auteur d’un pamphlet littéraire ( La France byzantine, 1945) et d’une trilogie autobiographique (La Jeunesse d’un clerc, Un régulier dans le siècle, et Exercice d’un enterré vif, 1946), demeure surtout célèbre par sa réflexion sur La Trahison des clercs (1927). Discours à la nation européenne vise à donner aux hommes portant le projet d’une Europe unie toutes les clés pour bâtir leur argumentation face à leurs détracteurs. Sous formes de pseudo leçons thématiques et commentées, Julien Benda déploie un raisonnement « pro-européen » avec force et vigueur. Abordant un à un des thèmes primordiaux – religion, paix, langues, nationalismes etc… - il se fait le défenseur de l’Europe de demain, unie dans la diversité. Sa démonstration – car il s’agit bien ici de prouver par l’expérience et par de nombreuses références l’existence d’une Europe potentielle – est riche d’enseignements. Quatre-vingts ans plus tard elle nous éclaire encore quant à la naissance, et l’avenir de l’Europe. Une Europe « super-nationale », en perpétuelle construction qui se retrouve aujourd’hui, à vingt – sept, face à de nouveaux défis.
Julien Benda et sa définition de la nation
Nous devons logiquement nous interroger sur le sens donné au terme «
nation » et en l’occurrence ici à celui de « super-nation ». « L’Europe ne sera pas le fruit d’une simple transformation économique, voire politique ; elle n’existera vraiment que si elle adopte un certain système de valeurs, morales et esthétiques ; si elle pratique l’exaltation d’une certaine manière de penser et de sentir, la flétrissure d’une autre ; la glorification de certains héros de l’Histoire, la démonétisation d’autres ». À mon sens, sa conception de la nation se rapproche de la définition établie par le Dictionnaire Zingarelli de l’Académie italienne à savoir « un complexe d’individus liés par la même langue [on verra par la suite le point