DIGEST
UNE ÉDITION DU CENTRE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE DE LA CONSTRUCTION
LE BÉTONNAGE
EN PÉRIODE HIVERNALE
QUELLES SONT LES MESURES A PRENDRE
POUR PROTEGER LE BETON DU GEL ?
Le présent Digest,
destinés aux profession-
nels de la construction,
résume les mesures à
prendre lors du béton- Pour éviter des dégâts dus au gel, on retiendra
nage en hiver. comme règle que la température de la surface la
plus exposée d’un béton doit être d’au moins + 5 °C
pendant les 72 heures (3 jours) qui suivent sa mise
en place. Pour le bétonnage en période froide, cer-
taines précautions devront dès lors être prises.
1 INFLUENCE DU FROID
SUR LE BETON FRAIS
On considère qu’une protection devient superflue
dès que la résistance en compression du béton a
atteint 5 N/mm2.
Le froid ralentit, voire même empêche le durcisse-
ment du béton. Si la température descend en des-
sous de 0 °C, l’eau gèle, se dilate et augmente de
Fig. 1 Le béton sort
volume à raison de 9 % environ.
littéralement du coffrage.
On distingue deux stades dans le processus de gel :
1. gel de l’eau dans le béton frais : si le béton se
trouve encore en phase plastique (non durci), il
peut facilement absorber la dilatation due à la
formation de glace, mais l’augmentation de
volume aura tendance à le faire sortir de son
coffrage. Le béton durci sera de très mauvaise
qualité, car il n’aura pas été suffisamment serré
2. gel de l’eau dans le béton jeune : les pores de la
pâte de ciment récemment durcie contiennent
encore une grande quantité d’eau de gâchage.
Sous l’action du gel, les grains de sable et les
gravillons se désolidarisent, entraînant la fissu-
ration de la pâte de ciment.
1 DIGEST n° 3 – 1995
2 FACTEURS D’INFLUENCE 2.2 LA FORME DE L’OUVRAGE
Les facteurs suivants sont importants pour détermi- Il est évident qu’une dalle de sol de grande surface
ner les mesures de protection nécessaires : sera plus sensible au refroidissement qu’une poutre
◆ les conditions climatiques pendant et après la protégée sur trois faces par un coffrage. Le vent a,
mise en place, notamment la température et le lui aussi, un effet considérable de refroidissement.
vent
◆ la forme de l’ouvrage
◆ le matériau de coffrage (bois ou métal) 2.3 LE COFFRAGE
◆ la composition du béton.
Etant donné les meilleures performances du bois
sur le plan de l’isolation thermique, et l’épaisseur
2.1 LES TYPES DE TEMPS plus importante du matériau par rapport au métal,
les coffrages en bois offrent une meilleure protec-
On distingue six types de temps en fonction des tion contre le froid.
températures journalières moyenne et minimale (fi-
gure 3). L’influence favorable du coffrage peut encore être
accentuée en le chauffant, soit par un système élec-
Chaque jour, on relève, sur chantier, les températu- trique, soit par un système de circulation d’air chaud
res de l’air minimale et maximale au moyen d’un ou d’eau entre des parois doubles.
thermomètre à maximum-minimum (figure 2),
placé à 1,50 m du sol, exposé au nord-nord-ouest et
abrité de la pluie et du soleil par un auvent. On 2.4 LA COMPOSITION DU BÉTON
considère par convention que la température
moyenne est la moyenne des températures relevées ❒ CHOIX DU CIMENT
à 7h00 et à 14h30. ET TENEUR EN CIMENT
En période hivernale, la radio et la télévision diffu- Lors du bétonnage en hiver, on a tout intérêt à uti-
sent régulièrement les prévisions météorologiques liser un ciment dégageant beaucoup de chaleur d’hy-
à l’intention de l’industrie de la construction. dratation, c’est-à-dire un ciment possédant une
classe de résistance de 42,5 R, 52,5 ou même 52,5 R.
tmoy tmin
3
Fig. 3 Types
Fig. 2 Abri sommaire Type de temps
de temps.
pour thermomètre à
1 temps doux
50 cm
maximum-minimum. 0
4 +5
2
I pas de gel
0
II faible gel nocturne
N-NO et/ou gel matinal
III
-5 gel modéré
150 cm
IV gel rigoureux
-10
2 DIGEST n° 3 – 1995
Le ciment produit en Belgique appartenant à ces Tableau 2
QUANTITÉ
classes de résistance est le ciment Portland (CEM I). CLASSE DE CHLORURE
Quantité
Etant donné la chaleur d’hydratation plus faible TYPE DE D’EXPOSITION DE CALCIUM maximale
développée par les ciments de haut fourneau BÉTON (VOIR TABLEAU 3) EN % de chlorure
DE LA MASSE de calcium
(CEM III), leur utilisation est déconseillée à partir
DE CIMENT pouvant être
du type de temps I. addition-
Armé 1-2 1 % (*) née.
On recommande une teneur en ciment d’au moins
Armé 3-4-5 0,4 %
375 kg/m3.
Précontraint 1-2-3-4-5 0,2 %
Tableau 1 Type de ciment conseillé en
(*) S’applique également au béton non armé, quelle que soit
fonction du type de temps. sa classe d’exposition.
D’EXPOSITION
EN Classe
CLASSE
I/II CEM I 42,5 R ENVIRON- E/C
BÉTON CIMENT d’exposition
NEMENT MAX.
III CEM I 52,5
MIN. de l’élément
(kg/m3) en béton.
IV/V CEM I 52,5 R
Sec 1 non armé – 150
armé 0,65 260
précontraint 0,60 300
Lors du gâchage du béton en hiver, il est souhaita- Humide 2b non armé 200
ble de limiter, en premier lieu, la quantité d’eau de avec gel armé 0,55 280
gâchage. précontraint 300
Humide avec 3
Le choix peut se porter sur les adjuvants suivants : gel et sels de 0,50 300
◆ plastifiants / réducteurs d’eau armé ou non
déneigement ( 1)
◆ superplastifiants / réducteurs d’eau puissants. ou
Env. marin 4a 0,55 300
sans gel précontraint
Ces deux types d’adjuvants permettent de limiter la
quantité d’eau de gâchage pour une ouvrabilité iden- 4b ou non 0,50
Env. marin 300
tique. avec gel
Subissant des agres-
Selon le type de temps, on peut ensuite recourir à faibles 5a armé 0,55 280
des accélérateurs de durcissement, qui accélèrent précontraint 300
le développement de la résistance initiale, avec ou
modérées 5b armé ou non 0,50 300
sans changement du délai de prise. Le chlorure de
ou précon-
calcium, jadis le plus utilisé, peut induire une cor- fortes 5c traint ou non 0,45 300
rosion des armatures. La quantité de chlorure de
calcium à additionner ne peut être supérieure aux (1) Exigence complémentaire : teneur en air de 4 à 6 % suivant
la dimension des granulats.
valeurs reprises dans le tableau 2. (2) Selon la nature de l’agent agressif, recours aux ciments HSR
ou LA (HSR = high sulfate resisting; LA = low alcali).
L’adjonction d’un entraîneur d’air améliore la ré-
sistance au gel du béton durci durant les premiers
temps.
❒ GRANULATS
3 DIGEST n° 3 – 1995
3 MALAXAGE ET MISE EN
ŒUVRE DU BETON
4.1 MATÉRIAUX DE PROTECTION
Lors du bétonnage, la température du béton doit au ❒ Les panneaux de fibres de bois ou les panneaux
moins atteindre les valeurs indiquées au tableau 4. de multiplex sont moins isolants que les mate-
Après sa mise en place, le béton doit être para- las cités plus haut; ils sont en outre difficiles à
chevé et recouvert dans les plus brefs délais. mettre en œuvre et à enlever.
4 PROTECTION DU BÉTON
4 DIGEST n° 3 – 1995
4.2 MATÉRIAUX POUR ENCEINTES 4.4 TRAITEMENT ULTÉRIEUR
DE PROTECTION
En période hivernale, il y a lieu de prévoir un délai
Il peut être opportun de prévoir, au-dessus de d’au moins 5 jours durant lequel le béton sera pro-
l’ouvrage en béton, une enceinte de protection cons- tégé contre un séchage trop rapide, tout en appli-
tituée de bâches reposant sur une ossature et chauf- quant les mesures de précaution décrites ci-avant
fée par des canons à air chaud, par exemple. Cette (choix du ciment, température du béton de 5 °C au
enceinte doit résister au vent. minimum).
Tableau 5
TYPE DE TEMPS (*)
Protection
MESURE DE PROTECTION
du béton
I II III IV V
en fonction
du type
Utiliser de préférence un coffrage en bois assez isolant dont les
de temps.
éléments sont bien jointifs X X X X X
5 DIGEST n° 3 – 1995
Fig. 4 Coefficient de maturité k CALCUL DE L’ÂGE FICTIF
en fonction de la température
moyenne. tmoy k
(°C)
20 1,00
18 0,92 DEC DEC DEC
16 0,84
14 0,76 16 17 18
1995 1995 1995
12 0,68
10 0,60
8 0,54
6 0,48
4 0,42
2 0,36 0
0 0,30
-2 0,24 -2
-4 0,18
-6 0,12
-8 0,06 -4
-10 0,0
Age Coefficient Age
réel de maturité fictif
1j x 0,24 = 0,24 j
B R U X E L L E S 1j x 0,18 = 0,18 j
1j x 0,30 = 0,30 j
Siège social
Rue de la Violette 21-23 3j = 0,72 j
1000 Bruxelles
direction générale
☎ 02/502 66 90
02/502 81 80
6 CONTRÔLE
avis techniques
développement & innovation
techniques d’organisation
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L I M E L E T T E
Station expérimentale
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