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LE FONDS MONÉTAIRE

INTERNATIONAL

Geoffrey Bossu – Annaële Hervé – Caroline Melly – Michaël


Savioz
TABLE DES MATIÈRES

Introduction.............................................................................4

Le FMI en quelques mots..........................................................5

Qu'est-ce que le FMI ?.............................................................................5

Naissance et origines .............................................................................7

Domaines d’activités...............................................................................8

La surveillance.....................................................................................8

L’assistance technique.........................................................................8

Opération de prêts...............................................................................9

La politique du FMI .................................................................................9

Le rôle du Fmi dans l’évolution de l’économie......................................10

Organisation .........................................................................................11

Procédure d’admission au FMI...........................................................13

Ressources et financement...................................................................14

Ressources.........................................................................................14

Mécanise de financement..................................................................16

Les droits de tirage spéciaux (DTS).......................................................18

Pourquoi avoir crée les DTS ?.............................................................18

Le FMI de nos jours.................................................................19

Les activités du FMI depuis les années 1980........................................19

Le FMI et les objectifs du millénaire pour le développement ...............19

L’actualité du FMI..................................................................................24

Le FMI et la crise financière.....................................................26

Gestion de la crise financière ...............................................................26

Le FMI et ses relations importantes.........................................27

La Banque mondiale .............................................................................27

L’Organisation mondiale du commerce.................................................28

2
Conclusion .............................................................................29

Sources..................................................................................30

Annexes.................................................................................31

3
INTRODUCTION
Le monde traverse actuellement une crise qui provient du secteur
financier et qui s’est propagée à l’ensemble de l’économie. Dans ce
climat chaotique, certaines institutions sont beaucoup sollicitées. Le
Fonds monétaire international fait partie de ces organisations qui
occupent une place prépondérante dans l’actualité.

Le FMI fête, cette année, ses 65 ans. Une occasion de rappeler que son
rôle n’a cessé d’évoluer afin de s’adapter aux nouvelles donnes
économiques. Actuellement, l’organisation a pour rôle d'assurer la
stabilité du système financier mondial. Néanmoins, son organisation et sa
mission pourraient être différentes à l’issue de la crise.

Il nous paraissait donc intéressant de nous pencher sur le rôle et le


fonctionnement de cette institution.

Nous vous souhaitons une bonne lecture.

4
LE FMI EN QUELQUES MOTS

QU'EST-CE QUE LE FMI ?


Le Fonds monétaire international (FMI), est une institution internationale
chargée d'assurer la stabilité du système financier mondial.

Les buts du Fonds monétaire international sont les suivants :

i. Promouvoir la coopération monétaire internationale au moyen


d'une institution permanente fournissant un mécanisme de
consultation et de collaboration en ce qui concerne les problèmes
monétaires internationaux.

ii. Faciliter l'expansion et l'accroissement harmonieux du


commerce international et contribuer ainsi à l'instauration et au
maintien de niveaux élevés d'emplois et de revenus réels et au
développement des ressources productives de tous les Etats
membres, objectifs premiers de la politique économique.

iii. Promouvoir la stabilité des changes, maintenir entre les Etats


membres des régimes de change ordonnés et éviter les
dépréciations concurrentielles des changes.

iv. Aider à établir un système multilatéral de règlement des


transactions courantes entre les Etats membres et à éliminer les
restrictions de change qui entravent le développement du
commerce mondial.

v. Donner confiance aux Etats membres en mettant les ressources


générales du Fonds temporairement à leur disposition moyennant
des garanties adéquates, leur fournissant ainsi la possibilité de
corriger les déséquilibres de leurs balances des paiements sans
recourir à des mesures préjudiciables à la prospérité nationale ou
internationale.

vi. Conformément à ce qui précède, abréger la durée et réduire


l'ampleur des déséquilibres des balances des paiements des Etats
membres.

Dans toutes ses politiques et décisions, le Fonds s'inspire des buts


énoncés dans le présent article.

Article Ier des Statuts du FMI

5
En tant qu’organisation, le FMI regroupe la plupart des pays du monde.
Actuellement il est composé de 185 pays sur les 192 que compte
l’organisation des Nations Unies. Ce qui lui confère une position centrale
dans le système monétaire international.

Le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, est un économiste et un


homme politique français. Né en 1949, il a été nommé pour cinq ans au
poste de directeur général du FMI. M. Strauss-Kahn est licencié en droit
public, il est docteur en sciences économiques et professeur agrégé de
sciences économiques. De 1997 à 1999, il a occupé le poste de Ministre
de l’Economie, des Finances et de l’Industrie sous l’ère Jospin.

Le FMI en chiffres

Nombre de pays membres : 185 pays

Services du FMI : 2’635 employés environ, originaires de 143


pays

Total des quotes-parts : 338 milliards de dollars EU (au


30 septembre 2007)

Encours des prêts : 17 milliards de dollars EU à 68 pays, dont 6


milliards de dollars à des conditions concessionnelles à 57
pays (au 30 septembre 2006)

Assistance technique : 438.4 personnes-années durant l'exercice


2007

Consultations achevées au titre de la surveillance : 134 pays au


cours de l'exercice 2007, avec la publication volontaire des
rapports des services du FMI pour 125 pays

Le siège de l’institution se trouve à Washington aux Etats-Unis.

6
NAISSANCE ET ORIGINES

Le FMI a été crée en juillet 1944 lors de la conférence internationale de


Bretton Woods (USA). Cette institution avait pour mission de " surveiller
le système monétaire international et de favoriser à la fois l’élimination
des restrictions de changes applicables au commerce des biens et des
services et la stabilité des taux de change ". Ce sont les représentants de
44 Etats qui se sont mis d’accord sur la création d’un organisme
international. Et ce, dans le but de lutter contre des politiques
économiques catastrophiques qui ont participé à la naissance de la crise
des années 30.

Depuis les accords de la Jamaïque en 1976 et la disparition d’un système


de change fixe, le FMI n’a plus pour mission de garantir la stabilité des
taux de change dans une marge de 1%. En revanche, il doit assumer de
nouveaux rôles et doit faire face aux problèmes d’endettement des pays
en développement et aux crises financières qui sont de plus en plus
fréquentes.

Cette institution est composée d’un Conseil d’administration et de 24


administrateurs représentant, chacun, une nation. Huit pays (Etats-
Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Japon, Chine, Russie et Arabie
saoudite) ont un représentant permanent au Conseil d’administration ; les
16 autres représentants sont élus par les pays membres.

L'essentiel des ressources financières du FMI proviennent des quotes-


parts (sommes apportées par chaque Etat membre). Par exemple, fin
mars, le total des quotes-parts s’élevait à environ 357,3 milliards de
dollars.

Nous reviendrons plus en détail sur ce sujet dans la partie " Ressources
et financement du FMI ".

7
DOMAINES D’ACTIVITÉS
Pour s'acquitter de ses missions, les activités du FMI se divisent en trois
composants : la surveillance, l'assistance technique et les
opérations de prêt.

La surveillance

Afin de répondre à son rôle de stabilisateur économique mondial, le FMI


s'est vu confier plusieurs missions : surveiller le système monétaire
international ainsi que suivre les politiques économiques et financières de
ses 185 membres.

Par le suivi régulier des économies et les conseils


donnés dans le cadre de cette surveillance, le FMI
peut prévenir les Etats membres de l’imminence
de dangers et leur permettre de prendre sans
tarder des mesures correctives.

Il existe trois types de surveillance :

• La surveillance bilatérale : ce sont des consultations régulières


organisées avec les Etats membres afin de répondre à des questions
économiques.

• La surveillance mondiale : à l’aide des Perspectives de l’économie


mondiale et du Rapport sur la stabilité dans le monde (cf annexes)
préparés par les services de l’institution, le Conseil d’administration
fait le point sur l’évolution économique internationale.

• La surveillance régionale : les politiques menées dans le cadre


d’accords régionaux attirent également l’attention du FMI. C’est pour
cette raison que le Conseil d’administration se préoccupe, par
exemple, de l’évolution de la situation de l’Union Européenne, de la
zone euro ou encore de la Communauté économique et monétaire de
l’Afrique centrale.

L’assistance technique

Le FMI offre aux pays membres une assistance technique et une


formation pour les aider à gérer aux mieux leur politique.

L'assistance technique porte notamment sur :

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• la politique de finances publiques

• la politique monétaire et de change

• le contrôle et la réglementation du système bancaire

• les statistiques

Opération de prêts

Le FMI accorde également une aide aux pays en difficulté. Par ces
concours financiers, il donne aux Etats le répit suffisant pour régler au
mieux leurs problèmes de paiement. Le FMI lutte fortement pour la
réduction de la pauvreté dans le monde par le biais de différentes actions
financières.

L’on compte différentes assistance financières :

• la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC)

• la Facilité de protection contre les chocs exogènes (facilité PCE)

• l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE)

• l'Initiative d'allégement de la dette multilatérale (IADM).

LA POLITIQUE DU FMI
Selon les " politiques d’ajustements structurels " que préconise
l’institution, trois grandes missions lui ont été confiés :

1. accorder des prêts aux pays en difficulté financière

2. conseiller les Etats membres quant à leur politique économique

3. apporter une assistance technique et des offres de formation aux Etats


membres dans le besoin

Ce dernier s’intéresse principalement aux résultats d’ensemble de


l’économie. Il suit, en quelques sortes, la politique conduite par les Etats
membres. Cette politique qui est maintenue par le FMI peut être
appliquée par différents thèmes, comme par exemple : les dépenses
globales / la production / l'emploi / l'inflation / la balance des paiements.
En résumé, il gère le solde des transactions que l'État membre exerce
avec le reste du monde.

La politique macroéconomique retient toute l’attention du FMI, il se


concentre notamment sur les finances publiques, les taux d’intérêt, la

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monnaie, les crédits et les taux de change. De plus, le FMI assure une
politique relative au secteur financier. Il joue un rôle dans la régulation et
le contrôle des banques et d’autres établissements financiers.

D’autres politiques, comme par exemple, celle des politiques structurelles


(politique du marché du travail qui influe sur l’emploi et les salaires) ont
un impact macroéconomique et sont règlementées par le FMI.

LE RÔLE DU FMI DANS L’ÉVOLUTION DE L’ÉCONOMIE

La principale particularité du FMI est qu’il évolue constamment. C’est


notamment cette évolution qui permet à l’institution de répondre
systématiquement aux modifications du système économique et financier
mondial. Au fil des années, le FMI a su créer et perfectionner divers
mécanismes de prêts afin de faire face à la conjoncture économique
mondiale.

Son évolution a débuté après la seconde guerre mondiale. Durant cette


période, le FMI a amélioré l’adoption du principe de convertibilité des
monnaies. Il a éliminé les restrictions aux échanges et aux paiements qui
avaient été établies avant et pendant la deuxième guerre mondiale. Le
développement du FMI s’est poursuivi avec la conception d’un Fonds de
réserve servant à pallier aux pénuries de ressources en période de crise
systémique. C’est au cours des années 80, suite aux deux crises
pétrolières et à la crise d’endettement de 1982, que le FMI va se
transformer. En effet, tout au long de ces événements, le FMI ne va pas
ménager ses efforts. Il va souvent être submergé de travail mais va
toujours tenter de trouver des solutions pour faire face aux
problématiques. Par la suite, le FMI décida d’accroître son financement et
d’accorder des ressources aux pays membres les plus pauvres. Cet acte
découla du constat que les pays les plus pauvres avaient besoin de
conditions de financement et de politiques différentes afin de corriger
leur déséquilibre.

La chute du mur de Berlin coïncide avec la création d’un mécanisme


temporaire permettant de faciliter l’intégration des pays à économie
planifiée. Aujourd’hui, le FMI a effectué un certain nombre de réformes
importantes dans le but de permettre aux gouvernements demandeurs
de prévenir les crises économiques.

Pour le futur, le FMI a mis en place huit objectifs en collaboration avec


plusieurs dirigeants de la planète. Ces derniers ont été discutés lors du
Sommet du millénaire en 2000 et devront être atteints pour l’année
2015. Ces objectifs ont été développés dans la partie « le FMI de nos
jours ». Voici une ébauche des principaux engagements du FMI :

• une réduction de moitié de la pauvreté dans le monde

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• un accès universel à l’enseignement primaire

• une réduction de moitié de la mortalité infantile

• une amélioration de la santé maternelle

• une lutte contre des maladies telles que le VIH

ORGANISATION
Etant donné l’importance de l’institution à travers le monde, cette
dernière doit faire preuve de transparence dans son organisation. Ceci
afin d’assurer ses fonctions auprès des gouvernements des pays
membres. Le FMI s’organise de la manière suivante :

Directeur général

Dominique Strauss-Kahn à été élu le 1er Novembre 2007 par le Conseil


d’administration comme dixième président du FMI. Ce socialiste français
a notamment participé au lancement de l’euro. Il a également été
professeur d’économie à l’Institut d’études politiques de Paris. Son rôle
dans l’institution consiste à présider les réunions du Conseil
d’administration. Il n’a toutefois pas la possibilité de prendre part au vote,
mais en cas de d’égalité des voix, il dispose d’une voix prépondérante. M.
Strauss-Kahn gère également les affaires courantes sous la direction du
Conseil d’administration.

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Conseil des gouverneurs

Au sommet de l’échelle se trouve un conseil des gouverneurs qui


comprend un représentant et un suppléant des 185 pays membres. Ce
conseil est considéré comme l’organe suprême de décision du FMI. Tous
les gouverneurs se réunissent une fois par année à l’occasion de
l’Assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale. Toutes les
décisions qui ne sont pas dévolues exclusivement au directeur général,
sont traitées par le Conseil des gouverneurs. Ces décisions sont, par
exemple, l’admission des nouveaux pays membres, les modifications
concernant les administrateurs ou encore l’adoption de règles ou de
règlements nécessaires au bon fonctionnement du Fonds.

Conseil d’administration

Le Conseil d’administration est composé d’administrateurs et est présidé


par le directeur général. Il se compose de 24 membres résidant à
Washington dont huit sont des représentants permanents (Etats-Unis,
France, Royaume-Uni, Allemagne, Japon, Chine, Russie et Arabie
saoudite). A la fin de chaque vote d’administrateur, le Conseil des
gouverneurs peut réduire ou augmenter le nombre d’administrateurs. Le
Conseil d’administration se réunit aussi fréquemment que l’exige le
traitement des affaires du Fonds, il est le responsable de la conduite
générale de ce dernier. Son rôle est principalement d’établir un rapport
au Conseil des gouverneurs sur la gestion et l’adaptation du système
monétaire et financier international.

Comité monétaire et financier international (CMFI)

Le CMFI est l’un des deux comités gouverneurs qui représentent


l’ensemble des pays membres. Il est constitué de 24 gouverneurs du FMI.
Le CMFI propose des avis et établit des rapports au Conseil des
gouverneurs. Ses activités se fondent sur les questions relatives à son
rôle dans la gestion de l’adaptation du système monétaire et financier
ainsi que dans le suivi de l’évolution de la liquidité mondiale et des
transferts de ressources dans les pays en voie de développement. Il n’a
aucun pouvoir de décision, il n’est qu’un organe consultatif.

Comité du développement

Le comité du développement est un organe conjoint de la Banque


mondiale et du FMI. Il se compose de 24 gouverneurs de la Banque
mondiale ou du FMI. Tout comme le CMFI, il donne son avis au Conseil
des gouverneurs sur les questions relatives au développement et aux
ressources financières nécessaires à l’essor économique des pays en voie
de développement.

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Comité
Conseil des Comité du
monétaire et
gouverneurs développement
financier

Bureau
Conseil
indépendant
d’administration
d’évaluation

Directeur général

Directeurs
générauxadjoints

Départements
Départements fonctionnels et Information et Services de
géographiques services communication soutien
spécialisés
Organigramme du FMI

Procédure d’admission au FMI

Voici la procédure à adopter afin de faire partie des pays membres du


FMI :

1. Dépôt d’une demande officielle de candidature

2. Examen du dossier par le Conseil d’administration du FMI

3. Soumission du dossier aux gouverneurs

4. Vote des gouverneurs

5. Adhésion formelle du pays lors de la signature des statuts du Fonds


dans un délai maximum de six mois

6. Paiement de la quote-part par le nouveau membre dans un délai


maximum de six mois après l’adhésion

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RESSOURCES ET FINANCEMENT

La majeure partie des fonds prêtés par le FMI proviennent des pays
membres, par le versement des quotes-parts.

Ressources

Quotes-parts

Chaque pays à une quote-part proportionnelle à son poids dans


l’économie mondiale. Cette quote-part détermine le montant de la
contribution à accorder au FMI, le montant de l’aide financière qu’il peut
obtenir du FMI ainsi que sa part des allocations de droits de tirage
spéciaux (DTS). Cette contribution va également déterminer le nombre
de voix que le pays aura droit lors des votes.

Voici la liste des critères nécessaires pour le calcul des quotes-parts : PIB,
volume et variabilité des transactions courantes, niveau des réserves de
change. Il faut relever le fait que ce système de quotes-parts a été
réétudié, en avril 2008, dans le but de permettre aux pays en difficulté
financière d’augmenter leurs voix. Ainsi le FMI leur permet de renforcer
leur participation aux votes. A titre d’exemple, la Suisse a accédé au FMI
en mai 1992 et détient une quote-part d’environ 1,6%(vote) au sein de
l’institution.

Voici les dix principales quotes-parts au FMI (en pourcentage du


total des quotes-parts) :

Avoirs en or

Les avoirs en or du FMI se chiffrent actuellement à 80 milliards de dollars.


Le FMI possède donc la troisième réserve d’or au monde. Toutefois, le FMI

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ne peut pas utiliser cette richesse comme bon lui semble. Pour le vendre
ou encore pour accepter qu’un Etat membre paie en or, la décision doit
être soumise au vote avec une majorité de 85% des voix.

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Emprunts

En cas de besoin, le FMI peut faire recours à des emprunts. Récemment,


le FMI a conclu un accord d’emprunt avec le gouvernement japonais.
Celui-ci s’engage à lui prêter jusqu'à 100 milliards de dollars. Grâce à ce
prêt le FMI pourra continuer d’aider ses pays membres. Mais cette
somme ne suffira pas selon le directeur de l’institution qui, en cette
période de crise, souhaiterait emprunter environs 500 milliard de dollars.

Taux d’intérêts

Comme tout prêteur, le FMI réclame des intérêts lors des prêts effectués.
Les intérêts réclamés font également office de ressources.

Mécanise de financement

Depuis le milieu des années 70, le FMI s’évertue à prêter de l’argent aux
pays en difficulté. Un pays membre peut solliciter ce prêt lorsqu’il
constate qu’il doit corriger des déséquilibres de paiements. En général, le
FMI octroie cette aide aux pays qui soumettent leur requête sous forme
d’accords énumérant les conditions à remplir pour avoir recours aux
ressources. Après approbation de l’accord par le Conseil d’administration,
le prêt est mis à disposition par tranches. Les pays à faible revenu
peuvent notamment emprunter à des taux favorables afin de faciliter la
réduction de la pauvreté et de favoriser leur croissance. Le FMI propose
également une aide d’urgence.

Il existe plusieurs sortes d’accords qui sont conclus entre le FMI et les
pays membres. En voici quelques-uns :

• Accords de confirmation : C’est le type d’accords le plus utilisé.


L’accord a pour but d’aider les pays à surmonter leur difficulté. Ils ont
une durée approximative de 12 à 24 mois, il est également possible de
rembourser cet emprunt au cours des deux à quatre années suivant le
prêt.

• Mécanisme élargi de crédit : Cet accord a été crée dans le but


d’aider les pays à remédier aux difficultés prolongées. Les pays ont la
possibilité de rembourser leur prêt dans un délai de quatre à sept ans.

• Facilité de réserve supplémentaire(FRS) : Cette aide répond à


d’importants besoins d’argent pour une période à court terme. Elle a
été créée lors de la crise des années 90. Les pays ont un délai de
remboursement de une à une année et demie.

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• Aide d’urgence : Comme le stipule son nom, cette assistance ne peut
être réclamée que lors de catastrophe naturelle ou de conflit. Les prêts
doivent être remboursés dans un délai de 5 ans.

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LES DROITS DE TIRAGE SPÉCIAUX (DTS)
Cet instrument de réserve international a été crée par le FMI en 1969,
dans le but d’améliorer le système, déjà existant, des réserves officielles
des pays membres. Les DTS sont distribués aux pays membres selon les
quotes-parts qu’ils détiennent au sein de l’institution. Leur valeur est
mesurée à l’aide d’un panier de monnaies. C’est également une unité de
compte pour le FMI ainsi que pour d’autres organismes internationaux.

En vertu de ses Statuts, le FMI peut


allouer des DTS aux pays membres en
proportion de leurs quotes-parts
respectives

Pourquoi avoir crée les DTS ?

Ces droits de tirages spéciaux ont été mis en place afin de soutenir le
système déjà existant. Auparavant, les pays adhérents au système
devaient disposer de réserves officielles, comme par exemple, des
devises, de l’or de l’Etat ou de l’or de la banque centrale. Ces réserves
pouvaient être utilisées pour racheter la monnaie nationale sur les
marchés de changes internationaux
afin de maintenir, si nécessaire, le taux Le DTS n'est pas une monnaie,
de change. et il ne constitue pas non plus
une créance sur le FMI. Il
La problématique qui est survenue est représente en revanche une
que l’offre internationale de l’or et du créance virtuelle sur les
dollar s’est révélée insuffisante face à monnaies librement utilisables
l’expansion du commerce. C’est des pays membres du FMI.
pourquoi la communauté
internationale a décidé de se tourner vers le FMI pour élaborer un nouvel
avoir de réserve mondial. Quelques années après la création des DTS, la
demande de ces nouvelles réserves a diminué. En effet, suite à
l’effondrement du système de " Bretton Woods " et à l’expansion des
marchés de capitaux internationaux qui permettait des emprunts plus
faciles, les besoins en DTS étaient de moins en moins nombreux.

De nos jours, le DTS a changé de rôle, il est désormais considéré comme


un avoir de réserve parmi d’autres. Ce droit est également une unité de
compte utilisée par le FMI et d’autres organismes internationaux.

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LE FMI DE NOS JOURS

LES ACTIVITÉS DU FMI DEPUIS LES ANNÉES 1980


Voici les principales activités que le FMI a réalisé depuis ces trente
dernières années :

• Après la seconde guerre mondiale, il essai de contraindre les pays en


développement à s’ouvrir au commerce extérieur

• Lors des années 1980, il aimerait imposer aux pays en


développement des politiques économiques d’ajustements structurels
et de lutte contre la pauvreté

• Suite à l’éclatement du bloc soviétique, au début des années 1990, le


FMI a tenté d’organiser le système monétaire des pays d’Europe de
l'Est et de la Russie. Son objectif était de permettre à ces pays une
meilleure intégration dans le système financier mondial ainsi qu’une
meilleure transition de leurs économies dirigées vers l’économie de
marché

• Au cours de la crise financière asiatique en 1997, le FMI imposa


différentes politiques monétaires aux pays concernés. Les mesures
préconisées par l’institution n’ont pas été acceptées par tous, la
gestion de cette crise a longtemps été critiquée.

Les principales interventions du FMI : 1997 en Asie / 1998 en Russie,


au Mexique et au Brésil / 2000 en Turquie / 2001 en Argentine

• Depuis 2005, les prêts accordés par le FMI ont radicalement diminués
suite à la bonne situation économique mondiale. Malgré tout, avec la
crise actuelle, la situation est complètement différente

LE FMI ET LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE

DÉVELOPPEMENT

Au cours du Sommet du millénaire organisé par les Nations Unies en


septembre 2000, le FMI s’est fixé de nouveaux objectifs. Accompagné des
dirigeants de la planète, le FMI met en œuvre des plans d’actions et
développe des mesures concrètes afin de respecter ses engagements. Ce
sont huit buts bien distincts qui ont été structurés en commun et qui
doivent être réalisés d’ici 2015 :

1. Réduire l’extrême pauvreté et la faim

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Cet objectif consiste, dans la mesure du possible, à réduire la proportion
de la population pauvre dans le monde. Soit, plus précisément, de diviser
par moitié le nombre de personnes vivants avec moins d’un dollar par
jour.

La productivité fait varier le nombre de travailleurs pauvres ayant un


emploi, ce qui pose un réel problème à la réalisation de cet objectif. En
d’autres termes, lorsque celle-ci augmente, le nombre d’emplois
disponibles diminue.

Voici les différentes cibles de cet objectif qui doivent être atteintes d’ici
2015 :

• Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population


dont le revenu est inférieur à un dollar par jour

• Assurer le plein-emploi et la possibilité pour chacun, y compris les


femmes et les jeunes, de trouver un travail décent et productif

• Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population


qui souffre de faim

2. Assurer l’éducation primaire pour tous

Le nombre d’enfants scolarisés en âge de fréquenter l’école


primaire a brutalement diminué depuis quelques années.
Malgré une augmentation générale du nombre d’enfants
dans cette tranche d’âge, la baisse enregistrée au cours des dernières
années est estimée environ à 30 millions entre 1999 et 2006. " En 2008,
dans les pays en développement, moins de 54% des enfants en âge de
fréquenter l’école secondaire sont scolarisés ". Ce sont principalement les
enfants qui vivent dans des conditions précaires qui n’ont pas de
scolarisation et par conséquent, pas d’éducation adéquate. Dans ces
pays, les conflits et les troubles politiques ne permettent pas, aux les
jeunes adolescents, un développement approprié. Le FMI aimerait
changer cette situation et offrir la possibilité à chacun d’atteindre son
potentiel.

Voici la principale cible de cet objectif qui doit être atteinte d’ici 2015 :

• D’ici à 2015, donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans
le monde, les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires

3. Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes

C’est un objectif primordial car il peut permettre de réduire


de nombreux conflits qui existent dans le monde. Sans
l’égalité des sexes, ni la faim, ni la pauvreté, ni les maladies
ne pourront être apaisées.

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Les jeunes filles représentent encore 55 % des enfants non scolarisés. En
2008, seulement sept femmes sur 150 chefs d’État ont été élues, et huit
femmes sur 192 chefs de gouvernement des Etats Membres des Nations
Unies. Ces chiffres montrent bien la discrimination qui persiste au sein du
système mondial.

Voici la principale cible de cet objectif qui doit être atteinte d’ici 2015 :

• Éliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements


primaires et secondaires d’ici à 2005, si possible, et à tous les niveaux
de l’enseignement en 2015 au plus tard

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4. Réduire la mortalité infantile

Encore aujourd’hui, des millions d’enfants meurent chaque


année pour des raisons bénignes. Il est surprenant
d’apprendre : " qu’un enfant qui naît dans un pays en
développement risque 13 fois plus de mourir au cours des cinq premières
années de sa vie qu’un enfant né dans un pays industrialisé ". Ce taux de
mortalité infantile est surtout dû au manque de services de santé et
d’interventions dans les pays en développement.

Voici la principale cible de cet objectif qui doit être atteinte d’ici 2015 :

• Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des


enfants de moins de 5 ans

5. Améliorer la santé maternelle

" En 2005, plus de 500’000 femmes sont mortes pendant leur


grossesse, durant l’accouchement ou au cours des six
semaines qui ont suivi la naissance ". Ces chiffres sont
inacceptables et le FMI veut diminuer ce taux de mortalité qui apparaît
dans de nombreux pays en développement. Entre 1990 et 2005, la
mortalité maternelle a reculé d’environ 1% ce qui est encore trop faible
par rapport aux 5,5% qui ont été fixés au cours du Sommet du millénaire.

Voici les différentes cibles de cet objectif qui doivent être atteintes d’ici
2015 :

• Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité


maternelle

• Rendre l’accès à la médecine procréative universel d’ici à 2015

6. Combattre le VIH / sida, le paludisme et d’autres maladies

" Chaque jour, près de 7’500 personnes sont infectées par le


VIH et 5’500 personnes meurent du sida parce qu’elles n’ont
pas eu accès à des services de prévention et de traitement
du VIH ". Malgré quelques améliorations dans le domaine médical, les
pays en développement ne disposent pas encore des mesures
nécessaires pour vaincre de telles maladies. Le FMI est optimiste et
aimerait changer cette situation afin de permettre, aux personnes les
plus démunies de soins, de se soigner et de combattre ces maladies.

Voici les différentes cibles de cet objectif qui doivent être atteintes d’ici
2015 :

• D’ici à 2015, avoir enrayé la propagation du VIH/sida et avoir


commencé à inverser la tendance actuelle

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• D’ici à 2010, assurer à tous ceux qui en ont besoin l’accès aux
traitements contre le VIH/sida

• D’ici à 2015, avoir maîtrisé le paludisme et d’autres maladies graves et


commencer à inverser la tendance actuelle

7. Préserver l’environnement

De nos jours, un grand nombre de dangers menacent notre


terre. La déforestation, la perte de la biodiversité, l’émission
de gaz à effet de serre, la fonte des glaces et bien d’autres
phénomènes témoignent de la gravité de la situation. Suite à ce Sommet,
les dirigeants de la planète ont décidé de venir en aide à la nature et se
sont fixé des objectifs réalistes pour préserver l’environnement. De plus,
le FMI s’engage à offrir aux populations les plus pauvres de meilleures
conditions de vie. L’approvisionnement en eau potable ainsi que
l’amélioration des systèmes d’assainissement en font partie.

Voici les différentes cibles de cet objectif qui doivent être atteintes d’ici
2015 :

• Intégrer les principes du développement durable dans les politiques et


programmes nationaux et inverser la tendance actuelle à la
déperdition des ressources naturelles

• Réduire l’appauvrissement de la diversité biologique et en ramener le


taux à un niveau sensiblement plus bas d’ici à 2010

• Réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a


pas d’accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services
d’assainissement de base

• Améliorer sensiblement, d’ici à 2020, les conditions de vie de 100


millions d’habitants des taudis

8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement

Les pays en développement ont besoin d’assistance


technique pour améliorer leur production, leurs capacités
commerciales ou encore leurs infrastructures. Sans cette
aide, ils ne pourraient pas assurer leur croissance et risqueraient de ne
pas se développer.

Avec l’utilisation d’Internet, par exemple, les pays concernés auraient


l’opportunité de renouveler leur système. Ils pourraient accélérer les
progrès médicaux, améliorer l’éducation, trouver de nouveaux emplois et
réduire la pauvreté.

Voici les différentes cibles de cet objectif qui doivent être atteintes d’ici
2015 :

23
• Poursuivre la mise en place d’un système commercial et financier
multilatéral ouvert, réglementé, prévisible et non discriminatoire

• Répondre aux besoins particuliers des pays les moins avancés (PMA)

• Répondre aux besoins particuliers des pays en développement sans


littoral et des petits Etats insulaires en développement (en appliquant
le Programme d’action pour le développement durable des petits Etats
insulaires en développement et les décisions issues de la vingt-
deuxième session extraordinaire de l’Assemblée générale)

• Traiter globalement le problème de la dette des pays en


développement par des mesures d’ordre national et international
propres à rendre l’endettement tolérable à long terme

L’ACTUALITÉ DU FMI

24
25
LE FMI ET LA CRISE FINANCIÈRE

GESTION DE LA CRISE FINANCIÈRE

Récemment, le G20 s’est réuni à deux reprises afin d’aborder des thèmes
liés à la crise économique actuelle. Le G20 est constitué de 19 pays
auxquels s’ajoute le vingtième membre, les institutionnels, composé de la
Banque centrale européenne, de la Banque mondiale et du Fonds
monétaire international. Ce dernier a un rôle de " pompier " en faveur des
économies en difficulté, et en cette période de tempête sur les marchés,
l’institution est sollicitée de toutes parts.

Suite à la première rencontre en novembre à Washington, une réforme


unique était prévue ; celle des systèmes financiers. L’économie de
marché n’a pas été remise en cause et le but des membres du G20 était
de soutenir l’économie mondiale ainsi que de stabiliser les marchés
financiers. Monsieur Strauss-Kahn a déclaré qu’il fallait " mettre au point
un prêt nouveau qui permette de soulager les problèmes de liquidités à
court terme que rencontrent certaines économies ".

C’est durant la deuxième rencontre du G20,


début avril, que le FMI s’est retrouvé au
centre des discussions. En effet, plusieurs
réformes ont été décidées concernant
l’institution.

Pour commencer, le G20 a décidé de


débloquer provisoirement 500 milliards de
dollars en faveur du FMI afin d’aider
davantage les pays en difficulté. Cette
décision a pour conséquence de porter
progressivement les avoirs du Fonds de 250 à 750 milliards de dollars.
Certains pays possédant beaucoup de liquidités tels que la Chine, la
Russie, l’Inde et le Brésil vont contribuer en majorité au renforcement des
ressources du FMI. En échange ces Etats joueront un rôle plus important
dans l’institution, les rapports de force seront donc modifiés au sein de
l’organisation. Une date butoir, le 20 janvier 2011, a été fixée par le G20
pour modifier l’influence de chacun selon sa puissance économique.

De plus, il obtient le droit de vendre une partie de son stock d’or ce que
les Etats-Unis avaient toujours refusé jusque-là. En effet, le FMI possède
la troisième réserve mondiale d’or.

Une autre réforme concerne le rôle que joue le FMI dans le maintien de la
stabilité pendant les crises.

26
Pour terminer, la Maison Blanche s’est dite favorable à un système
d’alerte précoce des crises financières qui pourrait être confié au FMI.

La crise a donc eu pour effet indirect de remettre en question le rôle du


FMI dans l’économie mondiale et de lancer des réformes au sein de cette
institution qui fête cette année ses 65 ans.

LE FMI ET SES RELATIONS IMPORTANTES

LA BANQUE MONDIALE

Le FMI et la Banque mondiale ont été créés en même temps, en juin


1944, à l’occasion d’une conférence internationale. Ces deux institutions
poursuivent le même but : " relever le niveau de vie des pays membres ".
Elles font toutes deux partie du système des Nations Unies et travaillent
en collaboration. Malgré leur but commun, les activités des deux entités
ont évolué et se sont adaptées à l’environnement économique.

Contrairement au FMI qui concède des prêts pour des échéances assez
courtes, la Banque mondiale préfère miser sur le développement
économique à long terme ainsi que sur la réduction de la pauvreté. Cette
dernière vient en aide aux pays dans le besoin en leur apportant une
contribution technique et financière. " Les services de la Banque
mondiale sont souvent spécialisés dans des domaines, des techniques ou
des secteurs déterminés ". Le Fonds est composé, quant à lui,
d’économistes.

Les deux institutions travaillent main dans la main et ont plusieurs


initiatives communes. Un concordat qui date de 1989 regroupe les
conditions qui dictent leur coopération. Elles échangent couramment des
informations, procèdent à des échanges de personnel, effectuent des
missions en parallèle et collaborent sur leurs exigences concernant les
prêts.

De plus, les Directeurs respectifs du FMI et de la


Banque mondiale se rencontrent régulièrement
afin d’étudier, ensemble, les dossiers importants.
Des déclarations communes sont aussi publiées et
il arrive qu’ils se rendent ensemble dans certains
pays. Un document appelé " Joint Management
Action Plan " a même été créé afin d’encourager le
renforcement de cette collaboration. Les
départements des deux institutions qui sont en
charge de l’Afrique, collaborent eux aussi afin d’ " identifier les mesures à
prendre pour mieux coordonner le soutien aux réformes essentielles à la

27
croissance conduites dans les domaines de la gestion des finances
publiques, du secteur financier et de la gestion des ressources
naturelles ".

De nombreuses initiatives communes ont été mises en place, telles que :

• L’initiative en faveur des pays pauvres très endettés

• L’initiative d’allègement de la dette multilatérale

• Le dispositif de documents de stratégie pour la réduction de la


pauvreté

• Le programme d’évaluation du secteur financier

Une Assemblée annuelle des Conseils des gouverneurs du FMI et de la


Banque mondiale permet aux deux établissements de renforcer un peu
plus encore leur collaboration.

L’ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE

" Les deux institutions s’efforcent ensemble d’assurer la solidité du


système de commerce et de paiements internationaux ".

L’Organisation mondiale du commerce a été crée en 1995, elle succéda


ainsi à l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce. L’OMC
compte 149 pays membres dont 143 en commun avec le FMI. L’institution
s’occupe des règles qui régentent le commerce mondial. L’OMC traite des
échanges internationaux et gère les conflits qui portent sur des questions
commerciales.

Les activités des deux institutions sont complémentaires. En effet, le FMI


assure un système financier international stable ce qui aide au
dynamisme des échanges internationaux. L’OMC quant à elle, veille à ce
que les échanges s’effectuent le mieux possible, ce qui contribue à une
réduction des problèmes dans les paiements.

Les deux organisations ont conclu un accord de coopération après la


création de l’OMC. C’est pour cette raison que le FMI joue un rôle
d’observateur auprès de l’OMC et prend
part à des réunions ainsi qu’à des groupes
de travail. Les rapports de surveillance
édités par le FMI sont utilisés par l’OMC pour
ses rapports périodiques sur la politique
commerciale des pays membres. Très
régulièrement, les deux institutions
s’échangent des informations ainsi que les
conclusions de leurs études respectives. Les

28
Directeurs généraux du FMI et de l’OMC ont des contacts réguliers. De
plus, l’OMC a l’obligation de passer par le FMI lorsqu’elle traite des sujets
tels que les réserves monétaires, la balance des paiements et les régimes
de change.

Les deux entités se sont aussi associées afin d’aider certains pays à
progresser dans le domaine commercial. Pour ce faire, le " cadre intégré
pour l’assistance technique liée au commerce en faveur des pays les
moins avancés " a été instauré en association avec d’autres organisations
internationales.

De nombreuses collaborations ont donc lieu entre ces deux institutions et


leurs échanges vont encore s’intensifier dans le futur au vue " de
l’élargissement de leurs domaines d’appui mutuel et du chevauchement
de leurs activités ".

CONCLUSION

Le FMI est un organisme peu connu du grand public. En rédigeant ce


dossier, nous avons pris conscience de l’importance de l’institution au
niveau mondial. Même s’il est parfois vivement critiqué, le Fonds joue un
rôle central. Depuis sa création en 1944, le revenu mondial n’a cessé de
croitre. En cette période de crise, où tout est remis en cause, son rôle de
stabilisateur est essentiel.

Certains diront que le FMI poursuit des buts utopiques. Pourtant, en


travaillant en collaboration avec d’autres organisations internationales,
telles que l’ONU, l’OMC ou encore la Banque mondiale, le FMI a le
potentiel d’améliorer le monde dans lequel nous vivons.

Nous avons eu beaucoup de plaisir à réaliser ce dossier. Nous avons


appris à connaitre cette institution et espérons que vous avez eu du
plaisir à nous lire.

29
SOURCES

• www.imf.org • www.letemps.ch

• www.un.org • www.brises.org

• www.wikipedia.com • www.tf1.lci.fr

• www.universalis.fr • www.monde-
diplomatique.fr

• www.ef.admin.ch • www.lepoint.fr

30
ANNEXES

PERSPECTIVES DE L'ÉCONOMIE MONDIALE


avril 2009
Résumé analytique
L’économie mondiale traverse une grave récession causée par une crise
financière massive et une perte de confiance aiguë. Le rythme de
contraction devrait se modérer à partir du second trimestre, mais les
projections laissent entrevoir un recul de 1,3 % sur l’ensemble de l’année
2009, puis une reprise seulement partielle en 2010, avec une croissance
de l’activité de 1,9 %. Pour que ce retournement se produise, il importera
d’intensifier les efforts d’assainissement du secteur financier, tout en
continuant à soutenir la demande par la détente monétaire et
budgétaire.

Évolution économique et financière récente


La crise financière et l’effondrement de l’activité ont gravement
éprouvé l’économie dans le monde entier. Les pays avancés ont accusé
un recul sans précédent de 7½ % du PIB réel au quatrième trimestre de
2008 et on estime que la production a continué à chuter presque aussi
vite au cours des trois premiers mois de 2009. Alors que l’économie
américaine a sans doute souffert le plus des difficultés financières et de la
baisse continue du secteur du logement, l’Europe occidentale et les pays
avancés d’Asie ont été rudement éprouvés par l’effondrement du
commerce international, ainsi que par leurs propres débuts de problèmes
financiers et par les corrections des prix immobiliers sur certains marchés
nationaux. Les pays émergents sont aussi très touchés, subissant
globalement une contraction de l’activité économique de 4 % au
quatrième trimestre. Le mal se propage à la fois par les circuits financiers
et commerciaux, en particulier aux pays d’Asie de l’Est, très tributaires de
leurs exportations de produits manufacturiers, et aux pays émergents
d’Europe et de la Communauté des Etats indépendants (CEI), qui avaient
besoin d’abondants apports de capitaux pour alimenter leur croissance.
Parallèlement au rapide refroidissement de l’activité économique
mondiale, les tensions inflationnistes se sont vite atténuées. Les cours
des matières premières ont nettement chuté par rapport aux pics du
milieu d’année, causant des pertes de revenus particulièrement lourdes
aux pays du Moyen-Orient et de la CEI, mais aussi à bien d’autres pays
exportateurs de matière première d’Amérique latine et d’Afrique. Dans le
même temps, l’augmentation de la capacité inutilisée a restreint la
progression des salaires et rogné les marges bénéficiaires. De ce fait,
l’inflation globale sur 12 mois est tombée à 1 % dans les pays avancés en
février 2009, encore que l’inflation tendancielle reste de l’ordre de 1½–2
%, à l’exception notable du Japon. L’inflation s’est aussi nettement
modérée dans l’ensemble des pays émergents, encore que dans certains
cas la dépréciation de la monnaie ait atténué le mouvement de baisse.
Les réactions très diverses et souvent peu orthodoxes des décideurs
économiques n’ont guère réussi à stabiliser les marchés financiers ni à
contenir la baisse de la production, car elles n’ont pu stopper

31
l’enchaînement de rétroactions nocives entre le fléchissement de
l’activité et les intenses difficultés financières. Maintes initiatives ont été
prises afin de stopper l’hémorragie, notamment par des injections de
fonds publics et tout un assortiment de facilités de liquidité, de détente
monétaire et de plans de relance budgétaire. Encore qu’il y ait eu
quelques signes encourageants d’une amélioration des indices d’opinion
depuis la réunion du Groupe des Vingt (G-20) du début avril, le niveau de
confiance est encore très bas sur les marchés financiers, ce qui pèse sur
les perspectives de reprise rapide.
D’après l’édition d’avril 2009 du rapport sur la stabilité financière
(Global Financial Stability Report — GFSR), le montant des actifs d’origine
américaine passés en pertes et profits pas l’ensemble des institutions
financières au cours de la période 2007–10 se chiffrera à 2,7 billions de
dollars, et non 2,2 billions, comme on le pensait en janvier 2009, ce qui
tient pour une large part à la dégradation des perspectives de croissance
économique. Le montant total des actifs passés en perte à l’échelle
mondiale est estimé à environ 4 billions de dollars, dont deux tiers à la
charge des banques, et le reste à celle des compagnies d’assurance,
fonds d’investissement et autres intermédiaires. De par le monde, les
banques restreignent l’accès au crédit (et continueront dans cette voie),
car le poids des actifs improductifs et l’incertitude quant à la solvabilité
des institutions maintiennent les capitaux privés hors de circulation. Les
problèmes de financement se sont propagés bien au-delà des marchés de
refinancement bancaires à court terme dans les pays avancés. Nombre
d’entreprises non financières sont incapables d’obtenir des fonds de
roulement et certaines ont du mal à se procurer des emprunts à plus long
terme.
Le désengagement massif des investisseurs et établissements
bancaires étrangers des pays émergents et les problèmes de
financement qui en résultent sont particulièrement inquiétants. Les
émissions obligataires sont quasiment au point mort, les flux bancaires se
sont taris, les marges obligataires se sont envolées, les cours des actions
ont chuté et les marchés des valeurs mobilières sont extrêmement
tendus. Outre la hausse générale de l’aversion contre le risque, cela tient
à divers facteurs défavorables, dont les dommages occasionnés aux
banques et fonds d’investissement des pays avancés, le souci de
déplacer les fonds pour les mettre à l’abri du «parapluie» des dispositifs
de garantie de plus en plus nombreux déployés sur les marchés parvenus
à maturité et les inquiétudes grandissantes quant aux perspectives
d’avenir et aux vulnérabilités des pays émergents.
La crise financière a eu pour important effet secondaire de créer une
prime à la sécurité et au rapatriement des capitaux, non sans incidence
sur les grandes monnaies. Depuis septembre 2008, le dollar EU, l’euro et
le yen se sont tous trois raffermis en valeur effective réelle. Le renminbi
chinois et les monnaies arrimées au dollar, dont celles des pays du
Moyen-Orient, se sont également appréciés. Celles de la plupart des pays
émergents ont au contraire beaucoup fléchi, bien qu’ils aient utilisé leurs
réserves de change pour les soutenir.

Perspectives et risques
Les projections des Perspectives de l’économie mondiale (PEM)
reposent sur l’hypothèse de base que la stabilisation des marchés
financiers va prendre plus longtemps que prévu initialement, même
portée par les efforts vigoureux des décideurs. Les problèmes financiers

32
des pays avancés resteront donc sérieux pendant une bonne partie de
l’année 2010, ne se résolvant que lentement à mesure que la clarification
des pertes sur les actifs improductifs et les injections de fonds publics
réduiront les craintes d’insolvabilité, amoindriront les risques de
contrepartie et la volatilité des marchés et rétabliront un meilleur niveau
de liquidité des marchés. Il faut s’attendre à une raréfaction du crédit
global au secteur privé dans les pays avancés, tant en 2009 qu’en 2010.
Les pays émergents et en développement vont quant à eux avoir
beaucoup plus de mal à se procurer des financements extérieurs pendant
les deux années qui viennent. Cela cadre avec les conclusions du chapitre
4, selon lesquelles les difficultés très aiguës des marchés matures,
concentrées de plus dans le système bancaire, donnent à penser que les
flux de capitaux au profit des pays émergents vont considérablement
diminuer et ne se rétabliront que lentement.
Les projections tablent aussi sur un vigoureux soutien des politiques
macroéconomiques. On s’attend que les taux directeurs seront abaissés
ou maintenus proches de zéro dans les grands pays avancés, tandis que
les banques centrales continueront à chercher à détendre la situation du
crédit en jouant sur la taille et la composition de leurs bilans. On s’attend
aussi que les déficits des finances publiques se creuseront nettement tant
dans les pays avancés que dans les pays émergents, dont les
gouvernements devraient mettre en oeuvre, dans les pays du G-20, des
plans de relance budgétaire équivalant à 2 % du PIB en 2009 et à 1½ %
du PIB en 2010. Les projections reposent aussi sur l’hypothèse que les
cours des matières premières resteront proches de leurs niveaux actuels
en 2009 et n’augmenteront que modérément en 2010, comme l’indiquent
leurs cours à terme.
Même à supposer que des politiques résolues soient mises en oeuvre et
que le rythme de contraction se ralentisse à compter du second
trimestre, les projections actuelles font état d’une baisse de l’activité
mondiale de 1,3 % en 2009, soit une révision en baisse sensible par
rapport à la mise à jour des Perspectives de l’économie mondiale datant
de janvier. Cela constituerait de loin la récession la plus profonde de la
période postérieure à la Seconde Guerre mondiale. En outre, le
retournement conjoncturel est véritablement mondial : d’après les
projections, la production par habitant diminuera dans des pays
représentant les trois quarts de l’économie mondiale et la croissance a
nettement décéléré dans quasiment tous les pays, par rapport aux taux
observés au cours de la période 2003–07. La croissance devrait reprendre
en 2010, mais à un rythme de tout juste 1,9 % , elle serait bien molle en
comparaison des reprises antérieures, ce qui concorde avec les
conclusions du chapitre 3, selon lesquelles les reprises qui font suite à
une crise financière sont plus lentes que les autres.
Une incertitude exceptionnelle et des aléas nettement négatifs pèsent
sur les perspectives actuelles. La crainte dominante est que les mesures
gouvernementales ne suffisent pas à enrayer la spirale néfaste de la
détérioration de la situation financière et de l’affaiblissement de l’activité,
surtout si l’opinion ne soutient guère les réformes. Les circuits de
transmission majeurs seraient les banqueroutes des entreprises et des
ménages, qui causeraient une nouvelle chute des prix des actifs et
alourdiraient les pertes dans tous les bilans financiers, ainsi que de
nouveaux troubles systémiques compliquant encore la tâche à qui
s’efforce de rétablir la crédibilité. Par ailleurs, dans un climat de grande
incertitude, les mesures budgétaires et monétaires pourraient ne pas

33
porter leurs fruits, car les taux élevés d’épargne de précaution pourraient
réduire les multiplicateurs financiers, tandis que les mesures de détente
du crédit pourraient ne pas suffire pour ralentir le rythme des
désendettements. Sur le plan positif, par contre, l’application énergique
de politiques capables de convaincre l’opinion que l’on s’attaque de façon
décisive aux problèmes financiers pourrait faire renaître la confiance et
raviver les engagements de dépenses.
Même une fois la crise passée, cependant, il y aura une période de
transition difficile, le taux de la croissance étant notablement plus bas
que dans un passé récent. Il faudra réduire l’effet de levier financier, ce
qui implique une expansion plus lente du crédit et une raréfaction des
prêts par rapport à ces dernières années, surtout dans les pays
émergents et en développement. En outre, les vastes déficits budgétaires
devront être résorbés alors même que le vieillissement de la population
s’accélère dans un certain nombre de pays avancés. En outre, dans les
grands pays avancés, les ménages continueront pendant quelque temps
à reconstituer leur épargne. Tout cela pèsera et sur la croissance et sur le
potentiel de croissance à moyen terme.

Les enjeux
Ces perspectives incertaines et semées d’embûches appellent une
réaction énergique tant sur le plan financier que sur le front
macroéconomique. Les crises financières antérieures enseignent que si
l’on tarde à s’attaquer au problème de fond, le marasme économique
persiste encore plus longtemps et a un coût encore plus élevé, tant pour
le contribuable que pour l’activité économique. Les décideurs doivent
songer aux ramifications transnationales des politiques qu’ils choisissent.
Les initiatives de soutien des partenaires commerciaux et financiers — à
l’aide de plans de relance budgétaires et de concours officiels sous forme
de flux de financement internationaux — contribueront à stimuler la
demande mondiale, au bénéfice de tous. A contrario, la pente du
protectionnisme commercial et financier serait préjudiciable à tous; c’est
ce qui ressort clairement de l’histoire des politiques du chacun-pour-soi
qui ont fait rage dans les années 30.
Promouvoir la réforme du secteur financier
La priorité des priorités à ce stade est la réforme du système financier.
Il est indispensable de progresser de manière convaincante sur ce front
pour asseoir la reprise économique; cela renforcerait en outre
énormément l’efficacité des efforts de relance monétaire et budgétaire.
Pour le court terme, les trois objectifs prioritaires recensés dans les
précédentes éditions du GFSR restent d’actualité : 1) veiller à ce que les
institutions financières disposent de liquidités, 2) recenser et assainir les
actifs improductifs et 3) recapitaliser les institutions frêles, mais viables.
Des mesures énergiques ont été prises sur le premier front. Par contre, il
importe que les initiatives engagées sur les deux autres fronts
progressent de manière plus convaincante.
Une solution durable doit reposer sur la comptabilisation crédible des
pertes sur les actifs dévalorisés. Les autorités gouvernementales devront
à cet effet établir une méthodologie de base commune pour valoriser de
manière crédible les instruments de crédit titrisés, qui doit être fondée
sur l’évolution attendue de la situation économique et une tentative
d’évaluation de la valeur des futurs flux de revenu. Il importera aussi de
réduire considérablement l’incertitude liée aux pertes supplémentaires au
titre de ces instruments. Diverses méthodes de résorption des actifs

34
improductifs des banques peuvent donner de bons résultats, à condition
qu’elles soient soutenues par des financements suffisants et appliquées
de manière transparente.
Les recapitalisations doivent reposer sur une évaluation minutieuse de
la viabilité à long terme des institutions, prenant en considération à la fois
les pertes déjà accusées et une évaluation réaliste de celles qui
pourraient venir s’y ajouter. Moyennant un certain nombre d’hypothèses,
le GFSR estime que le montant de capital nécessaire pourrait être de
l’ordre de 275 à 500 milliards de dollars pour les banques américaines, de
475 à 950 milliards de dollars pour les banques européennes (non
compris celles du Royaume-Uni ) et de 125 à 250 milliards de dollars pour
les banques britanniques1. Les superviseurs, évaluant cas par cas les
besoins de recapitalisation de chaque banque, devront pouvoir
déterminer si ses fonds propres sont de bonne qualité, son financement,
son plan d’activité et ses procédures de gestion des risques bien adaptés,
sa politique de rémunération appropriée et son équipe de direction solide.
Les superviseurs devront aussi déterminer le niveau approprié des fonds
propres obligatoires des institutions, en tenant compte des règles
minimums en la matière et de la nécessité de volants de réserve pour
absorber d’autres pertes inattendues. Les banques viables n’ayant pas
suffisamment de fonds propres devraient être rapidement recapitalisées,
à l’aide d’injections de fonds publics (accompagnés, si possible, de fonds
privés) pour ramener les ratios de fonds propres à un niveau suffisant
pour regagner la confiance des marchés. Les autorités devraient aussi
être prêtes à fournir des fonds propres sous forme d’actions ordinaires de
manière à étayer la confiance et améliorer les perspectives de
financement et cela peut signifier que l’État deviendra temporairement
actionnaire de la banque, jusqu’à ce qu’une solution puisse être mise au
point avec le secteur privé. Pour les institutions financières non viables, il
faut une prompte intervention qui débouche sur des fermetures ou des
fusions. Le montant de fonds publics requis sera sans doute élevé, mais
les besoins risquent de grandir, plus la solution tarde à venir.
Il sera aussi nécessaire de déployer de vastes efforts pour remédier aux
difficultés financières des pays émergents. Le secteur des entreprises est
très menacé. Le soutien direct de l’État aux emprunts des entreprises
peut se justifier. Certains pays ont aussi étendu la garantie des dettes
bancaires aux entreprises, en priorité celles qui travaillent à l’exportation,
ou ont mis en place des dispositifs de secours pour financer le commerce
extérieur au moyen de divers guichets — ce qui aide à maintenir les flux
commerciaux et limite les dégâts que subit l’économie réelle. Des plans
de secours devraient en
1 La partie basse de la fourchette correspond aux fonds propres
nécessaires pour corriger l’effet de levier, mesurés par le ratio des actifs
corporels au total de l’actif (tangible common equity —TCE), qui se situe
à 4 %. La partie supérieure correspond aux fonds propres nécessaires
pour porter ce ratio à 6 %, ce qui cadre avec les niveaux observés au
milieu des années 90 (voir l’édition d’avril 2009 du GFSR).

Outre être établis en vue d’une éventuelle restructuration de grande


envergure au cas où la situation continuerait à se détériorer.
Une coopération internationale plus active est nécessaire pour éviter
d’exacerber les tensions transnationales. La coordination et la
collaboration sont particulièrement importantes en matière de politique
financière pour éviter que les actions d’une nation n’aient des retombées

35
préjudiciables sur d’autres. Dans le même temps, le soutien de la
communauté internationale, dont le FMI, peut aider les pays à amortir
l’impact de la crise financière sur l’économie réelle et, notamment dans
les pays en développement, en limiter les effets sur la pauvreté. Grâce
aux récentes réformes visant à assouplir les instruments de prêt en
faveur des pays performants pris dans la tourmente, ainsi qu’aux plans
présentés au sommet duG-20 pour accroître les ressources à la
disposition du FMI, la communauté financière internationale est mieux
capable de faire face aux risques liés à un coup d’arrêt brutal aux flux de
capitaux privés.

Détente de la politique monétaire


Dans les pays avancés, il convient d’utiliser énergiquement la marge
d’assouplissement de la politique monétaire pour contrer les risques de
déflation. Bien que les taux directeurs soient proches de zéro dans bien
des pays, il convient de se servir sans retard de la marge restante. Il est
important, parallèlement, que la stratégie de communication soit claire —
les banquiers centraux doivent souligner qu’ils sont déterminés à éviter la
déflation en maintenant la détente monétaire aussi longtemps qu’il sera
nécessaire. Dans un nombre croissant de cas, l’abaissement des taux
d’intérêt devra s’accompagner du recours de plus en plus fréquent à des
mesures moins conventionnelles, jouant à la fois sur la taille et la
composition du bilan de la banque centrale elle-même pour stimuler
l’intermédiation du crédit. Dans la mesure du possible, ces actions
doivent être conçues de façon à apporter le maximum d’aide aux
marchés désorganisés, tout en laissant au secteur privé les décisions
d’affectation du crédit et en préservant le bilan de la banque centrale du
risque de crédit.
Les pays émergents vont aussi devoir assouplir leur politique monétaire
pour faire face à la dégradation des perspectives. Dans beaucoup de ces
pays, toutefois, la tâche de la banque centrale est compliquée par la
nécessité de préserver la stabilité extérieure alors que les flux de
capitaux sont très fébriles. Dans une bien plus large mesure que dans les
pays avancés, le financement des pays émergents peut faire l’objet de
perturbations dramatiques — coups d’arrêt — en partie parce que la cote
de crédit de l’emprunteur souverain suscite beaucoup plus de
préoccupations. Les pays émergents ont aussi eu tendance à emprunter
davantage en devises, de sorte qu’une dépréciation marquée du change
peut être très préjudiciable aux bilans. C’est pourquoi, bien que la plupart
des banques centrales de ces pays aient abaissé les taux d’intérêt, en
réponse à l’effondrement de l’économie mondiale, elles ont à juste titre
pris soin de maintenir en même temps des incitations pour les entrées de
capitaux et d’éviter des mouvements désordonnés des taux de change.
À plus longue échéance, il sera crucial de moduler le tempo auquel il
conviendra de mettre fin à l’extraordinaire effort de relance monétaire.
En agissant trop vite, on risquerait de compromettre une reprise encore
fragile, mais en agissant trop tard, on pourrait risquer la surchauffe et la
formation de nouvelles bulles des prix des actifs.

Faire aller de pair relance et viabilité budgétaire


Compte tenu de l’ampleur de la crise et des limites à l’efficacité de la
politique monétaire, la politique budgétaire doit jouer un rôle crucial de
relance à court terme de l’économie mondiale. L’histoire enseigne que les
mesures budgétaires sont particulièrement efficaces pour abréger la

36
durée des récessions causées par des crises financières (chapitre 3). La
marge de manoeuvre en ce domaine sera cependant limitée si ces efforts
minent la crédibilité de la politique budgétaire. La tâche des autorités est
donc doublement délicate : mettre en oeuvre des mesures
expansionnistes à court terme, mais en même temps rassurer l’opinion
quant aux perspectives à moyen terme. Il faudra rééquilibrer les finances
publiques une fois la reprise assise, et cela peut être facilité par un bon
encadrement budgétaire à moyen terme. Il importe toutefois de ne pas
amorcer le rééquilibrage trop tôt. Les autorités gouvernementales se sont
certes employées à assurer une relance significative en 2009, mais il
apparaît maintenant que cet effort devra être à tout le moins poursuivi,
voire intensifié en 2010, et que les pays disposant d’une marge de
manoeuvre budgétaire devraient être prêts à prendre de nouvelles
mesures de relance pour soutenir la reprise. Dans la mesure du possible,
il faut que ce soit un effort concerté, puisqu’une partie des effets des
mesures adoptées par un pays individuel filtrera à travers ses frontières,
mais jouera au bénéfice de l’économie mondiale.
Comment concilier relance et viabilité budgétaire? L’une des clés du
dilemme est le choix des mesures de relance. Il faut, autant que possible,
qu’elles soient temporaires et que l’État «en ait pour son argent» (on
peut songer par exemple à accélérer les dépenses pour des projets déjà
programmés ou en cours de réalisation, ou de réduire à titre provisoire
les impôts des ménages qui ont du mal à obtenir du crédit). Il est aussi
souhaitable de centrer les efforts sur des mesures porteuses d’effets
bénéfiques durables sur le potentiel de production de l’économie, par
exemple des dépenses d’infrastructures. En deuxième lieu, les initiatives
gouvernementales de relance à court terme doivent s’accompagner de
réformes visant à renforcer le cadrage budgétaire à moyen terme pour
garantir que les déficits de courte durée seront inversés et la dette
publique contenue. Troisièmement, dans maints pays, il serait crucial
pour assurer la viabilité des finances publiques de trouver des solutions
concrètes aux problèmes budgétaires que pose le vieillissement de la
population. Le coût de la crise financière — certes considérable — est
éclipsé par celui que va faire peser sur le budget la hausse des dépenses
de sécurité sociale et de santé pour les personnes âgées. Une réforme
crédible de ces programmes n’aura peut-être guère d’effets immédiats
sur les comptes publics, mais pourrait changer du tout au tout les
perspectives d’avenir, et donc préserver la marge requise pour assurer
une relance budgétaire à court terme.

Enjeux pour le moyen terme


La cause profonde de la défaillance des marchés qui a conduit à la crise
actuelle est l’optimisme engendré par une longue période de forte
croissance, de taux d’intérêt bas et peu fluctuants, à quoi s’ajoutent les
insuffisances des politiques économiques. La réglementation financière
n’était pas adaptée pour faire face à la concentration des risques et aux
incitations fallacieuses masquées par l’explosion de l’innovation
financière. La politique macroéconomique ne prenait pas la mesure de
l’accumulation des risques systémiques au sein du système financier et
sur les marchés immobiliers.
Les décideurs sont donc confrontés à des enjeux considérables pour le
moyen terme. Sur le plan des finances publiques, il importe maintenant
de s’employer à élargir le champ de la réglementation et à la rendre
suffisamment souple pour qu’elle couvre l’ensemble des institutions

37
concernées. Il est nécessaire par ailleurs que la régulation devienne plus
macroprudentielle, ce qui supposerait la mise en place de structures
compensatoires pour modérer les effets procycliques, de solides
mécanismes d’équilibrage de l’offre et de la demande, de règles
comptables pour prendre en compte les titres illiquides, de règles de
transparence à propos de la nature et de la localisation des risques pour
promouvoir la discipline des marchés, et d’un système plus performant
de gestion de la liquidité.
Sur le plan macroéconomique, les banques centrales devront aussi
adopter une perspective macroprudentielle plus vaste, en étant dûment
soucieuses de la stabilité financière autant que de la stabilité des prix, en
prenant en considération les mouvements des prix des actifs, les booms
du crédit, l’effet de levier et la montée des risques systémiques. Les
responsables budgétaires devront faire baisser les déficits et placer la
dette publique sur une trajectoire viable.
Il est indispensable de renforcer la coordination et la collaboration
internationales, au moyen de systèmes d’alerte avancée plus efficaces et
d’avertissements plus francs lorsque des risques se profilent. La
coopération sur le plan financier est particulièrement cruciale, en raison
des énormes retombées que les mesures prises dans un pays peuvent
avoir sur les autres. Parallèlement, l’achèvement rapide du cycle de
négociations commerciales multilatérales de Doha pourrait raviver les
perspectives de croissance mondiale et le solide appui des instances
bilatérales et multilatérales, dont le FMI, pourrait aider à limiter les
retombées économico-sociales négatives de la crise financière sur les
pays émergents et en développement.

38
RAPPORT SUR LA STABILITÉ FINANCIÈRE DANS LE
MONDE
avril 2009
Résumé analytique
Le système financier mondial reste soumis à très rude épreuve, à l’heure
où la crise s’étend aux ménages, aux entreprises et aux banques, tant
dans les pays avancés que dans les pays émergents. Le ralentissement
de l’activité économique pèse encore plus lourdement sur les bilans des
banques, dont les actifs continuent de se dévaloriser, compromettant
ainsi leurs ratios de fonds propres et l’ouverture de nouveaux crédits. La
croissance du crédit marque le pas, ou devient même négative, ce qui
freine davantage l’activité économique. De vastes opérations
d’ajustement du secteur privé et de relance par l’État ont déjà été
engagées et contribuent à donner les premiers signes de stabilisation. Il
faudra malgré tout d’autres mesures énergiques et efficaces et une plus
grande coopération internationale pour entretenir ce redressement,
rétablir la confiance du public dans les institutions financières et
normaliser les marchés. La tâche prioritaire consiste à enrayer la spirale
baissière des interactions entre le système financier et l’économie
mondiale. Un travail prometteur a déjà été engagé pour repenser le
système financier mondial et offrir une assise plus stable et plus
adaptable à une croissance économique soutenue.
Pour remettre le secteur financier d’aplomb, il faut adopter des
politiques propres à dissiper les tensions sur les marchés de financement
des banques et des entreprises, à assainir le bilan des banques, à rétablir
les flux de capitaux internationaux (notamment vers les pays émergents),
et à maîtriser les effets pervers des mesures adoptées pour combattre la
crise. Autant d’objectifs qui exigeront une farouche détermination
politique dans une conjoncture éprouvante, ainsi qu’une coopération
internationale plus énergique. À en juger d’après l’issue du sommet du G-
20 du début du mois d’avril, cette volonté et cette détermination
internationales à s’attaquer aux problèmes soulevés par la crise gagnent
en intensité.
Si les bilans des banques ne sont pas assainis en profondeur, pour
en purger les actifs compromis, et parallèlement restructurés, voire
recapitalisés, les problèmes bancaires risquent de continuer à freiner
l’activité économique. D’après nos meilleures estimations, certes fondées
sur une série d’hypothèses, la dépréciation des actifs d’origine
américaine depuis le début de la crise jusqu’en 2010, tous détenteurs
confondus, passerait de 2.200 milliards de dollars (édition de janvier 2009
du Rapport sur la stabilité financière dans le monde - Actualité des
marchés financiers) à 2.700 milliards de dollars, principalement du fait de
la dégradation du scénario de référence de croissance économique. Dans
la présente édition, les estimations de dévalorisation s’étendent aux
actifs provenant d’autres marchés matures, et si les données qui sous-
tendent ces scénarios présentent une plus grande incertitude, il en
ressort toutefois que les pertes de valeur pourraient atteindre près de
4.000 milliards de dollars, montant qui pour deux tiers concernerait les
banques.
Ces derniers mois les marchés interbancaires ont connu certaines
améliorations, mais les financements demeurent tendus et les banques

39
ont moins accès aux financements à plus long terme à mesure que les
crédits arrivent à terme. Dans de nombreux pays les banques peuvent
désormais émettre des obligations à plus long terme garanties par l’État,
mais leurs écarts de financement demeurent considérables. Beaucoup
d’entreprises ne peuvent donc plus se pourvoir en fonds de roulement
auprès des banques et certaines d’entre elles ont du mal à s’endetter à
plus long terme, hormis à des taux plus élevés.
De nombreuses institutions financières non bancaires ont été
frappées de plein fouet par la crise en raison de la forte dévalorisation de
leurs actifs. Les caisses de retraite ont été durement touchées. Leurs
actifs se sont rapidement dépréciés et leurs déficits de financement se
sont simultanément creusés du fait des rendements plus faibles des
obligations d’État que beaucoup d’entre elles utilisent pour calculer leurs
engagements. Les compagnies d’assurance-vie ont essuyé des pertes sur
fonds propres et sur leurs portefeuilles d’obligations d’entreprises, ce qui
dans certains cas a considérablement amoindri leurs excédents de fonds
propres réglementaires. Ces institutions ont sans doute, pour la plupart,
géré leurs risques avec prudence, mais certaines ont pris plus
d’engagements sans apprécier pleinement les tensions qui pourraient se
manifester à l’avenir.
Le désengagement des marchés étrangers s’opère désormais à un
rythme plus rapide que celui de l’inversion de l’effet de levier, la forte
compression des financements transfrontaliers ayant pour effet
d’exacerber la crise dans plusieurs pays émergents. En effet, le retrait
des banques et investisseurs étrangers ainsi que l’effondrement des
marchés à l’exportation provoquent sur les financements des pays
émergents un effet de contraction qu’il est urgent de contrecarrer. Les
besoins de refinancement des pays émergents sont considérables, de
l’ordre de 1.800 milliards de dollars en 2009 selon les estimations, le gros
provenant des entreprises, y compris les institutions financières. Bien
qu’il soit manifestement difficile d’émettre des prévisions, d’après les
estimations actuelles les flux nets de capitaux privés vers les pays
émergents seront négatifs en 2009, et il est peu probable que les entrées
de capitaux reviennent à l’avenir aux niveaux antérieurs à la crise. Les
pays émergents qui dépendaient de ce type de flux commencent à
s’affaiblir, et il est donc d’autant plus important de mobiliser des appuis
officiels compensatoires.
Malgré des initiatives officielles sans précédent pour couper court à
la spirale baissière dans les pays avancés — avec notamment d’énormes
concours budgétaires et un large éventail de lignes de liquidités —
d’autres mesures énergiques seront nécessaires pour contribuer à
rétablir la confiance et dissiper, sur les marchés financiers, les
incertitudes qui menacent les perspectives d’une reprise économique.
Cela dit, le transfert de risques financiers du secteur privé au secteur
public soulève des problèmes. Les préoccupations persistent quant aux
effets pervers que pourraient avoir les mesures adoptées et l’on craint
par ailleurs que les coûts à court terme des plans de relance, y compris
ceux des vastes programmes d’appui bancaire, ne se conjuguent aux
tensions à plus long terme d’une population vieillissante pour accroître
davantage le fardeau de la dette dans certains pays avancés. Enfin, la
préférence nationale tend à s’affirmer et les pouvoirs publics encouragent
les banques à prêter localement et les consommateurs à privilégier la
production nationale.

40
Ces risques, qui sont analysés au chapitre 1, conforment l’une des
problématiques les plus complexes pour le secteur public depuis un demi-
siècle. Nous énonçons ci-après les mesures, à nos yeux essentielles, pour
enrayer la spirale baissière des interactions entre le secteur financier et
l’économie réelle.

Recommandations immédiate
Même si des mesures sont prises sans tarder et exécutées à bon
escient, l’inversion de l’effet de levier sera un processus lent et délicat et
la reprise économique s’inscrira vraisemblablement dans la durée.
L’inversion du levier financier et la contraction de l’activité devraient, à
court terme, freiner la croissance du crédit aux Etats-Unis, au Royaume-
Uni et dans la zone euro, voire la rendre négative, et il faudrait
vraisemblablement attendre plusieurs années pour observer une reprise.
Ces perspectives peu favorables appellent une mise en oeuvre
résolue des politiques déjà établies et, le cas échéant, une plus grande
détermination dans la définition de nouvelles orientations. Le soutien
politique à ce type de mesures semble cependant s’essouffler, l’opinion
publique étant découragée par certaines utilisations des fonds publics
qu’elle juge abusive et dont la presse se fait l’écho. Il existe un risque réel
que les gouvernements rechignent à mobiliser suffisamment de
ressources pour résoudre le problème. Qui plus est, l’incertitude liée aux
réactions politiques peut avoir un effet dissuasif sur le secteur privé dans
la recherche constructive d’une solution ordonnée aux tensions
financières. Autrement dit, pour rétablir la confiance il faudra
impérativement que les ripostes soient claires, cohérentes et fiables.
L’expérience des crises passées montre qu’il faut plusieurs années pour
remettre le système bancaire d’aplomb et revenir à un fonctionnement
normal, et que les récessions tendent à être plus profondes et plus
longues lorsqu’elles vont de pair avec une crise financière (voir chapitre 3
de l’édition d’avril 2009 des Perspectives de l’économie mondiale). Il
ressort de cette même expérience que lorsque les politiques ne sont pas
claires, qu’elles ne sont pas exécutées avec conviction et rapidité, ou
qu’elles ne s’attaquent pas aux problèmes sous-jacents, la reprise est
plus laborieuse et ses coûts — tant pour le contribuable que pour
l’économie — sont plus lourds.
Vu l’envergure mondiale de cette crise, les politiques menées au
plan national seront d’autant plus performantes qu’elles seront
coordonnées entre les pays touchés. La coordination et la collaboration
doivent mettre à profit l’effet d’entraînement positif du récent sommet du
G-20, et il importe notamment de veiller à ce que les politiques
financières nationales n’aient pas d’effets pervers par-delà les frontières.
C’est ainsi que face aux problèmes bancaires, et notamment aux actifs
compromis, une démarche plus systématique et performante, fondée sur
la coordination internationale, a plus de chances de nourrir la confiance
et d’éviter les arbitrages réglementaires et les concurrences pernicieuses.
À court terme, les trois priorités énoncées dans les précédentes
éditions du rapport et expressément reconnues dans le communiqué de
février 2009 du G-7 demeurent à l’ordre du jour : i) faire en sorte que le
système bancaire ait accès aux liquidités ; ii) recenser et traiter les actifs
dévalorisés ; et iii) recapitaliser les institutions faibles mais viables et
prendre rapidement en charge les banques non viables. En règle
générale, la première relève des banques centrales tandis que les deux
autres font appel aux superviseurs et aux gouvernements. Des progrès

41
ont été réalisés sur le premier dossier mais les initiatives adoptées sur les
deux autres paraissent plus fragmentaires et semblent avoir été prises en
réaction aux circonstances. Les autorités de plusieurs pays, à en juger
d’après leurs récentes déclarations, reconnaissent qu’il est nécessaire de
s’attaquer aux actifs compromis et d’évaluer la capacité d’adaptation des
banques à une détérioration encore plus grave de l’économie mondiale,
afin d’apprécier les besoins de recapitalisation. C’est là un constat
encourageant et, à mesure qu’ils seront communiqués, les détails
contribueront certainement à dissiper les incertitudes et le scepticisme
de l’opinion publique. Les enseignements des crises passées invitent les
autorités à adopter des mesures plus énergiques et plus efficaces pour
corriger les faiblesses du secteur financier.

Évaluer sans tarder la viabilité des banques et leur


recapitalisation
Il convient de réévaluer la viabilité à long terme des institutions
afin d’apprécier leurs besoins en capital, en tenant compte de façon
réaliste des pertes encourues jusqu’à présent et des risques de
dévalorisations futures. Afin d’appréhender l’ordre de grandeur de
l’ensemble des besoins en capital des systèmes bancaires occidentaux,
nous avons réalisé, à titre illustratif, deux séries de calculs qui tiennent
compte des dévalorisations et du chiffre d’affaires que ces banques
pourraient enregistrer en 2009–10. Nos calculs s’appuient sur plusieurs
hypothèses, parfois incertaines, aussi les besoins en capital doivent-ils
être perçus comme une indication de la gravité du problème. Les
premiers calculs posent l’hypothèse que l’effet de levier, exprimé sous la
forme du ratio fonds propres ordinaires sur actifs corporels, revient aux
niveaux d’avant la crise (4 %). Même pour atteindre ce niveau, quelque
275 milliards de dollars de capitaux devraient être injectés dans les
banques américaines, environ 375 milliards de dollars dans les banques
de la zone euro, près de 125 milliards de dollars dans les établissements
britanniques et environ 100 milliards de dollars dans les banques des
autres économies matures d’Europe. Les deuxièmes calculs illustratifs
supposent un retour aux niveaux de levier du milieu des années 1990
(ratio de 6 %). Il s’agit là d’un niveau plus rigoureux qui exigerait des
injections de capital plus importantes, de l’ordre de 500 milliards de
dollars aux Etats-Unis, 725 milliards de dollars dans la zone euro, 250
milliards de dollars au Royaume-Uni et 225 milliards de dollars dans les
autres économies matures d’Europe. Il ressort de ces estimations
approximatives, fondées sur nos scénarios, que des injections de capital
s’imposent non seulement pour compenser les pertes, mais aussi pour
répondre aux exigences grandissantes des marchés du point de vue des
ratios de fonds propres et des leviers financiers, vu l’incertitude qui pèse
sur la valorisation des actifs et la qualité des fonds propres. Sans émettre
de jugement sur la pertinence de l’utilisation du ratio fonds propres
ordinaires sur actifs corporels, il importe de noter que ces montants
diminuent dans la mesure où les actions préférentielles sont converties
en actions ordinaires (ce qui a pour effet d’accroître les fonds propres
capables d’absorber les pertes) et que l’État garantit les banques contre
d’autres pertes provoquées par certains des actifs compromis de leur
bilan. Aux Etats-Unis, par exemple, le montant des actions préférentielles
émises durant ces dernières années est particulièrement important et en
cas de conversion en actions ordinaires il pourrait contribuer à relever le
ratio. Dans plusieurs pays les autorités ont convenu de prendre en charge

42
une grande part des pertes futures sur certaines catégories d’actifs
bancaires.
Pour réduire cette incertitude et stabiliser le système bancaire trois
conditions s’imposent :
• Un rôle plus actif des instances de supervision dans la détermination de
la viabilité des institutions et des mesures correctives appropriées, y
compris en définissant les besoins en capital à partir des dévalorisations
escomptées durant les deux années à venir.
• Une information transparente et complète sur les éléments compromis
des bilans bancaires, soumise au contrôle des superviseurs à partir d’un
ensemble de critères bien établis.
• Une indication claire des superviseurs quant au type de fonds propres
requis — fonds propres ordinaires ou fonds propres de base (Tier 1) — et
aux délais consentis pour atteindre les nouveaux ratios de fonds propres.

Les conditions applicables à tout apport de fonds publics doivent


être strictes. Les superviseurs chargés d’évaluer la viabilité des
établissements bancaires, outre qu’ils doivent apprécier les pertes de
valeur et les fonds propres disponibles, doivent par ailleurs s’assurer de
la solidité de leurs structures de financement, de leurs plans d’action et
de leurs processus de gestion des risques, de la pertinence de leurs
politiques de rémunération, et de la qualité de leur gestion. Les banques
jugées viables mais manquant de fonds propres devraient pouvoir
bénéficier d’une injection de fonds publics qui, de préférence,
encouragent les apports de capitaux privés, pour remonter les ratios de
fonds propres à des niveaux pouvant ramener la confiance, et faire l’objet
d’une restructuration prudente. Tant que ces institutions bénéficient de
fonds publics, leurs activités doivent être suivies de près et les
versements de dividendes soumis à des restrictions. Les rémunérations et
les éventuels remplacements de dirigeants doivent faire l’objet d’un
examen minutieux. Les institutions financières jugées non viables doivent
être prises en charge sans tarder. Cette prise en charge peut prendre la
forme d’une fusion ou éventuellement d’une liquidation ordonnée pour
autant que cela ne menace pas la stabilité financière globale.
La restructuration peut exiger une prise de contrôle provisoire par
l’État. L’impossibilité actuelle de mobiliser des fonds privés montre que la
crise s’est aggravée au point d’exiger de l’État des mesures plus
énergiques, quitte à injecter des capitaux sous la forme d’actions
ordinaires, même si cela suppose une participation majoritaire au capital,
voire un contrôle de l’institution. Une prise de contrôle temporaire par
l’État peut donc être nécessaire, mais uniquement dans le but de
restructurer l’institution, de sorte qu’elle puisse regagner le secteur privé
dès que possible. Il faut surtout que les fonds propres ordinaires soient
suffisants pour permettre à la banque de fonctionner de nouveau, car il
s’agit là du type de capital que les marchés exigent pour parer à
d’éventuelles dépréciations. Jusqu’à présent la plupart des injections de
fonds publics ont pris la forme d’actions préférentielles qui entraînent un
coût élevé risquant de limiter la capacité des banques à mobiliser
d’autres types de capitaux privés. On pourrait envisager de convertir ces
actions en actions ordinaires afin de réduire cette charge. Les
incertitudes quant aux politiques futures ont également un effet dissuasif
sur les capitaux privés ; pour contrer ces incertitudes il est nécessaire de
transmettre des messages clairs. Dans une crise bancaire systémique,
accorder un traitement préférentiel aux nouveaux obligataires aux

43
dépens des anciens détenteurs risque d’avoir un effet déstabilisateur car
nombreux de ces détenteurs sont des institutions financières, elles-
mêmes en difficulté. Les autorités doivent être pleinement conscientes
des conditions légales dans lesquelles leurs interventions pourraient être
considérées comme une « opération de crédit » pouvant déclencher des
livraisons de produits dérivés, de manière à éviter d’amplifier les effets
systémiques sur d’autres marchés ou d’autres institutions.
La coopération et la cohésion au plan international sont
importantes. Il est essentiel que les pays coordonnent les principes et les
conditions applicables aux injections de capital afin d’éviter les arbitrages
réglementaires et les concurrences pernicieuses. La coordination est
certes difficile dans le climat politique actuel, mais il peut être dans
l’intérêt des pouvoirs publics de présenter leur action à lumière des
initiatives prises ailleurs afin d’apporter plus de clarté.

Un traitement systématique des « actifs compromis » —


structures de cantonnement et garanties
Comme les systèmes bancaires ne connaissent pas tous les mêmes
problèmes et que l’ampleur des actifs dévalorisés varie d’un pays à
l’autre, différentes démarches ont été adoptées. Il importe avant tout de
choisir une stratégie appropriée, de faire en sorte qu’elle soit
correctement financée et de la mettre en oeuvre de manière claire.
L’utilisation de méthodes différentes au plan international rend d’autant
plus nécessaire la coordination des principes applicables à la valorisation
des actifs et à la détermination des pertes à prendre en charge par le
secteur public. Parmi les formules utilisées jusqu’à présent, le Royaume-
Uni a privilégié le maintien des actifs au bilan des banques, mais en
accordant des garanties qui limitent l’impact d’autres pertes futures. Il
est une autre solution qui consiste à placer les actifs dévalorisés dans une
structure de cantonnement distincte (bad bank), comme l’a fait la Suisse
dans le cas d’UBS et comme l’Irlande envisage de le faire. Cette
technique a l’avantage d’être relativement transparente, et si le gros des
actifs compromis est transféré à cette structure, les banques se
retrouvent avec un bilan assaini. Les Etats-Unis ont fourni des garanties
contre les pertes que pouvaient subir certains actifs compromis ou
vulnérables de Citibank et Bank of America, et proposé d’établir des
partenariats public/privé pour racheter les actifs dévalorisés des banques.
La proposition actuelle présente des éléments propres à encourager la
participation du secteur privé, mais il reste à savoir si les banques
trouveront suffisamment d’intérêt à vendre ces actifs. En règle générale
plusieurs formules peuvent donner des résultats selon la situation
particulière du pays considéré.
Par ailleurs, comme les questions de valorisation continuent d’être
une source importante d’incertitude, les pouvoirs publics doivent définir
des méthodes réalistes d’évaluation des instruments de crédit titrisés
illiquides auxquels ils entendent apporter leur appui. Lorsque les actifs ne
sont pas négociés de manière courante et que leurs prix de marché sont
« bradés », le travail d’évaluation doit s’appuyer sur les conditions
économiques escomptées afin de déterminer la valeur actuelle nette des
flux de revenu futurs. Sans perdre de vue la complexité de certains de
ces actifs, cette méthode de base devrait, de préférence, être adoptée
d’un commun accord et appliquée de façon systématique à l’échelle
internationale pour éviter les problèmes liés aux valorisations par trop
positives, à l’arbitrage réglementaire et à une concurrence pernicieuse.

44
Le Conseil de stabilité financière, de concert avec les organismes de
normalisation, serait le mieux à même de promouvoir une démarche
coordonnée.

Des liquidités suffisantes pour accompagner la restructuration


bancaire
Les tensions demeurent élevées sur les marchés de financement
bancaire et ceux-ci ne pourront se redresser que lorsque les risques de
contrepartie auront diminué et que les banques et pourvoyeurs de
liquidités de gros verront plus clairement comment déployer leurs
ressources. Dans beaucoup de pays les autorités ont adopté des mesures
pour protéger les déposants et elles garantissent divers types de dette
bancaire, mais en l’absence de ce type d’appui de l’État il existe très peu
de financements à plus long terme. Malgré tout, le financement de gros
continue d’accuser un considérable déficit et il faudrait harmoniser
d’avantage les structures adoptées dans les différents pays afin
d’apporter plus de clarté et de réduire les frictions. Autrement dit, dans
l’immédiat les banques centrales devront continuer de fournir
suffisamment de liquidités à court terme aux banques et l’État devra
apporter des garanties à l’appui des engagements dans l’immédiat. Cela
étant, il ne serait pas prématuré de songer à des stratégies de sortie qui,
le moment venu, devraient en tout état de cause être appliquées
graduellement. Ces stratégies devraient avoir pour objectif de redéfinir
progressivement le coût de ces facilités et d’imposer des conditions plus
rigoureuses à leur emploi, de manière à inciter les banques à revenir aux
marchés privés.
***
Outre les trois priorités applicables aux secteurs bancaires des
pays avancés, d’autres mesures doivent être adoptées dans l’immédiat
pour enrayer la propagation de la crise aux pays émergents et maîtriser
le risque de protectionnisme financier.

Veiller à ce que les pays émergents soient suffisamment


protégés contre l’inversion du levier financier et l’aversion pour
le risque des investisseurs des pays avancés.
Les problèmes dont souffrent les systèmes bancaires des pays
avancés et la contraction de l’activité économique mondiale frappent
désormais de plein fouet les pays émergents. D’après nos projections les
sorties de flux de portefeuille devraient représenter environ 1 % du PIB
des pays émergents durant les années à venir. En partant d’hypothèses
raisonnables, les flux de capitaux vers les pays émergents pourraient se
solder par des sorties nettes en 2009, les possibilités de reprise en 2010
et 2011 étant très limitées.
Comme dans les pays avancés, les banques centrales des pays
émergents devront mettre suffisamment de liquidités à la disposition de
leur système bancaire. Cela dit, dans bien des cas le marché
interbancaire national n’est pas un gros pourvoyeur de financements, une
grande partie du financement bancaire ayant été d’origine extérieure
durant ces dernières années. Autrement dit, les banques centrales
pourraient clairement être amenées à fournir des devises au moyen de
swaps ou de ventes directes. Celles qui disposent d’importantes réserves
de change peuvent y puiser, mais d’autres instruments, tels que les
lignes de swap avec les banques centrales des pays avancés ou les
facilités du FMI, pourraient également intervenir dans leur dispositif de

45
défense. Le complément de ressources mis à la disposition du FMI à
l’issue du sommet du G-20 peut aider les pays à amortir les retombées de
la crise financière sur l’activité réelle et, surtout dans les pays en
développement, les effets sur les pauvres. Qui plus est, les programmes
du FMI peuvent parfois utilement contribuer à mobiliser d’autres sources
de financement.
Le gros du risque de refinancement de la dette extérieure des pays
émergents se concentre dans le secteur des entreprises, ce qui pourrait
justifier l’appui direct de l’État en faveur de ces dernières. Certains pays
ont décidé de leur accorder les garanties initialement réservées aux
dettes bancaires, en attachant une attention toute particulière aux
entreprises qui interviennent sur les marchés d’exportation. D’autres
proposent diverses facilités de financement du commerce extérieur, afin
de contribuer à préserver la fluidité des échanges et de limiter les
retombées sur l’économie réelle. En tout état de cause, des plans
d’intervention doivent être élaborés au cas où la conjoncture se
détériorerait davantage au point d’exiger de vastes restructurations.
En Europe, vu les fortes relations d’interdépendance, il est
essentiel que les pays avancés et les pays émergents travaillent de
concert à des solutions communes. Le récent rapport du « Groupe de
Larosière » offre un bon point de départ pour débattre de la coordination
et de la collaboration au sein de l’Union européenne. Les craintes que
suscitent le refinancement des dettes arrivant à échéance et la
persistance du financement extérieur des déficits courants dans les pays
émergents d’Europe appellent des mesures concrètes. Un travail conjoint
s’impose par ailleurs pour surmonter les problèmes des systèmes
bancaires — y compris la coordination des tests de résistance faisant
intervenir les maisons mères et les filiales, une meilleure coopération
entre le pays du siège et les pays d’accueil et l’échange d’informations —
et se préparer à résoudre les tensions issues du service de la dette des
entreprises et des ménages. Dans le cas des banques d’Europe
occidentale qui ont de multiples filiales dans les pays émergents
d’Europe, des échanges entre instances de supervision des pays
concernés sur la démarche à adopter face à des difficultés communes
profiteront vraisemblablement à toutes les parties.

Une coordination internationale pour prévenir l’égoïsme sacré


Les pressions en faveur des crédits nationaux peuvent aboutir à un
protectionnisme financier. Lorsque les pays agissent de manière
unilatérale pour appuyer leurs propres systèmes financiers, leur action
peut avoir des effets pervers par-delà les frontières. Dans plusieurs pays
les autorités ont annoncé que les banques bénéficiant de l’aide de l’État
devaient maintenir (ou de préférence accroître) leurs prêts intérieurs.
Cette démarche risque d’évincer les crédits extérieurs, à l’heure où les
banques sentent de plus en plus la nécessité d’inverser l’effet de levier
dans leur bilan, de mettre fin à leurs activités à l’étranger et de se défaire
des actifs les plus compromis, autant d’actions qui nuisent aux pays
émergents et, partant, à l’ensemble de l’économie mondiale. En
revanche, les accords récemment conclus entre les maisons mères de
banques implantées dans divers pays, pour continuer à pourvoir leurs
filiales en crédits incitent à l’optimisme.

Cohésion et consolidation des politiques macroéconomiques

46
Afin d’asseoir une reprise économique soutenue, il est essentiel de
stabiliser le système financier mondial. Comme le note l’édition d’avril
2009 des Perspectives de l’économie mondiale, les politiques de secteur
financier auront d’autant plus de chances d’être efficaces qu’elles
s’appuieront sur des politiques budgétaire et monétaire appropriées.

Promouvoir une interdépendance fructueuse entre les politiques


budgétaire et financière
Pour assurer une activité économique soutenue il faut renouer
avec la croissance du crédit. Les plans de relance destinés à nourrir
l’activité et à contenir la dévalorisation des actifs devraient améliorer la
solvabilité des emprunteurs et les garanties qui sous-tendent les prêts, et
conjointement avec les politiques financières engagées pour étayer les
bilans bancaires ils devraient promouvoir une solide expansion du crédit.
Par ailleurs, les fonds d’amorçage pour les partenariats public-privé dans
les projets d’infrastructure pourraient alimenter la demande de prêts.
Dans les pays qui disposent d’une marge de manoeuvre
budgétaire, les marchés verront d’un bon oeil les plans de relance,
lesquels pourraient contribuer à rétablir le climat de confiance. En
revanche, là où les déficits sont déjà considérables ou les institutions
décisionnelles très faibles, les marchés risquent d’être moins bien
disposés. Dans les pays qui ont fourni un soutien explicite ou implicite, les
marchés s’inquiètent d’ores et déjà des coûts budgétaires potentiels du
soutien apporté aux systèmes bancaires, notamment lorsque le système
financier est important par rapport à la taille de l’économie nationale. Des
progrès ont certes été récemment accomplis, mais la poussée des
rendements des titres d’État, les marges croissantes des contrats sur
risque de défaut ou bien encore l’affaiblissement de certaines monnaies
sont autant de manifestations de cette préoccupation. Les autorités
doivent réduire leurs risques de refinancement en rallongeant la structure
des échéances de la dette publique pour autant que la demande des
investisseurs le permette.
À l’évidence, des politiques de relance s’imposent, mais il faut
accorder une attention particulière à la viabilité budgétaire et aux
conséquences qu’un plan de relance peut avoir pour les besoins en
financement de l’État, compte tenu notamment des engagements
conditionnels au compte de patrimoine des administrations publiques1. Si
les plans de relance tolèrent le non respect des objectifs budgétaires, ils
doivent être accompagnés de cadres budgétaires crédibles à moyen
terme afin de réduire les déficits et les niveaux d’endettement2, faute de
quoi la solvabilité de l’État peut être mise en doute.

Une action novatrice des banques centrales pour rouvrir le crédit


et financer les marchés
Plusieurs pays ont rapidement réduit les taux directeurs nominaux
comme première ligne de défense contre la récession, et certains
s’approchent d’un taux zéro (ou l’ont d’ores et déjà atteint), tandis que
les écarts sur les taux débiteurs aux ménages et aux entreprises
continuent d’être importants. Dans certains cas des politiques atypiques
ont été mises en oeuvre pour ouvrir de nouveau les marchés du crédit et
du financement, et d’autres pourraient être envisagées. L’efficacité des
nouveaux outils est difficile à apprécier pour le moment, mais
manifestement les mesures destinées à développer et à modifier la
composition des bilans des banques centrales deviennent plus courantes.

47
Comme les banques centrales font de plus en plus appel à ces outils, il
convient de réfléchir davantage aux stratégies de sortie appropriées une
fois que la situation s’améliorera. Il pourrait être dans l’intérêt de l’État de
fournir des assurances à la fois sur l’intégrité du bilan de la banque
centrale et sur son indépendance globale.
Pour plusieurs pays émergents, dans la conjoncture actuelle, la
politique de taux d’intérêt est compliquée par la nécessité de tenir
compte de ses répercussions sur les taux de change. Certains n’ont peut-
être pas la possibilité de réduire les taux d’intérêt ou sont sans doute
amenés à les relever pour prévenir les sorties de capitaux. Comme pour
la politique budgétaire, les conditions propres à chaque pays
détermineront l’utilisation qui peut être faite de la politique monétaire.
Certains pays pourraient être en mesure de relâcher la pression sur le
taux de change en fournissant des liquidités en devises.
1Voir la section intitulée « Costs of Official Support, Potential Spillovers,
and Policy Risks » au chapitre 1 et l’encadré 3.5 du chapitre 3.
2 Voir le document du FMI intitulé « The State of Public Finances:
Outlook and Medium-Term Policies After the 2008 Crisis », 6 mars 2009.
Disponible à : http://www.imf.org/external/np/pp/eng/2009/030609.pdf.
3 On trouvera des recommandations dans ce sens dans le
document du FMI « Lessons of the Financial Crisis for Future Regulation of
Financial Institutions and Markets and for Liquidity Management », 4
février 2009, disponible à :
http://www.imf.org/external/np/pp/eng/2009/020409.pdf.

Jeter les bases d’un système financier mondial plus robuste


Surmonter la crise actuelle est la priorité immédiate, mais les
travaux se poursuivent pour parvenir à un système financier plus robuste
à plus long terme. Une fois la crise dépassée il faudra, bien entendu,
disposer d’un système plus solide et plus efficient, mais une perspective
plus claire de l’orientation des politiques financières à plus long terme
pourra également contribuer à dissiper les incertitudes et à renforcer la
confiance des marchés dans le court terme. Si certaines des propositions
énoncées ci-après peuvent sembler théoriques, leurs répercussions
seront réelles. Pour être correctement mises en oeuvre elles exigeront
des changements importants de structure et de considérables moyens ;
leur cohésion au plan international sera en outre déterminante3.
Il ne fait aucun doute que pour surmonter la crise il faudra modifier
en profondeur les contours et le fonctionnement des marchés financiers,
et que le système financier se caractérisera par des niveaux moins
important de levier, une diminution des asymétries de financement, de
moindres risques de contrepartie, et des instruments plus transparents et
plus simples qu’avant la crise. Le secteur privé assume une responsabilité
primordiale pour contribuer à ce nouvel environnement, en améliorant la
gestion des risques, y compris en suivant de près la gouvernance et les
politiques de rémunération.
Puisque ni la discipline du marché ni le contrôle des pouvoirs
publics n’ont suffi à bien évaluer ni a maîtriser l’accumulation des risques
systémiques, une meilleure réglementation et supervision financière sera
essentielle pour prévenir de futures crises. Il faudra notamment insister
sur les moyens qui permettront de détecter et de diminuer les risques
systémiques par une meilleure réglementation.
Outre qu’il serait vain de vouloir supprimer complètement les
risques systémiques — sans compter que cela freinerait la croissance

48
économique et briderait la créativité et l’innovation — la crise actuelle
montre qu’il faut accorder une plus grande attention à la surveillance et à
la réglementation dans une perspective systémique. Par ailleurs, un
meilleur cadre macroprudentiel de politique monétaire aiderait à amortir
les risques systémiques. S’il importe de mettre en place des
réglementations qui soient incitatives pour les institutions privées, dans
la mesure du possible, afin de renforcer la stabilité financière, force est
de reconnaître que la stabilité du système dans son ensemble est un bien
public dont l’importance sera sous-estimée par les institutions privées,
d’où la nécessité d’une réglementation obligeant les entités d’importance
systémique à mieux internaliser le coût sociétal global de l’instabilité.
Pour ce faire, la stabilité financière doit faire partie du mandat des
banques centrales, des régulateurs et des superviseurs. Il faudra mettre
en place un dispositif clair d’évaluation et d’intervention face aux risques
systémiques et préciser clairement quel régulateur systémique sera aux
commandes.
Les risques systémiques doivent être mieux définis et mesurés
pour pouvoir être maîtrisés. Les chapitres 2 et 3 apportent un éclairage
sur diverses grilles de paramètres qui aident à identifier les institutions
d’importance systémique à partir des liens directs et indirects. Dans
certains cas les calculs peuvent être considérés comme un point de
départ pour envisager un relèvement du seuil de capital obligatoire, de
sorte que les institutions ne puissent pas aisément acquérir une
dimension systémique qui obligerait les pouvoirs publics à intervenir le
cas échéant (problème de la connexion excessive ou too-connected-to-
fail). Même si leur emploi ne devient pas formel, les critères proposés
pourraient servir de repères pour limiter l’ampleur des risques que
prennent les différentes institutions. À l’évidence, ces méthodes
devraient être examinées et appliquées avec soin pour éviter que les
institutions ne trouvent d’autres moyens d’assumer des engagements
rentables. Une analyse et des études plus approfondies seront
nécessaires avant de pouvoir mettre en place une réglementation qui
s’inspirerait de ces travaux.
S’agissant des réformes réglementaires, les priorités sont au
nombre de cinq : étendre le périmètre de la réglementation pour couvrir
les institutions et activités d’importance systémique, prévenir les leviers
excessifs et réduire la procyclicalité, travailler sur la discipline du marché
et les déficits d’information, améliorer la réglementation transnationale et
transfonctionnelle, et renforcer la gestion des liquidités systémiques. Les
principaux enseignements tirés dans ces domaines sont résumés ci-
après.

Définir les institutions d’importance systémique et le périmètre


de la régulation prudentielle
Comme le reconnaissait le communiqué du récent sommet du G-
20, cette crise démontre que la réglementation doit couvrir toutes les
institutions d’importance systémique. Par le passé seul un noyau de
grandes banques était jugé d’importance systémique. La crise a montré
que d’autres intermédiaires financiers non bancaires peuvent l’être et
que leur effondrement peut avoir des effets déstabilisateurs.
L’importance systémique ne dépend pas uniquement de la taille de
l’institution, mais également de son degré d’intégration au système et de
la vulnérabilité de ses activités à un levier excessif ou à une structure de
financement risquée.

49
Pour mieux couvrir les risques systémiques les réglementations
doivent pouvoir s’appliquer à un plus large éventail d’institutions et de
marchés. Certes il n’est pas nécessaire de règlementer toutes les
institutions financières, mais la réglementation prudentielle doit s’étendre
à certains établissements dont on estimait par le passé qu’ils échappaient
au noyau de base (par exemple, les banques d’investissement). En outre,
certains métiers (tels les dérivés de crédit et les assurances) devront être
soumis au contrôle des régulateurs quelle que soit leur structure légale.
Une approche à deux volets pourrait être préférable. Le premier,
d’application plus vaste, exigerait des informations qui permettraient aux
superviseurs de déterminer quelles sont les institutions d’importance
systémique. Le second, d’application plus restreinte mais plus étendue
qu’aujourd’hui, serait celui d’une réglementation prudentielle et une
supervision plus rigoureuses, applicables à toutes les institutions
d’importance systémique. Celles-ci feraient l’objet d’un contrôle plus
rapproché mais d’autres institutions continueraient d’être supervisées du
fait de leur participation aux mécanismes de paiement ou au système
bancaire, ou dans le souci de protéger les investisseurs ou les
consommateurs. Les chapitres 2 et 3 présentent des méthodes qui
pourraient servir à apprécier l’intensité des liens entre institutions et,
partant, le périmètre d’un volet intérieur. Ces méthodes seront
approfondies à mesure que le FMI avancera dans la définition pratique
des institutions d’importance systémique conformément à la demande du
G-20.

Prévenir un levier excessif et maîtriser la procyclicalité


De nouvelles approches réglementaires s’imposent pour éviter
l’accumulation de risque systémique et le difficile processus d’inversion
de levier qui s’en suit. Trouver des solutions pour limiter le levier financier
et réduire les tendances procycliques inhérentes à l’activité économique
et à la réglementation existante demeure une tâche ardue. La
réglementation doit viser à renforcer une saine prise de décision basée
sur les risques au sein des institutions financières ; tenter de dissuader
les opérateurs de prendre des risques dans l’économie mondiale ne serait
pas utile. La réglementation doit prévoir des incitations à l’appui de la
stabilité systémique tout en ayant un effet dissuasif sur l’arbitrage
réglementaire et le seul souci du court terme, mais cette plus grande
rigueur doit être progressivement mise en place afin de ne pas exacerber
les difficultés actuelles.
La réglementation applicable aux fonds propres et les normes
comptables doivent prévoir des incitations et des repères qui permettent
d’accumuler une marge de fonds propres complémentaire durant la
phase ascendante du cycle, lorsque les risques tendent à s’intensifier et,
en règle générale, à êtres sous-estimés. Cela permettrait de mieux tenir
compte des risques sur l’ensemble du cycle et donc d’étoffer les fonds
propres et les provisions pouvant ultérieurement servir à absorber les
pertes en phase descendante. Dans l’idéal, cette constitution de fonds
propres contracyclique ne serait pas discrétionnaire, sinon qu’elle devrait
fonctionner comme stabilisateur automatique et être inscrite dans la
réglementation. Cela ne limiterait pas la capacité des superviseurs à
adopter des mesures complémentaires en cas de besoin. Un
plafonnement des leviers basé sur un calcul simple pourrait être utile
comme contrainte additionnelle d’un calcul plus robuste du capital
pondéré en fonction des risques.

50
Les règles comptables et les pratiques de valorisation doivent être
renforcées en tenant compte du plus large éventail d’informations
disponibles sur l’évolution des risques tout au long du cycle. Les
organismes de normalisation comptable et les autorités prudentielles
doivent collaborer pour atteindre ces objectifs, en insistant notamment
sur la possibilité d’augmenter les provisions pour pertes sur prêts durant
les périodes d’expansion rapide du crédit, sur les méthodes de
valorisation des réserves ou les ajustements lorsque la valorisation des
actifs dans les portefeuilles de négociation est très incertaine, et sur
l’analyse des autres moyens de maîtriser la dynamique adverse que peut
générer la comptabilité basée sur la juste valeur.
Il faut par ailleurs diminuer la prociclycalité du risque de liquidité
en prenant des mesures propres à améliorer les tampons de liquidités et
la gestion des risques de financement. Durant les phases ascendantes il
convient d’accorder une plus grande attention à la structure des
échéances des financements et à la fiabilité des sources de financement,
qui peuvent se révéler vulnérables durant les phases descendantes.

Discipline du marché et déficits d’information


Il importe de combler les déficits d’information que la crise à mis
en évidence. Dans bien des cas l’information nécessaire pour détecter les
risques systémiques n’est pas recueillie ou n’est pas analysée dans la
perspective de ces risques, notamment dans le cas des données
nécessaires à l’examen des liens systémiques, car cela exige des
informations sur les engagements réciproques qui lient les diverses
institutions. Outre les difficultés qu’il peut y avoir à rassembler ces
données et à mesurer officiellement les engagements, il existe des
obstacles juridiques au recueil de données de différents types
d’institutions au sein d’un même pays et au plan international. Pour
commencer à progresser sensiblement en la matière, l’information et les
définitions doivent être harmonisées et il faut procéder à un plus grand
partage d’informations entre juridictions.
Il faut disposer de meilleures informations sur les engagements
hors-bilan, les produits structurés complexes, les dérivés, le levier
financier, et les engagements transfrontaliers et de contrepartie, afin de
compléter les indicateurs existants utilisés dans les dispositifs d’alerte
avancée. Les pratiques d’information doivent être renforcées pour les
institutions d’importance systémique, en couvrant notamment les
méthodes de valorisation et les pratiques de gestion des risques, un
ensemble remanié d’indicateurs de solidité financière, et une évaluation
plus effective du risque systémique par les dirigeants. Ces éléments sont
renforcés par l’analyse des chapitres 2 et 3. Enfin, une plus grande
disponibilité d’informations publiques fiables aidera les investisseurs à
s’acquitter de la diligence voulue et ainsi prévenir l’une des principales
causes de la crise actuelle.

Une réglementation renforcée entre pays et entre fonctions


Le renforcement de la réglementation transfrontalière et
transfonctionnelle devra passer par une amélioration des dispositifs
institutionnels et légaux. Il faudra réduire les disparités superflues,
s’attaquer aux obstacles à la supervision des entités d’importance
régionale ou mondiale, en harmonisant les mesures correctives avancées,
et développer les cadres juridiques de prise en charge des banques en
difficultés et les pratiques de supervision des entités transnationales. Le

51
collège de régulateurs chargé de superviser une entité devra désigner un
régulateur principal, en principe celui du pays d’origine, afin d’assurer un
contrôle adéquat. Les pays d’origine devront veiller à renforcer la
coopération avec les pays d’accueil pour faire en sorte que les liens de
communication soient opérationnels lorsqu’une réaction rapide s’impose.
L’élaboration des plans d’intervention doit mobiliser toutes les parties
concernées.

Une meilleure gestion des liquidités systémiques


S’agissant de la gestion des liquidités systémiques, les banques
centrales peuvent tirer certains enseignements de la crise au regard de la
flexibilité de leur cadre opérationnel, des infrastructures qui sous-tendent
les marchés monétaires et de la nécessité de meilleurs mécanismes pour
fournir des liquidités à l’échelle transnationale.
Pour maîtriser les liens systémiques et les risques de contagions il
est également possible de mettre en place des structures de
compensation des transactions qui permettent d’amortir les risques de
contrepartie en servant elles-mêmes de contrepartie de chaque
transaction. Il convient de saluer les récentes tentatives de fourniture de
certains de ces services au marché des contrats sur risque de défaut.
Cependant, en ouvrant le mécanisme à un grand nombre d’institutions on
risque de compromettre la diminution des risques de contrepartie, dont le
besoin se fait fortement sentir, en tronçonnant les volumes et en
réduisant les possibilités de compensation. Un environnement de
concurrence pourrait aboutir à des mesures de réduction des coûts
pouvant compromettre les systèmes de gestion des risques.
Autrement dit, si l’on permet l’établissement de plusieurs
chambres de compensation, il faut les soumettre à un contrôle rigoureux
en appliquant des normes internationalement reconnues, en veillant à ce
que les compensations et les règlements puissent s’exécuter à l’échelle
internationale et dans une multiplicité de devises. L’encadré 2.4 décrit les
principes qui sous-tendent ces dispositifs.
***
Plusieurs de ces recommandations ont déjà été examinées au sein
d’instances internationales et sont à la base des orientations nouvelles ou
révisées applicables à la réglementation et à la supervision. Le Conseil de
stabilité financière, par le biais de son principal groupe de travail, a mis
sur pied plusieurs sous-groupes chargé de définir des orientations dans
plusieurs domaines, dont certains sont ici abordés. Le Comité de Bâle a
entrepris d’examiner des changements au dispositif de Bâle II et à son
cadre de gestion des risques de liquidité. L’International Accounting
Standards Board et le Financial Accounting Standards Board ont tous
deux émis des directives sur la valorisation des actifs illiquides et apporté
d’autres changements à leurs directives et normes comptables au vu de
la crise et de ses causes. D’autres organisations internationales ont
entrepris de revoir leurs directives et les pratiques recommandées. Pour
sa part le FMI va remanier ses programmes d’évaluation du secteur
financier et améliorer sa surveillance multilatérale et bilatérale.
L’initiative conjointe d’alerte avancée menée par le FMI en coopération
avec le Conseil de stabilité financière, permettra de renforcer la
coopération mondiale dans l’évaluation des risques afin d’émettre des
recommandations de politique générale plus fermes propres à prévenir
l’accumulation de risques systémiques.

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