A CT
Scene 1E 1 ÜRESTE, PYLA
DE
1
veuved'Hector ' captíve de Pyrrhus
M.AQUE ÜRESTE
.A,NDRa
,
pyRRfI
US 1
dr ,
fils d'Agamemnon . _
QRESTE J- 5
NE avec Pyrrhus.
íERMJa Qui l'eut dit, qu un nvage a mes v�ux si fu
ami d'Oreste. n
pyL.ADE Présenterait d'abord 3 Pylade aux yeux d'Ore este 5
conJ""'1 Qu'apres plus de six mois que je t'avais ste ?
CLÉaNE E perdu,
ÉapfIJS conJ""'1
CL gouv e,,., au ci PYLADE
NIX -eur d'Achille pui"s de Pyrrhus rac s
I
ends
PfI<B ]'en r � ferme: le
Semblait m�avorr
qui, m'arretant san
chemm de la Gr s cesse,
E.
sui. te d'OREST Depuis le jour fatal que_4 la f ureur ece
10
Pre sque aux yeux de l'Epire éca de
5 s eaux
rta nos v
cambien, dans cet exil, ai-je souffert d aisseaux.
'al
t
. Buthrate, vi11e d'Épire 6 , dans une a
a s ne cambien a vo.s malheurs ai-je donné de armes !
larm
La sce. ne_ es Craignant !ºUJOu�s �our vous quelque ouve es,
rrhus.
du pala1s de Py . n au danger 15
30
31
PERSONNAGES ACTE
Scene 1
1 ÜRESTE, PYLADE
ÜRESTE
ANDROMAQUE Oui, puisque je retrouve un ami si fidele ,
Ma 1eortune ¡ va prendr
PYRRHUS
Et déja son courroux semble s'etre adouci '
ORESTE 4 5 Depuis qu'elle a pris soin de nous rejoinche 2 ici.
fille d'Hélene , accordée avec Pyrrhus. Qui l'eut dit, qu'un rivage a mes vreux si funeste
HERMI0NE 5
par le Troyen París provoque la guerre entre Crees et Troyens. 3. D'abord : tout. de suite.
Herrnione est doublement la cousine germaine d'Oreste : Ieurs peres 4. Que: ou.
sont freres, leurs meres sont soit sreurs jumelles, soit derni-sceurs 5. Écarta: sépara.
6. Mélancolie : tristesse profonde. Le sens est beaucoup plus fort
5. Accordée avec : promise comme épouse a. qu'aujourd'hui. La mélancolie était considérée comme !'origine des
6. Épire : royaume situé sur le territoire de l'actuelle Albanie. maladies hypocondriaques.
30 31
am 1 • Scene 1
Le pom�eux ,ªPP
m
N' est po int d u n
0RESTE
.
2s H ,e 1as .1 qui p eu t sav e rch e r une .inhumam
.
e.
, r m &ai•t 1•c1• ch
l 50
L amo u e
d Tu sais de quel courroux mon creur alors épri s2
Mais_qm .sait Voulut en l'oubliant punir taus se s mépris.
Et si Je vi e ns c e r J e fis croire et je crus ma victoire certaine;
,. . 7
Quoi 7· Votr e am e
vie . Détestant ses rigueurs, rabaissant ses attraits, 55
so in d e votre
S e r e pose ur lu í4 du J e défiais ses yeux de me troubler jamais.
�
30
oubliant tant de tourments soufferts
' Voila comme 3 je crus étouffer ma tendresse.
Pou v e z-vou s co . En ce calme trompeur j'arrivai dans la Grece,
bl
P e nsez-�ous Et je trouvai d'abord ses princes rassemblés,
Qu'un péril assez grand semblait avoir troublés. 60
35 Hont eu x av , J'y courus. Je pensais que l a guerre et l a gloire 4
,1 bh m· e z6. e nfin vous ne m en par ez p us.
De soins 5 plus importants rempliraient ma mémoire;
Vous m e trompi e z, S e ign eur. Que, mes sens reprenant leur premiere vigueur,
0RESTE
L'amour acheverait de sortir de mon creur.
J e me trompais moi-meme ! Mais admire avec moi le sort dont la poursuite6 65
, , . Me fait courir alors au piege que j'évite.
d' 1
. . J'entends de tous cótés qu'on menace Pyrrhus;
40 Toute la Grece éclate en murmures confus;
On se plaint qu'oubliant son sang et sa promesse
n éleve en sa cour l'ennemi de la Grece, 70
Astyanax, d'Hector jeune et malheureux fils,
Traín er de m ers e n m e rs ma chaine et mes ennuis 7• Reste de tant de rois sous Troie ensevelis.
45 J e t e vis a regret, en cet état funeste,
8 J'apprends que pour ravir son enfance au supplice
Pret a suivr e partout l e déplorable Oreste,
Andromaque trompa l'ingénieux Ulysse,
Tandis qu'un autre enfant, arraché de ses bras, 75
1. Appareil:
cortege d'apparat lié a la fonction d'ambassadeur. Sous le nom de son fils fut conduit au trépas.
2. Trépas
: mort.
3. n: le destin (et non l'amour).
4. Channe : sortilege. 1. Fureur : folie sacrée.
5. Fers : chaines amoureuses. 2. Épris : saisi (ici : de co lere).
6. Abhoniez : détestiez. 3. Comme : comment.
7. Ennuis : chagrins violents (sens fort). 4. La gloire : ici, l'honneur.
8. Déplorable : pitoyable. 5. Soins : soucis.
6. Poursuite : ici, acharnement.
32
33
AffE 1 • Scine 1 AOE 1 • Scene 1
qu e , p eu sensible aux charmes d'He nnione ,
On di t
Non que de sa conquete il paraisse flatté ;
son creurafflig sae couronne .
et ,
M rival porte aille urs Pour la veuve d'Hector ses feux ont éclaté ,
A
n paratt
le croireen, iesi
Ménélas, sans d'un h ym , ., Il l'aime. Mais enfin cette veuve inhumaine
1e,
so Et s e p l ain t so n am e s e �� N'a payé jusqu'ici son amour que de haine; 110
P armi les dép laisirs ou , Et chaque jour encor on lui voit tout tenter
1 :
e secrete 01e
Il s'éleve en la mienne un Pour fléchir sa captive, ou pour l'épouvanter.
De son fils, qu'il lui cache, il menace la tete,
Et fait couler des pleurs, qu'aussitót il arrete.
85 Hermione elle-meme a vu plus de cent fois 115
Cet amant irrité revenir sous ses lois,
Et de ses vreux troublés lui rapportant l'hommage ,
Soupirer a ses pieds moins d'amour que de rage.
Ainsi n'attendez pas que l'on puisse aujourd'hui
90
Vous répondre d'un creur si peu maitre de Iui 120
34
35
aaE 1 . Scene 1 Clefs d'analyse
esse i,
de leu r accorder ce fils de sa maitr Acte I, scene 1.
Loin 'un· tersa ten dresse.
ham· e ne fera qu Le ur u iller plus on va 1es u
on les veut bro
Plus rur. Compréhension
140 Presse
de man de z to ut ' p,our ne ríen obtenir. Les informations
z,
n vie nt.
0RESTE. la cruelle
do ne disposer • Situer l'époque de l'action. Préciser comment Racine égrene
! va les informations relatives a la guerre de Troie.
Eh bien
u
A revoir un amant q • Relever dans le texte les informations sur les liens entre les
différents personnages.
• Expliquer en quoi consiste la mission d'Oreste.
• Déterminer la signification du terme « mélancolie » dans la
tirade de Pylade (vers 17). Expliquer pourquoi Pylade redoute
la mélancolie d'Oreste.
• Expliquer le conseil que Pylade donne a Oreste.
Registres
• Analyser l'alternance de l'espoir et du désespoir chez Oreste.
• Étudier les termes précieux dans la tirade d'Oreste (vers 37-56).
Réflexion
Dramaturgie
• La scene débute par une conversation en cours. Analyser
l'effet produit par ce procédé.
A retenir:
La premiere scene de toute piece classique expose, en termes c/airs,
les personnages principaux et les enjeux de l'reuvre. Elle donne aussi
.le ton général: tragédie héroi'que, amoureuse, politique...
ou comédie d'aventure, d'intrigue, de caracteres. Les themes
principaux sont présentés: conflit entre amour et devoir, vengeance,
querelles politiques ou de succession, etc. L'auteur fait preuve
de son habileté en présentant tous ces éléments de fa� on naturelle
et progressive. Dans Andromaque, la scene d'exposition est ó la fois
l'annonce d'une action imminente (l'ambassade d'Oreste)
et une présentation de caracteres: Pylade décrit les principaux
1. Maitresse : celle qu'il aúne, sans etre nécessairement auné. personnages absents.
AffE 1 - Scéne 2 AOE 1 • Scéne 2
Vous-meme de vos soins craignez la récompense 1,
Et que dans votre sein ce serpent élevé
Ne vous punisse un jour de l'avoir conservé 2.
Enfin de tous les Grecs satisfaites l'envie,
Assurez leur vengeance , assurez votre vie;
0RESTE 170
39
ffE 1 . Scene 2 . t d e Ie
. 7
urs ex:p l01ts .
AOE 1 • Scene 2
, fr ui
A disp
se du ie u j ur n
renru·sse ,·
Seigne r, o s sa ez trop a ec quel artifice 1
e fin o ro n o e ÜRESTE
Ai-je n t qu'avec H�\to r T r que je lui Iaisse.. Un fauux As u v f ut
v tyanax offertvau supplice
crain u
o ;
·
J traine trop de som
On e si loin.
ftls peut roe ravir ence e Ou le seu l fils d'Hector devait etre condu it.
5
t
de pru� Ce n'est pas les Troyens, e'est Hector qu'on poursuit.
195
n
ir l es I1l�eurs de
Seº1�g eu , t an. t
r ré v o
is cette ville,
_ Qui, lest Crees sur le fils persécutent le pere ;
225
195
Je ne s a is po in
I1 a par t rop de sang acheté 2 leu r colere.
s ge qu ell e e�taitautrefo héros si fertile, Ce n'est q e dan� le sien q 'elle pe t expirer
Je o n
or part e n de enfin
e rbe t e n re_
Si s up �� regar u u u
o t 3
o
rts s o us
So us tant de o ' . et l'enfance Hector en profita 5, Seigneur; et quelque jour 235
1
I
l
e
Tout é t just al0:s 1 vieillesse Son fils e n bien profiter a son tour.
tai
f, i b less
210 En vai·n sur leur a s cruelles qu e nou s, pourrait ÜRESTE
ui· l
La victoire et la n '
t u
Ainsi la Crece en vous trouve un enfant rebelle?
uscuexc i·enttqau
1·tafu meu
No
v ain s ne ue trop sévere. PYRRHUS
co ur ro ux aux Mo .suvr ive a ma co ere
n Et je n'ai done vaincu que pour dépendre d'elle?
o
r a cr u auté
je me sens sru�u, . .
M ais que
. ÜRESTE
algré la pitié dont a lo1sir?
Da d' un enfan t 1.e m e baigne · Hermione, Seigneur, arretera vos coups
ns le sa ng 1
u
.
Non' Se1gneur.. e Ses yeux s'opposeront entre son pere et vous. 240
Qu 'ils poursu1ven ,6
co rs est ache v: ;
De mes inimitiés le u
:
Troie a sauve. 1. Artífice ruse. Selon une tradition, un enfant de substitution aurait
L'Épire sauvera ce que subi le sort destiné a Astyanax.
2. Acheté : mérité.
3. Prévenez-Ies : devancez-les, prenez vos dispositions (pour que les
Grecs ne viennent pas chercher eux-memes l'enfant, quitte a entrer
. A
41
AffE 1 · Scene 4
.
. S'e.ne 4 PYRRHUS,
CÉPHISE ANDROMAQUE,
PYRRHUS
· Me cherchiez-vous, Madame?
, I Un espoir si charmant me serait-il permis?
fu ANDROMAQUE
Je passais jusqu'aux lieux ou l'on garde mon fils.
Srene 3
260
PYRRHUS, PHCENIX
Puisqu'une fois le jour vous souffrez I que je voie
Le seul bien qui me reste et d'Hector et de Troie,
]'allais, Seigneur, pleurer un moment avec lui :
PJICENIX Je ne l'ai point encare embrassé d'aujourd'hui.
d
A 1 'l
PYRRHUS
PYRRHUS Ah, Madame ! les Grecs, si j'en erais leurs alarmes,
265
250 On dit qu'il a longtemps brulé z pour la princesse. Vous donneront bientót d'autres sujets de larmes.
PHCENIX ANDROMAQUE
Mais si ce feu, Seigneur, vient a se rallumer? Et quelle est cette peur dont leur creur est frappé,
S'il luí rendait son creur, s'il s'en faisait aimer? Seigneur? Quelque Troyen vous est-il échappé?
PYRRHUS
Ah! qu'ils s'aiment, Phrenix, j'y consens. Qu'elle parte. Leur haine pour Hector PYRRHUS
n'est pas encare éteinte :
3
Que charmés l'un de l'autre , ils retournent a Sparte ! Ils redoutent son fils. 270
255 Tou� nos ports sont ouverts et pour elle et pour Iui.
ANDROMAQUE
Qu'elle m'épargnerait de contrainte et d'ennui 4 ! Digne objet de leur crainte !
PHCENIX
Un enfant malheureux, qui ne sait pas encor
Seigneur...
Que Pyrrhus est son maitre, et qu'il est fils d'Hector.
PYRRHUS
Une autre fois je t'ouvrirai mon ame Tel qu'il est, taus les PYRRHUS qu'il périsse.
Andromaque parait. Grecs demandent
Le fils d'Agc11nemnon vient hater son supplice.
ANDROMAQUE
1. Maitresse : personne aimée (ce qui n'implique pas que cet amour Et vous prononcerez un arret si cruel? 275
soit réciproque).
Est-ce mon intéret qui le rend crimine!?
2. Bnüé : éprouvé un amour violent.
43
Sans me faire payer son salut de mon creur,
Malgré moi s'il le faut, lui donner un asile
Seigneur, voila des soins dignes du fils d'Achille.
' PYRRHUS
1. Prévenu : devaneé.
1. Phrygie: région d'Asie Mineure.
2. Cent peup1es : la Grece est alors une confédération de petits royaumes
2. Que vos yeux [...] exercés: que vos yeux ont agi sur moi (pour me
faire souffrir).
44
45
AOE 1 . Scéne 4
ff que lom es ' ,
340 ]'m1le cacher mo
A
I 1
ANDROMAQUE
. l' .
.
, ·
q 1'
1
d
' .' d 1 . 1 . 7 Je prolongeais pour lui ma vie et ma misere;
350 Et ne aJ. ,
1 . , d ,d . , Nous vous...
. 7
Ah! qu'un seul des s oupirs que m� n c��r ous envoie, PYRRHUS
�
S'il s'échappait vers elle, y portermt de 101e Allez, Madame, allez voir votre fils.
ANDROMAQUE
Peut-etre,
en le voyant, votre amour plus timide
prendra pas toujours sa colere pour Ne guide.
355 Et pourquoi vos soupirs s�raient-ils repoussés?
, ? Pour savoir nos destins j'irai vous retrouver.
Aurait-elle oublié vos serv1ces passes Madame, en l'embrassant, songez a le sauver.
Troie, Hector, contre vous révoltent-ils son ame?
Aux cendres d'un époux doit-e11e enfin sa flamme?
Et quel époux encare ! Ah ! souvenir cruel !
360 Sa mort seule a rendu votre pere immortel.
n doit au sang d'Hector tout I'éclat de ses armes,
Et vous n'etes tous deux connus que par mes larmes.
PYRRHUS
Hé bien, Madame, hé bien, i1 faut vous obéir
n faut vous oublier, ou piutót vous harr.
365 Oui, mes vreux ont trop loin poussé leur violence
Pour ne plus s'arreter que dans l'indifférence.
Songez-y bien : il faut désormais que man cceur,
47
Clefs de 4.'analyse
Acte I, scen
, f n qu'il espere
Personnages
a Andromaque (1, 4).
• Expliquer le marcheque Pyrrhus propose
Réflexion
Mise en scene d'une tenszon
• Analyser l'accélération du rythme des répliques (1, 2).
A retenir : , .
Un proce'de, dr,amatique tres courant et tres efficace consiste
. .
a, placer un eros ou une héroine ,',ace,ad es eho,x. maccep a. es.
Cette situation s'appelle le di/emme. Toute opt,on est so,t
inconciliable avec les príncipes fondamentaux du � ers� nnage
(Andromaque ne pourrait épouser le fi/s du meurtner d
Heetor),
soit entrainelesacrifice d'une personne aimée (lefi/s d'Andromaque).
Le personnage va done tergivers� r. Ses hési��tions, ses retournem� nts,
ses/amentations constituent le t1ssu de la p1ece et sa force � ramat,que,
provoquant /a pitié du spectateur. Le phi/osophe grec A� , �
r et�
a défini /a tragédiecommereposa� ote
t sur la terre� .,
la p1t1e
chez le spectateur par le sortdu heros: peur qu 1/ ne succombe
susc,tees
a que/que catastrophe, et empathie, c'est-a-dire partage
. , .
49
ACTE 11
Synthese Acte l.
s,ene
HERMIONE
Je fais ce que tu veux; je consens qu'il me voie. 385
1.Rude : pénible.
2. Ennui : tourment, profonde peine (sens fort).
3- Vienne : viendrait.
4. Insulter : faire des reproches.
50
51
AOE 11 • Scene 1
AffE 11 - Scene 1
ffERMIONE HERMIONE
. � p0urquoi veux-tu, cruelle, irriter mes ennuis ?
Troem
etard yee;n s'il ne ve ut consentrr,
.1
ses rdu
r
ADans
la mort Je crains de me connaitre en l'état ou je suis.
les recs m'ordon
ne de partir. De tout ce que tu vois tache de ne rien croire . ,
Mon p ere av ec
crois que je n'aime plus, vante-moi ma victoire 1
CLÉONE , 430
Madame, e Crois que dans son dépit mon creur est endurci,
Eh bie n .r au moins 1e reste. Hélas! et, s'il se peut, fais-le moi croire aussi.
e
fait s
410 Pyrrhus a co.mmence,, Tu veux que je le fuie? Hé bien! rien ne m'arrete
.
Pour bie n farre, 1 iau 7 Allons. N'envions plus son indigne conquete;
Ne m'avez-vous pas Que sur lui sa captive étende son pouvoir. 435
HERMIONE Fuyons... Mais si l'ingrat rentrait dans son devoir !
Si la foi dans son creur retrouvait quelque place!
. . 1 h . Cléone! n y va de ma gloi,re 3,
. S'il venait a mes pieds me demander sa grace !
41s Si sous mes lois, Amour, tu pouvais l'engager !
S'il voulait... Mais l'ingrat ne veut que m'outrager. 440
Demeurons toutefois pour troubler leur fortune ,
Prenons quelque plaisir a leur etre importune ;,
HERMIONE Aux forc;:ant
Ou, leyeux de rompre
de tous un nreud
les Grecs si solenne
rendons-le cri l
mine!.
Ah! laisse a ma fureur le temps de croitre encare ; 2
J'ai déja sur le fils attiré leur colere ; 445
Contre mon ennemi laisse-moi m'assurer 4. Je veux qu'on vienne encor lui demander la mere.
420 Cléone, avec horreur je m'en veux séparer. Rendons-lui les tourments qu'elle me fait souffrir · ,
n n'y travaillera que trop bien, l'infidele ! Qu'elle le perde, ou bien qu'il la fasse périr.
CLÉONE CLÉONE
Quoi! vous en attendez quelque injure nouvelle? Vous pensez que des yeux toujours ouverts aux larmes
Aimer une captive, et l'aimera vos yeux, Se plaisent a troubler le pouvoir de vos charmes 450
Tout cela n'a done pu vous le rendre odieux? Et qu'un creur accablé de tant de déplaisirs
425 Apres ce qu'il a fait, que saurait-il done faire? De son persécuteur ait brigué les soupirs?
n vous aurait déplu, s'il pouvait vous déplaire. Voyez si sa douleur en parait soulagée.
Pourquoi done les chagrins ou son ame est plongée?
Contre un amant qui plait pourquoi tant de fierté?
1. Retardements:retards (a épouser Hermione).
2. Prévinssiez : précédiez (que vous preniez l'initiative de rompre vous -
meme avant que Pyrrhus ne le fasse).
1. Vante-moi ma victoire: félicite-moi de cette victoire sur moi-meme.
3- Ma gloire : mon honneur.
2. Leur colere: Hermione avoue que c'est elle qui a prévenu son pere
4. Assurer : prendre de l'assurance, renforcer (ses sentiments hostiles).
de la présence d'Astyanax a la cour de Pyrrhus.
52
53
AnE 11 - Scéne 2
AaE 11 • Scene 1 ffERMIONE
s,ene 2
. op éc oute.
eur, J e l'ai tr
, .
r rn o n. rnalh te ��::�NE, ÜRESTE,
Hél as ! Pou le
affecté re sinc ere, .
rn y s re
sil n c e vou· et
Je n'ai point du , �
eril pou
Je croyais sanr smpes yeux d'un rnorn
ent de ngu
.
,
HERMIONE
Et, sans arrne . arle r consulté que mon c re ur
Le croirai-je, Seigneur, qu'un reste de tendresse
ur 1u1erp omrn oi déclaree ,
460 Je n'ai po e s ait cu
qui
Et a fo1. d'une arnn e s o r .our e Vous fasse ici chercher une triste princesse ?
n
r S u r l s1 e v oit au J d'hui 7·. ou ne dois-je imputer qu'a votre seul devoir
. re il
Me voyait-il de 1' qu'il rn ons irait pour lu 1 .. L'heureux empressement qui vous porte a me voir ? 480
. nc or tout c p . .
t'en s ouv1ens e la J0ie, ÜRESTE
Tu m
465 Ma fa .il. , t l� Gr ecs dan
s
.
ng
e vex touet ceharg
e , s es . Tel est de mon amour l'aveuglement funeste,
Nos vaisseau , effacés par les s 1ens , vous le savez, Madame, et le destin d'Oreste
exploit que s djee s onyais
c ro P: rep . les mi
uiee,ns,
SLe
es sfeux f1us ardseantgls oirquee éblo Est de venir sans cesse adorer vos attraits,
Et de jurer toujours qu'il n'y viendra jam
re u ril, mt ·
01e -m
t erne evon ms de rn'a vez tous trahie. ais.
M o
Avant q
n c u' r
� ,.. i' � regards
410 eon et quel que
soit P rrhus,
y JQe useais
toqusuemes
vos pas versvont
vousrouvrir mes blessu
sont autant res, res 1 ;
de parju
485
ai ' e es t tr op ,. des ve rt s.
sible, Or �s t,.e a
M one es t
s c n sen u Je le sais, j'en rougis. Mais j'atteste les dieux,
Herni. . oin , et meme sans ,.
n sait aimer du m s lui-meme. Témoins de la fureur de mes derniers adieux,
se faire aimer Que j'ai couru partout ou ma perte certaine 2
Et peut-etre il saura
4� Allons : qu
'il vienne enfm. Dégageait mes serments et finissait ma peine. 490
CL�ONE ]'ai mendié la mort chez des peuples cruels
Madame, le voici. Qui n'apaisaient leurs dieux que du sang des mortels
HERMIONE Ils m'ont fermé leur temple; et ces peuples barbares
. filt si presd'ici. De mon sang prodigué 3 sont devenus avares 4 •
Ah ! je ne croyais pas qu'il Enfin je viens a vous, et je me vois réduit 495
A chercher dans vos yeux une mort qui me fuit.
Mon désespoir n'attend que leur indifférence
Ils n'ont qu'a m'interdire un reste d'espérance;
Ils n'ont, pour avancer cette mort ou je cours,
Qu'a me dire une fois 5 ce qu'ils m'ont <lit toujours. 500
1. Parjures :a
ctions qui contredisent un serment qu'on a fait.
2. Ma perte certaine : la certitude de ma mort.
3- Prodigué : offert.
4. Sont devenus avares : ont voulu le conserver.
l. Une amour : le mo t peut alors s'employer au féminin. 5. Une fois : encore une fois.
54 55
AaE 11 . Scene 2
aaE 11 . Scene 2 ui m' � e. e
Q u l'Épir j mai s n' a it vu c o ul er m es
� an, le se ul soin q e v1ctun e Enfin, q i v us a dit que, malgré mon d v ir,
Vo ila, dep u1s u s de prend r
e un
u
e oa !arm
e oes?
vou
M aedam e, c'est a au ai.ent dérobée a vos co ups, Je n'ai pas quelque f ois souh aité d e vous voir?
Qu les Scythes i r ÜRESTE
q ue v ous.
,
ve d' a us si cruels
confiée.
1. Disputez : argumentez.
3. Reléguée: contrainte d'aller.
1aE 11 · scene 2 nt-ils done appris? ÜRESTE
qu e
a
z-vous que xs sifap eu dura es?
,n' e s ,ence• ¡es yeux,
Qgu'eelle
Ju n eoe u r d es feu
sont p vo rables . 575
allume en u
lu
tr eux m e 1 , rmeux
Peu t-etre d'au es y ORESTE ERMIONE
m 'ins ulter ain si. re �e prévenue 1
Po urs uivez : il st b eau de vo
e
ici? 1e
verun qui· 1a tue
u s méprise
q 1 '
m oi ui
cru lle, e'est done prou e, 1 ma
eonstance? se h r,
e e erc e
?
i d e Je
Ah ! qu'ils
n, · vous ag·rrez ensuite.
ux mon dev ·rr m,a conduit .
é pr isé s �
Je les aí m
, m ép r i ser !eur pouvoir ! , . e
m m m oi .
560 Mo n rival, eo
e
M d J n'e n pu1 partir
e s
HERMI0NE ou sa tendresse? s ne m'e�fasse so rtir.
gne ur, sa hain e
Qu e m'import e, Sei arm er toute la
Grece 585
re un b e ll e
e sa réb elli on ; 2
ez cont
re
t ez-lui le priX d moi faites�le
Allppor n •
Ra Du Troyen ou de dec1der 2 ;
Qu'on fasse de l'Épirez-uvo n sus ec ond Ili o
q ue je l'aime ?
dire , ien qu il v
cel 1
Allez. Apres a
ÜRESTE vous-mem . S'il , SUlS prete a VOus su1. vre. .
us, t venez-y Adi
, faites pl e
e
Madam
Vou
e
lez-vous deme rer pour o tag e en ces lieux ?
u
HERMI0NE
ÜRESTE
Oui, oui, vous me suivrez, n'en doutez nullement;
Je vous réponds déja de son consentement.
Je ne crains pas enfin que Pyrrhus la retienne
II n'a devant les yeux que sa chere Troyenne.
Tout autre objet le blesse 1 ; et peut-etre aujourd'hui
595
II n'attend qu'un prétexte a 2 l'éloigner de luí.
Nous n'avons,qu'a parler : c'en est fait. Quelle joie
D'enlever a l'Epire une si belle proie !
sauve tout ce qui reste et de Troie et d'Hector,
Garde son fils, sa veuve, et mille autres encor,
600
Épire : c'est assez qu'Herrnione rendue
Perde a jamais tes bords et ton prince de vue.
Mais un heureux destin le conduit en ces lieux.
Parlons. A tant d'attraits, Arnour, ferme ses yeux !
1. Blesse : irrite.
2. A: pour.
60 61
ACTE 11 · 5cene 4
s,ene 5 PYRRHUS, PHCENIX
s,ene 4
ORESTE,
PYRRHUS,
PHCENIX
PYRRHUS
RHUS
¡>yRU
e n P
ur.
de· violence Hé bien, Phrenix, l'amour est-il le maitre ?
· , S ign a p s ance, res yeux refusent-ils encor de me connaitre ?
ch rch ais
e
r eu
tt
J vo us eev
; e o
t sder a
p iuso1snqs coroba use ail quuit1s e, PHCENIX
l'avou e
. ue ·e uvoi l'équité. Ah ! je vous reconnais ; et ce juste courroux,
M'afait d
Je e et co�
ai senti la forc Gr, ece, amo�
paere Ainsi qu 'atau s les Grecs, Seigneur, vous rend avou s.
]'en onge, couu ... vous, q u'al venais e ,
.....,.,, e rnot, . · ont rarre ·
J'ai J de. le jouet d'une flamme servile 1
610
s .
A, mo1 -rnerne'. en un et e r e
imparfa.i,t . e . C'es t Pyrrhus , c'es t le fils et le rival d'Achille,
ndais ce n'est plus 630
e
ai Tr
va fai. t '. o i ai iait. Que l a gloire ala fin ramene s ous ses lois,
ue je ereqle u t ce qu e
s
Q c , h i ll t t o
t c J ,
u A
Tou e urroux eg1tun
une co Qui triomphe de Troie une seconde fois.
s
d arnn e pl_u votre victime .
Je ne co n
e ur, livr er
1g n PYRRHUS
vo va S e
Et l'o n us
E Di plutót qu'aujou d'hui comm nc ma victoir .
s r e e
0REST
eux,
rud nt t rigour
s
D'a jou d'hui ul rm nt j jouise d ema gloir ; e
e e e
c�ns il u r se e e e e e
ce
615 Seigneur, par � �ang d'un malheureux. Et mon creur, aus si fier que tu l'as vu soumis,
635
patX u
C'es t acheter la PYRRHUS Croit avoir en l'amour vaincu mille enne mis.
l'anesseustr erledavan tage : Conside re, Phrenix, les troubles que j'évite,
Qui ., mais je veux, Se1.H gne�r, o
nm gag e,
.
D'une éteme11e PaiX
e Quelle foulse, ddee dmaux
. q ' pectacle si doux Que d'ami evoir s,l'amour t r ameerasa
j'allais sacrifi , suite,
m�l ait
Je l'épouse. n se
u un s
, témoin tel que vous. Quels périls... Un regard m'eut tout fait oublier.
dit c es li ux q
620 N'att en en
u unGr c
t s on pere, rous les Grecs conjurés fondaient sur un rebelle. 640
e
les e se
: t? us
Vous y représenMteenelas vles oit r vivr on. frere .
z
Pu1. squ'en vous
main Je trouvais du plaisir ame perdre pour elle.
A e e es
d
Voyez-la done. ll . Dites-lui qu
e e
PHCENIX
v ot
ur d e re main.
a�
ix, o cce
]'att ends, av c a p
e l s n
0RESTE
625 Ah ! dieux !
connu •· reconnu.
2. Son frere : Agamemnon, ass
retour de Troie. Qui, je bénis, Seigneur, l'heureuse cruauté
Qui vous rend...
YRRHUS
P
Tu l'as vu, comme elle m'a traité.
Jvoyant
e pensaisa
s, e
tendress
n alarmée, e 645
me la dut renvoyQu
er désarmée.
e son fils
1. Flamrne servile: (double sens) amour qui rend esclave, mais aussi
amour pour une esclave.
5
aaE 11 . Scene ments Quel charme malgré vous, vers e lle vous attire ?
1
,
se
voir le s ucces de ses e1,rnbra d'
s
mp
rt m ts.
o e en
,
PYRRHUS
J'allais urs m ,
.
e e s e
'ai pa bi c q 'il l i faut dir
ai trouve q� e ple ours plus far ouc e N ,j dit to
Je n' oUJ· , on e n s en ut e u u e
ere l'aign t ; e t, t a b uche. yeux n'a paru qu'ademi;
Sa nús t sorti de
s o
Ma colere a ses
rn d'Hect., or es rnon secours :
0 Cent fois le no urais
675
Et quelle est sa p ;J
en
655 r nourrir son amour ?
lui lai sse un s
pou
Q ue je Pff<ENIX Alle z, Seigneur , vo us jeter a ses pie ds.
, c'est le pnx
que v Alle z, en luí jurant que votre ame !'adore,
sa ns d ou te l'ingrate .
ou s gardait A uv x .
neur.
Mais Iaisse z-la, Seig de no eau mépris PYR l'enco urager encore
RHUS
P RRHUS
Y 1•
J v i c qu i la flatte Je le vois bie n, tu crois q p e al'excuser
os e ue r t
e
algré m co urroux, Mon cce r co rt ap e ll et che che a 'apai er.
e t, on
Sa beauté la rassur genoux. u u r se e r s s
A retenir:
oans Andromaque, comme dans la plupart des tragédies
classiques, chaque protagoniste est accompagné
d'un(e) confident(e). Ce peut etre un ami (Pylade), un serviteur
(Cléone, Céphise), ou une sorte de ministre aux fonetions imprécises
(Phrenix). Sa présence permet au héros de dialoguer en se confiant
a un personnage « neutre », porte-paro/e du speetateur. Mais
/e confident n 'est pas passif; il donne des consei/s, ose parfois
des contradietions. On appelle cet effet la double énonciation
théatrale. Le confident reprend ainsi quelques caraetéristiques
du co,yphée, qui, dans la tragédie grecque antique, sortait du chreur
(représentant la cité) pour interroger les protagonistes.
66
synthese ,Acte
ll,
69
ACT1E 111 QRESTE, PYLA
DE ÜRESTE
ACTE 111 · Scéne 1
s,ene
730
nt ma raison vient d'etre confondue 2 7
Du coup do
rquoi la ch r hi z-vo
ó dieux ! en cet état pou Y
P LADE
125 Que sais-je ? De ÜRESTE Pyrrhi1uns evfouutspll'a
Pensez-vous, quandJamais usuraimé.
ait a ccorde,e,
fu ortait, t nais-jepalort-etre
j e vétais s le maitre? t e tout p ret ne l'eut p as retardée?
un pretex
rn oi-rne m
e e e eu
seeul. J� s
160
C' st
on,
e tro
no p
n,gaémm uutrm
irestoto
uis
a� q
,
u on m�
A s des périls un grand creur se f
Que ne p eut l'a mi tié conduit e par l'amour ?
p1at.gne.
me,cratgne,
ten d q u' a m on tour 1 inhu mame es, , Aullon de tous vos Grecs encourager le zel
travser aiet jour.
.
Je pré s
re
c ru els, a pleu r
condru:nn
Et que s s y eux sseaux sont tout prets,, et le vent nous appe e.
qun jeesele ur at do n . Nos vai
e 790
Me rend en t taus le s no ms Je sais d e ce palats tous 1 es d e tours obscurs . .
PYLADE
vous voyez que la mer en vient battre les �urs
.
ra votre ambassade :
e succes qu'au
765
voila don e l !
av sseu r Jusqu' n votre vaisseau conduira votre pro .
Or est e r i
ÜRESTE lade ?
e
ÜRESTE
ie
Et u'import
qngé s jo e, Py
uiront de mes
Quand no s Éta t s ve soins, Mais pardonn a d s m ux do t to s ul pté
?
L' ing rat e d e m es pl eurs
jo uira-t- elle mo ins e e a n i e as i i
malheureux qui perd tout ce qu'il �e
e
Excuse un
ir '
Et seraiqlue
que smqeuesejervira la Gerece m;adm
a fabl Que tout le monde hait, et qui se hait lui-meme .
Tandi 3 de l'Epire ?
ÜRESTE
b en ! mes soins vous ont rendu votre conquete. 805
H'é i pyrrhus, Madame, et votre hymen s'apprete.
J ai vu
HERMIONE
75
p o rts de l' heureuse Hermio ' 7
conc,:ois-tu les trans 850
5ais-tu que! est Pyrrhus? T'es-tu fait raconter
xploits... Mais qui les peut compter?
. Le nombre des e
1
· 1ntrépide, et partout su1v1 e a victoire,
songe...
CLÉONE
Dissimulez. Votre rivale en pleurs
HERMIONE
Dieux ! ne puis-je ama joie abandonner mon ame 7·
s,ene
ANDROMAQUE
. ,
Tu crois que Pyrrhus craint 3? Et que craint-il encor?
Des peuples qui, dix ans, ont fui devant Hector; 860
Qui cent fois, effrayés de l'absence d'Achille, Je ne v1ens pomt 1c1, par de jalouses Iarmes 1
Dans leurs vaisseaux bn1lants ont cherché leur asile, Vous env1er un cceur qui se rend a vos charme s.
•
Et qu'on verrait encor, sans l'appui de son fils, Par une main cruelle, hélas ! j'ai vu percer
Redemander Hélene aux Troyens impunis? Le seul ou mes regards prétendaient s'adresser.
845 Non, Cléone, il n'es t point e nnemi de lui-meme; Ma flamme par Hector fut jadis allumée ·
n veut tout ce qu'il fait; et, s'il m'ép4ouse, il m'aime.
865
Avec lui dans la tombe elle s'est enfermée.
M ais qu'Oreste a son gré m'impute s es douleurs Mais il me reste un_ fil�. Vo�s saurez quelque jour,
,
N'avons-nous d'entretien que ce lui de ses pleurs?
Mais vous ne saurez pas, du moins je le souhai¡e
En quel trouble mortel son intéret nous jette '
1 870
1. Larcin: vol. Lorsque de tant de biens qui pouvaient nous flatter 1
1
2. Auteur de son ennui: a }'origine lui-meme de son malheur.
J. Craint : a peur.
4. M'impute : me rende responsable. 1. Flatter : réjouir.
77
s,ene
Ne m'avais-tu pas dit qu'elle était en li ª pnncesse?
880
ANDROMAQUE
Hélas ! tout m'abandonne.
PHCENIX
scene 5
Allons, Seigneur, marchons su r les d' .
ANDROMAQUE, CÉPHISE
CÉPHISE
Qu'attendez-vous? Rompez ce sile b
ANDROMAQUE
n a promis mon fils.
CÉPHISE CÉPHISE
Il ne l'a pas donné.
ANDROMAQUE
Non, non, j'ai beau pleurer, s a mort
PYRRHUS
Daigne-t-elle sur nous tourner au .
Que! orgueil !
l. Lorsque,
lassés [...] l'appui: awc plus sombres moments de 1 ANDROMAQUE
cer·tainS Troyens voulurent rendre Hélene a son mari Ménél H Je ne fais que l'irriter encor.
s'y opposa Sortons.
2· A sa perte : a la mort d'Hector.
900
78
79
AOE 111 · Scene &
AffE 111 • Scene 6
E,Use jetant aux pieds
de Py_rrhus. CÉPHISE
.ANDROM AQ
. · .Madame... 925
h ·I Se1gneur,
A 1a m·e,r·e,.
. le fil s, livrez-leur done
S1 vou
Vos serm entzs
s livre 1
m'ont-J·e tót jur
tanau moin é tan
s tot d'ami
uch er ie
tvo .
t re p1tie . re .
urrai , Auteur de to u s me s maux, crois -tu qu'il les ignore 7
1
D1•eux . ne po
Sans espoir de pardon m'avez-vous condam
nee 7. A Pyrrhus.
Seigneur, voyez l'état ou vous me réduisez.
905
PYRRHUS t donnée.
J'ai vu mon pere mort et nos murs embrasés .
e es
PhreniX vous le dira, ma parol J'ai vu trancher les jours de ma famille entier�
ANDROMAQUE
' 930
son fils, seul avec moi, réservé pour les fers.
Mais que ne peut un fils ? Je respire, je sers 1.
J'ai fait plus : je me suis quelquefois consolée
Qu'ici, plutót qu'ailleurs, le sort m'eút exilée .
910 Qu'heureux dans son malheur, le fils de tant' d e ro1.s 935
Puisqu '
ANDROMAQUE ]'ai cru que sa prison deviendrait son asile.
Ah! Seigneur, vous entendiez assez Jadis Priarn soumis fut respecté d'Achille 2
Des soupirs qui craignaient de se voir repoussés. Jattendais de son fils encor plus de bonté.
Pardonnez a l'éclat d'une illustre fortune 1 Pardonne, cher Hector, ama crédulité!
Ce reste de fierté qui craint d'etre importune. Je n'ai pu soup<;:onner ton ennemi d'un crime . 940
. h
1. Illustre fortune : haute condition sociale. d, ·11
So
81
ACTE 111 • Scene 7
7 P:RRHUS, ANDROMAQUE,
PYRRHUS continue.
Madame, demeurez.
On Peut vous rendreetenqu
,
cor ce fils que vous pleurez.
.
en exc1ta
Ou,i 1·e sens a regr. nt vos !armes
d
Je ne fais contre mm que vou� onner des_ armes. 950
Je croyais apporter plus_ de hame en ces lieux.
Mais, Madame, du moms tournez vers moi les yeux :
Voyez si mes regards _son� d'un jug: sévere,
S'ils sont d'un ennem1 qui cherche a vous déplaire.
Pourquoi me forcez-vous vous-meme a vous trahir? 955
Au nom de votre fils, cessons de nous harr.
A le sauver enfin c'est moi qui vous convie.
Faut-il que mes soupirs vous demandent sa vie?
Faut-il qu'en sa faveur j'embrasse vos genoux?
Pour la demiere fois, sauvez-le, sauvez-nous. 960
s,ene Entrant a la
Et de sang
lueur de nos palais brulants,
freres morts se faisant un passage
sur wus mest�ut cou�ert échauffant le carnage '
1000
CÉPHISE songe aux cns des vamqueurs, songe aux cris des. m
ais pré dit, qu'en d épit de la Grece, an fl
s la amm e
, f'1es,
etou C,
sous 1e fer expirants . '
Je vous l'av esse. v
us seriez la m aitr
De votre sort encor vo Peins-toi dans ces horre. urs Andromaque éperd .
ue 1005
omm e Pyrrhu s vmt s 'offrir ama vue
,ANDROMAQUE voila c '
par quels exploit s il sut se couronner ;
ours sont suivis. ! v oila
Hélas ! de quel effet tes disc
n ne me restait plus qu'a cond amner mon fils. Enfin voila l'époux que tu me veux donner.
980
PHISE ne serai po int complice de ses crimes ;
Non, je
CÉ
1. Manes : ames des morts, dans la religion romaine. 1. Tous mes ressentiments [ ] ass .
2. Qu'il tenait embrassé : Priam était venu chercher protection dans un
temple troyen Iorsqu'il fut tué par Pyrrhus. . .
Et ·
85
AffE 111 . Scéne 8 Clefs d'analyse
Acte 111, scenes 1 a 8.
. 1 tr ,. 7
Ro1 bar are, au
1
h· 7
s, es.t- compréhension
p am
1 . ta, tes yeux des , maux qu
,. il ne sent pas ?
Mrus il
c
e pe n an , '
e , 0bserver le comportement de Pylade dans la scene ,. 11 se
Le 1er que . ff: · 7 soumet aux projets d'Oreste: déterminer sa motivation.
Non, tu ne m ·
, , hi
,
Synthese Acte III.
se rnontritr e.ible
essns
e se a la douleur
Pylade
,
a tente d'Androm
de calmeraque,
Orescon trailui
te et rement
Pyrrhus ª. sa rna parle
L'ultimatum de cornrne andro
A un rn� �que: Pyrrhus
alade. ,
�.1 era.intA congédie
sa pre sePh�
nce.nix
Polors
ur Cép
qu'il
parle r a fer ente . sa ma 1tr sse ne se hise, la
s,ene ANDROMAQUE
CÉPHISE époux, Madame,
do�te . t . c'est votre Ce n'est point avec toi que mon cceur se dé ' 1·se.
Ah ! j n'en
rniracle en votre ame.
e p:o:t ·ce gu
1050 C'est Hector q
m
e
p Ta foi, dans mo�ma eur, s'est montrée a mes yeux . 10
e enco r s 1h 75
II veut que Treoiux relietvceornserver.
v uses fa Mais 1· ai cru qu'a mon tour ,tu me connaissai·s rrueux.
1
h r
q u'iluis
Avec cet eu 1 ls
rofi
o
h
Pyrr us vo u s l'a p � s. Pt1t trahir un époux qui croit revivre en elle
att e
datt qu'un mot pour vous le rendre.
n E qu d tant de morts réveillant la douleu;,
Madame ·· il n' e p tr e , es, t e e
ports : pere, sc
tant promise a sa cendre 1 7
ans n repos me fit trou bler le leur
1055 Croyez-en ses tr reur, il rnet tout a vos pieds. Le seoin e moardeur
ladcette 1080
Con
su tentsu
r luí,
der vtoouttrescon pe de tant de haine ? ?
Mais son fils périssait : il l'a fallu défendre.
Est-ce la- ce vainqueur d� i gne Est-c �s �n m'épo�sant 'en déclare l'appui;
Pyrrh �
ecsP
DeJa contre les Gfir t ouche autant que vous : n sufftt : Je veux bien m en reposer sur lui.
ls 1 e 1085
Le soin de votre
reur 2 il luí Iaisse sa garde ;
II prévient leur fu ' .
1 u1-rnerne s e hasarde 3. Céphise, il fera plus qu'il n'a promis de faire. '
Pour ne Pas l'exposer, vous avez promis. sur le courroux des Grecs je m'en repose encor
ut s'a p p re"t e au temple et Leur haine va donner un pere au fils d'Hector.
Mais to
ANDROMAQUE Je vais do ne, puisqu'il faut que je me sacrifie
Qui, j e rn'y trouverw.. Assurer a Pyrrhus le reste de ma vie . 1090
s ffit
? n HIS
eCÉP E e s vue Je vais,erenarecevant
mon filssapar
foi des
sur les autels
Madarne, qui vous press oit p � J � en ;ue. , L'engag nceuds i�ortels
Désorma.is a vos yeux n e s us e
vos
bontes,
D'une
Mais aussitót viemain,
infidelema a moi
a brégera le reste
seule, funeste
rreez bientót prodigu er
1 .. obruass o nt plu s comptes. 1095
ments ne ser
v01t crélltre ,
1 1 d'élever un enfant qu on son mélltre,
e élev e pour Voila de mon amour l'innocent stratageme .
Non p1us Comme un esclav
1010
aitre tant de ro1·s .1 Voila ce qu'un époux m'a commandé lui-m�
Mais pour voir avec lm ren ]'irai seule rejoindre Hector et mes ai'eux.
1100
d'Hector.
90
91
Srene
. assez
Non, je ne puis
M
admirer ce sil
·
Vous vous ta.
1 s z,
e adam e et ce 1 s
'a as u moin e troubl e agité N pn
1
Vous soutenez en paix un e si rud
vos .
V
.
I1 viententot
, Madame, il vient . et
, ue 1 a vos pieds il aII .
' ret a servrr toujours sans es . d
y
CÉPHISE Mais il entre.
1125 Hélas !
ANDROMAQUE
Ne me suis point, si ton creur en alarmes
oit qu'il n e pourra commander a tes !armes
Pr v
é
92
93
ACTE IV - Scene 3 AaE IV · Scene 3
aí
S, si vous me vengez, vengez-moi d ans une heure.
M 1170
s,ene 3 g;:i�:·
e m ents sont pou r mo i des refus.
N
HERMIO E, rous vos r etard
e. II faut i mmol er...
cour ez au templ ÜRESTE
Qui?
ESTE
Ah! Mad arnOR
e, est-il vrai qu'une fois HERMIONE
e o o
95
AaE IV - Scene 3
haine est égale a la mienne
�x ·s quoi? Déja leur 1225
a re gre� epou x une :royenne.
�!la
Elle épargne
ez : mon
ennem1 ne vous �eut echapper,
.
, opuarlplutót il ne faut que les laisser frapper.
ez une fureur
. conduisez ou suivvert d ang d si belle;
1· d cou e l'infidele;
Revenez tout
u s
1230
HERMIONE
A f
96
97
ACTE IV • Scene 5
aaE IV . Scene 4
CLÉONE PYRRHUS
, Madam e ; et vo us d eve z songe r... vous n?ne m'attendiez pas, Madam e; e t je vois bi en
vous vous perdez Que m abo�d 1 1• c1• tr?ub,le :ºt�e ent reti en.
ª,
1255 1275
HERMIONE
s �?mt : � me d �n mdi�e artífice,
on, je_ so�?e �e venger. Je ne v1�n
Que je me perde ou n D'un voile d equ1te couvnr mon lilJUStice ;
or, quo1 qu il m éllt p u promettre,
.ª
J n e sais me me enc
r moi si je dai
res que sucou
s m'en remettre. n suffit que mon creur me condamne tout has '.
s:r d'autn'est pas pa ble s es yeu�comme aux miens, Et je soutiendrais mal ce que je ne crois pas.
Pyrrhus
J'épouse une �roye�e . Ou�, Madame, et j'avoue
1280
1. Abord : arrivée.
2.Souscrire : donner son accord.
3- Éclatez : exprimez-vous avec violence.
98
99
AOE IV · Scéne 5
II me soulagera peut-etre autant que vous. . eaux de sang Troie1, arden te plongée ;
1305
Dans des ru1ss . P olyxe ne ge or ge, e
AUX yeux de tous es
fuser a ces généreux coups 7.
Que peut-on re 1340
PYRRHUS
. em, eJ.epla
.Mapduarn sais trapa quel exces de rage
e a
md'Hélen
Je 1 s
.eecans e emporta mon co�r�ge.
1310 ns d'
bli r l pass ,.
e e e
.MaiS enf.;., J s auec1 1 qou v etr indiff , .
J.H
• c
d g a.c e ue o e , eren e
Je re n s r e
prr. s m'apprenne 1 .m,n c n,.ce.
h u ux sou o e
e re
.
De mes u , J. l v01s bi' n, trap prompt a so eg ner,
e
M on cre r e e e e
.
1315
Dev ai. t m1. eu x v ou s c on n a itre et mieux s'exammer.
. .
ds v us ai nt un in e Jur m earte11e ,
.Mes remor o eiat. s e
e e
ou e cr oi re infi'd'1e e.
vo s ne pre,t. end1 e z pom r s
aimé 1350
u
eu e e ou
Je crai·n d v us t r
u
s o ahir,. p t-etr j v s sers.
s e . ,. un e au e;
1320 Nos creurs n'étaient pom t1' caitss dépen
cédi z ants
au v t .
. . n1 dev o.r, et v
r
on ou e o re
Je su1vals
·ta m'aimer
HERMIONE
en eff et. 1355
,. ,
Je n t al p int ai.m , c l . Q 'ai-je done fait?
e 7 u
e o, . lru e .
1325 es vceux de taus nos pn nces;
Je t al
J' su is encor, m g au fond de tes provinces;
Y ,. ,
Et m g G tessinfidehtes,
al ré honteux de m s b ntés.
e o
.
Je leur al_ c mmandé de cacher mon .m1.ure z ,•
e o
1360
Tu �� u e 1365
101
ACTE IV • Scene 5
Vient si tranquillement m'annoncer le trépas,
Ingrat, je doute encor si je ne t'aime pas.
Mais, Seigneur, s'il le faut, si le ciel en colere
1370 Réserve a d'autres yeux la gloire de vous plaire,
Achevez votre hymen, j'y consens. Mais du moins
Ne forcez pas mes yeux d'en etre les témoins.
Pour la derniere fois je vous parle peut-etre
Différez-le d'un jour ; demain vous serez maitre.
375 Vous ne répondez point ? Perfide, je le vois,
Tu comptes les moments que tu perds avec moi !
Ton creur, impatient de revoir ta Troyenne,
Ne souffre qu'a regret qu'un autre t'entretienne.
Tu lui parles du creur, tu la cherches des yeux.
1380 Je ne te retiens plus, sauve-toi de ces lieux
Va lui jurer la foi que tu m'avais jurée,
Va profaner des dieux la majesté sacrée.
Ces dieux, ces justes dieux n'auront pas oublié
Que les memes serments avec moi t'ont lié.
1385
Porte aux pieds des autels ce creur qui m'abandonne .
Va, cours. Mais crains encor d'y trouver Hermione.
PH<ENIX
Seigneur, vous entendez. Gardez de négliger
Une amante en fureur qui cherche a se venger.
Elle n'est en ces lieux que trap bien appuyée
La querelle I des Grecs a la sienne est liée '·
Oreste l'airne encare; et peut-etre a ce prix...
PYRRHUS
Andromaque m'attend. Phrenix, garde son fils.
1. La querelle : la cause.
102
Clefs d'analyse
Acte IV, scenes 1 a 6.
, .
• Dans la tirade d'Andromaque (vers 1102-11
composantes de ce caractere .
n? esse d'ame, lucidité et intelligence. ' ' e ,te,
• Dtscute�
le portr�
it qu'Andromaque dresse de Pyrrhus(scen )
,
,
ACTE V
Synthese Acte IV.
Langage
Lyrisme et élégie
ea
Le lyrisme est une forme d'expression poétique. 11 s'attach
la description de sentiments personnels qui visent a tou HERMIONE
cher
.. fait? Que dais-je faire encare?
themes exposés. L'élégie, poeme lyrique, exprime la plainte ºu. su1s-Je ·1 Qu'ai-Je
, la Quel transport me saisit? Quel chagnn · me de,vore?
Errante et sans dessein je cours ans ce pa a1s. 139
p · s -J savoir si j'aim, e ou 'si· j,e hais?
5
Ah '· ne u1 e
q el reil il m a conged1ee '.
L ecru e.1.· de
1 u
. , , 1
Sans.p1t1e,, sans do u l eu r a u mom s e tudi ee 1 .
.
L'aiai e J.evu setir
-J. troubler et me plamdre un moment?
u er un seul gémissement?
En - . P tranquille a· mes a1armes, 1400
s soupirs,
Muet a me ... •
.-il seuleme nt qu 'il eut part a mes1arme
S ernb1ai t s?
Et J. e 1e plains encare ! Et, pour com e
Moncreu� mon la.che creur s'intéresse pour lui !
Je trernble au seul p enser du cou p qui1e menace, 1405
.
t a 1 ·e . . ,..
Et pre . . . me venger ' 1u1 a.is de1a grace.
e f
' ..
Non, ne re'voquons point l'arret de mon courroux :
. .
Q u'il p ,n
e ·sse ., A u ssi bie n i l n e v1 t plus pour nous.
Le perfide triomph e et s e nt de ma rage ,
II pense vair en pleurs .dissiper cet orage ; 1410
1. Étudiée: simulée.
107
AaE v . Scene 1 AnE V - Scene 2
Sa mort sera ,. at a-t-il rougi lorsqu'il t'a reconnue?
f. · · Lí!l�ouble avouait-il son infidélité?
A-t- J
, . ,. , , · d t· , CLÉONE
e al h , d', 'Etats,
.Ma dame, il ne voit ríen : son salut et sa gloire
blent etre a vec sa m, emorre.
·
sem . .
vous sortis .de . 1450
N'a-t-il point ses yeux vers le palais? craint la Grece, il craint l'univers en courroux,
2
Dis-moi, ne t'es-tu point présentée a sa vue?
1445
Mais il se craint, dit-il, soi-meme
plus que tous.
1. En répond : en a la responsabilité.
2. Soi-méme : lui-meme.
109
AaE v . Scene 3
ARE v . Scene 2
ÜRESTE
« Je vous donne,,
a-t-il dit, �a couronne et ma foi,
Andromaque; regnez sur l'Epire et sur moi.
Je voue a votre fils une amitié de pere;
]'en atteste les dieux, je le jure a sa mere.
1510
pour tous mes ennemis je déclare les siens 3 1
De leur hymen fatal troublons l'événement, Et je le reconnais pour le roi des Troyens. »
Et qu'ils ne soient unis, s'il se peut, qu'un moment. A ces mots, �ui d� peuple attiraient le suffrage,
Je ne choisirai point dans ce désordre extreme Nos Grecs n ont repondu que par un cri de rage .
Tout me sera Pyrrhus, füt-ce Oreste lui-meme. L'infidele 4 s'est vu partout envelopper 5,
1515
Je mourrai; mais au moins ma mort me vengera, Et je n'ai pu trouver de place pour frapper.
Je ne mourrai pas seule, et quelqu'un me suivra. chacun se disputait la gloire de l'abattre.
Je l'ai vu dans leurs mains quelque temps se débattre
rout sanglant a Ieurs coups vouloir se dérober .
s,ene 3 �
'
g;:i :, Mais enfin a l'autel il est allé tomber.
'
HERMIONE,
Du peuple épouvanté j'ai traversé la presse6 1520
ÜRESTE
Madame, e'en est fait, et vous etes servie
1. De face: d'expression.
Pyrrhus rend a l'autel son infidele vie.
HERMIONE
1495 I1 est mort ?
seront désonnais les miens.
4. L'infidele : le mot a le sens tres fort de « parjure ,._
5. Envelopper : encercler.
1. .Prétends : réclame.
6. La presse : la bousculade, la foule compacte.
AaE V - Scene 4
AnE v-Scéne 3
agn er l port , ou bientót n�s ami s
Et reg e
sang que Je vou at p omi .
s r s 1550
on t cou ve rts d u �.r,,,c-tU paS
Viendr
u :
Q � . e ton amour le detestable fn t 1555
v o ila d
cest o
NOU 1560
1535
4 ÜRESTE, seul.
.
Et ne voyais-tu pas dans mes emportements Je devtens pamc1de, assa ssin, sacrilege.
l. Panicide : le meurtre d'un roí est assimilé a celu1· d' 1. Ses soins : ses attentions.
AaE V - Scene s
· 7 ur une ingrate a qui je le prom ets, h les morts quelque nouvel outrage
1575 Pour qm · P o . · .7
. ,. . rt faut-il que vous mounez
. épou se la rage. Et quan Je a.i servi e,
1' d mande et son et sa vie !
· , 1. sangde
ais s' el0 gner .
i·
ur i·e suis un monstre funeux
Elle I'au•n· e ·1 Et !
yeux
15so Je 1a voIS P o am mes !
Et mgr , s ces lieux nous "'l'avons rencontrée
., . . QUI cou ,d , , i
le temple' inquiete, egaree .
ryrrhus porté sur des so ldats
,
3- Passe : dépasse.
4. Ma núsere : mon malheur.
AffE V · Scéne 5 Clefs d'analyse
Acte V, scenes 1 a S.
PYLADE
Ah ! Seigneur. préhension
ÜRESTE
victime de la
117
AC1E V • Scéne 5
PYLADE
Clefs d'analyse
Ah ! Seigneur. Acte V, scenes 1 a S.
Quoi ! Pyr rhus
ÜRE
jeSte
TE
out un ri al qu �encontre encore . 7
1530 Trou,verai-je part nsion
cornpréhe
Le monologue
Perce de tant de co e J abh
orre 1 ·7
yi·ens, tiens, voila leups covmment t'es-tu sauvé
co�p q . .7
ue Je t '
A' mes yeux He réserve'·
Mais que vois-1·e 7· ai
in one
Ene Vi l'arraeher au coup qu1. 1� m l'embrasse 2 .
ent
monologue d'Oreste (scene 4), les interro-
1635 , Relever, dans le
ni·eux ! quels affreux e 7
regards elle Jette nace ?
Que ls démo sur moi ,
ns uels erpents Cléone (V, 2), les éléments narratifs.
Hé bien 'i r /
en e '
t:aine-t apre . so.1 .,, , Relever, dans le récit de
! sfilles -el
Pour qdue1. �nt
3
vos mams sont le - e11 s
A qu1. st m ces
ez-v ousserp ents q.ui ifs fl. en t ures pr etes ?
l'a s vo s
1640
Venez-vou ppareil qu1 vo us tetes 7
n
l ev suit 7·
s er dans 1'e,terneUe
�enez, a ovs fu
m'e nuit
7
Mais non, retir e:� Ore�te s'abando .
��� s, lai n n e.
L'ingrate mieu
x
sse z faire He.r.m.....�uone :
q
Et J.e lui porte e ue vous saura m e, déchirer .
Réflexion
nfin mon cceur Folie
a' de vorer
.
16 5 naup,nerd le senti PYs,LADE • Analyser, dans les textes d'Hermione et d'Oreste, les indices
4
Me vag
ones-l
ons mº e nt 4. q le te
cemptras nnspo
ou no
e· sNle
. oss emffo
om rtseAm
nti
de s . . srtpress
use l.ais
S se
Vie Fatalité
S'il reprenai
t ici sa rage av ue ndraient impuissants
ee ses sens • Comparer le résumé qu'Hermione fait des conséquences de
.
l'ambas sade d'Oreste (V, 3), et celui d'Oreste lui-meme {V, 4).
• Analyser la derniere tirade d'Oreste. Comment le themede la
fatalité, qui avait ouvert la tragédie, vient-il dore celle-ci?
A retenir:
Apres /'exposition et les péripéties, ou « nreuds"· la piece s'acheve
sur un dénouement: tous les événements amorcés doivent
l.
Que j'ahhorre ..
2. L'embra se:
que Je hais. connaitre une fin en accord avec les príncipes de la tragédie.
s ..l' 1e s Furíes
3. Pilles d'ent;er entoure dedé seesssbra
es ds.e la Veng Lespersonnages qui se sont réjouis du malheur d'autrui et ont trop
mythologie g . vivement clamé leur victoire, tels Hermione, sont coupab/es
recque). Le�rs eance ("Étynie
4. n perd le se cheveux sont
de
s" dans la d'« ubris », terme grec désignant un orgueil impie. D'autres, comme
nfiment: il s'é s serpents.
va
5. Ménageons no · uu1·t Pyrrhus, ont ignoré le malheur des victimes de leur égoi'sme. La
tili·sons a pro
fit.
sentence, dans ces deux cas, est la mort. Oreste, coupab/ea demi,
victime de la fatalité, perd la raison.
116
Synthese Acte V.
Synthese Acte V.
. e
Le paroxysme des pas
sions
n ga ge
Le rno
gu e d ur une con
Personnages Le monolo
nnag e ,
seul sur scene,
, parle tou . 1
P ers o , Au cun pa
e ent s · . .
Deux personnages basc mo uv '.11 t réa iste (1 a r�ve que ce
l .1 r
ule nt dans la foli ce tt e s1tua ion c
Ni Andromaque ni Pyrrhus
n'apparaissent da e pu blic, comme un
maisl a cérémonie ns cet acte u q uestion ave e l
qui se déroule hors ltime, a1s
impor t an ce cap
itale : les mouvements
scE'ne leur do
n ne une ap arte, , rn met ,ad" )a.u
',� teur d'inst aller une autre
de Cléone et de d'Hermione, L'a b
sence
Pylade tissent un lien p d'Ore rs le personnage co nverse avec... lui-meme.11
ermanent avec ste,
'
bration du m forme de d Iscou : . .
ariage. Nous guetton
s avec angoisse
la célé-
d'exp r fl't ·nt,eneur. Fa·,sant quest,ons et re, pon
d'Hector se
suicidera effective si la veuve s 'ag it .1on et pa uses -
me nt; erna t s d e pas s de réflexion, le
Pyrrhus qui, m no us frémissons ses, a ! t
enacé de meurtre, pour , d''nsta 1 1 e,
Leur présence s ne pense qu•a son
bonheur. h e,r o s est v
ur scE'ne n'est plus . f ns de mo
/eur absence une nécessité dr d com e I .
renforce /'inquiét
ude.
amatique; d'He rm1one(O,usuis-je ?...¡ Errante et sa
L'acte V donne exe rn_p ns
a Hermione et a , ,
logues, redo Oreste deux g
rand s mono- dessem l(a
utables pour les co va u
extreme. Tout médiens a cause perdue. comédienne met en � ;
ce que Racine av de la te nsion erruptions, les impératifs
bouches est p ait placé jusque breuse s
oussé au paroxys -la da ns leurs m .. ·· · il m'a forcée enfin ó le
1 • Is les repet1t1ons
table dédoub me. Hermione s sin guher s
lement de personn ubit un véri- · 7 H ' uoi ?
princesse hu alité. Elle ne pe
ut concili er la
vou,otr.
mi/iée qui a exig b voure es n
l'amoureuse é d'Oreste la U n te
passionnée qui t/lte du ro;, . , are 1 e spectateura
s'ensuit un ne respire que po et e 11 prep de nouveaux
texte morcelé, ur Py rrhus. 11 , '
«Qui te l'a dit haché, contra
dietoire. Le cé lE' eve nements qui se derou en
_
? » re flE't e l'ap bre ·
ps de l'act1on. , ' 1 a é galement imposé la soli-
description proche clinique t
d'une schizo ph de Racine da
retrait depuis ré ne. La fatalit n s sa u héros tragique.
deux ac tes au é, légéremen t
chologiq ues bé néfice des en nologue d'Oreste ( , es .
des héros, redev mouvements
psy- , ·t mais diffe, rente. NoVus4 savons
les projets de ient un r ouag
e m ajeur, dé pa . l e h,eros meu que le temps presse. et
s protagoniste ssant
amoureux, s. Oreste, le plu qu'Ore te e t tt en u
s lucide d t
s s a
est proprem tr s Ologue, qu,. , e l s1tua 1 ·
aussi en vient ent détrui .
a douter de s ar ce tt e m alédicdtion. Lui
es sents, de s es
Que vois-je? Es
t-ce Hermione p on existence mil oi
me:
a
resum
dernii!re fois, ce q u i pe rmet I ene a,