Assemblages boulonnés
Figure 8.1
8.1.2. Boulons
8.1.2.1. Description
partie
filetée
tête (6 pans) tige
Les boulons employés dans la construction métallique sont constitués d'une tige file-
tée sur une partie de sa longueur, d'une tête à six pans et d'un écrou.
Les boulons sont aussi munis d'une rondelle afin de
− s'assurer que la partie filetée de la tige est à l'extérieur des éléments reliés par
le boulon
− obtenir une meilleure répartition de l'effort de précontrainte dans les assembla-
ges précontraints
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.1
C. Deschenaux
On distingue deux types de boulons, soit les boulons de charpente métallique et
ceux à haute résistance.
- Boulons de charpente métallique
Ceux-ci sont désignés par les lettres SBS qui signifient "Stahlbauschraube" et
sont constitués d'un acier dont la limite d'élasticité vaut 240 resp. 300 N/mm2. Les
boulons de charpente métallique s'emploient couramment pour réaliser les as-
semblages faiblement sollicités des halles et des bâtiments, pour autant que les
sollicitations restent principalement statiques.
- Boulons à haute résistance
L'acier des boulons à haute résistance, désignés par les lettres SHV (pour "Stahl-
bau hochfeste vorgespannte Schraube) possèdent une limite d'élasticité égale à
640 respectivement 900 N/mm2. Ils sont principalement employés dans les as-
semblages fortement sollicités, les ponts et les connections soumises à des ef-
forts dynamiques.
8.1.2.2. Acier
Les nuances d’acier les plus courantes sont les nuances 4.6 resp. 5.6 pour les bou-
lons de charpente métallique et 8.8, resp. 10.9 pour ceux à haute résistance.
f [N/mm2]
La signification de ces nombres est la 1000
suivante:
800
Ainsi, un boulon SBS 4.6 est constitué d'un acier dont la résistance à la traction vaut
fu=400 N/mm et sa limite d'élasticité est équivalente à fy=6/10x400=240 N/mm2.
La figure 8.4 ci-contre donne les diagrammes contrainte-déformation des différents
boulons employés dans la construction métallique en Suisse.
Tableau 8.1
Définitions e p 2 e 2 2
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.3
C. Deschenaux
Les distances minimales ont été fixées en fonction de l'outillage (dimension des
clefs) et pour éviter la rupture prématurée des tôles.
Afin d'éviter tout bâillement des tôles et réduire ainsi les risques de corrosion, il est
conseillé de respecter les écartements maximums prescrits par les Eurocodes et
schématisés dans les deux dessins ci-dessous (cf. fig. 8.5). En cas de compression,
s'il y a risque de voilement des éléments boulonnés, des écartements plus faibles
peuvent être nécessaires.
p2<14t et <200 mm
e1<40 mm + 4t e1<12t et <150 mm
..
Figure 8.5
8.3. Résistance des boulons
P/2
P
P/2
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.4
C. Deschenaux
considération que l'effort tranchant qui est toujours maximum à l'endroit où les pla-
ques se touchent.
Il faut s'assurer de plus que les plaques puissent supporter les pressions latérales
auxquelles elles sont soumises.
e1 p1 p1 p1 e1
Figure 8.8
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.5
C. Deschenaux
8.3.3. Pression latérale
Pour ce contrôle, on admet que la pression latérale se répartit uniformément sur les
tôles (cf. fig. 8.9).
LR
Figure 8.9
⎧⎪ e1 ⎛ p 1⎞ ⎫⎪
avec α = min ⎨0.85 ; 0.85 ⎜ 1 − ⎟ ; 2.4 ⎬
⎪⎩ d0 ⎝ d0 2 ⎠ ⎭⎪
Remarque:
La pression de contact qui agit sur la tige du boulon n'est pas déterminante car le
boulon se ruine toujours par cisaillement.
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.6
C. Deschenaux
8.3.4. Résistance à la traction
Dans les assemblages sollicités en traction, les for-
ces se transmettent d'un élément à l'autre directe-
ment pas l'intermédiaire des boulons dont la résis-
tance ultime des dépend uniquement de leur résis- T/2 T/2
tance à la traction fu,b.
La résistance ultime à la traction d'un boulon (cf. fig. T/2 T/2
8.10) est directement proportionnelle à la résistance
à la traction fu,b du matériau du boulon et à l'aire de
la section résistante As.
Figure 8.10
La valeur de calcul de la résistance en traction d’un
boulon vaut:
fub As
Ft , Rd = 0.9 (8.5a)
γM2
L'utilisation des boulons précontraints est fortement recommandée pour tous les as-
semblages sollicités à la traction et obligatoire pour les assemblages soumis à des
charges de traction répétées en raison de la sensibilité élevée à la fatigue de ces as-
semblages ([N6] & 6.2.2.3). De cette façon, la précontrainte réduit la différence de
contrainte dans les boulons.
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.7
C. Deschenaux
8.4. Résistance des moyens d’assemblage
Fi Fxi x
M ri z
Fzi
Figure 8.12
Les forces dans les boulons provenant d’une force Q agissant au centre de gravité
des boulons valent, quant à elles :
Q Q Q
Fi = Fxi = cosα Fzi = sinα (8.8)
n n n
Fxi
Fi
α Fzi
Figure 8.13
L’analyse d’une force excentrée agissant sur un ensemble de boulons caractérisé
par un centre de rotation libre peut être faite de la façon indiquée ci-dessous.
La force excentrée Q peut être remplacée par un système force-couple ( Q / M = Q ⋅ e )
agissant au centre de gravité des boulons. Les forces agissant sur les boulons résul-
tent de la sommation des charges dues au moment M et les charges provenant de
F. La résultante agissant sur chaque boulon peut être déterminée à partir des com-
posantes selon x et z provenant de l’effort M et de Q.
Q
Fx = Fx ( Q ) + Fx ( M ) α
M=Qe
Fz = Fz ( Q ) + Fz ( M ) (8.9) e Q
Ftot = F + F
x
2
z
2
Figure 8.14
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.8
C. Deschenaux
8.4.2. Transmission d’un effort au moyen de platines
Figure 8.15
4 γ M1
Bt ,Rd : résistance de calcul à la traction d’un boulon uni-
que dans l’assemblage
∑ Bt ,Rd : sommation à tous les boulons en traction
n ≤ 1.25m : distance entre le bord latéral de la plaque et les
boulons n=emin, mais n ≤ 1.25m
M: distance entre les boulons et le congé, respecti-
vement la soudure
l: longueur effective de l’assemblage
Figure 8.16
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.9
C. Deschenaux
Longueur effective lo
La longueur effective lo égale à la somme des longueurs effectives telles qu’indiques
dans la figure ci-dessous.
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.10
C. Deschenaux
En cas de renfort, on peut,
selon [17], appliquer les rè-
gles simplificatrices suivan-
tes
a) Aucun renforcement ne
doit être prévu si
l’épaisseur de l’aile de la
colonne ne dépasse pas
les valeurs limites données
dans le tableau représenté
dans la figure 8.21.
b) Si l’épaisseur minimale tf
de l’aile de la colonne don-
née dans le tableau ci-
d : diamètre de la tige des boulons utilisés
dessus n’est pas respec-
tée, les mesures construc- Figure 8.21
tives ci-dessous doivent
être prises.
b1) Attaches calculées sans raidisseurs
Soudure de raidisseurs au niveau des ailes du sommier et contrôle des épais-
seurs come si l’attache était raidie
b2) Attaches raidies
Prévoir des cales supplémentaires selon la figure 8.22. Ces cales auront des
dimensions maximales, tout en tenant compte des cotes a1 et aF.
dp : épaisseur de la platine
Figure 8.22
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.11
C. Deschenaux
8.4.2.2. Transmission d’un moment de flexion
Les systèmes statiques des assemblages sont ceux représentés dans la figure 8.23.
La transmission du moment de flexion peut se modéliser en admettant une force de
compression Fc transmise directement par contact, et des efforts de traction Ft sur
les boulons les plus proches de l'aile tendue (les autres boulons sont réservés à la
transmission d'un éventuel effort tranchant).
Figure 8.23
Figure 8.24
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.12
C. Deschenaux
En principe, les forces concentrées seront introduites dans les éléments porteurs à
parois minces par l'intermédiaire de raidisseurs. Toutefois, pour des raisons de coût,
il arrive que ces raidisseurs ne soient pas utilisés; l'âme est alors seule à résister et
la question de sa résistance ultime se pose.
Trois modes de ruine gouvernant la résistance d'une âme non raidie soumise à une
charge transversale ont été expérimentalement mis en évidence; ils sont explicités
dans la figure 8.25 ci-dessous.
Figure 8.25
8.5.2. Vérifications
a) Mesures constructives
La semelle sur laquelle la charge est appliquée doit, en principe, être latéralement
maintenue au droit du point d'application de la charge afin d'éviter tout risque de dé-
versement. Lorsque ceci n'est pas réalisé, une investigation spécifique eu égard à la
résistance au voilement doit être entreprise.
Figure 8.26
b) Répartition des efforts
L'analyse de l'état de contrainte au droit du point d'application d'une force concen-
trée est très complexe. La diffusion des efforts et la répartition des contraintes ne
sont pas linéaires. Pour le dimensionnement, on admet que la force se diffuse linéai-
rement dans la plaque selon une pente 1/5 dans les ailes, respectivement 1/1 dans
les plaques intermédiaires (fig. 8.27 et 8.28)
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.13
C. Deschenaux
Sans plaques intermédiaires
Figure 8.27
Figure 8.28
Figure 8.29
(8.13)
On contrôlera également que l'aile ou la plaque de tête soit suffisamment rigide afin
que la ruine ne se produise pas par flexion.
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.14
C. Deschenaux
d) Vérification de la stabilité de l'âme
Si la force à introduire est une compression, on doit en plus
contrôler la stabilité de la paroi comprimée car la ruine peut se
produire par voilement local (fig. 8.30). Ce contrôle se fera se-
lon les indications données ci-dessous.
Figure 8.30
Figure 8.31
(8.14)
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.15
C. Deschenaux
8.6. Calcul d’assemblages types
8.6.1.1. Contrôles
Les contrôles suivants devront être ef-
fectués pour ce type d’attache :
¾ Contrôle du cisaillement des bou-
lons (para 8.3.2)
¾ Contrôle de la pression latérale
(para. 8.3.3)
¾ Vérification de la section brute et
nette (para. 8.8.1.2)
¾ Introduction des forces dans le
gousset (para. 8.8.1.3)
De plus, on veillera à contrôler
l’influence d’éventuelles excentricités
des moyens d’assemblage.
Figure 8.32
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.16
C. Deschenaux
8.6.1.4. Assemblages des cornières
Pour les assemblages impliquant une cornière simple fixée par une seule rangée de
boulons (Figure 8.35), la valeur de calcul de la résistance ultime de l’assemblage
Nu,Rd est limitée par le critère de défaillance ci-dessous
0.9 fu At + f y / 3 Av ,brut
N eff , Rd = (8.16)
γM2
Figure 8.35
Pour les assemblages avec un seul boulon, la valeur de calcul de la résistance ul-
time de l’assemblage est limitée, en raison de l’excentricité, à la valeur :
0.9fu ( 2e2 − d 0 ) t
Neff ,Rd = (8.17)
γ M2
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.17
C. Deschenaux
8.6.3. Assemblage poutre-colonne
La figure 8.37 donne quelques exemples d’assemblages conçus pour ne transmettre
qu’un seul effort tranchant entre une poutre et une colonne.
Figure 8.37
Pour le dimensionnement des assemblages (a) et (b), on peut assumer que les bou-
lons ne reprenne qu’un seul effort tranchant.
Le dimensionnement de la connexion sur la colonne (c), respectivement sur la pou-
tre (d) doit prendre en considération l’influence du moment de flexion car la distance
entre les centres de gravité des groupes de boulons est trop grande pour être igno-
rée. Le choix de l’endroit où se trouve la rotule (figures 8.29c et d) détermine quel
groupe de boulons doit être dimensionné pour reprendre le moment de flexion.
Exemple
En plus des boulons de l’assemblage représenté dans la figure 8.37b, il faut vérifier
la résistance à l’effort tranchant de l’âme à la hauteur de l’assemblage et celle des
plaques de tête.
La résistance à l’effort tranchant de l’âme du profil ne dépassera pas
fy
VEd ≤ ( hp − tf ) tw
1
(8.18)
3 γ M1
Pour les platines de tête, les contrôles suivants doivent être effectués:
τy fyd 1
Section brute: VEd ≤ 2 ⋅ hp ⋅ t p = 2 ⋅ hp ⋅ t p (8.19)
γ M1 3 γ M1
VEd ≤ 2 ⋅ ( hp − 2d0 ) ⋅ t p
0.9 f u 1
Section nette: (8.20)
3 γM2
Figure 8.38
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.19
C. Deschenaux
a) Défaillance par cisaillement dans la section nette (Figure 8.41)
0.9 fu
Veff , Rd = Av ,net (8.21)
γM2 3
Figure 8.41
0.9 f u At + f y / 3 Av ,brut
Veff , Rd = (8.22)
γM2
Figure 8.42
8.6.5.1. Rotule
Les couvre-joints sont utilisés non seulement pour trans-
mettre un effort normal, mais aussi pour transférer un effort
tranchant d’une partie de poutre à l’autre. Il s’agit dans ce
cas d’une rotule et seule l’âme du profil doit être reliée.
La figure 8.43 donne deux possibilités. L’assemblage (a)
est le plus commun. Puisque les deux groupes de boulons
présente la même rigidité, il est logique de situer l’endroit
où le moment est égal à zéro à mi-distance des couvre-
joints. C’est pourquoi les deux groupes de boulons sont sol-
licités par l’effort tranchant V et le moment dû à
l’excentricité V ⋅ a . Le calcul des forces dans les boulons se
fera selon la théorie décrite sous 8.4.1.
Figure 8.43
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.20
C. Deschenaux
8.6.5.2. Transmission d’un effort tranchant et d’un moment
Cet assemblage de poutres consiste à relier
l’âme et les ailes des deux parties de la pou-
tre au moyen de couvre-joints (figure 8.44).
On peut assumer dans cet exemple que tout
le moment est repris par les ailes alors que
l’âme ne reprend que l’effort tranchant. Le
côté droit de l’assemblage est le plus sollici-
té et, en cet endroit, les composants de
l’assemblage doivent pouvoir reprendre
l’effort tranchant V et le moment de flexion
M +V ⋅ a .
Figure 8.44
EIA-FR, GC
Construction en acier 8.21
C. Deschenaux