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LeForum

dossier Évolution du secteur de l’élevage ouest africain

Afrique de l’Ouest : la révolution de l’élevage


aura-t-elle lieu?
Guillaume Duteurtre (duteurtre@cirad.fr), avec
la contribution de Roger Blein______________ L e secteur de l’élevage en Afrique de l’Ouest est à un
tournant. Diversification des systèmes alimentaires et
croissance de la population se joignent pour doper la de-
mande en produits animaux. Des mutations qui questionnent
la capacité des systèmes d’élevage locaux et des filières à
s’adapter à une demande exigeante.

D
„ Guillaume   , l’essor des villes Face à ces questions, plusieurs ap- spécifiques et ses faibles coûts de pro-
Duteurtre est africaines a induit une trans- proches sont défendues par les acteurs duction. Enfin, pour les partisans du
chercheur au formation profonde du modèle du développement et les experts. Se- libéralisme, l’approvisionnement des
Cirad. Il était en alimentaire. Comme dans les autres lon la vision moderniste, la réponse à consommateurs urbains, au pouvoir
poste à l’Institut pays en développement, le secteur de la demande urbaine ne peut se faire d’achat limité, passe par un recours
sénégalais de l’élevage a été particulièrement touché qu’à travers une transformation ra- croissant aux importations de produits
recherches par ces recompositions : les viandes et dicale des systèmes de production et de base bon marché (viande congelée,
agricoles (Isra) à les produits laitiers sont en effet parmi des filières, sur le modèle de la révo- poudre de lait), quitte à ce que les pays
Dakar, de  à les produits alimentaires dont la con- lution de l’élevage. Pour d’autres, au augmentent leur dépendance vis-à-vis
septembre . sommation augmente le plus rapide- contraire, l’élevage extensif est sus- du marché international.
Depuis, il travaille ment avec le niveau de vie. Le déve- ceptible de répondre à des « signaux
au Rural loppement urbain a ainsi induit une de marchés », et d’améliorer sa con- Les trois facettes du développement
Development demande nouvelle en produits laitiers tribution à l’approvisionnement des des marchés animaux en Afrique de
Center (Rudec) à et carnés. Les commerces des grandes villes, tout en valorisant ses ressources l’Ouest. Au-delà de ces débats, il sem-
Hanoi (Vietnam). villes présentent aujourd’hui une mul-
titude de nouveaux produits comme les
sachets de poudre de lait, les yaourts,
les laits fermentés, les fromages, ou les
découpes de volaille, générant d’im-
portants débouchés pour l’élevage et
l’industrie agro-alimentaire. Dans la
restauration hors foyer, ces mutations
s’illustrent par l’essor des bars laitiers,
des dibiteries, des restaurants ou des
cantines.

L’essor des villes africaines et la


création de nouveaux débouchés.
Cependant, il subsiste aujourd’hui
de nombreuses interrogations sur la
capacité de l’élevage africain à répon-
dre à l’explosion de la demande locale.
L’élevage familial extensif majoritaire
en Afrique, enchâssé dans des sociétés
traditionnelles et dans des territoires
enclavés, serait-il resté à l’écart de la
« révolution de l’élevage » observée en
Amérique du Sud et en Asie ? Le dé-
veloppement agro-industriel basé sur
l’intensification des filières d’élevage,
que l’on observe dans de nombreux
pays du Sud, aurait-il laissé l’Afri-
que « en rade » de cette importante
transformation ? Quelles stratégies
convient-il d’adopter pour encoura-
ger la participation des producteurs
locaux aux échanges marchands ?
Comment faire de la croissance de la
demande un « levier », tant pour le dé-
© Inter-réseaux

veloppement des territoires pastoraux


que pour l’amélioration des revenus
des éleveurs ?

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nº 46-47 — mars – août 2009
Évolution du secteur de l’élevage ouest africain LeForum
dossier

Le bétail, facteur d’intégration


des échanges régionaux

ble bien que les trois phénomènes aient


coïncidé au cours des  dernières an-
nées en Afrique de l’Ouest : l’appari-
aux marchés de viande rouge de rester
très majoritairement approvisionnés
par les systèmes pastoraux et agro-
L ’  A  ’O et du Centre est
typiquement un secteur dont l’économie repose sur
l’intégration des marchés. Les produits de l’élevage cons-
tion de filières agro-industrielles, le pastoraux. Les complémentarités ré- tituent le premier poste des échanges intracommunautai-
développement des surplus commer- gionales ont joué favorablement pour res, devant les céréales.
ciaux issus des systèmes extensifs, et approvisionner les villes en bétail sur Les échanges régionaux relient les bassins de produc-
l’essor des importations de produits pied. Dans le domaine du lait, l’aug- tion dans les pays sahéliens excédentaires et les bassins de
animaux. mentation des volumes commercia- consommation des pays côtiers déficitaires.
Le développement agro-industriel a lisés s’est faite essentiellement grâce On estime le cheptel bovin de l’Afrique de l’Ouest à
constitué certainement le côté le plus à l’amélioration des circuits de col-  millions d’animaux et le cheptel de petits ruminants à
spectaculaire de ces transformations. lecte, plutôt que par l’augmentation  millions. Les trois grands pays sahéliens enclavés — le
Suite aux Plans d’ajustement structurel de la productivité des fermes. Ainsi, Burkina Faso, le Mali et le Niger — exploitent plus du tiers
initiés dans les années , la privatisa- les stratégies des ménages et l’éco- du cheptel bovin régional ( millions). Les exportations
tion des grandes laiteries, des fermes nomie domestique ont tiré parti de d’animaux sur pied de ces trois pays sont estimées à  
d’État ou des abattoirs a constitué l’émergence du commerce du lait sous têtes par an. Les exportations de petits ruminants concer-
une rupture qui a dans un premier  formes principales : le développement neraient environ , millions de têtes.
temps freiné l’essor d’une industrie des ventes directes en périphérie des Les observateurs décrivent plusieurs circuits commer-
de l’élevage, mais qui a ensuite laissé grandes villes, l’essor des réseaux de ciaux : les circuits verticaux qui représentent les échanges
le champ libre au développement de collecte de lait caillé et de beurre en historiques entre les pays enclavés sahéliens et les marchés
nouvelles entreprises privées. Dans le zone sahélienne et la mise en place de côtiers autour d’axes Nord-Sud. L’Afrique de l’Ouest est
secteur laitier, on assiste depuis  ans systèmes de collecte du lait cru. De la ainsi structurée autour de  grandes zones commerciales :
au développement massif des petites même manière, on a assisté au déve- le circuit occidental part du Mali et alimente la Mauritanie,
unités de transformation rurales, et loppement de l’aviculture villageoise le Sénégal, la Guinée, la Gambie, la Sierra Leone et le Li-
à la participation croissante des éle- engagée dans la production d’œufs ou beria ; le circuit du couloir central relie les zones d’élevage
vages périurbains dans l’approvision- de poulets pour le marché. du Mali et du Burkina Faso au Ghana, à la Côte d’Ivoire
nement des consommateurs urbains Enfin, de nombreux pays ont fait le et au Togo ; enfin, le circuit central oriental relie le Niger
et des grandes industries laitières. Au choix de recourir à des importations aux marchés du Nord du Nigeria, qui représente le plus
Mali, au Burkina Faso, ou au Sénégal, croissantes de produits animaux. Des important importateur de la région.
on compte aujourd’hui des dizaines années  jusqu’aux années , la pé- Plus récemment se sont ajoutés des circuits transversaux
de mini-laiteries rurales collectant nétration des produits européens sur destinés à alimenter le Nigeria principalement avec du bé-
du lait frais. Plusieurs industries se les marchés ouest africains a été encou- tail burkinabè transitant par le Bénin.
sont récemment ré-engagées dans la ragée par les baisses de la production Enfin, les marchés ouest et centre africains sont reliés
collecte de lait local. Des fermes mo- du cheptel sahélien liées aux sécheres- entre eux. Le bétail du Niger approvisionne, avec les ani-
dernes se sont installées en périphéries ses, par l’existence d’excédents mas- maux du Tchad, de Centrafrique et du Nord Cameroun,
des grandes capitales, en moins grand sifs de production de lait et de viande les besoins de consommation du sud Cameroun, du Nige-
nombre cependant que dans les zones en Europe et aux États-Unis, et par ria, du Gabon, de la République démocratique du Congo
d’altitude d’Afrique de l’Est. Dans le les crises économiques qui ont tou- et du Congo Brazzaville. De la même façon, des flux de
secteur avicole, de nombreux pays ont ché les populations urbaines les plus bétail existent et relient l’Afrique de l’Ouest et du Centre
connu un développement massif des pauvres, créant ainsi une demande aux pays arabes.
unités semi-industrielles périurbaines pour des produits très bon marché.
de production d’œufs et de viande de Plus récemment, ce phénomène a été
volaille. Le secteur porcin a lui aussi amplifié par la libéralisation des im- ger » l’élevage local. Le déferlement des
fait l’objet d’investissements impor- portations (abaissement des droits de importations de produits animaux sur
tants. douane) consécutive à la constitution les marchés ouest-africains a modifié
Parallèlement, on a assisté à l’aug- du marché commun ouest africain et durablement les habitudes alimentaires
mentation des surplus commerciaux aux négociations commerciales inter- des populations. De nouveaux usages
issus des systèmes extensifs ou semi- nationales. Tous les pays se sont dotés sont apparus, de nouveaux marchés
intensifs. Après les sécheresses succes- à la faveur de ce contexte d’industries se sont créés, notamment autour de
sives de  et de -, les éleveurs laitières orientées vers la reconstitu- la poudre de lait, mais aussi du lait
sahéliens ont fortement reconstitué leur tion du lait en poudre importé. Entre UHT, par exemple. Par ailleurs, de
cheptel. Dans le même temps, la pro- - et -, les importations nombreuses industries laitières ont
duction de ruminants s’est étendue aux laitières en Afrique de l’Ouest ont pu se développer sur la base de la
zones agricoles situées plus au Sud, et plus que doublé. Et les importations poudre de lait importée. Ces évolu-
a constitué un facteur d’intensification de viande ont été multipliées par qua- tions ont réduit les possibilités pour
des systèmes de production dans les tre. Dans certains pays côtiers, comme les gouvernements de mettre en place
zones soudaniennes. Ces régions plus au Sénégal, au Cameroun, au Bénin ou des limitations à l’importation.
humides ont aussi constitué des zones en Côte d’Ivoire, les importations de
de développement de l’embouche bo- viande avicole ont connu une véritable Approvisionnement des villes et
vine et ovine. La croissance de l’offre envolée entre  et , avant que avenir de l’élevage. Devant ces re-
et l’efficacité de systèmes commerciaux des barrières sanitaires ou tarifaires compositions profondes des marchés,
relativement anciens ont ainsi permis ne soient mises en place pour « proté- plusieurs enjeux relatifs à l’avenir de Ü

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dossier Évolution du secteur de l’élevage ouest africain

Û l’élevage en Afrique apparaissent en- moyens d’améliorer la qualité des pro-


Les produits animaux dans la core mal pris en compte par les orga- duits locaux. L’élaboration de guides
nisations de producteurs, les décideurs de bonnes pratiques semble être une
sécurité alimentaire publics et la société civile. Il s’agit des voie privilégiée. De nombreux acteurs
débats sur le modèle alimentaire, des réclament aussi un meilleur contrôle
discussions relatives aux règles com- des conditions sanitaires du commerce

L   des produits animaux est mal con-


nue en Afrique de l’Ouest en raison d’une forte part
de l’autoconsommation (lait et ses dérivés, œufs, viandes),
merciales, et enfin des priorités des
politiques publiques vis-à-vis des po-
pulations vulnérables.
des produits animaux, notamment pour
les viandes congelées importées. Mais le
principal débat concerne les discussions
et en raison d’une connaissance très approximative des La question du modèle alimentaire relatives aux tarifs douaniers. Dans
échanges commerciaux et de l’importance des circuits est récemment apparue dans le débat le cadre de l’Uemoa et de la Cedeao,
d’approvisionnement informels (échanges de proximité). public sous l’effet de plusieurs éléments l’Afrique de l’Ouest est engagée dans
Seul le niveau des importations est assez bien connu. Selon conjugués : l’émergence d’associations un processus d’harmonisation de ses
les calculs rapportés dans l’étude CSAO/OCDE-Cedeao, de consommateurs, d’étudiants ou de règles commerciales et en particulier
sur la base des données de la FAO, la consommation tou- militants revendiquant un modèle de du Tarif extérieur commun (Tec) qui
tes viandes confondues s’élèverait à , kg par habitant. consommation plus « durable » et se met en place aux frontières de la
On attribue généralement les faibles taux de malnutrition « sain » ; le développement de nou- région. Aujourd’hui taxée dans l’es-
en milieu pastoral à des régimes alimentaires qui incor- velles exigences des consommateurs pace Uemoa à hauteur de   seule-
porent nettement plus de lait qu’en milieu agricole ou ur- sur les liens entre alimentation et santé ; ment car considérée comme un intrant
bain. D’une façon générale la consommation de produits la montée de revendications nouvel- pour l’industrie, la poudre de lait est
laitiers et carnés reste faible, comparée aux standards de les sur la « souveraineté alimentaire » l’objet d’intenses discussions dans les
consommation dans les pays riches. portées par les organisations profes- arbitrages sur le Tec Cedeao. Ce cas
Les liens entre l’élevage et la sécurité alimentaire dé- sionnelles agricoles et les organisations illustre particulièrement bien la diffi-
passent de loin cet aspect. Par exemple, il existe une très de la société civile, et insistant sur le culté pour les décideurs de réconcilier
forte relation entre prix des céréales et prix du bétail. Il recours aux aliments « locaux ». Plus les intérêts des différents acteurs, et les
s’agit d’un indicateur majeur de l’accessibilité des produits récemment, ce débat sur le modèle intérêts à court et long terme. À court
alimentaires en zone pastorale. En cas de sécheresse par alimentaire a été relancé par la crise terme, l’importation permet d’assurer
exemple, les prix des animaux, en mauvais état, chutent alimentaire de , et les manifesta- un approvisionnement régulier de l’in-
sur les marchés. Cette chute est d’autant plus forte que les tions contre la « vie chère ». Ces posi- dustrie de transformation, alors que
céréales sont chères et que les éleveurs ont besoin de com- tions constituent à n’en pas douter un les filières locales peinent à alimenter
mercialiser plus d’animaux pour acheter des céréales. élément déterminant pour l’avenir du les collecteurs, notamment en saison
La demande en aliments du bétail est un autre facteur positionnement des produits animaux sèche lorsque les animaux sont en fin
qui influence l’équilibre des marchés alimentaires et locaux sur les marchés domestiques. de lactation, et les fourrages peu dis-
donc l’accessibilité des céréales pour les consommateurs. L’écho particulièrement favorable de ponibles et très coûteux. Mais à long
La forte demande de l’industrie des aliments de bétail sol- la société civile sur l’exposition « Mon terme, de nombreux pays souhaitent
licitée par le fort développement de l’élevage de volailles lait, je l’aime local » présentée à Dakar voir ces filières locales se structurer
au Nigeria modifie en profondeur l’équilibre du marché et à Ouagadougou en  illustre les et approvisionner le marché. Or, cette
céréalier dans tout l’Est de l’Afrique de l’Ouest et pèse évolutions possibles sur ce sujet. stratégie nécessite de réduire la pression
fortement sur la sécurité alimentaire des populations du Le deuxième enjeu majeur concerne exercée par les importations. Il en va
Niger, par exemple. les discussions relatives aux règles com- de même au niveau des acteurs. Si les
merciales. Dans le domaine des régle- consommateurs relativement aisés peu-
mentations sanitaires, de nombreuses vent privilégier les produits locaux de
initiatives ont permis d’avancer sur les qualité, l’accès des pauvres aux produits
© Bureau Issala

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fortement l’équilibre nutritionnel, les


Les importations de options sont complexes. L’ampleur des Quelques « fausses idées »
problèmes nutritionnels, notamment
viandes et de lait en chez les femmes enceintes et les jeu- reçues sur l’élevage
nes enfants, milite fortement pour la
Afrique de l’Ouest diversification des systèmes alimen-
taires et pour une plus grande utilisa- « L’élevage ferait compétition à l’accès hu-
tion des produits animaux à bas prix. main aux calories végétales ». Les pro-

L   de produits
animaux représentent   des
importations agroalimentaires des
Ces produits sont parmi les premiers
dont la consommation est réduite en
cas de difficulté économique au sein
duits animaux représentent un tiers des
protéines consommées dans le monde et
apportent des nutriments indispensables
 pays de la Cedeao. Selon les don- des ménages. Longtemps, l’importa- (acides aminés essentiels, minéraux, vita-
nées commerciales de la FAO, les tion a été considérée comme moins mine A). Le petit élevage est fondamental
importations de produits laitiers et coûteuse que la production locale. La pour la sécurité alimentaire des familles
œufs sont passées de  millions de crise des prix alimentaires a cependant paysannes (autoconsommation, revenus
dollars par an sur la période - montré la vulnérabilité induite par ce permettant l’achat de céréales) et son ali-
 à  millions de dollars sur la choix et les problèmes posés par l’ins- mentation permet de valoriser les restes
période -. Les importations tabilité des prix mondiaux. Or, cette ménagers et résidus de récolte. Enfin, ¹⁄
de viandes ont été multipliées par  instabilité est appelée à croître avec des terres mondiales sont trop pauvres
sur la même période en passant de la libéralisation des politiques laitiè- pour des productions végétales mais leur
 millions à plus de  millions de res dans les grands pays et ensembles exploitation par l’élevage permet la survie
dollars. La viande bovine et les vo- régionaux producteurs et le recul des de populations démunies.
lailles représentent l’essentiel de ces mesures de régulation de ces marchés « L’élevage de ruminants serait la princi-
importations. qui jouent un rôle leader sur les prix pale source d’émissions de gaz à effet de
mondiaux. serre ». L’élevage se situe en troisième po-
Les choix en matière de modèle de sition après l’industrie et les transports,
laitiers est renchéri par la taxation des production sont tout aussi difficiles à avec une production de   de ces gaz,
importations. Dans le même temps, les faire. Faut-il privilégier le renforcement essentiellement dans les élevages inten-
organisations de professionnels laitiers des systèmes de collecte de lait en zone sifs des pays développés et émergents. Par
militent et font pression pour mettre rurale, ou encourager le développement ailleurs, l’élevage permet de réduire l’uti-
en place un niveau de taxation suffi- des exploitations laitières intensives lisation d’engrais chimiques et constitue,
sant pour protéger les investissements en zones périurbaines ? pour les plus pauvres, une alternative du-
dans la filière locale et la rémunéra- rable à une mécanisation motorisée con-
tion des producteurs. Dans le cadre Une histoire de l’élevage et du marché sommatrice d’énergies fossiles.
de la négociation de l’APE, la région a qui reste à écrire. Finalement, l’his- « L’élevage de ruminants serait responsable
placé le lait dans les produits sensibles toire de l’élevage en Afrique de l’Ouest de surpâturage ». La concentration des
non libéralisés dans les échanges avec reste encore à écrire. Les phénomènes animaux dans les lieux de regroupement
l’Union européenne. Mais le débat reste de développement des marchés urbains peut générer localement un surpâturage,
entier sur la classification finale de ces sont relativement récents. Et la plupart mais l’élevage mobile constitue le mode
produits dans le nouveau Tec Cedeao des ajustements politiques sont encore de gestion le plus durable de parcours à
en cours de négociation. en négociation. La capacité de l’élevage faible capacité de charge. La transhumance
On touche ici la question des priori- africain à participer aux échanges mar- est même bénéfique pour les écosystèmes
tés politiques, qui constituent le troi- chands dépendra en grande partie de variés qu’elle fertilise et dont elle dissémine
sième point de débat. Dans le cadre des la faculté des acteurs et des décideurs les graines ; elle permet des transferts sai-
stratégies nationales de réduction de la à s’accorder sur des objectifs de déve- sonniers de charge.
pauvreté, les gouvernements d’Afrique loppement communs, sur des modè- « L’élevage pastoral sahélien serait un éle-
de l’Ouest et les partenaires au dévelop- les de développement respectueux des vage de contemplation ou à l’inverse un
pement ont affiché des priorités d’in- réalités locales. Les gouvernements en mode de capitalisation au bénéfice d’une
tervention et de régulation en faveur place devront rechercher une meilleure minorité ». Le cheptel sahélien constitue
des populations les plus vulnérables. cohérence entre politiques commercia- certes une forme de capitalisation, mais
Or, les arbitrages en matière commer- les et politiques sectorielles afin qu’elles la majeure partie du cheptel fait vivre les
ciale sont souvent difficiles : doit-on se complètent, plutôt que de s’oppo- populations pastorales. Il répond largement
ouvrir les marchés pour favoriser l’ap- ser. L’avenir de l’élevage en Afrique de à la demande locale et sous-régionale en
provisionnement des consommateurs l’Ouest dépendra aussi de la capacité viande, de manière compétitive.
urbains les plus pauvres en produits de la région à faire jouer les avantages
de base ? Ou bien faut-il protéger les comparatifs entre les zones et à exploi- Dr Ludovic Larbodiere et Isabelle Tourette-AVSF____
filières domestiques pour offrir des op- ter les complémentarités entre bassins
portunités de croissance aux secteurs de production et bassins de consom-
agricoles et agro-industriels locaux ? mation transnationaux. En Afrique de de processus globaux indéniables, sem-
Dans le cas du lait, et plus largement l’Ouest, les discours sur la révolution blent finalement bien loin des réalités
des produits animaux, qui influencent de l’élevage, bien que rendant compte de terrain. §

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nº 46-47 — mars – août 2009

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