XI : Réseaux d’antennes
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Dans tous les cas, il est important de maîtriser la répartition spatiale de l’énergie
électromagnétique rayonnée. Cette répartition dépend de la nature de la transmission, ce qu’on
peut illustrer, sans être exhaustif, par les quelques exemples suivants :
- Pour une liaison point à point, on utilisera une antenne directive car toute
énergie qui s’écarte de la liaison est perdue.
- Pour des stations de bases de téléphonie mobile, on découpe parfois les 360
degrés de l’horizon en secteur de 120 degrés : le rayonnement de l’antenne devra alors être
sectoriel dans le plan de l’horizon.
- Pour des applications radar, on utilisera un lobe de rayonnement cosécanté
permettant une illumination de l’objet détecté à puissance constante.
- Pour une émission de radio locale, on aura besoin d’un rayonnement
omnidirectionnel.
Or, il est rare qu’une antenne seule permette d’obtenir directement la forme du
diagramme de rayonnement souhaité.
Par contre, en associant judicieusement plusieurs antennes identiques, on peut
s’approcher du diagramme désiré. Cette association porte le nom de réseau d’antennes.
Z
r
E1
P
r
E2
Y r
θ
d.sinθ
O
X
d
r −jkr r
E1(P) = α e ep (XI-1)
r
r
dans laquelle α est une constante et ep le vecteur qui porte la polarisation au point P.
r −jk(r − d sin θ) r
E 2(P) = α e e (XI-2)
r − d sin θ p
{ }
r −jkr −jk(r − d sin θ) r
e = α e−jkr er 1 + e jkd sin θ
E(P) = α e + e p (XI-3)
r r r p
Et l’observation des relations (XI-1) et (XI-3) montre que la modification introduite par
la deuxième antenne à la distance d de la première, dans le plan y = 0, est donnée par le terme
entre accolades de la relation (XI-3) :
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kd sin θ
{
1 + e jkd sin θ = e (jkd sin θ) / 2 e − (jkd sin θ) / 2 + e (jkd sin θ) / 2 } = 2e (jkd sin θ) / 2
cos
2
(XI-4)
Ce terme exprimé de différentes manières dans l’expression (XI-4) est appelé Facteur
de réseau. Il traduit la modification apportée au diagramme de rayonnement d’une antenne
seule lorsqu’elle est mise en réseau avec une deuxième.
r −jkr
(
E(P) = 2α e e(jkd sin θ) / 2 cos kd sin θ ep
r 2
r
) (XI-5)
1 1
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
Téta Téta
0 0
-90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90 -90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90
d = 0.25 λ d = 0.5 λ
1 1
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
Téta Téta
0 0
-90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90 -90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90
d = 0.75 λ d=λ
1 1
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
Téta Téta
0 0
-90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90 -90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90
d = 1.25 λ d = 1.5 λ
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1 1
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
Téta Téta
0 0
-90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90 -90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90
d = 1.75 λ d=2λ
- Jusqu’à une distance d = λ / 2, il n’y a qu’un seul lobe de réseau qui devient
de plus en plus directif au fur et à mesure que d augmente.
On déduit de ces remarques que la distance entre éléments sera en général choisie entre
λ / 2 et λ. Les deux paramètres influant sur cette distance sont :
- La longueur des lignes qui doivent alimenter, dans le cas de réseau directifs,
tous les éléments en phase, ce qui impose une distance entre éléments égale
à λguidée = λ / ε r
Lorsque les éléments du réseaux sont des antennes réelles, leur rayonnement dans le
plan du réseau peut être décrit par une fonction E(θ).
Le rayonnement des deux sources en champ lointain peut alors être modélisé par les
relations :
Un raisonnement analogue au précédent conduit au champ total rayonné par les deux
sources, dans le plan du réseau :
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r
{ ( )} −jkr r
E(P) = 2e(jkd sin θ) / 2 cos kd sin θ E(θ) e ep
2 r
(XI-8)
0n en déduit une propriété générale des réseaux linéaires : Le champ total rayonné par
un réseau d’éléments identiques est égal au produit du champ rayonné par un élément du
réseau par le facteur de réseau : ce sont les deux termes entre accolade de l’expression (XI-8).
Y
d.sin(θ)
d d d
F = 1 + e jkd sin θ + e2jkd sin θ + e3jkd sin θ + .......... + e(n − 1)jkd sin θ (XI-9)
− jnkd sin θ
jnkd sin θ −jnkd sin θ
−
jnkd sin θ jnkd sin θ
(
sin nkd sin θ)
( )
2 2 2 2
F= 1 e e e e e 2
jkd sin θ = jkd sin θ =
1−e jkd sin θ − jkd sin θ jkd sin θ
sin kd sin θ
e 2 e 2 −e 2 e 2 2
(XI-10)
r (
jnkd sin θ sin nkd sin θ )E(θ) e − jkr
ep
r
( ) r
2
E(P) = e jkd sin θ 2 (XI-11)
kd sin θ
e 2 sin
2
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(
sin nkd sin θ )
( )
F(θ) = 2 (XI-12)
sin kd sin θ
2
dont on peut donner une évolution en fonction du nombre d’éléments n, après avoir fixé la
distance entre éléments d = λ / 2 par exemple (Figure XI-4)
1 1
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
Téta Téta
0 0
-90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90 -90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90
n = 2 éléments n = 4 éléments
1 1
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
Téta Téta
0 0
-90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90 -90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90
n = 8 éléments n = 16 éléments
Le facteur de réseau devient de plus en plus directif au fur et à mesure que le nombre
d’éléments augmente.
0.8
0.6
0.4
0.2
Téta
0
-90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90
Les analyses précédentes ont été simplifiées dans un souci de clarification des
phénomènes : le diagramme de rayonnement était représenté dans le plan du réseau, choisi
comme le plan y = 0, ce qui correspond en coordonnées polaire au plan φ = 0.
Dans les autres directions de l’espace, nous devons prendre en compte la dépendance
en φ.
Si on reprend une notation déjà utilisée en désignant par M la position courante à
l’abscisse x d’une antenne du réseau ; le déphasage de propagation par rapport à l’antenne
servant de référence de phase située à l’origine est donné par le produit scalaire :
r
k.OM = k( x sin θ cos φ + y sin θ sin φ + z cos θ ) (XI-13)
qui se réduit à kx. Sin(θ).cos(φ) lorsque le réseau est aligné suivant l’axe des x.
Reprenant la relation (XI-10), on en déduit que le facteur de réseau dans une direction
(θ,φ) quelconque s’écrit, pour un réseau linéaire régulièrement espacé d’une distance d,
disposé suivant l’axe des x :
Nous supposerons également que ces éléments sont régulièrement espacés, mais d’une
distance qui peut être différente suivant l’axe des x, et suivant l’axe des y : nous désignerons
ces distances par dx et dy.
L’élément courant sera désigné par (m,n), tandis que l’élément (m=0, n=0) sera situé à
l’origine (Figure XI-6).
Z Y
dy
dy
dy n (m,n)
dy
m X
dx dx dx
m = M −1 n = N −1
∑ ∑
jk(md x cos φ sin θ + nd y sin φ sin θ)
F= e (XI-15)
m =0 n =0
Pour des raisons diverses (pointage, abaissement des lobes secondaires, ….), on peut
souhaiter moduler l’amplitude et la phase du signal appliqué à chaque antenne élémentaire du
réseau. Si on désigne l’amplitude complexe de ce signal par :
jβ m, n
a m, n = a m, n e (XI-16)
m = M −1 n = N −1
∑ ∑
jk(md x cos φ sin θ + nd y sin φ sin θ) + jβ m, n
F(θ, φ) = a m,n e (XI-17)
m=0 n =0
r −jkr r
E(r, θ, φ) = F(θ, φ) E(θ, φ) e ep(θ, φ) (XI-18)
r
dans laquelle la dépendance en (θ,φ) de chaque paramètre a été clairement explicitée, avec F :
facteur de réseau, E : diagramme de rayonnement de chaque antenne élémentaire, le dernier
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Afin de bien identifier l’influence de la distance entre éléments, nous allons considérer
un réseau de 2 éléments au rayonnement isotrope, disposés sur l’axe des x, et séparés par une
distance variable d.
Dans ces conditions, le diagramme de rayonnement est donné par la relation :
kd sin θ cos φ
E(θ, φ) = cos (XI-19)
2
π 2π
E 2 (θ, φ) E 2 (θ, φ) 2
∫∫s 2η ds = ∫0 ∫0 2η r sin θdφdθ (XI-20)
Par définition, la directivité dans une direction quelconque de l’espace est donnée par la
relation :
E 2 (θ, φ)
2η E 2 (θ, φ)
D(θ, φ) = π 2 π 2 4πr 2 = 4π π 2 π (XI-21)
E (θ, φ) 2
∫O ∫0 2η r sin θdφdθ ∫0 ∫0 E (θ, φ) sin θdφdθ
2
DMax(θ, φ) = 4π 1 (XI-22)
π 2π 2
cos kd sin θ cos φ sin θdφdθ
∫
0
∫0 2
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4.5
Directivité m axim um
en dB
4.0
3.5
3.0
2.5
2.0
1.5
1.0
0.5
Distance entre élém ents en lam bda
0.0
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
0.8
0.9
1.0
1.1
1.2
1.3
1.4
1.5
1.6
1.7
1.8
1.9
2.0
Figure XI-7 : Evolution de la directivité d’un réseau de 2 éléments en fonction de la
distance qui les sépare.
DMax(θ, φ) = 4π n2 (XI-24)
π 2π
sin[(nkd sin θ cos φ) / 2] sin θdφdθ
2
Nombre d’éléments : n 1 2 4 8 16 32 64
Directivité maximale en dB 0 3 6 9 12 15 18
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Pour d = 0.5 λ, un réseau de n=2k éléments a une directivité égale à (3*k) dB. Ainsi, un
réseau ayant un gain de 27 db doit comporter au minimum 29 = 512 éléments.
On ne peut cependant espérer augmenter indéfiniment le gain d’un réseau. Au fur et à
mesure que le nombre d’éléments augmente, il faut répartir et distribuer l’énergie à chacun de
ces éléments, ce qui induit des pertes qui annihilent l’effet réseau au delà d’un certain nombre
d’éléments.
Pratiquement la limite actuelle de gain, pour des réseaux d’antennes imprimées aux
fréquences microondes, est d’une trentaine de dB.
I-8) Le pointage électronique
Les exemples présentés jusqu’à présent concernent des réseaux dont le maximum de
rayonnement se situe dans l’axe normal au réseau.
Pour obtenir un maximum dans une autre direction, disons la direction θ0 de la figure
XI-9 , il est nécessaire de compenser chaque déphasage de propagation kd sin(θ0) par un
déphasage opposé apporté à chacune des sources, de sorte que le rayonnement de chaque
source parvienne en phase au point P.
Y
d.sin(θ0)
θ0
0 -β -2β -3β
X
d d d
La source à l’origine étant prise comme référence, la deuxième source devra être
déphasée de - kd sin(θ0), la troisième de - 2kd sin(θ0), etc ….
Si on désigne par β le gradient de phase entre deux sources successives, la direction de
pointage du réseau θ0 sera donnée par la relation :
1 1
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
Téta Téta
0 0
-90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90 -90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90
β = -30° β = -60°
1 1
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
Téta Téta
0 0
-90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90 -90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 90
β = -90° β = -120°
Il a été montré que dans le rayonnement des antennes à ouverture, un des termes en
facteur dans la formulation du champ rayonné était la transformée de Fourier spatiale des
champs dans l’ouverture.
Il s’ensuit que pour un champ uniforme, la transformée de Fourier d’une porte étant un
sinus cardinal, les lobes secondaires sont relativement élevés.
Dans le cas idéal, une distribution de champs dans l’ouverture qui ne génèrerait pas de
lobes secondaires serait une distribution gaussienne ( car la TF d’une gaussienne est une
gaussienne). Un tel cas est irréaliste en pratique, car la dimension de l’ouverture devrait être
infinie.
On peut cependant exploiter cette constatation en remarquant que les lobes secondaires
peuvent être abaissés en apodisant la distribution des champs dans l’ouverture.
Dans le cas d’un réseau, cela revient à dire que la pondération en amplitude de chaque
élément doit être maximum au centre du réseau, et décroissante à mesure que l’on s’écarte vers
les extrémités du réseau.
On peut tenter de quantifier cet abaissement sur quelques exemples. Pour un réseau à
(2n-1) éléments, le Facteur de réseau, avec une pondération en amplitude égale à α d’un
élément à l’autre s’écrit dans le plan φ = 0 :
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F = 1 + 2α cos(kd sin θ) + 2α2 cos(2kd sin θ) + 2α3 cos(3kd sin θ) + ........ (XI-29)
Les comparaisons de la figure XI-11 ont été faites avec un réseau de 13 éléments
espacés de λ / 2.
0
-90 -70 -50 -30 -10 10 30 50 70 Téta 90
-10
-20
-30
dB
-40
Figure XI-11 : Diagrammes de rayonnement d’un réseau alimenté avec une amplitude
décroissante en partant du centre, dans un rapport α = 1, α = 0.9, α = 0.85 d’un élément au
suivant