M~)~T~MT~V~* ~t ~L~<<
TM~t~m~ JStMc
1:
MMtra~ ~c~nttMqu~
'U~t~~f~t~oK~tU~~)~
J~*P
'~M~<<<
Tr~tht~ JStM~
!M~mh~ et sc~nttftqu~
Hoc~M H~nt~M~H~n,
)aa~
TOUS))HOn'Sttt:SEHVf:S.
~i&~i&jRy~trt-i/ictnc sièc)e occupe dans te moyen .e
~).tp)ac<'<(UL'tientdansj'antiquitctesiectt'
n ) t~)~ (h'
~~f~~ Pô ictus, dans)t's temps modernes )e sicch'
ttt'!<<'t)isX!V.i)('st,c<]t)un''t'ux,tc'p(tintt:u))ni)):mt
t!'unc)~))~))upcri()dt',i't'x['r('ssio)t)aj'htSt'-)cv<ft!es
aspiratiuns et de t esprit d'um' Mociutcm~aniscc d'une
<;tç<wp!t)'tictt)K'r<Ju) rett'u)tpnccdt'm<n<'))t ) hisu'tt't*
du gr.md rn) (lui )c pcrson)tttit' j'.t! icttcontrc sur tnon
chonin presque toutes les grandes questions pu)<t!qu<'s
et snci:des<}ue peut soulever l'étude du moyen itj~t':en
peignant aujourd'hui )t: taoieau des tettres et des
sciences au temps de saint Louis, j'esquisserai force-
ment l'état inte))ectue! tic la nation française durant
près d'un millier d'années.
Le treizième siècle peut donc être considère a bon
droit comme une entité et comme une synthèse. !)
marque même parmi les grandes époques de l'histoire,
parmi celles qui ont exercé sur les destinées de
l'humanité une inlluence décisive. Supérieur aux a~es
précédents sur beaucoup de points, inférieur aux a~esS
suivants par quelques côtés seulement, c'est avant
tout un siècle de progrès. Dans le domaine de la théo-
logie, dans celui de la philosophie, le pas franchi par
'<.eXin'i~fcfm.<;t~i<;M. i
6 ~~facc.
st's docteurs <'st énorme. Pourta haute ctoquuoct'. pour
).<poésif épitjUf, i) n-stea pt-u prcs stationnaire; maih.
pour k:s autres genres poétiques et pour ).t p)')p.trt dus
~t'nn's df ht pruse, pour t'bisu'in', pour la ~co~ruphte.
poor h's scit'ncfs physiques <'t ntathcmatifjucs, sa
)n:ttt:h<'<'n av.uu <*stn<'nc)n<')U :tco)s~< C'est Rt une
vcrht' qu'un on pt'ut p)ns <)t<'stt')'. ft qn<' l'un en))
tfstt'rit muins t'ncorc, j'~sc t't'spcr~'r, apr~s t.t tt'cturc
<h's pa~<"<(p)! suivMOt.!.<: t<')nps<;st passe<~u!'<))tjutait
imptoximcm a )a face des si~ctus chrctit'ns par <;xc<:t-
tcocc )(: «'prncht: d'ignorantisme. de somxoh'nct: et
d'itmn')hi)it< La critique tnoucrttMa fait justice de ces
accusations, dictées par !a routine ou le parti-pris Hn
eh'') chant simptcmcnt la hxnicrc, <')!c est arriva' à
proctatncrqut! notre civinsation tout entière est issue
du moyen &(;<
C est cette muvrc de réparation tardive, qui sera
) cternet honneur de notre époque, que ce livre a la
prétention d'apporter une modeste contribution. Ses
visées sembleront peut-être un peu moins téméraires, si
ron son~e qu'it est le résultat d une tongue série d'études
spcciates. Déjà, en effet, cinq ou six vo!umcs ont été
consacrés par t auteur aux hommes ou aux choses du
treizième sièc!e, et ce!ui-ct à son tour sera suivi d'un
autre qui en tonnera le complément naturel, traitant
StMate. 7
de l'histoire des arts durant ta même puriodf. !n outre.
la plupart des m.tticrt's qui font t'u~t-t d<' « s diftu-
rentes publications ont etu abordées dans ).t chaire
d'histoire dt*t'Uoivcrsitc catholique de t'aris, au tt'txps
<mcent- tribune ctait dchout: temps heureux, que j'ai
dû expier depuis p.u ptus d uoe souttrance, tuais nu il
m'a ctc donné, en revanche, de router une des joies
tes p)us pures que Nx'nune puisse éprouver ici-bas.
cette de taire passer directement ses convictions et ses
sentiments dans t amf de ses semhtabtcs. Quelques uns
des mêmes sujets ont etc e~att'ment euleures, sous unf
forme plus concise <'t plus rud)tncnM<r< dans les
conterences de ta satte Atbcrt te Grand, of) ia fondation
de t'ensei~nt'ment supérieur libre des jeunes fûtes m'a
valu ensuite, avec des amertumes d'un autre genre, des
encouragements on ne peut plus précieux. Qu'on tnc
pardonne de saluer en passant toutes ces sympathies
qui sont venues a moi comme une consolation dans tes
jours d'épreuve
Je me suis enbrcc de rendre moins indignes d'eites,
moins indignes du grand public, auquel je les adresse
aujourd'hui, ces études d'histoirc Httërairc, inspirées
avant tout par l'amour de la vérité. Hn leur donnant
leur forme définitive, j'ai tenu a les compiler, à les
appuyer sur des preuves plus solides, sur des citations
8 Mttfatc.
C~apttccpremier. Da taneuc.
SOMMAtRK. –Orixt"" t' '<' <t< fMt'çfttfe. Part tuut
A ft)tpfp)Mntt~r)'tttt' t)e r<tttnttn< U'Ux <)j)')s sa Ctttxptmith't)
t))nu'<ne" tt"s tiv't't aithtts et du t*i<ut<)t«'<ttt<' fr««ç«t:i".
û)!ft)rn<att"tt <tr.niu<'tt" <it' fnutx 1't <te ta ttytttitte chez les
p~ttptf!) ttUtna. Pfo<t<t' tnonumentst <)<'t'tttttmx' vutgfttrf
St") progrèa et son ~ot'r'M" <'«"))'))<')) au Xttt'~cte. Rtjth's
t<Mtn«tatteat'"i !<utvhM~c<'tt<' ttpu<tt)e. Lu hmn dtMchtfOtt't
des <c<M~ aft oaract~fet, s"<) uaft~a. t-ft c«"t«tt:~«tc<'<(u
grec, des h)t)«Ut'!t orianUttei), des ~«tM" vivaxtt's.
perpétues. (
e pheucmeue, quoique ptus etonn.mt, peut s'ex
ptiquer~us-ti. Kuttccept.u)t)c jt'u~ tes institutions, tes
m'eurs (te Kt'me.taGaute avait attopte avec empressement
sa )n:wicrf (k' p.utcr; t-))c s'ctfm faite )<nn:ti))c tuut t-'xticrc. Il
s'était passe jtt)urc))c)ccf'ntritirc<)cn<)()isf)<.)ss.)j)t)m).t
(<)ccft('r''t)t)'e))cf))tc«t)')ni'!C)K)r)t's){<))n:tins:):tt\j'n)')i<)Uc
)atit)c se )')it<)\-t)th"t)si.ts)))t'("'m )t')'cu)'k'))cHt))it)t)t'et''t-
tnit.t t'imiter ft) tout :)t" \t)it)cu-'st)bju~))frt'))t)cs\ai))
(tttcttrs.tM.u'icu C.miu )c.ai))t(<n')))'. 'k'nn'tttctt'ttt )<
)n.)itrc'!mt"ut.cts'.t))t)cscrc))t)''<ut)cnst)).ttc)n-)tt')))c))t
et )))"ra)ftt)c))t. t'<M)r<(tt"icette <)iftcrcmc t.cHcak-? t'arcc <)Uf
ta (tfocc c<')tt[uisc ('tait {'tus c)\ itisce <(m.-Mutoc co)h(m'r.mtt'.
tit))<)i''t(u':m<:<'t)ttai)cK"t)K'ct)n<jm'<!U)t~<'t:ut(')u'<civitisw
'juc lu
yua· (~:utlt~ aaauluisa., l:
)a (<:mt<c<'n()uisc. inllm·naw ctwmiuautu, t·u Iv:vrt·ilc;vs,
t.'innwntctt"tnin:mtt-,n))~n.'i)c~s,
finit toujours p:n rcsto'.n)))cupK')t')~us.n.t))Ct't.tr )(')"-
Ht'es est cunt.~ieux. !t preuve, c'est ()ue ('inverse eut )ieu
')U:t))t!)cs<L)er)))ai))Sit)eurtuur occupèrent te s<')~.n))"is:
et:U)tp)us barbares <)ue tes j)t')m):ttiot)S()e ce s')).i)'i ne
t.tXm°MM<)itt.<tMtmt.
aa LKTREtZtÈME SIECLE.
t. « <</<«/<7fM~7Mt<fM/<aM.
/<7/<~<«m<<M.
~(C.Pemutd, fftx/t/MM
/#~&m.)
34 LE TREUS1EME SÏÈCLE.
Le Xttt'.iMttht et MiMt.
38 LETREtZtEMESÏECLE
V., mr l'étude du Droit. la B<M. <&<fM/t des t*a~M. an. tBTo. p.t et saiv..
'~7'. P. 379 <t suiv. Cf. le cours de droit canon professé à la m6meeco)e par M. Ad.
Tardif.
L'ENSEIGNEMENT. 55
« Dieu existe-t-il ?
« Ceux qui le contestent procèdent ainsi
« i. Il semble que Dieu n'existe pas. Car si, de deux con-
traires, l'un est infini, l'autre est totalement détruit. Or, par
LA THÉOLOGIE. 81
d'aigle à cet Ange de l'École dans son essor vers les horizons
innnis Je voudrais pouvoir donner une idée plus complète
de sa doctrine je voudrais le montrer conciliant, par de vrais
tours de force de sagacité, le gouvernement de la Providence
avec le libre arbitre, l'existence du mal avec les attributs
divins, le principe de la pauvreté monastique avec celui de la
propriété, la répression de l'hérésie avec la tolérance des
infidèles, approfondissant, en un mot, en résolvant les pro-
blèmes tes plus délicats que l'esprit humain ait jamais ren-
contrés dans sa marche à travers les siècles. Mais je dois
réserver une petite place pour un autre groupe de théologiens
qui en occupa une assez grande dans la société. Nous revien-
drons, d'ailleurs, à saint Thomas lorsque nous examinerons
l'enseignement philosophique. Ce que j'ai dit suffira, je
l'espère, pour légitimer et confirmer aux yeux du lecteur le
jugement général que je portais tout à l'heure l'œuvre de la
scolastique, et spécialement de son représentant le plus
illustre, fut le triomphe de la raison appliquée à la révélation.
L'invasion des procédés et des idées d'Aristote n'était pas
tellement universelle, n'avait point tellement pénétré le
monde des théologiens, qu'un certain nombre n'échappassent
à la tyrannie de la mode. On a souvent affecté de ne voir au
treizième siècle que la grande école dont nous venons de
nommer les sommités on a gémi sur la disparition de cette
partie de la théologie, qui, par la contemplation, porte parti-
culièrement à la piété tendre, et qui parle plus au cœur qu'à
l'esprit. Cependant elle n'avait pas disparu autant qu'on le
prétend. Il y avait, non pas précisément une école rivale de
celle qui était en faveur (ce serait trop dire peut-être), mais
au moins un courant qui tendait à s'écarter de la voie scolas-
LA THÉOLOGIE. 87
<tcil qui sunt dou cnr:. detivré dou tout, et avec Deu sont en
< sa gloire. Cil sunt veraiment seint. (') t
Nous sommes bien loin, ici, de la sécheresse du syllogisme
et de la subtilité des attégories. Hn revanche, nous sommes bien
près, il me semble, de Séneque et de Montaigne, dont certains
fragments jMurraient être utilement confrontés avec ces deux
passages.
t\n résumé, si l'on refuse de s'écrier avec Leibnitx, un juge
as'.e<' compétent cependant, que la forme scotastique ou
sy))o){istique est une des plus belles inventions de l'esprit
humain, si t'en reconnatt (et nous l'avons largement reconnu)
que cette forme a été employée jusqu'à t'abus, il faut, du moins,
proclamer que son principe était éminemment propre à
développer la force et la pénétration de l'intelligence. La réac-
tion cartésienne du dix-septième siècle a eu sa raison d'être
elle est venue à son heure mais, comme l'a dit Jourdain, elle
a été beaucoup trop loin en condamnant d'une façon absolue
la méthode démonstrative, qui avait rendu de si éclatants ser-
vices. C'est eue, en eHet, qui a débarrassé le christianisme de
toutes tes rêveries panthéistes.manichécnnes ou gnostiques qui
entravaient sa marche triomphante à travers les siècles, et c'est
te règne de saint Louis, c'est le génie de saint Thomas qui ont
parfait cette œuvre colossale. Nos établissements d'instruction
publique, à l'exception des séminaires peut-être, ont complète-
ment perdu la tradition de cette méthode. Qu'y avons-nous
gagné? Le vague des idées, le désordre des discours, la
faiblesse des convictions qui caractérisent notre époque ne
viennent-ils pas en grande partie de là? Notre foi est molle
t. BiU. nM.. ms. français 7~9. écrit en tt~, quinte am après la c<N))p<Mitiondu
M'tt. V. ~M/. /< de la fM<f~, XtX. 4"~
LA PHILOSOPHIE- n?
parce qu'eue n'est plus une foi raisonna?, et que nos oreilles,
gatéei! par t'agréabte musique des rhéteurs, se s(tnt déshabi-
tuées du mate langage de la pure tugique. Apprenons &
déduire et à enchainer nos raisonnements avec la rigueur d'un
dialecticien, et nous pourrons alors jeter le manteau dor~
de l'éloquence sur ce corps solide, sans crainte de te voir
s'écrouler sous le poids comme un mannequin vide.
['Kjf\S)'t'h)<k'')c)a))hi)"s«phi<tw<)ft.)<)):(tcc-
tiquc, )c <n«ycn A{{c fai-'ait venir celle <)c ):t
r))et«)i<t()f.t'et «r<)fc<*st)'i')vcrsf<tc cchti'jui est
suivi dans <MMetauttsscments d tustructtuu seconuatre mats
n'est-il pas ptusrationnt.'tPN'e-.t-i) passade'te n'apprendrca
bic)) parte) qu'après avoir appris a bien raisonner, et de ue
revêtir )<t pcnsuc t)fs ornetnents du style qu'âpres avoir
<)<)))t~a cette pcos~c )c corps sotidc dont nous vcttoos <)c
parlcr? tJc)a sonbtc évident et pourtant tes dispensateurs de
t'enscit;ne)nent continuent à mettre, cumnte un dit vut~aire-
ment, la charrue avant les bœufs. Nos programme:) scat:nfet
suivent l'ornièrc de la routine, au lieu de suivre la voie
logique. Quelle ptace occupe ta rhétorique dans celui du
treizième s!ecte ? K«us attuns te voir.
Uevons-nous nous arréter à l'étonnante assertion de
Daunou, qui, dans son Discours sur l'état des lettres, en
tête des volumes de t'o/ /A'~M~t' de A</wf<' con-
sacrés à cette période, déclare que « le nom même de la
rhétorique disparaît alors de t'cnseit;nement,et qu'on te cher-
che en vain dans le tableau des cours publics ouverts au milieu
LA KHÈTOR!QUE tt9
t. t. Pt<sente
tarequête
<Comme tuveux
donmir.
>
(~j /<t«<'«M,
Actet. sc~ne
&)
e. ~M «et,nM.httn t7S09.
3./M<
130 LE TREIZIEME SIÈCLE.
!<e)teAat)i:nMin!!s'ett)e<a,
\'e~tt!H)ttntrst:tpMa.
Kn un verrier entra
Cinc ttorestes trova.
Um'h&petetfctena a
tt)c~ rose norie.
Por t)ë, tmhe: vos en !!<,
Qui n'amez mie.
t~~KW .H<~7W/<&M.f,
Nec M/t~«W.f <~M'<
Ad <~M~ JMKW <M'M/M,
t~K~ ad !<tW.
Voilà des vers qui sont latins par le langage, mais qui sont
déjà français par la forme et la coupe. C'est toute une révolu-
tion qui s'est accomplie; de nouvelles lois président à la
versification des chants sacrés. D'où viennent donc ces lois ?
d'oû vient cette révolution ? Eh bien cette fois encore,
c'est l'idée chrétienne qui a tout fait, et c'est le désir d'associer
le peuple fidèle aux louanges du Seigneur qui a poussé
LA POÉSÏE LATINE. t57
qu'il lui dit, parce qu'il est véritablement rempli de son amour,
t'amour divin, sentiment nouveau que les païens na ptinvaient
même pas soupçonner; car quel est celui d'entre eux que l'on
vit aimer une seule de ses divinités? Ils craignaient Jupiter,
ils admiraient Venus,its invoquaient Atercure; mais tes aimer,
sentir un battement de cœur en prononçant leur nom ou en
l'entendant prononcer, éprouver ces deticieuses émotions
réservées a t'ame fidèle intimement unie à son Dieu, jamais!
C'est là le privilège de )a vraie religion et le paganisme
n'était pas même une religion, ce n'était pas un culte.
On pourrait croire que j'émets ici une théorie. Mais tel est
bien le motif réel qui engagea saint Ambroise à introduire
le rhythmc et l'assonance dans ses hymnes célèbres, tes
premières que l'Église ait adoptées. Un passage significatif
de saint Augustin nous fait entrer dans la pensée intime
des t'ères à cet égard. Voulant composer un cantique ren-
fermant la réfutation des Donatistes et le faire chanter de
mémoire aux ndètcs, <[ je n'ai pas voulu, dit-il, lui donner la
forme de la poésie (métrique), de peur d'être contraint par
les nécessités de la prosodie à employer des expressions peu
familières au peuple. A~o/<<t//y/«' f«~w/M/f~vM<<'?<?<v/«//<
M~O, M<'Wf K<WM//<M Wf/KM ft</ t<«t t'<<t W~O M/'W/~
My/A<~< <w~< y Aussi écrit-it son cantique dans une
forme particulière, qui se rapproche sensiblement de la poésie
syttabique. A partir du quatrième siècle, cette tendance
s'accentue de plus en plus. On compose toujours des hymnes
métriques;mais,tout en respectant ta quantité pendant quelque
temps encore, on cherche à la concilier avec le système syt-
labique. En d'autres termes, on conserve les pieds com~tsés
de brèves et de longues; mais on réduit en même temps les
t62 LE TREIZIÈME SIÈCLE.
/*A/~<WWM~/MTM
y<c~r ~waw/,
<W<'MMW
0/<<ii' WNM/MM
/W~M~M~
Z~WMW~~M~MMM
?«0 f<< APMt',
~W, ~n«~M/M~W«
Ad Mf, ~<MC, !«<.
I.
t<XnftiM.Btt.«!mt.
198 LE TREtZtÈME SIÈCLE.
ÇAtSE: POÈStEDRAMATÏQUEErLYRtQUK.
Ouct ):oCHt-t-H ?i
t.KtMAt't.K.
COettitU t
A la personne, M figure
Mienconviendrait telle aventure:
Le monde Mi se MumeMmit
Ue t'aMme jusqu'au tommet.
Kt, !iubjut;u<par ta M)!C!i!ie,
SaXtfait sa belle dt'e~c.
ÈVK.
LE tMAHLE.
En vérité.
ÈVK.
t. Unsp~mMMmMquabtedecMmyst~dehtro!~n<e<poquen<MN<at «Sert
)Mt le ~t~- M<~N<~a~ .t/<N~M. pubM par rameMr<!amh'c«nM:-
tion de la SoeM~ des anciens te)tte<
LA POÉStE FRANÇAISE. 2H
LtXMt'~MtMtt.et'dmt.
2t4 LE TREtZtEME StÈCLE.
n'ont pas été (aitft pour être dcbitct'< en chaire, et qui ont
ptutot t'air df chansons rnorates nu rf)i~<eu!'cs. Un charmant
spécimen de cc dernier t;enrc est te t~~t'/ -f< /M,
fr.nchc a))t''{{orieadressée a une jeune nttc par un poète
itnf'nynx- et dont voici ).<traduetx~)) fn pn'sc
Uncjcunu ()))' vcm t)Ut'jch)i <<ctr<'ifK))t)«n;t'Hctn<'
< ()ct)).<ndcttt) cha)J4'au de nfurs. (Juc Dict) to'.n'cordc sfxs
et toi-itr, jn'Mr <)ucjc poisse faire fc ')u'c))c \cut. Mo)) prc-
t st'ot devra lui pt.urc si ~'y xtcts d'abord )f )i' puis viendra
< ta \i<')cttc;puis ).t ))t:))ct~'ur du souci; t'achu ~'t ta cuosondt:
< y prcndr«t)t ?).)<;<:.t Icur tour; la r<'sc cpMn«uiu fera la
< sixième, et ta septième t'ancotic. Vuita une jotic cuuruonc,
« o!) cha<juu ticur desi~ou une vertu tjue )a jt'unc fittc <)oit
<;avoir ut e<tt)scrvcr. !.a btanchcur du tis sonhtc lui (tire:
« adore la Mcrc dt: t)icu, aime Dieu et )a sainte t'~tisc. La
<fdoucc ~cur de vitttcttc lui rappcHc qu'i) fitut ou'cnc su ticm.
<(a t'~cart, et) siicncc, ou't.'ttc n'écoute point les médisants et
« ne s'cxj~osc vu bXonc ni en <aitsni en parûtes. L'or du souci
« lui enseigne a garder pur et sans tache )e trésor <te ta
< sagesse. L'ache (ui recotnmande d'être humble, bonne,
< in<tu<t;entepour les pauvres et tes <aibtes. La consoude, en
« s'ouvrant a ta c)art<~du jour et en se fermant aux ténèbres
< de la nuit, t'avertit de n'accueillir que la courtoisie et de se
< soustraire à la noire trahison. La rosé, qui tient de la sainte
< Mère de Dieu l'empire de la beauté, c'est la jeune vierge
<(ette-meme, qui s'élève entre toutes tes femmes comme la
<;rose entre toutes les neurs. L'ancotic, ennn, est la neur qui,
<[avec les cinq petits tiens que Dieu lui a donnes, sert a nouer
toutes les autres. Lorsqu'un chapeau de Heurs en perd une
< scule, il déchoit beaucoup de son prix il en est ainsi d'une
LA POÈSÏK FRANÇAtSE. a<7
< jfM<w<)))e,)o)st[u'et)t' perd une sfute de ses vertus Je vous
< <'n prit*donc, jeunf' Rites, <~<ecttiteune df vus sou~e a )«fs
<<sept neurs;s'i) vous en souvient toujours, vous (orcerex tes
<[mcdisantsasetaire(').)' r
)) y nvitit donc r~cHftnfnt uoc )t«c'<it'sacrcc en ttchurs <(t:
1'1'" l, et
t'h~tist* 1 t)c1 ):t
la )it')rt;ic.
liturt;ie.('fttc
('rtte ~H-sic ))'.) ~);ts
lx>É.icn'u trx, <'t~
it: snttcunu-
,ufim:un-
tncnt )nis<'ft) htoticrt'; xtiti'' st's ~'sti~cs s«t)t .tss<'x:t)))t:tr~')tts
~~)r n<'tts prouver <}m:t:t tito~ttc ttt"<c)cres n'était pas ht
sentes )nt))'mut\:r)a)<'u<Utt;f<)i\'it)f,et<~)c).t titnK'~ )"'t"').')fc
sa~'itit chanter Mutre ch~sc que )'!unour et ):t tf:tutM.
U.ms te t;mu)tc <)cs j~corfs divers <tni c<nnp)<:t''nt tu
dotnitine <te la jx~sic fritn~aisc, nous trouvons <t'abor<) quct-
<)ucs t«~)ncs historiques ft didactiques. Mitis )Ms ptus que
)eurs nnato~uus )atios ces nuvr.tt;<'s m: rcjtréscntcnt la vraie
tK~sic. .M t~<* .ffMM/7XfWMA/~<'<< t'M~'M<' </« ~/<'M<-
.S'M/<~t7, par Guittaumc de Saint-t'acr, la ~'MyM<<'<~
/t/M~ )c récit de ta s«un)issi<m(tes Hretoos sont intéres-
sants au {«tint de vue historique. !)ans certaines pièces fu~t-
tives.conone te <~ !'t~7/<te /~7</t' y~~M.ou ta satire
anti-française c<nnj)oscc A t'occasion de la médiation de
saint Louis entre te roi d'Angleterre et ses barons, on aime
à relever des attusions aux événements contemporains ou t'ex-
pression du sentiment public. Mais it n'y faut nuere cttereher
autre chose. Kt quant aux <fuvres de peda~o~ie. ettes sont, de
plus, extrêmement rares, parce qu'on enseigne d'ordinaire
en latin, et non en français. L'/w~t' << ~«W(/< vaste ency-
clopédie en vers, où l'on remarque un stytc correct et des
traits heureux, n'est qu'une traduction ndete du célèbre traite
d'Honoré d'Autun ~/w~« w/<w</< Si d'autres productions
t. /<w<.<t'fw«. t. xxtu. p. :)~.
218 LK TRNZ!KMK SttCLtE.
MUUtH'KTt'tt.'ttWt.XttU-
Ce dt't tttxt M tt'tttt x'~Mt
Qui b<\oiem i( un mint).
t.itenti~~ix'unebevoi),
Kt )i titjnitt)!) MA)moi).
tK'emfntpitrttttiteu',
Ki n<"u)tftoit K'nttKfiem.
t'ar))M)t.))e))<~r)t.\tt".
Tu<))'«' ())!it)t, fttit )iM)'t) anui.
t.t MitiOft*li « fc<)X'0')M
Sirr, en ')uoi <tun''?- Nftt ~fittu? P
Tu '«'et ea.te ai~Mfsi <t«')))t<f,
~ue n'tn puis bnin*tM Moutëf ¡
Auttexi m'en itxi, je <:r«i,
Comme je vin*, mnufaot de M).
t.i )tit;neMt adum' rttpont
Site, )~ ht~et'vout amont ¡
))e vous me vient tjuanquej'ai bu.
Quoi ? (it<ti leus, me <)<!)<)))) tu?P
L'aitine))trM)Mnt:N'tnnivn)n)t.
t.i)eM!()tdit:JcMi!t devoir,
Ce nteiitme me ti:)tles père,
A ceste sufte où od lui ère,
Or six moit,ai com je croi.
<~u'ett retrait!, fait i), sur moi P
N'iere ~as ))< si tom je cuit.
Et tôt pour ce ti leus a dit
Ja me fut tu ore fontraire
Kst chose ke tu ne dois faire.
Uunc prist li teut t'ai~nie) petit
As dent, l'estrangle, si l'occit.
.tyof«/)W.
Ci funt ti riche robéour,
Li vesconte et)ili jugéour
aaa LR TRKtZtÈMK SttCLE.
à son étëve les auteurs qu'il doit lire, nomme tes historiens
aussitôt après les poètes et ajoute: L'histoire est, en effet,
voisine de la poésie MM/<!w <AM/<'< est ex ~w~w ~<t'
MM/t<~w<' <'M/nw. Cicéron s'était contenté de reconnaitre a
t'histoire un caractère oratoire; Quintitien, interprète des
idées de son temps, en fait presque un genre poétique. Tel
est le jugement porté par un érudit fort compétent, dont te tra-
vail se recommande a tous ceux qui veulent connaître (soit dit
sans irrévérence) le dessous des cartes de l'histoire ancienne.
Cet ouvrage, intitulé //M/<w fr<w<T~ < ~\f ~r ~'<v
l'hisloire dans /f~<'< ('), par M. Chassang.
mattredecon~rences à l'École Norma)e(et,par conséquent,
juge non suspect) fait toucher du doigt le mélange constant,
établi par la mode, de t'étément romanesque et de rétément
historique. Qu'y a-t-it d étonnant à voir ce mélange observé
dans la pratique, quand nous entendons les maîtres de la
pensée t'ériger presque en théorie ?t
« Le roman historique des anciens, conclut l'auteur que je
viens de citer, au lieu de se développer avec art à coté de
l'histoire, comme dans tes ingénieuses compositions de
quelques modernes, s'établit violemment au cœur même de
cette science ainsi l'histoire, dont tes légendes populaires
et les <abtes poétiques avaient si souvent forcé t'entrée, se
trouva encore envahie par tes fictions des philosophes et
des rhéteurs. » Et it rappelle les principales causes de ces
altérations d'une part, t'intérét, la vanité nationale, l'adula-
tion, l'esprit de parti; d'autre part, l'ignorance, la superstition,
l'amour du merveilleux. Reconnaissons, pour l'honneur des
anciens, qu'ils n'ont pas été dupes. <: Cicéronnous apprend
t. RMft.t8&<.
ht-a".
(<!t<tt'<<tC')M.M<dtM.
aao LE TREIZIÈME StÈCLE.
())its dans une narration loyale, pour !< plier une grande
id~ phitosophique La rétinien chrétienne ayant été rendue
responsaMe de tons les maux qui désolaient le monde au
quatrièmesieete.i) répond comme saint Augustin dans la <
/~w. it met suttt les yeux de CM Rn)n.'i))'i, si Ht:) -idett'ttr
grandeur, le tableau de toutes les )n)s&resftdet"utcs )csc.da-
de )curhi''t"iff.
Htit~'i<)ui<)ntaMi{;~<e-!p)u':bn<)a))tcsétJO()ues
Oro-ic est un des créateurs de la phih'sophiu de <'h)stoirc(').~
Ht cette nomette science ne ~'uvatt naitrc et <!cu)T)r
qu'en terre chrétienne. Sulpice S~v~re. en dcc):<n<nt '}H'<)
aimerait mieux briser sa ptume que d'écrire une par«it'
contraire à ta yerite, a<tir)ne t'ittea) nfmeau du genre histo-
rique. Ses contemporains, ses successeurs feront cncnre pretn c
de crédulité, d')t;ooranec même: mais, au moins, i)sne ntetan-
geront plus systetnatique<nent les ncti'ttts aux (aits its ne
professeront p)us cette espèce (le cynisme, ou du moins cette
funeste indifférence qui <:usaitccn<«ndre les historiens ayee
les rhéteurs et tes poètes. !esprit s'est m<tdiM t'«tt)ectif
principal s'est déplacé.
Au treizième siecte, ce t;rand changement et, j'ose le dire,
ce grand perfectionnement est depuis longtemps consacre
par l'usage. Nous trouvons parmi les annalistes deux caté-
gories, cherchant toutes tes deux à faire connaitre le vrai
d'abord des historiens proprement dits, dans l'acceptation
moderne du mot, et puis des chroniqueurs. Les premiers, en
très petit nombre malheureusement, sont ceux qui scrutent
les événements des âges passés, qui se servent des monuments
antérieurs pour tes confronter et pour en tirer la lumière,
qui font, en un mot, œuvre d'érudit. Les seconds sont ceux
t. Cha&MMg, f~. ft/ p. aya.
aaa LE TREtZÏÈMR S!ÈCLE<
par Mathieu Paris, si, d'une part, cet écrivain bien connu
n'appartenait plutôt à l'Angleterre qu'à ta France, et si, de
l'autre, la passion et la verve du pamphlétaire ne détruisaient
ehe?. lui, comme l'a reconnu M. Wallon, t'autorité de t'histo-
rien. H est vrai que les récents éditeurs anglais de Mathieu
Paris détendent éner(;iquement la valeur de ses récits tes
plus invraisembtaMes ils prétendent même le justifier du
reproche de eredutité.que lui adressait déjà Michaud. Mais ces
protestants laissent percer le bout de i'oreitte ils l'appellent
bien haut t le dénonciateur de t'oppression papale etro~'ate !t;
il est donc fort a croire que cette qualité seule lui aura fait
attribuer toutes tes autres par ses imprudents admirateurs.
On le voit, le genre de la chronique latine n'est pas préci-
sément perdu: mais cette chronique n'est plus tout à fait l'hé.
ritièrc de la chronique religieuse des siècles précédents elle
est déjà plus indépendante et plus personnelle, par la forme,
par te sujet, par la qualité des auteurs. Et puis, un symptôme
bien significatif, c'est qu'ette commence à être traduite elle-
même en langue vulgaire. Dès t2to, un certain Nicolas de
Senlis traduit en poitevin plusieurs chroniques monastiques.
En 126o, un ménestrel du comte de Poitiers traduit, comme
je viens de le dire. l'Historia ~«w /fMM~ww. Ces versions
vont se multiplier, et ce mouvement de vulgarisation corres-
pond justement à la naissance de ta chronique française.
Mais nulle part la transformation n'apparait aussi sensible
que dans les fameuses chroniques de Saint'Denis. L'origine
de ce monument quasi-officiel de notre histoire nationale est
encore enveloppée d'une certaine obscurité. De savantes
publications, notamment un mémoire spécial de M. de
Wailly, ont cependant contribué à t'éctaircir, et les résultats
L'HISTOIRE. a4s
<*))e)ipe,xtit)e)').tnce,((nitMntc-.t)riw~e<.
Jetetemtt:tft))~m)mJc*tM)s<tM)t)M,
'Cauttssc:i~tIraswilli ~tui l'riutu; en uomez,
't'.tMti'ci-.ttntH'iHc()mt')i'~it~e'.tnftn'e!.
Qm;i) est, Uit'n merci,p:(tf.ti<tcctnt«t))e<.Etc.(')t
Etc. (·) Y
C'est ainsi <(ue fut fondée ht grande eojtection des chroni-
ques de Saint-Denis. Une nouvette édition, composée de la
rédaction du Membre) pour ta perifute des deux pr<*))))crcs
racfs et de ccH<;de )'ri)nat pnur )c reste, puis aH"n~f d'une
ic de sitiut L<'uis et d'une vie de t'hitippe )e t tard), parut
s<tu'. t'hitipj~c )t' Ht') MHK ce titre: < ('hrM)i(juesde France
seton ~u'eUes s<tnt conservées a Stunt-Uenis. L'histoire oft)-
ciet)e de t)"s rois fut écrite jusque sous te re~ue de Chartes V
par un tnoinc de cette abbaye, qui suivait la cour en qualité
d'historiographe et au<(ue) un eotnntuniquait les titres royaux.
A cette époque fut donne un texte comptet et rajeuni, dont
les exemplaires se répandirent partout c'est cetui qui a été
publie des t~7y a Paris, et plusieurs fois depuis, sous ta
dénomination de ~MM</i'.<<<w~«'A /MM«'. Les historio-
graphes du roi devinrent ensuite des écrivains séculiers, qui
proton~erent le recueil par une rédaction uri{;inatc jusqu'A
t'avenement de Louis XL
Mature tous ces travaux, malgré toute t'activité déptoyec
dans ces deux genres de la chronique latine et de ta chro-
nique traduite de latin en français, tes chefs-d'œuvre histori-
ques du treizième siècle appartiennent sans contredit a une
troisième espèce, celle des mémoires directement composés
dans l'idiome vulgaire. La langue française, sortie complète-
ment de ses langes, forte comme un adulte dont la croissance
a été lente et régulière, conquiert l'histoire comme elle a
t. Aubertin,/.<j/a~<~f/ /<7//r<</«r~~
aM~a
L'HISTOIRE. 247
« Dans son jeune âge, ayant été élevé dans les vanités parmi
« les enfants des hommes, et, après une instruction telle quelle
« ayant été livré aux opérations lucratives du commerce,
« grâce à l'aide du Très-Haut, il ne succomba point sous l'en-
« trainemcnt de la chair, au milieu d'une jeunesse légère,
« quoiqu'il fût naturellement porté a la joie; et, dans la société
« de marchands avides, il sut travailler à augmenter son bien
<<sans placer son espérance dans l'argent ou les trésors. Il y
avait, en effet, dans l'âme du jeune François une compas-
« sion libérale à l'égard des pauvres don divin, qui croissant
« avec lui depuis l'enfance, avait rempli son cœur d'une telle
II.bienveillance, que, déjà fidèle disciple de l'Évangile, it se
« proposa de donner à tout homme qui lui demanderait,
« surtout s'il invoquait l'amour de Dieu. Mais un jour que,
« plus occupé des anaircs du commerce, il avait, contre sa
« coutume, renvoyé sans lui rien donner un pauvre qui lui
« demandait l'aumône pour l'amour de Dieu, s'en apercevant
« bientôt par un prompt retour sur lui-même, il courut après
« lui, et lui faisant l'aumône avec a<!abilité, il promit au
« Seigneur que désormais, à moins d'impossibilité, il ne refu-
« serait jamais plus à personne. Ayant observé ce voeu jusqu'à
« sa mort avec une piété qui ne se ralentit jamais, il mérita
« auprès de Dieu de grands accroissements d'amour et de
« grâce. Il disait dans la suite, quand déjà il s'était pleine-
« ment revêtu du Christ, que, même dans la vie séculière, il
« ne pouvait pas entendre prononcer sans un tressaillement
« de cceur une voix parlant du divin amour ('). »
Le recueil de Jacques de. Voragine (la fameuse Légende
dorée) n'appartient pas à la France,-` mais à l'Italie. Je ne nie
t. disl./<</<A/<:/~tM. t. XtX,p.eS?.
L'HISTOIRE. 255
pas que cette ceuvre de décadence ait obtenu chez nous une
grande vogue; toutefois cette vogue se déclara principalement
au quatorzième siècle, et l'époque de saint Louis compte
encore assex d'hagiographes comme saint Bonavcnture
pour qu'on ne les enveloppe pas tous dans une sentence
commune.
En somme, l'histoire considérée comme science est assez
faiblement représentée à cette époque; nos érudits ont cepen-
dant quelques précurseurs, et ils en ont un véritable dans
Vincent de Beauvais. Mais il en est tout autrement de l'his-
toire racontée sous forme de mémoires si la chronique
latine est sur son déclin, la chronique française triomphe par
les deux plus beaux chefs-d'œuvre qu'elle ait jamais produits,
et c'est à elle qu'appartient l'avenir. Chose curieuse, ce sont
des gentilshommes, ce sont de braves chevaliers qui viennent
donner à cette forme historique une grandeur et une vie
nouvelles ce sont les fils de ces rudes guerriers de la féoda-
lité primitive, de ces hommes qui ne savaient écrire qu'avec
la pointe de leur épée. Le culte des lettres a gagné la noblesse,
et, après la poésie, c'est par l'histoire nationale que commence
ce partage du sceptre intellectuel, comme si raconter les
prouesses guerrières était une prérogative revenant de droit
à ceux qui les accomplissent. La littérature est donc en train
de se séculariser. Ou plutôt la classe laïque, la nation tout
entière est en train de se clériciser (qu'on me passe ce mauvais
néologisme) car entrer dans le monde littéraire, c'était faire
œuvre de clerc, c'est-à-dire de prêtre, en même temps que de
savant (il n'y avait qu'un mot pour désigner ces deux états),
c'était pour ainsi dire entrer dans l'Église et s'associer à la
noble mission de ces moines qui, pendant les siècles de
2S6 LE TREÏZtÈME SIÈCLE.
t<xnt*~Mt)ttt.tt~Mm.
262 LE TREIZIÈME SIÈCLE.
leurs petits champs, nous cueillions les fleurs les plus odori-
férantes et nous arrachions les racines négligées, propres
cependant aux hommes studieux, et qui peuvent, une <bis
leur goût sauvage et ranci digéré, fortifier par teur vertu tes
artères pectorales de t'étoqucnce. Parmi elles, nous décou-
vrions quelquefois des choses dignes d'ftrc remises neuf, et
qui, habilement nettoyées, après avoir perdu la rouitte hon-
teuse de la vétusté, méritaient de posséder de nouveau une
agréable physionomie ('). Ce passage, aussi intéressant
pour l'histoire de l'instruction publique que pour le sujet
spécial qui nous occupe, <utécrit par Richard de Bury, en 1343
au plus tard. Assurément, bien des gens seront surpris de
voir, à une époque aussi reculée, fonctionner les bibliothèques
scolaires.
Je n'ai encore rien dit des collections particulières des
princes et des seigneurs c'est là cependant que vinrent
s'accumuler une quantité de manuscrits précieux, à partir du
jour où la science laïque fit une concurrence ouverte a la
science ecclésiastique. Nos rois, comme toujours, prirent
l'initiative, et leur fameuse librairie, malgré son importance,
conserva longtemps le caractère d'une bibliothèque privée.
Charlemagne, aidé par Alcuin, en avait réuni les premiers
éléments c'était pour l'école et l'atelier de calligraphie
établis dans son palais une ressource indispensable. Le haut
rang du bibliothécaire de la cour carlovingienne indique
assez l'importance de ses fonctions il était pris parmi tes
chanceliers, les intendants des bâtiments royaux, et remplis-
sait en même temps le rôle d'historiographe. Mais sa charge
ne tarda pas à devenir une sinécure les livres modèles réunis
t. 7'Ma. cb.8.
266 LE TREIZIÈME S!ÈC)LE.
L.Xm'"i~)iM.t«et<M. «
278 LE TREIZIÈME SIÈCLE.
L<Xnt*<<M*<ftt.<t'dt*t.
M4 LE TREtZtÈME StÈC~
cstdettt()tMp,<na)~dc<.tfttMe<Mut'Men!«)MV<'ntd'une
id~rHth'n. d'une intorpr~tati"" df Mt" r~et*. cn~tne dant
)nyth"t"{;if MOtit~x',ft t'")< Hf Muratt rejeter en Moc toutes
n'< viciOcs tr..<)itit't)<. d<t))t p)u'< d'one se trouve ex)))it)upc.
six")) justi<icc.(Mr )<"<dfrHtcrt p)r<t;r~'<de lit scieocc. ~~nc
)f)<u<c~.trtic, d'ititkur' \'tc))t des écrivains attcien' ttruncttft
t.~tini, <tui fn rc(w(nit bcaucuupdutn~<ne t!cn" ne fait
t(Mt'r~)ntc)' h's hruits )-)X)ttcs }wti't pur t'u)n)tox!us Muttt,
(mr t')it)t-, et )tri))ct)Hdc)nent~r S'~tM, fauteur du /'<'MM~,
<)t)iécrivait «u tn'tsi~tnf ttMc. Nnos )tc trouvons dnxc j)Ms
ici uoc -<utt~ri"rit~bien tnar~u~: sur la nct~rftjthie ant!<tu<
Mais laissons cet rapporteurs de seconde main, et consut-
tons ceu\ qui décrivent uniquoncnt ce qu'ils ont vu et
t'ntendu. Laissons même tes r~'ts rccueittis par JoinviXcde
)a ttouche des tnissionnatrcs de lit Tartitric; ils tiennent aussi
de lit ~t;en<*e, en partte du moms, pui-M~c,d'aprex cttes, Ut
distance de la t'~tfstinc la retidence du ~rund Khan aurait
été d'un fn de marche, à raison de t0 )ieuc<<par jour, ce qui
ferait un totfd de 36;o lieues. laissons enatonent )a rclati'tn
si attachante du frère mineur Guillaume de Rubruquis, envoyé
par taint Louis chei! les Tartares, quoiqu'eHe renferme des
tre~trs de curiosité nous ne pouvons malheureusement
toutana!yser. Tenons-nous-en au fameux voyage de ce Marc«-
t'olo, qui était véttitilun, ma!s qui eerivit en français, et dont
tes descriptions empruntent une importance exccptionneUe
au séjour prolongé fait par lui dans la plus mystérieuse de
toutes tes contrées de t'Orient.da. la Chine. Ici nous ne
sommes plus dans la fable, nous ne sommes plus dans la fan-
taisie nous sommes dans la vérité historique et géographique,
et nous allons constater tout de suite un pas immense. Le
LA CÉOGMPHtZ. aoa
L.xtn'ttM.ttM.M'M*~ M
3t0 LE TREÏZtÈME StECLE.
t*Xm*<iM<&<.<tteiMt. M
326 LE TREIZIÈME SIÈCLE.
L.XtM*~M<)ttt.«'ehBt. as
342 LE TREIZIÈME StÈCLE.
< père des le début. Vous donnere!' une grande attention aux
< signes généraux et particuliers, si vous voulez garder le nom
< de prop))Ète. Quand ceux qui préside.!t A la maison vous
« mèneront .t table, ne soyex importun en rien, mais condui-
« sex-vous avec convenance. Refusez alors de vous mettre à
« la première place ne rehutex ni tes mets qu'on vous sert, ni
< tes boissons qu'on vous offre. Ue ta sorte, on se reposera sur
<(vous chacun éclatera en louanges et en témoignages de
t faveur. Chaque fois qu'on apportera de nouveaux plats, ne
« manqucit pas de vous informer de t'etat du malade cela lui
< donnera une pleine confiance en vous, voyant que, malgré
« la variété du repas, vous ne l'oubliez point. Sorti de table et
« revenu auprès de lui, vous lui direz que vous avez très bien
« dîne, et que ce qu'on vous a servi a parfaitement suffi. Le
« malade, qui était préoccupe de ce soin, se réjouira de vos
« parolcs. 11
Les qualités requises du médecin sont ainsi retracées dans
ce curieux manuel < On choisira pour médecin celui dont la
« vie apparaitra pure et ndete. Il sera pleinement instruit dans
« les arts il aura étudié longuement en médecine, résidé en
« différents pays; il sera riche d'amis, connu de beaucoup,
« disert, noble d'origine ou d'éducation, convenable dans ses
« gestes, son aspect et sa démarche, agréable dans ses habits,
« orné de toutes les bonnes façons ('). 9
t. Un extérieur été~ant était égatement recommandé at médecin par l'école de
Sa)eme
C/<mM< af~<~t«tf<H'f«t f<x f<~< ~<<M,'
~«fM< tX <~<tt ~«t'«~a j)'<')t«M t«tt.
O~tarx M7«<f ~'x~~K' Mn<w MM.'
.M<<«f"j on(a«u~/ttW)Xtu dosa <ttM<.
(De Reo!), fXu««~M<<'<!tt<-to/«.%t~t~«,part. x,c.5.)t)fa)itpent-etrechetch<'rdana
ce conseil intéressé l'origine de la pompe dépteyée par le corps médical dans son
costume et ses cérémonies jusqu'au temps de MoMere.
LA MÉDKCÏNE ET LES MÉDECINS. 3St
LeX!U*
dM<
Utt.« titnt.
358 LE TREtZtÈME StÈCLE.
pratiquer à Paris. Elle n'était guère exercée que par les bar-
biers.et l'on sait combien longtemps ces derniers en ont partagé
le privilège avec tes spécialistes. Cependant, dès sa première
croisade, saint Louis avait auprès de lui un chirurgien de
profession, Pierre de Soissons, auquel il donna, en )2$2, une
rente de vingt tivres. A partir de la fondation de ce prince, on
vit surgir un plus grand nombre de ces praticiens, et leurs
procédés, d'abord assez barbares (car ils allaient jusque traiter
la folie par des incisions dans le crâne), durent se perfectionner
par des études plus sérieuses. Roger de Parme, qui apporta en
France tes doctrines du médecin arabe Atboukasis, écrivit vers
cette époque une /~w/Mt f~Mwyh? dénotant déjà une certaine
entente de la matière dans un premier livre, il traite des
plaies ou lésions de la tête dans un second, des lésions du
cou dans un troisième, des lésions des dinerents organes
dans un quatrième enfin, de celles de la colonne vertébrale et
des fractures des jambes ou des pieds. !) caractérise briève-
ment la nature de chaque accident, et indique ensuite le mode
de traitement à suivre. Roger de Parme eut plusieurs imita-
teurs, et il est à remarquer que tous les auteurs qui ont écrit
sur des matières chirurgicales étaient en même temps méde-
cins. La médecine et la chirurgie ne formaient qu'une seute
science ou, si on les considérait comme deux branches dif-
férentes, elles étaient néanmoins enseignées par un même
professeur et pratiquées par un même individu. Un décret de
Boniface VU! et une ordonnance de Philippe le Bel eurent
beau prescrire la séparation de ces deux arts leur union
continua de subsister, au moins en théorie, et l'on entendait
encore Lanfranc déclarer, en t2o8, que nul ne saurait être
bon médecin sans être bon chirurgien, ni bon chirurgien sans
360 LE TREïZt&ME SIÈCLE.
entière est fille de la leur, et, s'ils ont, avec des instruments
imparfaits, avec des ressources bornées, accompli tant de pro-
diges et préparé tant de conquêtes, ceux qui ont pronté du
travail ingrat de ces rudes défricheurs ne leur en doivent que
plus de reconnaissance.
~s@ TMK !~Maïat~rcc.
~f) "ft "T w,r "T
FACts
PRÉFACE. S
CHAt'tTRK CREMtEK
LA LANGUE.
_1 1. iJ