Ahrweiler Hélène. La région de Philadelphie, au XIVe siècle (1290-1390), dernier bastion de l'hellénisme en Asie Mineure. In:
Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 127e année, N. 1, 1983. pp. 175-197.
doi : 10.3406/crai.1983.14034
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1983_num_127_1_14034
PHILADELPHIE AU XIVe SIÈCLE 175
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1. — Les émirats
d'après deS. l'Asie
Vryonis.
Mineure occidentale
178 COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
9. Cf. en dernier lieu, K. Kyrrès, Bgzance au XIVe siècle (en grec), Nicosie,
1982 (avec bibliographie antérieure).
10. Cf. H. G. Beck, Kirche und Theol. Literatur im Byz. Reich, Munich, 1959,
p. 663-798, Vom Zusammenbruch des Reiches bis zum Ausbmch des Palamismus :
sur les auteurs ecclésiastiques de l'époque.
11. Lamartine, Histoire de la Turquie, Librairie du Constitutionnel, Paris,
1854, t. I, p. 354.
12. Cf. Pachymère, éd. Bonn, t. II, p. 426-428, 433-436 ; J. Darrouzès, Le
Registre synodal du patriarcat byzantin au XIVe siècle, Paris, 1971, p. 270, 271,
273, 376, 385.
13. S. Eustratiadès, Le couvent de Koteinè (corr. en Skoteiné = la sombre)
(en grec), dans Hellenika, t. 3, 1930, p. 328 sq. ; nouvelle étude par P. Nasturel,
dans Byzantina Sorbonensia (sous presse).
180 COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
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mains des Turcs à cette date (fin 1310)29, et c'est là une information
capitale fournie par le recoupement de nos correspondances, tandis
que Philadelphie réussit à se libérer moyennant le versement d'un
tribut30. Ainsi, la période 1305-1310 marqua le sommet de l'assaut
turc dans notre région et mit en scène tous les acteurs de l'histoire
de l'Asie Mineure, acteurs qui devaient agir presque jusqu'à la fin
du siècle.
Constatons avec Pachymère que l'assaut turc se déclencha dès la
mort de l'ilkhanid mongol Ghazan, dont l'action vis-à-vis des popul
ations micrasiatiques est jugée favorable aux Grecs31, et dont la
politique micrasiatique, inspirée sans doute par son vézir-historien,
le fameux Rashid-al-Din, tendait à assurer aux Mongols l'adminis
tration directe du pays. On a vu une preuve de cette politique dans
le fait que Ghazan frappa monnaie en Asie Mineure32 ; Pachymère
mentionne élogieusement le fait et précise qu'il s'agissait d'une
pièce — le kazaneion — d'or pur33. Notons que la mort du Mongol
causa surtout des ennuis aux Philadelphiens34. Deux explications
peuvent être avancées : soit que les Philadelphiens avaient réussi
à obtenir la protection des Mongols (ceci me semble particulièrement
plausible ; l'activité déployée par les Philadelphiens pour défendre
leur ville les conduisit, nous le verrons, à contracter d'autres
alliances contre nature), soit que les Germian, qui menaçaient
la ville constamment, avaient été contraints par les Mongols à
respecter leur politique. Disons plus simplement que les deux expli
cations proposées n'en font qu'une en réalité : les Philadelphiens
avaient connu un répit grâce aux Mongols. Pachymère précise par
ailleurs que Ghazan avait obtenu du successeur qu'il avait lui-même
désigné avant sa mort, que celui-ci respecterait en tout sa poli
tique, du moins pendant les trois ans suivant son décès35. Ceci semble
s'être réalisé, en tout cas en ce qui concerne Philadelphie, qui ne fut
pas inquiétée avant 1309 (Ghazan mourut en 1305). On aurait
même tendance à placer la prise des grandes villes de la région
29. Les renseignements de Gabalas (S. Kourousès, op. cit.) sont convain
cants : ibid., p. 312-315 avec édition de la lettre de Gabalas n° 4.
30. Il est évident que l'attaque de 1310/1311 que nous révèle la correspon
dance de Gabalas (S. Kourousès, op. cit., p. 315) est celle pendant laquelle Théo-
lèpte a joué un rôle capital pour la défense de Philadelphie, mais aussi pour les
négociations avec les assaillants : ibid., p. 72 (et lettres de Gabras n08 52 et 62
cf. éd. G. Fatouros). Il est hors de doute que l'éloge funèbre de Choumnos pour
Théolepte (éd. Boissonade, Anecdota Graeca, V, p. 229 sq.) se rapporte aux évé
nements de 1310/1311 ; Théolepte est mort avant le siège de 1322-1324 pour que
le discours de Choumnos puisse s'y référer.
31. Pachymère, éd. Bonn, II, p. 456 sq.
32. Cl. Cahen, The Preottoman Turkey, Londres, 1968, p. 307.
33. Pachymère, éd. Bonn, p. 458.
34. Ibid., éd. Bonn, II, p. 456.
35. Ibid., t. II, p. 459.
188 COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
36. Sur Sardes, cf. C. Foss, Byzantine and Turkish Sardis, Harvard, 1976,
p. 76 sq. (le problème de la conquête par les Turcomans n'est pas posé) ; sur
Pyrgion, cf. P. Lemerle, op. cit., p. 21 sq.
37. Hélène Constantinidi-Bibicou, Documents concernant l'histoire byz. déposés
aux Archives nationales de France, dans Mélanges Octave et Melpo Merlier,
Athènes, 1951, p. 1-14 (l'auteur n'a pas consulté l'édition de Miklosich-Mûller,
Acta et Diplomata Graeca, t. III, p. 242 sq.).
38. Sur le siège de 1322/1324 connu par la notice d'un manuscrit de la Vati-
cane et par Grégoras, cf. en dernier lieu, P. Schreiner, Philadelpheia, p. 388 sq.
(avec édition de la notice), et S. Kourousès, Gabalas, p. 206 sq.
39. Sur Jean Monomaque, cf. surtout les correspondances de Gabalas (S. Kour
ousès, op. cit., sub verbo) et de Gabras (G. Fatouros, t. II, p. 47).
PHILADELPHIE AU XIVe SIÈCLE 189
52. Sur l'arsénisme et son rôle en Asie Mineure, cf. mon travail sur L'expé
rience nicéenne, dans Dumbarton Oaks Papers, t. 29, 1975, p. 34 sq. ; pour les
sources, cf. V. Laurent, Les grandes crises religieuses à Byzance. La fin du schisme
arséniate, dans BSH Ac. Roum., t. 26, 1945, p. 225-313.
53. D. Nicol, Tagaris (ci-dessus, note 16).
54. Édition P. Schreiner, Philadelpheia, p. 389-390.
55. S. Kourousès, op. cit., sub verbo Alexis Philanthrôpènos (en grec) et Gré
goras, éd. Bonn, p. 361-362.
56. Renseignement fourni par Irène Beldiceanu : qu'elle trouve ici mes
remerciements.
57. D. Reinsch, Die Briefe d. Malthaios, n° 12, p. 99 sq., commentaire, S. Kour
ousès, op. cit., p. 203-205 : « la ville contribue aux versements à cause des bar
bares voisins ».
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71. P. Wittek, The Rise of the Ottoman Empire, Londres, 1938, p. 33 sq.
Sur les Ottomans, cf. en dernier lieu, Irène Beldiceanu, Recherches sur les actes
des règnes des sultans Osman, Orkhan et Murad I, Munich, 1967 et surtout,
E. Werner, Die Geburt einer Grossmacht. Die Osmanen (1300-1481)3 Berlin, 1978.
72. Voir sur ce point les renseignements des sources réunis par S. Kourousès,
Gabalas, p. 212 sq. ; le problème mérite d'être examiné d'une manière approf
ondie.
73. M. Balard, La Romanie Génoise, Rome, 1978, t. II, p. 69 sq.
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