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ETUDES TRADITIONNELLES 45° Année Mai 1940 No 245 LA DIFFUSION DE LA CONNAISSANCE ET L’ESPRIT MODERNE Nw avons cu déja plus d'une occasion de dire ce que nous pensons des tendances modernes & Ia « propa~ gande > et a Ja « vulgarisation », et de I'incompréhension qu‘clles impliquent a l'égard de Ja vétitable connaissance ; aussi 2’avons-nous pas l'intention de revenir encore une fois sur les inconvénients multiples que précente, d’unc fagon gé- nérale; la diffusion inconsidérée d’une « instruction » qu'on prétend distribuer également & tous, sous des formes et par des méthodes identiques, ce qui ne peut aboutir qu’ une sorte de nivellement par le bas : JA comme partout & notre époque, la qualité est sacrifige 4 la quantité. Encore cette fagon d/agir peut-elle trouver une excuse, au moins relative, dans le caractére méme de l'instruction profane dont il S‘agit,qui ne représente cn somme aucune connaissance an vrai sens de ce mot, et qui ne contient absolument rien d’un ‘ordre tant soit peu profond ; ce qui la rend néfaste, c'est sur- tout qu'elle se fait prendre pour ce qu’elle n'est pas, qu'elle tend a nier tout ce qui la dépasse, et qu’ainsi elle étouffe ‘toutes les possibilités se rapportant & un domaine plus élevé, Mais ce qui est peut-tire plus grave encore, et ce sur quoi nous voulons plus particulidvement appeler ici I'attention, 13 176 TUDES TRADITIONNELLES est que certains croient pouvoir exposer des doctrines tradi tionnelles en prenant en quelque sorte modtle sur cette méme instruction profane, ct en leur appliquant des considérations quine tiennent aucun compte de la nature méme de ces doc- trines ct des différences essenticlles qui existent entre elles et tout ce qui est désigné aujourd’bui sous Ies noms de « science » et de « philosophie » ; il y a TA une pénétration de esprit moderne jusque dans ce & quoi il s'oppose radicale- ment par définition méme, et il n’est pas difficile de com- prendre quelles peuvent en étre les conséquences dissolvantes, méme 2 insu de ceux qui se font, souvent de bonne foi et sans intention définic, les instruments d’une semblable péné- tration, ‘Nous avons eu tout dernigrement, de ce que Nous venons de dire, un exemple assez étonnant sous plus é’un rapport : on ne peut, en effet, se défendre de quelque stupéfaction en voyant affirmer tout d'abord qu’ « on a considéré pendant longtemps dans 1’Inde que certains aspects de I'enseigne- ment védantique devaient étre tenus secrets », que «la. vil risation de certaines vwérités était réputée comme dange- Teuse », et qu’ « on avait méme interdit den parler hors d'un petit cercle d'initiés ». On comprendra facilement que nous ne voulions citer aucum nom, car ce cas-n’a pour nous que la valeur d'un exemple servant & willustrer » une certaine men- talité ; mais il faut dire dw moins, pour expliquer notre éton- nement, que ces assertions provicnnent, non point d'un orien- taliste ou dun théosophiste quelconque, mais d'un Hindow de naissance. Or, s'il est un pays oli I’on a toujours considéré que le c6té théorique des doctrines (car il est bien entendu qu'il ne s'agit aucunement 1d de Ja « réalisation » et de ses moyens propres) pouvait étre exposé sans autre réserve que colle de l'inexprimable, c’est bien précisément I'Inde ; ct de plus, stant donnée la constitution méme de V'organisation traditionnelle hindoue, on ne voit pas du tout qui pourrait ¥ avoir qualité pour interdire de parler de tellé ou tolle chose 5 en fait, cela ne peut se produire que 1A of il y a une distine~ LA DIFFUSION DE LA CONNAISSANCE ry tion nettement tranchée entre Gotécisme et exotérisme, ce qui n'est pas le cas pour I'Inde. On ne peut pas dire non plus que Ia « vulgarisation » des doctrines soit dangereuse ; elle serait plutbt simplement inutile, si toutefois elle était pos- sible ; mais, en réalité, les vérités de cot ordre résistent par Jour nature méme a toute « vulgerisation » : si clairement qu'on les expose, ne Jes comprennent que ceux qui sont quae lifids pour les comprendre, et, pour les autres, clles sont comme ¢i clies wexistaient pas. On sait d’zilleurs asser ce que nous pensons nous-méme des prétendus « secrets » chers aux pseudo-ésotéristes : uno réserve dans l'ordre théorique ne pout étre justiflés que par des considérations de simple opportunité, donc: par des raisons purement contingentes ; et um secret extéricur queleonque ne peut jamais avoir au fond que la valeur d'un symbole, ct aussi, parfois, calle d’une « discipline » qui peut n'¢ére pas sens profit... Mais la menta- lité moderne est ainsi faite qu’alle ne peut soufirir aucun secret ni méme aucune réserve ; ce sont Ja des choses dont Ja Portée et 1a signification Ini échappent entigrement, ct A Yégard desquclles l'incompréhensiba engendre tout naturel- Jement Ihostilité ; ct pourtant le caractére proproment monstruewx d'un monde oi tout serait devent « public » (nous disons « serait , car, ef fait, nous n'en sommes pas ‘encore la malgré tout) est tel qu’ll mériterait & lui seul une étude spéciale ; mais ce n'est pas Ie moment de nous livrer & Certaines « anticipations » peut-ttre trop faciles, et nous di- Tons seulement que nous ne pouvors que plaindre les hommes qui sont tombés assex bas pour éro capables, littéralemont aussi bien que symboliquement, de vivre dans des « ruches de verre >, Roprenons la suite de nos citations : « Aujourd’hui, on ne tient plus compte de ces restrictions ; Je niveau moyen de Ja culture sfest élevé et les esprits ont été préparés & recevoir Tenseignement intégral ». C'est ici qu’apparatt aussi nette- ment que possible la confusion avec instruction profane, Aésignée par ce terme de « culture » qui est en effet devenu 178 ETUDES TRADITIONNELLES de nos jours, une do ses dénominations les plus habituelles ; c'est 1A quelque chose qui n'a pas le moindre rapport avec Venseignement traditionnel ni avec Vaptitude le recevoir ; et au surplus, comme la soi-disant élévation du © niveau moyen » a pour contrepartie inévitable la disparition de Yélite intellectuelie, on pout bien dire que cette « culture » représente exactoment le contraire d’'unc préparation a ce dont il s'agit. Nous nous demandons d’ailleurs comment wn Hindow peut ignorer complitement & quel point du Kali- ‘Yuga nous en sommes présentemont, allant jusqu’d dire que les temps sont venus oi Ie syst?me enticr du Védénta pent tre exposé publiquement », alors que la moindre connais- sance des lois cycliques oblige au contraire 4 dice qu'ils y sont moins favorables que jamais; et, s'il n’a jamais pu étre emis & la portés di commun des hommes », pour lequel it n'est-d’ailleurs pas fait, ce n'est certes pas aujourd'hui. qu'il le pourra, car ce x commun des hommes »n’s jamais été aussi ‘totalement incompréhensif. Du reste, la vérité est. que, pour cette raison méme, tout ce qui représente une connaissance traditionnclle d’ordre vraiment profond, et qui correspond par ld A ce que doit impliquer un « enscignement intégral », se fait de plus en plus diffcilement accessible, et cela par- tout ; devant Venvahissoment de esprit moderne et profane, il est trop évident qu'il ne saurait en étro antroment ; com- ‘ment done peut-on méconnaitre la réalité au point d’affirmer tout l'opposé, et avec autant de tranquillité que si Yon Gnongait la plus incontestable des vérités 7 Les raisons mises en avant pour expliquer I'intérét qu'il peut y avoir actuellement & répandre I'enscignement védin- fique ne sont pas moins extraordinaires : on fait valoir en premier Tiou, & cot égard, « le développement des idées s0- ciales et des institutions politiques » ; méme si c'est vraimont un « développement » (¢t il faudrait en tout cas préciser ex qnel sens), c'est encore 1A quelque chose qui n'a pas plus de rapport avec la compréhension d'une doctrine métaphysique que n’en a Ja diffusion de Vnstruction profane ; il suffit LA DIFFUSION DE LA CONNAISSANCE 179 @lailleurs de voir, dans nimporte quel pays @’Orient, com- bien les préoceupations politiques, JA ot elles se sont intro- Gites, nuisent a Ja connaissance des vérités traditionnelles, pour petiser qu'il serait plus justifié de parler dune incompa- tibilité, tout au moins de fait, que d'un accord possible entre ces denx « développements ». Nous ne voyons vraiment pas quel lien Ia « vie sociale », au sos purement profane ol Ia coxsoivent les modemes, pourrait bien avoir avec la spiritua- 1it6 ; elle on avait, au contraire, quand elle s'intégrait & une civilisation traditionnelle, mais c'est précisiment Vesprit modeme qui les a détrnits, ou qu: vise A les ddtruire 14 ob ils subsistent encore ; alors, que pout-on bien attendre d'un « développement » dont Je trait te plus caractéristique est aller au rebours de toute spiritualité ? On invoque encore une autre raison : « Par ailleurs, il on est pour le Védénta comme pour les vérités de la science ; iL n’existe plus aujourd'hui de secret scientifique ; la science n’hésite pas a publier les découvertes les plus récentes », En ffet, cette science profane n’est faite que pour Ie « grand pu- Vile», et c'est JA en somme toute sa raison d’étre ; il est trop clair qu’clle n’est récllement rien de pins que ce qu’elle parait étre, puisque, nous ne pouvons dice par principe, mais plntot par abscnce de principe, elle se tient exclusiverrent a Ja sur~ face des choses ; assurément, il n'y a ld-dedans rica qui vaille Ia peine d’étre tem secret, ou, pour parler plus exactement, qui mérite d’étro réservé A usage d'une dlite, et d’ailleurs celle-ci n’en aurait que fairo. Seulement, quelle assimilation, peut-on bien vouloir établir entre les prétendues vérités de Ta science profane et les enscignements d'une doctrine telle que Je Védénta ? Clest toujours 1a méme confusion, et il est per- mis de se demander jusqu’& quel point quelqu'un qui la com= met avec cotte insistance peut avoir la compréhension de la doctrine qu'il veut enseigner ; en tout cas, desassertions de ce genre ne peuvent qu'empécher cette compréhension chez ceux A qui il s'adresse, Entre esprit traditionnel et I'esprit moderne, il ne saurait en réalité y avoir aucun accommode- 180 #TUDES TRADTTIONNELLES toute concession faite au second est nécessaizement. ‘épens du premier, et ellene peut qu‘entrainer un amoin- Grissement de la docirine, méme quand ses conséquences ne vont pas jisqu’a leur aboutissement le plus extréme ct aussi Je plus logique, c'est-a-dire jusqu’a une véritable deforma: tion. On remarquera que, en tout ceci, nous ne nous plagons nullement au point de vue des dangers hypothétiques que pourrait présenter une diffusion générale de la véritable con- naissance ; co que nous affirmons, c’est limpossibilité pure et simple d'une telle diffusion, surtout dans les conditions actuclles, car le monde n’en a jamais été plus éloigné qu'il ne ‘Test aujourd'hui. Si copendant I’on voulait & toute force per sister a parler de dangers, nous dicions ceci : autrefois, on exposant les vérités doctrinales tclles qu’cllcs sont et sans aucune « vulgarisation », on risquait 4’étre parfois mal com- Pris ; maintenant, on risque seulement de n’tre plus com- Pris da tout ; c’est peut-étre en effct moins grave en un cet tain sens, siI'on veut, mais nous ne voyons pas trop ce que les Partisans de la diffusion peuvent bicn y gagner. René Guixoy. LA PIERRE ANGULAIRE" (Suite) A «pierre angulaire », prise dans son véritable sens de pierre du goramet », est désignée & Ia fois, en anglais, comme Reysions, comme cagsione (qu'on trouve aussi écrit parfois capesione), et comme copestone (ou coping-stone) ; le ‘promier de ces trois mots est facilement comprehensible, car c'est P'équivalent exact du terme frangais « clef de votte » (ou dare, le mot pouvant en réalité s‘appliquer & la pierre qui forme ie sommet d'un arc aussi bien que d’ume votite) ; mais les deux autres demandont un peu plus d’explications. Dans capstone, Ie mot cap est évidemment Ie latin caput, « téte », ce qui nous raméne A la désignation de cette pierre comme la « téte de langle »; c'est proprement la pierre qui «achéve » ou « couronne » un édifice ; et c'est aussiun chapi- teau, qui est de méme Je « couronnement » d'une cofonne (2). ‘Nous venons de parler d’ « achévement », et les doux mots cap ct ¢ chet » sont, en effet, étymologiquement iden- tiques (3) ; la capstone est done le « chef » de I"édifice ou de 1. Voir Btudes Traditionnelties, avril 1940, tunica otras da onrone se lasts on rls do easton aymboigse, ton signi pricedoaent. de mon ‘on salt ¢’ailleurs que Ia couronne ane. Stont ale Galeton: ya ment grade de Royal recor {ite sear of the sui, suusbre ua rapport ont Forverere de olle- 3 oe tea de tepanation ponte) o Felevemont (peel) Se i Keynes nese, Sane ‘acon Gunsal, tes cot nant = yoni Skye Sols eccmoae dos ciront gracermavonsique sleet gue seul ycorrnpondent oo rayporint 9s ria aux Avene eats Mic fee ul Mépond bien & leitoatton rae 1a pleery angulaire ,, 21a Tole comme come * derive pierre de faites, Nous moa LA PIERRE ANGULATRE 203 ¥ cceuvre », et, en raison de sa forme spéciale qui requiert, ‘pour Ja tailler, des connaissances ou des capacités partiou- Tidres, elle est aussi, on méme temps, un « chef-d’cenvre » ain ‘sens compagnonnique de cette expression (x) ; c'est par elle que I'édifice est complétement terming, ou, en dlantres termes, qu'il est finalement amené & sa « perfection » (2). Quant au terme copestone, le mot cope exprime Vidéo de «< couvrir » ; ceci s'explique par le fait, non seulement que la partic supéricure de W’édifice est proprement sa « couver- ture », mais aussi, ct nous dirious méme surtout, que cette pietre se place de fagon 4 couvrir ouverture du sommet; clest-A-dire I’ «ceil » du dome ou de la votte, dont nous avons ‘Agia parlé précddemment (3). C’est done en somme, & cet Sgard, Véquivalent d'une roof-plate, ainsi que Je remarque M. Coomaraswamy, qui ajoute que cette pierre peat étre regardée corame Ja terminaison supérieure on le chapiteau du c pilier axial » (en sanscrit shambha, en grec stauros) (4) j ine correspond, dans fe plan horizontal, au éme joa vertical, ainel que nous avons expiiqué en ont a forme aemi-ciroul tc éléval sve 4 1a fols son empiol en arepitecture ot en lalgons ee rap- plecee angus ‘prochen {tice son alcbimie, et i * plere phitosophale » Se ea craeirqoer qua, dans e2rtaina rites mayonnigaes, eo grades ut cortexpontont plus ou molig exactomeat b la partie supérieure dels constrac: ee eroet wag tel frous digons plus oumoins exsctoment, car II yapertois conse Nate ano sertaine contusion) sont désignés préclaéiment par 1e nom t exaltation gut 46signe AEE we Pade ao Royal areh, pout elentendre comme faisant alinsion ‘Rls potion élevée doin heuséone, Fee teave, pour ia miss en placo de cette pierte, Hexprossion to Dring oie ihe copesione, dont le sono est encore essex peu clair b premitre Tore the tony ignite Litéralement * produire , (au sens étymologiaue du Heanrptoducere) ou" iettre a0 jour; pulsque laplarrea daja été rletée an- févlourement aa cours de Ia construct ft btre question, an Jour de Fore, dese "produetion » a fe 2 Ste cnfonte * paral los decombres » 11 svat Tale Plone do le remettre tu our, pour Ia plucer en évidence aa sonnet tome ie tagon d ce awe devienne In tte de Vangie y; ot sinel fo ‘bring fertis voppese ick 0 heave over. “h Steuros sigotie aust * ‘et Von salt que, cenrétian, Ia crotx eat ce de mot aueansert siidvard, * ferme. ox stable . 8 at rapproshe co Het a un pille, ee qal, sn outre, s'xccorde exaatement cee tise de atabllte , donnée 2 Ja révaion des none des deux co- dennoe du Tomple de Salomon 204 ETUDES TRADITICNNEI LES ce pilier, comme nous Vavons déja expliqué, peut n’étre pas représenté matériellement dans la structure de I'édifice, mais. il ’en cst pas moins sa partie essentielle, celle autour de 1a- quelle s‘ordonne tout ensemble, Le caractire de sommet da « pilier axial », présent d’une fagon sonlement « idéale », est indiqué d’une fagon particuliérement frappanto dans les cas. cit la « clef de vote » descend en forme do « pendentif » dé- passant a V'intéricur de V'édifice, sans étre visiblement sup- portée par rien & sa pattie inférieure (r) ; toute la construc tion a son principe dans ce piticr, et toutes ses parties diverses viennent finalemont s'unifier dans son « faite »,.qui est. le sommet de ce méme pilier, et qui cst la e clef de voatte» ou la « téte de l'angle » (2), ‘Linterprétation réelle de la « pierre angulaire » comme ‘pierre du sommet » paratt bien avoir été assez généralement connue au moyen Age, ainsi qne Je montre notamment une iMustration du Speculum Humanac Salvationis que nous. reproduisons ici (3) ; cot ouvrage était fort répandu, car il en. existe encore plusieurs centaines de manuserits; on voit dans cette illustration deux magons tenant une truelle d'une: main et, de Pautre, soutenant la pierre quills s‘apprétent & Poser au sommet d'un édifice (apparemment la tour dune église, dont cette pierre doit compléter le sommet), ce qui ne: Jaissc aucun doute sur sa signification, I! y a lieu de remar- quer, & propos de cette figure, que Ta pierre dont il s’agit, 4. Cest ee sommet du piler axial, qal correspond, comme now lt,2 lx pointe supérieure datalif uns le apmbolfome literal arnt Yous aussi, au: anjet dex formes Reystone et * elaf de voute », gue ole mine de la elet a dylement une shzsitention * sxiate « 2, N. Coomarteseamy ropyelle Mvalitssymbol'que ds toit vet plos parts im, 48. fol. 84 (Lats et Herdrnet. pl ed) «ta photogeapbie nous a é18 cowmuniquée par M Cocmarsswarsy art Gulletin, XVI, p. 480 at Be sider eettafiustration eomme la pl et qul, 2 ee propos, parle a ‘on pourrait dire aussi, ‘hoa preeddentos expll reprévento tha brining forth ofthe copestone. TA PIERRE ANGULATRE 203 en tant que « clef de votte », ou dans toute autre fonetion similaire suivant la structure de ’édifice qu'elle est destinge A « couromner », ne peut, par sa forme méme, étre placée que par Ic haut (sans quoi, dailleurs,il ost évident qu'elle pour rait tomber & Vintéricur de P6difice) ; par li, elle représente en quelque sorte la « pierre descendue du ciel», expression qui s'applique fort bien aul Christ (1), et qui rap- pelle aussi la pierre du Grack (le lapsit exillis: de Wolfram d’Eschen- bach, qui pent s’inter- préter comme lapis ex coelis) (2). De plus, il y a encore 14 un autre point important & si- gnaler : M. Erwin Pa- nofski a remarqué que cctte méme illustration montro la pierre sous Yaspect d’un objet -en forme de diamant (ce qui la rapproche encore do Ia pierre du Graal, puisque celle-ci est éga- Jement décrite comme taille a facettes) ;cette question mérite d’étre examinéo de plus pris, car, bien qu'une tolle représentation soit loin d’étre le cas Je plus Uy aural et garda rapprossoment& air entre a peree te! dello fe * pin donna cil cari y 4 Oa appari rmboliques impartanis ents Ia plore of le aims cast ext an cebore SRieajecde la privente elude; danw fous levoan la = descente de clay fo presente natarelement Payatarana. TCL nomi puro spol db EBA Ineass, dont « paié wn chactonnens-Linteycot gol ouime Vesertide au Grae) one une pares Sieceten estes iu 1 eoupe ot lle eo place, cotrespondesase iemert anJoyaa dane le Lotte. (mont pads} du Bouddhiwwe mabye nique. 206 ETUDES TRADITIONNELLES général, elle se rattache & des e6tés du symbolisme com. plexe de Ja « picrre angulaire » autres que ceux que nous avons Gtudiés jusqu'ici, ct qui ne sont pas moins intéressants pour en faire ressortir les liens avec tout l'ensemble du symbolisme traditiomnel. Cependant, avant den venir IA, il nous reste une question accessoire & clucider : nous venons de dire que la « pierre du sommet » peut n'étre pas une « clef de votite » dans tous les cas, ot, en offet, elle ne Pest que dans une construction dont la partie supérieure est en forme de déme ; dans tout autre cas, par exemple celai d'un batiment surmonté d’un toit pointu ou en forme de tente, il n'y en & pas moins une « der- nifre pierre » qui, placée au sommet, joue cet égard le méme role que la « clef de vodte » et, par conséquent, correspond aussi & celle-ci au point de vue symbolique, mais sans pour- tant qu'il soit possible de la désigner par co nom; et il faut en dire autant du cas spécial du « pyramidion », auquel hous avons déja fait allusion on une autre occasion. Il doit étre bien entendu que, dans le symbolisme des constructeurs du ‘moyen Age, qui s'appurie sur la tradition judéo-chrétionne ot est spécialement rattaché, comme & son « prototype », & la construction du Temple de Salomon (1), il est constant, on ce qui conceme la « pierre angulaire », que c'est proprement d'une «clef de votte » qu'il s‘agit ; ct, si la formeexacte du Temple de Salomon a pa donner liew & des discussions au point de vue historique, il est bien certain, en tont cas, que cette forme n’était pas celle d'une pyramide ; ce sont Ia des faits dont il faut nécessairement tenir compte dans linter- prétation des textes bibliques qui se rapportent A Ia «pierre angulaire » (2). Le « pyramidion », c'est-A-dire la. pierre qui 1, Los légendes , du Compagnonaage dans toutes ees branches en font ‘foi, non moins que és" survivances , propres de Vancieaae NG coanerie opé- ative que nous avons envisagées 2. Tine sauralt dae auewnement sag 1 ‘fone arton an comme cartsins Mont prétonda. In eonsteustion de a" Grande véo, oo ul eat LA PIERRE ANGULATRE, 207 forme Ja pointe supérieure de la pyramide,n’est en aucune fagon une « clef de vote » ; il n’en est pas moins le « couron- ‘nemont » de l’édifice, et I'on peut remarquer qu'il en repro- -duit en réduction Ia forme entire, comme si tout "ensemble dela structure était ainsi synthétisé dans cette pierre unique ; Texpression « tOte de l'angle », au sens littéral, kui convient bien, et aussi le sens figuré du nom hébreu de |’ «angle » pour désigner le « chef x, d’autant plus que la pyramide, par- tant de la multiplicité de la base pouraboutir graduellement A Yunité du sommet, est souvent prise comme le symbole une hiérarchie, D’autre part, d’aprés ce que nousavons ex- pliqué précédemment au sujet du sommet et des quatre angles de la base, en connexion avec la signification du mot arabe rukn, on pourrait dire que la forme dela pyramide est ‘en quelqne sorte contenue implicitement dans toute structure architecturale ; le symbolisme « solaire » de cette forme, que nous avons indiqué alors, s¢ retrouve d’ailleurs plus particu- itrement oxprimé dans le « pyramidion », comme le montrent nettement diverses descriptions archéologiques citées par ‘M. Coomaraswamy : Je point central ou le sommet correspond an soleil Ini-mémo, et les quatre faces (dont chacune est ‘comprise entre deux « rayonss extrémes délimitant le do- maine qu’clle représente) & autant d’aspects secondaires de ‘ce méme soleil, en rapport avec les quatre points cardinaux vers lesquels ces faces sont tournées respectivement. Malgré ‘tout cela, il n’cn est pas moins vrai que Je «pyramidion » n'est qu’un cas particulier de Ja’ pierre angulaire et ne la eprésente que dans une forme traditionnelle spéciale, celle des anciens Egyptiens ; pour répondre au symbolisme judéo- chrétien de cette méme pierre, qui appartient 4 une antre forme traditionnelle, assurément fort différente de calle-Ia, il Jui mangue un caractére essenticl, qui est celni d’étre une «clef de votite » Cola dit, nous pouvons revenir A la figuration de le «pierre ccopteroeat & Vencontee da sysaboliame suivant loquel Le plenre qui avalt &6 inente coma # (So do Fang 16 208 ETUDES TRADITIONNELLES angulaire-» sous la forme d’un diamant: M. Coomaraswamy, dans Y’article auquel nous nous sommes référé, part d'une remarque qui a été faite au sujet du mot allemand Eckstein, qui précisément a & la fois le sens de « pierre angulaire» et celui de « diamant » (2) ; ct il rappellea ce propos les signifi- cations symboliques du vajra, que nous avons déja envi- sagées & diverses reprises : d'une facon générale, la pierre ou le métal qui était considéré comme le plus dur et le plus. brillant 2 66 pris, dans différentes traditions, comme cum symbole d’indestructibilité, d’invulnérabilité, de stabilité) de lumire et d'immortalité » ; et, en particulier, ces qualités. sont trés souvent attribuées au diamant. L’idée d’ « indes- tructibilité » ou d’ « indivisibilité » (U'une et l'autre sont étroitement liées et sont exprimées en sanserit par le méme- mot akshara) conviennent évidemment & la pierre qui repré- sonic le prinéipe unique de I'édifice (Funité véritable étant essentiellement indivisible) ; celle de « stabilité », qui, dans. Yordre architectural, s'applique proproment a un pilicr, convient également A cette meme pierre considérée comme constituant Je chapiteau du ¢ pilier axial », qui lui-méme- symbolise I" «axe du monde »; et celui-ci, que Platon, notam~ ment, décrit comme un «axe de diamant », est aussi, d’autre- part, un « pilier de Iumiére » (comme symbole d’Agai ct comme « rayon solaire 3) ; A plus forte raison cette dernitre qualité s’applique-t-clle (« éminemment: », pourrait-on dire) & son « couronnoment », qui représente la sourceméme dont it émane en tant que rayon Iuminenx (2). Dans le symbolisme’ 1. Stout, Consider the tiles, how they grow, d propos de Ia signieation un mobil oraemental on forme de diamant, expliau6s par der éeriis of fest parle du Christ comme étant Telsiein’ —Le double sens de ce mot wexplique qui pent Bangles t ealéve rien Ja valeur du rapprocheraent aymbolique indigué per la rét- ions dane un wane m0, naturelloment huft angles, ¢t Ie potesu sxerit- slat apa) fait Aire fet *& helt gles, (ashtantrp post Mgurer le paira avs Telee! cateads egatement dias on autre vere de" fosdre Je mot PuE TMeératoment "a buit angles y eigeiio A In fole™ diamant , hoa de cee deux sig TA PIERRE ANGULAIRE 209 hindou et bouddhique, tout ce qui a une signification « cen- trale » ou « axiale » est généralement assimilé au diamant (par exemple dans des expressions telles que vajrdsana, «trone de diamant ») ;et il est facile de serendre compte que toutes ces associations font partic d’une tradition qu’on peut dire vraiment wniverselle. Ce n’est pas tout encore : Je diamant est considéré comme Ja « pierre précieuse » par excellonce ; or cette « pienre pré- cleuse » st aussi, coinime tolle, un symbole du Christ, qui se trouve ici identifié & son antre symbole, la « pierre any aire » ; ou, si Y’on préfére, cesdeux symboles sont airs! réunis, en un seul. On pourrait dire alors que cette pierre, en tant qu'elle représente un « achévement » ou un « accomplisse- ment » (1), est, dans le langage de Ia tradition kindoue, om. ohintémani, ce qui équivaut & Yexpression alchimique occi- dentale de « pierre philosophale » (2) ; ct il est trés. ‘significatif, a cet égard, que les hermétistes chrétiens parlent souvent du Christ comme étant Ja véritable « pierre philosophale », non moins que comme étant la « pietre angulaire 1 (3). Nous sommes ramené par IA A ce que nous disions précédemment, & propos des deux sens dans lesquels pout s'entendre 'ex- pression arabe run el-arkdn, de la correspondance qui existe centre les deux symbolismes architectnral ct alchimique ; et, Pour terminer par une remarque dune portée tout a fait générale cette étude déja longue, mais sans doute encore kab tna St rns ttn Aone is sete seein ia siahberh cre per Pains aise ohard Ey speeneTs some \erra fondamentale , dont oon avons pari6 au d6but :ct ev que Vuteur fq Ios rapporte dit luisméme dela " plecre angulaire yy dans. plosteurs em: rotted sade tere, FE nom pl ertion, ‘ete pent pULBE A ontectenl® encore eeite méme confusion 210 YTUDES TRADITIONNELLUS incomplte, car le sujet est de coux qui sont presque inépui- sables, nous pouvons ajouter que cette correspondance méme n’est au fond qu'un cas particulier de celle qui cxiste pareille- ment, quoique d’une fagon qui n'est peut-étre pas toujours aussi manifeste, entre toutes les sciences et tous les arts traditionnels, parce qu’ils ne sont tons, en réalité, qu’autant. expressions et d'applications diversos des mtmes vérités ordre principiel et universe. RENE GuENON.

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