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Annales de Géographie

Sur la distribution du parler gallois dans le pays de Galles d'après le


recensement de 1921
Trevor Lewis

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Lewis Trevor. Sur la distribution du parler gallois dans le pays de Galles d'après le recensement de 1921. In: Annales de
Géographie, t. 35, n°197, 1926. pp. 413-418;

doi : https://doi.org/10.3406/geo.1926.8493

https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1926_num_35_197_8493

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SUR LA DISTRIBUTION DU PARLER GALLOIS
DANS LE PAYS DE GALLES
D'APRÈS LE RECENSEMENT DE 1921

Les langues se maintiennent souvent en dépit des conquêtes et des


changements de religion, et même en dépit des désavantages qui
s'attachent forcément à l'usage d'une langue parlée comme langue maternelle
par un trop petit nombre de gens. Un peuple attache au sol n'apprend
qu'à contre-cœur et bien péniblement une langue qui lui est étrangère.
Malgré la conquête du Pays de Galles par Edouard Ier au хше siècle et
l'abandon de la vieille langue dans les tribunaux et l'administration,
le gallois vit encore, quoique les classes supérieures se soient anglicisées
en grande partie.
Les besoins économiques d'un pays qui doit trouver place au dehors
pour une grande partie do ses jeunes gens et même de ses jeunes filles
ont répandu la connaissance de la langue anglaise presque par tout le
pays, et les émigrés qui rentrent vieux au pays natal savent d'habitude
les deux langues. C'est bien avant les migrations modernes que la langue
anglaise a monté par les vallées de l'Est du Pays de Galles et s'est
emparée d'une grande partie de la région côtière du Sud. Ce changement
s'est fait реп à peu depuis le xiir8 siècle, et déjà au moyen âge on se rend
compte que le gallois emprunte des mots à l'anglais. Pendant les
guerres civiles du xvne siècle, à ce qu'il paraît, le déclin du gallois s'est
arrêté pour un peu de temps, mais, au commencement du xvme siècle,
le gallois perdait pied de nouveau.
On peut commencer cette série d'observations sur la carte
linguistique par la mention de la paroisse de Bodierin, dans la péninsule de
Llcyn, paroisse de quarante habitants qui parlent tous habituellement
le gallois. A part cette petite paroisse placée très à l'écart, la côte
presque partout a subi de fortes influences anglaises, et le pourcentage
des habitants de la côte qui parlent le gallois est d'habitude assez bas.
La péninsule de Lleyn et le versant Sud du Snowdon presque seuls font
exception ici, car c'étaient les vallées méridionales du Snowdon qui
formaient jadis le coeur même des territoires fidèles aux vieux princes
de Galles. Au Nord, le pourcentage des celtisants diminue rapidement ;
le chemin de fer London-Chester-Holyhead, avec ses trains rapides pour
les bateaux d'Irlande, y est pour beaucoup, et, de plus, c'est un pays
de tourisme pour les industriels des Poteries du Lancashire. Dans un
centre de tourisme, les hôteliers et les commerçants s'inscrivent
d'ailleurs assez volontiers comme parlant anglais pour des raisons d'intérêt ;
d'autre part, beaucoup de gens se sont installés ici après fortune faite
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dans le commerce en Angleterre. Le pourcentage des celtisants est


moindre le long des terres basses, atteignant à peine 60 m. au-dessus de
la mer, que dans les terres hautes des deux côtés : ce fait tient en partie
aux chemins de fer et en partie au tourisme. Mais il est néanmoins à
remarquer que, dans certaines sections ou isthmes de plaine à travers
les péninsules du Pays de Galles, on trouve un type anthropologique
spécial, à tète brachycéphale, à taille souvent élevée, avec des épaules
fortes, des cheveux foncés, des yeux souvent gris1 ; très différent du
type ordinaire dans le pays, ce type ressemble beaucoup aux grands
pêcheurs de la côte bretonne entre Guingamp et Tréguier ; ces gens qui
se déplacent et voyagent très facilement s'anglicisent quelquefois assez
vite.
Les rivages du détroit de Menai ont attiré bon nombre de rentiers
qui parlent plutôt anglais ; mais, pour le reste, l'île ď Anglesey conserve
30 p. 100 de celtisants ; elle a un grand nombre de llans, c'est-à-dire
d'enclos sacrés des premiers âges du christianisme. Anglesey, Tile sacrée
de la tradition celtique, était déjà renommée pour son blé avant la
conquête anglaise : la vieille langue y est fortement enracinée. Le
mouvement religieux du xvine siècle (méthodisme calviniste gallois) a eu un
grand succès à Anglesey, ce qui a sans doute fortement contribué au
maintien de la langue. Ce mouvement a influé sur la vie du Pays de
Galles dans les régions pastorales un peu avant la construction des
grandes routes : c'était un mouvement de villageois parlant gallois.
Le gallois est donc devenu la langue de la religion, et le mouvement
religieux se trouve lié avec le sentiment nationaliste au xixe siècle.
Une grande partie des comtés de Denbigh, Merioneth et
Montgomery est formée d'un plateau, assez fortement découpé par les vallées,
qui s'élève souvent au-dessus de 300 m. et même parfois dépasse 800 m. ;
ce plateau de terres froides avec soubassement de roches paléozoïques,
ardoises et grès pour la plupart, ne peut porter d'arbres que çà et là, à
l'abri des gros vents de mer. Ces espaces d'herbe, de buissons et de
fougères étaient dans l'antiquité les régions habitées, lorsque les vallées
étaient encore trop remplies de bois et de marais. Les hautes vallées ont
conservé de très anciens éléments de population : c'est le cas pour le
Hwaithog, haut pays de l'Ouest du comté de Denbigh. Ces cantons
reculés, très peuplés aux temps préhistoriques, se livrent à rélevage des
moutons ; ils sont tous pauvres ; leurs jeunes gens sont forcés de s'en
aller au dehors chercher des moyens de vivre ; mais ceux qui restent
demeurent très attachés à l'ancienne langue comme à toute la tradi-

1. H. ,T. Fleure ot T. S. James, Geographical Distribution of Anthropological


Ту] es in Wales (Journal Roy. Anihr. lust., Londres, 1916). — h. J. Flevre et L. W'ins-
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Andrew, The Ccr.-iish Fisherman Type (Man, Londres, 1921, n° 83). — H. .T. Fletre,
Races of England and Wales (Londres, 1923).
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tion galloise. L'anglais s'avance cependant vers l'amont des vallées, et


l'on entend souvent, les jours de marché, entremêler de mots d'anglais
appris en ville les conversations en gallois qu'échangent les montagnards
entre eux sur le chemin du retour. Plus bas, dans les vallées, la
conversation est plutôt en anglais, mais les mots anglais se rangent encore très
souvent suivant les lois de la syntaxe galloise.
Le Pays de Galles est traversé par une grande zone de cassures, le
В ala Cleft, que suivent les rivières, la Dee à l'Est et la Mawddach
à l'Ouest. L'anglais a pénétré assez fortement le long de la Dee, et le
tourisme a influé sur plusieurs parties de la région de l'embouchure de la
Mawddach. Le centre de la zone de cassures est néanmoins resté gallois ;
c'est un pays de montagnes pauvres et pastorales.
Un fait capital commandant beaucoup de relations humaines dans le
Pays de Galles, c'est la large zone montagneuse s'étendant du dôme du
Plynlymon vers le Sud-Ouest. Quoique pas très haute, cette zone de
terres froides sur roches anciennes, inondée sans cesse de pluies, est
presque vide d'habitants. Le pays côtier du Cardiganshire est, par
conséquent, très isolé des pays de la Severn et de la Wyo à l'Est. Ces
derniers se sont anglicisés en grande partie, tandis que le Cardiganshire reste
beaucoup plus gallois, sauf dans ses stations balnéaires. Dans la
montagne, on trouve souvent de 33 à 50 p. 100 de celtisants. Dans la
continuation de cette zone montagneuse vers le Sud, se rencontrent les
trois comtés de Cardigan, de Carmarthen et de Pembroke ; la région de
leur rencontre est restée fortement galloise ; on dit que beaucoup de
Gallois non conformistes se sont réfugiés là-haut, lors des persécutions
des siècles passés.
Ce sont les cinq comtés ď Anglesey, de Carnarvon, de Merioneth, de
Cardigan et de Carmarthen qui conservent le plus haut pourcentage de
celtisants, mais les quatre derniers recensements ont marqué une
décadence progressive. Les jeunes gens émigrent vers les grandes villes :
maçons ď Anglesey, laitiers du Cardiganshire, ouvriers drapiers du Sud
du Cardiganshire et du Carmarthenshire. Comme il leur est utile de
savoir l'anglais, la plupart se servent des deux langues, tant bien que
mal. Le pourcentage de ceux qui ne parlent que l'anglais monte
toujours, mais assez lentement. Dans les districts de carrières d'ardoise et
dans les petites villes où l'on tissait de la laine jusqu'au dernier quart
du xixe siècle, le gallois est moins parlé que dans les régions consacrées
à l'élevage. Dans le Denbighshire, le Flint et le Montgomeryshire, le
pourcentage des bilingues décroît, et celui des gens ne parlant que
l'anglais monte rapidement.
Il nous reste à étudier le Sud et le Sud-Est du pays. Le gallois est
complètement absent de la plaine côtière du Sud du Pembrokeshire.
C'était jadis un pays à blé qui commerçait avec l'Irlande et avec l'Ouest
de l'Angleterre ; à diverses reprises, Normands, Flamands et Anglais y
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ont passés Il semble entre ces éléments divers anglais est établi
comme ngua franca Cette plaine avait au moyen âge ses manoirs et
ses villages terres découvertes probablement avec assolement trien
nal est un pays de châteaux et de monastères qui contraste tous
égards avec la région montagneuse du Pays de Galles où les vieux clans
se sont maintenus au moyen âge et où le système manorial
eu peu de prise
Le Sud du Pembrokeshire donc pas de celtisants la frontière
linguistique marque nettement et varie peu après les derniers
recensements Dans tous le reste du Sud et du Sud-Est du pays les cel
tisants atteignent jamais 30 100 de la population La plaine est
presque anglaise le haut des vallées garde encore le gallois et par-ci
par-là il peut avoir accroissement local du pourcentage de ceux qui
le parlent ce sont surtout de nouveaux immigrés venant des régions
élevage La plaine côtière du Glamorganshire est presque aussi com
plètement anglaise que le Sud du Pembrokeshire est encore un pays
blé occupé par les Normands qui ont bâti des châteaux et maintenu
des garnisons étrangères Le gallois persiste mieux dans la région houil
lère les mines ont attiré une nombreuse population venue surtout
des régions élevage du Carmarthenshire du Cardiganshire comme
aussi Irlande et de plusieurs parties de la Grande-Bretagne La houille
fut exploitée abord davantage Est Ouest mais un mouve
ment vers Ouest se dessine de plus en plus nettement ce qui ren
forcé la pénétration de anglais Cette langue fournit presque tous les
mots nouvea.ux dont industrie besoin mais la religion parmi les
non-conformistes augmente de beaucoup la résistance du gallois On
trouve bien souvent des gens se servant un vocabulaire anglais mais
un arrangement de mots dans la phrase qui dérive des lois de la syn
taxe galloise
Sur la frontière entre le Pays de Galles et Angleterre on remarque
que anglais su monter assez loin par la vallée de la Severn quoique
le haut du bassin conserve une forte proportion de celtisants La même
chose est arrivée dans la vallée de la Wye Dans le bassin de la Severn
en aval de Caersws et dans la vallée de la Wye en aval de Newbridge
tout est anglais en matière de vocabulaire on trouve presque
toujours encore la syntaxe galloise
Le comté de Radnor au centre de la frontière anglaise pays monta
gneux entre la Severn et la Wye offre un problème spécial Malgré sa
physiographie ce comté est très anglais La ville anglaise de Ludiow un
peu Est dans le Shropshire joué un très grand rôle sur cette fron
tière au moyen âge anglais fortement pénétrée De plus il semble
que beaucoup de soldats de Cromwell ont été plantés dans ce pays
après la guerre civile du xvne siècle
En résumé on peut dire que ancien Gwynedd le Nord-Ouest du
ANN DE 03 XXXVe ANN 27
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Pays de Galles reste la forteresse de la vieille langue En dehors du


Gwynedd la langue ne se maintient tant soit peu que dans les régions
pastorales et là près de la frontière linguistique on trouve des
centres qui ne veulent nullement céder leur langue est le cas de Lian-
brynmair dans le comté de Montgomery et celui de la région accidentée
où Pembrokeshire Carmarthenshire et Cardiganshire se rejoignent ces
régions sont également des forteresses du non-conformisme en matière
de religion
Si on étudie la carte du Pays de Galles on voit bien vite que ce pays
manqué un foyer central où ame du peuple aurait pu exprimer
une fa on continue et cumulative
Quoique la Bible et les livres de glise protestante aient propagé
un gallois presque officiel il reste cependant beaucoup de parlers locaux
dans les diverses vallées Dans plusieurs parlers le même mot prend
quelquefois des significations différentes et on assez de peine en-
tre-comprendre entre dialectes du Carnarvonshire et dialectes du Carmar
thenshire est là une faiblesse qui aide au triomphe de anglais On
peut dire cependant un autre côté que si le Pays de Galles avait eu
un foyer plus ou moins central comme Edimbourg et Glasgow en
Ecosse en relations étroites avec étranger il est pas douteux que le
gallois aurait disparu plus vite Quant la langue celtique de Ecosse
elle est tout près de mourir
REVOR LEWIS
University College of Wales Aberystwyth

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