Papa
Mélanie VANNOD
EL) Vassilis ALEXAKIS, Papa, et autres nouvelles, Fayard, Paris, 1997.
Pi, ttre éloquent et mystérieux a la fois. Quelle his-
{oire surla patemité auteur va-t-il nous donner ale?
Le sous-titre, autres nouvelles, nous indique le genre
adopté. Cependant, le mystire demeure jusqu’a la
page 15. Préoédemment, Vasilis Alexakis nous décrit
ce qui le retent dans son lit. Contrairement
'on pourrait imaginer, ce n’estni la paresse ni la ma-
lad, mais l'amour. L’amour de ’éeriture, du réve, de
la femme. Le lit devient le lieu de création, C’est Ia
«que les personages naissent et dévoilent leurs traits &
auteur. Le tit devient le symbole de la création litté-
rare, et auteur se pose donc dés le départ comme un
pre, celui qui engendre le roman, la nouvelle: « L’im-
‘mobilité et 1a contemplation du plafond sont propices
‘mon travail, elles me permettent de songer tranquil-
Jement & mes personages, de m”“approcher” d’eux,
de leur toucher les cheveux. » Vassilis Alexakis donne
véritablement naissance a son oxuvre. Puis, comme
certains parents imaginent le visage et l'avenir de leur
enfant, il varéver sa nouvelle. Elle ne se matérialsera
et n’existera vraiment qu’une fois accouchée sur le
papier. Dés lors, ’écrture chez Alexaks se teinte du
séme dela paterité mélé inexorablement celui de la
‘maternité, puisqu’iln’y a écrture qu aprés une période
de gestation. Le réve semble occuper une place ma-
Jeure dans toute Iccuvre de Vassilis Alexakis. Ainsi,
dans la premiére nouvelle, retrouve-t-on un homme
assis au pied d’un arbre. I lit son journal. Tout & coup
un enfant extrait de saréveric en ’appelant Papa. Ce
nom bouleverse l'homme. Ine reconnait pas l'enfant.
Il 50 demande si ce petit gargon n’est pas fou.
Tout univers de cette nouvelle semble biti autour
de Vimaginaire. Le bois en tant que lieu le plus pro-
pice a la reverie est le royaume du conte. Ce pére réve
savvie Ila vingt-deux ans et est étudiant. Le temps ne
peut étre passé si vite: « On ne pout pas étre papa
un grand gargon comme toi a vingt-dewx ans, tu
‘comprends ? » Une fois sorti du bois, il est rattrapé
ar la réalité, L’enfant, dépéché par cette réalité, ra
pelle au pére que le temps passe et qu'il lui est compté.
Ul contraint imagination, s’oppose au réve de I’éter-
nelle jeunesse, Ainsi Jean nous est-il dépeint lui-méme
‘comme un enfant. En effet, seuls es enfants ont a per-
Melampous n°7
mission de réver et de nier la réalit. Enfin...seuls les
enfants. es écrivains. L"écriture s’avére pour Vassilis
Alexakis un moyen dese rapprocher dela pureté,del'ima-
inaire de Venfance. Par ce biais-l, peut-