Introduction
La bancassurance est apparue en Europe au début des années 1980. Cette synergie banque-
assurance ne s’est réellement développée au Maroc qu’au début des années 1990.
En Europe, dans les années 80, l’activité bancaire était caractérisée par la « sur
bancarisation » de la clientèle et l’érosion des marges d’intermédiation à cause de
l’intensification de la concurrence ce qui a poussé les banques européennes à diversifier leurs
activités. Elles ont recherché de nouveaux produits voisins de ceux bancaires.
Dans ce contexte, les banques européennes se sont orientées vers d’autres activités
génératrices de commissions telles que la commercialisation des produits d’assurance, en vue
d’accroître leur rentabilité et de conquérir de nouveaux marchés.D’où l’apparition de la
bancassurance.
Au Maroc, c’est à partir des années 90 que le secteur financier marocain a connu un
rapprochement entre les établissements de crédit et les compagnies d'assurance : Dans un
premier temps, la réforme de la loi bancaire en 1993 était en faveur de la déréglementation et la
libéralisation progressive des acteurs financiers. Par la suite, la promulgation du code des assurances
en 2002 a renforcé le cadre juridique du secteur des assurances. En effet, ce code a permis
notamment d’institutionnaliser l’activité bancassurance en autorisant les banques expressément à
distribuer les produits d’assurance de personnes, d’assistance et de crédit, après agrément de la
DAPS.
LES PRINCIPAUX ACTEURS DE LA BANCASSURANCE
Banques Stratégie de bancassurance Compagnies d’assurance
Attijariwafa Bank Filiale assurance Wafa assurance
La bancassurance marocaine bénéficie aujourd’hui d’une fiscalité réduite sur les produits
d’assurances, de réseaux de commercialisation denses, d’une base de clientèle familiarisée avec
les produits financiers et d’une grande expertise des banquiers dans les domaines de placement et
d’épargne ce qui favorise le succès de cette branche.
II – Concept de la « bancassurance ».
La bancassurance est un concept financier qui a permis graduellement l’interpénétration des services
de la banque et de l’assurance.
La bancassurance traduit une idée de collaboration entre la banque et l’assurance, chacun de ces
acteurs cherchant par le biais de cette stratégie à proposer une offre financière la plus
complète possible.
La bancassurance désigne la distribution des produits d'assurance via le réseau bancaire. Dans ce
sens, les produits d’assurance distribués par les guichets bancaires ont des produits simples
standardisés et parfois même « packagés » avec les offres bancaires.
La coopération fut la première mise en œuvre pour rapprocher les deux secteurs. Elle consiste en la
conclusion d’accord de commercialisation des produits de l’assurance par les guichets des banques.
Cette stratégie permet l’élargissement de l’offre de produits d’épargne au-delà des produits bancaires,
elle permet aussi à la banque d’optimiser l’exploitation de leurs fichiers declientèle.
La signature d’un partenariat avec prise de participation stratégique entre la banque et la compagnie
d’assurance est une forme de bancassurance plus engagée.
Les participations des compagnies d’assurance dans les banques ont été beaucoup plus nombreuses
que celles d’établissements bancaires dans des sociétés d’assurance.
Le tableau suivant témoigne les fortes participations stratégiques des compagnies d’assurance dans
les capitaux des établissements financiers.
Les principales participations des compagnies d’assurance dans les établissements bancaires
Taux de
Compagnies d’assurance Banques
participation
BMCE Bank 8,28 %
RMA Al Watanya
Attijariwafa Bank 7,04 %
BMCI 20,06 %
Axa assurance Maroc CIH 12,08 %
Attijariwafa Bank 10,05 %
BNDE 5,16 %
CNIA
CIH 2,14 %
RMA Al Watanya BMCE Bank 21,94 %
La mise en place d’une filiale d’assurance par la banque peut être soit sous forme d’une entreprise
soit d’un cabinet de courtage d’assurance. Cette stratégie nécessite des investissements
importants dans le développement des compétences et des infrastructures adaptées. Cette formule
est coûteuse, mais en cas de succès, les retombées financières reviennent à l’établissement
initiateur.
Attijariwafa Isaaf
Bank Axa assurance
BMCE Isaaf
Attijariwafa Wafa assurance Maroc assistance
Bank Banque CNIA Assurance
populaire
BMCI Axa assurance
RMA Al Watanya
Isaaf
Crédit du Axa Assurance
Maroc Maroc assistance
Wafa assurance
Atlanta
BMCE Bank RMA ALWatanya RMA Al Watanya
CIH Axa assurance
CNIA
Isaaf
Barid A RMA Al Watanya
Maghrib Isaaf
Wafa assurance
a- Cadre juridique
Les deux partenaires à savoir les banques et les compagnies d’assurance partagent l'objectif principal
qui consiste à vendre des produits d'assurance à travers le réseau des agences bancaires.
Or chacune des deux activités est soumise à un régime juridique propre qui lui accorde une exclusivité
de principe. La bancassurance doit donc se mettre en œuvre dans le respect des règles du droit
bancaire et sans enfreindre les prescriptions du droit des assurances. L'examen respectif du cadre
juridique de l'activité bancaire puis celui des assurances nous permettra de comprendre d'une part,
dans quelle mesure les banques peuvent vendre des contrats d'assurances de personnes; d'autre
part, quelles sont les précautions à prendre par une banque qui désire diffuser des contrats
d’assurance dommages.
Les articles 1 à 12 de la loi bancaire de 1993 (Dahir portant loi n° 1-93-147 relatif à l’exercice de
l’activité des établissements de crédits et de leur contrôle) délimitent les opérations que peuvent
effectuer lesdits établissements. L’intermédiation en assurance n’y figure absolument pas.
Cela n’a pas empêché les banques de placer les produits correspondants. D’un point de vue
orthodoxe, les banques opéraient donc « illégalement » et la loi bancaire n’était pas respectée au
sens strict. Cependant, le 3ème alinéa de l’article 6 de la loi précitée allait être une échappatoire pour
les banques. En effet, il dispose que les établissements de crédit peuvent aussi effectuer, sous
réserve du respect des dispositions législatives et réglementaires applicables en la matière, les
opérations connexes à leur activité, tels que « le placement, la souscription, l'achat, la gestion, la
garde et la vente de valeurs mobilières ou de tout produit financier ». Les banques justifiaient donc
leur position en se présentant en tant que simples souscripteurs de produits d’assurance pour le
compte de leurs clients.
Cette situation confuse arrangeait en fait les trois acteurs principaux que sont les assurances, les
établissements de crédits et la banque centrale. Les premiers trouvaient dans les banques un réseau
de proximité, géographiquement bien implanté et disposant d’un portefeuille-clients important pour
vendre leurs produits. Les établissements bancaires généraient des bénéfices considérables grâce
aux rémunérations facturées aux clients, satisfaisant ainsi la banque centrale soucieuse entre autres
du dynamisme du secteur bancaire.
Les anciens textes qui datent des années 1930-1940 ne prévoyaient pas la bancassurance (vide
juridique), en revanche le code des assurances en 2002 (Dahir 1-02-238 du 03 Octobre 2002 portant
promulgation de la loi n° 17-99 portant code des assurances et publié au bulletin officiel le 07
Novembre) à introduit ce terme pour la première fois ; ce nouveau code est venu clarifier l’ambiguïté
légale sur le rôle des banques en matière d’assurance.
A l’aide de l’article 7 de la loi bancaire qui stipule : « Les établissements de crédit peuvent aussi
effectuer, sous réserve du respect des dispositions législatives et réglementaires applicables en la
matière, les opérations connexes à leur activité, telles que :
Donc à chaque fois que la banque peut démontrer la relation d'un contrat d'assurance avec une
opération bancaire, celle-ci peut être qualifiée de connexe. Et ces produits peuvent être obligatoire ou
volontaire comme par exemple assurance de personne, assurance crédit et l’assistance.
L’annexite des produits d’assurance figure dans l’article 9 de la loi bancaire qui stipule : « Les
établissements de crédit peuvent être autorisés à effectuer des opérations autres que celles visées
aux articles premier et 7 de la loi bancaire ».
Donc l’article 9 permet de commercialisé les produits extra bancaire comme les assurances
dommages
Et pour vendre les produits annexes à savoir les assurances dommage il faut être conforme avec la
loi.
Schématisation :
Connexe Annexe
Article 289 du Article 9 de
Article 7 de
Code des assurances la loi bancaire
la loi bancaire
Assurance de personnes,
Les assurances dommages
Assurance crédit,
Assistance
Les établissements bancaires ne peuvent plus commercialiser les produits bancassurance dans le
cadre d'un contrat groupe négocié avec les compagnies, toutes catégories confondues. Les contrats
doivent être dorénavant individualisés, donc pour être conforme a l’article 109 afin de percevoir des
rétributions il faut transformer tous les contrats groupes en contrats individuels
Les établissements bancaires ont créé leurs propres bureaux de courtage. Il s’agit de cabinets
«captifs», visant à contourner l’article 109 et de leur permettre de percevoir des commissions et de
pouvoir commercialiser n’importe quel type de produit d’assurance. Ainsi les banques préservent les
revenus des activités bancassurance.
« La société de courtage doit être constituée sous la forme de société anonyme ou de société a
responsabilité limitée. »
* Avoir cinquante pour cent (50%) au moins du capital détenu par des personnes physiques de
nationalité marocaine ou des personnes morales de droit Marocain
► Alinéa 3 de l'article 302 de code des assurances : « L'encaissement d'un montant de prime
supérieur a celui fixé par l'entreprise auprès de laquelle le contrat est souscrit ainsi que l'octroi aux
assures de toute ristourne de commission ou escompte sur prime sous quelque forme que ce soit ».
Commentaire : Les banques ne peuvent pas encaisser un montant de prime supérieur à celui fixé par
la compagnie d’assurances.
► L’article 289 de code des assurances : « Les opérations d'assurances autres que celles afférentes
aux assurances de personnes, à l'assistance et à l'assurance crédit, ne peuvent être présentées aux
banques et à Barid Al-Maghrib que par les intermédiaires d'assurances définis à l'article 291 »
Commentaire : Il y a certains produits d’assurance que les entités bancaires peuvent commercialiser
et peuvent même mieux vendre : des contrats d’assurance-vie, produits d’assurances liés aux crédits,
à l’épargne pour le financement des études des enfants et à la retraite complémentaire ils ne
nécessitent en effet ni technicité ni compétence particulières.
Pour les autres produits, comme les assurances multirisques, responsabilité et dommages qu’on
trouve dans les compagnies d’assurance, “les banques ne doivent pas les commercialiser. Elles ne
disposent pas au sein de leurs agences, de conseillers en assurance pouvant orienter les clients vers
les produits adéquats c’est pourquoi il faut s’aligner avec les intermédiaires en assurance (agents
généraux et courtiers), ces intermédiaires peuvent être des personnes morales par exemple dans le
cas ou la banque crée son propre bureau de courtage elle fera appel à des agents et des courtiers en
assurances