4 Education

L’AUTRE Quotidien q N° 1648 du mercredi 27 avril 2011

ENTRETIEN AVEC LA DIRECTRICE DU BUREAU RÉGIONAL POUR L'ÉDUCATION EN AFRIQUE (UNESCO- BREDA), THÈRESE NDONG-JATTA

« Il y a d’espoir pour continuer de faire un travail de très bonne qualité »

Le Bureau de l’UNESCO à Dakar et Bureau régional pour l’éducation en Afrique, plus connu sous le sigle BREDA, est le plus
grand bureau de l’UNESCO en Afrique. Il couvre l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne, soit 46 pays. En qualité de Bureau
multi-pays, il assume la représentation de l’Organisation dans quatre pays de l’Afrique de l’Ouest : le Cap-Vert, la Gambie, la
Guinée-Bissau et le Sénégal. Pour ces pays, sa responsabilité s’étend à tous les domaines de compétence de l’UNESCO. Ainsi,
la directrice Unesco Breda, Thérèse Ndong-Jatta, revient sur l’importance de la formation des enseignants pour une éducation
de qualité, ainsi que sur les résolutions de la Conférence panafricaine sur la problématique des enseignants qui s’est tenue du
13 au 15 avril dernier à Lomé.
Propos recueillis par Didier Houndénou

Q
uelles sont les grandes
recommandations de la
rencontre de Lomé ?
La préoccupation majeure de cette
rencontre est de savoir que l’ensei-
gnant occupe une place centrale,
il doit être bien formé et avoir une
haute qualification et doit être bien
rémunéré. Un enseignant, c’est
celui qui garantit l’avenir des ap-
prenants, les aides à avoir les apti-
tudes nécessaires l’acquisition des
connaissances à un véritable déve-
loppement de l’Afrique. Pour moi,
le plus important est ce que nous
attendons de l’Union Africaine.
L’une des recommandations issue
de cette rencontre est que l’Union
Africaine veille à l’application des
conclusions de ces assises afin
que les préoccupations relatives
aux enseignants soient réellement
et correctement résolues.
Il y a aussi les recommandations
relatives, à la formation centrée
sur le savoir-faire, le savoir-être et
sur les comportements des ensei-
gnants. De même, il ne faut pas
perdre de vue, la responsabilité
des gouvernements pour voir les
salaires des enseignants, et leur
environnement de travail. Il y a
également une recommandation
pour le suivie avec le soutien des
partenaires afin de mobiliser les
ressources financières et intellec-
tuelles pour les pays.
L’essentielle de ces recommanda-
tions est le point relatif à la création
de standards, l’harmonisation des
certifications et les politiques pour
les enseignants en vue de garantir
qu’ils seront capables de répondre
à toute sorte de mutation. Il y a un
autre point concernant l’aptitude
des enseignants de mathéma-
tiques et des sciences à concevoir
les programmes d’enseignement
et de faire également preuve de
capacité d’enseignement-appren-
tissage.
Quelles sont les garanties
que vous avez par rapport au
consensus autour des recom-
mandations de ces assises?
Voilà une question qui a été fonda-
mentale au cours de ces assises.
Nous ne nous sommes pas seu-
lement rencontrés pour discuter
sur les conditions des enseignants
mais nous avons également
convenu de la mise sur pied d’un
comité de suivie des recomman-
dations suivant un chronogramme
bien précis.
Quelles sont les garanties que
vous avez pour que les recom-
mandations ne soient pas ran-
gées dans les tiroirs ?
Parce qu’il y a déjà un comité res-
treint pour le suivi. Le comité inclut
le pays hôte, le Togo, le Sénégal,
le Kenya avec l’accompagnement
des partenaires et l’Union africaine.
Pour moi, le plus important est
que l’U.A fasse une soumission à
la Conférence des chefs d’Etats fin
juin prochain.
L’Unesco Breda est-il convain-
cu que les pays africains seront
au rendez-vous de l’éducation
pour tous en 2015?
Non, pas exactement mais je pense
qu’il y a d’espoir pour continuer de
faire un travail de très bonne qua-
lité. Je suis convaincu qu’avec ce
renouvellement d’engagement des
pays africains, que ce sera pos-
sible.
Est-ce-que l’Unesco Breda a en-
core d’autres cibles pour l’édu-
cation à part les enseignants
parce que c’est la question des
conditions de vie des ensei-
gnants qui a été posée au cœur
des thématiques qui ont été rete-
nues. Qu’en est-il exactement du
rôle de l’Etat ?
Je pense maintenant qu’il y a l’en-
gagement non seulement des pays
mais également des partenaires et
l’Unesco reste leader pour le suivi.
Je suis convaincu que c’est pos-
sible de continuer et de mobiliser
les ressources et les partenaires
pour accompagner les pays.

SEMAINE MONDIALE D’ACTION 2011

L’éducation des femmes et des filles à l’honneur

« L’éducation des femmes et des filles », est le thème retenu cette année par la Campagne mondiale pour l’éducation pour la Se-
maine mondiale d’action 2011 qui se déroulera du mardi 2 mai au dimanche 8 mai prochain, dans le monde entier. La démarché étant
de mettre l’accent sur l’importance de la parité dans le système éducatif du monde entier.

Didier Houndénou l'EPT en général, tels que la 55e d’investissements dans l’éducation Gordon Brown, a confié : « Nous cation est un facteur majeur de
Session de la Commission sur le par la communauté internationale sommes aujourd’hui à la croisée développement. Il faut aujourd’hui

S
ituée dans la droite ligne des
activités devant conduire
à la réalisation de l’Educa-
tion pour tous (Ept), la semaine
mondiale d’action 2011 aura pour
principale activité, «Le grand récit»
ainsi que d’autres activités. La se-
maine mondiale de l’action est une
occasion de galvaniser un solide
soutien politique dont le souci est
de favoriser l’atteinte des Objectifs
de l’éducation pour tous, liés au
genre.
La semaine mondiale d’action
2011 fait partie d'une succession
d'importants événements interna-
tionaux sur l'égalité des sexes et
statut des femmes (22 février - 4
mars 2011), la célébration de la
Journée internationale de la femme
(8 mars), la 10e réunion du Groupe
de haut niveau sur l'EPT (Jomtien,
Thaïlande, 22 - 24 mars 2011) et
la Réunion ministérielle annuelle
2011 du Conseil économique et
social (Genève, Suisse, 4 - 8 juillet
2011). La journée mondiale des en-
seignants (5 octobre) mettra égale-
ment l’accès sur les questions de
genre.
Selon le président de la Campagne
mondiale pour l’éducation, Kailash
Satyarthi, ce sont les filles qui sont
les premières victimes de l’absence
car cette situation prive des millions
d’entre elles d’accès à l’école. La
place prioritaire de l’éducation est
une évidence» Si les scientifiques
sont capables de modifier généti-
quement notre alimentation et la
NASA d'envoyer des missions sur
Mars, a-t-il rappelé, les politiciens
doivent aussi pouvoir trouver les
ressources nécessaires pour sco-
lariser les millions d’enfants exclus,
et changer le sort d’une génération
entière.
Gordon Brown, l’ex-Premier mi-
nistre britannique, membre du
Groupe de haut niveau de la Cam-
pagne mondiale pour l’éducation,
des chemins, à un moment his-
torique pour l’éducation dans le
monde. Il n’est pas trop tard pour
rebondir sur le dynamisme des dix
dernières années afin que l’Educa-
tion pour tous devienne une réalité.
Ce serait sans doute l’une des plus
grandes réalisations de l’huma-
nité».
«Mais si l’on ne protège pas les
budgets de l’éducation des ravages
de la crise financière, tous ces pro-
grès seront gravement menacés et
de nouvelles générations condam-
nées à la pauvreté. Depuis de nom-
breuses années, la communauté
internationale reconnaît que l’édu-
qu’elle agisse conformément à ses
déclarations », a-t-il renchéri.
Il faut souligner que la semaine
mondiale d’action est un événe-
ment annuel organisé par la Cam-
pagne mondiale pour l'éducation
(CME), une coalition d'ONG et de
syndicats d'enseignants implantés
dans plus de 150 pays, afin de ren-
forcer la sensibilisation au mouve-
ment de l'EPT.
L'UNESCO soutient activement la
SMA depuis sa création et encou-
rage ses partenaires et réseaux à
organiser et participer à des activi-
tés spécifiques.