INTRODUCTION
Dans cette première partie, nous allons développer les différentes fonctions du contrôleur de
gestion. En premier lieu, il est nécessaire de déterminer la place du contrôleur de gestion dans
l’organisation. Puis, au travers de ses missions professionnelles nous tenterons d’expliquer son
métier, en axant tout d’abord nos recherches sur les fonctions générales du contrôleur. Enfin,
nous expliquerons que ce métier n’est pas figé à un service de la société car en réalité il peut être
présent dans différents services.
A – LE CONTROLEUR DE GESTION
Le contrôleur de gestion a souvent une place différente selon les entreprises, parfois il
pourra être un simple fonctionnel, une éminence grise ou un contre-pouvoir officiel. Il existe
souvent deux types de scénarios concernant la position du contrôleur de gestion dans
l’organigramme de l’entreprise.
Dans notre premier scénario, le contrôleur de gestion est un simple fonctionnel, il est
donc un expert compétent qui maîtrise les chiffres, les tableaux de bord, mais il n’a pas de
réel pouvoir décisionnel. Sa fonction se limite à faire circuler l’information, à établir les
calendriers budgétaires et à veiller à la cohérence de la remontée de l’information. Le
contrôleur de gestion donne une forme aux chiffres, il n’a pas à se soucier du contenu et il
n’aura pas à exprimer son avis au moment des prises de décisions stratégiques. Il n’a aucun
pouvoir formel sur les engagements de dépenses et, logiquement, est rattaché
hiérarchiquement au patron opérationnel de son entité. Voici l’exemple de l’organisation
matricielle dans laquelle nous nous trouvons :
PDG
Contrôleur Contrôleur
de gestion 1 de gestion 2
Il faut noter qu’il existe un lien fonctionnel entre le contrôleur de gestion général et les
contrôleurs de gestion de services, cependant ceux-ci restent rattaché hiérarchiquement au
directeur de la fonction où ils opèrent.
Dans cette situation, le contrôleur de gestion est un réel co-décideur. Il représente l’exigence
économique et, dans certaines entreprises, il devra même cosigner à ce titre tous les engagements
de dépenses. Il y a donc par construction une certaine opposition, voulue, entre opérationnels et
contrôleurs de gestion mais bien sûr plus pour aboutir à des synergies qu’à des conflits stériles.
En conséquence, il est normal que, sur le plan de l’organisation, le contrôleur ne soit plus
rattaché hiérarchiquement à l’opérationnel, mais appartienne à une ligne distincte, d’où le
schéma suivant :
PDG
Contrôleur Directeur2
de gestion Directeur1
Contrôleur de Contrôleur de
direction 1 direction 2
Le choix de l’une ou de l’autre matrice, ou de toute autre variante intermédiaire, dépendra
à la fois des caractéristiques de l’entreprise et de son style de management. On veillera
simplement à éviter les deux excès inverse : un contrôle de gestion sans influence et un contrôle
de gestion trop puissant où la priorité exclusive accordée aux équilibres financiers à court terme
finit par faire oublier la réalité du métier et du marché.
- dresser le reporting, c’est-à-dire transmettre à la société mère dans les normes imposées
par elle les données à la fois comptables et financières ainsi que des volumes. Ce travail,
très technique, suppose la maîtrise d’éléments de trésorerie, de la comptabilité et des
aspects commerciaux, sociaux et fiscaux du groupe et de la filiale.
- détecter les anomalies à court, moyen ou long terme : correspond à la mise en place et au
suivi de toutes les procédures internes permettant de contrôler en permanence les
résultats de l’entreprise, activité par activité, conformément aux prévisions budgétaires
préétablies. La mise en place de tableaux de bord par activité et par société permet
notamment d’offrir un observatoire régulier du fonctionnement de l’entreprise et de
mesurer les écarts entre les objectifs prévus et les résultats constatés.
ØMission technique :
- définition des structures d’organisation
- élaboration des techniques de prévision et de planification
- conception et gestion des systèmes d’informations
ØIntérêt de la fonction :
- vue large et globale du fonctionnement de l’entreprise
- cheville ouvrière de la progression des hommes et de l’entreprise
- vie active à la fois orientée sur le devenir de l’entreprise et sur les réalités quotidiennes
ØDifficultés de la fonction :
- ne pas être perçu comme « l’inspecteur » de la direction générale
- ne pas se laisser tenter par une prise de pouvoir quelconque ou des pistes de décisions
compte tenu de l’information dont il dispose
- avoir le courage de ne pas dire à une direction générale ce qu’elle souhaiterait entendre
mais dire ce que l’on pense devoir dire pour le bien de l’entreprise
- savoir rester neutre, impartial, objectif.
B – LES CONTROLEURS DE GESTION SPECIALISES
Le métier de contrôleur de gestion est différent d’une entreprise à une autre. Rappelons qu’il
existe trois types de décisions à contrôler : les décisions stratégiques, les décisions de gestion ou
tactiques et les décisions opérationnelles. Par conséquent, il y a une diversité de position pour le
contrôleur de gestion au sein de l’entreprise.
D’autres part, le contrôleur de gestion, dans les grandes firmes, est parfois rattaché à différents
services.
Le métier du contrôleur de gestion est en pleine mutation, son évolution au sein de l’entreprise
durant ces dernières décennies nous amène à dire que c’est un réel décideur, un contre pouvoir
dans la prise de décision stratégique. Les missions du contrôleur de gestion varient bien
évidemment en fonction de sa position et de sa spécificité dans l’entreprise
II – LES COMPETENCES ET LES QUALITES DU CONTROLEUR DE
GESTION
Un métier si complexe demande des compétences et des qualités spécifiques qui permettront de
définir sa place au sein de l’entreprise et d’accomplir les tâches qui lui seront données.
Mais les formations scolaires ne préparent pas à toutes les situations rencontrées au sein de
l’entreprise, la réalité professionnelle amènera le contrôleur de gestion à s’adapter aux besoins
du marché.
Pour devenir contrôleur de gestion, il n’y a pas un diplôme spécifique comme pour les médecins
ou les professeurs, mais des formations diverses peuvent y amener
1e cycle
Quand le 1° cycle est validé, plusieurs seconds cycles sont proposés mais certaines suites
logiques sont à respecter :
Ø Licence-Maîtrise Sciences Economiques mention Economie et Gestion de l’entreprise
poursuit les programmes de DEUG. Cet enseignement est fondé sur l’économétrie, les politiques
et les systèmes économiques, la gestion et un stage ou un mémoire.
Ø MSG (Maîtrise de Sciences de Gestion) poursuit les programmes de DUT avec l’analyse
financière, de la comptabilité approfondie, du marketing, des ressources humaines et un stages
de 3 mois minimum.
Ø MSTCF (Maîtrise Sciences et Techniques Comptables et Financières) est accessible avec un
diplôme universitaire de niveau bac + 2 et la réussite des épreuves d’admission du certificat
préparatoire dont l’économie, la comptabilité, le droit et les mathématiques financières.
L’enseignement de MSTCF est basé sur la comptabilité approfondie, la comptabilité analytique,
le droit et les grands problèmes économiques et un stage de 10 semaines.
Ø DECF (Diplôme d’Etudes Comptables et Financières) poursuit les programmes du DPECF
et est fondé sur le contrôle de gestion, la comptabilité approfondie, la gestion financière et les
mathématiques appliquées.
Ø IUP 2e et 3e années Management et gestion des entreprises poursuivent l’enseignement de 1e
année d’IUP. Il est fondé autour de thèmes à dominantes économique et financière, juridique
privée et gestion publique, ainsi qu’un stage de 12 semaines.
Ø Ecoles Supérieures de Commerce (ESC, HEC, ESSEC, EDHEC, …)ont des cycles sur 3
ans. La première année est composée d’un enseignement fondamental, d’un stage de 4 mois en
entreprise et d’un séminaire de développement personnel. La seconde année est composée d’un
enseignement approfondi et d’un stage de 2 mois en entreprise. La troisième année est composée
d’un stage en entreprise étrangère et/ou française, d’un trimestre de management avec de
nombreux séminaires. Les écoles de commerces englobent le 2e et le 3e cycles universitaires.
Ø Ecoles de Gestion et de Commerce (ISPP, …) ont comme les écoles supérieurs de
commerce des cycles sur 3 ans et comprenant les 2e et 3e cycles universitaires. L’enseignement
est fondé sur la gestion comptable et financière, l’économie, le droit, le commerce, des matières
de spécialisation, le développement personnel et 6 mois de stage en entreprise et de nombreux
chantiers d’application.
Ø ICG (Institut de Contrôle de Gestion), en partenariat avec l’Institut Français de Gestion à
Paris, est un diplôme préparé à l’initiative de la Chambre de Commerce et d’Industrie.
L’enseignement est aussi bien sur le tertiaire que sur le technique.
Avec un diplôme de second cycle, les entreprises embauchent le plus souvent des contrôleurs de
gestion opérationnels ou d’établissement
3e cycle
Un 3e cycle est donc préférable pour gérer une équipe de responsables de contrôle de gestion et
être directement rattaché à la direction. Il se présente sous plusieurs formes :
Ø DESS (Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées) Finance et Gestion,
Ø DESS Certificat d’Aptitude à l’Administration des Entreprises,
Ø DESS Management des Petites et Moyennes Organisations,
Ø DESS Sciences de Gestion.
Ils poursuivent les programmes de Licence-maîtrise Economie et Gestion. Ces DESS ont des
enseignements spécifiques sur les sciences et techniques comptables et financières, les modèles
de gestion, l’économie de l’entreprise et l’environnement de l’entreprise ainsi qu’un stage de 3
mois.
Ø DESCF (Diplôme d’Etudes Supérieures Comptables et Financières) poursuit le DECF.
Les formations sont donc diverses et variées sans numerus clausus, le métier de contrôleur de
gestion peut-être donc un choix décidé en fin de cycle scolaire.
DESCF
Diplômes d'écoles
2 épreuves écrites
supérieures de
2 épreuves orales, Diplômes étranger
commerce
7 UV
( 3 ans)
( 3 ans)
MSTCF
Autres diplômes
universitaires
( 2 ans)
7 épreuves écrites
7 UV
( 1 an)
1 - Compétences techniques
Quelque soit la formation qu’il ait suivi, le contrôleur de gestion doit parfaitement maîtriser les
mécanismes et les méthodes du contrôle de gestion et du reporting. Il doit ainsi être capable de :
• suivre l’activité en collectant les informations auprès des directions opérationnelles,
• établir les prévisions d’activité en termes d’objectifs, de budgets, d’organisation et de
moyens,
• élaborer et adapter en permanence les outils d’analyse, les indicateurs et procédures du
contrôle de gestion à l’aide des traitements informatiques,
• identifier les écarts significatifs entre les réalisations et les prévisions,
• mesurer et analyser les écarts sous forme de statistiques, de tableaux de bord commentés, de
rapport d’activité,
• assurer la retransmission commentée des informations auprès de la Direction Générale,
• intégrer les informations variées caractérisant l’activité interne,
• détecter, synthétiser et pondérer les informations essentielles,
• anticiper les effets de l’activité à l’aide de simulations ;
• procéder à des arbitrages délicats.
On attend également du contrôleur de gestion qu’il maîtrise le fonctionnement des marchés
financiers et des produits traités.
A – NOTRE ETUDE
Afin que notre étude sur le métier de contrôleur de gestion soit pertinente, nous avons réalisé et
soumis un questionnaire à plusieurs contrôleur de gestion. Voici les réponses que nous avons
obtenues.
Le métier de contrôleur de gestion apparaît pour tous comme un métier complet, exigent et
décisionnel. En relation avec tous les secteurs de l’entreprise.
2 - Quels sont les qualités essentielles, selon vous, pour cette fonction ?
Les missions sont diverses et variées (cf. les missions du contrôleur de gestion). Elles peuvent se
résumer par : éclairer sur les cibles à atteindre, accompagner la mise en œuvre et analyser les
réalisés.
Le contrôleur de gestion est amené à être en relation avec une multitude de personnes dans
l’entreprise et en particulier avec la direction et les opérationnels.
7 - Quel est le niveau requis en informatique pour un contrôleur de gestion ? (Quels sont les
logiciels utilisés ?)
10 - Quel type de diplôme est-il conseillé d’avoir pour devenir contrôleur de gestion ?
Généralement les contrôleurs de gestion sont titulaires d’un diplôme de 3e cycle tel que :
DESCF, DESS, DEA, Ecoles de Commerce. Cependant, certains n’ont pas suivi d’études de
gestion mais par exemple : DEA Economie, Ingénieur.
"De bien connaître le domaine dans lequel il veut travailler et surtout ce qui lui plaît, car le
métier est vu de façons différentes par les employeurs. On peut très bien se retrouver dans un
bureau à faire des calculs de rentabilité toute la journée ou bien travailler avec les utilisateurs et
avoir des relations Humaines."
Les connaissances et les diplômes sont, selon les contrôleurs, nettement moins important que les
qualités humaines pour réussir dans sa fonction, même, si les connaissances sont hautement
désirables.
Il est important, voire indispensable de savoir établir des relations de confiances (pour 90,5% des
contrôleurs), de savoir motiver (pour 75% des contrôleurs), de savoir rester vigilant sur les fautes
de gestion (pour 66% des contrôleurs), de savoir-faire preuve d’autorité et se montrer ferme
(pour 37% des contrôleurs).
Les contrôleurs de gestion avaient vu juste lorsqu’ils pensaient que le contrôle de gestion
serait jugé plus utile par les directeurs que par les opérationnels. En revanche, on peut constater
la nette tendance des contrôleurs à sous estimer la qualité de leur image.
Les contrôleurs sont trop pessimistes. Les opérationnels sont moins favorables que les
directeurs généraux. L’utilité du contrôle n’est pas vraiment remise en cause, mais 23% des
directeurs pensent que le système actuel doit encore beaucoup s’améliorer, 16% des
opérationnels trouvent qu’il leur prend trop de temps et surtout plus du quart des directeurs et des
opérationnels jugent le système trop compliqué. Même si les résultats sont plutôt meilleurs que
prévu, les contrôleurs ont encore de gros efforts de formation, information, communication et
simplification à faire, surtout pour les opérationnels.
6 - Question posée aux contrôleurs de gestion
Comment évaluez-vous la participation des opérationnels au processus de contrôle de gestion ?
On constate en premier lieu un assez fort consensus sur le profil idéal du contrôleur, les
qualités humaines étant toujours jugées, quel que soit l’interlocuteur, comme plus importantes
que les connaissances. On remarquera néanmoins que les contrôleurs mettent plus l’accent que
les directeurs et les opérationnels sur les qualités humaines. Directeurs et opérationnels
accentuent quant à eux l’importance des connaissances et des qualités d’organisation et de
rigueur. Les opérationnels sont ceux qui demandent le plus fréquemment aux contrôleurs d’être
passés par des fonctions opérationnelles avant et d’être de bons comptables. Cette tendance des
opérationnels est à mettre en relation avec leur façon d’accentuer plus que les autres
l’importance des rôles techniques du contrôleur. Les directeurs sont plus demandeurs de
diplômes de grandes écoles et d’individus possédant une bonne maîtrise des langues étrangères.
Pour conclure, voici les points importants de l’enquête :
La fonction contrôle de gestion est plutôt une fonction de passage dans une carrière. La
population des contrôleurs de gestion se renouvelle très régulièrement.
La direction financière reste le mode de rattachement hiérarchique favori des services de contrôle
de gestion central tandis que les contrôleurs de division dépendent à 75% des directeurs de
division.
On note sur 15 ans une extension des compétences des services de contrôle de gestion qui
chapeautent désormais la comptabilité analytique et la planification mais toujours pas la
comptabilité générale.
Le budget reste la première occasion de contact avec le contrôleur, avant l’analyse
des résultats périodiques.
L’implication de la direction générale et la formation des opérationnels sont les facteurs-
clés de réussite du contrôle de gestion selon les contrôleurs. La situation n’a guère changé en 15
ans.
Les contrôleurs estiment que les connaissances et les diplômes sont moins importants que
les qualités humaines dans l’exercice de leur métier. Ils sont rejoints sur cette question par les
directeurs et les opérationnels.
Les contrôleurs souhaitent ardemment développer les fonctions de conseil et d’aide à la
décision, mais se heurtent aux réticences du terrain, en particulier des opérationnels qui
souhaitent surtout que les contrôleurs restent sur les fonctions techniques. Dans les faits, les
contrôleurs sont obligés de promouvoir des projets en désaccord en partie avec leurs aspirations.
Les contrôleurs et la fonction contrôle de gestion sont jugés très favorablement par les
directeurs et les opérationnels, plus favorablement que les contrôleurs ne le pensaient. L’avis des
directeurs est toujours meilleur que l’avis des opérationnels.
L’audit interne est moins bien perçu que le contrôle de gestion, mais cette image n’a
aucun impact sur l’image du contrôle de gestion.
Il existe des contrôleurs systématiquement optimistes sur leur image et d’autres
systématiquement pessimistes. Ils ne marquent guère la différence entre leur image auprès des
directeurs et leur image auprès des opérationnels.
CONCLUSION
A la croisé des chemins entre la stratégie et l’opérationnel, le contrôleur de
gestion a pour objectif de fournir à la direction générale les éléments chiffrés à
partir desquels elle définit ses orientations stratégiques futures. Il constitue un
instrument de pilotage permanent.
Sources et bibliographie
En formation continue
ØHEC-Management
1 rue de la Libération, 78350 Jouy-en-Josas Cedex
ØIAE Paris I
162 rue Saint Charles, 75740 Paris Cedex 15
En formation initiale
ØLes DESS
-Lyon 2 : contrôle de gestion
-Bordeaux 4 : Contrôle de gestion, audit interne
-Paris 1 : Contrôle de gestion et audit
-Nantes :Contrôle de gestion
ØLes DEA « sciences de gestion » :
-Aix Marseille 3, Bordeaux 4, Cean, Dijon, Grenoble 2, Lille 1, Lille 2, Lyon 3,
Montpellier2,Nancy2, Paris1, Paris 12, Poitiers, Rennes 1, Toulouse1, Strasbourg 1,
Valenciennes.
ØLes grandes écoles de commerce sont très nombreuses (HEC, l’ESCP, l’ESSEC, et
l’ESC Lyon et les ESCAE.