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Les enjeux juridiques de l'adoption internationale

Edith Sudre
Magistrate, Adjointe au chef du service de l’adoption internationale
Port au Prince 13 - 15 décembre 2011
Introduction

Une procédure d'adoption c'est :

► beaucoup d'éthique,

► quelques règles de droit essentielles,

► une mesure de protection de l'enfant privé de


famille.
La Convention internationale des droits de
l'enfant du 20 novembre 1989

► Cette Convention a été ratifiée par la France le 7 août


1990 et par la République d'Haïti le 8 janvier 1995.

► L'article 21 de ce texte relatif à l'adoption


La Convention de la Haye sur la protection des enfants et la
coopération en matière d'adoption internationale du 29 mai 1993

Ce texte énonce cinq principes fondamentaux

► La République d'Haïti a signé la CLH 93 le 2 mars 2011 et s'est engagée dans une
démarche de ratification nécessitant le vote d'une loi réformant l'adoption pour se
mettre en conformité avec les principes de la CLH 93 et la mise en place de structures
garantissant l'application de ce texte.

► La France a, de son côté, ratifiée la CLH 93 le 30 juin 1998 et ce texte est entré en
vigueur le 1er octobre 1998.

► A ce titre, la France est tenue d'appliquer les principes de la CLH 93 dans ses relations
avec les pays membres de la Convention et de tout mettre en œuvre pour appliquer ces
mêmes principes dans ses relations avec les pays non membres de la CLH 93.

► 85 Etats sont actuellement membres de la CLH 93.


Le principe de coresponsabilité des Etats

► En application de l'article 5 de la CLH 93 les Etats d'accueil sont tenus :


- de garantir la capacité des candidats à l'adoption à accueillir un enfant dans
de bonnes conditions,
- s'assurer de la préparation des candidats à l'adoption à accueillir un enfant,
- garantir l'entrée et le séjour permanent de l'enfant dans le pays d'accueil.
► En application de l'article 4 de la CLH 93 Les Etats d'origine sont tenus de :
- garantir l'adoptabilité de l'enfant,
- s’assurer qu’aucune autre solution de placement de l'enfant dans son pays
d'origine n’est possible,
- s'assurer que le consentement à l'adoption donné par les représentants
légaux de l'enfant a été donné en connaissance de cause des effets de la décision
entraînant le maintien ou la rupture du lien de droit entre l'enfant et sa famille d'origine
et que ce consentement a été donné librement, dans les formes légales, sans
contrepartie financière et après la naissance de l'enfant.
- s'assurer, lorsque le consentement de l'enfant est requis que celui-ci a été
donné dans les mêmes conditions.
Les obligations de l'Etat d'accueil au regard des
familles adoptantes

A- La capacité légale des familles adoptantes :

►Les conditions légales pour pouvoir adopter en France :

Etre marié depuis au moins deux ans Avoir 15 ans de plus que l'enfant
ou si l'un et l'autre conjoint ont plus adopté et 10 ans s'il s'agit de
de 28 ans l'enfant du conjoint

Etre célibataire âgé de plus de


30 ans
Les obligations de l'Etat d'accueil au regard des
familles adoptantes
► Les conditions légales pour pouvoir adopter en Haïti :

Dans la loi votée le 7 mai 2010 par Propositions d’amendements


Dans le décret du 4 avril
élaborées avec l’UNICEF
1974 la Chambre des Députés

- Etre âgé de 35 ans - Etre âgé de 50 ans au plus sauf en cas - Etre âgé de 50 ans au plus sauf
révolus célibataire ou d'adoption intrafamiliale en cas d'adoption intrafamiliale
marié depuis au mois 10 - Etre un couple hétérosexuel
ans - Etre un couple hétérosexuel marié et marié et non séparé de corps
non séparé de corps après 5 ans de après 5 ans de mariage ou si
- Ne pas avoir d'enfant mariage ou si l'un des conjoints est âgé l'un des conjoints est âgé de
naturel ou légitime sauf de plus de 30 ans plus de 30 ans
dispense présidentielle
- Etre un couple de célibataires - Etre un couple de célibataires
- Avoir au mois 19 ans de hétérosexuels dûment reconnu depuis hétérosexuels vivant ensemble
plus que l'adopté au moins 10 ans depuis au moins 5 ans

- Etre un célibataire veuf ou divorcé, - Etre un célibataire âgé de 30


âgé de 35 ans révolus sans enfant ans révolus.
biologique, avoir 16 ans de plus que
l'enfant adopté
Les obligations de l'Etat d'accueil au regard des
familles adoptantes
B- La capacité psychologique et sociale des familles adoptantes: l'agrément en vue
d'adoption

► L’agrément : un préalable nécessaire

- L’agrément est délivré dans un délai de 9 mois après réception du dossier, par le Président du Conseil
Général du domicile des candidats à l’adoption, après avis de la Commission d’agrément constituée à cet
effet.
- Les candidats à l’adoption sont invités dans un délai de 2 mois à compter du dépôt du dossier à participer
à une réunion d’information préalable.
- Ils constituent un dossier comprenant des pièces d’état civil, un certificat médical de tous les membres de
la famille résidents au foyer, éléments de revenus, casier judiciaire bulletin n° 1.
ils font l’objet de deux évaluations sociales et psychologiques réalisées à partir d’entretiens avec des
travailleurs sociaux et un psychologue. Deux entretiens au moins sont obligatoires dont un au domicile des
adoptants.
- La Commission d’agrément donne un avis motivé.
- La proposition d’attribution ou de rejet est transmise au Président du Conseil Général pour décision.
la décision est notifiée aux adoptants. L’arrêté portant attribution de l’agrément précise le nombre
d’enfants pour lequel il est délivré. L’agrément est valable 5 ans. Les candidats à l’adoption doivent par la
suite renouveler par écrit chaque année le maintien de leur projet d’adoption.
Les obligations de l'Etat d'accueil au regard des
familles adoptantes

C- La préparation des candidats à l'adoption

► Le dossier des adoptants

►Le rôle des organismes agréés pour l'adoption

L'article 9 de la CLH 93 prévoit expressément que les procédures d'adoption


doivent être menées directement par l'autorité centrale ou par des organismes
publics ou privés dûment délégués à cet effet.

► La France applique ce principe dans les pays membres de la CLH 93 mais


autorise l'adoption individuelle dans les pays non membres de la CLH 93
Les obligations de l'Etat d'origine au regard de l'enfant

A- L'adoptabilité de l'enfant
Propositions d’amendements
élaborées avec l’UNICEF
La loi haïtienne (décret du La loi votée en première Il prévoit que sont adoptables les
4 avril 1974) lecture par la Chambre des enfants :
Députés le 7 mai 2010
Agés de 0 à 16 ans, sans - Dont l’adoptabilité a été prononcée
filiation connue, orphelins, par le Doyen ou un juge délégué,
dont les parents ou Elle prévoit que sont âgés de moins de 16 ans, orphelins,
représentants légaux ont adoptables les enfants : abandonnés sans filiation
consenti à l'adoption. - âgés de moins de 16 ans - Dont les parents biologiques ont
- orphelins, abandonnés et dont été déchus de leurs droits parentaux
suite à une sentence judiciaire
les parents se trouvent dans
l’incapacité totale de subvenir à - Dont les parents biologiques ont
leurs besoins consenti à leur adoption
Ce projet de loi prévoit également
Ce texte prévoit également que que l’enfant capable de
l’enfant de plus de huit ans doit discernement doit donner son
donner son consentement. consentement.
Les obligations de l'Etat d'origine au regard de l'enfant

► Le contrôle de l'adoptabilité des enfants

- Importance de l'état civil.

- Nécessité d'un contrôle effectué par un tiers impartial qui


ne saurait être le responsable de la crèche.

- Sauf en cas d'adoption intrafamiliale, l'identification d'un


enfant par les candidats à l'adoption avant qu'il ne soit
déclaré adoptable est source de graves dérives.
Les obligations de l'Etat d'origine au regard de l'enfant

B) Le consentement à adoption
En droit français (article 370-3 du code civil) les règles relatives au consentement à adoption
sont celles de la loi personnelle de l'enfant.

La loi haïtienne prévoit que le consentement à adoption doit être donné :

► Dans les formes légales :


- Devant le notaire ou le juge de paix par les parents biologiques ou les
représentants légaux de l'enfant lorsqu'ils existent et sont en capacité de consentir à
l'adoption,
- Par le conseil de famille si l'enfant est orphelin,
- Par le maire de la commune si l'enfant est abandonné.

► De manière libre et sans contrepartie financière. Le consentement à adoption doit être


dénué de toute forme de pression de quelque nature que ce soit.

► Après la naissance de l'enfant pour éviter toute tractation frauduleuse.


Les obligations de l'Etat d'origine au regard de l'enfant

► En toute connaissance des effets de la décision rendue


● Nécessité de prévoir dans la loi un délai de rétractation :

- En France ce délai est de deux mois,


- En Haïti, le décret du 4 avril 1974 ne prévoit aucun délai de rétractation alors que la loi
votée le 7 mai 2010 par la Chambre des députés prévoit un délai de trois mois après la saisine de
l'IBESR. Quid du texte définitif ?

● Importance d'une information complète et précise des représentants légaux de


l'enfant sur les effets de l'adoption simple et de l'adoption plénière.

- Adoption simple
- Adoption plénière

● En Haïti, Le décret du 4 avril 1974 ne prévoit que l'adoption simple. La loi votée
le 7 mai 2010 par la Chambre des députés prévoit les deux formes d’adoption : adoption simple et
adoption plénière. La CLH 93 encourage l'adoption plénière afin de garantir à l'enfant privé de famille
une bonne intégration dans le pays d'accueil.
Les obligations de l'Etat d'origine au regard de l'enfant

C- L'apparentement

► Nécessité de dissocier l'étape du consentement de celle de


l’apparentement

- Un consentement d’ordre général doit précéder l’apparentement.

► Nécessité d’un contrôle de l'autorité centrale du pays d'origine selon une


procédure transparente et impartiale
Les obligations de l'Etat d'origine au regard de l'enfant

D- Le jugement d’adoption

► La décision prononçant l’adoption appartient au pays d’origine

- Elle relève de l’appréciation souveraine des juges chargés de


vérifier :

● que le dossier est complet


● que les pièces produites sont régulières
● que le projet est conforme à l’intérêt de l’enfant
La reconnaissance dans le pays d'accueil de la décision
étrangère

A- Les obligations du pays d'origine

► S'assurer que la procédure locale a été respectée :

- Le consentement à adoption, l’apparentement, la validation


du projet d'adoption par l'IBESR, le jugement d'adoption, le
passeport, l’autorisation de sortie du territoire de l'enfant.

► S'assurer qu'à chaque étape de la procédure une décision a été


prise par une autorité compétente

►S'assurer de l'absence de fraude


La reconnaissance dans le pays d'accueil de la décision
étrangère

B- Les obligations du pays d'accueil


► Garantir l'entrée et le séjour permanent de l'enfant afin de permettre son intégration sociale, affective,
juridique
Cette étape de la procédure se traduit en France par :
● la délivrance du visa long séjour adoption valable un an.
● la mise en œuvre d'un procédure destinée à faire reconnaître les effets de la décision
étrangère à l'égard de tous.
En cas d'adoption simple
- Procédure d'exequatur devant la juridiction
En cas d'adoption plénière spécialisée en matière d'adoption du domicile des
parents adoptifs.
- Procédure administrative de transcription
par le parquet de Nantes de la décision - Un contrôle de la régularité de la décision étrangère
étrangère sur les registres de l'état civil portant sur la compétence des autorités étrangères,
français. l'absence de fraude et la conformité à l'ordre public
français de la décision rendue est effectué.
- Un nouvel acte de naissance est alors établi
mentionnant que l'enfant adopté est né de - Un acte de naissance mentionnant la filiation
M.... et de Mme...,à..., le ...,. d'origine de l'enfant et portant la mention adoption
est établi.
La reconnaissance dans le pays d'accueil de la décision
étrangère

► L'intérêt de la CLH 93
Entre les pays membres de la CLH 93 la délivrance du certificat de conformité (article 23 de
la CLH 93) permet de simplifier les démarches de reconnaissance des effets de la décision
étrangères réduites à une simple formalité.

► Faciliter l'acquisition de la nationalité française


- En cas d’adoption plénière, la transcription sur les registres de l'état civil français
de la décision d'adoption plénière entraîne automatiquement l'acquisition par l'enfant
adopté de la nationalité française dès lors que l'un des parents adoptifs était lui-même
français au moment de sa naissance.

- En cas d’adoption simple, la transcription à Nantes du jugement d'adoption


simple permet une procédure de déclaration de nationalité française devant le juge
d'instance du lieu du domicile de la famille adoptive est nécessaire.
Le suivi post adoption

► Les recommandations de la CLH 93

Le guide des bonnes pratiques de la CLH 93 incite à la rédaction des


rapports de suivi post adoption.

► La commission spéciale qui s’est réunie en 2005

Elle recommande dans l’intérêt des enfants, de limiter la période durant


laquelle les rapports de suivis doivent être adressés à l’Etat d’origine.
Le suivi post adoption

► La pratique en Haïti

Le décret du 4 avril Le texte de loi votée le 7 mai Propositions


1974 ne prévoit aucune 2010 par la Chambre des d’amendements élaborées
obligation de rapport de avec l’UNICEF :
députés prévoit une
suivi concernant obligation de rapport de - 3 rapports la première
l’enfant adopté suivi à raison de : année,
- 3 rapports par an les trois - 2 rapports les deux
premières années, années suivantes
- 2 rapports par an les deux
années suivantes,
- 1 rapport annuel ensuite
jusqu’à la majorité de
l’enfant.
Statistiques

► Haïti est un pays où de nombreux enfants sont proposés chaque année à l'adoption

● En 2009, 1086 enfants haïtiens ont été adoptés dans le monde.

● En 2010, 1361 enfants haïtiens ont été adoptés dans le monde.

L'UNICEF a procédé en 2011 au recensement des enfants confiés à des structures publiques et
surtout privées. Tous ces enfants ne sont pas adoptables mais la précarité de leur situation
nécessite une mesure de protection de l'enfance.

►L'adoption internationale doit être l'ultime mesure susceptible d'être mise en œuvre
- Avant le séisme :

● La France était le premier pays d'accueil au monde des enfants adoptés en Haïti,
● Haïti était le premier pays d'origine des enfants adoptés par des familles françaises :

- 653 adoptions en 2009 sur 3017


- 992 en 2010 sur 3504
- 31 au 1er décembre 2011
Conclusion

Parce que le droit à l’enfant n’existe pas et que l’adoption est une
mesure de protection de l’enfance, le respect de ces règles est la
garantie des droits de l’enfant à grandir dans une famille lui permettant
de bénéficier des conditions physiques, matérielles, affectives,
psychologiques et morales propices à son épanouissement.

Parce que l’avenir d’un enfant est en cause, sa prise en charge


aujourd’hui engage la responsabilité de chacun.

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