Raisons de l’impact limité de l’intégration
régionale en Afrique de l’ouest : cas de l’UEMOA
Economiste
dokaha_nanien@yahoo.fr
COULIBALY Nanien Dokaha
Sommaire
INTRODUCTION .................................................................................................................................. 3
I UNE EVOLUTION LIMITEE DU COMMERCE INTRACOMMUNAUTAIRE ........................ 4
II RAISONS DES RESULTATS MITIGES DE L’INTEGRATION ............................................ 5
a. L’absence de préparation et obstacles naturels trop importants ............................................................ 6
b. Structure similaire des économies de l’UEMOA ..................................................................................... 8
CONCLUSION : ELEMENTS INDISPENSABLES POUR LA REUSSITE DE L’INTEGRATION
EN AO ..................................................................................................................................................... 8
QUELQUES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ....................................................................... 9
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COULIBALY Nanien Dokaha
Introduction
Dans ce document, nous discuteront des raisons des résultats mitigés de l’intégration
régionale en Afrique particulièrement en Afrique de l’ouest à travers l’UEMOA. L’Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a été créée par le Traité signé à Dakar le
10 janvier 1994 par les Chefs d’Etat et de Gouvernement des sept pays de l’Afrique de
l’Ouest ayant en commun l’usage d’une monnaie commune, le Franc CFA. Cette Union a
pour objectifs entre autres le renforcement la compétitivité des activités économiques et
financières des États membres.
Après la création de l’UEMOA, le processus d’intégration de la sous région a abouti à la mise
en place d’une union douanière avec la mise en vigueur d’un Tarif Extérieur Commun (TEC)
en janvier 2000. Les pays membres ont pu, dans le cadre de l’UEMOA, mettre en place une
zone de libre circulation des biens et des personnes avec l’adoption de règles d’origine
communes, d’un système harmonisé comptable (SYSCOA) et de procédures douanières, et la
définition de politiques sectorielles communes.
Si les indicateurs montrent une croissance économique dans les pays de l’UEMOA après la
mise en œuvre du processus d’IR, il faut noter une faiblesse relative des échanges intra
communautaires par rapport à ceux réalisés avec les pays tiers. Le commerce intra
communautaire représente à peine 10 à 15% des échanges commerciaux de l’Union. Or,
l’intégration régionale est sensé favoriser l’échanges communautaires au détriment des
échanges extra communautaires du fait de l’effet de détournement de commerce.
Pourquoi l’instauration du marché commun, n’amorce‐t‐il pas une croissance significative des
échanges communautaires ? Qu’est ce qui explique le fait que les échanges commerciaux de
l’Union ne sont‐ils toujours dominés par les échanges extra communautaires ? En sommes
quelles sont les raisons de ce faible impact de l’intégration régionale sur les pays de
l’UEMOA ?
Le présent papier se propose de discuter des arguments qui pourraient expliquer les effets
de l’intégration sur les économies de l’UEMOA. Il se limitera aux effets sur le commerce
intracommunautaire. A cet effet, il fera d’abord une analyse de l’évolution des échanges
intra communautaires (chapitre 1), ensuite discutera des raisons de cette faible évolution
(Chapitre 2) pour proposer (en conclusion) les conditions indispensables et préalables à la
réussite de l’intégration régionale.
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I‐ Une évolution limitée du commerce intracommunautaire
L’intégration économique est une communauté économique avec harmonisation des
politiques économiques. Elle suppose la mise en commun des compétences économiques en
vue de juguler les problèmes communs. Elle vise une unicité de destin et la construction d’un
super état avec un sens élevé de la solidarité.
En théorie, l’intégration est la forme final d’un processus de construction qui part des zones
de libre échange ou de préférence. Elle prône une concurrence entre les Etats en vue
d’éliminer les situations de rente et induire de faible coût de production tout en bénéficiant
de l’économie d’échelle. En outre, l’intégration économie contribue à améliorer le bien être
des populations à travers le faible coût de la main d’œuvre et des biens induit par la liberté
de circulation des personnes et des marchandises. Les effets économiques attendus d’une
intégration régionale sont les effets de création et de détournement de flux commerciaux
(VINER, 1950) au profit des pays membre du regroupement. Ce processus d’intégration, en
favorisant l’augmentation des échanges intracommunautaires, entraine une augmentation
du bien être dans ces pays là.
Pour ce qui est des pays de l’UEMOA, le processus d’intégration à un effet positif sur les
échanges intracommunautaires mais cette évolution reste très faible par rapport à
l’évolution des échanges avec les pays tiers. Comme l’indique le graphique 1, les
exportations intra communautaires sont restées pratiquement au même niveau à près la
mise en vigueur du TEC en janvier 2000.
Graphique 1 : Evolution des exportations intra et totales de l’UEMOA
Source : WITS TRAINS
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Cette faible évolution s’apprécie mieux avec le graphique 2. Il montre que les exportations
intracommunautaires n’ont pas dépassé plus de 20% des exportations totale de l’Union
depuis la mise en place de l’UD.
Graphique 2 : Part relative des exportations intracommunautaires par rapport aux exportations
totales
Source : calcul de l’auteur à partir des données de WITS TRAINS
Les graphiques 1 et 2 nous ont montré l’effet très limité de l’intégration sur les échanges
intracommunautaires dans les pays de l’UEMOA. Qu’est ce qui explique cette contre
performance ? Dans la session suivante, nous discuterons des raisons de ces résultats
II‐ Raisons des résultats mitigés de l’intégration
Les modèles d’analyse des résultats de l’intégration justifient pour la plupart les contre
performances de nos économies par le fait qu’elles aient des structures de production
inefficientes. En effet, les effets de l’IR sur les économies dépendent de l’importance
relative des forces engendrant la création ou le détournement des échanges (DEGBELO,
2010). Ces effets sont expliqués par la spécialisation, les économies d’échelle, les
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modifications dans les termes de l’échange et la concurrence accrue et ses gains en termes
de compétitivité au sein de l’union.
Cependant, ces modèles ne prennent pas en compte certains aspects « qualitatifs»
caractérisant les économies de l’UEMOA ; notamment l’absence de préparation, les
obstacles naturels au commerce et la similarité des économies intégrées.
a. L’absence de préparation et obstacles naturels trop importants
L’absence de préparation des Etats s’explique par le fait que les économies n’ont pas réalisé
les reformes nécessaires à la mise en place des programmes issus du processus de
libéralisation. En effet, le Traité instituant l’UEMOA a été signé en 1994 lorsque les pays
membres étaient en pleine crise économique et financière1. La conjoncture à cette période
était défavorable à une libéralisation tarifaire d’autant plus que les pays membres de l’Union
étaient confrontés à des déficits budgétaires et fortement dépendants de leurs recettes
douanières. Ce paradoxe n’a pas empêché la réalisation du démantèlement tarifaire et la
création d’une UD mais a empêché cette dernière de minimiser les obstacles naturels.
Les obstacles naturels sont les coûts commerciaux liés au transport, la hausse des coûts des
transactions induits par les infrastructures, les coûts supplémentaires dus à une bureaucratie
excessive et inefficace, les frais additionnels dus à des services commerciaux non
concurrentiels. Au sens large, les obstacles naturels se rapportent à l’ensemble des raisons
non politiques qui expliquent qu’un même produit puisse se vendre à des prix différents en
divers endroits. Ces obstacles sont de deux types: i) les coûts de transport; et ii) les divers
facteurs liés au manque d’information de la part des vendeurs ou des acheteurs. Les coûts
de transport comprennent tous les coûts directs ou indirects liés au transport, à
l’entreposage et à la manutention.2
Au sein de l’UEMOA, les coûts des transports élevés constituent l’un des facteurs de non
compétitivités des industries. Deux facteurs expliquent cela : les pratiques anormales sur les
axes routiers inter‐états et le mauvais état des infrastructures de transport.
Le tableau suivant qui est le résultat d’une enquête réalisée par l’Observatoire des Pratiques
Anormales (OPA) sur les axes routiers inter‐états, montre le temps de retard et les montants
versés en guise de pots de vin aux forces de l’ordre.
1
Ces mêmes pays sont contraints de dévaluer leur monnaie afin de relancer leurs économies
2Robert T. Lisinge, « Facilitation du commerce intra-africain: Démanteler les barrières pour le commerce intra-africain »,
Commission économique pour l’Afrique, mai 2005.
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Pour une marchandise qui est fabriqué à au Burkina Faso (Ouagadougou) qui doit être
acheminée au Togo (Lomé) sera soumis à un coût de transport additionnel de 51 $ US soit
environ 25 000 FCFA. Malgré, le fait que ces deux pays soient membre d’une même UD, le
produit est finalement soumis à une taxe illicite de 25 000 FCFA d’où la perte de sa
préférence commerciale. La même contrainte se pose pour un échange entre le Mali
(Bamako) et le Burkina Faso (Ouagadougou) où la taxe illicite est de 142 $ soit 71 000 FCFA
pour une distance de 905 Km.
Tableau 1 : Pratiques anormale subies par les usagers sur les corridors ouest africains.
Source : Enquêtes de l’Observatoire des Pratiques Anormales du 26 octobre 2006 au 20 mai 2007
Le graphique illustre bien les nombre de poste de contrôle et le coût additionnel moyen (ou
taxe moyenne) au km par trajet entre trois pays de l’Union.
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Aucune intégration ne peut permettre au développement des échanges intracommunautaire
avec de telles contraintes.
b. Structure similaire des économies de l’UEMOA
La similarité des économies de l’UEMOA s’explique par le fait que celles‐ci ont quasiment la
même structure de production et d’échanges commerciaux. Les pays de l’Union ont un faible
niveau d’industrialisation et les exportations des pays de l’UEMOA sont dominées (environ
60% des exportations totales) par les matières premières (agricoles et minerais).
Cette similarité aboutie à la présence de productions non complémentaires et parfois
concurrentes (cas des oléagineux). La libre circulation des biens et des personnes n’étant pas
effective (par l’existence de barrières naturelles), les échanges sont donc très limités entre
les pays. La similarité des économies entraine dans ce cas l’absence de spécialisation due à
un avantage comparatif qui pourrait exister entre les différentes technologies dans les pays.
L’un des exemples le plus frappant est la production de sucre dans l’UEMOA.
Conclusion : Eléments indispensables pour la réussite de l’intégration en AO
L’objectif de notre papier était de montrer que les raisons significatives du faible effet de
l’intégration régionale en Afrique sont significativement l’absence de préparation,
l’importance des obstacles naturels et la similarité des économies. Toute fois, les échanges
transfrontaliers non enregistrés importants qui sont réalisés entre les différents Etats ne
sont t pas pris en compte par les statistiques.
Cette analyse permet donc d’énumérer un certain nombre d’éléments qui sont
indispensables à la réussite de l’intégration en Afrique. Il s’agit :
‐ De la préparation des économies au processus d’intégrations : il s’agit d’harmoniser les
politiques internes et de favoriser les partenariats entre les différents secteurs prive ;
‐ De mener des politiques de bonne gouvernance et de sensibilisation afin de limiter les
obstacles naturels au commerce dans les différents pays ;
‐ Des mettre en place des politiques de renforcement des infrastructures routières ;
‐ Le processus d’intégration doit être inscrit dans le cadre politique générale de
développement des économies avec la mise en cohérence des politiques commerciales
et des politiques économiques internes des pays ;
‐ Etc.
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Quelques Références bibliographiques
‐ Kalilou SYLLA « Pourquoi le Processus d’intégration économique en Afrique piétine ?
Nouvelles explications de l’échec de la politique d’intégration » Communication à
l’anniversaire du CODESRIA, Dakar du 9 au 12 décembre 2003
‐ Robert T. Lisinge, (2005) « Facilitation du commerce intra‐africain: Démanteler les
barrières pour le commerce intra‐africain », Commission économique pour l’Afrique.
‐ Union Africaine (2010), « État de l’intégration régionale en Afrique IV ».
‐ West Africa Trade Hub (2007), Rapport relatif aux premiers résultats de l’Observatoire
des Pratiques Anormales (OPA) sur les axes routiers Inter‐états.
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