Molière
Acteur, chef de troupe, auteur et metteur en scène, Molière est l'homme de théâtre complet par
excellence. Il joue, en tant qu'auteur, sur toute la gamme des effets comiques, de la farce la
plus bouffonne jusqu'à la psychologie la plus élaborée. Ses pièces où, s'attaquant à un vice de
l'esprit ou de la société, il campe des personnages qui forment des types, sont de véritables
chefs-d'œuvre. En élevant lacomédie, considérée avant lui comme un genre mineur, il a donné
un élan vital au théâtre.
FamilleSon grand-père et son père sont maîtres tapissiers du roi. Sa mère meurt en 1632.
À 40 ans, Molière se marie avec Armande Béjart. Ils ont deux fils, morts très jeunes, et une
fille.
GloireAvec le triomphe des Précieuses ridicules (1659), Molière devient un auteur adulé,
jalousé, redouté. En 1661, il crée avec le musicien Lully la comédie-ballet. Le roi Louis XIV
est enthousiaste. Mais l’École des femmes (1664) est accusée d’être blasphématoire. En 1664,
les dévots font interdire Tartuffe, qui dénonce l’hypocrisie religieuse. Molière obtient
néanmoins la protection du roi.
Mais la vie privée de Molière est agitée. À 43 ans, il est atteint d’une fluxion au poumon.
Son Dom Juan (1665) provoque un nouveau scandale. Le Misanthrope (1666) reçoit un
accueil mitigé. Entre 1668 et 1670, l'Avare, Tartuffe et le Bourgeois gentilhomme sont des
triomphes.
Disgrâce
En 1672, Madeleine Béjart meurt. Les Femmes savantes sont un échec.
Lully supplante Molière dans la faveur royale.
Mort
Au cours d’une représentation du Malade imaginaire, sa dernière comédie-ballet (1673),
Molière est pris de malaise. Il meurt à son domicile parisien. Il est enterré de nuit, sans
inhumation chrétienne.
Molière
Les parents de celui qui devait prendre le nom de Molière sont des artisans-marchands
prospères de Paris : le père, Jean Poquelin, achète en 1631 une charge avantageuse de
« tapissier ordinaire du roi » (c'est-à-dire de fournisseur de la Cour). Aîné de cinq enfants,
Jean-Baptiste est envoyé au collège jésuite de Clermont – l’actuel lycée Louis-le-Grand – que
fréquentaient des fils d'aristocrates. Il s’intéresse tôt au théâtre, sous l'influence de son grand-
père qui l’emmène voir les spectacles de l’Hôtel de Bourgogne. Sa scolarité achevée, il fait
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des études de droit et suit les leçons du philosophe et savant Gassendi, dont l’enseignement
met en cause les explications religieuses de la création du monde.
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1668), des farces (les Fourberies de Scapin, 1671) ou des comédies satiriques (Les Femmes
savantes, 1672).
Sa vie privée a souffert d’une telle activité d’auteur, de chef de troupe et de comédien, parfois
en conflit avec d’autres artistes comme le compositeur Lully, l’un de ses rivaux auprès du roi.
Il avait été l'amant de Madeleine Béjart, dont il épouse la fille en 1662 ; Armande est de
20 ans plus jeune que lui et ses ennemis affirment que, ce faisant, il épouse sa propre fille, ce
qui est une calomnie sans fondement. Le ménage ne semble pas avoir été des plus heureux. Il
a donné naissance à trois enfants, dont, seule, une fille, Esprit-Madeleine (1665-1723), n'est
pas morte dans sa première année.
Molière, Œuvres
À la différence de Corneille et de Racine, Molière écrit ses pièces en praticien du théâtre. Il
conçoit ses histoires et ses répliques pour lui-même et pour des acteurs qu’il connaît et qu’il
va diriger. Tout en étant un véritable écrivain, maître des subtilités du langage et créateur de
formules, il pense – plus qu’un poète travaillant dans la solitude de son bureau – à la façon
dont les répliques seront dites par les comédiens et au jeu qui accompagnera la diction du
texte.
De fait, Molière n’a écrit que du théâtre, à l’exception des préfaces qui précèdent l’édition de
certaines de ses pièces, de son Remerciement au roi(1663) et de son hommage au peintre
Mignard, la Gloire du Val-de-Grâce(1667). C’est un acteur-auteur comme
l’était Shakespeare avant lui.
Il est l’auteur, selon la nomenclature en usage, de 2 farces, 22 comédies, 7 comédies-ballet,
1 tragédie-ballet, 1 « comédie pastorale héroïque » et 1 « comédie héroïque ». Dom Garcie de
Navarre, en 1661, l’une de ses très rares tentatives dans le genre sérieux fut un échec.
Il a écrit tantôt en vers, tantôt en prose. Les acteurs d’alors préféraient les vers, plus faciles
à retenir. Mais écrire en alexandrins demande un travail de plus longue haleine. Quand il était
pressé, Molière écrivait en prose, comme pour ses farces, pour Dom Juan ou l’Avare.
Molière dans le rôle d'Arnolphe
Qu’il soit rimé ou en prose, son style a naturellement évolué d’année en année, et sa
conception de la comédie également. Sans perdre le goût des pitreries venu de la
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contemplation des bateleurs qu’il voyait dans son enfance, Molière a peu à peu intégré des
préoccupations personnelles, des plaidoyers pour la liberté de ceux qui s’aiment et des
questions philosophiques, tout en revendiquant le souci de la vérité, « Il faut peindre d’après
nature ». En même temps, sa satire se focalisait sur le milieu mondain et intellectuel, les
ambitieux, les médecins et les faux prêcheurs de vertu.
Molière est-il alors devenu, au fil des années, un auteur plus tragique que comique ? C’était le
point de vue d’Alfred de Musset qui, dans son poème Une soirée perdue (1850), admire chez
lui « une mâle gaîté, si triste et si profonde que, lorsqu’on vient d’en rire, on devrait en
pleurer ». Mais cet avis porte la marque des années du romantisme, où l’on aime à privilégier
une vision noire de l’Histoire et de la vie. Jusque dans sa dernière pièce, le Malade
imaginaire, Molière défia l’esprit de sérieux par la bouffonnerie et la satire, fidèle à la mission
qu’il définissait ainsi dans la Critique de l’École des femmes : « C’est une étrange
entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens ».
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3.3.. La comédie mythologique
Lorsqu’il s’inspire d’un sujet traité par un auteur de l’Antiquité, comme c’est le cas
pour l'Avare tiré d’une comédie de Plaute, Molière transpose l’action dans son temps.
Mais, exceptionnellement, il garde le contexte antique quand il écrit Amphitryon. C’est donc
une comédie mythologique, de la même façon que les tragédies de Racine et de Corneille sont
des tragédies antiques. Cette œuvre n’a pas d’équivalent parmi les autres pièces de Molière.
Elle fait référence à un épisode des légendes grecques et ne s’adresse pas à un public large,
mais à un public cultivé.
3.4. La comédie-ballet
Molière, le Bourgeois gentilhomme : la cérémonie turque
La comédie-ballet, dont la forme annonce l’opéra par ses parties chantées et dansées, a pour
principe d’alterner des scènes chorégraphiées et des scènes dialoguées. Elle s’est
développée quand les divertissements royaux se sont multipliés à Versailles et dans d’autres
châteaux. Le roi Louis XIV et la Cour étaient très friands de ces spectacles qui reposaient sur
une idée de théâtre total – utilisant tous les langages du spectacle – et déployaient un grand
faste dans l’utilisation des décors et des machineries.
Molière a souvent répondu aux commandes qui lui étaient faites par le roi.Les Fâcheux, les
Plaisirs de l’île enchantée, la Princesse d’Élide, les Amants magnifiques sont des comédies-
ballets dont les textes ne nous importent plus beaucoup aujourd’hui, à l'inverse de Monsieur
de Pourceaugnac, le Bourgeois gentilhomme et Malade imaginaire.
Ces trois dernières pièces sont parfois représentées sans leurs intermèdes musicaux mais elles
ont été conçues sous cette forme qui mêle l’action théâtrale et les tableaux faits de chants
et de danses. Pour toutes ces œuvres, Molière collaborait avec un musicien, tel
que Lully ou Marc-Antoine Charpentier.
Le genre de la comédie-ballet mettait généralement en scène les épisodes et les héros de la
mythologie et des pastorales. Molière a su à la fois utiliser des thèmes antiques et imposer des
sujets contemporains...
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savantes le comique a toujours un caractère de moquerie relatif aux travers de l’époque mais
il s’élargit à l’examen du milieu social.
Molière, le Tartuffe
Ce sont surtout la famille et la question du mariage qu’embrasse le regard de Molière : il
montre comment les enfants subissent la loi des parents (essentiellement du père), comment
les relations avec l’argent, les rapports entre les époux et le désir de s’inscrire dans un courant
à la mode ou dans un mouvement religieux modifient la vie du groupe, quels sont les place et
rôle des domestiques dans la vie de la maison et comment l’union conjugale est parfois traitée
autant comme une affaire financière que comme une question d’harmonie amoureuse.
Molière représente aussi le décalage entre les classes sociales : la tentative de passer dans la
classe supérieure, de la bourgeoisie à l’aristocratie se traduit le plus souvent par un
comportement ridicule et voué à l’échec.
Chez Molière, la notion de mœurs est liée à la notion de morale : en raillant les défauts de ses
contemporains, il en appelle à la raison et à un comportement qui mettrait fin aux folies et aux
lubies. Dans cette perspective, les personnages dont le comportement est condamnable sont
souvent ridiculisés ou punis dans l’une des dernières scènes de la pièce.
5.3. Les serviteursLes domestiques sont, chez Molière, des personnages aussi importants
pour l’action que pour les effets comiques. Ils viennent autant de l’image qu’ont donnée
d’eux les farces latine et italienne que de la réalité de tous les jours.
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Molière, les Femmes savantes
Les serviteurs masculins, héritiers d’Arlequin, sont, comme Scapin, malhonnêtes (ou, tout au
moins, rusés), fréquemment profiteurs et alcooliques, mais fidèles à leur maître et d’une
imagination si efficace qu’elle débrouille les situations les plus compliquées. Molière a
progressivement humanisé ce type de personnage, en passant de Mascarille, le rusé, à
Sganarelle qui représente par moments les souffrances des gens du peuple.
Pour les servantes, Molière a fait encore davantage éclater les cadres de la tradition. Les
servantes sont la voix de la raison et la voix de Molière lui-même. Leur bonhomie, leur
culot, leur langue bien pendue, la saveur de leur langage, leur absence de crainte face aux
maîtres, leur défense des enfants arrivés à l’âge du mariage, tout fait d’elles des héroïnes dont
les défauts – elles ne savent pas rester à leur place – se transforment immédiatement en
qualités. Dorine (Tartuffe), Martine (les Femmes savantes) et Toinette (le Malade imaginaire)
incarnent un bon sens populaire sans lequel Molière manquerait d’un instrument de mesure
pour juger l’évolution de la société et les travers de ses héros.
5.4. Les paysans Les paysans apparaissent rarement, sauf quand Molière a besoin de
personnages dotés d’accents provinciaux, comme Pierrot dans Dom Juan. George Dandin, le
paysan enrichi qui a eu le malheur d’épouser une aristocrate, reste une exception. Mais cette
pièce, George Dandin, traduit peut-être plus un désir de Molière de s’en prendre aux nobles
qu'un intérêt profond pour la paysannerie. En grand auteur, Molière varie les procédés
comiques, qui lui permettent d’obtenir le rire le plus simple comme le rire le plus subtil.
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trompent les prétentieuses provinciales, avant de se faire rosser par leurs maîtres. Il prend
aussi souvent la forme du quiproquo, quand un personnage est pris pour un autre, comme
dans Amphitryon, où Jupiter est confondu avec le général Amphitryon et le dieu Mercure avec
le valet Sosie. Il est aussi mis en place dans Tartuffe quand l’épouse d’Orgon, Elmire, déclare
à l’imposteur qu’elle est prête à se donner à lui, alors que son mari est caché sous la table.
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