Anda di halaman 1dari 7

PLAIDOYER DU PEUPLE

DE

LA GRANDE SANAGA MARITIME


Par Charly Gabriel Mbock
----

Filles et Fils de Ngog Lituba,

La création de la Région de la Grande Sanaga Maritime est notre demande collective.

A cette fin, nous poursuivons trois objectifs :

 Promouvoir cette ambition légitime dans l’Opinion nationale


 Intéresser nos Décideurs à sa pertinence opérationnelle
 Persuader lesdits Décideurs de son utilité multisectorielle pour la nation.

Notre effort s’appuie sur deux catégories de facteurs qui en dessinent le plan : les Acquis
d’une part, et d’autre part les Requis.

 Les Acquis – Ce sont les atouts matériels et immatériels dont la Grande Sanaga
Maritime dispose déjà, que chacun peut recenser, mais qu’il importe néanmoins de
rappeler. C’est l’aspect état des lieux et marketing de notre plaidoyer.
 Les Requis – Ce sont des arguments que nous devons soumettre à l’intelligence de
ceux qui ne sont pas nous - et dont certains exercent de hautes fonctions - pour les
persuader qu’ils gagnent avec nous, pour le Cameroun, à ce que la Région de la Grande
Sanaga Maritime soit créée.

Ces Acquis sont principalement au nombre de quatre : notre capital historique, administratif
et politique, notre espace vital, sa viabilité économique et notre vitalité culturelle.

1. L’histoire rappelle qu’au commencement était la région de la Sanaga Maritime, et que


ses ressortissants, filles et garçons, ont joué un rôle décisif dans l’accession de notre
pays à la souveraineté internationale.
2. L’espace décrit et présenté dans la Monographie confirme que la Grande Sanaga
Maritime n’est pas une fiction, mais bien une réalité territoriale qui offre un immense
espace vital de 18 200 Km2.
3. Sa viabilité économique tient entre autres de ce précieux trésor foncier. Nos riches
terres sont paisiblement occupées par des populations laborieuses ; elles constituent
P. 2
un capital économique viable, un patrimoine enviable qui nous est du reste
fébrilement et parfois férocement envié1 .
4. La vitalité culturelle de la Sanaga Maritime est avérée ; elle est soutenue par des
traditions qui exigent trois valeurs fondamentales difficilement négociables : la
dignité, la vérité et la droiture 2 . Ces trois obligations privilégient le sens de la parole
donnée, le serment ou le pacte, parfois au prix de la vie.
Notre conception du monde est égalitaire ou, si l’on veut, socialisante. Notre culture
dispose d’un culte endogène : le Mbog - une religion ancestraliste dont les Prêtres
Officiants sont appelés Mbombog ou Mpèè Pèè. La Grotte mythique de Ngog Lituba est
le sanctuaire sacré de la religion du Mbog.

C’est au regard de la portée profane et sacrée de cette culture que dans ses travaux
scientifiques, le Professeur Joseph Mboui, mon Maître de très regrettée mémoire, a baptisé
du nom de Mbog Liaa, ou Le Pays de la Grotte, la contrée dont nous demandons la réhabilitation
en Région.

Ces quatre acquis, notons-le, couvrent l’essentiel de la vie temporelle et de la vie spirituelle du
Pays de la Grotte. La création de la Région de la Grande Sanaga Maritime constituerait un
acte républicain de reconnaissance de leur pertinence.

Pour la plupart d’entre nous, ces acquis suffisent pour que la Région demandée soit créée
sans autre forme de procès. Deux observations méritent cependant d’être partagées :

a)- Rien ne nous permet de penser que le succès et la viabilité de la Grande Sanaga
Maritime sont le vœu de tout le monde ;

b)- Il ne suffit pas qu’un espace regorge d’atouts pertinents pour être promu en
région. Encore faut-il qu’une évaluation techniquement juste et politiquement porteuse
d’avenir lui reconnaisse ce mérite.

C’est ici que commence la zone de turbulences et de complexité : en effet parler d’une évaluation
juste, c’est convoquer à la fois la justesse - qui est technique, et la justice - qui relève de
l’intime conviction de l’évaluateur, lequel a ses options éthiques et ses préférences politiques,
toutes choses éminemment subjectives.

Et puisqu’il s’agit effectivement de juger de l’opportunité d’une demande, nous devrons


répondre à une question d’ordre éthique et politique pour compléter la pertinence matérielle des
principaux acquis signalés plus haut :

Qu’est-ce qui, après évaluation, peut persuader un décideur camerounais qu’il est dans son
intérêt et dans l’intérêt du Cameroun de créer la Région de la Grande Sanaga Maritime ?

1 « Travaillons, sous l’œil de Dieu / Cultivons nos terres enviées / Et c’est seul par le travail / Que nous retrouverons notre place sous le soleil »
(Extrait de l’Hymne de Mbog Liaa)
2 Lingwélés, Maliga, Telep Sép

Prof. Charly Gabriel Mbock – Plaidoyer pour le Peuple de la Grande Sanaga Maritime - Edéa, le 22 Juin 2019
P. 3
Cette question révèle trois contraintes complexes :

1- Nous sollicitons une adhésion et un accord d’un Décideur qui doit déjà gérer certains
embarras administratifs, des difficultés économiques, des spécificités socioculturelles
et même des crises sociopolitiques ;
2- Il est de notre devoir de lucidité de tenir compte de la délicatesse des hautes
responsabilités du Décideur en question ;
3- Dans cette obligation citoyenne, il nous incombe de lui faciliter la tâche en lui
présentant des arguments qui non seulement évacuent les peurs en sécurisant les
attentes nationales, mais qui valorisent opportunément sa propre vision.

Car le peuple de la Grande Sanaga Maritime doit faire face à un véritable Réquisitoire
constitué d’interrogations, d’interpellations et même d’accusations. Ce peuple croyait
pouvoir se limiter à un plaidoyer. Le réquisitoire dont il est la cible exige une plaidoirie.
Notre demande ouvre en effet un véritable procès: le Procès pour la Région de la Grande Sanaga
Maritime.

Suivons donc les débats entre un Procureur de la république et un Avocat.

 Le Ministère public - L’éclatement de la Sanaga Maritime en deux Départements


fut souverainement décidé par un gouvernement du Cameroun conduit par le
Premier Ministre, André Marie Mbida. Pourquoi tentez-vous de remettre en
question cet acte souverain de gouvernement ? Auriez-vous la prétention de
réécrire l’histoire?

La Défense - Monsieur le Président,

L’éclatement de la Sanaga Maritime s’est opéré dans un contexte de turbulences


sociopolitiques qui ont poussé les Gouvernants de l’époque à punir par dislocation et
fragilisation une région accusée de rébellion indépendantiste. Dans ce climat de lutte pour
l’indépendance, cet éclatement par ailleurs inspiré et soutenu par une puissance coloniale fut
un acte de guerre d’une brutalité inhumaine.

Pour les jeunes qui n’ont pas l’âge de le savoir, et pour ceux des adultes qui seraient tentés
d’oublier en gommant la mémoire nationale, un historien camerounais, Eno Meyomesse,
vient de publier un livre en ce mois de juin 2019 : Mayi Matip, De maquisard en 1957 à Député
en 1959 .

Nous y lisons ce qui suit : « De très nombreux villages se retrouvaient rayés de la carte en Sanaga
maritime (…) Les militaires français abattaient les gens sans sommation, dès lors qu’ils étaient surpris
dans leurs champs ou dans des zones interdites à la circulation. La torture pour leur arracher des aveux
était généralisée et d’une rare cruauté. La population était concentrée dans des villages-prisons à ciel
ouvert d’où il leur était interdit de sortir. L’armée française avait reconstitué les camps de
concentration nazis au Cameroun. La terreur régnait partout ».

Telle fut la tragédie ; tel notre déchirement. Et beaucoup de nos blessures saignent encore.

Prof. Charly Gabriel Mbock – Plaidoyer pour le Peuple de la Grande Sanaga Maritime - Edéa, le 22 Juin 2019
P. 4
Le déchirant éclatement de la Sanaga Maritime persiste alors que l’action qui en fut jadis le
prétexte a été officiellement dépénalisée. Bien mieux encore, les résultats de cette action sont
désormais célébrés par l’ensemble de la nation. Aujourd’hui en effet, le Cameroun fête son
indépendance. La Sanaga Maritime ayant été éclatée puis écartelée pour cause
d’indépendantisme, et l’indépendance du Cameroun faisant aujourd’hui la fierté de tous les
Camerounais, il devient paradoxal et en vérité injuste de maintenir un peuple sous une
sanction dont le prétexte a été promu en une source de gloire nationale et de réjouissances
populaires.

Sans doute est-ce au nom de la logique et de la cohérence que la loi No 91 /022 du 16


décembre 1991 a réhabilité certaines figures de l’histoire du Cameroun. L’Etat du Cameroun
a en effet levé la chape de plomb qui pesait sur des patriotes indépendantistes. Or dans le
système législatif du Cameroun, cette loi, comme bien d’autres, est issue de Projets de lois. Elle
exprime donc le choix et la volonté du Pouvoir Exécutif.

Le sort de représailles infligé à leur territoire d’origine étant une conséquence du combat des
indépendantistes, et ces derniers étant aujourd’hui réhabilités, nous entendons soutenir la
logique patriotique de réconciliation qui a opportunément inspiré la loi invoquée.

Monsieur le Président,

Il ne s’agit donc pas pour nous de prétendre réécrire l’histoire. Le peuple de la Sanaga
Maritime demande simplement, et fort humblement, au Chef de l’Etat du Cameroun, de
parachever le pansement d’une plaie historique profonde et, ce faisant, de consentir de rendre enfin
justice à tout un peuple.

 Le Ministère public - Par votre demande vous cristallisez le repli identitaire !


Pourquoi voulez-vous une région ethnique au moment où la nation est à la
recherche du vivre-ensemble ?

La Défense - Monsieur le Président

La Sanaga Maritime ne s’est jamais perçue comme « ethnique », comme on veut l’appeler.
Elle a été ethnicisée et tribalisée par les calculs et les luttes politiciennes dont elle souffre
encore. Les termes que M. Le Procureur vient d’utiliser révèlent que l’opinion est encore
malicieusement inondée de caricatures de ce genre. Mais les caricatures et les allégations sont
soit réductionnistes, soit grossissantes. Dans un cas comme dans l’autre, elles vivent
d’exagération et tentent d’exciter les diabolisateurs et les négationnistes.

Mais notre demande est trop importante pour que son étude se laisse distraire par des
allégations caricaturales.

Chacun sait qu’au Cameroun, plusieurs memoranda circulent au nom de revendications de


positionnement ethniques. L’opinion a observé que la plupart de ces memoranda ethno
régionales ont obtenu satisfaction sans que personne ne crie au tribalisme. L’avantage de ces

Prof. Charly Gabriel Mbock – Plaidoyer pour le Peuple de la Grande Sanaga Maritime - Edéa, le 22 Juin 2019
P. 5
memoranda était sans doute de concerner des communautés qui, elles, n’ont pas subi la
dispersion, l’éparpillement et la fragilisation de la Sanaga Maritime.

Mais malgré ces épreuves, notre demande à nous se veut totalement différente:

a)- Elle n’a rien d’un repli identitaire : pour toute famille éclatée ou tout peuple écartelé
comme le nôtre, se retrouver n’est pas se replier, se renfermer sur soi-même.

b)- Notre demande n’est pas une revendication de positionnement ou de promotion dans les
organigrammes de l’Etat.

Comme l’atteste son engagement historique pour la naissance à la souveraineté de la nation


camerounaise, la Sanaga Maritime a toujours pensé et agi ’’national’’. Mais elle ne se résigne
pas dans un écartèlement qui semble avoir programmé la dilution de son peuple, et planifié la
dissolution de sa culture. Aussi demande-t-elle qu’un terme soit mis à un démantèlement dont
la persistance commence à produire les travers déshumanisants d’une liquidation
socioculturelle.

Entre Eséka en 1994, année du Manifeste de Mbog Liaa et Edéa en 2019, année des présentes
assises, il se sera écoulé vingt cinq ans!

Si la Sanaga Maritime a attendu un quart de siècle pour demander formellement de redevenir


la Région qu’elle fut, c’est pour laisser au peuple du Cameroun le temps de constater, pour
s’en souvenir, que la région de la Sanaga Maritime n’a jamais cherché à exister contre une
autre région du Cameroun. Et que son peuple, sédentaire parce qu’il dispose d’immenses
terres, n’a jamais entrepris la moindre croisade foncière, économique, ou sociopolitique
contre d’autres peuples.

Bien au contraire, sa position géostratégique en fait le genou du Cameroun : lequel d’entre nous
pourrait passer une seule journée sans toucher son genou ? Les genoux savent se plier pour
notre confort. Mais aucun genou ne saurait se replier sur lui-même sans aussitôt handicaper
la marche de l’ensemble de l’organisme.

Comme un genou pour l’organisme humain, et du fait de sa situation géographique, la


Grande Sanaga Maritime se reconnaît naturellement et s’assume patriotiquement comme le
genou de l’organisme camerounais, trait d’union entre les deux principales métropoles
actuelles du Cameroun. Et dans sa vocation de lien et de liant, elle s’offre comme un
échangeur dans la circulation routière, un espace hospitalier de transit qui facilite le passage,
le rapprochement et donc le brassage des populations du Cameroun.

Dans ces dispositions, l’important n’est plus le trait - qu’on peut vite effacer. L’important,
c’est l’union. Mais est-ce parce que le trait d’union est disposé à s’effacer qu’on doit
absolument l’effacer? Sinon, pourquoi, continuer de laisser penser que depuis 1957, on a
choisi de frustrer le peuple de la Sanaga Maritime au point d’activer sa dilution dans l’espace
géographique, administratif, et politique du reste du Cameroun ?

Prof. Charly Gabriel Mbock – Plaidoyer pour le Peuple de la Grande Sanaga Maritime - Edéa, le 22 Juin 2019
P. 6
Pourtant, et il faut le faire remarquer, malgré les mutilations politiques et les frustrations
socio administratives qu’il a subies : ce peuple n’a cultivé aucun esprit, ni couvé aucun projet de
revanche. Au contraire, pour l’avenir du Cameroun, ce peuple trait d’union ne demande qu’à
exister, qu’à se restructurer, qu’à se consolider, non à l’exclusion des autres peuples, mais
pour servir à tout moment de tampon entre certains de nos peuples qui, sans ce genre de traits d’union,
seraient portés à s’affronter.

Monsieur le Président,

Pour le Cameroun, la Grande Sanaga Maritime se définit comme trait d’union et entend
demeurer l’un des catalyseurs naturels du vivre-ensemble.

 Le Ministère public – C’est vous qui le dîtes ! De quel vivre-ensemble parleriez-


vous si chaque groupe ethnique du Cameroun demandait sa propre région ?

La Défense - Monsieur le Président,

En réaffirmant tout mon respect pour votre Cour, je relève que l’interpellation du Ministère
public est spécieuse et pernicieuse : nous ne sommes pas une ethnie, mais une communauté
socioculturelle.

Spécieuse, l’interpellation du Ministère public veut brouiller la pertinence de notre demande


en incitant insidieusement d’autres peuples à improviser des demandes similaires pour en
inonder les Décideurs, alors qu’au regard de leur situation spécifique une telle demande n’a
jamais effleuré l’esprit des peuples qu’on veut soulever.

Cette interpellation est pernicieuse en ce qu’elle tente d’ameuter les autres peuples du
Cameroun pour les dresser contre le peuple de la Sanaga Maritime. C’est le Ministère public
qui tribalise une requête républicaine de justice et de droit.

Mais malgré son caractère spécieux et pernicieux, cette interpellation nous offre l’occasion de
préciser l’esprit de notre démarche.

Pour le peuple de la Grande Sanaga Maritime, chaque groupe socioculturel camerounais a


sa place en terre camerounaise, et son étoile dans le ciel du Cameroun. Chacun mérite de
valoriser son statut, de définir sa vocation, de construire son apport dans le concert des
familles culturelles camerounaises, l’essentiel étant de jouer sa partition avec patriotisme.

Le peuple de la Grande Sanaga Maritime s’est essayé de manière désintéressée à ce


patriotisme dans le passé, au point d’en être moqué comme de naïfs idéalistes. Chacun voit
qu’aujourd’hui encore, le peuple qui a lancé le train de l’indépendance du Cameroun a été
abandonné sur le quai. Il est réduit à regarder passer le train de la prospérité nationale…

La Région dont ce peuple demande la création devrait donc sainement se percevoir comme
une juste restitution de son droit légitime à se reconstituer pour la réhabilitation de sa
vocation sociale et de son homogénéité culturelle.

Prof. Charly Gabriel Mbock – Plaidoyer pour le Peuple de la Grande Sanaga Maritime - Edéa, le 22 Juin 2019
P. 7
Le peuple de la Sanaga Maritime veut avoir la possibilité d’organiser son propre bonheur
par sa propre prise en mains, à travers une prise en charge locale et endogène. La Grande
Sanaga Maritime ne se constituera donc nullement en obstacle géostratégique. Bien au
contraire, si elle est jusqu’ici restée une simple passerelle, elle nourrit l’ambition citoyenne de
devenir un pont, un pont solide pour sécuriser l’interaction des peuples du Cameroun.

Sa réussite comme Région vise donc la réussite du Cameroun comme Nation.

En conclusion, Monsieur le Président,

Nous invitons le Ministère public à renoncer aux procès d’intention dont son Réquisitoire
nous a livré un aperçu instructif.

Nous sommes intimement persuadés que la création de la Grande Sanaga Maritime permettra de :

 Réhabiliter une région par sa reconstitution comme un trait d’union, comme un pont
de portée nationale entre les populations du Cameroun
 Impulser des initiatives d’auto emploi et de développement local que la dislocation de
cette région et la dispersion de ses populations ont pénalisées
 Libérer des performances collectives dans l’esprit de la politique de Décentralisation
prônée par le Chef de l’Etat.

Pour toutes ces bonnes raisons, le peuple de la Grande Sanaga Maritime ne doute pas un seul
instant de la suite favorable dont le Président de la république ne manquera pas d’honorer
sa demande.

Et ce sera justice.

Prof. Charly Gabriel Mbock

Prof. Charly Gabriel Mbock – Plaidoyer pour le Peuple de la Grande Sanaga Maritime - Edéa, le 22 Juin 2019

Anda mungkin juga menyukai