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La Profession de foi du vicaire savoyard, 1762


Par David Chaumat, professeur agrégé de Lettres – culture générale en CPGE à Nice.

Contenu de l'étude :
- Une brève introduction générale
- Un extrait étudié pour situer la Profession et ses enjeux
- Trois extraits de la Profession
- Une brève conclusion
- Trois activités complémentaires en classe pouvant donner lieu à des devoirs :
• une comparaison d'un extrait avec un tableau : Rousseau/Caspar David
Friedrich
• une comparaison utilisable en contrôle de connaissance et de compréhension :
Rousseau/Théogonie d'Hésiode
• un extrait faisant suite au texte du concours : « Vous ne voyez dans mon
exposé que la religion naturelle … »

Introduction générale

Il est nécessaire de situer la Profession de foi du vicaire savoyard dans Émile et la pensée de
Rousseau afin de transmettre la nécessité de ce texte dans son rapport au Mal.
Émile a trop souvent été perçu comme un simple traité d'éducation à la modernité certes
dépassée mais indéniable en son temps. Or, l'objectif est de mettre en lumière que ce texte
dans le texte permet à Rousseau d'expliciter sa conception du bien, déterminante pour penser
le politique de façon moderne, et ainsi réformer à ses yeux la notion de « citoyen ».
L'Émile n'est pas un traité de politique idéaliste sans rapport avec ce qui est, ce que
Machiavel critiquait dans tous les ouvrages de philosophie politique dès les premières lignes
du Prince.
Si Rousseau affirme que la République de Platon n'est pas un ouvrage de politique,

« Voulez-vous prendre une idée de l'éducation publique, lisez la République de Platon. Ce


n'est point un ouvrage de politique, comme le pensent ceux qui ne jugent des livres que par
leurs titres : c'est le plus beau traité d'éducation qu'on ait jamais fait ». (Livre I)

il l'est pour lui, en fait, mais la nuance se pose dans l'articulation entre « politique » et
« éducation ». En effet, il veut enseigner à l'homme comment se réformer de l'intérieur afin
de renouveler la politique, dans une exigence intérieure qu'il tente de faire ressentir et
comprendre au sens étymologique à travers la fiction des étapes de l'éducation et des
éducateurs.
Le passage intitulé Profession de foi du vicaire savoyard l'aborde dans ce qu'elle a de plus
profond car au nom d'un principe supérieur que chacun peut et donc doit ressentir et vénérer
à son niveau.
Ce texte, d'une complexité rare, est à la fois le manifeste d'une vision du monde, un débat
théologique et l'articulation de la foi, du cœur et de la raison … en opposition au rationalisme
athée, ce qui en fait toute sa difficulté pour un grand nombre d'étudiants, très au fait des
enjeux du propos.

Séance 1. La nécessité de la Profession de foi

Objectifs :
- Introduire et situer la Profession de foi
- Aborder les notions de « mal » et de « nature » chez Rousseau
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Méthode :
- Lecture méthodique réinvestissant de manière ciblée une longue lecture personnelle
préparatoire
- Extrait précédant les limites du texte au programme

Support :
Donner à lire aux étudiants les pages précédant la Profession de foi, depuis « Il y a trente ans
que, dans une ville d’Italie, un jeune homme expatrié se voyait réduit à la dernière misère.»
jusqu'à « Ce fut là qu’après avoir quelque temps contemplé ces objets en silence, l’homme de
paix me parla ainsi : »

I. Le vicaire et le jeune homme : l'homme de bien imparfait face au pécheur


sauvable
- Demander, à partir de la lecture préparatoire, quels sont les protagonistes et leur état
d'esprit :

1. l'adolescence révoltée
- Un adolescent : « jeune homme », « jeune cœur sans expérience », « il était dans cet âge
heureux où le sang en fermentation commence d'échauffer l'âme sans l'asservir aux fureurs
des sens » - dont l'expression des pulsions sexuelles est encore immature. N'accepter les
réponses désignant Rousseau qu'à ce stade car l'aveu de l'auteur est non seulement un effet
rhétorique de captatio benevolentiæ, mais encore s'en tenir à cela occulte l'importance de la
jeunesse et de l'éveil de la pulsion sexuelle.
- L'état d'esprit de l'adolescent : « il voulut fuir », « ingratitude », « idées romanesques »,
« oubli de toute religion », « libertin ». En quelques pages, Rousseau dresse le tableau de
l'adolescent ingrat, révolté, malheureux et ayant mal tourné.

2. Le vicaire honnête homme imparfait


- Le vicaire : demander aux étudiants de définir la profession de cet homme et demander
quelques différences majeures entre le catholicisme romain et les protestantismes ainsi que
la signification du terme « prosélyte » dans « hospice pour les prosélytes » (p.1)
- Tous deux apparaissent à première vue comme un couple d'opposition entre le mal et le
bien, la corruption en cours et la bienveillance, « l'opprobre où l'avait réduit la fortune » du
jeune homme face à « cet honnête ecclésiastique ».
Mais tout le jeu de Rousseau est de rendre ce dernier proche de tout un chacun car imparfait,
lui « qu'une aventure de jeunesse avait mis mal avec son évêque », lui qui, humble, ne
« faisa[i]t point de sermons, en se mettant toujours à sa portée, en se faisant petit pour
s'égaler à lui. »

II. L'adolescence et la nature du mal

1. Quel mal ?
- Demander pour quelle raison le vicaire décide de s'occuper du jeune homme. S'ils ne
parviennent pas à l'exprimer, leur demander pour quelle raison Rousseau a choisi un jeune
homme malheureux, révolté et ingrat, et leur rappeler le thème du mal au programme : faire
formuler et synthétiser l'idée que voici l'âge auquel les accès de colère sont nombreux, où
beaucoup d'adolescents changent et où il est aisé de multiplier les mauvaises actions, de
« sombrer dans le mal ». Le vicaire est donc un professeur de morale, mais un enseignant et
un homme de religion, dont l'enseignement à une fin salvatrice.

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- Ainsi, dans un ouvrage qui propose une chronologie de l'éducation à apporter à un enfant, le
mal et le bien ne doivent être abordés en tant que tels qu'à l'âge où il est porté à se laisser
submerger par les mauvais choix.

2. Un premier abord de la notion de « nature »


- N'aborder la notion de nature qu'à ce stade à partir de cette lecture et de son explication :
demander pourquoi l'éducation proposée est naturelle dans cette œuvre.
Il est naturel pour l'adolescent de subir les assauts de la colère inconsidérée, de s'opposer, « il
était dans cet âge heureux où le sang en fermentation commence d'échauffer l'âme sans
l'asservir aux fureurs des sens ». Aussi, il peut comprendre le concept de mal à partir de
son ressenti et son esprit est suffisamment mûr pour la spéculation à partir du ressenti. Sont
naturelles dans ce passage aussi bien les colères liées à l'âge aussi que la capacité à la penser.
En venir à l'idée que le mal est naturel à l'adolescence.
Il est donc nécessaire de bien mettre en garde les étudiants contre la facilité de céder à l'usage
abusif car inconsidéré de l'adjectif « naturel » qui est toujours à mettre en problématique.
Demander alors si, puisque Rousseau affirme que le mal est naturel à l'adolescence, le travail
de lutte du vicaire contre la dépravation en cours du jeune homme est naturel : la réponse
négative, inattendue, est valable. Au professeur de nuancer ensuite cette réponse à l'aide du
passage suivant :
« Après avoir bien étudié ses sentiments et son caractère, le prêtre vit clairement que, sans
être ignorant pour son âge, il avait oublié tout ce qu'il lui importait de savoir, et que
l'opprobre où l'avait réduit la fortune étouffait en lui tout vrai sentiment du bien et du mal. Il
est un degré d'abrutissement qui ôte la vie à l'âme ; et la voix intérieure ne sait point se faire
entendre à celui qui ne songe qu'à se nourrir. Pour garantir le jeune infortuné de cette mort
morale dont il était si près, il commença par réveiller en lui l'amour-propre et l'estime de soi-
même » (p. 3)

Séance 2. Étude de l'incipit, microcosme de la Profession de foi

Objectifs :
- Mise en évidence de la nature programmatique de cet « incipit »
• la méthode en réduction,
• les enjeux de la Profession,
• la raison et le cœur
• le bien dans la nature ou l'ordre des choses.

Méthode : Lecture thématique

Support :
Extrait de l'incipit de la Profession de foi du vicaire savoyard. Depuis « Mon enfant,
n'attendez de moi ni des discours savants ni de profonds raisonnements. » jusqu’à
« Souvenez-vous qu'on l'offense encore plus quand on la prévient que quand on la combat ; il
faut commencer par apprendre à résister pour savoir quand on peut céder sans crime. »

I. Un plaidoyer pro domo à valeur pédagogique

1. Un moment mis en valeur


Rousseau accorde une place privilégiée à cette Profession de foi :
- dans le livre IV qui donne sa part à l'intelligence spéculative
- Dans une parabole du pécheur sauvé dans laquelle il se dévoile en se donnant en spectacle.
- dans un texte enchâssé dans le Livre IV et clairement délimité par l'intertitre. Comme une
parenthèse, il est un sous-ensemble et simultanément une mise en valeur.

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Parvenir à l'idée qu'il s'agit du nœud de la pensée de Rousseau en matière de morale puisque
le bien et le mal y seront définis. Et, plus largement, une profession de foi est la déclaration
publique d'une croyance : Rousseau y fonderait-il d'une certaine manière sa religion ? Ou ne
s'agirait-il que d'un abus de langage ? À voir dans la suite du texte.
Ce passage est le moment le plus dangereux de l'œuvre, qui vouera Rousseau aux gémonies
dans plusieurs pays. Son texte est un schisme religieux à lui seul, attaquable aussi bien par
le catholicisme que les protestantismes.

2. Humilité et proximité

a) Captatio benevolentiæ
Dès les premières lignes, Rousseau/le vicaire tente d'éviter l'écueil du discours moralisateur
après le « Mon enfant » initial en jouant non sur son autorité morale mais, bien au contraire,
par une humilité affichée à valeur pédagogique : son propos ne pourra être accepté qu'ainsi
par un jeune homme dont les préoccupations sont ailleurs.
- Les origines du vicaire (§2) : « né pauvre et paysan », il fait du jeune homme celui qu'il a été
et montre le potentiel qu'il a en lui. Il a choisi cette profession pour vivre et non par
conviction : ainsi se complètent dans une progression avec « que j'apprisse à gagner mon
pain » (intéressement), « je dis ce que je voulais que je disse » (hypocrisie religieuse voire
athéisme) et enfin « en m'obligeant de n'être pas homme j'avais promis plus que je pouvais
tenir » (rupture des vœux et péché de chair). Sa force réside dans sa faiblesse passée car il est
à lui seul une parabole du pécheur sauvé voire du pécheur exemplaire. Demander aux
étudiants ce qu'ils savent de la figure de Marie-Madeleine ou de Noé.
- formules binaires :
• de négations (§1) : ni … ni ; « je ne suis pas … peu »
• il impose un rythme binaire à ses phrases dans ce premier paragraphe afin d'asséner
ses idées tout en prétendant le contraire. Faire relever ce rythme lancinant à valeur
persuasive.
- Dès le premier paragraphe, le jeu des pronoms personnels et adjectifs possessifs associe la
pensée du vicaire à celle de l'enfant, par le passage de « Mon enfant», « moi » et « je », « mon
cœur »au « vous », « le vôtre », pour terminer par la communauté d'esprit du « nous » bien
traduite par « vous … comme moi ».
- L'interrogative directe en fin de premier paragraphe fait participer le jeune homme/lecteur
et met en acte l'usage du « vous », dans une relation dialogique. Demander quel philosophe
pratiquait ce jeu de questions rhétoriques marquant les différentes étapes de la réflexion.
Rousseau use donc de l'artifice le plus éculé du discours platonicien et de la maïeutique de
l'esprit, comme Platon usait de ceux des sophistes et reprenait même leurs idées et
travestissait les leurs.
Cette entrée en matière est, contrairement au contenu du propos, un effet rhétorique facile de
capture de la bienveillance ou de la naïveté de son interlocuteur/lecteur. Mais elle est
nécessaire étant donné la difficulté de la réflexion à venir et son importance capitale dans
l'économie de l'œuvre.

b) Le bon sens populaire ou la vérité contre l'artifice


La proximité par humilité se joue à travers l'accumulation de formules l'opposant à un
philosophe, en jouant sur la défiance et les préjugés négatifs : « Je ne suis pas un grand
philosophe » sera ici, pour l'interlocuteur qu'est le jeune homme, un atout.
L'association populaire du « bon sens » à « la vérité » est complétée par « la simplicité »,
« le cœur » et la « bonne foi ».
Il déploie le champ lexical de la vérité et de l'honnêteté, par l'opposition sous-entendue
entre :
- philosophe/artifice/tromperie volontaire « imputée à crime »
- moi/vérité/erreur de bonne foi.

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Cette association, abusive certes, n'est pas une simple facilité afin de capter la bienveillance
du lecteur/interlocuteur. Elle est le corollaire de l'importance du cœur chez Rousseau.

II. Vers une définition du bien

1. La raison et le cœur
Rousseau joue sur les mots « argumenter » et « convaincre ». Demander aux étudiants à quoi
il les associe. Ces verbes n'apparaissent pas ici dans un champ lexical de la vérité, du bien, de
la raison positive contre l'erreur, mais sont tout simplement synonymes de persuasion
trompeuse.
Il faut donc demander comment Rousseau articule « raison » et « cœur » : contre toute
attente, il les associe, là où une opposition serait attendue. Loin d'être gêné par cette
difficulté, il la surmonte par la simple expression « la raison nous est commune », apportée
comme le premier membre d'une transitivité sous-entendue : « la raison nous est commune,
le cœur nous est commun donc la raison passe par le cœur ».
La raison est donc associée à une vérité du cœur contre une rationalité sèche conduisant à
l'erreur. Rousseau pose ses pions pour la suite de sa profession de foi, en prenant position
contre ce qu'il renvoie à l'opinion commune, qui désigne tout ce qui s'oppose à son idée :
« On nous dit » face à « je sais par mon expérience ».

2. Le bien et le mal dans la nature


Le troisième paragraphe multiplie les couples d'opposition des champs lexicaux du bien et du
mal. Une lecture rapide quoique erronée peut aider les étudiants à en repérer des aspects
intéressants, avant de bien distinguer l'ambivalence du terme de « nature » plus complexe
que dans ce premier tableau.

Tableau préparatoire simpliste :

BIEN MAL
conscience préjugés
ordre de la nature lois des hommes
remords
Ce que nous permet la nature bien ordonnée
Ce qu'elle [la nature] nous prescrit
[Nature] voix de l'innocence [Ce que la nature dit aux sens] = elle n'a rien dit
encore à vos sens
état heureux crime
céder

a) L'ordre des choses


Une lecture collective de ce tableau et des questions à partir de la connaissance de Rousseau
permettent de reformuler les idées suivantes :
- le quasi lieu commun suivant : l'homme à l'état de nature est heureux ; la vie en société l'a
corrompu et a entraîné la nécessité de lois,
- à partir de là : la conscience se manifestant aussi par le remords sait dépasser les préjugés
(sociaux),

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- la nature ordonne (met en ordre ou témoigne d'un ordre du monde) et prescrit (ordonne au
sens de « donne des ordres ») – comme Dieu.

La pierre d'achoppement pour les étudiants réside dans la compréhension de la distinction


entre la « nature bien ordonnée » ou « l'ordre de la nature » et « Ô bon jeune homme, elle n'a
rien dit encore à vos sens : vivez longtemps dans l'état heureux où sa voix est celle de
l'innocence. Souvenez-vous qu'on l'offense encore plus quand on la prévient que quand on la
combat ; il faut commencer par apprendre à résister pour savoir quand on peut céder sans
crime. »

Il faut donc évoquer de nouveau la polysémie du terme « nature » chez Rousseau.


- La « nature bien ordonnée » ou « l'ordre de la nature » est une manière d'évoquer
l'observation et le respect de la nature des choses, de l'ordre des choses. Nature et divinité
sont associées dans une forme de « théisme » ou de « religion naturelle ». Demander alors
aux étudiants l'instance permettant de « comprendre » cet ordre naturel : le ressenti par le
cœur.
- « elle n'a rien dit encore à vos sens » : ici, la nature fait en sorte que la croissance des êtres
vivants conduit à la maturation sexuelle, à l'instinct sexuel et à ses manifestations. Rousseau
voit donc dans la sexualité du vivant, son ressenti et les actes comme des décisions en
découlant la source du mal.

b) La fin d'un Mal externe


Demander si Rousseau croit dans le concept de Mal en tant que transcendance : non, chez lui,
le mal est immanent à la nature et au vivant, comme le bien.
Cette conception est extrêmement dangereuse dans une Europe chrétienne ayant formalisé
un mal externe et actif. Rousseau fait partie de ceux qui ont ouvert le champ à la réflexion au
mal comme accident et non comme essence : un acte est mal, ou malheureux, pas pour lui
même mais par ses implications et/ou ses motivations.

Le péché originel ? Demander le jardin d'Éden, si le péché originel de la désobéissance


d'Adam et Ève à l'interdiction de manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal ont
leur place chez Rousseau et, le cas échéant, ce qu'il peut leur être substitué : à l'horizon de
l'homme à l'état de nature correspond dans le monde « un état heureux … de l'innocence » de
l'enfance avant la maturité sexuelle des sens (aggravée par sa prise de conscience).

c) Combattre ou prévenir ?
Pourquoi combattre plutôt que prévenir ce mal ? En quoi serait-ce une « offense » et contre
quoi ? Il faut conduire les étudiants à tout rapporter non à la nature, mais à l'ordre des
choses. Ainsi, ce serait contre la nature du développement de l'enfant que de le prévenir
contre des pulsions dont il n'aurait pas connaissance ni même le ressenti : ce serait inutile car
sans objet et même une offensive (offense ?) contre-productive en aiguisant sa curiosité et
son appétence contre l'objet de la lutte à venir.
Il faut donc laisser venir naturellement le temps de ce combat en répondant à la nécessité du
moment. La fin de la dernière phrase du troisième paragraphe crée un couple
complémentaire plus que d'opposition : « résister »/ « céder ». Les étudiants devront
rechercher dans les termes de l'extrait ce à quoi il faut céder ou résister : il faut céder à la
pente naturelle du cœur et ce qu'elle prescrit et résister à celle des sens liée aux pulsions
sexuelles. En ce cas, il est possible de « céder sans crime ».

Séance 3. Homo duplex

Objectifs :
- articulation entre l'homme et le mal. Le mal en l'homme ?
- Homo duplex, entre dikè et ubris
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Méthode : Lecture thématique

Texte : Depuis « Il est donc vrai que l'homme est le roi de la terre qu'il habite » jusqu’à « et
mon pire tourment quand je succombe est de sentir que j'ai pu résister. »

Situation de l'extrait.

Rousseau a exposé sa certitude de l'existence de Dieu par la contemplation du monde, son


organisation et le mouvement. Il présente la matière comme inorganisée et inerte et la
nécessité d'une volonté d'organisation, comme pour la mécanique d'horlogerie, et d'une
impulsion externe pour créer du mouvement. Il n'accepte pas l'explication par le hasard.

I. La singularité de l'homme.

Rousseau reprend ici dans le premier paragraphe la primauté de l'homme mise en avant dans
la Genèse :
- La formule « l'homme est le roi de la terre qu'il habite » est étayée par
• sa supériorité sur le monde animal : « il dompte tous les animaux »,
• son savoir-faire technique qui fait de lui un être prométhéen : « il dispose
des éléments par son industrie ». Si Dieu est créateur, l'homme dispose de maîtrise.
• son intelligence : « la contemplation ». Il est capable de comprendre par son esprit ce
qu'il ne peut qu'observer de loin : « il s'approprie encore, par la contemplation, les
astres mêmes dont il ne peut approcher ».
- L'homme, une exception. La syntaxe met en exergue ce caractère unique dans une suite
de singularités :
• « non seulement … non seulement … mais lui seul … et … encore »
• « Qu'on me montre un autre »
- La « contemplation » prend ici un double sens,
• d'intelligence de la connaissance (« je puis observer, connaître les êtres et leurs
rapports », qui lie observation, savoir et abstraction avec les « rapports »
• de ressenti et d'élévation, comme vu précédemment : « je puis sentir ce qu'est ordre,
beauté, vertu », « m'élever à la main qui le gouverne [le monde] ».

II. Dikè et ubris

Le mal et le bien se définissent ici dans l'attitude de l'homme à partir de la contemplation.

1. Dikè.
L'homme qui reconnaît l'ordre, la beauté et la vertu du monde et en remercie son auteur (qui
ne peut être le hasard aveugle mais une volonté) continue de s'élever puisqu'il passe de la
réalisation à l'architecte. L'homme juste monte donc vers un sommet vers lequel tout fait
signe : il est au sommet de la création, il dispose de pouvoirs supérieurs au reste du vivant, il
entrevoit ce qui le dépasse par son intelligence, témoins les astres, et ne peut, selon
Rousseau, qu'en remercier le principe fondateur à sa source situé plus haut encore.
Le troisième paragraphe développe ce champ lexical de la reconnaissance : « bénir la main
qui m'y a placé », « sentiment de reconnaissance », « bénédiction pour l'auteur de mon
espèce », « premier hommage à la divinité bienfaisante », « J'adore la puissance suprême »,
« je m'attendris sur ses bienfaits ».
Cette pente conduit non seulement à reconnaître le bien mais à le cultiver : « je puis aimer le
bien, le faire » ; et au troisième paragraphe, l'interrogation rhétorique « N'est-ce pas une
conséquence naturelle de l'amour de soi, d'honorer ce qui nous protège, et d'aimer ce qui
nous veut du bien ? » Rousseau inclut bien l'homme juste dans le respect d'un ordre du
monde qui le sert, dans une écologie.
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2. Ubris. La raison ou le mal anti-naturel.


Le mal, dans cette logique, se montre ici comme une activité volontaire de lutte contre une
pente naturelle de l'homme, comme un avilissement actif malgré tous les signes, sinon
preuves, contraires.
- D'où la violence de Rousseau qui liste les mérites de l'homme pour leur opposer une unique
formule :
• « Je puis sentir ce que c'est qu'ordre, beauté, vertu ; je puis contempler l'univers,
m'élever à la main qui le gouverne ; je puis aimer le bien, le faire ; et je me
comparerais aux bêtes ! » . Il accuse ici le rationalisme et l'athéisme replaçant
l'homme dans le monde animal, ce que Rousseau refuse avec violence - « âme
abjecte », « ta triste philosophie ».
• Il ne peut les comprendre car tout s'oppose, selon lui, à ce qui est une erreur
manifeste conduisant à se rabaisser : « c'est ta triste philosophie qui te rend
semblable à elles [les bêtes] », « tu veux en vain t'avilir ».
• Rousseau utilise même un argument par l'absurde tout en faisant appel au cœur et au
sentiment : l'intelligence de l'homme seule permet de réfléchir et de se tromper. Il est
donc bien supérieur aux animaux. Pour ce, il pose une assertion ternaire : « ton génie
dépose contre tes principes » : l'intelligence nécessaire pour y réfléchir dément la
parenté avec les animaux », « ton cœur bienfaisant dément ta doctrine » : le
sentiment se révolte contre l'idée », « l'abus même de tes facultés prouve leur
excellence en dépit de toi » : se tromper est le propre de l'homme ! ».
En quelque sorte, Rousseau ravive ici le proverbe : « Errare humanum est ; perseverare
autem diabolicum ». Les philosophes rationalistes et athées persistent envers et contre tout
dans leur erreur : là est sa définition du mal car il est une véritable activité volontaire contre
toute « évidence ».

III. « Je vois le mal sur la terre », ou homo duplex

Rousseau reprend son propos en changeant d'échelle au quatrième paragraphe, comme pour
prévenir une critique de bon sens : le spectacle de la violence des hommes, bien loin du
tableau idéal proposé plus haut.

À l'échelle du monde Le genre humain


l'ordre Critique « Quel spectacle! »
harmonie confusion
proportions désordre
concert chaos
Les animaux sont heureux Leur roi seul est misérable
sagesse « Est-ce ainsi que tu [Dieu] régis le monde ? »
Providence […] être bienfaisant Impuissance : « qu'est devenu ton pouvoir ? »

Un tel tableau pourrait remettre en question l'ensemble du propos : la nécessité d'un principe
régissant le monde, sa bienveillance, et la grandeur de l'homme.

Aussi, Rousseau offre une deuxième définition du mal dans ce même passage, au paragraphe
5 : ici, il n'est plus le rationalisme stérile avilissant, mais comme chez le jeune adolescent, le
laisser-aller dans la pente des sens et des passions.
La différence avec les pulsions sexuelles du jeune homme, cette pente est ici constitutive de
l'homme, tiraillé par nature entre les extrêmes.

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« Deux principes distincts », « deux mouvements contraires »


élevait Ramenait bassement en lui-même
Étude des vérités éternelles L'asservissait à l'empire des sens
Amour de la justice et du beau moral Passions qui sont leurs ministres
La contemplation fait les délices du sage Contrariait
Actif quand j'écoute la raison Passif quand mes passions m'entraînent
Sentir que j'ai pu résister Succombe

L'homme est double, terrain d'une bataille entre son corps et son esprit, dans un dualisme
très chrétien : la libération par le cœur, la contemplation, le sentiment et la bonne « raison »
– celle qui rend raison à ce qui est – sont contrariées par un « empire » des sens asservissant.
Rousseau replace l'homme au centre d'une lutte entre le bien et le mal mais dont il est à la
fois la seule cause et la seule issue :
« Non, l'homme n'est point un : je veux et je ne veux pas, je me sens à la fois esclave et libre ;
je vois le bien, je l'aime, et je fais le mal; je suis actif quand j'écoute la raison, passif quand
mes passions m'entraînent ; et mon pire tourment quand je succombe est de sentir que j'ai pu
résister. »
Si la source de tout bien est extérieure à l'homme, dont il est le reflet car appartenant à
l'ordre des choses, le mal, quant à lui, n'est pas extérieur à lui. À l'Enfer objectivé se substitue
alors un enfer intérieur : celui du tourment du remords - « mon pire tourment quand je
succombe est de sentir que j'ai pu résister ».

Séance 4. Dieu permet-il le mal ?

Objectif : Étudier un débat théologique en action


- aborder la liberté de l'homme
- contrer la critique de la toute bonté et toute-puissance divine : justification
des maux et de la mort dans le monde
- l'évidence du bien nécessaire

Méthode : Lecture méthodique

Extrait : Depuis « Si l'homme est actif et libre, il agit de lui-même ; tout ce qu'il fait
librement n'entre point dans le système ordonné de la Providence, et ne peut lui être
imputé. » jusqu’à « La mort est le remède aux maux que vous vous faites ; la nature a voulu
que vous ne souffrissiez pas toujours. »

Introduction
Rousseau en vient dans ce passage aux pierres d'achoppement du judéo-christianisme parmi
les plus débattues : la liberté de l'homme à faire le mal et la justice divine. Dans cette
profession de foi, il sait que le jeune homme, comme tout un chacun, ne peut que s'exclamer
que Dieu ne peut être juste ni tout puissant s'il permet le mal, qui plus est, si la liberté qu'il a
octroyée à l'homme lui permet de choisir le mal.
La réponse est un système logique très construit :

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I. Logique de la liberté.

Si Dieu a donné la « liberté de » à l'homme, l'homme peut en user comme il l'entend et il


serait contradictoire que cette liberté soit bornée. Dieu, qui garantit la cohérence et la justice,
garantit donc cette liberté quoi qu'il en soit.

Si l'homme est actif et libre, il agit de lui-même


elle ne l'empêche pas de le faire
soit qu'elle ne pût l'empêcher sans gêner sa liberté et
faire un mal plus grand en dégradant sa nature

II. Le mal n'est pas du fait de Dieu.

Pas de contradiction donc entre la bonté, justice et bienveillance divine et la présence du mal
dans le monde

tout ce qu'il fait librement n'entre point dans


le système ordonné de la Providence, et ne
peut lui être imputé.
Elle ne veut point le mal que fait l'homme

Ici, Rousseau s'oppose à Leibniz et à son idée du moindre mal dans le meilleur des mondes
possibles. En effet, pour Leibniz, le mal fait partie du système ordonné puisque, parmi tous
les possibles, Dieu choisit celui qui permet le maintien de l'harmonie universelle même s'il
faut, pour ce, passer par des maux particuliers et provisoires. Pour Rousseau, au contraire, le
mal « n'entre point dans le système ordonné de la Providence »

III. Une liberté surveillée ?

Toutefois, cette liberté humaine ni sa malveillance ne semblent être absolues. Rousseau se


contredirait-il ? Il tente de se défendre par prétérition d'une contradiction inévitable : Dieu
permettrait-il à l'homme l'autodestruction ou la destruction du concert du monde dont Dieu
est le garant créateur ?
Rousseau insiste sur la faiblesse humaine, avec par conséquent sa faible capacité de nuire,
non seulement à l'échelle humaine mais encore à l'échelle de l'univers, de la Création.
Mettre en évidence l'opposition entre la toute-puissance divine et la faiblesse humaine dans
les formules : « tellement … que », « sans rien », « malgré qu'elle en ait » (à expliquer)

soit que de la part d'un être si faible ce mal soit nul à ses yeux
elle a tellement borné ses forces, que l'abus de la liberté qu'elle lui laisse ne peut
troubler l'ordre général.
Le mal que l'homme fait retombe sur lui sans rien changer au système du monde
sans empêcher que l'espèce humaine elle-même ne se conserve malgré qu'elle en ait

Les maux humains ne pèsent pas dans l'harmonie universelle et l'ordre des choses. Ici, la
vision du monde de Sade, quoique totalement opposée puisque athée et matérialiste,
rencontre celle de Rousseau : les maux ne sont pas contre-nature puisqu'ils sont le produit du
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monde via les hommes. Le mal appartient donc au « système du monde », à « l'ordre
général ».
Rousseau n'envisage toutefois pas ici la capacité de l'espèce humaine à s'autodétruire, qu'il
juge impossible (« malgré qu'elle en ait »).

IV. La valeur de l'homme vertueux, ou l'homme-dieu

Rousseau, en posant le bien comme un choix de l'homme, donne toute sa valeur et au bien et
à l'homme. Il continue donc d'insister sur la lutte constante en l'homme entre l'esprit et le
corps : « nous sommes tentés par les passions et retenus par la conscience ».

Le bien comme mérite voulu par Dieu Le mal ou le mauvais choix


Elle l'a fait libre afin qu'il fît non le mal, mais le l'abus de la liberté.
bien par choix.
nature excellente [de l'homme … placée en
l'homme par Dieu], de ce qu'il mit à ses actions
la moralité qui les ennoblit, de ce qu'il lui donna
droit à la vertu.
La suprême jouissance est dans le contentement
de soi-même
c'est pour mériter ce contentement que nous
sommes placés sur la terre et doués de la liberté

« Murmurer de ce que Dieu ne l'empêche pas de faire le mal, c'est murmurer de ce qu'il la fit
d'une nature excellente, de ce qu'il mit à ses actions la moralité qui les ennoblit, de ce qu'il lui
donna droit à la vertu.
La suprême jouissance est dans le contentement de soi-même ; c'est pour mériter ce
contentement que nous sommes placés sur la terre et doués de la liberté, que. Que pouvait de
plus en notre faveur la puissance divine elle-même ? Pouvait-elle mettre de la contradiction
dans notre nature et donner le prix d'avoir bien fait à qui n'eut pas le pouvoir de mal faire ?
Quoi ! pour empêcher l'homme d'être méchant, fallait-il le borner à l'instinct et le faire bête ?
Non, Dieu de mon âme, je ne te reprocherai jamais de l'avoir faite à ton image, afin que je
pusse être libre, bon et heureux comme toi. »

Rousseau ravive ainsi la formule « à l'image de Dieu », présente dans la Genèse : « Faisons
l'homme à notre image, selon notre ressemblance » (Genèse 1:26).
L'homme est la créature privilégiée de Dieu qui lui donne la puissance de se hisser à son
niveau s'il le veut seulement. Il gagne en mérite et la vie n'est plus une vallée de larmes mais
une école de volonté, de prise sur soi et de vertu. Rousseau se fait là prédicateur optimiste et
exigeant, dans une argumentation que la cascade d'interrogatives directes, l'exclamation et le
remerciement au style direct, muent en prière laudative.
« Que pouvait de plus en notre faveur la puissance divine elle-même ? Pouvait-elle mettre de
la contradiction dans notre nature et donner le prix d'avoir bien fait à qui n'eut pas le pouvoir
de mal faire ? Quoi ! pour empêcher l'homme d'être méchant, fallait-il le borner à l'instinct et
le faire bête ? Non, Dieu de mon âme, je ne te reprocherai jamais de l'avoir faite à ton image,
afin que je pusse être libre, bon et heureux comme toi. »
Il ne faut donc, selon lui, ni « murmurer » ni « reprocher » mais louer la bonté divine d'avoir
permis le mal comme conséquence de la liberté humaine dans la mesure où le bien prend sa
valeur : le choix pour l'homme d'être à l'image du démiurge : « libre, bon et heureux comme
toi. »

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V. Les différents maux et la mort

Dans le véritable système logique de cette profession de foi, tous les maux et la mort trouvent
leur explication et leur place.

Nature du mal cause citation


Souffrance morale Origine humaine C'est l'abus de nos facultés qui nous
(intelligence et usage de la liberté) rend malheureux et méchants.
Origine humaine Nos chagrins, nos soucis, nos
(intelligence et usage de la liberté) peines, nous viennent de nous.
Origine humaine Le mal moral est
(intelligence et usage de la liberté) incontestablement notre ouvrage.
Souffrance physique Mal moral le mal physique ne serait rien
trouvant son expression dans le sans nos vices, qui nous l'ont rendu
corps sensible.
Nature N'est-ce pas pour nous conserver
(auto-conservation ou conservation que la nature nous fait sentir
de « l'ordre des choses » nos besoins ?
de notre corps)
Mort Nous-mêmes Les méchants n'empoisonnent-ils
(pour en finir avec la souffrance) pas leur vie et la nôtre ? Qui est-ce
qui voudrait toujours vivre ?
La nature bienveillante La mort est le remède aux maux
que vous vous faites ; la nature a
voulu que vous ne souffrissiez pas
toujours.

Le système est donc complet donc clos : l'homme est la cause de ses malheurs, dus à son
intelligence et au mauvais usage qu'il peut en faire. Il agit par là-même parfois contre son
corps, ce que la nature lui rappelle pour son auto-conservation. La mort est une délivrance :
elle n'est pas le mal, mais un bienfait naturel et divin final, afin de libérer l'homme de sa
souffrance morale et physique.

Brève conclusion générale

Loin du traité de morale austère et artificielle, La Profession de foi du vicaire savoyard


apparaît donc sous un triple jour :
- Rousseau y exerce encore une fois son talent au service de son système en approfondissant
son étude sur la nature humaine ;
- il se fait de nouveau prédicateur illuminé par le cœur au service de la vraie raison des
choses : sa profession est quasiment le fondement d'une religion propre dérivée des
christianismes comme du déisme ;
- enfin, l'universalité de ce texte est éclatante car, même si Rousseau insiste sur l'existence de
Dieu, sa notion d'exigence intérieure au nom d'un principe supérieur vers lequel tout
converge est sensible par tous. L'idéal et l'exigence politique comme le principe d'humanitas
ou celui de dignité humaine participent de ce même sentiment de nécessité « panique » qui
se substitue au divin.

Prolongements. Activités en classe :


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Activité I. La peinture romantique après Rousseau

1) Demander aux étudiants de faire une recherche sur le peintre romantique Caspar David
Friedrich
2) Comparer l'extrait suivant, précédant directement la Profession de foi, et la reproduction
du tableau de Caspar David Friedrich, Le Voyageur contemplant une mer de nuages, 1818 :

a) extrait :
« On était en été, nous nous levâmes à la pointe du jour. Il me mena hors de la ville, sur une
haute colline, au-dessous de laquelle passait le Pô, dont on voyait le cours à travers les fertiles
rives qu'il baigne ; dans l'éloignement, l'immense chaîne des Alpes couronnait le paysage ; les
rayons du soleil levant rasaient déjà les plaines, et projetant sur les champs par longues
ombres les arbres, les coteaux, les maisons, enrichissaient de mille accidents de lumière le
plus beau tableau dont l'œil humain puisse être frappé. On eût dit que la nature étalait à nos
yeux toute sa magnificence pour en offrir le texte à nos entretiens. Ce fut là qu'après avoir
quelque temps contemplé ces objets en silence, l'homme de paix me parla ainsi [… ] »

b) tableau :

Le voyageur au-dessus de la mer de nuages.


Friedrich Caspar David. Huile sur toile.19e siècle.
(C) BPK.Berlin. Dist. RMN / Elke Walford

3) Faire une lecture d'image : descriptive, narrative, interprétative


4) Rechercher l'interprétation possible de ce tableau en regard avec les études des extraits 2
et 3

Activité II. Ordre et désordre.

1) Distribuer et faire préparer l'extrait suivant, issu de la Théogonie d'Hésiode.


La typhonomachie.
Texte disponible à l'adresse suivante : http://philoctetes.free.fr [Cliquer sur Hésiode :
Théogonie]
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Extrait : Depuis « Lorsque Zeus eut chassé du ciel la race des Titans, un dernier enfant naquit
de la vaste Terre, unie aux Tartares par la belle Vénus. » jusqu’à « Ils parcourent aussi la terre
immense et fleurie, détruisant les doux fruits du travail des humains, les enveloppant à grand
bruit d'épais tourbillons de poussière. »
a) Quels principes ce texte oppose-t-il ?
b) En quoi l'étude de la Profession de foi permet-elle d'affirmer que Rousseau ne
partage pas cette vision du monde ?
c) Que Rousseau propose-t-il de similaire à Typhon et à ses manifestations ? Mais
quelle en est la différence majeure ?

Activité 3. La Profession de foi du vicaire savoyard, ou Rousseau contre les


religions d'Europe.

1) Rechercher quelles critiques peuvent être adressées à Rousseau à partir de votre


connaissance de l'œuvre en vous aidant du premier paragraphe.
2) En quoi Rousseau se juge-t-il supérieur à ses détracteurs ?
3) Que Rousseau dénigre-t-il dans les dogmes, les religions révélées et le culte ?
4) En quoi peut-on affirmer que, d'une certaine manière, Rousseau fonde ici sa religion ?

Extrait : Depuis « Les sentiments que vous venez de m'exposer, lui dis-je, me paraissent plus
nouveaux par ce que vous avouez ignorer que par ce que vous dites croire. » jusqu’à « Quant
au culte extérieur, s'il doit être uniforme pour le bon ordre, c'est purement une affaire de
police ; il ne faut point de révélation pour cela. »

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