Les matières plastiques font désormais partie de notre quotidien. Certains polymères ont été
découverts fortuitement.
Une matière plastique ou en langage courant un plastique, est un mélange contenant une
matière de base (un polymère) qui est susceptible d'être moulé, façonné, en général à chaud et
sous pression, afin de conduire à un semi-produit ou à un objet.
Le mot « plastique » dérive du latin plasticus, lui-même issu du grec ancien πλαστικό ς (plastikós,
« relatif au modelage »), dérivé du verbe πλά σσειν (plássein, « mouler, former ») dont dérive
aussi le mot plasma.
Les matières plastiques couvrent une gamme très étendue
de matériaux polymères synthétiques ou artificiels. On peut observer aujourd'hui sur un même
matériau des propriétés qui n'avaient jamais auparavant été réunies, par exemple
la transparence et la résistance aux chocs.
Les textiles (fils et fibres) ainsi que les élastomères ne sont pas des matières plastiques
proprement dites.
Généralement, les polymères industriels ne sont pas utilisés à l'état « pur », mais mélangés à
des substances miscibles ou non dans la matrice polymère.
Structure typique d'une formule : matière plastique = polymère(s) brut(s) (résine(s) de base)
+ charges + plastifiants + additifs.
Il existe un grand nombre de matières plastiques ; certaines connaissent un grand succès
commercial. Les plastiques se présentent sous de nombreuses formes : pièces moulées par
injections, tubes, films, fibres, tissus, mastics, revêtements, etc. Ils sont présents dans de
nombreux secteurs, même dans les plus avancés de la technologie.
Sommaire
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1Historique
2Technique
o 2.1Caractéristiques
o 2.2Chimie et composition générale
2.2.1Notions de chimie macromoléculaire
2.2.2Formulation du matériau polymère
2.2.2.1Additifs
o 2.3Propriétés
2.3.1Propriétés thermiques
2.3.2Propriétés mécaniques
3Transformation
4D'un polymère usuel vers une forme d'art
5Typologie
o 5.1Familles de matières plastiques
5.1.1Thermoplastiques
5.1.2Thermodurcissables
5.1.3Élastomères
o 5.2Polymères des trois familles de matières plastiques
6Économie
o 6.1Production
o 6.2Consommation
o 6.3Applications
7Bioplastiques
8Environnement
o 8.1Bilan écologique
8.1.1Phase de production
8.1.2Phase d'utilisation
8.1.3Au stade déchet
o 8.2Recyclage
9Notes et références
10Annexes
o 10.1Articles connexes
o 10.2Bibliographie
o 10.3Liens externes
Les premiers plastiques industriels très résistants ont été produits à partir du lait. La Bakélite a connu un
immense succès à partir des années 1920 ; ici sous forme de face avant d'un poste de radio. La caséine du
lait a servi d'agent plastifiant en peinture dès le Moyen Âge et peut-être bien plus tôt.
Si l'on peut faire remonter l'histoire des matières plastiques à l'Antiquité, c'est surtout à partir de
la fin du XIXe siècle que leur utilisation se développe avec la mise au point de plastiques
synthétiques. Des centaines de chercheurs et de bricoleurs de génie sont à l'origine de cet essor.
Les premiers plastiques, artificiels, résultaient de la transformation chimique de polymères
naturels tels la cellulose et la caséine (le squelette macromoléculaire étant préservé lors de cette
transformation). La première matière plastique industrielle basée sur un polymère synthétique est
la Bakélite.
L'histoire des matières plastiques remonte à l'Égypte antique :
au XVe siècle av. J.-C., les Égyptiens employaient des colles à base de gélatine, caséine
ou albumine. Ils utilisaient de la gélatine d'os pour le collage du bois. Un document daté
de 1470 av. J.-C. décrit la fabrication de la colle d'os dans la construction du mobilier1,2 ;
fin du XVe siècle : Christophe Colomb apporte des plants
de caoutchouc appelés Cao (bois) tchu (qui pleure) par lesAmérindiens[réf. nécessaire] ;
1736 : les naturalistes français Charles Marie de La Condamine et François Fresneau de La
Gataudière découvrent le caoutchouc naturel dans le bassin amazonien un peu par hasard ;
1835 : Henri Victor Regnault découvre par accident la réaction de polymérisation du chlorure
de vinyle ;
1839 : l'Américain Charles Goodyear découvre
par sérendipité le procédé de vulcanisation du caoutchouc naturel par le soufre ;
1862 : l'Anglais Alexander Parkes (en) présente la Parkésine (issue de la cellulose), l'un
des plus anciens polymères artificiels, lors de l'Exposition universelle de Londres. Cette
découverte est à la base de l'industrie plastique moderne ;
1870 : les frères Hyatt inventent le Celluloïd (utilisé dans les balles de tennis de table) qui est
considéré comme la première matière plastique artificielle, dont l'origine remonte à 1856. Il
est obtenu en plastifiant la nitrocellulose (issue de la nitration de la cellulose du bois) à chaud
par le camphre. Il fait suite à un embargo de boules de billard en ivoire pendant la guerre de
Sécession aux États-Unis d'Amérique ;
1884 : Hilaire de Chardonnet invente la viscose en dissolvant de l'acétate de cellulose dans
du chloroforme ;
1892 : le scientifique français Auguste Trillat, travaillant sur la caséine du lait, réussit à la
durcir en y ajoutant du formol, et obtient la « pierre de lait », un
polymère thermodurcissable semi-synthétique. En 1897, la Galalithe est inventée par le
scientifique allemand Wilhelm Krische et le chimiste autrichien Adolf Spitteler. Cette matière
est plus dure que la corne, plus brillante que l'os et plus soyeuse au toucher que l'ivoire.
Bientôt toutes les boules de billard seront en Galalithe. En 1918, commence la fabrication
d'articles courants, comme le bouton, le bijou fantaisie, le fume-cigarette ou encore le stylo ;
1907 :
le chimiste belge, naturalisé américain Leo Baekeland découvre les résines formo-
phénoliques (sous le nom commercial de Bakélite), les plus anciens polymères
synthétiques industriels ; produites par polycondensation du phénol et
du formaldéhyde (famille des phénoplastes) ; utilisées à l'origine pour les boîtiers de
téléphone, coques de rasoir, poignées de casserole, prises électriques, cendriers, etc. ;
la même année, le chimiste allemand Fritz Hofmann réalise les
premiers caoutchoucs synthétiques en polymérisant des diènes conjugués ;
1908 : découverte de la cellophane par le chimiste suisse Jacques Brandenberger ;
1919 : le chimiste allemand Hermann Staudinger, prix Nobel de chimie en 1953, introduit la
notion de macromolécule puis réalise la polymérisation de
nombreux monomèreséthyléniques. Il peut être considéré comme le père de la science
macromoléculaire ;
1920 : premières études des réactions phénol-épichlorhydrine par Paul Schlack de la
société IG Farben, conduisant aux résines époxyde ;
1931 : première fabrication industrielle du polychlorure de vinyle (PVC) ;
1932 : après plus de vingt ans de recherches, développement par Otto Röhm et Haas, en
collaboration avec la société IG Farben, d'un grand nombre de dérivés polyacryliques, dont
le polyméthacrylate de méthyle (PMMA), commercialement connu sous le nom de Plexiglas ;
utilisation : feux arrière et de clignotant, certains carters de véhicule, hublots d'avion, fibres
optiques, enseignes lumineuses ;
Cageots en matière plastique courante (base PE ou PP).
1933 : obtention par polymérisation radicalaire du polyéthylène basse densité (PEBD) (LDPE
pour les Anglo-saxons) (densité d~0,92) par les ingénieurs anglais Eric Fawcett et Reginald
Gibson de la firme ICI en opérant sous très haute pression à environ 200 °C3.
Le polyéthylène ou polyéthène (PE) est la seule polyoléfine qui puisse être obtenue par voie
radicalaire ;
1935 :
les polyamides (PA) (connus sous le nom de nylon4) sont sortis des éprouvettes du
chimiste américain Wallace Hume Carotherstravaillant pour Du Pont de Nemours5.
En 1938, la firme annonce officiellement la découverte d'une fibre synthétique « aussi
solide que l'acier, aussi fine que la toile d'araignée, et d'un magnifique éclat ». Ce fut le
premier plastique technique à haute performance, avec en particulier un coefficient
de friction faible. Applications : fait ses preuves dans les parachutes des G.I. au moment
du Débarquement, puis utilisé dans la confection de bas ; engrenages, cages
de roulement à billes, corps de perceuse, têtes de maillet, visserie plastique, semelles de
chaussures de football ;
fabrication industrielle du polystyrène (PS) à Ludwigshafen, suivie d'un rapide
développement en Allemagne ;
1936 : la société Rhône-Poulenc crée le Rhodoïd, à base d'acétate de cellulose ;
1937 : Otto Bayer synthétise les premiers polyuréthanes, aussi appelés polycarbamates6 ;
applications : adhésifs, fibres Spandex, « mousses » pour matelas et coussins, sièges
d'automobile, etc. ;
1938 : Roy Plunkett, un chimiste américain de Du Pont de Nemours, découvre par hasard
le polytétrafluoroéthylène [formule moléculaire (-CF2-)n] (PTFE) (principalement connu sous
le nom commercial de Téflon ; présent dans le goretex4), un isolant qui offre une excellente
résistance chimique et à la chaleur (stable jusqu'à 250 °C en service continu, avec pointes
possibles à 300 °C). Isolant étanche, il sert dans l'industrie nucléaire militaire, avant de
recouvrir dans les années 1960 les poêles à frire des cuisines (application de son
pouvoir antiadhésif) ; joints d'étanchéité.
La Seconde Guerre mondiale exacerba les besoins en matières premières :
1941 :
la résine « mélamine-formol », alias Formica, envahit les cuisines. Cette
résine très dure fait partie de la famille des aminoplastes. Elle a été développée dans
les années 1930 et 40 par des firmes telles American Cyanamid, Ciba et Henkel, mais
sans véritable succès commercial. Ses propriétés élevées de résistance à la plupart des
produits chimiques, à la chaleur, à la lumière, à l'abrasion et au feu expliquent son
succès dans l'immédiat après-guerre. Les aminoplastes sont par ailleurs utilisés
comme adhésifs/liants dans l'industrie du bois ;
les silicones (SI), thermostables dotés de propriétés antiadhésives ; utilisation dans les
industries électrique, aéronautique et du biomédical (isolants
électriques puis fluidesamortisseurs dans les trains d'atterrissage des avions, chirurgie
plastique, huiles de moteur, mastics, peintures, cosmétiques, etc.) ;
découverte du polytéréphtalate d'éthylène (PET, PETE) par John Rex
Whinfield et James Tennant Dickson.
Pour couvrir ses besoins, l'Allemagne, rapidement privée de ses ressources en latex naturel,
avait produit durant la Première Guerre mondiale du caoutchouc Buna7, un ersatz de
cette substance. Ses recherches sur de nouvelles matières se poursuivirent au cours de la
Seconde Guerre mondiale (réalisées notamment par IG Farben) et, en 1945, la production de
caoutchouc synthétique s'élevait à un million de tonnes.
À partir de la Libération, l'élan scientifique et technologique insufflé à l'industrie par la guerre se
poursuivit et de nouvelles matières furent synthétisées, telles les nouveaux polyamides,
le poly(carbonate de bisphénol A) et les polyacétals.
Puis les découvertes de nouvelles matières se firent plus rares :
1950 : synthèse des premiers copolymères du polystyrène, marquant une nette amélioration
des qualités du PS homopolymère (tenue au choc en particulier, température limite
d'utilisation, tenue aux solvants organiques) ;
Le polycarbonate : une résine transparente comme le verre, la solidité en plus. Utilisée dans les blindages,
elle a équipé le casque des astronautes en 1969 sur la Lune.
1953 :
les chercheurs Bottenbruch, Krimm et Schnell de Bayer AG découvrent
le polycarbonate (PC), un polymère très transparent et extrêmement résistant aux chocs.
Il a équipé le casque des astronautes pour la mission Apollo 11 en 1969. Utilisation :
dans plus de 80 % des visières de casque de moto, CD, biberons incassables, phares
d'automobile, profilés de toiture, vitres de cabine téléphonique, vitres pare-balles, châssis
d'ordinateurs portables, etc. ;
le chimiste allemand Karl Ziegler et son équipe découvrent fortuitement un
système catalytique permettant la polymérisation linéaire de l'éthylène (ou éthène) sous
pression modérée (de l'ordre de 2 à 3 MPa), produisant le polyéthylène haute
densité (PEHD, densité~0,95) au faible degré de ramification ;
1954 : un an plus tard, le chimiste italien Giulio Natta met au point, utilisant les catalyseurs
« Ziegler », le polypropylène (ou polypropène) isotactique (PP ou PPi pour le différencier du
polypropène syndiotactique de sigle PPs). Ziegler et Natta se partagent le prix Nobel de
chimie en 1963 grâce à leurs travaux en science des polymères. Remarque : le PP atactique
présente peu d'intérêt économique ;
1955 : travaux de la société Phillips Petroleum sur la polymérisation linéaire coordinative
sous relativement basse pression de l'éthylène, grâce aux catalyseurs stéréospécifiques,
fournissant le PEHD ;
1961 : commercialisation de l'Estane (BF Goodrich), un polyuréthane thermoplastique (TPU
en anglais). Autre exemple d'élastomère thermoplastique (TPE ou TPR en anglais) : le
copolymère séquencé (copolymère bloc) SBS ou poly(styrène-b-butadiène-b-styrène) ;
1965 : découverte par les chercheurs Stephanie Kwolek et Herbert Blades de la firme Du
Pont de Nemours d'un « super-nylon », le Kevlar, une fibre aramide légère et
particulièrement résistante8 :
à la déchirure et aux chocs : gilets et vitres pare-balles, couches anti-perçage ;
au feu : casques et vestes des sapeurs-pompiers, gants de cuisine, etc. Son grand
succès dans ce domaine est aussi dû à l'interdiction de l'amiante ;
à la corrosion (voiles, amarres de pétrolier) ;
dans les années 1990, le terpolymère ABS tend peu à peu à remplacer les résines
« mélamine-formol ». C'est une matière plus noble que le polystyrène, très utilisée en
habillage d'équipements électroménagers (corps d'aspirateur), pour jouets rigides,
enjoliveurs, parfois en emballage (couvercles), en accessoires de salles de bains et dans
l'industrie ;
l'ABS existe aussi en version translucide (M-ABS dit ABS transparent) ;
il est métallisable par galvanoplastie pour imiter l'aluminium ; utilisation : contenants en
cosmétique… ;
il peut être mélangé avec du polycarbonate pour former un mélange de
polymères PC/ABS (noms commerciaux Anjablend A, Bayblend, Pulse) (pièces pour
automobiles). Le Noryl est un autre exemple de mélange polymère-polymère ;
2000 : pour le développement des polymères conducteurs intrinsèques, les chercheurs Alan
Heeger, Alan MacDiarmid et Hideki Shirakawa sont récompensés par le prix Nobel de
chimie.
Depuis une trentaine d'années, les automobiles, les trains et les articles électroménagers
(machines à laver…) n'ont cessé de s'alléger en métal et de gagner en performance grâce à
l'apport des matériaux plastiques9.
Les plastiques armés (matériaux composites) [typiquement les résines polyesters et
époxyde renforcées fibres de verre (verre : d~2,5)], plus légers à résistance égale que l'acier ou
l'aluminium, et insensibles à la corrosion, sont des matériaux non traditionnels. Certains types
sont de plus en plus utilisés dans le secteur aéronautique10.
De nouveaux plastiques toujours plus respectueux de
l'environnement (recyclage et biodégradabilité améliorés), moins dépendants
du pétrole (réduction de coût), thermostables, plus transparents, incassables, ininflammables ou
originaux sont en voie de développement.
la densité des matières plastiques non expansées est nettement plus faible que celle des
métaux (hors magnésium) : de 0,83 (cas du poly-4-méthyl-pentène-1 désigné par PMP) à
2,15 (PTFE), avec 1,2 comme valeur moyenne. La densité d'un polymère est directement
fonction du taux de cristallinité. Par ailleurs, la rigidité et la résistance mécanique augmentent
avec ce taux ;
température de transformation plus basse : couramment comprise entre 100 °C (le PS est
facile à travailler : extrudable dès 85 °C) et 300 °C (le PC est injecté vers 300 °C). Les
bioplastiques sont transformés de 160 à 200 °C, contre environ 220 °C pour
des compounds ordinaires équivalents ;
élasticité plus élevée (jusqu'à 800 % d'allongement à la rupture pour le PEHD) ;
thermostabilité des polymères thermoplastiques nettement inférieure à celle des métaux.
Rares sont les plastiques résistant à plus de 250 °C pendant de longues périodes dans l'air.
Des modifications structurales, particulièrement parmi les matières thermoplastiques,
permettent d'élargir le domaine thermique d'utilisation vers les basses ou hautes
températures ;
module d'élasticité plus faible (le module du PEBD est peu élevé : E~200 MPa ; à l'opposé,
les aminoplastes présentent un module très élevé). Une incorporation croissante de fibres
augmente le module d'élasticité et la contrainte à la rupture (ténacité) du composite. La
dilatation thermique des matériaux est inversement proportionnelle à leur module de traction.
Le coefficient de dilatation des polymères thermoplastiques est supérieur à celui des
métaux ;
tenue (ou résistance) aux agents chimiques : en règle générale, les polymères résistent
aux acides et aux bases [grande inertie chimique du PTFE et du PE (en raison de sa
structure paraffinique)]. Ils sont cependant sensibles aux solvants (bonne tenue du PTFE,
PBT et PA-6,6) ;
les polymères ont un comportement viscoélastique. En effet, ils démontrent simultanément
des propriétés élastiques et un caractère visqueux. Dans ce dernier cas, la
matière s'écoule en réponse à une contrainte ;
certains plastiques sont des amortissants vibratoires ; exemples : ABS, copolymère bloc SIS
[ou poly(styrène-b-isoprène-b-styrène)] ; intérêt en vibroacoustique ;
la plupart des polymères thermoplastiques amorphes non chargés (et non colorés…) sont
transparents (PMMA, PC, PS « cristal », etc.) ;
certains plastiques manifestent une grande résistance à l'impact (PC, PET, PMMA, etc.) ;
certains sont résistants à l'abrasion (PTFE, PVC rigide, polyamides, PET,
aminoplastes, etc.). Le PTFE possède un coefficient de friction particulièrement faible qui lui
permet d'être un lubrifiant solide ;
des déchets plastiques très stables peuvent rester des siècles durant dans l'environnement ;
ils peuvent cheminer dans des organismes et ceux qui se fixent ont un effet inconnu.
Les matrices organiques sont des isolants thermiques et électriques, ainsi que les fibres de
renfort (sauf fibres de carbone)11 :
la conductivité thermique des polymères est environ cent fois plus faible que celle des
métaux ; ainsi, beaucoup de matières plastiques, en particulier les mousses, sont utilisées
comme isolants ;
conductivité électrique très faible ; les plastiques servent traditionnellement pour
l'isolation de fils et câbles électriques (PTFE, PEHD).
Taux de Tf ou
Code Densité Tv (°C) Tmaxi (°C)14 Module E (GPa)
cristallinité (%) Tr (°C)13
1,04-
ABS 0 85-125 105-120 70-85 2,5
1,12
PET
1,30 0 65-80 255 100 2,7
amorphe
PET
1,40 40 65-80 260 100 4,1
cristallin
PS
1,05 0 80-100 100 60 3,2
« cristal »
Les plastiques prêts à l'emploi sont souvent constitués de longues chaînes carbonées15. Ils sont en général
dérivés de combustibles fossiles(pétrole, gaz naturel, charbon). Diverses substances (charges, plastifiant(s)
et additifs), dont la proportion en masse peut être majoritaire, sont incorporées lors de la fabrication.
La matière de base (la résine) est un polymère16. Les résines des matières plastiques sont issues
de produits intermédiaires (éthylène, propylène, acétylène, benzène, etc.) dont les matières
premières sont le pétrole (notamment grâce au procédé de vapocraquage du naphta), le gaz
naturel17 et le charbon.
Un polymère est une substance composée de macromolécules. Une chaîne polymère est
constituée d'un grand nombre d'unités monomères. La viscosité et la résistance mécanique d'un
polymère augmentent avec le degré de polymérisation (DP ou n) ; ce dernier définit la longueur
des chaînes18.
Si le degré de polymérisation est supérieur à 3 000, le produit sera une matière plastique ; le DP
peut atteindre six millions.
Les matières plastiques sont synthétisées par polymérisation de monomères ou de (pré-)
polymères :
les polymérisations par étapes, faisant appel à des polycondensations (conduisant par
exemple aux polyamides ; la réaction se fait par élimination de molécules simples, surtout
l'eau) ou à des polyadditions (pour produire par exemple les polyuréthanes). Les polymères
obtenus contiennent souvent des hétéroatomes caténaires, tels les polyamides avec
l'atome d'azote ;
les polymérisations en chaîne. Suivant le type de centre actif, on distingue
les polymérisations radicalaires, cationiques, anioniques ou coordinatives (dans ce quatrième
cas, le centre actif propageant est un complexe de coordination entre le monomère et un
atome de métal de transition tel le titane ou le zirconium). Cette seconde catégorie concerne
essentiellement des monomères vinyliques qui conduisent à des polymères constitués
d'enchaînements -C-C-.
Pour améliorer certaines propriétés, les matières plastiques du commerce sont parfois
constituées d'une résine de base modifiée par une autre résine ou un élastomère (intérêt de
la copolymérisation).
Il n'existe pas de macromolécules bidimensionnelles préparées par synthèse.
Il existe quatre procédés de préparation des polymères : polymérisation en masse, en solution,
en suspension et en émulsion. Exemples : les polymères thermoplastiques PE, PVC et PS
peuvent être synthétisés par ces quatre méthodes de polymérisation. La copolymérisation
fournissant l'ABS s'effectue le plus souvent par le procédé en émulsion aqueuse, grâce à la
formation de micelles.
Formulation du matériau polymère[modifier | modifier le code]
Elle joue un rôle important. Les charges, plastifiants et additifs sont incorporés et dispersés dans
la matrice de la résine pour améliorer ses caractéristiques (résistance thermique, au feu,
chimique, aux chocs ou au vieillissement, masse volumique, couleur, etc.) ou sa mise en
œuvre (souplesse…)19.
La formulation doit être non toxique. Une fiche de données de sécurité (FDS) de la préparation
doit parfois être fournie à l'utilisateur.
Production de granulés(compoundage, ou compounding en anglais) à partir du formulat (polymère formulé)
homogène, au moyen d'un malaxeur-extrudeur et d'une extrudeuse. Les granulés seront utilisés, par
exemple, pour le moulage par injection.
Des additifs ignifugeants sont inclus dans les résines de composants électriques ou électroniques 26. Facilité
de transformation, tolérances serrées, rigidité et tenue en température constituent des contraintes à
respecter, suivant l'application.
On peut classer les polymères en deux types, en fonction de leur comportement à la chaleur :
les thermoplastiques (polymères linéaires, ramifiés ou non) et les thermodurcissables [polymères
tridimensionnels (réticulés)]30 :
Les analyses mécaniques et rhéologiques sont basées notamment sur des essais
de traction, compression, cisaillement, flexion et torsion.
Les équipements d'analyse comprennent les appareils de mesure de l'indice de fluidité à chaud
(pour les polymères thermoplastiques) (MFI, Melt flow index en anglais)33, les appareils
de traction, les extensomètres, les analyseurs DSC, les viscosimètres (de type rotationnel, cône-
plan ou capillaire) (pour les thermoplastiques), les analyseurs DMA (ces deux derniers
instruments sont affectés aux mesures dynamiques), les appareils de choc Izod et choc
Charpy, etc.
En ce qui concerne les polymères solides, un simple essai de traction uniaxial permet de mesurer
certaines propriétés mécaniques.
Les matériaux se répartissent d'après leur comportement en contrainte-déformation, en trois
catégories générales : rigides (souvent peu ductiles et peu résistants aux chocs), plastiques ou
élastomères. Le graphique intitulé « Caractérisation mécanique » obtenu lors d'un essai de
traction met en évidence ces trois catégories :
la température ;
la cohésion des polymères ;
la modification des propriétés mécaniques moléculaires des polymères ;
leurs conditions de transformation.
Globalement, le module d'élasticité et l'allongement à la rupture des polymères rigides se
déterminent de la même façon que dans le cas des métaux.
La limite d'élasticité Re des polymères plastiques équivaut sur la courbe à la valeur maximale de
la contrainte se situant à la fin de la région élastique linéaire. De plus, la résistance à la traction
Rm correspond à la contrainte entraînant une rupture ; elle peut prendre une valeur supérieure
ou inférieure à Re.
Il est important de souligner que les propriétés mécaniques des polymères thermoplastiques et
des élastomères dépendent fortement de la température (voir le graphique intitulé « Influence de
la température »), des contraintes extérieures et du temps d'observation. Une élévation de
température fait passer un matériau thermoplastique d'un comportement rigide et fragile à un
comportement ductile et tenace.
Extrudeuse mono-vis pour la production en continu d'un jonc extrudé à partir de la masse du formulat
fondu.
Plus que tout autre matériau, les matières plastiques offrent un large choix de techniques de
transformation. Les produits initiaux [formulations complètes (nommées aussi matériaux
polymères), compounds] se présentent sous forme de granulé, poudre, pastille, pâte ou liquide.
Les matières hygroscopiques (PA, ABS, PBT, PMMA, etc.) subissent un préséchage (par
étuvage) avant la mise en œuvre afin d'éviter tout défaut lié à l'humidité sur les pièces plastiques.
Les états plastique ou visqueux sont nécessaires pour mettre en œuvre les techniques de mise
en forme des matériaux polymères.
Les transformateurs réalisent les objets finis destinés aux utilisateurs à l'aide de matériels et de
matières fournies par les producteurs de polymères ou les compoundeurs.
Presse à injecter bimatière alimentée par des granulés thermoplastiques 34.
On distingue :
Les matériaux plastiques composés de polymères à chaîne linéaire ou ramifiée sont en principe
fusibles. Les polymères thermoplastiques (ou polyplastes, thermoformables) se déforment et sont
façonnables sous l'effet de la chaleur, gardant cette forme en refroidissant (analogie avec
la cire des bougies). Ce phénomène réversible permet leur recyclage : les objets sont broyés et
« refondus » pour en élaborer d'autres.
Les thermoplastiques sont par ailleurs solubles dans des solvants spécifiques, ce qui permet leur
utilisation comme revêtements et colles.
Pour fixer les idées, la plupart des polymères linéaires industriels ont des masses molaires
voisines de 105 g·mol−1. Une macromolécule linéaire peut avoir une longueur qui dépasse le
dixième de micromètre, ses dimensions latérales restant mille fois plus faibles.
Les textiles synthétiques (fils et fibres) sont toujours thermoplastiques. Ils sont apparus en 1940.
On compte actuellement plus de quarante types de textiles synthétiques et plus d'un millier de
noms commerciaux pour les désigner.
Thermodurcissables[modifier | modifier le code]
Les polymères thermodurcissables prennent leur forme définitive après la réaction
chimique (polymérisation) accompagnant leur transformation. Le réseau tridimensionnel obtenu
donne au produit fini son caractère d'irréversibilité thermique. La structure réalisée avec une
résine thermodurcissable ne peut varier et se trouve géométriquement figée (analogie avec la
cuisson d'un œuf). Plus le composé sera tridimensionnel, plus il sera rigide, cassant, insoluble et
infusible.
Exemple : copolymérisation du polyester insaturé en présence de styrène. La structure obtenue
est définitive, le produit fini est infusible donc non transformable et non recyclable.
Élastomères[modifier | modifier le code]
Certains élastomères sont hautement déformables : ils se caractérisent par la faculté de supporter de
grandes déformations(jusqu'à environ 1 000 %) avant rupture.
Les élastomères sont des polymères à caractère amorphe ou cristallin présentant des propriétés
remarquables en élasticité, amortissementet étanchéité (air, eau). Ils sont thermoplastiques et
deviennent thermodurcissables par vulcanisation.
Ils sont employés en général réticulés, et le plus souvent à une température supérieure à leur
température de transition vitreuse, sur le plateau caoutchouteux ; utilisation : fabrication de la
gomme des pneumatiques [contenant principalement du caoutchouc naturel (NR) et du
copolymère élastomère styrène-butadiène (SBR)40], bandes transporteuses, tuyaux, durits,
coussins, silentblocs, joints, mastics, gants médicaux, chaussures, etc.
Polymères des trois familles de matières plastiques[modifier | modifier le code]
L'usage prévaut de réserver le terme de matière plastique à trois grandes familles de matériaux,
les thermoplastiques, les thermodurcissables et les plastiques techniques17, dont la structure, les
propriétés physico-chimiques et de mise en œuvre (comportement sous l'action de la chaleur et
de la pression) diffèrent totalement. Les résines thermoplastiques sont les plus utilisées
industriellement.
Thermoplastiques
Production
Codes ISO1043 Polymères(désignation
Quelques noms commerciaux41 industrielle
-1 courante)
depuis42
Afcoryl, Bayblend
(mélange PC/ABS), Cycolac, Isopak, Copolymèreacrylonitrile-
ABS Lastilac, Lustran, Novodur, Polyflam, butadiène-styrène(famille années 1950
Polylac, Polyman, Ronfalin, Terluran, des styréniques)
Toyolac, Ugikral, Vestodur
Alkathène,
Alketh, Dyneema (UHMWPE), Eltex,
Hostalen, Lacqtène, Lupolen, 1939
Manolène, Marlex, (PEBD),
PE Polyéthylène(polyoléfine)
Moplen, Plastazote, Polythen, Sclair, 1955
Stamylan, Stamylex, (PEHD)
Supralen, Surlyn44, Tupperware, Tyve
k, Vestolen A
Thermodurcissables
Codes Production
ISO Quelques noms commerciaux Polymères industrielle
1043-1 depuis42
Codes Production
ISO Quelques noms commerciaux Polymères industrielle
1043-1 depuis
Casque de sécurité.
agriculture ;
ameublement, articles de bureau ;
articles ménagers et électroménagers ;
emballage et manutention ;
industries : du bois • chimique • électrique et électronique • métallique et métallurgique •
papetière • des peintures, vernis et adhésifs (revêtements, mastics, insonorisants, etc.) •
textile - vêtements et accessoires (casques…) ;
jouets, loisirs et sports ;
maroquinerie, chaussures et articles de voyage ;
médecine, pharmacie et hygiène ;
optique ;
publicité (enseignes, panneaux) ;
transports (automobile, ferroviaire, marine, aéronautique, aérospatial) ;
travaux publics, génie civil et bâtiment ;
etc.
Les combustibles fossiles (pétrole en particulier) utilisés pour la fabrication des matières
plastiques sont des sources importantes de gaz à effet de serre.
La mise en œuvre d'une matière plastique utilise souvent des granulés industriels semi-finis.
Une quantité importante de ces granulés plastiques se retrouve dans le milieu naturel. Cette
matière plastique de synthèse est présente sur les plages de toutes les mers du globe59. Ces
petites billes, cylindres ou pastilles de plastique sont appelés poétiquement « larmes de
sirène ». L'origine de ces granulés dans l'environnement est connue : les déversements
accidentels, le transport ou les utilisations inappropriées sont en cause60. Une évaluation
initiale de la présence de ces granulés61 a été réalisée en France en 2011 pour le processus
européen de la Directive cadre Stratégie pour le milieu marin (DCSMM) et le Bon état
écologique62.
De nombreux additifs toxiques (plomb, cadmium en particulier) ont été utilisés pour la
fabrication de certaines matières plastiques courantes, telles le PVC. La directive
2000/53/EC de l'Union européenne en interdit désormais l'utilisation (plomb,
cadmium, mercure, chrome VI).
Phase d'utilisation[modifier | modifier le code]
Le recyclage est un procédé de traitement des matériaux qui permet de réintroduire, dans le
cycle de production d'un produit, des matériaux qui le composent75. La problématique quant au
recyclage des polymères provient essentiellement du fait que ces derniers sont rarement utilisés
seuls. Pour faciliter la mise en forme, les procédés industriels ont souvent recours à des
plastifiants et des charges. Cependant, des nouveaux procédés permettent de recycler les
polymères en fin de vie.
De par leur pouvoir calorifique élevé, ils permettent par incinération d'en obtenir une valorisation
énergétique (production d'électricité ou de chaleur à usage industriel ou domestique). On peut
aussi procéder par :
Rémi Deterre et Gérard Froyer, Introduction aux matériaux polymères, Paris, Tec & Doc
Lavoisier, 1997, 212 p. (ISBN 2-7430-0171-2)
Michel Fontanille et Yves Gnanou, Chimie et physico-chimie des
polymères, Dunod, coll. « Sciences Sup », 2014, 3e éd., 576 p. (ISBN 978-2-10-058915-9)
René Bourgeois, Henri Chauvel et Jacques Kessler, Génie des matériaux, Paris,
Casteilla, coll. « Mémotech », 2011, 2e éd., 536 p. (ISBN 978-2-7135-3326-6)
(en) Russell J. Crawford, Plastics Engineering, Butterworth-Heinemann, 1998, 3e éd.,
352 p. (ISBN 0-7506-3764-1)
Liens externes[modifier | modifier le code]
Nicolas Martin, « Un monde sans plastique est-il possible ? » [archive], sur La Méthode
Scientifique, sur France Culture, 31 janvier 2018.
Liste des abréviations de nombreux polymères [archive], sur atomer.fr (consulté le 29 décembre
2013).
(en) Engineering Training Services, Base de données sur les matières plastiques et autres
matériaux [archive], sur ets-corp.com (consulté le 29 décembre 2013).
Stéphane Blais, Bâtir des routes avec des sacs de plastique au Niger [archive],
sur muvmedia.com, 21 décembre 2007 (consulté le 29 décembre 2013).