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Juin 2010

LA PAUVRETÉ DES ENFANTS ET LES DISPARITÉS DANS


LES CINQ PAYS DE L’OCÉAN INDIEN

COMORES, MADAGASCAR, MAURICE, RÉUNION, SEYCHELLES

Juin 2010
PRÉFACE
Cette étude régionale sur la pauvreté et les disparités touchant les enfants se situe dans
le cadre des engagements internationaux pris par les pays de la région Océan Indien pour
l’éradication de la pauvreté et de la faim, tels qu’identifiés dans les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD). Elle révèle que malgré quelques progrès, des pourcentages importants
des femmes et des enfants sont toujours laissés pour compte, même parmi les pays de la
région qui affichent une amélioration générale.

La Commission de l’Océan Indien reconnaît les efforts réalisés par les réseaux nationaux des 5
États membres de la COI, dans un esprit de professionnalisme et d’engagement, afin de mener
à bien les analyses et produire le présent rapport.

L’étude, riche en informations et analyses servira à améliorer la prise de conscience nationale,


régionale et globale de l’ampleur et des causes de la pauvreté touchant les enfants et leurs
familles de la région indiaocéanique. Elle servira de base pour faire le plaidoyer pour promouvoir
les intérêts des enfants et aider les décideurs des États membres à apporter des solutions aux
problèmes de la pauvreté et de disparités affectant les familles et les enfants, respectant ainsi
leurs droits fondamentaux. Il servira également à renforcer les efforts des partenaires, des
communautés, du secteur privé et de la société civile.

Sur la base des recommandations faites, cette étude apportera un éclairage et une aide aux
décisions des politiques économiques et sociales à mettre en œuvre dans les pays pour lutter
contre la pauvreté chez les enfants.

La Commission de l’Océan Indien est favorable à la diffusion et le suivi des recommandations de


cette étude auprès des États membres.

Callixte D’OFFAY
Secrétaire Général
Commission de l’Océan Indien
AVANT PROPOS
La présente étude régionale sur la pauvreté des enfants met en évidence les difficultés des pays à
honorer leur engagement pour respecter les droits fondamentaux des enfants. Les statistiques et
les analyses montrent les disparités qui existent entre les 5 pays de la région Sud Ouest de l’Océan
Indien et à l’intérieur de chacun de ces pays en matière de pauvreté des enfants.

Cette région de l’Océan Indien compte plus de 11 millions d’enfants, soit la moitié de la population
de l’ensemble des 5 pays. Selon les méthodes adaptées à l’analyse de la privation dans la région,
7,6 millions d’enfants éprouvent au moins une privation sévère, soit 68% des enfants, tandis
que 9,5 millions d’enfants sont touchés par au moins une privation moins sévère, soit 84% de
l’ensemble des enfants. A titre d’illustration, ces privations sévères touchent le logement pour
68% des enfants, l’accès à l’eau potable pour 54% et aux conditions d’assainissement adéquat
pour 45% des enfants.

Malgré la prise de conscience et la volonté politique des pays à mettre en oeuvre les différentes
stratégies et programmes de réduction de la pauvreté, beaucoup restent à faire pour assurer la
meilleure coordination et l’appropriation de ces programmes par les autorités et par la population.

Il est important que chaque pays prenne connaissance des riches informations et leçons tirées des
autres pays régionaux et favorise les échanges en termes de politiques et de stratégies nationales
adoptées afin d’apporter les contributions indispensables pour honorer les droits des enfants et
leur épanouissement futur.

Sur la base des recommandations de la présente étude, les pays auront mieux à cibler les domaines
d’affectation et de répartition des ressources destinées à la réduction de la pauvreté, de manière
à ce qu’une meilleure équité soit la ligne directrice des programmes nationaux et éventuellement
des futurs programmes régionaux.

Bruno MAES
Représentant de l’UNICEF
Madagascar
Remerciements
Cette étude sur la pauvreté des enfants dans la région de l’Océan Indien a vu le jour avec la collaboration
active d’un grand nombre de personnes et d’organisations. Nous tenons à exprimer notre très sincère
reconnaissance à tous ceux qui sont intervenus, depuis l’atelier de lancement de l’étude en 2008,
à élaborer les méthodologies et à définir les différents paramètres et les indicateurs à étudier, ainsi
qu’à la mise en œuvre de l’étude.
Leur soutien tout au long de l’analyse et la rédaction de ce troisième rapport de l’Observatoire des
droits de l’enfant de la Région de l’Océan Indien a été très apprécié.
Nos plus sincères remerciements vont aux membres du Comité de pilotage de l’ODEROI, Monsieur
Callixte d’Offay, Secrétaire général de la COI, Monsieur Bruno Maes, Représentant de l’UNICEF
Madagascar, M. Claudio Caldarone, Coordonnateur Résident du PNUD Maurice pour leur vision
éclairée et leur soutien infaillible.
Nos remerciements vont également aux consultants internationaux : Dr. Kodjopatapa Raccotomala
Amégée, Messieurs. Younoussa Imani qui n’ont pas ménagé leurs efforts dans l’analyse et la
synthèse des données régionales ainsi que la rédaction du présent rapport, et aux consultants
nationaux : Messieurs Fabrice Andy, Aboubakari Boina, Ahmed Djoumoi, Marc Gronnier, Arison Rivo
Andriatsitoaina, Michel Rosalie et Mesdames Janick Beatrix Angelay Brû et Sahondra Robinson qui
ont contribué techniquement et intellectuellement aux recherches soutenues au niveau de leur pays
respectif. Nous les remercions vivement ainsi que toutes les équipes qui ont mené les groupes
d’entretien et qui ont bienveillamment accepté de partager leur vision et leurs expériences.
Nous remercions également les points focaux des réseaux nationaux de l’ODEROI : Madame Soifiat
Alfeine, Commissariat au Plan des Comores, Madame Faratiana Esoavelomandroso, Université de
Madagascar, Madame Françoise Botte Noyan, Conseil National des Enfants, Maurice, Madame Ariane
Schoettel, Conseil Général de la Réunion, et Mademoiselle Michèle Marguerite, Ministère des Affaires
Sociales, Seychelles qui ont fait le suivi des travaux et la coordination de la mise en œuvre de l’étude
au niveau national, ont apporté leur encadrement nécessaire aux équipes de consultants, ont facilité
l’accès à des compléments d’informations et ont assuré la validation de l’étude. Un remerciement
particulier à Madame Ariane Schoettel, représentante du Conseil Général de la Réunion, qui a bien
voulu accueillir et organiser l’atelier de validation régionale de l’étude à la Réunion en novembre
2009.
Le rapport a aussi bénéficié les compétences techniques des personnes ressources suivantes  :
Madame Sharmila Kurukulasuriya et Madame Solrun Engilbertsdottir, de l’UNICEF New York pour le
peer review, Monsieur Ismail Saadi, de l’UNICEF Comores, Monsieur Robert Ndamobissi UNICEF Mali,
Madame Fatoumia Ali Bazi, Chargée de mission de la COI, Madame Dorothee Klaus et Madame Olga
Ramaromanana de l’UNICEF Madagascar pour leur appui technique. Nous les remercions vivement
pour leurs disponibilités et leurs contributions louables.
Nos remerciements vont aussi à tous les bureaux des statistiques des Etats membres de la COI : La
Direction nationale des statistiques des Comores, l’Institut national de la statistique et des études
économiques (INSEE), Réunion, l’Institut national de la statistique (INSTAT), Madagascar, le Bureau
national des statistiques de Maurice et le Bureau national des statistiques des Seychelles pour leurs
précieuses contributions.

1
L’équipe de l’ODEROI composée de Madame Mariam Gopaul et Madame Lamait Saïd Abdallah,
Monsieur Dominique Niobé ont assuré la coordination de toutes les étapes de la réalisation de cette
étude. Qu’elle trouve ici toute notre gratitude et nos vifs remerciements pour les efforts d’encadrement
et de mobilisation des pays participants.
Une mention spéciale à toutes les familles, les jeunes et les enfants pour leurs témoignages et leurs
préoccupations. Tout en leur exprimant notre reconnaissance, nous espérons que leurs contributions
aideront à mieux faire comprendre les facteurs déterminants de la pauvreté dans laquelle vivent plus
de 11 millions d’enfants.

2
Table de matière
ACRONYMES...................................................................................................................................................................................6
LISTE DES TABLEAUX..............................................................................................................................................................10
LISTE DES GRAPHIQUES........................................................................................................................................................12
RESUME EXECUTIF....................................................................................................................................................................13
INTRODUCTION...........................................................................................................................................................................19
Chapitre I : ConTEXTES SOCIO ÉCONOMIQUE POLITIQUE ET INTERNATIONAL..................................26
1.1. Poids démographique des enfants et projection à 2015.............................................................................27
1.1.1. Population de la région océan Indien........................................................................................................27
1.1.2. Evolution des populations de 2005 à 2015..........................................................................................30
1.2. Evolution de la situation économique des pays de la région océan Indien.............................................31
1.2.1. Croissance, richesse et perspectives.......................................................................................................32
1.2.2. Pauvreté de la population de la région océan Indien.........................................................................34
1.2.3. Pauvreté suivant le genre du chef de ménage.....................................................................................36
1.2.4. Pauvreté de la population suivant le statut du chef de ménage..................................................37
1.2.5. Pauvreté par milieu de résidence...............................................................................................................38
1.2.6. Classement suivant l’IDH et revenu par tête (parité de pouvoir d’achat)................................39
1.3. Objectifs du millénaire pour le développement (OMD)....................................................................................39
1.4. Les crises.............................................................................................................................................................................40
1.4.1. Les crises socio politiques et leurs conséquences sur la vie des enfants..............................40
1.4.2. La crise financière et ses conséquences sur la vie des enfants.................................................42
1.4.3. La crise alimentaire et ses conséquences sur la vie des enfants..............................................45
Chapitre II : LA PauvretÉ ET LES enfants............................................................................................................48
2.1. Les enfants et la notion de pauvreté monétaire................................................................................................49
2.2. Privations et disparités des enfants........................................................................................................................52
2.2.1. Privations sévères et moins sévères aux Comores et à Madagascar (Bristol)...................52
2.2.2. Privations des enfants de la région océan Indien suivant les AIP................................................53
2.3. La survie de l’enfant et l’équité...................................................................................................................................60
2.4. Analyse des lois, politiques et programmes nationaux les plus importants sur la lutte
contre la pauvreté liée au revenu des ménages................................................................................................41

3
2.5. Evolution des budgets dans les pays de l’océan Indien...................................................................................62
2.6. Evolution des dépenses sociales dans les pays de l’océan indien.............................................................63
Chapitre Iii: Les PILIERS DU BIEN-ÊTRE DES ENFANTS ET CADRE DE VIE.................................................68
3.1. Nutrition................................................................................................................................................................................69
3.1.1. Lois, politiques et programmes nationaux les plus importants....................................................69
3.1.2. Résultats pour les enfants, disparités et égalité des genres........................................................73
3.1.3. Analyse de causalité et corrélation............................................................................................................75
3.1.4. Perception des enfants...................................................................................................................................77
3.1.5. Fondement et partenaires pour une stratégie....................................................................................78
3.2. Santé.......................................................................................................................................................................................79
3.2.1. Lois, politiques et programmes nationaux les plus importants....................................................79
3.2.2. Résultats pour les enfants, disparités et égalité des genres........................................................83
3.2.3. Analyse de causalité et corrélation............................................................................................................86
3.2.4. Perception des enfants...................................................................................................................................87
3.3. Protection de l’enfant.....................................................................................................................................................89
3.3.1. Lois, politiques et programmes nationaux les plus importants....................................................89
3.3.2. Résultats pour les enfants, disparités et égalité des genres........................................................91
3.3.3. Analyse de causalité et corrélation............................................................................................................93
3.3.4. Perception des enfants...................................................................................................................................95
3.3.5. Fondement et partenaires pour une stratégie....................................................................................96
3.4. Éducation..............................................................................................................................................................................97
3.4.1. Lois, politiques et programmes nationaux les plus importants....................................................97
3.4.2. Résultats pour les enfants, disparités et égalité des genres.....................................................101
3.4.3. Analyse de causalité et corrélation.........................................................................................................105
3.4.4. Perception des enfants................................................................................................................................108
3.4.5. Fondement et partenaires pour une stratégie.................................................................................109
3.5. Accès à l’eau potable et aux sanitaires décents............................................................................................110
3.5.1. Lois, politiques et programmes nationaux les plus importants.................................................110
3.5.2. Résultats pour les enfants, disparités et égalité des genres.....................................................113
3.5.3. Analyse de causalité et corrélation.........................................................................................................116

4
3.5.4. Perception des enfants................................................................................................................................117
3.5.5. Fondement et partenaires pour une stratégie.................................................................................118
3.6. Accès au logement.......................................................................................................................................................119
3.6.1. Lois, politiques et programmes nationaux les plus importants.................................................119
3.6.2. Résultats pour les enfants, disparités et égalité des genres.....................................................121
3.6.3. Analyse de causalité et corrélation.........................................................................................................122
3.6.4. Perception des enfants................................................................................................................................123
3.6.5. Fondement et partenaires pour une stratégie.................................................................................124
3.7. Accès à l’information et à la participation.........................................................................................................124
3.7.1. Lois, politiques et programmes nationaux les plus importants.................................................124
3.7.2. Résultats pour les enfants, disparités et égalité des genres.....................................................126
3.7.3. Analyse de causalité et corrélation.........................................................................................................128
3.7.4. Perception des enfants................................................................................................................................129
3.7.5. Fondement et partenaires pour une stratégie.................................................................................131
3.8. Ce qui doit être fait en matière de politiques et stratégies sectorielles..............................................131
3.8.1. Nutrition...............................................................................................................................................................131
3.8.2. Santé et cadre de vie.....................................................................................................................................132
3.8.3. Protection des enfants.................................................................................................................................133
3.8.4. Education.............................................................................................................................................................134
CHAPITRE IV : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS.......................................................................................136
4.1. Conclusion.........................................................................................................................................................................137
4.2. Recommandations........................................................................................................................................................139
BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................................................................................141
ANNEXES....................................................................................................................................................................................146

5
Acronymes
AGOA : Africa Growth and Opportunity Act (Loi sur la croissance et les possibilités économiques
en Afrique)
AEEH : Allocation d’éducation de l’enfant handicapé
AIP : Autres indicateurs de pauvreté
AJPP : Allocation journalière de présence parentale
AL : Allocation de logement
ANDEA : Autorité nationale de l’eau et de l’assainissement
ANFEN : Adolescent Non Formal Education Network
ANRU : Agence nationale pour le renouvellement urbain
API: Allocation de parent isolé
APSHF: Association for the Promotion of Solid Human Families
ARS : Allocation de rentrée scolaire
ASE : Aide sociale à l’enfance
BCG Bilié de Calmette et Guérin (vaccin)
BIT : Bureau international du travail
BM : Banque mondiale
BTP : Bâtiment et travaux publics
CAPA : Centre d’accompagnement pour adolescents
CARE: Campaign for Awareness Resilience and Education against substance abuse
CDE : Convention des droits de l’enfant
CDH : Conseil départemental de l’habitat
CEDEM : Centre d’éducation pour le développement de l’enfant mauricien
CHA : Central Housing Authority  
CLE : Collectif de lutte contre les exclusions
CLSH : Centres de loisirs sans hébergement
CMU : Couverture maladie universelle
CNLTE : Comité national de lutte contre le travail des enfants
CNLS : Comité national de lutte contre le sida
COI : Commission de l’océan Indien
COMESA : Common Market for Eastern and Southern Africa (Marché commun de l’Afrique de l’est
et australe)
CPE: Certificate of Primary Education
CRDE : Commission de réforme du droit des enfants
CRDS : Contribution pour le remboursement de la dette sociale
CRES : Comité régional d’éducation pour la santé
CSB : Centres de santé de base
CSG : Contribution sociale généralisée
DGEPA : Direction générale de l’eau potable et de l’assainissement

6
DH : Développement humain
DIJEC : Document de stratégie du développement intégral du jeune enfant aux Comores
DSRP : Document stratégique de réduction de la pauvreté
DTCoq : Diphtérie, Tétanos et Coqueluche (vaccin)
EAP: Eradication of Absolute Poverty Programme
EDS : Enquête démographique et de santé
EIM : Enquête intégrale des ménages
EKA : Ezaka Kopia ho an’ny Ankizy
ENTE : Enquête nationale sur le travail des enfants
EPM : Enquête sur la pauvreté des ménages
EPT: Education pour tous
FAO : Food and Agriculture Organisation of the United Nations (Organisation des Nations
unies pour l’alimentation et l’agriculture)
FED : Fondation Espoir et Développement
FGT Foster, Greer et Thorbecke
FMI : Fonds monétaire international
FSD : Fonds social de développement
GTZ : Coopération technique allemande
HALDE : Haute autorité de lutte contre les discriminations
HCLPD : Haut comité au logement des personnes défavorisées
HDS: Health Demographic Survey
HSC: Higher School Certificate 
IDE : Investissements directs étrangers
IDH : Indice de développement humain
IFAD : International Fund for Agricultural Development (Fonds international pour le
développement agricole)
INSEE Institut national des statistiques et des études économiques
IPH : Indicateur de pauvreté humaine
IPPF : Fédération internationale pour la planification
IRA : Infections respiratoires aiguës
MAP : Madagascar Action Plan
MAJ : Mouvement d’action des jeunes
MCCI : Chambre de commerce et d’industrie de Maurice
MECI : Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie
MGI : Mission générale d’insertion
MICS: Multiple Indicator Cluster Survey (Enquête en grappes à indicateurs multiples)
NCCRD: National Centre for Curriculum Research and Development
NHDC: National Housing Development Company Limited
OCDE Organisation de coopération et de développement économique
ODEROI Observatoire des droits de l’enfant de la région océan Indien

7
OEV: Orphelins et enfants vulnérables
OI Océan Indien
OIT : Organisation internationale du travail
OMD Objectifs du millénaire pour le développement
OMEF : Observatoire malgache de l’emploi et de la formation
OMS : Organisation mondiale de la santé
ONN : Office national de nutrition
ONU Organisation des Nations unies
ONUSIDA : Organisation des Nations unies pour le sida
PACTE : Prévention abolition contrôle du travail des enfants
PADR : Plan d’action pour le développement rural
PAJE : Prestation d’accueil du jeune enfant
PAM : Programme alimentaire mondial
PAS : Programme d’ajustement structurel
PCIME : Prise en charge intégrée de la mère et de l’enfant
PDALPD : Plan départemental pour le logement des personnes défavorisées
PDSSPS : Plan de développement du secteur de la santé et de la protection sociale
PEAD : Plan européen d’aide alimentaire
PEV : Programme élargi de vaccination
PIB : Produit intérieur brut
PMA: Pays les moins avancés
PMI : Protection maternelle et infantile
PNAEPA : Programme national d’accès à l’eau potable et à l’assainissement
PNALTE : Plan national d’action de lutte contre le travail des enfants
PNAN : Plan national d’action pour la nutrition
PNANSS : Programme national d’alimentation, de nutrition et de santé scolaire
PNAVE : Plan national d’action pour combattre la violence à l’égard des enfants
PNGRPS : Programme national de gestion de risques et de protection sociale
PNN : Politique nationale de nutrition
PNAA : Plan national pour l’aide alimentaire
PNNC : Politique nationale de nutrition communautaire
PNNS : Programme national nutrition santé

PNS : Politique nationale de santé


PNSA : Politique nationale et stratégie de l’assainissement
PNUD : Programme des Nations unies pour le développement
Polio Poliomyélite (vaccin)
PPA Parité de pouvoir d’achat les moins avancés
PPAC : Plan pluriannuel d’action
PPTD : Programme pays pour le travail décent
PPTE : Pays pauvres très endettés

8
PRAPS : Programme régional d’accès à la prévention aux soins de la Réunion
PRSP : Plan régional de santé publique
PSI : Programme service international
PSSA : Programme spécial de sécurité alimentaire
PTME : Programme de prévention contre la transmission mère-enfant
PVVIH : Personne vivant avec le VIH
RASED : Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté
RMI : Revenu minimum d’insertion
RSA : Revenu de solidarité active
SADC : South African Development Community (Communauté sud-africaine pour le
développement)
SC : School Certificate
SCRP : Stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté
SDOSM : Schéma départemental d’organisation sociale et médico-sociale
SE : Secrétariat exécutif
SIP : School Improvement Programme
SMB: Seychelles Marketing Board
SNPEV : Stratégie nationale de protection des enfants vulnérables
SNU : Système des Nations unies
SOUBIC : Secours opérationnel urbain, Boutique d’initiative communautaire
SREPS : Schéma régional d’éducation pour la santé
SROS : Schéma régional d’organisation sanitaire
TMI Taux de mortalité infantile
UNESCO : Organisation des Nations unies pour la science, l’éducation et la culture
UNFPA : Fonds des Nations unies pour la population
UNICEF : Fonds des Nations unies pour l’enfance
VIH/SIDA : Syndrome d’immunodéficience acquise

9
LISTE DES TABLEAUX

TABLEAUX TITRE PAGE
Tableau 1.1 Répartition de la population de la région océan Indien 27
Tableau 1.2  Répartition de la population par groupe d’âge, par genre, par fécondité et taux de croissance 29
suivant les pays
Tableau 1.3  Evolution de la population et des enfants de 2005 à 2015 30
Tableau 1.4  Le revenu par habitant en ppa des grandes régions du monde comparées à la région océan 31
Indien
Tableau 1.5 Structure du PIB par branche en 2005 et croissance économique 33
Tableau 1.6  Pauvreté des ménages (incidence, profondeur, sévérité en pourcentage et indice de Gini) 34
Tableau 1.7 Indice de Développement Humain (IDH en 2005) 39
Tableau 1.8  Situation actuelle des pays par rapport aux 8 objectifs du millénaire et comparaison aux 40
objectifs de 2015
Tableau 2.1 Prévalence de privations sévères des enfants (au sens de Bristol) pour Madagascar et 52
Comores
Tableau 2.2 Privations sévères des enfants suivant « les concepts AIP sévères » 54
Tableau 2.3 Privations moins sévères des enfants suivant « les concepts AIP sévères » 54
Tableau 2.4 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de la région océan Indien 55
Tableau 2.5 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères des Comores 56
Tableau 2.6 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de Madagascar 57
Tableau 2.7 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de Maurice 58
Tableau 2.8 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de la Réunion 59
Tableau 2.9 Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères des Seychelles 59
Tableau 3.1 Privation sévère et moins sévère (au sens de Bristol) en nutrition chez les enfants de 0 à 4 ans 73
à Madagascar et aux Comores
Tableau 3.2 Malnutrition chez les enfants des pays de la région de l’océan Indien 74
Tableau 3.3 Situation de certains indicateurs liés à la malnutrition 75
Tableau 3.4  Privation sévère et moins sévère en santé (Bristol) aux Comores et à Madagascar (0 à 4 ans) 83
Tableau 3.5  Situation des taux de vaccination dans les pays 84
Tableau 3.6  Quelques indicateurs de santé de base chez les enfants et les mères 85
Tableau 3.7 Personnel de santé et lits dans les hôpitaux 85
Tableau 3.8 Enregistrement des naissances des enfants âgés de moins de 5 ans à l’état civil selon le type 92
d’enregistrement (déclaration de naissance et jugement) et selon le genre.
Tableau 3.9  Privation sévère et moins sévère en éducation  (Bristol) aux Comores et à Madagascar (enfants 101
7 à 17 ans)
Tableau 3.10  Taux de scolarisation et taux d’achèvement du cycle primaire (7 à 17 ans) 102
Tableau 3.11 Enfants non scolarisés par groupe d’âge 103
Tableau 3.12  Taux de scolarisation dans le primaire 104
Tableau 3.13  Taux de scolarisation le secondaire 104
Tableau 3.14 Privation sévère et moins sévère d’accès à l’eau potable pour Madagascar et les Comores 113
(Bristol)

10
Tableau 3.15  Accès à l’eau potable des enfants 113
Tableau 3.16 Privation sévère et moins sévère d’accès à des sanitaires décents 114
Tableau 3.17 Situation des enfants par rapport aux sanitaires 115
Tableau 3.18 Privation sévère et moins sévère d’accès à un logement/habitat décent 121
Tableau 3.19 Situation des enfants par rapport au logement (AIP) 121
Tableau 3.20 Privation sévère et moins sévère d’accès à l’information 126
Tableau 3.21 Les enfants face à l’information 127
Tableau 3.22 Les enfants qui n’ont pas accès à la radio, télévision, journaux en pourcentage (%) 127

11
LISTE DES GRAPHIQUES
GRAPHIQUES TITRE PAGE
Graphique 1.1 Pyramide des âges des pays de l’océan Indien 28
Graphique 1.2  Comparaison du PIB par habitant en USD, parité de pouvoir d’achat (ppa) 32
Graphique 1.3  Taux de Pauvreté de la population et des ménages 35
Graphique 1.4  Taux de pauvreté de la population suivant le genre du chef de ménage 37
Graphique 1.5  Taux de pauvreté de la population suivant le statut du chef de ménage 37
Graphique 1.6  Taux de pauvreté de la population suivant le milieu de résidence du chef de ménage 38
Graphique 2.1 Pourcentage d’enfants pauvres par rapport à l’ensemble des enfants 49
Graphique 2.2 Pauvreté monétaire des enfants comparée à celle de l’ensemble des ménages 50
Graphique 2.3 La pauvreté des enfants suivant le milieu de résidence 50
Graphique 2.4 La pauvreté des enfants suivant le genre du chef de ménage 51
Graphique 2.5 La pauvreté des enfants suivant le statut du chef de ménage 51
Graphique 2.6  Prévalence de privations sévères des enfants (au sens de Bristol) pour Madagascar et 52
Comores
Graphique 2.7  Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de la région océan Indien 55
Graphique 2.8  Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères des Comores 56
Graphique 2.9  Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de Madagascar 57
Graphique 2.10  Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de Maurice 58
Graphique 2.11  Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de la Réunion 59
Graphique 2.12  Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères des Seychelles 59
Graphique 2.13 Taux de mortalité infantile pays océan Indien 60
Graphique 2.14  Taux de mortalité des moins de 5 ans (pour 1000) 61
Graphique 2.15  Revenus de l’Etat rapporté à la population résidente des pays 62
Graphique 2.16 Evolution des dépenses en éducation, taux net de scolarisation aux Comores 63
Graphique 2.17 Evolution des dépenses en santé et taux de mortalité infanto juvénile aux Comores 63
Graphique 2.18 Evolution des dépenses en éducation, taux net de scolarisation à Madagascar 64
Graphique 2.19 Evolution des dépenses en santé et en protection sociale, taux de mortalité infanto 65
juvénile à Madagascar
Graphique 2.20 Evolution des dépenses en éducation, et taux net de scolarisation à Maurice 65
Graphique 2.21 Evolution des dépenses en santé et en protection sociale, taux de mortalité infanto 66
juvénile à Maurice
Graphique 2.22 Evolution des dépenses en éducation, et taux net de scolarisation aux Seychelles 66
Graphique 2.23 Evolution des dépenses en santé, taux de mortalité infanto juvénile aux Seychelles 67
Graphique 3.1 Taux de privation des enfants en nutrition 74
Graphique 3.2 Taux de privation des enfants en santé 84
Graphique 3.3 Taux de privation des enfants en éducation 103
Graphique 3.4 Taux de privation des enfants en eau 114
Graphique 3.5  Taux de privation des enfants en assainissement 115
Graphique 3.6 Taux de privation des enfants en logement 122
Graphique 3.7  Taux de privation des enfants en information 128

12
RESUME EXECUTIF
La mise en œuvre de l’étude sur la pauvreté dans
les pays de la région océan Indien (pays du sud-ouest
de l’océan Indien : Comores, Madagascar, Maurice,
Réunion et Seychelles) nécessite d’abord une bonne
maîtrise du concept global de la pauvreté sur lequel
est basé ce rapport.
Le rapport sur la Situation des enfants dans le
monde (UNICEF, 2005) propose une description de
la pauvreté en se basant sur les principes relatives
à la Convention des droits de l’enfant qui se focalise
essentiellement sur les ressources nécessaires à la
survie et à la croissance des enfants : « Les enfants il a été impossible de calculer les sept indicateurs
vivant dans la pauvreté sont privés de nutrition, d’eau de privation pour certains pays (Maurice, Réunion
et d’installations sanitaires, d’accès aux services et Seychelles), dans la mesure où ces derniers n’ont
de santé de base, au logement, à l’éducation, à la pas effectué d’enquêtes auprès des enfants dans le
participation et à la protection, et bien qu’un manque passé. Afin de disposer d’indicateurs comparables
sévère de biens et de services nuise à tout être pour l’ensemble des pays, d’Autres indicateurs de
humain, c’est pour les enfants que cela représente privations (AIP) ont été calculés sur la base des
la pire menace et le mal le plus grand, en les rendant données d’enquêtes des ménages des cinq pays.
incapables de jouir de leurs droits, d’atteindre leur
plein potentiel et de participer à la société comme Toutefois, ces indicateurs, pour la plupart obtenus à
membres à part entière ». partir des données ménages ne se substituent pas
aux indicateurs de Bristol mais sont plus appropriés
L’approche par le revenu ou la consommation pour les mesures de privations des enfants dans les
(approche monétaire) mesure et analyse la pauvreté cinq pays. Par exemple, la privation sévère en eau
sur la base du niveau de revenu dans le ménage selon Bristol se rapporte aux enfants qui « ont accès
(revenu par tête). Cette approche conceptualise la à de l’eau de surface ou devant aller chercher l’eau
pauvreté de l’individu dans un espace d’utilité dont la à plus de 30 minutes  du domicile ». Avec le concept
satisfaction définit le niveau du bien-être personnel. AIP, la privation sévère en eau se traduit par les
L’analyse de la pauvreté monétaire des pays de la « ménages qui n’ont pas accès à de l’eau potable ».
région océan Indien s’est faite auprès de l’ensemble L’estimation des nouveaux indicateurs de privations
des ménages et ensuite auprès des ménages des pays (AIP) sur le plan régional reposent sur
ayant des enfants. Les indices de Foster, Greer et l’hypothèse selon laquelle les AIP des pays n’ont
Thorbecke (FGT) et l’indice de Gini ont été utilisés pas beaucoup varié entre 2000 et 2007 (période
pour mesurer respectivement les indicateurs de pendant laquelle les AIP des pays ont été calculés sur
pauvreté et les inégalités de revenus des ménages. la base des différentes enquêtes).
Les besoins pour le bien-être des enfants peuvent S’agissant des contextes socio économique, politique
se traduire par la disponibilité et l’accessibilité aux et international, les pays de la région océan Indien
services sociaux de base (éducation, santé, nutrition, constituent un ensemble hétérogène sur le plan
etc.) avec un environnement protecteur favorisant géographique, démographique et socioéconomique.
leur épanouissement (logement, assainissement, La région du sud-ouest de l’océan Indien compte 22,1
expression, participation). Ainsi, l’approche de Bristol, millions d’habitants (estimation 2008) inégalement
basée sur les droits des enfants analyse la pauvreté répartis entre les cinq pays qui la composent.
des enfants en termes de privations. La disponibilité Madagascar est le plus peuplé et représente à lui
des indicateurs de privation des enfants (les sept seul 19,4 millions d’habitants soit 87,4 pour cent
indicateurs de privation sévères et non sévères) était de l’ensemble de la population de la région, suivi de
donc un préalable pour pouvoir mener une étude Maurice avec 1,2 millions d’habitants (6 pour cent
sur la pauvreté des enfants dans un pays, si on se de la population totale). Viennent ensuite la Réunion
réfère au manuel de référence de l’étude globale de qui compte 790  500 habitants (4 pour cent de la
l’UNICEF. Mais au niveau de la région océan Indien, population totale), les Comores avec 652 000

13
habitants (3 pour cent de la population totale) et enfin En ce qui concerne les pays à faible revenu
les Seychelles, pays le moins peuplé mais aussi le plus (Madagascar et les Comores), les économies
petit par sa superficie, comptent 87 000 habitants sont tributaires de l’aide et de la dette extérieure
(0,4 pour cent de l’ensemble de la population de la qui contribuent entre 60 à 90 pour cent du
région). En 2008, le nombre d’enfants est estimé à financement des investissements publics. Avec
11,2 millions, représentant la moitié de la population des taux d’endettement dépassant souvent les
de la région océan Indien (50 pour cent). Madagascar capacités de remboursement desdits pays, le FMI a
comprend à elle seule 91 pour cent des enfants de placé Madagascar et les Comores dans la liste des
la région. Les prévisions des statistiques nationales pays devant bénéficier d’une Initiative pour les pays
révèlent que la proportion des enfants devrait etre pauvres très endettés (IPPTE).
autour de 46 pour cent d’ici 2015. Cette diminution
serait due essentiellement au ralentissement de la S’agissant de la pauvreté des ménages, l’analyse a
croissance démographique à Madagascar. révélé un écart important dans les proportions de
ménages pauvres dans les deux groupes de pays et
Sur le plan économique, les performances même au sein de chaque groupe. A Madagascar 60
économiques des pays à revenus intermédiaires et pour cent des ménages vivent en dessous du seuil de
les difficultés économiques des pays à faible revenu pauvreté, contre 37 pour cent aux Comores, 18 aux
cachent un dénominateur commun à tous ces pays Seychelles, 17 à la Réunion et 16 à Maurice.
: toutes les économies des pays de la région sont
tributaires de l’extérieur et connaissent aujourd’hui Concernant la pauvreté monétaire et les privations
des difficultés. Les Investissements directs étrangers des enfants, les différentes analyses ont montré
(IDE) dans les pays à revenus intermédiaires qu’au niveau de la région océan Indien, 7,6 millions
(Maurice, Réunion et Seychelles), représentent une d’enfants éprouvent au moins une privation sévère
part importante dans la valeur ajoutée. Après des au sens AIP (soit 68 pour cent des enfants de la
décennies de fortes croissances, ces pays sont région). Le premier domaine de privation sévère
confrontés à des problèmes économiques liés à constaté pour la région est le logement (68 pour
la structure même de leur économie  : A Maurice, cent des enfants), suivi de l’eau (54 pour cent des
l’industrie du textile, et l’industrie sucrière (moteurs enfants) et de l’assainissement (45 pour cent des
de la croissance des décennies antérieures) enfants). Malgré les disparités entre les pays, et
connaissent une crise sans précédente. A la l’importance numérique des enfants de Madagascar
Réunion, la culture de la canne à sucre qui avait dans qui détermine plus les domaines prioritaires de
le temps dominé l’activité économique de l’île doit sa privations régionales, on constate que le problème
survie à des subventions européennes, l’économie de logement constitue la première privation sévère
réunionnaise crée 3000 emplois pour une demande dans chaque pays de la région à l’exception de
de 9000 emplois par an, ce qui se traduit par un Maurice. Généralement, ces enfants ont comme
chômage élevé chez les jeunes. Quant aux Seychelles, logement des maisons précaires en paille ou en tôle.
les périodes fastes de forte croissance successive Concernant les privations moins sévères (AIP moins
sont révolues. Le pays fait face à des difficultés sévères), les résultats montrent qu’au moins 9,5
économiques, notamment à un surendettement millions d’enfants de la région (soit 84 pour cent de
important. l’ensemble des enfants) connaissent des difficultés
d’accès à l’eau. En ce qui concerne le logement, 73
pour cent d’enfants vivent dans des logements sans
sol ou sans mur, 54 pour cent d’enfants souffrent
d’une malnutrition moins sévère et 53 pour cent
d’enfants n’ont pas reçu tous les huit vaccins requis.
Hormis les Comores et la Réunion, l’eau constitue la
première privation moins sévère de l’ensemble des
pays de la région.
Néanmoins, cette situation d’ensemble au niveau
régional cache des spécificités au niveau de chaque
pays. Aux Comores c’est le logement (63 pour cent)
qui constitue la première privation sévère des enfants

14
suivi de l’information (42 pour cent), de l’éducation et touchés que l’ensemble des ménages. De même en
de la santé. ce qui concerne le milieu de résidence, les ménages
avec enfants en milieu rural sont plus touchés par
A Madagascar, le logement constitue également la la pauvreté sauf pour le cas des Comores où la
première source de privation sévère des enfants  : situation est inversée. Aussi, les ménages ayant des
72 pour cent d’entre eux vivent dans des logements enfants sont plus frappés par la pauvreté selon que
précaires ou dans la rue ; plus de la moitié d’entre eux le ménage est dirigé par une femme, à l’exception
n’ont pas accès à l’eau potable et à des sanitaires, et des Comores et de Madagascar.
plus d’un tiers ne sont pas scolarisés.
Dans le domaine de la survie de l’enfant et l’équité,
La situation n’est pas la même dans les trois l’analyse de la mortalité infanto juvénile effectuée
autres pays de la région avec des taux de privations pour les cinq pays de la région a révélé des
beaucoup plus faibles. disparités importantes entre les pays. Même si les
L’éducation constitue le domaine de privation qui taux de mortalité infanto juvénile restent encore à
touche le plus sévèrement les enfants mauriciens  : un niveau élevé pour les Comores et Madagascar,
3 pour cent d’entre eux ne sont pas scolarisés. En ce ils ont enregistré dans les cinq pays une dynamique
qui concerne le domaine de privation moins sévère, à la baisse ces dernières années dans un rythme
trois domaines de privation relativement importants encourageant mais insuffisant pour atteindre
affectent les enfants mauriciens  : le non accès à la réduction des deux tiers en 2015, comme
l’eau de robinet à domicile (15 pour cent ), suivi de stipulé dans les Objectifs du millénaire pour le
la malnutrition moins sévère (11 pour cent d’enfants développement. De ce fait, l’on peut supposer que si
sont victimes d’émaciation) et la non disponibilité la tendance actuelle continue, les pays de la région
des sanitaires à domicile (11 pour cent des enfants ne pourront pas espérer atteindre les OMD liés à la
mauriciens). mortalité infantile en 2015.

A la Réunion, 15 pour cent des enfants sont Les dépenses consacrées à l’éducation et à la
concernés par au moins une privation sévère (dont le santé tiennent un rôle important dans l’évolution
logement) et 26 pour cent d’entre eux sont frappés des indicateurs sociaux tels le taux de scolarisation
par au moins une privation moins sévère (dont et la mortalité infantile. La baisse tendancielle de
l’obésité). la mortalité infantile et l’amélioration des taux nets
de scolarisation s’accompagnent d’une tendance
Aux Seychelles, les niveaux des privations sévères à la hausse des dépenses pour les secteurs de
et moins sévères des enfants sont relativement l’éducation et de la santé. Les pays à revenus
faibles. Ainsi seulement 0,2 pour cent des enfants intermédiaires, dont les indicateurs sociaux sont
éprouvent une privation sévère dans au moins un relativement améliorés, consacrent par habitant,
des sept domaines des privations aux Seychelles et des dépenses budgétaires, dix fois plus élevés que
4,2 pour cent sont touchés moins sévèrement par les pays à faibles revenus.
au moins un des sept domaines de privation.
L’analyse des lois, politiques et programmes
Suivant les concepts définis dans le Global Study, pertinents révèle l’existence de deux situations bien
l’analyse de la pauvreté touchant les enfants de différentes. Aux Comores et à Madagascar, des
Madagascar et des Comores a révélé quatre programmes nationaux sont mis en œuvre pour
principaux domaines de privations sévères chez lutter contre la pauvreté en général et celle des
les enfants  à Madagascar: l’eau, l’assainissement, enfants en particulier. Mais ces derniers restent
la nutrition et la santé. Aux Comores, les quatre souvent à l’étape de déclaration ou d’intention sans
domaines de privation chez l’enfant sont : l’éducation, véritable accompagnement budgétaire conséquent.
la santé, l’information et l’assainissement. Ce qui est assez paradoxal c’est l’inexistence d’une
véritable politique nationale de protection sociale en
A Madagascar et aux Comores, l’analyse de la
vue d’améliorer le revenu des ménages. Les seuls
pauvreté monétaire touchant les enfants a montré
véritables transferts en direction des ménages se
qu’en règle générale, les ménages ayant des enfants
révèlent être la gratuité de l’école primaire tout
sont plus touchés par la pauvreté que les ménages en
récemment dans ces deux pays. En outre, il n’y a
général A Maurice et aux Seychelles, la situation est
pas de véritable programme de soutien direct aux
inverse : les ménages ayant des enfants sont moins
familles les plus pauvres soit sous formes d’aide

15
ou sous la forme de transferts indirects vers les région océan Indien, particulièrement à Madagascar
ménages les plus nécessiteux. Enfin, les politiques et aux Comores et dans une moindre proportion
et programmes qui existent sont la plupart du à Maurice. La Réunion et les Seychelles affichent
temps non opérationnels car non accompagnés des taux de privations sévères nuls dans ces trois
d’engagements financiers conséquents. domaines. Ainsi, à l’échelle régionale, plus d’un
million d’enfants souffrent d’une malnutrition
A Maurice, à la Réunion et aux Seychelles, la pauvreté sévère et plus de deux millions d’une malnutrition
touchant les enfants a pu être contenue et maîtrisée moins sévère. Ces enfants résident majoritairement
pendant plusieurs décennies grâce à un ensemble à Madagascar (97 pour cent) et le reste aux Comores
de législations et de politiques pragmatiques (2,4 pour cent) et Maurice (0,6 pour cent). En ce
axés en priorité en direction des groupes les plus qui concerne la malnutrition sévère, le cas particulier
vulnérables. Il existe une gamme assez variée de d’obésité des enfants réunionnais a été considéré
prestations familiales et d’aides directes aux familles. comme une « malnutrition moins sévère ». Ainsi, près
Venir en aide aux ménages pauvres est l’un des axes de 18 000 enfants de 0 à 4 ans souffrent d’obésité
critiques dans le manifeste électoral des différents à la Réunion, soit 26,4 pour cent de la population
gouvernements au pouvoir. Ainsi, depuis des années, réunionnaise du même groupe d’âge.
plusieurs groupes de population considérés comme
étant vulnérables et plus en situation à s’engouffrer Dans le domaine de la santé, plus de 929  000
dans la pauvreté sont ciblés à travers plusieurs enfants n’ont jamais été vaccinés et plus de deux
programmes et outils législatifs.. En outre, les millions d’enfants n’ont pas reçu la totalité des
gouvernements de ces trois pays n’hésitent pas à vaccins requis. Les taux de privations sévères dans
soutenir financièrement les ménages en difficulté la santé (les enfants jamais vaccinés) sont de 26, 20
grâce à des aides dans plusieurs domaines. et 1 pour cent respectivement pour Madagascar,
Comores et Maurice.
Concernant les piliers du bien-être des enfants,
l’analyse fait ressortir des situations préoccupantes Quant à l’éducation, près de deux millions d’enfants
dans les domaines de la nutrition, de la santé n’ont jamais été scolarisés et plus de 2,5 millions
(vaccination) et de l’éducation (scolarisation) dans la d’enfants n’ont pas achevé le cycle primaire. Les

16
taux de privations sévères dans l’éducation (les qui sont privés d’eau potable (AIP sévère) dans la
enfants non scolarisés) sont de 40, 35 et 3 pour région et 9,5 millions d’enfants qui ne disposent pas
cent respectivement pour les Comores, Madagascar d’eau à domicile. Les enfants qui n’ont pas accès à
et Maurice. A La Réunion 100% des enfants sont l’eau potable représentent 59 pour cent des enfants
scolarisés. malgaches, 8 pour cent des enfants comoriens, 1,8
pour cent mauriciens et 0,9 pour cent réunionnais.
Concernant la protection des enfants, il a été Par ailleurs, l’absence d’eau potable à domicile
constaté que plus de 735  000 enfants ne constitue une problématique partagée par l’ensemble
disposaient pas d’actes de naissance en 2005 dont des pays avec bien entendu des taux de privation
53 pour cent des garçons. Plus de 647 000 enfants moins sévères assez élevés pour Madagascar et les
sont orphelins dont 58 pour cent de garçons. A la Comores (respectivement 89 et 80 pour cent). De
Réunion, 24 pour cent des enfants vivent dans des plus, 15 pour cent des enfants réunionnais n’ont pas
familles monoparentales. accès à l’eau potable à domicile.
L’analyse des lois, politiques et programmes mis en L’assainissement représente le troisième domaine
œuvre dans les pays de la région montre l’existence de privation des enfants de la région après le
d’une approche multidimensionnelle, multisectorielle logement et l’eau. Plus de 5 millions d’enfants
et intégrative dans les domaines de la nutrition, de la n’ont pas accès à des sanitaires à domicile et 5,3
santé, de l’éducation et de la protection de l’enfance. millions d’enfants n’ont pas accès à des sanitaires
Cette approche permet de prendre en compte améliorés. es enfants malgaches sont les plus privés
tous les groupes défavorisés, dans les différents de sanitaires (pas d’accès à domicile) avec 49 pour
secteurs de la vie aussi bien en famille qu’à l’école. cent suivis de 15 pour cent des enfants comoriens.
Cette approche comprend une gamme assez variée Quand aux privations non sévères ce sont les enfants
de programmes de développement social intégré comoriens qui sont les plus nombreux (en terme de
essentiellement basé sur le principe d’aide aux proportion  : 92 pour cent) à ne pas disposer des
familles dans toutes les sphères de leur vie afin de sanitaires améliorés, suivi de 49 pour cent des
leur permettre de lutter contre la pauvreté à travers enfants malgaches.
des prestations et des aides directes aux familles.
Le problème de l’accès aux sanitaires se pose aussi
Aux Comores et à Madagascar, les politiques dans les autres pays de la région, mais à des degrés
existent mais des cadres réglementaires inadaptés, relativement moindres. A la Réunion, 5 pour cent des
des activités quotidiennes non-conformes aux enfants et 0,2 pour cent à Maurice vivent dans une
objectifs stratégiques, et le manque de mécanismes maison qui ne dispose pas de sanitaire. A la Réunion,
permanents de concertation et de suivi les rendent 5 pour cent des enfants habitent un logement qui
moins opérationnelles, Ces politiques souffrent dispose de sanitaires non-améliorés contre 11 pour
aussi d’une absence de système d’information et de cent à Maurice et 1,3 pour cent aux Seychelles.
communication et de coordination de l’action des
différentes structures intervenant sur le terrain. La pauvreté concerne les enfants des cinq pays de
En général, dans les deux pays, les programmes la région mais à des degrés différents. Deux groupes
en vigueur sont essentiellement bâtis sur l’urgence de pays se distinguent : d’une part Maurice, Réunion
alors que les problèmes de sécurité alimentaire, de et Seychelles qui sont à des niveaux de privation
santé etc. sont plus d’ordre structurel ce qui donne des enfants assez faibles dans tous les domaines
de faibles résultats en faveur des enfants. et d’autre part, Comores et Madagascar qui sont
à des niveaux assez élevés de privations dans ces
Concernant le cadre de vie, la privation des enfants mêmes domaines. En sus de ces deux groupes, il
de la région océan Indien en logement constitue existe des différences intra groupes appelant des
la première source de pauvreté si l’on se réfère à recommandations spécifiques.
la définition « AIP » dans le logement. Plus de 7,6
millions d’enfants habitent dans des maisons Aussi, les interventions en matière de politique de
précaires (en paille ou en tôle) et 8,3 millions lutte contre la pauvreté des enfants dans les pays de
d’enfants dans des maisons sans sol ou sans mur. la région océan Indien doivent tenir compte de deux
facteurs :
Le problème de l’eau constitue le deuxième domaine
de privation des enfants de la région après le • Etant donné la forte corrélation entre les
logement. On dénombre plus de six millions d’enfants variables (macro) économiques et les domaines

17
de privations, une politique en faveur d’une • Etant donné la similarité dans la pauvreté des
amélioration de la situation économique enfants pour trois des pays étudiés (Seychelles,
générale entraînera une diminution des taux de Maurice, et Réunion) les interventions dans la
privations dans l’ensemble des autres domaines. lutte contre la pauvreté peuvent être similaires.
Toutefois, pour plus d’impact dans la réduction Quant aux Comores et Madagascar, il existe
des privations, et un partage plus équilibré une disparité dans la pauvreté dans lesquels les
des ressources, une politique globale visant à enfants sont davantage victimes de privations.
améliorer l’ensemble des indicateurs macro L’importance des interventions dans les
économiques réduira davantage la pauvreté des différents domaines de privation, méritent d’être
enfants. plus spécifiques à la réalité et aux priorités
accordées à chaque domaine de privation dans
chacun des deux pays.

18
INTRODUCTION  à la Convention des droits de l’enfant (CDE) et aux
Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
Problématique
Les pays de la région océan Indien1 (cf. carte ci-
dessous) constituent un ensemble hétérogène
sur le plan géographique, démographique et
socioéconomique. Madagascar, qui s’étend sur 587
000 km² abrite le plus grand nombre d’habitants
avec une population de 19,4 millions d’habitants dont
10,3 millions d’enfants. Maurice est le deuxième pays
en nombre d’habitants avec 1,3 millions d’habitants,
dont 353 000 enfants sur une superficie de 1865
km². La Réunion qui se situe en 3ème position en
termes de population, est particulière par son statut
de département français d’outre mer  ; elle compte
790 000 habitants dont 276  000 enfants pour
une superficie de 2512 km². Le quatrième pays,
les Comores, comptent 652 000 habitants dont
326 000 enfants pour une superficie de 2170 km².
Le suivi des droits de l’enfant permet de faire un état
Le cinquième pays, le plus petit tant par sa superficie
des lieux de la situation actuelle afin d’influencer la
que par la taille de sa population, les Seychelles,
prise de décisions pour la promotion des politiques
comptent 86 000 habitants dont 24 000 enfants
en faveur des enfants, tant au niveau national
répartis sur une superficie de 455 km².
que régional. Il permet également de favoriser le
Les 11,2 millions d’enfants qui habitent la région de développement de stratégies et de plaidoyers pour
l’océan Indien grandissent dans des environnements la promotion des droits de l’enfant.
différents ; certains tels que Maurice, la Réunion et les
Conformément à cette mission d’assurer le suivi
Seychelles connaissent des changements sociaux et
de la réalisation des droits de l’enfant, l’ODEROI
économiques rapides, d’autres tels que les Comores
s’est proposé, avec l’appui financier de l’UNICEF,
et Madagascar s’enfoncent silencieusement dans la
d’entreprendre cette étude régionale sur la pauvreté
pauvreté. Des poches de pauvreté existent dans les
et les disparités touchant les enfants. Elle permettra
cinq pays concernés à des degrés différents mais
aux pays de se situer par rapport aux engagements
n’ont jamais fait l’objet d’études approfondies. D’où
internationaux pris pour l’éradication de la pauvreté
la nécessité d’évaluations et d’analyses constantes
et de la faim, tels qu’identifiés dans les Objectifs du
de la situation des enfants.
millénaire pour le développement (OMD).
Cette étude sur la pauvreté des enfants dans la
Les Objectifs du millénaire pour le développement
région océan Indien répond aux engagements de
(OMD) constituent un engagement international que
la Commission de l’Océan Indien (COI) de placer
191 pays, dont les cinq pays de la région océan Indien
l’homme au cœur du développement, de lutter contre
ont pris. Les pays signataires de cet engagement se
la pauvreté et d’améliorer la protection sanitaire des
sont fixés huit objectifs à atteindre en 2015 dont
populations, et d’assurer un suivi régional des droits
l’éradication de l’extrême pauvreté et de la famine,
des enfants.
l’encouragement du partenariat, l’éducation primaire
universelle, l’égalité des genres, la réduction de la
La zone océan Indien mortalité maternelle et infantile et la lutte contre
l’épidémie du sida.
Elle répond également aux objectifs de l’ODEROI
d’assurer le renforcement du suivi national et La majorité des 8 objectifs et des 18 cibles sont
régional de la situation des droits des enfants à directement liés aux enfants et aux femmes.
travers la recherche, le plaidoyer, la mise en réseau Toutefois, malgré des améliorations notées, des
et les échanges d’informations dans le but d’aider millions de femmes et d’enfants connaissent toujours
les pays à assurer leurs engagements par rapport des situations difficiles.

1
On entend ici par région océan Indien les cinq pays du sud-ouest océan Indien (Comores, Madagascar, Maurice, Réunion et les Seychelles).

19
Objectifs International (FMI), le PNUD et d’autres organisations
des Nations unies, la définition officielle de la
Le but de cette étude régionale est d’améliorer la pauvreté est la suivante : «  Fondamentalement, la
prise de conscience nationale, régionale et globale de pauvreté est l’absence de choix et d’opportunités
l’ampleur de la pauvreté touchant les enfants et des (occasions), une violation de la dignité humaine.
résultats que les politiques publiques peuvent obtenir Cela signifie un manque de capacités de base pour
quand elles sont ciblées de façon spécifique à réduire participer effectivement dans la société. C’est ne pas
la pauvreté et les privations. Elle servira également à avoir assez pour nourrir et habiller sa famille, ne pas
renforcer les efforts des familles, des communautés, avoir d’école ou de centre de soins, ne pas avoir de
des secteurs privés et des sociétés civiles dans la parcelle de terrain à cultiver ou pour y faire un travail
lutte contre la pauvreté. Enfin, les diagnostics et permettant de gagner sa vie, ne pas avoir accès
les analyses faites dans chaque pays alimenteront au crédit. C’est encore l’insécurité, l’impuissance
la base de données et d’informations de l’ODEROI et l’exclusion des individus, des ménages et des
permettant ainsi un meilleur suivi de l’évolution de la communautés. Mais c’est aussi la prédisposition à
pauvreté des enfants dans les pays de l’océan Indien. la violence, ce qui implique souvent de vivre dans un
environnement fragile ou marginal, avec aucun accès
Méthodologie à de l’eau propre ou à des installations sanitaires »
(Nations unies, 1998).
S’il est admis que la lutte contre la pauvreté en général
et celle des enfants en particulier est un devoir assez Les études menées par l’UNICEF (Global Study
complexe, la mesure de la pauvreté n’en est pas on Child Poverty and Disparities, Guide: UNICEF
plus aisée. Plusieurs approches conceptuelles et Global Policy Section Division of Policy and Planning
méthodologiques tentent de répondre à la difficulté New – 2007, Children living in Poverty, Alberto
de donner une mesure de la pauvreté. Minujin and Enrique Delamonica – 2005, Poverty
Reduction Begins with Children – 2000, etc.), ont
Au cours des deux dernières décennies, le débat clairement démontré qu’il existe un lien indéniable
relatif à la pauvreté dans les pays en développement entre la pauvreté des enfants et celle des adultes.
s’est considérablement amplifié et fait apparaître Cette relation se présente sous forme cyclique. La «
deux options fondamentales. pauvreté pendant l’enfance » se traduit plus tard par
une « pauvreté des adultes ». En effet, les enfants
D’une part, l’approche de l’utilité considère que les
qui souffrent aujourd’hui de malnutrition, qui sont
dépenses des ménages sont une bonne approximation
privés d’éducation, qui ne sont pas vaccinés ou qui
du bien-être pour l’analyse de la pauvreté. Elle
ne bénéficient d’aucune protection sociale seront
représente l’approche largement répandue et connue
des « adultes pauvres » de demain. Ainsi, les enfants
sous le terme de pauvreté monétaire où la pauvreté
pauvres deviennent des parents pauvres, mettant
des ménages/individus est considérée comme
au monde, à leur tour, des enfants pauvres. Et pour
une insuffisance dans la satisfaction des besoins
briser ce cycle de pauvreté intergénérationnelle, il
de consommation alimentaires et non alimentaires
est indispensable de commencer par combattre la
de base. Un seuil monétaire de pauvreté est alors
pauvreté des enfants (PNUD, 2004).
calculé en fonction du panier des biens pondérés des
prix correspondants à ces biens. Pour les enfants, la pauvreté peut avoir des
conséquences importantes en plus de celle des
D’autre part, la pauvreté non monétaire est
adultes, comme le fait d’être privé d’école, de services
considérée comme une privation de droits, une
médicaux, de nourriture, d’habits ou de logement
situation à l’origine d’un manque de capacités
et même le fait de subir une discrimination et une
fonctionnelles élémentaires pour atteindre certains
stigmatisation des pairs  (CHIP, 2004). En outre, les
minima acceptables, le bien-être étant fonction à
enfants subissent de façon permanente et durant
la fois de la disponibilité des biens matériels et de
toute leur vie les conséquences de ne pas avoir accès
l’élargissement des possibilités des choix (PNUD,
aux services sociaux de base et des ressources
1997).
familiales. Les adultes, quant à eux, ne souffrent que
Le concept de pauvreté chez les enfants, considéré des manifestations de la pauvreté, mais l’impact ne
à travers l’approche droits, est un concept récent peut pas être aussi destinatif que si cela concerne les
(Global Study, 2005). Pour les institutions comme enfants. Les enfants ne peuvent pas se remettre des
la Banque mondiale (BM), le Fonds Monétaire handicaps évitables dans leur vie. Ils ne peuvent non

20
plus réclamer leur période d’adolescence faite de
valeur de croissance et le développement plus tard
dans la vie (PNUD, 2004). Il est donc essentiel de
reconnaître que les enfants ne sont pas pauvres par
eux-mêmes, puisqu’ils ne sont pas économiquement
et légalement autorisés comme des acteurs
indépendants. Il s’avère donc nécessaire de placer
la question des enfants vivant dans la pauvreté dans
un contexte social bien déterminé. La composition
familiale, la distribution des ressources dans des
familles, le statut de la femme, le nombre et le genre
d’enfants dans un ménage et le genre du chef du
ménage sont d’importants facteurs parmi d’autres
qui méritent d’être pris en compte dans les analyses
afin de mieux cerner les effets de la pauvreté des
d’une famille pauvre et sont assez vulnérables. Ils
enfants.
vivent dans la pauvreté et de par leur appartenance
Définir et mesurer la pauvreté des enfants n’est à des ménages pauvres, ils sont considérés comme
pas une chose aisée. L’éliminer est encore plus des enfants pauvres.
difficile. Les organisations internationales et les
L’approche monétaire de la pauvreté par les revenus
pays partenaires ont développé et utilisé différentes
mesure indirectement les besoins des enfants et les
approches (Sorensen and Zibman, 2000 ; Ruggles,
privations dont ils sont sujets.
1990) pour mesurer et analyser la pauvreté. Mais
actuellement, les deux principales approches Les recherches récentes ont jeté une lumière
que les experts en statistiques utilisent pour des nouvelle sur la pauvreté des enfants. L’étude intitulée
analyses et comparaisons plus fines de la pauvreté « Child Poverty in the Developing World » (Townsend
sont : l’approche par le revenu ou la consommation et al. 2003) a examiné la pauvreté des enfants en se
(Pauvreté monétaire) et l’approche par le bien-être servant d’un modèle de pauvreté qui combine à la fois
matériel et non matériel (Pauvreté par les privations). la pauvreté monétaire et la pauvreté non monétaire.
Se plaçant du point de vue de sept privations
L’approche par le revenu ou la consommation
sévères de besoins humains (eau, santé, éducation,
mesure et analyse la pauvreté sur la base du niveau
protection, nutrition, logement et assainissement),
de revenu dans le ménage (revenu par tête). Il s’agit
l’étude de Bristol a procédé à une estimation du
là de l’approche monétaire qui conceptualise la
nombre d’enfants frappés par la pauvreté.
pauvreté de l’individu dans un espace d’utilité dont la
satisfaction définit le niveau du bien-être personnel. Ainsi, l’approche basée sur les droits des enfants)
Le bien-être est alors défini par la satisfaction atteint analyse la pauvreté des enfants  en termes
par un individu par rapport aux biens et aux services de privations : manque d’eau et de sanitaires, taux de
qu’il consomme. Ce qui suppose la détermination malnutrition élevée, faible accès à une éducation de
d’une ligne ou seuil de pauvreté séparant les pauvres qualité, absence de soins de santé, faible participation,
des non pauvres. respect et protection.
A priori, la pauvreté monétaire concerne les Au Sommet mondial sur le développement social
ménages, particulièrement les chefs de ménages à Copenhague en 1995, 117 pays ont adopté une
qui perçoivent des revenus. Les besoins des enfants déclaration et un programme d’action commun
sont oubliés ou sous estimés alors que les besoins incluant des engagements pour éradiquer «  la
des enfants en termes de bien-être ne dépendent pauvreté absolue » et réduire « la pauvreté générale ».
pas uniquement du revenu des parents (du ménage), La pauvreté absolue a été définie comme « un état
mais nécessitent aussi et surtout la disponibilité et caractérisé par une privation sévère des besoins
l’accessibilité de services sociaux de base (éducation, humains fondamentaux (de base), comprenant la
santé, nutrition, etc.) et un environnement protecteur nourriture, l’eau potable, les installations sanitaires,
favorisant leur épanouissement (expression, la santé, le logement, l’éducation et l’information. Elle
participation). Par ailleurs, les enfants vivant dans ne dépend pas uniquement du revenu mais aussi de
les ménages pauvres subissent les conditions de vie l’accès aux services » (Nations unies, 1995).

21
Les enfants connaissant la pauvreté sont privés Indien s’appuie sur une méthodologie globale
d’eau, d’installations sanitaires, n’ont pas accès proposée par l’UNICEF. L’approche repose sur
aux services de santé de base, au logement, à l’analyse des privations dans les sept domaines
l’éducation, à la participation et à la protection, et définis dans le guide de l’Etude globale (UNICEF,
souffrent de malnutrition. Un manque sévère de 2007); elle analyse les lacunes et les possibilités
biens et de services nuit à tout individu, mais affecte qui se présentent dans les stratégies nationales
plus particulièrement les enfants. Il les prive, en effet, de réduction de la pauvreté. Elle est fondée entre
de la jouissance de leurs droits de se développer autres sur l’examen du contexte démographique
pleinement et d’atteindre leur plein potentiel pour et économique, de l’emploi, des dépenses sociales
être des membres à part entière de la société. publiques et privées, de l’espace budgétaire et
l’aide extérieure. Ensuite, l’étude explore la situation
Les études réalisées par l’équipe de l’Université de pauvreté et des privations que connaissent les
de Bristol ont servi de fondement à la déclaration familles et les enfants eux-mêmes. Enfin, elle propose
approuvée par l’Assemblée générale des Nations des recommandations pragmatiques reposant sur
unies sur la pauvreté des enfants en janvier 2007. les éléments probants permettant d’élaborer une
Ainsi, l’expression «  pauvreté absolue  » est utilisée stratégie de développement plus globale centrée sur
pour les cas où des enfants sont exposés à deux la réduction de la pauvreté et des disparités à l’égard
privations sévères ou plus. des enfants.
Dans la conceptualisation de la pauvreté des
enfants, on ne peut passer outre la dimension du
revenu et de la consommation car de ce revenu,
dépend la stabilité et le bien-être des membres du
ménage. En outre, le revenu et la consommation
peuvent être utilisés plus facilement pour identifier
la pauvreté transitoire (soudaines détériorations
ou améliorations des ressources familiales), qui
est souvent la cible des mesures de protection
sociale. Toutefois, il existe des limitations théoriques
importantes aux arguments politiques et décisionnels
contre l’utilisation (exclusive) de mesures monétaires
de lutte contre la pauvreté2.
La mesure de l’intensité de la pauvreté des enfants
pose un autre problème méthodologique car les
Sources de données
différentes privations ne se retrouvent pas aux La présente étude repose en partie sur une analyse
mêmes âges. Un enfant de moins de 5 ans est-il approfondie des données quantitatives disponibles
« moins pauvre » qu’un enfant plus âgé sous prétexte afin d’appréhender la pauvreté et les disparités chez
qu’il n’est pas privé (et pour cause) d’éducation et les enfants vivant dans les cinq pays de l’océan Indien.
d’accès à l’information ? L’analyse par groupe d’âge Ces données secondaires sont essentiellement
apparaît indispensable pour mieux cibler les actions issues des enquêtes suivantes  : les Enquêtes à
programmatiques. indicateurs multiples (MICS), les Enquêtes de
démographie et de santé (EDS), les Enquêtes de
L’intensité de la pauvreté ne peut se mesurer pauvreté de ménages (EPM)  ; les Recensements
uniquement en «  nombre de privations sévères  » généraux de la population et de l’habitat  (RGPH) et
mais doit s’évaluer par rapport aux privations les statistiques de routines réalisées entre 2000 et
correspondant à l’âge de l’enfant. Dès lors, 2007 dans les cinq pays. Les grilles statistiques et
comment comparer des enfants d’âges (et de type politiques standards développées par l’UNICEF dans
de privations) différents ? L’indicateur synthétique de le cadre des « études globales » sur la pauvreté des
privation nous offre cette opportunité en rapportant enfants ont servi à collecter les données.
les privations sévères des enfants aux privations
potentielles. Elle repose également sur des analyses
circonstanciées, le partenariat et la participation
Cette étude régionale sur la pauvreté et les des enfants, des institutions et des personnes en
disparités touchant les enfants vivant dans l’océan

2
Lipton et Ravallion 1995, Ravallion 1992 et 1998, Reddy et Pogge, 2002.

22
charge de la vie des enfants. Cette participation a enquêtes varient suivant les pays. Par exemple « le
été rendue possible grâce à des données primaires concept de maison précaire  pour la privation en
collectées sous forme d’enquêtes qualitatives logement » diffère suivant que la maison se trouve à
réalisées simultanément dans les cinq pays de la la Réunion ou à Madagascar. En outre, les données
région océan Indien. Ces enquêtes représentaient secondaires des enquêtes utilisées n’ont pas toutes
l’occasion unique d’entendre et de recueillir les voix été réalisées au cours d’une même période. Par
des enfants sur des sujets qui les concernent et qui, ailleurs, il n’a pas été possible de croiser les sept
généralement, sont débattus par des adultes. indicateurs AIP avec différents caractéristiques des
ménages dans les cinq pays de la région, comme
La première difficulté rencontrée concerne les cela se fait avec les indicateurs de Bristol. Une
concepts de privations des enfants tels que des extensions possibles à cette étude serait de
définis par la méthode de Bristol. Ces indicateurs ressortir les caractéristiques socio démographiques
préconisés par le guide Global Study de l’UNICEF et économiques des ménages suivant les indicateurs
et repris dans les grilles statistiques proposées AIP ainsi obtenus. L’on pourrait ainsi, définir un profil
sont conçus généralement pour être calculés sur de la pauvreté (selon les AIP) pour les enfants de la
la base des enquêtes MICS ou EDS. Les trois pays région.
à revenus intermédiaires (Maurice, la Réunion et
les Seychelles) n’ont pas réalisé de telles enquêtes, La troisième difficulté concerne les années auxquelles
ce qui a rendu impossible le calcul des indicateurs se rapportent les différentes enquêtes et statistiques
de Bristol. C’est pourquoi il s’est avéré nécessaire disponibles dans les pays. En l’absence de données
de proposer d’autres indicateurs basés sur les statistiques récentes pour l’ensemble de ces pays ;
enquêtes ménages (disponibles pour tous les pays) la plupart des données utilisées proviennent des
qui se rapprocheraient des concepts Bristol. Ces différentes enquêtes à caractère national et à des
indicateurs de remplacement dénommés «  Autres périodes variables, plus ou moins anciennes.
indicateurs de privations » ou « AIP » ont été définis
en collaboration avec l’équipe du Global Study, avec L’étude a permis d’identifier les domaines dont la
comme objectif de pallier à l’insuffisance de données situation des enfants requiert urgemment la mise
sur les privations des enfants afin de pouvoir réaliser en œuvre de stratégies nationales et régionales
une analyse comparative de la situation des enfants de réduction de la pauvreté. Et sur la base des
dans les cinq pays. Cette approche a permis de recommandations faites dans ce rapport, cette
disposer de deux groupes d’indicateurs : d’une part étude apportera  un éclairage et une aide aux
les «  AIP  » pour les cinq pays de la région océan décisions des politiques économiques et sociales à
Indien et d’autre part, les indicateurs de Bristol pour mettre en œuvre dans les pays pour combattre la
Madagascar et les Comores seulement. pauvreté des enfants. Elle aidera aussi à mieux cibler
les domaines d’affectation et de répartitions des
Toutefois, ces indicateurs, pour la plupart obtenus à ressources destinées à la réduction de la pauvreté
partir des données ménages ne se substituent pas des enfants, afin de ressortir les priorités dans les
aux indicateurs de Bristol mais sont plus appropriés programmes nationaux et éventuellement les futurs
pour les mesures de privations des enfants dans programmes régionaux.
les cinq pays. En outre, ces indicateurs sont définis
suivant les concepts méthodologiques de base Désormais les familles pauvres avec enfants, les
définis dans le guide du Global Study. Par exemple, enfants ayant des besoins de santé, d’éducation
la privation sévère en eau selon Bristol se rapporte et de protection vivant dans des foyers pauvres et
aux enfants qui « ont accès à de l’eau de surface ou vulnérables, les enfants vivant dans des conditions
devant aller chercher l’eau à plus de 30 minutes  du à risque  et enfin les enfants vivant dans des
domicile ». Avec le concept AIP, la privation sévère en communautés défavorisées  doivent tous être au
eau se traduit par les « ménages qui n’ont pas accès centre des préoccupations des décideurs et au cœur
à de l’eau potable » (Annexe I, tableaux I.1 et I.2). des grandes décisions.

La deuxième difficulté qui constitue une limite à Plan du rapport


cette méthode est que les indicateurs calculés sur
la base des informations ménages sont difficilement Ce rapport comprend quatre chapitres. Le premier
comparables d’un pays à un autre, compte tenu présente le contexte socio économique, politique
du fait que les méthodes et concepts de base des et international. Il décrit l’évolution de la situation

23
économique dans les pays de la région et son impact Les chapitres 1 à 3 s’articulent essentiellement
sur la pauvreté des ménages. Il analyse également le autour de l’analyse successive des lois, politiques et
contexte international ces dernières années à travers programmes les plus pertinents ayant eu un impact
les crises socio politique, financière et alimentaire et sur la vie des enfants, les résultats pour ces enfants
leurs conséquences sur la vie des enfants. en termes de disparités et égalité, l’analyse de
causalité du point de vue des principales barrières
Le deuxième chapitre analyse la pauvreté des enfants qui empêchent les plus pauvres d’accéder plus
suivant l’approche monétaire. A cet effet un accent facilement aux services et aux prestations ainsi que le
particulier est mis sur l’évolution des budgets et rôle et l’importance de ces obstacles, la perception/
des dépenses sociales dans chaque pays et sur les voix des enfants et les fondements et partenaires
déterminants de la pauvreté et des disparités chez pour une stratégie. 
les enfants.
Le dernier chapitre, en guise de conclusion et
Le troisième développe les piliers du bien-être des recommandations, propose quelques pistes pour
enfants en mettant en exergue les privations dont sont adressser la pauvreté et les disparités touchant les
victimes les enfants et les disparités qui persistent enfants dans la région.
entre les enfants de différentes catégories sociales
dans les domaines de la nutrition, de la santé, de Les initiatives et stratégies proposées ne constituent
la protection de l’enfance et de l’éducation. Il décrit pas un tout. Elles représentent seulement quelques-
également le cadre de vie des enfants à travers leur unes des options sûres que les gouvernements, les
accès à l’eau potable, aux sanitaires décents et au organisations de la société civile et les partenaires
logement et analyse les privations dont sont victimes en développement pourraient soutenir pour lutter
les enfants de la région en matière d’information et à contre la pauvreté des enfants et améliorer leur
leur participation. bien-être.

Définitions des privations sévères et moins sévères selon le concept Bristol

Domaines Privation « sévère » Privation « moins sévère »

Enfant habitant dans un logement avec 5 Enfant habitant dans un logement avec 4 personnes ou
Logement personnes ou plus par chambre ou dans un plus par chambre ou dans un logement sans sol en dur ou
logement sans sol en dur. toit adéquat.

Enfant sans accès à une installation sanitaire


Assainissement Enfant utilisant des installations sanitaires non-améliorées.
quelconque.

Enfant ayant accès à de l’eau de surface ou


Enfant ayant accès à de l’eau de qualité à plus de 30
Eau devant aller chercher l’eau à plus de 30 minutes
minutes du domicile.
du domicile.

Enfant sans accès à aucun media (radio,


Information Enfant sans accès à la radio ou à la télévision.
télévision, téléphone, journaux, ordinateur).

Enfant avec un écart de 3 écarts type en dessous Enfant avec un écart de 2 écarts type en dessous des
Nutrition des normes pour l’un des trois indicateurs (taille normes pour l’un des trois indicateurs (taille pour âge,
pour âge, poids pour taille et poids pour âge). poids pour taille et poids pour âge).

Enfant d’âge scolaire qui n’est jamais allé à


Enfant d’âge scolaire qui n’a pas achevé le cycle primaire
Éducation l’école primaire et qui n’est pas actuellement
et qui n’est pas actuellement scolarisé.
scolarisé.

Enfant qui n’a jamais été vacciné ou qui n’a


Enfant qui n’a pas reçu les huit vaccins (BCG, DTCoq1,
reçu aucun traitement pour une maladie
Santé DTCoq2, DTCoq3, Polio0, Polio1, Polio2, Rougeole) avant
récente comportant la diarrhée ou une infection
l’âge de 2 ans.
respiratoire.

Source : Unicef, Global Study (2005)

24
Autre indicateurs de privation (AIP) des enfants suivant le degré de privation (sévère/moins sévère)

Autres indicateurs de privation (AIP) moins


Domaine de privation Autres indicateurs de privation (AIP) sévère
sévères
de l’enfant

1. Logement Les enfants vivant dans une maison précaire


Les enfants vivant dans une maison sans sol ou sans
(paille /tôle, etc.) ou bien abritant plus d’une
mur (en dur)
famille
2. Assainissement Les enfants ne disposant pas de sanitaires Les enfants disposant des sanitaires non améliorés
3. Eau Les enfants n’ayant pas accès à de l’eau potable dans
Les enfants n’ayant pas accès à de l’eau potable
le domicile (pas de robinet)
4. Information Les enfants ne disposant ni de la radio, ni de la Les enfants ne disposant pas de radio, ou de
télévision, ni d’ordinateur, ni de téléphone télévision
5. Nutrition Les enfants victimes de malnutrition sévère Les enfants victimes de malnutrition moins sévère
6. Éducation Les enfants non scolarisés Les enfants n’ayant pas achevé le cycle primaire

7. Santé Les enfants ayant reçu seulement quelques vaccins et


Les enfants non vaccinés
non la totalité
Source : Définitions propres à cette étude pour les pays de la région océan Indien

25
Chapitre I :
CONTEXTES SOCIO ÉCONOMIQUE POLITIQUE
ET INTERNATIONAL

26
1.1. Poids démographique des enfants et projection à 2015

1.1.1. Population de la région océan population de la région, suivi de Maurice avec 1,2
Indien millions d’habitants (6 pour cent de la population
totale), ensuite la Réunion qui compte 802  000
La région océan Indien compte 22,1 millions habitants (4 pour cent du total), les Comores avec
d’habitants inégalement répartis entre les cinq pays 652 202 habitants (3 pour cent du total ) et enfin les
qui la composent (tableau 1.1). Madagascar est le Seychelles, pays le moins peuplé et aussi le plus petit
plus peuplé et représente à lui seul 19,4 millions par sa superficie avec 87 000 habitants (0,4 pour
d’habitants soit 87 pour cent de l’ensemble de la cent de l’ensemble de la population de la région).

Tableau 1.1 : Répartition de la population de la région océan Indien

Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles Total

Groupe d’âge
Pour Pour Pour Pour Pour Pour
N N N N N N
cent cent cent cent cent cent

0 à17 ans 326 490 50 10 283 108 53 353 202 27,8 253 432 31,6 24 010 27,6 11 240 242 50,5

18 à 64 ans 295 045 45,2 8 752 948 45 828 981 65,3 485 252 60,5 56 090 64,5 10 418 316 46,9

65 ans et plus 30 667 4,8 341 954 2 86 382 6,9 63 316 7,9 6 856 7,9 529 175 2,6

Total 652 202 19 378 009 1 268 565 802 000 86 956 22 187 732

Sources : Estimations des services statistiques des pays sur la population à 2008 ; Réunion : Estimation de population au 1er janvier
2008

En 2008, le nombre d’enfants était estimé à En ce qui concerne la répartition des enfants au
11,2 millions représentant la moitié de la population sein de la région (tableau 1.3), on constate que
de la région océan Indien (50 pour cent). La Madagascar abrite le quasi totalité des enfants
répartition des enfants au sein de chaque pays est avec 91 pour cent des enfants de la région, suivi
assez hétérogène : dans les pays à faible fécondité, de Maurice et des Comores qui abritent chacun
(les Seychelles, Maurice et Réunion), les enfants 3 pour cent des enfants. La Réunion et les Seychelles
représentent entre 28 et 32 pour cent de leur abritent respectivement 2 et 0,2 pour cent des
population totale ; tandis que dans les deux autres enfants de la région océan Indien.
pays qui connaissent les plus forts taux de fécondité
(Madagascar et les Comores), la population des
enfants représente un peu plus de la moitié de leur
population totale.

27
Graphique 1.1 : Pyramide des âges des pays de l’océan Indien

Population de la Région Océan Indien en P opula tion c omorienne en 2005

2005

80 a ns et plus
80 ans et plus
70 – 75 a ns
70 – 75 ans
60 – 64 a ns
60 – 64 ans
50 – 54 a ns
50 – 54 ans
40 – 44 a ns
40 – 44 ans
30 – 34 a ns
30 – 34 ans
20 – 24 a ns
20 – 24 ans
10 – 14 a ns
10 – 14 ans

0 – 4 ans 0 – 4 a ns

Homme Femme Homme F emme


P opula tion Ma lga c he en 2005 Population Mauricienne en 2005

80 ans et plus 80 ans et plus

70 – 75 ans 70 – 75 ans

60 – 64 ans 60 – 64 ans

50 – 54 ans 50 – 54 ans

40 – 44 ans 40 – 44 ans

30 – 34 ans 30 – 34 ans

20 – 24 ans 20 – 24 ans

10 – 14 ans 10 – 14 ans

0 – 4 ans 0 – 4 ans

Hommes F emmes Hommes Femmes

Population Reunionnaise en 2005 P o p u la tio n S e y c h e llo is e e n 2 0 0 5

8 0 a ns e t plus
80 ans et plus
7 0 – 7 5 a ns
70 – 75 ans
6 0 – 6 4 a ns
60 – 64 ans
5 0 – 5 4 a ns
50 – 54 ans
4 0 – 4 4 a ns
40 – 44 ans
3 0 – 3 4 a ns
30 – 34 ans
2 0 – 2 4 a ns
20 – 24 ans
10 – 14 a ns
10 – 14 ans
0 – 4 a ns
0 – 4 ans

Hommes Femmes
Hommes Femmes

28
Tableau 1.2 : Répartition de la population par groupe d’âge, genre, fécondité et taux de croissance suivant les
pays en pour cent

Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles Région

0 – 4 ans 15% 18% 7% 9% 9% 17%

5 – 24 ans 50% 47% 40% 33% 32% 46%

25 ans et plus 36% 35% 53% 58% 59% 37%

Population totale 652 202 19 378 009 1 268 565 802 000 86 956 22 187 732

Moins des 18 ans 50% 52% 28% 32% 28% 50%

Proportion des femmes 50,3 50,2 51 52 48 50

Fécondité (nombre d’enfants par


5,2 5,2 1,8 2,44 2,2 4,8
femme)

Taux de croissance de la
2,1% 3,1% 0,8% 1,5% 0,4% 2,8%
population

Sources : Estimations des services statistiques des pays sur la population à 2008 ; Réunion : Projection de l’INSEE à 2008

Comores  Maurice 
Avec 652  202 habitants dont 50,3 pour cent de La population mauricienne compte 1,3 millions
femmes, la population comorienne est très jeune. habitants dont 51 pour cent de femmes. Elle est
Les enfants de moins de 5 ans constituent la tranche caractéristique d’une population vieillissante avec
d’âge la plus élevée avec 15 pour cent du total de la seulement 7 pour cent des enfants  âgés moins de
population ; ceux de moins de 18 ans représentent 5 ans, 28 pour cent d’enfants âgés moins de 18
la moitié de la population (50 pour cent) et les jeunes ans et 47 pour cent âgés de moins de 25 ans. La
de moins de 25 ans deux tiers de la population (65 pyramide des âges de la population mauricienne,
pour cent). Cette structure jeune de la population est contrairement à celles des deux premiers pays
caractéristique d’un pays à taux de fécondité élevé reflète une structure d’une population adulte dont la
(5,2 enfants par femme) qui se traduit par un taux base est rétrécie (moins de naissance) et un milieu
de croissance de la population de 2 pour cent par bombé (plus de 65 pour cent de 18 à 65 ans). Cette
an. Durant la période séparant des deux derniers structure de la population est expliquée par un faible
recensements (1991 et 2003), on a observé une taux de fécondité (1,8 enfants par femme  ; le plus
tendance à la baisse de la fécondité de 6 à 5,2 faible de la région océan Indien) et qui se traduit par
enfants par femme. un faible taux de croissance de la population (0,8
pour cent par an).

Madagascar Réunion 
Madagascar compte 19,4 millions d’habitants dont Au 1er janvier 2008, la Réunion comptait 802 000
50 pour cent de femmes. Les jeunes occupent une habitants, dont 52 pour cent de femmes. Comme
place importante : 65 pour cent de la population ont Maurice, la population réunionnaise est relativement
moins de 25 ans, 52 pour cent moins de 18 ans et moins jeune ; les enfants moins de 5 ans représentent
les moins de 5 ans représentent 18 pour cent de 9 pour cent de la population ; les enfants moins de 18
la population. La jeunesse de la population malgache ans représentent 32 pour cent et les jeunes moins
s’explique également par un taux de fécondité élevée de 25 ans 42 pour cent de la population. Le taux de
(5,2 enfants par femme)  et un taux de croissance fécondité de la Réunion est aussi faible comparée à
démographique élevé (3,1 pour cent par an). Madagascar et les Comores avec 2,44 enfants par
femme ; par conséquent le taux d’accroissement de
la population est relativement bas (1,5 pour cent par
an).

29
Seychelles  tendance à la baisse dans chaque pays de la
proportion d’enfants  ; ce phénomène s’explique
Les Seychelles sont les moins peuplées mais par le vieillissement de population pour les pays à
connaissent le plus faible taux de croissance de la faible taux de croissance (Seychelles, Maurice et
population (0,4 pour cent). Avec 87 000 habitants, Réunion) et une baisse tendancielle de la croissance
dont 48 pour cent de femmes, la population démographique pour le cas de Madagascar ; seul les
seychelloise est aussi vieillissante à l’instar de Comores connaîtront une hausse de la proportion
Maurice et  la Réunion avec seulement 9 pour des enfants due à l’augmentation prévue de la
cent des enfants de moins de 5 ans, 28 pour cent croissance démographique entre 2005 et 2015 ;
des enfants de moins de 18 ans et 41 pour cent
des jeunes de moins de 25 ans. La fécondité est La structure de la population entre 2005 et 2015
relativement faible (2,2 enfants par femme). (tableaux 1.2 et 1.3) fait apparaître un léger
vieillissement de la population de la région océan
1.1.2. Evolution des populations de Indien dû à la baisse de la croissance démographique
2005 à 2015 de Madagascar (représentant près de 88 pour cent
de la population totale) passant de 3,1 pour cent de
L’année 2015 est l’année de rendez-vous mondial croissance annuelle à 2,6 pour cent.
pour les Objectifs du millénaire pour le développement.
Durant la décennie 2005 à 2015, la proportion
La région océan Indien comptera en 2015, 26,8
des enfants âgés de moins de 18 ans passera de
millions d’habitants  dont 12,3 millions d’enfants
50 pour cent à 46 pour cent au niveau de la région
âgés moins de 18 ans (tableau 1.3). Les enfants
océan Indien (tableau 1.3).
représenteront 46 pour cent de la population de la
région océan Indien en 2015 contre 50 pour cent Cette évolution à la baisse de la proportion des
dix ans auparavant (2005). enfants est l’effet d’une transition démographique
par le passage d’une population ayant des taux de
L’analyse des pyramides des âges des cinq pays
natalité et de mortalité élevés à une population ayant
de la région (graphique 1.1) fait ressortir une
des taux de natalité et de mortalité faibles
Tableau 1.3 : Evolution prévue de la population et des enfants de 2005 à 2015

Région Océan
Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles
Indien
2005 2015 2005 2015 2005 2015 2005 2015 2005 2015 2005 2015

Moins de 18 ans
50 49 52 47 28 27 33 36 28 31 50 46
en %
10 à 27 ans en % 41 39 28 29 33 38
Population en
0,6 0,8 17,7 23,7 1,2 1,3 0,7 0,9 0,08 0,09 20,4 26,8
millions
Poids
démographique de 2,9 2,9 87,5 88,5 5,6 5 3,6 3,2 0,4 0,3 100 100
chaque pays en %
Population des
0,3 0,4 9,2 11,2 0,3 0,4 0,3 0,3 0,02 0,03 10,2 12,3
enfants en millions
Poids des enfants
de chaque pays 3,1 2,9 90,2 88,5 3,7 5 2,7 3,2 0,3 0,3 100 100
dans la région en %
Sources : Estimations de la population à 2008 et Projection à 2015 : Services statistiques des pays

Il est également intéressant de s’attarder sur ans en 2005 auront entre 10 et 27 ans en 2015
l’évolution du nombre d’enfants ayant moins de 18 et représenteront 38 pour cent de la population de
ans en 2005 En effet, les enfants âgés de 0 à 17 la région, contre 50 pour cent en 2005. Plusieurs

30
facteurs expliquent cette baisse, dont notamment la région aujourd’hui, c’est disposer dix années plus
le vieillissement de la population de la région (une tard, d’au moins 38 pour cent de la population de
augmentation plus rapide de l’effectif des personnes la région en bonne santé, bien éduquée et bien
âgées par rapport aux jeunes), la mortalité qui frappe instruite. C’est aussi avoir au moins 38 pour cent de
la catégorie des 0 à 18 ans, et l’émigration. la population potentiellement active, prête à relever
le défi du développement économique et social dans
Ces données démographiques sont révélatrices de chaque pays de la région. C’est enfin briser le cycle
l’importance que l’on doit accorder aux problèmes que de la pauvreté dès l’enfance. En somme, c’est un
connaissent les enfants, dès aujourd’hui. Apporter investissement rentable.
une solution à la pauvreté touchant les enfants de

1.2. Evolution de la situation économique des pays de la région océan Indien


La région océan Indien est une zone à forte potentialité suivant différentes technologies en fonction du
économique. De par sa situation géographique et développement des pays.
de la beauté naturelle des pays qui la composent,
auxquelles s’ajoutent ses infrastructures hôtelières Durant ces dix dernières années, la région a
et ses structures d’accueil, elle constitue une connu une croissance économique moyenne de
destination touristique très prisée. Le caractère l’ordre de 4,8 pour cent (tableau 1.5) comparée à
insulaire des pays, disposant à cet effet d’une une croissance mondiale de 5,1 pour cent et une
étendue de zone maritime exclusive plus importante croissance du continent africain de 5,5 pour cent en
que leur superficie terrestre, leur confère un atout 2007 (Source  : FMI). La place de la région dans le
que des pays enclavés n’ont pas. C’est aussi une monde en termes de PIB par habitant (en USD ppa)
zone poissonneuse où la pêche est pratiquée est résumée dans le tableau 1.4 et le graphique 1.2.

Tableau 1.4 : Le revenu par habitant en ppa des grandes régions du monde comparées aux pays de la région
océan Indien

Rang Grandes régions du monde PIB par habitant en USD ppa


1ème OCDE 29 197
2ème Europe centrale et de l’est et CEI 9 527
3ème Amérique latine et Caraïbes 8 417
4ème États arabes 6 716
5ème Asie de l’est et Pacifique 6 604
6ème Pays en voie de développement 5 282
7ème Asie du sud 3 416
8ème Région océan Indien 2304
9ème Afrique subsaharienne 1 998
10 ème
Pays les moins développés 1 499
Monde 9 543
Critères retenus par les Nations unies pour classer les pays sur la base des revenus
Revenu élevé 33 082
Revenu moyen 7 416
Revenu faible 2 531

Source : Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008 et pour la région océan Indien (estimation faite pour les besoins
de l’étude)

31
Le revenu par d’habitant des pays de la région océan moins développés. Les niveaux de développement
Indien, est dix fois moins élevé que celui des pays de différents entre les pays de la région expliquent les
l’OCDE. Toutefois il est légèrement supérieur à celui fortes disparités en matière de revenu par habitant
des pays d’Afrique subsaharienne et des pays les (graphique 1.2)

Graphique 1.2 : Comparaison du PIB par habitant en USD, parité de pouvoir d’achat (ppa)

PIB par habitant en 2005

18000
16000
14000
12000
10000
en USD ppa 15 782 16 106
8000
12 715
6000
4000
2000 1993 2304
923
0
Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles Région

Source : Base de données ODEROI et Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008

En termes de parité de pouvoir d’achat, le revenu (NTIC), et d’autres services offshores. En ce qui
par habitant de la région est de 2304 USD. Il existe, concerne les pays à faible revenu (Madagascar
toutefois des disparités entre les pays et il est possible et les Comores), la stratégie de développement a
de les regrouper en deux groupes. Pour Maurice, la été longtemps dominée par le secteur agricole. La
Réunion et les Seychelles, il est supérieur à 12 700 faible valeur ajoutée du secteur agricole explique
USD tandis que pour les Comores et Madagascar la faiblesse des investissements dans ces pays et
il est inferieur à 2000 USD, soit une différence de aussi la faible part des revenus distribuée à ses
revenu par habitant de 10 000 USD entre ces deux habitants. A Madagascar, on assiste récemment
groupes. à un développement des Investissements directs
étrangers (IDE), notamment dans les zones
1.2.1. Croissance, richesse et franches, ce qui explique la croissance relativement
perspectives élevée durant cette dernière décennie (5 pour cent
par an). En ce qui concerne les Comores, le secteur
C’est Maurice et la Réunion qui ont connu les des industries est quasi inexistant et l’économie est
taux de croissance les plus élevés (tableau 1.4). toujours dominée par le secteur primaire.
La stratégie de croissance des pays à revenus
Les performances économiques des pays à revenus
intermédiaires (Maurice, Réunion et Seychelles) est
intermédiaires comme les difficultés économiques
basée sur le développement des Investissements
des pays à faible revenu cachent un dénominateur
directs étrangers (IDE). Ces pays tirent leur
commun à tous les pays : toutes les économies
croissance économique principalement du secteur
des pays de la région sont tributaires de l’extérieur
des services, notamment le tourisme, les Nouvelles
et connaissent chacun aujourd’hui des difficultés
technologies de l’information et de la communication
économiques.

32
Tableau 1.5 : Structure du PIB par branche en 2005 et croissance économique (en pour cent)

Pays
Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles Région
Secteurs
Agricole 51 34 6 2 3 8,9
Minier 0 0 0,1 - 0 0,1
Manufacture 4 13 28 13 9 15,7
Services 38 53 64 85 91 74,7
Autre 7 0 3 - -3 0,6
Croissance du PIB des 10 dernières années 1,9 4,6 5,2 5 1,2 4,8
Source : Base de données ODEROI et sources nationales

Dans les pays à revenus intermédiaires, les de 2001 à 2006, c’est 6300 emplois qui ont été
Investissements directs étrangers représentent une créés pour une demande supplémentaire de 5400
part importante dans la valeur ajoutée. Après des nouveaux actifs. Durant ces dernières années, la
décennies de fortes croissances, les pays à revenus tendance s’est inversée, par la réapparition d’un
intermédiaires sont confrontés à des problèmes déficit important de création d’emplois. Ce qui se
économiques liés à la structure même de leur traduit par un chômage élevé chez les jeunes. Par
économie. ailleurs, une part importante des investissements
publics provient des subventions de l’Etat français
A Maurice, l’industrie du textile, et l’industrie sucrière et de l’Europe. De même, le secteur privé est en
(moteurs de la croissance des décennies antérieures) partie dominé par des investissements directs
connaissent une crise sans précédente. Le textile est étrangers (non réunionnais) et une faible part des
fortement concurrencé par des produits des pays investissements locaux.
asiatiques comme l’Inde et la Chine. Le sucre connaît
le mauvais sort lié à une conjoncture mondiale. Ce Aux Seychelles, les périodes successives de
qui a poussé le gouvernement mauricien à investir forte croissance sont terminées. Le pays connaît
de plus en plus dans les services pour diversifier actuellement des difficultés économiques
l’économie et minimiser les risques. On retrouve importantes, suite à une dette massive contractée
aujourd’hui des gros investissements dans les Cyber au cours des décennies antérieures pour financer
cités/NTIC et dans d’autres secteurs offshores. des grands projets d’investissements publics  :
construction de routes, de digues etc. Se retrouvant
Selon l’INSEE, l’année 2008 à la Réunion est aujourd’hui dans une situation économique de
marquée par le fléchissement de la croissance «  quasi faillite  », le pays a fait appel à l’assistance
et la décélération de l’ensemble des secteurs du FMI en 2008. En avril 2009, le Club de Paris a
économiques  : «  En 2008, le PIB de la Réunion, décidé d’une annulation nominale de 45 pour cent
exprimé en monnaie constante a progressé à un du stock de la dette des Seychelles, en obtenant
rythme estimé à 3 pour cent, ce qui représente le qu’contrepartie, un engagement du pays à mettre
moins bon résultat depuis 1996. Même si la Réunion en œuvre les réformes économiques requises, au
demeure une des régions de France qui a connu une titre du programme soutenu par le Fonds monétaire
forte croissance en 2008, son économie souffre international.
de difficultés structurelles. La culture de la canne
à sucre qui avait dans le temps dominé l’activité Pour ce qui est des pays à faibles revenus (Comores
économique de l’île doit sa survie à des subventions et Madagascar), ils n’ont jamais connu un véritable
européennes. Le taux de chômage s’est de nouveau décollage économique. Leur économie est tributaire
détérioré ces derniers temps. Durant ces dernières de l’aide extérieure qui contribue entre 60 à 90 pour
années, l’économie réunionnaise a connu des hauts cent du financement des investissements publics. En
et des bas en matière de création d’emplois. De effet, la faiblesse de l’épargne nationale ne permet
1993 à 2000, elle créait 3000 emplois pour une pas des investissements sur des fonds propres.
demande de 7300 actifs supplémentaires par an3, Ainsi les deux pays dans le passé comme aujourd’hui

3
Moyenne observée entre la période 1993 à 2000

33
encore ont recours à des financements extérieurs Cependant, l’inexistence d’un seuil unique de pauvreté
pour faire face aux besoins d’investissements publics exprimé en ppa ne permet pas de calculer ce taux
(routes, écoles, hôpitaux), ce qui a entraîné un fort avec les données actuelles des pays. Les méthodes
taux d’endettement dépassant souvent les capacités utilisées pour mesurer la pauvreté dans les pays
de remboursement de ces pays. Actuellement la sont différentes. A Madagascar, aux Comores et
dette extérieure de Madagascar et des Comores aux Seychelles, il s’agit des taux de pauvreté absolus.
avoisine 80 pour cent de leur PIB. Le FMI a identifié Ainsi les lignes de pauvreté sont calculés suivant
un certain nombre de pays surendettés et à faible des dépenses minimales de consommation qui sont
revenu comme Madagascar et les Comores pour assimilés au bien être des individus. Quant à Maurice
leur accorder un programme de réduction de leur et la Réunion, il s’agit des taux de pauvreté relatifs.
dette publique. Madagascar a déjà bénéficié de ce Les seuils de pauvreté sont calculés sur la base
programme IPPTE (Initiative pour les pays pauvres d’un niveau de revenu de référence (pourcentage du
très endettés) qui lui a permis d’alléger sa dette revenu médian). Pour évaluer le nombre des pauvres,
publique ces dernières années. Quant aux Comores, nous faisons comme hypothèse que les pauvres de
la faible performance économique et l’instabilité tous les pays connaissent des privations identiques.
politique de ces dernières années ne leur ont pas Autrement dit, les pauvres de Madagascar, des
permis de bénéficier de l’IPPTE. Comores, de Maurice, de la Réunion et des Seychelles
disposent quasiment des mêmes biens vitaux et
1.2.2. Pauvreté de la population de la éprouvent les mêmes besoins (non satisfaits). Nous
région océan Indien pouvons alors cumuler le nombre de pauvres de la
région océan Indien. Le total des personnes pauvres,
Comme pour la situation économique, les pays de personnes qui vivent en dessous des seuils de
la région océan Indien sont frappés par la pauvreté pauvreté dans leur pays respectif, serait alors de
monétaire à des degrés différents. Le tableau 1.6 13,9 millions d’individus en 2008. Cela représente
présente l’évolution récente de la pauvreté de la plus de la moitié des 22,1 millions habitants de la
population en termes d’incidence, de profondeur, région océan Indien.
de sévérité et d’indice de Gini dans chaque pays.
Tableau 1.6 : Pauvreté de la population (incidence, profondeur, sévérité en pourcentage et indice de Gini)
Pays Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles
Secteurs
Incidence (P0) (antérieure) en % 56,4 73 7,5 15 -
Incidence P0 (actuelle) en % 44,8 68,7 11,5 17 24,5
Profondeur (P1) en % 12,80 26,8 3,2 4 5
Sévérité (P2) en % 6,20 13,4 1,4 1,6 2

Indice de Gini 0,56 0,36 0,38 036 0,39


Seuil de pauvreté monétaire en USD4 803 140 2917 7919 1256
Seuil de Pauvreté monétaire en usd 812 155 2 916 7 152 1 091
Effectif des pauvres en 2008
292 186 13 312 692 145 885 136 340 21 304
(estimation sur la base P0)
Sources : Comores : EBC 1995 et EIM 2004 ; Madagascar : EPM 1997 et 2005 ; Maurice: Household Budget Survey 2001- 2002
et 2006-2007 ; Réunion: Enquêtes famille INSEE 2001 et 2006 ; Seychelles : Household Budget Survey, 2006/2007.

Le graphique 1.3 présente l’évolution des taux de l’équivalent de 292 186 individus pauvres en 2008.
pauvreté de la population dans les cinq pays de la On observe une tendance à la baisse de la pauvreté
région. monétaire. Ainsi, durant ces dix dernières années,
la pauvreté a diminué de 55 pour cent (en 1995) à
Les Comores et Madagascar enregistrent les plus 45 pour cent en 2004 en termes d’individus. L’écart
forts taux de pauvreté. Aux Comores, le seuil de moyen des revenus des pauvres au seuil de pauvreté
pauvreté était de 285  177 francs comoriens (FC) est de 13 pour cent. Cela signifie que les revenus
(812 USD) en 2004. 44,8 pour cent des Comoriens des pauvres présentent un « déficit de revenu » de
vivaient en dessous de ce seuil en 2004, soit 35 pour cent par rapport au seuil de pauvreté5. Pour

4
 omores : 285 177 Fc ; Madagascar : 304 500 Ariary ; Maurice : Rm 87 480; Réunion: 5676 euros ; Seychelles : Rs 14 186
C
5
Le déficit de revenu des pauvres est calculé par le rapport (P1/P0)*seuil et représente le montant nécessaire à chaque pauvre pour enrayer la
pauvreté.

34
Graphique 1.3 : Evolution des taux de pauvreté de la population

Sources : Comores : EBC 1995 et EIM 2004; Madagascar : EPM 1997 et 2005 ; Maurice : Household Budget Survey 2001- 2002
et 2006-2007 ; Réunion : Enquêtes famille INSEE 2001 et 2006 ; Seychelles : Household Budget Survey, 2006/2007.

enrayer la pauvreté monétaire, il faut que chaque fortes (13 pour cent). Les inégalités de revenus au
personne pauvre dispose en plus de son revenu sein de la population totale restent assez modérées,
actuel, d’une moyenne de 98 923 FC (environ 282 avec un Indice de Gini de 0,365.
USD) chaque année. Les inégalités de revenus au
sein des ménages pauvres demeurent relativement A Maurice, le seuil de pauvreté était de 87 480
modérées (6 pour cent), tandis que les inégalités de roupies (2916 USD) en 2006. 12 pour cent des
revenus au sein de la population totale restent très Mauriciens vivaient en dessous de ce seuil en 2007,
élevées (un indice de Gini de 0,566). soit l’équivalent de 145 885 individus pauvres
rapportés à la population de 2008. On observe
A Madagascar, le seuil de pauvreté était de 304 500 durant ces cinq dernières années une augmentation
Ariary en 2005 (155 USD). 69 pour cent des de la pauvreté monétaire. Ainsi le taux de pauvreté est
malgaches vivaient en dessous de ce seuil en 2005, passé de 8 pour cent en 2001/2002 à 11,5 pour
ce qui représente 13 millions d’individus pauvres cent en 2006/2007. L’écart moyen des revenus
rapporté à la population de 2008. La pauvreté des pauvres par rapport au seuil de pauvreté mesuré
connait une tendance à la baisse. Les estimations par la profondeur de pauvreté est relativement faible,
récentes de l’Institut national des statistiques font soit 3 pour cent. Ce qui signifie que les revenus des
état d’une baisse du taux de pauvreté des individus pauvres présentent un «  déficit de revenu  » de 28
passant de 73 pour cent en 1997, et 69 pour cent pour cent par rapport au seuil de pauvreté. Par
en 2005 à 64 pour cent en 2008. L’écart moyen des conséquent, pour enrayer la pauvreté monétaire  à
revenus des pauvres par rapport au seuil de pauvreté Maurice, il faudrait que chaque personne pauvre
mesuré par la profondeur de pauvreté est assez perçoive en plus de son revenu actuel, une moyenne
important et représente 27 pour cent. Cela signifie de 24 342 Roupies mauriciennes (soit environ 811
que les revenus des pauvres présentent un « déficit USD) chaque année. Les inégalités de revenus au
de revenu  » de 39 pour cent par rapport au seuil sein des pauvres, mesurées par la sévérité de la
de pauvreté. Pour combattre la pauvreté monétaire, pauvreté y sont aussi relativement faibles avec un
il faudrait que chaque personne pauvre dispose en taux de 1,4 pour cent. Les inégalités de revenus au
plus de son revenu actuel, d’une moyenne de 118 sein de la population entière sont assez modérées
786 Ariary (60 USD) chaque année. Les inégalités avec un Indice de Gini de 0,38.
de revenus au sein des pauvres sont relativement

6
Il est à noter que l’indice de Gini étant compris entre 0 et 1, plus l’indice est proche de 1, plus les inégalités sont fortes et inversement, un indice
proche de 0 marque des faibles inégalités au sein des revenus des ménages. A titre d’exemple, le pays le plus inégalitaire au monde enregistre un
indice de Gini de 0,6 et le plus égalitaire, un indice de Gini de 0,2.

35
A la Réunion, le seuil de pauvreté était de 5676 est encore loin de l’Objectif du millénaire qui est de
Euros (7152 USD). 17 pour cent des Réunionnais réduire de moitié la proportion des personnes vivant
vivaient en dessous de ce seuil en 2006, ce qui dans la pauvreté de 1990 à 2015. La tendance à la
représente 136 340 individus pauvres rapportés hausse du niveau de la pauvreté monétaire à Maurice
à la population de 20087. La pauvreté monétaire a et à la Réunion réduit les chances pour l’ensemble
tendance à s’accroître. Ainsi le taux de pauvreté est des pays de la région de pouvoir atteindre en 2015
passé de 15 pour cent en 2001/2002 à 17 pour les Objectifs du millénaire pour le développement en
cent en 2006/2007. L’écart moyen des revenus matière de réduction de moitié de la pauvreté.
des pauvres par rapport au seuil de pauvreté mesuré
par la profondeur de pauvreté (P1) est égal à 4 pour 1.2.3. Pauvreté suivant le genre du
cent. Ce qui signifie que les revenus des pauvres chef de ménage 
présentent un « déficit de revenu » de 24 pour cent
par rapport au seuil de pauvreté. Par conséquent, il Le taux de pauvreté de la population varie suivant
faudrait que chaque Réunionnais pauvre perçoive en que le ménage est dirigé par un homme ou par
plus de son revenu actuel, 1336 Euros en moyenne une femme. Dans l’ensemble des pays de la région
(soit environ 1682 USD) chaque année. La valeur (exception faite de Madagascar et des Comores), les
importante du déficit de revenu par personne pauvre ménages dirigés par les femmes sont plus pauvres
s’explique par un seuil de pauvreté relativement élevé que ceux dirigés par les hommes (graphique 1.4).
de la Réunion. Quant aux inégalités des revenus, on
observe un indice de Gini légèrement inférieur à ceux L’une des raisons expliquant cette disparité est que
des pays de la région (indice de Gini égale à 0,36 ; les femmes disposent de moins de revenus que les
néanmoins, les inégalités sont plus importantes à hommes pour plusieurs raisons. Parmi ces raisons,
la Réunion qu’elles ne le sont au niveau national  (un il y a la ségrégation salariale dont sont victimes les
indice de Gini de 0,28). femmes (à emplois égaux, les hommes sont mieux
rémunérés que les femmes)  ; on note aussi que
Enfin, aux Seychelles 18 pour cent des ménages les femmes de la région enregistrent des taux de
vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit chômage élevés et des taux d’inactivité et de sous
l’équivalent de 25 pour cent d’individus pauvres (21 emploi largement supérieurs à ceux des hommes.
304 Seychellois pauvres en 2008). L’écart moyen
des revenus des pauvres par rapport au seuil de A Madagascar et aux Comores, la pauvreté touche
pauvreté est de 5 pour cent. Ce qui signifie que davantage les personnes issues des ménages qui
les revenus des pauvres présentent un «  déficit sont dirigés par des hommes. Aux Comores, par
de revenu  » de 28 pour cent par rapport au seuil exemple, les chefs de ménage-femmes bénéficient
de pauvreté. Il faudrait donc que chaque pauvre d’autres sources de revenus en plus de ceux issus de
dispose, en plus de son revenu actuel, en moyenne la rémunération du travail ; transferts (en fonds ou
3 897 Roupies seychelloises (environ 300 USD) en biens) provenant d’autres membres de la famille
chaque année pour enrayer la pauvreté monétaire. résidants à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Les inégalités de revenus au sein des pauvres sont Par ailleurs, les chefs de ménage-femmes gèrent
relativement faibles aux Seychelles avec un taux de mieux le revenu familial, du fait qu’elles ont moins
2 pour cent. Les inégalités de revenus au sein de la de charges extra-familiales que les hommes telles le
population seychelloise mesurées par l’indice de Gini paiement des écolages et/ou d’autres dépenses en
sont de 0,39, comparables aux inégalités de revenus faveur des neveux/nièces, etc.
à Maurice et à Madagascar.
L’indice de Gini révèle que les revenus des personnes
Bien qu’une tendance à la baisse de la pauvreté vivant dans les ménages dirigés par les femmes sont
soit enregistrée dans les pays les plus touchés les plus inégalitaires dans l’ensemble des cinq pays.
par la pauvreté (Madagascar et les Comores), on

7
 our une meilleure comparaison avec les autres pays de la région, nous avons calculé un seuil de pauvreté qui ne reprend pas la méthode appliquée en
P
France et dans les pays de l‘Union européenne (60 pour cent du revenu médian). on obtient, en effet, un taux de pauvreté beaucoup plus élevé : 9 480
Euros, soit plus de 50 pour cent d’individus pauvres.

36
Graphique 1.4 : Taux de pauvreté de la population suivant le genre du chef de ménage

Sources: Comores : EIM 2004 ; Madagascar: EPM 2005 ; Maurice : Household Budget Survey 06-07 ; Réunion : Insee, Enquête
Budget de familles 2006 ; Seychelles : Household Budget Survey, 1999/2000

1.2.4. Pauvreté de la population attendre, ce sont les personnes vivant au sein des
suivant le statut du chef de ménages dont leur chef a une activité salariale qui
sont les plus protégés contre la pauvreté, sauf pour
ménage le cas particulier de Madagascar où ce sont les
La pauvreté de la population est fonction du statut ménages des chefs « pêcheurs » qui sont les moins
des chefs des ménages. Comme l’on pouvait s’y touchés par la pauvreté (graphique 1.5).

Graphique 1.5 : Taux de pauvreté de la population suivant la catégorie socio-professionnelle du chef de


ménage

Sources : Comores : EIM 2004; Madagascar : EPM 2005; Maurice: Household Budget Survey 06-07; Réunion : INSEE, Enquête
Budget de familles 2006 ; Seychelles: Household Budget Survey, 1999/2000.
«+» indique le statut des chefs de ménage dont la pauvreté est la plus fréquente.
«-» indique le statut des chefs de ménage dont la pauvreté est la moins fréquente.

37
Les pêcheurs de Madagascar sont pour la plupart les personnes vivant en milieu rural sont
des entrepreneurs qui disposent de leur propre celles qui sont les plus touchées par la pauvreté
bateau de pêche et des ateliers de transformation (voir graphique 1.6). Il en est ainsi pour les
ce qui explique la bonne situation de leur revenu. pays de la région océan Indien. En milieu rural,
les emplois sont généralement moins
Disposant de moins de revenus, les chômeurs et les rémunérateurs. Avec un rapport taux
sans emploi, à Maurice, à la Réunion et aux Seychelles, rural/taux urbain situé entre 1,4 et 1,7,
sont les plus touchés par la pauvreté. Aux Comores les disparités rural/urbain en matière de
et à Madagascar, les chômeurs ne sont pas les plus pauvreté sont assez importantes dans la
pauvres (certainement par l’existence des transferts région.
des fonds) ; les plus pauvres sont les pêcheurs aux
Comores et les agriculteurs à Madagascar. Ces deux C’est aussi en milieu rural qu’on enregistre
activités étant peu productives et moins rentables le plus de profondeur de la pauvreté (P1) et
dans les deux pays. le plus d’inégalités entre les pauvres (P2). L’indice
de Gini mesure les inégalités de revenus au sein
1.2.5. La pauvreté par milieu de de la population totale. Les disparités de
résidence revenus sont plus apparentes en milieu urbain
ou vivent aussi bien les ménages riches et
Comme dans la plupart des pays en développement, pauvres.

Graphique 1.6 : Taux de pauvreté de la population suivant le milieu de résidence

Sources : Comores: EIM 2004; Madagascar: EPM 2005; Maurice: Household Budget Survey 06-07;

38
1.2.6. Classement suivant l’IDH et économique. Le classement mondial des pays de la
revenu par habitant (parité de région océan Indien suivant l’indice de développement
humain (IDH) confirme ces disparités (tableau 1.7).
pouvoir d’achat)
Sur la base des niveaux de développement économique
Malgré leur similarité géophysique, les facteurs et social, on observe deux catégories de pays : ceux
historiques et les orientations politiques différentes à revenus intermédiaires (Réunion, Seychelles  et
ont fait que les pays de la région connaissent Maurice) et ceux à faible revenu (Madagascar et les
aujourd’hui des disparités dans leur essor Comores).

Tableau 1.7 : Indice de développement humain (IDH) en 2005

Pays Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles

Indice de développement humain (IDH) 0,561 0,533 0,804 0,881 0,843

Classement mondial (sur 177 pays) 134ème 143ème 65ème 34ème 50ème

Catégorie de pays suivant le classement Pays à revenu Pays à revenu Pays à revenu Pays à revenu Pays à revenu
des Nations unies faible faible intermédiaire intermédiaire intermédiaire

Source : Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008

Le classement mondial effectué par les Nations unies élevés, sont les mieux classés. Il s’agit de Maurice, la
chaque année pour l’ensemble des pays du monde Réunion9 et les Seychelles. De par leur classement
suivant l’indice de développement humain (IDH)8 suivant l’IDH, ces trois pays font partie des pays à
permet aux pays de mesurer leur performance revenus intermédiaires. En ce qui concerne les
économique et sociale. Les trois pays de la région qui Comores et Madagascar, la faible performance
enregistrent les revenus par habitant les plus élevés, économique et sociale fait que ces deux pays sont
qui ont les plus forts taux de scolarisation et dont classés dans la catégorie des pays à revenu faible.
les populations ont des espérances de vie les plus

1.3. Objectifs du millénaire pour le développement (OMD)

A partir de l’évaluation des OMD dans chaque pays, pauvreté et la faim d’ici 2015.
et au regard des résultats de 2005, comparés aux
objectifs fixés pour 2015, des observations ont été Par ailleurs, Maurice, Seychelles et la Réunion, dont
formulées sur la capacité de ces pays à les atteindre. les performances économiques et sociales sont
Si certains seront sans doute atteints, d’autres ne le relativement meilleures, ont toutes les chances
seront pas (tableau 1.8) : d’atteindre les Objectifs du millénaire suivants :

S’agissant de l’objectif 1 : «  Eliminer l’extrême  Objectif 2 : Assurer une éducation


pauvreté et la faim », le groupe des pays à revenus primaire pour tous.
intermédiaires (Maurice, Réunion et Seychelles)  se  Objectif 5 : Améliorer la santé
distinguerait par une meilleure performance par maternelle.
rapport à Madagascar et les Comores. Néanmoins,
il sera peu probable pour l’ensemble des pays  Objectif 6 : Combattre le VIH/sida, le
de parvenir à un taux nul s’agissant de l’extrême paludisme et autres maladies.

8
L ’indice de développement humain ou IDH est un indice statistique composite (longévité, niveau d’éducation et niveau de revenu), créé par le
Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en 1990 pour comparer le niveau de développement humain des pays du monde. Il
est compris entre 0 et 1.
9
La Réunion étant un département français, elle ne figure pas dans la liste des pays classés par le PNUD. L’IDH de la Réunion est calculé par Goujon
M. dans la revue N° 134 « Economie de la Réunion ; 2008). 39
Tableau 1.8 : Situation actuelle des pays quant à la probabilité d’atteindre les 8 objectifs du millénaire pour le
développement

OBJECTIFS (OMD) Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles


Objectif 1 : Eliminer l’extrême
Peu Probable Peu Probable Peu Probable Peu Probable Peu Probable
pauvreté et la faim
Objectif 2 : Assurer une éducation
Peu Probable Peu Probable Probable Probable Probable
primaire pour tous
Objectif 3 : Promouvoir l’égalité
des sexes et l’autonomisation des Probable (*) Probable (*) Probable (*) Probable (*) Probable (*)
femmes
Objectif 4 : Réduire la mortalité des
Peu Probable Peu Probable Peu Probable Peu Probable Peu Probable
enfants de moins de 5 ans
Objectif 5 : Améliorer la santé
Peu Probable Peu probable Probable Probable Probable
maternelle
Objectif 6: Combattre le VIH/sida, le
Peu Probable Peu probable Probable (**) Probable (**) Probable (**)
paludisme et autres maladies
Objectif 7: Assurer un
Peu Probable Peu probable Peu Probable Peu Probable Peu Probable
environnement durable
Objectif 8: Mettre en place un
partenariat mondial pour le Peu Probable Peu Probable Peu Probable Peu Probable Peu Probable
développement
Sources : Rapports nationaux d’évaluation des OMD et évaluation faite pour cette étude.
(*) Uniquement en ce qui concerne la cible n° 4 dans l’enseignement primaire où le rapport F/G se situe entre 0,9 et 1,03 en 2005).
(**) En ce qui concerne le volet « lutte combattre le paludisme », les 3 pays ont enregistré des progrès considérables.

Toujours en tenant compte des performances de des enfants de moins de 5 ans » , malgré les progrès
2005, l’ensemble des pays, réunit les conditions leur réalisés par les cinq pays, ils demeurent insuffisants
permettant d’atteindre d’ici 2015, la cible n°4 de pour atteindre les objectifs de 2015.
l’objectif 3 :
Et enfin, l’objectif 7  : «  Assurer un environnement
 Objectif 3 : Promouvoir l’égalité des durable  », semble difficilement atteignable pour
sexes et l’autonomisation des femmes  ;
l’ensemble des pays de la région, qui par leur
la cible n° 4 vise un rapport fille/garçon
caractère insulaire font face régulièrement à
de 1.dans l’enseignement primaire
des problèmes environnementaux qui ne seront
En ce qui concerne l’objectif 4, « Réduire la mortalité probablement pas totalement résolus d’ici 2015.

1.4. Les crises

1.4.1. Les crises socio politiques et pays sont aussi les résultats des problèmes socio-
leurs conséquences sur la vie économiques.
des enfants
Comores 
Les pays de la région océan Indien connaissent La situation politique et institutionnelle pendant
des situations socio politiques différentes  : . les trente dernières années est marquée par une
Madagascar et les Comores continuent de vivre grande instabilité dont les éléments saillants sont
une instabilité socio politique alors que trois pays à les suivants  : plus d’une vingtaine de coups d’Etat
revenus intermédiaires à savoir Maurice, Réunion et ou tentatives de coups d’Etat  ; une succession de
Seychelles demeurent politiquement stables. Notons modifications de la Constitution10 dont la dernière
que les crises socio politiques dans les deux premiers date de 2009  ; un ancrage de l’ile de Mayotte au

10
Notamment en 1977, 1978, 1982, 1992, 1996, 1999, 2001.

40
sein de la République Française  ; le séparatisme nouveau Président et un nouveau gouvernement a
de l’île d’Anjouan à partir de 1997 ; l’adoption d’un été condamnée par la communauté internationale
nouveau cadre institutionnel avec la Constitution de qui qualifie cette prise de pouvoir de «  coup
2001 qui garantit l’unité et l’intégrité territoriales d’état déguisé  » et a en conséquence suspendu
tout en accordant une large autonomie des îles ; un l’aide publique au développement et gelé l’aide
conflit permanent sur les partages de compétences extérieure qui représentait 300 millions d’USD en
entre les autorités nationales et les autorités des 2009 dont 15 millions pour le secteur de la santé
îles autonomes ; une intervention militaire de l’armée (20 pour cent du budget public dépensés en 2007
nationale soutenue par l’Union africaine, en vue de pour le secteur) et 30 millions USD pour l’éducation
rétablir l’ordre constitutionnel dans l’île d’Anjouan en (16 pour cent du budget public dépensés en 2007
mars 2008  ; la réforme constitutionnelle en cours pour le secteur).
(adoptée par référendum le 17 mai 2009) qui a
l’ambition de consolider les prérogatives du pouvoir Cette situation a eu un impact négatif sur le
central, tout en accordant aux îles leur autonomie. tourisme et les zones franches, conduisant à un
appauvrissement d’une partie de la population qui
Cette instabilité politique entrave toute réflexion dépend de ces secteurs pour leurs revenues. Des
approfondie sur le développement et freine les agences de coopération bilatérale et multilatérale
réalisations importantes en faveur de la population ont toutefois continué à assurer les aides à caractère
et des enfants comoriens. Elle engendre aussi la humanitaire. Avec l’appui de la communauté
méfiance des investisseurs potentiels extérieurs internationale, une recherche de solution pour une
comme intérieurs et est à l’origine d’une discontinuité sortie de crise se poursuit.
dans le suivi des dossiers.
Maurice
Toutefois les enfants comoriens occupent une place
privilégiée dans les programmes et les politiques mis Le pays n’a pas connu de crises politiques, mais des
en œuvre par le Gouvernernent et ses partenaires, bagarres raciales découlant des divergences par
en particulier l’UNICEF. Des efforts sont faits pour rapport à l’indépendance de 1968. En février 1999,
maintenir les infrastructures sociales de base une crise sociale découlant d’un sentiment d’injustice
(éducation et santé) afin d’améliorer les conditions et d’insécurité dans les prisons a secoué le pays.
de vie des enfants. Malgré ces efforts, on note Combiné à un sentiment d’exclusion ressentie par
une augmentation du taux de déperdition scolaire une couche de la société, à savoir la communauté
surtout des filles, un taux de déscolarisation élevé, créole, cela a provoqué des affrontements et
une insuffisance du système éducatif et sanitaire, des violences qui ont dégénéré en affrontements
le travail des enfants avec une ampleur particulière interethniques.
dans l’agriculture, une délinquance massive et une
pauvreté accrue. Il convient de noter que cette exclusion sociale  se
traduit par un échec scolaire prononcé au sein de
Madagascar cette communauté, contribuant à l’exclusion sociale.
Une étude menée par le Diocèse de Port Louis au
Le contexte politique est caractérisé par plusieurs début des années 2000 démontre que, dans les
crises successives. Depuis son indépendance le 26 cités ouvrières, qui regroupent un fort taux de
juin 1960, la Grande île a connu trois républiques11 familles de la communauté créole, uniquement 30
et cinq crises socio politiques12 dont la dernière est pour cent des enfants réussissent aux examens du
survenue début 2009 suite à un mouvement de Certificat d’études primaires (CPE - Certificate of
contestation contre le  «  monopole économique et Primary Education), contre une moyenne nationale
politique ». Les manifestants revendiquaient le départ de 60 pour cent13.
du Président et l’avènement de la 4ème République
avec une nouvelle Constitution, un nouveau Code Réunion 
électoral et de nouvelles élections pendant une
période de transition. La Réunion est une île politiquement stable depuis la
départementalisation votée en 1946.
Des actes de violence ont donné de l’ampleur au
mouvement de contestation. L’instauration d’une En 1991, l’ile est marquée par une crise sociale
Haute Autorité de la Transition avec à la tête un associée à des violences urbaines. La vie sociale de

11
1960-1975, 1975-1990, depuis 1991 à ce jour.
12
1971, 1972, 1975, 1991-1992 et 2001-2002.
13
Dans le même esprit, seulement 10 pour cent des enfants de ces cités, à majorité créole, réussissent aux examens de la School Certificate (SC
- équivalent de la classe de seconde dans le système d’éducation français) contre une moyenne nationale de 40 pour cent, alors que le pourcen-
tage est encore moindre s’agissant du Higher School Certificate (HSC - équivalent à la classe de terminale), avec 5 pour cent de réussite pour une 41
moyenne nationale de 20 pour cent.
l’île est ponctuée par des grèves et des manifestations socialiste, parti unique, tentatives de putsch, retour
à l’instar de la grève menée, début 2009, par le au multipartisme etc.). Durant certaines périodes
Collectif des organisations syndicales et politiques relativement courtes, l’état d’urgence a même été
de la Réunion (COSPAR), grèves qui expriment les décrété. La population seychelloise, y compris les
revendications fortes de la population en matière de enfants, ont ainsi subi les conséquences de ces
pouvoir d’achat et qui révèlent également une crise changements : privation de droit, accroissement des
aux dimensions à la fois politique et économique mais inégalités, appauvrissement, problèmes de santé,
aussi culturelle et sociale. etc.
Le changement du statut de l’ile, le passage
1.4.2. La crise financière et ses consé-
d’une colonie à un département en 1946, s’est
accompagné d’un ensemble de transformations quences sur la vie des enfants
sociales et économiques. Sur le plan institutionnel,
La crise financière actuelle a mis à mal tous les efforts
ce changement a été marqué par un contexte de
consentis en matière de lutte contre la pauvreté
décentralisation des pouvoirs publics en France.
des enfants dans le monde. Cette crise financière
Sur l’île, cela s’est traduit par la création du
et économique globale a diversement touché les
Conseil général puis en 1982, du Conseil régional.
pays de la région océan Indien. Si les pays comme
L’existence de ces deux entités sur un même
Comores et Madagascar ont été très peu touchés
territoire alimente de nombreux débats juridiques,
par cette crise financière, il n’a pas été de même
intellectuels et politiques sur la création ou non
pour les trois autres pays à revenus intermédiaires
d’une seule entité, regroupant les deux. Sur le plan
à cause de leur grande dépendance vis-à-vis du
économique, l’île bénéficie d’un soutien maintenu de
système financier international.
l’État et de l’Europe au profit du développement de
l’économie, de la construction des infrastructures
routières, portuaires et aéroportuaires de l’habitat, Comores 
des réseaux d’eau et d’électricité et de l’urbanisation Aux Comores, le système financier a été à l’abri
en général. des canaux de transmission de la crise actuelle en
Le poids de la croissance démographique pèse sur raison de l’absence de risque sur les réserves de
une économie déjà fragilisée par le contexte de changes et de la relative faiblesse des flux financiers
l’insularité et la difficulté à développer des activités internationaux. Néanmoins, les secteurs les plus
économiques. Depuis la départementalisation, touchés sont sans aucun doute le commerce et
le niveau de vie des familles connaît une nette plus particulièrement le prix des produits. La hausse
amélioration sur le plan sanitaire et social. L’extrême des prix des principaux produits a eu un impact sur
pauvreté a presque disparu, et on ne parle plus le déficit commercial et a entraîné une baisse des
vraiment de personnes pauvres mais plutôt de flux des touristes. Elle a également entraîné une
personnes modestes ou défavorisées qui font face baisse des revenus liés à l’activité du tourisme et
à d’importants problèmes d’urbanisation et de accentué le déficit des services. La hausse des prix à
logements.. l’importation a également creusé le déficit chronique
de la balance commerciale et a augmenté la valeur
Si les besoins primaires sont aujourd’hui en général des importations, mais elle a surtout entraîné une
satisfaits du point de vue quantitatif, il n’en demeure baisse de la consommation de la population en
pas moins vrai que sur le plan qualitatif, l’accès aux général et des ménages pauvres en particulier. Il va
besoins que l’on pourrait qualifier de secondaires sans dire que les enfants sont naturellement touchés
(l’accès à une alimentation variée et équilibrée, la par la baisse des pouvoirs d’achat des parents.
réussite scolaire et professionnelle, l’accès aux
loisirs, la reconnaissance et l’estime de soi etc.) Madagascar 
reste assez faible.
Au cours de l’année 2008, la crise n’a pas eu d’impact
Seychelles  direct sur l’économie ou sur les conditions de vie des
ménages à Madagascar. En effet, les prix des produits
Le contexte politique aux Seychelles a été rythmé de première nécessité n’ont connu aucune hausse
par différentes phases de transitions depuis son importante au cours de cette année. Néanmoins,
indépendance en 1976 (coup d’état, régime les conséquences de cette crise ont commencé à

42
apparaître à partir du début de l’année 2009  : un par les agences. Ce phénomène a occasionné des
ralentissement des activités économiques liées aux pertes d’emplois considérables et a rendu beaucoup
chocs externes. La perte d’emploi à Antananarivo de ménages encore plus pauvres. Les enfants
suite à la fermeture définitive ou temporaire des en sont les premières victimes car la plupart des
usines est actuellement estimée à plus 10 000 suite salariés des sociétés textiles sont des jeunes et des
aux arrêts d’activité de certaines entreprises (juin mères de familles.
2009). Le chômage technique ou une diminution des
salaires sont également constatés dans le domaine Maurice 
du tourisme.
Maurice, de part la grande dépendance de son
Au niveau des produits de première nécessité, économie au monde extérieur, a été plus touchée
de janvier 2006 à janvier 2008, l’indice des prix par la crise, bien que les effets ne se soient pas fait
a augmenté de 19 points.  Malgré une reprise de sentir en même temps que dans le reste du monde.
la croissance économique en 2003, le pouvoir Les secteurs les plus touchés par la crise financière
d’achat des Malgaches, en général, et celui des plus à Maurice sont : le tourisme, le textile, la construction
défavorisés, en particulier, s’est fortement détérioré et le secteur financier.
dès 2004 à cause de la hausse des prix due  à la
flambée des prix du pétrole et du riz (aliment de base En raison de la crise financière qui les affecte en
des Malgaches). Cette flambée des prix a entraîné termes de réduction de commande, de baisse
une forte réduction des dépenses des ménages les dans le chiffre d’affaires, bon nombre d’entreprises
plus vulnérables pour les autres postes de dépenses n’ont pu éviter le licenciement de leurs employés,
telles que la santé et l’éducation. Les prix trop élevés et le spectre du licenciement guette encore
de l’eau et de l’électricité les ont rendus inaccessibles plusieurs entreprises dans le tourisme, le textile
à cette tranche de la population. et la construction. Selon le Bureau central des
statistiques, le taux du chômage a baissé de 8,5
Le secteur le plus touché a été le textile à cause de pour cent en 2007 (46 800 chômeurs) à 7,2 pour
la baisse de l’exportation et l’instabilité du taux de cent en 2008 (40 000 chômeurs).Toutefois, selon la
change. Le secteur du tourisme l’a été également à Banque centrale de Maurice, malgré cette baisse, les
cause de la baisse de la fréquentation enregistrée perspectives d’emploi se sont détériorées. Ainsi, si

43
les pertes d’emploi dans les secteurs clés tels que le Plusieurs mesures ont été prises pour endiguer
textile et la construction persistent et si les licenciés les effets de cette crise : (i) un soutien financier au
ne sont pas redéployés, les pertes d’emploi auront système bancaire   ; (ii) un plan de relance national
un effet multipliant sur l’économie mauricienne, et de 1 000 projets afin de relancer l’économie  par
sur la population, surtout sur les employés au bas la construction de routes, de crèches, par le biais
de l’échelle avec des répercussions sur le domaine d’aides à l’emploi et de prêts à taux zéro ; (iii) l’octroi
social. Si ceux qui gagnent le moins se retrouvent d’une prime exceptionnelle de 150 euros aux familles
sans emploi, cela aura un impact direct sur le taux bénéficiaires de l’allocation de rentrée scolaire, pour
de pauvreté absolue à Maurice et tous ceux qui se l’année scolaire 2008- 2009.
situent en bordure du seuil de pauvreté risquent de
se retrouver sous cette ligne avec un impact sur les Seychelles 
enfants.
L’économie des Seychelles connaît déjà des difficultés
Réunion  quand se déclare la crise financière mondiale en
2008. Un des premiers signes d’une détérioration
A la Réunion, la crise financière a engendré une grave de l’économie du pays est l’incapacité du
hausse des prix en 2008. La confiance a ainsi gouvernement à honorer ses engagements et à faire
diminué, ce qui s’est traduit par un ralentissement des versements pour le remboursement d’un prêt
de la consommation finale et des investissements. de la compagnie internationale Lehman Brothers à
Par ailleurs, l’augmentation des taux d’intérêt n’a la fin de juillet 2008. Au cours des années passées,
fait que renforcer la crise. Certaines entreprises le pays s’est endetté de 800 millions de dollars pour
ont licencié et hésitaient à créer des nouveaux la dette extérieure et 384 millions d’USD pour la
postes. D’autre part le nombre d’emplois aidés par dette interne (Payet, 2008).
les collectivités locales ont diminué et les politiques
d’investissements publics (grands chantiers) ont En novembre 2008, le pays subit un choc
ralenti, entraînant par exemple une chute d’activité économique considérable quand un programme
dans le secteur du Bâtiment et travaux publics. de réforme profond est enclenché. dans le but de
Néanmoins, globalement, même si la croissance de redresser l’économie seychelloise qui n’arrive plus
l’emploi a diminué en 2008, il est à noté que l’emploi à fonctionner de façon efficace face aux difficultés
continue toujours à croître. qui existent au niveau mondial (Nation, 2008 :1). La
roupie seychelloise n’est plus soutenue, sa valeur sera
Selon l’INSEE, l’année 2008 à la Réunion est déterminée par les marchés financiers, les contrôles
marquée par le fléchissement de la croissance sur les transactions financières internationales sont
et la décélération de l’ensemble des secteurs retirés. Les subventions aux services publics sont
économiques  : «  En 2008, le Produit intérieur brut coupées. Le secteur public est réduit de 12.5 pour
(PIB) de la Réunion exprimé en monnaie constante cent, et les programmes de licenciements mis en
a progressé à un rythme estimé à 3,1 pour cent place..
d’après les premiers résultats issus des comptes
rapides. Il s’agit là du moins bon résultat depuis 1996. Par conséquent, la roupie seychelloise dégringole et
La croissance 2008 est inférieure de 1,3 point à le prix de toutes les commodités monte en flèche.
celle de 2007. Comparé à l’ensemble de la France, Une augmentation de 34 à 38 USD sur les salaires
ce résultat est toutefois honorable. Confrontée à la est un geste apprécié mais est en réalité loin de
crise internationale, l’activité économique nationale pouvoir combler le manque à gagner de la plupart
n’a progressé que de 0,4 pour cent en volume. des familles. Un groupe d’évaluateurs de la Banque
mondiale établit le taux d’inflation pour le mois de
Tous les secteurs connaissent un ralentissement novembre 2009 à 28 pour cent.
de leur activité, en particulier le BTP dont la valeur
ajoutée augmente en volume de près de 4 pour Les conséquences de cette crise se sont fait sentir
cent en 2008 contre 13 pour cent en 2007. Sa dans plusieurs secteurs tels que : le prix des produits
croissance devient ainsi comparable à celle des de première nécessité et le pouvoir d’achat des
autres secteurs dont aucun ne progresse de plus de ménages, les Investissements directs étrangers
5 pour cent. Seule l’agriculture tire son épingle du jeu (IDE), le commerce extérieur, l’Aide publique au
(+ 21,5 pour cent), augmentation qui compense la développement (APD) et les transferts de fonds de
lourde chute de 2007 (- 18 pour cent) ». la diaspora. Les secteurs productifs ont tous été

44
affectés, surtout ceux qui permettent au pays de de l’agriculture. Les prix en dollars américains de
faire rentrer des devises étrangères : le tourisme, la certains engrais, par exemple, sont montés de plus
pêche et même le secteur ‘offshore’ qui était en plein de 160 pour cent dans les deux premiers mois de
essor. Les producteurs et fabricants locaux aussi bien 2008 comparés à ceux de la même période en
que les compagnies de construction, dépendants de 2007. Cette augmentation du prix du carburant a
matières premières importées, ont vu leurs dépenses aussi eu pour effet le détournement de cultures pour
se multiplier. Ces hausses se sont reflétées dans les produire des biocarburants.
prix que payent les consommateurs.
Comores 
1.4.3. L
 a crise alimentaire et ses consé-
Aux Comores, des statistiques sur les effets de la
quences sur la vie des enfants  crise alimentaire ne sont pas encore disponibles.
Néanmoins, cette crise alimentaire mondiale risque
La faim demeure un fléau dans plusieurs régions
d’aggraver une situation alimentaire et nutritionnelle
d’Afrique, situation qui s’est empirée avec la crise
déjà préoccupante  : (i) la disponibilité énergétique
alimentaire mondiale et ses conséquences sur la vie
nationale serait globalement insuffisante (1 947
des enfants. Le prix des denrées alimentaires sur le
kcal/personne/jour en 1997, dont 41 pour cent
marché international a atteint son plus haut niveau
provenant des importations) ; (ii) 33 pour cent de
depuis près de 50 ans. Le prix de l’huile végétale a
la population se trouveraient dans une situation
augmenté d’une moyenne de plus de 97 pour cent
de pauvreté alimentaire absolue ; (iii) l’apport
pendant le mois de janvier 2008, suivi par le prix
protéique est particulièrement déficient (39,5
des céréales qui a grimpé de 87 pour cent, celui des
grammes/habitant/an en 1997, dont 65 pour cent
produits d’usage quotidien de 58 pour cent, et le prix
d’origine végétale, avec près de 50 pour cent des
du riz a grimpé de 46 pour cent (FAO 2008a). Cela
a abouti à une situation de crise que le Programme
alimentaire mondial (PAM) a appelée un « tsunami
silencieux », qui a plongé plus de 100 millions de
personnes dans le monde dans le désespoir de la
faim (PAM 2008).
La crise a touché presque tous les pays du monde
et particulièrement ceux d’Afrique sub-saharienne,
cette région étant composée de 20 des 36 pays
les plus facilement atteints par cette montée en
flèche des prix des denrées alimentaires (Reuters
2008). Les pays de la région océan Indien n’ont pas
été du reste et les conséquences de cette crise
alimentaire ont été diversement ressenties. Si cette
crise alimentaire a aggravé la situation d’insécurité
alimentaire et de nutrition dans certains pays, elle a
provoqué la hausse vertigineuse des prix des denrées
de base dans d’autres pays de la région.
Les facteurs explicatifs de cette crise sont entre
autres l’offre et la demande, le changement
climatique ayant causé la perte de terres agricoles,
perte irréversible dans certains cas (Falksohn et
al. 2008).  La production de céréales a diminué
annuellement de 4 à 7 pour cent respectivement
en 2005 et en 2006 dans la majorité des pays
exportateurs (FAO 2008a).
L’augmentation du prix du carburant a bien
entendu eu un impact sur les coûts de production
et sur le transport des marchandises provenant

45
protéines animales importées) ; et (iv) on observe et mars 2008, cinq produits de consommation
des symptômes localisés de troubles nutritionnels courante, la farine, le pain, le lait, l’huile et le riz,
(carences en iode, avitaminoses A et anémies). Il en ont connu une hausse moyenne de 30 pour cent15.
résulte notamment : une insuffisance pondérale qui De janvier à mars 2008, l’inflation alimentaire est
touche 18 pour cent des enfants de 0 à 23 mois ; un passée de 9 à 17 pour cent, avec pour conséquence
taux de retard de croissance de 33 pour cent ; une un impact négatif sur le taux d’inflation qui atteignit
prévalence de goitres de 14 pour cent. Cette situation les 9 pour cent en mars 200816. A cette même
est essentiellement expliquée par : (i) des pratiques période, l’inflation alimentaire constituait 52 pour
alimentaires traditionnelles parfois inadéquates cent du taux d’inflation total17. Dans l’ensemble, deux
(notamment pour l’alimentation des très jeunes secteurs ont été affectés par la crise alimentaire  :
enfants) et qui privilégient des aliments pauvres en le secteur commercial et l’agro-industrie, avec des
protéines et en micronutriments (iode et fer) ; (ii) conséquences considérables sur le pouvoir d’achat
une grande dépendance de l’apport alimentaire aux de la ménagère. Suite aux hausses du prix du lait,
importations ; (iii) de mauvaises conditions sanitaires beaucoup de familles défavorisées se sont retrouvées
de conservation et de commercialisation ; et (iv) un dans l’impossibilité d’en acheter pour leur famille et
coût relativement élevé et très variable des aliments les enfants.
produits aux Comores. En outre, le Ministère de l’agro industrie, de la
production et de la sécurité alimentaire a lancé en
Madagascar  janvier dernier un « Plan stratégique 2008-2011 sur
A Madagascar, les conséquences de la crise la sécurité alimentaire  », dans le but d’encourager
alimentaire mondiale ont été sous-jacentes. En les petits planteurs éleveurs et pêcheurs à produire
2008, le prix du « riz importé » sur le marché local davantage. Pour ce faire, un fonds de 1 milliard
n’a pas suivi la tendance à la hausse spectaculaire de roupies (33  300  000 USD) est consacré à sa
enregistrée sur le marché international. Son impact réalisation.
a, en effet, été limité par la forte appréciation de
la monnaie malgache en fin 2007  suite à l’entrée Réunion 
massive de devises. De plus, au début de l’année
La Réunion à été relativement épargnée par la
2008, la récolte a également été assez bonne  ;
crise alimentaire. Bien que cette-dernière ait eu des
ceci est imputable, en partie, aux efforts consentis
conséquences sur l’augmentation des prix, rendant
pour lancer une « révolution verte » à Madagascar
un peu plus difficile encore la gestion du budget pour
(Horizon n°28-29). En outre, en période de famine
les familles les plus pauvres, l’on ne peut parler de
(mars, avril et mai), des mesures ont été prises par
conséquences en termes de sous-nutrition ou de
le gouvernement afin d’atténuer les conséquences
famine à la Réunion.
des flambées de prix au niveau international. La
crise n’a donc pas perturbé le marché local de riz, Certes le prix des denrées alimentaires de première
en conséquence, l’impact de la crise alimentaire nécessité a augmenté  : au niveau de la production
mondiale dans le pays a été limité. agricole, l’augmentation du prix des aliments pour
animaux tel que les céréales notamment a entraîné
Maurice  une augmentation du coût des intrants  : aliments,
engrais, etc. (bien que ce fut déjà le cas avant
La crise alimentaire n’a pas épargné l’ile Maurice.
Contrainte par des conditions agro-climatiques l’arrivée de la crise financière) avec un impact direct
défavorables, Maurice ne peut produire localement sur les coûts de production. Grâce, entre autres, à
des céréales comme le riz ou le blé qui constituent une bonne structuration des filières, l’impact de la
les aliments de base de la population. Ainsi, le crise alimentaire sur la production agricole locale
pays dépend fortement des importations. Selon le reste modéré. Le secteur le plus touché par la crise
Ministère du commerce, les besoins alimentaires alimentaire est probablement celui de l’élevage où
de Maurice avoisinent les 700,000 tonnes, dont 20 un recours massif aux aliments pour animaux (tels
pour cent uniquement sont produits localement14. que les céréales) entraîne un surcoût de production
important. Le secteur de la restauration a également
De ce fait, la population mauricienne a ressenti de été touché par l’augmentation des produits
plein fouet les répercussions de la hausse des prix alimentaires avec un impact direct sur le prix final du
sur le marché mondial. Entre septembre 2007 consommateur.

14
Le consommateur mauricien touché de plein fouet, Kouda, Jr. Albert, juin 2008, No 221, L’Eco Austral.
15
Ibid.
16
Consumer Price Index, Bureau central des statistiques, http://www.gov.mu/portal/site/cso/menuitem.
17
Op. cit.
46
Seychelles  Il est important de noter que depuis l’introduction de
réformes et la levée des contrôles sur le marché des
La situation au Seychelles a été différente. Grâce devises en novembre 2008, les périodes de pénurie
au contrôle des prix et surtout aux subventions que ont pratiquement disparu. Les produits coûtent
reçoivent le Seychelles Marketing Board (SMB), le chers mais sont disponibles.
coût des denrées de première nécessité a évolué de
façon graduelle et modérée entre 2006 et 2008. Ce La population seychelloise semble être davantage
n’est que vers le milieu de l’année 2008 que la hausse protégée des conséquences trop brutales de
des prix a commencé à se faire sentir, surtout pour cette crise alimentaire que d’autres. En réponse à
les produits comme le riz, denrée alimentaire de la situation, le National Consumers  Forum, avec le
base aux Seychelles, et dont le coût a augmenté de soutien du gouvernement, a lancé des campagnes
60 pour cent sur une période de huit mois. Parmi les nationales, pour encourager les Seychellois à cultiver
quelques effets visibles qui ont affecté la population, et consommer les produits du terroir. 
l’on peut citer les périodes de pénuries intervenues
régulièrement. Certaines denrées telles que le lait, le En 2008 d’après les statistiques du Natural
beurre, la farine etc. manquent pendant des périodes Resources Department, la production de racines
allant d’une semaine à deux mois. alimentaires a presque doublé par rapport à 2007,
celle des fruits a également augmenté alors que la
production de légumes a baissé.

47
Chapitre II :
LA PauvretÉ ET LES enfants

48
Ce chapitre analyse la pauvreté des enfants sous survie des enfants de la région océan Indien durant
deux aspects : l’aspect monétaire par l’appartenance cette dernière décennie sera, ensuite, analysée.. Enfin,
des enfants à des ménages pauvres et l’aspect les lois, les politiques et les programmes principaux
non monétaire par la privation des enfants à leurs intervenant dans le domaine de la réduction de la
droits tels qu’énoncés dans la Convention des Droits pauvreté des enfants seront analysés en se basant
des Enfants (CDE). Les privations seront analysées sur les parts des budgets nationaux consacrés
suivant deux méthodes : la méthode de privation au aux secteurs sociaux de base (éducation, santé et
sens de Bristol, et la méthode de privation par les AIP protection sociale).
« Autres indicateurs de privation ». L’évolution de la

2.1. Les enfants et la notion de pauvreté monétaire

Cette partie est consacrée à l’analyse de la pauvreté d’enfants, qui vivent dans la précarité sur un total de
monétaire touchant les enfants chez les ménages 11,2 millions d’enfants. C’est à Madagascar que l’on
ayant des enfants âgés de 0 à 17 ans. En moyenne dénombre le plus d’enfants vivant dans les ménages
plus de 70 pour cent d’enfants vivant dans des pauvres (74 pour cent d’enfants), suivi des Comores
ménages pauvres dans l’ensemble de la région (5 pour cent d’enfants) (graphique 2.1).
océan Indien. Cela réprésente plus de 7,8 millions

Graphique 2.1 : Pourcentage d’enfants pauvres par rapport à l’ensemble des enfants

Sources : Comores : EIM 2004 ; Madagascar : EPM 2005; Maurice : Household Budget Survey 06-07 ;
Seychelles : Household Budget Survey , 1999/2000 ; Réunion : INSEE

Le nombre important d’enfants vivant dans des les enfants à la pauvreté totale de la population,
ménages pauvres est source de vulnérabilité. En on observe qu’à Madagascar et aux Comores,
effet, les enfants qui vivent dans ce type de ménages les enfants sont plus touchés par la pauvreté que
ont moins de chances de pouvoir bénéficier de l’ensemble de la population avec plus de 6 pour cent
leurs droits. En comparant la pauvreté touchant d’écart (graphique 2.2).  

49
Graphique 2.2: La pauvreté monétaire chez les enfants comparée à celle de l’ensemble de la population

Sources: Comores: EIM 2004; Madagascar: EPM 2005; Maurice: Household Budget Survey 06-07;
Seychelles: Household Budget Survey, 1999/2000 ; Réunion : INSEE
Par ailleurs, le milieu de résidence influe sur la La situation est différente pour les Comores où
pauvreté des enfants (graphique 2.3). Comme pour les enfants en milieu  urbain sont plus touchés par
l’ensemble des ménages, les enfants en milieu la pauvreté étant donné que l’exode rural accroît
rural sont plus touchés par la pauvreté que ceux en sensiblement le nombre de ménages pauvres dans
milieu urbain à Madagascar et à Maurice. les villes, ayant des enfants.. Ce résultat diffère
de celui obtenu dans le chapitre précédent où la
pauvreté touche davantage le milieu rural.
Graphique 2.3: La pauvreté monétaire chez les ménages ayant des enfants suivant le milieu de résidence

Sources: Comores : EIM 2004 ; Madagascar: EPM 2005 ; Maurice: Household Budget Survey 06-07 ;
Seychelles : Household Budget Survey, 1999/2000

50
Le genre du chef du ménage influe sur la pauvreté population (graphique 2.4).
de la même manière que pour l’ensemble de la
Graphique 2.4 : La pauvreté monétaire des enfants suivant le genre du chef de ménage

Sources : Comores: EIM 2004; Madagascar: EPM 2005; Maurice: Household Budget Survey 06-07;
Seychelles : Household Budget Survey, 1999/2000

Aux Comores et à Madagascar, le phénomène est Seychelles, les écarts sont toujours importants entre
semblable : ce sont toujours les enfants des ménages le taux de pauvreté des ménages féminins et le taux
masculins qui sont les plus touchés par la pauvreté, de pauvreté des ménages masculins. Le taux féminin
bien que l’écart avec la pauvreté des ménages est équivalent au double du taux masculin.
féminins se soit amenuisé. Quant à Maurice et les
Graphique 2.5: La pauvreté monétaire chez les ménages ayant des enfants suivant la catégorie socio-
professionnelle du chef de ménage

Sources : Comores : EIM 2004 ; Madagascar : EPM 2005; Maurice : Household Budget Survey 06-07;
Seychelles : Household Budget Survey, 1999/2000.
«+» indique le statut des chefs de ménage dont la pauvreté est la plus fréquente.
«-» indique le statut des chefs de ménage dont la pauvreté est la moins fréquente.

51
2.2. Privations et disparités des enfants
On distinguera dans cette section deux approches dans identifiés utilisant la méthode de Bristol fournit les
l’analyse des privations et des disparités touchant indicateurs présentés dans le tableau 2.1 et le graphique
les enfants : une approche suivant les indicateurs de 2.6 pour les Comores et Madagascar.
Bristol pour les Comores et Madagascar et une autre Les sept taux de privations du tableau 2.1 sont représentés
approche suivant les Autres indicateurs de privations dans un graphique sous forme circulaire. Les points du
(AIP) pour l’ensemble des pays. graphique représentent les taux de privation sévère (en
bleu) ou moins sévère (en rose) de chaque domaine.
2.2.1. Privations sévères et moins
Il faut noter que dans la méthode des chercheurs de
sévères aux Comores et à l’Université de Bristol, les enfants sévèrement privés sont
Madagascar (au sens de Bristol) inclus dans l’ensemble des enfants moins sévèrement
Rappelons que la méthode utilisée par l’équipe de privés. Ce qui explique qu’en général, les taux de privation
moins sévères sont supérieurs aux taux de privations
l’Université de Bristol consiste à calculer des taux de
sévères suivant la méthode de Bristol. On observe pour
privations des enfants dans sept domaines suivant
Madagascar des taux de privation sévères équivalents
des concepts de privations sévères et non sévères (cf.
aux taux de privation moins sévères dans le logement
concepts Introduction).
et l’assainissement. Cela s’explique par d’éventuelles
Le calcul des taux de privations dans les sept domaines données manquantes dans le calcul des taux de privation.

Tableau 2.1 Prévalence de privations sévères des enfants de 0 à 17 ans (au sens de Bristol) pour
Madagascar et Comores
Comores Madagascar
Domaines Privation moins Privation moins
Privation sévère Privation sévère
sévère sévère
(en pourcentage) (en pourcentage)
(en pourcentage) (en pourcentage)
1. Logement 5,4 50,7 18 18
2. Assainissement 15,5 91,1 50 50
3. Eau 2,7 13,8 61 73
4. Information 41,8 83,1 23 25
5. Nutrition 12 26,0 28 57
6. Éducation 11,6 43,5 17 28
7. Santé 10,9 16,5 28 39
Au moins une privation sévère 42 91,1 61 73
Sources : Comores : MICS 2000/Calculé par la Direction nationale de la statistique ; Madagascar : EDS 2003/2004/Global Study.

Graphique 2.6 : Prévalence de privations sévères des enfants (au sens de Bristol) pour Madagascar et Comores

Privations sévères et moins sévères aux Comores Privations sévères et moins sévères à Madagascar

1. Logement 1. Logement
100 80

80 60
7. Santé 2. Assainissement 7. Santé 2. Assainissement
60
40
40

20 20

0 0

6. Éducation 3. Eau 6. Éducation 3. Eau

5. Nutrition 4. Information 5. Nutrition 4. Information

Priv ation s év ère Priv ation moins s év ère Privation sévère Privation moins sévère

52
A Madagascar, au moins 61 pour cent des enfants quelconque.
sont sévèrement privés d’au moins un des sept
domaines  ; ce qui représente environ 6,2 millions Pour ce qui est des privations moins sévères, les
d’enfants. L’accès à l’eau potable est le premier enfants comoriens sont principalement frappés
domaine de privation sévère des enfants malgaches dans les trois domaines suivants : l’assainissement,
(61 pour cent), suivi des sanitaires  (50 pour cent) le logement, et l’éducation.
; de la nutrition et de la santé  (28 pour cent) de
l’information  (23 pour cent), du logement (18 pour 2.2.2. Privations des enfants de la
cent) et enfin de l’éducation (17 pour cent). région océan Indien suivant les Autres
Indicateurs de Pauvreté
En ce qui concerne les privations moins sévères,
c’est dans l’eau potable et la nutrition que les enfants Les indicateurs préconisés par la méthode de Bristol
éprouvent le plus de privations moins sévères. Ainsi, sont basés sur les enquêtes MICS ou EDS. , Maurice,
73 pour cent des enfants doivent faire plus de 30 la Réunion et les Seychelles n’ayant pas effectué ces
mn de marche pour retrouver de l’eau potable et 57 types d’enquêtes, ne disposent pas des données
pour cent d’entre eux souffrent de malnutrition moins permettant de calculer ces indicateurs. Pour
sévères (en dessous de 2 écarts type par rapport ces pays, avec l’appui de l’équipe du Global Study,
aux normes : taille/âge, poids/taille et poids/âge). d’«  Autres indicateurs de privations  »  ou «  AIP  ».
Aux Comores, au moins 42 pour cent des enfants ont été déterminés ( les concepts ont été définis en
sont sévèrement privés dans au moins un des sept introduction) en assurant leur comparabilité avec
domaines de privation de Bristol (soit l’équivalent de ceux de Bristol.
136  mille enfants). C’est en premier lieu l’accès à Ainsi en utilisant la méthode des AIP, des taux
l’information qui prive plus sévèrement les enfants de privation sévères et non sévères des enfants
aux Comores (42 pour cent), suivi de l’assainissement vivant dans les pays de la région océan Indien ont
(15,5 pour cent), de la nutrition (11,8 pour cent) de été calculés par pays. Ensuite, des taux régionaux
l’éducation (11,6 pour cent), c’est dire que 11,6 pour chaque domaine de privation ont été calculés
pour cent des enfants comoriens en âge scolaire suivant l’approche méthodologique développée en
n’ont jamais été scolarisés  ; suivi ensuite de la introduction. Le calcul des AIP sévères dans chaque
privation sévère en santé qui signifie que 10,9 pour pays et des taux régionaux ont donné les résultats
cent d’enfants comoriens n’ont jamais été vaccinés indiqués dans le tableau 2.2 :
ou n’ont reçu aucun traitement pour une maladie

Tableau 2.2 Privations sévères des enfants suivant « les concepts AIP sévères »

Pourcentage éprouvant des AIP sévères Enfants sévèrement


Total des privés dans la région OI
enfants
Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles Pour Nombre
concernés
cent d’enfants
1. Logement 11 240 242 62,5 72,3 0,3 1,4 0,2 68 7 643 404
2. Assainissement 11 240 242 15,4 49,2 0,2 4,7 0 45 5 119 060
3. Eau 11 240 242 8,2 59,3 1,8 0,9 0 54 6 131 330
4. Information 9 473 588 41,8 0,4 2,1 3,8 0,1 2 168 032
5. Nutrition 3 798 565 25,4 28,0 1,0 0,0 0 27 1 015 727
6. Éducation 5 940 210 39,8 35,1 3 0,0 0 33 1 951 213
7. Santé 3 798 565 20,0 25,7 1,0 0,0 0 24 929 212
Au moins une
privation sévère 11 240 242 62,5 72,3 3,0 14,5 0,2 68 7 643 404
Sources : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude

53
Le calcul des AIP moins sévères dans chaque indiqués dans le tableau 2.3.
pays et des taux régionaux ont donné les résultats

Tableau 2.3 Privations moins sévères des enfants suivant « les concepts AIP moins sévères »

Enfants moins
Pourcentage éprouvant des AIP moins sévères
sévèrement privés
Total des (pour cent)
dans la Région OI
enfants
concernés Pour Nombre
Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles
cent d’enfants
1. Logement 11 240 242 65,0 77,8 9,7 0,0 0,0 73 8 248 794

2. Assainissement 11 240 242 92,2 49,0 11,0 4,7 1,3 48 5 389 752

3. Eau 11 240 242 80,8 89,4 14,5 0,3 4,2 84 9 505 724

4. Information 9 473 588 41,8 4,1 3,7 5,6 3,0 5 497 313

5. Nutrition 3 798 565 23,3 57,0 11,3 26,4 0 54 2 067 100

6. Éducation 5 940 210 75,8 44,3 1,4 0,0 0 42 2 500 549

7. Santé 3 798 565 79,1 54,9 3,0 23,3 0 53 2 036 361

Au moins une
11 240 242 92,2 89,4 14,5 26,4 4,2 84 9 505 724
privation sévère

Sources : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude

Au niveau de la région océan Indien

Au niveau de la région comme pour chaque pays, les circulaire. Les points du graphique représentent les
sept taux de privations AIP sont représentés dans taux de privation sévère (en bleu) ou moins sévère
un tableau ensuite dans un graphique sous forme (en rose) pour chaque domaine de privation.
Tableau 2.4 et Graphique 2.7 : Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de la région
océan Indien en pour cent

Région océan
AIP sévères AIP moins sévères
Indien
1. Logement
90%
1. Logement 68 74 80%
70%

7. Santé 60%
2. Assainissement
2. Assainissement 45 48 50%
40%

3. Eau 54 84
30%
20%
10%

4. Information 2 5 0%

6. Éducation 3. Eau
5. Nutrition 27 54

6. Éducation 33 42
5. Nutrition 4. Information
7. Santé 24 54
Au moins une
68 84 AIP s évères AIP moins s évères
privation

Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude

54
En ce qui concerne le premier domaine de privation de Bristol (tableau 2.5 et graphique 2.8). En effet,
de la région (le logement), 7,6 millions d’enfants on retrouve en utilisant les deux méthodes des
sont privés de logements décents et vivent dans des taux de privations sévères et moins sévères plus ou
maisons précaires (en paille ou en tôle). moins équivalents, malgré les concepts différents
mais proche. La différence majeure s’observe dans
Par ailleurs, les privations moins sévères (AIP moins les taux de privation en «  logement  ». Ces taux qui
sévères) touchent au moins 9,5 millions d’enfants n’apparaissaient pas comme une privation sévère au
(soit 84 pour cent de l’ensemble des enfants de la sens de Bristol sont en première position en utilisant
région). C’est le problème de l’eau qui constitue la les AIP. Cela peut s’expliquer par la différence dans les
première privation moins sévère des enfants de la concepts : l’enfant est sévèrement privé en logement
région, suivi du logement et de la nutrition. Hormis les s’il vit à plusieurs dans une chambre (« plus de cinq
Comores et la Réunion, l’eau constitue la première suivant le concept des chercheurs de l’université de
privation moins sévère de l’ensemble des pays de la Bristol »), quant aux AIP, l’enfant est sévèrement privé
région. s’il vit dans une maison précaire. Une comparaison
des deux méthodes, permet de conclure que si bon
Comores nombre d’enfants de Madagascar et des Comores
ne vivent pas à plusieurs dans une chambre (concept
Le calcul des AIP confirme les tendances des
Bristol), ils sont plus nombreux à vivre dans des
domaines de privation sévère et moins sévères des
maisons précaires (AIP).
enfants comoriens  obtenus en utilisant la méthode
Tableau 2.5 et Graphique 2.8 : Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères des
Comores en pour cent

Privations
Privations sévères
Moins sévères
Comores
AIP Bristol AIP Bristol

1. Logement 62,5 5,4 65,0 50,7

2. Assainissement 15,4 15,5 92,2 91,1

3. Eau 8,2 2,7 80,8 13,8

4. Information 41,8 41,8 41,8 83,1

5. Nutrition 23,3 2,8 25,4 26,0

6. Éducation 39,8 11,6 75,8 43,5

7. Santé 20,0 10,9 79,1 16,5


Au moins une
62,5 42 92,2 91,1
privation

Source : Données AIP nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude

Aux Comores, c’est le logement qui constitue la pour cent d’enfants n’ont jamais été vaccinés et 79
première privation sévère des enfants suivi de d’entre eux n’ont pas achevé les huit vaccins.
l’information, de l’éducation et de la santé. On
constate alors que 63 pour cent des enfants En ce qui concerne les domaines de privations moins
comoriens vivent dans des logements précaires, 42 sévères, les Comores enregistrent des forts taux
pour cent vivent dans des ménages qui ne disposent variant de 25 à 92 pour cent. C’est l’assainissement
d’aucun moyen d’information (pas de télévision, ni de qui constitue la première privation moins sévère des
radio, ni d’accès à des journaux), près de 40 pour enfants comoriens, suivi de l’eau, de la santé et de
cent d’enfants ne sont pas scolarisés et 76 pour l’éducation.
cent n’ont pas achevé le cycle primaire. De plus, 20

55
Parmi les domaines de privation, la privation moins Madagascar
sévère dans l’éducation est importante. Près de 76 pour
cent des enfants comoriens n’ont pas achevé le cycle La même tendance que les privations au sens
primaire au moment où le pays poursuit une politique de Bristol se dessine dans le calcul des AIP pour
en faveur de l’éducation pour tous. Le pourcentage Madagascar (tableau 2.6 et graphique 2.9). Comme
d’enfants n’ayant pas reçu la totalité des vaccins pour les Comores, le logement apparaît plus
(santé) est encore plus frappant. Ils représentent, en préoccupant dans les AIP.
effet, 79 pour cent des enfants comoriens.

Tableau 2.6 et Graphique 2.9 : Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de
Madagascar en pour cent
Privations
Privations sévères
Région océan Moins sévères
Indien
AIP Bristol AIP Bristol
1. Logement
100%

1. Logement 72,3 18 77,8 18 80% 2.


7. Santé 60% Assainissemen
2. Assainissement 49,2 50 49,0 50 40%
t
20%
3. Eau 59,3 61 89,4 73 0%

4. Information 0,4 23 4,1 25 6. Éducation 3. Eau

5. Nutrition 28,0 28 57,0 57


5. Nutrition 4. Inf ormation
6. Éducation 35,1 17 44,3 28
7. Santé 25,7 28 54,9 39
Au moins une
72,3 61 89,4 73
privation AIP sévères AIP moins sévères

Source : Données AIP nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude

A Madagascar, la première privation sévère attention particulière. En effet, mis à part le tiers
touchant les enfants au sens des AIP est des enfants non scolarisés, 44,3 pour cent des
le logement suivi de l’eau, de l’assainissement enfants malgaches n’ont pas achevé le cycle
et de l’éducation. Plus de deux tiers des primaire. En ce qui concerne la santé, plus du quart
enfants malgaches vivent dans des logements d’enfants n’ont jamais été vaccinés et plus de la
précaires ou vivent dans la rue et plus de la moitié n’ont pas reçu tous les vaccins obligatoires
moitié d’entre eux n’ont pas accès à l’eau pour l’enfant.
potable. En outre, près de la moitié des
enfants malgaches n’ont pas accès à des Maurice
sanitaires, et plus d’un tiers d’entre eux ne sont A Maurice les taux de privations sévères et
pas scolarisés. moins sévères sont relativement bas (tableau  2.7
Au regard des privations non sévères au sens et graphique 2.10). Ainsi 3 pour cent des
AIP, on retrouve par ordre d’importance les cinq enfants sont touchés sévèrement par au moins
un des sept domaines de privation au sens
domaines suivants : l’eau, le logement, la nutrition,
AIP et 14,5 pour cent d’entre eux sont privés
la santé et l’éducation.
moins sévèrement par au moins un des sept
Les privations sévères et moins sévères domaines.
dans l’éducation et la santé méritent une

56
Tableau 2.7 et Graphique 2.10 : Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de
Maurice en pour cent

Maurice AIP sévères AIP moins sévères 1. Logement


15,0%
1. Logement 0,3 9,7
7. Santé 10,0% 2. Assainissement
2. Assainissement 0,2 11,0
5,0%
3. Eau 1,8 14,5
0,0%
4. Information 2,1 3,7
6. Éducation 3. Eau
5. Nutrition 1,0 11,3
6. Éducation 3 1,4
7. Santé 1,0 3,0 5. Nutrition 4. Information

Au moins une AIP sévères AIP moins sévères


3,0 14,5
privation

Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude
Le domaine de privation qui touche sévèrement le plus par au moins une privation sévère et 26,4 pour cent
d’enfants mauriciens est l’éducation. Ainsi, 3 pour d’entre eux sont obèses (tableau 2.8 et graphique
cent des enfants mauriciens ne sont pas scolarisés. 2.11).
En ce qui concerne le domaine de privation moins
sévère, trois domaines de privation relativement Le taux de malnutrition sévère chez les moins de 4
importants touchent les enfants : le non accès à l’eau ans (AIP sévère en nutrition) est nul à la Réunion.
de robinet à domicile (14,5 pour cent des enfants), la Tous les enfants sont scolarisés et vaccinés. Ce qui
malnutrition moins sévère (11,3 pour cent d’enfants fait que la Réunion enregistre trois taux de privations
qui sont victimes d’émaciation à Maurice) et la non sévères nuls sur sept. C’est dans l’assainissement
disponibilité des sanitaires à domicile (11 pour cent que le taux de privation sévère est le plus élevé. Ainsi
des enfants mauriciens). 4,7 pour cent d’enfants vivent dans des ménages
qui ne disposent pas de sanitaires à domicile. Par
ailleurs, il a été constaté dans une étude réalisée sur
Réunion
la « précarité à la Réunion » que 23,8 pour cent des
A la Réunion, 4,7 pour cent des enfants sont touchés enfants vivent dans des ménages monoparentaux.
Tableau 2.8 et Graphique 2.11 : Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères de la
Réunion en pour cent

Réunion AIP sévères AIP moins sévères

1. Logement 1,4 0,0


2. Assainissement 4,7 4,7
3. Eau 0,9 0,3
4. Information 3,8 5,6
5. Nutrition 0 26,4
6. Éducation 0 0
7. Santé 0 23,3
Au moins une
4,7 26,4
privation

Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude

57
En ce qui concerne les privations moins sévères, on Seychelles
constate la prédominance d’un phénomène particulier
de « suralimentation » chez les enfants.  Ainsi, 26,4 Au niveau des Seychelles, à l’instar de Maurice
pour cent des adolescents réunionnais sont victimes et la Réunion, le niveau des privations sévères
d’obésité. Cette forme particulière de malnutrition et moins sévères des enfants est relativement
est considérée dans cette étude comme étant une faible (tableau 2.9 et graphique 2.12). Ainsi
malnutrition moins sévère, bien que complètement seulement 0,2 pour cent des enfants éprouvent
à l’opposé du phénomène de privation de nutrition une privation sévère dans au moins un des
qu’on observe dans les autres pays pauvres. En ce sept domaines des privations aux Seychelles et
qui concerne la santé, 23,3 pour cent des enfants 4,2 pour cent d’entre eux sont touchés moins
réunionnais n’ont pas bénéficié de l’ensemble des sévèrement par au moins un des sept domaines de
huit vaccins obligatoires (AIP moins sévère en santé) privation.
car le BCG a été aboli en France comme obligatoire.

Tableau 2.9 et Graphique 2.12 : Autres indicateurs de privations (AIP) sévères et moins sévères des
Seychelles en pour cent

AIP sévères AIP moins sévères

1. Logement 0,2 0,0


1. Logement
5,0%
2. Assainissement 0 1,3 4,0% 2.
7. Santé 3,0% Assainissem
3. Eau 0 4,2 2,0%
ent
1,0%
4. Information 0,1 3,0 0,0%

6. Éducation 3. Eau
5. Nutrition 0 0

6. Éducation 0 0 4.
5. Nutrition
Information
7. Santé 0 0

Au moins une
0,2 4,2
privation sévère AIP sévères AIP moins sévères

Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude

En ce qui concerne les privations sévères, les cent des enfants seychellois ne disposent pas de
Seychelles enregistrent des taux de privation presque moyens d’informations (radio, télévision, journaux…) à
nuls dans les sept domaines avec toutefois des faibles domicile. Pour ce qui est des privations non sévères,
taux de privation dans le logement (0,2 pour cent l’absence de l’eau de robinet à domicile constitue le
des enfants seychellois vivent dans des logements plus fort taux de privation moins sévère (avec 4,2
précaires). En ce qui concerne l’information, 0,1 pour pour cent des enfants privés).

58
2.3. La survie de l’enfant et l’équité
Le droit inhérent à la vie de tout enfant trouve son L’objectif 4  des OMD : Réduire la mortalité des
fondement dans la Convention des droits de l’enfant enfants de moins de 5 ans préconise dans la cible n°
(CDE) et dans les législations de chaque pays, 5 de « réduire de 2/3, entre 1990 et 2015, le taux
notamment celles relatives à la santé. L’assistance de mortalité des moins de cinq ans ».
à l’enfance dans son développement physique,
intellectuel et social par l’État est une obligation et un En ce qui concerne la situation de la mortalité infanto-
droit reconnu à l’enfant. L’amélioration de la santé juvénile en 2007, malgré des résultats significatifs,
de la mère et de l’enfant constitue une priorité dans les 5 pays de la région ne pourront pas atteindre les
la plupart des politiques sanitaires des cinq pays de Objectifs du millénaire dans ce domaine si les taux
la région appuyés souvent par les partenaires au actuels se maintiennent au même niveau.
développement comme l’UNICEF et l’OMS.

Graphique 2.13 : Taux de mortalité infantile (moins d’un an) pays océan Indien (pour mille)

Taux de mortalité infantile


(pour mille)

120
103
100 88
80 70
60 49
40
21 17 12
20 13
6,8 6,6
0
Comores Madagascar Maurice Reunion Seychelles

Taux de mortalité infantile 1990 Taux de mortalité infantile 2007

Source : Tableau de bord UNICEF et Etat civil pour la Réunion

Durant les dix-sept dernières années, l’ensemble baissé entre 0 pour cent à - 3 pour cent en
des pays de la région a enregistré des baisses moyenne  par an dans l’ensemble des cinq pays
significatives de leurs taux de mortalité infanto- de la région ; la baisse requise dans ce domaine,
juvénile. La mortalité infantile (moins de 1 an) a baissé pour atteindre les OMD devrait être en
entre 0 pour cent et - 3 pour cent en moyenne par moyenne de -4 pour cent par an. C’est dire que les
an dans les cinq pays de la région (graphique 2.13) pays de la région océan Indien enregistrent des
; tenant compte des objectifs de «  diminution de progrès significatifs dans le domaine de la réduction
2/3 les taux de 1990 dans chaque pays), la baisse
des mortalités infanto juvéniles, mais encore
requise pour atteindre les OMD est de -4 pour cent
insuffisants pour atteindre l’objectif du millénaire en
par an.
ce qui concerne la réduction de la mortalité infanto
De même en ce qui concerne la mortalité juvénile.
des moins de 5 ans (graphique 2.14), elle a

59
Graphique 2.14 : Taux de mortalité des moins de 5 ans : mortalité infanto juvénile (pour mille)

Taux de mortalité des moins de 5 ans


(pour mille)

200
168
150
120 112
100
66
50
24 15 19 13
7,9 7,8
0
Comores Madagascar Maurice Reunion Seychelles

Taux de mortalité des moins de 5 ans 1990


Taux de mortalité des moins de 5 ans 2007
Source : Tableau de bord UNICEF et Etat civil pour la Réunion

2.4. Analyse des lois, politiques et programmes nationaux les plus


importants sur la lutte contre la pauvreté liée au revenu des ménages
Comores  Ces priorités reflètent les préoccupations des
autorités qui ont pris conscience d’une part  de
Aux Comores, les programmes de réduction de la l’importance de l’emploi dans les enjeux de la
pauvreté s’appuient en priorité sur le Document de stratégie de lutte contre la pauvreté, d’autre part,
stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté des multiples défis auxquels le pays est confronté.
(DSCRP) et à travers de multiples programmes
sectoriels. Parmi ces programmes on peut citer la
mise en place d’un Programme pays pour le travail Madagascar 
décent (PPTD) qui est une condition essentielle du A Madagascar, la politique de lutte contre la pauvreté
maintien de la stabilité politique et de la cohésion des enfants tire sa légitimité de la législation
sociale. La promotion de l’emploi avec ses aspects malgache qui accorde une place importante aux
divers (formation professionnelle, compétitivité
enfants. La Constitution, dans son préambule, insiste
des entreprises, relance des investissements) est
sur les Conventions relatives aux droits de la femme
accompagnée par une extension de la couverture
et de l’enfant (article 23).
de la protection sociale grâce au renforcement du
dialogue social et par une meilleure application des Dans le contexte national, ces engagements se
normes nationales et internationales du travail. sont traduits principalement par la promulgation du
décret n° 2007-563 relatif au travail des enfants
Trois priorités ont été retenues  dans le cadre du
(3 juillet 2007) basé sur la loi n° 2003-044 du 28
Programme pays pour le travail décent 2008-2012
juillet 2004 portant Code du travail. Celui-ci fixe l’âge
en collaboration avec le BIT, à savoir : (i) la promotion
minimum d’admission à l’emploi à 15 ans en son
de l’emploi, à travers la formation professionnelle
article 100. L’article 101 du Code du travail stipule
et une meilleure compétitivité des entreprises  ; (ii)
que le temps de travail des enfants est fixé à 8 heures
une politique de protection sociale et (iii) une bonne
gouvernance à travers un dialogue social structuré par jour et 40 heures par semaine, le travail de nuit
et renforcé et le respect des normes internationales et les heures supplémentaires sont interdits.
du travail.

60
En 2007, le gouvernement fait sien la lutte contre lutte contre le Sida, (vi) Economie à forte croissance,
la pauvreté en produisant un plan national de (vii) Environnement et (viii) Solidarité nationale.
développement : le Madagascar Action Plan (MAP).
Le MAP constitue la feuille de route qui traduit la Etant donné la non disponibilité d’un programme
vision nouvelle de développement «  Madagascar national de protection social, pour améliorer le revenu
naturellement » pour les cinq ans à venir. Mis en œuvre des ménages, les seuls moyens dont disposent
en 2007, il contient huit engagements calqués sur les ménages pour alléger leurs dépenses sont les
les Objectifs du millénaire pour le développement à transferts à caractère directs et les différentes
savoir : (i) Gouvernance responsable, (ii) Infrastructure aides. Ces différentes formes de transferts sont vues
reliée, (iii) Transformation de l’éducation, (iv) implicitement à travers les différents programmes
Développement rural, (v)  Santé, planning familial et sectoriels consolidés dans le plan national de
développement.

2.5. Evolution des budgets dans les pays de l’océan Indien

Un des handicaps des budgets des pays en structures des revenus et des dépenses des pays de
développement en général, et des pays de la région la région qui traduisent les différentes performances
océan Indien en particulier, est l’insuffisance des économiques des pays concernés. Ainsi, on constate
revenus nationaux pour répondre aux besoins d’importantes disparités entre les Etats en ce qui
économiques et sociaux des pays. Ces derniers concerne leur revenu par habitant (graphique 2.15).
ont ainsi recours à des aides d’organismes Ceux des pays à revenus intermédiaires (Maurice, la
internationaux (Banque africaine de développement, Réunion et les Seychelles) varient entre 1 712  et 4
Agence française de développement, etc.) et à des 267 USD, alors que dans les pays à faible revenu,
investissements étrangers publics ou privés qui les revenus de l’Etat par tête d’habitant sont dix à
complètent les dépenses publiques. L’analyse des quarante fois inférieurs, soient respectivement 113
budgets des pays révèle des disparités au niveau des et 81USD pour les Comores et Madagascar.
Graphique 2.15 : Revenus de l’Etat rapporté à la population résidente dans les pays

Recettes de l'Etat en 2008 par tête d’habitant

4267
4500
4000
3500 3203

3000
2500
en USD 1712
2000
1500
1000
500 113 81
0
Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles

Sources : Comores  : Direction Général du Budget  ; Madagascar  : OGT/Ministères des Finances et du Budget  ; Maurice  : Public
Finance Statistics, BCS ; Seychelles: Statistical Abstract 2003 & 2008 ; Réunion : INSEE

Les faibles capacités des pays à bas revenus publics (tableau 2.8). En 2007, l’APD représentait
à recouvrir suffisamment de revenus propres environ 60 pour cent des recettes de l’Etat comorien,
expliquent pourquoi le développement de ces pays est 25 pour cent des recettes de l’Etat malgache alors
tributaire de l’Aide publique au développement (APD). qu’elle ne représentait qu’ 1 pour cent des recettes
Celle-ci finance, dans la plupart des cas, près de 80 de l’Etat mauricien.
pour cent de leur programme des investissements

61
2.6. Evolution des dépenses sociales dans les pays de l’océan Indien
Comores

Aux Comores, les dépenses en éducation sont en 2007. Durant la même période, le taux net de
passées de 20 USD par habitant en 1990 à 42 scolarisation est passé de 56 à 76 pour cent.

Graphique 2.16 : Evolution des dépenses en éducation, taux net de scolarisation aux Comores

Source : Ministère des Finances et Ministère de l’éducation

Les dépenses de santé par d’habitant ont peu note une baisse du taux de mortalité des moins de
augmenté. Elles sont passées de 10 USD en 1990 à cinq ans qui passe de 129 pour mille en 1990 à 66
18 USD en 2007. Pendant cette meme peridoe, on pour mille en 2007.

Graphique 2.17 : Evolution des dépenses en santé et taux de mortalité infanto juvénile aux Comores

Evolution des depenses de sante et de la mortalite des enfants


de moins de 5 ans aux Comores

21
120
19

17
100
15

13 80
11
9 60
1990 2004 2005 2007

Mortalité des moins de 5 ans (pour mille) dépense de santé par habitant en $

Source : Ministère des Finances, Tableau de bord Unicef

62
Aux Comores, les progrès réalisés dans le domaine aux dépenses sociales est relativement faible. Ainsi,
de la santé et de l’éducation ont été impulsées par les dépenses dans l’éducation sont passées de 7,5
un fort appui technique et financier des partenaires USD par habitant en 2000 à 11 en 2007  ; soit
au développement (UNICEF, OMS, Banque une augmentation de 49 pour cent en sept ans. Le
mondiale, etc.). taux de couverture dans le primaire est passé de
2,1 enseignants pour mille élèves en 2000 à 1,9
Madagascar en 2007. Néanmoins, on note une amélioration
significative du taux net de scolarisation qui est passé
A Madagascar, la part du budget de l’Etat consacrée de 70 pour cent en 2000 à 77 pour cent en 2007.
Graphique 2.18: Evolution des dépenses en éducation, taux net de scolarisation à Madagascar

Sources: Ministère des Finances, Ministère de l’éducation

Au niveau de la santé, les dépenses de l’Etat par interventions sur le terrain de plusieurs acteurs de
habitant ont diminué ces dernières années. Ainsi de développement, dont les organismes des Nations
4,9 USD par habitant en 2000, les dépenses de santé unies comme l’UNICEF et l’OMS. Par ailleurs, les
sont passées à 4,3 USD par habitant en 2007, soit dépenses en protection sociale ont demeuré stables
une baisse de -12 pour cent en sept ans. Néanmoins et très faibles durant ces dernières années se
les indicateurs de base en santé des enfants, comme situant en moyenne à 0,3 USD par habitant entre
le taux de mortalité infanto juvénile ont amorcé une 2000 et 2007.
baisse tendancielle, favorisée notamment par les

63
Graphique 2.19 : Evolution des dépenses en santé et en protection sociale, taux de mortalité infanto juvénile
à Madagascar

Evolution des depenses de sante et


de la mortalite des enfants de moins de 5 ans a Madagascar

7.5
7 130
6.5
120
6
5.5 110
5
100
4.5
4 90
2000 2001 2003 2005 2007

Mortalité des moins de 5 ans (pour mille) dépense de santé par habitant en $

Sources : Ministère des Finances, Tableau de bord Unicef

Maurice par habitant en 2004 à 205 USD par habitant en


2008  ; soit une augmentation de 23 pour cent en
A Maurice, les dépenses sociales par habitant sont quatre ans. Durant la même période, le taux net de
cinq fois plus élevées que celles des Comores et scolarisation est passé de 98 pour cent en 2004 à
20 fois plus élevées que celles de Madagascar. Les 97 pour cent en 2008.
dépenses d’éducation sont passées de 167 USD
Graphique 2.20 : Evolution des dépenses en éducation, et taux net de scolarisation à Maurice

Source : Education Statistics, Bureau Central des Statistiques


Au niveau de la santé, les dépenses par habitant sont Les dépenses en protection sociale sont très
passées de 103 USD en 2004 à 125 USD en 2008, importantes à Maurice et représentaient 316 USD
soit une augmentation de 22 pour cent. Pendant par habitant en 2008, soit une augmentation de 47
cette période, le taux de mortalité infantile a stagné pour cent par rapport à sa valeur de 2004.
autour de 18 pour mille.

64
Graphique 2.21: Evolution simultanée des dépenses de santé et de protection sociale, taux de mortalité
infanto juvénile à Maurice

Sources : Health statistics, Bureau central des statistiques

L’importance accordée dans le budget au secteur Seychelles


de la protection sociale explique l’existence et la
bonne performance des institutions en charge de Aux Seychelles, les dépenses sociales sont d’un
protection des enfants (enregistrement de toutes même ordre que celles de Maurice en termes de
naissances, prise en charge des enfants orphelins dépenses par habitant. Ainsi, les dépenses en
et des enfants victimes des violences, …). éducation représentent 185 USD par habitant en
2008 et celles en santé représentent 221 USD la
même année.
Graphique 2.22 : Evolution des dépenses en éducation, taux net de scolarisation aux Seychelles

Source : Ministry of Finance and Ministry of Education

Les dépenses sont relativement élevées dans le Depuis quelques années les dépenses de santé sont
secteur de la santé expliquant une bonne performance plus élevées que celles consacrées à l’éducation,
des indicateurs sociaux. Le taux de vaccination est contrairement à l’ensemble des pays.
de 100 pour cent et le taux de mortalité infantile de
13 pour mille.

65
Graphique 2.23 : Evolution des dépenses en santé, mortalité infanto juvénile aux Seychelles

Source : Ministry of Finance et Tableau de bord Unicef


En 2008, les dépenses d’éducation par habitant des On constate que lorsque des dépenses de santé sont
Comores et de Madagascar (42 et 11 USD) sont faibles, le taux de mortalité des enfants de moins de
nettement inferieures à celles de Maurice et des 5 ans a tendance à être élevé. Il s’agit, par exemple,
Seychelles (205 et 185 USD). Avec un niveau de du cas de Madagascar, où le taux est de 112 pour
dépenses plus faible, Madagascar affiche un taux mille. Toutefois, dans l’étude, les données recueillies
net de scolarisation quasiment identique à celui des pour les dépenses de santé étant globales, il est
Comores, soit environ 76 pour cent. difficile de conclure à une corrélation entre ces deux
indicateurs.

66
67
Chapitre III :
Les PILIERS DU BIEN-ÊTRE DES ENFANTS
ET CADRE DE VIE

68
Ce chapitre analyse les cinq piliers du bien-être des population et en tant que facteur prédictif de la santé
enfants en tant que résultats des politiques sociales de la prochaine génération. La protection de la santé
des pays. Les cinq domaines du bien-être des enfants des enfants en bas âge est un investissement pour
sont  la nutrition, la santé, la protection, l’éducation le futur, le bien-être des enfants étant synonyme de
et la protection sociale Le bien-être des enfants offre richesse.
les conditions pour créer des perspectives pour une
stratégie de lutte contre la pauvreté et des disparités. Le cadre de vie des enfants sera ensuite analysé.
Les questions traitées sont liées à l’eau, l’hygiène,
La tendance à la baisse des taux de mortalité des l’assainissement et au logement/habitat. En
enfants de moins de cinq ans est le résultat des effet, l’accès à l’eau potable, à des installations
efforts des pays dans l’adoption des stratégies pour sanitaires adéquates et à un logement décent est
assurer le bien-être des enfants, notamment la une composante essentielle de la santé publique.
promotion de l’allaitement exclusif les six premiers Le cadre de vie influence fortement sur le niveau de
mois, la vaccination, l’hygiène de base et l’éducation santé des enfants.
sanitaire.
L’accès à l’information et à la participation sera enfin
Le suivi de la santé des enfants en général et de analysé en tant qu’élément faisant partie des sept
ceux en bas âge en particulier est crucial, comme domaines de privations de Bristol liées à la pauvreté
reflet de l’état de santé d’une frange importante de la de l’enfant.

3.1. Nutrition

La sous-alimentation des enfants est très répandue A la Réunion et aux Seychelles, le problème de
et représente un phénomène particulièrement nutrition se pose plus en termes de « suralimentation
grave dans les pays d’Afrique. L’organisme des » entraînant des surpoids et des obésités. Ainsi, les
enfants est davantage sensible aux maladies enfants réunionnais et seychellois souffrent plutôt
infectieuses, entraînant une malnutrition chronique d’un excès pondéral qui peut être vu comme un signe
qui accroît leur sensibilité aux principales infections de pauvreté. En effet, la nourriture prise donne un
généralement décelées au sein de ce groupe d’âge. sentiment de satiété mais les aliments qui composent
Lorsque ce «  cercle vicieux  » n’est pas ou ne peut les repas ne sont pas toujours bien équilibrés  car
être rompu, assez tôt, la malnutrition augmente étant composés en majorité d’hydrates de carbone
fortement les risques de décès et le taux de mortalité et de graisses qui en général coûtent moins chers
chez les enfants de moins de 5 ans. Généralement, que les aliments de grande qualité nutritionnelle.
les enfants à la pesée trop faible risquent plus que
d’autres d’avoir des retards de croissance. Le Aux Comores et à Madagascar, compte tenu
pourcentage des enfants en état d’insuffisance de la pauvreté qui touche près de la moitié de la
pondérale modérée et grave était en conséquence population, les problèmes nutritionnels constituent le
un indicateur approximatif de la provision à faire par principal facteur limitant du développement et de la
les gouvernements pour les soins de base de leurs croissance des enfants.
enfants. Comores 
3.1.1. Lois, politiques et programmes Le seul programme mis en œuvre en la matière
nationaux les plus importants est le programme national de lutte contre la
malnutrition pour les enfants de moins de 5 ans. Il
La situation nutritionnelle des enfants dans les s’agit (i) d’éliminer les carences en micronutriments;
pays de la région océan Indien est assez diverse (ii) d’introduire la Prise en charge intégrée des
et directement liée à la situation socio politique et maladies de l’enfant (PCIME) dans 50 pour cent
économique des différents pays. Si aux Comores et à des districts de santé ; (iii) d’assurer une couverture
Madagascar, les politiques, programmes et lois sont effective de 70 pour cent des enfants de moins de
faites pour lutter contre la malnutrition et l’insécurité 5 ans malnutris et des femmes enceintes en soins
alimentaire, dans les autres pays (Maurice, Réunion préventifs et curatifs essentiellement.
et Seychelles), la malnutrition n’est pas un problème.

69
D’autres actions ont été menées à travers certains
projets dans le cadre de l’amélioration de la disponibilité
énergétique. Mais les résultats en faveur des enfants
sont assez faibles et les principaux défis pour le pays
demeurent l’amélioration des techniques culturales
pour rehausser la productivité et la mise en place
d’une politique de prix des produits alimentaires pour
les rendre accessibles aux populations vulnérables ;
l’orientation de la production vers une alimentation
nutritive et propice à la croissance de l’enfant sur
la base des produits locaux et l’élaboration d’un
programme d’éducation nutritionnelle ainsi que
la vulgarisation d’un encadrement nutritionnel en
faveur de la petite enfance.

Madagascar 
Madagascar a mis en place des mesures législatives
et réglementaires dans le domaine de la nutrition.
L’accent a été mis sur la prévention et la récupération
nutritionnelle pour ceux qui souffrent de malnutrition,
plus particulièrement pour les enfants du groupe
d’âge vulnérable de zéro à 5 ans. La principale
stratégie du MAP est de fournir à tous les enfants,
y compris dans les zones les moins bien desservies,
des paquets intégrés de services essentiels visant à
l’amélioration de la nutrition18. Parmi ces dispositions
on note :
- l’adoption en 1997 de la Stratégie nationale
de sécurité alimentaire, comme politique
gouvernementale de Sécurité alimentaire d’action pour la nutrition (PNAN) 2005-2009
et de nutrition, suivi du Programme spécial qui traduit le PNN en actions concrètes. Ces
de sécurité alimentaire (PSSA) et du Plan programmes intégrés et multisectoriels ont comme
d’action pour le développement rural ambition la coordination au niveau de chaque école
(PADR) ; d’activités permettant d’améliorer les conditions
d’apprentissage des enfants en répondant de
- l’adoption en 2004 de la Politique nationale
façon spécifique à leurs problèmes nutritionnels et
de nutrition (PNN) pour combattre la
sanitaires par l’implication de la communauté locale.
malnutrition et ses conséquences et la
L’objectif est d’améliorer l’état nutritionnel et de
mise en place de divers programmes au
santé des enfants d’âge scolaire en vue de contribuer
niveau des communautés (PNNC).
à l’amélioration de leur performance scolaire.
Le PNN touche essentiellement les enfants de 0
En ce qui concerne la sécurité alimentaire, le
à 5 ans et les mères allaitantes. La promotion de
Gouvernement a, entre autres, mis en œuvre un
l’allaitement maternel et l’accès aux soins de santé
Programme d’appui nutritionnel des enfants en bas
primaires restent également primordiaux. En ce
âge (0 à 5 ans) à travers l’Office national de nutrition
qui concerne la santé des enfants en bas âge, une
(ONN).
campagne de vaccination et la prise en charge
précoce des maladies courantes19 ont été rendues Par rapport à un besoin estimé à 5,5 millions de
opérationnelles. personnes, les programmes de nutrition en ont
couvert quelque 4,6 millions. Au niveau géographique,
Au niveau scolaire on peut noter  également le
bien que les sites soient choisis sur la base des taux
Programme national d’alimentation, de nutrition
de malnutrition, les provinces plus riches semblent
et de santé scolaire (PNANSS), le Plan national
bénéficier plus que les provinces plus pauvres.

18
MSPFPS, Rapport de suivi de la Conférence internationale sur la Population et le Développement – Décembre 2008, p.8.
19
Les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires aiguës, le paludisme, la rougeole et la malnutrition.

70
Les efforts continus de Madagascar en matière de encore assez forts pour s’en sortir seuls) qui sont les
supplémentassions en vitamine A sont des signes plus touchés.
encourageants vers l’objectif d’éliminer cette
carence  ; tout en assurant davantage d’égalité Ces groupes à risque les plus exposés à la malnutrition
des genres dans ce domaine. Depuis 1998, la et à l’insécurité alimentaire sont essentiellement
lutte contre la carence en vitamine A est axée sur les enfants de rue, les enfants issus des familles
la distribution de cette vitamine aux enfants de pauvres, surtout ceux vivant en milieu rural, les
6-59 mois durant les campagnes biannuelles et groupes vulnérables à faible revenu en milieu rural et
dans les 8 semaines qui suivent l’accouchement urbain, les populations vivant dans une situation de
lors des consultations post-natales. Au cours de pauvreté alimentaire extrême et chronique dans les
ces campagnes sont organisées des sessions de régions exposées.
sensibilisation de la population, surtout des mères,
d’où une réduction sensible de la cécité infantile Maurice 
par avitaminose A de 13,7 à 0,34 pour cent. Parmi
les objectifs spécifiques du Programme national de A Maurice, l’Etat a toujours accordé une importance
santé oculaire, le gouvernement se propose d’ici fin à une bonne santé nutritionnelle de la population,
2009 : surtout des enfants. Ainsi, avant les années 1990,
avec le soutien du World Food Programme, les
- de renforcer la prévention de la cécité de
écoliers du primaire recevaient du lait, un pain, du
l’enfant dans 50 pour cent des formations
fromage et des fruits secs. En 1999, ce programme
sanitaires ;
a été remplacé par la distribution d’une provision
- d’assurer la prise en charge des cas de lait pasteurisé en sachet, en vue d’améliorer
d’erreur de réfraction chez les enfants de l’alimentation des enfants, traduisant ainsi la volonté
10 à 15 ans dans 14 pour cent des écoles de l’état mauricien d’œuvrer pour une alimentation
primaires.20 saine et équilibrée des enfants.
De nombreuses interventions soutenues ou non Parmi les lois, politiques ou programmes, ou
par des bailleurs de fonds ont été engagées par le nationaux mis en œuvre au niveau central on peut
gouvernement et d’autres opérateurs pour lutter citer :
contre la malnutrition. Pour une meilleure synergie
et une cohérence des actions, il a manqué une - le Food Act 1998 : Il s’agit essentiellement de
structure de coordination réelle et un cadre de protéger efficacement les consommateurs
référence. Bien que Madagascar se soit engagé dans contre les fabricants et vendeurs de
la mise en œuvre des plans d’action de la Conférence produits alimentaires pour assurer que
internationale sur la nutrition (1992) et du Sommet ces derniers ne mettent pas en péril la
mondial de l’alimentation (1996), la concrétisation santé publique à travers la vente d’aliments
des résolutions n’a pas été effective. En outre, le impropres à la consommation ;
secteur nutrition ne figurait pas parmi les domaines - le National Programme of Action (Phase
prioritaires dans les stratégies de développement II) for the Development and Protection of
ou de réduction de la pauvreté du pays21. La Children, en date de 1999, du Ministère
problématique nutritionnelle est trop souvent perçue des droits de la femme, du développement
comme étant uniquement du ressort du secteur de l’enfant et du bien-être de la famille ;
santé, et la coordination de toutes les interventions, - le National Children’s Policy, émanant du
le système d’évaluation, d’analyse et de surveillance ministère précité. Publié en mai 2003,
de la situation nutritionnelle ont fait défaut22. ce document fait, entre autre, état de la
situation concernant la nutrition chez les
Malgré tous ces efforts, il faut reconnaitre que enfants et fait ressortir les principales zones
l’efficacité de toutes ces interventions en vue d’aider d’inquiétudes, les visions du gouvernement
les groupes les plus vulnérables ou les groupes et les mesures stratégiques pour améliorer
d’enfants défavorisés est assez faible aux Comores la situation ;
et à Madagascar, car un nombre important d’enfants
n’est pas ciblé.. En outre, l’analyse des lois et des - le National Children’s Policy : Plan of Action,
politiques révèle que rien ou presque rien n’est fait émanant du même ministère et visant à
pour les enfants plus âgés et qu’en période de crise améliorer les différents sphères de la vie
alimentaire ce sont en particulier les 5 à 9 ans (pas des enfants mauriciens ;

20
 apport périodique d’application de la convention relative aux droits de l’enfant, Madagascar - Rapport périodique de Madagascar valant troisième
R
et quatrième rapports sur l’application de la Convention - Année 2003 à 2008 ; p.59.
21
Référence au DSRP.
22
Politique nationale de nutrition, 2004-p.10.
71
- le Food Security Strategic Plan 2008-2011, Réunion 
une approche multidimensionnelle de mise
en place d’un mécanisme d’autosuffisance A la Réunion, la manifestation la plus visible de la
en ce qui concerne l’alimentation. malnutrition chez les grands enfants et les adolescents
(12 ans et plus) est le surpoids ou l’obésité. Ce
Pour améliorer les performances académiques problème de surpoids des enfants réunionnais a
des enfants et donner des chances égales à tous, été pendant longtemps un phénomène socioculturel
plusieurs autres programmes existent et sont mis au sein des familles où un enfant plus ou moins en
en œuvre directement dans les établissements surpoids était le signe d’un enfant en bonne santé.
scolaires. L’on peut citer particulièrement  le La considération du surpoids chez l’enfant comme
Programme alimentaire dans les écoles de la Zone un problème de santé est relativement récente
d’éducation prioritaire (ZEP) instituant une provision dans les familles réunionnaises et ce notamment
de nourriture aux enfants fréquentant les écoles grâce à de multiples campagnes d’information et
ZEP, en collaboration avec le secteur privé. de sensibilisation sur les risques pour la santé.
Plusieurs programmes existent pour lutter contre
Par ailleurs, le Pre-primary School Project  du l’obésité : le Programme national santé (PNNS) qui a
programme Eradication of Absolute Poverty pour objectif général l’amélioration de l’état de santé
Programme (EAP) permet aux enfants de 3 à 5 général de la population en agissant sur l’un de ses
ans qui ne peuvent aller à l’école en raison d’un déterminants : la nutrition ; le programme « Nouveaux
manque de nourriture de pouvoir y accéder. L’EAP goûts, nouveaux plaisirs », conçu comme un nouvel
a pour responsabilité d’identifier ces enfants, de les outil d’intervention s’adressant aux professionnels
enregistrer dans les écoles pré-primaires de leur de l’éducation, de l’animation socioculturelle, du
localité et de leur offrir gratuitement chaque jour un domaine sanitaire et du social ; le Plan Départemental
petit déjeuner et un déjeuner adéquat pour subvenir de lutte contre l’obésité qui vise à réunir tous les
à leurs besoins nutritionnels. Ce programme a acteurs de la collectivité et à faciliter la mise en
ainsi permis de donner un repas chaud aux enfants œuvre d’actions coordonnées. L’objectif de ce plan
habitant les 229 poches de pauvreté identifiées à est d’interrompre l’augmentation de la prévalence
travers l’île. Ce projet prône une synergie entre les de l’obésité en agissant sur deux déterminants
principaux acteurs impliqués dans la lutte contre la majeurs : la nutrition et l’activité physique ; et enfin,
pauvreté. le Programme européen d’aide aux plus démunis
(PEAD) décliné à la Réunion en Plan national d’aide
En raison de la non-pertinence d’une malnutrition
alimentaire (PNAA).  Ce plan a pour préoccupation
aiguë dans le contexte mauricien, aucun volet
principale de chercher à maximiser les quantités
budgétaire n’est spécifiquement consacré à
d’aide alimentaire distribuées aux personnes les plus
l’allègement de la malnutrition à Maurice. Ainsi, on
démunies.
ne retrouve, par exemple, aucun budget consacré
à la distribution des micronutriments. Cependant,
une aide alimentaire ciblée est accordée aux familles Seychelles 
défavorisées. Entre 2004 et 2008, les dépenses de
La malnutrition n’est pas un problème en soi aux
l’Etat dans ce domaine ont quadruplé .
Seychelles. Tout comme à la Réunion, les enfants
En résumé, l’approche multidimensionnelle, seychellois souffrent plutôt d’un excès pondéral
multisectorielle et intégrative de lutte contre la qui peut être vu comme un signe de pauvreté. La
malnutrition à Maurice permet de prendre en nourriture prise donne un sentiment de satiété
compte tous les groupes défavorisés, dans les mais les aliments qui composent les repas ne
différents secteurs de la vie aussi bien en famille sont pas toujours bien équilibrés  : ils comprennent
qu’à l’école. Il existe aussi plusieurs programmes et trop d’hydrates de carbone et de graisses qui en
projets qui viennent directement en aide aux familles général coûtent moins chers que les aliments de
défavorisées en plus d’autres formes d’aide directes grande qualité nutritionnelle. Parmi les politiques et
aux enfants du préscolaire. Enfin, l’intervention des programmes de lutte contre la pauvreté des enfants
ONG pour apporter des aides aux populations des liés à la malnutrition on peut relever le School Meal
communautés se distingue de l’approche mise en Programme  qui donne la possibilité aux enfants des
œuvre aux Comores et à Madagascar. écoles primaires et secondaires d’avoir un repas
complet en guise de déjeuner. Le menu doit remplir

72
les critères de la section de nutrition du Ministère nutritionnels qui lui fourniront toutes les capacités
de la santé et la préparation est régulièrement requises pour être en bonne santé et disposer
contrôlée par le dit Ministère. En moyenne 6000 à de bonnes conditions physiques et intellectuelles
7000 enfants bénéficient de ce programme. pendant la période d’adolescence et d’adulte  ; la
malnutrition étant un facteur aggravant de morbidité
Citons également le Dedicated Fund  qui alloue une et de mortalité infanto juvénile.
somme aux écoles pour leur permettre d’aider les
enfants dont les familles se retrouvent en difficulté La nutrition est l’un des sept domaines dont la
après la brusque montée des prix. Les écoles gèrent privation chez l’enfant est considérée comme facteur
elles-mêmes cet argent et décident des allocations de pauvreté chez celui-ci. Le degré de privation des
en fonction des critères établis par le Ministère. enfants se mesure suivant les méthodes admises au
niveau international en matière de malnutrition.
3.1.2. Résultats pour les enfants,
En utilisant la méthode de Bristol pour mesurer
disparités et égalité des genres la privation des enfants dans les deux pays de
l’océan Indien les plus touchés par la malnutrition
C’est entre la naissance et l’âge de 4 ans que l’enfant
(Madagascar et les Comores), on obtient les
acquiert, à travers son alimentation, les besoins
résultats indiqués dans le tableau 3.1.
Tableau 3.1 : Privation sévère et moins sévère (au sens de Bristol) en nutrition chez les enfants de 0 à 4
ans à Madagascar et aux Comores

Privation sévère Privation moins sévère


Nombre d’enfants de (Bristol) (Bristol)
Pays 
0 à 4 en 2008 Nombre d’enfants Nombre d’enfants
Taux (%) Taux (%)
privés privés
Comores 95 184 12 11 232 26 25 129
Madagascar 3 538 075 28 990 661 57 2 016 703
Comores + Madagascar 3 633 259 28 1 001 893 56 2 041 831

Sources : Comores : Direction des statistiques/Enquêtes MICS 2000 ; Madagascar : Enquêtes EDS 2003/04
Privation sévère : Enfant avec 3 écarts types en dessous des normes pour l’un des trois indicateurs (taille pour âge, poids pour taille
et poids pour âge).
Privation moins sévère : Enfant avec 2 écarts types en dessous des normes pour l’un des trois indicateurs (taille pour âge, poids pour
taille et poids pour âge).
Dans la région Océan Indien, près de 3,8 millions La notion des AIP en nutrition est assez hétérogène
d’enfants sont âgés de moins de cinq ans  et 96 suivant les pays compte tenu de l’indisponibilité des
pour cent d’entre eux habitent Madagascar et les données pour une même définition. Par exemple, à
Comores. On enregistre 28 pour cent d’enfants Maurice, la malnutrition sévère correspond à une
sévèrement privés de nutrition (au moins un des trois insuffisance pondérale (poids/âge), aux Comores,
indicateurs : poids, taille et âge a 3 écarts types en elle correspond à une malnutrition aigue (poids/
dessous de la normale) à Madagascar et 12 pour taille). En utilisant les AIP sur la nutrition (tableau 3.2
cent aux Comores. Soit au total plus d’un million et graphique 3.1) dans les cinq pays, on retrouve des
d’enfants frappés par une malnutrition sévère dans taux équivalents à ceux de Bristol pour la région. Ainsi
les deux pays. 27 pour cent d’enfants souffrent de malnutrition
aigue, (soit plus de 1 million privé sévèrement de
En ce qui concerne les privations moins sévères en nutrition) et 54 pour cent d’enfants (soit un peu plus
nutrition (au moins un des trois indicateurs  : poids, 2 millions d’enfants) qui souffrent d’une malnutrition
taille et âge a 2 écarts types en dessous de la normale), modérée, ou moins sévèrement privés de nutrition.
on dénombre respectivement 57 et 26 pour cent La différence des résultats surtout pour les Comores
d’enfants moins sévèrement privés à Madagascar tient d’une utilisation de concepts différents de Bristol
et aux Comores. Soit un total de 2 millions d’enfants pour la malnutrition sévère et moins sévère.
souffrant d’une malnutrition moins sévère.

73
Tableau 3.2 : Malnutrition chez les enfants des pays de la région de l’océan Indien

Malnutrition sévère Malnutrition moins sévère


Nombre d’enfants de 0 à 4 (AIP sévère) (AIP moins sévère)
Pays
ansen 2008 Nombre d’enfants Nombre d’enfants
Taux (%) Taux (%)
privés privés
Comores 95 184 25,4 24 177 23,3 22 178
Madagascar 3 538 075 28,0 990 661 57,0 2 016 703
Maurice 88 963 1,0 890 11,3 10 053
Réunion 67 825 0,0 0 26,4* 17 906
Seychelles 7 531 0 0 0 0
Ensemble 3 797 578 27 1 015 727 54 2 066 839

Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude
*pourcentage des adolescents

Graphique 3.1. : Taux de privation des enfants en nutrition

Taux de Privation des enfants en nutrition (AIP)

60% 57%

50%

40%
28% 26,40%
30% 25% 23%

20%
11%
10%
1% 0% 0% 0%
0%
Comores Madagascar Maurice Reunion Seychelles

Taux de Malnutrition aigue (AIP sévère) Taux de Malnutrition modérée (AIP moins sévère)

Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude (à noter : les données pour la Réunion
sont par rapport aux adolescents)

A Maurice, seulement 1 pour cent des enfants un problème de nutrition moins sévère (AIP moins
souffrent d’une malnutrition aigue et 11 pour cent sévère).
d’une malnutrition modérée.
L’analyse de la décomposition des indicateurs de
A la Réunion, le problème de nutrition se pose la malnutrition dans certains pays telle que décrite
en termes de « suralimentation » entraînant des par le tableau 3.3, met en exergue les différentes
surpoids et des obésités  ; ainsi selon une enquête dimensions de la malnutrition. Ces indicateurs
de santé réalisée en 2004 à la Réunion, 26 pour composites de la malnutrition illustre le degré élevé
centdes adolescents connaissent un problème de de la privation en nutrition chez les enfants.
surpoids ou d’obésité, que l’on considère ici comme

74
Tableau 3.3 : Situation de certains indicateurs liés à la malnutrition

  Comores Madagascar Maurice

Malnutrition aigue (poids/taille) 25,4 13 Nd

Malnutrition chronique (taille/âge) 8,5 48 Nd

Insuffisance pondérale (poids/âge) 24,9 42 1

Retard de croissance (moins de 3 ans) 44,0 45 1,0

Emaciation (moins de 3 ans) 7,9 14 11,3

Durée de l’allaitement intégral : 0 à 1 mois 27,1 nd nd

Durée de l’allaitement intégral : 0 à 3 mois 24,3 nd nd

Durée de l’allaitement intégral : 0 à 6 mois 21,3 21,6 nd

Déficit d’iode 17,4 24,6 nd

Déficit de vitamine A 30,2 7,3 nd

Anémie et déficit de fer - 68,3 3,7

Sources : Comores (MICS 2000) ; Madagascar (EDS 2003/2004) ; Maurice : Epidemiology and Statistics Section (2007)

3.1.3. Analyse de causalité et - poids de la tradition et des valeurs


corrélation culturelles en tant que facteur de blocage
pour de nouvelles formes d’alimentation
Les causes de la malnutrition sont liées à l’individu des enfants ;
(causes immédiates), au ménage (causes sous
- l’insuffisance de service d’encadrement
jacentes), et au niveau communautaire et national
technique au niveau des communes ;
(causes profondes). Au niveau des causes
immédiates, la pauvreté de l’enfant liée à celle de sa - problème de la malnutrition qui n’est pas vu
famille ne lui permet pas d’accéder à une nourriture comme prioritaire par beaucoup d’autorités
saine et équilibrée. à tous les niveaux, ce qui entraîne une
persistance de la malnutrition ;
Plusieurs facteurs constituent un frein à une
bonne situation nutritionnelle aux Comores et à - la féminisation de la pauvreté due à la
Madagascar. Il s’agit de : disparité de développement économique,
social et politique au détriment de la
- problèmes fonciers et de parcellisation
femme  (difficultés d’accès aux crédits,
entravant l’accroissement de la production
dévalorisation du statut de la femme  due
alimentaire au niveau national et au niveau
aux us et coutumes, faible éducation
des petits producteurs ;
de la femme, faible prise en compte de
- problème d’insécurité rurale qui entrave l’équité entre l’homme et la femme, faible
la production alimentaire et le bon participation aux décisions politiques,
fonctionnement des services sociaux ; économiques et sociales, méconnaissance
des droits et discrimination à l’égard de la
- l’enclavement, un facteur aggravant de la femme).
malnutrition et du problème d’accessibilité
exacerbé pendant la saison de pluie ;

75
Maurice nutritionnel qu’à un problème de sécurité alimentaire.
Lors des entretiens individuels et institutionnels
A Maurice, la raison principale de l’existence de la menés, des questions ont été posées afin de savoir
malnutrition parmi les enfants est le manque de si la plupart des enfants des ménages pauvres à
revenu dans le ménage, avec pour conséquence, la Réunion mangent suffisamment pour satisfaire
un manque de nourriture. Le chômage des parents leurs besoins alimentaires et si non, pourquoi. Les
est ainsi, bien souvent, le facteur clé qui entraîne la réponses à cette question sont très mitigées et il en
malnutrition dans un foyer.  D’autre part, les fléaux ressort que certains enfants réunionnais ne mangent
comme l’alcool, la drogue et la cigarette ne sont pas pas assez pour satisfaire leurs besoins alimentaires.
à négliger. En effet, si certains enfants se retrouvent Mais plusieurs interviewés ont tenus à relativiser et
très souvent sans nourriture, c’est parce que leurs à apporter certaines précisions : « Oui la plupart des
parents dépensent le peu d’argent qu’ils touchent enfants mangent suffisamment en quantité, mais
pour acheter de l’alcool ou de la drogue. En outre, pas suffisamment sur le plan de la qualité ».
d’autres facteurs expliquent la malnutrition dans les
foyers mauriciens : A la question de savoir pourquoi, les personnes
interrogées évoquent en premier lieu les difficultés
- une alimentation insuffisante sur le plan financières des parents et le coût de la vie : les
quantitatif  : lors des groupes d’entretien, parents n’ont pas les moyens ou ils n’ont plus
plusieurs enfants ont mentionné l’irrégularité d’argent à la fin du mois, les parents ne peuvent pas
des repas au sein de leur famille. Au lieu de trois payer la cantine, la vie est de plus en plus chère, voir
repas par jour, l’enfant pauvre doit se contenter trop chère. Pour certains, c’est aussi avant tout ‘une
d’un unique repas par jour. On note ainsi le mauvaise gestion du budget de la part des parents.
certains témoignages d’enfants  : «  Quand on Certaines familles en difficulté viennent demander
n’avait rien à manger, on buvait du thé et puis on pas le faire.
dormait ».  Dans la majorité des cas, les enfants
ne mangent pas à leur faim, et n’ont pas de Il ressort aussi des discussions qu’il ne s’agit pas
nourriture pour aller à l’école. de manque de nourriture mais plutôt que les
enfants sont mal nourris « il y a beaucoup d’obésité
- une alimentation inadaptée sur le plan qualitatif : et de diabète, car les repas sont mal équilibrés et
La nourriture que mange l’enfant pauvre, est l’alimentation souvent trop peu variée ». En général
bien souvent pauvre en aliments nutritifs et ne lui les enfants mangent mal et les parents cèdent
apporte pas les nutriments essentiels pour une aux envies des enfants (sucreries, sodas, chips...).
bonne croissance. Parmi les enfants enquêtés, De plus, les familles sont obligées de prendre les
on note ceux qui se nourrissent de pain sec et produits les moins chers (posant la question de
d’eau, de pain avarié, de riz sec, ou qui ne mangent la qualité de ces produits, souvent trop riches en
presque jamais d’aliments riches en protéines, graisses et en sucres par rapport aux produits de
tel que la viande ou le poisson. La plupart de qualité plus chers).
ces enfants n’ont également pas les moyens de
consommer un fruit quotidiennement.
Il convient également d’attirer l’attention, sur la
qualité de la nourriture consommée par les enfants
dits riches. Les groupes d’entretien révèlent qu’un
nombre conséquent d’enfants est d’avis que les
fast foods et autres aliments peu sains deviennent
très vite la norme parmi les jeunes. Ce phénomène,
ajouté à la sédentarité montante chez les enfants,
engendrent entre autres, très tôt, une spirale
d’obésité, de maladies cardio-vasculaires et de
diabète chez les enfants.

Réunion 
A la Réunion, les causes de la malnutrition sont
davantage liées à des risques de déséquilibre

76
3.1.4. Perception des enfants
Le récit de vie de cet enfant aux Comores illustre bien la situation de privation de nutrition des enfants.

Garçon pauvre, 12 ans, Tsinimwapanga – Comores


« Je ne suis pas scolarisé depuis ma naissance. J’ai proposé à mon père de m’inscrire à l’école bien que je suis un peu
âgé, mais il a refusé. Malheureusement, il est décédé depuis un an.
La nourriture manque le plus souvent. Et quand nous mangeons en famille, c’est souvent le soir. Notre aliment
principal c’est le riz ordinaire. Il faut compter une ou deux fois par mois, pour manger du poisson ou des ailes de
poulet….
La viande est pour nous un produit de luxe. Nous mangeons un peu de viande quand il y a les fêtes du grand mariage
au village.
Nous buvons de l’eau de citerne de notre voisin. Je pense que cette eau n’est pas bien propre pour la consommation.
Mais nous n’avons pas d’autre choix ». 

Dans les groupes de discussion, les enfants d’alimentation convenable» ; « Ils volent du haricot
pauvres à Madagascar ont souligné  par rapport à qu’ils arrachent sur pied » ; « Moi j’ai vécu le fait de ne
l’alimentation: pas manger chez ma grand-mère d’Ambatolampy. Ici
a Antananarivo, toute la famille cherche à manger et
- son insuffisance : nous si nous n’en trouvons pas, nous volons un peu».
« Les enfants pauvres mangent 2 fois
par jour (pas de petit déjeuner) ; des fois, A Maurice, les groupes de discussions mettent
ils ne mangent rien dans la journée»; « Il l’accent sur l’identification au préalable des foyers en
ne mange pas le soir»; « Du riz d’un demi difficulté pour ensuite mettre en place un système
« kapoaka » (boite de lait Nestlé) pour plus réglementé d’aide sociale consistant en une
de 8 personnes avec beaucoup d’eau allocation financière régulière et une aide matérielle
(« vary sosoa be rano »)». surtout en ce qui concerne la nourriture. Cependant,
une proportion des enfants interrogés préconise
- son absence :
des mesures qui se rapportent plus à de l’assistanat,
« Il n’y a rien à manger»; « Se contenter comme par exemple la distribution gratuite de la
d’avaler sa salive» nourriture chaque trois jours.
- sa mauvaise qualité nutritive :
Une minorité d’enfants propose des moyens
« Pas de sel, pas d’huile de table»
pour faire subsister leurs familles à long terme. Ils
« Reste des nourritures jetées dans les recommandent ainsi l’aide gouvernementale pour
poubelles ou dans la rue ». « Ramasser encourager la culture de fruits et légumes qui seront
de la nourriture tombée par terre» utilisés aux fins d’une consommation ménagère et
« L’enfant pauvre se nourrit du manioc aussi à une fin mercantile.
et de la cueillette des fruits dans les
champs» Selon les enfants interviewés à la Réunion, «  les
riches ont de l’argent pour acheter à manger alors
« Un enfant pauvre mange toujours la
que les pauvres n’ont pas les moyens financiers  ».
même chose, aucune variation»
Ils notent donc une différence parce que l’un n’a pas
Comme conséquences, les enfants ont relevé celles assez à manger et l’autre trop  ; de plus, «  le riche
sur l’état physique  et l’état sanitaire des enfants mange ce qu’il veut et le pauvre non ». Par ailleurs, ils
pauvres qui les distinguent des autres : notent que la qualité des produits n’est pas la même.
Pour un des jeunes interrogés, un point commun
« Les enfants pauvres sont maigres. Ils ont le existe néanmoins puisqu’à la Réunion, les pauvres et
ventre ballonné » ; « Ils n’ont pas assez de calories, les riches mangent tous le riz et le cari.
de vitamines»  ; « Echec dans les études faute

77
Une très grande variété d’aliments ou de pratiques renforcer et consolider les lignes d’action prioritaires
alimentaires ont ensuite été cités par les enfants. décrites dans le Programme national de lutte
Selon les enfants pauvres à propos des enfants contre la malnutrition aux Comores et la Politique
riches, une des différences notables avec les pauvres nationale de nutrition et le Plan national d’action
c’est qu’ «  ils peuvent manger au fastfood (Mac Do) pour la nutrition à Madagascar. A Madagascar, le
ou au restaurant, ils mangent aussi du pop corn au Gouvernement a déjà étudié ce plan en profondeur
cinéma  ». Globalement, les riches ont les moyens, et l’a approuvé, mais sa réalisation exige la
«  ils mangent de bonnes choses, de la nourriture disponibilité de plus de ressources. Il est heureux
de qualité, des produits riches en vitamines  »  ; que bon nombre des stratégies retenues se soient
«  leurs plats sont variés (entrées, plats, desserts) avérées être d’un excellent niveau de coût-efficacité,
et équilibrés et surtout ils ont le choix et mangent permettant d’obtenir des progrès rapides à un
ce qu’ils veulent (ils ont un frigo remplis de toutes coût abordable. Nous citerons à titre d’exemple la
choses), ils mangent de tout, tout ce que l’on trouve promotion de pratiques optimales d’allaitement
en magasin, ils mangent à leur faim… ». maternel et les programmes de supplémentassions
en micronutriments. Une meilleure nutrition de la
Selon les enfants, les pauvres partagent souvent population peut, en retour, contribuer à l’atteinte de
à plusieurs, leurs frigos ne sont pas remplis, ils la cible 2 de l’OMD 1, à savoir la réduction par deux
achètent le minimum au super marché car ils n’ont du nombre de personnes vivant avec moins d’un
pas les moyens de s’offrir à manger comme les dollar par jour24.
riches, ils ne vont jamais au fastfood (ou alors une
seule fois par an) et surtout ils n’ont pas le choix de A Maurice, comme vu dans le chapitre précédent, les
l’alimentation. ONG sont fortement mobilisées dans les différentes
poches de pauvreté. Elles œuvrent pour l’allègement
Globalement selon les enfants la nourriture des de la pauvreté et accompagnent les familles pour
pauvres est «  tout le temps pareil », ils mangent un qu’elles arrivent à s’en sortir. Ces organisations
plat unique, des restes. La nourriture n’est pas cuite s’impliquent pour rechercher des solutions à
« bouchon23 cru » ou sèche « fruits secs, riz sec, pain l’extrême pauvreté dans leurs régions. Toutefois,
sec  ». Pour certains les enfants pauvres mangent elles devraient certainement travailler de concert
même des choses pas forcément bonne pour la avec le gouvernement pour identifier et conseiller les
santé ou dangereuse, il pourrait avoir des problèmes familles les plus défavorisées qui mériteraient le plus
de santé après. d’avoir accès aux aides sociales et aux allocations
Certains pensent aussi que «  les enfants pauvres alimentaires offertes par le gouvernement.
mangent dans la rue ou fouille les poubelles pour L’action des communautés est tout aussi importante.
manger ». Comme en témoignent beaucoup d’enfants lors
des interviews, «  les voisins restent leurs premiers
3.1.5. F
 ondement et partenaires pour recours quand il leur manque de la nourriture ». Ils
une stratégie évoquent aussi l’idée de collecte d’argent ou de vivres
au niveau du village pour aider les foyers pauvres. Une
Si la malnutrition a de multiples causes dont les aide pécuniaire aussi bien que matérielle venant de
conséquences sont considérables sur la santé, chaque foyer pour essayer de remédier au problème
l’éducation et l’économie nationale, dans la pratique, des ménages pauvres du village est une mesure
ces causes se chevauchent et interagissent  ; très prisée par beaucoup d’enfants. L’entraide et la
aussi, pour la combattre, il est important d’adopter solidarité communautaire comptent énormément
une approche multisectorielle (coordination pour ces enfants et le partage de la nourriture
multisectorielle des différents programmes de avec l’enfant pauvre, la distribution de ration et de
nutrition) et renforcer les appuis à la mise en œuvre nourriture sont vus comme des mesures à court
de stratégies prouvées. terme qui peuvent aider à résoudre le problème de
manque de nourriture des familles pauvres.
Les bénéfices cités précédemment pour les
Comores et Madagascar ne pourront être obtenus A la Réunion, l’exemple de l’Epicerie sociale,
que si des efforts soutenus sont entrepris pour dispositif bien implanté dans l’ile, est représentatif
une meilleure nutrition des enfants et des femmes du partenariat entre différentes structures. Sur
malgaches et comoriennes. A cet effet, il faudra St Denis, l’exemple du Secours opérationnel urbain,

23
Un mets d’origine asiatique particulièrement prisé a la Réunion
24
Situation Analysis UNICEF ; 2008.

78
boutique d’initiative communautaire (SOUBIC) est constitution de groupes de réflexion/action avec
assez révélateur de ces dispositifs. Ce partenariat intervenants extérieurs, par exemple sur le logement,
fournit  de l’aide alimentaire (en contrepartie d’une sur la santé, sur l’alimentation…). Le dispositif est
participation symbolique équivalente à 10 pour cent donc constitué de deux volets  : l’un curatif (outil
du prix réel.) et un accompagnement social (action épicerie) et l’autre préventif (une fois les situations
éducative budgétaire) et interventions sociales des familles assainies).
d’intérêt collectif (en fonction des besoins dépistés,

3.2. Santé
Le droit à la santé comme stipulé dans la CDE et L’ensemble des actions du gouvernement sont
dans les sept domaines de privations définis dans financées par les partenaires au développement
l’Etude globale est lié à la pauvreté de l’enfant. Dans tels UNICEF, OMS, Banque mondiale, FNUAP, IPPF
les différents pays de l’océan Indien, à l’instar de tous et le Fonds Mondial. Elles contribuent à la mise en
les secteurs sociaux, au cours des deux décennies œuvre des conventions internationales sur les droits
la santé a subi d’importantes réformes, mais à des de l’enfant. Par exemple, en 2003, l’OMS a financé
degrés différents. la prise en charge intégrée de la mère et de l’enfant
(PCIME). Des mesures juridiques de protection, le
3.2.1. Lois, politiques et programmes suivi psychologique et la réinsertion des victimes de
nationaux les plus importants violence sont également prises pour la protection de
l’enfance. Les efforts ont porté essentiellement sur :
- l’harmonisation de la législation par rapport
Comores 
aux conventions internationales ratifiées par
Aux Comores, une nouvelle politique de la santé a le pays ;
été adoptée en 2005. Son but est de réduire le taux - le renforcement des capacités des structures
de mortalité maternelle, de 517 à 250 pour cent d’écoute et de prise en charge des enfants
mille  ; le taux de mortalité infanto juvénile de 74 à victimes d’abus et de maltraitance ainsi que
40 pour mille, de réduire le taux de mortalité infantile les professionnels des différents secteurs ;
de 59 à 35 pour mille ; le taux de morbidité lié aux - la mise en œuvre de la stratégie nationale de
maladies transmissibles  à 50 pour cent ; et le taux protection des enfants vulnérables ;
de malnutrition aigüe des enfants de 0 à 5 ans de
- la promotion des échanges des bonnes
25,4 à 10 pour cent.
pratiques à travers les pays de la région ;
Les principaux programmes en santé aux Comores - l’amélioration du système de collecte de
sont  : le Programme de lutte contre le paludisme données statistiques.
(promouvoir, coordonner et soutenir la lutte contre
le paludisme) ; le Programme élargi de vaccination Pour améliorer l’efficacité des soins de santé et
(contribuer à la réduction de la mortalité et de accroître la qualité des services, le DSCRP et la
la morbidité liées aux maladies évitables par la Politique nationale de santé (PNS) de février 2005
vaccination) ; le Programme national de lutte contre ont prévu sept points d’opérationnalisation :  
le sida (maintenir la prévalence du VIH/sida à moins - l’engagement politique de l’Etat en vue
de 1 pour cent). Ainsi, avec l’appui du Fonds mondial, d’augmenter la part du budget de la santé
des programmes nationaux de lutte contre le sida dans le budget national à hauteur de 15 pour
et le paludisme ont été mis en place, pour lutter cent selon les engagements pris au sommet
contre les maladies endémiques et épidémiques. d’Abuja ;
Les personnes désirant s’informer sur le VIH/ - l’utilisation de la technique de « participation
sida peuvent téléphoner un numéro vert depuis simulée  » qui consiste à négocier avec les
mars 2009. Les centres de protection maternelle communautés ;
et infantile (PMI) et les cliniques de santé de la - l’égalité et l’équité dans les structures de
reproduction de l’Association comorienne du bien- santé, d’où une meilleure administration plus
être de la famille (ASCOBEF) à Anjouan et à Moroni efficace et plus efficiente ;
proposent des prestations en planning familial.

79
- des actions de formation des cadres de la santé des enfants et donc à la réduction de leur
santé, la révision du plan de développement mortalité :
des ressources humaines ; - Plan pluriannuel d’action (PPAC) dont la
- la création et gestion d’un environnement principale composante est le Programme
favorable à la santé : accès à l’eau potable et élargi de vaccination (PEV) ;
à l’assainissement, la salubrité et la sécurité - Programme d’intégration de
de l’environnement, régimes alimentaires l’approvisionnement et de la logistique des
appropriés et des modes de vie favorables intrants de santé (PAIS) pour l’intégration
à la santé ; progressive des programmes verticaux dans
- l’approche contractuelle entre les un système d’approvisionnement unique,
intervenants de la santé, sans le efficace et efficient à tous les niveaux du
désengagement de l’état pour financer la système sanitaire,
santé. - Feuille de route pour la réduction de la
mortalité maternelle ;
Ces interventions ont eu de faibles conséquences
sur la santé des personnes les plus vulnérables - Plan stratégique national de lutte contre le
car de nombreux problèmes persistent dans la VIH/sida (PSN) ;
gestion et l’opérationnalisation du système de - Programme de prévention contre la
santé aux Comores. D’une manière générale, l’offre transmission mère-enfant (PTME).
des services de santé dans le pays s’est dégradée
qualitativement et quantitativement, au cours de ces Le PPAC/PEV est le programme de lutte contre la
dernières années. principale privation de Bristol qui touche les enfants
non-vaccinés. Les enfants sont les principaux
bénéficiaires du PEV, mais celui-ci cible aussi les
Madagascar 
femmes enceintes. Certaines maladies, telles la
A Madagascar, les infections respiratoires aiguës poliomyélite, sont considérées comme prioritaires à
(34 pour cent), la fièvre (21 pour cent) et les travers les objectifs du programme. La couverture
diarrhées (13 pour cent) sont les premières causes vaccinale devrait être à au moins 80 pour cent
de morbidité chez les enfants de moins de 5 ans. pour tous les antigènes chez les enfants de moins
Entre 1990 et 2004, les taux infanto-juvénile et le d’un an en 2006. Le tétanos et la rougeole figurent
taux de mortalité infantile ont enregistré une baisse également parmi les priorités. Les objectifs étaient
notable  : le premier est passé de 166 en 1990 à d’augmenter la couverture vaccinale à au moins
94 pour 1000 naissances vivantes en 2004  ; le 80 pour cent pour la vaccination antitétanique chez
second est passé de 98 à 58 pour 1000 naissances les femmes enceintes en 2006 et de contrôler la
vivantes au cours de la même période. rougeole en 2008. L’élimination du tétanos maternel
et néonatal est prévue pour 2010. Ces objectifs ont
Le MAP, dans le cadre du Plan de développement du été fixés étant donné la très faible protection des
secteur santé et de la protection sociale (PDSSPS) enfants contres ces maladies. En effet, en 2004,
pour l’horizon 2012, s’est fixé pour objectif de réduire 52,9 pour cent des enfants de moins de 2 ans
ces taux respectivement à 33 et 47 pour 1000 seulement étaient complètement vaccinées.
naissances vivantes. L’OMD prévoit, pour 2015, une
diminution qui tend vers respectivement 30 et 46 En matière de dépenses, le budget décaissé pour
pour 1000 naissances vivantes. le service santé de 2007 a doublé de valeur par
rapport à l’année 2000 jusqu’à hauteur de 81,2
Bien que la prévalence du VIH/sida, estimée à 0,95 millions de dollars. Cependant, depuis 2004, une
pour cent, soit faible, l’épidémie progresse, , passant baisse est constatée. Ceci est tributaire du faible
de 0,05 pour cent en 1990 à 0,95 pour cent en taux d’engagement et de liquidation au niveau du
2005. Par contre le taux de prévalence des IST est ministère de tutelle. Selon le rapport financier annuel
élevé, soit 14 pour cent, et plus particulièrement la du Ministère de l’économie, du commerce et de
syphilis avec un taux de 8 pour cent chez les femmes l’industrie (MECI), la capacité d’absorption du secteur
enceintes affectant la santé de leurs enfants. santé est de l’ordre de 81,5 pour cent en 2007. Le
taux d’engagement est plus faible pour le volet VIH/
Plusieurs programmes concourent à l’atteinte des
sida avec une réalisation financière de 65,6 pour
objectifs du PDSSPS en termes d’amélioration de
cent.

80
Le financement de la santé se repartit en trois pour leur accès aux soins.
parties presque égales :
Malgré toutes ces actions et programmes plusieurs
- la plus grande part, qui est environ 36 pour
enfants restent en dehors du système sanitaire.
cent, revient aux différents partenaires
financiers ; Les enfants victimes de privation liée à la santé
- 32 pour cent revient au budget de l’Etat et ; qui ne sont pas touchés par le système sanitaire
- 32 pour cent pour le financement privé dont sont majoritairement ceux dont les mères sont
19 pour cent pour les versements directs peu instruites, résident en milieu rural et de sexe
des ménages. masculin.

En ce qui concerne les contributions des différents En outre, plusieurs types de handicap constituent
partenaires financiers, le montant global de une importante forme de pauvreté des enfants
l’enveloppe consacrée à la santé ne cesse en matière de santé. Environ 7,5 pour cent de la
d’augmenter. Entre 2007 et 2008, le niveau général population malgache vivent avec un handicap dont
de l’aide a cru de 55 pour cent et selon la prévision les plus importants sont les déficiences visuelle,
pour 2011, le total des aides au développement motrice, auditive, intellectuelle et psychique en 2003.
pour le secteur santé vont doubler. Ce qui n’est plus Les principales maladies qui rendent les enfants
probable étant donné la crise politico-économique qui handicapés sont la cataracte pour la cécité, et l’otite
a commencé en début de l’année 2009 car la plupart moyenne chronique, l’infirmité motrice cérébrale,
des bailleurs ont décidé de geler les programmes. l’épilepsie, les pieds bots et les infections ostéo-
articulaires.
Concernant l’utilisation de ce financement,
l’affectation des dépenses répond convenablement Les problèmes de santé ne sont pas les mêmes dans
aux besoins en santé de la population : les trois autres pays de la région océan Indien.
- 28 pour cent sont affectés aux services de
prévention et de santé publique ;
- 22 pour cent pour les soins ambulatoires et ;
- 20 pour cent pour les produits
pharmaceutiques.
Toutefois, de nombreux problèmes persistent au
niveau du système sanitaire : une faible capacité
d’absorption, un déséquilibre entre l’investissement
et le fonctionnement et une faible part allouée
au secteur. En ce qui concerne les dépenses des
ménages pour leur santé, 70 pour cent sont
des dépenses proviennent de l’achat de produits
pharmaceutiques. Un dispositif d’appui aux ménages
les plus défavorisés a aussi été mis en place  :
des mutuelles communales qui existent dans 60
communes sur 1 600 et un fonds d’équité, qui
est accessible au niveau des Centres de santé de
base (CSB). Ce fonds est alimenté par une partie
de la vente des médicaments dans les formations
sanitaires publiques. Ce dispositif de non gratuité des
médicaments et consommables médicaux (FANOME)
constitue non seulement un moyen de participation
des ménages au financement du secteur mais il
permet aussi d’assurer le réapprovisionnement
de ces intrants pour les formations sanitaires
bénéficiaires. Néanmoins, plusieurs difficultés de
gestion et des carences subsistent dans ce système
de protection sociale des groupes les plus vulnérables

81
Maurice  qu’une légère baisse est observée pour 2007/2008
(8 pour cent). Ceci alors même que le budget
Le secteur de la santé est une priorité pour le décaissé pour la santé ait augmenté de 8 pour cent
Gouvernement mauricien avec une attention en comparaison à 2006/2007, pour atteindre les
particulière, au bien-être des enfants mauriciens. Le Roupies mauriciennes de 4,756.9 millions (environ
Public Health Act est en vigueur et s’applique à tous, 158,5 millions de dollars).
mais à ce jour, il n’existe aucune loi spécialement
dédiée à la santé des enfants. Toutes ces interventions dans le secteur de la santé
à Maurice ont eu pour effet de porter les taux de
En dehors des lois, plusieurs politiques et vaccination à 99 pour cent et de mortalité maternelle
programmes nationaux liés à la santé visent à lutter à 36 pour 100 000 naissances vivantes. En outre,
contre la pauvreté des enfants. Il s’agit du National il convient de noter des améliorations sensibles au
Programme of Action for the Survival, Development niveau du nombre de médecins, d’infirmiers et de lits
and Protection of Children 1990’s  qui vise à dans les hôpitaux.
réduire le taux de mortalité infantile ainsi que le taux
de mortalité infanto juvénile, le taux de mortalité
Réunion 
maternelle, à donner une attention particulière
à la santé et à la nutrition des filles, des femmes Sur l’île de La Réunion, les politiques et programmes
enceintes et à celles qui allaitent leurs enfants, à de santé s’inscrivent dans le contexte de la
donner l’accès à la planification familiale à tous les décentralisation qui amène les régions et
couples, à donner l’accès à des soins prénatals et à départements à prendre des responsabilités
un personnel qualifié à toutes les femmes enceintes, accrues dans la gestion du secteur sanitaire et
à réduire le taux de naissances en dessous du poids social de l’éducation à la santé. La déclinaison locale
normal, à éradiquer la poliomyélite et à éliminer les des politiques de santé publique se retrouve à
décès résultant du tétanos. Le White Paper on Health travers les différents plans et schémas d’orientation
Sector Development & Reform, de 2002 poursuit, stratégique  dont le Plan régional de santé publique
par ailleurs, l’objectif d’atteindre des niveaux de (PRSP) qui se décline en 11 objectifs régionaux
qualité de santé comparables aux pays développés. dont la limitation des risques sanitaires liés aux
De plus, le Programme de vaccination gratuite comportements sexuels et la promotion de la santé
comprend (i) la vaccination des bébés de la naissance des enfants en milieu scolaire, le Programme régional
jusqu’à l’âge de 2 ans, (ii) la vaccination des enfants d’accès à la prévention aux soins de la Réunion
au primaire en première année de scolarisation, (PRAPS), le Schéma régional d’éducation pour la
contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite, (iii) santé (SREPS), le Schéma régional d’organisation
la vaccination des enfants en dernière année au sanitaire (SROS) et le Schéma départemental
primaire contre le tétanos, le BCG et la tuberculose, d’organisation sociale et médico-sociale (SDOSM).
les filles étant également vaccinées contre la
rubéole, (iv) la vaccination des femmes enceintes Le schéma d’organisation sanitaire de la Réunion et
contre le tétanos, (v) le bilan médical gratuit des de Mayotte 2005-2010 a été signé le 12 décembre
bébés à 1, 2 et 3 ans respectivement qui permet 2005. Parmi les 17 orientations thématiques
d’identifier les maladies dont pourrait souffrir l’enfant définies, l’une concerne spécifiquement la prise en
dès le départ  , (vi) la distribution de médicaments charge des enfants et des adolescents : « Le SROS
contre les vers aux enfants des écoles pré-primaires est un outil au service d’une conception très globale
et primaires une fois par an et (vii) le programme de la santé des enfants et des adolescents : celle-ci
médical scolaire, qui prévoit un bilan médical complet est considérée à la fois sous l’angle médical, mais
des enfants fréquentant les écoles pré-primaires aussi psychique, social et environnemental ».
gouvernementales, et différents niveaux des cycles
primaire et secondaire. Seychelles 
L’analyse des budgets et des investissements de la Il existe plusieurs programmes en matière de santé
santé montre que le budget de la santé a été multiplié des enfants aux Seychelles. Contrairement aux
par quatre de 1994/1995 à 2007/2008, tout Comores et à Madagascar, les services sont gratuits
comme les dépenses de l’Etat. Néanmoins, la part des et d’accès facile puisqu’ils sont disponibles aussi bien
dépenses sur la santé est restée quasiment statique dans les centres de santé primaires des districts et
à environ 8,5 pour cent jusqu’en 2006/2007, alors dans les écoles. Dans certains cas les infirmières font

82
des visites à domicile. Les enfants pauvres reçoivent 3.2.2. Résultats pour les enfants,
les mêmes services et les mêmes médicaments disparités et égalité des genres
gratuits que les autres. Si un cas est grave et qu’il
n’y a pas de traitement disponible localement, le Les infections respiratoires aiguës (IRA), la fièvre/
gouvernement prend en charge le transport et les paludisme et les diarrhées sont à la tête du classement
soins de cette personne à l’étranger. des causes de morbidité des enfants de moins de 5
ans dans la région océan Indien. Elles figurent parmi
Les différents programmes en matière de santé aux
les maladies qui contribuent le plus à la mortalité
Seychelles sont  le Programme  anténatal qui offre
infanto juvénile dont le niveau est encore assez élevé
des services gratuits aux femmes enceintes  ; le
même si une baisse continue et significative est
Perinatal care qui permet à chaque patiente d’avoir
enregistrée dans l’ensemble des pays. Il est à noter
recours aux services d’une sage-femme  ; le Child
que ces maladies (IRA, les diarrhées, les fièvres…etc.)
Health Programme qui offre des soins néonatals ; le
pourraient dans la plupart des cas être soignées
Child School Health Programme qui offre un examen
si le traitement intervient à temps et de manière
médical complet  pour chaque enfant tous les ans à
adéquate.
partir de la 2ème année de crèche ; le Immunization
Programme, qui est un programme de vaccination Un des moyens de protéger les enfants contre les
et grâce auquel la couverture vaccinale est de plus maladies est la vaccination aux différents âges de son
de 99 pour cent pour les vaccins essentiels. cycle de vie. Ainsi, la vaccination contre les maladies
pouvant nuire à la santé des enfants constitue un
En résumé, il existe plusieurs programmes intégrés
droit fondamental pour tout enfant.
à Maurice, à la Réunion et aux Seychelles dans le
domaine de la santé. De plus, les services offerts sont La santé, plus précisément, la vaccination des moins
variés, gratuits, touchant les personnes vulnérables de cinq ans, constitue l’un des sept domaines dont
et ils sont pour la plupart d’accès facile. Ce qui n’est la privation est considérée comme un facteur de
pas le cas aux Comores et à Madagascar où les pauvreté chez l’enfant. Pour mesurer le degré de
programmes qui existent sont tous payants pour privation en santé chez les enfants, on se sert le plus
la grande majorité et où il n’y a pas de couverture souvent du nombre de vaccins reçus par l’enfant
maladie nationale. parmi les huit vaccins identifiés comme obligatoires.
En utilisant la méthode de Bristol pour mesurer
la privation des enfants en termes de santé à
Madagascar et aux Comores, on obtient les résultats
présentés dans le tableau 3.4 :
Tableau 3.4 : Privation sévère et moins sévère en santé (Bristol) aux Comores et à Madagascar (0 à 4 ans)

Privation sévère Privation moins sévère


Nombre d’enfants
  Pays Taux Nombre d’enfants Taux Nombre d’enfants
de 0 à 4e n 2008
(%) privés (%) privés
Comores 95 184 11 10 375 16,5 15 705
Madagascar 3538075 28 990 661 39 1 379 849
Comores + Madagascar 3 633 259 28 1 001 036 38 1 395 555
Sources : Comores : MICS 2000; Madagascar : HDS 2003/2004
Privation sévère : Enfant qui n’a jamais été vacciné ou qui n’a reçu aucun traitement pour une maladie récente comportant la
diarrhée ou une infection respiratoire.
Privation moins sévère : Enfant qui n’a pas reçu les huit vaccins (BCG, DTCoq1, DTCoq2, DTCoq3, Polio0, Polio1, Polio2, Rougeole)
avant l’âge de 2 ans.
Le taux de privation sévère en matière de santé à sévèrement privés de santé, avec 28 pour cent, soit
Madagascar et aux Comores fait un total de 28 990 661 enfants. Aux Comores ils sont un peu plus
pour cent. 1 million d’enfants n’ont ainsi jamais de 10 000  enfants sévèrement privés de santé,
été vaccinés depuis leur naissance ou n’ont jamais représentant 11 pour cent des enfants comoriens
été traités contre les maladies diarrhéiques ou du même groupe d’âge.
respiratoires. A Madagascar, les enfants sont plus

83
En ce qui concerne la privation non sévère en santé, relativement proches en ce qui concerne les AIP
c’est à dire les enfants qui n’ont pas reçu les 8 vaccins sévères (tableau 3.5 et graphique 3.2). Plus de
avant l’âge de 2 ans, ils représentent 16,5 pour cent 900 000 enfants de la région océan Indien n’ont pas
aux Comores contre 39 pour cent à Madagascar. été vaccinés (24 pour cent), et 53 pour cent (plus
de 2 millions d’enfants) n’ont pas reçu la totalité des
Le calcul des autres indicateurs de privations (AIP) vaccins requis.
en santé pour les cinq pays donne des résultats
Tableau 3.5 : Situation des taux de vaccination dans les pays

Enfants non vaccinés Enfants partiellement vaccinés


Nombre d’enfants (Privation sévère) (Privation moins sévère)
Pays
de 0 à 4 ans en 2008 Taux Nombre d’enfants Taux Nombre d’enfants
(%) privés (%) privés
Comores 95 184 20,0 19 037 79,1 75 291
Madagascar 3 538 075 25,7 909 285 54,9 1 942 403
Maurice 88 963 1,0 890 3,0 2 669
Réunion 67 825 0,0 0 23,3 15 769
Seychelles 7 531 0 0 0,0 0
Ensemble 3 797 578 24 929 212 53 2 036 132

Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude (à noter : la vaccination BCG n’est pas
obligatoire en France/La Réunion)

Graphique 3.2 : Taux de privation des enfants en santé

Taux de Privation des enfants en Santé (AIP)

79%
80%

70%

60% 55%

50%

40%

30% 26%
23,30%
20%
20%

10%
1% 3% 0% 0% 0%
0%
Comores Madagascar Maurice Reunion Seychelles

Enfants non vaccinés (AIP sévère) Enfants partiellement vaccinés (AIP moins sévère)
Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude (à noter : la vaccination BCG n’est pas
obligatoire en France/La Réunion)

A Maurice, à la Réunion et aux Seychelles, la En ce qui concerne les AIP moins sévères en santé,
couverture vaccinale est plus importante. Ainsi pour c’est à dire les enfants qui n’ont pas reçu la totalité
les moins de 4 ans, le taux de vaccination atteint 99 des vaccins, c’est aux Comores qu’on enregistre le
pour cent à Maurice et 100 pour cent à la Réunion plus fort taux (79 pour cent), suivi de Madagascar
et aux Seychelles. (55 pour cent). A Maurice et aux Seychelles, les taux

84
AIP moins sévères sont respectivement de 3 et 0 Le tableau 3.6 donne certains indicateurs de santé
pour cent. chez les enfants et la mère en relation avec la
vaccination des enfants.

Tableau 3.6: Quelques indicateurs de santé de base chez les enfants et les mères (en %) :

Type de soins de santé Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles


Les enfants
Vaccination avant l’âge de 1 an 71,7 52,9 99 100 100
Vaccination 37,6 90 96 99
Maladies respiratoires 10 39,3 - - 20,8
Paludisme/fièvre 31 20,6 - - 0,01
Diarrhées 18,3 9,8 - - 16,4
VIH/sida 0,002 0,1 0,5 - 0,0
Les mères
Transmission de mère à enfants
0,03 0,34 0,25 - 0,33
du VIH/sida
Mortalité maternelle pour 100 000
380 469 36 0 0
naissances

Sources : Comores : MICS 2000 Madagascar : EDS 2003 - 2004 Maurice : Government Health services ;
Réunion: Observatoire régional de la santé de Réunion 2007 ; Seychelles : Epidemiology and Statistics Section en 2007

Une relation positive existe entre le taux de vaccination sont atteints de certaines maladies évitables graves
et l’état de santé des enfants. Si le taux de vaccination telles la variole, la varicelle, la tuberculose etc., et
est considéré comme fondamental pour étudier les moins fréquente est la mortalité infanto juvénile (cf.
privations de santé chez les enfants c’est parce que résultats du tableau 3.6).
plus le taux de vaccination est élevé, moins les enfants

Tableau 3.7 : Personnel de santé et lits dans les hôpitaux

Comores Madagascar Maurice Réunion Seychelles

Nombre de médecins pour 10 000 habitants


2 2 11 27 12
(généralistes+ spécialistes)
Nombre d’infirmiers pour 10 000 habitants 3 2 26 54 48
Nombre de lits pour 10 000 habitants dans
28 N/A 34 37 47
les hôpitaux

Sources : Comores (MICS 2000); Madagascar : (EDS 2003/2004); Maurice : Health Statistics Report 2007
Réunion : DREES; DRASS, SAE (2007) Seychelles : Epidemiology and Statistics Section (année 2007)

L’effectif du personnel médical et le nombre Madagascar et les Comores qui disposent de moins de
de lits hospitaliers (reflétant le développement médecins et d’infirmiers par habitant connaissent les
d’infrastructures sanitaires) influent beaucoup sur taux les plus bas de vaccination des enfants et les plus
la santé des enfants et des  mères. Les pays qui forts taux de mortalité maternelle (respectivement
disposent de plus de médecins, d’infirmiers et de 469 et 380 pour 100 000 naissances). A la Réunion
lits d’hospitalisation par habitant sont ceux qui ont et aux Seychelles où l’effectif du personnel médical et
des taux de vaccination les plus élevés et les taux de le nombre de lits par habitant sont les plus élevés
mortalité maternelle les plus bas (tableau 3.7). connaissent une couverture vaccinale à 100 pour
cent et une mortalité maternelle assez faible.

85
3.2.3. A
 nalyse de causalité et préventifs et de soins à Madagascar. Les principales
corrélation contraintes sont :
 les problèmes d’accessibilité :
Comores 
- financière, notamment à cause des coûts
Les raisons de la faible performance du système onéreux des soins et des transports qui
sanitaire aux Comores sont liées à plusieurs limitent l’accès aux soins ;
facteurs dont : (i) l’insuffisance du plateau technique
- et physique (60 pour cent de la population
et la vétusté du matériel biomédical et médico-
seulement habite à moins de 5 km des
technique ; (ii) la performance inadéquate du secteur
formations sanitaires) ;
pharmaceutique ; (iii) l’insuffisance de personnel
qualifié ; (iv) la faiblesse du partenariat avec les ONG et - la qualité du service de santé (en milieu
le secteur privé ; (v) la mauvaise gestion (personnels rural au moins 20 pour cent des enfants
mal formés et/ou non recyclés) et la faible motivation ne sont pas vaccinés à cause de l’important
des personnels de santé ; (vi) la construction taux d’absentéisme et de la surcharge de
anarchique des infrastructures sanitaires par les travail dans les formations sanitaires et
communautés et dont le fonctionnement ne répond à l’irrégularité des activités de suivi et de
pas aux normes de qualité requises  ; (vii) la faible supervision) ;
qualité des services et des soins ; et (viii) l’application
partielle du plan de développement sanitaire ainsi  les barrières socioculturelles, entre autres :
que l’insuffisance de la coordination et du pilotage
- le faible niveau d’instruction des parents
des activités.
(le taux de mortalité infantile est plus élevé
À ces causes s’ajoutent la paupérisation croissante pour les catégories de mères n’ayant aucun
des populations, la faible sensibilisation des niveau d’instruction) ;
populations sur les problèmes de santé, les coûts
- la méconnaissance des maladies et des
élevés des prestations sanitaires, l’accueil inadéquat
préventions des maladies et l’importance
dans les structures de santé, l’insuffisance ou
de l’automédication (la maladie est estimée
souvent l’absence même de médecins dans les
comme non grave donc la prévention et les
centres de santé et l’indisponibilité des spécialistes
soins sont jugés inutiles) ;
médico-techniques. En outre, l’absence d’une
réglementation appropriée, et le développement - la persistance des croyances et des
anarchique et souvent sans contrôle du secteur préjugés, comme piquer un enfant
privé nuit à la qualité des soins et à leur accessibilité, par un objet métallique pour certains
et contribue aux coûts élevés et non harmonisés des groupes ethniques du Sud  ; des pratiques
prestations sanitaires. socioculturelles défavorables à la santé
et le recours à la médecine traditionnelle
Ces insuffisances notoires, conjuguées à
pour les soins de santé primaire (80 pour
la dégradation des conditions d’hygiène et
cent de la population)  ; la religion, qui sont
d’assainissement et au faible accès des populations
fortement accentuées par l’organisation
à l’eau potable et à un environnement sain, expliquent
sociale encore très traditionnelle, surtout
en bonne partie la persistance de certaines maladies
en milieu rural ;
telles que le paludisme (première cause de morbidité
et de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans), - la méconnaissance voire même l’ignorance
les parasitoses intestinales, la filariose lymphatique, du droit à la santé surtout par les parents et
les infections respiratoires aiguës et les maladies les enfants eux-mêmes.
diarrhéiques qui empêchent généralement d’accéder
plus facilement aux services et aux prestations en Les causes liées à la privation de soins de santé
matière de santé. sont différentes dans les trois autres pays. Elles
résultent davantage de la négligence des parents
Madagascar  ou des familles qu’au fonctionnement intrinsèque du
système de santé.
De nombreuses contraintes déterminent également
l’accès des enfants et des plus pauvres aux services

86
Maurice  Parmi les personnes rencontrées, certaines pensent
aussi que si des enfants n’on pas accès aux soins de
A Maurice, dans les rares cas où les enfants sont santé, c’est à cause des parents qui sont mal informés
privés d’accès à la santé sont mentionnés, ce sont ou qui n’en voient pas l’importance, dénonçant ainsi
les difficultés financières des parents (parents sans une forme de négligence ou un manque d’éducation
emploi et sans revenu) qui sont incriminés comme et de sensibilisation aux problèmes de santé.
la cause première de la privation plutôt que l’Etat. Quelques personnes soulignent également un cumul
En effet, il est rapporté que certains enfants sont de problèmes de santé non traités dans certaines
privés des soins de santé en raison des situations familles, associé parfois à une automédication « les
de chômage et de négligence des parents. Certaines enfants sont soignés à la maison  ». Par ailleurs,
familles vivent dans des situations d’extrême la lourdeur des démarches administratives peut
pauvreté et leur survie quotidienne passe avant décourager les familles.
tout. Elles arrivent difficilement à trouver les moyens
de transport pour conduire l’enfant à l’hôpital. Seychelles 
L’analphabétisme ou le manque d’éducation des
parents est également mis en cause, les rendant Les services de santé sont gratuits et d’accès
incapables de déterminer le degré de gravité de la facile puisqu’ils sont disponibles aussi bien dans les
maladie de leur enfant. centres de santé primaires des districts et dans les
écoles. Les causes de privation de soins de santé
Réunion des enfants sont surtout liées à la négligence des
parents ou du fait que les parents n’ont pas fait
A la Réunion, le troisième rapport national d’évaluation les démarches nécessaires pour bénéficier de la
de la loi CMU, publié en janvier 2007 fait état des gratuité des soins offerts par les services de santé.
causes des inégalités en matière de santé, identifiées En outre, parfois, les parents se trouvent dans une
à travers différents travaux qui confirment que l’état situation irrégulière, ce qui ne leur permet pas de se
de santé des personnes est fortement tributaire de faire enregistrer et de bénéficier des aides offertes
leur situation sociale. Les situations de pauvreté et par les services sociaux.
de précarité durables ont naturellement tendance à
accroître les facteurs de risque déjà présents dans
les populations qui ont un faible niveau de qualification.
Ces constats font apparaître que les soins curatifs
autour desquels est organisé le système de santé,
n’ont qu’un rôle partiel pour réduire les inégalités de
santé. Différents travaux essayent de trouver des
explications à la persistance d’un état de santé moins
favorable.
Les conditions de vie ont un rôle aggravant : conditions
de logement, de transports, rapport aux situations de
risque, état de l’environnement.
Lors de l’enquête de terrain, la plupart des
personnes interrogées déclarent à l’unanimité que 3.2.4. Perception des enfants
les enfants réunionnais ont accès aux soins de santé
primaires (hôpital, centre de santé, agents de santé, Les propos des enfants confirment que les enfants
médicaments, soins de qualité etc.). Cependant des dont les parents sont riches sont bien soignés par
disparités persistent et certains enfants n’ont pas ces derniers et que les enfants pauvres n’ont pas
accès convenablement aux soins de santé. Pour les accès, dans la plupart des cas, à un service de santé
personnes interrogées, cela s’explique surtout par le de qualité pour plusieurs raisons :
fait que les parents ne les emmènent pas, à cause,
- les coûts des soins notamment des
d’une part, des problèmes liés au coût du transport
médicaments ;
et aux problèmes pour se déplacer, et d’autre part à
cause du manque de place chez certains spécialistes - l’attachement à la médecine
(orthophonistes, ORL). traditionnelle ;

87
- l’automédication – les familles consultent équipements et matériels sanitaires,
un médecin qu’en cas d’aggravation de la accueil).
maladie ;
A cela s’ajoute l’éloignement du service de
- la mauvaise qualité de service surtout santé surtout en zone rurale comme le confirme les
pour le service public (infrastructures, propos de cet enfant privé de santé à Madagascar :

Fille pauvre, 12 ans, Madagascar

« Je m’appelle N… et j’ai 12 ans. Je vends des paniers et c’est ici au bord de la mer très tard comme ce soir que je peux
trouver des clients pour acheter ces paniers et gagner un peu d’argent.
Je ne vais plus à l’école car je suis obligée d’aider ma famille depuis voilà une année. Je voulais continuer mes études du cours
élémentaire que j’ai laissées, mais faute d’argent, mes parents ne m’ont plus laissée partir à l’école.
Quand je suis malade, je reste à la maison ; c’est rare que ma mère m’emmène voir le médecin à l’hôpital car il faut de
l’argent ; les médicaments ne sont pas gratuits.
Il m’arrive de jouer avec les filles du quartier, jouer à la poupée, jeux élastiques, mais il faut toujours que je m’occupe de la
maison. J’aimerais avoir beaucoup plus de temps pour jouer aux dînettes, à la danse mais aussi pour dormir un peu.
Ma maison est assez loin d’ici, et j’y rentre en bus avec des camarades du quartier. Mes parents et mes petits frères et sœurs
sont à la maison et m’attendent avec le peu d’argent que je gagne ici.
Nous n’avons que deux pièces pour dormir et nous partageons le WC avec les voisins.
Ce que j’aimerais avoir un jour ? Une jolie maison où j’aurais la chance d’aller à l’école ! Ah, je vais vous laisser car je ne
dois pas gaspiller mon temps».

A Maurice, les enfants estiment que pour venir à bout la prise de tisanes (19 pour cent). D‘autres citent le
des problèmes d’accès à la santé chez les enfants traitement à l’hôpital (7 pour cent) et confirment que
pauvres, les parents doivent être conscientisés leurs parents sont très attentionnés lorsqu’ils sont
sur leurs responsabilités de parents, notamment, malades (3 pour cent).
en ce qu’il s’agit de prendre soin de leur enfant, de
l’emmener à l’hôpital lorsqu’il est malade et de faire Le quart des enfants, est d’avis qu’ils doivent-être
appel à une ambulance pour le transporter à l’hôpital conduits chez le médecin quant ils sont malades
lorsqu’ils n’ont pas les moyens de payer un transport. et recevoir des médicaments (24 pour cent). Une
part non négligeable (12 pour cent) considère aussi
Au niveau des organisations non-gouvernementales, que l’enfant doit être simplement soigné (sachant
l’accent est mis sur l’hygiène lorsqu’ils travaillent qu’en créole l’expression « soigner » peut aussi bien
avec les enfants pauvres ainsi que leurs parents. signifier « bien s’occuper » de l’enfant). Quelques-uns
Elles essaient aussi de conscientiser les parents par estiment également qu’il faut accorder une attention
rapport à la santé, leur facilitent l’accès aux services particulière si l’enfant est très malade (7 pour cent).
de santé, et les suivent dans le programme de Enfin, certains disent que l’on doit dormir, rester au
vaccination de leurs enfants. Certaines associations lit (2 pour cent) et prendre des tisanes (1 pour cent).
fournissent également un soutien psychologique aux
enfants. Ces opinions d’enfants réunionnais montrent que la
plupart sont assez bien sensibilisés aux questions
A la Réunion, la majorité des enfants interviewés de santé et à l’importance de la prise en charge
estiment que leurs parents les amènent chez le médicale des maladies. Les discussions révèlent
docteur (62 pour cent) et vont à la pharmacie pour aussi l’utilisation des techniques traditionnelles de
acheter des médicaments ou leur donnent des soin par les plantes et les tisanes à la Réunion, ainsi
médicaments (53 pour cent). Certains d’entre eux que, au-delà des soins, l’importance pour l’enfant que
évoquent les soins par les plantes médicinales et par l’on s’occupe de lui quand il est malade.

88
3.3. Protection de l’enfance

En matière de protection de l’enfance, la situation est la société civile et des partenaires au développement
assez différente d’un pays à un autre et d’un groupe dans l’établissement de leur plan d’action en faveur
de pays à un autre dans l’océan Indien. Concernant des enfants les plus vulnérables.
la protection des enfants contre les pires formes de
travail des enfants, les pays ont ratifié les conventions Les programmes les plus importants en matière de
internationales n°138 sur l’âge minimum et n°182 protection de l’enfant sont  ceux contenus dans le
sur les pires formes de travail des enfants du BIT. En Document de stratégie du développement intégral
outre, les différents codes de travail sont conformes du jeune enfant aux Comores (DIJEC) qui est une
aux normes internationales et interdisent le travail approche intégrée de politique et de programmes
des enfants et tout travail forcé quelque soit la force s’adressant aux jeunes enfants depuis leur conception
ou le besoin. en tant qu’acteurs et bénéficiaires de soins pour
leur développement, à leurs parents et à leurs
La vulnérabilité des enfants liée à leur non protection familles comme premiers obligataires des soins, à
constitue encore une des sources de la pauvreté leurs communautés, à l’État dont le gouvernement
touchant les enfants. En effet, la protection sociale est le premier titulaire de responsabilités et à
qui doit aider notamment les couches les plus tous ceux qui dispensent des soins à l’enfant, ainsi
vulnérables de la population dont en premier lieu les que le Mouvement d’action des jeunes (MAJ)  qui
enfants à sortir de la pauvreté n’a souvent pas été vise à promouvoir la participation des jeunes à la
prise comme un grand besoin national dans le cadre gouvernance, au développement et à la gestion des
des actions de développement national dans tous les programmes jeunes.
pays de la région. Concernant plus particulièrement
la protection des enfants, les nombreux efforts Madagascar 
réalisés depuis quelques années sous l’impulsion des
Agences des Nations unies (BIT, UNICEF, PNUD) pour A Madagascar, les principaux programmes qui
mobiliser les principaux départements ministériels intègrent la protection de l’enfant sont :
concernés, ont néanmoins fourni quelques résultats - le Plan national d’action pour combattre la
notables. Toutefois, la situation actuelle reste encore violence à l’égard des enfants (PNAVE) ;
alarmante dans un certain nombre de pays de la
- le Plan national d’action de lutte contre le
région.
travail des enfants (PNALTE) ;
- le Programme national de Réhabilitation
3.3.1. Lois, politiques et programmes
de l’enregistrement des naissances ou
nationaux les plus importants Programme « EKA ».

Comores  Bien que la protection des enfants ne soit devenue


que depuis quelques années une priorité de l’Etat, les
Le gouvernement dispose d’une Stratégie nationale nombreuses interventions menées ont déjà donné
de protection des enfants vulnérables (SNPEV). Le des résultats encourageants.
but est de créer un environnement national favorable
à la protection des enfants les plus vulnérables. Elle Sur le plan institutionnel, la mise sur pied de la
fixe des axes prioritaires qui sont cohérents avec les Commission de réforme du droit des enfants
objectifs des documents susvisés et les lois nationales (CRDE) qui est chargée d’examiner les textes sur
en vigueur, notamment la loi relative à l’éducation, les droits des enfants pour avoir un cadre juridique
au cadre général du système de santé, et le code et institutionnel en harmonie avec les principes de
de santé publique. Elle tient compte des différentes la CDE est en grande partie à l’origine de nombreux
actions en cours pour améliorer la protection de progrès enregistrés, entre autres la réforme :
l’enfance. Les axes stratégiques arrêtés s’attaquent - des droits et de la protection des enfants
aux différentes causes de la vulnérabilité des par l’adoption de la loi n° 2007-023 du 20
enfants, notamment les lacunes des obligataires et août 2007 sur les droits et la protection
comportent des programmes d’activités qui doivent des enfants qui a relayé l’ordonnance n°62-
dorénavant guider les secteurs de l’administration, de 038 du 19 septembre 1962 ;

89
- du mariage et les régimes matrimoniaux ; des enfants (handicapés, orphelins…).
- de l’adoption ;
Afin de venir en aide aux enfants de moins de 18
- de la protection contre la traite, de ans victimes d’abus sexuel, de viol et d’exploitation
l’exploitation sexuelle et du tourisme sexuel ; sexuelle, un centre (Drop-in centres) a été mis en
- de la lutte contre le travail des enfants. place par le Ministère des droits de la femme, du
développement de l’enfant, du bien être de la famille
En ce qui concerne la lutte contre le travail des et la gestion a été confiée au Mauritius Family
enfants, Madagascar a ratifié les conventions Planning Association (Association mauricienne de
internationales et la réforme concernant la situation planning familial). Plusieurs programmes d’aide ont
des enfants en conflit avec la loi est en cours de également vu le jour dans le but de permettre aux
validation. Un mécanisme de recours habilité à enfants de réintégrer leur vie sociale, estudiantine ou
recevoir et à examiner des plaintes sur des cas de professionnelle. Les programmes d’aides proposés
violation des droits humains incluant les droits de sont variés et adaptés aux besoins de chaque enfant
l’enfant a été mis en place par l’institutionnalisation dépendant de son âge, et de son histoire, et ont pour
du Conseil national des droits humains. objectif de l’aider à surmonter le traumatisme qu’il a
Le Comité national de lutte contre le travail des subi et à retrouver confiance et estime de soi.
enfants (CNLTE) constitue en outre, non seulement La part des dépenses du gouvernement mauricien
un cadre de concertation et de coordination des sur la protection des enfants est restée quasiment
actions regroupant les intervenants multi horizons stable au cours de ces quatre dernières années, bien
et de différents secteurs mais aussi un résultat des que certains postes de dépenses aient augmenté
actions menées jusqu’alors. en termes absolus, notamment les dépenses sur la
Le budget consacré à la protection sociale est protection des enfants contre les abus et l’exploitation
relativement faible. En effet, il représente moins de 1,5 sexuelle et les allocations aux orphelins.
pour cent des dépenses totales de l’administration. Les différents programmes mis en place ont assuré
La prise en compte des groupes vulnérables n’a la protection des enfants mauriciens des dangers de
pas suivi l’augmentation constatée au niveau des la société et ont permis à certains enfants victimes
dépenses publiques. d’abus de tout genre de se réinsérer dans la société.
En valeur, selon les chiffres de la Banque mondiale, Un programme de famille d’accueil est aussi mené
entre 2000 et 2006, le montant consacré à la par le ministère pour permettre aux enfants privés
protection sociale est de l’ordre de 6,1 millions de leur famille biologique de recevoir l’attention et
de dollars par an. En 2007, les fonds consacré à l’amour dont ils étaient privés. D’autres programmes
l’amélioration des conditions de vie des groupes comme celui de Community child watch ont permis
vulnérables est de 5,6 millions de dollars, soit 0,4 aux autorités d’agir promptement afin de protéger
pour cent des dépenses publics totales. les enfants à risque ou victimes de violences.
La protection des enfants à Maurice est aussi
Maurice  renforcée par le Community child protection
programme (CCPP) qui agit comme une plateforme
Les autorités mauriciennes ont été très actives en
au niveau des districts et de la communauté pour
matière de protection des enfants durant ces dix
dernières années. Plusieurs des dispositions légales
ont soit été prises soit renforcées dans le but de
mieux protéger les enfants contre les différentes
formes d’abus et d’exploitation. Ces différentes lois
sont en conformité avec la Convention des droits
de l’enfant et la Charte africaine des droits de
l’enfant. Elles touchent plusieurs domaines de la
protection des enfants à savoir l’enregistrement des
naissances, les violences, l’abus et l’exploitation des
enfants, les abus sexuels sur les enfants, le travail
des enfants, les enfants de rue, la mobilité des
enfants (trafic des enfants) et les besoins spéciaux

90
assurer un flux d’information sur la situation des - l’Aide social à l’enfance (ASE)  dont les
enfants et un développement communautaire relatif activités couvrent la prévention de l’enfance
à la protection et au bien-être de l’enfant. en danger, les mesures éducatives, le
placement, l’adoption et l’accompagnement
Toutefois, il existe encore des manquements à la parentalité. Le budget consacré à l’Aide
à plusieurs niveaux, et des améliorations sont sociale à l’enfance à la Réunion s’élève à
nécessaires afin que les programmes et politiques environ 72 millions d’euros en 2007, soit
soient plus efficients et touchent un plus grand environ 10 pour cent de l’ensemble des
nombre d’enfants et plus rapidement. dépenses d’aide sociale.

Réunion Seychelles
A la Réunion il existe plusieurs lois, politiques et Aux Seychelles, il existe également plusieurs lois,
programmes en matière de protection des enfants : politiques et programmes garants de la protection
- le Cadre législatif et réglementaire de la de l’enfant à savoir le Risk assessment framework
protection de l’enfance et son évolution dont l’objectif est de permettre la détection précoce
(avant la réforme de 2007) ; de problèmes concernant les enfants, et l’Evaluation
- la  loi du 13 août 2004 relative aux libertés child protection system qui aide à faire des
et responsabilités locales qui modifient le recommandations en vue d’améliorer le système de
cadre de la mise en œuvre de la Protection protection et d’assurer que les intérêts des enfants
judiciaire de la jeunesse (PJJ) ; restent prioritaires dans toutes les décisions les
- la loi du 6 mars 2000 créant un concernant.
Défenseur des enfants, en tant qu’autorité En 2003, cette structure d’évaluation notait un
indépendante chargée de défendre et de certain nombre de lacunes en matière de protection
promouvoir les droits des enfants. Toutefois notamment de la législation sur la prise ou la
deux projets de loi examinés en septembre possession de photographies indécentes d’enfants,
2009 en Conseil des ministres doivent des rapports de cas d’abus, de la lenteur des
supprimer ce poste de Défenseur des enquêtes en cas de rapports de cas, ou encore
enfants en instituant un «  Défenseur des s’agissant de l’intervention des travailleurs sociaux en
droits » dont les prérogatives engloberaient manque d’effectifs. Toutefois, il convient de souligner
la défense du droit des enfants et la que certaines des lacunes précitées ont pu être
Commission nationale de déontologie et de comblées notamment en termes de prévention des
sécurité. Cette décision a provoqué de vives abus à l’égard des enfants et de suivi des personnes
réactions des associations et syndicats reconnues coupables d’abus sexuels sur enfant.
et de l’actuelle Défenseure des enfants
(France) elle-même ;
- le dispositif de la Direction départementale 3.3.2. R
 ésultats pour les enfants,
de la protection judiciaire de la jeunesse à disparités et égalité des genres
la Réunion  qui offre une double protection
administrative et judiciaire aux enfants et Les enfants sont victimes d’un certain nombre de
qui permet d’assurer la réinsertion dans privations de leurs droits fondamentaux les rendant
la vie sociale des jeunes en danger et des plus vulnérables dans leurs vies futures d’adulte. Ils
jeunes délinquants qui ont fait l’objet d’une sont, avec leurs familles, souvent dans l’impossibilité
décision de justice ; d’accéder aux soins de santé, à l’éducation et à
- la Protection maternelle et infantile (PMI) d’autres services sociaux. La protection de l’enfant
pour la protection de la mère et des enfants est nécessaire pour permettre à l’enfant de s’offrir un
du premier et du second âge. 26 centres avenir meilleur. Souvent les enfants sont dépourvus
sont répartis sur toute l’île et sont composés des documents attestant l’enregistrement de leur
d’équipes pluridisciplinaires (médecins, naissance. Les États ne peuvent pas planifier des
sages-femmes, puéricultrices, infirmières, programmes d’allègement de la pauvreté et de
éducatrices de jeunes enfants, auxiliaires prestation de services sociaux s’ils ne disposent
de puériculture, secrétaires etc.) ; pas d’estimations précises du nombre annuel de
naissances.

91
Les enfants victimes de violences et de mauvais La vulnérabilité des enfants liée à leur non protection
traitements ont moins de chances de pouvoir constitue une source à travers laquelle jaillit la
échapper à la pauvreté dans leur avenir. Ainsi le pauvreté des enfants.
travail des enfants, cause et conséquence à la fois de
la pauvreté, nuit à la santé des jeunes, compromet Le non enregistrement des naissances
leur éducation et favorise l’exploitation et la
maltraitance. La pauvreté est une cause profonde La non jouissance des droits à l’identité et à la
de la traite d’enfants. Certaines situations comme nationalité à cause du non enregistrement de leur
l’orphelinat conduisent à l’exclusion et contribuent à naissance à l’état-civil constitue une privation qui
l’abandon des enfants, et à leur séparation de leur frappe un nombre très important d’enfants. Même si
famille. Les conflits armés détruisent les ressources le phénomène est rarissime dans les pays à revenus
matérielles, économiques et humaines d’un pays et intermédiaires, il est encore fréquent à Madagascar
entraînent des déplacements de population. et aux Comores.

Tableau 3.8: Proportion de naissances des enfants âgés de moins de 5 ans non enregistrées à l’état civil selon
le genre (en pour cent).

Pays Enfants qui n’ont pas d’actes de naissances


Masculin Féminin Ensemble
Comores 16,4 16,5 16,4
Madagascar 24,2 22,4 23,3
Maurice 0,1 0,07 0,1
Réunion 0 0 0
Seychelles 0 0 0
Ensemble 22,7 21,1 21,9
Sources : Comores : MICS 2000 ; Madagascar : EPM 2005 ; Maurice : Child Development Unit, 2008, Ministère des Droits de la
Femme, du Développement de l’enfant et du Bien-être de la Famille Réunion : INSEE Etat civil Seychelles Epidemiology and
Statistics Section (année 2007)
Dans l’ensemble de la région océan Indien, on Les enfants orphelins ou vivant sans leurs
enregistre 735  717 enfants qui ne disposent pas parents
d’actes de naissance en 2005, dont 53 pour cent de
garçons contre 47 pour cent de filles. Les enfants orphelins sont très vulnérables à la
pauvreté. Ayant perdu un ou les deux de leurs parents
Aux Comores, les enfants de moins de 5 ans, qui ne biologiques pendant l’enfance, ces enfants n’ont pas
disposent pas d’actes de naissance représentent la même protection que les autres et sont souvent
16,4 pour cent chez les garçons et 16,5 pour cent privés de leurs droits  ; l’orphelinat des enfants
chez les filles (tableau 3.8) ; existe dans tous les pays de la région, néanmoins
les statistiques font défaut  pour certains pays.
A Madagascar, la situation s’est beaucoup Madagascar et les Seychelles totalisent 647 803
améliorée, car en 2000, selon l’enquête MICS, 2,5 enfants orphelins dont 58 pour cent des garçons.
millions d’enfants étaient sans acte de naissance. En
2005, ils étaient réduits à 720 000 enfants qui ne A Madagascar, l’orphelinat touche plus les garçons
disposent toujours pas d’actes de naissance (soit une (8 pour cent) que les filles (6 pour cent) ; c’est surtout
progression dans la couverture des non enregistrés les enfants âgés de 10 à 12 ans qui sont les plus
de 2/3 par rapport à 2000). Les garçons sont plus touchés. On retrouve les orphelins surtout dans les
nombreux avec 24 pour cent n’ayant pas d’actes de familles de moins de 3 personnes mais aussi dans
naissances contre 22 pour cent des filles. les familles dont le chef de ménage est une femme ;
ce qui présuppose que les enfants malgaches sont le
A Maurice, ces taux sont de 0,1 et 0,07 pour cent plus souvent orphelins de père.
respectivement chez les garçons et chez les filles.
Cependant, tous les enfants nés à la Réunion et aux A la Réunion, 24 pour cent des enfants vivent dans
Seychelles disposent d’un acte de naissance. des familles monoparentales et 3 pour cent sont
séparés de leurs parents biologiques.

92
Aux Seychelles, l’orphelinat touche de la même façon du premier quintile (20 pour cent les plus pauvres)
les 2 sexes (3 pour cent) et il est quasi uniformément se marient avant l’âge de 18 ans, dont 16 pour cent
réparti suivant les âges et le quintile de bien-être. Un avant l’âge de 15 ans. Les femmes de la couche
orphelin sur 3 se retrouve dans des familles dont le sociale la plus riche (le dernier quintile) se marient
chef de ménage n’a aucun niveau d’instruction (33 relativement tard avec seulement 16 pour cent de
pour cent des orphelins). mariages avant l’âge de 18 ans.

Le travail des enfants Aujourd’hui aux Seychelles, seulement 5 pour cent


des femmes se sont mariées avant l’âge de 18 ans
Le travail des enfants nuit à la santé, à l’éducation alors qu’elles étaient 7 pour cent, il y a 25 ans.
et au développement psychosocial des enfants. Bien
que non légalisé dans l’ensemble des pays, le travail 3.3.3. A
 nalyse de causalité et
des enfants touche une bonne proportion des moins
corrélation
de 18 ans.
Aux Comores 15 pour cent des enfants de moins de Comores 
18 ans travaillent (soit 47 000 enfants). Les garçons
L’analyse causale de la situation des différents
sont plus nombreux avec 16 pour cent qui travaillent
groupes d’enfants vulnérables fait ressortir le non-
contre 14 pour cent chez les filles.
respect de plusieurs dispositions législatives telles
A Madagascar, le travail des enfants est très courant. que le code du travail (article 120), le code de la
Selon l’Enquête nationale sur le travail des enfants santé publique (articles 142, 147, 157, 160), le
(ENTE) effectuée en 2007, près de 3 enfants sur 10 code pénal (article 328), le code de l’information
âgés de 5 à 17 ans, soit environ 1 873 000 enfants, (article 6), la loi portant sur l’éducation (article 73), la
sont économiquement actifs et ce fléau frappe un peu loi portant sur le cadre général du système de santé
plus les garçons (29,7 pour cent) que les filles (26,4 (article 6) et la loi relative à l’apprentissage.
pour cent), d’un côté, et beaucoup plus les enfants
Elle démontre également le non-respect des
des zones rurales (31 pour cent) que ceux du milieu
dispositions pertinentes de la CDE comme le droit
urbain (19 pour cent). La majorité de ces enfants (82
d’être protégé contre le travail des enfants (article
pour cent soit environ 1 534 000 enfants, effectuent
32), la protection des enfants contre la délinquance
des travaux dommageables qui sont à abolir selon
(articles 33, 36 et 40), le droit à la protection contre
les textes en vigueur à Madagascar.
toute forme de violence (article 19), la prise en
Dans les trois autres pays (Maurice, Réunion et compte de l’opinion de l’enfant (articles 12, 13 et
Seychelles), le phénomène de travail des enfants est 15) etc. L’une des causes de ces non respects des
peu fréquent. textes est la méconnaissance de l’existence même
de ces textes par certains et l’inexistence ou la non
Le mariage précoce exécution des peines à l’encontre de ceux qui ne
respecteraient pas la loi. Autrement dit les droits des
Les mariages précoces existent dans tous les enfants ne sont pas connus par tous, ni reconnus
pays, mais comme pour le travail des enfants, les par tout le monde et les contrevenants demeurent
statistiques officielles sont rares. Les données impunis.
obtenues dans les pays révèlent des cas d’enfants
se mariant avant l’âge légal, compromettant ainsi la Madagascar 
continuité de leur scolarité et par voie de conséquence
les rendant plus exposés et plus vulnérables à la Un certain nombre de contraintes constitue un
pauvreté. dénominateur commun favorisant la situation
de privation dont sont victimes les enfants en
A Madagascar, suivant les résultats de l’Enquête matière de protection. La faiblesse des capacités
démographie et santé (EDS) effectuée en institutionnelles des services de l’Etat  – services
2003/2004,  33 pour cent des femmes mariées d’Etat civil, de protection des enfants etc. – et
l’ont été avant l’âge de 18 ans, dont 9 pour cent se l’absence de données fiables sur les enfants ayant
sont mariées avant l’âge de 15 ans. Et c’est dans la un acte d’état civil constituent un handicap certain à
couche la plus pauvre que l’on rencontre le plus de la protection des enfants.
mariages précoces. Ainsi, 51 pour cent des femmes

93
Les facteurs en cause le plus souvent semblent être
(i) la pauvreté des parents, l’absence des parents  :
selon l’EDS 2003-2004, 0,4 pour cent des enfants
âgés de 0 à 14 ans sont orphelins des deux parents,
et 6 pour cent d’entre eux sont orphelins d’un seul
parent ; 33 pour cent des enfants de moins de 15
ans ne vivent pas avec les deux parents et 13 pour
cent des enfants de moins de 18 ans ne vivent ni
avec leur mère ni avec leur père), (ii) l’ignorance et
le désintéressement des parents, (iii) le poids des us
et coutumes.
A cela s’ajoute la mauvaise qualité des services
et en particulier la lourdeur des procédures
d’enregistrement des naissances, l’incompétence
des personnes responsables, l’insuffisance et le
mauvais état des infrastructures, des équipements,
des matériels et des fournitures de même que
l’absence et une mauvaise tenue des registres et
des documents administratifs.
Les enfants en marge du système de protection sont
ceux dont la famille se trouve dans une situation de
pauvreté monétaire et/ou dans une incapacité de
remplir leurs obligations en matière de protection de
leurs enfants. Cela fait suite à des barrières relatives
à la composition de ses membres (trop nombreuse,
sans parents biologiques) et d’ordre socioculturelle,
notamment liées aux traditions ou au faible niveau
d’instruction des parents. D’autres familles
résident dans des quartiers ou communes très peu En effet, selon le bureau de l’Ombudsperson for
performantes en matière de prestations de services Children, il n’y a un suivi thérapeutique satisfaisant que
de protection de l’enfant soit par insuffisance de dans peu de cas, et ce par manque de psychologues :
ressources soit du fait de leur enclavement. le Child Development Unit26 n’en compte que 5 au
niveau national.
Maurice
Une autre contrainte est le fait que l’enfant qui est
Les violences, abus et exploitation sexuelle dont victime d’abus perpétré par un proche ou par son
sont victimes les enfants mauriciens sont liés en père se retrouve dans la plupart des cas, à cohabiter
partie aux conditions précaires dans lesquelles ils avec ce dernier, qui est rarement exclu de chez lui,
se trouvent en raison de l’instabilité des familles  : surtout lorsqu’il est en liberté provisoire avant son
familles divorcées, recomposées, concubinage et procès. Cette situation résulte du fait qu’il existe un
l’érosion des valeurs familiales. manque de résidence appropriée pour accueillir tous
les enfants victimes d’abus.
Bien que plusieurs programmes et actions aient
été mis en place par le Ministère des droits de la D’autre part, en raison du nombre de cas que le
femme, du développement de l’enfant et du bien-être Ministère doit traiter et du manque d’effectif, le
de la famille, par le bureau de l’Ombudsperson for temps de réaction pour soustraire un enfant de
Children25 et les ONG, les services et les structures l’environnement violent et hostile où il a subi des
ne peuvent pas répondre efficacement à tous les abus est, très souvent, relativement long, avec des
cas rapportés étant confrontés à un manque de conséquences négatives sur l’enfant.
personnel qualifié. De plus pendant les derniers
mois, le types de cas rapportés sont de plus en plus De même, les ONG qui travaillent pour le bien-être
complexes et nécessitent une plus grande expertise et la protection des enfants se retrouvent souvent à
et un suivi plus adéquat. cours de financement, et doivent se concentrer sur

25
L ’Ombudsperson for Children’s Office (bureau de la Défenseure des enfants) fut lancé en 2003 dans le but de promouvoir et de faire respecter les
droits des enfants, de les protéger contre la violation de leurs droits tels que stipulés par la Convention des droits de l’enfant.
26
Le Child Development Unit (CDU), structure du Ministère des droits de la femme, de développement de l’enfant et du bien-être de la famille, a été
mis sur pied en 1995 dans le but d’intervenir dans les cas d’abus et de négligence sur les enfants.
94
leur champ de spécialisation ou réduire l’étendue Seychelles 
de leurs activités. Beaucoup de projets ou de
programmes qui sont lancés n’arrivent pas à terme Aux Seychelles, aucune donnée récente n’identifie
ou ne sont pas efficients suite à un manque de les causes de la pauvreté par rapport à un manque
ressources et de personnel qualifié. Les systèmes de protection pour les enfants. Par contre, il existe
d’évaluation qui permettraient d’identifier les points deux rapports l’un datant de 1999 et l’autre de
positifs et les faiblesses des programmes sont dans 2003 qui discutent et évaluent la performance
la plupart des cas inexistants. des organisations qui s’occupent de la protection
des enfants. Il ne semble pas que les problèmes
Réunion  liés à la protection soient causés par un manque
de législations ou un manque d’institutions mais
Même si les enfants et adolescents réunionnais plutôt à une disjonction qui apparaît entre les
vivent dans des conditions de vie plutôt bonnes, intentions qui existent et l’application pratique de
une santé protégée, une éducation assurée et des ces intentions. La faible performance des institutions
droits fondamentaux globalement respectés, la et des programmes s’explique par un manque de
situation de précarité des enfants pauvres et les ressources humaines qualifiées, une insuffisance
signes inquiétants de souffrance psychique chez du travail de prévention, etc.  ; mais aussi par une
les adolescents de 11 à 18 ans laissent apparaître lacune liée à un manque de suivi et d’évaluation des
des ombres au tableau dont les causes relèvent de programmes et projets. Pour les évaluations, les
la situation économique, de l’évolution de la société données restent souvent «  confidentielles  » et peu
(recompositions familiales, impact des nouvelles d’efforts sont faits pour partager les informations et
technologies) ou des grandes migrations mondiales. pour trouver des solutions concertées.
Cependant, il faut aussi tenir compte d’un certain
nombre de causes pérennes en lien avec le cadre 3.3.4. Perception des enfants
familial de l’enfant, notamment les carences
éducatives des parents. Cette situation renvoie à la Les enfants comoriens estiment que l’Etat doit former
difficulté à assumer la fonction parentale, dans ses des professionnels pour assurer la sensibilisation sur
dimensions éducative et socialisante. Elle est liée à les droits de l’enfant ; ils estiment que des animateurs
une forme de précarité relationnelle (isolement social) doivent sillonner le pays pour enseigner et expliquer
et d’immaturité (manque de repères) qui touche de les droits de l’enfant aux enfants. Selon eux pour faire
plus en plus de familles. Pour autant, il ne faut pas appliquer les droits de l’enfant, il faut nécessairement
considérer systématiquement que le cadre familial mettre en œuvre certaines mesures :
des enfants les plus exposés est intrinsèquement lié - l’Etat doit être catégorique en ce qui
aux milieux sociaux les plus défavorisés, ce n’est par concerne le respect des droits de
forcément parce qu’une famille est pauvre que les l’enfant ;
enfants en son sein seront forcément plus exposés - des mesures répressives doivent être
aux dangers. Les plus grands facteurs de risque pour prises contre ceux qui violent le droit des
un enfant sont avant tout liés au déficit relationnel enfants ;
des parents, à leur isolement social et surtout aux
- la justice doit punir les fautifs, c’est-à-
carences éducatives et à l’inactivité des parents.
dire les parents ou les personnes qui ne
Le déficit relationnel, entre parents et enfants respectent pas ou qui n’appliquent pas
d’une part, entre les familles et leur environnement les droits de l’enfant ;
d’autre part, semble expliquer la grande majorité des - une organisation qui veille à l’application
signalements. En effet, le facteur le plus fréquemment des droits de l’enfant doit être créée.
cité est celui des « carences éducatives des parents
», qui renvoie souvent à une immaturité des parents, La principale perception des enfants malgaches sur
à une absence de repères, à un repli sur soi. Ce la problématique de la protection des enfants est la
facteur concerne 50 pour cent des enfants signalés. non existence des droits pour l’enfant pauvre et le
Par ailleurs les conflits de couple, les séparations et manque de considération des droits à la protection
les divorces, concernent 30 pour cent des enfants pour l’enfant en général, et cela va même jusqu’à la
signalés. non existence juridique de l’enfant. Selon les enfants
malgaches : «  l’enfant pauvre n’a pas de droits » et,

95
«  personne ne se pose en protecteur de l’enfant nourriture, de soins, d’éducation ou de santé. Un
pauvre »; « nous (les enfants) n’avons pas le droit de des enfants interrogé se rappelle néanmoins le cas
dire non. Nous devons faire comme tout le monde. d’un enfant battu et le problème à été réglé par un
Par exemple,  je n’aime pas le ballet mais je suis placement de l’enfant.
obligée de le faire car ma mère le veut » ; « il y a des
enfants qui ne sont rien, qui n’ont même pas d’acte Concernant la connaissance et l’application des
de naissance ». droits de l’enfant, bien qu’il ne s’agisse pas des lois
les plus connues par les enfants interrogés, les lois
Pour expliquer cette situation, les enfants ont surtout sur la protection ont également été évoquées lors
souligné la situation de pauvreté des parents  et la des groupes de discussion. Environ 10 pour cent
situation familiale où vit l’enfant  : «  les filles de 13 des enfants ont évoqué le droit à la sécurité et à la
à 14 ans se marient à cause de la pauvreté des protection, le respect du corps et le fait que l’on n’a
parents  » ; «  les enfants travaillent pour subvenir pas le droit de frapper un enfant ou de lui infliger des
aux besoins de la famille » ; «  des parents divorcés, mauvais traitements. Ils savent qu’on peut porter
des pères soulards, la mère a beaucoup de copains plainte en cas de maltraitance. A la question de
donc des enfants sont troublés et font des bêtises savoir qui a mis en place ces droits, les enfants sont
sans personne pour les corriger ». Selon les enfants plus approximatifs et cite souvent l’Etat.
interviewés, il y a là un sentiment d’abandon des
enfants de la part des parents. Les adultes interrogés, lors des entretiens individuels,
ont cité surtout d’abord les lois sur la protection de
Face à cette situation les enfants proposent que les l’enfance (contre la maltraitance) et l’obligation de
problèmes financiers des parents soient résolus, signalement. Ensuite vient, la Convention des droits
la nécessité de supports d’information, d’éducation de l’enfant, assez bien connue des adultes. D’autres
et de communication (IEC) pour le changement de lois relatives à la protection ont aussi été citées par
comportement non seulement des obligataires certains interviewés. Il s’agit des lois sur la protection
mais des enfants eux-mêmes et la mise ne place de des mineurs vis-à-vis des médias et d’Internet, la
mesures effectives d’accompagnement des parents loi instituant la Défenseure des enfants, la Haute
et des enfants. autorité de lutte contre les discriminations (HALDE).
La grande majorité des interviewés (78 pour cent).
Les enfants mauriciens, quant à eux, estiment que connaissent aussi l’existence des lois au niveau
le gouvernement devrait « intensifier les campagnes international qui protègent les enfants contre les
de sensibilisation touchant les enfants aussi bien que différents types de privation.
la population dans son ensemble ». Il s’agit pour eux
de «  faire connaître les droits des enfants par de
3.3.5. F
 ondement et partenaires pour
campagnes télévisées, des débats, sur Internet ». « Il
faut que les affiches soient dans plusieurs langues, une stratégie
notamment en anglais, en français et en créole Dans le domaine de la protection des enfants, la
pour toucher un public plus large  ». Ils soutiennent première action à mener dans l’ensemble des pays
que « le Ministère devrait également organiser des est la vulgarisation des textes protégeant l’enfant
causeries à l’intention des professeurs, parents et pour une meilleure connaissance, en vue d’une prise
enfants pour vulgariser les droits des enfants ». de conscience des droits dont jouissent enfants.
Selon eux « Les campagnes 16 jours / 16 droits27 Tous les ménages, et différents acteurs intervenant
de l’Ombudsperson for Children doivent être directement ou indirectement doivent connaître et
maintenues pour apporter un changement au niveau appliquer les droits de l’enfant conformément à la
de la conscientisation des enfants et des adultes CDE.
». Enfin, ils estiment que « le gouvernement devrait L’UNICEF, CARE International, le Programme service
également créer un comptoir disponible 24/7 international (PSI) et plusieurs autres organisations
pour et s’occuper des enfants dans le besoin, ou les et associations font déjà des efforts en ce sens
personnes peuvent se rendre pour parler de leurs et ont mis en place des stratégies en faveur des
problèmes ». enfants. Mais la situation des enfants reste toujours
A la Réunion près de 70 pour cent des enfants préoccupante dans certains pays de la région et
interrogés lors de groupes de discussion déclarent d’importants défis s’imposent comme la réussite des
ne pas se souvenir du cas d’un enfant privé de principaux programmes de protection sociale et de

27
Campagne de sensibilisation de l’Ombudsperson for Children basée sur la promotion des droits de l’enfant.

96
protection de l’enfant pour atteindre les objectifs du intégrés. Le National Council for Children  organise
millénaire pour le développement. des sessions de formations pour les parents, et
l’Association for the Promotion of Solid Humane
Plusieurs expériences de partenariat entre l’Etat et Families (APSHF), soutenue par l’Eglise catholique
les ONG sont en cours dans les différents pays de œuvre dans la promotion des valeurs familiales. Elle
la région. L’expérience seychelloise semble assez organise des programmes de counselling pour les
pertinente à ce niveau. Aux Seychelles plusieurs couples et des programmes de ‘parenting skills’28
ONG travaillent sur le terrain dans le domaine de la qu’elle offre dans les districts avec l’aide du Ministère
protection des enfants à travers des programmes de la santé et du développement social.

3.4. Éducation
L’éducation est un droit29 qui contribue à améliorer l’éducation et de la formation (PDEF) 2005 – 2009 et
la sécurité, la santé et la prospérité de tout individu, le Programme PASEC initié par l’Union européenne
tout en favorisant le progrès social, économique et le Gouvernement comorien, s’appuyant sur
et culturel. L’impact du niveau d’éducation se l’Approche par les compétences (APC) et qui a
retrouve dans tous les secteurs, en liaison avec le permis la création des programmes scolaires et de
développement. manuels des maîtres adaptés au contexte éducatif
comorien.
La quantité et la qualité de l’offre de service éducatif
et l’accroissement des effectifs scolarisables se Le niveau de financement de l’éducation aux Comores
situent au cœur des problèmes que rencontrent le se présente ainsi :
système éducatif. Cela justifie la prise en compte de - La part des dépenses en éducation dans
ce secteur dans les programmes sociaux. les dépenses totales de l’Etat est passée
de 20 pour cent en 2004 à 39 pour cent
3.4.1. Lois, politiques et programmes en 2007 (y compris les financements des
nationaux les plus importants bailleurs de fonds). Une part importante
du budget de l’Etat est donc consacrée
Comores à l’éducation, ce qui en fait un secteur
L’orientation politique et stratégique en matière prioritaire.
d’éducation est contenue dans différents documents - Les dépenses publiques totales d’éducation
législatifs, politiques et techniques. Il y a la loi représentent 3,1 pour cent du PIB en
d’orientation sur l’éducation de 1994,  qui régit 2004. Cela reste insuffisant si on se
actuellement le système éducatif comorien  ; et la réfère à l’objectif de 6 pour cent du PIB
Déclaration de Jontiem, relative à l’éducation pour recommandé au niveau international. Mais,
tous (EPT). Le Document de stratégie de croissance aux côtés des difficultés de mobilisation des
de réduction de la pauvreté (DSCRP) accorde une fonds se révèlent celles de l’exécution du
place importante à l’éducation dans la stratégie budget à son niveau actuel. Ceci provoque
globale de développement. Le Plan national de régulièrement des retards dans le paiement
l’éducation pour tous à l’horizon 2015  dont les des salaires du personnel de la fonction
orientations stratégiques à long terme pour le publique, en général, et du personnel de
secteur de l’éducation sont définies dans le Plan l’éducation, en particulier.
national de l’éducation pour tous (PNE) prévoit, quant
à lui, un cadre de mise en œuvre et d’évaluation qui
se présente selon un plan directeur de l’éducation et
de la formation tous les cinq ans, des plans d’actions
annuels pour l’exécution du plan directeur en cours,
d’une stratégie de plaidoyer et de mobilisation des
ressources, d’une session nationale annuelle de revue
et de programmation et d’une revue à mi-parcours
et une revue finale pour chaque plan directeur.
En sus de ces programmes, d’autres dispositifs
existent également. Parmi eux, le Plan directeur de

28
Programmes de conseils aux parents et de renforcement des capacités parentales.
29
Prévu par l’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH) du 10 décembre 1948.

97
La répartition financière entre les sous-secteurs de est passé de 65 à 83 pour cent. Pour le secondaire
l’éducation est comme suit : le sous-secteur prioritaire 1er cycle, il est passé de 12 pour cent à 19 pour
est celui du primaire, ce qui est en adéquation avec cent et pour le secondaire 2ème cycle il est passé de
l’orientation de la politique de développement de 4,1 pour cent à 4,4 pour cent au cours de la même
l’éducation comme exprimée dans le PNA/PNE et période30.
dans le PDEF. Par contre, le deuxième sous-secteur
prioritaire du point de vue des orientations, à savoir La priorité accordée à l’enseignement primaire par
la formation professionnelle, ne bénéficie que d’une l’adoption du plan EPT en 2003 a fortement contribué
très faible part du budget de l’Etat. Il est à noter que à cette amélioration du taux de scolarisation. Le plan
79,3 pour cent du budget de l’éducation est utilisé EPT a donc été un succès notamment à travers les
dans le paiement des salaires du personnel. divers projets mis en œuvre. Ces projets sont entre
autres  : le partenariat public – privé, l’appui aux
Madagascar familles, l’appui nutritionnel, l’amélioration de l’accès
des filles à l’éducation et l’alphabétisation.
A Madagascar, le plan Education pour tous (EPT)
établi en 2003, a pour priorité l’universalisation Toutefois, malgré la mise en œuvre de tous ces
et l’amélioration qualitative de l’enseignement programmes, plusieurs enfants malgaches restent
fondamental du premier cycle. Les premiers défis vulnérables et privés d’éducation. Les raisons
sont l’augmentation du taux d’accès à l’enseignement essentielles sont pour la plupart liées aux difficultés
fondamental, l’achèvement universel du premier économiques à l’insuffisance de l’offre et à un ratio
cycle fondamental et la maîtrise des flux au niveau enseignants/élèves vraiment défavorable. En effet,
de l’enseignement secondaire. Pris en compte dans alors que les statistiques officielles du Ministère de
les grandes décisions du gouvernement en 2005, le l’éducation nationale mettent en évidence l’accent
plan EPT a entraîné une restructuration du système mis sur l’enseignement primaire – entre 1995
éducatif malgache. et 2005, une hausse du ratio élèves/maître est
remarquable pour le niveau primaire – à partir de
Selon les statistiques officielles, entre 2001 et 2005, 2005, une stagnation de ce ratio élèves/maître
une amélioration du taux net de scolarisation (TNS) et par conséquent de l’offre éducative en termes
est constatée. Pour l’enseignement primaire le taux d’enseignants est constatée. On estime qu’en 2008,

30
INSTAT : Rapport principal EPM, 2005 ; PNUD : Tableau de bord social 2002.

98
un enseignant s’occupe de l’enseignement de base affecté à l’éducation et le reste est consacré aux
d’environ 47 élèves. dépenses d’investissement.
D’autres raisons sont également liées aux difficultés Entre 2006 et 2008, en termes d’engagement, le
économiques des ménages  : suite à l’incapacité budget de l’éducation en pourcentage du PIB connaît
financière de la famille à subvenir à ses besoins une hausse. En effet, ce taux est passé de 3 à 4 pour
fondamentaux, associée à l’insuffisance des cent en 2008. Par rapport au budget total, le poids
infrastructures scolaires, les enfants, soit, restent à de l’enseignement est passé de 15 pour cent en
la maison et effectuent les taches ménagères, soit, 2006 à 18 pour cent en 2008.
rejoignent directement le monde du travail. Dans ce
cas, ils concluent des contrats illégaux pour aider la Maurice
famille.
Plusieurs lois, politiques et programmes ont été mis
La réforme de l’enseignement se concentre en œuvre par le gouvernement afin d’assurer un bon
également sur la qualité de l’offre en matière développement de l’enfant dès le pré-primaire. C’est
éducative. Un projet pilote a été développé et mise à cet effet que le Early Childhood Care and Education
en œuvre, mais en raison de la crise politique, il reste Authority Act 2007 a été promulgué. Le but visé est de
gelé en attendant les résultats des évaluations. réglementer l’éducation pré-primaire, de renforcer la
qualité de l’éducation dispensée aux enfants dès leur
L’insuffisance des infrastructures d’accueil figure
plus jeune âge, notamment entre 3 et 5 ans, et de
également parmi les problèmes cités  ; ceci malgré
leur assurer un environnement scolaire sain. Ensuite,
les efforts effectués par le gouvernement et
ont été successivement adoptés, le National Early
différents partenaires en matière de réhabilitation
Childhood Development Policy Paper, de 1998 pour
et de reconstruction d’établissements. Le contexte
répondre aux besoins des familles pour la garde de
climatique de la région complique la situation. A
leurs enfants âgés de 0 à 3 ans, et la provision d’une
Madagascar, des établissements scolaires sont,
aide sociale de Rs 1 000 par mois (environ 30 USD)
presque chaque année, victimes de tempêtes et de
aux mères-célibataires pour leur permettre, entre
cyclones, ce qui augmente la proportion d’enfants
autres, de placer leurs enfants en bas-âge dans des
privés d’éducation.
crèches pendant qu’elles travaillent.
L’analyse des dépenses publiques en matière
S’agissant de l’éducation primaire, on peut noter des
d’éducation à Madagascar révèle qu’entre 2000-
amendements apportés aux lois existantes Education
2004, le secteur de l’Education a pu bénéficier de
Act de 1957, la provision de livres scolaires gratuits
l’augmentation du budget de l’Etat.
à tous les élèves du cycle primaire pour promouvoir
A partir de 2005, le niveau des dépenses tourne un certain niveau d’équité dans l’éducation primaire,
autour de 210 millions de dollars. Le poids de et la provision de transport gratuit à tous les élèves
l’éducation dans les dépenses publiques totales est du cycle primaire voyageant par le transport en
restée le même et se situe au dessus de 15 pour commun, et ce depuis 2005.
cent. La part de l’éducation primaire dans le budget
Le manque de nourriture constitue un des principaux
total du ministère en charge de l’éducation a connu
facteurs qui affectent la régularité des enfants à l’école.
une hausse globale entre 2001 et 2005. Elle est
Plusieurs programmes ont été mise en œuvre dont
passée de 28 pour cent en 2001 à 55 pour cent
le Primary School Supplementary Feeding Project
en 2006. L’année 2002 enregistre la part la plus
pour répondre à ce problème. En outre, il convient de
faible avec un montant de 175 millions de dollars,
rappeler que le gouvernement mauricien a introduit,
qui représente 27 pour cent de la dépense totale en
en collaboration avec le PNUD, l’UNESCO et la FAO,
éducation ; cette baisse est due essentiellement à la
le système de Zones d’éducation prioritaires (ZEP)
crise politico-économique durant cette année.
dans l’optique de réduire les disparités au niveau
A partir de 2005, avec la prise en compte du plan EPT de la performance scolaire des enfants. En effet,
dans les décisions de politiques du gouvernement, alors que le taux moyen de réussite aux examens du
le poids de l’enseignement fondamental représente Certificat d’études primaires tournait autour des 65
plus de la moitié du budget accordé à l’éducation. pour cent, certaines écoles primaires enregistraient
Toutefois, notons que les dépenses courantes des performances de moins de 40 pour cent sur une
représentent environ 75 pour cent du budget total période consécutive de 5 ans.

99
Dans le domaine de l’éducation secondaire, plusieurs Réunion 
lois, politiques et programmes existent également.
Des livres de classes sont offerts gratuitement L’évolution du système éducatif réunionnais est en
aux enfants défavorisés fréquentant les écoles grande partie due à la départementalisation, dont
secondaires, ainsi que des subsides sur les frais des l’objectif en matière d’éducation est l’organisation
examens du School Certificate et du Higher School progressive d’un système calqué sur le modèle
Certificate aux enfants issus de familles défavorisées. métropolitain. D’un point de vu historique, ce
D’autre part, le réseau d’éducation informelle pour changement a surtout été bénéfique au regard
les adolescents ANFEN prône une approche de des progrès qui ont été faits au niveau du taux de
pédagogie inclusive en mettant l’accent sur des scolarisation de la population réunionnaise dans le
activités extracurriculaires, incluant des journées primaire comme dans le secondaire. Cela a permis
sportives, des excursions, expositions et concerts. de lutter efficacement contre l’analphabétisme au
sens de l’ignorance totale de la lecture et de l’écriture.
Les enfants ayant des besoins spéciaux ne sont pas
de reste. Tous les enfants ayant des handicaps légers Les principales lois, politiques et programmes sur
sont intégrés dans le cursus scolaire normal alors l’éducation sont:
que les enfants ayant des handicaps plus sévères sont - les lois Ferry qui fondent l’école gratuite,
pris en charge par les ONG spécialisées dans l’offre
obligatoire et laïque ;
de services adaptés à ces enfants. Une allocation
financière leur est néanmoins offerte par le Ministère - la loi d’orientation n° 89-486 du 10 juillet
de la sécurité sociale et un aide éducationnelle est 1989 qui fait de l’éducation la première
fourni par le Ministère de l’éducation. priorité nationale, en réorganisant les
rythmes scolaires ainsi que les cycles
A Maurice, il existe, 39 institutions pour les enfants d’apprentissage ;
ayant des besoins éducatifs spéciaux, dont certaines
sont gouvernementales et les autres gérées par des - les lois de décentralisation qui ont transféré
ONG, à l’instar de l’Association de parents d’enfants aux communes, aux départements et aux
inadaptés de l’île Maurice (APEIM) qui subvient régions les charges de fonctionnement et
aux besoins des enfants autistes et le Centre d’équipement des locaux scolaires, et ont fait
d’éducation pour le développement de l’enfant des collèges et lycées des établissements
mauricien (CEDEM) aux besoins des enfants ayant publics locaux d’enseignement ;
une déficience intellectuelle et ne pouvant être admis - la loi quinquennale n° 93-1313 du 20
dans les écoles conventionnelles. décembre 1993 relative au travail, à
Sur le plan budgétaire, plus de 10 pour cent du l’emploi et à la formation professionnelle, qui
budget total des dépenses de l’Etat sont alloués a décentralisé les actions de qualification
chaque année à l’éducation. Toutefois, depuis des jeunes de 16 à 25 ans ;
2005/2006 une baisse graduelle dans la part des - le code de l’éducation qui réunit l’ensemble
dépenses allouées à l’éducation est enregistrée et des dispositions relatives au système éducatif
elles passent de 15 pour cent en 2004/2005 à 13 français, portant sur les principes généraux
pour cent en 2007/2008. et l’administration, les enseignements
Sur le total des dépenses du budget au titre de scolaires, les enseignements supérieurs et
l’exercice 2007/2008, comme chaque année, c’est les personnels ;
l’éducation secondaire qui se taille la part du lion - la loi pour l’avenir de l’école du 23 avril
avec 6 pour cent de décaissement. 4 pour cent sont 2005 qui assigne au système éducatif
alloués à l’enseignement primaire et 0,2 pour cent à des missions renouvelées autour des
l’enseignement pré-primaire, une part qui demeure objectifs suivants : (i) assurer la réussite de
constante depuis 2004/2005. tous les élèves, (ii) mieux garantir l’égalité
On note par ailleurs une ascendance dans la proportion des chances, (ii) favoriser l’insertion
du budget allouée au cycle secondaire qui passe de professionnelle des jeunes.
6 à 7 pour cent en trois exercices budgétaires. Dans En outre, la Réunion bénéficie de plusieurs
le même temps, la part des dépenses de l’Etat pour programmes, projets, bourses et aides scolaires qui
l’éducation primaire enregistre une baisse constante favorisent l’éducation pour tous les enfants. Le Projet
entre 2004/2005 et 2006/2007.

100
stratégique pour l’académie de la Réunion 2008- des éléments ressortent sur le fait que i)
2011 tire profit des expériences de ces dernières le SIP a grandement aidé à développer un
années et s’appuie sur un diagnostic partagé de « esprit de corps » parmi le personnel des
la situation académique qui montre que malgré écoles, ce qui a entraîné un impact positif
l’engagement fort de tous les acteurs du système sur les relations enseignants/élèves et ii)
éducatif, les résultats en hausse régulière, sont que les cibles pour le programme étaient
encore marqués par les facteurs d’inégalité sociale. claires et pouvaient être atteintes, mais
de l’autre, plusieurs enseignants pensent
Ce projet s’appuie sur les programmes et outils
que beaucoup d’efforts et de temps sont «
suivants pour aider la scolarité des enfants  : des
gaspillés  » à faire des tâches qui ne sont
programmes d’aide à la scolarité (bourses et aides
d’aucun bénéfice pour les élèves.
financières) ; la mission générale d’insertion (MGI) ; les
réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté Toutes ces informations sont utilisées pour modifier
(RASED) ; l’accompagnement éducatif à la Réunion ; le programme qui continue à fonctionner dans les
et le plan d’orientation stratégique de prévention et écoles.
de lutte contre l’illettrisme à la Réunion 2007-2013.

Seychelles 3.4.2. R
 ésultats pour les enfants,
disparités et égalité des genres
Aux Seychelles, il existe plusieurs lois et programmes
dans le domaine de l’éducation : L’éducation primaire est la base de la formation de
- l’Education Act, 2004  qui dans sa version l’enfant. Elle constitue en quelque sorte le socle de
révisée, en plus de garantir une éducation son devenir professionnel. En conformité avec la
gratuite dans les écoles d’Etat à tout CDE, l’éducation primaire est obligatoire dans les
enfant en âge d’aller à l’école (primaire cinq pays  de la région océan Indien. Mais malgré
et secondaire), établit également des cela, certains enfants sont encore privés d’éducation
règlements concernant les écoles privées, primaire.
l’éducation des adultes et l’éducation pour
enfants ayant des besoins spécialisés   » L’éducation est l’un des sept domaines dont la
(Purvis, 2004). privation constitue un facteur aggravant la pauvreté
chez les enfants. Pour mesurer le degré de privation
- le School Improvement Programme d’éducation d’un enfant, on se sert souvent des taux
(SIP)  dont le but est d’améliorer la qualité de scolarisation.
de l’éducation offerte dans les écoles
d’Etat de niveaux primaire et secondaire. En utilisant la méthode de Bristol pour mesurer
En 2000, la première évaluation montre la privation des enfants, on obtient les résultats
que les résultats sont mitigés  : d’un côté, suivants pour Madagascar et les Comores :

Tableau 3.9 : Privation sévère et moins sévère en éducation  (Bristol) aux Comores et à Madagascar
(enfants 7 à 17 ans)

Privation sévère Privation moins sévère


Nombre d’enfants
  Pays
de 7 à 17 ans en 2008 Taux Nombre d’enfants Taux Nombre d’enfants
(%) privés (%) privés

Comores 169 573 12 19 670 44 73 764

Madagascar 5 347 216 17 909 027 28 1 497 220

Comores + Madagascar 5 516 789 17 928 697 28 1 570 985

Sources: Comores: MICS 2000 ; Madagascar : HDS 2003/2004.


Privation sévère : Enfant d’âge scolaire qui n’est jamais allé à l’école primaire et qui n’est pas actuellement scolarisé.
Privation moins sévère : Enfant d’âge scolaire qui n’a pas achevé le cycle primaire et qui n’est pas actuellement scolarisé.

101
Le tableau 3.9 indique que 17 pour cent des enfants millions d’enfants ; dont 44 pour cent aux Comores
résidents dans les deux pays (soit 928 697 enfants) (73  764 enfants) et 28 pour cent à Madagascar
n’ont jamais été à l’école et ne sont pas inscrits dans (1 497 220 enfants).
les registres scolaires. Les privations sévères dans
l’éducation se répartissent comme suit dans chaque En utilisant les AIP sur l’éducation dans les cinq pays
pays : aux Comores le taux de privation sévère en de la région océan Indien, on obtient  les résultats
éducation est de 12 pour cent ; soit 19 670 enfants présentés dans le tableau 3.10 et le graphique 3.3 :
n’ont jamais été scolarisés ; à Madagascar, il est de dans l’ensemble des cinq pays, les AIP en éducation
17 pour cent (soit 909 027 enfants à n’avoir jamais touchent sévèrement un enfant sur 3 de 7 à 17 ans
été scolarisés). et frappent moins sévèrement un enfant sur 4 des
enfants  ; autrement dit, 1,9 millions d’enfants ne
En ce qui concerne les privations moins sévères en sont pas scolarisés et 929 mille enfants n’ont pas
éducation, 28 pour cent des enfants n’ont pas achevé achevé le cycle primaire.
leur cycle primaire dans les 2 pays soit plus de 1,5

Tableau 3.10 : Taux de scolarisation et taux d’achèvement du cycle primaire (7 à 17 ans)

Enfants n’ayant pas achevé le


Enfants non scolarisés
cycle primaire
(Privation sévère)
Nombre d’enfants de (Privation moins sévère)
Pays
7 à 17 ans en 2008
Taux Nombre d’enfants Taux Nombre d’enfants
(%) privés (%) privés

Comores 169 573 39,8 67 490 75,8 128 536

Madagascar 5 347 216 35,1 1 876 873 44,3 2 368 817

Maurice 228 342 3,0 6 850 1,4 3197

Réunion 179 428 0 0 0,0 0

Seychelles 15 652 0 0 0 0

Ensemble 5 940 210 33 1 951 213 42 2 500 549


Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude

Comme déjà indiqué dans le chapitre précédant, scolarisés) et le taux AIP moins sévère est de 1 pour
c’est surtout aux Comores et à Madagascar que les cent (soit 890 enfants qui n’ont pas terminé le cycle
taux de privation en éducation sont les plus élevés. primaire). A la Réunion et aux Seychelles, les taux AIP
sont nuls ; ce qui suppose que tous les enfants sont
A Maurice, le taux AIP sévère dans l’éducation est scolarisés.
de 3 pour cent (6 850 enfants qui ne sont pas

102
Graphique 3.3 Taux de privation des enfants en éducation

Taux de Privation des enfants en Education (AIP)

80% 76%

70%

60%

50% 44%
40%
40% 35%

30%

20%

10% 3% 1%
0% 0% 0% 0%
0%
Comores Madagascar Maurice Reunion Seychelles

Enfants non scolarisés (AIP sévère) Enfants n’ayant pas achevé le cycle primaire (AIP moins sévère)

Les performances dans l’éducation suivant le groupes d’âge « 7 à 12 ans » (tableau 3.11). Quand
genre aux enfants de groupe d’âge «  12 à 14 ans  »
(exception faite des Comores) les garçons sont plus
L’analyse des données sur les enfants non scolarisés touchés par la déscolarisation. Une des explications
par groupe d’âge et par sexe dans les pays de la à cela est qu’à cette tranche d’âge, les garçons
région montre qu’il n’y a pas de différence de genre décrochent pour entrer dans le monde du travail.
entre les enfants non scolarisés dans les premiers

Tableau 3.11 : Enfants non scolarisés par groupe d’âge(en pour cent)

Comores Madagascar Maurice Seychelles


Age/Sexe
M F M F M F M F

7 – 12 ans 16,0 16,0 9,6 9,1 0,0 0,0 0 0

12 – 14 ans 3,3 3,6 8,4 7,0 2,4 0,5 0 0

14 – 18 ans 5,8 10,8 15,3 16,9 7,0 4,7 15,1 6,5

Sources : Comores: Ministère de l’éducation ; Madagascar: EPM 2005 (Année scolaire 2004-2005) ;
Maurice : Calculé à partir des données du Household and Budget Survey 2006-07, BCS ;
Seychelles : Ministry of Education (année 2007)

Quand aux enfants du groupe d’âge 14 à 18 ans, L’analyse des taux de scolarisation dans le primaire
une différence nette entre les garçons et les filles confirme la différence de genre dans la scolarisation
non scolarisées est visible. A Madagascar et aux comme dans les réussites scolaires (tableau 3.12).
Comores ce sont les filles de ce groupe d’âge qui sont Elle est plus marquée aux Comores et légèrement
les plus touchées par la déscolarisation  ; pendant observée à Maurice et aux Seychelles.
qu’aux Seychelles et à Maurice, ce sont les garçons
qui sont les plus touchés.

103
Sous réserve des données «  non disponibles  » sur mais réussissent moins. Même à Maurice et aux
les taux d’échecs par genre à Madagascar (qui Seychelles, où les filles sont plus scolarisées que
représente 90 pour cent des enfants), on peut dire les garçons, les garçons connaissent plus de taux
que les garçons sont plus scolarisés que les filles d’échec scolaires que les filles.

Tableau 3.12 : Taux de scolarisation dans le primaire (en pour cent)

Comores Madagascar Maurice Seychelles


Sexe
M F M F M F M F

Taux Brut de scolarisation 115,5 94,3 - 121 101,5 101,0 102 103

Taux net de scolarisation 81,8 68,9 - - 96,1 97,1 99 100

Pour cent des enfants atteignant la 5ème année 22,1 26,9 - - 99,2 98,3 99,1 99,8

Taux de redoublement 26,0 26,0 - 18,4 22,7 16,9 - -

Taux net d’achèvement dans le primaire - - 54,7 56,7 65,2 76,3 100 100

Sources : Comores: Ministère de l’éducation ; Madagascar : EPM 2005 (Année scolaire 2004-2005) ;
Maurice : BCS, 2008 ; Seychelles : Ministry of Education (année 2007).

Dans l’enseignement secondaire (tableau 3.13), primaire, aux Comores ce sont les garçons qui sont
la différence de genre est toujours observée dans les plus scolarisés dans le secondaire et le taux de
les taux de scolarisation comme dans les taux de redoublement semble être égalitaire pour les deux
redoublement  ou d’achèvement. Comme pour le sexes.

Tableau 3.13 : Taux de scolarisation le secondaire (en pour cent)

Comores Madagascar Maurice Seychelles


Sexe
M F M F M F M F

Taux brut de scolarisation 39,7 33,3 20,4 32,5 80,8 86,2 102 104

Taux net de scolarisation - - 16,6 17,6 71,9 76,0 88 93

Taux de redoublement 15,5 15,5 10,9 10,4 13,4 10,4 - -

Taux net d’achèvement dans le secondaire - - - - 27,5 37,6 92 91

Sources : Comores : Ministère de l’éducation ; Madagascar: EPM 2005 (Année scolaire 2004-2005)
Maurice : BCS, 2008 ; Seychelles: Ministry of Education (année 2007).

A Maurice et aux Seychelles, ce sont les filles qui sont statistiques indiquent que tous les enfants en âge
les plus scolarisées, avec des taux de redoublement d’aller à l’école sont enregistrés dans des institutions
et d’achèvement plus favorables (exception faite scolaires.
pour le taux d’achèvement aux Seychelles où les filles
réussissent légèrement moins que les garçons). Le taux net d’achèvement pour le primaire en 2007
est de 100 pour cent et de 92 pour cent dans le
Aux Seychelles, les enfants ont facilement accès secondaire. Le taux d’achèvement des filles est aussi
à l’éducation : il existe des crèches et des écoles élevé que celui des garçons parfois même plus élevé
primaires dans tous les districts et des écoles aussi bien dans le primaire que dans le secondaire..
secondaires dans toutes les régions31. Les

31
Pour ceux qui doivent prendre le bus pour aller à l’école (surtout les élèves du secondaire) il y a un système de cartes spéciales pour étudiants.

104
Concernant la scolarité des garçons et des filles, - Des chefs d’établissement peinant à
le rapport national préparé pour l’Union africaine exercer une véritable autorité hiérarchique
sur l’égalité des sexes (Gender Secretariat, 2007) ou pédagogique sur leurs enseignants du
confirme que l’accès à l’éducation gratuite (et fait de l’absence de formation et souvent,
obligatoire) est égal pour les filles et pour les garçons pour le primaire, d’un faible niveau
et ce depuis 1977. Les taux de scolarisation sont académique et pédagogique ;
pratiquement les mêmes pour les garçons comme
- Des administrations des îles qui ne sont pas
pour les filles et le taux global de scolarisation pour
véritablement pilotées  pour les Comores
les classes primaires est de 100 pour cent.
uniquement ;
Le problème de différence dans les taux suivant - Un personnel sous-qualifié et globalement
le genre a été souligné et il a été constaté une sous-employé ;
désaffection des garçons adolescents en ce qui
concerne les études secondaires. Les raisons - L’absence de système d’archivage efficace
données sont sûrement valables  : environnement notamment pour certaines missions de
scolaire trop féminin, problème sociaux (alcool, souveraineté telles que l’organisation des
drogue) mais ces raisons sont-elles suffisantes pour examens et la délivrance des diplômes ;
expliquer la situation ? - Une fréquente inadéquation entre profils
des postes et compétences des agents ;
3.4.3. A
 nalyse de causalité et - Des ressources budgétaires inexistantes.
corrélation
Maurice 
Comores et Madagascar 
A Maurice, les causes de la pauvreté des enfants
Aux Comores comme à Madagascar il existe plusieurs liée à l’éducation ne peuvent être considérées
facteurs qui constituent des contraintes majeures uniquement dans le sens de la privation d’accès à
pour un meilleur accès à l’éducation des enfants. Les l’éducation. En effet, la majorité des enfants étant
causes immédiates liées à la non scolarisation des scolarisés, d’autres causes de pauvreté comme
enfants sont  : l’insuffisance des moyens financiers, le fort taux d’échec à la fin du cycle primaire ou le
d’infrastructures et d’équipements scolaires fort pourcentage d’enfants quittant l’école avant
adéquats; l’insuffisance en personnel enseignant, d’avoir complété le cycle secondaire sont également
d’une part et la pauvreté des ménages d’autre part. à considérer. L’accès à l’éducation ne peut être
Des ateliers nationaux organisés conjointement considéré uniquement dans sa forme restrictive,
entre les Ministères de l’éducation nationale et les c’est-à-dire limité au seul fait d’aller à l’école. Il
projets PASEC dressent le bilan ci-dessous dans les doit être analysé sous une perspective plus large  :
deux pays : la capacité de l’éducation à permettre à l’enfant
d’acquérir les compétences de base que sont la
- Un cadre réglementaire inadapté ; maîtrise du calcul, de la lecture et de l’écriture, et de
- L’absence d’alignement des activités s’épanouir pleinement.
quotidiennes sur les objectifs stratégiques La problématique de la non-scolarisation se pose
et de mécanismes permanents de aux familles, principalement, en termes de capacité
concertation et de suivi des politiques et d’accès à l’éducation et, la pauvreté en est l’obstacle
des programmes ; le plus direct.
- L’absence de système d’information de
l’éducation pourtant indispensable au suivi Les résultats de l’enquête qualitative révèlent que
de l’évolution du secteur ; l’éducation est, pour la plupart des familles pauvres,
un moyen pour permettre à leurs enfants d’aspirer à
- L’absence de synchronisation de l’action un métier et à la possibilité de « vivre mieux que leurs
des différentes structures intervenant sur parents ». La scolarisation des enfants relève, à la
le terrain ; fois, de la nécessité et d’une stratégie d’ascension
- Une chaîne d’encadrement pédagogique sociale, fait reconnu par une grosse majorité des
particulièrement défaillante ; enfants interrogés. Cependant, les ménages pauvres
ont du mal à envoyer leurs enfants à l’école, que ce

105
soit au pré-primaire, au primaire, ou au secondaire ; et l’anglais sont imposés à tous les enfants alors que
leur pauvreté étant considérée comme cause leur langue maternelle est le Créole, par conséquent,
principale. ils ont des difficultés à comprendre ce qui leur est
enseigné. Le résultat est qu’en fin de cycle primaire,
Si la pauvreté monétaire de la famille est une des beaucoup de ces enfants quittent l’école sans savoir
causes principales de la privation des enfants à ni lire ni écrire.
l’éducation, d’autres causes, toutes aussi liées à la
pauvreté y contribuent également. Parmi eux, on L’enfant est également désavantagé par son
recense des causes familiales et sociales. Dans milieu familial et par l’environnement où il vit. Les
beaucoup de familles, la taille élevée du ménage joue maisons où habitent ces enfants sont pour la plupart
négativement sur la scolarisation des enfants, et constituées de deux pièces, l’un tenant lieu de cuisine
ne permet une scolarisation qu’à certains enfants et l’autre de chambre. Les enfants n’ont donc pas
uniquement. La situation familiale a également un de table et d’endroit où faire leurs devoirs. Beaucoup
impact négatif sur la fréquentation de l’école. Ainsi, d’entre eux disent faire leurs devoirs sur leur lit. La
dans certaines familles monoparentales, l’absence chambre étant partagée, ils sont souvent dérangés
d’un père force souvent les enfants à ne pas aller et ne peuvent se concentrer sur leurs devoirs et
à l’école pour veiller sur les plus jeunes, pendant leurs leçons.
que la mère travaille. Dans d’autres cas, les enfants
se trouvent livrés à eux-mêmes avec le départ des Face aux difficultés qu’ils rencontrent, les enfants
parents pour le travail, et sans contrôle parental, pauvres ont tendance à se rebeller et deviennent
ces enfants préfèrent rester à la maison au lieu violents. Beaucoup d’entre eux, en quittant l’école
de se rendre à l’école. L’exposition des parents ne trouvent pas de travail et finissent par traîner les
à la drogue, à l’alcool ou à la prostitution fragilise rues. Ce faisant, ils font de mauvaises rencontres
encore davantage l’accès des enfants à l’éducation. et tombent facilement dans les fléaux tels que la
Empêtrés dans ces fléaux les parents ne peuvent drogue, la cigarette et l’alcool. Certains deviennent
s’occuper de leurs enfants, qui sont alors privés dealers, d’autres tombent dans la petite délinquance
d’éducation. pour pouvoir se procurer leur dose de drogue, alors
que les filles sont victimes d’exploitation sexuelle pour
Il y aussi le fait que les parents, vivant dans les se faire de l’argent facile.
poches de pauvreté, sont souvent peu instruits
et donc, cernent mal l’importance de l’éducation Réunion 
dans l’épanouissement et le bien-être futur de leurs
enfants. Etant analphabètes, ils ne peuvent suivre la A la Réunion, outre les causes liées aux difficultés
scolarisation de leurs enfants, ne vérifient pas si les économiques des ménages et des conditions socio
devoirs sont faits, et ne les encouragent ou ne les culturelles dans lesquels vivent ces ménages, il existe
motivent pas dans leur éducation. Les résultats de également d’autres causes liées aux problèmes
l’étude qualitative concordent, dans ce sens, avec d’absentéisme et au fait qu’il n’y a pas assez de suivi
la théorie de l’ascenseur social, qui soutient que le à la maison (les enfants vont à l’école mais le travail
niveau d’instruction d’un individu est corrélé à ceux à la maison n’est pas fait ou mal fait à cause du
de ses parents. Ainsi, les enfants habitant dans des manque de soutien de la part des parents).
ménages dont le chef est sans niveau d’instruction
L’abandon à partir du lycée est aussi évoqué. Les
ont beaucoup moins de chance de fréquenter une
interviewés l’expliquent par le fait que la scolarisation
école qu’un individu habitant un ménage dont le chef
au lycée n’est pas obligatoire a partir de 16 ans),
a un niveau de l’enseignement supérieur.
parfois à cause du fait que le lycée est trop loin (ce qui
Dans le même temps, l’inadaptabilité de est particulièrement vrai pour certaines communes
l’enseignement pour répondre aux besoins et au rurales isolées).
rythme d’apprentissage de l’enfant, font que celui-ci
Lors d’un entretien, le manque de moyens des
se ferme à ce qui lui est enseigné, un blocage se forme
enfants issus de familles défavorisées est aussi
et l’enfant n’est plus attentif en classe. Il est alors
évoqué comme un frein pour l’accès aux études
perçu comme un paresseux par ses professeurs et
supérieures.
par ses pairs. En effet, à l’exception des écoles ZEP,
aucune approche différenciée n’est utilisée au niveau Pour un interviewé, si les enfants ne sont pas
de l’enseignement dans les autres écoles. Le français scolarisés, c’est avant tout parce que les familles

106
ne le veulent pas, mais il peut aussi y avoir des encore les enfants (adolescents pour la plupart)
cas particuliers  : enfants malades, familles très consomment de la drogue.
marginales etc.
Les informations recueillies indiquent que cette
Le fait que la scolarisation ne soit pas bien adaptée minorité de personnes ne profite pas pleinement
aux difficultés de l’enfant (notamment à cause du des services gratuits offerts par le gouvernement et
manque de places dans les classes et structures refuse souvent de participer aux programmes d’aide
spécialisées) a aussi été évoqué. (par fierté, d’après les déclarations de certaines
personnes travaillant dans les écoles). Il s’avère
Enfin, il peut également y avoir le cas d’enfant qui nécessaire de comprendre pourquoi ces parents
arrêtent l’école ou s’absentent pour répondre aux refusent l’aide qui est disponible  et quels sont les
besoins de main d’œuvre lorsque les parents sont facteurs qui devraient être pris en compte  pour
agriculteurs par exemple. qu’ils puissent en profiter ? Cela pourrait alors
aider les organisations responsables à mieux cibler
Seychelles  les programmes d’aide et aussi à reformuler la
présentation des services pour qu’ils soient plus
Aux Seychelles, les possibilités de s’éduquer existent
acceptables à un plus grand nombre généralement.
pour tous et sont à la portée de tous car elles sont
gratuites. Il existe également des programmes d’aide La grande majorité des enfants dans le pays sont
pour les autres dépenses liées à l’éducation. Malgré élèves dans des écoles d’Etat. Durant l’enquête
cela, l’enquête qualitative indique qu’un petit groupe qualitative, personne n’a rapporté un cas d’enfant
d’enfants ne se rend pas à l’école de façon régulière. qui n’aurait jamais été à l’école. Les quelques cas
Les raisons suivantes sont données par les enfants rapportés d’enfants n’allant pas/plus à l’école
et les personnes sondées  : manque d’argent (soit concerneraient des enfants de plus de 12 ans
l’enfant ne peut s’acheter à manger pour l’école ou il qui n’aimaient pas les études ou qui avaient des
ne peut s’acheter les fournitures scolaires) parents problèmes sociaux.
alcooliques ou qui ne s’occupent pas de l’enfant ou

107
3.4.4. Perception des enfants récit de vie d’un enfant pauvre des Plaines Wilhems,
Maurice :
Les témoignages recueillis auprès des enfants
privés d’éducation sont très poignants, à l’instar du

Fille Pauvre, 16 ans, Cité Atlee, Plaines Wilhems, Maurice

« J’ai 16 ans et j’habite Cité Atlee. Je vis avec ma maman. Mon père a délaissé le toit familial pour se remarier. Il avait
l’habitude de battre ma mère pour rien. Il y avait tout le temps une tension à la maison. Elle ne s’est jamais mise en
concubinage avec un autre homme parce qu’elle ne voulait pas que cela ait des répercussions sur nous. Maman, elle se bat sans
cesse pour subvenir à nos besoins.
Je ne vais plus à l’école depuis un an. J’ai arrêté l’école parce que ma maman ne pouvait pas payer pour trois enfants – ma
sœur, Francesca, mon frère, Ismaël et moi. Et puis, j’avais aussi des crises de nerfs de temps en temps. Ce qui m’empêchait
d’avoir une vie scolaire normale. L’année passée, j’ai aussi été abusé sexuellement. Cet incident n’a fait qu’empirer mon état
psychologique et mes pertes de connaissance et mes crises sont devenues plus récurrentes.
Je dis merci au Bon Dieu pour l’aide qu’on reçoit des gens. Ma maman sait faire beaucoup de choses. Elle sait broder, faire du
crochet. Hormis la pension de l’état, elle fait de petits travaux pour subvenir à nos besoins. Ma sœur, mon frère et moi-même,
nous lui donnons du courage.
Comme ma mère n’a pas pu aller à l’école, elle fait tout pour nous encourager à apprendre. Les valeurs qu’elle veut nous
transmettre sont : apprendre à vivre avec ce qu’elle nous donne, faire des économies pour pouvoir avoir un coin à nous et être
indépendant. Mais malheureusement, je n’ai pas pu réaliser son rêve.
Je sais qu’elle ne veut pas qu’on connaisse la misère qu’elle a connue. On est pauvre mais on garde toujours une dignité.
Nous vivons ici, dans cet abri de fortune. On vivait chez ma grand-mère maternelle qui n’habite pas très loin d’ici. Mais ma
grand-mère ne s’entend pas avec ma mère. Ma maman se fait traiter comme une servante dans la maison de sa propre mère.
Ma grand-mère nous avait donné une chambre de sa grande maison. Mais elle nous a demandé d’évacuer la chambre parce
qu’elle ne pouvait plus supporter la présence de ma maman. A ce moment-là, ma maman a acheté des feuilles de tôles déjà
utilisées et nous avons nous-mêmes construit cette maison. Personne n’est venu nous aider. Nous avons nous-mêmes soulevé de
lourds morceaux de bois pour construire la maison. On a finalement pu monter une petite maison de deux pièces : une chambre
à coucher partagée par mon frère, ma sœur, ma maman et moi-même, et une autre pièce qui fait office de cuisine.
Notre maison est en fait très fragile et selon ma mère, elle ne va pas tenir les rafales du prochain cyclone. Chez nous, on prie
pour qu’il n’y ait pas de cyclone à Maurice. Quand il pleut, l’eau de pluie pénètre à l’intérieur de la maison par des fentes
dans les feuilles de tôles. On ne se plaint pas. Quand il y a une grosse pluie, ma maman doit mettre un seau pour ramasser de
l’eau qui suinte du plafond et qui tombe directement sur mon lit. Pour que moi je puisse dormir paisiblement, ma maman va
rester éveiller à surveiller quand le seau sera rempli et elle va le déverser, pour ensuite le remettre. Durant la saison cyclonique,
je n’arrive pas à dormir car l’eau est partout dans la maison. Ma maman est obligée de se mettre dans un coin de la maison
avec nous.
Ma maman a aménagé une petite pièce en tôle qu’on utilise comme toilette et salle de bain. On n’est pas raccordé à la fourniture
d’électricité et d’eau. Ma maman doit aller chercher de l’eau de rivière tous les jours pour qu’on ait de l’eau propre pour se
baigner. Il faut que mon frère parte à l’école un peu propre. Même si nous sommes pauvres, il faut qu’il y ait l’hygiène. La nuit,
on utilise des bougies. C’est pourquoi on ne reçoit jamais personnes chez nous quand il fait noir.
Ce n’est pas tous les jours qu’on mange à notre faim. Maman a l’habitude d’aller ramasser les légumes qui sont invendus. Elle
ramasse aussi les légumes que les marchands jugent de mauvaise qualité et qu’ils ne mettent pas sur le marché. Quand j’étais à
l’école, des fois je partais sans pain. Et sans argent de poche. C’est vraiment difficile d’apprendre quand on a le ventre vide ».

108
Le rôle de la communauté a également été évoqué. systématiquement. La promotion automatique
Les enfants évoquent très souvent le rôle que doivent devrait être revue et des cours de rattrapage
jouer les parents, la communauté, l’Etat ainsi que organisés pour les enfants qui ont des difficultés,
l’enfant lui-même. Toutefois, une idée généralement sans avoir recours aux leçons particulières ; afin de
évoquée par les enfants mérite d’être mise en leur permettre de s’épanouir, des écoles spécialisées
évidence  : «  les parents doivent travailler  ». Cette pourraient être également créées pour accueillir
question de l’emploi des parents est primordiale les enfants pauvres. En étant avec leurs pairs, ils
pour les enfants. pourraient mieux s’épanouir et s’exprimer. Des
méthodes pédagogiques répondant au mieux à leurs
3.4.5. F
 ondement et partenaires pour besoins pourraient être développés :
une stratégie (i) le système scolaire devrait adopter une
approche pédagogique qui réponde
En ce qui concerne l’enfant, l’éducation est à la fois un
vraiment aux besoins de ces enfants, que
droit fondamental et la clé pour construire sa future
ce soit au niveau de l’enseignement ou de la
vie d’adulte, de parent, de travailleur et de citoyen. La
langue utilisée ;
pauvreté monétaire des ménages se situe en amont
du problème de l’accès des enfants à l’éducation de (ii) le nombre d’enfants par classe devrait
base dans les cinq pays. être réduit  : actuellement, les écoles ont
30-40 enfants par classe, et il devient
Le renforcement des activités en cours, aux
difficile pour l’enseignant de s’occuper
Comores et à Madagascar, comme la construction
individuellement de chaque enfant alors que
de salles de classe, les subventions accordées aux
cela est nécessaire lorsque les enfants ont
enseignants non fonctionnaires, l’allègement des
des difficultés qui requièrent une attention
charges parentales par le programme EPT et la
particulière.
dotation de caisses écoles aux écoles primaires
publiques et privées, la subvention accordée aux En général selon les enfants, tout le monde doit
enseignants des établissements privés les plus s’impliquer dans l’accès à l’éducation afin que les
défavorisés, restent toujours prioritaires. D’autre enfants aillent à l’école. Ils pensent que c’est la
part, la création de sources de revenus des ménages responsabilité des adultes de dire aux enfants qu’ils
les plus défavorisés figurent au premier rang des ont droit à l’éducation, et que la famille, les amis et les
mesures d’accompagnement. Les sensibilisations et parents d’un enfant pauvre devraient l’encourager à
l’application des droits des enfants sont à renforcer aller à l’école.
également.
A Maurice, les ONG basées dans des quartiers dits
La lutte contre l’analphabétisme, l’éducation de base, pauvres œuvrent pour essayer d’alléger la pauvreté
l’apprentissage et la promotion du savoir-faire et la des ménages. Il y a un gros travail qui se fait pour, d’une
formation professionnelle constituent des objectifs part encourager et rallonger le parcours scolaire
stratégiques que le gouvernement mauricien a mis des enfants pauvres et d’autre part conscientiser les
en œuvre pour lutter contre la pauvreté. En effet, familles sur l’importance de l’éducation. Certaines
les investissements importants consentis par l’état ONG accueillent les enfants pauvres en rupture
ont permis des progrès notables dans le domaine de scolaire pour un accompagnement pédagogique. Ils
l’éducation. Toutefois, le système éducatif se distingue sont classés par petits groupes, ce qui permet aux
par un dualisme accentué, où le milieu aisé a été le professeurs de leur donner une attention particulière.
grand bénéficiaire de l’action publique, alors que les Le voisinage se dit bien souvent impuissant face à un
poches pauvres sont restées, jusqu’à récemment, enfant qui ne va pas à l’école. Mais il essaie quand
à l’écart de ces évolutions. Il reste donc encore des même d’aider le foyer pauvre à encourir une partie
efforts à fournir en termes d’uniformisation et de des dépenses relatives à l’écolage, mais aussi en
restructuration du système. Il n’est pas question de fournissant de la nourriture et du matériel scolaire
créer un système à deux vitesses. à l’enfant pauvre. Des bénévoles donnent aussi des
cours particuliers gratuitement ou animent des
Outre les programmes existants à Maurice, des
groupes de lecture auprès des enfants pauvres.
actions nouvelles et plus ciblées sont attendues de la
part de l’Etat. Il s’agit de revoir le système scolaire et Par contre, la communauté devrait encourager
de créer une autre alternative pour ceux qui échouent et accompagner les parents, qui manquent

109
d’information ou qui faute d’éducation ont des jusqu’à présent. Il existe un Fonds privé destiné aux
difficultés pour entreprendre de telles démarches, enfants qui vont à l’école, le Makarios Fund, établi par
dans l’enregistrement de leurs enfants à l’école. l’Archevêque Makarios, alors que bon nombre de la
population seychelloise vivait dans la pauvreté.
A la Réunion il existe plusieurs dispositifs partenariat
Etat - Associations en matière d’éducation. Les enfants ayant participé aux groupes de discussion
Partenaires éducatifs à part entière, les associations pensent, en général, que s’il y a des problèmes
proposent des activités complémentaires de l’action concernant l’éducation d’un enfant, les autorités,
de l’enseignement public dans le respect des projets et en particulier le Ministère de l’éducation, doivent
d’école et d’établissement. s’en occuper. Les représentants des institutions à
Maurice, à la Réunion et aux Seychelles affirment pour
Les associations peuvent intervenir pendant le
la plupart d’entre eux que les services pour l’éducation
temps scolaire ou le temps d’activités éducatives
sont disponibles et gratuits mais ils admettent que
hors du temps scolaire. Leurs activités peuvent être
certaines améliorations sont nécessaires  : il doit y
extrêmement variées  : aide aux devoirs, activités
avoir un système qui peut réagir vite. Pour le moment
sportives, culturelles ou artistiques mais aussi
le système fonctionne trop lentement, il permet aux
ateliers d’information ou de prévention par exemple.
problèmes de se développer et ils sont d’autant
Il n’existe pas aux Seychelles, d’organisations plus difficiles à résoudre alors. Ils pensent aussi
communautaires ou de la société civile dans le que les services doivent être professionnels et que
secteur de l’éducation proprement dit. La nécessité les acteurs concernés ne devraient pas se laisser
de telles organisations ne s’est pas fait sentir influencer par leurs opinions personnelles.

3.5. Accès à l’eau potable et aux sanitaires décents


3.5.1. Lois, politiques et programmes a permis de doter l’île de 22 puits exploitables et .
nationaux les plus importants Le gouvernement, avec l’appui de ses partenaires
(UNICEF et la Banque mondiale), des ONG et plusieurs
Comores  réseaux d’adduction d’eau ont été réalisés à partir
de ces puits. Les résultats de l’enquête intégrale sur
Le secteur de l’eau, de l’assainissement et du les conditions de vie des ménages aux Comores de
logement est régi un cadre juridique regroupant les 2004, révèlent que les sources d’approvisionnement
principales lois suivantes : la loi N°95- 013/A/F sur en eau potable les plus utilisées par les ménages
le code de la santé publique et de l’action sociale sont : les bornes fontaines publiques (31 pour cent )
pour le bien être de la population ; la loi n° 94-037 de et la récupération des eaux de pluies dans les citernes
décembre 1994 portant sur le code de l’eau, la loi (24 pour cent). Les raccordements à domicile ne
n° 86-017/A.F portant sur le code de l’urbanisme et concernent que 5 pour cent des ménages.
de l’habitat et la loi n° 94-018/AF du 22 juin 1994
portant sur le cadre relative à l’environnement. Toutefois, il convient de souligner que le pays ne
dispose ni d’une stratégie nationale ni d’un schéma
Entre 1993 et 2001, le pays s’est doté, d’un cadre directeur de l’eau. Les actions dans le secteur de
politique qui s’est traduit par l’élaboration et l’adoption l’eau et de l’assainissement sont menées dans
d’une Politique nationale de l’environnement, d’un l’absence quasi totale d’un cadre institutionnel et
Plan d’action environnemental, et d’une stratégie réglementaire, ce qui réduit leur efficacité et impacte
et plan d’action national pour la conservation et la négativement sur les résultats escomptés.
gestion durable de la  biodiversité.
Dans le domaine de l’eau, trois sources
d’approvisionnement sont disponibles : 1) les eaux de
surface, 2) les eaux souterraines et 3) la collecte des
eaux pluviales. Les premiers réseaux d’adduction
d’eau ont vu le jour à Anjouan et à Mohéli au cours
des années 60. Quinze ans plus tard, Ngazidja
dispose de son premier réseau d’adduction d’eau à
Moroni à partir d’un puits situé à 6 km au sud de la
capitale. Dans les années 1980, un projet du PNUD

110
Dans le domaine de l’assainissement et de organismes tels que la Direction générale de l’eau
production de déchets, il n’existe pas de structure potable et de l’assainissement (DGEPA), l’Autorité
capable de prendre en charge leur ramassage et nationale de l’eau et de l’assainissement (ANDEA),
leur traitement. Le pays ne dispose pas d’un schéma l’organisme régulateur du service public de l’eau et
directeur de développement des agglomérations ni de l’assainissement, ont été mis en place. La DGEPA
d’un système de gestion des déchets. Avec la forte a pour rôle d’améliorer le taux de desserte en eau
croissance démographique et l’urbanisation, on note potable, ainsi que le taux d’accès de la population
une augmentation significative de la production de aux infrastructures d’hygiène. Les programmes
déchets ménagers (estimée à environ 1m3/habitant mis en œuvre sont l’accès à l’eau potable et aux
en moyenne)‚ un accroissement des déchets infrastructures d’évacuation d’excréta, la gestion
hospitaliers non traités et une hausse des rejets liés intégrée des ressources en eaux et la protection
aux activités de transport. Cette absence de système contre les pollutions. Les comités WASH veillent
de gestion constitue un problème majeur de santé aussi au changement de comportement des enfants
publique. notamment en milieu scolaire.
En ce qui concerne les enfants, que ce soit en Ces différents programmes ont assuré des
milieu urbain ou rural, les sanitaires non améliorées améliorations en termes d’accès de la population
provoquent des maladies contagieuses. La quasi à l’eau potable  : entre 2000 et 2006, le taux de
totalité des écoles publiques, et parfois privées, desserte en eau au niveau national a augmenté
ne disposent pas de latrines. Dans les cas où elles passant de 23 à 30 pour cent (EPM 2005), et de
existent, elles sont pour la plupart inutilisables. 38 à 41 pour cent entre 2006 et 2007. Pendant
cette même période, le taux de desserte en eau
Madagascar  potable est passé de 32 à 35 pour cent. en milieu
rural. Par contre, on a enregistré une diminution du
Le Programme national d’accès à l’eau potable taux d’accès de la population urbaine à l’eau potable,
et à l’Assainissement (PNAEP) fixe les objectifs passant de 60 à 58 pour cent.
à atteindre pour améliorer le taux d’accès de
la population aux infrastructures d’eau potable, L’accès à l’assainissement s’est amélioré par rapport
d’hygiène et d’assainissement et pour généraliser les à la situation de 199234. Le taux d’accès actuel aux
pratiques hygiéniques et sanitaires. En pratique, cela latrines est de 52 pour cent : 47 pour cent en milieu
vise à assurer que la population dispose de points rural et 69 pour cent en milieu urbain. Les ménages
d’eau et de latrines, que les pratiques hygiéniques riches bénéficient plus que les ménages pauvres
et sanitaires soient promues, et que des comités de l’utilisation de latrines (67 contre 34 pour cent).
WASH et de Bassin32 soient mises en place au Le MAP a pour objectifs d’améliorer de manière
niveau des régions. significative l’accès à l’hygiène, et de généraliser
les pratiques hygiéniques et sanitaires par un
La Politique nationale et stratégie de l’assainissement accroissement du taux d’accès de la population aux
(PNSA) et la déclaration de politique sectorielle de infrastructures d’assainissement de 52 à 71 pour
l’eau et de l’assainissement, élaborées en 1997, cent d’ici 2012.
préconisent de mettre en place et d’opérationnaliser
le cadre institutionnel et réglementaire, l’amélioration Toutefois les profonds changements tant attendus
de la performance des services d’assainissement ainsi tardent à s’opérer malgré un engagement
que le renforcement des actions de sensibilisation prépondérant de l’Etat, des partenaires techniques
et d’éducation à l’hygiène. La déclaration politique et financiers, dans le secteur eau, hygiène et
souligne la nécessité de rendre plus facilement assainissement. En effet, une part importante de la
accessible l’eau potable et l’assainissement aux plus population malgache n’accède toujours pas à l’eau
pauvres. potable bien que le pays est favorisé en ressources
en eaux de surface et/ou souterraine. En milieu
Pour répondre à ces objectifs, le gouvernement rural, les ménages utilisent des puits traditionnels,
a modifié le cadre juridique de l’eau, et une loi33 a des sources non protégées, des lacs et des rivières
été votée pour favoriser une participation plus pour leur consommation.
affirmée du secteur privé, de la société civile et
des ONG et redéfinir le rôle et les prérogatives L’évaluation du Projet adduction en eau potable
du ministère de l’énergie et des mines. Des (AEP) financé par l’UNICEF au niveau des écoles en

32
Il s’agit de comités de gestion des points d’eau et de latrines.
33
Loi 98 – 029 de 1998 portant sur le code de l’eau.
34
A Madagascar, 63 pour cent des ménages ne disposaient d’aucune infrastructure de toilette en 1992.

111
2004, a mis en exergue une insuffisance du nombre Maurice 
de latrines construites, le manque d’hygiène des
latrines, la peur des enfants âgés entre 6 et 8 ans, de L’accroissement de la population, les demandes pour
se rendre dans les latrines et le manque de savon et l’irrigation, le tourisme et l’industrie manufacturière,
ou leur non-utilisation. L’évaluation révèle également ont entraîné une augmentation des besoins en eau
que les enfants ne sont pas disposés à utiliser les de la population au fil des ans Pour assurer une
latrines à l’école dans la mesure où chez eux, ils sont fourniture adéquate en eau, plusieurs mesures et
plus habitués à faire leur besoin dans la nature. stratégies ont été développées et adoptées par le
Gouvernement dont le plan de «  Développement
Les actions menées entre 2000 et 2006 ont et gestion intégrée des ressources en Eau  »  de
permis de desservir en eau 450  000 personnes 1993 et le «  Plan Marshall pour le développement
additionnelles en moyenne par an alors que le défi du des régions défavorisées  » qui a prévu 60 projets
MAP est d’en desservir en moyenne 2 millions par an de développement dont l’assainissement et la
pour atteindre l’objectif d’assurer un environnement fourniture d’eau potable dans certaines régions
durable aux populations en réduisant de moitié, d’ici défavorisées pré-identifiées. Les mesures prises
2012, le pourcentage de la population qui n’a pas ces deux dernières décennies ont assuré que la
accès de façon durable à un approvisionnement majorité de la population a accès à l’eau potable et
en eau potable (OMD 7, Cible 10). Chaque année, à l’assainissement et une nette amélioration des
environ 50 000 ménages, ne seraient pas raccordés conditions de vie de la population.
au réseau d’eau potable. Ce qui rendrait difficile
d’atteindre les objectifs en 2012. La part des dépenses budgétaires pour l’eau et
l’assainissement est restée quasiment inchangée
En outre, en considérant le taux de réalisation, entre 2003 et 2008, soit environ 3 pour cent du
selon les données ministérielles, et en prenant budget total. La comparaison intra sectorielle (eau
2005 comme année de référence, l’efficacité de et assainissement) révèle que lors de l’exercice
l’Etat dans le domaine de l’eau et l’assainissement 2007/2008 les dépenses sur l’assainissement
s’est dépréciée. En effet, ce taux est passé de 95 constituaient 95 pour cent des dépenses total sur
à 50 pour cent entre 2005 et 2006. Cependant le l’eau et l’assainissement, et démontrent l’importance
montant alloué à ce secteur a augmenté en volume, qu’accorde l’Etat à mener des investissements infra
même si son poids ne connaît pas le même niveau structurels sur l’assainissement dans le pays. Les
d’accroissement que le budget de l’Etat. La mauvaise dépenses sur l’eau se rapportent principalement à la
conjoncture expliquerait également ce faible taux de maintenance des infrastructures existantes.
réalisation au regard des objectifs fixés.
Selon le rapport du Ministère de l’économie de 2007,
Réunion et Seychelles 
l’investissement dans les domaines de l’eau et de La Réunion et les Seychelles ont mis en œuvre des
l’assainissement représente 0,01 million de dollars. projets/programmes qui permettent, aujourd’hui, à
Le montant prévu pour l’année 2009 était de 0,02 leurs habitants d’accéder totalement à l’eau potable
millions de dollars. L’efficacité administrative reste et à l’assainissement. La Réunion bénéficie d’une
très faible, dans la mesure où, pour l’année 2008, pluviométrie importante. Grâce aux efforts réalisés
seulement 8 pour cent des subventions allouées par l’ensemble des communes, il n’y subsiste plus
ont été réalisées, soit 1 million de dollars sur les 12 qu’un pour cent des logements qui ne sont pas
millions prévus. Seuls 25 pour cent des emprunts raccordés au réseau public de distribution de l’eau.
ont été utilisés, ce qui représente une somme de 5,8 Cependant, cela devrait être le cas dans les années
millions de dollars sur les 23,2 millions prévus. à venir puisque le nombre d’abonnés augmente à un
rythme de deux points supérieur à celui du nombre
Le secteur rencontre de graves difficultés à cause
d’habitants.
de la faible capacité d’absorption35 du secteur en
raison de la faible capacité du secteur privé, de
la centralisation de l’exécution budgétaire et de
l’allotissement inapproprié des marchés des travaux.
Ces faiblesses rendent difficiles l’émergence d’une
véritable politique nationale en matière d’eau et
d’assainissement.

35
Taux d’utilisation des crédits alloués (rapport entre les montants effectivement dépensés et montants disponibles à être utilisés).

112
3.5.2. R
 ésultats pour les enfants, qui sont les plus touchés, ce qui explique les taux de
disparités et égalité des genres privation élevés dans les pays à faible revenu.
Suivant le tableau 3.14, le taux de privation des
Dans le domaine de l’eau enfants en « eau potable » pour Madagascar et les
L’eau est l’un des sept domaines dont la privation, Comores ensemble représente 59 pour cent,, soit
chez l’enfant, constitue un facteur aggravant de plus de 6 millions d’enfants sont sévèrement privés
sa pauvreté. Le problème se pose en termes  : de d’eau et ils font plus de 30 minutes de marche pour
sa qualité et de son accessibilité. La privation en trouver de l’eau. Environ 7,5 millions d’enfants de ces
eau potable touche les enfants de la région à des pays sont moins sévèrement privés de l’eau et ils font
proportions différentes suivant les pays. Ce sont plus plus de 30 minutes pour accéder à de l’eau potable.
particulièrement les enfants des familles modestes
Tableau 3.14: Privation sévère et moins sévère d’accès à l’eau potable pour Madagascar et les Comores
(Bristol)

Privation sévère Privation moins sévère


Nombre d’enfants
 Pays Taux Nombre d’enfants Taux Nombre d’enfants
de 0 à 17 ans en 2008
(%) privés (%) privés
Comores 326 490 2,7 8 815 13,8 45 056
Madagascar 10 283 108 61 6 272 696 73 7 506 669
Comores + Madagascar 10 609 598 59 6 281 511 71 7 551 724
Source : Comores: MICS 2000; Madagascar: HDS 2003/2004
Privation sévère : Enfant ayant accès à de l’eau de surface ou devant aller chercher l’eau à plus de 30 minutes du domicile.
Privation moins sévère : Enfant ayant accès à de l’eau de qualité à plus de 30 minutes du domicile.

Madagascar connaît les taux de privation en eau les Le calcul des taux de privation d’enfants en «  eau
plus élevés. Le taux de privation sévère est, en effet, potable » suivant les concepts « AIP » pour l’ensemble
de 61 pour cent tandis que le taux de privation non des pays donnent les résultats indiqués dans le
sévère est de 73 pour cent. tableau 3.15 et le graphique 3.4.

Tableau 3.15 : Accès des enfants à l’eau potable

Enfants n’ayant pas accès à de Enfants n’ayant pas de l’eau


l’eau potable potable à domicile
Nombre d’enfants (Privation sévère) (privation moins sévère)
Pays
de 0 à 17 ans en 2008
Taux Nombre d’enfants Taux Nombre d’enfants
(%) privés (%) privés
Comores 326 490 8,2 26 772 80,8 263 804
Madagascar 10 283 108 59,3 6 095 826 89,4 9 188 985
Maurice 353 202 1,8 6 358 14,5 51 214
Réunion 253 432 0,9 2 374 0,3 712
Seychelles 24 010 0 0 4,2 1 008
Ensemble 11 240 242 54 6 131 330 84 9 505 724
Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude
Dans la région océan Indien, 54 pour cent d’enfants que plus de 6 millions d’enfants n’ont pas accès à de
sont sévèrement privés d’eau potable et 84 pour l’eau potable et plus de 9,5 millions d’enfants n’ont
cent d’enfants sont moins sévèrement privés d’eau pas de l’eau potable à domicile.
potable, suivant les indicateurs « AIP ». Cela signifie

113
Graphique 3.4: Taux de privation des enfants en eau

Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude
Bien que les concepts AIP diffèrent de ceux de Bristol, Dans le domaine de l’assainissement
on observe néanmoins que les taux de privation
sévères et non sévères en eau sont plus importants L’assainissement ou l’accès à des sanitaires décents
chez les enfants malgaches. est un des sept domaines dont la privation des enfants
constitue un facteur de pauvreté chez l’enfant.
A Maurice, à la Réunion et aux Seychelles, les privations
sévères, au sens des « AIP », sont quasiment nulles ; Aux Comores et à Madagascar, environ 49 pour cent
cela signifie, qu’au sein de ces trois pays, l’ensemble des enfants des deux pays (soit plus de 5 millions
des enfants ont accès à de l’eau potable. Cependant, d’enfants) sont sévèrement privés de sanitaires,
en ce qui concerne les privations moins sévères, 15 autrement dit n’ont pas accès à des installations
pour cent des enfants mauriciens n’ont pas accès à sanitaires. En ce qui concerne les privations moins
de l’eau potable à domicile contre 4 pour cent des sévères (les enfants qui utilisent des sanitaires non
enfants seychellois. améliorées), 51 pour cent des enfants des deux
pays sont touchés, ce qui représente 5,4 millions
d’enfants (tableau 3.16).
Tableau 3.16: Privation sévère et moins sévère d’accès à des sanitaires décents: les enfants vivant dans
des foyers ne disposant pas de latrines

Privation sévère Privation moins sévère


Nombre d’enfants
  Pays
de 0 à 17 ans en 2008 Taux Nombre d’enfants Taux Nombre d’enfants
(%) privés (%) privés

Comores 326 490 15,5 50 606 91,1 297 432

Madagascar 10 283 108 50 5 141 554 50 5 141 554

Comores + Madagascar 10 609 598 49 5 192 160 51 5 438 986


Source : Comores: MICS 2000; Madagascar: HDS 2003/2004
Privation sévère : Enfant sans accès à une installation sanitaire quelconque.
Privation moins sévère : Enfant utilisant des installations sanitaires non-améliorées.

114
Suivant les concepts « AIP », le calcul des indicateurs l’ensemble des pays donnent les données indiquées
de privation d’enfants en «  sanitaires  » pour dans le tableau 3.17 et le graphique 3.5.
Tableau 3.17 : Situation des enfants par rapport aux sanitaires

Enfants n’ayant pas de sanitaires Enfants n’ayant pas de sanitaires


à domicile améliorées
Nombre d’enfants (Privation sévère) (Privation moins sévère)
Pays
de 0 à 17 ans en 2008
Taux Nombre d’enfants Taux Nombre d’enfants
(%) privés (%) privés
Comores 326 490 15,4 50 279 92,2 301 024
Madagascar 10 283 108 49,2 5 056 204 49,0 5 037 694
Maurice 353 202 0,2 706 11,0 38 852
Réunion 253 432 4,7 11 870 4,7 11 870
Seychelles 24 010 0 0 1,3 312
Ensemble 11 240 242 45 5 119 060 48 5 389 752
Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude

Dans la région océan Indien, 5,1 millions d’enfants Les enfants les plus sévèrement privés de sanitaires
n’ont pas de sanitaires à domicile, autrement dit se retrouvent à Madagascar : 49 pour cent d’enfants
45 pour cent des enfants sont sévèrement privés n’ont pas de sanitaires à domicile. Le plus fort taux
au sens des AIP. Dans l’ensemble de la région, 5,3 de privation non sévère des enfants se trouve aux
millions d’enfants n’ont pas accès à des sanitaires Comores  : 92 pour cent des enfants utilisent des
améliorés à domicile. sanitaires non améliorés.

Graphique 3.5 : Taux de privation des enfants en assainissement

Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude

115
3.5.3. A
 nalyse de causalité et • L’absence de politique et d’outils
corrélation d’assainissement ;
• L’inexistence d’un système de gestion des
Comores  déchets.

Le secteur de l’eau et de l’assainissement est Il faudrait actualiser et appliquer effectivement


marqué par un très faible engagement de l’Etat. des schémas directeurs d’adduction d’eau et
Dans le secteur de l’eau, les principales barrières d’assainissement dans les agglomérations et
qui empêchent les plus pauvres d’accéder plus des zones rurales, accélérer l’information, la
facilement aux services et aux prestations sont : sensibilisation et l’éducation des populations à
l’utilisation rationnelle des ressources en eau.
• L’absence d’une politique et d’une stratégie
sectorielle de l’eau ; Il faudrait également accroître le volume en eau
• La non clarification du cadre institutionnel et potable distribuée à la population et l’amélioration de
réglementaire du secteur de l’eau ; la qualité de l’eau consommée par la population.
• L’absence d’un plan directeur sectoriel de
Madagascar 
l’eau ;
• Le manque de bases de données fiables sur Depuis 2006, des orientations politiques nouvelles
l’accès à l’eau ; ont permis d’améliorer significativement le
• Les coûts élevés des projets pour les nappes développement du secteur eau et assainissement.
d’eau souterraine qui nécessitent des Les principaux problèmes et contraintes qui
moyens techniques importants ; demeurent sont liés à un cadre institutionnel estimé
• Le manque de coordination et de peu performant. Celui-ci est du à des insuffisances
communication entre les différents au niveau de la coordination du secteur et de la non
acteurs intervenant dans la promotion et le effectivité de la décentralisation des décisions. Les
développement du secteur ; limites au niveau de la politique et de la stratégie
• L’insuffisance des capacités techniques dans spécifique à l’assainissement (la priorité est donnée
la gestion des réseaux d’adduction d’eau ; à l’évacuation d’excrétas) et la quasi-absence de
• Le manque d’équipements et de moyens responsable d’assainissement dans les communes
d’appui pour les systèmes d’adductions rurales désavantagent la mise en synergie des
d’eau ; actions menées.
• L’eau provenant des différents réseaux n’est Par ailleurs, les mauvaises conditions d’hygiène
pas systématiquement traitée ; et l’attachement à certaines coutumes persistent
• Le manque d’entretien adéquat des réseaux dans de nombreuses régions. Il manque, en effet,
d’adduction d’eau. d’infrastructure adéquate et il demeure tabou de
déféquer dans une maison, d’utiliser les mêmes
Dans le secteur de l’assainissement, les principales latrines pour les parents et frères et sœurs, etc.
barrières qui empêchent les plus pauvres d’accéder Une proportion non négligeable de la population
plus facilement aux services et aux prestations sont : perçoit la potabilité de l’eau par son apparence
extérieure, les eaux claires, naturelles, même sans
• La croissance mal maîtrisée des
traitement hygiéniques sont considérées comme
agglomérations et prolifération des habitats
étant potables. L’attachement des individus à ces
précaires ;
croyances handicape la promotion des bienfaits de
• L’absence de plan d’urbanisation et de l’hygiène sur l’assainissement.
schéma d’aménagement urbain ;
• L’absence d’un cadre réglementaire de la La pauvreté monétaire des ménages joue également
gestion des déchets solides et liquides ; un rôle déterminant. Toutefois, l’absence de stratégie
des pays en la matière rend difficile l’identification
• Le manque de latrines en milieu
d’actions prioritaires dans le domaine de l’eau et de
communautaire ;
l’assainissement, ce qui permettrait la mobilisation
• Le manque de gestion des déchets et des ressources pour son financement.
indisponibilité de sites d’enfouissement ;

116
Maurice  pour en construire or l’ancienne n’est plus utilisable.
Les enfants évoquent aussi le refus du propriétaire de
A Maurice qu’il s’agisse de l’accès des enfants à la maison de construire des latrines sur son terrain,
l’eau ou à des sanitaires améliorées, les causes de la et le manque de moyens financiers des parents pour
non-accessibilité restent plus ou moins les mêmes : assurer les dépenses de construction. Cette situation
la pauvreté monétaire des familles se distingue des se manifeste notamment en milieu urbain et pour y
mesures de l’Etat qui excluent actuellement certaines faire face, les enfants utilisent les toilettes des voisins
familles en raison de leurs conditions irrégulières. à leur insu : « Il y a une vieille femme qui dispose de
Les enfants affirment qu’ils n’ont pas accès à l’eau car latrine et nous, nous n’en avons pas, et quand elle est
absente, nous marchons incognito là-bas pour faire
leurs parents connaissent, en autre, des difficultés
nos besoins. Si on ne peut pas faire chez elle, nous
pour effectuer le règlement des factures d’eau, ou
cherchons un lieu derrière les arbustes ».
des coupures dans la fourniture d’eau. Parfois, ils
ne sont pas reliés à la fourniture d’eau, car ils se Les endroits où les enfants qui ne peuvent pas avoir
trouvent en situation irrégulière sur les terrains qu’ils accès aux latrines sont les dépôts d’ordures, les
occupent. Les responsables de la Central Water marécages et les buissons. Certains font même leurs
Authority (CWA) affirment ainsi que les « squatters » besoins au bord des rues la nuit tombée. Les enfants
sont privés de connexion à l’eau courante. En raison de rue et les enfants pauvres sont les plus affectés
de la non-disponibilité de l’eau courante, ces familles par cette situation. Les enfants ont mis en avant
ne peuvent avoir des toilettes améliorées et doivent l’utilisation des WC publics. Cependant, ils estiment
donc se consoler de latrines. Il en ressort, toutefois, que l’accès est très limité car ils sont payants.
que par faute de moyens financiers suffisant, ces
familles ne peuvent acheter un terrain ou louer une En milieu rural, les raisons de l’inaccessibilité des
maison et doivent donc squatter les terres de l’état enfants aux infrastructures d’évacuation d’excréta
ou les terrains privées. diffèrent de celles en milieu urbain. La majorité des
enfants estiment que l’utilisation de latrines n’entre
3.5.4. Perception des enfants pas dans leurs habitudes et dans celles de leurs
communautés. Ils ont évoqué la peur de tomber
A Madagascar, d’une manière générale, les enfants dans la fosse. Les latrines sont ainsi perçues comme
de rue et les enfants de la région sud de l’île notamment malsaines et puantes. Pour des enfants de la région
représentent la catégorie des enfants pauvres qui sud de Madagascar, l’existence de latrines au sein du
éprouvent de grandes difficultés à accéder à l’eau. village peut rendre malade les habitants à cause de
leur caractère infect.
Par eau propre et potable, la majorité des enfants
entendent les eaux non troubles, les eaux du robinet, Par ailleurs, pour de nombreux enfants des régions
les eaux des puits et des sources protégées contre les est et sud du pays, faire leurs besoins dans la nature
ruissellements, les eaux provenant des sources bien est une pratique normale. De nombreux enfants de
entretenues. Une minorité d’enfants non-pauvres, qui la région est préfèrent la nature pour «  faire leurs
vivent plus particulièrement en milieu urbain n’ont besoins ».
pas confiance en l’eau du robinet. Les attentes des enfants mauriciens et rodriguais
Seuls les enfants vivant dans le centre et dans l’ouest diffèrent en ce qui concerne l’accès à l’eau. En effet, les
de l’île ont signalé avoir accès à des bornes fontaines problèmes qui les touchent sont totalement différents.
et à l’eau de robinet. Les enfants des autres régions Pour les Mauriciens, le gouvernement devrait investir
puisent l’eau auprès des sources naturelles et des dans l’installation de tuyaux d’approvisionnement en
puits à usage collectif. eau pour pouvoir les desservir, dans la construction de
fontaines publiques afin qu’il y ait plus d’hygiène dans
Dans l’ensemble et en particulier pour les enfants l’approvisionnement en eau, et dans la construction
pauvres, les difficultés sont plus accentuées à la de réservoir public. Des mesures plus sociales sont
saison sèche à cause du tarissement. Ils sont alors également attendues du gouvernement, notamment
obligés de prendre l’eau des rizières et/ou des à travers la distribution gratuite d’eau aux familles à
rivières. Dans la plupart des cas, celles-ci se trouvent l’aide de camions citernes, une aide financière sous
très éloignées des villages. forme de subsides, allocation, réduction de moitié
de la facture d’eau, et l’accord d’un plus long délai
Des enfants expliquent que les maisons d’habitation
aux familles défavorisées pour le règlement de leurs
ne sont pas dotées de latrines car il n’y a plus d’espace
factures.

117
Fille Pauvre, 16 ans, Cité Atlee, Plaines Wilhems, Ile Maurice

« Je vais toujours chez une personne quand je veux boire de l’eau. Quand il y a coupure d’eau, je ne bois pas d’eau, je vais
aussi chez les gens et quand nous ne trouvons pas d’eau, nous puisons dans l’étang a côté » ; « la gargotière ne donne pas
de l’eau à boire ».
«  C’est moi qui lave mes vêtements quand ils sont sales. Néanmoins, les autres ont pu payer une lessiveuse. Pourtant, ce
n’est pas moi qui m’occupe de chercher de l’eau pour cuisiner et pour laver mais il y a des charrettes de bœufs qui nous la
livrent. L’eau n’est pas propre. Elle est rouge et sale. A cause de cela, j’ai toujours mal au ventre ».
« A chaque fois que je suis tombée malade, on m’emmène chez le médecin. Mais je ne suis pas guérie de ses médicaments.
Maux de tête, vertige, manque d’appétit, paludisme, telles sont les maladies qui m’attrapent régulièrement. Parfois, quand
je m’assois, puis je me lève, je sens toujours un étourdissement ».

Les enfants non-pauvres apparaissent plus radicaux se laver à la rivière et que des familles lavent le linge
dans leurs solutions. Ils proposent de déloger les dans la rivière.
familles vers des lieux qui garantissent un accès à
l’eau. Les familles se retrouvent dans cette situation
soit parce que l’eau est coupée, soit parce qu’elles
Si quelques enfants rodriguais parlent également vivent dans des bidonvilles ou dans des squats. Enfin
d’installation de tuyaux, de construction de fontaines certains interviewés évoquent le fait qu’en cas de
et de réservoirs publics et de distribution gratuite cyclone, l’eau n’est plus potable et que les gens
d’eau, pour la majorité, le gouvernement devrait n’ont pas toujours les moyens d’acheter de l’eau en
construire des réservoirs individuels pour chaque bouteille.
famille démunie et investir dans le dessalement de
l’eau de mer ou la filtration de l’eau des rivières afin 3.5.5. F
 ondement et partenaires pour
de leur permettre d’avoir accès à l’eau.
une stratégie
A la Réunion, 94 pour cent des enfants interrogés
ont répondu avoir accès à de l’eau courante chez eux Au regard de cette situation, il s’avère nécessaire
et tous estiment n’avoir aucun mal à trouver de l’eau de faire converger les moyens humains et financiers
propre. Pour éviter de boire l’eau sale, en premier pour aider les familles défavorisées. Ainsi, les
lieu, les enfants savent qu’il faut acheter de l’eau propositions faites par les enfants, les chefs de
en bouteille ou faire bouillir de l’eau. Quelques-uns famille, les ONG, la communauté et les institutions
proposent également de mettre un filtre, de mettre étatiques semblent démontrer que tous (Etat,
une citerne, de remplir des bouteilles ou des bidons familles, ONG, etc.) devraient s’investir pour aider les
(avant le cyclone) ou encore de prendre l’eau de pluie. enfants pauvres à améliorer leur cadre de vie.
Certains enfants aimeraient, toutefois, disposer de A ce jour, les témoignages des enfants pauvres, en
l’eau en bouteille gratuitement. particulier les enfants de rue, surtout à Madagascar,
La majorité des personnes interrogées (institution des enfants vulnérables et ceux des squatters,
locale et centrale, chef religieux etc.) pense que la convergent sur le fait que leur gouvernement « ne fait
plupart des enfants réunionnais ont accès à l’eau rien » pour les aider à avoir un logement décent et à
potable. Cependant les interviewés dénoncent le rendre accessibles l’eau courante et les sanitaires.
fait que certains quartiers ne sont toujours pas Certains ressentent un certain favoritisme de la part
raccordés au réseau d’eau. Les familles sont des politiciens vis-à-vis de certaines couches de la
obligées de s’approvisionner dans les commerces population au détriment des autres.
et d’attendre la distribution d’eau par les camions Les Etats qui ne disposeraient pas encore d’un
citernes. Certains pensent aussi que c’est parce programme clair dans le domaine doivent élaborer
que des familles n’ont pas d’eau courante chez eux, des stratégies nationales d’eau et d’assainissement
qu’ils vont à un robinet public, que des enfants vont sur la base des problèmes vécus actuellement par

118
les enfants et la population en général et en faire un pour trouver des solutions aux problèmes de l’eau
plaidoyer pour mobiliser les fonds. et de l’assainissement. Il faudrait instaurer un cadre
institutionnel clair et précis avec des rôles bien
Il faudrait une action convergente avec la participation définis pour chaque acteur et pourquoi pas intégrer
de tous les acteurs, familles, communautés, Etat, un financement pas les ménages dans la gestion du
organisations non gouvernementales et de la secteur pour maintenir et garantir les services.
société civile, partenaires en développement etc.

3.6. Accès au logement


3.6.1. Lois, politiques et programmes traditionnelle pour la construction de logements
nationaux les plus importants sociaux.
Dans le domaine de l’habitat, les expériences de
Comores  Madagascar en la matière sont assez limitées et
portent essentiellement sur la gestion urbaine.
Dans le domaine de l’habitat, les autorités
Plusieurs initiatives ont été tout de même conduites
ont mis en place depuis les années 1980 les
grâce à l’intervention de partenaires dont la Caisse
moyens nécessaires avec l’appui des institutions
centrale de coopération économique, le Fond
internationales en vue d’améliorer les conditions
européen de développement, le Fond d’appui aux
de vie et de l’habitat de la population. A cet effet,
communes, le Programme des Nations unies pour
des schémas directeurs d’aménagement des
le développement et la Banque mondiale pour le
zones résidentielles les plus importantes ont été
financement du Projet de développement urbain
élaborés. Il s’agit des agglomérations de Moroni,
d’Antananarivo et de Toamasina et récemment les
Mitsamiouli, Mbéni, Foumbouni en Grande Comores,
plans d’urbanisme directeur des grandes villes.
Mutsanmudu, Ouani, Domoni à Anjouan et Fomboni
à Mohéli. Ces schémas prévoyaient également Une étude de faisabilité de la mise en place d’un
la dotation en équipements et infrastructures et Fonds national de l’habitat est en cours actuellement
des propositions d’amélioration des conditions de en vue de mettre en œuvre le programme d’Habitat
logement. Dans le domaine foncier, la situation et d’accès au logement.
se caractérise par une grande complexité et une
insécurité des propriétaires du fait de la coexistence Maurice 
des droits coutumier, musulman et moderne à la fois.
Depuis les années 1960, le Gouvernement a mis
Néanmoins, le Gouvernement actuel a fait de en place plusieurs «  programmes de logements
l’habitat une des ses priorités. Il a mis en place un sociaux » pour assurer la « construction de maisons
projet de construction de logements grâce à un à l’attention de familles à revenus moyens  ».En
appui financier de 5 millions de dollars américains de 1991, les stratégies de l’Etat se sont modifiées, et
l’Arabie saoudite. Le but de ce projet est d’améliorer les objectifs axés sur le recouvrement des coûts au
les conditions de vie de la population, en tenant détriment de la construction de logements sociaux.
compte des moyens disponibles ou mobilisables, pour De ce fait, les activités de construction ont cédé la
assurer un éventail de facilités de base et promouvoir place à l’allocation de prêts à des taux préférentiels
la réalisation des infrastructures techniques et aux familles touchant des salaires en-dessous d’un
sociales adéquates dans le milieu urbain et rural. certain barème.

Madagascar  Cette nouvelle stratégie a exclu les familles à


faibles revenus et pour y remédier et encourager
La Politique nationale de l’habitat a été approuvée en la construction d’appartements sociaux, le
novembre 2006 à Madagascar.  Les stratégies en gouvernement a lancé un plan spécial permettant aux
matière de logement prônent entre autres la mise en familles défavorisées de bénéficier de concessions
place d’un système d’épargne-logement, la création sur la taxe. Cette mesure fut loin d’être efficace : les
d’un Fonds de solidarité pour le logement social appartements construits à l’attention de ces familles,
destiné aux ménages les plus démunis, l’exploitation, ont été achetées par les familles à revenus moyens,
la promotion et l’adaptation des pratiques d’entraide aggravant la situation pour les familles défavorisées,

119
les forçant à vivre en situation illégale sur les terres domaine de l’habitat social, mais les résultats obtenus
de l’Etat. Le nombre croissant de squatters durant sont loin d’être à la hauteur des besoins  : 27  000
ces années augure bien l’ampleur du problème. ménages sont toujours en attente d’un logement
social et seulement 15 pour cent des demandes
D’autres initiatives visant les familles à faibles sont satisfaites. La dégradation des paramètres de
revenus et celles n’ayant pas de logement, ont été financement du logement social et la diminution de la
adoptées par le gouvernement à partir de 1990. ligne budgétaire unique (LBU) empêchent aujourd’hui
Ainsi, jusqu’en 2005, le gouvernement a régularisé d’envisager un quelconque rattrapage.
la situation de 2085 familles vivant en situation
illégale sur les terres de l’Etat, et depuis 2005, 106 Ce constat révèle que la population dispose de faibles
familles ont été régularisées36. Cette période a été ressources (50  pour cent de la population vit avec
également marquée par la construction, à grande moins de 790 euros par mois, seuil de pauvreté
échelle, de logements sociaux incluant les facilités y national), et de ce fait 80 pour cent de la population
afférentes, à l’attention des familles à faibles revenus est éligible au logement social.
et des personnes « sans abris ». De 2000 à 2006,
environ 5000 logements sociaux ont été construites Le parc locatif social comporte 52  000 logements
à l’attention des familles touchant jusqu’à 8 500 qui abritent près de 20 pour cent des ménages. On
roupies mauriciennes par mois, soit environ 280 dénombre environ 27  000 demandes en attente
dollars. chaque année, soit près de 50 pour cent du nombre
de logements sociaux existants. Le taux d’attribution
D’autre part, des terrains pourvus de toutes les est de 1 pour 5 demandes, alors que le taux annuel
infrastructures de base, sont mis à la disposition des de livraison de nouveau logement est en chute depuis
familles qui touchent un revenu mensuel entre 7 500 plusieurs années (de 2500 logements par an entre
(250 dollars) et 12 000 roupies mauriciennes (400 1995 et 1999 à 1500 logements/an de 2000 à
dollars) et qui préfèrent construire leurs maisons. 2004 et 1000 logements en moyenne de 2005
Des critères d’éligibilité ont été etablis pour assurer à 2008). A cette diminution dans les logements
que seules les populations ciblées en bénéficient,. nouveaux est associée aussi une diminution dans
le financement du logement social. En effet, on note
Depuis 2005, le Trust Fund for Integration of une baisse sensible de la part de dotation budgétaire
Vulnerable Groups sous l’égide du Ministère LBU affectée à la production de logements sociaux
des Finances s’est engagé à construire 2 041 pour la Réunion  (de 105 millions euros dans les
logements pour un coût total de 108 millions roupies années 90 à 73 en 2008).
mauriciennes (3,6 millions de dollars), à l’intention des
familles vivant dans les 229 « poches de pauvreté37 » En outre, le secteur est caractérisé également par
de Maurice et de Rodrigues. En 2008, le Trust Fund une forte pression immobilière et foncière depuis
a financé 1 100 logements additionnels en faveur cinq ans (+ 80 pour cent pour les maisons  et + 65
des familles perçoivent un revenu mensuel inférieur pour cent pour les appartements).
à 4 000 roupies mauriciennes (environ 130 dollars).
Le secteur locatif privé est fortement mobilisé, en
Sur le plan budgétaire, les dépenses de l’Etat l’absence de logements sociaux suffisants. Toutefois,
tendent à décroître, passant de 1,7 pour cent en ces critères cumulés (absence de logements sociaux
2003/2004 à 1,2 pour cent en 2007/2008. en nombre suffisant et logements privés proposés à
Depuis quelques années, l’Etat encourage le secteur des coûts plus élevés) font que 69 000 ménages se
privé à s’impliquer dans ce secteur, lui permettant trouvent en situation de surpeuplement.
de se concentrer davantage sur la construction de
La Réunion a un besoin important de constructions
logement pour les familles les plus défavorisées et
nouvelles dans la mesure où elle connaît une forte
qui vivent dans les poches de pauvreté.
croissance démographique. En effet, selon les
prévisions démographiques, la population doit
Réunion  atteindre le million d’habitants en 2030, contre
Depuis plusieurs années, il existe une forte 800 000 aujourd’hui. Ainsi, le nombre de ménages
devrait augmenter de 64 pour cent d’ici à 2030,
présence de l’Etat au niveau du logement social
pour atteindre 421  000 ménages, alors que dans
avec des financements de plusieurs dizaines de
le même temps la population n’augmentera « que »
millions d’euros. Ce financement est complété par
de 32,5 pour cent. Ceci n’est pas sans conséquence
les collectivités locales et d’autres acteurs dans le
36
Ministère des Terres et du Logement.
37
Régions où vivent les personnes les plus défavorisées, ou vivant dans des conditions d’extrême pauvreté.
Les familles vivant dans des conditions d’extrême pauvreté sont définies comme celles ayant un niveau de revenus égal ou inférieur à la moitié de
moyenne de la médiane de revenu des ménages, donc inférieur ou égal à 3,660 roupies mauriciennes.
120
pour le parc de logements qui pourrait passer de company qui continue à offrir les mêmes services.
280  000 en 2005 à 468  000 en 2030, soit des Ce programme a permis à la grande majorité des
besoins en construction ou démolition-reconstruction Seychellois d’être propriétaires de leurs maisons.
de 188 000 logements durant cette période.
3.6.2. R
 ésultats pour les enfants,
Seychelles  disparités et égalité des genres
Aux Seychelles, lancé en 1981, Seychelles housing En utilisant la méthode de Bristol, les taux de privation
development corporation (SHDC). avait pour but de des enfants en «  logement  » pour Madagascar et
donner des prêts à un taux d’intérêt bas pour faciliter les Comores donnent les résultats illustrés dans le
l’achat ou la construction d’une maison. Le SHDC est tableau 3.18.
aujourd’hui remplacé par le Property management
Tableau 3.18: Privation sévère et moins sévère d’accès à un logement/habitat décent

Privation sévère Privation moins sévère


Nombre d’enfants
  Pays
de 0 à 17 ans en 2008 Taux Nombre d’enfants Taux Nombre d’enfants
(%) privés (%) privés

Comores 326 490 5,4 17 630 50,7 165 530

Madagascar 10 283 108 18 1 850 959 18 1 850 959

Total 10 609 598 18 1 868 590 19 2 016 490


Source : Comores: MICS 2000 ; Madagascar : HDS 2003/2004
Privation sévère : Enfant habitant dans un logement avec 5 personnes ou plus par chambre ou dans un logement sans sol en dur.
Privation moins sévère : Enfant habitant dans un logement avec 4 personnes ou plus par chambre ou dans un logement sans sol en
dur ou toit adéquat.

La privation de logement chez les enfants à Le calcul des taux de privation des enfants en
Madagascar se pose plus en termes de non «  logement  » suivant les concepts «  AIP  » pour
disponibilité de chambres (plus d’enfants dans une l’ensemble des pays donnent les résultats présentés
chambre) tandis qu’aux Comores, le problème de dans le tableau 3.19 et le graphique 3.6.
logement se pose en termes de précarité (logement
sans sol).

Tableau 3.19: Situation des enfants par rapport au logement

Enfants vivant dans une maison Enfants vivant dans une maison
précaire (paille /tôle, etc.) sans sol ou sans mur
Nombre d’enfants (Privation sévère) (Privation moins sévère)
Pays
de 0 à 17 ans en 2008
Taux Nombre d’enfants Taux Nombre d’enfants
(%) privés (%) privés
Comores 326 490 62,5 204 056 65,0 212 219
Madagascar 10 283 108 72,3 7 434 687 77,8 8 002 314
Maurice 353 202 0,3 1 060 9,7 34 261
Réunion 253 432 1,4 3 548 0,0 0
Seychelles 24 010 0,2 53 0,0 0
Ensemble 11 240 242 68 7 643 404 74 8 248 794
Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude

121
Ces résultats diffèrent de ceux de Bristol par le fait Dans la région océan Indien, la privation de logement
que les concepts ne sont pas les mêmes. En ce qui constitue le premier facteur de pauvreté touchant
concerne les concepts de Bristol, la privation en sévèrement 68 pour cent des enfants, soit plus de
logement s’entend par le nombre d’enfants vivant 7,6 millions d’enfants qui vivent dans des maisons
dans une chambre. Quant aux concepts AIP, la précaires (paille/tôle) ou dont le ménage est
privation en logement concerne les caractéristiques composé de plus d’une famille. Par ailleurs, ils sont 73
du logement (précaire ou non). Les taux relativement pour cent d’enfants à être moins sévèrement privés
faibles obtenus pour Madagascar et les Comores de logement ; soit plus de 8,2 millions d’enfants qui
(utilisant les concepts de Bristol) peuvent s’expliquer vivent dans une maison sans sol ou sans mur.
par la possible situation d’enfants qui ne sont pas
trop « entassés » dans peu de chambres, mais plutôt Madagascar et les Comores regroupent les plus
nombreux à vivre dans des maisons précaires. On forts taux de privation AIP en logement. A l’inverse,
observe ce phénomène aux Comores où les garçons on observe de faibles taux de privation en logement
à partir d’un certain âge peuvent aller vivre dans des dans les pays à revenus intermédiaires.
« Vallas38 ».
Graphique 3.6: Taux de privation des enfants en logement

Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude.
3.6.3. A
 nalyse de causalité et drogue ou la cigarette. Elles subviennent difficilement
corrélation aux besoins de base de leurs enfants, en termes de
logement et de sanitaires. Ces circonstances font
Au niveau du secteur logement/habitat, les principaux qu’elles ne peuvent améliorer leur logement.
problèmes identifiés sont liés au développement et
De plus, la promiscuité au sein du foyer accroît
à l’aménagement urbain, à la disponibilité foncière,
l’exposition des enfants aux violences conjugales,
aux difficultés du secteur de la construction ainsi
aux abus sexuels et aux viols de la part des autres
qu’à l’inexistence de dispositifs et de systèmes de
membres du foyer. Le manque d’espace entre
financement adéquats à la mesure des capacités
les logements expose également les enfants à la
des ménages.
violence des voisins. Dans plusieurs cas, des filles ont
En général, pour les enfants, les principales raisons été victimes d’attouchement sexuel et de viols de la
pouvant expliqué l’inaccessibilité à un logement décent part des voisins.
sont  que certaines familles manquent de moyens  :
Les entretiens individuels révèlent que tous les
chômage ou dépendance des parents sur l’alcool, la
enfants n’ont pas accès à un logement décent

38
Maisons précaires utilisées par beaucoup de jeunes garçons avant le mariage.

122
à cause du surpeuplement des logements et du villages pauvres sont insalubres et dépourvues
manque d’espace. De plus, beaucoup de terrains d’infrastructures. Selon eux, l’état de délabrement et
sont déclarés non constructibles et qu’il n’est pas l’absence d’objets de valeur ainsi que l’insuffisance des
possible d’agrandir. ustensiles de cuisine et la malpropreté caractérisent
les habitations des ménages pauvres. Les maisons
En second lieu, les interviewés dénoncent que les en carton et en cellophanes ont été signalées par les
réponses aux demandes de logements sociaux enfants du milieu urbain.
sont obtenus après une longue période d’attente,
voire même plusieurs années telle que attestée à Les enfants pauvres ressentent plus particulièrement
la Réunion. De plus, il n’y a pas assez de logements la promiscuité, l’absence d’intimité, le fait de dormir à
sociaux, or certaines familles «  non-pauvres  » en même le sol et le manque d’éclairage faute d’argent
bénéficient, ce qui est ressenti comme une injustice pour le pétrole lampant : « Nous n’avons qu’une seule
au même titre que le fait que les travailleurs pauvres pièce pour habitation, c’est très à l’étroit même pour
n’ont pas accès aux logements sociaux. Par ailleurs, s’asseoir, on s’entasse pour dormir. » ; « Je n’arrive
l’habitat social est parfois mal entretenu et il y a pas à respirer dans ma chambre, je me sens serrée,
un manque d’aides à l’amélioration de l’habitat ou je ne peux pas respirer… » ; « Du fait de la promiscuité
d’opération RHI (résorption de l’habitat insalubre). car nous sommes nombreux à la maison, les maladies
comme la toux et la gale se répandent rapidement ».
3.6.4. Perception des enfants
Le récit de vie de cet enfant aux Comores nous
Aux Comores et à Madagascar, les enfants en dit plus long sur cette situation de privation de
à l’unanimité, s’accordent sur le fait que les logement :

Jeune garçon pauvre, âgé de 15 ans ; Mremani Comores.

« Nous sommes nombreux dans la famille. Au village les parents pensent toujours qu’un « enfant est une richesse ». Alors
ma mère a fait beaucoup d’enfants, dans l’espoir que quand nous serons grands, elle aura beaucoup d’argent.
Nous vivons sept dans une chambre en paille : ma mère et six enfants. Elle n’a pas les moyens de nous offrir d’autres
chambres. Nous dormons à même le sol et la chambre est seulement séparée par un rideau, afin de distinguer notre place
et celle de ma mère. […].
Je ne mange pas régulièrement et au mieux nous mangeons seulement le soir. Un menu au riz avec des feuilles de manioc.
Il nous arrive de passer des jours sans que ma mère ne trouve de quoi nous préparer à manger.
Je porte toujours des habits sales et rapiécés. Ma mère n’a jamais pensé m’envoyer à l’école à cause de nos conditions de vie.
Elle n’a pas les moyens de payer les droits d’inscription, les frais occasionnés, l’achat des fournitures et la tenue scolaire.
J’aurai aimé fréquenter l’école, mais je ne vois aucune issue compte tenue de la pauvreté de ma famille. Mon père est parti
depuis longtemps à Mayotte et il ne donne aucune nouvelle ».

Dans les trois autres pays, les enfants suggèrent ou de maisons à des prix abordables ;
de multiples solutions, entre l’assistanat et la - l’augmentation des allocations qui leurs
participation, en passant par la prise en charge des sont offertes ;
enfants. Ils proposent :
- la construction d’orphelinats, de couvents
- la construction de maisons pour les enfants et de centres spécialisés pour y placer les
et leur famille ; enfants qui n’ont pas de logement, tout en
- le relogement des familles dans des leur permettant d’y obtenir de la nourriture
maisons décentes avec toutes les facilités et un accès à l’éducation ;
qui leur sont nécessaires ; - la prise en charge des enfants par le Child
- l’offre de facilités de location d’appartements Development Unit (CDU) à Maurice.

123
D’autre part, les enfants affirment l’importance que aux autorités concernées afin que les familles et les
les autorités gouvernementales soient beaucoup plus enfants puissent avoir accès à un habitat décent.
présentes sur le terrain que dans les bureaux pour
constater concrètement les conditions d’existence Outre le gouvernement, les associations peuvent
des enfants pauvres au quotidien. également aider les familles, et ainsi des demandes
d’aide doivent également leur être adressées.
3.6.5. F
 ondement et partenaires pour Afin de résoudre le problème des enfants qui
une stratégie dorment à même le sol, les enfants sont d’avis que
les habitants de la région pourraient également faire
Pour tous les enfants, la participation et l’implication don de leurs vieux matelas aux familles démunies.
des parents s’avèrent nécessaires, afin de permettre
aux familles et aux enfants d’accéder à un logement L’accent devrait, toutefois, être mis sur l’accessibilité
décent. Selon leur point de vue, les parents doivent à tous de ces facilités de base. Pour que cela puisse
faire les efforts nécessaires. se réaliser, il est important que le gouvernement
mettent en œuvre les actions nécessaires pour
Pour autant, ils n’écartent pas l’importance de régulariser la situation des squatters et des sans
recourir aux autorités du pays. En effet, les autorités domiciles fixes, afin de leur permettre d’avoir accès
doivent être informées de la situation afin que les à un logement. D’autre part, des actions ciblées
actions nécessaires soient prises. D’autre part, doivent être développées, notamment à travers des
selon ces enfants, des demandes de logement, de allocations ou des tarifs réduits pour les familles à
financement ou de matériaux doivent être adressées faibles revenus.

3.7. Accès à l’information et à la participation


Selon la Convention relative aux droits de l’enfant de postes émetteurs de nouvelle
(CDE), l’enfant a droit à l’information et « dans technologie et l’installation d’antennes
toute question ou procédure, d’exprimer librement relais en de nombreux points de l’île,
son opinion, et de voir cette opinion prise en - rendre les moyens de réception de
considération  ». L’accès à l’information fait partie l’information accessibles à tous les
des sept domaines de privations de Bristol liées à la ménages, surtout ceux des catégories
pauvreté de l’enfant. socio-économiques moyenne et pauvre,
- assurer une meilleure qualité de
3.7.1. Lois, politiques et programmes l’information diffusée par la mise en place
nationaux les plus importants d’un système juridique et technologique
de régulation des médias.
Comores et Madagascar 
Durant la première et la deuxième République
Aux Comores et à Madagascar, il n’existe pas de (1960-1975, 1975-1990), il existait des opérations
véritable politique nationale qui cadre toutes les ponctuelles dénommées «Opération radio» puis
actions visant l’amélioration de l’accès de toute la «Opération télévision» qui permettaient, avec l’appui
population en générale, et des enfants en particulier, de différentes banques, via des prêts spéciaux,
à l’information et à la participation. à la majorité des ménages d’avoir un poste de
radio. L’absence d’un système devant assurer la
A Madagascar l’enquête sur les moyens de
maintenance a fait que parmi les 70 pour cent des
communication réalisée en 2004 révèle que 48 pour
ménages qui ont un poste de radio, seulement 20
cent des ménages écoutent la radio et que 25 pour
pour cent d’entre eux ont encore un poste en état de
cent d’entre eux regardent la télévision. Certaines
fonctionnement.
activités ont déjà été entreprises pour :
Le MAP, dans son Engagement 2 «  Infrastructure
- permettre la réception de la Radio
reliée  » et au défi 5 «  Assurer un système de
nationale malagasy (RNM), puis de la
communication efficace », parle de l’amélioration de
Télévision malagasy (TVM), sur tout le
la couverture de l’accès de la population aux moyens
territoire de Madagascar, via l’acquisition
de réception de l’information et recommande la

124
mise au diapason des nouvelles technologies de culturels de l’île met à la disposition du public une
l’information et de la communication. bibliothèque correspondant à la langue qu’il promeut.
Entre 2006 et 2007, les investissements dans Réunion 
le secteur de la télécommunication ont connu une
hausse de 145 pour cent. Selon le rapport annuel A la Réunion, il existe un cadre réglementaire sur
du Ministère de l’économie, le volume de ces l’information, les loisirs et la participation des enfants.
investissements s’élève de 61 millions de dollars Par rapport aux programmes axés sur l’information,
en 2006 et est passé à 172 millions de dollars il est possible de citer pour exemple les « CIDJ, CRIJ,
en 2007. Le taux de pénétration des téléphones PIJ » : Le réseau d’information jeunesse qui mettent
fixes et mobiles semble s’améliorer et connaît une à la disposition du public des informations pratiques
croissance rapide. De même pour l’Internet qui est au plan national, régional et local, dans les domaines
passé de 0,2 pour cent en 2004 à 1,6 pour cent en des études, des métiers, de l’emploi, de la formation
2007. Le taux de pénétration de la radio est de 1,3 à continue, de la vie quotidienne, de l’Europe et des pays
13 pour cent au cours de la même période. étrangers, des loisirs, des vacances et des sports.
Il s’agit d’un véritable service en ligne, délivrant un
Les enfants non touchés par le système d’information
premier niveau d’information, avant d’orienter les
sont plus particulièrement ceux qui se trouvent dans
internautes vers la source d’information la plus utile
les ménages n’ayant pas les moyens financiers
(page spécialisée d’un site ministériel, de l’ANPE, du
pour acheter les postes récepteurs et les journaux
CIDJ, de la CAF, etc.). Il y a aussi les espaces public
et pour payer les services d’information payants
numériques à la Réunion : cyber cases – cyber bases
comme les projections de vidéo et les bibliothèques
– cyber bus, etc. qui favorisent le développement des
de l’Alliance française. Mais, il y a aussi ceux qui vivent
dans une localité dans laquelle l’offre en matière de technologies de l’information et de la communication,
service d’information n’existe pas ou n’est pas de créant ainsi de nouvelles activités et de nouveaux
bonne qualité comme les localités non connectées emplois.
au réseau électrique et où la réception radio et télé
n’est pas bonne.

Maurice 
Il n’existe, à Maurice, aucune loi qui gouverne l’accès
des enfants à l’information et à la participation.
Toutefois, en tant que signataire de la CDE, Maurice
veille à ce que les droits des enfants soient respectés
dans le domaine de l’information et de la participation.
En effet, Maurice a été parmi les 10 premiers pays
à ratifier la CDE, en 1995, et s’est attachée, depuis,
à promouvoir les droits et l’intérêt supérieur des
enfants.
Afin de permettre une plus grande participation des
enfants dans la prise de décisions à tous les niveaux,
la mise sur pied et la conduite de programmes
d’habilitation des enfants ont été suggérées par le
Ministère des droits de la femme, du développement
de l’enfant et du bien-être de la famille. Ceci
comprend, entre autres, le développement de
programmes pour enfants, la formation d’animateurs
pour ces programmes, la formation de pairs, la
conduite d’ateliers de travail avec les enfants et
plus d’opportunités aux enfants pour qu’ils puissent
s’exprimer à travers les médias.
Des bibliothèques existent également dans presque
toutes les régions de l’île, et chacun des centres

125
Seychelles  - assurer la visibilité des jeunes, que leur
voix soit entendue et prise en compte dans
Aux Seychelles, il existe plusieurs programmes liés à les décisions prises en faveur des jeunes  ;
l’information et à la participation  qui ont, eu un effet renforcer les capacités des jeunes en
sur la situation des enfants : le «  Neighbourhood matière de communication et améliorer leur
Recreational Activities » du «  Ministry of Community estime de soi ;
Development  », les «  Nature Clubs  » de l’ONG
«  Nature Seychelles  », les activités sportives - avoir une plate forme pour des échanges
gratuites offertes par le «  National Sports Council », entre jeunes, avec les adultes et pour des
le «  Young Consumers de NATCOF  », le «  National échanges de bonnes pratiques.
Youth Council  », etc. Il existe des programmes Des émissions intitulées « Jeunes 5/5 » sont
récents qui ont été mis en place, par exemple, les réalisées sur des sujets qui touchent les jeunes et
«  internet cafés  »  qui ont pour but d’établir des recueillent leurs perceptions ainsi que celles des
cybers cafés dans les bureaux de l’administration adultes, des enseignants et des spécialistes sur
des districts afin de mettre l’internet à la disposition les différentes thématiques. Les émissions sont
des enfants et des jeunes, en dehors des heures de diffusées dans certaines des 5 iles et sont aussi
classes39 et à un prix très bas. disponibles sur DVD ou sur le siteweb de l’ODEROI
Dans le cadre d’une stratégie de communication http://www.oderoi.org.
régionale, depuis mars 2008, l’ODEROI et l’UNICEF
sous l’égide de la COI, ont établi un accord de 3.7.2. R
 ésultats pour les enfants,
partenariat avec la Mauritius Broadcasting disparités et égalité des genres
Corporation dans le but de promouvoir le plaidoyer
en faveur des enfants, assurer la mobilisation sociale, Le calcul des taux de privation des enfants en
et contribuer à des changements de comportement «  Information  » suivant la méthode de Bristol
sur tout ce qui a trait à la situation des enfants. donnent les résultats indiqués dans le tableau 3.20
Les objectifs spécifiques sont de permettre aux pour Madagascar et les Comores. Ainsi, 24 pour
jeunes de : cent d’enfants des deux pays sont sévèrement privés
d’information et n’ont pas accès à aucun média, ce
- s’exprimer sur leurs besoins, leur vécu, leurs qui représente plus de 2,1 millions d’enfants. Environ
réalités et leurs attentes ; 27 pour cent d’enfants sont moins sévèrement
privés d’information, c’est à dire qui n’ont pas accès
- sensibiliser les décideurs sur les
à la radio et à la télévision, ce qui représente près de
problématiques qui les concerne en vue
2,4 millions d’enfants.
d’améliorer les services et les programmes
en faveur des jeunes ;

Tableau 3.20 : Privation sévère et moins sévère d’accès à l’information:

Privation sévère Privation moins sévère


Nombre d’enfants
  Pays
de 3 à 17 ans en 2008 Taux Nombre d’enfants Taux Nombre d’enfants
(%) privés (%) privés

Comores 273925 42 115 048 83 227 358

Madagascar 8 637 810 23 1 986 696 25 2 159 453

Comores+ Madagascar 8 911 735 24 2 101 745 27 2 386 810


Source : Comores MICS 2000; Madagascar DHS 2003/2004
Privation sévère : Enfant sans accès à aucun media (radio, télévision, téléphone, journaux, ordinateur).
Privation moins sévère : Enfant sans accès à la radio ou à la télévision.
Le calcul des taux de privation en information  suivant les résultats présentés dans le tableau 3.21.
les concepts « AIP » pour l’ensemble des pays donne

39
 outes les écoles aux Seychelles ont un « computer room » où les enfants peuvent avoir accès à l’internet, à travers l’intranet du Ministère de
T
l’éducation. Toutefois, certaines écoles rapportent qu’il y a régulièrement des problèmes de connexion.

126
Tableau 3.21: Les enfants face à l’information

Enfants vivant dans des ménages


ne disposant ni de la radio, ni de Enfants vivant dans des ménages ne
la télévision, ni d’ordinateur, ni de disposant ni de radio ni de télévision
Nombre d’enfants téléphone (Privation moins sévère)
Pays (Privation sévère)
de 3 à 17 ans en 2008

Taux Nombre d’enfants Taux Nombre d’enfants


(%) privés (%) privés

Comores 273 925 41,8 114 501 41,8 114 501

Madagascar 8 637 810 0,4 38 006 4,1 357 605

Maurice 304 456 2,1 6 394 3,7 11 265

Réunion 237 397 3,8 9 117 5,6 13 343

Seychelles 20 000 0,1 14 3 600

Ensemble 9 473 588 2 168 032 5 497 313

Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude.

Pour la région Océan Indien, 2 pour cent des enfants enfants qui n’ont pas réellement accès à l’information ;
soit 158  000 enfants, sont sévèrement privés de tandis que les «  AIP  » utilisent les données sur le
moyens d’information (c’est à dire le ménage dans ménage (les enfants vivant dans des ménages)
lequel ils vivent ne dispose ni de radio, ni de télévision, qui ne disposent pas de moyens d’information. Les
ni d’ordinateur, ni de téléphone),. Par ailleurs, résultats de ces 2 méthodes laissent, toutefois,
5 pour cent d’enfants sont moins sévèrement présager que dans la réalité, beaucoup d’enfants
privés de moyens d’informations. Au total, environ vivent dans des ménages qui disposent au moins
484 000 d’enfants vivent dans des ménages qui ne d’un moyen d’information. Néanmoins, ces enfants
disposeraient ni de radio ni de télévision. peuvent ne pas avoir accès à l’information.
La privation d’information des enfants au sens des Hormis les Comores, la privation en information ne
« AIP » est sous estimé par rapport à celle de Bristol.  semble pas être très significative pour l’ensemble
En effet, les indicateurs de Bristol, considèrent les des pays de la région.

Tableau 3.22 : Les enfants qui n’ont pas accès à la radio, télévision et journaux (en pourcentage)

Comores Madagascar Maurice Seychelles

Sexe M F M F M F M F

3 – 5 ans 46,4 43,1 0,1 0,5 3,90 4,90 0 0

6 – 12 ans 44,0 47,5 0,2 0,3 3,20 3,30 0 0

13 – 18 ans 34,0 34,8 0,3 0,6 2,10 2,60 1 0

Source : Comores : MICS 2000 ; Madagascar : Maurice : Calculés à partir des données du Household Budget Survey
Seychelles : HBS 2006/2007

127
Graphique 3.7 : Taux de privation des enfants en information

Taux de Privation des enfants en Information (AIP)

45,0% 41,8%
41,8%
40,0%
35,0%

30,0%
25,0%

20,0%
15,0%
10,0%
5,6%
4,1% 3,7% 3,8% 3,0%
5,0% 2,1%
0,4% 0,1%
0,0%
Comores Madagascar Maurice Reunion Seychelles

Enfants ne disposant aucun moyen d'information dans le ménage (AIP sévère)


Enfants ne disposant pas de radio, ou de télévision dans le ménage (AIP moins sévère)

Source : Données nationales calculées au niveau de chaque pays pour les besoins de l’étude.

Le tableau 3.22 confirme les résultats AIP sur familles ou des amis, une partie des enfants
l’information. Ainsi, les enfants qui n’ont pas accès et des jeunes de ces ménages ne pouvaient
aux moyens d’information représentent une faible pas écouter les émissions à la radio. Soit,
part (sauf pour les Comores) de la population des la pauvreté de la localité où ils résident, ne
enfants. Ce résultat encourageant a été permis grâce leur donne pas la possibilité d’utiliser un
au développement des médias et des technologies poste récepteur : il n’y a pas d’électricité, ou
modernes. que la réception est mauvaise voire même
impossible. En 2005, seulement 28 pour
Aux Seychelles par exemple, les cybers café du cent des Communes étaient couvertes en
Ministère du développement communautaire radio et 23 pour cent en télévision. Dans la
semblent offrir un service que les enfants et les plus grande partie du territoire, surtout en
jeunes apprécient. Les cybers café qui fonctionnent milieu rural, les journaux n’arrivent jamais.
déjà disent que beaucoup d’enfants utilisent ces Seul un peu plus d’un quart des ménages
facilités en dehors des heures de classe. ont accès au journal. Par ailleurs, il s’y ajoute
aussi les problèmes d’illettrisme qui excluent
3.7.3. A
 nalyse de causalité et d’office une grande partie des populations,
corrélation surtout rurales à l’accès aux journaux. 37
pour cent des individus de 15 ans et plus,
Deux principales contraintes limitent l’accès des avec 24 pour cent en milieu urbain et 41
enfants à l’information à Madagascar généralement : pour cent en milieu rural, sont analphabètes.
- ils ne peuvent pas : Soit, la pauvreté monétaire - ils n’y sont pas intéressés : En 2004, seuls
des ménages ne permet pas d’acheter les enfants et les jeunes de 48 pour cent des
les moyens de réception de l’information ménages écoutent la radio. Même si 56 pour
(postes de radio, télévision, journaux, etc.). cent des ménages disposent d’un poste de
En ne considérant que l’accès à l’information radio qui fonctionne, les enfants et les jeunes
radiodiffusée, 44 pour cent des ménages de 8 pour cent de ces ménages n’écoutent
malgaches n’avait pas de poste de radio pas les émissions. Seuls les enfants et les
fonctionnel en 2004 et comme la majorité jeunes de 40 pour cent des ménages en
de ces ménages écoutait la radio chez des milieu urbain et 16 pour cent en milieu rural la

128
regardent la télévision. Ce désintéressement qu’aux Seychelles, il n’y a qu’un seul quotidien.
s’explique par l’insuffisance/l’absence de Bien que quelques journaux mensuels existent, il
temps libre surtout pour ceux qui font encore s’agit avant tout de journaux publiés par des partis
des études; par la qualité du contenu et du type politiques. Les livres et les magazines demeurent
de messages véhiculés dans les programmes rares et coûtent extrêmement chers40.
de radio et de télévision, et dans les journaux.
A titre d’exemple, pour la radio, le taux d’écoute Des structures existent pour que les jeunes et les
des programmes musicaux est de 59 pour enfants puissent participer aux décisions prises
cent contre seulement 11 pour cent pour dans certains domaines. Elles n’atteignent, toutefois,
les informations. 72 pour cent des lecteurs qu’un groupe relativement restreint de personnes,
estiment que les journaux ne sont pas toujours généralement, les « enfants riches » qui ont plus de
crédibles. Il y a aussi le fait que les enfants plus temps, plus de moyens.
jeunes préfèrent passer leur temps libre à jouer
plutôt que d’acquérir de l’information. 3.7.4. Perception des enfants
Aux Seychelles, les cybers café constituent Généralement la pauvreté des enfants liée à
un excellent moyen pour promouvoir l’accès à l’information et à la participation est souvent
l’information. Par contre, des rapports font état couplée à d’autres types de privations. Un enfant
que les enfants seychellois n’ont pas suffisamment privé d’information et de participation l’est déjà par
de matériels de lecture chez eux. Le rapport rapport à une autre privation. Le récit de vie de cet
SACMEQ révèle, que ce manque a pu contribuer à enfant pauvre aux Comores nous éclaire sur cette
«  un environnement éducatif appauvri  ». Pour bien situation :
comprendre le contexte, il est important de savoir

Jeune fille pauvre, âgé de 16 ans, Tsinimoipanga – Comores.

« J’étais à l’école à Mayotte jusqu’à la classe de CM2. Mais nous sommes expulsés de Mayotte vers Anjouan. Nous
sommes restés quelques mois à Anjouan et mon père a pris la décision d’amener toute la famille à Moroni. A Anjouan
la vie est très dure.
Depuis que nous vivons à Moroni, je me trouve souvent dans les rues, sans savoir quoi faire. Je suis très gêné par cet
« abandon » qui n’est pas de ma propre volonté. J’ai demandé à mon père de m’inscrire à l’école, mais il m’a dit qu’il n’y a
pas de place pour moi, car les classes sont saturées. Je crois qu’il ne veut pas m’avouer qu’il n’a pas les moyens de supporter
ma scolarisation.
Ici à Moroni, mon père ne travaille pas régulièrement. Les conditions de vie sont difficiles comme à Anjouan, mais mon
père arrive de temps à autres à trouver de petits boulots qui ne durent pas.
Quand je suis malade, je reste souvent à la maison. Ma mère me soigne avec des produits locaux ou traditionnels. Je n’ai
jamais été à l’hôpital depuis que nous sommes partis de Mayotte.
Nous vivons dans une maison en paille de très mauvais état. Nous sommes souvent victimes des pluies et du vent. Les
toilettes ne sont pas couvertes et les rats pénètrent un peu partout. Il n’y a pas d’hygiène à la maison. Nous subsistons
seulement par la volonté de Dieu.
A mon âge je suis démoralisé à cause des ces conditions de vie difficile. A Mayotte la vie était aussi difficile. Mais au
moins, j’étais à l’école. Mon père travaillait souvent et il parvenait à nourrir la famille, même s’il y avait toujours quelques
manques.
Nous buvons l’eau de fontaine. Il y a, une fontaine non loin de notre quartier. Alors nous amenons des récipients et des
jerricanes pour remplir d’eau et se servir à la maison.
Nous n’avons ni radio, ni télévision à la maison, d’ailleurs nous n’avons pas d’électricité. Je me déplace et je me rends
dans d’autres familles qui sont dans le quartier pour regarder la télévision nationale, les films ou les matchs de football ».

40
Un livre pour la lecture coûte en moyenne 100 à 150 roupies seychelloises.

129
A Madagascar, les enfants non pauvres ont souligné • « Sensibiliser les enfants à écouter les
la difficulté ou l’impossibilité pour les enfants pauvres informations » (Groupe d’entretien, enfants
d’avoir accès à l’information. Pour eux, les principales pauvres, Commune rurale de Soamanova,
raisons sont liées d’abord à la pauvreté des parents. Zone est).
Ils estiment que face aux difficultés financières des • « Aller chez les amis ou les parents pour
parents, la priorité à la survie de la famille passent voir la télé ou pour écouter la radio »
avant toute chose, voici ce qui ressort d’un focus (Groupe d’entretien, enfants moyennement
group, enfants non pauvres de la commune de pauvres, Capitale).
Masindray dans la périphérie d’Antananarivo  : «  la
pauvreté est telle que la survie (la nourriture) passe En revanche, la situation est différente dans les
avant tous les autres besoins ». « Ils (parents) ont trois autres pays. Environ 87 pour cent des enfants
vendu notre poste radio pour pouvoir acheter de la mauriciens ont accès à la télé et 85 pour cent
nourriture ». « Ils (parents) n’ont pas suffisamment à la radio chez eux. L’accès aux journaux semble
d’argent même pour la nourriture et ne peuvent pas beaucoup moins répandu, en effet, seul 26 pour cent
se permettre d’acheter de la batterie pour le poste ont déclaré y avoir accès.
radio », (Groupes d’entretien, enfants non pauvres,
Concernant l’ordinateur et internet, environ un quart
Commune rurale de Masindray dans la périphérie de
des enfants interrogés déclarent ne pas avoir accès
la capitale).
à Internet, tandis qu’à peu près la même proportion
Ensuite, les enfants ont évoqué des raisons propres déclarent disposer d’un accès Internet à domicile.
à eux : Peu d’enfants, 4 pour cent, ont néanmoins déclaré
qu’ils n’avaient pas d’ordinateur faute de moyens
- l’insuffisance du temps  : «  A l’heure du financiers.
flash information on travaille » (Groupe
d’entretien, enfants pauvres, Commune Par rapport aux loisirs il y a parmi ceux enquêtés, ou
rurale de Soamanova, Zone est)  ; « Nous dans leur entourage, des enfants qui ne pratiquent
n’avons pas le temps pour regarder la télé aucune activité de loisir (faire du sport dans un club,
» (Groupe d’entretien, enfants pauvres, aller à la piscine/à la mer, au cinéma, sorties en
Commune rurale d’Andranovory, Zone sud) ;
- le désintéressement : « Je n’écoute pas les
informations, je sors dans la cour pour jouer
». (Groupe d’entretien, enfants pauvres,
Commune rurale de Masindray dans la
périphérie de la capitale)  ; «Les enfants
pauvres n’écoutent pas les nouvelles car ils
ne vont pas à l’école ». (Groupe d’entretien,
enfants riches, Ecole Peter Pan, Capitale).
Enfin, les enfants ont avancé aussi l’insuffisance de
l’offre  : « Il n’y a pas de bibliothèque sauf dans les
écoles publiques », (Groupe d’entretien, enfants non
pauvres, Commune urbaine d’Ambanja, Zone nord).
Mais ils ont proposé des solutions pertinentes telles
:
• « Mettre en place une télé gratuite auprès
du bureau de la commune » (Groupe
d’entretien, enfants pauvres, Commune
rurale de Soamanova, Zone est) ;
• « Les professeurs communiquent les
nouvelles à l’écol. » (Groupe d’entretien,
enfants non pauvres, Commune rurale
d’Andranovory, Zone sud) ;

130
famille, etc.). Environ 34 pour cent des enfants ne plus efficace pour transmettre des messages à la
pratiquent pas d’activité en club, mais presque population, surtout en milieu rural, et progressivement
un tiers déclarent qu’ils ont des activités de loisirs la télévision, en milieu urbain.
(sorties, sports, etc.) 6 pour cent des enfants ne vont
jamais au cinéma. Pour les enfants, plus particulièrement, il faut
résoudre le problème d’accessibilité aux moyens
Au niveau des vacances, 89 pour cent des enfants d’information, celui de leur temps à y consacrer et
sont déjà partis en vacances au moins une fois mais du contenu de l’information à transmettre.
seul 43 pour cent d’entre eux ont déjà pris l’avion,
c’est-à-dire voyagé à l’extérieur du pays. Les organisations de la société civile  (associations
de jeunesses et d’éducation populaire, associations
6 pour cent des enfants déclarent partir uniquement de quartier, clubs de sport ou écoles de musiques
en vacances dans la famille. Enfin, un des enfants a et de danse) sont les principaux acteurs en termes
déclaré ne jamais partir en vacances car ses parents d’organisation d’activités d’information et de loisirs
n’ont pas les moyens financiers. pour les enfants et les jeunes.
A la Réunion, les enfants ont surtout insisté sur Aux Seychelles, il existe des partenariats, mais dans
leur faible taux de participation dans le mécanisme la plupart des cas, le gouvernement est à l’initiative
décisionnel au niveau de leur famille. Parmi les d’actions conjointes. Il y a environ une quinzaine
foyers pauvres, l’enfant n’est presque jamais d’années, le gouvernement a établi une plateforme
consulté lorsqu’il s’agit de prendre une décision sur pour les ONG et la société civile. Toutefois, certains
l’information et la participation. Même à l’intérieur rapports déclarent que malgré les efforts et les
des foyers aisés, les enfants sont rarement consultés bonnes intentions, cette organisation ne joue pas
lors de la prise de décision. Pour les chefs de ménage encore le rôle qu’elle devrait jouer (UNDP/GOS
interviewés, l’enfant est naïf et insouciant, donc il est 2007 : 39).
incapable d‘avoir des avis viables.
Beaucoup d’enfants pensent que les autorités
devraient prendre soin des plus démunis.
3.7.5. F
 ondement et partenaires pour Ils mentionnent, néanmoins, les actions des
une stratégie communautés (en particulier le voisinage) et trouvent
ces actions désirables. Ils pensent qu’il faudrait que
Du fait du niveau de développement économique des les communautés agissent davantage pour aider les
ménages aux Comores et à Madagascar, la radio enfants nécessiteux.
est devenue le moyen d’information de masse le

3.8. Ce qui doit être fait en matière de politiques et stratégies sectorielles
L’analyse de la situation des enfants en termes 3.8.1. Nutrition
d’accès aux services de base dans la région océan
Indien fait ressortir une situation à deux niveaux. Les Avec l’adoption de la Politique nationale d’alimentation,
enfants vivant aux Comores et à Madagascar ont de nutrition et de santé à Madagascar en 2004
un accès difficile à ces services de base alors que avec son plan d’action (PNAN) 2005-2009, le
ceux vivant à Maurice, Réunion et aux Seychelles Ministère de la santé s’est donné la possibilité de
connaissent des situations meilleures en termes rendre opérationnelle l’un des défis prioritaires que
d’accès à ces mêmes services de base. Il s’avère représente la malnutrition des jeunes enfants dans
urgent pour les Gouvernements et les différents le pays. Aux Comores, la situation est encore plus
partenaires d’investir davantage dans les services grave et les problèmes nutritionnels constituent un
sociaux de base en mettant en place une traçabilité des principaux facteurs limitant le développement et
rigoureuse des dépenses financières bénéficiant la croissance des enfants.
aux enfants dans les cinq domaines du bien-être
concerné dans cette étude. Dans les autres pays de la région, la situation
nutritionnelle est bien meilleure avec des programmes
assez opérationnels et intégré avec l’implication des
Etats et de plusieurs partenaires.

131
Cependant, les dépenses publiques en santé • mettre en place et/ou étendre la gratuité
représentant moins de 15 pour cent du budget de consultation, d’hospitalisation et de soins
de l’Etat dans les différents pays (loin de l’objectif aux enfants affectés par la malnutrition
fixe à Abuja). La part du budget national consacré aiguë sévère ;
au programme de nutrition est encore limitée. Ce
• mettre en place ou renforcer les politiques
programme repose encore presque intégralement
nutritionnelles en faveur des enfants de 0
sur les appuis fournis par des partenaires du
à 4 ans.
programme, essentiellement l’UNICEF avec l’appui
de l’USAID et le PAM surtout aux Comores et à
Madagascar.
3.8.2. Santé et cadre de vie

Le problème le plus urgent à remédier concerne Malgré l’existence du DSCRP avec son volet Politique
donc les ressources insuffisantes consacrées nationale de santé aux Comores et le MAP avec le
à ce programme de nutrition par les deux PDSSPS à Madagascar, le nombre d’enfants victimes
Gouvernements et les donateurs. Certes, à travers de privation liée à la santé reste trop important.
la gestion des urgences, de nouvelles opportunités De nombreuses contraintes déterminent l’accès
se présentent, notamment des appuis d’urgence des enfants aux services préventifs et de soins
de l’Union européenne, mais elles sont limitées dans ces deux pays. Les principaux problèmes et
à la réponse à l’urgence. L’appui à la politique de contraintes identifiés sont notamment liés au cadre
sécurité alimentaire est encore insuffisant pour institutionnel estimé comme peu performant à
pouvoir toucher le phénomène à la racine et de cause des insuffisances au niveau de la coordination
manière structurelle dans ces deux pays. Il faudrait du secteur et la non effectivité de la décentralisation
dépasser les programmes d’urgence (financement des décisions. Cela est moins le cas dans les autres
limité et ponctuel dans le temps) et s’inscrire dans le pays de la région (Maurice, Réunion et Seychelles).
long terme car le problème de la nutrition est plutôt L’inexistence de politique et stratégie spécifique à
structurel. l’assainissement et la quasi-absence de responsable
L’analyse approfondie de la situation nutritionnelle d’assainissement notamment dans les communes
des enfants de la région océan Indien conduit à faire rurales désavantage la mise en synergie des actions
les recommandations suivantes : menées.

• dépister systématiquement les problèmes Par ailleurs, les mauvaises conditions d’hygiène
nutritionnels des enfants et des mères faute d’infrastructures adéquates et l’attachement
durant les consultations prénatales, à certaines coutumes persistent dans bon nombre
postnatales, en consultation pédiatrique, de régions et une proportion non négligeable de
durant les vaccinations, et à toute occasion ; la population perçoit la potabilité de l’eau par son
apparence extérieure, les eaux claires, naturelles,
• mettre en place un système de suivi régulier
même sans traitement hygiéniques sont considérés
des problèmes nutritionnels ainsi que
comme étant potables. L’attachement aux croyances
l’évaluation des interventions effectuées ;
entrave la connaissance des gens sur les bienfaits
• promouvoir et partager les bonnes de l’hygiène en matière d’assainissement.
habitudes alimentaires, l’allaitement
maternel exclusif, l’augmentation de la
diversité alimentaire et la consommation
de fer et de vitamine A, particulièrement
aux Comores et à Madagascar ;
• renforcer les équipes mobiles dans les
districts en matière de lutte contre la
malnutrition ;
• installer des unités de nutrition dans tous
les centres de santé pour assurer une
prise en charge adéquate des malnutris,
le suivi et la surveillance de la croissance
infantile ;

132
Au niveau du secteur logement/habitat, les principaux • améliorer les moyens d’approvisionnement,
problèmes identifiés sont liés au développement et de stockage et de conservation pour une
à l’aménagement urbain, à la disponibilité foncière, meilleure qualité de l’eau ;
aux difficultés du secteur de la construction ainsi • mettre en place des programmes de
qu’à l’inexistence de dispositifs et de systèmes de mobilisation sociale pour la conservation, la
financement adéquats à la mesure des capacités sécurisation et la gestion des points d’eau
des ménages. Généralement les combinaisons liées par la mise en place des comités de gestion
à la privation de logement sont celles qui concernent et de développement ;
les autres aspects tels que l’eau et l’assainissement
et de manière indirecte l’information. • développer davantage d’interventions en
matière d’assainissement en milieu rural ;
Sur le plan de la santé communautaire, de la santé • mener une politique visant à promouvoir
reproductive ou de la santé des adolescents et des l’accès au logement pour les plus démunis ;
jeunes, les recommandations sont les suivantes :
• mener une politique visant à
• renforcer les programmes de vaccination promouvoir l’accès à de l’eau potable
de routine, afin que la couverture atteigne 80 et à l’assainissement pour les ménages
pour cent, aux Comores et à Madagascar, pauvres.
telle que prévue par les OMD ;
Dans les autres pays de la région, surtout à Maurice
• renforcer la communication afin d’obtenir et aux Seychelles, il convient de poursuivre les efforts
une large adhésion de la population déjà en cours et qui portent leur fruit surtout en
à la politique sanitaire et surtout à la direction des enfants vivant avec des parents/
participation aux coûts ; tuteurs en situation de migrant ou qui squattent les
• promouvoir l’accès aux huit vaccins lieux délaissés ou abandonnés.
obligatoires pour tous les enfants ;
• mettre en place les mesures visant la 3.8.3. Protection des enfants
sécurité sociale en matière de santé ;
Les considérations relatives à la protection de
• mettre en œuvre la politique de promotion
l’enfance qu’il convient de privilégier en relation avec
de la santé pour favoriser l’adoption de
l’application de la CDE sont :
bons comportements en matière de
santé et d’hygiène, renforcer la promotion • l’intensification de l’enregistrement
des accouchements assistés dans une systématique à l’état civil de tous les enfants ;
structure de santé ; • l’intensification de la prise en charge des
• poursuivre et intensifier la prévention orphelins et enfants vulnérables ;
contre le VIH à travers les médias et à • la mise en place des cellules d’écoute, d’aide
travers les pairs éducateurs ;
et de soutien aux femmes en difficultés au
• promouvoir un comportement responsable sein des ONG et associations ;
des jeunes ainsi que la santé reproductive
• le développement des structures de prise
et sexuelle des adolescents.
en charge des femmes et enfants victimes
de violence ;
Pour l’accès à l’eau, à l’assainissement et à un
habitat décent : • la réalisation d’une étude quantitative sur
les enfants à besoins éducatifs spéciaux et
• multiplier les points d’eau en milieu rural les orphelins et enfants vulnérables dans la
afin de lutter contre la soif et soulager
région océan Indien ;
les femmes et les filles de leur surcharge
de travail, tout en réactivant la gestion • l’appui au programme de soutien des
traditionnelle de ces points d’eau ; familles dans la protection et l’éducation des
orphelins et enfants vulnérables ;
• chercher à rapprocher les points d’eau des
habitations en vue d’alléger les corvées des • la mise en place d’une justice pour les
femmes et des jeunes filles ; mineurs surtout aux Comores et à
Madagascar ;

133
• le renforcement des capacités des ONG
s’occupant des enfants de rue et délinquants
ou enfants en situation de conflits avec la loi.

3.8.4. Education
Les politiques mises en œuvre aux Comores et à
Madagascar, en matière de l’éducation scolaire, sont
contenues dans le Plan national de l’éducation pour
tous à l’horizon 2015 et dans le plan éducation pour
tous, respectivement. Le renforcement des liens entre
les différents acteurs du secteur, la sensibilisation
des Partenaires de l’éducation et le renforcement des
allocations budgétaires conséquentes constituent la santé (vaccination) et de l’éducation (scolarisation)
des supports qui permettent d’atteindre les objectifs dans la région océan Indien, particulièrement à
fixés. Madagascar et aux Comores et dans une moindre
mesure à Maurice. La Réunion et les Seychelles
Malgré cela, plusieurs enfants demeurent en affichent des taux de privations sévères qui sont
dehors du système scolaire, généralement à égaux à zéro pour ces trois domaines. Plus d’un million
cause des difficultés économiques des ménages, d’enfants souffrent d’une malnutrition sévère et plus
de l’insuffisance de l’offre ainsi que des dépenses de deux millions d’une malnutrition moins sévère.
publiques minimes en matière d’éducation. D’autres Ces enfants résident majoritairement à Madagascar
facteurs limitant sont également liés à la faiblesse de (97 pour cent) et le reste aux Comores (2 pour cent)
l’offre scolaire au niveau de certaines zones rurales et et Maurice (0,6 pour cent). En ce qui concerne la
urbaines. Il y a aussi une offre limitée des besoins des malnutrition sévère, le cas particulier d’obésité des
enfants vulnérables et des orphelins associée à un enfants réunionnais a été considéré comme une
très faible développement du préscolaire, en dépit de « malnutrition moins sévère ». Ainsi, près de 18 000
son importance pour la préparation des enfants au enfants de 0 à 4 ans souffrent d’obésité à la Réunion,
niveau primaire. Le préscolaire reste, dans ces deux soit 26 pour cent de la population réunionnaise du
pays, accessible à une petite minorité de ménages même groupe d’âge.
uniquement.
Au rythme actuel, il est peu probable pour Madagascar
Cette situation doit inciter les gouvernements et les et les Comores d’atteindre les Objectifs du millénaire
partenaires à redoubler d’efforts en vue de : pour le développement en matière de « réduction de
• mettre en place les conditions d’une offre moitié de la proportion de la population qui souffre de
scolaire tournée vers les zones prioritaires famine/nutrition ».
en créant des Zones d’éducation prioritaire
En ce qui concerne la santé, plus de 929 000 enfants
(ZEP), afin de scolariser les enfants les plus
n’ont jamais été vaccinés et plus de deux millions
pauvres  : construction d’écoles, mise sur
d’enfants n’ont pas reçu la totalité des vaccins. Les
pieds d’écoles mobiles, nouvelles mesures
taux de privations sévères dans la santé (les enfants
incitatives garantissant par exemple l’accès
jamais vaccinés) sont de 26, 20 et 1 pour cent
gratuit à l’école pour les plus pauvres ;
respectivement pour Madagascar, les Comores et
• répondre en termes d’offre et de qualité aux Maurice.
besoins de groupes d’enfants vulnérables,
notamment les enfants à besoin éducatifs Quant à l’éducation, près de deux millions d’enfants
spéciaux, les enfants des rues et ceux des n’ont jamais été scolarisés et plus de 2,5 millions
orphelins, en particulier les filles surtout aux d’enfants n’ont pas achevé le cycle primaire. Les taux
Comores et à Madagascar. de privations sévères dans l’éducation (les enfants
non scolarisés) sont de 40, 35 et 3 pour cent
Eléments de synthèse et pistes d’action respectivement pour les Comores, Madagascar et
L’analyse des piliers du bien-être des enfants et du Maurice.
cadre de vie des enfants fait ressortir des situations Concernant la protection des enfants, il a été constaté
préoccupantes dans les domaines de la nutrition, de que plus de 735  000 enfants ne disposaient pas

134
d’actes de naissance en 2005 dont 53 pour cent des pour Madagascar et les Comores  : respectivement
garçons. Plus de 647 000 enfants sont orphelins dont 89 pour cent et 81 pour cent). Pour ce cas, 15 pour
58 pour cent de garçons. A la Réunion, 24 pour cent cent des enfants réunionnais n’ont pas accès à de
des enfants vivent dans des familles monoparentales. l’eau potable à domicile.
En ce qui concerne le travail des enfants, même si
les statistiques font défaut, la situation de la région L’assainissement représente le troisième domaine de
notamment à Madagascar et aux Comores reste privation des enfants de la région après le logement
préoccupante. A Madagascar, plus de trois enfants et l’eau. Plus de 5 millions d’enfants n’ont pas accès
sur dix âgés de 5 à 17 ans sont économiquement à des sanitaires à domicile et 5 millions d’enfants
actifs (plus de 1,8 millions d’enfants) dont les garçons n’ont pas accès à des sanitaires améliorés. Les
représentent plus de la moitié de ces travailleurs enfants malgaches sont les plus privés sévèrement
enfants. Plus de 82 pour cent de ces enfants de sanitaires (c’est à dire qu’ils n’ont pas accès
effectuent des travaux dommageables qui sont à à domicile) avec 49 pour cent suivi des enfants
abolir suivant les textes en vigueur à Madagascar. comoriens à 15 pour cent. Quand aux privations non
Aux Comores, 15 pour cent des enfants de moins de sévères, le pourcentage des enfants comoriens (92
dix huit ans travaillent (47 000 enfants). pour cent) à ne pas disposer des sanitaires améliorés
est le plus élevé, suivi de Madagascar (49 pour cent).
En ce qui concerne le mariage précoce, malgré
les textes interdisant les mariages des mineures, Le problème des sanitaires se pose aussi dans les trois
beaucoup d’enfants se marient avant l’âge de dix huit autres pays de la région, à des degrés relativement
ans. C’est le cas à Madagascar, où 33 pour cent des moindre. Ainsi, 4,7 pour cent des enfants réunionnais
mariages se sont contractés avant l’âge de dix huit n’ont pas accès à des sanitaires à domicile, et 4,7
ans (enquête EDS de 2003/2004) et 5 pour cent pour cent d’entre eux ne disposent pas de sanitaires
des mariages aux Seychelles l’ont été aussi avant améliorés. A Maurice et aux Seychelles, ce sont, plus
l’âge légal. spécifiquement, les enfants qui n’ont pas accès aux
sanitaires non améliorés qui sont les plus nombreux :
Au niveau du cadre de vie (privation en eau, en 11 pour cent à Maurice et 1,8 pour cent aux
logement, et en assainissement) les analyses ont Seychelles.
révélé que l’accès à l’eau potable est le deuxième
domaine de privation des enfants de la région océan Concernant l’information et la participation des
Indien. enfants, les analyses ont montré que l’information
constitue l’un des sept domaines dont l’accès est
La privation des enfants de la région océan Indien en indispensable pour le développement harmonieux de
logement constitue la première source de pauvreté. l’enfant. Au niveau de la région océan Indien, le niveau
Ainsi, plus de 7,6 millions d’enfants habitent des de privation en information chez les enfants au sens
maisons précaires (c’est à dire en paille ou en tôle) « AIP » est le plus bas des sept domaines de privation.
et 8,3 millions d’enfants vivent dans des maisons Le taux de privation sévère est de 2 pour cent, alors
sans sol ou sans mur. Ces résultats se référant à que le taux de privation moins sévère est de 5 pour
la définition des «  AIP  » diffèrent de ceux de Bristol cent. Ainsi, 168  000 enfants n’ont aucun moyen
car les concepts ne sont pas les mêmes. Les taux de d’information à domicile et 497  000 enfants vivent
privation au sens de Bristol sont moins élevés que dans des ménages qui ne disposent pas de radio ou
ceux des AIP. de téléviseur.
Le problème de l’eau constitue le deuxième domaine Les Comores enregistrent le plus fort taux de
de privation des enfants de la région après le privation des enfants en information : 41,8 pour cent
logement. Plus de 6 millions d’enfants sont privés de privations sévères et non sévères, au sens « AIP ».
d’eau potable (AIP sévère) dans la région océan Indien Les résultats obtenus pour Madagascar et les
et 9,5 millions d’enfants ne disposent pas d’eau à Comores sur les privations en information au sens de
domicile. Les enfants qui n’ont pas accès à de l’eau « Bristol » diffèrent de ceux obtenus avec les « AIP ».
potable représentent 59 pour cent des enfants de La raison est aussi d’origine conceptuelle. En effet, les
Madagascar, 8 pour cent des enfants des Comores, privations au sens de Bristol considèrent les enfants
2 pour cent à Maurice et 1 pour cent à la Réunion. Par qui n’ont pas accès à l’information  ; tandis avec les
ailleurs, l’absence d’eau potable à domicile constitue AIP, les ménages constituent les cibles. Cela explique
une problématique partagée par l’ensemble des pays la faiblesse des taux de privation en information au
avec des taux de privation moins sévères assez élevés sens des « AIP ».

135
Chapitre IV :
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

136
4.1. Conclusion
Cette étude sur la pauvreté des enfants de la mêmes privations, mais à des degrés moindres
région océan Indien a présenté des analyses sur les malgré les disparités entre les pays, l’ampleur de la
situations économiques et sociales des pays. Il en pauvreté touchant les enfants demeure considérable.
ressort des disparités importantes entre les pays de
la région, ainsi qu’à l’intérieur même de chaque pays. Plus de 7,6 millions d’enfants sont touchés par au
Ajoutées aux caractéristiques des ménages, ces moins une privation sévère « AIP », ce qui représente
disparités rendent les enfants, en particulier ceux qui 68 pour cent des enfants de la région océan Indien.
vivent dans des environnements défavorables, plus Les enfants vivant dans des maisons précaires
exposés à la pauvreté et inversement, ceux qui vivent représentent 68 pour cent de l’ensemble des enfants.
dans des environnements moins défavorables, moins Près de 54 pour cent d’enfants n’ont pas accès à de
vulnérables. Le rapport du PNUD (2004)  souligne l’eau potable. Les enfants qui vivent dans des maisons
que « les enfants ne sont pas pauvres par eux-mêmes, qui ne disposent pas de sanitaires correspondent à
puisqu’ils ne sont pas économiquement et légalement 45 pour cent du total des enfants de la région. Malgré
autorisés comme des acteurs indépendants ». l’importance que revêt l’éducation et les dépenses
investies dans ce domaine, 33 pour cent des enfants
Ainsi, dans la région océan Indien, les enfants ne sont pas scolarisés, ce qui correspond à près de 2
évoluent dans des environnements différents qui millions d’enfants non scolarisés, ils sont 2,5 millions
affectent le niveau constaté en termes de privation à ne pas achever le cycle primaire (45 pour cent des
de ses droits. D’une part, les enfants qui vivent enfants). Dans le domaine de la nutrition, 27 pour
dans les pays à revenus intermédiaires (Maurice, cent d’enfants de la région océan Indien souffrent
Réunion et Seychelles) sont relativement moins d’une malnutrition sévère tandis qu’ à la Réunion,
privés que ceux vivant dans les pays à faibles revenus un phénomène particulier de « suralimentation  »
(Madagascar et Comores). La pauvreté monétaire prédomine chez un certain nombre d’enfants. A la
frappe plus de la moitié de la population de la région, Réunion et aux Seychelles la totalité des enfants sont
principalement la population de Madagascar et des vaccinés, mais dans les autres pays, près d’un million
Comores. Ainsi 70 pour cent d’enfants vivent dans d’enfants (24 pour cent) n’ont jamais été vaccinés et
des ménages pauvres. Cela représente plus de 7,8 plus de 2 millions d’enfants n’ont pas reçu la totalité
millions d’enfants, qui vivent dans la précarité, sur les des vaccins (54 pour cent des enfants âgés moins
11,2 millions d’enfants que compte la région. Une de cinq ans).
proportion équivalente des enfants sont privés de
leurs droits. En effet, au moins 68 pour cent des Les sept domaines de privation des enfants sont
enfants sont privés d’au moins un des sept domaines de nature et de proportions différentes selon les
de privation identifiés. pays. Les enfants des pays à revenus intermédiaires
(Maurice, Réunion et Seychelles) sont moins touchés
De nombreux enfants de la région océan Indien par les privations sévères et moins sévères. Quant
subissent des privations sévères de leurs droits tels à Madagascar et les Comores qui sont classés
que définis dans la Convention des droits de l’enfant. dans la catégorie des pays à faible revenus, les taux
Les sept domaines de privation identifiés par l’étude de privation des enfants sont plus prononcés. Les
globale de l’UNICEF  en 2005, qui caractérisent la recommandations, en termes de politique, devraient
pauvreté des enfants sont  : la nutrition, la santé, être appropriées au regard des réalités, des
l’éducation, l’eau, l’assainissement, le logement et difficultés et des potentialités propres à chaque pays.
l’information. En ce qui concerne la région océan Néanmoins, dans cette étude, un effort de synthèse
Indien, les privations sévères dans ces domaines les de toutes les causes évoquées et des solutions
touchent d’une manière différente. Quel que soit le préconisées sera effectué pour faire apparaître
niveau social et politique du pays, des enfants sont les aspects régionaux et éventuellement quelques
touchés par au moins deux privations. Toutefois, les particularités assez significatives de certains pays
pays de la région connaissent une situation « duale » sur les domaines de privation appropriés.
: d’un côté, les pays à revenus faibles enregistrent
des proportions importantes d’enfants fortement Dans le domaine de la nutrition  : Les causes
touchés par les privations et de l’autre, les enfants profondes de la malnutrition relèvent de la structure
des pays à revenus intermédiaires subissent les et de l’organisation politique, culturelle, sociale et

137
économique des pays. L’évolution économique dans élargi de vaccination à Madagascar et aux Comores,
les deux groupes de pays constitue le facteur le plusieurs enfants ne bénéficient toujours pas de cette
plus déterminant de la dégradation des indicateurs, protection minimale contre les principales maladies
notamment l’état nutritionnel des enfants et des qui les touchent. En outre, le faible accès à l’eau, à
femmes. l’assainissement et à l’hygiène constitue une cause
importante des maladies qui touchent de l’enfant  :
Aux Comores et à Madagascar, il y a un diarrhée, infections respiratoires aiguës, fièvre et
appauvrissement généralisé et en continue, un taux paludisme.
de croissance démographique galopant, et un taux de
croissance économique faible. De ce fait, les réponses Dans les pays à revenus intermédiaires, les effets
gouvernementales à la pauvreté et à la faim restent des politiques, des programmes et des dispositifs
limitées. Dans les pays à revenus intermédiaires, la législatifs semblent produire des résultats, grâce à
situation est totalement différente. Il s’agit d’une une multitude de programmes intégrés et gratuits
approche multidimensionnelle et intégrée capable de facilement d’accessible. En outre, le nombre de
mettre en œuvre un mécanisme d’autosuffisance et personnels médicaux et de lits par habitant est élevé
de « bonne » nutrition. Cette approche comprend une tandis que la couverture vaccinale est à 100 pour
gamme variée de programmes de développement cent et la mortalité maternelle, presque nulle.
social intégré. Celle-ci est basée, pour l’essentiel, sur
le principe qu’il faut aider les familles dans toutes Dans le domaine de la protection  : Les enfants
les sphères de leur vie. Il s’agit de leur permettre de exclus du système de protection sont ceux dont la
prendre connaissance des « bonnes manières ». Les famille se trouve dans une situation de pauvreté
programmes actuels, qui octroient des prestations monétaire et/ou dans une incapacité de remplir
familiales et d’aides directes aux familles, pourraient les obligations en matière de protection de leurs
être renforcées et améliorées, afin de toucher un enfants. Cela fait suite à des barrières relatives à
plus grand nombre de ménages. la composition de ses membres (trop nombreuse,
pas de parents biologiques) et d’ordre socioculturel,
Dans le domaine de la santé  : Les causes notamment liées aux traditions ou au faible niveau
essentielles des privations des enfants sont  liées à d’instruction des parents.
l’accroissement de la pauvreté dans les ménages
à revenu faible, souvent consécutif à une perte de La faiblesse des capacités institutionnelles des
pouvoir d’achat. En l’absence d’une politique de services de l’Etat  et l’absence de données fiables
santé opérationnelle et d’un cadre réglementaire sur les enfants ayant vraiment un acte d’état civil
qui manque de clarté, les différents efforts déployés constituent un handicap à la protection des enfants.
depuis des années dans les pays à faibles revenus Il existe aussi d’autres facteurs tels la pauvreté des
ne semblent pas avoir eu d’impact suffisamment parents, l’ignorance et le désintéressement des
significatif. parents, le poids des us et coutumes,  la mauvaise
qualité des services entre autres et la lourdeur
Même si d’énormes progrès ont été accomplis ces des procédures d’enregistrement des naissances
dernières années dans le cadre du programme constituent des obstacles à l’enregistrement des
enfants. A ces derniers s’ajoutent le manque de
ressources financières et humaines, l’incompétence
des responsables, l’insuffisance et le mauvais état
des infrastructures, des équipements, des matériels
et des fournitures et l’éloignement et l’enclavement
des administrés.
Le déficit relationnel parents/enfants/familles/
environnement, semble constituer une explication
de la grande majorité des signalements. En effet,
le facteur le plus fréquemment cité est celui des
« carences éducatives des parents », en raison
de leur manque de maturité, d’une absence de
repères et d’un repli sur soi. Ce facteur concerne
50 pour cent des enfants signalés à la Réunion.

138
Dans le domaine de l’éducation  : Les causes dépendante des financements extérieurs.
essentielles des privations des enfants sont  liées à
l’insuffisance des ressources financières, humaines Dans les pays à revenus intermédiaires, la situation est
et matérielles. Dans les pays à faibles revenus, différente. Il existe, en effet, un cadre réglementaire
le cadre réglementaire est inadapté, les activités cohérant et intégré avec des taux de scolarisation
mises en oeuvre ne correspondent pas aux objectifs très élevés, avoisinant les 100 pour cent.
stratégiques et les mécanismes permanents de Dans les domaines de l’eau, de l’assainissement
concertation et de suivi sont faibles. Il n’existe pas et du logement  : Les principaux problèmes
de système d’information de l’éducation et il y a un identifiés sont liés au cadre institutionnel, qui est
manque de coordination des actions menées sur jugé peu performant en raison des insuffisances
le terrain. La chaîne d’encadrement pédagogique au niveau de la coordination du secteur et de la
est particulièrement défaillante. Les chefs non effectivité de la décentralisation des décisions.
d’établissement peinent à exercer une véritable L’inexistence de politique et de stratégie spécifique
autorité pédagogique sur leurs enseignants. Cela à l’assainissement et à l’habitat dans les pays à
est dû à un manque de formation, plus accentué faible revenus (la priorité est donnée à l’évacuation
pour le primaire, à un faible niveau académique et d’excrétas) et la quasi-absence de responsable
pédagogique des enseignants et à un manque de d’assainissement, notamment dans les communes
motivation. Enfin, il faut aussi noter l’inexistence de rurales, désavantagent la mise en synergie des
ressources budgétaires. actions menées.
De plus le système est caractérisé par l’inexistence Au niveau du secteur logement/habitat, les principaux
de l’enseignement préscolaire publique : l’Etat ne gère problèmes identifiés sont liés au développement et
aucune école maternelle moderne. L’alphabétisation à l’aménagement urbain, à la disponibilité foncière,
est reléguée au dernier plan, la formation technique aux difficultés du secteur de la construction et
et professionnelle est limitée et les moyens matériels à l’inexistence de dispositifs et de systèmes de
et financiers  sont chroniquement insuffisants, ce financement adéquats à la mesure des capacités
qui rend la réalisation des réformes largement des ménages.

4.2. Recommandations

Cette première étude régionale sur la pauvreté des Niveau national


enfants dans l’OI a mis en relief la situation précaire
et les disparités touchant les enfants et les familles. 4. Mettre en œuvre les politiques et stratégies
Face à cette situation les gouvernements, les bailleurs de réduction de la pauvreté mettant l’accent
de fonds, les partenaires, les familles, le secteur privé, sur les investissements productifs en faveur
les collectivités locales et la société civile doivent se de la croissance et ciblant les domaines de
privations prioritaires spécifiques à chaque
mobiliser pour apporter des réponses à la pauvreté
pays.
des enfants afin de leur garantir une vie décente.
5. Elaborer et mettre en œuvre des plans
Niveau régional sectoriels assortis des prévisions
budgétaires adéquates dans les domaines
1. Présenter les résultats et les recommandations de l’éducation, santé, nutrition, protection de
de l’étude en conseil des ministres de la COI. l’enfance, logement décent, eau potable et
2. Organiser un forum régional sur la pauvreté assainissement, information et participation
et la protection sociale des enfants pour une avec un système de suivi/évaluation.
prise de conscience et un engagement fort 6. Assurer la mise en œuvre de plans d’action
des décideurs et acteurs pour l’élaboration nationaux de protection sociale et une
des plans d’action nationaux. meilleure coordination inter sectorielle des
interventions.
3. Mobiliser les ressources et renforcer le
partenariat entre les Etats membres de la 7. Assurer la participation active des enfants,
COI, les bailleurs de fonds et le secteur privé des adolescents et de la société civile à la
en faveur des enfants. définition et à la mise en œuvre des actions
menées en leur faveur.

139
8. Renforcer la capacité des ONG et de toutes de l’enfance pour leur permettre d’assurer un
les organisations œuvrant dans le domaine meilleur service pour le bien-être des enfants.

140
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES GENERAUX
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COMORES
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Général du Plan, Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté, Document
intérimaire actualisé, octobre 2005

2. Ministère du Plan, de l’Aménagement du Territoire, de l’Energie et de l’Urbanisme, Commissariat


Général du Plan, Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté, Plan d’Action
2006-2009, octobre 2005

3. Vice- Présidence Chargée du Ministère de la Santé, de la Solidarité et de la Promotion du Genre,


Direction Nationale de la Santé, Programme National de Lutte contre les IST/VIH SIDA, Rapport
Annuel d’activité 2007, mars 2008

4. The African Report on Child Wellbeing: How child-friendly are African governments? Country briefing,
Comoros, 2008

5. Union des Comores, Services de la Présidence de la République, Commissariat Général au Plan,


Programme des Nations Unies pour le Développement, Rapport Enquête sur les perceptions du Bien-
être et de la pauvreté (EPP), juillet 2002

142
MADAGASCAR
1. Institut National de la Statistique (INSTAT), Banque Mondiale, Programme ILO, Etat de la pauvreté à
Madagascar en 2001, juin 2003

2. Institut National de la Statistique (INSTAT), Evolution de la pauvreté à Madagascar entre 1993-1999,


avril 2001

3. Institut National de la Statistique (INSTAT), Banque Mondiale, CARE, Cartographie de la pauvreté à


Madagascar, juin 2003.

4. Ministère de la Santé et du Planning Familial, Secrétariat Général, Direction de la Protection Sociale,


Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant, Service de vaccination, Rapport d’enquête sur la
couverture vaccinale, 2008

5. Ministère de la Santé et du Planning Familial, Secrétariat Général, Plan de développement secteur


santé 2007-2011 (PDSS), 2007

6. République de Madagascar, Organisation Internationale du Travail, Programme national de soutien


à l’emploi (PNSE), octobre 2006

7. République de Madagascar, Document de Stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP), juillet


2003

8. Institut National de la Statistique (INSTAT), Notes techniques sur la construction du profil de pauvrette
2001 et l’analyse de la Dynamique de la Pauvreté entre 1999 – 2001, 2002.

9. The African Report on Child Wellbeing: How child-friendly are African governments? Country briefing,
Madagascar, 2008

MAURICE
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Protection of Children, Regulations 2000 under the Child Protection Act,

3. Ministère des Droits de la Femme, du Développement de l’Enfant et du Bien-être de la Famille, National


Children’s Policy – “A Republic Fit for Children”, 2003,

4. Ministère des Droits de la Femme, du Développement de l’Enfant et du Bien-être de la Famille, National


Children’s Policy – Plan of Action, 2004,

5. Ministère de la Santé et de la Qualité de la Vie, Mauritius Nutrition Survey, 2004

6. Ministère de la Santé et de la Qualité de la Vie, Rodrigues Nutrition Survey, 2004

7. Republic of Mauritius, Ministry of Women’s Rights, Child Development & Family Welfare, African
Charter on the Rights and Welfare of the Child, 2004

8. Republic of Mauritius, Ministère de la Santé et de la Qualité de la Vie et OMS, Global School‐based


Student Health Survey 2007, Country Report, 2008

143
9. The African Report on Child Wellbeing: How child-friendly are African governments? Country briefing,
Mauritius, 2008

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REUNION
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national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, Situations locales et politiques de lutte contre la
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4. Government of Seychelles, Laws of Seychelles: Penal Code - Chapter 158. Victoria, Seychelles,
1991

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of Schooling and the Quality of Education. SACMEQ, Harare, Zimbabwe and Seychelles Ministry of
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6. Leste, A., Pardiwalla, R. and Shamlaye, H. Review of Child Protection Service. Review commissioned
by the National Commission for Child Protection. Victoria, Seychelles, 1999

7. Ministry of Education, Education Planning Division, Education Statistics 2007, Victoria, Seychelles,
2007

8. Ministry of Health and Social Services, Social Development, Review of the Child Protection System;
Internal Document, Victoria, Seychelles, 2003.

144
145
ANNEXES

146
ANNEXE I : L
 es privations sévères et moins sévères selon le concept de
Bristol et des Autres indicateurs de privation (AIP)

Tableau I.1 : Définitions des privations sévères et moins sévères selon le concept Bristol

Domaines Privation « sévère » Privation « moins sévère »


Enfant habitant dans un logement avec Enfant habitant dans un logement avec
Logement 5 personnes ou plus par chambre ou dans un 4 personnes ou plus par chambre ou dans un
logement sans sol en dur. logement sans sol en dur ou toit adéquat.
Enfant sans accès à une installation sanitaire Enfant utilisant des installations sanitaires non-
Assainissement
quelconque. améliorées.
Enfant ayant accès à de l’eau de surface ou
Enfant ayant accès à de l’eau de qualité à plus de
Eau devant aller chercher l’eau à plus de 30 minutes du
30 minutes du domicile.
domicile.
Enfant sans accès à aucun media (radio, télévision,
Information Enfant sans accès à la radio ou à la télévision.
téléphone, journaux, ordinateur).
Enfant avec un écart de 3 écarts type en dessous Enfant avec un écart de 2 écarts type en dessous
Nutrition des normes pour l’un des trois indicateurs (taille des normes pour l’un des trois indicateurs (taille
pour âge, poids pour taille et poids pour âge). pour âge, poids pour taille et poids pour âge).
Enfant d’âge scolaire qui n’est jamais allé à l’école Enfant d’âge scolaire qui n’a pas achevé le cycle
Éducation
primaire et qui n’est pas actuellement scolarisé. primaire et qui n’est pas actuellement scolarisé.
Enfant qui n’a jamais été vacciné ou qui n’a Enfant qui n’a pas reçu les huit vaccins (BCG,
Santé reçu aucun traitement pour une maladie récente DTCoq1, DTCoq2, DTCoq3, Polio0, Polio1, Polio2,
comportant la diarrhée ou une infection respiratoire. Rougeole) avant l’âge de 2 ans.
Source : Unicef, Global Study (2005)

Tableau I. 2 : Autre indicateurs de privation (AIP) des enfants suivant le degré de privation (sévère/moins
sévère)

Domaine de privation Autres indicateurs de privation (AIP) moins


Autres indicateurs de privation (AIP) sévère
de l’enfant sévères
Les enfants vivant dans une maison précaire (paille Les enfants vivant dans une maison sans sol ou
1. Logement
/tôle, etc.) ou bien abritant plus d’une famille sans mur (en dur)
2. Assainissement Les enfants ne disposant pas de sanitaires Les enfants disposant des sanitaires non améliorés
Les enfants n’ayant pas accès à de l’eau potable
3. Eau Les enfants n’ayant pas accès à de l’eau potable
dans le domicile (pas de robinet)
Les enfants ne disposant ni de la radio, ni de la Les enfants ne disposant pas de radio, ou de
4. Information
télévision, ni d’ordinateur, ni de téléphone télévision
5. Nutrition Les enfants victimes de malnutrition sévère Les enfants victimes de malnutrition moins sévère

6. Éducation Les enfants non scolarisés Les enfants n’ayant pas achevé le cycle primaire

Les enfants ayant reçu seulement quelques vaccins


7. Santé Les enfants non vaccinés
et non la totalité
Source : Définitions propres à cette étude pour les pays de la région océan Indien

147
Tableau I.3 : Prévalence de privations sévères des enfants (au sens de Bristol) pour Madagascar et
Comores

Comores Madagascar

Privation moins Privation moins


Privation sévère Privation sévère
sévère sévère
Domaines
Nombre Nombre Nombre Nombre
Taux Taux Taux Taux
d’enfants d’enfants d’enfants d’enfants
() () () ()
privés privés privés privés

1. Logement 5,4 17 630 50,7 165 525 18 1 850 959 18 1 850 959

2. Assainissement 15,5 50 606 91,1 297 432 50 5 141 554 50 5 141 554

3. Eau 2,7 8 815 13,8 45 056 61 6 272 696 73 7 506 669

4. Information 41,8 114 501 83,1 227 632 23 1 986 696 25 2 159 453

5. Nutrition 2,8 2 665 26,0 24 748 28 990 661 57 2 016 703

6. Éducation 11,6 19 670 43,5 73 764 17 909 027 28 1 497 220

7. Santé 10,9 10 375 16,5 15 705 28 990 661 39 1 379 849

Au moins une privation


42 136 473 91,1 297 432 61 6 272 696 73 7 506 669
sévère
Source: Comores: MICS 2000; Madagascar: EDS 2003/2004;

148
ANNEXE II : Mesures de la pauvreté dans la région

Tableau II.1 : Pauvreté des ménages (incidence, profondeur, sévérité en pourcentage et indice de Gini) par
genre du chef de ménage

Pays Comores Madagascar Maurice Seychelles

Genre M F M F M F M F

Incidence (P0) 38,6 30,4 43,90 64,80 11,63 36,51 14,10 21,20

Profondeur (P1) 13,4 11,0 15,50 24,00 0,03 0,14 3,63 6,10

Sévérité (P2) 6,3 5,6 7,50 11,60 0,01 0,07 1,34 2,50

Indice de Gini 0,50 0,56 0,38 0,39 0,37 0,40 0,39 0,40

Sources : Comores : EIM 2004 ; Madagascar : EPM 2005; Maurice: Household Budget Survey 06-07;
Seychelles: Household Budget Survey, 1999/2000

Tableau II.2 : Pauvreté des ménages (incidence, profondeur, sévérité en pourcentage et indice de Gini ) suivant
le statut d’activité du chef de ménage

Pays Comores Madagascar Maurice Seychelles

Petit
Salarié Employé
Statut du chef de Pêcheur exploitant Pêcheur Chômeur Salarié Chômeur
Protégé indépendant
ménage (+) agricole (-) (+) (-) (+)
(-) (-)
(+)

Incidence (P0) 54 26 70 11 33 9 30,5 8,30

Profondeur (P1) 18 7 26 3 0,14 0,02 8,23 2,33

Sévérité (P2) 9 3 13 1 0,08 0,08 2,79 0,65

Indice de Gini - - 0,32 0,52 0,54 0,35 - -


Sources: Comores: EIM 2004; Madagascar: EPM 2005; Maurice : Household Budget Survey 06-07; Seychelles : Household Budget
Survey, 1999/2000
“+” indique le statut des chefs de ménage dont la pauvreté est la plus fréquente
“-” indique le statut des chefs de ménage dont la pauvreté est la moins fréquente

149
Tableau II.3 : Pauvreté des ménages (incidence, profondeur, sévérité en pourcentage et indice de Gini ) par
milieu de résidence (urbain/rural)

Pays Comores Madagascar Maurice

Genre U R U R U R

Incidence (P0) 27,5 40,30 43,90 64,80 12,71 18,37

Profondeur (P1) 9,0 13,70 15,50 24,00 0,04 0,06

Sévérité (P2) 4 6,6 7,40 11,60 0,02 0,03

Indice de Gini 0,42 0,35 0,40 0,36


Sources : Comores : EIM 2004; Madagascar : EPM 2005; Maurice : Household Budget Survey 06-07;

Tableau II.4 : La pauvreté monétaire chez les ménages ayant des enfants (incidence, profondeur, sévérité en
pourcentage, et indice de Gini)

Pays
Comores Madagascar Maurice Seychelles
Secteurs

Incidence (P0) 43 66,2 11,8 8,9

Profondeur (P1) 3 24,6 0,03 1,8

Sévérité (P2) 2 11,9 0,01 0,6

Indice de Gini 0,67 0,35 0,36 0,39

Sources: Comores: EIM 2004; Madagascar: EPM 2005; Maurice: Household Budget Survey 06-07;
Seychelles: Household Budget Survey, 1999/2000

Tableau II.5 : La pauvreté monétaire chez les ménages ayant des enfants (incidence, profondeur, sévérité en
pourcentage et indice de Gini) suivant le milieu de résidence

Pays Comores Madagascar Maurice

U R U R U R

Incidence (P0) 45,2 35,4 50,4 70,6 6,8 14,5

Profondeur (P1) 3,7 2,7 28 26,5 0,02 0,04

Sévérité (P2) 1,8 1,1 8,6 13 0,01 0,02

Indice de Gini 0,68 0,65 0,39 0,32 0,37 0,34


Sources: Comores: EIM 2004 ; Madagascar : EPM 2005; Maurice : Household Budget Survey 06-07;

150
Tableau II.6 : La pauvreté monétaire chez les ménages ayant des enfants (incidence, profondeur, sévérité en
pourcentage et indice de Gini) suivant le genre

Pays Comores Madagascar Maurice Seychelles

Genre du Chef de ménage M F M F M F M F

Incidence (P0) 42,6 42,4 66,3 65,3 10,1 24,9 5,8 11

Profondeur (P1) 3,3 4,0 24,7 24,4 0,03 0,08 0,84 2,5

Sévérité (P2) 1,5 1,9 12 11,9 0,01 0,04 0,25 0,9

Indice de Gini 0,67 0,68 0,35 0,36 0,36 0,36 0,35 0,40
Sources: Comores: EIM 2004; Madagascar : EPM 2005 ; Maurice : Household Budget Survey 06-07;
Seychelles : Household Budget Survey, 1999/2000

Tableau II.7 : La pauvreté monétaire chez les ménages ayant des enfants (incidence, profondeur, sévérité en
pourcentage et indice de Gini) suivant le statut d’activité du chef de ménage

Pays Comores Madagascar Maurice Seychelles

Salarié Petit
Pêcheur Pêcheur Chômeur Salarié Employé
Statut du Chef de Ménage Protégé exploitant Chômeur
(+) (-) (+) (-) indépendant
(-) agricole (+)

Incidence (P0) 47,9 32,9 79,7 11 36,8 8,9 17,8 3,2

Profondeur (P1) 3,3 1,8 26,2 3 0,2 0,02 1,9 1,4

Sévérité (P2) 1,5 0,8 12,8 1,5 0,1 0,01 0,5 0,9

Indice de Gini 0,76 0,35 0,32 0,52 0,59 0,35 - -


Sources: Comores: EIM 2004 ; Madagascar: EPM 2005 ; Maurice: Household Budget Survey 06-07;
Seychelles: Household Budget Survey, 1999/2000

151
ANNEXE III : Les indicateurs de mortalité et d’éducation dans la région

Tableau III.1 : Évolution des taux de mortalité infantile et des moins de 5 ans entre 1990 et 2007

Taux de mortalité infantile (moins de 1 an) Taux de mortalité des moins de 5 ans
(pour 1 000) (pour 1 000)

Taux de Taux de
variation variation
Taux de Taux de
OMD annuelle OMD annuelle
Pays 1990 2007 variation 1990 2007 variation
2015 requis 2015 requis
annuelle annuelle
pour les pour les
OMD OMD

Comores 88 49 29,3 -3 -4 120 66 40 -3 -4

Madagascar 103 70 34,3 -2 -4 168 112 56 -2 -4

Maurice 21 13 7,0 -3 -4 24 15 8 -3 -4

Réunion 6,8 6,6 2,3 - 0,2 -4 7,9 7,8 2,6 - 0,1 -4

Seychelles 17 12 5,7 -2 -4 19 13 6,3 -2 -4


Source : Tableau de bord Unicef et Etat civil (Réunion)

Tableau III.2 : Enfants non scolarisés par groupe d’âge

Comores Maurice Seychelles

Age/Sexe M F M F M F

7 – 12 ans 16,0 16,0 0,0 0,0 0,0 0,0

12 – 14 ans 3,3 3,6 2,4 0,5 0 0

14 – 18 ans 5,8 10,8 7,0 4,7 15,1 6,5


Source : Comores : Ministère de l’éducation ; Maurice : Calculé à partir des données du Household and Budget
Survey 2006-2007, BCS ; Seychelles : Ministry of Education (année 2007)

152
Tableau III.3 : Taux de scolarisation dans le primaire

Comores Madagascar Maurice Seychelles

Genre M F M F M F M F

Taux Brut de scolarisation 115,5 94,3 151,0 149,9 101,5 101,0 102 103

Taux net de scolarisation 81,8 68,9 96,5 100 96,1 97,1 99 100

Pour cent des enfants atteignant


22,1 26,9 - - 99,2 98,3 99,1 99,8
la 5ème année

Taux de redoublement 26,0 26,0 - 22,7 16,9 - -

Taux net d’achèvement dans le


54,7 56,7 65,2 76,3 100 100
primaire
Source : Comores : Ministère de l’éducation (année 2004) ; Madagascar : EPM, 2005 (Année scolaire 2004-2005) ;
Maurice : BCS, 2008 Seychelles: Ministry of Education, 2007

Tableau III.4 : Taux de scolarisation le secondaire

Comores Maurice Seychelles

Genre M F M F M F

Taux Brut de scolarisation 39,7 33,3 80,8 86,2 102 104

Taux net de scolarisation - - 71,9 76,0 88 93

Taux de redoublement 15,5 15,5 13,4 10,4 - -

Taux net d’achèvement dans


- - 27,5 37,6 92 91
le secondaire

Source : Comores : Ministère de l’éducation (année 2004) ; Maurice: BCS, 2008 ; Seychelles : Ministry of Education, 2007

(Footnotes)
1
Comores : 285 177 Fc ; Madagascar : 304 500 Ariary ; Maurice : Rm 87 480; Réunion: 5676 euros ; Seychelles : Rs 14 186

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