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A.Y Le parti comme instrument de la révolution.
B.Y la dictature du prolétariat.
C.Y La disparition progressive de l'Etat.
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A.Y "Classe prolétarienne = parti communisme = pouvoir soviétique".
B.Y L'encadrement de la société par le parti : éducation et contrôle.
xévrier 1917, en pleine Guerre mondiale, une Révolution en Russie, notamment à Petrograd, met fin
au règne du tsar Nicolas II qui abdique le 16 mars. Exactement un mois plus tard, les Allemands
favorisent le retour de Lénine, exilé en Suisse depuis sept ans. Dès son arrivée à Petrograd le 4 avril,
accueilli au son de la Marseillaise, Lénine fait une conférence durant laquelle il présente ses ÿ
: paix immédiate, pouvoir aux soviets, usines aux ouvriers et terres aux paysans. Puis, Lénine
prend la tête des bolcheviks extrémistes. En juillet, le gouvernement tente sans succès d͛écraser le
mouvement bolchévique, environ 200 000 personnes, en pleine expansion.
En août et septembre, alors qu͛une réunion de tous les partis politique est organisée mais à
l͛exception des bolcheviks, Lénine (réfugié alors en xinlande) entreprend la rédaction de
, un manuscrit de réflexions personnelles destiné à ses camarades russes dans lequel on
retrouve ses principales idées :
Paragraphe 2 : Lénine nous avertit que pour libérer l͛humanité de l͛esclavage salarial, il faut parfois
utiliser la force pour briser la résistance de la classe bourgeoise et « là où il y a violence, il n͛y a pas
de liberté, pas de démocratie͙ »
Paragraphe 3 : Quand les capitalistes seront battus, il n͛y aura plus de classes sociales et c͛est alors
que l͛État disparaîtra et que l͛on pourra parler de liberté et la démocratie du peuple.
Paragraphe 4 : Les gens vivront de mieux en mieux en suivant les règles, même sans État.
Paragraphe 5 : Considérant l͛absence de classes, l͛État n͛est plus nécessaire, il devient « superflu » et
vu qu͛il n͛y aura plus d͛exploitation des pauvres par les riches, la criminalité baissera jusqu͛à
disparaître car c͛est la misère et la privation du peuple qui mène à ces actes.
Ce texte sera inachevé car interrompu par la Révolution d͛Octobre 1917. En effet, les bolcheviks, qui
contrôlent les soviets de Petrograd et de Moscou, déclenchent l͛insurrection. Alexandre Kerenski,
Premier ministre depuis juillet, et ancien allié de Lénine, est chassé du pouvoir pour être remplacé
par des
, dont Lénine et Trotski.
7 novembre 1917 : Inspiré par le manifeste du Parti communiste de Marx et Engels publié en 1848, le
Parti bolchévique prend le pouvoir. La Russie compte déjà plus de 160 millions personnes et la
population augmente vite : 1,7 % par an. Entre 70% et 96% de la population est analphabète͙ et cela
aurait joué un rôle fondamental dans le développement de la théorie et de la pratique du
bolchévisme en servant de prétexte et de justification.
28 janvier 1918 : Lénine crée l'Armée rouge pour défendre les intérêts révolutionnaires. En
septembre et novembre, la Première guerre mondiale prendre fin. En Russie, le parti communiste est
rebaptisé Parti communiste russe en 1922. C'est le seul parti autorisé, les autres sont interdits et
leurs membres poursuivis. En 1922, sous l'impulsion de la Révolution d͛Octobre, Lénine transforme
l͛ancien Empire russe en fondant l͛Union soviétique, un état fédéral aussi connu sous le nom d͛Union
des républiques socialistes soviétiques (URSS) qui existera jusqu͛en 1991.
3 avril 1922 : Bureaucrate laborieux et discret, Staline gravit silencieusement les échelons et devient
c
, fonction qu'il transforme rapidement en poste le plus important du pays.
Alors que Lénine appréciait Staline pour son efficacité, lui assurant « que [sa] main ne tremble[rait]
pas », leurs relations politiques et personnelles se dégradent. Mais le 3 avril 1923 : Staline, 45 ans,
prend la tête du Parti communiste. Lénine redoute le clivage entre Staline et Trotski, qui pourrait
mettre à mal le Parti.
Le 21 janvier 1924, souffrant depuis six ans notamment à cause d͛une tentative d͛assassinat en 1918
(la balle dans son cou serait l͛une des causes de ses attaques successives) et cloué au lit en silence
depuis près d͛un an, Lénine meurt à 53 ans. La lutte pour le pouvoir oppose Trotski et Staline mais ce
dernier, s͛appuyant sur la bourgeoisie naissante, exerce déjà une autorité considérable grâce à la
police et son clan de fidèles. À partir de conférences prononcées à l͛Université de Sverdlov entre le
26 avril et le 18 mai 1924, Staline publie
pour donner sa version des faits
et sa propre vision du projet communiste et l͛idéologie qui doit mener le Parti vers la «victoire
complète du socialisme. »
Paragraphe 1 : Le Parti n͛est pas une fin, mais un moyen pour combattre, un instrument du
prolétariat en étant sa « forme suprême d͛organisation » afin de conquérir le pouvoir dictatorial.
Paragraphe 2 et 3 : Le Parti est nécessaire non seulement pour cette conquête mais aussi pour
maintenir cette dictature révolutionnaire du prolétariat et cela dans une discipline rigoureuse du
Parti.
Paragraphe 5 : Citant encore Lénine, Staline soutient que la force est nécessaire pour briser les
habitudes de millions de personnes et c͛est pourquoi le Parti doit lui aussi être fort et pédagogique͙
Paragraphe 6 : Staline rappelle que le Parti est l͛instrument de la dictature du prolétariat, que cela
est nécessaire pour conquérir le pouvoir mais qu͛après la disparition des classes, le Parti disparaîtra
également.
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Dans le texte 2, ligne 1, Staline écrit que « Le Parti est la forme suprême d͛organisation du
prolétariat » (texte 2, l.1). Le terme de prolétariat désigne la classe inférieure du peuple, au XIXe
siècle on l͛utilise pour désigner la masse des travailleurs salariés. Le prolétariat, chez Marx a une
mission historique, il ne peut agir que par lui-même. C͛est lui qui doit renverser le capitalisme par
une révolution sociale et de le remplacer par une société où il n͛y aurait « plus de classe » (texte 1,
l.23), une « société communiste » (texte 1, l.21). Selon Marx, les intérêts du parti sont les mêmes que
ceux de la classe prolétarienne.
D'après Staline, le parti est aussi « l͛instrument de conquête de la dictature » (texte 2, l.7-8). On peut
donc dire que le parti est l'instrument de la Révolution. Chez Marx, la classe prolétarienne se réunit
au sein du parti de manière quasi-spontanée. Les prolétaires réunis en tant que classe conduisent la
Révolution. Cependant une nouvelle conception du parti surgit avec Lénine. Dans
(1903),
il estime que si la Révolution prolétarienne est faite par le prolétariat en tant que classe, elle sera
condamnée à l'échec à cause d'un manque d'organisation et d'un manque d'efficacité. Il condamne
donc toute action spontanée. Ainsi, le parti doit être une organisation rigoureusement centralisée, il
doit être composé de révolutionnaires professionnels qui se consacrent à cette activité
révolutionnaire dont ils connaissent les techniques. La Révolution, loin d'être menée par l'ensemble
des prolétaires, est donc en fait menée par la partie la plus consciente et la plus organisée du
prolétariat rassemblée au sein du parti. Ainsi le parti bolchevik, puis communiste à partir de 1922,
est l'agent du prolétariat.
Dans le texte 1, lignes 1, 2, 3 et 4, Lénine écrit que « le passage de la démocratie capitaliste à une
démocratie de plus en plus parfaite ne s͛opère pas aussi simplement et aussi aisément que se
l͛imaginent les professeurs libéraux et les opportunistes petits- bourgeois ». Il dénonce ici
l͛attentisme des mencheviks qui estiment, en s͛appuyant sur
de Marx, qu͛une révolution
prolétarienne est improbable dans la Russie, encore peu industrialisée, du début du siècle. L͛absence
de « lutte » (texte 2, l.22) des classes entre la bourgeoisie et le prolétariat industriel justifie selon eux
de pratiquer le réformisme et de rechercher des appuis dans la paysannerie en attendant un
moment plus propice à la Révolution. Lénine les accuse de trahir la Révolution. Dans sa conception
de la Révolution, Lénine s͛oppose à Marx qui estimait que la révolution devait commencer dans les
pays les plus évolués, les plus industrialisés ; ceux où le processus d͛évolution capitaliste serait le plus
avancé grâce à la concentration industrielle, et où, politiquement, les institutions et les mœurs
seraient les plus démocratisées.
Le parti prend une place importante dans le déclenchement de la Révolution, mais c͛est aussi lui qui
exerce la dictature du prolétariat.
La Révolution doit mener à la mise en place de la « dictature du prolétariat » (texte 1, l.5-6). Cela fait
référence, selon Lénine, à l͛ « organisation des opprimés en caste dominante pour l͛écrasement des
oppresseurs » (texte 1, l9-10). Ce thème de « dictature du prolétariat » avait seulement été abordé
par Marx qui indiquait la nécessité d͛une phase transitoire entre le socialisme et le « communisme »
(texte 1, l.5) C͛est un concept marxiste qui a fait très polémique, en effet il semble que pour Marx et
Engels la dictature du prolétariat n͛est ni le fait d͛un homme, ni d͛un parti.
Lénine ne cache donc pas le caractère dictatorial du régime, il écrit « là où il y a écrasement, là où il y
a violence, il n͛y a pas de liberté, pas de démocratie » (texte 1, l.19-20). En fait, il reprend mots pour
mots une phrase d͛Engels que l͛on trouve dans une lettre adressée à Bebel et publiée en appendice
de la Critique du programme de Gotha de Karl Marx : « Or là où il y a écrasement, là où il y a violence,
il n͛y a pas de liberté, pas de démocratie ». En reprenant cette phrase d͛Engels et ce concept de
« dictature du prolétariat », il affirme son attachement à l͛idéologie de Marx. La « dictature du
prolétariat » se révèle être nécessaire pour assurer « le passage de la démocratie capitaliste à une
démocratie de plus en plus parfaite » (texte 1, l.1), c'est-à-dire à une « société communiste » (texte
1, l.15). C'est la prise du pouvoir des opprimés qui représentent la majorité sur la minorité des
oppresseurs. La Révolution n'est ni égalitaire, ni libérale : elle maintient une série de limitations à la
liberté des « oppresseurs » (texte 1, l.10), c'est à dire les exploiteurs, les capitalistes, qu͛il faut
écraser afin de libérer les « opprimés » (texte 1, l.9). Lénine légitime la dictature en faisant un
constat : tant qu͛il y a des « classes », il n͛y a pas de « liberté » (texte 1, l.16), en effet, une classe
opprime toujours l͛autre. En effet, la vraie question qui se pose quand on parle de liberté, c͛est la
liberté pour quelle classe ?
Lénine est l͛auteur d͛une conception originale sur l͛ « Etat » (texte 1, l.26) qui se distingue des idées
de Marx. Alors que celui-ci souhaitait la disparition prématurée de l͛institution étatique, Lénine
s͛appuie sur la « violence » (texte 1, l.19) révolutionnaire, considérée comme légitime, pour justifier
la captation du pouvoir d͛Etat par l͛élite du prolétariat. Lénine considère qu͛en tant qu͛ « appareil
spécial de contrainte » (texte 1, l.35), c'est-à-dire en tant qu͛instrument de domination, l͛Etat peut
être utile pour la destruction du capitalisme. En s͛emparant de l͛Etat, les prolétaires disposent d͛un
outil de répression contre les forces bourgeoises. La nouveauté qu͛apporte Lénine, c͛est l͛idée selon
laquelle la dictature du prolétariat peut s͛exercer par le biais de la violence. Lénine ne conteste
cependant pas l͛idée marxiste de dépérissement de l͛Etat. Mais à la différence de Marx, il identifie
deux phases distinctes :
-Y phase inférieure correspond au socialisme : l͛Etat nécessaire, mais c͛est un Etat de transition,
c͛est la « dictature du prolétariat » que nous avons étudié précédemment.
-Y phase supérieure : celle du « communisme », à ce stade « l͛Etat disparaît » (texte 1, l26).
« Le communisme rend l͛Etat tout à fait superflu, car il n͛y a plus de classe à écraser » (texte 1, l.37-
38).
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