Né à Erfurt, Max Weber fit ses études aux universités de Heidelberg, Berlin et
Göttingen. Juriste, professeur d’économie aux universités de Fribourg (1894), de
Heidelberg (1897) et de Munich (1919), il fut également directeur de la revue
allemande de sociologie Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik.
Dans l’une de ses œuvres majeures, Die Protestantische Ethik und der Geist des
Kapitalismus (l’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme, 1904-1905), il cherche
à mettre en relation l’influence du calvinisme sur la diffusion de l’esprit du
capitalisme : selon Weber, les deux éthos ont en commun de privilégier un
comportement ascétique, qui satisfait aussi bien au salut de l’âme puritaine qu’à la
dynamique de l’accumulation. Se refusant, à la différence de Marx, à trancher la
question de la prédominance des valeurs ou du matérialisme, il conclut, en reprenant
la formule de Goethe, à l’existence d’« affinités électives » unissant les deux univers.
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Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, l' [Max Weber], ouvrage de Max Weber
publié en 1904-1905, dans lequel il établit une corrélation entre le calvinisme et le
développement du capitalisme moderne.
2
. DES « AFFINITÉS ÉLECTIVES » ENTRE PROTESTANTISME ET
CAPITALISME
S’appuyant sur des données statistiques, le sociologue allemand Max Weber observe
que ses compatriotes de confession protestante sont sur-représentés à la tête des
entreprises et dans le milieu des affaires, tandis que les catholiques y sont à l’inverse
moins nombreux et manifestent un intérêt plus faible pour les professions de
l’industrie et du commerce. Il entreprend dès lors de rechercher les raisons de ces
attitudes différenciées vis-à-vis du monde de l’entreprise dans les « particularités
mentales » forgées par le milieu familial et par la pratique religieuse. Il se donne plus
précisément pour objectif de dégager les éléments spécifiques de la religion
protestante susceptibles de favoriser les « affinités électives » — expression
empruntée à Goethe — que celle-ci entretient avec le capitalisme.
3
. MÉTHODOLOGIE
Dans un premier temps, Max Weber élabore une définition du capitalisme moderne
sous la forme d’un idéal-type, c’est-à-dire en dégageant ses traits les plus
significatifs : une recherche systématique, rationnelle et déculpabilisée du profit ; une
grande sobriété face aux plaisirs de la vie ; un souci constant d’épargne. Concernant le
protestantisme, Max Weber met en valeur la notion luthérienne de Beruf, qui signifie
« métier » ou « vocation ». Surtout, il met en évidence le rôle central du dogme
calviniste de la prédestination. Pour atténuer la rigueur d’une théologie affirmant que
chaque homme est irrévocablement élu ou réprouvé par Dieu au moment de sa
naissance, les pasteurs sont conduits à valoriser le travail comme dérivatif aux
tourments des fidèles et comme moyen d’« accroître sur terre la gloire de Dieu ». Pour
Max Weber, cette forme d’« ascétisme séculier » rejoint les principes du capitalisme
moderne. Mieux, elle s’est révélée historiquement une condition favorable à son
développement.
4
. UNE ŒUVRE ABONDAMMENT COMMENTÉE
2
. LES TYPES IDÉAUX D’AUTORITÉ SELON MAX WEBER
1
. L’autorité traditionnelle
L’autorité traditionnelle est fondée sur le sentiment collectif qu’elle a fait ses preuves
par le passé et qu’elle doit être maintenue en raison de son caractère pertinent.
L’autorité des parents s’exerçant sur les enfants peut être considérée comme une
forme d’autorité traditionnelle au même titre que celle des hommes sur les femmes
dans une société patriarcale.
2 L’autorité légale-rationnelle
.
L’autorité légale-rationnelle est une forme d’autorité codifiée et attachée à une
position sociale. Cette forme d’autorité est donc institutionnalisée et impersonnelle.
Elle découle et tient sa légitimité d’un mode d’organisation rationnel et hiérarchique
dans une société marquée par la division sociale du travail. Cet idéal type caractérise
les formes d’autorité existant dans les organisations bureaucratiques, telles que celles
qui prévalent dans les entreprises et les administrations.
3
. L’autorité charismatique
4
. Un quatrième idéal type ?
Aux trois types idéaux d’autorité proposés par Max Weber, les sociologues
contemporains en ajoutent un quatrième, celui de l’autorité fondée sur l’expertise et
connue sous le nom d’« autorité professionnelle ». Compte tenu des progrès de la
technologie et de la division sociale du travail plus poussée dans de nombreuses
sociétés contemporaines, certaines personnes peuvent obtenir un niveau d’autorité en
raison de l’acquisition d’un savoir plus spécialisé et plus important que les autres.
Ainsi, dans un domaine tel que la science, les médecins tirent une certaine autorité de
leur niveau d’expertise.
3
. DE LA MODÉLISATION À LA
PRATIQUE
Comme le soulignait Max Weber lui-même, ces « types idéaux » sont des
modélisations. En d’autres termes, ils ne se retrouvent pas sous leur forme pure. De
manière générale, les formes d’autorité observées dans le cadre des pratiques sociales
combinent différents types idéaux d’autorité.
Des institutions telles que l'Église, la monarchie ou le gouvernement reposent sur une
combinaison des trois types wébériens d'autorité. Les formes d'autorité familiale
comme le patriarcat et le matriarcat, qui font appel à la tradition, bénéficient en
général de l'appui des sources légales-rationnelles. L'autorité de la force de police ou
du fisc tend à être légale-rationnelle, tandis que le capitaine d'une équipe de football,
le prédicateur évangélique ou l'entrepreneur novateur sont des exemples de
domination charismatique.
À la différence du pouvoir, l'autorité ne doit pas être envisagée comme une force
brute. À considérer un roi, qui peut être assimilé à la fois à un dictateur, à un chef
charismatique et à un législateur, la « routinisation » recherchée par le rituel, la pompe
et la cérémonie est le principal moyen de préserver l'autorité.
au « droit des gens » la qualité de « droit » parce qu’il est dépourvu d’un pouvoir de
contrainte supra-étatique. Pour la terminologie que nous avons adoptée ici (par
commodité), on ne saurait en fait appeler « droit » un ordre qui n’est garanti
extérieurement que par les expectations de la réprobation ou par des représailles de la
part des victimes, qui est donc garanti de manière conventionnelle et par des
considérations d’intérêt, sans qu’il existe une instance dont l’activité serait
spécialement orientée vers son maintien. Toutefois, le contraire peut être valable pour
une terminologie juridique. La question des moyens de coercition n’est ici d’aucune
importance. L’« exhortation fraternelle », qui fut usuelle dans certaines sectes en tant
que premier moyen de douce contrainte à l’égard du pécheur, entre dans notre
définition, à condition qu’elle fût ordonnée par des règlements et exécutée par une
instance. Il en est de même de la réprimande du censeur, en tant que moyen destiné à
garantir les normes « morales » de la conduite ; et tout particulièrement aussi de la
contrainte psychique qu’on exerce par les moyens propres à la discipline
ecclésiastique. Il existe évidemment un « droit » hiérocratique aussi bien qu’un
« droit » politique, tout comme il existe un « droit » garanti par les statuts d’une
association, par l’autorité familiale, par les « confréries » ou par les corporations. De
même, les statuts qui règlent les « associations d’étudiants » valent comme « droit »
dans cette acception du concept.
[…]
Source : Weber (Max), Économie et société, traduit par Julien Freund, Pierre
Kamnitzer, Pierre Bertrand, Éric de Dampierre, etc., Paris, Plon, 1971.
2
. LES TYPES IDÉAUX D’AUTORITÉ SELON MAX WEBER
1
. L’autorité traditionnelle
L’autorité traditionnelle est fondée sur le sentiment collectif qu’elle a fait ses preuves
par le passé et qu’elle doit être maintenue en raison de son caractère pertinent.
L’autorité des parents s’exerçant sur les enfants peut être considérée comme une
forme d’autorité traditionnelle au même titre que celle des hommes sur les femmes
dans une société patriarcale.
2
. L’autorité légale-rationnelle
3
. L’autorité charismatique
4
. Un quatrième idéal type ?
Aux trois types idéaux d’autorité proposés par Max Weber, les sociologues
contemporains en ajoutent un quatrième, celui de l’autorité fondée sur l’expertise et
connue sous le nom d’« autorité professionnelle ». Compte tenu des progrès de la
technologie et de la division sociale du travail plus poussée dans de nombreuses
sociétés contemporaines, certaines personnes peuvent obtenir un niveau d’autorité en
raison de l’acquisition d’un savoir plus spécialisé et plus important que les autres.
Ainsi, dans un domaine tel que la science, les médecins tirent une certaine autorité de
leur niveau d’expertise.
3
. DE LA MODÉLISATION À LA
PRATIQUE
Comme le soulignait Max Weber lui-même, ces « types idéaux » sont des
modélisations. En d’autres termes, ils ne se retrouvent pas sous leur forme pure. De
manière générale, les formes d’autorité observées dans le cadre des pratiques sociales
combinent différents types idéaux d’autorité.
Des institutions telles que l'Église, la monarchie ou le gouvernement reposent sur une
combinaison des trois types wébériens d'autorité. Les formes d'autorité familiale
comme le patriarcat et le matriarcat, qui font appel à la tradition, bénéficient en
général de l'appui des sources légales-rationnelles. L'autorité de la force de police ou
du fisc tend à être légale-rationnelle, tandis que le capitaine d'une équipe de football,
le prédicateur évangélique ou l'entrepreneur novateur sont des exemples de
domination charismatique.
À la différence du pouvoir, l'autorité ne doit pas être envisagée comme une force
brute. À considérer un roi, qui peut être assimilé à la fois à un dictateur, à un chef
charismatique et à un législateur, la « routinisation » recherchée par le rituel, la pompe
et la cérémonie est le principal moyen de préserver l'autorité.