ÉNERGIE :
RESSOURCES, CONVERSION,UTILISATION
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Les procédés de production de biocar- modes de production actuels sont basés sur le
burants par voie humide sont actuellement reformage catalytique d’hydrocarbures d’ori-
développés suivant deux filières : les esters gine fossile comme le gaz naturel (méthane
méthyliques d’acides gras (biodiesel/additif et alcanes légers) et les gaz issus du pétrole
diesel) et le bioéthanol/additif essence. Le ou du charbon. Ces technologies éprouvées
respect de la réglementation européenne pour des applications stationnaires à large
nécessitera en 2010 une production nationale échelle (par exemple production de H2 pour la
de biocarburants de 3 Mt (soit 6 fois la produc- synthèse de l’ammoniac) requièrent aujourd’hui
tion actuelle) et européenne de 17 Mt portant un nouvel effort de recherche lié à l’émergence
sur les additifs essence et diesel. Le problème de nouvelles applications et/ou contraintes. Ainsi
du biohydrogène est aussi posé. en est-il de la conversion du gaz naturel en gaz
de synthèse (CO et H2) sur les sites d’extraction
Sur ces filières traditionnelles, la prio- (plates-formes offshore) ou la génération de H2
rité doit être mise sur le développement de comme carburant de pile à combustible pour
nouveaux micro-organismes, d’enzymes et des applications embarquées ou domestiques.
de procédés performants par intégration des Ces applications envisageables sur le court et
connaissances conventionnelles et celles moyen terme induisent des axes de recherche
amenées par les technologies de rupture post novateurs et des ruptures technologiques comme
génomiques. Des programmes, intégrant l’ingé- la miniaturisation des procédés (nouvelles tech-
nierie moléculaire (protéines/enzymes) ainsi nologies des mini- et micro-réacteurs/échangeurs,
que l’ingénierie cellulaire (micro-organismes de co-générateurs de chaleur et d’énergie électrique),
performance) et l’ingénierie de produits (valeurs ou l’ultra-purification de H2 (teneur requise infé-
d’usage) et de procédés (techniques d’élabora- rieure à 10 ppm de CO, pour les PEMFC) ou
tion), doivent être confortés en les plaçant sous des réacteurs de stockage. Comme alternative
contrôle d’écobilans et de critères de développe- au reformage d’hydrocarbures d’origine fossile,
ment durable. Les recherches de biocarburants le reformage catalytique de ressources issues de
ou additifs doivent conduire à la réalisation la biomasse (biogaz, bioéthanol, biohuiles) limite
de filières de synthèse de produits chimiques
par définition l’accroissement global du carbone
intégrant les problématiques de technologies de
atmosphérique, mais requiert un large effort de
rupture liées aux sciences du vivant : nouvelles
recherche pour développer à moyen et long
plantes et nouveaux biocatalyseurs.
terme de nouveaux procédés compétitifs avec
les procédés actuels. La production par électro-
lyse de l’eau pose, selon l’origine de la ressource
L’hydrogène électrique, le problème du CO2 (développement
de procédés de capture et de séquestration du
L’hydrogène est considéré comme un des carbone en cas d’utilisation d’énergies fossiles),
vecteurs d’énergie du futur particulièrement ou celui des déchets (cas du nucléaire). De plus,
performant. Son utilisation dans des applications l’énergie nucléaire pourrait apparaître comme une
mobiles, en particulier pour le transport terrestre, voie intéressante si la mise au point de réacteurs à
est une des clés pour son développement. Pour haute température et de procédés catalytiques de
cela, il faudra apporter des réponses scientifiques thermolyse de l’eau était engagée sérieusement.
et technologiques à trois problèmes principaux : Reste à évoquer les cycles thermochimiques
la maîtrise de la production, du stockage et de qui présentent aujourd’hui un vaste éventail de
la conversion en énergie dans des conditions températures opératoires. Outre le reformage à
économiques acceptables. partir de la biomasse, d’autres contributions des
EnR à la production de H2 pourraient être envi-
Son développement nécessitera une forte sagées, comme l’utilisation de l’énergie solaire
évolution vers des modes de production concentrée, ou encore des bioprocédés en cours
durables et une augmentation considérable d’exploration : biophotocatalyse et réacteurs
de cette production en terme de volume. Les biomimétiques associés.
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EnR à apport intermittent, conduisent à des aux composants électrochimiques qu’il est
problèmes de raccordement à grande échelle, nécessaire de perfectionner en matière de
d’augmentation et de suivi du trafic, de conges- capacité volumique, durée de vie, recycla-
tion des réseaux et de viabilité économique bilité, performances et coût. D’autres solutions,
des développements envisagés, elle-même telles que le stockage inertiel ou le stockage
contrainte par l’acceptabilité des implantations. électromagnétique, de plus faible énergie volu-
Un effort particulier doit être envisagé pour mique, mais dont la cyclabilité potentielle est
résoudre le problème du stockage de manière plus élevée, devront également être envisagées.
économique et adaptée aux usages requis. Comme pour la plupart des autres aspects, ce
domaine du stockage nécessitera d’importantes
L’accroissement inévitable de la produc- études sur les matériaux.
tion d’énergie décentralisée et la transfor-
mation de l’énergie électrique en un produit L’autonomie de certains équipements
marchand vont nécessiter la construction mobiles et de microsystèmes nomades,
de nouvelles méthodologies de pilotage, de alimentés par des piles, pourrait être augmentée
gestion, de surveillance de la production et des par l’utilisation de microsources d’énergie.
réseaux, ainsi que la conception de nouvelles Pour un usage faible, l’utilisateur peut servir lui-
structures matérielles capables de répondre même de source primaire d’énergie. Ainsi, des
à la dynamique correspondante. Les travaux recherches doivent porter sur des matériaux
de recherche devront faire intervenir de fortes aux propriétés électromécaniques ou ther-
composantes informatiques et automatiques, moélectriques adaptées pour les systèmes de
tandis que les architectures des systèmes de conversion de quelques watts. Pour des puis-
production décentralisée devront être repen- sances supérieures ou des usages plus intenses,
sées et optimisées (microréseaux). la miniaturisation de systèmes de conversion
à base de combustible (principalement H2) :
Que ce soit au niveau des réseaux ou des micro -turbines, -moteurs, -PACo, constitue une
appareils électriques utilisés par les usagers, voie prometteuse à développer. La miniaturisa-
les recherches sur l’amélioration des rende- tion des composants semi-conducteurs entraîne
ments sont basées sur l’utilisation généralisée des contraintes thermiques, qui nécessitent de
de convertisseurs d’électronique de puissance nouveaux concepts de radiateurs (caloducs par
et sur une approche multiphysique et socio- exemple). Des avancées significatives restent
économique de la conception des produits. liées au développement de nouveaux maté-
Dans le cas des convertisseurs électromé- riaux : supraconducteurs à haute température
caniques, les efforts portent sur l’accroissement critique, semi-conducteurs plus performants
des rendements et de la puissance volumique, que Si, diélectriques, matériaux à effet magné-
avec des études sur les matériaux constitutifs. tocalorique géant, etc.
Dans le cas des appareillages de réseaux, la
tendance est d’aller vers des convertisseurs
d’électronique de puissance statiques à très
haute tension, pour lesquels les composants et
les architectures restent à inventer. L’intégration
2.2 CONVERSION DE L’ÉNERGIE
généralisée de l’électronique de puissance
dans des dispositifs de plus faible puissance
implique de nombreux efforts de conception, Amélioration
de choix de nouveaux matériaux et techno- des efficacités énergétiques
logies de mises en œuvre et d’assemblage.
L’efficacité énergétique, mesurée par le
Enfin, dans une logique forte de dévelop- rapport entre la quantité d’une forme utilisable
pement durable, le stockage de l’énergie à de l’énergie et la quantité d’énergie primaire
usage final électrique va devenir une problé- mise en œuvre, gomme, dans la plupart des
matique majeure. Il fera essentiellement appel cas, l’aspect qualitatif de l’énergie (lié au type
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Les verrous scientifiques résident dans acousticiens, sans oublier les biologistes pour
le développement et la maîtrise de régimes de ce qui concerne les effets des rejets sur la
combustion moins polluants et plus efficaces santé. Un domaine important est aussi celui du
(foyers, chaudières ou turbines à gaz terres- contrôle (notamment, stabilisation des flammes
tres), tout en étant flexibles à un changement par contrôle actif des écoulements) et de la
de combustible (gaz de synthèse issus de la commande faisant intervenir l’informatique et
biomasse, résidus de raffinerie, gaz sidérur- l’électronique embarquée.
giques, gaz fortement enrichis en hydrogène,
etc.). Les flammes sont dans ce cas particu-
lièrement instables et possèdent des cinéti-
ques de combustion encore mal connues. Énergie solaire photovoltaique
La sécurité des installations et la capture du
CO2 sont également des thèmes à prendre en L’énergie solaire photovoltaïque ne repré-
considération. sente qu’une part infime de la production
d’énergie électrique mondiale (~ 0,01 %), mais
Les problèmes d’émission de polluants elle connaît une forte croissance : 35 % par an
ont mobilisé les laboratoires de combustion depuis 1997. La principale filière de fabrication
ces dernières années, en particulier, la combus- (90 % du marché mondial) est à base de sili-
tion de mélanges pauvres dans les moteurs à cium cristallin en plaquettes. Actuellement, les
injection directe. La recherche est engagée sur meilleurs rendements commerciaux de conver-
quatre axes principaux : sion photovoltaïque atteignent 16 % sur de
– les jets diphasiques et la pulvérisation grandes surfaces. Un des verrous de cette filière
des carburants (cavitation, instabilités interfa- est le coût élevé de la matière première. Le temps
ciales) ; de retour énergétique est aussi particulièrement
élevé (4 ans). Outre le problème industriel de
– le mélange turbulent dans les moteurs créer une source spécifique de Si « solaire », il
(micro-mélange et mélange tourbillonnaire faut améliorer la méthode de purification du Si
soumis à une compression) ; métallurgique par des techniques plasma. Il faut
aussi diminuer l’épaisseur des plaques minces ou
– la combustion en milieu stratifié (propa- rubans par un sciage innovant (électro-chimique).
gation et stabilité de flamme en milieu inhomo- Enfin, le piégeage optique et la structure des
gène en richesse) ; contacts doivent être améliorés.
– la chimie de la combustion (pour les
Pour les couches minces sur substrat de
nouveaux carburants en particulier).
verre ou plastique, on distingue la filière au Si
Ces travaux débouchent actuellement sur amorphe hydrogéné (rendement 6-8 %) et les
de nouveaux modes de combustion dans les filières émergentes à base de composés du type
moteurs. Le défi scientifique des prochaines Cu(InGa)Se2, CdTe, etc. dont les rendements sont
années est focalisé sur la combustion homo- meilleurs, mais les méthodes de fabrication indus-
gène, sans propagation de flamme, où le trielle se cherchent encore. À moyen terme (5-15
mélange est auto-inflammé par compression. ans), l’enjeu est le développement industriel de
Le procédé nécessite la poursuite de recherches ces couches avec la mise au point de procédés
fondamentales sur l’aérodynamique, le mélange à haut débit et grande surface (rendement 12-
turbulent et la cinétique du carburant utilisé. 15 %). Trois solutions doivent être explorées :
L’allumage et la dépollution par plasma consti-
tuent également des pistes intéressantes. – une voie silicium à haute température
permettant la cristallisation en gros grains de
Les avancées nécessitent une coordina- couches de plusieurs microns d’épaisseur et
tion pluridisciplinaire entre mécaniciens des le report de ces couches, soit par épitaxie en
fluides, combustionistes et cinéticiens, ainsi phase liquide, soit par dépôt chimique en
que mécaniciens et physiciens des solides, phase vapeur ;
143
– une voie à base de silicium amorphe, intégrés aux capteurs photovoltaïques pour
micro-cristallin ou polymorphe. Il s’agit de permettre le développement de systèmes de
transférer des solutions qualifiées en labo- cogénération chaleur/électricité dans l’habitat.
ratoire en procédés viables industriellement Au niveau mondial, la filière électricité solaire
et d’intégrer ces nouvelles couches dans de à haute température a fait ses preuves, mais
nouvelles structures du type tandem Si/SiGe son développement industriel est freiné par les
et Si/µcSi ; investissements lourds nécessaires. En France,
aucune réalisation industrielle n’est envisageable
– une voie à base de chalcogénures, où sans disposition financière incitative. Les progrès
la maîtrise du matériau, de ses interfaces et de sont attendus par les recherches sur des maté-
son dopage est critique. Les deux méthodes de riaux à changement de phase ou sur des cycles
dépôt concurrentes sont l’électrochimie et la de transport de la chaleur intégrant la fonction
co-évaporation. L’enjeu est le développement de stockage depuis le concentrateur jusqu’à la
de modules (30 x 30 cm2). centrale thermique, permettant ainsi une produc-
Une troisième filière à base de semi- tion continue d’électricité. L’utilisation d’instru-
conducteurs organiques commence à être ments solaires à grande concentration permet
étudiée, mais les meilleurs rendements n’attei- aussi d’étudier des cycles thermochimiques
gnent que 3 % en début de vie (500 h). Enfin de production d’H2 (> 1 000 °C), pouvant être
une recherche fondamentale a été initiée sur les associés dans le futur aux centrales nucléaires de
dispositifs à matériaux nano-structurés. trigénération (électricité, chaleur et H2).
Pour une échéance à long terme La recherche de capteurs solaires plans
(> 15 ans), il convient d’explorer les poten- permettant de délivrer de la chaleur entre 150 à
tialités de matériaux à très bas coût et les 200 °C, avec une fonction de stockage de la
concepts de cellules innovantes à très haut chaleur intégrée, est à développer car de tels
rendement. Pour les matériaux organiques, capteurs hybrides seraient des plus utiles et
les principaux verrous sont la stabilité dans économiquement acceptables en site isolé.
le temps et sous éclairement, ce qui implique Le développement de nouveaux systèmes
des études de base sur les matériaux (co- thermochimiques utilisant des capteurs solaires
polymères, nouvelles molécules, dérivés des hybrides à basse température est à privilégier :
fullerènes, pigments), sur les couches actives la source de chaleur issue de tels capteurs doit
(réseaux interpénétrés, films de Langmuir- être transformée en chaleur utile quel que soit
Blodgett, cristaux liquides) et sur les dispo- son niveau (eau chaude sanitaire, chauffage) et
sitifs (rôle des interfaces). Pour les nouveaux en froid comme le froid positif (climatisation,
dispositifs à structure tandem, la conversion réfrigération) ou fortement négatif (congéla-
par luminescence et multi-photons, avec des tion). Ainsi, la domotique thermique du futur,
matériaux nanocomposites, doit être étudiée. Il au niveau de l’habitat individuel comme celui du
faudra envisager l’intégration de la conversion tertiaire, pourrait voir le jour et compléter réelle-
en puissance à l’échelle de la cellule. Enfin, il ment le concept de la maison « zéro énergie ».
conviendra d’améliorer la gestion des systèmes
intégrés aux réseaux et dans l’habitat. Ces efforts sont à conjuguer avec la levée
de verrous se situant au niveau des structures
optiques et des vitrages autonettoyants.
Conversion
du rayonnement solaire en chaleur
Piles à combustible (PACo)
Le solaire thermique suscite un regain
d’intérêt grâce au développement de nouvelles Les PACo permettent de transformer direc-
générations de capteurs à basse température tement l’énergie chimique de combustion d’un
plus efficaces, permettant notamment d’être combustible (hydrogène, alcools, hydrocarbures,
144
etc.) en énergie électrique. Les avantages de ceux issus de la biomasse (éthanol, etc.).
cette conversion résident dans une réduction Des membranes anioniques permettront de
des nuisances à l’égard de l’environnement (pas concevoir des PACo alcalines, tout solides,
d’émission de gaz nocifs, faible bruit) et dans un fonctionnant à température ambiante avec des
rendement de l’ordre de 40 % (qui peut être nette- combustibles alcools (applications portables).
ment supérieur si l’on opère en cogénération).
Les applications visées concernent le transport
(véhicule électrique, auxiliaires de puissance), la
production localisée d’énergie électrique (centrale Capture et séquestration du CO2
de 1 à 10 MW, habitat de 1 à 10 kW, avec cogé-
nération de chaleur) et les appareils électroniques La capture du CO2 au moment de sa
portables (micro-ordinateur, téléphone, etc.). production (principalement par la combustion
du charbon et d’hydrocarbures), son transport
Le CNRS concentre ses efforts sur les et sa séquestration sont les points clés de la
PEMFC (piles à membranes polymères protoni- protection environnementale.
ques opérant de 70 à 90 °C) et les SOFC (piles à
oxydes solides opérant de 850 à 1 000 °C), qui Les méthodes de capture du CO2 diffèrent
font l’objet de recherches importantes tant au notablement selon les sources d’émission (sites
niveau européen qu’au niveau international. industriels centralisés ou sources diffuses). Les
trois voies actuellement envisageables pour
Il faut développer de nouveaux compo- capturer le CO2 sont : la cryogénie, la sorption
sants du cœur de pile ayant des propriétés et la séparation membranaire. Des recherches
spécifiques améliorées et de nouveaux concepts sont développées actuellement dans ces trois
de gestion des fluides, de la chaleur et des flux domaines, en particulier sur l’adsorption et la
d’énergie. La maîtrise des champs thermiques séparation membranaire. Pour les procédés
et des champs d’humidité est cruciale pour leur de sorption, les verrous actuels sont surtout
durée de vie. Pour les PEMFC (et leur variante d’ordre technologique et, pour mieux appré-
à combustion directe du méthanol, DMFC ou hender le problème, une approche technico-
d’alcools), de nouvelles membranes protoniques économique sera nécessaire. Pour la séparation
visant à remplacer le Nafion® et fonctionnant à membranaire, l’élaboration de nouveaux maté-
plus haute température (120 à 150 °C) sont à riaux (forte perméabilité et sélectivité accrue),
mettre au point, afin d’augmenter la vitesse des la conception de procédés innovants pour
réactions électrochimiques et de mieux évacuer fabriquer les membranes et la mise au point
la chaleur. De nouveaux catalyseurs doivent être de procédés hybrides intégrant la transforma-
développés, notamment du côté de la réduction tion du CO2 par réaction chimique pour une
de l’oxygène, où les surtensions sont respon- utilisation comme source de carbone sont les
sables d’un tiers des chutes de rendement éner- voies sur lesquelles doivent porter les efforts
gétique et il faut améliorer leur dispersion. Par de recherche.
ailleurs, il serait important de développer des
catalyseurs spécifiques pour utiliser des alcools Pour séquestrer le CO2, plusieurs solutions
dans une pile à combustion directe. sont possibles mais la plus prometteuse tant sur
Pour les SOFC, il faut mettre au point de le plan de la sécurité à long terme que sur le plan
nouvelles céramiques permettant un fonction- économique semble être le stockage géologique
nement à plus basse température (650 à 700 °C) du CO2. Ce stockage pourrait être réalisé dans
avec de meilleurs matériaux de cathode. Des des gisements pétroliers ou gaziers épuisés ou en
catalyseurs anodiques permettant le reformage phase de récupération assistée, dans des aquifères
interne du combustible sont à développer. profonds (roches sédimentaires ou plutoniques)
ou dans des couches de charbon. Afin de pouvoir
Pour résoudre les problèmes de stockage passer du laboratoire, ou du site pilote, à un site
et de transport de l’hydrogène, des combusti- de stockage industriel, de nombreuses questions
bles alternatifs sont à rechercher, notamment fondamentales doivent être résolues :
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pression). L’emploi de véhicules à motorisation déjà progressé sur cette voie –, c’est souvent
hybride nécessite aussi de disposer d’un moteur l’optimisation de la qualité du produit final
classique à haut rendement. Pour le transport qui demande aujourd’hui des recherches
ferroviaire (4,9 %) à motorisation thermique, on nouvelles impliquant la gestion énergétique
ne voit pas, à moyen terme, d’autre système que des procédés. Deux secteurs importants – eu
le moteur diesel (ou éventuellement la turbine, égard à leur budget énergie – sont analysés :
dont le rendement reste cependant compara- sidérurgie et agro-alimentaire.
tivement bas). En aéronautique (10,4 %), le
réacteur double flux sera probablement présent La sidérurgie utilise la thermique pour
pour au moins 50 à 60 ans ; cependant, l’utilisa- conférer aux produits de nouvelles propriétés
tion de l’H2 est à envisager. d’emploi, via des traitements thermo-
métallurgiques ou thermomécaniques. C’est
Les progrès à court et moyen termes le cas de certains procédés sidérurgiques où
portent donc essentiellement sur l’amélio- interviennent des solides dont une partie du
ration des procédés de combustion et les gains carbone diffuse dans le matériau final ou réduit
potentiels sont importants, ce qui explique les les oxydes du produit initial. Il est évident que
efforts des motoristes. Pour la traction routière, la liaison thermique-propriété d’usage, notam-
la PACo est envisagée à long terme et devrait ment via les refroidissements par ébullition
s’imposer à court terme pour les auxiliaires. convective, est particulièrement souhaitée : il
Pour le carburant, le contenu énergétique volu- s’agit de développer une science du refroidis-
mique et massique de l’essence et du gazole sement de produits défilant sous des jets d’eau.
reste sans concurrence : le gaz naturel, le gaz Il faut également noter, qu’en matière de déve-
de pétrole liquéfié ou l’hydrogène exigent des loppement durable, une utilisation optimale de
réservoirs embarqués très lourds. Pour les véhi- l’eau dans tous les procédés énergétiques doit
cules de transport, on risque donc de continuer être mise en œuvre (Voir échangeurs).
à utiliser longtemps un carburant hydrocarboné
liquide à température ambiante et à pression Le secteur agro-alimentaire (7,5 Mtep,
atmosphérique, provenant des pétroles fossiles, proche de celui de la sidérurgie) fait appel à
classiques ou non, de la transformation du gaz trois grands types de traitements thermiques :
naturel, du charbon ou de la biomasse. Les la pasteurisation/stérilisation à visée sanitaire,
recherches à mener portent sur l’optimisation la transformation (séchage, cuisson, etc.) et la
énergétique de la fabrication de ces carburants. conservation, principalement sous régime de
Le cas de H2 comme carburant, soit avec un froid. Les efforts de recherche doivent porter
moteur thermique classique, soit avec une sur l’amélioration énergétique des équipements
PACo doit faire l’objet de recherches et d’ana- (cycles thermiques et fluides utilisés), et sur
lyses technico-économiques intensives. les systèmes énergétiques intégrés (co- ou tri-
génération). Parallèlement, l’amélioration de
la performance énergétique des procédés de
traitements thermiques nécessite :
Procédés industriels
– une meilleure compréhension des
L’industrie est un utilisateur important lois de comportement des fluides complexes,
d’énergie (# 25 %) sous toutes ses formes : liquides et semi-liquides alimentaires, au cours
charbon, fuel, gaz et électricité, essentiellement de leur traitement thermique (suspensions,
pour le chauffage ou le refroidissement des émulsions, fluides diphasiques à forte teneur
procédés de transformation des fluides, des en phase solide, etc.) ;
matériaux, des produits et des systèmes. Dans
de nombreux cas, le type d’énergie employé – l’étude des interactions et rétroactions
est intimement lié au procédé mis en œuvre. des traitements thermiques, principalement sur
Ainsi, au-delà d’une utilisation rationnelle de ces fluides alimentaires, dans les échangeurs
l’énergie en termes de Mtep – et l’industrie a multifonctionnels ;
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des émissions de CO2 nécessite d’agir sur – matériaux pour des convertisseurs et
l’ensemble de la chaîne productrice de CO2 transformateurs d’énergie (matériaux pour
et de pouvoir capturer et séquestrer efficace- cycles thermochimiques, convertisseurs élec-
ment le gaz émis. tromécaniques, etc.) ;
En matière de combustion classique, les – matériaux pour le stockage et le trans-
carburants issus de la biomasse, des résidus de port des vecteurs énergétiques (hydrogène,
raffinerie, des charbons et des déchets doivent électricité, chaud ou froid) ;
permettre une combustion propre des gaz de
– matériaux de cœur de PACo à propriétés
synthèse H2 et CO, ce qui nécessite de dominer
structurales et électriques contrôlées (PEMFC
la stabilité des flammes, l’allumage du mélange
ou SOFC) : nouveaux polymères pour les
combustible par plasma froid. L’effort de
membranes protoniques, nouveaux cataly-
recherche au niveau pyrolyse-gazéification de
seurs d’électrodes, couches minces, électrolytes
la biomasse nécessite la maîtrise du génie des
solides à conductivité ionique élevée, etc.
procédés correspondants. Les biocarburants
peuvent être produits à court et moyen terme En liaison avec le développement de
par les filières bioéthanol et éthers méthyliques, nouveaux matériaux et de leurs procédés
le long terme visant la production d’hydrogène. d’élaboration, les démarches globales, du
Des voies nouvelles comme la photodissocia- type « Analyse du cycle de vie », devront être
tion de l’eau par les algues visent des résultats encouragées pour relier matériaux, fonction-
sur le long terme. nalités énergétiques, contenu énergétique et
pollution environnementale.
Si la capture du CO2 peut être résolue à
court terme mais avec un surcoût, sa séques- Le développement de ces thèmes de
tration nécessite le développement de recher- recherche nécessite de :
ches amont à long terme, centrées sur les
géosciences : piégeage sous forme de liquide – prévoir des plates-formes avec des
ou fluide supercritique, dissolution dans une démonstrateurs pour l’intégration et l’évalu-
phase fluide, piégeage hydrodynamique, sans ation de nouveaux concepts ;
oublier la biologie végétale (augmentation du – renforcer les équipes CNRS et univer-
rendement de la photosynthèse). sitaires trop peu nombreuses dans ces domaines
où l’on attend beaucoup de la recherche ;
– rechercher une synergie avec des orga-
Matériaux nismes nationaux et l’implication de partenaires
industriels (par exemple, CEA, IFP, EDF, pétro-
La mise au point de nouveaux matériaux, liers, INRA, CIRAD, BRGM, CSTB, ADEME,
avec des fonctionnalités spécifiques à l’appli- Saint-Gobain, Bouygues, etc.) ;
cation visée, est nécessaire pour concourir
aux nombreuses avancées évoquées dans ce – structurer l’implantation en réseaux et la
document. Parmi les verrous correspondants, création de pôles scientifiques et techniques.
on peut citer :
– matériaux pour la capture et la trans-
formation de l’énergie solaire (capteurs ther- Énergie nucléaire
miques et photovoltaïques) ;
Les recherches sur l’utilisation de l’énergie
– matériaux résistant à haute tempé- de fission dans le cadre de Génération IV et
rature, pour un fonctionnement à haut de l’EURATOM sont clairement orientées vers
rendement de certaines machines comme l’utilisation durable des ressources : utilisation
les moteurs thermiques, les chaudières, les des noyaux fertiles, accroissement des rende-
turbines, etc. ; ments par la montée en température, cycle
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