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Beaucoup imaginent que la rhétorique classique, héritée

des Grecs à travers les Romains, est universelle, C'est en effet


celle qui semble régir la culture moderne, que l'Occident
a répandue sur l'ensemble de la planète, Le temps est
désormais venu d'abandonner un tel ethnocentrisme : la
rhétorique classique n'est pas seule au monde.

La Bible hébraïque, dont les textes ont été écrits surtout


en hébreu mais aussi en araméen obéit à une rhétorique
bien différente de la rhétorique gréco-romaine, il faut donc
reconnaître qu'il existe une autre rhétorique, la «rhétorique
hébraïque».

Quant aux autres textes bibliques, de l'Ancien Testament et


du Nouveau, qui ont été soit traduits soit rédigés directement
en grec, ils obéissent largement aux mêmes lois. On est donc
en droit de parler non seulement de rhétorique hébraïque,
mais plus largement de «rhétorique biblique».

En outre, ces mêmes lois ont ensuite été reconnues à


l'œuvre dans des textes akkadiens, ougaritiques et autres, en
amont de la Bible hébraïque, puis dans les textes arabes de
la Tradition musulmane et du Coran, en aval de la littérature
biblique, il faut donc admettre que cette rhétorique n'est
pas seulement biblique, et l'on dira que tous ces textes,
qui appartiennent à la même aire culturelle, relèvent d'une
même rhétorique qu'on appellera «rhétorique sémitique».

Contrairement à l'impression que ressent inévitablement le


lecteur occidental, les textes de la tradition sémitique sont
fort bien composés, à condition toutefois de les analyser en
fonction des lois de la rhétorique qui les gouverne. On sait que
la forme du texte, sa disposition, est la porte principale qui
ouvre l'accès au sens. Non pas que la composition fournisse,
directement et automatiquement, la signification. Cependant,
quand l'analyse formelle permet d'opérer une division
tisonnée du texte, de définir de manière plus objective son
contexte, de mettre en évidence l'organisation de l'œuvre
aux différents niveaux de son architecture, se trouvent
ainsi réunies les conditions qui permettent d'entreprendre,
sur des bases moins subjectives et fragmentaires, le travail
d'interprétation.
Du même auteur
dans le champ biblique

Quelle est donc cette Parole ? Lecture Una nuova introduzione ai vangeli sinottici,
«rhétorique» de l'Évangile selon saint Luc {1-9 et ReBib 4, 9, EDB, Bologna 2001 (trad. anglaise,
22-24), LeDiv 99AB, Cerf, Paris 1979. espagnole), 2006 2 ; éd. française, Une nouvelle
introduction aux évangiles synoptiques, RhSem
Initiation à la rhétorique biblique. Qui donc est
6, Lethielleux, Paris 2009-
le plus grand?, 1-11, Initiations, Cerf, Paris 1982.
Mort et ressuscité selon les Écritures, Bayard,
L'Évangile selon saint Luc. Analyse rhétorique,
Paris 2003 (trad. italienne).
l-fl, RhBib 1, Cerf, Paris 1988 (trad. italienne).
Lire la Bible, Champs 537, Flammarion, Paris
L'Analyse rhétorique. Une nouvelle méthode 2003 (trad. italienne).
pour comprendre la Bible. Textes fondateurs et
exposé systématique, Initiations, Cerf, Paris 1989 Il vangelo secondo Luca, ReBib 11 EDB, Bologna
(trad. italienne, anglaise). 2003.
Avez-vous lu saint Luc? Guide pour la rencontre, La Bible, idées reçues 9 4 Le Cavalier bleu,
LiBi 88, Cerf, Paris 1990 (trad. polonaise). Paris 2005.
Passion de Notre Seigneur Jésus Christ selon les Jçzyk Przypowiesci biblijnych, Mysl teologiczna
évangiles synoptiques, LiBi 99, Cerf, Paris 1993. 50, Wydawnictwo Wam, Krakôw 2005.

Avec N. Farouki, L. Pouzet et A. Sinno, Méthode L'Évangile de Luc, RhSem 1, Lethielleux, Paris
rhétorique et herméneutique, Analyse de textes 2005 (Grand Prix de philosophie de l'Académie
française 2006); RhSem 8, Gabalda, Pendé 2011.
de la Bible et de la Tradition musulmane, Dar
el-Machreq, Beyrouth 1993 (en arabe) ; éd. Études sur la traduction et l'interprétation de
française : Rhétorique sémitique. Textes de la la Bible, Sources/Cibles, École de traducteurs et
Bible et de la Tradition musulmane, Patrimoines. d'interprètes de Beyrouth, Beyrouth 2006 (trad.
Religions du Livre, Cerf, Paris 1998. italienne).
Avec P. Bovati, Le Livre du prophète Amos, RhBib Traité de rhétorique bibliquet RhSem 4 Lethiel-
2, Cerf, Paris 1994 (trad. italienne). leux, Paris, 2007 (trad. italienne, anglaise); Rh-
Sem 12, Pendé 2013.
Avec P. Bovati, La Fin d'Israël. Paroles d'Amos,
LiBi 101, Paris, Cerf, 1994. Appelés à la liberté, RhSem 5, Lethielleux, Paris
2008 (trad. italienne, espagnole, anglaise).
Lire la Bible, Dominos 92, Flammarion, Paris
1996 (trad. italienne, espagnole, portugaise). Preghiera e filiazione net vangelo di Luca,
Epifania délia Parola, NS 12, EDB, Bologna 2010
«E ora, scrivete per voi questo cântico.» Intro- (trad. française).
duzi o ne pratica all'analisi retórica, 1. Detti e pro-
verbi, ReBib 3, Edizioni Dehoniane, Roma 1996 «Selon les Écritures». Lecture typologique des
(éd. française). récits de la Pâque du Seigneur, Theologia 7, G&-B
Press, Rome 2012.
Jésus passe. Testament; procès, exécution et
La lettre aux Gâtâtes, RhSem 10, Gabalda,
résurrection du Seigneur Jésus dans les évangiles
Pendé 2012 (trad. italienne).
synoptiques, RhBib 3, PUG Editrice - Cerf, Rome
- Paris 1999 (trad. italienne). Avec ]. ONISZCZUK, Exercices d'analyse rhétorique,
RhSem 12, Gabalda, Pendé 2013 (éd. italienne).
«Vedi questa donna?» Saggio sulla comuni-
ca zione per mezzo dette parabole, Fede e comu- La Pâque du Seigneur. Passion et résurrection de
nicazione 9, Edizioni Paoline, Milano 2000; éd. Jésus dans les évangiles synoptiques, RhSem 14
française: «Tu vois cette femme?» Parieren para- Gabalda, Pendé 2013.
boles, LiBi 121, Cerf, Paris 2001. L'évangile de Marc, RhSem 16, Gabalda, Pendé
Wprowadzenie do hebrajskiej retoryki biblijnej 2014.
(Études de rhétorique biblique), Mysl Teologiczna Les huit psaumes acrostiches alphabétiques,
30, Warn, Krakow 2001. RhBibSem 6, G&B Press, Rome 2015.
ROLAND MEVNET

les huit psaumes


acrostiches
alphabétiuues

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Ce volume est publié avec le soutien de la RBS-Société internationale pour l'étude de la Rhétorique Biblique
et Sémitique
Il existe de nombreuses sociétés savantes dont l'objet est l'étude de la rhétorique. La plus connue est la
«Société internationale pour l'histoire de la rhétorique».
La RBS est la seule:
• qui se consacre exclusivement à l'étude des littératures sémitiques, la Bible essentiellement mais aussi
d'autres, des textes musulmans par exemple;
• qui s'attache par conséquent à inventorier et à décrire les lois particulières d'une rhétorique qui a
présidé à l'élaboration des textes dont l'importance ne le cède en rien à ceux du monde grec et latin dont
la civilisation occidentale moderne est l'héritière. Il ne faudrait pas oublier que cette même civilisation
occidentale est héritière aussi de la tradition judéo-chrétienne qui trouve son origine dans la Bible, c'est-
à-dire dans le monde sémitique. Plus largement, les textes que nous étudions sont les textes fondateurs
des trois grandes religions monothéistes, judaïsme, christianisme et islam. Une telle étude scientifique,
condition première d'une meilleure connaissance mutuelle, ne saurait que contribuer au rapprochement
entre ceux qui se réclament de ces diverses traditions.
Fondée à Rome, où se trouve son siège social, la RBS est une association sans but lucratif de droit italien
qui promeut et soutient les recherches et les publications:
• surtout dans le domaine biblique, aussi bien du Nouveau que de l'Ancien Testament;
• mais encore dans celui des autres textes sémitiques, en particulier ceux de l'islam.
L'objet essentiel de la RBS est de favoriser les projets de recherches, d'échanges interuniversitaires et de
publications dans le domaine de la rhétorique biblique et sémitique, spécialement grâce à la récolte des
fonds nécessaires pour le financement de ces divers projets.
La RBS accueille et regroupe d'abord les chercheurs et professeurs universitaires qui, dans diverses
universités ou instituts, en Italie et à l'étranger, travaillent dans le domaine de la Rhétorique Biblique et
Sémitique. Elle est ouverte aussi à tous ceux qui s'intéressent à ses recherches et entendent les soutenir.

Société internationale pour l'étude de la Rhétorique Biblique et Sémitique


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ISBN 978-88-7839-315-8
INTRODUCTION

La critique moderne des psaumes, comme des autres livres bibliques, s'est
longtemps concentrée sur la détermination des genres littéraires et l'étude de la
forme des textes.

Les genres littéraires


La démarche primordiale pour toute étude d'un des livres de la Bible est la déter-
mination de son genre littéraire ; les fameuses difficultés au sujet de la baleine
tombent d'elles-mêmes, quand on sait que le livre de Jonas est un apologue, et non un
récit historique. Il en est du psautier comme des autres écrits sacrés, avec cette
différence que c'est le genre littéraire de chaque psaume qu'il faut déterminer1.

Il n'est que de consulter les introductions aux psaumes dans les traductions
récentes de la Bible pour constater que toutes présentent une typologie, dis-
tinguant un certain nombre de « genres littéraires » (BJ), de « types » (Osty) ou
de « familles » (TOB).
Osty distingue douze types différents de psaumes : d'action de grâce, de
confiance, didactiques ou de « sagesse », de fidélité yahviste, historiques,
hymnes, du règne de Yahvé, royaux et messianiques, de Sion, supplications
individuelles, supplications collectives et enfin psaumes mixtes2.
La Bible de Jérusalem les classe en « trois grands genres » seulement : 1. Les
hymnes ; 2. Les supplications, ou psaumes de souffrances, ou lamentations ; 3.
Les actions de grâces — auxquels s'ajoute une catégorie ultérieure : 4. « Genres
aberrants et mélanges de genres », sans compter « Les psaumes royaux » qui
appartiennent à différents genres3.
Quant à la TOB, elle les répartit en trois « familles » : 1. Les Louanges — qui
comprennent : a) Les hymnes ; b) Les chants du règne ; c) Les cantiques de
Sion ; d) Les psaumes royaux — ; 2. Prières d'appel au secours, de confiance et
de reconnaissance (où, comme le titre le laisse entendre, sont distinguées trois
subdivisions) ; 3. Psaumes d'instruction (avec, de nouveau, trois subdivisions)4.
Les commentaires ne sont évidemment pas en reste. Ravasi pour sa part y voit
sept « familles » : 1. Famille hymnique ; 2. Famille des supplications (person-
nelles et communautaires) ; 3. Famille de confiance et de reconnaissance (avec
ses deux subdivisions) ; 4. Famille des psaumes royaux ; 5. Famille liturgique
(d'entrée, « réquisitoire », de pèlerinage) ; 6. Famille sapientielle (sapientiels,

1
Mannati - Solms, 37.
2
Osty, 1159.
3
La Bible de Jérusalem (1998), 863-866.
4
Traduction Œcuménique de la Bible. Ancien Testament (1980), 1260-1266.
8 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

alphabétiques) ; 7. Famille historique5. Il serait possible de continuer l'enquête,


qui ne ferait que confirmer la grande diversité des classifications. Alonso
Schoekel - Carniti écrivent : « Nous avons fait une rapide revue de onze types
ou groupes, que l'on pourrait enrichir avec d'autres »6.

Le genre littéraire des psaumes acrostiches alphabétiques


Dans ces classifications les psaumes acrostiches alphabétiques se trouvent
souvent placés dans un des genres littéraires. Ainsi Kraus achève sa cinquième et
avant-dernière catégorie de psaumes, « Poésie didactique », par ces lignes :
« Enfin, l'acrostiche semble avoir été une forme artistique favorite de la poésie
sapientielle didactique »7. Pour Ravasi ils font partie de la « famille sapien-
tielle », qui se subdivise en a. Psaumes sapientiels et b. Psaumes alphabétiques8.
La raison avancée est que l'alphabétisme « favorise la didactique mnémoni-
que ». C'est Pr 31 et surtout le Ps 119 qui offrent une telle caractéristique.
À la liste des alphabétiques nous devons rattacher aussi l'anthologique Ps 9-10, le Ps
25 qui est aussi une supplication personnelle, le Ps 34 qui est une action de grâces
individuelle, les deux hymnes des Ps 111 et 145. En revanche les Ps 37 et 112 sont
spécifiquement sapientiels9.

Pour Alonso Schoekel - Carniti, « Pour la forme externe les psaumes acrostiches
alphabétiques peuvent être classés comme groupe en lui-même [...] Pour les
thèmes et autres facteurs ces psaumes se distribuent dans les groupes précé-
dents ; ils semblent être tardifs »10. Dans ce cas particulier on touche du doigt les
limites de ce genre de classification.

Les formes
Chaque « genre littéraire » se caractérise par sa « forme » — appelée aussi
quelquefois « structure » ou même « organisation » —, à savoir l'ensemble des
éléments qui la constituent. Ainsi, selon la TOB, « Les appels au secours,
individuels ou collectifs, se développent d'ordinaire sur un rythme à quatre
temps : invocation du nom divin suivie d'un cri d'imploration, exposé de la
situation, supplication, certitude de l'exaucement » (p. 1263). Pour Weiser, la
plainte comprend les cinq constituants suivants : invocation, plainte, suppli-
cation, motivation, vœu11. Kraus raffine davantage encore : l'introduction (A)

5
Ravasi, I, 46-64.
6
Alonso Schoekel - Carniti, 114.
7
Kraus, I, 60.
8
Ravasi, I, 63.
9
Ravasi, I, 63.
10
Alonso Schoekel - Carniti, 114.
11
Weiser, 67.
Introduction 9

regroupe cinq éléments, le corps (B) pas moins de dix12. Comme pour les genres
littéraires, on voit la variété et la fluidité des propositions.
La « forme » — ou la « structure » — est donc un « modèle » abstrait, c'est-à-
dire déduit de l'observation et de l'analyse d'un certain nombre de textes
concrets. C'est en quelque sorte le dénominateur commun de plusieurs psaumes,
le schéma qui s'applique à tous les individus de la même classe, du même
« genre littéraire ». Il est certainement très utile de ne pas confondre les genres,
de ne pas prendre le premier chapitre de la Genèse pour un texte scientifique, de
ne pas confondre lamentation et louange, psaume royal et psaume didactique.

La composition spécifique de chaque psaume


Cela dit, les termes de « forme », « structure » ou « organisation » pourraient
s'appliquer aussi à une autre manière d'aborder les textes, celle qui cherche à
relever la physionomie spécifique de chaque individu textuel. C'est ce que fait
l'analyse rhétorique biblique. Pour éviter toute confusion, on a évité de
reprendre la terminologie utilisée par l'étude des genres littéraires et la critique
des formes. Ce que l'analyse rhétorique biblique entend mettre en lumière est la
« composition » des textes, étant bien entendu qu'il s'agit de celle de chaque
psaume étudié en lui-même, non pas en tant que représentant d'une catégorie
générale, mais en tant qu'individu unique et irremplaçable. Par « composition »
on entend ce que d'autres appellent le « plan », c'est-à-dire l'organisation du
texte à ses différents niveaux, à partir de celui des « segments », bimembres,
trimembres ou même unimembres, jusqu'à celui de l'ensemble, en passant par
tous les niveaux intermédiaires13. C'est ce type d'analyse qui sera mise en œuvre
dans le présent volume14.

Les psaumes acrostiches alphabétiques


Du grec, akron, « extrémité », et stichos, « vers » (ou « stique »), « acro-
stiche » signifie, selon le Petit Robert, « Poème ou strophe où les initiales de
chaque vers, lues dans le sens vertical, composent un nom (auteur, dédicataire)
ou un mot-clé. Les envois de plusieurs ballades de Villon sont des acrostiches ».
L'exemple le plus connu est celui de la dernière strophe de sa « Ballade pour
prier Notre Dame » :

12
Kraus, I, 48-49.
13
Voir le « Lexique des termes techniques », en particulier
14
Sur ces questions de genres littéraires, formes et analyse rhétorique pour les évangiles
synoptiques, voir R . MEYNET, Une nouvelle introduction aux évangiles synoptiques, 2 0 1 5 , 3 4 - 5 2 .
10 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Vous portâtes, digne Vierge, princesse,


lésus régnant qui n'a ni fin ni cesse.
Le Tout-Puissant, prenant notre faiblesse,
Laissa les cieux et nous vint secourir,
Offrit à mort sa très chère jeunesse ;
Notre Seigneur tel est, tel le confesse :
En cette foi je veux vivre et mourir.

Cet artifice voile en même temps qu'il révèle15.


On pressoit un jeune homme de nommer la personne qu'il aimait. 11 s'en défendit, et
récita l'acrostiche suivant, où se trouve le nom de cette personne :

Je ne saurois nommer celle qui sait me plaire ;


Un fat peut se vanter, un amant doit se taire.
La pudeur qu'alarmoit l'impétueux désir,
Inventa sagement le voile du mystère,
Et l'amour étonné connut le vrai plaisir16.

L'acrostiche alphabétique est le cas particulier d'une composition où la pre-


mière unité littéraire commence par la première lettre de l'alphabet, la seconde
unité par la deuxième lettre et ainsi de suite jusqu'à la fin de l'alphabet.
Dans les psaumes plusieurs cas se présentent. Dans les Ps 111 et 112
l'alphabétisme marque les vingt-deux « membres »17 que compte chaque psaume.
Dans les Ps 9-10, 25, 34 et 145, ce sont les « segments », généralement
bimembres, qui commencent avec les vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu. Le
Ps 37 est deux fois plus long, car l'alphabétisme concerne des groupes de deux
segments. Enfin, le Ps 119 comprend vingt-deux « strophes » de huit segments qui
commencent tous par la même lettre de l'alphabet ; ce qui fait un total de 176
segments.
La critique moderne ne tient pas souvent en grande estime les psaumes
alphabétiques, c'est le moins que l'on puisse dire. Voici ce qu'écrit Gunkel à
propos du Ps 9-10 :
11 ne faut pas élever de trop sévères prétentions au sujet du contexte d'une production
aussi artificielle (tel que l'est un psaume alphabétique). Probablement l'auteur était
content de trouver à toute lettre un mot propre à lui servir. Sa faculté poétique ne
suffisait pas à faire de son poème une composition homogène et cohérente18.

Pour sa part Sigmund Mowinckel écrivait : « Quand un psaume était soumis à un


modèle alphabétique artificiel [...], cela aboutissait très souvent à une suite des

15
La décence empêche de citer ici l'échange poétique bien connu entre Musset et George Sand.
16
G. PEIGNOT, Amusemens philologiques, 7 ; dans cet ouvrage, disponible sur internet, le
premier chapitre, « Acrostiches » (3-18) fournit un bel assortiment de poèmes acrostiches, en latin
et en français.
17
Ou « stiques » ; voir la définition des termes techniques, p. 17-19.
18
Cité par H . JUNKER, « Unité, composition et genre littéraire des Ps 9 et 10 » (H. Gunkel, Die
Psalmen, 32s).
Introduction 11

idées décousue et obscure et à une composition lâche »19. Alonso Schoekel


écrit : « L'artifice ne facilite pas l'unité interne, la cohérence. Le poète n'a qu'à
trouver des mots qui commencent avec la lettre voulue ; une fois trouvés, il écrit
et développe vers après vers »20. D'autres jugements défavorables seront repor-
tés au début des analyses des Ps 25, 34 et 37. L'alphabétisme étant un procédé
mécanique, serait la marque d'une composition tardive, postexilique ; il était
donc apprécié, selon l'idéologie en vogue à l'époque qui valorisait les produc-
tions les plus anciennes, comme artificiel et décadent21.
Les acrostiches ne sont pas une invention récente d'Israël, ils sont vieux
comme le monde. Environ un millénaire avant notre ère, les Akkadiens les
pratiquaient22, non pas en suivant la forme alphabétique mais celle de « l'acro-
stiche message »23, celui qui communique une information, comme celui de
Villon cité plus haut. Ainsi « Le dialogue acrostiche », appelé plus souvent
« Théodicée babylonienne », comprend vingt-sept strophes dont les onze vers
commencent par la même lettre ; l'acrostiche révèle le nom de son auteur :
« Moi, Sangil-kinab-ubbib, le prêtre incantateur, qui révère le dieu et le roi »24.
Les acrostiches égyptiens sont plus proches de ceux de la Bible. Cependant ils
ne suivent pas l'ordre de l'alphabet mais celui des nombres ; ainsi d'un hymne à
Amon du XIIIe siècle25.
Les poèmes acrostiches n'ont jamais cessé d'être produits à toutes les épo-
ques. Il suffit de mentionner le Psalmus contra partem Donati de saint Augustin,
l'hymne hébraïque El âdôn (al kol ha-mma'âsîm, entré dans la liturgie juive à
l'époque préclassique, avant le VIe siècle de notre ère. Dans le monde byzantin,
le plus fameux des kontakion est « L'hymne acathiste à la Mère de Dieu » qui
date du VIIe siècle, YAlphabetum divini amoris, attribué à Nicolas Kempf, le
Parvum alphabetum monachi in Schola Dei de Thomas a Kempis, etc. Plus près
de nous, le grand poète italien Eugenio Montale n'a pas dédaigné de composer
un poème acrostiche où est caché et révélé le nom de celle qu'il avait
surnommée Volpe (« renard », féminin en italien) :

19
S. MOWINCKEL, The Psalms in Israel's worship, 77-78.
20
L. ALONSO SCHOEKEL, Manuale dipoetica ehrea, 230.
21
L J. LIEBREICH donne une liste des diverses appréciations des poèmes acrostiches alpha-
bétiques au début de son article, « Psalms 34 and 145 in the Light of their Key Words », 181-182.
22
W . M . SOLL, «Babylonian and Biblical Acrostics».
23
L'expression est de J.F. BRUG, « Biblical Acrostics and Their Relationship to Other Ancient
Near East Acrostics ».
24
Voir W.G. LAMBERT, Babylonian Wisdom Literature.
25
Voir J.F. BRUG, « Biblical Acrostics », 296.
12 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Da un lago svizzero
Mia volpe, un giorno fui anch'io il «poeta
assassinato»: là nel noccioleto
raso, dove fa grotta, da un falô;
in quella tana un tondo di zecchino
accendeva il tuo viso, poi calava
lento per la sua via fino a toccare
un nimbo, ove stemprarsi; ed io ansioso
invocavo la fine su quel fondo
segno délia tua vita aperta, amara,
atrocemente fragile e pur forte.
Sei tu che brilli al buio? Entro quel solco
puisante, in una pista arroventata,
àlacre sulla traccia del tuo lieve
zampetto di predace (un'orma quasi)
invisibile, a Stella) io, straniero,
ancora piombo; e a volo alzata un'anitra
liera, dal fondolago, fino al nuovo
mcendio mi fa strada, per bruciarsi26.

Il s'en fait jusqu'à nos jours : il suffit de naviguer sur internet pour se rendre
compte que cette forme est toujours vivante. On mentionnera en particulier
« l'A.B.C. de cordel », toujours très populaire au Brésil27.
Le grand reproche fait aux psaumes acrostiches est que le corset de l'alpha-
bétisme serait une contrainte tellement forte qu'elle empêcherait de réaliser une
œuvre véritablement composée. C'est sans doute que la structure alphabétique,
la plus facilement décelable, était la seule qui fût identifiée. La présence de cette
structure excluait toute autre forme de composition littéraire. Comme si une
contrainte quelconque — métrique, strophique, sonore — empêchait par le fait
même une véritable composition littéraire et rendait impossible une réelle orga-
nisation logique. L'alphabétisme est certes une contrainte, beaucoup plus sévère,
par exemple, que celle de la rime dans les poèmes français classiques : tandis
que cette dernière, la plupart du temps, ne concerne que deux vers, celle de
l'acrostiche, dont l'alphabétisme est une variété extrême, s'étend à des ensem-
bles beaucoup plus larges, sur les vingt-deux unités du poème. Les règles du
sonnet, avec ses deux quatrains et ses deux tercets, ses rimes obligées, n'ont pas
empêché Pétrarque, Shakespeare ou Baudelaire de composer de véritables chefs
d'œuvres.
Il faudra revenir, en conclusion, sur les fonctions de l'alphabétisme et sur la
signification — que l'on peut appeler théologique — de ce qui, à première vue,
peut sembler un pur jeu. Si jeu il y a, il s'agit d'un jeu de l'esprit, et des plus
raffinés : le jeu de la Sagesse.

26
E . MONTALE,La bufera e altro, «Madrigali private», Venise 1956.
27
Voir V. L E De l'Abc poétique à l'A.B.C. de cordel au Brésil : une forme
D Û DA SILVA-SEMIK,
poétique traditionnelle de « A à Z ».
Introduction 13

Combien de psaumes acrostiches alphabétiques compte le Psautier ? Comme


toujours, tout dépend de la manière de compter. Le premier est tenu pour deux
psaumes par le texte massorétique, mais tous considèrent désormais qu'il s'agit
d'un seul psaume, puisque le Ps 9 suit la première moitié de l'alphabet et le Ps
10 la seconde. En revanche, l'analyse des Ps 111 et 112 a été réunie ici dans un
seul et même chapitre ; c'est que ces deux psaumes sont appelés «jumeaux », le
premier consacré à la louange du Seigneur, le second à celle de l'homme juste.
Ils sont parallèles et ce qui est dit du juste est ce qui est dit de Dieu lui-même, si
bien qu'il est en quelque sorte impossible de les séparer et qu'il serait plus exact
de les appeler « psaumes siamois ». Selon ce décompte, les psaumes alpha-
bétiques sont sept, comme les sept jours de la semaine, comme les sept branches
de la menorah, les sept demandes du Notre Père, etc. Sept est le chiffre de la
totalité, de la perfection. Mais il est une autre manière de compter, celle qui,
comme le texte massorétique ainsi que les versions antiques, considère que les
Ps 111 et 112 sont deux psaumes distincts. Et l'on arrive au total de huit : Ps 9 -
10 (9 selon la Septante) ; 25 ; 34 ; 37 ; 111 ; 112 ; 119 ; 145. Huit est aussi un
chiffre sacré, plus encore que sept : sept plus un représente en effet le comble de
la perfection. La circoncision est pratiquée le huitième jour, signifiant ainsi que
l'œuvre de la création de la semaine originaire est portée à son achèvement ;
pour les chrétiens le dimanche, jour du Seigneur, est « le huitième jour », le jour
de l'accomplissement par la résurrection. C'est pourquoi, après bien des hési-
tations, et fortement encouragé par un ami, j'ai intitulé le présent ouvrage : Les
huit psaumes acrostiches alphabétiques !
Pourquoi avoir choisi de commenter ces huit psaumes ? Pour les réhabiliter,
car les jugements négatifs qu'ils ont suscités depuis un bon siècle sont vraiment
injustes. J'ai voulu montrer comment, malgré l'alphabétisme pour ainsi dire, les
auteurs ont réalisé des poèmes extrêmement bien composés. Mais, comme tou-
jours, il faut laisser au lecteur le soin d'apprécier.

Les analyses de cinq des sept psaumes acrostiches alphabétiques ont été publiées
antérieurement : « Le psaume 25. Psaume de la nouvelle alliance », Gr. 93 (2012) 233-
260 ; « "Qui aime la vie?" Analyse rhétorique du psaume 34 », Gr. 92 (2011) 237-260 ;
« Le Psaume 37. Fils de Dieu et père des pauvres », Gr. 95 (2014) 231-254 ; « Harmonie
biblique. Les psaumes 1 1 1 et 112 », in P. CAYE - F. M A L H O M M E - G.M. RISPOLI - A . G .
WERSINGER, éd., L'Harmonie, entre philosophie, science et arts, de l'Antiquité à l'âge
moderne, Atti délia Accademia Pontaniana - Suppl, NS LIX (2010), Napoli 2011, 219-
234 ; « Le psaume 145 », Annales du Département des lettres arabes (Institut de lettres
orientales), Fs Maurice Fyet, 6B (1991-92) 213-225 ; mis à jour dans StRh 1
(01.02.2002; 31.03.2004).
Les analyses des psaumes 111, 112 et 145 ont été largement reprises. Celle des Ps 25,
34 et 37 sont reproduites, presque à l'identique, avec la permission du directeur de
Gregorianum.
SIGLES ET ABRÉVIATIONS

al. Autres
Amos Bovati, P. - Meynet, R., Le Livre du prophète Amos,
RhBib 2, Paris 1994.
AnBib Analecta biblica
AOAT Alter Orient und Altes Testament
AssSeign Assemblée du Seigneur
Bib Biblica
BJ Bible de Jérusalem
CB.OT Coniectanea Biblica. Old Testament Series
CBQ Catholic Biblical Quarterly
CBQ.MS Catholic Biblical Quarterly. Monograph Series
chap. chapitre
ed. edidit, ediderunt
EeT(O) Église et théologie. Ottawa
EstB Estúdios Biblicos
EtBib.NS Etudes bibliques nouv. sér.
Exp Tim Expository Times
FOTL The Forms of the Old Testament Literature
Fs Festschrift
Gr. Gregorianum
HAR Hebrew Annual Review
HeyJ Heythrop Journal
HUCA Hebrew Union College annual
JBL Journal of Biblical Literature
JBQ The Jewish Bible Quarterly
JETS Journal of the Evangelical Theological Society
JQR Jewish Quarterly Review
JSOT.S Journal for the Study of the Old Testament.
Supplement Series
JSSt Journal of Semitic Studies
JTS Journal of Theological Studies
LeDiv Lectio Divina
LeDiv.Com Lectio Divina. Commentaires
LiBi Lire la Bible
lift. littéralement
Luc L 'Évangile de Luc, RhSem 8, Pendé 2011
NRTh Nouvelle Revue Théologique
NS Nouvelle série
OBO Orbis biblicus et Orientalis
P. page(s)
par ex. par exemple
par. paragraphe
RB Revue biblique
16 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

RBS Société internationale pour l'étude de la Rhétorique


Biblique et Sémitique
ReBib Retórica biblica
ReBibSem Retórica Biblica e Semitica
RevSR Revue des Sciences Religieuses
RhBib Rhétorique biblique
RhSem Rhétorique sémitique
RivBib Rivista Biblica
RSR Recherches de science religieuse
SBi Sources Bibliques
SC Sources chrétiennes
S JOT Scandinavian Journal of the Old Testament
si. sans lieu
sq. suivante
sqq. suivantes
St Rh Studia Rhetorica
Traité R. Meynet, Traité de rhétorique biblique, RhSem 4,
Paris 2007 ; RhSem 12, Pendé 2013.
TOB Traduction œcuménique de la Bible
trad. traduction
v. verset(s)
VT Vetus Testamentum
VT.S Vetus Testamentum. Supplement
WBC Word Biblical Commentary
ZA W Zeitschrift für die Alttestamentliche Wissenschaft

Les commentaires des psaumes ne sont cités que par le nom de l'auteur (ou des
auteurs) en minuscules, suivi éventuellement du numéro du volume, et du
numéro de la page. Ex., Kraus, II, 125 ; Alonso Schoekel - Carniti, 23.

Les abréviations des livres bibliques sont celles de La Bible de Jérusalem (BJ).
LEXIQUE DES TERMES TECHNIQUES

1. TERMES QUI DÉSIGNENT LES UNITÉS RHÉTORIQUES

Il arrive souvent, dans les ouvrages d'exégèse, que les termes « section »,
« passage », mais surtout « morceau », « partie »..., ne soient pas utilisés de
façon univoque. Voici la liste des termes qui désignent les unités textuelles à
leurs niveaux successifs.

Les niveaux « inférieurs » (ou non autonomes)


À part les deux premières (le terme et le membre), les unités de niveau
inférieur sont formées de une, deux ou trois unités du niveau précédent.

TERME le terme correspond en général à un « lexème », ou mot qui appar-


tient au lexique : substantif, adjectif, verbe, adverbe.
MEMBRE le membre est un syntagme, ou groupe de « termes » liés entre eux
par des rapports syntaxiques étroits. Le « membre » est l'unité
rhétorique minimale ; il peut arriver que le membre comporte un
seul terme (le terme d'origine grecque est « stique »).

SEGMENT le segment comprend un, deux ou trois membres ; on parlera de


segment « unimembre » (le terme d'origine grecque est « mono-
stique »), de segment « bimembre » (ou « distique ») et de segment
« trimembre » (ou « tristique »).
MORCEAU le morceau comprend un, deux ou trois segments.
PARTIE la partie comprend un, deux ou trois morceaux.

Les niveaux « supérieurs » (ou autonomes)


Ils sont tous formés soit d'une, soit de plusieurs unités du niveau précédent.

PASSAGE le passage — l'équivalent de la « péricope » des exégètes — est


formé d'une ou de plusieurs parties.
SÉQUENCE la séquence est formée d'un ou de plusieurs passages.
SECTION la section est formée d'une ou de plusieurs séquences.

LIVRE enfin le livre est formé d'une ou de plusieurs sections.


18 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Il est quelquefois nécessaire d'avoir recours aux niveaux intermédiaires de la


« sous-partie », de la « sous-séquence » et de la « sous-section » ; ces unités
intermédiaires ont la même définition que la partie, la séquence et la section.

VERSANT ensemble textuel qui précède ou qui suit le centre d'une


construction ; si le centre est bipartite, le versant correspond
à chacune des deux moitiés de la construction.

2. TERMES QUI DÉSIGNENT LES RAPPORTS ENTRE LES UNITÉS SYMÉTRIQUES

Symétries totales

CONSTRUCTION
PARALLÈLE figure de composition où les unités en rapport deux à deux sont
disposées de manière parallèle : A B C D E | A'B'C'D'E'.
Quand deux unités parallèles entre elles encadrent un élément
unique, on parle de parallélisme pour désigner la symétrie entre ces
deux unités, mais on considère l'ensemble (l'unité de niveau
supérieur) comme une construction concentrique : A | x | A'.
Pour « construction parallèle », on dit aussi « parallélisme » (qui
s'oppose à « concentrisme »).

CONSTRUCTION
SPÉCULAIRE figure de composition où les unités en rapport deux à deux sont
disposées de manière antiparallèle ou « en miroir » :
A B C D E | E'D'C'B'A'.
Comme la construction parallèle, la construction spéculaire n'a
pas de centre ; comme la construction concentrique, les éléments
en rapport se correspondent en miroir.
Quand la construction ne comprend que quatre unités, on
parle aussi de « chiasme » : A B | B ' A ' .

CONSTRUCTION
CONCENTRIQUE figure de composition où les unités symétriques sont disposées de
manière concentrique : A B C D E | x | E'D'C'B'A', autour d'un
élément central (cet élément peut être une unité de l'un quelconque
des niveaux de l'organisation textuelle).
Pour « construction concentrique », on peut dire aussi
« concentrisme » (qui s'oppose à « parallélisme »).
Lexique des termes techniques 19

Symétries partielles
TERMES INITIAUX termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent
le début d'unités textuelles symétriques ; 1'« anaphore » de la
rhétorique classique.

TERMES FINAUX termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent


la fin d'unités textuelles symétriques ; 1'« épiphore » de la
rhétorique classique.

TERMES EXTRÊMES termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent


les extrémités d'une unité textuelle ; 1'« inclusion » de
l'exégèse traditionnelle.

TERMES MÉDIANS termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent


la fin d'une unité textuelle et le début de l'unité qui lui est
symétrique ; le « mot-crochet » ou « mot-agrafe » de
l'exégèse traditionnelle.

TERMES CENTRAUX termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent


les centres de deux unités textuelles symétriques.

Pour plus de détails, voir R. MEYNET, Traité de rhétorique biblique, RhSem


11, Gabalda, Pendé 2013.

Principales règles de réécriture


- à l'intérieur du membre, les termes sont généralement séparés par des blancs ;
-chaque membre est généralement réécrit sur une seule ligne ;
- les segments sont séparés par une ligne blanche ;
- l e s morceaux sont séparés par une ligne discontinue ;
- l a partie est délimitée par deux filets ; il en va de même pour les sous-parties,
- à l'intérieur du passage, les parties sont encadrées (sauf si elles sont très
courtes, comme une introduction ou une conclusion) ; les éventuelles sous-
parties sont disposées dans des cadres contigus ;
- à l'intérieur de la séquence ou de la sous-séquence, les passages, réécrits en
prose, sont disposés dans des cadres séparés par une ligne blanche ;
- à l'intérieur de la séquence, les passages d'une sous-séquence sont disposés
dans des cadres contigus.

Sur les règles de réécriture, voir Traité, chap. 5, 283-344 (sur la réécriture des
tableaux synoptiques, voir chap. 9, 471-506).
L e p s a u m e 9 - 1 0

Le Ps 9 de la Septante est coupé en deux dans le texte massorétique qui


considère que ce sont deux psaumes distincts (Ps 9 et 10). Trois arguments
principaux militent en faveur de l'unité du texte. C'est avant tout l'acrostiche
alphabétique, bien qu'il ne soit pas parfait : de Aleph à Kaph pour le Ps 9, puis de
Lamed à Taw pour le Ps 10. C'est ensuite la cohérence lexicale et thématique qui
unifie les deux psaumes. Enfin, le deuxième psaume selon l'hébreu ne comporte
pas de titre (10,1), alors qu'il fait partie d'un très large groupe de psaumes pourvus
de titre (Ps 1—41, sauf le Ps 33).
Le Ps 9-10 présente de sérieuses difficultés. La première est que l'alphabétisme
est largement lacunaire. Il disparait complètement entre Lamed (10,1-2) et Qoph
(10,12), soit une éclipse de six lettres consécutives ; avec l'absence de Dalet, ce ne
sont donc pas moins de sept lettres qui manquent sur les vingt-deux de l'alphabet
hébreu, soit près d'un tiers ! En outre, les difficultés textuelles sont nombreuses,
surtout entre Lamed et Qoph, justement, où les phrases sont heurtées au point d'en
être difficilement compréhensibles1.
On a longtemps pensé que le texte était « corrompu », qualifié ces faits
d'« altérations » ou d'« irrégularités » et attribué ces défauts à une mauvaise
transmission textuelle : « Nous croyons qu'aucun autre psaume ne présente un
texte aussi mal transmis »2. « Le Ps. a malheureusement subi bien des outrages
dans la transmission de son texte. Celui de 10 est si défectueux qu'il faut souvent
l'amender, parfois le reconstituer »3. Et, effectivement, beaucoup se sont éver-
tués à restituer l'alphabétisme, et à corriger le texte pour le rendre plus compré-
hensible, au prix de manipulations en tout genre4.
Il est une autre difficulté non moins grande que celle de l'état du texte. C'est
le mélange des genres littéraires. Alors que le premier est un psaume d'action de
grâces, le second est une supplication ; or, la logique voudrait que la supplication
précède l'obtention du salut qui déclenche l'action de grâces. Même à l'intérieur
du Ps 9, après l'action de grâces initiale (2-3) la motivation qui en est donnée est
truffée d'appels à l'aide et de supplications (10.14.18.20-21).
C'est pourquoi, on pourrait être tenté de renoncer à étudier la composition
d'un texte aussi problématique :

1
Sur les altérations subies par le texte au cours du temps, voir, par ex., J. ENCISO VIANA, « El
salmo 9-10 ».
2
Alonso Schoekel - Carniti, I, 262.
3
Jacquet, I, 337.
4
Ainsi, par exemple, J. LEVEEN, « Psalm X . A reconstruction » ; R. GORDIS, « Psalm 9 - 1 0 : a
Textual and Exegetical Study ». Pour la reconstitution du verset Dalet, voir, par exemple, P.W.
SKEHAN, «A Broken Acrostic and Psalm 9».
22 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Nous sommes encore loin d'avoir acquis une parfaite connaissance de la structure
formelle et du sens précis de cette composition littéraire. Car, au moins à première
vue et dans l'interprétation ordinaire, elle met le lecteur dans l'embarras, pour n'y
découvrir ni suite claire, ni cohésion des idées5.

Et pourtant, il semblerait étrange que ce texte ait été conservé dans le psautier,
malgré toutes les lésions occasionnées par les accidents qu'il aurait subis au long
de sa transmission. L'analyse rhétorique biblique pourrait aider à mieux com-
prendre le texte tel qu'il est ; et, partant, à rendre compte de ses « irrégularités ».
Bien loin d'amender le texte, et encore moins de le reconstituer, on se tiendra
prudemment au plus près du texte massorétique, pour tenter de le comprendre,
dans l'état où il nous l'a laissé.
Le psaume 9-10 comprend deux longs passages (9,2-20; 10,3-18) autour
d'un troisième passage beaucoup plus court (Lamed : 10,1-2) qui marque le
tournant de l'ensemble 6 .

I. LE PREMIER PASSAGE (9,2-21)

COMPOSITION

Le premier passage est formée de deux parties qui se correspondent en


parallèle.

La première partie (2-9)

Cette partie comprend deux sous-parties.

La première sous-partie (3-3)

+ 3 2 Je rends grâce, YHWH, de tout mon cœur,


+ j'énonce tontes tes merveilles ;
:: 3 je me réjouis et j'exulte en toi,
:: je joue pour ton nom, TRÈS-HAUT.

Les quatre membres commencent par un verbe à la première personne du


singulier ; le troisième comprend même un deuxième verbe coordonné au
premier (3a). Ce sont donc les cinq verbes qui commencent par Aleph et pas
seulement le premier7. Les noms de Dieu se trouvent aux extrémités. Dans le
premier segment, « tout » est repris en finale des membres, dans le second « ton
nom » correspond à « toi ».

5
H. JUNKER, « Unité, composition et genre littéraire des Ps 9 et 10 ».
6
Selon la première des sept lois de N.W. Lund : « Le centre est toujours le tournant »
(Chiasmus in the New Testament, 40 ; traduction française dans Traité, 97).
7
Voir, par ex., L.D. MALONEY, A wordfitly spoken, 46-47.
Le psaume 9-10 23

La deuxième partie (4-9)

- b 4 Quand retournent MES ENNEMIS en arrière,


- ils fléchissent ET IMSPMiAISSENT devant ta face,
+ 5 car tu as fait m o n JUGEMENT et m a SENTENCE,
+ TU ASSIÉGÉ Sur LE TRÔNE en JUGE de JUSTICE.

- g 6 Tu as maté des païens, I Ai 1 IHSPÀIUITRIi LE MÉCHANT,


. leur nom tu as effacé pour toujours et à jamais;
- 7 y
L ENNEMI est achevé, ruines sans fin,
. et des villes tu as renversé, A mm leur souvenir.

+ h Eux,8 et Yhwh pour toujours SIÈGE,


+ il affermit p o u r le JUGEMENT SON TRÔNE ;

- 9 et lui, Il JUGERA le monde avec JUSTICE,


- IL PRONONCERA sur les nations avec droiture.

Les morceaux extrêmes se correspondent : y sont repris « justice » (5b ; 9a),


«jugement » / «juger » (5a.5b ; 8b.9a ; « sentence » de 5a et « prononcer » de
9b appartiennent au même champ sémantique) ainsi que « siéger » et « trône »
(5b ; 8a.8b).
Dans le morceau central (6-7), « pour toujours et à jamais » à la fin du second
membre de 6 a son correspondant à la fin du premier membre de 7 avec « sans
fin » ; les deux occurrences de « disparaitre » se trouvent en même position dans
les membres extrêmes.
Le morceau central reprend « ennemi » (7a) comme au début du premier
morceau (4a au pluriel), cet « ennemi » étant qualifié de « méchant » (6a) ; de
manière corrélative, « païens 8 » de 6a sera repris par « le monde » et « les
nations » dans le dernier morceau (9a.9b). Les deux occurrences de « dispa-
raitre » au centre (6a.7b) renvoient à celle de 4b dans le premier morceau ; de
manière corrélative, « pour toujours et à jamais » et « sans fin » du morceau
central (6b.7a) annoncent « pour toujours » au début du dernier morceau (8a)9.

8
On a proposé de changer gôyim, « païens », par ge'îm, « orgueilleux » (S.N. ROSENBAUM,
«New evidence for reading ge 'im in place of go 'im in Ps 9 and 10») ; la correction ne se justifie
e
pas, du moment qu'il sera question, dès le morceau suivant, des « nations » (9b : I 'ummîm) et
plus loin des « peuples » (12b : 'ammîm).
9
Le TM place hëmma (« eux ») à la fin du segment précédent où il ne fait pas sens ;
l'alphabétisme invite à le déplacer au début du segment Hé. Mais le premier membre de ce
segment est si étrange qu'on a proposé de changer hëmma par hinneh (« voici » ; Dahood, I, 56) ou
par hômeh (« exalté ») et de supprimer le « et » qui suit (voir Kraus, I, 190). Il est possible de
sauver le texte, si l'on considère que « eux » et « lui » en début des deux segments du morceau
s'opposent ; et l'on pourrait comprendre et traduire : « Eux ? Mais le Seigneur... »
24 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L'ensemble de la première partie (2-9)

+ 3 2 JE rends grâce, YHWH, de tout MON cœur,


+ /'énonce toutes TES merveilles,
::3 JE me réjouis et J'exulte en TOI,
:: JE joue pour TON NOM, TRÈS-HAUT.

- b 4 Quand retournent MES ennemis en arrière,


- ils fléchissent et disparaissent devant TA face,
+ 5 car TU as fait MON jugement et MA sentence,
+ TU as siégé sur le trône en juge de justice.

- g 6 Tu as maté des païens, fait disparaitre le méchant,


. leur NOM tu as effacé pour toujours et à jamais ;
-7 l'ennemi est achevé, ruines sans fin,
. et des villes TU as renversé, a disparu leur souvenir.

+ h Eux...8 mais YHWH pour toujours siège,


+ IL affermit pour le jugement SON trône ;
- 9 et LUI, IL jugera te monde avec justice,
- IL prononcera sur les nations avec droiture.

Dans la première sous-partie (2-3) le psalmiste rend grâces au Seigneur.


N'apparaissent que ces deux personnages, le Seigneur étant désigné par ses deux
noms de « Yhwh » et de « Très-Haut », le psalmiste n'étant pas nommé mais
seulement indiqué par les pronoms de première personne du singulier.
Dans la deuxième sous-partie (4-9) le psalmiste donne les raisons de son
action de grâces ; alors apparaît un tiers, « le méchant » (6a), « l'ennemi » (7a),
au pluriel dès le début (4a). Dans le premier morceau (4-5), où sont employés
des pronoms de première personne du singulier comme dans la première sous-
partie, le psalmiste rappelle comment le Seigneur l'a libéré de ses ennemis,
jugeant en roi souverain ; dans le second morceau (6-7b), il précise que ses
« ennemis » sont « des païens » dont les « villes » ont été « renversées » et l'on
découvre ainsi que celui qui parle est un roi qui a vaincu un peuple étranger ;
dans le troisième morceau enfin (7c-9) il élargit encore, en redisant que la
royauté du Seigneur est éternelle et qu'elle se manifestera encore dans l'avenir.

La deuxième partie (10-21)

Cette partie est elle aussi formée de deux sous-parties.


Le psaume 9-10

La première sous-partie (10-15)

+ w 10 ET QUE SOIT YHWH une forteresse pour l'opprimé,


+ une forteresse aux temps de détresse,

- 11 et se confieront en toi les connaissant ton nom,


- car tu n'abandonnes pas tes cherchant, Yhwh.

: z 12 JOUEZ pour YHWH, l'habitant à SlON,


: RACONTEZ parmi les peuples ses hauts faits,

- 1 3 car il cherche LES SANGS, d'eux il se souvient,


- il n'oublie pas le cri des malheureux.

+ h 14 AIE PITIÉ DE MOI, YHWH, VOIS mon malheur,


+ de mes ennemis me faisant remonter DE LÂ MORT,

- 1 5 pour que j'énonce toute ta louange,


— aux portes de la fille de SLON que je jubile en ton salut.

Les trois morceaux commencent par un jussif (10a) ou par un impératif


(12a.l2b ; 14a bis).
- D a n s le premier morceau, le souhait du premier segment est suivi de sa
conséquence ( l i a ) laquelle est motivée par une causale (11b) ;
- dans le second morceau les invitations du premier segment sont suivies par une
double causale (13) ;
- enfin dans le troisième morceau la demande du premier segment est suivie
d'une double finale (15).
En outre, « Yhwh » revient en même position au début de chaque morceau. Les
trois morceaux sont donc parallèles.
Toutefois, le morceau central articule les deux autres :
- « S i o n » (12a) annonce le même nom à la fin du dernier morceau (15b), à
« sangs » (13a) correspond « la mort » (14b), car au pluriel « sangs » indique la
mort violente ;
- à « malheureux » à la fin du morceau central (13b) font écho « l'opprimé » à la
fin du premier membre du premier morceau (10a) et « mon malheur » en position
symétrique au début du dernier morceau (14a).
On pourra remarquer que « une forteresse » revient deux fois dans le premier
morceau (10a. 10b) et que dans le dernier morceau «portes» revient aussi deux
fois (14b. 15b).
26 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

La deuxième sous-partie (16-21)

- 1 1 6 Ont croulé les païens dans la fosse qu'ils ont faite,


- à ce filet qu'ils ont tendu s'est pris leur pied.
+ 17 S'EST FAIT CONNAÎTRE YHWH, LE JUGEMENT il a fait,
+ dans l'ouvrage de ses mains il a lié le méchant, (h. s.)
:: y 18 Que retournent les méchants au shéol,
:: tous ces païens oubliant Dieu,
+ k 19 car pas à la fin n'est pas oublie le pauvre,
+ l'espoir des malheureux (ne) disparait à jamais.
4-20 Dresse-toi, YHWH, que ne triomphe / 'homme,
: QU'ILS SOIENT JUGÉS, les païens, devant ta face !
4-21 Jette, YHWH, l'épouvante sur eux,
: QU'ILS CONNAISSENT, les païens, qu 'hommes eux ! (s)

Le premier morceau raconte ce qui est arrivé aux « païens », le second


exprime un souhait, le troisième est une prière adressée à « Yhwh ».
Dans le premier morceau « les païens » et « le méchant » sont punis par où ils
ont péché. Alors que le premier segment les montre victimes de leur propre fosse
et de leur propre filet (16), le second segment dévoile qui en fut l'agent (17).
« L'ouvrage de ses mains » (17b) renvoie au « filet qu'ils ont tendu » (16b). En
position identique « les païens » et « Yhwh » s'opposent ; de même, en fin des
premiers membres de chaque segment s'opposent le « faire » des deux
protagonistes.
Dans le second morceau, introduit par « car », le deuxième segment donne la
raison du premier. Alors que « les méchants » et « tous ces païens » finissent
« au shéol », « le pauvre » et les « malheureux » n'y disparaîtront pas. Les
premiers « oublient Dieu », les autres ne sont pas oubliés par Dieu.
Le dernier morceau est construit en parallèle : les premiers membres com-
mencent par un impératif dont le sujet est « Yhwh », les seconds par un jussif
dont le sujet est « les païens ». « Homme » ( 'ênôs) est repris à la fin des membres
extrêmes (20a.21b).
Les morceaux extrêmes se correspondent : y est repris en même position le
nom de « Yhwh » (17a ; 20a.21a) ; à « les païens » et « le méchant » (16a. 17b)
correspondent les deux occurrences de « les païens » (20b.21b). À « s'est fait
connaître » et « le jugement » de 17a correspondent « qu'ils soient jugés » et
«qu'il connaissent» en 20b et 21b. Seul le morceau central oppose «les
méchants » et « tous ces païens » (18) au « pauvre » et aux « malheureux » (19).
Les deux morceaux s'achèvent par un signe de pause : higgâyôn selâ à la fin de
16-17 et selâ à la fin de 20-21.
Le psaume 9-10 27

On aura remarqué que la lettre Yod ne comprend qu'un seul segment, tandis
que la lettre Kaph en compte trois. Or chacune des lettres précédentes, d'Aleph à
H et était formée de deux bimembres. C'est pourquoi plusieurs proposent de
changer l'ordre des segments pour corriger l'irrégularité de la composition10. Il
suffit en effet de déplacer le dernier verset après le v. 18 et l'équilibre est rétabli.
Ainsi, on aurait trois morceaux comprenant chacun deux bimembres comme
dans les parties précédentes.
Il vaut la peine d'essayer, pour voir si non seulement l'équilibre des masses
est amélioré, mais aussi et surtout si la logique de la partie restituée l'est aussi :

- t 16 Ont croulé LES PAÏENS dans la fosse qulis ont faite,


- au filet qu'ils ont tendu s'est pris leur pied.
+ 17 S'est fait connaître Yhwh, LE JUGEMENT il a fait,
+ dans l'ouvrage de ses mains il a lié le méchant.

:: y 18 QUE RETOURNENT les méchants au shéol,


:: TOUS CES PAÏENS oubliant Dieu !
:: 21 JETTE, Yhwh, l'épouvante sur eux,
:: QU'ILS CONNAISSENT, LES PAÏENS, qu hommes eux !

+ k 19 Car pas jusqu'à la fin est oublié le pauvre,


+ l'espoir des malheureux ne disparait pas à jamais.
:: 20 DRESSE-TOI, Yhwh, QUE NE TRIOMPHE l'homme,
:: QU'ILS SOIENTJUGÉS, LES PAÏENS, devant ta face !

On pourra dire que le dernier morceau (19-20) reprend le mouvement des


deux morceaux précédents. En effet, 19 est narratif comme 16-17 : y est raconté
comment le Seigneur a déjoué les projets des païens (16-17), sauvant de leurs
griffes «pauvre» et «malheureux» (19). Quant au dernier verset (20), il est
discursif comme le second morceau (18.21) : ce sont les souhaits et les prières
que le psalmiste ajoute à son récit.
En somme, le remède à une irrégularité mène à une autre irrégularité. L'ordre
du texte massorétique (qui est aussi celui de la Septante) n'est pas moins logique
que celui du texte corrigé. Et sa composition parallèle en deux morceaux semble
préférable, parce que plus équilibrée.
La poésie hébraïque ne marche pas au pas cadencé de nos armées occi-
dentales, elle danse librement, imprévisible : le texte de cette partie allie avec
bonheur une belle régularité de la composition et une irrégularité de la répar-
tition selon l'acrostiche.

10
Voir, par exemple, Jacquet, I, 332.339.
28 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Il est évidemment impossible de savoir quelles furent les intentions de l'au-


teur. L'effet sur le lecteur, en revanche, est accessible. Et l'on pourra goûter le
fait que toute la partie, qui suivait jusque-là un rythme régulier, s'achève avec
une sorte de pirouette, qui peut être interprétée au niveau formel comme une
marque de clôture de l'ensemble du passage. Au niveau du sens, il n'est pas
indifférent que la partie et donc le passage entier s'achève en insistant fortement
sur la prière, en deux segments dont le parallélisme joue en quelque sorte la
fonction d'une coda.

L'ensemble de la deuxième partie (10-21)


Les deux sous-parties sont parallèles. Les premiers morceaux parlent de ce
que fait le Seigneur, d'abord en faveur de «l'opprimé» (10-11), puis contre
leurs ennemis, « les païens », « le méchant » (16-17). Dans les premiers mem-
bres des seconds segments il est d'abord question de ceux qui « connaissent » le
nom du Seigneur (lia), puis du méchant auquel Dieu «s'est fait connaitre »
(17a).
Les deuxièmes morceaux sont construits de la même façon : deux impératifs
(12) et un jussif (18) sont motivés par un second segment introduit par le même
« car » (13.19). Dans les premiers segments il est question des « peuples » (12b),
des «méchants», «tous ces païens» (18) et dans les seconds membres des
« malheureux » et de leurs « sangs » (13), du « pauvre » et des « malheureux »
(19). Aux deux occurrences d'« oublier» (18b. 19a) correspondent «il se sou-
vient » et « il n'oublie pas » (13a. 13b).
Dans les troisièmes morceaux, aux deux impératifs de 14a correspondent les
deux de 20a et de 21a. On peut dire que «j'énonce toute ta louange » (15a) a son
correspondant oppositif avec « qu'ils connaissent les païens qu'hommes ils
sont » (21b).
Tout au long se retrouvent les trois personnages de la premières partie :
« Yhwh » « Dieu » nommé dans chaque morceau, deux fois dans les morceaux
extrêmes (lOa.llb; 20a.20b), une seule fois dans les autres (12a; 14a; 17a;
18b) ; «l'opprimé» (10), les «malheureux» (13b.19b), «le pauvre» (19a),
dont on apprend dans le troisième morceau que le psalmiste partage leur « mal-
heur » (14) ; les « ennemis » enfin (14b), « les peuples » (12b), « les païens »
(16a.18b.20b.21b), « le(s) méchant(s) » (17b.l8a).
Le psaume 9 - 1 0

+ w 10 Et que soit YHWH une forteresse pour L'OPPRIMÉ,


+ une forteresse aux temps de détresse,
+ 11 et se confieront en TOI L S CONNAISSANT TON nom,
+ car TU n'abandonnes pas TES cherchant, YHWH.

:: z 12 Jouez pour YHWH, l'habitant à Sion,


:: racontez parmi tes peuples SES hauts faits,
:: 13 CAR IL cherche LES SANGS, d'eux il se souvient,
:: I L n1oublie pas le cri DES MALHEUREUX.

= fc 14 Mï.mi de MOI, YHWH, : VOIS MON MALHEUR,


= de MES ennemis ME faisant remonter des portes de la mort,
: 15 pour que J'ENONCE toute TA louange,
: aux portes de la fille de Sion que JE jubile en TON salut.

- t 1 6 Ont croulé les païens dans la fosse qu'ils ont faite,


- à ce filet qu'ils ont tendu s'est pris leur pied.
- 17 S'EST FAIT CONNAÎTRE YHWH, le jugement IL a fait,
- dans l'ouvrage de ses mains IL a lié le méchant.

:: y 18 Que retournent les méchants au shéol,


:: tous ces païens oubliant DIEU,
19
:: k CAR pas à la fin n 'est oublié LE PAUVRE
:: l'espoir DES MALHEUREUX ne disparait pas à jamais.

= 20 iMH-ssi: roi, YHWH, que ne triomphe l'homme,


: qu'ils soient jugés, les païens, devant TA face !
i 2 1 JLITI-., YHWH, l'épouvante sur eux,
: qu'IL.- CPNNAPENT, les païens, qu'hommes eux !
30 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L 'ensemble du premier passage (9,2-21)


32
Je (te) rends grâce, YHWH, de tout mon cœur,
J'ÉNONCE toutes tes merveilles ;
3
je me réjouis et j'exulte en toi,
JE JOUE pour ton nom, Très-Haut.
b 4 Quand retournent MES ENNEMIS en arrière,
ils fléchissent ET DISPARAISSENT devant ta face,
5
car tu as fait mon JUGEMENT et m a SENTENCE,
tu as siégé sur le trône en JUGE juste.

g 6 Tu as maté DES PAÏENS, FAIT DISPARAITRE LE MÉCHANT,


leur nom tu as effacé pour toujours et à jamais ;
7
L'ENNEMI est achevé, ruines sans fin,
et des villes tu as renversé, A DISPARU leur souvenir.

h Eux... 8 mais YHWH pour toujours siège,


il affermit pour le JUGEMENT son trône ;
9
et lui, IL JUGERA LE MONDE avec justice,
IL PRONONCERA SUR LES NATIONS avec droiture.

w 10 Ht que soit YHWH une forteresse pour L'OPPRIMÉ,


une forteresse aux temps de détresse,
11
et se confieront en toi les connaissant ton nom,
car tu n'abandonnes pas tes cherchant, YHWH.

Z12 JOUEZ pour YHWH, l'habitant à Sion,


PARMI LES PEUPLES ses hauts faits,
13
car il cherche les sangs, d'eux il se souvient,
il n'oublie pas le cri DSSMÂLHSÏÏRIUX.

14
h Aie pitié de moi, YHWH, vois MON MALHEUR,
de MES ENNEMIS me faisant remonter des portes de la mort,
15
pour que J'ÉNONCE toute ta louange,
qu'aux portes de la fille de S ion je jubile en ton salut.
t 1 6 Ont croulé LES PAÏENS dans la fosse qu'ils ont faite,
à ce filet qu'ils ont tendu s'est pris leur pied.
17
S'est fait connaître YHWH, LE JUGEMENT il a fait,
dans l'ouvrage de ses mains il a lié LE MÉCHANT.

18
y Que retournent LES MÉCHANTS au shéol,
TO US CES PA ÏENS oubliant Dieu,
k 1 9 car pas jusqu'à la fia est oublié LE PAUVRE,
l'espoir DES MALHEUREUX NE DISPARAIT PAS à jamais.

20
Dresse-toi, YHWH, que ne triomphe l'homme,
QU'ILS SOIENT JUGÉS, LES PA ÏENS, devant ta face !
21
Jette, YHWH, l'épouvante sur eux,
qu'ils connaissent, LES PAÏENS, qu'hommes ils sont !
Le psaume 9-10 31

Les deux parties du passage sont construites en parallèle.


Dans la première sous-partie le psalmiste rend grâces au Seigneur (2-3), dans
la sous-partie symétrique (10-15) il invite d'autres à le rejoindre dans la louange,
à «jouer » pour Dieu comme lui (3b. 12a), à « raconter » « ses hauts-faits » (12b)
comme il avait « énoncé » lui-même « toutes ses merveilles » (2b). « J'énonce »
revient en 2b et 15a, « j e jubile » (15b) est un synonyme de « j e me réjouis » et
de «j'exulte » (3a). C'est seulement dans ces deux sous-parties que reviennent
les verbes « énoncer » (2b. 15a) et «jouer » (3b. 12a) ainsi que leurs synonymes.
On peut aussi noter que « ton nom » est repris en 3b et 1 la.
Les deuxièmes sous-parties (4-9 ; 16-21) donnent les raisons de l'action de
grâces : « les ennemis » du psalmiste ont été mis hors d'état de nuire par le
«jugement » (5a.8b ; 17a) de celui qui les a jugés et les «jugera » (9a ; 20b).
C'est seulement dans ces deux sous-parties que sont repris les termes de même
racine «juger», «juge», «jugement» (5a.5b.8b.9a ; 17a.20b) ainsi que les
termes qui appartiennent au même champ sémantique, « sentence » (5a) et
« prononcer » (9b) ; il en va de même pour le verbe « disparaître » et « faire
disparaître » (4b.6a.7b ; 19b).
Contrairement à la première, la deuxième partie se caractérise par plusieurs
vœux et prières : en effet, sans compter les impératifs adressés aux autres
hommes (12a. 12b), la première sous-partie commence par un jussif (10) et
s'achève par une demande adressée à Dieu (14-15) ; quant à la seconde sous-
partie, son deuxième morceau commence par un souhait (18) et le dernier par
des prières qui alternent avec des jussifs (20-21 ; on remarquera la densité de ces
vœux dans les deux derniers segments du passage). C'est seulement dans la
deuxième partie que reviennent « les malheureux » que Dieu « n'oublie pas »
(13b. 19a), ainsi que les synonymes « opprimé » (10a) et « pauvre » (19a).

INTERPRÉTATION

Un roi qui rend grâces...


Quand le psaume commence, on ne sait pas qui parle à la première personne
du singulier, et quiconque l'entonne peut reprendre à son compte les paroles du
psalmiste. Les « ennemis » dont ce dernier parle (4) pourraient être seulement
les siens propres, mais on apprend d'abord que ce sont des « païens » (6), puis
que ses « villes » ont été renversées et réduites en ruines (7). C'est ainsi que
l'orant sait qu'il est en train de prononcer les mots que le roi adresse au Seigneur
qui lui a donné la victoire sur ses ennemis de l'extérieur.

... au roi du monde


Or ce roi n'est pas le seul ! Celui à qui il s'adresse, « Yhwh » (2a), est le Dieu
d'Israël, et c'est lui que le roi qui prie reconnaît comme son roi : en effet, il a
« siégé sur le trône en juge juste » (5b) pour prononcer « jugement » et
« sentence » (5a) en faveur de celui qui avait fait appel à lui contre ses ennemis.
32 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Mais le roi d'Israël ne s'arrête pas au passé : il confesse que le « trône » et


la royauté divine sont « pour toujours » (8) et qu'elle s'étend non seulement à
tout le temps mais aussi à tout l'espace, « sur les nations », sur « le monde »
entier (9).

Du « je » au « vous »
Dans la deuxième partie, le roi élargit le discours à « l'opprimé » en général
(10), à tous ceux qui connaissent le nom de « Yhwh » et le cherchent (11) ; et il
les invite à le rejoindre dans sa louange (12a) et dans le témoignage qu'ils
rendront ensemble devant « les peuples » (12b). Si le psalmiste revient à la
première personne (14-15), on peut alors comprendre que ce n'est plus lui seul
qui s'exprime, mais tout son peuple avec lui qui parle en quelque sorte comme
un seul homme, comme le peuple réuni « aux portes de la fille de Sion » i l .

De l'action de grâces à la supplication


Tous alors redisent comment le Seigneur les a sauvés, comment leurs ennemis
ont dû subir ce qu'ils voulaient infliger au peuple de Dieu (16-17). Mais il
semble bien que la victoire célébrée pourrait bien n'être pas définitive et c'est
pourquoi se fait entendre le souhait que les méchants « retournent au shéol »
(18) et que tout le passage s'achève sur une ardente supplication adressée au
Dieu d'Israël contre les païens qui devront reconnaître qu'ils ne sont que des
« hommes », incapables de résister au jugement du Tout-Puissant (20-21).

11
Robert Gordis (« Psalm 9-10: a Textual and Exegetical Study », 106-107) parle de
« personnalité fluide » pour expliquer le passage de l'individu au groupe.
Le psaume 9-10 33

II. LE DEUXIÈME PASSAGE (10,1-2)

COMPOSITION

- 11 Pourquoi, YHWH, te tiens-tu au loin,


— te caches-tu aux temps de détresse ?
:: 2 Par l'orgueil d u MÉCHANT est consumé le malheureux ;
:: ils seront pris à ces ruses qu'ils ont pensées.

Dans le premier segment, « te tiens-tu au loin » et « te caches-tu » qui sont


pour ainsi dire synonymes se trouvent en termes médians.
Dans le premier membre du deuxième segment, « méchant » est au singulier,
mais il doit être considéré comme un collectif, puisque c'est à lui que le sujet
pluriel des deux verbes du second membre renvoie.
En même position, « Yhwh » et « le méchant » s'opposent. Il est possible de
considérer que « détresse » et « malheureux »jouent le rôle de termes médians.

INTERPRÉTATION

Le second segment semble être la réponse à la question que le psalmiste pose


au Seigneur dans le premier segment. Il est vrai que les méchants consument les
malheureux par leur orgueil, mais ce ne sont pas eux qui auront le dernier mot :
ils tomberont dans le piège qu'ils leur auront tendu. Le Seigneur qui semblait
s'être caché au loin interviendra en fin de compte et sauvera le malheureux des
griffes du méchant.
Cette courte partie ne prendra tout son sens que dans l'ensemble du psaume
dont elle constitue le centre, la clé de lecture.

III. LE TROISIÈME PASSAGE (10,3-18)

COMPOSITION

Le troisième et dernier passage du psaume comprend deux parties.

La première partie (10,3-11)

Cette partie comprend deux sous-parties.


34 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

La première sous-partie (3-7)

: 3 Oui, se loue le méchant du désir de SON AME,


- et gagnant IL BÉNIT IL MÉPRISE YHWH.

: 4 Le méchant, selon l'arrogance de SONNEZ ne cherche pas :


- « IL N'Y A PAS DE DIEU ! » (voilà) toutes ses pensées.

- 5 Réussissent ses chemins EN TOUT TEMPS


. (trop) en-haut tes jugements pour lui
. tous ses adversaires, IL C R A C H E sur eux.

6
- II dit en SON CŒUR :
- « JE NE CHANCELLERAI PAS D'ÂGE EN ÂGE ! »
- celui qui (n'est) pas clans le malheur.

: 7 D e MALÉDICTION SA BOUCHE est pleine


: et de fraudes et de violence,
: SOUS SA LANGUE méfait et iniquité.

Les deux segments du premier morceau sont parallèles : les premiers mem-
bres répètent « le méchant » et « son nez » rappelle « son âme » (d'autant plus
que nepes signifie aussi « gorge »). Le mépris de Dieu qui s'exprime dans une
bénédiction blasphématoire pour son succès (3b) est dû à sa négation de
l'existence même de Dieu (4b).
Le dernier morceau correspond au premier. Le premier trimembre (6)12
renvoie aux seconds membres du premier morceau (3b.4b) avec ses deux
déclarations (4b.6b) ; « pas dans le malheur » (6c) est l'équivalant » de « ga-
gnant » (3b). Dans le deuxième trimembre « malédiction » (7a) s'oppose à « il
bénit » mais est l'équivalent de « il méprise » (3b). « Son cœur » (6a), « sa
bouche » (7a) et « sa langue » (7c) correspondent à « son âme » et « son nez »
(3a.4a).
Le morceau central ne comprend qu'un seul trimembre de type ABB'.
Comme il réussit constamment (5a), le méchant méprise et Dieu (« tes
jugements » : 5b, comme en 3b.4b) et ses adversaires (5c). « En tout temps »
(5a) sera repris par « d'âge en âge » (6b).

12
La ponctuation massorétique met « d'âge en âge » au début du membre suivant. La
traduction adoptée ici permet de ne pas corriger le texte et de garder le relatif aser traduit par
« celui qui ».
Le psaume 9-10 35

La deuxième sous-partie (10,8-11)

- 8 II se tient À L'AFFUT dans les villages,


- sous les couverts il tue l'innocent,
- ses yeux le misérable épient.
- 9 II EST-À-L'AFFUT, SO U.S C vti- v*v-i.' w, comme un lion dans son fourré,
- IL EST-À-L'ÀFFUT pour se saisir du malheureux,
- il se saisit du malheureux le traînant dans son filet.
: 10 II s'accroupit, se tapit,
: et tombe en ses pouvoirs le misérable.

+ 11 II dit en son cœur :


: : « Il oublie, Dieu,
:: il se couvre la face
: : pour ne pas voir jusqu'à la fin. »

Dans le premier morceau est décrite l'agression du méchant contre « l'in-


nocent » (8b), « misérable13 » (8c. 10b), « malheureux » (9b.9c). Dans le premier
segment (8) « les villages » semblent être les aglomérations sans remparts, ce
qui rend plus faciles les agressions venues du dehors, qu'elles soient le fait des
bandits ou des bêtes féroces. Dans le deuxième segment le méchant est comparé
au « lion dans son fourré » (9)14 et le troisième segment file la comparaison (10).
« Sous les couverts » du premier segment (8b) est repris par « sous couvert »
dans le deuxième (9a) ; de même, le substantif « à l'affût » du premier segment
(8a) trouve un double écho avec le verbe « être à l'affût » dans le deuxième
segment (9a. 9b).
Le second morceau rapporte le raisonnement du méchant qui méprise Dieu.
Ainsi les deux morceaux sont complémentaires : dans le premier le méchant
s'attaque aux hommes, dans le second il se moque de Dieu.

13
Cet adjectif se trouve trois fois dans ce psaume (Ps 10,8.10.14), et pas ailleurs dans la Bible
hébraïque. Voir Kraus, I, 191 ; O. KOMLOS, « The meaning of helekhah-helka'im ».
14
L'image du « filet » ne se rapporte évidemment pas au « lion ». Elle renvoie au chasseur qui
est ainsi mis sur le même plan que le fauve. Non seulement le méchant est une bête féroce, mais en
tant que chasseur il traite ses semblables comme des proies animales ; sur ce type de piège, voir
Vesco, I, 151.
36 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L'ensemble de la première partie (3-11)

3
Oui, se loue LE MÉCHANT du désir de SON ÂME,
et gagnant il bénit il méprise Yhwh.
•4 LE MÉCHANT, selon l'arrogance de SON NEZ ne cherche pas
:: <( 11 n'y apas de DIEU !» (voilà) toutes ses pensées.

3
Réussissent ses chemins EN TOUT TEMPS
(trop) en-haut tes jugements pour lui
tous ses adversaires, il crache sur eux.

• 6 II dit e n SON CŒUR :


:: «Je ne chancelleraipas
celui qui (n'est) pas dans le malheiir.
7
De malédiction SA BOUCHE
et de fraudes et de violence, est pleine
SOUS SA LANGUE méfait
et iniquité.
8
II se tient à l'affût dans les villages,
sous les couverts il tue l'innocent,
SES YEUX le misérable épient.
9
II est à l'affût, sous couvert, comme un lion dans son fourré
il est à l'affût pour se saisir du malheureux,
il se saisit du malheureux
10
II s'accroupit, se tapit, le traînant dans son filet.
et tombe en ses pouvoirs
le misérable.
n
• l l dit EN SON CŒUR :

:: «Iloublie, DIEU;
:: il se cornue h face
:: pour ne pas voir JUSQU'À LA FIN, »

« Le méchant » est nommé deux fois au début de la première sous-partie


(3a.4a) et pas du tout dans la deuxième sous-partie. Inversement, il est question
cinq fois de « l'innocent », du « misérable » et du « malheureux » dans la
deuxième sous-partie (8bc.9bc.10b) ; à cette liste correspond dans la première
sous-partie le seul terme « tous ses adversaires » (5c). Dans la première sous-
partie sont rapportées deux courtes pensées du méchant (4b. 6b) et la deuxième
sous-partie s'achève par une troisième pensée plus développée (llbcd) ; celle-ci
est introduite par la même phrase narrative ( l i a ) que celle qui introduit la
Le psaume 9-10 37

deuxième pensée de la première sous-partie (6a). Ces deux pensées s'achèvent


avec une expression semblable : « d'âge en âge » et «jusqu'à la fin » (ôb.lld),
annoncée par « en tout temps » (5a). On notera les termes appartenant au champ
sémantique du corps : « son âme » (ou « gorge » : 3a), « son nez » (4a), « sa
bouche » (7a), « sa langue » (7c), « ses yeux » (8c), appartenant tous au « mé-
chant ». Ce dernier ne prononce pas le nom propre de « Yhwh », il utilise
« Dieu » ( 'ëlôhîm en 4b, 'ël en 1 lb).

La deuxième partie (10,12-18)

Cette partie comprend elle aussi deux sous-parties.

La première sous-partie (12-14)

+ q 12 DRESSE-TOI, Yhwh !
+ Dieu, LÈVE TA MAIN,
4- N'OUBLIE PAS les humbles !
- 13 Pourquoi blasphème-t-il LE MÉCHANT Dieu,
- dit-il en son cœur : « TU NE CHERCHERAS PAS »?

+ r 14 TU AS VU, oui, toi, la peine et les pleurs,


4- TU REGARDES pour les donner EN TA MAIN :
: à toi s'abandonne le misérable,
: l'orphelin, toi, tu (lui) fus (de) secours.

Dans le premier morceau la prière en faveur des « humbles » (12) est suivie
d'une question qui regarde « l e méchant» (13), celui justement qui opprime
« les humbles ». « Tu ne chercheras pas » à la fin s'oppose aux trois impératifs
initiaux, en particulier à « n'oublie pas ».
Le second morceau comprend lui aussi deux bimembres. En position analogue
revient le pronom « toi » (14a. 14d). « La peine et les pleurs » (14a) sont ceux du
« misérable » et de « l'orphelin » (14cd).
Le premier segment du second morceau (14ab) est une réponse à ce que vient
de penser le méchant : « t u as vu», « t u regardes» (14ab) s'oppose en effet
directement à « Tu ne chercheras pas » (13b) ; ces deux verbes jouent donc le
rôle de termes médians, mais ils jouent aussi le rôle de termes initiaux avec les
trois impératifs du début de la sous-partie (12abc). « Le misérable » et « l'orphe-
lin » (14cd) renvoient à « les humbles » (12c) ; « ta main » est repris en position
symétrique, à la fin des seconds membres (12b. 14b).
38 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

La deuxième sous-partie (15-18)

+ s 15 Brise le bras d u MÉCHANT, du MAUVAIS,


= tu chercheras SA MÉCHANCETÉ, elle ne se trouvera plus.
+ 16 Yhwh est roi pour toujours et à jamais,
= ont disparu LES PAÏENS de sa terre.

+t 17
Le désir des humbles, tif 1 ^r.^it && Yhwh,
- tu affermis leur cœur, t ptî d ^ ton oreille,
18 l'orphelin e£ l'opprimé
+ pour juger
- il n'aura plus peur & UN HOMME (né) de la terre !

Les deux segments du premier morceau sont parallèles : les premiers mem-
bres présentent le Seigneur comme le roi qui juge, les seconds membres le
résultat radical de son jugement sur « le méchant » (15a), identifié en finale avec
« les païens » (16).
Le second morceau parait construit de la même façon : la finale de 18a serait
régie par 17a (le Seigneur écoute le désir des humbles pour juger en leur
faveur) ; quant aux seconds membres, leurs débuts se correspondent, comme le
fait (« tu affermis leur cœur ») et sa conséquence (« il n'aura plus peur »).
Dans le premier morceau le Seigneur juge le « méchant », le « mauvais »
(15a), c'est-à-dire «les païens» (16b), tandis que dans le second morceau il
s'attache aux « humbles » (17a) à « l'orphelin et l'opprimé ». En finale cepen-
dant le méchant est appelé « un homme de la terre » (18b) qui ne doit donc pas
être craint. Dans les premiers membres de chaque morceau « brise le bras »
(« du méchant » : 15a) s'oppose à « tu affermis leur cœur » (celui des « hum-
bles » : 17b). Les deux occurrences de « terre » remplissent la fonction de termes
finaux (16b. 18b).
Le psaume 9-10 39

L'ensemble de la partie (12-18)

+ q 12
DRESSE-TOI, Yhwh !
+ Dieu, LÈVE TA MAIN,
+ N'OUBLIE PAS LES HUMBLES !
- 13 Pourquoi blasphème-t-il LE MÉCHANT Dieu,
- dit-il en son cœur : « ïïï NE CHERCHE! \ ? »

14
+ r Tu as vu, oui, toi, la peine et les pleurs,
+ tu regardes pour les donner M TA MAIN :

: à toi s'abandonne le misérable,


: L'ORPHELIN, toi, tu (lui) fus secours.

15
+ s BRISE le bras dll MÉCHANT, du MAUVAIS,
SA MÉCHANCETÉ, elle ne se trouvera plus.
+ 16 Yhwh est roi pour toujours et à jamais,
= ont disparu LES PAÏENS de sa terre.

+ t 1 7 Le désir DES HUMBLES, Yhwh,


- tu affermis leur cœur, tu tends ton oreille,
18
L'ORPHELIN et l'opprimé :
+ pour juger
- il n'aura plus
peur d ' U N HOMME (né) de la terre !

Les deux sous-parties commencent avec des impératifs (12abc.l5a) : « lève ta


main » (12b) correspond directement à « brise le bras » (15a). « Tu chercheras »
(15b) s'oppose à « Tu ne chercheras pas » (13b). « Orphelin » est repris en finale
de chaque sous-partie, avec « le misérable » en 14cd et avec « l'opprimé » en
18a. «Les humbles» se retrouvent dans les segments extrêmes (12c. 17a). Le
« méchant » du début (13a) n'est à la fin qu'« un homme » (18b). « Tu as vu » et
« tu regardes » au début du deuxième morceau de la première sous-partie (14ab)
ont leur correspondant avec « tu écoutes » et « tu tends ton oreille » au début du
deuxième morceau de la seconde sous-partie (17).
40 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L 'ensemble du troisième passage (10,3-18)


3
Oui, se loue LE MÉCHANT DU DÉSIR. de son âme,
et gagnant il bénit il méprise Yhwh.
4
LE MÉCHANT, selon l'arrogance de son nez CIL: FAS :
« Il n'y a pas de Dieu 1 » (voilà) toutes ses pensées,
5
Réussissent ses chemins EH TOUT TEMPS
(trop) en-haut tes jugements pour lui
tous ses adversaires, il crache sur eux.

• 6 II dit en son cœur :


« Je ne chancellerai pas D'&se EN ME ! »
celui qui (n'est) pas dans le malheur.
7
De malédiction sa bouche est pleine
et de fraudes et de violence,
sous sa langue méfait et iniquité.
8
II se tient à l'affût dans les villages,
sous les couverts il tue l'innocent,
ses yeux le misérable épient.
9
II est à l'affût, sous couvert, comme un lion dans son fourré,
il est à l'affût pour se saisir du malheureux,
il se saisit du malheureux le traînant dans son filet.
10
II s'accroupit, se tapit,
et tombe en ses pouvoirs le misérable.
11
• II dit en son cœur :
<< .//. OUBLIE, DIEU,
il se couvre lafit,e
pour NE PAS VOIR JUSQU'À LA RN. »

q 12 Dresse-toi, Yhwh !
DIEU, lève ta main,
N'OUBLIE PAS les humbles !
13
Pourquoi blasphème-t-il LE MÉCHANT Dieu,
• dit-il en son cœur : « 1; ? »

r 14
TU AS VU, oui, toi, la peine et les pleurs,
tu regardes pour les donner en fa main :
à toi s'abandonne le misérable,
l'orphelin, toi, tu (lui) fus secours.
15
s Brise le bras du MÉCHANT, du MAUVAIS,
TU CHERCHEEAS SA MÉCHANCETÉ, elle ne se trouvera plus.
16
Yhwh est roi POUR TOUJOURS À JAMAIS,
ont disparu LES PAÏENS de sa terre.

t 1 7 LE DÉSIR des humbles, tu écoutes, Yhwh,


tu affermis leur cœur, tu tends ton oreille,
18
pour juger l'orphelin et l'opprimé :
il n'aura plus peur d 9 UN .HOMME (né) de la terre !
Le psaume 9-10 41

Alors que toute la deuxième partie est une prière adressée à « Yhwh » (12a),
la première partie est une longue description des méfaits du « méchant » (3a) ;
une seule fois le psalmiste s'adresse à Dieu (5b).
Les trois déclarations du méchant, dont deux concernent « Dieu » (4b.6b.
llbcd) s'opposent à la prière du psalmiste ; toutefois ce dernier cite dans la
deuxième partie une quatrième déclaration du méchant (13b).
En termes extrêmes, « le désir » du « méchant » (3a) s'oppose au « désir des
humbles » (17a).
En termes médians opposés, «il oublie, Dieu» et «ne pas voir» (llbcd)
correspondent à « Dieu », « n'oublie pas » (12bc) et « tu as vu » (14a).
Alors que le méchant — qui réussit « en tout temps » (5a) — déclare pouvoir
tenir « d'âge en âge » (6b) et que Dieu ne verra rien de ses crimes «jusqu'à la
fin» (lld), le psalmiste atteste que le Seigneur règne «pour toujours et à
jamais » (16a).
Alors que le méchant « ne cherche pas » (4a) et dit à Dieu « Tu ne chercheras
pas» (13b), le psalmiste est sûr que le Seigneur détruira sa «méchanceté»
qu'on pourra bien « chercher », mais qu'on ne trouvera plus (15b).
Dans la première partie les nombreuses parties du corps sont toutes du
méchant (3a.4a.6a.7a.8c.lla), sauf la dernière, « la face » de Dieu (11c) ; dans la
deuxième partie il s'agit de la « main » de Dieu (12b. 14b) et de son « oreille »
(17b), mais aussi du « cœur » du méchant (13b) et de son « bras » (15a), enfin
du « cœur » des « humbles » (17b).
L'alphabétisme qui avait totalement disparu dans la première partie, reprend à
partir du début de la deuxième partie.

CONTEXTE BIBLIQUE

Le juge injuste et la veuve


La première partie du passage décrit le méchant dans son double mépris, de
Dieu et des hommes. Luc rapporte la parabole du juge injuste « qui ne craignait
pas Dieu et ne respectait pas les hommes» (Le 18,2) et de la veuve qui lui
demande de lui faire justice contre celui qui est injuste avec elle. Elle finira, à
force de l'importuner, par obtenir ce qu'elle veut. Et le Seigneur de conclure :
« Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit, alors qu'il
tarde envers eux ? Je vous dis qu'il leur fera justice soudainement » (Le 18,7-8).

INTERPRÉTATION

La fascination devant le méchant


Dans toute la première partie, le psalmiste est obnubilé par le méchant, il est
en quelque sorte fasciné par lui comme la proie par son prédateur, à tel point que
son expression est tellement embarrassée qu'elle en devient presque incom-
préhensible. Il en vient à oublier son alphabet. On dirait même qu'il en a oublié
42 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

jusqu'à son Dieu : il ne s'adresse à lui qu'une seule fois, comme en passant (5b).
C'est que le méchant est un « gagnant » (3b) qui réussit toujours (5a) et qui peut
donc cracher impunément sur tous ses adversaires (5c). Personne ne pourrait
échapper à ce fauve (9) et « le misérable » ne peut que tomber en son pouvoir
(10).

« Il n'y a pas de Dieu »


À voir comment le méchant se comporte envers ses semblables, le psalmiste
comprend quelles sont « ses pensées » (4b), celles qu'« il dit dans son cœur »
(6.11). Dieu n'existe pas ; pourquoi le chercher ? (4). De toute façon, même s'il
existait, il ne se soucie de personne en ce monde-ci, ni des malheureux ni des
méchants qui les oppriment : « 11 oublie », « il se couvre la face pour ne pas voir
jusqu'à la fin » (11). Et voilà pourquoi le méchant est sûr de ne rien craindre et
de rester toujours inébranlable. En ce sens, il se met à la place de Dieu, le seul
qui soit « roi pour toujours et à jamais » (16a). Il est en réalité idolâtre de lui-
même. Quant au misérable, à la victime du méchant, comme la veuve de la
parabole, il a de quoi être désespéré en constatant que le Seigneur, son Seigneur
n'intervient pas et l'abandonne aux griffes de son ennemi. Lui aussi pourrait être
tenté de croire à la fin que Dieu n'existe pas ou qu'il se voile la face.

Le sursaut du croyant
Ce seront les derniers mots du méchant (11) qui auront fait réagir le psalmiste,
comme s'il ne pouvait pas plus longtemps entendre l'arrogance de celui qui ose
ainsi se moquer de Dieu et des malheureux. Il reprend les paroles mêmes du
blasphémateur pour s'adresser à Dieu et lui demander d'intervenir : « Dieu »,
« n'oublie pas les humbles » (12), « tu as vu la peine et les pleurs » (14). Il lui
rappelle même ce que le méchant « dit dans son cœur : « Tu ne chercheras
pas ! » (13). Le Seigneur devra répondre à ce blasphème en brisant de sa
« main » « le bras du méchant » de sorte qu'on pourra bien « chercher sa mé-
chanceté », on ne la trouvera plus. La foi du psalmiste le fait pour ainsi dire « se
dresser » lui-même, et il en retrouve soudain, avec l'alphabet, un langage clair et
assuré ; son « cœur » est « affermi » (17), il ne saurait plus avoir peur de celui
qui n'est, comme lui, qu'un homme tiré de la terre (18).

IV. L'ENSEMBLE DU PSAUME

COMPOSITION

Deux longs passages encadrent le court passage central. « Méchant(s) » (9,


6.17.18; 10,3.4.13.15) et «malheureux» (9,13.19; 10,9 bis) sont repris au
centre (10,2). « Détresse » de 10,1 rappelle 9,10 et « qu'ils ont pensées » de 10,2
annonce « ses pensées » (10,4). « Pourquoi » sera repris par « A cause de quoi »
(10,13), « l'orgueil » (10,2) et « l'arrogance » (10,4) sont de même racine.
Le psaume 9-10 43

1
Du maître de chant. Sur « Mort pour le fils ». Psaume. De David.
32
Je rends grâce, YHWH, de tout mon cœur, j'énonce toutes tes merveilles ;
3
je me réjouis et j'exulte en toi, je joue pour ton nom, Très-Haut,
B 4 Quand retournent mes ennemis en arrière, ils fléchissent et disparaissent devant ta face,
5
car tu as fait mon jugement et ma sentence, tu as siégé sur le trône en juge juste,
G 6 Tu as maté des païens, fait disparaître le LÉCHANT, leur nom tu as effacé pour toujours et à jamais ;
7
l'ennemi est achevé, ruines sans fin, et des villes tu as renversé, a disparu leur souvenir,
H Eux...8 mais YHWH pour toujours siège, il affermit pour le jugement son trône ;
9
et lui, il jugera le monde avec justice, prononcera sur les nations avec droiture.
W 1 0 Et que soit YHWH une forteresse pour l'opprimé, une forteresse aux temps de DÉmEm\
11
Et se confient en toi les connaissant ton nom, car tu n'abandonnes pas tes cherchant, YHWH.
Z 12 Jouez pour YHWH, l'habitant à Sion, racontez parmi les peuples ses hauts faits !
13
car il cherche les sangs, d'eux il se souvient, il n'oublie pas le cri des MALHEUREUX.
H 14 Aie pitié de moi, YHWH, vois mon malheur, de mes ennemis me faisant remonter des portes de la mort,
15
pour que j'énonce toute ta louange aux portes de la fille de Sion, joyeux en ton salut.
1 1 6 Ont croulé les païens dans la fosse qu'ils ont faite, au filet qu'ils ont tendu s'est pris leur pied.
17
S'est fait connaître YHWH, le jugement il a fait, dans l'ouvrage de ses mains il a lié le LÉCHANT.
Y 1 8 Que retournent les PÉCHANTS au shéol, tous ces païens oubliant Dieu,
K 1 9 car pas à la fin n'est pas oublié le pauvre, l'espoir des MALHEUREUX ne disparait pas à jamais.
20
Dresse-toi, YHWH, que ne triomphe l'homme, qu'ils soient jugés, les païens, devant ta face !
21
Jette, YHWH, l'épouvante sur eux, qu'ils connaissent, les païens, qu'hommes ils sont !

L 10,1 POURQUOI, YHWH, te tiens-tu au loin, te caches-tu aux temps de DÉTMSSE!


2
Par ûmm, du LÉCHANT est consumé le MALHEUREUX ; ils seront pris à ces ruses qu'ils OHT PENSÉES.

3
Oui, se loue LE LÉCHANT du désir de son âme, et gagnant il bénit il méprise YHWH.
4
LE MÉCHANT, selon ùamm de son nez ne cherche pas : « Il n'y a pas de Dieu ! » voilà toutes SES PESÉES.
5
Réussissent ses chemins en tout temps trop haut tes jugements pour lui tous ses adversaires, il crache sur eux.
6
II dit en son cœur : « Je ne chancellerai pas d'âge en âge ! » celui qui (n'est) pas dans le mal.
7
De malédiction sa bouche est pleine et de fraudes et de violence, sous sa langue méfait et iniquité.
8
II se tient à l'affût dans les villages, sous les couverts il tue l'innocent, ses yeux le misérable épient.
9
II est à l'affût sous couvert comme lion dans son fourré, il est à l'affût pour se saisir du MALHEUREUX,
il se saisit du MALHEUREUX le traînant dans son filet.
1011
s'accroupit, se tapit, et tombe en ses pouvoirs le misérable.
11
II dit en son cœur : « Il oublie, Dieu, il se couvre la face pour ne pas voir jusqu'à la fin. »
Q 1 2 Dresse-toi, YHWH ! Dieu, lève ta main, n'oublie pas les humbles !
13
À CAUSE DE QUOI blasphème-t-il le LÉCHANT Dieu, dit-il en son cœur : « Tu ne chercheras pas ? »
R 1 4 Tu as vu, oui, toi, la peine et les pleurs, tu regardes pour les donner en ta main :
à toi s'abandonne le misérable, l'orphelin, toi, tu (lui) fus secours.
S 1 5 Brise le bras du LÉCHANT, du mauvais, tu chercheras sa MÉCHANCETÉ, elle ne se trouvera plus.
16
YHWH est roi pour toujours et à jamais, ont disparu les païens de sa terre.
T 1 7 Le désir des humbles, tu écoutes, YHWH, tu affermis leur cœur, tu tends ton oreille,
18
pour juger l'orphelin et l'opprimé : il n'aura plus peur d'un homme (né) de la terre !

Comme il arrive souvent, le psaume est focalisé sur une question (10,1),
suivie de sa réponse (2)15.

15
Sur la question au centre, voir Traité, 417-435.
44 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les passages extrêmes


3 9,2 Je rends grâce, Yhwh, de tout mon cœur, j'énonce toutes tes merveilles ;
3 je me réjouis et j'exulte en toi, je joue pour ton nom, Très-Haut.

B 4 Quand retournent mes ennemis en arrière, ils fléchissent et dmmssm devant ta face,
5 car tu as fait mon jugement et ma sentence, tu as siégé sur le trône en juge juste,
G 6 Tu as maté des païens, EUT DISPARAITRE le LÉCHANT,
leur nom tu as effacé - mah ;
7 l'ennemi est achevé, ruines sans fin, et des villes tu as renversé, À BISPMV leur souvenir,
H Eux...8 mais Yhwh pour toujours siège, il affermit pour le jugement son trône ;
9 et lui, il jugera le monde avec justice, prononcera sur les nations avec droiture.
W 1 0 Et que soit Yhwh une forteresse pour L'OPPRIMÉ, une forteresse aux temps de détresse !
11 Et se confient en toi les connaissant ton nom, car tu n'abandonnes pas TIMIlCftM, Yhwh.
Z 12 Jouez pour Yhwh, l'habitant à Sion, racontez parmi les peuples ses hauts faits !
13 car il, mmmi les sangs, d'eux il se souvient, IL N'OUBLIE P A S le cri des MALHEUREUX.
H 14 Aie pitié de moi, Yhwh, vois mon MALHEUR, de mes ennemis me faisant remonter des portes de la mort,
15 pour que j'énonce toute ?c louange
aux portes de la fille de Sion, joyeux en ton salut.

T 16 Ont croulé les païens dans la fosse qu'ils ont faite, au filet qu'ils ont tendu s'est pris leur pied.
17 S'est fait connaître Yhwh, le jugement il a fait, dans l'ouvrage de mmm il a lié le MÉCHANT.
Y 1 8 Que retournent les PÉCHANTS au shéol, tous ces païens OUBLIANT Dieu,
K 1 9 car pas à la fin ? - - S OUBLIÉ le pauvre, l'espoir des MALHEUREUX MMSimïï PÁS à jamais.
20 DRESSE-TOI, YHWH, que ne triomphe L HOMME, qu'ils soient jugés, les païens, devant ta face !
21 Jette, Yhwh, l'épouvante sur eux, qu'ils connaissent, les païens, qu'HOMMES ils sont !

[10,1-2]

10,3 Oui, se bue LE MÉCHANT du désir de son âme, et gagnant il bénit il méprise Yhwh.
4 LE LÉCHANT, selon l'arrogance de son nez NE ( J i M PAS : « Il n'y a pas de Dieu ! » voilà toutes ses pensées.
5 Réussissent ses chemins en tout temps trop haut tes jugements pour lui
tous ses adversaires, il crache sur eux.
6 II dit en son cœur : « Je ne chancellerai pas d'âge en âge ! »
celui qui (n'est) pas dans le mal.
7 De malédiction sa bouche est pleine et de fraudes et de violence,
sous sa langue méfait et iniquité.
8 II se tient à l'affût dans les villages, sous les couverts il tue l'innocent,
ses yeux le misérable épient.
9 II est à l'affût sous couvert comme lion dans son fourré, il est à l'affût pour se saisir du MALHEUREUX,
il se saisit du MALHEUREUX le traînant dans son filet
10 II s'accroupit, se tapit, et tombe en ses pouvoirs le misérable.
11 II dit en son cœur :

« IL OUBLIE, Dieu, il se couvre la face


pour jusqu'à la fin. »
Q12 DRESSE-TOI. YHWH! Dieu, lève B M ,
N'OUBLIE P A S les humbles !
13 À cause de quoi blasphème-t-il le LÉCHANT Dieu, dit-il en son cœur : « TU M OTTHILAS PAS ? »
R14 , oui, toi, la peine et les pleurs, tu regardes pour les donner en TA M :
à toi s'abandonne le misérable, l'orphelin, toi, tu (lui) fus secours.

S 1 5 Brise le bras du LÉCHANT, du mauvais, Ti OiMISAS sa MÉCHANCETÉ, elle ne se trouvera plus.


16 Yhwh est roi pour toujours et à jamais,
ftVTMPAM les païens de sa terre.
T 1 7 Le désir des humbles, tu écoutes, Yhwh, tu affermis leur cœur, tu tends ton oreille,
18 pour juger l'orphelin et L'OPPRIMÉ : il n'aura plus peur d'un HOMME (né) de la terre !
Le psaume 9-10 45

Outre les rapports déjà notés entre le passage central et ceux qui l'encadrent,
ces derniers ont un grand nombre de termes communs, ce qui est un signe fort de
l'unité du psaume.
Abondent dans les deux passages les termes opposés « méchant(s) » « mal-
heureux », avec leurs synonymes: d'une part, « ennemi(s) » (10,4.7.14), «les
païens» (9,6.16.18.20.21 ; 10,16), «les nations» (9,9), «les peuples» (9,12),
« le monde » (9,9), « le mauvais » (10,15) et d'autre part « l'opprimé » (9,10 ;
10,18), « le pauvre » (9,19), « l'innocent » (10,8), « le misérable » (10,8.10.14),
« les humbles » (10,12.17), « l'orphelin » (10,14.18)16.
On notera aussi les reprises suivantes :
- « disparaître » (9,4.6.7.19 ; 10,16) ;
- « pour toujours et à jamais » (9,6 ; 10,16) ;
-«chercher »(9,11.13 ; 10,4.13.15);
- « oublier » (9, 13.18.19; 10,11.12);
- « v o i r » (9,14; 10,11.14);
- « louange » (9,15) et « se loue » (10,3) ;
- « f i l e t »(9,16; 10,9).
Plus important encore, la reprise de « Dresse-toi, Yhwh » dans les secondes
parties des deux passages (9,20; 10,12) et de «homme» en termes finaux
(9,20.21 ; 10,18).
On peut ajouter, bien qu'il n'y ait pas de reprise lexicale, que les débuts des
deux passages s'opposent : c'est d'abord le psalmiste qui rend grâces au Sei-
gneur, « se réjouit et exulte » en lui (9,2-3), c'est ensuite le méchant qui « se
loue » lui-même « du désir de son âme » (10,3).
Enfin, la partie où se perd l'alphabétisme (10,3-11) et où le texte est tour-
menté, est aussi celle où le rythme est bousculé : alors que les autres parties sont
formées de segments bimembres17, dans cette partie se succèdent : 2 bimembres,
5 trimembres, 1 bimembre, 1 unimembre, un trimembre (voir p. 36).

CONTEXTE BIBLIQUE

Caïn et Abel
Dans le premier passage un verset peut rappeler l'histoire des deux premiers
frères : « car il s'enquiert des sangs, d'eux il se souvient, il n'oublie pas le cri des
malheureux » (Ps 9,13). Les premiers « sangs » répandus qui « crièrent » vers le
Seigneur furent ceux d'Abel que Caïn « tua » : « et il arriva que tandis qu'ils
étaient dans la campagne, Caïn se leva contre Abel son frère et le tua » (Gn 4,8) ;
« Et [Yhwh] dit : « Qu'as-tu fait ? La voix des sangs de ton frère crient [sic] vers
moi du sol » (4,10).

16
Sur les termes désignant les opprimés, voir, par exemple, Vesco, I, 151-154.
17
Seule exception, la partie suivante commence par un trimembre (12), comme si le psalmiste
n'avait pas encore retrouvé son calme.
46 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Dans le dernier passage, la description du méchant qui « se tient à l'affût »


« comme un lion dans son fourré » (Ps 10,9), qui « s'accroupit, se tapit » (10) et
qui « sous les couverts tue l'innocent » (8), rappelle aussi l'histoire de Caïn et
Abel et en particulier les paroles que Yhwh adresse à Caïn pour le mettre en
garde : « Pourquoi es-tu en colère et pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu agis
bien, ne le relèveras-tu pas ? Mais si tu n'agis pas bien, à ta porte le péché est
tapi et vers toi va son élan ; mais toi tu peux le dominer » (Gn 4,6)18.

INTERPRÉTATION

Un psaume d'action de grâces puis un psaume de supplication ?


A première vue, il pourrait sembler que le psalmiste a mis la charrue avant les
bœufs. L'exposé du malheur et la supplication du Ps 10 devrait en effet précéder
l'action de grâce et l'exultation causées par le jugement divin et le salut par quoi
commence le Ps 9. Certains pensent que c'est la raison pour laquelle le psaume a
été coupé en deux dans le texte massorétique : les genres littéraires des deux
psaumes doivent être distingués, le Ps 9 étant un psaume d'action de grâce, le Ps
10 un psaume de supplication. Toutefois, il ne manque pas de textes où la gloire
précède la douleur. Ainsi dans le quatrième chant du Serviteur (Is 52,13-53,12)
où est annoncée d'emblée l'exaltation du Serviteur (Is 52,13) avant la descrip-
tion de ses souffrances et de son humiliation19 (voir aussi Ps 98). L'ordre chro-
nologique n'est pas le seul qu'un poète puisse choisir.

Le psaume 9 est aussi un psaume de supplication


La première partie du psaume 9-10 n'est pas seulement un psaume d'action
de grâces. La deuxième partie en effet commence par un vœu : « Que le Sei-
gneur soit une forteresse pour l'opprimé, une forteresse aux temps de détresse »
(9,10). Si le psalmiste se tourne alors vers ses compatriotes, les invitant à
« jouer » pour le Seigneur et à « raconter » « parmi les peuples ses hauts faits »
(12), il ne tarde pas à supplier son Dieu d'« avoir pitié » de lui (14). Après avoir
rappelé le salut, disant comment « les païens ont croulé dans la fosse qu'ils ont
faite » (16), il revient encore à la supplication : « Dresse-toi, Seigneur, que ne
triomphe l'homme... » (20-21). Il est vrai que l'ennemi a été vaincu et c'est pour
cela que le roi rend grâces au Seigneur. Mais il sait aussi que la menace demeure
et qu'il lui faut encore, en redisant sa foi, invoquer le secours de son Dieu.

18
Traduction d'André Wénin {Actualité des mythes, 41-53) ; voir ID., DAdam à Abraham ou
Les errances de l'humain, 147-153.
19
Voir l'analyse rhétorique de ce texte dans R. MEYNET, « Le quatrième chant du Serviteur. Is
52,13-53,12».
Le psaume 9-10 47

« Vraiment, tu es un Dieu qui se cache, Dieu d'Israël sauveur ! » (Is 45,15)


La question qui surgit au tournant du psaume ne manque pas de surprendre20.
Toutefois ce n'est pas tout à fait un coup de tonnerre dans un ciel serein. La
supplication des deux versets précédents laissait entendre que la paix était de
nouveau menacée, et peut-être même que les hostilités avaient repris. L'en-
semble du psaume en effet peut être lu non pas seulement comme une prière,
mais comme un récit, celui d'un roi qui vient de remporter une victoire avec
l'aide du Seigneur, mais qui n'a pas encore gagné la guerre et qui invoque le
secours divin. Une autre interprétation est cependant possible. Malgré la victoire
et la délivrance, le souverain demeure ébranlé et troublé par la grande peur qu'il
avait éprouvée devant les attaques de ses ennemis ; et il revit l'angoisse qui
l'avait étreint, terrifié d'abord par la menace de mort qui avait pesé sur lui (10,3-
11), criant vers son Dieu en multipliant ses déclarations de confiance en lui
(12-18).

Question de foi
En somme, ce qui est en jeu dans tout le psaume et qui éclate en son centre
n'est autre que la question de la foi. C'est vraiment le cas de le dire, puisque tout
le psaume tourne autour de l'interrogation adressée au Seigneur : « Pourquoi,
Seigneur, te tiens-tu au loin, te caches-tu aux temps de détresse ? » Dans ces
paroles de reproche s'expriment en même temps deux sentiments contra-
dictoires : le psalmiste pense que Dieu est absent, mais il lui parle, lui crie peut-
être son « pourquoi » comme s'il était proche, en tout cas à portée de voix. S'il
croyait qu'il était si loin qu'il ne pouvait entendre, lui aurait-il adressé la parole ?
Paradoxalement sa question angoissée dit sa foi. Et il ne s'arrête pas à sa ques-
tion, il poursuit en portant plainte contre le méchant qui consume le malheureux
par son orgueil. Enfin, ses derniers mots montrent à l'évidence qu'il fait
confiance à son Seigneur qui fera en sorte que ses persécuteurs seront pris à leur
propre piège.

L 'arrogance des méchants


Le terme récurrent « méchant » serait peut-être mieux traduit par « impie ».
Toutefois « impie » désigne plutôt celui qui ne respecte pas Dieu, alors que le
« méchant » est en même temps celui qui méprise aussi bien les hommes que
Dieu lui-même.
Victime de l'impie, [l'opprimé] est aussi son adversaire, lui opposant le reproche
vivant de son innocence. Bien plus qu'un obstacle à supprimer sur le chemin de la
richesse et du pouvoir, le pauvre est aux yeux de l'impie l'image du Dieu qu'il veut
briser : s'il peut supprimer le pauvre, non seulement il se sera débarrassé d'un témoin

20
C'est cette question qui a été choisie comme titre de la monographie de D. LIFSCHITZ, éd.,
Perché, Signore, te ne stai lontano?: Salmi 9 e 10.
48 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

gênant ; il se sera donné la preuve de l'incapacité de Dieu à sauver les siens, ou de son
indifférence à leur égard21.

Handicapé ou virtuose ?
Le psaume est-il rescapé d'un accident qui l'aurait laissé sévèrement han-
dicapé, irrémédiablement bancal et couvert de bien vilaines cicatrices qui le
défigurent et qu'aucune chirurgie ne saurait effacer ? Son auteur pourrait être au
contraire un poète fort habile, voire même un virtuose. Le portrait qu'il brosse de
la panique qui suffoque le psalmiste royal devant la menace mortelle (10,3-11),
avec son style d'épouvante qui lui fait perdre le repère de l'alphabétisme, traduit
de manière très expressive l'état dans lequel il se trouve. Et ce n'est pas un
hasard si, se tournant vers son Dieu, il peut enfin s'apaiser et retrouver le chemin
de l'alphabet qui l'amènera jusqu'à son Taw (Jb 31,35), jusqu'à son dernier mot.
Je découvre après coup, une autre interprétation très suggestive :
Il est à noter que cette longue méditation sur la logique déformée des méchants tombe
exactement à l'endroit où six lettres consécutives sont omises. Cette corrélation nous
conduit à penser que la structure du psaume reflète son message. L'acrostiche
alphabétique représente le bon ordre, la manière dont le monde devrait être quand
Dieu est présent. La mention des méchants et leurs déclarations, qui représentent une
rupture dans l'ordre divin, surviennent précisément au moment où il y a une rupture
dans la séquence acrostiche. Dans cette longue section de dix versets qui plonge dans
les pensées intimes des méchants, l'acrostiche se décompose complètement et six
lettres disparaissent. L'acrostiche ne revient sur la bonne voie qu'avec l'appel adressé
à Dieu pour qu'il agisse et punisse les méchants : « Lève-toi, Seigneur » (10,12)22.

L 'énigme du Dalet absent


Le psaume 9-10 n'est pas le seul dont l'alphabétisme est « défectueux », mais
il n'en est pas d'autres où Dalet est omis. On a fait noter que le premier segment
de la lettre précédente, Guimel, s'achève par un Dalet1?> et qu'aucun autre
segment du psaume ne finit par cette lettre24. C'est exact, mais cela semble une
bien maigre consolation. Faut-il tenter de trouver une raison à cette absence ?
Pourrait-elle être voulue, ou tout au moins significative25 ? D'emblée, un ami
m'a fait remarquer que delet signifie « porte », interprétant aussitôt, d'une
manière « sauvage », que son absence pourrait signifier qu'il n'y avait pas de
porte. Cela conviendrait bien au contexte (Ps 9,4-9), où les ennemis ne sauraient

21
Mannati - Solms, I, 148.
R. BENUN, « Evil and the Disruption of Order: A Structural Analysis of the Acrostics in the
First Book of Psalms », 6.
23
gâ 'artâ gôyim 'îbbadtâ râsâ ' semâm mâhîtâ Ie 'ôlâm wâ éd.
24
R. BENUN, « Evil and the Disruption of Order », 3.
25
Selon Ronald Benun « l'absence du verset dalet représente symboliquement le sens littéral de
la destruction des méchants et l'effacement de leur mémoire » (« Evil and the Disruption of
Order », 7).
Le psaume 9-10 49
trouver la moindre issue pour échapper au jugement de Dieu. Plus sauvagement
encore, ou, mieux, pour adopter un raisonnement de type kabbalistique, on
notera que les deux dernières consonnes de Dalet sont le Lamedet le Taw, c'est-
a-dire les lettres par lesquelles commencent le premier et le dernier verset du Ps
10. S'il est possible d'omettre le Dalet, il ne faudrait surtout pas laisser de côté
tout ce qui va de Lamed jusqu'à Taw. Il serait dommageable de s'arrêter en plein
milieu du chemin alphabétique ; il faut aller jusqu'au bout, jusqu'au bout de sa
peur, jusqu'au moment où l'opprimé « n'aura plus peur d'un homme tiré de la
terre » (Ps 10,18).
Le psaume 25
psaume de la nouvelle alliance

Dans son commentaire des Psaumes Luis Alonso Schoekel écrivait ceci à
propos du psaume 25 :
Situé dans son genre littéraire, acrostiche de supplication, le psaume est solennelle-
ment conventionnel. Au cours du chemin parcouru jusqu'ici, nous n'étions jamais
tombés sur un psaume aussi dépourvu de personnalité. Une fois lu et relu, nous ne
nous souvenons de rien : aucun vers ne s'est accroché ou a pris racine dans les sillons
de notre mémoire ; comme un morceau musical dont nous ne pouvons ni ne voulons
chantonner la moindre phrase. C'est plutôt un exercice scolaire où ce qui compte est
de sortir victorieux ou indemnes de la course d'obstacles des vingt-deux lettres de
l'alphabet [...] Ainsi, vers après vers, l'artiste sans inspiration (maître expert ou élève)
finit par achever son travail, insérant en finale un vers ajouté1.

Il est permis de ne pas partager un tel jugement, même s'il vient — avec la
verve qui était la sienne — de la plume d'un exégète de renom. C'est que ce
dernier n'appréciait pas particulièrement ce genre de composition : le carcan de
l'acrostiche alphabétique ne s'accordait guère avec son tempérament de poète
épris de fantaisie et de liberté. On pourra penser au contraire que les contraintes
du sonnet n'ont pas empêché Pétrarque de composer de magnifiques poèmes, où
son génie poétique s'est librement exprimé.
L'alphabétisme du psaume 25 présente quelques irrégularités : en effet, il ne
comporte pas de vers qui commence par les lettres bet,2 waw et qoph ; en
revanche, deux vers successifs commencent par aleph et deux autres par resh ;
enfin, au lieu de s'achever avec un vers commençant par la dernière lettre de
l'alphabet, taw, le dernier vers commence par la lettre pé, qui est ainsi utilisée
deux fois (16.22) Ces anomalies sont-elles dues aux vicissitudes de la tradition
manuscrite qui nous aurait transmis un texte détérioré, ou sont-elles le fruit
d'une composition élaborée qui joue de manière savante avec l'alphabet ? Une
étude précise de la composition du psaume pourrait apporter quelque lumière sur
cette question.
Tous les commentateurs proposent un plan du psaume, mais plusieurs le font
sans grande conviction. Ainsi A. Rose écrit :

1
Alonso Schoekel - Carniti, I, 478.
2
Certains pensent au contraire que le premier mot du verset 2 ( 'ëlôhay, «mon Dieu») doit être
reporté à la fin du verset précédent : ainsi le second segment commencerait avec beth : bekà
bâtahtî 'al- 'ëbôsâ (« En toi je me fie, que je ne rougisse pas »). Ainsi, par ex., Ravasi, I, 472,
lequel toutefois, contrairement à d'autres auteurs, évite de corriger le texte. Le premier segment
serait alors réduit à un unimembre, ce qui serait le seul cas dans tout le psaume.
52 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Complainte d'un particulier, de forme alphabétique, sans plan bien précis, le Ps 25


peut se diviser en trois parties, du fait que la section centrale (vv. 8-15) parle de
Yahvé à la troisième personne, tandis que les deux autres (vv. 1-7.16-21) possèdent la
forme de la prière directe3.

C'est la division traditionnelle4. De même, Peter C. Craigie ne propose un plan


que for îhe purpose of commentary, « bien que la division ne reflète pas néces-
sairement la structure interne du psaume » ; il organise le psaume en trois parties
(1-7 ; 8-14 ; 15-21) mais ne fournit aucune justification de son découpage5.
Beaucoup adoptent ce même plan tripartite, mais, contrairement à Rose et à
Jacquet, ils arrêtent la deuxième partie au verset 146. On aura remarqué que le
dernier verset (22) n'est pas intégré dans ces plans, étant considéré comme un
ajout tardif, appliquant à Israël cette prière d'un individu7. J.L. Mays au contrai-
re fait noter que la dimension collective du verset 22 était déjà présente aupara-
vant8. D'autres plans sont plus détaillés9 et la plupart notent que les derniers
versets (18-21) correspondent aux premiers (1-2)10.
D'aucuns discernent une composition concentrique. A ma connaissance, le
premier fut Thomas Boys, en 182511. Voici le schéma qu'il en donne :

A 1-7 Supplicatoire
B 8-10 Didactique
Cil Supplicatoire
B' 12-14 Didactique
A'15-22 Supplicatoire

Le plan de Marina Mannati, lui aussi focalisé sur la demande de pardon du


verset 11, est plus détaillé : il comprend six strophes qui se correspondent de
manière concentrique (1-3 avec 20-22 ; les demandes de 4-7 avec celles de 15-
19 ; les louanges de 8-12 et de 12-14)12. Le concentrisme de Samuel Terrien est

3
A . ROSE, « le Psaume 2 5 », 11. C'est aussi la division de Jacquet, I, 5 8 1 . J.E. Goldingay écrit :
« Les versets 1-3 et 2 0 - 2 2 se correspondent, mais le psaume dans son ensemble ne présente pas de
structure organisée » (Psalms. I, 368, note 1).
4
Ravasi, I, 468.
5
Craigie, 1,218.
6
Ainsi Clifford, I, 138 ; pour cet auteur le verset 15 sert de transition (p. 140).
7
A.A. Anderson intègre le verset 22 dans son plan qui, à part cette différence, suit celui des
auteurs cités précédemment {Psalms, I, 207).
8
Mays, 144.
9
Gestenberger, I, 120: I. Superscription (la); II. Affirmation of confidence (lb-3) ; III.
Petition (4-7) ; IV. Hymnic praise (8-11) ; V. Exhortation (12-15) ; VI. Petition (16-22). Ce même
plan est repris par Lorenzin, 137.
10
Ainsi Beaucamp, 123 ; M. GIRARD, Les Psaumes redécouverts. I. 456-457 (déjà dans Les
Psaumes 1-50) ; Vesco, 257.
11
A Key to the Book of the Psalms, 122-127 ; j'ai donné la traduction de son analyse dans
L 'Analyse rhétorique, 119-121. Aucun auteur moderne ne le cite.
12
Mannati - Solms, I, 254-255.
Le psaume 25 53

très proche du précédent13. Il en va de même pour l'analyse de Pierre Auffret 14 ,


qui est, comme d'habitude, extrêmement fouillée15. Sans prétendre être exhaustif
on signalera aussi ceux de Hans Môller16, de L. Ruppert17, de Robert L. Alden18,
de Hans-Winfried Jungling19.
On mentionnera enfin ceux qui, bien que reconnaissant la grande inclusion de
1 -3 et 20-21, voient dans le corps du psaume ou « un groupe de quatre octains
fort réguliers (v. 4-7 ; v. 8-11 ; v. 12-15 ; v. 16-19) »20 ou un triptyque en deux
tranches (4-5 et 6-7 ; 8-10 et 11 ; 12-14 et 15-19)21.
La composition concentrique du psaume est désormais acquise. Toutefois, il
semble qu'il ne soit pas inutile de reprendre l'analyse pour la préciser et la fon-
der sur une méthodologie rigoureuse. La connaissance des lois de la rhétorique
biblique devrait permettre d'arriver à des résultats plus sûrs ; la loi de la question
au centre22, entre autres, conduira à identifier le véritable centre, c'est-à-dire la
clé de lecture du psaume.

Après le titre — « De David » (la) —, le psaume proprement dit s'organise en


trois parties, deux supplications (lb-7 et 16-22) qui encadrent une sorte de
méditation (8-15).

LA PREMIÈRE PARTIE (1B-7)

COMPOSITION

Cette partie comprend trois morceaux organisés de manière concentrique.

13
Terrien, 253.
14
P. AUFFRET, « "En raison de ton nom, YHWH, tu pardonneras ma faute" : étude structurelle
du psaume 25 », 5-31.
15
Sur les travaux d'Auffret, voir R. MEYNET, « La rhétorique biblique et sémitique. État de la
question », 308.
16
« Strophenbau der Psalmen », A. 1 ; B. 2-3 ; C. 4-7 ; D. 8-11 / D\ 12-15 ; C\ 16-19 ; ET 20-
21 ; A'. 22.
17
« Psalm 25 und die Grenze Kultorientierter Psalmenexegese », (on trouvera un résumé de la
position de Môller et de Ruppert dans P . C . CRAÏGIE, Psalms 1-50, 217-218).
18
« Chiastic Psalms : a Study in the Mechanics of Semitic Poetry in Psalms 1-50 », 18-20 (son
analyse ne distingue pas moins de dix-huit éléments qui se correspondent de manière
concentrique !).
19
« Psalms 1-41 », 803.
20
Beaucamp, I, 123. Repris par Ravasi, I, 469 : Antienne initiale (1) ; quatre octains (4-19) ;
quatrain final (20-21 ; antienne finale (22).
21
M. GIRARD, Les Psaumes redécouverts. I, 459-461. Sur les analyses de Girard, voir mes deux
recensions de son commentaire des psaumes ainsi que mon article : « Analyse rhétorique du
Psaume 51. Hommage critique à Marc Girard » ; de manière plus synthétique, R. MEYNET, « La
rhétorique biblique et sémitique. Etat de la question », 296-297.305-308.
22
Voir R. MEYNET, « The Question at the Centre : A Specific Device of Rhetorical Argumenta-
tion in Scripture » ; Traité, 417-435.
54 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Le premier morceau (lb-3)

+ ' lb Vers toi, YHWH, mon âme j'élève ;


+ ' 2 MON DIEU, en toi je me fie, que je m EONAISSE pas,
- que ne l'emportent pas mes ennemis sur moi.
+ g 3 Aussi tous les espérant-en-toi ne ROUGISSENT pas,
- qu'ils ROUGISSENT les trahissant pour rien.

Les deux segments sont parallèles ; le second généralise et élargit au pluriel ce


que le premier dit de la personne singulière qui prie. Les premiers membres de
chaque segment (lb-2a.3a) expriment la confiance en Dieu auquel l'orant
s'adresse, les derniers (2b.3b) sont des souhaits regardant les « ennemis ». Le
verbe « rougir » (que l'on pourrait traduire aussi par « avoir honte » ou « être
confondu », « être déçu ») revient dans les deux segments (2a.3a.3b).
Le dernier membre est ambigu. D'une part, le participe « les trahissant » n'a
pas d'objet direct et il est donc possible de le comprendre de deux façons23. Si
l'on considère que « les trahissant » s'oppose à « tous les espérant en toi » du
premier membre, l'objet de « trahir » sera Dieu ; dans ce cas il serait possible
d'interpréter « pour rien » comme désignant le rien, le néant des idoles. Si au
contraire on considère, au niveau supérieur, que « les trahissant » est en rapport,
de synonymie, avec « mes ennemis », qui se trouve en position symétrique dans
le dernier membre du premier segment (2b), l'objet serait alors le psalmiste ;
« pour rien » signifierait « sans raison »24. Les deux interprétations ne sont pas
exclusives et il vaut sans doute mieux respecter l'ambiguïté : « L'expression est
finement ambiguë, car elle fait allusion en même temps à la trahison de l'amitié
et des rapports humains et à l'infidélité à l'alliance yahviste, les deux grands
péchés radicaux condamnés par le décalogue »25.

23
Dans la Bible hébraïque, l'objet de ce verbe est aussi bien l'homme que Dieu. Voir, par ex.,
Jr 3,20 : « Mais comme une femme qui trahit son compagnon, ainsi m'avez-vous trahi, maison
d'Israël, oracle du Seigneur ».
24
Alonso Schoekel - Carniti préfèrent la première solution (I, 481).
25
Ravasi, I, 473.
Le psaume 25 55

Le deuxième morceau (4-5)

+ d4 TES CHEMINS, YHWH, fais-moi connaître


+ TES SENTIERS apprends-moi !
+ H 5 F A I S - M O I CHEMINER dans ta fidélité et apprends-moi,
: car toi (tu e s ) LE D I E U d e m o n salut,
: en toi J!ESPËRE tout le jour.

Le premier membre du second segment reprend les deux membres du premier


segment et précise la nature des « chemins » et « sentiers » de Yhwh (4ab) : ce
sont ceux de sa « fidélité » ( 'émet peut être traduit aussi par « solidité » ou
« vérité26 »). Quant aux deux derniers membres du second segment, ils donnent
la motivation des requêtes qui précèdent : bien que le dernier membre soit
juxtaposé au précédent, on comprend qu'il exprime la conséquence de l'affir-
mation du membre précédent (« tu es le Dieu de mon salut ; c'est pourquoi... »).
« Chemins », « sentiers » et « fais-moi cheminer » remplissent la fonction de
termes initiaux pour les trois premiers membres ; les deux occurrences de
« apprends-moi », synonymes de « fais-moi connaitre », jouent le rôle de termes
médians ; « le Dieu » de 5b renvoie à « Yhwh » de 4a.

Le troisième morceau (6-7)

+ z 6
SOUVIENS-roi de YHWH, et d e fisMOÏÏES
: car de toujours, elles (sont).
-h7 Des fautes de ma jeunesse et de mes péchés NE TE SOUVIENS PAS ;
selon îôiMûïïR SOUVIENS-TOI d e moi, toi,
: à cause de. YHWH.

Le deuxième membre du second segment (7b) correspond au premier membre


du premier segment (6a), où sont repris « amour(s) » et « souviens-toi ». Le
premier membre du second segment s'oppose au suivant par la négation ; le
couple « fautes » et « péchés » (7a) s'oppose à celui du premier membre, « ten-
dresses » et « amours » (6a), qui sont eux aussi au pluriel. Introduits par « car »
et par « à cause de », les derniers membres de chaque segment donnent la cause
des demandes exprimées dans les autres membres.

26
C'est ainsi que traduit la Septante : hodegëson me epi ten alêtheian sou.
56 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L 'ensemble de la partie (lb-7)

+ ' l b Vers toi, YHWH, mon âme j'élève ;


2
+ ' M O N DIEU, en toi je me fie, que je ne rougisse pas,
: que ne l'emportent pas m e s ENNEMIS sur moi.

+ g 3 AuSSi tOUS LES ESPÉRANT toi ne rougissent pas,


: qu'ils rougissent les TRAHISSANT pour rien.

= d 4
TES CHEMINS, YHWH, fais-moi connaître
= TES SENTIERS apprends-moi !

= h 5 F A Î S - M O Î CHEMINER dans ta fidélité et apprends-moi,


: car toi (tu es) LE D I E U de mon salut,
: en toi /ESPÈRE tout le jour.

+ z 6 Souviens-toi de TM IÛJIDRMŒ, YHWH, et de


: car de toujours, elles (sont).
- h 7 Des FAUTES de ma jeunesse et d e m e s PÉCHÉS ne te souviens pas ;
+ selon tmmm souviens-toi de moi, toi,
: à cause de h bonté, YHWH.

Chaque morceau a sa propre cohérence lexicale et donc thématique. Dans le


premier (lb-3) « rougir » revient trois fois (2b.3ab) ; dans le second (4-5) trois
mots sont de la racine drk (« chemin » « faire-cheminer »), « apprendre », qui
revient deux fois, a comme synonyme « faire-connaitre » ; dans le dernier mor-
ceau (6-7), « se souvenir » revient trois fois, « amour(s) » deux fois, accompagné
de deux synonymes, « tendresses » et « bonté ».
Le nom de Dieu, « Yhwh » et « Dieu », revient deux fois dans chaque mor-
ceau (lb.2a ; 4a.5b ; 6a.7c). Dans les morceaux extrêmes, le psalmiste demande
d'être libéré de deux sortes de maux : maux extérieurs d'abord, « ennemis »
(2b.3b) qui« trahissent », intérieurs ensuite, « fautes » et « péchés » personnels
(7a). Le morceau central se distingue des deux autres, dont il est complémen-
taire, du fait que l'orant demande à Dieu de lui transmettre le bien de son
enseignement et de son « salut ». « J'espère » de 5c fait écho à « les espérant
toi » de 3a, jouant le rôle de termes finaux pour des deux premiers morceaux.
« En toi je mefie» de 2a et déjà « mon âme j'élève » de lb exprimaient la
même idée.
Le psaume 25 57

CONTEXTE BIBLIQUE

Cette première partie du psaume est saturée du vocabulaire de l'alliance27.

« Amour » et « fidélité »
Ces deux termes désignent avant tout l'attitude du Seigneur envers son
peuple, comme l'indique clairement le dernier morceau où « amour(s) » {hesed :
6a.7b) ainsi que ses synonymes « tendresses » et « bonté » (6a.7c) ont tous le
suffixe de seconde personne singulier dont le référent est « Yhwh ».
Tu sauras donc que le Seigneur ton Dieu est le vrai Dieu, le Dieu fidèle qui garde son
alliance et son amour (hesed) pour mille générations à ceux qui l'aiment et gardent
ses commandements (Dt 7,9 ; voir aussi 5,10).

« Fidélité » de 5a est aussi affecté du même pronom et indique donc l'enga-


gement de Dieu ; mais si l'homme marche dans la fidélité de Dieu, cela signifie
qu'il devient lui-même fidèle au Dieu avec qui il a fait alliance : « Et mainte-
nant, craignez le Seigneur et servez-le avec intégrité et fidélité » (Jos 24,14 ; voir
aussi Mi 6,8).

« Trahir »

Le contraire de la fidélité est la trahison. C'est déjà le cas pour l'alliance entre
les hommes : « car même tes frères et la maison de ton père, eux-mêmes te
trahiront » (Jr 12,6) ; et en particulier pour l'alliance conjugale : « Le Seigneur
est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse que tu as trahie, bien qu'elle fut ta
compagne et la femme de ton alliance » (Ml 2,14). Le même terme est utilisé
pour l'alliance avec Dieu : « A la vue des traîtres je ressens du dégoût, parce que
tes paroles ils ne les observent pas » (Ps 119,158).

« Péchés »
« La racine de ce mot désigne habituellement une "rébellion", la "violation"
par un vassal de l'alliance conclue avec son suzerain (ps' b\ "se rebeller
contre") : 1R 12,19 ; 2R 1,1 ; 3,5.7 ; etc. »28.

« Enseigne-moi tes chemins »


Les « chemins » ou les « sentiers » sont une métaphore habituelle pour la Loi,
en particulier dans le Ps 119, dès le premier verset : « Heureux, impeccables en
leurs chemins, ceux qui marchent dans la Loi de Dieu ».

27
Voir Mannati - Solms, I, 253-254.
28
Arnos, 40.
58 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

C'est au Seigneur que le psalmiste demande inlassablement de l'instruire de


sa loi : « Fais-moi comprendre le chemin de tes préceptes, je méditerai sur tes
merveilles » (Ps 119,27).

INTERPRÉTATION

Ennemis et péchés du psalmiste


Comme tous ceux qui espèrent en le Seigneur (3a), c'est d'abord de ses enne-
mis que l'orant demande d'être délivré (lb-2), de ceux qui en le « trahissant »
ont trahi par le fait même la loi de Dieu (3b). Mais les ennemis extérieurs ne sont
pas les seuls que le psalmiste doit affronter : « les fautes » de sa jeunesse et « les
péchés » qu'il a commis depuis l'obsèdent et il demande d'en être libéré. Pour
cela il ne saurait compter sur lui-même. Il sait au contraire qu'il peut faire fond
sur « les miséricordes », « les tendresses » et la « bonté » du Seigneur : étant
« de toujours », elles précèdent de loin ses péchés et sa naissance même29.

Les chemins du Seigneur


Le morceau central, sur lequel culmine la partie, n'a plus rien à voir avec le
péché et la faute, comme si, puisque le psalmiste en a été « sauvé », plus rien de
comptait pour lui sinon d'entrer dans une autre perspective. Avec une belle
insistance, en effet, il réclame au Seigneur non seulement de lui « faire
connaître », de lui « apprendre » ses chemins, mais de l'aider pour le « faire
cheminer » « dans sa fidélité ». Il reconnaît ainsi qu'il est incapable, par ses
propres forces ni d'apprendre ni d'entreprendre. Tout ne peut lui venir que du
Seigneur. C'est bien ainsi que, dès le début, toute sa foi était tournée « vers » lui
(lb-2a).

LA DEUXIÈME PARTIE (8-15)

COMPOSITION

Cette partie comprend trois morceaux organisés de façon concentrique.

29
Sur l'expression « de toujours », David Kimchi écrit : « déjà quand je fus formé dans le
ventre de ma mère » et il renvoie en note 12 à Ps 139,13 (Commento ai salmi, 217).
Le psaume 25 59

Le premier morceau (8-10)

8
+t Bon et droit est Y H W H ,
= c'est pourquoi IL ENSEIGNE aux pécheurs LE C H E M I N .

+ y 9
II FAIT C H E M I N E R les humbles dans le jugement
+ et IL APPREND aux humbles SON CHEMIN.
1 0
+ k TOUSLE5SEN-MERS de Y H W H amour et fidélité
= pour les gardant son alliance et ses préceptes.

Les segments extrêmes se correspondent. Chacun de leurs premiers membres


expose un couple de qualités de « Yhwh ». Leurs seconds membres sont
complémentaires : il s'agit d'abord des « pécheurs » que le Seigneur redresse
(8b), puis des fidèles à son alliance (10b). Le nom de « Yhwh » ne revient que
dans ces deux segments. « Le chemin » à la fin de 8 et « tous les sentiers » au
début de 10 jouent le rôle de termes médians à distance.
Les deux membres du segment central sont parallèles : les deux occurrences
de « humbles » se trouvent en seconde position, et deux termes de même racine
font inclusion, « il fait-cheminer » et « son chemin ».
Les quatre occurrences des termes de la racine drk (« chemin(er) ») et de leur
synonyme « sentiers » forment un système fort régulier :
- « le chemin » à la fin de 8 et « il fait-cheminer » au début de 9 jouent le rôle de
termes médians pour les deux premiers segments ;
- de même, « son chemin » à la fin de 9 et « sentiers » au début de 10 remplis-
sent la même fonction pour les deux derniers segments ;
- il faut ajouter que les deux occurrences de « chemin » en 8b et 9b jouent le
rôle de termes finaux pour les deux premiers segments.
Dans les deux premiers segments « il apprend » de 9b est synonyme de « il
enseigne » de 8b.
Dans le premier membre du segment central (9a) « jugement » est une qualité
qui correspond à celles des premiers membres des segments extrêmes. S'il est
clair que bonté et droiture (8a) sont des attributs divins, il est possible de voir
une certaine ambiguïté en 10a : « amour et fidélité » peuvent être le fait de Dieu,
mais aussi de ceux qui gardent son alliance, de même que « le jugement » est ce
dans quoi le Seigneur fait cheminer les humbles. Les deux interprétations ne sont
pas incompatibles, bien au contraire, puisque l'homme est invité à suivre le
chemin de Dieu, à adopter sa propre conduite30. C'est ce que disait déjà le verset
5 : « fais-moi cheminer dans ta fidélité » : la fidélité est celle de Dieu, mais,
reçue de Dieu comme grâce, elle est adoptée, assumée par l'homme.

30
En ce sens, ce qui est exprimé dans ce morceau renverse ce que dit Is 55,8 : « Car vos
pensées ne sont pas mes pensées, et mes voies ne sont pas vos voies ».
60 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Le deuxième morceau (11-12)

11
+1 À cause de ton nom, YHWH,
. tu pardonneras mon tort car il est nombreux.
12
+m Qui est l'homme craignant YHWH,
. auquel il enseigne le chemin qu'il choisit ?

Contrairement au second segment, le premier est adressé à Dieu. Les premiers


membres de chaque segment s'achèvent avec le nom de « Yhwh ». Les seconds
membres expriment deux actions complémentaires de Dieu : pardon d'une chose
négative, « mon tort », puis enseignement d'une chose positive, « le chemin ».
Le second membre de 12 est généralement compris comme la réponse au
premier membre : « Qui est l'homme craignant le Seigneur ? Il lui enseigne le
chemin qu'il choisit». Toutefois, il est grammaticalement possible de l'inter-
préter comme une relative asyndétique, même si le sujet de « enseigne » n'est
pas le même que celui du membre précédent. Comme au centre du psaume 34, le
verset 13 forme une unique question : « Qui est l'homme désirant la vie, aimant
les jours pour voir le bien »31.
Le dernier mot, « qu'il choisit », qui est une relative asyndétique, est ambigu :
en effet, il est possible de penser que le sujet est le même que celui de « il
apprend », c'est-à-dire « Yhwh »32. Cependant, le sujet peut être « l'homme »,
surtout si l'on interprète l'inaccompli comme un futur : « le chemin qu'il
choisira », c'est-à-dire « qu'il doit choisir » 33. Il semble préférable de respecter
l'ambiguïté. Le choix est à la fois celui de Dieu et celui de l'homme.

31
Robert Bellarmin, qui dit suivre Jérôme et Augustin, considère que les deux membres du
segment sont synonymes et ne forment qu'une seule question. Il écrit : « Est enim consuetudo
Prophetae id ipsum in eodem versiculo bis repetendi, vel declarandi in una parte versiculi quod in
altera dictum est. Hune igitur sensum esse existimo : Quis est homo qui timet Deum ? quis,
inquam, est ille quem Deus instruxit de lege sua in via, quam ipse homo elegit, id est, in recto
itinere vivendi et eundi ad Deum, quod ipse voluntarie iam elegit ? sic enim una pars versiculi
declarat alteram. Ille enim est homo timens Deum, qui dono Dei elegit viam qua itur ad Deum,
quae est observatio mandatorum » (Explanatio in Psalmos, 105).
32
Ainsi Amos Hakham, qui fait remarquer que le verbe traduit ici par « il enseigne » iyôrennû)
est de la même racine que tôrâ, que l'on traduit habituellement par Loi, mais qui signifie d'abord
« enseignement » ; pour lui « le chemin » que le Seigneur a choisi est celui de la Torah (Sefer
Tehillîm, 157).
33
Ainsi la plupart des traductions, par exemple la Bible de Jérusalem : « il le remet dans la voie
qu'il faut prendre » ; de même la TOB : « celui-ci lui montre quel chemin choisir ».
Le psaume 25 61

Le troisième morceau (13-15)

- n SON ÂME dans le bon demeure


et sa descendance héritera la terre.
-s14 Le secret de Y H W H pour ses craignant
et son alliance pour leur faire connaître.
MES YEUX a jamais vers YHWH
car lui fera-sortir du filet MES PIEDS.

Dans les segments extrêmes sont mentionnées des parties du corps : « yeux »
et « pieds » dans le dernier, « âme » (litt., « gorge » d'où « souffle ») dans le
premier ; « son âme » et « mes yeux » jouent le rôle de termes initiaux pour les
segments extrêmes, « son âme » et « mes pieds » le rôle de termes finaux pour
r ensemble du morceau.
Dans le segment central, les termes extrêmes se correspondent, puisque le
Seigneur « fait connaître » « son secret »34.
Alors que le premier segment parle d'une troisième personne, « l'homme »
dont il était question à la fin du morceau précédent (12a), le troisième est à la
première personne du singulier. Quant au segment central, on peut dire qu'il
assure la liaison en généralisant à un pluriel de troisième personne, « ses crai-
gnant » ; ce segment se distingue des deux autres du fait qu'il énonce des actions
de Dieu35.

34
Le premier terme du segment, sôd, est traduit ici par « secret », mais on pourrait le rendre
aussi par « intimité », par ex. en Pr 3,32 (Osty : « mais avec les [hommes] droits est son
intimité »), voire « amitié », par ex. en Jb 29,4 (TOB : « quand l'amitié de Dieu reposait sur ma
tente »). En effet, seul l'ami intime révèle son secret à son ami.
35
11 est vrai que le morceau s'achève sur la mention d'une action divine, mais c'est dans une
causale.
62 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L 'ensemble de la partie (8-15)

8
+t BON et droit est Y H W H ,
+ c 'est pourquoi IL ENSEIGNE aux pécheurs LE C H E M I N .
9
- Y II FAIT C H E M I N E R les humbles dans le jugement
- et IL APPREND aux humbles S O N CHEMIN.

: k 10
T O U S LES SENTIERS de Y H W H amour et fidélité
: pour les gardant Subi ÂLLÏÀWCÂ7 et ses préceptes.

+ 1 11 À cause de ton nom, YHWH,


+ tu pardonneras mon tort car il est nombreux.
12
- m Qui est l'homme CRAIGNANT Y H W H
- auquel IL ENSEIGNE LE CHEFVFFN qu'il choisit ?

: n 13 Son âme dans le BON demeure


: et sa descendance héritera la terre.
- s 14 Le secret de Y H W H pour ses c r a i g n a n t
< W / .4 T T TA X f f t p pour LEUR FAMECONNAITRE.
4-4 15
Mes yeux à jamais vers Y H W H
+ car lui fera-sortir du filet MES PIEDS.

Le morceau central se distingue des deux autres, car il ne comprend que deux
bimembres au lieu de trois dans les morceaux qui l'encadrent.
Les deux occurrences de « b o n » (8a. 13a) jouent le rôle de termes initiaux
pour les morceaux extrêmes.
Il semble que ces morceaux se correspondent en miroir.
- dans les segments extrêmes 15b renvoie à 8b. En effet, les deux métaphores se
correspondent : « apprendre aux pécheurs le chemin » est un équivalent de
« faire sortir du filet mes pieds »36. Les seconds membres commencent avec un
mot qui indique la cause : « c'est pourquoi » et « car ».
- le deuxième et l'avant-dernier segment (9.14) n'ont eux aussi pas de vocabu-
laire commun ; toutefois, « ses craignant » renvoie aux « humbles » et « faire
connaître » est un synonyme de « enseigner ».
- C o m m e le premier membre de 10, les deux membres de 13 disent ce qui
advient à « l'homme qui craint Yhwh » (12a), à « ceux qui gardent son alliance
et ses préceptes » (10b).

36
«Pieds» (15b) appartient au même champ sémantique que «chemin», «cheminer» et
« sentiers » (8b, et aussi 9a.9b. 10a). Il est vrai que la métaphore du « filet » est la plupart du temps
liée à la présence des ennemis (par ex. Ps 9,16) ; mais il n'en est pas du tout question dans cette
partie.
Le psaume 25 63

Le mouvement est chronologique dans le premier morceau : le pardon des


péchés est suivi par l'instruction et débouche sur le don de Dieu. Dans le dernier
morceau le même mouvement est repris mais en ordre inverse.
On notera que « son alliance » à la fin du premier morceau (10b) revient au
centre du dernier (14b).
Les liens entre le morceau central et les deux autres sont nombreux.
- « Mon tort » de 11b et « pécheurs » de 8b, qui appartiennent au même champ
sémantique, jouent le rôle de termes initiaux pour les deux premiers morceaux ;
ainsi se vérifierait la troisième loi de Lund qui veut que les extrémités et le
centre se correspondent37.
- E n 12b « il enseigne le chemin » renvoie à « il enseigne [...] le chemin » de
8b.
- « Craindre » de 12a sera repris en 14a.
- Le nom de « Yhwh » revient deux fois dans chaque morceau.
- Le troisième morceau se rattache au second du fait que le référent du pronom
« son » en 13a est « l'homme » de 12a.

CONTEXTE BIBLIQUE

La nouvelle alliance
«L'alliance» dont il est question deux fois (10b. 14b) présente deux des
caractéristiques essentielles de la nouvelle alliance : elle repose sur le pardon des
péchés et la connaissance intérieure de la Loi est donnée par Dieu lui-même :
33
Mais voici l'alliance que je conclurai avec la maison d'Israël après ces jours-là,
oracle du Seigneur. Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur.
Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. 34 Ils n'auront plus à instruire
chacun son prochain, chacun son frère, en disant : « Ayez la connaissance du
Seigneur ! » Car tous me connaitront, des plus petits jusqu'aux plus grands — oracle
du Seigneur — parce que je vais pardonner leur crime et ne plus me souvenir de leur
péché (Jr 31,33-34)38.

« A cause de mon nom »


Le début du morceau central rappelle Is 48,9-11 :
9
À cause de mon nom, je vais différer ma colère, pour mon honneur, je vais patienter
avec toi, pour ne pas t'exterminer. 10 Voici que je t'ai acheté mais non pour de l'ar-
gent, je t'ai choisi au creuset du malheur. 11 C'est à cause de moi, à cause de moi que
je vais agir, comment mon nom serait-il profané ?

37
Voir Traité, 98.
38
Voir A. ROSE, « Le Psaume 2 5 : "Vers toi, Seigneur, j'élève mon âme" », 11 : « Que Dieu ne
se souvienne pas de nos fautes (v. 7), voilà un des signes de la Nouvelle Alliance » (il renvoie à Jr
3 1 , 3 4 cité par He 8,12).
64 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Et Ez 20,44 précise que l'intervention de Dieu n'est due qu'à sa seule


initiative gratuite, sans mérite de la part d'Israël.
Et vous saurez que je suis le Seigneur, quand j'agirai envers vous par égard pour mon
nom, et non pas d'après votre mauvaise conduite et vos actions corrompues, maison
d'Israël, oracle du Seigneur Dieu.

Les chemins du Seigneur


L'image du chemin que le Seigneur « fait connaître » et dans lequel il conduit
son peuple se retrouve dans les textes de la nouvelle alliance, par exemple, Is
42,16:
Je conduirai les aveugles par un chemin qu'ils ne connaissent pas,
par des sentiers qu'ils ne connaissent pas je les ferai cheminer ;
devant eux je changerai l'obscurité en lumière
et les fondrières en surface unie.

De même en Is 48,17 :
Ainsi parle le Seigneur ton rédempteur, le Saint d'Israël :
Je suis le Seigneur ton Dieu, je t'instruis pour ton bien,
je te conduis par le chemin où tu marches.

INTERPRÉTATION

Tout repose sur le pardon des péchés


Ce n'est pas aux justes que le Seigneur apprend le chemin mais aux pécheurs
(8a). C'est sur le pardon des péchés qu'est fondée la nouvelle alliance. Ce
pardon n'est pas dû aux mérites de l'homme, au fait qu'il se soit repenti et
converti, qu'il ait changé de chemin, de conduite. Il est dû uniquement à la bonté
et à la droiture de Dieu (8a). Le psalmiste l'a bien compris qui, au cœur d'une
partie essentiellement hymnique, s'adresse directement au Seigneur pour implo-
rer son pardon. Il ne dit pas qu'il est revenu de sa conduite mauvaise, il ne
s'appuie sur rien d'autre que sur Dieu : c'est uniquement « à cause de son nom »
que le pardon lui sera accordé, dans la pure gratuité39. Il y reviendra en finale
dans une supplication confiante : c'est Dieu et lui seul qui le tirera du filet où ses
pieds étaient pris et lui donnera la capacité de marcher sur ses chemins40.

39
« A great and multiform load of sin lies upon him, but the name of god, i.e. His nature that
has become manifest in His mercy and truth, permits him to ask and to hope for forgiveness, not
for the sake of anything whatever that he has done, but just for the sake of this name (Jr 14,7 ; Is
43,25) » (F. DELITZSCH, Commentary on the Old Testament in Ten Volumes. V : The Psalms, 344).
40
Dans l'évangile de Luc, la séquence 5 , 1 7 - 6 , 1 1 présente Jésus comme l'Époux de la nouvelle
alliance. Or, en profond accord avec la prophétie de Jr 3 1 , 3 1 - 3 4 , cette séquence commence par le
pardon et la guérison d'un homme dont les pieds étaient paralysés (voir Luc, 2 5 5 - 2 8 1 ) .
Le psaume 25 65

Le don de la connaissance
On a vu dans ces versets — non sans quelque raison — une référence à
l'exode. Le chemin serait celui que les fils d'Israël ont parcouru au désert et
l'enseignement serait celui de la Torah reçue par Moïse sur le mont Sinaï41. Il
semble plutôt que le contexte ne soit pas tant celui de l'alliance mosaïque que
celui de la nouvelle alliance. En effet, ce ne sont pas des commandements qui
sont donnés à ceux qui craignent le Seigneur, mais la connaissance de ses
chemins, la connaissance de Dieu lui-même, de sa bonté et de sa droiture (8), de
son amour et de sa fidélité (10). Celle-ci est communiquée par Dieu dans le
secret, elle fait entrer dans l'intimité de sa connaissance (14). Cette connaissance
intérieure, don d'en-haut est une des caractéristiques majeures de la nouvelle
alliance : « Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur [...]
Ils n'auront plus à s'instruire chacun son prochain, chacun son frère, en disant :
"Ayez la connaissance du Seigneur !" Car tous me connaîtront, des plus petits
jusqu'aux plus grands, oracle du Seigneur » (Jr 31,33-34).

TROISIÈME PARTIE (16-22)

COMPOSITION

Les trois morceaux de cette partie sont organisés de manière concentrique.

Premier morceau (16-17)

+ p 16
RETOURNE-TOI vers moi E T P R E N D S PITIÉ D E M O I
- car je suis seul et humilié, moi.
- s 17 Les angoisses de mon cœur se multiplient :
+ de mes tourments FAIS-SORTIR M O L

Les deux segments se correspondent de manière spéculaire. Deux supplica-


tions à l'impératif encadrent leurs motivations. La première est introduite par
« car » ; la seconde est simplement juxtaposée à la supplication qui la suit. Au
couple « angoisses » et « tourments » du second segment correspond celui de
« seul et humilié » dans le premier. À la fin des membres extrêmes les deux
verbes s'achèvent par le pronom suffixe de première personne.

41
Ainsi Clifford, I, 140.
66 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Deuxième morceau (18-19)

:: r 18 Vois mon humiliation et ma peine


.. et emporte toutes mes fautes.
:: r 19 Vois mes ennemis car ils sont nombreux
.. et d'une haine de violence ils haïssent-moi.

Commençant avec le même verbe, les deux segments sont complémentaires :


le malheur (« humiliation » et « peine »), dû d'abord aux « fautes » (18b), puis
aux « ennemis » (19a), vient donc de l'intérieur et de l'extérieur. Dans le second
segment, le verbe « voir » régissant « ennemis » signifie l'emporter sur eux42. À
la fin du premier membre du second segment, il est possible de comprendre :
« car ils sont puissants ».

Troisième morceau (20-22)

+ 2 0 s VEILLE s u r mon âme et délivre-moi


. que je ne rougisse pas cm je me réfugie en toi.
+ 2 1 t Que perfection et droiture gardent-moi
j'espère en toi.
+ 2 2 p RACHÈTE, o Dieu, Israël
- de toutes ses angoisses.

Les deux premiers segments sont parallèles : une demande (20a.21a) est
suivie de sa motivation (20b.21b). Leurs premiers membres s'achèvent sur un
verbe dont l'objet est le pronom suffixe de première personne du singulier et
dont les seconds membres s'achèvent sur le pronom de deuxième personne du
singulier. Le premier segment ne précise pas de quoi le psalmiste demande
d'être délivré, à moins de comprendre que napsî ne signifie pas simplement
« mon âme » (c'est-à-dire « moi-même ») mais « ma vie », auquel cas ce serait
d'un danger de mort que le psalmiste demande d'être délivré ; ce qui est
confirmé du fait que le segment précédent parlait des « ennemis ». De manière
complémentaire, alors que dans le premier segment le psalmiste demande d'être
libéré de la main de ses ennemis, dans le second il supplie d'être gardé par « per-
fection et droiture ». Ces deux qualités peuvent être interprétées comme des
vertus humaines 43 ; ici, étant donné le contexte du morceau, il semble qu'il faille

42
Ainsi, par ex., Ps 112,8 : « Assuré son cœur, il ne craint pas, jusqu'à ce qu'il voie ses oppres-
seurs » (voir p. 135). Voir aussi Ps 54,9, p. 14.
43
« Perfection et droiture » ne se retrouve pas ailleurs dans la Bible hébraïque ; en revanche le
couple « intègre et droit » revient trois fois, attribué à Job : « un homme intègre et droit » (Jb
1,1.8; 2,3).
Le psaume 25 67
les considérer comme des attributs divins. On a remarqué en outre que ce couple
correspond, au niveau supérieur, à celui du début de la partie centrale du
psaume : « Bon et droit Yhwh ». Le rapport est beaucoup plus sensible en
hébreu :

tôb -weyâsâr yhwh


tôm -wâyôser yisserûnf4
Le dernier segment élargit la requête du singulier de « mon âme » au pluriel
sémantique de tous ceux qui font partie d'« Israël ». On pourra aussi noter que
les segments extrêmes sont les seuls qui commencent par un impératif de
seconde personne du singulier. Les « angoisses » d'Israël sont les situations
dramatiques où il se trouve, en particulier devant ses ennemis. De ce point de
vue, la construction peut être considérée comme étant concentrique.

L 'ensemble de la partie (16-22)

p RSTOIIRNE-toi vers moi et prends pitié de moi


: : car je suis seul et HUMILIÉ, moi.
:: s 17
Les ANGOISSES d e MON C ΠU R s e multiplient,
+ de mes tourments fais-sortir-moi.
.. 18r «
•• * mon HUMILIATION et ma peine
et emporte TOUTES mes fautes
19
r V&is mes ennemis c a r ils s ont nombreux
.. et d'une haine violente ils me haïssent.
20
s Veille sur MON ÂME et délivre-moi
: : que je ne rougisse pas car je me réfugie en toi.
- 2 1 t Que perfection et droiture gardent-moi
car j'espère en toi.
- 22 p RACHÈTE, Ô Dieu, Israël
:: d e T O U T E S ses A N G O I S S E S .

Le premier morceau et le dernier se correspondent de plusieurs manières. Les


membres extrêmes du premier morceau (16a. 17b) ainsi que les premiers
membres des deux premiers segments du dernier morceau (20a.21a) s'achèvent
avec des verbes de demande dont l'objet est le pronom suffixe de première
personne du singulier. « Mon âme » de 20a rappelle « mon cœur » de 17a, en
position identique. Les verbes par lesquels commencent les segments extrêmes
sont en étroit rapport de paronomase : peneh et pedeh ; la traduction par
« retourne » et « rachète », qui commencent avec la même consonne, a tenté de

44
Voir P. AUFFRET, « Étude structurelle du psaume 2 5 », 22.
68 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

rendre ce rapport. « Angoisses » au début du second segment dans le premier


morceau (17a) est repris à la fin du dernier morceau (22b). « Toutes » de 22b
rappelle « se multiplient » de 17a. « Israël » à la fin du dernier morceau (22a)
correspond à « m o i » au début du premier (16b) : la supplication personnelle
s'étend à l'ensemble du peuple à la fin de la partie.
Le morceau central est lié avec le premier par «humiliation» (18a) qui
rappelle « humilié » du début (16b). « Toutes » de 18b sera repris à la fin (22b) ;
« ils sont nombreux » de 19a correspond à « se multiplient » de 17a.

CONTEXTE BIBLIQUE

« Les angoisses »
Il ne s'agit pas des angoisses au sens psychologique, mais des situations de
« détresse » où l'on se trouve pressé de toutes parts, sans échappatoire possible.
Quand David dit : « Par la vie du Seigneur qui a racheté mon âme de toute
détresse » (2S 4,9 ; 1R 1,29)45, il entend essentiellement la mort dont le mena-
çaient ses ennemis.
Le Ps 54 joint dans son dernier segment « détresse » et « ennemis » :
9
Car de toute détresse il m'a délivré
Et mon œil voit mes ennemis.

INTERPRÉTATION

« Emporte toutes mes fautes »


Le psalmiste commence par demander avec insistance d'être délivré de son
péché, ce péché qui lui cause humiliation et solitude (16b). Ses fautes l'oppres-
sent, elles lui serrent « le cœur ». Ses angoisses sont à la mesure de ses péchés
par leur nombre qui ne font qu'ajouter au poids de sa culpabilité.

« Vois mes ennemis »


La détresse, l'angoisse n'est pas provoquée seulement par le péché, elle ne
provient pas uniquement du dedans, de la conscience de l'orant. Les ennemis du
dehors eux aussi l'oppressent, le serrant de tous côtés, nombreux et puissants.

Les angoisses d'Israël


On pourrait penser que les situations angoissantes où se trouve Israël ne soient
que celles où le mettent ses ennemis. En effet, le verset final fait partie du
dernier morceau où il est question de ceux qui en veulent à la vie du psalmiste et
de son peuple. Toutefois, comme « angoisses » fait écho à celles du psalmiste
écrasé par son péché, il est aussi possible de comprendre que les angoisses du

45
En 1S 26,24 il utilise le verbe « délivrer » : « il me délivrera de toute détresse ».
Le psaume 25 69
peuple tout entier ne sont pas causées uniquement par ses ennemis extérieurs,
mais aussi par les fautes dont il s'est rendu coupable. C'est en effet « de toutes
ses angoisses » que le psalmiste demande que tout Israël soit libéré.

L'ENSEMBLE DU PSAUME

COMPOSITION

Rapports entre les parties extrêmes


' 1 b V e r s toi, Yhwh, MON ÂME j'élève, ~ " " "
' 3MON DLEU' ' E JE NE meSSZ -AS, que ne se réjouissent pas MES mm sur moi.
g • Aussi QUE tous les espérant en foi NE massm PAS, QU'ILS ROUGISSENT ceux qui trahissent pour rien.

d * Tes chemins, Yhwh, fais-moi connaître tes sentiers apprends-moi î


h - Fais-moi cheminer dans ta fidélité et apprends-moi car c'est toi le DIEU de mon salut,
c'est toi que fespère tout le jour.

z * Souviens-toi de tes tendresses, Yhwh, et de tes amours car elles sont de toujours
h Des fautes de ma jeunesse et de mes péchés ne te souviens pas.
Selon ton amour souviens-toi de moi, toi, à cause de ta bonté, Yhwh.

[...]

p je Tourne-toi v e r s m o i et prends pitié de moi car je suis seul et humilié moi


s Les angoisses de mon cœur se multiplient de mes tourments fais-moi sortir.

r j* Vois mon humiliation et ma peine et enlève toutes mes fautes,


r Vois MES ENNEMIS car ils sont nombreux et d'une haine violente ils me haïssent.

S 2 0 Veille sur MON ÂME et délivre-moi QUE JE NE m&SS£ RAS car


t 1 Que perfection et droiture me gardent car f espère en toi.
p 2 2 Rachète, Ô DIEU, Israël de toutes ses angoisses.

Les morceaux extrêmes se correspondent : il y est question des ennemis et le


psalmiste demande de ne pas avoir à « rougir » devant eux (2.20), car il « se
fie » en « Dieu » (2), il « se réfugie » en lui (20) ; il « espère » en lui car « tous
ceux qui espèrent en lui ne rougissent pas. « Élevant » son « âme » vers lui (lb),
il lui demande de « veiller » sur son « âme » (20).
Le premier morceau de la dernière partie ainsi que le premier segment de son
morceau central renvoient au dernier morceau de la première partie : en effet, le
psalmiste demande d'être libéré de ses « fautes » et de ses « péchés » (7.18).
À première vue la dernière partie ne présente pas d'élément qui corresponde
au morceau central de la première partie ; toutefois, il est possible de dire que
« ta fidélité » de 5 annonce « perfection et droiture » de 21, dans la mesure où
ces deux qualités sont celles de Dieu (voir p. 67).
70 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Pour David Kimchi, l'expression « tous ceux qui espèrent en toi » (3) désigne
Israël46. Si l'on accepte cette interprétation, l'expression fait inclusion avec
« Israël » du dernier segment.

Rapports entre les trois parties


1 De David

' Vers toi, Yhwh, MON ÂME j'élève,


' 2 mon DIEU, en toi je me fie, que je ne rougisse pas, que ne se réjouissent pas mes ennemis sur moi.
g 3 Aussi que tous les espérant en toi ne rougissent pas, qu'ils rougissent ceux qui trahissent pour rien.

d 4 Tes OIBHNS, Yhwh, FAIS-MOI CONNAÎTRE t e s SENTIEIIS APPRENDS-MOI !


H 5 Fais-moi mwm dans ta mùm et APPRENDS-MOI, car c'est toi le D I E U de mon salut,
c'est toi que j'espère : I T LE JOUR.

z 6 Souviens-toi de tes tendresses, Yhwh, et de tes amours car elles sont - r.


h 7 Des FAUTES de ma jeunesse et de mes PÉCHÉS ne te souviens pas.
Selon ton a m o u r souviens-toi de moi, toi, à cause de ta BONTÉ, Yhwh.

8
t 9
B O N ET * SRR est Yhwh, c'est pourquoi il ENSEIGNE aux PÉCHEURS le CHEMIN.
y II L AIT MMIMI les humbles dans le jugement et il APPREND aux humbles son CHEMIN.
k 10 Tous les S ENTIERS de Yhwh amour et mênié pour ceux qui GARDENT son alliance et ses préceptes.

1 11 À cause de ton nom, Yhwh, tu pardonneras m o n TORT bien qu'il soit nombreux.
m 12 Qui est l'homme craignant Yhwh auquel il ENSEIGNE le CHEMIN qu'il choisit ?

13
n SON ÂME dans le BIEN demeure et sa descendance héritera la terre.
s 14 Le secret de Yhwh pour ses craignant et s o n alliance POUR LEUR FAIRE CONNAÎTRE.
15 Mes yeux A JAMAIÎ vers Yhwh car lui fera-sortir du filet mes pieds.

p 16 Tourne-toi vers moi et prends pitié de moi car je suis seul et humilié, moi.
s 1 7 Les angoisses de mon cœur se multiplient de mes tourments fais-moi sortir.

r 18 Vois mon humiliation et ma peine et enlève toutes mes F A U T E S .


r 19 Vois mes ennemis car ils sont nombreux et d'une haine violente ils me haïssent.

S 2 0 Veille sur MON AME et délivre-moi que je ne rougisse pas car je me réfugie en toi.
t 21 Q u e PERFECTION ET D R O I T U R E m e GARDENT car j'espère en toi.
p 2 2 Rachète, Ô DIEU, Israël de toutes ses angoisses.

Les trois parties sont de longueur comparable : 15 membres pour la première,


14 pour la dernière, 16 pour la partie centrale.
Les deux premières parties. Seulement dans ces deux parties reviennent :
- « chemin(s) », « cheminer » et « sentiers » (4.5 ; 8.9.10.12) :
- « apprendre », « enseigner », « faire connaître » (4.5 ; 8.9.12.14)
- « fidélité » et « amour » (5.6 ; 10) ;
- « Yhwh » (lb.4.6.7b ; 8.10.11.12.14.15) ;

46
Kimchi, 215.
Le psaume 25 71

- « à cause de ta bonté » à la fin de la première partie (7b) et « à cause de ton


nom » au centre de la deuxième (11) ;
- à « tout le jour » de 5b et « de toujours » de 6 correspond « à jamais » de 15.
- « bonté » et « bon » jouent le rôle de termes médians (fin de 7b, début de 8).
A la demande de pardon à la fin de la première partie (7) correspond celle du
centre de la deuxième partie (11).

Les rapports entre les deux dernières parties sont moins nombreux.
- Toutefois, à la demande de pardon du premier segment du morceau central de
la deuxième partie (11), correspond celle du premier segment du morceau
central de la dernière partie (18), bel exemple de termes centraux.
- « Bien qu'il soit nombreux » (kî rab-hû ') au centre de la deuxième partie (11)
annonce « car ils sont nombreux » (kî-râbbû) de 19 ; dans le premier cas il s'agit
des péchés du psalmiste, dans le second de ses ennemis.
- Aux deux occurrences de « humbles » ( '<ânâwîm) en 9 correspondent celle de
« humilié » ( (ânî) et de « mon humiliation » ( 'onyî) en 16 et 18.
- Comme on l'a déjà signalé, « perfection et droiture » de l'avant-dernier
segment de la troisième partie (21) correspond à « bon et droit » au début de la
deuxième partie (8), faisant ainsi inclusion pour les deux dernières parties (voir
p. 67).
- « Garder » se retrouve en 10 et en 21 ; dans le premier cas, c'est l'homme qui
« garde » l'alliance, dans le second c'est à Dieu que le psalmiste demande de le
« garder ».
Les rapports entre les trois parties :
- De même que « péchés » (7) et « pécheurs » (8) jouent le rôle de termes
médians pour les deux premières parties, ainsi les deux occurrences de « faire
sortir » (15.17) jouent le rôle de termes médians qui agrafent les deux dernières
parties.
- « mon âme » revient dans chacune des trois parties (lb. 13.20). Au début c'est
le psalmiste qui élève son âme vers Dieu, à la fin, de manière complémentaire, il
lui demande de veiller sur elle.
- La demande de pardon se retrouve une fois dans chaque partie (7a. 1 lb. 18b) ;
la dernière fois le psalmiste ajoute « toutes » à « mes fautes ».

CONTEXTE BIBLIQUE

Le vocabulaire de l'alliance
Marina Mannati a fait la liste de tous les termes qui se rapportent à l'alliance :
« l'alliance » pour commencer, deux fois encadrant le morceau central (10.14) ;
les termes qui, sans la nommer jamais, indiquent la Loi, « chemin(s) » et « che-
miner » (4.5.8.9bis.l2), « sentiers » (4.10), « préceptes » (10) ; « enseigner » (de
la même racine que Torah : 8.12), «apprendre» (4.5.9)et «faire connaître»
(4.14) ; «choisir» le chemin, c'est-à-dire s'engager dans la voie de l'alliance
72 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

(Dt 30,15-20; Jos 24,15); «amour et fidélité» (10) qui renvoie au mêmes
termes en 5.6.7b. Ceci pour les plus importants47.

La nouvelle alliance
André Rose écrit : « Que Dieu ne se souvienne pas de nos fautes (v. 7), voilà
un des signes de la Nouvelle Alliance »48 et il renvoie à Jr 31,34 cité par He 8,12
(Ile 8,8-12 cite tout le passage de Jr 31,31-34). On a déjà noté plus haut que le
pardon des péchés est le fondement même de la Nouvelle Alliance (voir p. 63)49
et que le don de la connaissance est une de ses caractéristiques essentielles (voir
P. 65)50.

INTERPRÉTATION

L'interprétation de l'ensemble du psaume, on l'aura compris, sera organisée à


partir des deux versets qui constituent le cœur de la prière51, les versets 11 et 12.

Un pardon totalement gratuit


Ce n'est pas à cause de son repentir et de sa conversion que le psalmiste
implore le pardon du Seigneur : en effet, il n'en parle pas une seule fois. S'il
demande d'être pardonné de ses nombreux péchés, en plein cœur du psaume,
c'est uniquement « à cause de son Nom » (11). Ce n'est pas en lui-même qu'il
met sa confiance, mais seulement en Dieu : « Mon Dieu, en toi je me fie » (2).
C'est lui « le Dieu de son salut » et c'est en lui qu'il « espère tout le jour » (5).
S'il demande au Seigneur de se souvenir de lui, c'est « selon son amour », c'est
« à cause de sa bonté » (7). C'est lui qui « fera sortir ses pieds du filet » (15),
c'est en lui seul qu'il « se réfugie » (20). C'est en lui qu'« il espère », lui
demandant que sa perfection et sa droiture le gardent (21).

La connaissance intérieure des chemins de Dieu


Le psalmiste demande avec insistance la connaissance des chemins du Sei-
gneur. Comme s'il ne les connaissait pas ! En effet, les lois et préceptes de la
Torah ne lui sont pas étrangers et il les a appris depuis sa jeunesse, comme tous
les fils d'Israël. À prendre en considération le titre du psaume, le psalmiste est

47
Mannati - Solms, I, 253-254. De même, Ravasi, I, 469-472.
4
A. ROSE, « le Psaume 25 : Vers toi, Seigneur, j'élève mon âme », 13.
49
Alonso Schoekel - Carniti relèvent non seulement les thèmes de l'alliance et du péché, mais
aussi celui du monde sapientiel qui se croise avec celui de l'alliance (I, 478-480). Ils concluent :
« Ces éléments confèrent au psaume une certaine ossature théologique ou de spiritualité ; mais ils
ne sont pas du tout originaux dans leur connexion. Ce sont des choses connues et assimilées, qui
émergent ou se retirent discrètement à un deuxième plan » (p. 480).
50
Voir P. BEAUCHAMP, L'Un et VAutre Testament. I, Chap. VI, « La nouvelle alliance », 2 2 9 -
274.
51
Voir Traité, « Partir du centre », 567-573.
Le psaume 25 73

n'est autre que David ; or il est bien certain que le roi d'Israël n'ignore rien des
commandements de Dieu. « Qui est l'homme craignant Yhwh auquel il enseigne
le chemin qu'il choisit ? » (12). C'est celui qui demande à être enseigné, inté-
rieurement, qui désire que la loi de Dieu soit gravée dans son cœur, sans qu'il ait
besoin d'être enseigné par d'autres que le Seigneur lui-même. Cette connais-
sance intérieure est si intime que le psalmiste l'appelle « le secret » du Seigneur
(14).

La voie de l 'union
« Fais-moi cheminer dans ta fidélité » (5). Dès le début le psalmiste demande
au Seigneur d'entrer, pour ainsi dire, dans son intimité, de partager avec lui ce
qui constitue sa nature. Car la « fidélité » est l'apanage de Dieu. C'est bien
pourquoi il ne dit pas « la fidélité » mais « ta fidélité ». Non seulement il ne met
pas en avant sa propre fidélité ; bien au contraire, puisqu'il s'empressera de
demander d'être libéré de ses fautes et de ses péchés (7). Mais ce n'est même
pas la grâce d'être fidèle qu'il implore, mais d'entrer dans la fidélité de Dieu. On
retrouve le même jeu à propos d'un autre attribut divin, la « bonté » : « Bon et
droit est le Seigneur » (8) à quoi correspond « Son âme dans le bon demeure »
( 13) ; là encore on comprend que le psalmiste revêt une qualité qui devient la
sienne certes, mais parce qu'elle lui est donnée par un autre. Il en va de même
pour «le chemin qu'il choisit», formule dont on a dit qu'elle était ambiguë.
C'est bien évidemment le Seigneur qui choisit le premier le chemin qu'il entend
emprunter, mais ce chemin devient aussi celui que l'homme choisit. Ainsi la
volonté de Dieu et celle de l'homme ne font plus qu'un. L'échange, mieux,
T union se réalise aussi quand, aux extrémités du poème, le psalmiste commence
par déclarer : « Vers toi, Seigneur, j'élève mon âme » (1) et qu'il finit par sup-
plier le Seigneur de « veiller sur son âme » (20). Le mouvement est réciproque et
conduit les deux protagonistes de ce que l'on peut à juste titre appeler une
histoire d'amour et de fidélité à se rencontrer et à s'unir. Enfin, même la
question des « ennemis » peut être comprise dans la même ligne ; en effet,
/'ambiguïté de l'expression «ceux qui trahissent pour rien», qui est mise en
parallèle avec « mes ennemis » (2-3) donne à penser que les ennemis du psal-
miste ne sont autres que ceux de Dieu lui-même. En défendant son fidèle, en le
délivrant de ses ennemis, c'est sa propre fidélité qu'il défend et c'est lui-même
qu'il protège. La cause de Dieu et de celui qui le craint ne sont qu'une seule et
même cause.

Singulier et pluriel
Le jeu du singulier et du pluriel marque les trois parties du psaume. Alors que
dans la partie centrale le singulier du psalmiste est évoqué brièvement, en deux
segments (11.15), en application d'une loi générale énoncée dans tout le reste de
la partie, inversement dans les parties extrêmes, ce que l'orant demande tout au
74 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

long pour lui-même est élargi à tous dans deux segments seulement (3.22). Cet
équilibre identique des parties extrêmes entre le singulier et le pluriel est un
indice supplémentaire que le dernier verset n'est pas une adjonction secondaire
mais qu'il fait partie intégrante du psaume. L'attribution de cette prière à David
n'est probablement pas due seulement à l'artifice commun qui voulait que l'on
mette une composition tardive sous le patronage et l'autorité d'un personnage
illustre du passé. Elle s'accorde bien avec la fonction de celui qui ne parle pas
seulement en son nom propre mais aussi au nom de tout son peuple, ce qui est
d'abord et avant tout la fonction du roi, mais qui peut être compris aussi comme
le devoir de quiconque prie non seulement pour lui-même, mais qui, solidaire
des siens, les porte tous avec lui dans sa prière52.

Psaume de l'Avent
« Vers toi j'élève mon âme ; mon Dieu, en toi je me fie, que je ne sois pas confon-
du ! » C'est par ces mots, empruntés au Ps 25, que commence la première messe de
l'année liturgique, celle du 1er dimanche de l'Avent, où l'on retrouve ce psaume au
graduel et à l'offertoire. Choix et insistance compréhensibles, car cette prière de
l'Israël des anawim convient admirablement pour exprimer l'attente de l'Église et son
espérance en la réalisation des promesses du Dieu de l'Alliance 53 .

Ces lignes, publiées en 1966, s'appliquaient à la liturgie préconciliaire. La


réforme liturgique n'a pas gommé le rapport du psaume 25 avec l'Avent, puis-
que l'antienne d'entrée du premier dimanche de l'Avent reprend toujours ses
trois premiers versets. Ce qui donne à ce psaume une position et un relief tout
particuliers. Pour l'acclamation de l'évangile et pour l'antienne de communion
de ce même dimanche, la nouvelle liturgie fait appel au Ps 85 que l'ancienne
liturgie considérait comme spécifique de ce temps inaugural54.

52
« Le verset 22, que l'on considère à tort comme étranger au psaume parce qu'il est en dehors
de l'alphabétisme, lui est intentionnellement extérieur, pour souligner qu'il en dégage la substance,
sans appartenir lui-même à la série des demandes : il nomme l'orant par son nom : Israël ; il
résume sa situation par le mot angoisses et synthétise ses demandes en celle du rachat,
caractérisant en même temps ainsi les relations d'Israël avec son Rédempteur » (Mannati - Solms,
I, 252, note 1).
53
Mannati - Solms, I, 252.
54
Pour l'analyse rhétorique de ce psaume, voir R. MEYNET, « L'enfant de l'amour (Ps 85) ».
Le psaume 25 75

Épilogue : à propos de l'irrégularité de l'acrostiche alphabétique

Il faut d'abord remarquer que l'absence de trois lettres (bet, waw, qoph) est
pour ainsi dire compensée par la répétition de trois autres lettres («aleph, pé,
resh) ; le nombre total des 22 lettres de l'alphabet est donc préservé. L'équilibre
entre les trois parties est respecté aussi de ce point de vue, puisque la répartition
des lettres correspond exactement au nombre des versets tels que les découpe le
Texte Massorétique : sept lettres dans la première partie {aleph, aleph, guimel,
daleth, hé, zayin, het), sept également dans la dernière partie (pé, tsadé, resh,
resh, shîn, taw, pé), et huit dans la partie centrale (tet, yod, kaph, lamed, mem,
noun, samek, ayin).
Pour ce qui est de la répétition du pé, il faut rappeler que les deux occurrences
de cette lettre font inclusion pour la dernière partie ; ce fait est corroboré par le
rapport de paronomase qui rapproche les deux impératifs par lesquels commen-
cent les versets 16 et 22, paronomase renforcée par celle du début des mots qui
suivent ces impératifs, penëh 'ël(ay), en 16 et pedëh 'ël(ôhîm) en 22. À la double
occurrence de pé, en termes extrêmes dans la dernière partie, correspond la
double occurrence de aleph dans la première partie, mais cette fois-ci au début
des deux premiers membres. Il se trouve aussi que les deux premiers mots des
versets commençant par aleph, « vers-toi » et « mon Dieu » se retrouveront en
deuxièmes termes des versets qui commencent par pé : « vers-moi » « ô Dieu » ;
la symétrie est donc complémentaire, puisque le psalmiste élève son âme
« vers » son « Dieu » pour que « Dieu » se tourne « vers » lui.
Faut-il voir dans ces faits une explication des irrégularités de l'alphabétisme
du psaume ? Peut-on penser que ces irrégularités étaient intentionnelles ? Une
réponse à ces questions, qu'il est difficile d'éviter, ne pourra être avancée qu'a-
près l'étude systématique des autres poèmes alphabétiques où se retrouvent des
irrégularités analogues55.
S'il est possible de jongler avec les lettres et de jouer sur les mots qu'elles
peuvent former, les trois lettres répétées de l'acrostiche alphabétique (aleph, pé,
resh) peuvent se lire dans l'ordre du psaume 'ëper, « poussière », et dans l'ordre
inverse râpa , « guérir ». Le premier mot décrirait bien l'état de l'homme devant
son Seigneur, le second l'action de Dieu envers lui. Même si ce n'étaient pas là
les mots cachés par l'auteur, rien n'interdit au lecteur de les y voir.

55
Sur l'irrégularité de l'acrostiche alphabétique du Ps 34 et ses effets, voir p. 95.
Psaume 34
« Qui aime la vie ? »

Les psaumes acrostiches alphabétiques ne jouissent pas, le plus souvent, d'une


grande considération. Dans son introduction aux Psaumes, Émile Osty écrivait :
« On devine les entraves qu'un pareil procédé apporte au développement de la
pensée, les incohérences et les redites dont il est responsable» 1 . Le psaume 34
n'échappe pas à ce genre de jugement défavorable. Ainsi, Ravasi écrit : « Spon-
tanéité intérieure et contrainte stylistique extérieure empêchent que la pensée soit
organisée selon un cadre précis et bien défini » 2 . Alonso Schoekel, à qui mani-
festement ce genre de composition, jugée artificielle, ne plaît guère 3 , est encore
plus sévère et renonce à dégager une quelconque organisation du psaume :

L'auteur avance péniblement, débitant chaque lettre avec des phrases conven-
tionnelles. Il est peu de versets qui captivent le lecteur par leur originalité ou par un
intérêt particulier. Dans de nombreux versets le second hémistiche sonne comme un
remplissage interchangeable, presque une cheville, qui va jusqu'à la répétition (vv.
5.7.18.20). On a beau rassembler divers paradigmes, pour les observer ensemble, nous
ne découvrons pas de principe d'unité4.

La plupart des commentateurs en fournissent néanmoins un plan, comme pour


les autres psaumes. Plusieurs identifient un invitatoire ou prologue (2-4) 5 ; la
majorité divisent le texte en deux parties 6 , une de récit, l'autre d'instruction
(celle-ci commençant au verset 12), elles-mêmes subdivisées parfois en « stro-
phes » 7 . Mais il ne manque pas d'autres plans, plus ou moins différents 8 .
Certains enfin se gardent de prendre position 9 .

1
Osty, 1165.
2
Ravasi, 1,613-614.
3
Alonso Schoekel - Carniti, Salmos, 419, 514, 551, 1380, 1446-1647, 1635.1637.
4
Alonso Schoekel - Carniti, Salmos, I, 514. Voir p. 13, note 5.
5
Parmi les plus récents, Lorenzin, 154 ; Clifford, 173 (même si, par la suite il change sa
division: 1-3 ; 4-10; 11-22);
6
Avant le verset 12 la Septante ajoute un diapsalma (qui traduit le selâ du texte massorétique,
la plupart du temps interprété comme « pause »).
7
Ainsi, par exemple, Beaucamp, 153, mais aussi H. Wiesmann (voir note 15).
8
Parmi tant d'autres, Gerstenberger, 1, 146 ; Limburg, 110-112 ; Terrien, 301-306 : ses deux
parties (5-12 et 16-23) sont articulées par un « interlude » (13-15).
9
Ainsi L.O. ERIKSSON, « Come, children, listen to me ! ». Psalm 34 in the Hebrew Bible and in
Early Christian Writings. Après avoir présenté en détail le plan de cinq auteurs (p. 46-54), il
conclut que c'est l'acrostiche qui représente la structure la plus importante et il ajoute seulement
que le verset 12 constitue « le point focal du poème » (p. 55), d'où le titre de son livre.
78 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Deux auteurs en ont présenté une analyse « structurelle », Pierre Auffret 10 et


Marc Girard11. Selon les dernières analyses de ces deux auteurs, le psaume com-
prend quatre parties (2-4, 5-8, 9-15, 16-23). Ce n'est pas le lieu de discuter leurs
analyses successives. J'ai consacré au commentaire des psaumes de M. Girard
deux recensions ainsi qu'un article d'hommage critique12.
Deux points de méthode doivent être rappelés. Le premier et le plus important
est que l'analyse doit être conduite de manière rigoureuse à chacun des niveaux
successifs de l'organisation des textes13 : deux ou trois membres, ou même un
seul, forment un segment ; deux ou trois segments, ou même un seul, forment un
morceau ; deux ou trois morceaux, ou même un seul, forment une partie (ou une
sous-partie) ; enfin le « passage » (ou péricope) est formé d'une ou de plusieurs
parties. Le second point de méthode à souligner est qu'il est nécessaire de
connaître les lois propres à la rhétorique biblique et sémitique, entre autres dans
le cas présent, la loi de la question au centre14.
Il ne manque pas de plans élaborés selon les critères de la rhétorique gréco-
latine. Wiesmann organise le texte en deux parties de même composition : quatre
strophes de deux distiques suivies d'une dernière strophe formée de trois
distiques (2-3, 4-5, 6.23, 7-8 et 9-11 ; 12-13, 14-15, 17-16, 18-19 et 20-22)15.
Après avoir affirmé que l'acrostiche alphabétique ne permet pas « que la pensée
soit organisée selon un cadre précis et bien défini »16, Ravasi propose un plan
fort régulier17 qui mérite d'être reproduit :

10
D'abord, «Essai sur la structure du Ps 3 4 » ; puis, «"Allez, fils, entendez-moi !". Étude
structurelle du Psaume 34 et son rapport au Psaume 33 » ; enfin, « Yhwh entendant. Étude
structurelle du Psaume 34 ».
11
Les Psaumes 1-50, 267-274 ; Les Psaumes redécouverts, I, 580-591.
12
Voir p. 55, note 2 h
13
Voir Traité, Chap. 3, «Les niveaux de composition», 131-215. Ne tenir compte que des
seules récurrences des mots-clés ne saurait suffire ; selon cet unique critère, Liebreich divise le
texte en quatre parties, 2-4, 5-11, 12-15 et 16-23 : L.J. LIEBREICH, «Psalms 34 and 145 in the
Light of their Key Words », 183.
14
Voir R. MEYNET, «The Question at the Centre: A Specific Device of Rhetorical Argumenta-
tion in Scripture».
15
H. WIESMANN, « Ps. 34 (Vulg. 33) »,.
16
Voir ci-dessus, p. 1.
17
Ravasi, 1,615.
Le psaume 34 79

Prologue de la berakah-tehillah (vv. 2-3)

Première section (vv. 4-11) : expérience personnelle, appel universel


a. Invitatoire (v. 4)
b. Première strophe (vv. 5-8) : expérience personnelle
c. Deuxième strophe ( w . 9-11) : appel universel
Deuxième section (vv. 12-22) : leçon sapientielle universelle
a. Invitatoire (v. 12)
b. Question - réponse sapientielle (vv. 13-15)
c. Poème parénétique en deux strophes (w. 16-19 et 20-22)
Épilogue postérieur sur le thème positif de la confiance du juste (v. 23).

Il est clair que beaucoup de plans « traditionnels » contiennent un certain


nombre d'observations tout à fait exactes ; dans celui qui vient d'être reproduit,
comme dans bien d'autres, la césure majeure entre les versets 11 et 12 est
reconnue. Toutefois, analyser le français, comme on l'a fait pendant des siècles,
en utilisant les catégories grammaticales du latin, n'est pas la meilleure façon de
rendre compte de sa structure propre. Pour ce qui est de l'analyse des textes
bibliques, les lois de la rhétorique sémitique sont plus adaptées que celles de la
rhétorique classique, gréco-latine. La présente étude sera menée selon les lois de
composition des textes propres à l'aire culturelle et linguistique à laquelle ils
appartiennent.
Après le titre : « De David, quand il déguisa sa raison devant Abimélek et
(celui-ci) le chassa et (lui) s'en alla », les vingt-deux segments du psaume lui-
même sont organisés en trois parties, deux parties développées comprenant
chacune dix segments (2-11 ; 14-23) qui encadrent une partie beaucoup plus
courte qui ne compte que deux segments (12-13). Les sous-parties centrales des
deux grandes parties (5-7 ; 18-20) se correspondent de manière très étroite 18 .
Comme cela arrive très souvent dans les textes sémitiques, le centre de la
construction est occupé par une question, la seule de tout le psaume (13).
L'alphabétisme n'est pas parfait. Il n ' y a pas de segment qui commence par
waw (entre le hé et le zayin) ; en revanche deux segments commencent par pé :
le verset 17, à sa place entre le ayin et le sadé, mais repris à la fin (23), après le
taw, dernière lettre de l'alphabet. Malgré ces anomalies, le total des segments est
celui de l'alphabet hébreu, qui compte vingt-deux lettres 19 .

18
On pourra donc les considérer comme des « termes centraux» ; voir Traité e, 218-220 et
surtout 276-278.
19
Voir D.N. FREEDMAN, « Patterns in Psalms 25 and 34 ». L'Auteur s'attache à la métrique, au
compte des mots, des accents et des syllabes. Il divise le Ps 34 en deux parties (2-11 et 12-22, le
verset 23 étant compté à part (p. 137).
80 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L A PREMIÈRE PARTIE ( 2 - 1 1 )

La première partie comprend trois sous-parties.

LA PREMIÈRE SOUS-PARTIE (2-4)

+ 2 J E BÉNIRAI LE SEIGNEUR en t o u t t e m p s ,
+ toujours SA LOUANGE en ma bouche.
+ 3 E n LE SEIGNEUR SE LOUE mon souffle,
QU'ILS ENTENDENT les pauvres et SE RÉJOUISSENT !
= 4 MAGNIFIEZ LE SEIGNEUR avec moi
= et E X A L T O N S son nom or? çfïnjhjQ

Cette sous-partie compte trois segments bimembres à 3 + 3 termes. Dans le


premier (2) les deux membres sont synonymes : « toujours » correspond à « en
tout temps », « le Seigneur » est pronominalisé dans le second membre avec
l'unique terme « sa louange » ; en revanche, au verbe du premier membre, « j e
bénirai », correspondent deux termes dans le second membre : « sa louange »,
qui correspond au signifié du verbe « bénir » et « en ma bouche » qui reprend la
première personne du singulier.
Alors que le premier segment est à la première personne du singulier, le
troisième (4) est au pluriel. « Son nom » renvoie à « le Seigneur », « ensemble »
correspond à « avec moi », « magnifiez » et « exaltons » sont synonymes et sont
tous deux à l'impératif. Il y a toutefois une progression d'un membre à l'autre :
tandis que le premier, à la deuxième personne du pluriel, est une invitation
adressée par une première personne du singulier à d'autres, le second membre
inclut le je et les autres dans un seul groupe et tous ensemble deviennent une
première personne du pluriel.
Quant au segment central (3), il assure la transition entre les deux autres
segments. Son premier membre rappelle le premier segment, car il utilise lui
aussi la première personne du singulier, et aussi parce que « se louer » est de
même racine que « sa louange » et parce que « mon souffle » (>napsî, qui pourrait
être traduit par « mon gosier ») correspond à « ma bouche », en même position
finale. Son second membre au contraire est au pluriel comme le segment sui-
vant ; « qu'ils entendent » n'a pas de complément objet, mais on comprend qu'il
s'agit à la fois de la louange singulière du psalmiste exprimée dans le premier
segment et de la double invitation qui est adressée aux « pauvres » dans le
dernier segment.
Le nom du « Seigneur » est repris dans les premiers membres de chaque
segment, en position identique dans les segments extrêmes.
Le psaume 34 81
LA DEUXIÈME SOUS-PARTIE (5-7)

+ JE CHERCHAI LE SEIGNEUR et il me répondit


= ET DE TOUTES mes frayeurs // nie défim.
+ 6 ILS REGARDÈRENT vers Lui et resplendirent
= et leur face ne rougira pas.
~ 7 Ce pauvre CRIA et LE SEIGNEUR écouta
= ET DE TOUTES ses angoisses i! le saijyj.

Comme la précédente, cette sous-partie est de la taille d'un morceau, formé de


trois segments. Les segments extrêmes sont parallèles entre eux : ce sont surtout
leurs seconds membres qui sont très proches, mais leurs premiers membres
reprennent le nom du « Seigneur » et s'achèvent par deux verbes « répondre » et
« ecouter » complémentaires et même pratiquement synonymes dans la mesure
ou « ecouter » ne signifie pas seulement « prêter l'oreille », mais « exaucer » ce
qu explicite le membre suivant (7b). Les segments extrêmes sont tous deux au
singulier, tandis que le verset central est au pluriel 20 . Toutefois, alors que le
premier segment est à la première personne, le dernier est à la troisième
personne : on pourra donc se demander si les sujets réels de ces segments ne
désignent pas tous deux le psalmiste lui-même.

20
Quelques manuscrits hébreux ainsi que plusieurs versions lisent le verset à l'impératif donc à
la deuxième personne du pluriel.
82 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

LA TROISIÈME SOUS-PARTIE (8-11)

Cette sous-partie est plus complexe que les précédentes, car elle comprend
deux morceaux. Le premier est formé de deux segments bimembres :

+ 8 II campe l'ange du SEIGNEUR


: : autour de SES-CRA!(3NANT et les dégage.
+ 9 Goûtez et voyez que bon (est) LE SEIGNEUR,
:: heureux T homme (qui)-S'A£RITE-EN-LU!.

Les premiers membres mentionnent en finale « le Seigneur » et dans les seconds


membres les hommes sont appelés « ses-craignant » et « qui-s'abrite-en-lui ».
Aux extrémités du premier segment les deux verbes ont pour sujet le Seigneur, à
travers son « ange ». De manière complémentaire le second segment met en
scène « l'homme », l'homme en général auquel le premier membre s'adresse au
pluriel. Les verbes extrêmes, « camper » et « s'abriter », se correspondent dans
la mesure où l'homme trouve refuge dans le camp gardé par l'ange du Seigneur.
Le second morceau comprend lui aussi deux segments bimembres :

10
= Craignez LE SEIGNEUR, ses saints
.. car pas de MANQUE pour S E S CRAIGNANT.
= 11 Des lions sont dénués et affamés
.. e t L E S CHERCHANT LE SEIGNEUR NE MANQUENT d'aucun-bien.

Aux extrémités du premier segment, le même verbe se trouve d'abord à


l'impératif puis au participe. Les deux membres du second segment opposent
« les lions » « affamés », qui cherchent donc leur proie, et ceux qui cherchent le
Seigneur 21 . Les seconds membres des deux segments contiennent deux mots de
même racine : « manque » et « ne manquent » qui sont également affectés de la
négation. « Les cherchant » le Seigneur (11b) correspondent à « ses craignant »
(10b). Les premiers membres opposent « ses saints » et « des lions ».

21
La Septante a « riches » au lieu de « lions ». Au niveau du segment (11), il est certain que
l'opposition est plus directe entre ceux qui « ne manquent d'aucun bien » et « des riches dénués et
affamés » ; c'est cette position que défendait Christian Schoettgen dans sa sixième dissertation,
« De exergasia sacra », Horae Hebraicae et Talmudicae, 1 2 5 9 - 1 2 6 1 ; trad, anglaise de la sixième
dissertation dans J.R. LUNDBOM, Jeremiah. A Study in Ancient Hebrew Rhetoric, 121 - 1 2 7 . Il en va
de même au niveau supérieur du morceau (10-11). Le texte massorétique est défendu par J.J.M.
ROBERTS, « Young lions of Psalm 34,11 ».
Le psaume 34 83

Les deux morceaux forment une sous-partie de construction spéculaire :

+ 8 II campe Vange du SEIGNEUR


: : autour de S E S CRAIGNANT et les dégage.
+ 9 Goûtez et voyez que BON (est) LE SEIGNEUR,
:: heureux l'homme qui s 'abrite en lui.

= 10 Craignez LE SEIGNEUR, ses saints


.. car pas de manque POUR S E S CRAIGNANT.
_ 11
Des lions sont dénués et affamés
et les cherchant LE SEIGNEUR ne manquent d'aucun BIEN.

En effet, les segments internes ont en commun de commencer par des impératifs
pluriels. Les segments extrêmes opposent « l'ange » qui protège le camp des
fidèles du Seigneur contre « les lions » « affamés » que sont leurs ennemis 22 .
On aura noté que le nom du « Seigneur » revient dans chaque segment, dans
les premiers membres d'abord (8a.9a.10a), mais dans le dernier à la fin (11b)
faisant ainsi une sorte d'inclusion. « Ses craignant » est repris dans les seconds
membres des premiers segments (8b. 10b), et dans les seconds segments tôb
revient (traduit par « bon » en 9a et par « bien » en 11 b). Les derniers verbes de
chaque morceau sont en rapport paronomastique : « qui s'abrite en lui »/« ne
manquent » (yehëseh-bô / lô'-yahserû).

22
La métaphore du « lion » pour désigner « l'ennemi » est traditionnelle (pour rester dans le
seul psautier, voir Ps 7 , 3 ; 10,9, 1 7 , 1 2 ; 2 2 , 1 4 . 2 2 , 57,5, etc.); voir P. BOVATI, Risiabilire la
giustizia, 272.274. On voit qu'il n'est pas nécessaire de changer « des lions » du texte masso-
retique par « des riches » comme fait la Septante : au niveau de la sous-partie, l'image du camp
assiégé par les lions que sont les ennemis et défendu par « l'ange du Seigneur » est tout à fait
cohérente.
84 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L 'ENSEMBLE DE LA PREMIÈRE PARTIE (2-11)

2
Je bénis u: en tout temps, toujours sa louange en ma bouche.
3
En aMmm se loue mon souffle, qu'ils É C O U T E N T LES PAUVRES et se réjouissent.
4
Magnifiez Û: SIMRII avec moi et exaltons son nom ensemble.

5 JE CHERCHAS u- Si«*« et il me répondit et de toutes mes frayeurs il me délivra.


6
Ils regardèrent vers lui et resplendirent et leur face ne rougira pas.
7 CE PAUVRE cria et IFCSEIMM ÉCOUTA et de toutes ses angoisses il le sauva.

8
11 campe l'ange m SEIGNEUR autour de ses craignant et les dégage.
9
Goûtez et voyez que bon il SÛGNÎM, heureux l'homme qui s'abrite en lui.
iU
Craignez n; SHH^HÎJR, ses saints, car pas de manque pour ses craignant.
11
Des lions sont dénués et affamés, et LES CHERCHANT IL: SMWM. ne manquent de tout bien.

Le nom du « Seigneur » revient dans tous les segments, à l'exception du


segment central (6) ; il se trouve toujours dans le premier membre, à l'unique
exception du dernier segment, où il clôt en quelque sorte la série. Ko/ (« tout/
toutes ») revient quatre fois, en position régulière : dans les membres extrêmes
de la partie (2a. 1 lb) et dans les membres extrêmes de la sous-partie centrale, en
position identique (5b.7b). Les sous-parties extrêmes n'ont aucun lexique
commun, à part « le Seigneur ». Au contraire la sous-partie centrale est liée aux
deux autres par plusieurs reprises : « pauvre(s) » et « écouter » (3.7) d'une part,
« c h e r c h e r » (5.11) de l'autre. La sous-partie centrale se distingue des deux
autres, car non seulement tous leurs seconds membres commencent par « et »
mais aussi parce que leurs premiers membres sont eux-mêmes formés de deux
syntagmes coordonnés par « et ».
Le balancement entre le « j e » du psalmiste dans la première moitié de la
première sous-partie (2-3a) et le pluriel dans la seconde moitié (3b-4) se retrouve
dans la sous-partie centrale, où le singulier des extrémités (5-7) — qui se réfère
probablement au psalmiste — encadre le pluriel du centre (6). Quant à la
troisième sous-partie elle est toute au pluriel, ce pluriel vers lequel progressait la
première sous-partie et sur lequel était focalisée la seconde sous-partie, mais ce
pluriel est interpelé — avec des impératifs de seconde personne du pluriel
(« magnifiez » ; « goûtez et voyez », « craignez ») —, comme dans la première
sous-partie, par le je du psalmiste.
Dans la première sous-partie le psalmiste parle au présent — un présent qui
dure —, pour inviter « les pauvres » à louer le Seigneur avec lui : le futur y est
donc articulé au présent. La seconde sous-partie énonce les raisons pour
Le psaume 34 85

lesquelles le Seigneur est loué : ce sont les actions que Dieu a accomplies dans le
passé en leur faveur ; toutefois, le second membre du segment central regarde le
futur. Dans la troisième sous-partie les actions de Dieu ne sont plus celles du
passé comme dans la sous-partie précédente ; ce sont ses actions de toujours,
exprimées au présent, et donc ceux auxquels le psalmiste s'adresse à l'impératif
sont invités à se fier à lui, à le « craindre » dans le futur.

LA DEUXIÈME PARTIE ( 1 2 - 1 3 )

+ 12 Allez, fils, écou+ez-md,


- la crainte du Seigneur iiS' v o u s w i .
13
+ Qui-(est) l'homme désirant la vie,
- aimant les jours pour voir le bien ?

Cette partie est de la taille d'un morceau formé de deux bimembres 23 . Le


premier est de composition parallèle : les verbes par lesquels les membres
s'achèvent sont complémentaires ; le psalmiste invite ses disciples, ses « fils », à
l'écouter, mais c'est pour les amener à «craindre» « l e Seigneur». Dans le
second segment, « désirant » et « aimant » sont synonymes, et « la vie » est
ensuite définie comme « les jours pour voir le bien », c'est-à-dire le bonheur.
On pourrait s'étonner qu'un impératif suivi d'une promesse (12) soit suivi par
une interrogation (13) et penser que le contraire eut été plus naturel, plus
logique : vous désirez la vie ? Bien, alors je vais vous enseigner comment l'ob-
tenir. En réalité, le premier segment ne doit pas être considéré comme la réponse
à la question qui suit. Dans le premier segment le maître exprime son désir, dans
le second il pose la question du désir de l'élève.
A ceux qui veulent obtenir « la vie » et « le bien », le maître enseignera qu'ils
sont le fruit de « la crainte » du Seigneur. En d'autres termes, le rôle du maître
est d'enseigner à ses « fils » que « la vie » qu'il leur transmet s'origine dans « le
Seigneur », que c'est le Seigneur qui est leur véritable père. « Écouter » le
maître, l'écouter vraiment pour faire ce qu'il dit, c'est le « craindre » ; or ce qu'il
enseigne, c'est que c'est le Seigneur qu'il faut craindre, c'est-à-dire aimer24.

23
Le premier mot de la partie, Iekû, est la plupart du temps traduit par « venez » (BJ, Osty,
Dhorme conservent Tordre des mots: «Venez, fils, écoutez-moi»; la TOB a «venez
m'écouter»). Or hâlak signifie « a l l e r » ; «venir» se dit avec un autre verbe: ba. Alonso
Schoekel traduit, « approchez-vous » et il commente : « il convoque ses disciples [...] les invite à
s'approcher» (Alonso Schoekel - Carniti, Salmos. I, 512.517). Amos Hakham explique: «Ici
"allez" n'a pas du tout le sens de "s'en aller", mais c'est une locution d'incitation qui précède
l'impératif "écoutez". De même : "Allez ! jetons les sorts" (Jon 1,7) et tant d'autres exemples»
(Sefer Tehillîm, I, 188) ; voir aussi, par ex., Gn 37,20.27.
24
La « crainte » n'est pas la peur. « La certitude tremblante de l'amour, cela exactement que la
Bible appelle "crainte de Dieu" » (P. BEAUCHAMP, L'Un et l'Autre TestamentI, 272).
86 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

LA TROISIÈME PARTIE (14-23)

Comme la première partie, la troisième est formée de trois sous-parties,


organisées de manière concentrique (14-17 ; 12-13 ; 14-23).

LA PREMIÈRE SOUS-PARTIE (14-17)

Cette sous-partie comprend deux morceaux. Le premier est formé de deux


bimembres :

-14 PRÉSERVE ta langue du MAL


- et tes lèvres du parler trompeur.
+ 15
ÉVITE le MAL et FAIS-ie-bien,
+ RECHERCHE la paix et POURSUIS-Ia.

Dans le premier segment « le mal » dont parle le premier membre est défini
dans le second comme le mensonge, proféré par la « langue » ou les « lèvres ».
Comme le premier segment le second commence par un impératif de sens
négatif : « évite » comme « préserve », suivi par trois autres impératifs de sens
positif : « fais-le-bien », « recherche » et « poursuis ». Cette fois-ci « le mal »,
opposé d'abord au « bien » puis à « la paix », semble être de l'ordre de l'action,
comme le suggère le verbe « faire » (15a), et non plus des paroles comme dans
le premier segment.

Le second morceau (16-17) comprend lui aussi deux bimembres :

+ 1 6 LES YEUX du Seigneur pour les justes


:: et ses oreilles pour leurs clameurs.
+ 1 7 LA FACE du Seigneur contre les faisant le ma/,
:: pour effacer de la terre leur mémoire.

Les deux membres du premier segment coordonnent « les yeux » et les


« oreilles » ; aussi bien « le Seigneur » que « les justes » sont pronominalisés
dans le second membre. Dans le second segment, le second membre explicite ce
qu'exprime de manière concise le premier. Les premiers membres se corres-
pondent qui commencent par des syntagmes très semblables ; leurs derniers
termes en revanche opposent « les justes » et « les faisant le mal » ; on peut
comprendre que, si les justes crient vers le Seigneur, c'est parce qu'on leur fait
du mal. Les seconds membres s'opposent eux aussi, dans la mesure où les justes
sont écoutés et exaucés, tandis que les autres sont oubliés de Dieu et des
hommes sur « la terre ».
Le psaume 34 87

L'ensemble de la sous-partie est marquée par la triple occurrence de « mal »


(14a. 15a. 17a). En même position, « f a i s le b i e n » s'oppose à « l e s faisant le
m a l » (15a. 17a). Dans les premiers segments sont mentionnées des parties du
corps : « la langue » et « les lèvres » de l'homme en 14, « les yeux » et « les
oreilles » du Seigneur en 16, à quoi s'ajoute au début de 17 sa « face » (au plu-
riel en hébreu). Les deux morceaux sont complémentaires : aux actions de
l'homme (14-15) répondent celles du Seigneur (16-17). Le premier est au
singulier, le singulier de celui auquel le psalmiste s'adresse à la deuxième
personne. Le second au contraire est au pluriel et à la troisième personne ; c'est
la motivation qui est donnée à celui que le psalmiste met en garde.

- Préserve TA LANGUE du MAL


- e t TES LÈVRES du parler trompeur.
+ 15 Évite le MAL et FAIS-le-BL'EN
+ recherche la paix et poursuis-la.

+ 1 6 LES YEUX du Seigneur pour les justes


+ e t SES OREILLES pour leurs clameurs.
- 1 7 LA FACE du Seigneur sur les FAISANT le MAL,
- pour effacer de la terre leur mémoire.

Il est possible de considérer que la sous-partie est de construction spéculaire :


en effet, le châtiment des méchants (17) s'abattra sur ceux qui n'auront pas su se
préserver du mal (14) ; en revanche la récompense des justes (16) sera pour ceux
qui auront fait le bien et recherché la paix (15).

LA DEUXIÈME SOUS-PARTIE (18-20)

18
Ils crièrent et LE SEIGNEUR écouta
:
ET DE TOUTES leurs angoisses II tes ûëwm.
+ 19 Proche (est) LE SEIGNEUR des brisés-de cœur
= et les abattus d'esprit Il Sdii Vê.
20
De nombreux maux (sur) le juste
:
ET D'EUX TOUS i8 ù%;ÎWfè LE SEIGNEUR.

Cette sous-partie est de la taille d'un morceau formé de trois segments


bimembres. Aux misères de l'homme (« ils crièrent », « angoisses », « brisés de
cœur », « esprits abattus », « maux ») répondent les actions salvatrices du
Seigneur (« écouta », « les délivra », « proche », « il sauve », « il le délivre »).
Les segments extrêmes se correspondent par leurs seconds membres qui
commencent par « et de toutes », « et d'eux tous », suivi par « délivrer » ;
88 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

« sauver » à la fin du segment central est un synonyme des deux « délivrer ». Le


nom du « Seigneur » est repris en même position dans les deux premiers
segments, à la fin dans le dernier, faisant ainsi inclusion. Alors que les deux
premiers segments sont au pluriel, le dernier est au singulier ; en revanche,
tandis que le premier est à l'accompli (traduit par un passé), les deux autres sont
à l'inaccompli (traduit par le présent).

LA TROISIÈME SOUS-PARTIE (21-23)

La dernière sous-partie est de nouveau de la taille d'un morceau formé de


trois bimembres :

+21 il garde TOUS S E S OS


- (pas) un seul d'entre eux ne sera brisé.
22
:: II tue le méchant, le mal
: : et les haïssant le juste EXPIERONT.

+ 2 3 If rachète le Seigneur L'ÂME de ses serviteurs


- e t i l s n* EXPIERONT p a s TOUS les s'abritant en lui.

Les segments extrêmes sont parallèles : le sujet des premiers membres est le
même, les verbes sont au participe, traduit par un présent, et l'objet (« les os » et
« l'âme » ou « le souffle ») concerne les mêmes personnages (au singulier en 21,
au pluriel en 23). Les seconds membres indiquent la conséquence de l'action de
Dieu pour ses serviteurs : le sort des bons est chaque fois exprimé par la néga-
tion d'un malheur. En opposition, le segment central décrit le sort du méchant
que « le mal » « tue ». Les deux occurrences de « expier » dans les seconds
membres des deux derniers segments sont opposées par la négation. « Tous »
revient en même position dans les membres extrêmes.
Le psaume 34 89

L 'ENSEMBLE DE LA PARTIE (14-23)

4
Préserve ta langue du MAL et tes lèvres du parler trompeur,
5
Évite le MAL et fais le bien, recherche la paix et poursuis-la.
16
Les yeux DU SEIGNEUR pour les Jvsim et ses oreilles pour leurs clameurs,
La face DU SEIGNEUR contre les faisant le MAL, pour ôter de la terre leur mémoire.

18
Ils crièrent et LE SEK3NEUR écouta et de toutes leurs angoisses les délivra,
19
Proche est LE SEIGNEUR des cœurs BRISES et les esprits abattus il les sauve,
20
De nombreux MAUX sur le JUSTE et de tous le délivre LE SEIGNEUR.

' Il garde tous ses os, pas un seul d'entre eux ne sera BRISE,
Il tue le méchant, le MAL et ceux qui haïssent le JUSTE expieront,
II rachète LE SEIGNEUR l'âme de ses serviteurs et ils n'expieront pas tous les s'abritant en lui.

Plusieurs termes sont spécifiques de cette partie : les cinq occurrences de


« mal » qui n'apparaissent que dans les premiers membres (14a. 15a. 17a ; 20a ;
22a) ; « juste(s) », qui revient une fois dans chaque sous-partie (16a ; 20a ; 22b) ;
« brisés » au centre de la sous-partie centrale (19a) et au début de la dernière
sous-partie (21).
En outre, le nom du « Seigneur» est employé six fois (16a. 17a; 18a. 19a.
20b ; 23a). « Tous/toutes » revient deux fois dans la deuxième sous-partie
(18b.20b) deux fois dans la troisième (21a.23b).
La première moitié de la première sous-partie est adressée à un individu (14-
15), mais la seconde moitié s'élargit au pluriel (16-17) ; la seconde sous-partie
commence par le pluriel (18-19) pour finir par le singulier (20) ; comme dans la
première sous-partie, la première moitié de la dernière sous-partie est au
singulier (21-22a) tandis que la seconde moitié est au pluriel (22b-23). Ainsi l'on
passe du singulier (14-15) au pluriel (16-19), puis de nouveau du singulier (20-
22a) pour finir avec le pluriel (22b-23).
Il s'agit tout au long des justes en butte au mal que les méchants leur infligent
et qui sont sauvés par le Seigneur. Le psalmiste commence par s'adresser à un
individu, le lecteur, pour l'inviter à faire le bon choix entre le mal et le bien (14-
15), car le Seigneur protège les justes mais punit ceux qui font le mal. En effet, il
délivre toujours le juste persécuté : il l'a fait par le passé (18) comme il a
l'habitude de le faire 25 (19-20). La dernière sous-partie revient sur le sort opposé
des justes (aux extrémités : 21.23) et du méchant (au centre : 22).

25
L'inaccompli peut être traduit par le présent ou par le futur.
90 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L'ENSEMBLE DU PSAUME

La construction est tout à fait régulière. En effet, les parties extrêmes comp-
tent chacune dix bimembres organisés en trois sous-parties qui se correspondent
de manière spéculaire : les sous-parties les plus proches du centre (8-11 ; 14-17)
sont formées de deux morceaux qui comprennent deux segments, tandis que les
autres sous-parties comptent chacune un seul morceau formé de trois segments
(2-4 et 5-7; 18-20 et 21-23)26.

LES RAPPORTS ENTRE LES PARTIES EXTRÊMES

Ce sont surtout les sous-parties centrales des parties extrêmes (5-7 ; 18-20)
qui ont beaucoup de points communs.

5
Je cherchai Yhwh et il me répondit ET DE TOUTES mes frayeurs ME D E L I V R A .
6
Ils regardent vers lui et resplendissent ET leur FACE ne rougira pas.
7
Ce pauvre ÂPPBA ET YHWH ÉCOUTA ET DE TOUTES S B AH&OBSES LE SAUVA.

[...]

18
Ils « ET YHWH ÉCOUTA ET DE TOUTES LEURS A N G O I S S E S LES DÉLIVRA.
19
Proche Yhwh des brisés de CŒUR ET l e s ESPR.Ï I ^ abattus IL SAUVE.
20
De nombreux maux (sur) le juste ET Û?EUX TOUS LE D É L I V R E Yhwh.

Dans tous les segments les deux membres sont coordonnés par « et » ; les
seconds membres des segments extrêmes de chaque sous-partie commencent par
« et de toutes », sauf le dernier où le lexème est pronominalisé (« et d'eux
tous ») ; les verbes « délivrer » et « sauver » par lesquels s'achèvent les
segments extrêmes de la première sous-partie (5.7) sont repris dans l'autre, aux
extrémités pour « délivrer » (18.20) et au centre pour « sauver » (19) ; apparte-
nant au même champ sémantique, « cœur » et « esprits » de 19 correspondent à
« face » de 6 ; mais ce sont surtout les versets 7 et 18 qui, en position symé-
trique, sont les plus semblables, remplissant la fonction de termes médians à
distance27.
La plupart des autres reprises lexicales de ces deux parties remplissent une
fonction rhétorique :
Termes extrêmes : les deux occurrences de « souffle » (3a.23a : nepes peut aussi
être traduit par « âme »).

26
Dorénavant le tétragramme est translittéré, « Yhwh », au lieu d'être traduit par « le
Seigneur », simplement par manque de place.
27
Voir Traité, 219.274-276.
Le psaume 34 91

Termes initiaux : « bouche » (2b), « langue » et « lèvres » (14).

Termes finaux : les participes pluriels « les cherchant » et « les s'abritant »,


accompagnés de la négation et de kol (traduit par « aucun » en 11 et par « tous »
en 23) peuvent être considérés comme termes finaux ( l l b . 2 3 b ) ; noter que
« s'abriter en lui » est repris en 9b comme en 23b.

Termes médians : les trois occurrences de tôb (traduit soit par « bon » soit par
« bien ») ne se trouvent que dans les sous-parties 8-11 et 14-17, jouant ainsi le
rôle de termes médians.

Termes centraux : les deux occurrences de « écouter » en 7a et 18a remplissent


la fonction de termes centraux ; le même verbe revient aussi en 3b.

Kol (« tout », « tous », « aucun ») revient quatre fois dans chacune des deux
parties (2a.5b.7b.l l b ; 18b.20b.21a.23b). On signalera enfin la reprise de
« face » en 6b et 17a.

2
Je bénirai Yhwh en tout temps, toujours sa louange en ma bouche.
3
b En Yhwh se loue mon SOUFFLE qu'ils É C O U T E N T les pauvres et se réjouissent.
4
g Magnifiez Yhwh avec moi et exaltons son nom ensemble.
5
d Je cherchai Yhwh et il me répondit et de toutes mes frayeurs me délivra.
6
h Ils regardent vers lui et resplendissent et leur face ne rougira pas.
7
z Ce pauvre appela et Yhwh É C O U T A et de toutes ses angoisses le sauva.
8
h Il campe l'ange de Yhwh autour de ceux qui le craignent et les dégage.
9
t Goûtez et voyez que BON Yhwh heureux l'homme GUI S'ABRITE EN LUI.
10
y Craignez Yhwh ses saints car PAS de manque pour ceux qui le craignent.
k 11 Des lions sont dénués et affamés et LES CHERCHANT Yhwh VF manquent d'aucun BIEN.

[...]
14
n Préserve ta langue du mal et tes lèvres du parler trompeur.
15
s Évite le mal et fais le BIEN recherche la paix et poursuis-la.
16
Les yeux de Yhwh pour les justes et ses oreilles pour leurs clameurs.
17
P La face de Yhwh contre les faisant le mal, pour ôter de la terre leur mémoire.
18
S Ils crièrent et Yhwh É C O U T A et de toutes leurs angoisses les délivra.
19
q Proche Yhwh des brisés de cœur et les esprits abattus il sauve.
20
r De nombreux maux (sur) le juste et d'eux tous le délivre Yhwh.
21
s Il garde tous ses os PAS un seul d'entre eux ne sera brisé.
22
t Le mal tue le méchant et ceux qui haïssent le juste expieront.
23
p Yhwh rachète le SOUFFLE de ses serviteurs et À expieront PAS tous LES S'ABRITANT EN LUI.
92 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

LES RAPPORTS ENTRE LA PARTIE CENTRALE ET LE RESTE DU PSA UME

1
De David,
quand il déguisa sa raison à la face d'Abimélek et (celui-ci) le chassa et (lui) s'en alla.
2
' Je bénirai Yhwh en tout temps, toujours sa louange en ma bouche.
3
b En Yhwh se loue mon souffle, qu'ils ÉCOUTENT les pauvres et se réjouissent.
4
g Magnifiez Yhwh avec moi et exaltons son nom ensemble.
5
d Je cherchai Yhwh et il me répondit et de toutes mes frayeurs il me délivra.
6
h Ils regardèrent vers lui et resplendirent et leur face ne rougira pas.
7
z Ce pauvre cria et Yhwh ÉCOUTA et de toutes ses angoisses il le sauva.
8
h Il campe l'ange de Yhwh autour de ses CRAIÎSNANT et les dégage.
9
t Goûtez et voyez que BON Yhwh, heureux l'homme qui s'abrite en lui.

10
CRAIGNEZ Yhwh, ses saints, car pas de manque pour ses CRAIGNANT.
y
k 11 Des lions sont dénués et affamés, et les cherchant Yhwh ne manquent d'aucun BIEN.

12
1 Allez, fils, ÉCOUTEZ-moi la CRAINTE de Yhwh je vous l'enseigne,
13
m Quel est l'homme qui désire LA VIE, aimant les jours pour voir le BIEN ?

n 14 Préserve ta langue du mal et tes lèvres du parler trompeur.


s 15 Évite le mal et fais le BIEN, recherche la paix et poursuis-la.
16 Les yeux de Yhwh pour les justes
<
et ses oreilles pour leurs clameurs.
17 La face de Yhwh contre les faisant le mal,
P pour effacer de la terre leur mémoire.
18
s Ils crièrent et Yhwh ÉCOUTA et de toutes leurs angoisses il les délivra.
19
q Proche Yhwh des brisés de cœur et les esprits abattus il sauve.
20
r De nombreux maux (sur) le juste et de tous le délivre Yhwh.
21
s Il garde tous ses os, pas un seul d'entre eux ne sera brisé.
22
t Le mal TUE le méchant et ceux qui haïssent le juste expieront.
23
p Il rachète Yhwh le souffle de ses serviteurs et n'expieront pas tous les s'abritant en lui.

La partie centrale reprend le verbe « écouter » comme aux centres des parties
extrêmes (7a. 18a), jouant ainsi le rôle de termes centraux au double niveau des
parties extrêmes et du passage tout entier.
Il faut aussi mentionner que le nom de « Yhwh » (12b) revient neuf fois dans
la première partie et reviendra encore six fois dans la dernière.
Le premier segment central (12) rappelle la première partie. L'invitation à
« écouter » se trouvait déjà au début (3b) et « la crainte » de 12b renvoie aux
trois occurrences du verbe de même racine dans la sous-partie précédente
(8b. 10a. 10b)28.

28
À signaler aussi les deux occurrences de « homme » qui traduisent deux synonymes : geber
en 9b, 'îs en 13 a.
Le psaume 34 93

Le second segment central (13) annonce la partie suivante. « L a v i e » (13a)


s'oppose à « tuer » de 22a. Il est vrai que le dernier mot du segment, tôb, « bien/
bon », se trouve dans déjà dans la sous-partie précédente (9a. 11b) et que les deux
occurrences de 13 et de 11 remplissent la fonction de termes finaux pour les deux
premières parties ; toutefois, de même que « la vie » s'oppose à la mort, ainsi « le
bien » s'oppose au « mal » (15a), terme qui revient de façon lancinante dans la
dernière partie (14a.15a.17a.20a.22a). La mort est causée par le mal.
Ainsi, la tonalité de la première partie est positive, même si la mention des
« frayeurs » et des « angoisses » (5.7), des « lions » (11), de la délivrance et du
salut (5.7.8) laisse entendre que le danger était présent ; la tonalité de la dernière
partie est différente, marquée par la présence massive et explicite du « mal » et
d'un mal qui n'est pas seulement celui que les ennemis commettent contre le
« pauvre », mais qui est aussi celui que ce dernier est tenté de commettre. L'invi-
tation à la louange (4) et à « goûter » la bonté du Seigneur (9) laisse la place à la
mise en garde contre le mal (14-15).
Au vu d'une telle organisation, les jugements négatifs sur la qualité littéraire
du psaume et en particulier de sa composition, semblent pour le moins devoir
être remis en question. Pour ne citer qu'un seul point, les répétitions que stigma-
tisait Alonso Schoekel 29 remplissent une fonction essentielle dans la composition
du psaume : elles marquent en effet les centres des parties extrêmes.
Il faut enfin revenir sur l'acrostiche alphabétique et en particulier sur son
irrégularité, à savoir la reprise en finale du pé qui compense l'absence du waw et
permet d'arriver à la totalité des vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu sans la
dépasser. Ainsi une figure se dessine, celle que forment la première lettre, aleph,
celle par laquelle commence la partie centrale, lamed, et la dernière, pé, ce qui
forme la racine 'Ip, qui est non seulement celle du nom de la première lettre de
l'alphabet, mais aussi celle du verbe qui signifie « apprendre », dans les deux
sens d'apprendre de quelqu'un ou d'apprendre à quelqu'un. Le même jeu se
retrouverait dans le segment aleph : en écartant les maires lectionis, la première
consonne est aleph, la consonne médiane est lamed et la dernière est pé, ce qui
de nouveau donne aleph :

'âbârâkâ 'et-yhwh bekol- 'et tàmîd fhillâtô bepî

La recherche a même été poussée beaucoup plus loin 30 .

29
Voir p. 79.
30
Voir A.R. CERESKO, « The ABCs of Wisdom in Psalm xxxiv » ; V. HUROWITZ, « Additional
elements of alphabetical thinking in Psalm xxxiv » ; A.R. CERESKO, « Endings and beginnings:
alphabetic thinking and the shaping of Psalms 106 and 150 ».
94 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

LES RAPPORTS ENTRE LE TITRE ET LE RESTE DU PSAUME

Pour être exhaustif, on notera que « à la face » ( l b ; traduit généralement et à


raison par « devant ») correspond aux deux occurrences de « face » (6b. 17a) et
que le verbe final, traduit par « s'en alla » est le même qu'au début de la partie
centrale (12a).
On sait que les titres des psaumes sont tardifs et les commentateurs sont
généralement d'avis qu'ils n'ont pas grand rapport avec le psaume lui-même 31 .
L'événement auquel se réfère le titre est raconté en 1S 21,11-16. Toutefois le
psaume dit que David feignit la folie devant Abimélek, alors que dans le récit de
1S 21 le roi de Gat s'appelait Akish 32 ; d'autre part, le récit ne dit pas que le roi
le « chassa ».
On relèvera cependant deux contacts verbaux entre le psaume et le récit.
D'une part il est raconté que David « craignit beaucoup à la face d'Akish, roi de
G a t » (1S 21,13) : non seulement « à la face d e » est repris dans le titre du
psaume, mais surtout le verbe « craindre » revient trois fois juste avant le centre
du psaume (8b. 10a. 10b) et le substantif « la crainte » du Seigneur est ce que le
psalmiste se propose d'enseigner à son « fils ». On pourra comprendre que
personne d'autre ne doit être craint, pas même le roi de Gat, mais Dieu seul.
D'autre part il est possible de noter un jeu de mots entre « il fit-Vinsensé
(yithôlël) entre leurs mains » (1S 21,14) et «se loue (tithallël) mon âme » (Ps
34,3). On pourra interpréter que David est passé de la folie à la louange, comme
il est passé de la crainte des hommes à celle de Dieu.

INTER TEXTUALITÉ

Dans l'Ancien Testament

Il est certainement possible de relever dans le Ps 34 de multiples rapports avec


d'autres textes de la Bible hébraïque, surtout avec les autres psaumes. Il n'est
que de consulter les notes marginales de la Bible de Jérusalem et de la TOB.
Qu'il suffise ici de noter que le premier segment de la partie centrale,
« Allez ! fils, écoutez-moi » rappelle le verset qui suit immédiatement l'intro-
duction du livre des Proverbes 33 et qui inaugure donc tout le corps du livre :
« Écoute, mon fils » (Pr 1,8) ; cette invitation à « écouter » adressée au(x) fils
revient souvent dans ce livre (4,1.10 ; 5,7 ; 7,24 ; 8,32 ; etc.) mais aussi avec des
synonymes d'« écouter » (5,1 ; 7,1 ; etc.). L'écoute est très souvent la condition
de la vie :

31
Voir, par exemple, Ravasi, I, 612.
32
On propose souvent la correction 'akîs melek, « Akish roi » de Gat.
33
Pour l'analyse rhétorique - délimitation et composition - de l'introduction du livre des
Proverbes (1,1-7) voir R. MEYNET : «"Pour comprendre proverbes et énigmes": analyse
rhétorique de Pr 1,1-7 ; 10,1-5 ; 26,1-12 ».
Le psaume 34 95

Écoute, mon fils, accueille mes paroles,


et les années de ta vie se multiplieront (4,10).
Saisis la discipline, ne la lâche pas,
garde-la, c'est ta vie (4,13 ; voir aussi 4,1.4 ; 4,20.22-23 ; 7,1.2 ; etc.).

Dans le Nouveau Testament34

La fin du verset 21 : « Il garde tous ses os, pas un seul d'entre eux ne sera
brisé» — qui rappelle Ex 12,46 où il est commandé que les os de l'agneau
pascal ne doivent pas être brisés —, sera repris dans le récit de la Passion selon
saint Jean. Alors que les soldats romains brisent les jambes des deux autres
suppliciés, ils ne le font pas pour Jésus quand ils constatent qu'il est déjà mort :
« Car cela est arrivé afin que l'Écriture fut accomplie : "Pas un os ne lui sera
brisé" » (Jn 19,36). Même si la citation de Jean renvoie sans doute plus direc-
tement à l'agneau pascal, l'écho de Ps 34,21 est indéniable.

C'est surtout la Première épître de Pierre qui cite le Ps 34 35 . Une première fois
en 2,3 où la reprise de Ps 34,9, dans la traduction de la Septante, conclut un
court développement :
!
Rejetez donc toute malice et toute fourberie, hypocrisies, jalousies et toute sorte de
médisances. 2 Comme des enfants nouveau-nés désirez le lait non frelaté de la parole,
afin que, par lui, vous croissiez pour le salut, 3 si du moins vous avez goûté combien le
Seigneur est excellent.

La deuxième fois, ce ne sont pas moins de quatre versets et demi du psaume (13-
17a) qui sont repris en 1P 3,10-12 :
8
Enfin, vous tous, en esprit d'union, dans la compassion, l'amour fraternel, la
miséricorde, l'esprit d'humilité, 9 ne rendez pas mal pour mal, insulte pour insulte.
Bénissez, au contraire, car c'est à cela que vous avez été appelés, afin d'hériter la
bénédiction.
10
Qui veut, en effet, aimer la vie et voir des jours heureux doit garder sa langue du
mal et ses lèvres des paroles fourbes, 31 5 'éloigner du mal et faire le bien, chercher la
paix et la poursuivre. 12 Car le Seigneur a les yeux sur les justes et tend l'oreille à
leur prière, mais le Seigneur tourne sa face contre ceux qui font le mal.

C'est la plus longue citation de l'Épître. Le « en effet » ajouté au texte de la


Septante, en fait une raison — une preuve scripturaire — apportée aux conseils
qui précèdent. Pour la même raison l'auteur a modifié le texte de la Septante : la
question de Ps 34,13 devient une participiale (traduite dans la Bible de Jérusalem
par une relative), sujet du verbe principal, « doit garder ». Alors que le texte du

34
Voir spécialement L.O. ERIKSSON, « Come, children, listen to me ! », « The use of Psalm 34
in the New Testament », 110-124.
35
Su les rapports entre la Première Lettre de Pierre et le Ps 34, voir M.J. GILMOUR, « Crass
casualty or purposeful pain? Psalm 34's influence on Peter's first letter ».
96 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

psaume, aussi bien dans l'original hébreu que dans la traduction grecque de la
Septante, juxtapose une série de cinq phrases indépendantes syntaxiquement,
l'Épître de Pierre les subordonne toutes les unes aux autres pour n'en faire
qu'une seule longue phrase complexe : le verset 12 lui-même est une proposition
causale qui commence en grec par la conjonction de subordination hoti, « parce
que » (au lieu de la conjonction de coordination « car » de la Bible de
Jérusalem). Quoi qu'il en soit, il est remarquable que l'auteur de l'Épître ait
choisi de commencer sa citation par le second segment de la partie centrale du
psaume. Le thème de la filiation qui marque si fort le centre du psaume reparaît
dans l'Épître avec la proposition qui précède immédiatement la citation, « afin
d'hériter la bénédiction », qui correspond à « voir des jours heureux » par lequel
s'achève le verset 13 du psaume.

Dans la règle de saint Benoît

Si dès le Prologue de la règle de saint Benoît, le Ps 34 est si abondamment


cité, c'est que le patriarche du monachisme occidental devait l'apprécier davan-
tage que certains exégètes modernes. Le premier verset du Prologue reprend les
mots par lesquels commence la partie centrale du psaume : « Écoute, ô mon
fils»; la citation est complétée au verset 12 du Prologue: « E t que dit-il
[l'Esprit] ? "Venez, mes fils, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du
Seigneur" » (Ps 34,12). Et au verset 15 : « Quel est l'homme qui veut la vie et
désire voir des jours heureux ? » (Ps 34,13). Et il ajoute, citant la suite du
psaume :
16
Si, en entendant cela, tu réponds : « C'est moi ! », Dieu te dit : 17 « Si tu veux avoir
la vie véritable et perpétuelle, interdis le mal à ta langue et que tes lèvres ne
prononcent pas la tromperie. Évite le mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-
la»(Ps 34,14-15)36.

Certes, saint Benoît lie les versets 14-15 du psaume au verset précédent, en
faisant de ce dernier une conditionnelle. Cependant, il met en évidence un fait
essentiel. La question n'est pas une question rhétorique, celle d'un orateur qui
s'empresse de répondre à une interrogation dont il pense avoir lui seul la clé.
Dans les textes bibliques, la réponse est laissée au lecteur et à lui seul.

POUR L 'INTERPRÉTATION

Comme toujours dans les cas des compositions concentriques, l'interprétation


devra « partir du centre » 37 , en particulier de la question que pose le psalmiste
mais aussi de l'invitation qui la précède. C'est là que saint Benoît a trouvé le
point de départ de sa Règle.

36
Saint BENOÎT, La Règle de saint Benoît, I, 4 1 3 - 4 1 7 .
37
Voir Traité, 567-573.
Le psaume 34 97

Quel est ton désir ?

Chacun des lecteurs ou, plus exactement, chacun de ceux qui récitent le
psaume est interpelé et interrogé sur ce qu'il « désire » et « aime » (13), sur ce
qu'il « cherche » (5.11), sur ce qu'il « recherche » et « poursuit » (15). C'est lui
qui doit répondre, comme le dit saint Benoît : « Si, en entendant cela, tu
réponds : "C'est moi !"... » Le disciple est certes appelé à « écouter », mais aussi
à répondre, à la première personne, à la question qui lui est posée. Imaginer que
la réponse à la question est fournie par la suite du texte ne prend pas en compte
la fonction du texte biblique qui n'est pas d'abord de communiquer les vérités
d'un enseignement, mais qui est essentiellement appellative. La manière dont la
question est posée est tout à fait positive : seuls « la vie » et « le bien » sont
envisagés par le psalmiste. On croit entendre la voix de Moïse à la fin du
Deutéronome :
19
Je prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je te propose la vie ou
la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta
postérité vous viviez, 20 aimant le Seigneur ton Dieu, écoutant sa voix, t'attachant à
lui ; car là est ta vie, ainsi que la longue durée de ton séjour sur la terre que le
Seigneur a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob, de leur donner (Dt 30,19-20).

S'il continue aussitôt avec une mise en garde, c'est que le désir du mal habite
aussi le cœur de l'homme et que la voie qui y mène est tentante ;
13
Entrez par la porte étroite. Large, en effet, et spacieux est le chemin qui mène à la
perdition, et il en est beaucoup qui s'y engagent ; 14 mais étroite est la porte et resserré
le chemin qui mène à la vie, et il en est peu qui le trouvent (Mt 7,13-14).

Si le mal n'était pas séduisant, point ne serait besoin d'avertir du danger qu'il
recèle. Et ce danger n'est rien moins que la mort (22).
À Gat, la vie de David était en péril et l'on sait la sagesse dont il a su faire
preuve, paradoxalement, pour échapper à la mort. Ceux auxquels le psalmiste
s'adresse sont invités à faire preuve eux aussi de sagesse pour échapper à la mort
et sauver leur vie.

« La crainte du Seigneur »

Tel est ce que, au centre de son poème, le psalmiste propose d'enseigner à ses
disciples (12). Comme si tout tenait dans cette formule. C'est ce que dit aussi le
livre des Proverbes, en conclusion du prologue: « La crainte du Seigneur est le
principe de la sagesse» (Pr 1,7)38, ce qui sera repris plus loin sous une autre
forme : « Le commencement de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur » (Pr
9.10), et encore : « La crainte du Seigneur, c'est l'école de la sagesse » (15,33).
Quant à Job, il identifie purement et simplement la crainte du Seigneur à la

38
Pour les besoins de l'acrostiche alphabétique, le Psaume 111 intervertit les termes : « Le
principe de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur ». Voir p. 131.
98 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

sagesse : « Voici : la crainte du Seigneur, c'est elle la sagesse, et s'écarter du


mal, c'est l'intelligence » (Jb 28,28).
Le psaume déploie les différentes composantes de la crainte du Seigneur.
Craindre le Seigneur, c'est tout d'abord ne craindre que lui et donc ne craindre
personne d'autre. Celui qui craint le Seigneur est le «juste » (16.20.22), mais il
est, pour cela, « h a ï » (22) par «ceux qui font le mal» (17), qui lui causent
« frayeurs » et « angoisses » (5.7.18), qui l'accablent de « maux » (20). Le juste
dont le « cœur est brisé » et « l'esprit abattu » (19) ne craint pas pour autant ses
ennemis. Il ne craint pas le mal qu'on peut lui faire, mais seulement celui qu'il
est tenté de commettre (14-15).
Celui qui craint le Seigneur est celui qui le « cherche » (5a. 11b), qui « crie »
vers lui (7a. 18a), qui « s'abrite » en lui (9b.23b), en somme celui qui se fie en
lui, qui croit que le Seigneur peut le «délivrer» (5b. 18b.20b), le «sauver»
(7b. 19b), le « dégager » (8b), qui sait, qui « goûte et voit » que le Seigneur est
« bon » (9a), qu'avec lui il ne manquera d'aucun « bien » (10-11). Craindre le
Seigneur, c'est en somme avoir foi en lui, le « désirer » et 1'« aimer », car c'est
lui qui est « la vie » et le souverain « bien » (13).
Ayant expérimenté la délivrance et le salut, la crainte du Seigneur s'exprime
dans la bénédiction et dans la louange (2-4) et dans la joie qu'éprouve celui qui
est « pauvre », c'est-à-dire qui sait qu'il ne peut pas se sauver par lui-même mais
qu'il reçoit tout du Seigneur. L'enseignement avait donc commencé dès le début
du psaume, quand le maître avait invité les auditeurs à « magnifier le Seigneur
avec lui » (4). A ces paroles de bénédiction et de louange par lesquelles
commence la première partie s'opposent, au début de la dernière partie, d'autres
paroles, de mal et de mensonge (14). Le poète ne mentionne pas les destinateurs
de ces paroles mauvaises ; on peut comprendre que ce sont ceux qui persécutent
le juste, lequel serait tenté de leur rendre le mal pour le mal, mais aussi de les
maudire, appelant sur eux le châtiment divin.

Fils

Se présentant au centre du psaume comme un père pour ses disciples, le


psalmiste suppose que ses fils veulent « la vie » et le « bonheur ». La vie, c'est
ce que tout père digne de ce nom souhaite pour ses « fils ». Il la leur a donnée et
il ne désire rien tant qu'elle croisse et se développe, comme la sienne, avec la
sienne. C'était déjà ce qu'il avait dit dès le début, invitant ses auditeurs à s'unir à
sa louange (2-4). Mais ce père n'appelle pas ses disciples à « venir » vers lui ; il
n'entend pas se les approprier, se les attacher. Au contraire, son seul désir est de
leur « apprendre la crainte du Seigneur » ; « la vie » et « le bien » qu'il leur
souhaite, il sait qu'ils viennent d'un autre, le seul qui est « bon » (9), duquel
provient « tout bien » (11). Père de ses disciples, le véritable maître est celui qui
conduit à celui « de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom » (Ep
3,15). Au contraire, « ceux qui font le mal », « sera supprimée de la terre leur
mémoire» (17). En d'autres termes, « l a descendance des méchants sera
Le psaume 34 99

X n k ^ r 3 7 ' 2 8 ) i Q u a n t a U d i S C i p , e q u i é C O U t e S O n m a î t r e e t accepte de
devenir son fils, qui en le suivant entre dans le mouvement de la filiation divine
il pourra a son tour devenir père et engendrer des fils : eomme le S e " t e û 7 d u
Seigneur, « il verra une semence » (Is 53,10).
Le Psaume 37
Fils de Dieu et père des pauvres

Dans les psaumes 111 et 112 les vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu
marquent le début de leurs vingt-deux membres. Dans les psaumes 25, 34 et 145,
elles signalent le début d'autant de segments, bimembres surtout mais aussi
trimembres. Le psaume 119 compte vingt-deux «strophes» dont les huit seg-
ments commencent par la même lettre. Quant au psaume 37, il est le seul dont
les lettres de l'alphabet marquent le début d'un groupe de deux segments ou
même de trois (14 et 25).
il est vrai que l'artifice alphabétique ne se prête pas à une construction rigoureuse.
« Dans le dessin d'ensemble, manque naturellement un progrès rigoureux de la
pensée » (Kraus). « Naturellement », l'acrostiche alphabétique n'est pas le plan idéal
pour une architecture claire et parfaite 1 .

La contrainte conjuguée de la métrique et de la strophique n'a pas empêché


Baudelaire de composer d'admirables poèmes, très savamment construits2 ; la
contrainte de l'acrostiche alphabétique non plus.
Plusieurs ont noté que le début et la fin du psaume sont marqués par des
impératifs de deuxième personne du singulier, faisant ainsi inclusion3. L'accord
semble acquis sur les limites de la dernière partie (34-40) qui commence avec les
impératifs « Espère en Yhwh et garde sa voie ». Il n'en va pas de même pour la
première : si elle commence avec le premier impératif au premier verset,
s'achève-t-elle avec le double distique qui contient le dernier impératif initial :
« ne t'échauffe pas, ce n'est que mal » (8-9) ?
Il se trouve que les deux segments de la lettre tsadé (32-33) qui précèdent
immédiatement la dernière partie sont parallèles à ceux de la lettre zayin (12-13),
comme on peut le voir dans la réécriture de la page ci-contre. Il est donc
raisonnable de penser que ces deux unités symétriques pourraient jouer un rôle
structurant : la première (12-13) marquerait les limites d'une première partie (1-
11) ainsi que le début de la suivante (14-), la seconde les limites d'une dernière
partie (34-40) ainsi que la fin de l'unité précédente (-31). Cette hypothèse ne
sera vérifiée que si chacune des parties extrêmes présente une composition
régulière et une cohérence serrée.

1
Alonso Schoekel - Carniti, I, 631.
2
Voir, par exemple, Ph. PETIET, « Une analyse inattendue : "Le serpent qui danse" de
Baudelaire ».
3
Par ex., Jacquet, 757-759.763 ; Ravasi, I, 672.
102 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Resteraient les versets 14-31. Étant donné la position des unités zayn et tsadé
(12-13 et 32-33), encadrées par deux parties nettement plus longues (1-11 et 34-
40), sachant par ailleurs que les constructions concentriques sont très fréquentes
dans les textes bibliques, il est naturel de poser l'hypothèse que la composition
concentrique ainsi amorcée doive être poursuivie.
On remarquera que, la plupart du temps, les « méchants » sont au pluriel
(« malfaisants » en 1 et 9 et « méchants » en 14, 16, 17, 20, 28, 34, 38 et 40), les
deux exceptions (10.35) étant nécessitées par le contexte. Or le couple
« méchant - juste », au singulier, qui marque le début des unités zayin et tsadé
(12-13 et 32-33) ne se retrouve qu'au début de la lettre lamed : « Il emprunte le
méchant et ne rend pas, mais le juste a pitié et il donne» (21)4. Cette lettre
pourrait donc marquer le début de l'unité centrale du psaume ; le problème sera
d'en déterminer la fin. De nouveau il faudra d'abord vérifier si les versets 14-20
forment une unité de composition régulière et cohérente ; puis déterminer, selon
les mêmes critères, les limites de l'unité qui commence en 21 et de celle qui
s'achève en 31.
Une attention particulière sera accordée à l'étude de la composition, car « de
toute évidence, la forme d'un poème est en connexion étroite avec le sens »5.

4
Le parallélisme du début de ces trois lettres est particulièrement marqué :
zômëm rasa' « Il complote le méchant » 12
lôeh rasa6 « Il emprunte le méchant» 21
sôpeh rasa * « Il guette le méchant » 32
5
A. CONDAMIN, préface à H. PÉRENNÈS, Les Psaumes, vin.
Le psaume 37 103

1
De David.

' Ne t'échauffe pas contre LES MALFAISANTS, ne jalouse pas les faiseurs de fausseté :
2
car comme l'herbe vite ils sont fanés et comme le vert des prés ils sont flétris,
b 3 Aie confiance en YHWH et fais le bien, habite la terre et fais-paitre la vérité,
4
et réjouis-toi en VliWli et il te donnera les demandes de ton cœur,
g 5 Remets à YHWH ta VOIE et aie confiance en lui, et lui il fera ;
et il fera-lever comme le jour TA JUSTICE, et ton droit comme le midi.
d 7 Sois tranquille en YHWH et attends-le,
ne t'échauffe pas contre qui fait-réussir sa VOIE, contre l'homme faiseur d'intrigues ;
h 8 Laisse la colère, renonce au courroux, ne t'échauffe pas, ce n'est que mal ;
9
car LES MALFAISANTS et CEUX QUI ESPÈRENT en YHWH HÉRITERONT LA TERRE ;
w 10 encore un peu, et plus DE MÉCHANTS, tu t'enquiers de sa place, et il n'est plus ;
11
mais les humbles HÉRITERONT LÀ TERRE, et se réjouiront de beaucoup de paix.

• z 12 LE MÉCHANT complote contre LE JUSTE et grince des dents contre lui ;


•• 1 3 il SlilONHlli se moque de lui, car il voit que vient son jour.

h 14 LES MÉCHANTS ont tiré l'épée et ils ont tendu l'arc,


pour FAIRE-TOMBER le pauvre et le petit, pour égorger les droits de VOIE ;
15
leur épée entrera dans leur cœur et leurs arcs seront brisés.
t 1 6 Mieux vaut un peu pour LE JUSTE que l'abondance DES MÉCHANTS puissants ;
17
car les bras DES MÉCHANTS seront brisés, mais YHWH so%m<EM"LM$ JUSTES,
y 18 Y il ¥11 connaît les jours des parfaits, et leur héritage sera pour toujours ;
19
ils ne rougiront pas au temps mauvais, et aux jours de famine ils seront rassasiés,
k 2 0 Car LES MÉCHANTS périront, et les ennemis de YHWH ;
comme la parure des prés ils s'en iront, en fumée ils s'en iront.

1 21 LE MÉCHANT emprunte et ne rend pas mais LE. M STE a pitié et il donne ;


22
ceux qui /a .<» HESJTERONT LA TERRE, et ceux qui sont maudits
m 2 3 Par YHWH les pas de l'homme sont affermis et dans sa VOIE il se plait ;
24
s'il TOMBE, il n'est pas terrassé, car YBWif le so'cnmm dc sa MAIN.

n 25 J'étais jeune, et puis j'ai vieilli,


je n'ai pas vu LE JUSTE abandonné ni sa lignée cherchant du pain ;
26
tout le jour H a pitié, il prête, et sa lignée (sera) en SEKEpiÇim !
s 27 Évite le mal et fais le bien et tu habiteras pour toujours.
28
Car YHWH aime le droit et il n'abandonne pas ses fidèles ;
' pour toujours ils seront gardés mais la lignée DES MÉCHANTS ;
29
LES JUSTES HÉRITERONT LA TERRE et ils habiteront à jamais sur elle.
p 3U La bouche du JUSTE murmure la sagesse et sa langue profère le droit ;
31
la loi de son iltëij dans son cœur : ses pas ne chancellent point.

• s 32 LE MÉCHANT guette LE JUSTE et cherche à le faire mourir ;


•• 3 3 YHWH ne l'abandonne pas à sa MAIN et ne le laisse pas condamner.

q 3 4 ESPÈRE en YHWH et garde sa VOIE,


et il t'exaltera pour HÉRITER LA TEERE : DES MÉCHANTS tu verras,
r 3 5 J'ai vu LE MÉCHANT forcené s'élever comme un cèdre verdoyant ;
et il a passé et voici qu'il n'était plus, je l'ai cherché et il ne s'est pas trouvé.

s 37 Regarde le parfait et vois 1'(homme) droit : car il est une postérité pour l'homme de paix ;
mais les pécheurs seront anéantis ensemble, la postérité DES MÉCHANTS MMM..
t 3 9 Le salut des JUSTES (vient) de YHWH, leur forteresse au temps de l'angoisse ;
40
YHWH les aide et les délivre, il les délivre DES MÉCHANTS et les sauve
car ils se sont réfugiés en lui.
104 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

A . COMPOSITION

1. LA PREMIÈRE PARTIE (1B-11)

Cette partie s'organise en deux sous-parties.

- Première sous-partie (lb-6)

LB
' NE TÉCHAUFFE PAS contre LES MALFAISANTS,
NE JALOUSE PAS les de fausseté :
- 2 CAR „ - l'herbe vite ils sont fanés
-et > le vert des prés ils sont flétris.

+ b 3 AIE-CONFIANCE en Y H W H et le bien,
+4 HABITE la terre et pais la vérité
+ ET RÉJOUIS-TOI en Y H W H :

= ET il te donnera les demandes de ton cœur.

5
+ G REMETS en Y H W H ta voie
+ et AIE-CONFIANCE en lui, et lui ;
6
= ET il fera-sortir le jour ta justice
= et ton droit le midi.

Le premier morceau dit ce qu'il faut éviter de faire contre les « malfaisants »
(lb-2), les deux autres l'attitude à adopter envers « Yhwh » (3-6) : «compter
sur » lui (3a.5b). Ainsi la sous-partie est du type ABB'.
Dans chaque morceau les conseils sont suivis de leur motivation ; celle-ci est
introduite par « car » dans le premier (2a), par un simple « et » ensuite (4b.6).
« Comme » revient deux fois à la fin du premier morceau, et deux fois encore à
la fin du troisième, jouant le rôle de termes finaux.
Le destinataire du psaume est invité à « faire-paitre la vérité (3b)6, sans
jalouser «les faiseurs de fausseté» (le). Le verbe « f a i r e » se retrouve dans
chacun des morceaux, toujours dans le premier segment. Contrairement aux
deux premières, la troisième occurrence, « il fera » (5b) a Dieu pour sujet, mais
n'a pas de complément d'objet. Ainsi, l'action de Dieu, sa réponse à la confiance
et à l'abandon de l'homme juste, est, pour ainsi dire, laissée à son initiative et à
sa générosité. Il fera tout ce dont le juste a besoin, tout ce qu'il demande (4b), et
l'on peut même comprendre qu'il fera même bien davantage encore.

6
La Septante traduit: «pais dans l'abondance», ce qui renvoie au verset 16. L'opposition
entre les derniers mots des seconds membres des premiers segments des deux premiers morceaux
peut être un argument pour suivre le texte massorétique.
Le psaume 37 105

- Deuxième sous-partie (7-11)

+ cl 7 SOIS TRANQUILLE en YHWH


+ et ATTENDS - le,
NE RÉCHAUFFE PAS contre qui fait-réussir sa voie,
contre l'homme faiseur d'intrigues ;

h 8 LAISSE la colère,
RENONCE au courroux,
NET'ÉCHAUFFE PAS, ce n'est que mal.

9
Car les malfaisants seront extirpés
= et ceux qui espèrent YHWH
= eux hériteront la terre ;
10
• w et encore un peu, et plus de méchant,
tu t enquiers de sa place, et il n'est plus ;
= 11 mais les humbles hériteront la terre
= et se réjouiront de beaucoup de paix.

Le premier morceau est une suite d'impératifs, réglant d'abord le comporte-


ment envers Dieu (7ab), puis envers les malfaisants (7c-8). Alors que le second
segment (7cd), qui nomme les destinataires de réchauffement, énonce les rela-
tions de violence entre les contendants, il semble que le segment suivant (8) se
concentre au contraire sur le mal que la colère cause à celui qui l'éprouve. « Ne
t'échauffe pas » revient dans les membres extrêmes des deux segments qui
concernent les malfaisants (7c.8c), jouant le rôle de termes extrêmes.
Introduit pas « c a r » , le second morceau (9-11) donne la motivation des
conseils précédents, en comparant de manière parallèle le sort des « malfai-
sants » (9a) et des « méchants » (lOab) avec celui de « ceux qui espèrent en
Dieu » (9bc) et des « humbles » (1 lab) qui « hériteront la terre » (9c. 1 la).
106 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

- L 'ensemble de la première partie (lb-11)

:: l b ' NÊ T'ÊCHÂUFFE PAS CONTRE œMALFAISâra,


:: NE JALOUSE PAS les de fausseté :
2
- CAR comme l'herbe vite ils sont fanés
- et comme le vert des prés ils sont flétris.

+ B 3 AIE-CONFIANCE en YHVVH et FA le bien,


+ 4 HABITE 11 TERRE et pais la vérité
+ ET RÈJOUiS-TOi en Y H W H :
= ET il te donnera les demandes de ton cœur.

+ G 5 REMETS en Y H W H ta VOIE
+ et AIE-CONFIANCE en lui, et lui ;
6
= ET il fera-sortir comme le jour ta justice
= et ton droit comme le midi.

+ d 7 Sois TRANQUILLE en YHWH


+ et ATTENDS - le,
NE J'ÉCHAUFFE PAS CONTRE qui fait-réussir sa VOIE,
contre l'homme d'intrigues ;
h 8 LAISSE la colère,
RENONCE au courroux,
NE f ÉCHAUFFE PAS, ce n'est que mal ;

- 9 CAR LIS MALtPAISAKTS seront extirpés


= et ceux qui espèrent YHWH
= eux hériteront Ii TIME ;
- w 10 et encore un peu, et plus DIMÉCMUT,
tu t'enquiers de sa place, et il n 'est plus ;
= 11 mais les humbles hériteront SI TERRE
= et se réjouiront de beaucoup de paix.

Les deux sous-parties comportent également des conseils positifs et négatifs,


les uns concernant les rapports avec Dieu, les autres avec les malfaisants. Les
conseils positifs sont motivés par la récompense qui attend les justes, les conseils
négatifs par le châtiment que les injustes auront mérité. Ces éléments sont
arrangés diversement dans les deux sous-parties. Dans les trois morceaux de la
première, conseils et motivations se succèdent dans le même ordre ; dans la
deuxième au contraire les conseils sont regroupés dans le premier morceau, les
motivations dans le second. Conseils négatifs et positifs se répondent de manière
spéculaire dans les deux sous-parties : 2 négatifs (lbc) puis 5 positifs (3ab.
4a.5ab) - 2 positifs (7ab) puis 4 négatifs (7e.8abc).
Le psaume 37 107

Le premier segment de la première sous-partie (Ibc) trouve son correspondant


dans le second segment de la deuxième sous-partie (7cd) ; ils commencent avec
« ne t'échauffe pas contre » (lb.7c) et s'achèvent avec « les faiseurs de fausse-
té » et « faiseur d'intrigues » (lc.7d).
Les deux occurrences de « les malfaisants » jouent le rôle de termes initiaux
pour les morceaux extrêmes (lb.9a). La « voie » du malfaisant (7c) s'oppose aux
« voies » du juste (5a). « Habite la terre » de 3b annonce les deux occurrences de
«hériteront la terre» du dernier morceau (9c.lia). Les synonymes «ils sont
fanés » et « ils sont flétris » dans le premier morceau (2ab) trouvent leur corres-
pondant avec « seront extirpés » et avec « et plus de méchant » et « il n'est
plus » dans le dernier morceau (9a.l0ab).

2. LA DEUXIÈME PARTIE (12-13)

- z 12 II complote LE MÉCHANT contre le juste


- et grince contre lui des dents ;
1 3
+ LE SEIGNEUR s e rit-de lui,
+ car il voit que vient son jour.

Les deux segments opposent « le méchant » et « le Seigneur ». Ils se corres-


pondent de manière spéculaire : tandis que le méchant « grince des dents »
(12b), le Seigneur « se rit de lui » (13a) et tandis que le méchant prépare le mal
qu'il veut infliger au juste (12a), le Seigneur prévoit le jour de son châtiment
(13b).

3. LA TROISIÈME PARTIE (14-20)

- Première sous-partie (14-15)

:: h 14 1 / é p é e ont tiré LES MÉCHANTS,


:: et ils ont tendu leur arc,
: : pour faire tomber le pauvre et le petit.
:: pour égorger LES DROITS de voie ;
15
- leur épée entrera dans leur cœur
- et leurs arcs seront brisés.

La conduite des « méchants » envers « les droits » (14) sera châtiée quand
« leur épée » se retournera contre eux (15). « Épée » et « arc(s) » sont repris dans
les segments extrêmes, en miroir.
108 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

- Deuxième sous-partie (18-20)

- 1 1 6 Mieux un peu pour LE JUSTE


; que l'abondance DE MÉCHANTS puissants ;

- 17 car les bras DES MÉCHANTS


= et il soutient LES JUSTES YHWH.

= y' 1 8 II connait Y H W H les DES PARFAITS,


:
et leur héritage pour toujours sera ;
: 19
ils ne rougiront pas au temps mauvais,
:
et aux de famine ils seront rassasiés.

- k 20 Car LES MÉCHANTS périront,


- et les ennemis de Y H W H ;

- comme la parure des prés ils s'en iront,


- en fumée ils s'en iront.

Le premier morceau commence par opposer « le peu » du juste à « l'abon-


dance » des méchants (16)7, puis énonce, de manière spéculaire, leurs sorts
respectifs, « méchants » d'abord (17a) «justes » ensuite (17b).
Les deux morceaux suivants opposent le sort des « parfaits » (18-19) et celui
des « méchants » (20)8. Ces morceaux renvoient, de manière spéculaire, le pre-
mier à 17b, le second à 17a.

- L \ensemble de la troisième partie (14-20)


« Un peu » de 16a renvoie aux « droits » qui ont peu, à savoir « le pauvre et le
petit » de 14c ; « l'abondance » des méchants (16b) est donc le fruit de la rapine
exercée contre ces derniers. Le nom de « Yhwh » n'est prononcé que dans la
deuxième sous-partie, dans chacun des trois morceaux ; on peut dire que ce nom
était sous-entendu dans le dernier verbe de la première sous-partie (15b), un
passif divin repris en 17a.

7
La Septante traduit « que la richesse des méchants abondante ». L'adjectif rabbîm peut être
compris comme « nombreux », mais aussi comme « importants », « puissants » ; ainsi en Am 3,15
(voir Âmos, 120).
8
Suivant une opinion largement partagée, 20c, traduit par « comme la parure des prés »,
reprend l'image du verset 2. Une autre possibilité serait « comme la flamme des prés », se référant
à la pratique de brûler les chaumes ou l'herbe desséchée pour fertiliser les champs, ce qui
s'accorderait mieux avec le membre suivant ; voir Ravasi, I, 685.
Le psaume 37 109

: fi L epee ont tiré LES MECHANTS,


: et ils ont tendu leur arc,
: pour faire tomber le pauvre et le petit,
: pour égorger LES DROITS de voie ;
- 15 leur épée entrera dans leur cœur
- et leurs arcs seront brisés.

[ 1 6 Mieux y il peu pour LE JUSTE


lue l'abondance DES MÉCHANTS puissants ;
- 17 car les bras DES MÉCHANTS seront brisés
= et il soutient LES JUSTES YHWH.

= y 18 II connait YHWH les jours D E S PARFAITS,


= et leur héritage pour toujours sera ;
= 19 ils ne rougiront pas au temps mauvais,
= et aux jours de famine ils seront rassasiés.

- k 20 C a r LES MÉCHANTS périront,


- et les ennemis de Y H W H ;

- comme la parure des prés ils s'en iront,


- en fumée ils s'en iront.

4. LA QUATRIÈME PARTIE (21-24)

-1 II emprunte LE MÉCHANT et point ne rend


+ e t LE JUSTE a pitié et il donne ;
= 22
o u i , SES-8ÊN1S hériteront la terre,
= et $E$«MAUD!T$ seront extirpés.

+ m 2 3 Par Y H W H les pas D U FORT sont affermis


+ et son chemin (lui) plait ;
- 2 4 quand il tombe, il n'est pas terrassé,
- car Y H W H le soutient de sa main.

Les deux segments du premier morceau se correspondent en miroir. Le second


énonce les deux motivations complémentaires de la conduite du juste. Le second
morceau nomme par deux fois celui qui « bénit » le juste et « maudit » le
méchant du segment précédent. Il est construit en miroir : aux extrémités les
actions de Yhwh et entre deux la conduite du « fort » (geber, « l'homme fort »),
« le juste » du premier morceau. Il est toujours protégé par le Seigneur, soit qu'il
se plaise dans son chemin, soit qu'il y tombe.
110 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

5. LA CINQUIÈME PARTIE (25-31)

- Première sous-partie (25-26)

+ H 25 Jeune j'étais,
+ et aussi j'ai vieilli ;
:: je n'ai pas vu le juste abandonné,
- ni SA LIGNEE cherchant du pain ;

:: 2 6 tout le jour il a pitié, il prête,


= et SA LIGNÉE (sera) en bénédiction !

Après un premier segment où le mérisme « j e u n e » - «vieilli» signifie


« durant toute ma vie », ce sont deux autres bimembres qui dépeignent le sort du
juste (25cd) qui est dû à sa bonne conduite (26a) ; « le juste » est défini comme
celui qui « a pitié », qui « prête ». Les derniers segments se correspondent de
manière spéculaire : « abandonné » s'oppose à « en bénédiction » (25c.26b),
« cherchant du pain » à « il a pitié, il prête » (25d.26a) ; par ailleurs, les deux
occurrences de « sa lignée », en position identique, indiquent que la récompense
atteint le juste jusque dans sa descendance.

- Deuxième sous-partie (27-29)

+ s Évite le mal
+ et fais le bien
= ET TU HABITERAS POUR TOUJOURS.

28
+ C a r Yhwh aime le droit
= et il n'abandonne pas ses fidèles ;
+ * POUR TOUJOURS ils seront gardés
- mais la lignée des méchants sera extirpée ;
29
+ les justes hériteront la terre
= ET ILS HABITERONT À JAMAIS sur elle.

Les deux impératifs du premier morceau (27ab) sont suivis par leur consé-
quence. Introduit par « car », le second morceau explicite, cette fois-ci à la
troisième personne, le dernier membre du morceau précédent. « Les méchants »
(28d) s'opposent à « ses fidèles » (28b) et à « les justes » (29a). « La lignée »
(28d) désigne les descendants des méchants ; la même idée est reprise dans le
dernier segment, non seulement avec « hériteront » (29a) mais plus clairement
encore dans le dernier membre, où l'héritage de la terre se prolonge « à jamais ».
« Et tu habiteras pour toujours » (27c) et « et ils habiteront à jamais » (29b)
remplissent la fonction de termes finaux pour les deux morceaux.
Le psaume 37 111

Dans le texte massorétique la lettre ayin (28c) est masquée par la préposition
du premier terme T- 'ôlâm. Avec « Les injustes ( 'awwalîm) seront détruits », la
Septante respecterait mieux l'acrostiche :

+ s 27 Évite le mal
+ et fais le bien
- ET TU HABITERAS POUR TOUJOURS.

28
+ C a r Yhwh aime le droit
= et il n'abandonne pas ses fidèles ;

- * les injustes seront détruits


- et la lignée des méchants sera extirpée ;

+ 2 9 les justes hériteront la terre


= ET ILS HABITERONT À JAMAIS sur elle.

Dans cette version, au lieu d'être opposés comme dans le texte massorétique,
les deux membres de 28cd sont synonymes et s'opposent à chacun des segments
qui l'encadrent où il est question du sort de « ses fidèles » et des « justes ».

- Troisième sous-partie (30-31)

+ p 30 La bouche-du-juste murmure la sagesse


+ et sa langue profère le droit ;
+31 la loi de son Dieu dans son cœur :
= ne chancelleront point ses pas.

Dans le trimembre initial « la sagesse » et « le droit » sont identifiés ensuite à


« la loi de Dieu ». L'unimembre final énonce la conséquence ou la récompense
de la conduite du juste.
Il serait toutefois possible de considérer qu'il s'agit de deux bimembres :

+ p 30 La bouche-du-juste murmure la sagesse


+ et sa langue profère le droit ;
+ 3 1 l a loi de son Dieu dans son cœur :
= ne chancelleront point ses pas.

Les deux premiers mettent en jeu les organes de la parole, les deux suivants
les « pas » — à savoir la conduite —guidés par le « cœur », l'organe de
l'intelligence et de la volonté formée par « la loi de son Dieu ».
112 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

- L 'ensemble de la partie (25-31)

+ o 25 Jeune j'étais,
+ et aussi j'ai vieilli ;
:: je n ai pas vu LE JUSTE ABANDONNE,
- ni sa lignée cherchant du pain ;
:: 26 tout le jour il a pitié, il prête,
= et sa lignée (sera) EN BÉNÉDICTION !

+ s 27 Évite le mal
+ et fais le bien
= ET TU HABITERAS POUR TOUJOURS.

+ 2 8 C a r Yhwh aime LEDROfT


= ET IL N ' A B A N D O N N E PAS. ses fidèles ;
+ 6 pour toujours ils seront gardés
- mais la lignée des méchants sera extirpée ;
+ 2 9
LES JUSTES hériteront la terre,
= ET ILS HABITERONT A JAMAIS SUR ELLE.

+ p 30 La bouche-du-JUSTE murmure la sagesse


+ et sa langue profère LE DROIT;
+31 la loi de son Dieu dans son cœur :
= NE CHANCELLERONT POINT SES PAS.

Dans la première sous-partie le juste est celui qui se comporte avec pitié
envers son prochain ; dans la dernière, de manière complémentaire, il est pré-
senté dans son rapport avec « son Dieu ». La sous-partie centrale est la seule qui
soit adressée à une deuxième personne du singulier. A la fin de chaque sous-
partie, et même de chaque morceau, est énoncée la récompense du juste. La
sous-partie centrale reprend « abandonner » (28b) de la première sous-partie
(25c), de même que « le droit » (28a) de la dernière sous-partie (30b).

6. LA SIXIÈME PARTIE (32-33)

— s 32 II guette le méchant le juste


= et cherche à LE FAIRE-MOURIR ;

+ 33 Yhwh ne l'abandonne pas à sa main


= et ne laisse pas LE CONDAMNER.

Les deux segments opposent la conduite de « le méchant » envers « le juste »


à celle de « Yhwh ». Le dernier verbe permet de comprendre que, pour faire
mourir le juste, le méchant l'accuse injustement devant le tribunal.
Le psaume 37 113

7. LA SEPTIÈME PARTIE (34-40)

- Première sous-partie (34-36)

+ q Espère en Yhwh
+ et garde sa voie,
= et il t'exaltera pour hériter la terre :
= l'extirpation DES MÉCHANTS T U VERRAS.

- r 35 J ' A I V U LE MECHANT triomphant


s'élevant comme un arbre verdoyant ;
= 36 et il a passé et voici il n'était plus,
= etJe l'ai cherché et ne s'est pas trouvé.

Un locuteur unique s'adresse à une personne pour l'encourager à rester fidèle


(34), puis lui dire ce qu'il a vu qui est arrivé au méchant (35). Le premier mor-
ceau expose la « récompense » (34cd) du fidèle (34ab), le second le châtiment
(36) du méchant (35)9. Les deux occurrences du verbe « voir » et de « impie(s) »
jouent le rôle de termes médians, ordonnés en miroir.

- Deuxième sous-partie (37-40)

+ s 3 7 Garde-la perfection et vois la droiture :


+ car une postérité (est) pour l'homme de paix;
38
- et les pécheurs seront anéantis ensemble,
-la postérité DES MÉCHANTS extirpée.

+ 1 3 9 Et le salut des justes (vient) de YHWH,


:: leur forteresse au temps de l'angoisse ;
H- 40 et il les aide YHWH et les délivre,
+ il les délivre DES MÉCHANTS et II les sauve
:: car ils se sont réfugiés en lui.

Le premier morceau oppose la « postérité » (37b.38b) de 1'« homme de paix »


(37) à celle des « pécheurs » et « méchants » (38). Dans le second morceau 10 le
premier segment dit le « salut » des «justes », le second explicite que c'est « des
méchants » qu'ils sont « sauvés » ; en même position initiale, « se sont
réfugiés » (40c) renvoie à « forteresse » (39b).

9
Pour 35 le texte massorétique est difficilement compréhensible. Au lieu de « tyran se dénu-
dant », la Septante a « triomphant s'élevant » qui semble plus satisfaisant ; en 36a la Septante, la
Peshitta et Jérôme ont la première personne : « j e suis passé ».
10
La lettre taw au début de 39 est masquée par un waw qui n'est pas indispensable.
114 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

- L'ensemble de la partie (34-40)

3
+ q ESPERE en Y H W H
+ et GARDE sa voie,
= et il t'exaltera pour hériter la terre :
= L'EXTIRPATION DES MÉCHANTS T U VERRAS.

- r 35 J ' A I V U LE MECHANT triomphant


- s'élevant comme un arbre verdoyant
= et il a passé et voici il n'était plus,
= et je l'ai cherché et il n'a pas été trouvé.

+ s 37 GARDE-la perfection et V O I S la droiture :


+ car une postérité(sera) pour l'homme de paix ;
- 3 8 et les pécheurs seront anéantis ensemble,
- la postérité DES MÉCHANTS (sera) EXTIRPÉS.

+ 1 3 9 Le salut des justes (vient) de Y H W H ,


:: leur forteresse au temps de l'angoisse ;
+ 4 0 et il les aide YHWH et les délivre,
+ il les délivre DES MÉCHANTS et il les sauve
:: car ils se sont réfugiés en lui.

Celui qui est invité dans un premier temps à « garder » la voie du Seigneur
pour ne pas subir le sort des méchants (34-36) est ensuite appelé à « garder »
« perfection » et « droiture » l l .
Les conséquences, positives et négatives, sont complémentaires : dans la
première sous-partie elles concernent la terre (34cd), dans la deuxième la
postérité (37b.38b). Les méchants ainsi que leur postérité seront « extirpés »
(34c.38b).
Les premiers morceaux s'achèvent avec 1'« extirpation » des « méchants »
(34d. 38b). Alors que le second morceau de la première sous-partie est totale-
ment consacré au « méchant » (35-36), le dernier morceau traite entièrement du
salut des justes (39-40). Ainsi la partie — et donc l'ensemble du psaume —
s'achève sur une note toute positive.

11
C'est la première interprétation que retient A. Hakham, I, 213 ; c'est aussi celle des
anciennes versions. On peut aussi comprendre que tâm et yâsâr ne sont pas des termes abstraits
mais désignent l'homme parfait et celui qui est droit. Le parallélisme entre les deux sous-parties où
les deux impératifs identiques semor (« garde ») jouent le rôle de termes initiaux laisse entendre
que la « voie » de Dieu est celle de la « perfection » et de la « droiture ».
Le psaume 37 115

8. L ' E N S E M B L E DU PSA UME

- Les rapports entre les parties extrêmes

' NE J'ÉCHAUFFE P A Scontre LES MALFAISANTS, N E J A L O U S E P A S les faiseurs de fausseté :


2
car comme l'herbe vite ils sont fanés et comme le vert des prés ils sont flétris.
b3 ALE-CONFIANCE en YHWH et FAIS le bien, HABITE la terre et PAIS la vérité,
4
e t RÉJOUIS-TOI e n YHWH et il te donnera les demandes de ton cœur.
g 5 R E M E T S en LIFWH ta voie, et AIE-CONFIANCE en lui, et lui il fera ;
6
et il fera-lever TA J U S T I C E comme le jour et ton droit comme le midi.
7
d SOIS-TRANQUILLE en YflWIS e t ATTENDS-LE,
NE T'ÉCHAUFFE PAS contre qui fait réussir sa voie, contre l'homme faiseur d'intrigues ;
h 8 LAISSE la colère, R E N O N C E au courroux, N E F È C H A U F F E PAS, ce n'est que mal.

• 9
C a r LES MALFAISANTS et ceux qui espèrent en Vil W il EÎEIfMIÎ ÏÂ TIEEL ;
•• w J0 Et encore un peu, ET PLUS D'IMPIE, tu t'enquiers de sa place, ET IL M#£ST PLUS ;
11
mais les humbles HÉRET2RQNTLÀ ÏERR1, et se réjouiront de beaucoup de paix.

[...]

q 3 4 E S P È R E e n VHWH et GARDE sa voie,


• et il t'exaltera pour TâïifWMàfiïXBS ; DES MÈCM.4;\TS tu verras.
35
r J'ai vu LE MÉCHANT triomphant s'élever comme un arbre verdoyant ;
•• 36 et il a passé, voici qu'il N'ÉTAIT PLUS, et je l'ai cherché et IL NE S'EST PAS TROUVÉ.
s 37 G A R D E la perfection et VOIS la droiture, car il y a une postérité pour l'homme de paix ;
38
mais les pécheurs seront anéantis ensemble, la postérité DES MÉCHANTS
t 3 9 Le salut des JUSTES (vient) de VIIWH, leur forteresse au temps de l'angoisse ;
40
et les aide \ iiWIi et les délivre, il les délivre DES MÉCHANTS et les sauve
car ils se sont réfugiés en lui.

Ces parties comprennent de nombreux impératifs de seconde personne du


singulier, 15 dans la première, 4 dans la dernière (34.37). Dans tout le reste du
psaume, seul le premier membre du verset 27 en coordonne deux.
Dans les sous-parties médianes 9 et 34b se correspondent, en miroir :
9
C a r LES MALFAISANTS
et ceux qui espèrent en VIIWH HÉRïTIRQHT Là TERRI ;
34b
et il t'exaltera pour HÉRITER LATIRRI :
DES MÉCHANTS tu verras.

et 36 correspond à 10 de manière parallèle :


10
Et encore un peu, 9
ET PU S D "IMPIE, tu t'enquiers de sa place, LT IL N'EST PLUS ;
36
et il a passé, voici qu'IL N'ÉTAIT PLUS, et je l'ai cherché, ET IL S'EST PAS TROUVÉ.

La partie finale ne contient plus d'impératifs sur le rapport aux malfaisants.


116 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

- Les rapports entre la deuxième et Vavant-dernière partie

12
- z IL COMPLOTE le méchant contre le juste et grince des dents contre lui ;
+ 13
se rit de lui,
LE S E I G N E U R car il voit que viendra son jour.
[...]
32
-s IL GUETTE k méchant Se juste et cherche à le faire-mourir ;
+ 3 3 YHWH ne l'abandonne pas à sa main et ne laisse pas le condamner.

Les deux parties sont tout à fait parallèles. Dans les premiers segments « le
méchant » s'oppose au «juste » : d'abord il « grince des dents contre lui » (12),
puis va jusqu'à vouloir le tuer (32). Dans les seconds segments, « le Seigneur »
« Yhwh » réagit en annonçant le châtiment du méchant (13) et en protégeant le
juste (33). On notera que c'est le seul emploi de 'âdônây (« le Seigneur ») dans
tout le psaume.

- Les rapports entre la troisième et la cinquième partie

h 14 Les méchants ont tiré l'épée et ils ont tendu l'arc,


pour faire tomber le pauvre et le petit, pour égorger les droits de voie ;
5
leur épée entrera dans leur cœur et leurs arcs seront brisés.
t 16 Mieux vaut un peu pour le juste que l'abondance des méchants puissants ;
17
car les bras des méchants seront brisés et YHWH soutient les justes.
* y 18 YHWH connaît les jours des parfaits et leur HÉRITAGE sera P O U R T O U J O U R S ;
19
ils ne rougiront pas au temps mauvais et aux jours de famine us seront rassasies.
k 20 Car les méchants périront e t l e s e n n e m i s d e YHWH ;
comme la parure des prés ils s'en iront, en fumée ils s'en iront.

[...]

n 25 J'étais jeune, et puis j'ai vieilli,


je n'ai pas vu te juste abandonné ni s a l i g n é e c h e r c h a n t du pain.
26
Tout le jour il a pitié, il prête, sa lignée (sera) en bénédiction !
27
s Évite le mal et fais le bien et t u h a b i t e r a s P O U R T O U J O U R S .
28
Car YHWH aime le droit et il n'abandonne pas ses fidèles ;
' P O U R T O U J O U R S ils s e r o n t g a r d é s mais la lignée des méchants sera extirpée ;
* 29 les justes HÉRITERONT la terre et ils habiteront À JAMAIS sur elle.
30
p La bouche du juste murmure la sagesse et sa langue profère le droit ;
31
la loi de son DIEU dans son cœur : ses pas ne chancellent point.

Ces deux parties énoncent le sort du méchant (en grisé) et du juste, surtout du
méchant dans la troisième partie, surtout du juste dans la cinquième. Le verset
18 trouve un écho en 29 : « l'héritage » des justes sera « pour toujours », « à
jamais », tandis que les méchants seront détruits (20). Alors que c'est « Yhwh »
le sujet exprimé de la récompense des justes, il n'en va pas de même pour les
méchants.
Le psaume 37 117

- La fonction de la partie centrale


Après les rapports entre les parties symétriques reste à examiner la fonction
de la partie centrale.
Comme il arrive souvent, le centre compte un grand nombre de termes qui se
retrouvent ailleurs dans le reste du texte. Sur les vingt-deux termes que com-
prend la partie centrale, quatorze sont repris ailleurs : « le méchant » (10.12.14.
16.17.20.28.32.34.35.38.40) opposé au «juste» (6.12.16.17.25.29. 30.32.39),
«hériteront la terre (9.11.29.34) opposé à «seront extirpés» (9.28.34.38), « a
pitié » (26), « il donne » (4), « ceux qui sont bénis » (26), « Yhwh » deux fois en
23-24 (3.4.5.7.9.17.18.20.28.33.34.39.40), « v o i e » (5.7. 14.34), «il tombe»
(14), « il soutient » (17), « main » (33).
Le syntagme « hériter la terre » revient cinq fois : au centre, deux fois avant
(9.11) et deux fois après (29.34)12 ; quant aux cinq occurrences de « extirper »,
elles ne sont pas distribuées de la même façon : une fois au centre, une fois avant
(9) et trois après (28.34.38).
« Les pas » de 23 {mis (âd) a un synonyme en 31 ( 'âsur).

Ne reprenant aucun des impératifs qui marquent les parties extrêmes, la partie
centrale fait basculer le psaume du premier versant (1-20) où la présence mena-
çante des malfaisants domine13 vers le deuxième versant (25-40) dans lequel
c'est au contraire la figure des justes qui l'emporte. Ce qui peut se schématiser
ainsi :
N e te soucies pas des MALFAISANTS — aie confiance en Yhwh 1 — 11
Résumé : Yhwh se moque du MÉCHANT 12-13
LES MÉCHANTS seront détruits 14-20

Passage central 21 -24

LES JUSTES seront gardés 25-31


R é s u m é : Y h w h n ' a b a n d o n n e p a s LE JUSTE 32-33
Espère en Y h w h — r e g a r d e LES JUSTES 34-40

La partie centrale commence en opposant le méchant et le juste, toutefois non


plus dans leurs rapports conflictuels mutuels mais dans leur conduite envers leur
prochain ; c'est ensuite le jugement de Dieu sur ceux qui seront bénis ou mau-
dits. Ces deux premiers versets renvoient donc plutôt au premier versant. Quant
aux deux versets suivants, ils semblent préparer la suite, car il n'y est question
que de celui que Dieu soutient, c'est-à-dire du juste.

12
«Héritage» (18), qui n'est pas de même racine, appartient cependant au même champ
sémantique.
13
On pourra noter l'inclusion qui délimite le premier versant (2.20b). Les deux occurrences de
« espérer » (9.34) jouent le rôle de termes médians à distance agrafant les parties extrêmes.
118 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

1
De David.

' Ne t'échauffc pas contre LES MALFAISANTS, ne jalouse pas les faiseurs de fausseté :
2
car comme l'herbe vite ils sont fanés et comme le vert des prés ils sont flétris,
b 3 Aie confiance en YHWH et fais le bien, habite la terre et fais-paitre ta vcritc.
4
et réjouis-toi en YHWH et il te donnera les demandes de ton cœur,
e 5 Remets à YHWIÎ ta VOIE et aie confiance en lui, et lui il fera ;
I
et il fera-lever comme le jour TA JUSTICE, et ton droit comme le midi.

d 7 Sois tranquille en YHWH et attends-le,


ne t'échauffc pas contre qui fait-réussir sa VOIE, contre l'homme faiseur d'intrigues ;
h 8 Laisse la colère, renonce au courroux, ne t'échauffc pas, ce n'est que mal ;
9
car LES MALFAISANTS et CEUX QUI ESPÈRENT en YHWII HÉFJTERONT LA TERR.E ;
w 10 encore un peu, et plus D'IMPIE, tu t'enquiers de sa place, et il n'est plus ;
II
mais les humbles HÉRITERONT Là TERRE, et se réjouiront de beaucoup de paix.

12
•z LE MÉCHANT complote contre LE JUSTE et grince des dents contre lui ;
••13II SEG
INEUR se moque de lui, car il voit que vient son jour.

h 14 LES MÉCHANTS ont tiré l'cpce et ils ont tendu l'arc,


pour FAIRE-TOMBER le pauvre et le petit, pour égorger les droits de VOIE ;
15
leur cpée entrera dans leur cœur et leurs arcs seront brisés.
t 1 6 Mieux vaut un peu pour LE JUSTE que l'abondance DES MÉCHANTS puissants ;
17
car les bras DES MÉCHANTS seront brises, mais YHWH soVrwmiA.s JUSTES,
y 18 YHWH connaît les jours des parfaits, et leur héritage sera pour toujours ;
19
ils ne rougiront pas au temps mauvais, et aux jours de famine ils seront rassasiés,
k 20 Car LES MÉCHANTS périront, et les ennemis de YHWH ;
comme la parure des prés ils s'en iront, en fumée ils s'en iront.

1 21 LE MÉCHANT emprunte et ne rend pas mais t ivJUSTE a pitié et U lionne ;:


22
ceux qui HÉRITERONT LA TERRE, et ceux qui sont maudits
m 23 Par Ylll l! les pas du fort sont affermis et dans sa VOIE il se plait ;
24
s'il TOMBE, il n'est pas terrassé, car fflll le s a u m m & c sa MAIN.

n 25 J'étais jeune, et puis j'ai vieilli,


je n'ai pas vu LE JUSTE abandonné ni sa lignée cherchant du pain ;
26
tout le jour // a pitié, if prête, et sa lignée (sera) en méDiCnON !
s 2 7 Évite le mal et fais le bien et tu habiteras pour toujours.
28
Car YHWH aime le droit et il n'abandonne pas ses fidèles ;
' pour toujours ils seront gardes mais la lignée DES MÉCfl 1M S - - •;
29
LES JUSTES HÉRITERONT LA TERRE et ils habiteront à jamais sur elle.
p 30 La bouche du JUSTE murmure la sagesse et sa langue profère le droit ;
31
la loi de son PUT dans son cœur : ses pas ne chancellent point.

• s 3 2 LE MÉCHANT guette LE JUSTE et cherche à le faire mourir ;


••33 YHWH ne l'abandonne pas à sa MAIN et ne le laisse pas condamner.

q 34 ESPÈRE en YHWII et garde sa VOIE,


et il t'exaltera pour HÉRITER LA TERRE : ûi\mmm DES MÉCHANTS tu verras,
r 3 5 J'ai vu LE MÉCHANT triomphant s'élever comme un arbre verdoyant ;
36
et il a passé et voici qu'il n'était plus, je l'ai cherché et il ne s'est pas trouvé.

s 37 Garde la perfection et vois la droiture, car il est une postérité pour l'homme de paix ;
38
mais les pécheurs seront anéantis ensemble, la postérité DES MÉCfl iNTS
t 3 9 Le salut des JUSTES (vient) de YHWH, leur forteresse au temps de l'angoisse ;
40 YHWII les aide et les délivre, il les délivre DES MÉCHANTS et les sauve
car ils se sont réfugiés en lui.
Le psaume 37 119

L'analyse présentée dans les pages qui précèdent a été menée de manière
indépendante, sans référence aux études de composition déjà parues14. C'est que,
pour entrer sérieusement en discussion avec leurs auteurs, il aurait fallu y consa-
crer beaucoup d'espace15. Il faut ajouter que le manque d'une méthodologie
suffisamment rigoureuse ne permet pas que les résultats de leurs analyses
puissent être considérés comme assurés.

B . CONTEXTE BIBLIQUE

Parmi tous les échos intertextuels qui peuvent être évoqués, c'est certainement
la béatitude de Mt 5,5 qui retient le plus l'attention des commentateurs :
« Heureux les doux, car ils hériteront la terre ». Cela, d'autant plus que l'expres-
sion « hériter la terre » revient comme un leitmotiv tout au long du psaume
(9.11.22.29.34 ; à quoi il faut ajouter « héritage » en 18 et « terre » en 3). Les
sept béatitudes de Mt 5,3-9 forment un septénaire :

+3 HEUREUX les pauvres en esprit, car à eux est le royaume des CLEUX !
_4
HEUREUX les doux, car eux hériteront la terre !
. 5 HEUREUX les pleurants, car eux seront consolés !
• 6 HEUREUX les affamés et les assoiffés de la justice, car eux seront rassasiés !
.7
HEUREUX les miséricordieux, car eux seront miséricordiés !

+8 HEUREUX les purs de cœur, car eux DLEU ils verront !


_9 DIEU
HEUREUX les pacifiques, care ux fils de seront appelés !

où la deuxième béatitude (4) et la septième (9), en position symétrique à la fin


des morceaux extrêmes, sont liées par le thème de la filiation : ce sont en effet
les « fils » qui « héritent »16.

C . INTERPRÉTATION

Les titres donnés au psaume indiquent quel est le contenu, l'idée directrice
que les commentateurs lui reconnaissent. Pour la plupart « le thème essentiel est

14
Voir, essentiellement, J. FORBES, The Symmetrical Structure of Scripture, 107-114; E.W.
BULLINGER, A Key to the Psalms by the late Rev. Thomas Boys, 34 ; M. GIRARD, Les Psaumes,
291-304 ; ID., Les Psaumes redécouverts. I, 624-650 ; P. AUFFRET, « "Aie confiance en lui, et lui,
il agira" : Étude structurelle du Psaume 37 » ; J. BAZAK, « Structural geometric patterns in biblical
poetry » ; ID., Structures and contents in the Psalms : geometrical structural patterns in the Seven
Alphabetic Psalms.
15
J'ai consacré un long article à discuter en détail l'analyse du Ps 51 de M. Girard (voir p. 55,
note 21.
16
Voir R. MEYNET, Lire la Bible, 168-173 ; G. LORI, Il discorso délia montagna, dono del
Padre (Mt 5,1-8,1), 21 sq.
120 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

celui de la rétribution »' 7 : « (Le) sort du juste et de l'impie » (Bible de


Jérusalem, L. Jacquet), « Le sort du juste et du méchant » (Osty), ou, plus
développé : « Le bonheur des impies ne dure pas. Il n'y a de durable que celui
des justes » (La grande Bible de Tours »). D'autres reprennent le leitmotiv du
poème : « Les humbles posséderont la terre » (Vesco), « Los humiles herederân
la tierra » (La casa de la Biblia). La traduzione délia Civiltà cattolica donne
comme titre la béatitude de Matthieu : « Beati i miti, perché erediteranno la terra
(Mt 5,5) ». Ravasi combine en quelque sorte les deux titres précédents : « Giusto
e ingiusto a confronto : la terra promessa e l'erba appassita ». Beaucamp :
« Dans l'attente d'une justice finale ». Quant à P. Auffret, il a choisi comme titre
le deuxième membre de 5a : « "Aie confiance en lui, et lui, il agira" ».
Un grand nombre de commentateurs renvoient à Tertullien qui appelait le Ps
37 « Le miroir de la Providence » et Isidore de Séville qui le qualifie de
« Remède contre les murmures ».
Dans le pesher du psaume retrouvé à Qumran se lit l'interprétation qu'en
donnait la communauté des Esséniens en fonction de leur situation et de leur
théologie : les justes sont les membres de la communauté sadocite guidée par le
Maitre de justice qui a reçu la révélation divine, les impies sont ceux auxquels ils
s'opposent, ceux qui célèbrent le culte dans le temple de Jérusalem et qui les
r 18
persecutent .
En Amérique latine, marquée par de graves injustices sociales regardant en
particulier la possession de la terre, le psaume est souvent interprété en
conséquence19.
Ces interprétations sont certes légitimes. Elles sont toutefois conditionnées par
des facteurs externes au texte lui-même, par la situation où se trouve l'interprète.

Selon la troisième des cinq règles herméneutiques énoncées dans le Traité de


rhétorique biblique20, l'interprétation ici proposée partira du centre de la
construction, qui en constitue la clé de voûte et la clé de lecture (21-24) ; elle
s'appuiera aussi sur les deux autres piliers de l'architecture constitués par les
courtes parties parallèles 12-13 et 32-33.

LE SEIGNEUR FAIT HÉRITER SON FILS

La « bénédiction » du Seigneur se concrétise dans le don de la terre (22).


Reprise deux fois en écho dans chaque versant, l'expression « hériter la terre »
présente avec la plus grande insistance la figure de Dieu comme celle d'un père

17
Vesco, 339 ; de même Graigie, I, 296 : « the overall theme linking its parts is rétribution and
recompense » ; voir aussi Anderson, 292.
18
Voir C. COULOT, « Un jeu de persuasion sectaire : Le commentaire du Psaume 37 découvert
a Qumran ».
19
Voir E. CORTESE, « Salmo 37 : Una interpretacion en dialogo con el Tercer Mundo » ; W.
BRUEGGEMANN, « Psalm 37 : Conflict of Interprétation ».
20
Traité, 2013, 567-573.
Le psaume 37 121

qui transmet à ses fils la terre en héritage. La plupart des traductions françaises
disent « posséder » la terre, gommant la dénotation de la filiation, comme si elles
résistaient inconsciemment à l'admettre21. La traduction Bayard va jusqu'au
contre sens avec « gagner » ; s'il est une chose que l'on ne gagne pas, c'est bien
l'héritage, pour lequel il n'y a rien à faire, sinon qu'à « se donner la peine de
naitre ». « Posséder » a au moins l'avantage de signifier que, une fois reçus, les
biens de l'héritage ne sont ni prêtés ni confiés, ils sont propriété pleine et entière
du fils. Ils ne le sont pas pour un temps : « leur héritage sera pour toujours »
(18).

IL LE PREND PAR LA MAIN

La suite de la partie centrale file la même image paternelle. Comme un père


22
apprend à marcher à son fils, le Seigneur « affermit les pas du fort » (23) . « Car
Israël est un enfant et je l'aime [...] Et moi j'ai appris à marcher à Éphraïm en le
tenant par les mains » (Os 11,1.3)23. Si son enfant achoppe, s'il est poussé par
celui qui veut « faire tomber le pauvre et le petit » (14), son père « le soutient de
sa main » (24).
IL NE L 'ABANDONNE PAS

En opposition au dernier membre de la partie centrale à peine cité, la


deuxième partie de reliure (32-33) affirme : « Le Seigneur ne l'abandonne pas à
la main » du méchant (33). Le psalmiste avait déjà dit : « Je n'ai pas vu le juste
abandonné, ni sa lignée cherchant du pain » (25), comme si son père avait cessé
de le nourrir. Il avait ajouté sans tarder que le Seigneur « n'abandonne pas ses
fidèles » (28). Voilà qui rappelle les paroles d'Isaïe : « Sion avait dit : "Yhwh
m'a abandonnée ; le Seigneur m'a oubliée." Une femme oublie-t-elle son petit
enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes
oubliaient, moi, je ne t'oublierai pas » Is 49,14-15).

21
Par exemple, Crampon, la Bible de Jérusalem, Osty, la TOB, la Bible en français courant, la
Bible du rabbinat, la Bible Parole de vie, La colombe, La nouvelle Bible Segond, les commentaires
de Jacquet et de Vesco. Beaucamp utilise quatre verbes différents : « avoir », « appartenir »,
« posséder » et « donner ».
Avec klëronomeô, la Septante respecte le sens de yrs, de même la Vulgate avec hereditäre ;
Mannati traduit par « hériter » (Mannati - Solms, II, 1966-68), la nouvelle traduction italienne de
la Conférence Épiscopale Italienne par « avere in eredità » (corrigeant ainsi la version précédente
qui avait « possedere »), la traduction espagnole de la Casa de la Biblia par « heredar ».
22
David Kimchi (Commente* ai salmi, I, 303) commente : « Les pas du juste, qui est plus fort
que le méchant en bonnes œuvres... ». Il renvoie à Rashi : « Les pas du fort : c'est-à-dire de celui
qui est "fort" dans la crainte du Seigneur ».
23
Voir aussi Jr 31,32 : « Non pas comme l'alliance que je conclus avec leurs pères, le jour où je
les pris par la main pour les faire sortir du pays d'Egypte ».
122 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

LE FILS DEVIENT PÈRE À SON TOUR

Le juste montre qu'il est vraiment fils de Dieu quand il se conduit comme son
Père. C'est ce que dit le début de la partie centrale : « le juste a pitié, il donne ».
Ce qui sera repris en écho peu après : « tout le jour il a pitié, il prête » (26). Il
prête en prenant donc le risque qu'on ne lui rende pas. Il donne comme le
Seigneur lui « donne les demandes de son cœur » (4). Ce faisant, il fait hériter
les autres, spécialement ceux qui sont dans le besoin, des richesses qui lui ont été
léguées par le Seigneur. En d'autres termes, il traite le pauvre comme son propre
fils. Pour cela il est prêt à renoncer à « l'abondance » et à se contenter de « peu »
(16). Avec l'héritage il transmet la vie, et c'est pourquoi «sa lignée sera en
bénédiction » (26) et « il est une postérité pour l'homme de paix » (37).

LÀ MORT DU MÉCHANT

Contrairement à celle du juste, « la lignée des méchants sera extirpée » (28).


Eux-mêmes seront « extirpés » (9.22.34), ils ne seront plus (10.36), « ils périront »
(20), « leur épée entrera dans leur cœur et leurs arcs seront brisés » (15), « comme
l'herbe ils faneront » (2) et « en fumée ils s'en iront » (20), « les pécheurs seront
anéantis ensemble » (38). Avec eux la vie s'arrêtera, et s'arrêtera pour toujours car
ils seront aussi privés de descendance : « la lignée des méchants sera extirpée »
(28), « la postérité des méchants sera extirpée » (38). La mort ne peut qu'en-
gendrer la mort. C'est qu'au lieu de « donner » et de donner la vie comme le juste,
« le méchant emprunte et ne rend pas » (21) ; étant sans « pitié », il arrête ainsi le
flux de la vie. Bien plus, n'étant pas vivant, il ne supporte pas ceux qui le sont :
« il complote contre le juste » (12), « il cherche à le faire mourir » (32), « il tire
l'épée et tend l'arc, pour faire tomber le pauvre et le petit, pour égorger ceux dont
la voie est droite » (14).

LA VOIE DE LA VIE POUR LE JUSTE

Quant au juste menacé de mort par les méchants, il est protégé par le Seigneur
qui l'empêche de « tomber » (24)24, c'est-à-dire d'être « égorgé » (14), par ceux
qui « complotent contre » lui (12) et veulent le « faire mourir» (32), qui em-
pêche qu'il soit livré à « la main » du méchant (33). Le psaume s'achève sur la
certitude que pour les justes « le salut vient du Seigneur », qui les « aide », les
« délivre » et les « sauve » (39-40). C'est pourquoi, comme le répète le psalmiste
en entonnant son poème, le juste ne doit pas « s'échauffer contre les mal-
faisants » (1) car « ce ne serait que mal » (8). Tout le mouvement du psaume est
organisé pour faire passer celui qui le prie de la rage contre les méchants qui le

24
Souvent le verbe connote la mort, par exemple en Am 5,1 : « Elle est tombée et ne se relè-
vera plus la vierge d'Israël ». Voir Amos, 160 : « Ce verbe, souvent utilisé aussi dans l'expression
"tomber par l'épée" (Nb 14,3.43 ; 2S 1,12 ; 3,29 ; Is 31,8 ; Ps 78,64) est l'équivalent de "mourir
par l'épée" (Jr 21,9); il n'indique donc pas une simple chute, mais la mort violente, devant
l'ennemi (dont "on ne se relève pas" : Jr 25,27) ».
Le psaume 37 123

persécutent à la confiance en Dieu seul. La métaphore de l'architecture avec


l'image ancienne du centre comme « clé de voûte »25, à laquelle on peut ajouter
dans le cas présent les deux contreforts que représentent les deux courtes parties
où le Seigneur déjoue les projets des méchants, cette métaphore est certes
parlante. Toutefois, elle pourra paraître statique et justifier le reproche que cer-
tains font à l'analyse rhétorique qui, se focalisant sur le centre de la construction,
risquent de ne pas en percevoir le mouvement, la progression. C'est pourquoi la
métaphore, toujours architecturale, du pont est sans doute plus parlante : la partie
centrale du psaume ainsi que les deux autres parties qui se trouvent au centre de
chaque versant, sont comme les piles d'un pont que l'on ne voit pas quand on
circule sur le tablier mais qui le soutiennent et permet au lecteur de passer d'une
rive à l'autre, de la colère à la confiance.

« Comme le livre des Proverbes, le psaume [37] est une sorte d'anthologie de
dits de Sagesse, les strophes de chaque lettre de l'alphabet contenant un proverbe
plus ou moins complet »26. Il est vrai qu'à première vue ce psaume a l'apparence
d'un simple patchwork, répétitif et morne. Or l'analyse de sa composition a
révélé une architecture très élaborée — et cela malgré la contrainte de l'acro-
stiche alphabétique — qui a permis de mettre en lumière la logique profonde du
poème. Le thème de la filiation, et donc de la transmission de la vie, constitue le
centre nerveux de l'ensemble. C'était déjà le cas pour le psaume acrostiche
précédent, focalisé sur ces deux segments (Ps 34,12-13) :
Allez, fils, écoutez-moi, la crainte du Seigneur j e vous l'enseigne.
Qui est Thomme désirant la vie, aimant les jours pour voir le bien ? 2 7

25
Thomas Boys est le premier à comparer le centre d'un texte à la clé de voûte, la seule pierre
qui soit unique et qui n'ait pas son parallèle dans la construction, celle par laquelle tout l'ensemble
tient (A Key to the Book of the Psalms, 123) ; voir Traité, Chap. 8, « Le centre des compositions
concentriques », 417-469.
26
Graigie, I, 296. Voir aussi Anderson, 292 : « Each strophe is, more o less, an independent
unit, so that the whole poem approximates to a collection of proverbs» ; Castellino, 813 : « È
difficile vedere una sequela logica nell'andamento del pensiero [...] In genere perô le strofe di ogni
lettera alfabetica possono raggrupparsi a tre o a due, senza, per altro, che si possa fissare uno
sviluppo organico di pensiero»; Sabourin, 194: « C e psaume de sagesse est également
alphabétique et, par conséquent, les réflexions qu'il propose se suivent sans ordre logique (voir Ps
34) ».
27
Voir p. 94.
L e s p s a u m e s 111 et 112

Les psaumes 111 et 112 se ressemblent comme des «jumeaux ». Ce sont les
seuls acrostiches alphabétiques bibliques dont les vingt-deux membres commen-
cent par chacune des lettres de l'alphabet hébreu. Si chacun peut et doit être
analysé en lui-même, il n'est guère possible de les séparer. C'est pourquoi, ils
sont étudiés dans le même chapitre, d'abord séparément, puis en regard l'un de
l'autre

A. LE PSAUME 111

Les parties extrêmes (lb-3 ; 9-10) comprennent chacune six membres, tandis
que la partie centrale (4-8) en compte dix (voir p. 129).

1. COMPOSITION

LA PREMIÈRE PARTIE (lb-3)

Elle comprend six membres formant trois bimembres organisés de manière


concentrique :

LB
= JE RENDS-GRÂCES à YHWH de TOUT cœur
= dans le cercle des droits et l \assemblée.
::2 Grandes LES ŒUVRES d e YHWH,
= RECHERCHÉES pour TOUS-ceux ÇUÏ~IES~ÀÏMEÏÏT.
3
:: Faste et splendeur SON OUVRAGE
;: e t SA JUSTICE demeurant >4 JAMAIS.

Le premier segment (lbc) met en scène le « j e » du psalmiste (lb), accom-


pagné des hommes « droits » et de « l'assemblée » (le) : ces personnages sont
inclus dans « tous-ceux qui-les-aiment » de 2b. Le troisième segment (3) ainsi
que 2a donnent les raisons de l'action de grâce (lb) et de la « recherche » (2b) :
ce sont les « œuvres », « l'ouvrage », « la justice » du Seigneur. Les deux
éléments du centre renvoient, de façon croisée, aux unités qui l'entourent : 2b à
lbc et 2a à 3ab. À noter que les trois membres qui concernent les actions de
Dieu sont des phrases nominales, sans aucun verbe conjugué (2a.3a.3b). Le nom
de « Yhwh » revient deux fois : dans le premier membre où il s'agit des actions
des hommes (lb), dans le premier membre où il s'agit des actions de Dieu (2b).
« Tout » / « tous » est repris en l b et 2b, dans les membres qui concernent les
126 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

hommes ; une idée de totalité analogue est exprimée par « à jamais » à la fin du
troisième membre qui rapporte les œuvres de Dieu 1 .

LA TROISIÈME PARTIE (9-10)

La dernière partie comprend elle aussi six membres, organisés non pas en
trois bimembres comme dans la première partie, mais en deux trimembres. Le
premier est de type A A ' B : les deux premiers membres rapportent les actions de
Dieu, le troisième énonce deux qualités de « son nom » ; les derniers termes
s'achèvent par le même suffixe pronominal qui fait rime 2 . Le second trimembre
est aussi de type A A ' B : les deux actions de « craindre » le Seigneur et d'« œu-
v r e r » ses commandements (lOab) correspondent aux deux actions de Dieu du
premier trimembre (9ab) ; la « louange » de 10c semble correspondre à 9c,
puisque c'est « le nom » de Yhwh qui est loué (voir Ps 113,1-3 : « Louez, servi-
teurs du Seigneur, louez le nom du Seigneur ! 2 Béni soit le nom du Seigneur,
dès maintenant et à jamais ! 3 Du lever du soleil à son coucher, loué soit le nom
du Seigneur » ; voir aussi Ps 69,31 ; 135,1 ; 148,5.13).

:: 9 Le rachat IL A ENVOYÉ pour le peuple- de lui,


:: IL A COMMANDÉ POUR TOUJOURS l'alliance- de lui ;
:: saint et redoutable LE NOM- de lui.
= 10 Principe de sagesse LA CRAINTE d e YHWH,
= intelligence bonne pour TOUS-ceux QUI-LES-CEUVRENT ;
= sa louange demeurant A JAMAIS.

« Pour toujours » (9b), « tous » (10b) et « à jamais » (10c) appartiennent au


même champ sémantique de la totalité. « Son nom » (9c) est « Yhwh » (10a) et
l'on pourrait considérer ces deux mots comme jouant le rôle de termes médians ;
en outre, « redoutable » à la fin du premier trimembre, qui est de même racine
que « crainte » au début du deuxième trimembre, remplissent la même fonction.
Le premier segment décrit ce que fit le Seigneur, « le rachat » et « l'al-
liance » 3 ; le second ce qui est par conséquent « sagesse » que fassent les
hommes : « craindre le Seigneur », « œuvrer [ses commandements]) 4 et le
« louer » toujours.

1
On pourra remarquer la construction spéculaire du dernier verset :
Faste et splendeur - son ouvrage / et sa justice - demeurant à jamais.
2
En hébreu : Ie *ammô, herîtô, semô.
3
9b peut être compris de deux manières : le Seigneur a ordonné que son alliance soit pour
toujours, ou : il a ordonné à son peuple de garder son alliance pour toujours (Hakham, II, 352).
4
Le syntagme « les œuvrant eux » pose un problème grammatical : selon Amos Hakham, par
exemple, ce seraient les commandements de « la sagesse » et de « la crainte du Seigneur », mais il
est possible aussi que le suffixe -hem se réfère à « tous ses préceptes » du verset 7 (Sefer tehillîm,
Les psaumes 111 et 112 127

LES PARTIES EXTRÊMES VUES ENSEMBLE (lb-3 / 9-10)


lb yfW
h •"tvsv.fTyf» /*tr* / /VW à YHWH de TOUT cœur
= dans le cercle des droits et l'assemblée.
: : 2 Grandes LES ŒUVRES d e YHWH,
= RECHERCHÉES pour TOUS-ceux QUI-LES-ÀÏMEÏÏÏ.

: : 3 Faste et splendeur SON OUVRAGE


:: et SA JUSTICE DEMEURANT À JAMAIS.

[...]

: : 9 Le rachat IL A ENVOYÉ à son peuple,


:: IL A COMMANDÉ POUR TOUJOURS son alliance ;
:: saint et redoutable SON NOM.
10
= Principe de sagesse LA CRAINTE de YHWH,
= intelligence bonne pour TOUS-ceux OUî~lES~(EUVRENT ;
= SA LOUMÛ-E DEMEURANT À JAMAIS.

La même alternance entre les œuvres de Dieu et celles de l'homme se


retrouve dans les deux parties, arrangée autrement : en succession dans la
dernière, entremêlées dans la première. Toutefois, le rapport est globalement
spéculaire, car la première partie commence avec « l'action de grâce » et la
dernière s'achève par « la louange » ; de manière complémentaire, la première
partie se conclut sur l'œuvre de Dieu (3), tandis que dans la dernière partie celle-
ci est décrite au début (9). La symétrie est d'autant plus harmonieuse qu'elle
n'est pas mathématique, qu'elle est déhanchée, comme les Vierges gothiques.
La symétrie la plus forte est celle des termes finaux (3b. 10c), qui semblent
résumer l'ensemble des deux parties : à la «justice » éternelle de Dieu répond la
« louange » éternelle des hommes.

IL 352). La Septante a autës qui ne peut pas renvoyer à « la crainte du Seigneur » car phobos est
masculin, mais à sophia, « la sagesse », qui est féminin.
128 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

LA PARTIE CENTRALE (4-8)

+ UN MÉMORIAL IL A Œ U V R É de SES prodiges,


- tendre et miséricordieux YHWH ;

- 5 la nourriture IL A DONNÉ à ses cralgnanï


5
4- * ' MÉ MORI À JAMAIS m alliance.

La force DE SES ŒUVRES il a fait voir à son peuple,


POUR DONNEE à eux l'héritage des nations.

+ LES Œ U V R E S de m mains vérité jugement,


- fidèles tous SES préceptes,
8
- établis pour toujours À JAMAIS,
+ ŒUVRES et droiture.

Cette partie comprend trois morceaux, deux plus longs formés de deux
bimembres (4-5 ; 7-8) encadrant un morceau de la taille d'un bimembre (6) ; ce
bimembre se distingue de tous les autres segments du psaume du fait que son
second membre est subordonné au premier. Le premier morceau est délimité par
les deux mots de même racine qui marquent le début de ses membres extrêmes,
« un mémorial », « il se remémore » (4a. 5b) ; en fin de membres, « son
alliance » correspond à « ses prodiges ». Le même phénomène se retrouve dans
le morceau symétrique avec « les œuvres » de 7a et « œuvrés » de 8b ; le
parallélisme de ces membres continue avec deux termes coordonnés, dont le
premier, « vérité », est identique. D'un morceau à l'autre, « pour toujours et à
jamais » de 8a — qui avec « tous » de 7b joue le rôle de termes médians —
reprend « à jamais » de 5b.
Le morceau central (6) met en rapport « le peuple » de Yhwh et « les
nations ». « Ses œuvres » renvoie aux trois termes de même racine (4a.7a. 8b) ;
« à son peuple » correspond à « à ses craignant » de 5a et « donner » apparaissait
déjà en 5a.
Les psaumes 111 et 112 129

L 'ENSEMBLE DU PSA UME 111

mm Y A H !

M immmÂœ à Y H W H deTOUTcœur,
b = dans le cercle des DROITS et l'assemblée.
:: 2 Grandes les ΠU V R E S de Y H W H ,
d = dignes-d'étude pour TOUS ceux qui les aiment.
.. 3
h Faste et splendeur, son OUVRAGE
w :: et SA justice D E M E U R E pour toujours.

+ 4 Un mémorial il a Œ U V R É de ses prodiges,


- tendre et miséricordieux Y H W H .
- 5 La nourriture il a donné à ceux qui le Oh&Yf Yi,
+ il se remémore à jamais SON ALLIANCE.

k 6
La force de ses Œ U V R E S il a fait voir à son peuple,
1 pour donner à eux l'héritage des nations.

m + 7 Les Œ U V R E S de ses mains vérité et jugement,


n - fidèles TOUS ses préceptes,
- 8 établis pour toujours à jamais,
+ ŒUVRÉS avec vérité et DRC

: 9 Le rachat il a envoyé à son peuple,


: il a commandé à jamais SON ALLIANCE,
: saint et redoutable son Nom.
= 10 Principe de sagesse là CMME de Y H W H ,
= réussite bonne pour TOUS ceux qui les Œ U V R E N T ,
= SA IM'mm DEMEURE P O U R TOUJOURS.

La racine 'sh, traduite systématiquement par « œuvrer »/« œuvres » revient


^ix fois (2a.4a.6a.7a.8b.10b) ; avec son synonyme « ouvrage » (p'1: 3a) cela fait
un total de sept, le chiffre de la complétude. Les mots qui appartiennent au
champ sémantique de la totalité sont d'abord « tout »/« tous » (lb.2b.7b. 10b),
mais aussi « pour toujours » (3b.8a. 10c) et « à jamais » (5b.8a.9b), soit un total
de dix, chiffre de la totalité (comme les « dix paroles » ou décalogue, ou les dix
?aroles par lesquelles Dieu a accompli l'ensemble de la création 5 ).

' Voir A.A. FRAENKEL, « 'Assarah Maamaroth - 4Assarah Dibberot. De la Création à la Révéla-
:ion ».
130 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

3. INTERPRÉTATION

Quel est l'auteur des « œuvres » dont parle le psaume ? C'est le Seigneur pour
les six premières occurrences, mais le sujet change pour la septième (10b) :
comme si à toutes les œuvres accomplies par Dieu en sa faveur, l'homme
répondait en « œuvrant » ses commandements. En effet, « la louange » (10c) et
« l'action de grâces » (lb) ne sauraient suffire ; est nécessaire l'obéissance qui
atteste de leur sincérité et de leur vérité.
Quelles sont les œuvres du Seigneur ? Aux versets 7-8 les « œuvres » de Dieu
sont « ses préceptes », c'est-à-dire sa Loi ; le vocabulaire de ces deux versets
revient plusieurs fois dans le Ps 119, tout entier consacré à la Loi du Seigneur 6 .
Quant au morceau symétrique (4-5), il fait référence aux « merveilles » de
l'exode : entre toutes les fêtes, la Pâque a été instituée comme « mémorial » de
la libération du pays d'Egypte (Ex 12,14 : « Ce jour-là vous servira de mémorial
[...], c'est une institution perpétuelle»; traduction Osty). La «nourriture
donnée» (5a) rappelle aussi bien la manne que les cailles (Ex 16-17). Le
morceau central (6) résume, pour ainsi dire, tous les prodiges de l'exode (6a)
dont l'aboutissement est le don de la terre (6b). Ainsi, toute la partie centrale
célèbre l'œuvre majeure de l'exode 7 .
Quant aux parties extrêmes, il n'est pas facile de déterminer quelles œuvres
divines elles évoquent. Cependant, si l'on prend au sérieux la construction du
psaume et si l'analyse qui vient d'être menée est exacte, si l'on admet aussi que
toute la longue partie centrale est consacrée aux œuvres de l'exode, depuis la
libération du pays d'Egypte jusqu'au don de la terre, alors les deux autres parties
pourraient parler des autres œuvres du Seigneur, les unes se situant avant
l'exode, les autres après.
Dans la première partie, dont le caractère introductif est indéniable, il n'est
pas exclu qu'elles comprennent non seulement les œuvres historiques de salut
mais aussi celles de la création (Ps 8,4 ; 102,26 ; 103,22). Tout entier consacré à
la louange du Créateur, le Ps 104 commence ainsi : « Bénis le Seigneur, ô mon
âme, Seigneur mon Dieu, tu es si grand, vêtu de faste et de splendeur... » (Ps
104,1 ; voir aussi Ps 9 6 , 6 ; Jb 40,10) 8 . Quant à la partie finale, le premier
membre peut faire penser au retour de l'exil à Babylone 9 . Le schéma serait donc
semblable à celui du Ps 136, le grand Hallel : là aussi toute la partie centrale
relate les faits de l'exode (10-22), la partie précédente ceux de la création (4-9)

6
« Jugement » revient 23 fois, dans toutes les strophe sauf une, « préceptes » 21 fois dans 19
strophes sur 22; «vérité» revient souvent (43.142.151.160), «fidélité» (30.75.86. 90.138),
« droit » (7.128.137), « à jamais » (44.89.93.98.111.112.142.144).
7
Dans le Ps 136 aussi toute la partie centrale célèbre l'ensemble des merveilles de l'exode ;
voir R. MEYNEÏ, Appelés à la liberté, 220.
8
Voir Dahood, III, 122; Ravasi, III, 305.
9
Ainsi Alonso Schoekel - Carniti, I Salmi, II, 520 : « dans un contexte post-exilique, il peut se
référer au retour dans la patrie ».
Les psaumes 111 et 112 131

et la suivante ceux du retour d'exil (23-25) 10 qui est présenté comme un nouvel
exode et même une nouvelle création.

B. LE PSAUME 112

Le psaume 112 comprend lui aussi trois parties (voir p. 134) : deux parties
longues comptant chacune dix membres (lb-5 ; 7-10) encadrent une partie
beaucoup plus courte qui est de la taille d'un seul segment bimembre (6).

1. COMPOSITION

LA PREMIÈRE PARTIE (1-5)

+ Heureux (est) L'HOMME qui craint Yhwh,


+ ses commandements désire beaucoup.
= 2 Puissante sur la terre sera sa semence,
= la génération des droits sera bénie.

3
Fortune et richesse dans sa maison
et sa j u s t i c e demeure jusqu'à toujours ;
4
il se lève dans la ténèbre une lumière pour les droits.

- Tendre et miséricordieux et j u s t e ,
- 5 bon (est) L'HOMME qui a pitié et qui partage ;
: : il mène ses affaires avec jugement.

Cette partie comprend trois morceaux (1-2 ; 3-4a ; 4b-5). Le premier est formé
de deux segments bimembres de même rythme (4 + 3 accents) ; le premier décrit
l'attitude de « l'homme » envers « le Seigneur » et « ses commandements », le
second énonce celui de Dieu envers l'homme (le passif divin final le signale
clairement).
Le morceau central (3-4a) est de la taille d'un trimembre. Celui-ci est de type
A A ' B : en effet, les deux premiers membres sont coordonnés et sont au singu-
lier, tandis que le troisième élargit au pluriel (comme 2b à la fin du premier
morceau).
Le dernier morceau (4b-5) est de la taille d'un segment 11 ; ce trimembre est de
type A A ' B : 5b est une phrase verbale qui se distingue de la phrase nominale qui

10
Voir note 7.
11
La ponctuation massorétique unit 4a et 4b en un seul verset. En réalité, 4b est uni à 5a du
point de vue syntaxique : en effet, les trois adjectifs de 4b étant au singulier et non au pluriel
comme « les droits » de 4a, sont juxtaposés à « bon » de 5a.
132 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

la précède. « Jugement », à la fin du dernier membre, appartient au même champ


sémantique que « juste » à la fin du premier membre.
Les deux occurrences de « droits » (2b.4a) jouent le rôle de termes finaux
pour les deux premiers morceaux ; les deux occurrences de « l'homme » (la. 5a)
remplissent la fonction de termes extrêmes ; « justice » au centre du morceau
central (3b) est repris par « j u s t e » au début du troisième morceau (4b).

+ Heureux (est) L'HOMME qui craint Yhwh,


+ ses commandements désire beaucoup.
= 2 Puissante sur la terre sera sa semence,
= la génération des droits sera bénie.

3
Fortune et richesse dans sa maison
et sa justice demeure jusqu'à toujours ;
4
il se lève dans la ténèbre une lumière pour les droits.

Tendre et miséricordieux et juste,


5
bon (est) L'HOMME qui a pitié et qui partage ;
; il mène ses affaires avec jugement.

Du point de vue des personnages, le premier morceau expose les relations


entre « le Seigneur » et « l'homme » ; le dernier décrit les rapports entre
« l'homme » et les autres hommes avec lesquels il est « tendre et miséricordieux
et juste » (4b), avec lesquels il « partage » ses biens, avec qui il fait la «justice »
(4b) et le « j u g e m e n t » (5b). Quant au morceau central (3-4a), il semble qu'il
joue le rôle de pivot, articulant les deux autres morceaux. Le membre central
(3b) n'expose pas de manière explicite les rapports du juste avec les autres, mais
il affirme la pérennité de sa « justice » ; ce terme générique semble renvoyer en
même temps à la « droiture » (2b) envers le Seigneur du premier morceau et au
comportement du « juste » (4b) envers les autres du troisième morceau. Avec
« richesse », le premier membre (3a) est à mettre en relation avec le dernier
morceau et spécialement avec « qui partage » (5a) : le fait de partager ses biens
avec les autres n'empêche pas que le juste soit comblé de biens ; la « lumière »
qui « se lève dans la ténèbre » du troisième membre pourrait rappeler le premier
morceau comme une autre manière d'exprimer la bénédiction divine 12 .

12
Voir par ex. Is 60,2.
Les psaumes 111 et 112 133

LA TROISIÈME PARTIE (7-10)

+ 7 Une réputation MAUVAISE I! ne craint pas,


ferme son cœur, confiant dans le Seigneur ;
8
- assuré son cœur, i! ne craint pas,
+ jusqu'à ce qu'il VOIE SES OPPRESSEURS.

9
II distribue, il donne aux dépourvus,
sa justice tient debout jusqu'à toujours,
son front s'élève avec gloire.

-_ L
10
e MÉCHANT VOIT et il s'irrite,
= ses dents grincent et il se détruit ;
:: l'espérance des MÉCHANTS se perd.

Dans les membres extrêmes du premier morceau (7a. 8b) « oppresseurs »


rappelle « mauvaise », car on comprend que les oppresseurs du juste sont ceux
qui lui font « une mauvaise réputation » ; ce sont surtout les second et avant-
dernier membres qui se correspondent avec « ferme son cœur » (7b) et « assuré
son cœur » (8a) ; au centre, le dernier terme du premier segment, « le Seigneur »
(7b) ; noter que les deux occurrences de « il ne craint pas » (7a. 8a) remplissent
la fonction de termes initiaux ; celles de « cœur » jouent le rôle de termes
médians.
Dans le dernier morceau (10) les deux premiers membres (lOab) décrivent
« le méchant » au singulier, tandis que le dernier (10c) généralise en passant au
pluriel.
Dans le morceau central (9) les deux derniers membres ont la même structure
syntaxique, sujet non identifié avec suffixe suivi du verbe et d'un complément.
Du point de vue du contenu, tandis que le membre central est général, le premier
explicite le sens de la « justice » (il donne aux pauvres) et le dernier annonce sa
récompense.
Les rapports entre les trois morceaux sont nombreux. Les deux occurrences de
« méchants » en termes extrêmes dans le dernier morceau (10a. 10c) rappellent
les termes extrêmes appartenant au même champ sémantique dans le premier
morceau, « mauvaise » (7a) et « oppresseurs » (8b) ; les deux occurrences de
« voir » (8a. 10a) jouent le rôle de termes médians à distance. Le seul lien formel
entre le morceau central et le reste de la partie est la reprise de la même préposi-
tion, W , traduite par « j u s q u ' à » en 8b et 9b. Du point de vue des personnages,
les « méchants » du dernier morceau (10a. 10c) sont les mêmes que les « oppres-
seurs » du juste (8b), c'est-à-dire ceux qui tentent de le discréditer, en lui faisant
« une mauvaise réputation » (7a). Dans le premier morceau « le Seigneur » est
celui qui protège le juste qui met sa confiance en lui et lui permettra de « voir (la
fin) de ses oppresseurs » (8b) ; au contraire, dans le dernier morceau il faut noter
l'absence du Seigneur ; le morceau central (9) met en relation le juste avec les
134 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

« dépourvus » (9a) au début et l'on pourrait peut-être voir dans le dernier


membre (9c) une récompense divine. « Le méchant voit et s'irrite » : il est
possible de comprendre qu'il « voit » le sort favorable du juste et s'en irrite, que
cela le fait « grincer des dents » ; « l'espérance des méchants » consisterait alors
à vouloir tenter de détruire le juste avec « une mauvaise réputation ».

L 'ENSEMBLE DU PSA UME

+ 1 Heureux (est) l'homme QUI CRAINT YHWH,


b + ses commandements désire beaucoup.
- 2 Puissante sur la terre sera sa semence,
d - la génération des droits sera-bénie.

h Fortune et richesse dans sa maison


w .et SA JUSTICE DEMEURE POUR TOUJOURS ;
z il brille dans la ténèbre lumière pour les droits.

h = Tendre et miséricordieux et JUSTE,\


t = 5 bon (est) l'homme qui a pitié et partage ;
:: il mène ses affaires avec jugement.

6
k Oui, À JAMAIS IL NE CHANCELLERA,
1 d'un souvenir À JAMAIS sera le JUSTE.

m - 7 Une renommée mauvaise IL NE CRAINT PAS


n + ferme de cœur, confiant dans YHWH ;
s + 8 assuré de cœur, IL NE CRAINT PAS,
-jusqu'à ce que il voie ses oppresseurs.

9
P II distribue, il donne aux dépourvus,
s .SA JUSTICE DEMEURE POUR TOUJOURS
q sa corne s'élève avec gloire.

r = 10 Le méchant voit et il s'irrite,


s = ses dents grincent et il se détruit ;
t :: l'espérance des méchants se perd.

La composition de l'ensemble est très harmonieuse. Les parties extrêmes sont


fort équilibrées. Chacune compte dix membres organisés exactement de la même
manière : un premier morceau formé de deux bimembres suivis de deux
trimembres. Elles sont focalisées sur les deux seuls membres (3b.9b) qui, à part
la copule en 3b, sont identiques ; ceux-ci jouent donc le rôle de termes centraux.
Par ailleurs, les deux occurrences de « pour toujours » au centre de ces parties
sont en relation avec leurs deux synonymes « à jamais » au centre du psaume
Les psaumes 111 et 112 135

(6a.6b). De même aux deux occurrences de «justice» au centre des parties


extrêmes correspond « le juste » à la fin de la partie centrale (6b). Ainsi les
centres des parties extrêmes correspondent au centre de tout le psaume, ce qui
est un bel exemple de correspondance des termes centraux, à deux niveaux
d'organisation textuelle. On notera aussi que « qui craint » (la) et « il ne craint
pas » (7a) jouent le rôle de termes initiaux.

2. INTERPRÉTATION

L'harmonie ne regarde pas seulement la forme, mais aussi le contenu. Les


centres des parties extrêmes sont complémentaires : ce que l'homme a reçu du
Seigneur pour prix de sa justice, « fortune et richesse » (3a), il le « distribue, le
donne aux dépourvus » (9a), ce en quoi consiste « sa justice » et « sa gloire ».
Ainsi, la justice ne consiste pas seulement à observer les commandements ; elle
se manifeste surtout dans le fait de donner gratuitement aux pauvres ce qu'on a
reçu gratuitement du Seigneur ; en somme de faire les œuvres de Dieu, de se
comporter selon sa vocation originaire d'«image» de Dieu (Gn 1,26-27). En
outre, on notera que « la lumière » du juste qui brille dans la ténèbre (4a) a quel-
que chose à voir avec « la gloire » de 9c.
Le participe traduit par « demeure » au centre des parties extrêmes pourrait
être mieux rendu par « tient debout », ce qui est l'équivalent de « ne pas
chanceler » au centre de l'ensemble (6a). Ce n'est pas seulement la personne du
juste qui « tient debout » et « demeure », mais aussi sa descendance (2), ce qui
sera redit en d'autres termes au centre du psaume : en effet « le souvenir » du
juste se maintient, reste vivant, porté par la génération de ses descendants. Ce
qui n'est pas le cas des « méchants » qui « se détruisent » eux-mêmes (10b) et
dont « l'espérance se perd » (10c).
136 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

C. LES JUMEAUX FACE À FACE

1. C O M P O S I T I O N

Ps 111 PSI 12
1 1
Louez Yh! Louez Yh!
Je rends-grâces à Yhwh de tout cœur ' Heureux l'homme qui craint Yhwh,
b dans le cercle des droits et l'assemblée, b Ses commandements aime beaucoup,
2
g Grandes les œuvres de Yhwh, g 2 Puissante sur la terre sera sa semence,
d dignes-d'étude pour ceux qui les aiment. d la génération des droits sera bénie.

h 3 Faste et splendeur son ouvrage h 3 Honneur et richesse dans sa maison


w et sa justice demeure pour toujours. w et sa justice demeure pour toujours ;
z 4 il brille dans la ténèbre lumière pour les droits.

4
z Un mémorial il a œuvré de ses prodiges,
h T E N D R E ET M I S É R I C O R D I E U X Y h w h ; h T E N D R E E T M I S É R I C O R D I E U X et juste,
5
t la nourriture il a donné à ceux qui le craignent, t 5 bon l'homme CLÉMENT et partageur ;
y il se remémore à jamais son alliance. y il règle ses affaires avec jugement :

k 6 La force de ses œuvres il a fait voir à son peuple, k 6


Oui, à jamais il ne chancellera,
1 pour leur donner l'héritage des nations. 1 en mémoire à jamais sera le juste.

m 7 Les œuvres de ses mains, vérité et jugement, m Une renommée mauvaise il ne craint pas,
n fidèles tous ses préceptes, n ferme de cœur confiant en Yhwh ;
s 8 établis pour toujours à jamais, s 8 assuré de cœur il ne craint pas,
œuvrés avec vérité et droiture. ' jusqu'à ce qu'il voie ses oppresseurs.

9
p Le rachat il a envoyé à son peuple, p 911 distribue, il donne aux dépourvus,
s il a commandé à jamais son alliance ; § sa justice demeure pour toujours,
q saint et redoutable est son Nom. q sa corne s'élève avec gloire.
10 10
r Principe de la sagesse la crainte de Yhwh, r L'impie voit et s'irrite,
s réussite bonne pour tous ceux qui les œuvrent ; s il grince des dents et dépérit ;
t sa louange demeure pour toujours. t l'espérance des impies va se perdre.

Qui dit harmonie dit équilibre, accord, dit aussi par conséquent mesure et
chiffre. Voici donc quelques mesures chiffrées. Le Ps 111 compte 74 termes et le
Ps 112 en compte 73 13 . Les racines de 33 termes du premier psaume sont
reprises dans le second ; les racines de 31 termes du second étaient déjà utilisées
dans le premier 14 . La proportion du vocabulaire commun est remarquable :
43,5 % du vocabulaire est commun aux deux psaumes.
Ces chiffres ne représentent encore qu'un aspect formel, pour ainsi dire
extérieur. Ce n'est que du quantitatif. Il importe davantage encore de mettre en
regard non pas simplement les termes, mais surtout les compositions.

13
Alléluia (« Louez Dieu ») est compté comme deux termes ; les mots reliés par un maqqef
sont comptés comme deux termes ; les monosyllabes kî (« oui ») et là' (négation) ne sont pas
comptés comme des termes.
14
La différence s'explique par le fait qu'un même terme est quelquefois utilisé plusieurs fois,
par ex. « Yhwh » 4 fois dans le Ps 111 et seulement 2 fois dans le 112.
Les psaumes 111 et 112 137

Les deux psaumes commencent de manière semblable : louange de Dieu dans


le premier (« Je rends grâces au Seigneur »), louange de l'homme dans le second
(« Heureux l'homme ») ; les deux expressions n'ont aucun vocable commun
mais il serait difficile de n'y pas reconnaître, en quelque sorte, des « termes
initiaux ».
Le premier psaume s'achève sur « l a crainte du Seigneur» (111,10a) et le
suivant commence de même : « Heureux l'homme qui craint le Seigneur »
(112,1a) ; ces « termes médians » lient très fortement les deux psaumes.
Le fait le plus notable est indéniablement l'accord entre les termes finaux du
premier psaume (3b. 10c) et les termes centraux du second (3b.9b).

2. INTERPRÉTATION

Ce qui est dit de Dieu l'est également de l'homme. La première partie du Ps


111 débouche sur cette affirmation qui concerne le Seigneur : « sa justice
demeure pour toujours » ; cette même affirmation est reprise, deux fois, en posi-
tion de relief au centre des parties extrêmes dans le Ps 112, et cette fois-ci elle
concerne l'homme. En outre, de même que les membres qui commencent par
waw s'appliquent également à Dieu et à l'homme, ainsi ceux qui commencent
par la lettre het disent de l'homme ce qui a été dit de Dieu lui-même : comme le
Seigneur, l'homme juste est « tendre et miséricordieux ». Une telle affirmation
ne laisse pas de surprendre, car dans toute la Bible c'est là une épithète de nature
réservée à Dieu. Un certain nombre d'exégètes écartent donc cette interprétation
et pensent que de tels attributs ne sauraient s'appliquer qu'à Dieu seul. Ainsi,
Luis Alonso Schoekel et Cecilia Carniti écrivent :

Qui est le sujet [en 4b] ? Dieu ou le juste ? Les attributs « tendre et miséricordieux »
sont propres à Dieu ; nous l'avons à peine entendu en Ps 111,4b. Un juif qui entend la
combinaison de ces deux mots les applique sans aucun doute à Dieu, à moins qu'il
n'y ait de fortes raisons en sens contraire : selon nous il n'y en a pas. La lumière qui
brille dans l'obscurité est ce Dieu clément et miséricordieux15.

Le commentateur juif Amos Hakham est d'un avis contraire :

« Tendre et miséricordieux » dans le reste des Écritures se dit seulement de Dieu,


mais ici le poète l'applique à ceux qui craignent le Seigneur, ceux qui sont droits,
pour signifier que celui qui craint le Seigneur marche dans les voies du Seigneur16.

La résistance opposée à l'harmonie entre l'homme et Dieu est à la mesure


même de cette harmonie, tellement belle qu'on ne peut y croire. Ce n'est pas le
seul cas, bien au contraire, où le lecteur n'ose pas croire à la dignité de l'homme

15
Alonso Schoekel - Carniti, I salmi, II, 528. C'était aussi l'avis de Ravasi, III, 318, note 2.
Comme ces deux exégètes le signalent, c'était déjà l'interprétation d'une partie de la tradition
manuscrite grecque : en effet, à la fin du verset 4 le Codex d'Alexandrie précise le sujet de la
phrase nominale : « Tendre et miséricordieux et juste le Seigneur Dieu ».
16
Voir Hakham, II, 335 ; la citation est tirée de la note 6, paragraphe a.
138 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

telle que la présente l'Écriture, et cela sans attendre le Nouveau Testament, mais
dès l'Ancien 17 .
Veut-on une autre manifestation de l'harmonie entre Dieu et l'homme ?
Comment se manifestent la tendresse et la miséricorde qu'ils ont en commun ?
Elles consistent à nourrir, c'est-à-dire à donner la vie : c'est ce que fait Dieu qui
« donne la nourriture à ceux qui le craignent » (Ps 111,5a), c'est ce que fait le
juste qui « distribue et donne aux dépourvus » (Ps 112,9a).
L'harmonie que met en scène le diptyque des psaumes 111-112 renvoie au
premier récit de la création, quand le Seigneur dit au verset 26 : « Faisons
l'humain à notre image, comme notre ressemblance ». Tel est le dessein originel
de Dieu : il désire que l'homme soit comme lui. Il se devait donc de le faire
libre. Au verset suivant, au moment où il passe à l'acte, le récit dit que « Dieu
créa l'humain à son image ; à l'image de Dieu il le créa, mâle et femelle il les
créa ». Les Pères se sont demandés pourquoi, alors qu'il était question d'image
et de ressemblance dans le projet, la ressemblance avait disparu au moment de la
réalisation. Ils interprètent que l'image est donnée par Dieu et que la ressem-
blance est laissée à la responsabilité et à la liberté de l'homme 1 8 . C'est pourquoi
dans le Ps 112 le juste n'est pas seul. Dans la dernière partie il se voit affronté
aux « impies » — souvent traduit par les « méchants » — « opprimé » par eux.
La présence de ces « méchants » laisse entendre que l'homme doit choisir entre
deux voies, celle de Dieu et son contraire. En d'autres termes l'harmonie est
certes donnée par Dieu mais c'est aussi à l'homme de la réaliser.
Une lecture chrétienne de ce diptyque ne saurait manquer de déboucher sur
une autre harmonie, celle des deux Testaments, et ceci n'est pas une autre
histoire. C'est la même. Il n'est pas possible ici de poursuivre sur cette voie.
Ce que les deux psaumes 111-112 disent de la relation harmonieuse entre
Dieu et l'homme juste n'épuise pas le contenu du message biblique. On pourrait
avoir l'impression que cette méditation psalmique optimiste et même enthou-
siaste gomme le drame de la condition humaine marquée par le péché qui sur-
vient dès le lendemain de la création, celui d'Adam et d'Eve en Gn 2 - 3 suivi
aussitôt par celui de Caïn qui tue son frère en Gn 4. Il faut d'abord admettre
qu'un seul texte ne puisse pas tout dire, il faut surtout ajouter que la révélation
biblique ne recule pas devant le paradoxe, loin de là : or une lecture harmonique
de ce livre si composite et discordant consiste, non pas à concilier mais à « tenir
ensemble » ce qui apparaît comme des contraires, à « tenir les deux bouts de la
chaîne », car la chaîne est unique. Il ne faudrait pas non plus sous-estimer la
présence des « méchants » dans le Ps 112. Certes, ils ne prévalent pas sur le juste
et le psaume s'achève sur leur défaite. Cela n'empêche pas le lecteur de penser à
un autre texte, plus déterminant encore, où le juste « verra la lumière », mais

17
Voir, par ex., l'interprétation de la parabole des talents de M. BALMARY, A bel, ou la
traversée de l 'Eden, 6 4 - 1 0 9 .
18
ORIGÈNE, Traité des principes, III, 6, 11, S C 2 6 8 , 2 3 7 ; BASILE DE CÉSARÉE, Sur l'origine de
l'homme, homélie 1, 1 5 - 1 6 , S C 1 6 0 , 205-209 (cités dans M. BALMARY, La divine origine. Dieu
n 'a pas créé l'homme, 113-115.
Les psaumes 111 et 112 139

après avoir traversé la mort que les méchants lui avaient infligée : le « quatrième
chant du Serviteur » est à lire en contrepoint des deux psaumes jumeaux que l'on
vient de commenter brièvement : l'œuvre de Dieu par excellence est celle qu'il
accomplit en transfigurant son serviteur que l'homme avait défiguré 19 .
Si le Ps 112 représente une exception dans la mesure où c'est le seul lieu dans
toute la Bible hébraïque où soit attribué à l'homme le double attribut divin,
« tendre et miséricordieux », il ne faut pas aller très loin pour trouver quelque
chose d'analogue. Le psaume suivant (Ps 113) le suggère aussi :

1
LOUEZ YAHÎ

+ LOUEZ, serviteurs de YHWH,


+ LOUEZ le nom de YHWH.

- 2 Soit le nom de YHWH béni


. de maintenant jusqu'à toujours ;
. 3 du Levant du soleil jusqu'à son Couchant
-LOUÉ le nom de YHWH.

+ 4 EXALTÉ au-dessus de toutes LES NATIONS, YHWH,


+ au-dessus DES CEUX sagloire.

5
Qui est comme YHWH notre Dieu ?

+ I l S'ÉLÈVE pour 5' 'asseoir,


+ 6 il s'abaisse pour voir
+ dans LES CIEÏÏX et sur LA TERRE.

- 7 II relève de la poussière le faible,


- du fumier IL EXALTE le pauvre,
: 8 pour / 'asseoir avec des princes,
: avec les princes de son peuple ;
9
- il assied la stérile de maison,
: mère de fils heureuse.

LOUEZ YAH !

En effet, le psaume 113 est centré sur une question : « Q u i est comme le
Seigneur notre Dieu ? ». La réponse qui se présente spontanément à l'esprit,
quand on lit l'ensemble du poème est bien évidemment qu'il n'est personne qui

19
Voir R. MEYNET, «Le quatrième chant du Serviteur (Is 5 2 , 1 3 - 5 3 , 1 2 ) » ; voir aussi ID.,
« Selon les Ecritures ». Lecture typologique des récits de la Pâque du Seigneur.
140 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

est « comme le Seigneur notre Dieu ». C'est ainsi que la plupart des commen-
> 20
tateurs interprete .
Toutefois, à une lecture plus attentive, qui prend le texte au mot, c'est le
pauvre qui est « comme » Dieu. En effet, du haut des cieux le Seigneur se
penche pour le tirer du fumier où il croupit, pour l'élever, pour 1'« exalter » (7b)
comme lui-même est « exalté » (4a), pour 1'« assoir » parmi les princes (8a)
comme lui-même « est assis » au-dessus des cieux (5b) 21 .
Dans la « Contemplation pour obtenir l'amour » par laquelle s'achèvent les
Exercices spirituel, Ignace de Loyola écrit :
Tout d'abord il convient de prêter attention à deux choses. La première est que
l'amour doit se mettre dans les actes plus que dans les paroles.

Il poursuit en ces termes, qui ne sont pas sans rapport avec les psaumes 111 et
112 :

La seconde : l'amour consiste en une communication réciproque ; c'est-à-dire que


celui qui aime donne et communique ce qu'il a, ou une partie de ce qu'il a ou de ce
qu'il peut, à celui qu'il aime ; et de même, à l'inverse, celui qui est aimé, à celui qui
l'aime. De cette manière, si l'un a de la science, il la donne à celui qui ne l'a pas ; de
même pour les honneurs et les richesses. Et l'autre agira de même envers le
premier22.

20
Voir R . MEYNET, « La rhétorique biblique et sémitique. État de la question », spécialement,
302-312.
21
Voir Traité, 572-573, et surtout Appelés à la liberté, 141-148.
22
1. de LOYOLA, Exercices spirituels, 139.
Le psaume 119

Le psaume 119 est le plus long de tous les psaumes ; c'est aussi le chapitre de
la Bible qui contient le plus grand nombre de versets, cent soixante-seize.
Chacune de ses vingt-deux strophes compte huit segments qui commencent par
la même lettre de l'alphabet. Si la fonction de l'alphabétisme est de marquer la
totalité, sa seconde fonction est de signaler les limites de chaque « strophe » ou
« passage » selon la terminologie de l'analyse rhétorique.
Outre la structure de l'acrostiche alphabétique, chaque verset — à part quatre
(v. 3.37.90.122) — contient un (ou deux) des huit synonymes de la loi : tôrâ
(«loi», 25 fois), 'ëdût («ordre/s», 23), mispat («jugement/s», 23), dâbâr
(« parole/s », 23), miswâ (« commandement/s », 22), piqqûd (« préceptes », 21),
hôq (« décrets », 21) et 'imra (« dire/s, 19)1. Dans le monde biblique, sept est le
chiffre de la totalité, mais huit est celui de la totalité par excellence, par excès.
D'autres termes peuvent être ajoutés, avec raison, à la liste des huit synonymes
qui viennent d'être énumérés, en premier lieu « chemin(s) ». En effet, si dans le
verset 3 ne se trouvent ni « loi » ni aucun de ses sept synonymes, l'expression
« dans ses chemins ils marchent » est l'équivalent de « ceux qui marchent dans
la loi du Seigneur » du verset 1. De même, bien que dépourvu d'aucun des huit
synonymes, le verset 37 a « dans tes chemins fais-moi vivre » qui rappelle
« fais-moi vivre selon ta parole » du verset 25. Au verset 90, c'est 'ëmûnâ
(« fidélité », « sincérité ») qui peut être considéré comme un synonyme de
« loi » : « D'âge en âge ta sincérité ; tu as établi la terre, elle subsiste », car en
86 il est dit que « Tous tes commandements (sont) sincérité ». Certains ont donc
voulu allonger la liste des synonymes, pour atteindre un total de dix, comme les
« dix paroles » du récit de la création en Gn 1 ou celles du « décalogue », dix
étant aussi un chiffre symbolique de la totalité2. Il faut aussi remarquer que les
récurrences des huit synonymes « canoniques » ne sont pas régulières : même
« loi », le terme le plus fréquent, n'apparait pas dans la deuxième strophe, mais
revient trois fois dans la septième et deux fois dans la neuvième. Comme
toujours en poésie biblique, le système s'accompagne de variation et de liberté3.
Quoi qu'il en soit, outre le fait, semble-t-il indéniable, de marquer la totalité, les
huit synonymes ont pour fonction de conforter la cohérence de chacune des
vingt-deux strophes, son unité et partant ses limites.
Pendant longtemps, comme pour les autres psaumes, les commentateurs n'ont
pas cherché la composition du Psaume 119 : ainsi, par exemple, au IVe siècle,

1
Voir D . N . FREEDMAN, « The structure of Psalm 119», repris dans Psalm 119 : The Exaltation
ofTorah, 2 5 - 5 6 .
2
Voir J . D . LEVENSON « Sources ofTorah », 5 6 2 .
3
II en va de même pour les segments : la plupart sont des bimembres, mais il y a aussi six
trimembres, quatre dans la quatrième sous-séquence ( 4 3 . 4 8 . 7 5 . 7 8 ) et un dans la dernière ( 1 7 6 ) .
142 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Hilaire de Poitiers commente verset après verset4 et de nos jours Ravasi fera de
même5. Parmi les auteurs contemporains, plusieurs se sont limités à analyser la
composition de chacune de ses vingt-deux strophes. Pierre Auffret écrit : « Nous
n'avons pas découvert de structure d'ensemble à notre psaume »6. L'année
suivante, Marc Girard analyse la composition de chaque strophe, relève les
concaténations qui les relient, liste les récurrences des ternies les plus utilisés,
puis conclut que rien « ne laisse émerger aucune structuration particulière des
strophes à l'échelle du psaume tout entier »7.
Certains ont noté le phénomène de concaténation qui lie les strophes entre
elles (les « mots-crochets » ou, selon la terminologie de l'analyse rhétorique, les
« termes médians »)8. Des rapports entre deux strophes consécutives ont aussi
été remarqués9.
D'autres vont plus loin qui proposent une structure de l'ensemble du,psaume.
Will Soll est d'avis qu'il s'organise en six parties, la quatrième (Kaph - Samek)
en constituant le centre10. Concentrique elle aussi, la composition d'Erich Zenger
est plus régulière :
A. Paire de strophes 1-2 : ouverture programmatique
B. Strophes 3 - 6 : lamentation - demande - confiance
C. Strophes 7 - 1 0 : rétrospection (surtout négative)
D. Strophes 11-12 : centre dramatique (misère et toute-puissance de la Torah)
C'. Strophes 13-16 : rétrospection (surtout positive)
B'. Strophes 17-20 : demande - lamentation - demande
A'. Paire de strophes 2 1 - 2 2 : résumé (assurance du salut et louange) 11 .

Ces essais s'opposent au jugement négatif de plusieurs pour lesquels ce


psaume ne saurait être composé, la contrainte de l'alphabétisme empêchant toute
autre organisation. Il faut reconnaître que la première impression — qui peut
perdurer longtemps — est comparable à celle que donnent certaines musiques
orientales répétitives et interminables dont la monotonie lancinante finit par
lasser l'auditeur occidental le mieux disposé. Il est certain qu'il faut du temps
pour entrer dans le mouvement du psaume, une étude rigoureuse et patiente aussi
pour découvrir la logique qui l'anime.

4
HILAIRE DE POITIERS, Commentaire sur le psaume 118.
5
Ravasi, III, 454.458-499.
6
P. AUFFRET, Voyez de vos yeux, 4 1 2 (déjà 320).
7
M . GIRARD, Les psaumes redécouverts, III, 2 7 9 .
8
Voir, par exemple, R.N. WHYBRAY, « Psalm 119 », 40, note 17 ; Hossfeld - Zenger, III, 261.
9
Voir P. AUFFRET, Voyez de vos yeux, par ex. pour les deux premières strophes ( 3 2 7 - 3 2 9 ) pour
les deux dernières (411) ; M. NODDER, « What is the relationship between the different stanzas of
Psalm 119?».
10
W. SOLL, Psalm 119 : Matrix, Form and Setting, 91.108-109.
11
Hossfeld - Zenger, III, 262 ; son identification du centre coïncide avec la mienne.
Le psaume 119 143

Le psaume 119 est de la taille d'une séquence qui comprend cinq sous-
séquences. Les deux premières (A.B) et les deux dernières (A'.B') sont formées
de cinq passages, la sous-séquence centrale au contraire ne comprend que deux
passages (Kaph etLamed : 81-96) :

A. Avec qui marche dans tes chemins, instruis-moi de tes décrets 1-40

B. De ta loi je me délecte, car tu m'aimes 41-80

C. T O N A M O U R M E S A U V E D E L A M O R T 81-96

A'. Loin de qui s'égare de tes voies, apprends-moi tes décrets 97-136

B'. Ta loi est ma délectation, car Je t'aime 137-176

A. AVEC QUI MARCHE DANS TES CHEMINS,


APPRENDS-MOI TES DÉCRETS
( A L E P H - H É ; 1-40)

La première sous-séquence comprend cinq passages organisés de manière


concentrique :

d « Le chemin de tes préceptes fais-moi comprendre » 25-32

h « Instruis-moi, Seigneur, du chemin de tes décrets » 33-40


144 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

1. « HEUREUX QUI MARCHE DANS LA LOI DU SEIGNEUR » (ALEPH ; 1-8)

COMPOSITION DUPASSAGE

La première partie (1-3)

+ 1 Heureux les parfaits de CHEMIN,


. LES MARCHANT dans la loi de Yhwh !

+ 2 Heureux les gardant ses témoignages,


. de tout cœur ils le recherchent !
+ 3 Jamais ils n'ont commis d'iniquité,
. dans SES CHEMINS ILS MARCHENT.

Les deux premiers segments commencent avec « Heureux ». Les deux


occurrences de « chemin(s) » font inclusion (la.3b) et de même celles de
«marcher» (lb.3b). L'unité de la partie est aussi marquée par la troisième
personne du pluriel (sujets de tous les verbes), qui est en rapport avec une
troisième personne du singulier nommée une seule fois (« Yhwh » : lb), repris
par les pronoms (« ses » : 2a.3b ; « le » : 2b).

La deuxième partie (4-5)

4
- Toi, tu as ordonné tes préceptes,
:: POUR OBSERVER complètement.
5
- Si seulement étaient établis mes chemins,
:: POUR OBSERVER tes décrets !

Les deux segments sont complémentaires. Le premier a pour sujet une


deuxième personne, « Toi », qui désigne Dieu ; le second parle en plus d'une
première personne (« mes »), le psalmiste. Les deuxièmes membres commencent
par le même terme, « pour observer ». « Les chemins » de l'homme devraient
suivre « les préceptes » du Seigneur.

La troisième partie (6-8)

+ 6 Alors je ne rougirai pas


:: en regardant vers tous tes ordres.

+ ]e te célébrerai en droiture de cœur,


:: en ayant appris les jugements de ta justice.

= 8 Tes décrets j'observerai,


.. ne m'abandonne pas complètement.
Le psaume 119 145

Aucun terme n'est repris d'un segment à l'autre. Les deux premiers segments
sont de construction très semblable : les premiers membres énoncent une
promesse (au futur et à la première personne du singulier), les seconds membres
disent les moyens mis en œuvre pour cela12. Le dernier segment commence lui
aussi par une promesse, mais s'achève sur une demande.

L 'ensemble du passage Aleph (1-8)

+ 1 Heureux les parfaits d e CHEMIN,


: les marchant dans LA LOI de Yhwh !
2
+ Heureux les gardant SIS TÉMOIGNAGES,
: de tout CŒUR ils le recherchent.
- 3 Jamais ils N'ont commis d'iniquité,
: dans ses CHEMINS ils marchent !

:: 4 Toi, TUAS ORDONNÉ TES PRÉCEPTES,


= POUR OBSERVER COMPLÈTEMENT.
: : 5 Si seulement étaient établis m e s CHEMINS,
= POUR OBSERVER liiM* J, M.

+ 6 Alors je NE rougirai pas


: en regardant vers tous TES ORDRES.
7
+ Je te célébrerai en droiture d e CŒUR,
: en ayant appris les JUGEMENTS de ta justice.
= 8 TES DÉCRITS J'OBSERVERAI,
: ne m'abandonne pas COMPLÈTEMENT.

La partie centrale, comme il arrive souvent, reprend un grand nombre de


termes qui se trouvent dans les deux autres. Elle a en commun avec la dernière
partie, « tu as ordonné » et « tes ordres » (4a.6b), « observer » (4b.5b.8a), « com-
plètement » (4b.8b), « tes décrets » (5b.8b) ; « chemins » de 5a se trouvait déjà
aux extrémités de la première partie (la.3b).
« Cœur » revient dans les segments centraux des parties extrêmes (2b.7a) ;
« tout » de 2b sera repris par « tous » en 6b. Enfin, on notera que dans le dernier
segment de la première partie et dans le premier segment de la dernière, les
seconds termes sont des verbes affectés de la négation (3a.6a).
Toute entière à la troisième personne du pluriel, la première partie loue les
justes qui observent la Loi de Dieu (1-2) en se gardant de toute iniquité (3). La
troisième partie est à la première personne du singulier, comme si le psalmiste

12
Les traductions « en regardant » et « en étant instruits » ont voulu rendre le rapport entre
//habbîtî et belomdî (litt. « dans mon regarder » et « dans mon apprendre »).
146 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

voulait se compter parmi les justes de la première partie. De même que les justes
« n'ont pas commis d'iniquité », il « ne rougira pas ». Les deux segments de la
partie centrale mettent en relation le Seigneur qui a donné ses décrets à observer
et le psalmiste qui demande de pouvoir le faire.

CONTEXTE BIBLIQUE

Les psaumes qui commence avec « Heureux »


Cinq autres psaumes commencent comme le Ps 119 avec un macarisme. Le Ps
32: «Heureux qui est absous de son péché» (comme pouf le Ps 119, le
macarisme est répété) ; le Ps 41 : « Heureux qui pense au pauvre et au faible » ;
le Ps 112 : « Heureux l'homme qui craint le Seigneur » ; le Ps 128 : « Heureux
tous ceux qui craignent le Seigneur » ; sans oublier, bien entendu, le Ps 1 qui
ouvre l'ensemble du Psautier : « Heureux l'homme... ».

INTERPRÉTA TION DU PASSA GE

Heureux !
Comme le psautier tout entier, le Ps 119 commence en proclamant heureux
ceux qui, évitant « l'iniquité », se conduisent selon la loi du Seigneur. Avant
d'entrer en scène, de parler de lui-même, et avant de s'adresser à Dieu, il loue
ceux qui gardent ses témoignages et les recherchent. Comme s'il avait besoin de
modèles à suivre, d'exemples à imiter, de guides auxquels emboîter le pas.

Sur le même chemin


Ceux dont les chemins sont parfaits sont ceux qui marchent sur les chemins de
Dieu, sur les chemins tracés par sa loi (1.3). Le vœu le plus cher du psalmiste, le
premier qu'il émet (5), est que ses chemins soient établis selon les décrets de son
Dieu. Les chemins de l'homme droit et ceux du Seigneur se rencontrent. Plus
exactement, ils coïncident, il s'agit des mêmes chemins, comme si Dieu et ses
fidèles cheminaient ensemble. « On t'a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce
que Yahvé réclame de toi : rien d'autre que d'accomplir la justice, d'aimer la
bonté et de marcher humblement avec ton Dieu » (Mi 6,8).

Une affaire de cœur


« La loi » de Dieu, ses « préceptes », ses « ordres », ses « jugements », toutes
ces paroles en somme sont prononcées pour être mises en œuvre, pour mettre en
mouvement l'homme invité à suivre le chemin de son Seigneur. Cependant, ses
pieds ne pourraient pas se mettre en route si le « cœur » n'y était pas. C'est en
effet « de tout leur cœur » que les justes le recherchent (2), le cœur étant le siège
de l'intelligence, de la volonté, de l'amour aussi. C'est ainsi que le psalmiste lui
Le psaume 119 147

aussi promet à son Seigneur de le célébrer « en droiture de cœur » (7), parce


qu'il aura reçu l'instruction qu'il recherchait.

Avec l'aide de Dieu

Au cœur du passage le psalmiste se tourne vers Dieu. Devant l'exigence du


Seigneur qui demande d'observer sa loi « complètement » (4), il espère pouvoir
répondre à une telle invitation et le souhait qu'il exprime devant son Dieu (5)
sonne comme une demande d'assistance et de soutien. Il poursuit sa prière,
espérant bien être à la hauteur de son appel en observant « tous les ordres » du
Seigneur. Mais en finale, comme s'il craignait de ne pas en être capable, sa
supplication se fait quelque peu angoissée quand il demande à Dieu de ne pas
« l'abandonner complètement » (8).

2. « DANS LE CHEMIN DE TES ORDRES JE ME RÉJOUIS » (BET ; 9-16)

COMPOSITION DUPA SSA GE

La première partie (9-11)

- 9 Par quoi purifiera le jeune sa voie


+ pour observer ta parole ?

+ 10 De tout MON CŒUR je te recherche,


- ne m'égare pas de tes commandements.
+ 11 Dans MON CŒUR j'abrite ton dire
- afin de ne pas pécher contre toi.

Alors que le premier segment parle du «jeune » à la troisième personne du


singulier, dans les deux autres segments c'est le psalmiste qui parle de lui-même.
Dans les premiers membres de ces deux derniers segments il affirme sa fidélité
et dans les seconds membres il demande d'être préservé du péché et de l'éga-
rement. Cet ordre semble inversé dans le premier segment : l'observance de la
« parole » de Dieu est conditionnée par la purification de la conduite, c'est-à-
dire par la renonciation à l'égarement du péché. L'image de la « voie » du
premier segment est poursuivie dans le second avec « égarer ».
148 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

La deuxième partie (12)

12
Béni (sois-)tu, Yhwh,
apprends-moi tes décrets !

La deuxième partie ne comprend qu'un seul segment bimembre.

La troisième partie (13-16)

:: De mes lèvres J'AI EXPOSÉ


.. tous les jugements de ta bouche.
:: 14 Dans le chemin de tes ordres JE ME SUIS REJOUI
.. comme de tout bien.

+ Sur tes préceptes JE MEDITERAI


- et JE REGARDERAI voie;
16
+ En tes décrets JE ME DELECTERAI,
- JE N'OUBLIERAI PAS ta parole.

Le premier morceau est au passé, le second au futur. Dans chacun des deux
segments du premier morceau les verbes se trouvent à la fin des premiers
membres, les seconds membres comportant le même qualificatif, traduit par
« tous » et par « tout ». En revanche dans le deuxième morceau les verbes sont
redoublés, en termes médians, les deux segments étant tout à fait parallèles. Les
quatre segments se correspondent en miroir : « ta parole » (16b) appartient au
même champ sémantique que «lèvres» et «bouche» (13) tandis que «tes
voies » (15b) est synonyme de « chemin » (14a).

L'ensemble du passage Bet (9-16)


« Sa voie » et « ta parole » du premier segment (9) font inclusion avec « tes
voies » et « ta parole » du dernier morceau (15b. 16b). Il est donc possible de
considérer que, à l'instar de la dernière partie, la première comprend deux
morceaux (9 et 10-11), d'autant plus que les verbes de 10a. l i a et de 13a. 14a
sont à l'accompli, tandis qu'en 9a et en 15-16 ils sont à l'inaccompli. C'est
pourquoi les verbes de 10a et de l i a sont maintenant traduits par des passés.
«Chemin» (14a) et «égarer» 10b) appartiennent au même champ séman-
tique que « voie(s) ».
« Tes décrets » à la fin de la partie centrale se retrouve au début du dernier
segment. « Tout » de 10a est repris deux fois dans la dernière partie (13b. 14b).
La partie centrale (12) est une prière, de bénédiction puis de demande ; une
première demande se trouvait déjà dans le second membre du deuxième segment
(10b).
Le psaume 119 149

À part le segment central (12), tous les autres commencent par la préposition
be qui n'a pas pu être traduite toujours de la même façon.

- 9 Par quoi purifiera le j eune 9 A V O iE


+ pour observer TA PAROLE?
+ 10 De tout mon cœur je te recherche,
- ne m'égare pas de TES COMMANDEMENTS.
+ 11 Dans mon cœur j'abrite TON DIRE
- afin de ne pas pécher contre toi.

- 1 2 Béni sois-tu, Yhwh,


- apprends-moi TES DECRETS !

:: 13 De mes lèvres j ' a i exposé


.. tous LES JUGEMENTS de ta bouche.
:: 14 Dans le chemin de TES ORDRES je me suis réjoui
.. comme de tout bien.

:: 15 Sur TES PRÉCEPTES je méditerai


.. et je regarderai T E S VOIES.
:: 16 En TES DÉCRETS je me délecterai,
.. je n'oublierai pas TA PAROLE.

INTERPRÉTA TION DU PASSA GE

Le jeune psalmiste
La question initiale pourrait sembler un aphorisme général, concernant tout le
monde et personne en particulier. Le fait qu'immédiatement après le psalmiste
passe à la première personne du singulier permet de comprendre que « le jeune »
dont il a parlé n'est autre que lui-même, ou, que, s'il est déjà mûr, il se considère
néanmoins comme quelqu'un d'inexpérimenté, qui a encore tout à apprendre. Et
c'est bien ce qu'il dit, dans la bénédiction qui jaillit de sa bouche en plein cœur
du passage. Ainsi, quel que soit son âge, le lecteur peut s'identifier au psalmiste
pour demander d'être instruit par le Seigneur.

Chercher le Seigneur
Après la question initiale, le psalmiste énumère la longue liste canonique,
celle qui revient de manière lancinante dans chacun des vingt-deux passages du
psaume, les sept termes qui disent la totalité des « commandements », du
« dire », des « jugements », des « ordres », des « préceptes », des « voies », des
« décrets » de Dieu. Tout cela, il affirme l'avoir « abrité », « s'en être réjoui »,
150 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

l'avoir même « exposé » aux autres de ses propres lèvres ; il promet à la fin de le
« méditer » et de s'en « délecter » encore et toujours. Mais avant de s'engager
dans cette longue énumération, il dit que c'est le Seigneur qu'il « a recherché »
«de tout son cœur» (10a). En somme, son désir le porte, à travers tous les
commandements et les décrets de Dieu vers leur auteur. C'est une personne, « le
Seigneur », dont le nom est mentionné au centre du passage, qu'il recherche.

Le Dieu qui parle


Le Dieu vers lequel le psalmiste tend tout son désir n'est pas présenté comme
le Créateur, comme le souverain maitre de tout. C'est le Dieu qui parle (9b. 16b),
qui lui parle, qui s'adresse à lui ; c'est le Dieu de la révélation, de la Torah, celui
qui enseigne aux hommes comment se comporter, ce qu'il faut faire pour le
trouver, puisque c'est cela qu'il « recherche » « de tout son cœur ». La parole
« abritée », qui a fait « la joie » de celui qui l'a reçue, ne peut que fructifier et se
multiplier, se communiquer : sortie de « la bouche » de Dieu, elle est destinée à
sortir par « les lèvres » de celui qui l'a faite sienne (13).

Suivre les voies du Seigneur


L'homme fait de la parole de Dieu sa propre parole, se conduisant ainsi selon
sa vocation d'image de Dieu. Tel fut le dessein du Seigneur dès l'origine (Gn
1,26). Dans la même ligne, « la voie » du jeune (9a) est appelée à s'identifier aux
«voies» du Seigneur (15b). La voie de l'homme cependant est menacée
d'égarement (10b) et de « péché » (11) ; ce dernier terme signifiant originelle-
ment « manquer le but », c'est-à-dire se tromper de chemin, appartient au même
champ sémantique. Il semble même qu'il n'est pas à la portée de l'homme de
connaitre les voies de Dieu et c'est pourquoi, au centre du passage, le psalmiste
lui demande de les lui apprendre.

3. « FAIS DU BIEN À TON SERVITEUR ET JE VIVRAI » (GUIMEL ; 17-24)

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (17-18)


Les premiers membres des deux premiers segments sont de même structure
syntaxique : impératif aux mêmes modalités + complément (+ copule) + verbes
aux mêmes modalités. Les seconds membres s'achèvent sur les synonymes « ta
parole » et « ta loi ». Dans le troisième segment, l'impératif se trouve au début
du second membre ; comme pour les deux premiers segments, le dernier
s'achève avec un synonyme de « ta parole » et de « ta loi ». Aux extrémités, le
psalmiste se présente comme « serviteur » de Dieu et « étranger sur la terre ».
Le psaume 119 151

17
+ F a i s d u bien à ton serviteur, je vivrai
.. et j'observerai ta parole.
+18 Ouvre mes yeux et je regarderai
.. les merveilles de ta loi.
19
+ Un étranger moi sur la terre,
+ n e c a c h e pas de moi tes commandements.

La deuxième partie (19-21)


Les deux segments commencent avec un verbe à l'accompli. Les deux
segments opposent l'amour du psalmiste pour les jugements de Dieu à l'arro-
gance de ceux qui ne suivent pas ses commandements. Le deuxième segment se
distingue du premier par l'intervention de Dieu contre ses ennemis.

::20 A é t é broyée mon âme d'amour


:: pour tes jugements en tout temps.
+ 21 Tu a s men a c é les arrogants maudits,
+ qui s'égarent de tes commandements.

La troisième partie (22-23)

+ 2 2 Ouvre de sur moi l'opprobre et le mépris,


.. car TES ORDRES j'ai gardé.
+ 2 3 Même si siègent des princes, s'ils parlent contre moi,
.. ton serviteur médite sur TES DÉCRETS.

.. 2 4 Même TES ORDRES (sont) mes délectations,


.. hommes de mon conseil.

Les deux derniers segments commencent par gam, traduit, faute de mieux,
par « même ». Les segments extrêmes reprennent « tes ordres ». Dans les
premiers membres des deux premiers segments le psalmiste se trouve en butte à
ceux qui le méprisent13 ; les seconds membres le trouvent fidèle aux ordres de
Dieu. Le dernier segment fait écho à ces seconds membres. L'expression étrange
« hommes de mon conseil » signifie « mes conseillers » ; la Septante traduit :
« et mes conseillers tes décrets ». Au niveau du passage sera adoptée la traduc-
tion de la TOB : « ils sont mes conseillers ».

13
« Ouvre de sur moi » (32a) signifie : « Enlève de sur moi... ». On a gardé « ouvre », car le
mot est le même qu'au verset 18.
152 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L 'ensemble du passage Guimel (17-24)

+ 17 Fais du bien à TON SERVITEIU R , je vivrai


.. et j'observerai TA PAROLE.
+18 Ouvre mes yeux et je regarderai
.. les merveilles de TA LOI.

.. 19 Un étranger moi sur la terre,


+ ne cache pas de moi TES COMMANDEMENTS.

.. 2 0 Est broyée mon âme d'amour


.. pour TES JUGEMENTS en tout temps.

- 2 1 Tu menaces les arrogants maudits,


- qui s'égarent loin de TES COMMANDEMENTS.

- 2 2 Ouvre de sur moi l'opprobre et le mépris,


.. car TES CEDEES j ' a i gardé.
- 2 3 Même si siègent des princes, s'ils PARLENTcoîiXxq moi,
.. T O N S E R V I T E U R médite sur TES DÉCRITS.

.. 24 Même TES ORDRES (sont) mes délectations,


.. ils sont mes conseillers.

Les parties extrêmes reprennent l'impératif « ouvre » au début de 18 et de 22 ;


en 17 et 23 reviennent «ton serviteur» ainsi que «parole» et «parlent» qui
sont de même racine. En outre, ces parties sont de composition analogue : les
deux premiers segments sont proches l'un de l'autre tandis que le troisième est
différent.
Le premier segment de la partie centrale (20) rappelle la première partie, en
particulier ses seconds membres ; en revanche, le deuxième segment (21)
prépare la dernière partie, car « les arrogants » annoncent ceux qui méprisent le
psalmiste (22a.23a). Ainsi tout le premier versant (17-20) traite de la relation du
psalmiste avec Dieu, tandis que dans le second (21-24) interviennent les
« arrogants », ennemis de Dieu et de son serviteur.

INTERPRÉTA TION DU PASSA GE

Tout vient de Dieu


Tout commence par une supplication. Le psalmiste reconnaît d'emblée que
c'est parce que son Seigneur lui fera du bien et le fera vivre que lui-même pourra
« observer sa parole » (17). Lui seul peut lui « ouvrir les yeux », comme à un
nouveau-né, pour qu'il voie la beauté de sa loi (18). La prière se poursuit
jusqu'au début de la dernière partie, où ce n'est plus l'ouverture des yeux sur la
loi que demande le psalmiste, mais une autre « ouverture », qui le libérera du
Le psaume 119 153

« mépris » (22) des « chefs » « arrogants », eux qui « s'égarent » loin de la loi de
Dieu (21) et « parlent contre » ses « serviteurs » (23).

Serviteur de la parole
Quelle parole servir? Celle de Dieu (17) ou celle des princes (23)? Le
psalmiste a fait son choix et reste fidèle à son Seigneur. Il ne craint pas ce que
peuvent tramer entre eux contre lui les puissants qui s'égarent loin des comman-
dements divins, car il a confiance dans celui qui seul peut lui faire du bien et le
faire vivre. Tout son « amour » et ses « délectations » sont dans la loi de son
Dieu.

4. « LE CHEMIN DE TES PRÉCEPTES FAIS-MOI COMPRENDRE » (DALET ; 25-32)

COMPOSITION DUPA SSA GE

La première partie (25-27)

25
A collé à la poussière mon âme,
+ fais-moi vivre selon ta parois.

-26 MES CHEMINS j ' a i exposé et tu m'as répondu,


+ apprends-moi tes décrets.

+27 LE CHEMIN de tes préceptes fais-moi comprendre,


- et je méditerai sur tes merveilles.

Les deux premiers segments sont parallèles : une constatation dans les pre-
miers membres, une demande dans les seconds. Dans le troisième membre,
l'ordre est inversé ; en outre, le dernier membre regarde l'avenir, alors que les
membres correspondants dans les deux premiers segments sont à l'accompli.
« Fais-moi comprendre » (27a) est synonyme de « apprends-moi » (26b) ; on
pourra comprendre que le sens de « fais-moi vivre selon ta parole » est très
proche. Les deux derniers segments commencent avec le même mot ; dans le
premier cas il s'agit des « chemins » du psalmiste, dans le deuxième du
« chemin » que Dieu indique par ses préceptes.
154 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

La deuxième partie (28-30)

- 2 8 A pleuré mon âme d'affliction,


+ relève-moi selon ta parole.
+ 29 LE CHEMIN de mensonge écarte de moi,
+ et de ta loi fais-moi-la-gràce.

—30 LE CHEMIN de vérité j'ai choisi,


- sur tes jugements je me suis aligné.

Dans le premier segment le psalmiste invoque l'aide de Dieu (28b) dans


l'affliction où il se trouve (28a). Le second segment poursuit la supplication de
28b, tandis que le troisième énonce l'engagement pris par l'orant. Ces deux
derniers segments commencent par « le chemin » et opposent la « vérité » au
« mensonge ».

La troisième partie (31-32)

- 31
J'ai c o l l é à tes ordres, Yhwh,
+ ne me fais pas rougir
- 3 2 Dans le chemin de tes commandements je c o u r r ai,
+ car tu élargis mon cœur.

Les premiers membres ont pour sujet le psalmiste, les seconds le Seigneur.
Alors que le premier membre du premier segment est au passé, il est au futur
dans le premier membre du deuxième segment. La prière du second membre du
premier segment semble exaucée dans le deuxième membre du segment suivant.

L 'ensemble du passage Dalet (25-23)


« Mon âme » et « selon ta parole » précédé d'un impératif (25.28) jouent le
rôle de termes initiaux pour les deux premières parties ; les premiers membres de
ces deux parties expriment tous deux l'épreuve dans laquelle s'est trouvé le
psalmiste. Les seconds membres, qui s'achèvent de la même façon, commencent
par deux impératifs de sens très voisin.
Le psaume 119 155

- 25 K COLLÉ à la poussière MON ÂME,


4- fais-moi vivre SELON TA PAROLE.
:: 2 6 MES CHEMINS j'ai exposé et tu m'as répondu,
= apprrends-moi tes décrets.
:: 2 7 LE CHEMIN de tes préceptes fais-moi comprendre,
= et je méditerai sur tes merveilles.

- 2 8 A pleuré MON ÂME d'affliction,


+ relève-moi SELON TA PAROLE.
:: 2 9 LE CHEMIN de mensonge écarte de moi,
= et de ta loi fais-mo i-la-grâce.
:: 3 0 LE CHEMIN de vérité j'ai choisi,
= sur tes jugements je me suis aligné.

- 3 1 J'AI COLLÉ à tes ordres, Yhwh,


+ ne me fais pas rougir.
: : 3 2 DANS LE CHEMIN de tes commandements je courrai,
- car tu mets-au-large MON CŒUR.

Les parties extrêmes commencent par le même verbe « coller ». « Mon âme »
et « mon cœur » font inclusion (12a.32b).
« Chemin(s) » revient en début de segment dans les deux derniers segments
des deux premières parties (26.27 et 29.30) ainsi que dans le second segment de
la dernière partie (32). Dans chaque partie une suite d'impératifs laissent en
finale la place à une première personne du singulier (27b ; 30a. 30b ; 32a).

CONTEXTE BIBLIQUE

« La poussière de la mort »
Le Ps 22, celui que le Christ en croix entonne dans sa langue maternelle, est
focalisé sur la fin du verset 16 : « Tu me couches dans la poussière de la
mort »14.

Les merveilles de l 'exode


Le terme est employé pour désigner les actions d'éclat que Seigneur a opérées
durant l'exode (Ex 3,20 ; 15,11 ; 34,10 ; Ps 78,11.12, etc.).

14
Voir F. GRAZIANO, « Il salmo 22 : la preghiera del Servo di Yhwh », 77.
156 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

INTERPRÉ TA TION DUPA SSA GE

Une épreuve mortelle

Ce n'est pas d'une petite épreuve que le psalmiste demande d'être libéré. Il a
été couché dans « la poussière » (25a), dans les pleurs de l'affliction (28a) et
c'est pourquoi il demande à Dieu de le « faire vivre », de le « relever » de la
mort. Ce qui le tirera de la fosse n'est autre que « la parole » du Seigneur, parole
qui est ensuite déclinée selon les mots habituels qui l'évoquent dans chaque
passage du psaume, auxquels toutefois s'ajoute exceptionnellement le terme
« ses merveilles », qui renvoie le plus souvent à l'œuvre de salut de l'exode,
quand le Seigneur sauva son peuple de l'esclavage et de la mort.

Variations sur les chemins


Cinq fois sur huit, le poète a choisi de commencer les segments de son
passage Daleth, par le même mot, derek, « chemin ». Il est bien difficile
d'attribuer ce fait à la paresse qui l'aurait poussé à une telle facilité ; la distri-
bution régulière de ces cinq occurrences ne permet guère ce genre d'inter-
prétation. On sait que la rhétorique biblique n'hésite pas à répéter les mêmes
termes ; elle joue souvent avec eux. La première occurrence est au pluriel et se
réfère à l'épreuve traversée par le psalmiste, puisqu'il ajoute aussitôt que le
Seigneur lui a répondu. Il s'agit ensuite, en finale des morceaux extrêmes, du
chemin que tracent « les préceptes » (27a) ou « les commandements » (32a) du
Seigneur. Enfin, dans le morceau central, ce chemin est celui de la « vérité »
(30a) qui s'oppose au « mensonge » (29).

C'est Dieu qui apprend le chemin

Si le psalmiste peut affirmer qu'il a choisi le chemin de vérité (30), s'il en


arrive même à promettre de courir dans le chemin des commandements (32a),
c'est parce que, à sa prière, son Seigneur l'en a « instruit » (26b), le lui a « fait
comprendre » (27a), c'est parce qu'il a écarté de lui « le chemin de mensonge »
(29a). Lui dont l'âme avait « collé à la poussière » (25a) et qui en a été relevé,
« colle » désormais aux ordres de son sauveur (31a).

5. « INSTRUIS-MOI, SEIGNEUR, DU CHEMIN DE TES DÉCRETS » (HÉ ; 3 3 - 4 0 )

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (33-34)


Les impératifs par lesquels commencent les trois segments demandent la
même chose, l'enseignement de la loi. Dans les segments extrêmes, « chemin »
et « sentier » sont synonymes et « achemine-moi » est de la même racine que
« chemin ». « Garder » revient dans les deux premiers segments.
Le psaume 119 157

+ 3 3 INSTRUIS-MOI, Yhwh, d u CHEMIN d e tes décrets,


- et je le garderai jusqu'au bout.
+ 3 4 FAIS-MOI COMPRENDRE et ta loi,
= et je l'observerai de tout cœur.
+ 3 5 ACHEMINE-MOI a u SENTIER de. tes commandements,
- car en eux je me plais.

La deuxième partie (36-37)


Les deux segments commencent par un impératif, dont le complément d'objet
est un organe de perception. Le dernier membre s'achève par un troisième
impératif, faisant ainsi inclusion. Les termes finaux des membres centraux
semblent être en relation, « le gain » étant qualifié de « vanité ».

+ 3 6 INCLINE mon cœur vers tes ordres,


- et non pas vers le gain.
- 3 7 DÉTOURNE mes yeux de voir la v a n i t é ,
+ dans tes chemins FAIS-MOI VIVRE.

La troisième partie (38-40)


Les deux premiers segments commencent et le troisième s'achève par un
impératif, ce qui représente, comme dans le morceau précédent, une forme d'in-
clusion. Le même relatif se retrouve dans les deux premiers segments. Le
segment central se distingue des deux autres, car c'est un trimembre et c'est le
seul à mentionner « l'opprobre ».

+ 3 8 FAIS-LEVER pour ton serviteur ton dire,


:: lequel (est) pour tes craignant.
+ 3 9 DÉTOURNE mon opprobre
:: lequel je redoute,
- c a r tes jugements sont bons.
40
Voici j e désire tes préceptes,
= dans ta justice FAIS-MOI VIVRE.
158 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L 'ensemble du passage Hé (33-40)

+ 33 iNSTRUIS-MOi, Yhwh, d u CHEMIN d e tes décrets,


= et je le garderai jusqu'au bout.
+ 3 4 FAIS-MOI COMPRENDRE et je garderai ta loi,
= et je l'observerai de tout cœur.
+ 3 5 ACHEMINE-MOI au sentier de tes commandements,
- c a r en eux je me plais.

+ 3 6 INCLINE mon cœur vers tes ordres,


- et non pas vers le gain.
+ 3 7 DÉTOURNE mes yeux de voir la vanité,
= MM M CHEMINS : FMSMYMI

+ 3 8 FAIS-LEVER pour ton serviteur ton dire,


:: lequel (est) pour tes craignant.
+ 3 9 DÉTOURNE mon opprobre
:: lequel je redoute,
- c a r tes jugements sont bienfaisants.

= 40 Voici je désire tes préceptes,


= IIWS îi justice PÀISWIWM.

Le passage ne compte pas moins de neuf impératifs, trois dans chaque


partie15. La première partie se distingue des deux autres. D'une part, les impé-
ratifs par lesquels commencent les trois segments ont tous comme compléments
d'objet le pronom suffixe de première personne, qui fait rime en hébreu (hôrënî,
hâbînënî, hadrîkënî) ; d'autre part, c'est la seule partie qui soit entièrement
positive, alors que la deuxième demande d'éviter « le gain » et « la vanité » et
qu'au centre de la troisième il est question d ' « opprobre » (39a).
« Chemin(s) » revient au début de la première partie et à la fin de la
deuxième ; « cœur » est repris en 34b et en 36a.
Les termes habituels pour désigner la loi sont complétés en finale des deux
dernières parties par « tes chemins » et « ta justice ». Les derniers membres de
ces deux parties jouent le rôle de termes finaux. Le même impératif « détourne »
revient au début de 37 et de 39.
Les parties extrêmes s'achèvent avec deux verbes synonymes « j e me plais »
(35b) et « j e désire » (40a).

15
On remarquera un phénomène de clôture : dans les parties extrêmes les impératifs se trouvent
en début de segment, sauf dans le dernier où il se trouve à la fin du segment (40b). Même la partie
centrale qui ne comprend que deux segments totalise trois impératifs.
Le psaume 119 159

INTERPRÉTA TION DU PASSA GE

Une longue prière


Le psalmiste supplie d'abord le Seigneur de manière lancinante de lui ensei-
gner les décrets de sa loi, comme s'il se trouvait totalement incapable de les
comprendre par lui-même. Sans l'instruction de Dieu, il ne pourrait ni la garder
ni l'observer entièrement. Même si les commandements lui plaisent, il a besoin
d'être conduit sur leur chemin (35). Il en vient ensuite à implorer le secours
divin contre les tentations qui l'assaillent : ses yeux et son cœur pourraient être
attirés par « la vanité » du « gain », dont il reconnaît que ce n'est pas cela qui le
ferait vivre (36-37). Redoutant l'opprobre, désirant la justice de son Dieu, c'est
dans son « dire » et dans ses « préceptes » qu'il trouvera la crainte de Dieu ;
mais livré à ses propres forces, il ne pourrait rien et serait livré à la mort et c'est
pour cela que, jusqu'au bout, il s'en remet à son Seigneur pour le protéger et lui
donner la vie.

Le mot de la fin
Cinq des termes habituels — « décrets », « commandements », « ordres »,
« jugements » et « préceptes » — sont au pluriel et se concentrent dans le
singulier de « la loi ». Mais ces sept vocables sont repris et résumés par le mot
« chemin » qui ne fait pas partie de la liste des huit synonymes qui scandent les
vingt-deux passages du psaume. « Chemin » ouvre la première partie et la ferme
avec son synonyme « sentier », et il revient, au pluriel, en conclusion de la
deuxième partie. Cela dit, il est un dernier terme, qui n'est utilisé qu'une seule
fois, à la fin du passage (40b), en parallèle avec « chemins », à la fin de la partie
centrale (37b). Dans les chemins du Seigneur, contenus dans sa Loi, se manifeste
sa « justice ». La Loi, ses préceptes et ses commandements, contiennent les
paroles de Dieu, la justice est un attribut divin qui dit quelque chose de son
identité.
160 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

6. AVEC QUI MARCHE DANS TES CHEMINS, INSTRUIS-MOI DE TES DÉCRETS


( A L E P H - H É ; 1-40)

COMPOSITION DE LA SOUS-SÉQUENCE

Les deux premiers passages (1-16)


Aleph
1 Heureux les parfaits de CHEMIN, les MARCHANT dans la loi de Y H W H !
2 Heureux les gardant ses témoignages ce f c j f cœjr ils le RECHERCHENT,
3 Ils n'ont jamais commis d'iniquité, dans ses CHEMINS ils MARCHENT !
4 T o i , tu as ordonné tes préceptes, po UR~ Q u 'ON~L ES~ OBSER VE complètement.
5 Si seulement étaient établis mes CHEMINS PQUR-QUE-J'OBSER VE TES DÉCRETS.
6 Alors je ne rougirai pas en regardant vers tous tes commandements.
7 Je te célébrerai en droiture de cœur, AYANT APPRIS les jugements de ta justice,
8 TES DÉCRETS J'OBSERVERAI, ne m'ABANDONNE pas complètement.

Bet
9 Par quoi purifiera le jeune sa VOIE POUR-QU *U-OBSER VE ta parole ?
10 D e t p j f MON CŒUR je te ££CHB<£>e, ne M'ÉGARE pas de tes commandements,
11 Dans mon cœur j'abrite ton dire afin de ne pas pécher contre toi.
12 Béni T o i , Y H W H , APPRRENDS-MOI TES DÉCRET S !
13 De mes lèvres j'expose, tous les jugements de ta bouche,
14 Dans le CHEMIN de tes ordres je me réjouis comme de tout bien.
15 Sur tes préceptes je méditerai et je regarderai tes VOIES.
16 En TES DECRETS je me délecte, je n'oublie pas ta parole.

- Un membre presque identique revient dans les seconds segments (2b. 10a).
- Le pronom « toi » revient au début des parties centrales (4.12).
- A u x macarismes par lesquels commencent les deux premiers segments du
premier passage (« heureux » : 1.2) correspond la bénédiction qui se trouve au
centre du deuxième passage (« béni » : 12).
- « Tes décrets » revient deux fois dans chaque passage, à la fin des parties
centrales (5b.8b) et au début des derniers membres (12a. 16a).
- « Pour observer » (lismôr) est repris deux fois dans la partie centrale du
premier passage (4b.5b) et une fois dans le premier segment du second passage
(9), toujours au début des seconds membres. Le verbe revient aussi en finale du
premier passage, jouant avec celui de 9b le rôle de termes médians.
- « Apprendre » revient en 7 et en 12, au centre du deuxième passage.
- Les termes appartenant au champ sémantique du chemin sont particulièrement
fréquents : « chemin(s) » (1.3.5.14), « voie(s) (9.15), « marcher » (1.3), « égarer »
(10) et même « abandonner » (ou « quitter », 8) ; ce qui fait un total de dix termes.
- Le nom de « Yhwh » revient deux fois, au début du premier passage (1) et au
centre du second (12).
Le psaume 119 161

Les deux derniers passages (25-40)


Dalet
25 A collé à la poussière mon âme, F A I S - M O I V I V R E selon ta parole.
26 Mes CHEMINS j'ai exposé et tu m'as répondu, APPRENDS-MOI tes décrets,
27 Le CHEMIN de tes préceptes FAB-NO! COMPRENDRE, et je méditerai sur tes merveilles.
28 A pleuré mon âme d'affliction, relève-moi selon ta parole,
29 Le CHEMIN de mensonge écarte de moi, et de ta loi fais-moi-la-grâce,
30 Le CHEMIN de vérité j'ai choisi, sur tes jugements je me suis aligné.
31 Je me suis collé à tes ordres, Y H W H , ne me fais pas rougir,
32 Dans le CHEMIN de tes commandements JE COURRAI, car tu élargis mon cœur.


33 INSTRUIS-MOI, Y H W H , du CHEMIN de tes décrets, et je le garderai jusqu'au bout,
34 FAIS-MOI COMPRENDRE et je garderai ta loi, et l'observerai de tout mon cœur.
35 AcHEMiNE-moi au SENTIER de tes commandements, car en eux je me plais.
36 Incline mon cœur vers tes ordres, et non pas vers le gain.
37 Détourne mes yeux de voir la vanité, dans tes CHEMINS F A I S - M O I VIVRE.

38 Fais-lever pour ton serviteur ton dire, lequel est pour tes craignant,
39 Détourne de moi de l'opprobre que je redoute, car tes jugements sont bienfaisants,
40 Voici ; je désire tes préceptes, dans ta justice F A I S - M O I V I V R E .

- « Mon cœur » de la fin du premier passage (32) est repris deux fois dans le
second passage (34.36).
- « Instruis-moi » et « apprends-moi » suivi de « fais-moi comprendre » appa-
raissent ensemble au début du premier passage (26-27) et au début du deuxième
(33-34).
- « fais-moi vivre » revient trois fois, au début du premier passage (25) et à la
fin du second (40) faisant inclusion ; une autre fois à la fin de la partie centrale
du deuxième passage (37).
- Les termes appartenant au champ sémantique du « chemin » atteignent le
nombre de dix : « chemin(s) » et « acheminer » (huit fois : 26.27.29.30.32 ;
33.35.37), « sentier » (35) et « courir » (32).
- Le nom de « Yhwh » revient deux fois, à la fin du premier passage (31) et au
début du second (33), jouant le rôle de termes médians.
162 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les rapports entre les cinq passages


Aleph
1 Heureux les parfaits de CHEMIN, les MARCHANT dans la loi de Y H W H !
2 Heureux les GARDANT ses témoignages, DE TOUT CŒUR ils le recherchent.
3 Ils n'ont jamais commis d'iniquité, dans ses CHEMINS ils MARCHENT !
4 Toi, tu as ordonné tes préceptes, pour qu'on les )BSEE?I complètement.
5 Si seulement étaient établis mes CHEMINS pour que j'OBSEEfl tes décrets.
6 Alors je ne rougirai pas en regardant vers tous tes commandements.
7 Je te célébrerai en droiture de CŒUR, AYANT APPRIS les jugements de TA JUSTICE.
8 Tes décrets- OBSERVERAI, ne m'ABANDONNE pas complètement.

Bet
9 Par quoi purifiera le jeune sa VOIE pour ZZ r J. selon ta parole ?
10
DE TOUT MON CŒUR je te recherche, ne M'ÉGARE pas de tes commandements.
11 Dans MON CŒUR j'abrite ton dire afin de ne pas pécher contre toi.
12 Béni sois-tu, Y H W H , APPRENDS-MOi tes décrets !
13 De mes lèvres j'expose tous les jugements de ta bouche.
14 Dans le CHEMIN de tes ordres je me réjouis comme de tout bien.
15 Sur tes préceptes je méditerai et je recréerai tes VOIES.
16 En tes décrets je me délecte, je n'oublie pas ta parole.

Guimel
17 Fais-du-bien à TON SERVITEUR ET JE VIVRAI
18 Ouvre mes yeux et je regarderai les merveilles de ta loi.
19 Un étranger moi sur la terre, ne cache pas de moi tes commandements.
20 Est broyée mon âme d'amour pour tes jugements en tout temps.
21 Tu menaces m ARROGANTS maudits, qui S'ÉGARENT loin de tes commandements.
22 Ouvre de sur moi UPPROBRE et le m m , car tes ordres je les GARDE.
23 Que siègent des chefs, OINTS mm\mm MOI, TON SERVITEUR médite sur tes décrets.
24 Que tes ordres soient mes délectations, (tes préceptes), mes conseillers.

Dalet
25 A collé à la Pftrssfc mon âme, F A I S - M O I VIVRE selon ta parole.
26 Mes CHEMINS j'ai exposé et tu m'as répondu,
APPRENDS-MOI tes décret
27 Le CHEMIN de tes préceptes FA&WiCOMPRENDRE et je méditerai sur tes merveilles.
28 A pleuré mon âme d^TOION, relève-moi selon ta parole.
29 Le CHEMIN de mensonge écarte de moi, et de ta loi fais-moi-la-grâce.
30 Le CHEMIN de vérité j'ai choisi, sur tes jugements je me suis aligné.
31 Je me suis collé à tes ordres, Y H W H , ne me fais pas rougir.
32 Dans le CHEMIN de tes commandements JE COURRAI, car tu élargis MON CŒUR.


33 INSTRUIS-MCI, Y H W H , du CHEMIN de tes décrets, et je le GARDERAI jusqu'au bout.
34 FA/S~mcûf1?wm£et je GARDERAI ta loi, et yOB$IB,V!RÂI DE TOUT MON CŒUR.
35 AcHEMiNE-moi au SENTIER de tes commandements, car en eux je me plais.
36 Incline MON CŒUR vers tes ordres, et non pas vers le gain.
37 Détourne mes yeux de voir la vanité, dans tes CHEMINS FAIS-MOI VIVRE.
38 Fais-lever pour TON SERVITEUR ton dire, lequel est pour tes craignant.
39 Détourne mon OPPROBRE que je redoute, car tes jugements sont bienfaisants.
40 Voici ; je désire tes préceptes, dans TA JUSTICE F A I S - M O I VIVRE.
Le psaume 119 163

Les rapports entre les paires de passages extrêmes


- « Cœur » revient en 2.7.10.11 ; 32.34.36 ; « de tout mon cœur » est repris en
10 et 34, « de tout cœur » en 2. Ce mot n 'apparaît pas dans le passage central.
- « Apprends-moi tes décrets » revient en 12 et en 26 ; ce syntagme est précédé
de « ayant appris » en 7, accompagné de « fais-moi comprendre » (27.34) et de
« instruis-moi » 33. Ces mots sont absents du passage central.
- « Ta justice » se trouve à la fin du premier passage (7) et à la fin du dernier
(40), et pas ailleurs.
- Les termes appartenant au champ sémantique du « chemin » sont nombreux :
« chemin(s) » et « cheminer » (douze fois : 1.3.5.14 ; 26.27.29.30.32. 33.35.37),
« voie(s) (9.15), «sentier» (35), «marcher» (1.3), «abandonner» (ou «quit-
ter », 8), « égarer » (10), « courir » (32). Dans le passage central, « chemin » est
absent et n'apparaît que « s'égarer » (21 ; suivi de « commandements » comme
en 10).
- « Yhwh » revient une fois dans chaque passage, (1.12 ; 31.33).

Les rapports entre le passage central et les quatre autres


Tout ce qui a été noté dans le point précédent marque déjà, du point de vue
négatif, la spécificité du passage central.
- « Ta parole » au début du passage (17) se trouvait deux fois dans le passage
précédent, au début et à la fin (9.16) et se retrouvera deux fois encore dans le
passage suivant, au début des deux premiers morceaux (25.28) ; le terme ne se
trouve pas dans les passages extrêmes. A noter que les cinq occurrences de « ta
parole » se trouvent à la fin des segments ; que les occurrences de 9, 17 et 25
jouent le rôle de termes initiaux, celles de 16 et 17 de termes médians, que les
occurrences de 9 et 17 sont précédées par « observer ».
- C'est la première fois qu'apparait « ton serviteur » (17), qui sera répété à la fin
du passage (23) et reviendra à la fin de la séquence (38).
- C ' e s t aussi la première fois qu'interviennent les ennemis, à partir du centre et
dans le troisième morceau (21-23) ; ils se retrouveront dans le passage suivant,
quoique de manière discrète (25a.28), ainsi que dans le dernier où revient
« opprobre » (39, comme en 22).
- « Je vivrai » au début du passage (17) annonce les trois « fais-moi-vivre » des
passages suivants (25.37.40).
- « Mes délectations » de la fin du passage (24) fait écho à « je me délecte » à la
fin du passage précédent (16), ces deux occurrences jouant le rôle de termes
finaux.
- Le passage central est le seul où le nom de « Yhwh » n'est pas mentionné.
164 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les demandes
Aleph
1 Heureux les parfaits de chemin, les marchant dans la loi de YHWH !
2 Heureux les gardant ses témoignages, de tout cœur ils le recherchent.
3 Ils n'ont jamais commis d'iniquité, dans ses chemins ils marchent !
4 Toi, tu as ordonné tes préceptes, pour qu'on les observe complètement.
5 Si seulement étaient établis mes chemins pour que j'observe tes décrets !
6 Alors je ne rougirai pas en regardant vers tous tes commandements.
7 Je te célébrerai en droiture de cœur, ayant appris les jugements de ta justice.
8 Tes décrets j'observerai, ne m'ABANDONNE pas complètement.

Bet
9 Par quoi purifiera le jeune sa voie pour observer selon ta parole ?
10 De tout mon cœur je te recherche, ne M'ÉGARE pas de TBCONKANDBIENTS.
11 Dans mon cœur j'abrite ton dire afin de ne pas pécher contre toi.
12 Béni sois-tu, YHWH, APPRfcND$~HOI TES DÉBETS !
13 De mes lèvres j'expose tous les jugements de ta bouche.
14 Dans le chemin de tes ordres je me réjouis comme de tout bien.
15 Sur tes préceptes je méditerai et je regarderai tes voies.
16 En tes décrets je me délecte, je n'oublie pas ta parole.

Guimel
17 FAIS-DU-BIEN à ton serviteur ET JE VIVRAI et j'observerai ta parole.
18 OUVRE mes yeux et je regarderai les merveilles de ta loi.
19 Un étranger moi sur la terre, NE CACHE PAS de moi - ï m c m m m m s .
20 Est broyée mon âme d'amour pour tes jugements en tout temps.
21 Tu menaces LES ARROSANTS ma ud its, qui s'égarent loin de tes commandements.
22 OUVRE de sur moi L'OPPROBRETI.le MÉPRIS, car TES ORDRES je les garde.
23 Que siègent DES CHEFS, qu'ils parlent contre moi, ton serviteur médite sur tes décrets.
24 QUE TB (MMS SOIENT mes délectations, (tes préceptes), mes conseillers.

Dalet
25 A collé à la poussière mon âme, FAIS-MOI VIVRE SELON TA FASOLB.
26 Mes chemins j'ai exposé et tu m'as répondu, APPMDSRM TES OÎÎM'S.
27 Le chemin de TESPR&EFTES FAIS-MOLCOMFMX et je méditerai sur tes merveilles.
28 A pleuré mon âme d'affliction, RELÈVE-MOI SELON TA PAROLE.
29 Le chemin de MENSOX$E£CARTE DE MOI, et de lALOi FAIS-MOI-LA-GRÂCE.
30 Le chemin de vérité j'ai choisi, sur tes jugements je me suis aligné.
31 Je me suis collé à TES ORDRES, YHWH, NE ME FAIS PAS ROUGIR.
32 Dans le chemin de tes commandements je courrai, car tu élargis mon cœur.


33 INSTRUIS-MOI, YHWH, du chemin de TES DÉCRETS, et je le garderai jusqu'au bout.
34 F A B - t i a C Û h P m o m ^ t je garderai TA LOI, et l'observerai de tout mon cœur.
35 AcHEMiNE-moi au sentier de tes commandements, car en eux je me plais.
36 INCLINE mon cœur vers TES MM, et non pas vers le gain.
37 DÉTOURNE mes yeux de voir la vanité, dans u s CHEMINS FAIS-MOI VIVRE.
38 FAIS-LEVER pour ton serviteur ton dire, lequel est pour tes craignant.
39 DÉTOURNE mon opprobre que je redoute, car tes jugements sont bienfaisants.
40 Voici ; je désire tes préceptes, dans TA JUSTICE FÂIS-MOI VIVRE.
Le psaume 119 165

Outre un souhait (5), le premier passage ne comprend qu'une seule demande,


tout à la fin (8b) ; le second en contient deux, une négative comme la première
(10) puis une positive (12) ; le passage central cinq (17.18.19.22. 24) ; l'avant-
dernier sept (25.26.27.28.29a.29b.31) et le dernier neuf (33.34. 35.36.37a.37b.
38.39.10). La progression est régulière.
Le passage central marque un changement significatif. Alors qu'auparavant la
demande adressée à Dieu était précédée par une action du psalmiste, promesse
ou même constatation de fidélité, dès le début du passage central, les deux
éléments sont inversés : le psalmiste demande d'abord l'aide du Seigneur pour
qu'il puisse observer sa loi. A partir de là on trouve souvent un impératif suivi
d'un verbe futur à la première personne du singulier (17.18. 27.33.34). Plusieurs
fois, l'impératif est précédé d'une description du besoin ou du malheur dans
lequel se trouve le psalmiste (19.25.26.28).
Un autre changement est introduit dans le passage central : la présence des
« arrogants », ennemis de Dieu (21) et du psalmiste (22-23). Ils seront présents
aussi dans le passage suivant, bien que de manière indirecte, quand le psalmiste
dit son affliction (25a.28a), et dans le dernier passage, quand il demande d'être
préservé du mal que constituent « le gain » et « la vanité » (36-37) et de « l'op-
probre » (39), dont on peut penser qu'ils sont causés par ceux qui « s'égarent
loin des commandements » de Dieu (21).

INTERPRÉTA TIONDE LA SOUS-SÉQUENCE

« Achemine-moi au sentier de tes commandements » (35)


Le chemin est celui qu'indique « la Loi » du Seigneur (1) ; c'est le chemin de
ses «ordres» (14), de ses «préceptes» (27), de ses «commandements»
(32.35), de ses « décrets » (33). C'est le chemin de Dieu (3.37), ce sont ses
« voies » (15), ce qui en fait un synonyme de la loi : marcher dans les chemins
de Dieu (3), c'est marcher dans sa loi (1). Etant le chemin dans lequel l'homme
est invité à «marcher» (1.3) et même à «courir» (32), le chemin de Dieu
devient celui de l'homme (5.9.26) ; c'est sa manière de se diriger et de se
conduire. Le chemin de Dieu et celui de l'homme sont appelés à devenir le
même chemin, celui où ils marchent ensemble : « dans ses chemins ils mar-
chent » (3). La crainte de l'homme est que le Seigneur qui l'accompagne
s'éloigne de lui : «ne m'abandonne pas complètement» (8), qu'il «s'égare»
hors du chemin comme «les arrogants maudits» (21) : «ne m'égare pas de
tes commandements » (10). C'est pourquoi il le supplie d'« écarter » de lui « le
chemin de mensonge » (29) et de le mettre lui-même sur son chemin : « Ache-
mine-moi au sentier de tes commandements » (33), « le chemin de vérité » (30).
Alors qu'en commençant le psalmiste semblait penser que l'on pouvait être
« parfait » (1), sans jamais commettre d'iniquité (3), bien vite il doute d'en être
capable lui-même : « Si seulement étaient établis mes chemins ! » (5) et sa prière
166 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

se fera de plus en plus insistante pour occuper finalement toute sa pensée (33-
40).

« Ouvre mes yeux »


L'aveugle est incapable de voir le chemin et de s'y diriger. Si le psalmiste
demande au Seigneur de lui ouvrir les yeux (18), s'il le supplie de ne pas lui
«cacher» ses commandements (19), s'il ajoutera plus tard: «Détourne mes
yeux de voir la vanité » (37), c'est qu'il a bien conscience que la lumière de la
connaissance est hors de sa portée et que c'est un don du ciel. Il ne cesse
d'implorer le Seigneur d'ouvrir les yeux de son intelligence : « Instruis-moi de
tes décrets» (12.26), «fais-moi comprendre» (27.34), «apprends-moi le
chemin de tes décrets » (33). Il veut « regarder » vers tous les commandements
du Seigneur (6), vers ses voies (15), regarder « les merveilles de sa loi » (18), les
«garder» (2.22.33.34), les «observer» (4.5.8.9.17.34), les «méditer»
(15.23.27).

« Fais-moi vivre »
Dès le début du passage central (17) et jusqu'à la fin (25.37.40), le désir le
plus profond du psalmiste ne cesse de s'amplifier. Il a bien conscience de n'être
qu'un « étranger sur la terre » (19), qu'il passe son chemin. Mais il est persuadé
que ce chemin, celui de la loi de Dieu, est celui de la vie. Il sait aussi que la vie
ne peut que se recevoir d'un autre, du maitre de la vie. Ce n'est pas la justice de
l'homme qui peut l'obtenir, mais le don gracieux de la justice de Dieu : « Fais du
bien à ton serviteur et je vivrai » (17), « fais-moi vivre selon ta parole » (25),
« dans ta justice fais-moi vivre » (40). Si le psalmiste demande avec une telle
insistance que le Seigneur le fasse vivre, c'est qu'il est menacé de mort. Il l'est
par « les arrogants maudits » (21), les « chefs » qui parlent contre lui (22), au
point que son âme « colle à la poussière » (25). Il l'est aussi par ce qui le tente,
de l'intérieur, « le mensonge » (29) et « la vanité » du « gain » (36-37).
Le psaume 119 167

B. DE TA LOI JE ME DÉLECTE, CAR TU M'AIMES


(WAW - YOD ; 41-80)

La deuxième sous-séquence comprend elle aussi cinq passages organisés de


manière concentrique.

w s Jg s e délecterai sis tes commandements s 41-48

z « Des arrogants me raillent » 49-56

h « LES LIENS DES MÉCHANTS M'ENVELOPPENT » 57-64

t « Il est bon pour mol d'être humilié » 65-72

y • i a loi est ma délectati n • 73-80


168 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

1. « JE ME DÉLECTERAI DE TES COMMANDEMENTS » (WAW ; 4 1 - 4 8 )

COMPOSITION DU PASSAGE

La première partie (41-43)

+ 41 Et m'adviennent tes fidélités, Yhwh,


+ ton salut selon ton d i r e !
= 42 Et j e répondrai à qui m'insulte une parole
.. c a r j'ai confiance en ta parole.
= 43 Et n'éloigne pas de ma bouche la paro/e-de-loyauté totalement,
.. c a r en tes jugements j'espère.

L'unité de la partie est marquée par la triple reprise de « parole », à quoi il


faut ajouter le synonyme « dire », dans quatre membres consécutifs (41b-43a).
Deux fois il s'agit des paroles de Dieu (dans les seconds membres des deux
premiers segments), deux fois de celles du psalmiste (dans les premiers membres
des deux derniers segments)16.
Dans le premier segment le psalmiste prie « Yhwh ». Les deux segments
suivants sont parallèles : commençant par « car », leurs seconds membres ont la
même construction et sont pratiquement synonymes ; quant aux premiers
membres (42a.43a), ils traitent tous deux de la « parole » que prononcera le
psalmiste. On notera toutefois que le premier membre du dernier segment
retrouve la forme de la prière comme dans le premier segment.

La deuxième partie (44-46)

+ 4 4
Et j OBSERVERAI ta loi constamment
= à jamais et toujours.
+ 4 5
E t je MARCHERAI au large,
= car tes préceptes je recherche.

+ 46
E t je PARLERAI de tes ordres en face des rois
= et point je n e ROUGIRAI.

Les trois segments commencent avec un verbe aux mêmes modalités : ils
remplissent ainsi la fonction de termes initiaux ; le dernier membre s'achève sur
un verbe aux mêmes modalités, faisant inclusion avec le premier au début de 44.
Non seulement le psalmiste promet d'observer la loi de Dieu (44), mais il s'en
fera le propagandiste jusque devant les rois (46). Dans le segment central il dit
quel sera le résultat de sa conduite (45a) et sa cause (45b).

16
À moins de comprendre que « la parole de vérité » est la Torah.
Le psaume 119 169

La troisième partie (47-48)

+ 47
E t JE m e DÉLECTERAI de t e s c o m m a n d e m e n t s ,
:: lesquels j 'aime.
+ 48
Et J ÉLÈVERAI mes paumes vers t e s c o m m a n d e m e n t s ,
:: lesquels j 'aime
+ e t JE MÉDITERAI sur t e s décrets.

Le premier segment et les deux premiers membres du second sont tout à fait
parallèles, les seconds membres étant même identiques. Le dernier membre fait
une sorte de coda, ou élargissement final ; il est aussi possible de dire qu'il s'agit
d'un phénomène de clôture.

L 'ensemble du passage Waw (41-48)

+ 41 Et m'adviennent tes fidélités, Yhwh,


+ ton salut selon TON DIRE !

:: 42 ET JE RÉPONDRAI À QUI M'INSULTE u n e parole


- car y al confiance en TA PAROLE.

:: 43 ET N'ÉLOIGNE PAS DE MA BOUCHE


:: la parole-de loyauté totalement,
- car en TES JUGEMENTS j'espère.

:: 44 E t j ' o b s e r v e r a i TA LOI constamment


- à jamais et toujours.

:: 4 5 Et je m a r c h e r a i au large,
- c a r TES PRÉCEPTES je recherche.
:: 46 ET JE PARLERAI de TES ORDRES

:: et point m rougirai.

:: 4 7 Et j e me délecterai de TES COMMANDEMENTS,


- lesquels y aime.
:: 4 8 Et j'élèverai mes paumes vers TES COMMANDEMENTS,
- lesquels j *aime
:: et je m é d i t e r a i sur TES DÉCRETS.
170 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

+ 41 Et m'adviennent tes fidélités, Yhwh,


+ ton salut selon TON DIRE !

:: 42 ET JE RÉPONDRAI À QUI M'INSULTE u n e parole


- car j'ai confiance en TA PAROLE.

:: 43 ET N'ÉLOIGNE PAS DE MA BOUCHE


:: la parole-de loyauté totalement,
- car en TES JUGEMENTS j9espère.

:: 44 Et j'observerai TA LOI constamment


- à jamais et toujours.
:: 45 Et je marcherai au large,
- car TES PRÉCEPTES je recherche.

:: 46 ET JE PARLERAI de TES ORDRES


I! EN r A C b
:: et point je ne rougirai.

:: 47 Et je me délecterai de TES COMMANDEMENTS,


- lesquels j'aime.
:: 48 Et j'élèverai mes paumes vers T E S COMMANDEMENTS,
- lesquels j'aime
:: et je méditerai sur TES DÉCRETS.

Il ne convient pas de considérer l'avant-dernier membre (48b) comme une


surcharge car il est attesté aussi dans le texte de Qumran. Si donc le dernier
segment de la dernière partie est un trimembre, il pourrait en être de même pour
le dernier segment de la première partie (43), et de même pour celui de la
deuxième partie (46).
Les deux premières parties sont les seules où le psalmiste promet de parler, à
ses ennemis d'abord (42a), aux rois ensuite (46) ; dans la dernière partie en
revanche, il est entièrement concentré sur la seule Torah. Seule la première
partie est marquée par la prière (41.43).

CONTEXTE BIBLIQUE

« Amour et salut »

Le salut de Dieu est le fruit de ses « fidélités » {hesed au pluriel, la seule fois
dans tout le psaume) 17 . Voir Ps 6,5 : « sauve-moi à cause de ta fidélité » (aussi
Ps 17,7; 31,17; 109,26).

17
On pourrait traduire hesed par « amour », mais cette traduction est réservée ici aux termes de
la racine 'hb : 20.47.48.140.159a.163.165.167.
Le psaume 119 171

INTERPRÉTA TION DU PASSA GE

Tout repose sur l9amour de Dieu

Le psalmiste s'engage à accomplir lui-même beaucoup de choses, à observer


la loi, à s'en délecter, à la méditer (47-48), à en parler à d'autres, à la défendre
devant ses ennemis et en face des rois (42-43.46). Toutefois, il commence par
invoquer le secours du Seigneur, convaincu que « le salut » ne saurait venir que
de lui, car c'est grâce à ses « fidélités » que l'homme pourra tenir toutes ses
promesses (41).

La parole de Dieu engendre la parole

C'est parce qu'il « a confiance dans la parole » du Seigneur que le psalmiste


pourra répondre en toute assurance une parole « à qui l'insulte » (42) ; sa parole
trouve son fondement dans celle de Dieu. Il ajoute aussitôt que ce n'est pas par
ses propres forces qu'il sera en mesure de parler, et il supplie le Seigneur
d'assurer dans la loyauté sa parole (43). S'il pourra parler de la loi de Dieu
devant des rois sans rougir (46), ce sera parce qu'il l'aura observée « constam-
ment », ce qui lui permettra de « marcher au large », libre de toute crainte. La
parole du Seigneur suscite la parole de l'homme.

2. « DES ARROGANTS ME RAILLENT » (ZAYIN ; 4 9 - 5 6 )

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (49-51)

+ 49 Souviens-toi de la parole à ton serviteur,


: : par laquelle tu me fois espérer.
+ 5 0 Cela (est) ma consolation dans ma misère
:: carton dire mé fait vivre.
- 5 1 Des arrogants me raillent complètement,
.. de ta loi je ne dévie pas.

Les deux premiers segments s'achèvent avec deux verbes complémentaires :


le second semble accomplir les attentes du premier. « Cela » semble renvoyer au
premier membre du premier segment : « la parole » adressée par Dieu à son
« serviteur » (49a) sera sa « consolation » (50a) 18 . Sa « misère » (50a) est celle

18
II est aussi possible de comprendre que le réfèrent de «cela» est exprimé par le second
membre ; il faut alors traduire kî par « que » : « Cela est ma consolation dans ma misère que ton
dire me fasse vivre ». Le parallélisme des deux premiers segments appuie plutôt la première
interprétation.
172 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

que lui causent « des arrogants » (51a), et c'est pourquoi il « ne dévie pas » de la
loi (51b).

La deuxième partie (52-54)

: : 5 2 Je me souviens de tes jugements depuis toujours, Yhwh,


:: et je me console.
_ 53 ,
r
me saisit pour les méchants,
. les abandonnant ta loi.
+ 54 DES HYMNES furent pour moi tes décrets,
. dans la maison de ma résidence.

Les deux derniers segments opposent « l'indignation » « pour les méchants »


aux « hymnes » que représentent pour le psalmiste « les décrets » du Seigneur ;
on pourra donc comprendre que la loi que les méchants abandonnent (53b) est au
contraire la demeure où le psalmiste a choisi de faire sa résidence (54b). Quant
au premier segment, son premier membre semble annoncer le dernier segment et
son second membre préparer le segment suivant : en effet, le souvenir des
jugements de Dieu suscite des hymnes (54) et console de l'indignation contre les
méchants (53).

La troisième partie (55-56)

+ 55 Je me souviens la nuit de ton nom, Yhwh,


= et J'OBSERVERAI ta loi.

:: 56 Cela est pour moi


= car tes préceptes JE G A R D E .

La souvenir nocturne du nom du Seigneur (55a) prépare l'activité diurne


conforme à sa loi (55b). Dans le segment suivant, on peut comprendre que le
référent de « cela » est exprimé dans le second membre 19 : son observance de la
loi est pour lui, c'est sa richesse. Mais à considérer l'ensemble, « cela » peut
renvoyer au premier membre du segment précédent : ce qui lui appartient, ce
qu'il a à cœur, c'est de se souvenir du nom de Dieu durant la nuit.

L 'ensemble du passage Zayin (49-56)

Dans les deux premières parties, « ma consolation » (50a) est repris par « j e
me console » 52b), « arrogants » (51a) annonce « méchants » (53a).

19
Voir la note précédente.
Le psaume 119 173

Les termes extrêmes des premiers membres des deux dernières parties sont
identiques (52a.55a). Les seconds termes des deux derniers segments (54a. 56a)
sont très semblables.
Les trois parties commencent avec le verbe « se souvenir », dont le sujet est
Dieu la première fois, le psalmiste les deux autres fois. « Ta loi » revient à la fin
de la première partie, au centre de la deuxième et au début de la troisième
(51b.53b.55b) ; aux extrémités elle est observée par le psalmiste, au centre
« abandonnée » par les « méchants ». Au second segment de la première partie
(50) correspond le deuxième segment de la dernière partie (56).

• 4 9 SOUVIENS-TOI de la parole à ton serviteur,


.. par laquelle tu me fais espérer.
= 5 0 CELA (est) MA CONSOLA TION dans ma misère
:: c a r t o n dire me fait vivre.
- 5 1 D e s ARROGANTS me raillent complètement,
: de TA LOI je ne dévie pas.

+ 5 2 J E ME SOUVIENS de tes jugements depuis toujours, YHWH,


:: et JE ME CONSOLE.

- 5 3 L'indignation me saisit pour les MÉCHANTS,


: les abandonnant TA LOI.

= 5 4 Des hymnes sont pour moi tes décrets,


:: dans la maison de ma résidence.

+ 55
J E ME SOUVIENS la nuit de ton nom, YHWH,
:: et j'observerai TA LOI.

= 5 6 CELA est pour moi


:: c a r tes préceptes je garde.

INTERPRÉTA TION DU PASSA GE

Le jeu de la mémoire

C'est d'abord Dieu qui « se souvient » et son souvenir est le fondement de


celui de l'homme. Le Seigneur se souvient « de sa parole », c'est-à-dire de sa
promesse. Celle-ci est la source de l'espérance du psalmiste (49b), qui lui fait
attendre en toute confiance de vivre (50b), malgré les « railleries » des « arro-
gants » (51a). En réponse, pour ainsi dire, au souvenir de son Dieu, le psalmiste
« se souvient » lui aussi de ses paroles, les «jugements » (52a) contenus dans
« la loi » (55b), de ses « décrets » (54a), de ses « préceptes » (56b). Tout cela, le
porte, à travers les paroles de la loi et au-delà, à se souvenir de son « nom »
ineffable (55a), Alors dans sa bouche les mots de la loi se transforment en un
chant, en des « hymnes » qui l'accompagnent tout au long des heures de la nuit.
174 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

La présence des méchants

Le fidèle n'est pas seul dans sa relation au Seigneur. « Les méchants », ceux
qui « abandonnent » « la loi » (53) sont présents et hantent son esprit. C'est
qu'ils ne se contentent pas d'ignorer la loi et de se tenir loin de Dieu ; ils « rail-
lent » aussi le juste, celui qui « ne dévie pas » de « la loi » de son Dieu. Comme
s'il leur était insupportable, représentant un reproche vivant de leur conduite. A
la fin cependant les « arrogants » ne sont plus mentionnés, la « misère » qu'ils
faisaient subir au juste (50a), « l'indignation » qu'ils faisaient monter dans son
cœur (53a) semblent avoir disparu et ne troublent plus ses nuits ; c'est « cela »
seul qui reste « pour lui » (56a).

3. « LES LIENS DES MÉCHANTS M'ENVELOPPENT » (HET ; 57-64)

COMPOSITION DUPASSAGE

La première partie (57-58)

+ 5 7 Ma part, Yhwh, JE DIS,


+ observer tes paroles.

- 5 8 J'apaise ta face de tout cœur,


- fais-moi-grâce selon TON DIRE !
:: 59 Je réfléchis sur mes chemins
:: et je ferai-venir m es p ieds vers tes ordres.

La déclaration du premier segment, l'engagement qui y est énoncé est ensuite


diffracté d'abord en une supplication qui cherche à « apaiser » le Seigneur pour
une demande de pardon (58), après quoi le psalmiste promet de se convertir dans
sa conduite (59). A « Je dis » du premier segment correspond « ton dire » du
second, comme si à la parole de l'homme répondait celle de Dieu.

La deuxième partie (60-62)

+ 6 0 Je me hâte et point ne tarde


: d'observer tes commandements.
61
- Les liens des méchants m'enveloppent,
1 tvt loi point je n'oublie.
+ 62 Au milieu- de la nuit je me lèverai pour te célébrer,
: pour les jugements de ta justice.

La partie commence par une déclaration de fidélité (60) et s'achève avec une
promesse de louange durant la nuit (62). Au centre interviennent « les
Le psaume 119 175

méchants » qui tentent de paralyser le psalmiste sans que cela lui fasse oublier la
loi de son Dieu.

La troisième partie (63-64)

Les deux segments semblent complémentaires. Alors que dans le premier le


psalmiste se compte parmi les fidèles, dans le suivant il demande à Dieu de lui
enseigner sa loi, comme s'il n'était pas encore parfait, comme s'il ne corres-
pondait pas encore à l'amour de Dieu qui emplit la terre. « Tous ceux qui te
craignent » (63a) et « la terre est pleine » indiquent la totalité.

:: 63 Compagnon je (suis) de tous ceux qui te craignent


: : et des observant tes préceptes.

+ 6 4 Ta fidélité, Yhwh, remplit la terre,


+ tes décrète apprends-moi.

L 'ensemble du passage Het (57-64)

+ 5 7 Ma part, YHWH, je (le) dis,


• d'OBSERVER tes paroles.

- 5 8 J'apaise ta face de tout cœur,


:: fais-moi-grâce selon ton dire !
- 5 9 Je réfléchis sur mes chemins
- et JE FERÂH/1NIK mes pieds vers tes ordres.

+ 6 0 Je me hâte et point ne tarde


• & OBSERVER tes commandements.

- 6 1 Les liens des méchants m'enveloppent,


:: t a loi je n'oublie pas.
- 6 2 Au milieu- de la nuit JE ME LÈVERAI pour te célébrer,
- pour les jugements de ta justice.

+ 6 3 Compagnon je (suis) de tous ceux qui te craignent


• et d e s OBSERVANT tes préceptes.

.. 64 Ta fidélité, YHWH, remplit la terre,


.. tes décrets apprends-moi.
176 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

+ 5 7 Ma part, Y HWH, je (le) dis,


• d'OBSERVER tes paroles.

- 5 8 J'apaise ta face de tout cœur,


:: fais-moi-grâce selon ton dire !
- 5 9 Je réfléchis sur mes chemins
- et JE FERAI-VENIR mes pieds vers tes ordres.

+ 60 Je me hâte et point ne tarde


« d'OBSER VER tes commandements.
61
- Les liens des méchants m'enveloppent,
:: t a loi je n'oublie pas.
- 6 2 Au milieu- de la nuit JE ME LÈVERAI pour te célébrer,
- p o u r les jugements de ta justice.

+ 63 Compagnon je (suis) cfe tous ceux qui te craignent


• et d e s OBSERVANT tes préceptes.

.. 64 Ta fidélité, Y HWH, remplit la terre,


.. tes décrets apprends-moi.

Les deux premières parties sont parallèles. Les seconds membres des premiers
segments commencent avec le même verbe suivi d'un synonyme (57b. 60b.63b).
Les seconds segments ont un côté négatif, le péché pour laquelle le psalmiste
veut « apaiser » le Seigneur (58), les « méchants » qui le ligotent (61). Dans les
troisièmes segments, le psalmiste promet de redresser sa conduite (59), de se
lever la nuit pour célébrer Dieu. Les deux premières parties sont aussi liées par
des images qui jouent le rôle de termes médians : le dernier membre de la
première partie et le premier de la deuxième évoquent tous deux la marche.
La dernière partie se distingue des deux précédentes. Non seulement elle ne
comprend que deux segments, mais elle ne s'achève pas sur une promesse mais
sur une demande. « T o u s ceux qui te craignent» (63a) s'opposent aux
« méchants » (61a).
Le nom de « Yhwh » fait inclusion. Les huit synonymes de « loi » sont utili-
sés, sans qu'aucun ne soit répété.
Le psaume 119 177

CONTEXTE BIBLIQUE

« Vite, hâte-toi, ne t 'arrête pas »

Telles sont les paroles que Jonathan adresse à son serviteur qu'il a envoyé
récupérer les flèches qu'il a tirées pour avertir David (1S 20,18). La hâte du
psalmiste n'est pas seulement psychologique : c'est la hâte de la marche sur le
chemin de la loi.

« Moïse s 'efforça d'apaiser le Seigneur son Dieu »

Quand le Seigneur vit qu'Israël s'était écarté de la voie qu'il lui avait tracée,
sa colère s'enflamma contre son peuple pour l'exterminer. Alors « Moïse apaisa
la face du Seigneur son Dieu et dit : » (Ex 32,11).

INTERPRÉTA TION DU PASSAGE

Méchants et compagnons

Le juste se trouve en butte aux « méchants » qui l'entourent pour le lier (61) ;
alors, il ne pourra plus marcher et « se hâter » sur les chemins tracés par la loi de
Dieu (59-60). Mais ce ne sont pas là les premiers de ses adversaires. L'ennemi
de l'intérieur, le péché représente sans doute un péril plus grand encore pour
celui qui entend rester fidèle aux commandements du Seigneur. Il n ' a même pas
manqué de succomber à la tentation, de sorte qu'il lui faut « apaiser » la colère
divine (58). Heureusement qu'il n'est pas seul et qu'il peut compter sur des
« compagnons » qui « craignent » comme lui leur Seigneur commun.

Ne pas s \arrêter

Libéré du péché (58) et des « méchants » qui veulent l'arrêter dans sa course
(60-61), le psalmiste est heureux d'avoir reçu « s a p a r t » d'héritage, son
observance des paroles de Dieu (57). Il se hâte sur la route (60) ; en perpétuel
mouvement, même la nuit « il se lève » pour célébrer le Seigneur, le remerciant
pour sa «justice ». Avec ses « compagnons », « il observe ses préceptes ». On
pourrait croire qu'il remplit tous ses devoirs. Mais seul l'amour du Seigneur
emplit la terre (64a) et c'est pourquoi il achève sa prière en lui demandant de lui
apprendre ses décrets (64b), comme s'il n'était encore qu'au début du chemin.
178 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

4. « BON POUR MOT D'ÊTRE HUMILIÉ » (TET ; 65-72)

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (65-66)

65
+ DU BON tu as fait avec ton serviteur,
: YHWH, selon ta parole.
+ 6 6 LÀ BONTÉ du jugement et de la science apprends-moi,
: car en tes commandements j'ai foi.

Les deux segments commencent par un substantif très semblable (tôb et tûb).
Au « bon » déjà reçu le psalmiste demande au Seigneur d'ajouter celui « du
jugement et de la science ».

La deuxième partie (67-70)

+ 67 Avant d'être humilié, moi je m égarais,


= mais maintenant ton dire j'observe,
+ 68 bon toi et bienfaisant,
= apprends-moi tes décrets.

- w Projettent sur moi le mensonge des arrogants,


.. moi, de tout cœur je garde tes préceptes.
- Est épais comme graisse leur cœur,
.. moi, de ta loi je me délecte.

Les deux segments du premier morceau mettent en parallèle « moi » et


« toi » ; dans les seconds membres le psalmiste déclare observer la loi après
s'être « égaré », mais il a encore besoin d'être instruit par le Seigneur.
Le parallélisme des deux segments du second morceau est nettement plus
marqué. Les arrogants enduisent de mensonge le juste, projetant sur lui la
mauvaise graisse de leur cœur.

La troisième partie (71-72)

+ 71 BON pour moi d'être humilié


= afin d'apprendre tes décrets.
+ 72 .BON pour moi la loi de ta bouche,
= plus que millions d'or et d'argent.

« L'humiliation » subie, comme « la loi », est bonne, meilleure que toutes les
richesses, puisqu'elle permet d'être instruit des décrets divins.
Le psaume 119 179

L 'ensemble du passage Tet (65-72)

+ 65 Dit EON tu as fait avec ton serviteur,


- YHWH, selon ta parois.
+ 6 6 La SONT É du jugement et de la science APPRENDS-MOI,
- car en tes coi^mandements j ' a i foi.

+ 67 Avant D'ÊTRE HUMILIÉ, moi je m'égarais,


= mais maintenant ton dire j'observe.
+ 68 BON toi et BIENFAISANT,
= APPRENDS-MOI TES DÉCRETS.

- 69 Projettent sur moi le mensonge des arrogants,


.. moi, de tout cœur je garde tes préceptes.

- 7 0 Est épais comme graisse leur cœur,


.. moi, de TA LOI je me délecte.

+ 71 BON pour moi D'ÊTRE HUMILIÉ


= afin D'APPRENDRE TES DÉCRETS.

+ 72
B O N N E pour moi LA LOI de ta bouche,
= plus que millions d'or et d'argent.

Les segments des parties extrêmes commencent avec « bon » (tôb) et « bon-
té » (tûb) ; « bon » se retrouve dans la partie centrale où il est accompagné de
« bienfaisant » qui est de même racine (68a). De manière analogue « apprends-
moi » (66a) sera repris par « apprendre tes décrets » dans les deux parties
suivantes (68b.71b).
La partie centrale fait intervenir l'humiliation (67a) causée par « des arro-
gants » (69-70). La dernière partie dévoile le rôle finalement positif de
l'humiliation.

CONTEXTE BIBLIQUE

« Et Dieu vit que cela était bon »

À la fin de chacun des cinq premiers jours de la création « Dieu vit que cela
était bon » (Gn 1,4.10.12.18.21). Le sixième jour enfin, « Dieu vit tout ce qu'il
avait fait : cela était très bon » (31).

Pour Dieu tout peut concourir au bien

« N o u s savons d'ailleurs que Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui
l'aiment » (Rm 8,28). Paul expliquera que « tout » englobe « la tribulation,
l'angoisse, la persécution, la faim, la nudité, le péril, le glaive ? Selon le mot de
180 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

l'Écriture : "À cause de toi, l'on nous met à mort tout le long du jour ; nous
avons passé pour des brebis d'abattoir" (Ps 44,23) » (Rm 8,35-36).

INTERPRÉTA TION DU PASSA GE

« Apprends-moi »

D'emblée le psalmiste reconnaît que, selon sa promesse, ce que le Seigneur a


fait pour lui est « bon » (65). Aussitôt, il reconnaît aussi qu'il manque de
sagesse, et c'est pourquoi il demande d'être instruit dans « le jugement et la
science » (6). Il y reviendra encore par deux fois : il a besoin d'apprendre « les
décrets » de son Dieu (68b.71b).

La bonté du Seigneur

« Tu es bon et bienfaisant » (68a). La loi qui sort de sa bouche est bonne plus
que toutes les richesses possibles et imaginables (72) ; qui la goûte ne peut que
« s'en délecter » (70b). « Le jugement et la science » qu'il peut enseigner sont
bons eux aussi (66). Et même « l'humiliation » provoquée par le mensonge que
les arrogants, dont le cœur est gras, l'intelligence empâtée, projettent sur le
fidèle du Seigneur, même cela représente quelque chose de bon pour lui. Elle
revêt en effet une fonction pédagogique indéniable. C'est l'humiliation qui lui
permettra d'« apprendre ses décrets » (71). Sans elle, le psalmiste avoue qu'il
s'était « égaré » loin de la loi de Dieu (67).

5. « M'ADVIENNE TA MISÉRICORDE ET JE VIVRAI » (YOD ; 7 3 - 8 0 )

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (73-74)

+ 7 3 Tes mains m'ont fait et m'ont établi,


:: F A I S - M O I C O M P R E N D R E et j'apprendrai tes commandements.

= 7 4 Tes craignant me verront et se réjouiront,


= car en ta parole j'espère.
: : 7 5 J ' A I CONNU, Yhwh,
:: que sont justes tes jugements,
+ et avec vérité tu m'as humilié.

Les segments extrêmes se correspondent de manière spéculaire. La prière de


73b est exaucée en 75a ; à la grâce de la création (73a) répond celle de l'humi-
liation (75bc) que le psalmiste reconnaît comme « justes jugements » de Dieu.
Le segment central met en scène ceux qui « craignent » le Seigneur et se réjoui-
ront de voir le psalmiste comprendre les commandements et jugements de Dieu.
Le psaume 119 181

La deuxième partie (76-77)

76
+ Q u e SOit TA FIDÉLITÉ ma consolation,
: comme ton dire à ton serviteur !
+ 7 7 Q u e m'adviennent TES MISÉRICORDES e t j e vivrai,
: car ta loi (est) mes délectations.

Les deux segments sont parallèles. Le psalmiste souhaite que la « fidélité » du


Seigneur et ses « miséricordes », soient sa « consolation » qui le fasse « vivre ».
Commençant également avec kî suivi par les synonymes « ton dire » et « ta loi »,
les seconds membres expriment la raison des souhaits des premiers membres.

La troisième partie (78-80)

- QUE ROUGISSENT les arrogants,


- car en mensonge ils me maltraitent ;
+ moi, je médite sur tes préceptes

:: 79 Que retournent à moi tes craignant


:: et les connaissant tes ordres !

+ 80 Que soit mon cœur parfait sur tes décrets


- de sorte que JE NE ROUGISSE PAS.

Les segments extrêmes se correspondent en miroir : le premier et le dernier


membre opposent les « arrogants », qui « rougiront », au psalmiste, qui « ne
rougira pas » (78a.80b), tandis que le dernier membre du premier segment et le
premier membre du dernier s'achèvent sur les synonymes « tes préceptes » et
« tes décrets » (78c.80a).
Au centre, le psalmiste souhaite que reviennent à lui ceux qui craignent le
Seigneur, eux qui s'en étaient éloignés, sans doute à cause de la persécution
mensongère que les « arrogants » avaient déchaînée contre lui.
182 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L 'ensemble du passage Yod (73-80)

+ 73 TÏSMÀÏSS m'ont fait et m'ont établi,


+ fais-moi comprendre et j'apprendrai tes commandements.
• 7 4 T E S CRAIGNANT me verront et se réjouiront,
• car en ta parole j'espère.
75
.. J'AI CONNU, YHWH,
.. que sont justes tes jugements,
.. et qu' AVKC VÉRITÉ TU M'AS HUMILIÉ.

=76 QUE SOIT ta fidélité ma consolation,


: selon ton dire à ton serviteur !
=77 QUE m'adviennent tes miséricordes et je vivrai,
: car ta loi (est) mes délectations.

..78 QUE rougissent LES ARROGANTS,


.. car À TORT ils me maltraitent ;
.. moi, je médite sur tas préceptes.
79
• QUE retournent à moi TES CRAIGNANT
• et LES CONNAISSANT tes ordres !
+80 QUE sou M MT parfait sur tes décrets
+ de sorte que je ne rougisse pas.

Deux parties formées de trois segments encadrent une partie plus courte. Les
parties extrêmes se correspondent de manière spéculaire : les segments extrêmes
mettent en scène le psalmiste dans sa relation à Dieu, dans les segments centraux
il est question des « craignant » Dieu en relation avec le psalmiste et dans
les segments médians interviennent « les arrogants » qui ont « humilié » le psal-
miste ; dans ces segments « avec vérité » (« avec raison ») et « à tort » s'oppo-
sent (75c.78b). On remarquera que « tes mains » et « mon cœur », seules parties
du corps à être mentionnées, se trouvent au début des segments extrêmes.
La partie centrale se distingue des deux autres du fait que le psalmiste prie
Dieu de mettre en œuvre son « amour » et ses « miséricordes » en sa faveur.

INTERPRÉTATION DU PASSAGE

Ce passage rassemble tous les personnages avec lesquels le psalmiste est en


relation, « Yhwh » avant tout, mais aussi ses « craignant » et « les arrogants ».
En outre, il contient tous les synonymes de « loi », un dans chaque segment, sans
qu'aucun ne soit répété.
Le psaume 119 183

Le Seigneur, source de la vie

Plus encore que « la consolation » (76), c'est la vie que désire le psalmiste
(77). La vie, il l'a reçue des « mains » de Dieu, quand il a été façonné et « éta-
bli » au commencement (73). Toutefois, la vie ne se limite pas à la création ; « la
loi » donnée par le Seigneur est la nourriture « délectable » qui entretient la vie
et lui permet de se développer (77). Encore faut-il qu'elle soit assimilée, inté-
riorisée, comprise et apprise (73b), que le « cœur » lui soit appliqué parfaitement
(80). Mais cela est hors de la portée de l'homme, et c'est pourquoi le psalmiste
prie son Seigneur de le lui accorder (73b.80a).

L 'humiliation des arrogants, juste moyen d'éducation

Qui se délecte dans « la loi » du Seigneur (77b) et « médite sur ses préceptes »
(78c) est inévitablement en butte aux «arrogants», qui 1'« humilient» et le
« maltraitent » « à tort » (75c.78ab). Leur victime invoque l'aide de Dieu pour
que lumière soit faite sur leur mensonge et qu'ils en soient couverts de honte
(78a). C'est « à tort » que le juste est « maltraité » par les arrogants (78ab), et
c'est pourtant « avec vérité », avec raison que le Seigneur l'a ainsi « humilié »
(75c). Il reconnaît dans son humiliation un «juste j u g e m e n t » divin. Ce n'est
donc pas seulement par les commandements de la loi, donnés une fois pour
toutes sur le mont Sinaï, que le Seigneur éduque ses fidèles, mais aussi par les
vicissitudes de la vie, et même par la persécution des arrogants.

Le soutien de ceux qui craignent le Seigneur

Le psalmiste n ' a pas que des ennemis qui l'humilient, il a aussi des amis : ce
sont ceux qui, comme lui, « craignent » le Seigneur. « Ils se réjouiront » (74a) en
voyant le psalmiste apprendre les commandements et les comprendre avec l'aide
de Dieu (73b), en constatant que c'est en sa parole qu'il espère (74b) et qu'il est
même capable de reconnaître dans l'humiliation l'intervention bienfaitrice du
Seigneur (75). Peut-être ébranlés un temps par les accusations mensongères
portées contre le psalmiste (78ab), ils reviendront vers lui quand les arrogants
rougiront (78a) et que le juste au cœur parfait sera libéré de la honte (80). Tout
cela, certes, n'est pas encore réalisé ; mais l'espérance que le psalmiste a mis
dans son Dieu (74b) ne saurait le décevoir : il est sûr d'être exaucé, puisqu'il
s'appuie sur la « fidélité » du Seigneur et sur ses « miséricordes », sur ce qu'il a
dit à son serviteur (76-77).
184 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

6. DE TA LOI JE ME DÉLECTE, CAR TU M'AIMES (WAW - YOD ; 41-80)

COMPOSITION DE LA SOUS-SÉQUENCE

Les deux premiers passages


Waw
41
Et m'adviennent tes fidélités, Yhwh, ton salut selon :- !
42
Et je répondrai à qui m'Insulte une parole car j'ai confiance en TA PAROLE,
43
Et n'éloigne pas de ma bouche la PAROLE de loyauté complètement,
c a r e n TES JUGETIENTS J ' E S P È R E .
44
Et J'OBSERVERAI i % M M constamment à jamais et toujours.
45
Et je marcherai au large, car tes préceptes je recherche.
46
Et je parlerai de tes ordres en face des rois et je ne rougirai pas.
47
Et je me délecterai de tes commandements, lesquels j'aime,
48
Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements, lesquels j'aime
et je méditerai sur TBSQêcms.

Zayin
49
Souviens-toi de la PAROLE à ton serviteur, par laquelle tu me fais E S P É R E R .
50
Cela ma consolation dans ma misère car ^ \ me fait vivre,
51
Des arrogants me raillent complètement, de TA LOI je ne dévie pas.
52
Je me souviens de TES JUGEMENTS à jamais, Yhwh, et je me console,
53
L'indignation me saisit pour les méchants, les abandonnant TA LOI.
54
Des hymnes sont pour moi TBDécms, dans la maison de ma résidence.
55
Je me souviens les nuits de ton nom, Yhwh, et j'observerai I \ LOI.
56
Cela est pour moi c ar tes préceptes j e garde.

Les premières parties se correspondent avec la reprise de « ton dire » (41 ;


50), de « parole » (42.43 ; 49), de « espérer » (43 ; 49). À « qui m'insulte » (42)
correspondent les « méchants » (53).
Dans la deuxième partie du premier passage (44-46) et dans la dernière partie
du second passage (55-56) est répété le syntagme « Et j'observerai ta loi » (44 ;
55) et à « car les préceptes je recherche » (45) répond « car tes préceptes je
garde » (56) 20 .
Les ennemis sont mentionnés seulement dans les deux premières parties
(42.46; 51.53).

20
Ce qui est un cas de la 4e loi de Lund (voir Traité, 98).
Le psaume 119 185

Les deux derniers passages


Tet
65 Du bon TU AS FAIT avec TON SERVITEUR, Yhwh, selon TA PAROLE,
66 La bonté du JUGEMENT et de la MM APPRENDS-MOI, car en m cmmméemem j'ai foi.
67
Avant d'être humilié\ moi je m'égarais, mais maintenant " j'observe.
68
Bon toi et bienfaisant, AMUMS-MOI ÎBSDêcmS.

69
Projettent sur moi le «, r des arrogants, moi, de tout cœur je garde tes préceptes.
70
Est épais comme graisse leur cœur, moi, de * MI je me délecte.
71 Bon pour moi d'être humilié\ afin que J'APPHM resDÉems.
72 Bonne pour moi LÀ LOI de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent.

Yod
73 Tes mains M'ONT FAIT et m'ont établi, et J'APPRENDRAI tes cmtmàmms.
FAIS-MOI COMPMNDM
74 Tes craignant me verront et se réjouiront, car en TA PAROLE j'espère,
75 J'AI CONNU, Y h w h , que sont justes tes jugements,
et qu'avec vérité tu m'as humilié.
76
Que soit ta fidélité ma consolation, selon à TON SERVITEUR !
77
Que me vienne ta miséricorde et je vivrai, car TA LOI mes délectations.
78 Que rougissent les arrogants, car en ils me maltraitent !
moi, je médite sur tes préceptes.
79 Que retournent à moi tes craignant et Ltsmwssm tes ordres !
80 afin que je ne rougisse pas.
Que soit mon cœur parfait sur muéems

Les premières parties sont marquées par la reprise de « faire » en termes


initiaux (65.73) ; en même position, « car en ta parole j'espère » (74) répond à
« car en tes commandements j ' a i foi » (66) ; « ta parole » et « tes commande-
ments » sont repris en même position (65.66 ; 73.74) ; les impératifs « fais-moi
comprendre et j'apprendrai » de 73 rappellent celui de 66, « apprends-moi ». Le
nom de « Yhwh » ne revient que dans ces deux parties.
Dans les parties médianes les deux occurrences de « ton dire » jouent le rôle
de termes initiaux ; les membres semblables, « moi, de ta loi je me délecte » (70)
et « car ta loi (est) ma délectation » (77), jouent le rôle de termes finaux.
On pourra noter dans les parties finales la reprise de « afin que » (71.80).
Les deux passages sont marqués par les termes qui appartiennent au champ
sémantique de la connaissance : « apprendre » (66.68.71 ; 73), « science » (66)
et « connaître » (75.79) qui sont de même racine (yd'), « faire comprendre »
(73). Revient aussi le verbe « humilier » (67.71 ; 75).
186 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les rapports entre les paires de passages extrêmes

Waw
Et QUE MW VIENNENT TES FIDÉLITÉS, Yhwh, ton salut selon !
42 Et je répondrai à qui m'insulte une parole, CAR j'ai confiance en TÂ PAROLE.
43 Et n'éloigne pas de ma bouche la PAROLE de loyauté totalement,
CAR EN t e s j u g e m e n t s J'ESPÈRE.
44 Et J'OBSERVERAI TA LOI constamment à jamais et toujours.
45 Et je marcherai au large, CAR t e s préceptes je recherche.
46 Et je parlerai de tes ordres en face des rois et je ne rougirai pas.
47 Et JE MB OÉIÈCRM d e t e s c o m m a n d e m e n t s , lesquels j'aime.
48 Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements, lesquels j'aime
et JE MÉDITERAI SUR tes décrets.

Zayin
49 Souviens-toi de la PAROLE à M SERVITEUR, par laquelle tu me fais espérer.
50 Cela (est) ma consolation dans ma misère CAR ; ME FAIT VIVRE.
51 Des ARROGANTS me raillent complètement, de TA LOI je ne dévie pas.
52 Je me souviens de tes jugements de jamais, Yhwh, et je me console.
53 L'indignation me saisit pour les méchants, les abandonnant TA LOI.
54 Des hymnes sont pour moi tes décrets, dans la maison de ma résidence.
55 Je me souviens la nuit de ton nom, Yhwh, et J'OBSERVERAI TA LOI.
56 Cela est pour moi CAR t e s préceptes je garde.

[57-64]

Tet
65 Du bon tu as fait avec M SEIMIÏIL, Yhwh, selon TA PAROLE.
66 La bonté du jugement et de la science apprends-moi, CAR en t e s c o m m a n d e m e n t s j'ai foi.
67 Avant d'être humilié, moi je m'égarais, et maintenant J'OBSERVE.
68 Tu es bon, toi, et bienfaisant, apprends-moi tes décrets.
69 Projettent sur moi le mensonge des ARROGANTS, MOI, de tout cœur je garde tes préceptes.
70 Est épais comme la graisse leur cœur, MOI, de i k i o i JB LIB CÉLECTE.
71 Bon pour moi d'être humilié afin d'apprendre tes décrets.
72 Bonne pour moi LA LOI de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent.

Yod
73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, fais-moi comprendre et j'apprendrai tes commandements.
74 Tes craignant me verront et se réjouiront, CAR EN TA PAROLE J'ESPÈRE.
75 J'ai connu, Yhwh, que sont justes tes jugements,
et qu'avec vérité tu m'as humilié,
76 Que soit TA mimi ma consolation, selon à ton serviteur !
77
QUE M1ADVIENNE ta miséricorde ET J E CAR TA LOI (est)
VIVRAI, mmmmm.
78 Que rougissent les ARROGANTS, car à tort ils me maltraitent !
MOI, JE MÉDITE SUR tes préceptes.
79 Que retournent à moi tes craignant et les connaissant tes ordres !
80 Que soit parfait mon cœur sur tes décrets afin que je ne rougisse pas.

Les deux premiers passages et les deux derniers se correspondent en miroir.


Les passages extrêmes ont en commun : « que m'advienne » (41.77), « fidé-
lité^) » (41.76), « car j'espère » (43b.74), « se délecter » et « délectations »
(47.70.77), «méditer s u r » (48b.78b) ; « j e ne rougirai p a s » (46) est repris,
avec la même négation, en 80 (précédé par « que rougissent » en 78). Ce sont les
seuls passages de la sous-séquence qui comprennent deux trimembres (43.48 ;
75.78).
Le psaume 119 187

Les passages médians commencent avec « ton serviteur » et « parole »


(49.65), qui jouent donc le rôle de termes initiaux ; y reviennent « des arro-
gants » (51.69) ; « ta loi » revient trois fois dans le second passage (51.53.55) et
deux fois dans l'avant-dernier (70.72), alors que le terme n'apparait qu'une seule
fois dans les passages extrêmes.
Dans les deux premiers passages quatre membres finaux commencent par
« car ». Leurs verbes sont à la première personne et leurs compléments sont des
synonymes de « ta loi » :
CAR J'AI CONFIANCE en ta parole 42
CAR en tes jugements J'ESPÈRE 43
CAR tes préceptes JE RECHERCHE 45
CAR tes préceptes JE GARDE 56.

On peut ajouter à cette liste deux autres membres finaux qui commencent par
« et » mais sont de même composition :
ET JE MÉDITERAI SUR tes décrets 48b
ET J'OBSERVERAI ta loi 55.

Il en va de même dans les derniers passages où trois seconds membres


commencent par « car » :
CAR en tes commandements J'AI FOI 66
CAR en ta parole J'ESPÈRE 74
CAR ta loi (est) MES DÉLECTATIONS 77.

À quoi il faut en ajouter trois qui commencent par « moi » et un qui commence
par « et » :
MOI, de tout cœur JE GARDE tes préceptes 69
MOI, de ta loi JE ME DÉLECTE 70
MOI, JE MÉDITE SUR tes préceptes 78b
ET maintenant ton dire J'OBSERVE 67.
On remarquera que le verset 50 commence lui aussi par « car », mais le sujet
n'est plus le psalmiste mais le « dire » du Seigneur :
CAR ton dire ME FAIT VIVRE 50
« Les arrogants » reviennent dans chacun des deux derniers passages (69.
78) ; ils apparaissaient déjà dans le second passage (51), à quoi correspond dans
le premier passage « qui m'insulte » (42) et « méchants » dans le second (53).
« Ta/tes fidélité(s) » et « ma consolation » au début des deux premiers
passages (41.50) reviennent, en contiguïté, au centre du dernier passage (76).
« Je vivrai » de 77 rappelle « me fait-vivre » de 50.
Les passages extrêmes sont les seuls qui contiennent des trimembres, deux
dans chaque passage (43.48 ; 76.78).
188 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les rapports entre le passage central et les quatre autres

Waw
41 Et que m'adviennent THS FIDÉLITÉS, YHWH, ton salut selon ton dire !
42 Et je répondrai à qui m'insulte une parole, CAR J'AI CONFIANCE EN TA PAROLE.
43 Et n'éloigne pas de ma bouche la parole de loyauté totalement,
CAR EN TES JUGEMENTS J'ESPÈRE.
44 Et J'OBSERVERAI TA loi constamment à jamais et toujours.
45 Et je marcherai au large, CAR TES PRÉCEPTES JE RECHERCHE.
46 Et je parlerai de tes ordres en face des rois et point ne rougirai.
47 Et je me délecterai de tes commandements, lesquels j'aime.
48 Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements, lesquels j'aime
et je méditerai sur tes décrets.

Zayin
49 Souviens-toi de la parole à ton serviteur, par laquelle tu me fais espérer.
50 Cela (est) ma consolation dans ma misère CAR TON DIRE ME FAIT VIVRE.
51 Des arrogants me raillent complètement, de TA LOI je ne dévie pas.
52 Je me souviens de tes jugements de jamais, YHWH, et je me console.
53 L'indignation me saisit pour les méchants, les abandonnant TA LOI.
54 Des hymnes sont pour moi tes décrets, dans la maison de ma résidence.
55 Je me souviens LA KIUÎÎ de ton nom, YHWH, et J'OBSERVERAI TA LOI.
56 Cela est pour moi CAR TES PRÉCEPTES JE GARDE.

Het
57Ma part, YHWH, je le dis, D'OBSERVER TES PAROLES.
58 J'apaise ta face de tout cœur, fais-moi-grâce selon ton dire !
59 Je réfléchis sur mes chemins et je ferai-venir mes pieds vers tes ordres.
60
J e me hâte et point ne tarde D'OBSERVER TES COMMANDEMENTS.
61 Les liens des méchants m'enveloppent, TA Lût je n'oublie pas.
62 Au milieu-de LA S je me lèverai pour te célébrer, pour les jugements de TA JUSTICE.
63 Compagnon je suis de tous CEUX QUITE ORAIONENT et des OBSERVANT TES PRÉCEPTES.
64 TA FHÉIIÉ, YHWH, remplit la terre, tes décrets APPRENDS-MOI.

Tet
65 Du bon tu as fait avec ton serviteur, YHWH, selon ta parole.
66 La bonté du jugement et de la science APPRENDS-MOI, CAR EN TES COMMANDEMENTS J'AI FOI.
67 Avant d'être humilié, moi je m'égarais, et maintenant ton dire J'OBSERVE.
68 Tu es bon, toi, et bienfaisant, APPRENDS-MOI tes décrets.
69 Projettent sur moi le mensonge des arrogants, moi, de ioui cœur je garde tes préceptes.
70 Est épais comme la graisse leur cœur, moi, de TA LOI je me délecte.
71 Bon pour moi d'être humilié afin D'APPRENDRE tes décrets.
72 Bonne pour moi LA LOI de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent.

Yod
73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, fais-moi comprendre et Japprendra; tes commandements.
74 TES CRAISNAÏÎT me verront et se réjouiront, CAR EN TA PAROLE J'ESPÈRE.
75 J'ai connu, YHWH, que sont JUSTES tes jugements,
et qu'avec vérité tu m'as humilié.
76 Que soit TA iiPîxili ma consolation, selon ton dire à ton serviteur !
77 Que m'advienne ta miséricorde et je vivrai, CAR <'Â LDI EST MES DÉLECTATIONS.
78 Que rougissent les arrogants, car à tort ils me maltraitent !
moi, je médite sur tes préceptes.
79 Que retournent à moi TES CFJCTANT et les connaissant tes ordres !
80 Que soit parfait mon cœur sur tes décrets afin que je ne rougisse pas.
Le psaume 119 189

Les passages extrêmes ainsi que le passage central contiennent une seule
occurrence des huit synonymes, « parole(s) », « dire », « ordres », « comman-
dements », « loi », « jugements », « préceptes » et « décrets ». Dans le second et
l'avant-dernier passage le total de huit est préservé : dans le deuxième, en effet, la
triple occurrence de « loi » compense l'absence de « ordres » et de « commande-
ments » ; et dans l'avant-dernier l'absence de «ordres» et «jugements» est
compensée par la double occurrence de « décrets » et de « loi ». Le terme qui
revient le plus souvent est donc « loi » : une fois dans les passages extrêmes et le
passage central, trois fois dans le second passage et deux fois dans l'avant-dernier
(44 ; 51.53.55 ; 61 ; 70.72 ; 77), soit huit fois.

Dans le passage précédent apparaissaient déjà « les méchants » (53.55) et « la


nuit » (61.62).
Dans le passage suivant reviendra « de tout cœur » (58.69), à quoi font écho
les deux autres occurrences de « cœur » en 70 et 80. — A « ta justice » (62)
répondra « justes » dans le dernier passage (75). — De même à « ceux qui te
craignent » (63) répondront les deux occurrences de « tes craignant », toujours
dans le dernier passage. — « Apprendre » par lequel s'achève le passage central
(64) sera repris dans les deux passages suivants (66.68.71 ; 73 où il est couplé
avec « faire comprendre »).
Entre les cinq passages : « observer » qui revient trois fois dans le passage
central (57.60.63) apparaissait dans chacun des passages précédents (avec
comme complément d'objet direct « ta loi » : 44.55) ainsi que dans le passage
suivant (67). — « Tes fidélités » au début du premier passage (41) se retrouve,
au singulier, à la fin du passage central (64) et sera repris aussi dans le dernier
passage (76). — Le nom de « Yhwh» revient dans les cinq passages (41 ;
52.55 ; 57 ; 65 ; 75), dont trois fois au début du passage (41. 57.65). — Si
« méchants » de 61 n'est utilisé qu'une seule fois dans le passage précédent (53),
ses synonymes ne manquent pas : « qui m'insulte » (42), « arrogants » (51.69.
78), qui « maltraitent » (78). — Enfin, même si le mot « chemins » n'apparait
qu'une seule fois (69), il est suivi de « pieds », puis de « j e me hâte et ne tarde »
(60) dans le passage central, de « j e marcherai » (45) et « j e m'égarais » (67) qui
appartiennent au même champ sémantique.

La caractéristique la plus notable de cette sous-séquence est la liste déjà


relevée dans les deux premiers et les deux derniers passages des membres finaux
qui commencent par « c a r » (et par « m o i » ou « e t » ) dont le sujet est le
psalmiste et l'objet la loi du Seigneur. Dans le passage central en revanche il ne
se trouve aucun second membre qui commence par « car ». Toutefois il est
possible de noter la reprise de « observer » suivi d'un synonyme de « la loi »
(57.60.63) ; les deux premières fois le sujet du verbe est le psalmiste, la
troisième fois, ce sont « ceux qui craignent » le Seigneur.
190 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les demandes

Waw
41 ET QUE M'ADVIENNENT t e s fidélités, Y H W H , t o n salut SELON TON DIRE!
42 Et je répondrai à ÇUIM'IÏJSULTEune parole, car j'ai confiance en ta parole.
43 ET N'ÉLOIGNE PAS de ma bouche LA WM£ DE « totalement,
car en tes jugements j'espère.
44 Et j'observerai ta loi constamment à jamais et toujours.
45 Et je marcherai au large, car tes préceptes je recherche.
46 Et je parlerai de tes ordres en face des rois et point ne rougirai.
47 Et je me délecterai de tes commandements, lesquels j'aime.
48 Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements, lesquels j'aime
et je méditerai sur tes décrets.

Zayin
49 SOUVIENS-TOI d e IABAROE à t o n serviteur, par laquelle tu me fais espérer.
50 Cela (est) ma consolation dans MA MISÈRE, car ton dire me fait vivre.
51 DSSARROCIAMM raillent complètement, de ta loi je ne dévie pas.
52 Je me souviens de tes jugements de jamais, YHVVH, et je me console.
53 L'indignation me saisit pour LSSXÉCBMTS, les abandonnant ta loi.
54 Des hymnes sont pour moi tes décrets, dans la maison de ma résidence.
55 Je me souviens la nuit de ton nom, YHWH, et j'observerai ta loi.
56 Cela est pour moi, car tes préceptes je garde.

Het
57 M a part, Y H W H , j e le dis, d'observer tes paroles.
58 J'apaise ta face de tout cœur, FAIS-MGI-GRÂCE SELON TON DIRE !
59 Je réfléchis sur mes chemins et je ferai-venir mes pieds vers tes ordres.
60 Je me hâte et point ne tarde d'observer tes commandements.
61 Les liens des MSOEAMTS m'enveloppent, ta loi je n'oublie pas.
62 Au milieu-de la nuit je me lèverai pour te célébrer, pour les jugements de ta justice.
63 Compagnon je suis de tous ceux qui te craignent et des observant tes préceptes.
64 Ta fidélité, YHWH, remplit la terre, tes décrets APPRENDS-M.

Tet
65 Du bon tu as fait avec ton serviteur, YHVVH, selon ta parole.
66 La bonté du jugement et de la science AWRETËJS-MCN, car en TES(MWMMS j'ai foi.
67 Avant d'être HUMILIÉ, moi je m'égarais, et maintenant ton dire j'observe.
68 Tu es bon, toi, et bienfaisant, ÂPPP£HD$~MI 7 B DÉCRETS.
69 Projettent sur moi le mensonge des ARROSANTS, moi, de tout cœur je garde tes préceptes.
70 Est épais comme la graisse leur cœur, moi, de ta loi je me délecte.
71 Bon pour moi d'être HUMILIÉ afin d'apprendre tes décrets.
72 Bonne pour moi la loi de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent.

Yod
73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, M & m c a * m 0 R E & j'apprendrai ÏB ccnmBms.
74 Tes craignant me verront et se réjouiront, car en ta parole j'espère.
75 J'ai c o n n u , YHVVH, que sont justes tes jugements,
et qu'avec vérité tu m'as humilié.
76 QUE SOIT ta fidélité ma consolation, SELON TON DIRE à t o n serviteur !
77 QUE M'ADVIENNE ta miséricorde et je vivrai, car ta loi est mes délectations.
78 QUE ROUGISSENT les ARROGANTS, car à tort ILS ME MALTRAITENT !
moi, je médite sur tes préceptes.
79 QUE RETOURNENT à m o i tes c r a i g n a n t et les connaissant tes ordres !
80 QUE SOIT PARFAIT m o n c œ u r s u r T B DÉCRETS afin que je ne rougisse pas.
Le psaume 119 191

Les demandes ne sont que deux dans le premier, le troisième et le quatrième


passage (41.43 ; 58.64 ; 66.68), une seule dans le deuxième (49) ; elles se font
nettement plus nombreuses dans le dernier passage : une fois dans le premier
segment, mais cinq fois dans les cinq derniers segments (73.76.77. 78.79.80).
Les demandes sont toujours adressées à Dieu, dont le nom de « Yhwh »
revient sept fois, une ou deux fois dans chaque passage (41 ; 52.55 ; 57.64) ; 65 ;
75).
Le psalmiste prie son Seigneur pour qu'il lui « apprenne » à « comprendre »
ses décrets (64.66.68.73), pour qu'il le garde fidèle à sa loi (43.80), « selon son
dire » (41.49.58.76) ; il invoque aussi son secours contre ceux qui 1'« insultent »
(42) et le « maltraitent » (78), les « arrogants » (51.69), les « méchants » (53.61),
qui 1'« humilient » (67.71).

INTERPRÉTATION DE LA SOUS-SÉQUENCE

« Que m 'advienne... ton salut ! »

Le premier verset donne le ton : si le psalmiste invoque « l'amour » du


Seigneur pour obtenir « le salut », c'est qu'il est en danger. Il est même en
danger de mort, puisque c'est « le dire » de son sauveur (41) qui le « fait vivre »
(50). En effet, il se trouve en butte à ceux qui « l'insultent » (42), qui le « raillent
complètement » (51) et le plongent dans « la misère » (50), qui l'accablent par
leur « mensonge » (69-70), qui le « maltraitent à tort » (78). Au centre, il en
vient à dire: « l e s liens des méchants m'enveloppent» (61), comme s'ils
voulaient ligoter ses « pieds » pour qu'il ne puisse pas « marcher au large » (45)
et « se hâter » dans les chemins du Seigneur (60).

L 'humiliation

Dans le deuxième versant de la sous-séquence, le psalmiste reconnaît qu'il fut


un temps où il s'était « égaré » (67) et que le Seigneur dans sa « bonté » a eu
raison de 1'« humilier» (67.71.75). On peut comprendre que c'est par les
« arrogants » qui l'ont « insulté » et « maltraité à tort » que le Seigneur l'a corri-
gé. Voyant comment « les méchants » abandonnaient la loi, « l'indignation » le
saisit et le fait « réfléchir » sur ses « chemins » (59). Ainsi les « arrogants »
« rougiront » (78) et les « craignant » Dieu « reviendront » vers lui. En toute
humilité, il peut en venir enfin à demander au Seigneur « que soit parfait » son
« cœur », de sorte qu'il n'ait plus à « rougir » (80) comme « les arrogants » (78).
192 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

C. TON AMOUR M E SAUVE DE LA MORT


( K A P H - LAMED : 81-96)

k Pour un peu ils m'achèvent dans la terre 81-88

1 À tout achèvement j'ai vu une fin 89-96

1. POUR UN PEU ILS M'ACHÈVENT DANS LA TERRE (KAPH : 81 -88)

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (81-83)

- 8 1 S'ACHÈVE pour ton salut mon âme,


:: en ta parole j'espère.
- 82 S'ACHÈVENT mes yeux pour ton dire,
- en disant : « Quand me consoleras-tu ? »
- 8 3 Bien que je sois comme une outre dans la fumée,
:: te décrète j e n'oublie pas.

La construction des segments extrêmes est semblable : les premiers membres


disent le malheur dans lequel se trouve l'orant, tandis que les seconds membres
affirment son attachement à la « parole » et aux « décrets » du Seigneur. Au
centre, comme souvent, une question (82b). Les deux premiers segments
commencent avec le même verbe 21 , dont le sujet est « m o n â m e » dans le
premier, « mes yeux » dans le second.

La deuxième partie (84-86)

84 |:>;> sont les jours de ton serviteur ?


OUNN D feras-tu d eMES PERSÉCUTEURSjugement ?
- 8 5 Me creusent DES ARROGANTS des fosses
+ lesquels (ne sont) pas selon ta loi.
+ 8 6 Tous tes commandements vérité,
- en mensonge IlSME PmumïM : secours-moi.

21
Traduit par « s'achever » à cause de la reprise du même verbe au verset 87 ; le psautier
liturgique le rend par « être usé », Osty par « être consumé ».
Le psaume 119 193

Les deux questions du premier segment sont corrélées : on comprend que, les
jours du suppliant étant limités, il a hâte d'être libéré. Les deux derniers seg-
ments disent ce que font les « persécuteurs » « arrogants » : ils veulent le pren-
dre au piège, en usant du « mensonge », alors que les commandements, c'est-à-
dire la « loi » à laquelle ils ne se conforment pas, sont au contraire « vérité » 22 .
La partie s'achève par un appel au secours qui fait écho à la deuxième question
du premier segment.

La troisième partie (87-88)

- 8 7 Presque ILS M'ACHÈVENT dans la terre,


:: mais moi je n ' abandonne pas t e s préceptes.
+ 8 8 Selon ta fidélité FAIS-MOI VIVRE,
: : et j'observerai Tordre de ta bouche.

Les deux segments sont parallèles. À la mort que les adversaires entendaient
infliger au psalmiste (87a), s'oppose la vie qu'il demande au Seigneur (88a). Les
seconds membres répètent sa fidélité à la loi de Dieu.

L 'ensemble du passage Kaph (81-88)

- 8 1 S'ACHÈVE pour TON SALUT mon âme,


:: en ta parole J'ESPÈRE.

- 8 2 S'ACHÈVENT mes yeux pour ton dire,


- en disant : « Quand me consoleras-tu ? »
83
- Bien que je sois comme une outre dans la fumée,
:: tes décrets JE N'OUBLIE PAS.

.. 84 Combien sont les jours de ton serviteur ?


.. Quand feras-tu de MES PERSÉCUTEURS jugement ?
- 8 5 Me creusent DES ARROGANTS DES PASSES
- lesquels (ne sont) pas selon t a loi.
+ 8 6 Tous tes c o m m a n d e m e n t s sincérité,
- en mensonge ILS M PERSÉCUTENT : SECOURS-MOI !

- 8 7 Presque ILS M'ACHÈVENT dons \a t e r r e ,


:: mais moi JE N'ABANDONNE RAS t e s préceptes.
+ 88 Selon ta fidélité FAIS-MOI VIVRE,
:: et j'observerai Tordre de ta bouche.

22
'ëmûnâ souvent traduit par « fidélité », indique ce qui est solide, ce sur quoi on peut
s'appuyer.
194 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

- 8 1 S'ACHÈVE pour TON SALUT mon âme,


:: en ta parole J'ESPÈRE.

- 8 2 S'ACHÈVENT mes yeux pour ton dire,


- en disant : « Quand me consoleras-tu ? »
- 8 3 Bien que je sois comme une outre dans la fumée,
:: tes décrets JE N'OUBLIE RAS.

.. 84 Combien sont les jours de ton serviteur ?


.. Quand feras-tu de MES PERSÉCUTEURS jugement ?
85
- Me creusent DES ARROGANTS DES FOSSES
- lesquels (ne sont) pas selon ta loi.
+ 8 6 Tous tes commandements sincérité,
- en mensonge ILS ME PERSÉCUTENT : SECOURS-MOI !

- 8 7 Presque ILS M'ACHÈVENT dans la t e r r e ,


:: mais moi JE N'ABANDONNE RAS tes préceptes.
+ 88 Selon ta fidélité FAIS-MOI VIV RE,
:: et j'observerai l'ordre de ta bouche.

Dans les parties extrêmes le psalmiste expose son état d'« achèvement ». Il
joue sur les mots : au début c'est lui-même qui est à bout, « fini », tandis qu'à la
fin ce sont ses persécuteurs qui ne sont pas loin de l'achever, de l'enterrer. Dans
la partie centrale, il appelle au secours contre ses ennemis (c'est le seul endroit
où les ennemis sont mentionnés, et de manière insistante, dans chaque segment).
Le même verbe traduit par « s'achever » et « achever » est repris au début des
parties extrêmes, faisant inclusion pour le passage entier ; « fais-moi vivre » à la
fin (88a) rappelle « ton salut » du début (81a) et « secours-moi » à la fin de la
partie centrale. On remarquera les protestations de fidélité dans les seconds
membres de la dernière partie (87a. 88b) de même que dans les seconds
membres des segments extrêmes de la première partie (81b.83b), lesquelles
s'opposent à l'infidélité des « arrogants » au centre de la partie centrale (85b).
Enfin, « dans la terre » (87a) rappelle « les fosses » de 85a.

INTERPRÉTA TION DU PASSA GE

Au bord de la fosse

En butte aux « arrogants » qui le persécutent à mort, le psalmiste n'en peut


plus, il est à bout, usé jusqu'à la corde, consumé, suffoqué par la « fumée ».
Certes, qui entend demeurer fidèle à Dieu et à ses préceptes est inévitablement
soumis à critique et contradiction de la part de ceux qui se moquent de la loi
divine. Mais ces derniers ne sont pas seulement des opposants ou même des
Le psaume 119 195

ennemis pour le suppliant, ce sont des « persécuteurs » et qui en veulent à sa vie.


Il se voit au bord de la « fosse », prêt à être jeté en « terre ».

Quand ?

Or le Seigneur est silencieux et parait même absent. Il a laissé son fidèle se


consumer, sans intervenir, sans le secourir. Le temps semble désespérément long
pour celui qui se trouve dans l'épreuve et, dans sa nuit, ne voit pas le bout du
tunnel. Il a le sentiment qu'il n'en sortira jamais jusqu'à la fin de ses jours. Le
Seigneur n'interviendra-t-il donc jamais et l'abandonnera-t-il jusqu'à la fin ?
Pourtant il ne perd pas espoir : « en ta parole j'espère ». Il ne met pas en doute
« l e salut» (81a) qui ne manquera pas d'arriver, il sait que son appel au
« secours » (86b) ne restera pas sans réponse pour toujours, il est sûr qu'il sera
arraché à la fosse et que son Dieu le « fera vivre » (88). Mais « quand ? »
« Quand me consoleras-tu ? » « Quand condamneras-tu mes persécuteurs ? »

Je n 'abandonne pas ta loi

Le Seigneur semble avoir oublié celui qui se trouve dans l'épreuve et en


danger de mort, comme s'il l'avait abandonné. Malgré cela, le persécuté à cause
de la loi « n'oublie pas les décrets » de Dieu (83b), « il n'abandonne pas ses
préceptes » (87b). C'est que, contrairement au « mensonge » de ses persécuteurs,
les paroles du Seigneur sont sincères et véridiques. Il croit, de foi certaine, qu'il
peut s'appuyer sur elles qui sont source de vie.

2 . À T O U T A C H È V E M E N T J ' A I V U U N E FIN (LAMED : 8 9 - 9 6 )

COMPOSITION DU PASSAGE

La première partie (89-91)

+89 À jamais, Yhwh,


+ t a parole se dresse dans L E S GBUX ;
90
+ D'âge en âge, t a fidélité ;
+ tu as établi LA TERRE, ELLE SUBSISTE ;
91
S u r tes jugements ILS SUBSISTENT à ce jour,
+ car tous (sont) TES SERVITEURS

Commençant avec des compléments de temps synonymes, les deux premiers


segments sont complémentaires : comme la parole de Dieu dans « les cieux »,
ainsi « la terre » subsiste à jamais. Le dernier segment répète le verbe « sub-
196 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

sister », en l'appliquant à « tous », c'est-à-dire aussi bien les cieux que la terre,
appelés les « serviteurs » du Seigneur 23 .

La deuxième partie (92-94)

:: 92 Si ta loi ne m'eût délecté,


- alors J'AURAIS ÉTÉ PERDU dans mon humiliation.
:: 93 À jamais je n'oublierai pas tes préceptes,
+ car par eux TU ME FAIS VIVRE.
+ 94 À toi moi, SAUVE-MOI,
:: car tes préceptes je recherche.

Le premier membre des deux premiers segments de même que le second


membre du troisième segment sont semblables : le psalmiste y répète son amour
de la « loi » et des « préceptes » du Seigneur. Les autres membres eux aussi se
ressemblent. L'appel au secours de la fin (94a) est précédé de deux constatations
opposées : la mort que le psalmiste aurait encouru (92b) sans l'aide de la loi
(92a.93a) qui le « fait-vivre » (93b).

La troisième partie (95-96)

95
- M'attendent des méchants POMME FERME,
:: à tes ordres je suis attentif.
+ 9 6 À tout ACHÈVEMENT j'ai vu une fin :
+ large (est) ton commandement beaucoup !

Les premiers membres s'opposent : l'acharnement des méchants pour


« perdre » le juste (95a), pour son « achèvement » 24 (c'est-à-dire pour l'achever :
96), aura « une fin ». Les seconds membres sont complémentaires : l'homme
respecte les « ordres » de Dieu (95b) dont « le commandement » est « large »
(96b), c'est-à-dire vaste, sans limites, sans fin. Les deux membres du dernier
segment s'opposent : l'achèvement a une fin, tandis que le commandement du
Seigneur n'en a pas.

23
Bien que le terme « fidélité » ne fasse pas partie des huit synonymes de « loi », il peut être
considéré ici comme un de ses équivalents, parce qu'il est précédé de « d'âge en âge » comme « ta
parole » est précédée de « à jamais ».
24
Ce substantif ne se retrouve pas ailleurs dans la Bible hébraïque ; pour le comprendre, il faut
le mettre en relation avec les trois occurrences du verbe de même racine dans le passage précédent,
en particulier avec la dernière : « Pour un peu ils m 'achevaient dans la terre » (87a). Ce que
corrobore le parallèle avec « perdre » du segment précédent (95a)
Le psaume 119 197

L 'ensemble du passage Lamed (89-96)

+ 8 9 À jamais, Yhwh,
+ ta parole se dresse dans les cieux ;
+ 9 0 D'âge en âge, ta fidélité ;
+ tu as établi la terre, elle subsiste ;
91
+ Sur tes jugements ils subsistent à ce jour,
+ car tous (sont) tes serviteurs.

:: 92 Si ta loi ne m 'eût délecté,


- alors MIRAIS M PESOU dans mon humiliation.
93
:: À jamais je n 'oublierai pas TES PRÉCEPTES,
+ car par eux TU ME FAIS VIVRE.
+ 94 À toi moi, SAUVE-MOI,
:: car TES PRÉCEPTES je recherche.

- 95
M'attendaient des méchants POUR ME PERMHE,
:: à tes ordres je suis attentif.
+ 96 À tout ACHÈVEMENT j'ai vu une fin :
+ large ton commandement beaucoup !

Le passage commence par une sorte de profession de foi dans la solidité de la


loi, qui « subsiste » dans toute la création (89-91). La partie centrale poursuit
dans la même veine clairement positive, mais cette fois-ci non plus de manière
générale comme dans la première partie, mais appliqué à la vie du psalmiste. En
effet, il aurait « été perdu » si le Seigneur ne l'avait « fait-vivre » (92-93) ; la
partie s'achève par une supplication pour l'avenir : « sauve-moi ». Dans la
dernière partie enfin, l'orant reconnaît que son épreuve, son « achèvement », a
trouvé une fin heureuse grâce à l'aide de Dieu, dont le « commandement » est
très large, vaste, immense, sans limites.

INTERPRÊTA TION DU PASSA GE

La solidité du Seigneur

Le regard du psalmiste contemple l'ensemble du créé sur la totalité du temps.


Comme la terre, la « parole » de Dieu, ses «jugements » subsistent de toujours à
toujours. Toutes les créatures obéissent aux ordres du Seigneur, à sa parole.
C'est ainsi que se manifeste sa « fidélité », sa « solidité ».
198 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Le salut de Dieu

Ce n'est pas seulement la création qui, grâce à la parole de Dieu, peut


subsister, c'est aussi chaque homme qui se fie à cette même parole. Le psalmiste
reconnaît qu'il aurait été perdu s'il n'avait mis sa confiance et son amour dans
« la loi » du Seigneur. Aussi il lui demeurera fidèle à jamais, car c'est là que se
trouve pour lui la source de la vie. Conscient sans doute de sa fragilité, il conti-
nuer à implorer que le salut ne viennent jamais à lui manquer. Il a pu subsister
grâce à « la loi », ce sont ses « préceptes » qui le maintiennent en vie, ce sont
eux qui lui assureront le salut pour toujours.

La fin de Vhumiliation

Comme la parole de celui qui l'a créé, le monde tient pour toujours. Il n'en va
pas de même pour « les méchants ». Ils voulaient « perdre » celui qui est fidèle
aux préceptes et aux ordres du Seigneur, ils entendaient en finir avec lui,
« l'achever » une bonne fois pour toutes. Mais leur fin coïncidera avec celle des
tourments infligés au psalmiste, lequel peut alors célébrer l'immense « largesse »
du commandement de Dieu, la puissance infinie de sa parole salvatrice, comme est
infiniment fidèle son pouvoir créateur.

3. TON AMOUR ME SAUVE DE LA MORT (KAPH - LAMED)

COMPOSITION DE LA SOUS-SÉQUENCE

Les deux passages se correspondent selon un certain parallélisme. Dans les


premières parties, « ta parole » revient en position identique au début du second
membre du premier segment. La double occurrence de « subsister» (90b.91a)
s'oppose à la double occurrence de «s'achever» (81a.82a). Au « q u a n d » de
82b (repris dans la partie suivante en 84b) répondent « à jamais » et « d'âge en
âge » de 89a et 90a (« à jamais » sera repris dans la partie suivante en 93a).
Dans les secondes parties, deux termes sont répétés : « persécuteurs/ persé-
cuter » dans l'un (84b.86b), « tes préceptes » dans l'autre (93a.94b). La menace
de mort s'exprime par « fosses » (85a) et par « être perdu » (92a). Les impératifs
synonymes « secours-moi » et « sauve-moi » (86b.94a) remplissent la fonction
de termes finaux.
Dans les troisièmes parties, « dans la terre » et « pour me perdre » se trouvent
en même position, à la fin des premiers membres (87a.95a), faisant écho à « des
fosses» et «j'aurais été perdu» des parties précédentes (85a.92a). «Achève-
ment » de 96a correspond à « ils m'achevaient » de 87. On peut dire que ces
deux termes jouent le rôle de termes finaux pour les deux passages et que
« achèvement » du dernier segment fait inclusion avec le premier mot de la
séquence, « s'achève » (81a).
Le psaume 119 199

+ 81 S'ACHÈVE pour ton salut mon âme,


- en TA PAROLE j'espère.
+ 82 S'ACHÈVENT mes yeux pour TON DIRE,
en disant : « QUAND me consoleras-tu ? »
83
- Bien que je sois comme une outre dans la fumée,
TES DÉCRETS je n 'oublie pas.
.. 84 Combien sont les jours de ton serviteur ?
.. QUAND feras-tu DE MES PERSÉCUTEURS jugement ?
85
- Me creusent des arrogants DES FOSSES
- lesquels pas comme TA LOI.
..86 Tous TES COMMANDEMENTS sincérité,
- en mensonge ILS ME PERSÉCUTENT : SECOURS-MOI.
87
- Pour un peu ILS M'ACHÈVENT DANS LA ÎEfiRE,
mais moi je n 'abandonne pas TES PRÉCEPTES.
88
+ Selon ta fidélité FAIS-MOI VIVRE,
- et j'observerai L'ORDRE de ta bouche.

+ 89 ^, J A N A I B , Yhwh,
+ TA PAROLE se dresse dans les cieux ;
+ 90 P'ÂOE EN Â 3 E , TE sincérité ;
+ tu as établi la terre, ELLE SUBSISTE ;
+ 91
Sur TES JUGEMENTS ILS SUBSISTENT à ce jour,
+ car tous (sont) tes serviteurs.
::92 Si TA LOI ne m'eût délecté,
- alors J'AURAIS ÉTÉ Flllll! dans mon humiliation.
•• 93 A je n'oublierai pas TES PRÉCEPTES,
+ car par eux TU MI FAIS VIVRE.

+ 94 À toi moi, SAUVE-MOI,


:: car HSFRtiCXPTB je recherche.
95
- M'attendaient des méchants POUR M FEMME,
à TES CEDEES je suis attentif.
96
+ À tout ACHÈVEMENT j'ai vu une fin :
+ immense TON COMMANDEMENT beaucoup !

Le premier mot, utilisé quatre fois dans la séquence — et une seule fois ail-
leurs dans le psaume (123) — est de la racine klh. Les deux premières consonnes
(la troisième est « faible ») sont celles par lesquelles commence chacun des
segments du premier et du deuxième passage, kaph et lamed.
200 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

On pourra aussi noter que « tous » (kol) revient trois fois (86a.91b.96a). Ses
deux consonnes, kl, sont les mêmes que celles du verbe klh. Ces deux mots ne
sont pas sans rapport du point de vue sémantique.
Le nom de « Yhwh » n'apparait qu'une seule fois, au début du second passage
(89a).

INTERPRÉTATION DE LA SOUS-SÉQUENCE

Quand ? Toujours !

Le psalmiste avait pensé être « achevé » (81-83), il reconnaît maintenant que


grâce à la parole de Dieu tout « s u b s i s t e » (89-91). Par deux fois il avait
demandé au Seigneur « quand » il serait finalement libéré de ses ennemis (82.
84) ; ayant vu la fin de ses persécutions, par deux fois il confesse que la parole
de Dieu et sa fidélité subsistent « à jamais », « d'âge en âge » (89-90). Ainsi la
première partie du deuxième passage répond à la première partie du premier
passage.

L 'achèvement est achevé

Le psalmiste s'était trouvé affronté à la mort. Non pas la mort naturelle qui
met un terme à toute vie, mais une mort violente qui aurait abrégé ses jours. Il
était « persécuté » ; des gens infidèles à la loi de Dieu avaient décidé de le
« perdre », ils avaient creusé « des fosses » pour le mettre « en terre ». Ils
voulaient en finir avec lui, « l'achever » ; et, effectivement, il était psycholo-
giquement fini, il était à bout, son âme était « achevée ». Mais les persécuteurs
n'ont pas eu le dernier mot, bien au contraire. Le mal qu'ils avaient voulu faire
au fidèle de la Loi s'est retourné contre eux. En définitive, c'est leur projet
d'achèvement qui aura trouvé sa fin, qui n'aura pas pu se réaliser (96).

La Loi source de la vie

Si les « arrogants » ne se comportent pas « selon la Loi » de Dieu, le psalmiste


au contraire ne cesse de rappeler sur tous les tons son attachement à la Loi, parce
qu'elle fait ses délices (92a), qu'elle est pour lui la « parole » de Dieu (81b.89b),
parce que « tous ses commandements sont fidélité, solidité » (86a), parce que
son « commandement » est très « large », sans limite, tandis qu'il peut mettre fin
aux menées des méchants. En somme, parce que c'est par son amour, par sa
« fidélité » (88a) manifestée dans « les préceptes » de la Loi que Dieu le fait
vivre (93).
Le psaume 119 201

D. LOIN DE QUI S'ÉGARE DE TES VOIES,


APPRENDS-MOI TES DÉCRETS
( M E M - P É ; 97-136)

Les deux premiers passages et les deux derniers se correspondent de manière


parallèle : Mem avec Ayin et Noun avec Pé.

m « De toute voie mauvaise je retien s nies pieds » 97-104

n i Lampe pour mes pieds ta parois » 105 -112

s « SOUTIENS-MOI SELON TON DIRE ET J E VIVRAI » 113-120

4 « Toute voie de mensonqe je hais » 121-128


202 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

1. « D E TOUTE VOIE MAUVAISE JE RETIENS MES PIEDS » (MEM ; 97-104)

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (97-100)

: : 97 Combien j aime ta loi i


:: tout le jour ELLE (est) MA MÉDITATION.

+ 98
PLUS QUE MES ENNEMIS m'assagissent tes commandements
- car à jamais ILS (sont) à moi.
+99 PLUS QUE TOUS MES MAÎTRES je suis avisé,
- car tes ordres MÉDITATION a moi.
+ 100
PLUS QUE LES VIEILLARDS je comprends,
- car tes préceptes je garde.

Très bref, le premier morceau sert d'introduction au second. À son premier


mot, « combien », répondent les trois « Plus que » par lesquels commencent
chacun des trois segments du second morceau. Le deuxième membre du premier
morceau donne la raison du premier ; de même les deuxièmes membres des trois
segments suivants, qui commencent par « car ».
Les deux morceaux sont reliés par les deux occurrences de « méditation »
(97b.99b), mais aussi par le même pronom féminin singulier, /zz, traduit par
« elle (est) » puis par « ils (sont) » (97b.98b). En outre, « à jamais » fait écho à
« tout le jour » en même position (97b.98b).

La deuxième partie (101-104)

- 101 De TOUTE VOIE mauvaise JE RETIENS MES PIEDS,


.. afin d'observer ta parole.
- 102 De tes jugements JE NE M'ÉCARTE PAS,
.. car c'est toi qui m'instruis.
:: 103 Combien est-doux à mon palais ton dire,
:: plus que le miel à ma bouche !
104
De-par tes préceptes je comprends
- c est pourquoi je hais TOUTE VOIE de mensonge.

Dans le premier morceau le psalmiste s'abstient du mal, dans le second il


adhère positivement à la loi. Toutefois, le dernier membre exprime de nouveau
le refus du mal. Les deux occurrences de « toute voie » font inclusion. « Qui
m'instruit» (102b) et « j e comprends» (104a) appartiennent au même champ
Le psaume 119 203

sémantique. Les quatre synonymes de la loi se trouvent en positions


symétriques.

L 'ensemble du passage Mem (97-104)

•97 COMBIEN J'AIME ta loi !


:: tout le jour elle est MA RUMINATION.

98
+ fm m mes ennemis m'assagissent tes commandements
- car à jamais ils sont à moi.
99
+ fmm tous mes maîtres je suis avisé,
- c a r tas ordres RUMINATION à moi.
100
+ fmm les vieillards JE COMPRENDS,
c a r x && FJKJ!C&FTE£Î je garde.

.. 101 De toute voie mauvaise je retiens mes pieds,


= afin d'observer ta parole.
102
.. D e tes jugements je ne m'écarte pas,
= car c'est toi qui m'as instruit.

•103 COMBIEN est doux à m o n RÂLAIS ton dire,


:: PI I s FIL le miel à m a BOUCHE !

+ 104 De-par TES PRÉCEPTES JE COMPRENDS


- c'est pourquoi JE HAIS toute voie de mensonge.

Les deux occurrences de « combien » jouent le rôle de termes initiaux pour les
morceaux extrêmes (97a. 103a) ; les deux occurrences de « tes préceptes » et de
« j e comprends » servent de termes finaux pour les deux parties (100. 104). On
notera que « plus que » (min) qui revient trois fois dans la première partie, au
début des trois segments du second morceau, est repris une fois dans la
deuxième partie (103b)25. «J'aime» et « j e hais», en même position dans les
membres extrêmes, font inclusion. Le mot sîhâ, habituellement traduit par
« méditation » (97b.99b) signifie à la fois méditation dans le cœur, mastication
dans la bouche et aussi parole adressée aux autres ; il est donc en relation avec
«palais» et «bouche» (103) et c'est pourquoi il a été rendu ici par
« rumination ».

25
« Plus que » (98a.99a. 100a. 103b), « de » (101a. 102a) et « de-par » (104a) traduisent la même
préposition min.
204 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

INTERPRÊTA TION DU PASSA GE

C'est toi qui m'as instruit


Puisque c'est Dieu lui-même qui instruit le psalmiste (102b), il n'est pas
étonnant qu'il comprenne plus que les vieillards qui ont accumulé la sagesse au
long des années (100a), plus que tous les maîtres qu'il a pu avoir (99a), plus
aussi que ce que ses ennemis ont pu lui apprendre quand il lui a fallu s'ingénier
pour éviter leurs traquenards (98a). C'est dans les préceptes de la loi de son Dieu
qu'il a trouvé l'instruction, parce qu'il s'y est attaché «tout le jour» et « à
jamais », en la méditant dans son cœur, en en savourant la douceur dans sa
bouche.

La voie mauvaise du mensonge


À l'exaltation que l'amour de la loi lui procure (97-100), le psalmiste revient
pour ainsi dire sur terre, où la voie du bien et de la vérité n'est jamais très loin de
celle du mal et du mensonge (101a. 104b). Sans l'instruction donnée par le
Seigneur dans sa loi, il est facile de s'en écarter pour fouler la voie mauvaise du
mensonge, celle qu'ont choisie ses « ennemis » (98a).

2. « LAMPE POUR MES PIEDS TA PAROLE » (NOUN ; 105-112)

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (105-108)

+ 105 Lampe pour mes pieds, ta parole,


+ et lumière pour mon sentier.
:: 106 Je jure et je tiendrai,
:: d'observer les jugements de ta justice.

La relation entre les deux segments semble être de conséquence : puisque ta


parole m'éclaire, je jure de la garder.
Le psaume 119 205

La deuxième partie (107-110)

107
- J'AI ÉTÉ HUMILIÉ complètement, Yhwh,
: : fais-moi-vivre selon ta parois.
:: 108 Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh,
: : et tes jugements apprends-moi.

109
- MON SOUFFLE DANS MES PAUMES constamment,
: : et t a loi je m 'oublie pas.
110
- Ont donné DES MÉCHANTS un piège à moi,
:: et (loin) de tes préceptes je n 'erre pas.

Cette partie est marquée par la présence des ennemis du psalmiste, « les
méchants » qui lui ont tendu un piège » (110a), qui l'ont « humilié » (107a) ; les
premiers membres des deux morceaux semblent indiquer tous deux le danger
mortel auquel est exposé l'orant26.
Dans le premier morceau, qui comprend trois impératifs, le psalmiste prie le
Seigneur ; dans le second, toujours adressé au Seigneur, il affirme rester fidèle à
sa loi et à ses préceptes, malgré les attaques de ses ennemis (109b. 110b)27.

La troisième partie (111-112)

+ 111 Mon héritage, tes ordres A JAMAIS,


.. car la joie d e MON CŒUR eux.
.. 112 J'incline MON CŒUR à faire tes décrets,
+ A JAMAIS, jusqu'au bout.

Les quatre membres se correspondent de manière spéculaire avec les deux


occurrences de « à jamais » et de « mon cœur ». Le premier segment est une
sorte de constatation, le second une promesse (112a), totale et définitive (112b).

26
« Mettre son souffle (son âme) dans ses paumes » signifie « risquer sa vie » (Jg 12,3 ; 1S
19,5).
27
Les deux verbes négatifs de 119b et 110b sont à l'accompli ; ils peuvent être traduits soit par
des présents, comme ici, si on comprend qu'il s'agit d'un engagement, soit comme des passés, si
on comprend que c'est l'affirmation d'un fait avéré.
206 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L 'ensemble du passage Noun (105-112)

+ 105 Lampe pour mes pieds, TA PAROLE,


+ et lumière pour mon sentier.
= 106 J e jure et je tiendrai,
= d'observer LES JUGEMENTS de ta justice.

- 1 0 7 J'ai été humilié complètement, Yhwh,


.. fais-moi-vivre selon TA PAROLE.
108
.. Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh,
.. et TES JUGEMENTS apprends-moi.

- 109 Mon souffle dans mes paumes constamment,


:: mais ta loi je n'ai pas oublié.
- 1 1 0 Ont donné des méchants un piège à moi,
:: mais de tes préceptes je n'ai pas erré.

+ 1 1 1 Mon héritage, tes ordres à jamais,


+ car la joie de mon cœur eux.
= 112 J'incline mon cœur à faire tes décrets,
= à jamais, jusqu'au bout.

Les parties extrêmes se correspondent : elles comprennent d'abord une


constatation complémentaire, « lampe pour mes pieds », «joie de mon cœur»
(105.111a). Dans les seconds segments, le psalmiste s'engage à observer la loi,
avec deux verbes aux mêmes modalités, en même position initiale. Il est possible
de mettre en relation « j e tiendrai » (106a) et « à jamais » (11 la. 112b), car ces
termes expriment la même persévérance.
La longue partie centrale est la seule où les ennemis soient présents, la seule
aussi qui comprend une prière (107-108).
Dans la première partie et le premier morceau de la partie centrale, sont
répétés « ta parole » (105a. 107b) et «jugements » (106b. 108b). « Les offrandes
de ma bouche » (108a) semblent rappeler « j e jure » (106a).
Dans le second morceau de la partie centrale et dans la dernière partie,
« constamment » (109a) est un synonyme de « à jamais » (11 la. 112b) ; « com-
plètement » (107) exprime aussi la totalité.
On remarquera le grand nombre des parties du corps : « mes pieds » (105a),
« ma bouche » (108a), « mon âme » (ou « ma gorge » : 109a), « mes paumes »
(109a), « mon cœur » (11 lb.112a).
Le psaume 119 207

INTERPRÉTA TION DU PASSA GE

La ténacité
Le juste tient son souffle dans ses mains « constamment » (109) ; c'est que les
« méchants » s'acharnent sur lui, en l'humiliant « complètement » (107). Mais à
la ténacité de ceux qui lui tendent « un piège » (110), répond celle du fidèle. Il a
juré d'observer les jugements de la justice de son Seigneur et promet de tenir son
serment (106), il a tenu bon dans l'épreuve, n'oubliant pas la loi (109), ne
s'égarant pas loin de ses préceptes (110), il accomplira ses décrets « à jamais,
jusqu'au bout » (111-112).

Tout entier
Le psalmiste se déclare tout entier, corps et âme, attaché à la loi de son
Seigneur. Comme une lampe, la parole de Dieu éclaire la route sous ses
« pieds » (105). Même si son « souffle est dans ses paumes constamment », s'il
risque sa vie en permanence (108), les offrandes de sa « bouche » sont toujours
présentées au Seigneur (108). Son « cœur » enfin trouve sa joie dans les ordres
de Dieu (111), pour les « faire », comme de ses mains, «jusqu'au bout » (112).

Fils de Dieu
Les « ordres » du Seigneur sont la richesse que le psalmiste a reçue en
«héritage», qui fait toute sa joie (111). Quand, après l'humiliation qui l'a
terrassé «complètement» (107a), il demande à son Dieu de le «faire vivre»
(107b), on l'entend supplier son père de lui redonner la vie. Après quoi, il
implore ce même père de l'instruire (108b). Bien que fort discret, le thème de la
filiation divine n'en est pas moins présent et éclaire indirectement tout le
passage.
208 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

3. « SOUTIENS-MOI SELON TON DIRE ET JE VIVRAI » (SAMEK ; 113-120)

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (97-100)

- 1 1 3 LES TORTUEUX je hais


+ et ta loi j'aime.
114
+ Mon abri et mon bouclier toi,
+ en ta parole J'espère.
- 1 1 5 Écartez-vous de moi, MALFAISANTS,
o~t GQrôzBrQi les commandements de mon Dieu.

Dans les segments extrêmes les premiers membres traitent des adversaires,
« les partagés » et les « malfaisants » auxquels il s'adresse. Les verbes des
seconds segments sont à la première personne du singulier et ont comme
compléments objet les synonymes de « ta loi ». Le segment central est tout entier
consacré à Dieu ; toutefois, « asile » et « bouclier » représentent la protection
divine contre « tortueux » et « malfaisants ».

Deuxième partie (116-117)

+ 1 1 6 Soutiens-moi selon ton dire et je vivrai,


.. ne me fais pas rougir de mon attente.
+ 1 1 7 Aide-moi et je serai sauvé,
.. et je contemplerai tes décrets constamment.

Les deux segments sont parallèles : ils commencent avec des impératifs
synonymes dont le pronom suffixe est à la même première personne du singulier
et ils s'achèvent par des verbes synonymes à la première personne du singulier.
Les seconds membres sont complémentaires : l'un regarde le passé de
« l'attente », l'autre l'avenir.

Troisième partie (118-120)

- 1 1 8 Tu méprises tous les s ; égarant de tes décrets,


- car mensonge leurs pensées.
- 119 Scories t u tiens tous les méchants de la terre,
+ c'est pourquoi J'AIME tes ordres.
+120 FRISSONNE de ta frayeur ma chair,
+ et tes jugements JE CRAINS.
Le psaume 119 209

Tandis que dans le premier segment il est question de l'agir de Dieu envers les
impies, dans le dernier il s'agit de l'attitude du psalmiste envers son Seigneur.
Le segment central assure le passage du premier segment au dernier : en effet, le
premier membre rappelle le premier membre du premier segment et le second
annonce le dernier segment.

L 'ensemble du passage Samek (113-210)

- 1 1 3 Les tortueux je hais


+ et ta loi J'AIME.
1,4
+ Mon abri et mon bouclier toi,
+ en ta parole j'espère.

- 115 Écartez-vous de moi, malfaisants,


+ je garderai les commandements de mon Dieu.

+ 116 Soutiens-moi selon ton dire et je vivrai,


+ ne me fais pas rougir d e m o n attente.
+ 117 Sois mon appui et je serai sauvé,
+ et je contemplerai TES DÉCRETS constamment.

- Tu méprisés tous les s'égarant de TES DÉCRETS,


- car mensonge leurs pensées.
- 1 1 9 Scories tu tiens tous les méchants de la terre,
+ c'est pourquoi J'AIME tes ordres.

+ 1 2 0 Frissonne de ta frayeur ma chair,


+ et tes jugements je crains.

Les parties extrêmes sont toutes deux construites de manière concentrique.


Les adversaires y sont nommés deux fois : « partagés » et « malfaisants » en
113.115 ; « tous les s'égarant » et « tous les méchants » en 118.119. « J'aime »
revient deux fois, chaque fois dans les seconds membres (113b. 119b)
Les deux segments de la partie centrale sont les seuls qui soient une prière de
demande. Le dernier terme du premier segment, « mon attente » (116b), corres-
pond au dernier terme du segment central de la première partie, «j'espère»
(114b).
Les deux occurrences de « tes décrets »jouent le rôle de ternies médians entre
la partie centrale et la dernière partie (117b. 118a).
210 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

INTERPRÉTA TION DUPA SSA GE

Question de vie ou de mort


Les invocations centrales, où le psalmiste veut «vivre» (116a) et «être
sauvé » (117), laissent entendre que le risque qu'il court de la part des « mal-
faisants » est vraiment sérieux ; c'est pour lui une question de vie ou de mort.
S'il appelle le Seigneur son « abri » et son « bouclier », c'est que c'est la guerre
et qu'il est donc en butte à des gens qui ne veulent rien moins que sa mort.

De la peur des ennemis à la crainte de Dieu


Serré de près par ceux qui lui veulent du mal, le psalmiste invoque Dieu, son
« abri » et son « bouclier » (114) mais il s'adresse aussi aux « malfaisants », leur
criant de « s'écarter » de lui (115). Après sa prière, sûr que son « attente », son
espérance ne sera pas déçue, il peut constater avec soulagement combien son
sauveur « méprise » et « tient pour scories » les méchants (118-119). C'est alors
la « frayeur » et « crainte » qui s'emparent de lui (120). La crainte du Seigneur
n'a rien à voir avec la peur : c'est le saisissement qui prend celui qui, libéré tout
à coup de la terreur, tremble de tout son corps et de toute son âme d'avoir été
sauvé de la mort et qui se tourne avec reconnaissance vers son sauveur. « La
certitude tremblante de l'amour, cela exactement que la Bible appelle "crainte de
Dieu" »28.

4. « TOUTE VOIE DE MENSONGE JE HAIS » (AYIN ; 121-128)

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (121-123)

+ 1 2 1 Je fais jugement et JUSTICE,


— NE MË LAISSE PAS à mes OPPRESSEURS.
122
Garantis ton serviteur pour le bien,
- NE m; OPPRESSENT PAS des arrogants.
+ 123 Mes yeux s'achèvent pour ton salut,
+ et pour le dire de ta JUSTICE.

Les deux occurrences de «justice» jouent le rôle de termes extrêmes. Les


seconds membres des deux premiers segments sont parallèles, même si le sujet
de « ne me laisse pas » est Dieu, tandis que celui de « ne m'oppriment pas » sont
les ennemis. Les premiers membres des deux derniers segments s'achèvent avec

28
P. BEAUCHAMP, L 'Un et l'Autre Testament I, 272.
Le psaume 119 211

un syntagme semblable: «pour le bien» et «pour ton salut» (122a. 123a).


Ainsi, le segment central articule les deux autres : en outre, alors que les
segments extrêmes ont pour sujet le psalmiste, dans celui qu'ils encadrent c'est
Dieu, sujet de l'impératif, que le psalmiste prie d'agir en sa faveur.

Deuxième partie (124-125)

124
+ Fais avec TON SERVITEUR selon ta fidélité,
+ et tes décrets APPRENDS-MOI.

+ 1 2 5
T O N SERVITEUR, moi, FA IS-MOI COMPRENDRE,
+ et je connaîtrai tes ordres.

Le psalmiste, qui se qualifie comme « ton serviteur » (124a. 125a), demande au


Seigneur de lui «apprendre» et de lui «faire comprendre» (124b. 125a) ses
« décrets » et ses « ordres ».

Troisième partie (126-128)

+ 126 (Il est) temps de faire pour Yhwh :


- lis violent ta loi.
= 127 C'est pourquoi j'aime tes commandements,
. plus que F o r et que l'or-pur.
=128 C'est pourquoi tous tes préceptes tous j'estime-droits,
. toute voie de mensonge j e hais.

Le premier membre est compris de deux façons : dans son sens obvie où il
s'agit de « faire (quelque chose) pour Yhwh », ce qui semble gêner certains qui
pensent au contraire que ce n'est pas à l'homme d'agir mais à Dieu.
Commençant avec « c'est pourquoi », les deux derniers segments énoncent
une double conséquence de ce qui vient d'être dit : le psalmiste annonce ce qu'il
va « faire pour Yhwh ». L'amour de la loi se concrétise dans le rejet de ce que
servent ceux qui «violent la loi», « l ' o r » (127b) et le «mensonge» (128b).
« J'aime » et « j e hais » font inclusion pour ces deux segments.
212 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L 'ensemble du passage Ayin (121-128)

+ 1 2 1 J E FAIS jugement et j ustice,


- ne me laisse pas à mes oppresseurs.
+ 122 Garantis TON SERVITEUR pour le bien,
- que ne m'oppressent pas des arrogants.
4-123 Mes yeux se consument pour ton salut,
+ et pour le dire de ta justice.

. 124 Fais
ï-t avec TON SERVITEUR selon ta fidélité,
. et cIB'wàSvS apprend s~md.

. 1 2 5 T O N SERVITEUR, moi, fais-moi comprendre,


. et j e connaîtrai tes ordres.

+ 126 (11 est) temps de faire pour Y h w h :


- ils violent ta loi.

= 127 C'est pourquoi j'aime tes commandements,


.. plus que l'or et que l'or-pur.
= 128 C'est pourquoi sur tous tes préceptes je me dirige,
.. toute voie de mensonge je hais.

Les trois occurrences du verbe « faire » scandent le passage, en termes


initiaux de ses trois parties : alors qu'au début des parties extrêmes il s'agit du
faire de l'homme (121.126), au début de la partie centrale le psalmiste appelle le
faire de Dieu (124a).
« Ton serviteur » revient aussi trois fois, au centre de la première partie et
dans les premiers membres des deux segments de la partie centrale.
Alors que les adversaires s'en prennent au psalmiste dans la première partie
(121b.122b), c'est la loi de Dieu qu'ils « violent » dans la dernière partie.
La partie centrale est la seule qui est marquée par le thème de la connaissance,
celle qui vient de Dieu, la seule aussi où il n'est plus question des ennemis.

CONTEXTE BIBLIQUE

Justice de l 'homme, justice de Dieu


On retrouve en Is 56,1 le même jeu entre la justice que l'homme doit faire et
celle que Dieu accomplira : « Ainsi dit le Seigneur : Gardez le jugement et faites
la justice, car mon salut est près d'arriver et ma justice de se révéler ».
Le psaume 119 213

Le mensonge
La Lettre de Jérémie est une longue diatribe contre les idoles, ces « dieux de
bois dorés et argentés », traitées plusieurs fois de « mensonge » : « Tout ce qui
se fait pour eux est mensonge ; comment alors peut-on penser que ce sont des
dieux ? » (Ba 6,44 ; voir aussi 47.50). En 2,4 Amos annonce que Juda sera châtié
« parce qu'ils ont rejeté la loi du Seigneur et ses préceptes ils n'ont pas gardés et
les ont égarés les Mensonges derrière lesquels allaient leurs pères » ; ces « men-
songes » sont les idoles qu'ils ont suivies au lieu de cheminer dans les voies de
Dieu29.

INTERPRÉTA TION DU PASSA GE

La justice
Bien que le psalmiste se soit conduit selon « la justice », qu'il l'ait « faite », il
n'en est pas moins en butte aux arrogants qui l'oppriment (121). C'est pourquoi
il appelle son Seigneur à l'aide (122), car c'est lui seul qui peut réaliser «la
justice » que lui-même ne saurait atteindre et pour laquelle ses yeux se consu-
ment (123). À la justice de l'homme répond celle de Dieu, la seule qui puisse
garantir le bien du juste et le sauver de ceux qui ne respectent ni la justice de
Dieu ni celle de son « serviteur ».

Le faire de Dieu
Après avoir mis en avant sa propre justice, le psalmiste en était arrivé à en
appeler à la justice du Seigneur pour être sauvé de ses oppresseurs. Il prend alors
conscience de sa radicale ignorance des décrets et des ordres de Dieu, et c'est
pourquoi, comme simple « serviteur », il demande avec insistance d'être instruit
par son Seigneur : c'est seulement ainsi qu'il pourra connaître sa volonté.

Que faire pour Dieu ?


Instruit par Dieu, il a hâte d'agir pour lui, d'autant plus qu'il voit les impies
violer sa loi (126). Ce qu'il a compris de l'enseignement reçu, c'est d'aimer les
commandements (127a), c'est-à-dire de se conduire selon les préceptes (128).
Cela signifie concrètement les préférer à l'or, être prêt à lui sacrifier toutes les
richesses, celles que les ennemis de Dieu adorent, celles à qui ils n'hésiteront pas
à sacrifier d'autres hommes pour les obtenir. Quant aux « voies de mensonge »
qui sont mises en parallèle avec « l'or », « l'or pur », il semble bien qu'elles
renvoient aussi aux faux dieux, ceux qui trompent l'homme et l'éloignent de la
seule vérité.

29
Voir Amos, 70-71.99-10.
214 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

5. « L'OUVERTURE DE TA PAROLE ILLUMINE » (PÉ ; 129-136)

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (129-131)

129
+ Merveilles tes ordres ;
= c 'est pourquoi les garde MA GORGE.

: 130 L'ouverture de ta parole illumine,


: faisant-comprendre aux simples.
131 LTA BOUCHE et j'aspire,
= je dilate
+ car de tes commandements je suis avide.

Les segments extrêmes se correspondent en miroir : c'est à cause des


« merveilles » de la loi de Dieu dont il est « avide » que la « bouche » du psal-
miste 1'« aspire » et que sa « gorge » la « garde ». Au centre, ce sont ses yeux
qui sont « illuminé » ainsi que son intelligence.

Deuxième partie (132-134)

+ 132 Tourne-toi vers moi et fais-moi-grâce,


- selon le jugement pour les aimant ton nom.
133
+ Mes pas affermis dans ton dire,
+ ne laisse dominer-sur moi aucune iniquité.
+ 134 Rachète-moi de l'oppression de l'adam,
= et j'observerai tes préceptes.

Cette partie est marquée par les impératifs de deuxième personne du singu-
lier : deux dans chacun des deux premiers segments, un seul au début du dernier.

Troisième partie (135-136)

+ 135 Que ta face illumine ton serviteur


- et apprends-moi tes décrets.
+ 136 Des ruisseaux-d'eau font couler mes yeux,
- parce qu'ils n'observent pas ta loi.

À la lumière divine qui éclaire les yeux du psalmiste (135a) pour lui appren-
dre sa loi (135b), s'opposent ses larmes (136a) parce que les impies ne
l'observent pas.
Le psaume 119 215

L 'ensemble du passage Pé (129-136)

+ 1 2 9 Merveilles tes ordres;


= c'est pourquoi les garde MA GORGE.
130
+ L'ouverture de ta parole ILLUMINE,
= FAISAN 7-COMPRENDRE aux simples.
= 131
L A BOUCHE je dilate et j'aspire,
+ car de tes commandements je suis avide.

:: 132 TOURNE-TOI vers moi et fais-moi-grâce,


= selon le jugement pour les aimant ton nom.
..133 Q
affermis dans ton dire,
- ne laisse dominer-sur moi aucune iniquité.
:: 134 Rachète-moi de l'oppression de l'homme,
= et J'OBSERVERAI tes préceptes.
135
+ SUE FÀf C E ILLUMINE ton serviteur
= et APPRENDS-MOI tes décrets.
+ 136 Des ruisseaux-d'eau font couler MES YEUX,
- parce qu'ILS N'OBSERVENT PAS ta loi.

Dans les parties extrêmes apparaissent les organes de perception, « gorge »


(129b), «bouche» (131a), «yeux» (136a), ainsi que le verbe «illuminer»
(130a. 13 5a) qui leur est corrélé. «apprends-moi» (135b) rappelle « faisant-
comprendre » (130b).
Au centre, est mentionné une autre partie du corps, « les pas » (ou « les
pieds »), qui représente l'organe de l'exécution. La partie centrale est liée à la
dernière par la reprise de «observer», en termes finaux (134b. 136b). Par
ailleurs, on pourra remarquer que « tourne-toi » (peneh) est de la même racine
que « ta face » ipànèka). Ces deux termes entrent donc eux aussi dans le champ
sémantique des parties du corps.

INTERPRÉTA TION DU PASSA GE

Corps à corps
L'intelligence que le psalmiste demande n'est pas une simple compréhension
intellectuelle ; elle est physique, corporelle, engageant tout l'être, dans sa chair.
Sa « gorge » et sa « bouche » désirent se rassasier de la parole de Dieu, la
savourer, s'en délecter (129.131). Ses «yeux», qui déversent des torrents de
larmes à cause de la douleur que lui cause l'iniquité des infidèles (133b. 136b),
plus encore que l'oppression dont il est victime (134a), réclament d'être « illu-
minés » par la parole divine (130.135). Il sait que cette lumière lui viendra de la
216 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

« face » de Dieu (135), cette face qu'il supplie le Seigneur de « tourner » vers lui
(132). Le face à face désiré est en quelque sorte le même que celui de Moïse
avec le Dieu d'Israël : « Le Seigneur parlait à Moïse face à face, comme un
homme parle à son ami » (Ex 33,11).

« Marcher avec Dieu »


Goûter la parole de la Loi, se nourrir des commandements, être illuminé par la
parole et par le visage de Dieu ne saurait suffire. Tout cela serait vain, s'il ne se
concrétisait pas dans les faits, dans la conduite. 11 est certes bon d'écouter, de
savourer, de voir ; il est mieux encore de s'engager dans les voies du Seigneur,
de cheminer en sa présence, de marcher avec lui, comme Enoch et Noé (Gn
5,22 ; 6,9). C'est cela seul qui est demandé : « On t'a fait savoir, homme, ce qui
est bien, ce que le Seigneur réclame de toi : rien d'autre que d'accomplir la
justice, d'aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu » (Mi 6,8).

6. L'ENSEMBLE DE LA SÉQUENCE ( M E M - P É ; 9 7 - 1 3 6 )

COMPOSITION

Les deux premiers passages (97-100)


Mem
97 Combien j'aime ta loi! TOUT LE JOUR elle est ma rumination.
98 Plus que mes ennemis m'assagissent tes commandements car À JAMAIS ils sont à moi.
99 Plus que tous mes maîtres JE SUIS AVISÉ, car tes ordres sont rumination pour moi.
100 Plus que les vieillards JE COIPREMOS, car tes préceptes je garde.
101 D e TOUTE VOIE mauvaise j e retiens MES PIEDS, afin d'observer ta parole.
102 De tes jugements JE NE M'ÉCARTE PAS, car c'est toi qui M'AS INSTRUIT.

103Combien est doux à mon palais ton dire, plus que le miel à ma bouche !
104 Par tûsprécûftûsM COMPRENDS, c'est pourquoi je hais TOUTE VOIE de mensonge.

Noun
105 Lampe pour MES PIEDS, ta parois, et lumière pour MON SENTIER.
106 Je jure, et je tiendrai, d'observer lesjugementsteta justice.
107 J'ai été humilié complètement, Yhwh, fais-moi vivre selon iâ parois.
108 Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh, et tesjugements APPR ENDS4101.
109 Mon souffle dans mes paumes constamment, mais ta loi je n'ai pas oublié.
110 M'ont donné des méchants UN PIÈGE, mais (hors) de tes préceptes JE N'AI PAS ERRÉ.
111 Mon héritage, tes ordres à jamais, car ils sont la joie de mon cœur.
112 J'incline mon cœur à faire tes décrets, À J A M A I S , JUSQU'AU BOUT.
Le psaume 119 217

Les termes du champ sémantique du chemin abondent : « toute voie »


(101.104), « mes pieds » (101.105), « j e ne m'écarte pas » et « j e n'ai pas erré »
(102.110), « sentier » (105) et « piège » (110).
« Apprends-moi » au cœur du second passage (108) rappelle les quatre termes
du même champ sémantique du premier passage : « je suis avisé » (99), « je
comprends » (100.104) et « m'as instruit » (102).
Les deux occurrences de « à jamais » font inclusion (98.112), accompagnées
de « tout le jour » (97) et de « jusqu'au bout » (112).

Les deux derniers passages (25-40)


Ayin
121 J'ai fait jugement et justice, ne me laisse pas à mes OPPRESSEURS.
122 Cautionne ton serviteur pour le bien, que ne M'OPPRIMENT pas des arrogants,
123
MES YEUX se consument pour ton salut, et pour le dire de ta justice.
124 Fais avec ton serviteur selon ta fidélité, et tes décrets APPRENDS-MOI.
125 Je suis t o n s e r v i t e u r , FAIS-MOI COMPRENDRE, et JE CONNAÎTRAI tes ordres.
126 II est temps de faire pour Yhwh : ils violent ta loi.
127 C'est pourquoi j'aime tes commandements, plus que l'or et que l'or-pur.
128 C'est pourquoi sur tous tes préceptes JE ME DIRIGE, TOUTE VOIE de mensonge je hais.


129 Merveilles que tes ordres ! c'est pourquoi les garde ma gorge.
130 L'ouverture de ta parole illumine, FAISANT C O M P R E N D R E aux simples,
131 La bouche je dilate et j'aspire, car de tes commandements je suis avide.
132 Tourne-toi vers moi et fais-moi grâce, selon le jugement pour les aimant ton nom.
133 MES PAS affermis dans ton dire, ne laisse dominer sur moi aucune iniquité,
134 Rachète-moi de i. 'OPPRESSION de l'homme, et j'observerai tes préceptes.
135 Que ta face illumine ton serviteur et APPRENOS-MOi tes décrets,
136 Des ruisseaux font couler MES YEUX, parce qu'ils n'observent pas ta loi.

Chaque passage contient deux occurrences de « apprends-moi » (124.135) et


de « faire comprendre » (125.130) ; « j e connaîtrai » appartient au même champ
sémantique (125).
«Ton serviteur», trois fois dans le premier passage (122.124.125), revient
une fois dans le passage suivant (135).
« Oppresseurs » et « m'oppriment » du début du premier passage (121-122)
sont repris par « l'oppression » au centre du deuxième (134).
Les deux occurrences de « mes yeux » font inclusion pour l'ensemble
(123.136).
On pourra noter aussi que «mes pas» (133) appartient au même champ
sémantique que « je me dirige » et « toute voie » (128).
218 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les rapports entre les cinq passages


Mem
97 Combien J'AIME ta loi! tout le jour elle est ma rumination.
98 Plus que MB \:WïM m'assagissent tes commandements car à jamais ils sont à moi.
99 Plus que tous mes maîtres JE SUIS AVISÉ, car tes ordres sont rumination pour moi.
Plus que les vieillards JE COMPRENDS, car tes préceptes JE GARDE.
101 D e TOUTE VOIE m a u v a i s e j e retiens MES PIEDS, afin d'observer ta parole.
102 De tes jugements je ne M'ÉCARTE PAS, car c'est toi qui M A S INSTRUIT.
103 Combien est doux à mon palais ton dire.. plus que le miel à ma bouche !
104 Par tes p r é c e p t e s J E COMPRENDS, c'est pourquoi JHEâlSHQUTB VOIE de mensonge.

Noun
105
LAMPE pour MES PIEDS, ta parole, et LUMIÈRE p o u r MON SENTIER.
106 Je jure, et je tiendrai, d'observer les jugements de ta justice.
107
j'Ai ÉTÉ HUMILIÉ complètement, Yhwh, FAIS-MOI VIVRE selon ta parole.
108 Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh, et tes jugements APPRENDS-MOI.
109 Mon souffle dans mes paumes constamment, mais ta loi je n'ai pas oublié.
110 M'ont donné des MÉCHANTS UN PIÈGE, mais hors de tes préceptes JE N'AI PAS ERRÉ.
111 Mon héritage, tes ordres à jamais, car ils sont la joie de mon cœur.
112 J'incline mon cœur à faire tes décrets, à jamais, jusqu'au bout.

Samek
113
LIS TOiOUiii X JEHAIS et ta loi J'AIME.
114 Mon abri et mon bouclier, c'est toi, en ta parole j'espère.
115 Écartez-vous de moi, MALFAISANTS, JE GARDERAI les commandements de mon Dieu.
116 Soutiens-moi selon ton dire et JE VIVRAI, ne me fais pas rougir de mon attente.
Sois mon appui et JE SERAI SAUVÉ, et je contemplerai tes décrets constamment.
118 Tu méprises TOUS LES S'ÉGARANT de tes décrets. car sont mensonge leurs pensées.
119 Scories tu tiens tous les M&jfANTK de la terre, c'est pourquoi J'AIME tes ordres.
120 Frissonne de ta frayeur ma chair, et tes jugements je crains.

Ayin
121 J'ai fait jugement et justice, ne me laisse pas à mes OITOSSI».
122 Cautionne ton serviteur pour le bien, que ne M f M Y i pas des ARROGANTS.
123 Mes yeux se consument pour TON SALUT, et pour le dire de ta justice.
124 Fais avec ton serviteur selon ta fidélité, et tes décrets APPREND$~MOI.
125 Je suis ton serviteur, FA!S«^Ol COMPRENDRE, et JE CONNAÎTRAI tes ordres.
126 II est temps de faire pour Yhwh : ils mmr ta loi.
127 C'est pourquoi J'AIME tes commandements, plus que l'or et que l'or-pur.
128 C'est pourquoi sur tous tes préceptes JE ME DIRIGE, TOUTE VOIE de mensonge JE HAIS.


129 Merveilles que tes ordres ! c'est pourquoi les GARDE ma gorge.
130 L'ouverture de ta parole ÎLLUMINE, FAISANT COMPRENDRE a u x s i m p l e s ,
131 La bouche je dilate et j'aspire,
car de tes commandements je suis avide.
132 Tourne-toi vers moi et fais-moi grâce, selon le jugement pour LES AIMANTS ton nom.
133 MES PAS affermis dans ton dire, ne laisse dominer sur moi aucune iniquité,
134 Rachète-moi de L'OPPRESSION de l'homme, et j'observerai tes préceptes.
135 Que ta face ILLUMINE ton serviteur et APPRENDS-MOI tes décrets,
136 Des ruisseaux font couler mes yeux, parce qu'IIS wmmm m ta loi.
Le psaume 119 219

Les rapports entre les paires de passages extrêmes


Les termes appartenant au champ sémantique de l'intelligence se retrouvent
dans les quatre passages (pas dans le passage central) : «comprendre» (100.
104 ; 125.130) ; « apprendre » (108 ; 124.135) ; « être avisé » (99), « instruire »
(102), « connaître » (125).
« Je hais toute voie de mensonge » (104) et « toute voie de mensonge je hais »
(128) jouent le rôle de termes finaux pour le premier et le quatrième passage.
Au début du deuxième passage « la parole » de Dieu est présentée comme
« lampe » et « lumière », pour les « pieds » sur le « chemin » (105). Dans le
quatrième passage, «la parole» de Dieu «illumine» (130) et de même sa
« face » (135), chaque fois pour la connaissance : « faisant comprendre » (130)
et « apprends-moi » (135). « Lumière » et « illuminer » sont de même racine.

Les rapports entre le passage central et les quatre autres


L'opposition « haïr » - « aimer ta loi » par laquelle commence le passage
central (113 ; «aimer» revient aussi en 119) se retrouve aux extrémités du
premier passage (97a. 104b). Ce couple est repris dans les deux derniers seg-
ments du quatrième passage (127-128) ; «aimer» revient une cinquième fois
dans le dernier passage (132).
«Garder» se trouve dans les passages extrêmes (100.129) ainsi que dans le
passage central (115) ; « mensonge » de 118 reprend 104 et annonce 128.
Les ennemis du psalmiste et de Dieu sont présents dans tous les passages :
« mes ennemis » (98), « méchants » (110 ; et déjà «j'ai été humilié » en 107) ;
« tortueux », « malfaisants » et « méchants » (113.115.119) ; « oppresseurs »,
« m'oppriment », « arrogants », « ils violent ta loi » (121.122.126) ; « l'oppres-
sion », « ils n'observent pas ta toi » (134. 136). Le passage central est le seul où
le psalmiste s'adresse aux malfaisants (115).
Les termes appartenant au champ sémantique du chemin parcourent aussi
toute la séquence :
- dans les deux premiers passages : « toute voie », « mes pieds » (101), « j e ne
m'écarte pas » (102), « toute voie » (104) : « mes pieds », « mon sentier » (105),
« piège », « j e n'ai pas erré » (110) ;
- dans le passage central : « tous les s'égarant » (118) ;
- dans les deux derniers passages : « j e me dirige », « toute voie » (128) ; « mes
pas » (133).
Enfin, au centre du passage central (116-117),
- « je vivrai » rappelle « fais-moi vivre » au troisième segment du passage
précédent (107
- e t « j e serai sauvé» annonce «ton salut» au troisième segment du passage
suivant (123).
220 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les demandes
Mem
97 Combien j'aime ta loi ! tout le jour elle est ma rumination.
98 Plus que MES ENNEMIS m'assagissent tes commandements car à jamais ils sont à moi.
99 Plus que tous mes maîtres je suis avisé, car tes ordres sont rumination pour moi.
100 Plus que les vieillards je comprends, car tes préceptes je garde.
101 De toute voie mauvaise je retiens mes pieds, afin d'observer ta parole.
102 De tes jugements je ne m'écarte pas, car c'est toi qui m'as instruit.
103 Combien est doux à mon palais ton dire, plus que le miel à ma bouche !
104 Par tes préceptes je comprends, c'est pourquoi je hais TOUTE VOIE M MENSONGE.

Noun
105 Lampe pour mes pieds, ta parole, et lumière pour mon sentier.
106 Je jure, et je tiendrai, d'observer les jugements de ta justice.
107
J^/iJTFomiocomplètement, Y H W H , FAIS-MOI VIVRE SELON TA PAUCIB.
108 Les offrandes de ma bouche AGRÉE, Y H W H , et ÏFÊ JU6EMEN75 APRE'NP5-H0L
109 Mon souffle est dans mes paumes constamment, mais ta loi je n'ai pas oublié.
110 M'ont donné des MÉOEANTSun piège, mais hors de tes préceptes je n'ai pas erré.
111 Mon héritage, tes ordres à jamais, car ils sont la joie de mon cœur.
112 J'incline mon cœur à faire tes décrets, à jamais, jusqu'au bout.

Samek
113
LES TORTUEUX je hais et ta loi j'aime.
114 Mon abri et mon bouclier, c'est toi, en ta parole j'espère.
115
ÉCARTEZ-VOUS de moi, MALEAISMTS, je garderai MAMXMMS de M O N DIEU.
116 SOUTIENS-MOI S M N T O DIRE ET JE VIVRAI, NE ME FAIS PAS ROUGIR de m o n attente.
117
Sois mon appui et je serai sauvé, et je contemplerai MTÉCMS constamment.
118 Tu méprises tous LES s'POARiANTte tes décrets, car sont mensonge leurs pensées.
119 Scories tu tiens tous LES MÉOEANTSTEla terre, c'est pourquoi j'aime tes ordres.
120 Frissonne de ta frayeur ma chair, et tes jugements je crains.

Ayin
121 J'ai fait jugement et justice, NE ME LAISSE PAS à MES OPPRESSEURS.
122 CAUTIONNE ton serviteur pour le bien, QUE NE M'OPPRIMENT pas DESARROSANTS.
123 Mes yeux se consument pour ton salut, et pour le dire de ta justice.
124 FAIS avec ton serviteur selon ta fidélité, et TES DÉCRETS AP^£NP$~M0L
125 Je suis ton serviteur, FAS-HOICOMEWP&, et je connaîtrai TES ORDRES.
126 II est temps de faire pour YHWH : ILS VIOLENT TA LOI.
127 C'est pourquoi j'aime tes commandements, plus que l'or et quel'or-pur.
128 C'est pourquoi sur tous tes préceptes je me dirige, TOUTE VOIE DE MENSONGE^ hais.


129 Merveilles que tes ordres ! c'est pourquoi les garde ma gorge.
130 L'ouverture de ta parole illumine, faisant comprendre aux simples.
131 La bouche je dilate et j'aspire, car de tes commandements je suis avide.
132 TOURNE-TOI vers moi et FAIS-MOI GRÂCE, selon le jugement pour les aimants ton nom.
133 Mes pas AFFERMIS V M M R M . NE LAISSE DOMINER sur moi aucune INIQUITÉ.
134 RACHÈTE-MOI de I 'OPPRESSIONS l'homme, et j'observerai tes préceptes.
135 QUE TA FACE ILLUMINE ton serviteur et tmmv&m TB DÉCRETS.
136 Des ruisseaux font couler mes yeux, parce qu'ES N'OBSERVENTRAS M LOI.
Le psaume 119 221

Alors que le premier passage ne contient aucune demande (à l'impératif ou au


jussif), le second en contient trois (107.108ab), le troisième quatre (115. 116ab.
117), le quatrième six (121.122ab.124ab.125) et le cinquième sept (132ab.l33ab.
134.135ab). La progression est notable.
Quatre fois le psalmiste demande l'intelligence de la loi (108.124.125. 135),
d'y être « affermi » (134). Il demande souvent d'être sauvé de ses ennemis (en
particulier, 121-122.134), mais aussi de « l'iniquité » (133).
Toutes les demandes sont adressées à Dieu, sauf une seule fois, dans le
passage central, où le psalmiste s'adresse aux « malfaisants » (115). Le nom de
« Yhwh » n'apparait ni dans les passages extrêmes ni dans le passage central ; il
ne revient que deux fois dans le deuxième passage (107. 108) et une fois dans le
quatrième (126), toujours au vocatif. « Mon Dieu » apparaît au centre, mais pas
comme vocatif (115).
Si le nom de Dieu ne revient pas souvent, celui des « ennemis » du psalmiste
(98) est décliné tout au long de la sous-séquence, plusieurs fois dans chaque
passage. Ce sont des « tortueux » (113), des « malfaisants » (115), qui « oppri-
ment » le psalmiste (121.134) et qui suivent les «voies de mensonge»
(104.128), qui « violent la loi » de Dieu (126.136).

INTERPRÉTATION DE LA SOUS-SÉQUENCE

Une belle assurance...

Le psalmiste commence comme en se vantant de son amour, de sa sagesse, de


sa fidélité. Certes il finit par reconnaître que c'est le Seigneur qui l'a instruit
(102.104), mais c'est quand même le « j e » qui domine, avec l'assurance de
celui qui est tout entier du côté de la loi (97) et qui hait « toute voie ce
mensonge » (104), qui garde les préceptes sans faillir (100), qui ne s'écarte pas
des jugements divins et retient ses pas « de toute voie mauvaise » (101-102).

...qui ne saurait durer

Dès le deuxième passage, une faille se fait jour. Le voilà qui devient moins
sûr de lui. S'il jure fidélité et d'observer les commandements (106), s'il
demande au Seigneur de lui apprendre ses jugements (108), c'est que quelque
chose a changé. Il a été « humilié » complètement par des « méchants » qui lui
ont tendu un piège. Il n'a pas « erré » hors des préceptes (110), mais il prie Dieu
de le « faire vivre » selon sa parole (107). Sa belle assurance laisse maintenant la
place à une attitude plus modeste : il déclare humblement qu'il incline son cœur
à faire les décrets de la loi, « à jamais, jusqu'au bout » (112).

« Écartez-vous de moi, malfaisants » (115)

Après avoir repris ses déclarations initiales (97-104), d'aimer la loi et de haïr
les tortueux (113), le psalmiste s'adresse à celui qui peut le protéger, son « abri »
222 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

et son « bouclier » (114). C'est alors que, pour la première et la dernière fois, il
interpelle les « malfaisants » pour qu'ils s'éloignent de lui (115). Ce qui laisse
entendre qu'il est cerné de près et donc en grand danger. Sa prière se fait alors
particulièrement pressante, comme celle de qui est menacé de mort (116-117).
Voyant comment le Seigneur traite les «méchants» (118-119), voilà que la
frayeur le fait trembler et craindre ses jugements (120).

« Mes yeux se consument pour ton salut » (123)

Pour la troisième fois le psalmiste affirme son amour des commandements et


sa haine pour « toute voie de mensonge » (127-128). La différence est que cette
déclaration est précédée et préparée par une longue supplication, toute empreinte
de la plus grande humilité. Il supplie d'abord pour être protégé et délivré des
« arrogants » qui l'oppriment et voudraient l'éloigner de faire le bien (121-122),
pour en être sauvé (123) ; il prie aussi avec insistance pour être instruit par le
Seigneur de ses «décrets» et de ses «ordres» (124-125), comme s'il ne les
connaissait pas, comme s'il était le plus petit des débutants.

D 'une assurance à l'autre

Le psalmiste avait commencé sa prière un peu à la manière du pharisien de la


parabole (Le 18,9-14) : debout, se vantant de sa pratique impeccable de la loi,
non sans se comparer au publicain dont il haïssait ouvertement la voie (97-104).
L'épreuve, le «piège» (110) dans lequel il a risqué de se faire prendre,
l'oppression des « arrogants » qui voulaient le détourner du bien (122), ont fini
par plier sa suffisance. Et il en vient finalement à supplier le Seigneur d'avoir
pitié de lui (132), comme s'il n'osait plus lever les yeux au ciel. De l'assurance
qu'il mettait en sa propre fidélité, il est passé à l'assurance qu'il met en Dieu, le
seul qui puisse lui donner la lumière qui lui permettra de marcher dans ses voies,
le seul qui soit en mesure de le sauver de ses ennemis et de lui-même, et de le
faire vivre.
Le psaume 119 223

E. TA LOI EST MA DÉLECTATION,


CAR JE T'AIME
(TSADÉ-TAW : 137-176)

Comme pour la séquence précédente, les deux premiers passages et les deux
derniers se correspondent de manière parallèle : Tsadé avec Shin et Qoph avec
Taw.

s ï Tu a j u s t e , toi, Thwh : 137-144

q « J'appelle de tout cœur, réponds-moi » 145-152

r « FAIS-MOI VIVRE ! » 153-160

s « Je te loue pour ta justice » 161-168

t « Qu'approche mon cri devant toi, Seigneur » 169-176


224 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

1. « T u ES JUSTE, TOI, YHWH » (TSADÉ : 137-144)

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (137-138)

+ 137 JUSTE, toi, Yhwh,


.. et droit (en) tes jugements.

+ ' Tu as commandé la JUSTICE de tes ordres


.. et la sincérité

- 139 M'anéantit mon zèle,


:: car ils oublient tes paroles averse
140 !
Purifié, ton dire,
:: et ion serviteur l'aime.

Les deux morceaux sont complémentaires : le premier dit ce que le Seigneur a


fait dans sa loi, le second l'attitude du psalmiste envers elle.
Dans le premier segment (137) sont énoncées les qualités de Dieu en lui-
même, « juste » et « droit »30 ; dans le second, comment, dans la loi, il a mis en
œuvre « justice » et « sincérité ».
Dans le second morceau, le psalmiste dit d'abord sa colère contre ceux qui
oublient la loi et qu'il appelle, pour cela, ses « adversaires » ; ensuite, se pré-
sentant comme « serviteur » du Seigneur, il exalte la pureté de la loi.
Les deux occurrences de « complètement »jouent le rôle de termes finaux.

La deuxième partie (141-144)

141
Chétif moi et méprisé,
:: tes préceptes je n'oublie pas.
142 À JAMAIS,
Ta JUSTICE (est) JUSTICE
+ et ta loi loyauté.

- 143 La détresse et l'angoisse m'ont atteint,


:: tes commandements mes délectations.
144
JUSTICE tes ordres À JAMAIS,
= fais-moi comprendre et je vivrai.

30
En 137b, « droit » est au singulier et «jugement » au pluriel. Cette proposition nominale peut
être comprise de deux façons : « et droits (sont) tes jugements » ou « et tu (es) droit (en) tes
jugements ». Le parallélisme avec le premier membre fait pencher la balance vers cette dernière
interprétation.
Le psaume 119 225

Les deux morceaux sont parallèles. Dans les premiers segments le psalmiste
décrit sa misère (141a. 143a) puis proteste de son attachement à la loi (141b.
143b). De manière complémentaire les seconds segments proclament d'abord la
«justice» de Dieu qui est « à jamais». Quant aux seconds membres, par
lesquels s'achèvent les deux morceaux, ils représentent un décrochement, ou une
surprise finale : alors que 142b est une affirmation concernant Dieu et sa loi,
comme celle du membre précédent, le dernier membre est une prière, suivie de
sa conséquence escomptée. Celle-ci s'oppose à l'état dans lequel se trouve le
psalmiste, tel qu'il est énoncé dans les premiers membres de chaque morceau.

L 'ensemble du passage Tsadé (137-144)

+ 137 jfUSTt., TOI, Yhwh,


+ et droit en tes jugements.

+ 138 TU AS COMMANDÉ la JUSTICE de TES ORDRES


+ et la sincérité complètement.

- 139 M'anéantit mon zèle,


- car ILS OUBLIENT tes paroles, mes adversaires.
140
+ Purifié, ton dire, complètement,
:: et ton serviteur l'aime.

- 141 Chétif MOI et méprisé,


:: tes préceptes JE N'OUBLIE PAS.

+ 142 Ta JUSTICE (est) JUSTICE a jamais,


+ et ta loi loyauté.

- 143 La détresse et l'angoisse m'ont atteint,


:: TES COMMANDEMENTS mes délectations.

+ 1 4 4 JUSTICE TES ORDRES à jamais,


= fais-moi comprendre et je vivrai.

Comme l'indiquent les membres initiaux (137a. 141a), les deux parties sont
complémentaires : alors que « Yhwh » est proclamé « juste », le psalmiste se
reconnaît « chétif et méprisé ». Dans la première partie le premier morceau est
consacré à la justice de Dieu et le second à la situation du psalmiste ; ces deux
éléments sont distribués différemment dans la seconde partie : en effet ce sont
les premiers segments où le psalmiste se présente dans sa pauvreté (141a. 143a)
et les seconds qui énoncent la justice de Dieu (142.144). À «juste » et «justice »
en position symétrique dans le premier morceau de la première partie (137a.
138a) répondent les trois occurrences de «justice » dans la deuxième partie, au
226 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

début des premiers membres des seconds segments de chaque morceau


(142a bis. 144a).

+ 137 r|
TOI, Yhwh,
+ et droit en tes jugements.

+ 138 TUAS COMMANDÉ la JUSTICE de TES ORDRES


+ et la sincérité complètement.

- 1 3 9 M'anéantit mon zèle,


- c a r ILS OUBLIENT tes paroles, mes adversaires.
,4
+ ° Purifié, ton dire, complètement,
:: et ton serviteur l'aime.

- 141 Chétif MCI et méprisé,


:: tes préceptes JE N'OUBLIE PAS.
142
+ T a JUSTICE ( e s t ) JUSTICE à jamais,
+ et ta loi loyauté.

- 143 La détresse et l'angoisse m'ont atteint,


:: TES COMMANDEMENTS mes délectations.
+ 1 4 4 JUSTICE TES ORDRES Â jamais,
= fais-moi comprendre et je vivrai.

Dans les morceaux extrêmes, au couple « tu as commandé » - « tes ordres »


(138a) correspond le couple «tes commandements» - «tes ordres» (143b.
144a). Dans les morceaux médians « j e n'oublie pas» (141b) s'oppose à «ils
oublient» (139b). Enfin, aux deux occurrences de «complètement» dans les
derniers segments de chaque morceau de la première partie (138b. 140a) corres-
pondent les deux occurrences de « à jamais » en position identique dans les
derniers segments de chaque morceau de la deuxième partie.

CONTEXTE BIBLIQUE

Ps 69,10

Le verset 139 :
M'anéantit mon zèle
car ils oublient tes paroles mes adversaires
rappelle Ps 69,10:
Car le zèle de ta maison me dévore,
et les insultes de tes insulteurs tombe sur moi.
Le psaume 119 227

Le premier membre de ce verset est cité en Jn 2,17. Quand Jésus chasse les
vendeurs du temple, l'évangéliste commente : « Ses disciples se rappelèrent
qu'il est écrit : "Le zèle de ta maison me dévore" ».

INTERPRÉTA TION DU PASSA GE

La justice de Dieu

La justice de Dieu, proclamée avec la plus grande insistance, se manifeste


dans sa loi, dans ses « ordres » et ses « commandements ». C'est une justice
parfaite dans sa nature, car elle est « sincère » et « éprouvée » comme l'or passé
au creuset, « complètement » (138b. 140a) ; parfaite aussi dans le temps, car elle
ne passera pas, elle se maintient « à jamais » (142a. 144a).

La détresse du juste

Celui qui s'attache à la loi de Dieu se trouve en butte à ceux qui l'oublient
(139), qui ainsi deviennent non seulement ennemis de Dieu puisqu'ils n'ob-
servent pas sa loi, mais aussi « adversaires » du juste dont « le zèle » représente
pour eux un reproche vivant de leur inconduite. Bien qu'il soit « méprisé » par
eux et « chétif », le juste proteste de son attachement aux « préceptes » du
Seigneur (141) ; et ce n'est pas « la détresse et l'angoisse » qui l'empêcheront de
se délecter de ses « commandements » (143).

« Fais-moi comprendre »

Toute cette belle profession de foi du psalmiste, fidèle observant de la loi de


son Dieu, s'accompagne de « mépris » de la part des « adversaires » et de
« détresse » intérieure. Si, en finale, il s'écrie « fais-moi comprendre », c'est
qu'il se trouve dans la nuit de l'intelligence. Et s'il ajoute « et je vivrai », c'est
qu'il se voit confronté à la mort. Ce qu'il ne comprend pas, c'est qu'on puisse
haïr la loi de Dieu dont lui-même se délecte, c'est aussi sans doute l'inimitié que
sa fidélité suscite, c'est enfin que son amour de la loi puisse le mettre en danger
de mort.
228 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

2. « J ' A P P E L L E DE TOUT C Œ U R , RÉPONDS-MOI » ( Q O P H : 145-152)

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (145-148)

+ 1 4 5 J'APPELLE de tout cœur, réponds-moi,


:: Yhwh, tes décrets je garderai.
146
4- J E T'APPELLE, sauve-moi,
:: et j'observerai tes ordres.
147
- Je devance et J'IMPLORE,
:: en ta parole j espere.
148
- Devancent mes yeux
:: pour méditer sur ton dire.

Les deux segments du premier morceau qui commencent par le même verbe
sont tout à fait parallèles entre eux ; et il en va de même pour le second morceau.
Les deux morceaux à leur tour sont parallèles entre eux ; «j'implore » (147a)
rappelle les deux «j'appelle » du premier morceau (145a. 146a).

La deuxième partie (149-152)

149
Ma voix entends selon ta fidélité
+ YHWH, selon tes jugements fais-moi vivre.
-150 ïkâppmùàmi mes persécuteurs infâmes,
- de ta loi ils s'éloignent.
151
Proche, toi, YHWH,
+ et tous tes commandements sont loyauté.
152
+ De longtemps je sais de tes ordres
+ qu'à jamais tu les as fondés.

Le premier morceau commence par un appel à l'aide (149) motivé par la


menace des «persécuteurs» (150); les verbes extrêmes du deuxième verset
s'opposent directement. Le deuxième morceau enchaîne, en reprenant un adjectif
de la même racine que le verbe initial du segment précédent, mais cette fois-ci
c'est Dieu qui est « proche » ; cette déclaration trouve sa raison dans la foi
exprimée dans le dernier verset. Le couple canonique « fidélité et loyauté »
(hesed we'ëmet ; voir, par ex. Gn 47,29 ; Pr 20,28, etc.) est distribué dans les
premiers segments de chaque morceau.
Le psaume 119 229

L 'ensemble du passage Qoph (145-152)

+ 145 J'appelle de tout cœur, RÉPON DS-MOl,


:: YHWH, tes décrets je garderai.
+ 146 Je t'appelle, SAUVE-MOI,
:: et j'observerai TES ORDRES.

147
- Je devance l'aube et j'implore,
:: e n t a parole j'espère.
- 148 Devancent mes yeux les veilles
: : pour méditer sur ton dire.

+ 149 Ma voix ENTENDS selon ta fidélité,


+ YHWH, selon tes jugements FAIS-MOI VU'RE.

- 150 Ils approchent mes persécuteurs infâmes,


- de t a loi ils s'éloignent.
+ 151 Proche, toi, YHWH,
+ et tous tes commandements sont loyauté.
:: 152 De longtemps je sais d e TES ORDRES
+ qu'à jamais tu les as fondés.

Les premiers morceaux sont marqués chacun par deux impératifs qui se
correspondent en parallèle: «réponds-moi» et «sauve-moi» (145-146),
« entends » et « fais-moi vivre » (149). Les deux occurrences de « tes ordres »
marquent la fin des morceaux extrêmes.

INTERPRÉTA TION DUPA SSA GE

Danger de mort

Un seul verset parle des « persécuteurs » du psalmiste (150). Et pourtant si ce


dernier s'écrie « sauve-moi » (146), « fais-moi vivre » (149), c'est qu'il est bien
conscient d'être en danger de mort. C'est pourquoi il « appelle » (145. 146) et
« implore » le Seigneur durant les veilles de la nuit, sans attendre le jour. Les
persécuteurs « s'approchent », méprisant la loi de Dieu, menaçant la vie de celui
qui lui est fidèle et dont la conduite les condamne.

La présence de Dieu
Les persécuteurs sont présents, menaçants, de plus en plus proches, mais c'est
de Dieu et de sa loi que parle pratiquement tout le passage. C'est à lui et à lui
seul que le psalmiste s'adresse. Même dans le verset où sont nommés les
persécuteurs, la « loi » du Seigneur aussi est mentionnée : tout est considéré en
230 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

fonction de Dieu, même ceux qui « s'éloignent » de lui. Le psalmiste persécuté


n'a que le nom de « Yhwh » à la bouche (145.149.151), et les divers noms de la
loi qu'il égrène à plaisir.

Une fidélité et loyauté partagées

La loi est ce qu'il partage avec son Dieu. C'est « selon sa fidélité » et « selon
ses jugements » que son sauveur le fera vivre (149). Quant au psalmiste, il ne
cesse de proclamer sa propre fidélité aux « décrets » et aux « ordres » divins,
« parole » dans laquelle il « espère » et qu'il « médite » au long des nuits,
répétant au point de la faire sienne.

3 . « FAIS-MOT VIVRE ! » ( R E S H : 1 5 3 - 1 6 0 )

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (153-155)

+ 1 5 3 Vois mon humiliation e t DELIVRE-MOI,


:: car t a ici je n'oublie pas.
+ 1 5 4 DÉFENDS ma cause e t VENGE-MOT,
:: pour ton dire FAIS-MOI VIVRE.

- 1 5 5 Loin des méchants le salut,


- car tes décrets ils ne recherchent pas.

Les premiers membres de deux premiers segments sont parallèles et syno-


nymes, tandis que leurs seconds membres sont complémentaires : fidélité à la
« loi » pour l'homme, fidélité à ses « paroles » pour Dieu. Le troisième segment
nomme ceux qui provoquent « l'humiliation » du juste (153a) et le mettent en
« cause » (154a) ; alors que le psalmiste « n'oublie pas » la loi de Dieu, « les
méchants » « ne recherchent pas » « ses décrets ».

La deuxième partie (156-158)

+ 156 Ta miséricorde est NOMBREUSE, Yhwh,


:: selon tes jugements fais-moi vivre.
-157 NOMBREUX mes persécuteurs et mes adversaires,
: : d e tes ordres je ne dévie pas.
- 158 J'ai vu des traîtres et suis dégoûté,
- eux qui ton dire n'observent pas.
Le psaume 119 231

Les deux premiers segments sont complémentaires : dans les premiers


membres, si les « persécuteurs » et « adversaires » du psalmiste sont « nom-
breux », la « miséricorde » divine l'est aussi ; on notera l'opposition entre le
singulier du Seigneur et le pluriel des adversaires. Dans les seconds membres à
la fidélité de Dieu à ses «jugements », répond celle de l'homme à ses « ordres ».
Dans le troisième segment, contrairement à Dieu et au juste, fidèles à la loi, les
« traîtres » « ne l'observent pas ».

La troisième partie (159-160)

:: 159 Vois combien tes préceptes j'aime,


4- Yhwh, selon ta fidélité fais-moi vivre.
+ 160 La tête de ta parole est loyauté,
+ et à jamais tout jugement de ta justice.

La demande du second membre du premier segment est motivée par l'amour


que le psalmiste porte à la loi. Puis la « fidélité » du Seigneur est décrite comme
éternelle, depuis « la tête », c'est-à-dire depuis l'origine jusque « à jamais ». Le
couple canonique « fidélité » et « loyauté » (hesed we 'émet ; voir p. 228) lie les
deux segments.

L 'ensemble du passage Resh (153-160)

+153 vois mon humiliation et délivre-moi,


: : car ta loi j e n'oublie pas.

+ 154 Défends ma cause et venge-moi,


• pour TON DIRE FAIS-MOI VIVRE.
- 1 5 5 Loin des méchants, le salut,
- car tes décrets ils ne r e c h e r c h e n t pas.

+ 156 Ta miséricorde est nombreuse, YHWH,


• SELON TES jugements FAIS-MOI VIVRE.
157
- Nombreux mes persécuteurs et mes adversaires,
:: de tes ordres je ne d é v i e pas.

- 158 J'AI VU des traîtres et suis dégoûté,


- lesquels TON DIRE ils / 7 c b s e r v e n t pas.

+ 159 VOIS combien tes préceptes j'aime,


• YHWH, SFÏONTÀ fidélité FAIS-MOI VIVRE.
+ 160 Le principe de ta parole est loyauté,
+ et à jamais tout jugement de ta justice.
232 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

+153 vois mon humiliation et délivre-moi,


: : car ta loi j e n'oublie pas.
+ 154 Défends ma cause et venge-moi,
• pour TON DIRE FAIS-MOI VIVRE.
- 1 5 5 Loin des méchants, le salut,
- car tes décrets Us ne recherchent pas.

156
+ Ta miséricorde est nombreuse, YHWH,
• SELON TES jugements FAIS-MOI VIVRE.
157
- Nombreux mes persécuteurs et mes adversaires,
:: de tes ordres j e ne dévie pas.
- 158 J'AI VU des traîtres et suis dégoûté,
- lesquels TON DIRE Us ^observent pas.

159
+ VOIS combien tes préceptes j'aime,
• YHWH, SELON TA f i d é l i t é FAIS-MOI VIVRE.
+ 160 Le principe de ta parole est loyauté,
+ et à jamais tout jugement de ta justice.

Les parties extrêmes commencent par le même impératif ; mais tandis que
dans la première le psalmiste demande au Seigneur de « voir » le mal qu'il subit
de la part des « méchants », dans la dernière ces derniers sont absents et il est
tout entier attaché à la loi. Le verbe « voir » revient à la fin de la partie centrale :
ce qu'il a vu, ce sont ses ennemis qui sont de nouveau présents dans les deux
derniers segments de la seconde partie : ce sont ceux qui se moquent de la loi du
Seigneur, en termes finaux des deux premières parties (155b. 158b), alors que le
psalmiste affirme par deux fois sa fidélité dans des termes semblables (153b.
157b).
Dans chacune des trois parties revient J'impératif «fais-moi vivre» (154b.
156b. 159b), en position symétrique les deux dernières fois, et précédé d'un
complément introduit par « selon ».

CONTEXTE BIBLIQUE

Le décalogue

Les deux tables de la Loi règlent les rapports de l'homme avec son Dieu et
avec son prochain.

Le juge injuste et le pharisien

En Le 18,1-14, les deux paraboles du juge injuste et de la veuve d'une part, du


pharisien et du publicain d'autre part sont couplées. Le juge « ne craignait pas
Le psaume 119 233

Dieu ni ne respectait les hommes (2), et la deuxième parabole est adressée « à


certains qui étaient persuadés d'être justes et qui méprisaient le reste des
hommes » (9), tel le pharisien qui priait en disant : « Dieu, je te rends grâces de
ne pas être comme le reste des hommes... »(11) 31 .

INTERPRÉTA TION D U PASSA GE

Dieu et le prochain

On pourrait imaginer que ceux qui se moquent de la loi de Dieu et ceux qui
l'observent forment deux groupes séparés qui n'ont aucun rapport entre eux. Or
il n'en est rien : le juste est humilié et persécuté par les méchants. Non seule-
ment ils ne « recherchent » ni n'« observent » les décrets du Seigneur, mais ils
s'attaquent aussi à celui qui « n'oublie pas » sa loi et « ne dévie pas » de ses
ordres. Les dix paroles règlent ensemble les relations de l'homme aussi bien
avec Dieu et qu'avec les autres hommes : qui ne respecte pas Dieu ne peut que
mépriser son prochain.

« Fais-moi vivre »

Si, par trois fois, le psalmiste s'écrie « fais-moi vivre », c'est qu'il est menacé
de mort. Assigné au tribunal, seul Dieu peut le défendre contre les menées de ses
ennemis (154). Malgré l'humiliation et la persécution, le psalmiste est convaincu
que la « miséricorde » du Seigneur est plus « nombreuse » que ses persécuteurs
(156-157) et qu'il peut le libérer de leurs menées. C'est pourquoi le passage
s'achève dans la confiance en la « fidélité » et la « loyauté » de Dieu, qui ne
laisse plus de place à ses ennemis, parce qu'elle est reconnue être depuis
toujours et à jamais.

31
VoirLwc, 693-699.
234 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

4. « JE TE LOUE POUR TA JUSTICE » (SHIN : 161-168)

COMPOSITION DUPA SSA GE

La première partie (161-164)

• 161 Des chefs me persécutent sans raison,


: et à tes paroles tremble mon cœur.
: 162
ME RÉJOUISSANT, moi, pour ton dire,
comme le trouvant un butin nombreux.

•163 Le mensonge je hais et J execre,


: ta loi j'aime.
=164 Sept fois le jour JE TE LOUE
pour les jugements de ta justice.

Ce n'est pas devant ses persécuteurs que le psalmiste « tremble », mais aux
« paroles » de Dieu (161-162). La joie causée par le « dire » du Seigneur est
comparée à celle du vainqueur qui recueille le butin (162). Les deux segments
du premier morceau semblent construits de manière spéculaire : encadrés par
« tes paroles » et « ton dire », les membres centraux disent l'attachement du
psalmiste à la loi du Seigneur ; le dernier membre répond au premier, comme si
l'orant était assuré de sa victoire sur ses persécuteurs qu'il dépouillera dans la
joie.
Le second morceau est parallèle au premier. Dans les premiers membres « le
mensonge », qui semble bien être celui des persécuteurs, renvoie à « sans
raison» (163a. 16la); les deuxièmes membres sont synonymes. Dans les
seconds segments, « j e te loue » correspond à « me réjouissant » et « pour les
jugements » à « pour ton dire ».

La deuxième partie (165-168)

= 1 6 5 Paix nombreuse pour LES AMAHJ t a loi,


= et pas pour eux de trébuchement.
+ 166 J'espère ton salut, Yhwh,
+ et tes commandements je fais.

+ 167 Observe mon ame tes ordres,


= et je les A M E complètement.
+ 168 J'observe tes préceptes et tes ordres,
= car routes mes voies en face de toi.
Le psaume 119 235

Dans le premier morceau, la loi générale du premier segment (165) s'applique


ensuite à la première personne du psalmiste (166); « s a l u t » correspond à
« paix » et à « pas de trébuchement ». Les deux segments du second morceau
sont parallèles : leurs premiers membres commencent par « observer » et
s'achèvent par « tes ordres » ; quant aux seconds membres, ils insistent sur la
perfection de l'obéissance (« complètement » et « toutes »).
Le deuxième morceau développe le contenu du dernier membre du premier
morceau. « Aimer » est repris dans les premiers segments (165a. 167b).

L 'ensemble du passage Shin (161-168)

- 1 6 1 Des chefs me persécutent sans raison,


:: et à tes paroles tremble mon cœur.
162
= Me réjouissant, moi, pour ton dire,
.. comme qui trouve un butin NOMBREUX.

- 1 6 3 Le mensonge je hais et J'exècre,


1 l ' A LOi J'AIME.
= 164 Sept fais le jour je te loue
.. pour les jugements de ta justice.

= 1 6 5 Paix NOMBREUSE pour les AIMANT TA LOI,


= et pas pour eux de trébuchement.
+ 166 J'espère ton salut, Yhwh,
+ et tes commandements je fais.

+ 167 Observe m on âme tes ordres,


= et je les AIME complètement.

+ 168 J'observe tes préceptes et tes ordres,


= car toutes mes voies en face de toi.

Les persécuteurs n'apparaissent que dans les premiers membres des deux
morceaux de la première partie (16la. 163a). Dans le premier morceau de la
deuxième partie le « salut » que le psalmiste « espère » est la délivrance de ses
persécuteurs ; ce « salut » est la « paix » et l'absence de « trébuchement » du
segment précédent.
« A i m e r » de 163b revient deux fois dans la deuxième partie (165a. 167b).
« Nombreuse » au début de la deuxième partie reprend « nombreux » à la fin du
premier morceau. « Ta loi » revient au début des morceaux intermédiaires (163b.
165a). Enfin, « sept fois » à la fin de la première partie (164a) de même que
« complètement » et « toutes mes voies » à la fin de la deuxième (167b. 168b)
expriment la même idée de totalité.
236 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

INTERPRÉTA TION DU PASSA GE

Le salut de Dieu contre les persécuteurs

D'entrée de jeu le psalmiste évoque sa situation de persécuté. Il y reviendra


pour dire sa haine du « mensonge », celui de ceux qui le poursuivent « sans
raison ». Et il n'est pas en butte à n'importe qui, mais à « des chefs », c'est-à-
dire à ceux qui, de par leur position, sont en mesure de lui faire du mal impu-
nément. Si c'est « l e salut» et « l a paix» qu'il espère, c'est qu'on lui fait la
guerre et que sa vie est en péril.

Confiance et louange

Les ennemis puissants sont menaçants qui risquent de faire trébucher le


psalmiste, mais très vite c'est la confiance en Dieu et l'amour de sa loi qui prend
le dessus et se maintient, imperturbable, jusqu'à la fin. En effet, ce n'est pas
devant ses persécuteurs, fussent-ils « des chefs », qu'il « tremble » (161), mais
seulement devant le seul qui peut le « sauver» (166a). Son assurance est telle
qu'elle se manifeste dans la joie (162a) et dans la louange (164). Ainsi, c'est
« sept fois le j o u r » qu'il peut louer son sauveur (164). Voilà pourquoi il peut
dire qu'il aime les ordres de Dieu « complètement » (167) et que « toutes » ses
voies sont devant lui (168).

5. « QU'APPROCHE MON CRI DEVANT TOI, YHWH » (TAW : 169-176)

COMPOSITION DU PASSA GE

La première partie (169-170)

169
+ APPROCHE mon cri devant toi, Yhwh,
= selon ta parole FAIS-MOI COMPRENDRE.
170
+ VIENNE ma supplication devant toi,
= selon TON DIES délivre-moi.

:: 171 PROFÈRENT meslèweB la louange,


- car Tfj M'APPRENDS tes décrets.
: : 172 CHANTE m langue TON DIRE,
- car tous tes commandements (sont) justice.

Les deux segments du premier morceau sont tout à fait parallèles. Les seconds
membres sont complémentaires : le psalmiste commence par demander la
sagesse, puis il implore la délivrance.
Le psaume 119 237

Dans le deuxième morceau, le parallélisme des premiers segments est un peu


moins strict : « la louange » est le fait de l'homme tandis que « ton dire » est
celui de Dieu. Commençant par « car », les seconds membres donnent la raison
des premiers membres.
A leur tour les deux morceaux sont parallèles entre eux. Les quatre segments
commencent par un verbe au jussif et expriment tous une prière. Mais, tandis que
dans le premier morceau le psalmiste crie sa supplication, dans le second il
demande de pouvoir louer le Seigneur. Dans le premier segment du premier
morceau, il demande à Dieu de lui « faire-comprendre » sa « parole » ; dans le
segment symétrique (171) il le louera de lui avoir « appris » ses « décrets ». Les
seconds membres commencent par la préposition préfixe k* traduite par « selon »
dans le premier morceau, par la conjonction kî traduite par « car » dans le second
morceau. En ce qui concerne les seconds segments de chaque morceau, où est
repris « ton dire », on peut comprendre que la « justice » de Dieu se manifeste par
la « délivrance » accordée à son fidèle.

La deuxième partie (171-176)

= 173
SOIT ta main POUR MON SECOURS,
- car tes préceptes j'ai choisi.
+ 1 7 4 JE DÉSIRE ton salut, Yhwh,
..et ta loi (est) nies u6i€ct3yoiis.

=175 VIVE mon âme et qu'elle te loue,


:: et que tes jugements ME SECOURENT !
+ 1 7 6 J'ERRE comme brebis perdue :
+ cherche ton serviteur
.. car tes commandements k if oublie pas.

Les deux segments du premier morceau sont parallèles. Les premiers mem-
bres demandent le « secours » et le « salut » de Dieu, les seconds membres en
donnent comme raison le fait que l'orant aime la loi et ses préceptes.
Dans le deuxième morceau domine la supplication qui s'exprime dans les
deux membres du premier segment et les deux premiers membres du second
segment. Introduit par « car », le dernier membre en revanche donne la raison
des requêtes précédentes.
Les deux morceaux sont parallèles. Ils commencent par deux jussifs fort
semblables en hébreu ( f h î et fhî), suivis de deux parties du corps (surtout si l'on
traduisait le second par « ma gorge »). Dans les premiers segments, « me
secourent » renvoie à « pour mon secours ». Les seconds membres des deux
segments du premier morceau ainsi que le dernier membre du deuxième
morceau expriment tous la raison de la prière.
238 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

L 'ensemble du passage Taw (169-176)

+ 1 6 9 QU'APPROCHE mon cri devant toi, YHWH,


= selon ta parole FAIS-MOI COMPRENDRE.
+ 1 7 0 QUE VIENNE ma supplication devant toi,
= selon TON DIRE délivre-moi.

+ 1 7 1 QUE PROFÈRENT mes lèvres LA LOUANGE,


= car TU M'APPRENDS tes décrets.
+ 1 7 2 QUE CHANTE ma langue TON DIRE,
= car tous TES COMMANDEMENTS
(sont) justice.

+ 1 7 3 QUE SOIT ta main pmip MHhj çprniîgc.


- car tes préceptes j'ai choisi.
174
+ Je désire ton salut, YHWH,
- et ta loi (est) mes délectations.

+ 1 7 5 QUE VIVE mon âme et QU'ELLE TE LOUE,


+ et que tes jugements ME SECOURENT \
+ 176 J'erre comme brebis perdue :
+ cherche ton serviteur
- c a r TES COMMANDEMENTS je n'oublie pas.

Tous les segments de la première partie commencent par un jussif, et de


même les deux morceaux de la deuxième partie. Le vocatif « Yhwh » revient
une fois dans les premiers morceaux de chaque partie (169a. 147a), chaque fois
en fin de membre. Au couple de synonymes « faire-comprendre » et « appren-
dre » dans les premiers segments de chaque morceau de la première partie
(169b. 171b) semblent correspondre les deux termes de même racine dans les
premiers segments de chacun des morceaux de la deuxième partie (« pour mon
secours » et « me secourent » : 173a. 175b). « Louange » et « louer » se trouvent
en position symétrique à la fin des premiers membres des seconds morceaux
(171a. 175a). Les deux occurrences de « tes commandements » jouent le rôle de
termes finaux (172b. 176c).
Chaque partie avance des motivations pour les requêtes adressées au
Seigneur, introduites par « car » ; mais, tandis que dans la première partie ces
motivations s'appuient sur les actions de Dieu (171b. 172b), dans la deuxième
partie elles s'appuient sur les actions du psalmiste (173b.l76c, et de même
174b).
Le psaume 119 239

INTERPRÉTA TION DU PASSA GE

Tout dépend de Dieu

Dans la première partie le psalmiste s'en remet totalement au Seigneur. C'est


lui qui accueillera le cri de sa supplication (169a-170a) ; c'est lui aussi qui lui
ouvrira ses lèvres et dénouera sa langue pour qu'il puisse chanter sa louange
(171a-172a). C'est à la parole de Dieu et à son dire que le suppliant fait appel
pour obtenir sagesse et salut (169b. 170b) ; il louera son libérateur, parce que
c'est lui qui le lui enseignera grâce à la justice de ses commandements
(171b. 172b). L'appel au secours se poursuivra dans la deuxième partie pour
obtenir un salut qui ne saurait venir que de Dieu.

La part de l'homme

Dans la deuxième partie le psalmiste affiche, de manière déterminée, son


engagement et le choix qu'il a fait de suivre la loi de son Dieu. Il utilise son
attachement aux préceptes comme un levier pour obtenir l'aide du Seigneur.
Non pas que sa fidélité et la justice de ses œuvres puissent le sauver, puisqu'il
continue d'invoquer le secours d'en-haut. Les raisons qu'il invoque, en insistant
par trois fois sur son amour de la loi de Dieu, semblent n'être qu'une sorte de
déclaration d'amour qui ne saurait que déclencher en retour la miséricorde
divine.
240 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

6. T A LOI E S T M A D É L E C T A T I O N , C A R JE T ' A I M E ( T S A D É - T A W : 137-176)

COMPOSITION DE LA SOUS-SÉQUENCE

Les deux premiers passages (Tsadé - Qoph)


Tsadé
137 Tu es juste, toi, Y H W H , et droit en t e s jugements.
138 Tu as commandé la justice de TES ORDRES et la sincérité complètement.
139 M'anéantit mon zèle, car ils oublient TES PAROLES mes adversaires.
140Purifié, r: : .complètement, et ton serviteur l'aime.
141 Je suis chétif moi et méprisé, tes préceptes je n'oublie pas.
142 Ta justice est justice À jamais, et TA LOI loyauté.
143 La détresse et l'angoisse m'ont atteint, TES fiûMMMVB font mes délices.
144 Justice TES O R D R E S À JAMAIS, fais-moi comprendre ET je vivrai.

Qoph
145 J'appelle de tout cœur, réponds-moi, YHWH, tes décrets je garderai.
146 Je t'appelle, sauve-moi, et j'observerai TES O R D R E S .
147 Je devance l'aube et j'implore, en TA PAROLE j'espère.
148 Devancent mes yeux les veilles pour méditer sur * X " !.
149 Ma voix entends selon ta fidélité, YHWH, selon rc~ fais-moi vivre.
150 Ils approchent mes persécuteurs infâmes, de TA LOI ils s'éloignent.
151 Tu es proche, toi, Y H W H , et tous 'HiSflniMUOiwvis sont loyauté.
152 À l'avance je sais de TES O R D R E S qu'/i jamais tu les as fondés.

Dans les premières parties, les quatre termes communs reviennent dans le
même ordre : « Yhwh », « tes ordres », « tes paroles/ta parole », « ton dire ».
De même dans les deuxièmes parties quatre termes reviennent dans le même
ordre : « ta loi », « tes commandements », « tes ordres », « à jamais » (« à
jamais» apparaissait déjà en 142). «Loyauté» et « j e vivrai»/ «fais-moi
vivre » se trouvent en ordre inverse, à la fin des seconds segments de chacun des
deux morceaux dans la deuxième partie du premier passage (142.144) ; et, en
revanche, à la fin des premiers membres de chacun des deux morceaux de la
deuxième partie du second passage (149.151).
Le psaume 119 241

Les deux derniers passages (Shin - Taw)

Shin
161 Des chefs me persécutent sans raison, mais de TES PAROLES tremble mon cœur.
162 Je me réjouis, moi, à cause de comme qui trouve un butin nombreux.
163 Le mensonge je hais et j'exècre, c'est TA LOI que j'aime.
164 Sept fois le jour, JE TE LOUE à cause des jugemefits de TA JUSTICE.
165 Paix nombreuse pour les aimant TA LOI, rien ne les fait trébucher.
166
J'espère TON SALUT, YHWH, et 1IN i « f mmrns je pratique.
167 Observe MON ÂME tes ordres, et je les aime complètement.
168 J'observe tes préceptes et tes ordres, car toutes mes voies sont en face de toi.

Taw
169 Approche mon cri devant toi, Yhwh, selon TA PAROLE fais-moi comprendre.
170 Vienne ma supplication devant toi, selon délivre-moi.
171 Profèrent mes lèvres TA LOUANGE, car tu m'apprends tes décrets.
172 Chante ma langue car tous m m m m m w sont JUSTICE.
173 Me soit ta main secourable, car tes préceptes j'ai choisi.
174
J e désire TON SALUT, YHWH, et TA LOI me délecte.
175 Que vive MON ÂME ET TE LOUE, et que tes jugements me secourent !
176 J'erre comme brebis perdue : cherche ton serviteur
car m (mmmmmïs je n'oublie pas.

Chaque passage comprend deux parties formées de deux morceaux.


Dans les premières parties, les premiers morceaux reprennent dans le même
ordre « tes paroles »/« ta parole » (161.169) et « ton dire » (162.170). Dans les
seconds morceaux « ta louange » (171) renvoie à « j e te loue » (164) ; les deux
occurrences de «justice »jouent le rôle de termes finaux (164.172).
Les deuxièmes segments des deuxièmes parties sont très semblables (166.
174) ; au début des derniers morceaux « mon âme » est repris en même position
(167.175) ; les derniers membres commencent par « car » (168b. 176c).
Les termes de la même famille, « louer » et « louange », reviennent trois fois,
une fois dans le premier passage (164) et deux fois dans le second, en position
identique (171-175).
242 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les rapports entre les paires de passages extrêmes

Tsadé
137
JUSTE tu es, toi, Yhwh, et droit en tes jugements.
138 Tu as commandé LA JUSTICE de tes ordres et la sincérité complètement.
139 M'anéantit mon zèle, car ils oublient TES PAROLES mes adversaires.
140 Purifié, f , complètement, et' 1 \V< ' L ' A I M E .
141 Je suis chétif moi et méprisé, tes préceptes JE N'OUBLIE PAS.
142
TA JUSTICE est JUSTICE à jamais, et ta loi loyauté.
143 La détresse et l'angoisse m'ont atteint, tes commandements (sont) mes délectations.
144
JUSTICE tes ordres à jamais, FAIS-MCI COMPRENDRE ET JE V I V R A I .

Qoph
145 J'appelle de tout cœur, réponds-moi, Yhwh, tes décrets je garderai.
146 Je t'appelle, SAUVE-MOI, et f observerai tes ordres.
147 Je devance l'aube et j'implore, en TA PAROLE j'espère.
148 Devancent mes yeux les veilles pour méditer sur
149 Entends ma voix selon ta fidélité, Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE.
150
Ils approchent MES PERSÉCUTEURS infâmes, de ta loi ils s'éloignent.
151
Tu es proche, toi, Yhwh, et tous tes commandements sont loyauté.
152 De longtemps je sais de tes ordres qu'à jamais tu les as fondés.

[153-160]

Shin
161 Des chefs ME PERSÉCUTENT sans raison, mais à TES PAROLES tremble mon cœur.
162 Je me réjouis, moi, pour comme celui qui trouve un butin nombreux.
163 Le mensonge je hais et j'exècre, c'est ta loi que J'AIME.
164 Sept fois le jour je te loue pour les jugements de TA JUSTICE.
165 Paix nombreuse pour les AIMANT ta loi, rien ne les fait trébucher.
166 J'espère TON SALUT, Yhwh, et tes commandements, je les pratique.
167 Mon âme absente tes ordres et je les AIME complètement.
168 J'observe tes préceptes et tes ordres, car toutes mes voies sont en face de toi.

Taw
169 Qu'approche mon cri devant toi, Yhwh, selon TA PAROLE FAIS-MCI COMPRENDRE.
170 Que vienne ma supplication devant toi, selon 1 délivre-moi.
171 Que profèrent mes lèvres ta louange, car tu m'apprends tes décrets.
172 Que chante ma langue TOIID! : B, car tous tes commandements sont JUSTICE.
173 Me soit ta main secourable, car tes préceptes j'ai choisi.
174 Je désire TON SALUT, Yhwh, et ta loi (est) mes délectations.
175 QUE VIVE mon âme et qu'elle te loue, et que tes jugements me secourent !
176 J'errë comme brebis perdue : cherche M MMM\ car tes c o m m a n d e m e n t s JE N'OUBLIE PAS.
Le psaume 119 243

- « Justice », qui revient quatre fois dans le premier passage (à quoi il faut
ajouter « juste »), est repris une fois dans chacun des deux derniers passages.
- « Tes paroles » et « ton dire » qui le suit reviennent dans les troisièmes et
quatrièmes segments des deux premiers passages (139-140.147-148) ainsi que
dans les deux premiers segments des deux derniers passages (161-162. 169-170).
- « Tes ordres » revient deux fois dans les deux premiers passages (138-144),
deux fois aussi dans l'avant-dernier (167-168) et ne reparait pas dans le dernier
passage.
- « Je n'oublie pas » et « fais-moi comprendre », qui cooccurrent dans les
passages extrêmes (141.144 et 169.176), peuvent être considérés comme jouant
le rôle de termes extrêmes ; il en va de même pour les deux occurrences de « ton
serviteur » (140.176).
- « S a u v e r » / «salut» reviennent dans le deuxième passage (146) et dans
chacun des deux derniers passages, en même position (166.174).
- « Approcher » et « proche » se trouvent à la fin du second passage (150.151) et
au début du dernier (169).
- « Mes persécuteurs » remplissent la fonction de termes médians à distance
(150.161).
- « Que vive » à la fin du dernier passage (175) fait écho à « j e vivrai » dans le
premier passage (144) et à « fais-moi vivre » dans le deuxième (149).
- « Aimer », dont le sujet est toujours le psalmiste, revient une fois dans le
premier passage (140) et trois fois dans l'avant-dernier (163.165.167).
- « Mes délectations » est repris à la fin des passages extrêmes (143.174).
244 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les rapports entre le passage central et les quatre autres

Tsadé
137
JUSTE tu es, toi, Yhwh, et droit en tes jugements.
138 Tu as commandé LA JUSTICE de tes ordres et la sincérité complètement.
139 M'anéantit mon zèle, car iL-> tes paroles MIS ADVERSAIRES.
140 Purifié, ton dire, complètement, et ton serviteur i / A I M E .
141
142
Je suis chétif moi et méprisé, tes préceptes JE N 0u8 RAS.
TA JUSTICE est JUSTICE à jamais, et ta loi loyauté.
143
144
Lâ détresseet l'angoisse m'ont atteint, tes commandements (sont) mes délectations.
JUSTICE tes ordres à jamais, fais-moi comprendre ET JE VIVRAI.

Qoph
145 J'appelle de tout cœur, réponds-moi, Yhwh, tes décrets je garderai.
146 Je t'appelle, sauve-moi, et j'ofiSEiivtHAi tes ordres.
147 Je devance l'aube et j'implore, en ta parole j'espère.
148 Devancent mes yeux les veilles pour méditer sur ton dire.
149 Entends ma voix SELON TA FIDÉLITÉ, Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE.
150 Ils approchent M PERSÉCUTEURS infâmes, de ta loi ils s'éloignent.
151 Tu es proche, toi, Yhwh, et tous tes commandements sont loyauté.
152 De longtemps je sais de tes ordres qu'à jamais tu les as fondés.

Resh
153 Vois mon humiliâiion et délivre-moi, car ta loi JE N'OUBLIE PAS.
164 Défends ma eâusezi venge-moi, pour ton dire FAIS-MOI VIVRE.
155 Loin des méchants, le salut, car tes décrets .\
156 Ta miséricorde est nombreuse, Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE.
157 Nombreux MES PERSÉCUTEURS EX MES ADVERSAIRES,de tes ordres je ne dévie pas.

158 J'ai vu des traîtres et suis dégoûté, lesquels ton dire II^'OCTYIINTPAS.
159 Vois combien tes préceptes J'AI MB, Yhwh, SELON TA FIDÉLITÉ FAIS-MOI VIVRE.
160 Le principe de ta parole est loyauté, et à jamais tout jugement de TA JUSTICE.

Shin
161
Des chefs MEPERBEOUTENTsans raison, mais à tes paroles tremble mon cœur.
162 Je me réjouis, moi, pour ton dire, comme celui qui trouve un butin nombreux.
163 Le mensonge je hais et j'exècre, c'est ta loi que i'AIME.
164 Sept fois le jour je te loue pour les jugements de TA JUSTICE.
165 Paix nombreuse pour les AIM ANT ta loi, rien ne les fait trébucher.
166 J'espère ton salut, Yhwh, et tes commandements, je les pratique.
167
168
Mon âme msim- tes ordres et je les AIME complètement.
J'ÎMU; tes préceptes et tes ordres, car toutes mes voies sont en face de toi.

Taw
169 Qu'approche mon SR/devant toi, Yhwh, selon ta parole fais-moi comprendre.
170 Que vienne ma supplication devant toi, selon ton dire délivre-moi.
171 Que profèrent mes lèvres ta louange, car tu m'apprends tes décrets.
172 Que chante ma langue ton dire, car tous tes commandements sont JUSTICE.
173 Me soit ta main secourable, car tes préceptes j'ai choisi.
174 Je désire ton salut, Yhwh, et ta loi (est) mes délectations.
175 QUE VIVE mon âme et qu'elle te loue, et que tes jugements me secourent !
176 J'erre comme brebis perdue : cherche ton serviteur car tes commandements JE N'OUBLIE RAS.
Le psaume 119 245

Les rapports entre le passage central et les quatre autres

Dans le passage central sont concentrés un grand nombre d'éléments qui se


retrouvent ailleurs :
- « Justice », dont on a déjà vu qu'il revenait en force dans le premier passage
(avec « juste » cinq fois), et deux fois dans chacun des deux derniers passages
(164.172) se retrouve à la fin du passage central. C'est la seule sous-séquence où
le terme est employé aussi souvent32.
- « Sauver »/« salut » qui se trouve dans le deuxième passage (146) et dans les
deux derniers (166.174) revient au centre (155).
- L e s trois occurrences de « fais-moi vivre » (154.156.159) font écho à « et je
vivrai » dans le premier passage (144), à « fais-moi vivre » dans le deuxième
(149 ; précédé les deux fois par « selon ta fidélité »), et à « que vive » dans le
dernier passage (175).
- « J e n'oublie pas» (153) comme dans les passages extrêmes (141.176); la
première occurrence s'oppose à «ils oublient» (139) et de même dans le
passage central « j e n'oublie pas » s'oppose à « ils ne recherchent pas » (155) et
à « ils n'observent pas » (158).
- « Observer » dont le sujet est le psalmiste revient dans les passages médians
(146 et 167.168), et il se trouve aussi dans le passage central, mais avec « des
traîtres » comme sujet (158).
- « J ' a i m e » (159) fait écho aux quatre autres occurrences : une fois dans le
premier passage (140) et trois fois dans le quatrième (163.165.167)
- « M e s persécuteurs» (157) renvoie à «mes persécuteurs» dans le passage
précédent (150) et à « me persécutent » dans le passage suivant (161) ; « mes
persécuteurs » est suivi de « mes adversaires » qui se trouvait déjà dans le
premier passage (139). Ces deux termes sont accompagnés dans le passage
central de deux synonymes, «les méchants» (155) et «les traîtres» (158).
« Mon humiliation » et « ma cause » au début du passage central (153.154) sont
provoquées par les « persécuteurs » qui sont « des chefs » au début du passage
suivant (161), ce qui déclenche « cri » et « supplication » au début du dernier
passage (169-170).
On aura noté l'élargissement final : le dernier segment en effet est le seul
trimembre de la sous-séquence.

32
Huit fois dans cette dernière sous-séquence, contre deux fois dans les deux premières et trois
fois dans l'avant-dernière.
246 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les demandes

Tsadé
137 Juste tu es, toi, YHWH, et droit en tes jugements.
138 Tu as commandé la justice de tes ordres et la sincérité complètement.
139 M'anéantit mon zèle, car ils oublient TESRAROLÊS MESADVERSAIRES.
140 Purifié, ton dire, complètement, et ton serviteur l'aime.
141 Je suis chétif moi et MÉPRISÉ, tes préceptes je n'oublie pas.
142 Ta justice est justice à jamais, et ta loi loyauté.
143 La détresse et l'angoisse m'ont atteint, tes commandements (sont) mes délectations.
144 Justice à jamais, MSMCOHPMDM^ JE VIVRAI.

Qoph
145 J'appelle de tout cœur, RÉPONDS-MOI, YHWH, TESPÉCRETS je garderai.
146 Je t'appelle, SAUVE-MOI, et j'observerai ORDRES.
147 Je devance l'aube et j'implore, en ta parole j'espère.
148 Devancent mes yeux les veilles pour méditer sur ton dire.
149
ENTENDS ma voix selon ta fidélité, YHWH, selon iBJUSEMara FAIS-MOI VIVRE.
150 Ils approchent MES PERSÉCUTEURS infâmes, de ta loi ils s'éloignent.
151 Tu es proche, toi, YHWH, et tous tes commandements sont loyauté.
152 De longtemps je sais de tes ordres qu'à jamais tu les as fondés.

Resh
153
154
Vois mon HUMILIATIONSt DÉLIVRE-MOI, car TAïC! je n'oublie pas.
DÉFENDS ma cause et VENGE-MOI, FOUS TON DÎR£ FAIS-MOI VIVRE.
155 Loin des MÉCHANTS, le salut, car tes décrets ils ne recherchent pas.
156 Ta miséricorde est nombreuse, YHWH,
SELON TES jugements FAIS-MOI VIVRE.
157 Nombreux MEC PERSÉCUTEURS et MESAEI^RSAIRES,
de tes ordres je ne dévie pas.
158 J'ai vu des TPAJMECET suis dégoûté, lesquels ton dire ils n'observent pas.
159 Vois combien t b p r é b ^ s j'aime, YHWH, SELON TA WÈM FAIS-MOI VIVRE.
160 Le principe de ta parole est loyauté, et à jamais tout jugement de ta justice.

Shin
161
DES CHEFS me PERSÉCUTENT SANS raison, mais à tes paroles tremble mon cœur.
162 Je me réjouis, moi, pour ton dire, comme celui qui trouve un butin nombreux.
163 Le mensonge je hais et j'exècre, c'est ta loi que j'aime.
164 Sept fois le jour je te loue pour les jugements de ta justice.
165 Paix nombreuse pour les aimant ta loi, rien ne les fait trébucher.
166 J'espère ton salut, YHWH, et tes commandements, je les pratique.
167 Mon âme observe tes ordres et je les aime complètement.
168 J'observe tes préceptes et tes ordres, car toutes mes voies sont en face de toi.

Taw
169

170
QU'APPROCHE mon cri devant toi, YHWH, SELON TABFC&JLE FA&WI WF1?WMM.
171
QUE VIENNE ma supplication devant toi, SELON TON PPT; DÉLIVRE-MOI.
QUE PROFÈRENT mes lèvres ta louange, car tu m'apprends tes décrets.
172

173
Q U E CHANTE ma langue TON DIRE, car tous tes commandements sont justice.
ME SOIT ta main secourable, car M ^CERTES j'ai choisi.
174 Je désire ton salut, YHWH, et ta loi (est) mes délectations.
175
QUE VIVE mon âme et qu'elle TE LOUE, et que TES JUGEMENTS ME SECOURENT !
176 J'erre comme brebis perdue : cherche ton serviteur car tes commandements je n'oublie pas.
Le psaume 119 247

Le premier passage ne comprend qu'une seule demande, dans le dernier


membre (144b), tandis que le second passage en comprend quatre (145.146.
149a. 149b). Alors que le quatrième passage ne comporte aucune demande, le
dernier n'en contient pas moins de dix (169 bis.170 bis.171.172.173.175 ter) ;
ainsi, de ce point de vue, les deux premiers passages et les deux derniers se
correspondent en parallèle. Quant au passage central, il en contient huit (153a
bis. 154 ter. 156.159 bis). La progression est notable, jusqu'au dernier passage où
la densité des demandes arrive à son maximum.
Les demandes sont toutes adressées à « Yhwh », dont le nom revient neuf
fois, toujours au vocatif (137 ; 145.149.151 ; 156.159; 166; 169.174).
Deux fois le psalmiste demande à Dieu de lui « faire comprendre » : ses
« ordres » d'abord (144), absolument, sans complément, à la fin (169). Dans le
passage central, par trois fois, il lui demande de le «faire vivre» (154. 156.
159) ; il l'avait déjà demandé dans le passage précédent (149) et même à la fin
du premier passage (144), et il y reviendra encore une fois à la fin : « Que vive
mon âme » (175).
Dès le premier passage sont nommés les « adversaires » (139) de Dieu et du
psalmiste par lesquels ce dernier est « méprisé » (141) ; dans le passage suivant,
ce sont ses «persécuteurs» (150). Dans le passage central, leur mention est
omniprésente : ce sont les « méchants » (155), « persécuteurs et adversaires » du
psalmiste (157) « traitres » (158) qui provoquent son « humiliation » (153). Au
début de l'avant-dernier passage ceux-ci sont des «chefs» (161). Il n'en sera
plus question nommément dans le dernier passage, mais « cri » et
« supplication » (169-170) laissent entendre que c'est pour en être libéré que le
psalmiste invoque son Seigneur.

INTERPRÉTA TIONDE LA SOUS-SÉQUENCE

Les adversaires

Le psalmiste se plaint d'être « chétif et méprisé » (141). Son « humiliation »


(153) est le fait de ses « adversaires » et « persécuteurs » (139.150.157. 161) ; ce
sont des « traitres » et des « méchants » (155.158). Ils sont « nombreux » (157)
et certains sont des hommes de pouvoir, « des chefs » (161). Ces gens-là sont
aussi les adversaires du Seigneur, comme les décrit celui qu'ils humilient : « car
ils oublient tes paroles» (139), «de ta loi ils s'éloignent» (150), «car tes
décrets ils ne recherchent pas » (155), « ton dire ils n'observent pas » (158).

La justice du Seigneur

Le premier mot, « juste », donne le ton, les termes de même racine étant repris
tout au long de la sous-séquence. La justice de Dieu et de sa loi est accompagnée
d'une série de qualités qui en font briller les diverses facettes : droiture (137),
«sincérité» (138), «loyauté» (142.151.160), «fidélité» (149.159), «miséri-
corde » (156). La justice divine se manifeste dans ses commandements (172) et
248 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

surtout en ses «jugements» (156.160.164). C'est à elle que le psalmiste fait


appel dans sa détresse et son angoisse.

La fidélité du psalmiste

Face à ses adversaires qui se moquent de la loi de Dieu, le psalmiste proteste


de sa fidélité. Avec ceux qui « aiment » la loi du Seigneur (165), il « aime » son
« dire » (140), ses « préceptes » (159), sa « loi » (163), « ses ordres » (167). Il se
garde de l'oublier (141.153.176); il la connaît (152), l'observe (146.168), la
pratique (166), il l'a choisie (173), il ne dévie pas de ses ordres (157). C'est en
elle qu'il trouve ses délectations (143.174), en elle qu'il espère (147) : il espère
en sa parole (147), il espère son salut (166).

La supplication et la louange

Le psalmiste espère le salut du Seigneur, car il a beau être fidèle à sa loi, ce


n'est pas sa propre justice qui est capable de le sauver de ses persécuteurs ; c'est
pourquoi il fait appel dès le début à la justice de celui qui seul peut le délivrer de
la détresse et de l'angoisse (141.143), et le faire « vivre » (144. 149.154.156.159
175), c'est-à-dire de le sauver de la mort. C'est peut-être cela qu'il demande au
Seigneur de lui « faire comprendre » en conclusion du premier passage (144).
Alors la supplication éclate et s'intensifie de plus en plus, tant que dans le
dernier passage son « cri » et sa « supplication » finissent par occuper presque
tout l'espace. Toutefois à la supplication se joint le chant de la louange
(164.171.172.175), tant est grande la foi du psalmiste, sûr d'être exaucé.
Le psaume 119 249

F. L'ensemble du psaume

La sous-séquence centrale, qui ne comprend que deux passages, est plus


courte que les quatre autres qui en comptent cinq chacune.

Avec qui marche dans tes chemins, instruis-moi de tes décrets 1-40

De la loi je me délecte, car tu m'aimes 41-80

TON A M O U R M E SAUVE DE LA MORT 81 -96

Loin de qui s'égare de tes chemins, apprends-moi tes décrets 97-136

Ta loi est ma délectation, car je t'aime 137-176

De chaque côté de la sous-séquence centrale, les deux premières et les deux


dernières sous-séquences se correspondent de manière parallèle : la première
avec la quatrième, la deuxième avec la dernière.
On décrira d'abord les rapports entre les sous-séquences symétriques :
- A et A' : Aleph-Hé (1-40) et Mem-Pé (97-135) ;
- B et B' : Waw-Yod (41-80) et Tsadé-Taw (137-175).
Enfin, on étudiera les rapports entre la sous-séquence centrale et les cinq
autres.

1. COMPOSITION

LES RAPPORTS ENTRE LES SOUS-SÉQUENCE A ET A ' (1-40 ; 97-135)

Pour raisons de commodité, les rapports entre les sous-séquences seront


présentés de manière progressive :
- d'abord entre leurs deux premiers passages,
- puis entre leurs passages centraux,
- enfin entre leurs deux derniers passages.
- Une vue d'ensemble conclura la présentation.
250 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les deux premiers passages de chaque sous-séquence

Aleph
1
Heureux les parfaits de CHEMIN, les MARCHANT dans LA LOI de Yhwh !
2
Heureux les gardant ses témoignages, de tout cœur ils le recherchent.
3
Ils n'ont jamais commis d'iniquité, dans ses CHEMINS ils MARCHENT !
4
Toi, tu as ordonné tes préceptes, pour qu'on les observe complètement.
5
Si seulement étaient établis mes CHEMINS pour que j'observe tes décrets !
6
Alors je ne rougirai pas en regardant vers tous tes commandements.
7
Je te célébrerai en droiture de cœur, mm mm LES JUGEMENTS de ta justice.
8
Tes décrets j'observerai, ne m'ABANDONNE pas complètement.

Bet
9 Par quoi purifiera le jeune sa VOIE pour observer selon TA PAROLE ?
10
De tout mon cœur je te recherche, ne M'ÉGARE pas de tes commandements.
11 Dans mon cœur j'abrite ton dire afin de ne pas pécher contre toi.
12Béni sois-tu, Yhwh, APPRBCSHOi TES DÉCRETS !
13
De mes lèvres j'expose tous les jugements de ta bouche.
14 Dans le CHEMIN de tes ordres JE ME REJOUIS comme de tout bien.
15Sur tes préceptes je méditerai et je regarderai tes VOIES.
16 En TES DÉCRETS je me délecte,

- Termes initiaux
« ta loi » pour les premiers passages (1.97) ;
« ta parole » pour les deuxièmes passages (9.105).
- Termes finaux
« tes décrets » (16.112).
- « Cœur » revient six fois (2.7.10.11 ; 111.112).

Les passages centraux

Guimel
17
Fais-du-bien à ton serviteur ET JE VIVRAI et j'observerai ta parole.
18
Ouvre mes yeux et je regarderai les merveilles de ta loi.
19
Un résident moi sur la terre, ne cache pas de moi tes commandements.
20
Est broyée mon âme d'amour pour tes jugements en tout temps.
21
Tu menaces l E ARMiiAM'S maudits, LES S'ÉGARANT loin de tes commandements.
22
Ouvre de sur moi LflPPRûBIŒ et iïfflMS, car tes ordres je les garde.
23
Que siègent M S I ® , qu'ils parlent contre moi, ton serviteur médite sur tes décrets.
24
Que tes ordres soient mes délectations, (tes préceptes), mes conseillers.

- « Et je vivrai » revient en 17 et 116.


- L e s termes du champ sémantique des ennemis sont nombreux (21.22.23;
113.115.119).
- « Les s'égarant » est repris en 21 et 118.
- le Seigneur « méprise » (118) ceux qui font peser le « mépris » sur le psalmiste
(22).
Le psaume 119 251

Mem
97
Combien j'aime TA LOI ! tout le jour elle est ma rumination.
98
Plus que mes ennemis m'assagissent tes commandements car à jamais ils sont à moi.
99
Plus que tous mes maîtres je suis avisé, car tes ordres sont rumination pour moi.
100
Plus que les vieillards je comprends, car tes préceptes je garde.
101
De TOUTE VOIE mauvaise je retiens MES PIEDS afin d'observer ta parole.
102
De TES JUGEMENTS \e ne M'ÉCARTE PAS, car c'est toi qui ifAS INSTRUIT.
103
Combien est doux à mon palais ton dire, plus que le miel à ma bouche !
104
Par tes préceptes je comprends, c'est pourquoi je hais TOUTE VOIE de mensonge,

Noun
105
Lampe pour MES PIEDS, TA PAROLE, et lumière pour MON SENTIER.
106
Je jure, et je tiendrai, d'observer les jugements de ta justice.
107
J'ai été humilié complètement, Yhwh, fais-moi vivre selon ta j a rôle.
108
Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh, et ÏESJVGEMENVIWPRËHBS-MOL
109
Mon souffle dans mes paumes constamment, mais ta loi MÏÏ'AÏPASOÏÏBLÉ.
110
M'ont donné des méchants UN PIÈGE, mais hors de tes préceptes JE N'AI PAS ERRÉ.
111
Mon héritage, tes ordres à jamais, car ils sont LA JOE de mon cœur.
112
J'incline mon cœur à faire TES DÉCRETS, à jamais, jusqu'au bout.

- En position symétrique dans les premiers passages : « ayant appris les juge-
ments » (7) et « tes jugements [...] m ' a instruit » (102).
- En position symétrique dans les seconds passages : « apprends-moi tes
décrets » (12) et « tes jugements apprends-moi » (108).
- D e n s i t é du champ sémantique du chemin (1.3.5.8.9.10.14.15; 101.102.104.
105.110).
- D a n s les seconds passages reviennent « n e pas oublier» (16.109); « j e me
réjouis » (14) annonce « la joie »(11).

Samek
11
HETO!DIPXje hais et ta loi j'aime.
114
Mon abri et mon bouclier, c'est toi, en ta parole j'espère.
115
Écartez-vous de moi, MHW/S, je garderai les commandements de mon Dieu.
116
Soutiens-moi selon ton dire ET JE VIVRAI, ne me fais pas rougir de mon attente.
117
Sois mon appui et je serai sauvé, et je contemplerai tes décrets constamment.
118
wMÏWÏS tous LES s'ÉGARANT 6e tes décrets, car sont mensonge leurs pensées.
119
Scories tu tiens tous m MANTS de la terre, c'est pourquoi j'aime tes ordres.
120
Frissonne de ta frayeur ma chair, et tes jugements je crains.

- Alors que les deux premiers passages ne comportaient aucune requête, les
passages centraux en contiennent plusieurs (17.18.19.22.23.24; 116 bis.117).
Noter que les deux seules requêtes affectées de la négation se trouvent dans les
seconds membres (19 ; 119).
252 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les deux derniers passages de chaque sous-séquence

Dalet
25
A collé à la poussièm mon âme, fais-moi vivre selon ta parole.
26
Mes CHEMINS j'ai exposé et tu m'as répondu, AMMOS-M TES DÉCRETS.
27
Le CHEMIN de tes préceptes MS-MO'IWMMFMT et je méditerai sur tes merveilles.
28
A pleuré mon âme d'affliction, relève-moi selon ta parole.
29
Le CHEMIN de mensonge de m , et de ta loi fais-moNa-grâce.
30
Le CHEMIN de vérité j'ai choisi, sur tes jugements je me suis aligné.
31
Je me suis collé à tes ordres, Yhwh, ne ME ÍBIS D3$ rougir.
32
Dans le CHEMIN de tes commandements JE COURRAI, car tu élargis mon cœur.

HC
33
mmsm, Yhwh, le CHEMIN D E TES DÈCTLETS, et je le garderai jusqu'au bout.
34
FAf3~mo?rfmm£et je garderai ta loi, et l'observerai de tout mon cœur.
35
AcHEMiNE-moi au SENTIER de tes commandements, car en eux je me plais.
36
incline mon cœur vers tes ordres, et non pas vers le gain.
37
Détourne mes yeux de voir la vanité, dans tes CHEMINS fais-moi vivre.
38
Fais-lever pour ton serviteur ton dire, lequel est pour tes craignant.
39
Détourne mon opprobre que je redoute, car tes jugements sont bienfaisants.
40
Voici ; je désire tes préceptes, dans ta justice fais-moi vivre.

- Dans les premiers passages, en deux segments contigus et dans le même ordre,
à « apprends-moi tes décrets » et « fais-moi connaître » (26-27) correspondent
« tes décrets apprends-moi » et « fais-moi comprendre » (124-125).
- L e s mêmes éléments se retrouvent aussi dans les seconds passages, en
contiguïté l'un (23-24), à distance et en ordre inverse dans l'autre (130.135).
- L e s ennemis du psalmiste et de Dieu sont présents surtout à la fin de la
quatrième sous-séquence (121.122.128.134.136), mais ne sont pas absents des
passages finaux de la première sous-séquence (25.28.39)
Le psaume 119 253

Ayin
121
J'ai fait jugement et justice, ne m e laisse pas à mes wmmm.
122
Cautionne ton serviteur pour le bien, que ne wmmms pas des AMOGM rs.
123
Mes yeux s'achèvent pour ton salut, et pour le dire de ta justice.
124
Fais avec ton serviteur selon ta fidélité, et ï i i s DÉCRU: I S APPPmOB-hOL
125
Je suis ton serviteur, fAï3~MC1 CûfimNm, et je connaîtrai tes ordres.
126
II est temps de faire pour Yhwh : ils vîokrïî ta loi.
127
C'est pourquoi j'aime tes commandements, plus que l'or et que l'or-pur.
128
C'est pourquoi sur tous tes préceptes JE ME DIRIGE, TOUTE VOIE de mensonge je hais.


129
Merveilles que tes ordres ! c'est pourquoi les garde ma gorge.
130
L'ouverture de ta parole illumine, mSAt{fCOm<BNDmrn\ simples.
131
La bouche je dilate et j'aspire, car de tes commandements je suis avide.
132
Tourne-toi vers moi et fais-moi grâce, selon le jugement pour les aimants ton nom.
133
MES PAS affermis dans ton dire, ne laisse dominer sur moi aucune iniquité.
134
Rachète-moi de L/OMIIMSÛ^ de l'homme, et j'observerai tes préceptes.
135
Que ta face illumine ton serviteur et APPS3ENDS-M0I IBS DÉCRETS.
136
Des ruisseaux font couler mes yeux, parce qu'ils VOMYI-AI PIS ta loi.

- L e s termes du champ sémantique du chemin sont nombreux, plus dans les


derniers passages de la première sous-séquence (26.27.29.30.32), moins dans les
derniers passages de la quatrième sous-séquence (128.133).
- L e s demandes sont nombreuses de part et d'autre (28.29.31.36.37.38.39;
121.122.124.132.133.134.135)
- « Toute voie de mensonge » (128) rappelle « le chemin de mensonge » (29).
254 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les deux sous-séquences A et A'

La première sous-séquence (A)


Aleph 1 Heureux les parfaits de CHEMIN, les MARCHANT dans la loi de Yhwh !
2
Heureux les gardant ses témoignages, de tout cœur ils le recherchent.
3
Ils n'ont jamais commis d'iniquité, dans ses CHEMINS ils MARCHENT !
4
Toi, tu as ordonné tes préceptes, pour qu'on les observe complètement.
5
Si seulement étaient établis mes CHEMINS pour que j'observe tes décrets !
6
Alors je ne rougirai pas en regardant vers tous tes commandements.
7
Je te célébrerai en droiture de cœur, ayant appris les (uqements de ta justice.
8
Tes décrets j'observerai, ne m'ABANDONNE pas complètement.

Bet 9 Par quoi purifiera le jeune sa VOIE pour observer selon ta parole ?
10
De tout mon cœur je te recherche, ne M'ÉGARE pas de tes commandements.
11
Dans mon cœur j'abrite ton dire afin de ne pas pécher contre toi.
12
Béni sois-tu, Yhwh, am A- nd -rm : tes décrets !
13
De mes lèvres j'expose tous les jugements de ta bouche.
14
Dans le CHEMIN de tes ordres je me réjouis comme de tout bien.
15
Sur tes préceptes je méditerai et je regarderai tes VOIES.
16
En tes décrets je me délecte, je n'oublie pas ta parole.

Guimel 17 Fais-du-bien à ton serviteur ET JE VIVRAI et j'observerai ta parole.


18
Ouvre mes yeux et je regarderai les merveilles de ta loi.
19
Un résident moi sur la terre, ne cache pas de moi tes commandements.
20
Est broyée mon âme d'amour pour tes jugements en tout temps.
21
Tu menaces m ARBOOÂNTS maudits, LES S'ÉGARANT loin de tes commandements.
22
Ouvre de sur moi l'opprobre et ŒMÎms, car tes ordres je les garde.
23
Que siègent OIS UOKS, qu'ils parlent contre moi, ton serviteur médite sur tes décrets.
24
Que tes ordres soient mes délectations, (tes préceptes), mes conseillers.

Dalet 25 A collé à la \mm\-. mon âme, FAIS-MOI VIVRE selon ta parole.


26
Mes CHEMINS j'ai exposé et tu m'as répondu, ; , v -uu^ w tes décrets.
27
Le CHEMIN de tes préceptes & ; -, ; on * et je méditerai sur tes merveilles.
28
A pleuré mon âme d'y HH IRA, relève-moi selon ta parole.
29
Le CHEMIN de mensonge écarte de moi, et de ta loi fais-moNa-gràce.
30
Le CHEMIN de vérité j'ai choisi, sur tes jugements je me suis aligné.
31
Je me suis collé à tes ordres, Yhwh, ne me fais pas rougir.
32
Dans le CHEMIN de tes commandements JE COURRAI, car tu élargis mon cœur.
33
Hé 1,i W l Yhwh. du CHEMIN de tes décrets. et je le garderai jusqu'au bout.
34
/;;uu nmend et ie qarderai ta loi. et l'observerai de tout mon cœur.
35
ÂCHEMINE-moi au SENTIER de tes commandements, car en eux je me plais.
36
incline mon cœur vers tes ordres, et non pas vers le gain.
37
Détourne mes yeux de voir la vanité, dans tes CHEMINS FAIS-MOI VIVRE.
38
Fais-lever pour ton serviteur ton dire, lequel est pour tes craignant.
39
Détourne mon OPPRIME que je redoute, car tes jugements sont bienfaisants.
40
Voici ; je désire tes préceptes, dans ta justice F A I S - M O I VI VRE.

- Le même mouvement marque les deux sous-séquences : absentes au début, les


requêtes se font de plus en plus pressantes à partir des deuxièmes passages (une
seule), jusqu'au dernier (9 et 7 fois ; voir p. 165.221).
- Dans la sous-séquence A « apprendre » revient trois fois, « faire comprendre »
deux fois et « instruire » une seule fois. De même, en A' « apprendre » revient
trois fois, « faire-comprendre » deux fois et « instruire » une seule (dans les
expressions qui se correspondent, en grisé souligné).
Le psaume 119 255

La quatrième sous-séquence (A')


Mem 97 Combien j'aime ta loi ! tout le jour elle est ma rumination.
98
Plus que m imiMS m'assagissent tes commandements car à jamais ils sont à moi.
99
Plus que tous mes maîtres je suis avisé, car tes ordres sont rumination pour moi.
100
Plus que les vieillards je comprends, car tes préceptes je garde.
101
De TOUTE VOIE mauvaise je retiens MES PIEDS: afin d'observer ta parole.
102
De tes jugements je ne M'ÉCARTE PAS, car c'est toi qui m'as instruit.
103
Combien est doux à mon palais ton dire, plus que le miel à ma bouche !
104
Par tes préceptes je comprends, c'est pourquoi je hais TOUTE VOIE de mensonge,

Noun 105 Lampe pour MES PIEDS, ta parole, et lumière pour MON SENTIER.
106
Je jure, et je tiendrai, d'observer les jugements de ta justice.
107
j'Ai ÉTÉ HUMILIÉ complètement, Yhwh, F A I S - M O I VIVRE selon ta parole.
108
Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh, et tes iuqements Dorerm-moi.
109
Mon souffle dans mes paumes constamment, mais ta loi je n'ai pas oublié.
110
M'ont donné des MÉflÀNTS UN PIÈGE, mais hors de tes préceptes JE N'AI PAS ERRÉ.
111
Mon héritage, tes ordres à jamais, car ils sont la joie de mon cœur.
112
J'incline mon cœur à faire tes décrets, à jamais, jusqu'au bout.

Samek 113 lirroim.wx je hais et ta loi j'aime.


114
Mon abri et mon bouclier, c'est toi, en ta parole j'espère.
115
Écartez-vous de moi, VULFAISANTS, je garderai les commandements de mon Dieu.
116
Soutiens-moi selon ton dire ET JE VIVRAI, n e me fais pas rougir de mon attente.
117
Sois mon appui et je serai sauvé, et je contemplerai tes décrets constamment.
118
ivmmm tous LES S'ÉGARANT de tes décrets, car sont mensonge leurs pensées.
119
Scories tu tiens tous les mmi$ de la terre, c'est pourquoi j'aime tes ordres.
120
Frissonne de ta frayeur ma chair, et tes jugements je crains.

Ayin 121 J'ai fait jugement et justice, ne me laisse pas à mes OPPRESSEURS.
122
Cautionne ton serviteur pour le bien, que ne arOPPRIMENT pas des ARROGANTS.
123
Mes yeux s'achèvent pour ton salut, et pour le dire de ta justice.
124
Fais avec ton serviteur selon ta fidélité, et tes décrets m ends--moi.
125
Je suis ton serviteur, N s icqmgtep n\ et je connaîtrai tes ordres.
126
II est temps de faire pour Yhwh : m VHHJiST ta loi.
127
C'est pourquoi j'aime tes commandements, plus que l'or et que l'or-pur.
128
C'est pourquoi sur tous tes préceptes JE ME DIRIGE, TOUTE VOIE de mensonge je hais.
129
Pé Merveilles que tes ordres ! c'est pourquoi les garde ma gorge.
130
L'ouverture de ta parole illumine, faisant comprendre aux simples.
131
La bouche je dilate et j'aspire, car de tes commandements je suis avide.
132
Tourne-toi vers moi et fais-moi grâce, selon le jugement pour les aimants ton nom.
133
MES PAS affermis dans ton dire, ne laisse dominer sur moi aucune iniquité.
134
Rachète-moi de rûppn&SIOS de l'homme, et j'observerai tes préceptes.
135
Que ta face illumine ton serviteur et a wenris-mo tes décrets,
136
Des ruisseaux font couler mes yeux, parce qu'IIS YOBM m M Y\s ta loi.

- L e s termes du champ sémantique du chemin se retrouvent dans les dix


passages, davantage cependant dans la première sous-séquence que dans la
quatrième.
- Les ennemis n'apparaissent qu'à partir du centre de la première sous-séquence,
mais sont présents dans tous les passages de la quatrième.
- « Fais-moi vivre »/«je vivrai » revient en 17.25.37.40 et en 107.116.
256 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

LES RAPPORTS ENTRE LES SOUS-SÉQUENCES B ET B' (41-80 ; B' : 137-176)

Les deux premiers passages de chaque sous-séquence

Waw
41
Et m'adviennent te fidélités, Yhwh, TON SALUT selon ton dire !
42
Et je répondrai à on WMM, une parole, car j'ai confiance en ta parole.
43
Et n 'éloigne pas de ma bouche la parole de loyauté totalement,
car eri ces pjgenwfiîs FESPÈRE.
44
ET J'OBSERVERAI ta loi constamment à jamais et toujours.
45
Et je marcherai au large, car tes préceptes je recherche.
46
Et je parlerai de tes ordres en face des rois et point ne rougirai.
47
Et JE ME DÉLECTERAI DE TES COMMANDEMENTS, lesquels J'AIME.
48
Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements, lesquels fMME
et je méditerai sur tes décrets.

Zayin
49
Souviens-toi de la parole à ton serviteur, par laquelle Tti MF FAIS ESmiM.
50
Cela (est) ma consolation dans MA m« carton dire HE FAIT VIVRE.
51
m ARROGANTS me raillent complètement, de ta loi je ne dévie pas.
52
j e m e s o u v i e n s de tes jugements de jamais, Yhwh, et je me console.
53
L'indignation me saisit pour l&s MÉCHANTS, les abandonnant ta loi.
54
Des hymnes sont pour moi tes décrets, dans la maison de ma résidence.
55
J e m e s o u v i e n s la nuit de ton nom, Yhwh, ETJ'OBSERVERAI ta loi.
56
Cela est pour moi car tes préceptes JE GARDE.

- Les avant-derniers segments des premiers passages contiennent des syntagmes


fort semblables: « j e me délecterai de tes commandements» (47) et « t e s
commandements (sont) mes délectations » (143).
- « En ta parole j'espère » (147) rappelle « en tes jugements j'espère » (43), à
quoi il faut ajouter « tu me fais espérer » (49).
- Les termes du champ sémantique des ennemis se retrouvent en 42.50.51.53 et
en 139.141.150.

Les passages centraux

Het
57
Ma part, Yhwh, je le dis, D 'OBSERVER tes paroles.
58
J'apaise ta face de tout cœur, fais-moi-grâce selon ton dire !
59
Je réfléchis sur mes chemins et je ferai-venir mes pieds vers tes ordres.
60
Je me hâte et point ne tarde D 'OBSER VER tes commandements.
61
62
Les liens des MÉCHANTS m'enveloppent, TA lÛIJFW'ûmiMPAS.
Au milieu-de la nuit je me lèverai pour te célébrer, pour LES J U G E M E N T S P E TA JUSTICE.
63
Compagnon je suis de tous ceux qui te craignent et des OBSERVANT tes préceptes.
64
Ta Milité, Yhwh, remplit la terre, tes décrets apprends-moi.

- Le syntagme « ta loi je n'oublie pas » revient en 61 et 153.


- Le syntagme « les jugements de ta justice » (62) annonce « tout jugement de ta
justice » (160).
Le psaume 119 257

Tsadé
137
Juste tu es, toi, Yhwh, et droit en tes jugements.
138
Tu as commandé la justice de tes ordres et la sincérité complètement.
139
M'anéantit mon zèle, car ils oublient tes paroles m m m m .
140
Purifié, ton dire, complètement, et ton serviteur V a m .
141
Je suis m m moi et m m , tes préceptesje n'oublie pas.
142
Ta justice est justice à jamais, et ta loi loyauté.
143
La détresse et l'angoisse m'ont atteint, TES COMMANDEMENTS (sont) MES DÉLECTATIONS.
144
Justice tes ordres à jamais, fais-moi comprendre ET )E VIVRAI.

Qoph
145
J'appelle de tout cœur, réponds-moi, Yhwh, tes décrets JE GARDERAI.
146
Je t'appelle, SAUVE-MOI, ETJ 'OBSERVERAI tes ordres.
147
Je devance l'aube et j'implore, en U MMKFESPÈRE.
148
Devancent mes yeux les veilles pour méditer sur ton dire.
149
Entends ma voix selon ta fidélité, Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE.
150
Ils approchent MES NMMÏM infâmes, de ta loi ils s 'éloignent.
151
Tu es proche, toi, Yhwh, et tous tes commandements sont loyauté.
152
De longtemps je sais de tes ordres qu'à jamais tu les as fondés.

- « Fais-moi vivre » revient dans les seconds passages (50.149).


- « Sauve-moi » (146) rappelle « ton salut » (41).
- Aux deux occurrences de « j e me souviens » (52.55) correspond « j e n'oublie
pas » (141) et s'oppose « ils oublient » (139).
- « Je garde/rai » revient à la fin du second passage de la sous-séquence B et au
début du second passage de la sous-séquence B' (56.145) ; « et j'observerai »
revient trois fois (44.55 ; 146).
- « Aimer » revient trois fois (47.48 ; 140) ; « tes fidélités » de 41 appartient au
même champ sémantique.
- « Ton serviteur » est repris en 49 et 140.

Resh
153
Vois MON HUMILIATION et délivre-moi, car TALQJJETOÏÏBMM.
154
Défends ma cause et venge-moi, pour ton dire fais-moi vivre.
155
Loin des MHIHANI S, le salut, car tes décrets ils ne recherchent pas.
156
Ta miséricorde est nombreuse, Yhwh, selon tes jugements fais-moi vivre.
157
Nombreux WS PEftSÉaiïUK et MES ARVERSAIRIS, de tes ordres je ne dévie pas.
158
J'ai vu MS ÏMÎ1WS et suis dégoûté, lesquels ton dire ILS N'OBSERVENT PAS.
159
Vois combien tes préceptes JsAm, Yhwh, selon ta fidélité fais-moi vivre.
160
Le principe de ta parole est loyauté, et à jamais TOUT J U G E M E N T DE TA JUSTICE.

- À l'unique terme du champ sémantique des ennemis dans le passage central de


la deuxième sous-séquence, « méchants » (61), correspondent cinq termes dans
le passage central de la dernière (153.155.157.159).
- « T a fidélité» (64) et « j ' a i m e » (159) appartiennent au même champ
sémantique.
258 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les deux derniers passages de chaque sous-séquence

Tet
65
Du bon tu as fait avec TON SERVITEUR, Yhwh, selon ta parole.
66
La bonté du jugement et de la science APPRENDS-MO car en tes commandements j'ai foi.
67
Avant d'être WMÉ, moi je m'égarais, mais maintenant ton dire j'observe.
68
Tu es bon, toi, et bienfaisant, APPRENDS-MOI tes décrets.
69
Projettent sur moi le mensonge des AIMANTS, moi de tout cœur je garde tes préceptes.
70
Est épais comme la graisse leur cœur, moi, DE TA LOI JE ME DÉLECTE.
71
Bon pour moi d'être WWW afin D'APPRENDRE tes décrets.
72
Bonne pour moi la loi de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent.

Yod
73
Tes mains m'ont fait et m'ont établi, et * tes commandements.
74
Tes craignant me verront et se réjouiront, car en ta parole fESPÈRE.
75
J'ai connu, Yhwh, que SONT JUSTES TES JUGEMENTS,
et qu'avec vérité tu m'as humilié.
76
Que soit ta fidélité ma consolation, selon ton dire à TON SERVITEUR !
77
Que me vienne ta miséricorde et je vivrai, car TA LOI (est) MES DÉLECTATIONS.
78
Que rougissent les AM0G.4NTS, car à tort ILS M MALÏRAHBT !
moi, je médite sur tes préceptes.
79
Que retournent à moi tes craignant et les connaissant tes ordres !
80
Que soit parfait mon cœur sur tes décrets afin que je ne rougisse pas.

- Dans les derniers passages, les deux occurrences de « ta loi (est) mes délec-
tations » se trouvent en position analogue (77.174) ; « de ta loi je me délecte » se
trouvait déjà en 70.
- En position analogue aussi au début des mêmes passages, à « fais-moi com-
prendre et j'apprendrai » (73) correspondent « fais-moi comprendre » (169) et
« tu m'apprends » (171) ; « apprendre » revenait déjà trois fois dans le passage
Tet.
Le psaume 119 259

Shin
161
m mm ME nmnm sans raison, mais à tes paroles tremble mon cœur.
162
Je me réjouis, moi, pour ton dire, comme celui qui trouve un butin nombreux.
163
Le mensonge je hais et j'exècre, c'est ta loi que J'iXMl.
164
Sept fois le jour je te loue pour les jugements de ta justice.
165
Paix nombreuse pour Lis MMMT ta loi, rien ne les fait trébucher.
166
f ESPÈRE ton salut, Yhwh, et tes commandements, je les pratique.
167
Mon âme observe tes ordres et je les Ain complètement.
168
J'observe tes préceptes et tes ordres, car toutes mes voies sont en face de toi.

Taw
169
Qu'approche mon cri devant toi, Yhwh, selon ta parole FAIS-MO! COMPRENDRE.
170
Que vienne ma supplication devant toi, selon ton dire délivre-moi.
171
Que profèrent mes lèvres ta louange, car TU M'APPRENDS tes décrets.
172
Que chante ma langue ton dire, car TOUS TES COMMANDEMENTS SONT JUSTICE.
173
Me soit ta main secourable, cartes préceptes j'ai choisi.
174
Je désire ton salut, Yhwh, et TA LOI (est) MES DÉLECTATIONS.
175
Que vive mon âme et qu'elle te loue, et que tes jugements me secourent !
176
J'erre comme brebis perdue : cherche TON SERVITEUR
cartes commandements je n'oublie pas.

- « Ton serviteur » revient au début du passage Tet (65) et à la fin du dernier


passage (176), faisant une sorte d'inclusion.
- Les termes appartenant au champ sémantique des ennemis sont nombreux dans
les derniers passages de la deuxième sous-séquence (67.69.71.78) ; ils ne revien-
nent que dans le premier segment des deux derniers passages de la dernière sous-
séquence (161)
- A u trois occurrences de « aimer » dans l'avant-dernier passage de la dernière
sous-séquence (163.165.167) correspond « t a fidélité» dans le dernier passage
de la deuxième sous-séquence (76).
260 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Les deux sous-séquences B et B'

La deuxième sous-séquence (B)


Waw 41 Et m'acjvierrnnîmmtuA, Yhwh, TON SALUT selon ton dire !
42
Et je répondrai à p MlYSliLTli une parole, car j'ai confiance en ta parole.
43
Et iféloigne pas de ma bouche la parole de loyauté totalement,
car EH m JUGEMENTS fESPERE.
44
Et j'observerai ta loi constamment à jamais et toujours.
45
Et je marcherai au large, car tes préceptes je recherche.
46
Et je parlerai de tes ordres en face des rois et point ne rougirai.
47
Et JE ME DÉLECTERAI DE TES COMMANDEMENTS. lesquels J ' A I M L .
48
Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements, lesquels J ' Â I M !
et je méditerai sur tes décrets.

Zayin 49 Souviens-loi de la parole à ton serviteur, par laquelle TU ME FAIS ESPèkEk.


50
Cela (est) ma consolation dans MA MLSIM, carton dire ME FAIT VIVRE.
51
DI S AHKOANTS me raillent complètement, de ta loi je ne dévie pas.
52
Je me souviens de tes jugements de jamais, Yhwh, et je me console.
53
L'indignation me saisit pour 0 8 WI:IT\.\ÎS, les abandonnant ta loi.
54
Des hymnes sont pour moi tes décrets, dans la maison de ma résidence.
55
Je me souviens la nuit de ton nom, Yhwh, et j'observerai ta loi.
56
Cela est pour moi, car tes préceptes je garde.

Het 57 Ma part, Yhwh, je le dis, d'observer tes paroles.


58
J'apaise ta face de tout cœur, fais-moi-gràce selon ton dire !
59
Je réfléchis sur mes chemins et je ferai-venir mes pieds vers tes ordres.
60
Je me hâte et point ne tarde d'observer tes commandements.
61
62
Les liens des méchants m'enveloppent, TA LOI JE womm PAS.
Au milieu-de la nuit je me lèverai pour te célébrer,POUR L E S J U G E M E N T S D E T A JUSTICE.
63
Compagnon je suis de tous ceux qui te craignent et des observant tes préceptes,
64
TA FIDÉLITÉ, Yhwh, remplit la terre, tes décrets apprends-moi.

Tet 65 Du bon tu as fait avec ton serviteur, Yhwh, selon ta parole.


66
La bonté du jugement et de la science apprends-moi,
car en tes commandements j'ai foi.
67
Avant d'être mmï., moi je m'égarais, mais maintenant ton dire j'observe.
68
Tu es bon, toi, et bienfaisant, apprends-moi tes décrets.
69
Projettent sur moi le mensonge des ARROSANTS, moi de tout cœur je garde tes préceptes.
70
Est épais comme la graisse leur cœur, moi, DE TA LOI JE ME DÉLECTE.
71
Bon pour moi d'être MMÉ afin d'apprendre tes décrets.
72
Bonne pour moi la loi de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent.

Yod 73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, fais-moi comprendre et j'apprendrai tes commandements.
74
Tes craignant me verront et se réjouiront, car EN TA PAROLE J'ESPÈRE.
75
J'ai connu, Yhwh, q u e S O N T J U S T E S TES J U G E M E N T S ,
et qu'avec vérité lu m'as humilié.
76
Que soitumîim ma consolation, selon ton dire à ton serviteur !
77
Que me vienne ta miséricorde ET ]E VIVRAI, car TA LOI (est) MES DÉLECTATIONS.
78
Que rougissent les AMOGANîS, car à tort ILS m MALTMiifâî !
moi, je médite sur tes préceptes.
79
Que retournent à moi tes craignant et les connaissant tes ordres !
80
Que soit parfait mon cœur sur tes décrets afin que je ne rougisse pas.

- Les délectations que procure la loi forment système, en positions symétriques,


dans les premiers passages (47.143) et dans les derniers (77.174) comme en une
double inclusion ; à quoi il faut ajouter 70.
- « Vivre » revient en 50 et 77, puis en 144.149.154.156.159.175.
Le psaume 119 261

La dernière sous-séquence (B')

Tsadé 137 JUSTE tu es, toi, Yhwh, et droit en tes jugements.


138
Tu as commandé LA JUSTICE de tes ordres et la sincérité complètement.
139
M'anéantit mon zèle, car ils oublient tes paroles Mi s AmmSAHlKS.
140
Purifié, ton dire, complètement, et ton serviteur L'AMI.
141
142
Je suis mm moi et mm, TES PRÉCEPTES J E M ' O U B L I E P A S .
TA JUSTICE est JUSTICE à jamais, et ta loi loyauté.
143
144
La détresse et l'angoisse m'ont atteint, mQQmtmwmz (sont) MES DÉLECTATIONS.
JUSTICE tes ordres à jamais, fais-moi comprendre ET ]E VIVRAI.

Qoph 145 J'appelle de tout cœur, réponds-moi, Yhwh, tes décrets je garderai.
™ Je t'appelle, SAUVE-MOI, et j'observerai tes ordres.
147
Je devance l'aube et j'implore, EN TA PAROLE J'ESPÈRE.
148
Devancent mes yeux les veilles pour méditer sur ton dire.
149
Entends ma voix selon ta fidélité, Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE.
150
Ils approchent MB PH1SÉCCTBI1S infâmes, de ta loi ils s'éloignent.
151
Tu es proche, toi, Yhwh, et tous tes commandements sont loyauté.
152
De longtemps je sais de tes ordres qu'à jamais tu les as fondés.

Resh 153 Vois mon M l M T i O N et délivre-moi, car TA LOI JE N'OUBLIE PAS.


154
Défends ma cause et venge-moi, pour ton dire FAIS-MOI VIVRE.
155
Loin des MIMANTS, LE SALUT, car tes décrets ils ne recherchent pas.
156
Ta miséricorde est nombreuse, Yhwh, selon tes jugements FAI$~MOL VIVRE.
157
Nombreux mes lœiOTiis et m smmwis, de tes ordres je ne dévie pas.
158
J'ai vu \WS TRAÎTRES et suis dégoûté, lesquels ton dire ils n'observent pas.
159
Vois combien tes préceptes J ' A I E , Yhwh, selon ta fidélité FAIS-MOI VIVRE,
160
Le principe de ta parole est loyauté, et à jamais TOUT JUGEMENT PE TA JUSTICE.

Shin 161 Des chefs ME persécutent sans raison, mais à tes paroles tremble mon cœur.
162
Je me réjouis, moi, pour ton dire, comme celui qui trouve un butin nombreux.
163
Le mensonge je hais et j'exècre, c'est ta loi que J'AIII.
164
Sept fois le jour je te loue pour LES JUGEMENTS PE TA JUSTICE.
165
Paix nombreuse pour LIS AXMAHT ta loi, rien ne les fait trébucher.
166
J W » TON SALUT, Yhwh, et tes commandements, je les pratique.
167
Mon âme observe tes ordres et JE LES MM complètement.
168
J'observe tes préceptes et tes ordres, car toutes mes voies sont en face de toi.

Taw 169 Qu'approche MON m devant toi, Yhwh, selon ta parole fais-moi comprendre.
170
Que vienne MA SLPiTOTHn devant toi, selon ton dire délivre-moi.
171
Que profèrent mes lèvres ta louange, car tu m'apprends tes décrets.
172
Que chante ma langue ton dire, car TOUS TES C O M M A N D E M E N T S SONT JUSTICE.
173
Me soit ta main secourable, car tes préceptes j'ai choisi.
74
1 Je désire TON SALUT, Yhwh, et TA LOI (est) MA DÉLECTATION.
175
QUE VIVE mon âme et qu'elle te loue, et que tes jugements me secourent !
176
J'erre comme brebis perdue : cherche ton serviteur
car TES COMMANDEMENTS J E N'OUBLIE PAS.

- « Ta loi je n'oublie pas » au centre de B revient au centre de B' (153) avec


écho dans les passages extrêmes (141.176); ce sont les derniers mots du
psaume.
- « Fidélité » (-hesed, singulier et pluriel) et « aimer » ('âhab) marquent B et B'
(41.46.47.64.76; 140.159.163.165.167); à l'amour de Dieu en B (41.64. 76)
répond celui du psalmiste, déjà en B (47-48) mais surtout en B' (140.159.163.
165.167.
262 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

La deuxième sous-séquence (B)


Waw 41 Et rn'acMennenttefidélités,Yhwh, TON SALUT selon ton dire !
42
Et je répondrai à p ÏÏLMUL une parole, car j'ai confiance en ta parole.
43
Et n'éloigne pas de ma bouche la parole de loyauté totalement,
car BN TES K^MINTS fBSPèm.
44
Et j'observerai ta loi constamment à jamais et toujours.
45
Et je marcherai au large, car tes préceptes je recherche.
46
Et je parlerai de tes ordres en face des rois et point ne rougirai.
47
Et JE ME DÉLECTERA! DE TES COMMANDEMENTS, lesquels fè$m.
48
Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements, lesquels J?MMI
et je méditerai sur tes décrets.

Zayin 49 Souviens-toi de la parole à ton serviteur, par laquelle ru M FAIS ESPTKER.


50
Cela (est) ma consolation dans MA MMI: carton dire ME FAIT VIVRE.
51
\M MMSM me raillent complètement, de ta loi je ne dévie pas.
52
Je me souviens de tes jugements de jamais, Yhwh, et je me console.
53
L'indignation me saisit pour M MAYïS, les abandonnant ta loi.
54
Des hymnes sont pour moi tes décrets, dans la maison de ma résidence.
55
Je me souviens la nuit de ton nom, Yhwh, et j'observerai ta loi.
56
Cela est pour moi car tes préceptes je garde.

Het 57 Ma part, Yhwh, je le dis, d'observer tes paroles.


58
J'apaise ta face de tout cœur, fais-mongrâce selon ton dire !
59
Je réfléchis sur mes chemins et je ferai-venir mes pieds vers tes ordres.
60
Je me hâte et point ne tarde d'observer tes commandements.
61
62
Les liens des wmm$ m'enveloppent, TA LOI JE M'OUBLIE PAS.
Au milieu-de la nuit je me lèverai pour te célébrer,pou r LES.J.UGmmT5..QE.ÎA. J.U5.T1Œ,
63
Compagnon je suis de tous ceux qui te craignent et des observant tes préceptes.
64
Ta fidélité, Yhwh, remplit la terre, tes décrets apprends-moi.

Tet 65 Du bon tu as fait avec ton serviteur, Yhwh, selon ta parole.


66
La bonté du jugement et de la science apprends-moi,
car en tes commandements j'ai foi.
67
Avant d'être mmâ, moi je m'égarais, mais maintenant ton dire j'observe.
68
Tu es bon, toi, et bienfaisant, apprends-moi tes décrets.
69
Projettent sur moi le mensonge des AflRoœrs, moi de tout cœur je garde tes préceptes.
70
Est épais comme la graisse leur cœur, moi, DE TA LOI JE ME DÉLECTE.
71
Bon pour moi d'être mmÉ afin d'apprendre tes décrets.
72
Bonne pour moi la loi de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent.

Yod 73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, fais-moi comprendre et j'apprendrai tes commandements.
74
Tes craignant me verront et se réjouiront, car EN TA PAROLE
75
J'ai connu, Yhwh, quemmju5m5:m5.jnGEMEm3,
et qu'avec vérité tu m5a$ humilié.
76
Que soit tafidélitéma consolation , selon ton dire à ton serviteur !
77
Que m'adyierme ta miséricorde ET ] £ VIVRAI, car TA LOI (est) MES DÉLECTATIONS.
78
Que rougissent les ABROGANT.S, car à tort ILS «AI/niÀflwr !
moi, je médite sur tes préceptes.
79
Que retournent à moi tes craignant et les connaissant tes ordres !
80
Que soii. parfait mon cœur sur tes décrets afin que je ne rougisse pas.

- Les termes appartenant au champ sémantique de la persécution se retrouvent


dans tous les passages (42.50.51.53.61.67.69.71.75.78; 139.141.150. 153.155.
157.161.169.170).
- A « e n tes jugements/ta parole j'espère» et « t u me fais espérer (43.49.74)
correspondent « en ta parole j'espère » et «j'espère ton salut » (147.166).
Le psaume 119 263

La dernière sous-séquence (B')

Tsadé 137 J U S T E tu es, toi, Yhwh, et droit en tes jugements.


138
Tu as commandé LA .JUSTICE de tes ordres et la sincérité complètement.
139
M'anéantit mon zèle, car ils oublient tes paroles VITS ÀUVI-ISAMS.
140
Purifié, ton dire, complètement, et ton serviteur VmI.
141
142
Je suis mm moi et mm, TES PRÉCEPTES JE N'OUBLIE PAS.
3A.JUSTICE est JUSTICE à jamais, et ta loi loyauté.
143
La détresse et l'angoisse m'ont atteint, TSSCOMMAHDEMMS (sont) MES DÉLECTATIONS.
144
JUSTICE tes ordres à jamais, fais-moi comprendre ET ]£ VIVRAI.
145
Qoph J'appelle de tout cœur, réponds-moi, Yhwh, tes décrets je garderai.
146
Je t'appelle, SAUVE-MOI, et j'observerai tes ordres.
147
Je devance l'aube et j'implore, EN TA PAROLE fESPÊM.
148
Devancent mes yeux les veilles pour méditer sur ton dire.
149
Entends ma voix selon ta fidélité, Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE.
150
Ils approchent m LŒTAEIIS infâmes, de ta loi ils s'éloignent.
151
Tu es proche, toi, Yhwh, et tous tes commandements sont loyauté.
152
De longtemps je sais de tes ordres qu'à jamais tu les as fondés.

Resh 153 Vois mon lfilIüAllo\ et délivre-moi, car TA LOI ]£ N'OUBLIE PAS.
154
Défends ma cause et venge-moi, pour ton dire FAIS-MOI VIVRE,
155
Loin des É I M L S , LE SALUT, car tes décrets ils ne recherchent pas.
156
Ta miséricorde est nombreuse, Yhwh, selon tes jugements FÂ1S-MG! VIVRE,
157
Nombreux m PKIISÉCÛTEU&S et m MVMSALIIOS, de tes ordres je ne dévie pas.
158
J'ai vu m TFIAÎTHLIS et suis dégoûté, lesquels ton dire ils n'observent pas.
159
Vois combien tes préceptes fMM, Yhwh, selon ta fidélité FAIS-MOI VIVRE,
160
Le principe de ta parole est loyauté, et à jamais TOUT JUGEMENT E>£ .TA JUSTICE.

Shin 161 m OFBS ME PIISÉLITENI sans raison, mais à tes paroles tremble mon cœur.
162
Je me réjouis, moi, pour ton dire, comme celui qui trouve un butin nombreux.
163
Le mensonge je hais et j'exècre, c'est ta loi que J'ASËB.
164
Sept fois le jour je te loue pour LESJtiGZMEMlû.DEJAJtiûTïŒ.
165
Paix nombreuse pouruSMMMfT ta loi, rien ne les fait trébucher.
166
f ESPÈRE T O N SALUT, Yhwh, et tes commandements, je les pratique.
167
Mon âme observe tes ordres et je les M U complètement.
168
J'observe tes préceptes et tes ordres, car toutes mes voies sont en face de toi.

Taw 169 Qu'approche MON m devant toi, Yhwh, selon ta parole fais-moi comprendre.
170
Que vienne mmmmm devant toi, selon ton dire délivre-moi.
171
Que profèrent mes lèvres ta louange, car tu m'apprends tes décrets.
172
Que chante ma langue ton dire, car TOUS TES C O M M A N D E M E N T S SONT JUSTICE.
173
Me soit ta main secourable, cartes préceptes j'ai choisi.
174
Je désire TON SALUT, Yhwh, et TA LOI (est) MA DÉLECTATION.
175
QUE VIVE mon âme et qu'elle te loue, et -, tes jugements !
176
J'erre comme brebis perdue : cherche ton serviteur
car TES COMMANDEMENTS JE N'OUBLIE PAS.

- À « les jugements de ta justice » et « sont justes tes jugements » dans la sous-


séquence B (62.75) correspondent « tout jugement de ta justice », « les juge-
ments de ta justice » et « tous tes commandements sont justice » dans la sous-
séquence B' (160.164.172), dans les deux cas vers la fin du passage central et
dans le dernier passage. Il faut ajouter que «justice/juste » revient cinq autres
fois dans le premier passage de la dernière sous-séquence (137.138.142.144.
164).
- Les demandes sont de plus en plus nombreuses (voir p. 191.247).
264 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

LES RAPPORTS ENTRE LES QUATRE SOUS-SÉQUENCES A BA'B'

La première séquence se distingue de toutes les autres du fait que les termes de
la racine drk (« chemin », « acheminer ») y sont repris 12 fois e que « chemin » ne
revient qu'une seule fois ailleurs, dans la sous-séquence B (59).
Dans chacune des quatre sous-séquences le nombre des demandes va croissant
du début à la fin 33 (voir p. 165.191.221.247) :

Passage 1 Passage 2 Passage 3 Passage 4 Passage 5


Sous-séquence A 1 2 5 7 9
Sous-séquence B 2 1 2 2 6

Sous-séquence C

Sous-séquence A' 0 3 4 6 7
Sous-séquence B' 1 4 8 0 10

Ce fait confirme la validité du découpage des sous-séquences. À quoi il faut


ajouter que, contrairement aux quatre autres sous-séquences la sous-séquence
centrale ne comporte aucune demande.

LES RAPPORTS ENTRE LA SOUS-SÉQUENCE CENTRALE ET LES QUA TRE A UTRES

Kaph
81
S'AÛLI'\ 1 pour TON SALUT mon âme, EN TA PAROLE fESPÈRE.
82
xmmxï mes yeux pour ton dire, en disant : « Quand me consoleras-tu ? »
83
Bien que je sois (mm m M M H \\S LÀ R M , TES DÉCRETS JE N'OUBLIE PAS.
84
Combien sont les jours de ton serviteur ? quand feras-tu de MB ?msmmm jugement ?
85
Me creusent m AMOCANTS DES FOSSES lesquels pas comme ta loi.
86
Tous tes commandements sincérité, en mensonge US ME HMamï : SECOURS-MOI.
87
Pour un peu ILS WHMM.SÏ DANS LA TERRE, mais moi je n'abandonne pas tes préceptes.
88
Selon ta fidélité FAIS-MOI VIVRE, et j'observerai l'ordre de ta bouche.

Lamed
89
À jamais, Yhwh, ta parole se dresse dans les cieux ;
90
D'âge en âge, ta sincérité ; tu as établi la terre, elle subsiste ;
91
Sur tes jugements ils subsistent à ce jour, car tous (sont) tes serviteurs.
92
SI TA LOI NE M'EÛT DÉLECTÉ, alors J'AURAIS ÉTÉ PERDE dans m\ IIIDIUATION.
93
À jamais JE M'OUBLIERA! PAS TES PRÉCEPTES, c a r par e u x TU H E FAIS VIVRE.
94
À toi moi, SAUVE-MOI, car tes préceptes je recherche.
95
M'attendaient MS m\AMTS POUR ME PERDRE, à tes ordres je suis attentif.
96
À tout AûlliVi-MiM j'ai vu une fin : immense ton commandement beaucoup !

La sous-séquence centrale concentre un grand nombre de termes présents


plusieurs fois dans les cinq autres sous-séquences.

33
À part la deuxième, où la progression se réduit à la concentration des demandes dans le
dernier passage.
Le psaume 119 265

- Le vocabulaire de la persécution apparaît surtout dans le premier passage (81-


87) mais aussi dans le second (92.95.96) ; à « arrogants » (85), « humiliation »
(92) et « méchants » (95) utilisés ailleurs, s'ajoutent des termes qui ne se
trouvent pratiquement qu'ici : « s'/achever » et « achèvement (81.82. 87.96) 34 et
« comme une outre dans la fumée » (83).
- « Tes décrets je n'oublie pas » (83) et « j e n'oublierai pas tes préceptes » (93)
se retrouvait souvent dans les sous-séquences B et B'.
- « Ton salut » et « sauve-moi » reviennent surtout dans la dernière sous-
séquence (voir p. 261).
- « Vivre/faire vivre » (88.93) se retrouve partout ailleurs, dans les sous-
séquences A et A ' (voir p. 254-255) et dans les sous-séquences B et B' (voir
p. 260-261).
- « En ta parole j'espère » (81) rappelle la deuxième sous-séquence, avec « en
tes jugements j ' e s p è r e » , « t u me fais espérer» et surtout « e n ta parole
j'espère » (43.49.74) ; le même syntagme reviendra dans la quatrième et dans la
cinquième sous-séquence (114.147).
- « Si ta loi ne m'eût délecté » renvoie à B (47.70.77) et à B' (143.174).
Il faut aussi noter les différences entre la sous-séquence centrale et les autres.
- Ni « chemin » ou « sentier », ni aucun lexème appartenant à ce champ
sémantique ne revient dans cette sous-séquence ;
- La sous-séquence ne comprend aucun des nombreux termes de connaissance,
si fréquents ailleurs : « apprendre », « instruire », « comprendre », « connaître ».
- Aucune demande (impératif ou jussif) dans la sous-séquence centrale, alors
qu'elles sont si fréquentes ailleurs.
Les deux passages de cette sous-séquence centrale sont marqués par des
termes appartenant au champ sémantique de la mort, en particulier « des fosses »
(85 ; qui ne se retrouve pas ailleurs dans le psaume) et « dans la terre » (85.87),
« être perdu » et « perdre » (92.95) 35 , qui se correspondent dans la composition
de la sous-séquence (voir p. 199) ; il faut y ajouter les quatre occurrences de
« s'/achever » et « achèvement » dont il a déjà été question plus haut, termes qui
sont spécifiques de cette sous-séquence.
Comme cela a déjà été noté (voir p. 199), les deux premières lettres de la racine
de « s'/achever » et « achèvement » (klh) sont celles par lesquelles commencent
les versets des deux passages ( K a f et Lamed ; la troisième radicale est « faible »),
ce qui est une manière de souligner structurellement la présence de cette racine.
KÔL (« tout ») est de la même racine ; ses deux occurrences (86.96) contribuent à
souligner la totalité qui est marqué d'abord par l'acrostiche alphabétique et la
reprise lancinante des huit synonymes de loi.

34
Ce verbe ne revient qu'une seule fois ailleurs, dans la quatrième sous-séquence (123).
35
Le verbe se retrouve dans le dernier verset du psaume : « J'erre comme brebis perdue »
(176).
266 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

LES EXTRÉMITÉS DUPSA UME

Aleph 1 Heureux les parfaits de CHEMIN, les MARCHAN T dans la loi de Yhwh !
2
Heureux les gardant ses témoignages, de tout cœur ils le recherchent.
3
Ils n'ont jamais commis d'iniquité, dans ses CHEMINS ils MARCHENT !
4
Toi, tu as ordonné tes préceptes, pour qu'on les observe complètement.
5
Si seulement étaient établis mes chenins pour que f observe tes décrets !
6
Alors je ne rougirai pas en regardant vers tous tes commandements.
7
Je te célébrerai en droiture de cœur, AYANT APPRIS LES JUGEMENTS DE TÂ JUSTICE.
8
Tes décrets j'observerai, ne m'abandonne pas complètement.

Bet 9 Par quoi purifiera le jeune sa VOIE pour observer selon ta parole ?
10
De tout mon cœur je te recherche, NE M'ÉGARE RAS de tes commandements.
11
Dans mon cœur j'abrite ton dire afin de ne pas pécher contre toi.
12
Béni sois-tu, Yhwh, APPRENDS-MOi TES DÉCRETS !
13
De mes lèvres j'expose tous les jugements de ta bouche.
14
Dans le CHEMIN de tes ordres JE BUNDS-ÔBICSS comme de tout bien.
15
Sur tes préceptes je méditerai et je regarderai tes VOIES.
16
En tes décrets JE ME DÉLECTE, JE N'OUBLIE PAS ta parole.

Plusieurs auteurs ont remarqué que les extrémités du psaume se correspon-


dent 36 . Il faut d'abord noter les ressemblances :
- le syntagme « les jugements de ta justice » revient dans les premiers passages
(7.164);
- « apprends-moi tes décrets » correspond à « tu m'apprends tes décrets » dans
les seconds passages (12.171); « a p p r e n d r e » apparaît déjà en 7 et «fais-moi
comprendre » en 169 ;
- l e s deux occurrences de « j e n'oublie pas » (16.176) se trouvent à la fin de
chaque couple de passages, remplissant la fonction de termes finaux ;
- « observer » qui revient quatre fois dans le premier couple (4.5.89) est repris
deux fois dans le dernier couple (167.168); on notera aussi la reprise de
« cœur » (2.7.10 ; 161), de « lèvres » (13 ; 171), de « se réjouir » (14 ; 162) ; « j e
me délecte » (16) annonce « ma délectation » (174)
- aux deux « rechercher » dans le premier couple (2.10) correspond le synonyme
« chercher » dans le dernier (176) ; à « célébrer » (7) correspondent « louer » et
«louange »(164.171.175);
- le vocabulaire du champ sémantique du chemin marque le premier couple de
passage, comme toute la première sous-séquence ; dans le dernier couple se
retrouvent certains termes de ce même champ sémantique, « trébucher » (165),
« voies » (168) et enfin « j ' e r r e » (176), fait d'autant plus notable que les trois
premiers passages de la dernière sous-séquence en sont dépourvus.

36
W. Soll (Psalm 119 : Matrix, Form and Setting, 91) ainsi que E. Zenger (Hossfeld - Zenger,
III, 262) se contentent d'affirmer que ces deux couples de strophes introduisent et concluent le
psaume. Quant à P. Auffret, il relève minutieusement les « rapports structurels » qui lient la
première strophe à la dernière, la deuxième et l'avant-dernière ( Voyez de vos yeux, 412-414).
Le psaume 119 267

161
Shin Des chefs me persécutent sans raison, mais à tes paroles tremble mon cœur.
162
JE RSHDS-SEÂ01S, moi, pour ton dire, comme celui qui trouve un butin nombreux.
163
Le mensonge je hais et j'exècre, c'est ta loi que j'aime.
164
Sept fois le jour JE TE LOUE pour LES JUGEMENTS DE TA JUSTICE.
165
Paix nombreuse pour les aimant ta loi, rien ne les fait TRÉBUCHER.
166
J'espère ton salut, Yhwh, et tes commandements, je les pratique.
167
Mon âme observe tes ordres et je les aime complètement.
168
J'observe tes préceptes et tes ordres, car toutes mes VOIES sont en face de toi.

Taw 169 Qu'approche mon cri devant toi, Yhwh, selon ta parole FAIS-MOI COMPRENDRE.
170
Que vienne ma supplication devant toi, selon ton dire délivre-moi.
171
Que profèrent mes lèvres TA LOUANTE, car ru M'APPRENDS TES DÉCRETS.
172
Que chante ma lanque ton dire, car tous tes commandements sont justice.
173
Me soit ta main secourable. car tes préceptes j'ai choisi,
174
Je désire ton salut, Yhwh, et ta loi (est) MA DÉLECTATION.
175
Que vive mon âme et QU'ELLE TELOUE, et que tes iuqements me secourent !
176
J'ERRE comme brebis perdue : cherche ton serviteur
car tes commandements J E N'OUBLIE PAS.

Il est sans doute plus important encore de relever les différences entre ces
deux couples de passages :
- dans le premier couple le premier passage ne contient aucune demande et le
second une seule ; quant au dernier couple, si le premier passage ne comprend
lui aussi aucune demande, le dernier passage est celui qui, des vingt-deux
passages du psaume en contient le plus grand nombre (169 bis. 170 bis. 171.
172.173.175 bis. 176 ; voir p. 264) ;
- t a n d i s qu'il n'est pas question des adversaires dans le premier couple, leur
présence est notable dans le dernier: « d e s chefs me persécutent» (161),
« j ' e s p è r e ton salut » (166) et « j e désire ton salut » (174), « mon cri » (169) et
« ma supplication » (170), « délivre-moi » (170) et « me secourent » (175).
- « cri » et « supplication » (169.170) sont accompagnés cependant par l'action
de grâce (162) et surtout la louange (164.171.175) ; il faut noter que « louer » et
« louange » ne se retrouvent que dans le passage final et nulle part ailleurs dans
le psaume ;
- « heureux » ne se trouve que dans les deux premiers segments du premier
couple, et pas ailleurs dans le psaume ;
- le dernier verset surprend, car c'est le seul où soit utilisé « brebis » et
« chercher » dans tout le psaume ; c'est même le seul endroit dans tout le
psautier où apparaisse le terme « brebis ». « Errer » ne revient qu'au verset 110 :
« hors de tes préceptes je n'ai pas erré ».
268 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

NOTE SUR LA COMPOSITION DES SEGMENTS ET DES PASSA GES

La très grande majorité des segments sont bimembres. Toutefois la sous-


séquence B contient quatre trimembres et la sous-séquence B' un seul (176).
Certains considèrent que ce sont là des accidents de la transmission textuelle et
modifient le texte pour réduire les trimembres du texte massorétique à des
bimembres. Or on a vu que dans la séquence B les trimembres se trouvent en
position symétrique, deux dans le premier passage (43.48) et deux dans le
dernier (75.78), ce qui fait une sorte d'inclusion. Quant au dernier segment du
psaume, on l'interprétera comme un élargissement final37.

En ce qui concerne les passages, certains réduisent leur composition à un


schème unique. Ainsi, Zenger qui écrit : « Les strophes sont divisées en deux
sous-sections de quatre vers constituant dans chaque strophe une unité thé-
matique (structure diptyque) >>38. En réalité, là aussi la composition des passages
se révèle d'une grande variété. Six schèmes sont utilisés :

- 14 passages sont de la taille d'une partie formée de plusieurs morceaux :


. 8 comprennent 3 morceaux formés de 3 + 3 + 2 segments
. 6 comprennent 3 morceaux formés de 3 + 2 + 3 segments

- 8 passages sont formés de deux ou trois parties


. 4 comportent 2 parties formées chacune de 2 morceaux : (2/2) + (2/2)
. 2 comportent 3 parties, la centrale comptant 2 morceaux : 2 + (2/2) + 2
. 1 comporte 2 parties, chacune comptant deux morceaux : (1/3) + (2/2)
. 1 comporte 3 parties, la dernière comptant deux morceaux : 3 + 1 + (2/2)

On voit donc qu'une grande régularité est tempérée par une aussi grande
liberté.

Il en va de même pour les occurrences des huit synonymes de la loi :

37
Voir Traité, 641.
38
Hossfeld - Zenger, III, 261.
Le psaume 119 269

Aleph Waw Kaph Mem Tsadé


LOI PAROLE LOI jugements
ordres PAROLE mmmémnt ordres
préceptes jugements décrets ordres PAROLES
décrets LOI LOI préceptes
commrétrnm préceptes C0tûitmémmi$ PAROLE préceptes
jugements ordres préceptes jugements LOI
décrets wmmmûeimm ordre mmmémmïB
Cômnsnû&mem préceptes ordres
décrets
Beth Zain Lamed Nun Qoph
PAROLE PAROLE PAROLE PAROLE décrets
zomûzàmem jyoemeûls ordres
LOI LOI PAROLE PAROLE
décrets jugements préceptes
jugements LOI préceptes LOI eieres
ordres décrets ordre préceptes LOI
préceptes LOI cmmmérmnt ordres cmmnéjmfa
décrets préceptes décrets ordres
PAROLE
Ghimel Het Samek Resh
PAROLE PAROLES LOI LOI
LOI PAROLE PAROLES
ordres cmwmémem décrets
jugements mmmâtrrmÛ
coïïmwàemm LOI décrets ordres
ordres décrets PAROLES
décrets préceptes ordres préceptes
ordres décrets jugements PAROLE
jugement
Dalet Jet Ayin Shin
PAROLE PAROLE jugement PAROLES
décrets çûiïiiïûnàtîiïimte
préceptes décrets LOI
PAROLE décrets ordres Jugements
LOI préceptes LOI LOI
jugements LOI commàmem
ordres décrets préceptes ordres
commmmm LOI préceptes
ordres
Hé Yod Pé Taw
décrets cwmm&miïs ordres PAROLE
LOI PAROLE PAROLE
cmmméûmm jyceûiifeii^ts commrémgzïs décrets
ordres jugement
LOI PAROLES cwmmtmern
jugements préceptes préceptes préceptes
préceptes ordres décrets LOI
décrets LOI jugements
wmûrëemnb
7+9+8+8+7=39 9+8+8+8+8 = 41 7+7 = 14 8+8+8+7+8 = 39 8+8+9+9+9= 43

Ce qui fait un total de 176 occurrences, le même nombre que celui des versets.
Les deux premières sous-séquences en comptent 80, les deux dernières 82.
Deux passages ont les huit synonymes (Het, Yod), trois en ont sept (Hé,
Kaph, Ayin) ; dans tous les autres un ou deux synonymes sont répétés.
270 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

2. CONTEXTE BIBLIQUE

La conduite du juste est un reproche pour les impies (Sg 2)

Les premiers chapitres du livre de la Sagesse mettent en parallèle les impies et


le juste. Ce dernier est persécuté car sa conduite est un reproche vivant pour
ceux qui n'observent pas la loi de Dieu :
12
Tendons des pièges au juste, puisqu'il nous gêne
et qu'il s'oppose à notre conduite,
nous reproche nos fautes contre la Loi
et nous accuse de fautes contre notre éducation.
13
11 se flatte d'avoir la connaissance de Dieu
et se nomme enfant du Seigneur.
14
II est devenu un blâme pour nos pensées,
sa vue même nous est à charge ;
15
car son genre de vie ne ressemble pas aux autres,
et ses sentiers sont tout différents.
16
II nous tient pour chose frelatée
et s'écarte de nos chemins comme d'impuretés (Sg 2,12-16).

3. INTERPRÉTATION DU PSAUME

Le psaume 119 est considéré par un grand nombre de commentateurs comme


un hymne à la Loi. « Considérant le thème prédominant de l'ensemble du
poème, nous pouvons parler d'un psaume de la Torah (cf. Ps 1 et 19B) » 39 . « Par
son thème central, la tôrâ, et par son vocabulaire, il est considéré comme un
psaume sapientiel » 40 . « C'est une œuvre de la sagesse de la Torah, qui présente
la Torah révélée par Yhwh comme la source de la sagesse et de l'instruction
pour une vie réussie » 41 . Et l'on pourrait multiplier les citations à l'envi.
C'est certainement le sentiment que le psaume provoque inévitablement si on
le considère comme un patchwork, composite et non organisé, à cause de la
reprise lancinante du vocabulaire de la torah dont les variations synonymiques
finissent par avoir un effet hypnotique sur le lecteur le mieux disposé. Toutefois,
si l'on ne relègue pas à l'arrière-plan les nombreux synonymes des adversaires
du psalmiste et de Dieu, les termes qui expriment la souffrance et l'angoisse de
celui qui prie, le nombre impressionnant de ses cris et supplications, si l'on
considère aussi l'architecture du poème focalisé sur la menace de mort que font
peser sur le psalmiste ceux qui entendent le perdre et le jeter dans la fosse, le
psaume apparaît alors comme la supplication de qui constate que ce n'est pas sa
fidélité à la loi qui peut le sauver de la mort, mais la seule miséricorde et

39
Kraus, 11,411.
40
Lorenzin, 462.
41
Hossfeld - Zenger, III, 256.
Le psaume 119 271

puissance du Seigneur dont il invoque sans se lasser le secours. Le centre de la


construction représentant sa clé de voûte, c'est par là que devait commencer
l'interprétation 42 .

Question de vie ou de mort

Ceux qui persécutent le psalmiste sont présents tout au long du poème.


Toutefois, c'est seulement au centre qu'est dévoilé clairement leur dessein meur-
trier. « Les arrogants creusent des fosses » pour lui (85), peu s'en faut qu'ils
F« achèvent dans la terre » (87), ils n'ont d'autre pensée que de le « perdre »
(92.95). Les yeux de leur victime se consument depuis si longtemps qu'elle en
vient à demander à Dieu : « Quand me consoleras-tu ? » (82). Il appelle au
« secours » (86), invoque le « salut » divin du début (81) à la fin (94). Si, par
deux fois il demande de « vivre » (88.93), c'est qu'il se trouve en péril de mort.
Ces appels au salut, à vivre, si denses au centre du psaume, trouvent un écho
puissant du début à la fin du psaume 43 .

Les persécuteurs du psalmiste

Les « arrogants » qui font peser sur le psalmiste « opprobre et mépris »


(21.22), les « c h e f s qui parlent contre» lui (23) n'apparaissent pas immédia-
tement, mais seulement dans le passage central de la première sous-séquence.
Puis ils ne le lâcheront plus jusqu'à la fin. Il semble bien que la conduite du
psalmiste, fidèle aux commandements de Dieu, représente pour les arrogants un
reproche vivant, et c'est la raison principale pour laquelle le psalmiste est
persécuté : « Des arrogants me raillent complètement, de ta loi je ne dévie pas »
(51) ; «Ecartez-vous de moi, malfaisants, je garderai les commandements de
mon D i e u » (115). Le juste ne parait pas cacher ses sentiments envers les
méchants qui violent la loi : « Les tortueux je hais et ta loi j'aime » (113) ; « j e
hais toute voie de mensonge» (104.128). Et pourtant il n ' a pas fait le
mal : « Des chefs me persécutent sans raison » (161) ; « en mensonge ils me
persécutent » (86). Pire, il est accusé injustement des mêmes méfaits que ses
adversaires commettent, victime du mensonge de ceux qui le pratiquent : « Des
arrogants projettent sur moi le mensonge » (69).

Les ennemis de la loi de Dieu

Les adversaires du psalmiste sont accusés tout au long de ne pas observer la


loi du Seigneur. Le reproche est global, dès le début : « les arrogants maudits,
ceux qui s 'égarent loin de tes commandements » (21), et jusqu'à la fin : « J'ai vu

42
La présente interprétation rejoint celle de Jacquet (III, 337-346), qui s'appuie sur un grand
nombre d'auteurs. Et pourtant, il intitule le psaume : « Élévation sur la loi divine » (321).
43
Si «secours-moi» est repris une seule fois par « secourable » à la fin (173), «salut»/
«sauver» reviennent ailleurs sept fois (41.117.123.146.155.166.174) et « vivre »/« faire vivre»
quatorze, dans chaque sous-séquence (17.25.37.40 ; 50.77 ; 107.116 ; 144.149.154.156. 159.175).
272 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

des traîtres et suis dégoûté, lesquels n 'observent pas ton dire » (158). Ils ne sont
pas présentés comme coupables de désobéissance envers chacun des comman-
dements, ils ne sont accusés ni de vol, ni d'adultère. Ce qui leur est reproché
souvent, c'est leur « m e n s o n g e » (69.86.118). Ce sont surtout leurs intentions
homicides, qui apparaissent le plus clairement au centre du psaume, mais qui ne
manquent pas ailleurs aussi : si le psalmiste en effet ne cesse de supplier le
Seigneur de le « faire vivre », c'est bien qu'il est menacé de mort. Dès la
première sous-séquence il s'écrie : « A collé à la poussière mon âme, fais-moi
vivre selon ta parole » (25). Si les « arrogants » ne tiennent aucun compte des
commandements de Dieu — accusation qui scande régulièrement tout le psaume
— c'est qu'ils se comportent comme si l'auteur de la loi n'existait pas. En ce
sens, mettant leur propre désir à la place de la volonté divine, ils s'arrogent sa
place. Ils ne sont pas seulement les adversaires de Dieu, ils sont proprement
idolâtres.

La loi ne sauve pas

Le psaume commence bien, dans le plus grand optimisme : par deux fois ceux
qui gardent la loi du Seigneur sont déclarés « Heureux » ! (1-2). Très vite cepen-
dant, le psalmiste doute de sa capacité à observer les décrets de son Dieu : « Si
seulement étaient établis mes chemins, pour que j'observe tes décrets» (5).
C'est pourquoi il supplie le Seigneur : « ne m'abandonne pas complètement »
(8), « n e m'égare pas de tes commandements» (10), «apprends-moi tes
décrets » (12), « Le chemin de tes préceptes fais-moi comprendre et je méditerai
sur tes merveilles » (27), et ainsi tout au long du psaume. Il promet de garder les
ordres de Dieu ; « Et j'observerai ta loi constamment à jamais et toujours » (44).
Très souvent il proteste de sa fidélité : « En tes décrets je me délecte, je n'oublie
pas ta parole » (16) et cela malgré la persécution et la menace de mort : « Pour
un peu ils m'achèvent dans la terre, mais moi je n'abandonne pas tes préceptes »
(87). Or son obéissance à la loi de Dieu ne lui vaut que des malheurs de la part
des « méchants ». C'est pourquoi, par vagues successives, sa supplication
s'élève toujours plus intense vers celui qui seul peut le sauver de la mort et le
faire vivre.

Dieu seul est juste

Une seule fois le psalmiste revendique sa propre justice : « J'ai fait jugement
et justice », mais aussitôt il invoque le secours de Dieu : « ne me laisse pas à mes
oppresseurs» (121). Partout ailleurs où sont employés les mots « j u s t e » et
«justice », il s'agit de la justice de Dieu, comme il apparaît dès le début de la
dernière sous-séquence : « Tu es juste, toi, Seigneur et droit en tes jugements »
(137) qui ne cessera d'y revenir jusqu'à la fin : « Que chante ma langue ton dire,
car tous tes commandements sont justice» (172). Si dans la même sous-
séquence le psalmiste ne cesse de proclamer son amour pour le « dire » du
Le psaume 119 273

Seigneur (140, pour ses « préceptes » (159), pour sa « loi » (163. 165), pour ses
« ordres » (167), ce n'est pas sur cela, ce n'est pas sur lui-même qu'il compte
pour être « sauvé », mais sur Dieu seul (145.166.174). Tout est grâce. Tout lui
vient d'en-haut : la connaissance de la loi, la fidélité aux commandements, le
salut de la main des ennemis, la vie dans la justice divine et dans son amour :
« dans ta justice fais-moi vivre » (40), « Selon ta fidélité fais-moi vivre » (88).
On croirait entendre Paul de Tarse.

Heureuse la brebis perdue !

Le psaume 119 commence avec une béatitude: « H e u r e u x ! » . Plusieurs


autres en font autant tout au long du livre, dès le début (Ps 1) et tout au long (Ps
32 ; 41, 112, 128). Comme le Ps 32, il redouble même la béatitude (1-2). En
revanche, il est le seul qui s'achève avec l'image de la « brebis » ; cela est d'au-
tant plus remarquable que c'est la seule fois dans tout le psautier où il est ques-
tion de brebis. Le contraste est frappant entre les extrémités du psaume : alors
que le psalmiste commence par proclamer « heureux les parfaits de chemin »
(1), il conclut en avouant qu'il « erre comme brebis perdue » (176) ! Le psaume
est en quelque sorte le récit du long cheminement durant lequel sa méditation
prolongée de la parole de Dieu, l'expérience de sa propre impuissance et la
douleur de la persécution lui font découvrir ce qu'il est, une pauvre « brebis
perdue » qui, même s'il n'oublie pas les commandements, sera à jamais
incapable de retrouver son chemin, et supplie humblement son Seigneur de venir
le « chercher ». Le Seigneur Jésus s'en souviendra dans la parabole de la brebis
perdue et retrouvée.
Le psaume 145

Le psaume 145 est le septième et dernier poème acrostiche alphabétique du


psautier. Dans le texte massorétique l'alphabétisme de ce psaume présente une
irrégularité : il ne comporte pas de verset qui commence par la lettre noun. En
revanche, aussi bien la Septante, la version syriaque que Qumran ont ce verset :
« Véridique (est) Dieu dans ses paroles et fidèle dans toutes ses œuvres »*. Les
quatre versions françaises modernes les plus répandues (Dhorme, BJ, Osty,
TOB) l'ont adopté (v. 13b)2. L'attestation manuscrite, l'appui des versions, ainsi
que la perfection de l'alphabétisme fournissent donc trois critères importants, et
probablement suffisants, pour l'établissement du texte.
Il est cependant possible d'en ajouter un quatrième : le critère « rhétorique ».
En effet, si la figure du texte est plus régulière avec le verset 13cd que sans ce
verset, si l'équilibre des unités textuelles requiert, pour ainsi dire, la présence de
ce segment, si sans lui il manque une pièce dans l'architecture du texte, il ne sera
pas exagéré de dire qu'un critère supplémentaire a été mis en évidence pour
étayer l'adoption du verset en question3.
Deux sortes de critères seraient donc mis en œuvre : premièrement, les
critères textuels qui se subdivisent en deux, à savoir l'attestation manuscrite
hébraïque d'une part (en particiflier de Qumran) et la confirmation par les
versions d'autre part ; deuxièmement, les critères compositionnels qui se sub-
divisent aussi en deux, à savoir la complétude de l'alphabétisme d'une part et la
régularité (ou la complétude) de la composition du texte d'autre part. Ce dernier
critère est une forme, plus élaborée, d'un critère utilisé depuis longtemps en
critique textuelle, le recours au parallélisme ; plus élaborée, ou élargie, puisque
le recours au parallelismus membrorum se limite généralement au niveau d'un
segment, tandis que le critère dont il est question ici se situe au niveau d'un
psaume tout entier, c'est-à-dire dans le cas du Ps 145 d'un texte de la taille d'un
« passage ».

1
C'est le texte de 11 QPsa qui est adopté pour ce verset (texte publié par J.A. SANDERS :
Discoveries in the Judaean Desert of Jordan IV. The Psalms Scroll of Qumran Cave 11 (1 lQPsa),
37-38, Plate XI) ; les versions supposent « YHWH » au lieu de « Dieu ».
2
À part Osty, elles mettent cependant ce verset entre parenthèses ou entre crochets.
3
Voir J. CHINITZ, « Psalm 145: its two faces »,. Pour cet auteur les deux faces du psaume sont
le désir de louer Dieu et la description de ses œuvres ; la première compte 11 segments, tandis que
la deuxième n'en totaliserait que 10 si on ne comptait pas le verset noun.
276 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

A. COMPOSITION

Le psaume 145 s'organise en sept parties de longueur et de complexité très


différentes : une introduction et une conclusion brèves (1-2 ; 21), trois grandes
parties (3-8 ; 10-13a ; 14-20), reliées entre elles par deux parties de la taille d'un
segment bimembre (9 ; 13b)4.

1. PREMIÈRE PARTIE ( l b - 2 ) 5

lb
: Je t'exalterai, mon Dieu le roi,
- e t j e BÉNIRAI ton NOM TOUJOURS ET A JAMAIS ;

: 2 tous les jours j e t e BÉNIRAI


- e t j Q LOUERAI ton NOM TOUJOURS ET A JAMAIS.

Les seconds membres (le.2b) sont presque identiques, à part les deux verbes
synonymes par lesquels ils commencent, « j e bénirai» et « j e louerai». Les
premiers membres (lb.2a) sont complémentaires : les deux derniers termes du
premier membre, « mon Dieu le roi », explicitent l'objet de la louange, les
premiers mots de 2a précisent le temps,'* « tous les jours » ; cette dernière
expression est synonyme de « toujours et à jamais » dont les deux occurrences
jouent le rôle de termes finaux pour les deux segments.

2. LA DEUXIÈME PARTIE (3-8)

Cette partie est marquée par la reprise de quatre mots de la famille de


« grand » (3a.3b.6b.8b) qui ne reparaissent pas ailleurs dans le psaume.
Aux extrémités (3.8), deux courtes sous-parties où l'on parle de « Yhwh »
dont le nom est sujet dans les premiers membres (ce nom ne sera pas utilisé dans
le reste de la partie) ; les deux sous-parties sont complémentaires : la première
affirme la grandeur de Dieu en soi, la dernière sa grandeur dans l'amour, c'est-à-
dire dans son rapports avec les hommes.
Nettement plus développée, la sous-partie centrale (4-7) est marquée par la
seconde personne du singulier : on y parle à Dieu (les pronoms suffixes de
seconde personne singulier masculin, traduits par des possessifs en français, se
retrouvent dans chacun des huit membres).

4
Plusieurs auteurs ont étudié la composition du Ps 145, entre autres : L.J. LIEBREICH, «Psalms
34 and 145 in the Light of their Key Words» ; P. AUFFRET, « Essai sur la structure littéraire du
Psaume 145 », ; J. MAGONET, « Some Concentric Structures in Psalms », spécialement, 365-369 ;
B. LINDARS, « The Structure of Psalm CXLV » ; R. KIMELMAN, « Psalm 145: Theme, Structure,
and Impact » (dont la division est la même que celle de Liebreich. Parmi les commentateurs, voir
Ravasi, III, 920 ; M. GIRARD, Les Psaumes redécouverts, III, 496-506.
5
Le titre du psaume est laissé hors de l'analyse, pour l'instant.
Le psaume 145 277

+ 3 GRAND YHWH et louable hautement


+ et à sa GRANDEUR point de limite.

:4 Un âge à un âge vante tes œuvres


: et tes prouesses ils énoncent

L'honneur de la gloire de ta majesté


. et le récit de tes merveilles JE narre ;
. 6 et la puissance de tes prodiges Ils disent
et tes GRANDEURS JE les raconte.

1
Le souvenir de ion immense-bonté ils proclament
et m justice ils chantent

+ 8 Clément et tendre YHWH,


+ lent à la colère et GRAND en fidélité.

Les morceaux extrêmes (4.7) se répondent : à part le premier, leurs verbes


sont à la troisième personne du pluriel ; les débuts, « un âge à un âge » et « le
souvenir», peuvent être mis en relation, car ils connotent tous deux une
transmission, un passage du passé au présent-futur.
Le morceau central (5-6) en revanche fait alterner la première personne du
singulier, en fin des segments, et la troisième du pluriel : le psalmiste s'implique
dans le grand mouvement de louange de Dieu ; le concentrisme est renforcé du
fait que les membres centraux (5b.6a) sont de même structure syntaxique. Noter
que les deux segments sont coordonnés par « et ».
La sous-partie centrale (4-7) constitue la réaction ou, mieux, la réponse de
l'homme à l'action de Dieu décrite dans les sous-parties extrêmes. Les louanges
de la sous-partie centrale sont en quelque sorte annoncées par « louable » du tout
début de la partie (3a). Le dernier morceau de la sous-partie centrale (7) annonce
la partie suivante (8) car la « bonté » et la « justice » de Dieu regardent ses
rapports avec les hommes. Quant au premier morceau (4), les « œuvres » et les
« prouesses » semblent se référer surtout à l'activité créatrice de Dieu6. Il est
difficile de distinguer dans le morceau central (5-6) ce qui est de la création et ce
qui est du salut. Quoi qu'il en soit, cette partie unit les deux dimensions de la
même grandeur de Dieu, celle qui se manifeste dans la création et celle qui se
révèle dans l'histoire de ses relations avec les hommes.

6
En hébreu « œuvres » est de même racine que le verbe « faire », utilisé en alternance avec
« créer » dans le premier récit de création (Gn 1,21.25 ; 26-27).
278 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

3. TROISIÈME PARTIE (9)

+ 9 BON Yhwh pour tous,


+ et SES TENDRESSES sur toutes ses œuvres

Ou pour respecter la division du texte massorétique qui relie par un maqqef les
deux premiers mots et les deux derniers :

+ 9 BON-Yhwh pour TOUS,


+ et SES TENDRESSES sur TOUTES-ses œuvres.

Cette partie ne comprend qu'un bimembre dont les deux membres sont
parallèles. Le dernier mot du premier membre (kôl) peut être compris comme
désignant « toute » (chose) ; dans ce cas-là il aurait le même sens que « toutes
ses œuvres » du second membre. Mais kôl peut aussi désigner « tous » (les
hommes) 7 ; l'expression « toutes ses œuvres » serait alors plus large, comprenant
toutes les créatures. En d'autres termes les deux membres sont soit synonymes,
soit complémentaires. %

4. LA QUATRIÈME PARTIE (10-13)

10
Te rendent-grâces, Yhwh, TOUTES tes œuvres,
et tes fidèles te bénissent

:: 11 la gloire de ton RÈGNE ils disent


- et ta prouesse ils en parlent,
-12 pour faire-savoir aux fils de l'adam ses prouesses
:: et fa gloire et l'honneur de son RÈGNE.

13
Ton RÈGNE est un RÈGNE de TOUS les temps,
et ton empire pour TOUT âge et âge.

Les morceaux extrêmes (10.13) sont complémentaires, car 13ab donne la


raison de la louange qui n'est pas exprimée dans le verset 10. Ces deux mor-
ceaux sont marqués par la reprise de kôl (traduit par « toutes », par « tous » et
par « tout ») qui signale un autre type de complémentarité. En effet, la totalité

7
C'est ainsi que comprennent la BJ, Osty, la TOB, qui traduisent kôl par « tous ». Plusieurs
manuscrits de la Septante ont « pour tous ses fidèles ».
Le psaume 145 279

présente une double dimension : elle atteint « toutes » les personnes en 10 (non
seulement « ses fidèles » mais aussi « toutes ses œuvres », c'est-à-dire « toutes
ses créatures») et s'étend à «tous» les âges (ou «générations») en 13. Les
deux segments du morceau central forment une seule phrase, et c'est le seul cas
dans tout le psaume. La construction de ces deux segments est concentrique :
«gloire [...] de ton règne» aux extrémités8, puis «prouesses», enfin «ils en
parlent, pour faire savoir » au centre. Le mouvement s'étend, puisque ceux qui
louent le Seigneur le « font savoir » « aux fils d'Adam », c'est-à-dire à tous les
hommes.
La partie est marquée par la quadruple occurrence de « règne » (1 la. 12b. 13a
bis), accompagné de son synonyme « empire » (13b). « Règne » ne se retrouvera
pas ailleurs dans le psaume ; seul « le roi » du début (lb) est de la même racine.
Par ailleurs, « prouesse(s) » (gebûrâ, de même racine que gibbôr, « héros »,
« preux ») peut être dit appartenir au champ sémantique de la royauté :
« L'histoire du roi David [...] n'est-elle pas écrite [...] avec tout son règne et sa
prouesse... » (ICh 29,29-30 ; voir aussi 1R15,23 ; 16,5 ; 2R 10,34).

5. LA CINQUIÈME PARTIE ( 1 3 c d )

+ 1 3 C VÉRIDIQUE Dieu dans ses paroles,


+ et FIDÈLE dans toutes ses œuvres.

Les deux membres du segment sont complémentaires. Ils mettent en parallèle


deux actions de Dieu, ou deux aspects de son agir : ce qu'il dit (13c) et ce qu'il
fait (13d).

8
II semble plus cohérent de lire « tes prouesses » et « ton règne » à la deuxième personne, en
suivant la Septante, la Syriaque et Jérôme, contre le TM qui met les pronoms à la troisième
personne.
280 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

6. LA SIXIÈME PARTIE (14-20)

- 1 4 II SOUTIENT YHWH TOUS ceux qui tombent


et il redresse TOUS les c o u r b é s .

Les yeux de mus vers TOI ils espèrent


et toi tu leur donnes leur nourriture en son temps.
16 T
Tu ouvres la main
et tu rassasies TOUT v i v a n t à VOLONTÉ.

+ Juste YHWH e n TOUTES ses v o i e s ,


+ et fidèle e n TOUTES ses œ u v r e s .

18
Proche YHWH d e TOUS ses i n v o q u a n t ,
d e TOUS c e u x qui l'Invoquent en vérité.
19
L a VOLONTÉ de ses craignant il fait,
et leur appel il entend et il les sauve.

- 2 0 II MAINTIENT YHWH TOUS ses a i m a n t


et TOUS les m é c h a n t s il détruira.

Très courte, la sous-partie centrale (17) est encadrée par deux sous-parties
beaucoup plus développées (14-16 et 18-20).
Le premier morceau de la première sous-partie (14) est un segment dont les
deux membres sont parallèles (« Yhwh » est économisé dans le deuxième
membre). Dans le second morceau (15-16) le Seigneur est présenté comme celui
qui nourrit (« tu leur donnes leur nourriture » en 15b et « tu rassasies » en 16b).
Contrairement au premier morceau qui est à la troisième personne du singulier,
le second morceau est à la deuxième personne du singulier.
La troisième sous-partie (18-20) est elle aussi formée de deux morceaux. Les
deux bimembres du premier (18-19) présentent le Seigneur comme celui qui
entend et exauce ceux qui font appel à lui (« ses invoquant » en 18a, « tous ceux
qui l'invoquent » en 18b, « leur appel » en 19b). Dans le second morceau (20)
l'action de Dieu est décrite sous ses deux aspects complémentaires : salut pour
ceux qui l'aiment, destruction pour les méchants. Ces deux sortes de person-
nages sont en relation les uns avec les autres : les méchants sont ceux qui
poursuivent les fidèles du Seigneur. Dans le morceau précédent (18-19), ceux
qui font appel au Seigneur sont ceux qui sont menacés par les méchants. Les
verbes finaux des deux morceaux, « il les sauve » et « il détruit », sont opposés.
Les sous-parties extrêmes sont complémentaires : dans la première (14-16) le
Seigneur s'occupe de ses créatures accablées et affamées, dans la dernière (18-
20) il prend la défense de ceux qui sont persécutés par les méchants. Autrement
Le psaume 145 281

dit, la première sous-partie présente Dieu comme un père qui procure la nour-
riture, la seconde comme le juge qui défend le juste. Ces sous-parties se corres-
pondent en miroir. En effet, les segments extrêmes (14 ; 20) se correspondent :
la structure syntaxique des premiers membres est identique et la similitude est
renforcée par le rapport de paronomase entre les premiers mots (somek et
sômër), rapport que la traduction s'est attachée à rendre par « il soutient » et « il
maintient »9.
La sous-partie centrale (17) se distingue des deux autres parce que les béné-
ficiaires des actions de Dieu (« ses voies » et « ses œuvres ») ne sont pas
nommés. Il est possible de voir un rapport croisé entre ses deux membres et les
deux autres sous-parties. En effet, «juste», dans le premier membre (17a),
semble annoncer la dernière sous-partie, car en 18-20 Dieu rend la «justice » ;
au contraire « fidèle » dans le second membre paraît rappeler la première sous-
partie, car en 14-16 Dieu manifeste son amour et sa fidélité pour ses créatures.
Cela est confirmé par le choix des derniers mots de chaque membre : alors que
« œuvres » renvoient aux créatures de la première sous-partie10, les « voies »
annoncent la procédure (Viter) judiciaire11 de la dernière sous-partie.
On notera la position symétrique du nom de Dieu, « Yhwh », qui revient, en
positions identiques, dans les premiers membres des segments extrêmes et du
segment central (14a.20a.17a) ; la dernière occurrence de « Yhwh » en 18a n'a
pas son correspondant en 15a parce que le discours de 15-16 est à la seconde
personne (le sujet de « donnes >\est le pronom « toi »). Par ailleurs, le mot qui
revient le plus souvent est « tous » (dix fois). Sa distribution est tout à fait
régulière : deux fois dans les morceaux extrêmes (14.20) ainsi que dans le
segment central (17) et deux fois seulement dans chacun des morceaux 15-16 et
18-19.

7. LA DERNIÈRE PARTIE

: 2 1 La LOUANGE du Seigneur dira ma bouche


: et BÉNIRA toute chair le nom de sa sainteté
- toujours et à jamais.

Ce trimembre est du type AA'B. Les deux premiers membres mettent en


parallèle la louange du psalmiste et celle de « toute chair ». Le troisième membre
est complément des deux membres précédents.

9
Le dernier segment (20) est de construction croisée, alors que le premier (14) est de
construction parallèle.
10
Voir note 5.
11
Voir P. BOVATI, Ristabilire la giustizia, 172-173, note 52.
282 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

6. L'ENSEMBLE DU PSAUME

LES RAPPORTS ENTRE L'INTRODUCTION ET LA CONCLUSION (1-2 ; 21)

lb
: Je t'exalterai, MON DIEU le roi,
- e t je BÉNIRAI ton NOM TOUJOURS ET À JAMAIS ;
2
: km s les jours j e te BÉNIRAI
- e t je LOUERAI ton NOM TOUJOURS ET À JAMAIS.

[...]

: 2 1 La LOUANGE BU SEIGNEUR dira ma bouche


: et BÉNIRA toute chair le NOM de sa sainteté
- TOUJOURS ET Â J A M A I S .

La conclusion ne comprend qu'un seul segment trimembre, tandis que


l'introduction est formée de deux segments bimembres.
- En même position, deuxièmes termes des premiers membres, deux noms de
Dieu : « mon Dieu » (1b) et « le Seigneur » (21a).
- L e s termes initiaux des seconds membres de l'introduction, « j e bénirai» et
« j e louerai» (le.2b) sont repris, en sens inverse, par les termes initiaux des
deux premiers membres de la conclusion, « la louange » et « bénira » (21a.b).
- « Le nom de ta sainteté » (21b) reprend les deux occurrences de « ton nom »
(lc.2b).
- « Tous » / « toute » se retrouvent en 2a et 21b.
- Les termes finaux des deux segments de l'introduction, « toujours et à
jamais », reviennent à la fin de la conclusion (21c).
- Alors que l'introduction est toute entière à la première personne du singulier,
la conclusion coordonne la louange du psalmiste (21a) et celle de « toute chair »
(21b). Les pronoms de première personne du singulier ne se retrouvent pas
ailleurs, sauf deux fois, au centre de la deuxième partie (5-6).
- Ce sont les seules parties du psaume où se retrouve le substantif « nom »
(lb.2a ; 21b) ainsi que l'expression « toujours et à jamais ».
- Si l'on tient compte du titre du psaume (la), le premier et le dernier verset du
psaume commencent par le même mot, « louange », qui ne se retrouvera pas
ailleurs12.

12
II se peut que le premier mot du dernier verset ait inspiré le titre du psaume, pour indiquer
son genre ; à noter que « louange » ( f h i l l â ) n'est pas utilisé ailleurs dans le psautier comme titre,
mais que le titre hébreu du recueil des 150 psaumes l'a repris ( f h i l l î m ) .
Le psaume 145 283

LES RAPPORTS ENTRE LA DEUXIÈME ET LA SIXIÈME PARTIE (3-8 ; 14-20)


3 Grand est YHVVH et loué hautement, et à sa grandeur point de limite.
4 Un âge à un âge vante tes ŒUVRES et tes prouesses ils énoncent,
- 5 L'honneur de la gloire de ta majesté et le récit de tes merveilles je narre ;
- 6 et ta puissance de tes prodiges ils disent et tes grandeurs je les raconte,
7 Le souvenir de ton immense bonté ils proclament et ta JUSTICE ils chantent.
8 Clément et tendre est YHWH, lent à la colère et grand en FIDÉLITÉ.

14 YHWH soutient tous ceux qui tombent, et il redresse tous les courbés.
15 Les yeux de tous vers toi, ils espèrent et toi tu leur donnes leur nourriture en son temps.
16 Tu ouvres la main et tu rassasies tout vivant à volonté.
17
JUSTE est YHWH en toutes ses voies, et FIDÈLE en toutes ses ŒUVRES.
Proche est YHWH de tous ceux qui l'invoquent,
18 de tous ceux qui l'invoquent en vérité,
II fait la volonté de ceux qui le craignent,
19 il entend leur appel et il les sauve,
20 Y H W H maintient tous ceux qui l'aiment et tous les méchants il les détruit.

Ces deux parties sont de longueur analogue. Leur vocabulaire commun est
réduit: « Y h w h » (3.8; 14.17.18.20), «tes œuvres» (4; 17), «justice» et
«juste » (7 ; 17 ; racine qui n'apparait pas ailleurs dans le psaume), « fidélité et
« fidèle » (8 ; 17).
La deuxième partie décrit essentiellement (4-7) ce que font les hommes
envers Dieu, les hommes en général (4.6a.7) et le psalmiste en particulier
(5.6b) : ils le louent pour ses « œuvres » (4), car il est « louable » (3). De
manière complémentaire, la sixième partie énonce les « œuvres » (17) de Dieu
en faveur des hommes : treize fois, le Seigneur est le sujet des phrases.
Il est remarquable que kol (traduit par « tous », « tout », « toutes »), qui
revient dix fois dans la sixième partie, n'apparait pas une seule fois dans la
deuxième. Une telle différence entre deux parties symétriques peut paraître
étrange. Dans la sixième partie, il s'agit des actions de Dieu en faveur de
« t o u s » les pauvres (14a.14b.15.16.18a.18b.20a) et de ses actions contre
« tous » les méchants (20) ; le verset central (17) parle de « toutes » les voies et
œuvres du Seigneur. Ainsi, toutes les œuvres de Dieu atteignent tous les
hommes). Le fait que la partie symétrique (3-8) n'utilise pas une seule fois le
mot « tous » ne veut pas dire que l'idée de totalité ou de complétude soit
absente : elle peut être exprimée par d'autres moyens. Il faut d'abord noter que
les mots de la même racine que « grand » (gâdôl) reviennent quatre fois dans la
deuxième partie (3a.3b.6b.8b) et nulle part ailleurs. D'autres mots peuvent être
mis sur la même ligne sémantique, « hautement » (3a ; litt. « beaucoup »), « sans
limite » (3b), « immense » (7a), ainsi que, d'une part, la longue liste des
substantifs pluriels, « tes œuvres » et « tes prouesses » (4), « tes merveilles » (5),
« tes grandeurs » (6) et, d'autre part, la liste des quatre verbes au pluriel, « ils
énoncent », « ils disent », « ils proclament » et « ils chantent ». Enfin, il semble
que l'auteur se soit ingénié à accumuler tous les synonymes possibles de
284 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

« dire », sans jamais employer deux fois le même : « louer » (3), « vanter » (4a),
« énoncer » (4b), « narrer » (5), « dire » (6a), « raconter » (6b), « proclamer »
(7a), « chanter » (7b), ce qui renforce encore l'effet de multitude ou de
complétude. Ainsi la totalité est exprimée de deux manières complémentaires,
par la différence de sept verbes synonymes d'un côté, par l'identité des dix
occurrences d'un même adjectif dont le sens exprime justement la totalité.

LES RAPPORTS ENTRE LA TROISIÈME ET LA CINQUIÈME PARTIE (9 ; 13cd)

+ 9 BON YHWH pour tous,


- et SES TENDRESSES sur toutes ses couvres.

[...]

13C
+ [VÉRIDIQUE DIEU dans ses paroles,
- et FIDÈLE dans toutes ses œuvres.]

Ces deux bimembres sont parallèles entre eux : leurs premiers membres sont
de structure syntaxique identique et leurs seconds membres s'achèvent avec le
même syntagme, « sur/dans toutes ses œuvres »13.
t
LES RAPPORTS ENTRE LE CENTRE (10-13) ET LES EXTRÉMITÉS (1-2 ET 21)
Ce sont les seules parties où le verbe « bénir » est utilisé (Ib.lc ; 10.21b). Le
mot « règne » qui revient quatre fois dans la partie centrale est annoncé dans
l'introduction avec « le roi » (1b) ; ce sont les seuls emplois de mots de la racine
mlk dans tout le psaume. « Tous les temps » (13a), employé avec « les âges des
âges» (13b), rappelle «toujours et à jamais » (lb.2b ; 21c). Enfin, «les fils
d'Adam » (12) au cœur de la partie centrale — expression qui désigne tous les
hommes — annonce « toute chair » de 21b14. W.G.E. Watson a fait remarquer
que les premières lettres des versets 11.12.13 forment un petit acrostiche qui, lu
à l'envers, donne la racine mlk, qui est celle du substantif « règne » employé
quatre fois dans la partie centrale15. En fait, l'analyse de la composition du
psaume a montré que la partie centrale commence non pas avec le verset 11 mais
avec le verset 10. Si bien que l'acrostiche découvert par Watson doit être étendu
au yod, ce qui se lit màlkï, « mon roi »16, et qui rappelle l'expression « mon Dieu

13
« Sur » et « dans » traduisent la même préposition hébraïque.
14
La liturgie juive insiste sur le « nous », désignant Israël : en effet, dans la prière synagogale
où il est récité trois fois par jour, le Ps 145 est encadré au début par Ps 84,5 (« Heureux ceux qui
habitent ta maison, ils te louent sans cesse ») et Ps 144,15 (« Heureux le peuple où il en est ainsi,
heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu »), et à la fin par Ps 115,18 (« Nous, nous bénissons
Yah, dès maintenant et à jamais, Alléluia ») ; voir A. BERLIN, « The Rhetoric of Psalm 145 ».
15
W.G.E. WATSON, « Reversed Rootplay in Ps 145 ».
16
S'il est vrai que 1 eyod était utilisé comme abréviation de « Yhwh », on pourrait lire l'acros-
tiche mlky(hwh), « Dieu règne ». J.Z. Lauterbach écrit : « On peut citer des exemples d'utilisation
Le psaume 145 285

le roi » du verset 1 où « Dieu » était déjà affecté du pronom suffixe de première


personne singulier.

1b Je t'exalterai, mon Dieu le ROI, et BÉNIRAI ton uou toujours et à jamais,


2
Tous les jours je te BÉNIRAI et louerai ton NOM toujours et à jamais.

[...]

10
Toutes tes ŒUVRES, Yhwh, te remercient, et tes fidèles te BÉNISSENT.
11 Ils disent la gloire de ton RÈGNE, de tes prouesses ils parlent,
12 pour faire-savoir aux fils d'Adam tes prouesses et la gloire et l'honneur de ton RÈGNE.
13 Ton RÈGNE est un règne de tous les temps, ton empire pour tous les âges des âges.

21 Ma bouche dira la louange de Yhwh et toute chair BÉNIRA son saint NOM
toujours 0t & jsiîiûis.

LE RÔLE DES TROISIÈME ET CINQUIÈME PARTIES (9 ; 13b)

Ces deux très courtes parties articulent, comme des charnières, les trois grands
volets du psaume. Le verset 9 reprend des mots utilisés déjà dans les deux
versets précédents : « bon » comme « bonté » (7a), « ses tendresses » rappelle
« tendre » (8a) ; en outre « ses œuvres » reprend « tes œuvres » de 4, et annonce
aussi « tes œuvres » de 10 et « se^œuvres » de 13b et de 17.
Le verset 13b annonce le verset central de la partie suivante (17) dont il
diffère très peu :
13b Véridique Élohlrn dans ses paroles ET FIDÈLE DANS TOUTES SES ŒUVRES
17 Juste Yhwh dans toutes ses voies ET FIDÈLE DANS TOUTES SES ŒUVRES

La différence des premiers termes est requise par l'alphabétisme (13b commence
par noun, 17 par tsadé ) ; « paroles » est très proche de « voies » du point de vue
sonore (cf bàrâw et cfrâkâw) ; quant à la variation entre « Dieu » et « le Sei-
gneur », il est possible qu'elle ait une fonction dans l'ensemble du psaume : les
débuts des deux versants du poème (1-9 et 13b-21) sont les seuls endroits où le
nom de « Dieu » soit utilisé. Il faut ajouter que les deux occurrences de
« fidèle » (13b. 17) rappellent « fidélité », le dernier mot de la deuxième partie
(8).

de la lettre Yod comme abréviation du Tétragramme depuis une époque très ancienne. Beaucoup
de traductions de la Septante reflètent cet usage. On peut en trouver des traces, bien qu'elles ne
soient pas habituellement reconnues comme telles, dans le texte massorétique de la
Bible » (« Substitutes for the Tetragrammaton », 3); voir aussi M. FISHBANE, « Abbreviations,
Hebrew Texts ».
286 L e s huit p s a u m e s a c r o s t i c h e s a l p h a b é t i q u e s

LES RAPPORTS DE LA PARTIE CENTRALE A VEC LE RESTE DU PSA UME

1
Louange de David

Je t'exalterai, mon Dieu LE ROI, et BÉNIRAI ton NOM toujours et à jamais.


2
Tous les jours je te BÉNIRAI et louerai ton NOM toujours et à jamais.

3 Grand est Yhwh et loué hautement, sa grandeur est sans limite.


4 Un âge à un âge vante tes ŒUVRES et on énonce ms
-5 L'honneur, la gloire de ta majesté et 1$$parole,S-de tes merveilles je narre ;
- e et ils disant ta puissance formidable et tes grandeurs je les raconte.
7 Ils célèbrent le souvenir de ton immense bonté et ils chantent ta justice.
8 Bienveillant et tendre est Yhwh, lent à la colère et grand en fidélité.

9 Bon est Yhwh pour tous, ses tendresses SUR toutes SES ŒUVRES.

10
Toutes tes ŒUVRES, Yhwh, te remercient, et tes f i d è l e s te BÉNISSENT.
11
Ils disent la gloire de ton RÈGNE, de mmmmm ils parlent,
12 pour faire-savoir aux fils d'Adam î m m s s b et la gloire et l'honneur de ton RÈGNE.
13 Ton RÈGNE est un RÈGNE de tous les temps, ton empire pour tous les âges des âges.

13b [Véridique est Dieu dans ses paroles, fidèlg DANS toutes SES ŒUVRES.]

14 Yhwh soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les courbés.
15 Les yeux vers toi, tous ils espèrent et tu leur donnes la nourriture en son temps.
16 Tu ouvres la main et tu rassasies tout vivant à volonté.
17 Juste est Yhwh en toutes ses voies, FIDÈLE DANS toutes SES ŒUVRES.
Proche Yhwh de tous ceux qui l'invoquent,
18 de tous ceux qui l'invoquent en vérité.
IL FAIT la volonté de ceux qui le craignent,
19 il entend leur appel et il les sauve.
20 Yhwh garde tous ceux qui l'aiment et tous les méchants il les détruit.

21 Ma bouche dira la louange de Yhwh et toute chair BÉNIRA son saint NOM
toujours et a jamais.

La partie centrale et les parties extrêmes

- L e s q u a t r e o c c u r r e n c e s d e « r è g n e » ( 1 1 . 1 2 . 1 3 bis) étaient a n n o n c é e s p a r le
v o c a t i f initial, « m o n D i e u le roi » ( l b ) , qui est le seul d e tout le p s a u m e .
- L e v e r b e « b é n i r » n e r e v i e n t q u e d a n s ces trois parties ( l b . 2 ; 10 ; 21a).
- « T o u j o u r s et à j a m a i s » des e x t r é m i t é s ( l b . 2 ; 2 1 b ) est repris à la f i n d e la
p a r t i e c e n t r a l e (13a) p a r « t o u s les t e m p s » ( k o l - 'ôlâmîm, q u i est d e m ê m e r a c i n e
q u e « t o u j o u r s » : I e 'ôlâm) et p a r « t o u s les â g e s des â g e s ».
- « L e s fils d ' A d a m » (12) sera repris p a r « t o u t e chair » (21).

La partie centrale et la deuxième partie

L e s r a p p o r t s sont p a r t i c u l i è r e m e n t visibles :
Le psaume 145 287

- « Gloire et honneur » (12) rappelle « l'honneur, la gloire » (5).


- « Tes fidèles » au début de la partie centrale (10) et « fidélité » à la fin de la
deuxième partie (8) jouent le rôle de termes médians à distance.
- « Tous les âges des âges » à la fin de la partie centrale (13) correspond à « un
âge à un âge » de 4.
- « Prouesses » de 11 et 12 apparaissait déjà en 4.
- « Ils disent » de 11 était déjà utilisé en 6, et « ils parlent » de 11 est de même
racine que « les paroles » de 5 (qui avait été traduit jusqu'ici par « le récit »).

La partie centrale et / 'avant-dernière partie


Bien que moins apparents, les rapports entre les deux parties sont étroits.
- Les trois kol de la partie centrale (« toutes » en 10 et « tous » deux fois en 13a)
annoncent les dix occurrences du même mot dans l'avant-dernière partie.
- « Fidèle » au centre de l'avant-dernière partie (17) renvoie à « tes fidèles » au
début du passage central (10).

- « Il fait » (19) est de même racine que « œuvres » (4).

La partie centrale et le reste du psaume


- On a déjà noté que « fidèles » (10) trouve un écho aussi bien à la fin de la
deuxième partie avec «fidélité» ) qu'au centre de l'avant-dernière (17) ; il
faut y ajouter « fidèle » de la deuxième partie de reliure (13b). La fidélité des
hommes au centre (10) répond à celle de Dieu partout ailleurs.
- Q u a n t au mot «œuvres» de 10, dont on a vu qu'il était employé dans la
deuxième partie (4) et, sous forme verbale, dans l'avant-dernière (« Il fait » en
19), il se retrouve aussi à la fin des deux parties de reliure (9 ; 13b).
- « Les fils d'Adam » au centre (12) à quoi fait écho « toute chair » à la fin (21)
a un équivalent aussi dans l'avant-dernière partie avec «tout vivant» (16),
même si les deux dernières expressions peuvent désigner non seulement les
hommes, mais aussi les animaux17.
- Enfin, le mot kol (traduit par « tout », « tous », « toutes » suivant les cas)
revient dix-huit fois dans le psaume : une fois dans l'introduction (2a) et une fois
dans la conclusion (21b), trois fois aux extrémités de la partie centrale
(10a. 13a. 13b), trois fois aussi dans les parties de reliure (9a.9b ; 13d), dix fois
enfin dans la sixième partie (14-20).

17
Si en Gn 6,12 « toute chair » signifie les hommes (« toute chair avait une conduite perverse
sur la terre »), dans le récit du déluge l'expression désigne clairement tous les êtres vivants
(7,16.21 ; 9,15). En Gn 6,19 « toute chair » et « tout vivant » sont juxtaposés : « De tout vivant, de
toute chair tu feras entrer dans l'arche ».
288 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Note sur les temps


Chacun sait combien il est difficile de traduire les verbes dans la poésie
hébraïque et combien chaque décision est discutable. Ici on a choisi de rendre les
inaccomplis par des futurs dans l'introduction et dans la conclusion, tandis que
partout ailleurs ils sont traduits par des présents. Dans l'introduction les verbes
des seconds membres sont au cohortatif, souvent rendus par « j e veux bénir »,
« j e veux louer» et c'est pourquoi le futur s'imposait ; la symétrie des parties
extrêmes voulait en quelque sorte qu'il en aille de même dans la conclusion.
Dans F avant-dernière partie (14-20) la plupart des phrases sont des phrases
nominales dont le verbe est au participe, ce qui exprime le présent d'habitude ;
c'est pourquoi les accomplis de la partie symétrique (3-8) sont rendus par des
présents, comme du reste les parties de reliure qui sont des phrases nominales.
Dans la foulée, même la partie centrale se trouve au présent.

B. INTERPRÉTATION

« Dieu »
Celui auquel le psalmiste s'adresse estonentionné dès le début, dans le seul
vocatif du psaume. C'est sous ce nom de 'ëlôhîm, « D i e u » (lb), qu'il veut le
« bénir » et le « louer » sans cesse, « tous les jours », « toujours et à jamais ».
C'est le Dieu dont la « grandeur » est sans limite (3), dont la « puissance » est
« formidable » (6), dont les « œuvres » sont celles de la création, le Dieu qui
« rassasie tout vivant » (16) et dont « toute chair » bénira le « nom toujours et à
jamais » (21).

« Mon Dieu »
Le nom de « Dieu » revient dans la seconde partie de reliure (13b), mais dans
la première (9), en position symétrique, c'est celui de « Yhwh » qui est utilisé.
Et ce nom reviendra en tout neuf fois dans le psaume. Celui que le psalmiste
invoque n'est pas seulement « Dieu », le Dieu créateur ; il l'appelle « mon
Dieu », et son « nom » propre est « Yhwh », le nom du Dieu des fils d'Israël,
« le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob » (Ex 3,6.15), celui qui
a été révélé au passage du buisson (Ex 3,14), celui qui promet de libérer son
peuple de l'esclavage du pays d'Egypte. Pour le psalmiste son Dieu n'est pas
seulement le Créateur, c'est avant tout celui qui intervient dans l'histoire en sa
faveur, le Dieu sauveur18.

18
Pour Chaïm Pearl, les deux visages complémentaires de Dieu sont celui du Créateur et celui
du Rédempteur (Ch. PEARL, « The Theology of Psalm 145, Part I », 6-9).
Le psaume 145 289

« Le roi »
Mais ce n'est pas tout ! Le psalmiste ajoute un titre au Dieu qu'il invoque :
« mon Dieu, le roi ». Et toute la partie centrale déploiera « la gloire et l'honneur
de (son) règne » (12). Ce règne est « un règne de tous les temps », c'est-à-dire
depuis toujours et « pour tous les âges des âges » (13). Tenant en compte le titre
du psaume, c'est le roi David qui reconnaît ainsi que le règne de Dieu précède le
sien depuis la création et le suivra jusqu'à la fin des temps. Il n'est qu'un seul roi
en Israël, c'est le Seigneur ; et l'on pourra comprendre que la fonction principale
du roi d'Israël est de proclamer la « louange » du Roi éternel, pour entraîner son
peuple et tous les hommes dans son sillage.

Père et juge
Le Dieu sauveur, le Roi du monde est présenté comme père, celui qui nourrit
son peuple, tous les peuples de la terre, et « tout vivant» (15-16), qui « sou-
tient » et « maintient » tous ceux qui ont besoin de son secours et font appel à lui
(14.18-20). La fonction du roi est aussi de juger pour faire respecter la justice.
Le Seigneur, «juste» par excellence (17), est celui qui juge, tranchant entre
« ceux qui l'aiment », c'est-à-dire qui observent sa loi de justice, et « les
méchants » qu'il « détruira » (20).

De Vunique à l'universel
Celui qui parle, du début à la fin, est un seul. Le titre l'identifie comme le roi
David. C'est lui qui s'adresse à son Dieu dans l'introduction, avec quatre verbes
à la première personne du singulier. Mais bien vite, dans la deuxième partie, cet
individu singulier rassemble, pour ainsi dire, une foule pour l'unir à sa propre
louange, une foule qui, dès le début, se relaie de génération en génération (4).
Dans la partie centrale, c'est toujours l'unique personne du roi qui parle, mais
son « j e » a comme disparu au profit d'un pluriel qui s'étend à tous « les fils
d'Adam » et qui contemple toute la suite des temps. Après quoi, s'il s'adresse
encore au Seigneur (15-16), c'est le discours sur lui qui prend le dessus, comme
si le psalmiste s'adressait surtout aux « fils d'Adam » pour leur « faire savoir »
qui est son Dieu, celui qui peut les sauver (14-20). A la fin, sa louange se trouve
coordonnée à la bénédiction de « toute chair » (21).

La complétude
Outre sa probable fonction mnémonique, l'acrostiche alphabétique, c'est-à-
dire l'utilisation de toutes les lettres de l'alphabet hébraïque en début de chacun
des segments, est une manière traditionnelle d'indiquer la totalité. En effet, en
combinant de diverses façons toutes les lettres de l'alphabet, il est possible de
former tous les mots de la langue, de construire tous les énoncés possibles et
290 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

imaginables, en définitive d'exprimer toutes choses19. En outre, l'acrostiche


central du psaume, mlky, « mon roi » (voir p. 284), recèle un autre acrostiche :
les deux segments centraux de la partie centrale (11-12) commencent avec les
lettres kaf et lamed qui se lisent kôl, « tout ». Enfin, en accumulant tous les
synonymes des verbes de parole qu'il pouvait, et pas seulement dans la seconde
partie, le psalmiste renforce encore le sentiment de la totalité. Ainsi le psaume
pourrait se résumer dans la formule suivante : « Que toute chair loue, de toutes
les manières et en tous temps, toutes les œuvres du Seigneur Roi qui s'occupe de
toutes ses créatures ».

« De David »
Il n'est certainement pas indifférent que ce poème de louange ait été mis sur
les lèvres du roi David. Dans toute la gloire de sa splendeur, le roi d'Israël se
range lui-même parmi les « œuvres » du Créateur ; il reconnaît qu'il existe un
Roi plus grand que lui, celui qu'il appelle « mon Dieu, le roi » dès le début, ou,
de manière cryptique au centre du chant, « mon roi ». Proclamant la gloire du
Roi suprême, David remplit une de ses fonctions de roi, celle de faire reconnaître
la royauté de Dieu. Décrivant les actions du Roi du ciel, père qui donne à
manger, juge qui défend les pauvres, il dépeint aussi l'image du roi terrestre
idéal, il énonce, si l'on peut dire, son programme de gouvernement.

Jésus, fils de David


Cette attitude sera parfaitement réalisée en Jésus, « le roi des juifs » (Me
15,2.26), dont la mission se résume en quelque sorte dans l'annonce du Règne
de Dieu (Me 1,15). Chacun de ses disciples est appelé à entrer dans ce même
mouvement de reconnaissance de la royauté de Dieu. S'il s'en remet totalement
à Dieu, comme le Fils, il recevra en héritage le règne de son Père : « Ne crains
pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume » (Le
12,32). Mais cet héritage n'est pas réservé aux fils d'Israël, il s'étendra, par la
prédication apostolique, à tous « les fils d'Adam ».

19
Voir N.K. GOTTWALD, Studies in the Book of Lamentations, 27-30.
CONCLUSION

Les psaumes alphabétiques constituent un groupe, mais qui ne correspond en


aucune façon à un seul genre littéraire. Si le dernier, le Ps 145 porte le titre de
« louange », le premier, le Ps 9-10 mélange les genres, commençant par l'action
de grâce et passant à la supplication, le Ps 25 est une plainte individuelle, le Ps
34 un psaume d'action de grâces, le Ps 37 est sapientiel, les Ps 111 et 112 sont
des louanges et le Ps 119, comme on l'a vu, est avant tout un psaume de
supplication, mais où beaucoup d'autres genres viennent confluer. Leur seul
point commun est l'acrostiche alphabétique.
Comme celle de l'ode ou de la ballade, l'acrostiche alphabétique est certes
une forme poétique, mais celle-ci ne dit rien par elle-même de la composition du
psaume. Chacun des huit psaumes a sa propre organisation textuelle, différente
de toutes les autres. Même les deux psaumes jumeaux 111 et 112 ont une
architecture tout à fait différente. Les deux structures, celle de l'alphabétisme et
celle de la composition, étant de deux ordres différents, sont largement indépen-
dantes. La première n'empêche en aucune manière la seconde. On aura vu, un
psaume après l'autre, que les jugements négatifs si largement répandus qui ont
été portés contre eux sont totalement injustifiés : ces psaumes ne le cèdent en
rien aux autres du point de vue de la composition. Loin d'être décadents, ils sont
tous extrêmement élaborés et relèvent de la poésie la plus consommée. Dire
qu'ils sont tardifs et décadents relève d'un a priori désormais insoutenable.
Cela dit, il faut répéter que l'étude de la composition des textes a pour fin
ultime de mieux les comprendre et les interpréter.
Les symétries de la rhétorique biblique ne sont pas une fin en soi : admirer des
structures aussi éblouissantes que les cristaux formés par le gel sur les vitres ne nous
intéresse aucunement. La participation du chercheur est autrement plus profonde que
ces abstractions : Lévi-Strauss n'a-t-il pas qualifié de « corporel » le plaisir que
donnent les structures à qui les pénètre ? \

La formule pourrait sembler exclure la fonction esthétique des compositions, que


l'on pourrait qualifier de cristallisations textuelles. Le « plaisir » que l'on
éprouve dans la découverte et dans la contemplation de si remarquables archi-
tectures prouve qu'il n'en est rien. La fonction esthétique est indéniable, mais il
n'en demeure pas moins vrai que, surtout pour les textes bibliques, elle n'est pas
première, elle ne représente pas une fin en soi. La première fonction est
heuristique. Pour saisir l'enjeu du Ps 34, il est capital de montrer qu'il est foca-
lisé sur la question qui concerne le désir de la vie et du bonheur. Seule une
analyse rigoureuse de la composition du Ps 119 permet de remarquer que

1
P. BEAUCHAMP, Préface à R. MEYNET, L'analyse rhétorique biblique, 12-13.
292 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

chacune des deux premières et les deux dernières sous-séquences sont marquées
par une intensification progressive des requêtes adressées à Dieu ; d'où l'on
pourra comprendre, ou mieux, être saisi par une des dimensions les plus impor-
tantes du psaume. Il n'est pas indifférent non plus que ce même psaume soit
centré sur les deux strophes Kaph et Lamed caractérisées par le fait qu'elles
contiennent quatre occurrences de la racine KLh, signifiant « achèvement », ce
qui fournit une clé indispensable pour décrypter le sens du roi des Psaumes. Pour
le psaume 145, le fait que la partie centrale soit formée par les quatre lettres Yod,
Kaph, Lamed et Mem, permet de relever l'acrostiche inversé MaLKÎ', « mon
roi », qui indique en quelque sorte le sujet du psaume.
On voit par ces deux derniers exemples que la structure alphabétique et la
composition littéraire ne sont pas totalement indépendantes. C'est que le poète
joue avec l'alphabet, comme Villon ou Montale, pour crypter, pour cacher et en
même temps révéler certains noms. On a remarqué depuis longtemps que dans le
Ps 1, qui est la porte d'entrée du Psautier, le premier mot commence par Aleph et
le dernier commence par Taw, enserrant ainsi toutes les autres lettres de l'alphabet,
comme pour donner à penser que son contenu, les sorts respectifs du juste et de
l'impie représentent en quelque sorte le tout du Psautier, de A à Z. Un peu comme
les tympans de tant de nos cathédrales donnent à voir à ceux qui entrent le
jugement dernier où sont représentés les bienheureux à droite et les damnés à
gauche. On a vu comment l'irrégularité de Pâlphabétisme du Ps 9-10, en particu-
lier la perte de six lettres contiguës après Lamed et avant Qoph semble traduire
l'état d'esprit, complètement perdu, du psalmiste, avant qu'il ne se tourne à
nouveau vers celui qui seul peut le sauver de la menace de mort que font peser sur
lui ses ennemis.
Ces jeux touchent à une dimension essentielle de la poésie tout court et de la
poésie biblique en particulier, l'énigme. Pourquoi donc l'alphabétisme du Ps 25
est-il défectueux, certaines lettres manquant et d'autres étant redoublées ?
Prétendre que c'est à cause des aléas de la transmission manuscrite pourrait
n'être qu'une échappatoire. Il vaut peut-être mieux essayer de déchiffrer l'énig-
me. Comment se fait-il que dans le Ps 145 il manque une seule lettre, le Noun ?
Il est invraisemblable que les Massorètes aient perdu la conscience de l'alpha-
bétisme ou qu'une erreur aussi énorme se soit glissée dans le texte. Il se pourrait
que ce soit volontaire de la part du poète. L'utilisation de la totalité des lettres de
l'alphabet est une manière reconnue d'exprimer la totalité, ce que le Ps 145
exprime aussi par l'emploi insistant de kol, « tout ». Aujourd'hui encore en
Orient on évite de réaliser un travail complet — de peinture par exemple, on ne
va jamais jusqu'au bout, on laisse toujours une petite imperfection, fut-ce dans
un endroit peu visible. Pour éviter le mauvais œil, dit-on couramment ; plus
positivement pour reconnaître, concrètement, notre propre incomplétude et que
Dieu seul est parfait.
La première fonction de l'acrostiche alphabétique semble bien être justement
d'exprimer la totalité : en effet, grâce à leurs innombrables combinaisons les
vingt-deux lettres de l'alphabet permettent d'énoncer la totalité du dicible. Une
Conclusion 293

autre fonction est souvent avancée, celle de faciliter la mémorisation. Plusieurs


cependant font remarquer que l'alphabétisme est sans doute davantage percep-
tible à l'œil qu'à l'oreille. Une telle fonction n'est pas à exclure, mais il ne suffît
pas de l'affirmer, il faudrait la démontrer.
On pourra enfin se demander s'il existe des rapports de type structurel entre
les psaumes alphabétiques, s'ils forment système. Il est clair que les Ps 111 et
112 sont inséparables, comme les jumeaux ou les siamois. Il est remarquable
aussi que les quatre premiers (9-10, 25, 34, 37) se trouvent dans le premier livre
du Psautier (Ps 1-41) et les quatre derniers (111, 112, 119, 145) dans le
cinquième et dernier livre (Ps 107-150), faisant une sorte d'inclusion. Il ne sera
possible de répondre à cette question que lorsque la composition du Psautier
aura été étudiée de près. En attendant, il faut poursuivre l'analyse de la compo-
sition de chacun des cent cinquante psaumes que compte le recueil.
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INDEX DES AUTEURS CITÉS

Alden: 55 Gilmour: 97
Alonso Schoekel: 13, 95 Girard: 54, 55, 80, 121, 144, 278
Alonso Schoekel - Carniti: 10, 23, Goldingay: 54
53,56, 74, 79, 87, 103, 132, 139 Gordis: 23, 34
Anderson: 122, 125 Gottwald: 292
Auffret: 55, 69, 80, 121, 122, 144, Graigie: 122, 125
268, 278 Graziano: 157
Balmary: 140 Gunkel: 12
Basile de Césarée: 140 Hakham: 62, 87, 116, 128, 129, 139
Bazak: 121 Hilaire de Poitiers: 144
Beaucamp: 54, 55, 79, 122, 123 Hossfeld - Zenger: 144, 268, 270,
Beauchamp: 74, 87, 212, 293 272
Bellarmin: 62 Hurowitz: 95
Benoît, saint: 98 Jacquet: 23, 29, 103, 123, 273
Benun: 50 ^ Jüngling: 55
Berlin: 286 Junker: 12, 24
Bovati: 85, 283 Kimchi: 60, 72, 123
Boys: 54, 121, 125 Kimelman: 278
Brueggemann: 122 Komlos: 37
Brug: 13 Kraus: 10, 11,25,37, 272
Bullinger: 121 Lambert: 13
Castellino: 125 Lauterbach: 287
Ceresko: 95 Le Dü da Silva-Semik: 14
Chinitz: 277 Leveen: 23
Clifford: 54, 67, 79 Levenson: 143
Condamin: 104 Liebreich: 13, 80, 278
Cortese: 122 Lifschitz: 49
Coulot: 122 Limburg: 79
Craigie: 54 Lindars: 278
Dahood: 25, 132 Lorenzin: 54, 79, 272
Delitzsch: 66 Lori: 121
Enciso Viana: 23 Loyola: 142
Eriksson: 79, 97 Lund: 24, 186
Fishbane: 287 Lundbom: 84
Forbes: 121 Magonet: 278
Fraenkel: 131 Maloney: 24
Freedman: 81, 143 Mannati - Solms: 9, 50, 54, 59, 74,
Gerstenberger: 79 76,123
Gestenberger: 54 Mays: 54
304 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques

Meynet: 11, 21, 48, 55, 76, 80, 96, Rose: 54, 65, 74
121, 132, 141, 142, 293 Rosenbaum: 25
Môller: 55 Ruppert: 55
Montale: 14, 302 Sabourin: 125
Mowinckel: 13 Sanders: 277
Nodder: 144 Schoettgen: 84
Origène: 140 Skehan: 23
Pearl: 290 Soli: 13, 144, 268
Peignot: 12 Terrien: 55, 79
Pérennès: 104 Vesco: 37, 47, 54,122,123
Petiet: 103 Villon: 11
Rashi: 123 Watson: 286
Ravasi: 10, 53, 54, 55, 56, 74, 79, Weiser: 10
80, 96, 103, 110, 122, 132, 144, Wenin: 48
278 Why bray: 144
Roberts: 84 Wiesmann: 79, 80
TABLE DES MATIÈRES

Introduction
Sigles et abréviations
Lexique des termes techniques 17

Le psaume 9-10 21

Le psaume 25 51

Le psaume 34 77

Le psaume 37 101

Les psaumes 111 et 112 125

Le psaume 119 ^ 141

Le psaume 145 275

Conclusion 291
Bibliographie 295
Index des auteurs cités 303
Rhétorique biblique
Collection dirigée par Roland Meynet et Pietro Bovati

1. R. MEYNET, L 'Évangile selon saint Luc. Analyse rhétorique, Éd. du Cerf, 1988.
2. P. BOVATI et R. MEYNET, Le Livre du prophète Amos, Éd. du Cerf, 1994.
3. R. MEYNET, Jésus passe. Testament, jugement, exécution et résurrection du Seigneur
Jésus dans les évangiles synoptiques, PUG Editrice - Éd. du Cerf, 1999.

Rhétorique sémitique
Collection dirigée par Roland Meynet avec Jacek Oniszczuk

1. R. MEYNET, L Évangile de Luc, Lethielleux, 2005.


2. T. KOT, La Lettre de Jacques. La foi, chemin de la vie, Lethielleux, 2006.
3. M. CUYPERS, Le Festin. Une lecture de la sourate al-Mâ'ida, Lethielleux, 2007.
4. R. MEYNET, Traité de rhétorique biblique, Lethielleux, 2007.
5. R. MEYNET, Appelés à la liberté, Lethielleux, 2008.
6. R. MEYNET, Une nouvelle introduction aux évangiles synoptiques, Lethielleux, 2009.
7. A. VANHOYE, L Épitre aux Fibreux. « Un prêtre différent », Gabalda, 2010.
8. R. MEYNET, L Évangile de Luc, Gabalda, 20113.
9. M. CUYPERS, La Composition du Coran, Gabalda, 2012.
10. R. MEYNET, La Lettre aux Galates, Gabalda, 2012.
11. R. MEYNET, Traité de rhétorique biblique, Gabalda, 20132.
12. R. MEYNET & J. ONISZCZUK, Exercices d'analyse rhétorique, Gabalda 2013.
13. J. ONISZCZUK, La première lettre de Jean, Gabalda 2013.
14. R. MEYNET, La Pâque du Seigneur. Passion et résurrection de Jésus dans les
évangiles synoptiques, Gabalda, 2013.
15. M. CUYPERS, Apocalypse coranique. Lecture des trente-trois sourates du Coran,
Gabalda 2014.
16. R. MEYNET, L Évangile de Marc, Gabalda 2014.
RETÓRICA BÍBLICA E SEMÍTICA
Collection dirigée par Roland Meynet et Jacek Oniszczuk

1. JACEK ONISZCZUK, Incontri con il Risorto in Giovanni (Gv 20-21), G&B Press,
Roma 2013.
2. ROLAND MEYNET & JACEK ONISZCZUK, Esercizi di analisi retórica, G&B Press,
Roma 2013.
3. ROLAND MEYNET & JACEK ONISZCZUK, ed., Studi del terzo convegno RES, G&B
Press, Roma 2013.
4. ROLAND MEYNET, Luke: the Gospel of the Children of Israel, G&B Press, Roma
2015.
5. ROLAND MEYNET - JACEK ONISZCZUK, ed., Studi del quarto convegno RBSy G&B
Press, Roma 2015.
6. R. MEYNET, Les huit psaumes acrostiches alphabétiques, G&B Press, Roma 2015.
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques (9-10,25,
34, 37,111,112,119,145) n'ont pas bonne réputation
auprès d'un grand nombre d'exégètes depuis Gunkel.
Le carcan de l'acrostiche alphabétique en effet aurait
empêché les auteurs de ces jeux artificiels et pure-
ment «acrobatiques» de se mouvoir librement pour
réaliser de véritables poèmes, composés et cohérents.
Or, analysés selon les lois de la rhétorique biblique et
sémitique, ces psaumes se révèlent de véritables chefs
d'œuvres. La découverte de leur architecture, savam-
ment articulée, permet d'entrer dans leur logique et de
mieux comprendre leur message.
Décrivant en termes semblables Dieu et l'homme
juste, les psaumes jumeaux 111 et 112, sont les plus
courts, leur vingt-deux «membres» commençant par
les vingt-deux lettres de l'alphabet. Les Ps 9-10, 25,
34 et 145 sont deux fois plus longs, car l'alphabétisme
marque chacun de leurs vingt-deux «segments» («bi-
membres» ou «trimembres»). Le Ps 37 est encore deux
fois plus long l'alphabétisme marquant chaque groupe
de deux segments. Enfin, atteignant à la virtuosité, le
fameux Ps 119 comprend vingt-deux «strophes» de
huit segments, dont chacun commence par la même
lettre de l'alphabet. L'analyse de sa composition ex-
trêmement élaborée, permet de comprendre qu'il ne
s'agit pas seulement d'une méditation sur la Loi du
Seigneur, mais avant tout de la supplication de celui
qui se rend compte qu'il est incapable de comprendre
la Loi, encore moins de la mettre en pratique, qui est
en butte aux ennemis de Dieu qui le persécutent, et
qui appelle à l'aide son Seigneur pour qu'il le sauve de
la mort et le fasse vivre.

Euro 30,00
Comme celle de l'ode ou de la ballade, l'acrostiche
alphabétique est une forme poétique, mais celle-
ci ne dit rien par elle-même de la composition du
psaume. Chacun des huit psaumes a sa propre
organisation textuelle, différente de toutes les
autres. Même les deux psaumes jumeaux 111 et
112 ont une architecture tout à fait différente. Les
deux structures, celle de l'alphabétisme et celle de
la composition, étant de deux ordres différents, sont
largement indépendantes. La première n'empêche
en aucune manière la seconde. On aura vu, un
psaume après l'autre, que les jugements négatifs si
largement répandus qui ont été portés contre eux
sont totalement injustifiés: ces psaumes ne le cèdent
en rien aux autres du point de vue de la composition.
Loin d'être décadents, ils sont tous extrêmement
élaborés et relèvent de la poésie la plus consommée.
Dire qu'ils sont tardifs et décadents relève d'un a
priori désormais insoutenable.

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