Résumé :
Notion d'équilibre compétitif
Les économistes du sport ont entériné le postulat que la demande de spectacle sportif est
fortement conditionnée par l’incertitude du résultat. Une compétition équilibrée maintient l’intérêt du
public, sa propension à se déplacer au stade ou à regarder le match à la télévision, donc les revenus
des clubs. Ce point a été analysé très tôt dans la littérature : Rottenberg (1956) remarque que
l’industrie du sport doit faire en sorte d’opposer des adversaires de tailles égales. Par la suite, Neale
(1964) soulève la spécificité du sport en tant qu’activité économique : la trop grande domination d’un
des compétiteur est nuisible au(x) dominé(s) comme au(x) dominant(s). Ainsi, une ligue doit s’assurer
qu’aucune équipe ne devienne trop forte ou trop faible par rapport aux autres (Quirk & Fort, 1992). Ce
constat clé est à l’origine d’une abondante production scientifique connue sous la thématique
d’«équilibre compétitif » (Competitive Balance). Deux grands axes de recherches constituent ce
paradigme. Un premier aspect consiste en une analyse théorique de l’équilibre compétitif. Il vise à
développer des modèles mathématiques sur l’efficacité des outils de régulation mis en place pour
maintenir l’incertitude. En second lieu, on identifie des analyses empiriques qui mesurent l’équilibre
compétitif et son évolution. La présente contribution relève du second axe en proposant un outil dédié
à l’analyse de la présence des clubs et non plus à leurs performances sportives.
La démographie des flux - adaptée notamment par Vérène Chevalier (1994) dans le cadre
d’une sociologie quantitative des pratiquants – offre aujourd’hui de larges possibilités d’aborder la
question de la constitution des ligues. Nous considérons un club comme une entité à la trajectoire
spécifique jalonnée d’une naissance (promotion), d’une mort (relégation) et parfois d’une résurrection
(revenir dans l’élite après l’avoir quittée). Il existe ainsi 3 modalités de participation à un championnat :
le club est primo-promu (première participation dans l’élite), maintenu (aucune relégation depuis son
apparition dans le championnat) ou « ascenseur » (le club regagne l’élite après une rétrogradation).
Une analyse comparative entre les championnats de France de L1 (football) et de Pro A (basket-ball)
entre les saisons 1987-88 et 2003-04 a été menée. Elle révèle que le basket français se caractérise
avant tout par la prédominance des clubs maintenus : ils constituent les 2/3 de l’effectif en 2003-04. A
l’inverse, 60% des équipes évoluant dans l’élite du football français ont déjà connu une relégation. En
complément, l’étude du nombre de saisons parmi l’élite avant la relégation montre que les deux
premières années sont les plus difficiles à négocier en L1 (41% des relégations) mais sont plus aisées
à négocier en basket-ball (15% des relégations) où le cap de la cinquième saison apparaît à haut
risque.
Pour conclure, l’analyse démographique se présente comme un outil pertinent aux résultats
probants dans l’objectif d’appréhender les ligues sportives professionnelles européennes dans une de
leur caractéristique spécifique : l’ouverture des compétitions et le renouvellement plus ou moins
effectif qui en découle. Elle offre par exemple la possibilité d’analyser dans le temps la constitution des
compétitions continentales et de discuter de l’hypothèse souvent avancée d’une stabilisation
croissante des équipes y participant entérinant de fait l’émergence de compétition quasiment
« fermées » sur le Vieux Continent.
Bibliographie
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Thèse de Doctorat - Université de Paris VII
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Boris Helleu est doctorant à l’université de Rouen. Il travaille sur des approches géo-
économiques de ligues sportives professionnelles. Sa thèse porte sur l’évolution des
championnats de sports collectifs en Europe.