résumé
Antoine Roquentin est à Bouville, petit ville de province derrière laquelle lire Le
Havre, pour travailler en historien sur un personnage local. C’est son journal de
l’année 1932 qui forme La Nausée, et son combat permanent contre le réel,
l'angoisse nauséabonde qui l'accable comme il observe le monde et s'interroge sur
son sens.
Après une brève note de présentation de l’éditeur fictif, affirmant que le journal a été
retrouvé dans les papiers de Roquentin, le journal proprement dit commence par
une brève introduction où Roquentin explique ses réflexions au sujet de la tenue
d’un journal. Puis il décrit un sentiment de malaise qui l'afflige de temps en temps,
un sentiment qu'il appelle "la nausée." Il décrit sa vie quotidienne, dans laquelle il
parle à quelques personnes, a des rapports sexuels occasionnels avec des femmes,
et pense parfois à une ancienne maitresse nommée Anny. La ville et ses habitants
agissent sur lui, et il note ses impressions. Il se rend fréquemment à la bibliothèque
et y rencontre l’Autodidacte, qui lui parle sans cesse et se fait fort d’apprendre le
dictionnaire par ordre alphabétique. Il veut échapper aux sentiments de désespoir et
d'impuissance qui l'accablent, mais il ne peut pas s’en défaire. A défaut de trouver le
salut dans ses activités extérieures, il est obligé de regarder à l'intérieur, et il décrit la
confusion de ses rapports au monde et l’envahissement progressif de la nausée.
Une lettre reçue d’Anny, lui demandant de la retrouver dans un hôtel, lui fait se
souvenir de bribes de leur passé commun. Il décide qu'il ira la voir, et pense à elle
comme à la vie quotidienne qu’il pourrait avoir.
Plus tard, Roquentin décrit ses retrouvailles avec Anny, qui est plus vieille
maintenant. Leur rencontre est maladroite, et Roquentin sent le malaise l'envahir
dans la chambre d'hôtel. Bien qu'il soit d'abord heureux de la voir, la conversation
tourne à l'accusation, et révèle les blessures du passé. Il redoute son départ et il sait
qu'il ne pourra probablement plus jamais la revoir. Le lendemain, il la trouve à la
gare, mais ils ne parlent pas, et son train part.
Il est assis dans un café à observer l'Autodidacte à une table avec deux jeunes
garçons, dont un Corse. Il le voit faire des avances sexuelles à un des garçons, et
un client et le patron du café disent que ce n'est pas la première fois qu'ils ont vu
l'Autodidacte faire ce genre de chose. Le Corse frappe l'Autodidacte au visage, et si
Roquentin tente de lui venir en aide, l'autodidacte demande à ce qu'on le laisse seul.
Antoine Roquentin commence ce journal qu'il intitule La Nausée par une petite
introduction où il justifie son choix d'écrire un journal intime, suite à un
sentiment de malaise ressenti lorsqu'il ramasse un galet à la mer: sa perception
des objets ordinaires ainsi que les objets en eux-mêmes, viennent de changer.
Ce journal est le moyen pour le protagoniste d'essayer de comprendre la nature
de ces changement, en s'interrogeant sur l'existence "pure". Tout ce qui
l'entoure lui parait alors petit à petit désagréable, il ne se supporte plus lui-
même, son existence lui semble irrationnelle, voir même inutile. "L'existence
précède l'essence", c'est la façon qu'a Sartre de refuser les idées reçues à
travers le protagoniste, qui rejette donc le fait que toute chose existe pour elle
même et en elle même. Rejet symbolisé par ce sentiment de nausée, qui
évoluera en quatre crises jusqu'à s'écrire finalement avec un N majuscule.
Pour sortir de cette vacuité ou au moins essayer de s'en éloigner, un nouveau (et
sans doute pas ultime) voyage est nécessaire. Le narrateur part alors s'installer
de nouveau à Paris, où il découvre (ou redécouvre) la simplicité et la beauté de
la musique dans un café. Du jazz, précisément. Il ressent alors de nouveau petit
à petit une certaine profondeur, une véritable qualité de l'existence par la
conscience des choses qui lui revient : la musique comme issue de secours
serait-elle la solution? l'Art plus généralement, comme moyen de surmonter sa
propre nausée humaine face à l'existence et à son néant. L'art comme créativité
enfin, et la créativité comme liberté : la maxime de Sartre selon laquelle
l'homme est conditionné par la liberté est sans doute ici la solution pour le
narrateur de guérir sa Nausée, qui redevient progressivement "douce Nausée".
D'ailleurs, la fin du livre indique que le narrateur imagine un nouveau projet de
livre: la liberté d'écrire un roman plutôt qu'un récit historique, et de sortir ainsi
du néant de l'existence figée et de l'absurdité de cette existence même.
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