Quelle est donc cette Parole ? Lecture Una nuova introduzione ai vangeli sinottici,
«rhétorique» de l'Évangile selon saint Luc {1-9 et ReBib 4, 9, EDB, Bologna 2001 (trad. anglaise,
22-24), LeDiv 99AB, Cerf, Paris 1979. espagnole), 2006 2 ; éd. française, Une nouvelle
introduction aux évangiles synoptiques, RhSem
Initiation à la rhétorique biblique. Qui donc est
6, Lethielleux, Paris 2009-
le plus grand?, 1-11, Initiations, Cerf, Paris 1982.
Mort et ressuscité selon les Écritures, Bayard,
L'Évangile selon saint Luc. Analyse rhétorique,
Paris 2003 (trad. italienne).
l-fl, RhBib 1, Cerf, Paris 1988 (trad. italienne).
Lire la Bible, Champs 537, Flammarion, Paris
L'Analyse rhétorique. Une nouvelle méthode 2003 (trad. italienne).
pour comprendre la Bible. Textes fondateurs et
exposé systématique, Initiations, Cerf, Paris 1989 Il vangelo secondo Luca, ReBib 11 EDB, Bologna
(trad. italienne, anglaise). 2003.
Avez-vous lu saint Luc? Guide pour la rencontre, La Bible, idées reçues 9 4 Le Cavalier bleu,
LiBi 88, Cerf, Paris 1990 (trad. polonaise). Paris 2005.
Passion de Notre Seigneur Jésus Christ selon les Jçzyk Przypowiesci biblijnych, Mysl teologiczna
évangiles synoptiques, LiBi 99, Cerf, Paris 1993. 50, Wydawnictwo Wam, Krakôw 2005.
Avec N. Farouki, L. Pouzet et A. Sinno, Méthode L'Évangile de Luc, RhSem 1, Lethielleux, Paris
rhétorique et herméneutique, Analyse de textes 2005 (Grand Prix de philosophie de l'Académie
française 2006); RhSem 8, Gabalda, Pendé 2011.
de la Bible et de la Tradition musulmane, Dar
el-Machreq, Beyrouth 1993 (en arabe) ; éd. Études sur la traduction et l'interprétation de
française : Rhétorique sémitique. Textes de la la Bible, Sources/Cibles, École de traducteurs et
Bible et de la Tradition musulmane, Patrimoines. d'interprètes de Beyrouth, Beyrouth 2006 (trad.
Religions du Livre, Cerf, Paris 1998. italienne).
Avec P. Bovati, Le Livre du prophète Amos, RhBib Traité de rhétorique bibliquet RhSem 4 Lethiel-
2, Cerf, Paris 1994 (trad. italienne). leux, Paris, 2007 (trad. italienne, anglaise); Rh-
Sem 12, Pendé 2013.
Avec P. Bovati, La Fin d'Israël. Paroles d'Amos,
LiBi 101, Paris, Cerf, 1994. Appelés à la liberté, RhSem 5, Lethielleux, Paris
2008 (trad. italienne, espagnole, anglaise).
Lire la Bible, Dominos 92, Flammarion, Paris
1996 (trad. italienne, espagnole, portugaise). Preghiera e filiazione net vangelo di Luca,
Epifania délia Parola, NS 12, EDB, Bologna 2010
«E ora, scrivete per voi questo cântico.» Intro- (trad. française).
duzi o ne pratica all'analisi retórica, 1. Detti e pro-
verbi, ReBib 3, Edizioni Dehoniane, Roma 1996 «Selon les Écritures». Lecture typologique des
(éd. française). récits de la Pâque du Seigneur, Theologia 7, G&-B
Press, Rome 2012.
Jésus passe. Testament; procès, exécution et
La lettre aux Gâtâtes, RhSem 10, Gabalda,
résurrection du Seigneur Jésus dans les évangiles
Pendé 2012 (trad. italienne).
synoptiques, RhBib 3, PUG Editrice - Cerf, Rome
- Paris 1999 (trad. italienne). Avec ]. ONISZCZUK, Exercices d'analyse rhétorique,
RhSem 12, Gabalda, Pendé 2013 (éd. italienne).
«Vedi questa donna?» Saggio sulla comuni-
ca zione per mezzo dette parabole, Fede e comu- La Pâque du Seigneur. Passion et résurrection de
nicazione 9, Edizioni Paoline, Milano 2000; éd. Jésus dans les évangiles synoptiques, RhSem 14
française: «Tu vois cette femme?» Parieren para- Gabalda, Pendé 2013.
boles, LiBi 121, Cerf, Paris 2001. L'évangile de Marc, RhSem 16, Gabalda, Pendé
Wprowadzenie do hebrajskiej retoryki biblijnej 2014.
(Études de rhétorique biblique), Mysl Teologiczna Les huit psaumes acrostiches alphabétiques,
30, Warn, Krakow 2001. RhBibSem 6, G&B Press, Rome 2015.
ROLAND MEVNET
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Ce volume est publié avec le soutien de la RBS-Société internationale pour l'étude de la Rhétorique Biblique
et Sémitique
Il existe de nombreuses sociétés savantes dont l'objet est l'étude de la rhétorique. La plus connue est la
«Société internationale pour l'histoire de la rhétorique».
La RBS est la seule:
• qui se consacre exclusivement à l'étude des littératures sémitiques, la Bible essentiellement mais aussi
d'autres, des textes musulmans par exemple;
• qui s'attache par conséquent à inventorier et à décrire les lois particulières d'une rhétorique qui a
présidé à l'élaboration des textes dont l'importance ne le cède en rien à ceux du monde grec et latin dont
la civilisation occidentale moderne est l'héritière. Il ne faudrait pas oublier que cette même civilisation
occidentale est héritière aussi de la tradition judéo-chrétienne qui trouve son origine dans la Bible, c'est-
à-dire dans le monde sémitique. Plus largement, les textes que nous étudions sont les textes fondateurs
des trois grandes religions monothéistes, judaïsme, christianisme et islam. Une telle étude scientifique,
condition première d'une meilleure connaissance mutuelle, ne saurait que contribuer au rapprochement
entre ceux qui se réclament de ces diverses traditions.
Fondée à Rome, où se trouve son siège social, la RBS est une association sans but lucratif de droit italien
qui promeut et soutient les recherches et les publications:
• surtout dans le domaine biblique, aussi bien du Nouveau que de l'Ancien Testament;
• mais encore dans celui des autres textes sémitiques, en particulier ceux de l'islam.
L'objet essentiel de la RBS est de favoriser les projets de recherches, d'échanges interuniversitaires et de
publications dans le domaine de la rhétorique biblique et sémitique, spécialement grâce à la récolte des
fonds nécessaires pour le financement de ces divers projets.
La RBS accueille et regroupe d'abord les chercheurs et professeurs universitaires qui, dans diverses
universités ou instituts, en Italie et à l'étranger, travaillent dans le domaine de la Rhétorique Biblique et
Sémitique. Elle est ouverte aussi à tous ceux qui s'intéressent à ses recherches et entendent les soutenir.
I I © 15 D C ^our rense
^g n e m e r , t s sur
la RBS, voir:
l\ï? ? www.retoricabiblicaesemitica.org
ISBN 978-88-7839-315-8
INTRODUCTION
La critique moderne des psaumes, comme des autres livres bibliques, s'est
longtemps concentrée sur la détermination des genres littéraires et l'étude de la
forme des textes.
Il n'est que de consulter les introductions aux psaumes dans les traductions
récentes de la Bible pour constater que toutes présentent une typologie, dis-
tinguant un certain nombre de « genres littéraires » (BJ), de « types » (Osty) ou
de « familles » (TOB).
Osty distingue douze types différents de psaumes : d'action de grâce, de
confiance, didactiques ou de « sagesse », de fidélité yahviste, historiques,
hymnes, du règne de Yahvé, royaux et messianiques, de Sion, supplications
individuelles, supplications collectives et enfin psaumes mixtes2.
La Bible de Jérusalem les classe en « trois grands genres » seulement : 1. Les
hymnes ; 2. Les supplications, ou psaumes de souffrances, ou lamentations ; 3.
Les actions de grâces — auxquels s'ajoute une catégorie ultérieure : 4. « Genres
aberrants et mélanges de genres », sans compter « Les psaumes royaux » qui
appartiennent à différents genres3.
Quant à la TOB, elle les répartit en trois « familles » : 1. Les Louanges — qui
comprennent : a) Les hymnes ; b) Les chants du règne ; c) Les cantiques de
Sion ; d) Les psaumes royaux — ; 2. Prières d'appel au secours, de confiance et
de reconnaissance (où, comme le titre le laisse entendre, sont distinguées trois
subdivisions) ; 3. Psaumes d'instruction (avec, de nouveau, trois subdivisions)4.
Les commentaires ne sont évidemment pas en reste. Ravasi pour sa part y voit
sept « familles » : 1. Famille hymnique ; 2. Famille des supplications (person-
nelles et communautaires) ; 3. Famille de confiance et de reconnaissance (avec
ses deux subdivisions) ; 4. Famille des psaumes royaux ; 5. Famille liturgique
(d'entrée, « réquisitoire », de pèlerinage) ; 6. Famille sapientielle (sapientiels,
1
Mannati - Solms, 37.
2
Osty, 1159.
3
La Bible de Jérusalem (1998), 863-866.
4
Traduction Œcuménique de la Bible. Ancien Testament (1980), 1260-1266.
8 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Pour Alonso Schoekel - Carniti, « Pour la forme externe les psaumes acrostiches
alphabétiques peuvent être classés comme groupe en lui-même [...] Pour les
thèmes et autres facteurs ces psaumes se distribuent dans les groupes précé-
dents ; ils semblent être tardifs »10. Dans ce cas particulier on touche du doigt les
limites de ce genre de classification.
Les formes
Chaque « genre littéraire » se caractérise par sa « forme » — appelée aussi
quelquefois « structure » ou même « organisation » —, à savoir l'ensemble des
éléments qui la constituent. Ainsi, selon la TOB, « Les appels au secours,
individuels ou collectifs, se développent d'ordinaire sur un rythme à quatre
temps : invocation du nom divin suivie d'un cri d'imploration, exposé de la
situation, supplication, certitude de l'exaucement » (p. 1263). Pour Weiser, la
plainte comprend les cinq constituants suivants : invocation, plainte, suppli-
cation, motivation, vœu11. Kraus raffine davantage encore : l'introduction (A)
5
Ravasi, I, 46-64.
6
Alonso Schoekel - Carniti, 114.
7
Kraus, I, 60.
8
Ravasi, I, 63.
9
Ravasi, I, 63.
10
Alonso Schoekel - Carniti, 114.
11
Weiser, 67.
Introduction 9
regroupe cinq éléments, le corps (B) pas moins de dix12. Comme pour les genres
littéraires, on voit la variété et la fluidité des propositions.
La « forme » — ou la « structure » — est donc un « modèle » abstrait, c'est-à-
dire déduit de l'observation et de l'analyse d'un certain nombre de textes
concrets. C'est en quelque sorte le dénominateur commun de plusieurs psaumes,
le schéma qui s'applique à tous les individus de la même classe, du même
« genre littéraire ». Il est certainement très utile de ne pas confondre les genres,
de ne pas prendre le premier chapitre de la Genèse pour un texte scientifique, de
ne pas confondre lamentation et louange, psaume royal et psaume didactique.
12
Kraus, I, 48-49.
13
Voir le « Lexique des termes techniques », en particulier
14
Sur ces questions de genres littéraires, formes et analyse rhétorique pour les évangiles
synoptiques, voir R . MEYNET, Une nouvelle introduction aux évangiles synoptiques, 2 0 1 5 , 3 4 - 5 2 .
10 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
15
La décence empêche de citer ici l'échange poétique bien connu entre Musset et George Sand.
16
G. PEIGNOT, Amusemens philologiques, 7 ; dans cet ouvrage, disponible sur internet, le
premier chapitre, « Acrostiches » (3-18) fournit un bel assortiment de poèmes acrostiches, en latin
et en français.
17
Ou « stiques » ; voir la définition des termes techniques, p. 17-19.
18
Cité par H . JUNKER, « Unité, composition et genre littéraire des Ps 9 et 10 » (H. Gunkel, Die
Psalmen, 32s).
Introduction 11
19
S. MOWINCKEL, The Psalms in Israel's worship, 77-78.
20
L. ALONSO SCHOEKEL, Manuale dipoetica ehrea, 230.
21
L J. LIEBREICH donne une liste des diverses appréciations des poèmes acrostiches alpha-
bétiques au début de son article, « Psalms 34 and 145 in the Light of their Key Words », 181-182.
22
W . M . SOLL, «Babylonian and Biblical Acrostics».
23
L'expression est de J.F. BRUG, « Biblical Acrostics and Their Relationship to Other Ancient
Near East Acrostics ».
24
Voir W.G. LAMBERT, Babylonian Wisdom Literature.
25
Voir J.F. BRUG, « Biblical Acrostics », 296.
12 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Da un lago svizzero
Mia volpe, un giorno fui anch'io il «poeta
assassinato»: là nel noccioleto
raso, dove fa grotta, da un falô;
in quella tana un tondo di zecchino
accendeva il tuo viso, poi calava
lento per la sua via fino a toccare
un nimbo, ove stemprarsi; ed io ansioso
invocavo la fine su quel fondo
segno délia tua vita aperta, amara,
atrocemente fragile e pur forte.
Sei tu che brilli al buio? Entro quel solco
puisante, in una pista arroventata,
àlacre sulla traccia del tuo lieve
zampetto di predace (un'orma quasi)
invisibile, a Stella) io, straniero,
ancora piombo; e a volo alzata un'anitra
liera, dal fondolago, fino al nuovo
mcendio mi fa strada, per bruciarsi26.
Il s'en fait jusqu'à nos jours : il suffit de naviguer sur internet pour se rendre
compte que cette forme est toujours vivante. On mentionnera en particulier
« l'A.B.C. de cordel », toujours très populaire au Brésil27.
Le grand reproche fait aux psaumes acrostiches est que le corset de l'alpha-
bétisme serait une contrainte tellement forte qu'elle empêcherait de réaliser une
œuvre véritablement composée. C'est sans doute que la structure alphabétique,
la plus facilement décelable, était la seule qui fût identifiée. La présence de cette
structure excluait toute autre forme de composition littéraire. Comme si une
contrainte quelconque — métrique, strophique, sonore — empêchait par le fait
même une véritable composition littéraire et rendait impossible une réelle orga-
nisation logique. L'alphabétisme est certes une contrainte, beaucoup plus sévère,
par exemple, que celle de la rime dans les poèmes français classiques : tandis
que cette dernière, la plupart du temps, ne concerne que deux vers, celle de
l'acrostiche, dont l'alphabétisme est une variété extrême, s'étend à des ensem-
bles beaucoup plus larges, sur les vingt-deux unités du poème. Les règles du
sonnet, avec ses deux quatrains et ses deux tercets, ses rimes obligées, n'ont pas
empêché Pétrarque, Shakespeare ou Baudelaire de composer de véritables chefs
d'œuvres.
Il faudra revenir, en conclusion, sur les fonctions de l'alphabétisme et sur la
signification — que l'on peut appeler théologique — de ce qui, à première vue,
peut sembler un pur jeu. Si jeu il y a, il s'agit d'un jeu de l'esprit, et des plus
raffinés : le jeu de la Sagesse.
26
E . MONTALE,La bufera e altro, «Madrigali private», Venise 1956.
27
Voir V. L E De l'Abc poétique à l'A.B.C. de cordel au Brésil : une forme
D Û DA SILVA-SEMIK,
poétique traditionnelle de « A à Z ».
Introduction 13
Les analyses de cinq des sept psaumes acrostiches alphabétiques ont été publiées
antérieurement : « Le psaume 25. Psaume de la nouvelle alliance », Gr. 93 (2012) 233-
260 ; « "Qui aime la vie?" Analyse rhétorique du psaume 34 », Gr. 92 (2011) 237-260 ;
« Le Psaume 37. Fils de Dieu et père des pauvres », Gr. 95 (2014) 231-254 ; « Harmonie
biblique. Les psaumes 1 1 1 et 112 », in P. CAYE - F. M A L H O M M E - G.M. RISPOLI - A . G .
WERSINGER, éd., L'Harmonie, entre philosophie, science et arts, de l'Antiquité à l'âge
moderne, Atti délia Accademia Pontaniana - Suppl, NS LIX (2010), Napoli 2011, 219-
234 ; « Le psaume 145 », Annales du Département des lettres arabes (Institut de lettres
orientales), Fs Maurice Fyet, 6B (1991-92) 213-225 ; mis à jour dans StRh 1
(01.02.2002; 31.03.2004).
Les analyses des psaumes 111, 112 et 145 ont été largement reprises. Celle des Ps 25,
34 et 37 sont reproduites, presque à l'identique, avec la permission du directeur de
Gregorianum.
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
al. Autres
Amos Bovati, P. - Meynet, R., Le Livre du prophète Amos,
RhBib 2, Paris 1994.
AnBib Analecta biblica
AOAT Alter Orient und Altes Testament
AssSeign Assemblée du Seigneur
Bib Biblica
BJ Bible de Jérusalem
CB.OT Coniectanea Biblica. Old Testament Series
CBQ Catholic Biblical Quarterly
CBQ.MS Catholic Biblical Quarterly. Monograph Series
chap. chapitre
ed. edidit, ediderunt
EeT(O) Église et théologie. Ottawa
EstB Estúdios Biblicos
EtBib.NS Etudes bibliques nouv. sér.
Exp Tim Expository Times
FOTL The Forms of the Old Testament Literature
Fs Festschrift
Gr. Gregorianum
HAR Hebrew Annual Review
HeyJ Heythrop Journal
HUCA Hebrew Union College annual
JBL Journal of Biblical Literature
JBQ The Jewish Bible Quarterly
JETS Journal of the Evangelical Theological Society
JQR Jewish Quarterly Review
JSOT.S Journal for the Study of the Old Testament.
Supplement Series
JSSt Journal of Semitic Studies
JTS Journal of Theological Studies
LeDiv Lectio Divina
LeDiv.Com Lectio Divina. Commentaires
LiBi Lire la Bible
lift. littéralement
Luc L 'Évangile de Luc, RhSem 8, Pendé 2011
NRTh Nouvelle Revue Théologique
NS Nouvelle série
OBO Orbis biblicus et Orientalis
P. page(s)
par ex. par exemple
par. paragraphe
RB Revue biblique
16 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les commentaires des psaumes ne sont cités que par le nom de l'auteur (ou des
auteurs) en minuscules, suivi éventuellement du numéro du volume, et du
numéro de la page. Ex., Kraus, II, 125 ; Alonso Schoekel - Carniti, 23.
Les abréviations des livres bibliques sont celles de La Bible de Jérusalem (BJ).
LEXIQUE DES TERMES TECHNIQUES
Il arrive souvent, dans les ouvrages d'exégèse, que les termes « section »,
« passage », mais surtout « morceau », « partie »..., ne soient pas utilisés de
façon univoque. Voici la liste des termes qui désignent les unités textuelles à
leurs niveaux successifs.
Symétries totales
CONSTRUCTION
PARALLÈLE figure de composition où les unités en rapport deux à deux sont
disposées de manière parallèle : A B C D E | A'B'C'D'E'.
Quand deux unités parallèles entre elles encadrent un élément
unique, on parle de parallélisme pour désigner la symétrie entre ces
deux unités, mais on considère l'ensemble (l'unité de niveau
supérieur) comme une construction concentrique : A | x | A'.
Pour « construction parallèle », on dit aussi « parallélisme » (qui
s'oppose à « concentrisme »).
CONSTRUCTION
SPÉCULAIRE figure de composition où les unités en rapport deux à deux sont
disposées de manière antiparallèle ou « en miroir » :
A B C D E | E'D'C'B'A'.
Comme la construction parallèle, la construction spéculaire n'a
pas de centre ; comme la construction concentrique, les éléments
en rapport se correspondent en miroir.
Quand la construction ne comprend que quatre unités, on
parle aussi de « chiasme » : A B | B ' A ' .
CONSTRUCTION
CONCENTRIQUE figure de composition où les unités symétriques sont disposées de
manière concentrique : A B C D E | x | E'D'C'B'A', autour d'un
élément central (cet élément peut être une unité de l'un quelconque
des niveaux de l'organisation textuelle).
Pour « construction concentrique », on peut dire aussi
« concentrisme » (qui s'oppose à « parallélisme »).
Lexique des termes techniques 19
Symétries partielles
TERMES INITIAUX termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent
le début d'unités textuelles symétriques ; 1'« anaphore » de la
rhétorique classique.
Sur les règles de réécriture, voir Traité, chap. 5, 283-344 (sur la réécriture des
tableaux synoptiques, voir chap. 9, 471-506).
L e p s a u m e 9 - 1 0
1
Sur les altérations subies par le texte au cours du temps, voir, par ex., J. ENCISO VIANA, « El
salmo 9-10 ».
2
Alonso Schoekel - Carniti, I, 262.
3
Jacquet, I, 337.
4
Ainsi, par exemple, J. LEVEEN, « Psalm X . A reconstruction » ; R. GORDIS, « Psalm 9 - 1 0 : a
Textual and Exegetical Study ». Pour la reconstitution du verset Dalet, voir, par exemple, P.W.
SKEHAN, «A Broken Acrostic and Psalm 9».
22 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Nous sommes encore loin d'avoir acquis une parfaite connaissance de la structure
formelle et du sens précis de cette composition littéraire. Car, au moins à première
vue et dans l'interprétation ordinaire, elle met le lecteur dans l'embarras, pour n'y
découvrir ni suite claire, ni cohésion des idées5.
Et pourtant, il semblerait étrange que ce texte ait été conservé dans le psautier,
malgré toutes les lésions occasionnées par les accidents qu'il aurait subis au long
de sa transmission. L'analyse rhétorique biblique pourrait aider à mieux com-
prendre le texte tel qu'il est ; et, partant, à rendre compte de ses « irrégularités ».
Bien loin d'amender le texte, et encore moins de le reconstituer, on se tiendra
prudemment au plus près du texte massorétique, pour tenter de le comprendre,
dans l'état où il nous l'a laissé.
Le psaume 9-10 comprend deux longs passages (9,2-20; 10,3-18) autour
d'un troisième passage beaucoup plus court (Lamed : 10,1-2) qui marque le
tournant de l'ensemble 6 .
COMPOSITION
5
H. JUNKER, « Unité, composition et genre littéraire des Ps 9 et 10 ».
6
Selon la première des sept lois de N.W. Lund : « Le centre est toujours le tournant »
(Chiasmus in the New Testament, 40 ; traduction française dans Traité, 97).
7
Voir, par ex., L.D. MALONEY, A wordfitly spoken, 46-47.
Le psaume 9-10 23
8
On a proposé de changer gôyim, « païens », par ge'îm, « orgueilleux » (S.N. ROSENBAUM,
«New evidence for reading ge 'im in place of go 'im in Ps 9 and 10») ; la correction ne se justifie
e
pas, du moment qu'il sera question, dès le morceau suivant, des « nations » (9b : I 'ummîm) et
plus loin des « peuples » (12b : 'ammîm).
9
Le TM place hëmma (« eux ») à la fin du segment précédent où il ne fait pas sens ;
l'alphabétisme invite à le déplacer au début du segment Hé. Mais le premier membre de ce
segment est si étrange qu'on a proposé de changer hëmma par hinneh (« voici » ; Dahood, I, 56) ou
par hômeh (« exalté ») et de supprimer le « et » qui suit (voir Kraus, I, 190). Il est possible de
sauver le texte, si l'on considère que « eux » et « lui » en début des deux segments du morceau
s'opposent ; et l'on pourrait comprendre et traduire : « Eux ? Mais le Seigneur... »
24 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
On aura remarqué que la lettre Yod ne comprend qu'un seul segment, tandis
que la lettre Kaph en compte trois. Or chacune des lettres précédentes, d'Aleph à
H et était formée de deux bimembres. C'est pourquoi plusieurs proposent de
changer l'ordre des segments pour corriger l'irrégularité de la composition10. Il
suffit en effet de déplacer le dernier verset après le v. 18 et l'équilibre est rétabli.
Ainsi, on aurait trois morceaux comprenant chacun deux bimembres comme
dans les parties précédentes.
Il vaut la peine d'essayer, pour voir si non seulement l'équilibre des masses
est amélioré, mais aussi et surtout si la logique de la partie restituée l'est aussi :
10
Voir, par exemple, Jacquet, I, 332.339.
28 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
14
h Aie pitié de moi, YHWH, vois MON MALHEUR,
de MES ENNEMIS me faisant remonter des portes de la mort,
15
pour que J'ÉNONCE toute ta louange,
qu'aux portes de la fille de S ion je jubile en ton salut.
t 1 6 Ont croulé LES PAÏENS dans la fosse qu'ils ont faite,
à ce filet qu'ils ont tendu s'est pris leur pied.
17
S'est fait connaître YHWH, LE JUGEMENT il a fait,
dans l'ouvrage de ses mains il a lié LE MÉCHANT.
18
y Que retournent LES MÉCHANTS au shéol,
TO US CES PA ÏENS oubliant Dieu,
k 1 9 car pas jusqu'à la fia est oublié LE PAUVRE,
l'espoir DES MALHEUREUX NE DISPARAIT PAS à jamais.
20
Dresse-toi, YHWH, que ne triomphe l'homme,
QU'ILS SOIENT JUGÉS, LES PA ÏENS, devant ta face !
21
Jette, YHWH, l'épouvante sur eux,
qu'ils connaissent, LES PAÏENS, qu'hommes ils sont !
Le psaume 9-10 31
INTERPRÉTATION
Du « je » au « vous »
Dans la deuxième partie, le roi élargit le discours à « l'opprimé » en général
(10), à tous ceux qui connaissent le nom de « Yhwh » et le cherchent (11) ; et il
les invite à le rejoindre dans sa louange (12a) et dans le témoignage qu'ils
rendront ensemble devant « les peuples » (12b). Si le psalmiste revient à la
première personne (14-15), on peut alors comprendre que ce n'est plus lui seul
qui s'exprime, mais tout son peuple avec lui qui parle en quelque sorte comme
un seul homme, comme le peuple réuni « aux portes de la fille de Sion » i l .
11
Robert Gordis (« Psalm 9-10: a Textual and Exegetical Study », 106-107) parle de
« personnalité fluide » pour expliquer le passage de l'individu au groupe.
Le psaume 9-10 33
COMPOSITION
INTERPRÉTATION
COMPOSITION
6
- II dit en SON CŒUR :
- « JE NE CHANCELLERAI PAS D'ÂGE EN ÂGE ! »
- celui qui (n'est) pas clans le malheur.
Les deux segments du premier morceau sont parallèles : les premiers mem-
bres répètent « le méchant » et « son nez » rappelle « son âme » (d'autant plus
que nepes signifie aussi « gorge »). Le mépris de Dieu qui s'exprime dans une
bénédiction blasphématoire pour son succès (3b) est dû à sa négation de
l'existence même de Dieu (4b).
Le dernier morceau correspond au premier. Le premier trimembre (6)12
renvoie aux seconds membres du premier morceau (3b.4b) avec ses deux
déclarations (4b.6b) ; « pas dans le malheur » (6c) est l'équivalant » de « ga-
gnant » (3b). Dans le deuxième trimembre « malédiction » (7a) s'oppose à « il
bénit » mais est l'équivalent de « il méprise » (3b). « Son cœur » (6a), « sa
bouche » (7a) et « sa langue » (7c) correspondent à « son âme » et « son nez »
(3a.4a).
Le morceau central ne comprend qu'un seul trimembre de type ABB'.
Comme il réussit constamment (5a), le méchant méprise et Dieu (« tes
jugements » : 5b, comme en 3b.4b) et ses adversaires (5c). « En tout temps »
(5a) sera repris par « d'âge en âge » (6b).
12
La ponctuation massorétique met « d'âge en âge » au début du membre suivant. La
traduction adoptée ici permet de ne pas corriger le texte et de garder le relatif aser traduit par
« celui qui ».
Le psaume 9-10 35
13
Cet adjectif se trouve trois fois dans ce psaume (Ps 10,8.10.14), et pas ailleurs dans la Bible
hébraïque. Voir Kraus, I, 191 ; O. KOMLOS, « The meaning of helekhah-helka'im ».
14
L'image du « filet » ne se rapporte évidemment pas au « lion ». Elle renvoie au chasseur qui
est ainsi mis sur le même plan que le fauve. Non seulement le méchant est une bête féroce, mais en
tant que chasseur il traite ses semblables comme des proies animales ; sur ce type de piège, voir
Vesco, I, 151.
36 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
3
Oui, se loue LE MÉCHANT du désir de SON ÂME,
et gagnant il bénit il méprise Yhwh.
•4 LE MÉCHANT, selon l'arrogance de SON NEZ ne cherche pas
:: <( 11 n'y apas de DIEU !» (voilà) toutes ses pensées.
3
Réussissent ses chemins EN TOUT TEMPS
(trop) en-haut tes jugements pour lui
tous ses adversaires, il crache sur eux.
:: «Iloublie, DIEU;
:: il se cornue h face
:: pour ne pas voir JUSQU'À LA FIN, »
+ q 12 DRESSE-TOI, Yhwh !
+ Dieu, LÈVE TA MAIN,
4- N'OUBLIE PAS les humbles !
- 13 Pourquoi blasphème-t-il LE MÉCHANT Dieu,
- dit-il en son cœur : « TU NE CHERCHERAS PAS »?
Dans le premier morceau la prière en faveur des « humbles » (12) est suivie
d'une question qui regarde « l e méchant» (13), celui justement qui opprime
« les humbles ». « Tu ne chercheras pas » à la fin s'oppose aux trois impératifs
initiaux, en particulier à « n'oublie pas ».
Le second morceau comprend lui aussi deux bimembres. En position analogue
revient le pronom « toi » (14a. 14d). « La peine et les pleurs » (14a) sont ceux du
« misérable » et de « l'orphelin » (14cd).
Le premier segment du second morceau (14ab) est une réponse à ce que vient
de penser le méchant : « t u as vu», « t u regardes» (14ab) s'oppose en effet
directement à « Tu ne chercheras pas » (13b) ; ces deux verbes jouent donc le
rôle de termes médians, mais ils jouent aussi le rôle de termes initiaux avec les
trois impératifs du début de la sous-partie (12abc). « Le misérable » et « l'orphe-
lin » (14cd) renvoient à « les humbles » (12c) ; « ta main » est repris en position
symétrique, à la fin des seconds membres (12b. 14b).
38 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
+t 17
Le désir des humbles, tif 1 ^r.^it && Yhwh,
- tu affermis leur cœur, t ptî d ^ ton oreille,
18 l'orphelin e£ l'opprimé
+ pour juger
- il n'aura plus peur & UN HOMME (né) de la terre !
Les deux segments du premier morceau sont parallèles : les premiers mem-
bres présentent le Seigneur comme le roi qui juge, les seconds membres le
résultat radical de son jugement sur « le méchant » (15a), identifié en finale avec
« les païens » (16).
Le second morceau parait construit de la même façon : la finale de 18a serait
régie par 17a (le Seigneur écoute le désir des humbles pour juger en leur
faveur) ; quant aux seconds membres, leurs débuts se correspondent, comme le
fait (« tu affermis leur cœur ») et sa conséquence (« il n'aura plus peur »).
Dans le premier morceau le Seigneur juge le « méchant », le « mauvais »
(15a), c'est-à-dire «les païens» (16b), tandis que dans le second morceau il
s'attache aux « humbles » (17a) à « l'orphelin et l'opprimé ». En finale cepen-
dant le méchant est appelé « un homme de la terre » (18b) qui ne doit donc pas
être craint. Dans les premiers membres de chaque morceau « brise le bras »
(« du méchant » : 15a) s'oppose à « tu affermis leur cœur » (celui des « hum-
bles » : 17b). Les deux occurrences de « terre » remplissent la fonction de termes
finaux (16b. 18b).
Le psaume 9-10 39
+ q 12
DRESSE-TOI, Yhwh !
+ Dieu, LÈVE TA MAIN,
+ N'OUBLIE PAS LES HUMBLES !
- 13 Pourquoi blasphème-t-il LE MÉCHANT Dieu,
- dit-il en son cœur : « ïïï NE CHERCHE! \ ? »
14
+ r Tu as vu, oui, toi, la peine et les pleurs,
+ tu regardes pour les donner M TA MAIN :
15
+ s BRISE le bras dll MÉCHANT, du MAUVAIS,
SA MÉCHANCETÉ, elle ne se trouvera plus.
+ 16 Yhwh est roi pour toujours et à jamais,
= ont disparu LES PAÏENS de sa terre.
q 12 Dresse-toi, Yhwh !
DIEU, lève ta main,
N'OUBLIE PAS les humbles !
13
Pourquoi blasphème-t-il LE MÉCHANT Dieu,
• dit-il en son cœur : « 1; ? »
r 14
TU AS VU, oui, toi, la peine et les pleurs,
tu regardes pour les donner en fa main :
à toi s'abandonne le misérable,
l'orphelin, toi, tu (lui) fus secours.
15
s Brise le bras du MÉCHANT, du MAUVAIS,
TU CHERCHEEAS SA MÉCHANCETÉ, elle ne se trouvera plus.
16
Yhwh est roi POUR TOUJOURS À JAMAIS,
ont disparu LES PAÏENS de sa terre.
Alors que toute la deuxième partie est une prière adressée à « Yhwh » (12a),
la première partie est une longue description des méfaits du « méchant » (3a) ;
une seule fois le psalmiste s'adresse à Dieu (5b).
Les trois déclarations du méchant, dont deux concernent « Dieu » (4b.6b.
llbcd) s'opposent à la prière du psalmiste ; toutefois ce dernier cite dans la
deuxième partie une quatrième déclaration du méchant (13b).
En termes extrêmes, « le désir » du « méchant » (3a) s'oppose au « désir des
humbles » (17a).
En termes médians opposés, «il oublie, Dieu» et «ne pas voir» (llbcd)
correspondent à « Dieu », « n'oublie pas » (12bc) et « tu as vu » (14a).
Alors que le méchant — qui réussit « en tout temps » (5a) — déclare pouvoir
tenir « d'âge en âge » (6b) et que Dieu ne verra rien de ses crimes «jusqu'à la
fin» (lld), le psalmiste atteste que le Seigneur règne «pour toujours et à
jamais » (16a).
Alors que le méchant « ne cherche pas » (4a) et dit à Dieu « Tu ne chercheras
pas» (13b), le psalmiste est sûr que le Seigneur détruira sa «méchanceté»
qu'on pourra bien « chercher », mais qu'on ne trouvera plus (15b).
Dans la première partie les nombreuses parties du corps sont toutes du
méchant (3a.4a.6a.7a.8c.lla), sauf la dernière, « la face » de Dieu (11c) ; dans la
deuxième partie il s'agit de la « main » de Dieu (12b. 14b) et de son « oreille »
(17b), mais aussi du « cœur » du méchant (13b) et de son « bras » (15a), enfin
du « cœur » des « humbles » (17b).
L'alphabétisme qui avait totalement disparu dans la première partie, reprend à
partir du début de la deuxième partie.
CONTEXTE BIBLIQUE
INTERPRÉTATION
jusqu'à son Dieu : il ne s'adresse à lui qu'une seule fois, comme en passant (5b).
C'est que le méchant est un « gagnant » (3b) qui réussit toujours (5a) et qui peut
donc cracher impunément sur tous ses adversaires (5c). Personne ne pourrait
échapper à ce fauve (9) et « le misérable » ne peut que tomber en son pouvoir
(10).
Le sursaut du croyant
Ce seront les derniers mots du méchant (11) qui auront fait réagir le psalmiste,
comme s'il ne pouvait pas plus longtemps entendre l'arrogance de celui qui ose
ainsi se moquer de Dieu et des malheureux. Il reprend les paroles mêmes du
blasphémateur pour s'adresser à Dieu et lui demander d'intervenir : « Dieu »,
« n'oublie pas les humbles » (12), « tu as vu la peine et les pleurs » (14). Il lui
rappelle même ce que le méchant « dit dans son cœur : « Tu ne chercheras
pas ! » (13). Le Seigneur devra répondre à ce blasphème en brisant de sa
« main » « le bras du méchant » de sorte qu'on pourra bien « chercher sa mé-
chanceté », on ne la trouvera plus. La foi du psalmiste le fait pour ainsi dire « se
dresser » lui-même, et il en retrouve soudain, avec l'alphabet, un langage clair et
assuré ; son « cœur » est « affermi » (17), il ne saurait plus avoir peur de celui
qui n'est, comme lui, qu'un homme tiré de la terre (18).
COMPOSITION
1
Du maître de chant. Sur « Mort pour le fils ». Psaume. De David.
32
Je rends grâce, YHWH, de tout mon cœur, j'énonce toutes tes merveilles ;
3
je me réjouis et j'exulte en toi, je joue pour ton nom, Très-Haut,
B 4 Quand retournent mes ennemis en arrière, ils fléchissent et disparaissent devant ta face,
5
car tu as fait mon jugement et ma sentence, tu as siégé sur le trône en juge juste,
G 6 Tu as maté des païens, fait disparaître le LÉCHANT, leur nom tu as effacé pour toujours et à jamais ;
7
l'ennemi est achevé, ruines sans fin, et des villes tu as renversé, a disparu leur souvenir,
H Eux...8 mais YHWH pour toujours siège, il affermit pour le jugement son trône ;
9
et lui, il jugera le monde avec justice, prononcera sur les nations avec droiture.
W 1 0 Et que soit YHWH une forteresse pour l'opprimé, une forteresse aux temps de DÉmEm\
11
Et se confient en toi les connaissant ton nom, car tu n'abandonnes pas tes cherchant, YHWH.
Z 12 Jouez pour YHWH, l'habitant à Sion, racontez parmi les peuples ses hauts faits !
13
car il cherche les sangs, d'eux il se souvient, il n'oublie pas le cri des MALHEUREUX.
H 14 Aie pitié de moi, YHWH, vois mon malheur, de mes ennemis me faisant remonter des portes de la mort,
15
pour que j'énonce toute ta louange aux portes de la fille de Sion, joyeux en ton salut.
1 1 6 Ont croulé les païens dans la fosse qu'ils ont faite, au filet qu'ils ont tendu s'est pris leur pied.
17
S'est fait connaître YHWH, le jugement il a fait, dans l'ouvrage de ses mains il a lié le LÉCHANT.
Y 1 8 Que retournent les PÉCHANTS au shéol, tous ces païens oubliant Dieu,
K 1 9 car pas à la fin n'est pas oublié le pauvre, l'espoir des MALHEUREUX ne disparait pas à jamais.
20
Dresse-toi, YHWH, que ne triomphe l'homme, qu'ils soient jugés, les païens, devant ta face !
21
Jette, YHWH, l'épouvante sur eux, qu'ils connaissent, les païens, qu'hommes ils sont !
3
Oui, se loue LE LÉCHANT du désir de son âme, et gagnant il bénit il méprise YHWH.
4
LE MÉCHANT, selon ùamm de son nez ne cherche pas : « Il n'y a pas de Dieu ! » voilà toutes SES PESÉES.
5
Réussissent ses chemins en tout temps trop haut tes jugements pour lui tous ses adversaires, il crache sur eux.
6
II dit en son cœur : « Je ne chancellerai pas d'âge en âge ! » celui qui (n'est) pas dans le mal.
7
De malédiction sa bouche est pleine et de fraudes et de violence, sous sa langue méfait et iniquité.
8
II se tient à l'affût dans les villages, sous les couverts il tue l'innocent, ses yeux le misérable épient.
9
II est à l'affût sous couvert comme lion dans son fourré, il est à l'affût pour se saisir du MALHEUREUX,
il se saisit du MALHEUREUX le traînant dans son filet.
1011
s'accroupit, se tapit, et tombe en ses pouvoirs le misérable.
11
II dit en son cœur : « Il oublie, Dieu, il se couvre la face pour ne pas voir jusqu'à la fin. »
Q 1 2 Dresse-toi, YHWH ! Dieu, lève ta main, n'oublie pas les humbles !
13
À CAUSE DE QUOI blasphème-t-il le LÉCHANT Dieu, dit-il en son cœur : « Tu ne chercheras pas ? »
R 1 4 Tu as vu, oui, toi, la peine et les pleurs, tu regardes pour les donner en ta main :
à toi s'abandonne le misérable, l'orphelin, toi, tu (lui) fus secours.
S 1 5 Brise le bras du LÉCHANT, du mauvais, tu chercheras sa MÉCHANCETÉ, elle ne se trouvera plus.
16
YHWH est roi pour toujours et à jamais, ont disparu les païens de sa terre.
T 1 7 Le désir des humbles, tu écoutes, YHWH, tu affermis leur cœur, tu tends ton oreille,
18
pour juger l'orphelin et l'opprimé : il n'aura plus peur d'un homme (né) de la terre !
Comme il arrive souvent, le psaume est focalisé sur une question (10,1),
suivie de sa réponse (2)15.
15
Sur la question au centre, voir Traité, 417-435.
44 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
B 4 Quand retournent mes ennemis en arrière, ils fléchissent et dmmssm devant ta face,
5 car tu as fait mon jugement et ma sentence, tu as siégé sur le trône en juge juste,
G 6 Tu as maté des païens, EUT DISPARAITRE le LÉCHANT,
leur nom tu as effacé - mah ;
7 l'ennemi est achevé, ruines sans fin, et des villes tu as renversé, À BISPMV leur souvenir,
H Eux...8 mais Yhwh pour toujours siège, il affermit pour le jugement son trône ;
9 et lui, il jugera le monde avec justice, prononcera sur les nations avec droiture.
W 1 0 Et que soit Yhwh une forteresse pour L'OPPRIMÉ, une forteresse aux temps de détresse !
11 Et se confient en toi les connaissant ton nom, car tu n'abandonnes pas TIMIlCftM, Yhwh.
Z 12 Jouez pour Yhwh, l'habitant à Sion, racontez parmi les peuples ses hauts faits !
13 car il, mmmi les sangs, d'eux il se souvient, IL N'OUBLIE P A S le cri des MALHEUREUX.
H 14 Aie pitié de moi, Yhwh, vois mon MALHEUR, de mes ennemis me faisant remonter des portes de la mort,
15 pour que j'énonce toute ?c louange
aux portes de la fille de Sion, joyeux en ton salut.
T 16 Ont croulé les païens dans la fosse qu'ils ont faite, au filet qu'ils ont tendu s'est pris leur pied.
17 S'est fait connaître Yhwh, le jugement il a fait, dans l'ouvrage de mmm il a lié le MÉCHANT.
Y 1 8 Que retournent les PÉCHANTS au shéol, tous ces païens OUBLIANT Dieu,
K 1 9 car pas à la fin ? - - S OUBLIÉ le pauvre, l'espoir des MALHEUREUX MMSimïï PÁS à jamais.
20 DRESSE-TOI, YHWH, que ne triomphe L HOMME, qu'ils soient jugés, les païens, devant ta face !
21 Jette, Yhwh, l'épouvante sur eux, qu'ils connaissent, les païens, qu'HOMMES ils sont !
[10,1-2]
10,3 Oui, se bue LE MÉCHANT du désir de son âme, et gagnant il bénit il méprise Yhwh.
4 LE LÉCHANT, selon l'arrogance de son nez NE ( J i M PAS : « Il n'y a pas de Dieu ! » voilà toutes ses pensées.
5 Réussissent ses chemins en tout temps trop haut tes jugements pour lui
tous ses adversaires, il crache sur eux.
6 II dit en son cœur : « Je ne chancellerai pas d'âge en âge ! »
celui qui (n'est) pas dans le mal.
7 De malédiction sa bouche est pleine et de fraudes et de violence,
sous sa langue méfait et iniquité.
8 II se tient à l'affût dans les villages, sous les couverts il tue l'innocent,
ses yeux le misérable épient.
9 II est à l'affût sous couvert comme lion dans son fourré, il est à l'affût pour se saisir du MALHEUREUX,
il se saisit du MALHEUREUX le traînant dans son filet
10 II s'accroupit, se tapit, et tombe en ses pouvoirs le misérable.
11 II dit en son cœur :
Outre les rapports déjà notés entre le passage central et ceux qui l'encadrent,
ces derniers ont un grand nombre de termes communs, ce qui est un signe fort de
l'unité du psaume.
Abondent dans les deux passages les termes opposés « méchant(s) » « mal-
heureux », avec leurs synonymes: d'une part, « ennemi(s) » (10,4.7.14), «les
païens» (9,6.16.18.20.21 ; 10,16), «les nations» (9,9), «les peuples» (9,12),
« le monde » (9,9), « le mauvais » (10,15) et d'autre part « l'opprimé » (9,10 ;
10,18), « le pauvre » (9,19), « l'innocent » (10,8), « le misérable » (10,8.10.14),
« les humbles » (10,12.17), « l'orphelin » (10,14.18)16.
On notera aussi les reprises suivantes :
- « disparaître » (9,4.6.7.19 ; 10,16) ;
- « pour toujours et à jamais » (9,6 ; 10,16) ;
-«chercher »(9,11.13 ; 10,4.13.15);
- « oublier » (9, 13.18.19; 10,11.12);
- « v o i r » (9,14; 10,11.14);
- « louange » (9,15) et « se loue » (10,3) ;
- « f i l e t »(9,16; 10,9).
Plus important encore, la reprise de « Dresse-toi, Yhwh » dans les secondes
parties des deux passages (9,20; 10,12) et de «homme» en termes finaux
(9,20.21 ; 10,18).
On peut ajouter, bien qu'il n'y ait pas de reprise lexicale, que les débuts des
deux passages s'opposent : c'est d'abord le psalmiste qui rend grâces au Sei-
gneur, « se réjouit et exulte » en lui (9,2-3), c'est ensuite le méchant qui « se
loue » lui-même « du désir de son âme » (10,3).
Enfin, la partie où se perd l'alphabétisme (10,3-11) et où le texte est tour-
menté, est aussi celle où le rythme est bousculé : alors que les autres parties sont
formées de segments bimembres17, dans cette partie se succèdent : 2 bimembres,
5 trimembres, 1 bimembre, 1 unimembre, un trimembre (voir p. 36).
CONTEXTE BIBLIQUE
Caïn et Abel
Dans le premier passage un verset peut rappeler l'histoire des deux premiers
frères : « car il s'enquiert des sangs, d'eux il se souvient, il n'oublie pas le cri des
malheureux » (Ps 9,13). Les premiers « sangs » répandus qui « crièrent » vers le
Seigneur furent ceux d'Abel que Caïn « tua » : « et il arriva que tandis qu'ils
étaient dans la campagne, Caïn se leva contre Abel son frère et le tua » (Gn 4,8) ;
« Et [Yhwh] dit : « Qu'as-tu fait ? La voix des sangs de ton frère crient [sic] vers
moi du sol » (4,10).
16
Sur les termes désignant les opprimés, voir, par exemple, Vesco, I, 151-154.
17
Seule exception, la partie suivante commence par un trimembre (12), comme si le psalmiste
n'avait pas encore retrouvé son calme.
46 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
INTERPRÉTATION
18
Traduction d'André Wénin {Actualité des mythes, 41-53) ; voir ID., DAdam à Abraham ou
Les errances de l'humain, 147-153.
19
Voir l'analyse rhétorique de ce texte dans R. MEYNET, « Le quatrième chant du Serviteur. Is
52,13-53,12».
Le psaume 9-10 47
Question de foi
En somme, ce qui est en jeu dans tout le psaume et qui éclate en son centre
n'est autre que la question de la foi. C'est vraiment le cas de le dire, puisque tout
le psaume tourne autour de l'interrogation adressée au Seigneur : « Pourquoi,
Seigneur, te tiens-tu au loin, te caches-tu aux temps de détresse ? » Dans ces
paroles de reproche s'expriment en même temps deux sentiments contra-
dictoires : le psalmiste pense que Dieu est absent, mais il lui parle, lui crie peut-
être son « pourquoi » comme s'il était proche, en tout cas à portée de voix. S'il
croyait qu'il était si loin qu'il ne pouvait entendre, lui aurait-il adressé la parole ?
Paradoxalement sa question angoissée dit sa foi. Et il ne s'arrête pas à sa ques-
tion, il poursuit en portant plainte contre le méchant qui consume le malheureux
par son orgueil. Enfin, ses derniers mots montrent à l'évidence qu'il fait
confiance à son Seigneur qui fera en sorte que ses persécuteurs seront pris à leur
propre piège.
20
C'est cette question qui a été choisie comme titre de la monographie de D. LIFSCHITZ, éd.,
Perché, Signore, te ne stai lontano?: Salmi 9 e 10.
48 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
gênant ; il se sera donné la preuve de l'incapacité de Dieu à sauver les siens, ou de son
indifférence à leur égard21.
Handicapé ou virtuose ?
Le psaume est-il rescapé d'un accident qui l'aurait laissé sévèrement han-
dicapé, irrémédiablement bancal et couvert de bien vilaines cicatrices qui le
défigurent et qu'aucune chirurgie ne saurait effacer ? Son auteur pourrait être au
contraire un poète fort habile, voire même un virtuose. Le portrait qu'il brosse de
la panique qui suffoque le psalmiste royal devant la menace mortelle (10,3-11),
avec son style d'épouvante qui lui fait perdre le repère de l'alphabétisme, traduit
de manière très expressive l'état dans lequel il se trouve. Et ce n'est pas un
hasard si, se tournant vers son Dieu, il peut enfin s'apaiser et retrouver le chemin
de l'alphabet qui l'amènera jusqu'à son Taw (Jb 31,35), jusqu'à son dernier mot.
Je découvre après coup, une autre interprétation très suggestive :
Il est à noter que cette longue méditation sur la logique déformée des méchants tombe
exactement à l'endroit où six lettres consécutives sont omises. Cette corrélation nous
conduit à penser que la structure du psaume reflète son message. L'acrostiche
alphabétique représente le bon ordre, la manière dont le monde devrait être quand
Dieu est présent. La mention des méchants et leurs déclarations, qui représentent une
rupture dans l'ordre divin, surviennent précisément au moment où il y a une rupture
dans la séquence acrostiche. Dans cette longue section de dix versets qui plonge dans
les pensées intimes des méchants, l'acrostiche se décompose complètement et six
lettres disparaissent. L'acrostiche ne revient sur la bonne voie qu'avec l'appel adressé
à Dieu pour qu'il agisse et punisse les méchants : « Lève-toi, Seigneur » (10,12)22.
21
Mannati - Solms, I, 148.
R. BENUN, « Evil and the Disruption of Order: A Structural Analysis of the Acrostics in the
First Book of Psalms », 6.
23
gâ 'artâ gôyim 'îbbadtâ râsâ ' semâm mâhîtâ Ie 'ôlâm wâ éd.
24
R. BENUN, « Evil and the Disruption of Order », 3.
25
Selon Ronald Benun « l'absence du verset dalet représente symboliquement le sens littéral de
la destruction des méchants et l'effacement de leur mémoire » (« Evil and the Disruption of
Order », 7).
Le psaume 9-10 49
trouver la moindre issue pour échapper au jugement de Dieu. Plus sauvagement
encore, ou, mieux, pour adopter un raisonnement de type kabbalistique, on
notera que les deux dernières consonnes de Dalet sont le Lamedet le Taw, c'est-
a-dire les lettres par lesquelles commencent le premier et le dernier verset du Ps
10. S'il est possible d'omettre le Dalet, il ne faudrait surtout pas laisser de côté
tout ce qui va de Lamed jusqu'à Taw. Il serait dommageable de s'arrêter en plein
milieu du chemin alphabétique ; il faut aller jusqu'au bout, jusqu'au bout de sa
peur, jusqu'au moment où l'opprimé « n'aura plus peur d'un homme tiré de la
terre » (Ps 10,18).
Le psaume 25
psaume de la nouvelle alliance
Dans son commentaire des Psaumes Luis Alonso Schoekel écrivait ceci à
propos du psaume 25 :
Situé dans son genre littéraire, acrostiche de supplication, le psaume est solennelle-
ment conventionnel. Au cours du chemin parcouru jusqu'ici, nous n'étions jamais
tombés sur un psaume aussi dépourvu de personnalité. Une fois lu et relu, nous ne
nous souvenons de rien : aucun vers ne s'est accroché ou a pris racine dans les sillons
de notre mémoire ; comme un morceau musical dont nous ne pouvons ni ne voulons
chantonner la moindre phrase. C'est plutôt un exercice scolaire où ce qui compte est
de sortir victorieux ou indemnes de la course d'obstacles des vingt-deux lettres de
l'alphabet [...] Ainsi, vers après vers, l'artiste sans inspiration (maître expert ou élève)
finit par achever son travail, insérant en finale un vers ajouté1.
Il est permis de ne pas partager un tel jugement, même s'il vient — avec la
verve qui était la sienne — de la plume d'un exégète de renom. C'est que ce
dernier n'appréciait pas particulièrement ce genre de composition : le carcan de
l'acrostiche alphabétique ne s'accordait guère avec son tempérament de poète
épris de fantaisie et de liberté. On pourra penser au contraire que les contraintes
du sonnet n'ont pas empêché Pétrarque de composer de magnifiques poèmes, où
son génie poétique s'est librement exprimé.
L'alphabétisme du psaume 25 présente quelques irrégularités : en effet, il ne
comporte pas de vers qui commence par les lettres bet,2 waw et qoph ; en
revanche, deux vers successifs commencent par aleph et deux autres par resh ;
enfin, au lieu de s'achever avec un vers commençant par la dernière lettre de
l'alphabet, taw, le dernier vers commence par la lettre pé, qui est ainsi utilisée
deux fois (16.22) Ces anomalies sont-elles dues aux vicissitudes de la tradition
manuscrite qui nous aurait transmis un texte détérioré, ou sont-elles le fruit
d'une composition élaborée qui joue de manière savante avec l'alphabet ? Une
étude précise de la composition du psaume pourrait apporter quelque lumière sur
cette question.
Tous les commentateurs proposent un plan du psaume, mais plusieurs le font
sans grande conviction. Ainsi A. Rose écrit :
1
Alonso Schoekel - Carniti, I, 478.
2
Certains pensent au contraire que le premier mot du verset 2 ( 'ëlôhay, «mon Dieu») doit être
reporté à la fin du verset précédent : ainsi le second segment commencerait avec beth : bekà
bâtahtî 'al- 'ëbôsâ (« En toi je me fie, que je ne rougisse pas »). Ainsi, par ex., Ravasi, I, 472,
lequel toutefois, contrairement à d'autres auteurs, évite de corriger le texte. Le premier segment
serait alors réduit à un unimembre, ce qui serait le seul cas dans tout le psaume.
52 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
A 1-7 Supplicatoire
B 8-10 Didactique
Cil Supplicatoire
B' 12-14 Didactique
A'15-22 Supplicatoire
3
A . ROSE, « le Psaume 2 5 », 11. C'est aussi la division de Jacquet, I, 5 8 1 . J.E. Goldingay écrit :
« Les versets 1-3 et 2 0 - 2 2 se correspondent, mais le psaume dans son ensemble ne présente pas de
structure organisée » (Psalms. I, 368, note 1).
4
Ravasi, I, 468.
5
Craigie, 1,218.
6
Ainsi Clifford, I, 138 ; pour cet auteur le verset 15 sert de transition (p. 140).
7
A.A. Anderson intègre le verset 22 dans son plan qui, à part cette différence, suit celui des
auteurs cités précédemment {Psalms, I, 207).
8
Mays, 144.
9
Gestenberger, I, 120: I. Superscription (la); II. Affirmation of confidence (lb-3) ; III.
Petition (4-7) ; IV. Hymnic praise (8-11) ; V. Exhortation (12-15) ; VI. Petition (16-22). Ce même
plan est repris par Lorenzin, 137.
10
Ainsi Beaucamp, 123 ; M. GIRARD, Les Psaumes redécouverts. I. 456-457 (déjà dans Les
Psaumes 1-50) ; Vesco, 257.
11
A Key to the Book of the Psalms, 122-127 ; j'ai donné la traduction de son analyse dans
L 'Analyse rhétorique, 119-121. Aucun auteur moderne ne le cite.
12
Mannati - Solms, I, 254-255.
Le psaume 25 53
COMPOSITION
13
Terrien, 253.
14
P. AUFFRET, « "En raison de ton nom, YHWH, tu pardonneras ma faute" : étude structurelle
du psaume 25 », 5-31.
15
Sur les travaux d'Auffret, voir R. MEYNET, « La rhétorique biblique et sémitique. État de la
question », 308.
16
« Strophenbau der Psalmen », A. 1 ; B. 2-3 ; C. 4-7 ; D. 8-11 / D\ 12-15 ; C\ 16-19 ; ET 20-
21 ; A'. 22.
17
« Psalm 25 und die Grenze Kultorientierter Psalmenexegese », (on trouvera un résumé de la
position de Môller et de Ruppert dans P . C . CRAÏGIE, Psalms 1-50, 217-218).
18
« Chiastic Psalms : a Study in the Mechanics of Semitic Poetry in Psalms 1-50 », 18-20 (son
analyse ne distingue pas moins de dix-huit éléments qui se correspondent de manière
concentrique !).
19
« Psalms 1-41 », 803.
20
Beaucamp, I, 123. Repris par Ravasi, I, 469 : Antienne initiale (1) ; quatre octains (4-19) ;
quatrain final (20-21 ; antienne finale (22).
21
M. GIRARD, Les Psaumes redécouverts. I, 459-461. Sur les analyses de Girard, voir mes deux
recensions de son commentaire des psaumes ainsi que mon article : « Analyse rhétorique du
Psaume 51. Hommage critique à Marc Girard » ; de manière plus synthétique, R. MEYNET, « La
rhétorique biblique et sémitique. Etat de la question », 296-297.305-308.
22
Voir R. MEYNET, « The Question at the Centre : A Specific Device of Rhetorical Argumenta-
tion in Scripture » ; Traité, 417-435.
54 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
23
Dans la Bible hébraïque, l'objet de ce verbe est aussi bien l'homme que Dieu. Voir, par ex.,
Jr 3,20 : « Mais comme une femme qui trahit son compagnon, ainsi m'avez-vous trahi, maison
d'Israël, oracle du Seigneur ».
24
Alonso Schoekel - Carniti préfèrent la première solution (I, 481).
25
Ravasi, I, 473.
Le psaume 25 55
+ z 6
SOUVIENS-roi de YHWH, et d e fisMOÏÏES
: car de toujours, elles (sont).
-h7 Des fautes de ma jeunesse et de mes péchés NE TE SOUVIENS PAS ;
selon îôiMûïïR SOUVIENS-TOI d e moi, toi,
: à cause de. YHWH.
26
C'est ainsi que traduit la Septante : hodegëson me epi ten alêtheian sou.
56 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
= d 4
TES CHEMINS, YHWH, fais-moi connaître
= TES SENTIERS apprends-moi !
CONTEXTE BIBLIQUE
« Amour » et « fidélité »
Ces deux termes désignent avant tout l'attitude du Seigneur envers son
peuple, comme l'indique clairement le dernier morceau où « amour(s) » {hesed :
6a.7b) ainsi que ses synonymes « tendresses » et « bonté » (6a.7c) ont tous le
suffixe de seconde personne singulier dont le référent est « Yhwh ».
Tu sauras donc que le Seigneur ton Dieu est le vrai Dieu, le Dieu fidèle qui garde son
alliance et son amour (hesed) pour mille générations à ceux qui l'aiment et gardent
ses commandements (Dt 7,9 ; voir aussi 5,10).
« Trahir »
Le contraire de la fidélité est la trahison. C'est déjà le cas pour l'alliance entre
les hommes : « car même tes frères et la maison de ton père, eux-mêmes te
trahiront » (Jr 12,6) ; et en particulier pour l'alliance conjugale : « Le Seigneur
est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse que tu as trahie, bien qu'elle fut ta
compagne et la femme de ton alliance » (Ml 2,14). Le même terme est utilisé
pour l'alliance avec Dieu : « A la vue des traîtres je ressens du dégoût, parce que
tes paroles ils ne les observent pas » (Ps 119,158).
« Péchés »
« La racine de ce mot désigne habituellement une "rébellion", la "violation"
par un vassal de l'alliance conclue avec son suzerain (ps' b\ "se rebeller
contre") : 1R 12,19 ; 2R 1,1 ; 3,5.7 ; etc. »28.
27
Voir Mannati - Solms, I, 253-254.
28
Arnos, 40.
58 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
INTERPRÉTATION
COMPOSITION
29
Sur l'expression « de toujours », David Kimchi écrit : « déjà quand je fus formé dans le
ventre de ma mère » et il renvoie en note 12 à Ps 139,13 (Commento ai salmi, 217).
Le psaume 25 59
8
+t Bon et droit est Y H W H ,
= c'est pourquoi IL ENSEIGNE aux pécheurs LE C H E M I N .
+ y 9
II FAIT C H E M I N E R les humbles dans le jugement
+ et IL APPREND aux humbles SON CHEMIN.
1 0
+ k TOUSLE5SEN-MERS de Y H W H amour et fidélité
= pour les gardant son alliance et ses préceptes.
30
En ce sens, ce qui est exprimé dans ce morceau renverse ce que dit Is 55,8 : « Car vos
pensées ne sont pas mes pensées, et mes voies ne sont pas vos voies ».
60 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
11
+1 À cause de ton nom, YHWH,
. tu pardonneras mon tort car il est nombreux.
12
+m Qui est l'homme craignant YHWH,
. auquel il enseigne le chemin qu'il choisit ?
31
Robert Bellarmin, qui dit suivre Jérôme et Augustin, considère que les deux membres du
segment sont synonymes et ne forment qu'une seule question. Il écrit : « Est enim consuetudo
Prophetae id ipsum in eodem versiculo bis repetendi, vel declarandi in una parte versiculi quod in
altera dictum est. Hune igitur sensum esse existimo : Quis est homo qui timet Deum ? quis,
inquam, est ille quem Deus instruxit de lege sua in via, quam ipse homo elegit, id est, in recto
itinere vivendi et eundi ad Deum, quod ipse voluntarie iam elegit ? sic enim una pars versiculi
declarat alteram. Ille enim est homo timens Deum, qui dono Dei elegit viam qua itur ad Deum,
quae est observatio mandatorum » (Explanatio in Psalmos, 105).
32
Ainsi Amos Hakham, qui fait remarquer que le verbe traduit ici par « il enseigne » iyôrennû)
est de la même racine que tôrâ, que l'on traduit habituellement par Loi, mais qui signifie d'abord
« enseignement » ; pour lui « le chemin » que le Seigneur a choisi est celui de la Torah (Sefer
Tehillîm, 157).
33
Ainsi la plupart des traductions, par exemple la Bible de Jérusalem : « il le remet dans la voie
qu'il faut prendre » ; de même la TOB : « celui-ci lui montre quel chemin choisir ».
Le psaume 25 61
Dans les segments extrêmes sont mentionnées des parties du corps : « yeux »
et « pieds » dans le dernier, « âme » (litt., « gorge » d'où « souffle ») dans le
premier ; « son âme » et « mes yeux » jouent le rôle de termes initiaux pour les
segments extrêmes, « son âme » et « mes pieds » le rôle de termes finaux pour
r ensemble du morceau.
Dans le segment central, les termes extrêmes se correspondent, puisque le
Seigneur « fait connaître » « son secret »34.
Alors que le premier segment parle d'une troisième personne, « l'homme »
dont il était question à la fin du morceau précédent (12a), le troisième est à la
première personne du singulier. Quant au segment central, on peut dire qu'il
assure la liaison en généralisant à un pluriel de troisième personne, « ses crai-
gnant » ; ce segment se distingue des deux autres du fait qu'il énonce des actions
de Dieu35.
34
Le premier terme du segment, sôd, est traduit ici par « secret », mais on pourrait le rendre
aussi par « intimité », par ex. en Pr 3,32 (Osty : « mais avec les [hommes] droits est son
intimité »), voire « amitié », par ex. en Jb 29,4 (TOB : « quand l'amitié de Dieu reposait sur ma
tente »). En effet, seul l'ami intime révèle son secret à son ami.
35
11 est vrai que le morceau s'achève sur la mention d'une action divine, mais c'est dans une
causale.
62 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
8
+t BON et droit est Y H W H ,
+ c 'est pourquoi IL ENSEIGNE aux pécheurs LE C H E M I N .
9
- Y II FAIT C H E M I N E R les humbles dans le jugement
- et IL APPREND aux humbles S O N CHEMIN.
: k 10
T O U S LES SENTIERS de Y H W H amour et fidélité
: pour les gardant Subi ÂLLÏÀWCÂ7 et ses préceptes.
Le morceau central se distingue des deux autres, car il ne comprend que deux
bimembres au lieu de trois dans les morceaux qui l'encadrent.
Les deux occurrences de « b o n » (8a. 13a) jouent le rôle de termes initiaux
pour les morceaux extrêmes.
Il semble que ces morceaux se correspondent en miroir.
- dans les segments extrêmes 15b renvoie à 8b. En effet, les deux métaphores se
correspondent : « apprendre aux pécheurs le chemin » est un équivalent de
« faire sortir du filet mes pieds »36. Les seconds membres commencent avec un
mot qui indique la cause : « c'est pourquoi » et « car ».
- le deuxième et l'avant-dernier segment (9.14) n'ont eux aussi pas de vocabu-
laire commun ; toutefois, « ses craignant » renvoie aux « humbles » et « faire
connaître » est un synonyme de « enseigner ».
- C o m m e le premier membre de 10, les deux membres de 13 disent ce qui
advient à « l'homme qui craint Yhwh » (12a), à « ceux qui gardent son alliance
et ses préceptes » (10b).
36
«Pieds» (15b) appartient au même champ sémantique que «chemin», «cheminer» et
« sentiers » (8b, et aussi 9a.9b. 10a). Il est vrai que la métaphore du « filet » est la plupart du temps
liée à la présence des ennemis (par ex. Ps 9,16) ; mais il n'en est pas du tout question dans cette
partie.
Le psaume 25 63
CONTEXTE BIBLIQUE
La nouvelle alliance
«L'alliance» dont il est question deux fois (10b. 14b) présente deux des
caractéristiques essentielles de la nouvelle alliance : elle repose sur le pardon des
péchés et la connaissance intérieure de la Loi est donnée par Dieu lui-même :
33
Mais voici l'alliance que je conclurai avec la maison d'Israël après ces jours-là,
oracle du Seigneur. Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur.
Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. 34 Ils n'auront plus à instruire
chacun son prochain, chacun son frère, en disant : « Ayez la connaissance du
Seigneur ! » Car tous me connaitront, des plus petits jusqu'aux plus grands — oracle
du Seigneur — parce que je vais pardonner leur crime et ne plus me souvenir de leur
péché (Jr 31,33-34)38.
37
Voir Traité, 98.
38
Voir A. ROSE, « Le Psaume 2 5 : "Vers toi, Seigneur, j'élève mon âme" », 11 : « Que Dieu ne
se souvienne pas de nos fautes (v. 7), voilà un des signes de la Nouvelle Alliance » (il renvoie à Jr
3 1 , 3 4 cité par He 8,12).
64 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
De même en Is 48,17 :
Ainsi parle le Seigneur ton rédempteur, le Saint d'Israël :
Je suis le Seigneur ton Dieu, je t'instruis pour ton bien,
je te conduis par le chemin où tu marches.
INTERPRÉTATION
39
« A great and multiform load of sin lies upon him, but the name of god, i.e. His nature that
has become manifest in His mercy and truth, permits him to ask and to hope for forgiveness, not
for the sake of anything whatever that he has done, but just for the sake of this name (Jr 14,7 ; Is
43,25) » (F. DELITZSCH, Commentary on the Old Testament in Ten Volumes. V : The Psalms, 344).
40
Dans l'évangile de Luc, la séquence 5 , 1 7 - 6 , 1 1 présente Jésus comme l'Époux de la nouvelle
alliance. Or, en profond accord avec la prophétie de Jr 3 1 , 3 1 - 3 4 , cette séquence commence par le
pardon et la guérison d'un homme dont les pieds étaient paralysés (voir Luc, 2 5 5 - 2 8 1 ) .
Le psaume 25 65
Le don de la connaissance
On a vu dans ces versets — non sans quelque raison — une référence à
l'exode. Le chemin serait celui que les fils d'Israël ont parcouru au désert et
l'enseignement serait celui de la Torah reçue par Moïse sur le mont Sinaï41. Il
semble plutôt que le contexte ne soit pas tant celui de l'alliance mosaïque que
celui de la nouvelle alliance. En effet, ce ne sont pas des commandements qui
sont donnés à ceux qui craignent le Seigneur, mais la connaissance de ses
chemins, la connaissance de Dieu lui-même, de sa bonté et de sa droiture (8), de
son amour et de sa fidélité (10). Celle-ci est communiquée par Dieu dans le
secret, elle fait entrer dans l'intimité de sa connaissance (14). Cette connaissance
intérieure, don d'en-haut est une des caractéristiques majeures de la nouvelle
alliance : « Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur [...]
Ils n'auront plus à s'instruire chacun son prochain, chacun son frère, en disant :
"Ayez la connaissance du Seigneur !" Car tous me connaîtront, des plus petits
jusqu'aux plus grands, oracle du Seigneur » (Jr 31,33-34).
COMPOSITION
+ p 16
RETOURNE-TOI vers moi E T P R E N D S PITIÉ D E M O I
- car je suis seul et humilié, moi.
- s 17 Les angoisses de mon cœur se multiplient :
+ de mes tourments FAIS-SORTIR M O L
41
Ainsi Clifford, I, 140.
66 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les deux premiers segments sont parallèles : une demande (20a.21a) est
suivie de sa motivation (20b.21b). Leurs premiers membres s'achèvent sur un
verbe dont l'objet est le pronom suffixe de première personne du singulier et
dont les seconds membres s'achèvent sur le pronom de deuxième personne du
singulier. Le premier segment ne précise pas de quoi le psalmiste demande
d'être délivré, à moins de comprendre que napsî ne signifie pas simplement
« mon âme » (c'est-à-dire « moi-même ») mais « ma vie », auquel cas ce serait
d'un danger de mort que le psalmiste demande d'être délivré ; ce qui est
confirmé du fait que le segment précédent parlait des « ennemis ». De manière
complémentaire, alors que dans le premier segment le psalmiste demande d'être
libéré de la main de ses ennemis, dans le second il supplie d'être gardé par « per-
fection et droiture ». Ces deux qualités peuvent être interprétées comme des
vertus humaines 43 ; ici, étant donné le contexte du morceau, il semble qu'il faille
42
Ainsi, par ex., Ps 112,8 : « Assuré son cœur, il ne craint pas, jusqu'à ce qu'il voie ses oppres-
seurs » (voir p. 135). Voir aussi Ps 54,9, p. 14.
43
« Perfection et droiture » ne se retrouve pas ailleurs dans la Bible hébraïque ; en revanche le
couple « intègre et droit » revient trois fois, attribué à Job : « un homme intègre et droit » (Jb
1,1.8; 2,3).
Le psaume 25 67
les considérer comme des attributs divins. On a remarqué en outre que ce couple
correspond, au niveau supérieur, à celui du début de la partie centrale du
psaume : « Bon et droit Yhwh ». Le rapport est beaucoup plus sensible en
hébreu :
44
Voir P. AUFFRET, « Étude structurelle du psaume 2 5 », 22.
68 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
CONTEXTE BIBLIQUE
« Les angoisses »
Il ne s'agit pas des angoisses au sens psychologique, mais des situations de
« détresse » où l'on se trouve pressé de toutes parts, sans échappatoire possible.
Quand David dit : « Par la vie du Seigneur qui a racheté mon âme de toute
détresse » (2S 4,9 ; 1R 1,29)45, il entend essentiellement la mort dont le mena-
çaient ses ennemis.
Le Ps 54 joint dans son dernier segment « détresse » et « ennemis » :
9
Car de toute détresse il m'a délivré
Et mon œil voit mes ennemis.
INTERPRÉTATION
45
En 1S 26,24 il utilise le verbe « délivrer » : « il me délivrera de toute détresse ».
Le psaume 25 69
peuple tout entier ne sont pas causées uniquement par ses ennemis extérieurs,
mais aussi par les fautes dont il s'est rendu coupable. C'est en effet « de toutes
ses angoisses » que le psalmiste demande que tout Israël soit libéré.
L'ENSEMBLE DU PSAUME
COMPOSITION
z * Souviens-toi de tes tendresses, Yhwh, et de tes amours car elles sont de toujours
h Des fautes de ma jeunesse et de mes péchés ne te souviens pas.
Selon ton amour souviens-toi de moi, toi, à cause de ta bonté, Yhwh.
[...]
Pour David Kimchi, l'expression « tous ceux qui espèrent en toi » (3) désigne
Israël46. Si l'on accepte cette interprétation, l'expression fait inclusion avec
« Israël » du dernier segment.
8
t 9
B O N ET * SRR est Yhwh, c'est pourquoi il ENSEIGNE aux PÉCHEURS le CHEMIN.
y II L AIT MMIMI les humbles dans le jugement et il APPREND aux humbles son CHEMIN.
k 10 Tous les S ENTIERS de Yhwh amour et mênié pour ceux qui GARDENT son alliance et ses préceptes.
1 11 À cause de ton nom, Yhwh, tu pardonneras m o n TORT bien qu'il soit nombreux.
m 12 Qui est l'homme craignant Yhwh auquel il ENSEIGNE le CHEMIN qu'il choisit ?
13
n SON ÂME dans le BIEN demeure et sa descendance héritera la terre.
s 14 Le secret de Yhwh pour ses craignant et s o n alliance POUR LEUR FAIRE CONNAÎTRE.
15 Mes yeux A JAMAIÎ vers Yhwh car lui fera-sortir du filet mes pieds.
p 16 Tourne-toi vers moi et prends pitié de moi car je suis seul et humilié, moi.
s 1 7 Les angoisses de mon cœur se multiplient de mes tourments fais-moi sortir.
S 2 0 Veille sur MON AME et délivre-moi que je ne rougisse pas car je me réfugie en toi.
t 21 Q u e PERFECTION ET D R O I T U R E m e GARDENT car j'espère en toi.
p 2 2 Rachète, Ô DIEU, Israël de toutes ses angoisses.
46
Kimchi, 215.
Le psaume 25 71
Les rapports entre les deux dernières parties sont moins nombreux.
- Toutefois, à la demande de pardon du premier segment du morceau central de
la deuxième partie (11), correspond celle du premier segment du morceau
central de la dernière partie (18), bel exemple de termes centraux.
- « Bien qu'il soit nombreux » (kî rab-hû ') au centre de la deuxième partie (11)
annonce « car ils sont nombreux » (kî-râbbû) de 19 ; dans le premier cas il s'agit
des péchés du psalmiste, dans le second de ses ennemis.
- Aux deux occurrences de « humbles » ( '<ânâwîm) en 9 correspondent celle de
« humilié » ( (ânî) et de « mon humiliation » ( 'onyî) en 16 et 18.
- Comme on l'a déjà signalé, « perfection et droiture » de l'avant-dernier
segment de la troisième partie (21) correspond à « bon et droit » au début de la
deuxième partie (8), faisant ainsi inclusion pour les deux dernières parties (voir
p. 67).
- « Garder » se retrouve en 10 et en 21 ; dans le premier cas, c'est l'homme qui
« garde » l'alliance, dans le second c'est à Dieu que le psalmiste demande de le
« garder ».
Les rapports entre les trois parties :
- De même que « péchés » (7) et « pécheurs » (8) jouent le rôle de termes
médians pour les deux premières parties, ainsi les deux occurrences de « faire
sortir » (15.17) jouent le rôle de termes médians qui agrafent les deux dernières
parties.
- « mon âme » revient dans chacune des trois parties (lb. 13.20). Au début c'est
le psalmiste qui élève son âme vers Dieu, à la fin, de manière complémentaire, il
lui demande de veiller sur elle.
- La demande de pardon se retrouve une fois dans chaque partie (7a. 1 lb. 18b) ;
la dernière fois le psalmiste ajoute « toutes » à « mes fautes ».
CONTEXTE BIBLIQUE
Le vocabulaire de l'alliance
Marina Mannati a fait la liste de tous les termes qui se rapportent à l'alliance :
« l'alliance » pour commencer, deux fois encadrant le morceau central (10.14) ;
les termes qui, sans la nommer jamais, indiquent la Loi, « chemin(s) » et « che-
miner » (4.5.8.9bis.l2), « sentiers » (4.10), « préceptes » (10) ; « enseigner » (de
la même racine que Torah : 8.12), «apprendre» (4.5.9)et «faire connaître»
(4.14) ; «choisir» le chemin, c'est-à-dire s'engager dans la voie de l'alliance
72 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
(Dt 30,15-20; Jos 24,15); «amour et fidélité» (10) qui renvoie au mêmes
termes en 5.6.7b. Ceci pour les plus importants47.
La nouvelle alliance
André Rose écrit : « Que Dieu ne se souvienne pas de nos fautes (v. 7), voilà
un des signes de la Nouvelle Alliance »48 et il renvoie à Jr 31,34 cité par He 8,12
(Ile 8,8-12 cite tout le passage de Jr 31,31-34). On a déjà noté plus haut que le
pardon des péchés est le fondement même de la Nouvelle Alliance (voir p. 63)49
et que le don de la connaissance est une de ses caractéristiques essentielles (voir
P. 65)50.
INTERPRÉTATION
47
Mannati - Solms, I, 253-254. De même, Ravasi, I, 469-472.
4
A. ROSE, « le Psaume 25 : Vers toi, Seigneur, j'élève mon âme », 13.
49
Alonso Schoekel - Carniti relèvent non seulement les thèmes de l'alliance et du péché, mais
aussi celui du monde sapientiel qui se croise avec celui de l'alliance (I, 478-480). Ils concluent :
« Ces éléments confèrent au psaume une certaine ossature théologique ou de spiritualité ; mais ils
ne sont pas du tout originaux dans leur connexion. Ce sont des choses connues et assimilées, qui
émergent ou se retirent discrètement à un deuxième plan » (p. 480).
50
Voir P. BEAUCHAMP, L'Un et VAutre Testament. I, Chap. VI, « La nouvelle alliance », 2 2 9 -
274.
51
Voir Traité, « Partir du centre », 567-573.
Le psaume 25 73
n'est autre que David ; or il est bien certain que le roi d'Israël n'ignore rien des
commandements de Dieu. « Qui est l'homme craignant Yhwh auquel il enseigne
le chemin qu'il choisit ? » (12). C'est celui qui demande à être enseigné, inté-
rieurement, qui désire que la loi de Dieu soit gravée dans son cœur, sans qu'il ait
besoin d'être enseigné par d'autres que le Seigneur lui-même. Cette connais-
sance intérieure est si intime que le psalmiste l'appelle « le secret » du Seigneur
(14).
La voie de l 'union
« Fais-moi cheminer dans ta fidélité » (5). Dès le début le psalmiste demande
au Seigneur d'entrer, pour ainsi dire, dans son intimité, de partager avec lui ce
qui constitue sa nature. Car la « fidélité » est l'apanage de Dieu. C'est bien
pourquoi il ne dit pas « la fidélité » mais « ta fidélité ». Non seulement il ne met
pas en avant sa propre fidélité ; bien au contraire, puisqu'il s'empressera de
demander d'être libéré de ses fautes et de ses péchés (7). Mais ce n'est même
pas la grâce d'être fidèle qu'il implore, mais d'entrer dans la fidélité de Dieu. On
retrouve le même jeu à propos d'un autre attribut divin, la « bonté » : « Bon et
droit est le Seigneur » (8) à quoi correspond « Son âme dans le bon demeure »
( 13) ; là encore on comprend que le psalmiste revêt une qualité qui devient la
sienne certes, mais parce qu'elle lui est donnée par un autre. Il en va de même
pour «le chemin qu'il choisit», formule dont on a dit qu'elle était ambiguë.
C'est bien évidemment le Seigneur qui choisit le premier le chemin qu'il entend
emprunter, mais ce chemin devient aussi celui que l'homme choisit. Ainsi la
volonté de Dieu et celle de l'homme ne font plus qu'un. L'échange, mieux,
T union se réalise aussi quand, aux extrémités du poème, le psalmiste commence
par déclarer : « Vers toi, Seigneur, j'élève mon âme » (1) et qu'il finit par sup-
plier le Seigneur de « veiller sur son âme » (20). Le mouvement est réciproque et
conduit les deux protagonistes de ce que l'on peut à juste titre appeler une
histoire d'amour et de fidélité à se rencontrer et à s'unir. Enfin, même la
question des « ennemis » peut être comprise dans la même ligne ; en effet,
/'ambiguïté de l'expression «ceux qui trahissent pour rien», qui est mise en
parallèle avec « mes ennemis » (2-3) donne à penser que les ennemis du psal-
miste ne sont autres que ceux de Dieu lui-même. En défendant son fidèle, en le
délivrant de ses ennemis, c'est sa propre fidélité qu'il défend et c'est lui-même
qu'il protège. La cause de Dieu et de celui qui le craint ne sont qu'une seule et
même cause.
Singulier et pluriel
Le jeu du singulier et du pluriel marque les trois parties du psaume. Alors que
dans la partie centrale le singulier du psalmiste est évoqué brièvement, en deux
segments (11.15), en application d'une loi générale énoncée dans tout le reste de
la partie, inversement dans les parties extrêmes, ce que l'orant demande tout au
74 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
long pour lui-même est élargi à tous dans deux segments seulement (3.22). Cet
équilibre identique des parties extrêmes entre le singulier et le pluriel est un
indice supplémentaire que le dernier verset n'est pas une adjonction secondaire
mais qu'il fait partie intégrante du psaume. L'attribution de cette prière à David
n'est probablement pas due seulement à l'artifice commun qui voulait que l'on
mette une composition tardive sous le patronage et l'autorité d'un personnage
illustre du passé. Elle s'accorde bien avec la fonction de celui qui ne parle pas
seulement en son nom propre mais aussi au nom de tout son peuple, ce qui est
d'abord et avant tout la fonction du roi, mais qui peut être compris aussi comme
le devoir de quiconque prie non seulement pour lui-même, mais qui, solidaire
des siens, les porte tous avec lui dans sa prière52.
Psaume de l'Avent
« Vers toi j'élève mon âme ; mon Dieu, en toi je me fie, que je ne sois pas confon-
du ! » C'est par ces mots, empruntés au Ps 25, que commence la première messe de
l'année liturgique, celle du 1er dimanche de l'Avent, où l'on retrouve ce psaume au
graduel et à l'offertoire. Choix et insistance compréhensibles, car cette prière de
l'Israël des anawim convient admirablement pour exprimer l'attente de l'Église et son
espérance en la réalisation des promesses du Dieu de l'Alliance 53 .
52
« Le verset 22, que l'on considère à tort comme étranger au psaume parce qu'il est en dehors
de l'alphabétisme, lui est intentionnellement extérieur, pour souligner qu'il en dégage la substance,
sans appartenir lui-même à la série des demandes : il nomme l'orant par son nom : Israël ; il
résume sa situation par le mot angoisses et synthétise ses demandes en celle du rachat,
caractérisant en même temps ainsi les relations d'Israël avec son Rédempteur » (Mannati - Solms,
I, 252, note 1).
53
Mannati - Solms, I, 252.
54
Pour l'analyse rhétorique de ce psaume, voir R. MEYNET, « L'enfant de l'amour (Ps 85) ».
Le psaume 25 75
Il faut d'abord remarquer que l'absence de trois lettres (bet, waw, qoph) est
pour ainsi dire compensée par la répétition de trois autres lettres («aleph, pé,
resh) ; le nombre total des 22 lettres de l'alphabet est donc préservé. L'équilibre
entre les trois parties est respecté aussi de ce point de vue, puisque la répartition
des lettres correspond exactement au nombre des versets tels que les découpe le
Texte Massorétique : sept lettres dans la première partie {aleph, aleph, guimel,
daleth, hé, zayin, het), sept également dans la dernière partie (pé, tsadé, resh,
resh, shîn, taw, pé), et huit dans la partie centrale (tet, yod, kaph, lamed, mem,
noun, samek, ayin).
Pour ce qui est de la répétition du pé, il faut rappeler que les deux occurrences
de cette lettre font inclusion pour la dernière partie ; ce fait est corroboré par le
rapport de paronomase qui rapproche les deux impératifs par lesquels commen-
cent les versets 16 et 22, paronomase renforcée par celle du début des mots qui
suivent ces impératifs, penëh 'ël(ay), en 16 et pedëh 'ël(ôhîm) en 22. À la double
occurrence de pé, en termes extrêmes dans la dernière partie, correspond la
double occurrence de aleph dans la première partie, mais cette fois-ci au début
des deux premiers membres. Il se trouve aussi que les deux premiers mots des
versets commençant par aleph, « vers-toi » et « mon Dieu » se retrouveront en
deuxièmes termes des versets qui commencent par pé : « vers-moi » « ô Dieu » ;
la symétrie est donc complémentaire, puisque le psalmiste élève son âme
« vers » son « Dieu » pour que « Dieu » se tourne « vers » lui.
Faut-il voir dans ces faits une explication des irrégularités de l'alphabétisme
du psaume ? Peut-on penser que ces irrégularités étaient intentionnelles ? Une
réponse à ces questions, qu'il est difficile d'éviter, ne pourra être avancée qu'a-
près l'étude systématique des autres poèmes alphabétiques où se retrouvent des
irrégularités analogues55.
S'il est possible de jongler avec les lettres et de jouer sur les mots qu'elles
peuvent former, les trois lettres répétées de l'acrostiche alphabétique (aleph, pé,
resh) peuvent se lire dans l'ordre du psaume 'ëper, « poussière », et dans l'ordre
inverse râpa , « guérir ». Le premier mot décrirait bien l'état de l'homme devant
son Seigneur, le second l'action de Dieu envers lui. Même si ce n'étaient pas là
les mots cachés par l'auteur, rien n'interdit au lecteur de les y voir.
55
Sur l'irrégularité de l'acrostiche alphabétique du Ps 34 et ses effets, voir p. 95.
Psaume 34
« Qui aime la vie ? »
L'auteur avance péniblement, débitant chaque lettre avec des phrases conven-
tionnelles. Il est peu de versets qui captivent le lecteur par leur originalité ou par un
intérêt particulier. Dans de nombreux versets le second hémistiche sonne comme un
remplissage interchangeable, presque une cheville, qui va jusqu'à la répétition (vv.
5.7.18.20). On a beau rassembler divers paradigmes, pour les observer ensemble, nous
ne découvrons pas de principe d'unité4.
1
Osty, 1165.
2
Ravasi, 1,613-614.
3
Alonso Schoekel - Carniti, Salmos, 419, 514, 551, 1380, 1446-1647, 1635.1637.
4
Alonso Schoekel - Carniti, Salmos, I, 514. Voir p. 13, note 5.
5
Parmi les plus récents, Lorenzin, 154 ; Clifford, 173 (même si, par la suite il change sa
division: 1-3 ; 4-10; 11-22);
6
Avant le verset 12 la Septante ajoute un diapsalma (qui traduit le selâ du texte massorétique,
la plupart du temps interprété comme « pause »).
7
Ainsi, par exemple, Beaucamp, 153, mais aussi H. Wiesmann (voir note 15).
8
Parmi tant d'autres, Gerstenberger, 1, 146 ; Limburg, 110-112 ; Terrien, 301-306 : ses deux
parties (5-12 et 16-23) sont articulées par un « interlude » (13-15).
9
Ainsi L.O. ERIKSSON, « Come, children, listen to me ! ». Psalm 34 in the Hebrew Bible and in
Early Christian Writings. Après avoir présenté en détail le plan de cinq auteurs (p. 46-54), il
conclut que c'est l'acrostiche qui représente la structure la plus importante et il ajoute seulement
que le verset 12 constitue « le point focal du poème » (p. 55), d'où le titre de son livre.
78 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
10
D'abord, «Essai sur la structure du Ps 3 4 » ; puis, «"Allez, fils, entendez-moi !". Étude
structurelle du Psaume 34 et son rapport au Psaume 33 » ; enfin, « Yhwh entendant. Étude
structurelle du Psaume 34 ».
11
Les Psaumes 1-50, 267-274 ; Les Psaumes redécouverts, I, 580-591.
12
Voir p. 55, note 2 h
13
Voir Traité, Chap. 3, «Les niveaux de composition», 131-215. Ne tenir compte que des
seules récurrences des mots-clés ne saurait suffire ; selon cet unique critère, Liebreich divise le
texte en quatre parties, 2-4, 5-11, 12-15 et 16-23 : L.J. LIEBREICH, «Psalms 34 and 145 in the
Light of their Key Words », 183.
14
Voir R. MEYNET, «The Question at the Centre: A Specific Device of Rhetorical Argumenta-
tion in Scripture».
15
H. WIESMANN, « Ps. 34 (Vulg. 33) »,.
16
Voir ci-dessus, p. 1.
17
Ravasi, 1,615.
Le psaume 34 79
18
On pourra donc les considérer comme des « termes centraux» ; voir Traité e, 218-220 et
surtout 276-278.
19
Voir D.N. FREEDMAN, « Patterns in Psalms 25 and 34 ». L'Auteur s'attache à la métrique, au
compte des mots, des accents et des syllabes. Il divise le Ps 34 en deux parties (2-11 et 12-22, le
verset 23 étant compté à part (p. 137).
80 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L A PREMIÈRE PARTIE ( 2 - 1 1 )
+ 2 J E BÉNIRAI LE SEIGNEUR en t o u t t e m p s ,
+ toujours SA LOUANGE en ma bouche.
+ 3 E n LE SEIGNEUR SE LOUE mon souffle,
QU'ILS ENTENDENT les pauvres et SE RÉJOUISSENT !
= 4 MAGNIFIEZ LE SEIGNEUR avec moi
= et E X A L T O N S son nom or? çfïnjhjQ
20
Quelques manuscrits hébreux ainsi que plusieurs versions lisent le verset à l'impératif donc à
la deuxième personne du pluriel.
82 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Cette sous-partie est plus complexe que les précédentes, car elle comprend
deux morceaux. Le premier est formé de deux segments bimembres :
10
= Craignez LE SEIGNEUR, ses saints
.. car pas de MANQUE pour S E S CRAIGNANT.
= 11 Des lions sont dénués et affamés
.. e t L E S CHERCHANT LE SEIGNEUR NE MANQUENT d'aucun-bien.
21
La Septante a « riches » au lieu de « lions ». Au niveau du segment (11), il est certain que
l'opposition est plus directe entre ceux qui « ne manquent d'aucun bien » et « des riches dénués et
affamés » ; c'est cette position que défendait Christian Schoettgen dans sa sixième dissertation,
« De exergasia sacra », Horae Hebraicae et Talmudicae, 1 2 5 9 - 1 2 6 1 ; trad, anglaise de la sixième
dissertation dans J.R. LUNDBOM, Jeremiah. A Study in Ancient Hebrew Rhetoric, 121 - 1 2 7 . Il en va
de même au niveau supérieur du morceau (10-11). Le texte massorétique est défendu par J.J.M.
ROBERTS, « Young lions of Psalm 34,11 ».
Le psaume 34 83
En effet, les segments internes ont en commun de commencer par des impératifs
pluriels. Les segments extrêmes opposent « l'ange » qui protège le camp des
fidèles du Seigneur contre « les lions » « affamés » que sont leurs ennemis 22 .
On aura noté que le nom du « Seigneur » revient dans chaque segment, dans
les premiers membres d'abord (8a.9a.10a), mais dans le dernier à la fin (11b)
faisant ainsi une sorte d'inclusion. « Ses craignant » est repris dans les seconds
membres des premiers segments (8b. 10b), et dans les seconds segments tôb
revient (traduit par « bon » en 9a et par « bien » en 11 b). Les derniers verbes de
chaque morceau sont en rapport paronomastique : « qui s'abrite en lui »/« ne
manquent » (yehëseh-bô / lô'-yahserû).
22
La métaphore du « lion » pour désigner « l'ennemi » est traditionnelle (pour rester dans le
seul psautier, voir Ps 7 , 3 ; 10,9, 1 7 , 1 2 ; 2 2 , 1 4 . 2 2 , 57,5, etc.); voir P. BOVATI, Risiabilire la
giustizia, 272.274. On voit qu'il n'est pas nécessaire de changer « des lions » du texte masso-
retique par « des riches » comme fait la Septante : au niveau de la sous-partie, l'image du camp
assiégé par les lions que sont les ennemis et défendu par « l'ange du Seigneur » est tout à fait
cohérente.
84 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
2
Je bénis u: en tout temps, toujours sa louange en ma bouche.
3
En aMmm se loue mon souffle, qu'ils É C O U T E N T LES PAUVRES et se réjouissent.
4
Magnifiez Û: SIMRII avec moi et exaltons son nom ensemble.
8
11 campe l'ange m SEIGNEUR autour de ses craignant et les dégage.
9
Goûtez et voyez que bon il SÛGNÎM, heureux l'homme qui s'abrite en lui.
iU
Craignez n; SHH^HÎJR, ses saints, car pas de manque pour ses craignant.
11
Des lions sont dénués et affamés, et LES CHERCHANT IL: SMWM. ne manquent de tout bien.
lesquelles le Seigneur est loué : ce sont les actions que Dieu a accomplies dans le
passé en leur faveur ; toutefois, le second membre du segment central regarde le
futur. Dans la troisième sous-partie les actions de Dieu ne sont plus celles du
passé comme dans la sous-partie précédente ; ce sont ses actions de toujours,
exprimées au présent, et donc ceux auxquels le psalmiste s'adresse à l'impératif
sont invités à se fier à lui, à le « craindre » dans le futur.
LA DEUXIÈME PARTIE ( 1 2 - 1 3 )
23
Le premier mot de la partie, Iekû, est la plupart du temps traduit par « venez » (BJ, Osty,
Dhorme conservent Tordre des mots: «Venez, fils, écoutez-moi»; la TOB a «venez
m'écouter»). Or hâlak signifie « a l l e r » ; «venir» se dit avec un autre verbe: ba. Alonso
Schoekel traduit, « approchez-vous » et il commente : « il convoque ses disciples [...] les invite à
s'approcher» (Alonso Schoekel - Carniti, Salmos. I, 512.517). Amos Hakham explique: «Ici
"allez" n'a pas du tout le sens de "s'en aller", mais c'est une locution d'incitation qui précède
l'impératif "écoutez". De même : "Allez ! jetons les sorts" (Jon 1,7) et tant d'autres exemples»
(Sefer Tehillîm, I, 188) ; voir aussi, par ex., Gn 37,20.27.
24
La « crainte » n'est pas la peur. « La certitude tremblante de l'amour, cela exactement que la
Bible appelle "crainte de Dieu" » (P. BEAUCHAMP, L'Un et l'Autre TestamentI, 272).
86 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Dans le premier segment « le mal » dont parle le premier membre est défini
dans le second comme le mensonge, proféré par la « langue » ou les « lèvres ».
Comme le premier segment le second commence par un impératif de sens
négatif : « évite » comme « préserve », suivi par trois autres impératifs de sens
positif : « fais-le-bien », « recherche » et « poursuis ». Cette fois-ci « le mal »,
opposé d'abord au « bien » puis à « la paix », semble être de l'ordre de l'action,
comme le suggère le verbe « faire » (15a), et non plus des paroles comme dans
le premier segment.
18
Ils crièrent et LE SEIGNEUR écouta
:
ET DE TOUTES leurs angoisses II tes ûëwm.
+ 19 Proche (est) LE SEIGNEUR des brisés-de cœur
= et les abattus d'esprit Il Sdii Vê.
20
De nombreux maux (sur) le juste
:
ET D'EUX TOUS i8 ù%;ÎWfè LE SEIGNEUR.
Les segments extrêmes sont parallèles : le sujet des premiers membres est le
même, les verbes sont au participe, traduit par un présent, et l'objet (« les os » et
« l'âme » ou « le souffle ») concerne les mêmes personnages (au singulier en 21,
au pluriel en 23). Les seconds membres indiquent la conséquence de l'action de
Dieu pour ses serviteurs : le sort des bons est chaque fois exprimé par la néga-
tion d'un malheur. En opposition, le segment central décrit le sort du méchant
que « le mal » « tue ». Les deux occurrences de « expier » dans les seconds
membres des deux derniers segments sont opposées par la négation. « Tous »
revient en même position dans les membres extrêmes.
Le psaume 34 89
4
Préserve ta langue du MAL et tes lèvres du parler trompeur,
5
Évite le MAL et fais le bien, recherche la paix et poursuis-la.
16
Les yeux DU SEIGNEUR pour les Jvsim et ses oreilles pour leurs clameurs,
La face DU SEIGNEUR contre les faisant le MAL, pour ôter de la terre leur mémoire.
18
Ils crièrent et LE SEK3NEUR écouta et de toutes leurs angoisses les délivra,
19
Proche est LE SEIGNEUR des cœurs BRISES et les esprits abattus il les sauve,
20
De nombreux MAUX sur le JUSTE et de tous le délivre LE SEIGNEUR.
' Il garde tous ses os, pas un seul d'entre eux ne sera BRISE,
Il tue le méchant, le MAL et ceux qui haïssent le JUSTE expieront,
II rachète LE SEIGNEUR l'âme de ses serviteurs et ils n'expieront pas tous les s'abritant en lui.
25
L'inaccompli peut être traduit par le présent ou par le futur.
90 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
L'ENSEMBLE DU PSAUME
La construction est tout à fait régulière. En effet, les parties extrêmes comp-
tent chacune dix bimembres organisés en trois sous-parties qui se correspondent
de manière spéculaire : les sous-parties les plus proches du centre (8-11 ; 14-17)
sont formées de deux morceaux qui comprennent deux segments, tandis que les
autres sous-parties comptent chacune un seul morceau formé de trois segments
(2-4 et 5-7; 18-20 et 21-23)26.
Ce sont surtout les sous-parties centrales des parties extrêmes (5-7 ; 18-20)
qui ont beaucoup de points communs.
5
Je cherchai Yhwh et il me répondit ET DE TOUTES mes frayeurs ME D E L I V R A .
6
Ils regardent vers lui et resplendissent ET leur FACE ne rougira pas.
7
Ce pauvre ÂPPBA ET YHWH ÉCOUTA ET DE TOUTES S B AH&OBSES LE SAUVA.
[...]
18
Ils « ET YHWH ÉCOUTA ET DE TOUTES LEURS A N G O I S S E S LES DÉLIVRA.
19
Proche Yhwh des brisés de CŒUR ET l e s ESPR.Ï I ^ abattus IL SAUVE.
20
De nombreux maux (sur) le juste ET Û?EUX TOUS LE D É L I V R E Yhwh.
Dans tous les segments les deux membres sont coordonnés par « et » ; les
seconds membres des segments extrêmes de chaque sous-partie commencent par
« et de toutes », sauf le dernier où le lexème est pronominalisé (« et d'eux
tous ») ; les verbes « délivrer » et « sauver » par lesquels s'achèvent les
segments extrêmes de la première sous-partie (5.7) sont repris dans l'autre, aux
extrémités pour « délivrer » (18.20) et au centre pour « sauver » (19) ; apparte-
nant au même champ sémantique, « cœur » et « esprits » de 19 correspondent à
« face » de 6 ; mais ce sont surtout les versets 7 et 18 qui, en position symé-
trique, sont les plus semblables, remplissant la fonction de termes médians à
distance27.
La plupart des autres reprises lexicales de ces deux parties remplissent une
fonction rhétorique :
Termes extrêmes : les deux occurrences de « souffle » (3a.23a : nepes peut aussi
être traduit par « âme »).
26
Dorénavant le tétragramme est translittéré, « Yhwh », au lieu d'être traduit par « le
Seigneur », simplement par manque de place.
27
Voir Traité, 219.274-276.
Le psaume 34 91
Termes médians : les trois occurrences de tôb (traduit soit par « bon » soit par
« bien ») ne se trouvent que dans les sous-parties 8-11 et 14-17, jouant ainsi le
rôle de termes médians.
Kol (« tout », « tous », « aucun ») revient quatre fois dans chacune des deux
parties (2a.5b.7b.l l b ; 18b.20b.21a.23b). On signalera enfin la reprise de
« face » en 6b et 17a.
2
Je bénirai Yhwh en tout temps, toujours sa louange en ma bouche.
3
b En Yhwh se loue mon SOUFFLE qu'ils É C O U T E N T les pauvres et se réjouissent.
4
g Magnifiez Yhwh avec moi et exaltons son nom ensemble.
5
d Je cherchai Yhwh et il me répondit et de toutes mes frayeurs me délivra.
6
h Ils regardent vers lui et resplendissent et leur face ne rougira pas.
7
z Ce pauvre appela et Yhwh É C O U T A et de toutes ses angoisses le sauva.
8
h Il campe l'ange de Yhwh autour de ceux qui le craignent et les dégage.
9
t Goûtez et voyez que BON Yhwh heureux l'homme GUI S'ABRITE EN LUI.
10
y Craignez Yhwh ses saints car PAS de manque pour ceux qui le craignent.
k 11 Des lions sont dénués et affamés et LES CHERCHANT Yhwh VF manquent d'aucun BIEN.
[...]
14
n Préserve ta langue du mal et tes lèvres du parler trompeur.
15
s Évite le mal et fais le BIEN recherche la paix et poursuis-la.
16
Les yeux de Yhwh pour les justes et ses oreilles pour leurs clameurs.
17
P La face de Yhwh contre les faisant le mal, pour ôter de la terre leur mémoire.
18
S Ils crièrent et Yhwh É C O U T A et de toutes leurs angoisses les délivra.
19
q Proche Yhwh des brisés de cœur et les esprits abattus il sauve.
20
r De nombreux maux (sur) le juste et d'eux tous le délivre Yhwh.
21
s Il garde tous ses os PAS un seul d'entre eux ne sera brisé.
22
t Le mal tue le méchant et ceux qui haïssent le juste expieront.
23
p Yhwh rachète le SOUFFLE de ses serviteurs et À expieront PAS tous LES S'ABRITANT EN LUI.
92 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
1
De David,
quand il déguisa sa raison à la face d'Abimélek et (celui-ci) le chassa et (lui) s'en alla.
2
' Je bénirai Yhwh en tout temps, toujours sa louange en ma bouche.
3
b En Yhwh se loue mon souffle, qu'ils ÉCOUTENT les pauvres et se réjouissent.
4
g Magnifiez Yhwh avec moi et exaltons son nom ensemble.
5
d Je cherchai Yhwh et il me répondit et de toutes mes frayeurs il me délivra.
6
h Ils regardèrent vers lui et resplendirent et leur face ne rougira pas.
7
z Ce pauvre cria et Yhwh ÉCOUTA et de toutes ses angoisses il le sauva.
8
h Il campe l'ange de Yhwh autour de ses CRAIÎSNANT et les dégage.
9
t Goûtez et voyez que BON Yhwh, heureux l'homme qui s'abrite en lui.
10
CRAIGNEZ Yhwh, ses saints, car pas de manque pour ses CRAIGNANT.
y
k 11 Des lions sont dénués et affamés, et les cherchant Yhwh ne manquent d'aucun BIEN.
12
1 Allez, fils, ÉCOUTEZ-moi la CRAINTE de Yhwh je vous l'enseigne,
13
m Quel est l'homme qui désire LA VIE, aimant les jours pour voir le BIEN ?
La partie centrale reprend le verbe « écouter » comme aux centres des parties
extrêmes (7a. 18a), jouant ainsi le rôle de termes centraux au double niveau des
parties extrêmes et du passage tout entier.
Il faut aussi mentionner que le nom de « Yhwh » (12b) revient neuf fois dans
la première partie et reviendra encore six fois dans la dernière.
Le premier segment central (12) rappelle la première partie. L'invitation à
« écouter » se trouvait déjà au début (3b) et « la crainte » de 12b renvoie aux
trois occurrences du verbe de même racine dans la sous-partie précédente
(8b. 10a. 10b)28.
28
À signaler aussi les deux occurrences de « homme » qui traduisent deux synonymes : geber
en 9b, 'îs en 13 a.
Le psaume 34 93
29
Voir p. 79.
30
Voir A.R. CERESKO, « The ABCs of Wisdom in Psalm xxxiv » ; V. HUROWITZ, « Additional
elements of alphabetical thinking in Psalm xxxiv » ; A.R. CERESKO, « Endings and beginnings:
alphabetic thinking and the shaping of Psalms 106 and 150 ».
94 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
INTER TEXTUALITÉ
31
Voir, par exemple, Ravasi, I, 612.
32
On propose souvent la correction 'akîs melek, « Akish roi » de Gat.
33
Pour l'analyse rhétorique - délimitation et composition - de l'introduction du livre des
Proverbes (1,1-7) voir R. MEYNET : «"Pour comprendre proverbes et énigmes": analyse
rhétorique de Pr 1,1-7 ; 10,1-5 ; 26,1-12 ».
Le psaume 34 95
La fin du verset 21 : « Il garde tous ses os, pas un seul d'entre eux ne sera
brisé» — qui rappelle Ex 12,46 où il est commandé que les os de l'agneau
pascal ne doivent pas être brisés —, sera repris dans le récit de la Passion selon
saint Jean. Alors que les soldats romains brisent les jambes des deux autres
suppliciés, ils ne le font pas pour Jésus quand ils constatent qu'il est déjà mort :
« Car cela est arrivé afin que l'Écriture fut accomplie : "Pas un os ne lui sera
brisé" » (Jn 19,36). Même si la citation de Jean renvoie sans doute plus direc-
tement à l'agneau pascal, l'écho de Ps 34,21 est indéniable.
C'est surtout la Première épître de Pierre qui cite le Ps 34 35 . Une première fois
en 2,3 où la reprise de Ps 34,9, dans la traduction de la Septante, conclut un
court développement :
!
Rejetez donc toute malice et toute fourberie, hypocrisies, jalousies et toute sorte de
médisances. 2 Comme des enfants nouveau-nés désirez le lait non frelaté de la parole,
afin que, par lui, vous croissiez pour le salut, 3 si du moins vous avez goûté combien le
Seigneur est excellent.
La deuxième fois, ce ne sont pas moins de quatre versets et demi du psaume (13-
17a) qui sont repris en 1P 3,10-12 :
8
Enfin, vous tous, en esprit d'union, dans la compassion, l'amour fraternel, la
miséricorde, l'esprit d'humilité, 9 ne rendez pas mal pour mal, insulte pour insulte.
Bénissez, au contraire, car c'est à cela que vous avez été appelés, afin d'hériter la
bénédiction.
10
Qui veut, en effet, aimer la vie et voir des jours heureux doit garder sa langue du
mal et ses lèvres des paroles fourbes, 31 5 'éloigner du mal et faire le bien, chercher la
paix et la poursuivre. 12 Car le Seigneur a les yeux sur les justes et tend l'oreille à
leur prière, mais le Seigneur tourne sa face contre ceux qui font le mal.
34
Voir spécialement L.O. ERIKSSON, « Come, children, listen to me ! », « The use of Psalm 34
in the New Testament », 110-124.
35
Su les rapports entre la Première Lettre de Pierre et le Ps 34, voir M.J. GILMOUR, « Crass
casualty or purposeful pain? Psalm 34's influence on Peter's first letter ».
96 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
psaume, aussi bien dans l'original hébreu que dans la traduction grecque de la
Septante, juxtapose une série de cinq phrases indépendantes syntaxiquement,
l'Épître de Pierre les subordonne toutes les unes aux autres pour n'en faire
qu'une seule longue phrase complexe : le verset 12 lui-même est une proposition
causale qui commence en grec par la conjonction de subordination hoti, « parce
que » (au lieu de la conjonction de coordination « car » de la Bible de
Jérusalem). Quoi qu'il en soit, il est remarquable que l'auteur de l'Épître ait
choisi de commencer sa citation par le second segment de la partie centrale du
psaume. Le thème de la filiation qui marque si fort le centre du psaume reparaît
dans l'Épître avec la proposition qui précède immédiatement la citation, « afin
d'hériter la bénédiction », qui correspond à « voir des jours heureux » par lequel
s'achève le verset 13 du psaume.
Certes, saint Benoît lie les versets 14-15 du psaume au verset précédent, en
faisant de ce dernier une conditionnelle. Cependant, il met en évidence un fait
essentiel. La question n'est pas une question rhétorique, celle d'un orateur qui
s'empresse de répondre à une interrogation dont il pense avoir lui seul la clé.
Dans les textes bibliques, la réponse est laissée au lecteur et à lui seul.
POUR L 'INTERPRÉTATION
36
Saint BENOÎT, La Règle de saint Benoît, I, 4 1 3 - 4 1 7 .
37
Voir Traité, 567-573.
Le psaume 34 97
Chacun des lecteurs ou, plus exactement, chacun de ceux qui récitent le
psaume est interpelé et interrogé sur ce qu'il « désire » et « aime » (13), sur ce
qu'il « cherche » (5.11), sur ce qu'il « recherche » et « poursuit » (15). C'est lui
qui doit répondre, comme le dit saint Benoît : « Si, en entendant cela, tu
réponds : "C'est moi !"... » Le disciple est certes appelé à « écouter », mais aussi
à répondre, à la première personne, à la question qui lui est posée. Imaginer que
la réponse à la question est fournie par la suite du texte ne prend pas en compte
la fonction du texte biblique qui n'est pas d'abord de communiquer les vérités
d'un enseignement, mais qui est essentiellement appellative. La manière dont la
question est posée est tout à fait positive : seuls « la vie » et « le bien » sont
envisagés par le psalmiste. On croit entendre la voix de Moïse à la fin du
Deutéronome :
19
Je prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je te propose la vie ou
la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta
postérité vous viviez, 20 aimant le Seigneur ton Dieu, écoutant sa voix, t'attachant à
lui ; car là est ta vie, ainsi que la longue durée de ton séjour sur la terre que le
Seigneur a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob, de leur donner (Dt 30,19-20).
S'il continue aussitôt avec une mise en garde, c'est que le désir du mal habite
aussi le cœur de l'homme et que la voie qui y mène est tentante ;
13
Entrez par la porte étroite. Large, en effet, et spacieux est le chemin qui mène à la
perdition, et il en est beaucoup qui s'y engagent ; 14 mais étroite est la porte et resserré
le chemin qui mène à la vie, et il en est peu qui le trouvent (Mt 7,13-14).
Si le mal n'était pas séduisant, point ne serait besoin d'avertir du danger qu'il
recèle. Et ce danger n'est rien moins que la mort (22).
À Gat, la vie de David était en péril et l'on sait la sagesse dont il a su faire
preuve, paradoxalement, pour échapper à la mort. Ceux auxquels le psalmiste
s'adresse sont invités à faire preuve eux aussi de sagesse pour échapper à la mort
et sauver leur vie.
« La crainte du Seigneur »
Tel est ce que, au centre de son poème, le psalmiste propose d'enseigner à ses
disciples (12). Comme si tout tenait dans cette formule. C'est ce que dit aussi le
livre des Proverbes, en conclusion du prologue: « La crainte du Seigneur est le
principe de la sagesse» (Pr 1,7)38, ce qui sera repris plus loin sous une autre
forme : « Le commencement de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur » (Pr
9.10), et encore : « La crainte du Seigneur, c'est l'école de la sagesse » (15,33).
Quant à Job, il identifie purement et simplement la crainte du Seigneur à la
38
Pour les besoins de l'acrostiche alphabétique, le Psaume 111 intervertit les termes : « Le
principe de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur ». Voir p. 131.
98 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Fils
X n k ^ r 3 7 ' 2 8 ) i Q u a n t a U d i S C i p , e q u i é C O U t e S O n m a î t r e e t accepte de
devenir son fils, qui en le suivant entre dans le mouvement de la filiation divine
il pourra a son tour devenir père et engendrer des fils : eomme le S e " t e û 7 d u
Seigneur, « il verra une semence » (Is 53,10).
Le Psaume 37
Fils de Dieu et père des pauvres
Dans les psaumes 111 et 112 les vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu
marquent le début de leurs vingt-deux membres. Dans les psaumes 25, 34 et 145,
elles signalent le début d'autant de segments, bimembres surtout mais aussi
trimembres. Le psaume 119 compte vingt-deux «strophes» dont les huit seg-
ments commencent par la même lettre. Quant au psaume 37, il est le seul dont
les lettres de l'alphabet marquent le début d'un groupe de deux segments ou
même de trois (14 et 25).
il est vrai que l'artifice alphabétique ne se prête pas à une construction rigoureuse.
« Dans le dessin d'ensemble, manque naturellement un progrès rigoureux de la
pensée » (Kraus). « Naturellement », l'acrostiche alphabétique n'est pas le plan idéal
pour une architecture claire et parfaite 1 .
1
Alonso Schoekel - Carniti, I, 631.
2
Voir, par exemple, Ph. PETIET, « Une analyse inattendue : "Le serpent qui danse" de
Baudelaire ».
3
Par ex., Jacquet, 757-759.763 ; Ravasi, I, 672.
102 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Resteraient les versets 14-31. Étant donné la position des unités zayn et tsadé
(12-13 et 32-33), encadrées par deux parties nettement plus longues (1-11 et 34-
40), sachant par ailleurs que les constructions concentriques sont très fréquentes
dans les textes bibliques, il est naturel de poser l'hypothèse que la composition
concentrique ainsi amorcée doive être poursuivie.
On remarquera que, la plupart du temps, les « méchants » sont au pluriel
(« malfaisants » en 1 et 9 et « méchants » en 14, 16, 17, 20, 28, 34, 38 et 40), les
deux exceptions (10.35) étant nécessitées par le contexte. Or le couple
« méchant - juste », au singulier, qui marque le début des unités zayin et tsadé
(12-13 et 32-33) ne se retrouve qu'au début de la lettre lamed : « Il emprunte le
méchant et ne rend pas, mais le juste a pitié et il donne» (21)4. Cette lettre
pourrait donc marquer le début de l'unité centrale du psaume ; le problème sera
d'en déterminer la fin. De nouveau il faudra d'abord vérifier si les versets 14-20
forment une unité de composition régulière et cohérente ; puis déterminer, selon
les mêmes critères, les limites de l'unité qui commence en 21 et de celle qui
s'achève en 31.
Une attention particulière sera accordée à l'étude de la composition, car « de
toute évidence, la forme d'un poème est en connexion étroite avec le sens »5.
4
Le parallélisme du début de ces trois lettres est particulièrement marqué :
zômëm rasa' « Il complote le méchant » 12
lôeh rasa6 « Il emprunte le méchant» 21
sôpeh rasa * « Il guette le méchant » 32
5
A. CONDAMIN, préface à H. PÉRENNÈS, Les Psaumes, vin.
Le psaume 37 103
1
De David.
' Ne t'échauffe pas contre LES MALFAISANTS, ne jalouse pas les faiseurs de fausseté :
2
car comme l'herbe vite ils sont fanés et comme le vert des prés ils sont flétris,
b 3 Aie confiance en YHWH et fais le bien, habite la terre et fais-paitre la vérité,
4
et réjouis-toi en VliWli et il te donnera les demandes de ton cœur,
g 5 Remets à YHWH ta VOIE et aie confiance en lui, et lui il fera ;
et il fera-lever comme le jour TA JUSTICE, et ton droit comme le midi.
d 7 Sois tranquille en YHWH et attends-le,
ne t'échauffe pas contre qui fait-réussir sa VOIE, contre l'homme faiseur d'intrigues ;
h 8 Laisse la colère, renonce au courroux, ne t'échauffe pas, ce n'est que mal ;
9
car LES MALFAISANTS et CEUX QUI ESPÈRENT en YHWH HÉRITERONT LA TERRE ;
w 10 encore un peu, et plus DE MÉCHANTS, tu t'enquiers de sa place, et il n'est plus ;
11
mais les humbles HÉRITERONT LÀ TERRE, et se réjouiront de beaucoup de paix.
s 37 Regarde le parfait et vois 1'(homme) droit : car il est une postérité pour l'homme de paix ;
mais les pécheurs seront anéantis ensemble, la postérité DES MÉCHANTS MMM..
t 3 9 Le salut des JUSTES (vient) de YHWH, leur forteresse au temps de l'angoisse ;
40
YHWH les aide et les délivre, il les délivre DES MÉCHANTS et les sauve
car ils se sont réfugiés en lui.
104 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
A . COMPOSITION
LB
' NE TÉCHAUFFE PAS contre LES MALFAISANTS,
NE JALOUSE PAS les de fausseté :
- 2 CAR „ - l'herbe vite ils sont fanés
-et > le vert des prés ils sont flétris.
+ b 3 AIE-CONFIANCE en Y H W H et le bien,
+4 HABITE la terre et pais la vérité
+ ET RÉJOUIS-TOI en Y H W H :
5
+ G REMETS en Y H W H ta voie
+ et AIE-CONFIANCE en lui, et lui ;
6
= ET il fera-sortir le jour ta justice
= et ton droit le midi.
Le premier morceau dit ce qu'il faut éviter de faire contre les « malfaisants »
(lb-2), les deux autres l'attitude à adopter envers « Yhwh » (3-6) : «compter
sur » lui (3a.5b). Ainsi la sous-partie est du type ABB'.
Dans chaque morceau les conseils sont suivis de leur motivation ; celle-ci est
introduite par « car » dans le premier (2a), par un simple « et » ensuite (4b.6).
« Comme » revient deux fois à la fin du premier morceau, et deux fois encore à
la fin du troisième, jouant le rôle de termes finaux.
Le destinataire du psaume est invité à « faire-paitre la vérité (3b)6, sans
jalouser «les faiseurs de fausseté» (le). Le verbe « f a i r e » se retrouve dans
chacun des morceaux, toujours dans le premier segment. Contrairement aux
deux premières, la troisième occurrence, « il fera » (5b) a Dieu pour sujet, mais
n'a pas de complément d'objet. Ainsi, l'action de Dieu, sa réponse à la confiance
et à l'abandon de l'homme juste, est, pour ainsi dire, laissée à son initiative et à
sa générosité. Il fera tout ce dont le juste a besoin, tout ce qu'il demande (4b), et
l'on peut même comprendre qu'il fera même bien davantage encore.
6
La Septante traduit: «pais dans l'abondance», ce qui renvoie au verset 16. L'opposition
entre les derniers mots des seconds membres des premiers segments des deux premiers morceaux
peut être un argument pour suivre le texte massorétique.
Le psaume 37 105
h 8 LAISSE la colère,
RENONCE au courroux,
NET'ÉCHAUFFE PAS, ce n'est que mal.
9
Car les malfaisants seront extirpés
= et ceux qui espèrent YHWH
= eux hériteront la terre ;
10
• w et encore un peu, et plus de méchant,
tu t enquiers de sa place, et il n'est plus ;
= 11 mais les humbles hériteront la terre
= et se réjouiront de beaucoup de paix.
+ G 5 REMETS en Y H W H ta VOIE
+ et AIE-CONFIANCE en lui, et lui ;
6
= ET il fera-sortir comme le jour ta justice
= et ton droit comme le midi.
La conduite des « méchants » envers « les droits » (14) sera châtiée quand
« leur épée » se retournera contre eux (15). « Épée » et « arc(s) » sont repris dans
les segments extrêmes, en miroir.
108 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
7
La Septante traduit « que la richesse des méchants abondante ». L'adjectif rabbîm peut être
compris comme « nombreux », mais aussi comme « importants », « puissants » ; ainsi en Am 3,15
(voir Âmos, 120).
8
Suivant une opinion largement partagée, 20c, traduit par « comme la parure des prés »,
reprend l'image du verset 2. Une autre possibilité serait « comme la flamme des prés », se référant
à la pratique de brûler les chaumes ou l'herbe desséchée pour fertiliser les champs, ce qui
s'accorderait mieux avec le membre suivant ; voir Ravasi, I, 685.
Le psaume 37 109
+ H 25 Jeune j'étais,
+ et aussi j'ai vieilli ;
:: je n'ai pas vu le juste abandonné,
- ni SA LIGNEE cherchant du pain ;
+ s Évite le mal
+ et fais le bien
= ET TU HABITERAS POUR TOUJOURS.
28
+ C a r Yhwh aime le droit
= et il n'abandonne pas ses fidèles ;
+ * POUR TOUJOURS ils seront gardés
- mais la lignée des méchants sera extirpée ;
29
+ les justes hériteront la terre
= ET ILS HABITERONT À JAMAIS sur elle.
Les deux impératifs du premier morceau (27ab) sont suivis par leur consé-
quence. Introduit par « car », le second morceau explicite, cette fois-ci à la
troisième personne, le dernier membre du morceau précédent. « Les méchants »
(28d) s'opposent à « ses fidèles » (28b) et à « les justes » (29a). « La lignée »
(28d) désigne les descendants des méchants ; la même idée est reprise dans le
dernier segment, non seulement avec « hériteront » (29a) mais plus clairement
encore dans le dernier membre, où l'héritage de la terre se prolonge « à jamais ».
« Et tu habiteras pour toujours » (27c) et « et ils habiteront à jamais » (29b)
remplissent la fonction de termes finaux pour les deux morceaux.
Le psaume 37 111
Dans le texte massorétique la lettre ayin (28c) est masquée par la préposition
du premier terme T- 'ôlâm. Avec « Les injustes ( 'awwalîm) seront détruits », la
Septante respecterait mieux l'acrostiche :
+ s 27 Évite le mal
+ et fais le bien
- ET TU HABITERAS POUR TOUJOURS.
28
+ C a r Yhwh aime le droit
= et il n'abandonne pas ses fidèles ;
Dans cette version, au lieu d'être opposés comme dans le texte massorétique,
les deux membres de 28cd sont synonymes et s'opposent à chacun des segments
qui l'encadrent où il est question du sort de « ses fidèles » et des « justes ».
Les deux premiers mettent en jeu les organes de la parole, les deux suivants
les « pas » — à savoir la conduite —guidés par le « cœur », l'organe de
l'intelligence et de la volonté formée par « la loi de son Dieu ».
112 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
+ o 25 Jeune j'étais,
+ et aussi j'ai vieilli ;
:: je n ai pas vu LE JUSTE ABANDONNE,
- ni sa lignée cherchant du pain ;
:: 26 tout le jour il a pitié, il prête,
= et sa lignée (sera) EN BÉNÉDICTION !
+ s 27 Évite le mal
+ et fais le bien
= ET TU HABITERAS POUR TOUJOURS.
Dans la première sous-partie le juste est celui qui se comporte avec pitié
envers son prochain ; dans la dernière, de manière complémentaire, il est pré-
senté dans son rapport avec « son Dieu ». La sous-partie centrale est la seule qui
soit adressée à une deuxième personne du singulier. A la fin de chaque sous-
partie, et même de chaque morceau, est énoncée la récompense du juste. La
sous-partie centrale reprend « abandonner » (28b) de la première sous-partie
(25c), de même que « le droit » (28a) de la dernière sous-partie (30b).
+ q Espère en Yhwh
+ et garde sa voie,
= et il t'exaltera pour hériter la terre :
= l'extirpation DES MÉCHANTS T U VERRAS.
9
Pour 35 le texte massorétique est difficilement compréhensible. Au lieu de « tyran se dénu-
dant », la Septante a « triomphant s'élevant » qui semble plus satisfaisant ; en 36a la Septante, la
Peshitta et Jérôme ont la première personne : « j e suis passé ».
10
La lettre taw au début de 39 est masquée par un waw qui n'est pas indispensable.
114 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
3
+ q ESPERE en Y H W H
+ et GARDE sa voie,
= et il t'exaltera pour hériter la terre :
= L'EXTIRPATION DES MÉCHANTS T U VERRAS.
Celui qui est invité dans un premier temps à « garder » la voie du Seigneur
pour ne pas subir le sort des méchants (34-36) est ensuite appelé à « garder »
« perfection » et « droiture » l l .
Les conséquences, positives et négatives, sont complémentaires : dans la
première sous-partie elles concernent la terre (34cd), dans la deuxième la
postérité (37b.38b). Les méchants ainsi que leur postérité seront « extirpés »
(34c.38b).
Les premiers morceaux s'achèvent avec 1'« extirpation » des « méchants »
(34d. 38b). Alors que le second morceau de la première sous-partie est totale-
ment consacré au « méchant » (35-36), le dernier morceau traite entièrement du
salut des justes (39-40). Ainsi la partie — et donc l'ensemble du psaume —
s'achève sur une note toute positive.
11
C'est la première interprétation que retient A. Hakham, I, 213 ; c'est aussi celle des
anciennes versions. On peut aussi comprendre que tâm et yâsâr ne sont pas des termes abstraits
mais désignent l'homme parfait et celui qui est droit. Le parallélisme entre les deux sous-parties où
les deux impératifs identiques semor (« garde ») jouent le rôle de termes initiaux laisse entendre
que la « voie » de Dieu est celle de la « perfection » et de la « droiture ».
Le psaume 37 115
• 9
C a r LES MALFAISANTS et ceux qui espèrent en Vil W il EÎEIfMIÎ ÏÂ TIEEL ;
•• w J0 Et encore un peu, ET PLUS D'IMPIE, tu t'enquiers de sa place, ET IL M#£ST PLUS ;
11
mais les humbles HÉRET2RQNTLÀ ÏERR1, et se réjouiront de beaucoup de paix.
[...]
12
- z IL COMPLOTE le méchant contre le juste et grince des dents contre lui ;
+ 13
se rit de lui,
LE S E I G N E U R car il voit que viendra son jour.
[...]
32
-s IL GUETTE k méchant Se juste et cherche à le faire-mourir ;
+ 3 3 YHWH ne l'abandonne pas à sa main et ne laisse pas le condamner.
Les deux parties sont tout à fait parallèles. Dans les premiers segments « le
méchant » s'oppose au «juste » : d'abord il « grince des dents contre lui » (12),
puis va jusqu'à vouloir le tuer (32). Dans les seconds segments, « le Seigneur »
« Yhwh » réagit en annonçant le châtiment du méchant (13) et en protégeant le
juste (33). On notera que c'est le seul emploi de 'âdônây (« le Seigneur ») dans
tout le psaume.
[...]
Ces deux parties énoncent le sort du méchant (en grisé) et du juste, surtout du
méchant dans la troisième partie, surtout du juste dans la cinquième. Le verset
18 trouve un écho en 29 : « l'héritage » des justes sera « pour toujours », « à
jamais », tandis que les méchants seront détruits (20). Alors que c'est « Yhwh »
le sujet exprimé de la récompense des justes, il n'en va pas de même pour les
méchants.
Le psaume 37 117
Ne reprenant aucun des impératifs qui marquent les parties extrêmes, la partie
centrale fait basculer le psaume du premier versant (1-20) où la présence mena-
çante des malfaisants domine13 vers le deuxième versant (25-40) dans lequel
c'est au contraire la figure des justes qui l'emporte. Ce qui peut se schématiser
ainsi :
N e te soucies pas des MALFAISANTS — aie confiance en Yhwh 1 — 11
Résumé : Yhwh se moque du MÉCHANT 12-13
LES MÉCHANTS seront détruits 14-20
12
«Héritage» (18), qui n'est pas de même racine, appartient cependant au même champ
sémantique.
13
On pourra noter l'inclusion qui délimite le premier versant (2.20b). Les deux occurrences de
« espérer » (9.34) jouent le rôle de termes médians à distance agrafant les parties extrêmes.
118 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
1
De David.
' Ne t'échauffc pas contre LES MALFAISANTS, ne jalouse pas les faiseurs de fausseté :
2
car comme l'herbe vite ils sont fanés et comme le vert des prés ils sont flétris,
b 3 Aie confiance en YHWH et fais le bien, habite la terre et fais-paitre ta vcritc.
4
et réjouis-toi en YHWH et il te donnera les demandes de ton cœur,
e 5 Remets à YHWIÎ ta VOIE et aie confiance en lui, et lui il fera ;
I
et il fera-lever comme le jour TA JUSTICE, et ton droit comme le midi.
12
•z LE MÉCHANT complote contre LE JUSTE et grince des dents contre lui ;
••13II SEG
INEUR se moque de lui, car il voit que vient son jour.
s 37 Garde la perfection et vois la droiture, car il est une postérité pour l'homme de paix ;
38
mais les pécheurs seront anéantis ensemble, la postérité DES MÉCfl iNTS
t 3 9 Le salut des JUSTES (vient) de YHWH, leur forteresse au temps de l'angoisse ;
40 YHWII les aide et les délivre, il les délivre DES MÉCHANTS et les sauve
car ils se sont réfugiés en lui.
Le psaume 37 119
L'analyse présentée dans les pages qui précèdent a été menée de manière
indépendante, sans référence aux études de composition déjà parues14. C'est que,
pour entrer sérieusement en discussion avec leurs auteurs, il aurait fallu y consa-
crer beaucoup d'espace15. Il faut ajouter que le manque d'une méthodologie
suffisamment rigoureuse ne permet pas que les résultats de leurs analyses
puissent être considérés comme assurés.
B . CONTEXTE BIBLIQUE
Parmi tous les échos intertextuels qui peuvent être évoqués, c'est certainement
la béatitude de Mt 5,5 qui retient le plus l'attention des commentateurs :
« Heureux les doux, car ils hériteront la terre ». Cela, d'autant plus que l'expres-
sion « hériter la terre » revient comme un leitmotiv tout au long du psaume
(9.11.22.29.34 ; à quoi il faut ajouter « héritage » en 18 et « terre » en 3). Les
sept béatitudes de Mt 5,3-9 forment un septénaire :
+3 HEUREUX les pauvres en esprit, car à eux est le royaume des CLEUX !
_4
HEUREUX les doux, car eux hériteront la terre !
. 5 HEUREUX les pleurants, car eux seront consolés !
• 6 HEUREUX les affamés et les assoiffés de la justice, car eux seront rassasiés !
.7
HEUREUX les miséricordieux, car eux seront miséricordiés !
C . INTERPRÉTATION
Les titres donnés au psaume indiquent quel est le contenu, l'idée directrice
que les commentateurs lui reconnaissent. Pour la plupart « le thème essentiel est
14
Voir, essentiellement, J. FORBES, The Symmetrical Structure of Scripture, 107-114; E.W.
BULLINGER, A Key to the Psalms by the late Rev. Thomas Boys, 34 ; M. GIRARD, Les Psaumes,
291-304 ; ID., Les Psaumes redécouverts. I, 624-650 ; P. AUFFRET, « "Aie confiance en lui, et lui,
il agira" : Étude structurelle du Psaume 37 » ; J. BAZAK, « Structural geometric patterns in biblical
poetry » ; ID., Structures and contents in the Psalms : geometrical structural patterns in the Seven
Alphabetic Psalms.
15
J'ai consacré un long article à discuter en détail l'analyse du Ps 51 de M. Girard (voir p. 55,
note 21.
16
Voir R. MEYNET, Lire la Bible, 168-173 ; G. LORI, Il discorso délia montagna, dono del
Padre (Mt 5,1-8,1), 21 sq.
120 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
17
Vesco, 339 ; de même Graigie, I, 296 : « the overall theme linking its parts is rétribution and
recompense » ; voir aussi Anderson, 292.
18
Voir C. COULOT, « Un jeu de persuasion sectaire : Le commentaire du Psaume 37 découvert
a Qumran ».
19
Voir E. CORTESE, « Salmo 37 : Una interpretacion en dialogo con el Tercer Mundo » ; W.
BRUEGGEMANN, « Psalm 37 : Conflict of Interprétation ».
20
Traité, 2013, 567-573.
Le psaume 37 121
qui transmet à ses fils la terre en héritage. La plupart des traductions françaises
disent « posséder » la terre, gommant la dénotation de la filiation, comme si elles
résistaient inconsciemment à l'admettre21. La traduction Bayard va jusqu'au
contre sens avec « gagner » ; s'il est une chose que l'on ne gagne pas, c'est bien
l'héritage, pour lequel il n'y a rien à faire, sinon qu'à « se donner la peine de
naitre ». « Posséder » a au moins l'avantage de signifier que, une fois reçus, les
biens de l'héritage ne sont ni prêtés ni confiés, ils sont propriété pleine et entière
du fils. Ils ne le sont pas pour un temps : « leur héritage sera pour toujours »
(18).
21
Par exemple, Crampon, la Bible de Jérusalem, Osty, la TOB, la Bible en français courant, la
Bible du rabbinat, la Bible Parole de vie, La colombe, La nouvelle Bible Segond, les commentaires
de Jacquet et de Vesco. Beaucamp utilise quatre verbes différents : « avoir », « appartenir »,
« posséder » et « donner ».
Avec klëronomeô, la Septante respecte le sens de yrs, de même la Vulgate avec hereditäre ;
Mannati traduit par « hériter » (Mannati - Solms, II, 1966-68), la nouvelle traduction italienne de
la Conférence Épiscopale Italienne par « avere in eredità » (corrigeant ainsi la version précédente
qui avait « possedere »), la traduction espagnole de la Casa de la Biblia par « heredar ».
22
David Kimchi (Commente* ai salmi, I, 303) commente : « Les pas du juste, qui est plus fort
que le méchant en bonnes œuvres... ». Il renvoie à Rashi : « Les pas du fort : c'est-à-dire de celui
qui est "fort" dans la crainte du Seigneur ».
23
Voir aussi Jr 31,32 : « Non pas comme l'alliance que je conclus avec leurs pères, le jour où je
les pris par la main pour les faire sortir du pays d'Egypte ».
122 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Le juste montre qu'il est vraiment fils de Dieu quand il se conduit comme son
Père. C'est ce que dit le début de la partie centrale : « le juste a pitié, il donne ».
Ce qui sera repris en écho peu après : « tout le jour il a pitié, il prête » (26). Il
prête en prenant donc le risque qu'on ne lui rende pas. Il donne comme le
Seigneur lui « donne les demandes de son cœur » (4). Ce faisant, il fait hériter
les autres, spécialement ceux qui sont dans le besoin, des richesses qui lui ont été
léguées par le Seigneur. En d'autres termes, il traite le pauvre comme son propre
fils. Pour cela il est prêt à renoncer à « l'abondance » et à se contenter de « peu »
(16). Avec l'héritage il transmet la vie, et c'est pourquoi «sa lignée sera en
bénédiction » (26) et « il est une postérité pour l'homme de paix » (37).
LÀ MORT DU MÉCHANT
Quant au juste menacé de mort par les méchants, il est protégé par le Seigneur
qui l'empêche de « tomber » (24)24, c'est-à-dire d'être « égorgé » (14), par ceux
qui « complotent contre » lui (12) et veulent le « faire mourir» (32), qui em-
pêche qu'il soit livré à « la main » du méchant (33). Le psaume s'achève sur la
certitude que pour les justes « le salut vient du Seigneur », qui les « aide », les
« délivre » et les « sauve » (39-40). C'est pourquoi, comme le répète le psalmiste
en entonnant son poème, le juste ne doit pas « s'échauffer contre les mal-
faisants » (1) car « ce ne serait que mal » (8). Tout le mouvement du psaume est
organisé pour faire passer celui qui le prie de la rage contre les méchants qui le
24
Souvent le verbe connote la mort, par exemple en Am 5,1 : « Elle est tombée et ne se relè-
vera plus la vierge d'Israël ». Voir Amos, 160 : « Ce verbe, souvent utilisé aussi dans l'expression
"tomber par l'épée" (Nb 14,3.43 ; 2S 1,12 ; 3,29 ; Is 31,8 ; Ps 78,64) est l'équivalent de "mourir
par l'épée" (Jr 21,9); il n'indique donc pas une simple chute, mais la mort violente, devant
l'ennemi (dont "on ne se relève pas" : Jr 25,27) ».
Le psaume 37 123
« Comme le livre des Proverbes, le psaume [37] est une sorte d'anthologie de
dits de Sagesse, les strophes de chaque lettre de l'alphabet contenant un proverbe
plus ou moins complet »26. Il est vrai qu'à première vue ce psaume a l'apparence
d'un simple patchwork, répétitif et morne. Or l'analyse de sa composition a
révélé une architecture très élaborée — et cela malgré la contrainte de l'acro-
stiche alphabétique — qui a permis de mettre en lumière la logique profonde du
poème. Le thème de la filiation, et donc de la transmission de la vie, constitue le
centre nerveux de l'ensemble. C'était déjà le cas pour le psaume acrostiche
précédent, focalisé sur ces deux segments (Ps 34,12-13) :
Allez, fils, écoutez-moi, la crainte du Seigneur j e vous l'enseigne.
Qui est Thomme désirant la vie, aimant les jours pour voir le bien ? 2 7
25
Thomas Boys est le premier à comparer le centre d'un texte à la clé de voûte, la seule pierre
qui soit unique et qui n'ait pas son parallèle dans la construction, celle par laquelle tout l'ensemble
tient (A Key to the Book of the Psalms, 123) ; voir Traité, Chap. 8, « Le centre des compositions
concentriques », 417-469.
26
Graigie, I, 296. Voir aussi Anderson, 292 : « Each strophe is, more o less, an independent
unit, so that the whole poem approximates to a collection of proverbs» ; Castellino, 813 : « È
difficile vedere una sequela logica nell'andamento del pensiero [...] In genere perô le strofe di ogni
lettera alfabetica possono raggrupparsi a tre o a due, senza, per altro, che si possa fissare uno
sviluppo organico di pensiero»; Sabourin, 194: « C e psaume de sagesse est également
alphabétique et, par conséquent, les réflexions qu'il propose se suivent sans ordre logique (voir Ps
34) ».
27
Voir p. 94.
L e s p s a u m e s 111 et 112
Les psaumes 111 et 112 se ressemblent comme des «jumeaux ». Ce sont les
seuls acrostiches alphabétiques bibliques dont les vingt-deux membres commen-
cent par chacune des lettres de l'alphabet hébreu. Si chacun peut et doit être
analysé en lui-même, il n'est guère possible de les séparer. C'est pourquoi, ils
sont étudiés dans le même chapitre, d'abord séparément, puis en regard l'un de
l'autre
A. LE PSAUME 111
Les parties extrêmes (lb-3 ; 9-10) comprennent chacune six membres, tandis
que la partie centrale (4-8) en compte dix (voir p. 129).
1. COMPOSITION
LB
= JE RENDS-GRÂCES à YHWH de TOUT cœur
= dans le cercle des droits et l \assemblée.
::2 Grandes LES ŒUVRES d e YHWH,
= RECHERCHÉES pour TOUS-ceux ÇUÏ~IES~ÀÏMEÏÏT.
3
:: Faste et splendeur SON OUVRAGE
;: e t SA JUSTICE demeurant >4 JAMAIS.
hommes ; une idée de totalité analogue est exprimée par « à jamais » à la fin du
troisième membre qui rapporte les œuvres de Dieu 1 .
La dernière partie comprend elle aussi six membres, organisés non pas en
trois bimembres comme dans la première partie, mais en deux trimembres. Le
premier est de type A A ' B : les deux premiers membres rapportent les actions de
Dieu, le troisième énonce deux qualités de « son nom » ; les derniers termes
s'achèvent par le même suffixe pronominal qui fait rime 2 . Le second trimembre
est aussi de type A A ' B : les deux actions de « craindre » le Seigneur et d'« œu-
v r e r » ses commandements (lOab) correspondent aux deux actions de Dieu du
premier trimembre (9ab) ; la « louange » de 10c semble correspondre à 9c,
puisque c'est « le nom » de Yhwh qui est loué (voir Ps 113,1-3 : « Louez, servi-
teurs du Seigneur, louez le nom du Seigneur ! 2 Béni soit le nom du Seigneur,
dès maintenant et à jamais ! 3 Du lever du soleil à son coucher, loué soit le nom
du Seigneur » ; voir aussi Ps 69,31 ; 135,1 ; 148,5.13).
1
On pourra remarquer la construction spéculaire du dernier verset :
Faste et splendeur - son ouvrage / et sa justice - demeurant à jamais.
2
En hébreu : Ie *ammô, herîtô, semô.
3
9b peut être compris de deux manières : le Seigneur a ordonné que son alliance soit pour
toujours, ou : il a ordonné à son peuple de garder son alliance pour toujours (Hakham, II, 352).
4
Le syntagme « les œuvrant eux » pose un problème grammatical : selon Amos Hakham, par
exemple, ce seraient les commandements de « la sagesse » et de « la crainte du Seigneur », mais il
est possible aussi que le suffixe -hem se réfère à « tous ses préceptes » du verset 7 (Sefer tehillîm,
Les psaumes 111 et 112 127
—
lb yfW
h •"tvsv.fTyf» /*tr* / /VW à YHWH de TOUT cœur
= dans le cercle des droits et l'assemblée.
: : 2 Grandes LES ŒUVRES d e YHWH,
= RECHERCHÉES pour TOUS-ceux QUI-LES-ÀÏMEÏÏÏ.
[...]
IL 352). La Septante a autës qui ne peut pas renvoyer à « la crainte du Seigneur » car phobos est
masculin, mais à sophia, « la sagesse », qui est féminin.
128 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Cette partie comprend trois morceaux, deux plus longs formés de deux
bimembres (4-5 ; 7-8) encadrant un morceau de la taille d'un bimembre (6) ; ce
bimembre se distingue de tous les autres segments du psaume du fait que son
second membre est subordonné au premier. Le premier morceau est délimité par
les deux mots de même racine qui marquent le début de ses membres extrêmes,
« un mémorial », « il se remémore » (4a. 5b) ; en fin de membres, « son
alliance » correspond à « ses prodiges ». Le même phénomène se retrouve dans
le morceau symétrique avec « les œuvres » de 7a et « œuvrés » de 8b ; le
parallélisme de ces membres continue avec deux termes coordonnés, dont le
premier, « vérité », est identique. D'un morceau à l'autre, « pour toujours et à
jamais » de 8a — qui avec « tous » de 7b joue le rôle de termes médians —
reprend « à jamais » de 5b.
Le morceau central (6) met en rapport « le peuple » de Yhwh et « les
nations ». « Ses œuvres » renvoie aux trois termes de même racine (4a.7a. 8b) ;
« à son peuple » correspond à « à ses craignant » de 5a et « donner » apparaissait
déjà en 5a.
Les psaumes 111 et 112 129
mm Y A H !
M immmÂœ à Y H W H deTOUTcœur,
b = dans le cercle des DROITS et l'assemblée.
:: 2 Grandes les Œ U V R E S de Y H W H ,
d = dignes-d'étude pour TOUS ceux qui les aiment.
.. 3
h Faste et splendeur, son OUVRAGE
w :: et SA justice D E M E U R E pour toujours.
k 6
La force de ses Œ U V R E S il a fait voir à son peuple,
1 pour donner à eux l'héritage des nations.
' Voir A.A. FRAENKEL, « 'Assarah Maamaroth - 4Assarah Dibberot. De la Création à la Révéla-
:ion ».
130 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
3. INTERPRÉTATION
Quel est l'auteur des « œuvres » dont parle le psaume ? C'est le Seigneur pour
les six premières occurrences, mais le sujet change pour la septième (10b) :
comme si à toutes les œuvres accomplies par Dieu en sa faveur, l'homme
répondait en « œuvrant » ses commandements. En effet, « la louange » (10c) et
« l'action de grâces » (lb) ne sauraient suffire ; est nécessaire l'obéissance qui
atteste de leur sincérité et de leur vérité.
Quelles sont les œuvres du Seigneur ? Aux versets 7-8 les « œuvres » de Dieu
sont « ses préceptes », c'est-à-dire sa Loi ; le vocabulaire de ces deux versets
revient plusieurs fois dans le Ps 119, tout entier consacré à la Loi du Seigneur 6 .
Quant au morceau symétrique (4-5), il fait référence aux « merveilles » de
l'exode : entre toutes les fêtes, la Pâque a été instituée comme « mémorial » de
la libération du pays d'Egypte (Ex 12,14 : « Ce jour-là vous servira de mémorial
[...], c'est une institution perpétuelle»; traduction Osty). La «nourriture
donnée» (5a) rappelle aussi bien la manne que les cailles (Ex 16-17). Le
morceau central (6) résume, pour ainsi dire, tous les prodiges de l'exode (6a)
dont l'aboutissement est le don de la terre (6b). Ainsi, toute la partie centrale
célèbre l'œuvre majeure de l'exode 7 .
Quant aux parties extrêmes, il n'est pas facile de déterminer quelles œuvres
divines elles évoquent. Cependant, si l'on prend au sérieux la construction du
psaume et si l'analyse qui vient d'être menée est exacte, si l'on admet aussi que
toute la longue partie centrale est consacrée aux œuvres de l'exode, depuis la
libération du pays d'Egypte jusqu'au don de la terre, alors les deux autres parties
pourraient parler des autres œuvres du Seigneur, les unes se situant avant
l'exode, les autres après.
Dans la première partie, dont le caractère introductif est indéniable, il n'est
pas exclu qu'elles comprennent non seulement les œuvres historiques de salut
mais aussi celles de la création (Ps 8,4 ; 102,26 ; 103,22). Tout entier consacré à
la louange du Créateur, le Ps 104 commence ainsi : « Bénis le Seigneur, ô mon
âme, Seigneur mon Dieu, tu es si grand, vêtu de faste et de splendeur... » (Ps
104,1 ; voir aussi Ps 9 6 , 6 ; Jb 40,10) 8 . Quant à la partie finale, le premier
membre peut faire penser au retour de l'exil à Babylone 9 . Le schéma serait donc
semblable à celui du Ps 136, le grand Hallel : là aussi toute la partie centrale
relate les faits de l'exode (10-22), la partie précédente ceux de la création (4-9)
6
« Jugement » revient 23 fois, dans toutes les strophe sauf une, « préceptes » 21 fois dans 19
strophes sur 22; «vérité» revient souvent (43.142.151.160), «fidélité» (30.75.86. 90.138),
« droit » (7.128.137), « à jamais » (44.89.93.98.111.112.142.144).
7
Dans le Ps 136 aussi toute la partie centrale célèbre l'ensemble des merveilles de l'exode ;
voir R. MEYNEÏ, Appelés à la liberté, 220.
8
Voir Dahood, III, 122; Ravasi, III, 305.
9
Ainsi Alonso Schoekel - Carniti, I Salmi, II, 520 : « dans un contexte post-exilique, il peut se
référer au retour dans la patrie ».
Les psaumes 111 et 112 131
et la suivante ceux du retour d'exil (23-25) 10 qui est présenté comme un nouvel
exode et même une nouvelle création.
B. LE PSAUME 112
Le psaume 112 comprend lui aussi trois parties (voir p. 134) : deux parties
longues comptant chacune dix membres (lb-5 ; 7-10) encadrent une partie
beaucoup plus courte qui est de la taille d'un seul segment bimembre (6).
1. COMPOSITION
3
Fortune et richesse dans sa maison
et sa j u s t i c e demeure jusqu'à toujours ;
4
il se lève dans la ténèbre une lumière pour les droits.
- Tendre et miséricordieux et j u s t e ,
- 5 bon (est) L'HOMME qui a pitié et qui partage ;
: : il mène ses affaires avec jugement.
Cette partie comprend trois morceaux (1-2 ; 3-4a ; 4b-5). Le premier est formé
de deux segments bimembres de même rythme (4 + 3 accents) ; le premier décrit
l'attitude de « l'homme » envers « le Seigneur » et « ses commandements », le
second énonce celui de Dieu envers l'homme (le passif divin final le signale
clairement).
Le morceau central (3-4a) est de la taille d'un trimembre. Celui-ci est de type
A A ' B : en effet, les deux premiers membres sont coordonnés et sont au singu-
lier, tandis que le troisième élargit au pluriel (comme 2b à la fin du premier
morceau).
Le dernier morceau (4b-5) est de la taille d'un segment 11 ; ce trimembre est de
type A A ' B : 5b est une phrase verbale qui se distingue de la phrase nominale qui
10
Voir note 7.
11
La ponctuation massorétique unit 4a et 4b en un seul verset. En réalité, 4b est uni à 5a du
point de vue syntaxique : en effet, les trois adjectifs de 4b étant au singulier et non au pluriel
comme « les droits » de 4a, sont juxtaposés à « bon » de 5a.
132 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
3
Fortune et richesse dans sa maison
et sa justice demeure jusqu'à toujours ;
4
il se lève dans la ténèbre une lumière pour les droits.
12
Voir par ex. Is 60,2.
Les psaumes 111 et 112 133
9
II distribue, il donne aux dépourvus,
sa justice tient debout jusqu'à toujours,
son front s'élève avec gloire.
-_ L
10
e MÉCHANT VOIT et il s'irrite,
= ses dents grincent et il se détruit ;
:: l'espérance des MÉCHANTS se perd.
6
k Oui, À JAMAIS IL NE CHANCELLERA,
1 d'un souvenir À JAMAIS sera le JUSTE.
9
P II distribue, il donne aux dépourvus,
s .SA JUSTICE DEMEURE POUR TOUJOURS
q sa corne s'élève avec gloire.
2. INTERPRÉTATION
1. C O M P O S I T I O N
Ps 111 PSI 12
1 1
Louez Yh! Louez Yh!
Je rends-grâces à Yhwh de tout cœur ' Heureux l'homme qui craint Yhwh,
b dans le cercle des droits et l'assemblée, b Ses commandements aime beaucoup,
2
g Grandes les œuvres de Yhwh, g 2 Puissante sur la terre sera sa semence,
d dignes-d'étude pour ceux qui les aiment. d la génération des droits sera bénie.
4
z Un mémorial il a œuvré de ses prodiges,
h T E N D R E ET M I S É R I C O R D I E U X Y h w h ; h T E N D R E E T M I S É R I C O R D I E U X et juste,
5
t la nourriture il a donné à ceux qui le craignent, t 5 bon l'homme CLÉMENT et partageur ;
y il se remémore à jamais son alliance. y il règle ses affaires avec jugement :
m 7 Les œuvres de ses mains, vérité et jugement, m Une renommée mauvaise il ne craint pas,
n fidèles tous ses préceptes, n ferme de cœur confiant en Yhwh ;
s 8 établis pour toujours à jamais, s 8 assuré de cœur il ne craint pas,
œuvrés avec vérité et droiture. ' jusqu'à ce qu'il voie ses oppresseurs.
9
p Le rachat il a envoyé à son peuple, p 911 distribue, il donne aux dépourvus,
s il a commandé à jamais son alliance ; § sa justice demeure pour toujours,
q saint et redoutable est son Nom. q sa corne s'élève avec gloire.
10 10
r Principe de la sagesse la crainte de Yhwh, r L'impie voit et s'irrite,
s réussite bonne pour tous ceux qui les œuvrent ; s il grince des dents et dépérit ;
t sa louange demeure pour toujours. t l'espérance des impies va se perdre.
Qui dit harmonie dit équilibre, accord, dit aussi par conséquent mesure et
chiffre. Voici donc quelques mesures chiffrées. Le Ps 111 compte 74 termes et le
Ps 112 en compte 73 13 . Les racines de 33 termes du premier psaume sont
reprises dans le second ; les racines de 31 termes du second étaient déjà utilisées
dans le premier 14 . La proportion du vocabulaire commun est remarquable :
43,5 % du vocabulaire est commun aux deux psaumes.
Ces chiffres ne représentent encore qu'un aspect formel, pour ainsi dire
extérieur. Ce n'est que du quantitatif. Il importe davantage encore de mettre en
regard non pas simplement les termes, mais surtout les compositions.
13
Alléluia (« Louez Dieu ») est compté comme deux termes ; les mots reliés par un maqqef
sont comptés comme deux termes ; les monosyllabes kî (« oui ») et là' (négation) ne sont pas
comptés comme des termes.
14
La différence s'explique par le fait qu'un même terme est quelquefois utilisé plusieurs fois,
par ex. « Yhwh » 4 fois dans le Ps 111 et seulement 2 fois dans le 112.
Les psaumes 111 et 112 137
2. INTERPRÉTATION
Qui est le sujet [en 4b] ? Dieu ou le juste ? Les attributs « tendre et miséricordieux »
sont propres à Dieu ; nous l'avons à peine entendu en Ps 111,4b. Un juif qui entend la
combinaison de ces deux mots les applique sans aucun doute à Dieu, à moins qu'il
n'y ait de fortes raisons en sens contraire : selon nous il n'y en a pas. La lumière qui
brille dans l'obscurité est ce Dieu clément et miséricordieux15.
15
Alonso Schoekel - Carniti, I salmi, II, 528. C'était aussi l'avis de Ravasi, III, 318, note 2.
Comme ces deux exégètes le signalent, c'était déjà l'interprétation d'une partie de la tradition
manuscrite grecque : en effet, à la fin du verset 4 le Codex d'Alexandrie précise le sujet de la
phrase nominale : « Tendre et miséricordieux et juste le Seigneur Dieu ».
16
Voir Hakham, II, 335 ; la citation est tirée de la note 6, paragraphe a.
138 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
telle que la présente l'Écriture, et cela sans attendre le Nouveau Testament, mais
dès l'Ancien 17 .
Veut-on une autre manifestation de l'harmonie entre Dieu et l'homme ?
Comment se manifestent la tendresse et la miséricorde qu'ils ont en commun ?
Elles consistent à nourrir, c'est-à-dire à donner la vie : c'est ce que fait Dieu qui
« donne la nourriture à ceux qui le craignent » (Ps 111,5a), c'est ce que fait le
juste qui « distribue et donne aux dépourvus » (Ps 112,9a).
L'harmonie que met en scène le diptyque des psaumes 111-112 renvoie au
premier récit de la création, quand le Seigneur dit au verset 26 : « Faisons
l'humain à notre image, comme notre ressemblance ». Tel est le dessein originel
de Dieu : il désire que l'homme soit comme lui. Il se devait donc de le faire
libre. Au verset suivant, au moment où il passe à l'acte, le récit dit que « Dieu
créa l'humain à son image ; à l'image de Dieu il le créa, mâle et femelle il les
créa ». Les Pères se sont demandés pourquoi, alors qu'il était question d'image
et de ressemblance dans le projet, la ressemblance avait disparu au moment de la
réalisation. Ils interprètent que l'image est donnée par Dieu et que la ressem-
blance est laissée à la responsabilité et à la liberté de l'homme 1 8 . C'est pourquoi
dans le Ps 112 le juste n'est pas seul. Dans la dernière partie il se voit affronté
aux « impies » — souvent traduit par les « méchants » — « opprimé » par eux.
La présence de ces « méchants » laisse entendre que l'homme doit choisir entre
deux voies, celle de Dieu et son contraire. En d'autres termes l'harmonie est
certes donnée par Dieu mais c'est aussi à l'homme de la réaliser.
Une lecture chrétienne de ce diptyque ne saurait manquer de déboucher sur
une autre harmonie, celle des deux Testaments, et ceci n'est pas une autre
histoire. C'est la même. Il n'est pas possible ici de poursuivre sur cette voie.
Ce que les deux psaumes 111-112 disent de la relation harmonieuse entre
Dieu et l'homme juste n'épuise pas le contenu du message biblique. On pourrait
avoir l'impression que cette méditation psalmique optimiste et même enthou-
siaste gomme le drame de la condition humaine marquée par le péché qui sur-
vient dès le lendemain de la création, celui d'Adam et d'Eve en Gn 2 - 3 suivi
aussitôt par celui de Caïn qui tue son frère en Gn 4. Il faut d'abord admettre
qu'un seul texte ne puisse pas tout dire, il faut surtout ajouter que la révélation
biblique ne recule pas devant le paradoxe, loin de là : or une lecture harmonique
de ce livre si composite et discordant consiste, non pas à concilier mais à « tenir
ensemble » ce qui apparaît comme des contraires, à « tenir les deux bouts de la
chaîne », car la chaîne est unique. Il ne faudrait pas non plus sous-estimer la
présence des « méchants » dans le Ps 112. Certes, ils ne prévalent pas sur le juste
et le psaume s'achève sur leur défaite. Cela n'empêche pas le lecteur de penser à
un autre texte, plus déterminant encore, où le juste « verra la lumière », mais
17
Voir, par ex., l'interprétation de la parabole des talents de M. BALMARY, A bel, ou la
traversée de l 'Eden, 6 4 - 1 0 9 .
18
ORIGÈNE, Traité des principes, III, 6, 11, S C 2 6 8 , 2 3 7 ; BASILE DE CÉSARÉE, Sur l'origine de
l'homme, homélie 1, 1 5 - 1 6 , S C 1 6 0 , 205-209 (cités dans M. BALMARY, La divine origine. Dieu
n 'a pas créé l'homme, 113-115.
Les psaumes 111 et 112 139
après avoir traversé la mort que les méchants lui avaient infligée : le « quatrième
chant du Serviteur » est à lire en contrepoint des deux psaumes jumeaux que l'on
vient de commenter brièvement : l'œuvre de Dieu par excellence est celle qu'il
accomplit en transfigurant son serviteur que l'homme avait défiguré 19 .
Si le Ps 112 représente une exception dans la mesure où c'est le seul lieu dans
toute la Bible hébraïque où soit attribué à l'homme le double attribut divin,
« tendre et miséricordieux », il ne faut pas aller très loin pour trouver quelque
chose d'analogue. Le psaume suivant (Ps 113) le suggère aussi :
1
LOUEZ YAHÎ
5
Qui est comme YHWH notre Dieu ?
LOUEZ YAH !
En effet, le psaume 113 est centré sur une question : « Q u i est comme le
Seigneur notre Dieu ? ». La réponse qui se présente spontanément à l'esprit,
quand on lit l'ensemble du poème est bien évidemment qu'il n'est personne qui
19
Voir R. MEYNET, «Le quatrième chant du Serviteur (Is 5 2 , 1 3 - 5 3 , 1 2 ) » ; voir aussi ID.,
« Selon les Ecritures ». Lecture typologique des récits de la Pâque du Seigneur.
140 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
est « comme le Seigneur notre Dieu ». C'est ainsi que la plupart des commen-
> 20
tateurs interprete .
Toutefois, à une lecture plus attentive, qui prend le texte au mot, c'est le
pauvre qui est « comme » Dieu. En effet, du haut des cieux le Seigneur se
penche pour le tirer du fumier où il croupit, pour l'élever, pour 1'« exalter » (7b)
comme lui-même est « exalté » (4a), pour 1'« assoir » parmi les princes (8a)
comme lui-même « est assis » au-dessus des cieux (5b) 21 .
Dans la « Contemplation pour obtenir l'amour » par laquelle s'achèvent les
Exercices spirituel, Ignace de Loyola écrit :
Tout d'abord il convient de prêter attention à deux choses. La première est que
l'amour doit se mettre dans les actes plus que dans les paroles.
Il poursuit en ces termes, qui ne sont pas sans rapport avec les psaumes 111 et
112 :
20
Voir R . MEYNET, « La rhétorique biblique et sémitique. État de la question », spécialement,
302-312.
21
Voir Traité, 572-573, et surtout Appelés à la liberté, 141-148.
22
1. de LOYOLA, Exercices spirituels, 139.
Le psaume 119
Le psaume 119 est le plus long de tous les psaumes ; c'est aussi le chapitre de
la Bible qui contient le plus grand nombre de versets, cent soixante-seize.
Chacune de ses vingt-deux strophes compte huit segments qui commencent par
la même lettre de l'alphabet. Si la fonction de l'alphabétisme est de marquer la
totalité, sa seconde fonction est de signaler les limites de chaque « strophe » ou
« passage » selon la terminologie de l'analyse rhétorique.
Outre la structure de l'acrostiche alphabétique, chaque verset — à part quatre
(v. 3.37.90.122) — contient un (ou deux) des huit synonymes de la loi : tôrâ
(«loi», 25 fois), 'ëdût («ordre/s», 23), mispat («jugement/s», 23), dâbâr
(« parole/s », 23), miswâ (« commandement/s », 22), piqqûd (« préceptes », 21),
hôq (« décrets », 21) et 'imra (« dire/s, 19)1. Dans le monde biblique, sept est le
chiffre de la totalité, mais huit est celui de la totalité par excellence, par excès.
D'autres termes peuvent être ajoutés, avec raison, à la liste des huit synonymes
qui viennent d'être énumérés, en premier lieu « chemin(s) ». En effet, si dans le
verset 3 ne se trouvent ni « loi » ni aucun de ses sept synonymes, l'expression
« dans ses chemins ils marchent » est l'équivalent de « ceux qui marchent dans
la loi du Seigneur » du verset 1. De même, bien que dépourvu d'aucun des huit
synonymes, le verset 37 a « dans tes chemins fais-moi vivre » qui rappelle
« fais-moi vivre selon ta parole » du verset 25. Au verset 90, c'est 'ëmûnâ
(« fidélité », « sincérité ») qui peut être considéré comme un synonyme de
« loi » : « D'âge en âge ta sincérité ; tu as établi la terre, elle subsiste », car en
86 il est dit que « Tous tes commandements (sont) sincérité ». Certains ont donc
voulu allonger la liste des synonymes, pour atteindre un total de dix, comme les
« dix paroles » du récit de la création en Gn 1 ou celles du « décalogue », dix
étant aussi un chiffre symbolique de la totalité2. Il faut aussi remarquer que les
récurrences des huit synonymes « canoniques » ne sont pas régulières : même
« loi », le terme le plus fréquent, n'apparait pas dans la deuxième strophe, mais
revient trois fois dans la septième et deux fois dans la neuvième. Comme
toujours en poésie biblique, le système s'accompagne de variation et de liberté3.
Quoi qu'il en soit, outre le fait, semble-t-il indéniable, de marquer la totalité, les
huit synonymes ont pour fonction de conforter la cohérence de chacune des
vingt-deux strophes, son unité et partant ses limites.
Pendant longtemps, comme pour les autres psaumes, les commentateurs n'ont
pas cherché la composition du Psaume 119 : ainsi, par exemple, au IVe siècle,
1
Voir D . N . FREEDMAN, « The structure of Psalm 119», repris dans Psalm 119 : The Exaltation
ofTorah, 2 5 - 5 6 .
2
Voir J . D . LEVENSON « Sources ofTorah », 5 6 2 .
3
II en va de même pour les segments : la plupart sont des bimembres, mais il y a aussi six
trimembres, quatre dans la quatrième sous-séquence ( 4 3 . 4 8 . 7 5 . 7 8 ) et un dans la dernière ( 1 7 6 ) .
142 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Hilaire de Poitiers commente verset après verset4 et de nos jours Ravasi fera de
même5. Parmi les auteurs contemporains, plusieurs se sont limités à analyser la
composition de chacune de ses vingt-deux strophes. Pierre Auffret écrit : « Nous
n'avons pas découvert de structure d'ensemble à notre psaume »6. L'année
suivante, Marc Girard analyse la composition de chaque strophe, relève les
concaténations qui les relient, liste les récurrences des ternies les plus utilisés,
puis conclut que rien « ne laisse émerger aucune structuration particulière des
strophes à l'échelle du psaume tout entier »7.
Certains ont noté le phénomène de concaténation qui lie les strophes entre
elles (les « mots-crochets » ou, selon la terminologie de l'analyse rhétorique, les
« termes médians »)8. Des rapports entre deux strophes consécutives ont aussi
été remarqués9.
D'autres vont plus loin qui proposent une structure de l'ensemble du,psaume.
Will Soll est d'avis qu'il s'organise en six parties, la quatrième (Kaph - Samek)
en constituant le centre10. Concentrique elle aussi, la composition d'Erich Zenger
est plus régulière :
A. Paire de strophes 1-2 : ouverture programmatique
B. Strophes 3 - 6 : lamentation - demande - confiance
C. Strophes 7 - 1 0 : rétrospection (surtout négative)
D. Strophes 11-12 : centre dramatique (misère et toute-puissance de la Torah)
C'. Strophes 13-16 : rétrospection (surtout positive)
B'. Strophes 17-20 : demande - lamentation - demande
A'. Paire de strophes 2 1 - 2 2 : résumé (assurance du salut et louange) 11 .
4
HILAIRE DE POITIERS, Commentaire sur le psaume 118.
5
Ravasi, III, 454.458-499.
6
P. AUFFRET, Voyez de vos yeux, 4 1 2 (déjà 320).
7
M . GIRARD, Les psaumes redécouverts, III, 2 7 9 .
8
Voir, par exemple, R.N. WHYBRAY, « Psalm 119 », 40, note 17 ; Hossfeld - Zenger, III, 261.
9
Voir P. AUFFRET, Voyez de vos yeux, par ex. pour les deux premières strophes ( 3 2 7 - 3 2 9 ) pour
les deux dernières (411) ; M. NODDER, « What is the relationship between the different stanzas of
Psalm 119?».
10
W. SOLL, Psalm 119 : Matrix, Form and Setting, 91.108-109.
11
Hossfeld - Zenger, III, 262 ; son identification du centre coïncide avec la mienne.
Le psaume 119 143
Le psaume 119 est de la taille d'une séquence qui comprend cinq sous-
séquences. Les deux premières (A.B) et les deux dernières (A'.B') sont formées
de cinq passages, la sous-séquence centrale au contraire ne comprend que deux
passages (Kaph etLamed : 81-96) :
A. Avec qui marche dans tes chemins, instruis-moi de tes décrets 1-40
C. T O N A M O U R M E S A U V E D E L A M O R T 81-96
A'. Loin de qui s'égare de tes voies, apprends-moi tes décrets 97-136
COMPOSITION DUPASSAGE
4
- Toi, tu as ordonné tes préceptes,
:: POUR OBSERVER complètement.
5
- Si seulement étaient établis mes chemins,
:: POUR OBSERVER tes décrets !
Aucun terme n'est repris d'un segment à l'autre. Les deux premiers segments
sont de construction très semblable : les premiers membres énoncent une
promesse (au futur et à la première personne du singulier), les seconds membres
disent les moyens mis en œuvre pour cela12. Le dernier segment commence lui
aussi par une promesse, mais s'achève sur une demande.
12
Les traductions « en regardant » et « en étant instruits » ont voulu rendre le rapport entre
//habbîtî et belomdî (litt. « dans mon regarder » et « dans mon apprendre »).
146 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
voulait se compter parmi les justes de la première partie. De même que les justes
« n'ont pas commis d'iniquité », il « ne rougira pas ». Les deux segments de la
partie centrale mettent en relation le Seigneur qui a donné ses décrets à observer
et le psalmiste qui demande de pouvoir le faire.
CONTEXTE BIBLIQUE
Heureux !
Comme le psautier tout entier, le Ps 119 commence en proclamant heureux
ceux qui, évitant « l'iniquité », se conduisent selon la loi du Seigneur. Avant
d'entrer en scène, de parler de lui-même, et avant de s'adresser à Dieu, il loue
ceux qui gardent ses témoignages et les recherchent. Comme s'il avait besoin de
modèles à suivre, d'exemples à imiter, de guides auxquels emboîter le pas.
12
Béni (sois-)tu, Yhwh,
apprends-moi tes décrets !
Le premier morceau est au passé, le second au futur. Dans chacun des deux
segments du premier morceau les verbes se trouvent à la fin des premiers
membres, les seconds membres comportant le même qualificatif, traduit par
« tous » et par « tout ». En revanche dans le deuxième morceau les verbes sont
redoublés, en termes médians, les deux segments étant tout à fait parallèles. Les
quatre segments se correspondent en miroir : « ta parole » (16b) appartient au
même champ sémantique que «lèvres» et «bouche» (13) tandis que «tes
voies » (15b) est synonyme de « chemin » (14a).
À part le segment central (12), tous les autres commencent par la préposition
be qui n'a pas pu être traduite toujours de la même façon.
Le jeune psalmiste
La question initiale pourrait sembler un aphorisme général, concernant tout le
monde et personne en particulier. Le fait qu'immédiatement après le psalmiste
passe à la première personne du singulier permet de comprendre que « le jeune »
dont il a parlé n'est autre que lui-même, ou, que, s'il est déjà mûr, il se considère
néanmoins comme quelqu'un d'inexpérimenté, qui a encore tout à apprendre. Et
c'est bien ce qu'il dit, dans la bénédiction qui jaillit de sa bouche en plein cœur
du passage. Ainsi, quel que soit son âge, le lecteur peut s'identifier au psalmiste
pour demander d'être instruit par le Seigneur.
Chercher le Seigneur
Après la question initiale, le psalmiste énumère la longue liste canonique,
celle qui revient de manière lancinante dans chacun des vingt-deux passages du
psaume, les sept termes qui disent la totalité des « commandements », du
« dire », des « jugements », des « ordres », des « préceptes », des « voies », des
« décrets » de Dieu. Tout cela, il affirme l'avoir « abrité », « s'en être réjoui »,
150 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
l'avoir même « exposé » aux autres de ses propres lèvres ; il promet à la fin de le
« méditer » et de s'en « délecter » encore et toujours. Mais avant de s'engager
dans cette longue énumération, il dit que c'est le Seigneur qu'il « a recherché »
«de tout son cœur» (10a). En somme, son désir le porte, à travers tous les
commandements et les décrets de Dieu vers leur auteur. C'est une personne, « le
Seigneur », dont le nom est mentionné au centre du passage, qu'il recherche.
COMPOSITION DU PASSA GE
17
+ F a i s d u bien à ton serviteur, je vivrai
.. et j'observerai ta parole.
+18 Ouvre mes yeux et je regarderai
.. les merveilles de ta loi.
19
+ Un étranger moi sur la terre,
+ n e c a c h e pas de moi tes commandements.
Les deux derniers segments commencent par gam, traduit, faute de mieux,
par « même ». Les segments extrêmes reprennent « tes ordres ». Dans les
premiers membres des deux premiers segments le psalmiste se trouve en butte à
ceux qui le méprisent13 ; les seconds membres le trouvent fidèle aux ordres de
Dieu. Le dernier segment fait écho à ces seconds membres. L'expression étrange
« hommes de mon conseil » signifie « mes conseillers » ; la Septante traduit :
« et mes conseillers tes décrets ». Au niveau du passage sera adoptée la traduc-
tion de la TOB : « ils sont mes conseillers ».
13
« Ouvre de sur moi » (32a) signifie : « Enlève de sur moi... ». On a gardé « ouvre », car le
mot est le même qu'au verset 18.
152 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
« mépris » (22) des « chefs » « arrogants », eux qui « s'égarent » loin de la loi de
Dieu (21) et « parlent contre » ses « serviteurs » (23).
Serviteur de la parole
Quelle parole servir? Celle de Dieu (17) ou celle des princes (23)? Le
psalmiste a fait son choix et reste fidèle à son Seigneur. Il ne craint pas ce que
peuvent tramer entre eux contre lui les puissants qui s'égarent loin des comman-
dements divins, car il a confiance dans celui qui seul peut lui faire du bien et le
faire vivre. Tout son « amour » et ses « délectations » sont dans la loi de son
Dieu.
25
A collé à la poussière mon âme,
+ fais-moi vivre selon ta parois.
Les deux premiers segments sont parallèles : une constatation dans les pre-
miers membres, une demande dans les seconds. Dans le troisième membre,
l'ordre est inversé ; en outre, le dernier membre regarde l'avenir, alors que les
membres correspondants dans les deux premiers segments sont à l'accompli.
« Fais-moi comprendre » (27a) est synonyme de « apprends-moi » (26b) ; on
pourra comprendre que le sens de « fais-moi vivre selon ta parole » est très
proche. Les deux derniers segments commencent avec le même mot ; dans le
premier cas il s'agit des « chemins » du psalmiste, dans le deuxième du
« chemin » que Dieu indique par ses préceptes.
154 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
- 31
J'ai c o l l é à tes ordres, Yhwh,
+ ne me fais pas rougir
- 3 2 Dans le chemin de tes commandements je c o u r r ai,
+ car tu élargis mon cœur.
Les premiers membres ont pour sujet le psalmiste, les seconds le Seigneur.
Alors que le premier membre du premier segment est au passé, il est au futur
dans le premier membre du deuxième segment. La prière du second membre du
premier segment semble exaucée dans le deuxième membre du segment suivant.
Les parties extrêmes commencent par le même verbe « coller ». « Mon âme »
et « mon cœur » font inclusion (12a.32b).
« Chemin(s) » revient en début de segment dans les deux derniers segments
des deux premières parties (26.27 et 29.30) ainsi que dans le second segment de
la dernière partie (32). Dans chaque partie une suite d'impératifs laissent en
finale la place à une première personne du singulier (27b ; 30a. 30b ; 32a).
CONTEXTE BIBLIQUE
« La poussière de la mort »
Le Ps 22, celui que le Christ en croix entonne dans sa langue maternelle, est
focalisé sur la fin du verset 16 : « Tu me couches dans la poussière de la
mort »14.
14
Voir F. GRAZIANO, « Il salmo 22 : la preghiera del Servo di Yhwh », 77.
156 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Ce n'est pas d'une petite épreuve que le psalmiste demande d'être libéré. Il a
été couché dans « la poussière » (25a), dans les pleurs de l'affliction (28a) et
c'est pourquoi il demande à Dieu de le « faire vivre », de le « relever » de la
mort. Ce qui le tirera de la fosse n'est autre que « la parole » du Seigneur, parole
qui est ensuite déclinée selon les mots habituels qui l'évoquent dans chaque
passage du psaume, auxquels toutefois s'ajoute exceptionnellement le terme
« ses merveilles », qui renvoie le plus souvent à l'œuvre de salut de l'exode,
quand le Seigneur sauva son peuple de l'esclavage et de la mort.
COMPOSITION DU PASSA GE
15
On remarquera un phénomène de clôture : dans les parties extrêmes les impératifs se trouvent
en début de segment, sauf dans le dernier où il se trouve à la fin du segment (40b). Même la partie
centrale qui ne comprend que deux segments totalise trois impératifs.
Le psaume 119 159
Le mot de la fin
Cinq des termes habituels — « décrets », « commandements », « ordres »,
« jugements » et « préceptes » — sont au pluriel et se concentrent dans le
singulier de « la loi ». Mais ces sept vocables sont repris et résumés par le mot
« chemin » qui ne fait pas partie de la liste des huit synonymes qui scandent les
vingt-deux passages du psaume. « Chemin » ouvre la première partie et la ferme
avec son synonyme « sentier », et il revient, au pluriel, en conclusion de la
deuxième partie. Cela dit, il est un dernier terme, qui n'est utilisé qu'une seule
fois, à la fin du passage (40b), en parallèle avec « chemins », à la fin de la partie
centrale (37b). Dans les chemins du Seigneur, contenus dans sa Loi, se manifeste
sa « justice ». La Loi, ses préceptes et ses commandements, contiennent les
paroles de Dieu, la justice est un attribut divin qui dit quelque chose de son
identité.
160 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
COMPOSITION DE LA SOUS-SÉQUENCE
Bet
9 Par quoi purifiera le jeune sa VOIE POUR-QU *U-OBSER VE ta parole ?
10 D e t p j f MON CŒUR je te ££CHB<£>e, ne M'ÉGARE pas de tes commandements,
11 Dans mon cœur j'abrite ton dire afin de ne pas pécher contre toi.
12 Béni T o i , Y H W H , APPRRENDS-MOI TES DÉCRET S !
13 De mes lèvres j'expose, tous les jugements de ta bouche,
14 Dans le CHEMIN de tes ordres je me réjouis comme de tout bien.
15 Sur tes préceptes je méditerai et je regarderai tes VOIES.
16 En TES DECRETS je me délecte, je n'oublie pas ta parole.
- Un membre presque identique revient dans les seconds segments (2b. 10a).
- Le pronom « toi » revient au début des parties centrales (4.12).
- A u x macarismes par lesquels commencent les deux premiers segments du
premier passage (« heureux » : 1.2) correspond la bénédiction qui se trouve au
centre du deuxième passage (« béni » : 12).
- « Tes décrets » revient deux fois dans chaque passage, à la fin des parties
centrales (5b.8b) et au début des derniers membres (12a. 16a).
- « Pour observer » (lismôr) est repris deux fois dans la partie centrale du
premier passage (4b.5b) et une fois dans le premier segment du second passage
(9), toujours au début des seconds membres. Le verbe revient aussi en finale du
premier passage, jouant avec celui de 9b le rôle de termes médians.
- « Apprendre » revient en 7 et en 12, au centre du deuxième passage.
- Les termes appartenant au champ sémantique du chemin sont particulièrement
fréquents : « chemin(s) » (1.3.5.14), « voie(s) (9.15), « marcher » (1.3), « égarer »
(10) et même « abandonner » (ou « quitter », 8) ; ce qui fait un total de dix termes.
- Le nom de « Yhwh » revient deux fois, au début du premier passage (1) et au
centre du second (12).
Le psaume 119 161
Hé
33 INSTRUIS-MOI, Y H W H , du CHEMIN de tes décrets, et je le garderai jusqu'au bout,
34 FAIS-MOI COMPRENDRE et je garderai ta loi, et l'observerai de tout mon cœur.
35 AcHEMiNE-moi au SENTIER de tes commandements, car en eux je me plais.
36 Incline mon cœur vers tes ordres, et non pas vers le gain.
37 Détourne mes yeux de voir la vanité, dans tes CHEMINS F A I S - M O I VIVRE.
38 Fais-lever pour ton serviteur ton dire, lequel est pour tes craignant,
39 Détourne de moi de l'opprobre que je redoute, car tes jugements sont bienfaisants,
40 Voici ; je désire tes préceptes, dans ta justice F A I S - M O I V I V R E .
- « Mon cœur » de la fin du premier passage (32) est repris deux fois dans le
second passage (34.36).
- « Instruis-moi » et « apprends-moi » suivi de « fais-moi comprendre » appa-
raissent ensemble au début du premier passage (26-27) et au début du deuxième
(33-34).
- « fais-moi vivre » revient trois fois, au début du premier passage (25) et à la
fin du second (40) faisant inclusion ; une autre fois à la fin de la partie centrale
du deuxième passage (37).
- Les termes appartenant au champ sémantique du « chemin » atteignent le
nombre de dix : « chemin(s) » et « acheminer » (huit fois : 26.27.29.30.32 ;
33.35.37), « sentier » (35) et « courir » (32).
- Le nom de « Yhwh » revient deux fois, à la fin du premier passage (31) et au
début du second (33), jouant le rôle de termes médians.
162 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Bet
9 Par quoi purifiera le jeune sa VOIE pour ZZ r J. selon ta parole ?
10
DE TOUT MON CŒUR je te recherche, ne M'ÉGARE pas de tes commandements.
11 Dans MON CŒUR j'abrite ton dire afin de ne pas pécher contre toi.
12 Béni sois-tu, Y H W H , APPRENDS-MOi tes décrets !
13 De mes lèvres j'expose tous les jugements de ta bouche.
14 Dans le CHEMIN de tes ordres je me réjouis comme de tout bien.
15 Sur tes préceptes je méditerai et je recréerai tes VOIES.
16 En tes décrets je me délecte, je n'oublie pas ta parole.
Guimel
17 Fais-du-bien à TON SERVITEUR ET JE VIVRAI
18 Ouvre mes yeux et je regarderai les merveilles de ta loi.
19 Un étranger moi sur la terre, ne cache pas de moi tes commandements.
20 Est broyée mon âme d'amour pour tes jugements en tout temps.
21 Tu menaces m ARROGANTS maudits, qui S'ÉGARENT loin de tes commandements.
22 Ouvre de sur moi UPPROBRE et le m m , car tes ordres je les GARDE.
23 Que siègent des chefs, OINTS mm\mm MOI, TON SERVITEUR médite sur tes décrets.
24 Que tes ordres soient mes délectations, (tes préceptes), mes conseillers.
Dalet
25 A collé à la Pftrssfc mon âme, F A I S - M O I VIVRE selon ta parole.
26 Mes CHEMINS j'ai exposé et tu m'as répondu,
APPRENDS-MOI tes décret
27 Le CHEMIN de tes préceptes FA&WiCOMPRENDRE et je méditerai sur tes merveilles.
28 A pleuré mon âme d^TOION, relève-moi selon ta parole.
29 Le CHEMIN de mensonge écarte de moi, et de ta loi fais-moi-la-grâce.
30 Le CHEMIN de vérité j'ai choisi, sur tes jugements je me suis aligné.
31 Je me suis collé à tes ordres, Y H W H , ne me fais pas rougir.
32 Dans le CHEMIN de tes commandements JE COURRAI, car tu élargis MON CŒUR.
Hé
33 INSTRUIS-MCI, Y H W H , du CHEMIN de tes décrets, et je le GARDERAI jusqu'au bout.
34 FA/S~mcûf1?wm£et je GARDERAI ta loi, et yOB$IB,V!RÂI DE TOUT MON CŒUR.
35 AcHEMiNE-moi au SENTIER de tes commandements, car en eux je me plais.
36 Incline MON CŒUR vers tes ordres, et non pas vers le gain.
37 Détourne mes yeux de voir la vanité, dans tes CHEMINS FAIS-MOI VIVRE.
38 Fais-lever pour TON SERVITEUR ton dire, lequel est pour tes craignant.
39 Détourne mon OPPROBRE que je redoute, car tes jugements sont bienfaisants.
40 Voici ; je désire tes préceptes, dans TA JUSTICE F A I S - M O I VIVRE.
Le psaume 119 163
Les demandes
Aleph
1 Heureux les parfaits de chemin, les marchant dans la loi de YHWH !
2 Heureux les gardant ses témoignages, de tout cœur ils le recherchent.
3 Ils n'ont jamais commis d'iniquité, dans ses chemins ils marchent !
4 Toi, tu as ordonné tes préceptes, pour qu'on les observe complètement.
5 Si seulement étaient établis mes chemins pour que j'observe tes décrets !
6 Alors je ne rougirai pas en regardant vers tous tes commandements.
7 Je te célébrerai en droiture de cœur, ayant appris les jugements de ta justice.
8 Tes décrets j'observerai, ne m'ABANDONNE pas complètement.
Bet
9 Par quoi purifiera le jeune sa voie pour observer selon ta parole ?
10 De tout mon cœur je te recherche, ne M'ÉGARE pas de TBCONKANDBIENTS.
11 Dans mon cœur j'abrite ton dire afin de ne pas pécher contre toi.
12 Béni sois-tu, YHWH, APPRfcND$~HOI TES DÉBETS !
13 De mes lèvres j'expose tous les jugements de ta bouche.
14 Dans le chemin de tes ordres je me réjouis comme de tout bien.
15 Sur tes préceptes je méditerai et je regarderai tes voies.
16 En tes décrets je me délecte, je n'oublie pas ta parole.
Guimel
17 FAIS-DU-BIEN à ton serviteur ET JE VIVRAI et j'observerai ta parole.
18 OUVRE mes yeux et je regarderai les merveilles de ta loi.
19 Un étranger moi sur la terre, NE CACHE PAS de moi - ï m c m m m m s .
20 Est broyée mon âme d'amour pour tes jugements en tout temps.
21 Tu menaces LES ARROSANTS ma ud its, qui s'égarent loin de tes commandements.
22 OUVRE de sur moi L'OPPROBRETI.le MÉPRIS, car TES ORDRES je les garde.
23 Que siègent DES CHEFS, qu'ils parlent contre moi, ton serviteur médite sur tes décrets.
24 QUE TB (MMS SOIENT mes délectations, (tes préceptes), mes conseillers.
Dalet
25 A collé à la poussière mon âme, FAIS-MOI VIVRE SELON TA FASOLB.
26 Mes chemins j'ai exposé et tu m'as répondu, APPMDSRM TES OÎÎM'S.
27 Le chemin de TESPR&EFTES FAIS-MOLCOMFMX et je méditerai sur tes merveilles.
28 A pleuré mon âme d'affliction, RELÈVE-MOI SELON TA PAROLE.
29 Le chemin de MENSOX$E£CARTE DE MOI, et de lALOi FAIS-MOI-LA-GRÂCE.
30 Le chemin de vérité j'ai choisi, sur tes jugements je me suis aligné.
31 Je me suis collé à TES ORDRES, YHWH, NE ME FAIS PAS ROUGIR.
32 Dans le chemin de tes commandements je courrai, car tu élargis mon cœur.
Hé
33 INSTRUIS-MOI, YHWH, du chemin de TES DÉCRETS, et je le garderai jusqu'au bout.
34 F A B - t i a C Û h P m o m ^ t je garderai TA LOI, et l'observerai de tout mon cœur.
35 AcHEMiNE-moi au sentier de tes commandements, car en eux je me plais.
36 INCLINE mon cœur vers TES MM, et non pas vers le gain.
37 DÉTOURNE mes yeux de voir la vanité, dans u s CHEMINS FAIS-MOI VIVRE.
38 FAIS-LEVER pour ton serviteur ton dire, lequel est pour tes craignant.
39 DÉTOURNE mon opprobre que je redoute, car tes jugements sont bienfaisants.
40 Voici ; je désire tes préceptes, dans TA JUSTICE FÂIS-MOI VIVRE.
Le psaume 119 165
se fera de plus en plus insistante pour occuper finalement toute sa pensée (33-
40).
« Fais-moi vivre »
Dès le début du passage central (17) et jusqu'à la fin (25.37.40), le désir le
plus profond du psalmiste ne cesse de s'amplifier. Il a bien conscience de n'être
qu'un « étranger sur la terre » (19), qu'il passe son chemin. Mais il est persuadé
que ce chemin, celui de la loi de Dieu, est celui de la vie. Il sait aussi que la vie
ne peut que se recevoir d'un autre, du maitre de la vie. Ce n'est pas la justice de
l'homme qui peut l'obtenir, mais le don gracieux de la justice de Dieu : « Fais du
bien à ton serviteur et je vivrai » (17), « fais-moi vivre selon ta parole » (25),
« dans ta justice fais-moi vivre » (40). Si le psalmiste demande avec une telle
insistance que le Seigneur le fasse vivre, c'est qu'il est menacé de mort. Il l'est
par « les arrogants maudits » (21), les « chefs » qui parlent contre lui (22), au
point que son âme « colle à la poussière » (25). Il l'est aussi par ce qui le tente,
de l'intérieur, « le mensonge » (29) et « la vanité » du « gain » (36-37).
Le psaume 119 167
COMPOSITION DU PASSAGE
+ 4 4
Et j OBSERVERAI ta loi constamment
= à jamais et toujours.
+ 4 5
E t je MARCHERAI au large,
= car tes préceptes je recherche.
+ 46
E t je PARLERAI de tes ordres en face des rois
= et point je n e ROUGIRAI.
Les trois segments commencent avec un verbe aux mêmes modalités : ils
remplissent ainsi la fonction de termes initiaux ; le dernier membre s'achève sur
un verbe aux mêmes modalités, faisant inclusion avec le premier au début de 44.
Non seulement le psalmiste promet d'observer la loi de Dieu (44), mais il s'en
fera le propagandiste jusque devant les rois (46). Dans le segment central il dit
quel sera le résultat de sa conduite (45a) et sa cause (45b).
16
À moins de comprendre que « la parole de vérité » est la Torah.
Le psaume 119 169
+ 47
E t JE m e DÉLECTERAI de t e s c o m m a n d e m e n t s ,
:: lesquels j 'aime.
+ 48
Et J ÉLÈVERAI mes paumes vers t e s c o m m a n d e m e n t s ,
:: lesquels j 'aime
+ e t JE MÉDITERAI sur t e s décrets.
Le premier segment et les deux premiers membres du second sont tout à fait
parallèles, les seconds membres étant même identiques. Le dernier membre fait
une sorte de coda, ou élargissement final ; il est aussi possible de dire qu'il s'agit
d'un phénomène de clôture.
:: 4 5 Et je m a r c h e r a i au large,
- c a r TES PRÉCEPTES je recherche.
:: 46 ET JE PARLERAI de TES ORDRES
:: et point m rougirai.
CONTEXTE BIBLIQUE
« Amour et salut »
Le salut de Dieu est le fruit de ses « fidélités » {hesed au pluriel, la seule fois
dans tout le psaume) 17 . Voir Ps 6,5 : « sauve-moi à cause de ta fidélité » (aussi
Ps 17,7; 31,17; 109,26).
17
On pourrait traduire hesed par « amour », mais cette traduction est réservée ici aux termes de
la racine 'hb : 20.47.48.140.159a.163.165.167.
Le psaume 119 171
COMPOSITION DU PASSA GE
18
II est aussi possible de comprendre que le réfèrent de «cela» est exprimé par le second
membre ; il faut alors traduire kî par « que » : « Cela est ma consolation dans ma misère que ton
dire me fasse vivre ». Le parallélisme des deux premiers segments appuie plutôt la première
interprétation.
172 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
que lui causent « des arrogants » (51a), et c'est pourquoi il « ne dévie pas » de la
loi (51b).
Dans les deux premières parties, « ma consolation » (50a) est repris par « j e
me console » 52b), « arrogants » (51a) annonce « méchants » (53a).
19
Voir la note précédente.
Le psaume 119 173
Les termes extrêmes des premiers membres des deux dernières parties sont
identiques (52a.55a). Les seconds termes des deux derniers segments (54a. 56a)
sont très semblables.
Les trois parties commencent avec le verbe « se souvenir », dont le sujet est
Dieu la première fois, le psalmiste les deux autres fois. « Ta loi » revient à la fin
de la première partie, au centre de la deuxième et au début de la troisième
(51b.53b.55b) ; aux extrémités elle est observée par le psalmiste, au centre
« abandonnée » par les « méchants ». Au second segment de la première partie
(50) correspond le deuxième segment de la dernière partie (56).
+ 55
J E ME SOUVIENS la nuit de ton nom, YHWH,
:: et j'observerai TA LOI.
Le jeu de la mémoire
Le fidèle n'est pas seul dans sa relation au Seigneur. « Les méchants », ceux
qui « abandonnent » « la loi » (53) sont présents et hantent son esprit. C'est
qu'ils ne se contentent pas d'ignorer la loi et de se tenir loin de Dieu ; ils « rail-
lent » aussi le juste, celui qui « ne dévie pas » de « la loi » de son Dieu. Comme
s'il leur était insupportable, représentant un reproche vivant de leur conduite. A
la fin cependant les « arrogants » ne sont plus mentionnés, la « misère » qu'ils
faisaient subir au juste (50a), « l'indignation » qu'ils faisaient monter dans son
cœur (53a) semblent avoir disparu et ne troublent plus ses nuits ; c'est « cela »
seul qui reste « pour lui » (56a).
COMPOSITION DUPASSAGE
La partie commence par une déclaration de fidélité (60) et s'achève avec une
promesse de louange durant la nuit (62). Au centre interviennent « les
Le psaume 119 175
méchants » qui tentent de paralyser le psalmiste sans que cela lui fasse oublier la
loi de son Dieu.
Les deux premières parties sont parallèles. Les seconds membres des premiers
segments commencent avec le même verbe suivi d'un synonyme (57b. 60b.63b).
Les seconds segments ont un côté négatif, le péché pour laquelle le psalmiste
veut « apaiser » le Seigneur (58), les « méchants » qui le ligotent (61). Dans les
troisièmes segments, le psalmiste promet de redresser sa conduite (59), de se
lever la nuit pour célébrer Dieu. Les deux premières parties sont aussi liées par
des images qui jouent le rôle de termes médians : le dernier membre de la
première partie et le premier de la deuxième évoquent tous deux la marche.
La dernière partie se distingue des deux précédentes. Non seulement elle ne
comprend que deux segments, mais elle ne s'achève pas sur une promesse mais
sur une demande. « T o u s ceux qui te craignent» (63a) s'opposent aux
« méchants » (61a).
Le nom de « Yhwh » fait inclusion. Les huit synonymes de « loi » sont utili-
sés, sans qu'aucun ne soit répété.
Le psaume 119 177
CONTEXTE BIBLIQUE
Telles sont les paroles que Jonathan adresse à son serviteur qu'il a envoyé
récupérer les flèches qu'il a tirées pour avertir David (1S 20,18). La hâte du
psalmiste n'est pas seulement psychologique : c'est la hâte de la marche sur le
chemin de la loi.
Quand le Seigneur vit qu'Israël s'était écarté de la voie qu'il lui avait tracée,
sa colère s'enflamma contre son peuple pour l'exterminer. Alors « Moïse apaisa
la face du Seigneur son Dieu et dit : » (Ex 32,11).
Méchants et compagnons
Le juste se trouve en butte aux « méchants » qui l'entourent pour le lier (61) ;
alors, il ne pourra plus marcher et « se hâter » sur les chemins tracés par la loi de
Dieu (59-60). Mais ce ne sont pas là les premiers de ses adversaires. L'ennemi
de l'intérieur, le péché représente sans doute un péril plus grand encore pour
celui qui entend rester fidèle aux commandements du Seigneur. Il n ' a même pas
manqué de succomber à la tentation, de sorte qu'il lui faut « apaiser » la colère
divine (58). Heureusement qu'il n'est pas seul et qu'il peut compter sur des
« compagnons » qui « craignent » comme lui leur Seigneur commun.
Ne pas s \arrêter
Libéré du péché (58) et des « méchants » qui veulent l'arrêter dans sa course
(60-61), le psalmiste est heureux d'avoir reçu « s a p a r t » d'héritage, son
observance des paroles de Dieu (57). Il se hâte sur la route (60) ; en perpétuel
mouvement, même la nuit « il se lève » pour célébrer le Seigneur, le remerciant
pour sa «justice ». Avec ses « compagnons », « il observe ses préceptes ». On
pourrait croire qu'il remplit tous ses devoirs. Mais seul l'amour du Seigneur
emplit la terre (64a) et c'est pourquoi il achève sa prière en lui demandant de lui
apprendre ses décrets (64b), comme s'il n'était encore qu'au début du chemin.
178 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
COMPOSITION DU PASSA GE
65
+ DU BON tu as fait avec ton serviteur,
: YHWH, selon ta parole.
+ 6 6 LÀ BONTÉ du jugement et de la science apprends-moi,
: car en tes commandements j'ai foi.
Les deux segments commencent par un substantif très semblable (tôb et tûb).
Au « bon » déjà reçu le psalmiste demande au Seigneur d'ajouter celui « du
jugement et de la science ».
« L'humiliation » subie, comme « la loi », est bonne, meilleure que toutes les
richesses, puisqu'elle permet d'être instruit des décrets divins.
Le psaume 119 179
+ 72
B O N N E pour moi LA LOI de ta bouche,
= plus que millions d'or et d'argent.
Les segments des parties extrêmes commencent avec « bon » (tôb) et « bon-
té » (tûb) ; « bon » se retrouve dans la partie centrale où il est accompagné de
« bienfaisant » qui est de même racine (68a). De manière analogue « apprends-
moi » (66a) sera repris par « apprendre tes décrets » dans les deux parties
suivantes (68b.71b).
La partie centrale fait intervenir l'humiliation (67a) causée par « des arro-
gants » (69-70). La dernière partie dévoile le rôle finalement positif de
l'humiliation.
CONTEXTE BIBLIQUE
À la fin de chacun des cinq premiers jours de la création « Dieu vit que cela
était bon » (Gn 1,4.10.12.18.21). Le sixième jour enfin, « Dieu vit tout ce qu'il
avait fait : cela était très bon » (31).
« N o u s savons d'ailleurs que Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui
l'aiment » (Rm 8,28). Paul expliquera que « tout » englobe « la tribulation,
l'angoisse, la persécution, la faim, la nudité, le péril, le glaive ? Selon le mot de
180 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
l'Écriture : "À cause de toi, l'on nous met à mort tout le long du jour ; nous
avons passé pour des brebis d'abattoir" (Ps 44,23) » (Rm 8,35-36).
« Apprends-moi »
La bonté du Seigneur
« Tu es bon et bienfaisant » (68a). La loi qui sort de sa bouche est bonne plus
que toutes les richesses possibles et imaginables (72) ; qui la goûte ne peut que
« s'en délecter » (70b). « Le jugement et la science » qu'il peut enseigner sont
bons eux aussi (66). Et même « l'humiliation » provoquée par le mensonge que
les arrogants, dont le cœur est gras, l'intelligence empâtée, projettent sur le
fidèle du Seigneur, même cela représente quelque chose de bon pour lui. Elle
revêt en effet une fonction pédagogique indéniable. C'est l'humiliation qui lui
permettra d'« apprendre ses décrets » (71). Sans elle, le psalmiste avoue qu'il
s'était « égaré » loin de la loi de Dieu (67).
COMPOSITION DU PASSA GE
76
+ Q u e SOit TA FIDÉLITÉ ma consolation,
: comme ton dire à ton serviteur !
+ 7 7 Q u e m'adviennent TES MISÉRICORDES e t j e vivrai,
: car ta loi (est) mes délectations.
Deux parties formées de trois segments encadrent une partie plus courte. Les
parties extrêmes se correspondent de manière spéculaire : les segments extrêmes
mettent en scène le psalmiste dans sa relation à Dieu, dans les segments centraux
il est question des « craignant » Dieu en relation avec le psalmiste et dans
les segments médians interviennent « les arrogants » qui ont « humilié » le psal-
miste ; dans ces segments « avec vérité » (« avec raison ») et « à tort » s'oppo-
sent (75c.78b). On remarquera que « tes mains » et « mon cœur », seules parties
du corps à être mentionnées, se trouvent au début des segments extrêmes.
La partie centrale se distingue des deux autres du fait que le psalmiste prie
Dieu de mettre en œuvre son « amour » et ses « miséricordes » en sa faveur.
INTERPRÉTATION DU PASSAGE
Plus encore que « la consolation » (76), c'est la vie que désire le psalmiste
(77). La vie, il l'a reçue des « mains » de Dieu, quand il a été façonné et « éta-
bli » au commencement (73). Toutefois, la vie ne se limite pas à la création ; « la
loi » donnée par le Seigneur est la nourriture « délectable » qui entretient la vie
et lui permet de se développer (77). Encore faut-il qu'elle soit assimilée, inté-
riorisée, comprise et apprise (73b), que le « cœur » lui soit appliqué parfaitement
(80). Mais cela est hors de la portée de l'homme, et c'est pourquoi le psalmiste
prie son Seigneur de le lui accorder (73b.80a).
Qui se délecte dans « la loi » du Seigneur (77b) et « médite sur ses préceptes »
(78c) est inévitablement en butte aux «arrogants», qui 1'« humilient» et le
« maltraitent » « à tort » (75c.78ab). Leur victime invoque l'aide de Dieu pour
que lumière soit faite sur leur mensonge et qu'ils en soient couverts de honte
(78a). C'est « à tort » que le juste est « maltraité » par les arrogants (78ab), et
c'est pourtant « avec vérité », avec raison que le Seigneur l'a ainsi « humilié »
(75c). Il reconnaît dans son humiliation un «juste j u g e m e n t » divin. Ce n'est
donc pas seulement par les commandements de la loi, donnés une fois pour
toutes sur le mont Sinaï, que le Seigneur éduque ses fidèles, mais aussi par les
vicissitudes de la vie, et même par la persécution des arrogants.
Le psalmiste n ' a pas que des ennemis qui l'humilient, il a aussi des amis : ce
sont ceux qui, comme lui, « craignent » le Seigneur. « Ils se réjouiront » (74a) en
voyant le psalmiste apprendre les commandements et les comprendre avec l'aide
de Dieu (73b), en constatant que c'est en sa parole qu'il espère (74b) et qu'il est
même capable de reconnaître dans l'humiliation l'intervention bienfaitrice du
Seigneur (75). Peut-être ébranlés un temps par les accusations mensongères
portées contre le psalmiste (78ab), ils reviendront vers lui quand les arrogants
rougiront (78a) et que le juste au cœur parfait sera libéré de la honte (80). Tout
cela, certes, n'est pas encore réalisé ; mais l'espérance que le psalmiste a mis
dans son Dieu (74b) ne saurait le décevoir : il est sûr d'être exaucé, puisqu'il
s'appuie sur la « fidélité » du Seigneur et sur ses « miséricordes », sur ce qu'il a
dit à son serviteur (76-77).
184 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
COMPOSITION DE LA SOUS-SÉQUENCE
Zayin
49
Souviens-toi de la PAROLE à ton serviteur, par laquelle tu me fais E S P É R E R .
50
Cela ma consolation dans ma misère car ^ \ me fait vivre,
51
Des arrogants me raillent complètement, de TA LOI je ne dévie pas.
52
Je me souviens de TES JUGEMENTS à jamais, Yhwh, et je me console,
53
L'indignation me saisit pour les méchants, les abandonnant TA LOI.
54
Des hymnes sont pour moi TBDécms, dans la maison de ma résidence.
55
Je me souviens les nuits de ton nom, Yhwh, et j'observerai I \ LOI.
56
Cela est pour moi c ar tes préceptes j e garde.
20
Ce qui est un cas de la 4e loi de Lund (voir Traité, 98).
Le psaume 119 185
69
Projettent sur moi le «, r des arrogants, moi, de tout cœur je garde tes préceptes.
70
Est épais comme graisse leur cœur, moi, de * MI je me délecte.
71 Bon pour moi d'être humilié\ afin que J'APPHM resDÉems.
72 Bonne pour moi LÀ LOI de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent.
Yod
73 Tes mains M'ONT FAIT et m'ont établi, et J'APPRENDRAI tes cmtmàmms.
FAIS-MOI COMPMNDM
74 Tes craignant me verront et se réjouiront, car en TA PAROLE j'espère,
75 J'AI CONNU, Y h w h , que sont justes tes jugements,
et qu'avec vérité tu m'as humilié.
76
Que soit ta fidélité ma consolation, selon à TON SERVITEUR !
77
Que me vienne ta miséricorde et je vivrai, car TA LOI mes délectations.
78 Que rougissent les arrogants, car en ils me maltraitent !
moi, je médite sur tes préceptes.
79 Que retournent à moi tes craignant et Ltsmwssm tes ordres !
80 afin que je ne rougisse pas.
Que soit mon cœur parfait sur muéems
Waw
Et QUE MW VIENNENT TES FIDÉLITÉS, Yhwh, ton salut selon !
42 Et je répondrai à qui m'insulte une parole, CAR j'ai confiance en TÂ PAROLE.
43 Et n'éloigne pas de ma bouche la PAROLE de loyauté totalement,
CAR EN t e s j u g e m e n t s J'ESPÈRE.
44 Et J'OBSERVERAI TA LOI constamment à jamais et toujours.
45 Et je marcherai au large, CAR t e s préceptes je recherche.
46 Et je parlerai de tes ordres en face des rois et je ne rougirai pas.
47 Et JE MB OÉIÈCRM d e t e s c o m m a n d e m e n t s , lesquels j'aime.
48 Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements, lesquels j'aime
et JE MÉDITERAI SUR tes décrets.
Zayin
49 Souviens-toi de la PAROLE à M SERVITEUR, par laquelle tu me fais espérer.
50 Cela (est) ma consolation dans ma misère CAR ; ME FAIT VIVRE.
51 Des ARROGANTS me raillent complètement, de TA LOI je ne dévie pas.
52 Je me souviens de tes jugements de jamais, Yhwh, et je me console.
53 L'indignation me saisit pour les méchants, les abandonnant TA LOI.
54 Des hymnes sont pour moi tes décrets, dans la maison de ma résidence.
55 Je me souviens la nuit de ton nom, Yhwh, et J'OBSERVERAI TA LOI.
56 Cela est pour moi CAR t e s préceptes je garde.
[57-64]
Tet
65 Du bon tu as fait avec M SEIMIÏIL, Yhwh, selon TA PAROLE.
66 La bonté du jugement et de la science apprends-moi, CAR en t e s c o m m a n d e m e n t s j'ai foi.
67 Avant d'être humilié, moi je m'égarais, et maintenant J'OBSERVE.
68 Tu es bon, toi, et bienfaisant, apprends-moi tes décrets.
69 Projettent sur moi le mensonge des ARROGANTS, MOI, de tout cœur je garde tes préceptes.
70 Est épais comme la graisse leur cœur, MOI, de i k i o i JB LIB CÉLECTE.
71 Bon pour moi d'être humilié afin d'apprendre tes décrets.
72 Bonne pour moi LA LOI de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent.
Yod
73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, fais-moi comprendre et j'apprendrai tes commandements.
74 Tes craignant me verront et se réjouiront, CAR EN TA PAROLE J'ESPÈRE.
75 J'ai connu, Yhwh, que sont justes tes jugements,
et qu'avec vérité tu m'as humilié,
76 Que soit TA mimi ma consolation, selon à ton serviteur !
77
QUE M1ADVIENNE ta miséricorde ET J E CAR TA LOI (est)
VIVRAI, mmmmm.
78 Que rougissent les ARROGANTS, car à tort ils me maltraitent !
MOI, JE MÉDITE SUR tes préceptes.
79 Que retournent à moi tes craignant et les connaissant tes ordres !
80 Que soit parfait mon cœur sur tes décrets afin que je ne rougisse pas.
On peut ajouter à cette liste deux autres membres finaux qui commencent par
« et » mais sont de même composition :
ET JE MÉDITERAI SUR tes décrets 48b
ET J'OBSERVERAI ta loi 55.
À quoi il faut en ajouter trois qui commencent par « moi » et un qui commence
par « et » :
MOI, de tout cœur JE GARDE tes préceptes 69
MOI, de ta loi JE ME DÉLECTE 70
MOI, JE MÉDITE SUR tes préceptes 78b
ET maintenant ton dire J'OBSERVE 67.
On remarquera que le verset 50 commence lui aussi par « car », mais le sujet
n'est plus le psalmiste mais le « dire » du Seigneur :
CAR ton dire ME FAIT VIVRE 50
« Les arrogants » reviennent dans chacun des deux derniers passages (69.
78) ; ils apparaissaient déjà dans le second passage (51), à quoi correspond dans
le premier passage « qui m'insulte » (42) et « méchants » dans le second (53).
« Ta/tes fidélité(s) » et « ma consolation » au début des deux premiers
passages (41.50) reviennent, en contiguïté, au centre du dernier passage (76).
« Je vivrai » de 77 rappelle « me fait-vivre » de 50.
Les passages extrêmes sont les seuls qui contiennent des trimembres, deux
dans chaque passage (43.48 ; 76.78).
188 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Waw
41 Et que m'adviennent THS FIDÉLITÉS, YHWH, ton salut selon ton dire !
42 Et je répondrai à qui m'insulte une parole, CAR J'AI CONFIANCE EN TA PAROLE.
43 Et n'éloigne pas de ma bouche la parole de loyauté totalement,
CAR EN TES JUGEMENTS J'ESPÈRE.
44 Et J'OBSERVERAI TA loi constamment à jamais et toujours.
45 Et je marcherai au large, CAR TES PRÉCEPTES JE RECHERCHE.
46 Et je parlerai de tes ordres en face des rois et point ne rougirai.
47 Et je me délecterai de tes commandements, lesquels j'aime.
48 Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements, lesquels j'aime
et je méditerai sur tes décrets.
Zayin
49 Souviens-toi de la parole à ton serviteur, par laquelle tu me fais espérer.
50 Cela (est) ma consolation dans ma misère CAR TON DIRE ME FAIT VIVRE.
51 Des arrogants me raillent complètement, de TA LOI je ne dévie pas.
52 Je me souviens de tes jugements de jamais, YHWH, et je me console.
53 L'indignation me saisit pour les méchants, les abandonnant TA LOI.
54 Des hymnes sont pour moi tes décrets, dans la maison de ma résidence.
55 Je me souviens LA KIUÎÎ de ton nom, YHWH, et J'OBSERVERAI TA LOI.
56 Cela est pour moi CAR TES PRÉCEPTES JE GARDE.
Het
57Ma part, YHWH, je le dis, D'OBSERVER TES PAROLES.
58 J'apaise ta face de tout cœur, fais-moi-grâce selon ton dire !
59 Je réfléchis sur mes chemins et je ferai-venir mes pieds vers tes ordres.
60
J e me hâte et point ne tarde D'OBSERVER TES COMMANDEMENTS.
61 Les liens des méchants m'enveloppent, TA Lût je n'oublie pas.
62 Au milieu-de LA S je me lèverai pour te célébrer, pour les jugements de TA JUSTICE.
63 Compagnon je suis de tous CEUX QUITE ORAIONENT et des OBSERVANT TES PRÉCEPTES.
64 TA FHÉIIÉ, YHWH, remplit la terre, tes décrets APPRENDS-MOI.
Tet
65 Du bon tu as fait avec ton serviteur, YHWH, selon ta parole.
66 La bonté du jugement et de la science APPRENDS-MOI, CAR EN TES COMMANDEMENTS J'AI FOI.
67 Avant d'être humilié, moi je m'égarais, et maintenant ton dire J'OBSERVE.
68 Tu es bon, toi, et bienfaisant, APPRENDS-MOI tes décrets.
69 Projettent sur moi le mensonge des arrogants, moi, de ioui cœur je garde tes préceptes.
70 Est épais comme la graisse leur cœur, moi, de TA LOI je me délecte.
71 Bon pour moi d'être humilié afin D'APPRENDRE tes décrets.
72 Bonne pour moi LA LOI de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent.
Yod
73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, fais-moi comprendre et Japprendra; tes commandements.
74 TES CRAISNAÏÎT me verront et se réjouiront, CAR EN TA PAROLE J'ESPÈRE.
75 J'ai connu, YHWH, que sont JUSTES tes jugements,
et qu'avec vérité tu m'as humilié.
76 Que soit TA iiPîxili ma consolation, selon ton dire à ton serviteur !
77 Que m'advienne ta miséricorde et je vivrai, CAR <'Â LDI EST MES DÉLECTATIONS.
78 Que rougissent les arrogants, car à tort ils me maltraitent !
moi, je médite sur tes préceptes.
79 Que retournent à moi TES CFJCTANT et les connaissant tes ordres !
80 Que soit parfait mon cœur sur tes décrets afin que je ne rougisse pas.
Le psaume 119 189
Les passages extrêmes ainsi que le passage central contiennent une seule
occurrence des huit synonymes, « parole(s) », « dire », « ordres », « comman-
dements », « loi », « jugements », « préceptes » et « décrets ». Dans le second et
l'avant-dernier passage le total de huit est préservé : dans le deuxième, en effet, la
triple occurrence de « loi » compense l'absence de « ordres » et de « commande-
ments » ; et dans l'avant-dernier l'absence de «ordres» et «jugements» est
compensée par la double occurrence de « décrets » et de « loi ». Le terme qui
revient le plus souvent est donc « loi » : une fois dans les passages extrêmes et le
passage central, trois fois dans le second passage et deux fois dans l'avant-dernier
(44 ; 51.53.55 ; 61 ; 70.72 ; 77), soit huit fois.
Les demandes
Waw
41 ET QUE M'ADVIENNENT t e s fidélités, Y H W H , t o n salut SELON TON DIRE!
42 Et je répondrai à ÇUIM'IÏJSULTEune parole, car j'ai confiance en ta parole.
43 ET N'ÉLOIGNE PAS de ma bouche LA WM£ DE « totalement,
car en tes jugements j'espère.
44 Et j'observerai ta loi constamment à jamais et toujours.
45 Et je marcherai au large, car tes préceptes je recherche.
46 Et je parlerai de tes ordres en face des rois et point ne rougirai.
47 Et je me délecterai de tes commandements, lesquels j'aime.
48 Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements, lesquels j'aime
et je méditerai sur tes décrets.
Zayin
49 SOUVIENS-TOI d e IABAROE à t o n serviteur, par laquelle tu me fais espérer.
50 Cela (est) ma consolation dans MA MISÈRE, car ton dire me fait vivre.
51 DSSARROCIAMM raillent complètement, de ta loi je ne dévie pas.
52 Je me souviens de tes jugements de jamais, YHVVH, et je me console.
53 L'indignation me saisit pour LSSXÉCBMTS, les abandonnant ta loi.
54 Des hymnes sont pour moi tes décrets, dans la maison de ma résidence.
55 Je me souviens la nuit de ton nom, YHWH, et j'observerai ta loi.
56 Cela est pour moi, car tes préceptes je garde.
Het
57 M a part, Y H W H , j e le dis, d'observer tes paroles.
58 J'apaise ta face de tout cœur, FAIS-MGI-GRÂCE SELON TON DIRE !
59 Je réfléchis sur mes chemins et je ferai-venir mes pieds vers tes ordres.
60 Je me hâte et point ne tarde d'observer tes commandements.
61 Les liens des MSOEAMTS m'enveloppent, ta loi je n'oublie pas.
62 Au milieu-de la nuit je me lèverai pour te célébrer, pour les jugements de ta justice.
63 Compagnon je suis de tous ceux qui te craignent et des observant tes préceptes.
64 Ta fidélité, YHWH, remplit la terre, tes décrets APPRENDS-M.
Tet
65 Du bon tu as fait avec ton serviteur, YHVVH, selon ta parole.
66 La bonté du jugement et de la science AWRETËJS-MCN, car en TES(MWMMS j'ai foi.
67 Avant d'être HUMILIÉ, moi je m'égarais, et maintenant ton dire j'observe.
68 Tu es bon, toi, et bienfaisant, ÂPPP£HD$~MI 7 B DÉCRETS.
69 Projettent sur moi le mensonge des ARROSANTS, moi, de tout cœur je garde tes préceptes.
70 Est épais comme la graisse leur cœur, moi, de ta loi je me délecte.
71 Bon pour moi d'être HUMILIÉ afin d'apprendre tes décrets.
72 Bonne pour moi la loi de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent.
Yod
73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, M & m c a * m 0 R E & j'apprendrai ÏB ccnmBms.
74 Tes craignant me verront et se réjouiront, car en ta parole j'espère.
75 J'ai c o n n u , YHVVH, que sont justes tes jugements,
et qu'avec vérité tu m'as humilié.
76 QUE SOIT ta fidélité ma consolation, SELON TON DIRE à t o n serviteur !
77 QUE M'ADVIENNE ta miséricorde et je vivrai, car ta loi est mes délectations.
78 QUE ROUGISSENT les ARROGANTS, car à tort ILS ME MALTRAITENT !
moi, je médite sur tes préceptes.
79 QUE RETOURNENT à m o i tes c r a i g n a n t et les connaissant tes ordres !
80 QUE SOIT PARFAIT m o n c œ u r s u r T B DÉCRETS afin que je ne rougisse pas.
Le psaume 119 191
INTERPRÉTATION DE LA SOUS-SÉQUENCE
L 'humiliation
COMPOSITION DU PASSA GE
21
Traduit par « s'achever » à cause de la reprise du même verbe au verset 87 ; le psautier
liturgique le rend par « être usé », Osty par « être consumé ».
Le psaume 119 193
Les deux questions du premier segment sont corrélées : on comprend que, les
jours du suppliant étant limités, il a hâte d'être libéré. Les deux derniers seg-
ments disent ce que font les « persécuteurs » « arrogants » : ils veulent le pren-
dre au piège, en usant du « mensonge », alors que les commandements, c'est-à-
dire la « loi » à laquelle ils ne se conforment pas, sont au contraire « vérité » 22 .
La partie s'achève par un appel au secours qui fait écho à la deuxième question
du premier segment.
Les deux segments sont parallèles. À la mort que les adversaires entendaient
infliger au psalmiste (87a), s'oppose la vie qu'il demande au Seigneur (88a). Les
seconds membres répètent sa fidélité à la loi de Dieu.
22
'ëmûnâ souvent traduit par « fidélité », indique ce qui est solide, ce sur quoi on peut
s'appuyer.
194 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Dans les parties extrêmes le psalmiste expose son état d'« achèvement ». Il
joue sur les mots : au début c'est lui-même qui est à bout, « fini », tandis qu'à la
fin ce sont ses persécuteurs qui ne sont pas loin de l'achever, de l'enterrer. Dans
la partie centrale, il appelle au secours contre ses ennemis (c'est le seul endroit
où les ennemis sont mentionnés, et de manière insistante, dans chaque segment).
Le même verbe traduit par « s'achever » et « achever » est repris au début des
parties extrêmes, faisant inclusion pour le passage entier ; « fais-moi vivre » à la
fin (88a) rappelle « ton salut » du début (81a) et « secours-moi » à la fin de la
partie centrale. On remarquera les protestations de fidélité dans les seconds
membres de la dernière partie (87a. 88b) de même que dans les seconds
membres des segments extrêmes de la première partie (81b.83b), lesquelles
s'opposent à l'infidélité des « arrogants » au centre de la partie centrale (85b).
Enfin, « dans la terre » (87a) rappelle « les fosses » de 85a.
Au bord de la fosse
Quand ?
COMPOSITION DU PASSAGE
sister », en l'appliquant à « tous », c'est-à-dire aussi bien les cieux que la terre,
appelés les « serviteurs » du Seigneur 23 .
95
- M'attendent des méchants POMME FERME,
:: à tes ordres je suis attentif.
+ 9 6 À tout ACHÈVEMENT j'ai vu une fin :
+ large (est) ton commandement beaucoup !
23
Bien que le terme « fidélité » ne fasse pas partie des huit synonymes de « loi », il peut être
considéré ici comme un de ses équivalents, parce qu'il est précédé de « d'âge en âge » comme « ta
parole » est précédée de « à jamais ».
24
Ce substantif ne se retrouve pas ailleurs dans la Bible hébraïque ; pour le comprendre, il faut
le mettre en relation avec les trois occurrences du verbe de même racine dans le passage précédent,
en particulier avec la dernière : « Pour un peu ils m 'achevaient dans la terre » (87a). Ce que
corrobore le parallèle avec « perdre » du segment précédent (95a)
Le psaume 119 197
+ 8 9 À jamais, Yhwh,
+ ta parole se dresse dans les cieux ;
+ 9 0 D'âge en âge, ta fidélité ;
+ tu as établi la terre, elle subsiste ;
91
+ Sur tes jugements ils subsistent à ce jour,
+ car tous (sont) tes serviteurs.
- 95
M'attendaient des méchants POUR ME PERMHE,
:: à tes ordres je suis attentif.
+ 96 À tout ACHÈVEMENT j'ai vu une fin :
+ large ton commandement beaucoup !
La solidité du Seigneur
Le salut de Dieu
La fin de Vhumiliation
Comme la parole de celui qui l'a créé, le monde tient pour toujours. Il n'en va
pas de même pour « les méchants ». Ils voulaient « perdre » celui qui est fidèle
aux préceptes et aux ordres du Seigneur, ils entendaient en finir avec lui,
« l'achever » une bonne fois pour toutes. Mais leur fin coïncidera avec celle des
tourments infligés au psalmiste, lequel peut alors célébrer l'immense « largesse »
du commandement de Dieu, la puissance infinie de sa parole salvatrice, comme est
infiniment fidèle son pouvoir créateur.
COMPOSITION DE LA SOUS-SÉQUENCE
+ 89 ^, J A N A I B , Yhwh,
+ TA PAROLE se dresse dans les cieux ;
+ 90 P'ÂOE EN Â 3 E , TE sincérité ;
+ tu as établi la terre, ELLE SUBSISTE ;
+ 91
Sur TES JUGEMENTS ILS SUBSISTENT à ce jour,
+ car tous (sont) tes serviteurs.
::92 Si TA LOI ne m'eût délecté,
- alors J'AURAIS ÉTÉ Flllll! dans mon humiliation.
•• 93 A je n'oublierai pas TES PRÉCEPTES,
+ car par eux TU MI FAIS VIVRE.
Le premier mot, utilisé quatre fois dans la séquence — et une seule fois ail-
leurs dans le psaume (123) — est de la racine klh. Les deux premières consonnes
(la troisième est « faible ») sont celles par lesquelles commence chacun des
segments du premier et du deuxième passage, kaph et lamed.
200 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
On pourra aussi noter que « tous » (kol) revient trois fois (86a.91b.96a). Ses
deux consonnes, kl, sont les mêmes que celles du verbe klh. Ces deux mots ne
sont pas sans rapport du point de vue sémantique.
Le nom de « Yhwh » n'apparait qu'une seule fois, au début du second passage
(89a).
INTERPRÉTATION DE LA SOUS-SÉQUENCE
Quand ? Toujours !
Le psalmiste s'était trouvé affronté à la mort. Non pas la mort naturelle qui
met un terme à toute vie, mais une mort violente qui aurait abrégé ses jours. Il
était « persécuté » ; des gens infidèles à la loi de Dieu avaient décidé de le
« perdre », ils avaient creusé « des fosses » pour le mettre « en terre ». Ils
voulaient en finir avec lui, « l'achever » ; et, effectivement, il était psycholo-
giquement fini, il était à bout, son âme était « achevée ». Mais les persécuteurs
n'ont pas eu le dernier mot, bien au contraire. Le mal qu'ils avaient voulu faire
au fidèle de la Loi s'est retourné contre eux. En définitive, c'est leur projet
d'achèvement qui aura trouvé sa fin, qui n'aura pas pu se réaliser (96).
COMPOSITION DU PASSA GE
+ 98
PLUS QUE MES ENNEMIS m'assagissent tes commandements
- car à jamais ILS (sont) à moi.
+99 PLUS QUE TOUS MES MAÎTRES je suis avisé,
- car tes ordres MÉDITATION a moi.
+ 100
PLUS QUE LES VIEILLARDS je comprends,
- car tes préceptes je garde.
98
+ fm m mes ennemis m'assagissent tes commandements
- car à jamais ils sont à moi.
99
+ fmm tous mes maîtres je suis avisé,
- c a r tas ordres RUMINATION à moi.
100
+ fmm les vieillards JE COMPRENDS,
c a r x && FJKJ!C&FTE£Î je garde.
Les deux occurrences de « combien » jouent le rôle de termes initiaux pour les
morceaux extrêmes (97a. 103a) ; les deux occurrences de « tes préceptes » et de
« j e comprends » servent de termes finaux pour les deux parties (100. 104). On
notera que « plus que » (min) qui revient trois fois dans la première partie, au
début des trois segments du second morceau, est repris une fois dans la
deuxième partie (103b)25. «J'aime» et « j e hais», en même position dans les
membres extrêmes, font inclusion. Le mot sîhâ, habituellement traduit par
« méditation » (97b.99b) signifie à la fois méditation dans le cœur, mastication
dans la bouche et aussi parole adressée aux autres ; il est donc en relation avec
«palais» et «bouche» (103) et c'est pourquoi il a été rendu ici par
« rumination ».
25
« Plus que » (98a.99a. 100a. 103b), « de » (101a. 102a) et « de-par » (104a) traduisent la même
préposition min.
204 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
COMPOSITION DU PASSA GE
107
- J'AI ÉTÉ HUMILIÉ complètement, Yhwh,
: : fais-moi-vivre selon ta parois.
:: 108 Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh,
: : et tes jugements apprends-moi.
109
- MON SOUFFLE DANS MES PAUMES constamment,
: : et t a loi je m 'oublie pas.
110
- Ont donné DES MÉCHANTS un piège à moi,
:: et (loin) de tes préceptes je n 'erre pas.
Cette partie est marquée par la présence des ennemis du psalmiste, « les
méchants » qui lui ont tendu un piège » (110a), qui l'ont « humilié » (107a) ; les
premiers membres des deux morceaux semblent indiquer tous deux le danger
mortel auquel est exposé l'orant26.
Dans le premier morceau, qui comprend trois impératifs, le psalmiste prie le
Seigneur ; dans le second, toujours adressé au Seigneur, il affirme rester fidèle à
sa loi et à ses préceptes, malgré les attaques de ses ennemis (109b. 110b)27.
26
« Mettre son souffle (son âme) dans ses paumes » signifie « risquer sa vie » (Jg 12,3 ; 1S
19,5).
27
Les deux verbes négatifs de 119b et 110b sont à l'accompli ; ils peuvent être traduits soit par
des présents, comme ici, si on comprend qu'il s'agit d'un engagement, soit comme des passés, si
on comprend que c'est l'affirmation d'un fait avéré.
206 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
La ténacité
Le juste tient son souffle dans ses mains « constamment » (109) ; c'est que les
« méchants » s'acharnent sur lui, en l'humiliant « complètement » (107). Mais à
la ténacité de ceux qui lui tendent « un piège » (110), répond celle du fidèle. Il a
juré d'observer les jugements de la justice de son Seigneur et promet de tenir son
serment (106), il a tenu bon dans l'épreuve, n'oubliant pas la loi (109), ne
s'égarant pas loin de ses préceptes (110), il accomplira ses décrets « à jamais,
jusqu'au bout » (111-112).
Tout entier
Le psalmiste se déclare tout entier, corps et âme, attaché à la loi de son
Seigneur. Comme une lampe, la parole de Dieu éclaire la route sous ses
« pieds » (105). Même si son « souffle est dans ses paumes constamment », s'il
risque sa vie en permanence (108), les offrandes de sa « bouche » sont toujours
présentées au Seigneur (108). Son « cœur » enfin trouve sa joie dans les ordres
de Dieu (111), pour les « faire », comme de ses mains, «jusqu'au bout » (112).
Fils de Dieu
Les « ordres » du Seigneur sont la richesse que le psalmiste a reçue en
«héritage», qui fait toute sa joie (111). Quand, après l'humiliation qui l'a
terrassé «complètement» (107a), il demande à son Dieu de le «faire vivre»
(107b), on l'entend supplier son père de lui redonner la vie. Après quoi, il
implore ce même père de l'instruire (108b). Bien que fort discret, le thème de la
filiation divine n'en est pas moins présent et éclaire indirectement tout le
passage.
208 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
COMPOSITION DU PASSA GE
Dans les segments extrêmes les premiers membres traitent des adversaires,
« les partagés » et les « malfaisants » auxquels il s'adresse. Les verbes des
seconds segments sont à la première personne du singulier et ont comme
compléments objet les synonymes de « ta loi ». Le segment central est tout entier
consacré à Dieu ; toutefois, « asile » et « bouclier » représentent la protection
divine contre « tortueux » et « malfaisants ».
Les deux segments sont parallèles : ils commencent avec des impératifs
synonymes dont le pronom suffixe est à la même première personne du singulier
et ils s'achèvent par des verbes synonymes à la première personne du singulier.
Les seconds membres sont complémentaires : l'un regarde le passé de
« l'attente », l'autre l'avenir.
Tandis que dans le premier segment il est question de l'agir de Dieu envers les
impies, dans le dernier il s'agit de l'attitude du psalmiste envers son Seigneur.
Le segment central assure le passage du premier segment au dernier : en effet, le
premier membre rappelle le premier membre du premier segment et le second
annonce le dernier segment.
COMPOSITION DU PASSA GE
28
P. BEAUCHAMP, L 'Un et l'Autre Testament I, 272.
Le psaume 119 211
124
+ Fais avec TON SERVITEUR selon ta fidélité,
+ et tes décrets APPRENDS-MOI.
+ 1 2 5
T O N SERVITEUR, moi, FA IS-MOI COMPRENDRE,
+ et je connaîtrai tes ordres.
Le premier membre est compris de deux façons : dans son sens obvie où il
s'agit de « faire (quelque chose) pour Yhwh », ce qui semble gêner certains qui
pensent au contraire que ce n'est pas à l'homme d'agir mais à Dieu.
Commençant avec « c'est pourquoi », les deux derniers segments énoncent
une double conséquence de ce qui vient d'être dit : le psalmiste annonce ce qu'il
va « faire pour Yhwh ». L'amour de la loi se concrétise dans le rejet de ce que
servent ceux qui «violent la loi», « l ' o r » (127b) et le «mensonge» (128b).
« J'aime » et « j e hais » font inclusion pour ces deux segments.
212 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
. 124 Fais
ï-t avec TON SERVITEUR selon ta fidélité,
. et cIB'wàSvS apprend s~md.
CONTEXTE BIBLIQUE
Le mensonge
La Lettre de Jérémie est une longue diatribe contre les idoles, ces « dieux de
bois dorés et argentés », traitées plusieurs fois de « mensonge » : « Tout ce qui
se fait pour eux est mensonge ; comment alors peut-on penser que ce sont des
dieux ? » (Ba 6,44 ; voir aussi 47.50). En 2,4 Amos annonce que Juda sera châtié
« parce qu'ils ont rejeté la loi du Seigneur et ses préceptes ils n'ont pas gardés et
les ont égarés les Mensonges derrière lesquels allaient leurs pères » ; ces « men-
songes » sont les idoles qu'ils ont suivies au lieu de cheminer dans les voies de
Dieu29.
La justice
Bien que le psalmiste se soit conduit selon « la justice », qu'il l'ait « faite », il
n'en est pas moins en butte aux arrogants qui l'oppriment (121). C'est pourquoi
il appelle son Seigneur à l'aide (122), car c'est lui seul qui peut réaliser «la
justice » que lui-même ne saurait atteindre et pour laquelle ses yeux se consu-
ment (123). À la justice de l'homme répond celle de Dieu, la seule qui puisse
garantir le bien du juste et le sauver de ceux qui ne respectent ni la justice de
Dieu ni celle de son « serviteur ».
Le faire de Dieu
Après avoir mis en avant sa propre justice, le psalmiste en était arrivé à en
appeler à la justice du Seigneur pour être sauvé de ses oppresseurs. Il prend alors
conscience de sa radicale ignorance des décrets et des ordres de Dieu, et c'est
pourquoi, comme simple « serviteur », il demande avec insistance d'être instruit
par son Seigneur : c'est seulement ainsi qu'il pourra connaître sa volonté.
29
Voir Amos, 70-71.99-10.
214 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
COMPOSITION DU PASSA GE
129
+ Merveilles tes ordres ;
= c 'est pourquoi les garde MA GORGE.
Cette partie est marquée par les impératifs de deuxième personne du singu-
lier : deux dans chacun des deux premiers segments, un seul au début du dernier.
À la lumière divine qui éclaire les yeux du psalmiste (135a) pour lui appren-
dre sa loi (135b), s'opposent ses larmes (136a) parce que les impies ne
l'observent pas.
Le psaume 119 215
Corps à corps
L'intelligence que le psalmiste demande n'est pas une simple compréhension
intellectuelle ; elle est physique, corporelle, engageant tout l'être, dans sa chair.
Sa « gorge » et sa « bouche » désirent se rassasier de la parole de Dieu, la
savourer, s'en délecter (129.131). Ses «yeux», qui déversent des torrents de
larmes à cause de la douleur que lui cause l'iniquité des infidèles (133b. 136b),
plus encore que l'oppression dont il est victime (134a), réclament d'être « illu-
minés » par la parole divine (130.135). Il sait que cette lumière lui viendra de la
216 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
« face » de Dieu (135), cette face qu'il supplie le Seigneur de « tourner » vers lui
(132). Le face à face désiré est en quelque sorte le même que celui de Moïse
avec le Dieu d'Israël : « Le Seigneur parlait à Moïse face à face, comme un
homme parle à son ami » (Ex 33,11).
6. L'ENSEMBLE DE LA SÉQUENCE ( M E M - P É ; 9 7 - 1 3 6 )
COMPOSITION
103Combien est doux à mon palais ton dire, plus que le miel à ma bouche !
104 Par tûsprécûftûsM COMPRENDS, c'est pourquoi je hais TOUTE VOIE de mensonge.
Noun
105 Lampe pour MES PIEDS, ta parois, et lumière pour MON SENTIER.
106 Je jure, et je tiendrai, d'observer lesjugementsteta justice.
107 J'ai été humilié complètement, Yhwh, fais-moi vivre selon iâ parois.
108 Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh, et tesjugements APPR ENDS4101.
109 Mon souffle dans mes paumes constamment, mais ta loi je n'ai pas oublié.
110 M'ont donné des méchants UN PIÈGE, mais (hors) de tes préceptes JE N'AI PAS ERRÉ.
111 Mon héritage, tes ordres à jamais, car ils sont la joie de mon cœur.
112 J'incline mon cœur à faire tes décrets, À J A M A I S , JUSQU'AU BOUT.
Le psaume 119 217
Pé
129 Merveilles que tes ordres ! c'est pourquoi les garde ma gorge.
130 L'ouverture de ta parole illumine, FAISANT C O M P R E N D R E aux simples,
131 La bouche je dilate et j'aspire, car de tes commandements je suis avide.
132 Tourne-toi vers moi et fais-moi grâce, selon le jugement pour les aimant ton nom.
133 MES PAS affermis dans ton dire, ne laisse dominer sur moi aucune iniquité,
134 Rachète-moi de i. 'OPPRESSION de l'homme, et j'observerai tes préceptes.
135 Que ta face illumine ton serviteur et APPRENOS-MOi tes décrets,
136 Des ruisseaux font couler MES YEUX, parce qu'ils n'observent pas ta loi.
Noun
105
LAMPE pour MES PIEDS, ta parole, et LUMIÈRE p o u r MON SENTIER.
106 Je jure, et je tiendrai, d'observer les jugements de ta justice.
107
j'Ai ÉTÉ HUMILIÉ complètement, Yhwh, FAIS-MOI VIVRE selon ta parole.
108 Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh, et tes jugements APPRENDS-MOI.
109 Mon souffle dans mes paumes constamment, mais ta loi je n'ai pas oublié.
110 M'ont donné des MÉCHANTS UN PIÈGE, mais hors de tes préceptes JE N'AI PAS ERRÉ.
111 Mon héritage, tes ordres à jamais, car ils sont la joie de mon cœur.
112 J'incline mon cœur à faire tes décrets, à jamais, jusqu'au bout.
Samek
113
LIS TOiOUiii X JEHAIS et ta loi J'AIME.
114 Mon abri et mon bouclier, c'est toi, en ta parole j'espère.
115 Écartez-vous de moi, MALFAISANTS, JE GARDERAI les commandements de mon Dieu.
116 Soutiens-moi selon ton dire et JE VIVRAI, ne me fais pas rougir de mon attente.
Sois mon appui et JE SERAI SAUVÉ, et je contemplerai tes décrets constamment.
118 Tu méprises TOUS LES S'ÉGARANT de tes décrets. car sont mensonge leurs pensées.
119 Scories tu tiens tous les M&jfANTK de la terre, c'est pourquoi J'AIME tes ordres.
120 Frissonne de ta frayeur ma chair, et tes jugements je crains.
Ayin
121 J'ai fait jugement et justice, ne me laisse pas à mes OITOSSI».
122 Cautionne ton serviteur pour le bien, que ne M f M Y i pas des ARROGANTS.
123 Mes yeux se consument pour TON SALUT, et pour le dire de ta justice.
124 Fais avec ton serviteur selon ta fidélité, et tes décrets APPREND$~MOI.
125 Je suis ton serviteur, FA!S«^Ol COMPRENDRE, et JE CONNAÎTRAI tes ordres.
126 II est temps de faire pour Yhwh : ils mmr ta loi.
127 C'est pourquoi J'AIME tes commandements, plus que l'or et que l'or-pur.
128 C'est pourquoi sur tous tes préceptes JE ME DIRIGE, TOUTE VOIE de mensonge JE HAIS.
Pé
129 Merveilles que tes ordres ! c'est pourquoi les GARDE ma gorge.
130 L'ouverture de ta parole ÎLLUMINE, FAISANT COMPRENDRE a u x s i m p l e s ,
131 La bouche je dilate et j'aspire,
car de tes commandements je suis avide.
132 Tourne-toi vers moi et fais-moi grâce, selon le jugement pour LES AIMANTS ton nom.
133 MES PAS affermis dans ton dire, ne laisse dominer sur moi aucune iniquité,
134 Rachète-moi de L'OPPRESSION de l'homme, et j'observerai tes préceptes.
135 Que ta face ILLUMINE ton serviteur et APPRENDS-MOI tes décrets,
136 Des ruisseaux font couler mes yeux, parce qu'IIS wmmm m ta loi.
Le psaume 119 219
Les demandes
Mem
97 Combien j'aime ta loi ! tout le jour elle est ma rumination.
98 Plus que MES ENNEMIS m'assagissent tes commandements car à jamais ils sont à moi.
99 Plus que tous mes maîtres je suis avisé, car tes ordres sont rumination pour moi.
100 Plus que les vieillards je comprends, car tes préceptes je garde.
101 De toute voie mauvaise je retiens mes pieds, afin d'observer ta parole.
102 De tes jugements je ne m'écarte pas, car c'est toi qui m'as instruit.
103 Combien est doux à mon palais ton dire, plus que le miel à ma bouche !
104 Par tes préceptes je comprends, c'est pourquoi je hais TOUTE VOIE M MENSONGE.
Noun
105 Lampe pour mes pieds, ta parole, et lumière pour mon sentier.
106 Je jure, et je tiendrai, d'observer les jugements de ta justice.
107
J^/iJTFomiocomplètement, Y H W H , FAIS-MOI VIVRE SELON TA PAUCIB.
108 Les offrandes de ma bouche AGRÉE, Y H W H , et ÏFÊ JU6EMEN75 APRE'NP5-H0L
109 Mon souffle est dans mes paumes constamment, mais ta loi je n'ai pas oublié.
110 M'ont donné des MÉOEANTSun piège, mais hors de tes préceptes je n'ai pas erré.
111 Mon héritage, tes ordres à jamais, car ils sont la joie de mon cœur.
112 J'incline mon cœur à faire tes décrets, à jamais, jusqu'au bout.
Samek
113
LES TORTUEUX je hais et ta loi j'aime.
114 Mon abri et mon bouclier, c'est toi, en ta parole j'espère.
115
ÉCARTEZ-VOUS de moi, MALEAISMTS, je garderai MAMXMMS de M O N DIEU.
116 SOUTIENS-MOI S M N T O DIRE ET JE VIVRAI, NE ME FAIS PAS ROUGIR de m o n attente.
117
Sois mon appui et je serai sauvé, et je contemplerai MTÉCMS constamment.
118 Tu méprises tous LES s'POARiANTte tes décrets, car sont mensonge leurs pensées.
119 Scories tu tiens tous LES MÉOEANTSTEla terre, c'est pourquoi j'aime tes ordres.
120 Frissonne de ta frayeur ma chair, et tes jugements je crains.
Ayin
121 J'ai fait jugement et justice, NE ME LAISSE PAS à MES OPPRESSEURS.
122 CAUTIONNE ton serviteur pour le bien, QUE NE M'OPPRIMENT pas DESARROSANTS.
123 Mes yeux se consument pour ton salut, et pour le dire de ta justice.
124 FAIS avec ton serviteur selon ta fidélité, et TES DÉCRETS AP^£NP$~M0L
125 Je suis ton serviteur, FAS-HOICOMEWP&, et je connaîtrai TES ORDRES.
126 II est temps de faire pour YHWH : ILS VIOLENT TA LOI.
127 C'est pourquoi j'aime tes commandements, plus que l'or et quel'or-pur.
128 C'est pourquoi sur tous tes préceptes je me dirige, TOUTE VOIE DE MENSONGE^ hais.
Pé
129 Merveilles que tes ordres ! c'est pourquoi les garde ma gorge.
130 L'ouverture de ta parole illumine, faisant comprendre aux simples.
131 La bouche je dilate et j'aspire, car de tes commandements je suis avide.
132 TOURNE-TOI vers moi et FAIS-MOI GRÂCE, selon le jugement pour les aimants ton nom.
133 Mes pas AFFERMIS V M M R M . NE LAISSE DOMINER sur moi aucune INIQUITÉ.
134 RACHÈTE-MOI de I 'OPPRESSIONS l'homme, et j'observerai tes préceptes.
135 QUE TA FACE ILLUMINE ton serviteur et tmmv&m TB DÉCRETS.
136 Des ruisseaux font couler mes yeux, parce qu'ES N'OBSERVENTRAS M LOI.
Le psaume 119 221
INTERPRÉTATION DE LA SOUS-SÉQUENCE
Dès le deuxième passage, une faille se fait jour. Le voilà qui devient moins
sûr de lui. S'il jure fidélité et d'observer les commandements (106), s'il
demande au Seigneur de lui apprendre ses jugements (108), c'est que quelque
chose a changé. Il a été « humilié » complètement par des « méchants » qui lui
ont tendu un piège. Il n'a pas « erré » hors des préceptes (110), mais il prie Dieu
de le « faire vivre » selon sa parole (107). Sa belle assurance laisse maintenant la
place à une attitude plus modeste : il déclare humblement qu'il incline son cœur
à faire les décrets de la loi, « à jamais, jusqu'au bout » (112).
Après avoir repris ses déclarations initiales (97-104), d'aimer la loi et de haïr
les tortueux (113), le psalmiste s'adresse à celui qui peut le protéger, son « abri »
222 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
et son « bouclier » (114). C'est alors que, pour la première et la dernière fois, il
interpelle les « malfaisants » pour qu'ils s'éloignent de lui (115). Ce qui laisse
entendre qu'il est cerné de près et donc en grand danger. Sa prière se fait alors
particulièrement pressante, comme celle de qui est menacé de mort (116-117).
Voyant comment le Seigneur traite les «méchants» (118-119), voilà que la
frayeur le fait trembler et craindre ses jugements (120).
Comme pour la séquence précédente, les deux premiers passages et les deux
derniers se correspondent de manière parallèle : Tsadé avec Shin et Qoph avec
Taw.
COMPOSITION DU PASSA GE
141
Chétif moi et méprisé,
:: tes préceptes je n'oublie pas.
142 À JAMAIS,
Ta JUSTICE (est) JUSTICE
+ et ta loi loyauté.
30
En 137b, « droit » est au singulier et «jugement » au pluriel. Cette proposition nominale peut
être comprise de deux façons : « et droits (sont) tes jugements » ou « et tu (es) droit (en) tes
jugements ». Le parallélisme avec le premier membre fait pencher la balance vers cette dernière
interprétation.
Le psaume 119 225
Les deux morceaux sont parallèles. Dans les premiers segments le psalmiste
décrit sa misère (141a. 143a) puis proteste de son attachement à la loi (141b.
143b). De manière complémentaire les seconds segments proclament d'abord la
«justice» de Dieu qui est « à jamais». Quant aux seconds membres, par
lesquels s'achèvent les deux morceaux, ils représentent un décrochement, ou une
surprise finale : alors que 142b est une affirmation concernant Dieu et sa loi,
comme celle du membre précédent, le dernier membre est une prière, suivie de
sa conséquence escomptée. Celle-ci s'oppose à l'état dans lequel se trouve le
psalmiste, tel qu'il est énoncé dans les premiers membres de chaque morceau.
Comme l'indiquent les membres initiaux (137a. 141a), les deux parties sont
complémentaires : alors que « Yhwh » est proclamé « juste », le psalmiste se
reconnaît « chétif et méprisé ». Dans la première partie le premier morceau est
consacré à la justice de Dieu et le second à la situation du psalmiste ; ces deux
éléments sont distribués différemment dans la seconde partie : en effet ce sont
les premiers segments où le psalmiste se présente dans sa pauvreté (141a. 143a)
et les seconds qui énoncent la justice de Dieu (142.144). À «juste » et «justice »
en position symétrique dans le premier morceau de la première partie (137a.
138a) répondent les trois occurrences de «justice » dans la deuxième partie, au
226 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
+ 137 r|
TOI, Yhwh,
+ et droit en tes jugements.
CONTEXTE BIBLIQUE
Ps 69,10
Le verset 139 :
M'anéantit mon zèle
car ils oublient tes paroles mes adversaires
rappelle Ps 69,10:
Car le zèle de ta maison me dévore,
et les insultes de tes insulteurs tombe sur moi.
Le psaume 119 227
Le premier membre de ce verset est cité en Jn 2,17. Quand Jésus chasse les
vendeurs du temple, l'évangéliste commente : « Ses disciples se rappelèrent
qu'il est écrit : "Le zèle de ta maison me dévore" ».
La justice de Dieu
La détresse du juste
Celui qui s'attache à la loi de Dieu se trouve en butte à ceux qui l'oublient
(139), qui ainsi deviennent non seulement ennemis de Dieu puisqu'ils n'ob-
servent pas sa loi, mais aussi « adversaires » du juste dont « le zèle » représente
pour eux un reproche vivant de leur inconduite. Bien qu'il soit « méprisé » par
eux et « chétif », le juste proteste de son attachement aux « préceptes » du
Seigneur (141) ; et ce n'est pas « la détresse et l'angoisse » qui l'empêcheront de
se délecter de ses « commandements » (143).
« Fais-moi comprendre »
COMPOSITION DU PASSA GE
Les deux segments du premier morceau qui commencent par le même verbe
sont tout à fait parallèles entre eux ; et il en va de même pour le second morceau.
Les deux morceaux à leur tour sont parallèles entre eux ; «j'implore » (147a)
rappelle les deux «j'appelle » du premier morceau (145a. 146a).
149
Ma voix entends selon ta fidélité
+ YHWH, selon tes jugements fais-moi vivre.
-150 ïkâppmùàmi mes persécuteurs infâmes,
- de ta loi ils s'éloignent.
151
Proche, toi, YHWH,
+ et tous tes commandements sont loyauté.
152
+ De longtemps je sais de tes ordres
+ qu'à jamais tu les as fondés.
147
- Je devance l'aube et j'implore,
:: e n t a parole j'espère.
- 148 Devancent mes yeux les veilles
: : pour méditer sur ton dire.
Les premiers morceaux sont marqués chacun par deux impératifs qui se
correspondent en parallèle: «réponds-moi» et «sauve-moi» (145-146),
« entends » et « fais-moi vivre » (149). Les deux occurrences de « tes ordres »
marquent la fin des morceaux extrêmes.
Danger de mort
La présence de Dieu
Les persécuteurs sont présents, menaçants, de plus en plus proches, mais c'est
de Dieu et de sa loi que parle pratiquement tout le passage. C'est à lui et à lui
seul que le psalmiste s'adresse. Même dans le verset où sont nommés les
persécuteurs, la « loi » du Seigneur aussi est mentionnée : tout est considéré en
230 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
La loi est ce qu'il partage avec son Dieu. C'est « selon sa fidélité » et « selon
ses jugements » que son sauveur le fera vivre (149). Quant au psalmiste, il ne
cesse de proclamer sa propre fidélité aux « décrets » et aux « ordres » divins,
« parole » dans laquelle il « espère » et qu'il « médite » au long des nuits,
répétant au point de la faire sienne.
3 . « FAIS-MOT VIVRE ! » ( R E S H : 1 5 3 - 1 6 0 )
COMPOSITION DU PASSA GE
156
+ Ta miséricorde est nombreuse, YHWH,
• SELON TES jugements FAIS-MOI VIVRE.
157
- Nombreux mes persécuteurs et mes adversaires,
:: de tes ordres j e ne dévie pas.
- 158 J'AI VU des traîtres et suis dégoûté,
- lesquels TON DIRE Us ^observent pas.
159
+ VOIS combien tes préceptes j'aime,
• YHWH, SELON TA f i d é l i t é FAIS-MOI VIVRE.
+ 160 Le principe de ta parole est loyauté,
+ et à jamais tout jugement de ta justice.
Les parties extrêmes commencent par le même impératif ; mais tandis que
dans la première le psalmiste demande au Seigneur de « voir » le mal qu'il subit
de la part des « méchants », dans la dernière ces derniers sont absents et il est
tout entier attaché à la loi. Le verbe « voir » revient à la fin de la partie centrale :
ce qu'il a vu, ce sont ses ennemis qui sont de nouveau présents dans les deux
derniers segments de la seconde partie : ce sont ceux qui se moquent de la loi du
Seigneur, en termes finaux des deux premières parties (155b. 158b), alors que le
psalmiste affirme par deux fois sa fidélité dans des termes semblables (153b.
157b).
Dans chacune des trois parties revient J'impératif «fais-moi vivre» (154b.
156b. 159b), en position symétrique les deux dernières fois, et précédé d'un
complément introduit par « selon ».
CONTEXTE BIBLIQUE
Le décalogue
Les deux tables de la Loi règlent les rapports de l'homme avec son Dieu et
avec son prochain.
Dieu et le prochain
On pourrait imaginer que ceux qui se moquent de la loi de Dieu et ceux qui
l'observent forment deux groupes séparés qui n'ont aucun rapport entre eux. Or
il n'en est rien : le juste est humilié et persécuté par les méchants. Non seule-
ment ils ne « recherchent » ni n'« observent » les décrets du Seigneur, mais ils
s'attaquent aussi à celui qui « n'oublie pas » sa loi et « ne dévie pas » de ses
ordres. Les dix paroles règlent ensemble les relations de l'homme aussi bien
avec Dieu et qu'avec les autres hommes : qui ne respecte pas Dieu ne peut que
mépriser son prochain.
« Fais-moi vivre »
Si, par trois fois, le psalmiste s'écrie « fais-moi vivre », c'est qu'il est menacé
de mort. Assigné au tribunal, seul Dieu peut le défendre contre les menées de ses
ennemis (154). Malgré l'humiliation et la persécution, le psalmiste est convaincu
que la « miséricorde » du Seigneur est plus « nombreuse » que ses persécuteurs
(156-157) et qu'il peut le libérer de leurs menées. C'est pourquoi le passage
s'achève dans la confiance en la « fidélité » et la « loyauté » de Dieu, qui ne
laisse plus de place à ses ennemis, parce qu'elle est reconnue être depuis
toujours et à jamais.
31
VoirLwc, 693-699.
234 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Ce n'est pas devant ses persécuteurs que le psalmiste « tremble », mais aux
« paroles » de Dieu (161-162). La joie causée par le « dire » du Seigneur est
comparée à celle du vainqueur qui recueille le butin (162). Les deux segments
du premier morceau semblent construits de manière spéculaire : encadrés par
« tes paroles » et « ton dire », les membres centraux disent l'attachement du
psalmiste à la loi du Seigneur ; le dernier membre répond au premier, comme si
l'orant était assuré de sa victoire sur ses persécuteurs qu'il dépouillera dans la
joie.
Le second morceau est parallèle au premier. Dans les premiers membres « le
mensonge », qui semble bien être celui des persécuteurs, renvoie à « sans
raison» (163a. 16la); les deuxièmes membres sont synonymes. Dans les
seconds segments, « j e te loue » correspond à « me réjouissant » et « pour les
jugements » à « pour ton dire ».
Les persécuteurs n'apparaissent que dans les premiers membres des deux
morceaux de la première partie (16la. 163a). Dans le premier morceau de la
deuxième partie le « salut » que le psalmiste « espère » est la délivrance de ses
persécuteurs ; ce « salut » est la « paix » et l'absence de « trébuchement » du
segment précédent.
« A i m e r » de 163b revient deux fois dans la deuxième partie (165a. 167b).
« Nombreuse » au début de la deuxième partie reprend « nombreux » à la fin du
premier morceau. « Ta loi » revient au début des morceaux intermédiaires (163b.
165a). Enfin, « sept fois » à la fin de la première partie (164a) de même que
« complètement » et « toutes mes voies » à la fin de la deuxième (167b. 168b)
expriment la même idée de totalité.
236 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Confiance et louange
COMPOSITION DU PASSA GE
169
+ APPROCHE mon cri devant toi, Yhwh,
= selon ta parole FAIS-MOI COMPRENDRE.
170
+ VIENNE ma supplication devant toi,
= selon TON DIES délivre-moi.
Les deux segments du premier morceau sont tout à fait parallèles. Les seconds
membres sont complémentaires : le psalmiste commence par demander la
sagesse, puis il implore la délivrance.
Le psaume 119 237
= 173
SOIT ta main POUR MON SECOURS,
- car tes préceptes j'ai choisi.
+ 1 7 4 JE DÉSIRE ton salut, Yhwh,
..et ta loi (est) nies u6i€ct3yoiis.
Les deux segments du premier morceau sont parallèles. Les premiers mem-
bres demandent le « secours » et le « salut » de Dieu, les seconds membres en
donnent comme raison le fait que l'orant aime la loi et ses préceptes.
Dans le deuxième morceau domine la supplication qui s'exprime dans les
deux membres du premier segment et les deux premiers membres du second
segment. Introduit par « car », le dernier membre en revanche donne la raison
des requêtes précédentes.
Les deux morceaux sont parallèles. Ils commencent par deux jussifs fort
semblables en hébreu ( f h î et fhî), suivis de deux parties du corps (surtout si l'on
traduisait le second par « ma gorge »). Dans les premiers segments, « me
secourent » renvoie à « pour mon secours ». Les seconds membres des deux
segments du premier morceau ainsi que le dernier membre du deuxième
morceau expriment tous la raison de la prière.
238 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
La part de l'homme
COMPOSITION DE LA SOUS-SÉQUENCE
Qoph
145 J'appelle de tout cœur, réponds-moi, YHWH, tes décrets je garderai.
146 Je t'appelle, sauve-moi, et j'observerai TES O R D R E S .
147 Je devance l'aube et j'implore, en TA PAROLE j'espère.
148 Devancent mes yeux les veilles pour méditer sur * X " !.
149 Ma voix entends selon ta fidélité, YHWH, selon rc~ fais-moi vivre.
150 Ils approchent mes persécuteurs infâmes, de TA LOI ils s'éloignent.
151 Tu es proche, toi, Y H W H , et tous 'HiSflniMUOiwvis sont loyauté.
152 À l'avance je sais de TES O R D R E S qu'/i jamais tu les as fondés.
Dans les premières parties, les quatre termes communs reviennent dans le
même ordre : « Yhwh », « tes ordres », « tes paroles/ta parole », « ton dire ».
De même dans les deuxièmes parties quatre termes reviennent dans le même
ordre : « ta loi », « tes commandements », « tes ordres », « à jamais » (« à
jamais» apparaissait déjà en 142). «Loyauté» et « j e vivrai»/ «fais-moi
vivre » se trouvent en ordre inverse, à la fin des seconds segments de chacun des
deux morceaux dans la deuxième partie du premier passage (142.144) ; et, en
revanche, à la fin des premiers membres de chacun des deux morceaux de la
deuxième partie du second passage (149.151).
Le psaume 119 241
Shin
161 Des chefs me persécutent sans raison, mais de TES PAROLES tremble mon cœur.
162 Je me réjouis, moi, à cause de comme qui trouve un butin nombreux.
163 Le mensonge je hais et j'exècre, c'est TA LOI que j'aime.
164 Sept fois le jour, JE TE LOUE à cause des jugemefits de TA JUSTICE.
165 Paix nombreuse pour les aimant TA LOI, rien ne les fait trébucher.
166
J'espère TON SALUT, YHWH, et 1IN i « f mmrns je pratique.
167 Observe MON ÂME tes ordres, et je les aime complètement.
168 J'observe tes préceptes et tes ordres, car toutes mes voies sont en face de toi.
Taw
169 Approche mon cri devant toi, Yhwh, selon TA PAROLE fais-moi comprendre.
170 Vienne ma supplication devant toi, selon délivre-moi.
171 Profèrent mes lèvres TA LOUANGE, car tu m'apprends tes décrets.
172 Chante ma langue car tous m m m m m w sont JUSTICE.
173 Me soit ta main secourable, car tes préceptes j'ai choisi.
174
J e désire TON SALUT, YHWH, et TA LOI me délecte.
175 Que vive MON ÂME ET TE LOUE, et que tes jugements me secourent !
176 J'erre comme brebis perdue : cherche ton serviteur
car m (mmmmmïs je n'oublie pas.
Tsadé
137
JUSTE tu es, toi, Yhwh, et droit en tes jugements.
138 Tu as commandé LA JUSTICE de tes ordres et la sincérité complètement.
139 M'anéantit mon zèle, car ils oublient TES PAROLES mes adversaires.
140 Purifié, f , complètement, et' 1 \V< ' L ' A I M E .
141 Je suis chétif moi et méprisé, tes préceptes JE N'OUBLIE PAS.
142
TA JUSTICE est JUSTICE à jamais, et ta loi loyauté.
143 La détresse et l'angoisse m'ont atteint, tes commandements (sont) mes délectations.
144
JUSTICE tes ordres à jamais, FAIS-MCI COMPRENDRE ET JE V I V R A I .
Qoph
145 J'appelle de tout cœur, réponds-moi, Yhwh, tes décrets je garderai.
146 Je t'appelle, SAUVE-MOI, et f observerai tes ordres.
147 Je devance l'aube et j'implore, en TA PAROLE j'espère.
148 Devancent mes yeux les veilles pour méditer sur
149 Entends ma voix selon ta fidélité, Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE.
150
Ils approchent MES PERSÉCUTEURS infâmes, de ta loi ils s'éloignent.
151
Tu es proche, toi, Yhwh, et tous tes commandements sont loyauté.
152 De longtemps je sais de tes ordres qu'à jamais tu les as fondés.
[153-160]
Shin
161 Des chefs ME PERSÉCUTENT sans raison, mais à TES PAROLES tremble mon cœur.
162 Je me réjouis, moi, pour comme celui qui trouve un butin nombreux.
163 Le mensonge je hais et j'exècre, c'est ta loi que J'AIME.
164 Sept fois le jour je te loue pour les jugements de TA JUSTICE.
165 Paix nombreuse pour les AIMANT ta loi, rien ne les fait trébucher.
166 J'espère TON SALUT, Yhwh, et tes commandements, je les pratique.
167 Mon âme absente tes ordres et je les AIME complètement.
168 J'observe tes préceptes et tes ordres, car toutes mes voies sont en face de toi.
Taw
169 Qu'approche mon cri devant toi, Yhwh, selon TA PAROLE FAIS-MCI COMPRENDRE.
170 Que vienne ma supplication devant toi, selon 1 délivre-moi.
171 Que profèrent mes lèvres ta louange, car tu m'apprends tes décrets.
172 Que chante ma langue TOIID! : B, car tous tes commandements sont JUSTICE.
173 Me soit ta main secourable, car tes préceptes j'ai choisi.
174 Je désire TON SALUT, Yhwh, et ta loi (est) mes délectations.
175 QUE VIVE mon âme et qu'elle te loue, et que tes jugements me secourent !
176 J'errë comme brebis perdue : cherche M MMM\ car tes c o m m a n d e m e n t s JE N'OUBLIE PAS.
Le psaume 119 243
- « Justice », qui revient quatre fois dans le premier passage (à quoi il faut
ajouter « juste »), est repris une fois dans chacun des deux derniers passages.
- « Tes paroles » et « ton dire » qui le suit reviennent dans les troisièmes et
quatrièmes segments des deux premiers passages (139-140.147-148) ainsi que
dans les deux premiers segments des deux derniers passages (161-162. 169-170).
- « Tes ordres » revient deux fois dans les deux premiers passages (138-144),
deux fois aussi dans l'avant-dernier (167-168) et ne reparait pas dans le dernier
passage.
- « Je n'oublie pas » et « fais-moi comprendre », qui cooccurrent dans les
passages extrêmes (141.144 et 169.176), peuvent être considérés comme jouant
le rôle de termes extrêmes ; il en va de même pour les deux occurrences de « ton
serviteur » (140.176).
- « S a u v e r » / «salut» reviennent dans le deuxième passage (146) et dans
chacun des deux derniers passages, en même position (166.174).
- « Approcher » et « proche » se trouvent à la fin du second passage (150.151) et
au début du dernier (169).
- « Mes persécuteurs » remplissent la fonction de termes médians à distance
(150.161).
- « Que vive » à la fin du dernier passage (175) fait écho à « j e vivrai » dans le
premier passage (144) et à « fais-moi vivre » dans le deuxième (149).
- « Aimer », dont le sujet est toujours le psalmiste, revient une fois dans le
premier passage (140) et trois fois dans l'avant-dernier (163.165.167).
- « Mes délectations » est repris à la fin des passages extrêmes (143.174).
244 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Tsadé
137
JUSTE tu es, toi, Yhwh, et droit en tes jugements.
138 Tu as commandé LA JUSTICE de tes ordres et la sincérité complètement.
139 M'anéantit mon zèle, car iL-> tes paroles MIS ADVERSAIRES.
140 Purifié, ton dire, complètement, et ton serviteur i / A I M E .
141
142
Je suis chétif moi et méprisé, tes préceptes JE N 0u8 RAS.
TA JUSTICE est JUSTICE à jamais, et ta loi loyauté.
143
144
Lâ détresseet l'angoisse m'ont atteint, tes commandements (sont) mes délectations.
JUSTICE tes ordres à jamais, fais-moi comprendre ET JE VIVRAI.
Qoph
145 J'appelle de tout cœur, réponds-moi, Yhwh, tes décrets je garderai.
146 Je t'appelle, sauve-moi, et j'ofiSEiivtHAi tes ordres.
147 Je devance l'aube et j'implore, en ta parole j'espère.
148 Devancent mes yeux les veilles pour méditer sur ton dire.
149 Entends ma voix SELON TA FIDÉLITÉ, Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE.
150 Ils approchent M PERSÉCUTEURS infâmes, de ta loi ils s'éloignent.
151 Tu es proche, toi, Yhwh, et tous tes commandements sont loyauté.
152 De longtemps je sais de tes ordres qu'à jamais tu les as fondés.
Resh
153 Vois mon humiliâiion et délivre-moi, car ta loi JE N'OUBLIE PAS.
164 Défends ma eâusezi venge-moi, pour ton dire FAIS-MOI VIVRE.
155 Loin des méchants, le salut, car tes décrets .\
156 Ta miséricorde est nombreuse, Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE.
157 Nombreux MES PERSÉCUTEURS EX MES ADVERSAIRES,de tes ordres je ne dévie pas.
158 J'ai vu des traîtres et suis dégoûté, lesquels ton dire II^'OCTYIINTPAS.
159 Vois combien tes préceptes J'AI MB, Yhwh, SELON TA FIDÉLITÉ FAIS-MOI VIVRE.
160 Le principe de ta parole est loyauté, et à jamais tout jugement de TA JUSTICE.
Shin
161
Des chefs MEPERBEOUTENTsans raison, mais à tes paroles tremble mon cœur.
162 Je me réjouis, moi, pour ton dire, comme celui qui trouve un butin nombreux.
163 Le mensonge je hais et j'exècre, c'est ta loi que i'AIME.
164 Sept fois le jour je te loue pour les jugements de TA JUSTICE.
165 Paix nombreuse pour les AIM ANT ta loi, rien ne les fait trébucher.
166 J'espère ton salut, Yhwh, et tes commandements, je les pratique.
167
168
Mon âme msim- tes ordres et je les AIME complètement.
J'ÎMU; tes préceptes et tes ordres, car toutes mes voies sont en face de toi.
Taw
169 Qu'approche mon SR/devant toi, Yhwh, selon ta parole fais-moi comprendre.
170 Que vienne ma supplication devant toi, selon ton dire délivre-moi.
171 Que profèrent mes lèvres ta louange, car tu m'apprends tes décrets.
172 Que chante ma langue ton dire, car tous tes commandements sont JUSTICE.
173 Me soit ta main secourable, car tes préceptes j'ai choisi.
174 Je désire ton salut, Yhwh, et ta loi (est) mes délectations.
175 QUE VIVE mon âme et qu'elle te loue, et que tes jugements me secourent !
176 J'erre comme brebis perdue : cherche ton serviteur car tes commandements JE N'OUBLIE RAS.
Le psaume 119 245
32
Huit fois dans cette dernière sous-séquence, contre deux fois dans les deux premières et trois
fois dans l'avant-dernière.
246 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Les demandes
Tsadé
137 Juste tu es, toi, YHWH, et droit en tes jugements.
138 Tu as commandé la justice de tes ordres et la sincérité complètement.
139 M'anéantit mon zèle, car ils oublient TESRAROLÊS MESADVERSAIRES.
140 Purifié, ton dire, complètement, et ton serviteur l'aime.
141 Je suis chétif moi et MÉPRISÉ, tes préceptes je n'oublie pas.
142 Ta justice est justice à jamais, et ta loi loyauté.
143 La détresse et l'angoisse m'ont atteint, tes commandements (sont) mes délectations.
144 Justice à jamais, MSMCOHPMDM^ JE VIVRAI.
Qoph
145 J'appelle de tout cœur, RÉPONDS-MOI, YHWH, TESPÉCRETS je garderai.
146 Je t'appelle, SAUVE-MOI, et j'observerai ORDRES.
147 Je devance l'aube et j'implore, en ta parole j'espère.
148 Devancent mes yeux les veilles pour méditer sur ton dire.
149
ENTENDS ma voix selon ta fidélité, YHWH, selon iBJUSEMara FAIS-MOI VIVRE.
150 Ils approchent MES PERSÉCUTEURS infâmes, de ta loi ils s'éloignent.
151 Tu es proche, toi, YHWH, et tous tes commandements sont loyauté.
152 De longtemps je sais de tes ordres qu'à jamais tu les as fondés.
Resh
153
154
Vois mon HUMILIATIONSt DÉLIVRE-MOI, car TAïC! je n'oublie pas.
DÉFENDS ma cause et VENGE-MOI, FOUS TON DÎR£ FAIS-MOI VIVRE.
155 Loin des MÉCHANTS, le salut, car tes décrets ils ne recherchent pas.
156 Ta miséricorde est nombreuse, YHWH,
SELON TES jugements FAIS-MOI VIVRE.
157 Nombreux MEC PERSÉCUTEURS et MESAEI^RSAIRES,
de tes ordres je ne dévie pas.
158 J'ai vu des TPAJMECET suis dégoûté, lesquels ton dire ils n'observent pas.
159 Vois combien t b p r é b ^ s j'aime, YHWH, SELON TA WÈM FAIS-MOI VIVRE.
160 Le principe de ta parole est loyauté, et à jamais tout jugement de ta justice.
Shin
161
DES CHEFS me PERSÉCUTENT SANS raison, mais à tes paroles tremble mon cœur.
162 Je me réjouis, moi, pour ton dire, comme celui qui trouve un butin nombreux.
163 Le mensonge je hais et j'exècre, c'est ta loi que j'aime.
164 Sept fois le jour je te loue pour les jugements de ta justice.
165 Paix nombreuse pour les aimant ta loi, rien ne les fait trébucher.
166 J'espère ton salut, YHWH, et tes commandements, je les pratique.
167 Mon âme observe tes ordres et je les aime complètement.
168 J'observe tes préceptes et tes ordres, car toutes mes voies sont en face de toi.
Taw
169
170
QU'APPROCHE mon cri devant toi, YHWH, SELON TABFC&JLE FA&WI WF1?WMM.
171
QUE VIENNE ma supplication devant toi, SELON TON PPT; DÉLIVRE-MOI.
QUE PROFÈRENT mes lèvres ta louange, car tu m'apprends tes décrets.
172
173
Q U E CHANTE ma langue TON DIRE, car tous tes commandements sont justice.
ME SOIT ta main secourable, car M ^CERTES j'ai choisi.
174 Je désire ton salut, YHWH, et ta loi (est) mes délectations.
175
QUE VIVE mon âme et qu'elle TE LOUE, et que TES JUGEMENTS ME SECOURENT !
176 J'erre comme brebis perdue : cherche ton serviteur car tes commandements je n'oublie pas.
Le psaume 119 247
Les adversaires
La justice du Seigneur
Le premier mot, « juste », donne le ton, les termes de même racine étant repris
tout au long de la sous-séquence. La justice de Dieu et de sa loi est accompagnée
d'une série de qualités qui en font briller les diverses facettes : droiture (137),
«sincérité» (138), «loyauté» (142.151.160), «fidélité» (149.159), «miséri-
corde » (156). La justice divine se manifeste dans ses commandements (172) et
248 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
La fidélité du psalmiste
La supplication et la louange
F. L'ensemble du psaume
Avec qui marche dans tes chemins, instruis-moi de tes décrets 1-40
1. COMPOSITION
Aleph
1
Heureux les parfaits de CHEMIN, les MARCHANT dans LA LOI de Yhwh !
2
Heureux les gardant ses témoignages, de tout cœur ils le recherchent.
3
Ils n'ont jamais commis d'iniquité, dans ses CHEMINS ils MARCHENT !
4
Toi, tu as ordonné tes préceptes, pour qu'on les observe complètement.
5
Si seulement étaient établis mes CHEMINS pour que j'observe tes décrets !
6
Alors je ne rougirai pas en regardant vers tous tes commandements.
7
Je te célébrerai en droiture de cœur, mm mm LES JUGEMENTS de ta justice.
8
Tes décrets j'observerai, ne m'ABANDONNE pas complètement.
Bet
9 Par quoi purifiera le jeune sa VOIE pour observer selon TA PAROLE ?
10
De tout mon cœur je te recherche, ne M'ÉGARE pas de tes commandements.
11 Dans mon cœur j'abrite ton dire afin de ne pas pécher contre toi.
12Béni sois-tu, Yhwh, APPRBCSHOi TES DÉCRETS !
13
De mes lèvres j'expose tous les jugements de ta bouche.
14 Dans le CHEMIN de tes ordres JE ME REJOUIS comme de tout bien.
15Sur tes préceptes je méditerai et je regarderai tes VOIES.
16 En TES DÉCRETS je me délecte,
- Termes initiaux
« ta loi » pour les premiers passages (1.97) ;
« ta parole » pour les deuxièmes passages (9.105).
- Termes finaux
« tes décrets » (16.112).
- « Cœur » revient six fois (2.7.10.11 ; 111.112).
Guimel
17
Fais-du-bien à ton serviteur ET JE VIVRAI et j'observerai ta parole.
18
Ouvre mes yeux et je regarderai les merveilles de ta loi.
19
Un résident moi sur la terre, ne cache pas de moi tes commandements.
20
Est broyée mon âme d'amour pour tes jugements en tout temps.
21
Tu menaces l E ARMiiAM'S maudits, LES S'ÉGARANT loin de tes commandements.
22
Ouvre de sur moi LflPPRûBIŒ et iïfflMS, car tes ordres je les garde.
23
Que siègent M S I ® , qu'ils parlent contre moi, ton serviteur médite sur tes décrets.
24
Que tes ordres soient mes délectations, (tes préceptes), mes conseillers.
Mem
97
Combien j'aime TA LOI ! tout le jour elle est ma rumination.
98
Plus que mes ennemis m'assagissent tes commandements car à jamais ils sont à moi.
99
Plus que tous mes maîtres je suis avisé, car tes ordres sont rumination pour moi.
100
Plus que les vieillards je comprends, car tes préceptes je garde.
101
De TOUTE VOIE mauvaise je retiens MES PIEDS afin d'observer ta parole.
102
De TES JUGEMENTS \e ne M'ÉCARTE PAS, car c'est toi qui ifAS INSTRUIT.
103
Combien est doux à mon palais ton dire, plus que le miel à ma bouche !
104
Par tes préceptes je comprends, c'est pourquoi je hais TOUTE VOIE de mensonge,
Noun
105
Lampe pour MES PIEDS, TA PAROLE, et lumière pour MON SENTIER.
106
Je jure, et je tiendrai, d'observer les jugements de ta justice.
107
J'ai été humilié complètement, Yhwh, fais-moi vivre selon ta j a rôle.
108
Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh, et ÏESJVGEMENVIWPRËHBS-MOL
109
Mon souffle dans mes paumes constamment, mais ta loi MÏÏ'AÏPASOÏÏBLÉ.
110
M'ont donné des méchants UN PIÈGE, mais hors de tes préceptes JE N'AI PAS ERRÉ.
111
Mon héritage, tes ordres à jamais, car ils sont LA JOE de mon cœur.
112
J'incline mon cœur à faire TES DÉCRETS, à jamais, jusqu'au bout.
- En position symétrique dans les premiers passages : « ayant appris les juge-
ments » (7) et « tes jugements [...] m ' a instruit » (102).
- En position symétrique dans les seconds passages : « apprends-moi tes
décrets » (12) et « tes jugements apprends-moi » (108).
- D e n s i t é du champ sémantique du chemin (1.3.5.8.9.10.14.15; 101.102.104.
105.110).
- D a n s les seconds passages reviennent « n e pas oublier» (16.109); « j e me
réjouis » (14) annonce « la joie »(11).
Samek
11
HETO!DIPXje hais et ta loi j'aime.
114
Mon abri et mon bouclier, c'est toi, en ta parole j'espère.
115
Écartez-vous de moi, MHW/S, je garderai les commandements de mon Dieu.
116
Soutiens-moi selon ton dire ET JE VIVRAI, ne me fais pas rougir de mon attente.
117
Sois mon appui et je serai sauvé, et je contemplerai tes décrets constamment.
118
wMÏWÏS tous LES s'ÉGARANT 6e tes décrets, car sont mensonge leurs pensées.
119
Scories tu tiens tous m MANTS de la terre, c'est pourquoi j'aime tes ordres.
120
Frissonne de ta frayeur ma chair, et tes jugements je crains.
- Alors que les deux premiers passages ne comportaient aucune requête, les
passages centraux en contiennent plusieurs (17.18.19.22.23.24; 116 bis.117).
Noter que les deux seules requêtes affectées de la négation se trouvent dans les
seconds membres (19 ; 119).
252 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Dalet
25
A collé à la poussièm mon âme, fais-moi vivre selon ta parole.
26
Mes CHEMINS j'ai exposé et tu m'as répondu, AMMOS-M TES DÉCRETS.
27
Le CHEMIN de tes préceptes MS-MO'IWMMFMT et je méditerai sur tes merveilles.
28
A pleuré mon âme d'affliction, relève-moi selon ta parole.
29
Le CHEMIN de mensonge de m , et de ta loi fais-moNa-grâce.
30
Le CHEMIN de vérité j'ai choisi, sur tes jugements je me suis aligné.
31
Je me suis collé à tes ordres, Yhwh, ne ME ÍBIS D3$ rougir.
32
Dans le CHEMIN de tes commandements JE COURRAI, car tu élargis mon cœur.
HC
33
mmsm, Yhwh, le CHEMIN D E TES DÈCTLETS, et je le garderai jusqu'au bout.
34
FAf3~mo?rfmm£et je garderai ta loi, et l'observerai de tout mon cœur.
35
AcHEMiNE-moi au SENTIER de tes commandements, car en eux je me plais.
36
incline mon cœur vers tes ordres, et non pas vers le gain.
37
Détourne mes yeux de voir la vanité, dans tes CHEMINS fais-moi vivre.
38
Fais-lever pour ton serviteur ton dire, lequel est pour tes craignant.
39
Détourne mon opprobre que je redoute, car tes jugements sont bienfaisants.
40
Voici ; je désire tes préceptes, dans ta justice fais-moi vivre.
- Dans les premiers passages, en deux segments contigus et dans le même ordre,
à « apprends-moi tes décrets » et « fais-moi connaître » (26-27) correspondent
« tes décrets apprends-moi » et « fais-moi comprendre » (124-125).
- L e s mêmes éléments se retrouvent aussi dans les seconds passages, en
contiguïté l'un (23-24), à distance et en ordre inverse dans l'autre (130.135).
- L e s ennemis du psalmiste et de Dieu sont présents surtout à la fin de la
quatrième sous-séquence (121.122.128.134.136), mais ne sont pas absents des
passages finaux de la première sous-séquence (25.28.39)
Le psaume 119 253
Ayin
121
J'ai fait jugement et justice, ne m e laisse pas à mes wmmm.
122
Cautionne ton serviteur pour le bien, que ne wmmms pas des AMOGM rs.
123
Mes yeux s'achèvent pour ton salut, et pour le dire de ta justice.
124
Fais avec ton serviteur selon ta fidélité, et ï i i s DÉCRU: I S APPPmOB-hOL
125
Je suis ton serviteur, fAï3~MC1 CûfimNm, et je connaîtrai tes ordres.
126
II est temps de faire pour Yhwh : ils vîokrïî ta loi.
127
C'est pourquoi j'aime tes commandements, plus que l'or et que l'or-pur.
128
C'est pourquoi sur tous tes préceptes JE ME DIRIGE, TOUTE VOIE de mensonge je hais.
Pé
129
Merveilles que tes ordres ! c'est pourquoi les garde ma gorge.
130
L'ouverture de ta parole illumine, mSAt{fCOm<BNDmrn\ simples.
131
La bouche je dilate et j'aspire, car de tes commandements je suis avide.
132
Tourne-toi vers moi et fais-moi grâce, selon le jugement pour les aimants ton nom.
133
MES PAS affermis dans ton dire, ne laisse dominer sur moi aucune iniquité.
134
Rachète-moi de L/OMIIMSÛ^ de l'homme, et j'observerai tes préceptes.
135
Que ta face illumine ton serviteur et APPS3ENDS-M0I IBS DÉCRETS.
136
Des ruisseaux font couler mes yeux, parce qu'ils VOMYI-AI PIS ta loi.
Bet 9 Par quoi purifiera le jeune sa VOIE pour observer selon ta parole ?
10
De tout mon cœur je te recherche, ne M'ÉGARE pas de tes commandements.
11
Dans mon cœur j'abrite ton dire afin de ne pas pécher contre toi.
12
Béni sois-tu, Yhwh, am A- nd -rm : tes décrets !
13
De mes lèvres j'expose tous les jugements de ta bouche.
14
Dans le CHEMIN de tes ordres je me réjouis comme de tout bien.
15
Sur tes préceptes je méditerai et je regarderai tes VOIES.
16
En tes décrets je me délecte, je n'oublie pas ta parole.
Noun 105 Lampe pour MES PIEDS, ta parole, et lumière pour MON SENTIER.
106
Je jure, et je tiendrai, d'observer les jugements de ta justice.
107
j'Ai ÉTÉ HUMILIÉ complètement, Yhwh, F A I S - M O I VIVRE selon ta parole.
108
Les offrandes de ma bouche agrée, Yhwh, et tes iuqements Dorerm-moi.
109
Mon souffle dans mes paumes constamment, mais ta loi je n'ai pas oublié.
110
M'ont donné des MÉflÀNTS UN PIÈGE, mais hors de tes préceptes JE N'AI PAS ERRÉ.
111
Mon héritage, tes ordres à jamais, car ils sont la joie de mon cœur.
112
J'incline mon cœur à faire tes décrets, à jamais, jusqu'au bout.
Ayin 121 J'ai fait jugement et justice, ne me laisse pas à mes OPPRESSEURS.
122
Cautionne ton serviteur pour le bien, que ne arOPPRIMENT pas des ARROGANTS.
123
Mes yeux s'achèvent pour ton salut, et pour le dire de ta justice.
124
Fais avec ton serviteur selon ta fidélité, et tes décrets m ends--moi.
125
Je suis ton serviteur, N s icqmgtep n\ et je connaîtrai tes ordres.
126
II est temps de faire pour Yhwh : m VHHJiST ta loi.
127
C'est pourquoi j'aime tes commandements, plus que l'or et que l'or-pur.
128
C'est pourquoi sur tous tes préceptes JE ME DIRIGE, TOUTE VOIE de mensonge je hais.
129
Pé Merveilles que tes ordres ! c'est pourquoi les garde ma gorge.
130
L'ouverture de ta parole illumine, faisant comprendre aux simples.
131
La bouche je dilate et j'aspire, car de tes commandements je suis avide.
132
Tourne-toi vers moi et fais-moi grâce, selon le jugement pour les aimants ton nom.
133
MES PAS affermis dans ton dire, ne laisse dominer sur moi aucune iniquité.
134
Rachète-moi de rûppn&SIOS de l'homme, et j'observerai tes préceptes.
135
Que ta face illumine ton serviteur et a wenris-mo tes décrets,
136
Des ruisseaux font couler mes yeux, parce qu'IIS YOBM m M Y\s ta loi.
Waw
41
Et m'adviennent te fidélités, Yhwh, TON SALUT selon ton dire !
42
Et je répondrai à on WMM, une parole, car j'ai confiance en ta parole.
43
Et n 'éloigne pas de ma bouche la parole de loyauté totalement,
car eri ces pjgenwfiîs FESPÈRE.
44
ET J'OBSERVERAI ta loi constamment à jamais et toujours.
45
Et je marcherai au large, car tes préceptes je recherche.
46
Et je parlerai de tes ordres en face des rois et point ne rougirai.
47
Et JE ME DÉLECTERAI DE TES COMMANDEMENTS, lesquels J'AIME.
48
Et j'élèverai mes paumes vers tes commandements, lesquels fMME
et je méditerai sur tes décrets.
Zayin
49
Souviens-toi de la parole à ton serviteur, par laquelle Tti MF FAIS ESmiM.
50
Cela (est) ma consolation dans MA m« carton dire HE FAIT VIVRE.
51
m ARROGANTS me raillent complètement, de ta loi je ne dévie pas.
52
j e m e s o u v i e n s de tes jugements de jamais, Yhwh, et je me console.
53
L'indignation me saisit pour l&s MÉCHANTS, les abandonnant ta loi.
54
Des hymnes sont pour moi tes décrets, dans la maison de ma résidence.
55
J e m e s o u v i e n s la nuit de ton nom, Yhwh, ETJ'OBSERVERAI ta loi.
56
Cela est pour moi car tes préceptes JE GARDE.
Het
57
Ma part, Yhwh, je le dis, D 'OBSERVER tes paroles.
58
J'apaise ta face de tout cœur, fais-moi-grâce selon ton dire !
59
Je réfléchis sur mes chemins et je ferai-venir mes pieds vers tes ordres.
60
Je me hâte et point ne tarde D 'OBSER VER tes commandements.
61
62
Les liens des MÉCHANTS m'enveloppent, TA lÛIJFW'ûmiMPAS.
Au milieu-de la nuit je me lèverai pour te célébrer, pour LES J U G E M E N T S P E TA JUSTICE.
63
Compagnon je suis de tous ceux qui te craignent et des OBSERVANT tes préceptes.
64
Ta Milité, Yhwh, remplit la terre, tes décrets apprends-moi.
Tsadé
137
Juste tu es, toi, Yhwh, et droit en tes jugements.
138
Tu as commandé la justice de tes ordres et la sincérité complètement.
139
M'anéantit mon zèle, car ils oublient tes paroles m m m m .
140
Purifié, ton dire, complètement, et ton serviteur V a m .
141
Je suis m m moi et m m , tes préceptesje n'oublie pas.
142
Ta justice est justice à jamais, et ta loi loyauté.
143
La détresse et l'angoisse m'ont atteint, TES COMMANDEMENTS (sont) MES DÉLECTATIONS.
144
Justice tes ordres à jamais, fais-moi comprendre ET )E VIVRAI.
Qoph
145
J'appelle de tout cœur, réponds-moi, Yhwh, tes décrets JE GARDERAI.
146
Je t'appelle, SAUVE-MOI, ETJ 'OBSERVERAI tes ordres.
147
Je devance l'aube et j'implore, en U MMKFESPÈRE.
148
Devancent mes yeux les veilles pour méditer sur ton dire.
149
Entends ma voix selon ta fidélité, Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE.
150
Ils approchent MES NMMÏM infâmes, de ta loi ils s 'éloignent.
151
Tu es proche, toi, Yhwh, et tous tes commandements sont loyauté.
152
De longtemps je sais de tes ordres qu'à jamais tu les as fondés.
Resh
153
Vois MON HUMILIATION et délivre-moi, car TALQJJETOÏÏBMM.
154
Défends ma cause et venge-moi, pour ton dire fais-moi vivre.
155
Loin des MHIHANI S, le salut, car tes décrets ils ne recherchent pas.
156
Ta miséricorde est nombreuse, Yhwh, selon tes jugements fais-moi vivre.
157
Nombreux WS PEftSÉaiïUK et MES ARVERSAIRIS, de tes ordres je ne dévie pas.
158
J'ai vu MS ÏMÎ1WS et suis dégoûté, lesquels ton dire ILS N'OBSERVENT PAS.
159
Vois combien tes préceptes JsAm, Yhwh, selon ta fidélité fais-moi vivre.
160
Le principe de ta parole est loyauté, et à jamais TOUT J U G E M E N T DE TA JUSTICE.
Tet
65
Du bon tu as fait avec TON SERVITEUR, Yhwh, selon ta parole.
66
La bonté du jugement et de la science APPRENDS-MO car en tes commandements j'ai foi.
67
Avant d'être WMÉ, moi je m'égarais, mais maintenant ton dire j'observe.
68
Tu es bon, toi, et bienfaisant, APPRENDS-MOI tes décrets.
69
Projettent sur moi le mensonge des AIMANTS, moi de tout cœur je garde tes préceptes.
70
Est épais comme la graisse leur cœur, moi, DE TA LOI JE ME DÉLECTE.
71
Bon pour moi d'être WWW afin D'APPRENDRE tes décrets.
72
Bonne pour moi la loi de ta bouche, plus que millions d'or et d'argent.
Yod
73
Tes mains m'ont fait et m'ont établi, et * tes commandements.
74
Tes craignant me verront et se réjouiront, car en ta parole fESPÈRE.
75
J'ai connu, Yhwh, que SONT JUSTES TES JUGEMENTS,
et qu'avec vérité tu m'as humilié.
76
Que soit ta fidélité ma consolation, selon ton dire à TON SERVITEUR !
77
Que me vienne ta miséricorde et je vivrai, car TA LOI (est) MES DÉLECTATIONS.
78
Que rougissent les AM0G.4NTS, car à tort ILS M MALÏRAHBT !
moi, je médite sur tes préceptes.
79
Que retournent à moi tes craignant et les connaissant tes ordres !
80
Que soit parfait mon cœur sur tes décrets afin que je ne rougisse pas.
- Dans les derniers passages, les deux occurrences de « ta loi (est) mes délec-
tations » se trouvent en position analogue (77.174) ; « de ta loi je me délecte » se
trouvait déjà en 70.
- En position analogue aussi au début des mêmes passages, à « fais-moi com-
prendre et j'apprendrai » (73) correspondent « fais-moi comprendre » (169) et
« tu m'apprends » (171) ; « apprendre » revenait déjà trois fois dans le passage
Tet.
Le psaume 119 259
Shin
161
m mm ME nmnm sans raison, mais à tes paroles tremble mon cœur.
162
Je me réjouis, moi, pour ton dire, comme celui qui trouve un butin nombreux.
163
Le mensonge je hais et j'exècre, c'est ta loi que J'iXMl.
164
Sept fois le jour je te loue pour les jugements de ta justice.
165
Paix nombreuse pour Lis MMMT ta loi, rien ne les fait trébucher.
166
f ESPÈRE ton salut, Yhwh, et tes commandements, je les pratique.
167
Mon âme observe tes ordres et je les Ain complètement.
168
J'observe tes préceptes et tes ordres, car toutes mes voies sont en face de toi.
Taw
169
Qu'approche mon cri devant toi, Yhwh, selon ta parole FAIS-MO! COMPRENDRE.
170
Que vienne ma supplication devant toi, selon ton dire délivre-moi.
171
Que profèrent mes lèvres ta louange, car TU M'APPRENDS tes décrets.
172
Que chante ma langue ton dire, car TOUS TES COMMANDEMENTS SONT JUSTICE.
173
Me soit ta main secourable, cartes préceptes j'ai choisi.
174
Je désire ton salut, Yhwh, et TA LOI (est) MES DÉLECTATIONS.
175
Que vive mon âme et qu'elle te loue, et que tes jugements me secourent !
176
J'erre comme brebis perdue : cherche TON SERVITEUR
cartes commandements je n'oublie pas.
Yod 73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, fais-moi comprendre et j'apprendrai tes commandements.
74
Tes craignant me verront et se réjouiront, car EN TA PAROLE J'ESPÈRE.
75
J'ai connu, Yhwh, q u e S O N T J U S T E S TES J U G E M E N T S ,
et qu'avec vérité lu m'as humilié.
76
Que soitumîim ma consolation, selon ton dire à ton serviteur !
77
Que me vienne ta miséricorde ET ]E VIVRAI, car TA LOI (est) MES DÉLECTATIONS.
78
Que rougissent les AMOGANîS, car à tort ILS m MALTMiifâî !
moi, je médite sur tes préceptes.
79
Que retournent à moi tes craignant et les connaissant tes ordres !
80
Que soit parfait mon cœur sur tes décrets afin que je ne rougisse pas.
Qoph 145 J'appelle de tout cœur, réponds-moi, Yhwh, tes décrets je garderai.
™ Je t'appelle, SAUVE-MOI, et j'observerai tes ordres.
147
Je devance l'aube et j'implore, EN TA PAROLE J'ESPÈRE.
148
Devancent mes yeux les veilles pour méditer sur ton dire.
149
Entends ma voix selon ta fidélité, Yhwh, selon tes jugements FAIS-MOI VIVRE.
150
Ils approchent MB PH1SÉCCTBI1S infâmes, de ta loi ils s'éloignent.
151
Tu es proche, toi, Yhwh, et tous tes commandements sont loyauté.
152
De longtemps je sais de tes ordres qu'à jamais tu les as fondés.
Shin 161 Des chefs ME persécutent sans raison, mais à tes paroles tremble mon cœur.
162
Je me réjouis, moi, pour ton dire, comme celui qui trouve un butin nombreux.
163
Le mensonge je hais et j'exècre, c'est ta loi que J'AIII.
164
Sept fois le jour je te loue pour LES JUGEMENTS PE TA JUSTICE.
165
Paix nombreuse pour LIS AXMAHT ta loi, rien ne les fait trébucher.
166
J W » TON SALUT, Yhwh, et tes commandements, je les pratique.
167
Mon âme observe tes ordres et JE LES MM complètement.
168
J'observe tes préceptes et tes ordres, car toutes mes voies sont en face de toi.
Taw 169 Qu'approche MON m devant toi, Yhwh, selon ta parole fais-moi comprendre.
170
Que vienne MA SLPiTOTHn devant toi, selon ton dire délivre-moi.
171
Que profèrent mes lèvres ta louange, car tu m'apprends tes décrets.
172
Que chante ma langue ton dire, car TOUS TES C O M M A N D E M E N T S SONT JUSTICE.
173
Me soit ta main secourable, car tes préceptes j'ai choisi.
74
1 Je désire TON SALUT, Yhwh, et TA LOI (est) MA DÉLECTATION.
175
QUE VIVE mon âme et qu'elle te loue, et que tes jugements me secourent !
176
J'erre comme brebis perdue : cherche ton serviteur
car TES COMMANDEMENTS J E N'OUBLIE PAS.
Yod 73 Tes mains m'ont fait et m'ont établi, fais-moi comprendre et j'apprendrai tes commandements.
74
Tes craignant me verront et se réjouiront, car EN TA PAROLE
75
J'ai connu, Yhwh, quemmju5m5:m5.jnGEMEm3,
et qu'avec vérité tu m5a$ humilié.
76
Que soit tafidélitéma consolation , selon ton dire à ton serviteur !
77
Que m'adyierme ta miséricorde ET ] £ VIVRAI, car TA LOI (est) MES DÉLECTATIONS.
78
Que rougissent les ABROGANT.S, car à tort ILS «AI/niÀflwr !
moi, je médite sur tes préceptes.
79
Que retournent à moi tes craignant et les connaissant tes ordres !
80
Que soii. parfait mon cœur sur tes décrets afin que je ne rougisse pas.
Resh 153 Vois mon lfilIüAllo\ et délivre-moi, car TA LOI ]£ N'OUBLIE PAS.
154
Défends ma cause et venge-moi, pour ton dire FAIS-MOI VIVRE,
155
Loin des É I M L S , LE SALUT, car tes décrets ils ne recherchent pas.
156
Ta miséricorde est nombreuse, Yhwh, selon tes jugements FÂ1S-MG! VIVRE,
157
Nombreux m PKIISÉCÛTEU&S et m MVMSALIIOS, de tes ordres je ne dévie pas.
158
J'ai vu m TFIAÎTHLIS et suis dégoûté, lesquels ton dire ils n'observent pas.
159
Vois combien tes préceptes fMM, Yhwh, selon ta fidélité FAIS-MOI VIVRE,
160
Le principe de ta parole est loyauté, et à jamais TOUT JUGEMENT E>£ .TA JUSTICE.
Shin 161 m OFBS ME PIISÉLITENI sans raison, mais à tes paroles tremble mon cœur.
162
Je me réjouis, moi, pour ton dire, comme celui qui trouve un butin nombreux.
163
Le mensonge je hais et j'exècre, c'est ta loi que J'ASËB.
164
Sept fois le jour je te loue pour LESJtiGZMEMlû.DEJAJtiûTïŒ.
165
Paix nombreuse pouruSMMMfT ta loi, rien ne les fait trébucher.
166
f ESPÈRE T O N SALUT, Yhwh, et tes commandements, je les pratique.
167
Mon âme observe tes ordres et je les M U complètement.
168
J'observe tes préceptes et tes ordres, car toutes mes voies sont en face de toi.
Taw 169 Qu'approche MON m devant toi, Yhwh, selon ta parole fais-moi comprendre.
170
Que vienne mmmmm devant toi, selon ton dire délivre-moi.
171
Que profèrent mes lèvres ta louange, car tu m'apprends tes décrets.
172
Que chante ma langue ton dire, car TOUS TES C O M M A N D E M E N T S SONT JUSTICE.
173
Me soit ta main secourable, cartes préceptes j'ai choisi.
174
Je désire TON SALUT, Yhwh, et TA LOI (est) MA DÉLECTATION.
175
QUE VIVE mon âme et qu'elle te loue, et -, tes jugements !
176
J'erre comme brebis perdue : cherche ton serviteur
car TES COMMANDEMENTS JE N'OUBLIE PAS.
La première séquence se distingue de toutes les autres du fait que les termes de
la racine drk (« chemin », « acheminer ») y sont repris 12 fois e que « chemin » ne
revient qu'une seule fois ailleurs, dans la sous-séquence B (59).
Dans chacune des quatre sous-séquences le nombre des demandes va croissant
du début à la fin 33 (voir p. 165.191.221.247) :
Sous-séquence C
Sous-séquence A' 0 3 4 6 7
Sous-séquence B' 1 4 8 0 10
Kaph
81
S'AÛLI'\ 1 pour TON SALUT mon âme, EN TA PAROLE fESPÈRE.
82
xmmxï mes yeux pour ton dire, en disant : « Quand me consoleras-tu ? »
83
Bien que je sois (mm m M M H \\S LÀ R M , TES DÉCRETS JE N'OUBLIE PAS.
84
Combien sont les jours de ton serviteur ? quand feras-tu de MB ?msmmm jugement ?
85
Me creusent m AMOCANTS DES FOSSES lesquels pas comme ta loi.
86
Tous tes commandements sincérité, en mensonge US ME HMamï : SECOURS-MOI.
87
Pour un peu ILS WHMM.SÏ DANS LA TERRE, mais moi je n'abandonne pas tes préceptes.
88
Selon ta fidélité FAIS-MOI VIVRE, et j'observerai l'ordre de ta bouche.
Lamed
89
À jamais, Yhwh, ta parole se dresse dans les cieux ;
90
D'âge en âge, ta sincérité ; tu as établi la terre, elle subsiste ;
91
Sur tes jugements ils subsistent à ce jour, car tous (sont) tes serviteurs.
92
SI TA LOI NE M'EÛT DÉLECTÉ, alors J'AURAIS ÉTÉ PERDE dans m\ IIIDIUATION.
93
À jamais JE M'OUBLIERA! PAS TES PRÉCEPTES, c a r par e u x TU H E FAIS VIVRE.
94
À toi moi, SAUVE-MOI, car tes préceptes je recherche.
95
M'attendaient MS m\AMTS POUR ME PERDRE, à tes ordres je suis attentif.
96
À tout AûlliVi-MiM j'ai vu une fin : immense ton commandement beaucoup !
33
À part la deuxième, où la progression se réduit à la concentration des demandes dans le
dernier passage.
Le psaume 119 265
34
Ce verbe ne revient qu'une seule fois ailleurs, dans la quatrième sous-séquence (123).
35
Le verbe se retrouve dans le dernier verset du psaume : « J'erre comme brebis perdue »
(176).
266 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Aleph 1 Heureux les parfaits de CHEMIN, les MARCHAN T dans la loi de Yhwh !
2
Heureux les gardant ses témoignages, de tout cœur ils le recherchent.
3
Ils n'ont jamais commis d'iniquité, dans ses CHEMINS ils MARCHENT !
4
Toi, tu as ordonné tes préceptes, pour qu'on les observe complètement.
5
Si seulement étaient établis mes chenins pour que f observe tes décrets !
6
Alors je ne rougirai pas en regardant vers tous tes commandements.
7
Je te célébrerai en droiture de cœur, AYANT APPRIS LES JUGEMENTS DE TÂ JUSTICE.
8
Tes décrets j'observerai, ne m'abandonne pas complètement.
Bet 9 Par quoi purifiera le jeune sa VOIE pour observer selon ta parole ?
10
De tout mon cœur je te recherche, NE M'ÉGARE RAS de tes commandements.
11
Dans mon cœur j'abrite ton dire afin de ne pas pécher contre toi.
12
Béni sois-tu, Yhwh, APPRENDS-MOi TES DÉCRETS !
13
De mes lèvres j'expose tous les jugements de ta bouche.
14
Dans le CHEMIN de tes ordres JE BUNDS-ÔBICSS comme de tout bien.
15
Sur tes préceptes je méditerai et je regarderai tes VOIES.
16
En tes décrets JE ME DÉLECTE, JE N'OUBLIE PAS ta parole.
36
W. Soll (Psalm 119 : Matrix, Form and Setting, 91) ainsi que E. Zenger (Hossfeld - Zenger,
III, 262) se contentent d'affirmer que ces deux couples de strophes introduisent et concluent le
psaume. Quant à P. Auffret, il relève minutieusement les « rapports structurels » qui lient la
première strophe à la dernière, la deuxième et l'avant-dernière ( Voyez de vos yeux, 412-414).
Le psaume 119 267
161
Shin Des chefs me persécutent sans raison, mais à tes paroles tremble mon cœur.
162
JE RSHDS-SEÂ01S, moi, pour ton dire, comme celui qui trouve un butin nombreux.
163
Le mensonge je hais et j'exècre, c'est ta loi que j'aime.
164
Sept fois le jour JE TE LOUE pour LES JUGEMENTS DE TA JUSTICE.
165
Paix nombreuse pour les aimant ta loi, rien ne les fait TRÉBUCHER.
166
J'espère ton salut, Yhwh, et tes commandements, je les pratique.
167
Mon âme observe tes ordres et je les aime complètement.
168
J'observe tes préceptes et tes ordres, car toutes mes VOIES sont en face de toi.
Taw 169 Qu'approche mon cri devant toi, Yhwh, selon ta parole FAIS-MOI COMPRENDRE.
170
Que vienne ma supplication devant toi, selon ton dire délivre-moi.
171
Que profèrent mes lèvres TA LOUANTE, car ru M'APPRENDS TES DÉCRETS.
172
Que chante ma lanque ton dire, car tous tes commandements sont justice.
173
Me soit ta main secourable. car tes préceptes j'ai choisi,
174
Je désire ton salut, Yhwh, et ta loi (est) MA DÉLECTATION.
175
Que vive mon âme et QU'ELLE TELOUE, et que tes iuqements me secourent !
176
J'ERRE comme brebis perdue : cherche ton serviteur
car tes commandements J E N'OUBLIE PAS.
Il est sans doute plus important encore de relever les différences entre ces
deux couples de passages :
- dans le premier couple le premier passage ne contient aucune demande et le
second une seule ; quant au dernier couple, si le premier passage ne comprend
lui aussi aucune demande, le dernier passage est celui qui, des vingt-deux
passages du psaume en contient le plus grand nombre (169 bis. 170 bis. 171.
172.173.175 bis. 176 ; voir p. 264) ;
- t a n d i s qu'il n'est pas question des adversaires dans le premier couple, leur
présence est notable dans le dernier: « d e s chefs me persécutent» (161),
« j ' e s p è r e ton salut » (166) et « j e désire ton salut » (174), « mon cri » (169) et
« ma supplication » (170), « délivre-moi » (170) et « me secourent » (175).
- « cri » et « supplication » (169.170) sont accompagnés cependant par l'action
de grâce (162) et surtout la louange (164.171.175) ; il faut noter que « louer » et
« louange » ne se retrouvent que dans le passage final et nulle part ailleurs dans
le psaume ;
- « heureux » ne se trouve que dans les deux premiers segments du premier
couple, et pas ailleurs dans le psaume ;
- le dernier verset surprend, car c'est le seul où soit utilisé « brebis » et
« chercher » dans tout le psaume ; c'est même le seul endroit dans tout le
psautier où apparaisse le terme « brebis ». « Errer » ne revient qu'au verset 110 :
« hors de tes préceptes je n'ai pas erré ».
268 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
On voit donc qu'une grande régularité est tempérée par une aussi grande
liberté.
37
Voir Traité, 641.
38
Hossfeld - Zenger, III, 261.
Le psaume 119 269
Ce qui fait un total de 176 occurrences, le même nombre que celui des versets.
Les deux premières sous-séquences en comptent 80, les deux dernières 82.
Deux passages ont les huit synonymes (Het, Yod), trois en ont sept (Hé,
Kaph, Ayin) ; dans tous les autres un ou deux synonymes sont répétés.
270 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
2. CONTEXTE BIBLIQUE
3. INTERPRÉTATION DU PSAUME
39
Kraus, 11,411.
40
Lorenzin, 462.
41
Hossfeld - Zenger, III, 256.
Le psaume 119 271
42
La présente interprétation rejoint celle de Jacquet (III, 337-346), qui s'appuie sur un grand
nombre d'auteurs. Et pourtant, il intitule le psaume : « Élévation sur la loi divine » (321).
43
Si «secours-moi» est repris une seule fois par « secourable » à la fin (173), «salut»/
«sauver» reviennent ailleurs sept fois (41.117.123.146.155.166.174) et « vivre »/« faire vivre»
quatorze, dans chaque sous-séquence (17.25.37.40 ; 50.77 ; 107.116 ; 144.149.154.156. 159.175).
272 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
des traîtres et suis dégoûté, lesquels n 'observent pas ton dire » (158). Ils ne sont
pas présentés comme coupables de désobéissance envers chacun des comman-
dements, ils ne sont accusés ni de vol, ni d'adultère. Ce qui leur est reproché
souvent, c'est leur « m e n s o n g e » (69.86.118). Ce sont surtout leurs intentions
homicides, qui apparaissent le plus clairement au centre du psaume, mais qui ne
manquent pas ailleurs aussi : si le psalmiste en effet ne cesse de supplier le
Seigneur de le « faire vivre », c'est bien qu'il est menacé de mort. Dès la
première sous-séquence il s'écrie : « A collé à la poussière mon âme, fais-moi
vivre selon ta parole » (25). Si les « arrogants » ne tiennent aucun compte des
commandements de Dieu — accusation qui scande régulièrement tout le psaume
— c'est qu'ils se comportent comme si l'auteur de la loi n'existait pas. En ce
sens, mettant leur propre désir à la place de la volonté divine, ils s'arrogent sa
place. Ils ne sont pas seulement les adversaires de Dieu, ils sont proprement
idolâtres.
Le psaume commence bien, dans le plus grand optimisme : par deux fois ceux
qui gardent la loi du Seigneur sont déclarés « Heureux » ! (1-2). Très vite cepen-
dant, le psalmiste doute de sa capacité à observer les décrets de son Dieu : « Si
seulement étaient établis mes chemins, pour que j'observe tes décrets» (5).
C'est pourquoi il supplie le Seigneur : « ne m'abandonne pas complètement »
(8), « n e m'égare pas de tes commandements» (10), «apprends-moi tes
décrets » (12), « Le chemin de tes préceptes fais-moi comprendre et je méditerai
sur tes merveilles » (27), et ainsi tout au long du psaume. Il promet de garder les
ordres de Dieu ; « Et j'observerai ta loi constamment à jamais et toujours » (44).
Très souvent il proteste de sa fidélité : « En tes décrets je me délecte, je n'oublie
pas ta parole » (16) et cela malgré la persécution et la menace de mort : « Pour
un peu ils m'achèvent dans la terre, mais moi je n'abandonne pas tes préceptes »
(87). Or son obéissance à la loi de Dieu ne lui vaut que des malheurs de la part
des « méchants ». C'est pourquoi, par vagues successives, sa supplication
s'élève toujours plus intense vers celui qui seul peut le sauver de la mort et le
faire vivre.
Une seule fois le psalmiste revendique sa propre justice : « J'ai fait jugement
et justice », mais aussitôt il invoque le secours de Dieu : « ne me laisse pas à mes
oppresseurs» (121). Partout ailleurs où sont employés les mots « j u s t e » et
«justice », il s'agit de la justice de Dieu, comme il apparaît dès le début de la
dernière sous-séquence : « Tu es juste, toi, Seigneur et droit en tes jugements »
(137) qui ne cessera d'y revenir jusqu'à la fin : « Que chante ma langue ton dire,
car tous tes commandements sont justice» (172). Si dans la même sous-
séquence le psalmiste ne cesse de proclamer son amour pour le « dire » du
Le psaume 119 273
Seigneur (140, pour ses « préceptes » (159), pour sa « loi » (163. 165), pour ses
« ordres » (167), ce n'est pas sur cela, ce n'est pas sur lui-même qu'il compte
pour être « sauvé », mais sur Dieu seul (145.166.174). Tout est grâce. Tout lui
vient d'en-haut : la connaissance de la loi, la fidélité aux commandements, le
salut de la main des ennemis, la vie dans la justice divine et dans son amour :
« dans ta justice fais-moi vivre » (40), « Selon ta fidélité fais-moi vivre » (88).
On croirait entendre Paul de Tarse.
1
C'est le texte de 11 QPsa qui est adopté pour ce verset (texte publié par J.A. SANDERS :
Discoveries in the Judaean Desert of Jordan IV. The Psalms Scroll of Qumran Cave 11 (1 lQPsa),
37-38, Plate XI) ; les versions supposent « YHWH » au lieu de « Dieu ».
2
À part Osty, elles mettent cependant ce verset entre parenthèses ou entre crochets.
3
Voir J. CHINITZ, « Psalm 145: its two faces »,. Pour cet auteur les deux faces du psaume sont
le désir de louer Dieu et la description de ses œuvres ; la première compte 11 segments, tandis que
la deuxième n'en totaliserait que 10 si on ne comptait pas le verset noun.
276 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
A. COMPOSITION
1. PREMIÈRE PARTIE ( l b - 2 ) 5
lb
: Je t'exalterai, mon Dieu le roi,
- e t j e BÉNIRAI ton NOM TOUJOURS ET A JAMAIS ;
Les seconds membres (le.2b) sont presque identiques, à part les deux verbes
synonymes par lesquels ils commencent, « j e bénirai» et « j e louerai». Les
premiers membres (lb.2a) sont complémentaires : les deux derniers termes du
premier membre, « mon Dieu le roi », explicitent l'objet de la louange, les
premiers mots de 2a précisent le temps,'* « tous les jours » ; cette dernière
expression est synonyme de « toujours et à jamais » dont les deux occurrences
jouent le rôle de termes finaux pour les deux segments.
4
Plusieurs auteurs ont étudié la composition du Ps 145, entre autres : L.J. LIEBREICH, «Psalms
34 and 145 in the Light of their Key Words» ; P. AUFFRET, « Essai sur la structure littéraire du
Psaume 145 », ; J. MAGONET, « Some Concentric Structures in Psalms », spécialement, 365-369 ;
B. LINDARS, « The Structure of Psalm CXLV » ; R. KIMELMAN, « Psalm 145: Theme, Structure,
and Impact » (dont la division est la même que celle de Liebreich. Parmi les commentateurs, voir
Ravasi, III, 920 ; M. GIRARD, Les Psaumes redécouverts, III, 496-506.
5
Le titre du psaume est laissé hors de l'analyse, pour l'instant.
Le psaume 145 277
1
Le souvenir de ion immense-bonté ils proclament
et m justice ils chantent
6
En hébreu « œuvres » est de même racine que le verbe « faire », utilisé en alternance avec
« créer » dans le premier récit de création (Gn 1,21.25 ; 26-27).
278 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Ou pour respecter la division du texte massorétique qui relie par un maqqef les
deux premiers mots et les deux derniers :
Cette partie ne comprend qu'un bimembre dont les deux membres sont
parallèles. Le dernier mot du premier membre (kôl) peut être compris comme
désignant « toute » (chose) ; dans ce cas-là il aurait le même sens que « toutes
ses œuvres » du second membre. Mais kôl peut aussi désigner « tous » (les
hommes) 7 ; l'expression « toutes ses œuvres » serait alors plus large, comprenant
toutes les créatures. En d'autres termes les deux membres sont soit synonymes,
soit complémentaires. %
10
Te rendent-grâces, Yhwh, TOUTES tes œuvres,
et tes fidèles te bénissent
13
Ton RÈGNE est un RÈGNE de TOUS les temps,
et ton empire pour TOUT âge et âge.
7
C'est ainsi que comprennent la BJ, Osty, la TOB, qui traduisent kôl par « tous ». Plusieurs
manuscrits de la Septante ont « pour tous ses fidèles ».
Le psaume 145 279
présente une double dimension : elle atteint « toutes » les personnes en 10 (non
seulement « ses fidèles » mais aussi « toutes ses œuvres », c'est-à-dire « toutes
ses créatures») et s'étend à «tous» les âges (ou «générations») en 13. Les
deux segments du morceau central forment une seule phrase, et c'est le seul cas
dans tout le psaume. La construction de ces deux segments est concentrique :
«gloire [...] de ton règne» aux extrémités8, puis «prouesses», enfin «ils en
parlent, pour faire savoir » au centre. Le mouvement s'étend, puisque ceux qui
louent le Seigneur le « font savoir » « aux fils d'Adam », c'est-à-dire à tous les
hommes.
La partie est marquée par la quadruple occurrence de « règne » (1 la. 12b. 13a
bis), accompagné de son synonyme « empire » (13b). « Règne » ne se retrouvera
pas ailleurs dans le psaume ; seul « le roi » du début (lb) est de la même racine.
Par ailleurs, « prouesse(s) » (gebûrâ, de même racine que gibbôr, « héros »,
« preux ») peut être dit appartenir au champ sémantique de la royauté :
« L'histoire du roi David [...] n'est-elle pas écrite [...] avec tout son règne et sa
prouesse... » (ICh 29,29-30 ; voir aussi 1R15,23 ; 16,5 ; 2R 10,34).
5. LA CINQUIÈME PARTIE ( 1 3 c d )
8
II semble plus cohérent de lire « tes prouesses » et « ton règne » à la deuxième personne, en
suivant la Septante, la Syriaque et Jérôme, contre le TM qui met les pronoms à la troisième
personne.
280 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
18
Proche YHWH d e TOUS ses i n v o q u a n t ,
d e TOUS c e u x qui l'Invoquent en vérité.
19
L a VOLONTÉ de ses craignant il fait,
et leur appel il entend et il les sauve.
Très courte, la sous-partie centrale (17) est encadrée par deux sous-parties
beaucoup plus développées (14-16 et 18-20).
Le premier morceau de la première sous-partie (14) est un segment dont les
deux membres sont parallèles (« Yhwh » est économisé dans le deuxième
membre). Dans le second morceau (15-16) le Seigneur est présenté comme celui
qui nourrit (« tu leur donnes leur nourriture » en 15b et « tu rassasies » en 16b).
Contrairement au premier morceau qui est à la troisième personne du singulier,
le second morceau est à la deuxième personne du singulier.
La troisième sous-partie (18-20) est elle aussi formée de deux morceaux. Les
deux bimembres du premier (18-19) présentent le Seigneur comme celui qui
entend et exauce ceux qui font appel à lui (« ses invoquant » en 18a, « tous ceux
qui l'invoquent » en 18b, « leur appel » en 19b). Dans le second morceau (20)
l'action de Dieu est décrite sous ses deux aspects complémentaires : salut pour
ceux qui l'aiment, destruction pour les méchants. Ces deux sortes de person-
nages sont en relation les uns avec les autres : les méchants sont ceux qui
poursuivent les fidèles du Seigneur. Dans le morceau précédent (18-19), ceux
qui font appel au Seigneur sont ceux qui sont menacés par les méchants. Les
verbes finaux des deux morceaux, « il les sauve » et « il détruit », sont opposés.
Les sous-parties extrêmes sont complémentaires : dans la première (14-16) le
Seigneur s'occupe de ses créatures accablées et affamées, dans la dernière (18-
20) il prend la défense de ceux qui sont persécutés par les méchants. Autrement
Le psaume 145 281
dit, la première sous-partie présente Dieu comme un père qui procure la nour-
riture, la seconde comme le juge qui défend le juste. Ces sous-parties se corres-
pondent en miroir. En effet, les segments extrêmes (14 ; 20) se correspondent :
la structure syntaxique des premiers membres est identique et la similitude est
renforcée par le rapport de paronomase entre les premiers mots (somek et
sômër), rapport que la traduction s'est attachée à rendre par « il soutient » et « il
maintient »9.
La sous-partie centrale (17) se distingue des deux autres parce que les béné-
ficiaires des actions de Dieu (« ses voies » et « ses œuvres ») ne sont pas
nommés. Il est possible de voir un rapport croisé entre ses deux membres et les
deux autres sous-parties. En effet, «juste», dans le premier membre (17a),
semble annoncer la dernière sous-partie, car en 18-20 Dieu rend la «justice » ;
au contraire « fidèle » dans le second membre paraît rappeler la première sous-
partie, car en 14-16 Dieu manifeste son amour et sa fidélité pour ses créatures.
Cela est confirmé par le choix des derniers mots de chaque membre : alors que
« œuvres » renvoient aux créatures de la première sous-partie10, les « voies »
annoncent la procédure (Viter) judiciaire11 de la dernière sous-partie.
On notera la position symétrique du nom de Dieu, « Yhwh », qui revient, en
positions identiques, dans les premiers membres des segments extrêmes et du
segment central (14a.20a.17a) ; la dernière occurrence de « Yhwh » en 18a n'a
pas son correspondant en 15a parce que le discours de 15-16 est à la seconde
personne (le sujet de « donnes >\est le pronom « toi »). Par ailleurs, le mot qui
revient le plus souvent est « tous » (dix fois). Sa distribution est tout à fait
régulière : deux fois dans les morceaux extrêmes (14.20) ainsi que dans le
segment central (17) et deux fois seulement dans chacun des morceaux 15-16 et
18-19.
7. LA DERNIÈRE PARTIE
9
Le dernier segment (20) est de construction croisée, alors que le premier (14) est de
construction parallèle.
10
Voir note 5.
11
Voir P. BOVATI, Ristabilire la giustizia, 172-173, note 52.
282 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
6. L'ENSEMBLE DU PSAUME
lb
: Je t'exalterai, MON DIEU le roi,
- e t je BÉNIRAI ton NOM TOUJOURS ET À JAMAIS ;
2
: km s les jours j e te BÉNIRAI
- e t je LOUERAI ton NOM TOUJOURS ET À JAMAIS.
[...]
12
II se peut que le premier mot du dernier verset ait inspiré le titre du psaume, pour indiquer
son genre ; à noter que « louange » ( f h i l l â ) n'est pas utilisé ailleurs dans le psautier comme titre,
mais que le titre hébreu du recueil des 150 psaumes l'a repris ( f h i l l î m ) .
Le psaume 145 283
14 YHWH soutient tous ceux qui tombent, et il redresse tous les courbés.
15 Les yeux de tous vers toi, ils espèrent et toi tu leur donnes leur nourriture en son temps.
16 Tu ouvres la main et tu rassasies tout vivant à volonté.
17
JUSTE est YHWH en toutes ses voies, et FIDÈLE en toutes ses ŒUVRES.
Proche est YHWH de tous ceux qui l'invoquent,
18 de tous ceux qui l'invoquent en vérité,
II fait la volonté de ceux qui le craignent,
19 il entend leur appel et il les sauve,
20 Y H W H maintient tous ceux qui l'aiment et tous les méchants il les détruit.
Ces deux parties sont de longueur analogue. Leur vocabulaire commun est
réduit: « Y h w h » (3.8; 14.17.18.20), «tes œuvres» (4; 17), «justice» et
«juste » (7 ; 17 ; racine qui n'apparait pas ailleurs dans le psaume), « fidélité et
« fidèle » (8 ; 17).
La deuxième partie décrit essentiellement (4-7) ce que font les hommes
envers Dieu, les hommes en général (4.6a.7) et le psalmiste en particulier
(5.6b) : ils le louent pour ses « œuvres » (4), car il est « louable » (3). De
manière complémentaire, la sixième partie énonce les « œuvres » (17) de Dieu
en faveur des hommes : treize fois, le Seigneur est le sujet des phrases.
Il est remarquable que kol (traduit par « tous », « tout », « toutes »), qui
revient dix fois dans la sixième partie, n'apparait pas une seule fois dans la
deuxième. Une telle différence entre deux parties symétriques peut paraître
étrange. Dans la sixième partie, il s'agit des actions de Dieu en faveur de
« t o u s » les pauvres (14a.14b.15.16.18a.18b.20a) et de ses actions contre
« tous » les méchants (20) ; le verset central (17) parle de « toutes » les voies et
œuvres du Seigneur. Ainsi, toutes les œuvres de Dieu atteignent tous les
hommes). Le fait que la partie symétrique (3-8) n'utilise pas une seule fois le
mot « tous » ne veut pas dire que l'idée de totalité ou de complétude soit
absente : elle peut être exprimée par d'autres moyens. Il faut d'abord noter que
les mots de la même racine que « grand » (gâdôl) reviennent quatre fois dans la
deuxième partie (3a.3b.6b.8b) et nulle part ailleurs. D'autres mots peuvent être
mis sur la même ligne sémantique, « hautement » (3a ; litt. « beaucoup »), « sans
limite » (3b), « immense » (7a), ainsi que, d'une part, la longue liste des
substantifs pluriels, « tes œuvres » et « tes prouesses » (4), « tes merveilles » (5),
« tes grandeurs » (6) et, d'autre part, la liste des quatre verbes au pluriel, « ils
énoncent », « ils disent », « ils proclament » et « ils chantent ». Enfin, il semble
que l'auteur se soit ingénié à accumuler tous les synonymes possibles de
284 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
« dire », sans jamais employer deux fois le même : « louer » (3), « vanter » (4a),
« énoncer » (4b), « narrer » (5), « dire » (6a), « raconter » (6b), « proclamer »
(7a), « chanter » (7b), ce qui renforce encore l'effet de multitude ou de
complétude. Ainsi la totalité est exprimée de deux manières complémentaires,
par la différence de sept verbes synonymes d'un côté, par l'identité des dix
occurrences d'un même adjectif dont le sens exprime justement la totalité.
[...]
13C
+ [VÉRIDIQUE DIEU dans ses paroles,
- et FIDÈLE dans toutes ses œuvres.]
Ces deux bimembres sont parallèles entre eux : leurs premiers membres sont
de structure syntaxique identique et leurs seconds membres s'achèvent avec le
même syntagme, « sur/dans toutes ses œuvres »13.
t
LES RAPPORTS ENTRE LE CENTRE (10-13) ET LES EXTRÉMITÉS (1-2 ET 21)
Ce sont les seules parties où le verbe « bénir » est utilisé (Ib.lc ; 10.21b). Le
mot « règne » qui revient quatre fois dans la partie centrale est annoncé dans
l'introduction avec « le roi » (1b) ; ce sont les seuls emplois de mots de la racine
mlk dans tout le psaume. « Tous les temps » (13a), employé avec « les âges des
âges» (13b), rappelle «toujours et à jamais » (lb.2b ; 21c). Enfin, «les fils
d'Adam » (12) au cœur de la partie centrale — expression qui désigne tous les
hommes — annonce « toute chair » de 21b14. W.G.E. Watson a fait remarquer
que les premières lettres des versets 11.12.13 forment un petit acrostiche qui, lu
à l'envers, donne la racine mlk, qui est celle du substantif « règne » employé
quatre fois dans la partie centrale15. En fait, l'analyse de la composition du
psaume a montré que la partie centrale commence non pas avec le verset 11 mais
avec le verset 10. Si bien que l'acrostiche découvert par Watson doit être étendu
au yod, ce qui se lit màlkï, « mon roi »16, et qui rappelle l'expression « mon Dieu
13
« Sur » et « dans » traduisent la même préposition hébraïque.
14
La liturgie juive insiste sur le « nous », désignant Israël : en effet, dans la prière synagogale
où il est récité trois fois par jour, le Ps 145 est encadré au début par Ps 84,5 (« Heureux ceux qui
habitent ta maison, ils te louent sans cesse ») et Ps 144,15 (« Heureux le peuple où il en est ainsi,
heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu »), et à la fin par Ps 115,18 (« Nous, nous bénissons
Yah, dès maintenant et à jamais, Alléluia ») ; voir A. BERLIN, « The Rhetoric of Psalm 145 ».
15
W.G.E. WATSON, « Reversed Rootplay in Ps 145 ».
16
S'il est vrai que 1 eyod était utilisé comme abréviation de « Yhwh », on pourrait lire l'acros-
tiche mlky(hwh), « Dieu règne ». J.Z. Lauterbach écrit : « On peut citer des exemples d'utilisation
Le psaume 145 285
[...]
10
Toutes tes ŒUVRES, Yhwh, te remercient, et tes fidèles te BÉNISSENT.
11 Ils disent la gloire de ton RÈGNE, de tes prouesses ils parlent,
12 pour faire-savoir aux fils d'Adam tes prouesses et la gloire et l'honneur de ton RÈGNE.
13 Ton RÈGNE est un règne de tous les temps, ton empire pour tous les âges des âges.
21 Ma bouche dira la louange de Yhwh et toute chair BÉNIRA son saint NOM
toujours 0t & jsiîiûis.
Ces deux très courtes parties articulent, comme des charnières, les trois grands
volets du psaume. Le verset 9 reprend des mots utilisés déjà dans les deux
versets précédents : « bon » comme « bonté » (7a), « ses tendresses » rappelle
« tendre » (8a) ; en outre « ses œuvres » reprend « tes œuvres » de 4, et annonce
aussi « tes œuvres » de 10 et « se^œuvres » de 13b et de 17.
Le verset 13b annonce le verset central de la partie suivante (17) dont il
diffère très peu :
13b Véridique Élohlrn dans ses paroles ET FIDÈLE DANS TOUTES SES ŒUVRES
17 Juste Yhwh dans toutes ses voies ET FIDÈLE DANS TOUTES SES ŒUVRES
La différence des premiers termes est requise par l'alphabétisme (13b commence
par noun, 17 par tsadé ) ; « paroles » est très proche de « voies » du point de vue
sonore (cf bàrâw et cfrâkâw) ; quant à la variation entre « Dieu » et « le Sei-
gneur », il est possible qu'elle ait une fonction dans l'ensemble du psaume : les
débuts des deux versants du poème (1-9 et 13b-21) sont les seuls endroits où le
nom de « Dieu » soit utilisé. Il faut ajouter que les deux occurrences de
« fidèle » (13b. 17) rappellent « fidélité », le dernier mot de la deuxième partie
(8).
de la lettre Yod comme abréviation du Tétragramme depuis une époque très ancienne. Beaucoup
de traductions de la Septante reflètent cet usage. On peut en trouver des traces, bien qu'elles ne
soient pas habituellement reconnues comme telles, dans le texte massorétique de la
Bible » (« Substitutes for the Tetragrammaton », 3); voir aussi M. FISHBANE, « Abbreviations,
Hebrew Texts ».
286 L e s huit p s a u m e s a c r o s t i c h e s a l p h a b é t i q u e s
1
Louange de David
9 Bon est Yhwh pour tous, ses tendresses SUR toutes SES ŒUVRES.
10
Toutes tes ŒUVRES, Yhwh, te remercient, et tes f i d è l e s te BÉNISSENT.
11
Ils disent la gloire de ton RÈGNE, de mmmmm ils parlent,
12 pour faire-savoir aux fils d'Adam î m m s s b et la gloire et l'honneur de ton RÈGNE.
13 Ton RÈGNE est un RÈGNE de tous les temps, ton empire pour tous les âges des âges.
13b [Véridique est Dieu dans ses paroles, fidèlg DANS toutes SES ŒUVRES.]
14 Yhwh soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les courbés.
15 Les yeux vers toi, tous ils espèrent et tu leur donnes la nourriture en son temps.
16 Tu ouvres la main et tu rassasies tout vivant à volonté.
17 Juste est Yhwh en toutes ses voies, FIDÈLE DANS toutes SES ŒUVRES.
Proche Yhwh de tous ceux qui l'invoquent,
18 de tous ceux qui l'invoquent en vérité.
IL FAIT la volonté de ceux qui le craignent,
19 il entend leur appel et il les sauve.
20 Yhwh garde tous ceux qui l'aiment et tous les méchants il les détruit.
21 Ma bouche dira la louange de Yhwh et toute chair BÉNIRA son saint NOM
toujours et a jamais.
- L e s q u a t r e o c c u r r e n c e s d e « r è g n e » ( 1 1 . 1 2 . 1 3 bis) étaient a n n o n c é e s p a r le
v o c a t i f initial, « m o n D i e u le roi » ( l b ) , qui est le seul d e tout le p s a u m e .
- L e v e r b e « b é n i r » n e r e v i e n t q u e d a n s ces trois parties ( l b . 2 ; 10 ; 21a).
- « T o u j o u r s et à j a m a i s » des e x t r é m i t é s ( l b . 2 ; 2 1 b ) est repris à la f i n d e la
p a r t i e c e n t r a l e (13a) p a r « t o u s les t e m p s » ( k o l - 'ôlâmîm, q u i est d e m ê m e r a c i n e
q u e « t o u j o u r s » : I e 'ôlâm) et p a r « t o u s les â g e s des â g e s ».
- « L e s fils d ' A d a m » (12) sera repris p a r « t o u t e chair » (21).
L e s r a p p o r t s sont p a r t i c u l i è r e m e n t visibles :
Le psaume 145 287
17
Si en Gn 6,12 « toute chair » signifie les hommes (« toute chair avait une conduite perverse
sur la terre »), dans le récit du déluge l'expression désigne clairement tous les êtres vivants
(7,16.21 ; 9,15). En Gn 6,19 « toute chair » et « tout vivant » sont juxtaposés : « De tout vivant, de
toute chair tu feras entrer dans l'arche ».
288 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
B. INTERPRÉTATION
« Dieu »
Celui auquel le psalmiste s'adresse estonentionné dès le début, dans le seul
vocatif du psaume. C'est sous ce nom de 'ëlôhîm, « D i e u » (lb), qu'il veut le
« bénir » et le « louer » sans cesse, « tous les jours », « toujours et à jamais ».
C'est le Dieu dont la « grandeur » est sans limite (3), dont la « puissance » est
« formidable » (6), dont les « œuvres » sont celles de la création, le Dieu qui
« rassasie tout vivant » (16) et dont « toute chair » bénira le « nom toujours et à
jamais » (21).
« Mon Dieu »
Le nom de « Dieu » revient dans la seconde partie de reliure (13b), mais dans
la première (9), en position symétrique, c'est celui de « Yhwh » qui est utilisé.
Et ce nom reviendra en tout neuf fois dans le psaume. Celui que le psalmiste
invoque n'est pas seulement « Dieu », le Dieu créateur ; il l'appelle « mon
Dieu », et son « nom » propre est « Yhwh », le nom du Dieu des fils d'Israël,
« le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob » (Ex 3,6.15), celui qui
a été révélé au passage du buisson (Ex 3,14), celui qui promet de libérer son
peuple de l'esclavage du pays d'Egypte. Pour le psalmiste son Dieu n'est pas
seulement le Créateur, c'est avant tout celui qui intervient dans l'histoire en sa
faveur, le Dieu sauveur18.
18
Pour Chaïm Pearl, les deux visages complémentaires de Dieu sont celui du Créateur et celui
du Rédempteur (Ch. PEARL, « The Theology of Psalm 145, Part I », 6-9).
Le psaume 145 289
« Le roi »
Mais ce n'est pas tout ! Le psalmiste ajoute un titre au Dieu qu'il invoque :
« mon Dieu, le roi ». Et toute la partie centrale déploiera « la gloire et l'honneur
de (son) règne » (12). Ce règne est « un règne de tous les temps », c'est-à-dire
depuis toujours et « pour tous les âges des âges » (13). Tenant en compte le titre
du psaume, c'est le roi David qui reconnaît ainsi que le règne de Dieu précède le
sien depuis la création et le suivra jusqu'à la fin des temps. Il n'est qu'un seul roi
en Israël, c'est le Seigneur ; et l'on pourra comprendre que la fonction principale
du roi d'Israël est de proclamer la « louange » du Roi éternel, pour entraîner son
peuple et tous les hommes dans son sillage.
Père et juge
Le Dieu sauveur, le Roi du monde est présenté comme père, celui qui nourrit
son peuple, tous les peuples de la terre, et « tout vivant» (15-16), qui « sou-
tient » et « maintient » tous ceux qui ont besoin de son secours et font appel à lui
(14.18-20). La fonction du roi est aussi de juger pour faire respecter la justice.
Le Seigneur, «juste» par excellence (17), est celui qui juge, tranchant entre
« ceux qui l'aiment », c'est-à-dire qui observent sa loi de justice, et « les
méchants » qu'il « détruira » (20).
De Vunique à l'universel
Celui qui parle, du début à la fin, est un seul. Le titre l'identifie comme le roi
David. C'est lui qui s'adresse à son Dieu dans l'introduction, avec quatre verbes
à la première personne du singulier. Mais bien vite, dans la deuxième partie, cet
individu singulier rassemble, pour ainsi dire, une foule pour l'unir à sa propre
louange, une foule qui, dès le début, se relaie de génération en génération (4).
Dans la partie centrale, c'est toujours l'unique personne du roi qui parle, mais
son « j e » a comme disparu au profit d'un pluriel qui s'étend à tous « les fils
d'Adam » et qui contemple toute la suite des temps. Après quoi, s'il s'adresse
encore au Seigneur (15-16), c'est le discours sur lui qui prend le dessus, comme
si le psalmiste s'adressait surtout aux « fils d'Adam » pour leur « faire savoir »
qui est son Dieu, celui qui peut les sauver (14-20). A la fin, sa louange se trouve
coordonnée à la bénédiction de « toute chair » (21).
La complétude
Outre sa probable fonction mnémonique, l'acrostiche alphabétique, c'est-à-
dire l'utilisation de toutes les lettres de l'alphabet hébraïque en début de chacun
des segments, est une manière traditionnelle d'indiquer la totalité. En effet, en
combinant de diverses façons toutes les lettres de l'alphabet, il est possible de
former tous les mots de la langue, de construire tous les énoncés possibles et
290 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
« De David »
Il n'est certainement pas indifférent que ce poème de louange ait été mis sur
les lèvres du roi David. Dans toute la gloire de sa splendeur, le roi d'Israël se
range lui-même parmi les « œuvres » du Créateur ; il reconnaît qu'il existe un
Roi plus grand que lui, celui qu'il appelle « mon Dieu, le roi » dès le début, ou,
de manière cryptique au centre du chant, « mon roi ». Proclamant la gloire du
Roi suprême, David remplit une de ses fonctions de roi, celle de faire reconnaître
la royauté de Dieu. Décrivant les actions du Roi du ciel, père qui donne à
manger, juge qui défend les pauvres, il dépeint aussi l'image du roi terrestre
idéal, il énonce, si l'on peut dire, son programme de gouvernement.
19
Voir N.K. GOTTWALD, Studies in the Book of Lamentations, 27-30.
CONCLUSION
1
P. BEAUCHAMP, Préface à R. MEYNET, L'analyse rhétorique biblique, 12-13.
292 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
chacune des deux premières et les deux dernières sous-séquences sont marquées
par une intensification progressive des requêtes adressées à Dieu ; d'où l'on
pourra comprendre, ou mieux, être saisi par une des dimensions les plus impor-
tantes du psaume. Il n'est pas indifférent non plus que ce même psaume soit
centré sur les deux strophes Kaph et Lamed caractérisées par le fait qu'elles
contiennent quatre occurrences de la racine KLh, signifiant « achèvement », ce
qui fournit une clé indispensable pour décrypter le sens du roi des Psaumes. Pour
le psaume 145, le fait que la partie centrale soit formée par les quatre lettres Yod,
Kaph, Lamed et Mem, permet de relever l'acrostiche inversé MaLKÎ', « mon
roi », qui indique en quelque sorte le sujet du psaume.
On voit par ces deux derniers exemples que la structure alphabétique et la
composition littéraire ne sont pas totalement indépendantes. C'est que le poète
joue avec l'alphabet, comme Villon ou Montale, pour crypter, pour cacher et en
même temps révéler certains noms. On a remarqué depuis longtemps que dans le
Ps 1, qui est la porte d'entrée du Psautier, le premier mot commence par Aleph et
le dernier commence par Taw, enserrant ainsi toutes les autres lettres de l'alphabet,
comme pour donner à penser que son contenu, les sorts respectifs du juste et de
l'impie représentent en quelque sorte le tout du Psautier, de A à Z. Un peu comme
les tympans de tant de nos cathédrales donnent à voir à ceux qui entrent le
jugement dernier où sont représentés les bienheureux à droite et les damnés à
gauche. On a vu comment l'irrégularité de Pâlphabétisme du Ps 9-10, en particu-
lier la perte de six lettres contiguës après Lamed et avant Qoph semble traduire
l'état d'esprit, complètement perdu, du psalmiste, avant qu'il ne se tourne à
nouveau vers celui qui seul peut le sauver de la menace de mort que font peser sur
lui ses ennemis.
Ces jeux touchent à une dimension essentielle de la poésie tout court et de la
poésie biblique en particulier, l'énigme. Pourquoi donc l'alphabétisme du Ps 25
est-il défectueux, certaines lettres manquant et d'autres étant redoublées ?
Prétendre que c'est à cause des aléas de la transmission manuscrite pourrait
n'être qu'une échappatoire. Il vaut peut-être mieux essayer de déchiffrer l'énig-
me. Comment se fait-il que dans le Ps 145 il manque une seule lettre, le Noun ?
Il est invraisemblable que les Massorètes aient perdu la conscience de l'alpha-
bétisme ou qu'une erreur aussi énorme se soit glissée dans le texte. Il se pourrait
que ce soit volontaire de la part du poète. L'utilisation de la totalité des lettres de
l'alphabet est une manière reconnue d'exprimer la totalité, ce que le Ps 145
exprime aussi par l'emploi insistant de kol, « tout ». Aujourd'hui encore en
Orient on évite de réaliser un travail complet — de peinture par exemple, on ne
va jamais jusqu'au bout, on laisse toujours une petite imperfection, fut-ce dans
un endroit peu visible. Pour éviter le mauvais œil, dit-on couramment ; plus
positivement pour reconnaître, concrètement, notre propre incomplétude et que
Dieu seul est parfait.
La première fonction de l'acrostiche alphabétique semble bien être justement
d'exprimer la totalité : en effet, grâce à leurs innombrables combinaisons les
vingt-deux lettres de l'alphabet permettent d'énoncer la totalité du dicible. Une
Conclusion 293
Alden: 55 Gilmour: 97
Alonso Schoekel: 13, 95 Girard: 54, 55, 80, 121, 144, 278
Alonso Schoekel - Carniti: 10, 23, Goldingay: 54
53,56, 74, 79, 87, 103, 132, 139 Gordis: 23, 34
Anderson: 122, 125 Gottwald: 292
Auffret: 55, 69, 80, 121, 122, 144, Graigie: 122, 125
268, 278 Graziano: 157
Balmary: 140 Gunkel: 12
Basile de Césarée: 140 Hakham: 62, 87, 116, 128, 129, 139
Bazak: 121 Hilaire de Poitiers: 144
Beaucamp: 54, 55, 79, 122, 123 Hossfeld - Zenger: 144, 268, 270,
Beauchamp: 74, 87, 212, 293 272
Bellarmin: 62 Hurowitz: 95
Benoît, saint: 98 Jacquet: 23, 29, 103, 123, 273
Benun: 50 ^ Jüngling: 55
Berlin: 286 Junker: 12, 24
Bovati: 85, 283 Kimchi: 60, 72, 123
Boys: 54, 121, 125 Kimelman: 278
Brueggemann: 122 Komlos: 37
Brug: 13 Kraus: 10, 11,25,37, 272
Bullinger: 121 Lambert: 13
Castellino: 125 Lauterbach: 287
Ceresko: 95 Le Dü da Silva-Semik: 14
Chinitz: 277 Leveen: 23
Clifford: 54, 67, 79 Levenson: 143
Condamin: 104 Liebreich: 13, 80, 278
Cortese: 122 Lifschitz: 49
Coulot: 122 Limburg: 79
Craigie: 54 Lindars: 278
Dahood: 25, 132 Lorenzin: 54, 79, 272
Delitzsch: 66 Lori: 121
Enciso Viana: 23 Loyola: 142
Eriksson: 79, 97 Lund: 24, 186
Fishbane: 287 Lundbom: 84
Forbes: 121 Magonet: 278
Fraenkel: 131 Maloney: 24
Freedman: 81, 143 Mannati - Solms: 9, 50, 54, 59, 74,
Gerstenberger: 79 76,123
Gestenberger: 54 Mays: 54
304 Les huit psaumes acrostiches alphabétiques
Meynet: 11, 21, 48, 55, 76, 80, 96, Rose: 54, 65, 74
121, 132, 141, 142, 293 Rosenbaum: 25
Môller: 55 Ruppert: 55
Montale: 14, 302 Sabourin: 125
Mowinckel: 13 Sanders: 277
Nodder: 144 Schoettgen: 84
Origène: 140 Skehan: 23
Pearl: 290 Soli: 13, 144, 268
Peignot: 12 Terrien: 55, 79
Pérennès: 104 Vesco: 37, 47, 54,122,123
Petiet: 103 Villon: 11
Rashi: 123 Watson: 286
Ravasi: 10, 53, 54, 55, 56, 74, 79, Weiser: 10
80, 96, 103, 110, 122, 132, 144, Wenin: 48
278 Why bray: 144
Roberts: 84 Wiesmann: 79, 80
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
Sigles et abréviations
Lexique des termes techniques 17
Le psaume 9-10 21
Le psaume 25 51
Le psaume 34 77
Le psaume 37 101
Conclusion 291
Bibliographie 295
Index des auteurs cités 303
Rhétorique biblique
Collection dirigée par Roland Meynet et Pietro Bovati
1. R. MEYNET, L 'Évangile selon saint Luc. Analyse rhétorique, Éd. du Cerf, 1988.
2. P. BOVATI et R. MEYNET, Le Livre du prophète Amos, Éd. du Cerf, 1994.
3. R. MEYNET, Jésus passe. Testament, jugement, exécution et résurrection du Seigneur
Jésus dans les évangiles synoptiques, PUG Editrice - Éd. du Cerf, 1999.
Rhétorique sémitique
Collection dirigée par Roland Meynet avec Jacek Oniszczuk
1. JACEK ONISZCZUK, Incontri con il Risorto in Giovanni (Gv 20-21), G&B Press,
Roma 2013.
2. ROLAND MEYNET & JACEK ONISZCZUK, Esercizi di analisi retórica, G&B Press,
Roma 2013.
3. ROLAND MEYNET & JACEK ONISZCZUK, ed., Studi del terzo convegno RES, G&B
Press, Roma 2013.
4. ROLAND MEYNET, Luke: the Gospel of the Children of Israel, G&B Press, Roma
2015.
5. ROLAND MEYNET - JACEK ONISZCZUK, ed., Studi del quarto convegno RBSy G&B
Press, Roma 2015.
6. R. MEYNET, Les huit psaumes acrostiches alphabétiques, G&B Press, Roma 2015.
Les huit psaumes acrostiches alphabétiques (9-10,25,
34, 37,111,112,119,145) n'ont pas bonne réputation
auprès d'un grand nombre d'exégètes depuis Gunkel.
Le carcan de l'acrostiche alphabétique en effet aurait
empêché les auteurs de ces jeux artificiels et pure-
ment «acrobatiques» de se mouvoir librement pour
réaliser de véritables poèmes, composés et cohérents.
Or, analysés selon les lois de la rhétorique biblique et
sémitique, ces psaumes se révèlent de véritables chefs
d'œuvres. La découverte de leur architecture, savam-
ment articulée, permet d'entrer dans leur logique et de
mieux comprendre leur message.
Décrivant en termes semblables Dieu et l'homme
juste, les psaumes jumeaux 111 et 112, sont les plus
courts, leur vingt-deux «membres» commençant par
les vingt-deux lettres de l'alphabet. Les Ps 9-10, 25,
34 et 145 sont deux fois plus longs, car l'alphabétisme
marque chacun de leurs vingt-deux «segments» («bi-
membres» ou «trimembres»). Le Ps 37 est encore deux
fois plus long l'alphabétisme marquant chaque groupe
de deux segments. Enfin, atteignant à la virtuosité, le
fameux Ps 119 comprend vingt-deux «strophes» de
huit segments, dont chacun commence par la même
lettre de l'alphabet. L'analyse de sa composition ex-
trêmement élaborée, permet de comprendre qu'il ne
s'agit pas seulement d'une méditation sur la Loi du
Seigneur, mais avant tout de la supplication de celui
qui se rend compte qu'il est incapable de comprendre
la Loi, encore moins de la mettre en pratique, qui est
en butte aux ennemis de Dieu qui le persécutent, et
qui appelle à l'aide son Seigneur pour qu'il le sauve de
la mort et le fasse vivre.
Euro 30,00
Comme celle de l'ode ou de la ballade, l'acrostiche
alphabétique est une forme poétique, mais celle-
ci ne dit rien par elle-même de la composition du
psaume. Chacun des huit psaumes a sa propre
organisation textuelle, différente de toutes les
autres. Même les deux psaumes jumeaux 111 et
112 ont une architecture tout à fait différente. Les
deux structures, celle de l'alphabétisme et celle de
la composition, étant de deux ordres différents, sont
largement indépendantes. La première n'empêche
en aucune manière la seconde. On aura vu, un
psaume après l'autre, que les jugements négatifs si
largement répandus qui ont été portés contre eux
sont totalement injustifiés: ces psaumes ne le cèdent
en rien aux autres du point de vue de la composition.
Loin d'être décadents, ils sont tous extrêmement
élaborés et relèvent de la poésie la plus consommée.
Dire qu'ils sont tardifs et décadents relève d'un a
priori désormais insoutenable.