantes prennent soit la valeur zéro, soit leur valeur représentative,
c'est-à-dire qu'on ne recherche pas si des valeurs intermédiaires pourraient être éven-
tuellement plus défavorables.
Gmax ensemble des actions permanentes défavorables (par rapport à l'action domi-
nante)
Gmin .ensemble des actions permanentes favorables (par rapport à l'action dominante)
QI action variable dominante
Qi actions variables« d'accompagnement» (i> 1).
Une combinaison fondamentale prend la forme symbolique et vectorielle suivante:

(1,35 G max et/ou Gmin ) + YQIQI + ~),3If/oiQi


;>1

(où le signe « + » ne désigne pas ici une addition numérique, mais a le sens de « à com-
biner avec ».)
avec:
1QI = 1,5 en général
1QI = 1,35 pour la température, les charges d'exploitation étroitement bornées de carac-
tère particulier (convois militaires, convois exceptionnels par exemple) et les bâtiments
agricoles à faible densité d'occupation humaine.
L'application pratique à la détermination des sollicitations de calcul pour les ponts-
routes ou dans les structures de bâtiments est donnée au § 3.423.
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 145

La combinaison symbolique ci-avant appelle les commentaires suivants:

1. Prise en compte des charges permanentes


Dans cette combinaison symbolique, « et» correspond au cas où G rnax et Groin sont des
actions d'origines et de natures différentes donc indépendantes les unes des autres, les
effets des actions Groin étant en sens inverse de ceux de l'action variable dominante QI
(il s'agit du sens des composantes principales vis-à-vis de l'effet considéré, certaines
autres composantes de Gmin et QI pouvant être dirigées dans le même sens).
C'est donc seulement lorsqu'il existe des actions permanentes, les unes favorables, les
autres défavorables, qu'on introduit à la fois G roax et Groin dans la même formule. Si les
actions permanentes sont toutes défavorables, ou toutes favorables, on n'introduit dans
la formule que G rnax ou Groin (par exemple, cas d'une tour ou d'une cheminée ou l'on
étudie successivement les combinaisons de G roax , puis de Groin, avec les actions du vent).
Dans une poutre à travées continues, on peut se demander s'il y aurait lieu de calculer la
sollicitation de flexion due à la charge permanente en considérant alternativement G rnax
et Groin sur les différentes travées, selon que la charge permanente agit dans le sens favo-
rable ou défavorable, et donc aussi s'il y aurait lieu d'utiliser les coefficients 1,35 ou 1
selon les travées dans les mêmes conditions.
Considérant que l'alternance de telles valeurs dans la construction réelle peut être esti-
mée comme ayant une probabilité négligeable, les Règles BAEL 91 ont tranché et ont
admis que lorsqu'une même action permanente a des effets partiellement défavorables et
partiellement favorables, on lui attribue globalement ou la valeur G roax , ou la valeur Groin.
En conséquence, une même action permanente n'a pas à être partagée en deux parties.
Il en résulte qu'en particulier, le poids propre d'une poutre continue doit être introduit
d'une part avec la même valeur (Groax ou Groin), d'autre part avec le même coefficient
(1,35 ou 1) sur toute sa longueur donc avec 1,35 G max ou avec Groin.
Comme ce poids propre est représenté en général par une valeur unique G (valeur
moyenne probable), ceci signifie qu'il faut «dédoubler» la combinaison symbolique ci-
avant et considérer successivement le cas où la valeur 1,35 G est appliquée simultané-
ment sur toutes les travées puis celui où la valeur G est appliquée simultanément sur
toutes les travées (voir tableaux 3.6 et 3.7).
En revanche, s'il s'agit d'un remblai dont le poids G a normalement un effet favorable
et la poussée P un effet défavorable, le problème est plus complexe, car l'incertitude sur
G est due à celle sur la masse volumique y du remblai, tandis que l'incertitude sur Pest
due à la fois à celle sur y et à celle sur le coefficient de poussée ka qui dépend lui-même
de l'angle de frottement interne du terrain, c'est-à-dire que les incertitudes sur P et G
ont partiellement la même origine physique.
En principe, il conviendrait de considérer:
- d'une part une valeur minimale et une valeur maximale du poids du remblai,
- d'autre part, quatre valeurs possibles de la poussée correspondant aux combinaisons
deux à deux des quatre paramètres kamin , kamax , Yroin et Ymax.
146 Traité de béton armé

Mais, en pratique, pour simplifier, on se borne à associer le poids minimal (Ymin) à la pous-
sée maximale (kama,x, Ymax) même si, nécessairement, le poids volumique y prend la même
valeur (max ou min) dans le calcul du poids du remblai et dans celui de la poussée.

2. Prise en compte des actions variables


Les actions variables doivent être considérées les unes après les autres comme action
« dominante» pour former les différentes combinaisons, les autres actions variables
étant ajoutées s'il y a lieu comme actions d'accompagnement. Elles sont toujours intro-
duites de la manière la plus défavorable, soit avec la valeur de combinaison indiquée,
soit avec leur valeur minimale, qui est toujours nulle (absence d'action).

b) Combinaisons accidentelles (à considérer lors des situations accidentelles)


Les combinaisons accidentelles comprennent les actions permanentes, une action acci-
dentelle et s'il ya lieu une ou plusieurs actions d'accompagnement avec leurs valeurs
fréquentes ou quasi permanentes.
Symboliquement et vectoriellement, une combinaison accidentelle, si elle n'est pas
définie par des textes spécifiques, est de la forme:

(GmaxetlouGmin)+FA +'JfllQ\ + L'Jf2iQi


i>\

où:
FA valeur représentative de l'action accidentelle
'1' II QI valeur fréquente de l'action variable dominante
'l'2iQi valeur quasi permanente d'une autre action variable d'accompagnement.
Pour les modalités d'application, il convient de se reporter:
- pour les ponts-routes, à l'annexe D qui donne les valeurs des coefficients '1' applica-
bles aux différentes actions en fonction notamment de la classe de l'ouvrage;
- dans les structures de bâtiment, aux textes spécifiques (Règles PS pour les séismes,
DTU Cuvelages pour l'action des crues, etc.).

Remarque:
En cas d'actions accidentelles, la sollicitation résistante est évaluée en appliquant à
la limite d'élasticité de l'acier et à la résistance caractéristique spécifiée du béton
des coefficients Ys et Yb réduits respectivement à 1 (au lieu de 1,15) et 1,15 (au lieu
de 1,5) (voir BAEL A-4.3,2 et A-4.3,41).
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 147

3.421-2 Prescriptions de l'EC2

a) Combinaisons fondamentales
Pour les combinaisons fondamentales de base, se reporter au cours de Jean-Armand
Calgaro ou à l'ouvrage Les Eurocodes, conception des bâtiments et des ouvrages de
génie civil, Éditions du Moniteur.
Pour les bâtiments, l'annexe Al de l'Eurocode 0 donne, dans son tableau A.l.2. les
combinaisons ci-après (on rappelle ici le caractère symbolique donné au signe « + », qui
signifie « à combiner avec») :
- États-limites EQU (équilibre statique; situations durables et transitoires) :

1,10 Gk,sup + 0,90 Gk,inf + 1,50 Qkl + 1,50 L '1'


i>1
oiQki

- États-limites STR (résistance; situations durables et transitoires) :

1,35 Gk,sup + 1,15 Gk,inf+ 1,50 Qkl + 1,50 L '1'


i>1
oiQki

1,35 Gk,sup + 1,00 Gk,inf+ 1,50 '1'01 Qkl + 1,50 L '1'


i>1
oÛki associée à

1,15 Gk,sup + 1,00 Gk,inf+ 1,50 Qkl + 1,50 L '1' oÛki


i>1

Pour les coefficients "'0, "'1 "'2,


et l'annexe Al de l'Eurocode 0 (EN 1990-1-1) recom-
mande les valeurs données dans le tableau 3.1 ci-après, qui, en principe, sont également
celles retenues par l'Annexe Nationale.
Tableau 3.1. Valeurs des coefficients '1'0, '1'1 et '1'2
Action '1'0 '1'1 '1'2
Charges d'exploitation selon catégorie (1 )
AetB 0,7 0,5 0,3
CetD 0,7 0,7 0,6
E 1 0,9 0,8
F 0,7 0,7 0,6
G 0,7 0,5 0,3
H 0 0 0
Neige (2)
H> 1 OOOm 0,7 0,5 0,2
H$lOOOm 0,5 0,2 0

1 Combinaisons non autorisées par l'Annexe Nationale de l'ECO.


148 Traité de béton armé

Action
"'0 "'1 "'2
Vent (2) 0,6 0,2 0
Température 0,6 0,5 0
(1) Les catégories sont définies par la norme EN 1991-1-1 (A = habitation, B = bureaux,
C = lieux de réunions, D = commerces, etc.).
(2) Valeurs à adopter selon la région géographique où la structure est édifiée (H: altitude).

Dans « 1'analyse» des bâtiments courants, on peut généralement se borner à considérer


des combinaisons d'actions et des cas de charges simplifiés:
1. chargement alterné des travées par YG Gk + YQ Qk, d'une part et par YG Gk d'autre part ;
2. deux travées solidaires quelconques chargées par YG Gk + YQ Qh les autres chargées
uniquement par YG Gk•

b) Combinaisons accidentelles (séismes exclus)


Elles sont définies par :

LYGaj Gig + Ad + ("'II ou "'21) Qkl + L \If 2iQki


i>1

avec:
Ad valeur spécifiée de l'action accidentelle
YGaj = 1, sauf spécification contraire.
Dans le cas d'une combinaison accidentelle autre qu'un séisme, les coefficients appli-
qués aux matériaux sont pris respectivement égaux à Yc = 1,3 pour le béton (au lieu de
1,15 dans les Règles françaises) et Ys = 1 pour l'acier.

3.422 Combinaisons à prendre en compte pour la vérification aux états-


limites de service

3.422-1 Règles BAEL (art. A-3.3,3)


Les combinaisons à prendre en compte résultent des combinaisons d'actions dites
« combinaisons rares» dont on retient les plus défavorables.
Dans une combinaison rare, interviennent les actions permanentes, une action variable
dominante avec sa valeur caractéristique (nominale) et s'il y a lieu une ou plusieurs
actions d'accompagnement avec leurs valeurs de combinaison, c'est-à-dire symboli-
quement et vectoriellement :

(Gmax et/ou Gmin)+QI + L\lfoiQi


i>1
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 149

L'application de cette formule symbolique à la détermination des sollicitations de calcul


pour les ponts-routes ou dans les structures de bâtiments est donnée au § 3.423.

3.422-2 EC2
Comme pour les états-limites ultimes de résistance, il convient de se reporter à
l'Eurocode 0 dont les règles conduisent aux combinaisons symboliques ci-après:
- combinaison caractéristique:
LGkj + Qkl + L'lfOiQ/d
j<:l i>l

- combinaison fréquente :
L Gkj + 'If llQkl + L'If 2iQki
j<:l i>l

- combinaison quasi permanente:

Qkl représente l'action variable dominante dans la combinaison étudiée.


En ce qui concerne les matériaux, pour les vérifications relatives aux états-limites de
service, on prend en général 'Yc = 'Ys = 1 comme dans les Règles BAEL.

3.423 . Modalités pratiques d'application des Règles BAEL


On désigne encore par :
G l'ensemble des actions permanentes (définies au § 3.31)
Qprc les charges d'exécution connues (en grandeur et position)
Qpra les charges d'exécution de caractère aléatoire
QI" les charges d'exploitation des ponts-routes sans caractère particulier (systèmes
A et B et charges sur trottoirs)
Q,p les charges d'exploitation des ponts-routes de caractère particulier (convois
militairef: ou exceptionnels)
QB les charges d'exploitation des bâtiments
·W l'action du vent évaluée comme indiqué au § 3.322-21
Sn la charge de neige évaluée comme indiqué au § 3.322-22
T les variations uniformes de la température suivant le § 3.324
.6.9 le gradient thermique éventuel.
150 Traité de béton armé

3.423-1 Combinaisons d'actions à considérer


dans le cas des ponts-routes

1°) Pour la vérification des états-limites ultimes de résistance


Tableau 3.2. Ponts-routes - états-limites ultimes de résistance
Actions Actions variables
permanentes ou as-
Situation d'accompagnement
similées
1,35 Gmax + Gmin 1,3 !P02 ~

Situation
1,35 G ou G 1,5 Qpra oou 1,3 W
d'exécution
+
1,35 Qprc ou Qprc
1,5 W o ou 1,3 Qpra
1,5 Qr
Situation
1,35 G ou G 1,35 Qrp
d'exploitation
1,5 W

La température ne figure pas dans ce tableau, car elle n'est généralement pas à prendre
en compte dans les états-limites ultimes.

2°) POlir la vérifICation des états-limites de service


Tableau 3.3. Ponts-routes - états-limites de service

Actions permanentes ou Actions variables


Situation assimilées dominante d'accompagnement
Gmax + Gmln Q1 !P02 ~

Qpra Oou W
Situation
d'exécution
G + Qprc W oou Qpra
Tou~e oou Qpra
Qr
oou 0,5 ~e
ou 0,6 T
Situation Qrp 0
G
d'exploitation
~eou T 0
W 0
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 151

3.423-2 Combinaisons d'actions à considérer dans le cas des structures de bâtiments


(cas généraO

1°) Pour la vérification des états-limites ultimes de résistance


(ou de stabilité defonne)
Tableau 3.4. Bâtiments - états-limites ultimes de résistance
Actions variables
Actions permanentes
1,35 Groax + Groin dominante d'accompagnement
yQ1 Q1 1,3 ql02 Q2

oou Wou Sn
1,5 QB
ou W+Sn

oou 1,3 '1'0 QB ou Sn


1,35 G ou G 1,5 W
ou 1,3 '1'0 QB + Sn

oOU 1,3 '1'0 QB ou W


1,5 Sn 1
ou 1,3 '1'0 QB + W

Avec '1'0 défini par la norme NF P 06-001 ; en principe '1'0 = 0,77 pour tous les locaux,
saufIes locaux d'archives et les parcs de stationnement pour lesquels '1'0 = 0,9.

Remarques:
• en situation d'exécution, on peut se reporter aux dispositions indiquées pour les
ponts-routes;
• les combinaisons faisant intervenir la neige et le vent dépendent des conditions de
compatibilité indiquées dans les Règles N 84.
• les effets de la température ne sont généralement pas pris en compte, mais:
- s'ils doivent intervenir en tant qu'action dominante, ils sont introduits avec le
coefficient 1,35 ;
- s'ils interviennent en tant que seconde action d'accompagnement, ils sont intro-
duits avec les coefficients 0 ou 0,8 ;
• pour les halles équipées de ponts-roulants, les actions variables dominante et
d'accompagnement sont déterminées en tenant compte des conditions d'utilisation
simultanée de ces ponts.

Dans ce cas, \jIo = 0,77 est à remplacer par \jIo = 0,77 x 1,1:::: 0,85 si l'altitude est supérieure à 500 m.
152 Traité de béton armé

2°) POlir les vérifications des états-limites de service


Tableau 3.5. Bâtiments· état-limite ultime de service

Actions variables
Actions pennanentes
Gmax + Gmin dominante d'accompagnement
Q1 lI'02 ~

QB oou 0,77 Wou 0,77 Sn


W oou '1'0 QB
G
Sn 1 oOU '1'0 QB
Pour '1'0, voir note sous le tableau 3.4.

Remarques:
- En général, les actions dominantes interviennent seules pour les états-limites de
déformation;
- Il est rappelé que l'action Wn'est pas évaluée sur les mêmes bases dans les vérifi-
cations aux états-limites ultimes et dans celles aux états-limites de service (voir
§ 3.322-21).

3.423-3 Combinaisons d'actions à considérer dans le cas des ossatures et éléments


courants des structures en béton armé
Dans la partie B des Règles BAEL, des indications sont données sur les différentes
combinaisons d'actions à prendre en compte dans les cas les plus usuels (y compris
ceux de l'équilibre statique), afin de simplifier la tâche des projeteurs.
Les Règles BAEL distinguent (art. B-2.1 et B-2.2) :
• les constructions courantes définies comme celles dans lesquelles les charges varia-
bles représentent à la fois :
- moins de deux fois les charges permanentes et
- moins de 5 kN/m 2 ,
et où les charges localisées, s'il en existe, appliquées à un élément quelconque de plan-
. cher sont au plus égales à :
-2kN
-le quart de la charge d'exploitation totale susceptible d'être appliquée à cet élément;
• les constructions industrielles définies comme celles dans lesquelles l'une quel-
conque des conditions ci-avant n'est pas remplie;

Dans ce cas, '1'0 = 0,77 est à remplacer par '1'0 = 0,77 x 1,1 ::::: 0,85 si l'altitude est supérieure à 500 m.
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 153

• les constructions spéciales qui relèvent partiellement de l'un et/ou de l'autre des deux
types ci-avant.
Les Règles BAEL (art. B-3.1) désignent par :
G l'action des charges permanentes évaluée à partir des volumes définis par les
dessins d'exécution (G inclut généralement le poids des cloisons et revête-
ments),
QB l'action des charges d'exploitation qui est à prendre ou non dans les différentes
travées par travées entières,
W l'action du vent (voir § 3.322-21),
Sn l'action de la neige.
Dans ce qui suit, on n'indique que les combinaisons vis-à-vis des états-limites ultimes.
Les combinaisons à considérer vis-à-vis des états-limites de service peuvent aisément
s'en déduire au moyen du tableau 3.5 (en se servant pour l'analogie, du tableau 3.4).
3.423-31 Cas des planchers et des poutres (BAEL, art. B-6.1,2)

a) Combinaisons faisant intervenir G et QB seuls


Tableau 3.6. Combinaisons d'actions à l'ELU- planchers et poutres
Travées chargées Travées déchargées
Combinaison (1) 1,35 G + 1,5 QB 1,35 G
Combinaison (2) G+ 1,5 QB G

La combinaison (2) n'est généralement pas déterminante pour les poutres continues si
une partie des aciers inférieurs est prolongée jusqu'aux appuis (décalage de la courbe-
enveloppe par adaptation).
Exemple: poutre-console. Dans ce cas, il y a deux combinaisons d'actions, à savoir:
1,35 G + 1,5 QB

G+ 1,5 QB

mais il y a cinq cas de charge à considérer, qui sont représentés sur la figure 3.10.
Ces cinq cas de charge servent à tracer les lignes-enveloppes du moment de flexion
d'une part et de l'effort tranchant d'autre part (figure 3.11).
Ils donnent respectivement:
- cas 1 ou 3: moment sur appui maximal en valeur absolue et effort tranchant maxi-
mal à gauche de l'appui (côté console) ;
- cas 3 : effort tranchant maximal à droite de l'appui (côté travée) ;
- cas 4 : moment minimal en valeur absolue en travée et longueur des chapeaux
côté travée (éventuellement associé au cas 1) ;
154 Traité de béton armé

- cas 5 : (ou cas 2 selon la valeur du rapport G / Q) : moment maximal positif en


travée;
- cas 2: (ou cas 5 selon la valeur du rapport G / Q) : effort tranchant maximal (en
valeur absolue) sur l'appui de droite.

• 1,35 G + 1,5 OB

t
1,35G

t
• 1,35G

t
1,35 G + 1,5 OB

t
•., 1,35 G + 1,5 OB

t
1,35 G + 1,5 OB

t
G+1,50 B G

t t
Ct G G + 1,5 OB

t t
Figure 3.10. Cas de charge pour une poutre-console

Moments Efforts tranchants

Figure 3.11. Poutre-console - moments et efforts tranchants


Chapitre 3 • Actions et sollicitations 155

b) Combinaisons faisant intervenir G, {ln et W


Aux combinaisons (1) et (2) ci-avant, il faut ajouter les combinaisons du tableau 3.7.
Tableau 3.7. Combinaisons d'actions à l'ELU - planchers et poutres· suite
Travées chargées Travées déchargées
Combinaison (3) 1,35 G+ 1,5 QB+ W 1,35 G+ W

Combinaison (4) G+ 1,5 QB+ W G+W

Combinaison (5) 1,35 G + 1,5 W + 1,3 '1'0 QB 1,35 G + 1,5 W

Combinaison (6) G + 1,5 W + 1,3 '1'0 QB G+ 1,5 W

Pour les valeurs de '1'0, voir note sous le tableau 3.4 et note 1 au bas de la même page.

c) Combinaisons faisant intervenir G, QB et Sn sans W


Dans (3), (4), (5) et (6) remplacer W par Sn et appliquer éventuellement la remarque
relative à l'action de la neige (voir tableau 3.4).
Les cas de charge à considérer sont ceux définis dans les Règles N 84.
Sur les planchers-terrasses des bâtiments d'habitation ou analogues, il est d'usage cou-
rant de prendre en compte, soit la charge d'exploitation QB seule (sans Sn), soit la charge
de neige 'Sn seule (sans QB) c'est-à-dire que l'on n'envisage pas pour le calcul une appli-
cation simultanée de QB et de S,I, même avec une réduction éventuelle.

Remarque:
II convient d'envisager également des cas où le vent est accompagné de la neige,
dans les conditions précisées par les Règles N 84.

3.423-32 Cas des poteaux soumis à une « compression centrée»


:> Référence: BAEL, art. B-8.2,1

a) Combinaisons faisant intervenir G et QB sellls


Dans les cas les plus courants, une seule combinaison est à considérer:
1,35 G + 1,5 QB
QB tenant éventuellement compte de la dégression des charges d'exploitation définie par
la norme NF P 06-001.
156 Traité de béton armé

b) Combinaisonsfaisant intervenir G, QB, Wet éventuellement Sn


Dans les cas les plus courants, quatre combinaisons sont à considérer:
1,35 G + 1,5 QB
1,35 G+ 1,5 QB+ W
1,35 G + 1,5 W + 1 ,3 "'0 QB (pour \!fo voir la note sous le tableau 3.4)
G+ 1,5 W
S'il est tenu compte de la loi de dégression des charges d'exploitation, le coefficient
1,3 "'0s'applique aux charges après prise en compte de la dégression.
3.423-33 Autres poteaux
:> Référence: BAEL, art. B-8,22
Ils' agit en particulier des poteaux d'ossatures calculées en portiques sous l'action des
charges de pesanteur et du vent.
Les combinaisons sont les mêmes que pour les poutres, mais en tenant compte pour QB
de la loi de dégression des charges d'exploitation.

3.424 Vérification de l'état-limite de stabilité de forme


Se reporter au chapitre Il.

3.425 Vérification de l'équilibre statique


II s'agit d'un sujet très complexe, car les équilibres statiques sont largement indépen-
dants du matériau constitutif et les formules correspondantes doivent donc être commu-
nes à tous les modes de construction.
La manière de traiter ce problème ne peut être que semi-probabiliste, et son point de
départ doit être commun avec la manière de traiter les problèmes de résistance. On se
réfère ici aux indications données par l'Ingénieur Général H. Mathieu dans le Manuel
du CEB « Sécurité des structures ».
Un état-limite d'équilibre statique résultant d'une différence d'effets des actions et no-
tamment des actions permanentes, la sécurité vis-à-vis d'un tel état dépend avant tout de
la finesse de l'analyse (prise en compte ou non des actions, efforts ou paramètres parasi-
tes) et de la variabilité des actions permanentes .
. Les dépassements d'équilibre statique peuvent être de diverses natures et de gravité très
inégales. Par exemple, si dans un pont à plusieurs travées continues, l'extrémité du
tablier peut se soulever dans certains cas de charge :
- un soulèvement de 1 à 2 cm ne présente qu'un danger minime et cet état est assimila-
ble à un état-limite de service;
- un soulèvement croissant peut, au-delà de 5 cm par exemple, présenter un danger de
plus en plus grave pour les usagers de la route. À partir d'une certaine valeur, il n'est
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 157

pas plus acceptable qu'un état-limite ultime. L'appréciation de cette valeur est d'autant
plus délicate que le soulèvement peut se faire à un angle de l'about et non sur toute la
largeur de celui-ci.
Les états-limites d'équilibre statique étant donc très divers par leur nature et par leurs consé-
quences, il est très difficile de fixer des coefficients y couvrant la totalité des cas possibles.
À l'article A-3.3,4, les Règles BAEL renvoient aux Directives Communes qui distinguent:
a) l'ensemble G 1 des actions permanentes y compris les parties du poids propre qui ont
un effet stabilisateur ;
b) l'ensemble G2 des actions permanentes et quasi permanentes, ainsi qu'éventuellement
les charges non permanentes appliquées en cours d'exécution, qui ont l'effet inverse;
c) la valeur caractéristique QIk, de l'action dominante qui a un effet déstabilisant;
d) l'ensemble ~:>jfOiQik des valeurs de combinaison des actions d'accompagnement
i>1

éventuelles.
Pour les raisons exposées ci-dessus, le choix des coefficients à appliquer à chacun de
ces termes est une affaire d'appréciation.
Pour fixer les idées, les Directives Communes indiquent qu'assez généralement la com-
binaison fondamentale prendra la forme:

0,9 G1 + 1,1 G2 + 1,5 Qlk + 1,3 L \jf OiQik


i>1

À l'artiéle B-3.3 les Règles BAEL distinguent:


- les cas d'« équilibre statique pur », par exemple celui de la poutre-console de la figu-
re 3.10 supposée posée sur des appuis en néoprène (à réaction unilatérale) où l'équilibre
statique doit être vérifié pour le quatrième cas de charge de la figure mais en plaçant
0,9 G au lieu de G sur la travée adjacente au porte-à-faux;
- les « autres cas », pour lesquels le problème peut être relativement complexe et fait
alors l'objet soit de prescriptions, soit de documents, spécifiques, soit du Cahier des
Clauses Techniques Particulières (CCTP). Pour certains ouvrages de génie civil (chemi-
nées, réservoirs, cuvelages), il existe des textes particuliers auxquels il convient de se
reporter.

-3.5 CALCUL DES SOLLICITATIONS


Pour ce calcul, on effectue une analyse dont l'objet est d'établir la distribution, sous des
actions données, soit des sollicitations (M, N, V, 1), soit des contraintes, des déforma-
tions et des déplacements pour l'ensemble, ou une partie seulement, d'une structure. Si
nécessaire, une analyse locale additionnelle doit être faite.
158 Traité de béton armé

L'analyse est basée sur une modélisation de la structure, en recherchant dans chaque
combinaison d'actions le (ou les) cas de charge le(s) plus défavorable(s) pour l'élément
ou la section étudiés, à l'état-limite considéré.
Dans la plupart des cas, l'analyse fournit la distribution des sollicitations; cependant,
pour certains éléments complexes, la méthode utilisée (par exemple, méthode des élé-
ments finis) ne fournit que les contraintes, les déformations et les déplacements. TI faut
avoir recours à des méthodes spéciales pour déduire de ces résultats les sections
d'armatures appropriées.
Des analyses locales complémentaires peuvent être nécessaires dans les zones où
l 'hypothèse d'une distribution linéaire des contraintes ne peut plus être conservée comme,
par exemple: les appuis, les zones d'application de forces localisées, les croisements de
poutres, les jonctions poutres-poteaux, les zones d'ancrage, les changements de section.

3.51 Prescriptions des Règles BAEL


:> Référence: BAEL, art. A 3,2
Les sollicitations doivent théoriquement être calculées en tenant compte du comporte-
ment réel de la structure dans l'état-limite correspondant, tel qu'il ressort des essais
d'éléments ou de structures soumis aux mêmes types d'actions, ce qui conduit à cinq
modes d'analyse différents :
-l'analyse linéaire, basée sur l'hypothèse que les sollicitations sont des fonctions linéai-
res des'actions,
-l'analyse linéaire avec« redistribution» arbitraire (voir § 3.512),
-l'analyse non-linéaire (qui n'est en fait qu'une analyse des structures ayant un com-
portement local non-linéaire),
-l'analyse plastique (pour les dalles, plus rarement pour les poutres), qui constitue une
simplification schématique des analyses non linéaires, obtenue en supposant que le béton
armé se comporte comme un matériau rigide-plastique parfait (voir § 2.12, figure 2.3).
-Panalyse basée sur un modèle formé de bielles et de tirants.
En pratique, on se contente le plus souvent d'une analyse linéaire en utilisant pour la
structure un modèle élastique et linéaire et en appliquant les procédés de la Résistance
des Matériaux classique, dans la mesure où la forme des pièces le permet. Cette analyse
est faite en principe en attribuant directement à chaque action sa « valeur de calcul »,
c'est-à-dire la valeur obtenue en multipliant sa valeur représentative par le coefficient de
sécurité partiel approprié.
Lorsque la forme des pièces ne permet pas une application directe de la Résistance des
Matériaux classique, on peut:
- soit adopter des schémas se rapprochant de structures connues ;
- soit avoir recours à des modèles de calcul plus élaborés (méthode des éléments finis,
application du principe des équivalences, etc.) ;
- soit procéder à une expérimentation sur modèle réduit ou en vraie grandeur.
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 159

3.511 Simplifications admises dans l'application


des méthodes de la Résistance des Matériaux
Dans l'application des méthodes de la Résistance des Matériaux, les simplifications
suivantes sont admises:
- Lorsque les inconnues hyperstatiques ne dépendent pas de la valeur du module de dé-
formation longitudinale, il est loisible d'introduire, dans les équations servant à leur dé-
termination, les constantes mécaniques (aires et moments d'inertie) calculées sur les sec-
tions du béton seul des pièces supposées non fissurées et en négligeant leurs armatures.
Cette approximation n'est toutefois valable que dans la mesure où les rapports des dé-
formabilités des différentes pièces ne sont pas, de ce fait, fondamentalement changés (ce
qui serait, par exemple, le cas d'un arc sous-tendu par un tirant de section relativement
réduite, dont la déformabilité peut être voisine de celle des aciers nus).
- Dans le cas très fréquent d'une poutre en T formée d'une nervure associée à un hour-
dis, on attribue une largeur constante au hourdis associé à la nervure, cette largeur étant
égale à celle susceptible d'être prise en compte en travée dans les calculs de résistance
(voir § 7.6).
- Les sollicitations du second ordre sont, le plus souvent, négligées sauf dans les véri-
fications d'état-limite ultime de stabilité de forme (voir chap. Il).
- Pour les éléments dont les conditions d'encastrement aux appuis ne peuvent être défi-
nies avec précision, on peut évaluer les moments d'encastrement à des fractions, choi-
sies forfaitairement, des moments positifs maximaux qui seraient supportés par la pièce
reposant sur appuis simples. C'est notamment le cas des dalles et des poutres courantes
de structUres de bâtiments.

3.512 Redistributions d'efforts


Dans certains cas, il convient de tenir compte des redistributions d'efforts dues à la non-
concordance du comportement des matériaux avec le modèle théorique adopté. Cette
non-concordance a le plus souvent pour origine les phénomènes de fissuration et de
plasticité du béton.
Pour la prise en compte de ces redistributions, il convient de s'appuyer, dans la mesure
du possible, sur des bases expérimentales probantes.
Vis-à-vis de l'état-limite ultime, ces phénomènes se traduisent généralement par une
atténuation des efforts en certaines sections, mais les Règles BAEL insistent sur les
deux points suivants:
- il est déconseillé de prendre en compte des redistributions théoriques non vérifiées par
l'expérience;
- les déformations résultant de ces redistributions doivent être compatibles avec l' état-
limite considéré.
160 Traité de béton armé

3.52 Prescriptions de l'EC2

3.521 Analyse structurale


L'analyse peut être basée sur un modèle de comportement :
-linéaire élastique (sollicitations proportionnelles aux actions),
- linéaire avec redistribution limitée,
- plastique, incluant les modèles à bielles et tirants
- non-linéaire,
Les effets d'imperfections géométriques éventuelles et d'écarts dans la position des
charges doivent être pris en compte à l'état-limite ultime (voir chapitre Il);

3.522 Modélisation de la structure


:> Référence: EC2, art. 5.3
Les éléments constitutifs d'une structure sont normalement classés d'après leur nature et
leur fonction en poutres, poteaux, dalles, murs, etc.
Un élément est considéré comme une poutre lorsque le rapport de sa portée 1 à la hau-
teur totale h de sa section droite est au moins égal à 2 : II h 2: 2. Une poutre dans laquel-
le cette condition n'est pas vérifiée est considérée comme une poutre-cloison.
Un élément est considéré comme une dalle si sa portée minimale est au moins égale à
cinq fois son épaisseur. Une dalle soumise en majeure partie à des charges uniformes est
considérée comme portant dans un seul sens si le rapport Ixlly (notations françaises) est
au plus égal à 0,5.
Est considéré comme un poteau un élément tel que 1;::: 3 b avec b:::; 4 a (l, hauteur; a et
b, respectivement, petite et grande dimensions de la section transversale).
Un voile est un élément plan ou courbe, vertical ou incliné, dont la longueur horizontale
est au moins égale à quatre fois son épaisseur. S'il n'en est pas ainsi, on a affaire à un
poteau.
Pour les calculs, tous ces éléments sont réduits à leur ligne moyenne ou à leur plan ou
feuillet moyen. Il faut faire en sorte que le modèle ainsi constitué ait un comportement
se rapprochant aussi fidèlement que possible de celui de la structure réelle. Par exemple,
si deux travées de poutre ont des inerties différentes de part et d'autre d'un appui com-
mun, les lignes moyennes sont décalées, le nœud est complexe, et il ne s'agit pas seu-
lement de mener les calculs en prenant une inertie Il à gauche et une inertie h à droite
avec une ligne moyenne rectiligne commune. De façon générale, les conditions de liai-
son des éléments entre eux, introduites dans un calcul, ne doivent pas être choisies arbi-
trairement, mais en fonction des raideurs respectives de ces éléments.
Pour finir, il faut aussi tenir compte du mode d'application des forces. La Résistance des
Matériaux n'en tient aucun compte. Mais, en béton armé, du fait que les éléments ont
une certaine épaisseur, ce mode a une importance sur la disposition des armatures. Ainsi
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 161

par exemple, les charges appliquées dans une zone de poutre tendue par la flexion, qui,
du point de vue de la RdM, engendrent le même effort tranchant quel que soit leur point
d'application sur leur ligne d'action, doivent être «remontées» du côté comprimé, ce
qui nécessite de prévoir dans ce but des armatures spéciales qui viennent en supplément
des armatures d'effort tranchant (voir § 12.74).

3.522-1 Largeur participante des tables des poutres en T


(pour tous les états-limites)
Lorsqu'une grande précision n'est pas exigée (par exemple, poutres continues des bâti-
ments) l'analyse peut être faite en admettant une largeur constante, celle en travée, sur
toute la portée.
Pour une poutre en T ou en L (figure 3.12) :
beff =Lbeff ,i + bw :::; b

beff,i = 0,2 bi + 0,1/0 :::; 10
et beff,i:::; bi
Dans ces formules, 10 représente la portée entre points de moment nul, évaluée forfaitai-
rement selon la figure 3.13.

Figure 3.12. largeur efficace de la table d'une poutre en T

to=
0.15 (l1 + l2) to= 0.7l 2

Figure 3.13. Distances conventionnelles entre points de moment nul


162 Traité de béton armé

3.522-2 Portées
La portée 1 considérée dans les calculs est la portée «effective », pnse égale à:
leff = ln + al + a 2 avec 1" portée libre entre nus d'appuis.

Les valeurs de al ou ab aux extrémités de chaque travée, sont à déduire dans chaque cas
de la figure 3.14.

ai = min {1/2 h ; 1/2 t} ai = min {1/2 h ; 1/2 t}

• Éléments isostatiques • Éléments continus

ai = min {1/2 h ; 1/2 t}

Axe d'appui
V

• Appuis considérés comme


des encastrements parfaits
ca Présence d'un appareil d'appui

ai = min {1/2 h ; 1/2 t}

• Console

Figure 3.14. Portées « effectives» à prendre en compte dans les calculs


Chapitre 3 • Actions et sollicitations 163

Écrêtage sur appuis de la courbe des moments


Pour une poutre (ou une dalle) continue pouvant être considérée comme simplement
posée sur ses appuis, on peut « écrêter» la courbe des moments sur appuis tracée en
considérant la portée entre axes des éléments (figure 3.15) de la quantité:
t
f).M Ed = FEd ,sup "8
avec:
FEd,sup réaction d'appui (<< sup » pour support en anglais, et non pour supérieur)
t largeur de l'appui
Cet écrêtage est justifié par le fait que la réaction d'appui n'est pas une force concen-
trée, agissant suivant l'axe de l'appui.

En admettant une distribution uniforme de la réaction


FEd,supsur la largeur t de l'appui, cette distribution crée
dans l'axe de l'appui un moment égal à

f).M =(FEd,SUP] (t/2)2 =F !..


Ed t 2 Ed,sup 8

(cf. console de portée t/2 uniformément chargée par


FEd,sup) qui vient en déduction du pic de moment obtenu
en considérant la réaction FEd,sup comme concentrée.

Figure 3.15. Écrêtage de la courbe des moments sur appui.

Dans le cas où la poutre (ou la dalle) est solidaire des poteaux (ou murs) qui la suppor-
tent, le moment critique de calcul peut être pris égal au moment au nu d'appui sans que
la valeur retenue puisse être inférieure à 65 % du moment d'encastrement parfait de la
même poutre (::::: O,43Mo ).

3.523 Analyse élastique linéaire


L'analyse linéaire, basée sur la Théorie de l'Élasticité, peut être utilisée pour les états-
limites de service et pour les états-limites ultimes.
Pour la détermination des sollicitations, on peut également supposer les sections non
fissurées, en admettant des lois de comportement (J"-g linéaires et en adoptant des va-
leurs moyennes pour le module d'élasticité.
164 Traité de béton armé

Pour l'effet des déformations imposées (effets du retrait, effets thermiques, tassements
d'appui) à l'état-limite ultime, on peut admettre une réduction de la rigidité due aux
sections fissurées, en négligeant la contribution du béton tendu (§ 15.232), mais en
incluant les effets du fluage.
Pour les états-limites de service, l'évolution graduelle de la fissuration doit être prise en
compte.

3.524 Analyse élastique linéaire avec redistribution limitée


Pour les vérifications à l'état-limite ultime des poutres et des portiques, à condition que
la capacité de rotation puisse être établie de manière fiable, les moments de flexion
ultimes, déterminés au moyen d'une analyse élastique linéaire peuvent être redistribués,
c'est-à-dire que les moments de flexion dans les sections les plus sollicitées peuvent être
multipliés par un coefficient réducteur Ô (voir ci-après), les moments dans les autres
sections étant augmentés en conséquence pour maintenir l'équilibre.
Toutes les conséquences de la redistribution admise sur l'effort tranchant, les ancrages
et les arrêts de barres, ainsi que sur la fissuration, doivent être prises en compte dans le
calcul, à toutes les étapes de la vérification. En particulier, les longueurs des barres
doivent être suffisantes pour qu'aucune autre section ne devienne critique.
Dans les poutres continues et les dalles où la flexion prédomine et où le rapport des
portées adjacentes est tel que 0,5 ::; li 1li + t ::; 2, on peut se dispenser de vérifier explici-
tement la capacité de rotation sous réserve que le rapport Ô du moment redistribué au
momel.1t élastique originel soit tel que (x u , hauteur de l'axe neutre à l'état-limite ultime,
après redistribution, dhauteur utile) :
Ô ~ kt + k2Xul d POur!ck::; 50 MPa
Ô ~ k3 + k4Xul d pourfck > 50 MPa
avec en outre Ô ~ 0,70 dans le cas d'emploi d'armatures des classes de ductilité Bou C,
et Ô ~ 0,80 dans le cadre d'emploi d'armatures de classe de ductilité A.
Les valeurs de kt, k2, k3 et k4 sont:
kt = 0,44 k2 = 1,25 (0,6 + 0,0 14h'cII2) (scu2selon tableau 2.4)
k3 = 0,54 k4 =k2
Pour la vérification des poteaux, les moments élastiques dus au fonctionnement en por-
tique ne peuvent faire l'objet d'aucune redistribution.
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 165

3.525 Méthode d'analyse plastique

3.525-1 Généralités
De telles méthodes ne doivent être utilisées que pour les vérifications à l'état-limite
ultime. La capacité de rotation plastique doit être vérifiée.
L'analyse peut être faite soit par la méthode statique (méthode des bielles et tirants par
exemple, voir § 3.525-4 ci-après), soit par la méthode cinématique (théorie des lignes
de rupture pour les dalles, par exemple).

3.525-2 Analyse plastique des poutres, portiques et dalles


Si l'on utilise la méthode cinématique, plusieurs mécanismes possibles doivent être
envisagés, de manière à déterminer la capacité portante minimale.
Une ductilité convenable est réputée obtenue (sans qu'il soit besoin de la vérifier) si
toutes les conditions suivantes sont satisfaites:
• la section des armatures tendues est limitée en sorte qu'en toute section:
xul d:S 0,25 pour les classes de béton au plus égales à C50160,
xul d:S 0,15 pour les classes de béton au moins égales à C55/67 ;
• l'acier est des classes de ductilité B ou C ;
• le rapport des moments sur appuis intermédiaires aux moments en travée est compris
entre 0,5 et 2.
Les potea.ux des portiques doivent être calculés pour le plus grand moment plastique
susceptible de leur être transmis par les poutres auxquelles ils sont liés.

3.525-3 Capacité de rotation


Pour les structures formées de poutres et de poutres-dalles, on considère des portions de
poutres ou de dalles d'une longueur d'environ 1,2 h, supposées subir une déformation
plastique (formation de rotules plastiques) sous la combinaison d'actions considérée. On
doit s'assurer qu'à l'état-limite ultime, sous la combinaison d'actions considérée, la
rotation calculée es est au plus égale à la rotation plastique admissible ep1d.
Dans les régions des rotules plastiques, il faut avoir:
xul d:S 0,45 pour les classes de béton au plus égales à C50160,
xul d:S 0,35 pour les classes de béton au moins égales à C55/67.

Nota:
1. Se reporter à la figure 5.6 N de l'EC2 pour avoir les valeurs de base de la rota-
tion plastique admissible ep1dPour les aciers à haute ductilité (classes B et C).
2. Un exemple d'application de chacune des deux méthodes d'analyse linéaire avec re-
distribution limitée des moments et d'analyse plastique est donné, pour une poutre conti-
nue, dans l'ouvrage Applications de !'Eurocode 2 (Presses des Ponts et Chaussées).
166 Traité de béton armé

3.525-4 Analyse avec modèles à bielles et tirants (stmt-and-tle models)


a) Présentation
Dans cette méthode, on imagine un schéma plausible de cheminement des forces à
l'intérieur d'un élément par l'intervention de bielles de béton comprimées donnant nais-
sance à des forces de traction qu'il est nécessaire d'équilibrer par des armatures (ti-
rants). L'exemple le plus classique est, en France, celui de la «méthode des bielles »,
due à P. Lebelle, pour le calcul des semelles de fondation.
L'article 48 des Règles CCBA 68 : «Assemblage des pièces dont le calcul ne relève pas
des hypothèses de la Résistance des Matériaux» formulait déjà des recommandations
qualitatives et indiquait les précautions à prendre, en particulier pour l'ancrage des bar-
res des tirants.
Sous l'influence des travaux des Professeurs Schlaich et Schâfer de l'Université de
Stuttgart (Konstruiren in Stahlbetonbau, 1984), le Code-Modèle CEB-FIP de 1990 a
érigé cette méthode en méthode générale de calcul des ouvrages en béton armé ou pré-
contraint (voir aussi Practical design of structural concrete, fib 1999). L'usage de tels
modèles exige une certaine expérience de la part du projeteur.
Les éléments d'un modèle à bielles et tirants sont: les tirants constitués par des nappes
d'armatures tendues, les bielles de béton véhiculant des contraintes de compression et
les nœuds formés par des volumes de béton confiné aux changements de direction des
bielles et/ou des armatures et aux ancrages de ces dernières.
On distingue:
- les régions « B » de continuité où le principe de Saint-Venant est applicable (<< B »
pour bending = flexion)
-les régions« D» de discontinuité où le principe de Saint-Venant n'est pas applicable:
zones d'about des poutres, nœuds de portiques, consoles courtes, poutres-cloisons, etc.
b) Règles de l'EC2
Pour assurer une compatibilité approximative, les bielles principales du modèle adopté
doivent être placées et orientées selon le champ de contraintes donné par la Théorie de
l'Élasticité. Si cette condition est satisfaite, le calcul à l'état-limite de service peut aussi
être effectué en utilisant le modèle adopté.
Les forces véhiculées par les éléments constitutifs du modèle doivent être déterminées
de manière à maintenir, à l'état-limite ultime, l'équilibre avec les charges appliquées
(pour le dimensionnement de ces éléments, voir chap. 14).
Il n'est généralement pas possible de superposer plusieurs modèles à bielles et tirants.
Une superposition n'est envisageable que dans le cas où le même modèle peut être
adopté pour chaque cas.
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 167

c) Considérations générales (hors EC2) sur le choix des modèles


Il convient d'essayer de concevoir des modèles simples, comportant un faible nombre
de bielles et de tirants. La position et la direction des bielles doivent être déterminées en
effectuant, par exemple, une analyse élastique par un calcul aux éléments finis (voir, à
titre d'exemples donnés par K. Schafer, les figures 3.16 a et b).
Un choix judicieux nécessite une certaine expérience (figure 3.17: le modèle (a) est
bon, le modèle (b) ne l'est pas, à un double titre: il entraîne un risque de fissuration non
négligeable dans la direction indiquée par la figure et une dépense d'acier supérieure à
la disposition a).

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Figure 3.16. Modèles de calcul: a) pour une poutre-cloison chargée en son


milieu b) pour un bloc supportant une charge localisée
168 Traité de béton armé

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1
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Figure 3.17. Modèles de calcul pour une poutre-cloison


soumise à une charge uniforme

• Choix des angles 8 d'inclinaison des bielles selon Kurt Schiifer


Les angles 8 entre les bielles et les tirants doivent être aussi grands que possible Ç2: 45°,
figure 3.18; cf. en France, la méthode des bielles pour les semelles sur pieux). Il convient
cependant de faire une exception pour les cas, très courants, où une bielle aboutit à l'angle
de deux tirants orthogonaux (figure 3.19). Dans ce cas, la bielle doit être contenue à
l'intérieur d'un dièdre ouvert de ± 15° de part et d'autre de la bissectrice de l'angle droit.

Ul L 92 > 30·
11111
92 > 30·

~,/' ~,/
" 9 1 > 30· 9 1 > 30·
JI

t
Figure 3.18. Figure 3.19. Inclinaison de bielles aboutissant
Inclinaison à l'angle de deux tirants orthogonaux
d'une bielle
sur appui

• Forces concentrées sur lin bord 011 près d'un angle (figure 3.20)
On a sensiblement Ô = 32° (8 = 58° ; plus classiquement on adopte en général une pente
telle que Arc tg Ô = 2/3 soit Ô = 33°7). Selon les dimensions et les conditions aux limites
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 169

de la région D de discontinuité, l'angle 8 peut être plus grand ou plus petit que 32°. Par
exemple, pour la poutre-cloison de la figure 3.20c, on peut choisir pour le nœud sous la
charge 8 ~ 45°. Si la distance a augmente, on peut adopter les modèles d ou e de la
figure 3.20, qui comportent un tirant intermédiaire, afin de ne pas trop réduire l'angle e.

1
ô
l
l
4P' l ,ô= 32·
,
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pa
Ô=32°
0 58'


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1 z
Fw'" 2 a/z-1
3 - NEd/F
F

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ç-~"--Q- __ ~i --..1 cotS= Fh/F

Figure 3.20. Différentes solutions possibles dans le choix de modèles de calcul


170 Traité de béton armé

3.526 Analyse non-linéaire


L'hypothèse de la linéarité de la relation effort-déplacement présente des insuffisances
pour expliquer le comportement réel des structures, qui ont amené à développer
l'analyse non-linéaire.
La non-linéarité est due au fait qu'il n'existe pas de matériau parfaitement élastique. En
béton armé, le béton et l'acier contribuent à la non-linéarité à différents niveaux:
- par dépassement de la limite d'élasticité de chacun d'eux (franchissement du point E
sur la figure 2.1) ;
- dans la section, en raison du dépassement de la résistance à la traction du béton (chan-
gement de géométrie et modification des caractères mécaniques - aires, moments
d'inertie, ... -lors du passage de la phase non fissurée à la phase fissurée) et ensuite, en
raison du dépassement de la limite de plasticité de l'acier tendu et/ou de la limite de
linéarité du béton comprimé;
- dans la structure enfin, pour les systèmes hyperstatiques, à cause de la modification de
la relation charges-moments fléchissants par suite du changement des caractères géomé-
triques et mécaniques des sections des éléments.
L'analyse non-linéaire se fait pas à pas, en tenant compte à chaque étape du comporte-
ment réel des matériaux et de la structure. Le recours à l'ordinateur est inévitable.
Les méthodes d'analyse non-linéaire peuvent être utilisées aussi bien pour les états-
limites ultimes que pour les états-limites de service, à condition que la compatibilité soit
satisfaite, qu'un comportement non-linéaire convenable des matériaux puisse être admis
et que la capacité des sections critiques locales à supporter les déformations inélastiques
soit vérifiée. Cette analyse peut être du premier ou du second ordre.
Pour les structures élancées, dans lesquelles les effets du second ordre ne peuvent être
négligés, on peut utiliser la méthode générale de calcul donnée au § II.622.

3156 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE


DU CHAPITRE 3
- Instructions techniques sur les directives communes de 1979 relatives au calcul des
constructions, circulaire nO 79-25 du 13 mars 1979. BOUL 1, fascicule spécial 79-12 bis.
- Conception, calcul et épreuves des ouvrages d'art, titres 1 et III du fascicule 61 du
CPC. Circulaire nO 65 du 19 août 1960. Titre 1 : Programme de surcharges et épreuves
des ponts-rails, titre III: Programme de charge et épreuve des ponts-canaux. BOUL 1,
fascicule spécial nO 60-17 bis

1. Bulletin officiel du Ministère de l'Urbanisme et du Logement (voir note de bas de page au § 1.421).
Chapitre 3 • Actions et sollicitations 171

- Conception, calcul et épreuves des ouvrages d'art. Titre II du fascicule 61 du CPC


(Programme de charges et épreuves des ponts-routiers), circulaires n° 71-155 du
29 décembre 1971 et n° 75-156 du 30 décembre 1971, BOUL, fascicule spécial n° 72-
21 bis.
- Bases de calcul des constructions. Charges d'exploitation des bâtiments. NF P 06-001,
juin 1986, AFNOR.
- Règles définissant les effets de la neige et du vent sur les constructions. Règles NV 65
(DTU P 06-002), CSTB, 2000.
- Règles parasismiques PS 92, éd. Eyrolles.
- ISO - Rapport technique 6116, 1981, Actions sur les structures, et Eurocode 1.
- Manuel « Sécurité des structures », Bulletins d'information du CEB nOs 127 et 128,
décembre 1979, janvier 1980 (rédigés par H. Mathieu).
- Règles N 84 - Actions de la neige sur les constructions, DTU P 06-006, CSTB avril
2000 ou Titre IV, section II du fascicule 61 du CCTG.
- Calgaro (l-A), Bisch (Ph.), Codes européens de conception des constructions, Tech-
niques de l'ingénieur.
- Calgaro (J.-A), Moreau de Saint-Martin (l), Les Eurocodes. Conception des bâti-
ments et des ouvrages de génie civil, éd. du Moniteur, 2005.
- Bosc (J.-L.), Dimensionnement des constructions selon l'Eurocode 2 à l'aide des
modèles « bielles-tirants» : principes et applications, Presses de l'ENPC.
- Application de l'Eurocode 2 - Calcul des bâtiments en béton, Presses de l'ENPC, mai
2005.
CHAPITRE 4

ASSOCIATION ACIER-BÉTON

4.1 DISPOSITION DES ARMATURES

4.11 Disposition générale


Pour simplifier, on considère le cas d'une poutre horizontale à plan moyen vertical.
Les armatures dites « longitudinales» sont toujours disposées en nappes horizontales
(on dit aussi lits horizontaux) et en files verticales. Les files des lits inférieurs et supé-
rieurs doivent se correspondre de façon à réserver des passages verticaux pour le coula-
ge du béton et à simplifier le tracé des armatures d'âme.

Lits )1 er Lit
supérieurs 2e Lit

Armatures
d'âme - - - - - -

File

Lits e
inférieurs 2 Lit
1er Lit

Figure 4.1. Dispositions d'armatures1

1. Pour les dessins d'armatures, il est toujours nécessaire de faire une coupe-type comme celle de la
figure 4.1. En effet, l'appellation « 1cr lit» appliquée aux aciers supérieurs risque d'être interprétée
par le ferrailleur comme le premier lit à mettre en place en tant qu'aciers supérieurs, alors que dans
l'esprit du calculateur, il représente le lit le plus proche de la face supérieure du béton.
174 Traité de béton armé

4.12 Enrobages
On appelle «enrobage» (co ver en anglais l ) la distance qui sépare la génératrice exté-
rieure de toute armature à la paroi de béton la plus voisine.

a) Prescriptions des Règles BAEL


On n'étudie pas systématiquement dans ce qui suit le cas où les barres sont groupées en
paquets de plus de deux.

Figure 4.2. Enrobages et distances entre les armatures

Pour des granulats roulés de dimension maximale Cg = 25 mm (notations, voir figu-


re 4.2) :
C (ou Ct):::: Max [a; 0 ; 1 cm]
avec:
a = 5 cm ouvrages à la mer ou exposés aux embruns, aux brouillards salins, ou à des
atmosphères agressives,
a = 3 cm parois non coffrées soumises à des actions agressives et parois exposées
aux intempéries, aux condensations ou au contact d'un liquide.
a = 1 cm parois situées dans des locaux clos et couverts et non exposées aux condensa-
tions.
Les valeurs de 5 cm et de 3 cm peuvent être ramenées à :
- 3 cm si, soit les armatures, soit le béton sont protégés par un procédé dont l'efficacité
a été démontrée ;
.- 2 cm si la résistance du béton est supérieure à 40 MPa (l'efficacité de la protection
apportée par l'enrobage est fonction de la compacité du béton, qui augmente avec sa
résistance).

1. Le mot anglais cover est parfois traduit incorrectement par « recouvrement» par des traducteurs non
spécialistes. Le terme « recouvrement}) prête à confusion, car il désigne en fait un mode de jonction
entre barres (voir § 4.6).
Chapitre 4 • Association acier-béton 175

b) Prescriptions de l'Ee2
L'EC2 définit un enrobage nominal et un enrobage minimal. Celui-ci est fixé en fonc-
tion des classes d'exposition (tableau 4.1).

1°) Enrobage nominal


L'enrobage nominal Cnom de toute armature (y compris les armatures de peau) doit être
spécifié sur les dessins. Il est égal à:

avec:
Cmin enrobage minimal
!1cdev tolérance d'exécution admise.

2°) Enrobage minimal


Un enrobage minimal Cmin doit être prévu afin d'assurer une transmission correcte des
forces d'adhérence, la protection des armatures contre la corrosion (durabilité) et une
résistance adéquate à l'incendie. Pour satisfaire les exigences relatives aux deux premiè-
res conditions, il faut avoir:

Cmin = Max [Cmin,b; Cmin,dllr+ !1cdllr,y- !1cdur,st - !1cdur,add; 10 mm]

avec:
Cmin,b enrobage minimal pour respecter les exigences d'adhérence

Cmin,dllr enrobage minimal pour respecter les conditions d'environnement


sécurité additionnelle
réduction en cas d'emploi d'acier inoxydable

!1Cdur,add réduction en cas d'une protection additionnelle.

Tableau 4.1. Classes d'exposition en fonction des conditions d'environnement


Désignation Exemples informatifs (1) illustrant
Description de l'environnement
de la classe le choix des classes d'exposition

1. Aucun risque de corrosion ni d'attaque

Béton non armé et sans pièces


métalliques noyées : toutes
expositions sauf en cas de Béton à l'intérieur de bâtiments
XO gel/dégel, d'abrasion et où le taux d'humidité ambiant est
d'attaque chimique - Béton très faible
armé ou avec des pièces métal-
liques noyées : très sec.
176 Traité de béton armé

Désignation Exemples informatifs (1) illustrant


Description de l'environnement
de la classe le choix des classes d'exposition

2. Corrosion induite par carbonatation

Béton à l'intérieur de bâtiments


où le taux d'humidité ambiant est
XCI Sec ou humide en permanence
faible - Béton submergé en per-
manence dans de l'eau

Surfaces de béton soumises au


XC2 Humide, rarement sec contact à long terme de l'eau - Un
grand nombre de fondations

Béton à l'intérieur de bâtiments


où le taux d'humidité ambiant est
XC3 Humidité modérée
moyen ou élevé - Béton extérieur
abrité de la pluie

Surfaces de béton soumises au


XC4 Alternativement humide et sec contact mais n'entrant pas dans la
classe d'exposition XC2

3. Corrosion induite par les chlorures

Surfaces de béton exposées à des


XDI Humidité modérée chlorures transportés par voie
aérienne

Piscines - Éléments en béton ex-


XD2 Humide, rarement sec posés à des eaux industrielles
contenant des chlorures

Éléments de ponts exposés à des


projections contenant des chloru-
XD3 Alternativement humide et sec
res - Chaussées - Dalles de parcs
de stationnement de véhicules

4. Corrosion induite par les chlorures présents dans l'eau de mer

Exposé à l'air véhiculant du sel


Structure sur ou à proximité d'une
XSl marin mais pas en contact direct
côte
avec l'eau de mer

XS2 Immergé en permanence Éléments de structures marines


Chapitre 4 • Association acier-béton 177

Désignation Exemples informatifs (1) illustrant


Description de l'environnement
de la classe le choix des classes d'exposition

Zones de marnage, zones sou-


XS3 mises à des projections ou à des Éléments de structures marines
embruns

5. Attaque gel/dégel

Saturation modérée en eau, sans Surfaces verticales de béton expo-


XFl
agents anti-verglas sées à la pluie et au gel

Surfaces verticales de béton des


Saturation modérée en eau, avec ouvrages routiers exposés au gel
XF2
agents anti-verglas et à l'air véhiculant des agents
anti-verglas

Forte saturation en eau, sans Surfaces horizontales de béton


XF3
agents anti-verglas exposées à la pluie et au gel

Routes et tabliers de pont exposés


aux agents anti-verglas - Surfaces
de béton verticales directement
Forte saturation en eau, avec
XF4 exposées aux projections d'agents
agents anti-verglas ou eau de mer
anti-verglas et au gel- Zones des
structures marines soumises aux
projections et exposées au gel

6. Attaques chimiques

Environnement à faible agressi-


XAI vité chimique selon l'EN 206-1, Sols naturels et eau dans le sol
tab.2

Environnement d'agressivité
XA2 chimique modérée selon Sols naturels et eau dans le sol
l'EN 206-1, tableau 2

Environnement à forte agressivi-


XA3 té chimique selon l'EN 206-1, Sols naturels et eau dans le sol
Tab.2

(l) Se reporter à l'Annexe Nationale qui rend cette colonne normative et lui adjoint
des notes appropriées.
178 Traité de béton armé

Pour les trois termes correctifs Ilcdllr, les valeurs sont normalement prises égales à zéro,
mais l'Annexe Nationale envisage des cas où une valeur différente de zéro doit être
adoptée .

• Enrobage minimal pour respecter les exigences d'adhérence Cmin,b


Pour assurer une transmission correcte des forces d'adhérence et un serrage correct du
béton, l'enrobage minimal Cmin,b d'une barre ne doit pas descendre au-dessous de son
diamètre nominal 0 ou, s'il s'agit d'un paquet de n barres, au-dessous du diamètre
équivalent 0 n du paquet ( 0 n = 0..[,; ).
Si la dimension maximale dg du granulat est supérieure à 32 mm, l'enrobage minimal
défini ci-avant doit être augmenté de 5 mm .

• Enrobage minimal pour respecter les conditions d'environnement emln,dur


Les valeurs données par le tableau 4.4N de l'EC2 (tab.4.2) et adoptées par l'Annexe
Nationale, s'appliquent au béton normal armé d'aciers au carbone ordinaires.
Tableau 4.2. Valeurs de emln,dur (mm)

Classe Classe d'exposition selon le tableau 4.1


structurale XO XC1 XC2/XC3 XC4 XD1/XS1 XD2/XS2 XD3/XS3

SI 10 10 10 15 20 25 30

si 10 10 15 20 25 30 35

S3 10 10 20 25 30 35 40

S4 10 15 25 30 35 40 45

S5 15 20 30 35 40 45 50

S6 20 25 35 40 45 50 55

La classe de structure recommandée correspond à une durée de vie de l'ouvrage de


50 ans (classe S4). Pour une durée de vie de 100 ans, il faut augmenter la classe de deux
rangs. Inversement, on peut réduire la classe d'un rang si, indépendamment:
- il s'agit d'une dalle,
- un contrôle de qualité particulier est assuré pour la production du béton,
-la classe de résistance du béton est au moins égale aux valeurs du tableau 4.3.
Chapitre 4 • Association acier-béton 179

Tableau 4.3

Classes (1) XC2, XC4, XDI, XD2, XD3, XS2,


XO, XCI
d'exposition XC3 XSI XS3

Classes de résistance 30/37 35/45 40/50 42/55

(1) Annexe Nationale: 30/37 pour les classes XC2 et XC3, 35/45 pour la classe XC4
et 40/50 pour la classe XS2. Le reste sans changement.

Pour du béton coulé au contact d'autres éléments (préfabriqués ou coulés eux-mêmes in


situ), l'enrobage minimal par rapport à l'interface peut être réduit à Cmin,h, sous réserve
que la classe du béton soit au moins égale à C25/30, que l'interface soit rendue rugueuse
et que son temps d'exposition à l'environnement extérieur soit au plus égal à 28 jours.
Pour les parements irréguliers, l'enrobage minimal doit être augmenté d'au moins
5 mm.

4.13 Distances entre barres

a) Prescriptions des Règles BA EL


La distance verticale ev entre deux barres isolées situées à l'aplomb l'une de l'autre doit
être telle que (0, diamètre de la plus grosse barre) :
ev ~ Max [0 ; Cg] soit, en général: ev ~ Max [0 ; 2,5 cm]1
La distance horizontale eh entre barres ou paquets de barres doit être telle que:
eh ~ Max [0 ; 1,5 Cg] soit, en général: eh ~ Max [0 ; 4 cm]

b) Prescriptions de l'EC2
Entre barres parallèles isolées ou entre lits horizontaux de barres parallèles:
e,.ou eh ~ Max [0max ; dg + 5 mm; 20 mm] avec dg dimension maximale du granulat.
Dans le cas de groupements de n barres de même diamètre 0, la règle précédente s'ap-
plique en prenant compte le diamètre équivalent 0" =0,J;; (n $ 4).

1. Il est permis de superposer les barres deux par deux (BAEL, art. A-7 .2,3) auquel cas la distance ev est
à respecter entre deux paquets successifs ou entre un paquet et une barre isolée (cas de la figure 4.2)
180 Traité de béton armé

4.2 ADHÉRENCE DES BARRES


DROITES ISOLÉES

4.21 Définition
Dans un élément en béton armé, les forces extérieures étant appliquées au béton, la
transmission aux armatures des efforts auxquelles celles-ci doivent résister suppose
qu'elles ne peuvent pas glisser dans la gaine de béton qui les enrobe, ou que les glisse-
ments éventuels demeurent dans des limites tolérables.
On appelle« adhérence» l'action des forces de liaison qui s'opposent au glissement des
armatures dans leur gaine de béton. L'adhérence, qui est le phénomène fondamental
sans lequel le matériau « béton armé» n'aurait pu exister, joue trois rôles:
1. elle assure le scellement ou l'ancrage des barres arrêtées;
2. elle assure l'entraînement des armatures sous l'effort de glissement longitudinal
provoqué par l'effort tranchant (en permettant le développement de contraintes tangen-
tes qui équilibrent les variations des contraintes longitudinales) ;
3. avant fissuration, elle permet aux armatures de travailler en collaboration avec le
béton tendu; après fissuration, elle assure une répartition des fissures et l'équilibre des
efforts de traction par les armatures, en maintenant une liaison entre le béton et l'acier
dans les zones comprises entre les fissures.
La transmission des efforts aux armatures peut également résulter des formes courbes
données à leurs lignes moyennes (ancrages courbes) ou de la présence de fils transver-
saux soudés (treillis soudés).

4.22 Phénomènes expérimentaux -


Théorie de M. Caquot
Considérons une barre rectiligne lisse ou HA noyée dans un prisme de béton. Cherchons
à l'extraire de ce prisme en exerçant sur elle un effort axial de traction (figure 4.3).
Chapitre 4 • Association acier-béton 181

Les forces de liaison qui s'opposent au glissement de la barre


suivant son axe par rapport au béton sont:
- d'une part des forces capillaires et moléculaires, donc de nature
physique, qui assurent le « collage» du béton et de 1'acier ;
- d'autre part, des forces de frottement accompagné ou non de
butées.

Figure 4.3

Les forces de frottement assurent en majeure partie la liaison au béton des ronds lisses
ou des barres HA. En effet :
- d'une part la résistance au décollement est extrêmement faible, comme on peut le
mettre en évidence expérimentalement, et peut être considérée comme négligeable ;
- d'autre part l'effort qu'il faut exercer pour extraire la barre par traction demeure im-
portant, même après un glissement de plusieurs millimètres, ce qui confirme l'existence
d'un frottement (ronds lisses) accompagné de butées (barres HA).
D'après M. Caquot, sous l'action de l'effort de traction, des contraintes de cisaillement
se développent sur des surfaces cylindriques coaxiales à la barre. Si l'effort de traction
croît, ces contraintes entraînent la rupture du béton suivant des surfaces coniques de
révolution formant un angle de 45° avec l'axe de la barre (figure 4.3).
Les troncs de cône emboîtés ainsi formés tendent à se coincer sur la barre et à fonction-
ner comme des « encliquetages à frottement ».
Ce phénomène, décrit de longue date par M. Caquot dans le cours de béton armé qu'il
professait à l'École Supérieure d'Aéronautique! vers 1930, a été confirmé expérimentale-
ment en 1971 par Goto (figure 4.4, extraite de l'article de Goto) au moyen d'un ingénieux
système d'injection d'encre rouge au voisinage de la barre et sur toute sa longueu~.

1. Dans ce cours, M. Caquot qui était aussi un hydraulicien (on lui doit, entre autres, l'étude des méca-
nismes de remplissage et vidange rapides des écluses de Donzère - Mondragon) et qui s'adressait à
des élèves rompus à la Mécanique des Fluides, expliquait l'adhérence par similitude hydraulique. La
formule [4.0] donnée plus loin a été dérivée d'une formule établie par M. Caquot à partir de ces
considérations hydrauliques.
2. Goto, Y., « Cracks formed in concrete around deformed tension bars », ACI Journal, avril 1971.
182 Traité de béton armé

Fissure primaire Fissures internes

Figure 4.4. Vue de la fissuration interne des tirants (selon Goto)

Les spécialistes mondiaux de l'adhérence parlent depuis des « Goto cracks », qui sont
avant tout les « fissures Caquot» (les « troncs de cône emboîtés» sont bien visibles sur
la figure 4.4.).

cr' = 2't/sin2~

1
1

tO"y='t·tg~
Figure 4.5. État de contraintes dans le cas d'un rond lisse
Chapitre 4 • Association acier-béton 183

Les mêmes spécialistes disent plutôt maintenant qu'il se forme au voisinage de la barre
des « dents» de béton (séparées par les fissures). L'état de contraintes de ces dents de
béton est très complexe, surtout dans le cas des barres à haute adhérence (figures 4.5 et
4.6, d'après le Professeur Tassios (Grèce).

Fissure de rupture
Armature de couture d'enrobage
par compression (finale)

Fissure de traction
(initiale)

Décollement
Écrasement local

Figure 4.6. État de contraintes possible au moment de la rupture d'adhérence


d'une barre HA; effet favorable de l'armature de couture d'enrobage (Tassios)

De façon générale, la rupture d'adhérence peut se produire de deux façons différentes:


- soit par le glissement de la barre dans le béton qui reste apparemment intact, si cette
barre est au centre d'une section de béton de dimensions transversales importantes
(principe de l'essai de « pull-out») :
- soit par fissuration longitudinale et rupture du béton d'enrobage, si la barre est trop
proche d'un parement (angle ou face) et s'il n'y a pas d'armatures « d'enrobage» cou-
sant l'intervalle barre-paroi (figure 4.7). Dans ce cas, la gaine qui enserre la barre à la
manière d'un étau s'ouvre et l'adhérence disparaît. Ce mode de rupture est donc parti-
culièrement dangereux et il faut tout mettre en œuvre pour l'éviter.
184 Traité de béton armé

F
• •
F

Figure 4.7

4.23 Mesure des caractères d'adhérence d'une barre


Les normes définissent, pour les barres à haute adhérence, certains profils-types avec
fixation de valeurs numériques minimales ou maximales des paramètres géométriques
de forme (voir § 2.361-2). Les valeurs réglementaires de 1,5 pour le coefficient de scel-
lement 'l's, et de 1,6 pour le coefficient de fissuration Tt (voir § 2.382-1b) valent pour les
aciers qui répondent aux spécifications des normes.
Dans le cas contraire, il faut fournir des justifications expérimentales.
Différents types d'essais ont été développés pour déterminer les caractères réels
d'adhérence d'une barre au béton.

4.231 Essais d'arrachement


Même lorsqu'ils comportent la mesure des glissements, ces essais ont l'inconvénient de
ne donner que des renseignements globaux. Ils permettent toutefois des études compara-
tives sur différents types de barres.

. 4.231-1 Essai d'adhérence par traction dit cc pull-outtest» (POl)


C'est l'essai dont l'exécution est la plus simple et en principe la moins coûteuse.
Dans cet essai, préconisé par la RILEM, une barre noyée sur une longueur définie
(5 diamètres), suivant l'axe d'un cube de béton armé de dimensions définies, est sollici-
tée à une extrémité par une force de traction jusqu'à rupture de l'adhérence et glisse-
ment de la barre (figure 4.8).
Chapitre 4 • Association acier-béton 185

Barre d'armature

t
5em Béton

Colmatage

Douille en
plastique

30em '-

.1..----t ~
t
Figure 4.8. Essai de pull-out

Au cours de l'essai, on enregistre la courbe force appliquée - glissement qui permet


d'avoir la relation entre la contrainte d'adhérence et le déplacement relatif entre l'acier
et le béton. À partir de tous les résultats individuels ainsi obtenus, on détermine une
courbe moyenne qui sert à porter un jugement sur l'adhérence.
Pour une nuance d'acier d'un profil donné, on doit contrôler l'adhérence pour trois
diamètres différents se situant dans les domaines inférieur, moyen ou supérieur de la
gamme de fabrication (par exemple: 0 8 , 0 16 et 0 25 mm). La RILEM demande
d'effectuer pour chaque diamètre au moins 25 essais, mais ne définit pas la règle
d'interprétation de ceux-ci.

4.231-2 Essai d'arrachement modifié


Cet essai a longtemps été utilisé en France.
On utilisait un bloc parallélépipédique suivant l'axe duquel étaient engagées symétri-
quement deux barres de même diamètre, dont l'alignement était réalisé de manière ri-
goureuse afin d'assurer une traction axiale. Ce bloc de béton, de section déterminée,
était armé par quatre barres longitudinales et une frette hélicoïdale. Comme, par suite
des défauts de laminage et de l'oxydation naturelle, l'état de surface des ronds lisses
n'est pas parfaitement connu, on effectuait des essais comparatifs, non pas avec des
ronds lisses, mais avec un acier HA déjà connu.
L'essai consistait à déterminer la charge maximale provoquant le glissement de l'une
des deux barres, d'où la contrainte de rupture d'adhérence expérimentale 'trs (voir
§ 4.252).
186 Traité de béton armé

Pour l'interprétation des essais, on utilisait la formule de l'article 2.33 des Règles
BA 60 donnant la contrainte de rupture d'adhérence, reproduite ci-après, en notations
BAEL:

[4.0]

avec:
hr résistance moyenne à la traction du béton au jour de l'essai
dl distance minimale de l'axe de la barre à la surface libre du béton
d2 distance de l'axe de la barre à la surface libre du béton, dans la direction per-
pendiculaire à celle selon laquelle dl est mesurée,
lld coefficient de scellement (Règles BA 1960).
En présence d'une armature d'enrobage (voir figure 4.7; c'était le cas pour la frette
hélicoïdale des éprouvettes soumises aux essais) dl et d2 devaient être augmentés en leur
ajoutant une épaisseur fictive, exprimée en centimètres par le même nombre que la
section A (cm2/m) de l'armature d'enrobage.
Pour dl = d2 on avait ainsi:

avec d= dl + A (d et dl en cm; A en cm2/m)


La contrainte expérimentale 'trs était rapportée non pas à la longueur L réellement enga-
gée de la barre, mais à la longueur L - dl, pour tenir compte du fait que lorsque la barre
commence à glisser, elle entraîne avec elle le premier cône à 45°.
Les formules de scellement ayant été quelque peu simplifiées dans les Règles BAEL 91
par rapport aux Règles BA 60, le coefficient de scellement 'Ils défini dans les Règles
BAEL correspond à :

La valeur numérique 'Ils = 1,5 admise pour les barres HA qui satisfont aux conditions de
forme spécifiées par les normes, comporte en elle-même une certaine sécurité, les valeurs
obtenues expérimentalement étant plus couramment supérieures à 1,8 ou même à 2.
Chapitre 4 • Association acier-béton 187

4.231-3 Essai de flexion simple sur poutre ou « bearn-test »


Cet essai, préconisé par la RILEM, est censé reproduire les conditions normales de
sollicitation des armatures et permettre la détermination des caractères réels
d'adhérence. Il consiste à mesurer le glissement d'une barre formant armature inférieure
commune à deux blocs de béton distincts, dans un essai de flexion au cours duquel les
blocs sont astreints à pivoter autour d'une articulation commune en acier.
Les dimensions de la poutre ainsi formée varient avec le diamètre des barres étudiées
(figure 4.9; dimensions valables pour 0 10 à 0 14).
La longueur d'adhérence imposée pour l'essai, égale à dix fois le diamètre nominal de
la barre ou du fil, est localisée dans la zone centrale des deux blocs de béton. En dehors
de ces deux zones, la barre est munie de manchons lisses en matière plastique, empê-
chant toute adhérence.

i~<
18°1<
fi·························
50

~~---375------.~1~5~O~I~~----375----r-~
~-------------650------------~

Figure 4.9. « Bearn-test»

Au cours de la mise en charge, qui est poursuivie jusqu'à la rupture totale de


l'adhérence dans chacune des deux demi-poutres, on mesure le glissement des deux
extrémités de la barre et on obtient ainsi deux courbes « charge-glissement ».
Ces courbes permettent d'obtenir, pour toute valeur du glissement, la contrainte
d'adhérence supposée uniformément répartie sur la longueur d'adhérence.
Soit

la contrainte de rupture d'adhérence (TR = F,,,ax = P"l4X )


110 L 10110 2

la contrainte moyenne d'adhérence déterminée à partir du diagramme charge-


glissement, en calculant la moyenne arithmétique des contraintes correspon-
dant à des glissements de 0,01 mm, 0,1 mm et 1 mm à l'extrémité de la barre
ou du fil.
188 Traité de béton armé

Les Recommandations Internationales de 1970 (fascicules annexes) indiquent que, pour


pouvoir être considérée comme à haute adhérence, une barre doit satisfaire aux relations
(le coefficient 0,98 provient de la transformation des bars en MPa) :
'1: R ~ 0,98 (13 - 0,19 0)

'l: M ~ 0,98 (8-0,12 0) (mm, MPa)

En outre, la rupture d'adhérence ne doit pas se produire avant que le glissement n'ait
atteint 0,5 mm.

4.232 Essais de fissuration


II existe des théories de la fissuration qui permettent d'effectuer pour les cas courants un
calcul théorique de l'ouverture maximale des fissures. En France, on trouve dans la
théorie de M. Brice, exposée à l'annexe C des Règles CCBA 68, l'origine du coefficient
de fissuration YI qui, dans les Règles BAEL 91, intervient dans la vérification des états-
limites d'ouverture des fissures.
Ce coefficient peut s'obtenir par un essai assez simple dans son principe: celui-ci
consiste à mesurer les espacements des fissures qui apparaissent dans un prisme en
béton à section carrée assez long (environ 1,5 m) traversé suivant son axe par une barre,
lorsqu'on exerce directement sur cette dernière un effort de traction correspondant à
une contrainte égale aux trois-quarts de la limite d'élasticité de l'acier. Le choix de cette
contrainte relativement élevée est arbitraire; ce qu'il faut, c'est que la totalité des fissu-
res susceptibles de se produire, se produisent effectivement au cours de l'essai, de ma-
nière que l'on puisse mener l'interprétation de celui-ci sur une éprouvette en état de
fissuration « complète» (voir chap. 15). Cette interprétation consiste à déduire des es-
pacements constatés « la » valeur de l'espacement moyen ôlm entre les fissures; elle ne
peut être faite que par des spécialistes.
La présence de fissures multiples ou ramifiées (figure 4.10) rend en effet cette interpré-
tation délicate (voir« Cours de béton armé» de J.- R. Robinson, chapitre V).

Figure 4.10

Une fois déterminée la valeur de ôlm , on obtient le coefficient de fissuration expérimen-


. tal par application de la formule de l'article C54 - iv des Règles CCBA 68, qui donne:

YI = 30 (1+_1_)
ôlm lOmf
Chapitre 4 • Association acier-béton 189

avec 'üJfpourcentage géométrique d'armatures du prisme essayé. Si B est l'aire de la


section droite du prisme et A la section de la barre:
A
'üJ = -
f B
Les valeurs numériques Tl = 1,6 ou Tl = 1,3 selon le cas, admises pour les barres HA ou
les fils HA qui satisfont aux conditions de forme spécifiées par les normes, comportent
en elles-mêmes une certaine sécurité, les valeurs obtenues expérimentalement étant
généralement supérieures.

4.233 Cas des treillis soudés


L'adhérence au béton d'un treillis soudé formé de fils lisses dépend assez peu de
l'adhérence propre des éléments longitudinaux, mais beaucoup de l'efficacité de
l'accrochage des éléments transversaux, c'est-à-dire de la résistance de la soudure entre
deux éléments d'armature. Celle-ci est contrôlée par des essais, mais il est possible
d'extrapoler les essais décrits précédemment à des éléments de treillis soudés et par
exemple, de réaliser un essai de bearn-test sur une « échelle» découpée dans un pan-
neau (échelle classique ou échelle de perroquet).
Pour les treillis soudés formés de fils HA on a admis, sans essais, que, sauf circonstan-
ces particulières, les caractères d'adhérence étaient ceux des fils constitutifs (voir
§ 4.72).

4.24 Facteurs dont dépend l'adhérence


L'adhérence est d'autant plus grande que:
1°) la surface latérale des barres est plus rugueuse:
- barres rouillées> barres lisses non oxydées,
- barres HA > ronds lisses bruts de laminage> fils tréfilés cylindriques,
2°) la gaine qui enserre la barre à la manière d'un étau est plus épaisse et mieux
cousue par des armatures transversales.
3°) la résistance à la traction du béton est plus élevée,
4°) «l'étau)} constitué par la gaine est plus serré:
..: une compression transversale augmente l'adhérence,
- une traction transversale la diminue.
190 Traité de béton anné

4.25 Contrainte d'adhérence

4.251 Remarque préliminaire


II n'y a mise en jeu de l'adhérence que si, entre deux sections droites d'une barre quel-
conque, l'effort de traction (ou de compression) varie.
En pratique, il en est presque toujours ainsi. Il ya en effet variation d'effort par exem-
pie:
- à l'extrémité d'une barre (ancrage) où l'effort qui s'exerce en partie courante doit
nécessairement s'annuler (donc décroît de sa valeur maximale jusqu'à zéro),
- le long des barres longitudinales d'une pièce fléchie, du fait de la variation du moment
de flexion dans cette pièce.
Considérons en effet une poutre sur deux appuis simples: dans une section 1 quel-
conque on a, dans l'équilibre du couple de flexion:

- - . Ft2

Figure 4.11

De même, dans une section 2 plus proche de l'appui que la section 1 :

Comme z varie peu et comme MI > M 2 on a FIl> F fl..


Dans l'armature longitudinale inférieure il y a donc mise en jeu de l'adhérence, par
entraînement, entre les sections 1 et 2 et, par voie de conséquence, tout le long de cha-
que barre longitudinale.
Chapitre 4 • Association acier-béton 191

4.252 Définition de la contrainte moyenne d'adhérence


Par conséquent, si entre deux sections droites, distantes de dx, d'une barre isolée de
diamètre nominal 0, l'effort axial F varie de dF ou, ce qui revient au même, la
contrainte normale as varie de das, il y a mise enjeu de l'adhérence (figure 4.12).
Par définition, la contrainte moyenne d'adhérence 1's est le quotient de la variation
d'effort par unité de longueur par le périmètre nominal :

_ 1 dF _ 11:0 2 1 da s _ 0 da s
l' - - - - - - - - - - - - - - [4.1]
s 11:0 dx 4 11:0 dx 4 dx

Le calcul réglementaire suppose 1's constant (ce qui ne correspond certainement pas à la
réalité, la variation étant plutôt celle représentée figure 4.13).

I------:~ F + dF
(crs + dcrs)

dx

Figure 4.12

/1\ 1:s

Figure 4.13

Grâce à cette hypothèse, on peut écrire dF =(11: 0 l's ) dx


192 Traité de béton armé

XB XA

°f.---~~i~------------~~l
1

B! ,A
1 1
i i
1111 1111 1111 1111 1111 Il Il! ~S
, '
t
1
'",
1
,
,.'
1
i 1

as. nlllllllllllllllllllU aSA

Figure 4.14

et, entre deux sections A et B d'abscisses XA etxB, en supposant FA> FB :


FA -FB =1C 0 't'.(xA -XB )=1C 0 't'J
[4.2]

4.3 ANCRAGE DES BARRES DROITES


ISOLÉES

4.31 Définition
Soit une barre rectiligne supportant dans une section A un effort de traction axial Fs •
Ancrer la barre, c'est assurer à partir du point A la transmission intégrale de cet effort
au béton par adhérence.
Si l'effort de traction est égal à l'effort maximal admissible (crs =le) l'ancrage est dit
« total » par les Règles BAEL.
Chapitre 4 • Association acier-béton 193

4.32 Valeurs limites de la contrainte d'adhérence


à l'état-limite ultime
Pour assurer un ancrage correct (c'est-à-dire empêcher le glissement des armatures dans
leur gaine de béton), la contrainte d'adhérence doit être limitée. La valeur maximale
réglementaire pour le calcul des ancrages est fixée comme suit par les Règles BAEL et
l'EC2 :
a) Règles BAEL
:> Référence: BAEL 91, art. A 6.1,21
[4.3]

avec:
'Vs coefficient de scellement (voir § 2.382-1)
1t28 résistance à la traction du béton (voir § 2.242-a)
d'où:
- pour les ronds lisses ('I1s = 1): 't SlI =0,6 1t28 [4.4]

- pour les barres HA ('I1s =1,5) : 't su =1,35 };28 [4.5]

ce qui conduit aux valeurs de 'tsu en MPa données au tableau 4.4.


Tableau 4.4. Valeurs de la contrainte d'adhérence limite 'tsu (Mpa)
fc2S (MPa) 20 25 30 35 40 45 50 55 60
ft2s (MPa) 1,8 2,1 2,4 2,7 3,0 3,3 3,6 3,9 4,2
Barres HA 2,4 2,8 3,2 3,6 4,0 4,5 4,9 5,3 5,7
Ronds lisses 1,1 1,3 1,4 1,6 1,8 2,0 2,2 2,3 2,5

4.33 Longueur de scellement droit


:> Référence: BAEL, A 6.1,221
On appelle« longueur de scellement droit ls» (figure 4.15) la longueur nécessaire pour
assurer sous contrainte d'adhérence limite ('ts = 'tsu ) l'ancrage total (soit O's = le) d'une
barre droite tendue, c'est-à-dire, en appliquant la formule [4.2] avec

n0 2
F.4 =-4-fc ; 1 =1s ,.

[4.6]
194 Traité de béton armé

1
1
1
1
1
1 1
1 1 f

oi~I!llllllllle 1
1
1
1
1
,""
1
)001

Figure 4.15. Ancrage total

Cette formule, qui est fondamentale, est valable aussi bien en traction qu'en compres-
sion (BAEL, art. A-6.1,221) 1•
On arrive ainsi au tableau 4.5, qui donne les valeurs de ls / 0 en fonction de !c28 (valeurs
arrondies à l'entier le plus voisin, la précision est bien suffisante).
Tableau 4.5. BAEL - Valeurs de Is /0
fc28 (MPa) 20 25 30 35 40 45 50 55 60

Barres HA Fe E500 et fils HA 51 44 39 34 31 28 26 24 22

Barres HA Fe E400 41 35 31 27 25 22 21 19 15

Ronds lisses 50 43 37 33 30 27 25 23 21

On voit que les valeurs forfaitaires proposées par les Règles BAEL, à savoir :
• ls = 50 0 pour les barres HA Fe E 500 et les ronds lisses,
• 15 = 40 0 pour les barres HA Fe E 400,
constituent des approximations assez grossières valables uniquement pour des bétons de
très faibles résistances, mais qu'elles sont dans le sens de la sécurité.

1. Pour une barre comprimée, 1. calculée par la formule [4.6] n'est qu'un repère commode, sans signifi-
cation physique, car une telle barre est en fait considérée, en l'absence de chocs ou de vibrations,
comme totalement ancrée sur une longueur égale à 0,6 1. (voir § 4.621).
Chapitre 4 • Association acier-béton 195

Remarque:
Si, pour des raisons pratiques, on est amené à disposer des armatures en sorte que
l'aire réelle A de leur section droite soit supérieure à la section Aca/ strictement re-
quise par le calcul (section A surabondante), il faut substituer à ls la longueur
d'ancrage la (figure 4.16) définie par (BAEL, art. A-6.1,222):

[4.7]

,,
,,
0,

Figure 4.16

Ce cas se rencontre notamment lorsque l'on effectue une épure d'arrêt des barres
longitudinales (voir chapitre 16). Une partie de l'armature inférieure devant être
prolongée jusqu'aux appuis, on peut être conduit, pour respecter une symétrie, à
conserver par exemple deux barres, alors qu'une seule serait strictement suffisante.

4.4 ADHÉRENCE DES BARRES COURBES


Lorsque l'encombrement d'un ancrage par scellement droit est excessif, on a recours
aux ancrages par courbure.
Un tel ancrage est défini par :
D+0
- le rayon de courbure r de l'axe de la barre: r = si D est le diamètre du man-
2
drin de cintrage (figure 4.17),
-l'angle au centre e de la partie courbe, supposée circulaire.

,,
,,
\
\

o ~
.~
1
1

Figure 4.17
196 Traité de béton armé

4.41 Variation de l'effort le long d'une barre courbe


Les hypothèses sont:
a) la liaison d'adhérence subsiste avec la même valeur que pour une barre droite;
b) il s'y ajoute un effet de frottement dit« effet de courroie» dû à la courbure;
c) le glissement de la barre dans sa gaine développe une contrainte d'adhérence égale à 't'SU'
10) Soit un tronçon de barre courbe infiniment petit représenté par sa ligne moyenne ab
(figure 4.18).
Ce tronçon est soumis:
- aux forces Fen b, F + dF en a, dirigées suivant les tangentes en ces points;
- à la force d'adhérence dT sur la longueur ab = rd8 (dirigée en sens inverse du glisse-
ment)
dT =1t 0 rd8 't'Sil

- à la réaction transversale dR du béton.

a
~;--...
~ F+dF

~~~ s~:
l ",
b ./u.
ldR \

"
,
,
dR
,f

:
1
1
1
sens du
glissement

Fr', d9 1

"0 , 1
, 1
',/

o

Figure 4.18

En projetant les forces sur le rayon Oa, on trouve dRcos d8 =Fsind8 d'où (d8 infi-
2
niment petit) :
dR=Fd8
Si f.! est le coefficient de frottement entre acier et béton (f.! ::::: 0,4) cette réaction dévelop-
pe une force tangentielle égale à f.ldR = J.lFd8, de sens opposé à celui du glissement.
Projetons les forces sur la tangente en a :
-F+ F +dF-JUiR-dT =0
Chapitre 4 • Association acier-béton 197

c'est-à-dire

ou

ou encore [4.10]

2°) Soit maintenant une barre finie comportant une partie courbe AB supposée circulai-
re. Si l'on suppose FA > FB et si l'on compte positivement les angles dans le sens du
glissement (donc de B vers A), la relation [4.10] donne:

ou encore [4.11]

+
~

Figure 4.19

Le premier terme du second membre représente la part de variation de l'effort due à la


courbure de la barre: il traduit« l'effet de courroie ».
Le second terme représente la part de variation de l'effort due à l'adhérence. Comme
elle - 1 > )..le , cet effort est supérieur à :
1t0r't ,-...
_ _-""'-W )..le = 1t 0 AB 't su
)..l

qui serait celui correspondant à la barre droite de longueur AB.

Posons '1' =eJ.lO , 'l" =~ (elle -1) la formule [4.11] s'écrit:


)..l

[4.12]
198 Traité de béton armé

En général J.L ce qui conduit, pour différentes valeurs de e aux valeurs de


= tan 1l ::::: 0,4
8
'If et 'If' données dans le tableau 4.6.

Tableau 4.6. Valeurs des coefficients 'If et 'If' de la formule [4.12] pour J..I. =0,4
e 45° 90° 120° 135° 180°
'If 1,37 1,87 2,31 2,57 3,51
'If' 0,92 2,19 3,28 3,92 6,28

4.42 Prescriptions des Règles BAEL


pour les ancrages courbes
Des ancrages courbes ne peuvent être envisagés que pour des barres tendues.

4.421 Rayons de courbure minimaux


Les rayons de courbure doivent être au moins égaux aux valeurs fixées par le CCTO,
fascicule 65 ou fascicule 65A (voir bibliographie au § 2.41).
r
Dans le cas d'un ancrage courbe, le rapport p =- du rayon de courbure de l'axe de la
o
barre à'son diamètre nominal doit satisfaire aux conditions suivantes:
a) pour les barres longitudinales:
- p;;:: 3 s'il s'agit de ronds lisses (diamètre du mandrin de cintrage: 5 0) ;
- p;;:: 5,5 s'il s'agit de barres HA (diamètre du mandrin de cintrage: 10 0)
b) pour les cadres, étriers, épingles :
- p;;:: 2 s'il s'agit de ronds lisses (diamètre du mandrin de cintrage: 3 0)
- p;;:: 3,5 s'il s'agit de barres (ou fils) HA (diamètre du mandrin de cintrage: 60)

4.422 Modes d'ancrage usuels


On utilise de façon courante :
. - le crochet normal: e= 1800 (voir figure 4.23 a) (lorsque r = 3 0, ce crochet est appe-
lé « crochet CONSIDERE»);
- le crochet dit «à 45°)} : e = 135° (voir figure 4.23 b) (fréquemment utilisé dans les
semelles de fondation);
Chapitre 4 • Association acier-béton 199

-le crochet dit« à 60° » : 8 = 120° (voir figure 4.23 c) (ancrages des armatures longitu-
dinales des poutres de pont) ;
- le retour d'équerre: 8 = 90° ; si la partie en retour est au voisinage d'une paroi, la
partie coudée a tendance à se redresser, et il faut prévoir des armatures de couture hori-
zontales pour éviter l'éclatement du béton au voisinage au point C (figures 4.20 et
4.23e) ;
-l'ancrage à double coude: 8 = 90° (voir figure 4.21); dispense des armatures de cou-
ture du cas précédent.

Paroi
*-tI---- >- C!><:

Figure 4.20. Retour d'équerre

Figure 4.21. Ancrage à double coude

4.423 Méthode de calcul d'un ancrage courbe


Soit un ancrage courbe d'angle au centre 8 quelconque, de rayon r = p 0 quelconque, et
comportant à son extrémité un retour droit de longueur quelconque À 0. Déterminer la
profondeur la de cet ancrage comptée depuis le plan tangent extérieur en fonction de la
longueur de scellement droit ls.
200 Traité de béton armé

Figure 4.22

La barre est supposée ancrée à partir du point AI situé à une distance ÀI 0 de l'origine
A2 de la courbure.
Méthode: on applique les formules [4.2] avec 't'$ = 't'su et [4.12] aux différents tronçons
droits ou courbes à partir du point 0 où l'effort est nul, et on écrit que l'effort FAI en AI
2
, l'a -n0
est ega l'
-Je'
4
tronçon OA3, formule [4.2]

FA3 =û+n 0 À 0 't'su =À n 0 2't'su


- tronçon A3A2' formule [4.12] :

F A2 ='JI FA3 + 'JI'n 0 r 't'su =n 0 2 't'su (À'JI + P'JI')


- tronçon A2AJ, formule [4.2] :
[4.2a]1

ou

En divisant les deux membres par n 0 't'su: l, =0 (l1.'JI + P'JI'+ À 1 )

1. II résulte de cette formule que la contrainte de la barre au point A2, origine de la courbure, est:
crs =le - 4ÀI't'311 .
Chapitre 4 • Association acier-béton 201

d'où

et comme la = À10 o
+ p0 + - on trouve finalement en remplaçant À10 par sa valeur :
2

1
avec: k =À\jI + (\jI'-I) p-- [4.13]
2
L'application de cette formule aux ancrages usuels conduit aux résultats donnés figu-
re 4.23.

4.424 Application aux crochets normaux


Dans le cas de ronds lisses avec un crochet «Considère» (défini par À = 2, P = 3,
e = 1800 d'où", = 3,51 et \jI' = 6,28), on arrive à:
k 'Z 22 d'où la = Is - 22 0
Pour des barres HA munies de crochets «normaux» (À = 2, P = 5,5, e = 1800 d'où
\jI = 3,51 et \jI' = 6,28), on arriverait à : k 'Z 36 ce qui conduirait à des longueurs
d'ancrage très faibles et même dans certains cas négatives!
II parait donc raisonnable:
• tout en gardant p = 5,5 de conserver pour les barres HA la valeur k = 22 trouvée
pour le crochet Considère,
• de limiter à 10 0 la longueur d'ancrage minimale, ce qui, compte tenu des valeurs
de Isi 0 données au § 4.33 conduit au tableau 4.7:
Tableau 4.7. Longueurs d'ancrage des crochets normaux
1c28 MPa 20 25 30 35 40 45 50 55 60
Barres et fils
29 22 17 12 10 10 10 10 10
HA Fe E 500
la
Barres HA
0 19 13 10 10 10 10 10 10 10
Fe E 400
Ronds lisses 28 21 15 11 10 10 10 10 10
Barres et fils
0,55 0,48 0,41 0,32 0,32 0,36 0,38 0,42 0,45
HAFeE 500
la
Barres HA
ls 0,44 0,34 0,32 0,37 0,40 0,45 0,48 0,53 0,56
Fe E 400
Ronds lisses 0,54 0,47 0,38 0,30 0,33 0,37 0,40 0,43 0,48
202 Traité de béton armé

Dans le cas de barres terminées par des crochets normaux, les Règles BAEL proposent
les valeurs forfaitaires suivantes (art. A 6.1,253) :
la = 0,4/5 pour les barres HA Fe E 500 et Fe E 400
la = 0,6/5 pour les ronds lisses Fe E 215 et Fe E 235.
La valeur 0,6 est plutôt pénalisante lorsque la résistance du béton est élevée, en revan-
che la valeur 0,4 est, dans l'ensemble, plutôt optimiste (vis-à-vis des hypothèses pruden-
tes que nous avons adoptées).!

).,0
~ a) Crochet normal 2

1
(2p+1)0 (2p -1)0
p ;a 3 ronds lisses
p ;a 5,5 barres HA
a = 180·

l k = 3,57)., + 5,39p - 0,5


Si)., = 2, k = 6,64 + 5,39p

20
~ b) Cas particulier:
Crochet « Considère»

170 • 50
(Fe E 215 et Fe E 235 seulement):

p=3 k= 22,4
* Valeurs forfaitaires admises:

1 1
ta= ls- k0
1
1
1
- ronds lisses Fe E 215
et Fe E 235: ta = 0,6t s
- barres HA Fe E 400
:...
1
)loI
1
1
et Fe E 500: ta = O,4ts

1. Bien que cela ne soit pas explicitement mentionné dans les Règles BAEL, lorsque la section A mise
en place excède la section Acal résultant du calcul, la longueur d'ancrage la (valeurs du tableau 4.7 ou
valeurs forfaitaires) peut être réduite dans le rapport Aca/IA, sans descendre au-dessous de JO 0.
2. Le respect de ces valeurs de p dispense de vérifier la condition de non-écrasement du béton (voir
§ 4.52).
Chapitre 4 • Association acier-béton 203

c) Crochet à 1350
improprement appelé
Crochet « à 45 0 »

e = 135 0

k = 2,56À + 2,90p - 0,5


Si À = 6, k = 14,86 + 2,90p

(si P =3, équivalent au crochet Considère)

d) Crochetà 1200
improprement appelé
Crochet « à 60° »

e = 120 0

k = 2,33"- + 2,30P - 0,5


Si À =8, k = 18,64 + 2,30p

(si P = 3, équivalent au crochet Considère)

Armature de couture
nécessaire pour e) Retour d'équerre
éviter la poussée
au~dl e = 90·
k = 1,89À + 1,20p - 0,5
SiÀ= 10, k= 18,4+ 1,20p

Paroi (si p = 3, équivalent au crochet Considère)


À0 Vue de dessus

1
1
1
1
1
1
1
,oC ....:

Figure 4.23

4.43 Ancrage des cadres, étriers et épingles


Il est rappelé qu'il faut avoir p ~ 3,50 pour les barres ou fils HA (voir § 4.421).
Pour les retours droits de ces armatures, les Règles BAEL (art. A-6.l,251 et A-6.1,255)
admettent les valeurs forfaitaires indiquées sur la figure 4.24 :
204 Traité de béton armé

D[
Étrier Épingle
D Cadre Cadre

! ! !
=r S0

Figure 4.24

Remarque:
Les valeurs indiquées supposent que les plans des ancrages ne font pas un angle su-
périeur à nl8 avec les sections droites où sont disposés les aciers en cause.

4.5 EFFORTS EXERCÉS PAR UNE BARRE


COURBE SUR LE BÉTON
Une barre courbe développe sur le béton, du côté de sa concavité, une pression:

dR F 00's
1t
--=-=--- [4.14]
o rde 0 r 4 r

d'autant plus élevée que le rayon de courbure r est plus faible et que la contrainte de
l'acier est plus élevée, et d'autant plus dangereuse que la distance du centre de courbure
à la paroi la plus voisine est plus faible.
Le danger est double :
- risque de « poussée au vide »,
- risque d'écrasement du béton sous la barre ou de fendage dans le plan de la courbure.
Chapitre 4 • Association acier-béton 205

4.51 Poussées au vide


L'exemple classique des poussées au vide est celui de barres qui suivent le contour d'un
angle rentrant alors qu'elles sont tendues ou qui suivent le contour d'un angle saillant
alors qu'elles sont comprimées (figure 4.25)

Poussée au vide
~
"- , l5n";7"77:7'77:7'77:777!

.r::-
Non

t
Figure 4.25

En fait, il s'agit d'un phénomène général, qui peut exister même en l'absence de barres
d'armatures, dès qu'une pièce présente une courbure ou une brisure de sa ligne moyenne:
du fait de cette disposition, il se produit des tractions normales au contour, qui peuvent
entraîner la fissuration du béton par traction (courbure des isostatiques) (figure 4.26)

Poussées au vide

) /
/

)f
Poussée non équilibrée
et ancrages en position
incorrecte

Figure 4.26

Il existe donc des poussées au vide non seulement des armatures mais aussi du béton
même non armé. Par exemple, dans les dispositions adoptées sur la figure 4.26 la pous-
'sée au vide des compressions du béton dans l'angle convexe n'est pas équilibrée. Voir
également le cas des angles des pièces polygonales sollicitées en torsion (§ 13.74, figu-
res 13.28 et 13.29),
Par un tracé judicieux des armatures, on peut le plus souvent éviter les poussées au vide
(figure 4.27)
206 Traité de béton armé

CD
Paillasses
d'escaliers

®
Goussets

®
Poutres avec décroctlemlents

P : Poussée au vide

• Dispositions défectueuses • Dispositions correctes

Figure 4.27

S'il est impossible d'éviter un tracé courbe donnant lieu à des poussées au vide, il faut
équilibrer celles-ci par des armatures transversales convenablement placées et convena-
blement ancrées, et de section suffisante.
a) Si la poussée au vide résultante à l'état-limite ultime est une force concentrée
R", il faut prévoir au voisinage de son point d'application une section totale
(U /) d'armatures de couture telle que:

(u)hr ~R [4.15]
t 115 ,u

avecfet limite d'élasticité des armatures de couture.


La figure 4.28 indique deux dispositions possibles.
Chapitre 4 • Association acier-béton 207

.~) M

M~

Figure 4.28

b) Dans le cas où la poussée au vide résultante à l'état-limite ultime est étalée


sur une certaine longueur (figure 4.29) il faut prévoir des nappes de section
Ar, espacées de St et telles que:
At fet Fe (ou ~)
-->--':;...;~--'-..:.. [4.16]
St 1,15 - r

~c

Figure 4.29
208 Traité de béton armé

Remarque:
On rencontre des phénomènes qui s'apparentent à la poussée au vide dans les cas
suivants:
a) armatures longitudinales comprimées droites (de diamètre 0/) non maintenues
par des armatures transversales, qu'il s'agisse de poutres fléchies ou de poteaux.
Dans ces deux cas, les Règles BAEL demandent de prévoir des armatures transver-
sales maintenant les armatures longitudinales et espacées d'au plus 150/.
b) redressement de l'extrémité droite des ancrages par retour d'équerre (figu-
res 4.20 et 4.23)

4.52 Condition de non-écrasement du béton

4.521 Ancrages courbes et changement


de direction des barres
Pour les ancrages courbes de barres disposées en un seul lit, tels qu'ils sont définis figu-
re 4.23, et pour les cadres, étriers et épingles, aucune vérification particulière vis-à-vis de
l'écrasement du béton n'est exigée par les Règles BAEL si, dans les deux cas, les rayons
de courbure sont au moins égaux aux rayons de courbure minimaux donnés au § 4.421.
En revanche, pour des ancrage courbes ne remplissant pas les conditions précédentes
(mais dont les rayons de courbure sont cependant au moins égaux à ceux fixés par les
textes en vigueur) et, de façon générale, en toute partie courbe de barres tendues chan-
geant de direction, comme cela est le cas, par exemple, des barres relevées (§ 12.636), le
rayon de courbure doit satisfaire à l'inégalité suivante (BAEL, art. 6.1,252) :

p =.!:.. ;::: 0,2


o
(1 + e0J1..28crs u
r
[4.l7a]

avec :
r rayon de courbure de la ligne moyenne de la barre;
o diamètre de la barre;
crs contrainte de la barre, sous sollicitation ultime, à l'origine de la courbure 1•
er distance du centre de courbure de la barre à la paroi la plus voisine (figu-
re 4.30) ;

1. Pour un ancrage courbe, il s'git du point A2 (figure 4.22). voir la note au § 4.423.
Chapitre 4 • Association acier-béton 209

Pour une barre courbe isolée ou faisant partie d'un ensemble de barres courbes dispo-
sées en un seul lit :
u=1.
Pour une barre courbe appartenant à un ensemble de barres courbes disposées en m lits
(m:::; 4), sous réserve que les distances libres entre lits successifs soient au moins égales
au diamètre des plus grosses barres:
1+2m
u=--
3
Les valeurs minimales du rapport p = r /0 peuvent être lues sur la figure 4.32.

Vue de profil Vue de face

.-----------------

Calcul Exécution

Figure 4.30

Le calcul doit toujours être conduit avec la valeur de er la plus défavorable (plan de la
barre courbe parallèle à la paroi) mais à l'exécution, il est recommandé, si cela est possible,
d'incliner ce plan pour augmenter en ce qui va dans le sens de la sécurité (figure 4.30)

4.522 Armature de traction toute entière en courbe - Boucles


On vise ici le cas des armatures à l'origine d'une console par exemple, ou disposées
conformément à la figure 4.29, ainsi que celui des barres bouclées à plat (en forme
d'épingles à cheveux) utilisées dans certains cas aux extrémités des poutres ou tirants,
en recouvrement ou non avec les barres principales (voir par exemple, l'étalement des
« bielles» au § 12.81) .
. Le rayon de courbure r de chaque barre doit satisfaire à l'inégalité:

p =.!:.. ~ 0,35
o
le
fc28
(1 + 2 m
b
0) U [4. 17b]
210 Traité de béton armé

avec:
le limite d'élasticité des barres
m nombre de barres d'un même lit
b largeur de l'élément en cause
u même signification qu'au § 4.521.
L'inégalité [4. 17b] est généralement satisfaite en prenant p = 7 pour des ronds lisses et
p = Il pour des barres HA.

Remarque:
Dans les Règles antérieures, la vérification de la condition de non-écrasement du
béton était exigée dans tous les cas de barres présentant une partie courbe.
L'inégalité [4.l7a] résulte d'un calcul assez simpliste effectué alors, dans
l'hypothèse de l'ancrage courbe d'une barre isolée (u = 1), inégalité généralisée par
la suite pour prendre en compte le nombre de lits.
Dans le cas d'une contrainte appliquée sur une zone restreinte Cl de la surface Co
(supposée plane) d'un élément de béton, l'article 3.442 des Règles BA 1960 autori-
sait à multiplier la contrainte admissible par un coefficient: 1+ (3 - 2À) (1- À) avec
À rapport le plus faible de l 'homothétie effectuée à partir du centre de gravité G l de
Cl et amenant un point de Cl sur le contour Co (figure 4.31) :

Figure 4.31

L'article 3.442 des Règles BA 1960 n'avait d'ailleurs fait que reprendre l'article
2.252 des Règles BA 1945 où le coefficient défini ci-avant était donné par une for-
mule plus générale et légèrement plus complexe, due à M. Caquot.
Chapitre 4 • Association acier-béton 211

~
Barre d'un ensemble de 4 lits

l ~ .-
Barre d'un ensemble de 3 lits
Barre d'un ensemble de 2 lits
B,rre ;",Iée 0' ,ppartan,nl • un lit unique
30 10 r/0, , • ___ ___ ;.. __ 1___ ! __ _
23 ~1 1
~---~---/;---
\
- -
1
_ .. -
1 1 1
- _ ..... __ ...1 _ _ _ "" _ _ _ ~

i j 1 )

29 16 !l 1
-~ r-~i ~--; ~ -;---
1 1
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1 1
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1&' ___ ~1- __ "';1 ___ .4
22 __ ..,I~ _ _ "" ~ __ ~ - - -1- __

28 I i i

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1
-~
1 1
i
1
;-~~;--i---
j
l
\
,
1
1
i- --;- -i~--;---
1
)

27 21 15 9
26 20
14
25
19
24 8 1 1 l ,
13
23 18 ~=j~:~t:~:t ~~j~~~
--~---t--~~--~---
22 17 12
1 1 1 1

,, ,, .,
-1- - -
- - " t - - -.,.. - - -4- - -

21 7
16 1
__ ....
1
, ~
1
_ ..
j
_ ~
1
-~

1
- _ -t1 __ _
1
20 11 ---r--,--,.- --r---
1 1 1 1

1 1 1 1
15 --i~- -7~ ~ .~ ..".. ~:. -~<
19
--,---r---r- -.,---
1

!
j

1
,

1 1
1

18 14 10 6 i 1 l ,
1 1 1 1
- - ,,- - - r - - -r" - ".,'

--1---t---:- --: ---


1 ! 1 1
17 13
9 --;- - -i -- -i --;- --
16 --~--,.~<-."~~. ·<·1-·~··· ~ .. ~
12 , 1 j 1
15 5
11 8
14
13 10 7
12 4
9
11 6
10 8

9 7 5 3 ) ; 1 !

8 6 ~:~:t :~t~:j=:=!==~
) I I I
i \

.,
\ 1

7 4 - ~ - r- - -r-- ," - -1- - -


___ ___ __ ..L __ ! __ _
~ ~

6 5 2 ,
5 10 15 20 25

Figure 4.32. Condition de non-écrasement du béton

Si l'on extrapole la formule des Règles BA 1960 au cas d'un ancrage courbe, on
trouve, pour une barre isolée (figure 4.33) :

À=~
2er
212 Traité de béton armé

"-:-0/2

Figure 4.33

et compte tenu de la formule [4. 17a] la condition de non-écrasement s'écrit alors:

Or, si er peut être quasi infini (crochet « en pleine masse»), il ne peut être inférieur
à 1,5 0 puisqu'une barre doit toujours être enrobée par une épaisseur de béton au
moins égale à son diamètre. Il en résulte que :

O:::;À:::;!
3
Dans cet intervalle, on peut remplacer l'expression 1+(3-2À)(1-À) par

l'expression approchée par défaut _4_ (figure 4.34).


1+2À
On peut par ailleurs observer que la contrainte crs n'est pas constante le long de la
courbure. Elle est maximale à l'origine de celle-ci (crsmaJ et en faisant abstraction
cr
de l'effet favorable de l'adhérence, elle vaudrait ~ en tout autre point, 'II étant
'II
le coefficient de la formule [4.12].

4 r----~-----~------------~
"",
", , ,
,,
, , ,,
;

,
3.5
:', "
(
1 ,.
.....
. . )
i
:..
- - ------ -- - ---~"" ---- ---1 +(3-2/..)(1-/..) -------~- -- ••• -.- .-- ----
~" ~

\"
l
l
j
,,'i
" 1
,,1
(
).
t

'{
{ " 1 J

3 ---------------<-..
,, --- ----
.,
~ ~7~"~""'" ~,~
.
\

, , ....... ~ -".~'~ --- .,. -_ .... ----~ ~


,,
1~
l 1+2/..
,, , ..
, ,.
,.,
,, , ,
2,5 ' - - - - - - ' - - - - - - - - ' - - - - - - - " " - '--'-"------'
. ,
o 0,1 0,2 0,3 0,33

Figure 4.34
Chapitre 4 • Association acier-béton 213

crs,max
En adoptant une valeur moyenne de l'ordre de la condition de non-
15',
écrasement devient:

qui est la formule des Règles BAEL pour une barre isolée ( ~ ::::: 0,20 ).
16

4.6 JONCTIONS PAR RECOUVREMENT


Lorsque les longueurs de barres nécessaires dépassent les longueurs commerciales (cas
par exemple des poutres de grande portée, des tirants de voûtes de grande ouverture,
etc.) l'armature est nécessairement formée de différents tronçons et il faut rétablir la
continuité mécanique entre deux tronçons successifs.
Pour obtenir ce résultat, on peut avoir recours à divers procédés.
Le procédé le plus courant consiste à faire appel à l'adhérence en faisant chevaucher
deux tronçons successifs de barre sur une certaine longueur. On obtient ainsi une jonc-
tion pàr recouvrement. La longueur de chevauchement est appelée longueur de re-
couvrement et désignée par i r•
On peut aussi avoir recours, lorsque l'acier est soudable, au soudage bout à bout ou avec
recouvrement ou encore. mais pour les barres HA uniquement, au manchonnage au
moyen de manchons sertis ou vissés sur les deux tronçons en prolongement l'un de
l'autre'. Plus rarement, on utilise des coupleurs où la liaison est assurée par injection de
métal fondu (aluminothermie), de résine ou de mortier.
Dans ce qui suit, on n'étudie que les jonctions par recouvrement.

1. Ces dispositifs sont maintenant normalisés (voir norme NF A 35-020 -1 et -2, juillet 1999)
214 Traité de béton armé

4.61 Recouvrement des barres tendues

4.611 Transmission des efforts


Soit deux barres parallèles de même type et de même diamètre nominal 0, dont les axes
sont distants de c, se chevauchant sur une longueur Ir et soumises à deux forces égales et
opposées (figure 4.35).
On admet:
1°) que le béton situé entre les deux barres se fissure,
2°) que les fissures sont inclinées à 45° sur la direction des barres,
3°) que la transmission des efforts d'une barre à l'autre s'effectue par mise en compres-
sion des « bielles» de béton découpées par les fissures.

-c-c ts

, , , ,, , , , , , , p
f ,, ,, ,,
c - ,
- -,....,- - -

,, ,, , , "
, , ,, "
4 - - - ../-_ - , 1 , - - - - ' -

,,
-/----
0

• ,/ "-'\
45·

ir

Figure 4.35

Cette transmission n'est donc effective que sur la longueur Ir - c.

4.612 longueur de recouvrement Ir


Les barres ne doivent pas glisser dans leur gaine: chaque barre doit donc être totale-
ment ancrée. D'où, compte tenu du fait que l'on peut négliger c si c:S; 5 o les longueurs
de recouvrement données par le tableau 4.8 (BAEL, art. A-6.1 ,223):

f-lC~==============~~
~. ~. Élévation
, ,
1 i0 i

~I~========:::±t::;:::;~: '::1 CP","

i"llioe---lr ---.....;....-;;

• Figure 4.36
Chapitre 4 • Association acier-béton 215

Si les plans des ancrages ne sont pas parallèles, c représente l'écartement transversal des
centres de courbure des barres.
Tableau 4.8
Barres
Entre-axes Barres munies de crochets normaux
rectilignes
des barres (Figure 4.36b)
(figure 4.36a)
Ir = la, soit forfaitairement:
Ronds lisses

Fe E 215} 0,61 Mais adopter plutôt


s
c:::;50 Ir = Is et Fe E 235 les valeurs du
Barres HA tableau 4.7

Fe E 40O} 0,41s
et Fe E 500
Ir = la + c, soit
forfaitairement:
Ronds lisses
Même remarque
Fe E 215} que
c>50 0,61s + c
Ir = Is + c et Fe E 235 ci-dessus en
n'oubliant pas
Barres HA d'ajouter « c »
Fe E 40O} 0,41s + c
et Fe E 500

Les plans des ancrages doivent être cousus (voir § 4.613).

Remarques:
1) Si les deux barres en recouvrement ont des diamètres différents, Ir doit être éva-
lué à partir du Is le plus grand.
2) Le schéma de la figure 4.37 donne le diagramme des contraintes de l'acier dans
le cas d'une jonction par recouvrement (on a supposé c :::; 5 0) :
216 Traité de béton armé

,
~
..- - - tr ---)o~!
2 :,
,, ,,

21111111111Iïl~!llIIIIIIIIII11
: :0

1+2 "II"" l""111Iltlt!HIHUlllliii """""1


,,
,,
,,
,, fe

Figure 4.37

Tout se passe donc bien comme si on avait une seule barre continue; cependant,
sur toute la zone de longueur Ir, l'encombrement latéral correspond à deux barres:
il faut y penser lors du dimensionnement des sections de béton.

4.613 Armatures de couture


Du fait de la fissuration du béton à 45° et de la mise en compression des bielles décou-
pées par les fissures, une jonction par recouvrement donne naissance à un effort trans-
versal Ft égal à l'effort longitudinal FI s'exerçant dans chacune des barres, ainsi que le
montreÎlt les conditions d'équilibre (figure 4.38).

Compression oblique
dans les bielles
Effort ""
transversal ""
""

Ft Effort longitudinal

Figure 4.38

Pour équilibrer cet effort transversal, c'est-à-dire pour assurer l'équilibre des bielles et
empêcher la fissuration longitudinale selon le plan P de la figure 4.38, il faut normale-
ment disposer, sur la longueur Ir' des armatures de couture, sauf(BAEL, art. A-6.1,23) :
• dans les poutres, si la proportion de barres arrêtées ne dépasse pas 1/4 sur l'étendue
d'une longueur d'ancrage la et si la;::: Is,
• dans les dalles armées de treillis soudés, dans tous les cas,
Chapitre 4 • Association acier-béton 217

• dans les dalles non armées de treillis soudés, si la proportion de barres en recouvre-
ment dans une même nappe est au plus égale à :
- 1/3 pour la nappe la plus proche de la paroi voisine
- 1/2 pour toute nappe séparée d'une paroi par une nappe de direction différente.
En dehors de ces trois cas, des armatures de couture sont nécessaires; elles sont déter-
minées comme indiqué ci-après.

a) Cas de barres rectilignes


On raisonne sur le cas de m barres rectilignes de même diamètre, en recouvrement de
part et d'autre d'un même plan (figure 4.39). S'il n'y a que deux barres en recouvre-
ment: m= 1.

pm··
--
o
---
0 0
- - ---
mm
000
---
p
0

t ---1--f--1--1--1t--
1

: St
~
1

:
\ l

At:,
P
t0
,

Exemple: m = 3 avec Exemple: m = 4 avec ;......f - - - - - - l r ~


At correspondant At correspondant
à 2 brins. à 6 brins.

Figure 4.39

Soit:
AI la section totale pour une nappe d'armatures de couture, des brins qui traver-
sent le plan P
SI l'équidistance des nappes d'armatures de couture
!el la limite d'élasticité de ces armatures.
L'effort total qu'elles peuvent équilibrer est (BAEL, art. A-6.1 ,23)
~ = (LAI)let
L'effort longitudinal est F; =A le .
Il faut avoir Ft ~ FI c'est-à-dire:

- au total: (L4) ht ~ AI.


- ou, par unité de longueur, puisque l'effort longitudinal s'annule sur la longueur Is :

[4.18]
218 Traité de béton armé

2
. 0 J: n0
SOIt, compte tenu de ce que ls = __ e et A = m--
4 't su 4

[4.19]

(m = 1 s'il n'y a que deux barres en recouvrement).

Les armatures de couture doivent être disposées sur la longueur Ir et non sur la longueur ls.
De manière générale les recouvrements doivent être décalés (c'est-à-dire qu'il ne
convient pas d'arrêter l'ensemble des m barres dans la même section transversale).

b) Cas de barres munies d'ancrages courbes


:> Référence: BAEL, art. A-6. 1,254
Pour parer au risque de fendage du béton suivant les plans contenant les ancrages par
courbure, ces plans doivent être cousus. Dans le cas de recouvrements avec crochets
normaux, la section des armatures de couture doit être au moins égale à la moitié de
celle résultant de l'application de la formule [4.19].

4.614 Barres couvre-joints - Chaînages


Les barres « couvre-joints» sont utilisées pour transmettre les efforts entre deux barres
placées bout à bout dans le prolongement l'une de l'autre, ce qui évite la création de
moments secondaires au droit de la jonction; on les dispose de telle sorte que c ::; 5 0
(figure 4 .40). Leur longueur est alors au moins égale à 2is.

, 1
1 1
1 1

~ ~ ~

IIIIIIIIIII!.IIIIIIIII~IIIIIIIIII,~IIIIIIIII
Figure 4.40

Si le nombre de barres est élevé, les barres couvre-joints deviennent continues et ne se


distinguent plus alors des autres barres. On a un « chaînage ».
Sur l'exemple simple du couvre-joint de la figure 4.40, on remarque que sur une lon-
gueur is de part et d'autre de la coupure, on a« physiquement» deux barres mais, «mé-
caniquement », une seule barre. Chaque coupure entraîne donc la perte mécanique d'une
barre dans le nombre total des barres mises en place.
Chapitre 4 • Association acier-béton 219

En généralisant cette constatation au cas d'un chaînage, on aboutit à la règle ci-après:

Règle:
Un chaînage de m barres de même diamètre comportant p coupures par longueur
de scellement droit est mécaniquement équivalent à m - p barres continues.

Exemple, figure 4.41 : m = 6,p = 2 d'où nombre de barres utiles: 4.

m=6

'11111111
4 barres 6 barres

,111111'
,"'"'" Diagramme de Os résultant

Figure 4.41

Note: Le diagramme de crs résultant s'obtient en représentant, pour chaque coupure, la


variation de la contrainte!e à 0 sur la longueur ls de part et d'autre de la coupure (figu-
re 4.40) et en cumulant ensuite les ordonnées.

4.62 Recouvrement des barres comprimées


en permanence
Dans ce cas, il faut toujours prévoir des ancrages droits. En effet, si des ancrages cour-
bes sont soumis à une compression, ils se déforment et provoquent un gonflement et un
éclatement du béton, surtout s'ils sont placés à proximité d'une paroi. Ces ancrages sont
donc interdits pour des barres comprimées l .

1. Pour les barres susceptibles d'être tendues dans certains cas de charge et comprimées dans d'autres,
les règles concernant les barres tendues, qui conduisent aux plus grandes longueurs de recouvrement,
sont applicables. Sauf impossibilité totale, il faut éviter également dans ce cas, de prévoir des ancra-
ges courbes.
220 Traité de béton armé

4.621 longueur de recouvrement


Dans le cas où elle est soumise à un effort de compression, une barre vient prendre
appui sur le béton par sa face terminale; la dilatation transversale (effet Poisson) a par
ailleurs pour effet de plaquer la surface latérale de la barre contre la gaine de béton.
Ces deux effets, qui sont favorables, sont annihilés dans le cas de barres soumises à des
chocs de direction axiale (armatures longitudinales des pieux mis en place par battage,
par exemple) ou à des vibrations. D'où les valeurs de la longueur de recouvrement l'r à
prendre en compte :
a) Cas général, où il n'y a ni chocs, ni vibrations et où la distance entre axes des barres
est plus égale à 5 0 :

I~ = 0,61s
Les Règles BAEL admettent les valeurs forfaitaires données au tableau 4.9.
Tableau 4.9

- barres HA Fe E 400
1; = 24 0 (0,6 x40 0)
- fils tréfilés HA Fe E 400

- barres HA Fe E 500
- fils tréfilés HA Fe E 500 1; = 30 0 (0,6 x 500)
- ronds lisses Fe E 215 et Fe E 235

b) Cas de barres soumises à des chocs ou à des vibrations:

4.622 Armatures de couture à disposer sur la longueur de recouvrement


Ces armatures font l'objet de règles particulières (voir § 10.542).
Chapitre 4 • Association acier-béton 221

4.7 ANCRAGES ET RECOUVREMENTS


DES TREILLIS SOUDÉS

4.71 Treillis soudés formés de fils lisses


:> Référence: BAEL, art. A-6.2,2

4.711 Définition
La définition qui suit, proposée par l' ADETS, n'a pas été reprise par les Règles BAEL :
« Quel que soit leur diamètre sont considérés conventionnellement:
- comme fils porteurs ceux qui engendrent une section par mètre supérieure ou égale à
celle engendrée par les fils qui leur sont perpendiculaires ;
- comme fils de répartition, même si leur diamètre est le plus grand, ceux qui engen-
drent une section par mètre inférieure à celle engendrée par les fils qui leur sont per-
pendiculaires» (figure 4.42).
À noter qu'une telle définition ne préjuge absolument pas du rôle mécanique joué dans
l'ouvrage par chacune de ces deux directions d'armatures.

Si A 1p.m. <: A 2P.m.


même si 01 < O2 :
A 1 = fils porteurs
A 2 = fils de répartition

Figure 4.42

4.712 Ancrages rectilignes


L'ancrage d'un fil lisse constitutif d'un treillis soudé est supposé assuré non par adhé-
rence propre du fil mais uniquement par appui sur le béton des fils transversaux qui lui
sont soudés.
L'ancrage total rectiligne est supposé assuré par (figure 4.43) :
- au moins trois soudures d'aciers transversaux (de répartition en général) pour un fil porteur ;
- au moins deux soudures d'aciers transversaux (porteurs) pour un fil de répartition.
222 Traité de béton armé

Zone d'ancrage

Ancrage total
d'un fil porteur

Zone d'ancrage

Ancrage total
d'un fil de répartition

Figure 4.43

La possibilité de réaliser des ancrages partiels conduit en pratique aux dispositions sui-
vantes:

a) Fils porteurs
Soit:
A l ' aire réelle d'un fil porteur du treillis
A cal l'aire de la section strictement requise par le calcul.
Au-delà du point où s'exerce l'effort à ancrer on doit trouver:
- trois soudures si Acal S; A < 2Acal
- deux soudures si 2Acal S; A < 3A cal
- une soudure si 3A cal S; A

b) Fils de répartition
Au-delà du point où s'exerce l'effort à ancrer on doit trouver en général deux soudures.

4.713 Ancrages par courbure


Les Règles BAEL autorisent (art. A-8.l,21) l'utilisation de treillis soudés pour constituer
les armatures longitudinales, et donc aussi transversales, d'une poutre ou d'un poteau.

a) Diamètres minimaux des mandrins de cintrage des treillis lisses


Divers cas peuvent se rencontrer en pratique suivant la position des nœuds de soudure:
Dans tous les cas, le diamètre D du mandrin de cintrage doit être au moins égal à
max [4 0; 20 mm].
1er cas: les aciers transversaux sont placés du côté intérieur (figure 4.44)
Chapitre 4 • Association acier-béton 223

Il faut avoir E ~ 0,65 D + 20(, ou sinon, prévoir un mandrin échancré (figure 4.44b) :

• Figure 4.44

2e cas: les aciers transversaux sont placés à l'extérieur (figure 4.45).
Il faut avoir E ~ 0,5D + 0(, ou sinon, adopter D ~ 200 (figure 4.45b) :

• Figure 4.45

b) Longueurs des retours droits
II convient de respecter les dispositions de la figure 4.46, plus contraignantes que celles
données au § 4.43.
224 Traité de béton anné

üc
Étrier Épingle Cadre

150

Figure 4.46

Les Règles BAEL indiquent que dans le cas d'un angle de 90° (retour d'équerre), la
partie rectiligne prolongeant l'arc de cercle doit obligatoirement comporter un fil soudé
perpendiculaire (figure 4.47a): une telle disposition n'est réellement applicable que
pour des cadres ouverts (figure 4.47b).

Fil soudé
obligatoire

;/

• Figure 4.47
Chapitre 4 • Association acier-béton 225

4.714 Recouvrements
La longueur d'ancrage étant déterminée par les soudures (§ 4.712), la jonction par re-
couvrement de deux fils rectilignes doit comporter sur chaque fil : trois soudures dans le
cas de fils porteurs (figure 4.48), deux soudures dans le cas de fils de répartition (figure
4.49). Les soudures intéressées sur l'un et l'autre fils sont décalées de 4 cm dans le sens
qui augmente la longueur de recouvrement, à moins que les fils en jonction ne soient
dans un même plan. Comme indiqué au § 4.613, on ne prévoit pas d'armatures de cou-
ture pour de telles jonctions.

0::4 cm

8+-i
1

l 6 0 0
• • 1

i --.
0::4 cm

I ~
1

.+-i )
• () • () 1

i --.

8+-i
1
.. ~ ~ ~
1

i --..
Figure 4.48. Recouvrement des fils porteurs
a) et b) nappes en recouvrement dans des plans distincts,
c) nappes en recouvrement dans le même plan

Ces dispositions entraînent automatiquement pour les fils de répartition les dispositions
indiquées figure 4.49.

Remarque:
Les solutions du type a ont l'inconvénient de conduire à un encombrement en hauteur
des panneaux. De ce point de vue, les solutions des types b ou c sont préférables.
226 Traité de béton armé

~4cm

~I • ,
1
Pour la disposition 0 '--i ~
1
1

1
--..

~ ~
1 ~ 1
Pour la disposition . , .-- i 1 ----+-

~4cm

~I
1
Pour la disposition • '--i ,~
1
1
--..
1 1

Figure 4.49

4.72 Treillis soudés formés de fils à haute adhérence


:> Référence: BAEL, art. A-6.2,1

4.721 Ancrages rectilignes


Les fils constituant un treillis soudé à haute adhérence sont ancrés individuellement par
scellement droit (§ 4.33) ou par les soudures (conformément au § 4.712) selon le cas le
plus favorable, du point de vue de la longueur nécessaire.

4.722 Ancrages par courbure


Les diamètres minimaux des mandrins de cintrage pour réaliser éventuellement des
ancrages courbes (figure 4.23) à l'extrémité des panneaux de treillis sont donnés dans la
tableau 4.10 qui fournit également les diamètres minimaux pour réaliser des cadres ou
des étriers (figure 4.46) et ceux à respecter pour les coudes.
Chapitre 4 • Association acier-béton 227

Tableau 4.10. Diamètres minimaux des mandrins de cintrage


des treillis soudés HA (mm)
Diamètre minimal D Diamètre nominal du fil (mm)
du mandrin de cintrage (mm) 5-5,5 6 7-8 9-10 12 14 16
Etriers et cadres 30 30 40 50 60 90 100
Ancrages 50 70 70 100 100 150 150
Coudes (changement de direction du fil) 150 200 200 250

En ce qui concerne les nœuds de soudure, le diamètre D étant pris au moins égal aux
valeurs du tableau 4.10, les dispositions et valeurs de E des figures 4.44 et 4.45 sont
applicables. Pour les cadres et étriers, se reporter au paragraphe 4.713-b.
La condition de non-écrasement du béton et celle relative au cintrage d'ensemble d'un
panneau et aux boucles données au § 4.52 sont applicables. On peut en trouver une
présentation adaptée dans l'ouvrage Le Treillis soudé - Calcul et utilisation édité par
l'ADETS 1•

4.723 Jonctions par recouvrement


Si la longueur d'ancrage est déterminée par les soudures, les règles du § 4.714
s'appliquent.
Si la longueur d'ancrage est celle du fil constitutif, ce sont celles du § 4.611 (tab.4.6)
qui sont .applicables.
Dans les deux cas, des armatures de couture ne sont pas nécessaires.

4.8 PRESCRIPTIONS DE L'EUROCODE 2


CONCERNANT LES ANCRAGES

4.81 Modes d'ancrage


Les ancrages des barres tendues peuvent être droits, ou affecter l'une des formes de la
figure 4.50 (lb,eq correspond à ce que nous avons appelé «longueur d'ancrage» pour les
Règles BAEL, et hd correspond à la longueur de scellement droit Is).

1. On peut se procurer cet ouvrage sur simple demande adressée à l'ADETS ou le consulter sur le site
www.adets.org. Dans ce même ouvrage, on trouve la démarche de calcul pour résoudre le problème
suivant: «connaissant la longueur disponible pour loger un ancrage courbe, quelle longueur donner
à son retour droit pour que cet ancrage soit équivalent à un ancrage par crochet normal d'une lon-
gueur égale à 0,4 ls ? ».
228 Traité de béton armé

La prise en compte de la « longueur équivalente h,eq » représentée sur cette figure est
définie plus loin, au § 4.843.

<:50
a

90 0 :s; a < 1500

• Longueur d'ancrage de référence lb mesurée le long • Longueur d'ancrage équivalente


de l'axe quelle que soit la forme du tracé pour un coude normal

:
0 t <:O,60 <:50

t ('::'~:j: ~tj
(-••..•••.••..••••.•.••••.•••.••.••.••••••.•.•••.•••••.•••.•••.•... j~

lb,eq

ct Longueur d'ancrage
équivalente pour un
• Longueur d'ancrage
équivalente pour une
• Longueur d'ancrage
équivalente avec barre
crochet normal boucle normale transversale soudée

Figure 4.50. Modes d'ancrage autres que le scellement droit

4.82 Cintrage des barres

4.821 Diamètres minimaux des mandrins de cintrage


Pour les barres et les fils, le diamètre minimal du mandrin de cintrage des coudes, cro-
chets et boucles ne doit être inférieur:
- ni à celui requis par l'essai de pliage-dépliage,
- ni à 4 0 si 0 :::; 16mm, ni à 7 0 si 0 > 16 mm.
Pour les barres ou treillis soudés pliés après soudage, voir § 4.91.

.4.822 Condition de non-écrasement du béton


Cette clause ne s'applique pas aux cadres, étriers et épingles.
10 • Aucune vérification n'est nécessaire si les conditions suivantes sont remplies:
a) l'ancrage de la barre ne requiert pas une partie droite de longueur supérieure à 50 au-
delà de la partie courbe;
Chapitre 4 • Association acier-béton 229

b) le plan dans lequel la barre a été courbée n'est pas proche d'un parement, et il existe,
à l'intérieur de la partie courbe, une barre transversale ayant au moins le même diamètre
que la barre courbée, et disposée perpendiculairement au plan de la courbure (disposi-
tion analogue aux cas a et b de la figure 4.54) ;
c) le diamètre du mandrin est au moins égal aux valeurs données au § 4.821 ou dans le
tableau 4.12.
2°. Si ces conditions ne sont pas remplies, le diamètre minimal 0 m du mandrin nécessai-
re pour éviter l'écrasement du béton est donné par :

avec:
F bt force de traction à l'état-limite ultime, à l'origine de la courbure, dans une barre
ou un groupe de barres en contact,
ab pour une barre, ou un groupe de barres au contact, moitié de l'entre-axes des
barres, ou des groupes de barres, dans la direction perpendiculaire au plan de la
courbure. Pour une barre, ou un groupe de barres, proche d'une paroi:
ab = enrobage + 0/2,

!cd résistance de calcul du béton en compression avec!ck plafonnée à 55 MPa.

4.83 . Contrainte ultime d'adhérence


L'EC2 établit une distinction entre les conditions d'adhérence «bonnes» et les condi-
tions d'adhérence« médiocres» (figure 4.51).
La contrainte ultime d'adhérence, notée/bd, est prise égale :/bd = 2,25 Th T12!ctd
avec:
!ctddonné par fcld = fclk,O,05 IYe en plafonnant!ctk,O,05 à 3,1 MPa (voir tab. 2.4)

quand les conditions d'adhérence sont réputées bonnes


quand elles sont réputées médiocres (en particulier dans les éléments réali-
sés au moyen de coffrages glissants)
Th dépend du diamètre de la barre :
- si 0 ~
32 mm, 112 = 1
- si 0 > 32 mm, 112 = (132 - 0)/100, 0 en mm.
230 Traité de béton armé

. , 45· sas90·
250
LI--
t .
.
i

• h>250mm
.
1
.
,

h[! ~300L~]
I~------------~
'~I--------------~
.1 .1 h
1 1
1 1

• hS250mm fi h>600mm
a) et b) conditions d'adhérence bonnes c) et d) zone non hachurée - conditions
pour toutes les barres d'adhérence bonnes
~ Direction du bétonnage zone hachurée - conditions d'adhérence
médiocres

Figure 4.51. Conditions d'adhérence

4.84 Longueurs d'ancrage

Remarques préliminaires:
Pour les calculs relatifs aux ancrages et aux recouvrements, l'EC2 a, sous l'influence
de l'école suédoise, adopté une présentation compliquée de la longueur d'ancrage de
calcul, dans laquelle entre le produit apparent de cinq (et même six) coefficients ah
a2, a3, ~, <l5 (et ~). Chacun de ces coefficients est censé prendre en compte une
circonstance particulière susceptible de se présenter (par exemple: présence ou non
d'armatures transversales le long de l'ancrage) et permettre de gagner (ou de perdre
?) quelques centimètres sur la longueur d'une barre de plusieurs mètres!
Certains de ces coefficients correspondent à des situations incompatibles entre elles
(par exemple, a3 qui vise le cas d'armatures transversales non soudées est incompa-
tible avec ~ qui vise le cas où celles-ci sont soudées). En outre, l'enrobage, l'un
des paramètres pris en compte dans le calcul de certains de ces coefficients, dépend
lui-même de plusieurs autres paramètres. On est loin des 50 0 forfaitaires des Rè-
gles BAEL, assortis de la seule condition que les enrobages minimaux et distances
minimales entre barres soient respectés.
Chapitre 4· Association acier-béton 231

Les chercheurs qui ont «pondu» cette formulation montrent là une méconnaissan-
ce totale des conditions réelles d'exécution sur un chantier, où l'on fait davantage
appel au mètre en bois pliant et au bâton de craie qu'au pied à coulisse et au crayon
savamment taillé. À la fin du paragraphe 4.842, tout en respectant l'EC2, nous
avons essayé de résumer les choses de manière plus simple.

4.841 Longueur d'ancrage de référence


Il s'agit de la longueur requise (required) h,rqd pour ancrer, sous la contrainte
d'adhérence./bd supposée constante, la force As{Jsd qui règne dans une barre droite (diffé-
rence avec les Règles BAEL, qui prennentled au lieu de (Jsd) :
[4.20]

avec
{Jsd contrainte de calcul de la barre dans la section à partir de laquelle on mesure
l'ancrage.

4.842 longueur d'ancrage de calcul


Cette longueur, désignée par lbd, est donnée par :
hd = al a2a3~a5 Ib,rqd"?lb,rnin [4.21]

h,rqdvoir ci-avant; pour h,min se reporter à la fin du présent paragraphe; les coefficients
al, a2, a,3, ~ et a5 sont donnés par le tableau 4.11. al, a2 et a3 dépendent respective-
ment de la forme des barres (figure 4.50), de l'enrobage (figure 4.52) et du confinement
par les armatures transversales (figure 4.53).
~ prend en compte l'influence d'une, ou de plusieurs, barre(s) transversale(s) de dia-
mètre 0 t "? 0,6 0, soudée(s) sur la longueur hd et a5 l'effet d'une pression appliquée
perpendiculairement au plan de fendage sur la longueur lbd'
Le produit (a,2a3a.s) ne peut être pris inférieur à 0,7.

• Barres droites • Barres terminées par un • Barres terminées par


CtJ = min{a/2 ; c1 ; c} coude ou un crochet une boucle
Cd = min{a/2 ; c1} cd=c

Figure 4.52. Paramètre Cd de l'enrobage


232 Traité de béton armé

Dans le tableau 4.11, dans le cas d'armatures transversales non soudées (a3),
À= (LAst - LAst,min)/As

avec:
LAst aire de l'armature transversale sur la longueur lbd
aire de l'armature transversale minimale: 0,25 As pour les poutres et 0
pour les dalles
aire d'une barre (celle du plus gros diamètre) ancrée
K défini par la figure 4.53

i2(!
1-[1
A
&
As

\
0 t ,A st

j
As
\•
0 t ,Ast

j
K= 0,1 K= 0,05 K=O

Figure 4.53. Valeurs de K pour les poutres et les dalles

Tableau 4.11. Valeurs des coefficients <Xi intervenant dans le calcul


de la longueur d'ancrage
Armature
Facte~r d'influence Type d'ancrage
tendue comprimée
Droit al = 1,0 al = 1,0
al = 0,7 si Cd> 30
Forme des barres Autre sinon al = 1,0
al =1,0
figure 4.50 b, c, d (voir figure 4.52 pour les
valeurs de Cd)

a 2 =1-015(cd -0)
Droit ' 0 a z =1,0
0,75: a z 5: 1,0

(c -30)
Enrobage a2 =1-015
,
d
0
Autre
0,75: a 2 5: 1,0 a 2 =1,0
figure 4.50 b,c,d
(voir figure 4.52 pour les
valeurs de Cd)
Confinement par des
armatures
a 3 =1-KÀ
Tous types a 3=1,0
transversales non 0,75: a 35: 1,0
soudées aux armatures
Chapitre 4 • Association acier-béton 233

Armature
Facteur d'influence Type d'ancrage
tendue comprimée
principales
Tous types,
Confinement par des
positions et
armatures a 4 =0,7' a 4 = 0,7
diamètres comme
transversales
indiqué
soudées (1)
figure 4.50 e
Confinement par as = 1-0,04p (2)
compression Tous types
transversale 0,7 ~ as ~ 1,0

(1) Voir également § 12.73c, sous la figure 12.56.


(2) p est la pression transversale (MPa) à l'état-limite ultime sur la longueur lM

En définitive :

1. pour les ancrages de barres tendues, droits ou courbes (figure 4.50 et ta-
bleau 4.11) :
• dans tous les cas visés ci-après, la longueur d'ancrage de calcul finalement retenue
doit être ,au moins égale à la longueur minimale définie par :
h,tnin = Max (0,3 h,rqd; 10 0; 100 mm)

• en l'absence de confinement par des armatures transversales ou de compression trans-


versale:
[4.22]

• s'il existe un confinement assuré par des armatures transversales:


- non soudées aux armatures ancrées, multiplier la valeur du second membre de [4.22]
par a3,
- soudées aux armatures ancrées, multiplier la valeur du second membre de [4.22] par
0,7 (=~).
• si, en outre, l'ancrage est soumis à une compression transversale, multiplier encore la
valeur résultant des opérations précédentes par as.

2. pour les ancrages de barres comprimées (obligatoirement droits) :


- dans les deux cas visés ci-après, la longueur d'ancrage de calcul finalement retenue
doit être au moins égale à la longueur minimale définie par :
h,min = Max (0,6 h,rqd; 10 0 ; 100 mm)
234 Traité de béton armé

- en l'absence de confinement ou si celui-ci est réalisé par des armatures transversales


non soudées aux barres ancrées:

- si le confinement est réalisé par des armatures transversales soudées aux barres an-
crées:

4.843 longueur d'ancrage « équivalente»


Par simplification, on peut considérer que l'ancrage de barres affectant les formes de la
figure 4.50 peut être assuré moyennant la prise en compte d'une longueur d'ancrage
équivalente, définie sur cette même figure et prise égale à :
h,eq = al h,rqd pour les cas b, c et d,
et à h,eq = a2 h,rqd pour le cas e.
h,rqd est défini au § 4.841 ; pour al et a2, voir tableau 4.l1.

4.85 Ancrage des cadres et des étriers


L'ancrage est considéré comme correct si les conditions définies par la figure 4.54 sont
respect~es. Une barre transversale doit toujours être prévue dans un crochet ou dans un
coude.

50, mais 100, mais 2:20


2: 50 mm 2:20 mm
s50mm

• ., •
Note: pour c) et d), il convient que l'enrobage ne soit ni inférieur à 3 0, ni à 50 mm si cette
valeur est plus faible.

F.igure 4.54. Ancrage des armatures transversales

Le soudage des barres (ancrages des types c et d) doit être conforme à l'EN 10080 et à
l'EN ISO 17660.
Chapitre 4 • Association acier-béton 235

4.86 Ancrage au moyen de barres transversales soudées


La résistance à l'entraînement d'une barre transversale (0 14 à 32 mm) soudée à une barre
principale du côté de la masse du béton, est désignée par F btd• Dans l'expression de h,rqd
(voir § 4.842) crsd peut être remplacée par Fbtd / As, As représentant l'aire de la barre ancrée.

Remarque:
Pour l'évaluation de F btd se reporter à l'Annexe Nationale. L'EC2 consacre un dé-
veloppement relativement long à la détermination de la résistance à l'entraînement
d'un joint soudé.

4.87 Jonctions par recouvrement


Les recouvrements doivent normalement être décalés, ne pas être placés dans des zones
de contraintes élevées et, en toute section, être disposés symétriquement (figure 4.55).

'Fs a ~20
oIIIf-- ·.-.. .z·:·:-:·z·:·:·:· ...... . ,
........................:.:... ~20mm

Fs
oIIIf-- ......... ··········· ........·..·.·.·.·......·.·.w.·.·.·.·.·.·.···· ............ .

Figure 4.55. Distances à respecter entre recouvrements voisins

Si la distance libre entre les barres est supérieure à 40 ou à 50 mm, la longueur de re-
couvrement 10 doit être augmentée d'une valeur égale à cette distance libre.
Si les conditions de la figure 4.55 sont satisfaites, la proportion admissible de barres
tendues en recouvrement peut être de 100 % si ces barres sont disposées en un seul lit.
S'il ya plusieurs lits, cette proportion est réduite à 50 %.
Les recouvrements des barres comprimées ainsi que ceux des armatures secondaires de
répartition peuvent être disposés en totalité dans une même section.
236 Traité de béton armé

4.871 longueur de recouvrement


La longueur de recouvrement 10 est prise égale à :
la = a\a2 a 3<X.JaSll(; h.rqd'è.la,min [4.23]

avec:
h.rqd: voir § 4.842

la.min = max (0,3 ll(; h.rqd; 150 ; 200 mm)


a\, a2, a3, <X.J, as selon le tableau 4.11 ; toutefois, pour le calcul de a3, il faut prendre
LAst.min = As crsd / fYd ' avec As aire de l'une des barres en recouvrement,

Œ6 = (Pl / 25) 1/ 2 avec 1 :::;; ll(; :::;; 1,5 Pl, Pl étant la proportion d'armatures en recouvre-
ment dans une zone d'étendue 0,6510 de part et d'autre de l'axe du recouvrement consi-
déré.

Barre 1

Barre"
Barre III
1 :
Il 1
si 1 Barre IV
Il 1
Il 1

*
Il 1 1
Il 1 1

:.:.- O.6Sto O.6Sto +l


1 1
1 1

:I~
® ~I
:

Section considérée
Exemple: les barres II et III sont en dehors de la section considérée: PI % = 50 et Œ6 = 1,4

Figure 4.56. Proportion de recouvrements à prendre en compte dans une zone


de recouvrement donnée

4.872 Armatures de couture d'un recouvrement


.4.872-1 Cas des barres tendues
• Dans le cas où les forces de traction qui s'exercent dans le plan créé par les barres en
recouvrement sont parallèles à un parement de béton:
- si 0 :::;; 20 mm, ou si la proportion des barres en recouvrement est, en toute section,
inférieure à 25 %, il n'est pas nécessaire de prévoir d'autres armatures de couture que
celles prévues pour d'autres raisons;
Chapitre 4· Association acier-béton 237

- sinon, la somme des aires de tous les brins parallèles au plan du recouvrement doit
être au moins égale à la section d'une des barres de ce dernier: LAst ~ As.
Les armatures de couture sont perpendiculaires à la direction du recouvrement, et dispo-
sées sur les tiers extrêmes, entre ce dernier et le parement de béton (figure 4.57a).

• Barres tendues

• Barres comprimées

Figure 4.57. Disposition des armatures de couture d'une jonction par


recouvrement

• Si plus de 50 % des armatures se recouvrent dans la même section, et si la distance a


(figure 4.55) est au plus égale à 100, les armatures transversales doivent être consti-
tuées par des cadres, étriers ou épingles ancrés dans la masse du béton.

4.872-2 cas des barres comprimées en permanence


Les règles données au § 4.872-1 sont applicables, mais pour diminuer le risque
d'écrasement local du béton sous l'effet de la pression exercée par la face terminale des
barres, on ajoute, à chaque extrémité du recouvrement, une armature de couture, à une
distance au plus égale à 4 0 de cette extrémité (figure 4.57b).
238 Traité de béton armé

4.9 TREILLIS SOUDÉS

4.91 Diamètres admissibles des mandrins de cintrage


Pour les treillis soudés (et, de façon générale, pour des barres pliées après soudage), les
diamètres minimaux des mandrins de cintrage sont donnés par le tableau 4.12.
Tableau 4.12. Diamètres minimaux des mandrins de cintrage des treillis ou
barres soudés

é • ou
('
cG .r ou L
d

d ~ 30 -> 50
50
d < 30 ou soudure dans la partie courbe -> 200

Dans le cas de soudures situées dans la partie courbe, le diamètre du mandrin peut être réduit à 50
lorsque le soudage est effectué conformément à l'EN ISO 17660 Annexe B.

4.92 Recouvrements

4.921 Recouvrement des fils ct porteurs »


Les jonctions peuvent se faire dans un même plan ou dans des plans distincts (figure
4.58).

• Recouvrement des panneaux dans un même plan (coupe longitudinale)

1............ ~·Î::!·:·I:·:·:·~:I·::·!·:I·::·::·:
:.:.:.:.:.:.:1.:.:.:.:.:•......".:......•.......
.:....-: ......................................:.:.:.:.:.:.:{.,.:.:::.z;;.zI ....................

~to~
ca Recouvrement des panneaux dans des plans distincts (coupe transversale)

Figure 4.58. Recouvrements de treillis soudés


Chapitre 4 • Association acier-béton 239

Dans le cas a, 10 (§ 4.871) est calculée avec 0.3 = 1 et les dispositions doivent être celles
de la figure 4.55.
Dans le cas b, les recouvrements doivent être disposés dans des zones où, à l'état-limite
ultime, crs ::;; 0,8/yd. Sinon, la hauteur utile à prendre en compte dans les calculs de résis-
tance en flexion est celle du lit le plus éloigné de la face tendue. En outre, pour les
vérifications relatives à la fissuration au voisinage des extrémités du recouvrement, la
contrainte crs des armatures (dispensant du calcul des ouvertures de fissures, voir
§ 15.22) doit être majorée de 25 %.
En ce qui concerne la proportion admissible de barres principales en recouvrement dans
n'importe quelle section (proportion rapportée à l'aire de la section totale d'acier) :
• pour le cas a, le coefficient U(j (voir § 4.871) est applicable,
• pour le cas b, en fonction de la section prévue (As / S )prov, la proportion est de :
- 100 % si (As/ s)prov::;; 1200 mm 2/m
- 60 % si (As/ s)prov > 1200 mm2/m
Les recouvrements effectués sur deux nappes superposées doivent être décalés d'au
moins 1,3/0 dans le sens horizontal. Aucune armature de couture transversale supplé-
mentaire n'est nécessaire.

4.922 Recouvrement des fils de répartition


Les recouvrements peuvent tous être disposés dans la même section. Au moins deux
soudures (une maille) doivent se trouver sur la longueur de recouvrement.
Les valeurs minimales de la longueur de recouvrement sont (0, diamètre des fils de
répartition) :
- pour 0::;; 6 mm : ~ 150 mm, avec au moins une maille (2 soudures) sur la longueur 10 ;
- pour 6 < 0 ::;; 8,5 mm: ~ 250 mm, avec au moins deux mailles (3 soudures) sur la
longueur 10 ;
- pour 8,5 < 0 ::;; 12 mm: ~ 350 mm, avec au moins deux mailles (3 soudures) sur la
longueur 10 ;

Remarque:
L'EC2 donne ensuite des règles, non détaillées ici, qui concernent l'adhérence, les
ancrages et les recouvrements d'une part des barres dont le diamètre excède 32 mm
(40 mm pour l'Annexe Nationale), et d'autre part des paquets de barres.
240 Traité de béton armé

4.10 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE


DU CHAPITRE 4
- Robinson (J.R), Zsutty (T.C.), Guiorgadzé (G.), Lima (L.J.), Hoang Long Hung et
Villatoux (IP.), La couture des jonctions par adhérence, Annales ITBTP, juin 1974.
- Bond action and bond behaviour of reinforcement, Bulletin d'Information CEB
nO 151, décembre 1981.
- Fauchart (J.) et Hoang Long Hung, Ancrage des treillis soudés formés defils bruts de
tréfilage deforme cylindrique, Annales ITBTP, avri11973.
- Recommandations RILEM (avril 1982), RC2 Essai de traction, RC4 Essai de pliage
dépliage, RC5 Essai d'adhérence: 1 « Bearn-test» - 2 « Pull-out test»
- Robinson (IR), La poutre en béton armé à talon et l'adhérence des barres groupées
par deux au contact, Annales ITBTP, décembre 1956.
Bond of reinforcement in concrete, fib, Bulletin nO 10, août 2000 (434 pages !).
CHAPITRE 5
HYPOTHÈSES ET DONNÉES
POUR LES CALCULS SOUS
SOLLICITATIONS NORMALES

Les sollicitations normales sont celles qui développent des contraintes normales sur les
sections droites. Elles sont caractérisées par un moment fléchissant et / ou un effort
normal, rapportés au centre de gravité de la section homogène lorsqu'il s'agit de calculs
élastiques et que la section des armatures est connue ou au centre de gravité de la sec-
tion de béton seul dans tous les autres cas, voir chapitre 8.

5.1 . HYPOTHÈSES GÉNÉRALES


Ces hypothèses sont celles utilisées en Résistance des Matériaux dans la théorie des
poutres, à savoir :
- dimensions transversales faibles par rapport à la longueur ;
- rayon de courbure de la fibre moyenne grand par rapport aux dimensions transversales;
- variations des dimensions de la section droite lentes et progressives.
242 Traité de béton armé

5.2 CALCULS VIS-À-VIS DES ÉTATS-


LIMITES ULTIMES DE RÉSISTANCE
SOUS SOLLICITATIONS NORMALES

5.21 Hypothèses fondamentales

5.211 Hypothèses adoptées par les Règles BAEl


:> Références: BAEL, art A-4.3,2
Les hypothèses qui suivent sont celles qui sont applicables lorsque les effets du second
ordre (influence des déformations sur les sollicitations) peuvent être négligés. Lorsqu'il
n'en est pas ainsi, il faut effectuer une vérification d'état-limite ultime de stabilité de
forme, selon les hypothèses et méthodes indiquées au chapitre Il.
Ces hypothèses sont au nombre de six (figure 5.1) :
1. au cours de la déformation d'une poutre sous l'action d'un système quelconque de
forces extérieures, les sections droites restent planes et conservent leurs dimensions
(principe de Bernoulli)l;
2. la résistance du béton tendu est considérée comme nulle;
3. par sl;1ite de l'adhérence, chaque armature subit la même variation linéaire que le
béton situé à son niveau (supposé non fissuré si l'armature considérée est tendue) ;
4. le raccourcissement relatif Ebc du béton est limité à :
- 3,5.10-3 en flexion;
- 2,0.10-3 en compression simple.
5. l'allongement relatif Es de l'acierle plus tendu2 est limité à 10.10-3 ;

6. «Règle des trois pivots» : le dimensionnement d'une section à l'état-limite ultime est
conduit en supposant que le diagramme des déformations passe par l'un des trois pivots
A, B ou C définis ci-après (BAEL, art. 4.3,3), chacun d'eux définissant une région.

1. Ce qui implique en corollaire l'absence de glissement entre les armatures longitudinales et le béton,
hypothèse reprise au point 3.
2. En règle générale, pour des armatures tendues disposées en nappes, on peut les supposer concentrées
en leur centre de gravité. Pour les calculs, comme ni le nombre de barres, ni leur diamètre ne sont
connus a priori, on schématise la section de celles-ci en représentant sur une coupe (section droite)
de l'élément un petit rectangle noir (voir figures 7.8,7.10,7.17 et suivantes). Cette hypothèse n'est
pas systématiquement retenue par l'EC2 (voir § 5.212).
Chapitre 5 • Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 243
, Allongements Raccourcissements

Â, : 0' B (3,5 %0)

~h
7

o 2%0

Figure 5.1

Pivot A, Région 1 - L'allongement Es de l'acier tendu est égal à 10.10-3. La section est
soumise à la traction simple ou à la flexion simple ou composée.
Pivot B, Région 2 - Le raccourcissement Ebc du béton est égal à 3,5.10-3• La section est
soumise à la flexion simple ou composée.
Pivot C, Région 3 - Le raccourcissement Ebc du béton au niveau de C est égal à 2,0.10-3•
La section est soumise à la flexion composée ou à la compression simple.
Pour la vérification d'une section à l'état-limite ultime, il suffit d'apporter la preuve
qu'aucupe des déformations limites n'est dépassée, c'est-à-dire:
- qu'au niveau de l'acier le plus tendu, Es::;; 10.10-3
- que, sur la fibre extrême la plus comprimée de la section, Ebc ::;; 3,5.10-3
- que, sur la fibre située à 3h / 7 de la fibre la plus comprimée, Ebc::;; 2,0.10-3
Le diagrame des déformations peut donc alors, occuper une position quelconque, ne
passant ni par A, ni par B, ni par C, qui ne peut être déterminée.

5.212 Hypothèses adoptées par l'EC2


Ces hypothèses concernent les régions «B» des éléments fléchis (voir § 3.525-4a).
Pour les régions« D », voir § 3.525-4a et chapitre 14.
Pour le calcul de la résistance ultime d'une section, outre les hypothèses classiques,
. identiques à celles des Règles BAEL (conservation des sections planes, absence de
glissement acier-béton, résistance à la traction du béton négligée), on adopte les hypo-
thèses suivantes:
-le raccourcissement maximal du béton est limité à (voir tableau 2.4) :
- Ec2 (ou Ec3) dans le cas de sections soumises à une compression axiale,
- Ecu2 (ou Ecu3) dans le cas de sections non entièrement comprimées.
244 Traité de béton armé

• les déformations relatives limites à l'état-limite ultime sont celles précisées par la
figure 5.2
• les diagrammes de calcul sont ceux définis au § 5.22.

(1 - Ec2/Ecu2) h
ou
(1 - Ec3/EcuÛ h

d
h

ES~<----~I----------~I~--~9 1 1 >Ec
Eud Ey 0 Ec2 Ecu2
(Ec3) (Ecu 3)

Figure 5.2. Déformations relatives limites à l'état·limite ultime selon l'EC2

A- limite de déformaiton relative en traction des armatures


B- limite de déformation relative du béton en compression par flexion
C- limite de déformation relative du béton en compression pure

5.22 Diagrammes contraintes-déformations de calcul

5.221 Acier
a) Règles BAEL (art. A 4.6,2)
Le module Es n'étant que peu affecté par la dispersion, le diagramme de calcul d'un
acier se déduit du diagramme idéalisé (voir § 2.371) par une affinité parallèle à la droite
de Hooke et de rapport 11 Ys, avec Ys = 1,15 en général (Ys = 1 vis-à-vis des sollicitations
accidentelles). On désignera par led la contrainte de calcul de l'acier: J:ed = Ys
le avec

Ys = 1,15 en général (fig. 5.3a).


Ce diagramme permet, connaissant la déformation relative Es d'un acier occupant une
position quelconque dans la section droite, d'en déduire la contrainte de calcul crs cor-
respondante.
Chapitre 5 • Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 245

b)EC2
L'EC2laisse la liberté (voir § 2.37-2b) :
- soit d'utiliser le même diagramme de calcul que celui adopté par les Règles BAEL
(fig. 5.3a), mais sans limiter à 10 %0 l'allongement maximal de l'acier;
- soit d'adopter un diagramme idéalisé bi-linéaire, comportant une branche supérieure
inclinée, avec une déformation de l'acier limitée à Cud = 0,9 Cuk (figure 5.3b ; pour Cuk,
voir § 2.37-2, figure 2.40 et tableau 2.10).

f tk
fe
,------.-----, f yk
r
Diagram~e~~! ~ -
é t
- - - ---
,
, 1 1

1
1 fe/Ys ,--- -----
t~
1 cul 1
1 = fed Diagramme deCSl 1
1 ' \ fyk 1
1 1
Ys 1 'Ys 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
Es = 2-10 5 MPa E = 200 kNlmm 2
1 1
1 1
1 1
Es
0 10%0 0
êud = 0,9êuk
OBAEL . . EC2

Figure 5.3

Les diagrammes de calcul correspondants s'en déduisent par l'affinité de rapport lIys,
comme pour les Règles BAEL. La formulation mathématique du diagramme à branche
inclinée est donnée au § 7.721.
L'EC2 ne retient donc pas la valeur limite de 10 %0 pour l'allongement maximal de
l'acier tendu (hypothèse 5 des Règles BAEL). Cette limite avait été proposée autrefois
par le CEB pour éviter que l'état-limite ultime (ELU) ne soit atteint «par déformation
plastique excessive» mais certains pays ont considéré qu'elle n'était nullement néces-
saire.
On peut en effet vérifier qu'une variation importante de la valeur numérique de la limite
d'allongement de l'acier n'a qu'une faible incidence sur l'estimation des capacités de
-résistance d'une section. Cependant, ne pas fixer de valeur numérique ne signifie pas
que l'allongement de l'acier à l'état-limite ultime n'est pas, physiquement, limité.
L'adoption d'un pourcentage minimal d'acier (voir § 7.511-5) entraîne en effet un pla-
fonnement automatique de cet allongement, correspondant à l'équilibre de la section
armée au pourcentage minimal.
246 Traité de béton armé

5.222 Béton
En ce qui concerne le diagramme contraintes-déformations de calcul du béton, on fait
l'hypothèse qu'il existe une loi de comportement unique traduite par une expression
analytique dans laquelle la contrainte crbe est une fonction univoque de la déformation
Ebc. Cette expression est valable dans tout le domaine de la flexion simple ou composée,
pour toutes les fibres de la zone comprimée. Cette hypothèse est communément admise
pour les calculs des éléments dans lesquels l'état-limite ultime est atteint par accroisse-
ment monotone de la sollicitation; elle implique, en fait, l'hypothèse d'un comporte-
ment univoque non linéaire en compression et, en conséquence, elle n'est plus suffisante
pour les calculs sous sollicitations alternées par exemple.
1°) Diagramme parabole-rectangle
De façon générale, le diagramme cre Ee idéalisé du béton est défini par les expressions:
- pour 0 $ 1 Ee 1 < 1 Ee2 1

[5.1]

[5.2]

avec :
Ec2 raccourcissement unitaire du béton au « pic» de contrainte
Ec2u raccourcissement ultime.
Pour les valeurs numériques de Ee2, Ee2u et n, se reporter au tableau 2.4. Pour
fck $ 50 MPa, (fc28 $ 60 MPa pour les Règles BAEL) on a Ee2=0,002, Ee2u=0,0035 et
n = 2. La courbe définie par la relation [5.1] est un arc de parabole du second degré
ayant son sommet à l'abscisse 0,002. Au-delà de cette abscisse, l'arc se prolonge par
une horizontale jusqu'à l'abscisse 0,0035. Le diagramme ainsi défini est appelé «dia-
gramme parabole-rectangle» (figure 5.4).

crbc

fek
Sommet
~
•1 ~
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
€t3e
0 2%.> 3,5 %.>

Figure 5.4. Diagramme parabole-rectangle « caractéristique» [3,5 %s valable


pour les bétons de résistance au plus égale à 60 MPa (BAEL) ou à 50 MPa (EC2)]
Chapitre 5· Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 247

Bien noter que ce diagramme n'étant introduit que par un artifice de calcul, il n'a aucu-
ne signification physique et il serait faux de vouloir déduire de la pente de la tangente à
l'origine la valeur de déformation longitudinale du béton (cette pente vaut en effet
1000 !ck' à comparer à la formule [2.19] et aux valeurs du tableau 2.4).
Diagramme parabole-rectangle de calcul
La pente de la tangente à l'origine n'étant pas indépendante de la résistance à la com-
pression du béton, le diagramme parabole-rectangle « de calcul» se déduit du diagram-
me parabole-rectangle « caractéristique» par une affinité effectuée parallèlement à l'axe
ÛObe des contraintes et de rapport a/Yb, avec Yb = 1,5, sauf pour les actions accidentel-
les, pour lesquelles Yb = 1,15 (BAEL) ou "'le = 1,2 (BC2); n, coefficient numérique,
0,85:::; n:::; 1.
Finalement le diagramme parabole-rectangle de calcul est défini (figure 5.5) par une
parabole du second degré dont le sommet se trouve à l'abscisse Ee2 = 2.10-3 et à
fc
l'ordonnée afck en notations EC2 (a j en notations BAEL avec, normalement,
Yc Yb
j = 28 jours) prolongée par un palier horizontal à cette ordonnée, s'étendant jusqu'à
l' abscisse Eeu2 = 3,5.10-3•

Diagramme idéalisé

_____ t_____ ~~

Diagramme de calcul 1 f~ (1)


-L a - =afcd
'Ys

Paraboles
Axe des paraboles
du 2& degré

L -_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _~_ _ _ _ _ _ _ _ _ _~_ _~~(~)

Figure 5.5. Diagramme cr·t: du béton à utiliser pour la vérification des sections
[Bétons de résistance au plus égale à 60 MPa (BAEl) ou 50 MPa (EC2)]

J,..a raison du coefficient a est que la résistance à la compression du béton dépend, entre
autres paramètres, de la durée d'application des charges. Ce phénomène a été étudié au
§ 2.221.4. Il est rappelé que des contraintes soutenues entraînent une chute de la résis-
tance apparente du béton à la compression. En contrepartie, le durcissement entraîne
une augmentation de la résistance dans le temps. Ces deux phénomènes, qui agissent en
sens inverse, finissent par se compenser: il existe alors une résistance minimale du
béton sous une charge appliquée pendant un temps critique, qui est de l'ordre de 85 %
de la résistance sous charge de longue durée (<< effet Rüsch », voir Bulletin
248 Traité de béton armé

d'information du CER nO 36). Pour l'EC2, normalement, a = 1 silck correspond à une


résistance à 28 jours d'âge.
Dans les Règles BAEL 90, la valeur a a été modulée et prise égale à 1 :
0,85
a=--
e
avec:
e = 1 lorsque la durée d'application de la combinaison d'actions considérée est
supérieure à 24 h ;
e = 0,90 lorsque cette durée est comprise entre 1 h et 24 h ;
e = 0,85 lorsqu'elle est inférieure à 1 h.
Cette modulation n'a pas une grande conséquence pratique lorsque l'état-limite ultime
serait atteint par suite de l'allongement excessif des aciers (à notre avis, elle constitue
un «raffinement» inutile qui ne fait que compliquer le calcul). Elle n'existe pas dans
l'EC2, qui indique seulement que a peut généralement être pris égal à 0,85, et qu'il doit
être réduit à 0,80 pour les zones comprimées dont la largeur décroît vers les fibres les
plus comprimées. Cette réduction n'est prise en compte dans les Règles BAEL que dans
le cas où l'on utilise le diagramme rectangulaire simplifié (voir ci-après).
Dans certains cas, l'introduction de e (qui revient à augmenter fictivementlc2s) conduit
à une anomalie : prévoir des aciers comprimés qui n'auraient pas été nécessaires sans
cela. En effet, la contrainte limite de compression du béton en service (voir § 5.341) ne
bénéficie pas de cette augmentation.
2°) Diagramme rectangulaire
La distribution rectangulaire des contraintes de compression du béton que l'on trouve
dans la plupart des textes réglementaires nationaux constitue une simplification2 qui a
été tirée de la condition que, pour un type de section donné, avec différents modes de
chargement, l'armature nécessaire soit sensiblement la même que celle que l'on obtien-
drait avec un diagramme plus exact, tel que le diagramme parabole-rectangle.

1. Faire attention que a est le « coefficient à tout faire» des Règles BAEL ; il a en effet des significa-
tions multiples, rapport de longueurs, de charges, de moments, etc. Dans une même note de calculs,
il peut apparaître à plusieurs reprises, avec à chaque fois une signification différente.
2. En remontant dans la littérature technique, on peut constater qu'avant d'en arriver à cette simplifica-
tion, de nombreuses formes de diagrammes ont été envisagées: trapèze (Melan, 1936; Jensen,
1943), parabole (Mensch, 1914; Stüssi, 1932; Saliger et Emperger, 1936), parabole cubique (Spéci-
fications russes, 1938), ellipse (Kempton Dyson, 1922) et même hyperbole (Schreyer, 1933). Bau-
mann (1934), Brandtzaeg et Bittner (1935) ont été les premiers à utiliser un diagramme parabole-
rectangle. En février 1949, R. Chambaud avait, lui aussi, adopté un diagramme parabole-rectangle,
avant d'en venir, peu de temps après (Annales de l'ITBTP, novembre 1949), à un diagramme formé
d'un quart d'onde de sinus01de prolongé par une parabole cubique, d'utilisation vraiment peu com-
mode pour les applications pratiques.
Chapitre 5 • Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 249

Cette simplification a surtout de l'intérêt dans les cas où l'axe neutre est à l'intérieur de
la section, c'est-à-dire ceux où la section n'est pas entièrement comprimée, c'est-à-dire
encore ceux qui correspondent à des diagrammes de déformation passant par l'un des
pivots A ou B, à l'exclusion du pivot C. Lorsque les pivots sont A ou B, en effet, les
résultats obtenus avec le diagramme rectangulaire sont en bon accord avec ceux donnés
par le diagramme parabole-rectangle.
L'équivalence des deux diagrammes se vérifie en observant que les «volumes des
contraintes» qui mesurent la force de compression du béton sont sensiblement égaux et
que leurs centres de gravité occupent sensiblement la même position. Pour une zone
comprimée de largeur constante, cette équivalence se ramène à celle des surfaces et aux
positions respectives de leurs centres de gravité (voir § 7.511-1 et figure 7.29).
En désignant par x (yu dans les Règles BAEL) la distance de l'axe neutre à la fibre la
plus comprimée, on définit comme suit le diagramme rectangulaire simplifié (figu-
re 5.6) :
- sur une distance de (1 - Àx) à partir de l'axe neutre, la contrainte est nulle;

- sur la distance Àx restante, la contrainte vaut !cd = rVck (EC2) ouJbu = afc28 (BAEL)
Yc Yb
avec Yc = Yb = 1,5 en général,

________ - S - _ - '

Figure 5,6

et:
a) dans le cas de l'EC2
-'pour!ck::; 50 MPa : À = 0,8 ; 11 = 1

- pour 50 < .f k ::; 90 MPa : À = 0 8 - fek - 50 "'n = 1 _ 5O


..:;..J:::;.::.ck_-__
Je ' 4 0 0 ' '1 200

11 doit être réduit de 10 % dans le cas de zones comprimées dont la largeur décroît vers
les fibres les plus comprimées (triangle, cercle, etc.).
250 Traité de béton armé

b) dans le cas des Règles BAEL


Pour les zones comprimées dont la largeur est soit constante soit croissante vers les
fibres les plus comprimées (voir figure 5.7a),

a = 0,85 (pour e, voir ci-avant) et À = 0,8


e
Pour les zones comprimées dont la largeur est décroissante vers les fibres les plus com-
primées (figure 5.7 b)

a = 0,80 et À = 08
e '
Cette valeur doit, en particulier, être adoptée dans les calculs de flexion déviée (chapi-
tre 9).

Axe neutre l u

-- -- ------
0,8 Yu

_________

0,2 Ye
~~'__"../.....L

• Figures 5.7 a et b

3°) Autres diagrammes
L'EC2 autorise l'utilisation d'autres diagrammes idéalisés, à condition qu'ils soient
«équivalents)} au diagramme parabole-rectangle, ce qui n'est pas le cas du diagramme
bilinéaire de la figure 5.8 tel qu'il est proposé par l'EC2, avec, pour !ck : :; 50 MPa,
EcJ = 1,75 %0 et Ecu3 = 3,5 %0. En effet, l'équivalence exigerait de prendre Ec3 = 1,35 %0
et non 1,75 %0 (voir § 16.22).
Chapitre 5 • Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 251

fek ------------- r-------------"!


1

Il
1

1
1 1 1
1 1 1
1 1 1
1 1 1
fcd --------/----;...
1 1
-------1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
l 1
1
L-------~------------~-7€c
o

Figure 5.8

5.3 CALCULS VIS-À-VIS DES


ÉTATS-LIMITES DE SERVICE
SOUS SOLLICITATIONS NORMALES
(CALCULS ÉLASTIQUES)

5.31 Hypothèses fondamentales


Les trois hypothèses qui suivent sont les mêmes que les trois premières hypothèses prises
en compte dans les calculs vis-à-vis des états-limites ultimes de résistance (voir
§ 5.211) :
1. les sections droites restent planes,
2. la résistance du béton tendu est considérée comme nulle,
3. l'armature subit la même variation linéaire que le béton situé à son niveau 1,
4. le béton et l'acier sont supposés obéir à la loi de Hooke, c'est-à-dire qu'à toute dé-
formation relative E d'un élément de fibre compris entre deux sections droites infini-
ment voisines correspond une contrainte normale:
a=EE
avec E, module de déformation longitudinale du matériau constitutif de la fibre considérée.

1. Toutefois, si on calcule les déformations d'ensemble d'un tronçon de poutre ou de poteau on peut
tenir compte de l'influence du béton tendu entre les fissures sur l'allongement global de la zone fis-
surée (voir § 15.23 et BAEL, art. A-4.6,12).
252 Traité de béton armé

5.32 Conséquences de ces hypothèses


- coefficient d'équivalence
Les notations sont celles des Règles BAEL.
D'après l'hypothèse 3 faite en 5.31, en un point où béton et acier sont au contact, les
deux matériaux subissent, du fait de l'adhérence, la même déformation

c'est-à-dire que l'on a, d'après l'hypothèse 4 :

La force dans l'acier (aire de la section droite A) est ainsi:


F. = Aas = A(nab)=(nA) ab
II est donc possible d'appliquer au béton armé, matériau hétérogène, les formules clas-
siques de la Résistance des Matériaux établies pour les corps homogènes à condition:
1°) de remplacer toute aire A d'acier par une aire de béton fictive équivalente n A ayant
même centre de gravité;
2°) de considérer, à la place des aires réelles constituées par une aire totale B de béton et
une aire totale A d'acier, des sections homogènes réduites constituées par une aire de
béton [(B - BI) + n A], où BI désigne l'aire de la zone de béton éventuellement tendu,
qui doit être déduite de l'aire totale B en vertu de l'hypothèse 2.
Les formules de la Résistance des Matériaux sont donc appliquées à ces sections homo-
gènes réduites.
Le coefficient n, théoriquement égal à Es/ Eb est le coefficient d'équivalence. Mais si
Es est constant, Eb dépend de la durée d'application des charges et varie entre Ei et Ev
(voir § 2.244-2 et § 2.244-5).
Pour simplifier, conventionnellement, on adopte pour les calculs vis-à-vis des états-
limites de service, la valeur fixe n = 15.
Ainsi, dans un état-limite de service, la contrainte d'une fibre d'acier est égale à quinze
. fois la contrainte de la fibre de béton qui aurait le même centre de gravité.

5.33 Hypothèses complémentaires


Ces hypothèses, qui complètent les hypothèses 1 à 4 ci-dessus, sont au nombre de 3.
L'hypothèse 7 ne figure sous cette forme dans aucun texte règlementaire, ni dans aucun
cours de béton armé; cette présentation inhabituelle a simplement pour but de mettre en
Chapitre 5 • Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 253

évidence certaines analogies entre les hypothèses du calcul à l'état-limite ultime et cel-
les du calcul aux états-limites de service (puisque, dans ce dernier cas, limiter les
contraintes revient à limiter les déformations, d'après la loi de Hooke) :
5. la contrainte maximale de la fibre de béton la plus comprimée est limitée à une valeur

6. la contrainte maximale des armatures les plus tendues, supposées concentrées en leur
centre de gravité, est limitée, normalement, à une valeur as

7. «Règle des deux pivots» : le dimensionnement d'une section à un état-limite de


service est conduit en supposant que le diagramme des contraintes est le diagramme
linéaire dit «diagramme de Navier» - abc pour le béton; as /15 pour l'acier, voir
§ 5.32 - et qu'il passe par l'un des deux pivots a ou b définis sur la figure 5.9, chacun
d'eux définissant une région:

Figure 5.9

Pivot a, Région 1. Le diagramme de Navier passe par le point a qui correspond à la

contrainte limite as (en fait as sur le diagramme) de l'acier le plus tendu: la section
15
est soumise à la traction simple ou à la flexion simple ou composée.
Pivot b, Région 2. Le diagramme de Navier passe par le point b qui correspond à la
contrainte limite abc de la fibre la plus comprimée: la section est soumise à la flexion
simple ou composée.
Pour la vérification d'une section aux états-limites de service, il suffit d'apporter la
preuve qu'aucune des contraintes limites, précisées ci-après au § 5.34, n'est dépassée,
c'est-à-dire:

- qu'au niveau de l'acier le plus tendu: as:$; as

- que, sur la fibre extrême la plus comprimée de la section: abc:$; abc


254 Traité de béton armé

5.34 Prescriptions des Règles BAEl

5.341 État-limite de compression du béton (BAEL, art. A 4.5,2)


Cet état-limite est défini par abc = o,6fc28 1.

5.342 États-limites d'ouverture des fissures (BAEL, art. A 4.5,33 etA 4.5,34)
1. Classement des éléments selon le danger présenté par leur fissuration
Le commentaire de l'article A 4.5,31 indique qu'étant donné la très grande variété du
phénomène de fissuration et le nombre de paramètres en cause, il est impossible de fixer
des règles générales concernant le degré de nocivité des fissures.
Pour les bâtiments et assimilés, l'article B 2.4 précise toutefois que la fissuration est
considérée comme :
• préjudiciable pour les éléments:
- exposés aux intempéries ou à des condensations,
- ou alternativement noyés et émergés en eau douce.
• très préjudiciable pour les éléments:
- exposés à un milieu agressif (eau de mer, embruns, brouillards salins, eau très pure,
gaz ou ~ols corrosifs) ;
- ou devant assurer une étanchéité.
• peu préjudiciable dans les autres cas.
Parmi ces autres cas, on peut citer par exemple :
- les éléments situés dans des locaux couverts et clos, non soumis (sauf exceptionnel-
lement et pour de courtes durées) à des condensations;
les parements non visibles ou ne faisant pas l'objet de conditions spécifiques concer-
nant l'ouverture des fissures.

1. Il faudrait se garder d'en conclure hâtivement que le béton comprimé est plus sollicité à l'ELS qu'à
l'ELU (0,6 > 0,85 Il,50 pour 0 = 1). Ce qu'il faut comparer, ce sont les déformations limites. Rappe-
lons que seules les déformations sont des manifestations physiques mesurables et que limiter une
contrainte revient en fait à limiter une déformation. Relier les deux suppose que l'on admet une cer-
taine loi de comportement (linéaire, élastoplastique, etc, voir § 2.1). La contrainte limite de compres-
sion du béton en service correspond ainsi à une déformation limite instantanée tirée de la loi linéaire
de Hooke (lib/Eb =1 ~60 pour un béton de 30 MPa de résistance), très inférieure à la déformation
limite de 3,5 0/00 admise à l'état-limite ultime.
Chapitre 5 • Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 255

Pour les ponts routiers, le commentaire déjà cité de l'article A 4.5,31 considère que la
fissuration est :
- peu préjudiciable dans la plupart des cas où les ouvrages sont de formes simples, en
milieu peu agressif, avec des armatures telles quefe::; 400 MPa (à notre avis, cette limi-
te aurait dû être relevée à 500 MPa, la nuance Fe E 400 n'étant plus disponible sur le
marché).
- préjudiciable en milieu modérément agressif, avec des ouvrages minces, de nombreu-
ses surfaces de reprise ou lorsqu'il s'agit d'éléments soumis à une traction peu excentrée,
- très préjudiciable en milieu fortement agressif.
2. Limites imposées à la contrainte des aciers tendus
La contrainte de service des aciers tendus n'est limitée qu'en cas de fissuration préjudi-
ciable ou très préjudiciable :
- fissuration préjudiciable

avec:

- fissuration très préjudiciable

(MPai

où II désigne le coefficient de fissuration (= 1,6 pour les barres HA courantes) etft2s la


résistance du béton à la traction.

Les valeurs de crs auxquelles conduisent ces formules pour un acier Fe E 500 sont
données par le tableau 5.1 ci-après (0, diamètre des barres en mm).

Remarque
Le fait que crs ne soit pas limitée en cas de fissuration peu préjudiciable ne signifie
pas pour autant que sa valeur « va atteindre des sommets ». En flexion simple, par
exemple, si on calcule la contrainte de l'acier en service d'une section dimension-
née à l'état-limite ultime, on trouve que 0,51e::; crs::; 0,7 le.

1. Ou encore 85,2.Jij ~1 + !c28


10
en faisant appamitrek28 au lieu defr28.

2. Ou encore 68,2.Jij ~1 + !cZ8 .


10
256 Traité de béton armé

Tableau 5.1. Règles BAEL: Valeurs de crs

Fissuration Fissuration
Béton
préjudiciable très préjudiciable
!c28 (MPa) tt28 (MPa) 0~5,5 0~6 0~5,5 0~6

20 1,8 250 250 200 200


25 2,1 250 250 200 200
30 2,4 250 250 200 200
35 2,7 250 250 200 200
40 3,0 250 250 200 200
45 3,3 250 253 200 202
50 3,6 250 264 200 211
55 3,9 250 275 200 220
60 4,2 257 285 206 228

5.35 Prescriptions de l'EC2


Les vérifications relatives aux conditions de service sont définies par référence à :
1. une limitation des contraintes en service;
2. des états-limites de fissuration;
3. des états-limites de déformation.
Les exigences vis-à-vis de la fissuration se réfèrent aux classes d'exposition définies
dans le tableau 4.1.

5.351 Limitation des contraintes


Le calcul des contraintes est fait selon le cas:
- soit en section homogène, si la contrainte maximale du béton en traction par flexion
est inférieure à !c/m,
- soit en section fissurée dans le cas contraire, en négligeant toute contribution du béton
tendu.

5.351-1 Umltation de la contrainte du béton


Pour éviter l'apparition de fissures longitudinales, de microfissures ou un fluage élevé, à
moins que d'autres mesures telles que l'augmentation de l'enrobage des aciers compri-
més ou le confinement (frettage) du béton par un ferraillage transversal n'aient été pré-
vues, la contrainte de compression du béton cre sous la combinaison d'actions caractéris-
tique (§ 3.422-2) est limitée à 0,6!ck dans les zones susceptibles d'être exposées à des
environnements des classes d'exposition XD, XF ou XS définies par le tableau 4.1.
Chapitre 5 • Hypothèses et données pour les calculs sous sollicitations normales 257

L'hypothèse d'un fluage linéaire ne peut être admise que si, sous la combinaison quasi
permanente (§ 3.422-2), on a : cre:::; 0,45 !ck.

5.351-2 Umitation de la contrainte de l'acier


Afin d'éviter des déformations inélastiques, une fissuration ou des flèches inaccepta-
bles, la contrainte des armatures est limitée:
- sous la combinaison d'actions caractéristique, à 0,8J;,h (ce qui n'est guère contrai-
gnant ; voir la remarque au § 5.342-2),
- sous l'effet des déformations imposées seules, àfyk'

5.352 États-limites de fissuration


La vérification a pour objet de s'assurer que l'ouverture maximale calculée (Wk) des
fissures n'excède pas une limite Wmax fixée en accord avec le client en fonction de la
nature et de la destination de l'ouvrage et du coût résultant de cette limitation.
Il y a là une différence sensible avec les Règles BAEL : celles-ci ne demandent pas un
calcul de l'ouverture des fissures, estimant que les limitations de contrainte qu'elles
proposent suffisent pour maintenir l'ouverture des fissures dans des limites acceptables
(voir la remarque au § 1.345-3).
En l'absence d'exigences particulières (telles que l'étanchéité par exemple), les valeurs
de Wmax admises sous la combinaison quasi permanente des actions, sont:
- 0,4 mm.pour les classes XO et XCI,
- 0,3 mm pour les classes XC2, XC3, XC4,
- 0,2 mm pour les classes XDl, XD2, XSJ, XS 2 et XS 3 •
La limitation de l'ouverture des fissures est obtenue:
- en prévoyant un pourcentage minimal d'armatures adhérentes déterminé de manière
que la limite d'élasticité de l'armature ne soit pas atteinte avant la charge de fissuration;
- en limitant les distances entre les barres et les diamètres de celles-ci.
Se reporter au chapitre 15 pour le détail des prescriptions de l'EC2.
CHAPITRE 6
TRACTION SIMPLE

Ce chapitre se réfère exclusivement aux Règles BAEL.

6.1 DÉFINITION
Une poutre rectiligne est sollicitée en traction simple lorsque l'ensemble des forces
extérieures agissant à gauche d'une section droite L est réductible au centre de gravité G
de L à une force unique N (effort normal) perpendiculaire au plan de L et dirigée vers la
gauche (figure 6.1).
Dans une poutre rectiligne en béton armé sollicitée en traction simple ou « tirant », le
centre de gravité des armatures est confondu avec le centre de gravité Go du béton seul.

y
A

-----------+--------
N
.. .---------------;:.. x
Forces ~~ ~~u~~ ____ 1-1
o
G._ _ _ _ _ __

~L 8

Figure 6.1
260 Traité de béton armé

6.2 COMPORTEMENT EXPÉRIMENTAL


DES ÉLÉMENTS SOUMIS
À LA TRACTION SIMPLE
Dans ces éléments, le béton armé ne se comporte élastiquement que dans un domaine
limité où la contrainte de l'acier reste faible par rapport aux contraintes correspondant
aux états-limites de service.
Si l'on fait croître l'effort de traction, l'élément, s'il n'est pas fragile (voir § 6.3), peut
supporter des efforts normaux notablement supérieurs à ceux correspondant à
l'allongement de rupture du béton à la traction (allongement unitaire de l'ordre de
80.10- 6), tout en restant apparemment intact, c'est-à-dire sans que l'on décèle à l'œil
nu des fissures.
Dans le cas de bétons possédant une bonne résistance à la traction et d'éléments com-
portant des armatures de faible diamètre très bien réparties dans la section, on peut at-
teindre des allongements de l'ordre de 1000 Il / m soit plus de dix fois l'allongement de
rupture du béton, l'élément restant apparemment intact.
Tout se passe comme si le béton s'allongeait sous effort de traction constant. Ce phé-
nomène a été pendant longtemps désigné sous le terme d'« étirage du béton ». Mais ce
comportement est en fait plus apparent que réel.
En utilisant des moyens d'investigation plus perfectionnés que le simple examen visuel,
l'observation attentive des éléments en béton armé montre que le béton apparemment
non fissuré présente en réalité de fines fissures.
Dès avant la Seconde guerre mondiale, de nombreuses études expérimentales avaient
été entreprises sur les phénomènes de fissuration des éléments en béton armé, qu'il
s'agisse de pièces tendues ou des parties tendues des pièces fléchies. On a pu observer
que les fissures n'ont pas une ouverture constante et que ce n'est que lorsqu'elles attei-
gnent une certaine ouverture critique en surface qu'elles se propagent jusqu'à
l'annature.
Vers 1960, panni d'autres auteurs, L.P. Brice a donné une théorie générale de la fissura-
tion reposant sur des hypothèses simples: il admettait que l'adhérence est un phénomène
de frottement et que la contrainte d'adhérence est constante le long d'une barre. Cette
théorie, développée en annexe des Règles BA 1960 et reprise en annexe des Règles
CCBA 68, était en accord satisfaisant avec l'expérience, malgré le caractère très aléatoire
du phénomène de fissuration (position, développement, espacements et ouvertures des
fissures). Elle conduisait à une expression de l'ouverture des fissures et permettait à
l'inverse d'établir des formules limitant la contrainte des armatures en fonction des condi-
tions imposées du fait du milieu ambiant, du diamètre des barres et de leur enrobage l .
Cette théorie n'a pas été reprise dans les Règles BAEL, d'une part dans un but de sim-
plification, d'autre part pour tenir compte du fait que les effets de corrosion éventuelle

1. Les problèmes relatifs à la fissuration du béton sont repris et développés au chapitre 15.
Chapitre 6· Traction simple 261

ne présentent pas le même caractère de gravité avec des armatures de faible diamètre ou
avec des armatures de gros diamètre. L'état-limite de service des éléments soumis à la
traction simple est ainsi défini par une limite imposée à la contrainte de l'acier en servi-
ce (voir § 5.342) indépendante de certains des paramètres autrefois pris en compte
(pourcentage d'armatures, par exemple).

6.3 CONDITION DE NON-FRAGILITÉ


La ruine d'un élément soumis à la traction simple survient (par déformation excessive)
lorsque la contrainte des armatures atteint la valeur de la limite d'élasticité au droit
d'une fissure largement ouverte.
Il faut donc que la sollicitation provoquant la rupture du béton en traction et par là mê-
me sa fissuration, n'entraîne pas dans l'acier le dépassement de la limite d'élasticité
(BAEL, art. A-4.2).
Cette condition se traduit par :
[6.1]

avec:
A aire totale de la section des armatures longitudinales
B a:ire« brute» de la section droite de béton (aire des armatures non déduite)
le limite d'élasticité de l'acier
lt2s résistance caractéristique à la traction du béton (tableau 5.1)

6.4 DÉTERMINATION DES ARMATURES


LONGITUDINALES
Le béton tendu étant négligé, l'effort de traction doit être intégralement équilibré par les
armatures longitudinales.
Données:
NII=:LYi N; (voir § 3.42-1)
Nser=:LN; (voir § 3.42-2)

(voir tableau 5.1)


262 Traité de béton armé

Inconnue:
Section A des armatures longitudinales.

6.41 Cas où la fissuration est considérée


comme peu préjudiciable
Dans ce cas, le dimensionnement résulte uniquement de l'état-limite ultime.

A = max [A,,;~J

Calcul de Au :
À l'état-limite ultime, la droite des déformations est la verticale du pivot A (voir
§ 5.211-6). À l'allongement Es = 10 %0 des aciers correspond la contrainte led =le /1,15
(en général), d'où:

A
u
= Nu
l'
[6.2]
Jed

Calcul de Amin :

La condition de non-fragilité donne Amin =B f't28 .


Je

6.42 Cas où la fissuration est préjudiciable ou très préjudiciable


Pour le = 500 MPa etfc28 ~ 60 MPa, le dimensionnement résulte uniquement de l'état
limite de service. Il faut prendre:

avec Aser = N ser (m2 " MN MPa) et ~in = BJt28 •


crs Je

0's est donné par les conditions de fissuration (tableau 5.1).

En effet, on ne pourrait avoir A" > ~er que si le rapport Nu / Nser était tel que

y= Nu > Je
N ser 1,15 crs

En général, 1,35::::; Y~ 1,5.

Compte-tenu des valeurs decr s , l'inégalité précédente ne peut être vérifiée dans le cas
des aciers Fe E 500. En effet, la plus grande valeur possible de O's est crs =285 MPa et
Chapitre 6 • Traction simple 263

500 =1,53 > 1,50, ce qui implique que l'on a toujours Aser> 4, pour ces aciers,
1,15x 285
tant que!c28 ~ 60 MPa.
La section A une fois déterminée, on en déduit le diamètre 0 des barres et le nombre m
de barres nécessaires, en choisissant:
- 0 ;::: 6 mm en cas de fissuration préjudiciable
- 0 ;::: 8 mm en cas de fissuration très préjudiciable.
Ne pas oublier de prévoir les recouvrements éventuels ou bien des barres supplémentai-
res pour rétablir la continuité au droit des coupures des barres principales (voir § 4.614).
Pour les armatures transversales, voir § 6.7.

6.5 DIMENSIONNEMENT
(BÉTON ET ARMATURES)
Données:

Nu et Nser ,Ie,ft28, Cf s (tableau 5.1)

Inconnues:
A etB.
1. Section A
Avec des aciers Fe E 500 :
- fissuration peu préjudiciable: A = Au
- fissuration préjudiciable ou très préjudiciable A = Aser
En déduire le diamètre 0 des barres et le nombre m de barres nécessaires, comme ci-
avant au § 6.4.
2. Section B
Bien que n'intervenant pas dans le calcul, la section B de béton ne peut être choisie
quelconque. Elle doit:
;- satisfaire à la condition [6.1] de non-fragilité:

- assurer l'enrobage des armatures (voir § 4. 12a) compte tenu des distances minimales
règlementaires à respecter entre les barres (§ 4.13a).
264 Traité de béton armé

- permettre de loger l'ensemble des barres nécessaires à l'équilibre en prévoyant éven-


tuellement des barres supplémentaires pour rétablir la continuité au droit des coupures
des barres principales (voir § 4.614).
Pour les armatures transversales, voir § 6.7.

6.6 VÉRIFICATION DES CONTRAINTES


EN SERVICE
Cette vérification se fait à partir de la section d'armatures réellement mise en place,
une fois fixées les dispositions de celles-ci.
Si la fissuration est peu préjudiciable, cette vérification est sans objet.
Données:
Nser, B, diamètre 0 des barres, nombre total m de barres. Pour les définitions de Ir et Is ,
se reporter aux § 4.612 et 4.33.
Inconnue:
O's en service (O's.ser)
S'il s'agit de barres d'une seule longueur ou de cerces fermées (armatures de parois de
réservoirs circulaires par exemple) dont les extrémités se chevauchent sur la longueur ln
les m barres sont utiles et

n0 2
A=m--
4
Si certaines barres sont coupées et si l'on rencontre p coupures sur une longueur de
tirant égale à la longueur Is , il n'y a que m - p barres utiles (voir § 4.614) et:
2
n0
A={m-p}-
4
II faut vérifier A ;?: B lm/le. Si oui, on a (béton tendu non pris en compte) :

N
ser
O's,ser =A
. II faut O's,ser ~ O's' 0' s fixée par les conditions de fissuration (tableau 5. 1).
Chapitre 6 • Traction simple 265

6 .. 7 ARMATURES TRANSVERSALES
DES TIRANTS
a) Diamètre 0 t : si ces armatures transversales sont:

- des barres HA: 0


o
~-[
1
3

- des fils tréfilés HA : 0 1 ~ 0[


4
0, diamètre des armatures longitudinales à maintenir.
b) Espacement St
- en zone courante: St ~
a, avec a, petit côté de la section
- dans une zone de chaînage (recouvrements) : armatures de couture, voir § 4.613.

6.8 FERRAILLAGE D'UN TIRANT (EXEMPLE)

A ... --.1 B ... __ .1


'-- 'V'" .",

Zone de chaînage Zone courante

CoupeAA CoupeBB
(Zone courante) (Zone de chaînage)

Figure 6.2
CHAPITRE 7
FLEXION SIMPLE

Même si les méthodes exposées dans ce chapitre constituent plutôt une application des
Règles BAEL, elles sont aisément transposables à l'EC2 dont les hypothèses diffèrent
peu de celles des Règles BAEL (voir § 5.212 ; § 5.221b ; § 5.222 et § 7.7).

7.1 DÉFINITION
Une poutre à plan moyen, c'est-à-dire «à plan de symétrie », est sollicitée en flexion
plane simple lorsqu'elle est soumise à l'action de forces contenues dans des plans nor-
maux à la ligne moyenne et disposées symétriquement par rapport au plan moyen, ou à
l'action de couples d'axes perpendiculaires à ce plan.
Il en résulte que lorsqu'une poutre à plan moyen est sollicitée en flexion plane simple,
l'ensemble des forces ou couples appliqués à gauche d'une section droite L est réducti-
ble au centre de gravité G de L à (figure 7.1):
- un couple M d'axe perpendiculaire au plan moyen (moment fléchissant) ;
- une force V située dans le plan de L et dans le plan moyen (effort tranchant).

-------------1+==
x
Forces de gauche

--------------===
Figure 7.1

Les effets de M et ceux de V sont étudiés séparément (mais voir § 16.112) :


268 Traité de béton armé

- si M est positif, ce qui est en particulier le cas des sections en travée des poutres,
continues ou non, soumises à des charges de pesanteur, la partie supérieure de la section
est comprimée, la partie inférieure est tendue (se reporter à la figure 1.1) ;
- si M est négatif, ce qui est en particulier le cas des sections sur appuis des poutres
continues soumises à des charges de pesanteur et de toutes les sections des consoles ou
parties en porte à faux de poutres, la partie supérieure de la section est tendue, la partie
inférieure est comprimée (se reporter à la figure 1.1).

7.2 COMPORTEMENT EXPÉRIMENTAL


DES ÉLÉMENTS EN BÉTON ARMÉ
SOUMIS À LA FLEXION SIMPLE

7.21 Dispositifs expérimentaux


Les essais sur éléments fléchis sont généralement réalisés en appliquant à des poutres
reposant sur deux appuis simples des systèmes de charges concentrées (deux pour les
éléments de portée relativement faible) égales et symétriquement disposées. Il est en
effet assez difficile de réaliser pratiquement des charges réparties.
Le dispositif de transmission des charges (figure 7.2) comporte généralement un linteau de
répartition en profilé métallique, de poids G" reposant sur deux appuis supérieurs, et recevant
les efforts appliqués par un vérin hydraulique par l'intermédiaire d'une rotule sphérique. Les
appuis des poutres, comme ceux du linteau de répartition, sont rendus rigoureusement libres au
moyen de rouleaux à roulement à billes et de plaquettes. Ainsi est-on assuré que les réactions
des appuis sont bien verticales. Toutefois, ce système étant très instable par suite de l'absence
presque totale de forces de frottement, la course des appuis inférieurs doit être limitée.

Po (charge au vérin)

Figure 7.2
Chapitre 7 • Flexion simple 269

Dans la partie comprise entre les deux charges, de longueur (l - 2a), la poutre est sou-
mise à un moment de flexion sensiblement constant (au moment dû au poids propre
près) et à un effort tranchant nul (à l'effort tranchant dû au poids propre près). C'est la
sollicitation dite « de flexion circulaire ».
Le moment de flexion constant vaut l :

avec:
g poids propre de la poutre
Q=Po+Gl
Po charge appliquée sur le vérin par la machine d'essai
G1 poids propre du linteau de répartition et des appareils d'appui de celui-ci.
Pour a = 1/4 , on a donc :

c'est-à-dire que ce moment a même valeur que le moment maximal dans une poutre
uniformément chargée de q = g + Q/ 1par unité de longueur.
Dans les sections comprises entre les appuis et les points d'application des charges,
l'effort. tranchant est sensiblement constant (à l'effort tranchant dû au poids propre
près), et vaur :

Lorsque l'on veut étudier les conditions de résistance aux moments de flexion, on doit
prendre toutes dispositions pour que la poutre ne se rompe pas par effort tranchant entre
les charges et les appuis. Dans ces conditions, la rupture survient pratiquement toujours
entre les charges.
Lorsque l'on fait des essais de recherche, il est indispensable de déterminer exactement
les caractères mécaniques :
a) des armatures longitudinales et, le cas échéant, des armatures d'âme (limite
d'élasticité, résistance à la traction avec, si possible, enregistrement des diagrammes
contraintes-allongements) ;

1. En fait, pour a $x $/- a: M= [gx (/-x) + Qa]!2.


2. En fait, pour x $ a ou x ~ / - a : V = ± [g/ (1 - 2x Il) + Q] /2.
270 Traité de béton armé

b) du béton (résistances à la compression et à la traction au jour de l'essai).


De plus, les dimensions exactes des poutres et la hauteur utile exacte de chaque barre
sont relevées après chaque essai.

7.22 Essais de poutres sous moment constant


De très nombreux essais ont été effectués sur des éléments en béton armé fléchis. No-
tamment, dans les années 50-60, des programmes expérimentaux systématiques ont été
réalisés tant en France - sous l'égide de la Chambre syndicale des constructeurs en
ciment armé et des autres organismes techniques professionnels - que dans la plupart
des pays étrangers, en particulier dans le cadre des recherches entreprises par le CEB.
Au départ, les études expérimentales avaient plus spécialement pour objet:
1°) d'observer le processus du développement des phénomènes de fissuration sous
charges croissantes et de rechercher une théorie susceptible de rendre compte des phé-
nomènes observés ;
2°) de mesurer les flèches sous charges croissantes et de rechercher des formules per-
mettant de prévoir ces flèches ;
3°) de déduire, des ruptures observées, les coefficients de sécurité réels auxquels
conduisait l'application des méthodes réglementaires.
Par la suite, on a cherché à déterminer l'évolution de la répartition des contraintes dans
les sections les plus sollicitées.

7.221 Cas des poutres comportant un pourcentage « moyen » d'armatures


tendues
II s'agit du pourcentage géométrique (A / bod, notations: figure 7.23) supposé, pour
fixer les idées, inférieur à 2 % et même de l'ordre de 1 à 1,5 %.
Pour déceler plus facilement l'apparition des fissures, les poutres sont, avant essai, ba-
digeonnées au lait de chaux sur leurs faces latérales. Le film ainsi déposé, n'ayant pas
d'élasticité propre, ne risque pas de masquer le phénomène que l'on veut observer.
Sauf cas exceptionnels correspondant à des phénomènes de retrait anormaux, un exa-
men attentif ne révèle pas de fissures tout au début du chargement.
Après cette phase où la poutre est apparemment intacte, les charges croissant, on consta-
. te l'apparition de fissures à la partie inférieure de la poutre, dans sa zone centrale. Ces
fissures sont normales à l'axe longitudinal de la poutre: elles intéressent la face tendue
et les faces latérales jusqu'à une certaine hauteur (figure 7.3a). L'observation de ces
premières fissures perceptibles à l'oeil nu dépend notamment:
Chapitre 7 • Flexion simple 271

- de l'état de surface des poutres essayées: surface plus ou moins lisse résultant du soin
apporté à la confection du coffrage et à la mise en oeuvre du béton, badigeonnage des
faces au lait de chaux ou non ;
- des conditions d'éclairement: intensité de la source lumineuse et incidence ;
- de l'acuité visuelle et, il faut bien le dire, d'un certain entraînement des expérimen-
tateurs. Sur des poutres dont les faces ont été badigeonnées au lait de chaux et inten-
sément éclairées, des expérimentateurs exercés décèlent des fissures extrêmement
fines, qui échapperaient à un examen, même minutieux, dans les conditions usuelles
de service.
L'ouverture des premières fissures perceptibles à l'oeil nu est de l'ordre de 1/20 et mê-
me 1 / 50 mm ; ce sont donc, au sens propre, des fissures capillaires. De telles fissures
peuvent se produire sous des charges d'essai nettement inférieures aux charges de servi-
ce, et correspondant à des contraintes des armatures (calculées avec les hypothèses des
états-limites de service) inférieures à 10 MPa. Il faut donc admettre qu'il existe nor-
malement des fissures capillaires dans les ouvrages en service.
Ce fait a été reconnu dès 1960 dans les textes réglementaires, puisque l'on peut lire à
l'article 0,3 des Règles BA 1960 : « Les fissures sont la conséquence du fonctionnement
mécanique normal de l'ouvrage; elles ne compromettent ni sa résistance, ni sa durabi-
lité, si elles restent assez fines pour que, du fait de leur existence, les armatures ne
soient pas exposées à la corrosion dans les conditions d'exploitation de l'ouvrage.
Sous l'action des charges et surcharges de service, un ouvrage en béton armé peut donc
se présenter comme un ensemble de blocs de béton prenant appui les uns sur les autres
et reliés entre eux par les armatures. C'est cet ensemble, désigné dans ce qui suit sous
le nom de «système fissuré », qui doit être pris en considération dans les calculs de
résistance ».
Quand les charges continuent d'augmenter, le nombre de fissures s'accroît, l'ordre dans
lequel elles apparaissent successivement étant quelconque. Leur ouverture et leur hau-
teur croissent également aussi bien pour les fissures déjà existantes que pour les fissures
nouvelles. Celles-ci recoupent assez régulièrement l'intervalle entre les fissures initiales
ce qui est conforme aux prévisions des théories de la fissuration (figure 7.3b).
272 Traité de béton armé

• Apparition de fines fissures verticales


dans la zone des M maximaux

• Formation de nouvelles fissures


et accentuation des premières

Figure 7.3

L'ouverture des fissures ne dépend pas uniquement de la contrainte des barres mais
également de leur diamètre, de leur état de surface et des conditions d'enrobage. Avec
des barres comportant des traces profondes d'oxydation, pourvu qu'elles soient débar-
rassées de la rouille non adhérente, les fissures sont plus nombreuses et moins ouvertes -
toutes choses égales par ailleurs - qu'avec des barres non oxydées.

7.221-1 Cas des poutres armées de ronds lisses


Dans ce cas, lorsque la contrainte calculée de l'acier approche la limite d'élasticité, les
fissures s'ouvrent notablement et se propagent vers la partie supérieure de la poutre.
Une fissure, parfois deux ou trois fissures voisines s'ouvrent nettement plus que les
autres et accentuent davantage leur progression vers la partie supérieure de la poutre, ce
qui a pour effet de réduire de plus en plus la hauteur de la zone comprimée de la section
correspondante.
Finalement la ruine de la poutre survient par écrasement progressif du béton comprimé
consécutif à l'allongement excessif des armatures, dans une région de la zone de mo-
ment constant qu'il n'est pas possible de prévoir avant les dernières phases de l'essai, et
dont l'emplacement relève du hasard (figure 7.4).
Chapitre 7 • Flexion simple 273

Figure 7.4

La poutre accuse une déformation accentuée au droit des fissures les plus ouvertes et
présente après rupture un aspect en V caractéristique, dont les deux branches semblent
s'articuler sur le béton comprimé.
Les phénomènes observés au cours de l'essai peuvent s'expliquer ainsi:
a) La formation d'une ou de très larges fissures implique de part et d'autre de celles-ci
des glissements locaux importants des barres par rapport au béton. Or dans une zone de
moment constant c'est-à-dire d'effort tranchant nul, les forces qui tendent à faire glisser
l'acier par rapport au béton sont nécessairement très petites (voir § 12.92), c'est donc
que l'adhérence est devenue très faible: de ce fait, deux parties de poutre séparées par
une fissure peuvent tourner l'une par rapport à l'autre, ce qui amène la rupture du béton
par compression sur leur arête de contact commune.
b) Lorsque l'acier commence à s'allonger plastiquement, il se produit une contraction
transversale importante (par effet Poisson), ce qui diminue l'adhérence. La contraction
latérale qui amène la disparition de l'adhérence est atteinte en un point du diagramme de
traction situé sur le palier de ductilité. D'où la contrainte de l'acier à la rupture de la
poutre, égale à la limite d'élasticité.
Ainsi, la ruine de la poutre survient lorsque l'acier atteint son palier de ductilité, par
écrasement du béton comprimé au-dessus de la ou des fissures les plus ouvertes, cet
écrasement étant consécutif à l'allongement excessif des armatures. Pour cette raison,
bien que l'acier demeure continu et que la rupture survienne par écrasement du béton,
on dit que l'on a affaire à une « rupture par l'acier» (qui, d'après ce qui a été dit ci-
avant, est plutôt une rupture d'adhérence).
Il convient de noter qu'avec un pourcentage normal d'armatures, on n'obtient ja-
mais la ruine de la poutre par rupture de ses armatures. Cette rupture ne pourrait se
produire que dans le cas de pourcentages très faibles tels que la résistance à la traction
de l'acier tendu soit inférieure à celle du béton de la poutre en section homogène: pour
. des poutres ainsi constituées, lorsque la résistance à la traction du béton est atteinte, les
armatures ne peuvent plus assurer la résistance aux efforts de traction, et la rupture se
produit brutalement. Il faut absolument éviter que les constructions en béton armé ne
comportent de tels éléments fragiles; c'est pour cette raison que les Règles imposent
toujours le respect d'un pourcentage minimal dans les éléments tendus (tirants) ou
fléchis (poutres et dalles) (voir art. A-4.2 des Règles BAEL 91).
274 Traité de béton armé

Remarque:
Au cours de certains essais de poutres faiblement armées, on a pu observer des phé-
nomènes « d'hyper-résistance ». On appelle ainsi les phénomènes où les résistances
en flexion, constatées au cours d'un essai, excèdent celles qui résultent de
l'application des hypothèses de calcul. Lorsqu'on observe une« hyper-résistance », le
moment de rupture calculé en supposant que l'acier a atteint sa résistance à la traction
avec un bras de levier des forces internes maximal (physiquement impossible) égal à
la hauteur de la poutre, demeure encore très inférieur au moment de rupture réelle-
ment observé. R Chambaud (voir bibliographie au § 1.632 à la fin du chapitre 1) ex-
plique ces phénomènes par le fait que la striction et le glissement des fibres d'acier se
trouveraient gênées par l'enrobage de l'enveloppe de béton comme si l'acier demeu-
rait entouré d'une gaine de béton non fissuré, et participant à la résistance.

7.221-2 Cas des poutres années de barres à haute adhérence


Dans ce cas, le processus de développement des fissures appelle les remarques suivantes:
- en premier lieu, il est difficile de noter, à pourcentage d'armatures égal, un avantage
marqué résultant de l'emploi de barres HA par rapport aux ronds lisses, quant à
l'apparition des premières fissures, mais ce point est sans grande importance pratique;
- les fissures sont, en revanche, normalement plus nombreuses avec les barres HA,
mieux réparties et nettement moins ouvertes, à égalité de contrainte, et c'est là préci-
sément que réside l'avantage essentiel de l'utilisation de ces barres.
Approximativement, la contrainte calculée qui provoque une valeur moyenne W m don-
née d'ouverture des fissures est, avec des barres HA, supérieure de près de 60 % à celle
correspondant à des ronds lisses (voir § 2.382-1 b).
Ici encore, les fissures s'ouvrent et se propagent vers la partie supérieure de la poutre,
mais la rupture d'adhérence ne peut plus se produire sur d'aussi grandes longueurs que
dans le cas des ronds lisses. On voit alors, dans la région qui sera celle de la rupture,
s'ouvrir plus largement quelques fissures; l'ouverture de chacune de ces dernières de-
meure toutefois beaucoup plus faible que dans le cas des ronds lisses.
Ainsi, la rotation mutuelle des deux parties de la poutre qui amène la rupture se répartit
sur plusieurs fissures au lieu de se concentrer sur une seule.
La ruine se produit encore par l'acier l , avec écrasement progressif du béton comprimé,
consécutif à l'allongement excessif des armatures, mais cette fois la poutre rompue
présente une courbure continue (sans cassure accentuée) ; la rupture intéresse plus une
zone qu'une section et par suite de phénomènes secondaires dans la phase finale de
l'essai, la zone rompue est bordée de deux surfaces de fracture formant un X ou un Y
selon le cas (figures 7.5 et 7.6).

1. Les essais montrent que lorsqu'il s'agit de ruptures «par l'acier », les charges qui provoquent la
rupture d'une poutre sont peu influencées par une variation même importante de la résistance à la
compression du béton.
Chapitre 7 • Flexion simple 275

Figure 7.5

Figure 7.6

7.222 Cas des poutres comportant un pourcentage « élevé»


d'armatures tendues
II s'agit d'un pourcentage géométrique supérieur à 3 % environ.
Dans ce ,cas, la fissuration garde jusqu'à la fin une apparence normale, les fissures étant
relativement peu ouvertes et peu développées, et la rupture survient assez brusquement
par écrasement du béton. Lorsqu'il n'y a pas d'armatures comprimées ou lorsque le
pourcentage de celles-ci est très faible, on peut parfois avoir des ruptures extrêmement
brutales (rupture «en coup de canon »), qui intéressent une large zone; si la poutre ne
comporte pas d'armatures d'âme dans cette zone (où M étant pratiquement constant,
V:::: 0) il peut y avoir détachement d'un bloc de béton important (figure 7.7).

Figure 7.7

On dit que l'on a affaire à une «rupture par le béton ». La contrainte de l'acier au
moment de la rupture est inférieure à sa limite d'élasticité. L'acier est donc mal utilisé et
les poutres de ce type ne sont absolument pas économiques.
276 Traité de béton armé

La présence d'annatures comprimées dans la section de rupture a une influence favora-


ble non seulement sur la valeur du moment de rupture mais sur le caractère plus pro-
gressif de celle-ci, sous réserve que ces annatures comprimées soient empêchées de
flamber par des annatures transversales suffisamment rapprochées (ce cas est celui
normalement rencontré pour les sections sur appuis des poutres continues, sections
généralement rectangulaires soumises à des moments de flexion négatifs).
En anticipant sur ce qui suit (voir § 7.511), on peut dire que les ruptures par l'acier
sont celles qui se produisent pour des poutres dont le calcul a été conduit à l'état-limite
ultime soit au pivot A, soit au pivot B avec /-lbll ~ /-l/II (voir § 7.513) alors que les ruptu-
res par le béton sont celles qui se produiraient pour des poutres dont le calcul à l' état-
limite ultime aurait été conduit au pivot B, avec /-lb" » /-l/II' sans prévoir d'aciers com-
primés.

7.3 NOTATIONS ET TERMINOLOGIE


Dans ce qui suit, on utilise les notations et la terminologie suivantes (figure 7.8) :

~~~
, . ....A.;.?--;?-""- t-
d: --- -:o~: -------~~,-~~E~bC77'7
comprimée

Axe neutre
----------------- /
/
Zone /
/
tendue /

1
-- --------------------- ---- - - - - --

Figure 7.8

A aire des armatures tendues


A' aire des armatures comprimées éventuelles
cf distance de leur centre de gravité aux fibres les plus comprimées
B' aire du béton comprimé
BI aire de la zone comprimée homogène: BI = B'+ 15A'
h hauteur totale de la section
y hauteur de l'axe neutre
Chapitre 7 • Flexion simple 277

On appelle:
- hauteur utile d: la distance du centre de gravité des armatures tendues, supposées
concentrées en leur centre de gravité, aux fibres les plus comprimées de la section.
- bras de levier z : la distance entre la résultante Fbsc> des efforts de compression dans
le béton comprimé et dans les armatures comprimées d'une part et la résultante Fs des
efforts de traction dans les armatures tendues d'autre part.
- axe neutre: l'axe qui sépare la zone comprimée de la zone tendue, et où les déforma-
tions du béton sont nulles.

7.4 PRINCIPES GÉNÉRAUX DU CALCUL


EN FLEXION SIMPLE OU COMPOSÉE
En flexion simple ou composée, la détermination des sections d'armatures, le dimen-
sionnement ou la vérification des sections peuvent découler:
• soit d'un calcul à l'état-limite ultime de résistance,
• soit d'un calcul aux états-limites de service; pour ceux-ci, il peut s'agir:
- ou bien de l'état-limite de compression du béton (BAEL, art. A-4.5,2) caractérisé
par la limitation à 0,6!cj de la contrainte de compression du béton (par exemple, pour
!cj =!c28 = 25 MPa, O'be = 15 MPa) ;
- ou bien des états-limites d'ouverture des fissures (BAEL, art. A-4.5,3) caractérisés,
pour les cas de fissuration préjudiciable ou très préjudiciable uniquement, par une limita-
tion de la contrainte de traction de l'acier tendu, aux valeurs indiquées dans le tableau 5.1.

7.41 Données générales concernant


l'état-limite ultime de résistance
À l'état-limite ultime de résistance sous sollicitations normales (voir § 5.2) :
1°) les sollicitations agissantes ultimes sont Mu et Nil (en flexion simple, Nu = 0) ;
2°) les diagrammes déformations-contraintes du béton et de l'acier sont ceux donnés au
§ 5.22;
·3°) pour le dimensionnement, le diagramme des déformations est supposé passer soit
par le pivot A (Es = 10 %0), soit par le pivot B (êbe = 3,5 0/00), soit encore par le pivot C
(êbc = 2 0/00 sur la fibre située aux 3/7 de la hauteur totale). Dans le cas de la flexion
simple, seuls peuvent intervenir les pivots A et! ou BI.

l. La «justification» réglementairement exigée consiste à faire la preuve qu'aucune des déformations


limites n'est dépassée.
278 Traité de béton armé

7.411 Différents aspects de la distribution


des contraintes de compression du béton
Quand le pivot (A, B ou C) est connu, la distribution des déformations et donc des
contraintes ne dépend plus que d'un seul paramètre (par exemple a =y / d ou
al = y/h, avec y hauteur de l'axe neutre à l'état-limite ultime). Du fait de l'hypothèse
de Bernoulli, le raccourcissement êç d'une fibre quelconque est proportionnel à sa dis-
tance yç à l'axe neutre; suivant le pivot, la distribution des contraintes du béton com-
primé affecte l'une des formes suivantes (figure 7.9).

• PivotA

~b = 0,85 fc2S
• PivotS U e Yb

• pivote

Figure 7.9
Chapitre 7 • Flexion simple 279

Le cas a) est celui du pivot A, région 1 : la distribution des contraintes correspond à un


diagramme parabole-rectangle tronqué (<< vers le haut») limité soit à un arc de la para-
bole, soit à la parabole complète plus une fraction seulement de la partie rectangulaire.
Le cas b) est celui du pivot B, région 2 : la distribution des contraintes correspond au
diagramme parabole-rectangle complet.
Le cas c) est celui du pivot C, région 3 : la distribution des contraintes correspond au
diagramme parabole-rectangle doublement tronqué (<< vers le haut» et« vers le bas »).

7.412 Moments frontières; définition du pivot


Pour une section à deux nappes d'armatures (figure 7.8), on appelle «moments-
frontières» les moments MAB et MBc de la résultante F bc des forces élémentaires
s'exerçant sur le béton comprimé, évalués par rapport aux aciers les plus tendus ou les
moins comprimés, lorsque le diagramme des déformations occupe les positions frontiè-
resAB ou Be.
Ces moments s'obtiennent en prenant respectivement les valeurs y = 0,259 d ou y = h
(voir § 7.431-1) comme borne supérieure de l'intégrale des relations [7.8 b] ou [7.9 b]
selon le cas.
Soit MuA le moment agissant ultime, évalué au centre de gravité des aciers les plus ten-
dus ou les moins comprimés. En l'absence d'aciers comprimés (A' = 0), le dimension-
nement doit être conduit au moyen des équations correspondant:
- au pivo~ A, si MuA ~ MAB
au pivot B, si MAB < MI/A ~ MBc
- au pivot C, si MuA> MBc
Si la section comporte, du côté le plus comprimé, une section d'armatures imposée, le
moment de la force Fsc correspondante par rapport aux aciers les plus tendus ou les
moins comprimés doit être déduit de MuA avant la comparaison avec MAB ou MBc.
Cependant, la référence aux moments-frontières n'est pas toujours indispensable, et il
n'est donc pas toujours nécessaire de les calculer (voir par exemple § 7.511-2).
Pour déterminer les moments-frontières d'une section rectangulaire, voir § 7.511-2 ou
§ 8.331. Pour une section avec une distribution d'armatures quelconque (figure 7.9),
voir la note au § 8.621.

7.42 Données générales concernant les états-limites de service


Aux états-limites de service sous sollicitations normales (voir § 5.3).
1. les sollicitations agissantes de service sont Mser et N ser
2. les diagrammes déformations-contraintes sont linéaires :
- pour l'acier: as = Es Es avec Es = 2.105 MPa
280 Traité de béton armé

- pour le béton: abc = Eb êbc ou, puisque conventionnellement n = Es = 15 , on arrive à


Eb

3. pour le dimensionne ment, le diagramme des contraintes est supposé passer soit par
le pivot« a »( as = as ), soit par le pivot b (abc =abc )1.

7.421 Différents aspects de la distribution des contraintes


Quand le pivot (<< a » ou « b ») est connu, la distribution des contraintes ne dépend plus
que d'un seul paramètre (par exemple, al =II avec YI hauteur de l'axe neutre à l'état-
d
limite de service).
Du fait de l'hypothèse de Navier, la contrainte aÇ d'une fibre quelconque est propor-
tionnelle à sa distance yç à l'axe neutre; suivant le pivot, on peut avoir l'un des deux
cas suivants (figure 7.10).

«a» 0"5/15

Figure 7.10

Le cas a) est celui du pivot « a» : la contrainte de l'acier le plus tendu est supposée
atteindre la valeur limite as' La fibre de béton la plus comprimée est soumise à une
contrainte abc < abc'

Le cas b) est celui du pivot « b » : la contrainte maximale du béton comprimé est suppo-
sée atteindre la valeur limite abc' L'acier situé dans la zone tendue est soumis à une
. contrainte as < as .

1. La «justification» réglementairement exigée consiste à faire la preuve qu'aucune des contraintes


limites n'est dépassée.
Chapitre 7· Flexion simple 281

7.422 Moment frontière (moment-résistant béton) ; définition du pivot


Pour une section à deux nappes d'armatures (figure 7.10), on appelle «moment-
résistant-béton» le moment Mab de la résultante Fbc des forces élémentaires s'exerçant
sur le béton comprimé, évalué par rapport aux aciers les plus tendus ou les moins com-
primés, lorsque le diagramme des contraintes occupe la position frontière ab.

Dans cette position, la contrainte limite as de l'acier en service et la contrainte limite


abc du béton comprimé en service sont atteintes simultanément. La hauteur de l'axe
neutre prend la valeur YI définie par la relation [7.4]. Le moment-résistant béton
s'évalue en prenant cette valeur YI comme borne supérieure de l'intégrale de la relation
[7.8 b].
Soit M ser A le moment agissant ultime, évalué au centre de gravité des aciers les plus
tendus ou les moins comprimés. En l'absence d'aciers comprimés (A' = 0), le dimen-
sionnement doit être conduit au moyen des équations correspondant:

- au pivot« a» : as = as, si M serA ::::; Mab


- au pivot« b» : abc =abc' si UserA> Mab
Si la section comporte, du côté le plus comprimé, une section d'armatures imposée, le
moment de la force F sc correspondante par rapport aux aciers les plus tendus ou les
moins comprimés doit être déduit de Uer A avant la comparaison avec Mab.
Pour déterminer le moment-résistant béton d'une section rectangulaire l , voir § 7.531.

,
7.43 Equations générales de la flexion
pour une section à deux nappes d'armatures
Soit une section de forme quelconque, à plan moyen, comportant une nappe d'armatures
inférieures et éventuellement, une nappe d'armatures supérieures. La résistance à la
traction du béton tendu étant négligée, dans toute zone où le béton est tendu, les efforts
de traction doivent être intégralement équilibrés par les armatures.
Pour résoudre tout problème de flexion simple ou composée soit à l'état-limite ultime
soit à l'état-limite de service, on dispose et on dispose seulement de trois systèmes
d'équations à savoir:
-les équations de «compatibilité» (des déformations dans le cas de l'ELU, des
contraintes dans le cas de l'ELS) exprimant la conservation des sections planes (rela-
tions de triangles semblables) ;

1. Dans le calcul des sections rectangulaires, on a conservé la notation traditionnelle Mrb au lieu de M"b
ici.
282 Traité de béton armé

• les deux équations de la Statique:


- équilibre des forces,
- équilibre des moments.
Ces trois équations permettent à elles seules de résoudre le problème, lorsqu'il n'y a que
3 inconnues (en général hauteur de l'axe neutre, contrainte et section des armatures
tendues). S'il yan inconnues (n > 3), il faut s'en fixer n - 3 a priori et le problème
comporte alors plusieurs solutions; l'une d'entre elles seulement constitue la solution la
plus économique l , mais il n'est pas toujours aisé de la déterminer.
Conformément à l'usage, dans ce qui suit, les déformations et les contraintes du béton et
de l'acier sont prises en valeur absolue.

7.431 Équations de compatibilité

7.431-1 Cas de l'état-limite ultime


a) Déformations de fibres particulières
Soit :
Che le raccourcissement ultime du béton comprimé
Esc le raccourcissement des aciers les moins tendus ou les plus comprimés (s'il yen a)
Es l'allongement des aciers les moins comprimés ou les plus tendus
y .la hauteur de l'axe neutre
Aux pivots A et B on a, de façon générale (figure 7.11) :

l'-----------f--i:~ Eh
c
=~=~
y-d' d- y
1 .1_____ .• ou
d

L_~
Figure 7.11

1. Attention: s'il entraîne des complications à la mise en œuvre, le minimum mathématique ne corres-
pond pas nécessairement à un optimum économique (voir § 16.4)
Chapitre 7 • Flexion simple 283

La position frontière AB correspond à Ebc = 3,5 %0 et Es = 10 %0 d'oùy = 0,2593 d.


La position frontière Be correspond à y = h.

En posant a = L, ô' = d' , al = y et ô' 1= d' les équations de compatibilité s'écrivent


d d h h
(figures 7.12, 7.13 et 7.14):
- au pivot A (Es = 10 %0)
Pour a< ô':

----- d'=ô'd

-1---- - 10 ô'-a

1
y=ad
ebc
-
1
---
E =---- [7.0]
1000 l-a
---- esc
1 d
he

A ( 4 F 7 - - - - - - - - ' _____________ t Pour ô' < a ~ 0,259 :

E
10 a
=----
10001-a
[7.1a]


he

10 a-ô'
E =---- [7.1b]
Figure 7.12 sc 1000 l-a

- au pivot B (Ebc = 3,5 0/00)


10 ) 0,2593 < a ~ 1

E. =~ l-a =~(~-1) [7.2a]


• 1000 a 1000 a

d' =~ a-ô' =~(1- ô') [7.2b]


T--:~t±~~
E
sc 1000 a 1000 a
",-3,5" •
2°-1<a~h/d(ouô/<a/~ 1 enposantô/=d/h);
notations de la figure 7.13 :

.1 ____ .oC..----....! - acier le plus comprimé, ô: 1 = d' / h :


Figure 7.13
- acier le moins comprimé:
[7.2c]

_ 3,5 al -ô,
[7.2d]
Esc2 - 1000 al
284 Traité de béton armé

- au pivot C : a > h / d (ou a f > 1)

Ebc1 =~ = Esc!
al al -1 al -8~!

[7.3]


Figure 7.14

d'où il est facile de tirer les valeurs respectives de EbcI. Ebc2, Esc!, Esc2'

b) Déformation et contrainte d'une fibre de béton comprimé quelconque


Le pivot, et donc a (;:::: 0), étant supposés connus, le raccourcissement maximal du béton
Ebc (ou Ebc!) est donné par les équations de compatibilité.

Une fibre de béton quelconque, située à une distance yç de l'axe neutre subit une défor-

mation relative Eç telle que ~ = Ebc ou encore, en posant ~ = a Ç : ~ = Ebc •


Yç y cl aÇ a
La contrainte crç de la fibre considérée se déduit de Eç au moyen du diagramme parabo-
le-rectangle (figure 7.15).

1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
o e---,-I-:--_~I,--::----::;..> EtJc
Axe neutre 3
1.. El;; ..1 2.10- 3,5,10-3

Figure 7.15
Chapitre 7 • Flexion simple 285

7.431-2 Cas des états-limites de service


a) Contraintes de fibres particulières
Soit:
crbc la contrainte du béton sur la fibre la plus comprimée
crsc la contrainte des aciers les moins tendus ou les plus comprimés (s'il yen a)
crs la contrainte des aciers les moins comprimés ou les plus tendus
YI la hauteur de l'axe neutre
On a, de façon générale (figure 7.16) :

rY;[---~:-~"--'----".crsc~~
L,,------,
Figure 7.16

crbc cr sc crs
~ = 15 (YI -d') = 15 (d - YI)

La position frontière ab correspond à crbc = crbc , et crs = crs d'où:

15 crbc
ou, en posant al =1l : al =-==-== [7.4]
d 15 crbc + cr.t

En posant encore B'= d' , les équations de compatibilité s'écrivent:


d

• au pivot« a» (crs = crs )

-pour al ::;;0:
_-lall+B' . [7.5]
cr sc - cr, II'V 1 (tractIon)
. 1+ lU,I
286 Traité de béton armé

- pour 0 < al :::; al (avec al = XL) :


d

[7.6a]

cr sc =- a -Ù'
crs 1 (compression) [7.6b]
l-al

-1-a -(1
cr s =15crbc - -1 =15crbc --1
al al
J [7.7a]

[7.7b]

-a -Ù' - ù'
crscI = 15 crbc 1 = 15 crbc (1--) , acier le plus comprimé [7.7c]
al al

. - a -1
crsc2 = 15 crbc _1_ =15-crbc (1--)
1
[7.7d]
al al

b) Contrainte d'une fibre de béton comprimé quelconque


La distribution des contraintes est triangulaire. Le pivot et donc al (;::: 0) étant supposés
connus, la contrainte maximale du béton crbc est donnée par les équations de compatibilité.
Une fibre de béton quelconque, située à une distance yç de l'axe neutre subit une
contrainte crç telle que:

crr cr yr cr
-'> = ~ ou encore, en posant -'> = ç : crç = ~ç
Yç YI d al

7.432 Équations d'équilibre


Données:
Forme et dimensions de la section
Sollicitations agissantes N, MA rapportées au centre de gravité des aciers les plus tendus
ou les moins comprimés (N". MuA à l'état-limite ultime: Nsen MserA aux états-limites de
service).
Chapitre 7 • Flexion simple 287

Inconnue:
Section A des aciers les plus tendus ou les moins comprimés (si la section A' des aciers
les moins tendus ou les plus comprimés est connue) ou réciproquement.
Dans ce qui suit, on suppose que A' est connu et A inconnu. Les équations indiquées
sont valables aussi bien à l'état-limite ultime qu'aux états-limites de service puisqu'il
s'agit des équations résultant de la Statique; il suffit de considérer la distribution conve-
nable des contraintes de compression du béton: parabole-rectangle tronqué ou non pour
l'état-limite ultime, triangle pour les états-limites de service (figure 7.17).

E.L.u.

E.L.S.

Figure 7.17

1°) Valeurs de la résultante F he des efforts de compression sur la zone comprimée et de


son bras de levier Zb par rapport aux aciers les moins comprimés ou les plus tendus.
288 Traité de béton armé

Si bç est la largeur de la section à la distance Yç de l'axe neutre, on a, en rappelant l que


a= y et ç = Yç :
d d
y a
Fbc = fbçCiçdyç =d fbçCiçdÇ [7.8 a]
o 0

Le moment de cette force par rapport aux aciers les plus tendus (ou les moins compri-
més) est:
y a
2
M bA = fbçCiç(d-y+yç)dyç =d fbçCiç(l-a+Ç)dÇ [7.8 b]
o 0

Le bras levier est:

On peut poser Zb = d - oGY, en appelant oGY la distance du point de passage Ob de F be à


la fibre la plus comprimée de la section.
Dans le cas de l'état-limite ultime, si on utilise le diagramme rectangulaire, on a Ciç =fim
sur la hauteur 0,8 Y (BAEL) et les expressions précédentes deviennent:
O,8y O,8a

F;,e =1;,,, fbçdyç =d 1;,,, fbçdÇ [7.9 a]


o 0

y a
M bA =1;,u fbç{d - Y + yç)dYç =d 21;,u fbç(l-a+Ç)dÇ [7.9b]
o 0

2°) Valeurs de la force Fse dans les aciers les moins tendus ou les plus comprimés et de
son bras de levier Zs par rapport aux aciers les moins comprimés ou les plus tendus.
Le pivot et donc a étant supposés connus, les équations de compatibilité permettent de
connaître la contrainte Cise de l'acier le moins tendu ou le plus comprimé:
- aux états-limites de service, Cise est donné par les équations [7.6b], [7.7b] ou [7.7c]
- à l'état-limite ultime, les équations [7.lb], [7.2b] [7.2c] ou [7.3] donnent Esc d'où
Cise = g (Esc.!ed) par le diagramme de calcul.

On a alors:
Zs =d-d'

1. Aux états-limites de service, al = ~ ; les indices ont été supprimés pour pouvoir traiter le cas sous

forme générale (mais Yu ~ Yser !).


Chapitre 7 • Flexion simple 289

3°) Équation d'équilibre des moments


a étant supposé connu, le moment que peuvent équilibrer le béton comprimé et les
aciers les plus comprimés ou les moins tendus est (FscC a) < 0 si a < 0') :
M(a)= Fb)a) zb(a)+ F.c(a)zs
À partir de cette relation, on cherche par itération (manuellement ou en ayant recours à
l'ordinateur) la valeur de a correspondant au moment agissant MA (ultime MzlA , ou de
service UserA)

Fb (a); Zb (a); F sc (a); Zs

Oui >--.- Non - - - - '

4°) Équation d'équilibre des forces. Section des armatures les plus tendues (ou les
moins comprimées).
La valeur exacte de a ainsi trouvée donne immédiatement:
- la valeur exacte de Fbe
- la valeur exacte de F.çe = A' O'se

et on peut connaître, à partir des équations de compatibilité, la valeur de la contrainte O's


de l'acier le plus tendu ou le moins comprimé:
• aux états-limites de service :

- ou O's =O's si le pivot est le point a (a:::; al ) ;

- ou O's est donné par l'équation [7.7a] si le pivot est le point b.

• à l'état-limite ultime:
- ou Es = 10 %0 et 0' s = fed , si le pivot est le point A (a :::; 0,259)

- ou la valeur Es est donnée par les équations [7.2a] ou [7.2d] si le pivot est le point B
(allongement si a:::; 1) ou encore par les équations [7.3] (Es = Esd si le pivot est le point C.
290 Traité de béton armé

De Es on déduit crs par le diagramme de calcul: crs =g (Es,hd)'


• 1er cas: si a ~ 0 (y ~ 0) il n'existe pas de béton comprimé et les nappes d'acier sont
toutes deux tendues (figure 7.18).

_--:-"_----------------------r-------,

N (
....00(-----.
(

(
(

Figure 7.18

La force de traction Fs dans l'armature la plus tendue s'obtient par l'équation


d'équilibre des forces: Fs =N - ~c et la section de cette armature doit être au moins
égale à

A= Fs = N -~c [7.10a]
crs crs
avec:

à l'état-limite de service: N = Nser et crs =crs


- à l'état-limite ultime: N = Nu et crs = Jed
• 2e cas: si 0 < a ~ 1 c'est-à-dire 0 < y ~ d, l'armature inférieure est tendue (figu-
re7.19).
La force de traction Fs dans l'armature tendue s'obtient par l'équation d'équilibre des
forces:
Fs = Fbc + F.rc - N
et la section de cette armature doit être au moins égale à :

[7.10 b]
Chapitre 7 • Flexion simple 291
N

crs
15

E.L.S.

Tr-----
d

J_ _ _ _
E.L.U.

Figure 7.19

avec:

- à l'état-limite de service: N = Nser et crs = crs si le pivot est le point a (0 < al ~ al ou


MserA ~ Mab voir § 7.422)
crs tiré de l'équation de compatibilité [7.7a] si le pivot est le point b.
-'à l'état-limite ultime N = Nu et crs =fed si le pivot est le point A (0 < a ~ 0,259 ou
MuA ~ MAa, voir § 7.412).
crs=g (Es;fed) ' Es étant donné par l'équation de compatibilité [7.2a] correspondant au
pivot B ( 0,259 < a ~ ~ ou MAO < MuA ~ Moc).
d
Pour la flexion simple, annuler N (Nser ou Nu) dans [7.10 b].
292 Traité de béton armé

• 3e cas: si a> 1 les deux nappes d'armatures sont comprimées; deux sous-cas sont à
envisager (figures 7.20 et 7.21).
d <y < h (pivot« b» aux états-limites de service, pivot B à l'état limite ultime).

rrr------
b

---)0 Fsc
---.....,,.
... N
---)0 Fbc

1
h

jl -Y

- '
------- -
- - . Fs

----------------

E.L.S.

rrr------ - - Fsc

l- - '
---)oN
--+-Fbc

jl
h Y

------- - -

----------------

E.L.U.

Figure 7.20

ouy> h (pivot« b» aux états-limites de service, pivot C à l'état-limite ultime).


Chapitre 7 • Flexion simple 293

--_)00 Fse

--_)00 Fs

y
A.N. !
E.L.U.

Figure 7.21

L'effort de compression Fs dans l'armature la moins comprimée s'obtient par l'équation


d'équilibre des forces :

et"la section A de cette armature doit au moins égale à :

[7. 1Oc]

avec:
- à l'état-limite de service, N = N:,'er et crs est tiré des équations de compatibité [7.7a] ou
[7.7d]
294 Traité de béton armé

- à l'état-limite ultime, N = Nu et Os = g ('ès;fed) ' 'ès étant tiré soit des équation de com-
patibilité [7.2a] ou [7.2d] s'il s'agit du pivot B soit des équations de compatibilité [7.3]
s'il s'agit du pivot C.

Remarque
Le sens de la force Fs dans l'armature inférieure doit être compatible avec le sens
de la déformation relative 'ès ou avec le signe de la contrainte Os. Dans le cas
contraire:
- si, lorsque a < 1, on trouve: 'ès < 0 avec Fs > 0 (ou Os < 0 avec Fs > 0) c'est-à-dire
un allongement (ou une contrainte de traction) incompatible avec une force de
compression: ceci signifie que le béton seul est surabondant pour résister aux solli-
citations agissantes de calcul. Dans ce cas, il suffit de prévoir l'armature minimale
réglementaire.
- si, lorsque a> 1, on trouve: 'ès> 0 avec Fs < 0 (ou Os > 0 avec Fs < 0) c'est-à-dire
un raccourcissement (ou une contrainte de compression) incompatible avec une
force de traction: ceci signifie que la résistance de la section aux sollicitations agis-
santes ne peut être assurée, compte tenu de ses dimensions, et des valeurs de!c28,!e
(ou os), Le dimensionnement doit alors être complètement repris.

7.44 Calcul des contraintes normales en service


pour une section quelconque en flexion simple1
Données:
Dimensions géométriques de la section
Sections A et A' des armatures
Moment de service User
Contraintes limites
Inconnues:
Contrainte maximale du béton Obe
Contraintes Os des armatures tendues et éventuellement Ose des armatures comprimées

De façon générale, on a oç = K.Yç, en posant K = M ser , coefficient angulaire du dia-


Il
gramme des contraintes, avec Il moment d'inertie de la section homogène réduite (défi-
nie au § 5.32) par rapport à l'axe neutre.

1. Pour le cas de la flexion composée, voir § 8.7.


Chapitre 7 • Flexion simple 295

Axe neutre

-
15A

Figure 7.22

Si yç désigne la distance à l'axe neutre d'une fibre de béton quelconque et bç la largeur


de la section à ce niveau, la force élastique élémentaire dans le béton au niveau yç est
bç O'ç dÇ et la résultante des compressions sur la zone de béton comprimé est:
YI YI

Fbc = fbçO'çdyç = K fbçyçdyç


o 0

La force de compression dans les aciers comprimés vaut :


Fsc = A' 0' sc = [15K(y1 - d') ] A'

et la force' de traction dans les aciers tendus:


Fs = AO's =[ 15K(d - YI) ] A
L'équilibre des forces s'écrit donc:
YI

fbçyçdyç + 15 A'(YI -d')= 15 A (d - YI)


o

L'intégrale représente le moment statique par rapport à l'axe neutre de l'aire du béton
comprimé, 15 A'(YI - d') celui des aciers comprimés et 15 A(d - YI) celui des aciers
tendus.
La position de l'axe neutre est donc donnée par l'équation dite « des moments stati-
ques» :
[7.11]

où S( désigne le moment statique par rapport à l'axe neutre de la zone comprimée,


aciers comprimés compris :
YI

SI = fbçyçdyç + 15A' (yI - d')


o
296 Traité de béton armé

L'égalité des moments statiques par rapport à l'axe neutre de la zone comprimée et des
aciers tendus traduit le fait qu'en flexion simple, l'axe neutre passe par le centre de
gravité de la section (en béton armé, section homogène réduite). On retrouve donc là
un résultat bien connu.
1°) Contrainte maximale du béton sur la fibre extrême comprimée

Mser
abc =KYI =-l-YI [7.12]
1

K = M ser ,coefficient angulaire du diagramme des contraintes. On a aussi :


Il

K = abc [7.13]
YI

2°) Contrainte du béton en un point quelconque à la distance Yç de l'axe neutre


M a
a Ç =K Yç =-.:!!!!.. Yç =--ÉE.. Yç [7.14]
Il YI

3°) Contrainte des armatures tendues

~; = ~ser (d - YI ) [7.15a]
1

as =15 K (d - YI ) [7.15b]

d-y
ou as =15 abc - -I [7.15c]
YI

On retrouve les équations de compatibilité.


4°) Contrainte des armatures comprimées (si nécessaire)

[7.16a]

[7.16b]

ou [7.16c]

5°) Expression de EL
d

li = 15 abc [7.17]
d 15 abc +as
Chapitre 7 • Flexion simple 297

6°) Expressions de F bse , F s et z (Fbse est la résultante des forces de compression dans le
béton comprimé (Fbe ) et dans les armatures situées dans la zone comprimée (Fse ) [voir
figure 7.8]).
La force élémentaire s'exerçant sur une aire ndBI à la distance yç de l'axe neutre est
dFbsc =O'ç ndBI' d'où:

Fbsc = fiIO'ç(ndBI) avec n = 1 si dBI est une fibre de béton

n = 15 si dB 1 est une armature comprimée.


Compte tenu de [7.14] :

F.
bsc = Jf11
M ser (n y ç dB)= M ser S
I I I
[7.18a]
1 1 1

ou L'
Fbse O'bc S
=- 1 [7.18b]
YI

et [7.19]

D'après le principe d'équivalence, en flexion simple:

On a donc : [7.20]

et aussi [7.21]

Ces deux expressions sont fondamentales.

7.5 SECTION RECTANGULAIRE


EN FLEXION SIMPLE (BAEL)
Les textes réglementaires sont généralement rédigés en sorte que leurs exigences sont ex-
primées sous la forme de demandes de justifications. Il appartient donc au projeteur
. d'apporter a posteriori la preuve que les quantités qu'il a prévues d'après ses calculs, et les
dispositions constructives qu'il a adoptées, satisfont bien aux exigences réglementaires.
Mais le problème qui se présente le plus souvent au projeteur est plutôt celui du dimen-
sionnement, autrement dit soit de la détermination des sections d'armatures à prévoir
dans une section de béton donnée, soit de la détermination de ces deux sections à la fois,
en partant des exigences à satisfaire.
298 Traité de béton armé

Toutes les méthodes de calcul des sections d'armatures exposées dans les paragraphes
ou chapitres qui suivent permettent de déterminer ces sections soit exactement (aux
approximations près pouvant résulter d'interpolations ou d'abaques), soit par léger ex-
cès (au moyen de formules approchées). Lorsque l'on emploie ces méthodes, il est donc
inutile de procéder à d'autres calculs, comme par exemple ceux de vérification des
contraintes.
L'emploi d'un système d'unités homogènes [m, MN, MPa (1 MPa = 1 MN/m2 )] a pour
conséquence que les calculs menés en utilisant ce système conduisent à des sections
d'aciers exprimées en m2 • Dans les notes de calcul, ces sections sont habituellement
données en cm2 ou, parfois, en mm2 • Les résultats doivent donc être présentés en multi-
pliant les valeurs numériques en m2 par 104 ou 106 selon le cas.
L'objectif final de l'étude étant de fournir des dessins pour l'exécution, les sections
trouvées par le calcul doivent, en stade final, être transformées en un certain nombre de
barres d'un certain diamètre, à disposer conformément aux règles du paragraphe 4.1, ce
que l'on ne peut faire qu'en dessinant à une échelle convenable une coupe cotée de la
section (voir § 16.4).
Ayant déterminé des sections d'armatures A et A' en se fixant a priori les distances d et
d' des centres de gravité de ces armatures à la face comprimée, il arrivera souvent que
l'emploi de barres de diamètres normalisés conduise à réaliser des sections A 1 et A' 1 un
peu différentes des sections théoriques A et A', et que l'application du paragraphe 4.1
conduise à des distances réelles dl et d' 1 un peu différentes de d et d'. Il arrivera aussi
que l'on puisse accepter une section d'armatures tendues AI légèrement inférieure à la
section théorique si le croquis coté fait apparaître que la hauteur utile réelle dl est supé-
rieure li la hauteur d avec laquelle les calculs ont été menés. Il pourra enfin arriver que
l'on s'aperçoive qu'en augmentant légèrement la hauteur utile choisie a priori (et corré-
lativement, celle de l'élément), il n'y ait plus nécessité de prévoir des aciers comprimés.
Normalement on devrait, soit faire un calcul de vérification, soit reprendre le calcul de A
et A'. On peut toutefois éviter ces nouveaux calculs si (y, hauteur de l'axe neutre résul-
tant du calcul soit à l'ELU, soit à l'ELS, selon le cas) :
AI (dl - y) ~A (d- y)
A'I (y-d'I)~A'(y-d')

Enfin, on rappelle ici (voir remarque 2 au § 1.43) qu'étant donné les approximations
faites dans les hypothèses de calcul, un excès de précision est illusoire. Il est donc inuti-
le, dans la plupart des cas, de rentrer des données ou d'exprimer des résultats, finaux ou
intermédiaires, avec plus de trois chiffres significatifs (par exemple: 254; 14,2 ; 2,35 ;
0,278; 0,0125, etc.), le dernier chiffre étant déterminé selon les règles d'arrondi habi-
tuelles. Lorsque le présent texte transgresse cette recommandation, c'est généralement
dans des tableaux de valeurs numériques pour éviter d'entacher de trop d'erreur les
interpolations.
Chapitre 7 • Flexion simple 299

7.51 Section rectangulaire sans aciers comprimés:


cas de la fissuration peu préjudiciable
Dans le cas de la fissuration peu préjudiciable, la contrainte de traction de l'acier en
service n'est pas limitée. En revanche, la contrainte maximale en service du béton com-
primé est limitée.

7.511 Section d'armatures tendues nécessaires


pour que l'état-limite ultime de résistance ne soit pas atteint
Ce qui suit ne s'applique qu'au cas où l'on a!c28 ~ 60 MPa.
Données:
Dimensions bo, d

Je
f.ed -- 115 et r = 0,85 Jc28
, Jbu e 15
,

(pour le dimensionnement sous sollicitations accidentelles, prendre Jed = Je et


r = 0,85 Jc28 )
Jbu e 115,
Moment agissant de calcul Mu
Inconnue:
Section Au des armatures tendues.

7.511-1 Coefficient de remplissage lf/; coefficient de centre de gravité &


Soit:
F bc la résultante des efforts de compression dans la zone de béton comprimé
y la hauteur de cette zone
Zb le bras de levier de la résultante F bc par rapport au centre de gravité des aciers
tendus (<< bras de levier du béton seul »).
L'effort de compression Fbro dans le béton comprimé qui correspondrait à une contrain-
te uniforme et égale àJbu sur la totalité de la hauteur y est (figure 7.23).

FbcO = bOyJbu
300 Traité de béton armé

r-
d .

L_ ~ _
Figure 7.23

On appelle:

- coefficient de remplissage \If le rapport 'If = Fbc ;


Fbco
- coefficient de centre de gravité oG : le coefficient permettant de définir la distance OGY
du point de passage de la résultante F bc à la fibre la plus comprimée.
On peut donc écrire :
[7.22]

[7.23]

En flexion simple, sans aciers comprimés, comme il n'y a pas d'effort normal extérieur,
Fbc =~ = AOs [7.24]

et le moment agissant Mu doit être équilibré par le moment résistant Fbc Zb (égal au mo-
ment F s Zb) d'où:
[7.25a]

équivalente à :
[7.25b]

ou en posant a = Y et Jlb/l = ~II (Jlbu moment « réduit », sans dimensions, tou-


d bod Ib/l
jours inférieur à 0,5 1)
[7.26]

1. En effet, y ne pouvant être supérieur à d, si y = d, Zb = d /2 et le moment résistant ne peut excéder la


valeur Fbco Z correspondante, soit bo dfb,,(d /2) = O,5bo tP fi".
Chapitre 7 • Flexion simple 301

Cas du diagramme parabole-rectangle


a) Si le pivot est le point A (région 1), \If et DG dépendent de a.
Le raccourcissement maximal du béton, 3,5 %0, n'est pas atteint et l'équilibre s'obtient
avec une contrainte maximale du béton qui peut être inférieure àfbu.
En revanche, l'allongement de l'acier tendu reste constamment égal à 10 %0.

. de compatI·b·l·
L "equatlOn lIte'[7 . 1a] : E bc - - (-a- ) donne a =
= -10 1000 Ebc
1000 l-a 1O+1000Ebc

Pour la valeur particulière Ebc = 2.10-3 , le diagramme parabole-rectangle se réduit à un


diagramme parabolique; la valeur correspondante de a est a = 2/ 12 = 0,1667.
Premier cas: 0 ~ a ~ 0,1667 ou 0 ~ Ebc ~ 2 %0.
Soit Ày (À > 1) la valeur de l'ordonnée correspondant au raccourcissement de 2 %0 dans
le diagramme des déformations fictivement prolongé (figure 7.24).

Figure 7.24

D'après les triangles semblables E


bc
= 2 d'où, compte tenu de la valeur de Ebc en
y 1000Ày
fonction de a rappelée ci-avant:

À=2- (l-a)
10 a

La parabole ayant pour équation crç = 2Yç


Ày
(1- 2Yç
Ày
JhY l'aire du diagramme des

contraintes est égale à:

YJcr dÇ = Y 1;JU (3À -1)


ç 2 3À
o
302 Traité de béton armé

En d'autres termes, son« coefficient de remplissage» est:

Son centre de gravité est situé à une distance YG des fibres les plus comprimées égale à
(moment statique par rapport à ces fibres) :

c'est-à-dire que le coefficient de centre de gravité est:

Ù _ (41.-1)
G - 4(31.-1)

En remplaçant 1. par sa valeur dans les expressions de \jI et ùG, on trouve:

\jI
5a (3-8a)
=--'----'- Ù = (4-9a)
3(l-a) G 4(3-8a)

Deuxième cas: 0,1667 < a ~ 0,2593 1 soit 2 %0 < êbc ~ 3,5 %0.
Soit Ây (1. ~ 1) la valeur de l'ordonnée du diagramme des déformations pour laquelle le
raccourcissement est égal à 2 %0 (figure 7.25) : 1. conserve la même valeur que dans le
premier cas.

Figure 7.25

L'aire du diagramme des contraintes est égale à:

~ Ây h,1I + y(l- 1. )fbll (parabole complète + rectangle partiel)


3

l. Voir § 7.431-1a.
Chapitre 7 • Flexion simple 303

ou encore à:

c'est-à-dire que le « coefficient de remplissage» est", = 1- À .


3
Le centre de gravité de cette aire est situé à une distance YG des fibres les plus compri-
mées égale à (moments statiques par rapport à ces fibres) :

~ÀY hu[~ÀY+ Y(I-À)]+ y (I-ÀY y hu


3 8 2
= (
YG
y hu 1-~ )
_ ~2 -4À+6)y
ou encore à:
YG - (3-À) 4
2
c ,est-a-
'd'Ife que 1e coe ffi'
Clent de centre de gravite
. , est: s:
UG = (À -( 4À +)6)'
43-À

d'où, en remplaçant À par sa valeur en fonction de a:


2
160.-1 Ù _1710. -220.+1
'" = 150. G - 200. (160. -1)

Pour chacun des deux cas, les valeurs de a, '" et oG, peuvent être lues en fonction de J.lbu
dans le 'tableau 7,1 .
Tableau 7.1

J-L/I« a '11 oG
0,025 0,0740 0,3463 0,3460
0,030 0,0815 0,3780 0,3478
0,035 0,0886 0,4073 0,3494
0,040 0,0952 0,4338 0,3511
0,045 0,1026 0,4627 0,3530
0,050 0,1097 0,4896 0,3549
0,055 0,1136 0,5039 0,3560
0.060 0,1194 0,5247 0,3577
0,065 0,1250 0,5442 0,3594
0,070 0,1305 0,5627 0,3611
0,075 0,1359 0,5802 0,3629
0,080 0,1413 0,5971 0,3648
0,085 0,1466 0,6130 0,3668
304 Traité de béton armé

J.lbu <X 'If ÔG


0,090 0,1518 0,6279 0,3688
0,095 0,1570 0,6422 0,3708
0,100 0,1623 0,6559 0,3731
0,1042 0,1667 0,6667 0,3750
0,105 0,1676 0,6689 0,3754
0,110 0,1728 0,6809 0,3778
0,115 0,1782 0,6926 0,3804
0,120 0,1835 0,7034 0,3830
0,125 0,1900 0,7158 0,3861
0,130 0,1943 0,7236 0,3882
0,135 0,1980 0,7300 0,3900
0,140 0,2053 0,7419 0,3934
0,145 0,2108 0,7504 0,3960
0,150 0,2164 0,7586 0,3985
0,155 0,2220 0,7664 0,4010
0,160 0,2277 0,7739 0,4035
0,165 0,2334 0,7810 0,4059
0,170 0,2390 0,7877 0,4082
0,175 0,2448 0,7943 0,4105
0,180 0,2507 0,8007 0,4128
0,185 0,2566 0,8069 0,4150
0,1873 0,2593 0,8096 0,4160

Remarque:
Des valeurs de J.lbu inférieures à 0,025 ne sont pas à considérer, car il faut toujours
prévoir une section minimale d'armatures (voir § 7.511-5) qui vient borner infé-
rieurement Ilbu et donc <x.
Chapitre 7 • Flexion simple 305

b) Si le pivot est le point B (région 2), le diagramme parabole-rectangle est « com-


plet ».
En conservant les proportions de ce diagramme et en se rapportant à des quantités sans
dimensions, on trouve aisément les valeurs des coefficients \If et DG.

O'bclfbu

t
1 •. -----------;;.--r------l
b
IX
1

Figure 7.26

Le coefficient de remplissage \If est donné par :


2 4 3
1
W = aire{agfcd} aire{agfe}+ aire{efcd} = 3·7.1 +7. =.!2 = 0 8095 "" 0 81
. aire{abcd} aire{abcd} 1.1 21' ,

Le coefficient de centre de gravité s'obtient en prenant les moments statiques par rap-
port à l'axe XX:

DG = aire{agfe}x ~ +aire{efcd}xG;G;
aire{agfe }+ aire{efcd}

- ,- 3 -,-,- 3 3 4
avec GG =-+G G =-+-.-
1 1 7 1 1 7 8 7

2 4 )( 3 3 4) ( 3 )( 3 1) 36 + 27
(- - 1 - +- - + - 1 - -
soit D = 3 7 7 8 7 7 7 2 = 2" = 0 416
G (~*1)+(%1) 7(8+9)'

Avec \If = 0,81 et DG = 0,416, on arrive, en résolvant l'équation [7.26], à:

Cl = _1_(1_
2Do
~ 1- 40\If
G
Il.. ) = 1,2 ( 1- ~ 1- 2,06Jlbu ) [7.27]
306 Traité de béton armé

Cas du diagramme rectangulaire simplifié (voir §' 5.222-2°)


On peut démontrer que lorsque les pivots sont B ou A (ce qui est le cas en flexion sim-
pIe), on peut substituer au diagramme parabole-rectangle considéré comme le diagramme
« exact» de distribution des contraintes dans le béton comprimé, un diagramme appro-
ché, de forme rectangulaire (§ 5.222-2°b), défini comme suit (figures 7.27 et 7.28) :
- sa largeur est égale à!bu ;
- il s'étend depuis la fibre la plus comprimée sur une hauteur égale aux 8/ IOde la hau-
teur y de l'axe neutre (axe des déformations nulles).

Distances à l'axe neutre

f _ 0,85 fc28
r bU-a 1.5
0,8 Y

0,2 Y
Axe neutre
""'-=-------:...--~ O"bc
o fbu

Figure 7.27

1" Ebc "1 ~ 0,4 y

-----T----- ------ot-- -f--


ld
_ ______t_____
A.N.
-f---'
=c

zt, = d - 0,4 Y
F
bc
= 0,8 boYfbu

L A
------ ------ 1.. Es 1
..
----------------- -- .-L F,:AG,

.. 1

Figure 7.28

Ce diagramme rectangulaire est donc caractérisé par les valeurs: \jI = 0,80 et <>G = 0,40.
L'équivalence avec le diagramme parabole-rectangle (<< PR )}) est évidente en ce qui
concerne le pivot B (où les valeurs « exactes» de \jI et <>G sont 0,81 et 0,416). Elle n'est
nullement évidente au pivot A : en fait, en utilisant le diagramme rectangulaire (<< R »),
on commet une erreur sur la valeur de y (yR < YPR) compensée par le fait que l'on adopte
Chapitre 7 • Flexion simple 307

un coefficient de remplissage généralement supérieur et un coefficient de centre de


gravité également supérieur (du moins tant que J!bll < 0,179 pour 'II ou J!bll < 0,153 pour
ÔG ; voir le tableau 7.1).

En définitive, on ne se trompe guère ni sur la valeur de la force de compression dans le


béton, ni sur celle du bras de levier, c'est-à-dire que les valeurs de F bc et de Zb tirées des
équations [7.22] et [7.23] sont sensiblement les mêmes qu'en remplaçant 'IIYPR et Ôa)lPR
par les valeurs 0,8YR (= 'II YPR) et O,4YR (= Ôa)lPR) (voir figure 7.29).
Dans ce qui suit, nous n'utiliserons plus que le diagramme rectangulaire' .
Les équations [7.22] à [7.27] doivent alors être modifiées comme suit.
La résultante des efforts de compression dans le béton mesurée par le «volume des
contraintes» (parallélépipède de côtés 0,8y, bO,fbll), a pour valeur :
[7.28]

Le bras de levier est:


Zb =d -0,4y =d( 1-0,40.) [7.29]

On a toujours F bc = Fs c'est-à-dire:
[7.30]

et
[7.31a]

ou encore
[7.31b]

On a donc :

[7.32]

d'où a. =L =1,25 ( 1- ~1- 2J!bu ) [7.33]


d

1. Le diagramme bilinéaire défini par la figure 5.7 (mais en prenant Ec3 = 1,350/00, et non 1,75 %0 com-
me le préconise l'EC2) est tel qu'au pivot B, 'II = 0,807 et ôG = 0,411 (voir § 16.22). Mais son emploi
est bien moins commode que celui du diagramme rectangulaire.
308 Traité de béton armé

- - -:- - - -:- - -i - -- i -- ~ ;- - - -;- -- -:- - - -:- - - - --,- - -"1 - - - =J. 0,261

0,25 r-__-+__-_-_-~:r--------r'-------'T_-----~ï-------_t------_Tr-------,i--------'r'--------T:-------;-----r----T-~Arl~_i~ 0,259

0,20

- -',
--',
--, 1
0,15
--,,
_ _ _ ..J _ _ _ ..J. __ _
, , - -,,
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--,,

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0,10
1 1,... ...... 1 l ' 1
- - -1- - -...-: - - - --4 ___ -+ _ _ - - - ~- - - ~ - - -1- - - -1- - - _ - _ ..... - - - ... - - - --1
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............, 1 1 1 1 1 l i t 1 1
r--~--~---~---~--- ---~---~---~--~--- ---~---~--- --,
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___ L __ J ___ J ___
~ ~1 - _.- 4 - - - -t - - -
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1 1 1 1 1 l 1 1 1 1
o ~--~--~--~--~--~--~~--~--~--~---L---+--~----~--~~--~~bu
_ 0,05 __ :___ ~ __ ._L __ l __ 0,10 ._~ ___ ~. ___ ~ ___ :__ 0,15 _~ ___ 1_O,187.:

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_ _ _ _ __ 1___ -i ___ -' ___ ..J. _ _ _ _ __ k __ ~k ~ _ ~j...". _ _ _ 1..... _ _ _ __ ...1 __ ~ -4 _ ~ ~. _ ~~ 1
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;-'''' ,
~~~~--~---+----r----+----+----r-!
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~+----+----.r----+----+-~
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o, 0521 - ~- - -
0,8 uR diagramme rectangulaire -~--~I---
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0,15 1 1 ) , (1 -""-1 j

f---i-- '1' (UPR)' uPR diagramme parabole rectangle - 0,163, .-:


- - -1- - - -1- - - 1 - - - ,. - - - ~~1~-~1-~~

i l } i ___ !. ___ ~_ ,___ ,_ - - _I~ ... ~. _ ~~ j ___ ..!. __ _


- - -,- - - - - - "1 - - - 1- - ~ .
-~
___ , ____1 ___ ,J ___ l __ _ • , , 0164 s. '
1 - -~---~---~---~~- ---1 .... ~t---
___ L __ J ___
j
Jf ___ 11 __ _ ___ L ___ L ___ ~ ___ ~ __
1 j ~ 1 1 l i '
0.20 0,209
_ _ _ , _ _ _ -Î _ _ _ -l ___ ..l _ _ _ _ 1.. __ l- __ ___ i __ _
0,210
~ ~ ~ ~I--

i l 1 J i i J

Figure 7.29. Équivalence du diagramme parabole-rectangle et du diagramme


rectangulaire (pivots A et B seulement)
Chapitre 7 • Flexion simple 309

7.511-2 Moment frontière MAB(voir § 7.412)


II s'agit du moment évalué par rapport au centre de gravité de l'armature tendue et cor-
respondant à la position AB du diagramme des déformations (figure 7.30).

Figure 7.30

M AB correspond à Es = 10.10-3, Ebc = 3,5.10-3 c'est-à-dire (triangles semblables) à:

u= y = E bc = 3,5 :::::0,259\
d Ebc + Es 3,5 + 10

On a alôrs, d'après [7.32] : /lAB = 0,8 x 0,259 (l - 0,4 x 0,259)


soit /lAB = 0,186

et MAB = 0,186 boei fill

Remarque:
Avec le diagramme parabole-rectangle, on aurait trouvé par l'équation [7.26] avec
'" = 0,81 et ÙG = 0,416: /lAB = 0,187.

a) Si Mil :s; MAB c\;.,t-à-dire si /lbll :s; 0,186 ou u:S; 0,259 le pivot est le point A ;

1. Voir remarque 2° au § 1.43 relative aux valeurs numériques.


310 Traité de béton armé

b) Si U, > MAB c'est-à-dire si !lbu> 0,186 ou a. > 0,259 le pivot est le point B.
Dans les calculs pratiques, compte-tenu de l'adoption pour les aciers d'un diagramme
de calcul à palier horizontal (voir § 2,271b et § 5,221a) la référence à M AB n'est pas
indispensable (voir § 7.511-3).

7.511-3 Contrainte de l'acier


Soit Es l'allongement de l'acier tendu.
Compte tenu de l'adoption d'un diagramme de calcul à palier horizontal, on a (figu-
re 7.31):

crs

~~B
Î
1

S ~L .. cp
fed e---- - - r - - + - - - - - - - - - - O
~, Valeur correspondant au :,
« moment - limite ultime » : Pivot A
(au-delà, crbc > abc en service) :
1
1
1
1
1
1
1
1
1

10
1000

Figure 7.31 (cas où fC28 S 40 MPa)

700
Cette double condition équivaut à 0 S a. S f.
ou encore à a. S - - - -
3,5
3,5+1000~ 700+ fed
E
s

(voir équation [7.2a] avec Es = f ed )


Es
Chapitre 7 • Flexion simple 311

Ce cas correspond à des solutions peu économiques, car l'acier est mal utilisé
( as < led ). Pour éviter de se trouver dans cette situation, il faut prévoir des aciers com-
primés. Mais nous verrons par ailleurs (§ 7.513, P) que l'obligation de vérifier en ser-
vice l'état-limite de compression du béton implique de borner, à l'état-limite ultime, êsà
une valeur généralement bien supérieure à!ed / Es 1•
II en résulte qu'en pratique, sous réserve que la condition relative à abc en service soit
l,
bien vérifiée, c'est-à-dire sous réserve que /-lbll ~ /-l/ll' on aura toujours las = led que le
pivot soit le pivot A ou le pivot B.

Important:
Ainsi, dans tous les cas, en flexion simple, il est inutile de calculer l'allongement Es
de l'acier pour en déduire sa contrainte.
Il en résulte qu'en pratique il est sans intérêt de savoir si l'on est au pivot A ou au
pivot B. La référence à MAB n'est nullement indispensable (elle le serait pour un
diagramme ne comportant pas de palier horizontal).

7.511-4 Section d'armatures Au


On dispose des deux équations d'équilibre [7.30] et [7.31b] qui s'écrivent ici, avec:

~c=O

[7.34]

[7.35]

M
1. On commence donc par calculer: /-lbll = 2 Il
bod Ibll
2. Si /-lbu > /-l/ll (voir page 323 et suivantes les tableaux 7.3, 7.4, 7.5, l'abaque de la
figure 7.37 ou la formule approchée [7.50] au § 7.514-2) il faut prévoir des aciers com-
primés (voir § 7.52).

1. Certains auteurs adoptent pourtant systématiquement cette valeur fedl Es pour défmir le moment de
flexion au-delà duquel il est nécessaire de prévoir des aciers comprimés. On voit qu'ils commettent
une erreur car ce moment est supérieur, lorsquefc28 S; 40MPa, au « moment limite ultime» pour le-
quel abc = alx (voir figure 7.35)
312 Traité de béton armé

3. Si Ilbu ::; Il/u , on tire a et Zb des équations [7.33] et [7.29] rappelées ci-après:

a =1,25 (1-~1- 21lbu ) [7.33]

Zb = d (1-0,4a) [7.29]

4 - Finalement, la section d'armatures cherchée est, d'après [7.31 b]l :

Au = Mil (m2 , m, MNm, MPa) [7.36]


zbfed

L'organigramme ci-après synthétise la marche à suivre avec les Règles BAEL (pour les
calculs selon l'EC2, voir § 7.722).

Remarque:
Dans le cas où l'on utilise de l'acier FeE 500, on a, pour Ys = 1,15 :
1 1,15 2,3
--=--=--
fed 500 1000

ce qui permet de prendre directement, en utilisant la formule [7.36] :

2. À titre indicatif, si l'on compare les sections d'acier Auo et Au auxquelles conduit, toutes choses
égales par ailleurs, la prise en compte du coefficient 9 dans l'évaluation defiu (la section Au corres-
pondant à 9 = 1), on trouve que, lorsque Ilbu varie de 0,05 à 0,30, le rapport AllO! Ali varie de 0,998 à
0,972 quand 9 = 0,9 et de 0,996 à 0,96 quand 9 = 0,85. On peut donc se demander si, étant donné les
hypothèses faites par ailleurs et la précision des calculs, il était bien nécessaire d'introduire ce raffi-
nement dans les calculs à l'état-limite ultime de flexion. Ce coefficient 9, qui n'intervient que dans
ces calculs, est censé tenir compte de l'effet favorable du durcissement du béton dans le temps, par
rapport à la résistance à 28 jours prise en compte dans les calculs. Mais il n'est pris en compte ni
dans les calculs à l'état-limite ultime de service, ni dans le calcul des pièces comprimées, ce qui
constitue une anomalie.
Chapitre 7 • Flexion simple 313

Calcul des armatures d'une section rectangulaire en flexion simple

O,85fc28 fe
f - .f -
bu- 9 x 1,5 'ed- 1,15

Cas de charge Mu
y=-
Calcul de Mu et de Mser Mser

Formule approchée [7.50]


ou abaque figure 7.36
ou tableaux 7.3, 7.4, 7.5

Aciers comprimés

Calcul exact Calcul simplifié

a = 1,25 (1 - ~ 1- 2 IJbu)

Non ft28
Au = 0,23 bod -f-
e

Oui

Terminé

* ou, directement, zb = O,5d (1 + ~ 1 - 2 IJbu )


314 Traité de béton armé

7.511-5 Section Aminimale


II faut vérifier que la section Au trouvée satisfait à la condition de non-fragilité.
Cette condition s'obtient en écrivant que le moment résistant ultime du béton armé,
l'acier étant supposé soumis à une contrainte égale à sa limite d'élasticité, est au moins
égal au moment résistant ultime du béton non armé.
Pour une section rectangulaire bo h, le moment résistant ultime du béton non armé est
(figure 7.32) :

3
(l =b h
_0_ et v =-h )
12 2
avec 1t28 résistance caractéristique du béton à la traction.
Le moment résistant ultime du béton armé avec la section minimale Amin est
M Ra = 4.inh z .

La condition de non-fragilité s'exprime par Au ~Amin, avec:

Figure 7.32

Comme z == 0,9d 1 et d == 0,9 h, ou h == ~, en remplaçant dans l'expression ci-avant z


0,9
et h par ces valeurs, on trouve, tous calculs faits:

A . =b d 1 1128 =0 228 b d h28 ::0 0 23 b d h28


L'mm 0 0,9.0,8l.6 le ' 0 le ' 0 le

1. L'équilibre des moments MRb et Min est en fait réalisé avec z = O,95d.
Chapitre 7' Flexion simple 315

II faut donc que l'on ait:

[7.37]

Remarques:

POur!c'28 = 60 MPa, c'est-à-diref,28 = 4,2 MPa etJbIl = 34 MPa on trouve ~bll = 0,025
ce qui justifie la remarque qui suit le tableau 7.1. Pour !c'28 = 25 MPa, ~bll ::::: 0,030.
Tableau 7.2. Aciers FeE 500 - Pourcentages minimaux
fc28 20 25 30 35 40 45 50 55 60
(MPa)

100 Amin
0,083 0,097 0,110 0,124 0,138 0,152 0,166 0,179 0,193
bod

2- La formule [7.37] n'est pas applicable aux sections en T, étudiées au § 7.6,


même lorsque ces sections peuvent, pour le calcul de leurs armatures, être assimi-
lées à des sections rectangulaires. Une telle erreur est fréquemment commise. Dès
que la section n'est plus rectangulaire, il faut déterminer son module d'inertie (l / v)
et préndre (voir § 7.611) :

A
min -
- (i)
V
1;28
0,9d fe
[7.38]

(V, distance du centre de gravité de la section à la fibre la plus tendue).

7.512 Section d'armatures nécessaire


pour que les états-limites de service ne soient pas atteints
On rappelle ici que les états-limites de service sont, pour les Règles BAEL :

- un état-limite de compression du béton (défini par crbc = crbc = 0,6fc28) à vérifier dans
tous les cas, que la fissuration soit peu préjudiciable ou non;
...:. des états-limites d'ouverture des fissures (définis par crs =crs' voir le tableau 5.1) qui
ne concernent que les cas de fissuration préjudiciable ou très préjudiciable.
316 Traité de béton armé

7.512-1 Généralisation de la notion de coefficient de remplissage


et de coefficient de centre de gravité
Soit:
Fbcl la résultante des efforts de compression dans la zone comprimée
YI la hauteur de cette zone
Zbl le bras de levier de la résultante Fbcl par rapport au centre de gravité des aciers
tendus (figure 7.33).

Axe neutre

--- A
crs
- s-
crs
15 15

Figure 7.33

L'effort de compression Fbc\,o dans le béton comprimé, qui correspondrait à une


contrainte uniforme et égale à cr be sur la totalité de la hauteur YI est:

En généralisant les notions déjà établies pour le calcul à l'état-limite ultime (§ 7.511-1),
on appellera:

- coefficient de remplissage \jf 1 le rapport \jf 1 = Fbc\


Fbc\,o

coefficient de centre de gravité aGI le coefficient permettant de définir la distance


aGJYI du point de passage de la résultante Fbc\ à la fibre la plus comprimée.
Chapitre 7 • Flexion simple 317

On peut donc écrire :

[7.39]

[7.40]

Le moment agissant Aiser doit être équilibré par le moment résistant Fbcl Zbh d'où:

[7.41]

ou, en posant al =.b.. et Il ser = M;er (moment de service« réduit », sans dimension)
d bod abc

[7.42]

Remarque:

Bien noter qu'ici, le moment réduit Ilser est rapporté à cr bc , qui figure au dénomina-
teur, et non à fbu puisque cette contrainte n'intervient qu'à l'état-limite ultime.

a) Si le pivot est le point a (crs =as; cr be ::; a be) \jf 1 dépend de al et, selon la
figure 7.34-a, on trouve

al r O'bc
O's
=15
al _
1 - al < O'bc
[7.43]
-t·--t~-
al -.f -..- :
·-ï O'bc -r-
Avec n = 15 et oG!
__________ J1
= 1/3 on obtient:
1

crs
«a» __________ t_
1
Il ser = 30
cr be
O's
15


Figure 7.34a
318 Traité de béton armé

b) Si le pivot est le point b (as ~ as ; abc = abc) on a, selon la figure 7.34 b :

\lfl = 1/2 et aGi = 1/ 3 [7.45]


et on obtient :

[7.46]
crs crs
- <-
15 15

Figure 7.34b

7.512-2 Section d'armatures nécessaire pour que l'état-limite


de compression du béton ne soit pas atteint

Attention:
En pratique, ce calcul n'a jamais à être fait. Il ne sert ici qu'à fournir les éléments
nécessaires à la compréhension de la discussion faite au paragraphe 7.513.
Données:

bo, d, a be = 0,6 fc28


Moment de service M ser
Inconnue:

Valeur minimale de Aser pour laquelle on a abc = abc.


II faut appliquer les équations du pivot « b ».
La résolution de l'équation [7.41] avec \If 1 = 1 /2 et aGI = 1 /3 donne:

cr, = 1,5 [1- ~I-~~,~ ] [7.47]

La contrainte de l'acier vaut (triangles semblables) :

(voir [7.7 aD
Chapitre 7 • Flexion simple 319

Bien noter que la valeur de al donnée par l'équation [7.47] n'est pas celle qu'il
convient d'utiliser lorsque la fissuration est préjudiciable ou très préjudiciable (voir
§ 7.531). Cette erreur est fréquemment commise.

Finalement, la section cherchée d'armatures nécessaire pour avoir abc = abc est:

[7.48]

avec ICI [7.49]

7.513 Discussion: Notion de moment-limite ultime Mlu


La formule [7.37] a fourni la section d'armatures Au nécessaire pour que l'état-limite
ultime ne soit pas atteint.
Par la formule [7.48], on a obtenu la section d'armatures Aser nécessaire pour que l'état-
limite de compression du béton en service ne soit pas atteint.
On appelle «moment-limite ultime ~u» la valeur du moment agissant ultime pour
laquelle Au = Aserl,
Cette valeur limite dépend:
-de e;
- de!c28 (dont dépendent /-lb", et donc Au, abc' /-lser et donc Aser) ;
- de/e (dont dépend Au) ;
M
- du rapport y =_,_, .
M ser

La figure 7.35 illustre sur un cas particulier (fc28 = 25 MPa, y = 1,425 et/e = 500 MPa) la
notion de «moment limite ultime ». Cette figure montre la variation du pourcentage
AI bad d'aciers tendus en fonction des paramètres UJ bod 2 ou Mserl bo d 2 = UJy bo d 2•
La double échelle sur l'axe des abscisses permet de représenter sur la même figure les
variations de ce pourcentage à l'ELU et à l'ELS. Les courbes donnant A,J bod et
Aser 1bod se croisent à une abscisse commune qui définit le moment limite ultime Mlu ' Si
l'on détermine à l'avance ce moment limite, il n'est pas nécessaire de se livrer à un
double calcul. Tant que Mil ::; Mill, la position respective des deux courbes montre que
Au> Aser et l'on sait, à l'avance, avec certitude et sans avoir à le vérifier par un calcul
ultérieur, que l'état-limite de compression du béton n'est pas franchi. Si U, > ~1I' la
situation s'inverse.

1. Quand il en est ainsi, le calcul à l'ELU correspond donc à l'EL de compression du béton en service
(}"lx = (}"lx •
320 Traité de béton armé

Mais on constate dans ce cas que si l'on voulait respecter l'état-limite de compression
du béton en ne prévoyant que des aciers tendus, du fait que la dépense en acier croît
alors beaucoup plus vite que User/ hod 2, elle deviendrait rapidement prohibitive
(l'asymptote n'est pas loin). Nous verrons au § 7.52 que la solution consiste alors à
continuer de mener le calcul à l'ELU, mais en prévoyant des aciers comprimés.

Moment-limite

Figure 7.35. Notion de moment limite

La figure 7.35 montre encore:


a) que, dans l'exemple choisi (mais cette constatation demeure valable tant que la résis-
tance du béton ne dépasse pas 40 MPa), le moment limite ultime est atteint alors que le
point représentatif de la contrainte de l'acier tendu est encore sur le palier horizontal
(abscisse du point L inférieure à celle du point S correspondant à la rupture de pente du
diagramme de l'acier. Voir la figure 7.31 et ci-après).
b) que si l'on continuait de déterminer la section d'aciers tendus par un calcul à l'ELU,
sans se préoccuper de la condition sur la contrainte de compression du béton en service,
une fois franchi le point L, non seulement la contrainte limite serait dépassée mais enco-
Chapitre 7· Flexion simple 321

re, au-delà du point S, la dépense en acier deviendrait prohibitive comme pour Aser. Là
encore, la solution consiste à prévoir des aciers comprimés.
M
Posons Il
r/II
= /11
2
bod Ibl/
La valeur numérique de Il/II ne résulte pas d'un calcul simple. Il est nécessaire d'avoir
recours au calcul automatique (voir organigramme ci-après).
Ce calcul a permis de dresser des tableaux (voir, par exemple, pages 323 et suivantes les
tableaux 7.3, 7.4 et 7.5 qui donnent les valeurs précises de Il/11) et de dresser un abaque
(voir figure 7.36) qui donne Il/II en fonction de 1c28 /8 et de y8. On peut aussi utiliser la
formule approchée [7.50] donnée au § 7.514-2.
Dans tous les cas, Il/II est plafonné à la valeur pour laquelle l'allongement Es de l'acier
atteindrait la valeur led/ Es. En effet, au-delà de cette limite, la contrainte de l'acier
n'atteignant plus led, celui-ci serait mal utilisé. Le rôle des aciers comprimés n'est plus
alors de bloquer à abc la contrainte en service du béton comprimé, mais de bloquer àled
la contrainte des aciers tendus à l'état-limite ultime.

Lorsque Es = led , la hauteur relative a de l'axe neutre prend la valeur particulière


Es
ao= 700 et la valeur plafond de Illll est donc égale à Il/II =0,8ao(1- 0,4ao) .
700+ led

On trouv~ ainsi pour le = 500 MPa : a o = 0,6169, valeur plafond: 0,3717.


Les tableaux qui donnent les valeurs exactes de Il/II montrent qu'avec les aciers
Fe E 500, la valeur plafond 0,3717 :
• n'est jamais atteinte si1c28:::; 40 MPa;
• est atteinte tmiquement dans le cas 8 = 1 :
- pourj~28 = 45 MPa si y;:::: 1,474 ;
- pourlc28 = 50 MPa si y;:::: 1,441 ;
- pour.fc28 = 55 MPa si y;:::: 1,414 ;
- pourlc28 = 60 MPa si y;:::: 1,390.
Ce serait donc une erreur, comme le font certains auteurs, de ne prévoir des aciers com-
primés, quel que soit J.·28, que lorsque f.ltll > 0,3717.
322 Traité de béton armé

Organigramme de calcul du moment limite ultime (J.liu)

Mu
fc28 ; fe ; Y= - - ; e
Mser

IJbu = 0,300
(valeur de départ)

*
19,551Jbu fc28
Po =
1+ ~ 1-21Jbu efe

IlJbU + 6IJbu 1 IlJbU -6lJbu 1

u1 = Po (- 1 + ~ 1+ :J **

***
Oui 9 u1 Non
17 y u1 (1-"3 ) e > IJbu ?

~
Égalité

1 ","Lw 1

* calcul de Po = lSA à l'ELU (19,SS =IS 0,8Sys )


bod O,SYb

** équation des moments statiques

*"}* yMser > MIl ? -7 (Y~(l-~)


2
2
3 b0d 06 r >"rbll b0d 2 0,8S.I;'28
, J c28 1 S8 ?)
,
Chapitre 7 • Flexion simple 323

Tableau 7.3. Aciers Fe E 500 - Valeurs de ~u, C1./u,I3/u =zbtld


y
1c28 (MPa) ()
1,35 1,40 1,45 1,50
Jl/u 0,2271 0,2411 0,2556 0,2704
1 a/li 0,3265 0,3505 0,3761 0,4029
~/u 0,8694 0,8598 0,8496 0,8388
Jl/u 0,2024 0,2148 0,2275 0,2404
20 0,9 a/li 0,2856 0,3059 0,3272 0,3493
~lll 0,8857 0,8776 0,8691 0,8603
Jllll 0,1903 0,2019 0,2138 0,2258
0,85 alu 0,2662 0,2848 0,3043 0,3243
~/u 0,8935 0,8861 0,8783 0,8703
Jllll 0,2554 0,2708 0,2864 0,3025
1 alli 0,3757 0,4037 0,4330 0,4644
~/u 0,8497 0,8385 0,8268 0,8142
Jl/u 0,2275 0,2410 0,2548 0,2687
25 0,9 a/li 0,3272 0,3503 0,3746 0,3998
~/u 0,8691 0,8599 0,8501 0,8401
Jl/u 0,2139 0,2265 0,2393 0,2523
0,85 a/II 0,3045 0,3255 0,3474 0,3702
~/II 0,8782 0,8698 0,8610 0,8519
Jl/u 0,2784 0,2947 0,3113 0,3283
1 al li 0,4178 0,4490 0,4821 0,5175
~/II 0,8389 0,8204 0,8072 0,7930
Jl/u 0,2479 0,2621 0,2766 0,2914
30 0,9 a/II 0,3624 0,3878 0,4145 0,4426
~Iu 0,8550 0,8449 0,8342 0,8230
Jllu 0,2330 0,2463 0,2598 0,2735
0,85 a/li 0,3366 0,3596 0,3836 0,4087
~Iu 0,8654 0,8562 0,8466 0,8365
324 Traité de béton armé

Tableau 7.4. Aciers Fe E 500 - Valeurs de J..lIu, atu, f3tu =zbtld


y
1c28 (MPa) 0
1,35 1,40 1,45 1,50
Il/II 0,2973 0,3143 0,3316 0,3493
1 a/II 0,4541 0,4882 0,5246 0,5638
~/II 0,8184 0,8047 0,7902 0,7745
Il/II 0,2647 0,2795 0,2946 0,3099
35 0,9 a/li 0,3925 0,4199 0,4488 0,4792
~/u 0,8430 0,8320 0,8205 0,8083
Il/II 0,2488 0,2626 0,2766 0,2909
0,85 a/li 0,3640 0,3887 0,4145 0,4416
~/u 0,8544 0,8445 0,8342 0,8233
Il/u 0,3132 0,3307 0,3485 0,3668
1 a/II 0,4860 0,5226 0,5619 0,6048
~/li 0,8056 0,7909 0,7752 0,7581
il/li 0,2788 0,2941 0,3095 0,3253
40 0,9 a/li 0,4186 0,4479 0,4784 0,5111
~/II 0,8326 0,8209 0,8086 0,7956
Il/u 0,2620 0,2762 0,2906 0,3053
0,85 a/li 0,3876 0,4137 0,4411 0,4700
~/li 0,8450 0,8345 0,8236 0,8120
Il/II 0,3267 0,3446 0,3628 0,3717*
1 a/II 0,5141 0,5531 0,5952 0,6169
~/II 0,7944 0,7787 0,7619 0,7533
il/li 0,2907 0,3064 0,3221 0,3382
45 0,9 a/u 0,4413 0,4722 0,5044 0,5389
~/li 0,8235 0,8111 0,7982 0,7844
Il/II 0,2732 0,2878 0,3025 0,3174
0,85 a/II 0,4081 0,4357 0,4644 0,4946
~/u 0,8367 0,8257 0,8142 0,8022
* valeur plafond, atteinte pour y = 1,474.
Chapitre 7 • Flexion simple 325

Tableau 7.5. Aciers Fe E 500 - Valeurs de J,.lJu, ex/u, j3Ju =zbtld


y
1c28
9
(MPa) 1,35 1,40 1,45 1,50
~/II 0,3382 0,3563 0,3717* 0,3717*
1 a/II 0,5389 0,5799 0,6169 0,6169
~/II 0,7844 0,7680 0,7533 0,7533
~/II 0,3010 0,3169 0,3329 0,3492
50 0,9 a/II 0,4614 0,4936 0,5274 0,5635
~/II 0,8154 0,8026 0,7891 0,7746
~/u 0,2829 0,2976 0,3126 0,3277
0,85 a/II 0,4263 0,4547 0,4847 0,5162
~/II 0,8295 0,8181 0,8061 0,7935
~/u 0,3482 0,3666 0,3717** 0,3717**
1 a/II 0,5613 0,6043 0,6169 0,6169
~/II 0,7755 0,7883 0,7533 0,7533
~/II 0,3099 0,3259 0,3422 0,3587
55 0,9 a/II 0,4792 0,5124 0,5478 0,5855
~/II 0,8083 0,7950 0,7809 0,7658
~/II 0,29l3 0,3062 0,32l3 0,3366
0,85 a/II 0,4424 0,4718 0,5027 0,5354
~/II 0,8230 0,81l3 0,7989 0,7858
~/II 0,3569 0,3717*** 0,3717*** 0,3717***
1 a/II 0,58l3 0,6169 0,6169 0,6169
~/II 0,7675 0,7533 0,7533 0,7533
~/u 0,3177 0,3339 0,3503 0,3669
60 0,9 a/II 0,4952 0,5295 0,5660 0,6051
~/II 0,8019 0,7882 0,7736 0,7580
~lll 0,2986 0,3l37 0,3290 0,3444
0,85 a/II 0,4567 0,4870 0,5190 0,5527
~/II 0,8173 0,8052 0,7924 0,7789
*' valeur plafond, atteinte pour y = 1,441
** valeur plafond, atteinte poury = 1,414
*** valeur plafond, atteinte pour y = 1,39
326 Traité de béton armé

!J{u

,,-
'!>(()

0,39 1,34

1,32
1,30
1,28

1,26
1,24
0,35
1,22

1,20
1,18
1,16
1,15

t
0,30 Sy

0,25

0,20

fc28
0, 17 '-----'~~-~-----~-~-~-~-~-~---'-----7 fi

20 30 40 50 60 70 80 90 u

Figure 7.36. Valeurs du moment limite ultime réduit Jl.!u


Chapitre 7 • Flexion simple 327

7.514 Calcul pratique


On n'envisage ici que le cas du calcul manuel.

7.514-1 Calcul exact

a) Calculer /.l/II = b ~/~ et a = 1,25l1- ~1- 2/.lbll J


o bu
b) Déterminer /.l/II par les tableaux 7.3, 7.4 ou 7.5, l'abaque figure 7.36 ou encore la
formule approchée [7.50] au § 7.514-2 et comparer /.lbu à/.l/II.
c) Si /.lbll> /.l/II' cela signifie que Aser> Ali'
La figure 7.3 7 montre que Aser finit par croître beaucoup plus vite que /.lsen ce qui
conduit à Lille solution peu économique.

Zone correspondant aux !Jiu

4 1
1
1
1
1
.1
1('")
1('")
Ici
l-ro
1 Q)
2 ...... ~ ~I ......
lB
la.
1 E
lib'

.....-""""'--'-_ _-'-_ _-'--L-_-:;. !Jser


O 0,1 0,2 0,3

Figure 7.371

Dans ce cas, il est donc préférable, si cela est possible, de modifier les dimensions de la
section ou, sinon, de placer des aciers comprimés, à calculer selon le § 7.522-1.
d) Si /.lbll ::; /.l/II' cela signifie que Ali ~ Aser' le calcul peut être poursuivi sans se préoccu-
per de la vérification de la contrainte de compression du béton en service, puisque
/.l/m ::; /.l/II implique automatiquement, en service, cr be ::; cr be (voir organigramme au
§ 7.511-4).

1. L'asymptote à 0,33 vient de ce que, quand YI = d, O's = 0 et donc A,,'T = J\tf.cr! ZbO', est infmi. Quand

YI=d(al=I) Il
ser
=~(I-~)=~3.=~
2 3 2 3 3
328 Traité de béton armé

1.514-2 Fomules approchées


1. Valeur approchée de J.l11l
Lorsque, dans une série de valeurs de deux paramètres interdépendants x et y (en géné-
ral, résultats de mesures expérimentales), le rapport xl y varie de façon sensiblement
linéaire en fonction de x, la loi qui relie les deux paramètres x et y est donc xl y = ax + b
ou encore:
x
y=--
ax+b
Dans le cas présent, l'examen des valeurs des tableaux 7.3, 7.4 et 7.5 montre que le rôle
de ces deux paramètres est tenu par x =1c281 e et y = J.llu.
Il en résulte que, de manière approchée, J.llu et 1c281 e sont liés par la relation:

L'ajustement aux valeurs numériques des tableaux montre que les coefficients a et b
sont eux-mêmes des fonctions linéaires de e et y et il est plus commode de les calculer à
part, individuellement, avant de les introduire dans la formule, pour éviter une écriture
compliquée de celle-ci.
Nous retenons donc comme valeur approchée du moment limite J.l11I :

[7.50]

avec a = 1,75 (2,5 - e y)


et b=75(2-ey)
L'erreur commise est généralement au plus de 1 %. Par exemple, pour 1c28 = 40 MPa,
e = 0,85 et y= 1,40, le tableau 7.5 donne /-LIli = 0,2762, et la formule approchée:
/-LIu = 0,279.
Il est rappelé que, pour de l'acier Fe E 500, J.llu ne peut excéder la valeur 0,3717 (voir
§ 7.5l3).
2. Valeur approchée de Zb

Onaétabli: a=1,2S( 1-~1-2/-Lbu) et zb=d(I-0,4a)=0,5d(1+~1-2/-LbJ


La fonction ~ = Zb 1d = g(J.lbu) est représentée sur la figure 7.38.
Chapitre 7 • Flexion simple 329

- -r--- ----c ---------r - --- -- -- - - - - ----,- -- - - - - .-- ,-- ~ -- "i-- -~ - - - - - - - - - --- -r ~-_.- --.'~ ~~ c_~ ~_._,- - - - - -)

~~ _L~~ r~_nl . . ___ rr___L~ ____ ~ ________ ~ _L __ ~.~ ____ . __ . _...


1 1 1
J__ .,. _____ 'o. ~ __ ~~ ~L
1 \
''''4_' • _,.< •• ,., ••••
' 1
,j,,", _,. ,... l
\ 1 1 ) ,
1 1 1
-""r~-----""--~ .-. -- -,---------- - -----I-~ _ •• _ • • • _~" ••• ~ ~"'- ... -,.,y'~
j
·,~,.~·".-,·~"<-'~,...~'1~~~~~-1
\

• 0,974:: : ; ;
. ~ ~ ~~ ~7~ ~~~ ~~ ~~~ ~~ ~~ ~~~~: ::: ~:: :~~ ~ ::)~ ~::~:::::~: ::~: r~::~: :::::::::r::::j
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0.95
,

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0 947 .~--- -.
1
--r- ~----,----~ -----~.- . -- ---- --'----'·-r~ K~'_.·.
i 1 1 >

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~ 1 l " 1 1 1 ~)

.~,-~,... - ~---~---'" ~ ,,_-.-~~ ~--~~~ ~~~ ...... -- -~- 0 918 --~ ~ ----~ -'~ -- ~ -- --- ~,--- - -~ --- _. __ .~_. ,..... ~ ~ .. ,.~.- ~ . ",... ~
.~_~~ _____ ~< __ ~_m_~
: : :
_________ T~-;t~;. ._' <-_._- ! ,
13 ~ 0,5 (1 + >J 1-~ J.lbu) .... __ H·_~--·---l
C ! : :

0,90 ;:[~:; ;I~:;: ;: f~ ~:=:1;0~~J;~~'~~'~l~10~6J~::::::;;r;:: ;;1


0,85 . ~- ~ ~ r --- -r-~~ ---~ --r"" ----- ----- ~,~ --~r '- -- ~ ----~ _.- ----..~- ~ ... ---.'- -- ~ .,_,_,,:-~'
j ! 1
-- ~ ~'" . . ~ ~ . ~ . ~ ~" L.~,
1 1 1 ~ 1
• • 0<:
1
••• - ~ - • - - - -~. - - - - - .- _ . , .~ , . C· - - ~ ~ ~~
- - _ .. - -~~:- - - ~- - - -~ - - -- - ~ - -i-" - ~ - --- ~ - -- - -- --t- - __ ,s - -- "'" - --".. '""!,. -- - --~
1 1 1 I i i . 1 ;

.~~t: ::~~:t ~~::: ~~:t:~:: ~ . :::: ': ::: t:: ~._:: :~',:_:: ~ ~t:~ ~ :::~ ~: ::::.::t ~:':::~:':l~t::.:: j
-- ~-: -- ~ --f------
::
---r------------- ~--:--: ----- --~~- ---~-l-: ~ -~ ------- ----- -1---------
: '0816!':
f-~ --- -~-- '~~
0,80, " , , , , J.lbu
0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 0,278 0,30

Figure 7.38

Cette courbe étant très «tendue », on peut sans grosse erreur, lui substituer la droite
d'équation:
1
~ =1 - 0,6 f-l/u

qui est du côté de la sécurité tant que f-lbll < 0,278 et faiblement du coté de l'insécurité
pour 0,278 < f-lbll :::; 0,30.
En pratique, on peut admettre comme valeur approchée de Zb valable tant que f-lbll :::; 0,30 :
[7.51]

3. Valeur approchée de A

On arrive ainsi à A = ( Mu ) (m, m2 , MNm, MPa)


d 1- 0,6/l bu fed

1. 0,278 voir fig. 7.36 - correspond à la valeur de J.ltu pourlc2S/e = 25 MPa et ye = 1,425. Pour cette
valeur [3 exact = 0,833. On a cherché la droite passant par les points !-lm, = ([3 = 1) et °
Ilou = 0,278 = JO 136 soit [3 = 0,833 = 5/6. L'équation de cette droite est 6 [3 - 5 = 1 - 3,6 !-lbu soit
[3 = 1 - 0,6 Iloll-
330 Traité de béton armé

Pour une approximation beaucoup plus grossière, on peut encore prendre:

A= Mu ::::::125 Mu (ou, en cm2 : 28,75 Mu , Mz, en MNm et h en m)


0,9 d fed ' h fed h

Remarque importante:
II faudrait se garder de se servir de la valeur approchée de Zb pour en tirer une va-
leur approchée de a (qui serait a = 1,5 J.1bz,). En effet Zb variant relativement peu
(voir ci-avant, figure 7.38 donnant ~ = Zb/ cl) une approximation sur Zb n'a que peu
d'influence sur le résultat final, alors qu'il n'en est pas de même pour a et toutes les
quantités (allongements, contraintes) que l'on peut en déduire.

7.52 Section rectangulaire avec aciers comprimés


- cas de la fissuration peu préjudiciable
Des aciers comprimés ne sont strictement requis que lorsqu'à l'ELU, on a Mz, > Mtu (ou,
à l' ELS, User> À1iser avec À1iser = À1iu / Yet y = Mz,/ User).
Mais il peut exister, dans la zone comprimée sous l'effet du moment agissant, des aciers
capables de jouer le rôle d'aciers comprimés. C'est en particulier le cas sur un appui de
poutre continue où, les moments étant négatifs, la zone comprimée se trouve en partie
inférieure. Les aciers inférieurs qui équilibrent des moments positifs en travée étant,
totalement ou partiellement, prolongés jusqu'aux appuis, la section Aa qui arrive sur
appuis pourrait théoriquement être prise en compte dans les calculs en tant que section
d'armatures comprimées.
Cependant, attention! Il faut prendre garde que si la profondeur d'ancrage ldis disponi-
ble pour ces aciers est telle que ldis < 0,6 ls valeur que l'on peut admettre comme lon-
gueur d'ancrage (voir § 4.33 et § 4.621), la section à introduire dans les calculs qui
suivent ne peut être prise supérieure à :

A'= A Idis
a 0,6/,

En outre, et de manière générale, seules les armatures comprimées (de diamètre 0,)
entourées par des armatures transversales espacées d'au plus 15 0, peuvent être prises
en compte dans le calcul.

1.521 Principe général de calcul (valable pour l'état-limite ultime


et pour l'état-limite de service)
Une section rectangulaire avec aciers comprimés peut être considérée comme résultant
de la superposition de deux sections fictives (figure 7.39) :
1) une section rectangulaire, sans aciers comprimés, de mêmes dimensions que la sec-
tion réelle, dont l'armature tendue est constituée par une fraction Al de la section totale
Chapitre 7 • Flexion simple 331

A, qui équilibre une fraction MI du moment total M (M" ou Mser selon l'état-limite
considéré).
2) une section de hauteur d - d', de largeur nulle, dont la membrure comprimée est
constituée par l'armature comprimée (de section A') et la membrure tendue par une
fraction A2 de la section totale, et qui équilibre une fraction M2 (limitée à 40 % selon
l'article B-6.6 des Règles BAEL) du moment total.

CD

ft -- p(
--------------~
---------------;----1-
/JI

_ d
d + : Zs =d-d'

L -- ______________1__
A f\1
-_.~--
_________ ~---l-
Figure 7.39

Si l'on désigne par as et asc les contraintes respectives des aciers tendus et comprimés,
le moment équilibré par la deuxième section fictive est avec Zs = d - d' :
[7.52]

On a donc de façon générale, aussi bien pour l'état-limite ultime que pour l'état-limite
de service (moments rapportés au centre de gravité des aciers tendus) :
M = MI + Alasc(d -dl) [7.53]

ou encore M = MI + A2 a s (d -dl) [7.54]

et [7.55]

Remarques importantes
1°) Lorsqu'à l'ELU,M" = ~u (et donc, qu'à l'ELS, Mser = MIse". = Mtuly); la section
AI d'acier tendu nécessaire à l'équilibre de la section 1 peut, indifféremment (voir
définition du moment limite ultime au § 7.513) être calculée par l'une ou l'autre des
deux formules :
AI = Mtlll zblj~d [7.56]
AI = ML5er i ZII a s.ser = ~J ZII (y.as•ser ) [7.57]
332 Traité de béton armé

avec:

Zb/ = d (1 - 0,4 ahJ et a/u = 1,25 (1 - ~1- 21l'1l ) [7.58]

ZU = d (1 - all/3) et (Js.ser = 15 (Jbc (1- ŒI/)/ ail


ail pouvant lui-même être obtenu par résolution de l'équation du second degré:

[7.59]

En identifiant [7.56] et [7.57] on voit immédiatement que:


Y(Js,ser =100 (Zb/ / ZII) [7.60]
2°) Lorsqu'à l'ELU Mu> Mil (et donc, qu'à l'ELS, User> Mser = Mtu/Y) et que la
section d'aciers comprimés n'est pas imposée, la section rectangulaire 1 sans aciers
comprimés ne peut pas équilibrer un moment supérieur à Mu ou, ce qui revient au
même, supérieur à Mser. Le béton comprimé ne peut en effet équilibrer une force su-
périeure à celle correspondant à ces moments limites: la hauteur de l'axe neutre cor-
respondant à chacun d'eux est maximale, et ne peut plus augmenter. La position de
l'axe neutre, repérée à l'ELU par a/u et à l'ELS par ail, est donc « bloquée ». Pour
que cette position change, il faudrait accepter une réduction des déformations ou des
contraintes des matériaux, ce qui conduirait à des solutions peu économiques.
Le diagramme des déformations à l'ELU, défini par les deux paramètres (a/u ;
Ebc = 3,5/ 1000) étant devenu fixe, la contrainte des aciers comprimés, de même que
celle des aciers tendus, conservent toujours la même valeur. La même conclusion
peut être tirée du diagramme des contraintes à l'ELS, défini par les deux paramètres
(ail· ; (Jbc), devenu également fixe.
Les aciers comprimés sont déterminés pour équilibrer l'excédent de moment
Mil - Mil (ou, ce qui est équivalent, l'excédent Mser - Mser). Puisque leur contrainte
est devenue invariable, leur section est proportionnelle à cet excédent, la part de
moment équilibrée par le béton seul restant toujours la même, à savoir Mtu (ou
Mtser).

Par exemple, si, le moment ultime étant égal à 1,2 Mu = Mu + 0,2 Mu, la section
des aciers comprimés nécessaire pour équilibrer l'excédent 0,2 Mu est égale à une
certaine valeur A', dans le cas où le moment passerait à 1,4 Mu = Mu + 0,4 Mil,
l'excédent de moment ayant doublé, la section d'aciers comprimés nécessaire serait
égale à 2 A'. Corrélativement, la part A2 d'aciers tendus nécessaire pour réaliser
l'équilibre des forces dans la section fictive 2 devrait, elle aussi, être doublée, et
ajoutée à la section requise pour que la section 1 équilibre Mu.

1. Bien noter que si l'on a Ms" = Mu/y, on n'a pas !ls... = !lu/Y. En effet, on peut écrire:
2
!l,cr = Muly bod a/x. = !l,Jbulyabc = 0,85 J.l,,Iy.O,6 f!yb = 0,9441lu1f!y POUryb = l,S.
Se méfier de façon générale des quantités adimensionnelles qui ont l'inconvénient de ne plus faire
apparaître les paramètres de base.
Chapitre 7 • Flexion simple 333

7.522 Cas où la section A' n'est pas imposée


Données:
bo, d, d',fbll,!ed, Mil, Mer d'où y = Mill Mser puis ~lll et Mil = ~III bocfJbu
Inconnues:
A' etA.
1°) Si Mil ::; Mil: des aciers comprimés ne sont pas nécessaires, A' = O. La section
d'aciers tendus est déterminée comme indiqué au § 7.514.
2°) Si Alzi ::; Mil::; 1,40 Mil, il faut déterminer à la fois A' et A.
3°) Si Mil> 1,40 Mu il faut changer les dimensions du coffrage de la section, en aug-
mentant si possible la hauteur h (et donc la hauteur utile d) de préférence à la largeur bo.
Pour résoudre le problème de la détermination simultanée de A' et A, on ne dispose
toujours, en tout et pour tout, que d'un système de trois équations (voir § 7.43) qui,
lorsque A' = 0, donne successivement la hauteur de l'axe neutre (équilibre des mo-
ments), l'allongement des aciers tendus (compatibilité des déformations) et donc leur
contrainte, puis la section des aciters tendus (équilibre des forces).
Ici, il y a une inconnue de plus et, à moins de se donner une condition supplémentaire,
le problème comporte une infinité de solutions, c'est-à-dire qu'il existe théoriquement
un nombre infini de couples (A + A') permettant d'équilibrer le moment de flexion.
Toutefois, un certain nombre de ces solutions ne peuvent être retenues, soit parce
qu'elles ne sont pas économiques, soit parce qu'elles ne permettent pas de satisfaire la
condition de non-dépassement de l'état-limite de compression du béton en service.
Par ailleurs, une seule de ces solutions correspond au minimum mathématique de
A + A'. La recherche de cette solution par voie manuelle est faisable mais longue (en se
donnant a priori des positions d'axe neutre et en opérant par approximations successi-
ves).
Le temps ainsi passé (même en ayant recours à l'ordinateur) ne compense pas toujours
l'économie de métal réalisée, et il faut ensuite chercher si la solution obtenue corres-
pond aussi à l'optimum économique, dans un calcul de coüt où il faut prendre en
considération les conditions réelles de livraison par les fournisseurs, de stockage,
d'exécution, etc., et en particulier le coüt de la main d'oeuvre nécessaire au façonnage
et à la mise en oeuvre des armatures (voir § 16.4).
Pour lever l'indétermination, nous allons nous donner comme condition supplémentaire
de faire équilibrer le moment limite ultime par la section 1, dans la décomposition en
. deux sections fictives. Il faut toujours commencer le calcul par la recherche de la sec-
tion d'aciers comprimés nécessaire.
334 Traité de béton armé

7.522-1 Calcul des aciers comprimés


On ignore a priori si la section cherchée va résulter d'un calcul à l'ELU ou d'un calcul
à l'ELS. En principe, il faudrait donc faire un double calcul. Toutefois, nous allons voir
que grâce à un artifice, la section correcte peut être obtenue en en faisant un seul, et en
restant à l'ELU.
a) Dimensionnement à l'ELU
Le choix que nous avons fait de faire équilibrer Mu par la section fictive 1 implique
(remarque 2 ci-avant) que la section A' ud'acier comprimé nécessaire doit être telle que:

A' = Mil-Mill [7.61]


Il (d -d') cr"u
avec crscu contrainte des aciers comprimés à l'ELU, déterminée à partir du raccourcisse-
ment ESCII de ceux-ci, lui-même calculé au moyen de l'équation de compatibilité [7.2b]
du pivot B, pour la hauteur de l'axe neutre correspondant à Mil (ou f..llll ), donc en pre-
nant a = alu tiré de [7.58].
Compte tenu du diagramme bilinéaire adopté pour les aciers, on a crscu =led tant que

Escli =-' !, avec 8'= -


3 5- ( 1 -8'-J '?--f!!!... d', soit - 0' ~ 1- 1000 !,ed
1000 a lll Es d a lll 3,5 Es

ou encore, pour led = 500 JI, 15 MPa, tant que 0' ~ 0,38 aill • La plus faible valeur de alll
étant 0,2662 (tableau 7.3) la condition finale est donc 8' ~ 0,38 x 0,2662 "" 0,10 ce qui
est en général réalisé. Finalement, la section d'aciers comprimés nécessaire à l'ELU est
donnée par:

A' = Mu -Mlu [7.61bis]


1/ (d-d')fed
b) Dimensionnement à l'ELS
D'après la remarque 2 ci-avant, la section A'ser d'acier comprimé nécessaire doit être
telle que:

[7.62]

avec crsc.ser contrainte des aciers comprimés à l'ELS, calculée au moyen de l'équation de
compatibilité [7.7b] appliquée au diagramme «figé» des contraintes, donc en prenant
·al = al/donné par la résolution de l'équation du second degré [7.59] :

crsc,ser = 15 (0,6fc2S) (1-~J


ail
= 9 fc28 (l-k' 8'), en posant k' = 1 Jall [7.63]
Chapitre 7 • Flexion simple 335

Connaissant Mtser et donc /-lIser = Mtserl bod 2 et ayant déterminé ail par [7.59], il serait
facile d'en déduire k' et crsc,sen puis de reporter ces valeurs dans l'expression [7.62] pour
obtenir A'ser' Mais en pratique, on peut se dispenser de calculer /-lIser car on peut obtenir
k' directement en fonction de la quantité /-l' = /-lIIlIGy (voir § 7.521), soit au moyen de la
courbe de la figure 7.40 ci-après, soit au moyen de la formule approchée:

k'= 1 [7.64]
1,6/-l' (1 + 2/-l')

k'

Figure 7.40

Comparons maintenantA'u donné par l'expression [7.61 bis] à A'ser donné par [7.62]. En
multipliant haut et bas par y = Mill Mser le second membre de l'expression [7.62], on
peut écrire :

A' = y(Mser-M'ser) = Mu-M'II


.Ier (d - d'){y cr sc",er) (d - d'h cr sc,ser
On en conclut que:
- si y crsc,ser <led, la section d'aciers comprimés à retenir sera A'ser (> A ',J
- si y crsc,ser > led, la section d'aciers comprimés à retenir sera A' Il (> A' ser)
L'examen des courbes de la figure 7.41 page 337 montre que, pour les aciers de nuance
Fe E 500, on tombe toujours dans le premier cas si!c28 ~ 35 MPa, et que l'on tombe
toujours dans le second si!c28;::: 45 MPa.

· l' = 40 M
SIJc28 P' l" s;::, d' 3 (y -1,2)
a, on n a y crsc,ser <.Ied que SI u =d;::: 8 .
336 Traité de béton armé

c) Calcul pratique de la section d'aciers comprimés nécessaire


Pour aboutir à des expressions générales, nous allons introduire dans nos calculs une
contrainte fictive des aciers comprimés, que nous désignerons par (Jsee «(Jse « équivalen-
te ») égale à:
(Jsee = min [y (Jse,ser ;!ed] ou d'après [7.63] :
(Jsee = min [9y!c28 (1 - k' 8') ;!ed] [7.65]
avec k' tiré de la figure 7.40 ou de la formule [7.64].
Ainsi nous n'avons plus qu'une formule unique qui donne la section A' des aciers
comprimés et couvre à la fois les conditions de l'ELU et celles de l'ELS :

[7.66]

Formule approchée donnant la contrainte équivalente (Jsee


Il est possible de trouver une expression approchée commode de la contrainte équiva-
lente (Jsee. qui évite tout calcul fastidieux. Il suffit d'écrire:
(Jsee = 9y!c28 (1 - k' 8') = 9y!c28 - (9y!c28 k')8' [7.65 bis]
et d'observer que la valeur du terme entre parenthèses est sensiblement invariante pour
une qualité de béton donnée (dans le domaine 1,35 $ Y$ l,50 et 1,8 $ k' $ 2,5) ce que la
figure 7.41 met en évidence (pentes des droites égales et constantes, chacune égale à
une fonction linéaire def~28).
Pour les aciers de nuance Fe E 500, la formule [7.65 bis] peut ainsi être correctement
représentée par la formule approchée [7.65 ter], dont la valeur numérique doit être pla-
fonnée à!ed, soit 435 MPa. On a donc:

(MPa) [7.65 ter]

Plus précisément:

• Pour!c28 $ 35 MPa, ou pourfc28 = 40 MPa, mais avec 8'= ~' ~ 3 (y-81,2)


d'
(Jsce =9y fc28 - -;;(13 fc28 + 415) (MPa)

Cette formule est valable pour e = 1 (voir § 5.222). Elle demeure toutefois suffisam-
ment approchée pour e = 0,90 ou e = 0,85. Si l'on désire une meilleure approximation,
on peut la transformer légèrement sous la forme:
Chapitre 7 • Flexion simple 337

a sce = ya sc. ser (MPa)


IÎ\

fed = 435

f c2 8 = 40 MPa

400

f C28 = 35 MPa

350

f c28 = 30 MPa
300

f C28 = 25 MPa

230 ' - - - - - " ' - - - - - ' - - - - - - - ' - - - - - ' - - - - " " " ' - - - - " - - 3 1 > ô' = E.:.
0,05 0,06 0,07 0,08 0,09 0,10 d

La variation est quasi-linéaire, et la pente quasi-constante, d'où la valeur approchée [7.65 ter].
Les droites tiretées correspondent à la loi approchée, tracée dans chaque cas pour y = 1,425.

Figure 7.41
338 Traité de béton armé

Le coefficient 13, valable pour 8 = 1, peut alors être pris égal à :


- 13,25 pour 8 = 0,90
- 13,50 pour 8 = 0,85.
Toutefois, l'écart sur la valeur de crsce obtenue en modulant ce coefficient étant de
l'ordre de - 1 % au maximum, la précision des calculs ne nécessite vraiment pas un tel
raffinement.

• Pour 11.'28;::: 45 MPa, ou pour !c28 = 40 MPa, mais avec 8'= d' < 3 (y -1,2)
d 8

crsce =j~d = 435 MPa

1.522-2 Calcul des aciers tendus


Nous venons de déterminer la section d'aciers comprimés strictement nécessaire par
[7.66].
La fraction AI d'aciers tendus équilibrant le moment ~u dans la section fictive 1 est
donnée par [7.56]. L'équilibre des forces dans la section fictive 2 exige de prévoir en
complément une section d'aciers tendus A 2 (à ne pas oublier) telle que:
- à l'ELU: A 2!ed= A'u crscu
- à l'ELS : A 2 crs.ser = A' ser crsc.ser

avec: crsoser =15 crbc (_1 -1) =9!c28 (k'-l)


<XII
[7.67]

et k'= _1_ tiré de la figure 7.40 ou de la formule [7.64].


<XII

La section d'aciers tendus à retenir A = AI + A2 , est donc égale à la plus grande des deux
sections Au et Aser déduites de l'équation d'équilibre des forces:

d'où A = Mis. +A' crso•


/1 .{' Il ('
zU·Jai Jed

d'où

Compte tenu de [7.56] et [7.57], on peut, dans l'expression donnant ASC1' remplacer
Miser M111- d'où:
par __
Zbl crs.l"r Zbl !cd
Chapitre 7 • Flexion simple 339

En remplaçant dans les expressions précédentes A'u et A'ser par leurs valeurs tirées de
[7.61] et [7.62], on obtient:

A = M lu + M ser - Miser (y crse.ser) = M lu + Mu - M lu


ser Zbl J:d (d - d') crse.ser (y crs.ser ) ZbI !cd (d - d') Ycrs•ser

Finalement, si l'on pose:

a se = min[fed; yas.ser ] et a sce = min[fed; yase.ser]


on peut, compte tenu de [7.63] et [7.67], obtenir la section A cherchée au moyen de la
formule unique et rigoureuse:

A =~+A' cr sce [7.68]


Zbl fed cr se

avec Zb[ = 0,5 d(1 + ~1- 21l/u ).

La valeur approchée de a sce a été déterminée ([7.65 ter]). La valeur de a se s'obtient à


partir de la relation [7.67] donnant as.ser en multipliant les deux membres par yet en
plafonn,ant le résultat àfed :

crse =Ycrs,ser =15 Ycrbc (_1 -IJ = 9 YfC28(k'-I) 5:.!ed [7.67 bis]
ail

Bien noter que l'introduction de asce et de asen'est qu'un artifice destiné à éviter de faire
un double calcul de A', de retenir la plus grande valeur trouvée, et enfin de calculer A
par la méthode exposée ci-après pour le cas où A ' est connu.

Lorsque Mtll atteint sa valeur plafond (/l/II = 0,3717), les contraintes a,ct' et a,e doivent être
prises égales àfed et, tous calculs faits, on trouve:

A ::::: 0,5 bo c!fbul!ed + A'

avec A' déterminé par [7.61 bis], avec asce =!ed.

Formule approchée donnant la contrainte équivalente ase

On ne peut partir d'une formule approchée pour en déduire une autre. C'est pourquoi,
tirer une valeur fictive de k' de la comparaison des deux coeffcients de ô' = d - d' dans
[7.65 bis] et [7.65 ter] et la porter dans la formule [7.67 bis] ne fournirait pas une for-
340 Traité de béton armé

mule approchée convenable, car conduisant à des écarts sur les valeurs de a se pouvant
°
aller de - 3 % pour les valeurs basses de !c28 à + 1 % pour les valeurs élevées.

En calculant les valeurs exactes de ase pour un certain nombre de couples (y, !c28), on
constate que ase varie en fonction de Ic28 selon une loi sensiblement linéaire qui peut être
représentée, avec une bonne approximation (écarts, dans le sens de la sécurité, au plus
égaux à 5/ 1000), par la formule:

crse =434 - k" fc28 ~ (crJlim (MPa) [7.69]

a) dans le cas où e = 1, k" prend en fonction du rapport y les valeur du tableau ci-après
(interpolations linéaires pour des valeurs de y intermédiaires mais ne pas faire
d'extrapolation) :

Y 1,35 1,40 1,45 l,50


k" 0,19 0,34 0,51 0,69

(crse)lim correspond au cas où la contrainte réelle de l'acier tendu à l'état limite ultime
atteintled et ne peut descendre au-dessous (voir § 7.513b, les valeurs de y correspondant
à ce cas). Cette valeur limite peut être prise égale à: (crse)lim = 382 + 0,6!c28 (MPa).

b) dans le cas où e = 0,9, on peut prendre sans avoir à vérifier la condition sur (crsehm :

- pour y ~ 1,40 ; k" =°;


- pour y;::; 1 45 . k" =° 08 .
" "
- pour y = 1,50; k" = 0,20.
c) dans le cas où e = 0,85, quelle que soit la valeur du rapport y : crse = 434 MPa.

Remarques
1. L'anomalie consistant à avoir des contraintes différentes (ase etj~d) aux dénomi-
nateurs des deux termes de la formule [7.68] alors que"ce devrait être la même (soit
l'une, soit l'autre) ~est qu~apparente. Pour obtenir cette expression, nous sommes
bien partis des équations d'équilibre des forces.
2. Pour une section dans laquelle il est nécessaire de prévoir des aciers comprimés,
il est inutile de vérifier que l'on a bien A ~ Amin.
7.523 Cas où la section A' est imposée
(cas relativement fréquent des sections sur appuis des poutres continues, voir début du
§ 7.52)
Données:
Chapitre 7 • Flexion simple 341

Aire réelle A 'réel des armatures comprimées présentes dans la section.

Inconnue:

Aire A de la section des armatures tendues


a) Vérifications préalables

Il ne faut pas se lancer dans les calculs en y introduisant A 'réel. En effet, il faut s'assurer
tout d'abord que les aciers comprimés s'étendent de part et d'autre de la section droite
où agit le moment U/ sur une longueur la au moins égale à 0,6 ls (voir début du § 7.52)
et retenir, pour le calcul:

.
A'=min[4.-, 4éel °1]
~l , s

avec les conditions supplémentaires:

A';? (Mil -,)111 ,avec (Jsce déterminé par la formule [7.65] ou par la formule approchée
d - d O'sce
[7.65 ter]. Si cette condition n'est pas vérifiée, il faut opérer comme si la section
d'aciers comprimés n'était pas imposée;

A'::; ( OA ~u ,sinon il faut modifier le coffrage (augmenter d, si possible, de préfé-


d-d fed
rence à bo).

b) Détermination de la section A des aciers tendus:


La contrainte O'sce ayant été déterminée par la formule [7.65 ter], on calcule
A' O',I'ce (d - d') plafonné à 0,4 U/ puis:
MI = Mil -A'crsce(d-d') ;? 0,6MII

et l'on prend /lbll =/lI = Mil bo d 2 j~1I (::; /l/ll par hypothèse).

On calcule ensuit!.. une première valeur k' 1 de k l par la formule:

k l '= . 1 avec /ll'=~


1,6/l 1 (2+/l 1 ') ey
La nouvelle contrainte des aciers comprimés est O'scl = 9 Y fc28(1-k'8') avec 8' = d' 1d.
• Si cette valeur est supérieure à led, on remplace dans l'expression de MI donnée ci-
avant O'see parled d'où une nouvelle valeur Mie de MI et, en s'aidant, pour déterminer Zb,
de l'organigramme donné au § 7.511-4, on calcule la section A 1 d'aciers tendus néces-
saire pour équilibrer le moment Mie soit:
342 Traité de béton armé

La section d'armatures tendues cherchée est donnée par A =~ + A' fed avec O"sce dé-
O"sce
terminé comme indiqué au § 7.522-2 (formule [7.69]) .
.. Si on trouve O"scl <Ied' on calcule successivement M 2 = Mu - A'O"sci (d - d') ;::: 0,6 Mz"
M-2 = ~2 et M-~ = M-2 ce qui permet de calculer une seconde valeur k' 2 de k' et
ho d 1;,1/ 8y
une nouvelle valeur cr sc2 = 9 Y fc28 ( 1- k;Ù') à introduire à la place de O"sce pour calculer un
moment M3, et ainsi de suite jusqu'à trouver 0" sci+l :::::: 0"sei S.!ed.

On a alors M;+1 = Mz, - A'O"sci(d - d');::: 0,6 Mz, et M-i+l = M~+l


d'où l'on peut déduire
hod 1;,1/
Zb (formules [7.29] ou [7.51]). La section d'armatures tendues cherchée est:

avec O"se déterminé comme indiqué au § 7.522-2 (formule [7.69]).


En général, le système étant rapidement convergent et de faibles vanatIOns de la
contrainte des aciers comprimés ne modifiant pas sensiblement le résultat, on peut
s'arrêter à la deuxième itération (i = 2).
Il est inutile de s'assurer pour finir que l'on a bien A;::: Amin.

Remarque:
Suivant le pourcentage d'aciers comprimés, la méthode qui vient d'être exposée
peut conduire à des résultats nettement du côté de la sécurité. La recherche de la so-
lution optimale nécessiterait un double calcul (ELU et ELS), avec des approxima-
tions successives et des développements assez longs dans les deux cas. La méthode
précédente donne assez rapidement une solution en pratique acceptable, pour un
problème qui, lorsqu'il se présente, n'exige pas un raffinement excessif.
Si l'on augmente A' par exemple, la force que doit équilibrer le béton comprimé
diminue et donc la section Al d'aciers tendus nécessaire pour équilibrer cette force
dans la section fictive 1 diminue également. En contrepartie, la section A 2 qui doit
équilibrer dans la section 2 la force de compression dans les aciers comprimés,
augmente. Et réciproquement, si on diminue A'. Il Y a une certaine compensation
entre ces deux effets et, en défi nive, la section totale d'armatures tendues évolue
peu. Il en résulte que, pour une estimation très rapide de la quantité d'aciers ten-
dus, on peut même mener le calcul en négligeant totalement A' imposé (organi-
gramme au § 7.511-4).
Chapitre 7 • Flexion simple 343

Organigramme de calcul d'une section rectangulaire avec aciers comprimés

d' 0,85 fc28 fe Mu


bo' d, d' -> 0' = d ;fc28 -> fbu = 9'1,5 ; 9 ; fe -> fed = 1 15 ; Mu ; Mser ; Y
,
M
ser
-> IJtu

Non
0';;: 3 (y-1,2)/8?

M
IJ - u
ACIER FeE500 bU-~
o bu

IJ'= Mu-Mtu
A'=
(d - d') fed

k'=-----
1,6 IJ' (1 + 2 IJ')

approché «exact»
r-~------------,*
d'
O"sce = 9yfc28 - - (13fc28 + 415) 1 Ml u
d A = - (--)+A'
fed O,753d

Soit
/>:=
O"sce (d - d')

_ Attention!

« exact»

Ml.u O"sce Nota: Les formules approchées donnant 0"!Ce et 0"se


A = - - +1\-- ne doivent pas être uü/isées pour déterminer les
zt>l fed O"se sec/ions yf' et SIt en flexion composée (voir chapitre 8)

Attention!
344 Traité de béton armé

7.524 Cas où l'on désire avoir A == A' (armatures symétriques)


Dans ce cas, pour éviter un calcul manuel itératif pénible!, la meilleure solution consiste
à avoir recours à des «diagrammes d'interaction» (voir chapitre 8).

7.53 Section rectangulaire avec ou sans aciers comprimés


[Cas de la fissuration préjudiciable ou très préjudiciable]
Dans ce cas, la contrainte de l'acier en service est limitée par les conditions de fissura-
tion à une valeur limite crs (voir tableau 5.1) et il faut substituer au moment limite
ultime défini précédemment la notion de« moment résistant-béton »2.

7.531 Moment résistant-béton


Le moment résistant-béton M rb est le moment de service pour lequel l'état-limite de
compression du béton (caractérisé par cr be =crbe ) et l'état-limite d'ouverture des fissu-
res (caractérisé par crs = crs) sont atteints simultanément (le diagramme des contraintes
passe donc à la fois par les pivots « a» et «b », voir § 7.422).

Volume des contraintes

Y1

Figure 7.42

1. On peut trouver le détail de ce calcul itératif à l'annexe 1 de l'ouvrage de J. Perchat et J. Roux,


Pratique du BAEL 91, éd. Eyrolles.
2. Nous conservons ici la notation traditionnelle Mrb au lieu de la notation Mab utilisée au § 7.422.
Chapitre 7 • Flexion simple 345

Lorsque User = Mrb , l'axe neutre occupe une position définie par (triangles semblables) :

-;;- _ 2L _ 150"be [7.71]


""1 - -
d 150"be + 0" s

et la relation générale llser ='lfl al (1-8GI al) établie au § 7.512-1, équation [7.42],
. . 1 s:: 1 M rb
donne ICI, avec 'If 1 = - , u GI = -, al = al et Ilrb = 2
2 3 bod O"bc

[7.72]

c'est-à-dire (MNm, m, MPa) [7.73]

II est donc possible de calculer la valeur de M rb a priori, une fois connues les valeurs
des contraintes limites O"be et crs .

Pour les valeurs usuelles de 0"be et 0" s , se reporter aux tableaux 7.6 et 7.7 ci-après qui

donnent 1es va1eurs de -al '1-'1


A = ( 1 -al- J,llrb et k = -
Il,.bO"bc = -M
rb
-2 .
3 bo d
346 Traité de béton armé

Tableau 7.6.
-
1c28 crbe
/t28 Fissuration préjudiciable Fissuration très préjudiciable
MPa
MPa
crs 250 200
20 -
al 0,4186 0,4736
-
12 13 1 0,8605 0,8241

!lrb 0,1801 0,1944


1,8
k 2,16 2,39
crs 250 200
25 -
al 0,4737 0,5294
-
15 131 0,8421 0,8235

!lrb 0,1994 0,2180


2,1
k 2,99 3,27
crs 250 200
30 -
al 0,5192 0,5744
-
18 131 0,8269 0,8085

!lrb 0,2147 0,2322


2,4
k 3,86 4,18
crs 250 200
35 -
al 0,5575 0,6117
-
21 13 1 0,8142 0,7961

!lrb 0,2270 0,2435


2,7
k 4,77 5, Il
crs 250 200
40 -
al 0,5902 0,6429
-
24 131 0,8033 0,7857

!lrb 0,2370 0,2526


3,0
k 5,69 6,06
Chapitre 7' Flexion simple 347

Tableau 7.7
-
crbc Fissuration très
fc28 Fissuration préjudiciable
ft28 MPa préjudiciable
MPa 0S5,5 mm 0::::6 mm 0S5,5 mm 0::::6 mm
crs 250 253 200 201
45 -
al 0,6183 0,6157 0,6694 0,6670
-
27 f31 0,7939 0,7948 0,7717 0,7777
f..lrb 0,2454 0,2447 0,2642 0,2594
3,3
k 6,63 6,61 7,02 7,00
crs 250 264 200 211
50 -
al 0,6429 0,6303 0,6923 0,6806
30 -
f3 1 0,7857 0,7899 0,7692 0,7731
f..lrb 0,2526 0,2489 0,2663 0,2631
3,6
k 7,58 7,47 7,99 7,89
crs 250 275 200 220
55 -
al 0,6644 0,6430 0,7122 0,6925
33 -
f31 0,7785 0,7857 0,7626 0,7692
f..lrb 0,2586 0,2526 0,2716 0,2663
3,9
k 8,535 8,34 8,96 8,79

60 crs 257 285 206 228


(1) -
al 0,6775 0,6544 0,7242 0,7030
36 -
f31 0,7742 0,7819 0,7586 0,7657
::
f..lrb 0,2623 0,2558 0,2747 0,2691
4,2
k 9,44 9,21 9,88 9,69

( 1) toutes les valeurs numériques correspondant à!c28 = 60 MPa ont été établies en
prenant n = 15. Selon l'additif aux Règles BAEL 91, n = 9 serait mieux adapté.
348 Traité de béton armé

7.532 Calcul des armatures dans le cas où la section A' n'est pas imposée
Données:
bo, d, crs et crbc , d'où al , Jlrb et M,.b, Uer-
Inconnues:
A etA'
Premier cas : Uer::; M rb
Cette inégalité implique crbe ::; cr be ; des aciers comprimés ne sont donc pas nécessaires
et A' = O. Pour les aciers tendus, on cherche à atteindre la contrainte crs (pivot a).
Les équations pour le calcul des armatures tendues sont:

M ser = crbc 2
al ( 1- al) bod 2
2
avec cr bc = crs
15 1-a l
~(triangles semblables, crs connu) et Zbl =d (1-~)
3

En éliminant al et crbc de ces trois relations, on obtient une relation ~


d
= g( M J ser
2
b d cr
o s

que l'on peut représenter graphiquement (figure 7.43) et qui permet d'avoir Zbl puis:

[7.74]

Les diamètres des barres nécessaires pour réaliser la section Aser doivent être tels que:
- 0 ~ 6 mm en cas de fissuration préjudiciable;
- 0 ~ 8 mm en cas de fissuration très préjudiciable.

0,90

0,85

0,80

0,005 0,010 0,015 0,020 0,025

Figure 7.43
Chapitre 7 • Flexion simple 349

En pratique, on peut utiliser une valeur de Zb approchée, à savoir:

[7.75]

M
avec ).ts = ~er (attention à bien introduire la contrainte limite de l'acier O's au dé-
bod O's
nomitateur, et non celle du béton).
Il faut, pour finir, s'assurer que l'on a bien Aser:2: Amin (§ 7.511-2, formule [7.37]). Si-
non, il faut prendre Aser = Amin.

Remarques:
1. La formule [7.74] conduit-elle à une valeur de Aser suffisante pour assurer la sé-
curité à l'état-limite ultime de résistance? En d'autres termes, si l'on calculait la
section Au nécessaire pour équilibrer le moment yMser. ne risquerait-on pas de trou-
ver Au > Aser?

Les sections correspondantes, exprimées en pourcentages, sont:

_ Au _ Mu _ O's d _ Zbl O's


Pli - b d - l' b f-Ylls-;:---YPscl'--;:-
o ZbJed oC Jed Zb Zh Jad

Pour aboutir à Au> Asen c'est-à-dire à Pu> pser, il faudrait que l'on ait:

Or, en cherchant le cas où le rapport O's!j~d est le plus élevé, on trouve que ce cas
correspond à !c28 = 60 MPa, valeur pour laquelle O's = 285 MPa (donc
0's / fed = 285/435 = 0,655) et en associant cette valeur à la plus grande valeur
possible du rapport zb,1 Zb soit 1,05, on trouve, pour y = 1,45 (1/3 de charges perma-
nentes, 2/3 de charges variables) :

Z 0'
Y 2.!.. /' = 1,45 x 1,05 x 0,655 = 0,998 < 1
Zb Jed

Ce n'est que si, avec les mêmes hypothèses, 'Y était égal à 1,5 (cas peu courant
d'une absence totale de charges permanentes) que l'on aurait Ali = 1,02 A.n dépas-
350 Traité de béton armé

sement que l'on peut considérer comme négligeable, étant donné la précision des
calculs.
Conclusion: En cas de fissuration préjudiciable ou très préjudiciable, l'état-limite
déterminant est l'état-limite de service. Calculer alors la section d'acier nécessaire
à l'état-limite ultime ne présente aucun intérêt et ne ferait qu'entraîner une perte
de temps totalement inutile.

2. Une question telle que: « Peut-on avoir Mu > À1il/ quand User < Mrb , autrement dit
les aciers comprimés éventuels trouvés à l'ELS seraient-ils suffisants à l'ELU? »
est une question qui n'a aucun sens.

En effet, dès que User::; M rb , on est sûr qu'en service crbe ::; cr be et compte-tenu de la
remarque 1, une vérification à l'ELU est tout à fait inutile. En outre, on a effecti-
vement toujours Ml/ly inférieur à À1rb, cette situation venant de ce que lorsqu'on
calcule les contraintes en service d'une section dimensionnée à l'ELU, on trouve
que l'axe neutre est plus haut que dans les sections dimensionnées à l'ELS, et donc
que le moment résistant que peut développer le béton comprimé pour cr be = crbe est
plus faible (la fonction g(YI) ±
= YI ( d- ~I ) bocrbe est en effet une fonction crois-

sante).

d- Y1
3

O"s 0,7 fe O"s


O"s (F.P) 15 (F.T.P)
15 (-15) 15

Figure 7.44

Cas <D fissuration peu préjudiciable (O"s non limité, mais ne peut pratiquement ex-
céder 0,7!e)

Cas (?) fissuration préjudiciable (crs limité à crs (FP))

Cas ® fissuration très préjudiciable (crs limité à crs (FTP) < crs (FP))

Quant crs diminue, l'axe neutre descend, YI augmente, z diminue, mais le produit
YI z augmente. Il en résulte que le moment pour lequel des aciers comprimés sont
nécessaires est plus élevé dans le cas de la fissuration très préjudiciable que dans
celui de la fissuration préjudiciable et que dans le cas où crs n'est pas limité.
Chapitre 7 • Flexion simple 351

Deuxième cas: Uer> Mrb

Sans aciers comprimés, on aurait abc> abc ; des aciers comprimés sont donc né-
cessaIres.
Leur section A' sel' est déterminée par :

[7.76]

-0.-8'
avec asc = 15 ab e - L - [7.77]
al

8'=~
d'

crs
15

Figure 7.45

La section de béton seul (section fictive CD, voir fig. 7.40) équilibre M,'b avec un
bras .de levier rigoureusement égal à Zbl et une fraction Al de la section totale
d'armatures tendues égale à:

Al
M_
=_ rb
[7.78]
Zbl as
Au total on a donc:

+ A~er a
sc
Aser = (Ml'b) [7.79]
d 1-~
3
cr
s
as

Il est inutile de s'assurer pour finir que l'on a bien Aser;::: Amin.

7.533 Calcul des armatures dans le cas où A' est imposé


II faut vérifier si la section donnée est suffisante, c'est-à-dire si l'on a bien

(voir [7.76] et [7.77])


352 Traité de béton armé

a) S'il en est bien ainsi, on s'impose de faire équilibrer par la section rectangulaire ficti-
ve sans aciers comprimés le moment:

Ml = M ser - A' 0'se (d - d') < M rb par hypothèse (donc O'be < 0' be ).

Par la méthode exposée au § 7.532, premier cas, on obtiendra la fraction Al d'aciers


tendus nécessaire pour l'équilibre du moment Ml avec une contrainte égale à O's .

La section totale à prévoir est Aser = A1 +A' O'se [7.80]


O's

Il est inutile de s'assurer que l'on a bien Aser ::::A min •


b) S'il n'en est pas ainsi, il faut prévoir une section d'aciers comprimés au moins égale à:

(O'se par [7.77])

On est alors ramené au calcul de la section d'aciers tendus A connaissant A' (voir
§ 7.532 - second cas).

7.54 Dimensionnement d'une section rectangulaire


L'une des dimensions bo ou d n'est pas fixée, l'autre étant imposée par des raisons de
construction ou choisie a priori.
On cherche à ne pas avoir d'aciers comprimés; la valeur minimale de la dimension
inconnue est tirée selon le cas de l'une des conditions suivantes:

- fissuration peu préjudiciable Ur, ::; Mu c'est-à-dire: bod 2 :::: ~ (unités m,


Illuf;m
MNm,MPa)
- fissuration préjudiciable ou très préjudiciable: User::; M rb ,

c'est-à-dire bod 2 :::: M ser (m, MNm, MPa)


Ilrb O'bc
Si la largeur bo n'est pas imposée, on peut prendre 0,3 d::; bo ::; 0,5 d. La hauteur utile d
reste alors la seule inconnue dans les inégalités précédentes.

Remarques:
1. Si l'inconnue est d, il faut adopter, si possible, une valeur nettement supérieure à
dnùn (économie d'acier, voir les formules donnant Au ou Aser, qui contiennent toutes
d au dénominateur).
2. À noter que, pour les raisons données à la suite de la figure 7.44, la condition
Ur,::; l~u conduit à un dimensionnement supérieur (bod 2 plus élevé) que la condi-
tion User::; Mrb •
Chapitre 7 • Flexion simple 353

Organigramme de calcul d'une section rectangulaire à l'état-limite de service


d' _ _
bo ; d ; d' -+ ô' =d ; O"be = 0,6 fc2S ; O"S (tabl. 5.1) ; Mser

U1 u1
Ilb=-(1--)
r 2 3

Oui Non

Calcul exact Calcul approché


Mser - Mrb
/li =
O"se (d - d')
Zb1 en fonction
de Ils par abaque

Mrb O"se
A = - - - - - + /li

Oui Non fas


Terminé ""'1---< ':>----+1 Amin = 0,23 bod -
fe

Oui Non
Terminé -oE---< A=Amin
354 Traité de béton armé

7.55 Vérification à l'état-limite ultime d'une section rectangulaire


dont on connait les armatures

~r--r----- y
""
_____ J_____ _____ _ d -0,4 y
/
/
/
/
/
/
-- --- -- - ' - - - - - '

Figure 7.46

Données .'
ho, d, d', A, A' ,1e,fc28, d'où/bll = 0,85fc28/ 1,5 e

Inconnue .'

Moment résistant maximal Mil que peut équilibrer la section à l'état-limite ultime.

On peut soit se fixer x =yet procéder par itération (voir § 7.432 et l'organigramme
d
donné au 3°), soit opérer comme suit.

7.551 Cas de la section sans aciers comprimés


1. Puisque la section ne comporte pas d'armatures comprimées (A' = 0), il faut vérifier
tout d'abord que l'on a bien Mu::; Mtu, sinon l'état-limite de compression du béton en
service serait dépassé. Ce qui suit n'est valable que si cette condition sur lv!" est bien
réalisée. Il faut vérifier également que l'on a bien A ~Amin (§ 7.511-5, formule [7.37]).
2. La position de l'axe neutre est donnée par l'équation d'équilibre des forces, F.\ = F bc
c'est-à-dire:

Afed =0,8 ho Y !t'II d'où

(Puisque Mil :s Mtll' il n'est pas nécessaire de vérifier que la hauteur y ainsi trouvée est
bien compatible avec la valeurfedintroduite dans le calcul; voir § 7.511-3).
Chapitre 7 • Flexion simple 355

3. Le bras de levier vaut Zb = d - 0,4 y et le moment ultime cherché est


Mu =AfeAd-0,4y).
II suffit alors de vérifier que l'on a bien Mu::;; ~l •

7.552 Cas de la section avec aciers comprimés

7.552-1 Calcul de la position de l'axe neutre


II faut commencer par s'assurer que la section d'aciers comprimés est telle que l'état-
limite de compression du béton en service n'est pas atteint c'est-à- dire que l'on a bien:

crsee étant déterminé soit par la formule [7.65], soit par la formule approchée [7.65 ter].
Ce qui suit n'est valable que si cette condition sur A' est bien satisfaite. Si elle ne l'est
pas, alors la section A' initiale doit être augmentée.
On commence par supposer que le pivot B est atteint et que la contrainte réelle des
aciers comprimés est crseu =!ed (et non crsee qui n'est qu'une contrainte «équivalente »,
utilisée dans le dimensionnement).
La hauteur de l'axe neutre est donnée par l'équation d'équilibre des forces qui, avec les
hypothèses faites, s'écrit:

AJed = 0,8 boY hu + A' Jed (m, MN, MPa)

d'où Y = (A - A'}fed [7.81 ]


0,8 bOh"
1. Si y> 0,259 d,l'hypothèse faite sur le pivot B est bonne.

.
a) St, en outre y;:::
700d'
(ce qui correspond à
t:
Escu ;:::. ed ) l'hypothèse faite sur crscu
700- fed Es
est également bonne, et la valeur de Y trouvée peut être retenue.
b) Si, tout en ayant y > 0,259 d, la valeur de y ne vérifie pas l'inégalité ci-avant, il faut
recommencer le calcul de y en prenant:

crsell =E sEsclI -Jcd


< 1" avec -
Escu -
~ Y - d 'SOIt
. cr -_ 700 y.;.. d' (MPa )
sell
1000 Y Y

Afed - 700A ' Y - c!..


et y est racine de l'équation y=------"-y-
0,8boh"
356 Traité de béton armé

ou, tous calculs faits,

(0,8boj~J y2 - Y [Afed -700A']-700A'd'= 0 (m, MN, MPa) [7.82]

2. Si Y < 0,259 d, l'hypothèse faite sur le pivot B n'est pas bonne; le pivot est le point
A. (Il en est en particulier ainsi dans le cas d'armatures symétriques (A = A') puisque
l'équation [7.81] donne alors y = 0).
On commence par supposer (J'scu =!ed et on calcule y par l'équation [7.81].

a) SI. y ~ d + 2000d' , l'hypoth'ese sur (J'SCIi est correcte et 1a va1eur de y trouvee


'1 est a
/ed+ 2000
bonne.
b) si y ne vérifie pas l'inégalité ci-avant (cas, en particulier, des armatures symétriques),
il faut recommencer le calcul de y en prenant:
10 y-d'
(J'SCIi = ES E sclI <fed avec Escu =-----
1000 d - Y

c , est-a-
'd'1re (J'scu = 2000 -
y-d'
- (MPa)
d-y

(la condition (J'SCII =j~d correspond donc à (y-d')~(d-y) fed d'où a été tirée
2000
l'expression figurant en a) ci-avant). On trouve ainsi:

AI" _ 2000A' y-d'


'Jed d
y= -y
0,8bohll

Tous calculs faits, y est racine de l'équation:

(0,8bo/ bll )y2 - y[0,8bod /bu + A/ed - 2000A'l+ Ad fed + 2000A' d'= 0 (m, MN, MPa)

[7.83]

7.552-2 Calcul de Mu

Dans tous les cas, [7.84]

On doit s'assurer que Mu :::; Mil .


Chapitre 7 • Flexion simple 357

1.56 Calcul des contraintes d'une section rectangulaire


avec ou sans aciers comprimés (états-limites de service)

bo
I-C----~)Io1 d'
·~-+-~A -t------- ---------.:--------~O"SC
O"bc

- ------

15

8'1 =8'+15A' =boY1+15A'


_A_ _ __________ -L-_ _---l
8 1 = (bo Y1) y; +15A'(Y1 - d')
O"s

15

Figure 7.47

Le calcul des contraintes normales en service est à faire:


1. dans tous les cas où la valeur « exacte» des contraintes en service est exigée et où la
preuve qu'elles n'atteignent pas les limites admissibles (ce dont on est sûr par exemple,
pour le béton, lorsque f.lbll < f.llu ou Mser < M rb ) n'est pas considérée par le maître
d'œuvre (ou le client) comme suffisante;
2. lorsqu'il est nécessaire de vérifier les flèches par le calcul (voir § 15.33).
Données .:

bo, d, d', A, A' ,Mser. crbc =O,6fcZ8' et crs (tableau 5.1)

Inconnues:
Contraintes normales sur la section droite, crbc pour la fibre la plus comprimée, crs pour
les aciers tendus, à comparer éventuellement aux limites crbc et crs .

Pour calculer les contraintes normales, il suffit d'appliquer la formule classique de la


Résistance des Matériaux cr = Mv à la section homogène réduite après avoir déterminé
1
la position de l'axe neutre par l'équation des moments statiques (voir équation [7.11] en
7.44).
I?ans le cas de la section rectangulaire avec aciers comprimés, l'équation des moments
statiques s'écrit:

l ,

bo~21 + 15A' (YI -d') -15A (d - YI) = °


ou encore: boY~ + 15YI(A + A') -15(Ad + A'd') =
2
° [7.85]
358 Traité de béton armé

S'il n'y a pas d'aciers comprimés, faire A' = 0 dans cette équation et dans les formules
suivantes. La résolution de l'équation [7.85] donne YI.
Le moment d'inertie de la section homogène réduite par rapport à l'axe neutre est:

[7.86]

Les contraintes valent:

- pour le béton, valeur maximale : [7-87a]

- pour l'acier tendu: as M ()


=15~ d-y =15a
d- [7-87b]
Il be
1 YI

Le calcul de Ose est en principe inutile, puisqu'aucune condition n'est imposée à l'acier
comprimé à l'état-limite de service (on aurait, si besoin, a sc = 15 M ser (YI -d')).
Il

Remarque:

Si A' = 0 (et dans ce cas seulement), on a zb =d _li, et on peut écrire plus rapi-
3
dement, après avoir déterminé YI par l'équation des moments statiques:

[7.88a]

et [7.88b]

Dans ce cas, le calcul de Il n'est donc pas nécessaire.

7.6 SECTION EN T
(À TABLE DE « COMPRESSION »)
Les poutres sous chemin de roulement des ponts-roulants constituent un exemple de
sections en T isolées [la table joue ici un double rôle: d'une part, elle participe à la
résistance à la flexion sous l'effet des charges de pesanteur, d'autre part elle assure aussi
la résistance à la flexion sous l'effet des forces horizontales (vent, forces de freinage
transversales) du pont-roulant].
Chapitre 7 • Flexion simple 359

Mais le cas le plus fréquemment rencontré est celui des sections en travée des planchers
nervurés, où la forme en T résulte du « découpage» isolant une nervure et la largeur de
dalle participante qui lui est associée (voir figure 3.12 tirée de l'EC2).
Pour les Règles BAEL (A 4.1,3) la largeur de table à prendre en compte de chaque côté
d'une nervure à partir de son parement est définie par la plus restrictive des conditions
ci-après.
- on ne doit pas attribuer la même zone de hourdis (dalle) à deux nervures différentes;
-la largeur en cause ne doit pas dépasser le dixième (1110) de la portée d'une travée;
- la largeur en cause ne peut pas dépasser les deux tiers de la distance de la section
considérée à l'axe de l'appui extrême le plus rapproché.
L'EC2 (voir § 3.522.1) ne considère que les deux premières conditions, en prenant en
compte, pour la deuxième, la distance entre points de moment nul, évaluée forfaitaire-
ment, au lieu de la portée.
La présence de cette table rend pratiquement superflue la vérification en service de
l'état-limite de compression du béton. Il n'est donc généralement pas nécessaire de
prévoir une armature comprimée. Toutefois, dans ce qui suit, on envisagera aussi le cas
*
oùA' O.

,.1

,1
______________________ a_rc_~~~~J
----------------~ ,1
Appui intermédiaire
(la table est tendue)
T
1
T'APPUi extrême

Figure 7.48

7.61 Dimensionnement par l'état-limite ultime


Ce dimensionnement est le seul à considérer en cas de fissuration peu préjudiciable. En
cas de fissuration préjudiciable ou très préjudiciable, dimensionner par l'état-limite de
service selon le § 7.62.
Tout ce qui suit n'a de sens que si la table est du côté comprimé par le moment de
flexion, donc à la partie supérieure dans le cas d'un moment positif. C'est dans ce seul
cas que le terme « table de compression» peut être utilisé. Si le moment est négatif, la
table est tendue et la zone comprimée étant à la partie inférieure, on est ramené au cas
d'une section rectangulaire de largeur ho. Dans ce cas, calculer Mr.u (formule [7.89]) et
en tirer une conclusion quant à la position de l'axe neutre serait une ineptie.
360 Traité de béton armé

Données:
Dimensions b, bo, d, ho, (figure 7.49)
Éventuellement A' et d'

/,ed-_ - le et
J; -
bu
_ 0,85 fc28-
-8- -15·
,
115 ,
Moments agissants Mu et À1ser-
Inconnues:
Section A des aciers tendus.

ho
z=d- -
2

-
A
--------------------- ~
Cas où Mu = MT,u
Aas

Figure 7.49

7.611 Dimensionnement à l'aide du diagramme rectangulaire


Premier cas: Il n'y a pas d'aciers comprimés
En l'absence d'aciers comprimés, le moment MT,u équilibré par la table seule, de largeur
b, dans l 'hypothèse où elle serait uniformément comprimée à la contrainte fim sur sa
hauteur ho (figure 7.49) est:

Mr,u =bho( d- ~ ).lbu (mMN, m, MPa) [7.89]

a) Si Mu ~ MT,u, la table seule est surabondante pour équilibrer le moment agissant (donc
. 0,8 Y < ho) : la zone comprimée a une forme rectangulaire et le calcul se ramène à la
détermination des armatures d'une section rectangulaire de largeur égale à la largeur
b de la table de compression.
b) Si Mu > MT,u, la table seule ne suffit plus pour équilibrer le moment agissant. On a
alors 0,8 y > ho : la zone comprimée a une forme de T.
Chapitre 7 • Flexion simple 361

À retenir:
Pour le calcul, ce qui importe est donc la forme de la zone comprimée plus que la
forme de la section totale elle-même.
On décompose la section en deux sections fictives (figure 7.50).
1. Une section rectangulaire, de largeur bo et de hauteur utile d, dont l'armature tendue
est constituée par une fraction A 1 de la section totale A, et qui équilibre une fraction MI
du moment total.
2. Une section en T, avec table de largeur (b - bo) et de hauteur ho, d'épaisseur d'âme
nulle, de hauteur utile d dont l'armature tendue est constituée par une fraction A 2 de la
section totale A, et qui équilibre une fraction M2 du moment total.

------ A1crs
+
._----- _
1
----------'---
A2crs

Figure 7.50

Puisque Mil > MT.II' la contrainte de la zone comprimée de cette deuxième section fictive
est connue: C'esthll' La force que cette zone peut équilibrer est Fbc2 =(b -bJ hohu .

Le bras de levier de cette force par rapport au centre de gravité des aciers tendus étant:
h
z2 =d-~
2
le moment que peut équilibrer la deuxième section fictive est:

La section rectangulaire fictive <D doit donc équilibrer la différence :

[7.90]

Sa section d'armatures s'obtient, comme indiqué au § 7,514, à partir de:


362 Traité de béton armé

[7.91]

Si f.!lu n'atteint pas sa valeur plafond (0,3717), il est inutile de comparer le moment Ml
au moment-limite ultime que peut équilibrer la section fictive 1. Même si l'on trouvait
Ml > UlI, il ne serait pas nécessaire de prévoir des aciers comprimés. En effet, dans la
section fictive 2, la zone de béton comprimé (hachurée sur la figure 7.50) est capable
d'équilibrer à elle seule une force de compression Fe2 et un moment de flexion Fe2 Z2
assez considérables.

À titre d'exemple, 1 cm2 d'acier étant sensiblement équivalent à 15 cm2 de béton ayant
même centre de gravité (voir § 5.32), une table de 10 cm d'épaisseur, ce qui est faible,
appartenant à une travée de poutre de 1= 3,00 m de portée et débordant de 1/ 10 = 30 cm
de chaque côté de la nervure (figure 7.48) apporte pratiquement le même complément
de résistance que 2 x 30 x 10/15 = 40 cm2 d'aciers comprimés placés à 5 cm de la face
supérieure (et joue le même rôle que 13 barres de 20 mm de diamètre qui, en l'absence
de table, seraient à loger dans la largeur de la nervure).

De f.!bll calculé par [7.91], on tire a comme indiqué au § 7.514 puis:

[7.92]

Par ailleurs, dans l'équilibre des forces de la section (î), on a: A2 le" = Fbc2

d'où A = (b - bo) hoj~1I


2 [7.93]
Je"

et finalement: [7.94]

Si Ml déterminé par [7.90] excède la valeur plafond 0,3717 bocPfbu, la meilleure solution
est d'augmenter l'épaisseur de la table pour augmenter MT.u. Sinon, il faut prévoir des
aciers comprimés dont la section est déterminée par la relation [7.61 bis] où l'on fait
Mu = Ml et Mtu = 0,3717 bo d 2 jiJ/l et, tous calculs faits, la relation [7.94] conduit à:

A = ~II [ 0,5bod + (b -bo)J1o] + A'


Je"

Section minimale
Attention! Même si le calcul des armatures (effectué en négligeant le béton tendu)
d'une section en T est mené, lorsque la table est surabondante (voir a) ci-avant), comme
s'il s'agissait d'une section rectangulaire de largeur b, physiquement, du point de vue
de son comportement juste avant la rupture du béton par traction (où toute la section
intevient), ce n'est pas une « vraie» section rectangulaire. Aussi, déterminer la sec-
tion minimale à partir de la formule [7.37] donnée au § 7.511-5 serait une erreur.
Chapitre 7 • Flexion simple 363

Il faut revenir à la formule de la Résistance des Matériaux donnant la contrainte de


traction du béton de la section non armée (cr = Mv / l) et écrire que cette contrainte at-
teint la résistance à la traction lorsque M = Amin!e z avec z = 0,9 d == 0,81 hl.
D'où, pour une section en T soumise à un moment positif:

A 1 ~28
''min = 0,81 h V f:
avec 1 moment d'inertie de la section non armée par rapport à l'axe de flexion simple
(passant par le centre de gravité Go de celle-ci) et v distance de Go à la fibre inférieure
tendue.
De même, et pour les mêmes raisons, lorsqu'une section en T est soumise à un moment
négatif, ce n'est pas parce que, pour le calcul de ses armatures, elle est assimilée à une
section rectangulaire de largeur bo que son comportement réel est, physiquement, juste
avant la rupture du béton par traction, celui d'une véritable section rectangulaire. Dans
ce cas, le mode de calcul décrit ci-avant conduit à :

Deuxième cas: Il y a des aciers dans la zone comprimée, et on veut les prendre en
compte2 •
Dans ce cas la valeur du moment MT,II donnée par l'équation [7.89] doit être corrigée
pour tenir compte du moment équilibré par les aciers comprimés c'est-à-dire qu'il faut
prendre:

[7.95]

crsc,o étant la contrainte des aciers comprimés lorsque 0,8 y = ho ou y = 1,25 ho.

1. En fait, il faudmit prendre z = d [0,97 - 0,04 (bo 1b)] pour avoir une meilleure estimation de Amin.
2. Ce qui implique qu'ils soient concentrés à l'aplomb de la nervure et maintenus par des armatures
transversales (cadres d'effort tranchant de la nervure) espacés d'au plus 150,. En tenant compte de
ces aciers, on diminue légèrement la section d'aciers tendus nécessaire dans la première section ficti-
ve mais en contrepartie il faut en rajouter pour équilibrer la force de compression dans les aciers
comprimés. Le gain total étant faible, on mène souvent le calcul comme s'i! n'y avait pas d'aciers
comprimés.
364 Traité de béton armé

1. Si Y = 1,25 ho ~ 0,259 d soit ho ~ 0,207 d (pivot B) :

a) si d'~ 1,25 ho(l- ~~) : cr,c.o = hd

b) en cas contraire: {j,c 0


.,
= 700 (1- 125d' h
, 0
J (MPa)

2. Si Y = 1,25 ho < 0,259 d ou ho < 0,207 d (pivot A) :

a) si d'~1,25ho- j~ (d-l,25ho) : crscO=fed


2000 '

.
b) en cas contrarre: {jsc 0 = 2000 1,25 ho - d' (MPa)
, d-l,25 ho

Bien noter que ces valeurs de {jsc,o ne servent qu'à déterminer le moment MT,u et n'ont
plus à être utilisées dans la suite du calcul des annatures.
Les conclusions à tirer de la comparaison de Mz, à MT,lI sont les mêmes que lorsqu'il n'y
a pas d'aciers comprimés. Si Mz, > MT,II les sections d'armatures s'établissent aisément
par une décomposition en trois sections fictives.
Compte tenu de la remarque qui a été faite précédemment sur la non-nécessité
d'armatures comprimées dans les sections en T pour respecter l'état-limite de compres-
sion du béton en service, on ne prend ici en compte ces aciers que pour corriger (fai-
blemen,t !) la section des aciers tendus et non pour limiter la contrainte maximale de
compression du béton. Il en résulte que la notion de «contrainte de compression équiva-
lente O'sce » n'a ici aucun sens. La contrainte des aciers comprimés peut être prise égale
à!ed. Le moment que peut équilibrer la première section fictive est ainsi:

d'où /lI = Ml
2 puis Zb =0,5d ( 1+ ~1- 2J.ll) ou plus rapidement zb =d(l- 0,6/l 1)
bod fbu
et l'on obtient:

A =_1 [Ml + (b-bo)hoftm] + A' [7.96]


fed Zb
Chapitre 7 • Flexion simple 365

Organigramme de calcul d'une section en T à l'état-limite ultime

Attention

Mu - M2 (b - bol ho f bu
A= +----
zbofed fed

(Vérification de A min inutile l


Amin = ---
0,81 hv fe

Non
A=Amin

Terminé
366 Traité de béton armé

7.612 Dimensionnement à l'aide du diagramme parabole - rectangle


(dans le cas où A' == 0)
La section en T réelle peut être considérée comme obtenue en enlevant d'une section
rectangulaire bh une section rectangulaire (b - bo) (h - ho) (figure 7.51) :

~o

Figure 7.51

On affecte l'indice (l) à la première section fictive et l'indice (2) à la deuxième. On a :

On supppse que les conditions de déformation sont les mêmes pour les deux poutres ficti-
ves, et on commence par calculer pour la section rectangulaire de largeur b (section 1) :

a) Si on trouve a::; ho ,c'est que l'axe neutre tombe dans la table, et la section se com-
d
porte effectivement comme une section rectangulaire.
Le calcul peut donc être poursuivi, en déterminant: Zb = d (1- O,416a) et en prenant
A= Mu .
zbfed

b) Si on trouve a> ho , c'est que l'axe neutre tombe dans la nervure. Dans ce cas, on
. d
choisit une valeur al légèrement supérieure à a pour tenir compte de la réduction de
largeur lorsque l'axe neutre passe de la table à la nervure.
Les équations de compatibilité permettent d'écrire:

Ebc2 = Ebcl
a 2d 2 a1dl
Chapitre 7 • Flexion simple 367

[7.97]

Deux cas peuvent se présenter:


a) Si al ~ 0,259 (pivot B) on introduit dans la formule précédente Cbc\ = 3,5 %0, d'où:

C =-3,5- al -(ho/d)
--'--~--'-
bc2 1000 al

b) Si al < 0,259 (pivot A) on a: cbc1 = ~~ d'où, en portant dans [7.97] :


10001-al

10 al -(ho/d)
c
bc2
=---.!...;-~-:-'-
1000 (l-a ) l

Cbe2 étant connu, en posant À =~, on en déduit les valeurs du coefficient de remplis-
cbe2
sage \jf et du centre de gravité OG du diagramme des contraintes du béton par les formu-
les établies au § 7.5511-1 et rappelées ci-après:
- si 0::::; al::::; 0,1667 :
3À-l 4À-l
\jf=3F 8 - ---:-----,-
G - 4 (3À-l)

si 0,1667 < al::::; 0,259 :


2
À 8 _ À -4À+6
\jf=I--
3 G- 4(3-À)

L'abaque de la figure 7.52 permet d'obtenir les valeurs de \jf et oG sans calculs.
c) La marche à suivre est alors la suivante:
1°) Ayant choisi al on calcule d'abord le moment MI que peut équilibrer la première
section fictive et la section d'armatures Ai> correspondant à MI :

_ \jf bod aJ/m


et Al -
Ied
2°) Dans la deuxième section fictive, les équations d'équilibre fournissent le moment
M 2 et la section A2' une fois \jf et oG connus:

A = \jf(b - bo)(d - ho) a 2 ftJU


2
J:d
368 Traité de béton armé

3°) On adopte comme valeur de la section d'aciers tendus A cherchée

Si Ml - M2 diffère trop de M,,, il faut recommencer avec une valeur de al. inférieure si
Ml - Mz > M" ou supérieure si Ml - Mz < Mu, à la valeur prise en compte dans le pre-
mier calcul.

\jf

0,9 ~---,-----r-'~~"'1--~- -1"'- - - -,. - - - - . , - - - - - T--~-~f"'- -- ~ '1--" - -r'~ .'-. ""r- - - - - "1: - - - - - , - - - - ~.,-- - --T- ~ ---r - - ~ ,. "'-- 0,42
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o 2 3 3,5

Figure 7.52
Chapitre 7 • Flexion simple 369

Remarque:
À condition que l'axe neutre tombe dans la nervure, cette méthode peut se générali-
ser sans difficulté au cas où il y aurait des aciers comprimés (ainsi qu'au cas de la
flexion composée, voir § 8.31).
Il suffit de calculer la section AI selon les méthodes exposées en tenant compte des
aciers comprimés (et! ou de la présence d'un effort normal).
Rien n'est changé en ce qui concerne le calcul de la section A2•

7.62 Dimensionnement par l'état-limite de service


Ce dimensionnement ne s'impose pas en cas de fissuration peu préjudiciable, où il suffit
de dimensionner par l'état-limite ultime selon le § 7.61.
II faut déterminer tout d'abord la valeur du moment MT.ser correspondant au cas limite
où l'axe neutre tombe à la partie inférieure de la table, c'est-à-dire OÙYI = ho:
a) Si Mser < MT,ser (yI < ho ) l'axe neutre tombe dans la table: la section se comporte
comme une section rectangulaire dont la largeur serait égale à la largeur b de la table.
b) Si Uer> MT,ser (yI> ho) l'axe neutre tombe dans la nervure, cas étudié au § 7.622.

7.621 Calcul de MT,ser


À l'état~limite de service, le diagramme des contraintes est un diagramme triangulaire
(figure 7.53).

ho
z=d--
3

Figure 7.53

Premier cas: II n'y a pas d'aciers comprimés (A' = 0) :


Le moment maximal que pourrait équilibrer la table seule de largeur b, dans le cas limi-
te où l'axe neutre tomberait à la partie inférieure de la table (yI = ho), serait:
370 Traité de béton armé

Comme, pour l'acier tendu, on cherche à atteindre la contrainte maximale crs, on a


(triangles semblables) :

cr, -ho- d" ou


cr =-' M =~d-(ho/3)bh2 [7.98]
he 15 d-ho T,ser 30 d _ h 0
o

_crs d-(ho/3). _ 2
OU encore, en posant kT - - • MT ser - kTbh O •
30 d-ho '

Le tableau 7.8 donne les valeurs de kT pour MT,ser en MNm, b et ho en m. (M1: ser est
généralement très faible, de sorte que le cas le plus fréquent est celui où l'axe neutre
tombe dans la nervure).
Deuxième cas: il y a des aciers comprimés
Si la table comporte des aciers comprimés dont la section A' a été fixée a priori, on a,
pour ces aCIers:

et M =~ d-(ho/3) bh2+A'crs ho-d'(d_d') [7.98 b]


T,ser 30 d- h
o
0 d- h
0

a) Si Mser < M T.ser l'axe neutre tombe dans la table: la section se comporte comme une
section rectangulaire dont la largeur serait égale à la largeur b de la table.
b) Si Mser> MT,ser l'axe neutre tombe dans la nervure et le calcul doit être conduit com-
me indiqué ci-après au § 7.622-2.
Tableau 7.8. Valeurs de kT = MT, seri bh02
- ho/d
Fissuration 1c28 crs
(MPa) (MPa) 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30
::; 40 250 8,35 9,31 9,72 10,18 10,71
45 253 9,05 9,42 9,83 10,30 10,83
Préjudiciable 50 264 9,45 9,84 10,27 10,76 Il,31
55 275 9,84 10,24 10,69 Il,20 11,78
60 285 10,21 10,63 11,09 11,62 12,21
::; 40 200 7,16 7,45 7,78 8,14 8,57
45 202 7,23 7,53 7,86 8,23 8,66
Très
50 211 7,55 7,86 8,21 8,60 9,04
préjudiciable
55 220 7,88 8,20 8,56 8,96 9,43
60 228 8,16 8,49 8,87 9,29 9,77
Chapitre 7 • Flexion simple 371

7.622 Calcul de Aser lorsque Mser> MT,ser

7.622-1 Premier mode de calcul, avec une valeur approchée de z


(valable lorsqu'il n'y a pas d'aciers comprimés)
La partie de la zone comprimée située sous la table peut être négligée (aire faible vis-à-
vis de celle de la table; contraintes faibles dans cette région).
En repérant la position de Fbc par sa distance eT à l'axe XX' passant à mi-épaisseur de la
h
table, on a (figure 7.54) : z = d _...!L+ eT'
2

Partie négligée

Figure 7.54

eT s'obtient en écrivant que les moments statiques par rapport à l'axe XX' du trapèze
aeccl et du triangle bec sont égaux (le moment statique du rectangle abccl est nul). On
arrive ainsi à :

Compte tenu des valeurs usuelles de li, on peut admettre, comme expression appro-
cl
chée, la formule suivante, valable pour 0,10::; ho ::; 0,30 : z = 0,99 cl -0,4 ho
cl

Pour des tables minces et des poutres hautes ( ho :::: 0,10 à 0,20), la valeur z = 0,93 d
cl
est généralement préférable. On adopte aussi parfois z =cl - ho comme dans le calcul à
2
l'état-limite ultime.
372 Traité de béton armé

Toutes ces expressions conduisent en définitive à des sections d'armatures différant


généralement peu les unes des autres, et que l'on obtient à partir de la formule:

A
ser
= M ser [7.99]
zas
Quelle que soit la valeur de z adoptée, il faut s'assurer que la section Aser trouvée par
[7.99] est bien telle que Aser;;::: Amin.

7.622-2 Deuxième mode de calcul (valable qu'il y ait ou non des aciers comprimés)
Dans ce mode de calcul, plus précis que le précédent, on se fixe abc a priori, tel que:

crs (d ho
15 _ hJ -- cr bc <
- cr bc
(par exemp 1e crbc = 8 ou 10 MPa)

15a
On calcule alors YI =Œld = be (> ho par hypothèse)
15abe + crs

- y -dl
et cr se = crs _1-
d-YI

ainsi que les forces élastiques, les bras de levier et leurs moments par rapport aux aciers
tendus, en considérant la zone comprimée comme différence de rectangles (figure 7.56).
Les résultats sont présentés sous forme d'un tableau (tableau 7.9).
S'il n'Y'a pas d'aciers comprimés, le calcul de a se est inutile (de toute manière, d'est
alors indéterminé et il suffit de faire A' = 0 dans tout ce qui suit).

Figure 7.55
Chapitre 7 • Flexion simple 373

Tableau 7.9
Bras de
Forces Moments
levier
1
Fbel = -crbebYI ZI =d-!J.. Fbel ZI
2 3

-F =_!cr (b-b )(YI- hO)2 2ho


Z2 = Z I - - - Fbc2 z 2
be2 2 be 0
3
YI
F:·e = A'crsc Zs =d-d' Fse (d - d') = A' crse (d - d')
Fbse = Fbel - Fbc2 + A' crsc Mb = Fbc1 ZI - Fbc2 Z2 + A' crse (d - d')

Si la valeur de crbc choisie a priori était la bonne, on aurait Mb = User. En général, il n'en
est pas ainsi. La section Ab d'armatures correspondant à Mb étant:

(m,MN, MPa)

on prend comme valeur approchée de A : A =Ab M ser .


Mb
II n'est pas nécessaire d'avoir une valeur Mb très voisine de User pour avoir une ap-
proximation acceptable sur A.
Toutefois, si Mt) est très différent de User on peut chercher une meilleure approximation
en recommençant avec une nouvelle valeur de crbc :
- inférieure à la première si Mb >Mser ;
- supérieure à la première si Mb < User.

La valeur de Z est donnée par: Z = Mb .


Fbsc

7.63 Calcr.1 des contraintes normales en service


Lorsque l'on désire connaître la valeur des contraintes normales à l'état-limite de servi-
ce, par exemple lorsqu'il faut calculer les flèches en service, on opère comme suit (on
traite ici le cas général où il y aurait une armature comprimée).
En supposant que l'axe neutre tombe dans la nervure (voir ci-après comment le savoir)
on considère la zone comprimée comme la différence du rectangle AA'B'B et des deux
rectangles BCDE, B'C'D'E'.
374 Traité de béton armé

1-oE1;------ b -------iOi

~h
d
1-hO:t-m1C
2 il 1
œBEE'
~I~---~
/
/
/
/
/
,,/

j
/
/
/
/
A /
/

crs
15

Figure 7.56

L'équation des moments statiques (voir [7.11]) s'écrit:

ou encore

[7.100]

Le moment d'inertie de la section homogène réduite est:

[7.101]

Les contraintes normales (unités: m, MNm, MPa) se calculent par:

(la connaissance de O'se n'est généralement pas nécessaire).

Condition pour que l'axe neutre tombe dans la


nervure:
L'équation [7.100] est de la forme
. /(;;1) = ay: +f3YI +y = 0 avec a> 0, f3 > 0 et
y < 0; comme yI a est négatif, cette équation a
deux racines de signes contraires.
L'axe neutre tombe dans la nervure si ho est infé-
rieur à la racine positive, c'est-à-dire sij{ho ) ::; O.

Figure 7.57
Chapitre 7· Flexion simple 375

Sij(ho) > 0 l'axe neutre tombe dans la table et les formules [7.100] et [7.101] ne sont
plus valables.
Il faut appliquer alors les formules [7.85] et [7.86] données pour les sections rectangu-
laires, en y remplaçant bo par b, largeur de la table.

7. 7 APPLICATION DE L'EC2 AU CALCUL


DES SOLLICITATIONS NORMALES

7.71 Notations
BAEL EC2
Résistance caractéristique du 1c28 Ick
béton
Résistance de calcul
J;bu =085
, 8Jc28
'Yb
f cd = Jck (J,cd = 8085
JbU)
,
Yc

Limite d'élasticité de l'acier le J;,k


Limite d'élasticité de calcul J,cd -- Je Jyk
Jyd =-"-
Ys Ys
Dimensions d'une section bo h bh
rectangulaire
Sections des armatures A,A' As, Asc
Moments de flexion de calcul Mw Mser MEd (MEd,lI; MEd,ser)
Moment « réduit» Jlbu Jld
Moment limite ultime JlIIJ (NfJII) Jllim (Miim)
Efforts normaux de calcul N", N ser N Ed (NEd.u ; NEd.ser)
Hauteur de l'axe neutre x
y;a=~ x; ç= d

Les hypothèses fondamentales ont été énoncées au § 5.212.


376 Traité de béton armé

7.72 Section rectangulaire en flexion simple


Pour une section rectangulaire bd, soumise en flexion simple à un moment ultime MEdIl' le
déroulement du calcul ne diffère pas sensiblement de celui indiqué aux § 7.5 et § 7.6, sur-
tout si l'on adopte pour l'acier le diagramme à palier horizontal (figure 7.58). Nous nous
attachons donc plutôt aux changements qu'apporte l'adoption d'un diagramme à branche
inclinée. Ce qui suit n'est applicable qu'aux bétons de classe au plus égale à C 50/60.
Les formules données ci-aprés correspondent à l'utilisation du diagramme parabole-
rectangle.

7.721 Diagramme de calcul de l'acier


Comme cela a déjà été rappelé au § 5.221-b, deux options sont possibles (figure 7.58) :
- adoption d'un diagramme de calcul à palier horizontal, sans aucune limite
d'allongement. Dans ce cas, ce qui a été dit pour les Règles BAEL s'applique intégra-
lement;
- adoption d'un diagramme avec branche inclinée, l'allongement étant limité à 0,9 êllk.

0"

kfyk
f
yk
---------L--~----
--. . --
,A
1
___ ..... _ - - - . - -- - - - : kfyk/ys
1 1
1
1 k = (ftlfY}k
1
1
1 ® Diagramme idéalisé
1
1
1
1
® Diagramme de calcul
1
1
<------'-I-------~ E >
fYd lEs Eud=O,9Euk

Figure 7.58

La pente de la branche inclinée du diagramme idéalisé est (car les coordonnées du point
A de la figure 7.58 sont en réalité êllk ; !if;'k et non êlld ; Jg;'k) :

ê Il'''
--'-
ulr E
s
Chapitre 7 • Flexion simple 377

C'est aussi celle du diagramme de calcul déduit du précédent par l'affinité de rapport
1 / Ys parallèlement à la droite de Hooke. Compte tenu des valeurs adoptées par l'EC2
pour Euk et pour le rapportfrk/fyk (tableau 2.10 au § 2.372), on aboutit aux expressions

suivantes, valables pour Es ;;:: J;'d (avec J;'d = fvk ) :


Es Ys
Aciers à ductilité normale (B500A): crs = 0,9944 j~d + 1111,1 Es

Aciers à haute ductilité (B500B) : crs = 0,9958 !)'d + 842,1 Es


PourJ;k = 500 MPa et Ys = 1,15 on a ainsi:
- pour les aciers de classe A (Eud = 0,0225) :
crs{MPa)=min[432+1111,lEs ;457] [7.102]

- pour les aciers de classe B (Eud= 0,045):


crs (Mpa) = min[433 +842,1 Es; 471] [7.103]

7.722 Section rectangulaire sans aciers comprimés


{J.ld :::; j.J.,lim, voir § 7.723)
Si l'on adopte pour l'acier le diagramme à palier horizontal et pour le béton le dia-
gramme rectangulaire, la marche du calcul et les formules à appliquer sont, aux nota-
tions près-, rigoureusement les mêmes que pour les Règles BAEL, mais attention, la
contrainte !cd de l'EC2 revient à adopter e = 0,85 pour calculer la contrainte fbu qui appa-
raît dans ces formules.
Si l'on adopte pour l'acier le diagramme à branche inclinée avec la limitation de
l'allongement à Eud et, pour le béton, le diagramme parabole-rectangle, la marche du
calcul est sensiblement modifiée.
Bien que le terme «pivot» n'appartienne pas au vocabulaire de l'EC2, nous réintrodui-
sons ici ce terme utilisé par les Règles BAEL. Mais, par rapport à ces dernières, le pas-
sage d'un allongement limite de 10 %0 à un allongement de Eud (22,5 %0 pour les aciers
de classe A, 45 %0 pour les aciers de classe B) entraîne des modifications importantes de
certaines données des paragraphes 7.431-1 et 7.511-1 du présent texte.
Ainsi, la position frontière AB du diagramme des déformations correspond à une posi-
. d' axe neutre d'fi
tIon . par x = d
e mIe 3,5 .
SOIt:
. 3,5 + 1000 E"d

X = 0,1346 d pour les aciers de classe A (l; = xl d = 0,1346)


x = 0,07216 d pour les aciers de classe B (Ç = xl d = 0,07216).
378 Traité de béton armé

Les moments frontières correspondants sont définis par !l = '1' ç (1 - ÔG ç) (voir formule
[7.26]) avec: '1' = 0,81 et ôG = 0,416, d'où:
!lAB = 0,1032 pour les aciers de classe A et
!lAB = 0,0567 pour les aciers de classe B.

7.722-1 Aciers de classe A


Les équations de compatibilité [7.1 a et b] du pivot A deviennent, pour ç :s 0,1346 :

22,5 1; 22,5 1;-8'


E =---- E =----
c 1000 1-1; sc 1000 1-1;

Le paramètre À permettant le calcul des coefficients de remplissage et des coefficients


de centre de gravité (§ 7.511-1) est égal à:
2 1-1;
À=--
22,5 1;

d'où, les fonctions 'l'(À) et ôeCÀ) pouvant être trouvées au § 7.511-1 :


- pour O:S ec:S 2 %0 ou O:S ç:s 0,08163 :
_ 15 1; (3 - 14,25 1;) 8 = 8-30,51;
'If - 4 (1-l;f G 4(6-28,51;)

- pour 2 %0 :s Cc :s 3,5 %0 ou 0,08163 :s ç :s 0,1346 :


69,51;-2 8 _ 3221,51;2-1881;+4
'If= 67,51; G- 901;(69,51;-2)

, .
Le moment « redutt » est I-ld = M 2Edll' avec !cd =~ .
i
bd fcd Yc
a) Si !ld:S 0,1032 (voir ci-avant):
Le tableau 7.10 donne les valeurs numériques de '1' et <>a en fonction de ç ainsi que cel-
les de !ld = 'l'ç (1 - ôG ç). Les valeurs de ç inférieures à 0,06 ne sont pas considérées, car
elles conduisent à une section A inférieure à la section mimimale requise.
La contrainte de l'acier étant, au pivot A, invariable et, dans le cas présent, égale à
crs = 457 MPa pour un acier B500A, il est pratique d'exprimer ici la section des
armatures en utilisant l'équation d'équilibre des forces soit:

A = 'If b Xli i'd = ('If 1;)b d !cd


Os 457
Chapitre 7 • Flexion simple 379

La quantité '" 1; est une fonction sensiblement linéaire de Ild dans l'intervalle de
variation de ce dernier. Pour une estimation approchée de la section A, on peut ainsi
prendre:

A = 1,075 Ild -0,0016 bd f


457 cd

b) Si !ld> 0,1032 :
De la relation Ild = 0,81 1; (l - 0,4161;) [7.1 04]

on tire: 1; = X u = 1,20 (1- ~1- 2,06 Ild )


d
d'où:

-l'allongement de l'acier tendu: Es = ~ 1-1; puis ()~ par [7.102]


1000 1; .
- le bras de levier: z = d (1 - 0,4161;)

- et la section d'acier: As = Mu.lI


Z crs

7.722-2 Aciers de classe B


Les équations de compatibilité [7.1 a et b] du pivot A deviennent, pour 1;::; 0,07216 :
45 1; 45 1;-8'
E =---- E =----
c 1000 1-1; sc 1000 1-1;

Le paramètre À. permettant le calcul des coefficients de remplissage et des coefficients


de centre de gravité (§ 7.511-1) est égal à:

2 1-1;
À=---
45 1;

d'où, les fonctions ",(À.) et oG(À.) pouvant être trouvées au § 7.511-1 :


- pour °: ; Sc ::; 2 %0 ou °: ; 1; ::; 0,04255 :
8 _ 8-531;
G - 4(6-511;)

~ pour 2 0/00 ::; Sc ::; 3,5 %0 ou 0,04255::; 1;::; 0,1346 :

1371;-2 8 _ 62571;2-1841;+2
\11= 1351; G- 901;(1371;-2)
380 Traité de béton armé

a) Si ~d ~ 0,0567 (voir ci-avant) :


Le tableau 7.10 donne les valeurs numériques de 'If et QG en fonction de ,; ainsi que cel-
les de ~d = 'If'; (1 - QG ';). Les valeurs de'; inférieures à 0,05 ne sont pas considérées, car
elles conduisent à une section A inférieure à la section mimimale requise.
La contrainte de l'acier étant, au pivot A, invariable et, dans le cas présent, égale à
471 MPa pour un acier B500B, on a :
<Ys =

A = Wb XII led = (w ç) b d Jed


<Ys 471

La quantité 'If'; est une fonction sensiblement linéaire de ~d dans l'intervalle de


variation de ce dernier. Pour une estimation approchée de la section A, on peut ainsi
prendre:

A = 1,035 Ild - 0,0005 b d f


471 cd

b) Si,ud > 0,0567 :


La marche à suivre est la même que pour les aciers de classe A (§ 7.721-b ci-avant). La
contrainte <Ys est donnée par [7.103].
Tableau 7.10. Paramètres du pivotA (EC2).
Classe de l'acier ç ÔG !l ",ç
0,06
0,07
'"
0,5462
0,6078
0,3596
0,3661
0,0321
0,0415
0,0328 .
0,0425
0,08 0,6593 0,3740 0,0512 0,0527
0,09 0,7004 0,3822 0,0609 0,0630
A 0,10 0,7333 0,3909 0,0705 0,0733
0, Il 0,7603 0,3990 0,0800 0,0836
0,12 0,7827 0,4064 0,0893 0,0939
0,l3 0,8017 0,4l31 0,0986 0,1042
0,l346 0,8095 0,4162 0,1032 0,1093
0,05 0,7185 0,3868 0,0352 0,0359
0,06 0,7679 0,4015 0,0450 0,0461
B
0,07 0,8032 0,4136 0,0546 0,0562
0,07216 0,8095 0,4162 0,0567 0,0584
Chapitre 7· Flexion simple 381

7.722-3 Section minimale


L'EC2 propose, pour respecter la condition de non-fragilité:

As,min =max{0'26 fcll1l bl d ; 0,0013 bl d}


fyk

avec:
!clm: résistance moyenne à la traction du béton (tableau 2.4)
bt : largeur moyenne de la zone tendue (pour une section rectangulaire, bl = b ;
pour une section en T dont la table n'est que partiellement comprimée, seule la
largeur de l'âme est prise en compte dans le calcul de bl ).
La maîtrise de la fissuration requiert, par ailleurs, de prévoir aussi une section minimale
d'armatures (voir § 15.21). La plus défavorable des deux est à retenir.
Pour les éléments secondaires où un certain risque de rupture fragile peut être accepté,
si la section As obtenue par le calcul à l'ELU est inférieure à As.min défini ci-avant, la
section à retenir peut être prise égale à 1,2 As.

7.723 Section rectangulaire avec aciers comprimés (J..ld > J.!lim)


Des aciers comprimés sont nécessaires dans trois circonstances:
1. Il s'agit d'une section rectangulaire appartenant à une poutre ou à une dalle ayant fait
l'objet d'une analyse linéaire avec redistribution et dans laquelle la condition sur
(xj dlim ) n'est pas satisfaite (voir § 3.524)
2. L'allongement Es de l'acier est inférieur àJ;d/ Es. La contrainte de l'acier est inférieu-
re à J;d, l'acier est mal utilisé.
3. Le moment de flexion à l'état-limite ultime est tel qu'une vérification de la contrainte
maximale du béton en service montrerait que la contrainte limite 0,6!ck est dépassée
(voir § 5.351-1).
À chacun de ces trois cas correspond un moment limite « réduit» J.llim (ou un moment
limite .Mim = J.llim bd 2!cd) et des aciers comprimés sont nécessaires dès que J.ld> J.llim (OU
MEd.u > .MinJ
Les valeurs correspondant à chacun de ces trois cas sont les suivantes:
JO) Moment limite réduit correspondant aux conditions de la redistribution: J.llim, r
382 Traité de béton armé

Le tableau 7.11 donne les valeurs de ç = (XII / dlim ) et de J-llim pour différents pourcen-
tages de redistribution.
Tableau 7.11
Pourcentage de redistibution Ô ~im Illim

1 0,448 0,295
°
5 0,95 0,408 0,274
10 0,90 0,368 0,252
15 0,85 0,328 0,229
20 0,80 0,288 0,205
25 0,75 0,248 0,180
30 0,70 0,208 0,154

r) Moment limite réduit correspondant à une bonne utilisation de l'acier l'acier: J-llim,s

Dans ce cas, la condition à satisfaire est crs ?:.};d soit pour un acier B500 A ou B :

avec Es = 200 000 MPa

soit ç~ 700
700+ f Yd

Pour.t;d = 435 MPa : Çlim = 0,617 et, par la formule [7.104] : ,ulim,s = 0,371.
3°) Moment limite réduit correspondant au respect de la limitation de la contrainte du
béton en service (voir § 5.351-1): J-llim,c
Ce moment limite n'est à considérer que pour les classes d'environnement XD, XS et
XF [tableau 4.1]. Le moment limite dépend de la classe du béton et du rapport y du
moment ultime au moment de service, évalués respectivement à partir des combinaisons
d'actions données au § 3,421-2 et § 3,422-2 (états-limites STR d'une part et combinai-
son caractéristique d'autre part), en considérant le même cas de charge.
Si l'on utilise pour le béton le diagramme rectangulaire et pour l'acier, le diagramme
bilinéaire à palier horizontal, J-llim,c prend les mêmes valeurs que le moment ultime réduit
J-l/ll défini au § 7.513, à condition de prendre e = 0,85 (tableaux 7.3, 7.4 et 7,5, abaque de
la figure 7.36 ou formule approchée [7.50] )
Ces valeurs devraient en principe être recalculées en cas d'utilisation du diagramme
parabole-rectangle pour le béton et du diagramme à branche inclinée pour l'acier, car,
dans ce cas, la contrainte de ce dernier quand J-llim,c est atteint est supérieure à .1;." et in-
connue a priori. Cependant, on ne commet qu'une erreur assez faible, sans grande
conséquence pratique, en adoptant là aussi les mêmes valeurs que J-l11I déterminé avec
e = 0,85.
Chapitre 7 • Flexion simple 383

Comme on l'a vu au § 7.52, le fait de mettre des aciers comprimés a pour effet de « fi-
ger» le diagramme des déformations. La hauteur relative de l'axe neutre ne change
plus, quel que soit le moment agissant MEd,1I supérieur au moment limite Mtim, et conser-
ve toujours la même valeur ~lim = (x / d)lim correspondant à ce dernier. Comme le rac-
courcissement du béton atteint 3,5.10-3 (dans le cas considéré où j~k ~ 50 MPa), les
allongements ou raccourcissements des aciers sont complètement déterminés, et ce sont
les aciers comprimés qui, seuls, équilibrent l'excèdent de moment MEd.1I - Mtim, propor-
tionnellement à celui-ci.

Premier cas : ~lim résulte des conditions imposées pour la redistribution des moments
(tableau 7.11 ci-avant)

Ona:

- pour les aciers tendus: Es =~ 1-çlim d'où crs par [7.102] ou [7.103]
1000 Çlim

- pour les aciers comprimés: Esc = ~ Çlim -(d'/d) d'où crsc par [7.102] ou [7.103]
1000 Çlim
• Section des aciers comprimés

On calcule Mtim = /llim,r beP !cd < M Ed.1I par hypothèse. On a alors:

MEd,,-M lim (m2 , m, MN, MPa)


A= '
(d -d')a sc
• Section des aciers tendus: avec z = d (1 - 0,416 ~lim)

A = M lim + Asc a se (m2, m, MN, MPa)


z as as
(voir l'organigramme page 384).
Deuxième cas : ~lim résulte de la condition imposée pour la contrainte de l'acier.
La marche du calcul est la même que dans le cas précédent, en entrant avec ~lim = 0,617,
/llim"s = 0,371 (voir ci-avant) d'où Mjim = 0,371 beP!cd,O:s = !yd (= 435 MPa),
Esc = (3,511000)[0,617 - (d' 1d)] d'où O'sc par [7.102] ou [7.103] et z = 0,743 d
'(voir l'organigramme ci-après)
Troisième cas : ~lim résulte de la condition imposée pour la contrainte de compression
du béton en service.
384 Traité de béton armé

Organigramme EC2 - Section rectangulaire - Contrainte du béton non limitée

, ,d' fek fyk .


b, h, d, d , 0 = ëï ' fcd = Yc ' fyd = Ys ' MEdu ' ACier B500 A ou B500 B
(A) : crs = 432 + 1111,1 Es S 457 MPa (B) : crs = 433 + 842,1 Es S 471 MPa

Vérifier A;;: Amin Vérifier A;;: Amin

3,5 1-ç 3.5 1-çt.im


&s= 1000 -ç- Esc = 1000 Çtim
Ç,Cim - 0'
Ç,tim

MEd crac
A= zç;- +Asc t;
Terminé Terminé

fckm
Amin = Max [0,26 -f- bd; 0,0013 bd]
ck

Terminé
Chapitre 7 • Flexion simple 385

Par rapport à la méthode exposée au § 7.52, le problème se complique ici du fait de la


variation des contraintes des aciers tendus ou comprimés en fonction de leur allonge-
ment ou de leur raccourcissement, ce qui nécessite des itérations et le recours à un pro-
gramme de calcul approprié. À défaut, compte tenu de ce que les variations des
contraintes sont faibles, on peut renoncer au bénéfice que représente l'emploi du dia-
gramme à branche inclinée de l'acier. La marche du calcul est alors rigoureusement la
même que celle exposée au § 7.52.
On ne redonne ici, pour ce troisième cas, que les formules à appliquer lorsque la section
des aciers comprimés n'est pas imposée, transposées en notations EC2 :
Moment limite ultime: Mjim = /llim,c bd:!cd
Moment agissant: MEd.II> Mjim par hypothèse
M Ed -M1im
Asc
,1I

= (d -d,) cr sce A
s
= M lim + Ascrc
see
'
Z fvd fYd
est donné par la formule [7.65 ter] en y remplaçant!c28 par !ck, et le coefficient 13
(Jsce

par 13,5 (y = MEd.1I 1MEd,ser).

7.724 Sections en T
Les paragraphes 7.61 et 7.63 s'appliquent intégralement, moyennant les adaptations de
notations nécessaires.

7 .. 8 AUTRES FORMES DE SECTIONS


Les développements qui suivent supposent l'utilisation des Règles BAEL.

7.81 Section carrée simplement fléchie


dans un plan diagonal

7.811 Calcul à l'état-limite ultime


Nous résolvons ce problème car nous en utiliserons les résultats dans l'étude de la
flexion déviée (voir chapitre 9).
386 Traité de béton armé

Figure 7.59

Soit b le côté du carré (figure 7.59).


La section diminuant de largeur vers les fibres les plus comprimées, il faut prendre ici:

l' = 0,80 I c 28 ( et non


l' 0,85
=----
11:28 )
lbu e 15
,
lbu
e 1,5

Dans ce qui suit, on désignera par y' la hauteur de la zone comprimée. Si y désigne la
profondeur de l'axe neutre, on a : y' = 0,8 y.

La hauteur totale de la section dans le plan de flexion est h =b.J2 . Elle est choisie
comme longueur de référence. On pose donc: =y'/ h . a'
À la distance y' de l'angle le plus comprimé, la largeur de la section est:
- by ' = 2y' si y'~ h/2 (a' ~ 0,5)
- b y ' = 2 (h - y') si y'> h/2 (a' > 0,5)
er
1 cas: y'~ h/2

Les équations d'équilibre s'écrivent: ~by.y'j;m = Aled

ou encore [7.105]

et

ou en posant 8 = d/h : Il
ru
= hMu
3 l' =a'2(8-~a')
3
[7.106]
lbu
Chapitre 7 • Flexion simple 387

J-lu et 8 étant connus, l'équation du troisième degré [7.106] donne (J.' et l'équation
[7.105] donne:

4 = (J.12 h2j'bu
1 fed

Les deux équations [7.105] et [7.106] ne sont valables que pour le cas étudié, à savoir
$;
(J.' 0,5 ou encore:

Il
rhu
$;~(8-~)
4 3

(si 8 = 0,9 on trouve J-lbu :s 0,142).


20 Cas: y'> h/2 ((J.' > 0,5)

La zone comprimée est considérée comme la différence d'un grand triangle de hauteur
y' et de deux triangles latéraux de hauteur y"= y' - h/2 (figure 7.60) :

-----------f-------------
h
2 y'

y"
_______ ____
-1----- ~~j, _________ J~~: ____----------(---~)
~_?__ .L ____~
1'" 2y' " f+- 2y" -+1
Figure 7.60

L'aire de la zone comprimée est :

Les distances des centres de gravité de ces triangles au centre de gravité des aciers sont,
respectivement:

La contrainte de l'acier tendu n'est égale àled que si:

E. = 3,5 (d - y) ~ fed avec y =1 25y'


., 1000 y Es "
388 Traité de béton armé

ce qUI correspon d"a: a:::; -560


o

-Ù-
700+ led
Dans le cas où il en est ainsi, les équations d'équilibre conduisent à :

Ale" =B'hu
Mu =hu[y'2 ZI _2y .. 2(ZI -h/6)]

ou encore: Aled =a'(2 -a')--.!.


h2hu 2

Mais en pratique nous n'avons pas besoin de ces expressions, car il faut prévoir des
aciers comprimés pour respecter l'état-limite de compression en service, ce qui limite a'
à moins de 0,5 comme on va le voir ci-après.

7.812 Calcul de la section d'aciers nécessaire pour respecter


l'état-limite de compression du béton en service

"---_ ...... - - - - - - ......--:::--


O"s Fs
15

Figure 7.61

Supposons, comme on l'a fait dans l'étude des sections rectangulaires, que la contrainte
limite abc soit atteinte sur la fibre la plus comprimée, et cherchons la section Aser qui
serait nécessaire pour équilibrer, dans cette hypothèse, le moment de service À1sl'ro
À la profondeur ç, la largeur de la section est br. = 2 ç et la contrainte du béton est:
a ç -- -a
be
YI-Ç
YI
Chapitre 7 • Flexion simple 389

La force élémentaire sur un rectangle bç cfÇ est donc: dFbc =bçCJçdÇ = 2Çcr çdÇ d'où la
force de compression s'exerçant sur le béton de la zone comprimée:

Fbc
YI 2a YI
= JdFbC =---ÉE... JÇ(YI - ç) dÇ =- YI crbc
1 2-

o YI 0 3

Le moment de la force élémentaire par rapport aux aciers tendus est: (d - ç) dFbc

d'où l'on tire al (OUYI = alh).

Le bras de levier Zb vaut: Zb = M ser =d - 2i


Fbc 2

.
La contramte de l' aCIer
" etant crs = 15 -crbc - YI, on a
d -- Aser = [ M ser /] .
YI crs d - (YI 2)

7.813 Discussion: moment-limite ultime


La définition du moment-limite ultime est la même que pour une section rectangulaire
(voir § (.513).
Ce moment-limite est atteint lorsque Au = Aser. Un programme de calcul, dû à 1. Roux,
conduit au tableau 7.12, valable pour des aciers Fe E 400. Ce tableau n'a pas été actuali-
sé pour l'acier Fe E 500. On dimensionnera donc les sections comme si l'acier utilisé
était un acier Fe E 400.
Dans ce tableau, la première ligne donne Il/II; la seconde donne la valeur a' / de a' cor-
respondant à Ilbll = il/li'
390 Traité de béton armé

Tableau 7.12. Section carrée fléchie dans un plan diagonal. Valeurs de J.1Iu et de a',
1c28 (MPa)
Fe E400 y
20 22 25 30
J!11I 0,0574 0,0632 0,0712 0,0832
1,35
a'/ 0,2724 0,2883 0,3089 0,3385
J!/li 0,0621 0,0682 0,0767 0,0893
1,40
a'/ 0,2857 0,3013 0,3214 0,3529
d= 0,90 h
J!/li 0,0670 0,0734 0,0823 0,0956
1,45
a'/ 0,2961 0,3139 0,3361 0,3670
J!/li 0,0720 0,0788 0,0882 0,1020
1,50
a'/ 0,3089 0,3263 0,3505 0,3832
J!/li 0,0488 0,0537 0,0605 0,0707
1,35
a'/ 0,2566 0,2715 0,2916 0,3192
J!/li 0,0528 0,0580 0,0652 0,0759
1,40
a'/ 0,2686 0,2831 0,3055 0,3325
d= 0,95 h
J!/li 0,0569 0,0624 0,0700 0,0813
1,45
a'/ 0,2802 0,2972 0,3192 0,3483
J!/li 0,0612 0,0670 0,0750 0,0868
1,50
a'/ 0,2944 0,3083 0,3299 0,3612

On constate que les valeurs de J!//I sont toujours inférieures à la valeur frontière 0,142
au-delà de laquelle la section comprimée change de forme.
Il faut prévoir des aciers comprimés dès que J!/JlI > J!//I.
a) Cas où !lvu ::; J!//I :
Dans ce cas, pour des armatures HA Fe E 400, on peut interpoler entre les valeurs du
tableau 7.13 ci-après qui donne p = Afd en fonction de )..lu = ~~ . Connaissant p, on
h };,II h fbu
2
en déduit A = ph 1bll .
fed
Bien entendu, selon les valeurs de 1c28 et de y, les valeurs de p correspondant à des va-
leurs de J!hu supérieures à JAiu (voir tableau 7.12) ne sont pas à considérer.
Chapitre 7 • Flexion simple 391

Tableau 7.13

f..Lbu P = 0,95 P = 0,90


0,005 0,0057 0,0059
0,010 0,0113 0,0122
0,015 0,0174 0,0185
0,020 0,0237 0,0252
0,025 0,0300 0,0320
0,030 0,0365 0,0391
0,035 0,0430 0,0463
0,040 0,0500 0,0537
0,045 0,0570 0,0613
0,050 0,0639 0,0689
0,055 0,0713 0,0770
0,060 0,0787 0,0850
0,065 0,0861 0,0933
0,070 0,0939 0,1020
0,075 0,1017 0,1107
0,080 0,1098 0,1196
0,085 0,1178 0,1287
0,090 0,1263
0,095 0,1348
0,100 0,1433

b) Cas où J..lbll> f..L/1I :

Dans ce cas, des aciers comprimés sont nécessaires. Ces aciers sont déterminés comme
on ra fait pour les sections rectangulaires (§ 7.522-1) c'est-à-dire que l'on doit prendre:
AI~ Mil - J..llu h3hu
osce(d - dl)
dl
avec o.ce
.
= min { 9 y fc28 - k-
d
;

la grandeur k (MPa) pouvant être déterminée au moyen de la figure 7.62 (sur laquelle
les courbes très tendues représentant la variation de k en fonction de !c28 ont été assimi-
lées à des droites).
392 Traité de béton armé
k (MPa)

8 =0,90

800

ù = 0,95

600 ' - - - - - - - - - - ' - - - - - - - - - ' - - - - - - 3 > - f c28 (MPa)


~ ~ ~

Figure 7.62 (valable seulement pour des aciers Fe E 400)

On a ensuite

PI étant la valeur correspondant à !-lbll = !-lill que l'on peut lire dans le tableau 7.13 (in-
terpolations linéaires) et k - 9 Y11.'28 étant plafonné à!ed.

Remarque
Si l'on veut vérifier les contraintes, les formules à utiliser sont
- équation des moments statiques:
3
2l+ ISA' (YI -d')-lSA (d - YI)= 0
3
- moment d'inertie de la section réduite homogène par rapport à l'axe neutre:
Chapitre 7 • Flexion simple 393

7.82 Sections trapézoïdales

7.821 Petite base du côté comprimé


De telles sections se rencontrent dans certaines semelles de fondation sous points
d'appui isolés. Il s'agit des semelles en forme de tronc de pyramide (forme qu'un proje-
teur peut préférer à la forme parallélépipédique) et dans lesquelles les conditions
d'application de la méthode dite « des bielles» ne sont pas remplies.
Dans ce cas, la semelle est calculée par une méthode dite« des moments» (méthode du
CEB par exemple) et la section droite soumise au moment maximal a une forme trapé-
zoïdale (figure 7.63) :

~I«----- ~ ______~: bt
~:4------ 2 ------.~:
2 1 1

-----r -! T
1 1
1 1
~·-.I1,,_~.,.,., -----------
d1 1

__ tJ d

///
1-'---
1
1 1
••• 4\.
"
l
-_':.-"1
1
1

1
: ~!cr----------------b'----------------~ :
1 1
11<114----------------- b" - - - - - - - - - - - - + 1 . 1

Figure 7.63

La semelle porte un poteau de largeur b. Sa largeur au niveau du «collet» est bo (nor-


malement bo est légèrement supérieur à b). Sa largeur b' au niveau du sol n'intervient
pas dans la suite du calcul, si ce n'est que la section d'armatures trouvée doit être distri-
buée sur cette largeur.
On lui substitue la largeur fictive bit du trapèze dans le plan des armatures tendues (figu-
re 7.63).
On pose bit = bo + bl.
Si dl est la distance au plan du collet du point au-delà duquel la largeur de la semelle est
physiquement plafonnée à b', on a :

bl = (b ' - bo)~
dl

La méthode qui suit n'est applicable que lorsque la position de l'axe neutre est telle que
y::;; 1,25 ~, ce que l'on peut satisfaire par un choix convenable de dl et! ou vérifier a
posteriori.
394 Traité de béton armé

La section trapézoïdale de bases bl! et bo et de hauteur d est considérée comme résultant


de la superposition de deux sections fictives, l'une rectangulaire, de largeur bo et l'autre
triangulaire, de base br (figure 7.64).
Comme la largeur de la section diminue vers les fibres les plus comprimées, il faut
prendre:

1;,,, = 0,:0 ~C~8 (au lieu de 1;,,, = 0,:5 -;~8 habituellement, voir § 5.222-2b).
, ,

Figure 7.64

En posant y' = 0,8 y, les équations d'équilibre s'écrivent:

~
boY' h" + br y; j~" = (Al + A2)fed = A fed

1
a'+-f3 a,2 = p
2

Le tableau 7.14 donne les valeurs de p en fonction de I1bu et de f3 (interpolations linéaires) :

Connaissant Mu on peut donc calculer: /lbu = ~" d'où p.


bodh"
La section d'armatures cherchée est A = P bod hu .
fed
Chapitre 7 • Flexion simple 395

Cas de la fissuration préjudiciable ou très préjudiciable


Dans ce cas, on peut effectuer un calcul manuel par approximations successives, selon
la méthode indiquée en § 7.622-2 pour les sections en T.

Tableau 7.14. Sections trepézoïdales - Valeur de p = Afed


bodhll

~
Jl.bu
1 2 3 4 5 6
0,05 0,051 0,051 0,051 0,051 0,051 0,051
0,10 0,105 0,105 0,105 0,105 0,105 0,105
0,15 0,163 0,162 0,161 0,161 0,161 0,160
0,20 0,223 0,222 0,221 0,220 0,219 0,218
0,25 0,288 0,285 0,283 0,281 0,279 0,278
0,30 0,358 0,352 0,348 0,345 0,342 0,340
0,35 0,434 0,423 0,417 0,432 0,408 0,404
0,40 0,516 0,499 0,489 0,481 0,476 0,471
0,45 0,609 0,581 0,565 0,555 0,547 0,540
0,50 0,713 0,670 0,647 0,631 0,620 0,612
0,55 0,767 0,733 0,712 0,697 0,686
0,60 . 0,874 0,826 0,797 0,778 0,763

a y -
On se fixe la hauteur de l'axe neutre YI. d'où abc' = _s __
1- ::; ab •
. 15 d - YI e

En adoptant la décomposition en deux sections fictives de la figure 7.64, on calcule pour


chacune d'elles les résultantes FI. F2 des forces s'exercant sur la zone comprimée, ainsi
que les bras de levier ZI et Z2 de ces résultantes.
Tableau 7.15
Forces Bras de levier Moments

M 1 =~a
1
F.. =-abc
2
bOYI Z
1
=d-2i.
3 2 be b Y 1(d-2i.)
3

,+
F - bt
2 - 6d ah<.' YI
2
Z2 =d- 2i bl a/,(' YI d- YI)
Mz = 6d 2(
2 T
(+ A'a,J Cl) (d-d') (M3 = A' as('(d -d'))
Fbsc = F.. + F2 (+ A'asJ Mm = MI + M 2 (+M3 )
( 1) Si nécessaire, avec a sc =a,. YI - d'
d-YI
396 Traité de béton armé

Si la valeur de YI choisie a priori était la bonne, on aurait M bs = User. En général, il n'en


est pas ainsi, mais si M bs est relativement voisin de User, on peut prendre, avec une ap-
proximation acceptable:

Si M bs est très éloigné de User. on peut chercher une meilleure approximation en re-
commençant avec une nouvelle valeur de YI :
- inférieure à la première si Mbs > User;
- supérieure à la première si ~s < AIser.

Remarques:
1. Si l'on veut vérifier les contraintes, les formules à utiliser sont:
- équation des moments statiques

- moment d'inertie de la section homogène réduite par rapport à l'axe neutre

1 = hoY( +!2. Yt +15A' (y _d,)2 + 15A (d _y )2


1 3 d 12 1 1

2. Que ce soit à l'ELU ou à l'ELS, on commence par dimensionner en supposant


A' == O. Si la vérification des contraintes montre que abc> abc' il faut corriger la so-
lution en ajoutant des aciers comprimés (A') (et en recalculant la section A en
conséquence pour conserver l'équilibre des forces) jusqu'à avoir abc =:; abc .

7.822 Petite base du côté tendu


De telles sections se rencontrent dans certaines poutres préfabriquées. Pour le calcul, on
utilise à nouveau la décomposition en sections fictives. Les notations sont celles de la
figure 7.65.

~--b--~

--

Figure 7.65
Chapitre 7 • Flexion simple 397

On pose y' = 0,8 y. A la distance y' du sommet, dans la section @ on a: by' = (b - bo ) y'
h
Les équations d'équilibre s'écrivent

M =b J (d- Y')- 1 (b-bo )y,2 l' (d-'!:..Y')


bu y J bu 2 2 h J bu 3

Posons a'= y' . Il - -:M,.::-u_ ; p = Afed " A = (b-bo ) et Ô = d .


d ' rhu - bd 2Jhl' bdlI'
Yh
tJ b0 h

Les équations s'écrivent:


1
a'-- pô a,2 =p [7.107]
2

[7.108]

L'équation [7.108] peut s'écrire: pô a'3-.!.(1 + Pô) a,2 + a' -!lbu =0


3 2
Elle se résout soit par un programme approprié, soit par approximations successives,

manuellement. Une fois a' connu, l'équation [7.107] donne p et A =pbd hu .


fed
Cas de la fissuration préjudiciable ou très préjudiciable
Le calcul manuel par approximations successives, indiqué au § 7.721 est applicable. On
cr y -
se fixe la hauteur de l'axe neutre yI. d'où crhe = _s __ 1 -:::;; cr be
15 d - YI

Dans la décomposition en deux sections fictives, selon la figure 7.65, on a alors (ta-
bleau 7.16):
398 Traité de béton armé

Tableau 7.16
Forces Bras de levier Moments
1
F..=-abcbYI ZI =d- 2i MI
- 1
--abc b YI( d -YI)
-
2 3 2 3
_ b-bo 2
_M = b -bo a y2(d _1!J...)
- F2 - ~ abcYI Z2 = d-1!J... 2 6h bc 1 2
2
(+ AI asJ (1) (d-d l) (M3 = AI asc(d -dl))
Fbsc =F.. + F2 (+ AlasJ M bs =MI + M 2 (+M3 )
(1) Si nécessaire, avec a sc =-asy_1-d
-.
d-YI

Si Mbs est relativement voisin de User (il n'a pas besoin d'être rigoureusement égal) :

Si Mbs» User. recommencer, en diminuantYI'


Si N4s« User, recommencer, en augmentant YI.

Remarques:
1. Pour vérifier les contraintes, les formules à utiliser sont:
- équation des moments statiques:

moment d'inertie de la section homogène réduite par rapport à l'axe neutre:

1 =by; + (b-bo) y: +15A I(y -dl)2+15A(d-y)2


1 3 h 12 1 1

2. Que ce soit à l'ELU ou à l'ELS, le plus simple est de commencer à dimensionner


en supposant A' = O. Si la vérification des contraintes en service montre que
abc> abc ,il faut corriger la solution en ajoutant des aciers comprimés (et en recal-
culant la section A en conséquence pour conserver l'équilibre des forces) jusqu'à
avoir ahe ~ abe •
Chapitre 7 • Flexion simple 399

7 .. 9 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE
DU CHAPITRE 7
Certains des ouvrages cités ci-après concernent également les chapitres 8 et 9 (voir aussi
§ 1.6).
- Rüsch (H.), Grasser (E.) et Rao (P. S.), Principes de ca/cul du béton anné sous des
états de contraintes monoaxiaux. Bulletin d'information CEB n° 36, juin 1962.
- Manuel de calcul CEB-FIP, Bending and Compression, 1982, Construction Press.
- Grasser (E .), Bemessung der Stahlbetonbauteile, Beton-Kalender, 1975, Verlag
W.Ernst und Sohn.
- Jalil (W.A), Morisset (A) et Perchat (l), Calcul du béton armé à l'état-limite ultime.
Abaques en flexion simple et composée conformes aux Règles BAEL, 1976, éd. Eyrolles.
- Jalil (W.A) et Perchat (l), Calcul pratique du béton armé à l'état-limite ultime
(BAEL), Annales ITBTP, janvier 1977.
- Mingasson (M.), Détermination des diagrammes d'interaction d'une poutre en Tau
moyen d'un ordinateur de poche. Annales ITBTP, juillet-août 1978.
- Mingasson (M.), Calcul du béton armé suivant le règlement BAEL, au moyen d'un
ordinateur de poche, Annales ITBTP, février 1978.
- Thonier (H.), Hachemi-Safai (V.), Rahimian (M.), Béton anné aux états-limites, An-
nales ITBTP, mai 1979.
- Aribert (lM.) et Wattecamps (C.), Méthode pratique commune de calcul élastique et
aux états-limites ultimes des sections de béton anné en flexion simple, composée et
déviée, Annales ITBTP, juillet-août 1979.
- Capra (A) et Hautcoeur (M.), Calcul en flexion simple ou composée à l'état-limite
ultime, des sections rectangulaires en béton armé, Abaques d'optimisation. Annales
ITBTP, septembre 1979.
CHAPITRE 8
FLEXION COMPOSÉE

8.1 DÉFINITION - CENTRE DE PRESSION


- EXCENTRICITÉS
Une poutre à plan moyen est sollicitée en flexion composée lorsque le système des
forces appliquées à gauche d'une section droite:L est réductible au centre de gravité G
de:L (figure 8.1) :
- à une force N (effort nonnal) perpendiculaire au plan de :L et dirigée vers la droite
(compression, signe +) ou vers la gauche (traction, signe -),
- à un couple de moment MG (moment de flexion) d'axe perpendiculaire au plan de
symétrie de la section (signe quelconque),
- à une force V (effort tranchant) contenue dans le plan de:L et dans le plan de symétrie
de la section.
Les effets de V sont étudiés indépendamment de ceux de Met de N (voir chapitre 12).

-
Figure 8.1

Le système (N, MG) est équivalent à une force unique équipollente à N et appliquée en
un point C (centre de pression) situé dans le plan de symétrie. La distance GC est
l'excentricité e de la force extérieure l . MG et N étant affectés de leurs signes, on a :

1. Cette force ayant même intensité que l'effort normal, nombreux sont ceux qui commettent
l'incorrection de parler « d'excentricité de l'effort normal », ce qui est une ineptie puisque l'effort
402 Traité de béton armé

M
GC=e=-G
N
En flexion composée, il faut toujours préciser en quel point on effèctue la réduction des
forces, car la valeur du moment de flexion n'est pas indépendante de ce point. Il suffit
pour cela de ne pas oublier d'qlJecter M de l'indice convenable: MG, MGo, MA, etc.,
voir ci-après.
Le point où l'on effectue la réduction des forces est normalement (fig.8.2) :

- soit le centre de gravité Go


du béton seuIl : 1 1
N 'C C,

moment M Go , excentricité
M
-_-_- M_- _:-:_- _'-"- _-_- -i-_~:I- - - - -+- - - - -+- - ------ ~r -1~: - eA

eo=~
N
- soit le centre de gravité A
-E A.......
~
MA .-Iç--- III1IIIIOII_II!IIi!iII__
"'71-'-1- -
Al
... ----- -
des armatures tendues : ------------~----------- 1
1

moment MA, excentricité


M Figure 8.2
e =_A_
A N

En flexion composée, la première chose à faire est de calculer eo pour placer le centre
de pression.
Lorsque l'on doit calculer le moment MA, il ne faut pas commettre d'erreur dans la posi-
tion respective des points C, Go et A selon les signes de Net MGo • Pour éviter toute
erreur de positionnement, plutôt que d'appliquer des formules dans lesquelles entrent
des signes conventionnels2 , nous recommandons de faire plutôt pour chaque cas ren-
contré un croquis, tels que ceux des figures 8.3a, 8.3b et 8.3c.
a) Si N est un effort de compression (N > 0), le centre de pression C se trouve toujours
du côté des fibres comprimées par le moment de flexion supposé agir seul; les aciers
tendus sont donc à l'opposé de C par rapport à Go (figure 8.3a) :
et

normal étant l'un des éléments de réduction au centre de gravité de la section, son excentricité est
nécessairement nulle!
1. Le moment en Go est normalement celui que l'on obtient dans les calculs de Résistance des Maté-
riaux pour lesquels chaque élément est remplacé par sa ligne moyenne (c'est-à-dire par le lieu géo-
métrique des centres de gravité Go des diverses sections).
2. Par exemple, on lit dans certains ouvrages « eo est compté positivement si le centre de pression est
au-dessus du centre de gravité et négativement dans le cas contraire». Et s'il s'agit de la section droi-
te horizontale d'un poteau à axe vertical? Voir les figures 8.3a et 8.3b.
Chapitre 8 • Flexion composée 403

b) Si N est un effort de traction (N < 0) le centre de pression C se trouve toujours du


côté des fibres tendues par le moment de flexion supposé agir seul; les aciers tendus
sont donc du même côté que C par rapport à Go (figure 8.3b) :

- si C est au-delà de A: leAI < leol et IMAI < IMGol


- si C est entre Go et A, on peut avoir leAI < leol ou l'inverse; on ne peut donc pas
conclure a priori.

MGo>O

ou

, , ,
]100' ]100,0( '0(
'eA' eo '

Figure 8.3

Remarque:
Bien noter que le moment MA a toujours le même signe que le moment MGo.

Suivant les signes de l'effort normal et du moment MGo et donc suivant la position du
centre de pression, la section peut être l :
.• totalement tendue: axe neutre en dehors de la section avec y < 0 (figure 8.4a)
• partiellement comprimée: axe neutre dans la section avec:
- les deux nappes d'acier tendues si y ~ d' (figure 8.4b)

1. Lors du dimensionnement, l'approximation consistant à négliger les armatures c'est-à-dire à considé-


rer Mao au lieu de MG n'a que peu d'influence sur les résultats. Elle ne peut être évitée puisque les
armatures ne sont pas connues a priori.
404 Traité de béton armé

- une seule nappe d'acier tendue si cl' <y::; d (figure 8Ac)


- les deux nappes d'acier comprimées si d < y ::; h (figure 8Ad)
• totalement comprimée: axe neutre en dehors de la section, avec y > h (figure 804 e)

-.----1- -+-
'A
,1
1
,Go
-~ -

C peut occuper une position quelconque sur le segment Go co


représenté en trait plein.

MGQ<O

A.N. n-
eo
eA
1
0C

L_
A

Go t+
-V.>'"""71.."""7- -
A.N.

C peut occuper une position quelconque sur le segment Go 00


représenté en trait plein ; si C est entre Go et A, la section est
entièrement tendue.

Figure 8.3 c
Chapitre 8 • Flexion composée 405

J~- _: __t_ d
' j--,r-- ___ t· d
'
t --. -t Yj --t
d - _.

1__ _
• •
r-- ---r
_J
y

J ----------

Figure 8.4 (cas où MGO> 0)



Remarque:
La situation dans laquelle on se trouve (c'est-à-dire l'état réel de contrainte du bé-
ton et des armatures) n'est connue que lorsque les sections d'armatures sont elles-
mêmes connues. Lors du dimensionnement, au voisinage des frontières séparant un
cas de l'autre, il y a nécessairement une hypothèse à faire, qui ne peut être évitée et
dont la validité doit être contrôlée a posteriori. Mais, en fait, comme il est toujours
nécessaire de prévoir une section minimale d'armatures (voir § 8.312), les erreurs
que l'on pourrait ainsi commettre sont sans grande conséquence pratique.
406 Traité de béton armé

8.2 SOLLICITATIONS À CONSIDÉRER

8.21 Flexion composée avec traction


Conformément aux principes énoncés au § 3.42, les sollicitations à considérer sont,
symboliquement:
a) vis-à-vis de l'état-limite ultime de résistance:

b) vis-à-vis des états-limites de service :

(les indices i et) signifient que l'effort normal et le moment de flexion peuvent avoir
pour origine des actions de natures différentes).

8.22 Flexion composée avec compression


:> Références: BAEL, art. A-4.3,5
a) Etat-limite ultime
En principe, les éléments soumis à un effort normal de compression doivent être vérifiés
vis-à-vis de l'état-limite de stabilité de forme (flambement, chapitre Il ; pour ce qui
suit, voir par exemple la figure 11.12).
Toutefois, lorsque le rapport If / h (avec Ir longueur de flambement définie au § 10.311 et
h, hauteur totale de la section droite! dans le plan de flexion) est tel que:

ILh $ max{15 ; 205..}


h
[8.1]

(pour ea, voir expression [8.3]) [8.2]

1. Attention! Il ne s'agit pas ici de la hauteur de l'élément!


Chapitre 8 • Flexion composée 407

on peut effectuer le calcul par les méthodes exposées ci-après, à condition d'opérer en
prenant comme sollicitations de calcul:

avec (le signe à attribuer à e2 étant le même que celui de ed :


el excentricité définie ci-dessus par l'expression [8.2] dans laquelle ea est une excen-
tricité « additionnelle» (de même signe que el) :

ea = max{2 cm ; _l_}
250
[8.3]

avec 1 longueur de la pièce (ne pas commettre l'erreur d'introduire ici If),
e2 excentricité due aux effets du second ordre (voir chapitre Il) évaluée forfaitaire-
1
ment au moyen de l'expression :

6/ f2
e, = - 4 (l+a) [8.4]
- 10 h

où:

a désigne le rapport du moment du premier ordre MIL, dû aux seules charges per-
manentes et quasi permanentes, au moment total du premier ordre MI (avant appli-
cation des coefficients y), ces deux moments étant évalués en Go :

<l= M!L( G+ ~",,;Qj)


[8.5]
MI(G +QI + L\lfo;Q;)
;~2

Dans le cas le plus simple où il n'y a qu'une seule action variable

a = M.H.r.Go{G)
Mser.Go(G +Q)'

b) Etats-limites de service
Dans ce cas, les calculs sont conduits en prenant:

1. Dans les Règles BAEL, le numérateur de l'expression donnant e2 est 3 If (2+œp), mais il est indiqué
que « <p est généralement pris égal à 2 ». Pour l'origine de cette formule, voir la remarque à la fm du
paragraphe 11.671.
408 Traité de béton armé

Remarque:
Étant donné l'intervention des différents coefficients y (et de l'excentricité addi-
tionnelle), bien noter que les excentricités à l'état-limite ultime et à l'état-limite de
service ne sont pas les mêmes.

Nota:
Pour l'EC2, les calculs doivent être conduits en respectant les dispositions suivantes :
- pour les sections à annatures symétriques soumises à la flexion composée avec
compression, le moment de calcul à prendre en compte ne peut être inférieur à
MEd = NEdeo avec eo = max [h/30; 20 mm].
Pour les parties des sections qui sont soumises à un chargement sensiblement centré
(cas où eo / h :$;1), comme c'est le cas pour les membrures comprimées des poutres-
caissons, on peut admettre que le raccourcissement maximal du béton est égal à Ce2
(ou Cc3) (voir tableau 2.4), sur toute la hauteur de la partie considérée.
Tableau 8.1. Flexion composée avec compression. Détermination des
sollicitations selon les Règles BAEL

h
.J_
,...1- - - bo ---)10)I00I1

Figure 8.5

Attention: h est la hauteur totale de la section droite dans le plan de flexion (qui se
projette suivant GoC). Ce n'est ni la plus grande dimension de la section (voir figure
de droite) ni, et encore moins, la hauteur de la pièce comprimée elle-même, désignée
par « 1» dans ce qui suit.
Données:
Longueur 1 de la pièce à étudier et nature des liaisons d'extrémité, d'où la longueur
de flambement ?revoir § 10.311 et § 11.632).
Efforts normaux Ni dus à chaque action i (i = 1, 2, ... , n) pour la combinaison et le
cas de charge considérés.
Chapitre 8 • Flexion composée 409

Moments de flexion en Go, ~GO, dus à chaque actionj (j= 1,2, ... , m) pour la com-
binaison et le cas de charge considérés.

État-limite ultime État-limite de service

1. ea = max [ 2 cm ; _1_]
250
ea = 0

'Ly jMj Go 'LM jGo


2. el = +ea el sel' = 'LN. :f. elU/lime !
'LYiNi 1

l~ :::; max[15; 20 ~] ?
3.
Si oui, continuer. Sinon, chapitre Il.

Mser,G o (G)
4. a=
M serG (G+Q)
, 0

6/ 2
5. e =-f-{l+a) e2= 0
2 104 h

6. Utilisation des diagrammes d'interaction


- en Go:
(§ 8.62)
Nser = 'L Ni
NI/='LYiNi
M.verGo = N.ver el sel'
MI/Go = Nu (el + e2)
7. Calcul manuel (8.33) -enA:

NI/='LYiNi Nser ='L Ni


-- --
MI/A = M, (el + e2 + GoA) UserA = Nser (el sel' + GoA)

M uA_
et YM = __
M serA
410 Traité de béton armé

8.3 SECTIONS PARTIELLEMENT


COMPRIMÉES
On suppose qu'il existe éventuellement une nappe d'armatures comprimées et que la
hauteur de l'axe neutre est au plus égale à la hauteur utile des armatures tendues, ce
qu'il est possible de savoir a priori (voir § 8.32 et § 8.33) : cf' ::;y::; d.
Dans ce cas, qu'il s'agisse d'un dimensionnement à l'état-limite ultime ou à l'état-limite
de service, on peut se ramener à la flexion simple.

8.31 Méthode générale de calcul par assimilation


à la flexion simple

8.311 Détermination des sections d'armatures


Soit une section de forme quelconque, à une ou deux nappes d'armatures, sollicitée en
flexion composée (figure 8.6).

C N d'
--- .• - - - - - - - - - - - ~. C
1
1

v MA
-+,--t+..L.--1- Fs =Ass

MGo > avec compression

d'

.. .C
N
MGo > avec traction

Figure 8.6
Chapitre 8 • Flexion composée 411

D'après le principe d'équivalence, le système des forces internes et le système des for-
ces extérieures doivent avoir même résultante générale et même moment résultant. En
prenant les moments au centre de gravité des aciers tendus, les équations s'écrivent:
MA = Ne A = FbcZ b + Fscz a = F bc Zb + F sc (d - d')

ou [8.6]

et [8.7]

ou encore [8.7 bis]

Considérons maintenant la même section soumise, en flexion simple, au moment


MA = NeA et déterminons les armatures}l et}l' de cette section pour que les déforma-
tions (et donc les contraintes et leur distribution) y soient les mêmes que dans la section
précédente.
Les équations d'équilibre s'écrivent alors:

ou [8.8]

et

ou encore [8.9]

La comparaison des équations [8.6] et [8.8] d'une part, et des équations [8.7 bis] et [8.9]
d'autre part donne:
fl'=A'

Dans cette dernière expression, N est pris avec son signe, + pour une compression,
- pour une traction.
En pratique, on calcule donc la section en flexion simple sous l'action du moment de
flexion À1;/ = NeA, ce qui fournit les sections}l et }l' (fl' pouvant éventuellement être
nul).
412 Traité de béton armé

Pour la section réelle, on prend: A '= fl' 1

avec (pour Amin, voir § 8.312) :

- si N est un effort de compression : A ~ max{Jl-!i [8.10a]


crs

- si N est un effort de traction : A~fl)NI [8. lOb]


as
Remarques:
1. Les relations [8.10] montrent que:
La compression a pour effet de réduire la section des armatures qui seraient néces-
saires en flexion simple (A < Jl si N est un effort de compression).
La traction a pour effet d'augmenter la section des armatures qui seraient néces-
saires enjlexion simple (A > fl si N est un effort de traction).
2. Pour évaluer correctement eA, il faut évidemment connaître la position relative
des armatures tendues par rapport au centre de pression. Cette position résulte des
figures 8.3a, 8.3b ou 8.3c !
3. Si le moment de flexion peut s'annuler sous certains cas de charge, il faut faire
une vérification de la section pour l'effort normal agissant seul (selon le cas, com-
pression « centrée », ou flambement, ou encore traction simple) et vérifier que la
section minimale requise pour l'effort normal seul (de compression ou de traction)
n'est pas plus défavorable que celle résultant de l'application des formules données
au § 8.312. Se reporter selon le cas aux formules [10.10] ou [6.1].
4 - Si l'on trouve A < 0, cela veut dire que y> d et que l'équation [8.7] n'est plus
valable (elle doit être écriteN=F;,c+A'crsc+Acrs). L'assimilation à la flexion
simple n'est plus possible et tant que l'on n'a pas une section entièrement compri-
mée pour laquelle il faut faire le calcul comme indiqué au § 8.4, il suffit de prévoir
la section minimale, que l'on détermine comme indiqué ci-après au § 8.312.
5. Il n'est pas de bonne construction d'avoir des aciers comprimés de section supé-
rieure à celle des aciers tendus. Donc si l'on trouve A' > A, il est préférable de
changer les dimensions de la section.

1. II est rappelé que la part du moment de flexion équilibrée par les aciers comprimés ne peut excéder
0,40 MA (M",A ou Mur,A ).
Chapitre 8 • Flexion composée 413

8.312 Section minimale


La section minimale Amin est déterminée à partir de la sollicitation de fissuration. Celle-
ci est évaluée en attribuant à la force extérieure la même excentricité que celle de la
sollicitation de service la plus défavorable (BAEL, art. A.4.2). Il faut donc considérer la
sollicitation de service telle que:
- eo soit maximal lorsque Nser > 0
- eo soit minimal en valeur absolue lorsque Nser < O.
Nous désignerons par eofcette valeur particulière de eo.
Pour une section de forme quelconque, en appelant:
v la distance du centre de gravité Go du béton seul à la fibre la plus tendue (ou la
moins comprimée)
v' la distance de Go à la fibre la plus comprimée (ou la moins tendue)
B l'aire de la section droite du béton seul,
l'effort normal provoquant la fissuration est tel que:

d'où en faisant apparaître le « rendement» p de la section: p =_1_


Bvv'

[8.11 ]

On remarque immédiatement que pour eof= pv' on aurait Nf = 00, mais cette circonstan-
ce ne peut se présenter en pratique comme le montre la discussion ci-après.
Premier cas: eof> 0
a) Si 0 < eof~ pv' le point de passage de l'effort Nf est à l'intérieur (ou sur le bord) du
noyau central: la section est donc entièrement comprimée, et il n'est pas possible
d'atteindre la contrainte - Jt2S sur la fibre la moins comprimée. La condition de non-
fragilité n'intervient donc pas.
Il faut prévoir pour la section totale des armatures de la section la valeur minimale
requise pour les pièces comprimées (formule [10.10]) et respecter les dispositions cons-
tructives de ces pièces (figure 10.6 et paragraphe 10.542 si l'effort tranchant (§ 12.634
et suivants) n'exige pas une quantité supérieure d'armatures transversales.
b) Si eof> pv' on détermine Amin en écrivant que pour l'effort Nf excentré de eof' la
contrainte des aciers atteint la limite d'élasticité.
414 Traité de béton armé

La section minimale d'armatures équilibrant la sollicitation (Nf, ~A = N,reA ) est donc


telle que:

c'est-à-dire que Amm. = Nf


.f
(~-I) [8.12a]
Je Z

avec e A = eOf + d - v' (figure 8.6), et z z 0,9d .

Amin n'est positif (et n'a donc de sens) que si eA > z, c'est-à-dire si: eOf ;;:: v' - O,Id .

Dans le cas contraire, on pourrait théoriquement prendre Amin = O.


En faisant ainsi, on aurait une brusque discontinuité pour eof= pv' puisque dans le cas
précédent, et jusqu'à la valeur eof= pv', on a prévu la section minimale des pièces com-
primées.
En désignant cette section totale par Ac,min il paraît plus raisonnable d'adopter, faute de
mieux, lorsque eofvarie de pv' à v' - O,Idune loi linéaire, telle que la section minimale
des aciers les moins comprimés soit égale à :
Ac,min / 2 lorsque eof= pv'
° lorsque eof= v' - 0, Id
Finalement, la section minimale est donc donnée par:

Ac min v'-eof - O,ld


4nin =-2- v'(I-p)-O,Id pour pv'< eOf < v' - O,Id [8.l2b]

Nf (eof + O,Id - v')


Amin =- pour eof ;;:: v' - O,Id [8.I2c]
Je 0,9d

Application aux sections rectangulaires (avec N ser > 0)


Pour une section rectangulaire boh, on a :
h d
v=y'=-z055d en admettant que h z -
2 ' 0,9

(d'où pY'=~ et v'-0,ld=0,45d)


6
Chapitre 8· Flexion composée 415

1. S1· °
<eO!
< h _ 1,11 d .
-6--6- . voir premier cas, a, ci-avant

1,11 d
2 . S1· --<eO!
6
< ,45 d ° ~in-
_ 34"min (0,45 d - eO! )
2 08d
,

~. = 0,228 bo d j;28 eO! - 0,45 d


3. Si eO! ;;::: 0,45 d
In le eO! - 0,185 d

Pour eof= 00 on retrouve la valeur du pourcentage minimal en flexion simple (voir


§ 7.511-5, formule [7.38]).
Deuxième cas: eof< 0
a) Si eof:$ - (d - v') c'est-à-dire si le centre de pression est au-delà de la nappe
d'armatures la plus tendue, Amin est donné par la formule [8.12a] avec eA = eOf -d + v'
qui est toujours négatif, et Amin existe donc toujours.
Pour une section rectangulaire, la condition s'écrit:

eOf :$ -( d - ~) ou eO! :$ - 0,45 d en admettant h "" 1,1 d .

La section Amin est alors donnée par la formule [8.12c] qui conduit à :

~. = 0,228 bo d h28 leo!1 + 0,45 d [8.13b]


ln le leo!1 + 0,183 d
On constate bien que Amin existe toujours et d'autre part, que pour leofl = 00 on retrouve à
nouveau la valeur du pourcentage minimal en flexion simple.
b) Si - (d - v') :$ eof< 0, un raisonnement analogue à celui fait au § 8.51 conduit à pré-
voir deux nappes d'armatures tendues dont les sections minimales doivent être telles
que:

-nappe 1 :
INf le A2
[8.14]
Aminl
= (d -d')Je
. _ INfle AI
- nappe 2. Amin2 - (d -d')Je

eAI et eA2 désignant les distances du centre de pression C (excentré de eof) aux nappes AI
et A 2 respectivement (voir la figure 8.18).
416 Traité de béton armé

8.32 Application au dimensionnement par l'état-limite


de service (section rectangulaire ou en 1)
Les sollicitations sont Nser et MserGO' La position du centre de pression C est définie par :

Pour que la section soit partiellement comprimée, il faut:


• si Nser est un effort de traction, que C tombe à l'extérieur des traces des deux nappes
d'armatures :

+j
-e-----

eo > vA ou eo < VA
en valeur algébrique

Figure 8.71

• si Nser est un effort de compression, que C tombe à l'extérieur du « noyau central» de


la section.
On rappelle que le noyau central est une zone de la section telle que si le centre de pres-
sion y est situé, les contraintes en service crI et cr2 des fibres extrêmes 0 1 et O2 de la
section, calculées par les formules traditionnelles de la Résistance des Matériaux, à
savoir:

_ Nser
cr ---+ Mser.G YI _ N ser
-- (1
- +e -
B VI )
-
1 B 1 B 1

1. Les notations v' et v sont généralement utilisées pour les sections partiellement comprimées (v' du
côté comprimé, figure 8.6). Pour les sections entièrement comprimées, on utilise plutôt VI et V2 (VI du
côté comprimé par un moment de flexion positif, voir aussi figure 8.29). De même pour les sections
d'acier A' et A, qui deviennent, respectivement, AI et A2.
Chapitre 8 • Flexion composée 417

sont toutes deux de même signe (B désigne ici l'aire totale de la section droite de
l'élément, VI et V2 respectivement, distances du centre de gravité G de la section à la
fibre supérieure 0 1 et à la fibre inférieure O2 de la section, figure 8.7 ; l'excentricité e a
le signe de User. VI et V2 sont en valeur absolue). Les bords du noyau central CI et C2
sont ainsi définis par les deux valeurs de e qui annulent chacune des contraintes cri et
1
0"2 :

!
elim2 =GCz =-B
V2

Bien faire attention aux indices: si C est au-delà du point C2 (e > elim2) la contrainte 0"2
est négative, la section est donc partiellement comprimée du côté de la fibre 0 1• inver-
sement si C est au-delà du point CI (e> eliml en valeurs absolues), la section est partiel-
lement comprimée du côté de la fibre O2 •
Dans ce qui suit, G est le centre de gravité Go du béton seul et User.G = User,Go'

8.321 Section rectangulaire


Dans une section rectangulaire, en négligeant les armatures (voir § 8.8), les bords du
noyau central sont définis par :

bh3
B=bh', !=-'V h]
[ 12' 1 =v2 =-
2

La condition pour que la section soit partiellement comprimée est donc le 0 1 ~: .

On peut substituer à cette condition celle exprimant que l'assimilation à la flexion sim-
ple impose d'avoir une nappe d'aciers tendus. Il faut donc que l'axe neutre tombe entre
les traces de deux nappes d'armatures, ce qui implique d'avoir YI :s d ou encore UI :s 1.

1. On a donc GO, x GC, = - Il R(C, au-dessous de G) et G02 x GCz = liB (C z au-dessus de G).
418 Traité de béton armé

Pour YI =d :
d'
ose = 150bc (I-8') avec 8'=- et le
d
moment des forces dans le béton com-
primé et dans les aciers comprimés (si
nf--+.--- 15

leur section est connue), évalué en A,


1 ! (O'=~)

l
h
vaut
!A
-- -- ........--- ---- 0
~b
2
Y cr(d _.2i) + A'o
01bc 3 sc
(d - d') =
______ .
1
i
1
1 1
~ bo---->:

~ [hot + lSA'd(I-ii'f ]"" Figure 8.8

La section est donc partiellement comprimée si le moment de service évalué au centre


de gravité A des aciers tendus, À1serA, est tel que:

M serA :s; 0,333 ho d 2 abc + 15 A' d 0bc(I-8,)2


S'il n'y a pas d'aciers comprimés, faire A' = 0 dans l'expression précédente. Qu'il
s'agisse de flexion composée avec traction ou avec compression, si la section est partiel-
lement comprimée, il suffit de remplacer, dans les formules [8.10], N par Nser et d'y
faire crs =Os .
sont à évaluer pour le moment u"er = Mser,A = Nser eA par les méthodes exposées
)il et)il'
pour la flexion simple au § 7.53 ou au § 7.62.

Bienjàire attention que c'est le moment Mser.A (ou Mser.A -15A'do bc (I-8'Y si A' est
connu) qui doit être comparé au moment résistant lv~'b et non le moment À1ser.GO.
Autrement dit, la condition relative à l'état-limite de compression du béton s'exprime,
pour une section rectangulaire, par :

Mser,GO + N se,.( d - ~):s; M rb [8.15]

Nser étant pris en valeur algébrique.


Chapitre 8 • Flexion composée 419

Remarque:
Pour une section rectangulaire en flexion composée avec traction, si la condition
[8.15] ci-dessus est vérifiée, on peut montrer qu'une valeur approchée, générale-
ment (mais pas toujours) par excès, de la section d'armatures tendues est:

[8.16]

avec z, ~ d(l- ~' ) ~ ~,d , ~, résultant des tableaux 7.6 et 7.7.

Démonstration

En application de l'expression [8.1 Ob] on


part de (figure 8.9) :

d'où.

[8.17]
Figure 8.9

Or, en général, Zb ~ Za =2 (d - ~), c'est-à-dire - Zb ~ h - 2d

En remplaçant donc h /2 - d par - zb /2 dans le deuxième terme du second mem-


bre de l'expression [8.17], compte tenu de ce que INserleo =1Mser.GO 1 ' on arrive à
l 'expression [8.16].
420 Traité de béton armé

8.322 Section enT


Pour une section en T, il faut en rester à la notion de noyau central. L'excentricité du
bord du noyau central est, avec V2 = v et VI = v' = h - v :

- du côté de la table: GoCl =eOlim2 =~


Bv
~, oppose:
- du cote 'GC
0 1 = eOliml
J
= B (h-v )

Pour J, B et v, se reporter à l'organigramme donné au § 7.611. Si le moment M Go est

positif, la section est donc partiellement comprimée si eo > ~ . La zone comprimée est
Bv
alors du côté de la table, et si MuA> MT,sm le calcul de la section A nécessaire pour équi-
librer MuA en flexion simple doit être mené comme indiqué au § 7.622-2.

8.33 Application au dimensionnement par l'état-limite ultime

8.331 Section rectangulaire

Réduction en Go Réduction en A

Figure 8.10
Chapitre 8 • Flexion composée 421

Soit:
les sollicitations au centre de gravité Go de la section de béton seul,
évaluées comme indiqué en 8.2.
MuA (= Nu eA) le moment de flexion évalué au niveau de l'armature tendue.

(Nu étant pris avec son signe).

a) En flexion composée avec traction, la section est partiellement comprimée si le centre


de pression est à l'extérieur des traces des deux nappes d'armature;
b) En flexion composée avec compression, il faut que: y ::; h ou CI. ::; h / d
En faisant CI. = h / d dans la formule [7.32] établie au § 7.511-1, on obtient la valeur
réduite /-lBC du moment frontière correspondant au cas où la droite des déformations
passe à la fois par le pivot B et par le pivot C :

/-lBC = 0,8a (1-0,4a)= 0,8 ; (1- 0,4 ; )

d'où (/-lBC ::::: 0,493 si hl d ::::: 1,1 )


La nappe A d'aciers n'est tendue que si y::; d ou CI.::; 1. Soit /-lBD le moment réduit cor-
respondant à CI. = 1.
En portant ctte valeur dans la formule [7. 32] on obtient:

/-lBD = 0,8(1-0,4) = 0,48 et

Donc, si l'on suppose connue la section A' des aciers comprimés (éventuellement,
A' = 0), la section est partiellement comprimée lorsque:

0::; MuA - AI feAd - dl)::; M BC ::::: 0,493 bo d 2 fbu

mais il n'existe une nappe d'aciers tendus que si :

Moment limite ultime en flexion composée


Comme la sollicitation de flexion composée est une sollicitation vectorielle, et que les
coefficients de pondération des actions ne sont pas nécessairement les mêmes pour le
moment et pour l'etIort normal, il n'est pas possible de savoir de façon simple, a priori,
.s'il faut ou non prévoir des aciers comprimés.
En particulier, étant donné le nombre de paramètres en jeu, il n'est pas possible d'établir
un abaque comme celui de la figure 7.36.
422 Traité de béton armé

N N _ MuA MA
En posant '0 = __ 11-
YN- - -u- Ilbu - b d 2 l'
_u
YM - - - '
u bodhu N ser o Jbll M serA

il est possible, moyennant un programme approprié (cf. organigramme ci-après) de


dresser des tableaux qui donnent, en fonction de ;;'-28, e, le, 'Ou, YMet YN, les valeurs limi-
tes Il/II de IllI au-delà desquelles la contrainte limite de compression du béton en service
serait dépassée, c'est-à-dire au-delà desquelles il devient nécessaire de prévoir des
aciers comprimés.
Origine des différentes étapes de l'organigramme:

Ligne 1 : 0,8a u =1- ~1- 21lo -7 4, fed =P =08a -v


bd l' Il , U "
o Jbu

et 15 A" J=15 hll =15 0,85 fc28


=15 ( bd 1,15
Ps PlI l' Pli 15 e l'
o Jed ' Je

·
LIgne 2 ~~r
: 'Os = b d f =
a 0,6 c28 0,6fc28 YN
Ligne 3 : équilibre des forces à l'ELS
Ligne 4 : expression de Ils en fonction de as =YI / d

Ligne 5 . Il = M serA = Il,, lb" -7 Il


• s bod 2 (0,6 fczs) 0,6 fc28 yM "

Les tableaux 8.2a à 8.2d sont donnés à titre d'exemples.


La valeur 0,3717 correspond à la limite imposée par l'acier (crs =led). En flexion com-
posée avec compression on peut en réalité s'affranchir de cette limite, sans dépense
excessive d'acier.
Chapitre 8 • Flexion composée 423

Organigramme de calcul de !JIu en flexion composée

~ 0,85 x 11,5 f c28


15ps = [1 - 1 - 21-10 - IJ u] . - (s pour« service »)
e fe

IJ u 0,85
IJ=-'--
s YN 0,9 e

as as
I-Is=2(1-3")

0,96
® I-Ibu = I-IsYM 0,85
1-10+ Ôl-l o

> <

Égalité
!Jeu = 1-10
Terminé pour cette valeur de IJu
424 Traité de béton armé

Tableau 8.2a
Aciers Fe E 500; fc28 =25 MPa ; e =1
Valeurs de f.1/u en flexion composée
U u = N u/ bo dlbu; YN= N II / N ser ; YM=MuA / M serA ; Ilill = MIII / bo d lbll
2

YM
1)11 YN
1,3 1,35 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8
## 0,2403 0,2555 0,2708 0,3025 0,336 0,3714 --0,3717--
° 1 0,2485 0,2646 0,2811 0,315 0,3504 --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,2454 0,2616 0,278 0,3119 0,3473 --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,2428 0,259 0,2755 0,3093 0,3447 --0,3717-- --0,3717--
0,05 1,3 0,2406 0,2568 0,2732 0,3071 0,3425 --0,3717-- --0,3717--
1,35 0,2396 0,2558 0,2723 0,3061 0,3415 --0,3717-- --0,3717--
1,4 0,2387 0,2549 0,2714 0,3052 0,3406 --0,3717-- --0,3717--
1,5 0,237 0,2532 0,2697 0,3035 0,3389 --0,3717-- --0,3717--
1 0,26 0,2774 0,295 0,3309 0,3683 --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,2557 0,2703 0,288 0,3242 0,3615 --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,2464 0,2642 0,282 0,3183 0,3558 --0,3717-- --0,3717--
0,1 1,3 0,2408 0,2588 0,2768 0,3133 0,3509 --0,3717-- --0,3717--
1,35 0,2383 0,2563 0,2744 0,311 0,3486 --0,3717-- --0,3717--
1,4 0,2359 0,2541 0,2722 0,3089 0,3466 --0,3717-- --0,3717--
1,5 0,2315 0,2498 0,2681 0,3049 0,3428 --0,3717-- --0,3717--
1 0,2761 0,2946 0,313 0,3506 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,2638 0,2827 0,3016 0,3398 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,2523 0,272 0,2914 0,3302 0,3697 --0,3717-- --0,3717--
0,15 1,3 0,2413 0,262 0,2821 0,3216 0,3617 --0,3717-- --0,3717--
1,35 0,2358 0,2573 0,2777 0,3177 0,358 --0,3717-- --0,3717--
1,4 0,2305 0,2526 0,2735 0,314 0,3544 --0,3717-- --0,3717--
1,5 0,219 0,2435 0,2654 0,3069 0,3479 --0,3717-- --0,3717--
1 0,2973 0,3162 0,3352 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,2799 0,2998 0,3195 0,359 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,2622 0,2839 0,3047 0,3456 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,3 0,2423 0,2676 0,2904 0,3331 --0,3717- -0,3717-- --0,3717--
0,2 1,35 0,229 0,259 0,2832 0,3272 0,37 -0,3717-- --0,3717--
Non
1,4 0,2493 0,2758 0,3214 0,3648 --0,3717-- --0,3717--
défini
Non
1,5 0,1998 0,2598 0,31 0,355 --0,3717-- --0,3717-
défini
Chapitre 8 • Flexion composée 425

YIIf
Ull YN
1,3 1,35 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8
1 0,3223 0,3413 0,3604 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,3012 0,3213 0,3413 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,2786 0,301 0,3225 0,3645 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,3 0,2459 0,2782 0,3031 0,3483 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

0,25 Non
1,35 0,2634 0,2926 0,3403 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
défini
Non Non
1,4 0,2806 0,3321 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
défini défini
Non Non
1,5 Non défini 0,3152 0,3648 --0,3717-- --0,3717--
défini défini
1 0,3493 0,3681 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,3263 0,346 0,3658 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,3012 0,3232 0,3445 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,3 0,2636 0,2964 0,3216 0,3674 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

0,3 Non
1,35 0,2768 0,3084 0,3576 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
défini
Non Non
1,4 0,2916 0,3475 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
défini défini
Non Non
1,5 Non défini 0,3245 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
défini défini
Les lignes sans valeurs numériques - colonnes J,3, 1.5 et J,4 mention « non défini» - correspon-
dent au cas où la notion de moment limite n'a plus de sens, le béton pouvant résister seul, sans
armatures tendues.

Tableau 8.2 b.
Aciers Fe E 500; fc28 =30 MPa ; e =1
'\lu =Nu 1bo d fbu ; yH =Nu 1Nser ; yM =MuA 1MserA ; j,llu =M/u 1bo d 2 fbu

YM
'\lu YN
1,3 1,35 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8
0,2623 0,2786 0,2945 0,3283 -0,3717-- --0,3717--
°
0,05
##
1 0,2695 0,2865 0,3037 0,3393
0,3637
-0,3717- -0,3717-- --0,3717-
1,1 0,2668 0,2838 0,3011 0,3365 -0,3717- --0,3717- --0,3717--
1,2 0,2646 0,2816 0,2988 0,3343 0,3715 --0,3717-- --0,3717--
1,3 0,2627 0,2796 0,2969 0,3324 0,3695 -0,3717-- --0,3717--
1,35 0,2618 0,2788 0,296 0,3316 0,3687 --0,3717- -0,3717--
426 Traité de béton armé

YM
Uu YN
1,3 1,35 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8
1,4 0,261 0,278 0,2952 0,3308 0,3679 --0,3717-- --0,3717--
1,5 0,2596 0,2765 0,2938 0,3293 0,3664 --0,3717-- --0,3717--
1 0,2793 0,2973 0,3156 0,353 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,273 0,2912 0,3096 0,3471 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,2676 0,286 0,3044 0,3421 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
0,1 1,3 0,2629 0,2814 0,2999 0,3378 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,35 0,2608 0,2793 0,2979 0,3358 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,4 0,2587 0,2773 0,296 0,334 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,5 0,2551 0,2738 0,2926 0,3307 0,3699 --0,3717-- --0,3717--
1 0,2926 0,3117 0,3308 0,3697 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,282 0,3014 0,3209 0,3603 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,2722 0,2922 0,3121 0,3521 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
0,15 1,3 0,2633 0,284 0,3043 0,3448 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,35 0,259 0,2801 0,3007 0,3415 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,4 0,2549 0,2763 0,2973 0,3384 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,5 0,2468 0,2693 0,2908 0,3326 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1 0,3102 0,3298 0,3495 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,2948 0,3153 0,3356 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,2797 0,3016 0,3228 0,3648 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,3 0,2641 0,2882 0,3108 0,3543 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
0,2
1,35 0,2554 0,2815 0,3049 0,3493 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,4 0,2455 0,2746 0,2991 0,3444 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
Non
1,5 0,2593 0,2875 0,3352 --0,3717-- --0,3717- --0,3717--
défini
1 0,3317 0,3514 0,3712 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,3122 0,3332 0,354 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,2918 0,3151 0,3373 --0,3717- -0,3717-- --0,3717- -0,3717--
1,3 0,2658 0,2956 0,3206 0,3666 --0,3717-- --0,3717- --0,3717--
0,25 Non
1,35 0,2843 0,3118 0,3598 --0,3717- --0,3717- --0,3717--
défini
Non
1,4 0,2698 0,3024 0,353 --0,3717-- -0,3717-- -0,3717-
défini
Non
1,5 Non défini 0,2789 0,3394 -0,3717- --0,3717- -0,3717--
défini
0,3 1 0,3556 -0,3717-- -0,3717-- --0,3717-- -0,3717-- --0,3717- -0,3717--
Chapitre 8 • Flexion composée 427

YM
'Ou YN
1,3 1,35 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8
1,1 0,3338 0,3545 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,3098 0,3332 0,3556 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,3 0,2733 0,3085 0,3348 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
Non
1,35 0,2916 0,3232 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
défini
Non
1,4 Non défini 0,3093 0,3649 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
défini
Non
1,5 Non défini Non défini 0,3462 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
défini
Les lignes sans valeurs numériques - colonnes 1,3, 1,5 et 1,4 mention « non défini» - correspon-
dent au cas où la notion de moment limite n'a plus de sens, le béton pouvant résister seul, sans
armatures tendues.

Tableau 8.2 c.
Aciers Fe E 500; fe2S =35 MPa ; e =1
'Ou =Nul bo d fbu; yH =Nul Nser ;yM =MuAI MserA; !JIu =M/ul bo d 2 fbu

YM
'Ou YN
1,3 1,35 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8
0,2808 0,2974 0,3145 0,3493 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
° ##

1 0,287 0,3045 0,3224 0,3591 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--


1,1 0,2846 0,3022 0,32 0,3567 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,2826 0,3001 0,318 0,3547 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
0,05 1,3 0,281 0,2985 0,3163 0,353 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,35 0,2802 0,2977 0,3156 0,3523 --0,3717- --0,3717-- --0,3717--
1,4 0,2794 0,2971 0,3149 0,3516 -0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,5 0,2782 0,2958 0,3136 0,3503 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1 0,2954 0,314 0,3327 0,3711 --0,3717- -0,3717-- --0,3717--
1,1 0,2899 0,3086 0,3274 0,3659 -0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,2853 0,304 0,3229 0,3616 --0,3717- --0,3717-- -0,3717--
0,1 1,3 0,2812 0,3 0,319 0,3578 -0,3717-- -0,3717-- -0,3717-
1,35 0,2793 0,2982 0,3173 0,3561 --0,3717- --0,3717-- --0,3717--
1,4 0,2776 0,2966 0,3157 0,3545 -0,3717- --0,3717-- --0,3717--
1,5 0,2744 0,2935 0,3127 0,3517 -0,3717-- --0,3717- --0,3717-
0,15 1 0,3068 0,3262 0,3458 -0,3717-- --0,3717- -0,3717- -0,3717--
428 Traité de béton armé

YM
1.)u YN
1,3 1,35 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8
1,1 0,2974 0,3173 0,3371 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,2891 0,3093 0,3295 0,3702 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,3 0,2815 0,3022 0,3227 0,364 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,35 0,278 0,2989 0,3196 0,3611 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,4 0,2746 0,2959 0,3168 0,3584 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,5 0,2682 0,29 0,3112 0,3534 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1 0,3217 0,3418 0,3619 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,308 0,3289 0,3497 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,295 0,317 0,3385 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
0,2 1,3 0,2822 0,3057 0,3281 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,35 0,2756 0,3001 0,3232 0,3677 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,4 0,2688 0,2947 0,3184 0,3636 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,5 0,2531 0,2836 0,309 0,3559 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1 0,3403 0,3605 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,3225 0,344 0,3652 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,3044 0,3279 0,3205 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,3 0,2834 0,3113 0,3359 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
0,25 1,35 0,2689 0,3022 0,3286 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
Non
1,4 0,2923 0,3211 0,3707 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
défini
Non
1,5 Non défini 0,3046 0,3594 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
défini
1 0,3616 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,3411 0,3625 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,3187 0,3429 0,3658 -0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,3 0,2871 0,3209 0,3473 --0,3717- --0,3717-- --0,3717-- -0,3717--
0,3 Non
1,35 0,3068 0,3373 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717- --0,3717--
défini
Non
1,4 0,2781 0,3261 --0,3717- --0,3717- -0,3717-- --0,3717-
défini
Non
1,5 Non défini Non défini 0,3649 -0,3717-- --0,3717- -0,3717--
défini
Les lignes sans valeurs numériques - colonnes 1.3. 1,5 et 1.4 mention « non défini» - correspon-
dent au cas où la notion de moment limite n 'a plus de sens, le béton pouvant résister seul, sans
armatures tendues.
Chapitre 8 • Flexion composée 429

Tableau 8.2 d.
=
Aciers Fe E 500; fe2S 40 MPa ; e 1 =
'Uu = = =
Nu 1bo d fbu ; yH Nu 1Nser ; yM MuA 1MserA ;jJ/u =M/u 1bo d 2
fbu

YM
'U u YN
1,3 1,35 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8
## 0,296 0,3131 0,3307 0,3669 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
° 1 0,3017 0,3197 0,3379 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,2996 0,3175 0,3358 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,2978 0,3158 0,3341 0,3717 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
0,05 1,3 0,2963 0,3143 0,3326 0,3702 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,35 0,2956 0,3136 0,3319 0,3695 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,4 0,295 0,3129 0,3313 0,3689 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,5 0,2938 0,3118 0,3301 0,3677 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1 0,3091 0,328 0,3471 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,3042 0,3232 0,3424 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,3001 0,3191 0,3384 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
0,1 1,3 0,2965 0,3156 0,335 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,35 0,2949 0,3141 0,3334 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,4 0,2934 0,3126 0,332 0,3716 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,5 0,2906 0,3099 0,3294 0,369 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1 0,319 0,3387 0,3586 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,3107 0,3308 0,3509 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,3034 0,3238 0,3442 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
0,15 1,3 0,2968 0,3176 0,3383 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,35 0,2938 0,3147 0,3356 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,4 0,2909 0,3121 0,333 --0,3717-- --0,3717- --0,3717-- --0,3717--
1,5 0,2856 0,3071 0,3283 0,3707 --0,3717-- --0,3717-- -0,3717--
1 0,3319 0,3523 --0,3717- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,3196 0,3408 0,3617 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,3082 0,3303 0,3519 --0,3717-- --0,3717- -0,3717-- --0,3717--
0,2 1,3 0,2973 0,3205 0,3428 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717- -0,3717--
1,35 0,292 0,3158 0,3386 -0,3717-- --0,3717-- -0,3717- -0,3717--
1,4 0,2667 0,3113 0,3345 --0,3717-- --0,3717- --0,3717-- --0,3717-
1,5 0,2756 0,3024 0,3267 --0,3717- --0,3717- --0,3717- -0,3717-
430 Traité de béton armé

YM
Uu YN
1,3 1,35 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8
1 0,3481 0,3687 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,332 0,3538 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,3158 0,3393 0,362 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,3 0,2983 0,3249 0,3494 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
0,25
1,35 0,288 0,3175 0,3431 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,4 0,2747 0,3097 0,3368 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
Non
1,5 0,2914 0,3329 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
défini
1 0,3671 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,1 0,348 0,3698 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,2 0,3274 0,352 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
1,3 0,3005 0,3324 0,3587 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--

0,3 Non
1,35 0,321 0,35 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
défini
Non
1,4 0,3057 0,3407 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
défini
Non
1,5 Non défini 0,317 --0,3717-- --0,3717-- --0,3717-- --0,3717--
défini

Les lignes sans valeurs numériques - colonnes 1,3, 1,5 et 1,4 mention « non défini» - correspon-
dent au cas où la notion de moment limite n'a plus de sens, le béton pouvant résister seul, sans
armatures tendues.

Dans l'ouvrage Pratique du BAEL 91 de 1. Perchat et 1. Roux (Eyrolles, éd.), on peut


e
trouver des tableaux pOUrf~-28 = 25,30 et 35 MPa et = 1,0,9 et 0,85.
Marche du calcul et formules de dimensionnement
Il faut commencer par déterminer (voir § 8.21 pour la flexion avec traction et § 8.22
pour la flexion avec compression) :
- les sollicitations ultimes Nil, MuGO au centre de gravité Go du béton seul, et en déduire
.le moment M,III au centre de gravité des aciers tendus;
- les sollicitations de service Nse,., MserGO au centre de gravité du béton seul, et en dédui-
re le moment Mser.A au centre de gravité des aciers tendus.
On peut alors calculer V,,, Il,,, YN, YM et en déduire, par interpolations linéaires (ou « à
vue »), au moyen des tableaux 8.2 la valeur du moment limite ultime réduit 11111'
Pour la détermination des armatures, la marche du calcul est celle indiquée aux paragra-
phes 7.522 et 8.311 en remplaçant, dans toutes les formules Mil par MuA et en retran-
Chapitre 8 • Flexion composée 431

chant Nu lied de la section d'aciers tendus trouvée (Nu avec son signe, + pour une com-
pression, - pour une traction). Bien entendu les unités doivent être convenables.
Attention! Ne jamais oublier de retrancher le terme Nu lied, en se rappelant que pour une
flexion avec traction, cela revient à ajouter lM, 1lied,
Les formules de dimensionnement sont ainsi (unités: m, MN, MNm, m2 ) :

a) pour la section rectangulaire sans aciers comprimés A = MuA _ Nu


zbled led
Pour les sections minimales, se reporter au § 8.312. Attention! La section minimale vise
la valeur finale A, et non la section}f. de la flexion simple.
b) pour la section rectangulaire avec aciers comprimés non imposés:

M -M
La section A' doit être telle que AI:? IIA( il:) .
O"sce d-d

Mais, à moins d'avoir 1,35:S YM:S 1,5, les formules approchées [7.65 ter] et [7.67 bis]
donnant les contraintes équivalentes O"sce et O"se ne peuvent être utilisées car, compte tenu
1
des valeurs élevées que peut atteindre YM en flexion composée (voir tableaux 8.2a à d),
ces formules manquent de précision.
Il convient de déterminer ces contraintes au moyen des formules [7.65] et [7.67 bis], en
2
prenant :

Il faut s'assurer que Mill ::; Mu 10,6 sinon l'équarrissage (c'est-à-dire les dimensions bo
et 1ou cl) serait à revoir.
c) pour le cas de la section rectangulaire avec aciers comprimés imposés, la marche du
calcul est celle indiquée au § 7.523, en remplaçant dans toutes les formules Mu par M,A
et en retranchant Nulled de la section d'aciers tendus trouvée, Nil avec son signe. Les
contraintes O"sce et O"se doivent être déterminées comme indiqué ci-avant.

l. Ces valeurs élevées viennent de la prise en compte de l'excentricité due aux effets du second ordre
dans l'évaluation du moment ultime (8.22 a), alors que le moment de service est déterminé sans tenir
compte de ces effets (8.22 b). Le rapport Y.\Ide ces deux moments sort ainsi de la fourchette habituel-
le (I,35 ; 1,5) de la flexion simple.
2. Pour f/.[, résolution de l'équation [7.59], avec Jlls.,. = O,944Jllu/OyMcomme indiqué dans la note au bas
de la page 322.
432 Traité de béton armé

8.332 Section à table de compression

i"..I lc - - - - - - ------JooIJoI
b

MuGo

---r-----
d-v'

_L Nu

Réduction en Go Réduction en A

Figure 8.11

Le moment ultime rapporté au centre de gravité des aciers tendus est (figure 8.11) :
M,lA = Nue A = Mu,GO + Nu(d - v')
v' étant la distance du centre de gravité Go de la section de béton seul à la fibre la plus
comprimée (attention! pour une section en T, v' < h/2)
a) Si ~IA < MT,u, MT,u étant le moment équilibré par la table seule, évalué par les expres-
sions [7.89 ou 7.95], on est ramené à l'étude d'une section rectangulaire de largeur b .
b) Si ~IA > MT,u, en décomposant la section en deux sections fictives comme on l'a fait
au § 7.611, premier cas, on peut écrire, dans le cas où il y aurait des aciers comprimés,
les équations d'équilibre suivantes:
Nu =Fbc2 + Fbc1 + F.:c - F.: =(b - bo) ho hll + 0,8 bo Y Ibu + A'O'se + AO's
MUA = Fhc2 Z2 + Fbc1 Zl + F.,c(d -d'):

Ces expressions sont celles d'une section rectangulaire de largeur bo qui serait soumise
aux sollicitations « réduites» suivantes:
-etfortnormal: N uR =Nu -{b-bo)holhU

~ moment de flexion: MuRA = NfuA - (b - bo ) ho( d - ~ )fbll


Déterminer les armatures de la section en T revient donc à déterminer celles de la sec-
tion rectangulaire bod soumise à NuR et MuRA.
Chapitre 8 • Flexion composée 433

Bien faire attention que, dans les expressions donnant la section A des armatures tendues, le
terme soustractifest alors N,iR/crs et non NI/crs (crs =!edseulement si a ~0,617 (Fe E 500)).
En l'absence d'aciers comprimés, il suffit évidemment de faire A' = °dans les formules
précédentes.

8 .. 4 SECTIONS ENTIÈREMENT COMPRIMÉES


On se trouve dans cette situation si (l'un des deux cas a ou b n'impliquant pas l'autre) :
a) à l'état-limite ultime on se trouve au pivot C, région 3 c'est-à-dire si :
Nu est un effort de compression,
avec MuA - A' feAd -d'}> MBcCvoir § 7.412 et § 8.331) ; A' peut être nul.

Pour une section rectangulaire bah, avec le diagramme parabole-rectangle dans


ce cas, et avec y = h (voir expression [ 7.25 aD:

M BC = 0,81 bo h[(d -0,416 h)]/"" = flBC bo d 2 fb'" en posant:

flBC =0,81!:
. d
[(1- 0,416 !:)] =0,484 si d = 0,9 h
d

b) à l'état-limite de service:
Nser est un effort de compression

,-(h-d')(d-d')
avec M serA -15 A crbe >-
h (
1- -
h) 2-1., ~
bo d cr/Je ,A peut etre nul.
h 2d 3d

Dfu'1S les deux cas, le calcul manuel du dimensionnement des armatures est assez fasti-
dieux, comme on va le voir ci-après. On a généralement recours à des abaques, qui ont
été établis pour des formes de section particulières (voir § 8.61 et § 8.62).

1. Quand la section est entièrement comprimée, YI = h dans l'expression

Mm
1- (
="2erbcYI y)
d--j- +A'ers)d-d'} avec erse =15er-hc jz-d'
-jz-'
434 Traité de béton armé

8.41 Dimensionnement par l'état-limite ultime (pivot C, région 3)

8.411 Sections rectangulaires à deux nappes d'armatures


On n'envisage ici que le dimensionnement avec le diagramme parabole-rectangle (voir
la remarque 3 page 439).

8.411-1 Coefficient de remplissage et coefficient de centre de gravité


L'effort de compression Fbcr, qui correspondrait à une contrainte uniforme et égale àfiJll
sur toute la hauteur de la section est (figure 8.12) :

0,ct =hohhu

TT
1Jrrr. . . ./ y

Ill, Ebc2
""',"",

_____ L _____ ~~~~~~ ____________ _______ _


--------- ~
1
1 1
~
/

. _--_!.----------
o

Figure 8.12

On peut, comme dans le cas des pivots A et B, considérer (voir § 7.511-1)


- un coefficient de remplissage: =Fbc / Fbcr ,
\jf

- un coefficient de centre de gravité oG permettant de définir la distance oGh (et non plus
00."') du point de passage de l'effort résultant Fbc à la fibre la plus comprimée.
En cherchant l'aire et le centre de gravité du diagramme des contraintes de compression,
on trouve, après avoir posé :

[8.20]

les valeurs: \jf


4 ~2 = 1-0,190 ~~
= 1-2ï~ ~~
[8.21 ]

0,5 - 0,163 ç2
= --------:- [8.22]
1- 0,190 ç2
Chapitre 8 • Flexion composée 435

En éliminant 1;2 de ces deux expressions, on trouve:

8
G
= 0,857 _ 0,357 [8.23]
\If

Les valeurs de \If et 8a peuvent être lues en fonction de Œt dans le tableau 8.3.

t
-1 f- l~I-,------"1::::
._~~~~'~
lL~
3
y 2'10.

I/Ebc2 1
1 1 1
11 1
Il 1 /
Il 1/
Axe neutre
._._~_._-----------~----------------
o

Figure 8.13

Les équations d'équilibre s'écrivent (figure 8.13) :


[8.24]

[8.25]

Cette dernière équation peut aussi s'écrire, en posant 81= dl h et 8'1 = d' 1h

Pour les aciers Fe E 400 (fed = 348 MPa), on a toujours O"sc =!ed quel que soit 8'1 puis-
1
que, dans ce cas :

f.,d = fed < 2.10-3 < ê, < 35.10-3


Es 2. 105 .le'

Décomposons la section en deux sections fictives (voir § 7.521). La section rectangulai-


re sans aciers comprimés doit équilibrer un moment Ml tel que

[8.26]

1. Pour les aciers Fe E 500, en supposant 0'1 = 0,1, on n'a cru =!c,f= 435 MPa que si fit :::; 6,46. Pour
simplifier, on pourra admettre, pour ce calcul, que crse = !cd = 400 MPa (et non 435 MPa) pour les
aciers Fe E 500.
436 Traité de béton armé

Si l'on considère le moment réduit rapporté à la hauteur totale (indice t) :


M,tA - A' !"d (d - d')
!-lbt = b h 2 l' '
[8.27]
o Jb/l

l'équation [8.26] devient !-lbt =\jf(Dt - DG),


ou, compte-tenu de [8.23] :
!-lbt =0,357 + \jf(Dt - 0,857) [8.28]

Tableau 8.3
at 'If DG
1,00 0,8095 0,4160
1,05 0,8389 0,4314
1,10 0,8620 0,4428
1,15 0,8805 0,4515
1,20 0,8955 0,4583
1,25 0,9078 0,4637
1,30 0,9181 0,4681
1,35 0,9267 0,4718
1,40 0,9341 0,4748
1,45 0,9404 0,4774
l,50 0,9458 0,4795
1,55 0,9505 0,4814
1,60 0,9547 0,4830
1,65 0,9583 0,4845
1,70 0,9615 0,4857
1,75 0,9644 0,4868
1,80 0,9669 0,4878
1,90 0,9713 0,4894
2,00 0,9748 0,4908
2,25 0,9813 0,4932
2,50 0,9855 0,4948
2,75 0,9885 0,4958
3,00 0,9906 0,4966
3,50 0,9934 0,4976
4,00 0,9951 0,4983
5,00 0,9970 0,4989
00 1,0000 0,5000
Chapitre 8 • Flexion composée 437

8.411-2 Marche du calcul pour une section rectangulaire


Données:
ho, d, h et d' (voir figure 8.14)

fed = fe et fb" = 0,85fc28 (en situation non accidentelle)


1,15 1,58
Sollicitations de calcul: MuGo , et Nu au centre de gravité de la section du béton seul.
Inconnues:
A si A' est connu, ou A et A'

h
2

d _.b..
2

Figure 8.14

1. La section A' des aciers les plus comprimés est connue.


Le moment agissant ultime, rapporté au centre de gravité de l'armature la moins com-
primée et évalué comme indiqué au § 8.331 est:

MuA = M uGO + Nu ( d - ~)
Dans le cas où le pivot est le point B et où l'axe neutre franchit le niveau des aciers A, et
a fortiori en région 3 pivot C, toutes les forces internes deviennent des compressions et
l'équilibre n'est p03sible que si le centre de pression se trouve entre:
- d'une part Go (au-dessous de Go, le moment serait de signe contraire à celui pour
-lequel on cherche la solution)
d'autre part le barycentre de Fbc et de Fsc lorsque l'axe neutre passe par A, puis-
qu'alors F.ç = O.
Pour cette position particulière de l'axe neutre, le pivot est le pivot B et y = d d'où
F;,c =0,81 ho d hu
438 Traité de béton armé

En prenant les moments en A', on a pour ce cas particulier:

d'où la valeur limite de eo :

[8.29]

Figure 8.15

Des valeurs de eo supérieures à eo,lim ne permettent pas de réaliser l'équilibre au pivot C.


Cette condition n'est pas suffisante. En effet, puisqu'au pivot C le coefficient de rem-
plissage \If est au moins égal à 0,81 (frontière BC) et au plus égal à 1 (verticale du pivot
C), il faut encore d'après [8.27] et [8.28] que l'on ait:

081 ~
, UI
-0337<
, -!lbl
_MuA-A'feAd-d')<~
- 2 - U I
-05
,
bo h hu
c'est-à-dire qu'il faut que la section A' imposée soit telle que:

, MuA - bo h hl{ d- ~)
A''? AI = hd (d-d
,) [8.30a]

mais avec
A'< A' = MuA -bo h hu(0,81d -0,337h) [8.30b]
- 2 fed(d -d')

Si la première de ces deux conditions n'est pas satisfaite, la section ne peut équilibrer
les forces appliquées.
Chapitre 8 • Flexion composée 439

Si c'est la seconde qui n'est pas satisfaite, l'équilibre n'est possible qu'au pivot B, ré-
gion 2 bl • Les armatures A ne sont comprimées que si :
2
A'::; MuA - 0,473 bo d hu
feAd -d')
En effet, lorsque l'axe neutre passe par le centre de gravité des armatures A on a y = d,
a = yi d = 1, la droite des déformations occupe la position BD et
IlBD = 0,81 (1-0,416)= 0,473.

Dans ce qui suit, nous supposons donc qu'outre la condition sur eo , les deux conditions
[8.30] sur A' sont bien réalisées.
Les équations précédentes permettent de résoudre le problème. On peut en effet succes-
sivement écrire:
0,357
Ilbt - ~
- d'après [8.28] : \If = (avec Ut = dl h)
Ct -0,857

- d'après [8.21] : ç = Jl~ ~ = 2,294~1-\If

- d'après [8.20] : at =~(~+3)


7 ç

et en utilisant les équations de compatibilité du pivot C (voir équations [7.3] au


§ 7.431-~):
2(a t -Ct)
(avec ici Ct = dl h et at d'après [8.20])
E, = 1000(a, -~J

d'où crs = Es Es = 2.105 Es = min {IOO (4 + 3 ç-7 C, ç) feJ (MPa) [8.30c]

et finalement, par la formule [8.24] avec crsc = !ed :

[8.31 ]

1. La région « 2b » correspond à un axe neutre situé entre les armatures A et la fibre extrême de béton
la plus proche de A.
440 Traité de béton armé

Remarques:
1. En prenant le moment agissant au centre de gravité des aciers comprimés:

MUA' = M uGO -Nu(~ -dl],


il est facile de voir qu'au pivot C, on doit nécessairement avoir :
2
MUA' - boh2 fbu (Ct - 0,5) < A < MUA' - 0,81boh fbu (Ct - 0,584)
feAd - d') - - 700(1- Ct)

6V=1 ; ç=O) (",=0,81; ç=1)

2. La relation [8.30b] montre que l'on a crs = fed dès que:

4 + 3): - 7C ): = fed ou a > C + fed


':> t':> 100 t t 700ç

(dans ces expressions, 100 et 700 représentent des MPa)

2. Les deux sections A et A' sont toutes deux inconnues.


Dans ce cas, la condition e o :::; eo,lim étant supposée satisfaite, il suffit de choisir A' dans
la fourchette définie par les inégalités [8.30a et b] et de continuer ensuite le calcul de A
comme dans le premier cas ci-avant.
En choisissant le(s) diamètre(s) des barres comprimées, il faut s'arranger pour que la
section A' réelle demeure dans la même fourchette [8.30a et b] qui est très étroite. Sinon,
on retourne au pivot B, mais si, la condition e o :::; eo,lim qui implique que les deux nappes
d'armatures sont comprimées étant satisfaite, on trouve que pour obtenir l'équilibre des
forces la nappe A doit être tendue, le problème ne comporte pas de solution (et il faut
changer une ou plusieurs données - dimensions; résistances - du problème).
L'organigramme de calcul ci-après résume la marche à suivre au pivot C.
Chapitre 8 • Flexion composée 441

h 0,81 bo dfbu
e ,. = - -d'- (0416d-d')
o,lm 2 Nu'

Pivot B, région 2a

, -____________L-__________- - , .

Pivot B, région 2b ou pivot e, région 3

h
MuA - bohfbu (d - "2 ) Non
Po: ? ------------
} - - - - '... Augmenter bo ou h
fed (d - d') ou fc28
Oui

MuA - bohfbu (0,81d - 0,337h) Non


Po: s -----------------
fed(d-d')

Oui pivote

MuA -Po: fed (d - d')


Ilbt=

MuA - 0,473 bod2 fbu


Po:s
fed(d-d')
Ilbl- 0,357
\jI=
01- 0,857
Oui Non

A comprimé A non nécessaire

ç=2,294~ (% minimal)
MuA -Po: fed (d - d')
lluA =

a = 1,20 (1 - ~ 1- 2,06lluA)

Z = d (1 - 0,416a)
a-1
O's = 700 - - MPa
a

1 [ MuA-Po:fed(d-d')]
A= - Nu-A'fed------------
O's z

• Région 2a : axe neutre au dessus des armatures


Région 2b : axe neutre entre les armatures A et la fibre extrême de la section la plus proche de A
442 Traité de béton armé

Remarques:
1. Si l'on effectue la différence des deux sections A' 2 et A' 1 données par les équa-
tions [8.30 a], on trouve:

A' -A' _ (0,190, - 0,163 )hoh2 hu


2 1- feAd -d')
ce qui, pour d = 0,9 h (0, = 0,9), d' = 0,1 h, /LIU = 14,2 MPa, hd = 435 MPa et
ho = h/2 (par exemple) conduit à (avec les unités cm2 et m): A'2 -A\ = 1,6h 2 •

Si h = 0,60 m, on trouve A'2 - A'l = 0,6 cm2


Ceci illustre ce qui vient d'être dit avant les remarques. Un faible écart sur la sec-
tion A' par rapport à sa valeur théorique suffit pour modifier considérablement le
résultat (et repasser au pivot B ou avoir un équilibre impossible !). Il ya en quelque
sorte une « instabilité mathématique» du calcul qui constitue une anomalie du di-
mensionnement sous efforts presque centrés. Cette anomalie n'est pas propre aux
calculs à l'état-limite ultime; on la rencontre également dans le dimensionnement à
l'état-limite de service.
2. Dans le cas où le rapport X = A / A' entre les sections des aciers les moins et les plus
comprimés est imposé a priori, on doit opérer par approximations successives, en se
donnant en premier lieu une valeur de !-lbf comprise entre 0,81 Of - 0,337 et 0, - 0,5.
À cette valeur de !-lb! correspond une valeur de crs (voir organigramme ci-avant).
L'équation d'équilibre des forces [8.24] donne alors, puisque A = XA' :

A'= Nu -\jI ho h hu [8.32]


!.,t/ + X crs
Cette valeur est portée dans la relation [8.27] donnant !-lb'.
On compare la nouvelle valeur de !-lbr. ainsi trouvée à celle dont on est parti et on
recommence les calculs jusqu'à ce que ces deux valeurs de !-lb' soient égales. On ob-
tient ainsi les valeurs définitives de crs et de A' donnée par la relation [8.32]. Celle
de A s'en déduit par A = XA'.
Si l'on veut en outre X = 1 (armatures symétriques), il faut corriger dans le sens
convenable la valeur deA' pour tenter d'y arriver.
Dans tous les cas, la meilleure solution est encore de recourir aux diagrammes
d'interaction (voir § 8.62).
3. Remarque sur l'utilisation d'un diagramme rectangulaire au pivot C, région 3 :
En région 3, le coefficient de remplissage du diagramme parabole-rectangle varie
de 0,81 à 1 quand la hauteur de l'axe neutre varie de h à l'infini (voir tableau 8.3 où
al varie de 1 à 00). Le coefficient de centre de gravité varie de 0,416 à 0,5.
Si l'on voulait substituer au diagramme parabole-rectangle un diagramme rectangu-
laire équivalent, il conviendrait de s'arranger pour que le coefficient de remplissage
Chapitre 8 • Flexion composée 443

de ce dernier varie également en fonction de la position de l'axe neutre. Toutefois,


compte tenu de la remarque 1 ci-avant, les approximations que l'on est inévitable-
ment amené à faire introduisent de trop grandes incertitudes sur le résultat final du
calcul pour qu'un diagramme simplifié, quel qu'il soit, puisse être considéré com-
me satisfaisant. Pour cette raison, aucun diagramme simplifié n'a été ni proposé, ni
envisagé ici.

8.412 Sections à table de compression


Puisqu'en région 3 la contrainte de compression du béton est constante sur les trois
septièmes de la hauteur totale de la section (figure 7.9 c), toute table de compression
d'épaisseur ho telle que ho ::; 3h / 7 (ce qui est le cas général) est soumise à une contrainte
de compression uniforme et égale àfbll'
Dans ces conditions, il est possible d'appliquer directement aux sections à table de
compression les méthodes exposées au § 8.311-2. Le problème se ramène en effet à la
recherche des armatures d'une section rectangulaire de largeur bo qui serait soumise aux
sollicitations:

N lIR = Nu - (b - bo )hohJll

MuRA = MuA - (b- bo)ho( d - ~ )hu


comme on l'a vu au § 8.332.

8.42 Dimensionnement par l'état-limite de service


On est dans le cas d'une section entièrement comprimée lorsque N.ver est un eff0l1 nor-
mal de compression et que hl::;
el avec el distance du bord du noyau central au centre
de gravité Go du béton seul (el = h / 6 pour une section rectangulaire). On raisonne sur la
section de béton seul, les sections Al et A2 étant supposées inconnues a priori.

Noyau central

MGo<O

Figure 8.16
444 Traité de béton armé

Le problème du dimensionnement des armatures comporte une infinité de solutions.


Les sections d'acier Al et A2 doivent être telles que:
-le pourcentage d'armatures soit au moins égal au pourcentage minimal;
-la contrainte limite du béton en service (Jbc = O,6fc28 ne soit pas dépassée.

La marche à suivre est la suivante:


1. On commence par se fixer les valeurs des sections A 1 et A2' par exemple de manière à
atteindre au moins le pourcentage minimal d'armatures requis en compression simple
(formule [10.10]).
2. On calcule ensuite successivement:
-l'aire de la section totale rendue homogène: Bh = B + 15 (Al + A2) avec B aire totale
de la section de béton seul;
-le moment d'inertie h de Bh par rapport à l'axe perpendiculaire au plan moyen (plan
de symétrie) passant par le centre de gravité Oh de Bh ;
3. étant le moment en Oh pris avec son signe, la contrainte de compression
Mser,Gh
maximale du béton a pour valeur :

a) si M., ' > 0: (J


.sa,Gh bc max
= NBser + Mser,Gh
1
VI
h h

b) si M . <0. (J
N _ M ser, C'hV2
=~ T
ser,Gh ' b e max B 1
h il

Figure 8.17

4. Si (Jbcmax «(Jbc les sections Al et A2 choisies a priori doivent être diminuées, pour
réduire "écart entre (Jbcmax et (Jbc mais de manière à toujours respecter la condition

5. Si 0bcmax > abc , il faut augmenter Al et A2 et recommencer les calculs jusqu'à trou-

Ces calculs étant longs et fastidieux, il est préférable, comme déjà dit, d'avoir recours à
des abaques (voir § 8.61).
Chapitre 8 • Flexion composée 445

8.5 SECTIONS ENTIÈREMENT TENDUES

8.51 Dimensionnement par l'état-limite ultime

eA2

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ t:.L..L..t:..L...C..

Figure 8.18 (correspond à MuGo> 0)

La section est entièrement tendue si Nu est un effort de traction et si le centre de pres-


sion défini par :

tombe entre les traces des deux nappes d'armatures (leol<lvall ou leol<lva21, figure 8.18).
Le pivot est le point A.
Les équations d'équilibre s'écrivent (en supposant queA 2 est la nappe la plus tendue) :
Nu = A21ed + A10's

Elles sont valables quelle que soit la forme de la section.


Si les deux sections A 1 et A 2 sont inconnues a priori, le problème peut avoir plusieurs
solutions.
La plus économique correspond à O's =led (le centre de pression coïncide alors avec le
'centre de gravité de l'ensemble des armatures).
En prenant les moments successivement par rapport à l'une et à l'autre des deux nappes
d'armatures, on trouve qu'il faut avoir:

[8.33]
446 Traité de béton armé

[8.34]

avec la condition supplémentaire (AI + A2 );::: B Jm


. Je
Le cas des armatures symétriques correspond à eAI = eA2 d'où (voir chapitre 6) :

A
1
= A2 =max{ 2.("
Nu . BJm }
2.(' [8.35]
J ed Je

(le deuxième terme correspondant à la section minimale).

8.52 Dimensionnement par l'état-limite de service


La section est entièrement tendue si le centre de pression C défini par:

tombe entre les traces des deux nappes d'armatures.


Le calcul se fait selon les mêmes principes que pour l'état-limite ultime. Le dimension-
nement économique correspond à cri =cr2 =crs d'où (notations, voir figure 8.18) :

[8.36]

[8.37]

avec la condition supplémentaire (AI + A2);::: B j;28 .


Je
Le cas des armatures symétriques correspond à eAI = eA2 d'où

A
1
= A2 =max{ N2
ser
'
• Bfr28 }
2/,e
cr s
. (le deuxième terme correspondant à la section minimale).
Chapitre 8' Flexion composée 447

8.6 ABAQUES ET DIAGRAMMES


D'INTERACTION

8.61 Abaques type Caquot (états-limites de service)


Ces abaques peuvent être établis pour toutes les formes de section.
Principe: On écrit les équations d'équilibre au centre de gravité de la section de béton
seul en exprimant les contraintes des aciers en fonction de la contrainte maximale du
béton et on se ramène à des quantités adimensionnelles.
Par exemple, pour une section rectangulaire en flexion et compression (figure 8.19).

-Î--r---~~F-,,_hr-----
f Y1 a", y,-d'
Ose = 150be - -
Y1

d' f.- 4 bo

Figure 8.19

avec Fbc =~cr bcboY\ (volume des contraintes)


2

d-y
crs =15crhe _ _1
YI
448 Traité de béton armé

d' 100A
En posant A'= x,A, al = Ydl , Ù=-d ' Po = - - , et en supposantd'=h-d, d'où
bod
h
-=l+Ù et (h/2}-d ' = 1+ Ù _ Ù= 1- Ù , on arrive à:
d d 2 2

Pour une forme de section et une distribution d'armatures données, en se fixant a priori
les valeurs de Ù et de X on peut tracer des courbes donnant en fonction de al et de Po la
.. d
vanatIOn e Db,
eo =-/-lb
/-lb et - .
d Db
Si les armatures sont symétriques, X = 1.
L'abaque de la figure 8.20, donné à titre d'exemple, est établi pour d' = h - d = 0,1 Oh .
a) Détermination des armatures
Données:
· .
Forme et d ImenSIOns d
e al '
sectIOn, A' u~
X =-, =-d'
A d
User.GO et N,er

Inconnues:
A etA'

O nse fi x e rr < i'T


Vbc-Vbc et on cal cu le /-lb= Mser,
2
GO et "b
v
= N ser
bo d abc bo d abc
Sur l'abaque correspondant à la forme de la section et à X et Ù, le point d'intersection des
.
courbes correspondantes a pour abscIsse 15 Po = 1500A et pour ordonnée (figure 8.21) :
bo d

-as
---f(al )
15abc

On peut ainsi contrôler si 1'hypothèse faite sur a he conduit bien à as=:;; as'

S'il n'en est pas ainsi, il faut recommencer le calcul avec une valeur de abc inférieure à
la première. S'il en est bien ainsi, on a :

A = (15 Po)bo d et A'=x,A.


1500
Chapitre 8 • Flexion composée 449
Valeurs de Ub

20 0,00
10,00
a la 20 30 40 50

Valeurs de lSpo i
0,02 Section rectangulaire armée symétriquement
19
15
12,3
0,04
10 1500A
9 0,10
8 15Po =b;;d
7 0,06
6 u - Nser
b- bod (ft<:
5 0,08
M..ro
4 0,20 0,10 ~b= bod'~bc
3,5 h-d
0,12 Ôt=-h-=0,10
3
,,
0,14 -&
2,5
0,30
"i {)-
1 t)- ~~ _~C>,, ___ ~~
,
___ ~ ___ ~~. '. ,•.• ,. W~,,
,
___ .,,, ___ ~ _,_~ __ , . __ w ••
,
'"f"~'-" ~ ~~~ __ " e ____ _

2
0,16 \ "ct ,,'P~ :
\
0,18

1,5 0,40 0,20'

0,22
1,22

10,00
0,24
5,00
0,50
3,00
0,26
2,00
0,80
0,28
1,50

0,66 0,60
0,30
.. ~-
~
-~ 1,20

0,60
1,00
0,3'2
0,90
0,50
0,80

0,70
0,40 0,70
0,65

0,60
0,30
0,55
0,80
0,50
0,20 0,48
0,48
0,44

0,42

0,40

0,38

0,35

0,34

Vil'A!Urs de 151>0
1t 1 1 11 1 1 1 1 1 1 1 11 1 1 1 1 1 1 1 11 1 t t 11 1 t ,1 1 1 1 1 11 1 1 11 t 1 1 1
0 10 20 30 ~O 80

Figure 8.20. Abaque de M. Caquot pour le calcul


des sections rectangulaires à armatures symétriques
450 Traité de béton armé

---.---
15po

Figure 8.21. Utilisation des Figure 8.22. Utilisation des


abaques type Caquot pour la abaques type Caquot pour la
détermination des armatures vérification des contraintes

b) Vérification des contraintes


Données:
Forme et dimensions de la section, X et 8
Mser.GO et Nser
A et A' =x;A,

Inconnues:

e A1 GO 1500A. e
On forme = sel',
--.Q.. et 15 Po = . La vertIcale de 15po coupe la courbe --.Q.. en
d N ser ho d d
un point par où passent une courbe !lb et une courbe Db. L'échelle latérale donne
l'ordonnée ~ correspondant à ce point (figure 8.22).
15crbc

d'où l'on déduit la valeur de crJ à partir de la valeur lue pour ~ sur l'échelle latérale.
15crbc
Chapitre 8 • Flexion composée 451

8.62 Diagrammes d'interaction (état-limite ultime)

8.621 Courbe d'interaction

1+---bç--l!>oI
1

- - - - - - - :;;"'---+
1 Cfsj
1
Cfsn 1'---_---'

Béton Acier
Contraintes

Figure 8.23

Soit une section quelconque mais possédant un plan de symétrie (plan moyen) et com-
portant des armatures A\, A 2 ••• Aj ... An respectant la symétrie et situées à des distances
ct....
dl. d2 ... dn de l'axe f1 perpendiculaire au plan de symétrie et passant par le centre
de gravité Go de la section de béton seul (par convention An est supposée être l'armature
la plus éloignée de la fibre la plus comprimée). On se donne une valeur de y et on
considère le diagramme de déformations passant par le pivot correspondant, à savoir:
- pivot A si y::; 0,259 (dn + v')
- pivot B si 0,259 (dn + v') < y ::; h [8.38]
- pivot C si y > h .

Pour la valeur de y choisie et le diagramme de déformations qui lui est associé, les dé-
formations Eç et El} de deux fibres quelconques, respectivement de béton comprimé et
d'acier (tendu ou comprimé) sont parfaitement déterminées; il en est de même de leurs
contraintes respectives, crcç pour le béton, crsj pour l'acier (crSj positif au-dessus de l'axe
neutre et négatif au-dessous).
452 Traité de béton armé

Compte tenu de cette convention de signe, on peut écrire les expressions de la résultante
Ni des forces internes d'une part et du moment en Go de ces forces, c'est-à-dire ~,GO,
d'autre part, sous les formes générales suivantes' :
y n

NI (y )= Ni = fbçacçdÇ + LAjasj [8.39]


o )=1

y n
MI (y) = Mi,Go = fbçacç(v'-Ç)dÇ+ LA)asjdj [8.40]
o )=1

avec v' distance du centre de gravité du béton seul à la fibre la plus comprimée de la
section.
Dans le système d'axes orthonormé plan (OMN), le point PI de coordonnées MI(y) et
NI(y) décrit un arc de courbe convexe CI (figure 8.24)

10) Pour Y= - 00, la droite des déformations est la verticale du pivot A (Es = 10 %0, donc
as) = -fed)'
Le point PT (MT,Go, NT) correspond à l'état-limite ultime de traction simple et on a :
Il Il

NI (-00) = NT = LApsj = -fedLA) [8.41 ]


j=I j=I

Il n

MI ,Go (-oo)= MT,GO = LAj a Sj d j =-fe"LAj d j [8.42]


j=I j=I

1. Si l'on voulait connaître les moments frontières (§ 7.412) évalués en Go, il suffirait d'introduire,
comme bornes de l'intégrales de l'expression [8.40], les valeurs limites de y données par [8.38].
Mais ici, cette connaissance n'est nullement indispensable (voir cependant § 16.3).
Chapitre 8 • Flexion composée 453
N

--------~------~~--------~M
+

PT

Figure 8.24

[MT,Go n'est nul que si le centre de gravité du béton seul est également celui des aciers,
n

puisqu'alors L Aj d j = 0 ]
j=1

2°) Pour y = +00, la droite des déformations est la verticale du pivot C (Es = 2 %0), donc
O"cç = Cte = lbu et O"Sj = min Ved ;
Esc Esc = 400 MPa } 1 : le point Pc (Me,Go, Ne) corres-
pond à l'état-limite de compression simple et on a:
11

N 1(+oo)= Ne = Bfbu +O".vLAj [8.43]


j=l

11

MIGo{+oo} = Me,GO =O"sj LAjdj [8.44]


j=l

avec B aire de la section totale du béton (pour y = + 00, l'intégrale de l'expression [8.40]
est nulle puisque O"cÇ étant constant, cette intégrale correspond au moment statique de
l'aire B par rapport à son propre centre de gravité, qui est nul par définition; par ailleurs,
Me,GO n'est nul que si le centre de gravité des armatures coïncide avec celui du béton
seul).

1. Donc, pour des aciers de nuance Fe E 500, a~j = 400 MPa, et pour des aciers de nuance Fe E 400,
asj = 348 MPa
454 Traité de béton armé

3°) Pour une certaine valeur YF! dey, le point P occupe la position PFl telle que:

Nl(YF!) = 0

Ml (YF!) = MF!
MF! étant le moment résistant ultime de flexion simple correspondant au sens de flexion
considéré.
4°) Si l'on change le sens de la flexion, on définit de la même manière l'arc de courbe
C2 passant par les points PT et Pc déjà définis et par le point PF2 (y = Yn) tel que:
N 2(YF2)= 0

M 2(YF2)= MF2 (de signe opposé à MF1 )

L'ensemble des deux courbes Cl et C 2 constitue une courbe continue et fermée C appe-
lée « courbe d'interaction ».
Si la section possède un centre de symétrie, les points PT et Pc sont situés sur l'axe ON
et les deux courbes Cl et C2 sont symétriques par rapport à cet axe.
Le contour fermé C délimite le domaine de sécurité de la section étudiée munie de ses
armatures de section totale IAj •

Soit P l'extrémité du vecteur représentant la sollicitation agissante, c'est-à-dire ayant


pour composantes Nu et Mu,Go. Trois cas peuvent se présenter:
a) si P tombe à l'intérieur du contour C, la section est apte à résister à la sollicitation
agissante (N,,, Mu,Go) ;
b) si P tombe sur le contour C, la section est toujours apte à résister à la sollicitation
agissante, mais l 'tm au moins des pivots est atteint;
c) Si P tombe à l'extérieur du contour C, l'un au moins des pivots est franchi, c'est-à-
dire que l'état-limite ultime est dépassé. Il faut modifier l'un des paramètres du problè-
me; en général on agira sur (IAj) et on augmentera proportionnellement toutes les
sections d'armatures c'est-à-dire que l'on remplacera chaque section Aj par une nouvelle
section k Aj (k > 1), ce qui a pour effet d'augmenter l'étendue du domaine de sécurité
(voir § 16.3).
5°) Si la section ne comporte aucune armature (I.Aj =0), ce qui est un cas d'école
puisqu'un pourcentage minimal est toujours requis, les points PT et Pc ont respective-
ment comme coordonnées (0 ; 0) et (0 ; B fiu) et les relations [8.39] et [8.40] où les
.termes dus aux aciers sont alors nuls définissent le contour lenticulaire Co (figure 8.24).
Chapitre 8 • Flexion composée 455

8.622 Diagrammes d'interaction

8.622-1 Tracé et particularités des diagrammes d'interaction


La forme de la section transversale est donnée, ainsi que la position de chaque armature.

On pose
1 '. ,,-_ Nil ,II
r
(LAj lied (pourcentage mécanique total)
__ M Il,GO et p __ ....:.-...::....:......:.:;...
v
G
Bfbll Bh/bu Bft",
avec:
B aire totale de la section
h hauteur totale de la section
!ed= j~/ys =!el 1,15 en général.
La position des armatures restant invariable, donnons à p diverses valeurs: 0, 0,1, 0,2 ...
On obtient dans le plan orthonormé (0 !-l'U) le diagramme d'interaction de la section qui
se compose de courbes régulièrement espacées Co; CO,I; CO,2, •.• correspondant aux di-
verses valeurs de p, coupées par un réseau de droites rayonnantes (mais sans loi de
convergence), correspondant à des positions d'axe neutre identiques (voir § 16.3).
Le tracé s'effectue automatiquement à l'aide d'un ordinateur (exemple figure 8.26).
Dans la direction de chacune des droites rayonnantes, p croît linéairement. Les courbes
p = 0, p = 0,1, P = 0,2, etc. coupent donc chaque droite en des points équidistants le
long de celle-ci, ce qui veut dire que les interpolations doivent se faire dans la direction
des droit~s (figure 8.25). Compte tenu de cette remarque, pour obtenir la valeur de p
correspondant à un point P quelconque du plan avec une bonne précision, on peut, au
lieu de se cantonner aux deux courbes les plus proches encadrant le point P, étendre
l'intervalle de lecture, et mesurer sur l'abaque, dans la direction «estimée» de la droite
ex = yi h = ete passant par P (figure 8.25), les longueurs des segments POPI et PoP (Po

correspondant ici à P = °et PI correspondant à p = 1) puis prendre p = POPI


PoP (soit 0,688

sur l'exemple de la figure 8.25).


Par ailleurs, dans le système d'axes (0 !-l 'U), les coordonnées des points PT et Pc présen-
tent des particularités qu'il convient de signaler:
a) pour les sections sans armatures C!:A j = °)ces coordonnées sont:

- pour PT: 'U = ° !-lG = °


.:. . pour Pc: 'U =1 !-lG = ° 2

1. Bien faire attention aux quantités entrant dans les fonnules. Remarquer qu'on introduit ici U"Go (et
non MuA) etfiu = 0,85!c281 fjyb, mais qu'à l'abaque donné en exemple ci-après, on a remplacéfbu par
!cd = !c2S/Yb (sans le coefficient 0,85/0)
2. Ou u = 0,85/0 si le paramètre d'entrée pour le béton est!ctl selon la note précédente; c'est le cas
pour la figure 8.25 et pour le diagramme de la figure 8.26.
456 Traité de béton armé

Figure 8.25

b) pour la section avec armatures, la position de celles-ci étant invariable, comme les Aj
J
varient en étant tous multipliés par le même facteur k, on a 1:(k A = k(L A J.
Les
coord01;mées des points PT et Pc sont donc telles que:
fl 1:A,d,
_ pour PT : --.!L = J } =Cte
1) h 1: Ai

flG 1:A,d,
-pour Pc : - - = } } =C te
1)-1 h 1: Ai

II en résulte que, si le centre de gravité des armatures n'est pas confondu avec celui de
*
la section du béton seul (1: Ai di 0), lorsque p varie, les points PT et Pc décrivent
1:A,d,
deux droites ~T et ~c de même pente } } passant, l 'une ~T par l'origine 0, l'autre,
h1:Aj
~ par le point de coordonnées (1) =1 ; flG =0) (figure 8.27).
Chapitre 8 • Flexion composée 457

1.8 ..__ .- .,-- -~ "',- -

1,6 --

1,2 ..
As1 +As2
Ollel = bhfcd
fyd

bh fcd
Atel =As1 + As2 =Ollel - fyd-

0,6

0,4

0,2

0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6

Figure 8.26. Exemple de diagramme d'interaction (extrait du Manuel flexion-


compression du CES) Section rectangulaire à armatures symétriques di = 0,10h,
fe= 500 MPa
Attention: ici le" = aflnJ 0,85 (l'écriture Ec211::s 1 = 3,5/2,0 par exemple ne correspond pas à un rap-
port. Elle signifie seulement, Ec = 3,5%0 et Esi = 2 %O. La ligne pointillée correspond aux « déforma-
tions équilibrées» (voir § 11.763-3, effort Nhal, texte accompagnant les figures Il.45 et 11.46)
458 Traité de béton armé

8.622-2 Utilisation des diagrammes d'interaction


JO) Détermination des armatures (figure 8.27) - Dimensionnement
La section est soumise à une série de sollicitations (Nu, Mu,Go)j avec j = 1, 2, 3 ... Le
pourcentage P cherché est le plus élevé des pourcentages mécaniques Pj correspondant
aux différentes courbes passant par les points Pj (Uj, ~Gj). En effectuant cette opération
sur plusieurs diagrammes d'interaction correspondant, pour une même section, à des
distributions différentes d'armatures, il est possible de trouver la distribution la plus
économique (LAj minimal) permettant d'équilibrer l'ensemble des couples (Uj, ~Gj)
imposés.

u u

Dimensionnement Vérification

Figure 8.27

]0) Vérification de la sécurité (figure 8.27)

Les points Pj (Uj' ~Gj) correspondant à (Nz" Mu,Go)j doivent tous se trouver à l'intérieur du
contour délimité par la courbe C correspondant au pourcentage mécanique P des arma-
tures de la section.

Remarque:
On peut encore, au moyen des diagrammes d'interaction (figure 8.28) :
- trouver la valeur du plus grand moment d'un signe déterminé que peut équilibrer
une section lorsqu'elle est soumise à un effort normal agissant donné ou, inversement,
- trouver la valeur du plus grand effort normal d'un signe donné que peut équilibrer
une section lorsqu'elle est soumise à un moment agissant donné.
Chapitre 8 • Flexion composée 459

u u

Figure 8.28

8.7 CALCUL DES CONTRAINTES


NORMALES

8.71 Section entièrement comprimée

1 - - - - / crsc1
15

tJ>
Va 1
Axe de
fle.'{ion -
simple
~ _er_et_·-I_~-_h_-
--L._-f---+__ --f--_ --_-_- ~:.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ ' - -_ _--L.

crbc2 = crbc max

Mser.Gh > 0 Mser.Gh < 0


Figure 8.29
460 Traité de béton armé

L'effort normal de service Nser est un effort normal de compression et le centre de pres-
sion est à l'intérieur du noyau central de la section rendue homogène (figure 8.29).
-- -- -- ----
Celui-ci est tel que G"C1 xG"OI =-II B d'où G"Cj =-II BV j (G"Cj < 0, G"Oj > 0) et
de même G"C2 X Gh 0 2 =-1/ B d'où c e =1/ BV
h 2 2 (G"C2 > 0, G,,02 < 0).

Il suffit d'appliquer à cette section la formule classique de la Résistance des Matériaux,


qui conduit pour une fibre de béton quelconque à :

[8.45]

avec:
N ser effort normal de service
Mser,Gh moment de service évalué au centre de gravité Gh de la section homogène Bh
Bh = B + 15A (B aire totale de la section transversale de l'élément, A aire totale de
la section droite des armatures)
I" moment d'inertie de Bh par rapport à l'axe perpendiculaire au plan moyen et
passant par G"
v distance à ce même axe de la fibre dont on cherche la contrainte.
Pour l'acier situé à la même distance v de l'axe ci-dessus défini, la valeur résultant de
l'application de la formule [8.45] est à multiplier par 15.

8.72 Section entièrement tendue

_________________________ '-"-"-L.L..<.~

(la figure correspond à Mser.Go > 0)

Figure 8.30
Chapitre 8 • Flexion composée 461

N ser est un effort normal de traction et le centre de pression tombe entre des traces des
deux nappes d'armatures (figure 8.30).
On pourrait continuer d'appliquer la formule classique de la Résistance des Matériaux.
En fait, comme le béton tendu n'intervient pas, le problème se ramène à l'équilibre des
trois forces: N sen AIO'sh A 20's2.
En prenant les moments successivement par rapport à A 1et A 2 on trouve:

et [8.46]

8.73 Section partiellement comprimée


Le centre de pression C est à l'extérieur du noyau central de la section homogène si Nser
est un effort normal de compression ou à l'extérieur des traces des deux nappes
d'armatures si N ser est un effort normal de traction.

-----1--------- --
1- .~-~~"._~~~._~~

crÇ=KÇ

d ç
h
- 1
,
Axe
-------,------
_____ J__ :~_K ________ _
1 neutre /
/
/
/
/

crs
15

Figure 8.31

Soit (figure 8.31) :


YI distance, essentiellement positive, de la fibre la plus comprimée de la section à
l'axe neutre,
Yc distance du centre de pression C à l'axe neutre, prise positive si Nser est un
effort de compression et négative si Nser est un effort de traction,
c la distance du centre de pression à la fibre la plus comprimée de la section:
c = d - eA, eA ayant le signe de Nsen donc (figure 8.32) :
462 Traité de béton armé

• si Nser est une traction « 0) : c> 0 quelle que soit la position de C.


e si Nser est une compression (> 0) :
c < 0 si eA > d ( C à l'extérieur de la section)
c> 0 si eA < d ( C à l'intérieur de la section).

Compression Compression Traction Traction

Figure 8.32

Dans tous les cas, on a YI = Yc + c et en désignant par K le coefficient angulaire du dia-


gramme des contraintes, celles-ci se calculent par (unités m, MPa, K en MN / m3) :

abc =KYI =K(yc +c)


a = 15abc (d-yc-c)
s
Yc+c
II faut donc calculer:
-la valeur de Yc
- la valeur du coefficient angulaire K.
Soit:
Se le moment statique de la section homogène réduite Be par rapport à l'axe neutre:

avec:
11 = 1 si dBe est une fibre de béton
11 = 15 si dBe est une fibre d'acier
Il moment d'inertie de la section homogène réduite Be par rapport au même axe:
Chapitre 8 • Flexion composée 463

Se moment statique de la section homogène réduite Be par rapport à la parallèle à


l'axe neutre passant par C :

Se =- If (Ye - Ç) n d Be
Be

(le moment statique est considéré comme négatif si l'aire est au-dessous de
l'axe, ce qui est le cas de la figure 8.32).
le moment d'inertie de la section homogène réduite Be par rapport à ce même
axe:

le =- If (Ye - ç) 2ndBe
Be

Ona:
Be Be Be

et Se =-Yc If ndBe + If ç ndBe


Be Be

d'où [8.47]

a) Expression deyc
La forc~ élastique élémentaire est: crç(ndBe) = K ç ndBe
En écrivant que le moment des forces élastiques élémentaires est nul au point C, on a :

K If (Ye - Ç) ç ndB =0
Be
e

[8.48]

ou encore, d'après [8.47] : Ye = - ~


Se
Pour les sections rectangulaires ou en T,Ye s'obtient par la résolution d'une équation du
troisième degré sous forme canonique:

Y:+PYc+q=O
464 Traité de béton armé

avec:
- pour une section rectangulaire de
largeur bo : c !.---------------
1
p = -3e 2 - 90A' (e -d')+ 90A (d -e) f4f----- b 1 C « 0)
1
bo bo r-~----~--.----------~
d' 1
-Pi
q = -2e 3 _ 90A' (e _d,)2 _ 90A (d _e)2 1
bo bo

et Il doit être calculé par la relation


_ _ _ _ _ .....1.. _ _ _

1
1
-~':~~~--ld
[7.86]. 1
'A
..,j,.;"
1
----------- -

Figure 8.33

- pour une section à table de compression :

b 2+3 ( --1
p=-3-c b J(
c-ho )2 - 90A'
- - (c-d,) +90A
- (d-c )
bo bo bo bo

b 3+2 (--1
q=-2-c b J(
- - (c-d ,)2 - 90A
c-hoJ\3 -90A' - - (d-cJ\2
bQ bo bo bo

Dans ce dernier cas, la condition pour que l'axe neutre tombe dans la nervure est:
- si Nser est un effort normal de compression: f(h o - c) f(d - c) < 0
- si Nser est un effort normal de traction: f( - c )f(ho - c) > 0

S'il en est bien ainsi 1) doit être calculé par la relation [7.101] sinon il faut utiliser la
relation [7.86] en y remplaçant bo par b, largeur de la table.
b) Expression de K
En écrivant que le moment des forces élastiques par rapport à l'axe neutre est égal à
NserYc:

D'où K = N ser Yc ou encore, d'après [8.48] : K = N ser


~ Se

Attention! Comme N ser Yc::f; N.ler eo = Mur•GO on n'a pas K = M ser comme en flexion
1)
simple.
Chapitre 8 • Flexion composée 465

8.8 CONDITION POUR QU'UNE SECTION


RECTANGULAIRE SOIT ENTIÉREMENT
COMPRIMÉE SOUS LES
SOLLICITATIONS AGISSANTES
ULTIMES
Pour le calcul des semelles de fondation, on utilise fréquemment la «méthode des biel-
les» dont l'une des hypothèses est que le poteau supporté par la semelle est soumis à la
compression centrée. Toutefois des hypothèses complémentaires permettent d'étendre la
méthode aux cas où la section de base du poteau est soumise à la flexion composée.
L'une de ces hypothèses complémentaires est que la section de base du poteau doit
être entièrement comprimée.
Or les sollicitations prises alors en compte étant des sollicitations ultimes, la notion de
noyau central (§ 8.32) n'a plus de sens.

Pour une section rectangulaire, si à l'état-limite de service, la condition: IMser,G o 1 :::;


!!:.-
N ser
6
permet bien de conclure que la section est entièrement comprimée, le fait que l'on ait:

- :::; -h n ,apporte aucun renseIgnement


1Ml/Go 1
- . sur l' etat
' ree, 1de al '
sectIOn a'l' etat-
' 1"Imite
Nu 6
ultime et il serait grossièrement faux d'en déduire que la section est entièrement com-
primée.
Il serait également grossièrement faux de dire que la section est entièrement compri-
mée lorsque le pivot est le pivot C. Il suffit d'imaginer que l'effort de compression
agissant ultime soit faible et peu excentré: le raccourcissement ultime de 2 %0 ne pour-
ra être atteint en aucun point de la section; en particulier, il ne sera pas atteint sur les
fibres correspondant au pivot C (fibres situées aux 3/7 de la hauteur de la section).
Il faut bien se rappeler, et bien comprendre ainsi qu'on l'a dit au § 5.211-6, que la règle
des trois pivots est une règle commode pour le dimensionnement des sections. Elle ne
saurait décrire l'état de déformations physique réel d'une section dans laquelle les
dimensions du coffrage et les sections des armatures sont connues, lorsque cette section
est soumise à des sollicitations données (dans l'exemple choisi ci-avant de la section
faiblement sollicitée, un projeteur utilisant la règle des trois pivots pour le dimension-
nement concluerait seulement que des armatures ne sont théoriquement pas nécessaires
et que la section minimale est suffisante).
Dans ces conditions, comment peut-on s'assurer qu'une section est entièrement com-
primée sous sollicitations ultimes? Il suffit que les déformations (raccourcissements)
soient de même signe sur les fibres extrêmes de la section, le cas limite étant celui où
l'une des déformations est nulle (figure 8.34, quantités sans dimensions).
466 Traité de béton armé

r
h=1
P

lL------l p

~b=1-+l
_____ --
0

A
Figure 8.34 (p =- )
hh

A cet état de déformations, correspond un état de contraintes dans le béton et dans les
armatures, d'où l'on peut déduire l'effort normal résistant N Ru et son excentricité eu'

Pour une section rectangulaire non armée, il est facile de voir qu'en posant

- N eU
UR = Ru et llR =h
ho hfbu
et en faisant varier tbe de 0 à 3,5.10-3, on a:

UR ='If (coefficient de remplissage du diagramme des contraintes)

llR =0,5 - ÙG (ùa: coefficient de centre de gravité de ce diagramme).

Les expressions de 'If et ùG données au § 7.511-1 (deuxième cas) en fonction de


À = -i--
10
permettent de résoudre le problème.
tbc/
Chapitre 8 • Flexion composée 467

Pour une section rectangulaire munie d'armatures symétriques, de section totale 2A, il
est possible, grâce à un programme de calcul, de tracer les courbes uA~) pour différen-
tes valeurs de !c28, de le et des rapports d' / h et p = A / bh (moitié du pourcentage total
d'armatures rapporté à la hauteur totale de la section).
Jean Roux a bien voulu se charger d'établir ce programme, qui conduit au diagramme
donné, à titre d'exemple, à la figure 8.35 (cet exemple correspond à le = 400 MPa,
!c28 = 25 MPa, d' / h = 0,10).
Chacune de ces courbes définit la frontière d'un certain domaine situé du côté de sa
concavité.

Pour toute sollicitation agissante ultime définie par Nu et e ou encore par u = Nu et


bD h!bu
YI =!!.... la section est entièrement comprimée si le point représentatif de cette sollicita-
h
tion se trouve à l'intérieur de ce domaine.

Remarques:
1. Pour p = 0 le noyau central correspond à YlR = 0,166 = 1 /6. Cette valeur consti-
tue la limite de eu quand N Ru tend vers 0, car la parabole tend à se confondre
h
avec sa tangente à l'origine: le diagramme des contraintes devient triangulaire,
c'est-à-dire qu'il se déduit du diagramme des déformations par affinité, et l'on re-
trouve l 'hypothèse de Hooke et la valeur de la Résistance des Matériaux. Mais
comme tous les points de la frontière du domaine correspondent pour p = 0 à
YlR < 0,166, l'extrapolation, tout à fait injustifiée, des résultats de la Résistance des
Matériaux n'est pas dans le sens de la sécurité.
2. Si l'on tient compte des armatures, les paramètres se multiplient: sections de cel-
les-ci, position, résistance du béton pour définir le rapport led/fiu.

N Ru augmente et eu aussi, mais beaucoup moins vite que N Ru • La courbe p = 0


de la figure 8.35 se déplace vers le haut et vers la droite. Ne pas en tenir compte va
dans le sens de la sécurité mais peut se révéler pénalisant (bien entendu, dans le
calcul élastique également, si l'on tient compte des armatures, on trouve que le
noyau central occupe plus que le tiers central: e1im ""!!.. (au lieu de !!..) pour un
5 6
pourcentage d'acier de 0,5 % du côté le plus comprimé).
468 Traité de béton armé

Nt bhfbu

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0

Figure 8.35
Chapitre 8 • Flexion composée 469

8.9 SECTION CARRÉE FLÉCHIE


DANS UN PLAN DIAGONAL
Dans le cas où la section est partiellement comprimée, la méthode d'assimilation à la
flexion simple exposée au § 8.31 est applicable.

a) Si la hauteur y de l'axe neutre est au plus égale à 0,625 h (h = bJ2 étant la hauteur
totale de la section dans le plan de la flexion), la zone comprimée est triangulaire. Dans
ce cas, les sections d'armatures Jl et Jl' nécessaires pour équilibrer le moment de flexion
simple MuA = Nu eA peuvent être déterminés comme indiqué au § 7.81.

On prend ensuite: A' = JI.' et A = Jl- Nu (Nu avec son signe).


fed

b) Si Y > 0,625 h,inégalité équivalente à: MuA> .!..[d


4 h 3
_.!..]
il est préférable d'avoir

directement recours aux diagrammes d'interaction qui ont été établis pour le type de
section considérée.

8.10 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE


DU CHAPITRE 8
Outre les documents mentionnés au chapitre 7 :
- Millan (A), Programmes de flexion composée suivant les Règles BAEL ou CCBA 68
au moyen d'un ordinateur de poche (HP67 ou 97), Annales ITBTP, novembre 1982.
- Pliskin (L), Calcul en flexion composée d'une section en béton armé avec des lois de
comportement des matériaux quelconques, Annales ITBTP, octobre 1983.
CHAPITRE 9
FLEXION DÉVIÉE

9.1 DÉFINITION
l
De manière générale, une poutre est soumise à la flexion déviée lorsque l'axe du cou-
ple de flexion ne coïncide pas avec l'un des axes centraux d'inertie de sa section droite
et lorsque la direction de l'effort tranchant ne coïncide pas avec celle de l'autre axe.
Seul est étudié dans ce qui suit le cas des poutres à plan moyen (plan de symétrie). Dans
ce cas, il y a donc flexion déviée lorsque le plan de flexion ne coïncide pas avec le plan
2
moyen.
1°) S'il n'existe pas d'effort normal, la flexion déviée est dite simple; exemples:
a) poutres à plan moyen vertical soumises simultanément à des charges de pesanteur
(poids propre, composantes verticales des charges d'exploitation, ... ) et à des forces
horizontales (vent, composantes horizontales des charges d'exploitation, de la poussée
de l'eau, etc.) (figure 9.1 a);
b) poutres à plan moyen non vertical soumises à des charges de pesanteur (figure 9.1 b) :

Figure 9.1

1. La flexion déviée constitue l'une des deux fonnes de la flexion gauche, l'autre étant celle où la
flexion s'accompagne de torsion (voir chapitre 13).
2. Une pièce à section carrée sollicitée par une force extérieure de direction quelconque contenue dans
un plan diagonal est donc sollicitée en flexion droite composée et non en flexion déviée, puisque le
plan diagonal est un plan de symétrie.
472 Traité de béton armé

2°) S'il existe un effort normal, la flexion déviée est dite composée; exemples:
- poutres sous chemins de roulement des ponts roulants,
- poteaux supportant ces poutres.
Ces poutres et poteaux sont en effet soumis aux forces verticales P résultant du poids
propre et des charges variables et aux efforts horizontaux ± HI, ± H 2 provenant du vent,
du retrait et du freinage longitudinal ou transversal (figures 9.2 a et b) :

• Poutre (coupe verticale) o Poteaux (coupe horizontale)

Figure 9.2

9.2 SOLLICITATIONS À CONSIDÉRER

t!'y
La section droite ayant au moins un axe de symétrie
(trace du plan moyen sur le plan de cette section) on
peut décomposer le moment de flexion correspon-
dant à chaque action j suivant les deux directions
principales de la section Gox et GoY, Go étant le h
centre de gravité du béton seul (Gox dirigé dans le
sens de la largeur b de la section, GoY dans le sens
de sa hauteur h).
Les composantes correspondantes sont désignées b

par M.Tj.GO et Mn.GO (figure 9.3).


Figure 9.3
Chapitre 9 • Flexion déviée 473

9.21 Flexion déviée simple


Conformément aux principes énoncés au § 3.42 les sollicitations à considérer sont,
symboliquement:
a) vis-à-vis de l'état-limite ultime de résistance

Ml/x,GO = L Yj M.r},GO

Ml/y,GO = L Yj Myj,GO

b) vis-à-vis des états-limites de service

Mserx,GO = L M.r},GO
MS€ly,GO =L M yj,GO

9.22 Flexion déviée composée avec traction


a) vis-à-vis de l'état-limite ultime de résistance

M ux,GO et Muy,GO comme pour la flexion déviée simple

b) vis-à-vis des états-limites de service:

Mserx,GO et Msery,GO comme pour la flexion déviée simple

9.23 Rexion déviée composée avec compression


Dans tout ce qui suit, bien faire attention aux indices.
a) État-limite ultime
En principe, les sections soumises à un effort normal de compression doivent être véri-
fiées vis-à-vis de l'état-limite ultime de stabilité de forme (flambement biaxial, voir
§ 11.8).
1
Pour les poutres à section rectangulaire, les Règles BAEL permettent de tenir compte
forfaitairement des effets du second ordre, en opérant comme indiqué ci-après.

1. Article A 4.35. C'est le seul article où les Règles BAEL font mention de la nexion déviée, et encore,
en commentaires, et en des termes très vagues, qui nécessitent une interprétation.
474 Traité de béton armé

les longueurs de flambement de la poutre évaluées respectivement dans le


plan Gox et dans le plan GoY;
b et h les dimensions de la section dans les directions respectivement parallèles
à GoX et à GoY;
l'excentricité additionnelle définie ci-après;
les excentricités du premier ordre respectivement définies par (voir Figure
9.11) :

et [9.1 ]

Lorsque les rapports 1ft / b et 1fy / h sont tous les deux tels que:

1ft :::; max{15' 20 elx } et /fy :::; max{15' 20 ely } [9.2]


b 'b h 'h

on peut effectuer le calcul par les méthodes exposées ci-après au § 9.4, à condition
d'opérer en prenant comme sollicitations de calcul:

avec (les signes à attribuer à ea , e2x et e2y étant, pour chacun des termes entre crochets,
les mêmes que ceux de el x et el y respectivement) :
el.n el y : excentricités définies ci-avant par les expressions [9.1] où ea est une excentrici-
té « additionnelle» (voir § 8.22 a) :

ea = max{2 cm; _I_}


250

1 étant la longueur de la poutre


e2x, e2y : excentricités dues aux effets du second ordre (voir chapitre Il) évaluées forfai-
tairement au moyen des expressions:

[9.3]
Chapitre 9· Flexion déviée 475

où a.v et <Xx désignent pour chacune des deux directions principales le rapport
du moment du premier ordre Mf, dû aux seules charges permanentes et quasi
permanentes, au moment total du premier ordre Ml (avant application des coef-
ficients y). En mettant à chaque fois l'indice y ou x convenable:

a~ M~(G+ ~1j12Û;J
[9.4]
Ml(G+Ql + Lwoû;J
;2:2

ML L
(moments de service du premier ordre, évalués en Go avec <Xy =--.!L et <Xx = M lx )
M ly M lx

b) État-limite de service
Dans ce cas, les calculs sont conduits en prenant:

9.3 MÉTHODES DE CALCUL


À L'ÉTAT-LIMITE DE SERVICE
Sauf pour les sections entièrement comprimées, les formules classiques de la Résistance
des Matériaux pour un matériau homogène ne donnent pas une solution immédiate, car
les caractères mécaniques de la section (aires et moments d'inertie) dépendent de la
position de l'axe neutre, laquelle est inconnue a priori.
Pour les sections de forme quelconque, le calcul ne peut être pratiquement mené que par
approximations successives. Les nombreuses tentatives pour résoudre le problème ont
été résumées par J. Rüdinger dans les Annales de 1'ITBTP d'octobre 1943 (Circulaire F
nO 17). Treton dans la Revue Travau..'( nO 92 de février 1941 et dans l'Ingénieur-
çonstructeur de juillet-août 1944 a donné également des exemples d'application de la
méthode par approximations successives.
À l'époque de ces diverses publications, il n'existait pas d'ordinateur et les approxima-
tions devaient être faites manuellement. Actuellement, il existe des programmes de
calcul qui permettent d'obtenir rapidement la solution du problème.
Le fait de ne pas disposer d'ordinateur et! ou de programme ne rend pas pour autant le
problème insoluble par un calcul manuel.
476 Traité de béton armé

Pour les sections rectangulaires, une solution rigoureuse est obtenue par l'emploi
d'abaques dus à J. Rüdinger (op.cit.) et à A. Roussopoulos (Annales techniques, Athè-
nes, mai 1933) que l'on peut trouver dans le Formulaire du béton armé de
R. Chambaud et P. Lebelle, tome 1.

9.31 Flexion déviée simple: abaque de J. Rüdinger


Cet abaque (figure 9.5) concerne les poutres à section rectangulaire soumises à la
flexion déviée simple et armées de quatre barres de même diamètre (section totale
d'acier: 4A) disposées à chacun des angles de la section (figure 9.4), de sorte que cha-
cun de leurs axes soit situé à une distance du côté b égale à 0,08 h et à une distance du
côté h égale à 0,08 b.

+
Les axes Ox, Oy, sont: !f\Y
1

1°) choisis de sorte que l'axe Ox soit perpendicu-


laire au côté effectivement rencontré par l'axe du
moment agissant Mser. Par définition, la dimension Mser,Go

b est parallèle à l'axe Ox ainsi défini (et la dimen-


sion h parallèle à Oy) ;
2°) orientés de façon que les projections Mserxo Msery
du moment Mser soient positives.
b
De ces deux conventions, il résulte que l'on a :

Figure 9.4

b M sery
ou encore tan '11=---:::;1
h M serx

a) Dimensionllement
Données:
Composantes Mserxo Msery du moment de flexion Mser suivant les axes de symétrie de la
section, avec les conventions précédentes
Dimensions du coffrage: b dans la direction Ox ; h dans la direction Oy.
Inconnues:
Aire totale AlOI = 4A de l'armature constituée par quatre barres de même diamètre.
1. On se fixe la contrainte extrême crbc du béton telle que crbc :::; 0,6fc28
Chapitre 9· Flexion déviée 477

b M sery
2. À partir des données, on calcule Il = Ilserx = et tan \11=---
h Msen:

3. L'horizontale d'ordonnée tan \II coupe la courbe Il en un point dont l'abscisse est le
pourcentage total ur (= 100 AloI / bh) et par lequel passe une courbe K (figure 9 .6 a).

~'''.
tg \jJ

t 22,5
nm
52,5
[J
..
\,
,
20 25 30 45 50 55 60
1,00 ~
ïii
g,.:g
.~ .§
~c.
r:: E
0,90 o 8
~

0,50

(J)
i\i
0,40 "0
'~ .$
-<DE
g. oc:
.... c.
.... E
0,30
~8
(J)

0,20

0,10

0,00 ~c.:......-,,-L..>....l.-I.....c....---b.-,,",,~"-'--J..L..........--"'c.......~..i:.J.:...-.l--....->I!Z...~~":"':::"'---"~-JC.:""'-_~

1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0


m total

Figure 9.5. Abaque de Rüdinger pour la flexion déviée simple


478 Traité de béton armé

On en déduit:

-la section A de chaque barre d'angle: A = ~Ol = mbh


4 400
- la contrainte maximale des armatures : crs = 15Kcrbc
Si cette valeur est supérieure à la contrainte limite crs , il faut recommencer en adoptant
une valeur de crbc inférieure à celle utilisée pour le premier calcul.

ct
Figure 9.6

b) VérÎfication des contraintes


Données:
Mserx, Msery , b (suivant Ox), h (suivant Oy)
Aire totale de l'armature AloI = 4A (4 barres de même diamètre)
Inconnues:
Contraintes extrêmes crbc et crs du béton et de l'acier.

, partIr
1. A . des d ' on cal
onnees, i
cu e: tanb
'If =- Msery
--
h M serx

ainsi que le pourcentage total m =100 AlOI =100 4 A .


bh bh
2. Par le point d'abscisse m et d'ordonnée tan 'If passent une courbe !J. et une courbe K
(figure 9.6 b).
Chapitre 9· Flexion déviée 479

3. Connaissant Il et K on en déduit les contraintes maximales:

- du béton: a = Msen:2
he Il b h

- de l'acier: as =15 K abc


Ces contraintes doivent être inférieures aux valeurs limites abc et as .

9.32 Flexion déviée composée: vérification des contraintes

9.321 Sections entièrement comprimées

/ Y
Msery,G
/
La section est entièrement comprimée lorsque la force
extérieure F = Nser est une force de compression appli- ~/M~erG
quée à l'intérieur ou sur la frontière du noyau central x' ,1 Mserx,G
de la section rendue homogène. Dans ce cas, les formu-
les classiques de la Résistance des Matériaux sont
applicables à cette section homogène.

Soit G son centre de gravité, M ser; le moment de x


flexion évalué en ce point, Mserx,G et Msery,G les compo-
santes de ce moment suivant les deux directions princi- Figure 9.7
pales Gx et Gy de la section (Gx perpendiculaire au
plan moyen, figure 9.7).

La contrainte en un point quelconque de coordonnées x et y s'obtient en appliquant le


principe de superposition des effets des forces:

[9.5]

avec :
Bh aire de la section rendue homogène (Bh = B + 15 LA)
I hn I hy moments d'inertie de l'aire Bh respectivement par rapport à l'axe Gx et par
rapport à l'axe Gy
Les signes figurant dans la formule [9.5] correspondent à la disposition de la figure 9.7.
480 Traité de béton armé

La direction de l'axe neutre s'obtient en écrivant:

Mserx,G Msery,G
y- x= 0
l,v:: 1hy

c'est-à-dire que le coefficient angulaire de cet axe a pour valeur: L = Msery,G 1hx
X Mserx,G l/ry

La direction de l'axe neutre étant maintenant connue, la fibre de béton la plus compri-
mée et la fibre d'acier la plus tendue (ou la moins comprimée) le sont également, ainsi
que les contraintes maximales sur ces fibres (pour l'acier, ne pas oublier que la valeur
ainsi obtenue représente crs / 15),

9.322 Abaques de A. Roussopoulos pour les sections


partiellement comprimées
Ces abaques valent pour la vérification des contraintes de sections rectangulaires soumi-
ses à une force extérieure de compression appliquée hors du noyau central (dans le cas
contraire, on se trouve dans le cas traité au § 9.321),
L'armature est supposée constituée par des barres de même diamètre disposées de sorte
que sur chaque face de la poutre il y ait le même nombre n de barres.
Les axes des barres placées le long des côtés de longueurs h et b sont supposés situés
respectivement à O,06b et O,06h des faces correspondantes (figure 9.8).

Figure 9.8

Remarque:
Lorsque h est nettement supérieur à b (ou réciproquement) cette dernière condition
conduirait à une anomalie dans la disposition des armatures (figure 9.9),
Chapitre 9 • Flexion déviée 481

En pratique, bien qu'ayant mené le calcul avec les hypothèses de Roussopoulos, on


adoptera pour l'exécution le même enrobage sur toutes les faces, en prenant pour la dis-
tance des axes des barres aux parements min[0,06 b; 0,06 hl, comme indiqué sur la Figure
9.10, à condition que cette distance respecte bien les conditions d'enrobage minimal don-
nées au § 4.l2a.

Calcul Exécution

Figure 9.9 Figure 9.10

Il existe des abaques pour un nombre n de barres par face, égal à :


- 2 (4 barres au total c'est-à-dire une barre à chacun des angles) ;
- 3 (8 barres au total) ;
-;::: 4 (en fait, n très grand, avec une section d'armatures le long d'une face indépendan-
te de la face considérée).

Dans chaque cas, on définit le pourcentage relatif à la


totalité des barres par : ID' =100 rA
bh
Pour chacune des valeurs de n indiquées ci-dessus, il
existe quatre abaques correspondant respectivement à
ID' = 0,8; ID' = 1,0; ID' = 2,0; ID' = 3,0. Pour une valeur de
ID' différente des valeurs d'abaques, on peut admettre h
d'effectuer une interpolation linéaire.
Les axes Ox et Oy sont choisis de façon que le centre de
pression C ait des coordonnées ex et ey positives
(figure 9.11) :

Figure 9.11
482 Traité de béton armé

Utilisation des abaques


Données:
Effort normal N ser
Coordonnées ex et ey du centre de pression par rapport aux axes de symétrie de la sec-
tion (attention aux indices)

e = M yserG • e = MxserG
x N 'y
ser N ser

Dimensions du coffrage: b parallèlement à Ox, h parallèlement à Oy


Nombre n de barres par face
Aire totale de l'armature AloI = 4A (n - 1), A étant l'aire d'une barre.
Inconnues:
Contraintes normales crbc et crs

l. À partir des données, on calcule les excentricités réduites: Ex = e; et Ey =~


. .
amsi que le pourcentage tu = 100 AlOI =---'---'--
400(n -1)A
bh bh

2. Au point de coordonnées Ex et Ey de
l'abaqùe correspondant au nombre n de f: y

barres par face et au pourcentage tu prévus


passent une courbe u et une courbe K (figu-
re 9.12) :
3. Connaissant u et K, on obtient les
contraintes maximales : --- ...."
" K
\ ,
- du béton : cr
be
= ub
N ser
h
1
1
f:y 0-----,..----- 1

- de l'acier: crs =15 K crbc


o
1 /t----'----'>~
Ex
f: x

Figure 9.12

Ces contraintes doivent être inférieures aux valeurs limites. S'il n'en est pas ainsi, il faut
recommencer en adoptant une valeur tu supérieure à la première (a contrario, si crbc et
crs sont très inférieures aux valeurs limites admissibles, on peut essayer de diminuer tu
pour obtenir une solution économique, qui doit bien entendu être telle que crbc :::; cr/x- et
crs :::; crs ).
Abaques de Roussopoulos pour les cas de trois barres par face

ey
&y
0.80
&y -"~>'.;.-'~"~.-'-~~.! .-~-.~~-~~~~~;"~!~~~ ---~; 0.80 "' >-.-;~_! ~.,t\ '._~-~~- . -:--j-~;"~;~ -~ ---~ ; 0,80
t·-.n.:s;"""y"". t·,·,. .""," --", - - -
0.70

0.60

0,50 0.50 0.50

0,40 0.40 0,40

0.30 0.30 0.30

0.20 0.20 0,20

0.10 0.10

0,00 0.00
0 g 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
~ N Il> ~ ~ N (') Il> r-- ~ N (') Il> r-- co
8 "3". ~ «: co 8 «: ~ ex
0 0 0 0 0
°0 0 0 0 0
°0co ex °00 0 0 0 0 0 0
°0co ex 0
°0 0 0 0 0 0 0

m=O,8 A\ 1T'f: ?
&y &y
&y t. _.'" . ,. . ". ~.~.~.................
2.50 2,50

2,00 ';,f~t:~~~fHfJilll{!!;l-h-f:t; 2,00


t f.~'_ ,,~x.~-f~~~-}?r~~~7~-~~-i-~~~: -r ~- ~ -r ~ r~-;"';'~'ki'j ~T~~-~ '~N":-; -~~-f-~ ~-~-~;
()
::T
1,50 ,.,~i~)(t-h>.,~~;.,,_ ~~-t,·~~~~~-tvi-+f-,i.,+~~~; 1,50 ~-~~t~' t:.~ ~-f-~-:'-~+~-~+t-:-+4-~~-~-~~ l,50 H-Î'<',-~,f,.~-q,i-~~-}';'~ ~-~+Pj>~~t-~~-;-~~ lru
-0
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0.00 v,>,· 0.00 r» ,'" > 0,00 VA; >
0
:> 0 0 0 0 0 0 0 0 0
<
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°0on N
°N ex °0 0 N N °0 0 N N CD
°
.
CO
W
484 Traité de béton armé

9 .. 4 MÉTHODES DE CALCUL
À L'ÉTAT-LIMITE ULTIME
(Sollicitations à considérer: voir § 9.21 a, § 9.22 a ou § 9.23 a selon le cas).
Pour le calcul à l'état-limite ultime des sections en flexion déviée, il existe plusieurs
méthodes, car les paramètres étant nombreux, le projeteur a la liberté de choisir comme
il l'entend la distribution des armatures par exemple.
Certaines méthodes sont plus particulièrement applicables aux sections rectangulaires,
mais leur intérêt est limité au cas où la section n'a à équilibrer qu'un seul couple
(Nu, Mu) correspondant à un cas de charge unique.
Dans tous les autres cas, il est nécessaire de recourir à des abaques tels que les abaques
« en rosette» (voir § 9.5) qui constituent les diagrammes d'interaction d'un type de
section donné (rectangulaire, en caisson, etc.).

Remarque importante:
II est rappelé que pour les sections rectangulaires soumises à la flexion déviée, la
valeur de fbu à introduire dans les calculs, lorsque l'on utilise le diagramme rectan-
gulaire est

r = 0 80 fc28 (et non r = 0 85 j~28 voir § 5 222-2 b)


lbu , ft'yb lbu' ft'yb' .

9.41 Section rectangulaire sans aciers comprimés


en flexion déviée simple
On suppose que le centre de gravité A des armatures tendues est situé dans le plan pas-
sant par le centre 0 du rectangle bd (et non par le centre de gravite Go du rectangle bh)
et normal à l'axe du couple de flexion (figure 9.13).
Par convention, les axes Ox, Oy sont choisis de telle sorte que l'axe Ox soit perpendicu-
laire au côté (désigné dans ce qui suit par «h ») rencontré par l'axe du moment agissant
ultime Mu.

Soit ô l'angle formé par cet axe avec l'axe Ox. Les composantes du moment Mil sui-
vant les deux axes Ox et Oy sont respectivement

M'L: = M~ cosô et M~ = M~ sinô


Chapitre 9 • Flexion déviée 485
y

.... ....
--r-----"'-.:r-- .... • .,..,...r-r"JJ'""?'""JJ'""?'".,j-,....,..."T-;...,....,...,....,~!'

------. - -
o -----
....
h d

I~G 0
1
;'
. Mu

.1/

A .'
.
---.~
1

1. b
.1
Figure 9.13

On pose [9.6]

Soit U l'angle le plus comprimé de la section, V sa projection sur l'axe neutre. La zone
comprimée est limitée par la droite /). parallèle à l'axe neutre et passant par le point V'
situé sur UV et tel que :

UV'=û,8UV

Cette droite /). sera repérée par ses points d'intersection avec les côtés de la section.
Si ces points sont situés sur deux côtés opposés de la section, la zone comprimée est
trapézoïdale; s'ils sont situés sur deux côtés adjacents, cette zone est triangulaire. Elle
peut aussi être pentagonale, pour un axe neutre situé très «bas ». Ce dernier cas n'est
pas envisagé ici.
486 Traité de béton armé

1°) Cas d'une zone comprimée trapézoïdale (figure 9.14)

La droite Ô. est définie par les or-


données:

YI =ç,)d

Y2 =Ç,2 d «YI)

Son inclinaison (qui, par définition, 1 1


- -,'_ 1
est également celle de l'axe neutre) A . N. 1 1--

sur l'axe Ox est donnée par : 1


1 1
1
-_ e
d ---- - o~ t--+--'--3>
Il 1 Xc X
'I
'I
,....,
1 1
1Ô 1
d/2 1 1
On pose 1 1

1" 1
A
=-b tan e
1
X =Ç,I - Ç,2 [9.7]
d --.------y----
1
L'aire de la zone comprimée est 1
,.1
celle du trapèze

B = YI + Y2 b = Ç,I + Ç,2 bd [9.8] Figure 9.14


2 2

Les équations d'équilibre sont:

Bhll =Aled [9.9]

[9.lOa]

[9.1 Ob]

Ç,I + Ç,2 A led


En remplaçant B par sa valeur dans l'équation [9.9], on trouve: 2 = bd -;:- = p ,
lbll
p désignant le « pourcentage mécanique» de la section, et les équations [9.9] et [9.10 a]
peuvent s'écrire:

pbd Ibll =Aled [9.11]

MIJX = P bd Ibll Zy [9.12]

Les paramètres Ç,I et ~ étant tels que : Ç,I - Ç,2 = X [9.13]

Ç,I +Ç,2 =2p [9.14]


Chapitre 9 • Flexion déviée 487

on trouve: 1;\ =p+ X [9.15]


2

1;2 =p- X [9.16]


2
Les coordonnées du centre de gravité de la zone comprimée s'obtiennent facilement en
considérant successivement les moments statiques par rapport au bord supérieur de la
section et par rapport à la grande base du trapèze. On trouve:

[9. 17a]

En tenant compte de ce que Yc =cot8 ou encore, d'après [9.6]: Yc =k Xc [9.17b]


~ d b

et en remplaçant 1;\ et ~ par leurs valeurs tirées de [9.15] et [9.16], on arrive à:

X=-k+~k2+12p(I-P) [9.18]

Le bras de levier Zy du couple résistant (équilibrant Mw:) est donné par :


d
Z
y
=-+y
2 c

Tous calculs faits, on trouve:


.
Zy = f3d avec f3 =_1_
Mp
[12 P (2 - p)- X2] [9.19]

L'équation [9.12] peut s'écrire:

Mw: =P bd fbu Z y =p f3 bd 2 fbu


ou, en posant: [9.20]

Comme la section d'aciers cherchée est donnée par:

on pourrait penser que la connaissance de f3 est nécessaire.


En fait, il est plus simple de choisir comme paramètre p et de dresser des tableaux
comme le tableau 9.1. (ou d'établir des abaques) donnant des couples (p, /-lux) pour des
valeurs de k fixées à l'avance : pour p et k donnés, les équations [9.18] et [9.19] fournis-
sent respectivement les valeurs des inconnues auxiliaires X et f3 et l'équation [9.20]
donne alors !lux = g (p, k).
488 Traité de béton armé

La position de l'axe /). (et non celle de l'axe neutre) peut être obtenue au moyen du
tableau 9.2, qui donne pour p et k connus les paramètres ç = ç) et YJ = 1;:z déduits des
équations [9.15], [9.16] et [9.18].
L'axe neutre est l'axe parallèle à!1 et tel que UV = 1,25 UV' (Figure 9.13).

Pour que l'on soit dans le cas considéré d'une zone comprimée trapézoïdale, il faut que
1;:z > 0 (voir figure 9.13) c'est-à-dire, d'après [9.16] que l'on ait:

2P>X
relation que l'on peut transformer à partir de [9.18] en :
3-k
P>-4- [9.21]

ce qui, dans les tableaux 9.1 et 9.2 correspond aux zones situées à droite de la ligne en
escalier.
2°) Cas d'une zone comprimée triangulaire

" 1orsque: p $; -
II en est amSI 3 --
k
4
La droite !1 (voir ci-avant) est
définie par les distances x et y de
l'angle le plus comprimé à ses
points d'intersection avec le
contour de la section (figu-
re 9.15): d
------ 0
1
1
1
1

y=çd 1
1
1

d/2 1
1
d'où l'inclinaison de !1 sur la 1
1

direction Ox par : A /
--é-----------
tanS = y = çd
x YJ b
Figure 9.15

D'après [9.7] on a donc X=~tanS=5. [9.22]


d YJ

L'aire de la zone comprimée est B' =! x y =! Tl çb d [9.23]


2 2
Chapitre 9 • Flexion déviée 489

Les équations d'équilibre s'écrivent:

1
-rtl; bd fbu = A.fed
2 [9.24]
Mux =Afed Zy
[9.25a]
Muy =A fed Zx [9.25b]

De l'équation [9.24] on tire: .!.rtl; = A fed =p [9.26]


2 bd fbl/
et, en éliminant successivement 1; et rt de [9.22] et [9.26] on trouve:

[9.27a]

[9.27b]

Les coordonnées du centre de gravité de la zone comprimée sont, respectivement:


d
Yc ="6(3 - 21;) [9.28a]

Xc =%(3-2 rt )= ~(3- ~) [9.28b]

En tenant compte de [9.17], on trouve que 1; est donné par la résolution de l'équation du
second degré :
21;2 -31;(1-k)-4kp=0

soit: ç= ![(\-k)+ (\-kf + 3: kp ] [9.29]

Le bras de levier Zy du couple résistant (équilibrant MI/x) est donné par :


d 1;
Zy =2"+ Y c =f3h avec f3=1-"3 [9.30]

d'où

On a toujours J.lIlX = P f3 (voir [9.20])


Comme dans le cas précédent, on peut dresser des tableaux tels que le tableau 9.2 (ou
établir des abaques) donnant les couples (p, J.lIlX) pour des valeurs de k fixées à l'avance:
pour p et k donnés, les équations [9.29] et [9.30] fournissent respectivement les valeurs
des inconnues auxiliaires 1; et f3 et l'équation [9.20] donne alors J.ll/X = g (p, k).
490 Traité de béton armé

La position de l'axe Il. (et non celle de l'axe neutre) peut être obtenue au moyen du ta-
bleau 9.2, qui donne pour p et k connus les paramètres ç et Tl déduits des équations [9.29]
-- ---
et [9.26]. L'axe neutre est l'axe parallèle à Il et tel que UY = 1,25UY' (figure 9.13).

Tableau 9.1
Mux Afed bM ux
Valeurs de Ilux = - - - en fonction de p= - - et de k= - -
bd2 fbu bd f bu d Muy

A gauche de la ligne en escalier, zone comprimée triangulaire; à droite, zone comprimée trapézoïdale.

P k 1.00 1.10 1.20 1.30 1,40 1.50 1.60 1.70 1.80 1.90 2.00 2.50 3.00 4.00 5.00 oc

0,05
13 0,894 0,912 0,924 0,933 0,940 0,945 0,949 0,952 0,955 0,957 0,959 0,965 0,968 0,971 0,972 0,975

Ilux 0,0447 0,0456 0,0462 0,0467 0,0470 0,0473 0,475 0,0476 0,0478 0,0479 0,0480 0,0483 0,0484 0,0486 0,0486 0,0488

0,10
13 0,851 0,867 0,879 0,889 0,897 0,904 0,909 0,913 0,917 0,922 0,923 0,932 0,937 0,943 0,945 0,950
Ilux 0,0851 0,0867 0,0879 0,0889 0,0897 0,0904 0,0909 0,0913 0,0917 0.0922 0,0923 0,0932 0,0943 0,0945 0,0950

0,15
13 0,817 0,832 0,844 0,854 0,862 0,869 0,874 0,879 0,884 0,897 0,890 0,903 0.909 0.915 0,919 0,925
Ilux 0,1226 0,1248 0,1256 0,1261 0,1293 0,1304 0,1311 0,1319 0.1326 0,1331 0.1335 0,1355 0,1364 0,1373 0.1379 0.1388

13 0,789 0,802 0,814 0,923 0,831 0,636 0,844 0,850 0,853 0,857 0,861 0,873 0.881 0,889 0,893 0,900
0,20
Ilux 0,1578 0,1604 0,1628 0,1846 0,1562 0,1676 0,1688 0,1700 0,1706 0,1714 0,1722 0,1746 0,1762 0,1778 0,1786 0,1800
13 0,784 0,776 0.787 0,800 0,804 0,810 0,816 0,821 0,826 0,830 0,833 0,846 0,854 0,863 0.867 0,875
0,25
Ilux 0,1910 0,1940 0,1968 0,2000 0,2010 0,2025 0,2040 0,2053 0,2065 0,2075 0,2083 0,2115 0,2135 0.2156 0,2168 0,2168

0,30
13 0,742 0,753 0,763 0,771 0,778 0,785 0,790 0,795 0,800 0,804 0.807 0,820 0.828 0,837 0,842 0,850
Ilux 0,2226 0,2259 0,2289 0,2313 0,2334 0,2355 0,2370 0,2385 0,2400 0,2412 0,2421 0,2460 0,2484 0,2511 0.2526 0,2550
13 0,721 0,731 0,740 0,748 0,755 0,761 0,767 0,772 0,776 0,780 0,783 0,802 0,804 0,812 0,617 0,625
0,35
Ilux 0,2524 0,2559 0,2590 0,2618 0,2843 0,2684 0,2685 0,2702 0,2716 0,2730 0,2741 0,2807 0,2184 0,2842 0,2860 0,2888
13 0,702 0,711 0.719 0,727 0,733 0,739 0.744 0.749 0,753 0,756 0.760 0,772 0,779 0,788 0.792 0,800
0,40
,Ilux 0,2806 0,2844 0,2876 0,2908 0,2932 0,2956 0,2976 0,2996 0,3012 0.3024 0,3040 0.3088 0,3116 0,3152 0.3168 0,3200

0,45
13 0,684 0,692 0,700 0,707 0,713 0,718 0,723 0,727 0,731 0,734 0,737 0,748 0,755 0,763 0,767 0,775
~Iux 0,3078 0,3114 0.3150 0.3182 0,3209 0,3231 0.3254 0.3272 0,3290 0,3303 0,3317 0,3368 0.3398 0,3434 0.3452 0.3488

13 0,667 0,675 0.682 0.688 0,693 0,698 0,702 0,705 0.709 0,712 0.715 0.726 0,732 0,739 0.743 0,750
0,50
Ilux 0.3335 0.3375 0.3410 0.3440 0,3465 10,3490 1°·3510 0.3530 0,3545 0.3560 0.3575 0,3630 0.3680 0.3695 0,3715 0.3750

13 0,650 0.657 0,665 0,689 0,674 0.678 0,682 0,666 0.689 0.691 0.694 0.703 0.709 0,715 0.719 0,725
0,55
Ilux 0,3575 0.3614 0.3658 0,3680 0,3707 0,3729 0.3751 0,3773 0.3790 0,3601 0.3817 0,3887 0,3900 0,3933 0.3955 0.3988

0,60
P 0,635 0.841 0,648 0,651 0,656 0,659 0,683 0.684 0.668 0.671 0.673 0,681 0.682 0,692 0.695 0,700
/lux 0,3714 0.3646 0.3888 0.3906 0,3936 0.3954 0.3978 0.3994 0.4008 0.4026 0,4036 0,4086 0,4092 0.4152 0.4170 0.4200

0,65
Il 0,619 0,625 0.631 0,634 0,637 0,641 0,644 0.646 0.648 0.651 0.652 0,662 0.663 0.868 0.670 0,675

/lux 0,4024 0,4003 0,4102 0,4121 0,4141 0,4167 0.4186 0,4199 0.4212 0,4232 0.4236 0,4303 0,4310 0.4342 0.4355 0.4368
Chapitre 9 • Flexion déviée 491

Tableau 9.2
Valeurs des paramètres 1; et 11 (fixant la position de la droite ô) en fonction de :

ll b Afed b Mux
p= - - etdek= - -
(~. bd·fbu d Muy

:r:
I;d ;P

ô / '" A gauche de la ligne en escalier, zone comprimée triangulaire.


AN. • b
A droite de la ligne en escalier, zone comprimée trapézoïdale: 1;=1;1,11=1;2

P k 1,00 1,10 1,20 1,30 1,40 1,50 1,60 1,70 1,80 1,90 2,00 2,50 3,00 4,00 5,00 cc
1; 0,317 0,265 0,227 0,200 0,179 0,164 0,152 0,143 0,135 0,128 0,123 0,106 0,097 0,085 0,078 0,050
0,05
11 0,315 0,377 0,441 0,500 0,559 0,610 0,658 0,699 0,741 0,781 0,813 0,943 0,003 0,015 0,022 0,050
1; 0,447 0,400 0,362 0,332 0,308 0,289 0,273 0,260 0,248 0,235 0,231 0,204 0,187 0,166 0,153 0,100
0,10
11 0,447 0,500 0,552 0,602 0,649 0,692 0,733 0,769 0,806 0,851 0,866 0,980 0,013 0,034 0,047 0,100
1; 0,548 0,504 0,469 0,439 0,414 0,394 0,377 0,362 0,349 0,338 0,329 0,290 0,270 0,243 0,225 0,150
0,15
11 0,547 0,595 0,640 0,683 0,725 0,761 0,796 0,829 0,860 0,888 0,912 0,010 0,030 0,057 0,Q75 0,150
ç 0,632 0,593 0,572 0,530 0,506 0,485 0,468 0,450 0,440 0,428 0,417 0,379 0,352 0,317 0,294 0,200
0,20
11 0,633 0,675 0,699 0,755 0,791 0,825 0,855 0,859 0,909 0,935 0,959 0,021 0,048 0,083 0,106 0,200
ç 0,707 0,671 0,639 0,612 0,589 0,569 0,551 0,536 0,523 0,511 0,500 0,458 0,427 0,386 0,360 0,250
0,25
11 0,707 0,745 0,782 0,817 0,849 0,879 0,907 0,933 0,956 0,978 1,000 0,042 0,073 0,114 0,140 0,250
1; 0,775 0,741 0,712 0,686 0,665 0,645 0,689 0,614 0,600 0,583 0,536 0,531 0,492 0,452 0,423 0,300
0,30
Il 0,774 0,810 0,843 0,875 0,902 0,930 0,954 0,977 1,000 0,012 0,023 0,069 0,103 0,148 0,177 0,300
ç 0,836 0,806 0,779 0,755 0,734 0,716 0,700 0,686 0,672 0,659 0,647 0,598 0,562 0,514 0,483 0,350
0,35
11 0,837 0,868 0,899 0,921 0,954 0,978 1,000 0,015 0,028 0,041 0,053 0,102 0,132 0,186 0,217 0,350
ç 0,895 0,866 0,842 0,819 0,800 0,783 0,766 0,751 0,737 0,724 0,712 0,661 0,623 0,573 0,504 0,400
0,40
Il 0,894 0,924 0,950 0,977 1,000 0,018 0,034 0,049 0,063 0,076 0,089 0,139 0,177 0,227 0,260 0,400
ç 0,949 0,923 0,900 0,879 0,860 0,842 0,826 0,810 0,796 0,782 0,770 0,718 0,680 0,628 0,594 0,450
0,45
'1 0,948 0,975 1,000 0,021 0,040 0,058 0,074 0,090 0,104 0,117 0,130 0,182 0,220 0,272 0,306 0,450

0,50
..; 1,000 0,976 0,949 0,933 0,914 0.896 0.879 0,863 0.849 0.836 0.823 0.771 0,732 0,679 0,646 0,500
11 1,000 0.024 0,051 0.067 0,081 0.104 0,121 0.137 0.151 0.165 0,177 0.229 0,268 0.321 0.354 0,500
ç 1,041 1.022 0,995 0,979 0,960 0.942 0.926 0.910 0.896 0,882 0.871 0.818 0.780 0,728 0,694 0.550
0.55
11 0.054 0,Q78 0.105 0.121 0.140 0,158 0.174 0.190 0,204 0.217 0,230 0.282 0.320 0.372 0.406 0,550
ç 1.085 1.061 1.034 1,019 1.000 0,983 0.966 0.951 0.937 0.924 0.912 0.861 0.823 0.773 0.740 0.600
0,60
11 0,115 0.139 0,166 0.181 0,200 0.218 0.234 0.249 0.263 0.276 0,289 0.339 0.377 0,427 0,460 0,600
ç 1.116 1,092 1.066 1,051 1,033 1.016 1.000 0.935 0.972 0.959 0.947 0,898 0.862 0.814 0,783 0,650
0.65
11 0,134 0.208 0.234 0.249 0.217 0.284 0,300 0.315 0,328 0.341 0.353 0.402 0,438 0.486 0.517 0.650

9.411 Dimensionnement des armatures


Données:
Largeur b et hauteur utile d de la section

.Résistances de calcul: Jbu = 0,80 Jc28 et Jed = Je


8 1,5 1,15
Composantes ~IX et ~~V du moment agissant ultime.
492 Traité de béton armé

Inconnue:
Section A d'aciers tendus.
bM M
1. On commence par calculer: k = _---1!:!.. et !-lux = 2 ux
d Muy bd ~u

2. Pour les valeurs ainsi trouvées, le tableau 9.1 donne, par interpolation linéaire, la
valeur du pourcentage mécanique p.

3. La section d'aciers cherchée est: A =P b d Ibll


led
4. Le centre de gravité des barres prévues pour réaliser la section A doit se trouver sur la
droite passant par le centre 0 de la section bd et faisant l'angle 0 avec la direction Oy
(figure 9.13).
Comme ces armatures ne peuvent pratiquement être disposées que sur l'horizontale de
cote d (puisqu'à toute barre placée au-dessus devrait correspondre une barre symétrique
par rapport à A donc insuffisamment enrobée) il faut avoir, compte tenu d'un enrobage
latéral forfaitaire,
4b
tano::;;--
5d'
l'égalité correspondant au cas d'une armature concentrée dans l'angle le plus tendu.
Sur l'horizontale de cote d, on peut donc disposer, pour réaliser la section A, en mettant
l
de toute·manière au moins une barre dans l'angle le plus tendu .
- soit n barres de même diamètre 0 ayant leur centre de gravité au point A du calcul
(figure 9. 16a) ;
- soit ni barres de diamètre 0 1 et n2 barres d'un diamètre O 2 peu inférieur (par exem-
pIe: 025 et 0 20 ou 0 20 et 0 14) disposés en sorte que leur centre de gravité soit le
point A du calcul (figure 9.l6b).

1. On pourrait aussi envisager de disposer les armatures « en cornière », en s'arrangeant pour que le
point A de calcul soit le centre de gravité, mais ce serait trop compliqué !
Chapitre 9 • Flexion déviée 493

1 PointA

• Figure 9.16

Dans l'un et l'autre cas, il est bon de rajouter dans les autres angles des armatures for-
faitaires (0 ~ 12 mm), même si elles ne sont pas prises en compte dans les calculs.

Remarque:
Soit:
v' . la distance de l'axe neutre à la fibre la plus comprimée
Vrnin la distance de ce même axe à l'axe de la barre tendue qui en est la plus pro-
che (figure 9.17) :
II est facile de voir que:
v' = 1,25 ~ d cos 8 [9.31 ]

et Vmin =dCOS8[1-1,25~+ ;(1-2 S)]


où ç désigne l'abscisse réduite de la barre considérée (voir figure 9.17) et où selon
b
[9.7] : X =- tan 8 .
d
Pour qu'aucune barre tendue ne subisse du fait de sa position une contrainte infé-
rieure à!ed, il faut que, pour la barre d'abscisse ç b, on ait:

E > fl!d = fed =E .


s-E 2.10 5 .fmm
s
494 Traité de béton armé

b
--Çb
2

Figure 9.17

v' ë 3,5
ou encore, comme - - = ~ = (relation de compatibilité)
V rnin ë srnin 1000 ë smin

1,25 ~ ;::: 700


1 -1,25 ~ + ; (1- 2 ç) led
Le tableau 9.2 permet de voir si la condition ci-dessus est bien réalisée:

- à gauche de la ligne en escalier (zone comprimée triangulaire): X = 1


11
à droite de cette ligne (zone comprimée trapézoïdale): ç=~I et X =~-11

9.412 Vériflcationdessections
Données:
Dimensions b et d
Section A

c28 le
. Résistances de calcul: r
Jbu e f1,5
= 0,80 et l'
Jed
=
1,15

Composantes UIX et UIY du moment agissant ultime.


Inconnue:

Moment résistant M,IX


Chapitre 9 • Flexion déviée 495

1. On calcule : p =_A--=:...f.!:!:!ed,-- et k =! M lLT


bd Ibu d Muy

2. Pour ces valeurs, on lit dans le tableau 9.1 la valeur de ~ (interpolations linéaires).

3. On a alors:

4. On s'assure que:

9.42 Section rectangulaire avec aciers comprimés


La notion de «moment-limite ultime réduit» Jlll/ définie pour la flexion droite n'a, ici,
aucun sens. On peut cependant se donner comme règle prudente de prévoir des aciers
comprimés dès que:

Jl,a > 0,8 JlIII (Jllu déterminé comme en flexion droite, pour y = M /IX )
M serx

d'où

En adoptant la méthode de la décomposition en sections fictives, on peut écrire:

MI/X =Mux,lim + (M ux - Mux,lim)

L'armature de compression A' doit être telle que:

A'~ M,IX - 0,8 Jllu bd2 1bll


feAd-d')

où d - d' représente la distance mesurée parallèlement à Oy entre les centres de gravité


des armatures tendues et des armatures comprimées. Le centre de gravité A' des armatu-
res comprimées doit se trouver sur la droite AO (figure 9.18).
y
Pour avoir la section d'armatures A, il faut
commencer par calculer:

k=!M,1X et =MlL~-A'leAd-d')
d M !l,IX bd 2 r
uy Jbl/

. Le tableau 9.1 donne alors p (interpolations d-d'

linéaires) d'où:

A =pbd Ibll + AI
fed

Figure 9.18
496 Traité de béton armé

9.43 Sections rectangulaires en flexion déviée composée

9.431 Méthodes ramenant la flexion déviée à deux flexions droites

9.431-1 Superposition de deux flexions droites dans des directions perpendiculaires


a) Une première méthode, qui ne peut guère être recommandée, consiste à considérer sépa-
rément deux flexions, définies chacune par les couples (MI, M,LY)' (Nu, Muy) (figures 9.19 et
9.20 a).

y y y
!f\
1
!f\
1
!f\
1

+ ---

At~t
(Atot=Ax+Ay)

Figure 9.19

Les sections d'armatures nécessaires dans chaque cas sont ajoutées l'une à l'autre. Cette
manière de faire revient à considérer la force extérieure comme agissant aux points Cl
et C2 respectivement situés sur les axes Gox et GoY.
Une telle méthode ne bénéficie d'aucun support théorique. Il faut réduire arbitraire-
ment la contrainte du béton prise en compte dans le calcul (comme le demandaient les
Règles BA 1960 aux Commentaires de l'article 3.421), sinon le béton est compté deux
fois. L'erreur commise peut être nettement du mauvais côté de la sécurité.
On peut envisager d'affecter une part seulement de la force extérieure à chacune des
deux flexions droites (Nu:" N uy). Cette part étant déterminée de façon tout à fait arbitrai-
re, le résultat du calcul n'est pas fiable.
Pour toutes ces raisons, l'utilisation d'une telle méthode n'est pas recommandée.
b) Une deuxième méthode, qui n'a pas plus de support théorique que la précédente,
mais pour laquelle certains tests ont montré qu'elle pouvait être acceptée, consiste à
considérer une droite quelconque il coupant les axes Gox et Goyen CI et C2 •
Chapitre 9 • Flexion déviée 497

La force extérieure Nu est décomposée en deux forces statiquement équivalentes NzLr: et


N uy agissant respectivement en Cl et C2 (figure 9.20b)

------------_ 1Nu ..
1
1
1
1
1
1

Méthode a Méthode b

Figure 9.20

Ces deux forces sont donc telles que:

La section, armée symétriquement, est calculée successivement en flexion droite:

- sous l'effet de NI/x agissant seul, en prenant: fbul = NlLl: fbu


Nu

. sous l' effiet de N


- pUIS ,'
u}' agIssant seu1, avec.. l' _ N uy l'
J bu2 - - - J bu
Nu
Les sections d'armatures correspondantes sont ensuite ajoutées.
Si C2 devient infini on doit considérer successivement:
- une flexion composée (Nu, ~a) en prenant en compte la totalité de la contrainte fiu ;
- une flexion simple (Mu}' seul) pour laquelle l'équilibre doit être réalisé en ne prenant
en compte que les armatures (bras de levier égal à la hauteur utile) .

. 9.431-2 Superposition d'une flexion droite« médiane»


et d'une flexion droite « diagonale»
9.431-21 Principe du calcul
Le principe de la méthode qui suit est dû à Telemaco Van Langendonck (Brésil).
498 Traité de béton armé

Les conventions sont les mêmes que précédemment, c'est-à-dire:


1°) que les axes Gox, et GoY sont choisis de sorte que l'axe Gox soit perpendiculaire au
côté rencontré par l'axe du moment agissant MI/Go;
2°) que la dimension « b» est parallèle à l'axe Gox ainsi défini.
Dans ces conditions, le centre de pression est situé sur l'axe passant par Go et faisant
avec la direction GoY un angle 8 tel que (figure 9.21) :
e b
tan8=-:L~-
ey h

L'axe diagonal Goz fait avec la direction GoY un angle 'If tel que:
b
À=-=tan'lf
h
Pour simplifier l'écriture, l'indice 1 est affecté à tout ce qui se rapporte à la direction
GoY et l'indice 2 à tout ce qui se rapporte à la direction Goz.

y
!1\
1
.1f
1 ex ' Z
," )101 1

il' n - - - ~/,:~~~; -r -- - - n

l '1

_________J,.,

/1 b
, ~i..~------------)Io~i

Figure 9.21

La force extérieure Nil appliquée en C peut ainsi être décomposée en deux forces Nul et
Nu2 appliquées respectivement en CI (sur GoY) et Cz (sur GeZ). ces forces étant telles que
le point C, affecté de la masse Nu, soit le barycentre des points CI et Cz affectés chacun
des masses Nul et Nu2 •
Chapitre 9 • Flexion déviée 499

Comme CCI = ex et C IC 2 = ~ev = À e), , on trouve ainsi:


h-

N =N CC 2 =N Àey-eX =N
ul u CC
1 2
u Àe
y
U
(1- tanù)
À

Et

Le calcul est mené successivement:


- pour la section rectangulaire fléchie selon le plan médian de trace GoY soumise aux
sollicitations Nul; Mul,GO = Nul e; (= Nul ey) 1 en prenant comme contrainte du béton:

Ibul = Ibu(l- ta~ù) ;

- pour la section rectangulaire fléchie selon son plan diagonal de trace Goz soumise aux
sollicitations N1I2 M 1I2 ,GO = N u2 e;
en prenant comme contrainte du béton:
tanù
Ibu2 =lbU--:;':-'
Les sections d'armatures obtenues dans chacun de ces deux cas étant respectivement A},
Al' etA 2, A 2', on a, pour la section réelle:

9.431-22 Réduction à une section carrée


Le problème ainsi posé n'est facilement soluble que si l'on opère sur une section carrée,
auquel cas la flexion diagonale est une flexion droite. II suffit pour cela d'effectuer sur
la section réelle une affinité dans la direction GoY, de rapport À = b / h.
La section carrée doit être considérée comme soumise à une force /..Nu' Les excentricités
GoC I dans la direction GoY et GoC z dans la direction GoZ deviennent, respectivement,
Àe; et Àe;.J2 . Les sections d'armatures sont ÀA' et ÀA (figure 9.22) :

1. Les notations el* et e2* sont utilisées ici pour éviter toute confusion avec les excentricités du premier
et du second ordre définies au § 8.22 a.
500 Traité de béton armé

Àe*1"2.
C1
• • c2
Àd'

ey =e*1
Àe*1

h=blÀ x
- Àh=b .-1

le b
·1
b

Sollicitations Mu> Nu Sollicitations À2Mu> ÀN u

Figure 9.22

Dans ces conditions, le procédé de calcul exposé au § 9.431-21 conduit à superposer


deux sections fictives (figure 9.23) .

•C
1(uu1)

f-
b=1
p'
1

"+"
"- ,

Go)'
"- , / '

l
f..lu1 /

• • • • P1
•• __. __•
1...-._._._. .....1 P1 "+" P
2

le b=1
·1
Figure 9.231

10 ) Une section (j) carrée, de largeur b et de hauteur b, fléchie dans son plan médian
sous l'effet de ÀNul excentrée de Ml*.
L'aire de cette section est B = b2 ; sa hauteur dans le plan de flexion est b.

1. Cette figure est symbolique. Le signe « + » n'a pas le sens d'une addition ou d'une superposition. Il
doit être compris comme signifiant « combiné avec ». On ne peut en effet additionner les pourcenta-
ges mécaniques, qu'il s'agisse de PI et P2 ou de p' 1 et p' 2, car ils n'ont pas de dénominateur commun.
En réalité, ce sont les sections d'armatures déduites de ces pourcentages qu'ils convient d'ajouter.
Voir la figure 9.24.
Chapitre 9 • Flexion déviée 501

Les quantités adimensionnelles relatives à cette section <D sont:


_ ÀNul _ ÂNJÀ-tan8] _ Nu
1)"1
2
- Blbul - b fbu [À - tan 8] - bh fb" =1)u
À2 N ul el* _ 1) II."1 e 1• - 1) e*1 - 1) _"
ev_ _ Il
f.tul,GO = Bb l' - ul b- 1/1 - ; ; - 1/ h -rux,GO
1 bul

Pit = À (AI led


101 ) = (AI fed À
101 )

B fbul bhfbu À-tan8

2°) Une section @ carrée, de côté b, fléchie dans son plan diagonal sous l'effet de ÂNI/2
excentrée de "'e~ J2

L'aire de cette section est B = b2 ; sa hauteur dans le plan de flexion est b..fi. (atten-
" 1)
bon ..
Les quantités adimensionnelles relatives à cette section @ sont:
ÂNu2 Nu
ÂNu tan8
1)u2 = B hu2 = b lb" tan8 = b h fbu2 =1)u
N"2 ( e~ ..fi.) _ À Nue; _ 1) e; _ Il
2
_ ",2
f.tu2,GO - r;:; tan8 - b2b l' - U h - rux,GO
B bv2 l' - - lbu
lbu À

d'où, en conclusion, la méthode:


Pour déterminer les armatures d'une section rectangulaire en flexion composée déviée,
on peut utiliser les diagrammes d'interaction établis en flexion droite pour les sections
rectangulaires et pour les sections en losange, en entrant à chaquefois avec les para-
mètres de la section réelle:
N
1) = 1/
Il bhfbll

On trouve ainsi les pourcentages mécaniques totaux, PlI pour la section rectangulaire,
PlI pour la section en losange. Les armatures de la section réelle s'obtiennent par su-
perposition des sections correspondantes.
Ainsi, dans le cas où les armatures sont disposées en deux nappes:

A h A; d'une part, sur les faces « b» de la section,


502 Traité de béton armé

A2' A; d'autre part, dans son plan diagonal, on aura, ayant choisi a priori les rapports:

A' A'
k
1
= _1
A
et k
2
= _2
A
:
1 2

A1 + A1' -A
-
(1
k) -
1 + 1 - Pit
bhJ;JlI (1- tanô) [9.32]
fed À

[9.33]

Par exemple, si l'on décide de ne placer des armatures que dans les angles de la section,
et de prendre k l = k2 = 1, on aura la disposition ci-contre (figure 9.24) :

P\1
2

A
_1 +A2
2

Figure 9.24

Remarque:
Si l'on ne dispose pas des abaques d'interaction, on peut faire un calcul manuel des
sections A\, Al' et A 2, A2'. Il faut prendre garde qu'alors les moments à considérer
sont rapportés au centre de gravité des armatures tendues (figure 9.25).

Figure 9.25
Chapitre 9 • Flexion déviée 503

Les quantités à considérer sont, respectivement (avec À =k et tan Ô = ~ ) :


h ev

Carré Losange
N~l =ÀN"1 = NIl(À-tanô) N;'2 =ÀN"2 = N" tan Ô

M:IlA = N~l (Àe;Al) M~2A = N:'2 (Àe~Al..fi)


. tanô
lblll = lbu ( 1---:;:-
tanô) lbu2 = JbU--:;:-

Les méthodes exposées aux § 8.3 et 8.9 permettent, dans leur domaine d'application, le
calcul des sections d'armatures:
- ÀA J, ÀA l ' pour la section carrée de coté b et de hauteur b ;
- ÀA2' ÀA 2' pour la section losange de coté b et de hauteur b..fi .

11 est facile d'en déduire les sections d'armatures de la section réelle.

Nota:
En utilisant des hypothèses assez proches de celles des Règles BAEL, mais non to-
talement identiques à celles-ci (par exemple, en supposant que le comportement
d'une section ne varie plus dès que YII ;::: 1,25 h puisqu'alors le diagramme rectangu-
laire occupe la totalité de la section 1), T. Van Langendonck a cherché les solutions
.
con dUlsant a' loptImisatlOn«
"" math"ematIque» [d(Ady+ AI)] = 0 des sections
. d" aCIer

et a établi pour ces solutions un certain nombre de formules approchées. Quelques


calculs comparatifs nous ayant montré que ces formules n'étaient pas très précises,
ni très fiables, nous ne les reproduisons pas ici.

9.432 Méthodes de réduction à une flexion droite unique


Soit une section rectangulaire bh (ramenée à la section carrée équivalente) comportant
sur chacune de ses faces la même section d'armatures placée de telle sorte que db = d"
b h
(figure 9.26) :

1. Il s'agit de la méthode dite du « diagramme rectangulaire plafonné », proposée au CEB, dans les
années 60, par le Professeur Eduardo Torroja (Madrid). Cette méthode n'avait rien à voir, comme le
croient pourtant certains, avec la méthode du diagramme rectangulaire telle qu'on la pratique actuel-
lement.
504 Traité de béton armé

l'ly

ft
b=À.h
\IIl'l l'lx IC 1
l'lx

L
1
1
1
1
1
1
1
l'l )10'
1

Figure 9.26

Pour une force extérieure Nu (ou DII = Nu ) et une section d'aciers totale AloI (ou un
bhfbll
,.
pourcentage mecamque p = AlOI fed ) fi'
lxees, les equatlOns
' . d' eqm
' 'l'b
1 re d onnees
' p 1us lom
'
. bh fb/l
e e
au § 9.51 permettent de tracer dans le système d'axes Orlx11yavec 11x =2.. et 11 y =..L
b h
la courbe C dont chacun des points correspond au même pourcentage p' qui délimite le
domaine de sécurité (analogue aux courbes d'interaction en flexion droite).
On voit immédiatement que le pourcentage total (et donc la section totale) d'acier à
prévoir pour une section soumise à une force extérieure Nil présentant une double excen-
tricité relative 11x, 11y (point E quelconque de la courbe C précédente) est le même que
cetui à prévoir pour la même section soumise à une flexion composée droite, dans la-
quelle la force Nil présenterait dans un des deux plans principaux de la section une ex-
centricité relative équivalente 11 (par exemple, point CI de la figure 9.26).
La courbe C précédente ne pouvant être représentée avec précision par une expression
analytique, différents auteurs ont cherché à lui substituer des courbes d'expressions
. analytiques simples et suffisamment approchées.

a) Aas -Jakobsen (Norvège) remplace la courbe par un arc de cercle: 11 =~11; +11;

Cependant, en faisant varier le pourcentage p à Du constant, on s'aperçoit (voir figu-


re 9.27) que la forme de la courbe réelle peut s'éloigner notablement de l'arc de cercle
(l'erreur commise peut atteindre 40 % dans le sens de l'insécurité).
Chapitre 9 • Flexion déviée 505

b) Parme (USA) et Moran (Espagne) se réfèrent respectivement à des arcs « d'hyper-


ellipses» ou de paraboles, au moyen d'expressions:

11 = g{l1x, 11y' \If)


qui exigent la connaissance, pour chaque courbe réelle, du rapport \If entre le moment
équilibré en flexion déviée et le moment équilibré en flexion droite.

TJy

1,3

Armatures égales ._i


dans chaque angle '

1,0

0,9

0,8

0,7

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2
,,
0,1 ----:,

0,0 1-~-~-""""'-~_L-~L-~--'--.:.L~-~~---'-'---":'~--7 1 C i
TJx
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,2 1,1 1,2 1,3

Figure 9.27

Ainsi que le montre la figure 9.27 ce rapport dépend des paramètres suivants:
- disposition et nombre des barres sur chaque face de la section;
- pourcentage mécanique p ;
- effort normal réduit VU'
(ainsi que du type d'acier, de sa limite d'élasticité et de l'enrobage).
Il est normalement nécessaire de disposer de tableaux ou d'abaques donnant les valeurs
de \If à utiliser Oa solution se trouve peu simplifiée de ce fait).
506 Traité de béton armé

c) P. Jimenez-Montoya (Espagne) remplace chaque courbe C,BC2 par deux cordes C,B
et BC 2• L'excentricité équivalente est ainsi définie par une loi linéaire. Cette méthode a
le mérite d'être très simple tout en se plaçant du côté de la sécurité. Nous la détaillons
ci-après.

9.433 Méthode « Montoya ))


Cette méthode est applicable au cas où les armatures sont constituées par des barres
toutes identiques et disposées en nombre égal sur chaque face.

Les conventions précédentes ( 2 ;:: !!.... ; côté b parallèle à GoX) demeurent.


ex b

y
~

b
"*J
Figure 9.28

Pour le calcul, on suppose que la force extérieure Nil est appliquée dans le plan moyen
GoY, avec une excentricité fictive (figure 9.28) :

f3 est le coefficient angulaire de la droite BC2 de la figure 9.27. II est facile de voir (figu-
. re 9.29) qu'avec les notations utilisées précédemment, on a :

f3=1-'If
'If
('If représente le rapport du moment équilibré en flexion déviée au moment équilibré en
flexion droite).
Chapitre 9 • Flexion déviée 507

Parmi tous les paramètres dont dépend 111, on ne s'attache qu'à l'effort normal réduit Vu:
f3 est donc lui-même considéré comme ne dépendant que de Vu (figure 9.30).

11 tC 2 Pente ~
W"·~:{ ,

'.
... .. ..
11 - 111j1 1 - ljI
=~=-
111j1 ljI

avec 11 excentricité relative (eylh ou ex 1b)

Figure 9.29

1,0

0,8

0,6

0,4 .... ,., .... "" ... ".. ··'''·c''''''''

0,2 -_ ..,-- ._ . .' - -;-


,
. -
-, ~ ~

,
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2

Figure 9.30
508 Traité de béton armé

Le calcul est mené pour la section soumise à (Nu; M uGO = Nl~Y ') en utilisant les dia-
grammes d'interaction de la flexion droite. Une légère correction doit être faite pour les
valeurs extrêmes du pourcentage mécanique p :
- si l'on trouve p> 0,60, il est nécessaire d'effectuer un nouveau calcul, en augmentant
de 0,1 la valeur de ~ ;
- si au contraire, on trouve p < 0,20, on peut diminuer ~ de 0,1.

Remarque:

Prendre ~= l, c'est-à-dire prendre: e~ =e.y + ex!?..h place en sécurité puisque cela


revient à remplacer la courbe C I BC2 par sa corde C I C2 •
Bien sûr, la précision est nettement moins grande que dans les méthodes précéden-
tes, mais l'avantage est qu'on n'a pas besoin de calculer de paramètre auxiliaire. La
méthode est alors assez rapide et peut suffire pour un prédimensionnement. On peut
s'en servir pour résoudre certains problèmes de flambement biaxial (voir § 11.822).

9.5 ABAQUES « EN ROSETTE »


Les méthodes exposées précédemment ont l'inconvénient de ne fournir une solution que
pour un cas de charge unique, c'est-à-dire pour un seul couple de valeurs (Nu; M uGo ).
Dès que les sollicitations (N" et! ou MuG) appliquées à un même élément sont suscepti-
bles de varier ou de changer de signe selon le cas de charge considéré, il est préférable
d'avoir recours à des abaques. On peut, par exemple, utiliser des abaques « en rosette»
(ainsi appelés du fait de leur aspect, voir figures 9.36 et 9.37) qui sont les équivalents,
en flexion déviée, des diagrammes d'interaction établis pour la flexion droite. Ces aba-
ques s'obtiennent en coupant par un plan Ni = Cte les « surfaces d'interaction» de la
section considérée.

9.51 Surfaces d'interaction


Soit une section de forme quelconque, comportant au voisinage de sa périphérie des
armatures A h A2' ... Aj, ... Ali distribuées de façon quelconque (figure 9.31).
Chapitre 9 • Flexion déviée 509
y

Figure 9.31

Rapportons-la à deux axes de coordonnées. Ces axes peuvent être quelconques, mais en
pratique il est commode de se référer aux axes principaux d'inertie Gox, GoY de la sec-
tion de béton seul.
Dans ce système :
- une fibre de béton comprimé quelconque, d'aire dB' = dx dy est repérée par les coor-
données x et y de son centre de gravité;
- une armature quelconque, d'aire Aj est repérée par les coordonnées Xj et Yj de son cen-
tre de gravité.
Donnons-nous la direction de l'axe neutre (par exemple en fixant l'angle 8 que fait cet
axe avec la direction Gox) ainsi que sa distance Yu à la fibre la plus comprimée (ou la
moins tendue)!. Cela revient à fixer les coordonnées des deux points d'intersection Pet
Q de l'axe neutre et du contour de la section.

l. L'indice u est mis ici pour rappeler qu'il ne s'agit pas d'une ordonnée lue sur l'axe GoY!
510 Traité de béton armé

Associons à la valeur de Yu choisie le diagramme des déformations passant par le pivot


correspondant.
Pour la valeur de Yu choisie et le diagramme de déformations qui lui est associé, les
déformations Ecl; et ESj de deux fibres quelconques, respectivement de béton comprimé
(dx dy) et d'acier (Aj) (tendu ou comprimé) sont parfaitement déterminées. Il en est de
même de leurs contraintes respectives, crç pour le béton, crsj pour l'acier (crsj positif au-
dessus de l'axe neutre et négatif au-dessous).
Compte tenu de cette convention de signe, on peut écrire les expressions d'une part, de
la résultante N j des forces internes, d'autre part, des moments résultants ~x,GO, ~y,GO de
ces forces par rapport aux deux axes Gox et GoY sous les formes générales suivantes où
B' désigne l'aire du béton comprimé:
Il

Nj(yu,e)= fJcrcçdxdy + LAsP'sj


B' j=l

Il

Mjx,Go(Yu,e) = Njey = fJO'cçy dxdy + LAsPsjYj


B' j=l

Il

Mjy,Go(yu,e)= Nje X = fJO'cçx dxdy + LA.yO'sjx j


B' j=l

En éliminant les deux variables Yu et e entre ces trois équations, on obtient dans un triè-
dre orthonormé (N, M.~, My) l'équation d'une surface, dite « surface d'interaction» (fi-
gure 9}2):

Cette surface délimite le domaine de sécurité de la section étudiée munie de ses arma-
tures de section totale IAj (figure 9.32).
Si l'on fait varier proportionnellement cette quantité totale d'armatures sans changer la
l
position de celles-ci, on définit pour une même section plusieurs surfaces d'interaction .
En coupant ces surfaces par des plans N j = Cte on obtient en projection sur le plan
(Mn My) des familles de courbes, chacune de ces courbes étant relative à une quantité
totale donnée d'armatures.

1. Une image familière de la représentation de ces surfaces en couches successives est celle d'un oignon.
Chapitre 9 • Flexion déviée 511

S (Pourcentage
mécanique p)

)....--~_2'/

Surfaces d'interaction

Figure 9.32

9.52 Application aux sections rectangulaires

9.521 Équations générales


Considérons une section rectangulaire comportant des armatures disposées de façon
quelconque (dans les angles, sur deux faces opposées ou sur les quatre faces, la quantité
d'acier pouvant n'être pas la même dans chaque angle ou sur chaque face).
Cette section étant supposée soumise à la flexion déviée composée, donnons-nous la
direction de l'axe neutre en fixant l'angle e que fait cet axe avec le plan moyen de trace
Gox, ainsi que sa distance Yu à l'angle le plus comprimé (ou le moins tendu).
Pour simplifier les calculs, nous commençons par rapporter cette section à deux axes
p.erpendiculaires Gox, Goyen choisissant Gox parallèle à l'axe neutre (figure 9.33). De
cette manière, la contrainte du biéton ad;; est constante sur les fibres situées à la distance
y" - ç de l'angle le plus comprimé (ou le moins tendu).
512 Traité de béton armé

Figure 9.33

Pour la bande élémentaire de béton comprimé Xç dÇ située à la distance ç de l'axe GoX,


la force de compression élémentaire est X ç dÇ crd; . Une armature Aj est repérée par ses
coordonnées)Ç, Jj (Figure 9.34).
Dans ces conditions, en conservant les autres notations utilisées dans le cas général, la
résultante Ni des forces internes et les moments résultants A{x, A{y de ces forces par
rapport aux axes GoX et GoY peuvent être exprimés sous la forme d'intégrales de
contour, de la manière suivante:

Ni = fcrcçXçdÇ + LApsj =gl (S,y,,) [9.35]


Xj
_____________ . A-l
B'

MXi = fcrcÇxçç dÇ + LApSjJ} =g2(S,yJ [9.36]


B' Yj

M Yi -fcrcç--dÇ
- (XçY + L APSjXj -- g3 (S,Yu ) [9.37]
x
B' 2 Go

Figure 9.34

L'intégration le long du contour de l'aire B' du béton comprimé, représentée par le


signe f peut être faite par des méthodes numériques.

De A{x et A{y on déduit les composantes M;.r,GO et A{y,GO correspondant aux deux axes
principaux d'inertie Gox et GoY de la section (figure 9.35)
Chapitre 9 • Flexion déviée 513

En signe:
M·lX, G
0
= M·x1
cosS+ M.1 y sinS [9.38]

M.Iy, G 0
= M.vu\ sinS+ M. y cosS
1
[9.39]

Figure 9.35

La distribution des armatures et la section Aj de chacune d'elles étant connues, pour


toute valeur de Ni et de S fixées à l'avance, l'équation [9.35] donne Yu et les équations
[9.36] à [9.39] donnent un point du diagramme d'interaction de coordonnées À1ïx,GO,
À1ïy ,GO situé dans le plan de cote Ni.

La courbe d'interaction correspondant au pourcentage total d'armatures de la section et


située dans ce plan s'obtient en faisant varier SI.
En changeant ce pourcentage et en recommençant, on obtient une autre courbe du même
plan. Enfin, en changeant la valeur de Ni de départ et en recommençant, on obtient, pour
chaque pourcentage d'armatures, l'ensemble des lignes de niveau de la surface
d'interaction correspondante.
En pratique, on se réfère à des quantités «réduites », adimensionnelles (attention aux
dénominteurs !).

_ M ixGO N-
flxG - b h 2 r.
u= 1

J bll b h ftJII

et on trace pour u = ete les courbes d'interaction, fonction de p, dans le système d'axes
(0 !lxG 0 !lyG).
Selon les propriétés de symétrie de la section « réduite}) (carré de côté 1) munie de ses
armatures (un axe de symétrie, deux axes, quatre axes) on peut se borner à ne représen-
ter que la moitié, le quart ou le huitième du plan (!l.tG .. !lyG) et donner ainsi sur le même
graphique les courbes p correspondant à deux, quatre ou huit valeurs différentes de u.

1. Lorsqu'on change e, les distances À} et 1) prises en compte dans les formules [9.35] à [9.37] changent
aussi.
514 Traité de béton armé

On obtient de cette manière les abaques en rosette dont les figures 9.36 et 9.37 consti-
tuent deux exemples.

9.522 Utilisation des abaques en rosette


Données:
Largeur b et hauteur h de la section,

t = 0 85 Ic28 1 ( OU t = Ibu )
J bu ,
, e
15 Jcd 085
,
Force extérieure Nu
Coordonnées du centre de pression: ex dans le sens b, ey dans le sens h par rapport aux
axes de symétrie Gox (parallèle à b), GoY (parallèle à h).
Distribution des armatures.
La section totale des armatures AlOI = rA peut être inconnue (dimensionnement) ou
connue (vérification).
Dans les deux cas, la marche à suivre est rigoureusement la même:
1. On calcule:

N Nue y
'U = Il
!-lux,Go = b h2 t
Il bhfbll J bu

2. On cherche la valeur du pourcentage mécanique total p strictement requis.


Pour cela:
- si la valeur trouvée pour 'Uu est une des valeurs rondes de l'abaque correspondant à la
distribution d'armatures choisie, on lit directement la valeur de p sur la courbe passant
par le point de coordonnées (!-lux,Go, !-llly,Go) ;
- si la valeur de 'UII n'est pas une des valeurs rondes de l'abaque, pour avoir la valeur de p
strictement requise, il faut interpoler linéairement entre les pourcentages obtenus avec les
deux valeurs rondes de 'U qui encadrent celle de 'UII • La précision n'est généralement pas
excellente.
3. Pour finir il faut prendre (dimensionnement) ou s'assurer que (vérification):
A > b1ifbu
IOI-P •
led

l. On utilise pour le tracé des abaques en rosette le diagramme parabole-rectangle. Ce n'est qu'en cas
d'utilisation du diagranune rectangulaire qu'il faudrait substituer 0,80 à 0,85 pour calculer /b".
Chapitre 9 • Flexion déviée 515

. Of
Attention, pour cet abaque: fcd =~
0,85

~1 ~1
0.50 0.40 0.30 0,20 0.10 0 0,10 0,20 0.30 0,40 0,50

0,50 0,50

0.40 0.40

0,30 0,30

0,20 0,20

0.10 0,10

o ~~~~~~~~~~~-+-+-+-t~--LT~~~~~~~~~~~~ 0
~ ~

0,10 0,10

0,20

0,30 0,30

0.40 0,40

0,50 0.50

Figure 9.36. Exemple d'abaque en rosette pour une section rectangulaire à


armature symétrique en flexion composée déviée (fe = 400 MPa.
dl! h = b1! b = 0.10) (extrait du Manuel CfB-FIP Flexion-Compression).

- si IlxG > llyG : III =IlxG' 112 =llyG = As,tot fed


Ptot bh r
Jcd
- si IlxG < llyG III = llyG' 112 = IlxG
bh fcd
As.tot =Ptot r
Jed
516 Traité de béton armé

Attention, pour cet abaque: fcd = 9fbu


0,85 ?l
"'~16.~
As.tot/2

f..l1 f..ll
0,20 0,15 0.10 0,05 0 0,05 0,10 0,15 0.20

0,20 0.20

0.15 0.15

0.05 0.05

o ~~~~~-r~~-r~r1-+H-~~~--~--~~r-~~----~----~ o
f..ll f..ll

0.05 0.05

0.10 0.10

0.15

0.20 0.20

0.20 0.15 0.10 0,05 0.05 0.10 0.15 0.20

Figure 9.37. Exemple d'abaque en rosette pour une section rectangulaire à


armature dissymétrique en flexion composée (fe =400 MPa, dl / h =bl / b =0,10)
(extrait du Manuel CEB-FlP Flexion-Compression)

Formules de calcul: voir au dessous de la figure 9.36.


Chapitre 9 • Flexion déviée 517

9.6 MÉTHODES DE CALCUL PAR ITÉRATION


Dans le cas particulier de sections pour lesquelles il n'existe ni abaques, ni tableaux, ni
formules simplifiées il faut, si l'on ne dispose pas d'un programme de calcul approprié,
faire le calcul à la main, en résolvant les équations d'équilibre par itération. Une telle
méthode n'est commodément applicable qu'aux sections partiellement comprimées et
dans lesquelles la position des armatures tendues est connue. Bien entendu, on utilise
pour la distribution des contraintes de compression du béton le diagramme rectangulai-
re.
Lajustification de telles sections à l'état-limite ultime consiste à montrer qu'il existe un
état de contraintes dans lequel:
a) les sollicitations agissantes sont au plus égales aux sollicitations résistantes.
b) la droite joignant le centre de gravité des aciers (supposés atteindre tous la contrainte
!ed) et celui de la zone comprimée du béton est perpendiculaire au vecteur moment agis-
sant, ce qui signifie que cette droite passe par le centre de pression (figure 9.38) :

Figure 9.38

Si les armatures peuvent être considérées comme concentrées en leur centre de gravité
A de coordonnées Xs et Ys, le calcul peut être simplifié en rapportant les moments agis-
sants au point A :
518 Traité de béton armé

avec:

(avec les signes appropriés; dans le cas de la figure 9.38, X s = 0).


-
La direction de MuA doit être perpendiculaire à la ligne AGe joignant le centre de gra-
vité des aciers et celui de la zone comprimée c'est-à-dire, joignant les points
d'application des résultantes des forces de traction et de compression (voir figure 9.38).
En l'absence d'aciers comprimés, la section d'aciers tendus nécessaire est:

avec

(x s, xc, Ys etyc étant pris avec leurs signes sur les axes orientés Gox et GoY).
On calcule alors l'excentricité « interne» ei de la manière suivante:
- la résultante des forces internes (résistantes) est:
Ni = Nu = Fbc - F;, = B' fbu - Afed
où B' représente l'aire de la zone comprimée (de hauteur 0,8 YIJ
- le moment de ces forces par rapport à A est :

L'excentricité cherchée est:

II faut que cette excentricité soit au moins égale à l'excentricité « externe », c'est-à-
dire:

S'il en est ainsi, l'itération est terminée. Sinon il faut modifier la position de l'axe neu-
tre de manière à augmenter B' tout en diminuant peu Zb et recommencer.
Chapitre 9 • Flexion déviée 519

Remarque:
La méthode est évidemment applicable aux sections rectangulaires (figure 9.39) :

Figure 9.39

L'axe neùtre peut être défini à partir des points d'intersection P et Q avec le contour de
la section de la droite !1limitant l'aire de la zone comprimée (donc passant à la distance
O,8yu de l'angle le plus comprimé) c'est-à-dire:
- si la zone comprimée est trapézoïdale, par les distances ç,)h et ~h de ces points
d'intersection à l'angle le plus comprimé d'une part et à l'angle le moins comprimé
d'autre part ;
- soit, si la zone comprimée est triangulaire, par les distances 'f;fl et l'lb de ces points
d'intersection à l'angle le plus comprimé.
Pour chacun de ces deux cas, pour avoir l'aire B' de la zone comprimée et les coordon-
nées Xe, Ye de son centre de gravité Ge, il suffit de se reporter aux expressions [9.8] et
[9.17a] ou [9.23] et [9.28 a et b] données au § 9.41 (1 ° ou 2°) en substituant dans celles-
ci h à d.
520 Traité de béton armé

9 .. 7 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE
DU CHAPITRE 9
- Rüdinger (1), Calcul des sections en béton armé soumises à laflexion déviée, simple
ou composée, Annales de l'ITBTP, octobre 1943.
- Chambaud (R.) et Lebelle (P.), Formulaire du béton armé, Tome l (pp. 239 et suivan-
tes), Eyrolles (1967).
- Manuel de calcul CEB-FIP « Flexion-Compression », Bulletin d'information CEB
n° 141, Construction Press, 1982.
- Documentation complémentaire au Manuel de Calcul CEB-FIP «Flexion-
Compression ». Bulletin d'information du CEB nO 83, avril 1972.
- Van Langendonck (T), Flexâo composta obliqua no concreto armado. Association
brésilienne du Ciment Portland; Sâo-Paulo (Brésil) 1977.
- Montoya (P. Jimenez), Contribution al estudio de la flexion esvÎada. Calculo en rotu-
ra. Estructuras, 2° Série, Tomo IV num. 4.
- Moran Cabré (F), Meseguer (A.G) et Calzôn (lM), Estudio téOl'ico experimental de la
flexocompresiôn esviada en secciones de hormig6n armado. Monographie de l'Institut
Eduardo Torroja nO 265-666, septembre 1967 (contient des résultats d'essais de poteaux
en flexion déviée).
CHAPITRE 10
COMPRESSION « CENTRÉE »

Le présent chapitre ne concerne que les poteaux le plus fréquemment rencontrés dans le
domaine du «bâtiment» et dont les conditions de mise en œuvre - et, en particulier, la
qualité des coffrages - sont convenablement contrôlées (voir § 10.53). Il se réfère ex-
clusivement aux Règles BAEL.

10.1 DÉFINITIONS
1°) Une poutre rectiligne est sollicitée en compression centrée lorsque l'ensemble des
forces extérieures agissant à gauche d'une section droite L est réductible au centre de
gravité G de L à une force unique N (effort normal) perpendiculaire au plan de L et
dirigée vers la droite (figure 10.1).
Dans une poutre rectiligne en béton armé (poteau, colonne, pieu) sollicitée en compres-
sion centrée, le centre de gravité des armatures est confondu avec celui du béton seul.

foJ
1
A
1
1
1

Figure 10.1

La compression centrée se rencontre rarement en pratique; un poteau réel est toujours


soumis à la flexion composée (effort normal N et moment M = Ne.., figure 10.2), éven-
tuellement déviée, par suite de la dissymétrie du chargement, des imperfections
d'exécution (telles que non-rectitude de l'axe, défaut de verticalité, ... ), de la solidarité
du poteau avec les poutres qu'il supporte, etc.
522 Traité de béton armé

x x

IN IN
• r--~
1
1
1
1
1
1
1
ex=cte

1
1
1
1
1
1
1
X X 1
1
1
1
1
1
1
1
Y Y ....-
.... •
N
lN
Figure 10.2

2°) Ne voulant pas imposer dans tous les cas un calcul en flexion composée, les Règles
BAEL (art. B-8.2,10) admettent que soit conventionnellement considéré comme soumis à
une compression « centrée» tout poteau qui, en plus de l'effort normal de compression N,
n'est sollicité que par des moments dont l'existence n'est pas prise en compte dans la
justification de la stabilité et de la résistance des éléments qui lui sont liés et qui ne
conduisent par ailleurs qu'à de petites excentricités (de l'ordre de grandeur de la moitié de
la dimension du noyau central, soit e:S min {a112 ; b112} pour un poteau rectangulaire).
La méthode de calcul approchée développée au paragraphe 10.5 est applicable à de tels
poteaux.

10.2 COMPORTEMENT EXPÉRIMENTAL


DES POTEAUX SOUMIS À LA
COMPRESSION « CENTRÉE »

10.21 Essais à caractère qualitatif et démonstratif


De 1953 à 1970, à l'initiative des organisations professionnelles, on a procédé à des
séances d'essais (<< Enseignement expérimental du béton armé ») devant les élèves de
certaines Ecoles d'Ingénieurs. Au cours de ces séances, on soumettait notamment à des
Chapitre 10 • Compression centrée 523

efforts de compression centrée trois séries de poteaux à section carrée de 20 x 20 cm2 ,


de 2,50 m de hauteur, comportant des embases frettées à leurs deux extrémités, desti-
nées à éviter des ruptures accidentelles au contact des plateaux de la machine d'essais.
Les essais de recherche exigeant un temps relativement long (voir § 10.22), on se
contentait dans ces essais de démonstration de déterminer uniquement les charges de
rupture des éprouvettes.
Les poteaux de la première série ne comportaient aucune armature, ceux de la seconde
série comportaient uniquement des armatures longitudinales, ceux de la troisième des
armatures longitudinales et des armatures transversales sous forme de cadres entourant
les armatures longitudinales (figure 10.3).

1
:~.~
.1
...::
I l
r.;;. ___.1
1 1
l 1
1 1 Flambement des barres
"----'
t. longitudinales entre
i
"" ...
.. 1 deux cadres
..
1
1

1
1

,"''''--1
1 1
,
:~ ...:
fj ....
.
1

1i
lo............... .
1 1
:t
j> ....... t~
:f...i;.;·.-:~MJ. .
•f"'···.1
t .. j
.1. 1
'j;;;.';;;. .. .,;'1
1 1

~
~
Figure 10.3
524 Traité de béton armé

La rupture des poteaux non armés de la première série se produisait d'une façon sou-
daine et extrêmement brutale, suivant un plan incliné d'environ 30° sur la verticale
(voir § 2.221-2) et sous une charge correspondant à une contrainte normalement infé-
rieure à la résistance à la compression !cr mesurée le jour de l'essai sur des éprouvettes
cylindriques ayant une hauteur double du diamètre, prélevées au moment du coulage
du poteau l .
Pour les poteaux de la deuxième série, la rupture se produisait également brutalement et
contrairement à ce que l'on pourrait croire a priori, pour un même béton, la charge de
rupture n'était pas toujours nettement plus élevée que celle obtenue pour le poteau non
armé et était même, parfois, plus faible. En effet, les barres longitudinales qui sont com-
primées ne sont pas parfaitement rectilignes. Elles sont donc exposées au flambement et
elles flambent effectivement quand la contrainte du béton est voisine de la contrainte de
rupture (le béton présente alors une résistance trop faible aux tractions latérales pour
pouvoir s'opposer efficacement au flambement des armatures).
Pour les poteaux de la troisième série, la rupture était beaucoup plus progressive, et se
produisait sous une charge nettement plus élevée que celles obtenues pour les poteaux
des deux premières séries. On observait généralement un plan de rupture incliné à 30°
sur la verticale, avec flambement des armatures longitudinales, mais localisé ici entre
deux armatures transversales consécutives.
Tous ces essais montraient la nécessité de disposer normalement dans les poteaux en
béton armé des armatures longitudinales et transversales si l'on voulait éviter des ruptu-
res fragiles et donc brutales. L'élancement des poteaux en cause ne faisait pas apparaître
des phénomènes de flambement.

10.22 Essais de recherche


Dans le cas général, le problème du comportement des éléments comprimés, notamment
des poteaux de structures, est très complexe. Dans les essais de recherche, on opère
généralement sur des poteaux à axe rectiligne, articulés à leurs deux extrémités.
Même lorsqu'il s'agit de poteaux courts, d'élancement géométrique (voir § 10.310) au
plus égal à 10 ou 12 environ, la réalisation d'épreuves de compression théoriquement
centrée est délicate. Les tranches extrêmes de l'élément essayé ne sont jamais rigoureu-
sement planes ni parallèles. Son axe n'est jamais parfaitement rectiligne. Le «centra-
ge» des forces appliquées est toujours imparfait; même si cette condition est remplie
aux sections d'application de la charge, les imperfections de l'exécution déterminent,
dans les éléments, des excentricités impossibles à chiffrer, que les effets des déforma-
"tions du second ordre (voir chapitre 11) accentuent. En outre, quand il s'agit d'un élé-
ment en béton, rien ne permet d'affirmer que les caractères mécaniques de celui-ci sont
les mêmes en tous points de l'éprouvette de sorte que, même si les conditions géométri-

1. La résistance réelle .kr. le jour de l'essai, ne doit pas être confondue avec la résistance caractéristique
spécifiée.k28 prise en compte dans les calculs !
Chapitre 10 • Compression centrée 525

ques théoriques se trouvent parfaitement réalisées, la courbe des pressions réelle peut
fort bien ne pas être une droite et des excentricités dues à l 'hétérogénéité mécanique
sont susceptibles de se produire.
La reproduction en laboratoire du cas théorique de la « compression centrée» impose de
corriger progressivement le positionnement du poteau dans la presse d'essais, jusqu'à ce
que les déformations unitaires (t:J / 1), mesurées aux moyens d'extensomètres placés sur
chaque face du poteau, soient toutes égales sous une fraction donnée de la charge de
service. Lorsque cette condition est réalisée, le poteau ne subit aucune déformation
transversale: son axe reste rectiligne jusqu'à la rupture. Que le poteau soit ou non muni
d'armatures, celle-ci se produit le long d'un plan incliné à 30° environ sur l'axe (voir
§ 2.221-2) comme indiqué ci-avant au § 10.21 ; le flambement des armatures, s'il yen
a, s'observe à leur traversée de ce plan (figure 10.3).
Si les précautions pour obtenir un centrage parfait ne sont pas prises, ou si l'élancement
géométrique augmente notablement, ou encore si d'emblée la charge appliquée présente
une certaine excentricité, le poteau prend au cours de l'essai une « flèche latérale» et la
rupture survient par flambement (voir chapitre Il).

10.23 Conclusions à tirer des essais de poteaux


10) La brutalité des phénomènes de rupture des poteaux non munis d'armatures longitu-
dinales ou transversales conduit à prévoir dans les éléments comprimés:
a) des al}llatures longitudinales pour pallier la fragilité du béton non armé et pour résis-
ter aux efforts inévitables de flexion;
b) des armatures transversales relativement rapprochées pour empêcher ou retarder le
flambement des armatures longitudinales.
Les formes et les ancrages d'extrémité des armatures transversales doivent être tels que
celles-ci puissent effectivement se mettre en traction. Si ces conditions ne sont pas réali-
sées, on doit tenir pour nulle l'efficacité des armatures longitudinales qui peuvent même
devenir nuisibles.
II convient donc d'examiner avec le plus grand soin la disposition des armatures transversa-
les des poteaux surtout lorsque des feuillures ou encoches sont pratiquées dans ces derniers.
2°) Au cours des essais, les ruptures se produisent presque toujours au voisinage des
tranches extrêmes des poteaux si ceux-ci ne sont pas munis d'embases armées. Il faut
donc veiller à la bonne exécution des extrémités des poteaux (position correcte et lon-
'gueur suffisante des barres en attente aux extrémités inférieures; nettoyage des tranches
supérieures avant bétonnage des poutres).
526 Traité de béton armé

10.3 ÉLANCEMENT D'UN POTEAU


La compression a pour effet d'accentuer les excentricités. Lorsque la longueur de
l'élément comprimé est grande par rapport à ses autres dimensions, l'accroissement
devient tel qu'il ya risque de flambement.

10.31 Définitions

10.311 Élancement mécanique


La susceptibilité au flambement d'un poteau est définie par référence à l'élancement
mécanique (rapport sans dimensions)
1
À=L [10.1]
i
avec:
i rayon de giration de la section droite du béton seul

[10.2]

B aire brute totale de la section droite (supposée non armée)


1 moment d'inertie de la section B par rapport à un axe passant par son
centre de gravité et perpendiculaire au plan de « flambement»
If longueur de flambement, fonction de la longueur libre 10 et de la nature des
liaisons d'extrémité:
a) Poteaux isolés (BAEL, art. B-8.3,2).

-r-----l-------r:I'"+-------1-------
-- ------ ./. // ------ - ... -------- /,".,t -------
1" -------
... -------

Figure 10.4
Chapitre 10 • Compression centrée 527

b) Poteaux de bâtiments à étages multiples (BAEL, art. B-8.3,3)

Soient KI la raideur du poteau considéré l , K 2 et K3


les raideurs des poutres de plancher qui le traver-
sent;
- étages courants :
si K 2 :2: KI etK3 :2: KI : If = 0,7/0 t
- étages en sous-sol :
si K 2 > KI et si le poteau est encastré dans sa fonda-
tion: If =0,7/0

- dans tous les autres cas : If = '0


Pour une évaluation plus précise de Ij, voir
§ 11.723-1.

Figure 10.5

Remarque importante:
Le flambement s'effectue dans le plan pour lequel l'elancement est le plus grand
(donc If maximal et/ou 1 minimal), qui n'est pas toujours, comme on le croit sou-
vent, celui dans le sens duquel le moment d'inertie de la section est le plus faible.
Ce plan peut d'ailleurs avoir une direction qui ne soit pas confondue avec lm des
axes principaux de la section. Dans ce cas le flambement est dit « biaxial » ou par-
fois « diagonal ».
Exemple: Poteau rectangulaire de section ab, avec b = l,Sa.
Dans le sens a, le poteau est supposé encastré en pied et en tête. Dans le sens b, la
section de tête ne peut pas tourner mais peut se déplacer latéralement (voir figure
10.4).

1. II est rappelé que la raideur est le rapport III du moment d'inertie à la portée ou à la longueur de
l'élément considéré. Dans le cas où un poteau rectangulaire est lié à chacune de ses extrémités à deux
poutres qui se croisent, il faut évaluer deux valeurs de la raideur (correspondant aux deux valeurs de
l) pour chacune des deux directions des poutres. Il peut en résulter des valeurs de If différentes pour
chaque direction. Dans le cas d'un plancher-dalle, il faut prendre If= 10'
528 Traité de béton armé

Sens a:

3 4 2
- ba _ 1,5a B = ab =15a
,
1 -----

lE
12 12

À = 1fa = 3,46 ~ = 1 73 10
a.
la
2 a ' a

Sens b:

1jb = 10 3
1 = ab = 3,375a
4
B =ab= 1,5a 2
12 12

3,375a 4 a
12 (1,5a 2 ) = 2,31

Le plan de flambement est donc, dans ce cas, celui qui contient la plus grande dimen-
sion (et qui correspond donc au plus grand moment d'inertie de la section droite).

10.312 Élancement géométrique


Pour un poteau rectangulaire de petit côté a ou pour un poteau circulaire de diamètre a,
on appelle « élancement géométrique» le rapport ft/ a.
L'élancement géométrique ne doit pas être confondu avec l'élancement mécanique (voir
§ 10.32). Compte tenu de la remarque précédente on constate que l'élancement géomé-
trique n'est un paramètre représentatif que pour les poteaux dans lesquels les condi-
tions de liaison aux extrémités sont les mêmes dans toutes les directions.

10032 Cas particuliers


- Poteau rectangulaire de petit côté a (lorsque, comme c'est souvent le cas, le plan de
flambement est celui dans lequel le moment d'inertie est minimal) :

/f.fï2 3,46 /f 3,5/f


À= = :::::- [10.3]
a a a
(on voit donc qu'à un élancement mécanique de 35 correspond un élancement géomé-
trique de 10 environ).
- Poteau circulaire de diamètre a :
4/
À = f- [10.4]
a
Chapitre 10 • Compression centrée 529

10..4 ARMATURES DES POTEAUX


Bien que le béton ait une bonne résistance à la compression, les essais (voir § 10.21) mon-
trent qu'un poteau ne peut être constitué uniquement en béton; il doit toujours être muni:
- d'une part, d'armatures longitudinales susceptibles d'assurer la résistance aux mo-
ments de flexion négligés;
- d'autre part, d'armatures transversales maintenant les armatures longitudinales et les
empêchant de flamber.

10.41 Armatures longitudinales


:> Référence: BAEL, art. A-8.1,2
a) Types et nuances:
On peut utiliser indifféremment des barres HA Fe E500 ou des treillis soudés.
Choisir de préférence, mais ce n'est pas une obligation, 0[;::: 12 mm (au-dessous de ce
diamètre, les barres n'ont pas une rigidité propre suffisante pour conserver une certaine
rectitude).
b) Disposition
Les barres doivent être disposées au voisinage des parois en respectant les règles
d'enrobage (voir § 4.12) et réparties le long du contour, de manière à assurer au mieux
la résistance à la flexion du poteau dans les directions les plus défavorables.
Il faut prévoir :
- pour les sections polygonales, au moins une barre dans chaque angle;
- pour les sections circulaires, au moins six armatures réparties sur le contour.
Dans le cas de poteaux rectangulaires, avec b > a, et plus particulièrement si À> 35, il ya
intérêt à grouper les armatures le long des côtés perpendiculaires au plan de flambement
(grands côtés si le plan de flambement est celui qui correspond à l'inertie minimale).
530 Traité de béton armé

. . . . .. 0{max 0 tmin

[El
.W
... ... ...

.• \.• . •.· ·.i . . •


~.
...... : ..... ::. ..: .
. .. . .
",

"

Épingle
ou étrier SMin[a+10cm;40cm] (Nombre de barres
longitudinales ;a6)

Sections sensiblement carrées Section rectangulaire allongée Section circulaire

Figure 10.6

c) Section minimale
Une section minimale d'annatures est toujours nécessaire (voir § 10.541).

10.42 Armatures transversales


:> Références: BAEL, art. A-8.1.3
a) Types et nllances
Ces armatures sont constituées par des barres HA Fe E500 de petit diamètre:
0( ~ 12 mm (ou par les fils transversaux du treillis soudé, lorsque celui-ci est utilisé
pour constituer l'armature longitudinale).
b) Disposition
Les armatures transversales sont disposées en nappes successives (on dit aussi « cours
successifs ») normales à l'axe du poteau et régulièrement espacées.
Dans chaque nappe, les armatures transversales forment obligatoirement une ceinture
continue, parallèle au contour de la pièce, sans angles rentrants, entourant toutes les
barres situées dans les angles, quel qu'en soit le diamètre, de façon à empêcher tout
déplacement de celles-ci vers la ou les parois les plus voisines.
En dehors des angles, seul le maintien des barres de diamètre 0 ;::: 20 mm placées au
voisinage des faces est requis par les Règles BAEL, au moyen d'annatures transversales
s'opposant à toute tendance à une «poussée au vide» de ces barres, mais alors, les
barres qui ne sont pas entourées ne peuvent être prises en compte dans les calculs l .
II faut prévoir des ancrages aux extrémités selon les tracés indiqués au § 4.43, donc avec
retours dirigés vers la masse du béton, et proscrire absolument les retours d'équerre ou
les recouvrements rectilignes parallèles aux parois.

1. Cette disposition a pour objet de laisser la latitude d'utiliser certains types d'armatures préfabriquées
où le maintien de toutes les barres longitudinales se révèle impossible.
Chapitre 10· Compression centrée 531

Pour un poteau carré ou rectangulaire, chaque nappe d'armatures transversales com-


prend donc (voir figure 10.6) :
- un cadre fermé entourant l'ensemble des barres longitudinales,
- des étriers, cadres ou épingles maintenant les barres placées près des faces.
Pour les poteaux circulaires, les nappes transversales sont uniquement constituées par
des cerces fermées (figure 10.6) ou parfois par une armature spirale. Des armatures
transversales diamétrales ne sont pas nécessaires. Elles seraient plus néfastes qu'utiles,
en risquant de provoquer une ségrégation du béton lors du coulage de celui-ci.

10.5 MÉTHODE DE CALCUL

,
10.51 Evaluation de certaines données de base
Le calcul des poteaux est toujours conduit à l'état-limite ultime, pour un effort normal
agissant de calcul de la forme:

On désigne par :
B . l'aire de la section droite du poteau
A l'aire de la section totale des armatures longitudinales.
Dans l'évaluation de A, il faut toujours avoir présent à l'esprit que:
1. Toute barre longitudinale de diamètre 0, non maintenue par des armatures transver-
sales espacées d'au plus 150, ne peut être prise en compte dans les calculs de résistan-
ce (BAEL, art. A-4.1.2)
2. Si À > 35, seules peuvent être prises en compte les armatures disposées de façon à
augmenter le plus efficacement possible la rigidité dans le plan de flambement (BAEL,
art. B-8.4.1 ; voir figure 10.7).

l' 0 •
.. .. ..

I~ a ~
O,9SalbS1.1 alb<O,9 ou aIb > 1,1
(aciers d'angle seulement) (aciers le long des grands côtés)

Figure 10.7
532 Traité de béton armé

10.52 Effort normal résistant théorique


A et B sont connus, on cherche Nres '
II faut d'abord s'assurer par la formule [10.9] donnée plus loin que, compte tenu de ce
qui vient d'être dit au § 10.51 pour l'évaluation de A, on a bien A ;;:: Amin.
En application des hypothèses énoncées au § 5.211, la compression «centrée» corres-
pond à la verticale du pivot C : le béton et l'acier subissent uniformément un raccourcis-
sement E be = Esc = 2.10-3 ce qui entraîne:

- pour le béton, une contrainte uniforme égale à hu = 0,85fc28 (8 = 1 dans ce cas).


Yb
- pour l'acier, une contrainte égale à crse2 correspondant, sur le diagramme de calcul, au
raccourcissement de 2.10-3 .
Dans ces conditions, la valeur théorique de l'effort normal résistant est:

10.53 Effort normal limite selon les Règles BAEl


Les Règles BAEL apportent à la formule donnant Nres,th un certain nombre de correc-
tions:
a) elles pénalisent les poteaux de faible section, particulièrement sensibles aux imper-
fections d'exécution et aux défauts de centrage de la charge, en introduisant à la place
de B une aire de béton réduite Br;
b) elles tiennent compte du degré de maturité du béton à l'âge, généralement supérieur à
90 jours, auquel le poteau aura à supporter la majeure partie des charges qui lui seront
appliquées;
c) elles compensent le fait de négliger les effets du second ordre en minorant la valeur
de l'effort normal résistant par un coefficient réducteur fonction de l'élancement (il
revient au même de majorer l'effort normal agissant).

d) elles admettent enfin que crse2 est toujours égal à jed = je 1


Ys

1. Ce qui est inexact pour les aciers de classe Fe ES 00, pour lequels cr$C2 < Jal. En effet
500
Jed = - MPa = 435 MPa alors que crse2 = Esê sc = 400 MPa seulement.
1,15
Chapitre 10 • Compression centrée 533

Pour des poteaux dont la qualité d'exécution est contrôlée en sorte que l'imperfection de
rectitude puisse être estimée au plus égale à max [1 cm ; 1/500], l'effort normal agissant
ultime Nu doit être tel que:

N u <N
- - a [B rfc28 +A 1e ]
ulim avec N ulim- [10.5]
, , 0,9Yb Ys

a étant un coefficient fonction de À.


On peut modifier légèrement cette condition dans sa présentation, de manière à faire
apparaître les quantités :

{' = 0,851c28
Jbu
et J.
ed
= Je
Yb Ys
qui interviennent dans tous les calculs d'états-limites ultimes de résistance (8 = 1 pour
les poteaux).
II suffit de multiplier les deux membres de l'expression [10.5] par f3 = 0,85/a. On ob-
tient ainsi l'expression suivante, valable pour À::; 70 1•

AN::::; BrJbll + 0 85AIf. (m, MN,MPa) [1O.6a]


1-' u 09
, ' ed

avec:
Nu effort normal de calcul agissant
Br section réduite, obtenue en retirant 1 cm d'épaisseur de béton sur toute la péri-
phérie du poteau
coefficient supérieur à l'unité dont les valeurs sont définies comme suit:
1. Si plus de la moitié des charges est appliquée à un âge j > 90 jours:

~ ~ 1+0,2(~)' pour À'; 50 [1O.7a]

soit f3 1,20 pour À = 35 et f3 = 1,408 pour À = 50;


2
f3 = 0,85À pour 50 < À ::; 70 [1O.7b]
1500

1. Dans les premières versions des Règles BAEL, la formule était valable jusqu'à À. = 100.
534 Traité de béton armé

2. Si plus de la moitié des charges est appliquée avant l'âge de 90 jours, les va-
leurs de f3 ci-avant sont à multiplier par 1,10, c'est-à-dire qu'il faut vérifier:

AN:::; _l_[Br/bu + 85 A!f. ]


J-l u 1,10 0,9
°' ed

ou [1O.6b]

3. Si la majeure partie des charges est appliquée à un âgej < 28 jours les va-
leurs de f3 ci-avant sont à multiplier par 1,20, et il faut substituer, dans
l'expression defim'!ci à!c28 ce qui revient, par application des Règles BAEL art.
A-2. 1.1 à multiplierfbu parj / (a + bj) (voir § 2.241 a).
Dans ce cas, la condition à vérifier devient:

AN :::;_1_[BIIbu_j_+ 085A f. ] [1O.6c]


J-l u 1,20 0,9 a + b j ' ed

avec:
- POur!c28:::; 40 MPa; a = 4,76 et b = 0,83
- POuri'28 > 40 MPa; a = 1,40 et b = 0,95.

10.54 Détermination des annatures

10.541 Armatures longitudinales


Données:
Nu, B, 1c28, Ic> 10 d'où If = k10 (voir § 10.311) puis À et f3
Inconnue:
Section totale A des armatures.
La section A cherchée est tirée selon le cas des inégalités [1O.6a], [1O.6b] ou [1O.6c].
Dans le cas général où plus de la moitié des charges est appliquée à un âgej> 90 jours,
l'inégalité [10.6a] donne immédiatement:

A~ 1 [f3 Nu - Br/bu] (m2, MN, MPa) [10.8]


0,85/ed 0,9

La section ainsi trouvée doit satisfaire à la double condition:


Amin :s:; A :s:; Arnax [10.9]
Chapitre 10 • Compression centrée 535

avec (BAEL, art. A-8.1.21), Amin étant exprimé ici en cm2 :

Amin = maX{4U ; 0,2~}


100
(cm2, m) [10.10]

lidésignant la longueur en mètre du périmètre de la section droite, d'aire B (cm2 ), du


poteau et
5B
[10.11]
~ax = 100
Si la formule [10.8] conduit à A > Amax l'équarrissage l du poteau est à revoir, car le
dépassement de la valeur 5B / 100 n'est toléré que dans les zones de recouvrement des
barres.

10.542 Armatures transversales


:> Références: BAEL, art. A-S.I.3
1. Choix du diamètre
Soit:
0, : le diamètre nominal de l'armature longitudinale à maintenir
0 t : le diamètre nominal de l'armature transversale nécessaire.
On prend pour 0 t la valeur normalisée la plus proche de 0,/3 c'est-à-dire (valeurs en mm):
25 32 40
6 8 10 12

2. Espacement des différelues nappes


a) En dehors d'une zone de recouvrement
Soit St l'espacement des nappes d'armatures transversales parallèlement à l'axe du poteau.
Il faut avoir st::S min {15 0'min ; 40 cm; a + 10 cm} (unité: cm) [10.12]
avec 0'min, diamètre minimal des barres longitudinales prises en compte dans
l'évaluation de A (voir 10.51).
Si A = Amin, la condition se réduit à St ::s min {40 cm ; a + 10 cm}.
b) Dans les zones où la proportion des armatures présentant des jonctions par recouvre-
ornent est supérieure à 1/2.
Pour la longueur à donner à la zone de recouvrement ( Ir' ), voir § 4.62.

1. C'est-à-dire les dimensions de la section droite.


536 Traité de béton armé

0tmin
Les Règles BAEL demandent de
disposer sur la longueur Ir' au moins
trois nappes d'armatures transversa-
les, c'est-à-dire une nappe à chacune
des extrémités du recouvrement (en
laissant environ 3 cm pour réaliser les
ligatures) et une nappe au milieu
(figure 10.8) : si les armatures sont de
diamètres différents 0/min et 0/max
(voir par exemple figure 10.6), à cha- 3 nappes au minimum
cun d'eux correspond une longueur
l~. On doit trouver au moins trois
nappes sur la longueur l~min ,
l'espacement correspondant étant
conservé sur la longueur l~max .
Figure 10.8

10.55 Dimensionnement
Données:
Nu, !c28 et le, 10 d'où lf=klo (voir 10.311)
Inconnues:
B et A et donc À ainsi que f3.
Premier cas :
On est complètement libre du choix de la section B.
La formule [1O.6a] peut s'écrire:

B > fJ Nu [10.13]
r - [flm +0 85~.{."Jtd ]
09
, ' Br

Un certain nombre de choix étant libres, on peut chercher à dimensionner le poteau de


manière à avoir :
A
-~-

et, en arrondissant certaines valeurs numériques car il n'est pas nécessaire d'avoir une
très grande précision dans la recherche de la section B, la formule [10.13] devient:

B > 0,9f3Nu [10.14]


r - J; + hd
bu 130
Chapitre 10 • Compression centrée 537

Pour 1c28 = 25 MPa et!e = 500 MPa (fiu = 14,2 MPa et!ed = 435 MPa), on obtient ainsi:
Br ~ 0,051313 Nu
que l'on pourrait même arrondir (pour réduire un peu A) à :
Br ~ 0,05513 Nu
La valeur de 13 dépend de l'élancement choisi (formules [10.7]). Si l'on vise un élance-
ment À = 35 (ce qui permet de prendre en compte la totalité des armatures, voir § 10.51
point 2) on aura 13 = 1,20 (soit Br::::: 0,066 Nz, dans l'exemple considéré précédemment)
et si l'on vise un élancement À = 50, on aura 13 = 1,41 (soit Br::::: 0,077 Nz,).
Applications :
a) Poteau à section rectangulaire de côté a et b (on suppose a::; b) : B = ab.
En exprimant a et b en m, on a :
Br =(a -0,02)(b-O,02)
Si l'on veut À::; 35, il faut, puisque (d'après la relation [10.3]) :

If.J12 3,5 If If
a= :::::-- a~- (m)
À À 10
et, en appliquant la formule [10.14] avec 13 = 1,2 :

b ~ 140N lI + 0,02 (m, MN, MPa)


. (130Ibll + led )(a - 0,02)
Si l'on trouve b < a, il faut prendre un poteau carré de côté Ijll O.
Une fois choisis a et b, il faut calculer l'élancement réel du poteau puis le coefficient 13
(formules [10.7]) et déterminer les armatures longitudinales et transversales comme
indiqué au § 10.54.
. 1
Le poteau « optimal» est tel que, pour À = 35 : a =.L
10

0,9I3Nu + 0,02Ibu(a -0,02)-6,12 a Jed 10-4 . If}


b =max{ --"----"-----,-..;;...;:,:;~---"------:....::;::..--- (m, MN, MPa)
Jbu(a -0,02)-6,12 a Jed 10-4 ' ïO
et la section d'armatures nécessaires est alors égale à la section minimale (formule
[10.10]).

b) Poteau à section circulaire de diamètre a:

.
En expnmant a en m, on a: Br
°
= 1t (a - '02)2
4
538 Traité de béton armé

41 1
Si l'on veut À:S; 35, il faut, puisque (d'après la relation [10.4]) a = -L : a;?:...L
À 9

Mais il faut aussi que la condition [10.14] avec ~= 1,2 soit satisfaite, c'est-à-dire:

>
a_ 1,375N 002
.( u +, (m, MN,MPa)
.( + Jed
Jbu 130

(ce qui POur!c28 = 25MPa et!e = 500 MPa conduit à a"" 0,3 ~ Nu + 0,02 (m, MN).

Une fois choisi le diamètre a, il faut calculer l'élancement réel du poteau, puis le coeffi-
cient ~ (formules [10.7]) et déterminer les armatures longitudinales et transversales
comme indiqué eau § 10.54.
Deuxième cas :
La dimension de l'un des deux côtés est imposée (section rectangulaire).
Soit C la dimension imposée. Puisque l'on ignore a priori si c est le petit côté ou le
grand côté, il faut commencer par calculer (voir § 10.32) :

À = If Jl2 "" 3,51f


c c
puis le coefficient ~ par les formules [10.7].
On calcule ensuite la quantité (ayant les dimensions d'une longueur) :

c = 0,9~NII (m,MN,MPa)
r .( +fed
Jbll 130

a) Si c :s; Cr + 0,02 m, c est le petit côté: c = a.


La dimension inconnue b se déduit de la formule [10.14] :
Br = (a-0,02)(b-0,02) (m2 )

b> 0,9 ~N + 0 02 Il
(m, MN, MPa)
- J; + fed a - 0,02 '
bu 130

a et b étant maintenant connus, la section d'armatures est déterminée comme indiqué au


. § 10.54 avec la valeur de ~ trouvée ci-avant.
b) Si c > Cr + 0,02 m, c est le grand côté: c = b.
Chapitre 10 • Compression centrée 539

Dans ce cas, a doit satisfaire à la fois à deux conditions l :

3,5 If
a?--
À

a~ 0,9 ~N u + 0 02 (m, MN, MPa)


l' + fed ] (b - 0,02) ,
[ Jbu 130

Comme ~ dépend de À donc de Ifl a, la résolution est laborieuse.


On peut procéder par approximations successives, en calculant d'abord à part la quantité
ko (qui a les dimensions d'une longueur) :

ko = 0,9 ~Nu + 0,02 (m, MN, MPa)


l' + 1ed (b - 0,02)
Jbu 130

351
On se fixe ensuite une première valeur 1..1 de À telle que 1..1 < ~ (puisqu'il faut de
b
toute manière respecter aussi la condition d'élancement dans le sens« b »).
À 1..1 correspond une valeur ~l de~, (formules [10.7]) et une valeur:
al =ko f3l + 0,02 (m)

3,5 If
d'où une seconde valeur 1..2 de À donnée par: 1.. 2 =- - .
. al

À 1..2 correspond une valeur f32 de f3 (formules [10.7]) et une valeur :


a2 = ko f3l + 0,02 (m)

On s'arrête quand a i+1 :::: ai.

La convergence est assez rapide et il n'est pas nécessaire de rechercher une grande
précision.

1. Le signe:::: indique qu'une grande précision n'est pas nécessaire puisque le choix de A! Br = 1/100
est arbitraire et que la section réelle d'armatures est ajustée pour finir sur les dimensions imposées
(ou retenues) pour b et pour a.
540 Traité de béton armé

10.56 Abaque pour le calcul des poteaux

En posant 'UII = Nil , la formule [10.5] peut s'écrire:


Br f c28

A = Br f c28 [~_ 1 ]
fed ex. 0,9.1,5

ou encore en posant Po = AI.ed


Br fc28

'U
Po =_11 -0,741
a
Compte tenu des valeurs de a données par les Règles BAEL, on a :

'\ <50'
_ pour 1\, _ • ~=[1+0,2(À/35fl 'U II
a 0,85

'U ')..2
- pour 50 < À :::; 70 : _II =- - ' U
ex. 1500 Il

1. Cas des poteaux à section rectangulaire de petit côté a

Dans ce cas, À = f
lm et Po prend les valeurs:
. a

1+ 0,00 196 (If /a ) 2


-pour À:::; 50 : Po = 'UII -0,741
0,85

- pour 50 < À :::; 70 : Po = 0,008


1 )2 'U
(; II
- 0,741

L'abaque figure 10.9 donne les valeurs de P = 104 Po = A (cm 2 , m2 , MPa) en


fed Br fc28
fonction de 'UII et de Irl a.
Si plus de la moitié des charges est appliquée avant 90 jours, Po est déterminé à partir de
1,10 'UII • Si la majeure partie des charges est appliquée à un âge j < 28 jours, il faut

cons!'derer
' 'U 1Y =-Nil- et determmer
' . Po a, partIT
. de,
1 20 'U '
1y
Br fCj
Chapitre 10 • Compression centrée 541

2° Poteaux à section circulaire de diamètre a


L'abaque est applicable, en prenant:

Br =0,785 (a-0,02)2
et en adoptant une longueur de flambement fictive lf= 1,155 lfo, lfo étant la longueur de
flambement du poteau circulaire réel.

Remarques:
1. Dans le cas d'armatures en acier de limite d'élasticitéle différente de 500 MPa,
les valeurs de A trouvées par l'abaque seraient à multiplier par 5001le.
2. La pente des droites de l'abaque montre que la formule [10.8] donnant A est très
sensible à une erreur, même faible, sur Br (difficile à évaluer aisément pour les sec-
tions de forme compliquée) ou sur Nr, (oubli du poids propre du poteau par exemple).
Supposons que la valeur exacte de '\)1/ soit 0,4 et que l'on se soit en réalité trompé de
+ 5 % sur Br. On trouverait donc '\)1/ = 0,4 1 1,05 0,38 et pour lfl a = 16,5 dans no-
tre exemple, on trouverait p = 2,5 au lieu de p = 3, soit
A = 2,5.1,05 Brfc28 = 2,625 Br fc28 au lieu de A =3 Br fc28

L'erreur commise sur A est de - 12,5 % ! Il convient donc de calculer avec préci-
sion.
542 Traité de béton armé

Figure 10.9. Abaque pour la determination des armatures des poteaux


(acier Fe E SOO)
CHAPITRE 11

ÉTAT-LIMITE ULTIME DE
STABILITÉ DE FORME
(FLAMBEMENT)

Cet état-limite peut se rencontrer dans les ossatures (et leurs éléments constitutifs) sus-
ceptibles de présenter une instabilité de forme sous des sollicitations de compression-
flexion par suite de l'influence défavorable des déformations sur les sollicitations. Il
existe également des phénomènes d'instabilité par flexion-torsion, compression-torsion,
cloquage (voiles), etc., qui ne sont d'ailleurs pas traités dans les Règles BAEL et doi-
vent faire l'objet d'études spéciales.

11.1 GÉNÉRALITÉS

11.11 le phénomène de flambement


Soit une pièce à axe rectiligne et à plan moyen, supposée soumise uniquement à une
force de compression dirigée suivant sa ligne moyenne. Si la pièce est suffisamment
courte, la force de compression se répartit uniformément sur une section droite quel-
conque et la déformation produite est un raccourcissement. La fibre moyenne de la
pièce (c'est-à-dire «son axe ») reste rectiligne, les sections droites restent planes et
normales à l'axe; la rupture survient par écrasement du béton, la fibre moyenne ayant
conservé jusqu'à la fin sa forme rectiligne.
Si la longueur de la pièce augmente, le phénomène devient plus complexe et, à partir
d'une certaine valeur de la charge, il change complètement d'aspect: brutalement, il se
produit une flexion latérale. L'axe longitudinal cesse ainsi d'être rectiligne; il dessine
une ligne courbe dont l'allure dépend des conditions de liaison aux extrémités de la
pièce. On ne sait pas déterminer exactement cette ligne a priori. À partir de là, selon
les cas, différents modes de ruine peuvent se produire (voir § 11.3) : c'est le flambe-
ment.
544 Traité de béton armé

En théorie, pour une pièce d'axe rectiligne chargée axialement, le flambement ne de-
vrait pas se produire, puisqu'il n'y a aucune flexion initiale. Mais dans la réalité:
-la ligne moyenne d'une pièce n'est jamais parfaitement rectiligne,
-le matériau n'est jamais rigoureusement ni homogène ni isotrope,
- les efforts ne sont jamais parfaitement centrés, etc.
Bien que le flambement d'un poteau se manifeste par une flexion latérale, le comporte-
ment d'un poteau ainsi fléchi est très différent de celui d'une poutre simplement fléchie.
Considérons en effet une poutre horizontale sur appuis simples, soumise à l'action
d'une charge P appliquée à une abscisse a quelconque (figure Il.1).

Le moment de flexion est maximal à


,
,,'"
a b
,.,,
1
x
l'abscisse a et vaut: M max = Pab :.. )10'
p
1 ~-----'--~~------------~~
J;;; .........-- ; y(x) ----......
La poutre prend à l'abscisse x une dé- 1... -.. -------~----------
d 2 y (x) _ M(x) ... 1

formation telle que: dx2 - -el


Figure 11.1

Le moment est la cause de la déformation.


Celle-ci conserve la portée à peu près constante et le moment de flexion en chaque sec-
tion est peu affecté par la déformation: la flexion sous l'effet de la charge P est inévita-
ble, mais elle est limitée et stable si cette charge est modérée.
Soit maintenant la même poutre placée verticalement, ses extrémités étant articulées et gui-
dées le long de son axe rectiligne (figure Il.2). Appliquons lui en tête une charge P axiale.
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 545

x
A priori, il n'y a aucune raison pour qu'il y ait flexion,

1
le moment «du premier ordre» étant nul (absence
p d'excentricité de la charge P).
Si, pour une cause indéterminée, une déformation latérale
1
1 quelconque se produit, elle fait apparaître dans une
1

1
1
section L d'abscisse x, un moment de flexion dit «du
1
1 second ordre» :
y(x)
1
L
1
1 M(x)=-P y (x)
1
1
1
,,
1 Le moment de flexion est ici l'effet de la déformation
, X et non plus sa cause. Ce moment varie et augmente avec
\
\ la flèche. La pièce qui est maintenant sollicitée en
\
\
\
P flexion composée peut atteindre, ou non, un état
Y
\
d'équilibre.

Figure 11.2
En outre, le fluage du béton accroît les déformations dans le temps et l'augmentation de
la flèche qui en résulte (et qui, dans une poutre simplement fléchie, ne modifie pas le
moment de rupture) entraîne une diminution de la charge que le poteau peut supporter
sans se rompre.

11.12 . Difficulté de l'étude du phénomène de flambement


La difficulté de l'étude du phénomène de flambement réside dans le fait que les problè-
mes de flambement sont des problèmes non linéaires. En effet :
- d'une part les matériaux (acier et béton) n'ont pas un comportement linéaire jusqu'à
leur rupture;
- d'autre part, par suite des effets du deuxième ordre dus aux flèches que prennent les élé-
ments sous charge, les sollicitations cessent d'être proportionnelles aux actions (figure 11.3).
546 Traité de béton armé

'---------------------e-------e >M
o

Figure 11.3

11.13 Objet du présent chapitre


L'étude du flambement se rattache plus généralement à celle de la stabilité des ossatures
formées de poteaux et de poutres, lorsque les effets du deuxième ordre ne peuvent être
négligés ..
Toutefois la vérification complète de la stabilité de telles ossatures, en suivant les prin-
cipes donnés à l'article A-4,4 ou à l'annexe E7 des Règles BAEL mériterait à elle seule
des développements assez longs. Elle exige la détermination des sollicitations dans
chaque élément de l'ossature, par un calcul effectué avec les hypothèses de l'élasticité
linéaire, en tenant compte ou non des déplacements des nœuds et nécessite générale-
ment le recours à l'ordinateur.
Le présent chapitre concerne principalement la vérification des poteaux « isolés» c'est-
à-dire soit des poteaux isostatiques, soit des poteaux d'ossature pour lesquels il peut être
valablement supposé que la position des points où le moment du deuxième ordre
s'annule reste invariable au cours du chargement.
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 547

11 .. 2 RAPPEL DES RÉSULTATS


DE LA THÉORIE ÉLASTIQUE

11.21 Flambement « eulérien ))

11.211 Poteau biarticulé soumis à une charge centrée


- Charge critique d'Euler
Considérons tout d'abord un poteau rigoureusement rectiligne et de section constante,
de longueur lfi constitué par un matériau homogène, isotrope et idéalement élastique, de
module de déformation longitudinale E. Nous supposons que les deux extrémités sont
articulées et que l'une est guidée le long de l'axe (figure Il.4)
x
Appliquons à ce poteau un effort axial P et imposons lui
une déformation latérale infiniment petite y (x). Le mo-
ment extérieur (c'est-à-dire dû à l'effort axial extérieur)
qui en résulte est: M(x) =- P y (x)

La courbure est donnée pari :

1 _ d2Y (x) _ M(x) _ P y (x) Y(X) -II>t---+...


r (x) - dx 2 -IiI - - El 1
1
1
1
1
La déformation est donc solution de l'équation différen- 1
1
tielle: 1
1
1
\
\
\
\
\
\
\

y -E--..,.,//"".,/..,n.,./:<"7'7':'"/

lp
Figure 11.4

dont la solution intégrale est classique; en posant (1)2 = ~, on arrive à :


El
y (x) = CI coswx+ C2 sinwx
Les constantes CI et C2, sont données par les conditions aux limites:
• y (0) = 0 entraîne CI = 0

1. L'approximation y" (x) =:: M(x)1 El ,justifiée lorsqu'il s'agit de petits déplacements, est pratiquement
toujours valable en béton armé (voir § 15.331).
548 Traité de béton armé

• y (/f) = 0 entraîne:
- soit C2 = 0, c'est-à-dire y (x) = 0: il n'y a pas de flambement;
- soit sin (oo!.r) = 0, alors 00 lf= lm, ce qui correspond à un flambement en k demi-ondes

sinusoïdales [ y{x) = C2 sin lm x avec C2 non nul mais indéterminé lorsque


If

La charge critique de flambement ou « charge critique d'Euler» est la plus petite des
charges P capables de maintenir le poteau dans son état déformé. Cette charge est obte-
nue pour k 1, soit:

n 2 EI
~. =--2- [11.1]
If

À cette charge Pc correspond une déformée sinusoïdale d'équation:

y (x) = C2 sin!: x = f sin!: x


If If

en désignant par fla flèche dans la section médiane (x !.rI 2).


Lorsqu'on atteint la charge critique d'Euler, l'équilibre est indifférent: il ya « bifurca-
tion d'équilibre ». Le poteau peut fléchir jusqu'à ce que la flexion produise des
contraintes supérieures à la résistance du matériau constitutif (figure 11.5).
Un moment parasite ne peut plus être équilibré par un accroissement de la flexion du
poteau (comme cela se produit pour P < Pc), et entraîne la rupture.
Pour P > Pc> l'équilibre rectiligne est encore possible, mais il est instable: si l'on donne
au poteau une légère déformation, le moment « moteur» dû aux effets du second ordre
est supérieur au moment résistant développé par la flexion.

~
Bifurcation : P
d'équilibre : . . - - Instable

~!Pc ----r-p=p
stable J
----------------------~------------------~~y
o
10""'''''.
c

Figure 11.5
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 549

11.212 Poteau soumis à une charge excentrée


Supposons maintenant que la force extérieure P soit appliquée avec une même excentri-
cité eo à ses deux extrémités (figure 11.6).

--- --
1 ,
1
1
,1
,
y{x)

,,
J

1
1

t--
' eo
1
1
tf
,,
1
X
, ,,
,
\
\
Y

t p

Figure 11.6

Dans une section d'abscisse x, le moment de flexion a pour valeur :


- au premier ordre (poteau supposé indéformable) : - P eo
- au second ordre (effet de la déformation) : - Py (x)
c'est-à-dire qu'au total, ce moment vaut:
M(x) =-P [y (x )+ eo]
La déformation est donc solution de l'équation différentielle:

[11.2]

· . , 1
d.ont 1a so1utlOn mtegra e est, en posant li
wlf
=-2- ="21t vP:
[P et en tenant compte

des conditions aux limites:

y (x) =eo[l- cos(u - ro x)]


cosu
550 Traité de béton armé

On constate que le moment de flexion total dans la section médiane est:

M(!L)=~
2 cosu

et qu'il devient infini [comme y (x)] lorsque P tend vers Pc puisqu'alors u tend vers
Tt/2.
En fait, cette circonstance ne peut se présenter, car tout se passe comme si chaque sec-
tion était soumise à la flexion composée [effort normal N = P et moment
M GO = P (eo + y (x)] et la rupture survient donc sous cette sollicitation, soit lorsque la
résistance à la compression du matériau est atteinte sur la fibre la plus comprimée, soit
lorsque sa résistance à la traction est atteinte sur la fibre la plus tendue (figure Il.7).

i
~.---------------------------------------
----
..--- --- --- ----
Rupture en flexion composée
(Jmax (eo)=fr

~------------------------------------~ y
o
fr = Résistance du matériau (en compression ou en traction selon le cas)

Figure 11.7

La charge de rupture est d'autant plus éloignée de la charge critique d'Euler (et donc
d'autant plus faible) que l'excentricité eo est plus grande.

11.213 Amplification du moment


Supposons que l'excentricité soit elle-même variable selon une loi sinusoïdale (c'est-à-
dire que le moment du premier ordre soit lui-même sinusoïdal) :
. nx
YI (x ) =eosm-
If

où eo désigne la flèche initiale dans la section médiane.


Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 551

L'équation [11.2] s'écrit, avec ro 2 = ~ :


El

d~X) +ro'y (x)=-ro'e, sin [ ~ ]


L'intégrale générale de cette équation est:

. (mJ
eosm -
y (x) = CI sinrox + C2 cosrox + I~
(n-roll ) -1

Les constantes CI et C2 sont données par les conditions aux limites:


y(O)=Od'oùC2 =O
Y(/r) = 0 d'où CI sin roll= 0
Comme P < Pc on a sin roirl 0 donc CI = O.
Compte tenu de la définition de ro :

L'équation de la fibre moyenne déformée s'écrit donc:

Y(X)+YI (X)=eosin[m][I+
11
1
(~/ P) -1
]=YI (x)~
~- P

L'application de l'effort axial P a donc pour effet d'amplifier la déformation initiale [et
donc le moment initial P YI (x)] en la multipliant par le rapport ( ~ ) appelé« coeffi-
~-P
cient d'amplification des moments ».
Le moment total (y compris le moment du deuxième ordre) est ainsi en valeur absolue:

[11.3]

avec MI (x) = P YI(X).


"on en déduit que le moment du deuxième ordre a pour expression :
P P
M 2 (x)= MJ{x)=-M(x) [11.4]
~-P ~

et aussi que

[11.5]
552 Traité de béton armé

11.22 Méthodes de vérification des anciens règlements


Dans les anciens règlements aux contraintes admissibles, on se contentait de faire une
vérification de la section médiane d'un poteau (x = 1j/2), la plus sollicitée, supposée
soumise à une flexion composée.

11.221 Circulaire Ministérielle de 1934 - Formule de Rankine


Rankine admettait que le flambement est une forme de flexion composée due à une
excentricité de la charge:

avec:
1 longueur de la pièce,
v demi-hauteur de la section dans le plan de flexion,
Il coefficient dépendant du matériau (lO--4 pour le béton armé),
f3 coefficient dépendant des liaisons aux extrémités (voir figure 10.4).
À cette excentricité correspondait donc un moment de flexion MGO = Pe.
La vérification de la stabilité consistait à s'assurer que la contrainte maximale était au
plus ég~le à la contrainte admissible:
P M v -
cr=-+~:::;cr
B 1 be

avec:
B aire de la section droite du poteau
1 moment d'inertie de celle-ci par rapport à l'axe perpendiculaire au plan de
flexion et passant par Go : 1 =Bi 2 avec i rayon de giration.
L'expression de cr pouvant donc aussi s'écrire:

.La formule de Rankine s'écrivait (aux notations près) :


Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 553

11.222 Règles BA 1960


Dans les Règles BA 1960, on multipliait par le coefficient d'amplification des moments
(voir § 11.213) l'excentricité du premier ordre, à laquelle devait être ajoutée auparavant
une excentricité supplémentaire fonction de l'élancement À et du rapport ç = [charge
permanente/ charge totale].

11.223 Règles CCBA 68


Dans ces Règles, on ajoutait à l'excentricité du premier ordre el une« excentricité com-
plémentaire » ou flèche de ca1cullc, donnée par une expression empirique fonction de el
et ç (même définition que ci-avant).
Cette méthode (de même que celle des Règles BA 1960) conduisait dans certains cas à
des anomalies l . Il s'agissait en effet d'une transposition plus ou moins heureuse en
vérification aux contraintes admissibles de la méthode du moment complémentaire
(voir § 11.52) qui avait été proposée vers 1965 par Aas-Jakobsen comme méthode de
vérification à l'état-limite ultime dans le cadre des travaux du Comité Euro-
International du Béton.

11.23 Critique des méthodes élastiques


Dans le cas du béton armé, qui est un matériau non élastique et non homogène, les mé-
thodes q.ui supposent implicitement ou non un comportement élastique linéaire (Euler,
Rankine, Règles BA 1960 et CCBA 1968) sont totalement inadaptées à une représenta-
tion correcte des phénomènes de flambement. En effet:
a) l'acier et le béton ne suivent pas la loi de Hooke jusqu'à leur rupture;
b) le module sécant du béton E décroît quant la contrainte croît (ce qui entraîne la diver-
gence d'équilibre, voir § 11.31); de plus sa valeur dépend de la durée d'application des
charges (fluage) ;
c) les méthodes élastiques supposent que l'élément étudié possède dans la direction du
flambement un moment d'inertie déterminé et constant. Or du fait de la flexion on ren-
contre le long du poteau des sections non fissurées (l constant) et des sections fissurées
(l variable, diminuant quand l'excentricité augmente puisque l'axe neutre se déplace
vers les compressions).
Il n'est donc même pas possible d'introduire un moment d'inertie« moyen» obtenu par
·pondération entre celui, faible, des sections fissurées et celui, plus élevé, des zones
situées entre les fissures.

1. Il fallait appliquer, selon le cas, l'une ou l'autre de deux formules présentant une discontinuité aux
bornes de leur domaine d'utilisation. Ainsi, l'excentricité complémentaire à prendre en compte était
bien plus élevée pour un poteau d'élancement 49,9 que pour un poteau d'élancement 50,1.
554 Traité de béton armé

d) la limitation des contraintes à des valeurs admissibles (les mêmes que celles prises en
compte pour vérifier la résistance des sections) ne conduit pas nécessairement à une
sécurité convenable vis-à-vis du flambement.
e) il n'est pas possible de donner une expression de la flèche de calcul qui puisse être
valable pour tous les cas. Celles qui ont été proposées (voir § 11.22) conduisent à des
résultats très dispersés, pouvant aller dans le sens soit d'une trop grande sécurité, soit au
contraire, d'une insécurité.
f) la transposition en contraintes admissibles du principe de l'excentricité complémen-
taire, combinant les défauts précédents, ne peut que conduire à des anomalies.
Pour toutes ces raisons, diverses méthodes de calcul à l'état-limite ultime ont été déve-
loppées. Elles seules permettent une approche correcte du phénomène de flambement.
En France, le développement de ces méthodes commença en 1956, avec des essais en-
trepris pour l'édification du Centre National des Industries et des Techniques (CNIT),
dont la conception est due à Nicolas Esquillan. Cet ouvrage remarquable, autrefois mis
en valeur au sommet de la colline de Chantecoq (lieu de durs combats lors de la guerre
de 1870, rebaptisée « La Défense» après celle-ci, et où se trouvait auparavant une sta-
tue commémorative) méritait mieux que de se retrouver, dans l'aménagement du quar-
tier qui a suivi son édification, semi-enterré entre les voies de desserte rapide qui
l'entourent et écrasé par les constructions environnantes. Ce chef d'œuvre d'esthétique
et de technique ne peut plus, d'aucun côté, être apprécié à sa juste valeur. Il s'agit pour-
tant d'un record mondial, une structure voûtée en double coque mince autoportante en
béton armé, reposant seulement sur trois points d'appui disposés aux sommets d'un
triangle. équilatéral, distants de 206 m en façade, pratiquement la largeur de la place de
la Concorde (210 m). Dans un ouvrage d'une telle envergure, la sécurité vis-à-vis du
flambement général de l'ensemble de la couverture et du flambement local du voile
mince (6 cm d'épaisseur) était d'une importance primordiale. C'est Pierre Faessel, jeune
ingénieur de l'Entreprise Coignet, qui fut chargé de la conception des essais, de leur
suivi, de leur interprétation et en tira le principe d'une méthode de calcul pour les vérifi-
cations au flambement (voir § 11.636-4). À la date de parution des Règles CCBA68, les
outils de calcul pour l'application commode de la méthode n'étant pas encore disponi-
bles (voir § 11.641-1), ces Règles n'envisageaient, à l'article 33,3, le recours aux états-
limites que comme une vague possibilité: «Les justifications relatives au .flambement
peuvent éventuellement reposer sur l'évaluation des charges ultimes ... etc. ».
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 555

11.3 COMPORTEMENT EXPÉRIMENTAL


DES POTEAUX EN BÉTON ARMÉ

11.31 Comportement sous charges de courte durée


Considérons des poteaux de même section transversale, soumis à des charges croissan-
tes, dont l'excentricité est constante et tout d'abord faible.
Pour un poteau de faible élancement (voir § 10.311 - pour fixer les idées, élancement
mécanique À de l'ordre de 25 à 30) la charge maximale est relativement élevée (figu-
re 11.8) ; la rupture se produit dans une section voisine de la section médiane, avec
écrasement du béton du côté de la concavité du poteau déformé sans autre avertissement
que l'apparition de fissures longitudinales du béton de ce même côté.
Pour un poteau d'élancement «moyen» (À de l'ordre de 50), la charge maximale est
plus faible que dans le cas précédent. La rupture est précédée de l'apparition de fissures
transversales sur la face convexe.
Pour un poteau très élancé (À supérieur à 70), essayé sous déformation contrôlée (c'est-
à-dire en opérant à vitesse constante d'accroissement de déformation) la charge maxi-
male est encore plus faible, mais elle ne correspond plus à l'écrasement du béton com-
primé consécutif ou non à l'allongement des armatures du côté convexe, c'est-à-dire
qu'elle est atteinte avant que la capacité de résistance de la section la plus sollicitée soit
épuisée (figure 11.8). La flèche prise par le poteau continue d'augmenter sous la défor-
mation imposée alors que la charge diminue. C'est le phénomène de divergence
d'équilibre, qui est lié à la décroissance du module sécant lorsque la contrainte aug-
mente. La rupture finit par se produire soit par insuffisance du béton comprimé, soit par
insuffisance de l'acier tendu.

p
It\
• Rupture en flexion composée


~-------

Rupture en flexion composée


Instable

L -_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _~y

Figure 11.8
556 Traité de béton armé

Dans le cas de poteaux de même section transversale, mais cette fois de même longueur,
des comportements identiques à ceux décrits ci-dessus sont observés lorsque l'on aug-
mente progressivement l'excentricité structurale de la charge.
II convient de remarquer que des essais sous charge contrôlée (c'est-à-dire en opérant à
vitesse constante d'accroissement de la contrainte) ne permettent pas de mettre aussi
nettement en évidence ces mêmes comportements. Lorsque la charge atteint sa valeur
maximale, on assiste en effet à un phénomène dynamique d'augmentation des déforma-
tions sous charge constante, et la rupture survient brutalement. Ce comportement est
celui auquel il faut s'attendre pour les poteaux de structures réelles où ni les charges
appliquées, ni leur excentricité ne sont susceptibles de diminuer si le poteau commence
à céder.

11.32 Comportement sous charges de longue durée


L'observation montre que les flèches d'un poteau soumis à une charge constante de
longue durée augmentent avec le temps du fait du fluage et, éventuellement, du retrait
du béton. Selon que la charge appliquée en permanence est plus ou moins élevée, les
déformations lentes peuvent s'accentuer jusqu'à provoquer la rupture ou bien se stabili-
ser, la rupture ne survenant pas.
Soit un poteau soumis d'une part à des charges de longue durée vis-à-vis du fluage,
appliquées à l'âge to puis rigoureusement constantes dans le temps, d'autre part, à des
charges de courte durée, quasi instantanées, appliquées à l'âge t.
Selon le cas, on peut observer trois types de comportements (figure 11.9) :
1. Flambement sous charge de courte durée: l'accroissement de la charge est trop
rapide pour que le fluage ait le temps de se manifester. Les phénomènes observés sont
alors ceux décrits au § Il .31 (courbe OA) ;
2. Flambement par «fluage»: ce type de flambement se produit lorsqu'une charge
assez élevée, mais inférieure à la charge de rupture que l'on observerait pour un char-
gement de courte durée, d'abord appliquée rapidement à l'âge t o , est maintenue ensuite
constante. Les déformations croissent alors dans le temps par suite du fluage et on ob-
serve une instabilité au temps tu c'est-à-dire que la courbure 1/ r varie de telle sorte que
d(1 / r)/ dt ~ 00 quand t tend vers tll (courbe OBB').
3. « Capacité résiduelle» en courte durée: à l'âge (0, on applique au poteau une char-
ge relativement modérée, qui est maintenue constante. Les déformations, d'abord crois-
.santes dans le temps, tendent à se stabiliser. Au temps t, la charge est accrue rapidement
jusqu'à la valeur maximale qui entraîne l'instabilité: ce supplément de charge est appe-
lé « capacité résiduelle ». La capacité résiduelle subsistant après une période de char-
gement soutenue est (si l'on néglige l'augmentation de résistance du béton au cours du
temps) toujours inférieure à la capacité portante sous charge de courte durée (figure 11.9
courbe OCC'C").
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 557

Charge P

~;::~~~e_d~:~_~U:_~:~O)
A ~:--::-: - - - ~ Capacité résiduelle (o<q>*< q»
- - - - - - B'

®'?ambement par fluage [: (ta, t)]

~-----~
1

,.:
1

Chargement
soutenu

L - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ' 7 Courbure 1/r


o

Figure 11.9

11.33 Contrôle expérimental de la validité


des hypothèses de calcul
La validité des hypothèses de calcul qui seront faites dans ce qui suit (en particulier
déformée sinusoïdale (§ 11.635) et coefficient de fluage réduit (§ 11.621-2 h) ) a été
contrôlée (par B. Fouré) en comparant la charge ultime ainsi calculée p ca/, à celle, Pexp
observée au cours de 259 essais de poteaux effectués dans diverses conditions par
10 laboratoires différents, dans 7 pays. Ces essais couvrent un large éventail de varia-
tion des principaux paramètres:
- élancements géométriques: 8 à 43 ;
- excentricités relatives: ° à 1;
- pourcentages mécaniques d'armatures: 0,04 à 0,40 ;
- résistances du béton : 12 à 50 MPa ;
- coefficient de fluage: 0,7 à 5,5 ;
-etc.
,Les résultats qui sont résumés ci-après montrent la fiabilité de la méthode.
Tableau 11.1
Nombre Moyenne Coefficient
d'essais Pcal ! Pexp de variation (%)
Courte durée 103 0,996 10,1
Flambement par fluage 70 0,989 10,1
Capacité résiduelle 86 1,075 9,7
558 Traité de béton armé

11.4 PARAMÈTRES INFLUANT


SUR L'ÉTAT-LIMITE ULTIME
ATTEINT PAR FLAMBEMENT
D'après les constatations expérimentales décrites au § 11.3, il faut retenir comme essen-
tiels parmi les paramètres les plus importants:
1°) l'élancement À = Irli du poteau (voir § 10.311) qui dépend lui-même en premier
lieu de la longueur de flambement;
2°) l'excentricité de la force extérieure ce qui oblige à tenir compte des imperfections
géométriques et des incertitudes sur le point d'application de cette force;
3°) la durée d'application des actions, ce qui conduit à prendre en compte les effets du
fluage.

11.41 Longueur de flambement - élancement


Ces deux notions ont déjà été développées au § 10.3. Dans le domaine élastique, à tout
poteau de section constante, de longueur l, avec des conditions de liaison quelconques à
ses extrémités, on peut attribuer une «longueur libre de flambement If» égale à la lon-
gueur du poteau de même section, articulé à ses deux extrémités, qui aurait même char-
ge critique d'Euler l .
La longueur libre de flambement est ainsi définie par :

n 2 El n 2El
p=--=-- [11.6]
c l~ p2f2

c'est-à-dire que [11. 7]

P dépendant des conditions de liaison aux extrémités (voir BAEL, art. B 7.3,2 et figu-
re 10.4 du présent texte).
En particulier:
P= 1 (par définition) pour un poteau articulé à ses deux extrémités (poteau «bi-
articulé ») ;
P= 2 pour un poteau encastré en pied et libre en tête (<<mât»).

1. De façon plus générale, la longueur libre de flambement d'un poteau à section variable, soumis à des
charges axiales appliquées en divers points de son axe peut être définie comme la longueur du poteau
de section constante et égale à la section critique du poteau réel, articulé à ses deux extrémités, qui,
lorsqu'on lui applique aux extrémités toutes les charges supportées par le poteau réel, a la même
charge de flambement que ce dernier.
Ce calcul n'est donc possible que si la section critique est connue, ce qui n'est pas toujours le cas.
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 559

L'étude de tout poteau de longueur 1 avec des conditions de liaison quelconques à ses
deux extrémités peut alors toujours se ramener (figure 10.10) :
- soit à celle d'un poteau bi-articulé de longueur If = ~ 1;

- soit encore à celle d'un mât de longueur 1;-/2 = ~ 1/2.

p
lp
l

(
Liaisons Équivalent à ou à
r
quelconques l
t f =l3t I3l lf

~
-=-
2 2

I P
I P
I

Figure 11.10

Etant donné l'incertitude sur les conditions réelles de liaison aux extrémités du poteau,
il convient d'évaluer toujours lfavec beaucoup de prudence (ne pas oublier que les mo-
ments du second ordre sont d'autant plus importants que l'élancement réel du poteau est
plus grand; il ne faut donc pas sous-estimer celui-ci).

11.42 Excentricité de la force extérieure


Dans une section donnée d'un élément comprimé, l'excentricité de la force extérieure
par rapport au centre de gravité du béton seul est la somme de trois termes :
. 1°) une excentricité structurale connue eo (voir § 8.1) qui est due aux dispositions de la
construction et résulte de l'ensemble des forces ou couples appliqués;
560 Traité de béton armé

2°) une excentricité additionnelle ea (involontaire, inconnue et inévitable) qui provient


des imperfections géométriques de l'exécution et dont l'évaluation est arbitraire. Dans
les Règles BAEL :
- dans le cas d'un élément isolé, cette excentricité est forfaitairement prise égale à (voir
§ 8.22 a) :

ea = max{2 cm ; _l_}
250
[ 11.8]

avec l, longueur de l'élément,


- dans le cas d'une ossature, cette excentricité résulte d'une inclinaison involontaire
d'ensemble, prise forfaitairement égale à 0,01 radian s'il s'agit d'un seul étage avec une
majorité des charges appliquée au niveau supérieur, et 0,005 radian dans les autres cas.
3°) une flèche y due à la flexion (la flèche maximale est désignée parfi.
a) Cas d'un poteau encastré en pied et libre en tête soumis uniquement à une charge
« centrée» (figure Il.11).

e8,1
,1

Théorie: Réalité:
Compression centrée Flexion composée

Figure 11.11

La compression« centrée» n'existe donc pas.


b) Cas d'une« potence» de longueur li2 soumise à une charge verticale P excentrée, à
une charge horizontale « en tête », à une charge horizontale p répartie sur sa hauteur, et
à un couple C en tête (figure 11.2)
Cet exemple est donné pour montrer qu'il faut bien faire attention de ne pas confondre
l'excentricité eo (ou eo + ea) de la force extérieure dans la section d'extrémité et
l'excentricité du premier ordre eJ dans la section laplus sollicitée, à la base de la potence.
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 561

H
--..

M 1 : moment en pied dans l'hypotèse d'une potence indéformable


M2 : moment en pied da à la déformation de la potence (effet du second ordre)

Figure 11.12

Les forces et couple externes P, H, p et C engendrent dans une section donnée


d'abscisse x un moment MI dit «du premier ordre» directement calculable d'après les
équations élémentaires de la Statique l :
px 2
MI = C+P (eo +eJ+Hx+--
2
À ce moment MI(x) correspond à une flèche latérale YI dans la section d'abscisse x
considérée: l'excentricité augmente donc de YI, ce qui accroît le moment de :
D..M1 =PYl

d'où un nouvel accroissement de flèche ~Yl, et ainsi de suite ... ~Yi'

La flèche latérale totale est Y (x) =YI + L~Yi et le moment du deuxième ordre est:
M2{x) = pY (x) =P (yI +L ~Yi)
Deux cas peuvent se présenter:
Premier cas: Si un état d'équilibre peut être atteint entre les forces externes et les forces
internes dans toutes les sections du poteau, le processus s'arrête à cet état d'équilibre .
. La section de base (x = If /2) est alors soumise:
- à un effort normal de compression N = P
- à un moment de flexion total MGO = MI + M2 avec :

1. Puisqu'elles sont calculées en supposant le poteau rigoureusement indéformable.


562 Traité de béton armé

1 pf
MI =C+P{eo+eJ+H ; +-t [11.9]

M 2 =Pj
[11.10]
j étant la flèche totale en pied de la potence.
Dans l'état d'équilibre, dans chaque section, la courbure due aux contraintes internes est
égale à la courbure due aux actions extérieures, c'est-à-dire à la courbure de la déformée.
Deuxième cas: Si un état d'équilibre ne peut être atteint entre les forces externes et les
forces internes, c'est-à-dire si les forces externes sont supérieures à celles qui corres-
pondent à la capacité portante du poteau, l'équilibre est impossible et le processus évo-
lue vers la ruine du poteau.

11.43 Durée d'application des actions (fluage)


La manière dont, selon les Règles BAEL, il doit être tenu compte du fluage dans les véri-
fications aux états-limites atteints par flambement est exposée en détail au § 11.621-2.
Cette méthode (non rigoureuse sur le plan théorique, car elle suppose que le fluage reste
linéaire même pour des contraintes élevées) consiste à amplifier le diagramme contrain-
tes-déformations du béton par une affinité effectuée parallèlement à l'axe êbc.
Elle diffère profondément de la méthode de la norme allemande DIN 1045. Cette der-
nière est basée sur une hypothèse de comportement linéaire en l'absence de fissuration
(donc sous sollicitations de service) ; elle conduit par application des théories de Dis-
chinger à introduire le fluage par le biais d'une excentricité additionnelle ecc de forme
exponentielle, qui tient compte du caractère récurrent de l'influence du fluage.

11.5 MÉTHODES PRENANT EN COMPTE


UN MOMENT « COMPLÉMENTAIRE»

11.51 Considérations préliminaires


Considérons un poteau de section constante, à axe rectiligne soumis à une charge P
excentrée. Celle-ci entraîne, au centre de gravité Go du béton seul de la section la plus
sollicitée:
- un effort normal N = P
- un moment de flexion MGO = P (e o + f),J étant la flèche dans la section la plus sollici-
tée, due à la déformation du poteau.
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 563

Représentons l'évolution des sollicitations à charge P croissante dans le système d'axes


orthonormé OMN.
a) Cas d'un poteau de faible élancement (figure 11.13a)
La flèche prise par le poteau à la rupture est faible. La charge maximale correspond à la
rupture de la section la plus sollicitée sous un moment M,. :::: Pr eo.

N N N

~--~------~--~M ~----------~-7M
o

• Figure 11.13

b) Cas d'un poteau d'élancement moyen (25 < À < 50 environ)
Par suite de la flèche que prend le poteau, lorsque la charge P croît à excentricité eo
constante, le moment croît plus vite que l'effort normal (figure 11.3b). Le poteau périt
par rupture de la section la plus sollicitée, sous l'effet combiné:
- d'un effort normal N r = Pmax
- d'un moment de flexion M,. = Pmax (e o +!c) = ~r + MC'

L'extrémité du vecteur de composantes (Nn Mr ) est située sur la frontière du domaine de


résistance (courbe d'interaction de la section considérée, c'est-à-dire de la section la
plus sollicitée). Tant que le point représentatif des sollicitations auxquelles est soumise
la section tombe à l'intérieur de ce domaine, la résistance du poteau est assurée.
Le moment Mc = Pmax!c est appelé « moment complémentaire ».
.À partir de valeurs de P max déterminées expérimentalement pour diverses combinaisons
de paramètres: À, eo, ••• il est possible de trouver une expression empirique dei.. (ou de
Mc) et de ramener ainsi à nouveau la vérification d'un poteau vis-à-vis du flambement à
celle du même poteau sollicité en flexion composée.
564 Traité de béton armé

c) Cas d'un très grand élancement (À > 50 environ)


Dans ce cas, le poteau périt par divergence d'équilibre, le point correspondant à la char-
ge P max est à l'intérieur du domaine de résistance de la section la plus sollicitée; la tan-
gente à la courbe de chargement en ce point y est horizontale (figure 1 1. 13c). La rupture
de la section n'est atteinte que dans la branche descendante de la courbe de chargement.
La notion de « moment complémentaire» perd alors toute signification.
On pourrait imaginer de définir un domaine de stabilité d'un poteau qui serait le lieu
géométrique des points à tangente horizontale des différentes courbes de chargement
correspondant au poteau considéré, en faisant varier l'excentricité initiale. Mais alors
que le domaine de résistance d'une section est indépendant du reste de la structure, le
domaine de stabilité d'un poteau n'a aucun caractère intrinsèque. Il dépend en effet:
- de la déformabilité du poteau,
- de son élancement,
- des éventuelles variations de la section, soit de béton, soit d'acier,
- des actions ou sollicitations appliquées, même si la section la plus sollicitée reste la
même (par exemple: variation du moment du premier ordre sur la hauteur du poteau).
La stabilité d'un poteau n'est assurée que s'il existe une distribution de contraintes qui
équilibre dans chaque section de ce poteau les sollicitations de calcul créées par les
actions données y compris celles du second ordre, les lois contraintes-déformations des
matériaux étant fixées.
Il s'agit.1à d'un critère global, qu'il n'est généralement pas possible de traduire par un
domaine unique de stabilité à moins de faire des hypothèses simplificatrices telles que
celles qui sont faites aux § 11.621-1 et 11.621-2.
d) Conclusions
Pour pouvoir valablement supposer:
- d'une part que le flambement d'un poteau correspond à une rupture de section (c'est-
à-dire que les conditions de rupture sont atteintes dans la section la plus sollicitée du
poteau lorsque celui-ci périt par flambement),
- d'autre part qu'il est possible de déterminer à l'avance le moment complémentaire
dans cette section au moyen d'une formule empirique tirée de résultats d'essais,
il est nécessaire de limiter le domaine de validité des méthodes qui découlent de ces
hypothèses à des élancements relativement modestes (voir BAEL, A-4.3,5 et § 8.22 a du
présent texte).
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 565

11.52 Méthode de calcul du moment complémentaire


(Aas-Jakobsen, CEB 1965)
Bien que cette méthode ne soit plus guère utilisée, il nous paraît intéressant d'en rappe-
ler le principe. Il s'agit en effet d'une part de la première tentative de traitement du
flambement par une méthode de calcul aux états-limites, d'autre part de la méthode dont
les Rédacteurs des Règles CCBA 68 avaient fait une « transposition» aux contraintes
admissibles, à l'article 33 de ces Règles.
Cette méthode qui avait été mise au point par le Dr Aas-Jakobsen (Norvège) et qui figu-
re dans les Recommandations internationales CEB-FIP de 1970, ne s'appliquait qu'aux
poteaux dont la section droite est constante et possède un centre de symétrie. Son point
de départ était la formule d'amplification des moments (§ 11.213). En ce qui concerne
les élancements, aucune limite n'était imposée, en dehors d'une limite supérieure de 140
valable pour la plupart des autres méthodes. Pour fixer les idées, une telle limite cores-
pond, pour un poteau de 40 cm de côté articulé à ses deux extrémités, à une hauteur de
16 m (pour se représenter ce que peut être un élancement de 140, un crayon neuf, jamais
taillé, n'a qu'un élancement de 90 environ. Pour atteindre 140, il faudrait encore en
accroître la longeur de plus de 50 %).
En désignant par :
Mu le moment ultime dans la section médiane,
Ml le moment dû à toutes les actions de calcul dans la section médiane, évalué par
la théorie du premier ordre, c'est-à-dire sans tenir compte des déformations, en
. supposant le poteau rigoureusement indéformable,
Mc le moment complémentaire (du deuxième ordre) dans la section médiane, dû à
l'effort normal de calcul Nu = Pu.
Ona: [11.11]
et compte tenu des relations [11.3], [11.4] et [11.1], on a aussi:

p n2EI 10 El
M C =M -E..
P1/
avec Pl'
=--::::--
f2 [2
c f f

M , on arnve
En posant K = -l = _" . ( aux notatIOns
. , ) a, l' expressIOn
pres . donnee
"al ' artlc
. 1e
r El
R 42,23 des Recommandations internationales de 1970 :

M = NIIK l} [11.12]
c 10
Sous cette forme, K apparaît comme une quantité dont il ya lieu d'ajuster la valeur pour
que les capacités portantes calculées au moyen des équations [11.11] et [11.12] soient en
bon accord avec les résultats d'essais.
566 Traité de béton armé

Les expressions de la courbure figurant dans les Recommandations internationales de


1970 répondaient à ce but. Cependant, il était apparu que ces approximations de la va-
leur de la courbure pouvaient conduire à des résultats qui n'étaient pas toujours du bon
côté de la sécurité. Pour éviter ceci, les coefficients partiels de sécurité des matériaux Ys
sur l'acier et Yb sur le béton devaient, en application de l'article R. 42,231, être corrigés
par un coefficient «de comportement ».

Remarque:
L'expression du moment complémentaire conduit à une excentricité du deuxième
ordre (flèche) :
M 1 [2 KI 2
e2
=_c =_-L
2 2
(soit e =_f )
Nu r n 10

qui est celle que l'on trouve en faisant l'hypothèse d'une déformée sinusoïdale
(voir § 11.636-1). Ceci n'a rien d'étonnant puisque c'est également la forme de la
déformée du flambement eulérien.

11.53 Méthode simplifiée des Règles BAEl


:> Références: BAEL, art A-4.3,5
Cette méthode qui a été exposée au § 8.22a n'est applicable qu'aux éléments comprimés
de section constante dont l'élancement géométrique est tel que:

If :::; max (15'


h '
20~)
h
[11.13]

c'est-à-dire, pour un poteau carré de côté h :

À :::; max (52 ; 70 ~) environ.

Elle consiste à ajouter à l'excentricité du premier ordre el (dans laquelle est déjà in-
cluse une excentricité additionnelle) une excentricité complémentaire basée sur une
valeur empirique de la courbure de rupture, cette valeur constituant une limite supé-
rieure tirée de la considération de la forme des lois moments-courbures des sections
(voir figure 11.28).
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 567

11 .. 6 JUSTIFICATIONS VIS-À-VIS
DE L'ÉTAT-LIMITE ULTIME
DE STABILITÉ DE FORME
SELON LES RÈGLES BAEL
:> Références: BAEL, art. A-4.4 et annexe E 7

11.61 Principe des justifications


:> Références: BAEL, art. A-4.4
Les justifications ne sont à faire que pour les structures dans lesquelles les effets du
second ordre ne peuvent être négligés. Elles sont à présenter vis-à-vis de l'état-limite
ultime, mais dans le cas d'éléments très déformables, il est nécessaire de vérifier égale-
ment les états-limites de service.
a) Pour les éléments dont l'élancement géométrique satisfait à l'inégalité [11.13] donnée
en 11.53, il est possible de tenir compte des effets du second ordre d'une manière forfai-
taire, dans les conditions qui ont été précisées au § 8.22a et rappelées au § Il.53.
b) Pour les éléments dont l'élancement géométrique ne satisfait pas à la condition
[11.13] ci-avant, la justification de la stabilité de forme consiste à montrer qu'il existe un
état de c~ntraintes qui équilibre les sollicitations agissantes de calcul, y compris celles
du second ordre, et qui soit compatible avec la déformabilité et avec les résistances de
calcul du béton et de l'acier.
En d'autres termes, il faut montrer que, sous les sollicitations agissantes de calcul am-
plifiées du fait des déplacements, un équilibre existe entre les efforts internes et les
forces extérieures, déplacements et efforts internes étant évalués en tenant compte des
lois de comportement (cr - E) réelles des matériaux.
568 Traité de béton armé

11.62 Sollicitations et hypothèses de calcul

11.621 Sollicitations agissantes de calcul


Ces sollicitations sont calculées à partir des combinaisons d'actions définies aux
§ 3.421-1 et § 3.423-3 1 [c'est-à-dire que ce sont les mêmes que pour l'état-limite ultime
de résistance], en tenant compte d'une part de l'excentricité additionnelle définie au
§ 11.42-2°, et, d'autre part, des sollicitations du second ordre liées à la déformation de
la structure sous l'état de contraintes considéré au § 11.61 b. Cet état de contraintes est
déterminé à partir des hypothèses ci-après:

11.621-1 Hypothèses générales


1. Le poteau étudié a un (ou plusieurs) plan(s) moyen(s), qui demeure(nt) plan(s) au
cours de la déformation du poteau.
2. Les longueurs de flambement déterminées dans l'hypothèse de l'élasticité linéaire,
donc à l'aide des charges critiques d'Euler, peuvent être utilisées pour la vérification des
états-limites atteints par flambement (BAEL, art. A-4.3,5).

11.621-2 Hypothèses de calcul


a) Les sections droites restent planes.
b) II n'y a aucun glissement entre l'acier et le béton.
c) La résistance à la traction du béton est considérée comme nulle.
d) Les effets du retrait sont négligés.
e) Le diagramme contraintes-déformations de calcul des aciers est celui défini au
§ 5.221-a (Ys = 1,15).
t) Sous les actions de courte durée vis-à-vis du fluage, le diagramme contraintes-
déformations du béton est le diagramme parabole-rectangle défini au § 5.222 (avec
r = 0,85 fi i.
Jbu e 15
,
g) Sous les actions de longue durée vis-à-vis du fluage, les effets de celui-ci sont pris en
compte globalement (sans suivre pas à pas l'évolution des contraintes et des déforma-

. 1. Dans les combinaisons d'actions, il ne faut pas oublier celle dans laquelle les charges permanentes ne
sont pas majorées (coefficient 1 au lieu de 1,35). Cette combinaison est en effet celle qui est la plus
défavorable lorsqu'un accroissement de la charge axiale va dans le sens de la sécurité.
2. À noter que la valeur Y. = 1,5 qui a pour objet de tenir compte d'une chute locale de résistance, est
trop sévère pour évaluer la déformabiIité d'ensemble d'un élément. En outre, le diagramme parabole-
rectangle n'est pas applicable aux structures exceptionnelles telles que les piles élancées de certains
viaducs (voir BAEL, art .A-4.4,3 et commentaires). Pour celles-ci, il est recommandé d'adopter une
loi de comportement plus conforme au conformément physique, telles que les lois de Sargin [2.12]
ou de Desayi et Krishnan [2.16] (voir § 2.234).
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 569

tions dans le temps) en admettant que les contraintes dans l'état d'équilibre final n'ont
pas varié pendant toute la durée considérée.
h) L'effet de la superposition d'actions pennanentes ou quasi permanentes à des actions
de courte durée est prise en compte au moyen d'un «coefficient de fluage réduit a<p»
avec:
<p coefficient de fluage du béton sous contrainte de compression abc constante,
pris égal à 2 quelle que soit la valeur de cette contrainte.
a rapport des moments du premier ordre (évalués avant pondération par les coef-
ficients y) dans la section la plus sollicitée, dus respectivement:

- aux actions permanentes et quasi permanentes (MIL)


- à la totalité des actions ( MI) :

Cette hypothèse revient à effectuer sur le diagramme parabole-rectangle une affinité


parallèle à l'axe des déformations (Ebe) et de rapport 1 + a<j> (figure 11.14).

fbu ------------ :
: ",'"
........... ---r--------
.
,l,' :
,
",,":
,
:
0

,
/"; 1
:
:

/'! :
~' : !
" :
1L.---_-':c--_ :
_ _....J''--_ _ _--7 Ebc
o 2-10-3 2-10- 3 (1 +aq»

Figure 11.14

Remarque:
La méthode du coefficient de fluage réduit est due à Bernard Fouré; a<p est une
simplification adoptée par les Règles BAEL.
570 Traité de béton armé

En fait ce coefficient est de la forme a f3 <p(to, t) où

<p(to ,/) est le coefficient de fluage réel,


a le coefficient défini précédemment
f3 le rapport des efforts normaux N- et N dus aux mêmes actions que celles prises
en compte dans a.
Dans le cas d'actions complexes, on peut décomposer les actions (non pondérées) en:
- actions« de longue durée» QLi appliquées aux âgesji' auxquelles correspondent NLi , Mw
- actions de « courte durée» Qc appliquées au temps t, auxquelles correspondent Ne, MIe.

Le coefficient de fluage réduit est alors de la forme: L [ai f3i <P(ji,t)]


i

avec <p(h, t) coefficient de fluage au temps t du béton chargé à l'âgeji :

11.622 Méthode générale


À partir des principes énoncés au § 11.61, on peut procéder de plusieurs manières. On
peut en effet :
a) soit démontrer qu'il existe, sous tille combinaison d'actions donnée, un état
d'équilibre (qui n'est pas nécessairement l'état-limite ultime), en déterminant cet état
d'équilibre par la convergence d'un calcul itératif, effectué en tenant compte, à chaque
étape du calcul, des effets du second ordre évalués selon les hypothèses énoncées au
§ 11.621-2 ;
b) soit comparer les sollicitations agissantes de calcul du premier ordre aux sollicitations
à l'état-limite ultime de stabilité, ces dernières étant données par des tables, des abaques
ou même des formules empiriques, pour des valeurs connues des paramètres (élance-
ment, excentricité du premier ordre, pourcentage d'armatures, etc.; voir § 11.64).
c) soit démontrer directement qu'il existe un état d'équilibre (sans chercher à le déter-
miner) en comparant les efforts extérieurs aux sollicitations résistantes (méthodes dites
de l'équilibre: méthodes des déformations; méthode des rigidités; voir § 11.67).
Le principe général de calcul consiste à rechercher s'il existe une déformée pour laquel-
le en chaque section:
- les forces externes sont en équilibre avec les forces internes,
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 571

- la courbure due aux contraintes internes est égale à la courbure due aux actions exté-
rieures, c'est-à-dire à la courbure de la déformée.
La vérification est à faire dans toute direction où une instabilité est possible. Il faut tenir
compte:
- des incertitudes sur les encastrements;
- des imperfections géométriques.
La méthode générale consiste à appliquer strictement le principe général de calcul énon-
cé ci-dessus. Elle nécessite un volume important de calculs et le recours à l'ordinateur
est inévitable.

11.63 Méthode simplifiée de vérification de l'état-limite ultime


de stabilité d'un poteau isolé - Application des Règles BAEL
Cette méthode n'est applicable qu'à des poteaux de section constante (section de béton
et sections d'armaturesl

11.631 Définition des poteaux isolés


Il peut s'agir:
- soit d'éléments comprimés réellement isolés (figure 11.15, a et c)
- soit d'éléments comprimés faisant partie d'une structure, mais considérés comme
isolés pour les besoins du calcul (figure Il.15, b et d).

1. II existe une méthode plus rigoureuse dont le principe est dû à Th. Von Karman. Il consiste à déter-
miner la déformée du poteau étudié (dont la section peut être variable) compte tenu des déformations
du deuxième ordre et du caractère anélastique des matériaux. Le calcul requiert un ordinateur assez
puissant: le poteau est découpé en n tronçons linéaires [(n + 1) sections de calcul équidistantes]. En
se donnant l'état de déformation interne d'une section, on calcule de proche en proche et pour tous
les tronçons d'une part les sollicitations internes, d'autre part les déplacements. Par itération, l'état de
déformation initial est corrigé successivement de manière à satisfaire à la fois les conditions
d'équilibre et les conditions aux limites.
572 Traité de béton armé

1::.'/
a) poteau isolé

1> b) poteaux articulés

., ~,~ 7,7- 7.7- dans une structure à


nœuds fixes
c) élément de
contreventement
élancé, considéré
! comme un poteau
isolé
d) poteaux à extré-
mités encastrées
dans une structure à
nœuds fixes
.77- 7.7' 7.7 h / / / / / / "//

Figure 11.15. Exemples de poteaux isolés

11.632 Détermination de la longueur de flambement d'un poteau isolé


Les longueurs de flambement de poteaux présentant diverses conditions de liaison à
leurs extrémités ont été données au § 10.311 (voir également plus loin la figure II.41).
La longueur de flambement d'un poteau isolé peut également être déterminée au moyen
de l'abaque de Jackson et Moreland l qui donne le rapport 13 de la longueur de flambe-
ment lrà la hauteur du poteau (lcol, indice col pour« colonne ») mesurée entre les cen-
tres des encastrements, de raideurs ka et k b, aux extrémités A et B du poteau:
1 .
13 =--.L fonctIOn de kA et ks
I co'

1. « Jackson and Moreland alignment chart », ACI Committee 340, Ultimate Strength Design Hand-
book, V-2 Colurnns, SPI7A, ACI Detroit 1970 (cet abaque a figuré dans l'EC2, version 1992).
..... !'--. $:1)
~ g <:
::- ~
~ 00 00 00 00
\,.. kA /3/ ka /
~20,O
"0 "0
3 = 10,0
10,0 -l- 10,0
~ g 0 50,0
1000~ + 50,0
ct-
C'D
::t 3
C'D C'D
13 - lo (_ lf en notations )
~lA
5,0
~10!~'0
: 5,0 30,0
.....,
-l-
.,- 5,0
E100,0 30,0
C'D ....-.::::s - t - t BAEL 3,0 3,0 20,0 20,0
+4,0
~ ~ &r
-t-, 0 ,9 ,
2,0 .. 2,0 -'-
~ ~ 0- ,
()
+ . .....
::t. ~ ,-~ 10,0 10,0
<: -::::s t," ::T
Il)
3 .0 9,0
C'D ~ ,..:.... .. .... 9,0
.... , 0,8 8,0 8.0 "C
1,, ;::;:
~ g, 1.0 .......... i 1,0 7,0 T 7,0
0,9....' 0,9 6,0 6.0
ëi3
~
sr '""l
.....,,
0.8" :- 0,8
"0 ~ , 0,7 5,0 ~
5,0
0,7
.,
0,6
, m-
g ~ 0,6 4,0 4,0
::r .... -:-0,7 +2,0
C'D -, 0,5 0,5 ~
fjP +,
3,0 --l 1-- 3,0 3'
....-. sO,4 - - -- - - - - --'- -- - -- ---- SO,4 +,
~ +,, $'
Sl B NI Nœuds fixes 2,0 --l -r 1-- 2,0 c:
.,.,J , a:
1
g' 3
CD
+1
, 5
0.
,
srt: - CD
Ib2 A Ib1
(Articulation -+ 0.=0,5) 1,0 --l + 1-- 1,0
~ ,, S-
g:
-'-
-x Exemple: SO,4 ----1. __________ 1__________ -1-- SO,4 ;::;:
ê" CD-
"0 l~ff2 0.
1 Icot1,tcot,1 + Icol2,tcot2 Nœuds déplaçables CD
kA= - - - - - - - - ë'
0,5 Ib 1' eff1 + Ib2 ' t eff2
t
~ '-1 .- 3
CD
j J 9
Il)

Abaque de Jackson et Moreland 3


i 8 cr
~
......, Ib3 1b4 ~
(Nota: L'encastrement parfait [kA 0 ou ka 0 1n'existant pas en pratique, il n'est pas recommandé d'utiliser
= = CD
::s
g ~
des valeurs de kA ou ka inférieures à 0,4. L'abaque complet a donc été tronqué à ces valeurs).
0- CIl
C'D
.....
sr W
574 Traité de béton armé

a coefficient prenant en compte les conditions d'encastrement de l'extrémité


opposée de la poutre :
a= 1 encastrement rigide ou élastique
a = 0,5 rotation libre
a = 0 poutre en porte à faux.

11.633 Cas de base

Le poteau est isostatique. Il s'agit (figu-


, 1

,,,
1
re 11.16) : 1
1

, 1

,,,
1
- soit d'un poteau «bi-articulé» de longueur 1
1

, , , lf/2
Ir ayant une ligne moyenne symétrique par 1
1
,,,
1
rapport à la section médiane; 1

- soit d'un mât de longueur If/2 parfaitement if -1- -~--


encastré à une extrémité, libre à l'autre. 1
1
1
La section du béton et celle des armatures ,,
1
1

sont constantes sur la longueur du poteau. ,,


1

Le poteau est fléchi dans son plan de plus , \


\
faible rigidité, qui est un plan de symétrie \
commun au béton et aux armatures.

Figure 11.16

Les actions appliquées sont telles que:


- !'effort normal N est constant sur toute la longueur du poteau,
-le moment du premier ordre Ml (x) est de signe constant.
Pour le poteau bi-articulé, ce moment est maximal dans la section médiane et distribué
symétriquement par rapport à cette section (la déformée ne présente donc pas de points
d'inflexion, et elle est symétrique par rapport à la section médiane).
Pour le mât, ce moment est maximal en pied de poteau, à l'encastrement.
Dans le cas où ces conditions sur Net M ne sont pas remplies, des corrections sont pos-
sibles (voir § 11.65).
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 575

11.634 Hypothèses générales


Les hypothèses déjà faites pour l'état-limite ultime sous sollicitations normales (sec-
tions planes; absence de glissement acier-béton; résistance à la traction du béton négli-
gée) sont complétées par les suivantes:

- le flambement est plan,


-les déformations dues à l'effort tranchant sont
négligées,
/
- les déplacements sont de faible amplitude,
- le comportement du béton en compression
simple peut être représenté par une expression
analytique convenable g (f;.j' EijO' Eco) [figu-
re 11.17]. Voir § 2.234.
-le comportement de l'acier en compression en
traction et en compression peut également être
représenté par une expression analytique conve-
nable. Figure 11.17

La règle des trois pivots n'a ici aucune raison d'être.

11.635 Hypothèse simplificatrice pour le calcul des moments du second ordre


L 'hypothèse simplificatrice essentielle consiste à n'étudier l'équilibre des forces exté-
rieures (compte tenu des déplacements) et des efforts internes (compte tenu des lois de
comportement des matériaux) que dans une seule section, la plus sollicitée, qui doit être
fixe et connue a priori. Si cette section est en équilibre, tout le poteau est en équilibre.
Pour ce calcul, la déformée du poteau est assimilée (fig. 11.18) :
- dans le cas d'un poteau bi-articulé: à une demi-onde de sinusoïde (valable pour les
poteaux de section constante fléchis en simple courbure symétrique) ;
- dans le cas d'un « mât », c'est-à-dire d'un poteau encastré en pied et libre en tête: à
un quart d'onde sinusoïde.
576 Traité de béton armé

tf
--~-~

Figure 11.18

L'hypothèse faite revient à ne faire dépendre le résultat du calcul que de la valeur


maximale du moment du premier ordre M 1max, et non de sa variation MJ(x) le long du
poteau:

Le moment du premier ordre est ainsi:


1
1
Ml = Pel =P(eo+ea ) 1
1
1
1
et le moment du second ordre: : e1

y (x) -'Joo\-~---4--..,.-
avec y (x)= fsin 1tx x
If Y~--~~O-L----i-

Figure 11.19
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 577

11.636 Équations du problème


Dans ce qui suit, le poteau étudié est ramené à un poteau (<< colonne-modèle») :
- encastré en pied et libre en tête,
- de même section (constante) que le poteau étudié,
- de hauteur égale à la moitié de la longueur de flambement du poteau étudié,
- fléchi en simple courbure (sous l'action indépendante ou combinée de toutes les char-
ges et de tous les couples appliqués, voir figure Il.20.
- dont la déformée est un quart d'onde de sinusoïde.
Dans la section la plus sollicitée (x If /2), il doit y avoir équilibre entre les sollicita-
tions extérieures, se ramenant à la charge Pli excentrée de el +j; et les sollicitations
internes Ni, M;GO :

11.636-1 Excentricité « externe»


Rapportons la colonne-modèle non déformée à un système d'axes orthonormé, dont
l'origine restera attachée à l'extrémité libre (figure Il.20).

Hu
Mu
~
l p
"
c(
Y 0
• t 0

eo+e a

Pu t=t f /2

Figure 11.20

Dans ce système d'axes, la déformée a pour équation:


. nx
() = / sm-
yx [11.14]
If

où/désigne la flèche maximale (en pied).


578 Traité de béton armé

La courbure de déformation est :


2
1 y n()
-::::: f re • re x
X =- -2-sm-
r If If

Dans la section de pied, x = 1;-/2 et, en valeur absolue ~ =f TC:


r If

d'où [ 11.15]

Dans l'état déformé, l'excentricité de la force extérieure Pli (excentricité «externe »)


dans la section la plus sollicitée est donc liée à la courbure 1 / r dans cette même section
par la relation:

[ 11.16]

Cette relation est d'ordre géométrique: elle ne résulte que de l'hypothèse de la défor-
mée sinusoïdale.

11.636-2 Excentricité Interne


Dans la section la plus sollicitée, à tout état de déformation (figure Il.21) caractérisé
par une courbure 1/ r quelconque (pente du diagramme des déformations) et par une
position d'axe neutre quelconque repérée par sa distance y à la fibre la plus comprimée
(le diagramme des déformations n'étant plus ici astreint à passer par l'un des trois
pivots)! correspondent les équations de compatibilité et d'équilibre suivantes:

l ---- ------ -------ï


1
1
1
1
cre/; 1
,,"
,," "
... ,,"
---------:;~
"
AN. .,"
,,"
"
,-1 - - - 1 crsj

_____ ...J ____ _

Béton Acier

Figure 11.21

1. Mais avec, cependant, êJ" S; 3,5.10.3 et 10, S; 10.10.3


Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 579

~ = Ebemax ou [11.17]
r y r

y n

Ni
o
f
= bç creç dÇ + LAj crSj
j=l
[11.18]

y n
M iGO f
= bç creç (v'-Ç)dÇ + LAj (JSj d j
o j=l
[11.19]

avec:
Ni effort normal « interne»
MiGO moment résistant « interne », rapporté au centre de gravité seul, correspondant
tous deux à l'état de déformation considéré.

L'excentricité e.
1
= MN.iGO est l'excentricité« interne ».
1

Les contraintes (JcÇ, (Jsj étant liées à Ebcmax et ESj par les lois (J-E du béton et de l'acier,
elles ne dépendent que des deux paramètres Ebcmax et 1 / r. On peut donc écrire:

Ni = fonction (~ ; Ebcmax ) [11.20]

ei -_ -
M iGO
Ni
_ ~ • (1.
- - lonctIon -, Ebcmax
r
) [11.21]

En éliminant Ebcmax, on obtient une relation d'ordre« mécanique» entre Ni, ei et 1/ r :


<1> (Ni> ei, 1/ r) = 0 [11.22]

Remarque:
Les équations donnant Ni et M;(iO se présentent sous la même forme que celles utili-
sées pour tracer les diagrammes d'interaction (cf. § 8.62) puisque ce sont des équa-
tions d'équilibre. Mais ici, la différence essentielle est que le diagramme des dé-
formations n'est pas tenu de passer par l'un des trois pivots A, Bou C.
580 Traité de béton armé

11.636-3 Critère d'instabilité

Un état-limite ultime est atteint par flam-


bement sous une charge P croissante lors- Ni
que pour ei = ee l'effort normal N; passe
par un maximum à courbure ou à flèche
croissante (figure 11.22).

dNi =0 [11.23]
d(;)
L-----~----____'l> 1/r
o

Figure 11.22

L'ordonnée de ce maximum définit la charge critique de calcul PZ/co


Des méthodes numériques permettent de déterminer par approximations successives la
valeur de Puc à partir des équations [11.16], [11.20], [11.21] et [11.22] (système de
quatre équations à quatre inconnues, Ni, ei, êbcmax et 1/ r).

r------------------- Sbcmax; .1
1 r
1
1
1
1
1
A-
I
1
1
1

1
1
1_- ____________ Non __

Oui

~(-)
r
1
Non. -- --_ --------1

Oui

Instabilité: Ni max = Pue


Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 581

11.636-4 Etude de l'équilibre par la représentation graphique de P. Faessel


Dans le système de coordonnées (1 / r, e) :
- la relation géométrique [11.16] est représentée par une droite D, d'ordonnée à
l'origine eh de pente l} lIT? ;
- la relation mécanique [11.22] est représentée par un réseau de courbes dépendant du
paramètre Ni (courbes de niveau Ni = ete, de la surface définie par la relation [11.22]).
Le point extrême de chaque courbe correspond à l'état-limite ultime de résistance en
flexion composée (figure 11.25).

\ Ni croissants

-----

1
r
o

Figure 11.23

Bien noter que Ni varie en sens inverse de ei et que les courbes les plus hautes corres-
pondent aux ejf0l1s normaux les plus faibles.

En réalité ces « courbes» sont constituées


par des segments sensiblement rectilignes e
raccordés par des tronçons courbes. Lors-
que la courbure est faible, la fissuration ne _..:...(N;...)_ _u Rupture
s'étant pas produite, la pente à l'origine est
celle que donne l'élasticité linéaire
M Ne
-=-=-
r El El
"------'-------~ lIr
Ensuite quand 1 / r croît à N fixé, El dé- o
croît (d'abord par suite de la fissuration,
ensuite du fait de la plastification). Figure 11.24
582 Traité de béton armé

Pli étant donné, deux cas peuvent se présenter:


1°) les deux équations [11.16] et [11.22] n'admettent pas de solution: il n'y a pas
d'équilibre possible ;
2°) ces deux équations admettent une solution en e et 1 / r : cette solution est une solu-
tion d'équilibre, qui peut être stable ou instable.
En effet, en supposant que la résultante des forces internes équilibre la force extérieure
soit Ni = Pli' si l'on fait croître la courbure:
-la relation géométrique impose à l'excentricité ee de la force extérieure Pli de demeu-
rer liée à la courbure par [11.14], donc de décrire la droite D.
-la relation mécanique impose à l'excentricité ei de la résultante des forces internes Ni
(de la section la plus sollicitée) de demeurer liée à la courbure par [11.22], donc de
décrire la courbe Ni correspondant à Ni = Pli'
La condition nécessaire et suffisante pour qu'un groupe de trois valeurs Pu, 1/ r, ee satis-
fasse aux conditions d'équilibre est que l'on ait ee = ei, ce qui définit les coordonnées
d'une intersection de la droite D et de la courbe Ni (= Pu). Pour un poteau donné avec el
et If fixés, les points d'intersection correspondent à des états d'équilibre Eh E2 ou E/,
... successifs sous charge croissante jusqu'au point Ec.

Sens des Ni
\ croissants

-'
-'
-'
-'
-'

J~~~-'_\~~ __ :~ ~ __________ _____________________


~ >~ 1

lf2/1[2 0 1/rc r

Figure 11.25

Si en E2 on écarte le poteau de sa position d'équilibre par augmentation de la courbure,


on constate (figure 11.26) que e i2 > ee2 •
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 583

e
Assimilation :
--.lo.

~(;"'table)

E2 (stable)

Bille sur une tôle ondulée

1
o r

Figure 11.26

L'excentricité interne croît plus vite que l'excentricité externe: la réaction du poteau à
la déformation complémentaire imposée tend à le ramener à sa position d'équilibre qui
est donc stable (voir figure 11.26, le croquis assimilant le phénomène à celui d'une bille
placée dans le creux d'une tôle ondulée).
C'est l'inverse au point E'2 où l'équilibre est donc instable.
La charge critique « de calcul» Nuc (= PIIC ) définit l'état-limite ultime de stabilité (il ne
s'agit pas en effet, de la charge critique réelle ou physique qui serait celle que l'on
trouverait en n'appliquant aucun coefficient de sécurité ni sur les actions, ni sur les
résistancés ou que l'on pourrait observer lors d'un essai en laboratoire). Elle correspond
à la courbe Ni tangente à la droite D au point Ec. La courbure correspondante est 1 / rc. Si
le point Ec n'est pas situé sur la frontière définissant l'état-limite ultime de résistance,
celui-ci n'est pas atteint dans la section la plus sollicitée sous la courbure 1/ rc : on dit
que le flambement a lieu par divergence d'équilibre.
Lorsque Pli = Nlle l'état de déformations et de contraintes de la section la plus sollicitée
est donc généralement très different de celui de l'état-limite ultime de résistance (chap. 8).

11.64 Méthodes pratiques


Normalement la résolution numérique exacte du problème exige le recours à
l'ordinateur (mais dans certains cas une simple calculatrice de poche programmable
peut suffire).
En outre, il a été établi des tables et des abaques qui permettent de déterminer:
- soit la charge critique de calcul d'un poteau dont on connaît les dimensions et les
armatures (vérification de stabilité) ;
- soit les armatures d'un poteau de dimensions connues, pour qu'il puisse équilibrer une
charge donnée (dimensionnement des armatures pour satisfaire à la condition d'état-
limite ultime de stabilité).
584 Traité de béton armé

Ces tables ou abaques (voir bibliographie au § 11.9) ont été établis pour deux valeurs de
l'abscisse du «pic de contrainte» dans le diagramme de calcul du béton, à savoir 2.10-3
et 6.10-3 correspondant au cas où toutes les actions seraient respectivement de courte
durée (avec <p = 0) et de longue durée (avec <p = 2). Pour la méthode d'interpolation,
voir § 11.641-1, remarque 2.

11.641 Utilisation des tables

11.641-1 Tables numériques d'état-limite ultime


Ces tables parues en 1971 sont dues à Pierre Faessel, épaulé par Jacques Ramsay Ro-
binson, professeur à l'ENPC, qui a assuré le développement de la méthode en lui don-
nant un caractère pédagogique, et par Alain Morisset, bien au courant du calcul automa-
tique encore balbutiant ( ... langage Fortran, cartes perforées, tables traçantes Benson
avec papier spécial et stylets aux traits épais ... ).
Les tables « de Faessel » donnent Puc pour les types de sections suivants (figure 11.27)
où PP' désigne le plan de flambement.

!p
1

IT~ ,IP' 1P'


1

Rectangle Carré Octogone (- Cercle)

Figure 11.27

Les arguments des tables sont:


EO excentricité relative du premier ordre EO =e11 h
ELG élancement géométrique ELG = ftl h
distance relative entre les nappes d'armatures
ALPHA (toujours écrire« ALPHA» en toutes lettres, ALPHA=alh
pour ne pas confondre avec Ct selon 11.621-2)
raccourcissement du béton correspondant à la
EPSU résistance réduite en flexion./iJII
(/bu = 0,85 !cj 1f}yb) soit:
-pour <p = 0 EPSU = 2.10-3
- pour <p = 2 EPSU = 6.10-3
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 585

résistance de calcul de l'acier (en bars : 10


SIGE SIGE =le/Ys =led
bars = 1MPa)
PIMEC pourcentage mécanique PIMEC = Afed/ BJbu
charge critique de flambement relative
NU NU = 1000 PIIC / Bjbu
(multipliée par 1000)
flèche ultime (correspondant à Puc) relative
FU FU = 1001c/ el
(rapportée à el) multipliée par 100.

Chaque page des tables correspond à un couple de valeurs EO - ELG, avec toutes les
combinaisons possibles des valeurs ci-après:

EO 0,03; 0,05; 0,1 ; 0,2; 0,3; 0,5; 0,75; 1


ELG 10 ; 15 ; 20 ; 25 ; 30 ; 40 ; 50
À 35 ; 52 ; 69 ; 87 ; 104; 139; 173

Un modèle de table est donné ci-après (table de Faessel).


Pour la gamme des valeurs numériques attribuées aux paramètres SIGE, PI MEC,
ALPHA et EPSU, se reporter à ce modèle.
Les valeurs de SIGE prises en compte couvrent toute la gamme des aciers couramment
utilisés. La valeur la plus basse, 1800, a été retenue pour éviter d'avoir à réaliser des
extrapolàtions dans certains cas.
Les valeurs de ALPHA: 0,60, 0,75, 0,90, couvrent pratiquement tous les cas, du très
petit poteau (ALPHA = 0,60) au très gros poteau (ALPHA = 0,90).
586 Traité de béton armé

Exemple de table de Faessel

SECTION RECTANGULAIRE - FLAMBEMENT DANS UN PLAN MEDIAN EO ELG


0.30 30
VALEURS DE (1000*NU)/{B*SIGJ) ET DE 100*(E-EO)fEO

AL PliA 0.60 0.60 0.75 0.75 0.90 0.90


EP$U 0.002 0.006 0.002 0.006 0.002 0.006
-----------
SIGE PINEC
1800 0.0 57 22 19 22 57 22 19 22 57 22 19 22
1800 0.025 94 48 55 69 107 46 66 64 123 50 78 60
lBoo 0.050 127 62 81 79 150 60 99 73 175 56 115 70
1800 0.075 156 70 103 86 186 64 125 81 219 60 H5 77
1800 0.100 180 73 123 92 217 69 148 88 254 64 171 83
1800 0.150 222 81 155 103 271 75 186 99 311 71 217 95
1800 0.200 260 86 182 113 313 81 219 109 359 77 255 105
1800 0.300 323 95 229 130 381 BB 275 127 435 B3 320 122
lBoo 0.600 460 79 337 113 541 73 403 115 616 69 466 119
1800 1.000 625 65 489 60 734 60 576 43 B32 59 65,3 611
2000 0.0 57 22 19 22 51 22 19 22 57 22 19 22
2000 0.025 90 44 53 74 103 51 63 6B 118 50 75 64
2000 0.050 122 66 78 84 144 64 95 77 168 60 112 73
2000 0.075 149 72 99 91 178 69 122 85 210 64 142 81
2000 0.100 172 78 118 97 208 72 144 92 247 68 168 B8
2000 0.150 213 85 151 107 262 80 182 103 304 75 213 99
2000 0.200 249 91 178 117 305 85 215 113 351 82 251 109
2000 0.300 313 100 224 134 372 88 270 131 427 86 315 127
2000 D.GOO 452 83 333 111 534 73 399 113 609 68 462 117
2000 1.000 615 75 484 68 728 59 574 47 827 56 651 63
3000 0.0 57 22 19 22 57 22 19 22 57 22 19 22
3000 0.025 79 34 43 95 88 40 52 85 98 44 62 78
3000 0.050 101 56 65 107 117 54 80 98 138 76 96 91
3000 0.075 123 81 83 116 H6 79 103 106 171+ 82 127 100
3000 0.100 143 98 99 123 172 90 125 112 206 86 152 106
3000 0.150 177 107 128 133 217 101 164 123 262 94 194 118
3000 0.200 206 III 155 142 256 108 195 133 313 101 230 129
3000 0.300 257 128 203 155 327 118 247 148 392 89 291 146
3000 0.600 388 149 312 125 493 101 379 93 580 74 1+42 101
3000 1.000 540 132 448 115 683 90 551+ 79 801 67 642 58
4000 0.0 57 22 19 22 57 22 19 22 57 22 19 22
4COO 0.025 n 31 37 73 80 35 44 69 88 38 52 67
4000 0.050 90 45 56 128 102 44 68 117 118 59 82 105
4000 0.075 107 62 72 138 124 59 89 127 148 84 109 118
4000 0.100 123 87 86 145 147 85 107 133 174 83 133 124
4000 0.150 152 108 111 158 185 105 142 145 224 113 177 B5
4000 0.200 177 121 1311 169 219 118 173 154 268 120 212 H6
4000 0.300 220 133 176 lB3 278 141 228 153 346 132 271 138
4000 0.600 325 155 284 191 432 153 359 128 533 112 427 93
4000 1.000 456 192 408 172 609 H4 521 118 745 99 622 86

5000 0.0 57 22 19 22 57 22 19 22 57 22 19 22
5000 0.025 70 29 33 54 75 32 39 52 82 35 45 74
5000 0.050 83 39 49 145 94 45 59 136 106 50 72 127
5000 0.075 97 51 63 161 III 50 78 146 130 69 95 136
5000 0.100 110 63 76 169 128 60 95 153 153 89 117 143
5000 0.150 135 95 99 IB2 162 92 125 167 194 90 156 155
5000 0.200 157 III 119 195 192 108 153 177 234 136 193 164
5000 0.300 195 124 155 213 243 120 204 192 302 152 254 153
5000 0.600 285 145 253 246 374 179 333 178 477 153 407 129
5000 1.000 391 188 367 231, 536 180 483 160 678 134 592 117
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 587

Remarques:
1. Si ELG est grand et EO modéré, SIGE influe peu sur le résultat du moins tant
qu'il n'est pas trop faible puisque le point Ec (figure 11.25) n'est pas situé sur la
frontière de l'état-limite ultime de résistance l . On peut alors prendre pour SIGE la
valeur ronde immédiatement inférieure à!ed, et introduire cette même valeur dans le
calcul de PlMEC.
2. Pour prendre en compte le fluage au moyen du coefficient a<p (voir § 11.612-h),
il faut généralement interpoler: entre EPSU = 0,002 (a = 0) et EPSU = 0,006
(a = 1).
Une interpolation linéaire ne suffit pas.

a) Dans le cas de la vérification, PIMEC est connu et il tàut prendre:

NU( a) = NU(O) - ra [NU(O) - NU(1)]


avec:
NU(O) valeur de NU lue dans la colonne EPSU = 0,002
NU(l) valeur de NU lue dans la colonne EPSU = 0,006 [NU(l) - NU(O)] :

0,0021 0,006
<D SIGE -7 PI MEC -7 NU(O) -7 NU(l)
b) Dans le cas du dimensionnement, NU est connu, et en posant pour simplifier
l'écriture
PIMEC =m

m(a) =m(O)-ra [m(O)-m(l)]


avec:
m(O) valeur de PI MEC correspondant à celle de NU lue dans la colonne
EPSU = 0,002
m(l) valeur de PIMEC correspondant à celle de NU lue dans la colonne
EPSU = 0,006:

1. Pour le vérifier, il suffit de comparer sur les tables les valeurs de NU obtenues pour deux valeurs
différentes (SIGE)( et (SIGEh de SIGE et des valeurs de PIMEC telles que
(PIMECh = (PIMEC)I.(SIGEh 1 (SIGE)I
588 Traité de béton armé

0,002 0,006
~SIGE m(O)
f-NU
m(1) NU
f-

11.641-2 Tables du Manuel flambement du CEB (modèle ci-contre)


Pour les formes de section usuelles, il est possible de dresser des tables donnant la rela-
tion (Mu; 1/ r) pour des valeurs données de Nu, avec Mu, Nil moment résistant
ultime total et effort normal résistant ultime, respectivement.
Pour chaque forme de section, il existe plusieurs tables que l'on obtient en faisant varier
successivement: la valeur de Nil choisie, l'élancement, la disposition et le pourcentage
des armatures de la section, et les résistances de calcul (fed,fiJlJ des matériaux, etc. Pour
l'utilisation pratique, il est commode de transformer ces tables en abaques (voir
§ 11.642-2).

11.642 Abaques

11.642-1 Abaques de Capra 1


Ces abaques sont en fait des diagrammes d'interaction tenant compte des effets du se-
cond orqre (modèle d'abaque, donné ci-après). Ils concernent les sections rectangulaires
ainsi que les sections carrées flambant dans un plan diagonal, et s'utilisent comme les
diagrammes d'interaction classiques, en prenant comme paramètres:

~
N Il A/Cd
t)= P = --"-='--
h bh /bll b h /bu

Faire attention que, dans ces abaques, eo désigne l'excentricité du premier ordre,
excentricité additionnelle comprise, c'est-à-dire ce que nous avons appelé el.

1. Voir A. Capra et V. Davidovici, Guide d'utilisation des Règles BAEL, éd. Eyrolles.
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 589

Rupture explosive d'un poteau non armé


(Enseignement expérimental, 1953 - photo H. Fréchou.
CIl
Exemple de table « moment-courbure» CD
o
(extrait u Manuel de calcul CEB-FIP Buckling and instabi/lty -1
ii3
;::;:
Section rectangulaire, armature dans les angles ;Jed = 400 MPa ; Es = fed = 2.10-3 ; !!... = 0,1 ; J.l = MUG ; V= ~ CD-
e.
Es h bh 2 fcd b h fcd CD
0-
CD-
avec fcd = fc28 et ro =p = Atoded : les tables vont jusqu'à a = 1000 h =8 . Ô
::;,
1,5 b h fcd r Q)

3
CD-
<p=0 <p=2
vlw 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
1000 J.l= 1000 Il =
I.1 27 51 68 77 80 77 72 66 60 52 44 23. 37. 42. 40. 39. 38. 37. 29. 20. 15. 12.
1.2 49 67 82 92 96 95 91 86 81 75 69 41. 51. 57. 57. 56. 55. 54. 53. 50. 36. 22.
1.3 68 84 97 106 III 112 109 105 101 96 91 58. 66. 72. 74. 73. 72. 71. 70. 70. 69. 58.
1.4 86 100 III 120 126 128 127 123 120 116 III 75. 81. 87. 89. 89. 89. 88. 87. 86. 86. 85.
1.5 104 116 127 135 141 144 144 141 138 134 131 91. 97. 102. 105. 105. 105. 104. 104. 103. 103. 102.

2.1 54 78 98 114 124 130 129 123 III 94 68 46. 61. 72. 78 . 78. 74. 64. 54. 43. 30. 24.
....
-. 2.2 96 114 130 144 154 160 162 160 154 143 130 81. 92. lOI. 107. Ill. 110. 107. 93. 79. 64. 48.
~
2.3 134 149 163 174 183 190 193 194 191 185 176 115. 124. 131. 137. 141. 143. 142. 141. 125. 108. 90.
8 2.4 171 183 195 205 213 220 224 226 226 223 217 149. 155. 162. 167. 171. 174. 175. 174. 173. 159. 139.
Il 2.5 206 217 227 236 244 250 254 257 258 257 254 181. 187. 193. 197. 201. 204. 206. 207. 206. 205. 194.
l:l
00
-.
-. 3.1 80 104 124 141 153 159 160 151 132 106 75 68. 84. 97. 106. 107. 100. 89. 76. 63. 49. 35.
3.2 142 160 175 188 198 205 208 208 193 172 144 122. 132. 142. 150. 155. 149. 137. 122. 106. 89. 71.
3.3 199 213 225 236 245 251 255 257 253 235 211 172. 181. 188. 195. 200. 204. 191. 175. 157. 138.
3.4 253 264 274 283 291 297 302 304 304 297 276 222. 229. 235. 241. 246. 250. 249. 232. 214. 194. 172.
3.5 305 314 323 331 338 344 348 351 353 352 340 271. 277. 282. 287. 292. 295. 299. 292. 273. 253. 231.

4.1 82 118 148 164 175 179 173 159 139 0 0 80. 106. 119. 126. 126. 121. III 97. 82. 64. 45.
4.2 160 194 217 229 238 243 236 222 204 0 0 158. 172. 181. 188. 182. 174. 163. 148. 130. Ill. 91.
4.3 237 271 284 294 301 306 302 288 269 247 0 229. 237. 244. 251. 245. 233. 219. 204. 186. 166. 144.
4.4 315 342 350 358 364 369 371 355 336 314 289 295. 302. 308. 313. 312. 297. 281. 264. 245. 224. 202.
4.5 392 408 416 422 428 432 435 424 405 382 358 361. 366. 371. 376. 380. 364. 346. 327. 307. 285. 263.
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 591

Exemple d'abaque de M. Capra


(extrait du Guide d'utilisation des Règles BAEL, éd. Eyrolles)

0,70 E
U
= 6'k ~h =30

0,66 1.
y.
= 346 ou 400 MPa
0,66

0,64

0,62

0,60

0,58

0,56

0,54

0,52

0,50

0.46

0,46

0,44

0,42

0,40

0,36

0,36

0,34

0,32

0,30

0,28

0,26

0,24

0,22

0,2:3

0,18

0,16

0,14

0,12

0,10 '''''~ .

O,OB

O,OB

0,04

0,02

o
6 ... "o
o
o
N

~G
592 Traité de béton armé

Dimensionnement :
Les données sont 1j, b, h, el (eo selon Capra), NII,!ed,fbll, on calcule el / h et u d'où l'on
déduit p et IlG, ce qui permet de connaître le moment résistant ultime total MUG •

Vérification :
Les données sont ft, b, h, el (eo selon Capra), A,!ed,fi,u, Nu; on calcule el / h etp d'où u
et IlG c'est-à-dire l'effort normal résistant ultime Nu et le moment résistant ultime total
MUG • On doit s'assurer que Nu::; Nu.

11.642-2 Abaques tirés du Manuel « Flambement) du CEB


Ces abaques sont une représentation graphique des tableaux (M, 1 / r) pour N donné que
l'on peut trouver dans le Manuel« Flambement» du CEB (voir 11.641-2).
Il ya autant d'abaques que de formes de section, de distribution d'armatures, de valeurs
de Nu et de Ebcu (<< EPSU »).

a) Principe général
Si l'on se fixe la courbure 1 / r, le moment résistant du premier ordre « disponible» est:

- - 1J. 1
M ul = Mu - Nu - 2 -
TC r

II existe une courbure pour laquelle M ul atteint sa valeur maximale M ul max (figu-
re 11.28), que l'on obtient en cherchant la tangente de pente IJ. / TC 2 •
La vérification est assurée si le moment agissant du premier ordre est tel que:

~~~:~-~-~--.:-:::: - ---
------
MU1 max
Mu pour lIr donné

1/r
-L_~~------------------~-----------~-----~1/r
o

Figure 11.28
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 593

b) Abaques « a-Il» pour les poteaux à section rectangulaire


Pour un poteau à section rectangulaire boh (h hauteur de la section dans le plan de
flambement), il est possible de tracer des abaques (modèle ci-après) en prenant comme
paramètres :

h
a=-
r

Dans le plan (a, IlG) la droite D (voir § 11.636-4) a pour équation

_
IlG -IlGl +-2 -2 a
D 1; avec
h Tt IlGl = bo h 2Jbu
1'

IlGl et D étant connus, la droite !lG(a) peut être tracée (figure 11.29).
Les courbes PIMEC expriment la relation mécanique de la section étudiée (équation
[11.22]). On peut s'en servir pour la vérification:

f.lG f.lG

D D

.~
~·~IMEC effectif

~/~f~
"' ~:-:.~_(:__~~1t _
o
. L -_ _ D_im_e_ns_io_n_ne_m_e_nt_~ a =h1r
o
Vérification :7 a =h 1r

Figure 11.29
594 Traité de béton armé

Exemple d'abaque« a-Jl» (document du BIEP-Fougerolle);


Section rectangulaire à deux nappes d'armatures:
ALPHA =0,75, EPSU =0,002, SIGE =348 MPa (= fed)

1000 JlG Atot h


;u= ·PIMEC=-· ;a=
• boh

400

300

200

100

o 5 10 15
1000 a

PIMEC comme pour les tables de Faessel. 11 r courbure du poteau dans la section étudiée.
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 595

11.65 Corrections diverses


Les méthodes exposées ci-après sont dues à A. Capra et B. Fouré.

11.651 Prise en compte d'une variation de l'effort normal le long du poteau

11.651-1 Cas d'un poteau soumis à des efforts axiaux Pi


agissant à divers niveaux
Considérons deux mâts (figure 11.30) le premier étant à chaque fois celui auquel on
ramène le poteau considéré (voir § 11.635) :
-l'un, de longueur 1r12, soumis à une charge axiale PlI1 en tête et à des charges axiales
Puj appliquées à différents niveaux,
- l'autre, de longueur Ir' /2, soumis uniquement à une charge axiale Pli ' en tête.

Modèle

Figure 11.30

Dans l'hypothèse où les deux sections de pied sont soumises:


a. au même effort normal
b. au même moment du premier ordre 1
c. au même moment du deuxième ordre pour une même courbure (1 / r = 1/ r'),
ces deux mâts ont le même état d'équilibre, et l'étude du premier peut se ramener à
l'étude, plus simple, du second.

1. La distribution du moment du premier ordre réel MI(x) doit être conforme aux hypothèses du cas de
base, à savoir signe constant et valeur maximale à l'encastrement.
596 Traité de béton armé

Les sollicitations dans la section d'encastrement sont:


- pour le premier mât (idéalisation d'un poteau de longueur If) la flèche maximale est
[2 1
f=L-2
1t r
fi

Nil = LP,y
j=l

(2
- pour le second mât (fictif), la flèche maximale est f = -4-~
1t r'

1'2 1
M I11= M,+f P'
ul - 2 - u
1t r'
Par identification, on obtient, pour satisfaire aux conditions a, b et c ci-dessus, les rela-
tions:
1/

P'U = LP,g 112f ~ [ I-sm--


P',' _-If2 ~P,g • 1t X j ]

j=l j=l If

d'où

11.651-2 Effet du poidS propre


Soit:
PlI> l'effort axial en tête (figure 11.31)
gu = 1,35 g le poids propre par unité de longueur.
Notons tout de suite que le poids propre total est Gu = gll l.r12 et que si Gu :s; 0,10 Pu son
'effet est négligeable.
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 597

Le même raisonnement qu'au § 11.651-1 permet de se ramener à un mat chargé uni-


quement en tête, tel que :

Modèle

Figure 11.31

ou encore
598 Traité de béton armé

11.651-3 Cas particulier des piles de contreventement

f1 fj fn

~
: l ,
1 1
Pu,o M~pU'1
1 1
1 1

i·--9+---+-'-~~--I---
~PU,j 1
1
~1pu,n
1 1
1 1

LI
Gal' "
p. f·J 1/
11
Il
~ U,J tf /2
Il

: ~

J__ _
1

1 _____

Modèle

Figure 11.32

Une pile de contreventement est une console encastrée en pied et liée en tête, par un
élément considéré comme indéformable, à n poteaux sans stabilité propre, tous de même
hauteur lt/2 (figure 11.32).
Les déplacements en tête sont donc tous égaux:fi =Ji =...= f
Chaque poteau donne naissance à un effort horizontal: Pl!
L
2
c'est-à-dire à un moment partiel du deuxième ordre au pied de la pile de contreventement:

P"j!
If
(IL]
2
= P.
!'lj
2
Le moment total du deuxième ordre, au pied de la pile de contreventement est donc:

La pile est ainsi soumise à :


- en tête: Nu = P"o
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 599

On ramène sa vérification à celle d'une console fictive qui serait soumise à:


- en tête: N'II
1'2
. d'. M' u-
-en pIe -M' ul + N'f'-M'
- fiN
11\+-2 - u
TC r'

L'identification terme à terme conduit (pour 11 r = 11 r') à :


Il

N'" = Nu =~IO
1'J2
f Ipl/j j=1
(-If =1+--
PI/O

Si la charge P"o est «centrée» sur la pile, le moment du premier ordre Mul résulte:
- d'une inclinaison accidentelle de la pile Sa = 1/100 de radian (BAEL, art. A-4.4,31)
donnant lieu en tête à un déplacement Sa lfl 2\ :
- de déplacements horizontaux !:J..lj en tête de chaque poteau, dus au retrait, aux varia-
tions de température etc. de l'élément de liaison.
En utilisant respectivement les exposants L et C pour les actions de longue et de courte
durée vis-à-vis du fluage, on a :

avec

~
Millc =1,50 [ P'IOc + L,.P"jcJlf 1 c C
--+1,50L,.P,tj!llj ~
j=1 2 100 j=1

Le calcul de chaque poteau j s'effectue pour la force extérieure Puj affectée de


l'excentricité additionnelle ea (qui s'identifie ici à el).

1. Si une rotation de la fondation est possible, son effet est à ajouter à celui de l'inclinaison accidentelle.
600 Traité de béton armé

Récapitulation

.P U1
n
rp
ltx.
. (1-sin ---1

~12
)
1 UJ if

n
P'u: rp Uj
Charges Puj réparties 1
sur la hauteur

Poids propre g U
par unité de longueur

P'U: Puo
L C
Mul=Mul+Mul
L n li 1
Console de contreventernent Pile seulement MU1=1,35 [(Guo + L GU» 2" '100 + ...
1
Inclinaison accidentelle de la pile: 1/100 radian C : dO aux actions
variables
Déplacements horizontaux ûtj en tête de chaque L : dO aux actions
poteau dus au retrait, variations de température etc. permanentes
de l'élément de liaison.

11.652 Prise en compte de la variation du moment


du premier ordre le long du poteau

La relation f = l~ ~ n'est valable que pour des poteaux de rigidité constante et pour un
n r
moment du premier ordre sinusoïdal.
Dans tous les autres cas, la valeur n2 est à remplacer par un coefficient \jf qui dépend de
la distribution MI du moment le long du poteau. On peut montrer qu'une valeur corrigée
approchée de la charge critique de flambement peut être déduite de la valeur Plie calcu-
lée sans tenir compte de la distribution du moment MI par :
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 601

avec:

f 1
fc =--4-- (pour la courbure correspondant à P/le)
1t rc
el excentricité du premier ordre
\If coefficient numérique prenant les valeurs indiquées sur la figure Il.33.

Parabole

11'=16

Figure 11.33

La correction n'est généralement sensible que dans le cas d'une variation parabolique
du moment MI (cas d'un poteau soumis à l'action du vent sur sa hauteur).
11.653 Poteaux bi-articulés soumis à des moments différents
à leurs deux extrémités
Dans le cas où le moment du
premier ordre varie linéairement ~u
le long du poteau, mais avec des
valeurs inégales aux deux ex-
r rI( M"u1

trémités pouvant différer en


signe et telles que (figure 11.34)
IM~II >IM: t1 1 le problème se
ramène au cas de base en consi-
dérant un moment équivalent,
Gonstant sur toute la longueur lj,
de valeur:

Mill =0,4 Nf' /II +O,6M"111


Toutefois la section la plus
sollicitée n'est plus fixe. Figure 11.34
602 Traité de béton armé

Dans ce cas les armatures doivent être constantes sur toute la hauteur et le calcul de-
mande une double vérification:
1°) Vérification de la stabilité de la colonne-modèle de longueur &/2 soumise à
(Pli + M;d)
2°) Vérification de la résistance de la section la plus sollicitée au premier ordre soumise à
P+ M,:! (sans rajouter l'excentricité complémentaire e2 définie au § 8.22, équation [8.4])

S'il n'y a pas de forces transversales, la section la plus sollicitée au premier ordre est
celle qui est soumise à M;:! .
S'il ya des forces transversales, il faut prendre:

M ul = O,4M;t1 + O,6M: 1 + M max (forces transversales)

11.66 Application aux ossatures contreventées


II s'agit d'ossatures associées à des éléments de contreventement rigides (<< noyau »,
murs de refend, cages d'escalier...).
Ce cas se rencontre fréquemment dans les bâtiments courants à étages multiples.

--
-+-

+
--
H-

"7'fh~1T ,.. /,0'

Calcul du contreventement Calcul de l'ossature

Figure 11.35

11.661 Calcul du contreventement


Le contreventement est calculé pour équilibrer les moments de renversement dus d'une
. part aux forces horizontales, et d'autre part aux eflèts du second-ordre, eux-mêmes dus
aux forces verticales appliquées à l'ensemble de la structure (contreventement et ossature).
Si le contreventement est assuré par une console unique de section constante, la justifi-
cation de celle-ci à l'état-limite ultime de stabilité peut être faite en se ramenant au
calcul d'un poteau chargé en tête dont la longueur de flambement effective l'.r peut être
déterminée en combinant les cas des § 11.651-1 et 11.651-3.
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 603

11.662 Calcul des poteaux de l'ossature


L'ossature contreventée est considérée comme« à noeuds fixes ».
Pour éviter un calcul complet de la stabilité de l'ensemble de l'ossature, les Règles
BAEL (art. B-8.3,3) admettent les approximations suivantes:
1°) Les sollicitations de chaque poteau (effort normal, moment dû à l'imperfection
géométrique ea et à toute action directe) sont évaluées en admettant la discontinuité des
éléments de plancher au droit des poteaux.
2°) La vérification de chaque poteau est faite ensuite comme s'il était isolé, en lui attri-
buant une longueur de flambement forfaitaire égale, selon le cas, à 0,710 ou à 10 (voir
§ 10.311):
-si If/h5:max (15; 20eJh) la vérification est conduite selon les méthodes du chapi-
tre 8, en introduisant une excentricité complémentaire e2 (éq. [8.4])
- dans le cas contraire, l'étude se ramène à celle d'lm poteau bi-articulé de longueur Ir,
(ou d'un mât de longueur If12) soumis à des sollicitations du premier ordre connues.

Remarque:
On peut aussi effectuer le calcul en se fixant a priori des valeurs des rigidités
El des divers éléments de l'ossature (voir § 11.672).

11.67' Méthodes de l'équilibre


Dans ces méthodes, on se borne à démontrer qu'il existe un état d'équilibre, sans cher-
cher à le déterminer exactement, en comparant les forces extérieures (compte tenu des
effets du second ordre) aux efforts internes ou sollicitations résistantes des sections.

11.671 Méthode basée sur les déformations internes


a. Forme générale
On se fixe, a priori, l'état de déformation CEbe,max, 11 r) de chaque section de la structure
ce qui permet d'en déduire :
- d'une part les déplacements: Ù (Ebe,max, 11 r)
.- d'autre part les sollicitations internes: Ni (Ebe.max, 11 r) ; M;GO (Ebe,max, 11 r)
Les forces extérieures étant connues, on peut calculer les sollicitations extérieures Nul,
MuGo, compte tenu des effets du second ordre dus aux déplacements Ù.
604 Traité de béton armé

La vérification de stabilité consiste à s'assurer que dans chaque section on a simulta-


nément:

et
e. = M iGO
> Mill (forces ext.) + M II2 (forces ext. + déplacements 0)
1 Ni - Nil

b. Forme simplifiée
Principe général (se reporter au § 11.636-4)
Si le poteau satisfait aux conditions du cas de base, et dans l 'hypothèse simplificatrice
de la déformée sinusoïdale, l'existence de l'état d'équilibre est démontrée si l'on peut
trouver un état de contraintes de la section la plus sollicitée (section en pied de la colon-
ne-modèle) tel que l'on ait simultanément (point P situé dans la zone hachurée, figu-
re 11.36) :
[11.24]

et:

c'est-à-dire: [11.25]

ou, plus précisément:

M. Ml IJ 1
et - ' >-'-'
- +--
2'
Ni Nu Tt r

1/ r correspondant à l'état de déformations choisi.

D
e

o 1
r

Figure 11.36
606 Traité de béton armé

2°) On en déduit:

-la position de l'axe neutre: y =d the


Che + Cs
. d· . , y-d'
- 1e raccourcIssement Esc es aCIers compnmes: csc = Che - -
y

d'où crsc par le diagramme de calcul.


3°) Dans l'hypothèse faite au 1°, la distribution des contraintes sur la hauteur de béton
comprimé est parabolique, d'où:
- le coefficient de remplissage: \jf = 2/3
- le coefficient de centre de gravité: oG =3/8 .
On calcule alors:
Ni = Fbe + F:e - F: soit:

Ni =\jf ho Y ftm + A' crse - A fed (avec \jf =2/3 )


4°) Si N i « M" on réduit Cs en gardant du côté opposé tbe =2.1O-3 (1+acp) et on re-
commence les calculs effectués en 2° et 3° ci-dessus (avec toujours \jf =2/3 ) jusqu'à ce
qu'on ait N; > Nu, mais avec Ni :::: Nu.
5°) Si.Ni » Nu, on réduit Cbe, (d'où de nouvelles valeurs de \jf et oG, à calculer) en gar-
dant pour l'armature tendue Cs =.fedl Es et on recommence les calculs effectués en 2° et
30, jusqu'à ce qu'on ait toujours Ni > ~" mais avec Ni :::: ~J.
Les coefficients \jf et Oc; peuvent être lus dans le tableau suivant l en fonction de :

3 che
'11=10 (l+a cp )

TI 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8 1,9 2,0
V 0,417 0,449 0,480 0,509 0,537 0,563 0,587 0,609 0,630 0,649 0,677
oG 0,350 0,352 0,354 0,356 0,359 0,361 0,364 0,366 0,369 0,372 0,375

6°) On calcule le moment MiGo des forces Fbc, Fsc et Fs au centre de gravité Go du béton
seul; on en déduit l'excentricité interne ei = MiGol Ni.
• f2f 1
On cherche alors SI ei > el + f = el + - ? -
n- r

1. Pour 11::; 2, on a (partie parabolique de la courbe cr-e) 'If = 11(6 -11) et Ôc; = (( -11\
12 46-11
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 607

avec [11.26]

S'il en est ainsi, compte tenu du fait que l'on s'est arrangé pour que Ni > Nu, la stabilité
est assurée.
7°) Si l'on ne trouve pas ei > el + j; il faut explorer d'autres couples (1/ r, Ebc) ou (1 / r, Es)
Par exemple:
- si el est « faible» et lf« élevé» (sans pouvoir indiquer de valeurs numériques préci-
ses), on peut essayer de conduire les tâtonnements à partir de Ebc =2.1O-3 (I+aq» en
faisant croître Es jusqu'à 10 %0.
- si el est « élevé» et lf« faible », on peut essayer de conduire les tâtonnements à partir
de Es = !ed / Es en faisant croître Ebc jusqu'à 3,5.10-3 (1 + a q> ) •

Dans ce cas, en posant toujours 'Il = 103 ( Ebc ) les valeurs de \If et 8G qui intervien-
l+a <p
nent dans le calcul de F bc et dans celui de UGo sont à lire dans le tableau suivant l .

'YI 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5


\Jf 0,667 0,683 0,697 0,710 0,722 0,733
8G 0,375 0,378 0,381 0,385 0,388 0,391
'YI 2,5 2,6 2,7 2,8 2,9 3,0
'\Jf 0,733 0,744 0,753 0,762 0,770 0,778
8G 0,391 0,394 0,397 0,400 0,402 0,405
'YI 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5
\Jf 0,778 0,785 0,792 0,798 0,804 0,810
8G 0,405 0,407 0,410 0,412 0,414 0,416

Remarque:
En admettant conformément aux hypothèses faites ci-avant que
Ebc = 2.10- (1 + œp) et E, =
3
~d ::::: 2,18.10- 3 pour des aciers de nuance Fe E 500,
s
la relation [11.26] donne:
1 _ 2(I+a<p)+2,18 2,2 (l+a<p)
- - < -.;...-!...._---'-!..
r 1000d 1000d
608 Traité de béton armé

Une expression approchée par excès de la courbure à introduire dans


2
1 1
l'expression [11.15] (f =- L) pour obtenir la flèche, c'est-à-dire
r 1l?
l'excentricité du second ordre dans la section la plus sollicitée est donc:
1 2,2 (1 + a cp)
r 1000 d

L'équation [11.15] donne alors, avec d::::: 0,9 h et n2 ::::: 10 :

_e _ l} 1_ l} [2,44 (2 + a cp)]
f - 2 - n 2 -; - 10.103 h

Dans la méthode exposée en 8.22 a) pour le calcul en flexion accompagnée de


compression, comme il ne s'agit pas d'obtenir e2 avec précision, mais d'arriver
à une valeur « enveloppe» couvrant les cas les plus défavorables, une sécurité
additionnelle a été introduite en remplaçant le coefficient 2,44 par 3.
C'est ainsi qu'a été établie la formule [8.4], donnée au § 8.22a, qui correspond
au cas où le coefficient de fluage cp est pris égal à 2.
Quant aux limites de Ifl h données dans le même paragraphe, elles ont été défi-
nies en faisant un certain nombre de calculs numériques comparatifs.

11.672 Méthode basée sur la rigidité 1

11.672-1 Principe
Dans cette méthode, il faut se donner a priori la rigidité El des différents éléments de
la structure. On peut alors calculer les sollicitations extérieures Nul, M uGO par un calcul
tenant compte des effets du second ordre et effectué avec les hypothèses de l'élasticité
linéaire (MuGO : somme des moments des premier et second ordres).
À ces sollicitations correspond, dans la section la plus sollicitée de chaque élément, un
état de déformations internes caractérisé par (Ebe.max ; II r).
La vérification de la stabilité consiste à s'assurer que, pour chaque élément, la rigidité
réelle El est supérieure à la rigidité choisie, ce qui revient à vérifier les inégalités (figu-
re 11.38) :

.
- pour une sectIOn ,1
fissuree :_ = IEocl +IE.I.:::; M Il
GO

. r d El
. ., ., 1 M
- pour une sectIOn entlerement compnmee : _ = E b('l - Eh ?
c~:::; 1/
GO

r h El

1 Méthode due à B. Fouré.


Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 609

avec:
tbe, tbc\, tbc2: raccourcissements relatifs du béton soit sur la fibre extrême comprimée
(tbe), soit sur les deux fibres extrêmes (tbc\ > tbe2),

ts allongement relatif ultime moyen de l'acier tendu entre les fissures,


d, h respectivement hauteur utile et hauteur totale de la section.
Par cette méthode, il est possible, si on le désire, de dimensionner l'armature de façon à
ajuster au mieux la rigidité réelle à la rigidité choisie; la solution optimale peut être
recherchée en faisant varier El jusqu'à ce que le pourcentage d'armatures trouvé soit
minimal.
En pratique, l'application de la méthode n'est commode que si l'on dispose des lois
(N, M, 1 / r) des sections. Le choix judicieux des valeurs de El exige par ailleurs une
certaine expérience de la part du projeteur.

~.t--:::?,.e;;.--- (N)

M. =e I----r---:r!=- Relation géométrique


N

Courbure 1
o 1 M r
r ËÏ

Figure 11.38

11.672-2 Application au dimensionnement d'une ossature non contreventée


Pour simplifier le calcul des moments du second ordre dus au déplacement des noeuds,
on introduit à chaque étagej (n étages) une force fictive horizontale ~* (figure 11.39)
telle que lfj = :Nj ~i - :Nj + 1 Ôj + 1
610 Traité de béton armé
v v

--+- r-----y----,----,
--+- H·-
=:
H --+-J
--+- 1----+---+----1 ~hj
--+- ----Joo. 1----+---+----1
--+-
/"

Calcul au second ordre Calcul au premier ordre

Figure 11.39
(V charges verticales, H efforts horizontaux)

avec (figure II.40) :


:Ni somme des efforts normaux de tous les poteaux (m
poteaux) de l'étage j : 1
'T' - ---- Étagej
111

:Nj = L:Nij 1
i=l
1
1
1
8 i déplacement horizontal relatif sur la hauteur de 1
1
l'étagej: .,..
1
------- ----j-1
1
1

8. = d.-d·
J J- 1
1
~
1

1 dj_1 1
J h.
J

Figure 11.40

Après avoir choisi a priori les rigidités des poutres et des poteaux, on effectue un calcul
élastique linéaire au premier ordre de l'ossature par lequel on obtient:
-les déplacements du premier ordre ~l) sous l'action des forces réelles Vet H;
-les déplacements 0k sous l'action d'une force horizontale unité appliquée à l'étage k.
II ya 2n inconnues 0 et H;* qui sont solutions du système de 2n équations linéaires
(i=làn):
n
dj =d jo + LdjkH;
k=1

H* =- :Nj d.
J h. j-I
+(:Nh.j + :Nh.j Jd. _ :Nh.j
+1
j
+1 d.
J+I
) j )+1 j+1

Après avoir calculé les sollicitations totales N, M dues à l'action des forces V, H et 11*,
les sections sont finalement dimensionnées pour satisfaire à l 'hypothèse initiale sur les
rigidités comme indiqué au § 11.672-1.
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 611

11.7 ANALYSE DES EFFETS DU SECOND


ORDRE SELON L'EC2

11.71 Généralités
L'article 5.8 de l'EC2 vise les structures ou les éléments élancés, soumis de façon pré-
dominante à la compression, et dont la capacité portante est influencée de manière signi-
ficative par les déformations structurales (effets du second ordre).
Par simplification, dans les bâtiments, les effets du second ordre sur les éléments « iso-
lés » (voir § Il.631 et § Il.72) peuvent être négligés si l'augmentation des moments de
flexion calculés par la théorie du premier ordre (qui suppose la structure indéformable)
n'excède pas 10 %. On considère qu'il en est ainsi lorsque l'élancement (§ 11.731)
demeure inférieur à un élancement limite défini au § Il.732.

11.72 Définitions
L'EC2 commence par donner un certain nombre de définitions. Entre autres:
Éléments ou systèmes contreventés : éléments ou sous-ensembles structuraux qui, dans
l'analyse, sont considérés comme ne contribuant pas à la stabilité horizontale
d'ensemble de la structure, et ne sont donc pas dimensionnés pour cela.
Éléments ou systèmes de contreventement : éléments ou sous-ensembles structuraux qui,
dans l'analyse, sont considérés comme contribuant à la stabilité horizontale d'ensemble
de la structure, et doivent donc être dimensionnés dans ce but.
Éléments isolés: éléments qui sont effectivement isolés, ou qui, pour leur calcul, peuvent
être considérés comme tels (par exemple, poteaux d'une ossature à nœuds fixes,
figure Il.15).
Charge de flambement (NB): pour les éléments isolés, il s'agit de la charge critique
d'Euler.

11.73 Critères simplifiés pour les effets du second ordre

11.731 Élancement mécanique des éléments isolés


L'élancement mécanique Â. est défini par la relation:
[ 11.27 ]
612 Traité de béton armé

avec:
rayon de giration de la section droite non fissurée, les armatures étant soit pri-
ses en compte, soit, pour simplifier, négligées.
10 longueur libre de flambement.
Pour des éléments isolés de section constante soumis à un effort normal constant, les
valeurs de 10 en fonction de la longueur libre 1 sont données, pour différents cas de liai-
sons d'extrémité, par la figure Il.41 (dans ce qui suit la longueur libre 1 d'un poteau,
donc d'une « colonne », est parfois désignée par Icol )'

~ ~ ! ! !
1
\
\ /
(~ 1 1 ) ( \
\
1 \ 1
1
1 \
1 \ 1 1 1 \
1 \ 1 1 1 \
1 \ 1 1 1 \

,,
1 \
\
1
1 ,
1 1
\
\
\

1
\
\
\
1
\
\
1
1
\
\
\
\
\
\
e
1 1
\ \ \ \
\ 1 \
\ \ \
\ \
\ \ \
\ \ \
\ \ \
\ \ \ \
\
\ \ \ \
\ \ \ \
\

(, z (
\ \

( ( M(

to=t• • • to=2t t o=O.7t to= t/2 • • to= t


0
{./2<t o<t
ct
t o>2t

Figure 11.41

Les figures Il.41 f et II.41 g concernent les éléments comprimés des ossatures. La
longueur de flambement dépend de la rigidité relative des liaisons d'extrémité:
éléments contreventés (figure Il.41 t) :

1=05/1+
0'
( 0,45 + k l
k)( 1+ 0,45k+ k )
1 2
2

- éléments non contreventés (figure II.41 g) :

1() =1max {1+1O 1


kk1 +k'
k
2
2
'(1+~)(1+~)}
l+k l+k 1 2

avec:
k = eEll Ml (kl ?:. 0,1 ; k2 ?:. 0,1)
k = 0 pour un encastrement parfait, k = 00 pour un appui libre.
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 613

e rotation des éléments entravant la rotation libre en pied pour le moment de


flexion M(figure 11.42, fet g)
El rigidité de flexion de l'élément comprimé considéré
1 hauteur libre entre les liaisons d'extrémité.
Si un élément comprimé au-dessus ou au-dessous d'un nœud est susceptible contribuer
à la rotation lors du flambement, Ell 1 doit être remplacé par [(Ell l) a + (Ell l) b] où a et
b se rapportent aux deux éléments comprimés situés de part et d'autre du nœud.
Pour les éléments de section et 1ou effort normal variables, le critère donné au § Il.732
peut être vérifié en prenant:

avec NB charge de flambement, calculée par exemple par une méthode numérique et
exprimée (de même que i dans la relation [11.27]) en fonction du même El.

11. 732 Critère d'élancement pour les poteaux isolés


Les effets du second ordre peuvent être négligés si l'élancement À = loI i est au plus égal
à un élancement limite défini par :

Àlim = 20 ABC 1 J;z [11.28]

avec:
A = 11 (1 + 0,2 </>eff ), </>eff, coefficient de fluage défini au § Il.75 (si </>eff est
inconnu, prendre A = 0,7 ),
B = ~(l + 200 ) avec (û = AS/yd/AC!cd
As aire totale de la section des armatures longitudinales,
Ac aire de la section droite du béton (si (û est inconnu, prendre B = 1,1)
C = 1,7 - rm avec rm= Mol 1Mo2 , rapport des moments du premier ordre aux ex-
trémités de l'élément; par convention, IMo21 ~ IMal1 (si rm est inconnu, prendre
C=0,7)
n = NEdl AC!cd effort normal relatif
Si Mol et Mo2 engendrent des tractions sur une même face, r m est considéré comme posi-
tif(C:S 1,7) et négatif s'il n'en est pas ainsi (C~ 1,7).
r m doit être pris égal à 1 (C = 0,7) dans le cas :

- d'éléments contreventés soumis à des moments du premier ordre provenant unique-


ment ou de façon prédominante d'imperfections ou d'un chargement transversal;
- d'éléments non contreventés, en général.
614 Traité de béton armé

11.733 Effets du second ordre globaux dans les bâtiments


Ces effets peuvent être négligés si, à la fois:
1. on a :

[11.29]

avec:
FV,Ed charge verticale totale (sur les éléments contreventés et sur les éléments de
contreventement )
ns nombre d'étages
L hauteur du bâtiment au-dessus du niveau du moment d'encastrement
Eed valeur de calcul du module d'élasticité du béton selon [11.33]
le moment d'inertie, calculé en section non fissurée, des éléments de
contreventement.
2. les conditions suivantes sont remplies:
- il n'y a pas d'instabilité de torsion (structure sensiblement symétrique),
-les déformations globales dues à l'effort tranchant sont négligeables (cas de voiles de
contreventement sans grandes ouvertures),
- les ro.tations en pied des éléments de contreventement sont négligeables,
la rigidité des éléments de contreventement est sensiblement constante sur la hauteur,
- la charge verticale croît sensiblement de la même valeur d'un étage à l'autre.
Le coefficient 0,31 de l'expression [11.29] peut être remplacé par 0,62, s'il peut être prou-
vé que les éléments de contreventement demeurent non fissurés à l'état-limite ultime.

11.74 Imperfections géométriques


De façon générale, les effets défavorables d'imperfections géométriques éventuelles de
la structure et d'écarts dans la position des charges doivent être pris en compte, mais
uniquement à l'état-limite ultime pour les situations de projet durables et pour les situa-
tions accidentelles.
. Pour l'analyse, les écarts sont représentés par des imperfections géométriques conven-
tionnelles et totalement empiriques, en rapport avec les tolérances d'exécution. Pour les
calculs de stabilité, ces imperfections ne peuvent être inférieures à 2 cm.
Pour les éléments comprimés et les structures soumises à des charges verticales, les
imperfections peuvent être représentées par une inclinaison ai.
Pour des tolérances
d'exécution «normales» (classe 1 selon l'EN 13670) :
[11.30]
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 615

avec:
So inclinaison de base: So = 1 /200,

coefficient de réduction pour hauteur: ah = 2/ .fi


am coefficient de réduction pour nombre d'éléments: am = ~0,5 (l + 11 m)

1 longueur ou hauteur en m,
m nombre d'éléments verticaux contribuant à l'effet total.
Pour déterminer 1et m, trois cas sont à considérer :
a. élément isolé: l, longueur réelle de l'élément, et m = 1.

b. système de contreventement: 1hauteur du bâtiment; m nombre d'éléments verticaux


qui transmettent la force horizontale appliquée au contreventement ;

c. planchers de contreventement ou diaphragmes des toitures transmettant les forces


horizontales: 1 hauteur d'étage, m nombre d'éléments verticaux dans l'étage (ou les
étages) transmettant la force horizontale totale appliquée au plancher.

Pour les éléments isolés, l'effet des imperfections peut être pris en compte, au choix:

• soit au moyen d'une excentricité ei = 10 /200 .fi [11.31]

avec la dôuble condition: 10 /600 ::s ei ::s 10 /400.


1, longueur de l'élément en m; 10 , longueur de flambement.
Pour les voiles et les poteaux isolés des ossatures contreventées, on peut, par simplifica-
tion, prendre ei = io / 400.
IDsoit au moyen d'une force transversale Hi placée de manière à conduire au moment de
flexion maximal (N, charge« axiale », voir note au début du chapitre 8) :
- si }.es extrémités peuvent se déplacer (non contreventé, figure 11.42 al) : ~ = Si N
- si les extrémités sont fixes (contreventé, figure 11.42 a2) : Hi = .2 Si N
Pour les structures, l'effet de l'inclinaison Si peut être représenté par des forces hori-
zontales, que l'on inclut dans l'analyse avec les autres actions:

~ effet sur le système de contreventement (figure 11.42 b) : Hi = Si (Nb - Na)

- effet sur le plancher jouant le rôle de diaphragme (figure 11.42 cl):


Hi = Si (Nb + Na )/2

- effet sur le diaphragme de toiture (figure 11.42 c2) : ~ = Si Na


616 Traité de béton armé

avec:
Si selon l'expression [11.30]
Na, Nb forces longitudinales contribuant à la force horizontale H;.

ei

TI Hi N~
----+
N
lN

+-
Hi
t=to /2 t=to

. , Non contreventé CD Contreventé


• Éléments isolés soumis à une charge axiale excentrée ou à une charge transversale

. , Système de contreventement . , Plancher de contreventement CD Diaphragme de toiture


Figure 11.42

11.75 Fluage
. La durée d'application des charges peut être prise en compte au moyen d'un coefficient
<{.le/défini en sorte que, sous la charge de calcul, la déformation (courbure) de fluage soit
la même que celle que l'on obtiendrait sous charges quasi permanentes avec le coeffi-
cient de fluage de base <{.l .
Pour CPel> on peut prendre: [11.32]
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 617

avec:
q> (00, to) : coefficient de fluage final (§ 2.244-5)

M oEqp moment de flexion du premier ordre sous la combinaison d'actions quasi


permanente (ELS)
MoEd moment de flexion du premier ordre sous la combinaison d'actions de calcul
(ELU)
Les moments globaux M Eqp et M Ed, incluant les effets du second ordre et les imperfec-
tions géométriques, peuvent être utilisés dans l'expression [11.32] si une vérification
séparée de la stabilité sous les charges quasi permanentes est faite, avec q>ef= q> (00, to).

Si le rapport M aEqp / Mata varie le long de l'élément considéré, il faut soit calculer q>efdans
la section où ce rapport est maximal, soit adopter une valeur moyenne représentative.
Les effets du fluage peuvent être négligés (ce qui revient à supposer q>éf= 0) si les
conditions ci-après sont satisfaites conjointement:
- q> (00, ta) ::s 2 ;
- À::S 75;
- MoEd/NEd ? h (h, hauteur de la section droite dans le plan où le flambement est sus-
ceptible de se produire sous l'effet du moment du premier ordre M aEd)

11.76 . Méthode d'analyse


Les méthodes d'analyse comprennent une méthode générale et deux méthodes simpli-
fiées.

11.761 Méthodegénérale
Cette méthode, basée sur une analyse non linéaire du second ordre, donne directement
la charge ultime. Elle est, en principe, applicable dans tous les cas.
Les diagrammes cr - E à utiliser sont ceux donnés au § 2,244-1, équation [2.13] et au
§ 5,22, figure 5.3b. Dans l'équation 12.13] et dans la valeur de k, il faut remplacer !cm
par !cd et Ebo par :
[11.33]
Il peut être tenu compte du fluage en multipliant les déformations du béton par (l + <Pef),
<pefétant défini par l'expression [11.32].

Normalement, les conditions d'équilibre et de compatibilité des déformations doivent


être satisfaites dans plusieurs sections droites. Une méthode simplifiée consiste à ne
considérer que la (les) section(s) critique(s) et à supposer une variation convenable de la
courbure entre ces sections le long du reste de l'élément.
618 Traité de béton armé

11. 762 Méthode basée sur une rigidité nominale

11.762-1 Généralités
L'analyse peut être conduite avec les rigidités nominales en flexion, réduites pour tenir
compte de la fissuration, de la non-linéarité des matériaux et du fluage, ainsi que de la
fissuration des éléments adjacents (poutres, fondations, ... ).

11.762-2 Rigidité nominale


À défaut de calculs plus précis, on peut prendre:
EI= K· Ecdlc + Ks Es Is
avec:
Ecd selon l'expression [11.33]
le moment d'inertie de la section de béton par rapport à son centre de gravité
Is moment d'inertie de l'armature par rapport au centre de gravité du béton
Kc et Ks prennent les valeurs suivantes:
[11.34]
avec

k( = ~fck 120 (MPa)

k2 = n j.J 170:S 0,20 avec n = NEdI Aclcd ou, si À n'est pas défini: k2 0,3 n:S 0,20
<Pef selon [11.32].
b) si P 2.: 0,01 : Kc = 0,31 (1 + 0,5<pef) ; Ks = ° [11.35]
Dans les structures hyperstatiques, il tàut tenir compte des effets défavorables de la
fissuration des éléments adjacents à l'élément considéré. Comme les expres-
sions [11.34] et [11.35] ne sont généralement pas applicables à de tels éléments, on
peut, pour simplifier, mener le calcul comme si les sections étaient toutes fissurées. La
rigidité peut être déterminée en prenant:
[ 11.36]

11.762-3 Coefficient d'amplification du moment (voir § 11.213)


Le moment total de calcul, moment du second ordre inclus, peut être obtenu en mul-
. tipliant le moment du premier ordre par un coefficient d'amplification:

[11.37]
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 619

avec:
MoEd moment du premier ordre
NEd effort normal de calcul
NB charge de flambement, calculée avec la rigidité nominale
~ coefficient dépendant de la distribution des moments des premier et second
ordres.
Pour les éléments isolés de section constante, soumis à un effort normal constant, on
peut admettre que la distribution du moment du second ordre est sinusoïdale, d'où:
~ = 12 / Co, avec:
- Co = 8 pour un moment du premier ordre constant le long de l'élément,
- Co = 9,6 pour une distribution parabolique du moment du premier ordre,
- Co = 12 pour une distribution triangulaire symétrique.
En dehors de ces cas on peut admettre ~ = 1. On a alors :
MEd = MoEd / [1 - (NEd / NB)] [11.38]

11.763 Méthode basée sur une courbure nominale


(méthode simplifiée pour les poteaux isolés)

11.763-1 Généralités
Cette méthode peut être utilisée dans le cas d'éléments isolés de section constante sou-
mis à un effort normal constant, avec différentes conditions de liaisons d'extrêmité. Elle
est basée sur une estimation de la courbure, qui fournit une relation flèche-longueur de
flambement. Un moment nominal du second ordre est déduit de la flèche. Les sections
sont ensuite calculées en flexion composée.
Cette méthode est donc semblable à celle des Règles BAEL exposée au § 8.22a. Toute-
fois, dans le détail, les deux méthodes diffèrent sensiblement.

11.763-2 Moments de flexion


Le moment de calcul vaut:
[11.39]
avec:
MoEd moment du premier ordre, compte tenu de l'effet des imperfections géométri-
ques
M2 moment nominal du second ordre (voir expression [11.41 D.
620 Traité de béton armé

Remarque:
Pour les éléments hyperstatiques, M oEd est déterminé en tenant compte des condi-
tions de liaison réelles, tandis que M en dépend par la valeur de la longueur de
flambement.
Dans le cas où les moments du premier ordre aux extrémités Mol et M o2 sont différents,
avec IM02 1 > I~d , on adopte un moment du premier ordre équivalent:
Moe = 0,6 ~2 + 0,4 Mol ~ 0,4 M 02 [11.40]
Malet ~2ont le même signe s'ils entraînent une traction sur la même face, ou des si-
gnes opposés s'il n'en est pas ainsi.
Pour le moment nominal du second ordre, on prend: M 2 = NEd e2 [11.41]
avec:
N Ed valeur de calcul de l'effort normal
flèche e2 = (1 / r) 102 / C [11.42]
1/ r " courbure
c coefficient dépendant de la distribution de la courbure.
En général, on peut adopter l'hypothèse d'une déformée sinusoïdale, ce qui conduit à
c = 1f ~ 10. Cependant, si le moment du premier ordre est constant, une valeur plus
faible doit être prise en compte (la plus faible valeur, 8, correspond à un moment total
constant).

11.763-3 Courbure
Pour des éléments à section droite constante et symétrique, à armatures symétriques, on
peut prendre:
[11.43]
avec:
KI' coefficient de correction général défini ci-après,
Kcp coefficient de correction pour le fluage également défini ci-après,
1/ ra = Gy"/ 0,45 d; Gyd =fy,,1 Es; ci, hauteur utile
Si une partie des armatures est distribuée parallèlement au plan de flexion:
d = (hI2) + is
avec is rayon de giration des armatures.

Le coefficient Kr est pris égal à [11.44]


Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 621

avec:
n = N Ed / Ae/cd: effort normal relatif,
N Ed effort normal de calcul,
Ac aire de la section droite du béton,
nu = 1 + û) où û) = AS/yd/Ac/cd,
As aire totale des armatures,
nbal valeur de n correspondant à la capacité maximale en flexion. On peut prendre
nbal =
0,4 (voir explications ci-après).
Prendre Kr 1 va toujours dans le sens de la sécurité.
Pour K<p on peut prendre: K<p = (1 + P<Pef) 2:: 1 [11.45]
avec p = 0,35 + (j~'kI200) - ('À 1 150) où À est l'élancement.
Une fois 11 r déterminé par [11.43] et compte tenu de [11.44] et [11.45], on peut donc
calculer le moment complémentaire NEde2 puis le moment de calcul MEd par [11.39]. Il
ne reste plus qu'à calculer en flexion composée la section soumise à (NEd ; MEd).
Origine du coefficient Kr
En faisant abstraction du fluage, on admet que la charge critique de calcul N uc corres-
pond au cas où les deux nappes d'armatures atteignent simultanément la déformation
unitaire Eyd =/ydl Es. La représentation graphique de P. Faessel (figure 11.25) montre en
effet que, pour une section donnée, Nue correspond à la ligne de niveau de la surface
définie par <1> (Ni, ei, 1 1r) = 0 tangente à la droite D d'équation e = el + (lo 2 17f) (lIr). La
courbe Nue présente une brusque variation de pente avec un « genou» de raccordement
(figure 11.43). Cette anomalie est due au changement de pente du diagramme de l'acier
au point E de coordonnées (h'(}, Eyd)'

e crs
D
/
.,/" ,,"
" " ~~ ~~
~Nuc
" . E fYd
• •

e1

Es
1/r
0 1/ro 0 Eyd

Figure 11.43
622 Traité de béton armé

Le point de tangence de n'importe quelle droite D et de la courbe Nue ne peut que se


trouver sur le « genou », au voisinage de la courbure 1 / re correspondant au point E.
Cette courbure est la pente du diagramme des déformations. On a donc, avec les nota-
tions de l'EC2 (1 / rc = 1 / ro) pour la section à armatures symétriques représentée sur la
figure 11.44 :
1/ ro = Syd/ 0,4 h [11.46]
et comme h d/O,9 ~ 1,11 d, on a finalement, lorsque la charge appliquée correspond à
la charge critique de calcul, 11 ro = S.wi/ 0,444 d ~ syd/O,45d. Mais l'examen d'un dia-
gramme d'interaction (figure 8.26) montre que la courbure prise sous l'effet de la force
N Ed peut être déterminée d'une manière simple et approchée par une règle de propor-
tionnalité (figure Il.45) :
1 / r = Kr (1 /1'0)
avec:
Kr = (NRd - NEd) / (NRd - NbaÔ :s 1
N Rd effort normal maximal que peut supporter la section droite en pied de
poteau
NRd = Ac.fcd + Asfyd
NEd effort normal agissant
N baJ effort normal qui, appliqué à une section, maximise sa capacité de moment
ultime (figure 11.45).
Cet effort correspond au point A de la courbe d'interaction de la section la plus sollici-
tée, qui correspond lui-même à Ecu = 0,0035 (ce qui suppose un béton d'une classe au
plus égale à C 50/60) et, simultanément, à Eyd (figure 11.46), ce que les Anglo-saxons
appellent l'état de balanced strain (déformations« équilibrées ») d'où l'indice« bal» et
non « ba 1 » (qui se lit plutôt « b a un » dans le caractère typographique de la plupart
des textes imprimés).

••.. _~~ ~t~ !~h_ _____________ Eyd

1/ • • ·• •·.• • • • ·.· » .• • •.• .• . •.

Figure 11.44
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 623

Simplification

Figure 11.45

Pour une section rectangulaire à armatures symétriques, on a :


Nhal =0,81 b X!cd + As (crsc - crs) [1l.47]

Les valeurs Ecu = 0,0035 et Eyd = Jyd/ Es, avec

x
Q,QQ35

Esc
q d'
Es = 200 000 MPa, sont simultanément atteintes pour
(figure 11.46, triangles semblables) :
x 700
d =--- [1l.48]
d 700+ Jyd

Figure 11.46
La condition pour qu'alors le raccourcissement de l'acier comprimé soit lui aussi au
moins égal àj;.y}/ Es est que (triangles semblables) :
. d' 700- ~'li
- = avec d + d' = h puisque les armatures sont symétriques,
d 700+ JYfl

S1, cette cond'ltIon,


, eqUlva ~.d)
" 1ente a'd '~ -h ( 1 - - ou encore a'd ~ -h ( 1+~'li)
- est rem-
2 700 2 700
plie, les deux nappes d'armatures sont soumises à la même contrainte (J'sc = (J's, et, en
posant Ac = bd:
624 Traité de béton armé

700
Nbal = 0,81 b X!cd = 0,81 AC!cd - - -
700+ fYd

Pour/yd=500/l,15 =435 MPa et d=0,9h, on trouve Nbal =0,45 AC!cd. Sans aucune
justification, l'Ee2 adopte Nbal 0,4 Ac fcd et donne l'expression de Kr en fonction
d'efforts normaux relatifs (sans dimensions) : n,nu, nbal (voir relation [11.44]).

11 .. 8 FLAMBEMENT SIAXIAL

11.81 Méthode générale


On utilise les mêmes conventions que pour les sections en flexion déviée « sans flam-
bernent» (chap. 9). c'est-à-dire que l'on choisit un système orthonormé d'axes de coor-
données GoX, GoY, avec GoX parallèle à l'axe neutre, faisant l'angle e avec le plan
principal d'inertie de trace Gox.
On suppose que les conditions de liaison sont les mêmes dans les deux directions prin-
cipales Gox et GoY, c'est-à-dire que Irx = lfy = Ir.
Les expressions de la résultante Ni des forces internes et de leurs moments Ux, U y par
rapport aux axes GoX et Go Y ont la même forme que les expressions [9.35], [9.36] et
[9.37], mais ici la différence essentielle est que le diagramme des déformations n'est
plus astreint à passer par l'un des pivots, et il y a donc un paramètre supplémentaire
qui est la pente de ce diagramme, c'est-à-dire la courbure 1/ r avec (figure 11.47) :

(h y = « hauteur» de la section dans le sens GoY, voir la figure 11.47).

Direction choisie y
" au départ
"

Mxx

Figure 11.47
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 625

Pour un mât soumis à la flexion biaxiale, on peut supposer que l'excentricité du


deuxième ordre, ou flèche, est:

comme dans le cas du flambement « monoaxial ».


Dans la section en pied du mât considéré, le moment du deuxième ordre, d'axe parallèle
à l'axe neutre, est :
M 2 =Nu.f

Pour calculer le moment du premier ordre «disponible », Mt. il faut chercher l'angle 8
et la courbure 11r pour lesquels la valeur de MI est maximale dans une direction \jf
donnée (en général Gox ou GoY) d'où la marche à suivre (ordinateur) :
1) Se fixer une courbure 11 r et un angle e de l'axe neutre avec Gox ;
2
1 1
2) Calculer M 2 =N u -4- -;
TC r
3) Déterminer Ebcl de manière que la résultante des forces internes Ni soit égale à Nu.
4) Calculer les moments des forces internes UxGO et UyGO respectivement par rapport
aux axes Gox et GoY ainsi que

M iGO = ~ M&GO + MlyGO et

5) Si la direction de MI diffère de la direction \jf choisie à l'avance, l'angle 8 doit être


modifié jusqu'à ce qu'il y ait concordance.
Lorsque ce but est atteint, on a trouvé la valeur du moment du premier ordre disponible
pour la courbure choisie.
Il faut alors recommencer le calcul de ce moment pour d'autres valeurs de la courbure.
Le moment maximal du premier ordre disponible pour la direction considérée au départ est
la valeur maximale de tous les moments trouvés pour différentes valeurs de la courbure.
Des diagrammes d'interaction peuvent également être tracés dans ce cas, mais par rap-
port aux abaques en rosette (voir § 9.521 et § 9.522) il Y a maintenant un paramètre
supplémentaire, qui est l'élancement géométrique du poteau.
.Chaque diagramme donne alors !lxGO et !lyGO en fonction de Irl h, pour une forme de
section et des valeurs de u et p fixées à l'avance (figure 11.48; pour les notations, se
reporter à 9.5).
626 Traité de béton armé

+
...J~-=t~~-~ 1;;-
Mx t_____~----J..r
1. b=2h .1
tMy
0,20 --- \)=0,3
p=0,2
t f /h=2l f /b

0,10

o 0,10 0,20

Figure 11.48

11.82 Méthodes simplifiées

11.821 Vérifications séparées au flambement « monoaxial » (EC2)


Dans le cas de la flexion biaxiale, le critère d'élancement peut être vérifié séparément
pour chaque direction. Selon le résultat de cette vérification, les effets du second ordre
peuvent être:
a) négligés dans les deux directions,
b) pris en compte dans une seule direction, ou
c) pris en compte dans les deux directions.
Pour un poteau rectangulaire bh, une première étape peut consister à effectuer un calcul
'séparé dans chaque direction principale, GaZ (sens «b ») et GoY (sens «h »), sans tenir
compte de la flexion déviée. Les imperfections ne sont prises en compte que dans la
direction où elles ont l'effet le plus défavorable.
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 627

Aucune vérification supplémentaire n'est exigée si (attention aux indices dans les nota-
tions) :
-les élancements Ày suivant l'axe GoY et k suivant l'axe GoZ sont tels que
Ày/k ~ 2 et k /Ày ~ 2 [11.49]
- les excentricités relatives e z / h et ey / b satisfont l'une des conditions suivantes:
ey / heq e /b
---'---'- < 0 2 ou z eq ~ 0,2 [11.50]
ez / beq - , ey / heq

avec:
b, h largeur et hauteur de la section

beq = iy . .Jïi et heq = iz .Jïi pour une section rectangulaire équivalente


avec:
= MEdy / NEd excentricité dans la direction z
= MEcIz / NEd excentricité dans la direction y
M Edy moment agissant de calcul par rapport à l'axe y, moment du
second ordre compris
MEdz moment agissant de calcul par rapport à l'axe z, moment du
second ordre compris
N Ed effort normal agissant de calcul sous la combinaison de char-
ges correspondante.

Figure 11.49. Définition des excentricités eyet ez


628 Traité de béton armé

Si les conditions des expressions [11.49] et [11.50] ne sont pas satisfaites, il faut inté-
grer les effets des effets du second ordre dans chacune des directions, à moins qu'ils ne
puissent être négligés (voir § Il.71 et § Il.732). En l'absence d'un dimensionnement
précis de la section vis-à-vis de la flexion déviée, l'EC2 propose d'adopter le critère
simplifié suivant:

avec:
M Edz , MEdy définis ci-avant
M Rdz , M Edz moments résistants respectivement dans la direction Goz et dans la direc-
tion GoY
L'exposant a est défini en fonction du rapport N Ed / N Rd avec N Ed défini ci-avant, et
N Rd = Ac/cd + Ashd effort normal résistant de calcul de la section avec:
Ac aire brute de la section droite du béton,
As aire de la section des armatures longitudinales.

0,1 0,7 1,0

a 1,0 1,5 2,0

(interpolation linéaire pour les valeurs intermédiaires)

11.822 Méthode simplifiée basée sur la méthode de l'équilibre


Reprenant la procédure décrite au § Il.671-b, on essaie de trouver par tâtonnements
pour la flexion d'axe Gox un diagramme de déformations défini par sa pente (figu-
re 11.50) :

En prenant:

-soit E = fed avec Ebc ~2.10-3(l+<x<p)


S Es

-soit E!Jc =2.1O-3 (1+<x<p) avec Es ~ ~d ,


s

les valeurs retenues devant être telles que la résultante Nix des forces internes correspon-
dante soit voisine de Nil et que l'on ait: N ix ~ Nil .
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 629
y

x
h

If •

Figure 11.50

Une fois ce but atteint, on calcule le moment Ux des forces internes par rapport à l'axe
Gox, d'où. l'excentricité interne:
Mit
e· = - -
IX N.
Ct

Pour l'équilibre (cj: § 11.671) il faut avoir non seulement Ni ;:::: Nu mais aussi:

IJ. 1
avec /=-7-
n- r

L'excentricité maximale du premier ordre « possible» est donc:

I~t 1
elx.ma., =et, - -2-
n r.

De la même manière, on cherche: ..!.- = (E bc2 + Es)


':,. d.1'
630 Traité de béton armé

avec les mêmes conditions que celles prises en compte pour déterminer 1/ r.y (à noter
que nous avons introduit pour le béton une déformation désignée par Ebc2 car elle peut
différer de Ebcl) et on détermine:

Le point de coordonnée el x et el y doit être situé à l'intérieur du domaine de sécurité. Ce


dernier est défini de manière approchée en remplaçant la courbe d'interaction par sa
corde; (voir remarque au § 9.433 et figure 11.51) :

Figure 11.51

11.9 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE


DU CHAPITRE 11
- Robinson (J.R.) et Modjabi (S.S.), La prévision des charges de flambement des po-
teaux en béton armé par la méthode de MP. Faessel, Annales ITBTP, septembre 1968.
- Faessel (P.), Robinson (J.R.) et Morisset (A), Tables d'états-limites ultimes des po-
teaux en béton armé, 1971, Eyrolles.
- Faessel (P.), Morisset (A) et Fouré (8.), Le flambement des poteaux en béton armé,
Annales ITBTP, mai 1973.
- Capra (A), Flambement des poteaux en béton armé soumis à des forces horizontales.
Abaques de calcul. Annales ITBTP, janvier 1975.
- Robinson (J.R.), Fouré (8.) et Sahebdjem (A.), Flambement des poteaux carrés en
. béton chargés hors d'un plan de symétrie, Annales ITBTP, avril 1975.
- Coin (A), Etats-limites ultimes de poteaux liés, Annales ITBTP, octobre 1975.
-Robinson (J.R.), Fouré (8.) et Bourghli (Â.V.), Leflambement des poteaux en béton
armé chargés avec des excentricités différentes à leurs extrémités, Annales ITBTP,
novembre 1975.
- Morisset (A.), Stabilité des piles et des pylônes. Annales ITBTP, janvier 1976.
Chapitre 11 • État-limite ultime de stabilité de forme (flambement) 631

- CEB-FIP Manual of buckling and instability, The Construction Press, Londres, 1978
(Tables de l'annexe A3).
- Fouré (B.), Le flambement des poteaux compte tenu du fluage du béton, Annales
ITBTP, mars 1978.
- Virlogeux (M.), Justification réglementaire des pièces soumises aux effets du second
ordre selon les principes des calculs aux états-limites ultimes: problèmes liés à la sécu-
rité, Annales ITBTP, mars 1978.
632 Traité de béton armé

Rupture de bielles de béton comprimées (Essais de F. Léonhardt, Stuttgart)

Tronc de cône de poinçonnement (source: CEB)


CHAPITRE 12
EFFORT TRANCHANT
POINÇONNEMENT

Effort tranchant, poinçonnement et torsion constituent les « sollicitations tangentes»


qui, dans les Règles BAEL, font l'objet du chapitre A5. Le présent chapitre traite les
deux premières (dans l'EC2, sections 6.2 et 6.4). Les règles relatives au poinçonnement,
peu développées dans les Règles BAEL, font en revanche l'objet de prescriptions très
détaillées dans l'EC2. Elles sont données au paragraphe 12.9. Pour la torsion (dans
l'EC2, section 6.3), voir le chapitre 13.

12.1 DÉFINITION ET NOTATIONS

12.11 Définition
L'effort tranchant agissant dans une section droite L quelconque, d'abscisse x, d'une
poutre (désigné dans ce qui suit par le symbole V et non T comme dans la Résistance
des Matériaux traditionnelle) peut être défini:
soit, comme la somme des composantes, perpendiculaires à la ligne moyenne et
contenues dans le plan moyen, des forces (réactions comprises) appliquées à gauche de
cette section:
V(x) = L (forces de gauche)
- soit, comme la dérivée du moment de flexion par rapport à l'abscisse:
V(x) = dM(x)/ dx ;
Il ne faut jamais oublier que l'effort tranchant a un signe. Selon la section dans laquelle
il est calculé, l'effort tranchant peut être positif ou négatif et, selon la position des char-
ges, il peut avoir une valeur positive et une valeur négative dans la même section. Ce
signe n'a aucune importance pour la détermination des armatures d'effort tranchant,
mais tant que l'on n'en est pas arrivé à ce stade du calcul, il ne doit pas être ignoré.
634 Traité de béton armé

De la première définition, il résulte que, dans toute section où agit une force concentrée
P, l'effort tranchant subit une brusque discontinuité d'intensité égale à P.
De la seconde définition, il résulte que pour une poutre continue, dans une travée de
portée 1 aux extrémités de laquelle agissent les moments Uv sur l'appui de gauche
(YVest) et Me sur l'appui de droite (east) et où le moment de flexion varie selon la loi:
M(x) = /-L(x) + Me x Il + Uv [1 - (x / 1)]
avec ~l(X) moment de flexion dans la travée isostatique associée (de même portée et
soumise aux mêmes charges que la travée réelle), on a, par dérivation,
V(x) = d/-L(x)/ dx + (Me - Uv)/ 1
L'effort tranchant de la travée isostatique doit donc être corrigé en lui ajoutant algébri-
quement l.m terme de continuité D.M /!, dans lequel !lM est toujours égal au moment
d'appui de droite moins le moment d'appui de gauche (pour s'en souvenir, se rappeler
que dans l'ordre alphabétique, la lettre d est avant la lettre g), ces moments étant pris
avec leurs signes.
Se rappeler également que lorsqu'une poutre isostatique WE de portée 1 supporte une
charge d'exploitation uniformément répartie d'étendue variable, l'effort tranchant à mi-
portée dû à cette charge est égal à ± ql/ 8 et non zéro. Ce résultat se retrouve facilement
soit par la considération des lignes d'influence, soit en calculant l'effort tranchant dû à q
appliquée sur la longueur x, puis celui dû à q appliquée sur (1- x) (figure 12.1). En pre-
nant les forces de gauche, on détermine d'abord Rw en écrivant que, sur l'appui simple
E, Me = 0, et on obtient ensuite:
- pour le.premier cas, V(x) = Rw - qx = [qx (1 - x / 21)] - qx = - qr /21
- pour le second, V(x) =R w = (ql/2)(I-x/1)2,

Rw

wt~____~==~~~~E
t-x
}o>If----,--.,..
~---- {, -----;,..)101

Figure 12.1

La ligne-enveloppe des efforts tranchants positifs et négatifs est donc constituée de deux
arcs de parabole.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 635

Pour x = 112, on a bien V (l/ 2) = ± ql/8. En revanche, toute charge uniformément répar-
tie sur toute la portée (le poids propre de la poutre en particulier, à ne jamais oublier)1
donne bien un effort tranchant nul à mi-portée.
De même, s'il existe des charges variables concentrées QI, Q2, ... Qi,'" Qn à des distan-
ces ai> a2, ... ai, ... an de l'appui de gauche (avec al < a2 < ... < ai < ... < an), la ligne-
enveloppe en double escalier des efforts tranchants positifs et négatifs s'obtient en tra-
çant d'abord la ligne représentative correspondant à la prise en compte de toutes les
charges concentrées puis les lignes obtenues en annulant successivement et dans l'ordre
des charges QI, puis QI et Q2, puis Qi> Q2 et Q3, etc.
Il faut ensuite superposer le diagramme des charges uniformes et celui des charges
concentrées.
La difficulté de l'étude de l'effort tranchant vient de ce que si l'on peut avoir un mo-
ment de flexion sans effort tranchant concomitant (flexion « circulaire », M constant et
V nul) on ne peut avoir d'effort tranchant sans moment de flexion concomitant
(V= dM =f:. 0 ::::> M variable). Les conséquences de cette remarque concernent surtout
dx
les arrêts de barres (voir § 16.11).

12.12 Notations
EC2 BAEL
VEd 'Vu effort tranchant agissant ultime
Asw AI section d'une nappe d'armatures d'âme
S SI espacement de ces nappes mesuré parallèlement à la ligne moyenne
f;'lv f~1 limite d'élasticité des armatures d'âme
g effort de glissement par unité de longueur

'tu contrainte tangente conventionnelle du béton ('t = v" )


Il bd
0

1. Dans nombre d'ouvrages contenant des énoncés d'exercices, on relève la mention ({ on négligera le
poids propre». Il s'agit là d'une mauvaise habitude à ne pas prendre, car négliger le poids propre ne
simplifie pas pour autant le problème et peut conduire dans certains cas à sous-estimer largement la
quantité d'armatures nécessaire (cas des dalles de couverture, par exemple, où le poids propre est gé-
néralement l'action dominante. Voir aussi la remarque 2 au § 10.56).
636 Traité de béton armé

12 .. 2 EFFORT DE GLISSEMENT -
CONTRAINTES TANGENTES

12.21 Expressions générales déduites


des calculs élastiques
Soit une aire homogène quelconque Œidéalement découpée dans la section droite d'une
poutre à plan moyen soumise à la flexion simple (figure 12.2).

----.:::- - - - - - - - - - - - - - - - - , - - - - - - ,
9ô _~~~-~-{~~~~~;(4~~~-- F'Î\3 + dF'Î\3

_.1 ____ _

)
M (
r V+dV
l M+dM

dx
le -1
Figure 12.2

La contrainte normale sur un élément d'aire dŒ situé à une distance ç de l'axe neutre a
pour valeur :
Mv
(formule de la RdM : 0' = - avec v = ç et! = 1\)
1

avec 1\ moment d'inertie de la section homogène réduite (§ 5.32-2°) par rapport à l'axe
neutre.
La résultante Fen des forces élastiques agissant sur l'aire homogène Œest:

avec n = 1 si dŒ est une aire de béton comprimé et n = 15 si dŒ est une aire d'acier, Sen
moment statique de l'aire homogène Œpar rapport à l'axe neutre.

Si V n'est pas nul, entre deux sections voisines distantes de dx, M varie de dlv! et FŒ
varie donc de dFcIJ.
Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 637

On appelle effort de glissement par unité de longueur la quantité:


_ dF;13 _ dM Sœ
g-----
dx dx Il

c'est-à-dire, puisque l'effort tranchant est la dérivée du moment par rapport à l'abscisse
(v= dM ):
dx

[12.2]

L'équilibre du prisme de base CE, de longueur dx, est assuré par des contraintes tangen-
tes qui se développent sur la surface de glissement du prisme Œdx par rapport à la pou-
tre (figure 12.3).

~
u = Périmètre de l'aire 9i3 u=ABC

Figure 12.3

En supposant que ces contraintes tangentes ont même valeur "[' en tout point de cette
surface, et en appelant u la longueur de la trace de cette surface sur le plan de la section
(et donc intérieure à celle-ci), l'équilibre exige que:
dF;13 g
d'où "['= - - = -
udx u

ou, compte tenu de [12.2] : "['= g = ~ SΠ[12.3]


U Il li

Les expressions [12.2] et [12.3] sont générales. On peut les appliquer pour trouver
l'.effort de glissement et la contrainte tangente qui s'exercent:
- au niveau des armatures tendues (ou comprimées) avec CE = 15A (ou CE = 15A') et
u = m n 0 (ou li = m'n 0'), m (ou m') étant le nombre de barres de diamètre 0 (ou 0')
correspondant à la section A (ou A') ;
- sur tout plan interne d'un élément de béton (par exemple: jonction hourdis-nervure,
voir § 12.713).
638 Traité de béton armé

- sur les plans de jonction de deux éléments différents (cas des constructions compor-
tant des parties préfabriquées et d'autres coulées en place, des constructions mixtes
acier-béton, etc.).

12.22 Application: contraintes tangentes


sur un plan normal à la section droite
et parallèle à l'axe neutre
Considérons le plan de trace MM' = bç, à la distance ç de l'axe neutre (figure 12.4). En
appliquant les formules [12.2] et [12.3] on trouve (avec u = bç) :

et

avec SIÇ moment statique par rapport à l'axe neutre de l'aire MBM' rendue homogène.

AN

Figure 12.4

Or l'équation [12.1] appliquée à toute la zone comprimée de la section donne la résul-


tante des efforts de compression Fbsc sur toute cette zone, c'est-à-dire:

Fbsc = fI B+15A'
O'ç n dB
M
= -Il fI B+15A'
M
Ç(ndB)= - SI
Il
avec:
n = 1 si dB est une aire de béton comprimé,
ou n = 15 si dB est une aire d'acier comprimé,
SI moment statique par rapport à l'axe neutre de la zone comprimée (homogène) de la
section réduite.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 639

Comme F bsc = M (équation de la Statique), on en tire: z = il


Z SI

et on peut donc aussi écrire :

[12.4]

[12.5]

La contrainte 'tç s'exerce en tout point P du plan de trace MM' à la fois dans ce plan et
dans le plan même de la section (théorème de Cauchy, en Résistance des Matériaux).
Au-dessous de l'axe neutre, comme on néglige le béton tendu, on a SIÇ = SI quel que
soit ç.
D'où, entre l'axe neutre et le centre de gravité des annatures tendues:

gç = gmax = ~ = Ce [12.6]
Z

[12.7]

La valeur maximale 'tb de 'tç s'obtient pour la valeur minimale de bç entre l'axe neutre et
le centre de gravité des annatures tendues.
Pour une section rectangulaire ou en T, au-dessous de l'axe neutre, on a toujours
bç min = bo (largeur de la nervure) = Cc d'où

[12.8]

ou encore, compte tenu de ce que z ~ 0,9 d:


v [12.8bis]
640 Traité de béton armé

12.23 Effets des contraintes tangentes


Entre l'axe neutre et le centre de gravité des armatures tendues, un prisme élémentaire à
base carrée ABCD (AB = dx parallèle à la ligne moyenne), et de hauteur ho est soumis
dans le plan des quatre faces uniquement à des efforts de glissement g dx (figure 12.5)1.

Plan neutre (1)

c gdx

D
~B
~,..
~ gdx
gdx

Figure 12.5

Sur l'élément plan de trace BD, d'aire ho dx Ji , s'exerce (figure 12.6) un effort de
traction gdxJi , c'est-à-dire une contrainte de traction:
v

C gdx
"""----..... c
D JfD li>
" / gdx
gdx " /
~ Résultante: gdx--!2 // Résultante: gdx--!2

Figure 12.6

1. Le « plan neutre », ou lieu des axes neutres des sections fissurées de la figure 12.5 est en réalité une
vue de l'esprit. Il n'existerait que si le nombre des fissures était infini, c'est-à-dire si toutes les sec-
tions étaient également armées et toutes fissurées. En fait, comme on arrête généralement une partie
des barres en travée (voir § 16.11) et comme la fissuration est un phénomène discontinu, on a une
« surface neutre », du style « montagne russe» (points hauts à l'emplacement des fissures).
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 641

On démontrerait de même que l'élément plan de trace AC est soumis à une contrainte
de compression cre = 'tb.
Ainsi, outre les contraintes tangentes 'tb longitudinale et transversale, l'effort tranchant
provoque sur des plans inclinés à 45° sur la ligne moyenne des contraintes de traction crI
et de compression cre toutes deux d'intensité égale à 'tb (mais voir remarque ci-après).
Les conséquences sont les suivantes (figure 12.7).
1) Risque de fissuration à 45° là où 'tb est élevé, c'est-à-dire au voisinage des appuis (le
sens de cette fissuration étant toujours celui susceptible de conduire à un effondrement).
D'où la nécessité de « coudre» les fissures obliques (même si elles ne sont que poten-
tielles) par des armatures dites «armatures d'âme» (voir figures 12.24 et 12.27).
2) Risque d'écrasement du béton suivant les «bielles» découpées par les fissures, une
fois celles-ci cousues.
D'où la nécessité de limiter tb pour ne pas avoir une contrainte excessive de compres-
sion dans les bielles de béton.

Figure 12.7

Remarque .'
Lorsque les fissures obliques se sont produites, la conclusion précédente:
crI = cre = tb n'est plus valable. Il ya redistribution des efforts entre les armatures
d'âme tendues d'une part et les bielles de béton comprimé de l'autre.
Par exemple, dans le cas d'armatures d'âme « droites» (c'est-à-dire perpendiculai-
res à la ligne moyenne) les contraintes du béton après fissuration oblique sont res-
pectivement

(voir formule [12.45])


642 Traité de béton armé

12.. 3 COMPORTEMENT EXPÉRIMENTAL


DE POUTRES FLÉCHIES SOUS L'EFFET
DE L'EFFORT TRANCHANT
La résistance à l'effort tranchant des poutres fléchies a fait l'objet de nombreuses études
et de controverses animées.
Comme pour la flexion - et peut-être plus encore que pour la flexion - il était donc
nécessaire de soumettre au contrôle de l'expérience les résultats auxquels conduit
l'application des théories classiques (comme celle de E. M6rsch) en ce qui concerne la
résistance des poutres en béton armé aux effets de l'effort tranchant.
Vers 1900, beaucoup d'ingénieurs s'imaginaient que le rôle des armatures d'âme, dans
les poutres en béton armé, était analogue à celui que jouent des pointes assemblant une
superposition de planches soumises à la flexion. Autrement dit, ces ingénieurs pensaient
que des fissures horizontales pouvaient se produire dans les poutres et que la résistance
était acquise grâce aux coutures réalisées par les armatures d'âme. Ils évaluaient l'effort
de glissement le long d'une fissure supposée horizontale, en retranchaient la résistance
au cisaillement attribuable au béton et disposaient des armatures d'âme pour équilibrer
l'effort de glissement résiduel. La Circulaire ministérielle de 1906 est rédigée en sorte
que ce mode de calcul paraît, au moins à première lecture, admissible.
Or, dès 1907, Emil M6rsch en Allemagne, puis Augustin Mesnager en France mon-
traient par le raisonnement et l'expérience: d'une part que les poutres se fissurent non
pas hqrizontalement mais obliquement au voisinage des appuis et que, d'autre part,
avant fissuration oblique, les contraintes des armatures d'âme sont négligeables (figu-
re 12.19). Ils en concluaient qu'au contraire, après fissuration, la résistance devait être
assurée par les armatures d'âme seules, considérées comme les montants tendus d'une
poutre à treillis du type Howe, à nœuds articulés, à membrure comprimée et diagonales
comprimées constituées par le béton et à membrure tendue constituée par les armatures
longitudinales tendues.
La conception selon laquelle une partie de la résistance est fournie par le béton et le
complément par les armatures d'âme est sans conséquence quand la part attribuée au
béton est faible par rapport au total. Elle devient très dangereuse quand c'est l'inverse
qui se produit: alors, après fissuration oblique, la contrainte des armatures d'âme peut
dépasser leur limite d'élasticité et même leur résistance à la traction et c'est
l'effondrement brutal, sans signe précurseur. Cette méthode de calcul a été la cause de
nombreux accidents.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 643

12.31 Dispositions particulières


aux essais de poutres à l'effort tranchant
À moins qu'il ne s'agisse de poutres ne comportant aucune armature, ou en comportant
un pourcentage très faible, les études expérimentales de l'effet de l'effort tranchant sur
des poutres reposant sur deux appuis simples et soumises à une ou deux charges
concentrées, se heurtent à deux difficultés.
La première difficulté est qu'il convient d'appliquer la ou les charges à une certaine
distance des appuis; sinon, on se trouve en présence de phénomènes de transmission
directe qui viennent fausser les résultats. Ces phénomènes donnent lieu à des effets
particuliers qui interviennent dans le fonctionnement des armatures d'âme et dont on
tient compte dans les calculs comme indiqué aux § 12.52,2°, 12.632 et 12.645). On
considère que, pour éviter ces effets, les charges doivent être appliquées à une distance
des appuis au moins égale à quatre fois la hauteur de la poutre. Cette distance est sou-
vent désignée sous le nom de« portée d'effort tranchant ».
La seconde difficulté est une conséquence de celle qui vient d'être évoquée: les disposi-
tions que cette dernière conduit à prendre déterminent, dans les sections voisines du
milieu de la portée, des moments de flexion importants et si l'on veut éviter que les
ruptures ne se produisent sous l'effet de ces moments, les poutres soumises aux essais
doivent présenter une sécurité surabondante vis-à-vis des ruptures par flexion, tant en ce
qui concerne la résistance du béton comprimé que celle des armatures tendues. Pour
atteindre ce but, les poutres doivent comporter une table de compression (avec le cas
échéant des armatures longitudinales comprimées) et éventuellement un talon logeant
une section largement suffisante d'armatures tendues. On est donc normalement amené
à essayer des poutres à section en T, voire en double T (généralement dissymétrique)
(voir figures 12.8 et 12.19).

12.32 Poutres sans armatures d'âme


Dans le cas de poutres ne comportant pas d'armatures d'âme, les essais sont souvent
effectués sur des poutres de section rectangulaire. En accord avec ce que prévoit la
théorie (voir § 12.23), on voit apparaître sous une certaine charge, dans la zone proche
d'un appui, une fissure sensiblement inclinée à 45° et la rupture survient brutalement
presque aussitôt. En effet, une fois cette fissure produite, par exemple, au voisinage de
l'appui de gauche de la poutre, la partie située à droite n'est plus liée à celle de gauche
que par les armatures longitudinales inférieures mais celles-ci ont une résistance propre
à.la flexion très réduite et se déforment en faisant éclater vers le bas le béton d'enrobage
de la partie gauche (figure 12.8). La contrainte tangente calculée à partir de l'effort
tranchant Vu de rupture, soit 'tu = ~ (avec zo, bras de levier du couple de flexion dans
hozo
la section totale homogène: Zo "'" 2h/3) est normalement comprise entre 0,6 f,r et 0,8 f,r,
avec f,r. résistance à la traction du béton au jour de l'essai.
644 Traité de béton armé

Les résultats sont assez dispersés, comme le sont tous ceux qui sont en liaison directe
avec la résistance à la traction du béton. Si la poutre comporte une table de compres-
sion, la fissure inclinée apparaît dans des conditions identiques à celle du cas précédent,
mais contrairement à ce que prévoit la théorie, la rupture se produit sous une charge plus
élevée que celle correspondant à l'apparition de la première fissure oblique dans l'âme;
elle est aussi moins brutale. Cela vient de ce que par suite du rôle qu'assume la table de
compression dans la transmission des efforts, les contraintes de compression qui s'y
développent lui contèrent une résistance élevée à des efforts tangents.

12.33 Poutres comportant des armatures


d'âme « droites »
Les armatures d'âme sont dites « droites» lorsqu'elles sont perpendiculaires à la ligne
moyenne de la poutre.
Ce cas est celui de poutres horizontales comportant des cadres ou des étriers verticaux
qui constituent la forme la plus usuelle des armatures d'âme des poutres courantes.
Si l'on soumet de telles poutres à des charges croissantes, des fissures inclinées sensi-
blement à 45° apparaissent dans l'âme vers le milieu de la hauteur de la poutre dans les
zones comprises entre les appuis et les sections d'application des charges, pour des
contraintes tangentes qui sont du même ordre que pour les poutres sans armatures
d'âme; ce phénomène est bien conforme à ce que prévoit la théorie du treillis de Mors-
ch (voir § 12.623) puisque les armatures d'âme droites ne peuvent intervenir avant fis-
suration du béton et, par conséquent, ne peuvent retarder cette fissuration.
Mais ces fissures n'affectant pour commencer qu'une fraction de la hauteur de la sec-
tion, les efforts de compression qui agissent sur la partie non fissurée lui contèrent une
meilleure résistance aux efforts tangents. Il en résulte que la contrainte des armatures
d'âme est inférieure à celle calculée par la théorie de Morsch (voir figure 12.19) et
qu'une fraction de la résistance est bien due à une contribution du béton, mais dans des
conditions toutes différentes de celles envisagées au début du XXe siècle.
De plus, les deux parties de la poutre séparées par une fissure demeurent liées l'une à
l'autre par les armatures d'âme et la rupture ne survient pas dès que les fissures incli-
nées se produisent. Si certaines conditions sont remplies, l'expérience montre ensuite
que les charges continuant à croître, il apparaît de nouvelles fissures plus inclinées sur la
ligne moyenne, ou bien les premières fissures apparues vers le milieu de la hauteur de la
poutre se développent en s'inclinant vers les parties supérieure et inférieure de la poutre.
Ces fissures s'accentuent de plus en plus jusqu'à la rupture, alors que le premier réseau
à 45° cesse d'évoluer ou évolue peu (figure 12.8). Il faut reconnaître que cette observa-
tion n'est pas absolument générale et que, dans certains cas, les fissures à 45° sont lar-
gement ouvertes au moment de la rupture.
Celle-ci peut survenir soit par rupture des cadres ou étriers avec striction apparente, soit
par écrasement des bielles comprimées du béton nettement plus inclinées que 45° sur
l'axe longitudinal de la poutre. Mais le fait que les fissures soient plus inclinées impli-
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 645

que qu'elles sont traversées par une section d'armatures plus grande que ne l'indique la
théorie classique de Ritter-Morsch.
Les règlements antérieurs à 1960 avaient fixé la même limite admissible pour la
contrainte des armatures longitudinales et pour celle des armatures d'âme. Des poutres
ainsi calculées, dans lesquelles la contrainte tangente sous charge de service est modé-
rée, périssent en principe par flexion plutôt que par effet de l'effort tranchant.

Poutre sans armatures d'âme Rupture par insuffisance des armatures d'âme

Rupture par compression des bielles en béton

Figure 12.8

On peut donc dire que dans de telles poutres, la sécurité vis-à-vis de la rupture par effort
tranchant est nettement plus élevée que la sécurité vis-à-vis de la rupture par flexion.
Dans les Règles BA 1960 et CCBA 1968, cette anomalie avait été corrigée en tenant
compte dans une certaine mesure des phénomènes décrits précédemment et en adoptant
pour la contrainte admissible des armatures d'âme des valeurs d'autant plus élevées que
la contrainte tangente du béton était faible mais ce n'était là qu'un artifice.
Les Règles BAEL ont choisi une autre voie, plus conforme aux résultats des essais (voir
§ 12.634). Elles font intervenir une contribution du béton, basée sur les résultats
d'essais effectués à Stuttgart. Elles permettent une économie sur les armatures d'âme de
l'ordre de 20 à 40 % par rapport aux règlements antérieurs. L'EC2 a choisi lme troisiè-
me voie, basée elle aussi sur les résultats d'essais, mais faisant intervenir une inclinai-
son variable des bielles de béton (voir § 12.61 et 12.64).
Ce qui précède ne doit pas être interprété comme une invitation à se dispenser
d'examiner avec soin les conditions de résistance des poutres aux effets de l'effort tran-
chant. Bien au contraire, les statistiques montrent que les insuffisances de résistance à
l'effort tranchant causent plus d'accidents graves que les insuffisances de résistance en
flexion. Ces dernières présentent en général, avant rupture, des phénomènes « avertis-
seurs » de déformation importante et de fissuration accentuée.
646 Traité de béton armé

12.34 Cas de poutres comportant des armatures d'âme


sous forme de cadres ou d'étriers inclinés
Les essais effectués sur de telles poutres font apparaître, comme le prévoit la théorie, un
certain avantage quant à l'apparition des premières fissures, mais il faut bien reconnaître
que la complication des opérations de ferraillage qu'il implique fait que l'emploi de
telles armatures n'est pas très fréquent.

12.35 Cas de poutres comportant des barres


relevées a 45 0 au voisinage des appuis
De telles barres (figure 12.30) sont également efficaces pour retarder l'apparition des
premières fissures et pour permettre théoriquement des contraintes tangentes plus éle-
vées, mais ces avantages ne sont réels que si ces armatures sont de diamètre réduit et
sont bien réparties sur une certaine longueur de la poutre.
Leur emploi était autrefois très généralisé dans certains pays, en particulier chez les cons-
tructeurs allemands et autrichiens, et à la même époque assez fréquent en France bien
que dans une moindre mesure, et essentiellement limité aux zones voisines des appuis.
Depuis, malgré l'avantage théorique que ces dispositions présentent, leur utilisation est
considérablement réduite en raison des complications d'exécution qu'elles impliquent.
Il faut ajouter que l'on a trop souvent abusé de leur emploi avec des barres de diamètre
important dans des poutres de faible hauteur où compte tenu des courbures de sens
inverse en parties inférieure et supérieure, la dimension de la partie rectiligne entre les
deux, théoriquement à 45°, était souvent très réduite, voire inexistante.
Pour toutes ces raisons, on préfère maintenant utiliser, lorsque l'importance des
contraintes tangentes le requiert, un réseau d'armatures d'âme droites et de barres paral-
lèles à la ligne moyenne réparties sur la hauteur de la poutre, la section de ces dernières
dans la hauteur de la section étant la même que celle des armatures d'âme droites sur
une longueur égale à cette hauteur.
Cette disposition, mentionnée dans les Règles BAEL (voir § 12.633, remarque 2), est
assez efficace vis-à-vis de la rupture des bielles de béton comprimées. Elle est par
contre peu économique vis-à-vis de la quantité d'acier qu'elle exige, puisque les arma-
tures parallèles à la ligne moyenne ne jouent aucun rôle dans la résistance à l'effort
tranchant l , qui demeure assurée par les seules armatures d'âme droites.

1. En effet, considérer qu'une force oblique peut se décomposer suivant deux forces égales dans deux
directions à 45° par rapport à celle-ci n'est qu'une illusion d'optique si les deux armatures censées
équilibrer ces composantes sont indépendantes l'une de l'autre. L'emploi de treillis soudé, par suite
du mode d'assemblage des barres entre elles, constitue, de ce point de vue, la meilleure solution pour
réaliser un tel maillage.
Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 647

12.4 PRINCIPES GÉNÉRAUX


DES VÉRIFICATIONS
À L'EFFORT TRANCHANT

12.41 Règles BAEl


Les vérifications concernant l'effort tranchant sont demandées uniquement à l'état-
limite ultime. Le cas des états-limites de service est traité par des conditions particuliè-
res à respecter à l'état-limite ultime.
, n
Al' état-limite ultime, l'effort tranchant agissant ultime est défini par V;, = L Y)lki .
1

Plus précisément, la combinaison «fondamentale» à considérer s'écrit symbolique-


ment, en application des principes énoncés au § 3.421-1 :
Vu = 1,35 VGmax + VGmin + 1,5 VQ!+ 1,3 L'lfOi VQi
1>1

Dans les cas les plus courants, l'effort tranchant agissant ultime sera fréquemment défi-
ni par:
V;, = 1,35 VG + 1,5 VQ
(VG effort tranchant dû aux charges permanentes, VQ effort tranchant dû aux charges
variables).
Théoriquement, il faudrait considérer dans les calculs la contrainte tangente physique
obtenue à partir de la formule [12.8], en y faisant V = V;,.
Afin de simplifier les calculs, dans les Règles BAEL (art. A-5.1, 1), la hauteur utile da
été substituée au bras de levier z. Ces Règles se réfèrent donc à une contrainte tangente
conventionnelle! :

'Cu = Vu (m, MN, MPa) [12.9]


bod

et elles envisagent:
1) la justification d'une « section courante » (art. A 5.1,2) vis-à-vis:
- de l'écrasement des bielles de béton, supposées inclinées à 45° ;
:.... des armatures d'âme, déterminées par le treillis de Morsch (voir § 12.623) corrigé
expérimentalement.
2) la justification des zones d'application des efforts (zones d'about ou d'appui en parti-
culier, voir § 12.8)

1. Compte tenu de l'équation [12.8bis], on a Til = (0,9 Tb)u


648 Traité de béton armé

12.42 EC2
L'EC2 raisonne directement à partir de l'effort tranchant agissant de calcul VEd (== V;J
qui doit être comparé à trois efforts tranchants résistants:
- VRd,c:effort tranchant résistant de calcul pour les éléments sans armatures d'effort
tranchant (voir § 12.52-1°),
- Vu s : valeur de calcul de l'effort tranchant équilibré par les armatures d'effort tran-
chant à l'état-limite ultime (voir 12.622-2),
- Vd max: valeur de calcul de l'effort tranchant maximal que peut supporter un élément,
avant l'écrasement des bielles de béton (voir § 12.52-3° et expression [12.15]).
Les différents modes de vérification prescrits par l'EC2 sont détaillés aux § 12.52 et
§ 12.64.

12.5 ÉLÉMENTS DÉPOURVUS D'ARMATURES


D'EFFORT TRANCHANT

12.51 Règles BAEL


~ Référence: Art. B 6.7,1
En France, seules peuvent êtres dépourvues d'armatures d'âme:
- les dalles bétonnées sans reprise sur toute leur épaisseur, et pour lesquelles

0,07 l'
'ru _ < --jc28
Yb
sous certaines réserves, les zones centrales des poutres secondaires de planchers, et les
nervures de planchers à nervures croisées si, dans ces zones,
'ru :s 0,031c28.

12.52 EC2
L'EC2 permet de ne prévoir aucune armature d'effort tranchant dans les éléments qui
ont une capacité suffisante de distribution transversale des charges (dalles pleines, ner-
vurées ou alvéolées), ainsi que dans les éléments de faible importance, qui ne contri-
buent pas de manière significative à la résistance et à la stabilité de l'ouvrage (cas des
linteaux de portée au plus égale à 2 m par exemple).
Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 649

Pour de tels éléments, la condition à satisfaire pour pouvOIr se passer totalement


d'armatures transversales d'effort tranchant est:
VEd ~ VRd,e
Pour tous les autres éléments, même si VEd ::; VRd,e, une armature d'effort tranchant mi-
nimale est requise.
En outre, dans l'un et l'autre cas, l'effort tranchant agissant ne doit pas entraîner
l'écrasement des bielles de béton comprimé, c'est-à-dire que finalement, il faut:
VEd ~ VRd, max (pour VRd, max, voir 3° ci-après)
1° Calcul de VRd,e
La formule qui donne VRd,c est d'origine expérimentale et contient de nombreux paramè-
tres. Ce fait est critiqué par certains ingénieurs français (aussi bien en ce qui concerne ce
nombre qu'en ce qui concerne l'influence des paramètres considérés), mais cette criti-
que repose plus sur le « sentiment» que sur une réelle analyse de la manière dont les
paramètres ont été fixés.
La méthode suivie consiste à étudier la variation de l'effort tranchant de rupture en
fonction d'un seul des paramètres « supposés» (toutes autres choses égales par ailleurs),
à voir s'il existe une loi-enveloppe, puis à recommencer avec un autre paramètre, en les
faisant varier successivement un par un.
En ce qui concerne VRd,e, les paramètres ainsi pris en compte sont:
- la résistance du béton à la compression (fck),
-l'épaisseur des pièces (k),
-le pourcentage d'armatures longihldinales (Pl),
-la présence d'un effort normal s'exerçant sur la section (O'ep).
La formule retenue par l'EC2 est:
VRd,e = [(0,18k/yc) (l00 pdck) 'l) + 0,15 O"cp] bw d [12.10]

avec:

k;;:;. 1 + .J200 1d :s 2,0 (d en mm)


PI = Asti blld:s 0,02
Asi aire de la section de l'armature tendue qui continue sur une distance hd + d
au-delà la section considérée (figure 12.9).
bl\' largeur minimale (en mm) de la section entre l'axe neutre et les armatures
tendues.
Ick en MPa
650 Traité de béton armé

4!!j",;'{, : iId
r11+c~t=bd~;t-v~'-Ic7>T
•. •. T··1~'
Ed __ " _ _

® Section considérée
Figure 12.9

(MPa)
Ac aire de la section droite
NEd effort nonnal de calcul agissant dans la section considérée (NEd >
d'une compression).
° s'il s'agit

V Rd, c ne peut être pris inférieur à : V Rd, c min = (Vmin + 0,15 (Jcp) hw d
avec Vmin = 0,035 e/ 2
/ fc~2

L'Annexe Nationale remplace 0,035 f(lI2 par:


- 0,34/yc pour les dalles bénéficiant d'un effet de redistribution transversale;
(0,053/yc) k 3/2 pour les autres dalles et pour les poutres;
- 0,35/~c pour les voiles.
2° Prise en compte des phénomènes de transmission directe
Les phénomènes de transmission directe sont analysés en détail au § 12.632.
Dans l'évaluation de l'effort tranchant agissant VEd, toute charge concentrée appliquée à
une distance av du nu d'un appui telle que 0,5d :::; av :::; 2d (figure 12.10), n'est prise en
compte que pour une fraction f3 de sa valeur, avec f3 = av /2d. Cette réduction, qui sup-
pose que les armatures longitudinales sont totalement ancrées au droit du nu d'appui,
peut être appliquée pour vérifier que V Ed :::; VRd,c calculé par [12.10], mais non pour véri-
fier que V Ed :::; V Rd, max. Pour av < 0,5 d, il faut prendre av = 0,5 d.
Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 651

• Poutre avec appui direct . , Corbeau

Figure 12.10

3° Valeur de VRd, ItlaXdans le cas où il ny a pas d'armatllres d'effort tranchant


VEd calculé sans appliquer le coefficient de réduction ~ doit satisfaire la condition:
VEd :::; 0,5 bw d 'U !cd
avec 'U = 0,6 [ 1 - (fck / 250) ] (j~k en MPa)
Pour l'origine du coefficient 'U, voir § 12.622-1.

12 .. 6 ÉLÉMENTS REQUÉRANT UNE


ARMATURE D'EFFORT TRANCHANT

12.61 Analyse des essais de poutres


Comme l'avait fait Morsch et comme le suggère le comportement des poutres lors des
essais, on considère qu'à l'état fissuré, le schéma résistant d'une âme de poutre est celui
d'un treillis constitué par :
-la membrure comprimée (zone de béton comprimée par la flexion)
0- les armatures longitudinales tendues
- les bielles de béton comprimées découpées par les fissures obliques, qui forment un
angle e avec la ligne moyenne de la poutre
-les armatures d'âme tendues, qui forment un angle cr avec la ligne moyenne de la
poutre.
652 Traité de béton armé

D'après une théorie, dite du «treillis spatial évolutif» apparue dans les années 70 et
basée sur le principe de l'adaptation plastique, la rupture est atteinte après des redistri-
butions d'efforts qui résultent de la plastification successive des éléments constitutifs du
treillis ci-dessus défini.
Cette adaptation se traduit dans l'équilibre du treillis par une variation de l'angle 9
d'inclinaison des bielles, qui peut être une augmentation ou une diminution par rapport
à l'angle de fissuration initial, selon l'ordre dans lequel la plastification apparaît pour les
armatures longitudinales et transversales (l Fauchart et autres, CEBTP à Saint-Rémy-
lès-Chevreuse). La rupture du béton des bielles est, elle aussi, prise en compte.
On rappelle que, lorsqu'un matériau atteint sa phase de plastification, sa déformation
croît plus rapidement que sa contrainte et qu'il continue de se déformer à contrainte
constante ou très légèrement croissante (voir chapitre 2, figure 2.1). L'effort (de com-
pression ou de traction) qu'il peut supporter n'augmente donc pratiquement plus. Il a
atteint un « plafond ».
Si les armatures longitudinales devaient se plastifier en premier, il faudrait théorique-
ment, pour que les charges extérieures puissent continuer de croître alors que l'effort
dans ces armatures est plafonné, que l'angle 9 puisse augmenter, de manière à solliciter
davantage les armatures d'âme et les bielles de béton. Toutefois, une telle augmentation
ne semble pas physiquement possible. Elle n'a jamais été observée dans les essais.
Par ailleurs, dans les sections de moment maximal, critiques en flexion, l'effort dans les
armatures longitudinales n'est que peu influencé par une variation éventuelle de
l'angle 9 d'inclinaison des bielles de béton. Il en résulte que l'état-limite ultime de résis-
tance en flexion (plastification des armatures longitudinales) peut être considéré indé-
pendamment de l'état-limite ultime de résistance à l'effort tranchant (plastification des
armatures d'âme et du béton des bielles) sous réserve que des sections autres que celles
de moment maximal (par exemple, les sections d'arrêt de barres) ne deviennent pas
critiques.
Seul mérite donc d'être analysé le cas, toujours rencontré dans les essais, où les armatu-
res d'âme se plastifient avant les armatures longitudinales. Dans ce cas, le treillis se
forme initialement à un angle 90 (figure 12.11). L'effort tranchant augmente jusqu'à ce
que la plastification des armatures d'âme soit atteinte. L'effort de traction qu'elles peu-
vent équilibrer est alors plafonné à FS I\'.II, mais l'effort tranchant peut continuer
d'augmenter par diminution de l'angle 9, jusqu'à ce que la résistance limite des bielles
(Fbu ) soit atteinte.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 653

Fissuration (9 0 ) Plastification Rupture

LJ 90
bO
F swo
Fsw,u Fsw,u

Figure 12.11

La figure 12.12 représente les efforts et les contraintes agissant sur la surface de rupture
par effort tranchant d'une poutre munie d'armatures d'effort tranchant.

Hauteur de béton comprimé par flexion Encastrement

i ___L;; :çF o

#"
#" 'te
,·,.·,.··.·u"'·y V Engrènement
granulats

/ Forces
~!:alentes

Effet de goujon
d'âme

l
Fg

Figure 12.12

Après l'apparition des fissures obliques inclinées de 90' (angle d'inclinaison de la direc-
tion principale de compression sur l'axe de la poutre), la résistance à l'effort tranchant
est assurée :
- pour une part, par la membrure comprimée, qui demeure comprimée par la flexion
(force F::) ;
- pour l'autre part, la plus importante dès que le pourcentage d'armatures d'âme est
relativement élevé, par le mécanisme du treillis.
Ce mécanisme est complexe:
1. Les deux faces en regard d'une fissure oblique ne sont pas planes: les granulats for-
ment de part et d'autre des saillies. Sous l'action d'un effort tangent provoquant un
glissement relatif des deux faces l'une sur l'autre, il se produit un phénomène dit
« d'engrènement (interlock) des granulats ».
654 Traité de béton armé

2. Un autre phénomène intervient également dans le mécanisme de la rupture par effort


tranchant. C'est 1'« effet de goujon» des armatures longitudinales. On appelle ainsi la
résistance qu'offrent les barres longitudinales, scellées de part et d'autre dans les deux
parties de poutre séparées par une fissure, à une sollicitation dans le sens vertical lors-
que ces deux parties tendent à se déplacer l'trne par rapport à l'autre [en l'absence
d'armatures d'effort tranchant, ce phénomène se manifeste de manière très apparente
par une fissuration longitudinale du béton d'enrobage (figure 12.8)].
3. Contrairement à l 'hypothèse de Morsch (§ 12.623), le treillis n'est donc pas isostati-
que, en raison des efforts d'engrènement des granulats le long des fissures, de
l'encastrement des bielles dans la membrure comprimée (moment Me) et de l'effet de
goujon (Fg ). Ce dernier effet est équivalent à un encastrement des bielles dans la mem-
brure tendue (M~ ).

L'existence des contraintes tangentes dues à l'engrènement des granulats le long des
fissures fait que la direction principale de compression s'incline suivant un angle 9 < 90 ,
Lorsque l'effort tranchant augmente, les contraintes Te augmentent aussi, entraînant une
diminution encore plus accentuée de 9, ce qui explique l'apparition du second réseau de
fissures, d'inclinaison inférieure à celle des fissures initiales, observée lors de certains
essais (§ 12.33).
Cependant, après plastification des armatures d'âme, l'accroissement des ouvertures des
fissures obliques réduit les possibilités d'engrènement, et les variations de 9 ne peuvent
plus provenir alors que de l'adaptation plastique. Les moments d'encastrement n'ont
aucun effet sur la compression moyenne des bielles, mais ils influent sur leur résistance.
Par rapport à la compression simple (hypothèse de Morsch), la réduction de résistance
est due'à un état de contraintes complexe: compression parallèle aux fissures, traction
oblique entraînée par les armatures d'âme par suite de leur adhérence au béton des biel-
les qu'elles traversent et flexion due aux encastrements dans les membrures. [Dans les
calculs, cette réduction est prise en compte au moyen d'un coefficient u:s 1 appliqué à
la résistance à la compression du béton, voir § 12.622-1].

12.62 Conduite des calculs par référence


à un modèle de treillis
Considérons une poutre en béton armé, à section rectangulaire, donc de largeur hw
constante l ou encore à section à table de compression et nervure rectangulaire, sollici-
tée en flexion simple. Après fissuration oblique, la poutre peut être assimilée à une
poutre triangulée à treillis plan multiple dans laquelle (figure 12.13) :
- la membrure tendue est constituée par les armatures longitudinales tendues,

1. Dans certains ouvrages, la figure qui illustre la méthode représente, en coupe, une section circulaire
ou de fonne quelconque: c'est une ineptie. Pour les sections circulaires, on peut se ramener à une
section rectangulaire équivalente, voir § 12.637.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 655

- la membrure comprimée est constituée par la zone comprimée de la poutre (béton et


éventuellement armatures longitudinales comprimées),
- la hauteur (distance entre les résultantes des efforts normaux dans les deux membru-
res) est égale au bras de levier z, pris forfaitairement égal à 0,9 d (d, hauteur utile des
armatures longitudinales tendues),
-les diagonales comprimées sont les bielles de béton découpées par les fissures obli-
ques d'inclinaison e sur la ligne moyenne de la poutre,
-les diagonales tendues sont les armatures d'âme, (inclinaison a sur la ligne moyenne,
section As", par nappe, espacement s des nappes parallèlement à la ligne moyenne).

O,9d

Figure 12.13

Pour simplifier, on considère une zone de poutre le long de laquelle l'effort tranchant peut
être supposé constant, et on représente la poutre avec une ligne moyenne horizontale.
Le pourcentage géométrique des armatures d'âme est:

s sin a, espacement des nappes dans la direction normale à celle des armatures d'âme.

12.621 Hypothèses
1°) Les barres constituant l'armature longitudinale n'offrent aucune résistance à des
forces latérales (on néglige donc « l'effet de goujon ») et ne peuvent transmettre que des
forces de traction ou de compression dirigées suivant leur axe;
2°) L'espacement des brins de l'armature d'âme aussi bien dans le sens de la ligne
moyenne que dans les plans des sections droites est suffisamment faible pour que, si
chacun de ces brins est soumis à une contrainte O's,,", leur action globale puisse être
considérée comme équivalente à une contrainte PlV O'sw uniformément distribuée sur une
section perpendiculaire à leur direction;
656 Traité de béton armé

3°) Le béton de la poutre est dans un état de compression uniaxial et n'offre aucune
résistance à la traction; on suppose donc que les bielles forment un champ de compres-
sion diagonal, la contrainte crbc étant inclinée de 8 sur la ligne moyenne;
4°) Les dispositions constructives sont telles que des ruptures locales ne peuvent se
produire; autrement dit, les éléments du treillis sont tous supposés convenablement
ancrés.

12.622 Équations du problème


Pour établir ces équations, la méthode la plus simple, et la plus rapide, est d'opérer
comme on le retrouvera plus loin pour la« règle des coutures» (voir § 12.71)

Figure 12.14

Soit un élément plan, de largeur hw, perpendiculaire au plan moyen et parallèle à la ligne
moyenne, soumis à un glissement longitudinal gdx. Outre l'effort gdx, cet élément est
soumis (voir figure 12.14) :
- à une force de compression dFc (bielle comprimée)
- à une force de traction dFt (armatures d'effort tranchant)
La section droite de la bielle étant hw dx sin 8, on a :
dFc = crbc hw dx sin 8
en désignant par crbc la contrainte de compression de la bielle.
De même, si crswdésigne la contrainte des armatures d'âme, on a :

drfc:'I = h
A"I>'
' crs", (h w d x
sm'a.) = Pw crSI\' hw dx sm
. a.
s wsma.

En projetant les forces sur l 'horizontale, on trouve:


g dx = dFc cos 8 + dFt cos a.
ou encore: g dx = crbc hw dx sin 8 cos 8 + Pw crSlV hw dx sin a. cos a.
Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 657

ou, en divisant par bw dx :


'Lb = O'bcsin S cos S + PlV O'swsin a cos a [12.11]

En projetant les forces sur la verticale, on obtient:


• 2S
O'bc sm
.?
- PlV O'SIV Sln~ a =0 [12.12]

De [12.11] et [12.12], on tire:

'Lb
= --:----"----
O'bc 2
[12.13]
sin S (cotS + cota)

'Lb
PlV O'sw = - -2- - - " - - - - [12.14]
sin a (cotS+ cota)

12.622-1 Umite imposée par la compression des bielles de béton

Plaçons-nous à l'état-limite ultime: 'Lb = ~.


0,9

La contrainte des armatures d'âme ne peut atteindre la résistance de calcul f; ..tI =hw/Ys
que si la résistance à la compression des bielles de béton n'est pas dépassée, c'est-à-dire
SI :

O'bc:S Df~k/Yc = D!cd


D étant un coefficient à déterminer expérimentalement (coefficient d'« efficacité»).
Ce coefficient est au plus égal à 1. En effet, ainsi que cela a été mentionné dans
l'analyse des essais (§ 12.61), les bielles de béton ne sont pas simplement compri-
mées, mais sont également soumises, entre autres, à des efforts de traction transver-
saux provoqués par la mise en traction des armatures d'âme adhérentes au béton, ce
qui a pour effet de diminuer leur résistance à la compression suivant leur axe (essais
de J.-R. Robinson et J.-M. Demorieux, voir § 12.10).
Compte tenu de l'expression [12.13] la borne de l'effort tranchant qui définit l'état-
ultime limite atteint par écrasement des bielles comprimées est, en remplaçant dans
. . ')s par
cette expreSSIOn sm-
1
2
1+ cot S
VRd• max = D lcd (0,9 d bw) (cot S + eot a)/( 1 + cor S) [12.15]

. Pour le coefficient D, l'EC2 retient la valeur:


D = 0,6 [1 - (fck/ 250)] (fck en MPa) [12.16]

en accord satisfaisant avec les résultats d'essais pour !ct ~ 100 MPa, mais non extrapo-
lable au-delà de 120 MPa.
658 Traité de béton armé

Remarque:

Avec les Règles BAEL : abc:::; ~ !c28 est équivalent à 't'u:::; Ule28 puisque abc = 2 't'II
Yb 2Yb
quand a = 90° (voir relation [12.45] au § 12.712).
Les Règles BAEL ont admis u = 0,4.

1,0 r ~~~~ r .-~ . " <' • • , •• ~ •.•• , ••••••• ~ .-- ~ • - -i- ~ r "'~r-"~ ~~"~~., ~

0,8
,,
,
~_:_
. ~
,
,+." .. ,.,.< ••.•.••. 0 - .

. :,
_'o •••••••• ,•• _"-< - • • .... _ _ - r __ '_" <".

:, :
0,6 -~",,-~,",-~,.:.~ '"' « •., . , - - ç.~ .-.-- M - ~_._-

o '-----'------'-----'-----'--------':l> fek (MPa)


o 10 20 30 40 50

Figure 12.15.
Résultats expérimentaux pour le coefficient u

12.622':2 Umlte Imposée par les armatures d'âme


Si l'effort tranchant agissant est au plus égal à VRd, max, la contrainte aSI des armatures
d'âme peut atteindre/ywd, de sorte que la borne de l'effort tranchant qui définit l'état-
limite ultime atteint par contrainte excessive des armatures d'âme est, compte tenu de
[12.14] :
VRd,s = (Pw/YII'd sin 2 a) (cot e + cot a) (b",,0,9d) [12.17]

" 1e, 'JI = PW/YIr" et 'JI , = 'JI sm


Posons, de c.laçon p lus genera . 2a
u le"

L'espression [12.11] devient: 't'bu = 'JI' cot a + sin e cos e [12.IIa]


Uled
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 659

Mais comme, d'après [12.12], sin 2 e = \jf', on a aussi:

[12.18]

La dérivée du second membre par rapport à \jf' vaut:

! - \jf'+~\jf' (1- \jf') cot a


+ cot a = -=20--_-;====-_ _
~\jf' (1- \jf')

ou
2
\jf' -\jf' + --
sin 2 a
4
= ° .
SOIt \jf
, 1+cosa
= ---
2

ou encore, comme \jf = +


sm a
= \jf'
l-cos a 2
\jf= - - - -
1
2(1- cosa)

Ces deux valeurs de \jf', ou de rendent maximal le rapport ~. Une augmentation


\jf,
'U fcd
de l'une, ou de l'autre, c'est-à-dire du pourcentage Pw d'armatures transversales, ne
permet pas de franchir ce maximum, qui définit donc lui-même une borne supérieure de
Pw.
1+cosa ,
Lorsque 'JI' = , on a, d'apres [12.18] :
2
"C bu sina (l+cosa)cosa l+cosa cota
-- =--+ = = +--
'U led 2 2sina 2sina 2sina 2

et comme, d'après [12.12] sin2 e = \jf' :

tan
2 e= sin 2 e __ _\jf' __ 1+ cos a 2 a
=cot -
I-sin 2 e 1-\jf' l-cosa 2

Lorsque l'on utilise des armatures d'âmes droites, a = 1t , et le rapport ~ atteint


2 'U le"
son maximum 0,5 pour \jf = \jf' = ~ . Dans ce cas: tan e = 1 et e = 45°.
2

En définitive, on peut tracer la variation de la fonction "Cbu = g(\jf) pour différentes


'Uled
valeurs de a (figure 12.16)
660 Traité de béton armé

0,8 - -- -- --;- -- --- - ----- --;--- -----;--~-- -;---- ----1


~ \ ! \
\ \ 1 (
C , 1 1
1 1 1 1

0,7 ,
-~----1~-~---- ~,~,·,",,--r
"
. --,--,·-t-,_·_,-~ ~(-

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6

Figure 12.16

Pour a'= 1t , la courbe est un arc de cercle, prolongé par une horizontale au-delà de
2

\If = ~, ce que confirment les résultats d'essais (figure 12.17)


2
Il existe une inclinaison optimale des armatures d'âme a = aM qui rend maximal le

rapport 'th
_~_' 1orsque \If est d ' (on rappe Il e que \If = Pwfvwd,
onne . , Pit' etant 1e pourcentage
u!ctl U!cd
des armatures d' effort tranchant).

Les calculs (non développés ici) montrent que cette valeur est telle que: cot aM = .J;;i
Cette remarque n'a toutefois aucune portée pratique. Sa prise en compte compliquerait
l'exécution et exigerait une précision impossible à obtenir sur les chantiers courants.
, En pratique, on en restera donc le plus souvent à a = 90°, plus rarement à a = 45° et très
exceptionnellement à 45°< a < 90°.
e
Pour = 45° et a = 90° on trouve abc =2 'rI;; voir relation [12.13] et remarque au
§ 12.23.
Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 661

o 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8

Figure 12.17

12.623 Treillis de Môrsch


La présentation traditionnelle du treillis de Morsch consiste à considérer la poutre fissu-
rée obliquement à 45° (8 = 45°) comme résultant de la superposition de poutres à treillis
simple, égales et également chargées. Le nombre m de ces poutres ou «ordre de la
triangulation» est (notations: figure 12.13) :
z (1 + cota) O,9d (l+cota)
m=----
s s

Si V est l'effort tranchant dans une section XX de la poutre étudiée, chaque poutre à
treillis simple équilibre un effort tranchant V/m (figure 12.18).
La projection des forces sur XX donne, pour une section XX coupant une diagonale
tendue:
V Vs
F.m' = - - -
msina O,9d(sina+cosa)
662 Traité de béton armé

xl
1

1
1

Figure 12.18

Si O".\'West la contrainte des armatures d'âme, on a : FslV = AslV O'swd'où, avec 'Cb =~ :
bwd

A 'C
--:!.!!:... 0"~'lV = b [12.14 b]
bw s 0,9 (sina+ cos a)

II est facile de voir qu'en introduisant PlV = A.n~ ,on retombe sur l'expression
bws sma
[12.14] dans laquelle on aurait fait cot e = 1.
De même, en projetant les forces sur XX pour une section XX coupant une diagonale
comprimée, compte tenu de ce que pour e = 45° la section droite d'une bielle est
bws/.fi., on retombe sur l'expression [12. 13] dans laquelle on aurait fait cot e = 1 et
1
sin2 e = -.
2
L'expression [12.14b] montre que dans une poutre dans laquelle bo, d, Aswet a ont été
fixés, c'est-à-dire dans laquelle le pourcentage d'armatures d'âme a été fixé, et où l'on
suppose e = Cte = 45° (hypothèse de Morsch), il existe une proportionnalité entre la
contrainte O"sw des armatures d'âme et la contrainte tangente 'Cb. La comparaison avec les
résultats expérimentaux montre qu'en réalité, pour les poutres coulées en une seule fois,
il existe un «décalage» 'C' dû à la contribution du béton (figure 12.19) et que
l'expression [12.14 bl doit être remplacée par :
'C -'C'
Pll'O'.vw= . b. [12.19]
0,9 sm a (sm a + cosa)

Ce décalage vient de ce que les hypothèses adoptées pour établir l'expression [12.14 bl
ne traduisent pas le comportement réel de la poutre sous l'effet de l'effort tranchant.
Ainsi, on constate que la force de compression dans la membrure supérieure n'est pas
parallèle à la force de traction dans la membrure inférieure, mais inclinée, cette inclinai-
son étant d'autant plus grande que le rapport ~ de la largeur de la table à celle de
bw
l'âme est plus grand (figure 12.20).
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 663

crst (MPa)

Figure 12.19. Essais de F. Leonhardt, (Stuttgart)

Il en résulte :
d'une part, une composante verticale qui équilibre une partie de l'effort tranchant
- d'autre part, au voisinage des appuis, une transmission directe d'une partie de l'effort
tranchant.

Figure 12.20
664 Traité de béton armé

Par ailleurs, il est connu depuis longtemps (par exemple Chambaud, 1957) que dans les
essais à rupture de poutres soumises à l'effort tranchant, la valeur observée pour
l'inclinaison des bielles de béton comprimées est inférieure à 45° (voir § 12.33 et figu-
re 12.8), l'inclinaison réelle e dépendant:
- du rapport de la largeur de la table à celle de l'âme,
- de la quantité d'armatures d'âme,
- de la valeur du moment de flexion.
Ces deux phénomènes (inclinaison de la force de compression dans la membrure supé-
rieure; e < 45°) joints aux phénomènes secondaires déjà mentionnés (effet de goujon
des armatures longitudinales, engrènement des granulats le long des fissures obliques,
etc.) ont pour conséquence une réduction des efforts de traction dans l'armature d'âme.
Toutefois, au voisinage d'un point de moment nul d'une poutre continue où il n'existe
plus de membrure comprimée et où les efforts de traction des membrures inférieure et
supérieure se recouvrent, la réduction de l'effort de traction dans l'armature d'âme n'est
due qu'à la seule inclinaison des bielles.
La formule de détermination des armatures d'âme issue du raisonnement de Morsch doit
donc être corrigée (terme 1:' de l'expression [12.19]) si l'on veut tenir compte de ces
phénomènes. Le terme correctif ne doit en aucun cas être interprété comme une contri-
bution du béton tendu.

Remarque:
Sur la figure 12.19, la faible pente que présentent à l'origine les courbes expérimen-
tales s'explique par le fait que la théorie de Morsch suppose l'âme fissurée. Mais il
n'en est pas ainsi dès le début. Avant que le béton ne se fissure, le béton et l'acier
se partagent la résistance aux efforts de traction (section homogène) et la contrainte
des armatures d'âme est très faible. Puis le béton, qui assurait la majeure partie de
cette résistance se fissure, et les armatures d'âme se retrouvent devoir équilibrer à
elles seules la totalité des efforts de traction. Leur contrainte se met alors à augmen-
ter rapidement, mais les courbes ne subissent pas un saut brusque qui leur ferait re-
joindre la droite de Morsch. La raison en a été donnée ci-avant: la théorie de Mors-
ch néglige un certain nombre de phénomènes secondaires, ce qui explique le déca-
lage observé, qui subsiste tout au long des essais.

12.63 Prescriptions des Règles BAEl concernant


la justification d'une section « courante )
Le terme « section courante» s'oppose à celui des « zones d'application des efforts ».
Ces dernières sont étudiées au § 12.7.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 665

12.631 Règle préliminaire


Les pièces en flexion composée, entièrement comprimées, pour lesquelles:

'tu -
- -V;,- :s mm. [0,06
- - Jl'c28''15MP]
, a avec Yb -15
- , [12.20]
bod Yb

n'ont pas à être vérifiées vis-à-vis de l'effort tranchant (BAEL, art. A-5.1,1).
Cette règle a pour objet d'éviter que les armatures transversales des poteaux courants
d'ossature (qui sont généralement déterminées par des règles forfaitaires, voir § 10,542)
n'aient à être systématiquement calculées par les règles relatives à l'effort tranchant
dans le cas où ces poteaux auraient à supporter un effort horizontal, à condition que cet
effort demeure modéré.

12.632 Charges appliquées au voisinage d'un appui; phénomène de


transmission directe
Les charges appliquées au voisinage d'un appui donnent lieu au phénomène de « trans-
mission directe », c'est-à-dire qu'elles sont véhiculées par des bielles de béton compri-
mées, sans mise en traction appréciable des armatures d'âme situées près de l'appui!.
Les Règles BAEL permettent de tenir compte de ce phénomène, aussi bien pour la
vérification du béton que pour la détermination des armatures d'âme.
Selon ces Règles, dans le calcul des efforts tranchants agissant au voisinage de l'appui
d'une poutre de hauteur totale égale à h, on peut négliger l'effet des charges situées à
une distance du nu d'appui inférieure à ~ et ne prendre en compte qu'une fraction
2
égale à 2a des charges situées à une distance a du nu d'appui inférieure à 1,5h. Le« nu
3h
d'appui» est matérialisé par le plan vertical où une poutre pénètre dans son support
(autre poutre, poteau, mur ou bord interne d'une plaque d'appui).

1. Les charges concentrées près des appuis se rencontrent très fréquemment, notamment dans les im-
meubles construits en bordure de rues étroites (en particulier, à Paris, au niveau du cinquième étage),
au premier retrait de façade où l'on a généralement à supporter sur des poutres les poteaux des étages
supérieurs. Si l'on ne tenait pas compte de la transmission directe, il serait très difficile de placer les
armatures d'âme qui seraient théoriquement nécessaires. Heureusement, ces armatures ne sont pas
indispensables et s'il y a possibilité de formation d'une bielle de béton, capable de transmettre obli-
quement un effort de compression, la composante horizontale de celui-ci étant équilibrée par des
aciers tendus (section et ancrage suffisants), la résistance est assurée.
666 Traité de béton armé

Attention:
Les vérifications complémentaires relatives aux zones d'appui doivent cependant
montrer que les charges ainsi réduites ou négligées sont bien transmises dans leur
intégralité, sans réduction, à l'appui considéré.

a) Cas des charges uniformément réparties

Simplification
Pu

Nu o ----- ~1.J...L........,.~u...t...........u...J'"'--_ Abscisses


d'appui O,5h 1 15h 11,5h
1 I- 1
I 1 6 1
1 1 1
._---
Vu max 1
1
1
1
1
1
1
1
1
1 1 1
----! 1 1
1---..-__.. !C 1
vuo j - - -_ _ _ _.J..-_.;;;-,;;..::.!..:.
•. _ 1
1
A 1 1
1
1 : Vu (x)
1
1 8_____/

-----
1
1
1
1
: 5h/6
~---------~----------------~ x
o

Figure 12.21

Pour les charges uniformément réparties, tout se passe donc comme si la densité de
charge croissait de 0 à la valeur maximale pu sur la distance 1,5h mesurée depuis le nu
d'appui, la part de charge correspondant à la distance O,5h étant négligée (figure 12.21).
On a alors, pour une poutre sur appuis simples:

- pour 0 < x:::; O,5h : ~,(x) = ~JO = Pu (~ - ~ h)' 1étant la portée de la poutre

- pour O,5h <x < 1,5h: V,(x) ~ p,,[ ~ -! h- ;:]

. - pour x ~1,5h: ~lx) =Pu (~ -x)


Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 667

Pour simplifier, on peut admettre (ce qui, vis-à-vis des Règles BAEL, est dans le sens

de la sécurité) de négliger la fraction de la charge Pli appliquée sur la distance 5h comp-


6
--..
tée depuis le nu d'appui, ce qui revient à remplacer l'arc AB représentant la variation
de v.,cx) pour 0,5h < x < 1,5h par la ligne brisée ACB, et à considérer par conséquent
5h
que pour x ~ 6 ' l'effort tranchant est constant et vaut:

[12.21]

Mais les conditions relatives aux zones d'about (§ 12.71) sont à vérifier pour :

1
v., = V.lmax = Pli "2
b) Présence de charges concentrées
Dans le cas général où l'on a à la fois une charge pulmiformément répartie sur toute la
portée et des charges concentrées Plii appliquées à des distances ai du nu de gauche
(i = 1,2, ... ), il faut prendre:

V.IQ, constant sur la longueur 0,5 h comptée depuis le nu d'appui; les conditions relati-
ves aux zones d'about (§ 12.7) doivent être vérifiées pour v.nnax.

Remarque:

Au-delà de la section située à 511 du nu d'appui avec x::;; 1,511 :


6
Gi<I.5h
_ 2 2ai ai
Vu (1,511) - v"o - - Pu h - [ r.p'" - ( 1- - )]
3 3h 1 G.~1."
1 6

et pour x> 1,5 h :

v;, (x) = V. (l,5h) - P.(x -1,5h) -[ ~P", (1- i )[:,,/0


668 Traité de béton armé

12.633 Vérification de la résistance du béton de l'âme


L'état-limite ultime par défaillance du béton de l'âme n'est pas atteint si (BAEL,
art. A-5. 1,21) :
'tu ::; 'tlim

avec:
a) pour des armatures d'âme droites (perpendiculaires à la ligne moyenne), avec ou sans
barres relevées:
- en cas de fissuration peu préjudiciable l :

1" lim = mm --y-;-


. [0,20!,c 28 ; 5 MPa ] [12.22a]

- en cas de fissuration préjudiciable ou très préjudiciable:

'Um ~ min [O~:5 .1;.,,; 4MPa1 [12.22b]

b) pour des armatures d'âme (cadres et/ou étriers uniquement) inclinées à 45° sur la
ligne moyenne:

[12.22c]

c) pour des armatures d'âmes inclinées sur la ligne moyenne avec un angle a compris
entre 45° et 90°, il faut interpoler linéairement entre les valeurs 0,20 ou 0,15 et 0,27
d'une part, et entre les valeurs 5 ou 4 et 7 d'autre part.

Remarques:
1. Sous prétéxte que la valeur optimale de a correspondant au volume relatif mini-
mal des armatures d'âme est a = 67°30' (qui se trouve donc être la moyenne arith-
métique entre 45° et 90°) certains auteurs développent des exemples numériques où
apparaît cette valeur, sans se rendre compte que ces exemples sont grotesques, les
ferrailleurs n'ayant pas sous la main un rapporteur de précision. L'auraient-ils,
qu'ils seraient absolument incapables, même avec la meilleure volonté du monde,
d'obtenir une précision d'un demi-degré d'angle!
Un angle parfaitement droit (a = 90°) n'est, lui aussi, jamais obtenu. Mais au
moins, en disposant les armatures longitudinales sur deux tréteaux horizontaux et
en enfilant les armatures d'âme par une extrémité, celles-ci, sous leur propre poids

1. Pour l'explication concernant la valeur O,2!c2s1Yb voir la note du § 12.622-1 ; la seconde limite est
mise par prudence, les essais n'ayant pas porté sur des bétons à haute résistance (5 MPa correspon-
dent à!c28 =:: 38 MPa, c'est-à-dire à une résistance moyenne de l'ordre de 45 MPa).
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 669

se placent d'elles-mêmes dans le sens vertical et il n'y a pas besoin de rapporteur.


Le ferraillage une fois terminé, il n'y a plus qu'à le retourner.

2. La limite donnée en b) est également valable dans le cas d'armatures d'âme droi-
tes associées à des armatures parallèles à l'axe de la poutre, réparties sur la hauteur
de l'âme et convenablement ancrées sur les appuis, à condition que le volume rela-
tif de ces dernières armatures soit au moins égal à celui des armatures d'âme droites
(voir § 12.35, dernier alinéa).
Mais attention ! Contrairement à une opinion assez répandue, cette disposition pré-
vue par les Règles BAEL n'autorise pas à prévoir une section d'armatures d'âme
droites moitié de celle qu'il aurait fallu en l'absence du réseau horizontal! Les ar-
matures d'âme droites doivent être déterminées en premier, et le même volume re-
latif est à disposer horizontalement. Les Règles BAEL demandent de répartir ces
armatures horizontales « sur la hauteur de l'âme ». À notre avis, cela n'a aucun
sens: la hauteur devrait être celle de la zone tendue. Une hauteur de z = 0,9d serait
déjà plus correcte. Noter que la dépense en acier est le double de celle que l'on au-
rait eu avec les seules armatures d'âme droites.
Cet inconvénient peut être jugé mineur lorsque la zone où la contrainte tangente est
élevée est de faible étendue. Mais si ce n'est pas le cas, par exemple, s'il existe une
ou plusieurs charges concentrées de forte intensité à une certaine distance de
l'appui, une solution plus économique doit être recherchée, consistant, par exemple,
à modifier, si cela est possible, les dimensions de la section droite pour réduire la
contrainte tangente.

12.634 Vérification de la résistance des armatures d'âme


Les Règles BAEL ont adopté la méthode du treillis de Morsch (voir § 12.623) corrigé
expérimentalement.
Pour le terme de réduction 1:' de l'espression [12.19], ces Règles proposent la valeur
(prudente) :
1:' = 0,3 klrj:S; 0,99 k, soit, pratiquement, 1:' :s; k (MPa).
avec:
Itj résistance caractéristique à la traction du béton à l'âge dej jours (normalement
j = 28 et jà8 = 0,6 + 0,06 1c28, voir § 2.142, formule [2.18]) plafonnée à
3,3 MPa.
k coefficient numérique dont les valeurs sont précisées ci-après.
670 Traité de béton armé

En introduisant dans l'expression [12.19] les valeurs ultimes 'tb = 't /" crst = fet (!el>
Ys
limite d'élasticité des armatures d'âme, mais en pratique celle-ci ne diffère pas de la
limite d'élasticité!e des armatures longitudinales), compte tenu de ce que, en notations
BAEL:

on arrive à la formule des Règles BAEL (art. A 5.1,23) :

(m, m2, MPa)


~> Y/'tll -0,3k h28) ou
bOsf - 0,9fef(sina + cosa) (cm, cm2, MPa) [12.23]

Ces Règles (art. A-5.1,22) imposent en outre de respecter un pourcentage minimal don-
né (en négligeant le terme IIsin a dans l'expression de Pt) par:

~ !et;::: 0,4 MPa [12.24]


bos t

Valeurs du coefficient k
Dans la formule [12.23] on prend:
°
k = en présence d'une reprise de bétonnage l sans indentations (voir ci-après), ou lors-
que la .fissuration est très préjudiciable;
k = 1 en flexion simple dans tous les autres cas et, en particulier, en cas de reprise de
bétonnage, lorsque la surface de celle-ci est spécialement traitée de manière à la munir
d'indentations formant des saillies de hauteur au moins égale à 5 mm (celles-ci pouvant
être obtenues par le passage d'un rateau à la surface du béton frais).
Dans le cas de la flexion composée avec compression, les fissures obliques sont incli-
nées à moins de 45° sur la ligne moyenne (figure 12.22a), ce qui conduit à une réduc-
tion de la quantité d'armatures d'âme par rapport à la flexion simple.
Dans le cas de la flexion composée avec traction au contraire, les fissures obliques se
redressent (figure 12.22b) et la résistance à l'effort tranchant devient médiocre, d'où la
nécessité d'augmenter la quantité d'armatures d'âme (ce que l'on obtient en donnant à k
une valeur négative; voir ci-aprés).

Sans traitement particulier, une reprise de bétonnage constitue un point faible. Elle doit donc être
traitée conformément à la règle des coutures donnée au § 12.712, ce qui revient à prendre k -= O.
Prendre garde que dans le cas d'une reprise de bétonnage, la contrainte tangente 1: est à évaluer par la
formule [12.3] et que, sauf cas particuliers, on a 1::;t: vul bod
Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 671

Compression simple Traction simple

Flexion + compression Flexion + traction


30° s 6S45° 45° S f) S goo

• Figure 12.22

Pour tenir compte de ce fait, les Règles BAEL adoptent:

k= 1+3 ~ en flexion composée avec compression


Bfc28

et k = 1 - 10 IN"
Bfc28
1 en flexion composée avec traction (k peut donc être négatif)

avec:
B section totale du béton seul (supposé non fissuré) ;
Nu effort normal concomitant à V;, dans la section considérée.

12.635 Cas particulier des armatures d'âmes droites

Attention!
Une armature d'âme « droite» (a = 90°) n'est verticale que si la ligne moyenne de
la poutre est horizontale ce qui est fréquemment le cas, mais ne l'est pas toujours
(cas des limons d'escaliers, par exemple, figure 12.23).
672 Traité de béton armé

Ligne
~~~nne

Correct, si l'on tient compte dans le calcul


de ce que a '# 90° (1)

a=90°

Incorrect et dangereux! Correct

Figure 12.231

12.635-1 Détermination pratique des armatures d'âme droites


:> Référence: BAEL, art. A-5.1,232
Pour une poutre simplement fléchie, munie d'armatures d'âme droites (a = 90°), cel-
les-ci sont, compte tenu du pourcentage minimal défini par [12.24], déterminées par les
conditions résumées dans le tableau 12.1 ci-après.

1. Bien noter que dans une console de hauteur variable supportant une charge ultime concentrée Pu à
son extrémité, les armatures d'âme sont généralement plus serrées vers le nez de la console que du
côté de l'encastrement. Dans ce cas, en effet, l'effort tranchant dû à Pu est constant sur toute la portée
1 de la console, et si go désigne le poids propre de celle-ci, dl et d2 les hauteurs utiles respectives à
l'encastrement et près de l'extrémité, la contrainte tangente 'tu est plus élevée au nu qu'à
l'encastrement si:
d 2 ! dl < Pu 1(Pu + 1,35 go 1) ou encore, si Pu > 1,35 go 1d2! (dl - dz)
ce dont il convient de s'assurer, pour ne pas commettre l'erreur d'adopter « machinalement », com-
me pour les poutres (voir figures 16.26 et 16.27), un espacement croissant des armatures d'âme à
partir du nu d'appui. Cette dernière disposition est en revanche correcte si la console ne supporte que
des charges réparties.
Pour une console de hauteur variable, on peut par ailleurs bénéficier d'une réduction d'effort tran-
chant due à « l'effet Résal » (voir Cours de béton préCOllfraint du CHEC).
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 673

_--.t[f!ll·zw t.......- -
. •.. L--- At
W
Figure 12.24

Pour des poutres telles que ho;::: h, ces conditions n'ont à être respectées qu'au voisinage

des parements de l'âme, sur des largeurs égales à !!-.


2

Figure 12.25

Tableau 12.1

ft28 fc28
~
At
Cas considéré
St 1,30 max
(MPa) (MPa)

3 40
Absence de bétonnage
ou reprise de bétonnage 2,7 35
avec indentations et/ou
fissuration peu préjudiciable
ou fissuration préjudiciable 2,4 30

.. ~ bo(tu-O,3kft2S) 2,1 25
St " (O,9Iet ' 1,15)

i 1 :> tu 1,8 20

Reprise de bétonnage sans


indentations et/ou fissuration
très préjudiciable

Les valeurs de 'Lu indiquées sur la ligne oblique sont celles pour lesquelles le pourcentage minimal
est atteint, avec Ys = l,lS.
674 Traité de béton armé

En posant 't' = 0,3 1iff28, on trouve, pour k = 1, les valeurs de 't' données dans le tableau
12.2 ci-après:
Tableau 12.2. Valeurs de 't'
tc28 (MPa) 25 30 35 40 ;:::45

tt2S (MPa) 2,1 2,4 2,7 3,0 3,3


't' (MPa) 0,63 0,72 0,81 0,90 0,99 max

Si l'on pose maintenant 80 = !.L, en se plaçant à l'égalité, la formule [12.23] devient


At
pour a,= 90°:

8 = (0,9 fet)/Ys [12.25]


o ho('t u -'t')

En l'absence de reprise de bétonnage ou dans le cas de surfaces de reprise avec indenta-


tions et/ou dans celui d'une fissuration peu préjudiciable ou préjudiciable, la section
par unité de longueur des armatures d'âme est déterminée par la condition [12.24] de
pourcentage minimal lorsque

-ht
- = 'tu - 0,3k 1;28 =--::;;
Ysho8 o 0,9
't" - 't'
0,9
,4SOlt'tll:S
' °
0,36, (MP)
--+'t
Ys
a [12 .26a]

Dans le. cas d'une reprise de bétonnage sans indentations et/ou dans celui d'une fissura-
° °
tion très préjudiciable, on a k = ce qui implique 't' = et la condition [12.26a] se
réduit à:

'tu:S 0,36 (MPa) [12.26b]


Ys

Les valeurs de 8 0 correspondant aux divers cas possibles sont données dans le tableau
12.3 pour le cas où Ys = 1,15 :
Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 675

Tableau 12.3. Valeurs de 80 (cm/cm2) en fonction de bD (cm), 'tu et fet (Mpa)


lorsque ys =1,15

Absence de reprise de béton- 'tu::; 0,313 + 't' MPa (l) 'tu > 0,313 + 't' MPa
nage ou reprise de bétonnage
avec indentations et/ou fissu-
ration peu préjudiciable ou 8=~ [12.27] e= 0,9fer [12.28]
fissuration préjudiciable o O,4bo o 1,15 bo('tu _'tt)

'tu ::; 0,313 MPa 'tll > 0,313 MPa


Reprise de bétonnage sans
indentations et/ou fissuration
très préjudiciable 8=~
0 [12.29] 80 =
0,9fer
[12.30]
0,4bo 1,15 bo'tll

(1) 't' = 0,3 kj;28 (voir tableau 12.2).

12.635-2 Dispositions constructives


a) Les armatures d'âme (cadres ou étriers) doivent entourer les armatures longitudinales
tendues et être totalement ancrées dans la zone comprimée, où elles entourent les barres
comprimées si elles existent, ou en cas contraire, des barres de « montage» de faible
diamètre? spécialement disposées à cet effet (figures 12.26 et 12.27).
Lorsqu'il n'est pas prévu de cadre général ou de systèmes de cadres se recouvrant, il
convient de disposer des épingles de liaison entre les files d'étriers (figure 12.26). Les
épingles (un seul brin) sont à éviter en tant qu'armatures d'âme.

Étrier

Peu satisfaisant Satisfaisant

Peu satisfaisant Satisfaisant

Figure 12.26
676 Traité de béton armé

Armatures comprimées ou barres de montage

Cadre Double cadre CèJ Cadre + étrier 0 +n

~ . t

~
,

t•. I.• .• .
?1JlJ
11Jl; :
0> Pou~sée
au vide
......•..

W
Incorrect Correct Incorrect Correct

(Toutes les armatures ne sont pas représentées)

Figure 12.27

b) Espacement maximal des nappes d'armatures d'âme (BAEL, art. A-5.l,22) :


En application du principe général fixant les conditions de résistance du béton armé,
toute fissure oblique doit être traversée par au moins une nappe d'armatures d'âme.
Mais même si l'angle 8 d'inclinaison de ces fissures est inférieur à 45°, il convient de
limiter l'espacement des armatures d'âme à une valeur relativement faible, ce qui
assure l'uniformité du champ des contraintes de compression diagonales dans les
bielles (figure 12.28).

Figure 12.28

Lorsque l'espacement est trop important, par suite de la flexibilité de la zone servant
d'appui aux bielles intermédiaires entre les étriers, ces bielles sont faiblement sollicitées
au détriment des bielles venant prendre appui à l'emplacement d'une armature d'âme
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 677

(figure 12.29). Il en résulte un mauvais comportement à l'effort tranchant et en particu-


lier des fissures obliques très ouvertes, lorsqu'elles se produisent.

Figure 12.29

La condition à respecter en ce qui concerne les espacements des armatures d'âme est,
d'après les Règles BAEL :

SI ~ SI = min [0,9 d ; 40 cm] [12.31]

12.635-3 Marche à suivre pour le calcul des armatures d'âme


1°) Calculer pour la valeur maximale J!;/O de l'effort tranchant réduit selon le § 12.632 :
"Cuo = V.W et vérifier les conditions [12.22 a, b ou c] du § 12.633.
bod
2°) Se fixer a priori le diamètre 0 1 et le tracé des armatures d'âme, ce qui fixe AI.
0 1 doit être tel que (BAEL, art. A-7.2,2) :

o1-<min [0 .~.bo]
l' 35' 10
(cette condition est rarement déterminante)

0 1, diamètre le plus faible des barres longitudinales maintenues par les armatures
d'âme.
3°) Calculer, selon le cas considéré et la formule applicable, la valeur de 8 0 donnée par
les formules [12.27] à [12.30] du tableau 12.3, en y introduisant la valeur "Cu éventuelle-
ment réduite selon le § 12.632 1 et en y exprimant bo en centimètres.
La valeur numérique ainsi trouvée représente l'espacement des nappes d'armatures
~'âme en cm pour une section AI = 1 cm2 •
4°) L'espacement cherché est:

1. La démarche indiquée est valable pour n'importe quelle valeur de 1:" S'tUa. C'est pour cette raison que
l'on dit« éventuellement réduite ». En fait c'est v., qui est réduit, ce qui entraîne la réduction de 1:".
678 Traité de béton armé

5°) Contrôler que SI ~ min [O,9d, 40 cm] [12.31]

Si SI est trop grand, réduire AI (diminution de 0 1 ou modification du tracé des armatures


d'âme).
De toute manière, s'arranger (choix de AI) pour avoir toujours: SI ~ 7 à 8 cm (facilités
de bétonnage).
Pour la répartition des armatures d'âme le long d'une poutre, voir § 16.12.

12.636 Barres relevées à 45°


II est rappelé que le recours aux barres relevées ne doit pas être systématique (voir
§ 12.35).
Une part À de l'effort tranchant (À "" 1/2) peut être équilibrée par une partie des barres
de la membrure tendue relevées (et ancrées) sur appui, le complément (1 - À) étant
toujours équilibré par des armatures d'âme droites (figure 12.30) :

Figure 12.30

a) Vérification du béton
Elle s'effectue selon les formules [12.22 a ou b] données au § 12.633 pour l'effort tran-
chant réduit total V;IO'
b) Détennination des armatures d'âme
Soit:
Ar la section d'une nappe de barres relevées,
AI la section d'une nappe d'armatures d'âme droites,
. Sr, S, les espacements respectifs de ces nappes parallèlement à la ligne moyenne.
En désignant par 1:u la contrainte tangente conventionnelle de calcul correspondant à
l'effort tranchant total Vu (éventuellement réduit selon 12.632) les quantités Ar! Sr et
AI! SI sont déterminées comme suit:
1°) en l'absence de reprise de bétonnage ou dans le cas de surfaces de reprise avec in-
dentations et/ou dans le cas où la fissuration n'est pas très préjudiciable, les formules à
appliquer sont, selon la valeur prise par 1:,,, celles données dans le tableau 12.4 ci-après:
Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 679

Tableau 12.4. (unités: m, MN, MPa)

'tu Barres relevées Armatures d'âme droites


(Mpa) Ar/ Sr At/St

0,36 '(1) > 0,41., bo ;::: 0,4(1- À)bo


:s --+'t - fe.J2
[12.32]
Ys fet

0,36 , > YsÀ ('tl/ - 't') bo > Ys(1-À)('tI/-'t')bo


> --+'t [12.33]
Ys - 0,9fe.J2 0,9fet

(1) 1:' = 0,3 k:428, voir tableau 12.2.

2°) avec reprise de bétonnage sans indentations, et/ou dans le cas où la fissuration est
très préjudiciable:

- si 'tu:S 0,36 MPa: mêmes conditions que celles des formules [12.32] du tableau 12.4
Ys
ci-avant;

~ > Ys(1- À)'tl/bo


et [12.34]
St - 0,9fet

Les espacements Sr et St doivent satisfaire à la condition [12.31]. Les barres relevées


doivent être conservées jusqu'à la section d'abscisse X r où elles cessent d'être nécessai-
res, comme cela résulte de la figure 12.31.

Vu. max

(1-À.)Vuo Armatures
,
d'âme droites Idem ................

-*--o '--______ - - L_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Xr
,..::J
...
.....................
It..-~Abscisses le long
de la ligne moyenne
Nu d'appui

Figure 12.31
680 Traité de béton armé

12.637 Cas des sections circulaires ou annulaires


La théorie du treillis n'étant applicable qu'aux âmes de poutres de largeur constante,
elle doit être adaptée dans le cas de poutres ne respectant pas cette condition (voir note
au bas de la page 648).
Pour les sections circulaires, les Règles BAEL proposent d'adopter! :
_ 1,4 v"
1:' - - -
li <j>d

(<j>, diamètre de la section ; formule déduite d'essais américains)


Le CEB avait proposé la méthode plus élaborée suivante (les notations ont été conser-
vées) :

a) Sections circulaires pleines


Soit:
D le diamètre de la section
d' la distance du plan tangent à la circonférence passant par les axes des armatu-
res, au plan tangent au contour extérieur de la section (figure 12.32) :

1
, ,
1

,,
1

.,
1 1

1"'11
D D
.1
1
1
1
1
1<111[
b o =O,9D
.'
1

CD
Figure 12.32

1. En assimilant une section circulaire de diamètre cp à une section rectangulaire fictive de hauteur

totale égale à cp et de même surface, on trouve bah = bocp = n<j>2 soit bo = n<j> et
4 4
'tb =-V = V 4 V "" 14
---- , -V . 0 n VOIt. qu ,.. . '1"e a 'th (sens d
ICI 'tu est asslml e alseCUrI-
' .
b()z b() xO,9d O,9n <l> d <l> d
té). Les essais américains justifient cette approximation.
Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 681

Pour la vérification du béton et le calcul des armatures d'âme, la section circulaire est
remplacée par une section rectangulaire équivalente fictive (figure 12.32 c) de largeur
bo, de hauteur utile d (d'où 'tu = ~,/ bod) avec:
- dans le cas d'une armature longitudinale uniformément répartie (figure 12.32 a)

=O,9D
bo
{ d =O,45D+O,64(~ -dt) =O,77D-O,64d t

- dans le cas d'une armature longitudinale concentrée du coté tendu, dans un secteur
d'angle au centre 2 ~ (figure 12.32 b)

bo =O,9D

{ d =0,45D+ Si~~ (~ -dt)

b) Sections annulaires
Soit:
e l ' épaisseur de l'anneau
D son diamètre moyen
Les armatures longitudinales sont supposées distribuées sur la circonférence de diamètre
Dm (figure 12.33).

e
- .[
i 1

0,785 Dm : : 0,785 Dm+e


!
,
1( ,..11 le ,.'
1 1

Figure 12.33

Pour la vérification du béton et le calcul des armatures d'âme, la section annulaire est
remplacée par une section en caisson équivalente fictive à parois d'épaisseur e, ou, ce
qui revient au même, par une section en double T équivalente fictive dont l'âme aurait
une épaisseur b(), telle que:

b =2e
{; = O,785Dm +;
682 Traité de béton armé

12.64 EC2 - Méthode de l'inclinaison variable


des bielles
Pour les éléments nécessitant des armatures d'effort tranchant, (c'est-à-dire ceux dans
lesquels V Ed > VRd,c) l'EC2 se réfère au modèle de treillis généralisé. Il impose deux
conditions:
- la première limite l'effort tranchant agissant de calcul à une valeur VRd, max définie par
une limitation de la contrainte de compression dans les bielles de béton découpées par
les fissures inclinées; cette condition fixe ainsi la largeur minimale de l'âme;
-la seconde limite l'effort tranchant de calcul à une valeur VRd• s définie par une limita-
tion de la contrainte de traction dans l'armature d'effort tranchant: cette condition fixe
ainsi le pourcentage d'armature nécessaire.
Il faut donc vérifier, de façon générale:

avec

La méthode de dimensionnement est dite « méthode de l'inclinaison variable des biel-


les ». Elle est applicable aux éléments de hauteur constante. Elle consiste à effectuer le
dimensionnement en se donnant l'inclinaison e des bielles sur la ligne moyenne avec
pour seule condition l :
1 :s cot e:s 2,5 (22° :s e:s 45°)
Les équations générales ont été établies au § 12.622.
Rappel des notations (figure 12.34)
As\\, aire de la section droite d'une nappe d'armatures d'effort tranchant
s espacement de ces nappes suivant la ligne moyenne,
/ywd résistance de calcul (t;w/Ys) des armatures d'effort tranchant
a angle des armatures d'effort tranchant avec la ligne moyenne.
b... largeur minimale de l'âme de la poutre

1. En vertu du principe: « Le système fonctionne comme on l'a calculé », qui vient de ce que les possi-
bilités d'adaptation du béton armé font qu'i/n y a pas de solution /Inique, cet angle choisi a priori
sera celui qui se réalisera en cas de fissuration oblique. II n'y a donc rien d'étonnant à ce que le pro-
jeteur dispose d'un tel choix. Mais attention! L'adaptation a ses limites. Le corollaire au principe
précédent est que, s'il a été mal calculé, le système va mal fonctionner.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 683

V(cot9 -cota.)

N.....-+--+M
z=O,9d V t 1

® Membrure comprimée ® Bielles © Membrure tendue @ Armature d'effort tranchant

Figure 12.34

12.641 limite imposée par la compression des bielles de béton


II faut s'assurer que: VEdS:. VRd,max,

. cotS+cota
avec, selon [12.15] : V Rd, max = bw (0,9 cl) 'O!cd 2 [12.35]
1 + cot S

'0, coefficient défini au § 12.622-1 : '0 = 0,6 (l f ck ) (fck en MPa)


250

Pour a -_ 900 .. VRd max -- ---"-=--"'--'----'-


'0 fCd bw (0,9d)
[12.35bis]
, tanS+cotS

12.642 Armature d'effort tranchant


L'équation [12.17] établie au § 12.622-2 conduit à l'expression générale de l'effort
tranchant résistant de calcul:

VRd, of = As" (0,9 cl)fywd (cot S + cot a) sin a [12.36]


s

avec la condition complémentaire: As.JYll'd < (1/2) '0 hd sin a


b"..s - l-cosa

Les raisons de ce plafonnement ont été exposées au § 12.622-2.


684 Traité de béton armé

Pour a= 90° VRd,s = AsIV (0,9 d)J;~\'d(l + cot 8) [12.36bis]


s

avec

Le tableau 12.5 récapitule l'ensemble des formules pour la flexion simple, et les com-
plète pour la flexion composée.
Tableau 12.5. Formules de l'EC2 pour les vérifications d'effort tranchant

1. Pour les éléments soumis à la flexion simple, avec des armatures d'âme droites, la
résistance à l'effort tranchant est la plus faible de :
VRd,s = (As", 1s) Z/ywd cot e (Z = 0,9 d) [12.36 bis]
VRd, max = bw Z V!cdl (tan e + cot e) [12.35 bis]
avec (A.nv,provl b", s)* ~ V!cdl 2 où v = 0,6 [1 -lfckl 250)]
(fck en MPa; 1 ~ cot e ~ 2,5]
bw épaisseur minimale de l'âme au niveau des aciers tendus

2. Pour les éléments soumis à la flexion simple, avec des armatures d'âme inclinées, la
résistance à l'effort tranchant est la plus faible de:
VRd, s = ((1.s",1 s) Z/ywd (cot e + cot a) sin a [12.36]
VRd, max = bw Z vicd (cot e + cot a) 1 (l + cot e) 2
[12.35]

avec (Asw,provl bw s)
* ~--
vlcd sina
2 l-cosa

3. Pour les éléments soumis à la flexion composée avec compression, VRd,s selon
[12.36 bis] doit être réduit de 20 % et la résistance maximale doit être calculée par:

VRdmax, comp = acll' VRd. max avec:


- pour ° < crcp < 0,25 j~d : Œt.w = 1 + crc/!cd
- pour 0,25 Icd ~ crcp ~ 0,5 Icd: ~'w= 1,25
- pour 0,5 !cd < crcp <!cd: <XcII' = 2,5 (1 - crcp Ilcd)
avec :
crcp contrainte (positive) du béton due à l'effort normal NEd, «moyennée» sur
l'ensemble de la section: crcp = Nul Ac
Ac aire brute de la section de béton.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 685

4. Pour les éléments soumis à la flexion composée avec traction (avec une membrure
comprimée), il convient de prendre, selon l'Annexe Nationale:

où (Jet « 0) est la contrainte de traction au centre de gravité; <Xew doit être remplacé par
<Xcwl = (1 + (Jet / Ictm). L'EC2 ne donne aucune indication pour les sections entièrement
tendues.

* AsIV,prov section d'armatures d'effort tranchant prévue (providecl).

12.643 Force de traction dans l'armature longitudinale


Cette force est égale à (figure 12.33) :
Ftd = (MEd /0,9 cl) + LlFtd :::; MEd, max /0,9 d
avec:
moment de flexion ultime dans la section où agit VEd
MEd,max moment de flexion ultime dans la section de moment maximal
force additionnelle dans l'armature longitudinale due à la fissuration obli-
que: Mtd = 0,5 VEd (cot e- cot a)
Pour déterminer les arrêts des barres longitudinales, le décalage à prendre en compte, paral-
lélement à la ligne moyenne et dans le sens le plus défavorable, est alors (voir aussi
§ 16.112) :
al = z (cot e- cot a) /2 = 0,9 d (cot e- cot a) / 2 ~ °
Pour les arrêts de barres, il revient au même de décaler, perpendiculairement à la ligne
moyenne, la courbe de la variation de la force dans l'armature longitudinale, de la quan-
tité IJ.Ftd•

Remarque:
La figure 12.35 montre que le décalage al ou l'effort additionnel Mtd conduisent à
des résultats sensiblement équivalents, sauf dans la zone (B) voisine du moment
maximal, d'où pour respecter l'équivalence, la limitation ci-avant de l'effort total
F'd à la valeur Ftdl1U!X correspondant au moment maximal:

F - M &l,max
Idmax - 0,9d
686 Traité de béton armé

1
al 1
1
1
1
1 ,
1

-'
1 1

.
1
:
(8) 1

Figure 12.35

CD Force dans l'armature longitudinale déduite de la théorie de la flexion simple


(MEd /0,9d)
~ Force dans l'armature longitudinale après fissuration oblique
F ld = (MEd /0,9d)+ MId

MId = 0,5 VEd (cot e - cot a)

12.644 Eléments de hauteur variable


L'effort tranchant résistant d'un élément de hauteur variable muni d'armatures d'effort
tranchant est :

avec (figure 12.37) :


Vccd valeur de calcul de la composante d'effort tranchant de la force de compression
dans la zone comprimée,
Vrd valeur de calcul de la composante d'effort tranchant de la force de traction dans
l'armature tendue.
À notre avis, cette prise en compte de Vccd et Vrd est tout à fuit incorrecte. Ce ne sont pas des
efforts tranchants résistants. On ne peut les modifier en jouant, par exemple, sur la résistan-
ce du béton. Il faut les laisser du côté des actions. Leur valeur dépend des forces extérieures
agissantes et, en appelant VEd l'effort tranchant agissant, et Vw l'effort tranchant à prendre
en compte dans les calculs, on devrait plutôt prendre: VEd, w = VEd - Vccd - Vrd comme
c'était d'ailleurs le cas dans les versions antérieures de l'EC2.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 687

En outre, il fuut faire attention aux signes à donner à Vccd et ~tJ. Plus précisément, si MEd dési-
gne le moment de flexion concomittant à VEd dans la section considérée, on a (figure 12.37) :
V'Ed = VEd - MEd (tan Wc + tan 001) / cl,
Wc et désignent les angles formés par les résultantes des forces de compression Fed et
00,
de traction Fld avec la ligne moyenne de l'élément. Ces angles, et leurs tangentes, sont
considérés comme positifs quand les distances respectives Ve et VI du centre de gravité
de la section aux lignes d'action de Fed et de Fld, croissent en même temps que la valeur
absolue de MEd et négatifs dans le cas contraire (MEd et VEd sont en valeur absolue).

-.~-
1:
IG
-----------e ------ ------.
rot_____ J1
FCd l
roc

Vc

Vt
V td

Ftd

Figure 12.36

La figure 12.37 illustre deux cas fréquents où les armatures tendues ne sont pas parallè-
les à la face comprimée (par exemple, console de hauteur rapidement variable, figu-
re 12.37a, ou poutre à goussets, figure 12.37b). Pour de tels cas :
V'Ed = VEd ± (ME,,/ z) tan 00

en prenant le signe moins si MEd croît adans la direction où la hauteur augmente.

V Ed t
!
Sens des M croissants
..
VEd 1
,
Sens des M croissants
Jo
@
,

d 1)
1
MEd
~----'
,

• Figure 12.37

688 Traité de béton armé

12.645 Charge appliquée au voisinage d'un appui


(transmission directe)
Pour le calcul des armatures d'effort tranchant uniquement, toute charge appliquée à
une distance av du nu d'un appui telle que 0,5d:S av:S 2d (cas d'une poutre de faible
portée ou d'une console courte, figure 12.38), n'est prise en compte dans l'évaluation de
l'effort tranchant agissant VEd que pour une fraction 13 de sa valeur, avec 13 = av /2d
Pour l'effort tranchant VEd ainsi calculé, il faut avoir:
VEd:S AswJ;,wd sin a.
avec Asw!ywd résistance de l'armature d'effort tranchant traversant la fissure oblique
dans la partie centrale d'une zone de longueur 0,75 av.
La réduction par 13 ne joue que pour le seul calcul des armatures d'effort tranchant. Elle
n'est valable que si les armatures longitudinales sont totalement ancrées au droit du nu
de l'appui. Pour av < 0,5el, il convient d'adopter av = 0,5 d. La valeur de VEd calculée
sans aucune réduction (donc avec 13 = 1) doit satisfaire la condition:

avec D = 0,6 [1 - (fck/ 250)] (fck en MPa)

Figure 12.38

12.646 Dispositions constructives


Les armatures d'effort tranchant doivent former un angle de 90 0 à 45 0 avec la ligne
moyenne de l'élément considéré.
a) Elles peuvent consister en :
- cadres, étriers ou épingles entourant les armatures longitudinales tendues et la zone
comprimée (figure 12.39a) ;
- barres relevées;
- cadres ouverts, échelles, épingles, etc. (figure 12.39b) n'entourant pas les armatures
longitudinales, mais correctement ancrées (par barres transversales soudées, par exem-
ple) dans les zones tendues et comprimées.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 689

Échelles formant
armatures d'effort ---l--I+-"""";'",
tranchant

., •
Figure 12.39

b) Les cadres doivent être fermés et munis d'ancrages courbes à leurs extrémités (l'EC2
autorise des jonctions par recouvrement de brins à proximité des parements d'une âme,
mais une telle disposition n'est pas recommandable).
c) Au moins 50 % des armatures d'effort tranchant nécessaires doivent être prévues
sous forme de cadres, étriers ou épingles (selon nous, le recours aux épingles - un seul
brin - ne peut être qu'exceptionnel; il vaut mieux, si possible, les éviter et uriliser plu-
tôt des é~iers fermés ; voir figure 12.27).

d) Le pourcentage d'armatures d'effort tranchant doit être au moins égal à :

P\\" min = [Asw/ (S bw sin a)]min = (0,08 ~ fck ) //yk [12.36]

e) L'espacement longitudinal maximal entre les cours d'armatures d'effort tranchant


doit être au plus égal à :

St, max = 0,75 d (1 + cot a)

f) L'espacement longitudinal maximal entre les barres relevées doit être au plus égal à :

St, max = 0,6 d (l + cot a)

g) Dans le sens transversal (donc dans l'épaisseur de l'âme), l'espacement des brins
verticaux dans une série de cadres, étriers ou épingles d'effort tranchant doit être au plus
égal à :

S" max = 0,75 d:::; 600 mm.


690 Traité de béton armé

12.647 Marche à suivre pour evariable


Le projeteur est, en principe, totalement libre du choix de l'angle 8, mais il est tenu de
respecter la condition 1 :::; cot 8 :::; 2,5.
e
La valeur de doit être choisie pour minimiser la quantité totale d'armatures (longitudi-
nales et d'effort tranchant). Si les barres longitudinales ne sont pas arrêtées, on peut
e
choisir de manière à vérifier que l'effort tranchant agissant maximal pris en compte
dans les calculs est au plus égal à VRd, max.
Dans ce dernier cas, on opère comme suit:
1. Soit VEd, red l'effort tranchant réduit selon le paragraphe 12.645 pour tenir compte du
phénomène de transmission directe (pour une charge uniformément répartie, il s'agit de
l'effort tranchant dans la section située à la distance d du nu d'appui).
Posons r;'ed= VEd,red /0,9 hw d et "C* = "CreJulcdavec U = 0,6 [1 - ifck/250)]
2. On cherche à réaliser la condition VEd. red:::; V Rd, max, avec V Rd, max donné par la relation
[12.35], ce qui conduit à:

* cot8+ cota
"C <----;:--
- 1 + cot 2 8

1+~1-4(1'*-cota)1'*
ou cot e::; ::; 2, 5
21'*

Si a = 90°, on a :

et la condition cot e:::; 2,5 entraîne 1'* 2: (10 + 4 cot a)/29 soit, pour a = 90°,
1'* 2: 0,3448.
3. Donc, dans le cas des armatures d'âme « droites» (selon la terminologie des Règles
BAEL) :
- si 1'* :::; 0,3448 : cot e 2: 2,5, on adopte dans les calculs la valeur maximale autorisée,
e
soit cot = 2,5 ;

- sÎ't'* > 0,3448 : cot e = (l + ~1- 4"C *2 ) / 21'*.


4. Une fois cot e déterminé, pour tout effort tranchant agissant VEd tel que:
V Ed :::; VEd,red

As... = VEd
s 0,9d .0..Acot8+cota)sina
Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 691

ou si a = 90° :
Asw
- = - - -Vu
=--
s 0,9d fY'I'lJ cot e

5. Il faut choisir la section AslV d'une nappe d'armatures d'effort tranchant, en déduire
l'espacement de ces armatures, vérifier que les conditions relatives à l'espacement
(§ 12.646 e, f, g) sont bien remplies et que le pourcentage minimal (§ 12.646 d, formule
[12.36]) est bien respecté.

12.648 Comparaison avec les Règles BAEl


Nous effectuerons cette comparaison pour a = 90°.
Nous avons déjà tracé la variation de la fonction ~ =g (\jf) (voir figurel2.16 au
§ 12.622-2), où : '\) !cd
ASlV
avec P =IV
hw s sina

Pour a = 90°, la relation [12.14] (page 657) donne (pour l'état-limite ultime) :

cot e = _'t..;:.:bll=--

Pw ~1Vd

Il en résulte que les limites cot e = 1 et cot e = 2,5 correspondent à deux droites passant
par l'origine, de pentes respectives 1 et 2,5.

, ,
,,
1
1

1
/
,,
1
1

, 1

,,,
1

,
1

Figure 12.40
692 Traité de béton armé

Il est frappant de comparer cette figure à la figure 34, page 133 de l'ouvrage de
M. Chambaud Le calcul du béton armé à la rupture, publié en 1964, bien avant l'EC2 :

0"3
L-~_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
2~ ____~~
<8m

Figure 12.41 : Les trois types de rupture par effort tranchant

En s'appuyant uniquement sur les résultats expérimentaux provenant de 200 essais


effectués au Laboratoire du Bâtiment et des Travaux Publics et de 250 essais américains
environ, M. Chambaud avait, en 1957, échafaudé une théorie de la rupture par effort
tranchant. Il n 'y était pas question d'« inclinaison variable des bielles» mais de « coef-
ficients de pente des bielles », l'un /.lI fonction de 1'« efficience des étriers» (Œ.= P\V.h~vd
avec les notations de l'EC2), l'autre /.l2 définissant la pente maximale des bielles eu
égard à la résistance à la compression du béton. /.lI pouvait atteindre des valeurs de 4/1 à
e
5/i (soit cot = 3 à 4 car M. Chambaud était arrivé à la conclusion que la bielle est, en
réalité, plus inclinée que la fissure).
Le caractère révolutionnaire - pour l'époque - de cette théorie, joint à une complication
d'emploi plus apparente que réelle (M. Chambaud était d'une grande rigueur scientifi-
que et il avait introduit de nombreux coefficients d'ajustement pour rendre compte avec
le maximum d'exactitude des phénomènes observés) a fait que cette méthode, présentée
. au Comité Euro-International du Béton dès 1957, n'a pas été acceptée et n'a pas connu
d'applications pratiques. Le CEB avait d'ailleurs également rejeté sa théorie de la ruptu-
re par flexion, qui en valait pourtant bien d'autres, en donnant la préférence à celle du
Professeur Rüsch, qui figure dans l'EC2.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 693

Pour la comparaison avec les Règles BAEL, nous allons prendre un béton tel que
!ck =!c28 = 25 MPa, afin de pouvoir fixer quelques valeurs numériques, et nous servir de
la représentation précédente. Pour la valeur choisie:

EC2 : D = 0,6 (1 - fck ) = 0,54,!cd = 25 = 16,7 MPa, Dj~d = 9,02, D fCd = 4,51 MPa
250 1,5 2

BAEL :f128 = 2,1 MPa, 0,3 kft28 = 0,63 MPa, 0,20fc28 = 3,33 MPa :
1,5

'tu (MPa)

EC2,O variable

4,51 -----<._-----_._-------~
, ,, ''
,,
'
,
ttim= 3,33 1-----1--.." /'
,
,,
, ,,
, ,,
,,
, ,,"
//'è"/ 451
0,63 / / / &' '''\. :
~ Psw fywd
"-/-"--_ _ _ _ _ _ _ _ (_At_ < _fe_)
o 0,4 (Pourcentage minimal) bo5t 1,15

Figure 12.42

On constate surtout que la limite des Règles BAEL vis-à-vis de la compression des
bielles (3,33MPa) est beaucoup plus sévère que celle de l'EC2 (4,51MPa). Pour la va-
leur de fc28 choisie, les pourcentages minimaux sont les mêmes.

12.65 Dalles et poutres-dalles sous sollicitations


d'effrrt tranchant (BAEL)

.12.651 Définitions
Une dalle est une plaque portant dans deux directions.
Une poutre-dalle est une plaque présentant deux bords libres sensiblement parallèles et
distants d'au moins trois fois son épaisseur; en outre, un moment agissant principal de
flexion a une direction (celle des contraintes normales qui lui correspondent) sensible-
ment parallèle aux bords libres et est nettement plus grand que l'autre moment agissant
principal de même signe.
694 Traité de béton armé

12.652 Armatures d'effort tranchant


Aucune armature d'effort tranchant (perpendiculaire au feuillet moyen de la dalle) n'est
à prévoir si :
- la dalle ou poutre-dalle est bétonnée sans reprise sur toute son épaisseur ;
-la contrainte tangente 'Lu due à des charges réparties est telle que: 'Lu :s 0,07 le) Yb ;
-les dispositions constructives (BAEL, art. A-8.2) sont respectées.
Dans le cas d'une surface de reprise ménagée dans l'épaisseur de la dalle (cas des prédal-
les), à moins que l'on ne soit dans le cas visé au § 12.714, des armatures traversant cette
surface sont à prévoir. Leur calcul s'effectue par la règle des coutures (voir § 12.713).
Dans les autres cas, les armatures d'effort tranchant sont calculées selon les règles expo-
sées précédemment, au § 12.634. Pour les poutres-dalles, le volume relatif de ces arma-
tures doit être au moins égal à 0,001 au voisinage des bords libres sur une largeur égale
à h / 2, et à 0,0001 dans le reste de la poutre-dalle.
• Vérification du béton
Lorsqu'une dalle d'épaisseur h (en mètres) comporte des armatures d'effort tranchant
(ce qui n'est généralement pas le cas pour h :s 0,15 m), les valeurs limites de 'Lu sont:
- si h 2: 0,30 m, celles indiquées au § 12.633, formules [12.22 a ou b]
°
- si 0,15 m < h < 0,30 m, ces mêmes valeurs multipliées par 1 h / 3.

12.653 Forces localisées - Armatures de poinçonnement


Le poinçonnement fait l'objet du paragraphe 12.9.

12.66 Couture des plans internes


soumis à des actions tangentes

12.661 Règle des coutures généralisée


:> Référence: BAEL, A-S.3, 1
Cette règle a pour but de permettre la vérification de certains plans intérieurs du béton
sur lesquels s'exerce un effort de glissement et pour lesquels il n'est pas prévu, par
ailleurs, de justification spécifique, tels que:
- surfaces de reprise de bétonnage,
- plans d'attache de deux pièces entre elles.
Nous allons établir cette règle sous une forme plus générale que celle indiquée dans les
Règles BAEL (voir aussi § 12.622).
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 695

12.661-1 Énoncé de la règle des coutures


Tout plan P soumis à un effort de glissement gu par unité de longueur doit être traversé
par des armatures d'attache (ou «armatures de couture ») totalement ancrées de part
et d'autre de ce plan, faisant un angle d'au moins 45° avec lui, et inclinées en sens
inverse de la direction probable des fissures éventuelles.
Lorsque les actions tangentes sont susceptibles de changer de sens, les armatures de
couture doivent être normales au plan sur lequel s'exercent ces actions.

12.661-2 Détermination des armatures de couture


dans le cas le plus général

llo

E
Plan P
: dx : 9udx
;+--
,
1
,

u'dx cru

Figure 12.43

Soit (figure 12.43) :


P la trace du plan considéré,
e l'angle des fissures avec ce plan,
A/ la section d'une nappe d'armatures de couture,
s/ l'espacement des nappes mesuré parallèlement au plan P
ex leur angle d'inclinaison sur le plan P (45° :::; ex:::; 90°).
Le plan P étant supposé soumis à un effort de glissement ultime par unité de longueur gu
et à une compression transversale développant sur P une contrainte uniforme d'intensité
cru, un élément d'aire de ce plan, de longueur dx et de largeur u est soumis aux efforts
suivants:
- un effort de glissement gu dx contenu dans le plan P,
'- un effort de compression udx crll normal à ce plan l ,
- un effort de compression dFbe , incliné de e sur le plan P (bielles de béton),
- un effort de traction dFs incliné de ex sur le plan P (annatures de couture).

1. Si la contrainte O'u correspond à une traction transversale (0'" < 0), cet effort est un effort de traction.
696 Traité de béton armé

En projetant l'ensemble de ces forces sur le plan P et sur la normale à ce plan, on trouve:
dFs sin (a + 8) = gu dx sin 8 - u dx cru cos 8
dFbc cos (a + 8) = gu dx sin a + u dx cru cos a
1°) Les armatures de couture doivent équilibrer par unité de longueur du plan P un ef-
fort:

avec crst = fet à l'état-limite ultime.


1,15

Compte tenu de ce que gu = "C.u, il faut donc:

sin(a + 8)
-At fet - --- ~
( 8
u "Ctan -cru
)
[12.42]
St 1,15 cos8

(cru> 0 pour une compression transversale, cru < 0 pour une traction transversale).
2°) La section droite d'une bielle comprimée est udx sin 8, d'où sa contrainte

cr - dF;,c _ "Csin a + cru cosa


[12.43]
ce - udxsin 8 - sin 8sin( a + 8)

Les expressions 112.42] et [12.43] constituent les expressions les plus générales de la
règle des coutures.
L'inclinaison probable 8 des fissures peut être déterminée en faisant appel à la théorie
de la courbe intrinsèque. Mais dans les cas habituellement rencontrés en béton armé, on
peut admettre 8 = 45° et si l'on adopte des armatures de couture normales au plan P
(a = 90°), la règle des coutures se simplifie et devient:

At fet ~ u ("C cr) [12.44]


St 1,15 Il

"C
cr 450 = =-2"C- = 2 "C [12.45]
c sin 8cos8 sin 28

Dans le cas où cru = 0, on aboutit à la condition très simple (puisque gu = li "C) :

~ ht ~gu [12.46]
St 1,15
Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 697

et la règle des coutures, dans ce cas particulier (a = 90 0 , au = 0) s'énonce :


La section des armatures de couture traversant normalement un plan soumis à un effort
de glissement gu (par unité de longueur) doit équilibrer, par unité de longuew~ un effort
au moins égal à gu'

12.661-3 Uaison des membrures d'une poutre avec l'âme

1. Jonction de la table et de la nervllre selon les Règles BAEL (art. AS.3.2)


Soit une section en T dissymétrique, assujettie par ses liaisons à fléchir parallèlement au
plan moyen de la nervure.
II faut assurer la couture du plan de jonction HH' (figure 12.44) ;

H ho
,., 1

1
T 1

1
1 ;
1
H' 1
AN.
1 ,1
d ------ --- ----- 1

b1
1
1
,1
1
1

-• • ••
'---
bo

Figure 12.44

a) Valeur approchée de l'effort de glissement sur le plan de jonction HH'


Lorsque l'axe neutre tombe dans la nervure, l'effort de glissement gl sur le plan de
jonction HH', pour toute saillie de largeur quelconque b l est, en application de
l'expression [12.2] avec Il = Z SI :

= ~b h ( _~) _ ~ btho(Y\ -ho /2) [12.47]


gl Il 1 0 YI 2 - Z SI

où ho désigne ici l'épaisseur totale de la table et où b l est limitée à la largeur de mem-


brure strictement nécessaire pour justifier la résistance de la poutre sous sollicitations
ultimes vis-à-vis de la flexion (voir § 7.5, figure 7.39).
Or, puisque l'axe neutre tombe dans la nervure, le moment statique SI de la partie com-
primée de la section réduite est nécessairement supérieur à celui de la table seule:

SI ;?: b ho (yI _ ho ) [12.48]


2
698 Traité de béton armé

En éliminant de [12.47] et [12.48] la quantité ho (yI - ho ), on en conclut que:


2

d'où, en admettant z = 0,9 d, la valeur approchée par excès de l'effort de glissement gll
agissant sur le plan HH' à l'état-limite ultime:

[12.49]

La contrainte tangente moyenne qui s'exerce sur ce même plan est: 'tu = b..
ho

II faut vérifier que cette contrainte est au plus égale aux valeurs 'tlim indiquées au
§ 12.632, formules [12.22a] ou [12.22b].
Si l'on trouve 'tu > 'tliIru ceci signifie:
- soit que l'épaisseur ho est insuffisante et qu'il faut l'augmenter:

- soit, si l'on ne peut modifier ho, que l'on ne peut « attacher» à la nervure (et donc, ne
prendre en compte dans les calculs de résistance) qu'une saillie bl, telle que

b ::: b 0,9d ho 't1im


l
V"
b) Armatures de couture
Lorsqu'il ne s'agit pas d'une poutre en T isolée, la table de compression est constituée
par une dalle elle-même soumise à une flexion locale entre nervures parallèles.
Il suffit donc de vérifier que les armatures propres inférieures (Ai) et supérieures (As) de
la dalle (qui traversent normalement le plan HH', donc a = 90°) sont totalement ancrées
de part et d'autre du plan HH' et que leur section par unité de longueur vérifie la «règle
des coutures », c'est-à-dire:

[12.50]

S'il n'en est pas ainsi, plutôt que de rajouter dans la dalle des armatures de manière à
satisfaire la condition [12.50], il est préférable de réduire bl, c'est-dire en fàit de mener
les calculs de résistance avec une largeur de table b inférieure à celle initialement prise
en compte ce qui, corrélativement, conduit à augmenter légèrement la section des arma-
tures tendues.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 699

En posant (A; + As) réel = L A, la valeur à ne pas dépasser pour gl/ est:

En supposant qu'il s'agisse d'une poutre à table symétrique, bo étant la largeur de la


nervure, on a:
b = 2b l + bo
La condition à respecter est alors:

--'--<g .
0,9 d 2 bl +bo - uhm

et la largeur de table b l qu'il est possible d'associer à la nervure pour le calcul des arma-
tures de flexion de la section en T est telle que b l ::; ----:-:-,b(:....;'g::;.,z,-"diC!.!.!.m_
v"
0,9 ci - glilim

2. Po litres à talon selon les Règles BAEL


Les poutres à talon sont des poutres en T dont l'âme est élargie au niveau des armatures
tendues pour pouvoir loger celles-ci (figure 12.45). Il faut assurer la couture du plan de
jonction TT' du talon à l'âme.

Notations:
T section des barres situées dans une saillie du
talon,
As section de l'ensemble des barres du talon
section d'une nappe de« cadres de talon »,
espacement des cadres de talon mesuré
parallèlement à la ligne moyenne.

Figure 12.45

L'effort de glissement par unité de longueur sur le plan TT' est:

_ v;, A~l Vu Asl


gu- ---:::::----
Z A, 0,9 d As

Cette valeur résulte de l'application de la formule [12.4], avec Su; = 15 Asl (d - yd et,
d'après l'équation des « moments statiques », SI = 15 As (d - YI)'
700 Traité de béton armé

La couture du plan TI'est assurée par les « cadres de talon ». D'après la Règle des
coutures, équation [12.46], il faut:

c'est-à-dire, en adoptant pour des cadres de talon le même espacement que pour les
armatures d'âme (donc en prenant Sc = sr) :

[12.51]

ou encore, compte tenu de ce que 0,9/ 1,15 ~ 0,8:

3. Cisaillement à la jonction âme-membrllres selon l'EC2


~ Référence: EC2, art. 4.3.2.5
L'EC2 considère non pas l'effort tranchant mais, ce qui revient globalement au même,
la variation totale de la force de compression (ou de traction) dans la partie de table en
débord, entre le point de moment nul et le point où cette force est maximale (figu-
re 12.46).

® Bielles de compression ® Barre longitudinale ancrée au-delà


du point obtenu par construction avec et

Figure 12.46
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 701

Dans une poutre en T soumise à la flexion, entre deux sections d'abscisses respectives x
et x + ÔX, le moment de flexion varie de D..M et, si la table est comprimée, la force nor-
male dans chaque débord de la table varie de Md, Il en résulte un glissement longitudi-
nal par unité de longueur dans chaque plan de jonction égal à Md / ÔX et une contrainte
tangente longitudinale qui vaut:

avec he, épaisseur de la table. La distance ÔX considérée ne peut être prise supérieure à
la moitié de la distance entre la section de moment nul et celle de moment maximal.
Les conditions à satisfaire résultent de la «Règle des coutures» (même si l'EC2
n'utilise pas cette terminologie) :
[12.52]

avec:
- pour une table comprimée: 1 ~ cot ef~ 2 soit 26°5 ~ ef~ 45°
- pour un talon tendu: 1 ~ cot ef~ 1,25 soit 38°6 ~ ef~ 45°.
Dans le cas fréquent où une flexion transversale vient se combiner avec le cisaillement
entre la table et l'âme, il faut prévoir la plus grande de deux sections d'armatures: celle
qui satisfait la condition [12.52] et la moitié de celle-ci plus celle requise pour la flexion
transversale. Si VEd ~ 0,5 !cId en cas de surface de reprise de bétonnage rugueuse ou si
vEd~j~td lorsqu'il n'y a pas de surface verticale de reprise, seule est requise à la jonction
l'armature nécessaire pour assurer la résistance à la flexion transversale.
Les armatures longitudinales de la membrure doivent être ancrées au-delà de la premiè-
re bielle d'inclinaison ef(figure 12.46, point B).

Remarque:
Il est tout à tàit possible d'utiliser la méthode d'évaluation du glissement moyen
dans l'application des Règles BAEL :
F bc désignant la force maximale de compression dans la zone comprimée (corres-
pondant à Mu,lItaX) on a donc, avec les notations des Règles BAEL (a,., distance de la
section où agit M", max à celle contenant le point d'application de la réaction d'appui,
où M" = 0, ou à une autre section de moment nul) :

_ F bl 1
gumoy - he, max -b -
av

_ gllmoy
'tumoy- - -
hI)

et il faut avoir (voir § 12.713) : LA ft! ;::: gllmov (LA = annatures de la dalle).
St 1,15 .
702 Traité de béton armé

Si cette condition n'est pas vérifiée, en posant LA le = gulim ,


St 1,15

il faut réduire bl de manière que (pour une section en T symétrique) :

_1 F. bl < .
be,max (2b b) - guhm
av 1+ 0

et recommencer le calcul des armatures longitudinales de la poutre en adoptant pour


la largeur de la table la valeur correspondant à la nouvelle valeur de b l retenue.

12.661-4 Surfaces de reprise


Des coutures de reprise ne sont pas exigées dans les éléments peu sollicités, pour les-
quels sont remplies simultanément les conditions suivantes:
-l'élément considéré n'est soumis qu'à des charges réparties, lentement variables, non
susceptibles d'effets dynamiques ou de chocs;
- la surface de reprise est traitée pour lui donner une rugosité importante (par exemple,
indentations de liaison) ;
- la cOlltrainte tangente 'tu est telle que 'tu :S 0,35 MPa ;
la contrainte normale cru éventuelle est une compression (avec cru ;;::: 'tu).
Cela concerne en particulier la surface entre une prédalle préfabriquée et le béton coulé
en place, en vue de réaliser une dalle d'épaisseur totale h (bien entendu, 'tu doit être
calculée avec cette épaisseur totale).
" Cisaillement le long des swfaces de reprise selon l'EC2
La valeur de calcul VEdi de la contrainte de cisaillement à l'interface entre des bétons
coulés à des dates différentes est donnée par :
[12.53]

avec :
f3 rapport de l'effort normal longitudinal dans le béton de reprise à l'effort longi-
tudinal total dans la zone comprimée ou dans la zone tendue, calculé, à chaque
fois, pour la section considérée
VEd effort tranchant transversal
z bras de levier des forces internes de la section composite
bi largeur de l'interface (figure 12.47)
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 703

Figure 12.47

Outre le respect des exigences de l'ensemble de ce chapitre, il faut avoir:

avec:
VRdi = C leld + Il (j" + PJ;d (Il sin a + cos a) ::s 0,5 u led [12.54]

c et Il : coefficients qui dépendent de la rugosité de l'interface :

leld= IelkO,OS/ Yc (tableau 2.4)


(j" contrainte engendrée par la force normale externe minimale à l'interface susceptible
d'agir en même temps que l'effort de cisaillement «(j" > 0 pour une compression,
avec (j,,::S 0,6 led)' Lorsque (j" est une contrainte de traction « 0), il faut prendre
Cletd = O.
P = As! Ah As aire de la section des armatures traversant l'interface (celles d'effort tran-
chant éventuelles comprises) totalement ancrées de part et d'autre de celle-ci; Ai aire du
joint
a angle d'inclinaison des armatures de couture sur l'interface: 45°::S (J.::S 90°.
u selon l'expression [12.16].
À titre d'exemple, c et Il prennent les valeurs suivantes:

- surface rugueuse (aspérités d'au moins 3 mm de hauteur,


espacées d'environ 40 mm, obtenues par striation, lavage, ou
toute autre méthode) : c = 0,45 Il = 0,7

- surface avec indentations (clés) : c = 0,50 Il = 0,9


704 Traité de béton armé

Les annatures de couture peuvent être réparties par zones de pas constant (figure 12.48).
Lorsque ces annatures sont constituées par des poutrelles en treillis, la contribution de
l'acier à VRdi peut être prise égale à la résultante des efforts dans chaque diagonale, sous
réserve que 45°:S Cl:S 135°.

Figure 12.48

La méthode de vérification ci-avant s'applique aux joints coulés en place entre éléments
de dall~s ou de voiles. Si le joint peut être fissuré de manière significative, il convient de
°
prendre c = pour les joints rugueux, et c = 0,5 pour les joints avec indentations.
Sous charges de fatigue ou charges dynamiques, c = o.

12.7 ZONES D'APPLICATION DES EFFORTS


Dans ces zones (appuis simples d'about, appuis intermédiaires, croisements de pou-
tres, etc.) soumises à des efforts concentrés, les hypothèses classiques de la Résistance
des Matériaux ne sont pas applicables. Les vérifications à tàire ont pour objet de
s'assurer que ces efforts sont bien transmis aux parties de la poutre capables de les
équilibrer.

12.11 Appui simple d'about


:> Référence: BAEL, art. A-S.I,31
Soit:
11" max l'effort tranchant dans la section du nu d'appui
Fo l'effort de traction dans l'armature inférieure, dans la section du nu d'appui.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 705

Les armatures d'âme qui traversent une fissure à 45° partant de l'appui ne sont que
partiellement tendues. Elles peuvent être négligées, ce qui va dans le sens de la sécurité
(figure 12.49)

// ./ / / / /
/ Z

Figure 12.49

a) Effort de traction dans l'armature longitudinale inférieure


Pour obtenir cet effort, il suffit d'écrire l'équilibre des moments au point B :
V;, max X - Fo z = 0
d'où [12.55]

II faut donc vérifier (figure 12.50) :

A
/

Figure 12.50

1. que la section des armatures longitudinales traversant la section du nu d'appui est


télle que:

A ;;::: Vumax = 1,15 v"max [12.56]


hd fe

<.
706 Traité de béton armé

2. qu'au-delà du nu d'appui, cette armature est totalement ancrée sur la longueur ls ou


sur la longueur la.

Remarque:
Si l'appareil d'appui est susceptible de donner naissance à une réaction d'appui
oblique, il convient d'ajouter à la section d'armature précédemment déterminée cel-
le nécessaire pour transmettre la composante horizontale de la réaction d'appui.

b) Équilibre de la bielle d'about

Comme VII max = Fo, un effort de compression v" max.fi s'exerce nécessairement selon
la direction BA. Cet effort est supposé équilibré par une bielle de béton unique (<< bielle
d'about ») inclinée à 45° sur l'axe de la poutre (figure 12.51)1.
Soit a la longueur d'appui de cette bielle au niveau des armatures inférieures définie,
pour les cas les plus courants, par la figure 12.52. Pour le calcul, la valeur de a prise en
compte est plafonnée à 0,9 d.

,,
,,
/

:..--»>,
1 a : 1...------
r---- Nu d'appui

Figure 12.51

1. Cette bielle d'about unique constitue une idéalisation simpliste commode, mais est une vue de
l'esprit. En réalité, la réaction d'appui se diffuse en éventail (voir figures 12.28 et 12.29). À noter
que, dans la section 6.2 consacrée à l'effort tranchant, l'EC2 n'envisage aucune vérification spécifi-
que des bielles d'about. Mais attention, voir au § 14.4, la figure 14.6 et la condition [14.3].
Chapitre 12' Effort tranchant - Poinçonnement 707

Annature inférieure Annature inférieure


avec ancrage droit avec ancrage courbe

Poutre à nervure rectangulaire reposant sur un poteau dont elle est solidaire

Armature inférieure Armature inférieure


avec ancrage droit avec ancrage courbe

Poutre à nervure rectangulaire reposant sur un appareil d'appui

Poutre à talon reposant sur un appareil d'appui

Figure 12.52

Pour une poutre à nervure rectangulaire d'épaisseur bo, en l'absence d'un montant
d'about ou d'un frettage de la zone d'appui, la condition de non-écrasement s'exprime
par la condition (BAEL, art. A-5.l ,313) :

Vu max J2 _2V" max [12.57]


abo - ab()
J2
soit, en général:

[12.57bis]

Le coefficient 0,8 tient compte du fait que la bielle d'about est soumise à des moments
de flexion secondaires et que son inclinaison peut s'écarter de la valeur théorique 45°.
Ce coefficient peut être augmenté jusqu'à 1,2 s'il est possible de constituer un moment
d'about ou de prévoir un frettage de la zone voisine de l'appui de manière à renforcer la
résistance de la bielle.

Si bo est fixé, la condition [12.57bis] s'exprime aussi par a;;::: 3,75Vumax


brJc28
708 Traité de béton armé

Si la condition [12.58] n'est pas satisfaite, on peut envisager (comme le permettent les
Règles BAEL, à l'art. A 5.1,315) de superposer des bielles avec des armatures inférieu-
res associées chacune d'elles, à condition de conserver en partie basse de la poutre une
section d'armatures capable d'équilibrer au moins VII max / 3 (et, bien entendu, d'ancrer
totalement ces armatures pour cet effort).
On opère donc comme suit: la longueur am minimale pour satisfaire la condition [12.57]
est:

a étant la longueur disponible, il faut que a;::: am , sinon bo doit être augmenté.
3

-r---
;....--t--,..
V u3 (A3)

vu2 (A2)
a' Vui ~ Vu/3 (A 1)

Figure 12.53

La construction de la figure 12.53 parle d'elle-même: la largeur disponible a permet de


transmettre un effort égal à :

V,d.fi = 0,8 a bofc2S/Yb.fi [12.58]


V
, entraîne une traction V,i1 dans l'armature la plus basse. Il faut V,d ;::: ~
qui 3 donc une
secti on Al;::: V,i1 lied.
La longueur restante am - a est divisée en un certain nombre de segments égaux ou
inégaux. Chaque segment représente la longueur d'appui (fictive) d'une bielle élémen-
taire au niveau de l'armature inférieure (a', a" ... ).

Les bielles élémentaires véhiculent des efforts V,12.fi , V,d.fi , etc. que l'on obtient en
remplaçant successivement dans [12.58], a par a', a", etc. Leur équilibre exige de pla-
cer aux niveaux a', a' + aH, etc. comptés depuis le niveau des armatures inférieures des
armatures capables d'équilibrer les efforts de traction V1I2, Vu3 , etc. ces armatures étant
totalement ancrées dans la poutre. Des barres bouclées à plat dans un plan horizontal (en
forme d'épingles à cheveux: c) font généralement l'affaire. La longueur d'ancrage des
parties droites des épingles est à porter côté poutre et à compter à partir du début du
pied de bielle côté poutre également (points A, B, C, figure 12.53).
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 709

Sur la hauteur de poutre am - a, il faut donc étager les sections:

A > Vul (armatures longitudinales inférieures)


1- j'
ed

(représentant chaque fois deux brins si l'on a prévu des épin-


gles à cheveux)

etc.

Bien que les Règles BAEL ne donnent pas de limite, il ne serait pas raisonnable d'étaler
les armatures sur la hauteur totale de la poutre. Nous suggérons de ne pas dépasser la
moitié (ou à la rigueur les deux tiers) de la hauteur utile d.

Bien entendu, la force de compression globale des bielles est L V;û..fï = V;/ max..fï .
Etant donné le procédé utilisé, la contrainte de compression de chaque bielle est néces-
sairement égale à la valeur limite 0,81c28/ Yb'

12.72 Appui intermédiaire


::> Référence: BAEL, art. A-5.1,32
Lorsque 1 MJ < V;/ max Z (avec z = 0,9 d), en raisonnant comme précédemment, on trouve:

F.0= v:umax+ -Mu= VIImax+--


Mu [12.59]
Z 0,9d

Mu étant pris avec son signe (figure 12.54).


Il faut vérifier que la section d'armature longitudinale inférieure Ai traversant la section
du nu d'appui peut équilibrer l'effort Fo c'est-à-dire qu'elle est telle que Ai :;::: 1,15 Fo et
le
qu'elle est totalement ancrée pour cet effort.

,1
,

Figure 12.54
710 Traité de béton armé

Pour chacune des travées adjacentes à un appui intermédiaire, il faut vérifier la bielle
comprimée (voir § 12.81) en considérant successivement l'effort tranchant immédiate-
ment à gauche et l'effort tranchant immédiatement à droite de l'appui considéré.

Remarque:
Lorsque le moment de flexion Mu est négatif, et que IMul > V;, max Z, on trouve Fo < 0
c'est-à-dire que l'on peut alors, théoriquement, se passer d'armatures inférieures
sur appui (A; = 0). En pratique, il est de bonne construction de conserver cependant
sur appui une partie des barres longitudinales inférieures provenant de la travée.

Si une poutre de largeur ho comporte un talon symétrique d'épaisseur hl. la largeur


transversale de la bielle sur appui est limitée à hl = ho + hl (figure 12.55) à moins que la
poutre ne comporte un montant d'appui.

Largeur 1
1
de la bielle 1
1 1
:----T~
Largeur
de l'appui

Figure 12.55

En outre, à moins de dispositions constructives particulières (telles que bossages fret-


tés), si Ru désigne la valeur de calcul ultime de la réaction d'appui et S l'aire d'appui
(S = a ho ou a hJ, selon le cas, voir alinéa ci-avant), il faut vérifier (BAEL,
art. A-5.1,322) :

[12.60]
Chapitre 12· Effort tranchant - Poinçonnement 711

12.73 Prescriptions de l'EC2

1. Ancrage d'armatures inférieures sur un appui de rive


a) Si les extrémités ne sont que peu, ou pas, encastrées, il faut prévoir sur appui au
moins un quart de la section d'acier en travée.

b) L'ancrage doit pouvoir résister à une force de traction FE = VEd :!..L + N Ed


Z


NEd effort normal agissant, à ajouter (traction) ou à soustraire (compression) de
l'effort de traction
al voir § 12.643
c) Les longueurs d'ancrage prennent les valeurs indiquées sur la figure 12.56.

1
1 •
1 Nu d'appuI
1

t bd ,"'

. , Appui direct: poutre reposant • Appui indirect: poutre encastrée


sur un mur ou un poteau dans une autre poutre

Figure 12.56. (pour hm, voir § 4.842)

Dans le cas d'un appui direct et d'armatures transversales soudées, hd peut être inférieur
à IM.min si une armature transversale est placée à l'intérieur de l'appui, à 15 mm au
moins du nu de celui-ci.

2. Ancrage d'armatures inférieures sur appuis intennédiaires


a) La section d'armatures sur appui doit représenter au moins un quart de la section en
travée.
b) L'ancrage doit avoir une longueur au moins égale:
- à 10 0 pour les barres rectilignes;
712 Traité de béton armé

- au diamètre du mandrin pour les crochets et les coudes si le diamètre des barres est au
moins égal à 16 mm et à deux fois le diamètre du mandrin dans les autres cas.
c) Les documents du contrat doivent préciser si l'armature inférieure doit être mécani-
quement continue (recouvrements, figure 12.57 b et c) et capable de résister à des mo-
ments positifs éventuels (tassement d'appui, explosion, etc.) .

.. ...
. . .......
~ ..... .
.......... .

t.~1't.dm
. ...... .

• Figure 12.57

12.74 Efforts entraÎnant la mise en traction transversale de l'âme
d'une poutre - Armatures de « suspension )
:> Référence: BAEL, art. a-5.1,33
Lorsque la transmission de forces à une poutre a tendance à séparer la membrure tendue
de la membrure comprimée, il est nécessaire de disposer, au voisinage de la zone
d'application de chaque force, des armatures capables d'équilibrer celle-ci et ancrées
dans la membrure comprimée. Ces armatures dites « de suspension» (appelées aussi
parfois « suspentes») sont à calculer vis-à-vis de l'état-limite ultime et à prévoir en
supplément des armatures d'âme courantes (voir § 3.522, dernier alinéa).
Cette règle s'applique en particulier:
- aux poutres ou consoles horizontales, soumises à des charges de pesanteur appliquées
à leur partie inférieure [par exemple, des poutres en T renversées, recevant des charges
sur la dalle horizontale (figure 12.58)].

Figure 12.58

- aux poutres de radiers dans lesquels la dalle est soumise aux réactions ascendantes du
sol (figure 12.59), aux contreforts des murs de soutènement dans lesquels le voile est
soumis à la poussée des terres (figure 12.60, coupe horizontale comme figure 12.59).
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 713

Figure 12.59
Figure 12.60

- aux croisements des poutres (appuis «indirects »), où l'ensemble des suspentes, dis-
posées dans le volume commun aux deux poutres ou dans son voisinage immédiat, et
entourant l'armature principale de la poutre porteuse, doit équilibrer la réaction mutuelle
d'appui (figures 12.61, 12.62 et 12.63). La figure 12.63 donne l'exemple d'une poutre
porteuse en porte-à-faux; dans ce cas, l'armature de suspension, calculée pour équili-
brer la réaction mutuelle d'appui, peut être réduite dans le rapport h l /h 2 si la hauteur hl
de la poutre portée (de largeur bl) est plus faible que la hauteur h2 de la poutre porteuse
(de largeur b2 ) et si les faces supérieures des deux poutres se trouvent au même niveau.
L'armature principale de la poutre portée doit passer au-dessus de celle de la poutre
porteuse.

CoupeVY Coupe xx

,1 ,
Poutre
secondaire -'--->-<[1-
(portée)
1
---/."....::/~-I--_ _'

Armatures /
de suspension
f
LA --!L ~R
t 1 15 u

Figure 12.61

- aux poussées au vide développées par des éléments à tracé courbe ou anguleux (voir
.§ 4.41 a et b, figures 4.29 et 4.30).
Dans les zones où il faut prévoir des armatures de suspension, on calcule séparément
ces armatures et les cadres nécessaires pour assurer la résistance à l'effort tranchant,
puis on ajoute les deux sections par unité de longueur.
714 Traité de béton armé

Volume
commun
Poutre
Volume portée
commun
Armatures Armatures
de suspension inférieures
(poutre portée)

fofi(j-- Poutre
porteuse

Figure 12.62

- - Traction
----- Compression

1
1 1
/ /
/ / 1
/ 1 1 J

~~~~/,,/~,_- ~,-
... -, ... )i-~
Réaction mutuelle

Poutre portée

Poutre porteuse

Poutre porteuse

• Figure 12.63
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 715

Si l'on désigne par :


- Ss l'espacement correspondant à une section d'armatures de suspension égale à
1 cm 2 ,•
- Sv l'espacement correspondant à une section d'armatures d'effort tranchant égale à
1 cm 2,
il faut globalement, pour 1 cm2 d'armatures (de suspension et d'effort tranchant) com-
binées, un espacement de :

S = 1 1
-+-
Ss Sv

12.8 ENTRAÎNEMENT DES ARMATURES


Dans le cas où les armatures sont soumises à de grandes variations de leur traction sur
de courtes longueurs, il est nécessaire de vérifier que ces variations ne risquent pas
d'entraîner une rupture locale d'adhérence.
Cette vérification ne s'impose, en général, que pour les barres en chapeaux disposées
au-dessus des appuis des poutres hyperstatiques, lorsque celles-ci sont susceptibles
d'être soumises à des charges concentrées importantes, et pour les éléments exposés au
poinçonnement (dalles, semelles). Elle doit être faite systématiquement en cas d'emploi
de barres de diamètre supérieur à 32 mm ou de paquets de plus de deux barres.

12.81 Phénomène d'entraÎnement des armatures


Au § 12.32, on a établi l'expression générale de l'effort de glissement s'exerçant sur un
plan normal à la section droite et parallèle à l'axe neutre, situé à la distance ç de ce
dernier, à savoir:

[12.61]

.Dans une section donnée, V, z et SI sont constants. La relation [12.61] montre que le
graphe représentant la variation de gÇ, se déduit par affinité de celui représentant la va-
riation de Sil:; (figure 12.64).
716 Traité de béton armé

15A'(y1-d')

~~---~-~~~~~~~~:I-~:::::::::::~~:
AN.
d ------ --------- ------- -----------
g= ~

_____________ ' - - - - - - - - ' ________ - ' - - - - - - - - '

Figure 12.64

Au franchissement des armatures comprimées, le moment statique SIÇ subit une aug-
mentation brusque, égale au moment statique des aciers comprimés par rapport à l'axe
neutre, c'est-à-dire 15 A'(yl - d').
De même, au franchissement des armatures tendues, SIÇ subit une diminution égale à
15 A (d - YI) et s'annule donc brusquement (équation des « moments statiques », voir
§ 7.34, équation [7.11]).
C'est l'adhérence qui s'oppose au glissement des armatures sous l'effet des variations
brusques de gç à leur niveau. On dit qu'elle assure leur« entraînement ».

12.82 Calcul des contraintes d'adhérence


II suffit d'appliquer la relation [12.3].
Dans une poutre fléchie de section constante, la contrainte d'adhérence par entraînement
d'une barre tendue isolée de diamètre 0 i , de périmètre Ui = n0i> de section
't'se
Ai = n0?14 et de hauteur utile di est:

[12.62]

't'se est d'autant plus élevée que 0; est plus grand.


En remplaçant Il par z SI (voir § 12.32), en tenant compte de l'équation des moments
statiques:
[7.11 ]

et dans l'hypothèse di = d, l'équation [12.62] peut aussi s'écrire, en prenant forfaitaire-


mentz= 0,9 d:

_ v"
't'se- - - " - -
Ai
[12.63]
0,9d ui A
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 717

Cette formule est également valable pour un paquet de barres de section Ai et de périmè-
tre utile Ui avec :
Ui = (n + 2) 0 pour un paquet de deux barres,
Ui = (n + 3) 0 pour un paquet de trois barres.
Si toutes les barres sont de même diamètre et sont soit isolées, soit groupées en paquets
égaux, en désignant par LUi la somme des périmètres utiles des barres ou des paquets, la
formule [12.63] devient:

=
VIl
"1"
'se [12.64]
O,9dLU i

Pour des barres isolées de même diamètre 0, en remarquant que ~ =0 ,on a encore:
LUi 4

't'
_ v"
-----
0
se 09d
, 4A

Dans une section où A est imposée, 't'se est d'autant plus faible que 0 est plus petit. Ce-
pendant pour des raisons économiques, il ne faut pas adopter des valeurs de 0 trop
faibles.

Remarque:
La furmule [12.3] s'applique aussi aux barres comprimées. On trouve, avec
SB = 15 A '(YI - d') ;

't'. = v" 15A'(YI -d') = v" 0 15 ( -d')


se II L U' II 4 YI

12.83 Contrainte d'adhérence limite


Les contraintes d'adhérence d'entraînement doivent être inférieures à la valeur limite 't'se, Il
définie en fonction de la résistance à la traction lm du béton par: 't'se, 1/ = \Ifs 1128, avec
\Ifs = 1 pour les ronds lisses et \Ifs = 1,5 pour les barres HA.
À défaut de calculs plus précis, il est loisible d'admettre 1128 = 2 MPa, c'est-à-dire de
'prendre:
't'sc. u = 2 MPa pour les ronds lisses,
't'sc, u = 3 MPa pour les barres HA.
718 Traité de béton armé

12.84 Cas particulier des treillis soudés


Pour les treillis soudés, normalement constitués de barres ou de fils à haute adhérence, ce
qui vient d'être dit aux § 12.92 et § 12.93 s'applique intégralement, en prenant pour
calculer 'tse, Il la valeur du coefficient de scellement \jfs des barres ou fils constitutifs en
cause.
Il n'est pas admis de cumuler la résistance à l'entraînement procurée par l'adhérence
propre des barres ou fils avec celle qui pourrait être due aux soudures des barres ou fils
transversaux.

12.9 POINÇONNEMENT

12.91 Généralités
Le poinçonnement est le phénomène qui peut se produire lorsqu'une charge localisée ou
la réaction d'un point d'appui est appliquée sur une aire relativement faible, dite aire
chargée, A1oad, d'une dalle ou d'une fondation.
Une rupture par poinçonnement se produit soudainement, généralement sans signes
précurseurs, par arrachement à l'emplacement de l'aire chargée d'un tronc de cône (ou
de pyramide) à génératrices fortement inclinées (inclinaison voisine de 30° environ sur
l'horizontale). Il s'agit d'un phénomène complexe qui interfère avec la flexion générale
de l'élément chargé. À l'emplacement de l'aire chargée en effet, le béton se trouve
soumis à des contraintes triaxiales.
En France, ce phénomène n'a pas fait l'objet d'études systématiques. En revanche, il a
été analysé dans les pays scandinaves, « spécialistes mondiaux» de l'étude des dalles
(pour la flexion: méthode des lignes de rupture de Johansen, méthode des bandes de
Hillerborg; pour le poinçonnement, Kinnunen et Hallgren, etc.). Des recherches plus
récentes ont également été menées dans d'autres pays (Royaume-Uni et USA). Dans ce
qui suit, nombre de formules ont une origine empirique.

12.92 Prescriptions des Règles BAEl

12.921 Condition de non-poinçonnement


Disons le tout de suite, la formule donnant, dans Règles BAEL la charge ultime de
poinçonnement, ne repose pas sur des bases très solides. En l'absence de données expé-
rimentales, les rédacteurs se sont bornés à transposer en présentation « état-limite ulti-
me » le résultat de la Résistance des Matériaux classique: « le cisaillement maximal est
égal à 1,5 fois le cisaillement moyen ».
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 719

Ce résultat peut se retrouver facilement.


Pour une dalle d'épaisseur ho, recevant une charge (de service) localisée Q appliquée sur
une aire de périmètre Ue, le cisaillement moyen s'exerçant sur la surface latérale U c ho du
cylindre découpé (comme par un évide-pommes) dans l'épaisseur de la dalle est Q/uc ho
En appliquant la formule [12.3] à cette surface latérale développée (assimilée à une sec-
tion rectangulaire homogène U e ho pour laquelle l'axe de flexion simple se confond avec
l'axe géométrique parallèle au sens «uc ») on a, avec les notations de la formule,
Il = U e h0 31 12 et S'B =Uc (ho/2) (hol 4) = Ue h0 2 /8, d'où, comme V = Q:
Tmax = Q SŒI Il, Uc = (3/2) QI Ue ho
Le poinçonnement étant un phénomène lié à la résistance à la traction du béton, les
règles antérieures aux Règles BAEL formulaient la condition de non-poinçonnement
comme suit:
(3/2) QI U C ho :s 0,3 (Jn, (JII étant la résistance à la traction du béton.
«Transposée» à l'ELU, et avec les notations BAEL: charge ultime Qu = 1,5 Q,
1t28 = 0,83 (Jn (passage d'une valeur moyenne à une valeur caractéristique), cette condi-
tion devient, en faisant apparaître le coefficient de sécurité Yb sur le béton:
(3/2) (Qui 1,5)1 Uc ho:S 0,3 (fa8/Yb) (Yb 10,83)
En faisant en outre l'approximationfa8 -;::::1e281 12 1, on arrive, avec Yb = 1,5, à:
Qu 1Uc ho :s (0,3 xl ,5/0,83 x12) (fc28 1Yb) ~ 0,0451c28 1Yb
qui est la condition des Règles BAEL 91 [mais non celle des Règles BAEL 83. Dans ces
dernières, une confusion s'était produite à cause de la multiplicité du facteur 1,5 qui
intervient trois fois: une fois sur la contrainte (3/2), une autre fois pour passer de la
charge de service à la charge ultime (Q" = 1,5 Q) et une troisième fois comme coeffi-
cient de sécurité (Yb). L'oubli d'une de ces trois valeurs dans la condition des Règles
BAEL 83 a eu pour conséquence que la marge de sécurité que procurait cette condition
devait être très faible].
Application allX dalles
a) Rectangle « d'impact»
On admet que toute force appliquée à la face supérieure d'une dalle d'épaisseur h sur un
rectangle de dimensions ao et bo agit uniformément au niveau du feuillet moyen sur un
rectangle de dimensions a et b avec (figure 12.65)

1. Bien que le poinçonnement soit un phénomène mettant essentiellement en jeu la résistance à la


traction du béton, les Règles BAEL se réfèrent ici à la résistance à la compression. L'idée originelle
des rédacteurs était que la résistance caractéristique spécifiée (à la compression) était le seul paramè-
tre qui devait figurer comme donnée de base en tête des notes de calcul. Pourtant, la résistance à la
traction du béton apparaît bien dans les formules relatives à la contrainte d'adhérence, au calcul des
armatures d'âme, etc. Rien ne s'opposait, en fait, à ce qu'il en soit de même pour le poinçonnement.
720 Traité de béton armé

h
2

Figure 12.65

- si la force est appliquée directement sur la dalle (figure 12.65 a).


a = ao + h
b = bo + h
- s'il existe un revêtement d'épaisseur hl (figure 12.65 b)
a =ao + h+é;,h l
b = bo + h+ é;,h!
avec:
é;, = 2 pour un revêtement en béton ou matériau analogue,
é;, = 1,5 pour un revêtement moins résistant que le béton (asphalte coulé, béton bitumi-
neux, enrobés).
Cette règle revient à admettre que les charges se répartissent à 45° dans l'épaisseur de la
dalle. Elle peut donc facilement être généralisée à tout contour d'application de la force,
quelconque mais convexe.
La force est considérée comme localisée si les dimensions a et b sont « faibles» par
rapport aux portées de la dalle, ce qui est le cas des surfaces de contact des pneumati-
ques de véhicules, des crics, etc.
b) Vérification de la résistance au poinçonnement
Soit:
Qu la valeur de calcul de la charge localisée à l'état -limite ultime,
lie le périmètre du rectangle d'impact ou la longueur développée du contour équivalent
si l'aire chargée est de forme quelconque; dans le cas de forces localisées situées à
proximité des bords de la dalle, cette longueur est évaluée comme indiqué à la figu-
re 12.66 (u e est alors un contour ouvert dans l'évaluation de la longueur duquel
n'interviennent ni AE, ni AD).
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 721

B
C

(a) si AB + ED < BF + FD, prendre Uc = AB + BC + CD + DE


(b) si AB + CD < BE + EF + FC, prendre UC =AB + BC + CD
UC : longueur développée du contour au niveau du feuillet moyen

Figure 12.66

Aucune armature d'effort tranchant n'est requise si :


0,045
Qu:S - - Ue hfc28 (m, MN, MPa) [12.55a]
Yb

Toutefois, pour tenir compte de l'effet favorable du quadrillage d'armatures, les Règles
BAEL admettent que la limite soit portée à :

Qu lim = (0,05 + 1,5 PI) Ue dj~28/Yb [12.55b]

avec:
d hauteur utile moyenne du quadrillage

PI = min [~PIX Ply; 0,015]

Plx, Ply pourcentages des armatures dans chaque direction (en tenant compte de la
hauteur utile réelle de chacun des lits du quadrillage).
Dans le cas où l'une des conditions [12.55 a] ou [12.55 b] n'est pas satisfaite, on doit
disposer des armatures d'effort tranchant dans toute la zone intérieure à un contour
parallèle au contour Ue et de périmètre u'" défini par :

U'" = Yb Qu (avec UII/;::: lie) [12.55c]


0,045/if:'28

. La détermination de ces armatures et la vérification du béton s'effectuent, comme indi-


qué aux § 12.634 et 12.633, à partir de contraintes tangentes:

1: = QI/ où li varie de lie à UII/'


Il li h
722 Traité de béton armé

12.93 Prescriptions de l'EC2

12.931 Principe du calcul de la résistance au poinçonnement


La méthode de calcul est fondée sur des vérifications effectuées sur un contour de
contrôle de référence (§ 12.932) entourant l'aire chargée et éventuellement sur d'autres
contours de sontrôle. En particulier, s'il faut des armatures de poinçonnement, il
convient de chercher le contour de contrôle (l/olll ou UOIII, eJ, figure 12.72) au-delà duquel
ces armatures ne sont plus nécessaires.
À chaque contour de contrôle correspond une section de contrôle (§ 12.932).
La contrainte maximale de poinçonnement VEd agissant sur une section de contrôle est
tout d'abord déterminée comme indiqué au § 12.933. Trois valeurs de calcul de la capa-
cité de résistance au poinçonnement le long une section de contrôle sont définies:
VRd, crésistance au poinçonnement d'une dalle (ou d'une semelle de fondation) sans
armature de poinçonnement le long de la section de contrôle considérée (expressions
[12.67] ou [12.68] au § 12.934) ;
VRd. cs résistance au poinçonnement d'une dalle (ou d'une semelle de fondation) avec
armatures de poinçonnement le long de la section de contrôle considérée (expression
[12.69] au § 12.935) ;
VRd, max valeur maximale de la résistance au poinçonnement (expression [12.68] au
§ 12.934).
Le long du contour de l'aire chargée (ou du poteau), il faut avoir: VEd 5:VRd. max.

Aucune armature de poinçonnement n'est nécessaire si VEd 5: VRd. c. Si cette condition


n'est pas vérifiée pour la section de contrôle considérée, il convient de prévoir des ar-
matures de poinçonnement jusqu'au contour UOIll ou uoIII,<if(voir § 12.935).

12.932 Contour et section de contrôle de référence

a) Contour de contrôle de référence


Le contour de contrôle de réjërence entoure l'aire chargée chargée à une distance nulle
part inférieure à 2 d (d, hauteur utile), avec, pour une dalle (figure 12.67) :
d = deff = (dy + dz ) /2
où dy et dz sont les hauteurs utiles des armatures dans deux directions orthogonales.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 723

T
,
1

2d A
,
® Section de contrôle

CD
9=arctan (1/2) de référence
=26,6°

• Coupe

--------------~~~~~~~--------------~

.-
~///'
1
1 ® Aire de contrôle de référence Acont
1

1
1
1 © Contour de contrôle de référence u1
1
1
1
\
@ Aire chargée Aload
\
\
\
rcont : autre contour de contrôle
\

• Vue en plan

Figure 12.67

Les figures 12.68, 12.69 et 12.70 montrent divers contours de contrôle de référence.
Le contour de contrôle de référence doit être tracé de manière à minimiser sa longueur
(voir, par exemple, le troisième cas de la figure 12.68). Dans le cas où une aire chargée
est située à moins de 6 d d'une trémie, une partie du contour de contrôle est considérée
comme non participante (figure 12.69).

b) Section de contrôle de référence


La section de contrôle de référence est la section dont la trace coïncide avec le contour
'de contrôle de référence et qui s'étend sur la hauteur utile d. Pour des dalles ou des
semelles d'épaisseur variable, d est la hauteur utile sur le pourtour de l'aire chargée.
724 Traité de béton armé

2d u1
~-------'\,<U1

(tJ :
--'------'/

1
1
1
1
1
1
1
~ ----,/
1
1
1
1
1
1
1
2d
2d 1 " " \
\
1
1
1
1
1
1
1 1
\ 1 1
-L-+~\' _________ "'/ -- - - ---- - - -- - _..... '
1

Figure 12.68

I~~~--I~-,,-\
s6d

1 \
1 1
1 1
1
1
1
1
1
1
\
\
"-
--------"'" Cas ~ > 0.
Trémie

Figure 12.69

-------"---_\1 l
2d """"----\I12d

_L
~I
. . ..... : "U1
1
1
1
1
~u
1
1
1
1
1
1
1 ,,"
1

- - '---f--"-
2d
1
,,
1
2d

.- 1 1

f------- -';d ," "

2d

Figure 12.70

Remarque:
L'EC2 envisage ensuite le cas du poinçonnement des planchers-dalles (dalles sur
chapiteaux), qu'il serait trop long de développer dans cet ouvrage.
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 725

12.933 Évaluation de la contrainte maximale


de poinçonnement
Dans le cas le plus simple d'une charge localisée centrée agissant directement à la sur-
face d'une dalle, la contrainte tangente de référence est celle qui s'exerce sur la section
de contrôle de référence. Elle prise égale à :
[12.65]

avec:
VEd valeur de calcul de l'effort tranchant de poinçonnement
Ul longueur développée du contour de contrôle de référence
d hauteur utile moyenne des armatures de la dalle : d = (dy + dz) /2.
Aucune armature de poinçonnement n'est requise si VEd::::;; VRde (voir § 12.934).
b) Charge excentrée
Lorsque la réaction d'appui est excentrée par rapport au contour de contrôle considéré,
la contrainte maximale de poinçonnement peut être déterminée par (attention aux in di-
cesietl):
[12.66]

avec:
U; longueur développé du contour de contrôle considéré
. f3 = 1 + k (MEd III / VEd W l )
III périmètre du contour de contrôle de référence
k coefficient fonction du rapport des dimensions Cl et C2 du poteau (figu-
re 12.71) :
k = 0,45 si CdC2 :::: 0,5
k = 0,60 si CI/C2 = 1
k= 0,70 si CI/C2 = 2
k = 0,80 si c l /c2 ~ 3
Mu moment u'allsmis à la jonction dalle/poteau
Wl correspond à une distribution des contraintes de cisaillement selon la
figure 12.72 et est fonction de III :

avec:
dl longueur élémentaire du contour
e distance de dl à l'axe autour duquel s'exerce le moment M Ed•
726 Traité de béton armé

Figure 12.71

Par exemple, pour un poteau rectangulaire, et une excentricité dans une seule direction:
WI =(CI2/2)+CIC2+4c2d+ 16d2+27tdcl
avec:
Cl dimension du poteau dans la direction où la charge est excentrée
C2 dimension du poteau dans la direction perpendiculaire.
Pour les structures dont la stabilité latérale ne dépend pas du fonctionnement en porti-
que (dalle-poteaux) et où les portées des travées adjacentes ne diffèrent pas de plus de
25 %, on peut adopter pour ~ les valeurs approchées:
- pour un poteau intérieur: 1,15 ;
- pour un poteau de rive: 1,4 ;
- pour un poteau d'angle: 1,5.
c) Cas des semelles de fondation
La résistance au poinçonnement est à vérifier non seulement sur le contour de contrôle
de réterence situé à la distance 2d du contour du poteau (d, hauteur utile des armatures
de la semelle à sa jonction avec le poteau), mais aussi sur des contours de contrôle (de
même forme) situés en deçà, donc à moins de 2d du nu du poteau. La longueur dévelop-
pée d'un tel contour de contrôle est désigné par u.
Pour une semelle de fondation isolée, il peut être tenu compte de l'effet favorable de la
réaction du sol à l'intérieur du contour de contrôle pour réduire VEd.
o Dans le cas d'une charge centrée: VEd = VEd,red/ li d
avec:
u longueur développée du contour de contrôle considéré
VEd,red = VEd-ôVEd

charge apportée par le poteau


Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 727

réaction du sol à l'intérieur du contour de contrôle, diminuée du poids


propre de la semelle.
Pour une charge excentrée : VEd = (VEd, red / u d) [1 + k (MEd li / VEd, red W)]
k est défni au § 12.933b et est similaire à Wb mais pour le contour li.

12.934 Dalles ou semelles sans armatures de poinçonnement


Aucune armature n'est requise si VEd::; VRd, c avec:
a) pour une dalle
VRd, c = [(0,18 k/yc) (100 Pt/ck) 'Il + 0,10 O"cp] 2: Vmin + 0,10 O"cp [12.67]

k=1+.J200/d::;2,0 (den mm)

PI =JPIY Plz ::; 0,02


Ply et Plz se rapportent aux armatures de traction dans les directions y et z respective-
ment. Il s'agit des valeurs moyennes calculées pour une dalle de largeur égale à la lar-
geur du poteau, augmentée de 3d de chaque côté.
O"cp = (O"ey + O"cz) /2 (en MPa, contraintes positives s'il s'agit de compressions)

avec:
NEd,y et NEd,z efforts normaux agissant sur les largeurs de dalle participante asso-
ciées aux poteaux,
aire du béton correspondant à la définition de NEd•
b) pour une semelle defondation
VRcl.e = [(0, 18k/Ye) (100 Pt/ck) Y3] 2d / a 2: Vmin 2 d / a [12.68]

avec a, distance du nu du poteau au contour de contrôle considéré, les autres notations


étant celles définies pour la formule [12.67].
Dans l'un et l'autre cas, il faut avoir VEd::; VRdma.... = 0,5 U!cd [12.69]

(U, voir formule [12.16]).


728 Traité de béton armé

12.935 Dalles ou semelles avec armatures de poinçonnement


Des armatures de poinçonnement sont nécessaires si VEd> VRd,c selon [12.67] ou [12.68].
Trois zones sont à vérifier:
- zone immédiatement le long du poteau ou de l'aire chargée,
- zone contenant l'armature de poinçonnement,
- zone extérieure à l'armature de poinçonnement.
Dans la zone contenant l'armature de poinçonnement:
VRd, cs = 0,75 VRd,c + 1,5 (dl Sr) Asw J;'wd,ef[1 1(UI d)] sin a [12.70]

avec:
Asw aire d'un cours d'armature de poinçonnement sur un périmètre UI autour du
poteau (mm 2 )
Sr espacement radial des cours d'armatures de poinçonnement (mm)
a angle de l'armature de poinçonnement avec le feuillet moyen de la dalle
/ywd,ef résistance de calcul de l'armature de poinçonnement (MPa)
/ywd, ef= 250 + 0,25 d 'S/ywd
avec d moyenne des hauteurs utiles des armatures dans les directions orthogona-
les (mm).
Si une seule file de barres pliées vers le bas est prévue, prendre dls r = 0,67.
Au voisinage du poteau, de dimensions CI et C2, il faut avoir:
VEd = ~ VEdI Uo d'S VRd, max = 0,5 'U!cd
avec:
- pour un poteau intérieur: Uo = 2 (CI + C2)
- pour un poteau de rive: Uo = CI + 3d'S CI + 2 C2 (Cl parallèle à la rive)
- pour un poteau d'angle: Uo = 3d'S CI + C2
-13 donné au § 12.933-b, 'U donné par la formule [12.16].
Aucune armature de poinçonnement n'est requise au-delà d'un contour UVIlI ou Uvut , ef
(figure 12.72) défini par: UOllt (ou Uout,er) = 13 Vul (VRd,c d).
Chapitre 12 • Effort tranchant - Poinçonnement 729

~~....
~-----
"<,,

000
,'>.. 000
, 000
000

~
d 1 000
\
\
: 00000 00000 '
1 00000 00000 :
1 00000
\
\ 000 ooooo~/
\
, 000
000
Y
000 d
~... ooo~,>-v
' ........ _-_ .... '~

® Contour Uout ® Contour Uout. ef


Figure 12.72

La file périphérique extérieure des armatures de poinçonnement doit être placée à une
distance kd, avec k $; 1,5, à l'intérieur du contour UOI/I (ou du contour UOI/ I , efi voir figu-
re 12.72).
Une augmentation de résistance due aux charges localisées au voisinage des appuis
selon § 12.52-2 0 ou § 12.645 n'est pas autorisée.

12.10 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE


DU CHAPITRE 12
- F. Leonhardt, Effort tranchant et torsion en béton précontraint, Annales ITBTP, avril
1971.
Manuel de calcul CEB-FIP, Effort tranchant, Torsion, Bulletin d'Information CEB,
nO 92, juin 1973.
- Shear and torsion, Bulletin d'information CEB nO 126, juin 1978.
- Shear, torsion and punching, Bulletin d'information CEB, nO 146, janvier 1982.
.,- F. Lévi, P. Marro et H. Thonier, La vérification des contraintes tangentielles suivant
l'Eurocode 2, Annales ITBTP, nov. 1992 et mars-avril 1994.
- Selectedjustification notes, Bulletin d'information CEB, nO 217, 1993.
- lR. Robinson et J.M. Demorieux, Essais de poutres en double Té en béton armé,
Annales ITBTP, janv. 1976
- J.R. Robinson et lM. Demorieux, Essais de modèles d'âme de poutres en double Té,
Annales IBTP, oct. 1977.
Essai en torsion d'une poutre à caisson (source: CEBTP)
CHAPITRE 13

TORSION

13.1 DÉFINITION
Une pièce prismatique à axe rectiligne est sollicitée en torsion lorsque, ses liaisons
d'extrémité s'opposant à la rotation libre de cette pièce autour de son axe longitudinal,
le système de forces extérieures auxquelles elle est soumise génère un couple dont l'axe
se confond avec celui de la pièce et qui entraîne la rotation des sections droites couran-
tes dans leur propre plan.
Les pièces à axe non rectiligne, dans lesquelles la résultante générale des charges appli-
quées n'est pas située dans le plan vertical contenant les réactions d'appui, sont elles
aussi sollicitées en torsion.
Jusqu'à ces dernières années, la torsion était considérée comme un phénomène se-
condaire dont les effets étaient censés couverts par les « coefficients de sécurité» en
vigueur. Il n'en est plus de même de nos jours: la complexité croissante des structures
que les ingénieurs ont à étudier et à construire, les oblige assez souvent à prendre en
compte cette sollicitation dans leurs calculs.
Si la torsion pure se rencontre rarement en béton armé, la torsion accompagnée de
flexion est fréquente et se rencontre dans les cas suivants:
a) poutre à plan moyen, à axe rectiligne, soumise à une charge P agissant hors du plan
moyen parallèlement à celui-ci (figure 13.1).
Le système de charges est en effet équivalent à celui constitué par la charge P agissant
dans le plan moyen de la poutre et par le moment de torsion T = Pc.
732 Traité de béton armé

P c P

Ir
,
T= p·c
IT:'
tG"
~-, .. _-
.~.
,
1
,

Figure 13.1

Exemples:

- poutres de rive d'un plancher,


- poutre supportant un auvent
(figure 13.2) : si la poutre est
portée par des poteaux, elle
transmet à ceux-ci un couple de
flexion en tête;
- poutres chargées par l'inter-
médiaire de traverses en console
(bâtiments industriels) ;
/<f
- structures planes (planchers et Poteau support
tabliers de ponts) à poutres non
entretoisées en dehors des ap- Figure 13.2
pUIS.

b) poutre à plan moyen ou non, lorsque la résultante générale des charges n'est pas
située dans le plan contenant les réactions d'appui;

Exemples:
- poutres courbes (figure 13.3) ou à ligne moyenne brisée en plan (le centre de gra-
vité d'une section droite quelconque n'est pas situé dans le plan vertical contenant
les réactions des appuis) ;
-limons ou paliers d'escaliers.
Chapitre 13 • Torsion 733

/"/
,/

Lignes des appuis

.~.~~.~--------

Figure 13.3

c) noyaux d'immeubles dissymétriques en plan, sous l'action du vent.


d) phase de mise en place de poutres préfabriquées isolées, exposées au risque de déver-
sement latéral, etc.

13.2 COMPORTEMENT EXPÉRIMENTAL


DES ÉLÉMENTS EN BÉTON ARMÉ
SOUMIS A LA TORSION
Ainsi que l'a fait observer Morsch, les essais d'éléments soumis à la sollicitation de
torsion pure, où n'intervient aucun effort normal appliqué directement ou résultant
d'une flexion, permettent d'analyser correctement le mécanisme de la résistance aux
sollicitations tangentes du béton fissuré et des armatures. On peut ainsi mieux saisir en
particulier le mode de résistance des poutres fléchies à l'effort tranchant.
Les essais de torsion disponibles sont cependant moins nombreux et moins systémati-
ques que ceux concernant les poutres fléchies. Ceux dont on peut trouver les résultats
dans la littérature technique de la deuxième moitié du siècle dernier ont été effectués
dans divers pays, en particulier aux USA (Gesund; Hsu ; Pandit), au Canada (Mac
Mullen), à Moscou (Tchinenkov), à Zürich (Lampert et Thürlimann). Des essais ont
également été effectués au CEBTP de Saint-Rémy-Ies-Chevreuse, par différents cher-
cheurs (Robinson, Demorieux, Fauchart, Morisset, etc.). De tels essais exigent en géné-
ral des machines assez sophistiquées. Celle de Saint-Rémy, due à B. Fouré, permettait
de soumettre à la torsion des pièces dont la section droite s'inscrivait dans un cercle de
1,70 m de diamètre et dont la longueur était un multiple entier de 1,25 m. Elle compre-
nait une tête mobile (figure 13.4) où un vérin créait le couple de torsion et une tête
« fixe », assurant l'encastrement de l'élément soumis à l'essai, à son autre extrémité.
Les essais mentionnés ci-avant ont porté:
- sur des tubes cylindriques de révolution munis d'armatures longitudinales (appelées
« tirants ») et d'armatures transversales sous forme de cerces ou d'une hélice continue,
- sur des tubes prismatiques à section pleine carrée ou rectangulaire, armés et non ar-
més,
734 Traité de béton armé

- sur des poutres à section circulaire pleine, armées et non armées,


- sur des poutres à section rectangulaire pleine,
- sur des poutres en T, en L, ou en double T,
- sur des poutres sollicitées en torsion et en flexion.

Vue de face

Anneau principal 1875 1


)101

Figure 13.4. Machine de torsion. Tête mobile (hauteur: 3,30 m; largeur: 3,80 m)

De l'ensemble des essais en torsion effectués jusqu'ici, on ne peut tirer que des conclu-
sions très prudentes, en raison notamment de leur nombre restreint:
1°) en phase non fissurée, le comportement des éléments soumis à la torsion correspond
à la théorie élastique (Saint-Venant). Sous sollicitations de torsion pure, les premières
fissures sont inclinées à moins de 45° sur l'axe longitudinal de l'élément et font le tour
de la section (figure 13.5).
Chapitre 13 • Torsion 735

Direction de la fissuration (- 32 à 35°)

Figure 13.5. Fissuration d'un caisson soumis à la torsion (vue de l'intérieur)

2°) si l'élément ne comporte ni armatures longitudinales et/ou ni armatures transversa-


les, la rupture, d'allure fragile, suit de peu la fissuration. Si, en revanche, l'élément est
correctement et suffisamment armé, le couple de torsion de rupture peut être nettement
supérieur à celui qui provoque la fissuration.
3°) quand, notamment par sollicitation de torsion pure, la fissuration affecte tout le
périmètre de l'élément (sans qu'aucune partie de sa section droite reste comprimée) son
apparition s'accompagne d'une brusque augmentation:
- de l'effort de traction des armatures,
- des efforts de compression des bielles hélicoïdales découpées par les fissures,
- de la rotation de l'élément autour de son axe longitudinal.
736 Traité de béton armé

Ainsi, lorsque la fissuration se produit, la rigidité de torsion chute brutalement dans le


rapport de 5 à 1 environ (figure 13.6) ou même parfois de 10 à Il. Cette diminution de
rigidité ne doit pas être ignorée, notamment dans le calcul des systèmes hyperstatiques,
car la négliger pourrait conduire à des résultats grossièrement erronés.
4°) dans le cas où une partie de la section droite reste comprimée (par suite de la coexis-
tence d'un moment fléchissant, ou bien d'un effort normal) cette zone semble posséder
une résistance propre au cisaillement susceptible d'augmenter la valeur du couple ulti-
me de torsion. Ce phénomène, s'il était pris en compte dans les textes réglementaires,
devrait conduire à une réduction de la quantité d'armatures.

C (10 4 mN)

88,93 Rupture

80

70

60 --- --- --- Pente 2/10


~,21~ __________________________ ~7- _________________________
50

Têtem&1~le
Q)
40 1 Tête fixe .~
::J
>. ..... .. 1
q::
~
30 c:
_e •. •. • .• .• .• . • . .• .• .'. . .• .• . . • .•. • •. .•
_71:..:.. ....~_... : 0
c:
Q)
20 <J)
(\1
.s::
Pente 10/1 e = 4°40' D-
10
(A rupture) e
o 2 3 4 5 6 7 8 9 10 15

Figure 13.6. Rotations unitaires de en fonction du couple C de torsion pure


dx
dans le cas d'un caisson

5°) des éléments en béton armé de même forme extérieure (cylindre ou prisme), les uns
à section pleine, les autres creux, mais comportant tous les mêmes armatures, ont après
fissuration un comportement identique (figure 13.7, d'après Lampert) et présentent en
particulier la même résistance à la torsion.
Ce phénomène est dû à la fissuration généralisée du noyau, intérieur aux armatures, des
sections pleines, ce qui entraîne la formation d'un « vide mécanique ». Prévu par

1. La meilleure image que l'on puisse en donner est, pour une pièce circulaire, celle d'un ressort spiral.
Même s'il s'agit d'un ressort dont les spires sont serrées les unes contre les autres, un tel ressort
n'offre qu'une faible résistance à une torsion de sens inverse au sens d'enroulement des spires, vis-à-
vis de la résistance d'un tube à paroi pleine de même diamètre.
Chapitre 13· Torsion 737

l-R. Robinson, il a été mis en évidence par les essais effectués, sous son autorité, par
A. Morisset.
De cette constatation découle le mode de calcul à la torsion des poutres à section pleine
(§ 13.6 et § 13.7) qui consiste à baser le dimensionnement à la torsion sur les méthodes
applicables aux sections creuses à paroi minces.
6°) pour les éléments à section pleine comportant un pourcentage normal d'armatures,
la rupture semble se produire par flexion. Il existe en effet toujours une dissymétrie dans
une pièce théoriquement symétrique (par exemple, par suite du début de la fissuration).
Cette dissymétrie semble à l'origine de la rupture par flexion, par ouverture et propaga-
tion d'une fissure d'allure hélicoïdale vers l'intérieur de la pièce et mise en traction
jusqu'à plastification des armatures rencontrées par la fissure, tandis qu'au-delà d'une
charnière plastique, le béton s'écrase en compression.
Un tel comportement a pu être vérifié par A. Morisset sur des cylindres pleins en béton
armé.

C (tm)

14

12

10

- - Creux
----- Plein

o ~-----.-------r------~-----.--------~e
2 3

Figure 13.7
738 Traité de béton armé

13.3 TORSION D'ÉQUILIBRE


ET TORSION DE COMPATIBILITÉ
La torsion peut être nécessaire ou non à l'équilibre.
a) Dans le premier cas (torsion d'équilibre) quel que soit l'état de déformation et de
fissuration de la pièce sollicitée en torsion, le couple de torsion demeure toujours le
même, d'où nécessité de l'évaluer avec prudence et de l'équilibrer par un ferraillage
approprié (cas de la poutre supportant un auvent, figure 13.2)
Dans la torsion d'équilibre, il peut s'agir :
- soit, pour les éléments linéaires à section pleine ou creuse, d'une torsion circulaire,
dans laquelle l'équilibre est maintenu par un flux fermé d'effort tangent sur le périmètre
de la section,
- soit, pour les éléments linéaires à sections ouvertes à parois minces, d'une torsion
gauche, dans laquelle l'équilibre est maintenu à la fois par des contraintes tangentes de
torsion circulaire et par un ensemble de contraintes normales et de contraintes tangentes
d'effort tranchant transversal dues à l'entrave apportée à la déformation de la section
perpendiculairement à son plan (gauchissement).
b) Dans le second cas (torsion de compatibilité), les couples de torsion sont dus uni-
quement à l'entrave apportée à la rotation angulaire par les éléments auxquels la pièce
est liée.
Ces couples diminuent si la déformation et/ou la fissuration de la pièce sollicitée en
torsion augmentent. Il n'est donc pas nécessaire de vérifier cette dernière à la tor-
sion. En revanche, il doit être tenu compte des effets secondaires de la torsion dans le
calcul des éléments auxquels la pièce est liée.
Considérons par exemple le cas (figure 13.8) d'une dalle encastrée sur deux poutres
latérales (poutres de rive). Les moments d'encastrement créent des moments de torsion

dans les poutres. Les couples d'encastrement sont théoriquement compris entre _ pl2
12
et 0 selon la rigidité en torsion des poutres porteuses et selon la manière dont elles sont
elles-mêmes appuyées à leurs extrémités (rotation possible ou non de l'appui autour
d'un axe parallèle à la ligne moyenne de la poutre, - donc perpendiculaire au plan de la
figure 13.8).
Chapitre 13· Torsion 739

TC,!
1
,.
,
t ,.1

Figure 13.8

Si les poutres-supports ne peuvent tourner, elles se fissurent par torsion, leur rigidité
diminue fortement (voir figure 13.6), les moments d'encastrement tendent vers 0 et le
moment en travée de la dalle augmente en conséquence.

13.4 MÉTHODES DE CALCUL


Les recherches effectuées vers les années 70 sur la résistance à la torsion des éléments
en béton armé ont conduit à des méthodes de calcul basées sur deux approches:
1. la théorie de la flexion biaise,
2. le modèle du treillis spatial.

13.41 Théorie de la flexion biaise


Cette théorie est due à des chercheurs soviétiques, et plus particulièrement, à
Mme N. N. Lessig. Elle est basée sur la prise en compte directe du faciès de rupture
observé dans les essais, mais n'en explique toutefois pas la raison.
Ce fàciès peut être observé au cours d'une expérience élémentaire, consistant à rompre
par torsion un bâton de craie cylindrique. Le bâton se fissure bien suivant une hélice à
45°, mais se rompt avant que l'hélice n'ait fait le tour complet du cylindre. La partie
diamétralement opposée à la fissure s'écrase le long d'une « charnière» qui relie les
deux extrémités de la fissure hélicoïdale.
La rupture, qui se produit suivant une surface gauche, inclinée sur l'axe du cylindre et
avec écrasement local du côté opposé (comme dans le cas d'une flexion) a été appelée
par les chercheurs: « rupture de flexion biaise ».
Ce faciès a été observé dans de nombreux essais de torsion de poutres à section cylin-
drique pleine, à section en caisson, à section en T (figure 13.9) ou en double T.
740 Traité de béton armé

Zone de
compression

Figure 13.9. Rupture de flexion biaise

Un tel aspect de la rupture, que la sollicitation exercée ne permet pas de prévoir, ne peut
être expliqué que par une dissymétrie momentanée due au caractère progressif de la
fissuration dans la section de rupture.
La théorie établie par Madame Lessig sur la base de la « flexion biaise» 1 est séduisante
en ce qu'elle permet de prendre en compte l'application simultanée d'un moment de
torsion, d'un moment de flexion et d'un effort tranchant.
Les hypothèses sont les suivantes:
1. La rupture survient par flexion suivant une section gauche, limitée sur trois côtés par
une fissure hélicoïdale et sur le quatrième côté par une zone comprimée rectangulaire
oblique sur l'axe.
2. La fissure hélicoïdale est formée de trois lignes droites faisant le même angle avec
l'axe de la poutre, cet angle étant supérieur ou égal à 45°.
3. Le diagramme contraintes-déformations du béton dans la zone comprimée est le mê-
me qu'en flexion droite sans torsion.
4. Le béton, en dehors de la zone comprimée, est fissuré et n'équilibre aucun effort de
traction.
5. Toutes les armatures traversant la section de rupture en dehors de la zone comprimée
sont dans des états de contrainte et de déformation représentés par des points du palier
de plasticité de leur diagramme de traction.
6. Les armatures proches de la face de la poutre où se trouve située la zone comprimée
peuvent être négligées.
7. La section de l'armature transversale par unité de longueur est considérée comme
constante.

J. Voir l-R. Robinson, Éléments cons/11Ic/ift du béton armé, éd. Eyrolles.


Chapitre 13· Torsion 741

8. II n'y a pas de charges appliquées sur la longueur occupée par la section gauche.
À partir de ces hypothèses, on peut écrire trois équations qui résolvent le problème:
-la première exprime l'équilibre des moments autour de la charnière;
- la seconde exprime l'équilibre des forces sur un axe normal à la charnière et parallèle
à la face sur laquelle elle se trouve;
-la troisième s'obtient en égalant à zéro la dérivée, par rapport à la longueur de poutre
occupée par la charnière, du couple de torsion tiré de la première équation: elle permet
de fixer la longueur de charnière qui correspond au couple minimal.
Même sous la forme simplifiée résultant d'hypothèses complémentaires dues à Mac
Mullen et Warwaruk, les équations ainsi obtenues sont d'un emploi un peu compliqué
pour les problèmes le plus fréquemment rencontrés par un projeteur de béton armé.
La méthode du treillis spatial qui conduit, dans de nombreux cas, à des résultats voisins
de ceux obtenus par application de la méthode de la flexion biaise est en revanche beau-
coup plus simple que cette dernière, surtout lorsqu'on va directement aux expressions
de la « règle des coutures» qui découlent de la théorie du treillis (voir § 13.73).

13.42 Méthode du treillis spatial


Le principe du modèle du treillis spatial est le suivant: la résistance à la torsion d'une
pièce en béton armé, à section pleine ou à section creuse, peut, après développement de
la fissuration oblique, être représentée par le comportement d'un treillis spatial à mon-
tants tendus (armatures transversales), membrures comprimées ou tendues (parois de
béton et armatures longitudinales) et diagonales comprimées (bielles de béton);
l'inclinaison de ces bielles peut être influencée, comme dans le cas de l'effort tranchant,
par le choix de l'armature transversale et de l'armature longitudinale.
Un tel modèle présente les avantages suivants:
- il est applicable à n'importe quel type de section,
- il pernlet un traitement uniforme des cas de sollicitations combinées torsion-flexion
ou torsion-effort tranchant,
- il permet de déterminer la rigidité à la torsion d'éléments après fissuration.
Tout ce qui suit se réfère à l'application d'un tel modèle.
742 Traité de béton armé

13.5 RÉSISTANCE À LA TORSION


CIRCULAIRE D'UNE POUTRE CAISSON
:> Référence: BAEL, art. A-5.4,21

13.51 Expression du flux de la contrainte tangente


de torsion (rappels de Résistance des Matériaux)
a) Soit un tronçon de poutre de longueur ds.
Considérons la surface cylindrique L' ( = A )A 2B2B d à génératrices parallèles à l'axe de
la poutre, ayant comme directrice une courbe A} 1; quelconque, de longueur l, parta-
geant en deux parties une section droite quelconque L (figure 13.10).

Figure 13.10

Soit M un point quelconque de Ml repéré par exemple par son abscisse curviligne ç à
partir d'une origine quelconque. Si la section droite L est sollicitée par un couple de
torsion, il se développe en tout point de Ml tel que M une contrainte tangente Tç

---
contenue dans le plan de L et dirigée suivant la normale en M à AIAl et une contrainte
tangente de même intensité contenue dans le plan normal à L et passant par la tangente
---
en Mà AIAl (théorème de Cauchy).

Si le couple de torsion appliqué à la poutre est la seule sollicitation agissante, l'équilibre


du volume situé d'un même côté de la surface L'exige que la résultante des composan-
tes des forces suivant la normale à la section L soit nulle (pas d'effort normal extérieur),
c'est-à-dire:

f f('t"ç dl ds)=O
A,A2 AI~
Chapitre 13 • Torsion 743

ou, comme AI BI = ds est constant:


[13.1]

Pour un tube mince fermé, d'épaisseur constante ou variable, en considérant deux par-
cours AI A'I A'2 A2 etAI A'I A'3 A3 dont les segmentsAIA'1 = bl. A 2A'2 = b2, A3A'3 = b3
sont respectivement normaux au contour moyen (figure 13.11) et en appliquant la for-
mule [13.1] on peut écrire:

Figure 13.11

d'où finalement: f 'tçdl = f 'tçdl =ce ou encore Lb.lT,dl = Lb, T,dl =ce
A;A 2 A;A3

c'est-à-dire qu'en tm point quelconque Gj du contour moyen où l'épaisseur du tube est


bj et la contrainte tangente de torsion 'tj, on a :
<1> = (bj'tj) = Cte [13.2]

Le flux de la contrainte de torsion qui traverse la paroi du tube est donc constant.
b) Considérons maintenant un tronçon de paroi de longueur ds mesurée le long du
contour moyen, de périmètre C, de-celle-ci (figure 13.12).
744 Traité de béton armé

, ds ,
On écrit que le système des forces Gi ,"" ,,
;,.,

élastiques dues aux contraintes 1:i est , bi ,,


équivalent au moment de torsion T. ,
M' 'M' 'i

La force totale sollicitant l'élément


de paroi d'aire (b i ds) en son cen-
tre de gravité G i est :
(1:i b;) ds
Son moment par rapport à un point
0, en principe quelconque, du plan
de la section (en pratique centre de
gravité G de la section droite an-
nulaire) a pour valeur: (1:i bi) ds h.
Figure 13.12

L'équilibre exige que l'on ait:

te
c'est-à-dire, puisque <I> = (b i 1:i) = C :

<I> L dsh=T
Or on a: h ds = 2 (aire triangle M'OM).
Quand le point G i décrit entièrement le contour moyen C, l'aire balayée par le triangle
M'OM est l'aire intérieure,Q limitée par ce contour. On a donc:

fh ds = 2,Q
c
d'où:

T
<I> = b·1:·
1 1
= -
2,Q [13.3]
Chapitre 13 • Torsion 745

13.52 Contrainte tangente de torsion


Soit une poutre tubulaire (poutre-caisson) en béton armé à section rectangulaire soumise
à un moment de torsion constant T (figure 13.13) :

Contour d'aire Q

-w-,,~"I+ Épaisseur fictive bo


~...y,fA.... Épaisseur réelle de la paroi e
.0
VI
CG "0
bo=Min [e;aJ6]

l
1
,.1
b

Figure 13.13

On suppose que les quatre parois ont la même épaisseur bo qui, pour le calcul, est limitée au
sixième du diamètre du cercle qu'il est possible d'inscrire dans le contour extérieur (voir
§ 13.6).
L'application des formules [13.2] et [13.3] conduit à:
<1>
d'où 'ti =- = Cte = 't
bo

T
et comme <1> = -
2Q
T
't=-- [13.4]
2Qbo

.Q étant l'aire enveloppée par le contour tracé à mi-épaisseur des parois.


746 Traité de béton armé

13.53 Hypothèses simplificatrices de base


du modèle de treillis spatial
On suppose que les moments de flexion et de torsion propres directement équilibrés par
les bielles de béton après fissuration de la poutre sont négligeables. Chaque paroi est
donc simplement comprimée par un effort incliné.

Figure 13.14

Le treillis spatial se compose de quatre panneaux identiques deux à deux, de hauteurs di


et 4, dans lesquels les diagonales comprimées sont inclinées de 8; et 8j (figure 13.14) :
(d; = dl = d3 ; t1j = d2 = d4 ; 8i = 8 1 = 83 ; 8j = 82 = 84 )
On suppose que la poutre admet deux axes de symétrie, que les parois ont toutes la
même épaisseur ho et que l'armature transversale peut se réduire à des cadres normaux à
.l'axe de la poutre.
Chapitre 13· Torsion 747

13.54 Équations d'équilibre


,,
,,
,,
,,
.............. O"bci
1 ~
1

1
/ ~
1
1
1
1
1

I~
t
---------•-v:-• - 1

Ftj
dj cot9 j
1"'" ... 1

Figure 13.15

Soit:
Ali (Alj) la section des brins des cadres contenus dans l'épaisseur ho de la paroi
i (j) considérée (on suppose pour commencer Ali *- Alj même si en
pratique on aura couramment Ali = Alj)
Sti (slj) l'espacement de ces cadres, supposé régulier;
(Jsti «(JSlj) leur contrainte;
(Jbei «(Jbci) la contrainte du béton des diagonales comprimées.
Les forces de compression diagonale du béton ont respectivement pour valeur (figu-
re l3.15) :
- dans une paroi i :
[13.6 a]

- dans une paroij:


[13.6 b]

Les forces de traction s'exerçant dans l'armature transversale ont respectivement pour
valeur (figure 13.15):
- dans une paroi i :

[13.7 a]
748 Traité de béton armé

- dans une paroij :

[13.7 b]

a) Équilibre d'ensemble
Coupons la section droite d'une paroi par une ligne quelconque, et étudions l'équilibre
d'une partie de poutre de longueur ds (figure 13.16) :

Figure 13.16

Les composantes des forces longitudinales appliquées à la partie de poutre considérée


doivent' avoir une résultante nulle. Or ces composantes sont celles des efforts de com-
pression obliques qui s'exercent dans le béton, et que l'on peut facilement évaluer.
En effet, sur la longueur ds d'arête aboutissent deux bielles comprimées provenant,
l'une de la paroi 1, l'autre de la paroi J et de sections droites respectives bo ds sin 8; et
bo ds sin 8j •
Les forces véhiculées par chaque bielle ont donc respectivement pour valeur :
abei bo ds sin 8i et abcjbods sin 8j
ou compte tenu des équations [13.6a] et [13.6b], comme on peut s'en assurer sur la
figure 13.17 représentant l'angle déplié:

Fei dssin 8; et
djcos8;
Chapitre 13· Torsion 749

dS'sin9j

Paroi J

. ds sin9j
FC I - -
djcos9j

ds

ds·sin9j

Paroi 1

Figure 13.17

En projetant ces forces sur l'arête commune aux deux parois, l'équilibre exige que:

dssinS _ dssinS j
(Fei j
) cos Si - (Fe) ) cos S}
dicosS j djCOSS j

soit: [13.8]

Si l'on écrit maintenant l'expression du moment de torsion, après avoir projeté les for-
ces Fei et Fe} sur la section droite, on aura:
T= Fei sin Si 4+ Fe} sin S} di

ou, compte tenu de [13.8] : T = 2 Fei sin Si 4 [13.9]

d'où les expressions:


1°) de la force diagonale dans une paroi i, d'après [13.6 a] :
T
Fci = - - - -
2dj sinS j

De [13.4]

[13.10]

(expression identique pour une paroij, en remplaçant i parj).


750 Traité de béton armé

2°) de la contrainte de compression dans les bielles d'une paroi i, d'après [13.6 a] et
[13.10] :

[13.11]
sin Sj cosSj

Si l'on exprime maintenant la composante des forces agissant sur une section droite, on
aura:
- pour une paroi i, une force de traction résultante égale à :
Fu = Fei cos Sj = (-r bo ) dj cot Sj [13.12]

(la moitié étant affectée à chaque membrure du treillis)


- pour l'ensemble de la poutre tubulaire (2 parois i + 2 parois}) :
FI = (-r bo) [2dj cot Si + 24 cot SJ [13.13]

b) Équilibre d'lin panneall


Cet équilibre exige que Fri = Fei sin Si (voir figure 13.15) c'est-à-dire, compte tenu de
[13.10]:

ou encore:

[13.14]

(expression identique pour une paroi) en remplaçant i par}).

13.55 Vérification de la sécurité


Lorsque l'armature transversale est la même pour toutes les parois (A li / Sri = Atj/ Stj), on
constate expérimentalement que l'angle S est également le même (Si = Sj' voir figu-
re 13.5). Plaçons-nous dans ce cas. On arrive alors pour l'ensemble de la poutre aux
expressions suivantes:
- contrainte de compression du béton (voir [13.4] et [13.11])
T T
0' - ----- [13.15]
bc- 2QbosinScosS - Qb(lsin2S

- force de traction dans les cadres transversaux (voir [13.14]) :

[13.16]
Chapitre 13· Torsion 751

- résultante axiale de toutes les forces longitudinales dans les membrures du treillis
(armatures longitudinales, voir [13.13]) :
T
"LFI = 0' LAI = -
s 2Q
u cot e [13.17]

avec: u = 2di + 24, périmètre du contour d'aire .Q


et LAI somme des sections des aciers longitudinaux.
L'état de contraintes décrit par les équations [13.15] à [13.17] est statiquement admissi-
ble, c'est-à-dire qu'il satisfait à toutes les conditions d'équilibre.
En passant à l'état-limite ultime et en écrivant successivement que:

-l'état-limite ultime par compression des bielles n'est pas atteint : O'bc~ 1)!c28 ;
Yb
-les aciers transversaux et les aciers longitudinaux n'atteignent pas leur résistance de
calcul (O'st -::;'!etd ; O's -::;'!ed), on obtient les valeurs de deux moments de torsion résistants:
- TRdl tiré de l'équation [13.15]
- TRd2 tiré de l'équation [13.16] avec la condition complémentaire:
LA 1" > TRd2 ucote
/Jed- 2Q

Il faut s'assurer de façon générale que le moment de torsion agissant de calcul TEd est tel
que: TEd -::;. min [TRd ], TRd2 ].
Cette méthode est celle de l'EC2.

13.56 Remarque sur la condition relative


à la compression des bielles de béton
La condition relative à la non-atteinte de l'état-limite ultime par compression des bielles
s'exprime à partir de la valeur O'bccalculée au moyen de la formule [13.15] par :

abc -::;'1) fck avec les notations de l'EC2


Yc
avec 1) = 0,6 [1 - ifck/250)] comme pour l'effort tranchant.
Les rédacteurs de la version finale de l'EC2 n'ont pas cru devoir retenir la réduction du
coefficient 1) en cas de torsion, qui figurait dans les versions antérieures et dont la justi-
fication était pourtant apportée par les constatations suivantes.
En torsion pure, aussi bien qu'en torsion accompagnée de flexion circulaire, dans la
zone où le moment de flexion est constant, la sollicitation des bielles de béton n'est pas
tout à fait la même que pour l'effort tranchant: du fait de la rotation de torsion très
importante à l'état-limite ultime, les parois, initialement planes, se déforment en parabo-
752 Traité de béton armé

loïdes hyperboliques (figure 13.18), ce qui provoque la mise en flexion des bielles de
béton comprimées. Cette flexion associée à la sollicitation transversale due à la mise en
traction des armatures transversales, entraîne une réduction de leur résistance apparente
à la compression.

Figure 13.181

Ainsi peut s'expliquer sur la figure 13.5 la présence de fissures n'ayant pas la direction
des fissures obliques initiales.

13.6 RÉSISTANCE D'UNE POUTRE


À SECTION PLEINE À LA TORSION
CIRCULAIRE
Sur la base du comportement expérimental décrit au § 13.2-5°, les Règles BAEL assimi-
lent les sections pleines à des sections creuses équivalentes, en adoptant comme épais-
seur fictive ho de paroi de la section creuse équivalente:
a
h =-
o 6

1. Les figures 13.18, 13.28 et 13.29 ainsi que les figures 12.28 et 12.29 sont extraites de l'étude de
Michael P. Collins et Denis Mitchell (voir les références bibliographiques au § 13.9).
Chapitre 13· Torsion 753

a étant le diamètre du plus grand cercle inscriptible dans le contour extérieur de la sec-
tion (figure 13.19):

al6 épaisseur de
la section creuse équivalente

Cercle inscrit

Figure 13.19

Cette valeur a été sensiblement confirmée par 1. Fauchart et 1.-M. Demorieux qui, pour
des cylindres pleins ont trouvé comme épaisseur de la « croûte» résistante: a/S,4 en
moyenne (voir Annales ITBTP,janvier 1973).
Dans le cas de pièces composées, il faut déterminer les sections creuses équivalentes des
différents éléments (figure 13.20) :

Figure 13.20
754 Traité de béton armé

13.7 PRESCRIPTIONS DES RÈGLES BAEL


POUR LA TORSION

13.71 Contrainte tangente ultime de torsion


:> Référence: BAEL, art. A-5.4,21
Par application de la formule [13.4], la contrainte tangente ultime de torsion a pour
valeur:

1: -
T1/
uT - 2Qh [13.18]
o

avec:
Tu moment de torsion à l'état-limite ultime
ho épaisseur de paroi prise en compte dans le cas de la torsion:

- épaisseur réelle, limitée à ::, s'il s'agit d'une section creuse,


6

- épaisseur fictive égale à ::, s'il s'agit d'une section pleine (voir signification
6
. de a au § 13.6).

aire du contour tracé à ho du contour extérieur (figure 13.21).


2

Airen

Figure 13.21
Chapitre 13· Torsion 755

13.72 Vérification du béton


:> Référence: BAEL, art. A-5.4,3
La contrainte tangente de torsion 'tuT doit être combinée avec la contrainte tangente 'tuV
due à l'effort tranchant.
étant la contrainte tangente limite dont les valeurs ont été données au § 12.633, la
'tlim
condition à satisfaire est:

'uV

Sections
pleines

- pour les sections creuses: 'tuT+ 'tu V :s 'tlim


Sections
- pour les sections pleines: ruT + ruv:S rlim creuses --+----'<t,.

0 ' - - - - - - - - ' ' - - - " , . 'tuT


'lim

Figure 13.22

II faut prendre garde que les mêmes notations désignent dans les Règles BAEL des
quantités différentes pour l'effort tranchant et pour la torsion, et ne pas commettre
d'erreur lors du calcul de 'tuT et 'tl/V (figures 13.23, 13.24 et 13.25) :

. en caIsson
a) sectIOn . ,.
avec epmsseur des parOIS
. b0:$ mm
. (a
-; -b) :
6 6

I~ ~I
. . ----.. ;... -.-. . /.-. . -.-.-.. . /. ,. ----l--.. -
b Section équivalente pour l'effort tranchant

a -)of.~... bo bo .-Jo- -~ "'f- d 'tuT


I:/
= --"--
2Qb"
~ _____ r_-
•. ---.- - - '
~--~~--~~-'-~~
't -
V/1
Figure 13.23 uV - 2 bd
o

b) section en caisson avec épaisseur des parois b l > min (a16 ; b16) :
.on pose bo = min (a16 ; bI6).
756 Traité de béton armé

a
T"
2Qbo
- - - - - - - - - _.'-------------'
b
~I 't' -
Vu
uV - 2 b d
1
Figure 13.24

c) section rectangulaire pleine a x b _-


On pose bo = min (al 6; bl 6).

a T"
2Qbo

V
b 't' - U
l/V- bd

Figure 13.25

Dans tous les cas, ,Q représente l'aire du contour tracé à mi-épaisseur de la paroi ficti-
ve d'épaisseur totale bo.

Remarque:
Les Règles BAEL ajoutent une contrainte tangente conventionnelle ('t'l/v) à une
contrainte tangente physique ('t'uT), ce qui constitue une anomalie.

13.73 Détermination des armatures


:> Référence: BAEL, art. A-SA, 4
Les armatures de torsion se composent:
d'armatures d'âme, généralement droites, formées de cadres fermés,
- d'armatures longitudinales.
Leurs sections sont additionnées à celles des armatures transversales d'effort tranchant
et des armatures longitudinales de flexion; pour ces dernières, il ya donc nécessaire-
ment augmentation de la section des armatures du côté tendu par la flexion seule, tandis
que du côté comprimé par la flexion, la section résultante est la valeur absolue de la
différence entre la section des aciers comprimés et celle des armatures longitudinales de
torsion au niveau de ceux-ci.
Chapitre 13· Torsion 757

Soit:
AI l'aire des brins d'armature d'âme contenus dans la paroi réelle ou fictive
d'épaisseur bo .
u la longueur du périmètre du contour C d'aire Q.
(LAI) l'aire totale des armatures longitudinales réparties le long du périmètre li.
En admettant e = 45°, les équations [13.16] et [13.17] donnent:

~ hl = h LA{ = T" = b 1: T [13.19]


2Q 0 1/
SI Ys Ys li

On peut remarquer que ces équations sont celles que l'on aurait obtenues si l'on avait
appliqué directement (voir § 12.661-2) la règle des coutures aux sections droites norma-
les à l'axe longitudinal de la pièce et aux sections radiales passant par ce même axe.
En effet:
-les armatures d'âme cousent les plans radiaux (coupe longitudinale, figure 13.26)
-les armatures longitudinales cousent les plans normaux à l'axe (sections transversales,
figure 13.27) :

«Plan P»

At~
St 1,15

Figure 13.26

«PlanP»

Contour de
périmètre u --+.....
(aire Q)

Figure 13.27
758 Traité de béton armé

Ces plans sont soumis à un effort de glissement par unité de longueur (flux) :

En appliquant la règle des coutures, formule [12.46], on a ainsi directement, sans dé-
monstration compliquée:
- pour les armatures d'âme :

At Jet =b't' = 7;,


St 1,15 0 liT 2Q

- pour les armatures longitudinales, pour lesquelles l'effort total longitudinal à équili-
brer est:

FI = LAI le
1,15
= J (bo""T) du
c
= (b o 't'zd u

LAt le - b - 7;,
-u- 1,15 - 0 't'liT - 2Q

Le pourcentage minimal (condition [12.24] au § 12.634) s'applique aux pièces soumises


à des moments de torsion. Il doit être respecté pour chacun des deux systèmes
d'armatures, longitudinales d'une part (LAI le ), transversales de l'autre (At let ). Dans
u ~

la formule du pourcentage minimal des armatures d'âme, b désigne alors l'épaisseur de


la paroi" réelle ou fictive.

13.74 Disposition des armatures de torsion


En torsion pure, la position des armatures longitudinales dans l'épaisseur bo n'a pas une
grande importance pour l'équilibre de la section.
Comme on risque cependant l'éclatement du béton d'enrobage (figure 13.28), les Rè-
gles BAEL demandent que ces armatures soient disposées le plus près possible des
parois, compte tenu des règles d'enrobage.
Dans les angles des sections en caisson, il convient de disposer des armatures longitudi-
nales pour équilibrer les efforts de compression obliques qui poussent au vide à cet
endroit et font éclater le béton d'enrobage (figure 13.29).
Chapitre 13· Torsion 759

Figure 13.28 (essais de Michael P. Collins, Université de Toronto, Ontario)

l
Figure 13.29

II en est de même dans le cas d'une section rectangulaire où les armatures longitudina-
les doivent être disposées aux quatre angles et éventuellement sur les faces pour les
sections de grandes dimensions.
En règle générale, il est recommandé, pour les sections sollicitées en torsion, de répartir
les armatures longitudinales sur le pourtour de la section et de disposer les armatures
transversales en cadres fermés et peu espacés. En l'abscence d'indications des Règles
BAEL 91, on peut adopter, pour l'espacement de ces cadres, la plus petite des trois
valeurs suivantes :
- u/8 (li périmètre de la cage constituée par les armatures),
- la plus petite distance entre deux angles adjacents de la section,
-20cm.
Les autres dispositions constructives indiquées pour l'effort tranchant (§ 12.6352) sont
applicables.
760 Traité de béton armé

13.8 PRESPRIPTIONS DE L'EC2


POUR LA TORSION
Les notations de l'EC2 différant sensiblement de celles des Règles BAEL, il n'est pas
inutile de commencer par un tableau de correspondance :

RèglesBAEL EC2
Q Ak

rAI A si

ho t
U Uk
- u (périmètre extérieur de la section)
- 'U (facteur d'efficacité)

13.81 Principe général de la justification


Le calcul est basé sur la méthode de l'inclinaison variable des bielles (§ 12.64), qui peut
être appliquée au treillis spatial qui se développe dans une poutTe-caisson en prenant:
a = 90° et 1 :s cot e :s 2,5.
Le moment de torsion agissant de calcul doit être au plus égal au moment de torsion
résistant de calcul:

Pour TRdl et TRcf2 , voir § 13.55.

,
13.82 Epaisseur t des parois
En premier lieu, on définit l'épaisseur te! des parois à introduire dans les calculs, qu'il
s'agisse d'une section creuse ou d'une section pleine.
Si A désigne l'aire totale de la section droite délimitée par le périmètre extérieur (en ne
. tenant donc aucun compte des vides intérieurs) et U la longueur de ce périmètre, on
pose, pour une paroi i :

A :s; 2 CI
f.r·=
eJ.1 - {
LI ~ épaisseur réelle de la paroi
Chapitre 13· Torsion 761

Ch distance entre le parement extérieur et l'axe des armatures longitudinales (Cl = C + 0


2
avec C enrobage des barres longitudinales).
L'aire totale interne au contour (feuillet moyen) tracé à mi-épaisseur des parois fictives,
en ne tenant toujours aucun compte des vides intérieurs, est désignée par Ah et son pé-
rimètre par Uk (figure 13.30).

® Feuillet moyen (aire intérieure~)


B
Parement extérieur de la section,
® périmètre u

© Enrobagec

Figure 13.30

13.83 Armatures de torsion


Pour un couple de torsion de calcul TEd agissant seul et une paroi i, le flux de la
contrainte tangente de torsion (équivalent à un glissement longitudinal) vaut (voir ex-
pression [13.4]) :
'li, i tif, i = TEd l2A k
L'effort tranchant dans la paroi i considérée vaut donc:

VEd, i = "Ct, i tif, i Zi

avec Zi, hauteur de la paroi i, définie comme la distance entre les droites d'intersection
de son plan moyen avec les plans moyens des parois adjacentes.
Dans le cas général où la torsion s'accompagne d'une flexion, les armatures d'âme sont
à calculer, avec la même inclinaison 8 des bielles, en superposant les effets de la torsion
à ceux de la flexion.
L'aire de la section des armatures transversales de torsion est donnée par:
Asw/ydl s = TEd/(2 Ak cot 8)
La section d'armatures longitudinales nécessaires pour équilibrer la torsion seule est
donnée par:
762 Traité de béton armé

Ces deux relations, tirées des expressions [13 .16] et [13.17], peuvent être directement
établies à partir de la « Règle des coutures ».
Dans la zone tendue par la flexion, les armatures longitudinales de torsion sont ajoutées
aux armatures longitudinales de flexion. Dans la zone comprimée par la flexion, si la
force de traction due à la torsion est inférieure à la résultante des contraintes de com-
pression du béton, une armature longitudinale de torsion n'est pas nécessaire.
Les armatures longitudinales de torsion doivent normalement être distribuées sur la
longueur Zi, mais pour de petites sections, elles peuvent être concentrées dans les angles,
aux extrémités des côtés.

13.84 Interaction torsion et effort tranchant


a) Pour les sections pleines, il faut vérifier:
TEd / TRd, max + VEd / VRd, max ~ 1

avec:
TEid moment de torsion agissant de calcul
VEel effort tranchant agissant de calcul
Vu. max selon la formule [12.35 bis] du tableau 12.5.
TRd, max = 2 U Ucw!cd Ak tej/ (cot e + tan e)
avec:
1 ~ cot e ~2,5
U selon la formule [12.16]
U cw selon tableau 12.5.
On calcule séparément les cadres nécessaires pour assurer la résistance à l'effort tran-
chant et ceux nécessaires pour assurer la résistance à la torsion, en adoptant à chaque
fOlS le même angle e pour l'inclinaison des bielles de béton, puis on ajoute les deux
sections par unité de longueur.
Donc, si on désigne par:
Sv l'espacement correspondant à une section d'armatures d'effort tranchant égale à
1 cm2,
ST l'espacement correspondant à une section de cadres de torsion égale à 1 cm2 ,
il faut, globalement, pour 1 cm2 d'armatures (d'effort tranchant et de torsion) combi-
nées, un espacement:

s=-----
Chapitre 13 • Torsion 763

b) Pour une section pleine quasi rectangulaire, seul un pourcentage minimal d'armatures
transversales est requis si :

avec:
TRd, c moment de fissuration par torsion: TRd, c = 2 Ak te/, ;t·td
VRd, c selon la formule [12.10] (et VRd, c 2: VRd, c min).

13.85 Dispositions constructives


Les cadres de torsion visés ici sont aussi bien ceux nécessaires en torsion pure que ceux
nécessaires en cas de torsion et d'effort tranchant (voir § 13.84 et figure l3.31).

-fi)
Configurations recommandées

.,
Configuration non recommandée

Figure 13.31
764 Traité de béton armé

1. Les cadres de torsion doivent être fermés et ancrés de préférence par des crochets à
135° avec retours dirigés vers la masse du béton (disposition de la figure 13.31).
Ils doivent être perpendiculaires à la ligne moyenne de l'élément (a = 90°)
2. Le pourcentage minimal PU', min, défini par la formule [12.36] au § 12.646-d, est appli-
cable aux cadres de torsion.
3. L'espacement longitudinal des cadres de torsion est limité à la plus faible des trois
valeurs:
- u / 8 (u, périmètre de la section droite)

- la plus faible dimension de la section droite


- SI, max (voir § 12.646e)
- 0,45 d en cas de torsion accompagnée de flexion (d, hauteur utile des armatures ten-
dues de flexion)
4. Il faut disposer au moins une barre longitudinale dans chaque angle, les autres arma-
tures longitudinales de torsion étant réparties uniformément le long du contour intérieur
des cadres, et espacées d'au plus 350 mm.

13.9 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE


DU CHAPITRE 13
Outre les documents mentionnés au § 12.10 :
- Fauchart (J), «Rupture des poutres à section rectangulaire en béton armé ou pré-
contraint, par torsion etflexion circulaire combinées », Annales ITBTP, janvier 1973.
- Robinson (J.-R.), Éléments constructifs spéciaux du béton armé (Poutres soumises à
la torsion, poutres-cloisons, consoles courtes, semelles de fondations, articulations),
1975, éd. Eyrolles.
- Collins (M.P.), Mitchell (D.), Shear and Torsion Design of Prestressed and Non-
Prestressed Concrete Beams, Journal of the Prestressed Concrete Institute, sept./oct.
1980.
CHAPITRE 14
DIMENSIONNEMENT
DES BIELLES,
TIRANTS ET NŒUDS

14.1 GÉNÉRALITÉS
L'analyse au moyen de modèles à bielles et tirants a été évoquée au § 3.525-4. Dans la
pratique, il ne suffit pas, pour de tels modèles, de se contenter de schémas linéaires
(formés par les lignes moyennes des éléments constitutifs) tels que ceux représentés par
les figures 3.16 ou 3.17 par exemple. Les « points» où concourent des forces véhiculées
par des bielles et/ou des tirants sont en réalité des «nœuds» assimilables à de petits
volumes prismatiques en béton, à section triangulaire lorsque trois éléments du modèle
y aboutissent. Il faut représenter ces noeuds par un dessin semblable à celui de la figu-
re 14.1. Les bielles sont schématisées par des éléments prismatiques ayant une largeur
compatible avec celle des nœuds auxquels elles aboutissent, leur épaisseur étant norma-
lement égale à celle de l'élément étudié.

Figure 14.1. Exemple de représentation d'un modèle à bielles et tirants pour son
dimensionnement
766 Traité de béton armé

Cette représentation permet de définir les dimensions des côtés des nœuds, c'est-à-dire
de connaître les surfaces sur lesquelles vont venir s'appuyer les bielles ainsi que les
hauteurs disponibles pour étager les armatures constituant les tirants ou les longueurs
disponibles pour leur ancrage.
Reste à vérifier si tous les éléments sont aptes à résister aux contraintes auxquelles ils
vont être soumis, correspondant aux forces véhiculées par chaque bielle et par chaque
tirant, dont le schéma linéaire mentionné ci-avant a permis le calcul.
Les contraintes limites sont fixées comme suit par l'EC2 :

14.2 BIELLES
La contrainte limite de calcul d'une bielle est désignée par (JRd. max.
1. Pour une bielle de béton soumise ou non à des contraintes de compression transversa-
les (figure 14.2).: (JRd.max =j~d.

1 1 1 1

++++
:::uAu~~:::I::.::4=~~k::~;
°Rd,max

~.~1~2f;~
1 1 1
1 1 1

Figure 14.2

Dans les régions soumises à des contraintes de compression multiaxiales, une contrainte
limite de calcul plus élevée peut être admise.
2. Pour les bielles de béton dans des zones comprimées avec des fissures longitudinales,
dépend des tractions qui traversent l'axe de la bielle (figure 14.3).
(JRd, max

Figure 14.3

À défaut d'un calcul plus rigoureux, on peut prendre: crRd, max = 0,6 U'!cd
avec u' = 1 - !ck1250 (!ct en MPa) [14.1 ]

Pour des bielles assurant la transmission directe de charges (consoles courtes, poutres-
cloisons), on peut aussi opérer comme indiqué au § 12.52-2° ou § 12.645.
Chapitre 14' Dimensionnement des bielles, tirants et nœuds 767

14.3 TIRANTS
Les armatures constituant les tirants doivent être totalement ancrées dans les nœuds.
Lorsqu'un nœud de concentration d'efforts s'étend sur une longueur importante, les
armatures doivent être réparties sur la zone où les isostatiques de compression sont
courbes (figure 14.4).
La force de traction T vaut:
- pour les régions de discontinuité partielle (b ::; HI 2, figure 14. 4a) : T = F (b - a) 14b
- pour les régions de discontinuité totale (b > H 12, figure 14.4b) : T= F (l - 0,7 al h)/4

r0
D h=b
h = H/2

B H

1. .1
bef= b bef = 0,5H + 0,65a; aS h

B : région sans discontinuité


D : région de discontinuité

• Discontinuité partielle . , Discontinuité totale

Figure 14.4

14.4 NŒUDS
1. Ce qui suit est également applicable à toute région soumise à des forces localisées,
qu'elle appartienne ou non à un modèle à bielles et tirants.
2. Il faut vérifier que les forces qui agissent dans les nœuds sont bien en équilibre. S'il
existe des forces transversales de traction qui peuvent s'exercer perpendiculairement au
plan d'un nœud, elles doivent être prises en compte.
768 Traité de béton armé

3. Les armatures qui équilibrent des forces nodales doivent être totalement ancrées.
Les nœuds où des efforts viennent se concentrer doivent être dimensionnés avec soin.
De tels nœuds se rencontrent, par exemple, aux points d'application de charges ponc-
tuelles, aux appuis, dans les zones d'ancrage de lits d'armatures comportant de nom-
breuses barres, dans les parties courbes des armatures et aux jonctions et angles des
éléments.
Dans les nœuds, les contraintes de compression ne doivent pas dépasser (JRd, max, soit:
a) dans les nœuds soumis à une compression sans ancrage de tirants (figure 14.5, pour
trois bielles coplanaires) :
[14.2]

Pour u', voir formule [14.1].

I~ ~I
Figure 14.5

b) dans les nœuds soumis à une compression et à une traction due à des tirants ancrés
dans une seule direction (figure 14.6) :
[14.3]

L'ancrage d'une barre commence dans la section où elle pénètre dans le noeud. La lon-
gueur d'ancrage doit couvrir toute la longueur du noeud. Si besoin, les armatures peu-
vent être ancrées au delà de celui-ci.
c) dans les nœuds soumis à une compression et à une traction avec des tirants ancrés
dans plus d'une direction (noeuds correspondant aux parties courbes des armatures,
figure 14.7) :
[14.4]

Pour le diamètre du mandrin de cintrage des barres, voir le § 4.821.


Chapitre 14· Dimensionnement des bielles, tirants et nœuds 769

Dans les trois cas a, b, c ci-avant, il est possible d'adopter, à condition de pouvoir les
justifier, des limites supérieures, sans que celles-ci puissent excéder respectivement !cd,
U'!cd et 0,9 u' !cd.

O"cd.2
So
li>

U S
. Ftd

So

Figure 14.6

Figure 14.7
770 Traité de béton armé

Les valeurs de crRd, max peuvent être majorées de 10 % dans les cas où l'une au moins des
conditions ci-après est satisfaite:
- la pièce est soumise à une compression triaxiale ;
- tous les angles entre bielles et tirants sont au moins égaux à 55° ;
- les contraintes au droit des appuis ou des charges ponctuelles sont uniformes et le
nœud est « confiné» par des armatures transversales;
- les armatures sont disposées en plusieurs lits;
- le nœud est confiné d'une manière fiable par une disposition particulière d'appui ou
par frottement.
Cas des nœuds soumis à une compression triaxiale : ces noeuds doivent être vérifiés au
moyen des expressions données au § 2.246 avec crRd, max = 3 U'!cd si, pour les trois direc-
tions des bielles, la distribution de la charge est connue. À condition de pouvoir la justi-
fier, il est possible d'adopter une limite supérieure, mais celle-ci ne peut excéder 3 !cd.
CHAPITRE 15
FISSURATION
ET DÉFORMATIONS (EC2)

La fissuration du béton armé est un phénomène quasi inévitable. Suivant la nature de la


sollicitation qui la provoque, elle peut affecter des aspects divers (figure 15.1).
Ce qui suit concerne spécifiquement la fissuration par flexion 1• On admet généralement
que la maîtrise de la fissuration due aux autres sollicitations peut être obtenue par des
dispositions constructives appropriées. Celles-ci sont fixées réglementairement, et il faut
veiller à ce qu'elles soient respectées.
La fissuration du béton armé, à condition qu'elle demeure maîtrisée, constitue une qua-
lité beaucoup plus qu'un défaut. C'est elle qui permet à ce matériau de s'adapter, c'est-
à-dire de se déformer sans perdre beaucoup de ses qualités de résistance, faculté que ne
possèdent pas les matériaux fragiles (le béton non armé, le verre, le marbre, etc.). La
fissuratioJ;l est aussi un signal. Soit, elle se produit là où on l'attend et son développe-
ment est conforme à celui prévu par les calculs, soit, elle se produit là où elle n'aurait
pas dû apparaître et alors, comme la fièvre dans une maladie, elle avertit qu'il se passe
quelque chose d'anormal, elle « prévient» et permet le plus souvent de mettre en œuvre
les mesures qui s'imposent pour y remédier.
La fissure a acquis un « droit de cité» avec les Règles BA60, dont l'article 0,3 a été
rappelé au § 7.221 : «Les fissures sont la conséquence du fonctionnement mécanique
normal de l'ouvrage .. elles ne compromettent ni sa résistance, ni sa durabilité, si elles
restent assez fines pour que, du fait de leur existence, les armatures ne soient pas expo-
sées à la corrosion dans les conditions d'exploitation de l'ouvrage, etc. »
Bien entendu, il existe des constructions dans lesquelles une fissuration, même modé-
rée, est inacceptable. Pour de telles constructions, il faut avoir recours au béton pré-
contraint.

Dans l'EC2, toute la partie concernant la fissuration est l'œuvre de A.W. Beeby, BSc, PhD, CEng,
MICE, MIStructE, de la Cement and Concrete Association. Beaucoup de formules et de règles ont
une origine empirique. Il n'est donc pas possible soit de les établir, soit de les retrouver, par un rai-
sonnement.
772 Traité de béton armé

15.1 ÉTATS-LIMITES DE SERVICE


Dans l'EC2, les vérifications relatives aux conditions de service sont définies par réfé-
rence à une limitation des contraintes, à des états-limites de fissuration et à des états-
limites de déformation (voir § 5.351).

Flexion

Traction simple

Effort tranchant

Torsion

Adhérence

Rupture locale d'adhérence Fissures de flexion


(la fissure suit l'axe des barres) (ou de traction)

Force concentrée

Figure 15.1- Divers aspects de la fissuration du béton armé.


Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 113

Dans le calcul des contraintes et des flèches, les sections peuvent être considérées com-
me non fissurées sous réserve que la contrainte de traction par flexion n'excède pas une
certaine valeur !ct,eff. Pour celle-ci, on peut prendre soit !ctm (tableau 2.4), soit !ctmj1
(§ 2.245) à condition d'adopter la même valeur pour le calcul de la section minimale
d'acier tendu. Pour le calcul de l'ouverture des fissures et de la contribution du béton
tendu (voir § 15.23), il convient d'utiliser!ctm.

15.2 FISSURATION

15.21 Section minimale des armatures tendues


Pour obtenir la maîtrise de la fissuration, il est nécessaire de prévoir une quantité mini-
male d'armatures adhérentes dans les zones susceptibles de se fissurer. Pour les poutres
en T et les poutres-caissons, l'armature minimale doit être calculée indépendamment
pour chacune des différentes parties constitutives de la section: âmes, membrures.
La section minimale As, min des armatures tendues est donnée par :
As, min = kc k !ct, eff Act / crs [15.1]

avec:
Act aire du béton tendu juste avant formation de la première fissure (calcul en sec-
tion homogène; figure 15.2).

- -- - - - - - ---- -- r
-.~ -- --

• •
Figure 15.2

crs contrainte de l'acier, que l'on peut prendre égale àJ;k,


let, eff valeur moyenne de la résistance à la traction du béton effective au moment où
les fissures sont censées se produire: !cl. eff= !ctm ou moins, s'il est prévisible
que la fissuration se produira avant 28 jours,
774 Traité de béton armé

kc coefficient tenant compte de la distribution des contraintes dans la section juste


avant fissuration et résultant de la combinaison des effets directs et indirects:
• pour la traction simple: kc = 1 ;
• pour la traction simple ou composée :
- pour les sections rectangulaires et les âmes des poutres en T ou en caisson:
kc = 0,4 {l- [crc/ k l (h/ h*)!ct,eff] } ::; 1
- pour les membrures des poutres en T ou en caisson :
kc = 0,9 Fer/ A ct !ct, eff? 0,5
avec
cre = NEdI bh: contrainte moyenne du béton s'exerçant sur la partie de
section considérée (b, largeur et h, hauteur de cette partie;
crc > 0 pour une force de compression)
NEd effort normal de service s'exerçant sur la partie
considérée de la section droite (positif s'il s'agit
d'une compression). NEd doit être calculé sous la
combinaison déterminante des actions,
= min [h ; 1 ml.
coefficient tenant compte des effets de l'effort normal sur la
distribution des contraintes:
- k l = 1 si N Ed = 0 (flexion simple),
-kl = 1,5 si NEd est une compression,
-k l = 2h*/3h si N Ed est une traction.
valeur absolue de la force de traction dans la membrure immédiatement
avant la fissuration correspondant au moment de fissuration calculé avec
!ct,effi
k coefficient tenant compte de l'effet des contraintes non-uniformes auto-
équilibrées entraînant une réduction des efforts dus aux déformations gê-
nées:
k=l pour les âmes de hauteur h ::; 300 mm ou les membrures de
largeur au plus égale à 300 mm,
k= 0,65 pour les âmes de hauteur h ? 800 mm ou les membrures de
largeur au moins égale à 800 mm,
avec interpolation linéaire pour les valeurs intermédiaires.
Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 775

15.22 MaÎtrise de la fissuration sans calcul direct


De façon générale, la vérification a pour objet de s'assurer que l'ouverture maximale
calculée (Wk) des fissures n'excède pas une limite (wmax) fonction de la nature et de la
destination de l'ouvrage et du coût résultant de cette limitation.
En l'absence d'exigences spécifiques (étanchéité à l'eau par exemple), les valeurs admi-
ses pour W max sous la combinaison quasi permanente des actions en fonction des diffé-
rentes classes d'exposition (tableau 4.1) sont:
- 0,4 mm pour les classes XO et XC 1 ;
- 0,3 mm pour les classes XC2, XC3, XC4 ;
- 0,2 mm pour les classes XDl, XD2, XSl, XS2 et XS3.
Mais on peut s'affranchir du calcul des ouvertures des fissures (voir § 15.23) par le
respect de dispositions constructives appropriées:
1. Pour les dalles de bâtiments d'épaisseur totale au plus égale à 200 mm, sollicitées à la
flexion sans effort normal de traction significatif, aucune mesure spéciale n'est à pren-
dre pour la maîtrise de la fissuration, autre que le respect des dispositions constructives.
2. La limitation de l'ouverture des fissures à une valeur acceptable est réputée obtenue
si, l'armature minimale étant respectée:
• pour une fissuration due principalement aux déformations gênées, les diamètres adop-
tés pour les barres longitudinales ne dépassent pas les diamètres limites du tableau 15.1,
en prenant pour crs la contrainte de l'acier immédiatement après fissuration (voir formu-
laire au §.15.4 à la fin de ce chapitre) ;
• pour une fissuration due principalement aux charges, crs étant alors la contrainte de
l'acier évaluée pour une section fissurée sous l'effet de la combinaison d'actions consi-
dérée (voir formulaire au § 15.4 à la fin de ce chapitre) :
- soit les diamètres maximaux,
- soit les espacements maximaux entre les barres longitudinales,
donnés aux tableaux 15.1 et 15.2, sont respectés. L'emploi de ces tableaux est subor-
donné à la présence d'un ferraillage minimal.
Le calcul à l'état-limite ultime a fourni la valeur de la section As des armatures nécessai-
res. Restent à déterminer le diamètre et les espacements des barres. As étant connu, les
formules [15.33] ou [15.43] donnent la contrainte crs de l'acier sous la combinaison
d'actions considérée. Le tableau 15.1 donne les valeurs d'un diamètre de base 0:, qui
~oit être ensuite corrigé (voir ci-après) pour trouver le diamètre maximal 0 s à adopter. Si
l'on veut passer outre et adopter un diamètre supérieur à 0$ on ne peut dépasser les espa-
cements maximaux fixés par le tableau 15.2. Inversement, si l'on ne respecte pas ces
espacements maximaux, il faut réduire 0$ (les interpolations linéaires sont permises).
776 Traité de béton armé

Tableau 15.1. Diamètre maximal0*s des barres pour la maîtrise de la fissuration

Contrainte de l'acier (1) 0\ (mm)


(MPa)
Wmax= 0,4 mm Wmax= 0,3 mm Wmax= 0,2 mm
160 40 32 25
200 32 25 16
240 20 16 12
280 16 12 8
320 12 10 6
360 10 8 5
400 8 6 4
450 6 5 -

Note: Les valeurs du tableau sont basées sur les hypothèses suivantes: c = 25 mm ;!ctm = 2,9 MPa ;
hcr = 0,5h; (h - cl) = 0,1 h ; k 1 = 0,8; k2 = 0,5; kc = 0,4 ; k = 1,0; kt = 0,4 et k' = l,O. (commen-
taire de l'auteur: ces renseignements, partiellement erronés, sont sans intérêt. On ne dit pas ce
qu'il faut faire, sinon revenir aux formules de base, si les paramètres du cas que l'on a à traiter
s'en écartent notablement).
(1) Sous la combinaison d'actions appropriée

Le diamètre maximal 0 s à adopter se déduit comme suit du diamètre 0; tiré du ta-


bleau 15.l.
• dans le cas d'une section sollicitée en flexion simple ou partiellement comprimée en
flexion composée:

0s = 0: (!ct, eff/ 2,9) kc hcr /8 (h - cl)

• dans le cas d'une section sollicitée en traction simple:

avec:
kc voir § 15.21 ci-avant
h hauteur totale de la section,
.d hauteur utile du lit le plus éloigné de la fibre la plus comprimée
h cr hauteur de la zone tendue immédiatement avant la fissuration (l'effort normal,
s'il existe, est calculé sous la combinaison quasi permanente des actions).
Lorsque la section est entièrement tendue, (h - cl) est la distance minimale entre le cen-
tre de gravité des armatures et le parement de béton.
Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 777

Tableau 15.2. Espacement maximal des barres pour la maîtrise de la fissuration

Espacement maximal des barres (mm)


Contrainte de l'acier (MPa)
Wmax= 0,4 mm Wmax= 0,3 mm Wmax= 0,2 mm
160 300 300 200
200 300 250 150

240 250 200 100

280 200 150 50

320 150 100 -

360 100 50 -

Pour les notes, voir le tableau 15.1. Hypothèses complémentaires h < 400 mm et un seul lit
d'armature.

Cas des poutres de grande hauteur


Lorsqu'une poutre ayant une âme relativement mince et de grande hauteur par rapport à
celle de la zone de béton contenant les armatures tendues (voir figure 15.3), comporte
dans cette zone plusieurs lits de barres, le béton se trouve soumis au-dessus du faisceau
d'armatUres à des efforts complexes de cisaillement et de traction. Il en résulte des
contraintes obliques qui donnent naissance, de part et d'autre des fissures principales de
flexion, dont la direction est sensiblement verticale, à une fissuration oblique dont
l'effet est d'augmenter le nombre des fissures au voisinage des barres et d'en diminuer
l'ouverture. En revanche, ces fissures obliques ne se développent pas dans l'âme, et la
fissure principale est très ouverte à mi-hauteur (figure 15.3).

Figure 15.3
778 Traité de béton armé

Un des moyens propres à répartir la fissuration des âmes consiste à y placer des armatu-
res longitudinales, dites «armatures de peau », au voisinage de chaque paroi. L'EC2
demande de prévoir tille armature de peau pour les poutres de hauteur au moins égale à
1 mètre, de la placer à l'intérieur des cadres transversaux et de la distribuer entre les
armatures tendues et l'axe neutre.
L'aire de cette armature doit être au moins égale à celle donnée par la formule [15.1],
dans laquelle on prend k = 0,5 et crs =!yk. Le diamètre et les espacements des barres de
l'armature de peau peuvent être tirés des tableaux 15.1 et 15.2 en se plaçant dans le cas
de la traction pure, et en admettant une contrainte égale à la moitié de celle des armatu-
res longitudinales principales.

15.23 Justification par le calcul


de l'ouverture des fissures

15.231 Mécanisme de la formation


et du développement des fissures
Il est couramment admis que, dans une poutre fléchie, le comportement de la zone de
béton entourant les armatures tendues (voir, plus loin, la figure 15.7) est, vis-à-vis de la
fissuration, analogue à celui d'un «tirant fictif» ayant la même section droite que celle
de cette zone et soumis à la traction simple. Par commodité, on décrit donc le mécanis-
me de la fissuration par référence à un tirant.
Soit un tronçon ab de tirant en béton (figure 15.4) comportant un pourcentage
d'armatures supérieur au pourcentage minimal, et soumettons-le à une force de traction
axiale F progressivement croissante.
Lorsque la force F atteint une certaine valeur, une première fissure Ji se forme suivant
une section droite quelconque. La position de cette section (qui, dans l'immédiat, est
celle de moindre résistance) relève du hasard. L'apparition de cette fissure signifie que,
dans la section où elle s'est produite, la contrainte !ct de rupture par traction du béton a
été atteinte.
À l'emplacement même de la fissureji l'armature doit équilibrer à elle seule la totalité
de la force F, c'est-à-dire qu'elle doit «reprendre» la part des efforts de traction sup-
portés jusque là par le béton. Il y a donc une redistribution des contraintes: sur les deux
lèvres de la fissure, la contrainte de traction du béton s'annule, tandis que celle de
l'acier augmente brutalement. Il en résulte une différence d'allongement entre les deux
. matériaux qui entraîne l'ouverture de la fissure. À l'emplacement de la fissure, le béton
et l'armature sont complètement désolidarisés l .

1. Ce qui est en contradiction avec l'hypothèse faite au § 5.211-3 qu'il n'y a pas de glissement relatif
entre l'acier et le béton, mais cela n'a guère d'importance pour le calcul des sections.
Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 779

De part et d'autre de la fissure, il y a mise en jeu de l'adhérence, et des contraintes


d'adhérence't' se développent pour assurer la transmission au béton de l'effort de trac-
tion de l'acier. Les distributions des contraintes normales, crs de l'acier et cret du béton,
et des contraintes d'adhérence 't' sont complexes (figure 15.4).

---~1
1i-Ol--c As

F-'al !~ll~1 t----il»>F ~n


1.. --!

1
----1
, , 1
1 1 1

S
l ' " ' , 1

! zSl~'------4-~-~~----'-t O"ctSfct

l '

Figure 15.4

Les sections situées à proximité de la fissure sont dans un état intermédiaire entre:
-l'état homogène non fissuré, encore appelé« état 1 », où :
[15.2a]

- l'état totalement fissuré, encore appelé « état II - nu », où :


F = As crs 2 avec crs 2 > crsl (15.2b]

(Ac> As, cret, crs aires et contraintes de traction respectives du béton et des armatures).
À une certaine distance Sro de la première fissure, par la mise en jeu de l'adhérence, la
compatibilité des allongements entre l'acier et le béton est rétablie, et on retrouve l'état
1. Il ne peut théoriquement se produire de nouvelle fissure entre les abscisses 0 (empla-
cement defi) et Sro puisque, dans toute cette zone, la contrainte de traction du béton cret
780 Traité de béton armé

est inférieure à la résistance à la traction Ict: Sro est la distance minimale entre deux
fissures.
À une distance x > Sro de la première fissure, l'état mécanique du tirant est le même que
si cette fissure ne s'était pas produite et la contrainte de traction du béton cret ayant suffi-
samment remonté pour pouvoir atteindre à nouveau son « pic» icI> de nouvelles fissures
peuvent apparaître. Mais si deux fissures se forment à une distance inférieure au double
de la distance minimale, la contrainte de traction du béton ne pourra pas atteindre, entre
ces deux fissures, une valeur suffisante pour qu'une autre fissure intermédiaire se pro-
duise. Ainsi, le béton du tirant se découpe en tronçons de longueur Sr 2: Sro, mais il ne
peut y avoir de tronçons tels que Sr > 2 Sro (figure 15.4).
L'espacement Sr entre deux fissures voisines est donc nécessairement tel que
Sro ~ Sr ~ 2 Sro. Quand cette relation est satisfaite pour tous les tronçons, il ne peut plus
apparaître de nouvelles fissures. La fissuration est dite « complète »1 ou stabilisée.
Un tel développement de la fissuration ne s'observe que si la force de traction Fest
suffisante pour provoquer la rupture par traction du béton, c'est-à-dire que si :
As crs 2: Aelct ou encore p = As / Ac 2:lct / crs
avec:
respectivement, aires des aciers et du béton du tirant
contrainte de l'armature
résistance à la traction du béton
Si une .fissure apparaît alors que cette condition n'est pas remplie, elle ne peut être
qu'accidentelle (reprise de bétonnage ou effets thermo-hygrométriques par exemple).
Dans ce cas, la fissuration est dite «non-systématique ». Les barres se comportent
comme si elles étaient scellées entre deux blocs de béton.

15.232 Contribution du béton tendu


Reprenons l'exemple précédent du tirant en béton armé.
La relation [l5.2a], valable pour l'état homogène non fissuré où les allongements Cc du
béton et Csi de l'acier sont égaux, peut s'écrire, en posant p = As/ Ac et U e = Es/ Ec, coef-
ficiant d'équivalence:

Il convient de noter que dans les essais en laboratoire, il est possible d'obtenir la fissuration « com-
piète» caractérisée par un assez grand nombre de fissures proches et sensiblement équidistantes les
unes des autres. Dans la réalité, les charges de service atteignent rarement le niveau nécessaire pour
provoquer une fissuration approchant la fissuration complète. En pratique, on n'observe générale-
ment la formation que de quelques fissures seulement, dans les sections où les contraintes sont
maximales.
Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 781

Tout se passe comme si le tirant non fissuré était constitué d'un matériau fictif, de sec-
tion As et de module de déformation E' = Es [1 + (1 / U e p)] > Es (figure 15.5).
L'effort qui provoque la fissuration est: Fr = (Ac + ue As) Icr [15.3a]

À l'effort Fr correspond dans l'acier tendu, juste au moment où le béton se fissure, une
contrainte 0sr (figure 15.5) :
[15.3b]

Dans ce qui suit, on désigne par :


les déformations relatives de l'armature correspondant à la contrainte
0sr respectivement dans l'état 1 et dans l'état II - nu.

la contrainte de traction de l'armature au droit d'une fissure


(Os2 = F / As d'après [15.2b] avec F> Fr).
Entre deux fissures, chaque tronçon de béton non fissuré est sollicité en traction du fait de la
liaison acier-béton qui continue de subsister dans ces tronçons. L'action du béton ainsi tendu
a pour effet d'entraîner une diminution de l'allongement 8 s2 correspondant à 0s2' Ce phéno-
mène est désigné sous le nom de « contribution du béton tendu» (tension stiffening).

1
1
®
CD dEs
~
:

(Js2 e·
\ \
\
\
~I/
-'r ------------•. ---------------
ii
1
1
1
1
1
\ 1 1
1 1
\" 1
1
1
1
.------'~,~~~~----~
1 1
crsr 1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
1 1
Esm 1: Es2

&-~~--~----------~--------~~------~Es
~ll/
o Eslr Es2r

Figure 15.5
782 Traité de béton armé

Sous une force de traction F> Fr, l'allongement total du tirant est M et l'allongement
relatif moyen de l'armature est compris entre:
allongement relatif que subirait l'armature si le tirant ne se fissurait pas, et restait
- Ss\'
donc dans l'état 1 (état homogène non fissuré), et
- Ss2, allongement relatif dans l'état II-nu (sections supposées toutes fissurées, sans
aucune contribution du béton tendu).
Cette allongement relatif moyen vaut (figure 15.4) : Ssm = 11/ / / = Ss2 - I1s.\. [15.4]

où I1ss représente la contribution du béton tendu entre les fissures.


Selon Rao et Rostasy (Université de Stuttgart), on peut admettre (ce qui constitue une
simplification plausible) que pour crs> crsr (F> Fr) la courbe représentant la variation
de SSIJ/ en fonction de crs 2 (figure 15.5) est un arc d'hyperbole, asymptote à la droite de
pente Es représentant la variation de Ss2 pour l'acier nu, et défini par:
I1ss = I1ssmax (crsr / crs 2) = (Ss2r - Ss 1r) crsr / crs 2
En introduisant cette valeur dans [15.4], on obtient:
[15.5]

Or, par suite de relations de triangles semblables, il est facile de voir que:
et que [15.6]

En remplaçant dans [15.5] Sslr et Ss2r par leurs valeurs tirées de [15.6], on obtient fina-
lement:
[15.7]

En posant [15.8]

l'expression donnant SSIJ/ peut se mettre sous la forme: Ssm = Ssl [1 - Ç] + ç Ss2 [15.9]
Établie dans le cas d'un tirant, donc de la traction pure, cette dernière expression de-
meure valable pour la zone de béton, assimilable à un tirant fictif, entourant les armatu-
res tendues d'une pièce fléchie (figure 15.7).
Dans la version 1992 de l'EC2, l'expression donnant le coefficient ç, légèrement corri-
gée pour tenir compte de la durée d'application des charges, était prise en compte dans
l'évaluation de l'allongement moyen des armatures. Dans la version définiti-
ve, ç n'intervient plus que pour les calculs de flèche (§ 15.332).
Pour déterminer la différence Ssm - Sem dont on a besoin pour calculer l'ouverture des
. fissures (voir § 15.234 et § 15.235), l'EC2 a adopté:
[15.10]
Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 783

où kt est un coefficient empirique permettant une évaluation de la déformation moyenne


sur la distance maximale entre les fissures, qui prend les valeurs:
- kt = 0,6 pour un chargement de courte durée, et
- kt = 0,4 pour un chargement de longue durée.
Quant à la contrainte am elle résulte de l'équilibre des forces au moment où le « tirant
fictif» de section Ac, eff (voir figure 15.7) se fissure et où l'effort équilibré par la section
homogène non fissurée est intégralement transmis à l'acier:
(Ue , coefficient d'équivalence)
soit, en posant PP. efJ= As / Ac. eff: asr = (l + ue Pp, eff)letm/ PP. eff
En portant cette dernière expression dans la relation [15.10] et en remplaçant .fctm par
let. ~ff, on trouve l'expression [15.13] - dans l'Ee2: expression [7.9] -, qui revient à
substituer à la variation hyperbolique de la figure 15.5, reprise par la figure 15.6 a, une
variation linéaire (figure 15.6 b).

o"s

Î ",
O"s2 ._-=--_~
1
Ç<",-,,,I .,~
/
1
//
r----------J.--~
1
1 1 1
1 1 1
/ (1 - Ç)(E s2 - Es 1) kt Es2r
O"sr ___ 1 Contribution Contribution
1 du béton tendu du béton tendu
1
1
1
1
1
1
1

.--~---è---->7 Es
o Es1r Es2r Es2 o

• Figure 15.6

15.233 Vérification par le calcul d'un état-limite


d'ouverture de fissure
Pour vérifier par le calcul un état-limite d'ouverture de fissure, il faut:
1. déterminer, de la manière indiquée au § 15.235, l'ouverture de fissure de ca/cul Wh
2. s'assurer que cette ouverture de calcul est au plus égale à une ouverture limite Wmn....

acceptable (valeurs de W mnx, voir § 15.22)' : Wk =:; Wmax

1. Pour éviter toute contestation, les Règles BAEL se bornent, elles, à limiter la contrainte de traction
de l'acier en service sans faire aucune référence à une ouverture limite des fissures. La remarque qui
suit vaut aussi pour ces Règles: le fait d'avoir montré par le calcul que O's est au plus égale à la
784 Traité de béton armé

Remarque importante :
Le calcul est conventionnel: le fait que l'ouverture Wk calculée n'atteigne pas la
valeur limite W max ne permet pas de conclure qu'il ne se produira pas de fissures ou
que celles qui se produiront auront des ouvertures réelles inférieures à Wma.x (se re-
porter au § 1.335-2 et au § 15.235 ci-après).

15.234 Ouverture moyenne Wm des fissures


Les sections d'un élément tendu ou fléchi n'étant pas toutes fissurées (comme on le
suppose dans le calcul des armatures), la présence de zones non fissurées d'une certaine
étendue rend le comportement de l'élément considéré discontinu. Dans l'interprétation
des essais, les chercheurs se réfèrent donc généralement à des valeurs « moyennes» :
l'ouverture moyenne des fissures est ainsi égale à l'allongement moyen que subit
l'armature par rapport au béton sur la distance moyenne finale Srm entre les fissures:
[15.11]

avec:
Csm et Ccm allongements unitaires moyens respectifs, sur la distance Srm, de
l'armature et du béton.
distance moyenne entre les fissures.
Les essais pour déterminer Srm ont porté sur plusieurs dizaines de poutres, armées de
barres HA ou de ronds lisses et présentant des caractères très variés. Les résultats, pré-
sentés lors d'un colloque qui s'était tenu à Liège en 1975, font apparaître une grande
dispersion.
On recense dans la littérature technique une dizaine au moins de formules différentes
qui ont été proposées pour l'évaluation de S/'m' Aucune n'est vraiment ni meilleure ni
plus mauvaise qu'une autre, car elles ont toutes une origine expérimentale, et, selon leur
complexité, prennent en compte un ou plusieurs des paramètres principaux, parmi les-
quels ceux qui sont généralement considérés comme les plus importants sont:
- le diamètre 0 des barres;
-l'enrobage c de celles-ci;
- le pourcentage d'armatures Peff généralement rapporté à une « section d'enrobage»
(figure 15.7);
-l'espacement S entre axes des armatures, etc.
L.' origine des différences entre les diverses formules doit être recherchée dans la nature
essentiellement aléatoire du phénomène: aucune formule ne peut avoir une base entiè-
rement théorique; toutes contiennent des constantes déterminées empiriquement.

contrainte limite ne permet pas de conclure quoi que ce soit quant à une absence de fissuration, ni
quant à l'importance de son développement lorsqu'elle se produit.
Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 785

15.235 Ouverture de fissure de calcul selon l'EC2


L'EC2 ne se réfère pas à une ouverture moyenne de fissure. Il se place en sécurité en
définissant une «ouverture de fissure de calcul» à partir d'un espacement maximal
sr. max des fissures.

Remarque:
Nous insistons à nouveau sur le fait qu'il serait vain et sans signification de vouloir
comparer cette ouverture conventionnelle à des ouvertures relevées (à un niveau
qu'il faudrait d'ailleurs définir) sur un ouvrage en service. Tout ce que l'on peut di-
re est que la méthode de vérification adoptée doit normalement conduire à une fis-
suration qui, avec une forte probabilité, restera modérée.

L'ouverture de fissure de calcul Wk est prise égale à : Wk = sr, max (B.1'n1 - Bcm) [15.12]
avec:
Sr, max espacement maximal des fissures
Bsm allongement moyen de l'armature, sous la combinaison d'actions considérée,
tenant compte de la contribution du béton tendu
BCll! allongement moyen du béton entre les fissures.
a) Le terme B.I·lI! - BClI! peut être calculé au moyen de l'expression (pour l'origine de cette
expressi~n, voir § 15.232) :

[15.13]

avec:
crs contrainte des armatures tendues sous la combinaison d'action considérée,
calculée en supposant la section fissurée,
kt coefficient tenant compte de la durée du chargement: kt = 0,6 pour un charge-
ment de courte durée, kt = 0,4 pour un chargement de longue durée

PP. eff= As / Ac, eff


.Ac,eff aire de béton entourant l'armature tendue sur une hauteur hc,eff(figure 15.7)
hc,eff= min [2,5 (h - cl); (h -x)/3; h/2]
786 Traité de béton armé

Poutre h

Dalle

he,et

Élément sollicité
en traction
h d
· · · · · · T.i/LJE2
L L././../.L.LL L .t!'./../.L.LL L L./. id
/~/7777//~7777//~
• • • • • •
he,ef

Figure 15.7

b) Espacement final maximal Sr, max entre les fissures


b 1) Dans le cas où la distance latérale entre les axes de deux barres voisines est au plus
égale à 5 (c + 0/2), avec c enrobage de ces barres:
Sr, max (mm) = 3,4 c + 0,425 k l k2 0/ Pp, eff [15.14]

Si c> 25 mm, le coefficient 3,4 est à remplacer par 3,4 (25/c) 2/3

Dans l'expression [15.14] :


o diamètre des barres; s'il ya plusieurs barres de diamètres différents dans une
même section, 0 doit être remplacé par un diamètre équivalent:
2
0 eq = (ni 0 1 + n2 0l) / (ni 0 1 + n2 O2)
nt, n2 respectivement, nombre de barres de diamètres 0 1 et O 2,
kl coefficient fonction des propriétés d'adhérence des barres: 0,8 pour les barres
HA,
Chapitre 15· Fissuration et déformations (EC2) 787

k2 coefficient tenant compte de la distribution des contraintes:


- k2 = 0,5 en flexion, k 2 = 1 en traction simple,
- k2 = (SI + s2)/2 SI en flexion composée avec traction
avec El le plus grand et E2le plus faible des allongements relatifs des fibres ex-
trêmes de la section considérée, évalués sur la base d'une section fissurée.
b2) Dans le cas où la distance latérale entre les axes de deux barres voisines excède 5
(c + 0/2) une borne supérieure de l'ouverture des fissures peut être estimée en prenant:
Sr, max = 1,3 (h -x) [15.15]

avec x, hauteur de l'axe neutre à l'état-limite de service.


La relation [15.15] ne peut être utilisée que si elle conduit à une valeur de Sr, max supé-
rieure à celle donnée par la relation [15.14], sinon cette dernière reste applicable.
b3) Pour les éléments armés dans deux directions orthogonales y et z, lorsque les angles
que forment les directions des contraintes principales et celles des armatures dépassent
15°, on peut prendre:

=------
cos e sin e
S
r ,max
--+--
sr.max,y sr,max,z

avec:
e angle entre les armatures dans la direction y et la direction de la
contrainte principale de traction
Sr, max,)' et SI', max, z espacements maximaux des fissures, calculés dans les directions y et
z selon la relation [15.14].

15.3 DÉFORMATIONS (FLÈCHES)

15.31 Généralités
La norme ISO 4356 fournit des informations sur les déformations et leurs valeurs limites.
Pour une poutre, une dalle ou une console, la flèche calculée rapportée à la ligne des ap-
puis, au bout d'un temps infini, sous l'effet des combinaisons d'actions quasi permanen-
tes, ne doit pas excéder 1/250 (l, portée de l'élément considéré). Pour compenser en tout
ou partie la flèche, une contreflèche au plus égale à 1/250 peut être donnée au coffrage.
Pour éviter des désordres dans les cloisons, les éléments supportés ou ceux en contact
avec l'élément considéré et les fixations ou finitions, la flèche sous charges quasi per-
manentes après construction ou pose de l'élément considéré ne doit pas excéder 1/500.
788 Traité de béton armé

15.32 Cas de dispense de calcul des flèches


Les flèches limites (lI 250 ou 11500) sont réputées non atteintes lorsque la valeur du
rapport li d de la portée à la hauteur utile n'excède pas la valeur limite résultant des
expressions [15.16] ou [15.17] ci-après\ multipliée par des coefficients correctifs tenant
compte de divers paramètres définis plus loin:

si P:::; Po [15.16]

-1 =K
d
JI.:
[ Il + 1' 5 l' .. _
J <k
P-P
o
+-
P_'12
l JI.:Jf']
l'
J ck
-
Po
si P> Po [15.17]

avec:
K coefficient dépendant du système structural (tableau 15.3)

Po pourcentage d'armatures de référence Po = ~ fck Il 000 (fck en MPa)

P, P' pourcentages d'armatures respectivement tendues et comprimées requis à mi-


portée (à l'appui pour les consoles) pour équilibrer le moment dû aux charges
de calcul.
Dans le cas où, à la fois, fck = 30 MPa, J;'k = 500 MPa, où la contrainte de l'acier crs en
service est égale à 310 MPa et où 50 % des charges sont quasi permanentes, les formu-
les [15.1'6] et [15.17] conduisent aux rapports limites' 1d du tableau 15.3.
Coefficients correctifs
Les valeurs données par les expressions [15.16] et [15.17], et donc celles du ta-
bleau 15.3, sont à multiplier par :
- 0,8 pour les poutres en T dans lesquelles b 1bw > 3,
- 7 l'cff pour les travées de plus de 7 m de portée (leff> 7 m) supportant des cloisons
fragiles,
- (310/crs ) avec crs contrainte de l'acier, à l'ELS, dans la section de moment maximal.
On peut admettre que :
3101 crs = 500 As, pro..!J;'k As, req
As, pro\!"> As. req : aires des armatures respectivement prévues et requises dans la section
.considérée pour équilibrer le moment de flexion à l'état-limite ultime.

1. Expressions dues à A W. Beeby (Cement and Concrete Association)


Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 789

Tableau 15.3. Limitation des flèches

Valeurs de base du rapport tld


Hypothèses: fc2S = 30 MPa, fyk = 500 MPa, crs = 310 MPa
50 % de charges quasi permanentes
(entre parenthèses, les valeurs proposèes par l'Annexe Nationale pour les dalles uniquement)

p P
Système structural K =0,50% =1,5%
CD Poutre sur deux appuis simples ou dalle K= 1,0
20 (30) 14 (25)
simplement appuyée sur son contour, portant
dans une ou deux directions (l = petite portée). + t +
® Travée de rive d'une poutre continue ou d'une K = 1,3
dalle portant dans deux directions, continue 26 (35) 18 (30)
sur un long côté (t = petite portée). + t + +
® Travée intermédiaire d'une poutre ou d'une
dalle portant dans une ou deux directions.
~
, K = 1,6

l t +
30 (40) 20 (35)

K= 1,2
Ft:l t::f:j I±l
@ Panneau quelconque d'un plancher-dalle
(t= grande dimension). 24 17
ES El3 El3

ES El3 EE
K = 0,4
® Console l ~ 8 (12) 6 (10)

Note 1 : les valaurs indiquéas ont été choisies de maniére à se placer généralement du côté de la sécurité et le calcul
est susceptible de montrer fréquemment que des éléments de moindre hauteur peuvent convenir.

Note 2 : dans le cas des dalles portant dans deux directions, il conviant d'effectuer la vérification pour la plus petite portée.
Dans la cas des planchers-dalles, il convient de prendre la plus grande portée.

Note 3 : les valeurs indiquées pour les planchers-dalles colT8spondent à une limite moins sévère que t1250 pour la fléche
à mi-portée. L'expérience a montré que, néanmoins. ces valeurs pouvaient être acceptées.

Note 4 : p =As/bd
=
p 0.5 % béton faiblement sollicité
P" 1.5 % béton fortament sollicité
Pour des valeurs intarmédiairas de p. interpoler linéairament.
790 Traité de béton armé

15.33 Vérification des flèches par le calcul

15.331 Rappels de Résistance des Matériaux


Considérons une section droite quelconque LI d'une poutre droite à plan moyen (plan de
symétrie) constituée d'un matériau homogène. Soit x l'abscisse de cette section, comp-
tée à partir d'un point fixe 0 et M(x) le moment de flexion agissant dans cette section.
Sous l'effet des charges appliquées et du moment qui en résulte, la poutre fléchit, c'est-
à-dire que sa ligne moyenne (lieu géométrique des centres de gravité de toutes les sec-
tions L) prend une forme courbe. La section droite LI voit son centre de gravité
s'abaisser de GI en G'I (figure 15.8) tandis qu'elle subit une rotation autour d'un axe
perpendiculaire au plan moyen et passant par G' l, tout en restant plane (hypothèse de
Bernoulli) et perpendiculaire à la ligne moyenne.

M(x) M(x+dx}
1 x , dx 1
14( ,..1 1""
1 1
1 1
1 L1 1 L2
1 1
1 l ,
1 1 ,

,~, e ,~e-de
1 1 1 '
G1 1 / 2 , G !
----.-)-----------~~-------_.-

1 '
1 '

Figure 15.8

Ainsi, la section LI vient occuper une nouvelle position L' 1. La distance G I G' 1 représen-
te la flèche a prise par la poutre dans la section d'abscisse x.
La section LI a tourné d'un angle e. Cet angle est aussi celui formé par la tangente en
. G' 1 à la ligne moyenne déformée avec la position originelle, rectiligne, de la ligne
moyenne (deux angles dont les côtés sont perpendiculaires sont égaux).
Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 791

o

1\
1 \
1 \

/ \ de
~-~\
1
1 \
1

/
,
/
1 \
\,
, BI '
/ A ..,...... evdx \

/
/
/'---,7--rV:/'\,
G' e._._
1 -------
• --
l
1
1 G2 \
'

/ 1 \

Figure 15.9

Une section droite L2, infiniment voisine de LI, d'abscisse (x + dx) vient occuper la
position L'2, après avoir tourné d'un angle 8 - d8 (figure 15.9). Les plans des sections
L'let L'2se coupent selon une droite qui se projette en 0 sur le plan de la figure.
d8 mesure donc la rotation relative des deux sections L' 1et L' 2.
Si r est l~ rayon du cercle de centre 0 tangent en G' 1 à la ligne moyenne déformée (cer-
cle dit «osculateur »), c'est-à-dire le rayon de courbure dans la section d'abscisse x, on
a dx = rd8, d'où:
d81 dx= lIr
Une fibre quelconque située au-dessus de la ligne moyenne, et à la distance v de celle-ci
s'est raccourcie de la quantité AB = vd 8, soit en valeur relative:
sv=ABld-(= vd8ldx= vlr
Pour les calculs pratiques, il est d'usage de considérer séparément la rotation d'une
section quelconque L, engendrant les déformations relatives c, et son déplacement verti-
cal (GG'). Tout se passe en effet comme si cette section tournait d'abord autour d'un
axe passant par son centre de gravité G, puis subissait ensuite une translation verticale
GG' l'amenant dans la position 1:'.
La figure obtenue en portant à chaque niveau l'intensité de la déformation relative Cv
correspondante est le diagramme des déformations dont la pente est égale à 1 1 r. En
vertu de la loi de Hooke, le diagramme des contraintes se déduit de celui-ci par une
affinité de rapport E. La pente de ce diagramme est donc K = El r.
792 Traité de béton armé

Par ailleurs, si dB représente une aire élémentaire de la section droite de la poutre, située
à la distance v de l'axe des déformations nulles (axe neutre), le moment par rapport à
cet axe de toutes les forces élémentaires agissant sur l'aire totale B est:

M(x)= fJcrvdB = fJ(Kv)vdB =KJ=EJlr=EJd8Idx


B B

avec J = fJv 2 dB , moment d'inertie de l'aire B par rapport à l'axe neutre.


B

On a donc : deI dx = lIr= M(x) 1E J [15.18]

Reprenons la figure 15.8 et isolons à partir de la section LI un tronçon de poutre de


longueur infiniment petite dx. À l'extrémité de ce tronçon, la flèche a (notation de la
norme ISO 3898), représentée par la distance G I G' J, s'est accrue de da. La distance dx
étant infiniment petite, on peut confondre l'arc de courbe G' 1G' 2 avec la tangente en
G' 1. La figure montre que l'angle 8 formé par cette tangente avec l 'horizontale, qui est
aussi celui dont a tourné la section LI, est, aux infiniment petits du deuxième ordre près,
tel que:
8 ~ tan 8 = da 1dx
En dérivant cette relation par rapport à x, on obtient, compte tenu de [15.18] :
d81 dx = d 2al dx 2 = M(x) 1E J
Ainsi:
- en intëgrant une première fois la relation d 81 dx = M(x) 1E J, on peut calculer en toute
section d'abscisse x, la rotation 8(x) de la section L soumise au moment M(x) :
[15.19]

- en intégrant maintenant la valeur de 8(x). dx, on obtient la flèche a(x) prise par la
poutre dans la section d'abscisse x :

[15.20]

Les deux constantes d'intégration CI et C2 sont données par les conditions aux limites
(a = 0 pour les sections sur appuis) ou par des conditions exprimant la continuité de la
ligne moyenne dans des sections particulières (par exemple, égalité des rotations ou des
flèches à gauche et à droite des sections où agissent des charges concentrées).
La flèche maximale est obtenue pour da 1dx = 0, c'est-à-dire pour la valeur de x qui
annule la rotation 8(x).
Attention! La flèche à mi-portée est souvent considérée par erreur comme la flèche
maximale, alors que cette circonstance ne se produit que si le chargement est symétrique
par rapport à la section médiane.
Chapitre 15 • Fissuration et défonnations (EC2) 793

15.332 Calcul des flèches


(Unformulaire est donné au § 15.4 à lafin du présent chapitre)
D'après les rappels précédents, la méthode «rigoureuse» de calcul consiste à détermi-
ner les courbures 1 1r en différentes sections réparties le long de l'élément et à calculer
la flèche par double intégration.
En pratique, on doit calculer deux valeurs de la flèche, l'une obtenue en faisant
l'hypothèse que l'élément n'est pas fissuré, l'autre, en supposant l'élément totalement
fissuré et appliquer ensuite la pondération définie par la relation [15.21] ci-après.
Cette manière d'opérer trouve sa justification dans le fait que le comportement d'un
élément fléchi (ou tendu) fissuré est intermédiaire entre:
- celui de cet élément non fissuré
- celui de ce même élément entièrement fissuré (sans aucune contribution du béton
tendu entre les fissures).
On admet que ce comportement intermédiaire peut être représenté par la relation:
[15.21]

(qui peut s'appliquer non seulement à la flèche a, mais aussi à tout autre paramètre
géométrique: déformation unitaire E, courbure 11r ou rotation 8).
a" aIl, valeurs de la flèche (ou du paramètre considéré) calculées respectivement pour
la section homogène non fissurée (al) et pour la section homogène totalement
f!.ssurée (aIl),
coefficient de répartition établi au § 15.232 (formule [15.8]), mais corrigé ici par
un coefficient ~I qui prend en compte la durée ou la répétition du chargement:
[15.22]

~l = 1 pour un chargement unique de courte durée,


~l = 0,5 pour un chargement de longue durée ou répété (contribution du béton
tendu, donc, considérée comme deux fois plus faible que pour une
courte durée),
crs contrainte de traction de l'acier calculée en section fissurée pour la
combinaison d'actions considérée,
crsr contrainte de traction de l'acier au moment où le béton se fissure. Pour
une pièce fléchie, on calcule donc le moment de fissuration Mcl' par la
formule [15.27] (ou [15.37]) puis on détermine crsr par la fonnule
[15.32] (ou [15.42]). Voir formulaire au § 15.4.
ç= 0 lorsque la section n'est pas fissurée.

Remarque:
Dans une pièce fléchie, crsrl crs = Merl M avec Mer moment de fissuration, et dans un
tirant, crsrl crs = Neri N avec Ncr effort entraînant la fissuration du tirant (Ner = Aclctm).
794 Traité de béton armé

Prise en compte du fluage et du retrait


a) Pour tenir compte du fluage, le module d'élasticité du béton est pris égal à :
[15.23]

avec:
Eem tiré du tableau 2.4,
cp(oo, to) coefficient de fluage tiré des courbes de la figure 2.28 au § 2.244-5.
b) Effet du retrait!
Le raccourcissement du béton dû au retrait est gêné par la présence des armatures. Pour
la pièce non armée, l'effet du retrait agissant seul peut être assimilé à un effort normal
de traction fictif appliqué au centre de gravité du béton (figure 15.10) :

avec:
Ces déformation de retrait considérée
Ee module d'élasticité du béton
Ac aire de la section droite du béton seul
Pour la pièce armée, aucun effort n'agissant sur une section quelconque, la résultante
des efforts qui s'y exercent doit être nulle. Pour respecter cette condition, il faut intro-
duire dans la section une force Nes égale et opposée à Ne.

._- .. Go
--- --------
Nes,...

Béton seul

Figure 15.10

1. La courbure due au retrait peut être mise en évidence par une expérience élémentaire, en mouillant
une éponge ménagère à semelle abrasive et en la laissant sécher naturellement. La partie éponge (bé-
ton) en perdant son eau se rétracte alors que la semelle (acier) est insensible li ce phénomène. Fina-
lement l'éponge prend une forme courbe, avec sa semelle du côté convexe.
Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 795

Au centre de gravité de la section homogène, on obtient alors les éléments de réduction


suivants:
- effort normal de compression: Nes = - Ne
- moment de flexion positif: Mes = Nes de
où de représente la distance du centre de gravité du béton seul au centre de gravité de la
section homogène, d'où: Mes = Ses Ee Ac de.
Or, par définition du centre de gravité, Ac de = U e As ds. en appelant ds la distance du
centre de gravité de la section As des armatures tendues au centre de gravité de la sec-
tion homogène et U e le coefficient d'équivalence.
En posant S = As ds, on a donc aussi Mes = Ses Ee Ue S et la courbure 1 / res due au retrait
vaut alors:
[15.24]

avec:
S moment statique des armatures tendues par rapport au centre de gravité de la
section homogène
1 moment d'inertie de la section droite homogène par rapport au centre de gravi-
té de cette même section.
Pour Ses, voir § 2.244-5.
Comme on tient compte du fluage, le module d'élasticité du béton à considérer dans tous
les calculs' est le module Ec, effdéfini par la relation [15.23] ci-avant et U e = Es / Ec,l[/['
Il faut calculer deux valeurs de la courbure due au retrait: l'une, 11 r es," déterminée pour
les valeurs de S et 1 correspondant à la section homogène non fissurée, l'autre, 1/ rcs. Il ,
déterminée pour les valeurs de S et 1 correspondant à la section homogène entièrement
fissurée.
La courbure finale est obtenue en appliquant à ces courbures la formule [15.21].

15.333 Calcul de la flèche par intégration numérique


Un calcul rigoureux exige la détermination des courbures 1/ r due aux charges appli-
quées, 1/ l'cs due au retrait, dont la somme est désignée par 1/ rrol> en n sections espa-
cées de Âl (Â dépend de la précision souhaitée: Â = III 0, 1/8, 1/6, ou 1/4). Les
résultats sont présentés sous forme d'un tableau. Le tableau 15.4 est donné comme
modèle, à titre indicatif, pour une poutre sur appuis simples. À l'emplacement des
croix devront être inscrites les valeurs numériques appropriées. Les valeurs nulles ont
été prépositionnées.
796 Traité de béton armé

Tableau 15.4

xlt M(x) lIrl llr2 ç lires, 1 IIres,2 lIr lires IIrto t


kN'm lO-3· m -I lO-3· m-I lO-3· m-I lO-3· m-I lü- 3·m- 1 lO-3· m-I lO-3· m-I

0 0 0 0 x 0 0 x x
x x x x
0 x x x x
0
Mer
X X X X X X X X X X

X X X X X X X X X x

i, À. M(xj) x x x x x x x x
x x x x x x x x x x

Mer
x x x x x 0 x x x
0 x
1 0 0 0 x 0 0 x

Un second tableau donne le résultat du calcul des flèches, (le tableau 15.5 est, comme le
précédent, proposé comme modèle).
Plus précisément, il convient:
- pour la première intégration, donnant les rotations, d'appliquer alternativement, avec
y" = 1/ rIo/, les formuies i :

dont la somme redonne la formule dite « des trois niveaux» ou encore formule « de
Simpson ».

1. On ne peut utiliser pour cette intégration la méthode des trapèzes, car elle conduit à des anomalies
pour les rotations.
Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 797

Tableau 15.5

xlt llrlOl 1re intég. 2c intég. Correction Flèche a



tabl.15.4 aio aom(1X ~ (aio-aom ...2..)
JO-3· rn-1
y' e t t
«brute» «brute» JO-3' rn

0 x 0 0 0 0 0
x x x x x x x

(H) À. 1/r i_1 y'i-I ei _1 ai-I,O a omax -i-I ai_1


Intervalle: j 1/

tIn Î i·À. l/ri y'i ai ai.O a omax


i
n
ai

(i+l) À. IIri+1 Y'i+1 ei+1 ai+1.0 a omax -i+l


11
ai+1

X X X X X X X

X X X X X X X

1 X X X a omax a omax 0

n tronçons; À. = lin; ide 0 à n (O,I,2...i ... n)

i
À l'abscisse Xi, la rotation «brute» vaut donc Si = LY"i' Comme la rotation doit être
o
nulle dans la section où la flèche est maximale, si l'on veut connaître la rotation réelle
dans la section d'abscisse i, il convient de corriger la valeur de Si en en retranchant la
constante d'intégration, égale à la valeur prise par Si dans la section de flèche maximale,
une fois cette section connue.
- pour la deuxième intégration, les flèches devraient, en principe, être calculées en ap-
pliquant la formule des trapèzes, complétée par le premier terme du développement
d'Euler-Mc Laurin pour un polynôme du troisième degré [soit ici, à l'abscisse i:
,..21 2 112 ~"i-l-Y"i h.
Mais la satisfaction intellectuelle que l'on peut tirer d'un tel calcul ne compense pas le temps
perdu à la recherche d'une solution mathématique quasi rigoureuse, mais d'une précision
illusoire du point de vue pratique. Nous en restons donc à la méthode, simple, des trapèzes.
La flèche « brute» (car, comme la rotation, elle doit être corrigée, voir ci-après) à une
abscisse i quelconque, désignée par aio est donc égale à :
aio = ai-l, 0 + (À!) [(Si + Si-1) /2] avec À = 11 n
798 Traité de béton armé

La flèche devant être nulle sur les appuis, il convient de corriger les valeurs trouvées en
retranchant de aio la quantité aomax (x / l) pour trouver la valeur de la flèche dans chaque
section de calcul (constante d'intégration) (figure 15.11) :
x
ai (x) = aio - aomax -
1

Flèche

Flèche dans
la section x
,-
,-
,-
,-
,-
,.",'" a omax !.
,-
,," t
,-
,-
,-
" ' - - - - - - e - - - - ' ' - - - - - ' - - - - - - - 7 > Abscisses
o x

Figure 15.11

15.334 Méthodes simplifiées


1. Mé~hode assimilant l'équation de la détonnée à un polynôme du 3e degré
Plus rapidement que par la méthode exposée ci-avant, une fois déterminées les courbu-
res (tableau 15.4), on peut déterminer la flèche dans n'importe quelle section i en faisant
la sommation des courbures trouvées dans chaque section j de calcul (j = 1 à j = n + 1)
affectées de coefficients kij. qui dépendent du nombre n de tronçons et de l'abscisse de la
section i où l'on cherche la flèche:
ai = (1/6 n3 ) P Lkij(1 / l')
Pour les valeurs des coefficients kij., voir le tableau 15.6.
Par exemple, pour un découpage en n = 10 tronçons (n 3 = 1000, j de 1 à Il) pour la
section 6 à mi-portée, la succession des coefficients k6", k6,2, k6,3, ••• , k6 ,1l est
5 30 60 90 120 140 120 90 60 30 5
La flèche a6 à mi-portée vaut donc:
P /6000 [5.11 r, + 30.11 1'2 + 60.1/ 1'3 + 90.11 1'4 + 120.11 r5 + 140.1/ 1'6 + 120.1/ 1'7 +
90.1/1'8 + 60.1 /1'9 + 30.1 / rIO + 5.1 / rI,]
Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 799

Tableau 15.6
n =4 À = 0,25 + +
2
14
cv
12
4

6
5

12 20 12
6 12 14

n = 6 À = 1/6 f +
2 3 8) 5 6 7
5 24 24 18 12 6
4 24 42 36 24 12 2
3 18 36 48 36 18 3
2 12 24 36 42 24 4
6 12 18 24 24 5

n=8 À=0,125 + +
2 3 4
CD 6 7 8 9
7 34 36 30 24 18 12 6
a3 6 36 64 60 48 36 24 12 2

a4 5 30 60 82 72 54 36 18 3

@4 24 48 72 88 72 48 24 4

a6 3 18 36 54 72 82 60 30 5

a7 2 12 24 36 48 60 64 36 6
6 12 18 24 30 36 34 7
n = 10
1

+ À=0,1
2 3 4 5 ® 7 8 9 10 11

a2 9 44 48 42 36 30 24 18 12 6

a3 8 48 86 84 72 60 48 36 24 12 2

a4 7 42 84 116 108 90 72 54 36 18 3

as 6 36 72 108 134 120 se 72 48 24 4

@5 30 60 90 120 140 120 90 60 30 5

a7 4 24 48 72 se 120 134 108 72 36 6

as 3 18 36 54 72 90 108 116 84 42 7
ag 2 12 24 36 48 60 72 84 86 48 8
6 12 18 24 30 36 42 48 44 9
800 Traité de béton armé

Les flèches al et an + 1 à l'emplacement des sections des appuis (j = 1 et j = n + 1) sont


nulles.
Les coefficients !qi ont été déterminés en découpant la poutre en n tronçons, et en sup-
posant que la courbure varie linéairement sur chaque tronçon. L'équation de la défor-
mée est alors - double intégration d'une loi linéaire - un polynôme du troisième degré.
Les coefficients du tableau 15.6 sont ceux des polynômes, obtenus en écrivant la conti-
nuité des courbures, des rotations et des flèches au droit de chaque sectionj de calcul.
La méthode est applicable à une poutre continue, à condition d'affecter le signe moins
aux courbures des sections où le moment est négatif.
Si l'on applique cette méthode aux flèches élastiques, on trouve, pour un découpage en
10 tronçons :
- dans le cas d'une poutre sur deux appuis simples, supportant une charge concentrée P
à mi-portée: amax = P f3 148 El (valeur exacte; rien d'étonnant, la variation du moment
M(x) et donc celle de la courbure (MI El) étant effectivement linéaires).
- dans le cas d'une charge p uniformément répartie: a rnax = (5/387) pt 1El au lieu de
(5/384) pt 1El.
L'erreur commise, par défaut, n'est que de 8 %0.
2. Méthode simpliste
Dans cette méthode, on calcule la courbure (1 1r tol ) dans une seule section, celle de
moment maximal (qui n'est pas nécessairement, comme rappelé précédemment, la sec-
tion à mi-portée) et on suppose que la forme du diagramme des courbures est la même
que celle du diagramme des moments de flexion.
La flèche dans cette section est donnée par :
a = k J2 (1 1rIal)
où k désigne un coefficient numérique, fonction de la forme du diagramme du moment
de flexion (tableau 15.7).

Remarque:
À l'article B 6.5, les Règles BAEL donnent, pour les bâtiments courants, les cas de
dispense de vérification vis-à-vis de l'état-limite de déformation, ainsi qu'un mode
d'évaluation, dû à Maurice Albigès, de la «flèche nuisible» (celle qui risque
d'affecter les cloisons et les revêtements de sol). Ce mode de calcul n'est pas déve-
loppé ici. On peut en trouver l'exposé, ainsi qu'un exemple numérique de calcul
dans l'ouvrage Maîtrise du BAEL 91 de J. Perchat et J. Roux (éd. Eyrolles).
Chapitre 15' Fissuration et déformations (EC2) 801

Tableau 15.7 (d'après A. W. Beeby).

0,125

3-41;2

~
48 (1-1;)
= -I;)t .•..••.•.. . M PI;(1
si 1; = ~ K = 1~

·-----·OM
-M Pl;t
-2-
0,0625

1;2
0125--
, 6

q
+' Il Il III I l i l i Il 1 Il III l i .
0,104

0,102

q K=0104(1-i.)
t'" I I I 1111 I l 1 I l I I I I l I l .
,
avec
10

MA+M B
~= Mc
Flèche à l'extrémité
_ 1; (3 -1;)
- 6 1
sil;=1, K=3"

~
1;(4 -1;)
. . . . -qé/t?-
/.. 2 12
si ç = 1, K = 0,25

K = 0,083 (1 - ~)
avec
A _ MA+M B
.... - Mc

~p.. (3 _ 41;2)
~
..... :: .. ::::.:: .. ::::.::::::: ... :.... :::::::::.:.:: .. :::.::: .. :..... :.

.. ............... ..
'?
_V"
1 (5-41;2)2
80 3-4/;2
24
802 Traité de béton armé

15.4 FORMULAIRE
Ce formulaire rappelle les symboles utilisés et réunit toutes les formules dont on a be-
soin pour les calculs relatifs à la fissuration et aux flèches:
p = As/ bd: pourcentage d'armatures (b : largeur de la section si elle est rectangulaire;
largeur de la nervure si elle est en T)
Ee = Ecm sous charges instantanées (tableau 2.4)
Ee, eff = Eem/ 1 + cp (00, 1:0) sous charges de longue durée ([15.23] ; pour cp (00, t o), voir
§ 02.244-5)
Ue = Esi Ee,ejJ: coefficient d'équivalence.

15.41 Section rectangulaire


a) Section rectangulaire homogène non fissurée (sans aciers comprimés)
On pose YJ = hl d
Distance relative de l'axe de flexion simple à la fibre la plus comprimée de la section:
[15.25]

Moment statique des armatures tendues par rapport à cet axe :


2
S = bd P (1 -1;1) [15.26a]

Moment d'inertie de la section homogène par rapport au même axe:


Il = bd 3 [(YJ3 13) + U e P -1;1 (ue P + YJ) [15.26b]

Moment de fissuration:
[15.27]

Hauteur de la zone tendue juste avant fissuration du béton:


her = h - v = d (YJ -1;1) [15.28]

Courbure dans une section d'abscisse x :


[15.29]

[M(x)::; Mer; E = Ec ou Ee.ejJ]


b) Section rectangulaire homogène fissurée (sans aciers comprimés)
Attention! Dans les calculs, prendre garde de ne pas confondre x, abscisse d'une section
avec x, hauteur de l'axe neutre! C'est pour éviter toute confusion que, dans les Règles
BAEL, la notation y est utilisée pour cette dernière.
Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 803

Hauteur de l'axe neutre:

Çz = x / d = Œe P [(~1 + 2 / ŒeP }-1] [15.30]

Moment d'inertie de la section homogène fissurée par rapport à cet axe:


h = bd 3 [(Çz3 / 3) + Œe p(l _ Çz)2] [15.31]

Contrainte de l'acier immédiatement après la fissuration:


[z=d(l-Çz/3)] [15.32]
Contrainte de l'acier sous le moment de service :
O"s2 = Œe MEdd(l-Çz)/ h = MEd/ As d (1- Çz/3) [15.33]

Courbure sous l'effet d'un moment M(si M= MEd, O"S = O"s2; si M= Mer. O"s = O"sr):
1 / r2 = es / d (1 - Çz) avec es = O"s2 / Es [15.34]

15.42 Section en T
a) Section en T homogène non fissurée
On pose : fl = h / d; flo = hejJ/ d; ~ = (b eff - b) / b [bejJ et heffi largeur et épaisseur de la
table]
Distance relative de l'axe de flexion simple à la fibre la plus comprimée de la section:

[15.35]

Moment statique des armatures tendues par rapport au même axe:


S = b d 2 P (1 - Çl) [15.36a]

Moment d'inertie de la section homogène par rapport à cet axe:


Il = bd 3 {(fl3 / 3 + ~flo3 / 3) + Œe P - Çl2 [~flo + fl + Œe p]} [15.36b]

Moment de fissuration:
[15.37]

Hauteur de la zone tendue juste avant fissuration du béton:


[15.38]

Courbure dans une section d'abscisse x : 1 / rI = M(x) / Ell [15.39]

(M(x) :::; Mer; E = Ec ou Ec, ejJ]


804 Traité de béton armé

b) Section en T homogène fissurée


- Si CJ.e P ::; 110212 (1 -110) appliquer les formules données pour une section rectangulaire
fissurée, en remplaçant b par beff, largeur de la table.
- Si CJ.e P > 110212 (1 -110), les formules sont les suivantes:
Hauteur de l'axe neutre:

[15.40]

Moment d'inertie de la section homogène fissurée par rapport à cet axe:


lz = bd 3 [(çl 13) - ((3 (~-110) 3/3) + <Xe p(l- ~)2] [15.41]

Contrainte de l'acier immédiatement après la fissuration:


[15.42]

Contrainte de l'acier sous le moment de service :


[15.43]

Courbure sous l'effet d'un moment M(si M= MEd, crs = crs2; si M= Men crs = crsr ):
[15.44]

15.43 Récapitulatif des étapes du calcul des courbures


Ce récapitulatif est donné pour une section rectangulaire. La succession des étapes est
la même pour une section en T: les numéros des formules auxquelles il convient de se
reporter sont décalés de 10 unités. Ces formules vont de [15.35] à [15.44] au lieu de
[15.25] à [15.34].
- décider du nombre de sections de calcul;
- calculer le moment de fissuration par [15.27] ;
- calculer le module d'élasticité effectif Ec,ejJpar [15.23] et le coefficient d'équivalence <Xe.
Successivement, pour toutes les sections de calcul:
- calculer le moment de flexion agissant dans chaque section pour la combinaison de
charges pour laquelle on effectue la vérification.
- calculer la courbure 1 Irl pour la section non fissurée par [15.39];
- calculer la courbure 11 r2 pour la section fissurée par [15.34] (et avant: [15.30, 31 et
33] ;
- calculer la contrainte O:~r par [15.32] et ç = 1 - (31 (crs"! cr$)2 par [15.22] ;
- pour finir, 11 r = Ç.lI r2 + (l - Ç).lI rI à porter dans le tableau 15.4 pour la section
considérée.
Chapitre 15 • Fissuration et déformations (EC2) 805

Pour le retrait :
- Calcul en section non fissurée:
Calculer ~I par [15.25], S par [15.26a], Il par [15.26b] d'où 1/ res, 1 = ae Bes S / Il
_ Calcul en section fissurée:
~ a été calculé par [15.30] pour trouver 1 / r2 (voir ci -avant) ; h est donné par [15.31]
1 / rcs, 2 = ae BeP (1 ~) / h d'où, avec ç calculé ci-avant:
1 / rcs = Ç.1 / rcs, 2 + (1 - Ç).l / res, 1 à porter dans le tableau 15.4 pour la section considérée.

15.5 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIONNÉE


DU CHAPITRE 15
- Manuel de calcul CEB-FIP «Fissuration et déformation », Bulletin Information du
CEB, nO 143, décembre 1981.
- P.S. Rao, Die Grundlagen zur Berechnung der bei statisch unbestimmten Stahlbeton-
konstructionen in plastischen Bereich auftretenden Umlagerungen der Schnittkriifte,
DAtStb, H. 177 Berlin, W. Ernst u. Sohn, 1966.
- F.S. Rostasy, R. Koch, F. Leonhardt, Zur Mindestbewehrung von Zwang von Aussen-
wiinden az~s Stahlleichtbeton, DAtStb, H. 267 Berlin, W. Ernst u. Sohn, 1976.
CHAPITRE 16

ANNEXES

16.1 ÉPURES DE RÉPARTITION DES


ARMATURES LONGITUDINALES
ET DES ARMATURES D'ÂME
L'article 9.2.1.3 de l'EC2 est rédigé ainsi:
(1) Il convient dans toutes les sections, de prévoir un ferraillage suffisant pour résister
à l'enveloppe de l'effort de traction agissant, comprenant l'effet des fissures inclinées
dans les âmes et les membrures.
(2) Pour des éléments avec des armatures d'effort tranchant, il convient de calculer
l'effort de traction supplémentaire MId conformément à 6.2.3 (7) ........ (§ 12.643)
L'effort de traction supplémentaire est illustré sur la figure 9.2.
(3) La résistance des barres sur leur longueur d'ancrage peut être prise en compte en
supposant une variation linéaire de l'effort, voir lafigure 9.2 ....... .
Suit la figure reproduite ci-après (figure 16.1).
L'EC2, qui n'est pas un cours, ne fournit aucune explication. D'où la présente annexe.
En pratique, en effet, on ne conserve pas (ou du moins pas toujours, cas des armatures
« filantes ») sur toute la portée d'une poutre, la section d'acier que l'on a déterminée en
fonction du moment de flexion maximal. On ne conserve pas non plus sur toute la por-
tée l'espacement des armatures d'âme que l'on a déterminé dans la sect~on d'effort
tranchant maximal.
Le plus généralement, on commence par tracer les lignes-enveloppes de M(x) et V(x), et
on se contente de déterminer:
- les armatures longitudinales nécessaires dans les sections de moment maximal (en
travée et sur appuis) :
- les armatures d'âme correspondant aux efforts tranchants en certaines sections singu-
lières : appuis, sections où sont appliquées des charges concentrées, etc.
Pour tenir compte de la variation de M et de V le long de la ligne moyenne, on propor-
tionne ensuite, en chaque section, les armatures longitudinales et les armatures d'effort
tranchant aux efforts qui s'y développent au moyen d'épures de répartition.
808 Traité de béton armé

\
\
\
\
\
A----I-----. \
\
,.

A - Enveloppe de (MEd / z) + NEd


B - Force de traction agissante
C - Force de traction résistante
Figure 16.1

16.11 Répartition des armatures longitudinales tendues


En premier lieu, nous traitons le cas des sections de hauteur constante, à section rectan-
gulaire ou en T, sollicitées en flexion simple, où la répartition peut se faire en utilisant
directement la courbe-enveloppe des moments de flexion sans passer par les efforts de
traction comme le fait l'EC2. Pour les autres cas que l'on peut rencontrer, la manière
d'opérer est donnée au § 16.114.
La méthode exposée ci-après est une application directe de l'EC2. Au paragra-
phe 16.113-1, on indique comment l'adapter aux Règles BAEL, ce qui ne présente au-
cune difficulté.
Chapitre 16 • Annexes 809

16.111 Moment résistant maximal d'un groupe de barres longitudinales


Pour déterminer le moment maximal que peut équilibrer à lui seul un groupe de i barres
tendues (section totale Ai, hauteur utile di), il serait possible de faire un calcul exact sur
le modèle de celui décrit au § 7.55.
En pratique toutefois, on opère plus rapidement, en admettant que la valeur du bras de
levier trouvée lors du calcul de la section d'armatures nécessaires pour équilibrer le
moment agissant maximal (sur appui ou en travée selon le cas) est constante le long de
la poutre. Ce calcul place en sécurité car, comme le bras de levier augmente lorsque le
moment de flexion diminue, il conduit à sous-évaluer légèrement le moment résistant
que peuvent développer les barres dans les autres sections et à donner à chaque barre
une longueur légèrement plus grande que la longueur strictement nécessaire.
Soit Zo cette valeur. On a donc: (MRd, max} = Ai./yd Zo

Remarque:
Lorsqu'avec les Règles BAEL on se trouve dans le cas d'une fissuration préjudi-
ciable ou très préjudiciable, il faut tracer l'épure de répartition des armatures à
l'ELS. Dans ce cas, (MRser, rnruJi = AJ7s Zl avec crs' contrainte limite de traction de
l'acier imposée par les conditions de fissuration et z(, bras de levier trouvé lors du
calcul des armatures de la section où le moment agissant est maximal. Mais le prin-
cipe de la méthode demeure le même.

Pour un ensemble de groupes de barres: (MRd, max) = I(MRd, maxk


Lorsqu'on arrête ensemble dans une même section toutes les barres (supposées de mê-
me diamètre) d'un groupe:
- la contrainte supportée par l'ensemble des i barres de ce groupe décroît linéairement
depuis sa valeur maximale /yd jusqu'à zéro sur une distance égale à la longueur
d'ancrage de référence hd,i de ces barres (figure 16.2 ; pour hd, voir § 4.74);

o Barrei

1 ~~:::---;--------------------------------tfyd-----I-----
l
!
!
"
"
"
.............
.... j--------------------------------
1

1 Aifyd
l ',1
: ',~ ___ __ _ _ _ _ ___ ________ ___ ___ _________ _ _ _. (MRd,max)1
1

, " - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- ---- ----- - (Ajfyd Zo)


1
~ . ibd,i
1
1
)J>l

Figure 16.2
810 Traité de béton armé

- la force F td, i équilibrée par ces i barres, représentant une section totale Ai, décroît elle-
même linéairement depuis sa valeur maximale Adyd jusqu'à zéro sur la longueur
d'ancrage hd, i ;
- le moment résistant (MRd, max)i que peut développer ce groupe de i barres décroît donc lui
aussi linéairement depuis sa valeur maximale Adyd Zo jusqu'à zéro sur la longueur hd, i.
Dans une poutre de hauteur constante, où l'on arrête successivement n, puis p, puis
q .. .. barres longitudinales inférieures, dans des sections d'abscisses respectives x", xp ,
x q , ••• (avec X n > xp > x q > ... ) le diagramme des moments résistants se compose ainsi de
segments de droite horizontaux (plus précisément, parallèles à la ligne moyenne de la
poutre) et de segments inclinés dont les projections sur l'horizontale (sur la ligne
moyenne) valent respectivement hd,n, hd,p, hd,q ... (compte tenu du fait que les longueurs
d'ancrage de base des n, p, q ... barres peuvent ne pas être les mêmes si les diamètres
des barres arrêtées sont différents).
Deux cas peuvent se présenter:
- soit, les abscisses des sections d'arrêt sont telles que x p - X n > hd, n, X q - Xp > hd, P' •• et
les projections des segments inclinés ne se chevauchent pas (figure 16.3).

------------

MRd,n

: ~::::~~:~~::~uJ=~:::::::: : : : - ~~;::::: :-
X
p
... 1
1
1
JII"".
l
bd,p
1
1
1""
1
1
1
1
1
1 Q'
------------------------------~----~--------~----------
1 1
1 llldq 1
Xq ~: ' : ..

Figure 16.3

- soit, les abscisses des sections d'arrêt sont telles que xp - XII < hd, '" x q - xp < lbd,p'" et
les projections des segments inclinés se chevauchent (figure 16.4) ; dans ce cas, il faut
tracer le diagramme enveloppe des moments résistants (à partir de maintenant, pour
simplifier l'écriture, on peut supprimer, sans risque de confusion possible, l'indice
« max » et on écrira donc M Rd pour M Rd, max).
Chapitre 16· Annexes 811

--1-----------------------------------------------------------
MRd

____N.0 __________________________________________ _
1
1
1

: p: '. '. . , NI
: i-:::-...: ...... : ...: - - - - - - --- - --- -- - --- - -- ------

nx Il
bd,n
t
-------~::~~~-------T--~:
Q : ------ P'
.~" -~------------------
,
"
"
,,
1
xp 1 tbd,p Q'
------------------~:~~~----~-+--~ .----------~--------
1 1 1
1 1
xq : tbd,q 1
----------------------------~~I~~------~~~:
1

Figure 16.4

Les circonstances dans lesquelles on est amené à rencontrer l'un ou l'autre de ces deux cas,
ainsi que les conséquences qu'ils ont sur les arrêts des barres sont précisées au § 16 113-3.

16.112 Règle du décalage


Par suite de la fissuration oblique sous l'effet de l'effort tranchant, l'effort de traction
supporté par les armatures dans une section d'abscisse x correspond au moment dans
une section décalée, d'abscisse x + al.
Ce résultat est évident pour un treillis simple (figure 16.5) :

) B

------------~l'-------------
z

---e
c/lA FA
4

l
:
i
~--------~--------

,
o

~' X
l '
- - - - - - - - - - - - - - - - . , , . : Xs = x + St
1

Figure 16.5
812 Traité de béton armé

En effectuant une coupure au point A d'abscisse x et en prenant les moments en B


d'abscisse XB, on trouve: FA = M(xB)/ z et non FA = M(x)/ z comme cela résulterait de la
seule considération du moment de flexion (ce que nous avons admis dans le chapitre 7,
en dissociant moment de flexion et effort tranchant).
Dans une poutre à âme pleine fissurée obliquement, assimilable à une poutre à treillis
multiple, le point A appartient à tous les treillis simples ayant leurs sommets entre BI et
B2 (figure 16.6).

.1 "ota 1_ z(cote + cota)

Figure 16.6

Si l'on considère le treillis simple« médian» ayant son sommet en B, milieu de B I B2, x
étant l'abscisse du point A:
celle de BI est x - z cot o.,
- celle de B estxB = x -z cot a. + z (cot e + cot a)/2.
Le « décalage» al qui dépend à la fois de l'inclinaison a des armatures d'âme, et de
=
celle, e, des bielles de béton, vaut donc: al z (cot e- cot a) / 2.
n en résulte que le diagramme des moments résistants des armatures d'une travée doit
envelopper, non pas la courbe-enveloppe (C) des moments agissants, mais la courbe
(C') obtenue par un décalage de al = z (cot e- cot a)/2 de tous les points de (C) parallè-
lement à l'axe de la poutre et dans le sens le plus défavorable (figure 16.7).
Pour un élément sans armatures d'effort tranchant, al =d
Chapitre 16 • Annexes 813

1\
1 \
1 \
1 \
T
\
\
\
\
\
(C) \
\
,, Ligne de
référence
-----rr-~~--~--------~--------~--~r_--
1
..----------~x
1
1
1
/
/
/

(C) /
/
/ "
/
/
/

/ "
/ "
~~
.- /

Figure 16.7

16.113 Épure d'arrêt des armatures

16.113-1 Remarque concernant les Règles BAEl


Tout ce qui suit s'applique mutatis mutandis aux Règles BAEL, en substituant:

• àhd:
- pour des ancrages rectilignes, la longueur de scellement droit Is ,
- pour des ancrages courbes, la longueur d'ancrage la = 0,6Is ;
• à al : non pas la valeur z / 2 (qui correspondrait à e = 45°; a = 90°), mais par simplifi-
cation et par sécurité (car la méthode des Règles BAEL revient implicitement à pren-
dre e < 45°) la valeur 0,8 h avec h, hauteur de la poutre, soit, en fait:
a/~0,8(1,1 d)~0.9d=z

qu'il y ait (poutre) ou non (dalle) des armatures d'âme.

16.113-2 Principes généraux pour la construction de l'épure


. 1. Les armatures doivent toujours être arrêtées par groupes symétriques par rapport au
plan moyen:
- pour les armatures inférieures, on commence par les barres de la nappe la plus haute
s'il y a plusieurs nappes, et dans chaque nappe, par les barres plus proches du plan
moyen (figure 16.8 a)
- pour les armatures supérieures, on suit les mêmes règles, en commençant par la nap-
pe la plus basse (figure 16.8 b)
814 Traité de béton armé

Ordre d'arrêt

• .,
Figure 16.8 (les barres non numérotées ne doivent jamais être arrêtées avant les
appuis)

2. L'épure se construit toujours en partant du moment maximal (pour lequel a été calcu-
lé zo), donc en «remontant» pour les armatures inférieures (en travée) et en «descen-
dant» pour les armatures supérieures (sur appuis).
3. Aux abouts de la poutre, on conserve et on ancre un nombre de barres suffisant pour
équilibrer VEd, max ou VEd, max + [(M;,. ou Me) / 0,9 d]. Les barres d'angle (non numérotées
sur la figure 16.6.8a), ne sont jamais arrêtées avant les appuis, et il peut même être né-
cessaire d'en conserver d'autres pour avoir un nombre de barres qui satisfasse à la
condition ci-avant.
4. Il peut être judicieux de réunir les calculs préliminaires dans un tableau tel que le
celui proposé ci-après (le nombre apparaissant à la dernière ligne de la dernière colonne
représente MRd, max' À titre de contrôle, on peut vérifier que sa valeur est légèrement
supérieure à celle de M Ed, max).

Barres A; I:.MRd,i
nO 0; (cm2 ) Nombre (cumul)

--_._- - - - - - - ---- --_.__.__._--- ----------- - - - -

1 - . - -.....-------.-----.-- ------ _______ L -_ _ _- ' -_ _ _ _

16.113-3 Construction de l'épure

Remarque:
Pour des raisons de commodité de dessin, les courbes de moments représentées
dans cette annexe sont censées être des paraboles (charges uniformes). Mais il est
bien évident que les modes opératoires qui sont décrits demeurent valables pour des
courbes qui présenteraient des points anguleux, dus à la présence de charges
concentrées.
Bien entendu, il faut commencer par se donner des échelles convenables pour les
longueurs et pour les moments.
Chapitre 16' Annexes 815

Suivant la position des segments inclinés du diagramme des moments résistants par
rapport à la courbe enveloppe décalée, plusieurs cas sont possibles:
a) Armatures inférieures: trois cas possibles (figure 16.9)

Arrêt théorique Arrêt théorique


des q barres / des q barres
n+p barres / M Rn +p

MRq

n+p+q barres M R n+p+q M R n+p+q


~~-r~~~----

(C') (C') (C')

o •
Figure 16.9

b) Armatures supérieures: deux cas possibles (figure 16.10)

M R n'+p'+q' MRn'+p'+q'
--~~~r.--------r-

------------~~~~./
Arrêt des / ' MRn,+p' MRn,+p' 'Arrêt théorique
q' barres (C') (C') des q' barres

o
Figure 16.10

Par convention, on appelle dans ce qui suit:
- diagramme de type 1 : un diagramme des moments résistants conduisant à des arrêts
des barres sur la courbe décalée (C')(cas nO 1 des figures 16.9 et 16.10) ;
- diagramme de type II : un diagramme des moments résistants conduisant à des arrêts
théoriques des barres hors de la courbe décalée (C') (figure 16.9, cas nO 2 et 3 ; figu-
re 16.10, cas nO 2).
Propriété importante des diagrammes de type II
. Si, l'arrêt Q étant fixe, P se rapproche de Q (parce qu'on adopte pour les barres p des
longueurs plus courtes), le segment Q\p\ du diagramme-enveloppe se déplace en
conservant toujours la même inclinaison: Q2P211 Q\p\ (figure 16.11; triangles sembla-
bles multiples dont Q est le centre de similitude) et nouvel arrêt en P3•
816 Traité de béton armé

----i,."'" P3

-; 0;;;::---.-:-.~=-~-.....- ...........
-____
P1 1 ..... .....
1 .....
-----------.=---. ._. .......... -.')-.....
Q _ _ _ _~~-~.~~-----~r_- ~ 1

~'"''''''''
. . . ~~--:.::> . . . . .
~.
1

Q2---

Figure 16.11

On retient donc:
- pour les cas 1, correspondant au diagramme de type 1, les arrêts sont toujours sur la
courbe décalée.
- pour les cas 2 ou 3, on peut se servir de la propriété des diagrammes de type II pour
envelopper au plus près la courbe décalée (figures 16.14 et 16.15).
Diagrammes de type 1
1. Armatures inférieures
Les arrêts des barres se trouvent sur la courbe décalée et on a donc affaire à un dia-
gramme de type 1 lorsque les longueurs d'ancrage sont relativement courtes et que les
pentes des segments inclinés NN', PP', QQ' ... sont supérieures à celles des tangentes
en N, P, Q... à la courbe décalée (figure 16.12).

Figure 16.12

On commence d'abord par voir si l'on peut arrêter les barres avec des ancrages droits.
À partir d'une ligne de référence verticale, on matérialise sur le côté de l'épure les pen-
tes des segments inclinés. Par translation, on amène ces segments au contact de la cour-
be décalée. Si la situation est celle de la figure 16.9, cas 1, on a un diagramme de type 1
et les arrêts des barres se font sur la courbe décalée. Si la situation est celle des cas 2 ou
3 de la figure 16.9, on a affaire à un diagramme de type II. On peut alors:
- soit appliquer le mode opératoire propre aux diagrammes de type II (voir ci-après) ;
Chapitre 16 • Annexes 817

- soit, tout en conservant les arrêts sur la courbe décalée, adopter des ancrages courbes,
ce qui a pour effet de diminuer la longueur d'ancrage (al = 0,7, tableau 4.11) et donc
d'augmenter la pente des segments inclinés. Cette solution est celle que l'on doit le plus
souvent adopter pour les barres arrivant sur un appui de rive, étant donné la pente très
raide de la courbe décalée au voisinage de ces appuis et la largeur souvent insuffisante
de ceux-ci pour y loger des ancrages droits;
- soit encore, arrêter en une seule fois un nombre de barres supérieur à celui initiale-
ment retenu, ce qui augmente (MRdi ) et donc la pente du segment incliné. Il faut toute-
fois (si les armatures se composent de plus de deux barres) ne pas arrêter plus d'une
barre sur deux dans une même section afin d'éviter un changement d'inertie brutal et le
risque d'apparition d'une large fissure dans la section d'arrêt.

Remarque:
Prenons en exemple le cas des p barres arrêtées (figure 16.12) : la pente de la tan-
gente en P à la courbe décalée est la même que celle de la tangente en PI à la cour-
be enveloppe des moments agissants, elle-même égale à l'effort tranchant (VEd)PI à
l'abscisse de PI. Mathématiquement, pour avoir un diagramme de type 1 avec des
ancrages droits (al = 1, tableau 4.11) ou courbes (al = 0,7), il faut que
hd, p:S (MRd)p/ (VEd)P] (figure 16.12). Il est donc possible de mettre en équation les
courbes (C) et (C') et de traiter les arrêts de barres par le calcul. Certains program-
mes de calcul font très bien cela. Aborder le problème de cette manière exige de dé-
terminer les efforts tranchants dans les sections telles que PI, ce que ne demande
pas la construction graphique. Si l'on ne dispose pas d'un programme de calcul per-
formant effectuant ces opérations, pour autant, le problème n'est pas insoluble. Il
reste toujours le recours à la construction graphique. À condition qu'elle soit faite
avec soin, sa précision est largement suffisante.
Il est rappelé à cette occasion qu'une parabole (courbe des moments pour des char-
ges réparties) peut être construite avec une bonne approximation à partir de trois
points seulement (moments sur appuis et moment positif maximal) et des tangentes
en ces points.
2. Armatures supérieures
L'arrêt des armatures supérieures s'effectue «en descendant» selon les mêmes princi-
pes que pour les armatures inférieures et ne présente aucune difficulté: matérialisation
des pentes des segments inclinés, translation jusqu'à ce que ceux-ci viennent au contact
de la courbe décalée, etc.
Finalement, on obtient une épure analogue à celle représentée figure 16.13. Les lon-
. gueurs à donner aux barres, grâce auxquelles on peut établir la «nomenclature des
aciers », sont reportées directement au-dessus de l'épure sur un croquis représentant une
élévation de la poutre (voir aussi la figure 16.1). Sur ce croquis, la représentation de
barres superposées ne signifie pas nécessairement qu'il faille prévoir plusieurs lits
d'armatures. Elle permet seulement de définir sans ambiguïté les longueurs des barres de
818 Traité de béton armé

chaque groupe de barres mais deux groupes différents peuvent très bien appartenir à un
même lit l .

Élévation de la poutre

\
:/::n' / h
q' / p' 1

n'+p'+q', barres
__ "" 1 1 1

\ : Arrêt des q' barres ,


\\ 1/ 11 11 1
\ 1 1 1 n'+ 1

, 1 1
._ 1 '1 • 1.-
,::1
::l,
8:1
(1),
\ 1/Arrêt des1 p' barres
, 1

, 1 1
n'
18:
, .(1)

~I
1
-0 ,
::II
z,
',:
"
"
1 Arrêtdes
: / n' barres
T 1
IQi
,-0
1::1
,z
1
, ______, '
~_~ ___________ L __________ _ 1
-T----'\--- , - _. T - - - - .'- - -
1 1
, \ 1 1
\ 1
Moments positifs
\ ae 1 1
1 1
1
1

n barres Il

1
n+p

1 1 1
l , 1
lat 1 all
)01 )0 e le

Figure 16.13

Si vous établissez des dessins vous-même, n'oubliez pas que les exécutants n'ont pas suivi les cours
d'une grande école. Il faut leur donner des cotes numériques et non littérales, à partir de repères fixes
et bien définis et des sections d'armatures transformées en nombre de barres d'un certain diamètre.
Par exemple, il ne faut pas coter depuis l'axe, que l'on ne peut matérialiser, d'un coffrage de poteau
ou depuis la section médiane d'une poutre. Et surtout ne pas avoir recours à des indications telles que
«sens lx» ou «sens ly» ce qui, pour un exécutant n'a... aucun sens! Avant tout, vérifier que l'on
peut loger les armatures, que lorsqu'elles ont des directions différentes, elles peuvent se croiser (donc
qu'elles ne sont pas au même niveau) et/ou que les crochets d'ancrage ne vont pas dépasser du béton,
etc. Les positions des armatures sur deux coupes orthogonales doivent être compatibles, etc. Toutes
ces vérifications font appel au bon sens. Plus il y a d'indications précises et détaillées sur les dessins,
plus les risques d'incompréhension ou d'erreurs diminuent (voir § 16.4).
Chapitre 16 • Annexes 819

Diagrammes de type II
1. Armatures inférieures (figure 16.14)
Sur le côté de l'épure, on matérialise à partir d'une ligne de référence verticale les pen-
tes des segments inclinés P'P' 0, Q'Q' 0, etc. ayant pour projections horizontales les lon-
gueurs d'ancrage: (lbd)p pour le groupe de p barres, (lbd)q pour le groupe de q barres
suivant, etc. [si les barresp, les barres q, ... sont de même diamètre, (lbd)q = (lbd)p = ... ].
On mène QQo parallèle à Q'Q'o tangent à la courbe décalée (C') : les q barres ne peu-
vent pas être arrêtées dans tille section plus proche de la courbe (C') que celle du point
Q. On mène ensuite pp0 parallèle à P'P' 0 [Po sur la courbe (C') à moins que pp0 ne
puisse qu'être tangent à (C')], et ainsi de suite.
Les barres p pourraient théoriquement être arrêtées en P, mais le diagramme résultant
PPlQlQo n'envelopperait pas au mieux la courbe (C').

n+p

n+p+q

Figure 16.14

On se sert donc de la propriété des diagrammes de type II en traçant P2 Q2 parallèle à


PrQl tangent à (C') et coupant la verticale QP l de Q en P2. En menant P2P3 parallèle à
PoP, le diagramme résultant est QoQ2P2P3, qui enveloppe (C') au plus près.
Le groupe de p barres peut être arrêté en P3 (on a donc, pour ce seul côté, un gain sur la
longueur de chaque barre du groupe égal à PP3 ).
II peut arriver que les barres p se mettent en charge alors que la mise en charge des
. barres q n'est pas encore terminée et qu'il en soit de même pour les barres n etp (figu-
re 16.15).
820 Traité de béton armé

N' N' ,.
e·~------------------- - ,.~ - - - -N- - - - - -
___ - - - - - - - - - - - - - - - - - - --
1
~~'"
N'o
...,..._ _ _..;;::"e ________
MRn
_ pl l
'"· S-" -_ N
- - - - - - -e'l:".- _.J .:..' ..... ""- - _"':.. -::.. ... ~- - - - - - - - - - - --
-P.... ~~-
11 ......'
.... ,....
, ...... 1
:
P ,
1 ......... ..... ...., . 1
n+p Q' Q! ......... 1 -"" Po
----------."':::::::,-,- --------
~~:~~: :E·'OC_~__-_-_-_-_-_-_-_-__. . ;_;:____
T!'"~-----";
',_ 1
: . . Q'o
Qo(fixe)
-- IQ
--, •...2...
---------------------------~.----

Figure 16.15

Ce cas reste exceptionnel, car il correspond à des tangentes très raides à la courbe CC')
combinées avec des longueurs d'ancrage assez grandes. Quoi qu'il en soit, même si le
tracé du diagramme résultant, enveloppe des moments résistants, est alors un peu plus
complexe, les principes exposés pour envelopper au mieux la courbe (C') restent in-
changés. Les segments NIS, QIT et ST du diagramme résultant appartiennent respecti-
vement à l'une diagonales des parallélogrammes NINoPI 'P, QIQPIPO et SPI 'TP I.
2. Armatures supérieures (figure 16.16)

_M_R_dm_a_x--'-_ _ e ~o_(~~el _______________?c-'o_ _ _-;--_ _ _-t-_ n'+p'+q'


tbd(q')
Q2

r~Q1
Po :
1
\i·~
\\~ 1

_ _ _T-_ _ _ _ _ ~.~.~~.:._'·o=-----t-b-d(::....P''-)- - - " ' r -Q-" n'+p'


............
........
"',: \ 1
......
.........
\
\
' .... '\ 1
.P
\ 1
1
" ,

Figure 16.16

La construction est la même que pour les armatures inférieures: on matérialise sur le
~ôté de l'épure les pentes des segments inclinés P"oP", Q"oQ", etc. ayant pour projec-
tions horizontales les longueurs d'ancrage: (l'bd)q' pour le groupe de q' barres, (l'bd)p'
pour le groupe de p' barres suivant, etc. [si les barres q', les barres p ', ... sont de même
diamètre, (l'bd)q' = (l'bd)p' = ... ].
On mène QoQ parallèle à Q"oQ" passant par le point anguleux de la courbe décalée (C').
Les q' barres ne peuvent pas être arrêtées dans une section plus proche de la courbe (C')
que celle du point Q. Le segment PoP parallèle à P"oP" donne un diagramme résultant
Chapitre 16' Annexes 821

QoQ\p\p relativement éloigné de la courbe décalée (C'). On peut s'en satisfaire, ou


chercher à approcher au mieux cette courbe. Pour cela, il faut utiliser la propriété des
diagrammes de type II.
En considérant P2 où la verticale de Q coupe (C') et en menant P'P2 parallèle à P"oP",
on peut arrêter les p barres suivantes en P'.
Supposons que l'on ait réparti les armatures supérieures en deux groupes contenant
respectivement p , et q' barres (ce qui correspondrait à n' = 0 sur la figure 16.16). Si le
point P2 de cette figure tombait au-delà du point 0', on pourrait être tenté d'arrêter les
p' + q' barres simultanément. Ce faisant, le diagramme résultant serait de type I, et
l'arrêt de toutes les barres se ferait dans la section du point 0'.
Cependant, il vaudrait mieux ne pas céder à cette tentation, car, ainsi qu'on l'a déjà
mentionné au § 16.113-3, en arrêtant toutes les barres dans la même section, on risque
de voir apparaître en service une fissure dans la section d'arrêt. Il faudrait au contraire
s'arranger pour avoir plusieurs sections d'arrêt décalées et pour cela, diminuer le nom-
bre de barres de chaque groupe (donc, au lieu des deux groupes de p , et q' barres envi-
sagés initialement, reprendre la construction en partant par exemple de trois groupes
contenant respectivement n", p" et q" barres avec n" + p" + q" = p' + q J.

16.114 Cas particuliers


1. Arrêt des armatures comprimées
Il serait possible d'arrêter les armatures comprimées en reportant au-dessus de la ligne
de référence la partie de la courbe du moment agissant correspondant à MEd > ~im
(Mu > ~11 en notations BAEL) et en enveloppant cette courbe non décalée par le dia-
gramme des moments résistants des aciers comprimés [LA 'i {jsc (d - d')]. Toutefois, ce
cas reste un cas d'école dont l'étude n'a donc aucun intérêt. En effet, il ne viendrait à
l'idée de personne de concevoir une poutre à section rectangulaire de grande portée et
lourdement chargée en lui donnant une hauteur telle qu'en travée, il serait nécessaire de
prévoir des aciers comprimés. Doter cette poutre d'une table de compression serait une
bien meilleure solution.
Quant aux armatures comprimées qui peuvent être nécessaires sur les appuis d'une
poutre continue, rappelons qu'elles proviennent des armatures de la travée prolongées
jusqu'aux appuis et qu'il n'est donc pas envisageable d'y pratiquer des arrêts.
2. Arrêt des armatZtres en flexion composée
Dans ce cas, plutôt que d'opérer sur la courbe des moments de flexion, il est préférable
. d'opérer directement sur la courbe des sections d'armatures. L'inconvénient est qu'il
faut pour cela faire le calcul de la quantité d'aciers tendus nécessaire dans quelques
sections, mais le nombre de celles-ci n'a pas besoin d'être très grand. À la place du
diagramme des moments résistants on utilise un diagramme des aires Am AI" Aq, ... des
groupes de barres arrêtées, chacune de ces aires correspondant à un nombre entier de
barres d'un diamètre donné, repérées sur une coupe où l'on a défini l'arrangement des
barres (disposition dans la section, diamètres, nombre de lits, etc. ; voir la figure 4.1)
822 Traité de béton armé

Le décalage de al reste valable de même, bien entendu, que les longueurs d'ancrage:
(lbd)n, (lbd)p, (lbd)q ... de chaque groupe de barres (voir la figure 16.2).
3. Poutres de hauteur variable
Dans une poutre de hauteur variable, les lignes représentatives des moments résistants
ne sont plus des droites parallèles à la ligne de référence, mais des courbes. Comme
pour le cas de la flexion composée, il faut opérer en portant en ordonnées les sections
d'acier, en tenant compte cette fois, pour le calcul de celles-ci et pour le décalage, de la
variation de z avec la hauteur.
4. Cas des treillis soudés
Le cas des treillis soudés, armant par exemple des dalles ou des murs de soutènement,
diffère totalement de celui des armatures en barres. En dehors du cas courant où l'on
superpose deux nappes de treillis soudés de longueurs différentes (souvent, fixées par
des règles forfaitaires) pour répartir les sections, il peut arriver que l'on ait à réaliser une
forte section dans la zone de moment maximal où l'on ne peut guère superposer plus de
deux panneaux.
Pour réduire progressivement la section d'armatures au fur et à mesure qu'on s'éloigne
de cette zone, on peut jouer sur les diamètres des fils, et raccorder par recouvrement des
panneaux de treillis soudés dont les diamètres des fils vont en diminuant. La manière
d'assurer la continuité mécanique des divers panneaux est complexe. Elle est exposée,
avec un exemple, au chapitre 5 « Murs de soutènement» de l'ouvrage Le Treillis soudé,
Calcul et utilisation l •

16.12 Répartition des armatures d'âme

16.121 Cas des poutres de section constante


soumises à des charges uniformes

16.121-1 Remarque préliminaire importante


Dans le cas d'une poutre à section constante soumise à des charges uniformes, la varia-
tion V(x) de l'effort tranchant en fonction de l'abscisse est linéaire, ou bien est une
courbe «tendue» qui peut, en sécurité, être remplacée par sa corde (voir ci-après
§ 16.121-2-2° et 3°). Les méthodes exposées dans ce paragraphe ne sont applicables que
dans ce seul cas de variation linéaire de V(x).
·Si la courbe représentative (ou enveloppe) de l'effort tranchant présente des discontinui-
tés dues à la présence de charges concentrées, il faut recourir à la méthode générale
exposée au § 16.122.

1. Que l'on peut se procurer sur simple demande à l'ADETS ou consulter sur le site http://www.adets.org.
Chapitre 16 • Annexes 823

16.121-2 longueur de base pour la répartition


Pour répartir les armatures d'effort tranchant, il nous faut connaître la distance 10 à la
section d'appui de la section où la droite qui représente la variation de V(x) coupe la
ligne des appuis (figure 16.17).
Cette « section d'appui» est:
- dans le cas des Règles BAEL, celle de l'axe de l'appareil d'appui sur lequel repose
une poutre s'il yen a un, ou sinon, celle d'un nu d'appui de cette poutre ou encore, s'il
s'agit d'une console, la section d'encastrement,
- dans le cas de l'EC2, la section d'extrémité de la portée effective d'une poutre ou
d'une console (§ 3.522, figure 3.14).
Dans ce qui suit, la notation 1désigne donc, selon le cas:
- soit la distance entre les axes des appareils d'appui ou la portée libre entre nus d'appui
d'une poutre, soit la longueur d'une console (BAEL)
- soit la portée effective d'une poutre ou d'une console (EC2).

Ligne enveloppe
deY


Console
CD
Poutre sur appuis simples

Cas général
avec charge uniforme totale avec charge uniforme totale pour charge uniforme partielle

Figure 16.17

J. Cas d'une console:


Pour une console de portée l, uniformément et entièrement chargée, 10 = l.
2. Cas d'une poutre sur deux appuis simples, de portée 1
a) S'il s'agit d'une poutre uniformément et entièrement chargée, l'effort tranchant
s'annule à mi-portée, donc 10 = 112.
b) S'il s'agit d'une poutre supportant des charges uniformes constituées par des charges
permanentes g (comprenant bien évidemment son poids propre) et des charges
d'exploitation q d'étendue variable, la variation de V(x) est parabolique, ainsi que cela a
été rappelé au § 12.1. En remplaçant pour V(x) > 0 la parabole par sa corde, celle-ci
passe par les points VEd,max = (g + q)112 pour x = 0 et V(l12) = ql18 à mi-portée.
824 Traité de béton armé

L'équation de cette droite est V(x) = (g + q) 1/2 -x [g + (31 4)q]


V(x) s'annule pour x = 10 = 21 [Cg + q)1 (4g + 3q)]
Bien entendu, pour le calcul des armatures d'âme, il faut introduire dans ces formules
les valeurs ultimes de g et de q, soit, dans le cas le plus fréquent: gu = 1,35g et
qu = 1,5 q.
3. Cas d'une travée de poutre continue
Considérons une travée quelconque WE d'une poutre continue soumise à une charge g
uniformément répartie sur toute sa portée, et à une charge uniforme q d'étendue varia-
ble, cette charge q pouvant également régner, ou non, sur la totalité des travées adjacen-
tes WW'et EE' (figure 16.18)

':';' f """"""""""lm"""'" "&I~('f~1111111111111111111 'f'~.1111


Figure 16.18

Pour obtenir l'effort tranchant maximal positif dans une section d'abscisse x quelconque
de la travée WE, il faut que la différence l:1M = Me - Uv soit la plus faible possible, si
elle est négative, ou la plus grande possible, si elle est positive. Ce résultat est obtenu en
disposa!].t la charge q de la manière suivante (figure 16.19).

1~~f""""" H
~
q
! ~
q

IIIIII~ ~ 1:1,~~IIIIII~~!!f1 ~""~fu:""""",, t~~


(Mw) (M,) 9

III

Figure 16.19

Pour ce cas de charge, que nous appellerons le cas de charge nO 1, on a donc, compte
tenu du rappel fait au chapitre 12, au § 12.1 :
VJ(x) = g (1/2 -x) + q (l-x)2/21 + lllvf/i
ou encore
V,(x) = [cg + q) (112 -x) + !lM/!] + qx2/21
Le premier terme du second membre n'est autre que l'effort tranchant isostatique dans
la section d'abscisse x de la travée WE supposée indépendante, et soumise, sur toute sa
portée, à la charge uniforme g + q soit:
Vo(x) = (g + q) (112 -x)
Chapitre 16 • Annexes 825

Le deuxième terme du second membre, !:lM/ l, dépend de la longueur chargée 1- x, et donc


de x. Mais il est plus simple, et dans le sens de la sécurité, d'attribuer à ce terme la valeur
qu'il prend lorsque l'on charge complètement les deux travées WW'et WB adjacentes à
l'appui W (même cas de charge que celui donnant VEd,rnaxSur l'appui W, dans la travée WB).
Ainsi, la courbe enveloppe des efforts tranchants positifs en travée est définie par:
V1(x) = [Vo(x) +!:lM1/ /] + qx2 / 21
!:lM1 représentant, en signe, la différence Me - Uv pour le cas de charge suivant (figure
16.20) :

g+q
9 ~ (Mw) (Me) 9

1 ~~ 'f"""E""""""'f""""""""""""' f"'"".,<;; """'" 'f' "


W' W E E'

Figure 16.20

De même, pour obtenir l'effort tranchant négatif maximal (en valeur absolue) dans une
section d'abscisse x quelconque, il faut disposer les charges de la manière suivante
(figure 16.21) :

q q
(Mw' ~ r ~1111111
'~T "'&"""""""~ ~ "Jl: "'" ;-': '=~ ~"" """L"""r~! '"
9 (M"
, 1111111111

Figure 16.21

Pour ce cas de charge n02 on a, compte tenu du rappel fait au § 12.1 :


V2(x) = g (1/2 - x) - q (1- X)2 / 21 + !:lM /1

ce qui peut aussi s'écrire: V2(x) = [(g + q) (1/2 -x) + !lM//] - q (I-xY 12/
Ainsi, la courbe enveloppe des efforts tranchants négatifs en travée est définie par :
V2(x) = [Vo(x) + !:lM2 / /] - q (I-x)2121

Vo(x) ayant la même définition que ci-avant et!:lM2 représentant, en signe, la différence
Me - Uv pour le cas de charge suivant (figure 16.22)

g+q
9 (Mw) (Me> ~ 9

'" 'f" "",,";;; """ "'flllllllllllllllllllllllllfllllllllllllL 111111 f' :ri.


W' W E E'

Figure 16.22
826 Traité de béton armé

La figure 16.23 illustre le tracé des lignes enveloppes (bien entendu pour le calcul des
armatures d'âme, les efforts tranchants doivent être déterminés à partir des valeurs gu et
qu des charges g et q affectées de leurs coefficients de sécurité respectifs).

-Vemax

E
x

,,
, ,,


vemax

Figure 16.23

Cherchons l'abscisse x'o du point d'intersection des courbes V1(x) et [- V2(x)]. En ce


point, oh a: [Vo(x) + L\M1/l] + qx2 /21 = [- Vo(x) - L\M2 /l] + q (l-x)2/21
d'où, tous calculs faits, x = x'o =!l2 + (L\M1 + L\M2 )/[l (2g + q)]
Si l'on remplace maintenant les arcs de courbe V1(x) et - Vix) dont la concavité est
tournée vers le haut par leurs cordes, ce qui place en sécurité (figure 16.24) on obtient
les longueurs 10 11' et loe dont on se servira pour la répartition des armatures d'âme selon
l'une ou l'autre des deux méthodes exposées ci-après.

,
"ow

Figure 16.24
Chapitre 16 • Annexes 827

Des relations simples de triangles semblables montrent en effet que:


loIV = V;", max x' 0/ [V;", max - V(x' 0)] et loe = IVe, maxl· (1- x' 0) / [IVe, maxl- V(x' 0)]
avec [voir expression de VI (x)] : V(x' 0) = Vo (x' 0) + LlMI /1 + q Xl~ /21

V(x' 0) représente donc la valeur de l'effort tranchant minimal en travée. 1

16.121-3 Marche à suivre


1. Application de l'EC2
La portée effective leffd'une poutre a été définie au § 3.522, figure 3.14.
Dans ce qui suit, VEd désigne l'effort tranchant ultime agissant dans une section quel-
conque.
Comme on l'a vu au § 12.647-1, l'effort tranchant de référence est celui qui se produit à
la distance d du nu d'appui et qui vaut donc, quel que soit le cas considéré,
VEd, red = VEd. max [10 - (d + ai)] /10 = VEd, max l' 0/ 10,
en posant avec ai = min [h/2 ; t;]
largeur de l'appui sur lequel se produit VEd, max, h hauteur de la poutre et 10 déterminée
ti ,
comme indiqué au § 16.121-2.
Sur la longueur d comptée depuis le nu d'appui, on admet que l'effort tranchant est
constant et vaut VEd, red.
a - Méthode simpliste
Cette méthode repose sur le fait que la variation de l'espacement est inversement pro-
portionnelle à celle de l'effort tranchant.
La première chose à faire est de se fixer a priori le diamètre et le tracé des armatures
d'effort tranchant (quitte à les modifier par la suite et recommencer si l'on n'arrive pas à
une répartition satisfaisante) et de déterminer l'espacement initial So correspondant à
VEd,/'ed par la méthode exposée au § 12.647.
Pour la répartition, on divise l' 0 en n parties égales. Les tranches sont numérotées dans
le sens des VEd croissants, donc de droite à gauche (figure 16.25). À l'extrémité gauche
de la tranche i, VEd,i / VEd, max = i / n. Pour cette tranche i, l'espacement Si vaut:

1. On profite de la circonstance pour rappeler que pour trouver l'abscisse Xo et la valeur du moment
maximal dans une travée de poutre continue supportant sur toute sa portée une charge uniforme p, il
n'est nul besoin de se livrer à des calculs compliqués. Cette abscisse est donnée par V" - pxo = 0
(première définition de l'effort tranchant, voir § 12.1, V" calculé en tenant bien entendu compte du
terme de continuité AMI!) d'où on tire x" "" v,';p, et le moment maximal vaut, en prenant les forces de
gauche,
M'(x,,} = V" xo - (px.?/2) + Mw soit M(xo} == (pxo2 - pxc,2i2) + l'vI",
ou encore M(x o} = (px}/2) + Mu, Mu avec son signe.
828 Traité de béton armé

Selon que l'on découpe l' 0 en n = 4 ou en n = 5 parties égales, on arrive aux espace-
ments successifs de la figure 16.25.
Mais il y a la première zone, de longueur d, sur laquelle VEd, red étant constant,
l'espacement des armatures d'effort tranchant doit demeurer égal à SO' En pratique, on
opère donc comme suit :
La première nappe d'armatures d'effort tranchant est disposée à la distance sol2 du nu
d'appui (so/2 ± 0,5 cm si So est impair). On répète So autant de fois qu'il le faut pour
couvrir la longueur d. On continue en répétant encore ce même espacement So un nom-
bre entier de fois jusqu'à franchir la frontière entre les tranches n et n - 1. On passe
alors à l'espacement supérieur qu'on répète un nombre entier de fois jusqu'à franchir la
frontière entre les tranches n - 1 et n - 2, etc. On n'augmente toujours l'espacement
qu'après avoir franchi la frontière de la tranche précédente.

5 4 3 2

Figure 16.25

Quand on atteint l'espacement maximal ou quand Aswl s atteint le pourcentage minimal

[16.1 ]

(soit 0,0008 b".lorsquelck = 25 MPa eth~ ..k = 500 MPa), on ne modifie plus les espace-
ments, et on continue en gardant le même espacement jusqu'à se raccorder avec la ré-
partition issue de l'appui opposé (on peut préférer réduire le diamètre ou modifier le
tracé des armatures d'effort tranchant, par exemple en supprimant un étrier dans chaque
nappe).
La valeur de l'effort tranchant pour laquelle le pourcentage minimal est atteint est:

VEd. o = [(Aswl S)min] 0,9 d/ywd cot e = (0,072/ Ys) bv.d cot e ~ fc'k [ 16.2]
Chapitre 16 • Annexes 829

Cette valeur est atteinte à la distance Xm de la section d'appui définie par (figure 16.26
triangles semblables) :
[16.3]

1~--
v

Nu d'appui

...~ : VEd,max
...... ..t
l ' ...... ,
'5 1 .............. """
§:f---JI...-_-:::"
m
"0
c:
o

~
._~i____.___
1 1 1
x_m______________ :~~ ~>~x 1
__

:14( a:
"14(
d
~IO(
: t'a :
11>1
1 1 1 1
: : ta :
14( "1
1 1

Figure 16.26

b - Méthode Caquot
Au lieu de se rapporter à des tronçons de longueur fixe avec des sauts d'espacement
assez brusques, on opère ici de façon plus progressive, pas à pas, en cherchant à suivre
au plus près la décroissance de l'effort tranchant au fur et à mesure que l'on s'éloigne de
l'appui.
Soit So l'espacement initial correspondant à VEd, red. À la distance So de la section où agit
VEd,red (à d du nu d'appui), l'effort tranchant, qui décroît linéairement, n'est plus que:

VEd, red (l '0 - so) 11'0

et l'espacement correspondant des armatures d'effort tranchant, qui varie de façon in-
versement proportionnelle à VEd (x) vaut maintenant s( = So 1'0/(1'0 - so).
À la distance s( + So du nu d'appui, l'effort tranchant n'est plus que:
VEd,red(l'o - So - s()/I'o ,d'où un espacement S2 = So 1'0/(1'0 -So - SI), etc.
En pratique, on peut raisonner sur VEd• red = 1 (sans dimensions) et 1'0 = 1 m en choisis-
sant une valeur de So a priori (7 ou 8 ou 9 cm, etc.). Par exemple, pour So = 7 cm (mini-
mum compatible avec l'emploi des pervibrateurs), on trouve la succession suivante des
espacements:
So = 7 cm s( = sol (1- 0,07) = 7/0,93 = 7,52 cm
S2 = So 1(1 0,07 - 0,0752) = 8,19 cm, etc ....
830 Traité de béton armé

En se fixant successivement des espacements initiaux so de 7, 8, 9, ... cm, on arrive aux


résultats ci-après pour les espacements qui viennent ensuite:

1 7,0 (7,5 - 8,2) 9,1 10,3 12,1 15,3 22,8


8,0 8,7 9,6 10,9 12,7 16,0 23,4
9,0 10,0 Il,1 12,9 15,8 21,7
10,0 Il,1 12,7 15,1 19,6 31,7
16,0 19,1 24,6 39,7
20,0 25,0 36,4

La somme des nombres de chaque ligne représente une distance cumulée depuis
l'origine comprise entre 80 cm et 1,00 m. Si l'on calcule pour chaque ligne
l'espacement qui suit le dernier indiqué pour cette ligne, la distance cumulée dépasse
1,00 m. On peut donc considérer que les valeurs indiquées à chaque ligne donnent les
espacements théoriques que l'on devrait adopter (en les arrondissant au cm près) pour
des poutres pour lesquelles on aurait 1'0 = 1,00 m.
Comme la rupture par effort tranchant intéresse toute une zone, et non une section,
compte tenu de ce que certaines valeurs reviennent plusieurs fois, on peut, avec
M. Caquot, adopter la série pratique (en cm) :
7 8 9 10 11 13 16 20 25 35 (60)
(la sér.ie doit s'arrêter en fait à 0,75 d, maximum autorisé par l'EC2)
Ayant déterminé l'espacement initial so supposé appartenir à l'un des nombres de la
série, on doit le répéter, ainsi que chacun des autres nombres qui lui fait suite dans la
série, autant de fois qu'il y a de mètres dans 1'0 : si 1'0 = 2 m, on répète chaque nombre
deux fois, si 1'0 = 3 m, on le répète trois fois, etc.
Si 1'0 n'est pas un nombre entier de mètres, on s'arrange pour qu'en moyenne, le nom-
bre de répétitions soit égal à l'o. Par exemple pour l' 0 = 1,5 m on répète deux fois un
espacement sur deux. La succession 1, 2, 1, 2, 1, 2 etc. représente bien, en moyenne, 1,5
répétition (règle du cumul des espacements depuis l'origine, voir l'exemple ci-après).

Mode opératoire

1. Calculer d'abord l'espacement initial So pour l'effort tranchant ultime VEd , red en
s'arrangeant pour que So (cm) appartienne à la série de M. Caquot (ci-avant) ;
2. Placer la première armature d'âme à sol2 (so/2 ± 0,5 cm si So est impair) du nu de
l'appui.
3. Répéter l'espacement So un nombre entier n de fois de manière à couvrir la longueur d :
n2:(d/so )-0,5.
Chapitre 16· Annexes 831

4 - Répéter à nouveau So ainsi que les espacements qui lui font suite dans la série Ca-
quot autant de fois qu'il y a de mètres dans la longueur 1'0'
5. Si ce nombre de mètres n'est pas un entier, arrondir à l'entier le plus voisin le nombre
de répétitions cumulé depuis le départ.
Un ajustement des derniers espacements peut être nécessaire pour se raccorder conve-
nablement à la répartition issue de l'appui opposé.

Exemple: Poutre sur appuis simples, de 4,60 m de portée libre entre nus, reposant sur
des appuis de t = 0,20 m de profondeur.
Cette poutre est uniformément et complètement chargée (charge permanente, poids
propre non compris, g = 19 kN 1m ; charge variable q = 60 kN 1m).
Ses dimensions sont: h = 0,50 m et bw = 0,25 m (d= 0,45 m) ; béton C25 130 :
°;0,25] = 0,10 m.
fek = 25 MPa. On a : a = min [t/2 ; h/2] = min [0, 1
La portée effective est lejJ= 4,60 + (0,10 + 0,10) = 4 ,80 m. Le poids propre vaut:
go = 25 (0,25 x 0,50) = 3,125 kN lm.
Ona:
Pu = 1,35 (go + g) + 1,5 q = 1,35 (19 + 3,125) + 1,5.60 ~ 120 kN lm = 0,12 MN lm
VEd,max = pu lejJI2 = 0,288 MN,
VEd,red= VEd,max - puCd + a) = 0,288 - 0,12 x 0,55 = 0,222 MN,
10 = leffl2 = 2,40 m (voir § 16.121-2 - 2°a avec, pour l'EC2, 1= lejJ) et
1'0 = 10 - (d + a) = 2,40 - 0,55 = 1,85 m.
On choisit un angle d'inclinaison e des bielles qui ne soit pas trop faible (cot e = 1,25)
de manière à pouvoir bien échelonner les espacements (et mieux illustrer l'application
des deux méthodes), même s'il serait possible d'adopter ici l'inclinaison maximale de
22° (cot e = 2,5).
La formule [12.36 bis] du chapitre 12 (tableau 12.5) conduit à A.n,,/s = 10,0 cm2 /m soit
1 cm" tous les 10 cm. Nous choisissons un cadre 0 8 par nappe (A slV = 1 cm2 ), avec un
espacement initial So de 10 cm.
832 Traité de béton armé

Fac-similé d'un document du bureau d'études Pelnard-Considère-Caquot

Président de la Commission chargée d'élaborer les « Règles BA 1945», M. Caquot a fait un cadeau inestima-
ble à tous les ingénieurs d'études en introduisant dans ces Règles plusieurs des documents, jusque là réservés
à l'usage interne, qu'il avait établis pour le Bureau d'Études Pelnard-Considère et Caquot. C'est dans ces
documents que l'on peut trouver par exemple l'exposé des méthodes pour le calcul des poutres continues de
bâtiments - méthode forfaitaire ou méthode de continuité simplifiée -, la définition de la gamme des diamètres
des ronds à béton encore en usage de nos jours, la règle pour la répartition des armatures d'âme, etc.
Chapitre 16 • Annexes 833

a) Application de la méthode simpliste


On divise 1'0 en 5 parties égales de 0,37 m chacune, ce qui conduit à des espacements
successifs de 10 cm, 1,33 x 10 = 13,3 ::::: 13 cm, 1,67 x 10 ::::: 16 cm, 2,5 x 10 = 25 cm, 33
cm (max). (les espacements non entiers doivent toujours être arrondis dans le sens de la
sécurité, donc à l'entier inférieur). Le dernier espacement théorique 5 so = 50 cm est
inacceptable car supérieur à 0,75 d = 33,75 cm.
La première armature d'âme est placée pour commencer à 5 cm (= so/2 ) du nu de
l'appui, cette valeur étant susceptible d'être légèrement modifiée lorsqu'on procèdera à
la distribution pratique des armatures d'âme.
On répète ensuite l'espacement de 10 cm un nombre entier de fois de manière à couvrir
la longueur d = 45 cm :
so/2 + n So 2: d -+ n 2: [(dl so) - 0,5] = 4.
On répète donc encore 4 fois l'espacement de 10 cm sur la première tranche de
37 cm (ainsi, le total des répétitions de So est ici de 8) ; on passe ensuite à l'espacement
de 13 cm et à la tranche suivants, etc.
On arrive finalement pour la demi-poutre à la distribution pratique de la figure 16.27 où
l'on a ramené à 4 cm l'espacement de 5 cm adopté au départ, pour terminer avec trois
espacements égaux de 25 cm jusqu'à l'axe de la poutre (le dernier cadre à
l'emplacement de cet axe). La suite s'obtient par symétrie.

:::J'
Z
1 82 119 156 193
1
0 44 84 123 155 230

/
Distances cumulées depuis l'origine

Figure 16.27 (cotes en cm)

Le pourcentage minimal vaut (formule [16.1]) : P.lII' = 0,02 soit 2 cm2 p.m.ou 1 cm2 tous
les 50 cm. Aucun des espacements retenus n'atteignant cette valeur, le pourcentage
minimal est respecté. Il est atteint pour (formule [16.2]) :

VEd, 0 = (0,07211,15) 0,25.0,45.1,25 Es = 0,044 MN


à l'abscisse, comptée depuis la section d'appui, (formule [16.3]) :
Xm = 2,40 [1 - (0,044/0,288)] = 2,03 m.
834 Traité de béton armé

b) Application de la méthode Caquot


En suivant la méthode indiquée ci-avant, on peut dresser le tableau suivant:
Nombre théorique de répétitions 1,85 1,85 1,85 1,85 1,85 1,85 '"

Nombre cumulé 1,85 3,70 5,55 7,40 9,25 Il,10 '"

Nombre arrondi 2 4 6 7 9 Il ...


Nombre pratique 2 2 2 1 2 2 '"

D'où les espacements à partir du nu d'appui (so/2 = 5cm) (figure 16.27bis); 32 cadres
au total au lieu de 33 par la méthode simpliste, ce qui est pratiquement équivalent:

45 (d)
!... ~I
1
'S
Co ! , 1,
Co
lU 1
.5 10 10 10 110 10 10 11 11 13 20 . 20 25
'c
::J
Z
1
13 18 1... 25
.
1

1
:
1
o 65 87 113 129 169 219 230

/
Distances cumulées depuis l'origine

Figure 16.26bis (cotes en cm)

Pour le pourcentage minimal, voir ci-avant: même calcul que pour la méthode simpliste.

Remarque:
Si l'on avait pris cot e = 2,5 au lieu de 1,25, l'espacement initial aurait doublé.
Avec la méthode simpliste, on aurait eu la séquence: 10; 4 x 20 ; 2 x 25 ; 3 x 30
soit 19 cadres par demi-poutre, au lieu de 33 avec cot e = 1,25. Au chapitre 12,
nous avons vu que la méthode de l'inclinaison variable des bielles obligeait à allon-
ger les barres longitudinales tendues et que cela compensait donc en partie le gain
sur le poids d'acier que l'on pouvait escompter pour les armatures d'effort tran-
chant. L'exemple montre que ce gain concerne plutôt l'économie de main-d'œuvre
pour la coupe, le façonnage et la mise en place d'un nombre inferieur d'armatures
d'effort tranchant.
Chapitre 16 • Annexes 835

2. Application des Règles BAEL


Les méthodes précédentes s'appliquent intégralement, sous réserve de prendre en comp-
te la portée libre entre nus d'appui et de considérer la distance 1'0 entre la section située
à x = 5h 16 du nu d'appui où VII = V;/O et celle où s'annule l'effort tranchant« corrigé»
(figure 16.28)
On a (triangles semblables) : 1'01 [lo - (5h 16)] = (V;/O - 0,3 k Jt28 boc!) 1 V;/O
ou encore 1'0 = [lo - (5hl 6)] [1 - (0,3kj;28 /-r llo )]
avec:
h hauteur totale de la poutre,

k = 1 ou k = ° selon les circonstances (voir § 12.634).

Vu,max Transmission directe

"5
Co
Co
t\I
'0
::1
Z

x
--t---~------------.<..:: ------""0----->-7
o 1 1
:
",:
5h/6 1
I~
t' 0
....-
----1::- (t
:.. 0
_5h ) O.3kft28
6 tuo
:,.. to ~I
:
1 1

Figure 16.27

Le pourcentage minimal correspond à A,lS, = 0,4 bolfe. Il joue au-delà d'une section
située à la distance X m du nu d'appui où 'tll prend la valeur 'tll , lim définie par:
Ys ('tll, lim - 0,3 kj;2S) 10,9 = 0,4 MPa
836 Traité de béton armé

PourYs=I,15, on a 0,911,15:::: 0,8 d'OÙT u,lim=0,32+0,3 kJt28 (MPa), et (figure


16.29) :

'S
c.
c.
ro
i:J
::J1+----001
Z

Figure 16.28

16.122 Cas général: poutres supportant des charges uniformes,


des charges concentrées, et/ ou de hauteur variable
1. Commencer par :
a) compte tenu de la disposition des armatures longitudinales, choisir un tracé pour les
armatures d'effort tranchant (par exemple, un cadre et lm étrier par nappe) ;
b) déterminer l'espacement initial correspondant à l'effort tranchant maximal VEd, red
(réduit pour transmission directe, V;/O en notations BAEL), pour un diamètre donné et
pour le tracé des armatures d'âme retenu (section AslV par nappe).
c) les espacements s correspondant à Asw en certaines sections, en particulier, immédia-
tement à gauche et immédiatement à droite des sections où agissent des charges concen-
trées s'il yen a.
2. Tracer la courbe E représentative de la variation de s(x) le long de la poutre (figu-
re 16.30).
Chapitre 16' Annexes 837

!/
Charge concentrée

/Cha,.. ",pa",

fi 111111111111111111111111111111111111111 Il 11111111111111111111111111111
Appui E

~3t---------------------~~~~~----

~.-------~~~~~~~~~.
~o~
~1 ~ b:t~"",~~"",~

k ~1 2 k st2 Abcisses le long


~112_~--r"lr--_-
1
____""'--____ 1 de la ligne moyenne

i
+l
~-----------è----------~~~------------------------~>
o B1 B2 Abcisse de
Appui la charge concentrée

Figure 16.29

3. Soit SI l'entier immédiatement inférieur ou égal à So (SI 2: 7 cm). Placer la première


armature d'âme à SI 12 du nu d'appui et répéter SI un nombre entier de fois jusqu'à ce
qu'il soit possible de passer à un espacement (entier) supérieur, et ainsi de suite, en
enveloppant par dessous la courbe E.

S ne peut dépasser Smax tel que Smax = min (AswJ;,kIO,08 bw ~fck ; 0,75 cl)

[Srnax = min (Adetl 0,4 bo ; 0,9 d; 40 cm) avec les Règles BAEL]
4. Quand S vient à dépasser Smax, il faut diminuer Asw (soit par changement du tracé: par
exemple, si l'on a prévu un cadre et un étrier central par nappe, retirer l'étrier, soit par
réduction du diamètre des armatures d'effort tranchant) d'où une nouvelle courbe E'.
Deux solutions s'offrent alors:
- soit adopter le nouvel Aswdès le début si l'espacement initial So reste suffisant (2: 7 cm)
et.recommencer en enveloppant E';
- soit continuer en enveloppant E'au-delà de la section où l'on a réduitA.I.....
On doit s'arranger pour avoir des espacements croissants entre la section correspondant
à l'effort tranchant VEd, red (Vuo avec les Règles BAEL) pour lequel on a calculé
l'espacement initial So et celle où soit le pourcentage minimal, soit l'espacement maxi-
mal SIl1lLX, doivent être respectés.
838 Traité de béton armé

16.2 COEFFICIENTS DE REMPLISSAGE


ET DE CENTRE DE GRAVITÉ

16.21 Diagramme parabole-rectangle


Pour les bétons de résistance égale ou supérieure à 55 MPa, les caractéristiques des
diagrammes O'c - Sc different de celles des bétons de résistance au plus égale à 50 MPa
(voir, dans le présent texte, le tableau 2.4, extrait de l'EC2).
Ainsi, la parabole d'un diagramme parabole-rectangle n'est plus une parabole du second
degré, mais une parabole de degré n, et les coefficients de remplissage et de centre de
gravité d'un tel diagramme supposé « complet» [ç = x / d ~ seu21 (8 c1I2 + 8ud) correspon-
dant pour l'EC2 au moment-frontière M AB que nous avons défini au § 7.412 pour les
Règles BAEL)] doivent être recalculés.
On se ramène à un diagramme adimensionnel en posant (voir figure 16.31) :
ç = 8Cl/2 /8 e2 et


1
/i 1
,.
1
1
04
ôG
1

.'
1
1

1
1
1
,G
,,
1
,, ,,
1

1
, 1
1 1
, ,1
0

Â.

ç > Ec /f'c2
Figure 16.30

La partie parabolique a pour équation: O'ci/cd = 1 - (1 - À)"


L'aire de cette partie est égale à: ni (n + 1)
L'aire du diagramme total vaut: [n 1(n + 1)] + ç - 1
En rapportant cette surface à celle du rectangle enveloppant, d'aire ç x 1, on trouve le
coefficient de remplissage
'If = l-lI[Ç(n+ 1)]
Chapitre 16 • Annexes 839

Le coefficient de centre de gravité ôG vaut:

~(Ç-l+
n+l
n+l J+.l(Ç-l)2
2(n+2) 2
8G =----'----;:::--'-----'-""--::::----
Ç[~+Ç-1J
n+l
Au numérateur, dans l'expression entre crochets, (n + 1)/2(n + 2) représente la distance
du centre de gravité de la seule partie courbe à la verticale d'abscisse 1. On peut simpli-
fier légèrement l'expression de ôG :

n(2(ç-l)+ n+l)+(n+l)(Ç_l)2
8 = n+2
G 2Ç [ç(n + 1)-1]

Pour n = 2 et S = 3,5/2 = 1,75, on retrouve bien '1' = 0,8095 et ôG = 0,416.

16.22 Diagramme bi-linéaire

Figure 16.31

En posant SI = ECII3 / Ec3, le coefficient de remplissage vaut:


'l'=[(l/2)+Sl-1]/Sl = 1-[1I(2sl )]
e~ le coefficient de centre de gravité:

k( Çl -1+~)+k(çl _1)2
8G=---'~~~---'-~~--

ç{k +(Çl -1)]


840 Traité de béton armé

soit:

Pour Cc3 = 1,35 %0 et SI = 3,5/ 1,35 = 2,59259 .... , on trouve '1' = 0,8071 et QG = 0,411,
valeurs très voisines de celles correspondant au diagramme parabole-rectangle. En re-
vanche, pour le diagramme préconisé par l'EC2 avec cc3 = 1,75 %0 (SI = 1/2), on trouve
'1' = 0,75 et QG = 0,389. Il n'y a donc pas équivalence.

16.3 INTERPRÉTATION GRAPHIQUE


DES DIAGRAMMES D'INTERACTION
Les diagrammes d'interaction font l'objet du paragraphe 8.62. Pour le cas considéré ici,
les notations sont celles de la figure 16.33.

Figure 16.33

Considérons la courbe d'interaction CI de la section quelconque à deux nappes d'armatures


représentée figure 16.33 et la courbe d'interaction Co de la section de béton seul (les
conclusions que nous allons tirer seraient les mêmes si l'on opérait sur la courbe C2).
1. À une position d'axe neutre donnée, définie par y correspond sur CI un point repré-
sentatifP que l'on peut obtenir par la composition de trois vecteurs (figure 16.34) :
Chapitre 16· Annexes 841

Figure 16.34

Op., , de composantes Fb, Mb = Fb(v'- ùG y), représentant la sollicitation équilibrée par


le béton comprimé,

p,)~ , decomposantes Fa, Ma = Fa Va, représentant la sollicitation équilibrée par les


aciers tendus, (Fa de sens opposé à Fb et F'a),

~P , de composantes F'a, M'a = F'a'v 'a, représentant la sollicitation équilibrée par les
aciers comprimés.

Les vecteurs Po~ et ~P ont une direction constante puisque les pentes Va et v'a ne
dépendent que de la position des armatures qui, pour une courbe d'interaction donnée,
est invariable.
2. Si, sans changer Po (donc sans changer y, c'est-à-dire, sans que les contraintes crs et
crsc ne varient), on remplace la section A d'aciers tendus par une section kA (avec k > 1
ou k < 1) sans toucher à la section A' des aciers comprimés, PI se déplace en P'I tel que
~oP'l / PoPl = k, et P'I vient en P' correspondant à une section totale kA + A '.

Si l'on effectue une transformation semblable sur la section A' qui devient k'A " sans
toucher à la section A, P se déplace en P" tel que PIP" / PIP = k'. Le point P" corres-
pond alors à une section totale A + k'A '.
Si fj. et fj.' représentent les directions de pentes respectives v'a et Va, on voit ainsi qu'en
faisant varier k et k', à tout point Po de la courbe Co on peut associer un réseau de droi-
tes parallèles à ces deux directions, celles parallèles à fj. correspondant à des sections
842 Traité de béton armé

d'aciers tendus A, kA, etc. et celles parallèles à /).' correspondant à des sections d'aciers
comprimés A " k 'A ' etc.
Si on prend k = k', et que l'on applique donc le même coefficient k à toutes les sections
d'acier, comme on l'a fait pour la figure 16.34 et ce que l'on fait toujours dans le cas de
sections de forme quelconque avec des armatures réparties, le point P se déplace sur la
droite PoP dont la position est invariable pour une valeur de y donnée (voir la similitude
des triangles PoP\p et PoP'\p"\ sur la figure 16.34). En donnant ày diverses valeurs, on
fait apparaître un ensemble de droites rayonnantes (voir figures 8.25 et 8.26), chacune
correspondant à une même position de l'axe neutre.
En outre, si k varie selon une progression arithmétique, sur chaque droite rayonnante les
points tels que p"\ correspondant aux valeurs successives de k sont équidistants (figure
8.25). On comprend ainsi pourquoi, au § 8.622-1, on a indiqué que, dans l'utilisation
des diagrammes d'interaction, «les interpolations doivent se faire dans la direction
estimée des droites rayonnantes» et donné une méthode permettant d'augmenter la
précision de la lecture.
3. Faisons apparaître sur la courbe C\ les points singuliers correspondant aux positions
remarquables de l'axe neutre sur le diagramme des déformations (figures 16.35 et 16.36).
y Point Particularités vis-à-vis de la section armée
-00 PT traction simple
0 V' contrainte nulle du béton comprimé
d' U' contrainte nulle de l'acier comprimé
700 d'. / (700 -!ed) L' au-delà, crsc =!ed
0,259 d K frontière AB
700 d / (700 + !ed) L au-delà, crs <j~d
d U contrainte nulle de l'acier tendu
h V frontière BC
+00 Pc compression simple

V' B

-t-----~iW
·C

Figure 16.35
Chapitre 16 • Annexes 843

À ces différentes valeurs de y correspondent sur la courbe d'interaction Co du béton


seul, des points Pro, V' 0, U' o, ... homologues de Pr, V', U', etc. Pour la section non ar-
mée, les particularités mentionnées dans le tableau ci-avant sont sans objet, sauf pour
Pro, Vo et Pco.
Les droites ProPr, KoK, VoVet PcoPc délimitent les trois régions définies au § 5.211. La
courbe Co délimite une région intérieure. Si l'extrémité du vecteur OP correspondant à
une sollicitation (MuGo, Nu), tombe dans cette zone, le béton est capable d'équilibrer seul
cette sollicitation, et des armatures ne sont, théoriquement, pas nécessaires. Dans la
pratique, il faut chercher et tracer la courbe C' 0' extérieure à Co, correspondant au pour-
centage minimal, et prévoir la section minimale pour toute sollicitation correspondant à
un point P à l'intérieur de cette courbe C'o.
Compte tenu des constructions graphiques ci-avant, il est aisé de voir que les droites
Uo' U' et UoU ont pour pentes respectives vo' et Va. Pour une section rectangulaire:
Va' = (h/2) - d'et Va = d - (h/2)

G) PivotA
• ® PivotB
Pr ® pivote

Figure 16.36

Ferraillage optimal
Passons maintenant en coordonnées réduites, et donnons-nous une position d'axe neutre
quelconque représentée par le point Po sur la courbe Co. Soit P(IlIlGo, l'u) le point corres-
pondant à la sollicitation de calcul à équilibrer (figure 16.37). Il faut prévoir:
844 Traité de béton armé

- une section A d'aciers tendus telle que A O's = projection sur la verticale de Po~

- une section A' d'aciers comprimés telle que A'O'sc = projection sur la verticale de ~P .
Pour un acier dont le diagramme comporte un palier horizontal, si Po est compris entre
les points L' 0 et Lo, on aura O'sc = O's =!ed, et la quantité d'armatures à prévoir sera pro-
portionnelle à PaP, + P,P. Pour tout point Ro tel que IliRo) > Ill/cPo), la quantité
d'armatures sera proportionnelle à RoR, + R,P. Elle sera inférieure à la précédente,
puisque RoR2 < P,R, = PoR2.
La solution conduisant au minimum d'armatures s'obtient pour la position de l'axe
neutre correspondant au point Mo où la tangente à la courbe Co est parallèle à la bissec-
trice des directions /1 et /1'. Pour des armatures symétriques, Mo se confond avec le
sommet M de la courbe Co.
Pour que la position Mo conduise au minimum d'armatures, il faut que Mo soit compris
entre les points Lo et L'o, sinon la contrainte maximale!ed n'est pas atteinte en Mo et le
point Lo conduit à une solution plus avantageuse que le point Mo.
On peut ainsi matérialiser dans le plan (Ill/Go, ~I) les zones correspondant aux solutions
conduisant au minimum de A + A ' (figure 16.38). Ce minimum peut ne pas être compatible
avec l'obligation de respecter la limite de la contrainte de compression du béton en service.

Figure 16.37
Chapitre 16 • Annexes 845

Pour une section rectangulaire, en posant y / h = Ut, la courbe Co est définie par U = \!f Ut,
IlG = \!f Ut (0,5 - OOat)
d'où dJlG 1du = dllG 1\!f dUt = (l - 48 G a t ) 12
La bissectrice des directions fj, et fj,' a pour pente
(va - v'a)/2h = (d + d' - h)/2h = (8 t + Ô 't- 1)/2.
En écrivant que cette dernière pente est aussi celle de la tangente à la courbe Co, on
trouve:
U tm = [2 (ô t + 8 't)] 148G soitYm = [2h - (d + d')] 148G.
d'où l'on déduit les coordonnées du point Mo : Um = \!fUtm , IlGm = \!futm (0,5 - 8G Utm)'
Pour des armatures symétriques, on a d + d' = h et donc, dans ce cas, Ym = hl48G soit
U tm = 11 48 G d'où :

- avec le diagramme parabole-rectangle: Utm = 0,601 ; U m = 0,487 ; IlGm = 0,1217


- avec le diagramme rectangulaire: U tm = 0,625 ; U m = 0,500 ; IlGm = 0,1250.

A>A'

®
Zone 1: AetA' en compression
Zone Il : A et A' en traction
Zone III : (limitée par l'arc Co) :
A en traction
A' en compression
Sur l'axe Ou : A=A' en régions 1et Il

Figure 16.38
846 Traité de béton armé

16.. 4 QUELQUES RECOMMANDATIONS


CONCERNANT LE FERRAILLAGE
Les calculs de béton armé ne conduisent qu'à des sections d'armatures, que le projeteur
doit transformer en un certain nombre de barres, dont il fixe les diamètres, les longueurs
et les espacements, en cherchant à se conformer aux dispositions-types, telles qu'elles
ont été définies, par exemple, aux § 4.1, 12.646, 16.11 et 16.12.
Plusieurs solutions étant possibles, le projeteur ne doit pas choisir d'emblée n'importe
laquelle d'entre elles, mais se livrer à un examen critique prenant en compte certaines
considérations d'ordre pratique ou économique, à la suite duquel il pourra retenir celle
qui, selon lui, constitue la meilleure de ces solutions.
Parmi ces considérations, on peut citer celles qui visent à une réduction des coûts de
main d'œuvre pour le stockage, le façonnage et la mise en place des armatures: réduc-
tion du nombre de diamètres différents utilisés pour une même construction, diminution
des façonnages (ou du nombre de formes d'armatures différentes), recours systématique
à des armatures préfabriquées ou à des produits industriels tels que les treillis soudés.

16.41 Réduction du nombre de diamètres différents


L'analyse de la fréquence d'utilisation d'un diamètre donné dans l'ensemble des cons-
tructions montre qu'il est facile de réduire le nombre de diamètres différents, toutes
armatures confondues, à 6 au total, ou même moins.
Lorsque le projeteur est libre du choix des dimensions, il suffit parfois de modifications
mineures pour optimiser une solution.
Une réduction du nombre de diamètres ne diminue pas toujours la consommation
d'acier: on peut aboutir à une section à mettre en place sensiblement supérieure à la
section strictement requise par le calcul. En contrepartie, on diminue les chutes dues à la
coupe des barres, le nombre des façonnages nécessaires, le nombre de mandrins de
pliage, les réglages et on réduit aussi le risque d'erreurs par substitution d'un diamètre à
un autre.

16.42 longueurs de coupe


Il faut utiliser autant que possible des armatures rectilignes, en évitant les coupes. Par-
fois, il peut être plus économique de laisser une armature se prolonger dans certaines
zones, même si elle y est superflue, plutôt que de la sectionner en courts tronçons.
Il convient d'éviter les formes d'armatures dont le façonnage est onéreux sans qu'il
apporte un gain de qualité structurelle, une rigueur dimensionnelle supérieure ou un
bénéfice vis-à-vis du montage ou de la pose.
Chapitre 16· Annexes 847

16.43 Assemblage des armatures les unes aux autres


L'optimisation économique de ce poste consiste à choisir le mode d'assemblage le plus
économique en fonction des exigences structurelles et d'un ensemble d'autres facteurs
tels que nombre d'assemblages, types d'armatures utilisées, moyens disponibles, tech-
nicité de la main d'œuvre, temps nécessaire à la réalisation de l'assemblage.

16.44 Mise en place


L'optimisation consiste à simplifier le traçage et à faciliter la pose des armatures:
- utilisation de barres droites ou à faible degré de façonnage;
- réalisation de cadres ou d'étriers de même diamètre, éventuellement, de forme unique
(de ce point de vue, la solution d'un double cadre (figure 12.27) est préférable à celle
d'un cadre général et d'un étrier central) ;
- répétition de ferraillages types, permettant un effet de série;
- précision du façonnage, pour éviter toute rectification ultérieure à l'intérieur du coffrage.

16.45 Faisabilité
Dans le contrôle de la faisabilité, le rôle des dessins d'exécution est primordial. Ceux-ci
ne doivent pas être des dessins théoriques. Il convient de réfléchir aux conditions dans
lesquelles les éléments vont être exécutés et en tenir compte. Par exemple pour des
éléments qui ne peuvent être coulés en une seule fois, les dessins ne doivent pas repré-
senter un ferraillage continu si les conditions dexécution nécessitent des barres en atten-
te et des recouvrements d'armatures. Par ailleurs, il ne faut pas laisser aux exécutants le
choix de l'emplacement des reprises de bétonnage et de la manière d'assurer la conti-
nuité du ferraillage dans la zone de la reprise.
De manière générale, les dessins d'armatures doivent être complets, précis et comporter
le maximum d'indications utiles (notamment, distances des barres entre elles et aux
parois, en particulier aux croisements) pour éviter toute erreur d'interprétation. Ces
dessins doivent se comprendre d'eux-mêmes, sans« laïus» descriptif inutile, hormis les
nota importants concernant des sujétions particulières. Un dessin de détail à grande
échelle (jusqu'à 1/1) peut parfois se révéler utile pour définir correctement les positions
exactes des armatures dans une zone de ferraillage compliqué, comme par exemple un
. nœud dans lequel doivent se croiser ou viennent aboutir plusieurs barres de directions
différentes.
C'est une faute grave, pour un ingénieur d'études, de ne pas s'apercevoir de
l'impossibilité de réaliser les dispositions qu'il a projetées.
848 Traité de béton armé

Une ultime recommandation: il ne faut pas faire aveuglément confiance à l' ouil infor-
matique. L'utilisation des ordinateurs ne dispense pas de vérifier l'ordre de grandeur des
résultats numériques au moyen de méthodes rapides approchées. Elle ne dispense pas
non plus de vérifier les dispositions d'armatures correspondant à des tracés automati-
ques. Des résultats ou des dispositions complètement aberrants traduiraient une inadap-
tation du programme au cas étudié.
TABLE DES MATIÈRES

PRÉALABLE 1
PRÉFACE 3
AVANT -PROPOS 7
ABRÉVIATIONS 11

Chapitre 1 GÉNÉRALITÉS 13
1.1 Principe du béton armé 13
1.2 Formes usuelles des éléments 15
1.3 Évolution des méthodes de calcul du béton armé 16
1.31 Considérations générales 16
1.32 Méthodes aux contraintes admissibles 18
1.321 Méthode « classique» 18
1.322 Méthode classique « aménagée» 19
1.323 Critique des méthodes aux contraintes admissibles 19
1.33 Méthodes de calcul à la rupture 22
1.34 Méthode de calcul semi-probabiliste
avec coefficients partiels de sécurité (états-limites) 23
1.341 Définition des états-limites 24
1.342 Origine des méthodes de calcul aux états-limites 25
1.343 Idée de base du probabilisme 26
1.344 Recours au « semi-probabilisme » 26
1.345 Vérifications 27
1.4 Réglementation française 34
1.41 Distinction entre maître d'ouvrage et maître d'œuvre 34
1.42 Portée juridique des différents textes réglementaires 34
1.421 Cahiers des clauses techniques générales (CCTO) 34
1.422 Nonnes et Documents techniques unifiés (DTU) 35
1.423 Règles professionnelles, guides, etc. 37
1.43 Règles applicables au béton armé 37
850 Traité de béton armé

1.5 l'Eurocode 2 38
1.51 Historique 38
1.52 Présentation de l'Eurocode 2 (EC2) 39
1.521 Contenu de l'EC2 39
1.522 Documents d'accompagnement 39
1.523 Distinction entre Principes et Règles d'application 39
1.53 Sommaire détaillé de l'EC2 40
1.54 Concept de sécurité structurale de l'Eurocode 2 44
1.55 Normes et textes de référence 44
1.56 Notations et unités 44
1.6 Bibliographie sélectionnée du chapitre 1 45
1.61 Traités généraux 45
1.62 Formulaires et guides d'emploi 45
1.63 Méthodes de calcul. Règlements et Recommandations 45
1.631 Méthode aux contraintes admissibles 45
1.632 Méthodes de calcul à la rupture 46
1.633 Méthodes de calcul aux états-limites et Eurocode 2 46

Chapitre 2 MATÉRIAUX 49
2.1 . Rappels préliminaires 49
2.11 Diagramme contraintes-déformations d'un matériau 49
2.12 Diagramme élastoplastique parfait 50
2.2 Béton 51
2.21 Brefs
, rappels sur les constituants du béton 51
2.22 Les résistances du béton 52
2.221 Rupture par compression 52
2.222 Rupture par traction 64
2.23 Diagramme contraintes-déformations du béton 68
2.231 Diagramme expérimental 68
2.232 Relation entre le diagramme cr - e et la distribution
des contraintes dans le béton comprimé 74
2.233 Valeur expérimentale des principaux paramètres 76
2.234 Loi de comportement « exacte» 77
Table des matières 851

2.24 Prescriptions réglementaires 80


2.241 Résistance caractéristique à la compression 80
2.242 Résistance à la traction 82
2.243 Valeurs à introduire dans les projets;
classes de résistance 83
2.244 Déformations du béton 84
2.245 Résistance à la traction par flexion 95
2.246 Béton confiné 95
2.3 Aciers pour béton armé 96
2.31 Brefs rappels sur la fabrication de l'acier 96
2.311 Types d'aciéries 96
2.312 Coulée de l'acier 97
2.313 Laminage à chaud 98
2.314 Tréfilage et/ou laminage à froid du fil machine 98
2.315 Traitements mécaniques ou thermiques 98
2.32 Classification des produits 100
2.33 Désignations officielles et appellations pratiques 101
2.34 Description des différents types de produits 102
2.341 Barres laminées à chaud: ronds lisses,
barres à haute adhérence 102
2.342 Fils tréfilés et/ou laminés à froid 103
2.343 Treillis soudés ou pré-assemblés 104
2.35 Documents normatifs 105
2.351 Normes 105
2.352 Certification 105
2.353 Identification 106
2.36 Caractères géométriques 107
2.361 Barres et fils 107
2.362 Treillis soudés 111
2.37 Caractères mécaniques 111
2.371 Prescriptions des normes NF et des Règles BAEL 114
2.372 Prescriptions de l'EC2 116
2.38 Caractères technologiques 118
2.381 Aptitude au façonnage 118
2.382 Caractères d'adhérence 120
2.383 Aptitude au soudage 124
2.39 Redressage des aciers livrés en couronnes 126
852 Traité de béton armé

2.4 Bibliographie sélectionnée du chapitre 2 127


2.41 Béton 127
2.42 Aciers 127

Chapitre 3 ACTIONS ET SOLLICITATIONS 129


3.1 Notations du présent chapitre 129
3.2 Terminologie 129
3.3 Actions 130
3.31 Actions permanentes 130
3.32 Actions variables 131
3.321 Valeurs «représentatives» 132
3.322 Charges d'exploitation et charges climatiques 138
3.323 Charges appliquées en cours d'exécution 139
3.324 Température climatique 139
3 .325 Autres actions variables 140
3.33 Actions accidentelles 140
3.4 Combinaisons d'actions 141
3.41 Généralités 141
3.411 Combinaisons d'actions 141
3.412 Cas de charge 142
3.42 Sollicitations de calcul 143
3.421 Combinaisons d'actions à prendre en compte
dans les états-limites ultimes de résistance 144
3.422 Combinaisons à prendre en compte pour
la vérification aux états-limites de service 148
3.423 Modalités pratiques d'application des Règles BAEL 149
3.424 Vérification de l'état-limite de stabilité de forme 156
3.425 Vérification de l'équilibre statique 156
3.5 Calcul des sollicitations 157
3.51 Prescriptions des Règles BAEL 158
3.511 Simplifications admises dans l'application
des méthodes de la Résistance des Matériaux 159
3.512 Redistributions d'efforts 159
3.52 Prescriptions de l'EC2 160
3.521 Analyse structurale 160
3.522 Modélisation de la structure 160
3.523 Analyse élastique linéaire 163
3.524 Analyse élastique linéaire avec redistribution limitée 164
Table des matières 853

3.525 Méthode d'analyse plastique 165


3.526 Analyse non-linéaire 170
3.6 Bibliographie sélectionnée du chapitre 3 170

Chapitre 4 ASSOCIATION ACIER-BÉTON 173


4.1 Disposition des armatures 173
4.11 Disposition générale 173
4.12 Enrobages 174
4.13 Distances entre barres 179
4.2 Adhérence des barres droites isolées 180
4.21 Définition 180
4.22 Phénomènes expérimentaux - Théorie de M. Caquot 180
4.23 Mesure des caractères d'adhérence d'une barre 184
4.231 Essais d'arrachement 184
4.232 Essais de fissuration 188
4.233 Cas des treillis soudés 189
4.24 Facteurs dont dépend l'adhérence 189
4.25 Contrainte d'adhérence 190
4.251 Remarque préliminaire 190
4.252 Définition de la contrainte moyenne d'adhérence 191
4.3 Ancrage des barres droites isolées 192
4.31 Définition 192
4.32 Valeurs limites de la contrainte d'adhérence
à l'état-limite ultime 193
4.33 Longueur de scellement droit 193
4.4 Adhérence des barres courbes 195
4.41 Variation de l'effort le long d'une barre courbe 196
4.42 Prescriptions des Règles BAEL
pour les ancrages courbes 198
4.421 Rayons de courbure minimaux 198
4.422 Modes d'ancrage usuels 198
4.423 Méthode de calcul d'un ancrage courbe 199
4.424 Application aux crochets normaux 201
4.43 Ancrage des cadres, étriers et épingles 203
4.5 Efforts exercés par une barre courbe sur le béton 204
4.51 Poussées au vide 205
4.52 Condition de non-écrasement du béton 208
854 Traité de béton armé

4.521 Ancrages courbes et changement


de direction des barres 208
4.522 Armature de traction toute entière en courbe - Boucles
209
4.6 Jonctions par recouvrement 213
4.61 Recouvrement des barres tendues 214
4.611 Transmission des efforts 214
4.612 Longueur de recouvrement Ir 214
4.613 Armatures de couture 216
4.614 Barres couvre-joints - Chaînages 218
4.62 Recouvrement des barres comprimées en permanence 219
4.621 Longueur de recouvrement 220
4.622 Armatures de couture à disposer
sur la longueur de recouvrement 220
4.7 Ancrages et recouvrements des treillis soudés 221
4.71 Treillis soudés formés de fils lisses 221
4.711 Définition 221
4.712 Ancrages rectilignes 221
4.713 Ancrages par courbure 222
4.714 Recouvrements 225
4.72 Treillis soudés formés de fils à haute adhérence 226
4.721 Ancrages rectilignes 226
4.722 Ancrages par courbure 226
4.723 Jonctions par recouvrement 227
4.8 Prescriptions de l'Eurocode 2 concernant les ancrages 227
4.81 Modes d'ancrage 227
4.82 Cintrage des barres 228
4.821 Diamètres minimaux des mandrins de cintrage 228
4.822 Condition de non-écrasement du béton 228
4.83 Contrainte ultime d'adhérence 229
4.84 Longueurs d'ancrage 230
4.841 Longueur d'ancrage de référence 231
4.842 Longueur d'ancrage de calcul 231
4.843 Longueur d'ancrage« équivalente» 234
4.85 Ancrage des cadres et des étriers 234
4.86 Ancrage au moyen de barres transversales soudées 235
4.87 Jonctions par recouvrement 235
4.871 Longueur de recouvrement 236
4.872 Armatures de couture d'un recouvrement 236
Table des matières 855

4.9 Treillis soudés 238


4.91 Diamètres admissibles des mandrins de cintrage 238
4.92 Recouvrements 238
4.921 Recouvrement des fils « porteurs» 238
4.922 Recouvrement des fils de répartition 239
4.10 Bibliographie sélectionnée du chapitre 4 240

Chapitre 5 HYPOTHÈSES ET DONNÉES POUR LES


CALCULS SOUS SOLLICITATIONS NORMALES 241
5.1 Hypothèses générales 241
5.2 Calculs vis-à-vis des états-limites ultimes
de résistance sous sollicitations normales 242
5.21 Hypothèses fondamentales 242
5.211 Hypothèses adoptées par les règles BAEL 242
5.212 Hypothèses adoptées par l'EC2 243
5.22 Diagrammes contraintes-déformations de calcul 244
5.221 Acier 244
5.222 Béton 246
5.3 Calculs vis-à-vis des états-limites de service
sous sollicitations normales (calculs élastiques) 251
5.31 Hypothèses fondamentales 251
5.32 Conséquences de ces hypothèses -
coefficient d'équivalence 252
5.33 Hypothèses complémentaires 252
5.34 Prescriptions des Règles BAEL 254
5.341 État-limite de compression du béton
(BAEL, art. A 4.5,2) 254
5.342 États-limites d'ouverture des fissures
(BAEL, art. A 4.5,33 et A 4.5,34) 254
5.35 Prescriptions de l'EC2 256
5.351 Limitation des contraintes 256
5.352 États-limites de fissuration 257
856 Traité de béton armé

Chapitre 6 TRACTION SIMPLE 259


6.1 Définition 259
6.2 Comportement expérimental des éléments
soumis à la traction simple 260
6.3 Condition de non-fragilité 261
6.4 Détermination des armatures longitudinales 261
6.41 Cas où la fissuration est considérée
comme peu préjudiciable 262
6.42 Cas où la fissuration est préjudiciable
ou très préjudiciable 262
6.5 Dimensionnement (béton et armatures) 263
6.6 Vérification des contraintes en service 264
6.7 Armatures transversales des tirants 265
6.8 Ferraillage d'un tirant (exemple) 265

Chapitre 7 FLEXION SIMPLE 267


7.1 Définition 267
7.2 Comportement expérimental des éléments
en béton armé soumis à la flexion simple 268
7.21 Dispositifs expérimentaux 268
7.22 Essais de poutres sous moment constant 270
7.221 Cas des poutres comportant un pourcentage
« moyen» d'armatures tendues 270
7.222 Cas des poutres comportant un pourcentage
« élevé» d'armatures tendues 275
7.3 Notations et terminologie 276
7.4 Principes généraux du calcul en flexion simple ou composée 277
7.41 Données générales concernant
l'état-limite ultime de résistance 277
7.411 Différents aspects de la distribution
des contraintes de compression du béton 278
7.412 Moments frontières; défmition du pivot 279
7.42 Données générales concernant les états-limites
~~Mce 2ro
7.421 Différents aspects de la distribution des contraintes 280
7.422 Moment frontière (moment-résistant béton) ;
définition du pivot 281
Table des matières 857

7.43 Équations générales de la flexion


pour une section à deux nappes d'armatures 281
7.431 Équations de compatibilité 282
7.432 Équations d'équilibre 286
7.44 Calcul des contraintes normales en service
pour une section quelconque en flexion simple 294
7.5 Section rectangulaire en flexion simple (BAEL) 297
7.51 Section rectangulaire sans aciers comprimés:
cas de la fissuration peu préjudiciable 299
7.511 Section d'armatures tendues nécessaires
pour que l'état-limite ultime de résistance
ne soit pas atteint 299
7.512 Section d'armatures nécessaire
pour que les états-limites de service
ne soient pas atteints 315
7.513 Discussion: Notion de moment-limite ultime M1u 319
7.514 Calcul pratique 327
7.52 Section rectangulaire avec aciers comprimés -
cas de la fissuration peu préjudiciable 330
7.521 Principe général de calcul (valable pour l'état-limite
ultime et pour l'état-limite de service) 330
7.522 Cas où la section A' n'est pas imposée 333
7.523 Cas où la section A' est imposée 340
7.524 Cas où l'on désire avoir A = A'
(armatures symétriques) 344
7.53 Section rectangulaire avec ou sans aciers comprimés 344
7.531 Moment résistant-béton 344
7.532 Calcul des armatures dans le cas
où la section A' n'est pas imposée 348
7.533 Calcul des armatures dans le cas où A' est imposé 351
7.54 Dimensionnement d'une section rectangulaire 352
7.55 Vérification à l'état-limite ultime d'une section
rectangulaire dont on connaît les armatures 354
7.551 Cas de la section sans aciers comprimés 354
7.552 Cas de la section avec aciers comprimés 355
7.56 Calcul des contraintes d'une section rectangulaire
avec ou sans aciers comprimés (états-limites de service) 357
858 Traité de béton armé

7.6 Section en T (à table de « compression ») 358


7.61 Dimensionnement par l'état-limite ultime 359
7.611 Dimensionnement à l'aide
du diagramme rectangulaire 360
7.612 Dimensionnement à l'aide du diagramme parabole
- rectangle (dans le cas où A' = 0) 366
7.62 Dimensionnement par l'état-limite de service 369
7.621 Calcul de MT,ser 369
7.622 Calcul de Aser lorsque M ser > MT,ser 371
7.63 Calcul des contraintes normales en service 373
7.7 Application de l'EC2 au calcul des sollicitations normales 375
7.71 Notations 375
7.72 Section rectangulaire en flexion simple 376
7.721 Diagramme de calcul de l'acier 376
7.722 Section rectangulaire sans aciers comprimés
(Ild S; Illim) 377
7.723 Section rectangulaire avec aciers comprimés
(Ild> Illim) 381
7.724 Sections en T 385
7.8 Autres formes de sections 385
7.81 Section carrée simplement fléchie dans un plan diagonal 385
7.811 Calcul à l'état-limite ultime 385
7.812 Calcul de la section d'aciers nécessaire
pour respecter l'état-limite de compression
du béton en service 388
7.813 Discussion: moment-limite ultime 389
7.82 Sections trapézoïdales 393
7.821 Petite base du côté comprimé 393
7.822 Petite base du côté tendu 396
7.9 Bibliographie sélectionnée du chapitre 7 399

Chapitre 8 FLEXION COMPOSÉE 401


8.1 Définition - centre de pression - excentricités 401
8.2 Sollicitations à considérer 406
8.21 Flexion composée avec traction 406
8.22 Flexion composée avec compression 406
Table des matières 859

8.3 Sections partiellement comprimées 410


8.31 Méthode générale de calcul par assimilation
à la flexion simple 410
8.311 Détermination des sections d'armatures 410
8.312 Section minimale 413
8.32 Application au dimensionnement par l'état-limite
de service (section rectangulaire ou en T) 416
8.321 Section rectangulaire 417
8.322 Section en T 420
8.33 Application au dimensionnement par l'état-limite ultime 420
8.331 Section rectangulaire 420
8.332 Section à table de compression 432
8.4 Sections entièrement comprimées 433
8.41 Dimensionnement par l'état-limite ultime
(pivot C, région 3) 434
8.411 Sections rectangulaires à deux nappes d'armatures 434
8.412 Sections à table de compression 443
8.42 Dimensionnement par l'état-limite de service 443
8.5 Sections entièrement tendues 445
8.51 Dimensionnement par l'état-limite ultime 445
8.52 Dimensionnement par l'état-limite de service 446
8.6 Abaques et diagrammes d'interaction 447
8.61 Abaques type Caquot (états-limites de service) 447
8.62 Diagrammes d'interaction (état-limite ultime) 451
8.621 Courbe d'interaction 451
8.622 Diagrammes d'interaction 455
8.7 Calcul des contraintes normales 459
8.71 Section entièrement comprimée 459
8.72 Section entièrement tendue 460
8.73 Section partiellement comprimée 461
8.8 Condition pour qu'une section rectangulaire
soit entièrement comprimée sous les sollicitations
agissantes ultimes 465
8.9 Section carrée fléchie dans un plan diagonal 469
8.10 Bibliographie sélectionnée du chapitre 8 469
860 Traité de béton armé

Chapitre 9 FLEXION DÉVIÉE 471


9.1 Définition 471
9.2 Sollicitations à considérer 472
9.21 Flexion deviée simple 473
9.22 Flexion deviée composée avec traction 473
9.23 Flexion deviée composée avec compression 473
9.3 Méthodes de calcul à l'étatalimite de service 475
9.31 Flexion deviée simple: abaque de J. Rüdinger 476
9.32 Flexion deviée composée: vérification des contraintes 479
9.321 Sections entièrement comprimées 479
9.322 Abaques de A. Roussopoulos pour les sections
partiellement comprimées 480
9.4 Méthodes de calcul à l'état-limite ultime 484
9.41 Section rectangulaire sans aciers comprimés
en flexion deviée simple 484
9.411 Dimensionnement des armatures 491
9.412 Vérification des sections 494
9.42 Section rectangulaire avec aciers comprimés 495
9.43 Sections rectangulaires en flexion deviée composée 496
9.431 Méthodes ramenant la flexion déviée
à deux flexions droites 496
9.432 Méthodes de réduction à une flexion droite unique 503
9.433 Méthode « Montoya » 506
9.5 Abaques « en rosette» 508
9.51 Surfaces d'interaction 508
9.52 Application aux sections rectangulaires 511
9.521 Équations générales 511
9.522 Utilisation des abaques en rosette 514
9.6 Méthodes de calcul par itération 517
9.7 Bibliographie sélectionnée du chapitre 9 520

. Chapitre 10 COMPRESSION« CENTRÉE» 521


10.1 Définitions 521
10.2 Comportement expérimental des poteaux
soumis à la compression « centrée » 522
10.21 Essais à caractère qualitatif et démonstratif 522
10.22 Essais de recherche 524
10.23 Conclusions à tirer des essais de poteaux 525
Table des matières 861

10.3 Élancement d'un poteau 526


10.31 Définitions 526
10.311 Élancement mécanique 526
10.312 Élancement géométrique 528
10.32 Cas particuliers 528
10.4 Armatures des poteaux 529
10.41 Armatures longitudinales 529
10.42 Armatures transversales 530
10.5 Méthode de calcul 531
10.51 Évaluation de certaines données de base 531
10.52 Effort normal résistant théorique 532
10.53 Effort normal limite selon les Règles BAEL 532
10.54 Détermination des armatures 534
10.541 Armatures longitudinales 534
10.542 Armatures transversales 535
10.55 Dimensionnement 536
10.56 Abaque pour le calcul des poteaux 540

Chapitre 11 ÉTAT-LIMITE ULTIME DE STABILITÉ


DE FORME (FLAMBEMENT) 543
11.1 Généralités 543
11.11 Le phénomène de flambement 543
11.12 Difficulté de l'étude du phénomène de flambement 545
11.13 Objet du présent chapitre 546
11.2 Rappel des résultats de la théorie élastique 547
11.21 Flambement « eulérien}) 547
11.211 Poteau biarticulé soumis à une charge centrée -
Charge critique d'Euler 547
11.212 Poteau soumis à une charge excentrée 549
11.213 Amplification du moment 550
11.22 Méthodes de vérification des anciens règlements 552
11.221 Circulaire Ministérielle de 1934 - Formule de Rankine 552
11.222 Règles BA 1960 553
Il.223 Règles CCBA 68 553
11.23 Critique des méthodes élastiques 553
862 Traité de béton armé

11.3 Comportement expérimental des poteaux en béton armé 555


11.31 Comportement sous charges de courte durée 555
11.32 Comportement sous charges de longue durée 556
11.33 Contrôle expérimental de la validité
des hypothèses de calcul 557
11.4 Paramètres influant sur l'état-limite ultime
atteint par flambement 558
11.41 Longueur de flambement - élancement 558
11.42 Excentricité de la force extérieure 559
11.43 Durée d'application des actions (fluage) 562
11.5 Méthodes prenant en compte
un moment « complémentaire» 562
11.51 Considérations préliminaires 562
11.52 Méthode de calcul du moment complémentaire
(Aas-Jakobsen, CEB 1965) 565
11.53 Méthode simplifiée des Règles BAEL 566
11.6 Justifications vis-à-vis de l'état-limite ultime
de stabilité de forme selon les règles BAEL 567
11.61 Principe des justifications 567
11.62 Sollicitations et hypothèses de calcul 568
11.621 Sollicitations agissantes de calcul 568
11.622 Méthode générale 570
11.63 Méthode simplifiée de vérification de l'état-limite ultime
de stabilité d'un poteau isolé -
Application des Règles BAEL 571
11.631 Définition des poteaux isolés 571
11.632 Détermination de la longueur de flambement
d'un poteau isolé 572
11.633 Cas de base 574
11.634 Hypothèses générales 575
11.635 Hypothèse simplificatrice pour le calcul
des moments du second ordre 575
11.636 Équations du problème 577
11.64 Méthodes pratiques 583
11.641 Utilisation des tables 584
11.642 Abaques 589
Table des matières 863

11.65 Corrections diverses 595


11.651 Prise en compte d'une variation de l'effort normal
le long du poteau 595
Il.652 Prise en compte de la variation du moment
du premier ordre le long du poteau 600
11.653 Poteaux bi-articulés soumis à des moments
différents à leurs deux extrémités 601
11.66 Application aux ossatures contreventées 602
11.661 Calcul du contreventement 602
Il.662 Calcul des poteaux de l'ossature 603
11.67 Méthodes de l'équilibre 603
11.671 Méthode basée sur les déformations internes 603
11.672 Méthode basée sur la rigidité 608
11.7 Analyse des effets du second ordre selon l'EC2 611
11.71 Généralités 611
11.72 Définitions 611
11.73 Critères simplifiés pour les effets du second ordre 611
11.731 Élancement mécanique des éléments isolés 611
11.732 Critère d'élancement pour les poteaux isolés 613
11.733 Effets du second ordre globaux dans les bâtiments 614
11.74 Imperfections géométriques 614
11.75 Fluage 616
11.76 Méthode d'analyse 617
11.761 Méthode générale 617
11. 762 Méthode basée sur une rigidité nominale 618
11. 763 Méthode basée sur une courbure nominale
(méthode simplifiée pour les poteaux isolés) 619
11.8 Flambement biaxial 624
11.81 Méthode générale 624
11.82 Méthodes simplifiées 626
11.821 Vérifications séparées au flambement
« monoaxial » (EC2) 626
11.822 Méthode simplifiée basée sur la méthode
de l'équilibre 628
11.9 Bibliographie sélectionnée du chapitre 11 630
864 Traité de béton armé

Chapitre 12 EFFORT TRANCHANT - POINÇONNEMENT 633


12.1 Définition et notations 633
12.11 Définition 633
12.12 Notations 635
12.2 Effort de glissement - Contraintes tangentes 636
12.21 Expressions générales déduites des calculs élastiques 636
12.22 Application: contraintes tangentes sur un plan
normal à la section droite et parallèle à l'axe neutre 638
12.23 Effets des contraintes tangentes 640
12.3 Comportement expérimental de poutres fléchies
sous l'effet de l'effort tranchant 642
12.31 Dispositions particulières aux essais de poutres
à l'effort tranchant 643
12.32 Poutres sans armatures d'âme 643
12.33 Poutres comportant des armatures d'âme « droites» 644
12.34 Cas de poutres comportant des armatures d'âme
sous forme de cadres ou d'étriers inclinés 646
12.35 Cas de poutres comportant des barres relevées
à 45 0 au voisinage des appuis 646
12.4 Principes généraux des vérifications à l'effort tranchant 647
12.41 Règles BAEL 647
12.42 EC2 648
12.5 Éléments dépourvus d'armatures d'effort tranchant 648
12.51 Règles BAEL 648
12.52 EC2 648
12.6 Éléments requérant une armature d'effort tranchant 651
12.61 Analyse des essais de poutres 651
12.62 Conduite des calculs par référence à un modèle de treillis 654
12.621 Hypothèses 655
12.622 Équations du problème 656
12.623 Treillis de Môrsch 661
12.63 Prescriptions des Règles BAEL
concernant la justification d'une section « courante» 664
12.631 Règle préliminaire 665
12.632 Charges appliquées au voisinage d'un appui;
phénomène de transmission directe 665
12.633 Vérification de la résistance du béton de l'âme 668
12.634 Vérification de la résistance des armatures d'âme 669
Table des matières 865

12.635 Cas particulier des annatures d'âmes droites 671


12.636 Barres relevées à 45° 678
12.637 Cas des sections circulaires ou annulaires 680
12.64 EC2 - Méthode de l'inclinaison variable des bielles 682
12.641 Limite imposée par la compression
des bielles de béton 683
12.642 Armature d'effort tranchant 683
12.643 Force de traction dans l'armature longitudinale 685
12.644 Eléments de hauteur variable 686
12.645 Charge appliquée au voisinage d'un appui
(transmission directe) 688
12.646 Dispositions constructives 688
12.647 Marche à suivre pour e variable 690
12.648 Comparaison avec les Règles BAEL 691
12.65 Dalles et poutres-dalles sous sollicitations
d'effort tranchant (BAEL) 693
12.651 Définitions 693
12.652 Armatures d'effort tranchant 694
12.653 Forces localisées - Armatures de poinçonnement 694
12.66 Couture des plans internes soumis
à des actions tangentes 694
12.661 Règle des coutures généralisée 694
12.7 Zones d'application des efforts 704
12.71 Appui simple d'about 704
12.72 Appui intermédiaire 709
12.73 Prescriptions de l'EC2 711
12.74 Efforts entraînant la mise en traction transversale
de l'âme d'une poutre - Armatures de « suspension» 712
12.8 Entraînement des armatures 715
12.81 Phénomène d'entraînement des armatures 715
12.82 Calcul des contraintes d'adhérence 716
12.83 Contrainte d'adhérence limite 717
12.84 Cas particulier des treillis soudés 718
12.9 Poinçonnement 718
12.91 Généralités 718
12.92 Prescriptions des Règles BAEL 718
12.921 Condition de non-poinçonnement 718
866 Traité de béton armé

12.93 Prescriptions de l'EC2 722


12.931 Principe du calcul de la résistance au poinçonnement 722
12.932 Contour et section de contrôle de référence 722
12.933 Évaluation de la contrainte maximale
de poinçonnement 725
12.934 Dalles ou semelles sans armatures de poinçonnement 727
12.935 Dalles ou semelles avec armatures de poinçonnement 728
12.10 Bibliographie sélectionnée du chapitre 12 729

Chapitre 13 TORSION 731


13.1 Définition 731
13.2 Comportement expérimental des éléments
en béton armé soumis à la torsion 733
13.3 Torsion d'équilibre et torsion de compatibilité 738
13.4 Méthodes de calcul 739
13.41 Théorie de la flexion biaise 739
13.42 Méthode du treillis spatial 741
13.5 Résistance à la torsion circulaire d'une poutre caisson 742
13.51 Expression du flux de la contrainte tangente de torsion
(rappels de Résistance des Matériaux) 742
13.52 Contrainte tangente de torsion 745
13.53 Hypothèses simplificatrices de base
du modèle de treillis spatial 746
13.54 Équations d'équilibre 747
13.55 Vérification de la sécurité 750
13.56 Remarque sur la condition relative
à la compression des bielles de béton 751
13.6 Résistance d'une poutre à section pleine
à la torsion circulaire 752
13.7 Prescriptions des règles BAEL pour la torsion 754
13.71 Contrainte tangente ultime de torsion 754
13.72 Vérification du béton 755
13.73 Détermination des armatures 756
13.74 Disposition des armatures de torsion 758
Table des matières 867

13.8 Prespriptions de l'EC2 pour la torsion 760


13.81 Principe général de la justification 760
13.82 Épaisseur t des parois 760
13.83 Armatures de torsion 761
13.84 Interaction torsion et effort tranchant 762
13.85 Dispositions constructives 763
13.9 Bibliographie sélectionnée du chapitre 13 764

Chapitre 14 DIMENSIONNEMENT DES BIEllES,


TIRANTS ET NŒUDS 765
14.1 Généralités 765
14.2 Bielles 766
14.3 Tirants 767
14.4 Nœuds 767

Chapitre 15 FISSURATION ET DÉFORMATIONS (EC2) 771


15.1 États-limites de service 772
15.2 Fissuration 773
15.21 Section minimale des armatures tendues 773
15.22 Maîtrise de la fissuration sans calcul direct 775
15.23 Justification par le calcul de l'ouverture des fissures 778
15.231 Mécanisme de la formation
et du développement des fissures 778
15.232 Contribution du béton tendu 780
15.233 Vérification par le calcul d'un état-limite
d'ouverture de fissure 783
15.234 Ouverture moyenne W m des fissures 784
15.235 Ouverture de fissure de calcul selon l'EC2 785
15.3 Déformations (flèches) 787
15.31 Généralités 787
15.32 Cas de dispense de calcul des flèches 788
15.33 Vérification des flèches par le calcul 790
15.331 Rappels de Résistance des Matériaux 790
15.332 Calcul des flèches 793
15.333 Calcul de la flèche par intégration numérique 795
15.334 Méthodes simplifiées 798
868 Traité de béton armé

15.4 Formulaire 802


15.41 Section rectangulaire 802
15.42 Section en T 803
15.43 Récapitulatif des étapes du calcul des courbures 804
15.5 Bibliographie sélectionnée du chapitre 15 805

Chapitre 16 ANNEXES 807


16.1 Épures de repartition des armatures longitudinales
et des armatures d'âmes 807
16.11 Répartition des armatures longitudinales tendues 808
16.111 Moment résistant maximal d'un groupe
de barres longitudinales 809
16.112 Règle du décalage 811
16.113 Épure d'arrêt des armatures 813
16.114 Cas particuliers 821
16.12 Répartition des armatures d'âme 822
16.121 Cas des poutres de section constante soumises
à des charges uniformes 822
16.122 Cas général: poutres supportant des charges
uniformes, des charges concentrées, et / ou
de hauteur variable 836
16.2 Coefficients de remplissage et de centre de gravité 838
16.21 Diagramme parabole-rectangle 838
16.22 Diagramme bi-linéaire 839
16.3 Interprétation graphique des diagrammes d'interaction 840
16.4 Quelques recommandations concernant le ferraillage 846
16.41 Réduction du nombre de diamètres différents 846
16.42 Longueurs de coupe 846
16.43 Assemblage des armatures les unes aux autres 847
16.44 Mise en place 847
16.45 Faisabilité 847
Achevé d'imprimer sur les presses de l'imprimerie
AGPCGRAF à Barcelone en février 20 10
Dépôt légal : Février 20 l 0
Imprimé en Espagne

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