1.1 Sidérurgie 1
1.1.1 Introduction
La technologie de fabrication de l'acier a beaucoup changé durant les deux dernières
décades sous la pression d'une demande accrue d'acier, de spécifications plus
exigeantes mais aussi de la nécessité de réduire les consommations d'énergie et de
matières premières.
Les rendements et la qualité des fabrications ont été améliorés par l'augmentation de
la capacité des hauts fourneaux, par le développement de système de contrôle
informatique en ligne et par l'introduction de nouvelles technologies telles que les
convertisseurs LD (Linz Donawitz), les fours électriques à forte puissance (UHP =
Ultra High Power), les traitements des coulées en poche et la coulée continue.
L'acier est produit par deux procédés (figure 1) :
− les hauts fourneaux associés aux convertisseurs à oxygène (BOF = Basic
Oxygen Converter) ;
− les fours électriques (EAF = Electrical Arc Furnaces).
Ces procédés consistent en la production d'aciers bruts auxquels sont ajoutés les
éléments d'alliage requis pour satisfaire à la spécification finale.
Leurs parts respectives dans la fabrication d'aciers bruts sont de 70 % (BOF) et 30 %
(EAF). Les hauts rendements de production et le bas niveau d'impuretés donne un
rôle prédominant au premier procédé. Des bas coûts d'énergie et une forte offre de
ferrailles recyclées permettent au second (spécialement pour le UHP) d'être
compétitif.
Avant d'être coulé, l'acier peut être affiné par des procédés divers de façon à
satisfaire aux spécifications, tout en ayant une attention particulière pour son niveau
de désoxydation, sa teneur en inclusions, ses teneurs en phosphore, en soufre, en
azote et en hydrogène. Les teneurs en carbone, en manganèse et en éléments de
micro-alliage tels que le niobium, le vanadium et le titane sont également ajustées lors
de cette étape de fabrication. Cette étape de fabrication est généralement connue
sous le nom de métallurgie secondaire ou métallurgie en poche.
1
Les paragraphes 1 à 5, 1.6.2 et 1.6.3 sont entièrement tirés du cours [2]
EIA-FR, GC
Construction en acier 1.1
C. Deschenaux
Hot metal route Scrap route Para.
Blast furnace
Electrodes
Torpedo ladle
Tundish
Ingot moulds
1.4
Slabs
Mould
Blooms
Solid steel
Billets o
800 C
Solidified steel Slabs
800 C
o
Blooms
Billets
Stripping
Reheating furnace of ingots
Beam
EIA-FR, GC
Construction en acier 1.2
C. Deschenaux
1.2 La production d’acier
EIA-FR, GC
Construction en acier 1.3
C. Deschenaux
« torpilles » (de capacité 300 t à 400 t) et transportée à l'aciérie en vue de son
affinage et conversion en acier.
Une analyse typique de la fonte liquide à 1400°C est : 4,7 % de carbone (C), 0,5 % de
manganèse (Mn), 0,4 % de silicium (Si), 0,1 % de phosphore (P) et 0,04 % de soufre
(S) le restant étant du fer (Fe).
Un développement majeur de la
technique de soufflage d'oxygène a eu
lieu dans les années 70, il est connu sous
le nom de Lance Bubbling Equilibrium
(LBE) et est mondialement employé. Un
gaz neutre qui est en général de l'argon
est injecté au travers d'éléments poreux
situés au fond du convertisseur, ce gaz a
pour effet de brasser l'acier liquide. Ce
procédé améliore significativement
l'efficacité métallurgique du traitement N2 Ar
(perte en fer réduite, teneur en phosphore
plus basse), améliore la productivité, Bubbling
gas
facilite l'équilibrage de la température de
la masse liquide. Figure 3 Basic oxygen converter
EIA-FR, GC
Construction en acier 1.4
C. Deschenaux
1.2.2 La production d'acier au four électrique
Dans un four électrique (figure 4) la
charge métallique, constituée
principalement de ferrailles, est fondue
par les arcs électriques générés entre
les pointes des électrodes en graphite
et cette charge.
Les trois électrodes et le couvercle du
four sont levés afin d'en permettre le
chargement en ferrailles. Les
électrodes créent des arcs en accord
avec la tension et l'intensité
sélectionnées pour produire la
puissance et la longueur d'arc
nécessaire à la fusion et à l'affinage.
Ces fours ont un diamètre intérieur de
6 à 9 m et une capacité de 100 à 200 t
d'acier. La durée d'un cycle de
production de tels fours va de 90 à
110 mn.
Le rôle traditionnel de ce procédé
consiste en la production d'alliages Figure 4 Four électrique
d'aciers carbone et d'aciers à outils. Il
a maintenant été étendu à la production industrielle d'aciers de construction.
La part des aciers produits par cette voie est de 30 % et semble stabilisée car il
devient difficile de trouver des ferrailles de qualité acceptable. Des pellets et des
éponges de fer très coûteuses sont nécessaires pour contrôler le niveau d'éléments
non désirés tels que : cuivre, nickel, étain, etc.
Les fours électriques traditionnels produisent des aciers de haute qualité carbone et
alliés par la technique des deux laitiers. Après fusion de la ferraille, un premier laitier
oxydant élimine le P et le Si et réduit le C au niveau requis. Après élimination du
premier laitier, un second laitier basique permet de diminuer le soufre et l'oxygène,
puis la composition chimique de l'acier est ajustée par additions de ferroalliages.
1.3.1 Introduction
Il existe différentes méthodes de transformation de l'acier en produits finis : le
forgeage à chaud, le laminage à chaud et à froid, le laminage de tubes sans soudure,
la fabrication de tubes soudés. Le procédé de laminage à chaud couvre 90 % de la
production.
EIA-FR, GC
Construction en acier 1.5
C. Deschenaux
Cette opération est effectuée à chaud car la limite
d'élasticité de l'acier décroît lorsque la température
croît. De grandes déformations peuvent être ainsi faites
avec des efforts modestes.
Primary rolls
Les produits laminés finis destinés au secteur de
construction comprennent quatre grands groupes : les
tôles, les profilés, les ronds et les feuillards. Les profilés
comprennent les formes standards telles que :
poutrelles, cornières, profilés en U et des formes
Edging rolls
diverses. La méthode de laminage un peu plus Horizontal and vertical
roughing rolls
spécifique des poutrelles est montrée en figure 13. La
capacité des laminoirs de profilés est fonction du type
de profilés (forme et dimensions) et se situe entre 200
000 tonnes et 1 million de tonnes par an.
Horizontal and vertical
finishing rolls
2
La suite de ce chapitre, jusqu’au para. 1.7 y-compris, est entièrement tirés de [1]
EIA-FR, GC
Construction en acier 1.6
C. Deschenaux
L'acier d'une pièce qui a subi une opération de durcissement par trempe est
caractérisé par une dureté plus élevée. Cette dureté s'accompagne dans certains cas
d'une grande fragilité (manque de ductilité des matériaux) et de l'existence de
contraintes résiduelles. En général, une telle pièce ne peut pas être utilisée telle
quelle et doit subir un revenu.
Le revenu après trempe est un traitement thermique servant à ajuster la ténacité d'un
acier trempé, c'est-à-dire à atténuer sa fragilité. La ténacité est la propriété des
matériaux d'être à la fois déformables et résistants (dans le diagramme contrainte-
déformation spécifique, la ténacité correspond à la surface sous la courbe a-e). Le
revenu consiste à chauffer le métal à une température relativement basse (inférieure
au point de transformation en austénite), ceci pour diminuer la dureté de l'acier et
éliminer une partie des tensions, puis à maintenir cette température et à refroidir plus
ou moins rapidement suivant la forme de la pièce (fig. 1.6). L'opération de revenu doit
être effectuée aussitôt la trempe terminée.
Figure 1.6
EIA-FR, GC
Construction en acier 1.7
C. Deschenaux
1.5 Produits des aciéries
Figure 1.7
Sur le marché, on trouve une série de profilés à ailes renforcées: les profilés HHD,
créés spécialement pour la réalisation de colonnes de bâtiments. On trouve
également des profilés appelés W, M ou S qui sont les profilés en double té nord-
américains. Leurs dimensions sont sensiblement différentes de celles des profilés
européens, mais la série complète peut être comparée à la série des double té
européens.
Précisons que des profilés en té peuvent être obtenus à partir des profilés en double
té IPE, HEA et HEM en effectuant une coupe longitudinale à mi-hauteur de l'âme.
Cela donne les séries des demi-profilés désignés respectivement par IPET, HEAT et
HEBT.
EIA-FR, GC
Construction en acier 1.8
C. Deschenaux
1.5.1.2 Profilés U
Les profilés U (fig. 1.8) sont souvent utilisés comme
éléments secondaires. En Europe, on distingue les
séries UNP avec les faces internes des ailes
inclinées et UAP à épaisseur d'ailes constante.
Figure 1.8
Figure 1.9
Figure 1.10
Figure 1.11
EIA-FR, GC
Construction en acier 1.10
C. Deschenaux
flambage (chap. 10), d'avoir une inertie identique
selon les deux axes. De plus ils sont souvent
préférés pour des raisons esthétiques.
Outre les produits laminés à chaud et les produits
façonnés à froid, on distingue encore d'autres
procédés de mise en œuvre de l'acier, comme par
exemple le forgeage (façonnage par choc ou par
pressage) et le moulage (métal en fusion coulé
dans des moules).
Figure 1.12
Figure 1.13
Les imperfections géométriques ont diverses incidences pratiques, notamment
certaines difficultés d'accostage de tôles ou d'autres éléments de construction en cas
de soudage. Pour éviter au maximum les difficultés qui pourraient se rencontrer lors
de la phase de montage d'une structure, il est particulièrement important de soigner la
conception des détails de construction. La figure 24 montre comment éliminer les
problèmes de tolérances pour deux cas concrets:
Dans le cas des profilés en double té fermés sur les côtés (figure 1.14), on peut
éliminer les problèmes de tolérances (perpendicularité et planéité des ailes, largeur
des fers plats, hauteur de la section) en choisissant de souder les plaques sur
l'extérieur des ailes au lieu de les placer entre les ailes.
EIA-FR, GC
Construction en acier 1.11
C. Deschenaux
Pour les raidisseurs, on aura avantage à les concevoir moins hauts que la hauteur
intérieure du profilé, pour ne pas avoir à les ajuster aux dimensions réelles du profilé.
Figure 24
3
Les pages 1.22 à 1.27 sont basés sur des extraits de [6] et [7]
EIA-FR, GC
Construction en acier 1.12
C. Deschenaux
Dans la figure 1.15, on à tracé la relation contrainte-déformation spécifique des deux
principaux types d’acier
utilisés dans la construction
(S235 et S355), où l'on a
admis un comportement
parfaitement linéaire du
matériau jusqu'à la limite
d’élasticité. Si l'allure des deux
courbes données à la figure 28
correspond à celle obtenue
lors d'un essai de traction, les
valeurs numériques qui y sont
indiquées sont les valeurs Figure 1.15
caractéristiques.
La figure 1.17 donne un exemple de l'allure des résultats d'essais de résilience sur
une éprouvette à entaille en V selon que la vitesse d'impact est élevée (choc, essai
dynamique) ou lente (essai statique).
Ces deux courbes montrent bien que la résilience des aciers est fonction de la
température et de la vitesse de chargement.
En mesurant la résilience, il est possible de différencier les aciers les uns des autres
EIA-FR, GC
Construction en acier 1.13
C. Deschenaux
et d’en définir la qualité que l'on
symbolise par deux lettres. Par exemple,
la désignation d'un acier doux de
construction métallique (acier non allié à
faible teneur en carbone) de qualité JR
s'écrit S235 JR.
Notes
La résilience n'est pas une indication
directe du risque de rupture fragile d'une
structure métallique: celui-ci dépend Figure 1.17
également de la température de service
et de la dimension de l'élément de
construction.
La résilience est aussi la mesure de la
ténacité d’un acier, c’est-à-dire sa
résistance à la propagation brutale d’une
fissure.
EIA-FR, GC
Construction en acier 1.14
C. Deschenaux
Exemple
La qualité d’acier S355 d’une tôle de 60 mm d’épaisseur pour un pont-rail sera
choisie égale à J2.
La norme précise aussi les points suivants :
- Une ténacité suffisante est particulièrement importante dans les cas d’éléments de
construction soudés constitués de matériaux de forte épaisseur, comportant des
contraintes résiduelles élevées, ayant subi un façonnage à froid, comprenant des
angles rentrants aigus ou sollicités de façon dynamique.
- La soudabilité des aciers des qualités d’acier JR, J0, J2 et K2 est, en général,
assurée pour tous les procédés de soudage. Allant de la qualité d’acier JR à la
qualité K2, la soudabilité s’améliore en même temps que la ténacité s’accroît.
- L’accroissement de l’épaisseur et celui de la résistance à la traction augmentent la
tendance à la formation de fissures à froid dans les zones affectées
thermiquement et présentant des contraintes résiduelles élevées. Dans de tels
cas, le choix de mesures appropriées lors des travaux de soudage (voir le chiffre
8.5.1.3) est tout aussi important que le choix des matériaux.
- Lors de la conception des détails de construction, il faut tenir compte du fait que
certains matériaux ne peuvent pas être soudés, ou ne peuvent l’être qu’en
respectant des conditions très strictes:
- le soudage interdit pour les aciers de précontrainte, les tiges d’ancrage et les
boulons à haute résistance
- les aciers à haute teneur en carbone (par ex. E295; E335; E360 selon la norme
de référence 05) ne peuvent être soudés que dans des conditions particulières
- pour le soudage des aciers d’armature voir la norme SIA 262
- soudage interdit pour les profilés en acier coulé en coulée continue non traités,
tant qu’aucun contrôle de procédé n’a été effectué pour la livraison concernée.
-
Les mesures de protection nécessaires doivent être précisées dans la base de projet.
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Construction en acier 1.15
C. Deschenaux
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Construction en acier 1.16
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