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Albert Camus, romancier, dramaturge, nouvelliste, philosophe ou encore journaliste avait

bien des cordes à son arc. Il a fait ses débuts dans la littérature avec son essai L’Envers et
l’Endroit (éd. Gallimard, 1937), suivi de Noces (éd. Gallimard, 1939). Ses œuvres
principales et les plus connues à l’international restent tout de même L’Étranger, Le Mythe
de Sisyphe (éd. Gallimard, 1942), La Peste (éd. Gallimard, 1947) ou encore La Chute (éd.
Gallimard, 1956). En 1957, son travail paye puisqu’il est nommé Prix Nobel de littérature à
Stockholm pour l’ensemble de son œuvre, mais plus particulièrement ses
romans L’Étranger et La peste, ainsi que son essai philosophique Le mythe de Sisyphe.

L’Étranger

Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-eê tre hier, je ne sais pas. J’ai reçu un teé leé gramme de
l’asile : « Meè re deé ceé deé e. Enterrement demain. Sentiments distingueé s. » Cela ne veut rien
dire. C’eé tait peut-eê tre hier. L’asile de vieillards est aè Marengo, aè quatre-vingts kilomeè tres
d’Alger. Je prendrais l’autobus aè deux heures et j’arriverai dans l’apreè s-midi. Ainsi, je pourrai
veiller et je rentrerai demain soir. J’ai demandeé deux jours de congeé aè mon patron et il ne
pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n’avait pas l’air content. Je lui ai
meê me dit :« Ce n’est pas de ma faute. » Il n’a pas reé pondu. J’ai penseé alors que je n’aurais pas
duê lui dire cela. En somme, je n’avais pas aè m’excuser. C’eé tait plutoê t aè lui de me preé senter ses
condoleé ances. Mais il le fera sans doute apreè s-demain, quand il me verra en deuil. Pour le
moment, c’est un peu comme si maman n’eé tait pas morte. Apreè s l’enterrement, au
contraire, ce sera une affaire classeé e et tout aura reveê tu une allure plus officielle.[...]
AÀ ce moment, le concierge est entreé derrieè re mon dos. Il avait duê courir. Il a beé gayeé un peu :
« On l’a couverte, mais je dois deé visser la bieè re pour que vous puissiez la voir. » ILS
‘approchait de la bieè re quand je l’ai arreê teé . Il m’a dit : « Vous ne voulez pas ? » J’ai reé pondu :
« Non. » Il s’est interrompu et j’eé tais geê neé parce que je sentais que je n’aurais pas duê dire
cela. Au bout d’un moment, il m’a regardeé et il m’a demandeé : « Pourquoi ? » mais sans
reproche, comme s’il s’informait. J’ai dit : « Je ne sais pas. » Alors tortillant sa moustache
blanche, il a deé clareé sans me regarder : « Je comprends. » Il avait de beaux yeux, bleu clair,
et un teint un peu rouge. Il m’a donneé une chaise et lui-meê me s’est assis un peu en arrieè re
de moi. La garde s’est leveé e et s’est dirigeé e vers la sortie. AÀ ce moment, le concierge m’a
dit : « C’est un chancre qu’elle a. » Comme je ne comprenais pas, j’ai regardeé l’infirmieè re et
j’ai vu qu’elle portait sous les yeux un bandeau qui faisait le tour de la teê te. AÀ la hauteur du
nez, le bandeau eé tait plat. On ne voyait que la blancheur du bandeau dans son visage. Quand
elle est partie, le concierge a parleé : « Je vais vous laisser seul. » Je ne sais pas quel geste j’ai
fait, mais il est resteé , debout derrieè re moi. Cette preé sence dans mon dos me geê nait. La pieè ce
eé tait pleine d’une belle lumieè re de fin d’apreè s-midi. Deux frelons bourdonnaient contre la
verrieè re. Et je sentais le sommeil me gagner. J’ai dit au concierge, sans me retourner vers
lui : « Il y a longtemps que vous eê tes laè ? » Immeé diatement il a reé pondu : « Cinq ans » –
comme s’il avait attendu depuis toujours ma demande. Ensuite, il a beaucoup bavardeé . On
l’aurait bien eé tonneé en lui disant qu’il finirait concierge aè l’asile de Marengo. Il avait
soixante-quatre ans et il eé tait Parisien. AÀ ce moment je l’ai interrompu : « Ah, vous n’eê tes
pas d’ici ? » Puis je me suis souvenu qu’avant de me conduire chez le directeur, il m’avait
parleé de maman. Il m’avait dit qu’il fallait l’enterrer treè s vite, parce que dans la plaine il
faisait chaud, surtout dans ce pays. C’est alors qu’il m’avait appris qu’il avait veé cu aè Paris et
qu’il avait du mal aè l’oublier. AÀ Paris, on reste avec le mort trois, quatre jours quelquefois. Ici
on n’a pas le temps, on ne s’est pas fait aè l’ideé e que deé jaè il faut courir derrieè re le corbillard.
Sa femme lui avait dit alors : « Tais-toi, ce ne sont pas des choses aè raconter aè Monsieur. » Le
vieux avait rougi et s’eé tait excuseé . J’eé tais intervenu pour dire : « Mais non. Mais non. » Je
trouvais ce qu’il racontait juste et inteé ressant.

Analyse
Questions : Quelles sont vos premières impressions à la lecture et à
l’écoute de l’extrait qui ouvre ce roman? Qu’est-ce qui vous frappe?
Comment percevez-vous le personnage?

Questions: Qu’est-ce qui semble important pour le personnage, qu’est-ce


qui donne un sens à sa vie? Quels passages du texte te permettent de
l’affirmer? Quels passages ou quelles phrases t’ont fait réagir ou réfléchir?
Qu’as-tu ressenti ou pensé, et pourquoi? Y a-t-il des choses qui te frappent
dans la façon dont est racontée cette histoire?

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