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POST-QUEER : POUR UNE « APPROCHE TRANS-GENRE »

Ou Le trans-genre comme catégorie d'analyse


Patrick Cardon

Presses Universitaires de France | « Diogène »

2009/1 n° 225 | pages 172 à 188

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ISBN 9782130572152
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Pour citer cet article :


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Patrick Cardon, Post-queer : pour une « approche trans-genre ». Ou Le trans-genre
comme catégorie d'analyse, Diogène 2009/1 (n° 225), p. 172-188.
DOI 10.3917/dio.225.0172
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POST-QUEER!: POUR UNE
«!APPROCHE TRANS-GENRE1 »
OU
LE TRANS-GENRE COMME CATÉGORIE D’ANALYSE2

par

PATRICK CARDON

Ce qui me perturbe, c’est quand les définitions


prennent le genre pour une méthodologie fami-
lière, au lieu d’une manière de questionner!; c’est
lorsqu’on fait du «!genre!» une réponse, ou une éti-
quette (le genre comme synonyme de femmes, de
sexe, de rôles sexués, renaturalisé et dénaturali-

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sant) plutôt qu’une interrogation.
Joan W. Scott (2007).

Rebondissements!: Du genre au gender aux genres


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Dans mes précédentes contributions (Cardon 2007, 2009a, b), je


disputai le mot «!genre!» aux féministes. J’avais de bonnes raisons
à cela, ayant emprunté la notion de «!question de genre!» à un texte
de Rommel Mendes-Leite (1989) que j’avais publié dans les Cahiers
gai-kitsch-camp (devenus QuestionDeGenre/GKC ) pour baptiser un
festival de films à Lille, qui connut quinze éditions annuelles de
1991 à 2006. Questionner le genre revenait à explorer les modes de
vie ou les regards dits borderline, autour des identités masculine et
féminine (de genre) d’hommes et de femmes (de sexe), mais aussi
interculturelles (génération, origine, culture, etc.), de nouvelles
technologies (réseaux érotiques de télécommunication), de types
(segments érotiques!: attraits pour tel ou tel physique), de prati-
ques sexuelles (SM, porno, fétichismes), des engagements politiques
(conservateurs, libéraux), de style (le kitsch, le camp, le queer).
Bref, une démarche d’information qu’on pourrait qualifier de so-
cioanthropologique performative3, de parodie et de déconstruction
des rôles.

1. J’utiliserai la graphie «!transgenre!» lorsqu’il s’agira de transgenre


sexuel et celle de «!trans-genre!» lorsqu’il s’agira de la notion plus large
que j’essaie de défendre ici.
2. Pour parodier le titre du colloque organisé par le RING (2002) où «!la
notion de genre […] désign[ait] la construction historique, culturelle et
sociale du sexe!» (http!://eleuthera.free.fr/html/24.htm)!; Planté (2003).
3. Au sens de relevant de la performance, d’«!en acte!» ou de praxis.
Diogène n° 225, janvier-mars 2009.
POST-QUEER 173

La résistance auX genreS


En médecine, il aura fallu attendre 1950 pour voir apparaître le
mot «!genre!» dans le sens disputé ici, sous la plume d’un médecin
américain (Beatriz Preciado 2008b). Plus tard, le psychiatre améri-
cain Robert Stoller (1968), également spécialisé en réassignation
de sexe, approfondit l’articulation entre sexe et genre. Au début de
la dernière décennie du siècle passé, l’anthropologie française dé-
couvrait les «!rapports sociaux de sexe!» grâce entre autres aux
travaux de Nicole-Claude Mathieu à qui on doit un laborieux dip-
tyque sexe/genre4 (Mathieu 1991!; Handman 2008). Les seuls ter-
rains d’approche de genre qu’elle se permettait alors se situaient
aux antipodes, tel l’exemple des Inuits étudiés par Saladin
d’Anglure (2006), ou celui des Nuers soudanais relevé par Fran-
çoise Héritier (1996).
L’Église catholique connaît précisément cette conception du
genre et ses enjeux. Joseph Ratzinger (2004) – pape Benoît XVI

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depuis 2005 – put ainsi déclarer!: «!Pour éviter toute suprématie de
l’un ou l’autre sexe, on tend à gommer leurs différences, considé-
rées comme de simples effets d’un conditionnement historique et
culturel. Dans ce nivelage, la différence corporelle, appelée sexe, est
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minimisée, tandis que la dimension purement culturelle, appelée


genre, est soulignée au maximum et considérée comme primor-
diale. L’occultation de la différence ou de la dualité des sexes a des
conséquences énormes à divers niveaux. Une telle anthropologie,
qui entendait favoriser des visées égalitaires pour la femme en la
libérant de tout déterminisme biologique, a inspiré en réalité des
idéologies qui promeuvent par exemple la mise en question de la
famille, de par nature bi-parentale, c’est-à-dire composée d’un père
et d’une mère, ainsi que la mise sur le même plan de
l’homosexualité et de l’hétérosexualité, un modèle nouveau de
sexualité polymorphe5!».
Comme pour éviter cette sorte de condamnation, c’est dans un
sens beaucoup plus étroit que la Commission européenne inter-
prète cette théorie en la circonscrivant aux discriminations subies

4. Martine Van Woerkens (2008) fait remarquer que dans le Dictionnaire


critique du féminisme (Hirata et al., 2004), à l’entrée «!Sexe et genre!»,
Nicole-Claude Mathieu fait figurer Judith Butler dans la rubrique
«!dérives du genre!».
5. Cette déclaration fut reprise lors des vœux de Noël 2008. C’est parce
qu’elle se référait à «!l’identité du genre » que le Saint-Siège s’est opposé à
la «!Déclaration sur les droits de l’homme, l’orientation sexuelle et
l’identité de genre!», présentée à l’Assemblée générale des Nations Unies,
jeudi 18 décembre 2008, qui vise à interdire toute discrimination à
l’encontre des homosexuels.
174 PATRICK CARDON

par les femmes!: au sein de la Direction générale «!Emploi, affaires


sociales et égalité des chances!», deux Unités sont en charge de la
problématique de l’égalité des genres!: l’Unité «!Égalité Femmes-
Hommes!» et l’Unité «!Égalité, Action contre la discrimination!:
Questions juridiques!». Il n’est jamais question ni d’orientation
sexuelle ni d’identité de genre desdits hommes et femmes.
Le féminisme matérialiste récupère de la même façon la notion
de genre6. C’est le nouvel habit des «!rapports sociaux de sexe!»
toujours aussi réduits à l’alliance simpliste et binaire entre «!condi-
tionféminine!» et «!dominationmasculine 7!». Ce coup de force légi-
timiste a été renforcé par la découverte tardive du mot anglo-saxon
gender8 qui recouvre depuis longtemps déjà, dans les pays d’où il
est issu, les études féministes stricto sensu et les gender studies.
L’observation de la très récente transformation sémantique du
mot montre que le passage au pluriel, genres, peut indiquer qu’il
embrassera alors les masculinités et les féminités. Ce pluriel indi-
que aussi une timide approche du transgenre tel qu’il est compris
aujourd’hui, c’est-à-dire au sens d’une plus grande visibilité des

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masculinités de femmes (Bourcier 2008!; Noble 2004) et d’une re-
découverte des féminités d’hommes9, ainsi que de toutes les varié-
tés de glissements existant entre sexes et genres, ces deux derniè-
res notions étant considérées comme résultant de constructions
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sociales. Encore s’agit-il ici de ce qu’on appelle aussi des «!genres


sexuels!», c’est-à-dire des genres liés au sexe, à savoir les compor-
tements attendus chez les personnes à qui on a assigné un sexe10.

6. Voir par exemple le titre à la fois trompeur et révélateur du livre d’Elsa


Dorlin (2008) Sexe, Genre et Sexualités, dont le faux titre précise qu’il
s’agit en fait d’une Introduction à la théorie féministe.
7. Cette graphie d’accolement des mots renvoie à la langue de bois prati-
quée par la majorité des représentant-e-s du féminisme officiel. Voir
Christine Delphy (2008)!: «!Le genre, c’est ce que l’on pourrait appeler le
“sexe social”, c’est-à-dire tout ce qui est social dans les différences consta-
tées entre les femmes et les hommes, dans les divisions du travail ou dans
les caractères qu’on attribue à l’un ou l’autre sexe. Comme on a constaté
qu’ils varient d’une société à l’autre (la division du travail n’est pas la
même, les femmes faisant dans certaines sociétés ce que les hommes font
dans d’autres), on en a conclu qu’il y avait un aspect variable des sexes, un
aspect construit socialement que l’on appelle le “Genre”!».
8. Bien qu’on trouve dans la rubrique Gender Studies de nonfiction.fr le
livre de photos exclusivement masculines de Pierre Borhan (2008). Voir
aussi Offen (2006).
9. Le mot transgenre fut introduit dans la langue française par la Québé-
coise Micheline Montreuil (née Pierre Montreuil), en traduction de trans-
gender de Virginia Prince aux USA, vers 1969 (Ekins 2006).
10. Dans un des derniers dialogues de Louise-Michel, le film de Kervern et
Delépine, 2008!: «!– C’est un garçon ou une fille!? – C’est les patrons qui
décideront!!!»
POST-QUEER 175

Lalla Kowska échappe à ce basculement binaire en proposant les


termes de M t T (homme en trans), de transinité et transinisme.
D’autres se revendiquent transqueers. Certaines drag queens pré-
fèrent le terme «!créature!».
Le mot «!genre!» a ceci d’extraordinaire qu’il possède une géo-
métrie variable presque illimitée, ce qui fait à la fois sa vacuité et
sa richesse!: sa vacuité, car c’est un mot fourre-tout!; sa richesse,
car on peut l’utiliser soit pour assigner, soit au contraire pour dé-
sassigner, voire pour assembler des objets par des points qu’on
trouvera communs. Il a pourtant des définitions académiques. Par
exemple en histoire de l’art, une scène de genre est un type
d’œuvre picturale qui représente des scènes contemporaines et
prises sur le vif. Il est plus communément compris en grammaire
comme une distinction entre le masculin, le féminin et… le neutre,
ce dernier imputé au sexe laissant libre l’imagination (Murat
2005). Si les mots n’ont pas de sexe mais un genre qu’on attribue
au sexe, la réception de leur déclinaison au féminin, elle, n’est pas
neutre. La féminisation d’un mot débouche souvent sur sa minori-

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sation (homme fort, femme forte) ou sur sa possible resignification
prostitutionnelle (entraîneur, entraîneuse!; hôte, hôtesse!; coureur,
coureuse). La progressive égalisation des sexes devrait pouvoir
permettre de s’adresser au féminin à un homme et au masculin à
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une femme sans vexer ni l’un ni l’autre. Si la première manière est


goûtée par une frange de la population homosexuelle masculine,
habituée à renverser cette sorte de dérision dont elle est souvent
l’objet, la seconde semble réservée à la correspondance privée entre
femmes. Nous sommes déjà dans une pratique langagière qu’on
pourrait nommer transgenre, pratique relevée chez l’un des pre-
miers membres de l’Académie Française par Gilles Ménage!(1649)!:
De combien de mots masculins / A-t-on fait des mots féminins / [...] /
Sans que l’abbé de Boisrobert / Ce premier chansonnier de France, /
Favori de son éminence, / Cet admirable patelin, / Aimant le genre
masculin, / S’opposât de tout son courage / À cet efféminé langage.
Nous voilà de nouveau dans le «!genre sexuel!» mais aussi dans
le «!goût!» et donc dans un certain art (de vivre). Le Dictionnaire de
Trévoux de 1771 donne à l’article Amour socratique!: «!Quelques-
uns désignent par là l’amour antiphysique. Socrate aimait la beau-
té dans les femmes et dans les hommes. C’était peut-être un goût
innocent et honnête.!»!; Diderot, en 1772, parle du «!Goût antiphy-
sique des Américains!» et en 1790 Les Enfants de Sodome à l’As-
semblée Nationale (Anonyme 2005) s’ouvre sur les vers de Florian!:
«!Les goûts sont dans la nature, le meilleur est celui qu’on a!». Ben-
tham (2003) utilise souvent cette notion de goût dans son Essai sur
la pédérastie!: «!Même si la fréquence de ce goût devait atteindre
une si grande importance, la part la plus considérable des motifs
176 PATRICK CARDON

de se marier resterait entière ». Un goût peut être occasionnel ou


constitutif d’un individu (habitus). Dans ce dernier cas, on peut
attribuer une identité. Rien d’essentialiste à tout cela. Aussi n’est-
il pas plus anachronique de parler d’homosexualité en histoire et
même en anthropologie que d’utiliser la langue française contem-
poraine pour évoquer des époques passées ou d’autres peuples.
Le mot genre a recouvert à la fin du siècle dernier ce qu’on ap-
pelait alors, d’une manière hétérocentrée, les «!rapports sociaux de
sexe!». Je dis hétérocentrée car il s’agissait toujours de rapports
sociaux de domination de l’homme envers la femme, presque ja-
mais de rapports sociaux entre personnes de même sexe!! Cette
conception a retardé et isolé les études sur les viols d’hommes par
des hommes mais aussi par des femmes et sur les violences dans
les couples dits homosexuels (Welzer-Lang 1988!; Watremez 2002).
Il s’agissait d’hétéronormativité par omission. Les mots sexe et
genre dans l’histoire sont parfois utilisés comme synonymes. C’est
pourquoi le mot genre peut signifier sexe comme dans le texte de
Ménage ci-dessus (genre masculin = sexe masculin)!; ou encore,

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comme dans ces vers de Gautier de Coincy (1177-1236),!toujours
relevés par Courouve (1985)!: «!La grammaire hic à hic accouple /
Mais Nature maudit le couple. / La mort perpétuelle engendre /
Celui qui aime masculin genre / Plus que féminin ne fasse / Et
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Dieu de son livre l’efface!». Quant au mot «!sexe!», il rejoint le genre


dans des expressions telles que «!être d’un sexe douteux11!» ou
«!troisième sexe!». Chaque sexe peut comporter plusieurs genres
différents et on lit dans le magazine homosexuel Futur de juillet
1954!: «!On peut circuler à Saint-Germain-des-Prés, le samedi soir,
sans être choqué, alors qu’il y a quinze ou vingt ans, à Pigalle, que
d’homosexuels de tous genres s’affichaient, que de petits jeunes
gens ostensiblement maquillés déambulaient!!!»!; et sous la plume
de Sylviane Agacinski (2002)!: «!L’affirmation de caractères ou de
valeurs liés à l’homosexualité en général ne devrait pas être affai-
blie par le fait que les gays sont des hommes et les lesbiennes des
femmes. Ce que l’on peut dire, c’est qu’il y a plusieurs “genres” de
femmes, et plusieurs “genres” d’hommes, et non un seul de chaque
“côté”!».
En conclusion, le mot français «!genre!» est d’une grande sou-
plesse à condition que son utilisation soit définie comme simple
outil de catégorisation (genre), qu’elle relève du genre sexuel (tra-
duction de gender!?) ou du genre littéraire. Sinon, on aboutit à la

11. Il est vrai que son utilisation semble réservée aux hermaphrodites,
eunuques, etc. Voir Théophile Gautier, «!Contralto!»!: «!Sexe douteux, grâce
certaine, / On dirait ce corps indécis / Fondu, dans l’eau de la fontaine,!/
Sous les baisers de Salmacis!» (Émaux et Camées, 1872, c’est moi qui sou-
ligne).
POST-QUEER 177

confusion, telle qu’elle est apparue dans les conférences organisées


récemment par la revue L’Histoire à la Bibliothèque Nationale de
France (2008/9). Que signifiait «!genre!» dans l’intitulé de celle où
était invitée Florence Tamagne!: «!L’homosexualité, un genre à
part!?!» Dans les travaux de cette dernière, il s’agit surtout
d’appréhender la représentation caricaturale des gays en person-
nages dits féminins et des lesbiennes en personnages aux caractè-
res dits masculins (inversion des genres). Or, les discussions portè-
rent sur le genre comme catégorie et à aucun moment ne fut abor-
dée la question de savoir en quoi l’homosexualité pouvait être
considérée comme un «!genre!». La confusion fut identique lors de
la première conférence où intervenaient Michèle Perrot, histo-
rienne, et Françoise Héritier, anthropologue, sous l’intitulé «!Le
féminin, naissance d’un genre ?!» On définit certes et féminin et
genre, mais jamais on n’expliqua comment le féminin pouvait être
un nouveau genre… Pourtant, la dernière conférence de Marcela
Iacub porta bien, pour sa part, sur les «!limites du genre!», expres-
sion elle aussi consacrée dans les définitions classiques du mot

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genre. La limite, c’est le point où l’on s’arrête. Or l’intérêt du jeu
actuel est d’explorer ces limites, c’est-à-dire soit de passer outre –
définitivement –, quitte à les repousser (exploration, colonisation),
soit de les travailler d’une façon alternative. C’est alors le mot
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trans-genre qui commence à être utilisé et que nous aimerions


populariser. Il est de plus en plus employé sur Internet pour dési-
gner des expressions empruntant à diverses sources (à l’intérieur
d’un même art, comme la musique12, mais aussi les arts plastiques,
les performance théâtrales et même le marketing13).

Des genres aux trans-genres


Le terme «!genre!» pourrait aussi signifier en raccourci
«!transgenre!» comme dans l’expression teintée d’ironie «!drôle de
genre!», qui signifie ne pas correspondre exactement à ce qu’on
attend de vous. «!Faire du genre!», c’est avoir des manières affec-
tées. De ce dernier point de vue, on pourrait ajouter l’analyse

12. O n lit sur www.alexandragrimal.com/dropbox/revuedepressegrimal.pdf!:


«!Grimal introduit également des éléments plus contemporains dans son
jeu, issus de l’approche transgenre développée par certains musiciens de la
“Downtown Scene” new-yorkaise!».
13. On lit, à propos de l’ouverture de la boutique-spa d’Anne Fontaine, bd
Saint-Honoré à Paris!: «!la marque envisage la mode moins comme une
façon de s’habiller qu’un art de vivre où l’attrait pour les belles matières et
les belles coupes devient comparable à celui pour les textures et les gestes
multisensoriels!». Plus qu’une nouvelle expérience d’achat proposée à ses
clientes, une approche «!transgenre!» destinée à élargir et enrichir leur
perception de la marque ?
178 PATRICK CARDON

trans-genres aux analyses de classes, coloniales ou nationales


quand on connaît les représentations qu’avait l’ouvrier, qui consi-
dérait le bourgeois comme un être efféminé, lui-même reportant
cette qualité sur l’indigène et attribuant volontiers à l’ouvrier une
image de virilité.
Selon Wikipedia, «!Transgenre est un néologisme français reflé-
tant une terminologie évolutive pour décrire les personnes dont le
genre – l’identité psychique et sociale reliée aux concepts d’homme
et de femme – entre en conflit avec leur sexe biologique!». Que voici
une définition «!scientifique!» sanitaire et sociale qui renvoie à des
concepts bien binaires d’«!hommes!» et de «!femmes!». Il est vrai
que pour le commun des mortels transgenre est assimilé à trans-
sexuel, c’est-à-dire à quelqu’un d’opéré. L’imaginaire commun com-
prend d’ailleurs mieux la transformation d’un homme en femme
que celle d’une femme en homme. La problématique concernant
cette forme de transgenre est à limiter comme pour le «!genre
sexuel!» au «!transgenre sexuel!». Les groupes de transgenres com-
prennent à la fois des transexuels et des transgenres14, sans qu’on

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ne puisse toujours les distinguer, seules les personnes concernées
sachant et autorisant à faire savoir qu’elles se sont transformées
ou non. S’il est vrai que la plupart d’entre elles sont attifées en
personnes contraires au sexe tel qu’il est défini par l’état civil, un
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homme ou une femme répondant aux critères de ce qu’on attend de


lui ou d’elle peut se qualifier de transgenre. Le ou la transgenre
peut être une option politique de solidarité du type «!Nous sommes
touTEs des transgenres!», mais également l’idée que l’on a de soi ou
qu’on veut donner aux autres sans changer d’apparence15. C’est
tout l’intérêt du travail de Pat Califia (2003, 2008), qui se demande
pour chaque personne rencontrée si elle n’est pas le produit d’une
transsexualité (ou transgenderisme) passée, présente ou à venir!;
qu’importe d’ailleurs son «!orientation sexuelle!», c’est pour cela
qu’on parle de transidentité ! Sans être «!folles!», les gays aiment se
parler parfois au féminin (soit par goût, soit par dérision pour ren-
verser les manières dont on dit qu’ils sont affublés, soit par
EF féminisme, soit tout ensemble ou partiellement). Ainsi me sou-
vient-il d’une amie FtoM, me rappelant d’une voix plus grave sa
transformation, puis acceptant mon désir de continuer à l’appeler
au féminin, mais à la manière gay, comme entre hommes. On n’est

14. Bourcier (1999)!: «!Parler de “pratiques transgenres” permettrait


d’embrasser un plus grand nombre d’expressions de genres et de réévaluer
la pseudo exceptionnalité du “travestisme”!» (dernière phrase du résumé!:
http!://clio.revues.org/index255.html).
15. Ainsi les deux protagonistes de Louise-Michel, le film de Kervern et
Delépine (2008) dont l’un, l’acteur, est une femme et enfantera, et l’autre,
l’actrice, est un homme.
POST-QUEER 179

pas très loin des sexualités intermédiaires telles que les concevait
Magnus Hirschfeld (2001) au début du XXe siècle.
Le trans-genre peut-il ne pas être tout simplement une identité
individuelle confrontée à un désordre sexe/genre. Ce peut être vous
ou/et moi. Ce peut être aussi une identité relationnelle, c’est-à-dire
non seulement une confrontation entre deux identités, mais aussi
la relation identitaire qu’entretiendraient ensemble ces identités,
émancipées de leurs identités sources. Pourquoi ne pas renverser
aussi la source comme on fait précéder le sexe par le genre, afin de
figurer une interaction et la placer dans les faisceaux de représen-
tations et d’autoreprésentations qui construisent les identités!?
N’est-ce pas foucaldien!? Irène Théry vient de le redécouvrir (2009).
C’est une nouvelle interprétation possible de ce qu’on appelle le
genre humain.
Marc-Jean Filaire (2008), à propos du film The Crying Game
(Neil Jordan, 1992!: Fergus, soldat hétérosexuel, découvre que Dil
est un homme) frôle cette notion!: «!Fergus peut-il être trans-genre,
peut-il passer au-delà de la barrière sociale du genre, c’est-à-dire

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passer outre un détail pour aimer une personne!?!» Il est donc ad-
missible que le rapport dit hétérosexuel puisse être défini comme
LE rapport transgenre par excellence, puisqu’il s’agit d’une relation
entre un homme et une femme et réciproquement. Il devient alors
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possible de distinguer des rapports hétérosexuels homogenres si les


deux partenaires sont de sexe différent mais de même genre
(exemple, une butch et un viril), les «!normaux!» d’aujourd’hui en-
core étant des hétérosexuels hétérogenres!; des rapports homo-
sexuels homogenres si les deux partenaires sont de même sexe et
de même genre (exemple, deux folles ou deux virils, deux passifs ou
deux actifs, deux fems ou deux butchs), des rapports homosexuels
hétérogenres si les partenaires adoptent des attitudes différentes
de genre (une butch et une fem, une folle et un viril, un actif et un
passif, etc). Toutes les combinaisons sont envisageables, même si
certaines dominent suivant les modèles encouragés dans chaque
société. Ce transgenrisme et non pas le transgenderisme (qui ren-
voie à g e n d e r et donc au genre et aux rôles sexuels) peut
s’appliquer à tout ce qui n’est pas homogène dans un couple (hété-
rogenre de type générationnel!: unE jeune et une personne plus
âgée), de type «!etnhique» (unE noirE et unE blancHE16, unE fla-
mand E et unE bourguignonNE ), de type économique (unE riche et
unE pauvre), de type culturel (unE intellectuelLE et unE ouvrierE),
de type physique (unE grandE et unE petitE ), de type national
(exemple, franco-américain), de rapports de force (unE fortE et unE
faible), etc. Ces combinaisons autorisent évidemment une multi-

16. J’adopte cette graphie transgenre pour ne pas mettre le féminin «!entre
parenthèses!».
180 PATRICK CARDON

tude de croisements et sous-croisements possibles (qu’on appelle au


Canada l’intersectionnalité17). Tout en ayant à l’esprit que ces mul-
tiples dénominations ne sont que des statuts passés ou à venir qui
s’imposent ou qui nous sont imposés mais qui structurent nos
corps, nos gestes et nos pensées.
Ce dégagement définitif de l’assignation de genres aux sexes
nous amène aux rapports entre le pouvoir et le savoir. Beatriz Pre-
ciado (2008a) articule les deux notions à propos des souvenirs de
Barbin!(1978, 2008)!: «!Herculine est condamnée à mort (ou plus
précisément au suicide) mais pas parce qu’elle se situe à un point
de rupture entre deux épistémè de la sexualité, comme si son corps
était absorbé dans la brèche qui sépare deux fictions discordantes
du soi. Herculine […] est avant tout la productrice d’un nouveau
savoir sur le sexe. Le texte d’Herculine aurait pu ouvrir
l’insurrection des savoirs assujettis dont parle Foucault en 1976 à
une seule condition!: Herculine elle-même, et non Foucault, aurait
dû le rendre public. Si Herculine meurt, ce n’est pas parce que son
corps est saturé par les langages disciplinaires, mais plutôt parce

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qu’elle ne parvient pas à rendre collective l’énonciation de son pro-
pre discours sur la sexualité. Herculine parle une langue mineure
qui ne peut à ce moment-là être entendue. Le langage privé
d’Herculine n’est pas en mesure de surcoder les effets du savoir-
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pouvoir du discours médico-légal!».


Le transgenre peut s’appliquer à cette interdisciplinarité, ren-
due impossible par la construction de jargons élevés aux frontières
de disciplines devenues martiales, devenir un point de vue ou une
vision du monde. Faudrait-il utiliser le mot anglais pour l’un
(standpoint) et/ou le mot allemand (Weltanschauung) pour l’autre
afin d’être pris au sérieux!?
Aussi le trans-genre est-il la prise en compte de tous les élé-
ments minorisés et non pas seulement le genre (hétéro)sexuel, ou
de l’un d’entre eux ignoré. Dans son analyse «!genre!» du film The
Crying Game, à aucun moment Marc-Jean Filaire ne nous décrit le
transgenre comme une personne de couleur noire. Or cette préci-
sion ne doit pas être sans incidence!; si elle l’est, il faudrait le pré-
ciser aussi. L’analyse de genre (gender) mais surtout la posture
féministe18 que Jean-Yves Le Talec (2008) adopte lui font oublier
qu’une femme peut aussi être «!folle!» au sens gay du terme, camp
(Roen 1993!; Cleto 1999). Les nouvelles tendances queer et de sim-
ples observations lui auraient permis de considérer cet élément
important d’une base commune entre hommes et femmes, base
bien sûr négligée par ceux et celles qui ont intérêt à ne vivre que

17. Voir, à ce sujet, l’article de Sirma Bilge, dans le présent numéro.


18. Pour un historique des relations entre homosexuelLE s et féministes,
voir Chauvin (2005).
POST-QUEER 181

dans le conflit ou par les conflits (difficile d’être un guerrier en


temps de paix). Sa posture de sociologue lui fait méconnaître aussi
les éléments historiques d’existence de folles, nommées de la sorte,
dans une histoire beaucoup plus ancienne qu’au XIXe siècle, comme
le montrent les travaux de Thierry Martin sur le Moyen Âge (2001,
2007). Une analyse féministe qui accepterait le féminin comme
l’expression d’une théâtralité choisie ou imposée devrait prendre
en compte l’existence de femmes efféminées (assumées) et de fem-
mes efféminisées (contraintes) et pas seulement de femmes fémini-
nes ou masculines. Cela rejoint le double TRANSvestissement (une
femme se faisant passer pour un homme qui veut se faire passer
pour une femme comme dans les deux versions du film Victor, Vic-
toria, celle de Reinhold Schünzel, Allemagne, 1933, et celle de
Blake Edwards, USA, 1981) ou le double TRAvestissement (comme
dans Les Nègres de Jean Genet), mais la simple observation révèle
que ce n’est pas seulement une affaire de théâtre ou de cinéma. La
follitude, si elle est une attitude, n’a pas de «!genre!» particulier ni,
pour utiliser le jargon politique réformiste, d’«!orientation

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sexuelle19!» précise (Chamberland 1998). Si l’on refuse le binarisme
comme système exclusif (et non la binarité qui peut être un choix
relatif), il faudra bien passer par ce type de réflexion pour entrer
plus profondément dans la complexité des réalités et des fictions.
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Évitons, tout d’abord, d’utiliser des mots qui nous sont présen-
tés comme des évidences. Le titre du livre de Jean-Louis Bory et
Guy Hocquenghem (1977), Comment nous appelez-vous déjà!? Ces
hommes que l’on dit homosexuels indiquait que nous ne choisis-
sions pas nos mots, et partant la grammaire de nos vies. Un de mes
correspondants marocains me disait tout récemment!: «!Nous ne
sommes pas chez nous. Nous sommes chez eux!». Nous pouvons
renverser bien sûr, utiliser la dérision, mais nous sommes toujours
dans le même référentiel, dans le même ordre du jeu. Or le jeu
permet d’infiltrer les interstices pour les élargir et les habiter.
Avant de revenir sur le mot «!sexualité!», attardons-nous sur
celui d’«!homo!»!: s’il veut bien dire «!le même!», hétéro, en revan-

19. Nous partageons l’avis de Line Chamberland (1998) pour cette notion
d’orientation sexuelle!: «!Par la suite, l’introduction du concept d’orienta-
tion sexuelle a eu pour effet de dissocier genre et objet du désir sexuel.
Mais en concevant l’orientation homosexuelle comme une forme prédéter-
minée de la sexualité humaine, ce concept réifie, essentialise le désir
sexuel. De plus, son usage s’est inscrit dans un discours défensif qui cher-
che à établir une séparation rigide entre genre et sexualité. Concrètement,
par exemple, ce discours affirmera que l’orientation sexuelle n’a rien à voir
avec le genre, que les homosexuels ne sont pas des efféminés, les lesbien-
nes ne sont pas masculines, bref pour s’attaquer aux anciens préjugés, on
avancera des contre-vérités qui participent d’une même vision naturali-
sante et essentialiste!».
182 PATRICK CARDON

che ne veut dire que différent. L’apparition récente du terme


«!hétéro!» dans l’actualité éditoriale interroge positivement l’inven-
tion de la culture hétérosexuelle en français, dans le sillage de
l’ouvrage anglais de Jonatan Katz (1996), traduit et publié en
France en 2002. Enfin, les gays n’auront plus à se questionner uni-
quement sur leur sort mais aussi sur celui de la culture qui leur en
jette (des sorts). Voilà qui déculpabilise sérieusement. Un sémi-
naire20 de l’ULB consacré aux hétérotopies telles que définies par
Michel Foucault rappelle que «!hétéro!» signifie simplement «!au-
tre!», comme dans hétérogène. Les homosexualités ne seraient
qu’une des multiples formes d’hétéro-sexualité (et vice versa!?).
C’est un changement pertinent et opératoire, car on voit mal com-
ment les homosexuels échapperaient aux seuls schémas hétéro-
sexuels alors même que l’on constate une diffusion de plus en plus
large de la culture gay identifiée positivement parmi la population
qui affiche des goûts hétérosexuels. Nous voyons apparaître comme
nouveau, pour les personnes qui les découvrent, l’inversion de la
question homosexuelle (Fassin 2005), l’invention de la culture hété-

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rosexuelle (Tin 2008) et la subversion de l’identité (Butler 2005).
Ce processus rapide de queerisation de l’hétérosexualité, au sens
restreint d’homosexualisation, de lecture homosexuelle s’accom-
pagne d’une queerisation plutôt trans-genre au sens où nous l’en-
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tendons. Celle-ci prend en compte systématiquement non seule-


ment les identités LGBT, si elles existent, mais aussi leurs points de
vue si elles ne figurent pas, comme le fait Rosello (2007) à propos
du film Dirty Pretty Things de Stephen Frears (2002). Certains
décèlent même certaines formes queer d’hétérosexualité comme
Edouard Magessa O’Reilly (2008) chez Beckett.
Le trans-genre, ce pourrait être le queer à la française. Il recou-
vre l’ensemble des prétendues nouvelles disciplines que sont les
études queer, culturelles et postcoloniales incluant nécessairement
les études universitaires mais pas seulement, les études de genres
(au pluriel) mais pas seulement gender («!femmes!»). Je dis préten-
dues car, pour ne prendre que le cas des études dites postcolonia-
les, la plupart d’entre elles correspondent à la définition étroite
qu’en donne Ripoll (2006)!: «!La seule dénonciation de l’idéologie
coloniale contient un piège, ou tout au moins une ambiguïté!: sous
couvert de mettre au jour, dans la pensée occidentale, un fonction-
nement binaire et essentialiste, [ces premiers auteurs «!post-
coloniaux!»] semblent en même temps le reproduire et par là même
l’avaliser (Mangeon!: 85). À bien des égards, [Said] fabrique lui-
même un “Occident” monolithique et monomane quand il le dési-
gne comme l’auteur coupable ou le “fauteur” d’un “Orient” fictif et

20. «!Hétérotopies sexuelles. Formes et pratiques du désir d’ailleurs!»,


Colloque international, Université libre de Bruxelles, 23-25 octobre 2008.
POST-QUEER 183

uniforme ». Si l’on suit cette discussion, pour réellement passer de


la critique anticolonialiste (le decolonization discourse) à la critique
postcoloniale (comme d’ailleurs pour passer du féminisme des Gen-
der studies à la queer theory si l’on en croit Anne Berger), il ne suf-
fit pas de renverser la table des valeurs, mais il faut casser la na-
turalisation des identités et plus encore l’enfermement dans les
logiques fixistes des catégorisations. L’Européen ou l’Occidental
n’existent pas plus que l’Oriental ou l’Africain, car l’Europe ou
l’Occident ne sont pas moins mythiques que l’Orient ou l’Afrique.
Laisser croire le contraire sous couvert de dénonciation, c’est conso-
lider le schème hégémonique au lieu de le mettre en question, c’est
donc faire le jeu des dominants alors que l’on croit les contester.
Je dis prétendues car les études culturelles à la française se li-
mitent souvent à l’histoire des institutions culturelles de l’État ou
des collectivités territoriales alors que, dans le principe, elles exi-
gent d’intégrer les cultures populaires y compris donc des trans-
genres. Après avoir suscité beaucoup d’espoir, le nouveau mouve-
ment que constituent ces nouvelles disciplines ne va pas dans ce

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sens. Le queer reste monopolisé aujourd’hui par les féministes uni-
versitaires et surtout cantonné à la sociologie, ce qui n’est pas de
bon augure pour ce qui concerne par exemple les masculinités des
hommes qui, très féministement, sont réservées au domaine des
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«!sexualités!». Le spectre d’études se réoriente suivant des schèmes


traditionnellement binaires!: le sexe, la sexualité, la masculinité
pour les hommes et le genre pour les femmes. La resexualisation
attendue du mouvement queer reste lié au féminisme et à ses pré-
occupations politiques. Pour être queer, faut-il être subversif!? Le
concept de genre a permis de transférer celui de sexualité du do-
maine médical au domaine sociologique. L’un comme l’autre peut
devenir policier.

Applications (le peuple qui manque21)


Catégorie d’analyse, le trans-genre recouvre aussi une pratique.
L’efféminement est moins spectaculaire que la follitude ou le tra-
vestisme. Pourtant c’est la faille que chacun traque chez l’autre
pour savoir s’il en est ou pas. Dans un système hétérosexiste (ou
homosocialosexiste), toute trace de sensibilité ou de fragilité émo-
tionnelle ou physique est un soupçon d’efféminement, c’est-à-dire
d’homosexualité (et vice-versa22). Nous avons vu que l’effémine-

21. Référence à!: www.lepeuplequimanque.org/le-queer-vers-une-revoluti-


on-des-politiques-des-identites-sexuelles-et-du-genre.html
22. Voir l’excellent film Tea and Sympathy (Vincente Minelli, USA, 1956) et
sa non moins excellente analyse par Uta Fenske!: «!Comment faire quand
on doit être un homme ? Tea and Sympathy (1956) ou la confusion d’une
masculinité hétérosexuelle queer!», dans Zoberman (2008).
184 PATRICK CARDON

ment pouvait être une idée ou une posture de femme dite biologi-
que pour élargir la conception de performance de sexe à celle de
genre et non pas seulement d’une manière binaire d’un sexe à
l’autre ou d’un genre à l’autre (inversion). On compte beaucoup
d’homosexuels féministes et antiracistes (solidarité des opprimés),
mais on compte peu d’efféministes!; le mot est même quasiment
inconnu. Il serait temps pourtant, à l’heure du queer, de mélanger
un peu plus les genres et de défendre d’autres minorités oubliées.
Les folles restent un sujet beaucoup trop discret parmi les hommes
(étude sur les masculinités) et les femmes (études féminines).
Seuls les historiens (Chauncey 1994, pour les USA 2003!; Le Ta-
lec 2007, pour la France!; et Mieli 2008, pour l’Italie) rappellent
que les folles furent à l’origine de la possibilité toute relative de la
normalisation gay et lesbienne et donc de la possibilité du queer.
Les folles et leur humour, le camp (le fait de pousser les normes
jusqu’à leur expression la plus excessive, la caricature, pour les
ridiculiser et les déperformativer!: Quentin Crisp, Mae West, Mar-
lene Dietrich, Bette Davis) ainsi que le transfert de leur décalage

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social dans le kitsch23 voient leurs points de vue dominer dans
beaucoup de séries anglo-saxonnes (Desperate Housewives, Mal-
colm, Ma série au Canada), françaises (Clara Sheller), voire dans
des dessins d’animation comme Les Simpson qui abordent des su-
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jets peu courants dans ce genre comme les études culturelles, la


GayPride, etc. Les personnages les plus remarquables de ces séries
ont la particularité commune d’être hystériques au sens ordinaire
du terme!: dramatisation des faits quotidiens, réactions dispropor-
tionnées – autant de caractéristiques de certaines folles flam-
boyantes. Là où une analyse féministe dénoncerait le cantonne-
ment aux femmes de ces personnages hystériques (les hommes y
étant plutôt passifs et débonnaires), une analyse transgenre dé-
crypterait ces femmes comme des transpositions de folles au sens
gay du terme. Car autant l’interdiction de promouvoir l’homo-
sexualité nécessita pendant longtemps de crypter les relations pas-
sionnelles entre personnes de même sexe, autant les nouvelles
images viriles des gays demandent aujourd’hui de crypter les folles
(une folle – femme – peut en cacher une autre – homme). On sait
que Fassbinder préféra substituer des femmes aux hommes précé-
demment prévus pour son film Les Larmes amères de Petra von
Kant (RFA, 1972). Et c’est ainsi qu’un homme peut être une femme
et une femme un homme, souvent sans le savoir et que la seule
preuve tangible en est la marque de genre figurant sur le registre
d’état civil, ce qui est bien maigre. Le sentiment identitaire devrait
pouvoir n’être qu’une simple question de conviction personnelle, ô
combien fluctuante et aléatoire.

23. On trouvera tous ces éléments redonder dans le magazine Têtu.


POST-QUEER 185

Le trans-genre est un point de vue universel à partir d’un point


de vue particulier et qui tiendrait compte des particularités des
particuliers (minorités) et de leur capillarité (pour le plaisir de
l’allitération). Il mélangerait et assumerait les points de vue dits
EF féministes, culturels, queer, postcoloniaux et ne se contenterait
pas de les ajouter (L+G+B+T+Q+ I = LGBTQI24) en les réduisant à une
défense étroite de minorités aux standards d’accès et aux profils
défendables de plus en plus stricts. Il engloberait enfin toutes les
autres notions classiques de genre dans leur dimension sexuée ou
non. C’est une idée, n’en doutons pas, qui traversera la mer rouge
sang des opinions.
Patrick CARDON.
(Paris.)

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