ses salariés comme ses dirigeants voire ses actionnaires, de porter des
objectifs de développement durable.
C’est aussi un moyen d’informer le consommateur et de lui envoyer un
signal environnemental dont il peut faire usage en décidant d’acheter ou
pas le produit.
Enfin, c’est un élément de concurrence par rapport à d’autres entreprises
moins soucieuses du développement durable. La responsabilité sociale,
environnementale de l’entreprise doit donc être réaffirmée.
Ainsi la définition d’une nouvelle politique écologique s’intègre dans un
projet global où les dimensions sociales, productives, démocratiques
se conjuguent. Nous ne partons pas de rien. Je sais ce qui a été fait
par la Gauche plurielle. Evitons les moqueries sur le Grenelle de
l’Environnement au prétexte que bon nombre de ses dispositions ont
été abandonnées en chemin. Reconnaissons que le Grenelle a été une
heureuse prise de conscience qui a correspondu à une mobilisation
considérable de nombreux partenaires qui jusque là ne parvenaient même
pas à travailler ensemble ou doutaient de la capacité des pouvoirs publics
à fixer des objectifs de moyen terme.
Le Grenelle a marqué de nouvelles formes de gouvernance, a contribué
à une modification même modeste des comportements, lesquels se sont
largement diffusés aux collectivités locales. Toutes ont des Agendas 21,
mènent des politiques de développement durable. Cette demande peut
être faite avec plus ou moins de volonté, de sincérité voire d’effectivité
mais le fait même que ce soit évoqué confirme la réalité d’une demande
sociale, d’une aspiration citoyenne et sans doute d’un enjeu électoral et
témoigne que grâce au Grenelle, la préoccupation environnementale est
mieux partagée.
Ses aspects décevants, on les connaît ; le ministère du développement
durable est redevenu banal ; la partie énergie a été rattachée à Bercy
et chacun sait les conséquences d’une telle organisation en matière
d’investissements publics; par ailleurs, la taxe carbone n’a pas pu être
mise en œuvre mais cela tient moins au Grenelle qu’à la méthode qui avait
été choisie. Enfin, la dernière déception est d’avoir réduit une large part des
obligations des entreprises en matière d’information et de transparence.
Il faut désormais franchir une nouvelle étape et engager un nouveau
modèle de développement.
Je revendique le progrès. Je réaffirme la nécessité de la croissance comme
la prise en compte des exigences de la compétitivité et de l’emploi
mais en même temps, je sais que pour atteindre ces objectifs, les voies
et les moyens doivent changer. De nouveaux concepts et de nouveaux
instruments doivent correspondre à cette évolution.
La préservation des ressources, le signal du prix comme reflet de la rareté,
le souci du long terme, la sobriété dans la consommation, la prévention,
la solidarité, la maîtrise des technologies au service de la personne
humaine, la participation des citoyens ; voilà les principes sur lesquels se
fondent le modèle de développement du XXIème siècle.
C’est durant la prochaine décennie que nous devons réussir cette
mutation:
1) D’abord, réussir la transition énergétique : je ne sais pas s’il faut être
catastrophiste ou naïf, mais si l’on regarde l’évolution du prix du pétrole
depuis plusieurs années comme celui des principales matières premières,
il y a ce qui relève des mouvements spéculatifs et ce qui indique une
tendance longue vers le renchérissement des énergies fossiles. Dans un
contexte de croissance faible dans les pays développés, la montée du prix
du pétrole souligne que le « pic de production » a été atteint et qu’il reste
au mieux un demi-siècle de production au regard des réserves connues.
La transition doit être engagée sans risque d’une rupture dans les flux
et le plus tôt sera le mieux. Elle passera par des mouvements du prix
en provoquant des arbitrages de la part des consommateurs et par des
politiques beaucoup plus structurelles.
La première, c’est la contribution carbone. Elle doit concerner uniquement
les entreprises. Je ne dis pas cela pour exonérer les ménages car de toute
façon, en matière de fiscalité, ce qui est acquitté par les entreprises est
au bout du compte payé par le consommateur final. Je préconise de faire
simple c’est à dire la création d’une contribution carbone sur l’utilisation
des produits carbonés servant à la production.
L’autre élément stratégique c’est le rééquilibrage du bilan énergétique
français. Nous devons faire en sorte que la part du nucléaire dans la
production d’électricité se réduise mais demeure à un niveau encore élevé.
Ce qui exige des progrès sur la transparence, le recyclage et le contrôle des
déchets comme une rationalisation des investissements avec la question
de la fin de vie des centrales.
Sur les énergies renouvelables, la stabilité doit être la règle. Il n’y a rien
de pire que de multiplier les incitations et lorsqu’elles marchent de les
faire disparaître! C’est ce qui s’est produit sur le solaire où des opérateurs
ont été poussés à investir exagérément au point de provoquer une bulle
spéculative et sont désormais menacés dans leur existence même avec
le changement brutal des règles du jeu. En ces domaines les principes
cardinaux doivent être la continuité, la cohérence, la constance. Ca vaut
pour les énergies renouvelables, comme pour les économies d’énergie.
Si l’ajustement budgétaire à venir affecte les politiques fiscales en
matière d’énergies renouvelables et d’économies d’énergie, ce sera un
considérable recul.
Je propose un plan de transition énergétique qui serait de 5 milliards par an
soit 50 milliards sur 10 ans dont l’essentiel doit porter sur l’isolation des
logements. C’est là que se situe le plus grand gain en terme d’économies
et d’efficience énergétique.
2) Faire de la santé environnementale une priorité essentielle.
Nos concitoyens n’adhéreront à une politique exigeante sur le plan
environnemental, que s’ils sont convaincus qu’elle peut avoir une
conséquence heureuse, non pas simplement sur leurs propres enfants
mais aussi sur eux-mêmes c’est-à-dire sur leur santé dans toutes ses
l’Environnement.
C’est là que la durée peut être une chance. Plus clairement, nous fixerons
des objectifs communément acceptés, consensuellement admis avec des
indicateurs de résultats pour atteindre la perspective que nous aurons
fixée, plus facilement pourrons nous conduire nos concitoyens vers des
changements essentiels. Faut il encore qu’ils aient la conviction que cette
mutation sera utile pour leur vie et surtout pour celle de leurs enfants.
ministère de l’économie,
-la taxe carbone n’a pas vu le jour, le gouvernement ayant adopté en 2009
un projet à la fois peu lisible et pénalisant pour les ménages les plus
démunis,
-de nombreuses mesures adoptées suite au Grenelle sont en train d’être
détricotées : remise en cause des aides à l’énergie photovoltaïque
(réduction du crédit d’impôt et moratoire sur les achats d’électricité
solaire par EDF), réduction des obligations déclaratives des entreprises en
matière de développement durable…
L’écologie ne doit pas être abordée de manière isolée, mais dans le cadre
du développement durable, c’est-à-dire dans la perspective d’un nouveau
modèle social et économique au service de l’homme et de son environnement.
Nos propositions sont les suivantes :
1. Une gouvernance plus démocratique et décentralisée
La transition écologique suppose des évolutions démocratiques importantes,
permettant aux citoyens, aux organisations de la société civile, aux collectivités
territoriales, d’avoir des capacités d’avis et d’initiatives beaucoup plus
importantes.
Le rapport des citoyens à la société a changé, exigeant plus de transparence,
de concertation, de compréhension, d’évaluation (bénéfices/risques) des
impacts possibles. Il nous faut reprendre les conférences de citoyens,
continuer la réforme de l’enquête publique engagée sous Lionel Jospin,
organiser le débat sur les technologies nouvelles, améliorer la formation des
grands corps de l’Etat sur ces sujets...
2. Aborder différemment l’éducation et la santé
L’éducation, la formation, et la recherche sont des aspects fondamentaux de
l’évolution vers des sociétés et des économies plus autonomes, économes,
responsables et solidaires, avec pour objectif le «mieux-être» et non le
«toujours plus» de biens matériels non durables.
Les questions de santé et de sécurité sociale ne peuvent plus être traitées
aujourd’hui sous l’angle exclusivement de l’accès aux soins, à l’hôpital, à la
technique médicale, aux coûts d’ailleurs de plus en plus exorbitants. Les moyens
accordés à la santé environnementale, dont fait partie la santé au travail, aux
maisons et réseaux de santé, aux associations de malades, à la prévention et
l’éducation sanitaires, sont encore très faibles proportionnellement, malgré
la loi du 4 mars 2002 (votée sous Lionel Jospin) dont les décrets d’application
rédigés par la droite ont complètement dénaturé l’esprit initial.
Il ne s’agit pas de mettre plus de moyens, mais de les répartir autrement
avec des priorités différentes, et plus «rentables» à terme.
3. Adopter un plan de transition énergétique
Un «Plan de transition énergétique » est indispensable pour financer