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Comme s’il était urgent de feindre de croire que tout


était rentré dans l’ordre, que tous les risques étaient
Mario Draghi, l’homme qui a tenu à bout
désormais écartés dans la zone euro.
de bras l’euro
PAR MARTINE ORANGE
ARTICLE PUBLIÉ LE SAMEDI 25 MAI 2019

Mario Draghi, président de la BCE, Antonio Tajani, président du Parlement


européen, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, pour
le vingtième anniversaire du lancement de l'euro, en janvier 2019. © Reuters

Mario Draghi, président de la BCE, Antonio Tajani, président du Parlement À défaut, Mario Draghi se charge lui-même de dresser
européen, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, pour
le vingtième anniversaire du lancement de l'euro, en janvier 2019. © Reuters un état des lieux au moment où il s’apprête à quitter la
Le président de la BCE achève son mandat en présidence de la BCE. Et il est peu complaisant. Même
octobre. La bataille fait rage entre Paris et Berlin pour s’il est parvenu à écarter le danger de l’éclatement de
imposer son successeur. Mais personne ne s’inquiète l’Europe grâce à la « magie » monétaire de la Banque
de la politique qu’il faudrait conduire à l’avenir. La centrale, il ne cesse d’insister sur le fait qu’il laisse
« magie » Draghi laisse une zone euro fragilisée. une zone vulnérable, à la construction inachevée, et
Il est peut-être le responsable le plus puissant de sans doute irréformable, tant les désaccords entre les
toute l’Europe. Il est en tout cas celui qui l’a pays membres sont grands. Et ils risquent de s’élargir
tenue à bout de bras au cours des six dernières encore à l’issue du scrutin des européennes.
années, celui qui a évité l’effondrement de l’euro En dépit de la gravité de la situation tout au long
et l’éclatement de l’Europe. Pourtant, pendant cette de la décennie, les responsables politiques ont été
campagne européenne, personne n’a vraiment parlé de incapables de passer outre leurs divergences de
Mario Draghi, de son rôle à la présidence de la Banque vues et d’intérêts pour apporter des réponses à la
centrale européenne (BCE), de son bilan ou du profil hauteur de la crise : aucun des dysfonctionnements
de son successeur à partir d’octobre. majeurs – déformation économique au profit de
Alors que les élections européennes de 2014 l’Allemagne, politique monétaire unique inadaptée qui
résonnaient du traumatisme de la crise de la zone n’est corrigée par aucun mécanisme de redistribution
euro, de la crise grecque, des actions de la Troïka, entre les différents pays, absence de tout dispositif de
des défauts de la construction européenne, ces thèmes solidarité et de partage de risque, absence de garantie
ont largement été mis sous le tapis pendant les en dernier ressort, impossibilité d’ajustement autre
débats. Les gauches radicales ont préféré mettre en que la dévaluation interne, etc. – pointés dans la
sourdine leurs discussions sur la sortie de l’euro. construction de la zone euro n’a été corrigé.
Les plus aventureux ont osé réclamer que la BCE, «Certains affirment être très investis dans le projet
qui a su trouver des centaines de milliards pour les européen, mais ils le sont soit avec une forme
milieux financiers, dégage aussi un peu d’argent de naïveté en épousant des idées nobles mais
pour financer la transition climatique et la lutte inatteignables, soit en adoptant une attitude cynique »,
contre le réchauffement climatique. Tous les autres ont n’a pu s’empêcher de déclarer Mario Draghi
préféré plus simplement oublier le sujet. Comme s’il lors d’un colloque, le 21 mai à Francfort, visant
ne fallait surtout pas réveiller de mauvais souvenirs. directement les responsables politiques des différents
pays. Leur reprochant en filigrane d’avoir laissé la

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BCE, avec ses moyens réels mais insuffisants vu Les milieux financiers suivent avec attention ces
l’ampleur des problèmes, lutter seule contre la menace évolutions tant la BCE est devenue, selon eux, l’acteur
de l’écroulement de l’euro. dominant de l’Europe ces dernières années. Par deux
Le reproche peut être prolongé. Avec le poste de fois, Mario Draghi a évité la catastrophe. D’abord
président de la Commission européenne, celui de en août 2012, lorsqu’il a déclaré qu’il prendrait
la présidence de la BCE est le plus important toutes les mesures possibles – « whatever it takes »,
en Europe. Au vu du rôle politique éminent qu’il selon l’expression désormais consacrée – pour éviter
exerce désormais, de l’importance des décisions de l’effondrement. Puis en 2015 lorsque, la zone euro
l’institution monétaire pour l’activité économique de étant menacée par la déflation, il a imposé une
toute la zone, on pourrait s’attendre à ce que les politique de taux zéro et un programme massif de
principaux chefs d’État et de gouvernement examinent rachat de dettes publiques et privées – quantitative
avec attention le choix du successeur de Mario Draghi, easing – afin de soutenir les finances publiques et les
qu’ils soupèsent ses idées et ses projets. Car ce économies européennes. 4 000 milliards d’euros ont
choix aura de lourdes répercussions sur la politique ainsi été distribués par la BCE pendant cette décennie,
monétaire choisie, déterminant en partie l’avenir de la qui ont malheureusement davantage bénéficié au
zone euro et celui de ses habitants. système financier qu’à l’économie réelle.
Mais plutôt que de se pencher sur les différentes « L’héritage légué par Mario Draghi fait consensus
options de politique monétaire défendues par les […]. Il a transformé la BCE de Bundesbank en
candidats, plutôt que de s’interroger sur les moyens Réserve fédérale », assure le Financial Times. Le
qu’il conviendrait de mettre en œuvre à l’avenir, tout propos est flatteur, mais en partie inexact. Certes, la
se transforme en bataille d’influence et de préséance. BCE a fini par briser les règles taboues, calquées
La nomination du futur président de la BCE se sur celles de la Bundesbank, qu’elle s’était imposées
tranchera en comité restreint, à l’issue des élections depuis sa création. Tardivement, elle a adopté une
européennes, suivant les rapports de force qui se politique monétaire accommodante, s’alignant sur les
dessinent en fonction du scrutin. pratiques de la Fed, mais aussi des banques centrales
du Japon, de la Chine, de l’Angleterre, pour ne
La campagne pour la succession de Mario Draghi
citer que les plus importantes. Ce qui a permis une
s’est engagée en coulisse depuis plusieurs mois.
synchronisation au niveau mondial des politiques
Cinq candidats – tous des hommes – reviennent
monétaires à des moments critiques.
avec insistance : l’ancien gouverneur de la banque
de Finlande, Erkki Liikanen ; le gouverneur de la Mais rien n’assure que cette conversion, imposée
banque de France, François Villeroy de Galhau ; le par les circonstances, soit définitive, ni que le futur
Finlandais Olli Rehn, ancien commissaire européen président mettra ses pas dans ceux de Mario Draghi. La
dans la commission Barroso, est aussi sur les rangs, BCE reste contrainte par son statut. À l’inverse de la
tout comme le bras droit de Mario Draghi à la BCE, Fed, qui a aussi pour mission de veiller à la croissance
le Français Benoît Cœuré, et enfin le président de la et l’emploi, le seul et unique rôle de l’institution de
Bundesbank, Jens Weidmann. Francfort est de lutter contre l’inflation. Et encore,
selon un critère des plus restreints : une inflation
Alors que les échéances approchent, la bataille
« inférieure ou égale à 2 % ». Ce chiffre magique,
fait rage, notamment entre Paris et Berlin : le
comme tout ce qui touche aux politiques économiques
gouvernement allemand soutenant la candidature du
européennes, peut donner lieu à des interprétations
président de la Bundesbank, le gouvernement français
variables. Entre 1,3 % et 1,9 % d’inflation, les
celle du gouverneur de la Banque de France.
différences sur l’activité peuvent être considérables
dans les économies modernes.

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Cette possibilité de « retour aux fondamentaux » est des Allemands », écrit Der Spiegel, citant des experts
d’autant plus redoutée que la candidature du président qui espèrent aussi que Jens Weidmann parvienne à
de la Bundesbank revient en force. Craignant de ne « dépolitiser » la BCE.
pas pouvoir obtenir la présidence de la Commission Dépolitiser, dans l’esprit des experts allemands, c’est
européenne compte tenu de l’opposition d’Emmanuel abandonner l’interprétation souple des règles et parfois
Macron, la droite allemande fait pression pour que le pilotage à vue de Mario Draghi, pour en revenir à
l’Allemagne obtienne la présidence de la BCE. La une lecture stricte des traités et de ces pourcentages
perspective de voir nommer Jens Weidmann à la tête magiques – 3 % de déficit, 60 % de dettes, moins
de l’institution monétaire européenne fait frémir autant de 2 % d’inflation – qui conduisent à une conduite
le monde financier que nombre de gouvernements économique automatique et des remèdes prescrits par
de l’Europe du Sud : Jens Weidmann est considéré avance, à une totale neutralité monétaire. À terme,
comme le gardien du temple de l’orthodoxie monétaire lorsque tous les pays seront revenus dans les clous
et économique allemande. des traités européens, en « réformant » suffisamment
Aux limites de la politique monétaire leur économie, il sera alors possible, selon la vision
Tout au long du mandat de Mario Draghi, Weidmann ordolibérale allemande, d’envisager une vraie fusion
n’a cessé de s’opposer à la politique « laxiste » du monétaire et bancaire, un partage des risques et une
président de la BCE, même si l’Allemagne a été la banque centrale garante en dernier ressort.
première à en bénéficier. Au plus fort de la crise de La perspective de revenir à une stricte politique
l’euro en 2011-2012, il était contre le soutien aux pays monétaire européenne met un grand nombre de pays
de l’Europe du Sud, aux prises avec une spéculation et les milieux financiers sur les dents. Tous ont pris
financière déchaînée. Puis il a été contre le rachat l’habitude de vivre sous assistance des taux négatifs et
des dettes des pays européens les plus exposés. Il a de l’argent des banques centrales. L’abandonner d’un
naturellement été contre toute aide à la Grèce. Par la seul coup risquerait de provoquer des catastrophes en
suite, il a été contre la politique à taux zéro adoptée cascade, préviennent-ils. La menace d’une explosion
en 2015 et encore contre le quantitative easing et le de la dette italienne – 135 % du PIB – est régulièrement
rachat des dettes publiques et privées destinés à aider évoquée, si l’Italie perd le soutien de la BCE.
le système financier européen, jugeant surestimés les Une menace censée écarter la candidature de Jens
risques de déflation. Weidmann.
Ces derniers temps, alors que l’Allemagne voit Cherchant à se présenter comme le candidat idéal,
son modèle mercantiliste ébranlé par la guerre François Villeroy de Galhau décline quant à lui
commerciale entre la Chine et les États-Unis, Jens depuis quelques semaines, au fil d’entretiens dans
Weidmann a nuancé ses positions. Il a reconnu que la les journaux financiers, un « en même temps »
croissance aurait été plus faible si le pays n’avait pas eu monétaire, reflétant les idées et les intérêts du monde
le soutien monétaire de la BCE. Mais il s’est empressé bancaire, tout en ménageant les positions allemandes.
d’ajouter qu’il importait de normaliser au plus vite la Parce que les taux négatifs sont de plus en plus
politique monétaire européenne. préjudiciables à la rentabilité des banques, il propose
«Leur espoir [de la droite allemande – ndlr] est qu’une un mécanisme de graduation qui permettrait de servir
présidence allemande à la BCE mettrait un terme des taux d’intérêt positifs aux banques qui déposent
aux taux d’intérêt négatifs de l’actuel président, à la leur argent à la BCE, essentiellement les banques
politique monétaire accommodante qui a conduit à françaises et allemandes. Dans le même temps, pour
une dévaluation de l’épargne et des assurances-vie corriger les défauts de la zone euro, il milite pour
la création d’un marché unique des capitaux en
Europe, et de vastes fusions entre les grandes banques

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européennes qui bénéficieraient alors d’une garantie par avance. Face à des opinions publiques de plus
européenne unique et non plus dépendante de leur seul en plus revêches, voire hostiles à l’Europe, aucun
État d’origine, comme actuellement, afin de permettre gouvernement n’a envie d’avancer.
le développement d’un marché européen des dettes Quel que soit le prochain président de la BCE,
privées, les dettes publiques restant, prioritairement, à celui-ci court le risque d’être réduit à l’impuissance,
la charge des États. explique Wolfgang Münchau dans le Financial
Tout le monde écoute, mais personne n’y croit Times, exprimant tout haut les craintes de nombreux
vraiment : ces recettes, uniquement destinées au observateurs et analystes. Beaucoup redoutent que le
système financier, semblent insuffisantes pour contrer futur dirigeant n’ait ni l’agilité ni la volonté politiques
la désintégration de la zone euro. Mais les dissensions d’un Mario Draghi, ni les outils nécessaires pour
politiques et économiques entre les membres de la endiguer les forces de désintégration qui secouent la
zone euro, qui risquent encore de s’accentuer après les zone euro.
élections, empêchent d’envisager autre chose. Cachées sous les puissants anesthésiants monétaires
Lors de sa dernière intervention à Francfort, Mario depuis plusieurs années, ces forces de désintégration
Draghi a renvoyé dos à dos les marottes allemandes continuent lentement leur œuvre, comme le
et françaises, jugeant qu’elles faisaient partie des rappellent en guise d’avertissement les économistes
sources de blocage dans la consolidation de la zone Robin Brooks et Greg Basile. Depuis la crise,
euro. «Depuis longtemps, nous sommes dans une parce qu’aucun élément de redistribution ou de
impasse sur des sujets clés incluant l’achèvement compensation n’est venu corriger les effets de
de l’union bancaire et l’approfondissement de concentration du marché unique et d’une politique
la coordination des politiques budgétaires. Cette monétaire unique, l’Allemagne a enregistré une
impasse a été prolongée en raison de deux assertions croissance de 13 % alors que l’Italie a vu son PIB
dichotomiques : la première est que pour achever chuter de 5 %.
l’union bancaire, la réduction des risques doit
précéder le partage des risques [position allemande –
ndlr]. La seconde est l’idée que l’approfondissement
des partages des risques par le biais du secteur privé
devrait primer sur l’accroissement du partage des
risques pour le public [position française – ndlr] », a-
t-il expliqué.
Évolution des PIB allemand et italien.
Parce qu’ils ont été ou sont encore au conseil des
gouverneurs de la BCE durant toutes ces années de Pourtant, à en croire les calculs de la BCE, les deux
crise et de tension, le Finlandais Erkki Liikanen et le pays affichent actuellement un déficit de croissance
Français Benoît Cœuré, qui se montrent beaucoup plus potentielle de – 0,2 % chacun. « Ces estimations ne
discrets dans leur campagne, partagent de nombreuses cadrent pas avec la réalité économique », notent-ils,
vues avec Mario Draghi. Pour eux, la construction jugeant que la BCE mais aussi le FMI se leurrent
de la zone euro ne peut se poursuivre si la banque quand ils évaluent l’état économique de l’Europe.
centrale n’est pas dotée des mêmes instruments que Pour ces deux économistes, l’Italie et l’Espagne sont
toutes les autres banques centrales dans le monde, si menacées de déflation. Une tendance qui risque de
elle ne peut se poser sans discussion et sans préalable s’aggraver alors que la conjoncture se dégrade.
comme le garant en dernier ressort de tout le système. Et c’est l’inquiétude qui taraude actuellement les
Mais dire cela, c’est un peu dresser un constat d’échec économistes. Qu’adviendra-t-il de la zone euro si
une nouvelle crise, jugée de plus en plus probable

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au vu des tensions économiques et géopolitiques sa disposition – taux zéro, rachat de dettes, garanties.
qui s’accumulent dans le monde, survient ? Les Et ils sont pour l’essentiel encore à l’œuvre, sans
responsables européens auront-ils encore assez de parvenir à remettre sur pied l’Europe.
cohésion pour l’affronter ensemble ? Le président de « Nous avons encore des outils », a assuré Benoît
la BCE aura-t-il la volonté, comme Mario Draghi, de Cœuré à plusieurs reprises, sans être plus explicite. Il
sortir de tous les cadres pour maintenir l’existence n’a pas vraiment convaincu. Au fur et à mesure que le
de l’euro ? Et même s’il le veut, a-t-il encore les départ de Mario Draghi approche, se dissipe la magie
outils nécessaires pour le faire ? Car la BCE a déjà du président de la BCE qui a permis de tenir par sa
sorti l’arsenal de tous les instruments monétaires à seule politique monétaire l’Union européenne pendant
six ans. La réalité d’une crise qui n’a jamais été résolue
entre les pays européens resurgit. Inquiétante.

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