FÉVRIER 2008
infos
Désherber
Tout se joue
à l’interculture p. 4
Fertiliser
La bonne dose
pour le bon prix p. 6
Produire
À l’abri de la verse
p. 8
Protéger
Des efforts qui en
valent la peine p. 14
Lutte contre
les maladies du blé :
8 exemples de stratégies régionales
Page 10
L
e Grenelle de l’environnement a ouvert un grand nombre de pistes, dont beau-
© Ch. Baudart
coup vont se traduire dans les mois qui viennent par des décisions politiques
concernant directement ou indirectement l’agriculture.
L’occasion pour ARVALIS-Institut du végétal de mettre en valeur tous les progrès tech-
niques déjà mis en œuvre par les agriculteurs et de renforcer encore la diffusion et
l’utilisation de ceux qui peuvent encore être développés.
Les orientations du Grenelle nous conduisent aussi à mobiliser toutes nos compéten-
ces et notre énergie dans la mise au point d’itinéraires techniquement et économi-
quement performants, qui réduisent les impacts sur l’environnement tout en satisfaisant aux exigences
des filières et des marchés.
Pour que les producteurs bénéficient de références novatrices et utilisables, l’institut a le devoir d’anticiper les
questions de demain. Il doit aussi s’assurer que les solutions proposées sont réalisables. Etudier est une chose
nécessaire pour comprendre les phénomènes. Proposer des techniques pour permettre aux producteurs d’être
toujours plus performants est un des défis que nous aurons à relever dans les prochaines années.
Le Grenelle vient nous rappeler l’exigence de plus de technicité, de plus de technologie, de plus d’ef-
Réf : 07I14 ficacité dans le transfert avec les agriculteurs de ces innovations. Ces défis mobilisent aujourd’hui nos
équipes comme vos responsables professionnels.
Impression :
Corlet Roto
(Ambrières-les-Vallées, 53). Joël COTTART, Secrétaire général d’ARVALIS - Institut du végétal
Ont collaboré à ce document :
Nathalie Bigonneau
Photo de couverture :
Nicole Cornec Retrouvez toute l’actualité de l’Institut sur www.arvalisinstitutduvegetal.fr
L’interculture,
une époque cruciale
L
a maîtrise des adventices hivernales est Diversifier la rotation
une des difficultés majeures du désher-
bage dans les rotations à dominante de L’introduction d’une nouvelle culture dans
céréales d’hiver et colza. Le ray-grass et le vul- la rotation, avec un décalage dans les périodes
pin sont certainement les graminées les plus d’implantation, permet de varier les pratiques
problématiques du fait de leur large réparti- agronomiques, d’introduire de nouvelles fa-
tion, de leur capacité à s’adapter aux milieux milles d’herbicides, mais surtout d’introduire
cultivés et à développer des populations ré- de la diversité dans le système, avec à la clef
sistantes aux principales familles d’herbicides une perturbation du cycle des adventices.
utilisées pour les contrôler. En ce qui concerne Le pois d’hiver peut être une alternative in-
les dicotylédones, les géraniums, mais aussi téressante dans les situations fortement infes-
les crucifères et le gaillet constituent les pro- tées en graminées, mais aussi dans les situa-
blèmes les plus fréquents des systèmes céréa- tions avec présence de graminées résistantes.
liers avec le colza comme tête de rotation. En effet, il offre la possibilité d’introduire dans
La recrudescence des infestations s’explique la rotation des modes d’action herbicides dif-
par différents facteurs : simplification du travail férents de ceux rencontrés en céréales.
© N. Cornec
du sol, abandon du labour, simplification des L’autre avantage du pois d’hiver réside dans
rotations avec une forte proportion de cultu- sa période d’implantation, plus tardive que
res automnales, échecs récurrents de désher- celle des céréales à paille, permettant ainsi Un semis de céréales plus tardif permet
bage entraînant l’accroissement important des d’allonger la période d’interculture, favorable de dynamiser la levée des vulpins, qui
stocks semenciers du sol. De plus, l’avancée à la pratique des faux-semis. pourront être détruits avant le semis.
des dates de semis fait, encore plus que par
Soigner le travail du sol pour
le passé, coïncider la levée des céréales avec
favoriser les faux-semis Influence du type de déchaumage
celle des graminées (vulpin, ray grass) d’une sur les levées d’adventices
part, et la levée des colzas avec celle des gé- Quand la modification de la rotation n’est (Boigneville (91) - 2007) (fig. 1)
raniums d’autre part. À ceci s’ajoute, dans de pas aisée ou pas possible, la conduite de l’in-
nombreuses situations, le développement de terculture devient le moment privilégié de lut-
PLM
populations résistantes à certains herbicides te contre ces adventices, notamment en cas $ÁCHAUMAGE SUPERFICIEL CM
lorsque cela est possible, mettre l’accent sur doivent être réalisées, au plus près des pé-
les faux-semis dans le but de réduire le stock riodes optimales de germination (15-20 août 2EPOUSSES DE BLÁ 2AY
GRASS
semencier de mauvaises herbes, et exiger un pour les géraniums, 15-20 septembre pour les Les levées de ray-grass et les repousses de céréales
désherbage efficace en culture en privilégiant graminées) pour dynamiser la levée des ad- pourront être détruites avant implantation de la
l’alternance des modes d’action. ventices. céréale suivante.
© N. Cornec
Les premiers résultats d’un essai mené en mis tardif, durant la 2è quinzaine d’octobre
2007 par le Cetiom et ARVALIS-Institut du vé- La prise en compte des périodes – début novembre, couplé à un faux-semis
gétal dans l’Indre sur une parcelle sans labour optimales de germination des adventices mi-septembre à fin septembre, permet de dy-
(colza-blé-orge) montrent qu’en interculture permet d’assurer l’efficacité du faux-semis namiser la levée des vulpins, qui seront ensui-
précédant le colza, la profondeur du déchau- (15-20 août pour les géraniums). te détruits avant le semis. Un semis classique
mage a une nette incidence sur la levée des au 18/10, couplé à un travail du sol superficiel
géraniums dans les dernières semaines de Dans l’objectif de faire deux semaines auparavant (30/09), permet
l’été. Un déchaumage profond (10-15 cm)
réalisé le 15 août 2007 a favorisé la germina-
germer des graminées de réduire la population de vulpin de 72 %
par rapport au témoin, semé précocément au
tion des adventices, probablement en faisant à l’interculture, un 30/09. Ces résultats sont amplifiés (92 %) avec
remonter un stock important de graines an- déchaumage superficiel un semis début novembre ou mi-novembre.
ciennes. Malgré le désherbage chimique dans Bien évidemment, la contrepartie est l’impact
le colza, la population fluctue, en entrée hiver, et rappuyé est primordial sur le rendement qui sera d’autant plus fort
entre 110 et 170 pieds/m². À l’opposé, un tra- pour la réussite de que la date de semis sera tardive. Néanmoins,
vail fin et très superficiel suivi d’un programme les résultats montrent qu’un décalage de la
herbicide similaire, limite la présence d’adven-
l’opération. date de semis, tout en restant dans la période
tices dans le colza : en moyenne 5 plantes/m². niums peut également s’entreprendre avant un optimale de semis de la variété, ne pénalise
Dans le même essai, l’absence de travail du sol blé. La technique du faux-semis doit viser dans pas le rendement. En colza, l’esquive des le-
au mois d’août aboutit quasiment au même ce cas à réaliser un travail identique à une pré- vées de géraniums par le retard de la date de
niveau de contrôle d’adventices dans le colza, paration de lit de semences pour l’implantation semis (au 10 septembre par exemple) conduit
mais le stock de graines n’a pas été affecté. d’un colza, à savoir fine et rappuyée, dans la à des résultats aléatoires selon les conditions
La profondeur de déchaumage joue égale- deuxième quinzaine d’août, période où le gé- de milieu. Force est de constater que cette
ment sur les populations de ray-grass et les ranium commence à lever. Objectif : stimuler technique ne suffit pas à elle-seule si le colza
repousses de céréales. Dans un essai où sont la levée de l’adventice et la détruire mécani- est long à s’installer, en d’autres termes si la
comparées trois modalités de déchaumage, quement ou chimiquement avant le semis de concurrence vis-à-vis de l’adventice est faible.
le travail superficiel (3 cm) rappuyé procure la céréale. Il est donc impératif de choisir une variété à
le meilleur taux de levées de ray-grass, mais forte vigueur au démarrage et de veiller à la
Décaler les dates de semis
également de repousses de blé. Le meilleur qualité du lit de semence, déterminante pour
contact terre-graine assure une germination Le décalage des dates de semis constitue l’installation du système racinaire et de l’éla-
optimale, favorisée, il est vrai, par les condi- un levier complémentaire au faux-semis pour boration du rendement.
tions climatiques pluvieuses durant le mois réduire la présence d’adventices.
d’août (figure 1). Sur céréales, des essais conduits en 2006 Ludovic Bonin –
L’épuisement du stock semencier de géra- en Champagne-Ardenne montrent qu’un se- Jean Lieven
Doses optimales d’azote sur blé La hausse du prix du blé et des engrais
doit-elle entraîner un ajustement de la fertilisation azotée ?
DOSE OPTIMALE PRÁVISIONNELLE KG .HA
L
e renchérissement du prix de l’unité décision (variabilité de besoin par quintal,
d’azote observé ces derniers mois inter- des fournitures du sol, de l’efficience de l’en-
roge sur la nécessité ou non d’ajuster à grais…). Ainsi, il semble que l’enjeu du dou- COÓT DE LAZOTE _KG . -AKOWSKI
la baisse la fertilisation. Pour estimer l’effet de
doses croissantes d’azote sur le rendement
et la teneur en protéines du grain, 558 essais Azote et taux Compte tenu du conseil qui s’établit a
priori et qui intégre les aléas climatiques et
dits « courbes de réponses à l’azote » conduits de protéines biologiques, l’enjeu du doublement du coût
entre 1991 et 2002 ont permis de répondre à de l’azote serait de - 10 à - 15 kg N/ha sur la
cette question de façon globale sur la sole de
blé « France ». L a rémunération de la teneur en protéines
de la récolte n’a pas été prise en compte
dans le calcul des doses d’azote optimales. Or,
dose totale.
À l’abri de la verse
L
a verse physiologique est un accident Les racines contribuent à maintenir la plante
mécanique presque toujours consécutif en position verticale. Selon le réseau de racines
à de fortes précipitations accompagnées de tallage, la plante sera plus ou moins bien
ou non de vent. Ces phénomènes climatiques, « ancrée » dans le sol. La précocité est souvent
qui surviennent en fin de cycle, ne sont sou- un facteur aggravant : les variétés semées tôt
vent que des facteurs déclenchants. En effet, génèrent un nombre de talles et un nombre de
© N. Cornec
d’autres facteurs, d’ordre génétique, cultural grains souvent plus importants que les variétés
ou climatique, déterminent la prédisposition semées tardivement. Ce fort développement
à la verse. des parties aériennes accentue la sensibilité de L’utilisation de régulateurs de croissance
Par le choix d’une variété peu sensible, on la plante à une forte pluie et aux vents. De plus, permet de lutter contre la verse, mais
vient en complément de bonnes décisions
peut dès le semis limiter le risque de verse. une variété semée tôt va atteindre le stade techniques : choix des variétés, des dates
Parmi les variétés sensibles, on peut citer montaison dès la mi-février : les entre-nœuds et doses de semis et de la fumure azotée.
Orvantis et PR22R28. Parmi les variétés peu s’allongent alors de manière importante alors
sensibles, on trouve notamment Toisondor que le déficit de lumière ne permet pas la soli-
et Shango. Caphorn, Charger ou Nirvana affi- dification des parois des cellules. La températu-
chent des sensibilités intermédiaires. re joue aussi un rôle sur l’étiolement : un froid L’étiolement des tiges
Les semis précoces fragilisent persistant se traduit par une montaison plus accentue les risques
étalée que la normale et par une élongation
les plantes de verse. Il peut être
plus importante des premiers entre-nœuds.
La sensibilité à la verse, sur le plan physio- L’étiolement des tiges est également favo- provoqué par un
logique, est fortement liée à l’enracinement. risé par les semis denses. En cas de surpopu-
premier apport d’azote
Estimer le risque de verse du blé tendre à la parcelle (tab .1)
excédentaire, et un
Grille de risque de verse Note Votre semis trop dense ou trop
parcellle
précoce.
Variétés peu sensible 0
moyennement sensible 3
très sensible 6
lation, les pieds entrent en concurrence pour
+
capter la lumière et les nutriments du sol. La
Nutrition azotée risque d’excès d’alimentation azotée (reliquat 3
base des tiges se fragilise. L’étiolement peut
d’azote élevé, précédent riche en azote...)
enfin être provoqué par un excès azoté. Limiter
bonne maîtrise de la dose bilan (calcul de la 0
le premier apport à une cinquantaine d’unités
dose adapté à la parcelle)
est un moyen simple de lutter contre la verse
+
sans amputer le potentiel de rendement.
Densité de végétation et peuplement élevé et fort tallage 4
vigueur peuplement normal 2 Quel niveau de risque ?
peuplement limitant et/ou faible tallage 0
En limitant la croissance des tiges, l’utili-
Note totale = sation de régulateurs de croissance permet
Risque verse : ≤ 3 très faible, 4 - 5 - 6 faible à moyen, 7 - 8 - 9 moyen à élevé, 10 et + très élevé.
de lutter contre la verse. Le programme doit
La grille de risque permet d’établir une note totale et d’évaluer l’intensité du risque. être raisonné en fonction du risque calculé
période. D’autres produits tels que le Cycocel !RVEST 4ERPAL L