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1.

Le château aujourd'hui

Présentation architecturale et artistique

Le château de Versailles constitue un témoin exceptionnel de l'art français


aux XVIIe et XVIIIe siècle. L'architecture reprend les canons du classicisme : la
symétrie du plan, les façades à colonnades, l'inspiration antique ou
mythologique dans le choix des sujets sculptés. Quelques touches baroques
apportent un peu de fantaisie à cette rigueur classique.
L'implantation de ce monumental ensemble architectural crée une barrière
entre la ville et le domaine. Selon le souhait de Le Nôtre, afin de ménager ses
effets, on ne devait rien voir de la ville depuis les jardins et rien deviner des
jardins depuis la ville.
Le château reste attaché à la figure de Louis XIV (1638-1715) mais ce fait
ne doit pas occulter que sa construction et ses aménagements dépassent
largement le cadre du règne du Roi-Soleil.
Le cœur du château est formé par l'édifice primitif qui remonte au temps
de Louis XIII, le père de Louis XIV. Il tranche avec les autres parties par ses
murs bicolores (brique et pierre) et son haut toit d'ardoises.
Ce « château vieux » est en partie enveloppé dans une construction plus récente,
édifiée par les architectes Le Vau et d'Orbay sur l'ordre de Louis XIV en 1668.
Côté jardins, cette partie présente une façade à l'ordonnance classique à trois
étages. Le deuxième niveau (occupé par la galerie des Glaces) est éclairé par de
hautes fenêtres encadrées par des colonnes engagées ou des pilastres. Des
pilastres que l'on retrouve au dernier étage, de hauteur moindre. Au sommet du
bâtiment, une balustrade cache le toit très aplati (toit à la Mansart).
Le « château vieux » et le « château neuf » forment un plan grossièrement
en U. Deux longues ailes prolongent au nord et au sud ce premier ensemble.
Construites par un autre architecte, Jules Hardouin-Mansart, elles reprennent
pourtant les grandes lignes de l'enveloppe de Le Vau.

L'intérieur du château est notamment occupé par les grands appartements.


Ceux-ci comprennent le grand appartement du roi, l'appartement de la reine et la
galerie des Glaces. Les appartements correspondent à des enfilades de salons
magnifiquement décorés jusqu'aux plafonds par les artisans de Charles Le Brun.
Longue de 73 m, la galerie des Glaces se veut la salle la plus majestueuse du
château. Elle s'ouvre d'un côté sur le jardin tandis que l'autre est couvert de dix-
sept panneaux de miroirs.
Aux grands appartements répondent les petits appartements. On y trouve
des pièces plus intimes que les grandes salles d'apparat. Louis XV y conviait à
souper ses proches et Louis XVI y installa sa petite forge de serrurier. Les
appartements ne sont pas toujours dans leur configuration d'origine, c'est-à-dire

4
du temps de Louis XIV. L'appartement de la reine se présente par exemple dans
son état de 1787 quand Marie-Antoinette l'habitait.
En plus de ces bâtiments résidentiels, le château est complété par la
chapelle et l'opéra. Dans la chapelle, élevée entre 1689 et 1710, les rois
assistaient à la messe quotidienne. L'opéra, inauguré en 1770, est l'un des
derniers édifices construits du château.

Quelques chiffres

Le château de Versailles est géré depuis 1995 par l’établissement public


du musée et du domaine National de Versailles, dont le président actuel est Jean-
Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture. Cet établissement public
emploie 900 personnes, dont 400 affectés à la surveillance. Il reçoit 3 millions
de visiteurs par an dans le château et 7 millions dans le parc. 70% des visiteurs
sont des étrangers. Il comprend trois châteaux : Versailles, Grand Trianon et
Petit Trianon, ainsi que plusieurs bâtiments situés en ville : grande et petite
écuries, Hôtel des Menus Plaisirs, Salle du Jeu de paume, le Grand Commun.
Le château de Versailles compte 700 pièces, 2 513 fenêtres, 352
cheminées (1 252 sous l’ancien régime), 67 escaliers, 483 miroirs (répartis dans
la Grande galerie, le salon de la Guerre et le salon de la Paix) et 13 hectares de
toitures. La superficie totale est de 67 121 m² dont 50 000 sont ouverts au
public. Le château compte aussi 51 210 m² de planchers.
Le parc couvre 800 hectares, dont 300 ha de forêt, et deux jardins à la
française : le Petit Parc (80 ha) et le Trianon (50 ha). Il compte 20 km de murs
de clôture et 42 km d’allées, ainsi que 372 statues.
Parmi les 55 bassins, les plus grands sont le Grand Canal (23 ha et 500
000 m³), et la pièce d’eau des Suisses (180 000 m³). On compte 600 jets d’eau et
35 km de canalisations.
Sa construction au temps de Louis XIV nécessita des milliers d'ouvriers
(un maximum de 36 000 sur une année). Il coûta un peu moins de 100 millions
de livres. Cette dépense, très importante, est à mettre en perspective avec le coût
d'une campagne militaire de l'époque, beaucoup plus onéreuse.

Les programmes de restauration

Un programme de rénovation, le « projet du Grand Versailles », a été


lancé en 2003. Doté d’une subvention de l’État de 135 millions d’euros pour les
sept premières années, il s’étalera sur 17 ans et concernera l’ensemble du
domaine, château et parc. Les trois objectifs principaux sont de sécuriser le
château, poursuivre les restaurations et créer de nouveaux espaces pour l’accueil
du public.
À côté de l’État de nombreux mécènes financent les restaurations. Leurs
contributions représentent 5% du budget de l’établissement public. Ainsi la

5
fondation « American Friends of Versailles » vient de donner 4 millions de
dollars (soit les 2/3 du coût total) pour la restauration du « bosquet des trois
fontaines », inauguré en juin 2004, et la société Vinci finance celle de la galerie
des Glaces à hauteur de 12 millions d’euros. Les travaux ont commencé en 2004
et se sont terminés en 20071.
Les restaurations entreprises depuis 2003 créent parfois des polémiques.
Certains amoureux du château reprochent à l'administration de l'Établissement
public et aux architectes en chef des Monuments historiques de vouloir gommer
les ajouts et les aménagements de Louis-Philippe au XIXe siècle2, tel que la
reconstitution de la "grille royale" séparant la "Cour d'honneur" de la "Cour
royale" (inaugurée le 9 juillet 2008), nécessitant l'enlèvement de la statue
équestre de Louis XIV (actuellement en cours de restauration) qui était jusqu'ici
située dans la cour d'honneur du château et dont le nouvel emplacement n'est pas
encore défini. Les musées
Les musées du château de Versailles furent créés en 1837 par Camille
Bachasson, comte de Montalivet sur ordre de Louis-Philippe sous le nom de «
Musée d’Histoire de France ».
Ils constituent, avec leurs 18 000 m² le plus grand musée d’histoire du
monde. Le musée contient une collection de tableaux rassemblés ou commandés
par Louis-Philippe, et organisés en séries historiques. Pour les exposer, certains
appartements ont été transformés en salles de musée.
À l’heure actuelle, le musée d’histoire de France se situe dans les ailes,
tandis que la partie centrale (à l’exception du rez-de-chaussée), contenant les
Grands Appartements, les appartements privés et ceux de la famille royale ont
été restaurés tels qu’ils étaient lorsqu’ils étaient occupés.

Spectacles

Tous les ans, durant l'été dans les jardins du château, retrouvez les
Grandes Eaux Musicales, les Grandes Eaux Nocturnes ainsi que les Fêtes de
Versailles.
en 2005, Voyage aux Indes Galantes de Bartabas
en 2006, Les Noces de l'enfant roi de Alfredo Arias (texte de Chantal Thomas,
musique des Rita Mitsouko et scénographie de Roberto Plate) qui raconte
l'histoire de l'infante Marie-Anne-Victoire, fille du roi d'Espagne venue en
France pour épouser le futur Louis XV3 en 2007, Concert électro, Le Lac des
cygnes par l'English National Ballet et La Face Cachée du Soleil par le Groupe
F en 2008, un Hommage à Maurice Béjart, la reprise de La Face cachée du
Soleil par le Groupe F et une création Les Juments de la Nuit par Bartabas.

Évènements

6
La « fête nationale » de l'Ordre de Malte se déroule le jour de la Saint
Jean Baptiste, c'est-à-dire le 24 juin4. À cette occasion en France, les membres
de l'OHFOM se réunissent tous les ans au château de Versailles4 .
Une exposition de l'artiste Jeff Koons a été organisée du 10 septembre
2008 au 4 janvier 2009 dans les grands appartements et la galerie des Glaces.
C'est la première rétrospective consacrée en France à cet artiste américain5.

Direction de l'établissement

Jusqu'en 2003, le domaine de Versailles est dirigé par un scientifique, spécialiste


du XVIIe siècle. Depuis lors, la direction est confiée à des administratifs, en
relation avec leur engagement politique.
1989 - 1997 : Jean-Pierre Babelon
1997 - 2003 : Hubert Astier
2003 - 2007 : Christine Albanel actuelle ministre de la Culture et de la
Communication depuis mai 2007.
2007 - : Jean-Jacques Aillagon ancien ministre de la culture et de la
communication de 2002 à 2004.

2.Aux origines du lieu

C'est en 1038 qu'apparaît la première mention de Versailles, dans une


charte de l’abbaye Saint-Père de Chartres. Hugo de Versaillis est l’un des
signataires. Au Xe siècle, des moines défrichent le terrain et fondent l’église
prieuré de Saint-Julien.
En 1429, deux seigneurs, Guy et Pierre de Versailles, sont mêlés à la vie
de Jeanne d’Arc. Pierre était à Bourges, quand on examina la Pucelle; quant à
Guy, chanoine de Tours, il participa au procès de Jeanne d’Arc. À la fin de la
guerre de Cent Ans, le petit bourg se présentait dans un triste état: ses maisons
pillées et dévastées sont abandonnées, et le château est en ruine. C’est la famille
de Soisy qui relève les bâtiments détruits, composés d’un corps de logis
principal et d’une aile en retour, précédés d’un portail encadré de deux tourelles.
Le nom d’un petit bourg, Versaille-aux-bourg-de-Galie, apparaît dans un
texte daté de 1472. Les seigneurs de Versailles relevaient directement du Roi.
Leur modeste château dominant l’église et le village se dressait sur la pente
méridionale de la butte sur laquelle sera construit le futur château.
En 1475, Gilles de Versailles, seigneur de Versailles, cède ses droits sur
Trianon à l’abbé de Saint-Germain. L’acte de vente est la première mention de
ce nom. Trianon était un village acheté puis détruit par Louis XI dans le but de

7
construire sur ces nouvelles terres du domaine royal une maison à collationner.
Cherchant à fuir en famille le protocole trop pesant de Paris, le roi était à
Trianon plus proche des siens. Premier caprice royal de Versailles, Trianon,
comme plus tard Marly, demeure un lieu de détente, loin de l’étiquette et des
fatigues du pouvoir.
En 1561, le domaine est vendu à Martial de Loménie, secrétaire des
finances de Charles IX, qui l’agrandit pour atteindre 150 hectares.
En 1572 : le 24 août, Loménie est assassiné lors de la nuit de la Saint-
Barthélemy. L’Estoile rapporte dans ses Mémoires que la reine Catherine de
Médicis « fit étrangler, dans l’intérêt du comte de Retz, pour lui faire avoir le
château de Versailles, le secrétaire d’État Loménie, qui en était possesseur. » Ce
crime n’est peut-être pas authentique, mais il n’est pas invraisemblable.
L'année suivante, Albert de Gondi (baron de Marly), comte de Retz, un
des Florentins qui accompagnent Catherine de Médicis en France, devient
propriétaire du château et de la seigneurie de Versailles en rachetant le domaine
pour 35 000 livres.
En 1589, un mois avant qu’il ne devienne roi de France, le roi de Navarre
séjourne à Versailles. Revenant de Blois, il s’y arrête du 7 au 9 juillet et est reçu
par Albert de Gondi ; il y retourne en 1604 et 1609. Entre temps, en 1607, le
dauphin, qui deviendra Louis XIII, fait sa première chasse à Versailles.
En 1616, Albert de Gondi cède la seigneurie à son fils Jean-François de
Gondi.

3. Versailles sous l'Ancien Régime

Les origines du château : Louis XIII

le Vieux Château
En 1623, Louis XIII, le père de Louis XIV, fit construire au milieu des
forêts et au sommet d’une butte cernée par des marais insalubres, un modeste
logis en brique, pierre et ardoise. S’il constituait son rendez-vous de chasse
favori, il ne formait pourtant qu’une construction rustique et purement utilitaire.
La disposition de ses pavillons, et des fossés qui l’entouraient, rappelait encore
certaines constructions féodales.
Louis XIII fit bâtir cette nouvelle habitation sur un terrain qu’il acheta à
Jean de Soisy, dont la famille était propriétaire depuis le XIVe siècle. Dans sa
petite demeure, Louis XIII recevait de temps à autre sa mère Marie de Médicis

8
et son épouse Anne d’Autriche. Elles ne faisaient qu’y passer sans jamais y
coucher .
Le premier "château" de Versailles s’élevait au fond de l’actuelle cour de
marbre. Le corps de logis principal mesurait 24 mètres de long sur six de
profondeur et se limitait de chaque côté à deux ailes basses. L’appartement du
roi comprenait une petite galerie où était accroché un tableau représentant le
siège de La Rochelle. Puis, venaient quatre pièces dont les murs étaient couverts
de tapisseries. La chambre du roi occupait le centre de l’édifice, emplacement
qui correspondra par la suite avec celui du lit de Louis XIV.
Le 11 novembre 1630, le cardinal de Richelieu se rendit secrètement à
Versailles dans le but de convaincre le roi qu’un complot était fomenté par la
reine-mère. Cet évènement sera connu, plus tard, sous le nom de Journée des
Dupes. Richelieu resta Premier ministre et la reine-Mère fut exilée.
En effectuant des fouilles dans la cour du Grand Commun, une équipe de
l'Inrap a exhumé les vestiges du jeu de paume de Louis XIII6. La découverte est
unique. Louis XIII, grand amateur du jeu de paume, ajouta vers 1630 à sa
gentilhommière un court. Construit par Philibert Leroy, il se présente sous la
forme d'un grand bâtiment rectangulaire de 33 m par 14 ; avec des murs latéraux
de 1,30 m d'épaisseur. La présence de trois galeries indique qu'il s'agit d'un jeu
"en dedans". Le sol est revêtu de carreaux en pierre de taille et probablement
précédé d'un sol de carreaux en terre cuite. La maison du paumier (celui qui
entretient, gère et anime la salle de jeu) a été aussi retrouvée.

1631-1634 Premier agrandissement


Le 8 avril 1632, Louis XIII rachetait le domaine de Versailles à Jean-
François de Gondi, archevêque de Paris, oncle du cardinal de Retz et héritier
d’Albert. Voici un extrait de ce dernier contrat de vente :
« Le 8 avril 1632, fut présent l’illustrissime et révérendissime Jean-
François de Gondi, archevêque de Paris, seigneur de Versailles, reconnoît avoir
vendu, cédé et transporté... à Louis XIII, acceptant pour Sa Majesté, messire
Charles de l’Aubespine, garde des sceaux et chancelier des ordres du roi, et
messire Antoine Rusé, marquis d’Effiat, surintendant des finances, etc., la terre
et seigneurie de Versailles, consistant en vieil château en ruine et une ferme de
plusieurs édifices ; consistant ladite ferme en terres labourables, en prés, bois,
châtaigneraies, étangs et autres dépendances ; haute, moyenne et basse justice...
avec l’annexe de la grange Lessart, appartenances et dépendances d’icelle, sans
aucune chose excepter, retenir, ni réserver par ledit sieur archevêque, de ce qu’il
a possédé audit lieu de Versailles, et pour d’icelle terre et seigneurie de
Versailles, et annexe de la grange Lessart, jouir par Sadite Majesté et ses
successeurs rois, comme de choses appartenantes. Cette vente, cession et
transport faits, aux charges et devoirs féodaux seulement, moyennant la somme
de soixante-mille livres tournois, que ledit sieur archevêque reconnoît avoir

9
reçues de Sadite Majesté, par les mains de..., en pièces de seize sous, de laquelle
somme il se tient content, en quitte Sadite Majesté et tout autre, etc. »
— Architexture françoise, par Blondel, liv. VII, p. 93
Le Roi ne fit l’acquisition de ce château que pour le démolir et ainsi
étendre le panorama de la résidence royale. D’après la tradition, au sommet du
plateau de Versailles, à la place même du château actuel, se dressait un moulin à
vent : un meunier régnait où régna Louis XIV. Dans le même temps, le roi
acheta de nouveaux terrains et étendit ses terres de chasse. Le pavillon bâti à la
hâte sur les terres de Jean de Soisy, devenait étriqué.
Il paraitrait que les dessins originaux du palais et des jardins aient été inspirés de
ceux du château des Ducs de Savoye de la Venaria (près de Turin), dont les
projets italiens furent volés et portés à Paris une nuit. Le 26 mai débutèrent des
travaux d’agrandissement qui furent dirigés par l’ingénieur-architecte Philibert
Le Roy.
Les travaux furent achevés en 1634 et Louis XIII prit possession de ses
nouveaux appartements.
À partir de 1636, le roi multiplia ses séjours et profita du confort de sa
nouvelle maison ainsi que de l’agrément de ses jardins. Le nouveau château
reçut sa première décoration florale ; les jardins furent agencés "à la française"
par Boyceau et Menours, décorés d’arabesques et d’entrelacs.
En 1643, sentant sa mort approcher, Louis XIII déclara : « Si Dieu me
rend la santé, sitôt mon dauphin en âge de monter à cheval et en âge de majorité
je le mettrai à ma place, et me retirerai à Versailles avec quatre de nos pères
pour m’entretenir de choses divines ». Le 14 mai, il rendit l’âme laissant le
royaume à son fils, trop jeune pour gouverner. Versailles cesse alors d'être une
résidence royale pendant presque dix-huit ans.

Louis XIV

Au début de son règne, Louis XIV ne trouva aucune maison royale qui le
satisfasse pleinement. Il habita Paris : le Palais-Royal, le Louvre, les Tuileries, il
essaya de se fixer à Vincennes, et à Saint-Germain-en-Laye (au Château-Neuf et
enfin au Château-Vieux), puis séjourna à Fontainebleau. Le roi compara les
avantages et les inconvénients de ses châteaux, et pour pallier leurs
incommodités, y entreprit d’importants travaux, mais dans aucun ne se sentit à
l’aise.
En 1651, le Roi effectua sa première visite à Versailles. C’est alors que se
produisit le coup de foudre. Le château de Versailles est né d’une méfiance de la
part du jeune Louis XIV envers la capitale et sa population jugée difficilement
contrôlable depuis l’épisode de la Fronde. Dans un premier temps, la demeure
constitue seulement un refuge pour les amours du souverain. Il y emmène sa
maîtresse Louise de La Vallière.

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Le 25 octobre 1660, Louis XIV conduit à Versailles sa jeune épouse, la
reine Marie-Thérèse.

1661-1668 : premières extensions

L'année suivante, après la mort du cardinal de Mazarin, le roi prit


personnellement le pouvoir. De nouveaux travaux d’agrandissement débutèrent.
De 1661 à 1662, le roi y consacra un million cent mille livres. La résolution de
Louis XIV d’ériger, en lieu et à la place du pavillon de chasse de son père, l'un
des plus merveilleux palais de l’Europe déclencha des critiques sournoises parmi
les courtisans. Il reste cependant des témoignages de ces secrètes oppositions; le
lieu parut surtout mal choisi. « Versailles, lieu ingrat » dit Saint-Simon, « triste,
sans vue, sans bois, sans eaux, sans terre, parce que tout est sable mouvant et
marécage, sans air, par conséquent qui n’est pas bon. » Louis Le Vau,
l’architecte du Château de Vaux-le-Vicomte, fut chargé de reconstruire les
communs, Charles Errard et Noël Coypel commencèrent les travaux de
décoration des appartements, tandis que Le Nôtre créa l’orangerie et la
ménagerie. À cette époque, Versailles n’était qu’une résidence d’agrément, où
des fêtes étaient données dans les jardins, le Louvre demeurant officiellement le
palais royal. Dans une lettre restée célèbre, Colbert se plaignit d’ailleurs que
Louis XIV délaissât le Louvre :« Pendant le temps que [Votre Majesté] a
dépensé de si grandes sommes en cette maison, elle a négligé le Louvre, qui est
assurément le plus superbe palais qu’il y ait au monde. (…) Ô quelle pitié (…)
que le plus grand roi fût mesuré à l’aune de Versailles ! »
Au mois de mai 1664, les premières festivités furent données au château.
Placées sous le thème « Les Plaisirs de l’Isle Enchantée », elles se déroulèrent
sur une huitaine de jours et s'inspiraient de deux poèmes épiques du XVIe
siècle : Roland furieux de l’Arioste et La Jérusalem délivrée (La Gerusalemme
liberata, 1580) du Tasse. Molière présentera les Lettres françaises en créant la
Princesse d'Élide et les trois premiers actes du Tartuffe. Le roi avait secrètement
offert cette fête à Mademoiselle de La Vallière7.
Entre 1664 et 1666, Louis XIV fit aménager Versailles de façon à pouvoir
y passer plusieurs jours avec son Conseil. Il décida de conserver le château
initial bâti par Louis XIII, plus pour des raisons financières que sentimentales.
Le Vau tripla la superficie du château, qui fut décoré avec beaucoup de luxe, en
reprenant notamment le thème du soleil, omniprésent à Versailles. Les jardins,
particulièrement appréciés par Louis XIV, virent leur superficie à nouveau
accrue, et furent ornés de sculptures de Girardon et de Le Hongre.
En 1665, les premières statues sont installées dans le jardin et la grotte de
Téthys construite. La première orangerie, la ménagerie et la grotte de Téthys ne
résistèrent pas à l’épreuve du temps. Seuls le groupe d’« Apollon servi par les
nymphes » et « Les chevaux du Soleil », (sculptés par Girardon, Regnaudin,
Marsy et Tuby) rappellent la grotte de Téthys.

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Deux ans plus tard, le creusement du Grand canal commença. Le Nôtre
conçoit l’élargissement de l’allée centrale et prend en charge les jardins et les
aménagements extérieurs. Il collabore avec les Francine, fils d’ingénieurs
italiens, pour la construction des installations hydrauliques.
La deuxième fête aura lieu le 18 juillet 1668 ; elle permettra de faire
connaître le nom de Versailles. Connue sous le terme de « Grand Divertissement
Royal de Versailles », elle sera marquée par la création de Georges Dandin, de
Molière, et des Fêtes de l’Amour et du Hasard, de Lully. Au cours des fêtes de
1664 et 1668, les courtisans mesurèrent l’incommodité du petit château car
beaucoup ne trouvèrent pas de toit pour dormir. Le Roi, désireux d’agrandir
celui-ci, confia cette tâche à Le Vau qui présenta plusieurs projets. Le premier
prévoyait la destruction du château primitif et son remplacement par un palais à
l’Italienne. Le deuxième projet proposait d’agrandir le château, côté jardin, par
une enveloppe de pierre. Sur les conseils de Colbert, le Roi opta pour la seconde
solution.

1668-1670 : le Château Neuf

De 1668 à 1670, Le Vau entreprit la construction de l’Enveloppe. Cette


Enveloppe consistait en un second bâtiment qui encerclait le premier château.
De part et d’autre de l’ancien château, le Grand Appartement du Roi, au Nord, et
de la Reine, au sud, furent placés symétriquement. Une vaste terrasse, face aux
jardins, s’étendait entre les deux. Momentanément conservé, le château de
brique et de pierre s’embellissait. Les façades s’ornaient de colonnes de marbre
de Rance, de balcons en fer forgé et doré, de bustes posés sur des balustrades.
Les toits portaient des ornements et la cour fut dallée de marbre. Du côté ville, le
bâtiment des communs fut surélevé et relié au château Louis XIII par une suite
de pavillons pour former la Cour Royale que ferme une grille dorée. Les
extrémités des anciens communs reçurent un péristyle de colonnes surmonté de
statues. Les nouvelles constructions triplaient la superficie du château.8
À la mort de Louis Le Vau, le 11 octobre 1670, les travaux se
poursuivirent sous la conduite de François d'Orbay désigné par Colbert. Le
souhait de Louis XIV se réalisa, le château de Louis XIII restait intact du côté
ville, mais disparaissait du côté jardin, caché par les nouveaux bâtiments.
Désormais on distinguera le « Château Vieux » de Louis XIII du « Château Neuf
» élevé par son fils. Le « Château neuf » était un bâtiment de conception
italienne tout en pierre. Les longues façades furent ponctuées par des avant-
corps et divisés dans la hauteur. La façade ouest fut occupée, au niveau du
premier étage, par une grande terrasse calée par le pavillon du roi (au nord) et le
pavillon de la reine (au sud). Tout comme les architectes de Chambord, le Vau

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puisa son inspiration dans les modèles italiens, mais les volumes, les proportions
et l’ornementation en firent une œuvre de l’esprit français.
Le rez-de-chaussée, constitué par un soubassement souligné par les lignes
horizontales des refends, s’éclaire par des fenêtres cintrées sur les parterres.
L’étage fut pourvu de colonnes ioniques, de niches et de hautes fenêtres
rectangulaires (cintrées par Mansart en 1669). Cet étage reçut un décor sculpté :
statues placées dans les niches, et bas-reliefs rectangulaires surmontant les
fenêtres (ils disparaîtront en 1679).
Le second étage ou attique reçut une décoration d’ordre corinthien et fut
surmonté d’une balustrade sur laquelle reposaient des trophées et des pots à feu.
Le Trianon de porcelaine est construit en 1670. C'est au cours de cette
période que les courtisans firent bâtir leurs hôtels à proximité de la résidence
préférée du roi. Entre 1670 et 1671, 14 grands hôtels (Luxembourg, Noailles,
Guise ou encore Bouillon et Gesvres) sont construits dans la nouvelle ville de
Versailles.
Louis XIV rêvait de construire un palais qui marquerait son époque. Les
palais du Louvre et des Tuileries étaient limités par l’œuvre de ses
prédécesseurs. La création de Versailles répond à un souhait politique et
économique. Dirigeant personnellement les affaires du royaume et centralisant
l’administration, le Roi souhaitait regrouper auprès de lui les ministres et leurs
services. Sa majesté laissa ainsi paraître son intention de fixer sa résidence à
Versailles. Mansart dut élaborer des projets pour l’installation de la Cour. Le
palais s’étendra aux dimensions que nous lui connaissons. Le château a été
perçu comme un symbole du centralisme.

1678-1686 : la galerie des Glaces

Entre 1678 et 1684, la galerie des Glaces, symbole de la puissance du


monarque absolu fut élevée sur l’ancienne terrasse du château neuf. La
maçonnerie sera terminée en 1684. La décoration fut confiée à l’équipe de
Charles Le Brun. Depuis longtemps le roi rêvait de construire à Versailles une
de ces grandes galeries alors très à la mode. Louis XIV avait sans doute apprécié
les longues galeries des Tuileries, du Louvre et de Fontainebleau : lieux de
passage et moyens de communication entre les appartements, elles se prêtaient
par leurs surfaces aux grandes décorations. Le Roi avait fait installer la galerie
d’Apollon au Louvre, et dans le palais qu’il avait élevé à Clagny, pour Madame
de Montespan, la galerie de Mansart avait ébloui tous les visiteurs.
À Versailles, en fermant la terrasse de Le Vau par une longue façade dont
les lignes architecturales reprennent celles du château neuf, Mansart construira
la galerie des Glaces.
La grande galerie, limitée au nord par le salon de La Guerre et au sud par le
salon de la Paix, s’étend sur 73 m de longueur; elle occupe toute la façade ouest
du Château neuf et elle servira de passage entre les appartements du Roi et ceux

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de la Reine. La création de la galerie des Glaces va avoir une grande
conséquence : l’appartement du roi est déporté dans le château vieux ;
l’appartement du Soleil deviendra le « Grand Appartement » et sera utilisé pour
les réceptions.
En 1678
Pose des premières pierres de l’aile du Midi destinées à loger les courtisans.
Mansart prévoyait la construction de deux immenses bâtiments, encadrant le
château de Le Vau au nord et au sud, et en retrait par rapport à celui-ci.
La façade sur les jardins est remaniée.
Un très grand miroir au cadre en bronze doré ciselé par Cucci fut placé dans la
chambre des bains.
Deux cuves allongées, en marbre blanc enrichi de bronzes dorés furent ajoutées
dans le cabinet des bains.
Début des travaux de la pièce d’eau des Suisses et du bassin de Neptune, ainsi
que les terrassements nécessaires au doublement du parterre du Midi et à la
construction de la Nouvelle Orangerie.
En 1679
La galerie des Glaces, le salon de la Guerre et de la Paix remplacent la terrasse
et les cabinets du Roi et de la Reine.
Le bâtiment central, du côté de la Cour de marbre, est surmonté d’un étage. Une
horloge encadrée de statues de Mars par Marsy et d’Hercule par Girardon ornent
la nouvelle façade.
Orbay commença la construction d’un second escalier destiné à faire pendant à
l’escalier des Ambassadeurs : L’escalier de la Reine. De l’escalier des
Ambassadeurs, seules nous sont resté les deux portes qui ouvraient dans le
Grand Appartement, le buste de Louis XIV et le Silène antique. Une réplique de
cet escalier a été réalisée au château de Herrenchiemsee par Louis II de Bavière.
Dès l’achèvement des ailes des Ministres, on entreprit la construction des
Grandes et des Petites Écuries. Les travaux se poursuivirent dans les jardins qui
s’enrichissaient de statues et de nouveaux bosquets.
En 1681
Charles Le Brun acheva la décoration des Grands Appartements.
La machine de Marly commença à pomper l’eau de la Seine.
Les perspectives furent élargies.
Excavation du Grand Canal et de la pièce d’eau des Suisses.
Multiplication des bosquets ainsi que des fontaines dans les jardins au prix de
longs travaux d’adduction d’eau. C’est ainsi que naissaient les jardins à la
française. Les plus grands sculpteurs du temps décorèrent ces espaces avec des
statues de marbre et de bronze.

En 1682,

14
Louis XIV n’a plus la patience d’attendre la fin des travaux. La cour pressentit
les projets du roi et feignit d’y croire. Pourtant, le 6 mai le roi quitte Saint-Cloud
et s’installe définitivement à Versailles. Versailles devint officiellement la
résidence du roi de France. Un contemporain décrivit les conditions dans
lesquelles se déroula l’installation : « Le sixième de mai le Roi quitta Saint-
Cloud pour venir s’installer à Versailles, où il souhaitait être depuis longtemps,
quoiqu’il fut rempli de maçons, dans le dessein d’y demeurer jusqu’après les
couches de Madame la Dauphine, qui fut obligée de changer d’appartement le
second jour qu’elle fut arrivée, parce que le bruit l’empêchait de dormir. » Le roi
s’installa dans une demeure en chantier où les travaux de décoration allaient bon
train. La Galerie des Glaces était encombrée par les échafaudages de Charles Le
Brun, et pour la traverser, il fallait emprunter un passage pratiqué entre les
poutrelles.
L’inauguration de l’aile du Midi a lieu.
L’un des grands problèmes de Versailles sera toujours le logement des
courtisans. Si Versailles est le symbole de la puissance de Louis XIV, il ne faut
pas perdre de vue que ce n’est qu’à 44 ans qu’il s’y établit définitivement.
Versailles vit ainsi l’apogée de la société de cour. En y fixant les
courtisans, Louis XIV transforma une noblesse belliqueuse et potentiellement
rebelle en un groupe soutenant l’État, en la personne du roi. Le roi qui, dans son
enfance, avait connu avec la Fronde les dangers d’un soulèvement de la
noblesse, souhaitait protéger la personne royale et le gouvernement. Il
s’appliqua à réduire la puissance et la fierté des nobles. Les moyens qu’il
employa furent :
d’attirer les grands seigneurs à sa cour en leur distribuant ou en leur laissant
espérer des honneurs, des titres, des pensions.
d’offrir aux plus importants des logements au château.
d’inspirer à ses courtisans le respect et élever une barrière à leur promiscuité.
de faire des courtisans des spectateurs assidus de sa grandeur.
Le roi établit des règles d’étiquette rigoureuses et complexes, qui
transformaient tous ses actes, même les plus quotidiens, en un cérémonial quasi
sacré.
Le roi et la reine avaient leur Grand et leur Petit Lever, leur Grand et leur Petit
Coucher. Certaines personnes y étaient admises. Aux plus favorisés revenait
l’honneur d’entourer le roi, derrière la balustrade qui isolait le lit du reste de la
pièce, et de lui prêter rituellement assistance en lui présentant un vêtement.
Toutes les circonstances de la vie étaient ainsi réglées, depuis la naissance des
princes, qui avait lieu en public (ce qui évitait toute contestation de légitimité),
jusqu’aux obsèques du roi régies par des coutumes immuables. Les rapports du
roi avec les personnes admises à l’approcher connaissaient les mêmes
solennités, qu’il s’agisse des réceptions d’ambassadeurs, des présentations de
gentilshommes et de dames titrées ou de la réception des vœux et des
félicitations.

15
Pour rompre avec ce protocole, Louis XIV institua les « Jours d’Appartement »
où trois fois par semaine, de 19 à 22 heures, les courtisans étaient admis dans le
Grand Appartement. Dans différents salons étaient répartis des buffets, des
tables de jeu, on pouvait écouter de la musique ou danser. Le roi s’y promenait
sans que les seigneurs et les dames dussent se déranger de leur jeu pour le
saluer. C’était un grand honneur, envié et disputé, que d’y être admis. C’est dans
le même esprit que Louis XIV voulut se réserver, en faisant aménager les Petits
appartements, une vie plus intime dans la seule compagnie de ses familiers, tels
ses compagnons de chasse qu’il retenait souvent à dîner.
Pour l’Europe, Versailles fut un témoignage de la puissance de la France et de
Louis XIV.

Entre 1685 et 1689, une véritable fièvre constructrice donna naissance :


à l’orangerie qui remplaça celle de Le Vau. Elle fournissait 3000 arbustes et 150
000 plantes florales chaque année.
aux écuries,
au Grand Commun,
à l’aile nord des courtisans.
La construction des ailes Nord et du Midi prolongea le développement des
façades de Mansart. Vus des jardins, les trois bâtiments distincts composaient un
ensemble harmonieux. La façade se développait sur une longueur de 670 mètres.
Les deux nouveaux bâtiments accueillaient les Princes et les courtisans, les
écuries, les carrosses, les services généraux et le logement des domestiques. La
grotte de Téthys fut détruite.
Deux ans après l’installation de la Cour, 22 000 à 30 000 ouvriers (selon
la disponibilité des régiments) et 6000 chevaux s’affairaient sur les différents
chantiers de Versailles. On érigea une colline afin de porter les 680 mètres de
longueur du château. Une forêt entière fut plantée. Jules Hardouin-Mansart
coordonnait l’immense chantier. La facture totale s’élèvera à environ 80
millions de livres. En cas d’accident de travail, des dédommagements suivants
furent prévus :
30 à 40 livres pour un bras ou une jambe cassé,
60 livres pour un œil crevé,
40 à 100 livres pour la veuve en cas de mortalité.
Le village de Versailles se transforma en véritable ville qui se construisait
dans l’axe du château et des jardins. Les 5000 courtisans érigeaient en ville des
hôtels où furent logés leurs serviteurs et leurs équipages. Des tavernes et des
auberges contribuaient à l’animation de la ville dont la population, qui ne cessait
de croître, atteindra 70 000 habitants à la veille de la révolution.
En 1686, Le Brun achève la décoration de la galerie des Glaces. Les
ambassadeurs du roi de Siam sont reçus à Versailles.
Le roi, qui se lasse du Trianon de porcelaine, fait ériger en 1687 par
Hardouin-Mansart, sur le même emplacement, un petit palais de marbre et de

16
porphyre avec jardins, le Grand Trianon ; Louis XIV surveilla de si près les
travaux qu’il semblait le véritable architecte du lieu.
En 1689, dans le nouveau Versailles, l’accès aux appartements de la Reine
se faisait par l’escalier de marbre, appelé l’escalier de la Reine. Le palier
s’ouvrait dans les deux salles des Gardes du Corps, ensuite venaient
l’Antichambre, le Grand Cabinet et la Chambre qui donnait dans le salon de la
Paix. Cet ensemble se développait sur la façade sud de l’enveloppe de Le Vau.
Les nouveaux appartements du roi se développaient autour de la Cour de
Marbre. L’appartement officiel dit « Appartement du Roi » occupait les ailes
sud et ouest du château de Louis XIII et l’« Appartement Intérieur » était installé
dans l’aile nord. L’appartement du Roi se composait de sept pièces, la septième
formant la jonction avec l’Appartement Intérieur. Au centre du château fut
installé le salon du Roi (future chambre de Louis XIV), l’appartement se
terminait par le cabinet du Conseil et le cabinet des Termes ou des Perruques
(deux pièces situées à l’emplacement de l’actuel salon du Conseil).

1683-1686 L’appartement des collections

En 1683, dans un appartement, interdit à toute personne non autorisée, les


architectes et les décorateurs aménagèrent des salons et des cabinets destinés à
recevoir des chefs d’œuvres et les collections du roi. Dans le Salon ovale, le
Cabinet aux tableaux, le Cabinet aux coquilles on exposa toutes sortes d’objets
d’art et de riches curiosités; les murs portaient des tableaux de la collection
royale. Ces pièces faisaient partie de l’appartement des Collectionneurs qui se
terminait par le cabinet des Médailles. D’après la description de Mademoiselle
de Scudéry, ce dernier était éclairé par des lustres de cristal de roche et on
pouvait y admirer :
des vases de grande taille garnis d’or et de diamants,
des bustes et des figures antiques,
une Nef d’or garnie de diamants et de rubis (c’est la grande Nef de Louis XIV
qu’on voit peinte au plafond du salon de l’Abondance),
des porcelaines de Chine et du Japon,
des vases d’agate, d’émeraude, de turquoise, de jade, de girasol, de jaspe
d’Allemagne et d’Orient, de pierre d’étoile, de cornaline, de crisolite,
des figures grotesques de perles, d’émeraude, de rubis et d’agate,
une grande quantité de vases de conques de perles,
des tableaux, des miroirs,
des statues d’animaux antiques,
un grand vase de jaspe dont la figure est une espèce d’ovale irrégulier qui servit
au baptême de Charles Quint.
Une partie de ces trésors fut transportée, par ordre de Louis XV, au
cabinet des Médailles de la Bibliothèque de Paris, le reste fut dispersé pendant la
Révolution. La galerie d’Apollon, au Louvre, a recueilli quelques très belles

17
pièces des collections de Louis XIV : vases en cristal de roche ou en matières
précieuses (jaspe, cornaline, etc.) ainsi que de petits groupes de bronze.
L’année 1683 fut endeuillée par la mort de la reine Marie-Thérèse et par
celle de Colbert. La surintendance des Bâtiments passera entre les mains de
Louvois qui n’aime pas Le Brun et qui introduira Mignard à Versailles.
En 1684, l’appartement des collectionneurs s’agrandit par l’annexion de
l’ancien appartement de Montespan, transformé en une petite galerie que décora
Mignard qui trouva dans cette galerie l’occasion de rivaliser avec Le Brun.
Mignard peignit le plafond en s’inspirant du thème d’Apollon et de Minerve, il
décora également les plafonds des deux petits salons de la galerie. Le sol était un
parquet de bois précieux, les murs étaient tendus d’étoffes somptueuses. C’est
dans cette pièce que Louis XIV exposa les pièces maîtresses de sa collection de
tableaux. Comme cette collection de chefs d’œuvre était considérable, on
accrochait les tableaux par roulement. Dans ce cadre précieux, le roi s’attardait à
contempler la Joconde.

1701 Les Nouveaux Appartements du Roi

1700, le duc d’Anjou, petit fils de Louis XIV, est proclamé roi d’Espagne
et il prend le nom de Philippe V d’Espagne.
1701, transformation des appartements du Roi. La chambre du Roi se
place au centre du château. L’Antichambre des Bassan et la Chambre (de 1689)
furent réunis pour former la Chambre à l’œil-de-bœuf. Ces pièces furent
magnifiquement meublées et tendues d’étoffes très riches, les plafonds non
peints formèrent de vastes calottes blanches. Tassinari Châtel

Louis XV

En 1715, le nouveau roi n’étant qu'un enfant, son tuteur Philippe


d’Orléans (dit le Régent, cousin germain éloigné au 2e degré de Louis XV)
quitta Versailles le 9 septembre et s’installa dans sa résidence parisienne du
Palais-Royal et la Cour aux Tuileries. Durant cette Régence, le duc de Noailles
proposa de raser le château.
1717, Pierre le Grand, tsar de Russie, visita Versailles et résida au Grand
Trianon.
1722, âgé de 12 ans Louis XV se réinstalla à Versailles dans les
appartements Louis XIV.
Le nouveau souverain se montra soucieux de faire respecter les traditions
de Versailles. L’ère des grandes constructions était révolue et le château ne
retrouva plus le lustre des années Louis XIV — Louis XV n’appréciait pas
particulièrement Versailles. Quand il s’y trouvait, il se réfugiait souvent dans les

18
Petits Appartements dans les attiques, au-dessus de ses Grands Appartements.
Mais la plupart du temps, il séjourna au Trianon, à Marly, à Compiègne ou à
Fontainebleau, ou encore dans de petites résidences à proximité de Paris.
Les premières transformations consistaient en :
la démolition de l’appartement des Bains et l’escalier des Ambassadeurs,
les constructions du salon d’Hercule (au plafond de F. Lemoyne), de l’Opéra et
du Petit Trianon,
la transformation des appartements du Roi, de la Reine et des princes de la
famille royale progressivement transformés pour s’adapter aux goûts de
l’époque et rendus plus confortables. Ange-Jacques Gabriel prendra en charge
ces modifications.
La nouvelle administration des Bâtiments, à la tête de laquelle se trouvait
depuis 1708 le duc d’Antin, entama la décoration de la grande salle (salon
d’Hercule) sous la responsabilité de Robert de Cotte qui dirigea les travaux
suivant les projets élaborés dans les dernières années du règne de Louis XIV. Ce
salon achevait le Grand Appartement de Le Brun et l’esprit de grandeur
rejoignait celui du siècle précédent. Les parois furent recouvertes de marbres
choisis par Louis XIV de son vivant et décorées par deux œuvres de Véronèse.
La nouveauté résidait dans le plafond compartimenté d’aucun cadre sculpté.
François Lemoyne saisit l’occasion de rivaliser avec Véronèse en peignant : «
L’Apothéose d’Hercule ». Le salon d’Hercule reliait les appartements du Roi au
vestibule de la chapelle. Plus tard, Gabriel envisagea de remplacer l’escalier des
Ambassadeurs par un nouvel escalier qui déboucherait dans cette salle.
1729, début des travaux de renouvellement du décor de la chambre de la
Reine. Robert de Cotte fournit les dessins des nouvelles boiseries.
1735, achèvement des travaux de renouvellement du décor de la chambre
de la Reine par Gabriel père et fils
1736, inauguration du salon d’Hercule.
1738 à 1760, les pièces de l’appartement de collectionneurs de Louis XIV
furent constamment remaniées. Les travaux commencèrent en 1738 par la
création de la chambre à coucher privée du Roi, et se stabilisèrent vers 1760.
1741, Philibert Orry, qui avait remplacé le duc d’Antin, fit procéder à
l’achèvement du Bassin de Neptune ;
1742, Louis XV accorde audience à Saïd Méhemet Pacha, ambassadeur
extraordinaire du Grand Seigneur.

1745, à la tête de l’Administration des Bâtiments du Roi, Charles François


Paul Le Normant de Tournehem succéda à Philibert Orry, grâce à l’influence de
sa pupille – peut-être même sa fille naturelle – Madame de Pompadour.
1750, Louis XV introduisit un nouveau type de pièces dans les
appartements royaux : la salle à manger des retours de chasse.
1751, décès de Tournehem qui fut remplacé par le marquis de Marigny,
frère de Madame de Pompadour. Sous ses directives vont se révéler : l’architecte

19
Ange-Jacques Gabriel, et deux sculpteurs de boiseries, Verbeckt et Rousseau.
C’est l’appartement de Marie Leczinska qui fournit à Gabriel et à Verbeckt
l’occasion de travailler ensemble.
1752, destruction de l’escalier des Ambassadeurs, de la Petite Galerie et
du cabinet des Médailles. Ces témoins glorieux du règne de Louis XIV furent
détruits pour la création d’un appartement destiné à l’aînée des Filles de France :
Madame Adélaïde.
1755, la seconde transformation consistait à réunir l’ancien cabinet du Roi
(ou du Conseil) avec le cabinet des Thermes (ou des Perruques) pour former le
grand salon du Conseil. Jules Antoine Rousseau sculpta les boiseries dorées.
Gabriel réutilisa une partie des anciens panneaux pour décorer les murs. Au
second étage se développaient les cabinets intérieurs du roi. Dans cette partie du
château aucune dorure ne colorait les boiseries. Des couleurs vives et variées
égayaient les statues, peintes selon les techniques élaborées par Martin,
l’inventeur du fameux « vernis Martin ». L’élément essentiel de cet appartement
était une petite galerie éclairée sur la cour de Marbre. Des tableaux de Boucher,
Carle Van Loo, Lancret, Pater et Parrocel étaient accrochés sur les boiseries
colorées.
Pendant toute sa carrière Gabriel fit face à des problèmes de logement. La reine
mit au monde huit princesses :
Marie-Louise de France ("Madame Troisième") et Madame Thérèse moururent
très jeune,
Madame Henriette fut emportée par la maladie en 1752.
Madame Elisabeth devint duchesse-infante de Parme.
Madame Louise prit le voile et se retira au Carmel de Saint-Denis.
Mesdames Adélaïde, Victoire et Sophie y ont vécu longtemps avant de le quitter
pour le château de Bellevue, ancienne demeure de la marquise de Pompadour,
que leur donna Louis XVI à son avènement.
Pour loger toutes ces princesses, dans des appartements qui conviennent à
leur rang, Gabriel effectua de multiples travaux. Au fil des années "Mesdames"
changèrent d’appartements, passant de l’Aile du Midi à l’Aile du Nord, et au
rez-de-chaussée du Corps Central (et même au premier étage comme nous
l’avons noté pour Adélaïde). Ces déménagements successifs aboutirent à la
disparition complète de l’Appartement des Bains, de l’Escalier des
Ambassadeurs, et au cloisonnement de la Galerie Basse. Ces appartements
furent détruits par Louis Philippe, quelques splendides boiseries ont échappé à
ce saccage et nous témoignent du luxe qui régnait chez Mesdames.
Selon la tradition établie sous Louis XIV, le dauphin et son épouse prirent
possessions des deux appartements du rez-de-chaussée situés sous l’appartement
de la Reine et, en retour d’équerre, sous une partie de la galerie des Glaces. De
merveilleuses décorations furent alors créées. Le XIXe siècle ravagea cet
ensemble. Seul fut conservé la chambre du Dauphin et la bibliothèque.
1757, le 5 janvier, attentat de Damiens contre le roi.

20
1761 à 1768 Ange-Jacques construit le Petit Trianon

1769, la princesse Adélaïde déménagea et son appartement fut réuni à


celui de Louis XV. Les deux pièces importantes de l’appartement intérieur
étaient la nouvelle chambre du roi et son cabinet intérieur (cette dernière
formant la plaque tournante entre les anciens salons et les « Salles Neuves » de
l’appartement d’Adélaïde.
Dans la seconde partie du règne de Louis XV des projets de
reconstruction des façades en regard de la ville vont prendre corps. On
reprochait aux murs de Le Vau leurs matériaux et leur disposition.
1770, le 16 mai, mariage du dauphin (futur Louis XVI) avec Marie-
Antoinette de Lorraine, archiduchesse d’Autriche, célébré dans la chapelle
royale. Dans un même temps aura lieu l’inauguration de l’Opéra Royal à
l’occasion du festin royal, elle marque le sommet de l’art de Gabriel.
1771 Gabriel présenta au roi son « Grand Projet » de reconstruction de
toutes les façades côté ville. Seule l’aile droite, qui menaçait ruine, fut édifiée.
Avec son pavillon à colonnes, les règles de l’architecture classique furent
respectées. Le roi donna son agrément à ce projet. Comme l’argent manquait
dans les caisses royales, Madame du Barry se chargea de réunir les fonds à cette
opération.
1772, Les travaux du « Grand Projet » débutèrent et ne furent jamais
achevés mais donnèrent naissance à l’Aile Louis XV. À l’intérieur de l’aile, les
travaux du grand escalier dit Grand Degré débutent, mais ne seront achevés
qu’en 1785. À la fin de l’Ancien Régime, le palais sera la résidence royale la
plus luxueuse de toute l’Europe.
Pendant que Gabriel poursuivait son œuvre la vie de la cour continuait,
toujours brillante et luxueuse, émaillée de bals et de fêtes. La distraction favorite
de ce siècle fut le théâtre. On appréciait Voltaire pour ses tragédies et sa prose.
Madame de Pompadour donnera une grande impulsion à ce mouvement.
Louis XV fut responsable de la destruction d’ensembles splendides du
temps de Louis XIV, mais il avait su créer à l’intérieur du palais de magnifiques
décorations. Les jardins et en particulier Trianon s’étaient enrichis du Pavillon
Français et du Petit Trianon.

1729-1736 le salon d’Hercule

La décoration de ce nouveau salon débuta, dès 1712. Il se trouve à


l'emplacement de l'ancienne chapelle, détruite en 1710. Le chantier est placé
sous la direction de Robert de Cotte, le décorateur de la nouvelle chapelle
royale. Cependant la mort du roi Louis XIV, en 1715 interrompt le chantier.
Celui-ci ne reprit qu'après le retour de Louis XV au château, en 1729. Le
plafond de la pièce fut décoré entre 1733 et 1736 par François Lemoyne. Il y
représente l'Apothéose d'Hercule. Sur le mur du fond est exposée une immense

21
toile de Véronèse offerte par la République de Venise au roi Louis XIV en 1664,
Le Repas chez Simon. L'aménagement de la pièce fut terminé en 1736. Mais
l'inauguration n'eut lieu que le 26 janvier 1739, par un « bal paré » donné à
l'occasion du mariage de la fille aînée de Louis XV avec l'Infant d'Espagne. Le
salon d'Hercule servit de cadre à d'exceptionnels « grands couverts » (en 1769,
pour le mariage du duc de Chartres ou en 1782 pour la naissance du Dauphin)
ou à des audiences extraordinaires (avec le sultan du Mysore, en 1788).

Louis XVI

Sous Louis XVI, la vie de cour à Versailles continua à décliner, en


devenant une coquille vide de sens, et fuie par les courtisans aussi bien que par
la famille royale. De plus, le château se révéla un gouffre financier. L’absence
de commodités (salle de bains, chauffage) dans les appartements rendit de plus
en plus sensible la nécessité d’une rénovation profonde des bâtiments. Mais le
manque d’argent fit remettre le projet jusqu’à la Révolution française. Marie-
Antoinette imposa d'importantes dépenses pour l'aménagement du Petit Trianon,
ce qui contribua grandement à la rendre impopulaire. On ne s'y réunit plus que
pour de grandes circonstances, comme le 15 août, fête de l'Assomption,
commémorée par une grande procession à laquelle doivent assister tous les
courtisans. Celle-ci rappelle la consécration de la France à Marie, décrétée par
Louis XIII. C'est au cours de la cérémonie du 15 août 1785 que le roi fait arrêter,
dans la Galerie des glaces pleine de monde, son grand aumônier, le prince-
cardinal Louis de Rohan, compromis dans l'affaire dite du Collier de la reine.

La bibliothèque de Louis XVI

À son avènement en 1774, Louis XVI veut faire concevoir pour lui une
pièce dédiée à sa détente. Le choix se porte sur une bibliothèque. Elle est
commencée dès le début de son règne. Le décor, dessiné par Jacques-Ange
Gabriel, est sculpté par Jules Antoine Rousseau. Jean-Henri Riesener sculpte
une grande table à plateau monoxyle pour permettre à Louis XVI d'exposer ses
biscuits de Sèvres. Deux globes, un terrestre et un céleste, complètent ce décor
en 1777. C'est dans cette bibliothèque que Louis XVI décide de l'arrestation de
son grand aumônier le 15 août 1785, après avoir été mal conseillé par le baron
de Breteuil et son Garde des Sceaux Armand Thomas Hue de Miromesnil.

1783 Le cabinet doré

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Cette pièce fut crée pour abriter une partie des collections de Louis XIV.
Sous Louis XV, elle prit diverses affectations. Ainsi, elle servit au roi de pièce
d'exposition pour son service de vaisselle d'or, d'où l'un de ses noms cabinet de
la Vaisselle d'or. Elle fut ensuite rattachée aux appartements de Madame
Adélaïde, fille de Louis XV. Cette pièce devient dès lors son cabinet de musique
où Adélaïde reçut des leçons de Harpes de Beaumarchais. Mozart y aurait joué
pour la famille royale, en 1763. Sous Louis XVI, cette pièce redevient une pièce
d'exposition. En 1788, Louis XVI y expose l'un de ses achats personnel, le
cabinet des papillons.

4. Versailles depuis la Révolution

La Révolution

1793-1796 Dans la tourmente


Versailles vit l’apogée de la France des Bourbons, mais aussi sa chute :
c’est à Versailles que se tinrent les États généraux de 1789.

Le 5 octobre 1789, malgré la pluie, le peuple de Paris conduit par des


femmes marche sur Versailles, ou il se heurte aux grilles du château. Une
fusillade éclate. Le peuple envahit le château, et ramène la famille royale à Paris.
Abandonné après le départ de la famille royale pour Paris 6 octobre 1789, le
château ne retrouvera jamais ses fastes.
Le mobilier du château est transporté dans des gardes meubles. Ainsi, le
fameux bureau secrétaire de Louis XV par Riesener, après avoir subi des
modifications de son décor (notamment le remplacement des fleurs de lys par
des ancres, cordages et autres éléments décoratifs ayant trait a la mer) est affecté
au Ministère de la Marine, Place de la Concorde.
Au début de 1791, les tableaux, les glaces et tous les emblèmes trop
explicites de la royauté sont décrochés des murs et des plafonds. Les œuvres
d'art sont envoyées au Louvre, devenu le Musée Central des Arts en 1792.
La Convention, le 10 juin 1793, après la chute de la monarchie, vend à
l'encan le mobilier du château : 17 182 lots, étalés sur les années 1793-1796. Les
plus belles pièces partent pour l'Angleterre, achetées par des mandataires du roi
Georges III, et meublent ou décorent le Palais de Buckingham ou le Château de
Windsor. En 1792, lors de la chute de la monarchie, il fut même pillé par des
vandales. Le père du peintre Delacroix pense qu'il faudrait le démolir et y passer
la charrue.

23
Napoléon songea un temps à en faire son palais impérial, mais Versailles
resta inutilisé jusqu’au retour de la monarchie. Enfin, Louis-Philippe confia à
son ministre Camille Bachasson, comte de Montalivet la tâche de transformer le
château en musée : c’est de cette époque que date la dédicace « À toutes les
gloires de la France ».
Par la suite, Versailles ne revint plus sur le devant de la scène que de
façon épisodique, voire anecdotique. Ainsi, le château devient le quartier général
de l’armée prussienne lors du siège de Paris, pendant la guerre de 1870.
L’Empire allemand fut proclamé dans la galerie des Glaces le 18 janvier 1871.
Durant la Commune, Thiers et son gouvernement s’y réfugièrent. Ils y restèrent
dans le gigantesque hémicycle aux fauteuils couleur bordeaux jusqu’en 1879,
puis ce fut le cadre de l’élection des présidents de la IIIe et IVe République. Il
est décoré de grandes fresques allégoriques évoquant la guerre, l’agriculture, le
commerce, l’industrie et la paix.
Le traité de paix, dit traité de Versailles qui mit fin à la Première Guerre
mondiale y fut signé le 28 juin 1919.
De nos jours, Versailles est un palais national à la disposition de la
présidence de la république. Il sert à accueillir des chefs d’État étrangers,
comme Élisabeth II en 1972, le shah d’Iran en 1974, Mikhaïl Gorbatchev en
1985 ou Boris Ieltsine en 1992. En 1982, il servit de lieu de réunion au G7.
Lieu symbolique, le château de Versailles est l’objet d’un attentat9 dans la
nuit du 25 au 26 juin 1978. La bombe à retardement posée par deux nationalistes
bretons endommage une dizaine de salles (dont la galerie des batailles), faisant
pour trois millions de francs de dégâts.
D’autre part, depuis la IIIe République, Versailles sert de lieu de réunion
du Congrès du Parlement. Les Assemblées disposent d’une trentaine
d’appartements de fonction représentant une surface de près de 7 000 m² dans
l’aile du Midi.

Sous la Restauration

En 1815, Philippe Louis Marc Antoine de Noailles, prince de Poix devient


gouverneur de la Maison royale de Versailles et de Trianon, lieutenant général,
marguillier d'honneur de la paroisse et secrétaire général du gouvernement de
Versailles. À ce titre, il représente le roi à Versailles et a en plus le soin de tout
ce qui regarde la fabrique et l'œuvre de la paroisse Saint-Louis. Auguste de
Rambaud, fils de son amie Agathe de Rambaud, ancien commissaire des
guerres, est son secrétaire intime.
Philippe Louis Marc Antoine de Noailles meurt le 15 février 1819 à Paris.
Son éloge est prononcé à la Chambre des pairs par Armand Maximilien François
Olivier de Saint-Georges, marquis de Vérac (†1858), mari d'une de ses nièces,
qui lui succède dans le gouvernement de Versailles

24
Retour à la Couronne

En 1833, Louis-Philippe Ier, roi des Français, décide, pour sauver


Versailles de la ruine, de le transformer en un musée de l'histoire de France
célébrant les conquêtes militaires de l'Ancien Régime, de la Révolution
française, de l'Empire et même de la Restauration. Très attaché à ce projet
destiné à marquer l'entreprise de réconciliation nationale menée par la
monarchie de Juillet, le roi surveille de très près l'exécution des travaux et les
commandes des tableaux.
La restauration du château est dirigée par l'architecte Pierre-François-
Léonard Fontaine. Les travaux, payés sur la cassette personnelle du roi, s'élèvent
à plus de 23 millions de francs.
Louis-Philippe fait également restaurer le Grand Trianon pour son usage
personnel. En octobre 1837, il y célèbre le mariage de sa fille, la princesse Marie
avec le duc de Wurtemberg.

La galerie des Batailles

Installée dans l'aile du Midi, à la place des appartements des princes, la


galerie des batailles a été conçue personnellement par Louis-Philippe. Elle
surprend par ses vastes dimensions (120 mètres de long sur 13 mètres de large).
Elle est ornée de trente-deux tableaux de grandes dimensions célébrant les
actions militaires glorieuses de l'histoire de France depuis la bataille de Tolbiac
en 496 jusqu'à celle de Wagram en 1809. Le peintre le plus sollicité a été Horace
Vernet.

1837 : « À toutes les Gloires de la France »

Le musée de l'histoire de France du château de Versailles, dédié « à toutes


les Gloires de la France », est inauguré officiellement par Louis-Philippe le 10
juin 1837, dans le cadre des festivités qui marquent le mariage du prince royal
avec la princesse Hélène de Mecklembourg. Il comprend notamment la Salle des
Croisades dont les frises portent les armes et les noms des chevaliers croisés
ouverte au public en 1843.
Le musée rencontre un très grand succès. « Ce que le roi Louis-Philippe a
fait à Versailles est bien, commente Victor Hugo. Avoir accompli cette œuvre,
c'est avoir été grand comme roi et impartial comme philosophe ; c'est avoir fait
un monument national d'un monument monarchique ; c'est avoir mis une idée
immense dans un immense édifice ; c'est avoir installé le présent dans le passé,

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1789 vis-à-vis de 1688, l'empereur chez le roi, Napoléon chez Louis XIV ; en un
mot, c'est avoir donné à ce livre magnifique qu'on appelle l'histoire de France
cette magnifique reliure qu'on appelle Versailles. »10

Culte à Marie-Antoinette

L'impératrice Eugénie, qui vouait un culte à Marie Antoinette, fut à


l'origine d'un regain d'intérêt pour le château de Versailles. C'est sous son
influence que lors de l'Exposition universelle de 1867, des meubles prestigieux
furent réintégrés dans le Patrimoine du château. Ainsi, le grand serre-bijoux de
Schwerdfeger ou le bureau de Roentgen.

Sous les Républiques

28 juin 1919, signature du traité de Versailles : Lloyd George, George


Clemenceau, et Woodrow Wilson, sont réunis dans la galerie des glaces aux
côtés des représentant Allemands afin de ratifier un traité prévoyants plusieurs
points, les 14 points de Wilson, dont la démilitarisation de la Rhénanie et la
reprise française de l'Alsace-Lorraine.
Par le décret n°95-463 du 27 avril 1995, le gouvernement a procédé à la
création de l'Établissement public du musée et du domaine national de
Versailles. Il y a donc d'un côté le musée national du château de Versailles et
d'autre part le Domaine national de Versailles. Parfois le musée est intitulé
Musée national des châteaux de Versailles et des Trianons.
Depuis 1875, environ 25 000 m² de locaux, situés principalement dans
l’aile du Midi (y compris la galerie des Batailles), sont affectés au Parlement, les
deux tiers à l’Assemblée nationale et un tiers au Sénat. Cette affectation a été
formalisée par une loi du 22 juillet 1879 relative au siège du pouvoir exécutif et
des chambres à Paris, puis par l’ordonnance n° 58-1100 du 17 novembre 1958.
En mai 2005, une proposition de loi émise par Jean-Louis Debré, président de
l’Assemblée nationale, propose la restitution de ces locaux à l’établissement
public du musée et du domaine National de Versailles. Cette réaffectation est
cohérente avec le programme en cours de rénovation du château dit « projet du
Grand Versailles ». Toutefois le Sénat a refusé par amendement la restitution de
la salle des séances du Congrès, considérée comme un « lieu de mémoire de
l’histoire parlementaire de notre pays ».
Depuis septembre 2005, l'Etablissement public de Versailles a lancé le
projet "Grand Versailles numérique" qui consiste à faire de Versailles le
laboratoire du numérique culturel. L'objectif de ce programme, soutenu par le
ministère de la culture et de la communication, est d'imaginer, tester et déployer
des outils numériques d'enrichissement de la visite réelle ou virtuelle du château

26
et du domaine. Les premières expérimentations numériques ont été lancées en
juin 2006 avec trois dispositifs :
un site web vitrine présentant le projet et proposant des visites 3D,
panoramiques et une frise chronologique multimédia. site vitrine GVN (ce site a
remporté le prix de l'Innovation du Festival international du Multimédia, à
Montréal, le 14 octobre 2006) une visite numérique du nouveau domaine de
Marie-Antoinette, avec des pdas connectés à un réseau wi-fi et des iPods
un site de téléchargement de séquences audio et vidéos site podcast de Versailles
qui propose la plus grande offre podcast culturelle de France, plus de 50
séquences audio et vidéos, en français et en anglais. Le site podcast a dépassé les
400 000 téléchargements 3 mois après son lancement, le 14 juillet 2006.

5. Objectifs et rôle du château

Le château de Versailles est un cas typique de décor monumental, où le


massif est préféré à la recherche architecturale pour impressionner et contribuer
à la mise en scène du pouvoir. Cette lecture du monument, dépassant la
traditionnelle analyse artistique, a été proposée par des historiens comme Joël
Cornette.

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La glorification du roi

Heurté par sa visite du château de Vaux-le-Vicomte, magnifique résidence


de son ministre Fouquet, Louis XIV entend créer à Versailles un palais qui n'a
pas de comparaison dans le royaume et même en Europe. Le bâtiment doit
consacrer la grandeur du roi et de son règne.
Le plan du château est étudié pour mettre en valeur le souverain. La
chambre royale se situe au centre du palais et sur un grand axe qui part de la
statue du roi dans la cour d'accès et qui se prolonge par le Tapis vert et le Grand
Canal. Louis XIV se fait représenter en divinité dans plusieurs compositions
sculptées.
En outre, le château apparaît comme une œuvre de « propagande » pour
reprendre le mot de Joël Cornette. À travers la décoration, le roi fait passer
quelques messages. Peints après la guerre de Hollande, les plafonds de la galerie
des Glaces renvoient une image glorieuse du prince, destinée à amplifier une
victoire militaire finalement assez limitée. Louis XIV y apparaît représenté en
roi de guerre et de triomphe qui écrase tous ses ennemis.
Le château s'anime de splendides fêtes que l'invitation des plus grands
musiciens (Jean-Baptiste Lully) et des plus grands auteurs (Molière) rehaussent.
Autant d'occasions de divertir la noblesse présente et de glorifier le propriétaire
des lieux. Ce mécénat fait de Versailles le creuset du classicisme. Par certains
aspects, Versailles se présente aussi comme le siège d'un « culte monarchique
»11. S'y élabore une sorte de liturgie, avec ses grands moments (les levers du
roi, les repas du roi, la visite des jardins, les couchers du roi…), ses fidèles (les
grands seigneurs et les serviteurs) et ses règles (l'Étiquette).

Versailles, nouvelle capitale du royaume

Avec l'installation de Louis XIV en 1682, Versailles devient le siège du


gouvernement même si plusieurs des grandes institutions de l'État restent à
Paris. Le roi y dirige les affaires au sein de ses conseils et dans les entretiens
avec ses ministres. En conséquence, la Cour s'installe aussi au château. Louis
XIV rompt donc avec la tradition itinérante du roi de France et de son entourage
qui allaient de château en château pour de plus ou moins longues étapes.
L'enracinement du gouvernement n'est toutefois pas total puisqu'il arrive parfois
à Louis XIV de fréquenter d'autres résidences (Fontainebleau par exemple).
Tenant d'une centralisation, le roi aurait pu choisir Paris pour se fixer mais
sa crainte des Parisiens l'orienta vers un autre choix. Il se souvenait sans doute
que son grand-père Henri IV fut assassiné dans une rue de Paris et qu'en 1648,
pendant la Fronde, le peuple avait érigé des barricades et envahi le Palais-Royal.
Versailles était un lieu plus tranquille.

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La domestication de la noblesse

En demandant à la noblesse de le rejoindre dans sa résidence, Louis XIV


crée une nouvelle fonction pour le site versaillais : celle d'une prison dorée. En
effet, les grands seigneurs comprenant que leur présence à la Cour est une
condition indispensable pour bénéficier de la faveur royale répondent à
l'invitation. Ils s'installent notamment dans les grandes ailes nord et sud
construites par l'architecte Jules Hardouin-Mansart. Nourris, logés, divertis aux
frais de la Couronne, les nobles perdent par la même occasion leur liberté. Le roi
les a désormais sous les yeux et peut les transformer en dociles serviteurs par la
distribution d'offices ou par la menace d'une disgrâce.

La victoire de l’homme sur la nature

Le château de Versailles est établi sur une terre plutôt inhospitalière. Le


sol présente des dénivelés. Il est forestier et par endroit sableux ou marécageux.
Louis XIV lance donc un défi à l'architecte Le Vau et au jardinier Le Nôtre
quand il leur demande d'y édifier la plus belle résidence royale. Mais le
souverain est convaincu que le génie humain peut domestiquer la nature. Le
projet versaillais constitue donc un exemple d'aménagement du territoire. Il faut
assécher le terrain, l'aplanir et même raser un village (Trianon). Au bout de
plusieurs dizaines d'années, s'élève un palais majestueux où la symétrie et la
ligne droite triomphent d'un terrain inégal et irrégulier.

6. Bibliographie

Site officiel
Site officiel - Base de données sur les décors sculptés extérieurs du château
Bulletin du Centre de recherche sur le Château de Versailles

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Site officiel du projet Grand Versailles numérique
Site officiel de Château Versailles Spectacles
Site officiel de podcasting
Site du Grand Parc de Versailles
Les marbres belges au château de Versailles
Photos aériennes par cerf-volant du château et du domaine de Versailles
Bulletin du centre de recherche du Château de Versailles

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