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■ biodiversité fonctionnelle

PUCERONS DES CÉRÉALES


L’IMPACT AGROÉCOLOGIQUE DES SYRPHES
COMMENCE DÈS L’AUTOMNE
Sur céréales d’hiver, le sort Des questions en suspens
printanier des pucerons se- ■ Parmi toutes les stratégies
rait en partie scellé dès l’au- d’hivernation explorées par
tomne. Il apparaît en effet les syrphes, des incertitudes
que les céréales abritent, demeurent sur l’abondance
dès l’automne, des larves de des populations de syrphes
syrphes prédatrices de puce- passant l’hiver au stade pré-
rons. Outre le biocontrôle imaginal (i.e. avant le stade
printanier déjà bien connu, adulte) et sur le contrôle bio-
celui d’automne s’avère éga- logique qu’elles assurent. Ces
lement crucial. Quand les travaux visaient à éclaircir
syrphes auxiliaires dévoilent ces zones d’ombre et avaient
une nouvelle facette de leur comme objectif de répondre
importance agroécologique… aux deux questions suivantes :

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• Quelle est l’influence des
■ Certains insectes, appe- paysages proches et plus loin-
lés auxiliaires de culture, sont tains sur l’abondance dans les
les prédateurs ou parasitoïdes parcelles (si elle est effective)
d’autres insectes ravageurs Les toutes premières fleurs, dès février-mars pour certaines espèces et selon et leurs bordures enherbées,
des cultures et sont une aide l’exposition, sont importantes pour la reprise d’activité et les futures pontes des stades pré-imaginaux hi-
des auxiliaires floricoles hivernant au stade adulte. Ici une femelle d’Episyr-
précieuse pour tout agricul- vernants ?
phus balteatus, principale espèce poly-aphidiphage chez les syrphes, buti-
teur s’inscrivant dans une nant une fleur de ficaire (Ranunculus ficaria).
• Quel rôle jouent les stades
démarche de réduction d’usage pré-imaginaux hivernants sur
des produits phytosanitaires. La biologie des syrphes parcelles, différents leviers le contrôle des populations de
La coccinelle, le syrphe ou en- ■ Ce ne sont en réalité que sont possibles  : ressources pucerons ?
core la chrysope sont les plus certaines espèces de syrphes à florales continues au cours
cités en tant que prédateurs l’état larvaire qui sont les plus de l’année pour les adultes, Le déroulement de l’étude
des pucerons. Nous disposions efficaces pour réguler les po- éléments semi-naturels du ■ Pour répondre à ces ques-

déjà de beaucoup de connais- pulations de pucerons. Trois paysage (haies, bois, bandes tions, toute une équipe autour
sances sur les conditions de grands groupes d’espèces de enherbées…) pour leur four- de Lucie Raymond, doctorante
réalisation du contrôle bio- syrphes peuvent être dressés nir proies alternatives et abris à l’Inra/Ensat de Toulouse,
logique par les insectes auxi- en fonction de leur régime ali- lors de conditions climatiques a effectué des comptages en
liaires «  dévoreurs  » de puce- mentaire : ceux se nourrissant défavorables notamment en 2011 et 2012 sur deux sites
rons, dits aphidiphages. Une de nombreuses espèces de pu- hiver. Les syrphes adoptent d’étude que sont les «  Vallées
récente étude de l’Inra/Ensat cerons (poly-aphidiphages), justement différentes straté- et Coteaux de Gascogne »
Toulouse nous apporte des élé- ceux s’attaquant à peu d’es- gies pour passer la mauvaise entre Gers et Haute-Ga-
ments de compréhension sup- pèces différentes de pucerons saison. Un certain nombre ronne, et la « Plaine et Val de
plémentaires sur l’hivernation (oligo-aphidiphages) et ceux migre vers le sud de l’Europe Sèvres » 400 km plus haut.
des syrphes aphidiphages et ne s’en nourrissant pas du tout et jusqu’en Afrique du Nord, ■ Dans le premier site, des

sur leur rôle dans la régulation (non aphidiphages). d’autres hivernent sous nos pièges à émergence, englobant
biologique des populations de ■ Afin d’augmenter leur latitudes à l’état larvaire (qui l’équivalent d’un m2 de terre,
pucerons à l’automne. abondance dans et autour des compte trois stades), de pupe ont été installés en hiver dans
(l’équivalent de la chrysa- 52  parcelles de blé d’hiver,
lide chez les papillons), ou 18 de colza et 14 de luzerne.
au stade adulte. Les adultes Chaque parcelle disposait d’au
sédentaires trouvent alors maximum deux pièges  : un
refuge dans les éléments semi- placé sur la surface cultivée,
naturels cités précédemment. l’autre sur la bordure enher-
Alors que nous pensions que bée du champ. Les insectes
les larves hivernantes ne se émergents tombaient dans des
trouvaient elles aussi que flacons remplis aux deux tiers
dans ces mêmes milieux non d’éthanol et étaient identifiés
cultivés, voilà que de récents et classés par espèces selon les
travaux nous prouvent que les trois groupes de régimes ali-
cultures d’hiver s’avèrent être mentaires décrits ci-dessus.
elles aussi largement utilisées, ■ Les populations printanières

dès l’automne, par les larves de pucerons et de syrphes


de plusieurs espèces poly- (œufs, larves et pupes) ont été
aphidiphages et oligo-aphidi- dénombrées tous les 15 jours
phages. sur un m2 de culture adjacent

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à chaque piège en culture. En tant 27 espèces) qui ont émer- des stades pré-imaginaux des Ce sont donc les populations
établissant l’abondance ini- gé dans seulement 30 % des syrphes aphidiphages. Il appa- de pucerons passant l’hiver
tiale (au début du printemps) pièges, les plus forts effectifs raît donc que, dès l’automne, qui sont réduites, ce qui se
et totale (à la fin du prin- ayant été trouvés en parcelles les femelles de ces syrphes aphi- répercute sur les populations
temps) des pucerons, ainsi que de colza puis de blé. De ma- diphages pondent des œufs au de pucerons émergents au
l’abondance totale des syrphes nière générale, les émergences sein des premières colonies de printemps. Ce contrôle au-
(à la fin du printemps), des se sont déroulées entre mi- pucerons des cultures, colonies tomnal et peut-être partielle-
corrélations ont pu être calcu- avril et mi-juillet, et une forte disposées en taches dans les ment hivernal des pucerons
lées pour déterminer la nature différence a été notée entre les parcelles, ce qui expliquerait des cultures par les larves des
du biocontrôle réalisé tant au deux années. que certains pièges n’en aient syrphes aphidiphages n’était
printemps que dès l’automne pas collecté. pas connu. Mais une autre
par les syrphes pré-imaginaux Les sols cultivés : cohorte de syrphes intervient
passant l’hiver au sein même des atouts en hiver Le biocontrôle hivernal pour réduire les colonies de
des cultures. 97 % des syrphes ayant émergé des larves de syrphes pucerons. Une corrélation
■ Pour répondre à la question en culture avaient un régime Les résultats statistiques des négative est en effet égale-
de l’influence éventuelle du alimentaire à l’état larvaire comptages de populations de ment observée entre les popu-
paysage alentour sur les popu- poly-aphidiphage, contre pucerons et de syrphes au prin- lations totales de syrphes à la
lations de syrphes pré-imagi- 43 % seulement sur les bor- temps nous apprennent que les fin du printemps (la somme
naux passant l’hiver, ce dernier dures enherbées des parcelles. populations de pucerons sont des comptages hors pièges) et
a été décrit selon trois variables Ces résultats éclairent d’une corrélées négativement aux l’abondance totale de puce-
relevées dans un rayon de lumière nouvelle la stratégie populations de syrphes. Plus rons. Deux phénomènes de
500 m : densité de bois, densité d’hivernation choisie par les précisément, à l’échelle d’une biocontrôle sont donc mis en
de prairies et densité linéaire syrphes pré-imaginaux dans parcelle cultivée, plus il y a évidence par l’étude  : un pre-
de haies, et trois variables rele- nos agro-écosystèmes français. de syrphes pré-imaginaux qui mier en automne dont nous
vées localement  : distance à Alors qu’on accordait plus hivernent, et qui sont donc avons parlé ci-dessus (généra-
l’élément semi-naturel le plus d’importance aux éléments se- présents dès l’automne en se tion n) et un second au prin-
proche, nature de la culture et mi-naturels dans les stratégies développant aux dépens des temps réalisé en partie par les
positionnement du piège (dans d’hivernation des syrphes, les premiers pucerons, moins il larves de la génération suivante
la culture ou au bord). parcelles cultivées retrouvent, y a de pucerons précocement n+1, et en partie par celles
■ Ce sont au total 179 adultes à la vue de ces résultats, une au printemps mais aussi en issues des pontes printanières
de syrphes dont 158 poly- ou place tout aussi grande voire fin de printemps, sous forme des femelles ayant hiverné au
oligo-aphidiphages (représen- plus importante dans le cas des pullulations bien connues. stade adulte. Les résultats ob-

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femelles ont trouvé des colo-
nies de pucerons pour y dépo-
ser leurs œufs (des racines de paille et sur colza essentiel-
certaines herbes au feuillage lement, sera bénéfique pour
des arbres  !). Pour ces deux ces régulations. Les couverts
groupes, le paysage, de par végétaux d’interculture et/ou
sa composition en éléments associés plus ou moins long-
semi-naturels et sa configu- temps à la culture suivante,
ration (agencement des habi- dès lors qu’ils hébergent des
tats cultivés et semi-naturels), populations de pucerons, sont
joue un rôle déterminant potentiellement intéressants
dans l’abondance des diverses pour favoriser ces régulations.

JEAN-PIERRE SARTHOU
populations de syrphes. À Il est évidemment alors im-
l’heure où les abeilles sauvages portant de respecter si possible
déclinent dans les agroécosys- trois points  : (i) choisir une
tèmes européens, les syrphes, espèce de couvert offrant le
Femelle de Melanostoma mellinum, espèce oligo-aphidiphage discrète et second groupe pollinisateur gîte à des pucerons incapables
pourtant très présente dans les parcelles de céréales. Si vos blés ont quelques après ces dernières, sont de de se développer sur la culture
véroniques des champs au mois d’avril, ne les détruisez pas (cette adventice plus en plus regardés en tant à implanter ou nouvelle-
n’est pas concurrentielle) car leurs fleurs aideront ce petit syrphe à prospecter que pourvoyeurs de ce ser- ment implantée, et favorisant
toute votre parcelle à la recherche de colonies de pucerons pour y pondre. vice écologique majeur pour néanmoins le développement
tous les écosystèmes, naturels d’auxiliaires capables d’inter-
tenus permettent ainsi d’affir- refuges) et leurs fortes capaci- comme cultivés. venir contre les ravageurs
mer que le biocontrôle autom- tés de vol leur permettent de de la culture suivante (c’est
nal (et peut-être partiellement grands rayons de prospection Des savoirs à tirer pour généralement le cas s’agissant
hivernal) des pucerons par les dans les cultures de leurs envi- la gestion des systèmes des auxiliaires aphidiphages,
larves de syrphes, joue un plus rons. Concernant les espèces de culture i.e. prédateurs et parasitoïdes
grand rôle dans la diminution de syrphes non aphidiphages, Le biocontrôle réalisé en de pucerons), (ii) privilégier
des populations de pucerons au l’étude a révélé qu’elles sont automne par les larves de un mode de destruction du
printemps, que le biocontrôle au contraire très sensibles à syrphes poly- et oligo-aphi- couvert (si ce ne doit pas être
printanier, déjà largement la présence d’éléments semi- diphages sur les populations le gel) qui provoque la plus
connu et le seul à être pris en naturels et qu’elles émergent de pucerons, peut se révéler faible mortalité possible des
considération jusqu’à mainte- principalement dans les pay- particulièrement utile à l’agri- pucerons et de leurs ennemis
nant. sages de type plutôt bocager culteur quand on sait que les naturels (EN) encore en dé-
(bois, haies…). Cela n’est pucerons sont les principaux veloppement, et le roulage à
Le rôle des éléments semi- pas surprenant quand on se vecteurs des maladies virales l’aide d’un rouleau à couteaux
naturels du paysage pour penche sur leur régime ali- automnales (JNO - jaunisse est certainement le meilleur
préserver toute la biodi- mentaire : matières végétales, nanisante de l’orge - sur cé- procédé de ce point de vue
versité y compris bois, en décomposi- réales à paille, TuYV - jau- (on manque de références sur
Si les syrphes poly-aphidi- tion avec plus ou moins d’eau, nisse du navet - sur colza). Les ce sujet), (iii) si la technique
phages dont nous venons de blessures d’arbres avec coulées différents pesticides (herbi- de destruction doit éliminer
parler sont plus influencés par de sève, chenilles défoliatrices cides, insecticides y compris les populations de pucerons
les populations automnales dans les canopées… En ce en enrobage de semences) et de leurs EN (broyage, her-
de pucerons des cultures que qui concerne les syrphes oli- utilisés en grandes cultures bicide qui élimine à terme
par les éléments semi-naturels go-aphidiphages, leurs larves ne sont pas sans effet sur le les pucerons et leurs EN par
du paysage, ces derniers sont hivernent préférentiellement développement des larves des disparition de leur ressource
néanmoins importants pour dans les bordures enherbées et syrphes aphidiphages, et tout respective), essayer d’attendre
eux (proies de substitution, près des haies, mais aussi dans ce qui permettra de limiter l’émergence de la plus grande
pollen et nectar pour la matu- les cultures à faible distance de les applications d’insecticides partie des auxiliaires. Que
ration ovocytaire des femelles, ces haies, donc partout où les d’automne, sur céréales à ce soit avant culture d’hiver

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la culture (cette complémen- vers des systèmes faisant da-
tarité peut s’envisager entre vantage appel aux processus
une vesce commune et un agroécologiques, d’intégrer
colza d’hiver). On pourrait ces derniers dans la concep-
craindre dans ce dernier cas tion des systèmes de produc-
une concurrence générée par tion et dans la conduite de
les pucerons du couvert vis-à- leurs itinéraires techniques.
vis des pucerons de la culture À coup sûr, la voie empruntée
de vente pour les pontes par les pionniers de l’agricul-
des auxiliaires. Ces sujets et ture de conservation, respec-
leviers agroécologiques de tant au mieux ses fameux trois
régulation des ravageurs étant piliers, semble en tous les cas

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nouveaux, les connaissances riche d’un potentiel très en-
manquent encore pour pou- courageant.
voir être plus affirmatif dans Gwendoline LECHAT, élève
tous ces développements. ingénieur agronome INP-ENSAT,
Une larve d’Episyrphus balteatus au 3e stade de développement (elle a alors Quoi qu’il en soit, les systèmes spécialisation AGREST
déjà consommé 200 à 600 pucerons selon leur taille), avant la formation de la de culture développés majori- Jean-Pierre SARTHOU,
pupe dans laquelle elle se métamorphosera en adulte. Cette larve appartient tairement en France et uti- enseignant-chercheur
à la génération n+1, issue donc d’un œuf pondu 4 semaines plus tôt, en mai, lisant des doses importantes INP-ENSAT/INRA UMR AGIR,
par une femelle de la génération n ayant hiverné au stade larvaire, après s’être d’intrants chimiques, surtout responsable de la spécialisation
développée sur les premières colonies de pucerons arrivés dès l’automne. lorsqu’ils sont pratiqués sur AGREST.
Cette régulation automnale des pucerons est déterminante pour limiter leurs de très grandes étendues, ne Cet article est basé sur la publication
pullulations au printemps.
permettent pas de bénéficier scientifique suivante :
ou avant culture d’été, le venir (cas d’un couvert de au mieux des services que Raymond, L., Sarthou, J. P., Plan-
processus reste le même  : le sorgho fourrager précédant pourraient nous rendre ces in- tegenest, M., Gauffre, B., Ladet, S.
couvert d’interculture peut une céréale d’hiver), ou bien, sectes auxiliaires à l’automne and Vialatte, A. (2014). Immature
aider à développer les popu- si associé, il peut héberger des et au printemps, et il devient hoverflies overwinter in cultivated
lations d’auxiliaires qui une pucerons qui, s’ils sont pré- important aujourd’hui, alors fields and may significantly control
fois adultes viendront pondre cocement présents, serviront qu’une volonté réelle tant aphid populations in autumn. Agri-
au sein des premières colonies eux aussi de nurserie pour les sur le terrain qu’au niveau culture, Ecosystems and Environ-
de pucerons de la culture à EN des pucerons à venir sur politique s’affiche pour tendre ment 185: 99-105.

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