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REPUBLIQUE DU RWANDA

MINISTERE DU GENRE ET DE
LA PROMOTION FAMILIALE
(MIGEPROF)

LA POLITIQUE NATIONALE
DU
GENRE

Version Finale
Janvier 2004
TABLE DES MATIERES
Pages

AVANT PROPOS 3
INTRODUCTION 4

CHAPITRE 1. ANALYSE DE LA SITUATION 6


I) Contexte social et culturel 6
II) Contexte du développement humain et économique 7
III) Contexte politique 9
IV) Justification de la Politique Nationale du Genre 11
VI) Principes directeurs 12

CHAPITRE 2. BUT, OBJECTIFS ET STRATEGIES 13


DE LA POLITIQUE NATIONALE DU GENRE

I) Le but de la Politique Nationale du Genre 13


II) Objectifs de la Politique Nationale du Genre 13
III) Les stratégies de la Politique Nationale du Genre 16

CHAPITRE 3. CADRE DE REALISATION DE LA POLITIQUE 20


NATIONALE DU GENRE

I) Acteurs de Mise en Œuvre de la Politique Nationale du Genre 20


II) Rôles des différents Acteurs dans la Mise en Œuvre de la Politique
Nationale du Genre 20
III) Défis liés à la Mise en Œuvre de la Politique 26

CHAPITRE 4. SUIVI ET EVALUATION 27

I) Indicateurs généraux 27
II) Indicateurs spécifiques 28
Annexe 29
3

AVANT PROPOS

En 1995, quand les Nations Unies organisaient la 4ème conférence des Femmes à Beijing, le
Rwanda émergeait d’une des plus traumatisantes expériences de l’histoire moderne. Plus d’un
million de Rwandais avaient été tués dans le génocide de 1994. La destruction des ressources
humaines et celle des structures sociales et économiques du pays furent les conséquences les
plus désastreuses du génocide. Les femmes rwandaises en souffrirent beaucoup et dans une
certaine mesure, plus que les hommes. Le viol était considéré comme une arme de guerre.
Beaucoup de femmes furent ainsi violées.

Malgré ce traumatisme si profond, le gouvernement rwandais s’est joint aux autres nations
pour marquer son engagement à la promotion de l’égalité et de l’équité des genres au niveau
mondial et en particulier au Rwanda. Le Gouvernement, au plus haut niveau, considère
l’équité des genres comme un facteur de réduction de la pauvreté et développement. Une telle
volonté politique s’inscrit dans l’engagement des autorités à baser le développement du pays
sur sa principale ressource, en l’occurrence la population, femmes et hommes, filles et
garçons.
Le Gouvernement d’Union Nationale a adopté le Plan d’Action de Beijing et a entrepris des
actions stratégiques visant à intervenir dans les douze domaines critiques identifiés dans la
Plate Forme de Beijing. En plus de cela, un comité de suivi de la conférence de Beijing a été
mis en place doté du mandat de suivre de près l’application du plan d’action de Beijing.

La création en 1999 du Ministère du Genre et de la Promotion de la Femme (MIGEPROFE)


assigné d’une mission précise qui est de promouvoir l’égalité et l’équité entre les genres dans
le processus de développement du Rwanda et la mise en place du Conseils National des
Femmes participe de ces actions stratégiques.

Pour réaliser sa mission, le MIGEPROF s’est assigné deux objectifs principaux, à


savoir : l’intégration de la dimension genre dans le processus de développement et le
renforcement du pouvoir des femmes dans tous les domaines.
Des avancées significatives ont été enregistrées pendant les dernières élections générales de
2003 sanctionnant la fin de la période de transition. Les femmes Rwandaises ont participé
massivement et de manière effective au processus électoral. Le résultat a été probant, les
femmes constituent maintenant 48,8% des députés de l’Assemblée contre 25% dans la
dernière législature. Elles représentent également 32% des Ministres et Secrétaires d’Etat.
Un tel bon en avant place le Rwanda parmi les premiers pays au monde où la représentation
des femmes à l’Assemblée Nationale dépasse les 30%.

Cette Politique Nationale du Genre illustre une fois de plus l’engagement du Gouvernement
Rwandais à consolider ces acquis et à combattre de manière systématique les inégalités de
genre dans tous les domaines. L’élaboration de la Politique est participative, basée sur de
larges consultations impliquant les institutions gouvernementales, la société civile, les
organisations gouvernementales, les partenaires au développement et la population en général.

Ainsi, la Politique se veut un cadre stratégique d’orientation des actions nationales visant la
promotion de l’égalité et l’équité des genres, pour le bien-être de la population rwandaise,
femmes et hommes, garçons et filles, sans distinction aucune.

Valérie NYIRAHABINEZA
Ministre du Genre et de la Promotion Familiale
4

INTRODUCTION

La Politique Nationale du Genre s’inscrit dans le cadre de l’agenda de développement durable


adopté par le Gouvernement et qui s’articule autour des politiques et stratégies suivantes :

- La Vision 2020
- La Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté
- La Politique de Décentralisation

La Vision 2020 : c’est un cadre de développement à long terme qui décline les aspirations des
populations Rwandaises d’ici l’horizon 2020. Les éléments clés de la Vision 2020 sont :
- la bonne gouvernance
- la démocratisation
- la réconciliation nationale
- la stabilité politique et la sécurité nationale
- la participation des populations à la prise de décisions et au processus de
développement,
- un système économique totalement inclusif qui implique la participation effective de
toutes les couches sociales et économiques de la population.
Les autres dimensions de la Vision sont la stabilité macro-économique et les réformes
économiques, la création d’un environnement favorable au développement du secteur privé et
la réduction du rôle du secteur public dans l’activité économique tout en améliorant
l’efficacité du Gouvernement.

En plus, la Vision 2020 comprend l’élimination de la misère et de la pauvreté humaine. Le


centre d’intérêt principal étant le développement des ressources humaines, l’amélioration de
l’accès à un enseignement de qualité à tous les niveaux, le renforcement des capacités,
l’encouragement de l’éducation non formelle, l’amélioration des conditions sanitaires ainsi
que la prévention et la lutte contre la pandémie du VIH/ SIDA.

La Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (PRSP)


Le PRSP est un des mécanismes de réalisation de la Vision 2020. L’objectif qui le sous-tend
est de réduire de 30% d’ici 2015 la proportion de la population vivant sous le seuil de
pauvreté.
Les domaines d’action prioritaires du PRSP sont :

- La transformation de l’agriculture
- La bonne Gouvernance
- Le développement des ressources humaines
- Le développement des infrastructures économiques
- Le développement institutionnel
- Le développement du secteur privé

Le PRSP a été adopté en 2002 et est le principal cadre devant guider les interventions des
différents acteurs.

La Politique de Décentralisation
L’objectif de la décentralisation est de promouvoir la bonne gouvernance et la démocratie par
le biais de la participation effective des populations à la prise de décision. La politique de
5

décentralisation consacre le transfert du pouvoir de l’administration centrale à


l’administration locale et par ricochet, le changement du rôle des Ministères qui doivent
désormais formuler des politiques, l’exécution de ces dernières incombe à l’administration
locale.

Le Gouvernement du Rwanda, s’est engagé au plus haut niveau à promouvoir l’équité des
genres à travers son processus de développement durable.

Un tel engagement est illustré par les actions stratégiques suivantes qui ont été entreprises:

- La création du Ministère du Genre et de la Promotion de la Famille (MIGEPROF) dont la


mission est de promouvoir l’égalité et l’équité des genres à travers le processus de
développement du pays.
- L’adoption du plan d’action de Beijing et la création du secrétariat permanent de Beijing
dont le mandat est d’assurer le suivi du plan d’action de Beijing.
- La promulgation en 1999 de la loi sur les successions, les libéralités et les régimes
matrimoniaux.
- L’intégration du genre dans la Vision 2020 et le PRSP.
- Le Gouvernement a officiellement lancé l’initiative d’intégrer la dimension genre dans les
budgets des Ministères et des Provinces dont l’objectif principal est de s’assurer que leurs
budgets tiennent compte des différences de genre. L’initiative est co-ordonnée par le
Ministère du Genre et de la Promotion de la Famille en étroite collaboration avec le
Ministère de l’Economie et des Finances. L’approche pilote a été adoptée afin d’intégrer
graduellement la dimension genre dans le budget de tous les Ministères et Provinces.
- Des actions stratégiques ont été effectuées en vue d’intégrer la dimension genre dans la
nouvelle constitution du pays. Avec l’appui du MIGEPROFE, le Forum des Femmes
Rwandaises Parlementaires et PRO-FEMMES le collectif des organisations non
gouvernementales oeuvrant pour la promotion des femmes ont soumis un mémorandum à
la Commission Constitutionnelle.
Ces actions ont eu les résultats escomptés, la nouvelle Constitution du Rwanda approuvée
en Juin 2003 est sensible au genre et contient des dispositions propices à la promotion de
l’équité des genres dans tous les domaines : culturel , socio-économique et politique.
6

CHAPITRE I : ANALYSE DE LA SITUATION

Ce chapitre analyse, du point de vue de la perspective du genre, le développement global,


c’est-à-dire le développement aussi bien social, culturel, économique que politique du
Rwanda.

I) CONTEXTE SOCIAL ET CULTUREL

La société rwandaise a été longtemps caractérisée par une structure sociale patriarcale qui a
été à la base des relations sociales et de pouvoir inégales entre les hommes et les femmes, les
garçons et les filles. Cette inégalité se traduisait par une supériorité du genre masculin et une
subordination du genre féminin dans tous les domaines de la vie.

Au point de vue historique, beaucoup de cas montrent que même si les hommes ont
généralement joué un rôle dominant dans la société rwandaise, certaines tendances positives
existaient dans la culture rwandaise et renforçaient le rôle social important des femmes,
assurant ainsi leur autonomie. Les femmes jouaient un rôle essentiel dans la gestion des
ressources du ménage et participaient à la prise de décisions à différents niveaux.
Dans la société Rwandaise traditionnelle, les rôles des femmes avaient une importance
proportionnelle et étaient considérées comme complémentaires et indispensables de par leur
nature.

Les inégalités de genre qui prévalent dans la société rwandaise d’aujourd’hui ont été
perpétuées par beaucoup de facteurs. La valeur et les droits inégaux accordés aux enfants de
sexes différents en est un(1). Toutefois, la discrimination liée au genre et les inégalités qui en
découlent ont été également exacerbées par des changements dans les structures économiques
et sociales introduites par l’avènement de la loi coloniale.
Le brusque changement d’une économie de subsistance à une économie monétaire fondée sur
l’emploi rémunéré et un système d’éducation formelle a affaibli la position des femmes par
rapport à celle des hommes en général. En particulier, il a affaibli leur pouvoir de négociation
en ce qui concerne l’accès aux ressources et le contrôle de celles-ci, ainsi que leur niveau de
participation dans le processus de développement.

Le génocide de 1994 a créé des distorsions sans précédant dans les relations sociales et a
aggravé davantage les déséquilibres et inégalités déjà existants.
Un des effets les plus marquants du génocide et de la guerre est sans doute le changement
dans les rôles des genres. Cela est illustré par le fait qu’aujourd’hui 35,18% des ménages au
Rwanda sont dirigés par des femmes(2). La période qui a suivi le génocide a été également
caractérisée par l’exercice par les femmes de rôles non traditionnels à savoir, la gestion des
ressources financières, la construction des maisons et des routes etc.…

(1)
Etudes sur « Les Attitudes Culturelles, les Pratiques et les Croyances en matière du genre au
Rwanda ».MIGEPROFE, 2000.
(2)
Enquête sur le bien être fondamental pour l’année 2000.
7

II) CONTEXTE DU DEVELOPPEMENT HUMAIN ET ECONOMIQUE

Le développement humain et le développement économique étant étroitement liés, cette


section analyse successivement l’état de l’éducation, de la santé, et de la pauvreté au Rwanda.

3.1. L’EDUCATION

Les rôles de genre socialement établis sont économiquement et politiquement structurés de


telle sorte que comparées aux hommes, les femmes sont défavorisées dans tous les domaines.
En effet, les femmes rwandaises ont un accès limité à l’éducation par rapport aux hommes.
L’enquête effectuée en 2001 sur les conditions de vie des ménages et le questionnaire sur les
indicateurs du bien-être estiment le taux d’alphabétisation à 47,8% pour les femmes contre
58,1% pour les hommes.
5,8% de femmes seulement suivent une formation d’apprentissage contre 9,1% d'hommes
alors que 2,6% de femmes bénéficient d’une courte formation (formation professionnelle)
contre 7,3% d'hommes.
De plus, 25% de femmes contre 17% d'hommes n’ont jamais été à l’école ni à un centre
d’alphabétisation.
Toutefois, une nette évolution a été entre temps enregistrée car le troisième Recensement
Général de la Population et de l’Habitat d’Août 2002 donne plutôt des chiffres prometteurs.
Ainsi, selon cette source, le pourcentage d’alphabétisation des personnes sachant lire et écrire
est de 50,65% pour les femmes contre 57,57% pour les hommes. La fréquentation scolaire de
la population de 6 à 29 ans est de 77,47% pour le genre féminin contre 78,51 pour le genre
masculin. Quant au niveau d’instruction, 55,97% de femmes contre 61,17% d’hommes ont un
niveau primaire, 1,32% contre 1,48% ont un niveau post-primaire, 5,03% contre 6,64 ont un
niveau secondaire, 0,28% contre 0,78 ont un niveau supérieur.
A cause des stéréotypes liés au genre, la proportion des filles inscrites en science et
technologie est très faible par rapport à celle des garçons.

L’information obtenue par le Forum des Femmes Educatrices Africaines (FAWE) section
rwandaise, a révélé que du fait des rôles et des stéréotypes inhérents au genre, et du fait du
harcèlement sexuel dont souffre le genre féminin, la performance scolaire des filles est de loin
inférieure à celle des garçons (3).

3.2. LA SANTE

L’enquête sur la «Démographie et la Santé» (DHS) effectuée en 2000 montre que la situation
sanitaire est critique au Rwanda mais qu'elle est beaucoup plus précaire pour les femmes que
pour les hommes. Le taux de fécondité est élevé et atteint en moyenne 5,8 par femme. Il
s’accompagne d’un taux extrêmement élevé de mortalité maternelle (environ 1071 pour
100,000 naissances) et d’un taux de mortalité infantile de 110 pour 1000. Si chaque femme a
environ 6 enfants ( taux de natalité actuel), un taux de mortalité maternelle de 1071 signifie
qu’environ 7,5% des femmes en âge de procréer meurent de complications dues à la
grossesse. Ce taux extrêmement élevé de mortalité maternelle est en partie le résultat de

(3)
Rapport sur le festival national des étudiants « Ntega amatwi – Ecoute-moi » FAWE
section rwandaise,
Juillet 2001.
8

l’accès limité aux soins de santé. En effet, 31% seulement de naissances ont lieu dans les
services sanitaires modernes.

La prédominance du VIH/SIDA a augmenté de façon dramatique au milieu des années 90 à


cause de la guerre et du génocide et les femmes en sont les plus affectées par rapport aux
hommes. L’enquête effectuée en 2000 sur la démographie et la santé a révélé que la
prédominance du VIH/SIDA était de 11,2% au niveau national et 10,8% dans les milieux
ruraux par rapport à 1,3% dans les zones rurales en 1986.
La prédominance du VIH/SIDA parmi les femmes était estimée à 11,3% contre 10,8% pour
les hommes. Une des raisons de cette situation est sans doute le fait que beaucoup de femmes
qui ont survécu au génocide de 1994 avaient été violées et infectées par le VIH/SIDA et/ou
par d’autres maladies sexuellement transmissibles.

3.3 LA PAUVRETE

Un autre grand défi pour le gouvernement rwandais est la pauvreté. La pauvreté au Rwanda
est étroitement liée à de multiples facteurs dont les principaux sont : l’insuffisance des terres
et la mauvaise exploitation de celles-ci, la croissance rapide de la population, la dégradation
de l’environnement, le niveau faible et limité des moyens de développement. Ces différents
problèmes et contraintes ont contribué à la dégradation continue, faisant ainsi de la pauvreté
un phénomène endémique. (4)

La stratégie du programme national de réduction de la pauvreté (SPNRP) élaborée en 2001 a


mis en évidence que 60% de la population Rwandaise vit en dessous du seuil de pauvreté. Les
recherches entreprises dans ce domaine ont montré que les femmes étaient les plus touchées.
L’enquête effectuée sur les conditions de vie des ménages de 2001 et le questionnaire sur les
indicateurs du bien-être ont montré que 62,15% des ménages dirigés par les femmes vivent en
dessous du seuil de pauvreté comparés à 54,32% des ménages dirigés par les hommes.

L’expérience en matière de pauvreté telle que vécue par les femmes au Rwanda est en
quelque sorte différente et est beaucoup plus critique que celle des hommes à cause d’un
certain nombre de formes d’exclusion basées sur le genre. Par exemple, bien que les femmes
au Rwanda jouent un important rôle dans le secteur de l'agriculture (environ 90% des
agriculteurs sont des femmes), les inégalités en ce qui concerne les relations traditionnelles de
pouvoir entre les hommes et les femmes sont telles qu’il est plus difficile pour les femmes de
posséder des terres et d’avoir accès et/ou contrôle sur certains intrants tels que les engrais, les
semences, les pesticides, les crédits ainsi que les services de vulgarisation agricole.

Toutes ces inégalités ajoutées à la situation précaire des femmes quant à leur état de santé
reproductive et au taux élevé d’analphabétisme expliquent leur accès limité aux services et
opportunités économiques. Les femmes sont principalement concentrées dans l’agriculture et
dans le secteur informel comme le montrent les données suivantes de l’enquête sur les
conditions de vie des ménages :

(4)
RWANDA : Facilité d’ajustement structurel amélioré. Document de politique cadre,
1998/2000-2000/2002 préparé par les autorités rwandaises en collaboration avec les agents de
la FMI et de la Banque Mondiale (page9,&30)
9

34,6% de femmes travaillent dans le secteur public par rapport à 65,4% d’hommes ; 31,9%
de femmes travaillent dans le secteur parapublic comparées à 68,1% d’hommes et 29,2% de
femmes travaillent dans le secteur formel privé par rapport à 70,8% d’hommes.

La dégradation de l’environnement est aussi un autre facteur de la pauvreté car elle est à la
fois une des causes et un des effets de la pauvreté. Le document de la stratégie du programme
national de réduction de la pauvreté (SPNRP) souligne que 98% des ménages rwandais
utilisent le bois ou le charbon comme source d’énergie. Cela montre d’une part, le lourd
fardeau supporté par les femmes et les filles étant donné que ce sont elles qui exercent cette
activité, d’autre part, cela a des effets pervers sur l'environnement.

3.4. LES DROITS HUMAINS ET LA VIOLENCE BASEE SUR LE GENRE

Par le passé, la législation rwandaise comportait certaines dispositions discriminatoires à


l’égard des femmes. En guise d’exemple, la loi sur la nationalité reconnaissait aux hommes le
droit de transmettre automatiquement sa nationalité rwandaise par le simple lien de mariage,
alors que les femmes n'avaient pas un tel droit. Toutefois, les lois discriminatoires envers les
femmes ont été identifiées et ont été presque toutes abrogées dans le cadre de la nouvelle
Constitution du Rwanda qui est du reste sensible à l’égalité et l’équité des genres. Le
Gouvernement s’est également engagé dans un processus de réforme du système juridico-
légal propice à la consolidation de la promotion de l’équité des genres.
La violence basée sur le genre demeure un problème épineux au Rwanda. Il y a une
recrudescence de cas de viol et d’agression de filles et de femmes, les victimes de ces actes
étant de plus en plus très jeunes. La plupart des actes de violence exercés contre les femmes
ont lieu à domicile ce qui rend parfois difficile l’intervention du personnel chargé de faire
respecter la loi.
Bien qu'aucune recherche n'ait été menée sur le harcèlement sexuel au travail, il n'en demeure
pas moins que cet acte peut être un moyen important d'oppression et de discrimination à
l'encontre des femmes.

Un autre facteur d’inquiétude est la conséquence de la violence infligée aux femmes pendant
le génocide. L’enquête menée par l’association des veuves du génocide(5) (AVEGA) met en
évidence les différentes formes de violence perpétrées contre les femmes pendant le génocide.
Aujourd’hui les femmes rwandaises subissent les conséquences physiques, physiologiques et
sociales de cette violence. Le système des services sociaux s’est montré inadéquat et peu
équipé pour s’occuper efficacement de tels problèmes rencontrés par les femmes victimes de
cette violence.

III) CONTEXTE POLITIQUE

Historiquement, la participation des femmes dans la politique et dans la prise de décisions a


toujours été insignifiante au Rwanda, particulièrement dans les échelons supérieurs du
pouvoir. Cette situation a été exacerbée par un système administratif très centralisé.
Le résultat en était la non participation des populations à la prise de décisions en général, et en
particulier la marginalisation des femmes de la prise de décisions qui influencent leur destin.

(5)
Etude sur « Les Violences perpétrées contre les femmes pendant le génocide de 1994»,
AVEGA 1996.
10

La bonne gouvernance est le pivot du programme de développement adopté par le


gouvernement rwandais. Pour ce faire, différents mécanismes ont été mis en place en vue
d’assurer la participation de la population, la transparence et le devoir de rendre compte aux
citoyens.

Au début de 1998, le gouvernement rwandais a tenu des discussions avec les partis politiques
et les membres de la société civile sur l’avenir du Rwanda. De ces discussions en est résulté
un consensus sur la manière de résoudre différents problèmes à tous les niveaux y compris
ceux de la justice et des réformes économiques. Un des résultats positifs de ces discussions a
été la libération de 10.000 suspects du génocide qui étaient en détention. Un récent décret
présidentiel (janvier 2003) a permis la libération temporaire de 40.000 détenus composés
d’enfants, de personnes âgées et/ou malades.

Un autre événement marquant a été la création de la Commission Nationale des Droits de


l’Homme pour promouvoir le respect des droits humains. De plus, une force nationale de la
police civile a remplacé la gendarmerie (force paramilitaire) pour faire respecter la loi. Ces
résultats ajoutés à l’établissement d’une Commission pour la Réconciliation Nationale
constituent des pas significatifs vers la bonne gouvernance. Suite à la création en 1999, de la
commission juridique et constitutionnelle, le Gouvernement dispose maintenant d’une base
solide pour la reconstruction d’un Rwanda démocratique.

Un facteur clé de développement a été la création par le Gouvernement, de l’office de


l’auditeur général dont le mandat est de promouvoir le devoir de rendre compte, la
transparence dans un certain nombre de domaines y compris celui des procédures
d'adjudication des biens et services.
Un autre élément important qui ne peut être passé sous silence est sans doute le fait que
l’élaboration du budget est maintenant publique et transparente, et est basée sur des
discussions franches impliquant le secteur privé, les milieux académiques et les bailleurs de
fonds.

Par ailleurs, le Gouvernement rwandais s’est engagé à lutter contre la marginalisation


historique des femmes dans la prise de décisions.
Pour ce faire, le Gouvernement a facilité la mise en place des Conseils des Femmes. Leur
objectif principal est d’identifier les problèmes pertinents et de faire le plaidoyer en faveur des
femmes sont ouverts à celles-ci, de toutes les couches sociales y compris celles des instances
de base.

L’intégration du genre dans le processus d’élaboration de la nouvelle Constitution adoptée en


juin 2003 constitue une des actions stratégiques qui ont été entreprises aux fins de promouvoir
la participation des femmes dans les sphères de prise de décision le Parlement, le
Gouvernement et la Cour Suprême.

A ce titre, les dispositions de la nouvelle Constitution consacrent l’égalité des genres mais
attribuent aussi à priori des postes de décision aux femmes pour lutter contre la discrimination
dont elles ont fait l’objet par le passé.

Ainsi, aux termes de l’article 8, tous les citoyens rwandais des deux sexes qui remplissent les
conditions légales, ont le droit de voter et d’être élus.
L’article 9 va plus loin en précisant que le quatrième principe fondamental auquel l’Etat
Rwandais s’engage à se conformer et à respecter est : « l’édification d’un état de droit et d’un
11

régime démocratique pluraliste, l’égalité de tous les rwandais et l’égalité entre les femmes et
les hommes reflétée par l’attribution d’au moins 30% des postes aux femmes dans les
instances de prise de décision ».

Les articles 76 et 82 vont dans le même sens puisque l’article 76, 2° attribue 24 sièges de la
chambre des députés aux femmes sur un total de 80 sièges, tandis que l’article 82 précise que
sur 26 membres du Sénat, 30% au moins doivent être des femmes.

L’article 185 prévoit la création d’un OBSERVATOIRE DU « GENRE », organe national


indépendant chargé entre autres de faire le monitoring afin d’évaluer d’une manière
permanente le respect des indicateurs de « Genre » dans la vision de développement durable
et servir de cadre d’orientation et de référence en matière d’égalité des chances et d’équité.

L’article 187 qui met sur pied un Conseil National des Femmes s’inscrit aussi dans le cadre de
ceux précités, qui est de tenir en considération la dimension « Genre » dans tous les secteurs
de la vie du pays.

Les chiffres sont aussi parlants :


- 32% de femmes Ministres et Secrétaires d’Etat
- 48,8% de femmes à l’Assemblée, ce qui hisse le Rwanda au premier rang des pays du
monde en termes de représentation des femmes au Parlement de leurs pays.
- 33 % de juges à la Cour Suprême sont des femmes y compris la Présidente.
- 3 des 4 Commissions Nationales sont dirigées par des femmes.

Toutefois, des inégalités demeurent dans d’autres sphères de décision :


- Il n’ y a que 2 femmes Secrétaires Générales contre 13 hommes, soit seulement 13%.
- 3 femmes Maires de districts sur un total de 106, soit 2,8%.
- Seulement une femme Préfet de Province sur un total de 12, soit 8%
- Au niveau local, 76% des membres des Comités Exécutifs des Provinces sont des
hommes.
- Les hommes représentent 75% du personnel diplomatique du Rwanda à l’étranger

Tout compte fait, comparée à ce qu’elle était par le passé, la participation de la femme
rwandaise dans les sphères de prise de décision s’est améliorée grâce aux efforts déployés par
l’Etat pour lutter contre toute forme de discrimination basée sur le genre.
Cependant, il reste beaucoup à faire car la proportion des femmes dans certaines instances de
prises de décision reste très inférieure à celle des hommes, surtout dans les instances de base.
Par ailleurs, les filles et femmes du milieu rural devraient être particulièrement ciblées étant
donné que c’est dans ce milieu que subsistent encore des considérations traditionnelles
constituant un handicap à la participation active du genre féminin dans les divers domaines de
la vie.

V) JUSTIFICATION DE LA POLITIQUE NATIONALE DU GENRE

L’analyse ci-dessus met en exergue l’évolution positive de la participation des femmes dans
les sphères de décision et ce, à de hauts niveaux. Cependant, des déséquilibres continuent à
exister et constituent un frein aux efforts de réduction de la pauvreté et partant, à la réalisation
de la vision de développement à long terme du Gouvernement.
12

C’est donc sur cette toile de fond que le gouvernement a entrepris l’élaboration de la politique
nationale du genre en vue de guider la promotion effective de l’égalité et de l’équité des
genres à tous les niveaux, à travers le processus de développement du Rwanda.

VI) PRINCIPES DIRECTEURS

6.1 La Politique Nationale du Genre soutient l’engagement du gouvernement à promouvoir


une société libre de toutes formes de discrimination et d’injustice. Cela est illustré entre
autres, par la création de la Commission Nationale des Droits de l’Homme, celle de l’Unité et
la Réconciliation ainsi que les juridictions Gacaca .

6.2.La Politique est fondée sur l’engagement du gouvernement rwandais à promouvoir une
participation totale et effective de tous les citoyens, hommes et femmes, filles et garçons, au
processus de développement du pays. Cela est mis en évidence par le processus de
décentralisation dans lequel le Gouvernement rwandais s’est engagé.

6.3.La Politique Nationale du Genre se fonde sur le principe selon lequel les femmes et les
hommes sont des citoyens égaux qui doivent contribuer pleinement au processus de
développement et en tirer les mêmes avantages.

6.4.La Politique est basée sur le principe selon lequel le genre est une question transversale
qui doit être prise en compte dans tous les secteurs de développement.

6.5. Le Gouvernement rwandais reconnaît que les différences existant entre les hommes et les
femmes, les garçons et les filles doivent être effectivement analysées et prises en compte dans
le processus de développement afin de rendre plus efficaces et plus efficientes ses
interventions en matière de développement du pays.

6.6 La Politique Nationale du Genre est conforme à l’approche de développement durable


adoptée par le gouvernement rwandais et qui s’articule entre autres, autour de la Vision 2020,
de la stratégie nationale de réduction de la pauvreté (SNRP) et de la politique de
décentralisation.
13

CHAPITRE 2 : LE BUT, LES OBJECTIFS ET LES STRATEGIES DE LA


POLITIQUE NATIONALE DU GENRE

I) LE BUT DE LA POLITIQUE NATIONALE DU GENRE

Le but général de la Politique Nationale du Genre consiste à définir clairement le processus


d’intégration des questions liées au genre dans tous les secteurs de développement en vue de
la promotion de l’égalité et de l’équité des genres au Rwanda.
Une attention particulière sera portée sur les inégalités de genres dans les zones rurales. Ainsi,
des problèmes spécifiques auxquelles les femmes rurales sont confrontées seront pris en
compte de manière effective.

La Politique définit le cadre institutionnel et les mécanismes dans lesquels les politiques
d’égalité et d’équité ainsi que les programmes y relatifs seront élaborés, mis en exécution,
suivis et évalués.

La Politique Nationale du Genre est le résultat de larges consultations avec les parties
prenantes dont les services du gouvernement, le secteur privé, la société civile et la
population.

Une telle approche participative a rendu possible l’identification des priorités, des objectifs,
des modalités de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation.

La Politique spécifie ci-après les différents domaines d’intérêt qui sont issus des
consultations :

- Réduction de la pauvreté
- Agriculture et Sécurité alimentaire
- Santé
- VIH/SIDA
- Education et Formation professionnelle
- Gouvernance et prise de décisions
- Droits Humains et Violence sur le Genre
- Paix et Réconciliation
- Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication
- Protection de l’Environnement

Ces domaines s’inscrivent dans la logique de la politique nationale de réduction de la


pauvreté.

II) OBJECTIFS DE LA POLITIQUE NATIONALE DU GENRE

L’objectif général de cette politique est de fournir au gouvernement rwandais et ses


partenaires un cadre d’orientation de l’intégration du genre dans le processus de
développement national en vue de promouvoir l’égalité et l’équité des genres au Rwanda.

Les objectifs spécifiques de la politique nationale du genre sont :


14

REDUCTION DE LA PAUVRETE

2.1. Tenir compte des contraintes, options, motivations, besoins des femmes, hommes, filles
et garçons, dans le processus d’élaboration de la politique nationale de réduction de la
pauvreté, c’est à dire dans l’évaluation participative de la pauvreté, l’analyse et le diagnostic
de la pauvreté, l’élaboration des politiques de réduction de la pauvreté, ainsi que le suivi et
l’évaluation de ces politiques.

2.2. S’assurer que les femmes, surtout celles des zones rurales et les hommes, les garçons et
les filles ont un accès et un contrôle égal sur les opportunités économiques telles que l’emploi
et le crédit.

AGRICULTURE ET SECURITE ALIMENTAIRE

2.3. Intégrer les questions relatives au genre dans la loi foncière, les politiques et programmes
agricoles.

2.4. S’assurer que les femmes et les hommes ont les mêmes chances d’accès et de contrôle
sur la propriété foncière, les semences, les engrais, les marchés et les nouvelles techniques
agricoles.

2.5. Améliorer les méthodes de production agricole des femmes et des hommes en vue de
promouvoir la sécurité alimentaire.

SANTE

2.6. S’assurer que les besoins spécifiques en matière de santé pour les femmes et les hommes,
les garçons et les filles sont effectivement satisfaits à travers l’amélioration des services
sanitaires accessibles à tous.

VIH/SIDA

2.7. Lutter contre la propagation du VIH/SIDA en tenant compte des différences entre les
genres.

EDUCATION ET FORMATION PROFESSIONNELLE

2.8. S’assurer que les garçons et les filles ont les mêmes chances d’accéder à l’éducation
d’une manière qui garantit leurs performances et des résultats satisfaisants dans tous les
domaines d’éducation.

2.9. Encourager l’inscription des filles dans les domaines des sciences et technologies.

2.10. Améliorer le taux d’alphabétisation des femmes et des hommes, en mettant un accent
particulier sur les femmes.
15

GOUVERNANCE ET PRISE DE DECISION

2.11. S’assurer de la représentation équitable et la participation effective des femmes,


hommes, filles et garçons dans la prise de décisions à tous les niveaux afin de consolider les
acquis enregistrés.

2.12. Promouvoir des mesures d’actions affirmatives en faveur d’une représentation accrue
des femmes dans les instances de base de prise de décision en vue de consolider les bonnes
avancées enregistrées et de corriger les inégalités persistantes de genre dans certains
domaines.

DROITS DE HUMAINS ET VIOLENCE BASEE SUR LE GENRE

2.13.S’assurer que les femmes et les hommes, les garçons et les filles sont tous égaux devant
la loi et lutter contre la violence basée sur le genre.

PAIX ET RECONCILIATION

2.14 S’assurer que les femmes et les hommes, les filles et les garçons participent
effectivement et de manière égale dans les initiatives de maintien de la paix, de l’unité et de la
réconciliation.

NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA


COMMUNICATION (NTIC)

2.15. Etant donné le rôle joué par les médias dans la société rwandaise et l’importance des
NTIC dans le processus de mondialisation, le gouvernement Rwandais devra encourager et
assurer le développement d’une presse plus sensible à la question du genre, et l'élaboration
d'une stratégie des NTIC qui intègre les besoins et les priorités du genre féminin en vue de
son épanouissement.

2.16. S’assurer que l’intégration des questions relatives au genre est systématiquement et
effectivement entreprise.

PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

2.17 S’assurer que la dimension genre est systématiquement et effectivement prise en compte
dans les politiques, programmes, activités de protection de l’environnement et de gestion des
ressources naturelles.
16

III) LES STRATEGIES DE LA POLITIQUE NATIONALE DU GENRE

A la lumière des objectifs identifiés, les stratégies de la Politique Nationale du Genre


s’articulent autour des interventions suivantes :

REDUCTION DE LA PAUVRETE

3.1. Mettre en place des mesures visant à s’assurer que les contraintes, options, motivations et
besoins des femmes, des hommes, des garçons et des filles sont effectivement pris en
considération dans toutes les interventions en matière de réduction de la pauvreté. Cibler de
manière spécifique la pauvreté des femmes rurales.

3.2.Entreprendre des actions affirmatives en vue d’améliorer l’accès des femmes à l’emploi et
aux micro-crédits axés sur la réduction de la pauvreté, ainsi qu’au contrôle sur ces derniers.

3.3.Soutenir la modernisation du secteur informel dans lequel se trouve concentrée la majorité


de la population, surtout féminine.

AGRICULTURE ET SECURITE ALIMENTAIRE

3.4. Introduire les mesures visant l’intégration du genre, dans la loi foncière, la politique
agricole et les programmes connexes.

3.5. Entreprendre dans les secteurs de la production et de l’industrie agro-alimentaire, des


mesures visant à soutenir des initiatives de développement d’une main d’œuvre, et d’une
technologie axée sur l’économie du temps qui tiennent compte des questions de genre.

3.6. Porter une attention particulière au secteur de la production vivrière et de subsistance et


promouvoir l’accès égale des hommes et des femmes aux services de vulgarisation agricole.

3.7. Introduire des mesures visant l’intégration des questions relatives au genre dans les
institutions de formation et de recherche agricole.

3.8.Promouvoir une industrie de transformation agricole sensible à la problématique du genre.

3.9 Entreprendre des actions affirmatives visant à promouvoir les droits de propriété fonciers
des femmes et leur accès aux intrants agricoles.

EDUCATION ET FORMATION PROFESSIONNELLE

3.10. Introduire des mesures visant à s’assurer que les questions de genre sont intégrées dans
le système éducatif, la politique sectorielle du ministère de l’éducation ainsi que dans les
programmes d’enseignement et le curriculum.

3.11. Introduire des mesures visant l’amélioration des chances d’accès à l’éducation pour tous
les garçons et les filles, à tous les niveaux de l’enseignement et dans toutes les institutions de
l’enseignement supérieur et technique.
17

3.12. Introduire des mesures spéciales visant à accroître le taux d’inscription des filles dans
les domaines non traditionnels d’enseignement, plus particulièrement en science et
technologie afin d’améliorer leur performance.

3.13. Introduire des mesures permettant de favoriser l’enseignement professionnel et


fonctionnel des femmes et des hommes en tenant compte des rôles et des responsabilités des
uns et des autres.

SANTE

3.14. Introduire des mesures visant l’élaboration des politiques et des programmes de santé
sensibles aux différences de genre. Un accent particulier sera porté sur la réduction drastique
de la mortalité maternelle.

3.15. Améliorer la situation des soins de santé primaire en général et des services relatifs à la
santé maternelle et infantile ainsi que ceux de la planification familiale en particulier, de
manière à assurer la participation active des hommes et des femmes dans la planification et la
provision des soins de santé.

3.16. Entreprendre des mesures affirmatives visant à augmenter la proportion des femmes
médecins ainsi que leur participation à la gestion de services sanitaires au niveau central et
local.

3.17 Des mesures devront être introduites afin d’examiner et de revoir la législation en vue
d’intégrer des dispositions relatives à l’amélioration de la santé des femmes, par exemple des
indemnités de congé maternel plus avantageuses.

HIV / SIDA

3.18 Collaborer avec les différentes institutions dans la lutte contre le Sida aux fins de prendre
en compte le genre et le caractère multidimensionnel de la pandémie.

3.19. Apporter un appui à la recherche et à la collecte systématique de données désagrégées


selon le genre sur la prévalence du VIH/SIDA.

3.20 Lancer des programmes de prévention qui tiennent compte des besoins spécifiques des
hommes et des femmes, des filles et des garçons, en vue de lutter contre la progression de la
pandémie et d’autres problèmes de santé liés à la sexualité et à la reproduction.

GOUVERNANCE ET PRISE DE DECISION

3.21. Introduire des mesures qui favorisent la participation effective et totale de tous les
citoyens, hommes et femmes, garçons et filles, à tous les niveaux de prise de décisions.

3.22. Entreprendre des actions affirmatives visant à promouvoir la participation des femmes
dans tous les secteurs d’administration et de prise de décisions, tant au niveau central qu’au
niveau local ; ainsi que leur participation dans la politique et les structures de décentralisation,
c’est à dire au sein des comités de développement communautaire.
18

3.23. Mettre en place des mesures visant le renforcement des capacités des femmes en vue de
leur participation effective à la prise de décision.

3.24. Développer un cadre de suivi/évaluation assorti d'indicateurs spécifiques désagrégés


selon le genre permettant l’évaluation de la participation des femmes dans le processus
d'élaboration des politiques dans tous les secteurs et à tous les niveaux.

DROITS HUMAINS ET VIOLENCE BASEE SUR LE GENRE

3.25. Poursuivre les actions visant l’abrogation de toutes les lois discriminatoires à l’égard des
femmes.

3.26. Encourager la recherche et la collecte systématique de données désagrégées selon le


genre, sur toutes les formes de violence basées sur le genre.

3.27. Entreprendre des mesures visant à développer et à mettre en oeuvre des programmes de
sensibilisation des juristes, des agents de l’administration et ceux du maintien de la loi, sur les
actes de violence contre les femmes.

3.28. Prendre des mesures qui soutiennent les campagnes publiques communautaires visant la
sensibilisation des populations sur la violence basée sur le genre, et du respect des droits de la
femme et de la petite fille.

3.29. Mettre en place des structures sensibles au genre et des services efficaces de soutien aux
femmes et aux filles victimes de violence.

3.30. Prendre des mesures visant à s’assurer que le Gouvernement Rwandais ratifie et met en
application toutes les conventions internationales en matière de protection des droits humains
de la femme.

3.31. Entreprendre des mesures visant à développer des capacités des parties prenantes
impliquées dans l’exécution de la politique nationale du genre.

3.32. Développer un système cohérent visant à assurer le suivi et l’évaluation du progrès et


des changements liés à la mise en exécution de la Politique Nationale du Genre.

PAIX ET RECONCILIATION

3.33 Entreprendre des mesures spécifiques visant à promouvoir la participation effective et


égale des femmes et des hommes, des filles et des garçons dans les tribunaux Gacaca, les
initiatives de prévention et de résolution des conflits, l’élaboration et la mise en œuvre des
politiques, programmes et activités de la Commission pour l’Unité et la Réconciliation.

NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA


COMMUNICATION (NTIC)

3.34. Le Gouvernement appuiera les initiatives prises par les différentes organisations pour la
mise en place des réseaux d’information des femmes.
19

3.35. Le centre des programmes de Nouvelles Technologies de l'Information et de la


Communication mis en place sera restructuré afin de le rendre plus sensible aux questions
relatives au genre en vue de promouvoir des opportunités d’accès aux NTIC égales pour les
hommes et les femmes.

3.36 Des mesures spécifiques seront prises afin d’établir des télé-centres pour les femmes au
niveau national, provincial et au niveau des districts.

PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

3.37 Entreprendre des actions visant à intégrer le genre dans les lois régissant la protection de
l’environnement et la gestion des ressources naturelles.

3.38 Entreprendre des mesures visant à s’assurer de la participation effective des femmes et
des hommes à la protection de l’environnement et à la gestion des ressources naturelles.

BUDGETISATION

3.39. L’allocation budgétaire est la condition sine qua non de la réussite de la mise en oeuvre
de la Politique Nationale du Genre. Cette politique ne pourra réussir que si des ressources
adéquates sont allouées aux programmes et activités y relatifs. Le processus de budgétisation
du gouvernement doit prendre en considération les objectifs et les stratégies du gouvernement
en matière de promotion du genre, inscrits dans cette Politique.

Dans cette perspective, il est crucial de poursuivre et de mettre pleinement en œuvre


l’Initiative du Gouvernement d’Intégrer le genre dans le budget des Ministères et des
provinces.
20

CHAPITRE 3: CADRE DE MISE EN ŒUVRE DE LA POLITIQUE NATIONALE DU


GENRE

I) ACTEURS DE MISE EN OEUVRE DE LA POLITIQUE NATIONALE DU GENRE

La mise en oeuvre de la politique nationale du genre sera guidée par les différents
changements institutionnels en cours au Rwanda, plus particulièrement l’impact de la
politique de décentralisation sur les rôles assignés à l’administration centrale et aux autorités
locales.

Le genre étant une dimension transversale de développement, la mise en œuvre de la Politique


Nationale du Genre ne sera efficacement entreprise qu’à travers un partenariat solide entre les
acteurs suivants :

- Le Ministère du Genre et de la Promotion de la Famille (MIGEPROFE)


- Le Ministère de l’Economie et des Finances (MINECOFIN)
- Les Autres Ministères
- La Présidence de la République
- La Primature
- Les deux Chambres de Assemblée Nationale (Le Parlement et le Sénat)
- Autres Organisations et Institutions apparentées au Gouvernement
- L’Administration locale
- Les Institutions d’Enseignement Supérieur et Instituts de Recherche
- Les Commissions Nationales
- La Société Civile (Pro-Femmes et les ONG, organisations à caractère Communautaire
dont les associations féminines, le Conseil de la jeunesse, etc)
- Le Secrétariat de suivi de la conférence de Beijing
- Le Secteur Privé
- Les Partenaires au développement

La réussite dans la mise en œuvre de cette Politique dépendra essentiellement de la manière


dont les rôles des différents acteurs sont définis.

I) RÔLES DES DIFFERENTS ACTEURS DANS LA MISE EN OEUVRE DE LA


POLITIQUE NATIONALE DU GENRE.

Le rôle de chaque acteur est défini à la lumière de la politique de décentralisation où le rôle


d’exécution passe de l’administration centrale vers les organes de l’administration locale.

2.1 LE MINISTERE DU GENRE ET DE LA PROMOTION DE LA FAMILLE


(MIGEPROF)

Le MIGEPROF devra d’emblée assurer une large diffusion de la Politique Nationale du Genre
aux niveaux central, local, régional et international. En sa qualité d’organe national chargé de
la promotion de l’équité des genres dans le processus de développement du pays, le
MIGEPROF jouera un rôle directeur dans le processus de mise en œuvre de la politique à
travers les actions suivantes :
21

2.1.1. Coordination et facilitation des initiatives d’intégration du genre dans les politiques,
programmes et budgets nationaux. Une telle action de coordination inclut la collaboration
avec les différents acteurs dans la collecte d'indicateurs désagrégés selon le genre, la
recherche et l’analyse des données, ainsi que le plaidoyer pour des interventions appropriées à
mener.

2.1.2. Renforcement les capacités des acteurs impliqués dans l’exécution de la politique à
travers la mise en place des réseaux, la formation et l’accès à l’information et la
documentation ;

2.1.3. Mobilisation des ressources.

LE MIGEPROF facilitera la mobilisation des ressources à travers :

2.1.3.1. La collaboration directe avec les partenaires au développement ;

2.1.3.2. Coordination de l’initiative d’intégrer le genre dans le Budget National en vue


d’assurer que les ressources allouées tiennent compte des questions de genre.

2.1.4. Suivi de la mise en œuvre de la Politique Nationale du Genre. En collaboration avec


d’autres acteurs, le MIGEPROFE assurera un suivi régulier des progrès accomplis dans la
mise en œuvre de la Politique.

2.2. MINISTERE DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES (MINECOFIN)

En sa qualité de Ministère chargé de la planification et de la gestion de l’économie rwandaise,


le MINECOFIN jouera un rôle très important en vue d’assurer que la planification et la
gestion de l’économie du pays tiennent compte des différences de genre.

2.2.1. En collaboration avec le MIGEPROF, il mettra en place un guide qui servira de


référence à l’intégration du genre dans les budgets des ministères sectoriels et des provinces.

2.2.2. Développement des directives d’une ligne d’action visant l’évaluation de l’intégration
des questions relatives au genre dans les procédures et le système de sélection des projets du
CEPEX.

2.2.3. La Direction de la Statistique fournira les conditions nécessaires pour la collecte


systématique des données désagrégées selon le genre et en assurera une large dissémination.

2.2.4. Le Département de la Planification Stratégique et du Suivi de la Pauvreté jouera un rôle


clé en ce qui concerne l’intégration des questions relatives au genre dans les activités d’études
et d’analyse du suivi de la mise en œuvre de la stratégie du programme national de réduction
de la pauvreté.

2.3. LES AUTRES MINISTERES


Du fait du caractère transversal du genre, tous les Ministères s’assureront que la dimension
genre est systématiquement et effectivement prise en compte dans leurs différents secteurs.
22

2.4 LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE

La Présidence de la République jouera le rôle de supervision de la mise en œuvre de la


Politique Nationale du Genre.
La direction des affaires sociales servira de point focal et jouera essentiellement le rôle de
plaidoyer.

2.5 LA PRIMATURE

Etant donné son mandat d’organe supérieur de coordination des activités gouvernementales,
la Primature devra encourager les ministères de tutelle à intégrer la dimension genre dans
leurs politiques respectives.

2.6 LES DEUX CHAMBRES DE L’ASSEMBLEE NATIONALE : LE SENAT ET LE


PARLEMENT

Le Sénat et le Parlement joueront un rôle crucial dans les débats et les décisions relatives à la
Politique Nationale du Genre, et dans la sensibilisation des populations sur leur nécessaire
appui à la mise en oeuvre de celle-ci. Compte tenu de leurs rôles fondamentaux de contrôle de
l'action du Gouvernement, le Sénat et le Parlement défendront l’approche d’équilibre des
genres et s’assureront de sa réalisation au niveau de la législation, des secteurs nationaux et
des budgets des administrations centrales et locales ainsi qu’au niveau d’autres questions qui
lui seront soumises.
Conformément à son mandat, le Forum des Femmes Rwandaises Parlementaires devra :
- Jouer un rôle actif de plaidoyer auprès des décideurs politiques.
- Défendre l’égalité des genres dans la législation et la budgétisation.

2.7. LES AUTRES ORGANISATIONS ET INSTITUTIONS AFFILIEES AU


GOUVERNEMENT

Les Ministères de tutelle et les institutions affiliés au Gouvernement entreprendront des


procédures de mise en œuvre de la Politique Nationale du Genre à travers la stratégie des
Points Focaux Genre, en collaboration avec le MIGEPROF. Chaque Ministère devra intégrer
la dimension genre dans sa politique sectorielle et partant dans ses programmes, activités et
budgets.

2.8 L’ADMINISTRATION LOCALE

Le MIGEPROF travaillera en étroite collaboration avec le Ministère de l’Administration


Locale (MINALOC) afin de faciliter et de coordonner l’intégration de la dimension genre
dans les plans d’actions, les programmes des provinces et des districts.
A la lumière de la nouvelle structure adoptée par l’administration locale, le service chargé de
la promotion de l’égalité des genres entreprendra ce qui suit :
- S’assurer que la dimension genre est effectivement prise en compte dans les plans de
développement, les plans d’action et budgets des provinces.
- Superviser et faciliter la mise en œuvre de la Politique du Genre au niveau des districts.
Les programmes de promotion du genre y compris les budgets seront exécutés au niveau des
districts.
23

2.9 LES INSTITUTIONS DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET INSTITUTS DE


RECHERCHE

2.9.1. Les institutions de l’enseignement supérieur comprennent notamment l’Institut des


Sciences et de la Technologie de Kigali (KIST), l’Université Nationale du Rwanda (UNR) et
l'Université Libre de Kigali (ULK). Eu égard à leur mandat qui est de développer les
ressources humaines, de renforcer leurs capacités en vue de la réduction de la pauvreté et de
l’amélioration du bien être de tous les Rwandais, ces institutions joueront un rôle important à
travers la mise en place de mécanismes visant l’intégration de la dimension genre dans leurs
systèmes de fonctionnement et dans leurs programmes de formation.

2.8.2. Les instituts de recherche tel que l’Institut Scientifique et Agronomique du Rwanda
(ISAR), l’Institut de Recherche Scientifique et Technologique (IRST), devront favoriser la
promotion du genre à travers la collecte d’information, la recherche, l’analyse et la diffusion
des résultats de recherche devant être utilisés par les différents acteurs en vue d’intégrer le
genre dans les politiques et programmes.
En matière de recherche, ces instituts pourront utilement exploiter les atouts de la femme dans
la société rwandaise parmi lesquels le fait que la femme est le pilier de la famille et joue un
rôle prépondérant dans l’éducation des enfants.

2.10 LES COMMISSIONS NATIONALES

2.10.1 LA COMMISSION NATIONALE DES DROITS DE L’HOMME

Elle mettra en place des structures favorables à la promotion de l’équité des genres dans le but
de veiller au respect des droits de l’homme sous un angle qui tient effectivement compte de la
promotion du genre.
En collaboration avec le MIGEPROF et d’autres acteurs, la Commission Nationale des Droits
de l’Homme élaborera des programmes visant la sensibilisation des populations sur le fait que
les droits de la femme font partie intégrante des droits humains et doivent être respectés en
théorie comme en pratique.

2.10.2 LA COMMISSION DE LA REFORME JURIDIQUE

Elle s’assurera que la réforme du système juridico-légal intégre des dispositions relatives à
l’équité des genres comme déclinées dans la nouvelle Constitution et le Plan d’Action Légal
en genre élaboré par le MIGEPROF en collaboration avec le Ministère de la Justice
(MINIJUST) et les Organisations non Gouvernementales intervenant dans la promotion des
droits humains de la femme.

2.10.3 LA COMMISSION NATIONALE DE L’UNITE ET DE LA


RECONCILIATION

Etant donné l’histoire du Rwanda, l’unité et la réconciliation sont deux facteurs fondamentaux
de prévention des conflits et de reconstruction durable du pays. Ainsi, la Commission
Nationale pour l’Unité et la Réconciliation devra prendre en considération, dans son
programme et ses stratégies, les relations réciproques existantes entre la discrimination basée
sur le genre et les autres formes de discrimination.
24

2.10.4 LA COMMISSION NATIONALE ELECTORALE

Elle travaillera conjointement avec le MIGEPROF et les autres acteurs en vue de suivre de
près la représentativité de la femme dans les différentes élections nationales. Elle fournira
régulièrement des informations et des données statistiques sur la représentativité des femmes
comparée à celle des hommes.

2.10.5 LA COMMISSION NATIONALE DE LUTTE CONTRE LE SIDA (CNLS)


En collaboration avec le MIGEPROF et les autres acteurs, la CNLS s’assurera que la
dimension genre et l’aspect multidimensionnel du Sida sont effectivement et
systématiquement pris en compte dans ses politiques, programmes, activités et budgets.

2.10.6 LA COUR SUPRÊME : LES JURIDICTIONS GACACA


Gacaca est une approche traditionnelle de résolution des conflits au Rwanda. Cette approche
est actuellement utilisée pour résoudre certains cas de justice liés au génocide de 1994.
La capacité des femmes dans la prévention et la résolution des conflits sera renforcée par la
promotion de leur participation effective au processus et aux structures des juridictions
Gacaca.

2.11 L’OBSERVATOIRE DU GENRE

De part son statut constitutionnel, l’Observatoire du Genre devra jouer un important rôle de
contrôle des actions nationales vis à vis de la promotion de l’égalité et l’équité des genres au
Rwanda. A ce titre, l’Observatoire facilitera le mandat du MIGEPROF. Les deux institutions
travailleront en étroite collaboration.

2.12 LA SOCIETE CIVILE

Elle englobe entre autres :


- Pro-Femmes Twese Hamwe : le collectif des associations non gouvernementales
rwandaises comprend des organisations de femmes et d’autres telles que les organisations
de défense des droits de l’homme, le Conseil de Concertation des organisations d’appui
aux initiatives de base (CCOAIB), les collectifs des ligues et associations de défense des
droits de l’homme (CLADHO), etc…
- Le Caucus des Femmes Dirigeantes
- ONG nationales et internationales ;
- Les conseils de la jeunesse ainsi que d’autres organisations de base.

A travers la sensibilisation de la population, la société civile devra :


- Contribuer à la promotion de l’égalité et l’équité des genres.
- Exécuter des programmes et des projets axés sur la promotion de l’égalité et l’équité des
genres.
- Entreprendre des activités de sensibilisation des populations sur la promotion du genre.
25

2.13 LE CONSEIL NATIONAL DES FEMMES

Le Conseil National des Femmes a été crée en 1996 aux fins de coordonner le fonctionnement
des structures organisationnelles des femmes à partir des instances de base jusqu’au niveau
national. Le Conseil a été confirmé dans la nouvelle Constitution et la loi l’instituant adoptée
par le Parlement. En plus de l’activité de plaidoyer, le Conseil collaborera avec le
MIGEPROF et les autorités locales dans l’exécution et le suivi/évaluation des programmes de
promotion de la femme et d’égalité/équité des genres. Le MIGEPROF continuera d’apporter
son appui au fonctionnement des structures organisationnelles des femmes.

2.14 LE COMITE NATIONAL DE COORDINATION DU SUIVI DE LA


CONFERENCE DE BEIJING

Son mandat est de coordonner le suivi de la mise en œuvre de la Plate Forme d’Action de
Beijing. Ainsi, ce comité en étroite collaboration avec le MIGEPROF, suivra de près et devra
évaluer le processus de mise en œuvre de la Politique Nationale du Genre qui est du reste
sous-tendue entre autres, par la Plate Forme d’Action de Beijing adoptée par le Rwanda.

2.15 LE SECTEUR PRIVE

Il veillera à la promotion des procédures de recrutement et un environnement de travail qui


tiennent compte des différences et des inégalités de genre. Il mettra en place un système
visant à développer l’entreprenariat féminin.

2.16 LES PARTENAIRES AU DEVELOPPEMENT

Les organisations multilatérales et bilatérales ainsi que les agences des Nations Unies
développeront des mécanismes de collaboration entre elles-mêmes et avec le Gouvernement
en matière d’intégration de la dimension genre au sein de leurs activités au Rwanda.
Vu leur engagement à la promotion de l’égalité et l’équité des genres, les partenaires au
développement fourniront un appui financier et technique en vue de la mise en oeuvre, du
suivi et de l’évaluation de la Politique Nationale du Genre.
26

III) DEFIS LIES A LA MISE EN ŒUVRE DE LA POLITIQUE NATIONALE DU


GENRE

La réussite de la mise en oeuvre des objectifs de la Politique Nationale du Genre dépendra de


la disposition du Gouvernement à surmonter les défis y afférant. Pour que cette politique
réussisse, les principaux défis qui devront être redressés comprennent entre autres :

• Le renforcement des capacités nationales en analyse, formulation de politiques, de


programmes sectoriels et des budgets sensibles au genre.
• L’élaboration et la mise en oeuvre des programmes de développement qui tiennent
compte des besoins immédiats et spécifiques des femmes et des hommes, des filles et
des garçons.
• Le taux élevé de prévalence du Sida et le fait que les femmes en sont les plus touchées.
• Le nombre extrêmement élevé de veufs et veuves, d’enfants orphelins et d’enfants
chefs de ménage.
• Le défi de transformer les relations actuelles inégalitaires entre les genres et qui sont
liées à certaines croyances et pratiques culturelles bien ancrées.
• Le développement des mécanismes institutionnels et des capacités techniques ainsi
que l’analyse adéquate des questions relatives au genre en vue d’intégrer la dimension
genre dans les lois nationales, les politiques et programmes sectoriels de
développement.
• Le défi d’institutionnaliser la collecte et l’analyse systématique des indicateurs
d’appréciation de l’égalité et l’équité des genres.
• La promotion de l’égalité et l’équité des genres du moins nécessite sinon entraîne un
changement de comportements et pratiques. Dès lors, un des défis de mettre en oeuvre
la politique du genre est celui de la résistance aux changements de certains acteurs.
• La nécessité de redistribuer les ressources en tenant compte de l’égalité des genres, du
renforcement du pouvoir des femmes et des programmes de développement, face à une
pauvreté généralisée, une production insuffisante ainsi que la nécessité d’assurer à
toute la population un accès équitable aux besoins de première nécessité.
• La capacité de formuler et d’exécuter des stratégies multiformes et multisectorielles
efficaces pour la mise en œuvre de manière durable, des programmes de promotion du
genre.

A travers la formulation de la Politique Nationale du Genre, le Gouvernement a fait montre de


son engagement à relever les défis ci-haut énumérés, signe d’une avancée dans le processus
de transformation de la phase d’urgence liée au génocide de 1994 vers celle du
développement durable.
La Politique Nationale du Genre que voilà apporte une plus value à ce processus puisqu’elle
définit les mesures qui devront garantir l’accès équitable des hommes et des femmes aux
ressources et opportunités de développement.
27

CHAPITRE VI : SUIVI ET EVALUATION

L’activité de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre de la Politique Nationale du Genre est


toute aussi importante que la Politique elle-même. Elle constitue une partie intégrante de
celle-ci et sera entreprise de manière systématique en même temps que la mise en œuvre de la
Politique du Genre.
Des indicateurs seront élaborés en vue d’assurer le suivi et l’évaluation des changements et
des progrès réalisés par rapport aux objectifs de la Politique Nationale du Genre. Le suivi et
l’évaluation s’effectueront sous forme de collaboration, et seront coordonnés par le Secrétariat
Permanent du Suivi de la Conférence de Beijing et supervisés par le MIGEPROF.

I) INDICATEURS GENERAUX

1.1. Les indicateurs généraux de suivi et d’évaluation de la Politique comprennent :

1.1.1. Adoption officielle de la Politique Nationale du Genre par le Conseil des Ministres.

1.1.2. Mise en place de toutes les structures des systèmes de gestion du genre telles que
décrites dans le chapitre précédent, ainsi que la performance des fonctions et des rôles décrits.

1.1.3. Allocation de ressources aux structures, institutions et programmes d’égalité/équité des


genres dans le budget national.

1.1.4. Renforcement de la capacité technique pour l’analyse des questions relatives au genre
et la formulation de programmes adéquats au niveau public et privé.

1.1.5. Production et utilisation systématique des données désagrégrées selon le genre dans
toutes les activités clés de planification.

1.1.6. Elaboration de politiques et programmes sectoriels et budgets sensibles au genre.

1.2. Les Indicateurs généraux de l’égalité/équité des genres comprennent :

1.2.1. Programmes d'actions affirmatives dans les différents secteurs en vue de combattre les
inégalités des genres.

1.2.2. Mesures favorisant des opportunités égales d’accès et de contrôle des ressources
spécifiques telles que l’éducation, la propriété foncière et les crédits.

1.2.3. Promulgation des lois sensibles au genre et promotion des structures de renforcement
du pouvoir des femmes tels que les conseils féminins.

1.2.4. Allocation de ressources destinées à la gestion des programmes par les structures
organisationnelles des femmes.

1.2.5. Sensibilisation du Parlement sur la Politique Nationale du Genre.


28

1.2.6. Nombre élevé des effectifs féminins dans les postes d’administration et de prise de
décisions au sein des structures, telles que les partis politiques, le parlement et les
commissions parlementaires.

1.2.7. Réduction de la pauvreté des femmes illustrée par l’accès des femmes aux services de
première nécessité et aux opportunités économiques.

1.2.8. Changements positifs dans le comportement au sein de la société, changements dans les
croyances et les pratiques culturelles affectant les femmes.

1.2.9. Mise en place des mécanismes et organes de prévention et de lutte contre toute forme
de violence basée sur le genre et l’existence de données illustrant la réduction des cas de
violence basée sur le genre.
Mise en place d’organes de soutien aux victimes de violence basée sur le genre.

II) INDICATEURS SPECIFIQUES

Des orientations pour l’élaboration d’indicateurs spécifiques d’évaluation des progrès


enregistrés dans les différents secteurs seront formulées dans le plan stratégique de
MIGEPROF sur la base des consultations avec les différents partenaires. Les Ministères
sectoriels formuleront dans leurs plans sectoriels des indicateurs détaillés de promotion du
genre dans leurs domaines d’action et ce, à la lumière des objectifs spécifiques relatifs à leurs
secteurs tels qu’identifiés dans la Politique Nationale du Genre.
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ANNEXE

Définition des mots clé.

1. MESURES AFFIRMATIVES (en faveur du genre féminin): mesures spéciales visant


la création d’une situation d’égalité entre les genres féminin et masculin à travers
l’application des stratégies délibérées axées sur l’amélioration du statut des groupes
désavantagés.

2. CULTURE : L’ensemble d’attributs distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et


émotionnels qui caractérisent une société ou un groupe social.

3. PRATIQUES CULTURELLES : rôles fonctionnels et rituels qui sont culturellement


déterminés et peuvent être attribués aux sexes.

4. INTEGRATION : Dans les études en matière du genre, intégration signifie le


processus d’intégration des considérations et des questions de genre en théorie et
pratique.

5. RENFORCEMENT DES POUVOIRS: renvoie au processus de « Conscientisation »


qui développe les compétences d’analyse critique d’un individu afin qu'il ait la
confiance de soi en vue de prendre en main son destin. C’est en définitive un
processus conduisant l’individu à l’accès aux ressources et à développer ses capacités
en vue de participer à la détermination de son destin et celui de la communauté. Le
renforcement du pouvoir des femmes est un processus essentiel dans la transformation
des relations de genres car il aborde les causes structurelles et sous-jacentes de
subordination et de discrimination des femmes.

6. EGALITE DES CHANCES : cette politique vise la réalisation de l’égalité des chances
en matière d’accès à l’emploi, aux services et aux ressources ainsi qu’à leur partage,
sans oublier l’égalité de traitement par les employeurs et fournisseurs de services.

7. TRAITEMENT EQUITABLE : traitement équitable ne signifie pas traitement de tous


les hommes et femmes exactement de la même manière (c’est à dire en ignorant le
concept genre). Cela ne servirait qu’à perpétuer les disparités déjà existantes. Le
traitement équitable implique la réalisation des besoins spécifiques et distincts des
catégories de femmes et hommes. Cela peut souvent impliquer des programmes et
l'allocation de ressources supplémentaires, par exemple dans le cas des femmes et
hommes handicapés ;

8. GENRE : Dans ce document « Genre » fait référence aux rôles sociaux attribués
respectivement aux femmes et aux hommes dans des sociétés particulières et à des
moments particuliers. De tels rôles et différences entre ceux-ci sont liés à un nombre
de facteurs politiques, économiques, idéologiques et culturels et sont caractérisés dans
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la plupart des sociétés, par des relations inégales du pouvoir. Le genre se distingue du
sexe qui est déterminé biologiquement.

9. GENRE ET DEVELOPPEMENT ; fait référence au processus de planification de


développement qui est basé sur l’analyse et l’intégration de différentes situations et
différents besoins des femmes et des hommes. Ce concept vise à créer les conditions
de développement conduisant à l’équité et l’égalité des genres. L’approche de genre et
développement reconnaît l’importance des relations entre femmes et hommes et
l’impact de ces relations sur le pouvoir et l’équité.

10. ETUDE DU GENRE : dans ce document, la définition retenue est que « Etude du
genre » désigne l’étude des relations et des inégalités déterminées socialement entre et
parmi les femmes et les hommes. C’est une étude des « préjugés sur le genre » qui
perpétuent les inégalités des genres dans tous les secteurs.

11. SENSIBILISATION EN MATIERE DU GENRE : fait référence à l’état de


connaissance des différences dans les rôles et les relations des femmes et hommes, et
comment ces différences conduisent aux inégalités dans les relations du pouvoir, dans
les statuts, les privilèges et les besoins.

12. EGALITE DES GENRES ; fait référence à une situation où les femmes et les hommes
jouissent totalement des mêmes conditions de réalisation de leurs droits humains et de
leurs potentialités, et sont capables de contribuer équitablement au développement
national au point de vue politique, économique, sociale et culturelle, et de bénéficier
équitablement des résultats y relatifs. L’égalité des genres implique également un
processus continu dans lequel les causes de la discrimination sont systématiquement
supprimées en vue d'offrir aux femmes et aux hommes les mêmes opportunités. Le
concept d’égalité des genres tel qu'utilisé dans ce document tient compte des positions
subalternes des femmes au sein des relations sociales et prône la restructuration de la
société en vue d’éliminer les causes de subordination.

13. EQUITE DES GENRES : fait référence à la distribution juste et équitable de tous les
moyens d’existence et des opportunités entre les femmes et les hommes.

14. ECART ENTRE GENRES : Signifie écart dans n’importe quel domaine, entre les
femmes et les hommes en termes de leur niveau de participation, leur accès aux
ressources, aux droits, aux salaires, aux avantages etc.

15. QUESTIONS DE GENRE : nécessités ou questions qui surviennent lorsqu’il y a


manifestation d’injustice basée sur les rôles et les relations des genres.

16. INEGALITES DES GENRES : inégalités qui existent entre les femmes et les hommes
et qui ne sont pas liées aux rôles de leurs sexes.

17. INTEGRATION DES GENRES : c’est un processus qui reconnaît que la plupart des
institutions servent consciemment et inconsciemment les intérêts d’une catégorie
dominante dans une société d’individus masculins ou féminins. C’est un processus
dans lequel l’approche genre est adoptée comme moyen de transformation du statut
quo, en servant les intérêts et en satisfaisant indistinctement les besoins des hommes et
des femmes et non en servant exclusivement la catégorie dominante. Ce processus
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permet la promotion de la participation totale des femmes dans la prise de décision


afin que les besoins des femmes passent du statut marginal au centre de la
planification de développement et d'allocation des ressources.

18. SYSTEME DE GESTION DU GENRE : est une approche globalisante pour


l’intégration du genre appliquée par les gouvernements en partenariat avec d’autres
parties prenantes dont la société civile et le secteur privé. C’est un réseau complet de
structures, de mécanismes et de processus permettant au gouvernement et à d'autres
organisations de contribuer à la réalisation de l’égalité des genres.

19. PERSPECTIVE DU GENRE : c’est une approche selon laquelle les causes de
l’inégalité entre les femmes et les hommes sont clairement cernées et dont le but
principal est d’éliminer ces causes. Une telle approche permet l’utilisation d’un
ensemble de procédures et de principes qui permettent d’identifier l’impact de
l’inégalité sur le développement et de procéder de la meilleure façon à l’allégement ou
à l’élimination des impacts négatifs.

20. FAVORABLE AU GENRE : fait référence à un processus de planification dans lequel


les programmes et les activités en matière de politique sont développés en vue
d'éliminer les inégalités et les iniquités issues des différences socialement créées entre
les femmes et les hommes.

21. RÔLES DES GENRES : les responsabilités fonctionnelles qui peuvent être attribuées
par la société et sont influencées par les situations culturelles, politiques, religieuses ou
économiques.

22. SENSIBLE AU GENRE : fait référence à un état de comportement et de réaction qui


reconnaît les différences socialement construites qui existent entre les femmes et les
hommes, y compris leurs besoins respectifs. C’est à travers cette conscience que l’on
agît en vue de résoudre les inégalités et à laquelle on fait référence quand on parle de
sensibilité au genre.

23. POLITIQUE : fait référence aux principes directeurs pour une certaine action réalisée
par les décideurs en vue de s’attaquer à une question ou à des questions particulières.

24. BESOINS PRATIQUES DU GENRE : fait référence aux besoins identifiés en vue
d’aider les femmes à mieux s'organiser dans leurs positions actuelles de subordonnées.
Les besoins pratiques sont principalement liés au bien-être et ne mettent pas en
question la situation actuelle du genre en matière de division du travail ni la position
de subordonnée des femmes au sein de la société.

25. RÔLES PRODUCTIFS : Devoirs ayant une valeur échangeable tels que l'agriculture
et le commerce.

26. RÔLES REPRODUCTIFS : Activités ayant une relation avec la procréation,


l’éducation et d’une façon générale le bien-être de la famille.

27. SEXE : terme biologique faisant référence aux individus qui sont féminins ou
masculins, selon leur construction physiologique de reproduction.
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28. RÔLES DES SEXES : rôles que les individus féminins et masculins exercent selon
leur constitution de reproduction physiologique ou biologique.

29. STEREOTYPES DES RÔLES DES SEXES : Croyances rigides et généralisées selon
lesquelles les individus masculins et féminins de par leurs sexes possèdent des traits et
des caractéristiques distincts.

30. SOCIALISATION : processus à travers lequel une personne apprend tout ce dont elle
a besoin pour évoluer comme membre d’une société donnée.

31. BESOINS STRATEGIQUES DU GENRE : signifient les besoins qui sont identifiés
comme nécessaires pour la transformation des relations inégales existantes entre les
femmes et les hommes. Satisfaire aux besoins stratégiques du genre accélère le
renforcement du pouvoir des femmes et facilite la transformation sociale de base,
condition nécessaire pour asseoir l’égalité des genres.

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