Anda di halaman 1dari 3

Bernard Friot Trégunc

sociologue et économiste 7 novembre 2010

Les retraites ne sont pas un problème, c'est une solution.

Nous sommes confrontés à une double impasse :


• le sous investissement à cause des ponctions des marchés financiers ;
• les difficultés liées au travail : souffrance au travail, disparition des emplois, chômage, etc.

Pour sortir de cette impasse, il faut dépasser notre position de défense. Dire « défendons les retraites par
répartition contre la capitalisation » c'est bien mais c'est une position défensive.
Pour éviter de perdre il faut gagner quelque chose.

C'est un fait : les cotisations retraites soit 260 milliards d'euros échappent à la logique capitaliste (NDLR
: les recettes fiscales de la France sont de 250 milliards d'euros). Et on dit que la répartition serait
dépassée. Déjà en 1987, avec l'image de la carcasse d'une baleine échouée sur une plage, Philippe
Séguin faisait campagne sur le thème « sauvons la Sécu ». Pourtant dans toute l'Union Européenne la
capitalisation ne représente que 7 à 12 % des dépenses de pension selon les sources tandis qu'en France,
elle ne représente que 3%. Nous ne sommes donc pas du tout sur la voie de la fin de la répartition. On
peut mesurer tous les inconvénients d'une position défensive qui ne peut qu'engendrer une suite de
reculs.

Alors que l'investissement s'amortit généralement en 5 ans, exceptionnellement 15 à 25 ans lorsqu'il


s'agit d'investissements nécessitant de gros moyens de Recherche et Développement, les engagements
pour la retraite portent eux sur 70 ans. Ils ne peuvent donc reposer sur aucune épargne. Et ce système
engendre un taux de remplacement, rapport entre la pension de retraite et le dernier salaire, de 70% pour
les plus de 60 ans. C'est le plus élevé qui soit. En France on consacre 13% du PIB au financement des
pensions de retraite, c'est du salaire socialisé et ça marche. On consacre aussi 10% du PIB pour la santé
pour un système qui marche très bien. Aux USA, c'est 15% pour un système de santé qui marche très
mal. On voit donc que le salaire socialisé marche bien.

Passons à l'offensive !

Pourquoi faire de l'accumulation financière pour l'investissement ? Un investisseur qui dit apporter 1
million d'euros pour relancer une entreprise n'apporte en réalité que des titres financiers. Ces titres seront
couverts plus tard par de la monnaie. Mais la monnaie préexiste et c'est le travail qui a fait cette
monnaie. Tandis que la monnaie des marchés financiers est virtuelle et se dégonfle avec les bulles.
Lorsque Sarkozy apporte 360 milliards d'euros aux banques, c'est en monnaie et c'est 10 ans d'austérité
pour nous.

Lorsqu'on évoque le droit de propriété, il faut faire la différence entre le droit de propriété d'usage et le
droit de propriété lucrative. Ce dernier permet de retirer un revenu d'une chose sans la consommer :
immobilier, titres financiers. Dans la répartition, le salaire socialisé permet de payer les pensions. Dans
la capitalisation, le travail actuel sert à générer des droits de propriété lucrative (les fonds de pension)
sur des pensions futures. C'est la croyance dans la puissance du droit de propriété lucrative qui les
autorise à prélever sur le travail.

Il y a un siècle, les accidents de santé ne pouvaient se soigner qu'à travers des prêts d'où le recours aux
usuriers et leur importance. Et que parfois exaspérés on s'en prenait à eux. Aujourd'hui on vous opère à
cœur ouvert sans problème.
Depuis 40 ans, les activités s'en vont parce que les investissements sont en réalité aux mains d'usuriers.
Les investissements procurent du travail. Actuellement, 20% du PIB seulement est consacré à
l'investissement. Le décompte se fait ainsi : 60% est en salaires y compris cotisations sociales, 40% en
profit dont la moitié en dividendes, reste donc 20% en investissements sans maîtrise. On pourrait
facilement instituer une « cotisation économique » à hauteur de 30% du PIB qui serait versée à une
caisse d'investissement sur la valeur ajoutée calquée sur le modèle de la sécurité sociale.

Si on n'adopte pas une position offensive on risque une régression démocratique.

La cotisation sociale est révolutionnaire ! Elle représente 550 milliards d'euros, soit un quart du PIB et
elle prouve qu'on peut se passer des capitaux. En 1945, le Comité National de la Résistance s'est appuyé
sur l'expérience des régimes d'assurance créés dans les années 30. Faisons la même chose avec la
cotisation économique ! La retraite montre qu'on n'a pas besoin des « marchés financiers » pour les
investissements.

Se méfier du mot réforme, c'est souvent pour changer en pire. Il faut voir le révolutionnaire déjà
là pour le porter plus loin.

Les « marchés » sont croyants : Dieu exige le sacrifice du bonheur collectif. En proposant de taxer les
« marchés » on légitimise alors qu'il faut les supprimer. Pour sortir du marasme industriel, on peut
prélever 500 milliards d'euros au titre de la cotisation économique.

Faire l'inventaire de tous les possibles. Exemple : les retraités ou l'expérience du salaire à vie.

La moitié des retraités se partagent 7 millions d'euros de pensions. Ils sont « heureux de travailler ».
Beaucoup qui n'en ont jamais eu achètent même un agenda tant ils ont de choses à faire. Ils sont heureux
parce que sans inquiétudes. Alors qu'est-ce que travailler ?

L'activité produit de la richesse. Le travail, cas particulier de l'activité, produit de la valeur. Cette valeur
c'est de la monnaie, qui fait le PIB. Il y a 50 ans, les soins infirmiers étaient une activité dévolue aux
religieuses qui agissaient par dévouement et ce n'était pas du travail. Aujourd'hui c'est devenu un travail
assuré par des salariés ou des agents de la fonction publique. Un retraité qui garde ses petits enfants a un
salaire à vie, tandis qu'une assistante maternelle occupe un emploi pour garder des enfants.

C'est l'emploi qui change une activité en travail.

Avoir un emploi dans le privé ou un grade dans le public, permet d'accéder au travail. Dans la fonction
publique, après avoir passé un concours professionnel, les fonctionnaires ont un salaire à vie dans la
mesure où il est attaché à la personne. La retraite est un salaire continué. Mais dans le secteur privé c'est
l'emploi qui est le porteur de la qualification du salarié et fait obstacle à l'affectation de la personne au
travail. L'emploi est une institution capitaliste qui donne tout pouvoir à l'actionnaire.

Les retraités par leurs achats de marchandises créent du travail et donc de la valeur. Mais ils n'ont pas
d'emploi et pourtant travaillent, ils génèrent donc aussi de la richesse.
Il existe aussi une part de travail qui génère de la valeur mais pas de richesse (ex. les semences OGM
qui produisent des plantes stériles).

C'est l'emploi qui rend malheureux : « j'aime mon boulot mais c'est pas du boulot ». « Not' bon maît' a
raison » c'est fini. Il faut faire pareil : se débarrasser des « employeurs » comme on s'est débarassé des
« bons maît' ». Pas des chefs d'entreprise, pas des contremaîtres, pas des hiérarchies, car on en a besoin.

Sur 2 200 millions d'euros de Valeur Ajoutée, 1 200 vont aux salaires dont 650 millions d'euros en
salaires directs (500 pour le privé et 150 pour la fonction publique financés par l'impôt), et 800 sont des
profits. Sur ces derniers, 400 millions d'euros sont consacrés à l'investissement et 2 à 300 millions sont
dilapidés. Créons la cotisation d'investissement.

Comment faire ?

Lorsque Sarkozy dit « j'ai fait mon devoir » c''est le discours de Pétain après la défaite de 1940. Il ne faut
pas partager la défaite. Il faut voir la révolution déjà là et faire un pas en avant. Reconnaître le subversif
et le pousser plus loin !

Il n'y a aucune solidarité intergénérationnelle. Les retraités ne doivent pas avoir honte que « ça tombe
tous les mois ». Ils aident leurs petits enfants à hauteur de 17 milliards d'euros. Mais le meilleur moyen
d'aider leurs petits enfants est de leur dire que ça peut changer. La preuve, sur les 2200 milliards d'euros
du PIB, les 700 milliards d'euros des retraites sont anticapitalistes. Nos petits enfants doivent obtenir la
cotisation investissement et la cotisation salaire.

Dès l'an prochain on attribue une qualification (l'école certifie mais ne qualifie pas) et un salaire à vie à
ceux nés en 1992 financé par une cotisation de quelques pour-cents sur la valeur ajoutée. L'année
suivante on augmente le nombre des bénéficiaires et ainsi que les cotisations et ainsi de suite.

On est révolutionnaire parce qu'on dit : oui !

Anda mungkin juga menyukai