LES CAHIERS DE

ALAIn RouSSEt
« La Région accompagne un millier
d’entreprises par an »  page 8
Zoom
La carte des sites industriels  page 10
ALAIn Juppé
« Bordeaux doit rester un territoire
industriel durable»  page 50

suppLément au numéRo 3241 du 26 mai 2011. ne peut êtRe vendu sépaRément www.usinenouvelle.com

Les 100 qui font bouger

l’Aquitaine
Ils cherchent, innovent, vendent, exportent et se dépensent sans
compter pour l’avenir de leurs entreprises ou de leurs territoires...

sommaire
introduction
• L’Aquitaine au-delà des clichés ................... ! P. 06
• Interview
Alain Rousset : «Nous accompagnons
un millier d’entreprises par an» .................. ! P. 08
• Zoom
Les points forts de la région..........................! P. 10
• Top 50 des usines ........................................ ! P. 12
les développeurs
• Ils font fleurir les projets.......................... ! P. 13
• Patrick Dernos, Manuel Tunon de Lara,
Agnès Paillard, David Habib,
Marie-Claire Sallaberry........................... ! P. 14 à 19
les pilotes
• Ils propulsent l’aéronautique................. ! P. 20
• Trang Pham, Anne-Sophie
Catherineau, Jérôme Verschave,
Michel Schleicher....................................! P. 21 à 24
les gastronomes
• Industries d’origine contrôlée................ ! P. 26
• Thierry Blandinières, Marc Prikazsky,
Philippe Coutière, Philippe Raoux,
Pierre Philippe, Christian Pèes .............. ! P. 27 à 34
les défricheurs
• Au Sud-Ouest, du nouveau..................... ! P. 36
• Marc Vincent, Pierre Odriozola,
Yann Maus, Pascal Duclos, Frédéric
Basse, Jean-Marc Gaucher..................... ! P. 37 à 42
les innovateurs
• La R&D, c’est ici!.......................................! P. 43
• Georges Hadziioannou, Daniel Choquet,
Patrice Gaillard, Jean-Louis Blouin,
Michel Haïssaguerre, Jacques Jacobs.... ! P. 44 à 48
l’entretien
• Alain Juppé : «Bordeaux doit rester
un territoire industriel durable».................. ! P. 50
Rédaction en chef de ce supplément : Pierre-Olivier Rouaud
Maquette : Christine Liber
Supplément de « L’Usine Nouvelle » n° 3241
du 26 mai 2011 (commission paritaire n° 0712T81903)
Ne peut être vendu séparément.
Une publication du groupe Gisi, Antony Parc II -
10 place du Général-de-Gaulle - BP 20156 - 92186 Antony Cedex.
Directeur de publication : Christophe Czajka
Impression : Roto France Impression 77185 Lognes
Photos de couverture : MAXPPP, D.R.
L’USINE NOUVELLE I SUPPLÉMENT AU N° 3241 I 26 MAI 2011
éditorial
LES 100 QUI FONT BOUGER L’AQUITAINE
Vitalité
D
e la Dordogne aux Pyrénées, des Landes à
la Gironde en passant par le Lot-et-Garonne
ils cherchent, innovent, vendent, exportent
et surtout se dépensent sans compter pour l’avenir de
leurs entreprises, laboratoires ou territoires...
Ils, ce sont ces hommes et femmes que « L’Usine
Nouvelle» a choisi de vous faire découvrir, ou mieux
connaître, à l’occasion de ce supplément spécial consa-
JLS
cré à l’Aquitaine.
C’est par exemple Georges Hadziioannou, le cher-
PIERRE-OLIVIER
cheur grec globe-trotter, qui a posé ses valises à
Bordeaux et travaille sur l’électronique de demain
et ses composants organiques ; c’est Frédéric Basse,
ROUAUD,
Rédacteur en chef
des suppléments
le surfeur devenu patron, qui avec quelques autres
se bat sur la Côte Atlantique pour que l’amour de la
planche se transforme aussi en emplois ; c’est Patrick
Gaillard, artisan d’une des premières unités au monde
fabricant des nanotubes de carbone, en plein Béarn ;
c’est encore Christian Pèes, président de coopéra-
tive agricole et fana de géopolitique ; ou Christophe
Mazel, qui fait voler ses petits drones en essaim…
Il y a aussi, bien sûr, les deux « Alain », Rousset et
Juppé. Le premier, à la tête de la Région, s’active avec
fougue et conviction pour
le développement écono-
Les 100 personnalités
mique, les entreprises et
l’innovation ; le second, de ce numéro illustrent toutes
premier magistrat de Bor-
deaux, a réveillé la belle un domaine d’excellence,
métropole endormie à la
veille d’une nouvelle trans-
une passion, un projet, un rêve.
formation avec l’extension
du TGV. Tous illustrent un
domaine d’excellence, une passion, un projet, parfois
un rêve. Reconnue pour son patrimoine, sa qualité de
vie et ses grands espaces, du Périgord aux Pyrénées,
l’Aquitaine l’est en revanche trop peu pour la vitalité
de ses entreprises, sa recherche et les hommes qui
sont derrière.
Ces instantanés tentent de réparer l’injustice. La nature
humaine aime les comptes ronds et, dans l’exercice, il a
fallu s’arrêter à 100. On objectera de la subjectivité de
nos choix, de l’absence de tel ou tel, en nous prêtant
même quelque intention maligne. Rien de tout cela! Ce
supplément n’est pas un annuaire, mais un parcours
illustré tentant de capter ces énergies qui traversent
l’Aquitaine. Donc, forcément incomplet. N’est-ce pas
là un beau signe de vitalité pour la région? ❚❚
3
 index
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
A-B
Pierre Agnès (Quiksilver).................... 38
José Alcorta (Rescoll)......................... 44
Benoît Appert-Collin (Alphanov)........ 47
F. Baffou (Bordeaux Technowest)........ 22
Jean-Claude Barreix (Azkorria).......... 27
Frédéric Basse (Rip Curl) ....................40
Fabien Baumann (Plastinov)...............40
Xavier Bazin (Sunnco Résidentiel) ...... 38
X.-R. Billecart (Caisse des dépôts).......16
Philippe Blanco (Agfa Healthcare)........ 37
Serge Blanco (entrepreneur).................19
Thierry Blandinières (Maïsadour) ...... 27
J.-L. Blouin (Route des lasers) ............ 47
Frédéric Boucher (Sturgeon) .............. 27
L. Bourgitteau-Guiard (Snapp) .......... 44
Patrick Bourlet (PBO Design).............48
Christian Bret (AEC Polymers)............40
Michel Brisson (Soficar) ..................... 39
C-D
Pierre Calleja (Fermentalg) ................. 44
Pierre Cambar (Association aquitaine
de promotion agroalimentaire)............. 27
Exequiel Cano Lanza (Ecla)................. 39
A.-Sophie Catherineau (Catherineau).. 22
Jean-Marc Charriton (Lauak) ............. 24
Daniel Choquet (CNRS) ...................... 45
Frédéric Conchy (Exosun) ...................48
Xavier Coumau (Courtiers en vins
et spiritueux de Bordeaux) ................... 30
Philippe Courtois (EPA Bordeaux-
Euratlantique) ......................................16
Philippe Coutière (Biolandes) ............. 29
Bernard Darretche (CCI Bayonne) .......19
Christian Delpeuch (Institut des
sciences de la vigne et du vin) ............... 30
Patrice Dernos (Chemparc)..................14
Pascal Duclos (Goupil Industrie).......... 39
Vincent Dupourqué (Robosoft) .......... 46
E-F-G
Alain Estrade (Izarbel) .........................19
Pierre Fabre (Snecma) ......................... 21
Olivier Fahy (Berkem)......................... 29
Bernard Farges (Appellations
Bordeaux et Bordeaux supérieur) ......... 30
Amalia Festa (Nanni Diesel)................ 37
Jean-René Fourtou (Fondation
Bordeaux Université) ............................ 15
Norbert Fradin (promoteur)................. 15
Patrice Gaillard (Arkema) ................... 46
Jean-Marc Gaucher (Repetto) ............. 41
Lucien Georgelin (confitures
Lucien Georgelin)................................. 32
D. Giannoni (Thales Avionics) ..............24
Antoine Godbert (2e2f)....................... 15
J.-Y. Grandidier (Aquitaine Wind Ind.).....42
Benoît de Guillebon (Apesa)................14
Yann Guillou (Astrium)........................ 21
Jean-Roch Guiresse (Estia) .................14
H-J
David Habib (député)...........................18
G. Hadziioannou (univ. Bordeaux 1)...... 44
4
Michel Haïssaguerre (Inserm) ............48
Stéphane Héraud (Cave des Hauts
de Gironde)........................................... 31
Jacques Jacobs (Avenia) .................... 49
Pascal Joguet (Stantum) ..................... 41
Rafael Jorda (Flamel Technologies) ...... 49
L-M
Isabelle Laporte (SEML
Route des Lasers) .................................16
Jean-Yves Larraufie (Direccte) ............ 15
René Laversanne (Syneliance)............48
Dominique Lefaivre (Eskal) .................14
Régis Lelong (Laurence Dumont)........40
Stéphane Lull (Epsilon Composite)....... 42
Philip McLaughlin (BEM) ....................18
Emmanuel Martin (chantier naval
Dubourdieu) ........................................ 47
Frédéric Martin (Financière Martin)...... 34
Philippe Massol (Cité du Vin)............... 31
Yann Maus (Fonroche) ........................ 39
Christophe Mazel (Fly-n-Sense) ......... 24
Ph. Métivier (Eolite Systèmes)............ 49
Xavier Morvan (EBC Medical) ............. 42
Éric Mottay (Amplitude Systèmes) ...... 44
B. Moulinet (Kimo Instruments) ..........38
O-P-R
Pierre Odriozola (Sokoa) .................... 38
Pierre Oteiza (Pierre Oteiza) ............... 34
Agnès Paillard (Agence de
développement éco. d’Aquitaine)...........16
Christian Pèes (Euralis) ...................... 32
Patrice Percie du Sert (Pollenergie) ........34
Trang Pham (cluster drones) ................ 21
Pierre Philippe (Buzet) ........................ 31
Pier-Vincenzo Piazza (Inserm) ........... 49
Xavier Picard (France Prune) .............. 34
Didier Pineau (Europlasma)................ 45
Marc Prikazsky (Ceva) ........................ 28
R-S
Philippe Raoux (Chamvermeil) ........... 30
Thierry Renard (Total)........................ 46
J.-Luc Sailliol (Dassault Aviation)........ 23
Marcel Saint-Cricq (Palso).................. 32
Marie-Claire Sallaberry (Herrikoa) .......19
Éric Sarrat (groupe GT)....................... 39
Stéphane Schinazi (e-Device) ............. 38
Michel Schleicher (SME) .................... 24
Dominique Sentagnes (L’Électrolyse).... 47
Jean-Noël Stock (Thales
Systèmes aéroportés) ........................... 21
T-V-W
Isabelle Terrasse (Inria Bordeaux
Sud-Ouest).......................................... 49
Jacques Tortos (Nobatek)................... 46
M. Tunon de Lara (Pres Bordeaux) .........15
Jérôme Verschave (Aérocampus) ....... 23
Fabrice Vial (Couach) .......................... 37
Marc Vincent (Xylofutur) .................... 37
Denis Wargnier (Bil Toki).................... 42
SébaStien Rande/daSSault aviation

l’AquitAine,
l’aéronautique-défense
reste un des points
forts de la région avec
des poids lourds comme

Au-delà des clichés dassault (photo),

Snecma ou Thales.

On connaissait l’agroalimentaire, le bois ou l’aéronautique…

L’économie régionale capitalise sur de nouveaux métiers,
de la santé aux lasers.
Par Pierre-Olivier rOuaud

6

B eau résultat! Avec la sélection de cinq laboratoires
et cinq équipements d’excellence, la région a bien
tiré son épingle du jeu dans les récents appels
d’offres des «investissements d’avenir». Le résultat d’une
initiative (le Grand emprunt) née des réflexions de Michel
Rocard et d’un certain Alain Juppé, maire de Bordeaux (lire
l’interview en page 50).
Avec ses projets sur les nanomatériaux, le cerveau, le laser
ou la valorisation du bois, Bordeaux, dont l’université a aussi
été présélectionnée pour une «Initiative d’excellence» (Idex),
fait bien mieux, donc, que d’autres métropoles comme
Nantes, Nice ou Lille et jeu égal avec sa rivale, Toulouse.
Il y a là de quoi rassurer quant au potentiel de la région.
l’uSine nOuvelle i Supplément au n° 3241 i 26 mai 2011
intro
les 100 qui font bouger l’AquitAine
Plutôt prospère, l’Aquitaine affiche pourtant un taux de
chômage dans la moyenne nationale. Elle n’a pas été
épargnée par les mutations industrielles. La fermeture
des usines Sony, Celanese ou Capdevielle sont là pour le
rappeler, tout comme les deux ans de crise autour de Ford
Aquitaine Industries, à Blanquefort (Gironde). Après de mul-
tiples rebondissements, Ford vient de confirmer des projets
permettant d’assurer le maintien d’un millier d’emplois sur
le site, soit deux sur trois.
Longtemps, la sixième région par le PIB a vécu, plutôt
bien, sur ses atouts naturels : « le pin, le vin, le bassin »,
dit-on parfois en référence à la forêt, la vigne et à Arcachon.
Sans compter le gaz de Lacq et, bien sûr, la Défense.
des actions tous azimuts de soutien à l’innovation
Il avait débarqué en 1998 à Bordeaux, Jérôme Verschave,
directeur de l’Aerocampus et ancien «dircab» d’Alain Rous-
set, président du Conseil régional, se souvient ainsi d’une
région «figée», vivant sur ses acquis, avec des sous-traitants
nourris de la manne des commandes militaires. Ce temps est
révolu, mais la spécialisation aéronautique-défense reste un
des points forts de la région, avec des poids lourds comme
Dassault, Snecma ou Thales. Ces entreprises, qui ne sont
pas épargnées par les restructurations elles non plus, sont
désormais reparties de l’avant, avec comme symbole le nou-
veau site de Turbomeca, à Bordes (Pyrénées-Atlantiques).
Ce secteur fait aussi l’objet d’une coopération réussie entre
les industriels, avec le soutien affirmé du Conseil régional
et d’Alain Rousset (interview en page 8).
Très engagé auprès des entreprises, le patron PS de la
région se distingue par son action tous azimuts de soutien
à l’innovation. «Cela n’est pas dénué de pensées politiques,
mais c’est encourageant qu’un élu s’intéresse à ce point à
l’industrie», assure un chef d’entreprise. Dans ce contexte
stimulant, les services de l’État, via la Direction régionale des
entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail
et de l’emploi (Direccte) notamment, ont de leur côté choisi
de prolonger les états généraux de l’industrie, notamment par
deux comités régionaux de filière, l’un dans l’aéronautique
et l’autre dans le bois, autour du pôle Xylofutur.
Les résultats du Grand emprunt montrent donc que l’éco-
nomie ne se limite pas à ses vieux piliers, agroalimentaire
y compris. Il faudra compter par exemple avec le laser
Mégajoule (CEA) sur la simulation nucléaire, qui doit être
achevé en 2014. Autour de ce projet structurant décidé par
l’État se greffent des compétences en recherche civile sur le
laser, comme le laser Petal. Accueilli sur le site du CEA, ce
futur équipement de 54 millions d’euros, voué à la fusion
contrôlée, a été initié – encore – par le Conseil régional via
une convention avec le CEA et l’État. Le cluster solaire, promu
par la Région, devrait se raccrocher au pôle Route des lasers.
Enfin, sans rivaliser avec Lyon ou Paris, la santé monte
aussi en puissance, notamment autour des neurosciences et
des entreprises phares que sont Sanofi, BMS Upsa ou Merck
Serono, et son site pilote de bioproduction, Martillac. Sans
compter la poussée récente dans l’informatique médicale.
Décidément, à l’image du spectaculaire renouveau de Bor-
deaux, la tranquille Aquitaine sait surprendre. ❚❚
7
l’entretien
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
« nous accomPaGnons
un millier
d’entrePrises Par an »
Alain Rousset est le président (PS) du conseil
régional d’Aquitaine depuis 1998. Farouche
militant de la décentralisation, il préside aussi
l’ARF, l’Association des régions de France.
ProPos recueillis Par colette Goinère et Pierre-olivier rouaud
l’industrie, c’est important pour l’aquitaine ?
Bien sûr. Sans industrie forte, il n’y a pas de région ou de
pays riche pouvant lutter contre le chômage et maintenir son
système social. Pour cela, le conseil régional mène un travail
énorme de politique industrielle, notamment liée à l’innovation.
Nous accompagnons un millier d’entreprises par an dans leur
modernisation. Nous misons sur les secteurs existants: aéro-
nautique, agroalimentaire, bois… et sur des briques nouvelles
comme le laser, les technologies vertes. Je viens d’ailleurs de
lancer un club d’entreprises, Croissance verte. Nous n’hésitons
pas à expérimenter et avons par exemple lancé un cluster dédié
aux drones civils. Nous allons étudier le marché, les applica-
tions dans l’agriculture, la sylviculture. Un sujet sur lequel le
gouvernement est incapable d’avoir une stratégie.
Pourtant, vous avez des moyens limités…
Cela n’empêche pas d’agir. Le soutien à la reconstruction du
site Turbomeca à Bordes est le plus bel exemple de lutte contre
la délocalisation. L’État n’a pas été à la manœuvre, mais la
région a mis 20 millions d’euros. Je mène aussi depuis long-
temps une stratégie en matière de formation et de recherche.
Nous sommes la seule région à consacrer 11% de notre budget
à la recherche. Rendez-vous compte, 120 millions d’euros par
an! à l’université, nous faisons venir des chercheurs, mettons
en place des chaires d’excellence, aidons des thésards. Bilan :
au grand emprunt, on a fait aussi bien que Lyon. Tous les
projets retenus sont prioritaires pour la région : matériaux,
neurosciences, photovoltaïque. Longtemps, l’Aquitaine a pro-
duit trois fois moins d’ingénieurs que Toulouse. En quelques
années, le nombre a doublé. Supaéro devrait s’installer, l’Ins-
titut d’optique arrive. Un signe d’attractivité.
Quel bilan faites-vous des pôles de compétitivité ?
Une bonne idée avec trois défauts. Certains pôles ont
débouché sur du déstockage de projets de grands groupes. Par
ailleurs, ils n’ont pas généré de réseaux d’entreprises de taille
« nous sommes la seule région à consacrer
11 % de notre budget à la recherche. rendez-vous
compte, 120 millions d’euros par an !»
8
DENIS/REA
intermédiaire. Enfin, j’observe un autisme de l’État à l’égard
des régions qui cofinancent les projets. Tout est centralisé au
Fonds unique interministériel. Je demande que l’État mette en
place un système partagé de veille technologique pour exprimer
clairement ses axes de la politique industrielle. L’État veut tout
garder, mais reste absent. Songez que les sous-préfets devraient
désormais s’occuper d’emploi. C’est une plaisanterie. Ils n’en
ont ni les moyens ni les compétences.
vous prônez le recours aux politiques industrielles régionales
comme en allemagne ?
Oui. C’est ce que je fais quand je passe des partenariats avec
Arkema, Thales, Snecma propulsion solide, Ceva ou la DGA.
La région est le bon acteur, le «lieu ressource», à la fois sur
la veille, le décloisonnement entre recherche et entreprises,
l’accompagnement des PME. Pourquoi en Allemagne délo-
calise-t-on moins? Parce qu’il y a un réseau de Länder forts,
actionnaires de référence des caisses d’épargne qui investissent
dans les entreprises. Nos régions n’ont pas ces moyens. Nous
sommes à la merci des fonds de pension. Le modèle jacobin
détruit naturellement l’industrialisation de ce pays.
Que pense le président de l’arF de la réforme territoriale ?
Je veux me battre jusqu’au bout contre le projet de conseiller
territorial. Lorsqu’il sera élu, il lui faudra résoudre des pro-
blèmes de crèches ou de ronds-points. Comment faire une
politique d’innovation dans ce cas!
dans le cadre du Grand emprunt, toulouse – midi-Pyrénées a fait
cavalier seul et obtenue un institut de recherche technologique,
alors que celui-ci aurait pu être à cheval sur les deux régions…
Le choix de Jean-Marc Thomas, président d’un pôle interrégio-
nal, de soutenir Toulouse est regrettable, car il faudra s’entendre.
Nos régions sont complémentaires. L’Aquitaine est un pôle
motoriste, forte dans les systèmes embarqués. Midi-Pyrénées
a un rôle d’ensemblier et est très présente dans les satellites.
De longue date, nous menons des collaborations avec Toulouse
entre laboratoires ou dans le capital-risque. Je ne me sens pas
concerné par une compétition entre Toulouse et Bordeaux.❚❚
zoom
LES 100 QUI FONT BOUGER L’AQUITAINE
Snecma Propulsion solide
(Moteurs à propergol, matériaux composites)
Thales Avionics
(Avionique)

First Aquitaine Industries

(Transmissions automatiques)

LES POINTS FORTS EADS Astrium

(Lanceurs et missiles)
Blanquefort

DE LA RÉGION
Saint-Médard-en-Jalles

Le Haillan
Dassault Aviation
(Assemblage Falcon et Rafale)
Bordeaux Technowest
CE QU’IL FAUT SAVOIR LES PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ Mérignac
Floirac
Thales Systèmes aéroportés Bordeaux
UN TERRITOIRE PEU DENSE AEROSPACE VALLEY (Systèmes de missions aéroportés)
Pôle mondial commun à l’Aquitaine Bordeaux Unitec
Superficie
41 308 km2, soit 8 % du territoire national et à Midi-Pyrénées (siège : Toulouse) Pessac Talence
Objet Aéronautique, spatial et systèmes Iterg
Population au 1er janvier 2011 (Recherche sur les corps gras)
embarqués
3,14 millions d’habitants Rescoll Latresne
Chiffres clés 10 milliards d’euros de (Colles)
Densité chiffre d’affaires, 1 200 établissements, Gradignan Villenave-
76 habitants au km2 Institut Carnot MIB
114 000 emplois industriels, 8 500 chercheurs (Recherche sur les matériaux) d’Ornon
Croissance démographique Membres 567, dont 80 groupes, 283 PME et Institut Carnot Lisa
+ 1 % par an ETI, 59 structures de formation et de recherche
Cité de la photonique Xylofutur
Projets labellisés 410, dont plus de la moitié
UNE DES PREMIÈRES (Bois)
financée pour 640 millions d’euros
RÉGIONS ÉCONOMIQUES (30 % des projets portés par des PME) Agir
PIB (Agroalimentaire) Martillac
85,7 milliards d’euros, Investissements liés aux projets
Alphanov
(4,6 % du PIB français, 6e rang) structurants 1,1 milliard d’euros (Laser)
Croissance 2009 ROUTE DES LASERS Bordeaux Montesquieu
- 1,7 % Pôle national (siège : Bordeaux)
Croissance moyenne sur vingt ans Objet Optique, lasers, photonique
+ 1,9 % par an (France : + 1,6 %) et applications
PIB par habitant Chiffres clés 8 850 emplois industriels
26 710 euros (France : 29 897 euros) directs, 70 entreprises, 600 chercheurs 2 km
Emplois Membres 74, dont 35 entreprises,
1,29 million, dont 1,14 million de salariés 8 institutionnels, 9 centres de R & D,
Taux de chômage (fin 2010) 18 personnalités
9,2 % (France : 9,6 %) Projets labellisés 160 depuis le début
Dépenses de R & D LES 15 PREMIÈRES RECHERCHE
Investissements liés 27 millions d’euros INNOVATION
1,1 milliard d’euros (7e rang français) USINES DE LA RÉGION
Agriculture XYLOFUTUR Aéronautique – armement – ENSEIGNEMENT
(F
8,2 % de la valeur ajoutée agricole Pôle national (siège : Gradignan) construction navale
Technopole – pépinière –
nationale (2e rang français) Objet Compétitivité et innovation des parc spécialisé
Automobile
Exportations industries du bois
12,1 milliards d’euros Chiffres clés 34 000 emplois industriels, Pôle universitaire
Excédent commercial 1 180 établissements, 2,5 milliards d’euros Énergie
2,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires École d’ingénieurs
Membres 153, dont 16 groupes et 72 PME Agroalimentaire
158 000 SALARIÉS et ETI, 37 centres de R & D et formation Centre de ressources
DANS L’INDUSTRIE Projets labellisés 86, dont 55 financés Presse – édition technologiques
Valeur ajoutée industrielle (2007) pour 78 millions d’euros
9,9 milliards d’euros, 4,2 % de la France Pôle de compétitivité
Investissements liés 121 millions d’euros
Part de l’industrie dans le PIB
12 % AVENIA Centre de recherche public
Production industrielle 2009 Pôle national (siège : Pau)
- 8,8 % Objet Géosciences pour l’énergie et
Emplois industriels l’environnement (ressources fossiles,
157 730, dont environ 20 % chacun pour stockage géologique du CO2 et de l’énergie)
l’agroalimentaire, l’aéronautique et le bois. Membres 50 membres, dont 12 grands
Établissements industriels groupes, 14 PME, 9 centres de recherche
16 089, soit 5,4 % du total français et 5 organismes de formation
84 % des établissements industriels Projets labellisés depuis 2006
emploient moins de dix salariés 19, pour un budget total de 6 millions d’euros

10
 zoom
LES 100 QUI FONT BOUGER L’AQUITAINE

sites)

Vers Paris

Sud Ouest
(Imprimerie) EDF – CNPE
Université de Bordeaux
(5 Equipex, 5 Labex, 1 Idex)
Institut polytechnique DORDOGNE
(Physique, chimie, biologie, TIC) Centrale du Blayais à
Saint-Ciers-sur-Gironde Vers Paris Périgueux-Bassillac
Enitab (Génie agricole)
Vers Brive
Périgueux

n) s
CTBA (Centre technique du bois

io ur
ct To
et de l'ameublement)

ru -
CreaVallée

st ux
Aerospace Valley

on ea
(Aéronautique)

n c rd
ac

(e Bo
Route des lasers

V
LG
(Lasers)
Inria
(Informatique)
CNRS Bordeaux Bordeaux
Mérignac Bergerac-Périgord-Dordogne
esne Inserm
GIRONDE
AIA Bordeaux CEA-Cesta – ILP
(Maintenance de moteurs) (Laser Mégajoule)
La Teste-de-Buch Le Barp
Aérocampus DGA Cazaux Laseris
(Essais en vol)
Inra Bordeaux- LOT-ET-GARONNE
Aquitaine
(Institut supérieur IFTS
de la vigne et du vin) Biscarosse (Techniques séparatives)

DGA Essais Missiles

(Essais en vol de Agropole
missiles stratégiques) (Agroalimentaire)
Foulayronnes
Agrotec
Agen (Agroalimentaire)
Ange-la-Garenne
Nérac
Vers Toulouse
LANDES
LGV Bordeaux-Toulouse
(en projet)
Creman
Mont-de-Marsan (Machinisme agricole)

Labeyrie
-

(Foie gras, saumon fumé)

ro ne ux
n p ag ea
(e Esp ord

Saint-Vincent-de-Tyrosse
)
jet
B
V

Turbomeca
LG

(Réparation, formation
turbines d’hélicoptères) Tarnos Technopole Helioparc
Bayonne (Énergie, environnement, TIC)
Biarritz - Anglet - Bayonne
Anglet PYRÉNÉES-ATLANTIQUES Université de Pau et des Pays de l'Adour
(1 Equipex)
Bidart Compositadour Pau-Pyrénées
(Pièces composites) ENSGTI (Génie industriel)
Estia Innovation Pau
Oloron- Lacq Avenia (Géosciences)
Vers Bilbao Sainte-Marie Bordes
Dassault Aviation Vers Toulouse Inria
(Fuselage Falcon et Rafale)
Nobatek Turbomeca CNRS (Aménagement, géophysique)
(BTP) Messier-Dowty (Fabrication de turbines)
(Trains d’atterrissage) Aéropolis
Izarbel

Estia
(R &D, production)
20 km
Source : L’Usine Nouvelle

L’USINE NOUVELLE I SUPPLÉMENT AU N° 3241 I 26 MAI 2011 11

le top 50
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

LES 50 prEmIèrES USInES rEpréSEntEnt

34000 EmpLoIS
Ce classsement exclusif a été établi à partir de l’atlas de « L’Usine Nouvelle » 2010-2011.

Effectif Effectif
raison sociale Secteur Ville Département
1er jan 2010 1er jan2009
1 TURBOMECA Aéronautique – armement Bordes Pyrénées-Atlantiques 2 587 2 572
2 FIRST AQUITAINE INDUSTRIES Automobile Blanquefort Gironde 1 560 1 617
3 TURBOMECA Aéronautique – armement Tarnos Landes 1 440 1 432
4 DASSAULT AVIATION Aéronautique – armement Mérignac Gironde 1 275 1 259
5 SNECMA PROPULSION SOLIDE Aéronautique – armement Le Haillan Gironde 1 200 1 200
6 EDF – CNPE du Blayais énergie Saint-Ciers-sur-Gironde Gironde 1 198 1 205
7 EADS ASTRIUM Aéronautique – armement Saint-Médard-en-Jalles Gironde 1 100 1 070
8 LABEYRIE Agroalimentaire Saint-Vincent-de-Tyrosse Landes 1 067 1 1 14
9 THALES AVIONICS Aéronautique – armement Le Haillan Gironde 1 031 1059
10 DASSAULT AVIATION Aéronautique – armement Anglet Pyrénées-Atlantiques 1 011 1 032
11 SUD OUEST Imprimerie Bordeaux Gironde 1 010 1 034
12 DGA ESSAIS MISSILES Aéronautique – armement Biscarrosse-Air Landes 1 000 1 084
13 THALES SYSTÈMES AéROPORTéS Aéronautique – armement Pessac Gironde 957 928
14 AIA BORDEAUX Aéronautique – armement Floirac Gironde 932 923
15 MESSIER-DOWTY Aéronautique – armement Oloron-Sainte-Marie Pyrénées-Atlantiques 824 843
16 GETRAG FORD TRANSMISSIONS Automobile Blanquefort Gironde 823 845
17 TOTAL E&P FRANCE énergie Lacq Pyrénées-Atlantiques 756 837
18 SNPE MATéRIAUX éNERGéTIQUES Aéronautique – armement Saint-Médard-en-Jalles Gironde 729 757
19 BRISTOL-MYERS SQUIBB - UPSA Pharmacie – médical Le Passage Lot-et-Garonne 713 707
20 SANOFI WINTHROP INDUSTRIE Pharmacie – médical Carbon-Blanc Gironde 697 712
21 CONDAT Papier – carton Le Lardin-Saint-Lazare Dordogne 671 686
22 CREUZET AéRONAUTIQUE Aéronautique – armement Marmande Lot-et-Garonne 557 558
23 LINDT & SPRÜNGLI Agroalimentaire Oloron-Sainte-Marie Pyrénées-Atlantiques 550 550
24 LU France (Kraft) Agroalimentaire Cestas Gironde 509 514
25 LECTRA Informatique Cestas Gironde 506 520
26 KSB Mécanique La Roche-Chalais Dordogne 486 450
27 DASSAULT AVIATION Aéronautique – armement Martignas-sur-Jalle Gironde 482 493
28 GASCOGNE PAPER Papier – carton Mimizan Landes 470 466
29 SMURFIT KAPPA - CELLULOSE DU PIN Papier – carton Biganos Gironde 452 448
30 SAFT équipement électrique Bordeaux Gironde 446 460
31 POLYREY COUZE Bois – ameublement Lalinde Dordogne 439 463
32 MARTINE SPéCIALITéS Agroalimentaire Condat-sur-Trincou Dordogne 420 390
33 SOBEVAL (VanDrie) Agroalimentaire Boulazac Dordogne 420 nc
34 DELPEYRAT Agroalimentaire Saint-Pierre-du-Mont Landes 408 330
35 FROMAGERIES DES CHAUMES (Bongrain) Agroalimentaire Jurançon Pyrénées-Atlantiques 396 384
36 BONNET NéVé Mécanique Hendaye Pyrénées-Atlantiques 388 373
37 EGGER PANNEAUX ET DECORS Matériaux Rion-des-Landes Landes 376 382
38 DRT - Dérivés résiniques et terpéniques Chimie Vielle-Saint-Girons Landes 370 355
39 SIMOREP - CSM (Michelin) Chimie Bassens Gironde 370 371
40 FROMARSAC (Bongrain) Agroalimentaire Razac-sur-l’Isle Dordogne 356 363
41 PCC FRANCE Métallurgie Ogeu-les-Bains Pyrénées-Atlantiques 356 380
42 BRISTOL-MYERS SQUIBB - SITE UPSA Pharmacie – médical Agen Lot-et-Garonne 350 346
43 EADS COMPOSITES AQUITAINE Aéronautique – armement Salaunes Gironde 341 317
44 EXAMECA Aéronautique – armement Serres-Castet Pyrénées-Atlantiques 335 348
45 BABCOCK WANSON (CNIM) Construction mécanique Nérac Lot-et-Garonne 333 336
46 CONSTRUCTION NAVALE BORDEAUX (Bénéteau) Construction navale Bordeaux Gironde 332 332
47 FERMIERS DU SUD-OUEST Agroalimentaire Saint-Sever Landes 316 364
48 DGA-DT-CAEPE Aéronautique – armement Saint-Médard-en-Jalles Gironde 300 316
49 SAGEMCOM équipement électronique Mouguerre Pyrénées-Atlantiques 286 295
50 TEMBEC TARTAS Papier – carton Tartas Landes 284 284

12

ReGis DuViGnau/maxppp
ILS font fLEUrIr LES projEtS
Q ui a dit que l’Aquitaine ne bougeait pas? Dans les
domaines phares de la région – l’aéronautique,
l’agroalimentaire, le bois mais aussi ceux ayant
émergé plus récemment comme la glisse ou les lasers –
les initiatives fourmillent en matière de développements
économique et industriel, avec quatre pôles majeurs :
Bordeaux, Bayonne, Pau et Agen. Si des faiblesses sub-
sistent, comme l’absence d’un véritable centre de référence
mondiale autour du vin ou la faible vitalité du nord-est de
la Région, l’Aquitaine compte une dizaine de centres de
ressources technologiques et cinq technopôles labellisés
Retis, sans compter les parcs d’activités spécialisés. Ainsi,
auprès du futur laser Mégajoule du CEA, on prévoit déjà
une deuxième tranche de la zone d’activités Laseris, portée
par une société d’économie mixte afin d’attirer les entre-
prises de la photonique. Dans l’aéronautique, à Bordes
près de Pau, la zone d’activité Aeropolis vient d’ouvrir,
complétant les projets bordelais Aéroparc et l’Aérocampus.
l’usine nouvelle i supplément au n° 3241 i 26 mai 2011
les développeurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
le site de création
d’entreprises
agroalimentaires
agropole, à agen.
Comptant parmi les pionnières des technopoles agroa-
limentaires, l’Agropole d’Agen a déjà attiré en vingt ans
126 entreprises, ayant généré 2 400 emplois et 196 mil-
lions d’euros d’investissement pour une mise d’argent
public de 18 millions d’euros. Plus au sud, le GIP Chem-
parc s’active peu à peu à la reconversion du bassin gazier
dans la perspective du projet Lacq 2030. Tout en cultivant
ses compétences dans les géosciences confortées par
le centre de R & D de Total et le pôle de compétitivité
Avenia (avec notamment un démonstrateur de stockage
géologique du CO2).
Il faut également compter sur la Côte atlantique avec la
technopole Izarbel initiée par l’école d’ingénieurs Estia.
Demain peut-être une cité du surf ou une zone d’activités
éolienne au Verdon, près de Bordeaux. Point commun de
tous ces projets ? Partout des femmes et des hommes se
battent avec énergie pour développer leurs territoires. ❚❚
Pierre-olivier rouaud
13
les développeurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

JEan-roCh bEnoÎt
gUIrESSE DE gUILLEbon
Directeur de l’estia Directeur de l’Apesa
Fondateur du centre
technologique en
environnement et
maîtrise des risques,
à pau, Benoît de
acteur clé du tissu Guillebon, directeur
économique basque, de l’apesa, accompagne
Jean-roch Guiresse depuis 15 ans industriels
dirige l’estia, l’école et collectivités sur le
d’ingénieurs de Bidart, développement durable.
depuis 1996. « J’essaie efficacité énergétique,
de la rendre utile au énergies vertes,
territoire », précise cet éco-conception,
ex-chef d’entreprise. sécurité : les 35 experts
Grâce à son action de l’apesa apportent
auprès des collectivités, des solutions concrètes.
il a transformé les cet ex-saint-Gobain,
champs de maïs président du collège des
entourant l’école en une hautes études en
technopole, nommée Arrivé à Chemparc en octobre, Patrice Dernos est un pro de l’accompagnement des entreprises. développement durable
izarbel : 60 entreprises d’aquitaine vient aussi
y sont installées, de publier, avec philippe
sans compter les PatrICE DErnoS, directeur général de Chemparc Bihouix, « quel futur
start-up de l’incubateur pour les métaux ? ».
de l’école, la pépinière
et l’hôtel d’entreprises.
pour Lacq, iL cHarme
Les entreprises cHimiques
outre l’université de DoMInIQUE
Bordeaux, Jean-roch LEfaIVrE
Guiresse, 58 ans, a Directeur d’eskal
noué des liens étroits Il a quitté la CCI de Pau-Béarn en guerre jeunes entreprises de chimie située à Le Btp sud aquitain
avec l’école d’ingénieurs avec son président. Il retrouve une am- Mourenx. Elle offre des locaux sécurisés et peut s’appuyer sur une
de Bilbao, au pays biance plus apaisée en rejoignant Chem- différentes prestations comme un soutien structure solide : eskal
basque espagnol, eureka. dominique
parc, un groupement d’intérêt public scientifique. En juin, Borochem sera la
et l’université anglaise Lefaivre anime ce cluster
(GIP) créé en 2003, qui doit préparer première PME à s’installer. Patrice Dernos labellisé « grappe
de Wolverhampton.
L’enseignement est la chute d’activité du gisement de Lacq doit «poursuivre la réflexion stratégique d’entreprises » où il
d’ailleurs trilingue (Pyrénées-Atlantiques) décidée par Total, entamée au début 2010 pour diversi- accueille pme, grandes
et l’école déniche ses en orientant l’économie du bassin vers la fier les activités avec une prospection entreprises, organismes
partenaires jusqu’à chimie. Patrice Dernos, 59 ans, a fait tout endogène et exogène». En effet, le GIP de formation ou de
pampelune ou son parcours dans l’accompagnement semblait ronronner malgré l’arrivée de recherche. c’est lui qui,
saragosse. « Je suis des entreprises, après des études de sept nouvelles entreprises en huit ans. en 2002, a piloté la
fidèle à ma région droit et d’économie. Secrétaire général Il n’a jamais eu d’engagement politique : création d’eskal à la
natale, mais le meilleur de la fédération de BTP des Pyrénées- «Ce n’est pas compatible avec mes fonc- technopole d’izarbel de
moyen de la servir, Bidart (pyrénées-atlan-
Atlantiques de 1981 à 1998, il a rejoint tions successives, qui m’amènent à
c’est d’en sortir, d’aller tiques). ce professeur
la CCI de Pau-Béarn pendant une dizaine travailler avec les élus de toutes ten- agrégé de génie civil
voir les confrères,
les étudiants, les d’années jusqu’au clash, qui fera les dances », lance Patrice Dernos, présent œuvre aussi à l’institut
évaluateurs dans choux gras de la presse locale. par ailleurs dans le milieu associatif, supérieur aquitain du
d’autres régions et À écouter le portrait élogieux que dresse notamment caritatif. Aujourd’hui, il reste Btp. il a mis en place 80
à l’étranger. » son collaborateur Michel Niel, directeur administrateur de la Société Alliance projets de collaboration
de Chemstart’Up, « Il a beaucoup de Logement : «J’ai gardé de mon long pas- entre entreprises,
charisme. Il est chaleureux et dynamique sage dans le BTP, un engagement per- laboratoires, écoles du
et a pris ses nouvelles fonctions avec sonnel au sein de ce groupement HLM supérieur ou lycées
enthousiasme». Directeur général depuis du Béarn. » Et s’il privilégie les activités techniques, parfois au
pays basque espagnol,
octobre dernier, il s’implique dans tous à caractère familial, c’est aussi un adepte
photos : D.R.

comme pour le projet

les projets, comme le développement du cyclisme et des sorties en montagne, enertic à san sebastian.
de Chemstart’Up, plate-forme pour les pour la forme. ❚❚ oliVier CoGnASSe

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 les développeurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

ManUEL tUnon DE Lara, président du pres de Bordeaux

universitÉ sans FrontiÈres

« Nous sommes plus petits que
d’autres, mais avons de gros atouts :
cohésion des acteurs et pertinence
des projets», lance Manuel Tunon de
Lara, président du Pôle de recherche
et d’enseignement supérieur (Pres)
Université de Bordeaux, qui réunit les
quatre universités, l’Institut polytech-
nique, une école d’ingénieur (Enitab) et
ce fils de réfugiés espagnols, trilingue,
crée le premier département de rela-
tions internationales de l’université
Victor-Segalen, qu’il préside depuis
2008 : « Une partie du cursus des
étudiants en médecine peut désormais
être validée dans plus de 70 pays.»
Manuel Tunon de Lara s’investit beau-
coup dans le rapprochement entreprise
université. Au début 2010, il a rendu
à Valérie Pécresse un rapport sur les
besoins en formation des industries
de la santé et copilote un groupe de
travail du comité de filière. Il s’apprête
à lancer un institut virtuel des métiers
Ce pneumologue de la santé, « où s’exprimeront les
a pour ambition besoins des industriels, afin que l’en-
de fusionner seignement supérieur leur propose des
les différentes formations adaptées».
universités
bordelaises. Son grand œuvre à venir ? La fusion
des universités bordelaises en un seul
établissement, en 2014. « Et il faut
Sciences Po. Ce pneumologue est satis- rapprocher Bordeaux et Toulouse,
fait des résultats du grand emprunt : créer une région du sud-ouest de
une présélection parmi les sept ini- l’Europe, développer une stratégie
tiatives d’excellence, cinq laboratoires d’alliances avec d’autres universités.»
et cinq équipements d’excellence, un Vaste programme pour ce spécialiste
institut hospitalo-universitaire... de l’asthme qui, à 53 ans, consulte une
L’ouverture internationale de l’Univer- demi-journée par semaine à l’hôpital,
sité lui doit beaucoup. Devenu prof de en souhaitant garder un peu de temps
fac de médecine dans les années 90, pour ses trois enfants. ❚❚ CéCile MAillArD

Et aUSSI…

JEan-rEnÉ foUrtoU norbErt fraDIn JEan-YVES LarraUfIE antoInE goDbErt

Président de la Fondation
Bordeaux université
« Je rends ce qu’on m’a
donné. » tel est le credo
de Jean-rené Fourtou,
71 ans, pour justifier son
action de président de la
Fondation Bordeaux université créée
en 2009. né à Libourne, pur produit
de la méritocratie républicaine,
l’ex-patron de rhône poulenc, aventis
ou vivendi, n’oublie pas ses racines.
mAthieu mAmontoFF ; D.R.
Promoteur
ce spécialiste de l’immobilier âgé
de 59 ans est un amoureux du
patrimoine historique. il rêve de
créer un musée de la mer à Bordeaux,
une ville qui a oublié qu’autrefois
ses armateurs étaient connus
sur toutes les mers du Globe.
de cette activité si riche, il ne reste
presque plus rien. Le projet privé
de musée de la mer et de la marine
représente plusieurs millions d’euros
Chef de pôle, Direccte
cet X-mines de 28 ans,
responsable du pôle
économie, entreprises,
emploi, à la direccte, a
été la cheville ouvrière
des états généraux de l’industrie.
il s’occupe au sein d’une équipe de
70 personnes de leur mise en œuvre
ainsi que du grand emprunt.
L’occasion de rappeler que si le conseil
régional met 100 millions d’euros dans
Directeur de 2e2f
À 45 ans, le directeur de l’agence
europe éducation formation France
(2e2f) est un habitué des affaires
internationales : avant de rejoindre,
fin 2010, cette agence nationale
gérant les programmes européens
d’éducation – dont le plus connu
est erasmus –, il était conseiller
diplomatique de Luc chatel, ministre
de l’Éducation. Formé à normale sup
et l’escp, il décroche l’ena à 33 ans.

il a mis 250 000 euros de sa poche
dans la fondation qui soutient le pres,
et activé ses réseaux : parmi les
donateurs, sanofi, sFr (vivendi) et
rhodia aux cotés de la cuB, agfa ou
du Fonds des premiers Grands crus.
et se situerait dès 2013 à une
encablure du centre culturel du vin,
aux Bassins à flot ; le megaprojet
porté par le maire de Bordeaux,
alain Juppé, prévu pour la fin 2014.
le développement économique, l’État
en apporte 400. tout le monde va
dans le même sens, assure celui qui a
participé, conjointement avec les
équipes d’alain rousset, à la définition
de la stratégie régionale d’innovation.
alternant public et privé, il se définit
comme « un des rares créateurs
de pme de la haute administration ».
et veut faire profiter Bordeaux de
la présence d’un organisme national
tourné vers l’europe.

l’uSine nouVelle i supplément Au n° 3241 i 26 mAi 2011 15

 les développeurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

agnÈS PaILLarD, chargée de mission à l’Agence de développement économique d’Aquitaine

L’impatience au service de L’empLoi

Pour Agnès Paillard, c’est une évi-
dence. L’énergie qu’elle déploie en
région Aquitaine n’a qu’un objec-
tif : l’emploi. « Je veux que mes trois
enfants, et leurs propres enfants,
aient du travail ici ! », lance celle qui
va s’atteler à la fusion de 2ADI et
Innovalis, deux agences du conseil
régional d’Aquitaine et prendre la tête
de la nouvelle structure. Du moins à
court terme.
Cette Lyonnaise de 52 ans, ingénieur
de l’École supérieure de Physique et
Chimie industrielles de Paris, débarque
à Bordeaux en 1992 pour rejoindre le elle revient en
service achat d’IBM. Depuis, elle n’a Aquitaine deux ans
presque plus quitté la région. Lorsqu’en à peine après avoir
1995 IBM réduit la voilure, elle reste pris la direction
générale
pour développer Serma Technologie, d’Aerospace Valley,
la spin off créée par les équipes achats à Toulouse.
écartées par la firme informatique.
Elle en prendra la direction au bout de
trois ans, et la quittera en 2002 avec Région. Elle émergera vite et, en sept du Pôle et apaiser les relations avec le
un sentiment de mission accomplie : ans, en aura fait le tour. Elle brigue ministère de tutelle : la Défense». C’est
l’entreprise employait 450 salariés. alors la direction générale du pôle chose faite, mais cette femme décidée
Alain Rousset, président de la Région, mondial Aerospace Valley, à Toulouse, sinon impatiente n’a pu s’accorder avec
lui propose alors un poste de directeur mais qui fonctionne à cheval sur Aqui- les méthodes du président du Pôle,
adjoint à la recherche : « Je n’y connais- taine et Midi-Pyrénées. Avant d’aider Jean-Marc Thomas. Sans ambages,
sais rien. Ce fut une plongée en sous- les PME, en créant un club d’inves- elle démissionne en décembre 2010.
marin dans les affaires publiques », tisseurs ou un pool VIE mutualisés, Elle a déjà une autre idée en tête… On
confie cette proche du patron de la elle aura dû «réorganiser les finances en saura plus cet été. ❚❚ Aurélie BArBAux

Et aUSSI…

XaVIEr-roLanD bILLECart
Directeur régional
de la Caisse des dépôts
arrivé il y a quatre ans en aquitaine,
Xavier roland-Billecart, 58 ans, fait
souffler un vent de dynamisme sur
la caisse des dépôts (cdc). pour
accélérer le plan campus de l’université
de Bordeaux (530 millions d’euros), la
cdc, la région et l’université ont fait
le pari de créer une société commune
chargée de la maîtrise d’ouvrage du
projet. un montage inédit, étudié par
d’autres régions. ce champenois qui
a passé douze ans à l’aFd, est aussi
actif dans l’énergie verte : après avoir
photos : D.R.
ISabELLE LaPortE
Directrice de la SeMl
route des lasers
après six ans chez thales, dans la
microélectronique militaire, isabelle
Laporte (52 ans) a été la patronne des
Lasers, où tout s’articule autour du
LmJ, le Laser mégajoule, qui sera
opérationnel en 2014 au Barp (33).
À coté de ce projet structurant, cette
ingénieur des mines d’alès réunit
collectivités et groupe privés. Le
concept ? La sem aménage un parc
industriel (Laseris 1), jouxtant le LmJ,
porte l’investissement immobilier
(27 ha) et accueille les contractants du
cea et sous-traitants. « Le grand écart
entre le LmJ et le déploiement d’une
filière de lasers industriels n’était pas
évident », confie-t-elle. Bilan :
20 entreprises, 215 emplois et
87 millions d’euros financés. Laseris 2,
une extension de 18 ha, est en cours de
PhILIPPE CoUrtoIS
Directeur général de l’ePA
Bordeaux-euratlantique
il a participé à des projets majeurs,
comme euroméditerranée à marseille,
ou seine arche à la défense.
ce sociologue de 60 ans dirige depuis
mars 2010 l’Établissement public
d’aménagement en charge du futur
quartier d’affaires et de résidence
de 738 ha autour de la gare tGv,
qui recevra 3,5 milliards d’euros
d’investissements d’ici à 2016.
ses interlocuteurs se nomment alain
Juppé mais aussi les socialistes vincent
Feltesse (président de la cuB) et

inauguré une ferme photovoltaïque grands projets au conseil général de conchita Lacuey (maire de Floirac), ou le
détenue à 49 % par la cdc, il songe à Gironde. depuis 2004, elle dirige la réalisation. sans compter la cité de la vert noël mamère (maire de Bègles).
des projets autour de la biomasse. société d’économie mixte route des photonique – unitec, à pessac. C. G. dans le consensus, au vu des enjeux.

16
les développeurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

DaVID HabIb, député des Pyrénées-Atlantiques

LE PoLiTiquE inDusTriEL
PHILIP MCLaUgHLIn
Directeur de Ne lui dites pas que Lacq, du fait À l’inverse, Lacq doit recevoir
Bordeaux École de de l’épuisement du gaz, c’est fini. 120 millions d’euros d’investis-
Management (BeM) Voilà de quoi faire sortir David sement pour le maintien de la
Arrivé en 2005, le Habib de ses gonds ! « Sur les thiochimie (chimie du soufre),
« so british » directeur 8 000 emplois, seuls 10 % sont un projet sur lequel travaillent
de BEM, a su développer concernés par l’extraction du gaz. Total, Arkema et Sobegi (société de
une des douze En fait, on bascule d’une chimie gestion du bassin). « C’est un bon
spécialités de l’école – à de l’extraction vers une chimie projet, s’il est porté et exploité par
côté du business du vin : de la molécule, pour arriver à la le groupe Total. C’est loin d’être
la supply chain, pour
chimie de l’énergie », martèle le assuré. On va discuter ferme »,
laquelle l’école est
reconnue à l’étranger. député PS des Pyrénées Atlan- prévient l’élu de 50 ans, qui n’évite

d.r.
Philip McLaughlin a tiques, maire de Mourenx et pré- jamais la bataille dès lors qu’il
accru la présence de sident de la communauté de com- « on ne se comporte pas avec un territoire s’agit du développement de Lacq.
l’école à l’international, munes de Lacq. Ce natif de Paris, comme avec une boîte de mouchoirs »… L’usine Yara, fabricant de nitrate
avec l’ouverture d’un diplômé de l’IEP de Bordeaux, a d’ammonium, veut-elle utiliser
campus à Dakar (2008). fait toute sa carrière dans la poli- confronté comme d’autres à la dé- le port de Bayonne pour exporter
La BEM a aussi décroché tique, hormis deux ans passés à sindustrialisation. En 2009, le site ses produits ? Tollé des riverains !
la place de 35e meilleur la tête d’une société d’emballage. Celanese de Pardies, qui jouxte Et soutien affiché de David Habib.
master en management, Incontournable et habile, il sur- Mourenx, avait fermé, entraînant Son credo : « Créer la confiance
selon le Financial Times.
veille de près l’évolution du bassin 350 licenciements. dans l’industrie.» ❚❚ Colette Goinère

18

aLaIn EStraDE
Directeur de la
technopole izarbel
ingénieur supelec,
consultant parisien
spécialisé en
développement des
entreprises, alain
estrade a retrouvé le
pays basque en 1997, et
le surf de son enfance…
Le centre européen
d’entreprise et
d’innovation pyrénées
l’avait rappelé pour
aider les pme locales.
en 2011, il est toujours
là ! depuis 2005, il
dirige le développement
économique de la
communauté
d’agglomération côte
basque – adour et
la technopole izarbel
de Bidart. Bien placé
pour comprendre
« le tropisme touristique
de la région », comme il
le nomme, il insiste pour
y développer une pointe
d’industrie. il affiche
fièrement la réussite
d’izarbel. créée en 1989
et centrée sur les tic,
le sport et les loisirs, elle
compte 92 entreprises,
440 étudiants (estia)
et 860 emplois.
et se développe. mais,
à 59 ans, l’homme ne
se contente pas de
ce succès et soutient
deux autres projets.
Le premier, technocité,
est un parc d’activités à
Bayonne, spécialisé
dans l’aéronautique
et le logiciel embarqué,
lié au pôle aerospace
valley. Juzan, le second,
situé à anglet, est
photos : D.R.
un écocampus destiné
aux matériaux de
construction durable.
l’uSine nouVelle i supplément Au n° 3241 i 26 mAi 2011
les développeurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
SErgE bLanCo
entrepreneur
il en a fait du chemin,
l’ex-ajusteur de chez
dassault. Légende du
rugby, serge Blanco
incarne le pays basque
entreprenant. thalasso
à Hendaye, ligne de
vêtements, hôtels...
pendant dix ans,
l’ancien arrière du Xv
de France a aussi piloté,
à la tête de la Ligue
nationale, la
professionnalisation du
Son leitmotiv : la création d’emplois. rugby. désormais
président du Biarritz
olympique, il cherche à
MarIE-CLaIrE SaLLabErrY, directrice générale d’herrikoa conquérir l’europe.
il peut compter sur le
en prêtresse soutien indéfectible de
son ami, serge Kampf,
du capitaL risque LocaL fondateur de
capgemini, l’un des
principaux partenaires
Un problème pour financer une entre- quelques banques, la Caisse des Dépôts de son club.
prise? Marie-Claire Sallaberry est là! De- et le Conseil régional. Pionnier du capitale
puis près de trente ans, la directrice géné- risque de proximité, Herrikoa a fait des
bErnarD
rale d’Herrikoa, le fonds d’investissement émules, en Corse (Femu Qui), ou dans DarrEtChE
basé à Bayonne, vient à la rescousse des l’ouest (Bretagne solidaire).
Directeur de la CCi
TPE du Pays basque. L’idée d’origine vient Il affiche à ce jour une participation mino- de Bayonne
d’un groupe de chefs d’entreprise mili- ritaire dans près de 80 TPE. Toutes ont en poste depuis 13 ans,
tants régionalistes. «Ils avaient constaté un point commun : la création d’emploi. cet homme d’influence,
le manque de structures financières sur Une condition incontournable. «C’est ce passé par sciences po
le territoire capables d’intervenir en haut qui intéresse nos actionnaires», résume Bordeaux, défend une
de bilan.» Marie-Claire Sallaberry, 51 ans. La créa- plus grande ouverture
Ils inventent alors une solution pour tion de valeur n’est pas laissée de côté et du pays basque. avant
même la création d’une
soutenir la création et le développement elle détaille chaque business plan. «Il faut
cci transfrontalière, les
d’entreprises, qui fait appel à l’épargne montrer patte blanche», certifie Hubert chefs d’entreprise du
populaire. Plutôt que de laisser leur argent Candelé, le fondateur de Bastidarra, un
cru travaillaient avec
en banque, les particuliers sont incités fabricant de yaourts à base de lait issu de leurs homologues du
à investir dans l’économie locale pour producteurs locaux, dont Herrikoa détient Guipuzcoa ou de
créer des emplois. Et ça marche ! « En 24%. Pour monter sa PME, il est natu- navarre. Bernard
trente ans, nous sommes intervenus rellement allé voir le fonds. «Mes parents darretche est partisan
dans 350 entreprises, représentant près sont actionnaires», dit-il. Malgré tout, le d’une amélioration de la
de 2500 emplois», annonce la dirigeante souvenir de la présentation à Marie-Claire liaison ferroviaire entre
du fonds, qui a débuté chez Herrikoa Sallaberry et au comité d’investissement Bordeaux et Bilbao.
mais là, terrain miné,
comme… assistante. Aujourd’hui, elle reste cuisant. «Ça n’a pas été une partie
tant les oppositions à
gère 4 millions d’euros, levés auprès de de plaisir, s’en amuse-t-il. Néanmoins,
une LGv sont fortes.
4 600 actionnaires locaux. Surtout des questions et conseils m’ont permis de
particuliers et des entreprises basques, renforcer mon projet.» ❚❚ ArnAuD DuMAS
19
 les pilotes
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
philippe stroppa / studiop pons
ILS propULSEnt L’aéronaUtIQUE
Q uelle ville du Sud-Ouest symbolise l’aéronautique et
le spatial? Pour beaucoup, la réponse est Toulouse.
Au grand dam de Bordeaux, capitale de la troisième
région pour l’aéronautique civile et militaire, leader en Europe
pour les lanceurs, la propulsion, les radars et les systèmes
aéroportés. Sait-on que c’est ici que se fait le montage des
Mirage, Rafale et Falcon? Pas si sûr. Une modestie due au
poids de la défense, moins visible que l’aéronautique civile.
L’Aquitaine est la deuxième région d’implantation de la
Direction générale de l’armement (DGA) et la troisième pour
les industries du secteur avec 16000 salariés.
Pour aller plus loin, la Région va mettre l’accent sur la main-
tenance. Début 2010, Alain Rousset, le président du conseil
régional, a pris langue avec le ministère de la Défense qui
souhaitait décentraliser la Simmad. La structure, implantée
à Brétigny-sur-Orge (Essonne), gère la maintenance aéronau-
tique pour toutes les armées. Plusieurs régions étaient en lice.
La DGA, elle, cherchait à céder son centre de formation à la
maintenance aéronautique de Latresne en Gironde. La Région
a fait le pari de le racheter pour accueillir les 750 salariés de
20
le Falcon 7X
de Dassault
Aviation
est assemblé
à Mérignac,
en Gironde.
la Simmad à Mérignac (Gironde). Et cela a fonctionné. La
délocalisation s’effectuera d’ici à 2012. La signature officielle
de la cession du site de Latresne, qui s’appellera Aérocampus
Aquitaine, se fera le 20 juin au salon du Bourget. Les projets
ne manquent pas avec 18 millions d’euros injectés dans la
réhabilitation, la création d’un internat d’excellence et d’un
diplôme d’ingénieur avec Supaéro, ainsi que la formation
des personnels devant créer des centres de formation en
maintenance à l’étranger.
La région s’attaque à un autre terrain, sur lequel la France
est en retard: les drones. En juillet 2010, un cluster drones,
animé par Trang Pham, détachée de Thales Systèmes aéro-
portés, a été créé. Et au salon du Bourget sera présenté le
démonstrateur Carus. «Nous serons les premiers à montrer
la capacité de vols de drones en essaim», annonce Christophe
Mazel, le patron de Fly-n-Sense, une PME associée au Labora-
toire bordelais de recherche en informatique et à Thales. «Les
drones, c’est ce qu’était l’aviation à ses débuts. On est dans
une rupture technologique», affirme Pierre–Éric Pommellet,
le DG des activités aéronautiques de Thales. ❚❚ ColetteGoinère
 les pilotes
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

trang pham, animatrice du cluster des systèmes de drones

pilote de drones!
dispose de toutes les compétences
pour réussir ce projet, avec un tissu
académique reconnu, des PME inno-
vantes (Fly-n-Sense, Aérodrones...).
Et un atout majeur : la première zone
d’essais de drones civils sur le camp
militaire de Souge, près de Bordeaux
(Martignas), prêtée par l’Armée.
Son précédent poste auprès du vice-
président d’AerospaceValley lui a
donné l’expertise des structures coo-
pératives. D’où le rapide démarrage
du cluster : huit projets R & D, une
cinquantaine de partenaires actifs, et
un appel à projets (Aquidrone) destiné
Trang Pham est aux utilisateurs civils déjà lancé.
la responsable Après l’École nationale supérieure
d’Aetos, d’électricité de Grenoble, elle fait sa
le cluster aquitain carrière chez Thales. Entrée en 1991
des systèmes
de drones. chez Sextant Avionique (Thales Avi-
D.R.

onics), elle rejoint le Haillan (33) en

Une formation scientifique, le goût de
l’innovation, l’esprit d’équipe, et une
expérience du fonctionnement de la
direction des pôles de compétitivité…
Tout préparait Trang Pham, 42 ans,
à prendre le rôle d’animatrice d’Aetos
(aigle, en grec), le cluster aquitain de
systèmes de drones. Depuis l’été der-
nier, elle l’assume à plein-temps pour
le compte du Conseil régional et du
groupe Thales, dont elle est détachée.
«Une véritable aventure! Tout reste à
faire, ou presque : concevoir les tech-
nologies, imaginer les applications,
définir une réglementation…», dit-elle.
Pour Trang Pham, la région, qui
compte de grands donneurs d’ordres
(EADS, Safran, Thales, Dassault),
1993. Vingt ans de fidélité, preuve de
sa capacité d’adaptation : ingénieur
systèmes, responsable d’affaires, chef
des services achats, responsable de
l’amélioration continue pour la division
aéronautique de Thales France. Pour
décompresser, elle suit assidûment
ses cours de danse modern-jazz et
profite des paysages de la région lors
de balades avec ses deux enfants. ❚❚ H. M.

Et aUSSI…

pIErrE fabrE
PDG de snecma
Ce supaéro de 57 ans dirigeait jusqu’à
cette fin mai, turbomeca (safran), le
leader des turbines d’hélicoptère et
l’un des plus gros employeurs
aquitains avec 4 000 salariés répartis
entre Bordes (64) et tarnos (40). il a
conduit le projet de renouvellement
du site de Bordes (100 millions
d’euros d’investissement) inauguré
par nicolas sarkozy en juin 2010.
Ce passage aquitain a réussi à pierre
Fabre qui vient d’être nommé pdG
de snecma. olivier Andriès, 49 ans,
X-Mines, jusque-là directeur de la
branche défense sécurité de safran,
lui succède à la tête de turbomeca.
JEan-noëL Stock
Directeur de Thales systèmes
aéroportés
il compte poser ses valises pour un
temps. À 43 ans, Jean-noël stock
a un parcours bien rempli. Cet X,
supaéro, choisit la dGA à sa sortie de
l’école. ingénieur de l’armement,
il devient aussi pilote de chasse et
d’essai en vol, ce qui le mènera
notamment sur la base du Cazaux,
au sud d’Arcachon. en 2000, passage
au civil. thales l’embauche, et il fera
son miel de ce qui le passionne :
les systèmes d’armement intégrés et
l’adaptation des équipements aux
doctrines du XXie siècle. Après six ans
passés en Australie (un rêve, pour ce
surfeur), il revient en France pour
diriger le programme rafale, avant
que le groupe ne lui propose la tête du
site de pessac, et ses mille personnes.
depuis la fin 2010, les pieds sur le
terrain, il dirige, en parallèle au plan
corporate, le domaine drones et
renseignement, sujet majeur pour
la France. premier bilan de son
atterrissage aquitain ? « J’ai été
surpris par la vitalité du territoire.
il y a une connivence entre les grands
acteurs et on peut tisser des liens
avec les institutions, l’enseignement
et la recherche. ici, cela se fait de
manière simple. J’apprécie. »
yann gUILLoU
Directeur de l’établissement
aquitain d’Astrium
Ariane, Hermes, AtV… À 62 ans,
Yan Guillou a participé à tous les
programmes européens du transport
spatial. récemment, il a tâté d’un
nouveau métier : les pales d’éoliennes,
avec la future usine de Blanquefort,
développée avec plastinov et Vergnet.
depuis 2001, il pilote Astrium, à
saint-Médard-en-Jalles (Gironde), un
navire de 1 200 personnes qui produit
le missile balistique M51 et travaille sur
les lanceurs du futur sur la nouvelle
zone d’essais primevere. Ce supaéro,
père de trois enfants, est un skipper
expérimenté que l’on peut croiser sur
l’eau à la rochelle ou en Bretagne sud.

l’usine nouvelle i supplément au n° 3241 i 26 mai 2011 21

les pilotes
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
francoIS baffoU
Directeur de
Bordeaux Technowest
Arrivé des Deux-Sèvres
en 2003, François
Baffou, 47 ans, a fait le
pari de recentrer la
technopole de Mérignac
vers l’aéronautique.
Après une pépinière
d’entreprises, il initie en
2010, avec le soutien de
la DGAC, le premier
Salon des micro et
minidrones civils en
France, qui a accueilli un
millier de professionnels.
Derniers projets en date,
un écoparc voué aux
start-up écolos et un
pôle d’homologation
des drones civils.
22
annE-SophIE cathErInEaU, directrice générale adjointe de Catherineau
Tel père, Telle Fille… Telle Sœur
Chez les Catherineau, le travail du
bois est une affaire de famille et
depuis longtemps. Le plus ancien
dont on a retrouvé trace officiait
comme tonnelier en 1750 à Bor-
deaux. Et 260 ans plus tard, la
saga n’est pas prête de s’arrêter…
Aujourd’hui, Anne-Sophie, 29 ans,
est «programmée» pour succéder
à son père, Alain Catherineau, à la
tête de la PME familiale. L’entre-
prise, qui compte une centaine de
salariés pour environ 10 millions
d’euros de chiffre d’affaires, conçoit
les ameublements luxueux en bois
qui équipent les jets, hélicoptères et
autres appareils de clients fortunés,
ainsi que des Super Puma d’Euro-
copter, ou des A-340 d’Airbus, sans
omettre les Falcon de Dassault.
D.R.
Chez les Catherineau, on travaille le bois
en famille depuis plus de deux siècles !
«Quand mon père partira à la re-
traite, je prendrai sa succession»,
assume la jeune femme qui est
directrice générale adjointe depuis
2010. Diplômée de l’Ensam et titu-
laire d’un MBA, elle a multiplié les
stages dans les grandes entreprises
aéronautiques (Dassault, EADS...)
et parfait sa connaissance du luxe
avec un passage chez Louis Vuitton.
La dirigeante s’est aussi formée aux
matériaux composites. Modernité
oblige, le bois dans lequel sont
réalisés les accoudoirs et autres
tables et cloisons des appareils,
est renforcé par des fibres de car-
bone. Au vu de son développement,
l’entreprise quitte son usine histo-
rique de Bacalan, pour s’installer
sur l’Aéroparc. L’entreprise prévoit
d’embaucher une vingtaine de sala-
riés, sans oublier le renfort familial :
Marie, la sœur cadette d’Anne-So-
phie, rejoindra bientôt l’entreprise.
Saga oblige. ❚❚ H. M.

LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
jérômE vErSchavE, directeur d’aérocampus
l’hoMMe Du préSiDenT
prenD Son envol
les défis ne font pas peur à Jérôme verschave, Aérocampus en est la preuve.
Le 15 avril, Jérôme Verschave,
39 ans, a quitté la direction du
cabinet d’Alain Rousset, à la
Région, pour piloter la mue du
Centre militaire de Latresne.
Le nouvel «Aérocampus» sera
un centre de formation à la
maintenance. «Un pari un peu
fou» proposé par son mentor.
Ce nordiste atterrit en 1998 à
Bordeaux pour Thales, comme
chargé de reconversion. Il dé-
couvre une région «figée» sur
ses acquis et des sous-traitants
nourris de la manne militaire.
2001, c’est «la» rencontre avec
Rousset. Il lui confie à 27 ans
jEan-LUc SaILLIoL
Directeur du site de Mérignac
chez Dassault Aviation
Jean-luc Sailliol, 53 ans, a réalisé
l’essentiel de sa carrière chez
Dassault Aviation, rejoignant
l’avionneur comme ingénieur en
aérodynamique. « Aujourd’hui,
nos process de conception low cost
s’appuyant sur nos outils
collaboratifs sont indispensables
pour rester compétitifs sans
avoir à délocaliser », indique
le responsable. Directeur du site
de Mérignac depuis 2007,
qui regroupe 1 300 salariés, il a
l’usine nouvelle i supplément au n° 3241 i 26 mai 2011
U
Couteaux sécurisés NOUVEA
les pilotes
en matière composite
alimentaire détectable
PREMIÈRE GAMME FRANÇAISE ET EUROPÉENNE
Médocain
Couteau de sécurité en matière composite alimentaire et détectable à
gâchette avec une lame rétractable automatiquement pour ouvrir les
emballages. Nez et porte lame en métal alimentaire.
alban GilbeRt
Cenon
Couteau de sécurité jetable en matière composite à 3 fonctions :
défilmer, dessangler et déchirer les adhésifs d’emballage.
le dossier économie, à Pessac,
puis l’intègre à la Région en
2002. «J’étais un ovni avec la
casquette de l’industrie», dit
cet encarté au PS. Les défis se
succèdent : contre la fermeture
de Sogerma, pour le site de
Turbomeca, et 2ADI, l’agence
d’innovation, ou l’Institut de Sernin
Couteau de sécurité métallique en bi-matière alimentaire et détectable à
la Vigne… Avec à une bourde :
3 fonctions : défilmer, dessangler et déchirer les adhésifs demballage.
«J’ai oublié d’inviter le préfet…»
Envers du décor? La difficulté à
diversifier la région, ou les sou-
cis de Ford. Une fierté : sa terre
PRÉSENT À
stand
d’adoption passe de la 18e à la
5e place en France pour l’accueil
d’entreprises. ❚❚ ColeTTe Goinère
E14
RESPECTENT LE RÈGLEMENT CADRE N°1935-2004 (CE)
DU 27 OCTOBRE 2004
la responsabilité de l’assemblage Les premiers couteaux de sécurité
final des rafales et des avions en matière composite apte au contact
d’affaires Falcon. Crise de alimentaire et détectable sont
l’aviation d’affaires oblige, le site à découvrir dans notre dernier
catalogue.
n’assemble plus que 6,5 appareils
par mois contre encore 13 unités DEMANDEZ-LE !
au début de 2009. Ce diplômé
de Supaéro s’était vu confier
la responsabilité, dès 2003,
de la fabrication du Falcon 7X.
« on est parti d’une feuille he. il a
fallu beaucoup de passion pour
tout faire : monter les équipes,
construire les moyens au sol, les LA PERFORMANCE EN TOUTE SÉCURITÉ
bâtiments... », tient à rappeler
Jean-luc Sailliol. POUR TOUT RENSEIGNEMENT OU TOUTE COMMANDE,
APPELEZ DÈS MAINTENANT AU 05 56 69 32 00
23
www.mure-peyrot.com
 les pilotes
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

chrIStophE JEan-marc
mazEL charrIton
PDG de Fly-n-sense Président de lauak
À 57 ans, le dirigeant
basque est à la tête d’un
groupe né du
rapprochement d’une
dizaine de pMe… qu’il a
il est un des moteurs toutes créées, dont
de la poignée de pMe eskulanak à l’âge de
constituant le noyau 21 ans. lauak
d’une filière drones (430 personnes,
émergente. Christophe 30 millions d’euros
Mazel, 47 ans, chiffre d’affaires) fournit
ingénieur enseirb, s’est des pièces métalliques
forgé une expertise en pour les ailes de l’A380
avionique et drones aux et la structure
états-unis. l’Américain métallique du cockpit de
Mercury Computer l’A350. sa nouvelle
systems lui confie filiale portugaise a
la mise en place d’un remporté un contrat
partenariat avec un avec l’avionneur
constructeur de drones brésilien embraer.
rapprocher safran Propulsion solide et sMe, telle est sa mission.
civils. en juin 2006, Amoureux de rugby,
il présente à la nasa et ancien trois-quarts
au Forest service son centre de troisième
système de détection mIchEL SchLEIchEr, pDG de sme division, Jean-Marc
d’incendie de forêt.
Avec succès. retour en
France, pour développer
du CArBurAnt pour sAFrAn Charitton est supporteur
– et sponsor ! – du
Biarritz olympique et de
les applications civiles Dès la première rencontre, le tout récent comme patron de Techspace Aero, filiale l’Aviron bayonnais.
pour Mercury. Mais PDG de SME (ex-SNPE Matériaux Éner- belge spécialisée dans les modules pour
quand ce dernier gétiques, acquise par le groupe Safran), moteur. Aujourd’hui, Philippe Schlei-
vend cette activité à DomInIQUE
Philippe Schleicher impressionne. cher met le cap sur l’Aquitaine pour gIannonI
Honeywell, Christophe
Mazel crée en 2008 sa À double titre. D’une part, son mètre créer le champion français de la propul- Directeur du site
pMe, Fly-n-sense, qui quatre-vingt-treize, qui vous rend forcé- sion solide. À 56 ans, sa mission est de Thales Avionics
conçoit des mini et ment petit, et d’autre part, sa capacité à rapprocher au sein de Safran les deux depuis 2007, il dirige
micro drones civils pour vous mettre à l’aise, n’hésitant pas à par- acteurs clés du domaine, installés près thales Avionics, au
surveiller les forêts ou tager des anecdotes récemment vécues de Bordeaux : Safran Propulsion Solide, Haillan, et cumule ce
suivre le contrôle avec un franc-parler rafraîchissant ou qui conçoit les éléments mécaniques de poste avec la direction
des ouvrage d’art. en vous racontant sa naissance : dans propulsion des missiles et des lanceurs ; de l’activité avionique
Au prochain Bourget, le magasin de chaussures familial, avec et SME, leur carburant, le propergol ! militaire du Groupe. Cet
avec le laboratoire ingénieur de l’armement
l’aide de sa grand-mère, sage-femme. Au total, le nouveau champion regroupe
bordelais de recherche (ensta, insead) est
Le parcours de cet HEC-Sciences po 3000 salariés pour 600 millions d’euros passé par Capgemini
en informatique et
thales, il présentera Paris serait forcément notable… Là où la de chiffre d’affaires. «Nous constituons (1998-2003), où il avait
aussi « Carus », projet plupart des dirigeants de l’aéronautique le numéro un européen de la propulsion secondé les opérateurs
montrant la capacité vouent toute leur carrière à ce secteur, solide, le numéro deux mondial derrière télécoms lors du boom
de vols en essaim. lui n’a pas hésité à prendre ses dis- l’américain ATK. Nous allons mettre sur internet, et à la dGA
« Cinq drones pouvant tances. Après avoir dirigé Messier Bugatti pied une direction technique unique », (1992-1998), où il a été
travailler de façon (Safran), le spécialiste du freinage aéro- explique l’homme, qui a le don de savoir notamment directeur
autonome, avec prise nautique, ce Nancéien a préféré se lancer se faire apprécier. Lors de son passage adjoint du programme
de décision en l’air, sans dans des opérations de LBO, ciblant des outre-Quiévrain, les Belges lui ont confié Horizon (frégates
intervention au sol. À ce antiaériennes) mené
sociétés d’équipements industriels de la présidence d’un pôle de compétitivité.
jour, il n’existe aucun avec le royaume-uni et
l’agroalimentaire ! Côté professionnel, Lui-même séduit par ce pays, il publie
photos : D.R.

système d’essaim l’italie. sur le site thales

de drones coopératifs », après l’épisode LBO, finalement, le virus bientôt à compte d’auteur un livre consa- Avionics de 1 000
s’enthousiasme-t-il. C. G. de l’aéronautique aura été plus fort. cré à la Belgique. En attendant un ouvrage salariés, il mène un plan
Et il reprendra du service pour Safran, sur les Aquitains? ❚❚ HAssAn MeDDAH d’ajustement d’effectif.

24
 les gatronomes
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
D.R.
IndUStrIES d’orIgInE contrôLéE
U ne profusion ! 86 % de la production française
du maïs doux se fait en Aquitaine, 83 % pour le
pruneau, 53,7% pour le kiwi, 46% pour le foie
gras, 20% pour les truites et les esturgeons, 11 % pour
l’agneau Label rouge. Le tout accompagné d’une image du
bien-vivre et de la convivialité. On connaît la noix du Péri-
gord, le pruneau d’Agen, le piment d’Espelette, le jambon
de Bayonne, les vins de Bordeaux (premier vignoble AOC
de France en volume). Bref, une mosaïque de terroirs où
chacun s’accroche à ses racines. «Cette région est dotée de
composantes fortes et autonomes. On parle du Périgord,
du Pays basque, du Bordelais, mais peu des produits
aquitains», souligne Pierre Cambar, le directeur de l’Aapra,
l’Association Aquitaine de promotion agroalimentaire.
Autre trait : cette région est la première de France pour
les produits placés sous les signes qualité (83 AOC,
54 labels rouges, 14 IGP pour indication géographique
protégée). L’assurance de garder la valeur ajoutée sur
place et de garantir un approvisionnement de qualité aux
unités de transformation. C’est en 1965 que le premier
26
les caves de
château Magnol,
à Blanquefort,
appartiennent
depuis un an
au groupe Castel,
premier négociant
européen.
Label rouge avicole est décroché par les poulets fermiers
des Landes. En 2000, l’obtention d’une IGP canard à foie
gras dope toute une filière menacée. Les PME absorbent
70 % de la production agricole et représentent 20% de
l’emploi salarié industriel régional. Ici, pas de grands
groupes et peu de grandes marques hormis LU, Labeyrie,
Lindt, Delpeyrat ou Bonduelle. Lorsque l’urgence est là,
les mutations s’accélèrent. Face à la crise viticole, les
coopératives se cherchent une feuille de route. Au menu :
regroupements de sites et compétitivité. Dans le Bordelais,
à l’exception des grands crus, les 63 appellations d’origine
contrôlée sont chahutées. L’interprofession a concocté le
plan «Bordeaux demain» pour éviter de trop boire la tasse.
Le Lot-et-Garonne, lui, a décidé de tirer parti de son seul
atout, l’agroalimentaire. En jouant la carte de l’innovation.
Dans les années 1990, Jean François-Poncet lança l’Agro-
pole, à Estillac près d’Agen, une technopole qui attira de
jeunes pousses innovantes. Un vrai succès. Chaque année
son concours de la création d’entreprise est un rendez-vous
salué par les professionnels. ❚❚ Colette Goinère

jEan cLaUdE
barrEIx
Président d’azkorria
Cet éleveur de 44 ans
préside la coopérative
fromagère azkorria
installée à Musculdy
(pyrénées-atlantiques),
non loin de Mauléon.
Celle-ci est née de la
réflexion de quelques
éleveurs de brebis
laitières il y a dix ans,
bien décidés à valoriser
sur place leur production
et le développement
économique de leur
vallée. privilégiant les
circuits courts, la petite
usine basque produit
quelques dizaines de
tonnes de fromage,
notamment l’aoC
ossau-iraty, plusieurs
fois primé au Concours
général agricole.
frédérIc boUchEr
Directeur
de sturgeon
Créé par la famille
boucher avec le
biologiste alan Jones,
sturgeon fait partie des
quelques entreprises
qui, depuis une
vingtaine d’années,
tentent de raviver
une tradition perdue,
celle du caviar. elle
maîtrise toute la filière
de son écloserie
de saint-seurin-sur-
l’isle (gironde) au
conditionnement sous
marque sturia, en
passant par les fermes
d’élevage. dans cette
filière à l’équilibre
fragile, sturgeon
produit 10 tonnes
de caviar par an à partir
de la race sibérienne
l’acipenser baeri vendu
aux grandes surfaces,
compagnies aériennes
pHOtOs : D. R.
et épiceries fines.
dernier projet : une
pisciculture en Chine.
l’usine nouvelle i supplément au n° 3241 i 26 mai 2011
les gastronomes
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
PIErrE
cambar
Directeur de
l’association
aquitaine de
promotion
agroalimentaire
à la mi-mai, il était au
sial China à shanghai,
en novembre à la Wine
fair de Hongkong,
toujours pour
accompagner les pMe.
à la tête de l’association
aquitaine de promotion
agroalimentaire
(aapra), forte de
neuf salariés et d’un
Du jambon au foie gras, cet ancien de Madrange a redressé Delpeyrat. budget de 4, 4 millions
d’euros, pierre Cambar,
61 ans, se régale.
thIErry bLandInIèrES, directeur général de maïsadour Quand il n’aide pas à
la promotion de la noix
vous reprendrez bien du périgord, ce sont
celles du foie gras des
du foie gras? Landes ou de l’agneau
des pyrénées qui ont
ses faveurs. en 2010,
Qui mieux que Thierry Blandinières, cuisinés et au jambon de Bayonne: «Nous l’aapra a épaulé
fils d’un industriel de la charcuterie sommes arrivés il y a deux ans et demi 300 entreprises sur une
quarantaine de salons à
et du foie gras né à Brive-la-Gaillarde, sur ce segment et on nous compare déjà
l’étranger et cofinancé
pouvait redonner son lustre à la marque à Aoste, qui est là depuis trente ans!», se
une trentaine de filières.
Delpeyrat, emblème de la gastronomie félicite cet amateur de rugby, vice-prési- Tout en se piquant
du Sud-Ouest ? dent du Stade Montois, qui juge pouvoir d’éduquer au goût,
Formé à l’ESC Nantes, il fait ses classes atteindre 600 millions d’euros de chiffre via l’école de cuisine
chez Procter & Gamble et Avon, puis d’affaires d’ici trois à cinq ans. Quai des saveurs.
passe dix ans chez le charcutier Ma- Delpeyrat est également parti concur- « nous voulons faire
drange. En 2003, la coopérative Maï- rencer Euralis à l’international, en ins- consommer local en
sadour de Mont-de-Marsan (Landes) tallant une usine en Chine pour le mar- portant haut les signes
fait appel à lui pour redresser Delpeyrat, ché asiatique et une seconde au Canada, de qualité à l’export.
un grand écart que je
repris à Louis Dreyfus. « Elle avait com- afin d’attaquer l’Amérique du Nord…
revendique », lance cet
pris qu’il fallait capter la valeur ajoutée Sans oublier non plus de lancer 10 mil-
iep bordeaux, tombé
en investissant dans l’aval, mais avait lions d’euros d’investissement à Saint- dans la marmite du
du mal avec certains aspects industriels, Pierre-du-Mont (Landes), en vue d’y terroir en 1990 en
marketing et commerciaux. » construire la plus grosse usine de foie dirigeant les puissantes
La recette? La rationalisation industrielle gras au monde. Conséquence logique aoC bordeaux et
et commerciale, mais aussi des rachats de son action, ce père de trois enfants bordeaux supérieur.
ciblés. Et l’homme de marketing fait accède à la direction générale de Maïsa- il y avait lancé planète
merveille. En dix ans, Delpeyrat passe de dour en 2008. Il œuvre aujourd’hui pour bordeaux, un projet
85 millions de chiffre d’affaires et 24 mil- le rapprochement avec Terrena, afin œnotouristique à
beychac-et-Caillau
lions de pertes à 420 millions d’euros de de construire une filière volaille label
(gironde). c. G.
ventes et 2% de résultat net… La signa- capable de concurrencer le champion
ture s’est désormais étendue aux plats sarthois LDC. ❚❚ Patrick Déniel
27
 les gastronomes
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
il veut favoriser la croissance du numéro neuf mondial de la santé animale.
marc prIkazSky, PDG de Ceva santé animale
ce vÉto va vite
Il fait de la croissance au pas
de charge! «Nous réussissons
à résoudre une équation dif-
ficile : nous développer, être
rentables et créer des emplois
en France », se félicite Marc
Prikazsky, 52 ans. Il est le PDG
de Ceva, spécialiste des vaccins
pour l’élevage (70% de l’acti-
vité) et des médicaments pour
les animaux de compagnie.
Ce vétérinaire ayant grandi à
Paris revendique un lien avec le
terrain: avec le milieu agricole
lors de sa thèse (effectuée sur
une pathologie affectant les
vaches laitières de l’école de
Grignon dans les Yvelines) et
avec les propriétaires de chiens
et de chats comme praticien,
son premier métier. Entré «par
hasard» chez Upjohn, le labo-
ratoire vétérinaire américain, ce
technicien apprend sur le tas.
Et gravit les échelons jusqu’à
ce qu’il soit débauché, en
1995, par Sanofi au moment
où celui-ci se désengage de la
santé animale. Il échafaude un
plan stratégique pour la partie
française de l’activité. Trois
LBO plus tard, avec les fonds
Sagard, Natixis, Ixen ou Eu-
romezzanine, les cadres sont
28
D. R..
devenus majoritaires dans la
société devenue Ceva en 1999.
En dix ans, elle enregistre une
croissance interne soutenue,
alimentée aussi par deux à
trois rachats par an, jusqu’à
atteindre en 2010 485 millions
d’euros de chiffre d’affaires
(+18,5%). Numéro neuf mon-
dial de la santé animale, pré-
sent dans 40 pays, il est prêt à
jouer les premiers rôles. «Nous
visons le milliard d’euros, mais
je n’ai pas dit quand ! », plai-
sante-t-il.
Pas question pour autant de
quitter Libourne, où travaillent
600 des 2500 collaborateurs:
«Voilà une dizaine d’années,
ne pas être à Paris était un
désavantage. Aujourd’hui, cela
correspond aux aspirations
des jeunes d’avoir un cadre
de vie attractif. Chez nous,
les gens ne partent pas »,
se félicite ce propriétaire de
sept chats. Quand Ceva lui
laisse ses week-ends, ce père
de deux enfants se retrouve
en famille et ne dédaigne pas
trinquer avec ses amis vigne-
rons, avec une préférence pour
le Montagne Saint-Émilion, où
il habite. ❚❚ Patrick Déniel

phILIppE coUtIèrE, directeur R & D de Biolandes
nez DanS leS lanDeS
à 40 ans, ce Landais, « fier de
l’être», reprend peu à peu le flam-
beau de Biolandes avec ses deux
sœurs. Créée en 1980 par leur
père, Dominique, la société de Sen
(Landes) s’est imposée en moins de
vingt ans comme l’un des leaders
mondiaux de la fabrication d’ingré-
dients pour les cosmétiques et les
parfums. Elle emploie 340 salariés.
Philippe entre dans la maison
familiale dès sa sortie de Centrale
Lille en 1995. Direction Madagas-
car, où il fait ses premières armes.
Là, ce natif de Mont-de-Marsan
lance une filiale et participe à la
construction d’une usine, la troi-
sième à l’étranger, après la Tur-
quie et l’Espagne. Il y reste près
de deux ans, avant de retrouver
l’usine nouvelle i suPPlément au n° 3241 i 26 mai 2011
les gastronomes
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
oLIvIEr fahy
PDG de Berkem
quons tous nos extracteurs et dis-
transformer de simples
tillateurs, selon une technologie
sous-produits en
brevetée », se félicite-t-il. pépites. c’est la
Satisfait du travail, son père lui prouesse de Berkem
confie la R&D de nouveaux ingré- et de son PDG. créée
dients et les opérations industrielles en 1964 à Gardonne
en 2001. « Nous recherchons en (Dordogne), cette
permanence des matières végé- PMe de 100 personnes
tales pour répondre aux attentes est spécialisée dans
de nos clients », souligne ce père l’extraction végétale et
de deux enfants, en mentionnant la chimie de spécialités
pour le traitement
les 90 extraits de plantes proposés
des matériaux. Sous
D. R.
en 2011. Se définissant comme l’impulsion d’olivier
Bientôt en inde et en amérique latine. «bon vivant» et «créatif», il four- Fahy, Berkem se
mille de projets. Il entend implanter diversifie en 2008 dans
« enfin » les Landes. Fort de cette une unité en Inde ces prochains des secteurs tels que
expérience de terrain, il prend la mois et en Amérique latine ensuite. l’agroalimentaire et la
tête du bureau d’études sur la par- Sous l’œil bienveillant de son père, cosmétique. et s’étend
tie mécanique et process. «Depuis qui, à 59 ans, reste le PDG de son à l’international.
l’origine, nous concevons et fabri- «bébé». ❚❚ aDrien cahuzac
29
 les gastronomes
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
PhILIPPE raoUx, pDG de Chamvermeil
Mondovino
« Expérimenter, toujours chercher :
voilà notre moteur. » Propriétaire et
négociant bordelais atypique, fou d’art
contemporain, Philippe Raoux ne met
pas que de l’art dans son vin: il en fait
un business mondial. En février, après
trois ans de négociations, l’homme qui
se démarque par sa vision globale de
l’offre de vin, vend Château de Viaud,
Et aUSSI…
chrIStIan dELPEUch
Président de l’institut des
sciences de la vigne et du vin
ODOlpHe CellieR ; DeRRiCK CeYRaC ; petit ClauDe
il est au carrefour du vin, de la
recherche et de l’entreprise. après une
carrière qui l’a mené dans deux des
principaux groupes vinicoles français,
Castel puis ginestet (Taillan),
Christian delpeuch, 64 ans, préside
30
un Lalande de Pomerol pour 10 mil-
lions d’euros au géant agroalimentaire
chinois Cofco. Après les Japonais dans
les années 1980, voilà donc la Chine
qui débarque sur les terres girondines.
Normal, le groupe Cofco est le premier
importateur chinois de vins de Bor-
deaux, un marché en forte croissance.
Depuis peu, les nouveaux riches de
l’institut des sciences de la vigne et du
vin (isvv). Créé en 2009 sur
10 000 m2 à villenave d’ornon sur le
site de l’inra et rattaché à l’université
de bordeaux 2, cet institut dirigé par
le « professeur vigneron », denis
dubourdieu, rassemble
150 chercheurs et accueille la plus
grande salle de dégustation du
monde. prochain défi de Christian
delpeuch : relancer le projet de pôle de
compétitivité inno’vin (un cluster
labellisé), autour de l’export, de la
productivité ou du développement
durable. un vrai engagement pour ce
natif du périgord et ex-président de
l’interprofession de bordeaux (Civb)
qui fustige parfois le conservatisme
du monde viticole bordelais.
Shenzhen ou de Shanghai raffolent
littéralement des grands crus.
Né à Oran en 1953, Philippe Raoux
est l’héritier « modernisateur » de
trois générations d’hommes du vin,
notamment au sud de la Méditerranée.
Après la guerre d’Algérie en 1962,
c’est l’exil à Bordeaux. Il se raccroche
à l’entreprise familiale Chamvermeil.
Créée en 1923 par son arrière-grand-
père, elle est alors le numéro un des
ventes de vins par correspondance et
lance notamment les premiers «bag in
box», à la fin des années 1960.
à 33 ans, Philippe Raoux achète et
rénove le château d’Arsac (AOC Mar-
gaux) en Médoc. En 2007, il crée à
Arsac la Winery, le premier centre
il fait débarquer d’œnotourisme en France, faisant du
les chinois dans vin un vecteur de culture universelle :
le Bordeaux. cave (700 références internationales),
restaurant, expositions d’art… Symbo-
liquement, c’est là que s’est déroulée
la cérémonie de cession de Château
de Viaud. «Le courant passe avec les
Chinois», assure-t-il. D’ailleurs, son
fils Pierre est dans la course. Au sein
du groupe, basé à Pékin, il œuvre pour
développer la vente des vins familiaux
et pour assurer le rayonnement de la
Winery. ❚❚ colette Goinère
xavIEr coUmaU bErnard fargES
Président des courtiers en vins Président des appellations
et spiritueux de Bordeaux Bordeaux et Bordeaux supérieur
il a toujours trempé il pilote activement le plus gros
dedans et à 38 ans syndicat viticole français. pas de quoi
représente la cinquième tourner la tête de celui qui, à 46 ans,
génération de courtiers court les réunions à paris, bat
familiaux. dès 1995, la campagne girondine quand il
il arpente le terrain… difficilement. n’entretient pas ses 92 hectares
il ne suffit pas d’être « fils de ». en entre-deux-Mers avec son frère.
peu à peu, il fait son trou, noue des son dernier chantier ? L’organisation
partenariats entre négociants et du marché du vrac pour tenter
viticulteurs. Élu en 2010 président d’endiguer la baisse des cours.
des courtiers, il martèle que l’on fils d’agriculteur, il s’installe en
ne pense plus assez à l’équilibre avril 1991. deux jours après, le gel
offre – demande. « en vingt ans, frappe. pas de quoi décourager celui
les superficies ont doublé. La filière qui s’est engagé dans son syndicat
n’a pas été raisonnable. » reste la dès 1993.
passion pour cet « avocat du vin ».

StéphanE héraUd
président de la cave
des hauts de Gironde
En 1993, avec un DESS
en aménagement,
Stéphane Héraud
reprend l’exploitation
familiale. à 42 ans,
il préside depuis 2006
la première coopérative
française en volume de
vins AOC : la Cave des
hauts de Gironde compte
539 coopérateurs et
représente 149 millions
d’hectolitres. Il veut
regrouper plusieurs
caves et rationaliser
des activités essentielles
pour la structuration de
la filière. Et mieux peser
face au négoce.
l’usine nouvelle i supplément au n° 3241 i 26 mai 2011
les gastronomes
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
pIErrE phILIppE, directeur général de Buzet
lA vItICUltUrE rAISOnnéE phILIppE maSSoL
Responsable du
raisonnée et raisonnable restant pro-
projet de cité du vin
ductive. C’est une conviction sur le
Puisse-t-il connaître le
long terme », explique ce manager,
même succès ! Ce Sup
responsable de 300 vignerons et d’une de co de Poitiers a
centaine de salariés. Troisième opéra- débuté sa carrière au
teur du Sud-Ouest, la cave décroche parc du Futuroscope,
en 2007 la certification Agriconfiance, où il termina directeur
puis les normes environnementales du marketing. Depuis
Iso 9001 et 14001. 2009, il pilote le projet
D. R.
Au Salon de l’agriculture 2011, Buzet de centre culturel
il milite pour une agriculture raisonnable et touristique du vin
et productive.
est la première entreprise agroalimen-
taire à recevoir l’attestation Afaq 26000. de Bordeaux, un lieu
susceptible d’accueillir
Diplômé de la fac d’œnologie de Bor- Terres d’Anthea, son premier vin issu
400 000 personnes par
deaux, Pierre Philippe, 47 ans, fait de raisin en conversion bio part à la an. Implanté près des
ses premières armes à l’Organisation conquête des amateurs. Une vague de bassins à flot, ce centre
internationale du vin, avant de bourlin- fond pour cette entreprise de 24 mil- doit ouvrir début 2014.
guer durant quinze ans pour le groupe lions d’euros de chiffre d’affaires, qui Un projet initié par
Taillan. En 2005, nouveau directeur exploite deux sites de vinification et une Alain Juppé et chiffré
général de Buzet, il propose une révo- boutique accueillant 108000 visiteurs à 50 millions d’euros.
lution : « La logique de l’agriculture par an. ❚❚ Guillaume lecompte-boinet
31
 les gastronomes
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

chrIStIan PèES, président d’euralis

paysan visionnaire
Les traits un peu tirés, Christian Pèes
est en transit à Paris entre Dakar et
l’Aquitaine. Le président du groupe
coopératif Euralis (15000 agriculteurs,
5000 salariés et 1,3 milliard d’euros de
chiffre d’affaires) et producteur de porcs
et de maïs dans le Béarn, revient d’un
forum international sur les échanges
agricoles mondiaux. Et si l’agriculture
mondiale des cinq ou six grandes ma-
tières premières agricoles». Membre
du bureau du club de réflexion sur
l’agriculture Demeter, il prend la plume
sans tabou, ni langue de bois pour
écrire «L’arme alimentaire, les clés de
l’indépendance». Nourrir 9 milliards
d’habitants en 2050 est l’un de ses
combats. Géographe de formation, il
reprend la ferme à la mort de son père
en 1980, mais reste passionné de géo-
politique. Dans le Sud-Ouest, il cherche
à tisser un nouveau lien entre Euralis et
ses producteurs: «Le modèle de rela-
tion qui prévaut depuis cinquante ans
atteint ses limites», reconnaît-il.
à 54 ans, Christian Pèes fait partie
ce producteur d’une génération de dirigeants de
de porcs coops qui n’hésitent pas à s’allier avec
passe du local
au global. leurs concurrents sur certaines acti-
vités. Et qui savent convaincre leurs
agriculteurs d’aller investir là où est
est inscrite à l’ordre du jour du G20, la croissance: Chine, Russie… «Mais
c’est peut-être un peu grâce à lui. on se débrouille pour être compétitifs
Avec plusieurs patrons de coopéra- dans le Sud-Ouest!» Et cela marche:
tivess françaises, il a fondé le Mouve- Euralis est le premier producteur et
ment pour une organisation mondiale exportateur mondial de foie gras et le
de l’agriculture (Moma), un think tank principal producteur français de maïs.
visant à «casser la dictature de l’éco- Il se fixe un objectif ambitieux: 2 mil-
nomie libérale illustrée par l’École de liards d’euros de chiffre d’affaires en
Chicago et à instaurer une gouvernance 2020. ❚❚ c. Goinière avec P. Déniel

Et aUSSI…

marcEL SaInt-crIcQ défendu l’origine sud-ouest, que LUcIEn gEorgELIn politique proche du client et le bon
Président du Palso ce soit à la fdsea, à la Chambre PDG des confitures sens paysan. » Quand il lance
à 58 ans, Marcel d’agriculture, au Cifog... « il sait de lucien Georgelin un produit, il fait lui-même des
saint-Cricq est éleveur quoi il parle, c’est un bon », résume ancien arboriculteur animations en magasin pour sentir
à Toulouzette, dans les Marc roose, le directeur du palso. dans le Lot-et-garonne, le consommateur. dans le peloton de
Landes (40 hectares de L’igp obtenue en juin 2000 garantit Lucien georgelin a tête des confituriers, cet autodidacte
maïs et 40 000 canards, que le foie gras provient d’un canard cuit ses premières de 64 ans ne joue pas les caïds :
ROBinet OlivieR ; BeRnaRD WilKeRmann ; YvOn mOnet

dont 17 000 gavés). C’est un homme
de consensus, tout comme l’était
avant lui le père de l’igp foie gras du
sud-ouest, le Landais gérard Capes.
Lorsqu’il lui succède en 2001 à la
présidence du palso, l’association
de défense de cette spécialité, il fait
l’unanimité. syndicaliste engagé,
président de la commission r & d
du Comité interprofessionnel
des palmipèdes à foie gras (Cifog)
et membre de l’inao, il a toujours
élevé, engraissé, abattu et transformé
dans le sud-ouest. en arrêtant
les usurpations, l’igp a boosté la
production : les élevages se sont
modernisés, les marques ont investi
et 7 millions d’euros ont été débloqués
pour la communication. résultat :
la filière igp foie gras du sud-ouest
est la première de france et d’europe
en valeur, avec 1 milliard d’euros,
soit 2 300 éleveurs et 19 600 tonnes
de produits commercialisés. c. G.
confitures à la ferme,
à virazeil, il y a quarante ans.
L’entreprise éponyme compte
aujourd’hui 105 salariés et réalise
20 millions d’euros de chiffre
d’affaires, à 90 % en gMs. L’activité a
bondi de 14 % en 2010 et fera « aussi
bien, sinon mieux en 2011. Les marges
baissent tous les jours, heureusement
que l’on arrive à compenser comme
ça ! ». La recette de son succès ?
« L’innovation, la qualité, une
« Même quand ça va bien, je ne
dors pas toutes les nuits ! C’est par
le travail de tous que l’on réussit.
il y a eu des moments difficiles, de
lourds investissements ». Lauréate
des saveurs de l’année 2011 pour ses
sticks de pâtes de fruits énergisantes,
la marque produit 15 millions de pots
et 120 variétés de confitures, des
bonbons, des compotes ou des plats
à l’ancienne et se met au bio. elle vise
maintenant l’europe du nord. c. G.

32
les gastronomes
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

xavIEr PIcard, directeur général du groupe France prune

frédérIc martIn
MaîTre pruniLLe, PIErrE
PDGdeFinancière
Martin MainTenanT C’esT Lui otEIza
PDG de Pierre oteiza
pour avoir passé quinze ans chez Entre-
mont à gérer des dossiers d’alliance avant
de devenir le directeur Allemagne.
à son arrivée, il suscite une prise de
conscience: «Il fallait bouger pour retrou-
ver la compétitivité». Il lance des chantiers
frédéric Martin est un de rationalisation et de mise aux normes. son site de vente en
homme du lait. formé à «Nous sommes en mouvement perpé- ligne affiche clairement
l’École laitière de la couleur de la
tuel», lance le directeur de France Prune et
poligny, il a dirigé « boutique du pays
patron de Maître Prunille, filiale de trans- basque ». à 20 ans,
pendant plusieurs
formation du groupe coopératif. «France quand il revient
années l’usine laitière
familiale Ladhuie à Prune est une structure d’avenir, car nos à la ferme familiale aux
Montayral (Lot-et- 550 actionnaires sont des producteurs aldudes (64), avec
garonne), cédée en de prunes. Et elle est gérée comme une son Cap boucher-
1998 à Lactalis. avec le société. Ainsi, on peut durer. » Leader charcutier, pierre
fruit de la vente, il a Bouger pour retrouver la compétitivité. mondial du pruneau d’Agen IGP et leader oteiza, 55 ans, ne sait
développé avec son européen des fruits secs avec 560 salariés pas encore qu’il va bâtir
frère Hubert un groupe Quand il entre à France Prune, à la mi- et 165 millions d’euros de chiffre d’affaires, un petit empire : des
de trois pMe de porcs basques en
2007 à Casseneuil (Lot-et-Garonne), la société réalise 30% de son activité à
42 millions d’euros de liberté, « des produits
Xavier Picard est l’homme de la situation. l’export en Europe du Nord et en Asie. authentiques, et
chiffre d’affaires,
Ce Vendéen de 48 ans, diplômé de l’Inseec Son challenge? Réinventer sans cesse le bons », une vallée
implanté à saint-
Médard-d’eyrans, près Bordeaux, connaît bien l’agroalimentaire pruneau. Bon courage. ❚❚ colette Goinère verte qu’on visite, tout
de bordeaux. Les deux un réseau d’éleveurs
frères reprennent en aux alentours.
2001 Lou gascoun, sa chance ? « Les
spécialiste des PatrIcE PErcIE dU SErt, pDG de pollenergie bonnes rencontres
au bon moment ».
Happy apiCuLTeur
conserves de
charcuterie, mais aussi force tranquille et vrais
de lamproies, anguilles amis. depuis qu’il a
et autres aloses. en créé son entreprise en
Ingénieur en agriculture, Patrice Percie 1987, « pierrot » a
2004, ils créent une
du Sert a exercé pendant quinze ans le ouvert dix boutiques,
pâtisserie industrielle
produisant des métier d’apiculteur près d’Agen. En 1997, en france. il emploie
cannelés de bordeaux il lâche ses ruches et fonde Pollenergie 50 salariés pour
surgelés. puis, frédéric pour commercialiser une gamme de un chiffre d’affaires
Martin (48 ans) revient pollens dans les magasins spécialisés de 7 millions d’euros.
à ses amours laitières bio. «J’ai découvert que les vertus santé il vend cochonnailles et
en rachetant, en 2008, du pollen frais étaient supérieures à celles produits des aldudes
Le petit basque en angleterre,
du pollen séché », explique-t-il. Pour
(30 millions d’euros belgique, allemagne…
conserver les propriétés nutritionnelles en quatre ans, le Japon
de chiffre d’affaires), et organoleptiques, il met au point un
qui s’est taillé une est devenu son premier
brevet sur un procédé de conservation marché export. Chaque
solide réputation il congèle le pollen.
sur les desserts et les du pollen sous forme congelée, grâce à semaine, il y expédie
yaourts. son caillé de l’injection d’un gaz neutre. une tonne de viande
brebis en pots de carton Pollenergie (1,8 million d’euros de chiffre cheur afin de réaliser des études cliniques fraîche, salaisons
paraffinés est une d’affaires, en croissance de 18%) emploie et de travailler avec le milieu médical. et conserves. demain ?
institution dans le une quinzaine de personnes. Elle s’ap- à 64 ans, il songe à la transmission de La Chine avec un vie
sud-ouest. P.D. provisionne en Espagne et en Roumanie sa société: «J’ai des propositions toutes à Hongkong, le Canada
avec un salon en mai
en produits de la ruche bio tels le pollen les semaines, je n’aurai que l’embarras
et une aoC pour le
et la propolis. «En France, il y a de moins du choix ! », se félicite l’entrepreneur, jambon Kintoa. alors ?
en moins d’abeilles et très peu d’apicul- qui imagine fonder un centre de soins
pHOtO s : D.R.

« ça fait plaisir ! » c. G.
teurs bio», regrette Patrice Percie du Sert. avec ses produits, en partenariat avec le
Pollenergie a également recruté un cher- repreneur de sa société. ❚❚ Patrick Déniel

34
2-PUB AGRO 210x272 7/03/11 9:16 Page 1

Jeudi 30 juin 2011

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 les défricheurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
C.JandaureCk/Cadam/Cea
aU SUd-oUESt, dU noUvEaU
l e bois, le laser, la glisse… Aucun rapport si ce
n’est que ces activités constituent toutes des
filières prometteuses. Le qualificatif peut sembler
incongru pour le bois, mais la forêt d’hier ne sera pas celle
demain, à l’heure de la compétition entre usages (papier,
meubles, énergie…). «On ne va plus l’exploiter de la même
façon », prévient Pierre Morlier, le vice-président du pôle
Xylofutur. Ainsi, chercheurs et PME ont travaillé à la mise
au point de l’aboutage bois vert. La technologie permet
de coller avant séchage des sections de bois vert de pin et
obtenir de grandes longueurs, jusqu’à 14 mètres. Autre
piste : la chimie du bois, avec le projet Bioextra mené par
Biolandes, Tembec et Smurfit Kappa. Il vise à l’extraction
de substances bio actives destinées au marché de la cos-
métique ou de la neutracétique.
Autre technologie, autre marché, le laser Mégajoule (LMJ)
du CEA. Il sera opérationnel en 2014 dans la commune
du Barp (Gironde). Et il y a déjà des retombées. La Société
d’économie mixte (SEM) Route des lasers créée en 2004
a aménagé deux zones pour des sous-traitants du LMJ
36
La chambre
d’expériences du
laser Mégajoule,
au Barp (Gironde),
dont l’objectif
est de recréer
la fusion par
confinement.
ou des PME spécialistes des lasers industriels. Bilan :
20 entreprises et 215 salariés installés. La SEM a égale-
ment œuvré pour la création de la Cité de la photonique,
à Pessac. Un noyau de 13 PME et de 195 salariés y a pris
corps. L’entreprise EBC Medical, positionnée sur les lasers
ophtalmologiques et installée dans l’Essone, y a même
implanté sa filiale R &D.
Après le feu, l’eau. Derrière son côté branché, la glisse
pèse lourd. Le long de la côte, elle génère 1,7 milliard
d’euros de chiffre d’affaires, emploie 3500 salariés, affiche
385 entreprises, dont une centaine d’industriels, 150 «surf
shops» et 70 écoles. Volcom, Quiksilver, Billabong ou Rip
Curl y ont leur siège européen. Et une zone d’activités
vouée à la glisse avec pépinière et incubateur est prévue
en 2012 à Anglet. Enfin, on peut évoquer les énergies
vertes. Le coup de frein au solaire a rafraîchi les ardeurs,
mais les entreprises sont l’arme au pied. Et dans l’éolien,
certains acteurs sont parvenus à se distinguer, notamment
en tirant parti de compétences dans les composites aéro-
nautiques. ❚❚ CoLette Goinère
 les défricheurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

fabrIcE vIaL phILIppE

Principal actionnaire bLanco
des chantiers Couach Directeur général
Connu pour son groupe d’agfa Healthcare
vial Menuiseries, France
actuellement en
difficulté, cet homme
d’affaires toulonnais
de 43 ans, a remporté
in extremis le chantier
d’arcachon Couach Philippe Blanco aime
à la barre du tribunal la santé. en prenant les
en 2009. admirateur rênes d’agfa Healthcare
des yachts de ce France en 2007, ce
constructeur supoptique de 48 ans
centenaire, il a repris, était dans son élément.
pour 1,5 million d’euros L’homme, passé aussi
des usines exsangues par l’insead, a fait ses
et 370 salariés. armes chez Capgemini
depuis, malgré des informatique
contentieux avec hospitalière, au
certains fournisseurs, marketing. Puis chez
il a réussi à ramener McKesson France,
des commandes, Cet industriel veut mettre la r & D à la portée des PMe du bois. fournisseur de services
notamment de informatiques dans la
patrouilleurs militaires santé, comme directeur
pour l’inde et le Yémen. général adjoint.
marc vIncEnt, président du pôle de compétitivité Xylofutur en arrivant chez le
amaLIa fESta
PDg de nanni Diesel
L’innovation dans La sève spécialiste belge de
l’imagerie médicale et
du patient électronique,
L’enfant se rêvait agriculteur. Le jeune nouveaux débouchés à valeur ajoutée. il a misé sur l’innovation
homme entre par le jeu des concours à Mais aussi travailler sur de nouvelles et le centre de R & d
l’École supérieure du bois. Il y découvre essences ou sur l’innovation, comme girondin d’agfa
« un matériau noble, que l’on a plaisir à l’above (aboutage bois vert). « Ceux qui Healthcare à artigues.
travailler et à regarder ». Il s’y accroche. s’en sortiront sont ceux qui iront vers en 2010, il a signé un
Cette italienne de 52 ans partenariat avec la
a reçu en héritage de son En 2008, après deux décennies passées plus de recherche dans la matière »,
région pour renforcer
père, grand industriel dans les panneaux et le sciage, Marc martèle-t-il. Totalisant 34 000 emplois ce site, avec l’idée
turinois, son sens de Vincent, 47 ans, dirige le fabricant de et 2,6 milliards d’euros de chiffre d’af- de créer un maillage
l’anticipation. en 1991, contreplaqués Rol Pin, à Labouheyre faires, la filière est fragmentée. avec les nombreux
elle reprend le groupe (Landes). Il a le profil idéal pour prendre Xylofutur permet aux PME de se lancer spécialistes régionaux
nanni, spécialisé dans la présidence du pôle de compétiti- dans la R & D : bois massif pour l’éco- de l’e-santé. Le site
la marinisation de vité Xylofutur dédié au bois, de la forêt construction, extraction de substances d’artigues pourrait ainsi
moteurs. Cette battante externaliser une part
jusqu’au produit fini. bioactives, gestion durable de la forêt…
se sépare d’un site de ses développements
hollandais pour se Après une évaluation du pôle difficile Les projets affluent : 92 projets label-
en 2008, et à la demande de l’État, lisés, dont 55 dotés de financements auprès de PMe
concentrer sur celui de aquitaines, en
La-teste-de-Buch. son Xylofutur s’ouvre à des coopérations publics pour 42,6 millions d’euros au
bénéficiant aussi
cap ? doubler la capacité nationales et à d’autres essences de total. « Un succès impressionnant au vu des technologies
en cinq ans, en innovant bois que le pin maritime. Une montée des faibles moyens du pôle », s’amuse développées dans les
dans les moteurs en puissance confirmée par le gouverne- Jean-Michel Carnus, le directeur du pôles de recherche de
propres, et continuer ment fin 2010 : Xylofutur doit jouer un site de l’Inra de Pierroton (Gironde) et la région à l’inria ou au
d’occuper la première rôle fédérateur en France et développer porteur du projet d’équipement d’excel- Laboratoire bordelais
pHOtOs : laurent tHeillet ; D.r.

place. nanni est le seul la construction bois. Pour Marc Vincent,
fabricant français de
il ne s’agit pas « d’oublier son identité
moteurs marins de
10 à 350 chevaux. première, l’Aquitaine et le pin maritime,
mais d’aller de l’avant ». La forêt des
Landes a été dévastée par la tempête
Klaus en janvier 2009. Il faut trouver de
lence (Equipex) Xyloforest, sélectionné de recherche en
informatique. g. F.
en janvier. Selon lui, « l’essor de Xylofu-
tur doit beaucoup à Marc Vincent, l’un
des rares industriels à s’intéresser à ce
que l’on fait dans les labos ». Un reste
de rêve d’enfant ? ❚❚ Manuel Moragues

l’usine nouvelle i supplément au n° 3241 i 26 mai 2011 37

 les défricheurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
pIErrE odrIozoLa, directeur général de sokoa
PatRon soCiaL
C’est une «bête de travail» qui forge
l’admiration, si l’on en croit ses
proches. Depuis plus de vingt ans,
Pierre Odriozola s’investit à 200 %
dans le développement de Sokoa.
La PME, basée à Hendaye et spécia-
lisée dans la fabrication de sièges de
bureaux, lui tient à cœur. «Nous déve-
loppons un esprit coopératif, sans le
Et aUSSI…
bErnard moULInEt
PDg de Kimo instruments
Belle réussite pour cet
autodidacte de 59 ans,
issu d’une famille
de treize enfants.
en 1979, il a créé Kimo
instruments. en pleine dordogne,
à Montpon-Ménestérol, l’entreprise
emploie aujourd’hui 280 personnes
et réalise 24 millions d’euros de
chiffre d’affaires, dont 23 % à
l’étranger. elle est la seule à fabriquer
un manomètre à colonne liquide en
France. son offre s’étend avec des
dispositifs toujours plus pointus :
pHOtOs : D.r.
instruments de mesure portables
et autres enregistreurs. d’ailleurs,
Kimo vient de doubler ses locaux.
38
statut mais avec des objectifs sociaux»,
affirme ce bon vivant. Né en 1955 à
Buenos Aires, il débarque en France
en 1969. Titulaire d’un BTS de comp-
tabilité et gestion en entreprises, il est
recruté chez Sokoa en 1980 pour une
mission précise. Il doit préparer le
transfert de cette société anonyme en
coopérative. Le projet échoue, à cause
StéphanE SchInazI
PDg d’e-Device
expatrié en 1997 à new York après
avoir dirigé la société digitelec, ce
supaéro avait une idée fixe : faire
communiquer les machines. il rentre
en France en 1999. L’année suivante,
il crée, à Mérignac, e-device avec
Marc Berrebi, un autre serial
entrepreneur. Une obsession
porteuse, car les technologies
« machine-to-machine » d’e-device
s’exportent bien. sur 3 millions
d’euros de chiffre d’affaires, les trois
quarts le sont à l’export. À 49 ans,
il a ouvert un bureau spécialisé dans
la m-santé (mobile, smartphone,
Pda…) à new York.
d’un refus de certains salariés. Mais
Pierre Odriozola reste chez ce fabricant
qu’il prend en affection. «Depuis l’ori-
gine, Sokoa vise à développer l’emploi
au Pays basque et à faire participer
les salariés à la vie de l’entreprise »,
explique-t-il. Au fil des années, il
développe la PME et gravit les éche-
lons. En 1992, il devient le directeur
commercial. «De simple assembleur,
nous avons ensuite conçu des sièges
et avons même recruté un designer
en 1998, ce qui était atypique », se
rappelle-t-il. Un choix qui a permis à
cette PME de 235 salariés de se faire
un nom et d’être couronné début 2011
par le prestigieux label VIA 2010.
Directeur général depuis 2008, au
il fait participer moment du retrait du fondateur Patxi
les salariés à la vie
de l’entreprise. Noblia, il veut aujourd’hui diversifier
Sokoa. Son ambition? Proposer une
offre complémentaire aux sièges de
bureau. «Les appels d’offres des clients
sont toujours plus globalisés. Les don-
neurs d’ordres veulent un interlocuteur
unique proposant des sièges et des
meubles », affirme-t-il. Un nouveau
défi à relever qui pourrait passer par
une croissance externe, mais « tou-
jours en privilégiant le social ». Bien
sûr. ❚❚ aDrien CaHuzaC
pIErrE agnèS xavIEr bazIn
PDg de na Pali (Quiksilver) Directeur général
À 47 ans, cet homme sunnco résidentiel
discret a pris les soutenu par Pôle emploi et la région,
commandes de Xavier Bazin n’a pas hésité à créer
Quiksilver europe en son propre centre de formation à
2005. adepte des l’installation de panneaux solaires à
sports de glisse, il entre au service Cestas (Gironde). après 140 heures
marketing de na Pali en 1987, raison de cours et deux semaines de stage,
sociale de Quiksilver. après avoir fondé la première promotion est sortie en
sa société en 1992, omareef, rachetée novembre 2010 avec 22 diplômés.
par Quiksilver, il gravit toutes les La moitié d’entre eux a été recrutée
marches de la société. son dernier par sunnco. Fondée en 2006, la
chantier : le siège à saint-Jean-de-Luz, société emploie déjà 500 salariés.
dans lequel il s’est beaucoup impliqué. Mais le temps se couvre pour le
en pleine nature, le « Campus » de la solaire et sunnco a préféré différer
ses projets d’extension.
filiale européenne a reçu le prix aMo
2010 pour ses qualités architecturales
et environnementales.

Yann maUS, pDG de Fonroche
de La CUisine
aU soLaiRe
sa société est l’un des premiers acteurs
du photovoltaïque.
Un parcours bien rempli. à 41 ans,
ce natif de Montélimar à moitié belge
a le virus de l’entreprise. Il a créé en
2008, à Roquefort près d’Agen, Fon-
roche, vite devenu l’un des premiers
acteurs en matière de photovoltaïque
avec un chiffre d’affaires de 100 mil-
lions d’euros et 280 salariés. Mais
ce n’était pas son coup d’essai. Tout
paScaL dUcLoS, pDG de Goupil industrie
ses UtiLitaiRes éLeCtRiQUes
se vendent PaRtoUt
La ruée de Renault ou de PSA vers
l’électrique n’inquiète pas Pascal
Duclos. Avec plus de 1 000 véhi-
cules utilitaires électriques vendus
en 2010, pour un chiffre d’affaires de
21 millions d’euros, il reste confiant
dans l’ADN de Goupil, sa PME
de 100 personnes : la différence.
« Quitte à être à contre-courant »,
s’amuse cet ingénieur en génie élec-
trique de 47 ans, qui créa Goupil
en 1999 avec son compère Thierry
Zerbato, à une époque où l’électrique
avait encore mauvaise presse.
Malin, Goupil mise sur sa spécifi-
cité: batteries au plomb éprouvées,
compacité et maniabilité pour se fau-
filer en centre-ville. Et surtout, des
modèles conçus sur mesure, vendus
pHOtO s : D.r.
à 30% à l’export. «Nous sommes
très terrain, confie-t-il et réalisons
l’usine nouvelle i supplément au n° 3241 i 26 mai 2011
commence, pour ce titulaire d’un
CAP de cuisiner, il y a vingt ans avec
la création du Magicien vert, un petit
fabricant de terrine de légumes sur
l’Agropole d’Agen, alors balbutiante.
Le succès est au rendez-vous et il ven-
dra ensuite sa société. Il rebondit en
créant Gozoki. Un groupe de 50 mil-
lions de chiffre d’affaires rassemblant
des PME de spécialités alimentaires
régionales et soutenu par Natexis.
Voilà trois ans, ce père de trois enfants
parie sur le potentiel du solaire. Le
succès est fulgurant, une usine est
construite et Eurazeo met 50 millions
d’euros dans l’affaire en 2010. Le
coup de frein du gouvernement sur
le photovoltaïque le met en rage et
fait vaciller ses projets. Il est alors
devenu le président de l’Association
des industriels du photovoltaïque. ❚❚
Pierre-olivier rouauD
implantée à Bourran (lot-et-garonne),
son entreprise exporte dans 18 pays.
beaucoup de démonstrations pour
convaincre les clients et pour cerner
leurs besoins. » Goupil vient de lan-
cer un utilitaire électrique–essence
pour les trajets périurbains. «Nous
sommes les premiers à vendre un
hybride rechargeable », relève-t-il
avec malice. ❚❚ Manuel Moragues
les défricheurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
Et aUSSI…
et dans la foulée, son propre
érIc Sarrat
PDg du groupe gt
chantier à Bordeaux, ecla, en
association avec arnaud
Champeil, un ami. Première
réalisation : le bateau à moteur
ecla 29, alliant technicité
(carène en v) et facilité
d’utilisation pour naviguer
en famille. Parfait pour
le bassin d’arcachon !
Patron, avec son frère Michel, mIchEL brISSon
du groupe Gt basé à Bassens, PDg de soficar
éric sarrat, 63 ans, s’occupe
de la branche logistique
Gt Logistics. Une activité sans
cesse en croissance et dans le
vert, hormis en 2010. La faillite
de son client verceral (arts de
la table) l’a plongé pour la
première fois dans le rouge.
Mais le chiffre d’affaires est
C’est un pionnier. Michel
restée en hausse (5,5 %)
Brisson est là, dès 1983, quand
grâce aux nouvelles activités
la soficar, une société
d’e-commerce regroupées
spécialisée dans la production
autour de l’entité L4 Logistics
de fibres de carbone pour les
(+ 45 %). éric sarrat est un
composites aéronautiques, est
libéral affirmé, n’hésitant pas
créée à abidos, près de Lacq
à pourfendre les interdits.
(Pyrénées-atlantiques).
Comme en 2008, lorsqu’il
d’abord directeur industriel,
propose 1 000 euros aux
il prendra la tête de ce
salariés de tarnos (qui
joint-venture entre le japonais
assurent la logistique de
toray (70 %) et elf aquitaine
turbomeca), pour qu’ils
(aujourd’hui arkema).
renoncent à une grève. il s’est
Malgré les soubresauts que
fait le spécialiste du « lease
connaît le secteur, ce passionné
back social » (reprise de
de littérature et de musique
personnel) et de la logistique
classique tient le cap. et n’a eu
dédiée sur site industriel
de cesse de trouver de
(thyssenKrupp sofedit,
nouveaux marchés pour ses
Hutchinson…). depuis
fibres : automobile, éolien,
deux ans, il multiplie les
câbles… après un passage à
chantiers lean avec Ratier
vide, la soficar (qui fournit
Figeac, Quiksilver ou L’oréal.
airbus et Boeing) prévoit un
normal pour celui s’affirmant
chiffre d’affaires de 170 millions
sans retenue comme un
d’euros en 2011, pour un effectif
« agitateur d’idées ». o. C.
de 315 salariés. Ce X-Pont se
définit comme « un homme de
ExEQUIEL cano Lanza terrain ». il ne renie pas non
PDg d’ecla plus un goût pour la spiritualité
né à Buenos aires en 1971, et fait partie de la Fraternité
cet architecte naval a dirigé le blanche universelle, « un
bureau d’études de Couach. enseignement philosophique
situé entre le christianisme et le
après la faillite du chantier, fort
de quinze ans d’expérience bouddhisme ». Âgé de 69 ans,
Michel Brisson s’apprête à
dans le nautisme, il crée son
cabinet de design et laisser les rênes de la soficar
ces prochains mois.
d’architecture navale Cano
Lanza Yacht design en 2010.
39
les défricheurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

régIS LELong fabIEn

PDg de baUmann
laurence Dumont PDg de Plastinov
Cet ex-L’oréal s’est
offert en 2006 la
PMe lot-et-garonnaise
Laurence dumont,
spécialisée dans les
parfums et les produits Un pari audacieux.
d’épilation. depuis, la Lorsque Fabien
marque s’est hissée à Baumann reprend
la troisième place de Plastinov en 2007,
son marché en GMs la société de samazan
et est le numéro un des (Lot-et-Garonne) est
produits épilatoires bio. spécialisée dans les
il aura investi plus de capots de chariots
2 millions d’euros dans élévateurs en
des bâtiments sur composites. il opère
l’agropole d’agen, alors un virage à
regroupant l’usine, la 180 degrés et mise sur
R & d et la logistique. l’éolien, d’abord onshore
« 2011 sera l’année de et bientôt offshore.
la croissance externe », À force d’embauches
assure-t-il, en voulant et de formations, la
peser davantage dans entre mer et montagne.
PMe a plus que doublé
les négociations avec son chiffre d’affaires
les distributeurs. en 2010 (2,5 millions
d’euros), avec une
frédérIc baSSE, DG de rip Curl europe, président d’eurosima quarantaine de salariés.
chrIStIan brEt
sURFeUR entRePReneUR
L’éolien pèse 70 %
PDg d’aeC Polymers des ventes du groupe
Cet ingénieur de et de ses trois usines de
l’institut textile et Il travaille à l’émergence du Centre cultu- des générations de Californiens et d’Aus- samazan, Marmande
chimique de Lyon se et Blanquefort.
rel du surf, qui devrait voir le jour entre traliens. Les débuts sont difficiles. Le surf
passionne pour les Côté clients, ce
colles structurales le Sud des Landes et le Pays basque n’est alors pas encore très répandu ici.
en fin d’année. « Pas un musée ni un Et la société frôle le dépôt de bilan à plu- quinquagénaire a su
destinées à séduire edF, vergnet
l’aéronautique, Disneyland du surf », précise Fréderic sieurs reprises. « Personne n’y croyait ».
ou astrium, avec qui il
l’automobile et le Basse, le président d’EuroSima. Ce clus- à force de courage et de passion, la s’est associé. Une belle
nautisme. À 51 ans, ter des industriels européens de la glisse petite entreprise « s’est développée pour réussite pour ce battant,
il entend devenir un est implanté à Capbreton (Landes) et réaliser 100 millions d’euros de chiffre dont le parcours débute
opérateur clé sur ce regroupe 107 entreprises. d’affaires, avec 250 à 300 salariés selon dans les années 1970,
segment. sa PMe, Depuis tout petit, cet homme de 51 ans, les saisons, tous animés de la même par un apprentissage
créée en 2003, emploie né en Afrique, vit une passion dévorante passion », précise Frédéric Basse. sur le tas dans la
22 salariés au Barp. il fabrication de planeurs.
pour le surf. à 12 ans, il apprivoise les Parallèlement à son statut d’entrepre-
vient de développer saF, il enchaîne les
une colle méthacrylate premières vagues en Aquitaine. Il parti- neur, il continue la pratique du surf et
cipe ensuite régulièrement à différentes du windsurf de haut niveau. En 2002, expériences dans les
résistante et souple, à composites : comme
réticulation rapide, compétitions sportives et contribue il entre définitivement dans la légende,
technicien, puis
ciblant notamment les même à en créer, comme les Nuits de en étant le premier avec cinq compères à directeur de la filiale
pare-brise. il vise 30 % la glisse. Jusqu’à décrocher le titre de surfer sur la vague mythique de Belharra, française du britannique
de croissance en 2011 champion de France de surf en 1978. face à Saint-Jean-de-Luz. aerovac. Une expérience
et investit 6 millions Un bac C, puis un DUT technico com- « La raison d’être de nos entreprises, qui le portera aussi à la
d’euros dans un mercial en poche, Frédéric ou plutôt c’est qu’il y a du surf et la montagne à présidence du centre de
nouveau site. « Fred » Basse, devient vite le représen- deux heures: ça correspond à notre style formation C2t, dédié
pHOtOs : suD Ouest, D. r.

tant de Quiksilver et de Rip Curl. Puis
décide de cofonder, avec François Payot,
la filiale européenne de Rip Curl en 1983,
qu’il installe à Hossegor (Landes). Objec-
tif : lancer un sport ayant déjà conquis
de vie. Des gens qui surfent le matin et aux grandes pièces
viennent travailler les cheveux mouillés», éoliennes, créé il y a un
souligne-t-il. Une philosophie qu’il veut an à Blanquefort. o. J.
justement mettre en avant dans le Centre
culturel du surf. ❚❚ a. C. et C. g.

40

JEan-marc gaUchEr, pDG de Repetto
rEDrESSEur
DE BALLErinES
Il clame que ce ne sont pas
les pouvoirs publics qui l’ont
retenu à Saint-Médard-d’Ex-
cideuil (Dordogne). à la tête
de Repetto, société mythique
de chaussons de danse et de
ballerines, Jean-Marc Gaucher,
58 ans, n’est pas du genre à
faire des ronds de jambe aux
politiques. à l’étroit, l’usine
périgourdine a failli déména-
ger. Mais «sa responsabilité»
envers les 150 salariés l’a rete-
nu. Quelque 3 millions d’euros
seront injectés dans l’extension
du site (plutôt secret), dont la
capacité doublera à 7000 paires
par jour. Et 150 salariés de plus
l’usine nouvelle i supplément au n° 3241 i 26 mai 2011
vont y être embauchés d’ici à
quatre ans. Pas mal pour l’auto-
didacte qui a quitté l’école à
15 ans, fut apprenti en électro-
nique, preneur de son à TF1,
avant de devenir le PDG de
Reebok France.
En 1999, il acquiert Repetto au
bord du dépôt de bilan et mise
tout sur le haut de gamme et
le made in France. La société
progresse de 25% par an avec
un credo: «Une marque de luxe
mondiale, avec des produits ex-
clusifs». Au menu, l’ouverture
de boutiques, la maroquinerie,
le prêt-à-porter, sans oublier
l’e-commerce. ❚❚ C. G.
les défricheurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
PaScaL JogUEt
Directeur général
de stantum
Le fondateur de
JazzMutant, devenu
Stantum, est un
visionnaire. Avec
Guillaume Largillier, il
crée en 2002 sa société
pour développer une
technologie d’écran
multitouche. En 2005,
il lance le premier
produit commercial :
une table programmable
pour la musique, utilisée
par Björk et Daft Punk.
Sa technologie reconnaît
jusqu’à dix doigts
simultanément et
fonctionne avec
D.R.
il a sauvé Repetto en misant sur le haut de gamme des écrans résistifs.
et le made in France.
41
 les défricheurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

StéphanE LULL, pDG d’epsilon Composite

ConQUéRant dU CoMPosite
Surfer audacieux sur les vagues de la
côte basque, Stéphane Lull, 49 ans,
baigne depuis sa tendre enfance dans
les composites. Rapatrié d’Algérie, son
père crée son entreprise d’artisanat. Le
fils attrape le virus de ces matériaux
d’avant-garde. Après des études dans
le domaine des matériaux composites
à Bordeaux, il crée Epsilon Composite
stéphane lull
espère qu’un jour
les composites
détrôneront
l’aluminium.
en 1987 à Gaillan-en-Médoc. «J’ai dû
lui expliquer le B.A.-BA de la gestion»,
explique Frédéric Quenepoix du cabi-
net Audial, son expert-comptable qui
l’accompagne depuis toujours.
Visionnaire, cet admirateur du Japon
(où il a une filiale et fait des affaires)
flaire les atouts de la région pour ses
futurs produits en fibres de carbone
et autres époxy. Son idée: appliquer le
procédé par pultrusion (technique de
formage par extrusion) à ces matériaux
high-tech et démocratiser la fibre de
carbone. Pari tenu vingt-cinq ans après,
avec les deux filiales d’Epsilon. La filiale
Pultrusion concerne des applications
de ses semi-produits dans l’aéronau-
tique, l’énergie, l’automobile… La filiale
Rollers est, elle, spécialisée dans la
fabrication de rouleaux pour les impri-
meries ou l’électronique grand public.
Une diversification réussie. Ces pièces
montées pèsent la moitié du chiffre
d’affaires, soit 20 millions d’euros.
Mais ce n’est pas fini. Stéphane Lull et
son équipe bouillonnent d’idées. Une
troisième filiale, Epsilon Air, verra bien-
tôt le jour en partenariat avec Airbus. Le
tonnage de fibres de carbone consom-
mées va exploser de 300 à 1000 tonnes
dans les cinq ans. Explication du spé-
cialiste: «L’éolien rattrape peu à peu
l’aéronautique. Et les composites, dont
le prix a été divisé par trois en vingt-
cinq ans, détrôneront peut-être demain
l’aluminium. » Bientôt l’histoire se
répétera dans la famille Lull. L’aînée
de ses deux enfants, 22 ans, multiplie
les masters. Dans les composites, bien
sûr. ❚❚ Mirel sCHerer

Et aUSSI…

xavIEr morvan
PDg d’eBC Medical
Grâce à lui, les lunettes aussi se font
virtuelles. Ce diplômé en physiologie
de l’œil a fondé eBC Medical en 2002,
un spécialiste de la distribution de
matériel de réfraction, de chirurgie
et de diagnostic ophtalmologique.
en 2009, l’entreprise francilienne a
ouvert un centre de R & d, le vision
innovation center (viC), à la Cité de
la photonique de Pessac. au cœur du
pôle Route des lasers, une vingtaine
pHOtOs : D.r.
JEan-YvES grandIdIEr
Président du cluster
aquitaine Wind industry
Le fondateur du producteur
l’un des pionniers du secteur, est
depuis la mi-décembre président de
l’aquitaine Wind industry cluster.
Cette association soutenue par le
Conseil régional et la CUB vise à attirer
des fabricants de composants
d’éoliennes, à favoriser l’exportation,
à développer les compétences en R & d
et l’emploi de la filière. outre valorem,
eads astrium, Plastinov, Lectra,
epsilon ou arkema comptent parmi
les fondateurs. en parallèle, ce
« Gadzart » de 53 ans ne chôme pas : il
dEnIS wargnIEr
PDg de Bil toki
Fort de quinze ans chez Cacharel
avant d’être le directeur commercial
de Rodier, denis Wargnier lance sa
propre marque en 1997. son concept ?
Faire de 64, le numéro des Pyrénées-
atlantiques, une marque de
vêtements. associés à un design et
à de vives couleurs évoquant le pays
basque et le sport, les tee-shirts et
les chemises au 64 cerclé font fureur.
denis Wargnier se refuse à la

d’ingénieurs appliquent à l’optique les
technologies de la réalité augmentée.
d’électricité verte valorem installé
à Bègles croit dur comme fer au
potentiel de l’éolien : « L’éolien
terrestre est rentable et a de beaux
jours devant lui. » Fort de ses
convictions, Jean-Yves Grandidier,
poursuit le développement de valorem
avec ses 115 salariés en France, en
europe de l’est ou en afrique. et vient
de nouer un partenariat dans le solaire
avec exosun, une autre société
bordelaise spécialiste du tracking.
publicité, au profit d’un autocollant
apposé à l’arrière des automobiles,
et s’appuie sur ses vingt boutiques,
contre dix il y a cinq ans.

42

ulrich chOFFlet / rea
La r&D, c’ESt IcI!
C arton plein ou presque : sur huit projets de labo-
ratoires d’excellence (Labex) déposés dans le
cadre du programme Investissements d’avenir,
l’université de Bordeaux en a décroché cinq. Ils couvrent
un spectre diversifié : semi-conducteurs organiques, cer-
veau, imagerie médicale ou encore écosystèmes. Manuel
Tunon de Lara, le président du Pres (le pôle de recherche
et d’enseignement supérieur), savoure : «Cette reconnais-
sance est le signe de la qualité des travaux, mais aussi de
la mobilisation de la communauté universitaire. » Dans le
volet équipement d’excellence, l’Aquitaine a également été
sélectionnée sur cinq projets.
Au conseil régional – qui va fusionner cette année
l’agence régionale de l’innovation Innovalis et l’agence
aquitaine de développement industriel 2ADI pour
davantage d’efficacité –, on ne se prive pas de rappe-
ler que la R & D représente 11 % du budget, contre
seulement 3,5% en moyenne dans les autres régions.
«L’objectif est de pérenniser des activités historiques
et de prioriser des axes sur des filières émergentes »,
l’usine nouvelle i supplément au n° 3241 i 26 mai 2011
les innovateurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
Élimination
des rameaux
indésirables,
au laboratoire
eGFv, qui étudie
le stress
hydrique des
plants de vigne.
note Thibaut Richebois, le directeur de la recherche et
de l’enseignement supérieur à la Région.
Parmi les atouts aquitains en termes de matière grise,
on compte l’aéronautique, via les grands groupes et
la DGA, l’énergie (Total, à Pau) et le vin. Ainsi, après
des années d’efforts entre les partenaires régionaux
et 25 millions d’euros injectés, l’Institut des sciences
de la vigne et du vin, près de Bordeaux, a été mis sur
pied en 2009. Il regroupe plus de 150 scientifiques et
200étudiants. Dans les filières émergentes, l’Aquitaine
veut capitaliser sur l’implantation du laser Mégajoule.
Il faut compter aussi, en matière d’innovation, avec les
centres de ressources technologiques, comme Rescoll
(collage), Agrotec ou Compositadour.
Reste une faille : le petit nombre d’écoles d’ingé-
nieurs. Pour développer les effectifs, il faut accroître
les capacités d’accueil des écoles existantes ou en
susciter de nouvelles. Attiré par la filière laser, l’Institut
d’optique graduate school va justement implanter une
antenne à Bordeaux dès 2012. ❚❚ Colette Goinère
43
 les innovateurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

gEorgES hadzIIoannoU, enseignant-chercheur à l’université Bordeaux 1

Il veut rÉInventer l’ÉlectronIque

Sous ses airs tranquilles, c’est un
brillant chercheur, doublé d’un véri-
table globe-trotter. Né en Grèce il y a
58 ans, auteur de nombreuses publica-
tions et brevets, Georges Hadziioannou
travaille sur les composants électro-
niques organiques souples, ces poly-
mères semi-conducteurs qui, demain,
concurrenceront l’électronique actuelle
Strasbourg. Titulaire d’une maîtrise en
Grèce, il passe son doctorat en Alsace
en 1980. Puis, direction la Silicon Val-
ley où il sera chercheur pour IBM. De
retour en Europe, devenu professeur
à l’université de Groningue aux Pays-
Bas, il y dirige le Materials Science
Center de 1997 à 2000. Celui qui a
publié 18 brevets cofonde deux start-
up. En 2007, il obtient le Humboldt
Research Award et le prix Pierre Süe
de la Société française de chimie.
Georges Hadziioannou est arrivé au
Laboratoire de chimie des polymères
organiques en 2009, dans le cadre de
la chaire d’excellence matériaux fonc-
tionnels avancés, financée par Arkema
et le conseil régional. Professeur à Bor-
Son credo, deaux 1 et membre senior de l’Institut
remplacer
le silicium. universitaire de France, il coordonne le
projet de plate-forme technologique
ELORPrintTec, dédiée aux dispositifs
au silicium. Leur flexibilité multipliera et aux systèmes organiques impri-
leurs utilisations et les débouchés : mables. Leurs propriétés et procédés
e-journaux effaçables, puces RFID de fabrication agrégeront 250 cher-
imprimables, vitrages et peintures cheurs et plusieurs industriels. Elle a
photovoltaïques… reçu le label Equipex dans le cadre du
Avant de poser ses valises à Bordeaux grand emprunt. La dotation de 9 mil-
en 2009, Georges Hadziioannou diri- lions d’euros servira à expérimenter
geait l’École européenne de chimie les semi-conducteurs de demain à une
polymères matériaux de l’université de échelle préindustrielle. ❚❚ ColetteGoinère

Et aUSSI…

JoSé aLcorta LaUrEnt pIErrE caLLEJa érIc mottay

Gérant et fondateur de rescoll
À Pessac, José Alcorta
est une figure. ce
chimiste d’origine
basque espagnole a
créé, en 2001, une PMe
développant une colle industrielle…
qui se décolle. rescoll, labellisé centre
de ressource technologique, emploie
30 personnes et multiplie les
partenariats dans l’aéronautique et
les composites. le parcours de José
D.R. ; ESCHER RoDolpHE
boUrgIttEaU-gUIard
Directeur général de Snapp
S’il est un marché porteur, c’est bien
celui des applications destinées aux
téléphones mobiles. Passé par BeM,
laurent Bourgitteau-Guiard, 36 ans,
l’a bien compris. Avec l’entrepreneur
en série Jean-Michel Parot, il a
cofondé Business Anywhere en
2005 à Pessac (Gironde). Il vient de
persuader des financiers d’investir
1,3 million d’euros dans l’entreprise,
Fondateur de Fermentalg
À 49 ans, cet
ex-chercheur à
l’Ifremer vient de lever
5 millions d’euros
auprès de financiers,
du ceA et de la région pour ses
recherches préindustrielles sur les
micro-algues « hétérotrophes »,
poussant sans lumière. cultivées en
système fermé, elles afficheraient des
rendements exceptionnels pour
PDG d’Amplitude Systèmes
Beau parcours pour ce navigateur
chevronné de 47 ans. Après une
quinzaine d’années dans l’industrie
du laser, le diplômé de Supoptique
Paris lance avec des partenaires sa
société, Amplitude Systèmes, en
2001. celle-ci innove avec ses propres
sources femtosecondes (10-15)
de forte puissance. Pari réussi pour
la PMe de 60 personnes, qui s’ouvre
à de nouveaux marchés et dont les

Alcorta, 45 ans est original. Il a vendu
des glaces pendant sept ans à son
arrivée en France pour payer ses
études. Puis, bac à 28 ans, avant de
décrocher un diplôme de chimiste.
qui au passage change de nom et
devient Snapp. Aujourd’hui, elle
développe une « app » mobile pour
les cartes de fidélité et a déjà séduit
cofinoga ou rueducommerce.com
produire des molécules vouées à la
nutrition aquacole voire, demain, à la
santé, la chimie ou aux biocarburants,
assure ce spécialiste de l’aquaculture.
l’unité pilote est installée à libourne.
solutions sont utilisées dans les
semi-conducteurs, la chirurgie de
l’œil et les implants.

44

danIEL choQUEt, directeur de l’institut de neurosciences à Bordeaux segalen
LA gROsse tête Du CeRVeAu
Le 21 juin, il marchera dans les
pas de sa mère, Yvonne Choquet-
Bruhat. Cette mathématicienne fut
en 1979 la première femme élue à
l’Académie des sciences. à 49 ans,
Daniel Choquet fera son entrée à la
docte institution où il a été élu en
novembre. Une belle récompense
pour ce neurobiologiste, spécialiste
de l’imagerie nanoscopique et de la
dynamique des récepteurs dans les
neurones. Directeur de recherche
CNRS à Bordeaux, où il a créé en
2002 une plate-forme d’image-
rie cellulaire le Bordeaux Imaging
Center, il pilote l’Institut interdis-
ciplinaire de neurosciences (UMR
CNRS université Bordeaux Victor
Segalen). Intégré au Neurocampus,
cet IINS regroupera une centaine de
l’usine nouvelle i supplément au n° 3241 i 26 mai 2011
les innovateurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
sciences), Daniel Choquet a fait
un parcours sans faute. Ingénieur
de Centrale Paris, il soutient une
thèse en pharmacologie et neu-
rosciences à Pasteur et intègre le
CNRS. Ses travaux lui valent la
médaille de bronze en 1990 (il aura
celle d’argent en 2009).
Après un séjour aux États-Unis à
Duke, ce parisien marié à une cher-
cheuse en biochimie du cerveau
d. R.
rejoint Bordeaux. Il fonde avec son
son projet Brain fait partie des nouveaux ami Christophe Mulle le Labora-
laboratoires d’excellence (labex). toire de physiologie cellulaire de la
synapse et publie dans les revues
chercheurs en chimie, en biologie, «Nature » et « Science ». Avec son
en informatique ou en physique. équipe, il s’attache maintenant à
Né de parents tous deux cher- comprendre le rôle des récepteurs
cheurs de haut vol (son père Gus- dans les maladies neurodégéné-
tave fut aussi académicien des ratives. ❚❚ C. G.
dIdIEr pInEaU
Directeur général
d’europlasma
Cet ingénieur en
mécanique de 52 ans a
mis au point les torches
à plasma industrielles
au sein d’Aérospatiale
Matra il y a vingt ans.
Depuis, il multiplie les
développements et
continue d’innover :
de la vitrification des
cendres d’incinérateur à
son dernier projet CHO
Power. Mais il regrette
que la région ne se dote
pas d’un super VRP qui
irait draguer des projets
à l’international. « Il
faut plus d’ambition »
assure t-il.
45
 les innovateurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
vIncEnt
dUpoUrQUé
Président de
robosoft
Installé à Bidart, sur la
technopole d’Izarbel,
cet ingénieur de l’utc
compiègne développe,
dans cette entreprise
de 30 personnes,
une gamme de robots :
assistance aux
personnes âgées,
échographie
automatisée ou
petits véhicules sans
chauffeur. vincent
Dupourqué, 53 ans, a
créé robosoft en 1985,
après avoir travaillé à
l’Inria. Il a levé des
fonds et mène de
nombreux partenariats,
dont l’un, conclu fin
2010 avec l’américain
Hoaloha robotics.
JacQUES tortoS
Directeur de nobatek
Il a eu du flair lorsqu’il a
intégré nobatek à sa
création en 2004.
Bien avant le Grenelle
de l’environnement,
Jacques tortos s’est
engagé dans ce centre
de ressources
technologiques sur la
construction durable,
initié par la profession
du BtP. cet ingénieur
chimiste, passé par
l’agroalimentaire
(chupa chups, dont
il dirigea le site de
Bayonne avant sa
DautiGnY RapHaël / SuD ouESt
fermeture), pilote
35 ingénieurs, docteurs
et techniciens à Anglet
(Pyrénées-Atlantiques)
et à talence (Gironde)
depuis l’intégration de
l’Écocampus en 2009.
46
thIErry rEnard
Chef d’établissement
du centre de
recherche total à Pau
l’homme n’est pas
géologue, ni même
ingénieur… Pourtant,
depuis 2008, il pilote
le centre scientifique
et technique Jean-
Féger (cStJF) de total
à Pau. « le cStJF n’est
pas seulement dédié à
la r & D, c’est aussi un
centre stratégique pour
la branche exploration-
production. la nasa du
Pilote de la future plate-forme Canoë sur les nanomatériaux, il dirige une chaire sur le sujet à l’enSCPB. pétrole » s’amuse-t-il.
c’est à peine exagéré :
total possède là un
patrIcE gaILLard, responsable de projets R & D d’arkema campus de 26 hectares,
employant
le cHAMPIon DeS nAnotuBeS 2 300 experts dans les
géosciences et la quête
De cArBone des hydrocarbures
toujours plus profonds.
D’ailleurs, c’est grâce au
Patrice Gaillard peut être fier. Sans lui, de recherche. Il a enchaîné les postes de centre qu’est né le pôle
l’usine pilote de nanotubes de carbone directeur de recherche et de responsable Avenia. cet économiste
que le groupe Arkema s’apprête à démar- d’équipes durant les multiples restructu- de l’énergie de 48 ans,
qui a fait son troisième
rer sur son site de Mont (Pyrénées-Atlan- rations de la chimie française, de la fusion
cycle à l’IFP, a
tiques) n’aurait peut-être pas vu le jour entre Orkem et Atochem à la création
bourlingué au canada,
aussi vite. Ce responsable de projets de d’Elf Atochem et d’Atofina, pour finir par au nigeria et en
recherche a posé les bases de l’industria- la naissance d’Arkema en 2004. Syrie, souvent chargé
lisation de ces matériaux prometteurs dès Ce parcours lui a permis de maîtriser les de questions
le début des années 2000. Avec l’instal- cultures de grands groupes et un panel administratives et de
lation de Mont, qui vise 400 tonnes par de technologies lui offrant une autonomie ressources humaines.
an, et le centre de R&D d’Arkema à Lacq, et un réseau hors du commun. Autant le grand projet de
2011 pour lui, c’est
il ambitionne de faire de l’Aquitaine le fer d’atouts qui expliquent son rôle de cofon-
la multiplication par
de lance des nanomatériaux. dateur en 2009 de la future plate-forme
Pour y parvenir, il a su activer son vaste Canoë, qui planchera sur les matériaux onze de la puissance du
supercalculateur actuel,
réseau, fruit de près de quarante ans composites et l’électronique organique.
affichant 530 téraflops
d’échanges et d’expériences. « Je suis à Pessac, elle rassemble une vingtaine de sur la balance. Des
un homme des matériaux », résume partenaires institutionnels, académiques travaux conséquents
plein de verve ce sexagénaire. Diplô- et industriels, dont la région et l’Institut sont prévus comme
mé de l’École nationale supérieure de polytechnique de Bordeaux. « L’intérêt l’ajout d’une ligne eDF.
chimie de Mulhouse (Haut-Rhin) au est de mutualiser les équipements pour ce sera sans doute,
début des années 1970, Patrice Gaillard que l’économie locale, et notamment les avant sa mutation, l’un
des derniers chantiers
enchaîne avec une thèse sur les polysty- PME, puissent y accéder », résume-t-il.
de ce kayakiste, qui
rènes nanostructurés. Il poursuit sa route Pour les chevaux de course, son autre
comme ingénieur de recherche au sein de passion, Patrice Gaillard se contente de aura bien profité des
gaves pyrénéens. l. D.
Charbonnages de France Chimie, devenu courir les hippodromes de la région le
Orkem, où il sera responsable de groupes week-end. ❚❚ olivier JAmeS
 les innovateurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

JEan-LoUIS bLoUIn, président du pôle de compétitivité Route des lasers

l’œIl De BorDeAux
Il adore crapahuter jusqu’aux plus
hautes cimes et gravir les sommets
de l’innovation. Pourtant, ce sont ses
caméras qui furent les premières à
fixer les images de l’épave du Titanic
au fond de l’océan en 1985.
Jean-Louis Blouin, 59 ans, est surtout
un entrepreneur infatigable à la fibre
citoyenne. Sa devise, «l’économie doit
« l’économie
doit servir aux
hommes », explique
cet adepte de la
qualité.
servir aux hommes ». Il consacre un
tiers de son temps à dynamiser le tissu
industriel régional, à communiquer
l’envie d’entreprendre aux jeunes,
à nouer des contacts avec l’univer-
sité ou à promouvoir le numérique.
Président du pôle de compétitivité
Route des lasers (Bordeaux) depuis
juillet 2010, il veut en faire l’un des
cinq premiers centres mondiaux du
laser. Diplômé de l’Insa Toulouse,
ce fou de technologie débute sa car-
rière à l’Aérospatiale au début des
années 1970, avant de passer par
l’IAE de Bordeaux où il rencontre son
compagnon de l’Aérospatiale, Alain
Ricros, avec lequel il fonde I2S en
1979. C’est l’entente parfaite. « C’est
un homme d’une droiture absolue. Il
a une idée intéressante tous les quarts
d’heure et n’hésite pas à se remettre
en cause », juge son alter ego.
En 1985, les actionnaires demandent
« du volume ». Cet adepte du qualita-
tif rétorque qu’il ne sait pas faire et
décide alors de claquer la porte. Un
intermède durant lequel il met au
point l’un des premiers systèmes de
CFAO dentaire.
Huit ans plus tard, I2S traverse une
passe difficile. Jean-Louis Blouin est
rappelé à la rescousse et devient en
1997 son directeur général. Déve-
loppement commercial et innovations
en cascade remettront à flot la pépite
française. Aujourd’hui, ses scanners
pour la numérisation des livres s’il-
lustrent dans des projets collaboratifs.
En attendant des appareils pouvant
lire des livres fermés. ❚❚ mirel SCherer

Et aUSSI…

domInIQUE SEntagnES
PDG de l’Électrolyse
c’est une figure de l’industrie
girondine. Dominique Sentagnes,
64 ans, dirige plusieurs sociétés,
dont l’Électrolyse, qui va s’agrandir à
latresne (Gironde). Active notamment
dans l’aéronautique, cette société
spécialisée dans le traitement de
surface s’est vue décerner le prix
européen « Best of the best life
environnement » dans un projet
collaboratif innovant sur le recyclage
des catalyseurs usés. Président
du port de Bordeaux de 2005 à
pHotoS : D.R.
bEnoît appErt-coLLIn
Directeur d’Alphanov
À 37 ans, Benoît Appert-collin a vécu
plusieurs vies. Diplômé de l’École
supérieure d’optique de Palaiseau
en 1996, il intègre Photenetics
route des lasers. Début 2007, ce père
de trois enfants devient le directeur
du centre technologique optique
et lasers Alphanov. Il en fera un
« amplificateur technologique ».
la preuve avec les six start-up nées
et spécialisées dans la métrologie
ou le médical, qui exportent 80 %
de leur production. D’autres sont
dans les starting-blocks comme
Innoptics et ses lasers de puissance
à diode améliorant le soudage
des plastiques, ou encore µquans
pour ses instruments à atomes
froids qui pourraient révolutionner
la prospection pétrolière.
EmmanUEL martIn
Gérant du chantier naval
Dubourdieu
en reprenant, voilà une décennie,
Dubourdieu, un fabricant de bateaux
de pêche fondé en 1900, emmanuel
Martin avait promis de continuer
l’activité des traditionnelles pinasses.
c’est par une innovation qu’il vient
de se distinguer aujourd’hui.
le chantier de Gujan-Mestras a
décroché la fabrication du Greenboat,
un bateau à motorisation hybride
inédit voué à la traversée du bassin.
qu’on se rassure : cet œnologue,
diplômé en gestion et ex-champion

2009, cet ingénieur en géophysique (Gn nettest). une expérience

avait défendu le projet de terminal industrielle qu’il mettra à profit à lumineux. m.S. de funboard de 49 ans, perpétue
méthanier du verdon. l’Agence Aquitaine de développement toujours la tradition du chantier.
industriel (2adi), ainsi qu’au pôle

l’uSine nouvelle i SupplémEnt au n° 3241 i 26 mai 2011 47

 les innovateurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE

mIchEL haïSSagUErrE, chercheur (inserm) et professeur de cardiologie à l’hôpital Haut-lévêque de pessac

AS De cœur
Reconnu internationalement, ce car-
diologue est à l’origine de découvertes
majeures dans les troubles du rythme
cardiaque. Ses recherches scien-
tifiques et cliniques sur les fibrilla-
tions auriculaires et ventriculaires,
responsables des morts subites qui
affectent 350000 personnes chaque
année en Europe, font référence depuis
il a reçu le prix Louis-Jeantet, l’une
des distinctions les plus prestigieuses
d’Europe.
Ce scientifique de haut vol, qui s’en-
toure d’une équipe ultra-spécialisée,
est aussi un homme de projets. Il porte
le futur Institut hospitalo-universitaire,
l’un des six venant d’être sélectionné
dans le cadre du Grand emprunt. à
savoir, Liryc, l’institut de rythmologie
et de modélisation cardiaque : «Une
structure de niveau mondial dans le
domaine des dysfonctions électriques
cardiaques, pour avancer dans le dia-
gnostic et la thérapeutique», résume-
Avec plus de
400 publications, t-il. Liryc recevra une dotation de l’État
ses travaux ont de 45 millions d’euros sur un budget de
donné lieu à quatre 100 millions. L’institut regroupera des
brevets innovants compétences de rang international en
aux États-unis
et un en France. cardiologie, imagerie et modélisation,
en partenariat avec des industriels.
Localisé à l’hôpital Xavier-Arnozan à
quinze ans. En dressant une cartogra- Pessac, il nécessitera l’extension de
phie du cœur, Michel Haïssaguerre, la plate-forme d’innovation biotech-
55 ans, a découvert que la source de la nologique, en grande partie financée
fibrillation auriculaire se situe non pas par la région.
dans l’oreillette, où elle se manifeste, Élu membre de l’Académie des sciences
mais au niveau des veines pulmonaires. en novembre, il sera reçu sous la cou-
Sa découverte a permis la mise au pole de l’Institut de France, le 21 juin,
point d’un traitement bénéficiant à avec un autre bordelais, Daniel Cho-
200000 personnes par an. En 2010, quet. ❚❚ Colette Goinère

Et aUSSI…

frédérIc conchy rEné LavErSannE entrepreneurs. Après un passage patrIck boUrLEt

Président et cofondateur
d’exosun
Détenteur d’une quinzaine de brevets,
cet infatigable inventeur sait qu’avec
un bon concept, il est possible d’aller
loin. cofondateur d’exosun en 2007,
l’homme croit à ses panneaux solaires
à concentration, équipés de trackers.
CHu-BoRDEaux ; Yann BuanEC JDE33
Président chez ceva en mars 2010, Gérant de PBo Design
de Syneliance il a fondé Syneliance, une société ce diplômé de l’École supérieure de
un scientifique d’aide à l’innovation et à la design industriel a fait ses armes
fait parfois un bon recherche de financement, qui durant cinq ans, comme designer
entrepreneur. compte déjà dix salariés. dans une société de mobilier urbain.
c’est le cas Il est également actif au sein du en 1996, il saute le pas et fonde, à
du chimiste rené fonds Galia venture et préside Bayonne, l’agence de communication
laversanne, passé par l’École Aquitaine amorçage, une structure produits PBo Design. cet ex-joueur

le principe : les installations suivent
la course du soleil, accroissant jusqu’à
30 % la production. la société de
Martillac, en Gironde, a 100 MW de
projet en construction en France et vise
maintenant le marché américain pour
concevoir, construire et maintenir des
centrales.
normale supérieure et titulaire
d’un doctorat obtenu à Bordeaux.
Après onze ans au cnrS, il quitte
son laboratoire pour créer,
en 1994, capsulis, une entreprise
spécialisée dans la micro-
encapsulation, aujourd’hui
en sommeil. Son expérience,
rené laversanne, 54 ans, a décidé
d’en faire profiter les
créée par la région et la caisse
des dépôts attribuant des prêts
d’honneur. Élu municipal de Pessac
sur une liste PS, il est adjoint au
maire chargé… du développement
économique, bien sûr.
de basket francilien s’investit dans
sa région d’adoption. Il participe
activement en octobre 2010 à la
création de Silographic, qu’il préside.
ce cluster des industries créatives et
culturelles relie une soixantaine de
professionnels.

48

JacQUES JacobS, président du pôle de compétitivité avenia
Il Scrute leS ProFonDeurS
De l’AquItAIne
Faire de son pôle la référence nationale
du sous-sol profond.
Depuis sa labellisation comme pôle
de compétitivité en mai 2010, Ave-
nia a pris sa place dans le paysage
des géosciences. Le dynamisme de
Jacques Jacobs, dont l’accent néer-
landais trahit ses origines, n’y est
pas étranger. Il veut faire d’Avenia
pIEr-vIncEnzo pIazza, directeur de recherche à l’inserm
le coorDInAteur
Du neurocAMPuS
Débarqué à Bordeaux de Sicile voilà
vingt-trois ans, ce chercheur coor-
donne le projet Neurocampus qui
doit renforcer la métropole giron-
dine comme l’un des points chauds
des neurosciences. « Un engage-
ment au service des chercheurs,
l’une des dernières classes sociales
en esclavage: elle n’a aucun contrôle
et ne retire aucun bénéfice de la ri-
chesse qu’elle produit», dit-il. Situé
sur le site de l’université Bordeaux 2
près du CHU et de l’Institut Magen-
die de l’Inserm que le chercheur
dirige, le projet prévoit la mise en
route de deux nouveaux instituts.
Les 6000 m2 d’installations seront
financés pour 60 millions d’euros
SuD ouESt ; D. R.
par la région d’ici à 2014. Passionné
de philosophie et de psychanalyse,
Pier Vincenzo Piazza aborde la neu-
l’uSine nouvelle i SupplémEnt au n° 3241 i 26 mai 2011
« la référence nationale, hors Île-
de-France, du sous-sol profond (de
-1000 à -4000 mètres)». Cet ingé-
nieur de 59 ans, directeur à l’IFP,
favorise quatre axes : géothermie
industrielle, stockage souterrain
des énergies intermittentes, déve-
loppement responsable des énergies
fossiles et stockage du CO2. Avec le
tissu local, notamment Total à Pau
ou Vermilion, 3 580 chercheurs
et 125 entreprises spécialisées
gravitent autour d’Avenia. Projet à
venir ? Un démonstrateur géother-
mique dans la région de Pau pour
12 millions d’euros. Malgré ses
80 heures de travail hebdomadaire
et le temps consacré à sa famille,
Jacques Jacobs se donne aussi à sa
terre d’adoption comme conseiller
municipal de la petite commune de
Laroin. ❚❚ luDoviC DuPin
Ce Sicilien a créé Fluofarma, une start-up
vouée à la caractérisation de molécules.
robiologie lors de sa médecine à
Palerme. Il rejoint Bordeaux pour un
post-doc auprès de Michel Le Moal.
En 1989, il cosigne son premier ar-
ticle dans «Science» en abordant un
concept alors inédit de la recherche
de facteurs physiopathologiques à
l’addiction aux drogues. ❚❚ C. G.
les innovateurs
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
Et aUSSI…
phILIppE métIvIEr
Président du directoire
d’eolite Systèmes
Après avoir acquis un
savoir-faire industriel très
riche chez Sagem ou cilas, ce
diplômé de l’École de l’optique
d’orsay décide de créer en
2004 sa propre entreprise.
Associé à son copain d’école
François Salin, ce marathonien
met au point des lasers à fibres
capables d’usiner à très haute
cadence. une solution qui
remplace les moyens
mécaniques utilisés pour
découper des pièces de plus
en plus fines, comme les
cellules solaires ou les écrans
de smartphones.
rafaEL Jorda
Directeur général
de Flamel technologies
Avant de rejoindre Flamel en
1991, rafael Jorda a été à
bonne école. Durant
quatorze ans, chez rhône
Poulenc, ce diplômé de chimie
lyon s’est consacré à la
libération contrôlée et
aux biopolymères, soit les
domaines de spécialité de
la biopharmacie Flamel, cotée
au nasdaq et installée à
vénissieux (rhône) qu’il dirige
depuis 2005. Il a, depuis,
renforcé l’usine de Pessac où
la PMe produit, sur 9 700 m2,
notamment le coreg, un
médicament de GSK contre
l’insuffisance cardiaque,
modifié avec sa technologie
Micropump pour en faciliter
l’administration.
ISabELLE tErraSSE
Directrice de l’inria
Bordeaux Sud-ouest
elle souhaite réconcilier
recherche publique et
l’industrie. cette
mathématicienne et
polytechnicienne a débuté chez
thomson avant de rejoindre
l’Aérospatiale en 1996.
« J’ai commencé tout près
des produits, avant d’aller vers
l’amont », s’amuse-t-elle. À la
fin 2010, en prenant la direction
de l’Inria de Bordeaux et ses
300 personnes, elle continue
« à remonter le courant », en
cohérence avec ce parcours
atypique. Son objectif est
d’améliorer les relations entre
l’industrie, où les ingénieurs
subissent la pression de la
rentabilité, et le milieu
académique. « Il y a une marge
de progression », reconnaît-
elle. Mais les premiers mois
sont encourageants. « Moi qui
suis parisienne, à 40 ans
passés, j’apprécie la liberté dont
je bénéficie ici. J’ai de vraies
responsabilités et peux
travailler en direct avec
les partenaires locaux :
préfectures, responsables
universitaires ou collectivités. »
outre la poursuite des
nombreux partenariats
(cnrS, université…), l’un de
ses chantiers est l’extension
du centre Inria à talence
Bordeaux 1 au sein d’un
campus tIc. P. D.
49
l’entretien
LES 100 QUI font boUgEr L’aQUItaInE
« Bordeaux doit
rester un territoire
industriel duraBle »
Le maire de Bordeaux et ministre des Affaires
étrangères Alain Juppé a réveillé la métropole
aquitaine. Il s’explique sur son action économique.
ProPos recueillis Par Pierre-olivier rouaud
Qu’apporte à la ville de Bordeaux le fait d’avoir à sa tête le numéro
deux du gouvernement ?
Cette question est récurrente depuis mon entrée au gouverne-
ment! Mon souci est avant tout d’être dans l’action nationale
et internationale et j’espère que cela rejaillira sur Bordeaux
et sa région.
vos adversaires jugent qu’au plan local vous portez peu d’intérêt
aux questions économiques...
Voilà une accusation dont je ne comprends pas très bien le
sens. On peut agir ou parler. Je préfère agir, un point que j’ai
en commun avec les chefs d’entreprise. Peut-être avec trop
de discrétion, je veux bien le concéder. Lorsque je rencontre
des chefs d’entreprise – chaque semaine! –, je n’éprouve pas
le besoin de le clamer. Je voudrais rappeler quelques chiffres
qui témoignent de la vitalité de la ville et de son agglomération.
Aujourd’hui, une grande part des entreprises de l’aggloméra-
tion se situe et se crée dans Bordeaux intra-muros : en 2010,
2000 entreprises ont été créées, soit 50% du total de créa-
tions de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) et 20%
du département. Enfin, je voudrais faire référence à Ford. J’ai
personnellement suivi l’évolution du dossier et suis intervenu
au plus haut niveau dès que le besoin s’en faisait sentir. Je ne
pense pas qu’on puisse le contester, si on est de bonne foi.
Et le dossier s’oriente enfin vers un dénouement favorable.
au cours de votre mandat, Bordeaux s’est beaucoup transformé.
Quels sont vos projets à l’horizon 2020 ?
Le premier est évidemment l’Opération d’intérêt national
Bordeaux Euratlantique. C’est une opération considérable de
750 ha, partagée avec Bègles et Floirac, et construite autour
de l’arrivée en 2016-2017 de la Ligne à grande vitesse qui
nous placera à deux heures de Paris, puis trois heures trente
de Madrid et une heure trente de Bilbao. Un dossier hors
normes et enthousiasmant. Il y a les projets emblématiques,
mais aussi des politiques de fond : travail sur les filières, mise
en réseau des entreprises, identification de secteurs clés, infras-
« Le grand emprunt, combiné au plan campus et
à la réforme des universités, donne un coup
d’accélérateur au secteur université-recherche.»
50
d.r.
tructures… Nous poursuivons un maillage important de lieux
de soutien à la création d’entreprises. La pépinière éco-créative
des Chartrons est presque totalement occupée, de même que
celle, artisanale, de la rue du Port. Ce sont des outils efficaces
et pragmatiques. À court terme, un incubateur destiné à des
projets portés par des femmes verra le jour, une idée formidable
que la Ville soutient. Le tourisme est aussi un levier majeur
d’emplois et nous avons, avec la «marque» Bordeaux, une
chance extraordinaire. Nous développons le projet du Centre
culturel et touristique du Vin, prévu pour 2014. Enfin, notre
université est un sujet en soi, car nous percevons son impor-
tance dans l’attractivité du territoire. La CUB participera pour
100 millions d’euros à son développement.
le développement de Bordeaux et de la région peut-il se concevoir
sans industrie ?
Bordeaux doit rester un territoire industriel durable, même
s’il est évident que sa vocation est tertiaire. Et il faut ici dis-
tinguer la ville centre et d’autres espaces de l’agglomération,
plus adaptés aux activités industrielles. S’agissant de Bordeaux
intra-muros, l’industrie est loin d’être absente. On compte
environ 1 600 entreprises, dont CNB – construction nau-
tique – ou Saft, des entreprises de pointe. Sur l’agglomération,
l’aéronautique-défense nous place en position très favorable.
Aéroparc et Écoparc ont vocation à accueillir des industries.
avec Michel rocard vous avez été l’initiateur du Grand emprunt.
Quel bilan en tirez-vous ?
Un bilan très positif! À Bordeaux, nous connaissions l’excep-
tionnelle qualité de notre université. Les résultats des appels
à projets le prouvent. Ce n’est pas fini. Le Grand emprunt,
combiné au plan campus et à la réforme des universités, donne
un coup d’accélérateur formidable au secteur université-re-
cherche, qui avait besoin de moyens pour franchir un palier.
L’État s’y est investi très largement. Bordeaux est une université
d’excellence, c’est un fait. Nos enjeux sont de l’insérer mieux
encore dans la ville et de créer les passerelles avec l’entreprise. ❚❚
retrouvez l’intégralité de cet entretien sur usinenouvelle.fr
 En Europe,
2000 sites industriels
nous font déjà confiance

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