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LES PSAUMES
COMMENTES
DU MÊME AUTEUR:
INTRODUCTION GÉNÉRALE AUX ÉVANGILES. Un vol. grand in-S» de 137 p. Paris, 1889.
SYNOPSIS EVANGELICA, SEU QUATUOR SANCTA JeSU ChRISTI EvANGELIA, SECUNDUM VuL-
GATAM editionem ordine chronologico IN HARMONiAM coNCiNNATA, Un vol. grand in-S»
de XIX- 138 p. Paris, 1882.
ESSAIS D'EXÉGÈSE. EXPOSITION, RÉFUTATION, CRITIQUE, MŒURS JUIVES, CtC. Un VOl. in-12
dexi-354p. Lyon, 1884.
ATLAS ARCHÉOLOGIQUE DE LA BIBLE, d'aPRÈS LES MEILLEURS DOCUMENTS SOIT ANCIENS,
SOIT MODERNES, ET SURTOUT d'aPRÈS LES DÉCOUVERTES LES PLUS RÉCENTES FAITES DANS
LA Palestine la Syrie , la Phénicie l'Egypte et l'Assyrie , destiné a faciliter
, ,
l'intelligence des saintes Ecritures. Un vol. grand in-4o de vi-60 p., accompagné
de 93 planches contenant 1100 figures. Lyon, 1883. —
Deuxième édition, considéra-
blement augmentée. Lyon, 1886.
ATLAS D'HISTOIRE NATURELLE DE LA BIBLE, d'apRÈs LES MONUMENTS ANCIENS ET LES
MEILLEURES SOURCES MODERNES ET CONTEMPORAINES, DESTINÉ A FACILITER l'iNTELLIGENCE
DES SAINTES ÉCRITURES. Un vol. grand in-4o composé d'un texte explicatif (vii-112 p.)
et de 112 planches contenant 900 figures. Lyon, 1884.
in -8° de près de 1400 p., orné de têtes de chapitres et de lettres initiales, avec
filets rouges. Paris, 1887. —
Deuxième édition, approuvée par plusieurs cardinaux
et de nombreux évêques. Paris, 1891.
LA VULGATE ET L'HEBREU
PAR
L.-GL. FILLION
PRETRE DE SAINT - SDLPICE
PROFESSEUR d'ÉCRITURE SAINTE AU GRAND SÉMINAIRE DE LYON
hJ
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'
^ "" ^ PARIS
LETOUZEY ET ANÉ, ÉDITEURS
RUE DU VIEUX-COLOMBIER, 17 y
4893
Tous droits réservés.
TABLEAU
POUR LA TRANSCRIPTION DES LETTRES HÉBRAÏQUES
EN CARACTÈRES FRANÇAIS
N Alepli '
(esprit doux) D Samet s ( dur comme
:i Beth b dans ça)
T Daleth d
3 (sans daguesch) Plié /
n Hé h
S (avec daguesch) Pé P
1 Vav V
2? Tsadé s (ts dur comme
î Zaïn z
dans tça)
n Heth h (le ch allemand)
p Coph Q
ïï Teth t r
1 Resch r
1 lod y ou i
Pour plus de eimplicité, nous n'avons pas tenu compte de l'effet du dag'uesch doux dans les
consonnes 2, 3? T, 3) H*
Pour ce qui est des voyelles, u doit se prononcer ou; le scheva quiescent n'a pas été marqué;
le mobile est représenté par un petit e en exposant (ygflu, qutflah, Vrâqim).
ilan. Uhl. . . . Manuel MUique, ou Cours d'Écriture sainte à l'usage des séminaires, par
MM. Vigoitroux (Ane. Testament) et Bacuez (Nouv. Testament). 4 vol. in -12.
Âtl, (irchéol. . . Atlas archéologique de la Bible, d'après les meilleurs documents soit anciens,
soit modernes,.., destiné à faciliter l'intelligence des saintes Écritures, par
L.-Cl. Fillion, prêtre de Saint - Sulpice. Un vol. gr. in- 4°, composé d'un texte
explicatif et de 117 planches contenant 1400 figures. Nous citons d'après la
deuxième édition, 1886.
Atl. d'hist. nat. Atlas d'histoire naturelle de la Bible, d'après les monuments anciens et les
meilleures sources modernes et contemporaines..., par L.-Cl. Fillion. Un vol.
grand in-4o, composé d'un texte explicatif et de 112 planches contenant
900 figures , 1884.
Atl. rjéogr, . , . Atlas géographique de la Bible, d'après les meilleures sources françaises, anglaises
et allemandes contemporaines, par L.-Cl. Fillion et H. Nicole. Un vol. gr. in-4°t
a
,
AVANT-PROPOS
cation des Psaumes, que déjà l'on nous pressait de divers côtés, et dans
les termes les plus aimables, de rééditer à part ce commentaire du
Psautier. Aux instances de professeurs éminents vinrent se joindre
celles de plusieurs communautés religieuses d'hommes et de femmes
comme aussi d'un certain nombre de personnes du monde. On voulait
bien nous certifier que sous une forme accessible à tous ce volume
, ,
)
6 AVANT -PROPOS
santes.
Et maintenant, que ces pages s'en aillent procurer quelque gloire à
Dieu, développer l'esprit de prière dans quelques âmes, soulever plus
haut encore quelques cœurs déjà fervents, et celui qui les a composées
se dira largement récompensé.
L.-Gl. Fillion.
INTRODUCTION
CHAPITRE I
LA POESIE BIBLIQUE
Si l'on prend le mot poésie dans un sens large, il est certain que la
Bible entière est un vaste et magnifique poème, et que les beautés
poétiques s'y rencontrent presque à chaque page. A tout instant, même
dans beaucoup plus encore dans les écrits des
les livres historiques , et
prophètes, on admire, sous le simple vêtement de la prose, des mor-
ceaux qui, tantôt par la force et l'élévation des sentiments, tantôt par
leurs images frappantes, magnifiques, s'élèvent jusqu'aux sphères de
la poésie. William Jones, célèbre par ses travaux sur la poésie asia-
tique % pouvait dire en toute vérité « J'ai lu avec beaucoup d'attention
:
I, 26; IV, 23-24; v, 29 ix, 25-27; xiv, 49; xxiv, 60; xxvii, 28-29,
;
39-40; XLix, 1-27; Exode, xv, 1-24; Nombres, vi, 24-26; x, 35;
xxi, 14-15, 17-18, 27-30; xxiii, 7etss. Deutéronome,xxxii, 1 etss.;
;
8 INTRODUCTION
1-23 Judith, xvi, 2-21 Isaïe, v, 1-2; xii, 1-6; xiv, 4-23 xxv, 1-5, 9;
; ; ;
XXVI, 1-19; xxvii, 2-5; xxxviii, 10-20; Daniel, m, 52-90; Jonas, ii,
3-10; Habacuc, m, 1 et ss. Et combien d'autres pages des prophètes
nous aurions pu citer! Néanmoins, parmi les quarante -six livres que
forme l'Ancien Testament, huit seulement sont poétiques dans le sens
strict de cette expression. Ce sont 1» Job, 2» les Psaumes, 3» les Pro-
:
Supérieure à toutes les autres par son but, qui est un but de sancti-
fication, et par son origine, qui est toute divine, la poésie de la Bible
n'est pas inférieure sous le rapport de la beauté esthétique à ce que
, ,
est unique en son genre, et supérieure à toutes les autres à bien des
points de vue. » On vante en particulier sa simplicité et sa lucidité,
« qu'on ne trouve que difficilement ailleurs » ses grâces si naturelles;
des attraits de la forme », alors même qu'elle est le plus éclatante; son
admirable plénitude, qui coule à « pleins bords* ».
Quoique si relevée, et provenant d'un seul et même peuple la poésie ,
dioses de la nature qui lui ont directement donné le jour, mais les
impressions religieuses. Aussi les révélations divines et les vérités
* 11 n'entre pas dans notre plan de dis- comparez Le Hir, le Livre de Job , Paris,
cuter la qusBstio vexata : Jusqu'à quel point 1873, p. 183-215; BickeH, Metrices biblicœ
le vers hébreu était-il soumis à une mesure regulae exemplis illustratse , Insprùck
prosodique, à un mètre proprement dit? 1879, et Carmina Veteris Testamenti
Voyez quelques indications instructives inetrica, Insprùck, 1882; Gietmann, De re
dans le Manuel biblique, t. II, nn. 597-599, onetrica Hebrœorum, Fribourg-en-Brisgau,
et dans Cornely, Historica et critica intro- 1880.
ductio in utriusque Testamenti libros sa- 2 Lowth qui a inventé ce
C'est l'Anglais
eros, t. II, pars 2, p. 14-20. Nous croyons, nom de parallelismus niembrorum; c'est
avec le P. Cornely, qu'il règne beaucoup lui aussi qui a découvert et le plus com-
d'arbitraire dans les systèmes les plus ré- plètement exposé les lois du parallélisme
cents, et qu'aucune solution ne paraît mûre. dans son célèbre ouvrage De sacra poesi
Pour la discussion même u problème, Hebraeorum, déjà cité plus haut (p. 8).
INTRODUCTION 11
Ps. VII, 6.
phrase expriment une pensée identique, les mots seuls variant plus ou
moins. Gomp. les Ps. i, 1; ii, 1, 2, 4, 5 m, 2 viii, 4, et cent passages
; ;
ma bouche.
terre, écoute les paroles de
Que ma doctrine se répande comme la pluie,
que ma parole coule comme la rosée ;
tion de sentiments ou de langage avec lautre membre. Cf. Ps. xix, 8-9;
Prov. XI, 1, 3, 4, etc.
Ps. L, 15.
On rencontre enfin des vers où l'idée est exprimée par une phrase
4°
simple qui peut cependant se diviser en deux membres sous le rapport
,
lélisme rythmique.
Seigneur, je vous louerai de tout mon cœur
dans la réunion et dans l'assemblée des justes.
Les œuvres du Seigneur sont grandes,
exquises selon toutes ses volontés.
Ps. ex, 1-2.
Je suis l'homme qui ai éprouvé la misère
par verge de sa colère.
la
Il m'a poussé et conduit
dans les ténèbres et non à la lumière.
Thrènes, m, 1-2.
* Sur les développements multiples du dans notre Biblia sacra (Paris, 1887), et
parallélisme chez les Hébreux, et sur les aussi dans ce volume consacré aux Psaumes,
procédés auxquels on avait recours pour de le rendre sensible aux regards, en impri-
l'orner et l'embellir, voyez le Manuel bi- mant sur des lignes parallèles les membres
blique, t. Il, n. 594. Nous avons essayé. de phrase qui se correspondent.
INTRODUCTION 13
Il arrive aussi que des vers relativement longs sont coupés par une
harmonieuse césure :
rythme des vers règle la coupe, l'allure variée des membres de phrase,
de même le rythme des strophes règle la liaison ou la séparation har-
monieuse des vers d'après les lois de la pensée. Quelquefois les strophes
des poèmes bibliques sont clairement indiquées par un refrain. C'est le
cas aux Ps. xli et xlii, où les lignes suivantes sont répétées quatre
fois , à intervalles à peu près égaux :
La rime, qui joue un si grand rôle dans les poésies des langues occi-
dentales , se rencontre à plusieurs reprises dans les poèmes bibliques
et l'hébreu ,
par sa nature même offre sous ce rapport des
, facilités éton-
nantes *
; mais elle n'est qu'une très rare exception ^.
CHAPITRE II
titres de quelques psaumes isolés (Ps. xvi, hébr. xvii; lxxxv, hébr.
Lxxxvi Lxxxix, hébr. xc ci, hébr. cii; cxli, hébr. cxlii), soit à la
; ;
fin du Ps. Lxxii de l'hébreu. Tous les psaumes sont en réalité des
prières dans le sens large de cette expression selon la belle remarque ,
et XVI, 23-24; I Rois, xviii, 7; Ps. vi, 2; les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste
VIII, 5; Prov. xxxi, 17; Gant, m, 11. le Cantique, la Sagesse, l'Ecclésiastique.
3 Gette importante série comprend les Ces livres, y compris les Thrènes ou La-
Psaumes, les Proverbes, Job, le Gantique, mentations de Jérémie, sont aussi nommés
Ruth, les Thrènes, TEcclésiaste Esther, , poétiques.
Daniel, Esdras, Néhémie et les Paralipo- ^ Contra Pelag., i, 5.
INTRODUCTION 15
outre, ces mêmes versions divisent en deux parties les psaumes cxvi
et cxLVii de l'hébreu ^ Le tableau suivant indiquera ces variantes en
détail.
Hébreu. Septante et Vulgate.
comparez les Ps. xiii et lu les Ps. xxxix, 14-18, et lxix les Ps. lvi,
; ;
§ m. Divîsîoji du Psautier.
passage I Par. xvi, 36 cite la doxologie du quatrième livre (Ps. cv, 48)
comme partie intégrante du psaume cv. Elle correspond vraisemblable-
ment aux différentes phases de la collection du Psautier, ainsi qu'on le
verra bientôt. Elle correspond pareillement à celle du Pentateuque,
l'ouvrage aux cinq tomes. « Moïse a donné aux Israélites les cinq livres
du Pentateuque, dit un ancien midras ou commentaire juif du Ps. i, 1
et David leur a donné aussi les cinq livres des Psaumes, pour corres-
pondre au Pentateuque. » Le Psautier est donc une sorte de « Penta-
teuque, l'écho du Pentateuque mosaïque, résonnant du cœur d'Israël;
c'est le livre quintuple de la synagogue à Jéhovah de même que la Loi
,
Les poèmes sacrés dont se compose le Psautier n'ont pas été rassem-
blés par une seule et même main, ni à la même époque. Divers traits
de la Bible démontrent jusqu'à Tévidence la pluralité des collecteurs, et
fournissent de précieux indices sur les temps où ils vivaient.
Nous trouvons le premier de ces traits dans le Psautier même, où
nous lisons, à la fin du second livre (Ps. lxxii, 20, d'après le texte
hébreu) « Ici se terminent les prières de David, fils d'Isaï^. » C'est là,
:
LXXII et Lxxiii, Lxxxix et xc, cvi et cvii, 3 La Vulgate, Ps. lxxi, 20, traduit impar-
Ces hypothèses, déjà garanties par des faits sérieux, le sont encore
par l'étude intrinsèque du Psautier, dans les parties duquel on recon-
naît sans peine, d'une manière générale, « un progrès manifeste du
plus ancien au plus récent » les psaumes i-xl ne contenant guère que
:
1 Cf. Prov. XXV, 1. 3 Sur l'emploi très varié des noms divins
* Plusieurs textes du Nouveau Testament {'Elohim et Y^hovah) dans les cinq livres
nous montrent que les psaumes occupaient du Psautier, voyez le Manuel biblique,
leur rang actuel au temps de Notre -Sei- t. II, n. 651. Ce fait est sans importance
gneur. Cf. Luc. XX, 42; xxiv, 44; Act. i, 20; pour la critique, quoi qu'aient dit les ratio-
XIII 33, etc. nalistes en sens contraire.
18 INTRODUCTION
la collection, il n'y en a que dix- sept oi^i il ne soit pas nommé dès le
premier verset^. »
Mais ce sujet unique est envisagé et traité sous des aspects très
divers quelques psaumes s'adressent directement à Dieu pour l'invo-
:
vie humaine dans ses relations avec la Providence divine, etc. De là des
essais multiples de classification. La grande variété et le changement
rapide des sentiments dans un même psaume rendent ce genre d'opé-
ration très difficile. On peut du moins distinguer les psaumes eucha- :
ristiques, ou d'action de grâces (Ps. viii, xvii, xviii, etc.); les psaumes
élégiaques, ou de prière plaintive^ (Ps. m, v, vu, etc.); les psaumes
didactiques (Ps. i, xlviii, cxviii, etc.) ; les psaumes historiques
(Ps. Lxxvii, civ, cv, etc.); les psaumes prophétiques ou messianiques
(Ps. II, XV, XXI, etc.)\
complet de tous.
Depuis la fin du xviii^ siècle, on a beaucoup discuté sur leur origine,
et plusieurs critiques ont nié soit leur authenticité, soit leur antiquité.
1 Man. bibl., t. II, n. 655. 3 Les sept psaumes pénitentiaux (vi, xxxi,
2 Man. bibl., t. II, n. 655. Ce sont les xxxvii, L, CI, cxxix, cxLii) en font natu-
Ps. XXXI, XXXVI, XXXVIII, XLIV, XLVIII,
I, II, rellement partie.
LI , , LXXXVI , CXIII CXV, CXX
LVII , LXXVII ,
^ Sur cette catégorie importante, voyez
et jusqu'aux temps modernes ils ont été, dans leur ensemble, admis
sans contestation. Théodore de Mopsueste est, dans l'antiquité, le seul
qui ait élevé des doutes à ce sujet. » D'ailleurs « leur diversité, l'absence
d'esprit de système, leur forme souvent obscure..., sont des garanties
d'une haute antiquité^. » Si les Septante en ajoutent un certain nombre
qui ne se trouvent pas dans l'hébreu ils l'ont fait assurément pour de
,
en aurait composé douze de même « les fils de Goré », c.-à-d. les des-
;
* Par exemple, le Ps. ii. Cf. Act. iv, 25. dique, le roi David avait suspendu sous ses
2 Epist. CXL, 4. Comparez ces lignes de fenêtres une harpe éolienne. Dès qu'elle
saint Hilaire, Pf^ob. in Ps., § 2 : « Absurdum rendait un son, il s'éveillait, et, piqué
est, psalmos David cognominare , cum tôt d'émulation il composait un chant à la
,
retoucha vers 383 ses corrections furent peu nombreuses, parce qu'il
;
« Notre vieux Psautier latin a des défauts il est souvent d'un style ; . . .
Elle est tout évidente. C'est à bon droit qu'on a nommé les Psaumes
ce une Bible dans la Bible », parce qu'ils en résument l'essence^, ou
a le cœur de la Bible ». « Le livre des Psaumes, écrivait saint Augustin,
contient tout ce qui est utile à tous. Il prédit l'avenir, il rappelle les
actes des anciens, il donne une règle aux vivants, il détermine la
livre comme dans un vaste trésor ouvert à tous. » Rien de plus riche
que la théologie, soit dogmatique, soit morale des Psaumes, et l'on a
pu composer des volumes spéciaux sur ce sujet intéressant^. Mais l'im-
portance théologique des Psaumes consiste avant tout dans leurs pro-
phéties relatives au Messie et à son Église prophéties nombreuses, :
1 Voyez dans le Man. hibl., t. II, n. 666, grandes prières et souhaits un long livre
une explication, par ordre alphabétique, contenant sommairement la moelle de
des mots difficiles de la Vulgate en ce qui l'Écriture et les choses d'eslites d'icelle,
concerne les Psaumes. ilne pourrait estre autre que le Psaultier,
2 (( Hœc est ratio quare magis frequen- ou du tout semblable à iceluy. » Préface
tatur Psalterium in Ecclesia, quia continet d'un vieux Psautier, datant de 1552.
totam Scripturam. » S. Thom. Aq., Expo- 3 Proleg. in Psalmos.
vérité dire, je n'estime livre soubs le ciel s En particulier, J. Kœnig, Théologie der
leur caractère est alors indiscutable''. D'autres fois, c'est le fond même
des choses un trait plus ou moins frappant qui nous rappelle le
,
,
* On a supputé que,
sur deux cent quatre- 5 Ps. XX, XXIII, XLVI, LXXXIV, LXXXVI
empruntées à l'Ancien
vingt-trois citations Lxxxviii, etc.
Testament par le Nouveau, cent seize sont ^ Ps. m, XVII, XLVIII, LIV, LVIII, LXVI,
passim, l'explication concise des princi- a dit saint Ambroise, Prœf. in Psalni.,
paux passages messianiques du Psautier. n. 9.
Cf. G. Reinke, Lie niessianischen Psal- ^ Voyez Bona, Opéra omnia, Anvers,
men, Giessen, 1857-1858. 1723, pp. 402 et ss.; Gerbert, De musica
1Actuellement encore les Psaumes cons- sacra, t. I, cap. i-iii, etc.
tituentune portion très importante du culte ^Ep. XVIII. Cf. S. Greg. Nyss., inPsalm.^
dans les synagogues. c. m.
INTRODUCTION 25
qui le veut, pour gémir, pour invoquer, pour intercéder, pour louer,
pour adorer^. »
les saints Pères ont tout dit, en mettant ces divins cantiques infiniment
au-dessus des productions des lyriques profanes ^ Ils l'emportent, en
effet, et par le fond des choses qu'ils renferment, et par la manière
dont ils les expriment... Pour exprimer de si grandes pensées, les
poètes de Sion avaient des images vives, des expressions pittoresques,
des comparaisons frappantes, des tons hardis, des mouvements sublimes,
enfin toutes les ressources du génie oriental secondé par l'inspiration.
Lisez l'un après l'autre les lyriques anciens et modernes vous ne trou- ,
2
26 INTRODUCTION
sur lequel on a le plus écrit », à tel point que l'on compte « environ
douze cents commentaires de ces chants sacrés ^ »
3 Man. quelques-
bihl.,t. II, n. G7i2. Voici morum cum notis , de Bellanger (1729).
uns des plus utiles, tous sortis de la plume De nos jours, P. Schegg, die Psalmen
d'écrivains catholiques. Au temps des Pères, iïbersetzt und erklœrt, 2" édit., Munich,
VExpositio in Psalmos, attribuée à saint 1857; van Steenkiste, Liber Psalmorum
Athanase; les admirables Homilise inPsal- nova et fdcili ratione explicatus, Bruges,
mos de saint Basile qui ne portent mal-
,
1871 V. Thalhofer, Erklœrung der Psal-
;
heureusement que sur vingt-deux psaumes; men, Ralisbonne, 1871; A. Rohling, die
l'œuvre analogue et également incomplète Psalmen iïbersetzt und erklsert, Munster,
de saint Jean Chrysostome; Vlnlerpretatio 1871; M. Wolter, Psallite sapienter, Er-
in Psalmos y de Théodoret de Cyr; les klœrung der Psalmen, Fribourg-en-
Tractatus super Psalmos, de saint Hilaire Brisgau, 1871 etss.; F. X. Patrizi, Cento
de Poitiers; les célèbres Enarrationes in Salmi tradotti litteralmente dal testa
Psahnos , de. saint Augustin. Au moyen ebraico e commentati, Rome, 1875 (tra-
âge, de Psalmorum libro exegesis, du duction française en 1889); H. Lesêtre, le
Vén. Bède; le commentaire incomplet de Livre des Psaumes, Paris, 1883; Mar Mei-
saint Thomas d'Aquin. Aux temps mo- gnan, David, roi, psalmiste, prophète,
dernes, la Paraphrasis in Psahnos cum avec une introduction sur la nouvelle
annotationihus , de Cornélius Jansénius, critique , [Vixris 1889. Signalons encore
,
officii,de A. Agellius (Paris, 1611), qui texte hébreu, avec une introduction, des
est regardé à bon droit comme le meilleur arguments , etc., Caen, 1868; Le Ilir, les
ouvrage catholique du xviF siècle sur les Psaumes traduits de l'hébreu en latin,
Psaumes l'excellente Explanatio in Psal-
;
avec la Vulgate en regard et l'indication
mos de Bellarmin (Rome, 1611); le Com- des différences entre les deux versions,
inentarius litteralis et historiens in omnes Paris, 1876.
COMMENTAIRE
PSAUME I
^
Beatiis vir qui non abiit in consilio impiorum,
et in via peccatorum non stetit
et in cathedra pestilentiae non sedit;
^ Heureux l'homme qui n'a point marché dans le conseil des impies,
qui ne s'est pas arrêté dans la voie des pécheurs
et qui ne s'est point assis dans la chaire de pestilence ;
« Oui et Amen
aux prescriptions de la Loi ». vers le mal ; l'action de s'y fixer par des
— Il se divise en deux parties à peu près habitudes coupables; l'endurcissement vo-
égales: la première, vers. 1-3, décrit le lontaire, accompagné d'une infernale propa-
28 Ps. I, 2-3.
"^
mais qui a ses aftections dans la loi du Seigneur,
et qui médite cette loi jour et nuit.
^ Il sera comme un arbre planté près d'eaux courantes
et quidonne son fruit en son temps
et son feuillage ne tombera pas ;
« Les commandements...
seront dans ton cœur ;... tu
les méditeras assis dans ta
maison, en voyage, à ton
coucher et à ton lever. »
Le verbe hébreu qui ex-
prime ici cette pieuse mé-
ditation de la Loi est très
Palmiers plantés au bord d'un cours d'eau. (Fresque égyptienne.) énergique (
yéhégeh ) : il
'^
Il n'en est pas ainsi des impies, il n'en est pas ainsi ;
très solidement planté, qui a pris de pro- fonde différence qu'il y a entre la conduite
fondes racines. Il est probable que le poète des pécheurs et celle des justes. La des-
sacré avait spécialement en vue le palmier, cription se change tout à coup en une pré-
arbre dont « l'amour pour l'eau la crois- , diction terrible. — Non résurgent. Plutôt,
sance superbe, le feuillage toujours vert, d'après l'hébreu ils ne se tiendront pas
:
le fruit savoureux », cadrent très bien avec debout. « Le roi prophète se représente
ce passage. Les courants d'eau représentent Dieu qui juge le monde entier. Devant
les grâces fécondes que le juste puise dans Dieu, les justes et les méchants les justes :
son union perpétuelle avec Dieu. Fru- — qui s'élèvent vers Dieu, leur juge, tels
ctum... clabit... L'arbre mystique, toujours qu'il les a décrits comme des arbres au
,
fertile, produit régulièrement des fruits feuillage vert et chargés de fruits les mé- ;
délicieux de vertus, de bonnes œuvres. chants qui, après s'être abandonnés à leurs
— Folium... non de/luct. Emblème d'une passions, et laissés emporter çà et là à leur
vigueur inaltérable et d'une étonnante ri- merci, sont maintenant gisants à terre,
chesse de vie. —
Omnia qusecumque... La comme les brins de paille quand le vent
comparaison a pris fin, et l'idée est expri- a cessé, sans espérance de se relever sous
mée simplement, dans le langage ordi- une sentence favorable du divin juge. »
naire. Tout réussit entre les mains du juste, (Patrizi, Cent Psaumes, p. 53 de la trad.
car tous ses actes sont bénis de Dieu. — franc.) G.-à-d. qu' « ils ne seront pas jus-
Cette première partie est la plus belle des tifiés », comme traduit la paraphrase chal-
deux on voit que l'écrivain sacré a insisté
: daïque, mais irrévocablement condamnés.
plus volontiers sur le portrait du juste. — In judicio. Non pas les tribunaux hu-
2^ Deuxième partie malheur de l'impie.
: mains mais celui de Dieu même, lorsque
,
terne ont été ajoutés par la Vulgate, à la V, 5. Quel contraste avec le « Beatus »
suite dos LXX. —
Ideo : à cause de la pro- initial !
30 Ps. II, 1-2.
PSAUME II
'
Quare fremuerunt gentes
et populi meditati sunt inania?
'^
Astiterunt reges terrae
et principes convenerunt in unum
ad versus Dominum , et adversus Christum ejus.
*
Pourquoi les nations ont -elles frémi,
et lespeuples ont- ils formé de vains projets?
- Les rois de la terre se sont levés
et les princes se sont assemblés
contre le Seigneur et contre son Christ.
strophes égales. Les deux premières (vers. nom ne désigne pas, comme en d'autres
1-3, 4-6) exposent des actions l'acte : textes très généraux, le livre tout entier
insensé des révolutionnaires l'acte de Jé-, des Psaumes.
hovah opposé au leur. Chacune de ces lo Première strophe les nations essayent
:
strophes se termine par des paroles qui en vain de se révolter contre Jéhovah et
expliquent davantage la double action (vers. contre son Oint. Vers. 1-3.
3 et 6). Mais ce n'est là qu'un préam- Ps. IL —
1-3. Quare... Entrée en matière
bule. Le cœur du poème se trouve dans « ex abrupto ». Ce Pourquoi majestueux,
les deux strophes suivantes (vers. 7-9, qui domine les deux premiers versets, ne
10-13), qui ne contiennent que des pa- contient pas une interrogation proprement
roles, sans action l'idée dominante, énon-
: dite; c'est plutôt une exclamation dédai-
cée d'une manière théorique et objective gneuse, équivalant à nos locutions «A quoi
:
cette pièce n'est ici qu'un accessoire... en opposition à Israël, le peuple du Seigneur.
Ps. II, 3 5. 31
^ Dirumpamus vincula eorum
jugum ipsorum.
et projiciamiis a nobis
* Qui habitat in cœlis irridebit eos,
et Dominus subsannabit eos.
' Tune loquetur ad eos in ira sua
et in furore suo conturbabit eos.
— Fremuerunt... L'agitation des révoltés est parfaitement imitée dans le texte par
est dépeinte sous de vives couleurs. Dans le rythme par les sons.
et Vincula, —
rhébreu ragsu indique une assemblée
, jugum. hïiages de la servitude la seconde ;
houleuse et bruyante; yéh^gu (le même est propre aux LXX et à la Vulgate (hébr. :
mieux en relief l'ironie par laquelle se ter- de ses ennemis. Vers. 4-6.
mine ce vivant tableau : inania. Dans le 4-6. Scène du ciel, après celle de la
texte : rig , monosyllabe expressif, pour terre. Au-dessus du théâtre de cette au-
marquer l'inanité, le vide. — Reges terras. dace humaine, le poète contemple Jéhovah,
Les peuples ne sont point seuls leurs rois : dans sa majesté et sa sérénité divine, et
et leurs chefs (hébr. rôznim, les graves,
: il entend sa voix terrible qui répond aux
en position pour attaquer (cf. I Reg. xvii, trône éternellement dans les hauteurs
16, etc.), prendre une posture d'arrogant inaccessibles des cieux tel est l'adversaire
:
défi. —Convencrunt... Le verbe nôsdu fait que l'on ose provoquer. Aussi, tout d'abord,
également image et rappelle une assem-
, n'oppose- 1 -il qu'un calme dédain aux
blée nombreuse, importante, dans laquelle outrages impies irridebit, subsannabit
:
on se presse les uns contre les autres et (mieux vaudrait le présent: il se rit, il se
où l'on se parle en secret. Adversus — raille).Anthropomorphisme hardi, mais
Dominuni... L'objet de la révolte. C'est significatif. —
Tune. Second degré de la
contre Dieu, et contre celui qu'il a lui- colère du Seigneur. Cet « alors » est d'une
même sacré comme son représentant sur rare énergie : lorsque la patience de Dieu
la terre, que le monde entier se soulève. aura pris fin, à l'heure marquée par sa
Christum : en hébreu, le mot célèbre justice. Loquetur : par la voix des faits.
masiah, oint, d'où nous avons fait Messie. Conturbabit eos: les troublant et les ren-
L'application est aisée au temps de Notre-
:
versant, au milieu de la confusion la plus
Seigneur Jésus- Christ les révoltés se
, affreuse. Ici encore le rythme est très re-
nomment Ilérode, Pilate, les princes des marquable dans l'hébreu, imitant la rapi-
prêtres, grande masse des Juifs (cf.
la dité et comme de la foudre.
le bruit —
Act. IV, 25-28); plus tard, ce sont « tous Ego aHie>7î... D'après la Vulgate et les LXX,
les empereurs et rois persécuteurs men- c'est le Messie qui prend la parole dès cet
tionnés dans l'histoire de TÉglise » longue ; endroit. Nous lisons dans l'hébreu, avec
liste qui s'accroît tous les jours, et qui une nuance importante « Mais moi, j'ai
:
« ne finira qu'aux tyrans prédits par saint étabh mon roi sur Sion, ma montngne
Jean dans son Apocalypse (xx, 7, 9) ».— sainte. » Suivant cette leçon, qui est plus
Dlnimpamus... Le psalmiste entend et belle et plus naturelle, Jéhovah s'adresse
signale la conclusion frémissante des déli- lui-même aux rebelles pour leur opposer
bérations des insurgés. Leur sourde rage la puissance irrésistible du Messie, qu'il a
32 Ps. II, 6-9.
institué son représentant ici -bas. Grande d'une force inébranlable. — Filius meus...
énergie dans le « Mais moi » initial. Comme Première et du divin
principale partie
si Dieu disait Vous attaquer au Christ,
: du
décret, relative à l'éternelle génération
c'est vous attaquer à moi; votre défaite Messie, c.-à-d. de Notre -Seigneur Jésus-
est donc certaine. —
Super Sion : la cé- Christ. « Mon
fils » dans le sens strict,
lèbre colline que David avait conquise sur par nature point par adoption, ainsi
et
les Jébuséens, et où il avait bâti sa cité qu'il résulte des mots suivants: ego (pro-
(cf. II Rég. V, 7). Elle avait été sanctifiée nom solennel moi-même) ]iodie genui
:
ensuite par la présence de l'arche, qui y te. « Étonnantes paroles, » a-t-on dit à juste
résida jusqu'à la construction du temple : titre. Mais rien de plus expressif que cette
de là l'épilhète de montem sanctum. Son association du prétérit, « Je t'ai engendré, »
nom servait fréquemment à désigner d'une et du présent, « Aujourd'hui » le prétérit :
manière poétique toute la ville de Jérusa- montre que la génération en question est
lem, dont elle formait la partie la plus accomplie, le présent dénote qu'elle est
méridionale. Voyez V Atlas géogr., pi. xiv permanente; acte éternel, qui n'a ni passé
et XV. —Prsedicans prseceptum... Autre ni présent, ni veille ni lendemain. Cf.
variante dans l'hébreu. Ces mots y com- Ps. cix, 3. Tel est le sens direct et immé-
mencent le verset 7, et servent de « gran- diat des mots « Ego hodie genui te ». Tou-
diose préambule » à la déclaration majes- tefois ils « s'appliquent aussi à toutes les
tueuse Dominus dixit..., sous cette forme : manifestations de cette génération éternelle
« Je veux publier le décret, » c.-à-d. l'arrêt dans le temps à la naissance de Jésus-
:
divin, authentique, immuable, qui a conféré Christ, à son baptême, mais surtout à sa
au Messie la royauté universelle, à laquelle résurrection » (Le Hir, Les Psaumes, p. 4) ;
son origine lui donnait droit. Dans le texte faits qui sont pour le Sauveur, d'après le
primitif comme dans la Vulgate, ces mots plan divin, « une suite naturelle et comme
sont placés sur les lèvres du Christ. une extension de sa génération éternelle. »
3° Troisième strophe discours du Messie,
: (Bossuet.) Cf. Act. 33; Hebr. i, 5.
xiii, —
pour proclamer sa génération éternelle et Dabo tibi Ces paroles sont le
gentes...
l'universalité de son règne. Vers. 7-9. corollaire des précédentes. Jéhovah étant
7-9. Dominus dixit... Jéhovah, en face le créateur et le maître du monde le ,
de ses ennemis, vient de proclamer les Messie, en tant qu'il est son Fils et son
pouvoirs royaux de son Christ; celui-ci, héritier, a droit à la domination univer-
en face des mêmes adversaires, rappelle selle. Pour en être investi il n'a qu'à ,
les relations intimes, uniques, qui existent manifester un désir, qu'à faire un signe
entre lui et Jéhovah. Solidarité parfaite et (postula a nie) ; et il fait ce signe lorsqu'il
Ps. II, 10-11 33
*^
Et nunc, reges, intelligite;
erudimini, qui judicatis terram.
^*
Servite Domino in timoré,
et exultate ei cum tremore.
^°
Et maintenant, ô rois, comprenez;
instruisez -vous, juges de la terre.
^^
Servez le Seigneur avec crainte,
et réjouissez -vous en lui avec tremblement.
s'avance, terrible, contre les rebelles, en signifie baisez, embrassez la pureté, c.-à-d.
:
citant le décret de son Père. Terminas — une pure et parfaite. Saint Jérôme a lu
vie
terrai : la terre entière. Le Christ ne sau- bar, « purement, » comme les traducteurs
rait avoir une domination restreinte, son grecs Aquila et Symmaque de là cette
;
Église est catholique. — Reges (LXX : version dans son psautier hébraïque (voyez
7iotiJ.av£t;« tu feras paître »). D'après
, l'Introduction, p. 21.) « Adorate pure. »
:
{exuUate), on doit le faire avec le trem- cette traduction, qui s'harmonise si bien
blement d'un saint respect. Apprehen- — avec l'ensemble du poème, et qui nous
De même les LXX et le
dite disciplinani. paraît la meilleure de toutes : « Baisez le
Targum, qui ont lu naé¥qu hôr ; ce qui Fils; » manière orientale de dire : Rendez
2*
34 Ps. II, 12 — m, 4.
'-
Attachez -vous à la doctrine, de peur que le Seigneur ne s'irrite,
et que vous ne périssiez hors de la voie droite.
'"^
Lorsque bientôt s'enflammera sa colère,
heureux tous ceux qui ont confiance en lui.
PSAUME III
*
Psaume de David, lorsqu'il fuyait devant Absalom son fils.
périssiez hors du chemin, c.-à-d. que vous ries mordantes (vers. 3), le péril extrême
ne vous égariez (cf. Ps. i, 6) et ne tombiez (vers. 6-7), la multitude innombrable des
dans l'abîme. —
Cmn exarserit. Mieux : ennemis (vers. 2, 3, 7). Cf. II Reg. xvi,
Car sa colère s'emllammera bientôt. Allu- 7-8; XV, 13; xvii, 1, 11, etc. On conçoit
sion à la description du verset 5, A ce mo- — aisément que David ne fasse aucune allu-
ment terrible, beati, s'écrie le poète, omnes sion au triste rôle joué par son fils ingrat.
qui confidunt...; d'après toute la force de Lisez en entier le récit pittoresque de II Reg.
l'hébreu, ceux qui se cachent en Dieu, qui xv-xviir, qui forme le meilleur des com-
cherchent en lui un asile, un sur refuge. mentaires. —
« Prière du matin d'un homme
Ligne toute gracieuse, pour ne pas laisser opprimé, mais qui se console en Dieu » :
le lecteur sous de trop douloureuses im- tel est le résumé du psaume m. Le vers. 6
pressions. montre que c'est vraiment une « oratio
Psaume III matutina ». La foi de David y apparaît
admirable: le roi, délaissé, poursuivi,
T)'a7îquilUté de la foi parmi les assauts
humilié, en grand danger, est néanmoins
hostiles.
certain que tous les complots humains ne
i° Le titre. Vers. 1. réussiront jamais à frustrer et à renverser
Ps. III. —
1. C'est le premier des titres les plans de Dieu. —
Quatre strophes très
introducteurs, qui jettent souvent tant de distinctes, dont la première décrit la situa-
lumière sur la composition et le sens des tion désolée de David; la seconde, un motif
psaumes. Voyez la page 18. Il indique le d'espérer; la troisième, l'espérance même;
genre, l'auteur, l'occasion historique de la quatrième, la prière.
Ps. m, 2-4. 35
"^
Domine, quid multiplicati sunt qui tribulant me ?
multi insurgunt adversum me.
^ Multi dicunt animœ mece :
de ses amis les plus intimes. Cf. II Reg. qu'il a également un but musical. D'après
XV, 42-13. —
Dicunt animœ mese. Hé- les uns, il indiquerait une pause, pendant
braïsme pour « mihi ». Ou plutôt, la vraie laquelle les chantres se taisaient et lais-
traduction semblerait être « de anima : saient jouer les instruments seuls; plus
mea; » par conséquent, « de me, » à mon vraisemblablement, il dérive d'une racine
sujet. —
Non est salus ipsi... Réflexion qui signifie monter, et il équivaut au forte
qui devait être plus amère à David que de la musique moderne. Mais, comme l'ont
n'importe quelle autre insulte. Cf. II Reg. compris les LXX, il marque assez ordi-
XVI, 8 et ss. Ses ennemis, et même ses nairement un repos ou un changement
rares amis peut-être, pouvaient d'autant dans la pensée , et on le rencontre de
mieux le croire abandonné de Dieu, qu'a- temps en temps, comme ici, à la fin des
près avoir récemment atteint l'apogée de strophes.
sa gloire en triomphant des Ammonites, 3" Seconde strophe sentiment de vive
:
sélah, qui revient jusqu'à soixante et onze derrière. » David l'emploie volontiers Dieu :
30 Ps. m, 5-8.
-'
Voce mea ad Dominum clamavi
et exaudivit me de monte sancio suo.
^ Ego dormivi , et soporatus sum
et exurrexi ,
quia Dominas suscepit me.
"
Non timebo millia populi circumdantis me.
Exurge, Domine ; salvum me fac, Deus meus.
"''
'
vous avez brisé les dents des pécheurs.
était son bouclier protecteur, comme au- suscepit me) lui servait d'appui, comme
^
trefois pour Abraham, Gen. xv, 1, suivant dit l'hébreu. Expression très délicate et
Thébreu, et pour Israël, Deut. xxxiii, 29. pittoresque. —
Conclusion non tim,ebo :
du corps; mais David était alors fugitif. du peuple. Il ne craint rien, fùt-il seul avec
Voilà pourquoi Dieu était son bouclier» par Dieu seul. —
Circumdantis me. Hébr. :
derrière ». —
Gloria mea. Il a perdu son campant contre moi.
trône et sa couronne; mais Jéhovah est sa 5° Quatrième strophe prière pour obte-
:
à son aide et en le rassurant. Voce mea — l'arche se levait, conduisant Israël à la con-
clainavi... Pour le pieux roi si affligé, le quête de la Terre promise. Cf. Num. x, 35;
passé est un garant du présent et de l'ave- Ps. Lxvii, 2, —
Tu percussisti... Autre
nir. Toutes les fois qu'il a prié, il a été appel de David à son expérience dans le
exaucé. Autre motif de sa ferme confiance. passé (comp. le vers. 5) toujours le Sei-
:
— De monte sancio... La colline de Sion, gneur l'a délivré de ses ennemis. L'hébreu
où David avait installé l'arche d'alliance, est ici beaucoup plus expressif que laVul-
qui figurait la présence de Jéhovah. Cf. gate, pour représenter le châtiment infligé
Ps. Il, 6. par Dieu aux injustes oppresseurs de Da-
¥ Troisième strophe encore la confiance: vid : « Tu as frappé la joue de tous mes
au milieu du plus grave péril appuyée sur , ennemis. » Sanglante humihation. Cf.
la protection du Seigneur. Vers. 6 et l'^. III Reg. XXII, 24; Job, xvi, 10; Thren.
6-7^. Ego dorm,ivi... L'expérience pré- III, 30; Mich. v, 4, etc. —
Dentés... contri-
sente et immédiate, autre motif encore de visti : les traitant comme des bêtes fauves,
confiance en Dieu. Littéralement, d'après dont on brisaitmâchoires pour les
les
l'hébreu « Je me suis couché, et je me suis
: empêcher de nuire. Cf. Ps. LVii, 7. David
endormi, et je me suis levé. » Durant la nomme ses ennemis des « pécheurs », parce
nuit qui venait de s'achever, David, quoique qu'en se révoltant contre lui ils se révol-
entouré d'ennemis sans nombre, avait été taient contre Jéhovah, de qui il tenait la
aussi calme et tranquille que dans son royauté. —
Domini... salus. Toujours l'ac-
palais, entouré de ses gardes. Cf. Prov. cent de la plus entière confiance, la certi-
m, 24. Mais rien de surprenant à cela, tude d'être secouru par Dieu. Et super —
puisque le Seigneur le soutenait ( Vulg. : populum... Ixien de plus touchant que cette
«
38 Ps. m, 9 — IV, 2.
PSAUME IV
£tç To xéXoç; la Vulgate les a imités les : toujours on remarque un art admirable
anciens commentateurs chrétiens allégo- dans cet arrangement. —
Cum invocarem...
risent là-dessus, et supposent que la locu- exaudivit. Dans le texte original, l'appel
tion « in finem » dénote des poèmes ayant à Dieu a lieu dès ces premiers mots du
trait à la fin des temps, par conséquent psaume « Maintenant que je t'invoque
:
la délivrance et le bonheur nous mettent est une série de prodiges accomplis par
au large. Le saint roi, fréquemment dans Jéhovah en sa faveur. —
Sanctum suum.
l'angoisse, avait toujours été « dilaté » par Hébr.: son hâsid, ou son ami tout intime.
Dieu. —
Miserere mei. L'expression hé- — Dans ces conditions, le roi n'a qu'à for-
braïque honnéni ne renferme pas directe- muler sa demande, pour être immédiate-
ment l'idée d'un miséricordieux pardon ; ment exaucé. Cf. Ps. m, 5.
elle signifie plutôt Sois -moi favorable
: 4"Troisième strophe exhortation de
:
(vers. 3- G»), aux chefs de la révolte. S'ils veulent critiquer les actes de son
Filii hominum (hébr. &«nè 'is; propre- : gouvernement, qu'ils le fassent dans les
ment « filii virorum ») appellation qui
: : limites permises, sans révolte et sans crime.
désigne des hommes d'un rang élevé, les — Qux dicitis... L'hébreu donne un sens
grands du royaume, qui s'étaient mis à la tout à la fois plus clair et plus pittoresque :
tête des rebelles; il ne faut pas la con- « Parlez à votre cœur sur votre couche,
fondre avec la dénomination d'humilité b^nè et taisez -vous. » Se parler au cœur, c'est
'adâm. xLvni, 2; lxi, 9, etc.
Cf. Ps. — méditer, réfléchir sérieusement; sur sa
Usquequo... Divergence importante dans couche, durant le calme et la solitude de
l'hébreu « Jusques à quand ma gloire
: la nuit, on le fait d'une manière plus re-
sera-t-elle méprisée? » Par sa gloire, David cueillie et plus profonde, rien ne couvrant
entend son honneur personnel et davan- , alors la voix de la conscience, qui retentit
tage encore sa dignité royale, que les chefs bien haut. Résultat certain de ces graves
des rebelles avaient profondément blessés. réllexions le silence, la cessation de leurs
:
D'après les LXX et la Vulgate hommes : menées coupables contre l'oint du Sei-
au cœur dur, sourds à tout cri de justice. gneur. Langage énergique et commande-
— Vanitatem dans le sens propre, c.-à-d. ment tout royal de David. Sacrificate... —
le néant, le vide. Cf. Ps. ir, 1. David re- Excellent moyen de rentrer en grâce avec
proche à ses ennemis de s'appuyer, pour Dieu lorsqu'ils auront mis fin à leur folle
,
^ Offrez un de justice,
sacrifice
au Seigneur.
et espérez
Beaucoup disent Qui nous fera voir le bonheur?
:
"
La lumière de votre visage est gravée sur nous. Seigneur.
Vous avez mis la joie dans mon cœur.
^ Ils se sont multipliés par l'abondance de leur froment, de leur vin
de leur huile.
et
•'
Et moi je dormirai et me reposerai tout à fait en paix,
neux, c'est un regard propice du Seigneur. plus parfaite confiance en Dieu. Vers. 9-10.
Cf. Num. VI, 24-26, etc. Signatum est — 9-10. In pace: mot important, mis en
(LXX l(yq[Lzm^ri) fait image la lumière
: relief par la place qu'il occupe en avant
:
un étendard. —
Dedisti leetitiam... Dès 10 aÙTo) en même temps, à la fois, comme
:
maintenant David jouit d'un plein conten- le dit plus clairement l'hébreu yahdâv.
tement en son Dieu et malgré les mal-, , Cet adverbe se rapporte aux deux verbes
heurs présents, sa joie est plus vive que qui suivent dormiam et requiescam ; :
celle des agriculteurs (ou, d'une manière d'après l'hébreu Je me couche et je m'en- :
Ps. IV, 10 — Y, 1. 41
^^ quoniam tu, Domine, singulariter in spe constituisti me.
PSAUME V
*
In fmem, pro ea quaî hereditatem consequitur, psalmus David.
*
Pour la fin, pour celle qui obtient l'héritage, psaume de David,
"^
Seigneur, prêtez l'oreille à mes paroles ;
verbes placés en gradation ascendante plus tard à Silo, puis, par David, sur la
comme substantifs.
les Ego autem... — colline de Sion. Cf. Ex. xxiii, 19; xxxiv, 26;
(vers. 8). Frappant contraste. Introibo... — Deut. xxiii, 18; Jos. vi, 2i; I Reg. i, 9, 24;
Il est admis, lui, en présence du Seigneur, III, 3, 15; II Reg. xii, 20, etc.
quoique ses ennemis en soient bannis. 4" Troisième strophe la prière propre-
:
Faveur qu'il doit beaucoup plus à la divine ment dite. Vers. 9-11.
miséricorde {in muJtitudine...) qu'à sa 9-11. Cette prière a deux parties : David
propre innocence. —
Adorabo. D'après demande pour lui-môme le secours de Dieu,
l'hébreu, la prostration à l'orientale. Voyez qui le préservera de tout péché (vers. 9);
V Atlas archéol. , pi. xcvi fig. 7. In , — ildemande que ses ennemis soient châ-
timoré tuo : avec la crainte révérentielle tiésselon rétendue de leurs forfaits (vers.
qui convient à l'homme en face d'un Dieu 10-11). —
Deduc me... La visite que le
si grand. Cf. Ps. ii, 11; Hebr. xii, 28-29, saint roi se dispose à faire au sanctuaire
44 Ps. V, 10-11.
10
Quoniam non est in ore eorum veritas ;
lui rappelle le trajet si difficile de la vie, indignation, et, dans une prière véhé-
et conjure le Seigneur de se faire son
il mente, il conjure Dieu de les juger, de
guide et son protecteur. —
Injustilia tua. les condamner, de les châtier. —
Décidant
Dans le droit sentier, dans la voie des divins a cogitationibus. D'après quelques inter-
commandements. Peut-être doit-on tra- prètes Qu'ils périssent par leurs projets';
:
qui observent insidieusement, à la façon nistres échouent. —Expelle eos : que Dieu
des traîtres et des bêtes fauves. Cf. Jer. les expulse de 4evant lui, comme des objets
V, 26; Os. XIII, 7, etc. David ne veut pas qui font horreur, tant ils sont couverts de
que ses ennemis aient la joie maligne de crimes. —
Quoniam irritaverunt... Hébr. :
lui voir quitter la bonne voie, ne fût-ce parce qu'ils se sont révoltés contre toi.
que pour un instant. — Dirige... viam Mots qui contiennent la clef et le motif de
meam. Nuance dans l'hébreu Aplanissez : ces vives imprécations que l'on rencontre
devant moi votre route. —
Quoniam... Le dans un certain nombre de poèmes bi-
psalmiste commente et développe les mots bliques. Comp. les Ps. xvii, 38-39, 43;
((à cause de mes ennemis », traçant une Lviii, Lxviii, Lxxvm, cviii, cxxxvi, etc.
description complète de la malice de ses « H est vrai que les chantres sacrés s'ex-
adversaires, afin d'exciter davantage dans priment en termes très forts, quand ils
le cœur de Dieu de la pitié pour lui-même, parlent des pécheurs qu'ils abhorrent, ou
de l'indignation contre eux. Non in ore... des oppresseurs de leur peuple contre les-
veritas. Littéralement dans l'hébreu pas : quels ils invoquent la puissance de Dieu ;
de stabilité. On ne saurait donc se fier à mais il est facile de le comprendre, quand
leurs paroles.— Cor... vanum. Hébr.: leur on fait attention que leurs ennemis sont
intérieur est un abîme (en mauvaise part : les ennemis de Dieu même les méchants
:
leurs intentions hostiles, ils les dissimulent d'une sainte haine pour le mal, ne peut
par des paroles mielleuses. —
Judica illos. le voir de ses yeux sans souhaiter forte-
Hébr. Détruis -les. Lorsqu'il réfléchit à
: ment sa punition; il prend en mains les
leur conduite, David ne peut contenir son intérêts de Dieu offensé. Le Ps. v, 7-10,
Ps. V, 12 — Ps. VI, 1. 45
^^
Et loctentur omnes qui sperant in te ;
PSAUME VI
*
Pour la fin, parmi les cantiques, psaume de David, pour l'octave.
dans l'âme du psalmiste, la haine du péché le couronnes (le juste) d'amour comme
se confond avec l'amour de Dieu et ne d'un bouclier. Ce qui fait une double image.
forme qu'un seul et même sentiment. » Au lieu d'employer le nom du bouclier or-
{Manuel biblique, t. II, n. 659.) Ou encore, dinaire, mâgèn le poète se sert du mot
,
en toi. —
Habitabis in eis. D'après Thébr. :
Plainte, prière et triomphe.
tu les abriteras. — Dt%uni nomen. Ici et Le titre. Vers. 1.
1»
en beaucoup d'autres passages, le nom de Ps. VI. —
1. Cinq données, dont la der-
Dieu représente son essence, sa nature, nière seule est nouvelle (sur les deux pre-
ses perfections infiniment grandes et infi- mières, voyez le Ps. iv, 1, et le commen-
46 Ps. VI, 2-5.
taire). Vro ocfava (LXX : uTisp ttjç oyô6y]ç) 2-4.Domine... Le poète implore la divine
est une traduction assez de la littérale pitié, et,pour mieux l'obtenir, il décrit la
locution hébraïque 'al-hass«minît, qu'on peine extrême que lui fait endurer la pen-
retrouve encore en avant du Ps. xi (cf. sée d'avoir excité contre lui le courroux
I Par. XV, 21), et qui ne désigne pas, du Seigneur. —
11 appuie visiblement sur
comme l'ont cru divers interprètes un , les mots ne in furore tuo, neque in ira.
instrument à huit cordes mais plutôt ce , Coupable, il ne refuse point d'être châtié ;
qu'on nomme en musique Va ottava bassa », mais il voudrait que Dieu le punit comme
une partie de basse à l'octave du soprano. un pécheur repentant, auquel il a par-
Ce chant grave et lugubre convenait très donné, et non comme un ennemi contre
bien aux Ps. vi et xi, dont le sujet est lequel sa colère s'exerce sans connaître
empreint de tristesse. —
Ce poème ouvre de bornes. Cf. Job, v, 17; Prov. ni, 11-12;
la série des psaumes dits de la Pénitence Jer. X, 24, etc. —
Miserere... quoniam...
(cf. Ps. XXXI, XXXVII, L, CI, CXXIX, CXLII), A la façon d'un malheureux qui montre
et à bon droit, car il nous montre un ses plaies pour attendrir les passants, David
pécheur qui, grièvement coupable et griè- expose l'atfreux état auquel il a été réduit
vement puni, éprouve le plus vif regret soit par les châtiments divins, soit par la
d'avoir offensé Dieu brisé de corps et
; violence de sa contrition. Infirmus. —
d'âme, il conjure le Seigneur d'avoir pitié Hébr. himlâl, abattu, languissant, flétri.
:
de lui et de lui faire grâce. Le langage est — Conturbata... ossa. Ses os, cette char-
celui d'un vrai pénitent. —
Il est très vrai- pente si solide du corps humain sont ,
à peu près à la même époque que le « Mi- désagrègent par suite de l'effroi. Comp.
serere » (Ps. l), lorsque, averti par le pro- le Ps. XXI, 14. — Anima mea turbata...
phète Gad, il s'éveilla de sa léthargie morale L'être intérieur n'est pas moins atteint
et comprit toute l'étendue de son crime. que l'organisme extérieur. Notre-Seigneur
Cf. Il Reg. XII, 1 et ss. Nous le voyons en- Jésus -Christ, pensant à sa passion très
touré d'ennemis qui l'outragent (vers. 8) : prochaine, s'est appliqué et approprié cette
allusion sans doute aux premiers débuts douloureuse parole; cf. Joan. xii, 27. —
de la révolte d'Absalom. —
Trois strophes : Sed tu... usquequo 9 Cri qui s'échappe du
dans les deux premières, la plainte et la plus profond de l'âme; saisissante et éner-
prière se mélangent la troisième éclate
; gique aposiopèse. Jusques à quand me
subitement en accents de triomphe, a On frapperez - vous ou refuserez - vous
,
de
ne peut rien imaginer de plus tendre, de m'exaucer?
plus touchant et de plus profondément 3» Seconde strophe autre prière, mais
:
monarque converti, et lui rendre ses bonnes (hébr. le ë^'ôl, ou séjour des morts)... quis
:
grâces. —
Eripe anlmam... C'en est fait confilehilur, elle énonce une vérité indis-
de la vie du suppliant, si Dieu ne mani- cutable; car il est bien évident que ni
feste qu'il lui pardonne. Or, s'il meurt, David, ni Ézéchias, ni aucun autre des
c'en est fait des beaux cantiques par les- saints de Tancienne Alliance, ne pouvaient
quels il procure, lui, « l'excellent chantre louer Dieu dans les limbes par de vibrants
d'Israël » quelque gloire au Seigneur
, : poèmes. Gomp, Bossuet, Dissertatio de
quoniam... Pieux et touchant motif, très Psalmis, cap. i, n. 10. —Après cette prière
délicatement présenté. — Non est in mor- (vers. 5-6), le poète revient sur sa douleur
te... Il mauvais vouloir des
a fallu tout le poignante. Laboravi in gemitu...: d'après
rationalistes pour trouver dans ce pas-
,
riiébreu, je suis épuisé par mes gémisse-
sage et d'autres semblables (cf. xxix 10; , ments. —
Lavabo , rigabo. Il vaut mieux
Lxxxvni, 6, 11-13; cvni, 17; cxiv, 9; traduire par le présent je lave, j'arrose.
:
CXLV, 4; Is. xxxvii, 18, etc.) la preuve que C est un fait habituel qui est énoncé. —
les Hébreux n'auraient pas cru à l'immor- Turbatus est a furore... Plutôt: Mon œil
talité de rame. Israël admettait certaine- est flétri à cause du chagrin; il a vieilli à
ment la vie future comme un dogme de foi cause de tous mes oppresseurs. Chacun sait
(cf.Ps. XV, 9-10; Lxi, 8-9; lxxxiii, 5, etc., que « l'apparence du regard est une sûre
et F. Vigoureux, la Bible et les décou- indication de l'état de la santé soit men-
vertes tnodernes , t. III, p. 93 et ss.); tale, soit physique ».
mais il n'avait pas et ne pouvait avoir, sur 4" Troisième strophe heureux résultats
:
PSAUME VII
^
Psalmus David, quem cantavit Oomino pro verbis Chusi, filii Jemini.
^ Domine Deus meus, in te speravi ;
*
Psaume de David ,
qu'il chanta au Seigneur à cause des paroles de Chus,
fils de Jémini.
^ Seigneur mon Dieu j'ai espéré en vous
, ;
fois de suite. —
Voceni flelus. Expression lom (cf. II Reg. xvi, 1 et ss.). Mais il est
délicate : de ses sanglots bruyants.
la voix beaucoup plus probable que Chusi était
— Erubescant, conturbentur, confundan- l'un des courtisans de Saiil, qui, partageant
tur. Mâle beauté de ce dernier verset, sur- sa haine contre David, calomniaient basse-
tout par l'accumulation des verbes et des ment le jeune prince auprès de leur maître
adverbes synonymes et aussi dans l'hé-
, , {verbis, des paroles am ères, des insinuations
breu, par les allitérations et le rythme perfides), le représentaient comme un cons-
farouche: yébôsu vHbbâhalu... , yasûbu, pirateur, et excitaient ainsi le roi jaloux à
yébôsu raga' se défaire d'un rival dangereux. Cf. I Reg.
XXII, 8;xxiv, 9; xxvi, 19, etc. Ils apparte-
Psaume VII
naient pour la plupart à la tribu de Benjamin
Appel au Juge suprême contre les calom- {filii Jemini; hébraïsme pour Benjami-
nies et les embûches d'hommes per- nite. Cf. I Reg. IX, 1 ; xxii, 7; II Reg. xx, 1,
vers. etc.). Le psaume vu date donc du temps
1° Le titre. Vers. 1. de persécution de Saiil, et tous ses dé-
la
Ps. VII. —
1. Le genre du poème : tails sont en parfaite harmonie avec ce
_psaïmMS. Dans riiébreu: siggayôn; expres- que le premier livre des Rois nous rap-
sion assez obscure, de la racine sâgah, porte de cette période si rude pour David.
errer, qui paraît désigner une « cantio erra- Comparez en général les chapitres xxiv-
tica », c.-à-d. une sorte de dithyrambe, xxvi, et, en particulier, les vers. 2-3 avec
où le poète, en proie à une vive émotion, I Reg. XX, 1, 31 xxiii, 15, etc.; les vers. ;
« met peu de liaison dans ses idées et peu 4-5 avec I Reg. xx, 1; xxiv, 10-11, 17;
d'uniformité dans son rythme. » Tel est en les vers. 7-9 avec I Reg, xxiv, 12, 15, etc.
réalité le Ps. vu, avec ses transitions ra- — Cinq strophes irrégulières, vers. 2-3,
pides, ses sentiments ardents qui alternent la pressante prière; vers. 4-6, la protes-
entre la crainte et l'espoir, ses cris pas- tation d'innocence; vers. 7-10, l'appelau
sionnés, ses images fraîches et hardies. jugement divin; 11-14, l'attente
vers.
L'occasion historique quem... pro verbis
: pleine de confiance; vers. 15-18, la con-
Chusi... Chusi, ou plutôt Kus, comme le templation prophétique du châtiment des
nomme le texte hébreu, n'est pas men- impies.
tionné ailleurs. On a identifié parfois ce 2° Première strophe court préambule :
;
personnage au Benjaminite Séméi, qui appel à Dieu dans un terrible danger. Vers.
outragea David de la manière la plus igno- 2-3.
minieuse, au temps de la révolte d'Absa- 2-3. Domine Deus... Le poète exprime
Ps. VII, 3-5. 49
^ ne quando rapiat ut leo animam meam
dum non est qui redimat, neque qui salvum faciat.
'^
Domine Deus meus, si feci istud,
si est iniquitas in manibus meis,
^ si reddidi retribuentibus mihi mala,
decidam merito ab inimicis meis inanis.
délicatement à Dieu sa tendre confiance, sants et cruels. Cf. Ps. ix (2e partie), 9;
lui décrit en abrégé son angoisse, et implore XVI, 12 ; XXI, 13, 21, etc. —
Animam : meam
ardemment son secours. Exorde insinuant ma Comp. le vers. 6.
vie. Dum non... —
et sorte de pieuse « captatio benevolentiœ », redimat. Dans l'hébreu Et me déchire,:
psaumes. Cf. Ps. xv, 1; xxx, 1, etc. — 3° Seconde strophe : vive et solennelle
Speravi. Ilébr. : hasîti, je me suis caché. protestation d'innocence. Vers. 4 -G.
Comme au Ps. ii, 3, et souvent ailleurs. 4-6. Cette protestation énergique a pour
— Ex omnibus persequentibus : Saiil et but de toucher plus sûrement le cœur du
ceux de ses adhérents qui partageaient Dieu sauveur, en lui rappelant que le sup-
son inimitié jalouse à l'égard de David. pliant est persécuté d'une manière injuste.
Cf. I Rcg. xxiir, 28; xxiv, 14; xxv, 29, etc. Même début, pieux et pressant, qu'à la
— Ne quando rapiat... Transition du plu- première strophe Domine Deus meus
:
riel au singulier. Parmi ses nombreux (cf. vers. 2).— Si feci istud. Cela, c.-à-d. les
ennemis, le psalmiste en voit un qui est crimes dont il était accusé par le calom-
plus que personne acharné à sa ruine le : niateur Chusi (vers. 1), et spécialement
monarque, évidemment. —
Ut leo. Com- ceux qui sont signalés dans les lignes sui-
paraison expressive fréquente dans la
, vantes. —
Iniquitas in manibus. Locu-
Bible, pour marquer des adversaires puis- tion pittoresque les mains sont souvent
:
3
50 Ps. VII, 6-8.
les instruments du mal. Comp. I Reg. de vue naturel. Sur cette expression poé-
XXIV, 11, et xxYi, 18, où David se justifie tique, voyez les psaumes xv, 9; xxix, 13;
précisément dans ces mêmes termes en Lvi, 9, etc. —
Conculcet : le broyant et
face de Saùl. —
Si reddidi... S'il a cher- l'écrasant. — In pulverem : la poussière
ché à personnellement vengeance de
tirer du tombeau. — Dans fhébreu, un sélah
ses adversaires. Non, il laissait ce soin au termine cette strophe. Voyez la note du
Seigneur. Cf. I Reg. xxiv, 12. Retri- — Ps. ni, 8.
huentibus [àdiW&Vhéhw^sohni, au singulier) 4° Troisième strophe appel au jugement
:
et Vulgate
la dès ici commencent les
, comme au juge souverain du monde, et
imprécations de David contre lui-même, illui demande justice pour lui-même et
à la façon de l'Ancien Testament, pour pour tous les bons. —
In ira tua. Le con-
le cas où il aurait commis les fautes qu'il traire du Ps. VI, 1. Là le suppliant avait
vient de mentionner Que je succombe,
: conscience d'être en état de grâce il s'agit ;
((Et si j'ai dépouillé mon adversaire injus- (ou à cause des accès...) de mes adver-
tement. » Allusion délicate à la généreuse saires. —
Et exurge... Hébr. Et éveille- :
conduite de David envers Saùl en deux toi pour moi. Anthropomorphisme hardi.
circonstances distinctes cf. I Reg. xxiv, 4
; Dieu, quand il tolère pour un temps la
et ss.; xxvi, 8 et ss. —
Persequatur^ com- malice des impies, est censé dormir et ne
prehendat... Émotion et rapidité qui font pas s'en apercevoir. Cf. Ps. lxxvii, 65, etc.
image. —
Animatriy vitam, gloriam, sont — In prsecepto quod... C. -à-d. à cause :
paraît revenir au même que la traduction craint nullement l'arrêt final. — Innocen-
de laVulgate Levez -vous pour me dé-
: tiam... super me. Hébraïsme l'innocence :
fendre, puisque c'est votre rôle de rendre dont il est revêtu comme d'un manteau
la justice. —
Et synagoga... David « orga- d'honneur. Comp. Job, xxix, 14.— Consu-
nise, pour ainsi dire, la scène du juge- metur. Faute probable pour « consumme-
ment » car il désire une sentence solen-
; tur » (telle est la leçon de saint Augustin).
nelle, prononcée en face du monde en- Dans l'hébreu Que prenne fin. La prière
:
tier, pour que son innocence injustement s'élargit : David demande que les impies
accusée brille d'un plus vif éclat (vers. 3), soient réduits à l'impuissance, et qu'au
et que ses ennemis soient au contraire contraire les justes soient confirmés, con-
couverts , d'une confusion plus grande sohdés {pkônèn; Vulg. diriges) dans le :
planant avec majesté au-dessus de l'as- manière d'agir toujours terrible envers les
semblée des peuples, lorsqu'il aura pro- pécheurs impénitents. Justum adjuto- —
noncé la sentence. Dominus judicat — rium... Hébr. Mon boucher est sur Dieu;
:
(vers. 9). David voit en esprit la réalisa- c.-à-d. que le Seigneur daigne tenir lui-
tion de son désir les peuples sont là , et
: même cette arme défensive, pour protéger
Dieu sur son trône pour de majestueuses son serviteur. Cf. Ps. m, 4. Judex,—
—
,
assises. Cf. Ps. ix, 8-9. Judica me justus fortis... L'adjectif patiens a été
secundum... Sur de son innocence, il ne ajouté par les LXX et la Vulgate; fortis
52 Ps. VII, 13-17.
'•^
Si vous ne vous convertissez, il brandira son glaive
a déjà tendu son arc, et le tient tout prêt.
il
^''
Et il y a préparé des instruments de mort ;
est une traduction inexacte du mot 'El, 15-17. Ecce... Quoique si rudement puni,
qui signifie Dieu. Hébr. 'Elohini est un : l'impie ne peut se plaindre que de lui-
juste juge, et un Dieu {'El) qui s'indigne même, car il s'était préparé ce traitement
tout le jour. Ainsi donc, alors même qu'il par ses crimes. Trois comparaisons frap-
est patient au dehors, Dieu éprouve contre pantes mettent successivement cette pensée
le péché une perpétuelle indignation, car en relief. —
Première image, vers. 15. Par-
sa sainteté et sa justice ne sauraient de- turiit..., concepit. ..he sujet n'est pas men-
meurer en repos en face du mal moral. — tionné en propres termes, mais^il est évi-
Nisi conversi .. (vers. 13). Petite variante dent que c'est le pécheur. La métaphore
dans l'hébreu Si l'homme ne se détourne
: est aisée à comprendre (cf. Job, xv, 35) :
pas (de sa voie mauvaise). Vigoureuse — d'abord exposée d'une manière générale
description des opérations vengeresses du par le premier des trois verbes (vers. 15^),
Seigneur, vers. 13M4. Dieu est représenté elle est ensuite reprise et développée par
comme un guerrier armé de toutes pièces, les deux autres (15^). —
Dolorem: le mal
qui s'avance, irrésistible, contre ses enne- que les méchants se proposent de faire aux
mis. Cf. Deut. xxxn , 41-42. Gladium justes. — Iniquitatem. En hébreu, séger,
vibrabit : d'après l'hébreu, il aiguisera son le mensonge, le néant; expression qui
glaive. Vasa niorlis : hébraïsme ; ces marque le complet échec de ces plans
((instruments de mort » ce sont les flèches , ourdis laborieusement.— Deuxième image,
lancées par Dieu contre les pécheurs. — vers. 16. Lacum... : une fosse recouverte
Sagittas ardentibus... Traduction servile de branchages et d'un peu de terre, piège
du texte original, pour dire : Il a rendu dans lequel on espère faire tomber des
ses flèches brûlantes. C'est une allusion ennemis ou des bêtes fauves. Effodit dit
aux traits enduits de matières inflammables plus que aperuit : il a profondément
que lançaient les anciens. Pour Dieu ces , creusé. Et incidit... : le méchant est
flèches ardentes ne sont autres que la foudre donc lui-même l'auteur de ses maux. Cf.
(cf. Ps. XVII, 15, etc.). Ps. LVi, 7; Eccl. X, 8. — Troisième image,
6° Cinquième strophe : réflexions mo- vers. 17. Dolor...: le mal qu'il préparait
rales sur le châtiment des pécheurs; il est aux autres (cf. vers. 15) retombera (con-
le résultat naturel de leur conduite. Vers. vertetur) sur lui. Cf. I Reg. xxv, 39; Prov.
15-18. XXVI, 27; EccH. xxvii, 25.
Ps. VII, 48 — YIII, 1. 53
^^ Confîtebor Domino secundiim justitiam ejus,
et psallam nomini Domini altissimi.
PSAUME VIII
^
Pour la fin, pour les pressoirs, psaume de David.
18. Conclusion pieuse et joyeuse du blance, car l'hébreu ne dit pas 'al-haggittôt,
cantique.— Confîtebor... secundum justi- comme paraissent avoir lu les traducteurs
tiam... C'est une action de grâces à Dieu d'Alexandrie, mais 'al-haggittit, expres-
pour sa justice, si visiblement manifestée sion dont le Targum paraît avoir donné le
dans sa conduite soit à l'égard des bons, véritable sens dans sa paraphrase : « Sur
danges (cf. Jud. IX, 27; Is. xvi, 8-10; Jer. vrai chef de l'humanité régénérée. I.e
XLYiii, 33). Opinion dénuée de vraisem- psaume viii est donc en ce sens une pro-
54 Ps. VIII, 2-3.
phétie, que les anciens interprètes juifs et que Dieu a laissée sur toutes ses œuvres.
chrétiens n'hésitent pas à appUquer au Comp. le Ps. V, 11, et la note. —
In uni-
Messie, de fait, n'a reçu son par-
et qui, versa terra. Partout sur la terre et par-
fait accomplissement que par Tlncarnation, tout dans le ciel, ainsi qu'il va être dit, les
Il y a plus Notre -Seigneur Jésus -Christ
: mille voix de la nature proclament ce fait
lui-même rattache le verset 3 à un événe- sublime.
ment de sa vie publique (comp. Matth.xxi, 3" Première strophe la grandeur de
:
14-16), et saint Paul lui fait également Jéhovah se révélant dans les cieux. Vers.
l'application des vers. 6-8 (cf. I Cor. xv, 2c -3.
26-28; Eph. i, 22; Hebr. ii, 6 et ss.). Les 2" -3. Quoniam... L'enchaînement des
meilleurs commentateurs catholiques ad- pensées est très simple dans la Vulgate et
mettent néanmoins que le sens messia- les LXX Votre nom est admirable sur
:
nique de ce poème ne dépasse pas les toute la terre, et rien d'étonnant à cela,
limites du type (voyez Tlntroduclion, p. 23). puisque votre gloire, vos splendeurs divines
— La beauté littéraire du Ps. viii est uni- s'étalent, incommensurables, jusqu'au-
versellement admise. Il est vigoureux et dessus des cieux. Le texte original n'est
concis; c'est un des chants « les plus gra- pas sans quelque difficulté sous le rapport
cieux du Psautier ». « Sans aucune préten- grammatical. Le Targum, le syriaque, saint
tion à quelque artifice de forme,... il est Jérôme et beaucoup de commentateurs tra-
sublime par sa simplicité même. » On y duisent Toi qui as mis ta magnificence
:
trouve « un jet admirablement pur du senti- au-dessus des cieux (ou sur les cieux).
ment religieux le plus authentique ». C'est, Selon d'autres Toi dont la splendeur
:
avec le Ps. cm et d'autres cantiques, un s'étend au delà des cieux. Le sens est au
bel écho lyrique du premier chapitre de fond le même, avec quelques nuances. Ex
la Genèse. —
Il s'ouvre et se termine par ore... Frappant contraste et même, sorte ,
un refrain, vers. 2-^^ et 10. Quatre strophes de paradoxe mais pour mieux démontrer
,
au miheu, vers. 2^-3, 4-5, 6-8», 81^-9. la pensée qui précède. Le nom divin res-
2» Le refrain. Vers. 2'i^. plendit d'un tel éclat, que les petits en-
2»^. Domine, Doïiimws... Dans l'hébreu : fants eux-mêmes le glorifient et le chantent
Y^hôvah, notre 'Adonaï. Deux noms dis- à haute voix. Par infantium, il faut entendre
tincts. —
Noster. C'est le premier passage d'après l'hébreu 'ôMim ) des enfants d'un
(
du Psautier où le poète associe d'autres certain âge, qui ont déjà leur liberté d'al-
hommes à son adoration. Il avait toujours lures (littéralement: ceux qui jouent), et
dit « Mon Dieu »; il parle maintenant au l'on ne doit pas oublier qu'en Orient les
nom de tout le peuple théocratique. — yônqim (les nourrissons, lactentium) de-
Quam admirabile. D'après l'hébreu : meurent d'ordinaire à la mamelle jusque
Combien majestueux, magnifique! Excla- vers l'âge de deux ou trois ans ils peuvent ;
mation qu'arrache au poète la vue des donc au moins bégayer. Cf. II Mach. vn, 27.
beautés naturelles qu'il contemplait au- — Perfecisti laudem. Variante dans l'hé-
dessus de lui, dans un ciel splendide. — breu Tu as établi une force {'ôz); ou
:
Nomen tuum. L'empreinte de son essence, même, une citadelle, un puissant boule-
Ps. VIII, 4-6. 55
'^
Quoniam videbo cselos tuos opéra digitorum tuorum ,
''
Quand je considère vos deux, œuvre de vos doigts,
lune et
la les étoiles que vous avez créées,
•'je m'écrie : Qu'est-ce que l'homme, pour que vous vous souveniez
de lui?
ou le fils de l'homme, pour que vous le visitiez ?
^'
Vous ne l'avez mis qu'un peu au-dessous des anges ;
vard. Idée toute charmante ces fraîches : une splendeur dont on peut à peine
éclat et
et gracieuses, mais si faibles bouches d'en- une idée. »
se faire Qum tu fundasti. —
fants, réduisant au silence (Vulg. ut de- : Chacun de ces astres a son orbite, que le
struas ; hébr. l^ha'éhit, pour faire cesser,
: Créateur lui a assignée, et dont il ne dévie
pour faire taire), les pires ennemis du jamais. — Quid est... Ellipse manifeste.
Seigneur! Cf. I Cor, i, 27. « Les enfants Quand je contemple..., alors je me dis :
doivent, en effet, à leur innocence le pri- Qu'est-ce que Ihomme...? Homo. Hébr.:
vilège de reconnaître Dieu les premiers 'énos; celui des trois noms de l'homme,
partout où il se montre; ils le saluent à dans la langue sacrée (les deux autres
travers les voiles de la nature et croient , sont 'is et géber qui marque le mieux
] ,
naïvement, mais sûrement, là où les savants son impuissance et sa caducité. Cf. Ps. m, 3
n'ont que le doute; ils sont plus aptes que (voyez la note); en, 15, etc. — Films
personne à saisir la vérité surnaturelle, et hominis ou bèn-'adam est aussi une appel-
à percevoir les clartés de la révélation » lation d'humilité, car elle fait allusion à
(Lesêtre, le Livre des Psaumes, h. 1.), et l'origine terrestre de l'homme. Cf. Gen.
leur témoignage confond les adversaires II, 7. — De psalmiste
cette petitesse, le
les plus farouches de la vraie religion. — rapproche la conduite du Seigneur, qui
Ultorem : des ennemis avides de ven- n'en paraît que plus admirablement bien-
geance. —Lisez, dans saint Matthieu, xxi, veillante. Memor es : il n'abandonne pas à
15 et ss., une touchante réalisation de ce lui-même cet être fragile. Visitas: il l'en-
passage au moment de l'entrée triomphale vironne de soins multiples, perpétuels,
de Notre- Seigneur Jésus- Christ à Jéru- qui sont comme autant d'aimables visites
salem. de sa bonté.
4° Seconde strophe opposition entre la
: 5» Troisième strophe grandeur et puis- :
grandeur de Dieu, manifestée par la splen- sance que Dieu a daigné conférer à l'homme.
deur des astres, et sa condescendance à Vers. 6- 8a.
l'égard d'une créature aussi faible que 6-8». Minuisti... On nous fait remonter
l'homme. Vers. 4-5. jusqu'à la création de l'homme pour ,
4-5. Quoniam videbo est une traduction mieux mettre en relief les qualités dont
servile de l'hébreu, dont la vraie signifi- a été ornée sa nature, et lautorité qui lui
cation est Quand je vois.
: —
Cœlos: le ciel a été confiée. — Paulo minus ab angelis.
si pur des régions bibliques avec leur , Dans l'hébreu : m^'at mé'Elohim. Ce qui
profondeur immense. —
Opéra digitorum signifie à la lettre : Un peu moins que
tuorum est un anthropomorphisme
bel Dieu ; sens adopté par Aquila,
et tel est le
poétique : Dieu, comme un artiste, a fa- Symmaque, Théodotion saint Jérôme, et ,
çonné l'univers de ses doigts habiles. — la plupart des hébraïsants modernes. Hyper-
Lunam: la lune d'Orient, qui est, dit un bole poétique, qui rappelle la plus précieuse
poète, plus brillante que le soleil du nord. gloire de l'homme l'image de Dieu gravée
— Stellas.
:
« Dans une contrée comme la sur son front sur son intelligence , et
,
Palestine, grâce à la limpidité de l'atmo- davantage encore sur son âme (cf. Gen. i,
sphèro.... los étoiles apparaissent avec un 26-27), de manière à faire de lui un être
56 Ps. VIII, 7-10.
'
eiim super opéra manuura tuarum.
et constituisti
Omnia sub pedibus ejus,
siibjecisti
oves et boves universas,
insuper et pecora campi ;
'
et vous l'avez établi sur les œuvres de vos mains.
Vous avez mis toutes choses sous ses pieds,
toutes les brebis et tous les bœufs
et même les animaux des champs;
les oiseaux du ciel et les poissons de la mer,
,
presque divin. La Vulgate a suivi les LXX, sant toujours. « Mais tout ceci se vérifie
qui ont irap' àyyéXo^Jç. Telle est aussi la
: d'une manière infiniment plus parfaite dans
la traduction du Targum du syriaque et
, la personne de Jésus-Christ, qui a été cou-
de la plupart des exégètes juifs. Même ainsi ronné d'honneur et de gloire dans le ciel,
abaissé, le sens demeure encore bien beau, en récompense de ses humiliations et de
puisque les anges sont les êtres les plus sa mort, et qui a commandé avec une au-
nobles de la création. Comp. Bossuet torité absolue à la mort, aux éléments et à
Elévations sur les Mystères, sem., 4. ¥ la maladie; enfin qui est élevé dans le ciel
Le mot 'Elohim, disent les commentateurs au-dessus de toutes choses... Il nous avertit
qui adoptent ce sentiment, est quelquefois que toute puissance lui a été donnée au
employé dans la Bible pour désigner méta- ciel et sur la terre. » ( Calmet, h. l.) C'est ce
phoriquement les grands personnages qui que expressément saint Paul, I Cor. xv,
dit
tiennent ici -bas la place de Dieu, tels que 27; Eph. 1, 19 et ss. (comp. Matth. xxi, 16).
les rois et les juges (cf. Ex. xxi, 6; xxn, 6" Quatrième strophe énumération des
:
anges (cf. Hebr. n, 6 et ss.), mais qui création (Gen. i, 28 j. Sur la terre, les
cadre moins avec le sens littéral et direct. quadrupèdes soit domestiques (oves et
— Gloria et honore... Semblable à Dieu par boves, le menu et le gros bétail), soit
sa nature, l'homme lui ressemble aussi par sauvages [pecora campi). Dans les airs,
son autorité. Le C4réateur a déposé sur sa les oiseaux. Dans les eaux, les poissons,
têteune magnifique couronne royale mais ; que le poète caractérise par une épithète
ce n'est pas un roi sans sujets, car la terre pittoresque [qui perambulant...), qui met
entière, avec tout ce qu'elle renferme, a en saillie l'autorité de l'homme sur ces
été soumise dès le principe à sa domina- êtres en apparence insaisissables. Énumé-
tion {subjecisti sub pedibus; expression ration qui n'a pas lieu sans un sentiment
énergique, qui dénote un pouvoir absolu). de fierté.
Cf. Gen. I,26, 28. Puissance étonnante de 7» Le refrain. Vers. 10.
rhomme sur la nature, qui va s'agrandis- 10. Domine j Dominus... Le psalmiste
Ps. IX, 1. 57
PSAUME IX
*
In finem, pro occultis filii, Psalmus David.
^
Pour la fin, pour les secrets du fils, psaume de David.
ne pouvait mieux conclure qu'en répétant est une demande pressante et plaintive de
son exclamation de respectueux étonne- secours contre des ennemis du dedans,
ment, qui avait ouvert le poème; mais qui menacent la sécurité de l'État juif; et
elle a ici, après une démonstration si par- chacune des pièces ainsi divisée parait finie
faite, un sens plus beau et plus complet. et complète en elle-même. Mais, d'autre
part, pourquoi l'absence d'un titre en avant
Psaume IX du Ps. X, fait très rare au premier livre
du Psautier (les Ps. i, u et xxxiii de l'hé-
Action de grâces à la suite d'une brillante
breu en sont seuls dépourvus)? Certaines
victoire, et prière pour obtenir la ruine
ressemblances frappantes dans les pen-
d'autres ennemis.
sées, les expressions, le rythme, parlent
1° Le Vers. 1.
titre. aussi en faveur de l'unité (cf. ix, 10, et x
Ps. IX. — La dédicace au maître de
1. hébr., 1; IX, 20, et x, 12, etc.). De plus,
chœur : lamnasséah ( Vulg. in finein). :
— et c'est là l'argument le plus fort contre
L'auteur : David. — Les mots pro occultis la division, les deux parties sont mani-
sont très obscurs, et ont reçu des inter- quoique d'une manière imparfaite les :
prétations très diverses. Les anciens com- strophes de la première commençant par
mentateurs leur donnent ordinairement un les lettres initiales de l'alphabet hébreu
;
douteux que la locution hébraïque corres- avoir triomphé des ennemis du dehors
pondante {'al-niut labbèn; httéralement : David désirait vaincre aussi ses ennemis
sur la mort du fils) ne soit une expression intérieurs. La prière existe dès la première
musicale, qui désigne les premiers mots partie (cf. Ps. ix, 14-15, 18-21), et il est
{Mtit labbèn) d'un ancien chant, connu également fait mention des païens dans
des contemporains de David, et dont on la seconde (Ps. x hébr., 1(3). Cependant
devait adapter la mélodie au Ps. ix {"al, les diverses éditions de la Vulgate, tout
sur l'air). —
C'est au milieu de ce can- enjoignant les deux parties, les séparent
tique que commence, entre le texte hébreu par un titre, et recommencent le numé-
et laVulgate (et aussi les LXX), la diver- rotage des versets au début de la seconde :
gence dans le numérotage des poèmes qui ce qui est une manière d'exprimer un
composent le Psautier (voyez l'Introd., doute au sujet de l'unité. —
On ne sau-
p. 15). Un seul psaume d'après les deux rait dire à quelle occasion précise ce chant
versions; deux psaumes suivant l'hébreu, a été composé par David peut-être entre
:
le second commençant après le verset 21. ses dernières grandes victoires sur les
Il est assez difficile de se prononcer soit nations païennes et les premières menées
pour, soit contre l'unité primitive. Le sujet révolutionnaires d'Absalom. Le sujet, —
traité semble, à première vue, exiger la c'est la justice que le Seigneur manifeste,
séparation le psaume ix de l'hébreu est
: soit en protégeant ses amis injustement
une action de grâces triomphante à la , vexés et persécutés, soit en frappant les
suite d'une victoire remportée par David iniques et cruels agresseurs. —Division :
sur des ennemis extérieurs; le psaume x deux parties, comme il vient d'être dit. Dix
58 Ps. IX, 2-7.
vous vous êtes assis sur votre trône, vous qui jugez selon le droit.
^ Vous avez châtié les nations, et l'impie a péri ;
vous avez effacé leur nom à jamais, et pour les siècles des siècles.
' Les glaives de l'ennemi ont disparu pour toujours,
et vous avez détruit leurs villes.
Leur mémoire a péri avec fracas ;
manières dont David chantera les louanges la ruine des ennemis du roi. Cette strophe
de Jéhovah. commence par gimel dans l'hébreu. —
3^ Motif spécial de louange Dieu a ren- : Gentes : les nations païennes des alentours
versé les ennemis de David et de son peuple. de la Palestine, contre lesquelles David
Vers. 4-7. eut à soutenir de fréquentes luttes cons- ,
car vous n'avez pas abandonné ceux qui vous cherchent, Seigneur,
Chantez au Seigneur qui habite dans Sion ;
produit par la divine réprimande de Jého- un haut lieu, une citadelle, misgab. Cf.
vah [increpasti... et...). Nomen... de- — II Reg. XXII, 8. Métaphore expressive (comp.
lesti... Locution très énergique la ruine : le Ps. XVII, 2). Ce Dieu, si redoutable pour
n'a pas été moins complète que rapide. — les méchants, est un asile entièrement sur
Jnimici... frameee. Dans l'hébreu C'en
: pour les bons. —
Paupevem. L'hébreu
est fait de l'ennemi ruinés à jamais ; ! Conci- signifie à la lettre : l'écrasé, le foulé aux
sion remarquable. —
Periit... cuni sonitu. pieds.— Adjutor. Encore tnisgab dans le
Allusion au fracas des batailles, et des villes texte original. — In opportunitatibus...
s'écroulant. Mais, d'après l'hébreu Leur : Hébr. aux temps d'angoisse. — Qui no-
:
faisaient et font encore habituellement les ses œuvres; c.-à-d. les merveilles opérées
juges orientaux. —
Orbem terrœ, populos: par Dieu en faveur d'Israël. Cf. Ps. lxxvi, 12;
tous les peuples du globe, et pas seulement Lxxviijll, etc. —
Quoniam. ..T{jA\so\\ de cette
la nation théocratique. proclamation louangeuse Dieu a vengé le :
*^ Car celui qui recherche le sang versé s'est souvenu des siens ;
rédempteur, rendu si célèbre par Job ( xix, etc. Contraste avec les portes silencieuses
21 et ss,). — Clamorem paupei^um. Plutôt: du séjour des morts. Filix Sion : la —
des affligés (hébr. 'anâvim). : population de Jérusalem. Personnification
5° Prière de David, pour obtenir que Dieu poétique souvent usitée dans les saints
le délivre plus complètement encore de ses Livres.
ennemis. Vers. 14-21. 16-17. Huitième strophe (teth) : le poète
14-15. Septième strophe (heth) de- : revient sur son récent triomphe. — Inflxse
mande pressante de secours. Miserere... — in interitu... Hébr. plongés dans la fosse
:
D'après plusieurs interprètes, le poète au- qu'elles avaient faite. Sur cette pensée,
rait adressé à Dieu cette prière avant la voyez le Ps. vu, 15-17. Cognoscetur —
victoire qu'il vient de décrire nous pré- ; Dominus... Dieu se fera connaître par ses
férons y voir une nouvelle requête, desti- terribles jugements. — Dans l'hébreu, à la
née à parfaire le triomphe. Humilita- — fin du verset 17, on lit les mots Jiiggâyôn
tem meam. Hébr. 'onyi, mon affliction.
: sélah ,
qui signifient, selon l'interpréta-
— Exaltas... départis mortis. Belle mé- tion la plus probable Forte (voir la note
:
taphore. Dans son péril extrême David , du Ps. III, 3) pour les instruments à
avait été entraîné, pour ainsi dire, jusqu'à cordes.
l'entrée du sombre palais de la mort, dont 18-19. Neuvième strophe (iod) le poète :
on ne revient point lorsqu'on y a pénétré : jette un regard confiant sur l'avenir, à cause
Dieu seul avait pu l'en retirer. Cf. Job, des bontés du Seigneur. Convertantur... —
xxxviir,17; Ps. cvi,18; Is. xxxviii, 10, etc. Dans l'hébreu Hs retourneront. C'est le
:
19
Car pauvre ne sera pas en oubli pour toujours
le ;
^
Pourquoi, Seigneur, vous êtes -vous retiré au loin,
et me dédaignez -vous au temps du besoin et de la tribulation?
^ Tandis que l'impie s'enorgueillit, le pauvre est consumé ;
Deum. Le nom de Jéhovah, employé cons- maître qui les réprime. Les LXX ont lu
tamment jusqu'ici dans ce psaume est , môreh, docteur, tandis que le texte porte
tout à coup et naturellement remplacé par môrah, terreur, effroi. Quoniam homi- —
'Elohini, parce qu'il s'agit des païens et nes. Hébr. pour qu'elles sachent qu'elles
:
de la connaissance qu'ils avaient de Dieu : sont 'énô's (un homme faible), elles! Le
il eût été inexact de dire qu'ils avaient contraste est présenté d'une manière très
oublié Jéhovah, qui ne s'était point révélé vivante.
à eux, tandis que le Dieu créateur, le Dieu
PSAUME X SUIVANT L'HÉBREU
de la nature, ne s'était pas laissé sans
témoins même parmi les Gentils (cf. Act. Sur les relations de ce poème avec le
XIV, 17; Rom. i, 18-23). — Patientia pau- précédent, voyez le Ps. ix, 1, et la note.
perum. Hébr. l'espérance des affligés
: 1° Plainte filiale et respectueuse du psal-
{'anii/im; voyez le vers. 13). Cette con- miste. Vers. 1-2.
fiance, qui s'appuie sur la bienveillance de 1-2.Première strophe ( commençant par
Dieu, ne sera pas désappointée. le lamed) pourquoi le Seigneur semble-
:
20-21. Dixième strophe (commençant t-il abandonner ses amis aux outrages
par le qoph au lieu du caph) David prie : impunis des méchants? Ut quid reces-—
Dieu de protéger à jamais son peuple contre sisti... Hébr.: « Pourquoi te tiens-tu dans
les païens. —
Non confortetur homo. Dans le lointain, » inactif et sans nous secourir,
l'hébreu 'énô§, l'homme envisagé dans sa
: comme si tu étais indifférent à nos maux?
faiblesse(comp. le Ps. viii, 5, et la note). Ce n'est point là une parole de murmure,
Dieu permettra -t- il qu'un être vil se si mais une plainte aimante, semblable à celle
dresse contre lui ? Non qu'il ne prévale
;
« du divin Crucifié. Cf. Ps. xxi, 2; Matth.
pas »! comme dit l'hébreu. Le contexte XXVII, 46. « Est-il possible, ô Dieu vivant?
montre qu'il est question des païens {gén- Etes -vous de ces amis infidèles qui aban-
ies). — Constitue legislatorc))i... : un donnent dans les disgrâces qui tournent ,
62 Ps. Xhébr.. 3-5.
et la note. — Dum
superhit. Littéralement blasphème, méprise Jéhovah. Le méchant,
dans l'hébreu Par l'arrogance de l'impie,
: dans la hauteur de son arrogance, (s'écrie :)
l'affligé brûle; c.-à-d. est consumé de Il ne fera pas d'enquête; il n'y a pas de
2° Description de la malice des impies impie, (le pécheur dit :) Dieu ne recher-
soit envers Dieu, soit envers les hommes. chera pas mes crimes. On peut traduire
Vers. 3-11. aussi Dans l'ardeur de sa colère, il ne
:
ments de Dieu. —
Laudatur. Hébr. il se : bonnes en tout temps. » Tous ses projets
vante, se glorifie. —
Desideriis animas...: réussissent il les poursuit avec une vigueur
;
toutes ses convoitises coupables, auxquelles digne d'une meilleure cause. Auferun- —
il ne met aucun frein, s'efforçant au con- tur judicia... Athée, au moins dans sa
traire de les satisfaire sans cesse. Ini- — conduite pratique, il ne s'inquiète pas des
quus benedicitur. Ici encore, d'après la jugements divins. D'après l'hébreu Tes :
Vulgate, le poète signalerait avec tristesse jugements sont (pense-t-il) trop élevés pour
les approbations qui ne font jamais défaut l'atteindre. Omnium dominabitur. Uéhr .:
aux pécheurs de haut rang. Le texte ori- Quant à ses ennemis, il souffle sur eux.
ginal continue de parler à l'actif {bérek Geste pittoresque, qui marque le plus
littéralement, il bénit; mais, par antiphrase, complet mépris. Cf. Mal. i, 13.
il congédie, il remercie; par conséquent,
Ps. Xhébr. 6-10. 63
^'
Car il a dit en son cœur Je ne serai point ébranlé
:
;
pauvres.
prospérité; méchanceté de ses paroles. fiés dans l'espoir d'y pénétrer par la ruse,
; »
(comp. Job, XX, '12); mais ce second sens donne ici un meilleur sens Il surprend :
ne oLliviscaris pauperum.
1.3
Propter quid irritavit impius Deum ?
Dixit enim in corde suo Non requiret. :
14
Vides, quoniam tu laborem et dolorem considéras,
ut tradas eos in manus tuas.
Tibi derelictus est pauper ;
^'
Car a dit en son cœur Dieu a oublié ;
il :
14
Vous le voyez car vous considérez la peine et la douleur,
;
malfaiteurs. Nous préférons la première grossière des impies, car Dieu voit les affli-
interprétation, qui est à peu près celle de gés et ne les abandonne pas. Passage d'une
la Vulgate. — Dixit enim... Ce qui donne grande délicatesse. —
Vides. Autre démenti
tant d'audace aux pervers, c'est, le poète le formel de l'assertion blasphématoire des
répète comme un refrain sinistre (cf. vers. méchants (vers. 11). Dieu voit tout; il con-
4-5), leur croyance impie que Dieu ne temple en particulier l'injuste et cruelle
s'inquiète point des choses de ce monde. — oppression de ses amis. Bel accent de foi
Ne videat in finem. Hébr. il n'a jamais : dans ce «Vides ». —
Laborem...: les souf-
rien vu. frances des faibles. Voyez le vers. 7. Ut —
3° Appel à Dieu, pour vienne au qu'il tradas eos... : pour prendre en main leur
secours de l'innocent affligé, et qu'il mette cause. — Tibi derelictus... Avec emphase :
un frein à l'arrogance des impies. Vers. C'est à toi que s'abandonne le malheureux.
12-14. — Orphano : l'exemple typique des êtres
12-13. Huitième strophe {qoph; le poème faibles et aisément opprimés. Cf. Ex. xxii,
redevient alphabétique d'une manière ré- 22 et ss.; Job, vi, 27; Mal. m, 5, etc.
gulière jusqu'à la fin ) ardente prière, en : 4° Le poète exprime le vif espoir que sa
vue d'obtenir la cessation d'un tel état de demande sera exaucée. Vers. 15-18.
choses. —
Exurge : par une action prompte 15-16. Dixième strophe {schîn) dispa- :
et décisive. Cf. Ps. m, 7; vu, (3, etc. — rition des impies, règne glorieux de Jého-
Exaltetur manus... A l'actif dans l'hé- vah. — Contere brachium... : afin de les
breu « Lève : ta main ; » pour agir, pour réduire à l'impuissance. Cf. Ps. xxxvi, 17;
frapper. — Ne obliviscaris...: ainsi que les Job, xxxYiii, 15, etc. —
Quœretur pecca-
impies le prétendent (voyez le vers. 11). tum... Hébr. Recherche sa malice. Ils
:
— Propter quid... Comp. les vers. 1 et 4. avaient dit pourtant (vers. 4 et 13) « Non :
46
Dominas regnabit in seternum , et in sa3culum sseculi ;
^^ dans
Le Seigneur régnera éternellement et les siècles des siècles ;
PSAUME X
*
In fînem, Psalmus David.
- In Domino confido ;
quomodo dicitis animœ meae :
disparaîtra avec ceux qui le commettaient. le texte original, inspirant l'effroi par ses
— Dominus regnavit... Mieux
Jéhovah : tyrannies. Mais il n'en sera plus ainsi désor-
est roi; il est à jamais le roi incontesté du mais.
monde. Accent de triomphe; une de ces Psaume X
transitions rapides que l'on trouve souvent
Sentiment de 29rofonde confiance en Dieu.
dans les Psaumes, comme dans les poésies
lyriques en général. —
Peribitis, gentes. i° Le titre. Vers. 1.
des autres grands coupables qui souillent comble de l'effroi lui conseillent une
,
éclate dès ces premières paroles. L'équi- pharetra de Yulgate), toute prête à s'é-
la
valent hébreu de confido est hâsîti, je me lancer et à frapper; bien plus, l'ennemi
suis caché, réfugié. Cf. Ps. vu, 1. Redouter se dissimule dans les ténèbres, ce qui le
les hommes lorsqu'on a un tel asile ne rend encore plus dangereux. Autre mo- —
serait pas moins un acte d'incrédulité que tif plus grave, introduit par le second quo-
de lâcheté. —
Dicitis animsB mess. Hé- niam (vers. 4), et qui explique comment
braïsme, pour « mihi », ou « de me ». Com- les ennemis de David peuvent agir aussi
ment pouvez -vous me donner un conseil impunément : quai perfecisti... Plus cldà-
si pusillanime ? Trans-—
migra. Hébr. fuis. A:
cutés, qui n'ont que la fuite pour toute (c.-à-d. les principes fondamentaux de
ressource (comp. I Reg. xxvi, 20; Thren. l'ordre pubhc, de la justice, etc.) sont
III, 52). —
Quoniam... Les conseillers renversés. Cela étant, jus^ws... qnid fecit
pusillanimes essayent de justifier leur sen- (dans le sens de « fecerit »)? Que peut faire
timent pas d'espoir; les ennemis du roi
:
le saint roi, auquel on donne ici par anto-
sont des hommes sans conscience, sans nomase le nom de juste? Incapable de lutter
pitié, qui veulent sa mort à tout prix. Cf. seul, il n'a qu'un parti à prendre devant
I Reg. XIX, i et ss. —
Ecce est pittoresque, l'anarchie toujours croissante s'enfuir pour :
•'
Le Seigneur est dans son saint temple ;
suivre leur conseil. « Ils ne regardent que à se manifester par de terribles châtiments.
la terre; lui, il contemple le ciel. » Il mo- — Laqueos. Pluie de filets qui enserrent
tive son avis, de même qu'ils ont motivé les pécheurs pour les empêcher de fuir. —
le leur. —
In templo sancto : le temple Ignis, sulphur... Autre pluie, semblable
du ciel, comme l'indique le parallélisme, à celle qui consuma Sodome et les autres
in cœlo. Cf. Ps. xvir. G; xxviii, 9; Mich. villes de la Pentapole (Gen. xix, 24; cf.
I, 2; Hab. II, 20. De ce séjour céleste, Deut. XXIX, 23; Ez. xxxviii, 22, etc.). Un
Jéhovah surveille attentivement, comme vent violent {spiritus procellarum), le si-
roi et comme juge, le cours des affaires moun dévastateur, active l'affreux incendie.
humaines. —
Oculi respiciunt. L'hébreu —Pars calicis... Métaphore expressive. Les
hâzah dénote toujours un regard péné- châtiments destinés aux méchants sont,
trant. — Pauperem... Ce mot manque dans pour ainsi dire, un horrible breuvage, qu'ils
l'hébreu. — Palpebrse... interrogant. Le devront vider jusqu'à la lie. Tout autre —
verbe hàhan désigne, au propre, la puri- sera le sort des justes, comme l'exprime
fication d'un métal par le feu; au figuré, un frappant contraste (vers. 8). Justitias
l'action de fixer les yeux sur un objet pour dilexit ; c.-à-d. les actes de justice, les
le connaître jusqu'au plus intime de son bonnes et saintes œuvres. —
JEquitatem
être. Les paupières ne sont pas mention- vidit... Il voit l'équité et la récompense.
on les resserre, afin de concentrer les « Le juste verra sa face ; » ce qui veut dire,
rayons visuels. —
Dominus interrogat... dans le langage de l'Orient, que les justes
L'hébreu emploie de nouveau le verbe seront admis en présence de Dieu et rece-
hâhan. Résultat du divin examen, la sé- vront mille marques de sa bienveillance.
paration des justes et des impies puis ;
Cf. Ps. IV, 6; XV, 11, etc. Malgré la tristesse
second résultat, la haine que Dieu porte du moment présent, David est donc sûr
aux impies [qui autem...; mieux, dans d'être sauvé.
l'hébreu celui qui aime l'iniquité, son
:
Ps. XI, 1-4. 69
PSAUME XI
^
In finem, pro octava, Psalmus David.
- Salvum me fac, Domine, quoniam defecit sanctus,
quoniam diminuta} sunt veritates a filiis hominum.
^ Vana locuti sunt unusquisque ad proximum "suum ;
^
Pour la fin, pour l'octave, psaume de David.
^ Sauvez -moi. Seigneur, car il n'y a plus de saint,
car les vérités ont été diminuées par les enfants des hommes.
^ Chacun ne dit à son prochain que des choses vaines ;
^ Ils ont dit Nous ferons de grandes choses par notre langue
:
;
Seigneur de réduire au silence ces langues apporterai le salut; savoir, aux pauvres et
méchantes et superbes. Disperdat. Lit- — aux autres malheureux. Fiducialiter agam :
téralement dans l'hébreu Qu"il extirpe. : j'agirai avec vigueur pour châtier les mé-
Linguam magniloquam. Locution toute chants ( in eo ; l'itala porte « in eum », contre
classique, qui est développée au vers. 5. lui). L'hébreu est aussi un peu obscur et
— Linguam... tnagnificahinius. Résolu- a été diversement traduit. Selon les uns,
tion hanchement prise d'abuser de la parole, et telle paraît être la meilleure version :
de séduire le faible par de grands mots, et Je mettrai en sûreté (celui) sur qui l'on
d'accroître ainsi une autorité malsaine, déjà (le méchant) souffle; c.-à-d. Je sauverai :
conquise. —
Labia... a nobis. Littérale- les faibles, qui sont l'objet du mépris des
ment avec nous. Nous en sommes les
: pervers. Comp. le Ps. x selon l'hébreu, 5,
maîtres, et personne n'a le droit de con- et la note. Selon d'autres Je (le) mettrai
:
trôler l'usage que nous en faisons. Arro- dans la sécurité à laquelle il aspire. —
gance toute diabolique, et allusion vraisem- Eloquia Domini (vers, 7). Éloge de la
blable aux magnats sans scrupule dont Saûl parole de Dieu en général, avec une appli-
était entouré et qu'il favorisait par haine
, cation particulière à la promesse que nous
contre David. venons d'entendre (vers. 6). Casta : —
30 Deuxième partie : la divine promesse paroles pures, sans le moindre mélange
et ses garanties. Vers. 6-9. de fausseté ou d'erreur. —
Argentum. Ce
6-7. Troisième strophe le poète reçoit : métal est, par sa blancheur, le symbole
du ciel une réponse à sa prière, et il en naturel de tout ce qui est pur. Encore le
célèbre la parfaite véracité. Réponse sou- poète choisit -il, pour rendre la comparai-
daine et majestueuse qui dramatise le son plus frappante, de l'argent qui a passé
—
,
poème. Propter miseriam... Trait tou- par le feu, et qu'on a épuré jusqu'à sept
chant, digne du cœur de Dieu ce qui porte : fois de suite {septuplum : le nombre de
Jéhovah à intervenir enfin, ce sont les la perfection). Les mots probatum terrse
souffrances de ces faibles {inopum; hébr.: peuvent signifier « qui a été mis dans la
'aniyii?i, les aflligés), que les méchants terre, ou dans le creuset, ou bien, dégagé
oppriment sans pitié. — L'adverbe nunc des parties terrestres et étrangères qui y
est magnifique, pour montrer que Theure pouvaient être mêlées ». (Calmet, h. l.)
de l'action a enfin sonné. — Ponam in L'hébreu mentionne le creuset en propres
^alutari. D'après la Vulgate : Je (leur) termes.
Ps. XI, 8 — XII, 4. 71
PSAUME XII
*
In fînem, Psalmus David.
Usquequo Domine oblivisceris me in finem ?
, ,
*
Pour la fin, psaume de David.
Jusques à quand, Seigneur, m'oublierez -vous sans cesse?
Jusques à quand détournerez -vous de moi votre face?
8-9. Quatrième strophe David attend : gradation. De la plainte poignante que lui
avec confiance l'accomplissement de la arrache le sentiment de sa détresse et de
promesse divine. —
Tu (pronom souligné) l'abandon apparent où le laisse Jéhovah, le
servabis nos... Dans Thébreu Tu les sau- : poète passe à la supplication véhémente,
veras et tu les délivreras; à savoir, les puis, tout à coup, à la joyeuse espérance
pauvres (vers. G).
aflligés et les A gene- — d'être bientôt délivré de ses maux. —Ce
ratione hac. En mauvaise part les pervers : psaume date peut-être aussi de l'ère de la
dont il est question dans tout ce psaume. persécution de Saiil surtout des derniers
,
sagesse divine, qui, à certaines époques, quatre pour la prière, trois pour les pers-
semble permettre aux impies de se multi- pectives joyeuses. »
plier démesurément sur la terre. Le sens 2"^ Première strophe David se plaint
:
est très clair et très beau dans l'hébreu : vivement de ce que Dieu semble l'aban-
Les méchants se promènent de toutes parts, donner. Vers. 1^-3.
quand la bassesse (l'abstrait pour le concret) 1^-3. Usquequo. .. Cf. Ps. viii, 4;
règne parmi les hommes; c.-à-d. quand les X hébr., 1. Coup sur coup, quatre interro-
impies sont au pouvoir. Le poème se ter- gations haletantes; ton pressant, cris dé-
mine ainsi par la pensée qui lui avait servi solés qui s'échappent du plus profond
de préambule. d'une àme dont la peine est extrême. —
Oblivisceris... in finem. Les malheurs de
Psaume XII cette âme durent depuis si longtemps
d'une manière si continue, et l'horizon est
David demande instamment à Dieu d'être
si noir encore, qu'elle est admise à suppo-
délivré de ses ennemis.
ser que Dieu l'a oubliée; bien plus, qu'il
l» Le titre. Vers. i^i. s'est volontairement détourné d'elle {arer-
Ps. XII. — la. Psalmus David. Le sujet tis faciem : signe d'indifférence, ou même
est très simple, et traité dans une belle décolère). — Quamdiu... consilia...: for-
72 Ps. XII, 2-6.
déçus, qui créaient un perpétuel chagrin gloire de Dieu est intéressée au salut de
{per diem, chaque jour) à leur auteur. David ; car, si les ennemis du jeune rot
Exaltabitur : aura le dessus, triomphera. réussissent à le renverser et à le ruiner
3° Seconde strophe prière pour obtenir
: sans ressource (si motus...), lui, l'ami dé-
le secours du ciel. Vers. 4-5. voué de Jéhovah, ils ne manqueront pas
4-5. Le ton devient plus calme, la con- de se vanter d'avoir vaincu le Seigneur
fiance renaissant au cœur du psalmiste. — lui-même, qui ne l'aura pas sauvé.
Respice : le contraire de faciem »
« avertis 4° Troisième strophe joie de la déli-
:
(vers. 1). —
Exaudi. Hébr. Réponds-moi. : vrance. Vers. 6.
Au lieu de garder ce long silence, qui 6. Ego autem... L'accent de la foi, plein
paraissait manifester l'oubli et l'abandon. de suavité. Le calme s'est complètement
— Illumina, oculos. Métaphore déjà ren- rétabli dans Tàme du psalmiste. Exul- —
contrée plus haut (Ps. VI, 7; voyez la note). tabit. C'est lui qui sera dans l'allégresse
G.-à-d. rends -moi ma vie, qui s'épuise du salut, et point ses ennemis (comp. le
dans la tristesse, comme le montrent mes vers. 5). Sur du triomphe final (remar-
yeux à demi éteints. —
Obdormiam in quez le prétérit prophétique, bona tribuit),
morte est une expression poétique, pour bien que rien ne soit changé pour le mo-
désigner le long sommeil de la mort. A la ment dans sa situation extérieure, il fait
place de Fadverbe unquam, simple néga- à Dieu les plus belles promesses cantabo, :
PSAUME XIII
'
In finem, Psalmus David.
Dixit insipiens in corde suo : Non est Deus.
Corrupti sunt, et abominabiles facti sunt in studiis suis ;
*
Pour psaume de David.
la fin,
4
74 Ps. XIII, 2-3.
^ Dominus de cselo prospexit super filios hominum
ut videat si est intelligens, aut requirens Deum.
^ Omnes declinaverunt , simul inutiles facti sunt.
Non est qui faciat bonum
non est usque ad unum.
Sepulcrum patens est guttur eorum ;
'^
Le Seigneur a regardé du ciel sur les enfants des hommes,
pour voir s'il y a quelqu'un qui soit intelligent ou qui cherche Dieu.
^ Tous se sont détournés, ils sont tous devenus vains ;
2. De son céleste séjour, Dieu jette les en effet, moralement certain, comme l'ex-
yeux sur l'humanité pour contrôler l'éten-
, pliquait déjà saint Jérôme, que ces lignes
due du mal. Anthropomorphisme hardi. ont été ajoutées ici par l'erreur des co-
Cf. Gen. XI, 5, et xvn, 21. Prospexit. — pistes. Dans l'épître aux Romains, m, 9
Hébr. il a regardé en bas (comme l'on
: et ss., saint Paul, après avoir cité les vers.
fait d'une fenêtre élevée). Dieu est censé l'^-S'^de notre psaume, afin de démontrer
agir ainsi lorsque sa patience étant à
, que tous, Juifs et Grecs (c.-à-d. Gen-
«
bout, l'heure de sa vengeance a sonné. — tils), sont sous l'empire du péché », ajoute
Filios hominum
(hébr. b^nè-'âdam): : aussitôt d'autres passages de l'Écriture
tous les hommes, à quelque race qu'ils qu'il coud et combine ensemble sans en
appartiennent. —
Intelligens est opposé à indiquer l'auteur; or ces passages sont pré-
« insipiens » du vers. 1 (voyez la note), cisément les lignes en question. Quelques
et immédiatement commenté par la belle copistes « ne trouvant pas ces paroles ici,
expression requirens Deum, qui contraste comme ils les lisaient dans saint Paul
avec l'horrible assertion « Non est Deus ». crurent qu'elles y manquaient, et les y
3. Triste résultat de cette investigation rapportèrent, pour suppléer à ce prétendu
divine. — Declinaverunt
: ils se sont dé- manquement ». (Calmet, h. l.) Voici les
tournés du droit sentier. Cf. Ex. xxxii, 8 ; endroits auxquels elles ont été emprun-
Jud. II, 17, etc. —
Inutiles facti... L'hé- tées : Sepulcrum patens... agebant, cf.
breu signifie à la lettre Ils se sont aigris,
:
pourris. —
Simul : d'un commun accord.
— Non est qui... Répétition douloureuse
du vers. 1^, pour montrer que cette cor-
ruption est aussi universelle que profonde.
Elle atteint tout. —
Toute la suite du vers. 3,
sepulcrum, patens... oculos eorum, manque
dans le texte hébreu, dans le chaldéen, le
syriaque, la version de saint Jérôme, et
plusieurs manuscrits des LXX; de plus, Tête et mâchoire d'aspic.
Origène et d'autres critiques très anciens
l'ont marquée d'un signe spécial (l'obèle) Ps. v, 11; Venenum aspidum... eorum,
dans les éditions grecques, pour montrer cf. Ps. cxxxix, 4; Quorum os... plénum est,
que son authenticité était douteuse. Il est, cf. Ps. X hébr., 7; Veloces pedes..., Con-
Ps. XIII, 4-7. 75
tritio..., Viam... non cognoverunt... , cf. Vers. 5''-6 le psalmiste, développant cette
:
Is. Lix, 7-8; Non est timor... eorum, cf. divine sentence, décrit le châtiment qui
Ps. XXXV, 1. Voyez Patrizi, Cent Psaumes, attend les persécuteurs impies illic tre-
:
4 -G. Le Seigneur tirera vengeance des Ps. LU, 6. Ils signifient sans raison appa-
:
hommes pervers qui osent outrager son rente, sans cause réelle de frayeur. Quo- —
peuple. —
Nonne cognoscent... C'est Dieu niam Dominus... Motif de cette panique
en personne qui prend ici la parole (vers. toute surnaturelle la présence de Dieu au
:
4-5'^), et qui pousse comme un cri d'indi- miheu de son peuple, pour le défendre. —
gnation, en voyant jusqu'où va la perver- In generatione justa : Israël la nation
,
la race théocratique, où les grands oppri- l'aflligé)... Les méchants ont beau vouloir
ment les faibles et les pauvres. Le langage réduire à néant, tourner en dérision (co>i-
est ironique, menaçant Ces misérables
: fudistis) la confiance que ceux qu'ils tour-
ne seront-ils pas instruits à leurs propres mentent ont en Dieu, celui-ci est là tou-
dépens? —
Dévorant plebem... Double jours, leur refuge assuré (Vulg. spes...). :
PSAUME XIV
* Psalmus David.
Domine quis
,
habitabit in tabernaculo tuo ?
aut quis requiescet in monte sancto tuo ?
^ Qui ingreditur sine macula
et operatur justitiam ;
* Psaume de David.
Seigneur, qui habitera dans votre tabernacle?
ou qui reposera sur votre montagne sainte ?
'-^
Celui qui s'avance sans tache,
et qui pratique la justice ;
Du reste, tout porte à croire qu'ils doivent yagûr, iskon. Le verbe gûr signifie d'or-
être pris ici dans un sens métaphorique dinaire habiter à titre d'hôte, d'étranger;
(«rétablir la prospérité »), comme en divers et sâkan, séjourner habituellement, comme
autres endroits. Cf. Job, xlii, 10, etc. — on le fait au sein de sa famille. Mais ce^
Jacob : nom collectif, synonyme à' Israël, deux verbes sont probablement synonymeî
et donné également au peuple hébreu en en cet endroit. —Les mots in taberna-
souvenir de son glorieux ancêtre. culo... et in montesancto... le sont cer
tainement, pour désigner le nouveau taber
Psaume XIV nacle, dressé par David au sommet de Sion
Voyez VAtl. géogr., pi. xiv et xv.
A quelles conditions Von méritera de
3° La réponse. Vers. 2-5.
pénétrer dans la maison de Dieu.
C'est le poète lui-même qui la fait, tou
Le titre. Vers. 1^.
1» aussi bien que la demande mais aprè
;
Ps. XIV. —
la. L'auteur David. Le : l'avoir lue, pour ainsi dire, dans l'espr
genre du poème psalmus. : —
Il existe une de Dieu, au nom duquel il la commiJ
très grande ressemblance entre ce psaume nique. Elle est tour à tour générale et pai_
et le xxiiF, d'où l'on conclut assez ordi- ticulière, positive et négative.
nairement qu'ils ont été composés en même 2-3». Réponse générale et positive.
temps et pour la même occasion, c.-à-d. Qui ingreditur... Pour être digne d'habit»
pour la translation de l'arche sur le mont soit dans le tabernacle de Sion, soit dans
Sion. Cf. II Reg. xii, 6 et ss. Sentiment Jérusalem céleste dont il était remblèm
très plausible. —
Le Ps. xiv se compose il faut des actes. Le poète en indique troi
d'une question (vers, l'^c) et d'une réponse marcher, agir, parler; marcher dans l'i
(vers. 2-5). La réponse, d'abord générale tégrité, la perfection (hébr. : tàmim), p
(vers. 2-3^), est ensuite développée par un conséquent sine macula, comme tradi
certain nombre d'exemples, qui montrent laVulgate; pratiquer la justice, c.-à-d. 1
d'une manière toute concrète en quoi con- divines volontés proférer la vérité da
;
Ps. XIV, 3-5. 77
^ qui loquitur veritatem in corde suo ;
son cœur {i7i corde est opposé à « in ore »), engagé devant Dieu à faire ou à ne pas faire
et la prendre pour règle de tous ses actes. une chose, le personnage en question re-
Dans l'hébreu, ces trois verbes sont au par- connaît que l'accomplissement de son vœu
ticipe présent les suivants sont tous au
; sera une occasion de perte sous le rapport
prétérit. temporel même alors il exécutera sa pro-
;
Sa norme pour juger et apprécier ses sem- Celui qui fait ces choses habitera sur la
blables est donc parfaite, puisqu'elle est montagne sainte; mais la formule qui les
basée sur leur conduite envers Jéhovah, remplace est plus générale, et dit beau-
de sorte qu'elle ne diffère pas de celle du coup plus; car, n'être pas ébranlé, c'est
Seigneur lui -môme. —
Jurât proximo... être de la part de Dieu l'objet d'une pro-
L'hébreu signifie plutôt S'il fait un ser-
: tection aimante, durable, qui créera une
ment à son préjudice, il ne se rétracte perpétuelle sécurité. Cf. Ps. xv, 8.
pas. On suppose le cas où, après s'être
78 Ps. XV, 1
PSAUME XV
* Tituli inscriptio, ipsi David.
^
Inscription du titre, de David.
cipales interprétations. David. Le — Ipsi opinion ne nous répugne point; nous excep-
datif, au lieu du génitif accoutumé. De tons toutefois le vers. 10, qu'il nous paraît
même en beaucoup d'autres titres. C'est impossible, après la démonstration donnée
un hébraïsme. —
Ce psaume, qui est d'une tour à tour par saint Pierre et par saint
((étonnante beauté », contient une suave Paul (Actes, passages cités plus haut),
et aimante prière, pour obtenir de Dieu d'appliquer à d'autres qu'à Notre-Seigneur
son perpétuel et spécial secours en ce Jésus -Christ. « Comme ces apôtres l'ont
monde, et le bonheur du ciel auprès de observé,.,, David n'a pu parler de lui-même
lui durant l'éternité prière basée sur le
: en manière, » (Patrizi, h. l.) Et,
cette
sentiment de la plus vive confiance et du même dans le reste du psaume, le saint
plus vif amour. « L'âme entière du psal- roi parle moins en son nom qu'en celui
(*
miste est saisie et enflammée par la pensée du Roi-Messie;... la figure vient se perdre
que Jéhovah est son trésor suprême ; » dans la réalité, et l'ombre dans le rayon ».
n'ayant souci que de Dieu et mettant en , (Mu'" Meignan.) —
Pour l'occasion et l'é-
Dieu seul tout son bien il se sent infini- , poque de la composition, beaucoup de cri-
ment heureux, et ne redoute pas même la tiques ont pensé aux derniers temps de la
mort, qui ne fera que le mettre perpétuel- persécution de Saiil, alors que David était
lement en possession de son unique bien. relativement en paix à Sicéleg chez les ,
Sous le rapport de la forme, calme de Philistins (cf. I Reg. xxvir, 5-0). Mais la
l'amour parfait un seul jet sans transi-
: , citation de saint Pierre (Act. ir, 30) semble
tions violentes tout le progrès des pensées
; indiquer une date plus récente; car elle
consiste en ce que le feu intérieur va s'en- suppose que David, lorsqu'il écrivit ce can-
llammant toujours, de manière à devenir tique, avait déjà reçu la célèbre prornesse
de plus en plus ardent, et à produire une messianique II Reg. vu, 1 et ss.; or, lorsque
belle gradation lyrique. Ce beau can- — le prophète Nathan la lui apporta il ré- ,
tique est encore plus que le précédent un gnait déjà depuis plusieurs années. Deux —
psaume des clercs. On en chante les pre- parties : 1" l'unique bien que s'est choisi
Ps. XV, 2-4. 79
le héros du poèm3, vers. l''-5; 2" les l'idée commencée, et dit avec plus de
sentiments de joie, de reconnaissance et beauté encore Mon bien n'est pas en
:
pas avoir été poussé sous la pression d'un tinctes, les bons et les méchants, les saints
danger spécial mais à qui donc le secours
; et les impies, et il décrit ses impressions,
de Dieu n'est -il pas nécessaire en tout sa conduite envers ces deux classes de
temps? Ce poème ne contiendra pas d'autre l'humanité. Le datif sanctis équivaut ici
prière proprement dite. Domine. L'hé- — à notre locution Quant aux saints. Par
:
breu a simplement 'El, Dieu. : Speravi. — terra ejus (le pronom a été ajouté parles
Hébr.: haslti, je me suis réfugié. Voyez le LXX) il faut entendre directement la Pa-
Ps. VII, 2, et la note. « La suite du psaume lestine, donnée pour résidence au peuple
ne sera plus que le développement de ces théocratique. L'expression m,irificavit vo-
mots speravi in te. » (Ma"" Meignan.)
:
— luntates... désigne tout ce que Dieu a
Dixi Domino (hébr. à Jéhovah). Si la : déposé d'amour exquis et délicat dans le
leçon 'aniart^ du texte original (« tu as cœur du poète pour les saints. Sous le
dit, » au féminin) est exacte, il y aurait rapport de la lettre, l'hébreu diffère nota-
ici un rapide dialogue du poète avec son blement des LXX et de la Vulgate au
àme, comme en d'autres passages (cf. vers. 3; mais il exprime au fond le même
Ps. XLI, 5, etc.); mais il est plus pro- sens. En voici la traduction probable :
bable que l'hébreu portait primitivement « Aux saints qui sont dans le pays, (j'ai
'aniarti, selon la traduction des LXX, de dit) :Voilà les hommes illustres en qui
la Vulgate, du syriaque et de saint Jérôme. sont toutes mes complaisances. » La sain-
— Deus meus D'après l'hébreu
es tu. : donc la seule vraie noblesse.
teté, telle est
'Adônaï 'attah; Adonaï, toi, c.-à-d. toi, 4-5. Seconde strophe l'aversion intime
:
mon Maître. Concision très énergique, que héros du cantique éprouve pour
le
pour exprimer une dépendance et une con- les impies Dieu seul est à jamais son par-
;
de leurs adversités nombreuses {infirnïi' faisaient souvent partie des pratiques ido-
tates eorum) plus elles abondent, plus
: làtriques. — Nec memor ero... Le pronom
aussi elles leur obtiennent de grâces, et eorum se rapporte aux faux dieux dans le
les font avancer à grands pas dans la voie texte original. La loi juive interdisait, en
de la perfection [postea acceleraverunt) effet,de prononcer leurs noms. Cf. Ex.
Mais riiébieu exprime une pensée bien XXIII , 13. —
Dominus (hébr. Y^hôvah) :
dillerente : Nombreuses sont, dit -il, les pars. « Le psalmiste ayant dit quel cas ,
Coupes égyi>tieuries.
(littéralement qui maintiens) mon
:
souffrances de ceux qui échangent (Jého- héritage. Jéhovah avait interdit aux prêtres
vah pour) un autre (dieu). Cf. Jer. ii, 11. et aux lévites disraël de posséder d'autres
Le psalmiste passe donc maintenant à la biens que lui (cf. Num. xviii, 20; Deut.
seconde catégorie des hommes qui l'en- X 9, et XVIII , 1 )
, David , en son propre
:
sant, des châtiments dignes de leur crime. qui n'est pas Dieu, en Dieu ou pour Dieu.
Puis il exprime l'horreur qu'ils lui ins- 3" Deuxième partie les sentiments de :
pirent : il refuse d'avoir avec eux les joie, de reconnaissance et de parfaite con-
moindres relations. Autre variante dans fiance qu'inspire au héros du poème ce
l'hébreu. Au lieu de non congregabo con- bien unique qu'il s'est choisi. Vers. 6-11.
venticula... , il porte Je ne verserai pas
: 6-8. Troisième strophe: splendeurs de
leurs libations de sang. Allusion probable son héritage, et bonheur qu'il goûte à jouir
aux infâmes libations de sang humain, qui ainsi de Dieu. —
Funes ceciderunt... En-
I
pq
et
82 Ps. XV, 7-9.
^ Benedicam Dominum qui tribuit mihi intellectum ;
^
Je bénirai le Seigneur qui m'a donné l'intelligence ;
de plus, jusque dans la nuit même mes reins m'y ont excité.
^ Je prenais soin d'avoir toujours le Seigneur devant mes yeux ;
car il est à ma droite, pour que je ne sois pas ébranlé.
^ C'est pourquoi mon cœur s'est réjoui , et ma langue a tressailli d'allé-
gresse ;
core une métaphore pittoresque les divers : âme. Voyez le Ps. vu, 5, et la note. InsU' —
lots de terrain, qui composaient l'héritage per et caro... Même sa chair! Il appuie
de chacun des Hébreux, avaient été mesu- sur ces mots, car c'est de sa chair surtout,
rés au cordeau. Cf. Jos. xvii, 5, 14; Mich, de son corps, qu'il va parler au vers sui-
n, 5. —
In prsRclaris. Suivant toute la force vant. — Requiescet in spe. Hébr. habi- :
Dieu seul. Dans l'hébreu Il m'a conseillé.: limbes,, où les âmes des trépassés atten-
Cela revient au même. —
Usque ad noctem. daient impatiemment l'heure d'aller jouir
Même pendant la nuit, ce temps si favo- du bonheur du ciel. —
Non dabis sanctum
rable aux communications divines et aux tuum. Dans l'hébreu ton hâsid,; le « bien-
:
saintes méditations ou résolutions. Cf. Ps. aimé » de Dieu par excellence (cf. Ps. iv,4).
IV, 4; XVI, 3. —
Increpuerunt... : dans le Le texte hébreu (le k^tib, comme on le
sens d'avertir avec insistance. Renés — nomme) porte hasidéka au pluriel, « tes
mei. Redisons (comp. le Ps. vu, 10, et la saints »; mais une note marginale (le
note) que les reins sont, d'après le lan- q^ri) dit à bon droit qu'il faut lire le singu-
gage biblique, le siège des émotions, des lier, ainsi que l'ont fait toutes les anciennes
sentiments. Il s'agit donc d'une voix intime traductions et que l'exige le contexte
,
Vi- —
l'a constamment à la pensée, comme une dere. Locution très forte pour signifier :
le Seigneur : à sa droite, comme un cham- ment, et c'est ici le cas, celui de destruc-
pion tout- puissant, qui lui garantissait le tion, de corruption. Cf. Job, ix, 31; xvn,
salut {ne commovear). 14; XXXIII, 18, 22; Ps. ix, 16; xxix, 10;
9-11. Quatrième strophe énumération : XXXV, 7; XLViii, 10; Is. li, 14; Ez. xix, 4;
de toutes les espérances que le héros du xxviii, 8, etc. Voyez Patrizi, Cent Psaumes,
psaume base sur la possession d'un tel pp. 100-103. —
Après ces indications ra-
héritage. —
Propter hoc : à cause de celte pides, citons en entier l'admirable com-
ineffable union. —
Exultavit lingua... mentaire que saint Pierre fit de ce verset 10,
Dans l'hébreu ma gloire, c.-à-d. mon
: en face d'un auditoire qui connaissait par-
Ps. XV, 10 — XVI, 1. 83
^^ Quoniam non derelinques animam meam in inferno,
nec dabis sanctum tuum videre corruptionem.
** Notas mihi fecisti vias vitae ;
PSAUME XVI
'
Oratio David.
Exaudi, Domine, justitiam meam ;
*
Prière de David.
Exaucez, Seigneur, ma justice ;
morts, et tu ne permettras pas que ton toute - puissante et inépuisable pour les ,
Saint voie la corruption... Hommes frères, communiquer sans fin à son Christ et à
qu'il me soit permis de vous dire libre- tous ceux qui Taiment. Encore une fois, —
ment, au sujet du patriarche David, qu'il quelle beauté et quelle suavité dans ces
est mort, qu'il a été enseveli, et que son lignes plus célestes que terrestres, que
sépulcre existe encore aujourd'hui parmi Notre -Seigneur Jésus -Christ seul a plei-
nous. Comme il était prophète et qu'il
, nement réalisées !
nous en sommes tous témoins. » (Act. ii, nom qui désigne la prière proprement dite.
84 Ps. XVI, 2-4.
'^
De vultu tuo judicium meum prodeat ;
en moi.
''
Pour que ma bouche ne célèbre point les œuvres des hommes,
à cause des paroles de vos lèvres, j'ai marché par des voies rudes.
Elle domine, en effet, dans ce cantique. pour que Dieu fasse triompher la cause du
On retrouve cette expression en tête des suppliant. —
Exaudi... justitiam. Locu-
psaumes lxxxv, lxxxix, ci et cxli. — tion très expressive dès le début de sa
:
Sujet et occasion. Le poète est entouré prière, David met en avant son innocence,
d'ennemis sans pitié, qui ne songent qu'à sur de toucher ainsi le cœur du juste Juge.
le perdre parmi eux, il en est un qui est
;
— Deprecationem meam. Hébr. mon :
appel, plus pressant encore, motivé par complète d'innocence David, sûr d'avance ;
sième appel, avec un contraste entre les joies soumettre à un rigoureux examen. On a
terrestres des persécuteurs et les désirs très justement trouvé dans ce passage « le
tout célestes de la victime, vers. 13-15. Il — langage hardi d'une bonne conscience ».
existe une certaine ressemblance entre ce — Le psalmiste emploie trois expressions
psaume et le précédent (comp. surtout les distinctes pour décrire le divin examen
deux passages, xv, 4 et xvi, 15); mais le au-devant duquel il vient de lui-même.
ton est bien différent de part et d'autre, Probasti: éprouver par le feu {bâhan),
quoique la confiance soit la même. Ici, ce à la façon d'un métal;
cf. Ps. vn, 9; x, 4-5,
n'est plus la joyeuse sérénité, le doux repos etc. Visitasti scruter à fond, et cela pen-
:
quitas n'est pas dans le texte, quoiqu'il pas ont tenu bon dans tes voies ; mes pieds
soit bien dans le sens). Dans les vers. 4-5, n'ont pas été ébranlés.
ce même résultat est décrit plus au long, 3» Seconde partie nouvel appel, encore
:
en termes positifs. —
Ut non loquatur... plus pressant, motivé par l'imminence du
Passage un peu obscur, soit dans la tra- péril. Vers. 6-12.
duction, soit dans l'hébreu. Voici d'abord 6-7. Troisième strophe le poète con-
:
à une vie de mortification et de souffrances Moi, dans mon état d'innocence, je t'in-
{custodivi vias duras), soutenu en cela voque. —Quoniam exaudisti. Mieux :
pensée (c.-à-d., mes paroles sont véri- faire éclater splendides. Cf. Ps. xv, 3. Qui —
diques); pour ce qui est des œuvres des salvos facis... Encore un motif de con-
hommes, à cause de la parole de tes lèvres fiance :Dieu a coutume de sauver ceux
j'ai évité les sentiers de l'homme violent. » qui se réfugient sous sa protection pater-
David continue son examen de conscience nelle.
sous le regard de Dieu pour mieux dé- ,
8-9. Quatrième strophe que Dieu pro- :
montrer son innocence et obtenir plus tège son serviteur contre les méchants,
sûrement miséricorde après avoir parlé
: comme la prunelle de ses yeux. A resi- —
au vers. 3 comme un simple particulier, il stentibus... :ennemis de David, qui
les
s'exprime ici (vers. 4) comme un homme sont en même temps ceux de Dieu. Dans
vivant au milieu des autres hommes, et l'hébreu, par suite d'une divergence de
il certifie à son juge céleste qu'il n'a pas ponctuation, ces mots sont rattachés au
imité les mauvais exemples des pécheurs vers. 7, avec une légère variante pour le
haut placés, et spécialement leurs violences sens Toi qui sauves ceux qui se réfugient
:
niature que chacun de nous aperçoit dans blance (du principal ennemi) est celle d'un
les yeux de son semblable, en les fixant lion qui aspire à dévorer. — Catulus.., in
de près. Comparaison d'une admirable abditis : en embuscade. Beau tableau, très
délicatesse, la prunelle de nos yeux étant pittoresque.
l'emblème de ce que nous avons de plus 4° Troisième partie troisième appel, et
:
précieux, de plus cher, de plus tendrement contraste entre les joies terrestres, pro-
préservé. Cf. Deut. xxxvn, 10; Prov.vn, 2; fanes , des persécuteurs et les désirs tout
,
Zach. n, 8, etc. —
Sub unihra alarum... célestes de la victime. Vers. 13-15.
Autre délicieuse figure, très expressive, 13-14». Sixième strophe que le Seigneur :
et souvent reproduite dans la Bible. Cf. se lève pour châtier ces hommes méchants
Ps. xxxvn, 7; Lvn, 1; lx, 4; Matth. xxm, et criminels. —
Exurge, prœueni... Grande
37, etc. —
Protège me. Hébr. cache-moi. : vigueur et rapidité du langage. Sup' —
— Inimici. circumdederunt. D'après
. . planta eum. Hébr. terrasse -le.
: Fra- —
l'hébreu Contre les ennemis de mon âme
: meam tuam. D'après les commentateurs
(c.-à-d. de ma vie, mes ennemis mortels), de la Vulgate, ce mot désigne le glaive
qui m'enveloppent. royal que Dieu avait momentanément laissé
10-12. Cinquième strophe portrait des : entre les mains de Saiil. Mais on donne
persécuteurs de David. —
Adipem... con- d'ordinaire cette autre traduction du texte
cluserunt. Image toute orientale, pour mar- hébreu Délivre mon âme de l'impie par
:
quer la dureté, l'insensibilité du cœur. Cf. ton glaive; (délivre -la) des hommes par
Deut. xxxn, 15; Job, xv, 27; Ps. Lxxn, 7; ta main. —A paucis... Selon la Vulgate,
Is. VI, 10, etc. —
Projicientes me. Nuance . . ce petit nombre représente les justes, et
dans l'hébreu Ils sont sur nos pas
: ils ; David prie le Seigneur de les placer hors
nous entourent. Le psalmiste parle ici à la de l'atteinte cruelle des impies, en faisant
première personne du pluriel, parce qu'il disparaître ces derniers {de terra divide...)
avait aussi en vue ses fidèles amis. Oculos — dans la plénitude de leurs forces et de leur
Ps. XVI, 15 — XVII, 1. 87
Domine, a paiicis de terra divide eos in vita eorum ;
Seigneur, séparez -les, dès leur vie même, du petit nombre de vos
fidèles qui sont sur la terre ;
leur ventre est rempli de vos trésors.
Ils sont rassasiés de fîls,
et ils laissent le reste de leurs biens à leurs petits-enfants.
15
Pour moi, c'est par la justice que je serai admis en votre présence ;
je serai rassasié lorsque apparaîtra votre gloire.
PSAUME XVII
*
In finem, puero Domini David, qui locutus est Domino verba cantici
^
Pour lafm, de David, serviteur du Seigneur, qui adressa au Seigneur
vie {in vita eorum). L'hébreu poursuit la qu'il attend au ciel, auprès de Dieu. Au
pensée commencée plus haut: (Délivre- lieu de se plaindre, comme aux Ps. xxxvi
moi) des hommes du monde (c.-à-d. des et i.xxi, de la félicité temporelle des impies,
hommes profanes qui ne songent qu'à il préfère ici planer au-dessus de tous les
les joies mondaines des ennemis de David, pas lieu en ce monde, évidemment, mais
et les espérances éternelles du saint roi. dans le ciel, après la mort. In justitia. —
— De absconditis expression qui désigne
: Condition indispensable pour être admis
les richesses et les trésors matériels que ,
à ce bonheur céleste. Satiabor. Ici-bas, —
les Orientaux aiment à cacher, pour les jamais de satiété pour l'âme, qui est, au
mieux préserver. —
Adimpletus est ven- contraire, toujours affamée, et que rien ne
ter. Hébr. Tu remplis leur ventre. Ces
: peut satisfaire pleinement; elle sera ras-
hommes ne demandent que le rassasiement sasiée quand Dieu se donnera plus com-
de leurs appétits sensuels (cf. Phil. m, 17) plètement à elle, par la vision béatifique.
or Dieu les contente parfois, lui qui fait
;
et sur les bons, et qui accorde indifférem- beauté Au réveil, je serai rassasié de ton
:
'^
Je vous aimerai Seigneur, vous qui êtes ma force.
,
tique. La vraie traduction de l'hébreu se- ses ennemis du dedans. Seconde partie
rait de David, serviteur de Jéhovah. Ces
: didactique, vers. 21-31 : les raisons de cette
derniers mots sont une appellation glo- protection divine. Troisième partie plus ,
rieuse, décernée déjà à Abraham, à Moïse, particulièrement lyrique, vers. 32-46: Da-
à Josué et à Job. —
Le genre poétique du vid délivré de ses ennemis extérieurs. —
psaume verba cantici hujus. C'est un
: Au point de vue littéraire, ce psaume est
sir ou chant lyrique (voyez la page 9). — vraiment remarquable ses élans très vifs,
:
Locutus est Domino... in die... Jour dans ses splendides images ses descriptions ,
le sens large, c.-à-d. l'époque. D'après le brillantes, font de lui un des plus beaux
contexte, David ne composa le Ps. xvii poèmes du Psautier. Il a été écrit « avec
que vers la fm de sa vie, lorsque Dieu un soin visible », et il forme « un monu-
l'eut rendu victorieux de tous ses ennemis. ment digne des grands bienfaits qu'il ra-
Comp. II Rois, XXII, où ce cantique paraît conte ». —
Sur la rédaction qu'on en trouve
avoir été inséré à sa vraie place chronolo- au second livre des Rois et sur ses variantes,
gique par l'historien sacré. L'occasion: — voyez notre Sainte Bible commentée, t. II,
les victoires universelles et décisives du pp. 421 et ss.
grand et saint roi {eripuit eum Domi- 2° Prélude qui résume le cantique :
mis de David. —
Le sujet est très simple. verbe dénote une très vive tendresse, car
En somme, ce poème est « un grand Allé- sa signification directe est « réchauffer dans
luia ». Jetant ses regards en arrière, le le sein maternel ». Il eût été préférable de
psalmiste « contemple le cours d'une vie le traduire par le temps présent Je t'aime, :
XXXII, 4, 15, 18, 30; il Reg. ii, 2, etc., tis. De même la paraphrase chaldaïque.
d'après le texte original. Protectormeus. L'hébreu signifie plutôt les cordes (les
:
sauvages, dont les cornes sont une arme si qui signifie tout d'abord « homme nul,
redoutable. Cf. Deut. xxxiii, 17 Ps. xxvii, ; mauvais », s'emploie aussi à l'abstrait pour
7-8, etc. — Susceptor tiieus. Hébr. : mon désigner le mal et sa puissance destruc-
haut lieu, c.-à-d. ma citadelle. Cf. Ps. ix, 9. tive. Donc des torrents qui produisent le
:
•
Laudans (vers. 4). Le participe passif ravage et la ruine. —Conturbaverunt me :
m^hullal devrait être traduit par « lauda- roulant tout à coup sur lui leurs vagues
bilis », digne d'éloges. —
Invocabo..., sal- amoncelées. —Dolores inferni. Hébr. :
vus ero. Mieux J'invoque, je suis sauvé.
: les cordes du s'^'ôl, c.-à-d. du séjour des
Ce n'est point une résolution d'avenir que morts, représenté sous les traits d'un chas-
le psalmiste prend ici, mais il signale l'ex- seur qui désirait enserrer David dans ses
périence de sa vie intime toutes les fois : filets. —
Prœoccupaverunt : pour le saisir
qu'il a invoqué Jéhovah au milieu du dan- à l'improviste. —
In tribulatione... La
ger, il a été merveilleusement secouru. prière du poète (vers, 7»), et sa délivrance
3° Première partie du cantique David : (7''), brièvement décrites. —
Invocavi...,
délivré de ses ennemis du dedans, tels que clamavi. La phrase hébraïque suppose des
Saûl, Absalom, etc. Vers. 5-20. appels à Dieu fréquents, réitérés. —
Exau-
5-7. Thème de cette première partie. divit de templo: c.-à-d. du ciel. Comp.
— Les vers. 5- G décrivent, au moyen do le Ps. X, 4, et la note. — Clamor meus...
figures et de personnifications énergiques, introivit... liOcution pittoresque. Toujours
l'extrémité à laquelle David avait été réduit. la prière do David est arrivée jusqu'au cœur
Comme Reg.
le saint roi le dit ailleurs, I de Dieu et a été exaucée.
XX, 3, en réalité il n'avait été séparé de la 8-15. Dieu descend du ciel au milieu
mort que par « un pas ». —
Dolores mor- d'une tempête, pour délivrer son serviteur
90 Ps. XYII, 9-11.
^ La fumée a monté
à cause de sa colère
et le feu s'estallumé par ses regards ;
en péril. —
Tableau tout dramatique et de pour châtier l'homme coupable. La des-
haute poésie, qui « n'a pas été dépassé en cription suit une marche ascendante, en
sublimité et en grandeur». Il représente conformité avec ce qui se passe dans la réa-
une de ces théophanies ou apparitions , litédes faits vers. 8-9, formation lointaine
:
divines, qui abondent dans la Bible, et qui de l'orage; vers. 10-12, il arrive, mena-
nous font contempler Jéhovah descendant çant; vers. 13-15, il éclate, terrible. —
du ciel sur la terre sous une forme visible, Vers. 8 premier prélude, la terre tremble.
:
Commota... et contremuit;
belleparonomase dans l'hé-
breu vattig'as vattir'as ;
:
et, le plus souvent, accompagné d'un ou- sombre et menaçant poussé par un vent ,
ragan terrible, pour sauver ses amis et violent. IncUnavit cselos : Dieu descend de
détruire ses ennemis. Elles eurent lieu sa résidence pour exécuter ses re-
du ciel,
parfois d'une manière réelle (cf. Ex. xix, doutables jugements les nuages lui servent
;
16-18; Jos. X, 11; Jud. v, 20 et ss., etc.); comme d'escabeau {caligo sub pedibus...),
mais d'ordinaire la description est idéale, et s'abaissent graduellement sur la terre
et tel est ici le cas, car aucun fait semblable pour l'y déposer. —
Ascendit super che-
n'est raconté dans la vie de David. Rien rubim (l'hébreu a le singulier, mais d'une-
de plus naturel que de voir le ciel, la terre manière collective) le trône et le char :
et tous les éléments s'ébranler en présence mystique de Jéhovah. Cf. Ex. xxv, 18 et ss.;
du Créateur, et lui servir d'instruments II Reg. VI, 2; Ps. lxxix, 1; Ez. i, 4 et ss.;
Ps. XVII, 12-16. 91
*^ Et posuit tenebras latibulum suum ;
Tenebras latibulum. Les sombres nuages fréquemment usitée pour dépeindre une
amoncelés et couvrant tout le ciel sont affreuse panique. Cf. Jos. x,10; Jud. iv, 15;
comme une tente sous laquelle se cache I Reg. vn, 10, etc.
le Seigneur. Cf. Job, xxxvi, 29. — Pras 16-20. Le salut de David, miraculeuse-
fulgore. ..Vers. 13-15: l'orage éclate. Cette ment opéré. —
Apparuerunt fontes... Les
splendeur éblouissante n'est autre que celle eaux de la mer, d'après II Reg. xxii; sym-
des éclairs, qui illuminaient le pavillon bole des maux dans lesquels David était
divin. —Grando et carbones... La foudre comme submergé (cf. vers. 17). A l'ap-
déchire les nuages et les met en pièces, proche du Seigneur, et sous l'effet de
et de leur soin s'échappent des grêlons et sa parole menaçante {ab increpatione...
de nouveaux éclairs. —
Altissimus. Hébr., vers. 16), elles se retirent, laissant à nu
^Elyôn : « le titre de Dieu (dans la Bible) leur lit profond, où s'appuient les bases
en tant qu'il est le gouverneur suprême qui soutiennent la terre {revelata sunt...;
de l'univers. » Cf. Ps. vu, 17. —Dédit belle figure poétique). —
Ab inspiratione
vocem... Métaphore orientale pour désigner spiritus... Personnification du vent violent
le tonnerre. Cf. Ps. xxviii, 3 et ss. Job,
; qui faisait partie de la tempête. Misit de —
xxxvii, 2-5, etc. —
Misit sagittas. C.-à-d. summo... Dieu tend la main, pour saisir
la foudre, éclatant coup sur coup. Cf. Ps. David {accepit me), qui était sur le point
Lxxvi, 17; Hab. ni, 11, etc. —
Dissipavit de sombrer dans les flots. Cf Ps. xxxi, 6:
92 Ps. XVII, 17-23.
*'
Il a tendu d'en haut sa main et il m'a pris
et il m'a
des eaux profondes.
tiré
18
Il m'a arraché à mes très puissants ennemis,
et à ceux qui me haïssaient, car ils étaient plus forts que moi,
m Ils m'ont attaqué les premiers au jour de mon affliction,
et le Seigneur s'est fait mon protecteur.
20
Il m'a retiré et mis au large ;
me
récompensera selon la pureté de mes mains.
il
Lxv, 12, etc. — Eripuit me... La délivrance sons de cette protection divine. Vers. 21-31.
du roi, après avoir été décrite en termes Le ton devient plus calme; c'est celui
figurés (vers. 16-17), l'est maintenant au de la grave réflexion. Le psalmiste pro-
propre et sans image (vers. 18-20). — De nonce lui-même son éloge mais il le fait;
plaisait en moi. Cf. II Reg. xv, 26. Ces avons son développement concret dans les
mots servent en outre de transition à la trois versets suivants, d'une manière soit
seconde partie, dans laquelle ils vont être positive, soit négative. Vias, judicia, jus-
développés. titias : locutions synonymes, pour mar-
4"> Seconde partie du cantique les rai- : quer les commandements de Dieu. Voyez
Ps. XVII, 24-29. 93
^^
Et ero immaculatus cum eo,
et observabo me ab iniquitate mea.
^^ Et retribuet mihi Dominus secundum justitiam meam,
et secundum puritatem manuum mearum in conspectu oculorum
ejus.
'^^
Cum sancto sanctus eris,
et cum viro innocente innocens eris.
*^'
Et cum electo electus eris
et cum perverso perverteris.
'^^
Quoniam populum humilem salvum faciès,
tu
superborum humiliabis.
et oculos
^^ Quoniam tu illuminas lucernam meam, Domine;
Deus meus, illumina tenebras meas.
hardi, d'une grande énergie. Avec les tatione). Cette première moitié du vers. 30
hommes qui pervertissent leurs voies Dieu parait se rapporter à la brillante victoire
rend lui-même les siennes tortueuses, pour remportée par David sur les pillards ama-
94 Ps. XVII, 30-33.
^^ Quoniam in te eripiar a tentatione,
et inDeo meo transgrediar murum.
31
Deus meus impoUuta via ejus
,
;
lécites qui avaientsaccagé Sicéleg pendant 5» Troisième partie du cantique David dé- :
11,4 etc.
, —
Posuit im-
maculatam... De nou-
veau tâmini dans Thé-
Antiques lampes égyptiennes et assyriennes. (D'après des originaux.) breu parfaite, c.-à-d.
;
duit au livre des Proverbes, xxx, —5. lôt, les biches [Atlas d'hist. naturelle,
Igné examinata : comme for qui sort pi. Lxxxv, fig. 8). Elles ont le pied agile
entièrement pur du creuset. Cf Ps. xi, 6; et sur, qualité des plus précieuses pour
cxviii, 140, etc. — Prolector est. Hébr. : un guerrier, surtout dans les temps an-
Il est le bouclier de tous ceux qui se réfu- ciens. Cf. Hab. m, 19. Super excelsa. —
gient en lui. Hébr. sur mes hauts lieux. La Palestine
:
Ps. XVII, 34-38. 95
^^ qui perfecit pedes meos tanquam cervorum
et super excelsa statuens me ;
^''
qui docet manus meas ad prœlium.
Et posuisti , ut arcum sereum , brachia mea ;
30
et dedisti mihi protectionem salutis tuae,
et dextera tua suscepit me ;
qui formait la partie primitive et princi- souples et vigoureux. Petite variante dans
pale du royaume de David, est un pays l'hébreu Et mes bras tendent l'arc d'airain
:
très montagneux, et par conséquent très Comp. Homère, Odyssée, xxi, 409.
36-37. David ne peut s'attribuer à lui-
même ses victoires, mais uniquement à
Dieu qui bien doué.
l'a si Protectionem—
salutis... Hébr. le bouclier de ton salut.
:
Voyez V Atlas géogr., pi. vu, xii. — Po- 88-43. David, ainsi préparé pour la lutte,
suisti ut arcum... brachia... : les rendant s'est élancé contre ses ennemis, et en a
96 Ps. XVII, 39-45.
^^ Gonfringam illos, nec poterunt stare;
cadent subtus pedes meos.
''°
Et prsecinxisti me virtute ad bellum,
et supplantasti insurgentes in me subtus me.
^* Et inimicos meos dedisti mihi dorsum,
et odientes me disperdidisti.
^'^
Clamaverunt nec erat qui salvos faceret
,
;
43
Et comminuam eos ut pulverem ante faciem venti
ut lutum platearum delebo eos.
44
Eripies me de contradictionibus populi ;
complètement triomphé. Splendide tableau trer jusqu'à quel degré s'était étendue la
et véritable hypotypose. Persequar, — ruine des ennemis. Cf. Is. x, 6; xxix, 5;
comprehendani... De nouveau, tous ces XLi, 2; Mich. vu, 10, etc.
verbes sont à traduire par le prétérit. On 44-46. L'autorité royale de David soli-
dirait le « Yeni , vidi , vici » de David tant, dement établie au dedans et au dehors
le mouvement est rapide. — Cadent subtus d'Israël. — Eripies..., constitues. Toujours
pedes... (vers. 39). La victoire définitive. dans le Tu m'as délivré
sens du prétérit :
cinxisti... (vei^. 40). Le poète revient sans fait donc probablement allusion aux dis-
cesse à Dieu pour lui attribuer tout l'hon-
,
sensions intestines qui troublèrent les dé-
neur du triomphe.— Supjo/an^asii... Hébr.: buts et la fin de son règne. In caput —
Tu fais courber sous moi. Inimicos... — gfeniium. Résultat final de toutes ces guerres
dorsum : réduits à une fuite honteuse. Cf. et conquêtes le fils d'Isaï fut en réalité
:
sonne {ad Doyninum). Cf. I Reg. v, 12. — exemple, les alliés des Syriens (cf. II Reg.
Comminuam... ut pulverem..., ut lutum... VIII, 6; x, 19). —
Auditu auris obedivit.
Images très fortes, pour mon-
(vers. 43). Promptitude de leur soumission au seul :
Ps. XVII, 46-50. 97
liberator meus de
inimicis meis iracundis.
49
Et ab insurgentibus in me exaltabis me ;
a viro iniquo eripies me.
50
Propterea confitebor tibi in nationibus, Domine,
et nomini tuo psalmum dicam ;
i8
Dieu, qui prenez soin de me venger,
et qui me soumettez les peuples ;
bruit des victoires de David, ils accouraient sionqui désigne plus particulièrement
se ranger sous ses lois Cf. II Reg. viii, 9 et ss.
. Saûl rhomme inique par excellence rela-
,
au psalmiste. —
Das vindictas m.ihi. C.-â-d. de David, en qui seul s'est réalisée la di-
que Dieu l'avait perpétuellement vengé de vine promesse d'une lignée et d'un trône
ses ennemis. L'épithète iracundis manque sans fin pour le saint roi ils sont donc
;
^*
à du Dieu qui procure de merveilleuses délivrances à
la gloire
son roi
et qui fait miséricorde à David son oint
et à sa postérité jusqu'à la fin des siècles.
PSAUME XVIII
*
In finem, Psalmus David.
^ Gseli enarrant gloriam Dei,
et opéra manuum ejus annuntiat firmamentum,
^
Pour la fin, psaume de David.
^ Les cieux racontent la gloire de Dieu
et le firmament publie les œuvres de ses mains.
Ps. XVIII. —
1. Deux données seule- « Au-dessus de moi le ciel étoile, en moi
ment : la dédicace au maître de chœur, in la loi morale voilà deux choses qui rem-
:
finem, et nom
de l'auteur, David.
le — plissent mon âme d'une admiration et d'un
Ce poème, que l'on a désigné comme respect toujours nouveaux et toujours crois-
« l'une des plus profondes compositions » sants. » Aux mots « la loi morale », sub-
du saint roi, chante alternativement les tituons ceux-ci : révélée de
« la parole
témoignages, de genres si différents, que Dieu, » et nous aurons la pensée de David.
lendent à Dieu le monde physique et la loi — Saint Paul, Rom. x, 18, applique le
révélée. Il deux parties,
se divise ainsi en vers. 5 à la propagation universelle de
qui sont très dissemblables pour le fond de l'Église.
l'Évangile, c.-à-d. à la catholicité
comme pour la forme. La première (vers. Les saints Pères voient dans la marche
2-7) célèbre la puissance et la majesté du triomphante du soleil (vers. 6-7) le sym-
Dieu créateur, telles que les manifestent bole des victoires irrésistibles de Notre-
surtout le ciel et le soleil ; la seconde Seigneur Jésus -Christ.
(vers. 8-15) expose
beauté les avantages la , 2° Première partie Dieu se révèle mer-
:
de la loi théocratique révélée par Jéhovah veilleusement dans la nature. Vers. 2-7.
aux Israélites. La première partie est plus 2-5. Première strophe la gloire du Dieu
:
de l'univers était un principe fondamental leur immensité leur splendeur, leur ordre
,
nouvelle n'a- 1- il pas reçue, grâce aux dé- associer des éléments de même espèce. Il
couvertes de Tastronomie moderne » !
— a voulu , de plus indiquer que chacun de
,
due » (c'est le sens du mot hébreu raqia') « le jour parle de splendeur, de puissance,
au-dessus de nos têtes. —Opéra manuum de bienveillance la nuit parle d'immensité,
;
( Peintures de Thèbes.)
louangeurs que les cioux font entendre à mais, plus simplement, la connaissance
la gloire de leur Créateur sont comparés du Créateur. Cf. Rom. i, 19. —
Non sunt
par le poète à une tradition jamais inter- loquelœ... Vers. 4: ce concert, bruyant et
rompue chaque jour redit au jour sui-
: sonore, est partout entendu. —Quorum
vant {éructât^ expression énergique litté- ; non audiantur... Quelques auteurs tra-
ralement, dans l'hébreu fait jailhr comme: duisent, avec une nuance importante : Ils
une source abondante), chaque nuit à la n'ont ni langage ni parole ; leur voix n'est
nuit qui lui succède, ce qu'ils ont appris pas entendue. C.-à-d. leur langage est
et compris des œuvres divines- Admirable inarticulé, silencieux ; ce qui ne l'empêche
personnification. — Nox nocti. A première pas de retentir partout, comme l'ajoute le
vue , semblerait plus naturel de dire que
il verset suivant. Cette traduction ne vaut
le jour transmet à la nuit cette tradition pas celle de la Vulgate. —
In omnem ter-
glorieuse mais le psalmiste a préféré
; î ram... Vers. 5 le glorieux concert se fait
:
100 Ps. XVIII, 6-8.
entendre dans tout l'univers. Sur l'inter- s'élance au combat et triomphe de tous
prétation messianique de ce passage , voyez les obstacles. Le verbe exultavit est très
la note du vers. 1, Sonus. De même — bien choisi, car c'est par bonds rapides
les LXX Symmaque , , saint Jérôme , etc. que le soleil monte au-dessus de l'horizon.
le parallélismeverba ) montre que tel est
(
;
Créateur aurait choisi cet astre glorieux sagée en elle -même et théoriquement. La
pour y fixer son propre séjour. L'hébreu description ,
quoique très calme a été , visi-
a un autre sens En eux (dans les cieux) : blement écrite avec amour ; elle met briè-
il a placé une tente pour le soleil. Image vement en principaux caractères
relief les
toute poétique le ciel est en effet comme
: , , et l'influence bienfaisante de la révélation.
un magnifique pavillon sous lequel le so- Les vers. 8-10 offrent l'exemple d'un rythme
leil se retire chaque soir, et d"où il sort le spécial les membres de vers plus longs
; ,
matin pour fournir une nouvelle carrière. que de coutume sont coupés par une cé-
,
— Et ipse... La course du soleil dans les sure comme dans les Thrènes.
,
Lex —
cieux est décrite par deux élégantes com- Domini. Désormais Dieu sera désigné,
paraisons, dont la première représente sa comme il a été dit plus haut (note du
grâce, la seconde sa force irrésistible. — vers. 1), par le nom de Jéhovah, qu'il
Tanquam sponsus. A son lever, c'est un porte en tant qu'il s'est révélé à Israël et
époux qui sort de la chambre nuptiale au monde. Cf. Ex. m
14. La loi dont parle
,
[de thalamo...), dans toute la souplesse et ici David ne se borne pas au seul Déca-
la beauté de la jeunesse, dans tout l'épa- logue ; c'est tout l'ensemble des révélations
nouissement du bonheur. Cf. Is. lxi, 10, positives faites par le Seigneur à son
et Lxii 5 Joël ii 16. Le soleil du matin
, ; , , peuple privilégié et contenues non moins
,
est, lui aussi, remarquable par sa fraî- dans les écrits des prophètes que dans le
cheur gracieuse. Ut gigas. Comme un — Pentateuque. Cette loi est représentée en
héros (hébr. gihhor) qui, fier de sa vi-
: cet endroit par six substantifs synonymes,
gueur et tout désireux de la manifester. et caractérisée par douze qualificatifs élo-
Ps. XVIII, 9-12. 401
^ Justitiœ Domini rectse, Isetificantes corda ;
ils sont plus doux que le miel et qu'un rayon plein de miel.
^- Aussi votre serviteur les observe ;
à les garder, on trouve une grande récompense.
gieux, qui accompagnent deux à deux les nique sa clarté {illuminans...). — Cin-
substantifs, et qui sont disposés de telle quième substantif. Timor : cette même
sorte, quepremier est au second ce que
le loi, en tant qu'elle a pour but d'exciter
la cause est à
l'effet. —
Premier substantif. dans les cœurs une crainte salutaire de
Lex : en hébreu fôrah, c.-à-d. l'instruc- Dieu et de ses jugements. Elle est « épu-
tion, la doctrine. Ce divin enseignement rée » [t^hôrah; Vulg., sanctus) comme l'or
est parfait », complet, sans le moindre
(( qui a passé au creuset; aussi dure- 1- elle
défaut (hébr., t^mîmah ; Yulg., immacu- à tout jamais {permanens...). -^ Sixième
lata)',premier éloge qui résume tous les substantif. Judicia : les prescriptions va-
autres. Convertens animas est un hé- riées de la loi en tant qu'elles forment
,
braïsme, qui signifie : ramener la vie expi- toutes ensemble le corps du droit divin,
rante, faire revivre. Cf. Ps. xxi, 3; Thren. et qu'elles expriment les volontés du Juge
I, 11,16. —
Second substantif. Testimo- suprême. Vera (l'hébreu ale concret,
nium : en tant qu'elle rend témoi-
la loi , « vérité ») car elles sont en parfaite har-
:
piqqudé, les ordres, les commandements la loi. Son prix dépasse celui des richesses
de divers genres que Dieu donne à l'homme. les plus précieuses super aurum (hébr.:
:
Rectœ: ces ordres sont entièrement « con- l'or ordinaire, zâhab) et lapidem... (hébr.:
formes à. la règle éternelle du juste et de l'or le plus fin, le plus pur, paz). Sa sua-
l'injuste, telle qu'elle est gravée dans la vité est supérieure à celle des aliments
conscience » voilà pourquoi ils remplissent
; réputés les plus doux super mel (hébr.
: :
le cœur des plus douces et des plus saintes d^bâëj le miel ordinaire) et favum (hébr. :
joies {lœtificantes). —
Quatrième substan- nofet su fini, le miel de première qualité,
tif. Prseceptwn : hébr., inisvat , de la qui « coule » spontanément « des rayons »).
racine .sdua/t, ordonner. Lucidum: bârah 12-15. Quatrième strophe la loi divine, :
13
Delicta quis intelligit ?
Ab occultis meis munda me
^'^
et ab alienis parce servo tuo.
Si mei non fuerint dominati, tune immaculatus ero,
et emundabor a delicto maximo.
15
Et erunt ut complaceant eloquia oris mei
et meditatio cordis mei in conspectu tuo semper.
Domine, adjutor meus, et redemptor meus.
PSAUME XIX
'
In finem, Psalmus David.
pense que Dieu accorde, soit ici-bas, soit minent pas sur moi Le pécheur devient !
dans l'autre vie, à tous ses serviteurs l'esclave de ses passions cf. Gen. iv, 7 ;
—
;
manque si souvent, d'une manière tantôt l'extase ) cordis : les prières vocales et les
involontaire, tantôt librement consentie. prières mentales tout l'être de l'homme
;
Quatre expressions distinctes servent à dé- agenouillé devant Dieu. Domine... Cri —
signer ces différentes espèces de manque- d'intime confiance pour conclure. Adju- —
ments. Les s^glôt , ou erreurs (Vulg. de- : tor meus. Hébr. mon rocher {suri). Cf.
:
ou par ignorance. Occultis : les fautes mon Sur co mot très expressif, voyez
gô'el.
d'inadvertance que la fragilité inhérente à
,
le Ps. IX, 13, et le commentaire.
notre nature nous fait commettre presque
à notre insu, et qui nous demeurent comme Psaume XIX
«cachées» à nous-mêmes. Alienis exprime
Prière d'Israël pour son roi, qui allait
une idée analogue ; mais l'hébreu porte
entreprendre une expédition guerrière.
zédini (au lieu de sârim, étrangers), et ce
nom désigne les péchés d'orgueil de pré- , 1° Le titre. Vers. 4.
somption commis « de haute main », avec Ps. XIX. — Les trois notions les plus
1.
,
une mahce calculée, comme il est dit fréquentes : in finem, psalmus David. —
Ps. XIX, 2-6. 403
2 Exaudiat te Dominus in die tribulationis ;
ennemis (Ps. xix), puis de vives actions c.-à-d. qu'il te soit un sur et inaccessible
de grâces après la victoire (Ps. xx). La — refuge. Comparez les Ps. ix, 9, et xvii, 2,
guerre en question fut selon toute proba-
, où Dieu a été appelé une tour de refuge
bilité, celle que David soutint en personne un haut lieu. —
Jacob est un synonyme
contre les Ammonites et les Syriens con- poétique d'Israël. —
Auxilium de sancto :
fédérés contre lui (cf. II Reg. x-xii) le : du sanctuaire de Sion comme le dit l'hé-
,
titre du psaume xix le dit expressément mistiche suivant. Cf. Ps. m, 4; xiii, 7, etc.
dans la version syriaque et plusieurs traits
, — Memor sit (vers. 4) : dans le sens d'ac-
des deux cantiques coïncident d'une ma- cepter, d'avoir pour agréable. — Sacrificii
nière frappante avec le récit de l'historien tui.Hébr. minhôt, le mot qui désigne
:
sacré. Comparez surtout Ps. xix, 7 et II Reg. habituellement les sacrifices non sanglants.
x, 18 ; Ps. XX, 3, 9 et II Reg. xii, 30-31 David . Il marque ici, de concert avec holocau-
composa donc cette prière et ce « Te Doum » stum, les offrandes spéciales que David
soit avant, soit après la campagne, et les consacra au Seigneur au moment d'entre-
fit chanter dans le temple au milieu de sa-
, prendre la guerre contre les Ammonites,
crifices impétratoires et eucharistiques. — suivant l'usage reçu en Israël. Cf. I Reg.
Les deux psaumes sont marqués au coin VII, 9-10 j XIII, 9-12, — Pingue fiat. Dans
d'une grandiose simplicité le style n'y est l'hébreu Qu'il trouve gras, c.-à-d. pré-
:
'
Que le Seigneur exauce toutes vos demandes.
J'ai reconnu maintenant que le Seigneur a sauvé son oint.
Ill'exaucera du ciel , sa sainte demeure ;
sa droite toute -puissante produira le salut.
^ Ceux-là se confient dans leurs chars, et ceux-ci dans leurs che-
vaux ;
mais nous, nous invoquerons le nom du Seigneur notre Dieu.
^ Eux, ils ont été comme liés, et ils sont tombés ;
verset par l'optatif. L'hébreu emploie une la plus ardente. La nation suppliante re-
expression très forte Puissions-nous pous-
: garde d'avance sa prière comme exaucée
ser des cris de joie [rânan, à la façon des {salvum fecit), car elle concerne l'oint
armées de l'antiquité, quand elles étaient même de Dieu {christum suum; voyez le
victorieuses)! —
Magnificabiniur. Hébr. : Ps. XYii, 51, et la note), celui que Jéhovah
Puissions-nous agiter nos bannières Autre ! a consacré pour être son représentant sur
signe de triomphe. la terre, et qu'il est tenu de protéger. —
De cœlo sancto : le vrai sanctuaire,
dont le tabernacle, de Sion (vers. 3)
n'était qu'un pâle emblème. In po- —
tentatibus : par des actions d'éclat,
que la droite puissante du Seigneur
produira pour délivrer David de ses
ennemis.
8-9. La vraie cause des victoires
d'Israël, exposée par un double con-
traste. — Premier contraste, vers. 8:
les moyens de défense. D'une part
les païens {hidédaigneux), avec leurs
chars de guerre et leur cavalerie si
redoutables ( comp. II Reg. x, 18,
pour la campagne présente ) d'autre ;
Encore l'anticipation de la
qui voit foi ,
3'» Deuxième partie : prière confiante, déjà l'ennemi vaincu, écrasé. Nos sur-
pour demander à Dieu la victoire. Vers. 7-10. reximus...: les Hébreux ont tenu bon sur
7. Certitude du triomphe de David. — le champ de bataille.
Nunc cognovi. Parole inspirée par la foi
Ps. XrX, 10 — XX, 4. 105
*^ Domine, salvum fac regem
et exaudi nos in die qua invocaverimus te.
PSAUME XX
*
In finem, Psalmus David.
^ Domine , in virtute tua hetabitur rex
et«uper salutare tuum exultabit veliementer.
^ Desiderium cordis ejus tribuisti ei
et voluntate labiorum ejus non fraudasti eum.
'^
Quoniam prsevenisti eum in benedictionibus dulcedinis ;
^
Pour la fin, psaume de David.
'^
Seigneur, réjouira dans votre force,
le roi se
et il d'une vive allégresse, parce que vous l'avez sauvé,
tressaillira
^ Vous lui avez accordé le désir de son cœur,
et vous ne l'avez point frustré de la demande de ses lèvres.
'*
Car vous l'avez prévenu des plus douces bénédictions ;
passage de la Bible où Dieu soit désigné grâces adressée à Jéhovah par la nation
par cette seule qualification. Les mots — théocratique pour le remercier de la vic-
,
exaudi nos in die... forment un Amen toire qu'il venait d'accorder à David. Vers.
développé. 2-8.
Psaume XX 2-3. Le thème général. —
Domine. La
prière s'élance immédiatement vers Dieu,
Action de grâces après la victoire.
dont le concours tout -puissant avait seul
1° Le titre. Vers, 1. opéré le récent triomphe ( in virtute tua :
Ps. XX. —
In finem...: tout à foit
4. mots accentués). —
Les verbes lœtabitur
comme au psaume précédent. Sur l'unité — et exultabit seraient mieux traduits par le
de ces deux poèmes sous le rapport des présent Le roi se réjouit de ta puissance;
:
pensées et de l'occasion historique , voyez oh! quelle vive allégresse lui cause ton
la note du Ps. xix, 1. Nous trouvons — salut! —Desiderium cordis... Allusion évi-
également ici deux parties vers. 2-8, : dente au vœu ardent que le peuple avait
action de grâces au Seigneur pour le glo- exprimé au vers. 5 du Ps. xix Que Dieu :
rieux triomphe de David; vers. 9-14, sou- te donne ce que ton cœur désire !
haits d'avenir adressés au roi. Le Targum — 4-6. Énumération des principaux bien-
5*
103 Ps. XX, 5-10.
^ Vitam petiit a te , et tribuisti ei
longitudinem dierum in SLeculum, et in sœculum sseculi.
^ Magna est gloria ejus in salutari tuo ;
faitsdont Jéhovah avait comblé le roi du- Hébr. la gloire, l'honneur, la majesté.
:
rant cette guerre victorieuse. Prœvenisti — Trois attributs divins dont le reflet avait
eum est une expression très délicate, pour rejailli sur David.
faire ressortir la condescendance divine. 7-8. Autres bienfaits, d'un ordre supé-
— Benedictionibus dulcedinis. Hébr. des : rieur, et leur cause. — Dabis... in bene-
bénédictions de bonté, ou de biens. — Po- dictionem. D'après la locution très signifi-
coronani... Si les psaumes xix et
suisti... cative de l'hébreu : Tu le fais bénédiction ;
XX furent réellement composés à l'occasion c.-à-d. tout ensemble, comme autrefois
de la guerre de David contre les Ammo- Abraham, possesseur pour lui-même, et
nites, ce fait se passa à la lettre. La cou- intermédiaire pour les autres, des béné-
ronne du roi d'Ammon, toute d'or, et ornée dictions d'en haut. Cf. Gen. xii, 2. Lxti- —
de pierres très précieuses, tomba au pou- ficabis... eum vultu tuo: en lui montrant
voir des vainqueurs après la prise de Rab- un visage propice et en l'admettant dans
,
bath-Ammon, et on la plaça comme un la plus douce intimité. Cf. Ps. xv, 11. —
glorieux trophée sur la tète de David. Cf. Quoniam rex... Double motif de ces bien-
II Reg. XII, 30. —
Vitam petiit..., et tri- faits extraordinaires du côté du roi, une
:
buisti... Le roi avait été ainsi exaucé bien entière confiance {sperat in Domino); du
au delà de ses désirs. Une longue vie était côté de Dieu, une parfaite bonté {in mise-
regardée, sous l'ancienne Alliance, comme ricordia...).
l'un des plus grands bienfaits divins. In — 3" Deuxième partie souhaits de prospé-
:
P5
108 Ps. XX, 11-14.
li
Fructum eorum de terra perdes,
et semen eorum a fîliis hominum.
*'^
Quoniam declinaverunt in te mala ;
Le récent triomphe de David est envisagé XX, 6; Thren. iv, 16, etc. —
Dominus...
comme un gage de victoire sans fin sur conturbabit... D'après la traduction litté-
les ennemis de la nation. Inveniatur — rale de l'hébreu « Le Seigneur les en-
:
manus... Mieux, d'après Thébreu Que ta : gloutira; » comme fait la flamme, qui
main trouve..., c.-à-d. atteigne et saisisse. détruit tout {et devorabit...) Fructum —
Cf. I Reg. XXIII, 17. Cette idée générale eorutn : leurs enfants, le fruit de leur sein.
(vers. 9) est développée dans les vers. 10 Cf. Thren. ii, 20; Luc. i, 42, etc.
et 11. —
Ut clibanuru ignis : comme une 12-13. Raison de ce traitement sévère :
les consumeras entièrement. Métaphore Visant avec les cordes (les cordes de ton
expressive ; cf. Mal. iv, 1. Ou plutôt, allu- arc) contre leurs visages.
sion au châtiment terrible qui avait été 14. Prière ardente pour conclure. Cf. Ps.
naguère infligé aux Ammonites. Cf. II Reg. XIX, 10. —
Exaltare... in virtute tua. Que
XII, 31. —
In tempore vultus tui. Hé- Dieu se lève pour manifester sa puissance
braïsme , qui revient à dire : Au temps de contre les ennemis de son peuple. Cette
ton apparition vengeresse lorsque tu vien-
, pensée nous ramène au début du poème.
dras en personne pour les punir. On attri-
, Gomp. le vers. 2. —
Cantabimus et psal-
bue ici au visage du roi les effets redou- lemus. Israël sera toujours heureux de
tables qui d'ordinaire ne sont appropriés
, , célébrer à jamais ces manifestations de la
qu'à la personne de Dieu même. Cf. Lev. force divine.
Ps. XXI, 1. 109
PSAUME XXI
'
In fmem, pro susceptione matutina, Psalmus David.
^
Pour la fin, pour le secours du matin, Psaume de David.
d'angoisse, poussés au milieu de la plus peuple d'Israël considéré dans son en-
profonde détresse par une âme que Dieu semble. Il n'est pas d'homme, sinon
semble abandonner malgré son innocence, l'Homme -Dieu, qui ait jamais enduré un
et les supplications qu'elle adresse au Sei- martyre si effroyable et si abondant en
gneur afin d'en obtenir du secours ; puis fruits de salut pour le monde entier, qui
il se transforme en une action de grâces ait présenté dans sa personne une telle
triomphante en prévision de la délivrance
, combinaison des plus atroces souffrances
que le suppliant est certain d'obtenir. De et de la plus parfaite sainteté. On le voit,
là deux parties très distinctes la première : nous regardons ce poème comme directe-
(vers. 2-22), qu'on peut intituler L'affligé ment et exclusivement messianique, dans
est un chant élégiaque la seconde ou Le
; , ses divers détails comme dans son en-
sauvé (vers. 23-32), un chant de joyeuse semble. Quoique licite, l'opinion qui ap-
action de grâces. L'unité du psaume de- plique tout d'abord le fond du psaume à
meure parfaite, malgré la différence de David en tant que ce saint roi aurait été
,
ton et de pensées qui règne dans les deux par ses souffrances le type du Messie nous ,
^ Dieu, mon
Dieu, regardez-moi; pourquoi m'avez-vous abandonné?
La voix de mes péchés éloigne de moi le salut.
^ Mon Dieu, je crierai pendant le jour, et vous ne m'exaucerez pas,
et pendant la nuit, et l'on ne me l'imputera point à folie.
''
Mais vous, vous habitez dans le sanctuaire, vous qui êtes la louange
d'Israël.
lamniah è^baqtâni (le verbe sâbaq équi- (je ne reçois aucun soulagement).
vaut à l'hébreu 'âzab). Cf. Matth. xxvii, 4-6. Seconde strophe Dieu ne s'est pas
:
46. Ils expriment un vif étonnement et toujours montré aussi rigoureux envers
une peine indicible l'étonnement et la: les suppliants qui étaient dans la peine.
peine de se sentir abandonné et comme Tu autem... Transition forte et délicate.
repoussé de Dieu au miheu de tourments
, In sancto habitas : dans le tabernacle de
extrêmes. —
Longe a salute... Preuve que Sion , d'après la version de la Vulgate. Cf.
Dieu le délaissait, et, dans la Vulgate, Ps. II, 6; IX, 11, etc. Suivant l'hébreu :
motif de ce délaissement. Verba deli- — Mais toi, (tu es) saint. « Appel au carac-
ctoruni. C.-à-d. la voix de mes péchés. Per- tère moral de Jéhovah. » Il est infiniment
sonnellement le Christ était l'innocence saint; aucune injustice n'est compatible
même (cf. Joan. viii, 46 ; Hebr. vu, 26-27) avec sa perfection pourquoi traite -t-il si
:
louanges d'Israël, Les éloges que le Sei- inventant un mot latin, pour traduire
gneur recevait perpétuellement des Israé- rèEou6£vr,{xa des LXX; comp. Is. lui, 3.
lites montaient vers le ciel comme un Omnes videntes me... Détails encore plus
nuage d'encens, et formaient une sorte précis et plus concrets, dont l'histoire évan-
de trône sur lequel il était assis. Or ces gélique raconte la réalisation littérale pen-
éloges avaient pour but de chanter des dant la passion de Notre -Seigneur Jésus-
bienfaits sans nombre; le Christ serait -il Christ. Deriserunt me.. Les Septante em- .
le sort du suppliant et celui de son peuple. ouvert la bouche au grand large pour rire ,
Mais remarquez la grande délicatesse avec et se moquer. Cf. Job,xvi, 10; Ps. xxxiv,
laquelle le héros du poème formule sa 21. —
Moverunt caput. Autre geste de
plainte, se contentant d'énumérer ses mépris. Cf. Job, xvi, 4; Ps. cviii, 25;
maux. Il que leur seule description
est vrai Thren. il, 15; et surtout, pour l'accom-
est éloquente. — Ego autem.
Autre tran- plissement, Matth. xxvii, 39. Speravit —
sition expressive (comp. le vers. 4). Moi in Domino... On voit mieux, d'après l'hé-
aussi je crie et j'espère, et pourtant je ne breu que ce sont là des paroles ironique-
suis pas exaucé. —
Tous les traits qui
,
10-12. Quatrième strophe motifs qui : que le Christ adresse à Jéhovah sa pres-
engagent le héros du poème à espérer en sante prière (vers. 12) Ne discesseris...
:
ment le père du Messie. La dernière fait dans les gras pâturages de la province de
allusion à la coutume antique (déjà men- Basan, située au pied de l'Hermon, dans
tionnée dans la Genèse, l, 23, et au livre de la partie nord-est de la Palestine. Cf. Num.
Job, III, 12) en vertu de laquelle un homme, XXXI, 1 et ss.; Deut. xxxii, 14, etc.; VAtl.
en recevant sur ses genoux un enfant nou- géogr., pi. vii,x,xii. —
Circumdederunt,
veau-né, le reconnaissait comme sien et obsederunt. Ces animaux, à demi sau-
s'engageait à le nourrir, à le défendre. La vages, « ont coutume de se ranger en
mère du Messie est mentionnée deux fois cercle autour de tout objet nouveau ou
dans ce passage mais comme partout , extraordinaire, pour peu qu'il les excite,
et,
;
dans l'évangile selon saint Jean, xix, 28-29. pitié. — Foderunt manus... Texte célèbre,
— In pulverem mortis (la poussière du soit à cause de l'oracle si net qu'il énonce
tombeau) deduxisti... C'est à Dieu lui- mille ans d'avance et qui fut accompli
même que le Christ mourant adresse cette d'une manière toute littérale au Golgotha
parole ses ennemis n'ont eu de puissance,
: soit par suite des difficultés soulevées
pour le faire souffrir, qu'autant que son contre lui par la critique moderne. Le
Père céleste le leur a permis. Cf. Joan. texte hébreu actuel porte la leçon tant
XIX, 11. discutée ka'ari, c.-à-d. « comme un lion ».
114 Ps. XXI, 18-21.
*^ dinumeraverunt omnia ossa mea.
Ipsi vero consideraverunt et inspexerunt me.
*^ Diviserunt sibi vestimenta mea
et super vestem meam miserunt sortem.
^^ Tu autem, Domine, ne elongaveris auxilium tuum a me ;
mot ka'ari comme si c'était un verbe les : percé, » a écrit saint Jean (xix, 37), à la
LXX ont copulav, ils ont percé de même ; suite du prophète Zacharie (xii, 10). Cf.
le syriaque, l'arabe et Téthiopien; Aquila, Luc. XIII, 35. —
Diviserunt sibi...: comme
•îi(77uvav, ils ont souillé ou défiguré Sym- ; l'on fait des dépouilles d'un ennemi vaincu.
maque, ils ont lié. On lisait donc alors Autre détail dont la réalisation a été sai-
ka'aru, variante qu'on trouve d'ailleurs sissante au Calvaire, et qui, pas plus que
dans plusieurs anciens manuscrits hébreux. le « foderunt », ne saurait convenir à David.
Or le verbe ka'ar signifie certainement Les quatre évangélistes signalent son accom-
(( percer, creuser », et c'est par esprit phssement; cf. Matth. xxvii, 35; Marc.
d'antagonisme contre les chrétiens que les XV, 24; Luc. xxiii, 34; Joan. xix, 23-24.
Juifs Aquila et Symmaque n'ont pas donné 20-22. Huitième strophe la prière pro-
:
la traduction exacte, tout en s'en rappro- prement dite, qui avait été seulement ébau-
chant le plus possible. Saint Justin et saint chée au vers. 12, reçoit ici quelques dé-
Cyprien discutant contre les Juifs leur
, , veloppements. —
Tu autem. La même
allèguent naturellement ce passage, comme transition qu'au vers. 4. Au milieu de ses
ayant été réalisé par Jésus -Christ, et, en tortures atroces, le Christ mourant con-
le citant, ils disent (ô'pu^av, « effoderunt, » centre ses regards ses pensées ses espé-
, ,
sans supposer qu'une autre interprétation rances en Jéhovah, son unique secours.
fût possible, et sans soulever la moindre — Ne elongaveris auxilium... Ilébr. Ne :
du Messie, qui étaient des meurtriers à tour les sujets dociles du Christ triom-
cruels. — JJnicam meam tempo-
: la vie phant,
relle ,
qui , une fois perdue ne se remplace
, 23-25. Neuvième strophe la gratitude :
xciv, Humili-
fig. 4. —
tatem meam,. Dans l'hé-
\,
breu ( Des:cornes du
bison) tu m'as exaucé;
pour dire : Tu m'en as
délivré. Transition aux
idées qui suivent.
S*' Deuxième partie : le -^ ,S'
héros du psaume remercie d'avance son faitsde Dieu. Par fratribus meis il faut
divin libérateur, et expose en un magni- entendre les Juifs, vrais frères de Notre-
fique langage les résultats glorieux de ses Seigneur Jésus - Christ selon la chair.
humiliations et de ses souffrances. La des- Comp. Hebr. ii, 12, où saint Paul place
cription de ses espérances a lieu en gra- directement ces mots du psalmiste sur les
dation ascendante, comme celle de ses lèvres du Sauveur, en ajoutant Il n'a pas :
douleurs : Juifs et païens deviennent tour honte de les appeler frères. Dans les —
116 Ps. XXI, 26-28.
nec avertit faciem suam a me
et cum clamarem ad eum exaudivit me.
^^ Apud te laus mea in ecclesia magna ;
remercier avec lui Jéhovah de la déli- souhait adressé par l'amphitryon à ses
vrance qu'il lui a accordée. Les mots gui convives Puisse ce festin vous procurer
:
timetis Dominum, qui représentent les la vie éternelle Il est manifeste qu'il faut
!
l'affliction de l'affligé. Cet affligé n'est lement sauvés par le Messie. Les espé-
autre que le Messie souffrant. Nec avertit — rances du héros de ce grandiose cantique
faciem... Geste d'indiff"érence , de dégoût deviennent immenses comme le monde. Il
ou de colère. contemple par anticipation l'heureux jour
26-27. Dixième strophe à la louange
: où non seulement les Juifs mais tous les ,
^'•^
car le règne appartient au Seigneur,
et il dominera sur les nations.
30
Tous les riches de la terre ont mangé et adoré ;
tous ceux qui descendent dans la terre se prosterneront devant lui.
31
Et mon âme vivra pour lui,
et ma race le servira.
32
La postérité qui doit venir sera annoncée au Seigneur,
et les cieux annonceront sa justice
au peuple qui doit naître , et que le Seigneur a fait.
26-27). In conspectu ejus cadent. G.-à-d., souvenir des merveilles accomplies par
ils se prosterneront pour adorer. Qui — Jéhovah conformément à ses divines pro-
descendunt in terram. Hébr. ceux qui : messes. —
Quem fecit Dominus. Simple-
descendent dans la poussière. Manière ment, dans l'hébreu: Car il a fait. C.-à-d.:
figurée de désigner les hommes de basse il a exécuté en tout point ses plans de
et vile condition par opposition aux riches
,
salut par l'intermédiaire de son Christ. —
et aux grands. Il s'agirait, selon d'autres, Ainsi « le chant de louange entonné
de la poussière du tombeau et alors cette , (vers. 23) par le héros du poème est con-
locution signifierait « les mortels, » et
: tinué par Israël (vers. 27 et ss.); puis
représenterait tous les hommes. En tout toutes les nations de la terre viennent le
cas, c'est la conversion du monde entier chanter à leur tour, et il se perpétue d'âge
qui est prophétisée ici l'Éghse du Christ
: en âge ». Sublime conclusion de ce psaume
sera catholique. —
Et anima mea... Autre admirable.
promesse du Christ, d'après la Yulgate
118 Ps. XXII, 1-3.
PSAUME XXII
Psalmus David.
Dominus régit me, et nihil mihi deerit.
^ In loco pascuse ibi me collocavit.
Super aquam refectionis educavit me,
^ animam meam convertit.
Deduxit me super semitas justitiae,
propter nomen suum.
Psaume de David.
C'est le Seigneur qui me conduit et rien ne pourra , me manquer.
^ Il m'a établi dans un lieu de pâturages.
Il m'a amené près d'une eau fortifiante
^ il a fait revenir mon âme.
le pieux roi écrivit ce gracieux cantique, Jéhovah est mon pasteur, comme s'exprime
letabernacle était érigé sur la colline de l'hébreu (LXX TiotfjtacvsO' L^ Dieu de la
:
Sion (comp. le vers. 6) d'où il suit que ; révélation et de l'alliance théocratique est
la date composition ne saurait être
de la souvent désigné dans l'Ancien Testament,
fixée avant la neuvième année du règne et particulièrement dans les Psaumes,
de David. Cf. II Reg. v, 4 et ss. Le sujet — sous cette figure touchante, qui exprime
du poème c'est l'éloge de Jéhovah 1° sous
, , admirablement bien sa conduite tout ai-
les traits d'un bon Pasteur, qui nourrit et mable. Cf. Ps. Lxxiii, 1 ; Lxxvi, 20; lxxvii,
protège David, sa chère et fidèle brebis 52, 70 et ss.; lxxviii, 13; lxxx, 1, etc. ;
(vers. 1^-4); 2° sous les traits d'un hôte Is. XL, 11 Mich. vu, 14, etc. Voyez aussi,
;
qui traite son ami avec une généreuse dans le Nouveau Testament, Hebr. xm,
libéralité (vers. 5-6). Le développement 20, et I Petr. ii, 25. —
Nihil niihi deerit.
de ce thème est aussi suave que la poésie Ou plutôt rien ne me manque. C'est
:
une charmante idylle, respirant le calme développée par des détails pleins de grâce
et le bonheur. On ne saurait rien trouver (vers. 2-3''), où tous les mots, choisis d'une
de plus déhcat de plus riant de plus pro-
, , manière exquise, font tableau, et rappel-
fond, de plus consolant, si ce n'est la cé- lent l'expérience que David avait faite de
lèbre parabole du quatrième évangile, dans la vie pastorale pendant ses jeunes années.
laquelle Jésus -Christ lui-même se repré- — In loco pascuae. Hébr. dans des pâtu- :
sente comme le bon Pasteur par excel- rages de gazon par conséquent d'herbe ,
— Me collocavit. Litté-
ties: le pasteur, vers. 1^-4; l'amphitryon, ralement : il me parque. C'est l'image du
vers. 5-6. repos, associée à celle de l'abondance. —
Ps. XXII, 4-5. 119
Nam etsi ambulavero in medio umbraî mortis
non timebo mala, quoniam lu mecum es.
Virga tua, et baculus tuus , ipsa me consolata sunt.
Parasti in conspectu meo mensam
adversus eos qui tribulant me.
PSAUME XXIII
*
Pour le premier jour de la semaine. Psaume de David.
Au Seigneur est la terre et tout ce qu'elle renferme
le monde et tous ceux qui l'habitent.
et même sentiment ». C'est toujours l'im- saint roi espère demeurer longtemps encore
mense bonté du Seigneur pour David qui (m longitudinem...), jouissant de l'inti-
est décrite. — Parasti in conspectu meo : mité de son Dieu.
à sa face, tout auprès de lui et pour lui.
Mais en même temps à la face des enne- Psaume XXIII
mis de David {adversus...; hébr. néged, :
Hymne triomphal pour la translation de
en présence), Dieu voulant leur montrer l'arche sur la colline de Sion.
ainsi qu'il aime son serviteur et qu'il le
protège contre eux. —
Impinguasti in 1° Le titre. Vers. 1^.
'^
Car c'est lui qui l'a fondé sur les mers,
et qui l'a établi sur les fleuves.
•'
Qui montera sur la montagne du Seigneur?
ou qui se tiendra dans son lieu saint ?
*
Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur,
qui n'a pas livré son âme à la vanité,
ni fait à son prochain un serment trompeur.
triomphateur; car c'était grâce à lui que mis en avant d'une manière solennelle.
David avait conquis naguère la citadelle Le poète attire immédiatement l'attention
jébuséenne. Cf. II Reg. v, 6-10. — Deux sur la puissance et la grandeur infinies du
paities. La première, vers. 1^-6, décrit la Dieu d'Israël, qui n'est autre que le Créa-
sainteté que réclame des Israélites la pré- teur et le maître suprême du monde entier.
sence si intime du Seigneur parmi eux ;
— Plenitudo ejus. La terr« et tout ce
elle paraît avoir été chantée tandis que la qu'elle renferme.. —
Orbis terrarum. L'hé-
procession qui accompagnait l'arche gra- breu (ébel désigne la partie habitable du
vissait le mont Sion. La seconde vers. 7-10, , globe; de là les mots et qui habitant... —
chantée au sommet de la col Une, devant Quia ipse. Pronom souligné : lui, et per-
les portes mêmes de Sion, trace un ma- sonne autre. Preuve que Dieu a sur la
gnifique éloge du Seigneur en tant que terre des droits souverains. — Super maria
Dieu des armées. —
Le Ps. xxiii est un fimdavit... Description poétique ou popu-
des plus vivants du psautier, surtout dans laire. Pour un observateur superficiel, la
la seconde partie, qui est toute drama- terre semble émerger des eaux de l'océan
tique. Il y a longtemps qu'on a remarqué et reposer sur elles. Cf. Ps. cxxxv, 6. Le
ses (( changements de voix », ou sa forme contraste qui existe entre la stabilité de la
dialoguée. Les interlocuteurs semblent masse terrestre, et la mobilité de sa base
être le chœur de la procession (vers, l^-^),
: apparente, était certainement à la pensée
une autre voix (vers. 3), une seconde voix du psalmiste lorsqu'il écrivait ces lignes.
(vers. 4), de nouveau le chœur (vers. 5-6), — Super flumina. C.-à-d. sur les Ilots. —
encore le chœur (vers. 7) à la suite d'une Prœparavit. Hébr. il a établi.
:
pause entre les deux parties du poème, 3-4. Seconde strophe quahtés requises
:
une voix venant des portes (vers. 8»), le pour s'approcher d'un Dieu si yrand.
chœur (vers. 8'' -9), la voix venant des L'étroite ressemblance qui existe entre ce
portes (vers. 10^), le chœur (vers. 10'')- — passage et le psaume xiv a été signalée
Ce beau cantique est messianique, mais plus haut (page 76). Comp. aussi Is. xxxiii,
seulement d'une manière indirecte ; les 14 et ss. —
Au vers. 3, une question :
saints Pères l'appliquent à divers mystères Quis ascendet...? Avec ce sens spécial :
de Notre -Seigneur Jésus -Christ, surtout Qui est digne de monter...? Les pieux
à sa Résurrection et à son Ascension. C'est Israélites aimaient à aller adorer Dieu
aussi un psaume des clercs ; car il fait dans le sanctuaire. Cf. I Reg. i, 3, 22;
partie, avec le xv^, de l'ordination des Is. II, 3; xxxvi, 7; xxxvni, 22, etc.
sance de Celui qui vient établir sa rési- d'Israël n'étant pas moins saint que puis-
dence sur le mont Sion. Domini est — sant. Le poète ramène à quatre qualités
G
122 Ps. XXIII, 5-7.
Celui qui n'a pas levé (dirigé) son âme qu'elles s'ouvrent devant le roi de gloire.
vers la vanité; c.-à-d., d'après le langage — Attollite portas, principes... La pro-
biblique, celui qui ne s'est pas trop atta- cession est maintenant arrivée en avant de
ché aux vains objets de la terre, ou même Sion. D'après les LXX et la Vulgate, le
aux idoles. Nec juravit in dolo: la fidélité poète interpelle d'abord les princes de la
envers le prochain , aussi bien qu'à l'égard ville ou du peuple, leur enjoignant d'ou-
de Dieu même (les mots pt^oximo suo, ajou- vrir les portes au grand large. Mais l'hé-
tés par les LXX et la Vulgate éclaircissent , breu a une autre leçon : Levez, portes,
l'idée). vos têtes. Personnification poétique, qui,
5-6. Troisième strophe avantages que
: en même temps, fait peut-être allusion à
l'on trouve à s'approcher du Seigneur dans la manière dont étaient parfois construites
ces conditions. — Misericordiam. D'après les portes des villes fortifiées :pour les
l'hébr. : justice. Dieu letraitera comme un ouvrir, on les hissait entre des rainures
homme juste et parfait. — HaRC Le est... pratiquées dans le portail on les abais-
;
tout le peuple hébreu d'alors et spéciale- , sible, à la majesté d'un si grand roi et de
ment les Israélites qui accompagnaient ne mettre aucun obstacle à sa marche...
l'arche à Sion. — Quœrentiuni faciem... Ce commandement a quelque chose de
Littéralement, dans le texte original De : majestueux, et qui convient admirable-
ceux qui cherchent ta face, Jacob; c.-à-d., ment à une pompe de triomphe où le roi
,
ô Dieu de Jacob! comme traduisent les triomphateur est ordinairement monté sur
LXX la Vulgate et le syriaque. Telle
, un char fort élevé, et accompagné d'une
paraît être la meilleure interprétation. On multitude infinie de peuple et de guer-
pourrait aussi regarder le substantif Jacob —
riers. » (Calmet, h. l.) Portas œternales
comme un génitif servant d'apposition au est une hyperbole orientale, qui signifie :
participe qui précède : Telle est la race... portes tout à fait antiques. Sion, l'antique
de ceux qui cherchent ta face, (ô Seigneur; Jébus, était une ville fort ancienne. —
et telle est la race) de Jacob. L'hébreu — Introibit rex gloriœ. Ainsi qu'il a été dit
ajoute ici un sélah solennel pour conclure ,
dans l'introduction de ce psaume, l'arche
la première partie par un forte des in- symbolisait Jéhovah lui-même. Cf. Num. x.
XXllI, 8 — XXIV, 1. 123
" Qiiis est iste rex gloriic ?
Dominus fortis et potens,
Dominus potens in prœlio.
" Attollite portas, principes, vestras,
et elevamini, portae seternales,
et introibit rex gloriac.
10
Qiiis est iste rex gloriae ?
Dominus virtutum ipse est rex glorias.
PSAUME XXIV
*
In fînem, Psalmus David.
Ad te, Domine, levavi animam meam ;
'
Pour la fin, psaume de David.
Vers vous. Seigneur, j'ai élevé mon âme ;
— Attollite... L'ordre intimé aux portes timents de confiance en Dieu avec ceux
est répété dans les mêmes termes qu'au d'une profonde humilité, excitée par le
vers. 7. —
La réponse est plus concise, souvenir d'anciens péchés. C'est la prière
car elle résume en un seul mot les divers qui domine nous la trouvons au début
:
qualiiicatifs qui avaient célébré plus haut (vers 1^-7), au milieu (vers. 11) et à la fin
les vertus guerrières du Seigneur Do- : du psaume (vers. 16-22). Elle demande
minus virtutum. En hébreu : Y^hovah lumière et direction pour aller à Dieu,
fba'ôt, ou Seigneur des armées. C'est rémission des péchés, protection contre
pour la première fois que cette glorieuse de puissants ennemis. Le reste du poème
dénomination apparaît dans les psaumes. est consacré à de pieuses réflexions, pa\'
124 Ps. XXIV, 2-7.
^ Deus meus, in te confîdo non erubescam. ;
raison.
Seigneur, montrez -moi vos voies,
et enseignez -moi vos sentiers.
••
Conduisez -moi dans votre vérité, et instruisez -moi;
car vous êtes le Dieu mon sauveur,
et j'ai espéré en vous tout le jour.
^ Souvenez -vous de vos bontés, Seigneur,
et de vos miséricordes qui datent des siècles passés.
"
Ne vous souvenez pas des fautes de ma jeunesse, ni de mes ignorances.
lesquelles le psalmiste excite sa foi. Le 3b_4a [Giniel). Qui sustinent...: ceux qui
tout forme une belle « couronne alphabé- ont une confiance sans borne au Seigneur.
tique de prières et de sentences », sans Gomp. le vers. 2. —
Non confundentur.
une suite bien rigoureuse dans les pen- Ils ne seront pas frustrés de leur espoir,
sées. — Trois parties : vers. l*»-7, prière tandis que les impies le seront. Le mot
pour obtenir le pardon et la protection de hébreu bôgdim, traduit par iniqua agentes,
Jéhovah vers. 8-14, réllexions sur le ca-
; désigne proprement ceux qui agissent avec
ractère de Dieu et sur sa conduite envers perfidie. L'adverbe supervacue met en
ceux qui le craignent; vers. 15-22, prière relief l'iniquité de ces méchants, en mon-
pour implorer du secours dans une situa- trant qu'elle est toute gratuite de leur
tion pleine d'angoisse. part, et qu'ils n'ont absolument rien à
2° Première partie prière : pour obtenir alléguer pour la justifier.
du Seigneur contre de puis-
la protection 4i^<=
(Daleth). Vias, semitas: les ordres
sants ennemis et la rémission des péchés. spéciaux du Seigneur relativement à David,
Vers lb-7. pour diriger dans le détail sa conduite pra-
1^ {Aleph). Simple cri de l'âme, pour se tique (vers.5). Métaphore très usitée dans
mettre en communication avec Dieu par les saints Livres.
la prière. Levavi est très expressif on ne : 5 (Hé). In verilate tua. C.-à-d. en vertu
peut prier qu'à la condition de s'élever de vos promesses, et de votre fidélité à
au-dessus de la terre. les accomplir. —Tota die : constamment
2-3^ {Beth). H est probable que le vers. 2 tout le jour et tous les jours.
commençait autrefois par les mots in te 6 [Zaïn). Touchant appel à la miséri-
(hébr. b^ka), ainsi que l'attestent plu-
: corde de Jéhovah. Elle est éternelle {a sœ-
sieurs manuscrits des LXX. — Non eru- culo), par conséquent inépuisable. Cf. Jer.
bescam. Si Dieu refusait de mettre fin aux II, 2; XXXI, 3, etc.
maux de son fidèle serviteur, celui-ci serait 7 (Cheth). Demande de pardon, appuyée
profondément humilié en face de ses enne- sur la bonté divine. —
Delicta juventutis :
mis triomphants (vers. 3*). les fautes échappées à la fragilité ou à
Ps. XXIV, 8-12. 125
Secundum misericordiam tuam mémento mei , tu
propter Lonitatem tuam, Domine.
^ Dulcis et rectus Dominus ;
naître leur voie aux pécheurs égarés est enim ; une masse énorme de péchés
[delinquentibus). pèse sur David et l'écrase.
9 [lod). In judicio: dans la pratique de 12 [Mem). Récompense de la crainte de
ses volontés, comme l'exprime Thémistiche Dieu. —
Qui timet : c.-à-d. qui honore le
suivant. —
Mansuetos, mites : par oppo- Seigneur et le sert fidèlement. —
Legem
sition aux arrogants et aux superbes, qui statuit. Hébr.: il (Dieu) l'instruira. Voyez
12G Ps. XXIV, 13-17.
^^ Anima ejus in bonis demorabitur,
et semen ejus hereditabit lerram.
^i
Firmamentum est Dominus timentibus eum,
testamentum ipsius ut manifestetur illis.
et
15
Oculi mei semper ad Dominum,
quoniam ipse evellet de laqueo pedes meos.
10
Respice in me, et miserere mei,
quia unicus et pauper sum ego.
17
Tribulationes cordis mei multiplicatoe sunt ;
*^
Son âme se reposera parmi les biens,
et sa race aura la terre en héritage.
14
Le Seigneur est le ferme appui de ceux qui le craignent,
leur manifestera son alliance.
et il
le la note.
vers. 8, et In via quant — pour ceux qui le craignent. C.-à-d. qu'il
elegit. Mieux dans la voie qu'il doit choi-
: leur révèle ses secrets les plus cachés ;
.sir. Dieu donnera des lumières spéciales à marque d'une tendre et confiante amitié,
ses amis fidèles, pour leur faiie connaître d'une intime famiharité. Cf. Prov. ni, 32,
ce qu'ils devront faire ou éviter en vue de etc. — 'Testa^nentum... est... Plus claire-
lui plaire. ment dans l'hébreu : Et son alliance est
13 (A'im). Anima ejus in bonis... Abon- destinée à les instruire. Ravissantes splen-
dance de biens temporels. Et cette pros- deurs de la révélation théocratique.
périté sera stable demorabitur. L'hébreu : 4" Troisième partie prière réitérée, plus
:
14 (Samech). Bénédictions spirituelles, sans autre ami que Dieu [unicus... suin)^
beaucoup plus précieuses. — Firmamen- et plongé dans une profonde afiliction
tum... D'après les LXX et la Vulgate, Dieu (paM^er; hébr. aflligé).
:
l'hébreu exprime une autre idée, plus dé- cœur, dilate-les, c.-à-d. fais-les cesser.
licate encore Le secret du Seififneur est
: Métaphore pittoresque. Cf. Ps. iv, 2.
Ps. XXIV, 18 — XXV, 1. 127
^^
Vide humilitatem meam et laborem meum,
et dimitte uriiversa delicta mea.
^^ Respice inimicos meos, quoniam multiplicati sunt,
et odio iniquo oderunt me.
^^ Gustodi animam meam et erue me ,
;
PSAUME XXV
'
In finem, Psalmus David.
'
Pour la fm. Psaume de David.
sion hébraïque èà\ « enlève » fait image , me protègent. Le poète demande donc que
représentant les péchés comme un lourd ces deux qualités soient pour lui comme
fardeau. deux anges gardiens qui le garantiront de,
obtenir que justice lui soit rendue. Con- vaciller. — Proba,tenta, ure. Trois expres-
fiant dans l'innocence de sa vie, le sup- sions pittoresques pour décrire la rigueur
,
son innocence ( ingressus sum ; pour si- nocence du psalmiste dans le passé, ses
gnifier : J'ai agi, j'ai vécu), et l'intimité résolutions pour l'avenir. Vers. 4-8.
de ses relations avec le Seigneur. Non — 4-5. Seconde strophe. Preuve négative
infirmabor. 11 ne sera pas ébranlé sa ; de l'innocence de David il a fui tout com-
:
cause apparaîtra juste devant Dieu. D'après merce avec les impies. — Non sedi. Ce
Ps. XXV, 5-10. 129
^ Odivi ecclesiam malignantium
et cum impiis non sedebo.
^ Lavabo inter innocentes manus meas,
et circumdabo altare tuum , Domine
' ut audiam vocem laudis,
et enarrem universa mirabilia tua.
^ Domine, dilexi decorem domus tuse,
et locum babitationis glorias tuse.
^ Ne perdas cum impiis, Deus, animam meam
et cum viris sanguinum vitam meam
10
in quorum manibus iniquitates sunt ;
verbe exprime des rapports prolongés et — Mirabilia tua. Cf. Ps. ix, 9. Les actions
délibérés avec les méchants. Voyez le Ps. éclatantes que Dieu
avait opérées en faveur
I, 1 , et la note. — Cum concilio vanitatis. de David. —
Decorem domus tuse. Sur les
Les « hommes
de vanité » (hébr.) ne dif- splendeurs du tabernacle et de son mobi-
fèrent pas des impies, dont la conduite ne lier, voyez l'Exode, chap. xxv-xxx. Mais
présente que le néant et le vide. Cum — l'hébreu se borne à dire L'habitation de
:
malignantium, xo^'oz le Ps. xxi, 16, et la Le cri « Jugez-moi » du vers. 1 est main-
note. tenant développé.
6-8. Troisième strophe. Preuve positive 9-10. Quatrième strophe que Dieu ne :
toujours. —
Lavabo... manus : comme vie...) cum impiis... Innocent, le psalmiste
faisaient les prêtres avant de remplir leurs est en droit d'être épargné lorsque Jéhovah
fonctions saintes. Cf. Ex. xxx, 17-21. Le châtiera les pécheurs. — Viris sanguinum. .
lavage des mains est un symbole naturel Par ces mots et par le petit tableau qui
de rinnocence (cf. Deut. xxi, 9; Matth. les commente (vers. 10), David décrit
xxvn, 24). —
Circumdabo altare: l'autel la violence criminelle de plusieurs per-
des holocaustes, situé en avant du taber- sonnages haut placés de son temps ils ne :
nacle, dans la cour extérieure {Atl. archéol., reculaient ni devant rhomicide, ni devant
pi. xcvi, fig. 2; pi. xcviii, fig. 6). Ut — la corruption de la justice à prix d'argent
audiam.. Hébr. pour faire entendre la
:
[dextera... repleta muneribus). Cf. Ps.
voix de la louange (de l'action de grâces). XIV, 15.
6*
130 Ps. XXV, 11 — XXVI, 1
**
Ego autem in innocentia mea ingressus sum
redime me, et miserere mei.
*"^
Pes meus stetit in directe ;
PSAUME XXVI
*
Psalmus David priusquam ,
liniretur.
Dominus illuminatio mea et salus mea ;
quem timebo?
Dominus protector vita; mese ;
a quo trepidabo ?
'
Psaume de David avant , qu'il fût oint.
11-12. Cinquième strophe le poète : II Reg. II, 8 et ss.; m, 1 et ss. Les six —
oppose sa conduite à celle de ces grands premiers versets expriment les sentiments
coupables, et prie Dieu d'avoir pitié de lui. d'une confiance enthousiaste en Jéhovah :
— Ego autem in innocentia. Pensée qui le poète, se sachant protégé par Dieu, ne
le ramène au début du psaume (voyez le craint rien, quoique au milieu des plus
vers. 1). —
Pes meus stetit. Locution pit- grands dangers (vers. l^^-S). Il n'éprouve
toresque il tient ferme, sans broncher.
: qu'un désir, celui de vivre à jamais caché
— In ecclesiis benedicam. Sur d'être dans le sanctuaire il est sûr de triompher
;
Psaume XXVI
jure le Seigneur de ne pas l'abandonner
Sentiments de parfaite confiance en Dieu au milieu du péril (vers. 7-12) puis, reve- ;
et ardente prière dans un grand péril. nant à son premier sentiment, il s'exhorte
lui-même à la patience et à la conliancc
1° Le titre. Vers. 1». (vers. 13-14). Ainsi donc, deux parties très
Ps. XKVL — la. Psaume de David. distinctes fond et pour la forme
pour le :
ment où tout Israël reconnut son autorité. quelques critiques hétérodoxes ont pré-
Cf. II Reg. n, 4. Nous sommes ainsi re- tendu que le Ps. xxvi a été formé par la
portés au temps de la persécution de Saûl, juxtaposition malhabile de deux poèmes,
et des guerres civiles que David eut à sou- ou fragments de poèmes, distincts à l'ori-
tenir contre les partisans de ce prince. Cf. gine.
Ps. XXVI, 2-4. 131
"^
Dum appropiant super me nocentes,
ut edant carnes meas,
qui tribulant me inimici mei
ipsi infirmati sunt et ceciderunt.
^ Si consistant adversum me castra
non timebit cor meum.
Si exurgat adversum me prselium
in hoc ego sperabo.
''
Unam petii a Domino , hanc requiram :
2° Première partie : le chant de la con- pose dans un péril extrême il est seul
:
miste n'éprouve pas la moindre crainte. exprime l'ardent désir d'être à jamais
Dominus est mis deux
fois de suite en tête riiôte de Jéhovah dans son tabernacle de
de la phrase, comme
portant l'idée prin- Sion, à l'abri de tout malheur sous celte
cipale. —
llluniinatio : éclairant les té- protection divine ; il voue une profonde
nèbres de la souffrance et de l'angoisse, reconnaissance à son céleste libérateur. —
communiquant la vie et le bonheur. Méta- Unam... hanc. Autre hébraïsme, pour le
phore très fréquente et très juste. Cf. Ps. neutre « unum, hoc ». Une seule chose,
IV,0; XIII, 28, etc.; Joan. i, 4, 9, etc. entre toutes domine tous ses désirs.
,
mis sont comparés à des bêtes féroces, qui cher (« investigare ») dans son palais,
ne demandent qu'à le déchirer et à le c.-à-d. pour en observer minutieusement
dévorer. Cf. Ps. m, 7, etc.— In/irmati... tous les détails. — Quoniam abscondit
ceciderunt. Hébr. ils ont chancelé et ils
: (l'hébreu emploie le futur il me cachera,
—
:
sont tombés. S< consistant... Pour mieux il me protégera)... Un des motifs pour
montrer l'étendue de sa foi, David se sup- lesquels David souhaite d'être l'hôte de
132 Ps. XXVJ, 5-9.
•"'
Quoniam abscondit me in tabernaculo suo ;
in die maloruin protexit me in abscondito tabernaculi sui.
^ In petra exaltavit me,
et nunc exaltavit caput meum super inimicos meos.
Circuivi, et immolavi in tabernaculo ejus hostiam vociferationis ;
difficile pour les ennemis. Et nunc — mon être t'invoque (mon cœur, mon visage
exaltavit... Gradation ascendante Dieu : dirigé vers toi, etc.). Variante importante
n'a pas seulement procuré un abri tuté- dans l'hébreu, qui nous fait entendre un
laire à son serviteur voici qu'il lui donne
; court dialogue entre Jéhovah et David :
une complète victoire {caput... super ini- (f Mon cœur t'a dit Cherchez ma face : !
micos). —
Aussi le poète, merveilleusement Ta face, Jéhovah, je la cherche. » Le
sauvé, entonne -t- il l'hymne de la recon- poète cite donc l'aimable invitation que
naissance. Circuivi : il se joint aux pieux Dieu avait daigné adresser à ses pieux ser-
fidèles qui entourent l'autel des holo- viteurs de recourir constamment à lui, et
caustes (voyez le Ps. xxv, 6, et la note). il ajoute aussitôt qu'il y conforme sa con-
— Hostiam vociferationis est une expres- duite, implorant son tout-puissant défen-
sion hardie. Littéralement dans l'hébreu : seur. —
Faciem... requiram. Sur cette
des victimes de retentissement c. - à - d. ; expression, voyez le Ps. xxni, 6; II Par.
des sacrifices accompagnés d'acclamations VII, 14; Os. v, 15, etc. Ne avertas —
joyeuses. Cf. II Reg. vi, 15. faciem... Prière très délicate, après ce qui
3" Deuxième partie le chant de la con-
: précède Dieu ne saurait contredire par
:
fiance suppliante. Vers. 7-44. les faits la promesse contenue dans son
7-9. Troisième strophe : prière plaintive. invitation gracieuse. Ne déclines... Uéhr.:
Ps. XXYI, 10-14. 133
° Quoniam pater meus et mater mea dereliquerunt me ;
Ne rejette pas avec colère ton serviteur. calomniateurs perfides. — Mentita est ini-
Les mots in ira portent l'idée principale. quitas... Ses ennemis ont menti à leur
Gomp. le Ps. vi, 1, et la note. —
Adjutor... propre avantage. Ou bien, selon d'autres,
esto. Plutôt Tu as été mon secours. Appel
: avec une signification tout opposée L'ini- :
au passé, pour obtenir que la douce expé- quité s'est donné tort. Mais l'hébreu exprime
rience faite alors se renouvelle sans fin. une pensée différente (Il s'élève contre
:
10-12. Quatrième strophe continuation : moi...) des gens qui respirent la violence.
de la prière, mais avec plus de calme et Cf. Act. IX, 1.
un retour de la confiance première. — 13-14. Cinquième strophe : conclusion
Pater... et miater... Simple hypothèseque pleine de foi. —
Credo videre. Voir, avec
fait David, et formule proverbiale pour l'idée connexe de posséder. Grande éner-
marquer l'isolement le plus complet dans gie dans ce « Je crois ». —
Bona Domini:
la douleur il ressemble à un orphelin ou
: sa grâce et ses bienfaits de toute nature.
à un enfant abandonné de ses parents. — — In terra viventium. Notre terre, par
Dominus autem... Contraste admirable. opposition au sombre empire des morts.
Dieu l'a adopté l'amour du Seigneur a
; L'application au bienheureux séjour du
été plus fort que celui des êtres qui sont ciel n'est qu'indirecte et secondaire dans
d'ordinaire les plus dévoués. Cf. Is. xux, ce passage. David exprime donc simple-
15. — Legem pone niihi. Hébr. enseigne- : ment l'espoir que Dieu le délivrera des
moi ta voie. Comme
au Ps. xxiv, 12. — dangers présents, et le comblera de bien-
Propter inimicos. Ses ennemis l'épient, faits jusqu'à sa mort. —
Expecta Domi-
espérant le trouver en faute (cf. Ps. v, 8) ;
num, viriliter... Cf. Deut. xxxi, 7; Jos. i,
si Dieu ne le protège, il péchera, et ces 6, 7, 9. Le poète s'exhorte et s'encourage
pervers éprouveront une joie maligne. — à la patience par le doux horizon que sa
Ne tradideris... in animas. L'hébreu confiance au Seigneur vient de lui ouvrir.
emploie le singulier àl'àme, c.-à-d. au
: Le psaume se termine ainsi en toute sua-
pouvoir, —
Testes iniqui: dans le sens de vité.
134 Ps. XXVIl, 1-2.
PSAUME XXVII
Psalmus ipsi David.
*
Ad te Domine clamabo
, ,
;
Psaume de David.
*
Je crierai vers vous , Seigneur ;
dans une situation pleine de dangers. Cf. Ps. Lxii, 4; I Tim. ii, 8, etc. (AU.
Vers. 1-5. arch., pi, xcv, fig. 3; pi. xcvi, fig. 5, 6,
1-2. Première strophe le suppliant con- : etc.) — Ad templum sanctum. Hébr.: du
jure instamment le Seigneur de l'écouter. côté du d^bir de ton sanctuaire. Le d''bir
— Au lieu de Deus meus , l'hébreu dit : était le Saint des saints, ou la partie la
mon rocher. Voyez le Ps. xvii, 2, et la plus intime la plus sacrée du tabernacle
,
note. — Ne sileas. Plutôt : ne sois pas et plus tard du temple. Cf. III Reg. vi, 18
sourd. — Assimilabor... descendentibus... et ss. ; 6, etc.; VAtl. arch., pi. xcv,
VIII,
Si Dieu ne prête pas l'oreille et ne répond fig. 1 xcvi, fig. 2; pi. xcvii, fig. 4.
;
pi.
pas à la prière de David, celui-ci périra Les Juifs se tournaient souvent, pour prier,-
infailliblement. — In lacum : la fosse, le dans la direction du sanctuaire de Jérusa-
Ps. XXVll, 3-6. 135
^
Ne simul trahas me cum peccatoribus
et cum operantibus iniquitatem ne perdas me,
qui loquuntur pacem cum proximo suo,
mala autem in cordibus eorum.
'*
Da secundum opéra eorum
illis
lem. Cf. III Reg. vm, 22, 30 et ss.; Dan. français « mérite », un acte tantôt bon,
VI, 10. tantôt mauvais, qui reçoit un traitement
3-5. Seconde strophe la prière propre-
: conforme à sa nature. Quoniam... Le —
ment dite. Elle se dédouble David supplie : suppliant explique et motive sa demande
d'abord le Seigneur de ne pas le traiter en apparence si sévère. Les hommes dont
comme les impies (vers. 3) il lui demande ; il parle sont volontairement aveugles, et
ensuite de châtier ces derniers selon leur refusent de comprendre l'intervention, tou-
infâme conduite (vers. 4-5).— Ne trahas... jours si juste et si parfaite, de Jéhovah dans
me. Locution très forte. Comme un crimi- l'histoirede l'humanité. Dieu punira selon
nel que l'on traîne au supplice. Qui... — leurs mérites ces athées pratiques. Re-
pacem, mala autem... Le psalmiste trace marquez l'opposition qui est établie entre
en quelques mots le portrait des misé- les « œuvres du Seigneur, les œuvres de
rables qu'il avait en vue dans leurs rela-
: ses mains », et « les œuvres des impies,
tions avec le prochain ils étaient des hypo- les œuvres de leurs mains » (vers. 4). —
crites consommés. Cf. Ps. xi, 2 ; Jer. ix, Destrues..., non sedificahis. Métaphore
8, etc. — Da illis. Sur cette imprécation, saisissante : comme une construction que
voyez le Ps. v, 41, et le commentaire. l'on renverse, avec le ferme projet de ne
David ne la profère nullement sous l'im- pas la rebâtir.
pulsion d'un sentiment de vengeance 3° Deuxième partie : l'action de grâces
personnelle mais à la pensée douloureuse
, anticipée. "Vers. 6-9.
des droits de Jéhovah, lésés par les impies. 6-7. Troisième stroplie sur d'être exaucé:
'
Dominus adjutor meus et protector meus ;
''
Le Seigneur est mon aide et mon protecteur ;
Et ma chair a refleuri ;
aussi le louerai -je de tout mon cœur.
^ Le Seigneur est la force de son peuple,
et le protecteur qui ménage les délivrances à son oint.
^ Sauvez votre peuple. Seigneur, et bénissez votre héritage ;
PSAUME XXVIII
Psalmus David, ^
in consummatione ta bernaculi.
Psaume de David, *
pour la fin de la fête des tabernacles.
Offrez au Seigneur, enfants de Dieu
offrez au Seigneur les petits des béliers. ,
image : ses tristesses l'avaient rendu ma- Seigneur. Cf. Deut. iv, 20, etc. Rege —
lade sa santé redevient florissante. Variante
; eos.Hébr.: « Fais -les paître. » Sois pour
dans l'hébreu Mon cœur tressaille d'al-
: eux un bon pasteur. Voyez le Ps. xxii, 1,
légresse. —
Ex voluntate mea... C.-à-d. et la note. —
Extolle illos... Exalte-les;
de tout mon cœur, de toute mon âme. ou bien, suivant la traduction littérale de
Hébr. Et avec mon cantique je le célé-
: l'hébreu Porte -les; comme fait un pas-
:
toute la nation. Au vers. 8, la base sur Le vers. 9 a été inséré dans la dernière
laquelle s'appuie cette prière, ou la bonté partie du « ïe Deum ».
dernier jour de la fête des Tabernacles, prètes, des hommes puissants et influents;
lorsqu'on quittait définitivement les tentes cf. Ps. Lxxxi, 1, 6), puisqu'on leur de-
de feuillage que l'on avait habitées pendant mande d'olTrir à Dieu des sacrifices san-
toute l'octave. Cf. Lev. xxiii, 36. Le Tal- glants. Mais la ligne afferte Domino filios
mud le place parmi les prières de la Pen- arietum manque totalement dans l'hébreu,
tecôte, à cause de ses tonnerres, qui rap- et n'a pu être insérée que par l'erreur d'un
pelaient aux Juifs les éclats de
la foudre au Sinaï, quand le
Seigneur promulgua solennelle-
ment la législation théocratique.
Cf. Ex. XIX, 16 et ss. — La puis-
sance et la majesté
Dieu du
créateur, telles que
manifes- les
tent les violents orages de la
Palestine voilà le sujet de ce
:
vives, sentiment religieux très profond. désigne donc les anges, comme aussi au
L'art est visible paitout soit dans le nom: Ps. Lxxxviii, 7. Le poète contemple ces purs
de Jéhovah, qui est employé quatre fois esprits, environnant dans le ciel le trône
dans le prélude (voyez la note du vers. !•') de Dieu dont ils forment la cour, et il les
,
et quatre fois dans la conclusion ; soit dans exhorte à rendre un hommage spécial à
les mots vox Domini, répétés sept fois de leur Maître. —
Gloriam et honorem. Hébr.:
suite au cours du psaume ; soit dans la gloire et puissance. Deux attributs que
marche de l'ouragan. —
Division un court Dieu manifeste entre tous les autres dans
:
2° Court prélude. Vers. l^^-S. C'est une idée de la terre qui est « trans-
11^ -2. Première strophe.
Scène du ciel portée dans le ciel. De même que les
:
le poète invite les anges à rendre gloire prêtres, dans le temple terrestre, étaient
au Dieu tout-puissant. H y a, dès le — revêtus de saints ornements (cf. Ex. xxviii,
début, une grande solennité dans les 2; II Par. xx, 21), de même les ministres
mots affcrte Domino (hébr, donnez au du temple céleste doivent être convenable-
:
Seigneur), répétés coup sur coup. On voit ment parés » pour adorer Jébovah.
qu'un phénomène inaccoutumé se prépare. 3" Le corps du poème, ou description
— D'après les LXX et la Vulgate, les fdn de l'orage dans ses différentes phases.
Dei auxquels s'adresse cette invitation ne Vers. 3-9.
peuvent être que des hommes (spéciale- Scène dramatique, qui se passe en entier
ment, selon la remarque des anciens inter- surla teire. Quinze membres de vers, par-
138 Ps. XXVIII, 3-7.
^ Vox Domini super aquas ;
^
La voix du Seigneur est au-dessus des eaux ;
éclate avec fureur au nord de la Palestine, sur les sommets les plus élevés du Liban.
sur le Liban. Les cèdres qui font sa gloire — Confringentis cedros : les cèdres gigan-
volent en éclats, et leurs débris bondissent tesques et renommés du Liban, robustes
sur la montagne comme un jeune taureau. entre tous les arbres du vieux monde. Cf.
La montagne elle-même tremble ébranlée , III Reg. V, 6, 10; VI, 10, 15; vu, '2; Is.
dans ses fondements. La tempête traverse II, 13, etc., etV Atlas d'hist. nat., pi. xiii,
quente répétition produisent une harmonie sauter) le Liban et le Sirion comme le fils
imitative assez heureuse. —
Super aquas: du bison. Siriôn était le nom sidonien de
les eaux du ciel, condensées dans les l'Hermon magnifique montagne du nord-
,
o
140 Ps. XXVIII, 8-14.
^ Vox Domini concutientis desertum
commovebit Dominus desertum Cades.
et
^ Vox Domini prseparantis cervos,
condensa
et revelabit ;
8-9. Quatrième strophe. Troisième de- (' diluvium habitat »). L'hébreu est plus
gré de l'orage, qui décharge les derniers clair Jéhovah s'est assis (sur son trône
:
parantis cervos. L'hébreu explique cette tranquillement assis, dictant ses lois aux
expression obscure La voix du Seigneur
: éléments les plus sauvages. —
Virtutem
fait enfanter les biches. Effrayées par le populo suo. C'est la pensée déjà expri-
tonnerre elles mettent bas avant le terme
, mée par la Vulgate au vers. 6. Le peuple
—
;
à son peuple. —
Diluvium inhabitare la fin. »
facit (sous-entendez « seipsum » ou lisez ; :
Ps. XXIX, 1-5. 141
PSAUME XXIX
maladie.
leux secours, vers. 2-6; histoire de la ma-
1° Le titre. Vers. 1. ladie et de la guérison, vers. 7-13. Deux
Ps. XXIX. —
1. Psalmus cantici... L'hé- strophes dans la première partie, et trois
breu coupe autrement les mots du titre : dans la seconde.
Psaume, cantique de la dédicace de la 2" Première partie la louange. Vers. 2-6.
:
cantique... —
Les mots in dedicatione chantre sacré annonce brièvement qu'il se
domus indiquent, suivant la plupart des propose de louer Jéhovah (vers. 2), et il
commentateurs le fait historique à l'occa-
, indique l'objet précis de sa louange, c.-à-d.
sion duquel ce poème fut composé ; mais sa récente guérison (vers. 3-4). —
Susce-
l'accord est loin de régner sur le fait en pisti mene rend qu'imparfaitement le
question. On a mis en avant l'inaugura- sens de l'hébreu. A la lettre Tu m'as
:
tion du palais de David sur le mont Sion puisé. Dieu l'avait retiré de Fabîme de la
(II Reg. V, 11), ou sa purification après mort. —
Nec delectasti... La mort de David
qu'il eut été souillé par Absaloin (II Reg. aurait été un sujet de grande allégresse
XX, 3); ou encore, le choix et la consé- pour tous ses ennemis. Le verbe sanasti
cration de l'emplacement du futur temple doit être pris au propre le psalmiste parle
:
(cf. IPar. XXI, G, et xxii, 1), le substantif d'une maladie dans le sens strict. Ab —
domus servant fréquemment à désigner la inferno. Hébr. du s^'ôl, ou du séjour des
:
maison par excellence, celle de Dieu. Nos morts. L'état du royal malade avait été si
préférences sont pour la première opinion. grave, qu'il peut regarder sa guérison
D'autres interprètes ne voient dans ces comme une résurrection. —
In lacum.
mots qu'une rubrique, qui assignerait le Ilébr. dans la fosse. CL Ps. xxvii, 1.
:
Ps. XXIX à la fête de la Dédicace. Le — 5-6. Seconde strophe David invite tous
:
poète vient d'écliapper à une maladie les pieux serviteurs de Jéhovah à s'associer
grave qui a mis ses jours en péril et il
,
, à sa reconnaissance. Cf. Ps. ix, 11; xxi,
exprime sa 'reconnaissance au Seigneur, 23, etc. —
Sancti ejus. Hébr. Ses hasîdim,
:
duquel lui est venue la guérison ; en même ou amis intimes. Voyez le Ps. iv, 3, et la
142 Ps. XXIX, 6-0.
ad matutinum Isetitia.
et
"^
Ego autem dixi in abundantia mea :
note. — Mémorise sanctitatis ejus. C.-à-d. voluntate tua (hébraïsme dans ta bonté:
;
lorsqu'il s'indigne puis, par sa miséricorde lance divine que provenait la stabilité de
;
7-8. Troisième strophe maladie en- : la , de David malade, pour obtenir sa guéri-
voyée pour punir un mouvement de pré- son. — Ad te... clamabo. La phrase est
somption. —
Ego autem. Transition le : elliptique. Il faut sous -entendre avant ces
psalmiste revient sur l'origine et sur les mots Alors j'ai dit. Rendu sage par le
:
son bonheur n'eût dépendu que de lui- tage le Seigneur aurait- il trouvé à fain?
même Les dons lui avaient fait oublier le
! mourir son serviteur {in sanguine m.eo)l
bienfaiteur. 11 avait besoin d'être instruit Aucun tout au contraire il eût perdu les
; ,
'^
Quelle utilité retirerez -vous de ma mort,
lorsque je descendrai dans la pourriture?
Est-ce que la poussière chantera vos louanges?
ou publiera-t-elle votre vérité?
^'
Le Seigneur a entendu, et il a eu pitié de moi ;
PSAUME XXX
In finem, Psalmus David, pro extasi.
Pour la fin ,
psaume de David, pour l'extase.
2i, etc. Ut cantet... gloria mea (c.-à-d. saisit lorsqu'il pense à la détresse présente ;
mon àme ; comp. le Ps. vu, 5, et la note). puis le nuage se déchire , et le soleil de la
But que Dieu s'était proposé en arrachant bonté divine illumine son àme. » — Jésus
David à une mort certaine (voyez le vers. 10). en croix a emprunté à ce psaume la der-
— Et non compungar pour que le poète: nière parole qu'il proféra avant d'expirer.
cesse de s'abandonner à une tristesse qui Comp. le vers. 6 et Luc. xxiii, 46. Aux
144 Ps. XXX 2 ^^
b.
'^
In te, Domine, speravi ;
'^
J'aiespéré en vous, Seigneur;
que je ne sois jamais confondu ;
vers. 10-14, la description des souffrances constater que sa confiance était vaine. Comp.
de David peut être regardée comme une le vers. 18. —
In justitia tua. David est
prophétie de la passion du Christ, mais innocent; le Dieu juste ne saurait l'aban-
sans dépasser les limites du type. Quatre — donner. —
Inclina aurem..., accéléra.
parties vers. 2-9, une prière pleine de
: Paroles d-une sainte hardiesse, et qui
confiance; vers. 10-14, une sombre des- montrent en même temps combien le
cription de cruelles angoisses vers. 15-19, ; besoin de secours était urgent. —
In Deum
réitération de la confiante prière; vers. protectorem. Hébr. Sois -moi un rocher
:
faut entendre ici une extrême angoisse, rocher et ma citadelle. Le pronom tu,
qui met Tâme hors d'elle-même, tant elle répété à la fin de la phrase, a une parti-
souffre. — Les
2-6 ont été détachés
vers. culière énergie. —
Deduces me et enu-
du reste du poème pour former le second ,
tries... Hébr. : Tu me conduiras et me
des psaumes des Complies dans le Bréviaire guideras. Ce sont les expressions déUcates
romain. Les premiers mots servent de con- que nous avons déjà rencontrées au Ps.
clusion au Te Deum ». (( xxn, 2-3 (voyez les notes). —
Educes...
2° Première partie la prière de la foi. : de laqueo. Les perfides ennemis de David
Vers. 2-9. sont comparés à des chasseurs qui lui
2-8. Première strophe pressant appel. : tendent des pièges. Cf. Ps. ix, 15; xxiv,
— In te speravi. Hébr. Je me suis réfu- : 15, etc. —
In manus tuas... Le suppliant
gié en toi. Cf. Ps. vu 1 x, 1 xv, 1 etc. La , ; ; , recommande à Dieu, comme un précieux
métaphore a presque toujours disparu de dépôt, sa vie {spiritum... : le souffie vital
notre version latine. Non confundar. 11 reçu du Créateur), qui est actuellement
n'aura jamais l'humiliation et la douleur de en danger. A la suite de Notre -Seigneur
Ps. XXX, 6-9. 145
" In manus tuas commendo spiritum meum ;
saint Poly carpe, saint Basile, saint Ber- les angoisses de mon àme. —
Nec conclu-
nard, saint Louis de France). Redemisti — sisti... : le livrant et l'abandonnant au pou-
me... L'expérience anté-
rieure de David lui ga-
rantit la protection divine
dans le présent et dans
l'avenir. Dieu n'est -il pas
toujours fidèle à ses pro-
messes {Deus veritatis)'}
7-9. Troisième strophe :
Hébr.: les vanités de néant. Métaphore pour aisément, Hbrement; par opposition à la
désigner les idoles, qui n'ont pas d'exis- situation alors si gênée de David. Fré-
tence personnelle et réelle. Cf. Jer. viii, 19; quente métaphore. Cf. Ps. iv, 1; xvii,
Jon. II, 8, etc. La Vulgate rattache l'ad- 20, etc.
verbe « supervacue » au participe « obser- 3» Seconde partie description de la dé- :
psalmiste sent d'avance l'allégresse envahir plus saillant les misères présentes. » Ce
7
146 Ps. XXX, 10-14.
^^ Miserere mei, Domine, quoniam tribulor ;
14
quoniam audivi vituperationem multorum commorantium in cir-
cuitu.
In eo dum convenirent simul adversum me
accipere animam meam consiliati sunt.
mon œil, mon âme et mes entrailles sont troublés par la colère.
* *
Car ma vie se consume dans la douleur,
et mes années dans les gémissements.
Ma force s'est affaiblie par la pauvreté,
et mes os sont ébranlés.
1-2
Plus que tous mes ennemis, je suis devenu un objet d'opprobre
surtout à mes voisins, et l'effroi de ceux qui me connaissent.
Ceux qui me voyaient dehors fuyaient loin de moi.
'•'^
J'ai été oublié des cœurs, comme un mort.
J'ai été comme un vase brisé ;
*^
car j'ai entendu les injures d'un grand nombre de ceux qui
demeurent alentour.
Quand ils se réunissaient enemble contre moi
ils ont tenu conseil pour m'ôter la vie.
passage rappelle les premiers versets du cos (LXX Tiapà toù? èxQpouç). C.-à-d.
: :
l'homme. — In ira
: à cause de la colère promettre et d'être eux-mêmes persécutés
,
— Ossa... conturbata. Littéralement dans vase brisé sans valeur, que l'on jette au
,
I
Ps. XXX, 45-20. 147
^•'
Ego autem in te speravi Domine ,
;
^^
in manibus tuis sortes meic.
Eripe me de manu inimicorum meorum et a persequentibus me.
17
Illustra faciem tuam super servum tuum ;
^'-^
muta fiant labia dolosa
quse loquuntur adversus justum iniquitatem,
in superbia, et in abusione.
'^^
Quam magna multitudo dulcedinis tuse, Domine,
quam abscondisti timentibus te !
^•'
Mais j'ai espéré en vous. Seigneur ;
"'
mes destinées sont entre vos mains.
Arrachez -moi de la main de mes ennemis et de mes persécuteurs.
''
Faites luire votre visage sur votre serviteur ;
sauvez-moi par votre miséricorde.
18
Seigneur, que je ne sois pas confondu, car je vous ai invoqué.
Que les impies rougissent, et qu'ils soient conduits dans l'enfer ;
19
que les lèvres trompeuses deviennent muettes,
contre le juste,
elles qui profèrent l'iniquité
avec orgueil et insolence.
20
Qu'elle est grande Seigneur, l'abondance de votre douceur,
,
que vous avez mise en réserve pour ceux qui vous craignent !
calomniait. Variante dans l'hébreu : J'en- 18-19. Septième strophe prière de David
:
tends les mauvais d'un grandpropos contre ses ennemis Non confundar, quo-
nombre; terreur tout autour. Ces derniers niam... Comp. le vers. 2. Au contraire,
mots résument avec énergie la pénible erubescant impii : qu'ils soient confondus,
situation du jeune roi; de quelque côté les misérables qui ne s'attaquent pas moins
qu'il se tournât, il rencontrait des enne- à Dieu qu'à David. —Deducantur in infer-
mis. — Duni conven'went... Conciliabules num. Hébr. Qu'ils soient réduits au silence
:
tournent de David, mais il se tourne vers désolé des vers. 9 et ss. C'est que le sup-
Dieu, » son refuge, son libérateur. Comp. pliant a d'avance la certitude de son futur
le vers. 6. —
Sortes niex. Hébr. mes : triomphe.
temps; c.-à-d. les vicissitudes de ma vie. 20-21. Huitième strophe admirable :
— Illustra faciem... : pour éclairer ses bonté de Dieu pour ceux qui le craignent.
ténèbres. Voyez le Ps. iv, 7, et la note. — Quam magna... Pieuse exclamation qui
On dirait un écho de la bénédiction d'Aa- s'échappe d'un cœur consolé, reconnais-
ron, Num. vi, 25 « Que le Seigneur fasse
: sant. —
Quam abscondisti : comme un
hiire sa face sur toi, et qu'il t'accorde sa précieux trésor, caché, mis en résers-e,
grâce! » et où l'on pourra puiser au temps voulu.
148 Ps. XXX, 21-25.
(la bonté que) tu as témoignée... In — permanent contre Saûl. Cf. I Reg. xxvii,
conspectu filiorum... : aux yeux de tous, 5 et ss. —
In excessu mentis... Hébr. dans :
J
;
prètes , il faudrait prendre cette expression il garde la fidélité, c.-à-d. il est fidèle.
I
Ps. XXXI, 1-2. 449
PSAUME XXXI
Ipsi David intellectus.
^
Beati quorum remissse sunt iniquitates
quorum tecta sunt peccata.
et
'^
Beatus vir cui non imputavit Dominus peccatum,
nec est in spiritu ejus dolus.
De David, instruction.
Heureux ceux dont
*
les iniquités ont été remises,
et péchés sont couverts.
dont les
'^
Heureux l'homme à qui le Seigneur n'a pas imputé de péché
et dont l'esprit est exempt de fraude.
Ps. XXXI. — C'est le second des psaumes braïque maskil , « intelligent, » ou « rendant
de la l'a composé {ipsi
pénitence. David intelligent », que l'on trouve en tête de
David, c.-à-d. de David) vraisemblable- douze autres psaumes (xli, xliii, xliv,
ment à la même occasion que le « Mise- LI-LIV, LXXIII, LXXVII, LXXXVII LXXXVIII ,
rere », après son double crime d'adultère cxLi). Il signifie très probablement que ces
et d'homicide (cf. Ps. l, 1, et la note), divers chants sont « didactiques ».
mais un peu plus tard, quand le prophète 2° Première partie l'enseignement. Vers.
:
réclame dans le Ps. L est obtenu dans dont les péchés sont entièrement pardon-
celui-ci. » (F. Vigouroux.) «Le grand — nés. Saint Paul, Rom. iv, 6-8, cite ces
bien d'une conscience pure, opposé au deux versets pour démontrer que la justi-
grand mal du remords fait le sujet » de , fication chrétienne est opérée par la foi
ce poème (Patrizi), que Ton pourrait résu- seule. —
Beati. La première béatitude du
mer dans le mot bien connu des Proverbes psautier (Ps. i 1 ) est prononcée en faveur
,
renonce obtient miséricorde. » Il serait dif- il existe dans les Psaumes une autre béa-
ficile, a-t- on dit très justement, dépeindre titude réservée à la pénitence sincère.
,
—
d'une manière plus intime plus saisissante ,
Le psalmiste emploie trois expressions dis-
et plus appropriée, la misère intérieure tinctes, pour définir le péché sous ses
d'un cœur brisé puis la noble joie de ce
, divers aspects iniquitates, en hébreu
:
même cœur, guéri et pardonné. Saint Au- pésa% la séparation d'avec Dieu; peccata,
gustin lisait souvent ce psaume en pleurant, en hébreu hatcVah , l'égarement 'avôn ;
et, avant sa mort, il le fit écrire sur la ^hébr.; Vulg. peccatum)., la dépravation
:
muraille située en face de son lit, pour morale. Il y a aussi trois expressions pour
l'avoir constamment sous les yeux et à la décrire le céleste pardon reniissx sunt. :
150 Ps. XXXI, 3-5.
^ Quoniam tacui , inveteraverunt ossa mea
dum clamarem tota die.
* Quoniam die ac nocte gravata est super me manus tua ;
chap. XI et xii. —
Quoniam tacui : refu- David prend la résolution de confesser son
sant, par suite de l'orgueil, de l'illusion, crime, pour mettre fin à cet intolérable
de la passion, de reconnaître ses crimes, supplice. Delictum... cognitum... Entier
soit devant Dieu, soit devant sa propre et humble aveu. —
Non abscondi. Hébr.: Je
conscience. Alors Dieu accumula les châ- n'ai pas couvert. La même expression qu'au
timents sur le roi coupable, pour le faire vers. 1 . —
Confitebor adversum me. : sans . .
réfléchir et lui ouvrir les yeux, et ce fut pitié pour lui-même, sans s'épargner en
bientôt comme un enfer intérieur dans rien. Il voit et comprend maintenant. —
l'âme de David. Description dramatique Et tu remisisti. Hébr. Tu as enlevé; :
aux vers. 3 et 4. —
Inveteraverunt ossa. comme au vers. 1. Infinie bonté de Dieu,
Voyez les Ps. vi, 2; xxx, 11, et les notes. qui pardonne immédiatement à ce pro-
Les os sont l'emblème de la force phy- digue. « La parole (du repentir) n'est pas
sique; cette force s'étiolait en David par encore dans la bouche (du pécheur), et
Ps. XXXI, 6-9. 151
" Pro hac orabit ad te omnis sanctus
in tempore opporluno.
Verumtamen in diluvio aquarum multarum,
ad eum non approximabunt.
"
Tu es refugium meum a tribulatione quse circumdedit me ;
^'
Pour cela, tout homme saint vous priera
au temps favorable.
Et quand les grandes eaux fondront comme un déluge
elles n'approcheront pas de lui.
'^
Vous êtes mon refuge dans la tribulation qui m'a entouré ;
la blessure est guérie, » dit admirablement 7-8. Cinquième strophe: joie que res-
saint Augustin. — Dans l'hébreu, un autre sent David à goûter de nouveau l'amitié
sélah, mais joyeux cette fois,
souligne la pensée.
'S° Deuxième partie l'ap- :
rances contenues dans la strophe qui pré- ponse pleine de suavité. Fimiaho... ocu- —
cède. —
Befugiuvi nieuni. Littéralement : los nieos. Hébr. Je te conseillerai mon
: ;
une cachette pour moi. Cf. Ps. xxvi, 5; regard (sera) sur toi. Regard aimant, vigi-
XXX, 21. —
Exultatio niea, erue... Dans lant protecteur. Ce langage ne peut con-
,
ctum tibi... Quoique de nombreux com- exhorte les pécheurs à ne point résister à
mentateurs placent encore ce vers. 8 sur la grâce, à ne pas s'endurcir dans le mal.
les lèvres de David, comme une petite — iiicut equus et mulus. Exemple d'ani-
maux sans raison, que l'homme est obligé
de dompter par la force, s'il veut en être
obéi. — In camo et freno... : le mors et la
gnait.
10-11. Septième strophe le sort tout :
tôt adresser aux pécheurs (vers. 9), nous lation) trois expressions synonymes, en
:
préférons y voir, à la suite d'autres inter- gradation ascendante, pour mieux décrire
prètes, une réponse de Dieu lui-même au la profondeur et la perfection de cette sainte
sentiment d'intime confiance que vient de joie.
lui exprimer son serviteur (vers. 7). Ré-
Ps. XXXII, 1-2. 153
PSAUME XXXII
Psalmus David.
*
Exultate, justi, in Domino ;
Psaume de David.
^
Justes, réjouissez -vous dans le Seigneur ;
enthousiaste de Jéhovah,
qui, après avoir manifesté
sa puissance d'une manière
générale, en créant l'uni-
vers, donne des preuves
spéciales et perpétuelles de
sa bonté envers Israël son ,
peuple de prédilection. —
Division un court prélude,
:
19: éloge de Dieu, qui protège Israël); Hébr. : poussez des cris d'allégresse. Le
la conclusion, vers. 20-22, qui consiste en Ps. xxxn commence par les paroles qui
154 Ps. XXXII, 3-6.
Cantate ei canticum novum
''^
servaient de finale au Ps, xxxi ( voyez la 3" Première partie. Premier motif de
note du ver?. 11'^). —
Justi : les vrais et louer le Seigneur il est le Créateur tout-
:
fidèles Israélites. —
Rectos decet... Trait puissant et la Providence aimable de l'uni-
La divine louange est tout ensemble
délicat. vers. Vers. 4-11.
leur devoir et leur privilège Jéhovah ;
4-5. Seconde strophe, formant une intro-
n'aime à la recevoir que de leur bouche. duction. Quelques attributs moraux de
Jéhovah, qui le rendent digne de
louange sa justice
: sa fidélité sa , ,
droit. —
Le second hémistiche du
vers. 5, misericordia... plena terra,
sert de transition à la pensée princi-
pale de celte première partie.
6-7. Troisième strophe la toute- :
sur le nébel à dix cordes. C'était un ins- ss. Eccli. XLiii, 26, etc.). Spiritu oris
;
bienfaits d'un nouveau genre convenaient lancé par la bouche. Les Pères, interpré-
des cantiques nouveaux, composés tout tant ce passage d'une manière mystique,
exprès pour les célébrer. Cf. Ps. xxxix, 3; lui donnent une signification très profonde.
xcv, 1; xcvii, 1 ; cxLin, 9; Judith, vi, 13, Ils y voient tout un abrégé du mystère de la
etc. —
In vociferatione. Cf. Esdr. H m , ;
Trinité, la désignation des trois personnes
Ps. XXVI, 6, et la note. divines le Père, Domini; son Verbe,
:
Ps. XXXII, 7-12. 155
'
Congregans sicut in utre aquas maris ;
"
Ilrassemble les eaux de la mer comme dans une outre ;
verbo ; le Saint-Esprit, spiritu oris ejus. infinie. — Facta sunt, creata sunt. Le
— Virtus eormn. Hébr. leur armée. : texte original est d'une singulière énergie :
G.-à-d. les astres innombrables, qui « Car il a dit, et cela fut ; commandé,
il a
s'avancent comme une armée rangée en et cela se tint debout. » Comme un servi-
ordre parfait. Cf. Is. xl, 26, etc. Sicut — un signe de son maître.
teur qui accourt sur
in utre. Métaphore qui donne une très 10-11. Cinquième strophe le gouver- :
juste idée de la puissance de Dieu pour : nement souverain de Jéhovah dans l'his-
lui, le lit gigantesque des mers n'est pas toire. — Dissipât, reprobat... : annulant,
plus qu'une outre aux dimensions mo- détruisant ces desseins des nations païennes,
destes, qu'un homme porte aisément sur surtout quand ils sont dirigés contre son
ses épaules (voyez VAtl. archéol., pi. xx, peuple de prédilection. Le troisième membre
fig. 10, 13, 14, 15, 17). Cf. Is. XL, 12. de vers, reprobat consilia principum,
L'hébreu emploie une autre comparaison : manque dans l'hébreu. Consilium autem —
il réunit comme un monceau les eaux de Domini... Contraste saisissant les con- :
la mer. —
In thesauris abyssos. Encore seils du Seigneur sont opposés à ceux des
une image expressive les abîmes des
: païens, les pensées de son cœur à leurs
mers accumulés comme en immenses pro- pensées. Ses projets se réalisent toujours
visions. [manet in seternum) ; les leurs sont sou-
8-9. Quatrième strophe crainte respec- : vent déjoués.
tueuse que l'on doit éprouver devant ce 4° Deuxième Autre motif de louer
partie.
Créateur tout -puissant, Ab eo... com- — Jéhovah : sa bonté à l'égard d'Israël.
movcanlur. Plutôt, daprès Ihébreu Que : Vers. 12-19.
tous les habitants du monde le redoutent. 12-13. Sixième strophe heureuse la nation :
— Quoniam ipse... Le poète revient sur qui est l'objet du choix spécial du Seigneur
ce détail déjà mentionné plus haut (vers. 6) : et de sa perpétuelle attention. Gens cu- —
le mode de la création, si merveilleuse- jus... Israël évidemment, dont Jéhovah était
ment simple, et attestant une autorité le propre Dieu [Dominus Deus ejus; cf.
15G Ps. XXXII, 13-19.
13
De c{5elo respexit Dominus ;
19
ut eruat a morte animas eorum
et alat eos in famé.
19
pour délivrer leurs âmes de la mort,
et les nourrir dans la famine.
Deut. IV, 6-8; xxxiii, 29), et qui était lui- dats innombrables {per multam virtutem).
même l'héritage spécial du Seigneur (guem Cf. Ex. xiv, 17, etc. —
Et gigas. Hébr. :
elegit...; cî. Ps. xxvii,9, etc.). De cselo gihbôr, un héros, un guerrier redoutable.
respexit... De son trône céleste, Dieu sur- — Fallax equus... Littéralement dans
veille tout l'univers. Cf. Ps. x, 4; xiii, 2, l'hébreu Le cheval est un mensonge. Et
:
etc. Le poète insiste sur ce fait (comp. le pourtant la cavalerie formait la force prin-
vers. 13), pour mieux mettre en relief le cipale des Égyptiens, des Syriens, des
soin qno Jéhovah prend de son peuple. Assyriens, ces terribles ennemis d'Israël.
14-15. Septième strophe Dieu connaît :
— In abundantia... non salvabitur. Et si
à fond le cœur humain puisque c'est lui le meilleur cheval de guerre ne peut se
—
,
qui l'a créé. De prseparato habitaculo. sauver lui-même, à plus forte raison ne
Hébr. du lieu de son habitation; c.-à-d.
: sauvera -t- il pas son cavalier, comme
du ciel. —
Qui finxit sigillatim... Hébr. : l'exprime directement l'hébreu. Cf. Prov.
luiqui forme leurs cœurs ensemble c.-à-d. ; XXI, 31.
leurs cœurs à tous, sans exception. Cf. 18-19. Neuvième strophe le salut vient :
Zach. XII, 1. —
Intelligit... opéra : ces de Dieu seul, qui regarde constamment et
œuvres qu'il a vu naître au fond du cœur paternellement son peuple pour lui venir
,
des hommes, à l'état de simple projet. en aide.— Oculi Domini... Sur cette idée,
Voyant tout, connaissant tout, Dieu fait voyez le Ps. xxxi, 8; Esdr. v, 5; I Petr.
aisément servir toutes choses à ses plans III, 12.— Metuentes..., qui sperant : les
généraux et particuliers. Israélites, en tant qu'ils formaient le peuple
46-17. Huitième strophe à elle seule, : de Dieu.— A morte: d'une mort violente,
la puissance de l'homme est incapable de comme l'indique le contexte. Alat... in —
procurer le salut. —
Non salvatur rex... : famé. La famine, ce grand fléau de
ce roi fût -il un pharaon entouré de sol- l'Orient et de la Palestine.
Ps. XXXII, 20 — XXXllI, 1. 157
'^^
Anima nostra suslinet Dominum,
quoniam adjutor
et protector noster est.
'^^
Quia in eo lœtabitur cor nostrum
et in nomine sancto ejus speravimus.
^^ Fiat misericordia tua, Domine, super nos,
quemadmodum speravimus in te.
PSAUME XXXIII
*
Davidi , cum immutavit vultum suum coram Achimelech, et dimisit
eum, et abiit.
^
De David, lorsqu'il changea son visage devant Achimelech, qui le ren-
voya , et qu'il s'en alla.
Psaume XXXIII
— Cuni immutavit... L'hébreu dit plus
clairement Lorsqu'il dissimula sa raison
:
Combien les justes sont heureux sous la devant Abimélech, et que celui-ci le chassa,
garde de Jéhovah. et qu'il s'en alla. Voyez I Reg. xxi. Il et
1° Le titre. Vers. 1. ss., récit tout dramatique. David, pour-
Ps. XXXIII. — 1. Ce titre indique l'au- suivi et serré de près par Saùl s'était réfu-
,
458 Ps. XXXIII, 2-5.
"
Benedicam Dominum in omni tempore ;
-
Je bénirai le Seigneur en tout temps ;
liberté, et il alla se cacher dans la caverne Dieu plein de bonté qui sauve et délivre
d'Adullam. —
Au lieu de Achimelech, les justes. Vers. 2-11.
l'hébreu porte 'Abimélek, et au hvre des
: 2-4. Prélude le psalmiste annonce son
:
Rois, le prince phiHstin est nommé Achis. saint projet, auquel il voudrait associer
Cela nimplique pas la moindre contradic- tous les justes. — Vers. 2 ialeph). Les mots
tion. Achis était le nom personnel (Achi- in omni tempore etsemper sont fortement
melech, c.-à-d. « le roi Achis », en est une accentués. — Vers. 3 [beth). Laudabitur
simple extension); Abimélech, un titre doit être traduit par la forme moyenne il :
sur le sein de Dieu. La forme est en général audiant mansueti ! L'hébreu 'anâviw
plus didactique que lyrique elle rappelle ; peut désigner aussi les « humbles », que
celle du livre des Proverbes. Ce psaume — le monde méchant a opprimés, mais qui
est alphabétique il est « composé de vingt-
; comptent sur Dieu. Le poète fait appel à
deux distiques, selon le nombre des lettres « la sympathie de tous ceux qui ont appris
de l'alphabet hébreu seulement le vav y
; l'humilité (et la douceur) à l'école de la
manque , et la lettre phé y est repétée deux souffrance ». —
Vers. 4 (gimel). Magnifi-
fois, vers. 17 et 23 ». [Manuel biblique, cate..., exaltemus... : en célébrant et en
t. II, n. 706.) Il ne présente pas de divi- proclamant les perfections infinies de Jého-
sions ni de strophes proprement dites. On vah car c'est tout ce que l'homme peut
;
moitiés à peu près égales, vers. 2-11 et rience personnelle du psalmiste, et celle
12-23. Dans la première, David remercie de beaucoup d'autres affligés, qui ont eu
avec effusion son divin libérateur, et il recours à Dieu dans leur détresse et en ont
convie les justes à s'unir à son action de été exaucés. —
Vers. 5 [daleth). Le verbe
grâces; dans la seconde, il décrit, avec le exquisivi marque des recherches multiples
Ps. XXXIII, 6-11. 159
*'
Accedite ad eum, et illurninamini
et faciès vestrae non confundentur.
'
Istepauper clamavit, et Dominus exaudivit eum
de omnibus tribulationibus ejus salvavit eum.
et
^ Immitet angélus Domini in circuitu timentium eum,
et eripiet eos.
^ Gustate, et videte quoniam suavis est Dominus;
beatus vir qui sperat in eo.
^^ Timete Dominum, omnes sancti ejus,
quoniam non est inopia timentibus eum.
*^
Divites eguerunt, et esurierunt;
inquirentes autem Dominum non minuentur omni bono.
et actives (cf. Ps. xxiii, 6, etc.). Ex omni- Domini qui campe ainsi auprès des justes,
bus tribulationibus ; l'hébreu est plus pour au premier appel, n'est
les secourir
expressif de toutes mes terreurs.
:
— pas un ange ordinaire c'est Fange de l'al-
;
Vers. 6 {hé). Au lieu de l'impératif accedite, liance théocratique célèbre par ses rela-
,
ont TtapefjigaXeî, mot qui est la traduction souvent l'action de goûter précède celle
c(
la ». Le mot de
connaissance spirituelle retrouve fréquemment dans les exhorta-
saintBernard est bien connu « A moins : tions du livre des Proverbes. Tirtioreni
que vous n'ayez goûté, vous ne verrez pas. » Domini : les Hébreux résumaient dans
— Vers. 10 {iod). Non est inopia... Notre- cette locution tous les devoirs d'une reli-
Seigneur Jésus -Christ le dira sous une gion sincère. —
Vers. 13 (nieni). Quis est
autre forme « Cherchez premièrement le
: homo...? Le tour interrogatif donné à la
royaume de Dieu et sa justice, et le reste pensée la rend plus pénétrante c'est ;
vous sera donné par surcroît. » Matth. vi, comme s'il y avait Si quelqu'un veut la
:
33. — Vers. 11 {caph). Divites eguerunt... vie,... qu'il éloigne... (cf. Ps. xiv, 1; xxni,
Dans l'hébreu Les lionceaux éprouvent
: 8, 10, etc.). Le mot vitam est expliqué
la disette. Métaphore pour représenter des par dies bonos ; mais la pensée du second
hommes puissants et cruels (cf. Ps. xxxiv, hémistiche est plus claire dans l'hébreu :
et ses avantages. Vers. 12-23. des péchés de la langue. Cf. Prov. xni, 3;
Le psalmiste vient de promettre les bé- XXI, 23, etc. —
Vers. 15 (samech). Seconde
nédictions les plus précieuses à ceux qui réponse et autre condition la perfection
:
craignent le Seigneur. Prenant maintenant des actes après celle des paroles. Diverte...,
le ton plus calme d'un prédicateur, il décrit fac...: l'idéal abrégé du juste; cf. Job, i,
les caractères de cette crainte de Dieu puis ; 1, 8; II, 3; Ps. xxxvi, 27; Prov. xvi, 17,
il revient encore aux avantages multiples etc. Inquire..., persequere : mots expres-
qu'elle procure à ceux qui la possèdent. sifs ; poursuivre la paix avec des efforts
12-15. En quoi consiste la crainte de sans cesse renouvelés, si on ne la trouve
Dieu. —
Vers. 12 (lamed). Venite, filii : pas tout d'abord.
appellation délicate et insinuante, qu'on 16-23. Dieu réserve ses faveurs pour les
Ps. XXXriI, 17-^23. 161
''
Vultus autem Domini super facientes mala,
ut perdat de terra memoriam eorum.
^" Glamaverunt justi, et Dominus exaudivit eos,
ex omnibus tribulationibus eorum liberavit eos.
et
li»
Juxta est Dominus iis qui tribulato sunt corde
et humiles spiritu salvabit.
"20
Multaî tribulationes justorum,
et de omnibus bis liberabit eos Dominus.
Gustodit Dominus omnia ossa eorum ;
unum ex his non conteretur.
22
Mors peccatorum pessima,
et qui oderunt justum delinquent.
Redimet Dominus animas servorum suorum,
et non delinquent omnes qui sperant in eo.
^''
Mais le visage du Seigneur est sur ceux qui font le mal
pour exterminer leur mémoire de dessus la terre.
18
Les justes ont crié, et le Seigneur les a exaucés,
et il les a délivrés de toutes leurs tribulations.
Le Seigneur est près de ceux qui ont le cœur affligé
et il sauvera les humbles d'esprit.
-20
Les tribulations des justes sont nombreuses,
et le Seigneur les délivrera de toutes ces peines.
21
Le Seigneur préserve tous leurs os;
il n'y en aura pas un seul de brisé.
2-2
La mort des pécheurs est affreuse,
et ceux qui haïssent le juste sont coupables.
2;!
Le -Seigneur rachètera les âmes de ses serviteurs
et tous ceux qui espèrent en lui ne seront point frustrés.
justes et ses châtiments pour les impies. (vers. 18-19), les justes ne sont pas com-
Belle description ,
par laquelle
poète se le plètement à l'abri des souffrances ici-bas ;
usque-là (cf. Job, xviii, 17; Ps. ix, 5-6). le passage où il raconte qu'aucun des os
— Vers. 18 {tsadé). Clamaverunt justi. de Jésus ne fut brisé sur la croix. Cf.
Le substantif omis dans l'hébreu;
est Joan. XIX, 36. La promesse qui est faite ici
les LXX heureusement suppléé.
l'ont très à l'homme juste en général « trouva une
— Vers. 19 {qoph). Juxta est Dominus...: réalisation littérale dans la passion de
pensée bien consolante Dieu est là tou- ; , Celui qui était le Juste par excellence ». —
jours prêt à les secourir, à les sauver (cf. Vers. 22 (thav). Mors peccatorum. Con-
Ps. cxvni, 151; Is. i, 8, etc.). Tribulato... traste, comme aux vers. 16-17.L'hébreu
corde, humiles...; d'après toute la force dit avec une variante :La malice tuera le
de l'hébreu les brisés de cœur, les
: méchant ce qui signifie que le pécheur
—
;
broyés d'esprit. Vers. 20 (resch). Multa- sera fatalement conduit à la ruine par ses
tribulationes... En effet, ainsi qu'il vient propres fautes. Au lieu de delinquent
d'être dit en un langage si énergique li«e/. : ils seront rondnmnés: do même au
162 Ps. XXXIY, 1-2.
PSAUME XXXIV
^
Ipsi David.
Judica, Domine, nocentes me ;
'
De David.
Jugez, Seigneur, ceux qui me font du mal ;
verset suivant. —
Vers. 23 {phé réitéré ;
le Seigneur de se faire son champion contre
voyez note du vers. 1). Le poète revient
la les ennemis qui le menacent. —
Judica...
aux justes, afin d'achever le psaume sur Première image il y a comme un procès
:
— Sur les imprécations lancées contre les tire la lance(de son étui, la SoupoSox-/) des
ennemis, voyez la note du Ps. v, vers. 11. Grecs; ou, en général, du lieu où on la
2o Première partie la demande d'un
: tenait en réserve). —
Conclude : ferme la
prompt et puissant secours. Vers. l''-10. voie, barre le passage. Mais beaucoup de
l''-3. Première strophe introduction
: commentateurs contemporains regardent
pleine d'élan lyrique. Le psalmiste conjure le mot hébreu s^gor comme l'équivalent du
Ps. XXXIV, 3-8. 163
•'
Effunde frameam et conclude adversus eos qui persequuntur
, me ;
''
les ennemis. "Vigoureux passage. Con- — justifie ses terribles souhaits par la con-
fundantur et revereantur sont deux duite de ses ennemis, et il demande que
expressions synonymes qu'ils soient con-
: les embûches qu'ils lui ont tendues soient
fondus et couverts de honte. —
Quxventes retournées contre eux. —
Gratis , super-
animam meam. Les ennemis en question vacue : sans la moindre faute de David.
ne tramaient rien moins que la mort de Les images de ces deux versets sont em-
David. —
Avertantur retrorsum : qu'ils pruntées à la vénerie —
Interitun i laquei.
. .
reculent remplis de confusion. Les im- — Hébr. la fosse de leurs filets; c.-à-d. des
:
précations contenues dans les vers. 5-6 filets qui donnent la mort et mènent au
sont particulièrement énergiques elles : tombeau. — Exprobraverunt animam.
décrivent en termes dramatiques le pèle- Dans l'hébreu : Ils ont creusé ( une fosse )
méle d'une alfreuse déroute. Tanquam pour mon âme
(pour m'arracher la vie).
pulvis: hébr. comme la balle (du blé);
, — Veniat... Juste rétribution
et accomplis-
comp. le Ps. I, 4, et la note. Angélus Do- sement du proverbe « Par pari refertur ».
164 Ps. XXXIY, 9-12.
'*
Anima autem mea exultabit in Domino
et delectabitur super salutari suo.
^^ Omnia ossa mea dicent Domine, quis similis tibi?
:
Vous arrachez le pauvre des mains de ceux qui sont plus forts
que lui ;
Cf. Ps. VII, 16-17; IX, 16, etc. Au vers. 8, afin de mieux exciter encore la bonté du
le pluriel fait place au singulier {illi, igno- Seigneur en faveur du suppliant, et sa
rât, etc.; cf. vers. 4-7), peut-être parce colère contre ses odieux persécuteurs. Le
que David voulait signaler ainsi, comme ton est plus calme; c'est maintenant celui
plus haut (Ps. VII, 2), le principal et le de Télégie.
plus acharné de ses ennemis, c.-à-d. Saûl. 11-12. Cinquième strophe les adver-
:
Mais il est possible que ce changement de saires de David lui rendent le mal pour le
nombre ne soit qu'une simple individuali- bien. —
Testes iniqui. Plus fortement
sation de tous les adversaires. — Laqueus encore dans l'hébreu des témoins de vio-
:
métaphore, ressentir les joies de l'âme il ressemblait à une femme stérile. L'his-
aussi bien que ses peines. Cf. Ps. vi, 2; toire raconte au long le pénible isolement
L, 8. — Quissitnilis... ? Semblable en puis- dans lequel il vécut alors : on lui avait
sance et en bonté. Cf. Ex. xv, 11; Mich. enlevé Michol Jonathas et ses autres amis
;
XI, 18, etc. Eripiens inopem. Hébr. : ne pouvaient plus s'approcher de lui pour
l'affligé {'âni). De même pour egenum. le consoler; ses parents étaient fugitifs sur
S** Seconde partie l'ingratitude des en-
: la terre étrangère; il était seul avec Dieu
nemis de David. Vers. 11-19. seul.
Tableau pathétique, tracé assez au long,
Ps. XXXIV, 43-16. 165
i.'i
Ego autem cum mihi molesti essent, induebar
, cilicio ;
13
Mais moi ,
quand ils me tourmentaient, je me revêtais d'un cilice ;
les malheurs se sont réunis sur moi, sans que j'en connusse
la cause.
IG
Ils ont été dispersés mais , sans componction ;
à leur égard. C'est le développement des Comme pour un ami pour un frère,
et
mots « pro bonis » du vers. 12. Cum — ainsi j'allais. Il se conduisait donc à leur
mihi molesti... L'hébreu exprime une égard comme s'ils eussent été ses amis
autre idée qui s'harmonise mieux avec le intimes, ses proches parents. Quasi —
contexte :
,
eux se manifestait sous les formes les plus mère, je me courbais avec tristesse.
généreuses il se couvrait de vêtements
: C.-à-d.: j'étais aussi triste que si j'avais
de deuil {induebar cilicio; littéralement: perdu ma mère.
mon vêtement était un sac) il jeûnait , 15-16. Septième strophe odieux traite- :
l'imparfait). Cette locution est diversement celle, c.-à-d. quand le malheur m'atteint,
interprétée. D'après l'opinion la plus com- ils se réjouissent. —
Convenerunt : ^oxxv
mune, elle représenterait d'une manière jouir tous ensemble de sa douleur et de
pittoresque l'attitude d'une humble et fer- ses humiliations. — Congregata... flagella,
vente prière le suppliant, recourbé sur
: et ignoravi. Ce sont les ennemis de David
lui-même et profondément
ayant la tête qui accumulaient sur lui des souffrances
penchée sur sa poitrine ferait pour ainsi ,
,
de tout genre, et sans qu'il pût s'en douter
dire, rentrer dans son sein, d'où elles (comp. le vers. 8), tant sa bonté pour eux
émanaient, les paroles de sa pressante le rendait confiant. L'hébreu parait signi-
requête. Cf. III Reg. xviii, 42. Selon fier: Ces hommes abjects, que je ne con-
d'autres auteurs, dont le sentiment n'est nais pas s'assemblent contre moi ; ou
,
pas à dédaigner, David exprimerait cette selon d'autres Ils s'assemblent contre moi,
:
vérité consolante, qu'alors même que ses à mon insu, pour m'outrager. — Dissi-
ennemis , par suite de leur malice ne pro- , pati... nec compuncti. Dieu les a disper-
fiteraient point de sa prière, elle retom- sés, déjouant ainsi leur malice; mais ils
berait sur son premier auteur comme une ne sont pas venus à résipiscence , et ils ont
466 Ps. XXXIV, 17-21
'"^
Domine, quando respicies?
Restitue animam meam a malignitate eorum
a leonibus unicam meam.
*^ Gonfitebor tibi in ecclesia magna ;
in populo gravi laudabo te.
19
Non supergaudeant mihi qui adversantur mihi inique
qui oderunt me gratis, et annuunt oculis.
20
Quoniam mihi quidem pacifice loquebantur,
iracundia terrse loquentes, dolos cogitabant.
et in
21
Et dilataverunt super me os suum ;
dixerunt Euge, euge viderunt oculi nostri. !
17
Seigneur, quand regarderez -vous?
Sauvez mon âme de leur malignité
arrachez mon unique à ces lions.
18
Je vous célébrerai dans une grande assemblée ;
injustement,
qui me haïssent sans raison et qui clignent des yeux.
20
Car ils me disaient des paroles de paix ;
mais, parlant dans le pays avec colère, ils méditaient des trom-
peries.
-' Et ils ont ouvert au grand large leur bouche contre moi ;
moqueurs), ils grincent des dents contre et l'injustice des ennemis du suppliant. —
moi. Le psalmiste compare ses ennemis Oderunt me gratis. Notre -Seigneur Jésus-
aux êtres les plus vils, aux bouffons qui Christ a fait à ces paroles l'insigne hon-
achètent leurs repas au moyen de plaisan- neur de se les appliquer, comme réalisées
teries grossières. Ils étaient tous des cour- en sa personne d'une manière supérieure.
tisans de Saùl; le rapprochement est donc Cf. Joan. XV, 25. —
Annuunt oculis. Signe
plein de justesse. de satisfaction méchante au sujet des mal-
17-19. Huitième strophe appel au divin : heurs de David et de son divin antitype.
secours, et promesse d'action de grâces. Cf. Prov. VI, 13; x, 10. —
Pacifice loque-
— Quando respicies? Prière pressante, bantur... Nouvelle description de la mé-
saintement audacieuse. Restitue ani- — chanceté des ennemis de David (vers. 20-21).
mam... Littéralement Ramène ma vie. : La Vulgate relève l'opposition qui existait
Cf. Ps. XXII , 3. Elle est perdue , si Dieu ne entre les paroles hypocrites d'affection qu'ils
la lui conserve. — Unicam meajn
(voyez adressaient au jeune roi, et leurs senti-
la note du Ps. xxi, 20) sa vie si pré- : ments intimes, remplis de perfidie. Les
cieuse, que ses cruels ennemis [a leoni- mots in iracundia terrae sont obscurs ils ;
^^'
Erubescant et revereantur simul
qui gratulantur malis meis.
Induantur confusione et reverentia
qui magna loquuntur super me.
-'
Exultent et laitentur
2i
Vous avez vu Seigneur
, ne restez pas en silence
; ;
20
Qu'ils rougissent et soient confondus ensemble,
ceux qui se félicitent de mes maux.
Qu'ils soient couverts de confusion et de honte,
ceux qui parlent avec orgueil contre moi
27
Qu'ils soient dans l'allégresse et la joie,
pacifiques du pays
ils méditent des paroles âme! C.-à-d. Quelle joie pour notre âme!:
de perfidie. —
Dilataverunt... os. Geste de Nous avons obtenu ce que nous désirions.
mépris. Cf. Is. lvii, 4. —
Dixerunt. Le On voit ,
par cette citation réitérée des pa-
psalmiste cite à Dieu leurs réflexions ma- roles de ses ennemis (cf. vers. 21), com-
lignes Euge, euge! Ilébr. hé' ah, hé' ah;
: : bien en avait été profondément
David
exclamation extrêmement ironique. Vi- — blessé. —
Devoravimus eum. Ils l'ont
derunt oculi... Ils ont vu ce qu'ils dési- anéanti, sans laisser de lui le moindre
raient tant savoir, la ruine de cet homme
; vestige. Expression non moins forte que
abhorré. pittoresque. Cf. Prov. i, 12; ïhren. ii,
22-24. Dixième strophe David conjure
: 16, etc. —
Erubescant... Répétition du
le Seigneur de lui rendre justice. —
Vidi- verset 4, avec de légères variantes. In- —
sti, Domine. Relevant la cruelle parole de duantur : commed'un vêtement ignomi-
ses ennemis (« Notre œil a vu, » vers. 21), nieux. — Reverentia: de honte, dit l'hé-
le suppliant l'emploie avec une sainte habi- breu. Qui— magna
: c.-à-d. loquuntur
leté, pour exciter davantage la pitié de son qui parlent contre moi.arrogamment
Dieu. Seigneur, vous êtes témoin de leur Hébr. ceux qui font les grands (qui se
:
miste pour obtenir que ses ennemis soient mon innocence, qui désirent qu'elle soit
confondus. —
Euge, euge, anitnx... Dans hautement reconnue. Magnificetur Do- —
168 Ps. XXXIV, 28 — XXXV, 2.
PSAUME XXXV
'
In finem, servo Domini ipsi David.
^ Dixit injustus ut delinquat in semetipso;
non est timor Dei ante oculos ejus.
^
Pour la fin, de David, serviteur du Seigneur.
'^
L'injuste a dit en lui-même qu'il voulait pécher;
la crainte de Dieu n'est point devant ses yeux.
minus. Pieux et joyeux vivat qui s'échappe C.-à-d., d'après la traduction plus claire
de cœurs aimants. —
Qui volunt pacem...
,
L'hébreu emploie cette fois le singulier ; Dieu, David. Voyez le titre du Ps. xvii. —
(Que soit exalté le Seigneur) qui prend Ce beau cantique consiste en un contraste,
plaisir à la paix (c.-à-d. au bonheur) de fort bien développé, entre la malice soit
son serviteur. —
Meditabitur. L'expression intérieure, soit extérieure des impies, et
hébraïque marque la profonde méditation l'inépuisable bonté de Dieu pour toutes ses
de l'extase, durant laquelle la langue mur- créatures. 11 se divise de lui-même en trois
mure à son insu les sentiments du cœur. parties bien nettes le portrait de l'impie,
:
Cf. Ps. I, 2, et II, 1 (dans le texte hébreu). vers. 2 -.5; le tableau de la bonté infinie
Par conséquent ma langue célébrera.
:
— du Seigneur, vers. 6- 10; une prière pour
Justitiam tuam. La justice divine aur.i obtenir de demeurer toujours fidèle à Dieu,
reçu un nouvel éclat extérieur par la déli- —
vers. Il - 13. On croit que David composa
vrance du juste David; c'est donc cet ce poème pendant la persécution de Saiil
—
;
loueras Dieu. Prépare -toi par l'innocence crainte de Dieu, ou l'athéisme pratique.
de tes œuvres à louer Dieu tout le jour ». Passage un peu obscur, soit dans le texte
hébreu, soit dans les anciennes versions.
Psaume XXXV — Dixit injustus... Les mots in seme-
tipso ne se rapportent pas à delinquat,
La perversité des méchants;
mais à dixit. Le sens est donc, d'après la
la bonté infinie de Dieu pour les justes.
Vulgate L'impie a résolu dans son cœur
:
à mon cœur les transgressions des impies : tiques de ce principe , ou conduite affreuse
ils n'ont pas la moindre crainte de Dieu. de l'impie. — Ses paroles sont criminelles :
pas même les jugements de Dieu. Saint et revenir à Dieu, il l'emploie à combiner
Paul cite ce trait, Rom. m, 18, pour ré- ses desseins criminels. Cf. Ps. iv, 4. —
sumer et conclure sa lugubre description Astitit omni vise... Ces mots dénotent un
do la perversité qui a envahi l'àme entière choix délibéré, le ferme propos de mal
de l'homme déchu. —
Quoniam dolose... faire. Voyez le Ps. i, 1, et la note.
La Vulgate veut dire que limpie a telle- 3" Seconde partietableau de la bonté
:
ment multiplié ses crimes sous le regard divine envers toutes ses créatures, et spé-
de Dieu {in conspectu ejus), qu'ils ont cialement envers les justes. Vers. 6-10.
excité la haine vengeresse du souverain Pas de transition entre cette description
Juge {ut inveniatur... ad odium). On et la précédente « quittant brusquement
:
le trompe), que son iniquité ne sera pas des attributs infinis de Dieu. In caelo —
170 Ps. XXXV, 7-40.
' Justitia tua sicut montes Dei ;
'^
Votre justice est comme les montagnes de Dieu ;
Mais les enfants des hommes espéreront, à couvert sous vos ailes.
° Ils seront enivrés de l'abondance de votre maison
et vous les ferez boire au torrent de vos délices.
^'^
Car en vous est la source de la vie,
et dans votre lumière nous verrons la lumière.
tend) ta bonté. Elle est sans limites, sans phore empruntée aux sacrifices d'actions
mesure. De même sa fidélité {veritas... ad de grâces, dont le donateur consommait
nubes). —
Sa justice est élevée et inébran- sa part avec ses amis et les pauvres ; elle
lable. Sicut montes Dei, c.-à-d. les mon- décrit très bien la richesse des dons divins.
tagnes gigantesques et massives, créées Le sacrifice eucharistique est un aliment
par ses mains puissantes. Cf. Ps. ex, 3. incomparablement plus parfait; mais les
— Judicia. Ses plans providentiels sont déUces du ciel réahsent seules toute la
profonds et insondables {abyssus multa). signification de ce beau passage. Tor- —
— Homines et jumenta... Non seulement rente voïuptatis... Image plus expressive
les hommes, formés à son image, mais encore, et qui fait sans doute allusion au
les animaux inférieurs eux-mêmes sont lleuve qui arrosait le paradis terrestre.
l'objet de ses soins divins. Cf. Ps. cm. H, Comp. Gen. n 10 et ss. Quoniam apud
, —
27-28; Jon. iv, 11; Matth. vi, 26, etc. te (hébr. en toi)... Dieu, étant la source
:
heureux convives. Cf. Ps. xxii, 5-6. — l'indication des trois personnes divines :
^'
Étendez votre miséricorde sur ceux qui vous connaissent
et votre justice sur ceux qui ont le cœur droit.
*'^
Que le pied du superbe ne vienne point jusqu'à moi
et que la main du pécheur ne m'ébranle pas.
^^
C'est là que sont tombés ceux qui commettent l'iniquité;
ils ont été chassés, et ils n'ont pu se tenir debout.
PSAUME XXXVI
*
Psalmus ipsi David.
Noli semulari in malignantibus
neque zelaveris facientes iniquitatem ;
* Psaume de David.
Ne porte pas envie aux méchants
et ne sois pas jaloux de ceux qui commettent l'iniquité
volonté. —
La demande, d'abord générale, Ps. XXXVI. — la. L'auteur : ipsi David
est particularisée au vers. 12 que le Sei- : (pour de David).
: —
Le sujet. Psaume
gneur accorde à David une protection spé- moral et didactique, qui répète sous toutes
ciale et personnelle! —
Non veniat... pes les formes, afin de la mieux développer,
superbiœ. Locution pittoresque. Que le cette pensée très simple Il ne faut pas:
jeune roi persécuté ne soit pas écrasé sous s'étonner, encore moins se scandaliser, du
les pieds de ses oppresseurs orgueilleux. bonheur dont les impies jouissent fré-
— Manus... non moveat... Littéralement quemment sur cette terre, et qui est une
dans le texte original Que la main des : source fréquente de tentation pour les
impies ne me fasse pas fuir (du foyer justes; attendons patiemment, avec une
domestique, delà patrie). David prévoyait foi entière en la Providence les rôles ne
—
;
et redoutait son futur exil. Ceciderunt... tarderont pas à changer, car l'impie verra
Consolation pleine de foi. Comme en disparaître sa félicité caduque, et le juste
d'autres passages, le poète voit déjà sa jouira d'un solide bonheur. Ce problème
prière exaucée, les méchants punis et moral est résolu d'après les vues et les
172 Ps. XXXVI, 2-4.
'^
quoniam tanquam fœnum velociter arescent,
et quemadmodum olera herbarum cito décident.
^ Spera in Domino , et fac bonitatem ;
'^
car ils que l'herbe
se dessécheront aussi vite
et, comme des plantes,
les tiges ils se faneront promptement.
•'
Espère au Seigneur, et fais le bien ;
lorsque les plus humbles fidèles purent tout murmure contre la Providence, et à
redire, en se l'appliquant, cette magni- se confier pleinement à la bonté de Dieu.
fique parole de saint Paul, II Cor. iv, Vers, lb-11.
17- -18 « Nos légères afflictions d'un
: 1^-2. Strophe aleph. Thème du psaume :
moment produisent pour nous, au delà ne pas porter envie à la prospérité des
de un poids éternel de
toute mesure, méchants qui est foncièrement transitoire.
gloire, parce que nous regardons non — ,
point aux choses visibles, mais à celles Ne t'échauffè pas; c.-à-d. ne t'irrite pas.
qui sont invisibles. » Malgré cette infério- — Neque zelaveris. Hébr. : Ne sois point
rité nécessaire qu'il a par rapport au jaloux.Ce mécontentement, cette jalousie
Nouveau Testament, le Ps. xxxvi abonde ont pour objet, d'après le contexte (comp.
en vraies « maximes d'or », qui l'ont rendu des impies dont
le vers. 7), la prospérité ,
cher aux chrétiens de tous les temps. Il souvent rendu plus pénible
le spectacle est
est défini par Tertullien « Miroir de la
: aux justes parce qu'il contraste avec
,
qu'en a donné saint Augustin porta saint gazon..., la verdure de l'herbe. Fréquent
Fulgence à renoncer totalement au monde symbole d'un bonheur très court. Cf. Ps.
et à ne vivre que pour Dieu. Au point — xcix, 5 et s.; en, 15 et s.; Is. xl, 6 et
de vue de la forme extérieure ce poème , ss., etc.
velle; ce qui fait en tout vingt- deux espérer patiemment au Seigneur, et de-
strophes composées parfois de trois
, meurer ferme dans la pratique du devoir.
membres de vers seulement (vers. 7, 20, — Inhabita terram : la terre par excel-
30), d'autres fois de cinq membres (vers. lence pour un Israélite, la Palestine. De
14-15, 25-26, 39-40), le plus souvent de même aux versets 9, 11, 22, 20, 34. Lini-
deux distiques. —
Pas de division propre- pératif a le sens du futur Alors tu habi- :
ment dite. Néanmoins on peut distinguer teras la terre sainte entre toutes Dieu t'y ;
quatre groupes de strophes, d'après la pen- maintiendra malgré tes ennemis. « Ce pays
sée dominante qu'elles exposent 1° vers, : de la présence de Jéhovah n'avait pas .seu-
l^'-ll, exhortation à éviter les murmures lement un glorieux passé il avait aussi un;
If)
Et adhuc pusillum, et non erit peccator;
et quœres locum ejus, et non invenies.
•^
Et il fera éclater ta justice comme la lumière, ,
être finalement l'héritage du véritable Is- ténèbres) quasi lumen... Image splendide.
raël, d'une manière beaucoup plus par- Il s'agit d'un innocent, injustement accusé
Repais-toi de vérité; ce qui revient à dire: lumière par Jéhovah. Cf. Job, xi, 17
Pratique la vérité, la volonté divine. — Prov. IV, 18; Is. lviii, 10, etc.
;
Dieu. —
Dahit... petitiones... : car le Sei- devant le Seigneur. Par la résignation res-
gneur ne peut rien refuser à ceux qui pectueuse et confiante de la foi. Cf. Is.
l'aiment avec tant de force et de perfec- vn, 4; XXX, 15. —
Ora eum. Hébr.: at-
tion. tends-le. —
Faciente injustitias. Hébr. :
tement accentué) faciet : il fera tout ce qui de faire tomber le juste dans le péché,
est nécessaire pour la paix de ses amis et d'attirer sur lui les châtiments divins
fidèles. Réticence qui vaut une longue (exterminabuntur).
énumération. —
Résultat de cette inter- 10-11. Strophe vav. Développement du
vention de Dieu educet (il fera sortir des
: vers. 9. —
Adhuc pusillum... Voyez plus
174 Ps. XXXVI, 11-16.
^^
Mansueii autem hereditabunt terram,
et delectabuntur in mullitudine pacis.
^'^
Observabit peccator justum,
et stridebit super eum dentibus suis.
^^
Dominus autem irridebit eum ,
10
Melius est modicum justo,
super divitias peccatorum multas ;
bas, vers. 35-36, un commentaire tragique d'une bêle furieuse. Cf. Ps. xxxiv, 16. —
de cette pensée. — Et non invenies. L'hé- Dominus... irridebit. Sur cet anthropo-
breu dit, avec une vigoureuse concision : morphisme, voyez le Ps. n, 4, et la note.
Et plus lui (il ne sera plus). Cf. Job, vu, Le Seigneur, en contemplant de son trône
40; vm, 18; xx, 9. —
Mansueti... D'après céleste les machinations perfides des impies
toute la force de l'hébreu, ceux qui sont contre les justes, pousse un rire dédai-
devenus humbles et doux sous le coup de gneux car il sait que l'heure du châtiment
,
des impies, quand Dieu les aura sévère- la voie (laconduite) est droite. —
Intret...,
laent punis. —
Observabit peccator. ; d'un . . confringatur. Il eût été mieux de traduire
regard haineux, comme il est dit plus par le futur.
explicitement dans l'hébreu Le méchant
: 16-17. Strophe teth. En quoi consiste
forme des projets contre le juste. Comp. le la vraie richesse. Cf. Tob. xn, 8; Prov.
vers. 32. —
StrideHt dentibus : à la façon XV, 16, et xvi, 8. —
Modicum justo. Plu-
Ps. XXXVI, 17-22. 175
*''
car les bras des pécheurs seront brisés,
mais le Seigneur affermit les justes.
^^ Le Seigneur connaît les jours des hommes sans tache,
et leur héritage sera éternel.
10
Ilsne seront pas confondus au temps du malheur,
et aux jours de famine ils seront rassasiés,
20
parce que les pécheurs périront.
Mais les ennemis du Seigneur n'auront pas plus tôt été honorés et
élevés
qu'ils tomberont et s'évanouiront comme la fumée.
21
Le pécheur empruntera et ne payera point;
mais le juste est compatissant et il donne.
22
Car ceux qui bénissent Dieu posséderont la terre ;
race en race à leur postérité {in œternum s'appauvrissant de plus en plus par le fait
erit), tandis que les impies perdront tout de la malédiction divine il deviendra ,
et que leur nom même disparaîtra. Comp. bientôt insolvable ( et non solvet). Justus —
176 Ps. XXXVI, '23-28.
^^
Les pas de l'homme seront dirigés par le Seigneur,
et il prendra plaisir à sa voie.
^^ Lorsqu'il tombera, il ne se brisera pas,
car le Seigneur le soutient de sa main.
-''
J'ai été jeune, et j'ai vieilli;
mais je n'ai pas vu le juste abandonné,
ni sa race mendiant du pain.
^^ Tout le jour il est compatissant et il prête,
et sa race seraen bénédiction.
^^ Détourne-toi du mal et fais le bien,
et possède une demeure éternelle.
-^ Car le Seigneur aime l'équité,
et il n'abandonnera pas ses saints;
ils seront gardés éternellement.
aulem... Complète antithèse. Dieu aidant, brisé, étendu sur le sol. Supponit —
le juste, autrefois réduit à la détresse, manum...: comme ferait une mèi'e. Trait
s'enrichit peu à peu, et il a de quoi faire délicieux. Hébr. Le Seigneur soutient sa
:
de généreuses libéralités aux indigents main; c.-à-d. lui prend la main, pour
{miseretur...) — Benedicentes ei..., male- l'aider à se relever.
dicentes... L'hébreu dit avec une nuance: 25-26. Strophe nun. Le psalmiste fait
Ceux que le Seigneur bénit, ceux qu'il appel à sa longue expérience, pour con-
maudit, La ruine des uns et la prospérité firmer la vérité de ses assertions. Junior —
finale des autres sont rattachées à lamalé- fui..., senui. Et durant ce long intervalle
diction ou à la bénédiction de Jéhovah. qui sépare l'enfance de la vieillesse, non
23-24. Strophe mem. Sollicitude de Dieu vidi... derelictum. H a pu voir, et il le
pour l'homme, c.-à-d. pour le juste, d'après suppose fréquemment dans ce poème, le
le contexte. —
Apud Dominum. Hébr. : juste momentanément éprouvé mais il ;
de Jéhovah; d'auprès de lui, par lui. — ne l'a jamais vu plongé dans une longue
Gressus... dirigentur. Plutôt sont affer- : détresse, et comme abandonné de Dieu.
mis. — Viam
ejus volet. Dieu met ses — Tota die miseretur... Preuve d'aisance,
complaisances dans la conduite des bons. et même de prospérité. Comp. le vers. 21 ;
minus... Motif pour lequel Dieu daignera entre les bons et les mauvais. Vers. 32-40.
les protéger et les bénir à jamais. 32-33. Strophe tsadé. La malice des
2811-29. Strophe aïn. La race des impies méchants contre bons sera déjouée par
les
sera extirpée, celle des bons sera provi- Dieu lui-même. — Considérât. Comme au
dentiellement maintenue sur le sol sacré vers. 12 : il épie astucieusement. Mor- —
de la Palestine. —
Injusti punientur. tificare : pour lui donner la mort. Non —
Quoique omis par l'hébreu, ces mots damnabit... Les impies auront beau con-
existaient probablement dans le texte pri- damner le juste le Seigneur l'acquittera.
,
rendu digne de son bonheur par sa fidé- « Si nous sommes condamnés par le
lité à la loi divine. — Os... meditabitur. monde, nous sommes absous par Dieu. »
Sur cette locution, voyez le Ps. xxxiv, 28, 34. Strophe qoph. Que le juste soit donc
et la note. —
Lex... in corde: au fond de patient dans l'épreuve. —
Custodi viam...
son cœur, comme sa norme intérieure, (cf. vers. 23). Fidélité entière à Dieu, "sans
comme le ressort aui donne
qui le mouve- se laisser troubler par la persécution et
raent à toute sa conduite. Non sup- l'affliction. — Ci4m perieHnt..., videbis.
ils Ps. XXXVI, 35-40.
^'^
Yidi impium superexaltatum,
et elevatum sicut cedros Libani.
^'^
Et transivi, et ecce non erat;
et qu8csivi eum et non est inventas locus ejus.
,
Je n'ai fait que passer, il n'était déjà plus. sens Observe l'homme parfait, et regarde
:
I
180 Ps. XXXVII, 1-3.
PSAUME XXXVII
^
Psalmus David, in rememorationem de sabbato.
^ Domine ne , in furore tuo arguas me
neque in ira tua corripias me.
^ Quoniam sagittse tuse infîxae sunt mihi,
et confirmasti super me manum tuam.
*
Psaume de David, pour faire souvenir, pour le sabbat.
miste ressent de cuisantes souffrances dans d'après la tradition juive, pour marquer
son corps et dans son âme ses amis Tont ; que le Ps. xxxvii faisait partie de l'office
abandonné, ses ennemis l'insultent et le religieux des jours de sabbat.
menacent mais il reconnaît humblement,
;
2° Première partie description des vio-
:
dans ces maux de divers genres, le châti- lentes souffrances par lesquelles le Sei-
ment très juste de ses crimes, et il se gneur a châtié David coupable. Vers. 2-9.
résigne patiemment à souffrir encore. 2-3. Première strophe que Dieu daigne
:
Néanmoins il a recours à Dieu avec sa ne point châtier son serviteur avec colère.
confiance accoutumée, le conjurant d'avoir — Le début, ne in furore... neque in
pitié Trois parties
de lui. —vers, 2-9, : ira..., est presque identique à celui du
description des souffrances physiques et Ps. VI (voyez les notes). En réfléchissant
morales du suppliant vers. 10-15, tableau ; sur le châtiment qu'il endure, le psalmiste
de l'état d'abandon dans lequel l'ont laissé craint d'y voir plutôt la main d'un juge
ses amis, et des menaces injurieuses que irrité que celle d'un père aimant, Sa- —
lui adressent ses ennemis vers. 16-23, ; gittse tuœ : les maux que Dieu a lancés
prière pour obtenir sa délivrance. Tn — coup sur coup sur David, comme autant
rememorationem. Dans l'hébreu Vazkir. : de flèches acérées. Cf. Job, vi, 4; xvi, 12;
expression, également employée en
iZeXXe Ps. VII, 12, etc. —
Confirmasti... Tu as
têtedu Ps. LXix (hébr. lxx), signifie litté- appuyé fortement tu as appesanti sur moi
,
facie peccatorum... Ses péchés ont excité des souffrances du psalmiste. Lumbi... —
l'indignation divine {a facie irœ...), e1 illusionibus. Cette ligne de la Vulgate est
c'est elle qui inflige le châtiment terrible. diversement interprétée. D'après la plupart
— Iniquitates... super gressse... Le psal- des anciens commentateurs, elle désigne-
miste compare ses fautes à une inondation rait les mouvements déréglés et humiliants
qui l'entraîne et le submerge (cf. Ps. de la concupiscence. Selon d'autres inter-
cxxiii, 4-5), puis à un lourd fardeau qui prètes, quelque maladie honteuse, que les
l'écrase {sicut onus...; cf. Gen. iv, 13; ennemis de David tournaient en ridicule.
Is. LUI, 4, etc.). Les Septante, saint Ambroise, saint Augus-
6-7. Troisième strophe description des : tin et d'anciens psautiers latins ont lu :
souffrances endurées par David. Cica- — Mon âme (au lieu de lumbi met) est rem-
trices niese. Hébr.: mes meurtrissures (les phe d'illusions. Mais l'hébreu donne un
marques laissées par des coups de fouet; sens parfaitement clair Mes reins sont
:
cf. Is. I, G). — Putruerunt et cori^ptsR. remplis d'un feu brûlant. Les parties inté-
Hébr. sont infectes et purulentes.
: A — rieures étaient donc brûlées par une fièvre
facie insipientise... C.-à-d. par l'effet de ardente, qui, delà, envahissait tout le corps.
sa folie or sa folie consiste dans ses
; 3° Seconde partie
l'abandon où David
:
crimes. Cf. Ps. cvi, 17, etc. Miser... et — était par ses amis et les insultes
laissé ,
curvatus... Hébr.: Je suis courbé, abattu menaçantes de ses ennemis. Vers. 10-15.
jusqu'au dernier point. Attitude de la pro- 10-11 Cinquième strophe appel à Dieu
. :
482 Ps. XXXVII, 11-16.
1»
Cor meum conturbatum me virtus mea,
est, dereliquit
et lumen oculorum meorum, ipsum non est mecum.
et
12
Amici mei et proximi mei adversum me appropinquaverunt, et ste-
terunt,
et qui juxta me erant, de longe steterunt ;
^^
vim faciebant qui quaerebant animam mea m.
et
Et qui inquirebant mala mihi, locuti sunt vanitates,
et dolos tota die meditabantur.
14
Ego autem tanquam surdus non audiebam
, ,
;
du désfr intime qu'éprouve David d'en die..., des perfidies sans nombre.
être délivré. —
Cor... conturbatum... Dans 14-15. Septième strophe sa patiente :
l'hébreu, avec beaucoup d'énergie Mon : résignation. Beau passage, appliqué par
cœur bat violemment. Lumen oculorum... — les saints Pères à Notre- Seigneur Jésus-
Ses yeux sont comme éteints par les pleurs Christ et au divin silence qu'il garda pen-
les veilles, les chagrins. Cf. Ps. vi, 7 ,
dant sa passion. —
Tanquam surdus...
XII 3 XXX 9.
, ; , mutus. Il agissait comme s'il n'eût pas
12-13. Sixième strophe comment le : entendu les insultes, ou comme s'il eût été
traitent ses amis et ses ennemis. Ses — dans l'impossibilité d'y répondre. Re- —
amis, vers. 12. Adversum me : en face de dargutiones : des répliques, des argu-
lui, jusqu'auprès de lui. Qui juxta me...: ments pour réduire ses adversaires au
ses plus proches parents. Steterunt : ils silence. Cf. Job, xiii, 4.
s'approchent, puis ils s'arrêtent tout à coup, Troisième partie prière pour obtenir
4° :
17
Car j'ai dit Que mes ennemis ne se réjouissent pas à mon sujet,
:
David en son Dieu (m te... speravi]. — Dieu ne se hâte de le soutenir. Cf. Ps.
Nequando... 11 y a ici une ellipse Que : xxxiv, 15. — Dolor meus in conspectu...
Dieu ne permette pas que mes ennemis... La peine, sous une forme ou sous une
— Supergaudeant tnihi. Si Jéhovah ne le autre, ne lui laisse pas de relâche. Ini- —
délivrait, ses ennemis triompheraient pu- quitatem... annuntiabo : affirmant et célé-
bliquement de ses malheurs, les présen- brant ainsi les justes jugements de Dieu.
tant partout comme un signe d'entière — Cogitabo... Hébr. Je suis troulplé à
:
19, etc. —
Diiin commoventur pedes... l'injustice de ses ennemis. —
Vivunt :
Métaphore fréquente, pour désigner le mal- pleins de vigueur individuelle, indépen-
heur, l'infortune. Cf. Ps. xii, 4, etc. damment de leur grand nombre {multipli-
18-19. Neuvième strophe autre argu- : cati...).— Mala pro bonis. Noire ingrati-
ment pour obtenir du ciel un prompt se- tude. Cf. Ps. xxxiv, 12-13.
cours. —
In flagella paratus. D'après la 22-23. Onzième strophe prière servant
:
sachant bien qu'il les a méritées par ses ris... Au lieu de intende l'hébreu porte
, :
PSAUME XXXVIII
*
Iq finem , ipsi Iditliun , canticum David.
^ Dixi Gustodiam vias meas,
:
'
Pour la fin, à Idithun, cantique de David.
^ J'ai dit : Je veillerai sur mes voies
pour ne point pécher par ma langue.
J'ai mis une garde à ma bouche
pendant que le pécheur s'élevait en fajce de moi.
^ Je me suis tu, et je me suis humilié,
et je me suis abstenu de dire même de bonnes choses
et ma douleur a été renouvelée.
belle de celles que contient le Psautier. tout l'ensemble de sa conduite {vias meas).
Beaucoup d'analogie avec le Ps. xxxvii au — Raison spéciale de cette vigilance ut non :
— Quatre strophes ou parties 1" quand : lière) à ma bouche. C'est encore la suite
il considère ses souffrances et qu'il les de sa résolution. —
Consisteret... adver-
compare à la prospérité des impies, le sum me. Non pas contre lui, mais en face
psalmiste est tenté de murmurer contre de lui tandis qu'il avait sous les yeux le
;
Dieu, et alors il prend la résolution de se tableau de leur prospérité, qui était pobr
taire ; mais cet effort même ne fait qu'ac- lui une source de tentation. Cf. Ps. xxxvi, 1 ;
Ps. XXXVIII, 4-6. 185
''
''
Mon cœur échauffé au dedans de moi
s'est
que je méditais, un feu s'est embrasé.
et, tandis
^ La parole est venue sur ma langue :
Hab. 1,3. — Pendant quelque temps, il raient durer beaucoup eux-mêmes. IJt —
réussit à tenir sa résolution : obniutui... sciam quid desit... Hébr.: Fais -moi con-
silui (au lieu sum, Thébreu
de humiliatus naître combien je suis fragile. Ecce —
a dumîah, en silence; » je me suis tu
« mensurabiles... : par conséquent, aisés à
complètement). A bonis : même à — compter, peu nombreux. L'hébreu dit,
l'égard du bien. Autre manière de dire d'une manière concrète et pittoresque :
que son silence a été absolu, L'effort — Tu as fait de mes jours des palmes. Lo
nécessaire pour dominer et comprimer palme était une mesure de longueur, qui
son agitation intérieure l'a rendue plus (équivalait à quatre doigts ou à la largeur de
violente concaluit cor..., exardescet...
: la main (environ Oi^OSTS). Cf. III Reg. vu,
(il faudrait encore le prétérit). In medi- 26; Jer. lu, 21, etc. —
Substantia mea.
tatione... pendant ses méditations soli-
: Hébr. le temps de ma vie. Cf. Ps. xvi,
:
—
,
que le poète s'abstient de le formuler, et ment vanité) tout homme debout (c.-à-d.
qu'il se hâte de poursuivre son chant y quelque robuste qu'il paraisse cf. Jac. ;
(Herder), qui ne sera plus une plainte, IV, 14). Thème que Salomon développera
mais une humble prière. longuement au livre de l'Ecclésiaste. Le
3° Seconde strophe prière pour ap- : texte hébreu ajoute un sélah significatif,
prendre à bien connaître la vanité de la pour souligner, par un forte des instru-
vie et de ses biens trompeurs, et à se ments, cette grave pensée. —
In imagine
reposer désormais on Dieu sans se laisser , joerfra/isi^... Autre trait énergique l'homme:
troubler par le bonheur des impies. Vers. va et vient comme un fantôme, comme
51^-7. « le songe d'une ombre » ((7y.i5ç ovap, dit
Finem meum: la brièveté de la
h^-1. Pindare), tant sa vie a peu de consistance
vie humaine. Cf. Job, vi, 11. Excellente et de durée. —
Sed... frustra conturbatur.
leçon de patience dans les tentations de Hébr. Oui, vainement, ils font du bruit.
:
"^
Oui, l'bomme passe comme un fantôme,
et c'est en vain qu'il se tourmente.
Il amasse des trésors, et il ignore pour qui il les aura entassés.
^ Et maintenant quelle est mon attente ?
N'est-ce pas le Seigneur ?
Car mes biens sont en vous.
^ Délivrez-moi de toutes mes iniquités.
Vous m'avez rendu l'opprobre de l'insensé.
^^ Je me suis tu, et je n'ai pas ouvert la bouche,
parce que c'est vous qui l'avez fait ;
ferai-je, puisqu'il en est ainsi? — Quœ... amove... plagas (les coups dont le Sei-
expectatio mea? C,-à-d. : sur qui puis -je gneur le frappait). —
A fortitudine ma-
compter ? Sur Dieu seul , ajoute-t-il aussi- nus... Sous les coups de cette main toute-
tôt : Nonne Dominus ? L'hébreu est ici puissante, il va bientôt mourir {defeci;
moins expressif Et maintenant, Seigneur,
: littéralement, je succombe), à moins qu'elle
que puis -je attendre? Substantia mea — ne cesse de le frapper, —
Propter iniqui-
apud te... D'après la Vulgate : ma base, tatem... Encore le vrai motif de ses maux,
mon appui est en toi. Dans l'hébreu Mon : qu'il ne se lasse pas de mentionner, pour
espérance est en toi. Ah... iniquitatibus s'humilier et pour justifier Dieu. Tabe- —
meis... Prière de David pour obtenir la scere... sicut araneam. D'après les LXX
rémission de ses péchés, qui sont la vraie et la Vulgate, comparaison empruntée à
cause de ses maux. Cf. Ps. xxxvii, 18-19. l'araignée qui au dire des anciens s'use
, ,
chant. Au dire des rabbins , « il y a trois de moi; c.-à-d. détourne tes regards irri-
sortes de supplications : la prière , les cris tés.— Réfrigérer. Le verbe hébreu hâlag
et les larmes. La prièreen silence,
est faite se dit d'un ciel couvert de nuages et qui
les cris sont poussés à haute voix, mais s'éclaircit. Métaphore expressive. —
Prius-
les larmes surpassent tout. 11 n'y a pas de quam abeam : au séjour des morts. Am-
porte que les larmes ne puissent Iranchir. » plius non ero : sur la terre, d'où la mort
— Ne sileas. Mieux, avec saint Jérôme : l'aura fait disparaître. Cf. Job, vu, 8, 10;
« Ne obsurdescas, » ne sois pas sourd,— X, 20-21; xiY, 6, etc.
188 Ps. XXXIX, 1-4.
PSAUME XXXIX
'
In finem, Psalmus ipsi David.
^ Expectans expectavi Dominum
et intendit mihi.
'
Et exaiidivit preces meas
et eduxit me de lacu miserias et de luto faecis.
Et statuit super petram pedes meos
et direxit gressus meos.
^
Et immisit in os meum canticum novum
carnem Deo nostro.
'
Pour la fm, Psaume de David.
^ J'ai attendu et encore attendu le Seigneur,
et il a fait attention à moi.
^ Il a exaucé mes prières
et il m'a tiré de l'abîme de misère et de la boue profonde.
Et il a placé mes pieds sur la pierre
et il a conduit mes pas.
'
Et il a mis dans ma bouche un cantique nouveau
un hymne à notre Dieu.
au maître de chœur (m finem) et le nom Dieu pour ses faveurs passées. Vers. 2-11.
de l'auteur, David. On désigne assez fré- 2-4. Première strophe David, après
:
et sperabunt in Domino.
^ Beatus vir cujus est nomen Domini spes ejus,
et non respexit in vanitates et insanias falsas.
Multa fecisti tu Domine Deus meus mirabilia tua
'"'
, ,
Hébr. : il a affermi mes pas. Autre con- par opposition à ces « vanités » impuis-
traste avec le marécage boueux. — Immisii santes. —
Mirabilia tua : les nombreux
in os... En
délivrant son serviteur. Dieu prodiges accomplis par le Seigneur en
lui a fourni lui-même la matière d'un faveur de son peuple. Cogitationibus —
chant nouveau. Cf. Ps. xxxii, 3.— Vide- tuis : les desseins et plans divins,
qui se
bunt rtiulti... Autre précieux eflet du salut traduisent ensuite en actions d'éclat. Lé-
accordé à David en voyant les merveilles
: gère variante dans l'hébreu, par suite
opérées en sa faveur, de nombreux Israé- d'une différence de ponctuation Tu as :
lites seront saisis d'une crainte respec- multiplié... tes merveilles et tes desseins...;
tueuse envers Jéhovah {timehunt)., puis nul ne t'est comparable. —
Annuntiavi...
d'une filiale confiance {et sperabunt...). L'optatif du texte hébreu donne un sens plus
5-6. Seconde strophe heureux l'homme : exact : « Je voudrais les publier ( ces mer-
qui met tout son espoir en Dieu dont les , veilles) et en parler! » Tâche impossible,
bontés ne sont pas moins éclatantes qu'in- car leur nombre dépasse toute mesure
nombrables. —
Cujus nomen Domini. L'hé- [niultiplicati..., pour « multiplicata » au
breu simplement
dit Heureux l'homme : neutre), et ne déconcerte pas moins le nau'-
qui fait de Jéhovah l'objet de sa confiance. rateur que leur éclat incomparable.
— Et non respexit... Plutôt il ne s'est ; 7-9. Troisième strophe c'est par l'obéis- :
pas tourné vers... (saint Jérôme « non : sance, beaucoup plus que par des sacri-
est aversus ad... »). Cf. Deut. xxix, 18; fices purement extérieurs, que Dieu veut
Os. ni, 1; Ez. xxix, 5; passages où ce être remercié de ses bienfaits. Passage le
verbe est également employé pour désigner plus important du psaume, surtout au
la folie d'un homme qui abandonne Dieu, point de vue messianique. C'est une réponse
et qui a recours aux idoles ou aux vains , à cette question tacite : Comment témoi-
190 Ps. XXXIX, 8-9.
^ tune dixi Ecce venio.:
gner à Jéhovah une reconnaissance digne Vous m'avez donné la faculté dobéir. Nous
de ses bienfaits ? Le poète signale en les , n'avons pas de raison suffisante de voir
groupant deux à deux, soit d'après la
matière même des offrandes, soit d'après
le but spécial que se proposait le donateur,
toutes les espèces de victimes sous l'an-
cienne loi, et il les oppose à l'obéissance,
qu'il place notablement au-dessus d'elles.
Premier groupe sacrificium (hébr.
: :
dixi... « Alors » (expression solennelle), mais cette condition devait surtout se réa-
quand il eut bien compris ce que Dieu liser aux temps messianiques, d'après le
demandait avant tout de lui.— Ecce venio célèbre oracle de Jérémie (xxxi, 33), et
(les LXX ont r^Y.oi, je suis venu, comme tout d'abord, comme il a été dit plus haut
rhébreu); la parole du serviteur qui accourt (note du vers. 1), dans la personne du
pour se mettre entièrement à la disposition Christ lui-même, dont l'obéissance toute
de son maître. Cf. Num. xxii, 38; II Reg. parfaite, si efficace pour le salut des hommes,
XIX, 20; Is. VI, 9, etc. Les lignes qui est admirablement opposée par saint Paul
suivent (vers. S'' -9) développent ce géné- (Hebr. x, 5-7) à l'inefficacité des sacrifices
reux « Ecce venio ». In capite libri. — légaux. L'Apôtre cite ces lignes du psaume
Hébr. dans le rouleau du livre; c.-à-d.
:
d'après la version des LXX, légèrement
simplement « dans le livre », les livres modifiée c'est pourquoi il dit aàiixa, un
:
ayant alors chez les Hébreux la forme de corps (« tu m'as adapté un corps »), au
rouleaux {AU. archéol., pi. lxvii, fig. 8; lieu de « aures ». La pensée est en réalité
pi. Lxvm, fig. 1, 2, 4; pi. lxx, fig. 2, 3; la même, quoique généralisée (Tu m'as
comp. Jer. xxxvi, 2, 4; Ez. ii,9; m, 1-3, donné un corps pour te servir, ou, pour
etc.). La divergence de la Vulgate est plus te l'immoler).
apparente que réelle, car la « tête » de 10-11. Quatrième strophe tout en s'of-
:
livre qu'elle mentionne (à la suite des LXX : frant au Seigneur comme victime d'obéis-
autre que le sommet plus
£v xEcpaXtôi) n'est sance et d'amour, le psalmiste n'a pas
ou moins orné du montant de bois autour manqué de louer publiquement ses divins
duquel on enroulait les « volumina » de attributs. — Annuntiavi. Hébr.: bièsarti;
parchemin (voyez la gravure ci -jointe, et belle expression, que les LXX ont très
VAtl. archéol., pi. lxvii, fig. 8; pi. lxx, exactement traduite par e-j(xyytï.:(Ti[i.r,v, j'ai
fig. 3). Les deux versions citent donc la évangélisé, j'ai annoncé à la façon d'une
partie pour le tout. Quant au livre même, bonne nouvelle. —
Le thème de sa prédi-
c'est le rouleau sacré de la Loi, qui prescrit cation joyeuse, c'étaient les principaux
à tout instant l'obéissance. L'hébreu met attributs extérieurs de Dieu justitiam...
:
un point après de me, et commence ensuite (sa parfaite équité), veritatem... (sa fidélité
une phrase nouvelle A faire votre volonté
: à ses promesses), salutare... (ses mer-
mon Dieu ,
je me complais. — Legeni tuam veilleuses délivrances), misericordiam...
in medio... Énergique et toute parfaite (ses bontés infinies). Et il promet, en face
protestation d'obéissance (au lieu de cordis de Celui qui sait tout {tu scisti], qu'il con-
rtiei, l'hébreu porte : de mes entrailles) ; tinuera de donner à sa louange, comme
les divins préceptes sont comme identifiés parle passé, la plus grande pubhcité (in
à l'être le plus intime du héros de ce ecclesia magna..., non prohibebo).
192 Ps. XXXIX, 12-15.
^' Tu autem, Domine, ne longe facias miserationes tuas a me
misericordia tua et veritas tua semper susceperunt me.
13
Quoniam circumdederunt me mala quorum non est numerus ;
''^
Pour vous, Seigneur, n'éloignez pas de moi vos miséricordes ;
M
Ps. XXXIX, 16 — XL, 4. 493
'"
Ferant confestim confusionem suam,
qui dicunt mihi Euge, euge : !
**'
Qu'ils soient à l'instant couverts de honte,
ceux qui me disent Va va : ! !
17
Mais que tous ceux qui vous cherchent tressaillent en vous d'allé-
gresse et de joie,
et qu'ils disent sans cesse Que le Seigneur soit glorifié
: !
PSAUME XL
'
In fjnem, Psalmus ipsi David.
'
Pour la fin, Psaume de David.
eur honte. —
Euge, euge! ïléhv.: hé'ah, casion doit avoir été l'infâme trahison
lé'ah. « Exclamation de joie maligne, à d'Achitophel au commencement de la
,
9
494 Ps. XL, 2-4.
'^
Beatus qui intelligit super egenum et pauperem ;
aimante, vers. 11-13. Le vers. 14 forme le dernier {versasti}; car ils expriment
ladoxologie du premier livre des Psaumes. plutôt des prédictions certaines que des
— Achitophel le faux ami est ici le type
, , souhaits. —
Vivifîcet : le bienfait d'une
du traître Judas, auquel Jésus -Christ lui- longue et heureuse vie (beatum faciat),
même, saint Pierre et saint Jean ont sur le sol de la patrie [in terra). In ~
appliqué ouvertement le vers. 10. Cf. animam inimicorum abandonné : à leur
Joan. xni, 18, et xvn, 12; Act. i, 16. pouvoir, à leurs désirs haineux. Opem —
Première partie
2" bénédictions que :
ferat illi... Hébr. il le soutiendra. Trait
:
Dieu tient en réserve pour l'homme qui gracieux. Cf. Ps. xvn, 35. Universum —
sait compatir aux maux de ses frères. (avec emphase) stratujyi... versasti. Le
Vers. 2-4. poète s'adresse tout à coup directement a
2-4. Première strophe. Comparez la Dieu et il emploie le prétérit prophétique,
,
verbe résume tous les témoignages de lui - mêmeà son serviteur malade les
sympathie que l'on peut manifester aux tendres soins dont un cœur aimant sait J
pauvres. Aux vers. l^^-4, la récompense si bien entourer, dans leurs souffrances,
de ce généreux dévouement. In die — ceux qui lui tiennent de près par l'affec-
mala : s'il arrive au bienfaiteur des affli- tion ou par le sang.
gés d'être malheureux à son tour. Con- — 3° Seconde partie David décrit en
:
servet...Tous les verbes des vers. 3 et 4 termes plaintifs la haine de ses ennemis
seraient mieux traduits par le futur, à part et la perfidie de ses amis. Vers. 5-10.
Ps. XL 10. 195
•''
•''
5-7. Seconde strophe : conduite cruelle toresque accumulaient dans leur esprit
: ils
;s maux. Cf. Ps. xxx, 11, etc. Dixe- — ses ennemis s'est ajoutée l'horrible trahi-
inl mala mihi. G.-à-d., ils ont proféré... son d'un ami intime. In idipsum... —
mire moi. La malignité des ennemis est susurrabant. La scène qui se passe au
icrite avec beaucoup de force. Quel- — dehors de la maison du royal malade est
les -unes de leurs paroles: quando rtio- retracée d'une façon dramatique. « Les
etur...? Ils expriment ouvertement leur confédérés attendent, avides de nouvelles.
;sir de
voir bientôt disparaître, avec
le Comme s'ils voulaient garder entre eux
ute sa race {perlbii nonien). Si inçjre- — leur secret, que tout le monde connaît,
cbatur... entraient chez David pour
: s'ils ils se parlent à voix basse, et ils se ré-
visiter pendant sa maladie, suivant la jouissent en s'entretenant du dénouement
•atiquo de tous les temps et de tous les fatal. » — Verbum iniquum constitue-
»ys. IV Reg. vin, 29, etc.
Cf. Vana — runt...Dans Ihébreu, la citation de leurs
quchatur. Protestations hypocrites d'af- propos méchants commence dès cet en-
etion, de dévouement. Et tandis qu'ils droit.Littéralement Une chose de Bélial
:
^ •
Tu autem Domine miserere mei et resuscita me
, , ,
retribuam eis.
et
^-
In hoc cognovi quoniam voluisti me,
quoniam non gaudebit inimicus meus super me.
^^ Me autem propter innocentiam suscepisti
et confîrmasti me in conspectu tuo in seternum.
^^ Benedictus Dominus, Deus Israël,
a saeculo, et usque in sseculum. Fiat. Fiat.
^^
Mais vous, Seigneur, ayez pitiéde moi, et ressuscitez-moi
et je leur rendrai ce qu'ils méritent.
^- J'ai connu quel a été votre amour pour moi
en ce que mon ennemi ne se réjouira point à mon sujet.
^^ Vous m'avez accueilli à cause de mon innocence,
et vous m'avez affermi pour toujours en votre présence.
''^
Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël,
dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Ainsi soit-il.
pacis mex. Hébraïsme qui désigne un ami tier lui-même ceux qui avaient indigne-
très intime. Cf. Jer. xx, 10; xxxvni, 32; ment outragé sa dignité sacrée. Cognovi. —
Abdias, 7, etc. —
In quo speravi. David Encore le prétérit prophétique. Voluisti: —
avait mis toute sa confiance en Achitophel. dans le sens d'aimer. —
Les mots quoniam
— Qui edebat panes... En Orient, l'hospi- non... développent le pronom in ^oc, placé
talité établit des liens très étroits entre celui en avant de la phrase d'une manière em-
qui la donne et ceux qui la reçoivent. Et phatique. —
Gaudebit. Plus fortement dans
ici il s'agit d'une hospitalité royale, habi- l'hébreu 11 ne poussera pas des cris de
:
tuelle. —
Magnificavit... supplantationem. joie (en signe de victoire). Propter in- —
Dans l'hébreu métaphore très énergique
, : nocentiam. AuDavid a reconnu
vers. 5,
Il a fait grand le talon contre moi. C.-à-d., qu'il avait gravement offensé Dieu; mais
il a essayé de me frapper avec une violence il avait obtenu la rémission de ses fautes.
tout animale et brutale. La trahison de Ou bien, il veut dire ici qu'il était com-
Judas a été autrement grande autrement
et plètement innocent à l'égard de ses enne-
criminelle que celle d' Achitophel. Voyez la mis. —
Suscepisti. Hébr. tu m'as soutenu. :
i
•jk
Ps. XLI, 1 197
PSAUME XLI
'
In finem, inlellectus, filiis Core.
'
Pour la fin , instruction des fils de Coré.
eu près uniformes, voyez l'Introduction, d'autres endroits), c.-à-d. par l'un des
. IG. —
Benedictus... a sœculo : d'éternitc membres de cette famille célèbre, issue
n éternité, à tout jamais. Fiat^ fiât. — du lévite Dieu avait châtié
rebelle dont
[ébr. 'Amen, 'amen. Souhait plein d'un
: l'impiété d'une manière si terrible. Cf.
îint enthousiasme. Num. XVI. Elle avait acquis une grande
importance à l'époque de David, et elle
Livre second. (Ps. XLI-LXXI.) fournit au sanctuaire des portiers et des
iiifset chrétiens c'est à tort qu'on les a : Dieu devant le tabernacle; aussi conjure-
éparés (probablement pour un motif litur- t-il ardemment le Seigneur de le ramener
ique, parce qu'on chantait quelquefois à bientôt à Sion. Le sentiment d'une vive
lart la troisième strophe, qui forme main- douleur alterne dans ce poème avec celui
enant le Ps. xlii). Au point de vue du d'une confiance inébranlable; mais, con-
ond, il y a identité de situation et de formément aux lois de la nature, c'est le
ujet : si le cantique s'arrêtait après le premier qui est surtout décrit la douleur :
out en trois strophes égales. De plus , ces temps dans la province de Galaad où nous ,
cli, 4b et IIJ; xli, lO^ et xlii, 2'^; xli, 3i' dit plus haut, trois strophes ou parties,
it xlii, Les mots Psalmus David.
3^). d'égale dimension, bien délimitées par le
)lacés en avant du Ps. xlii dans les LXX refrain 1" soupirs vers Dieu, xli, 2-6;
:
'^
Gomme le cerf soupire après les sources des eaux,
ainsi mon âme soupire vers vous ô Dieu. ,
'
Mon âme a soif du Dieu fort et vivant ;
qu'ici et au livre de Joël, i, 20; il marque du Dieu vivant. Épithète fort bien choisie :
La l)iche coinmuue.
de très ardents désirs (LXX: ènmobtX). — XXXIV, 23; Deut. xvi, 16; I Reg. i, 22;
Cervus. D'après l'hébreu la biche. : Ad — Ps. Lxxxiii, 7, etc. — Au vers. 4, le psal-
fontes aquarum. Deux pluriels très expres- miste décrit l'angoisse que lui causait cette
sifs des canaux coulant à pleins bords,
: situation. Fuerunt... lacrymse... panes est
et capables d'assouvir promptement la soif une locution toute classique; le chagrii
la plus brûlante. —
Les saintes ardeurs du l'empêche de manger, et ses larmes son|
psalmiste pour Dieu et pour le tabernacle son unique nourriture (comp. I Reg. i, 7]
Ps. XLI, 4-6. 199
Fueriint mihi lacrymse mese panes die ac nocte,
dum dicitur mihi quotidie Ubi est Deus tuus ? :
''
Mes larmes ont été ma nourriture le jour et la nuit,
pendant qu'on me dit tous les jours Où est ton Dieu : ?
"'
Je me suis souvenu de ces choses
et j'ai répandu mon âme au dedans de moi ;
horizon consolant dans l'avenir. Mais l'hé- qui exprime tout ensemble la résignation
breu doit être plutôt traduit par l'imparfait et la confiance. —
confitebor : à Adhuc
(d'anciens Psautiers latins ont « ingredie- Sion, au tabernacle, autrefois comme
bar »). Le poète se rappelle ses douces (comp. le vers. 5). Salutare vultus —
visites d'autrefois au tabernacle, et il en mei. Métaphore. Dieu fera briller le salut
décrit magniliquement, surtout dans le devant son pieux serviteur. L'hébreu dit
texte original, les circonstances grandioses. actuellement le salut de ta face, c.-à-d.
:
— In locum... adirnirabilis. Ilébr. (Quand : le salut qui vient de Dieu (cf. Num. vi,
je marchais) parmi la foule pressée, que 25; Ps. IV, 7, etc.); mais on préfère à bon
je conduisais vers la maison de Dieu. In — droit la leçon de la Vulgate et des LXX.
voce exultationis. Cette pieuse foule, en 3" Seconde strophe : plainte amoureuse.
s'avançant processionnellement vers le XLI, 7-12.
200 Ps. XLI, 7-11.
salutare vultus mei, ^ et Deus meus.
Ad meipsum anima mea conturbata est;
propterea memor ero tui de terra Jordanis,
et Hermoniim, a monte modico.
^ Abyssus abyssum invocat, in voce cataractarum tuarum.
Omnia excelsa tua et fluctus tui super me transierunt.
•'
In die mandavit Dominus misericordiam suam,
et nocte canticum ejus.
Apud me oratio Deo vitaî mese.
^^
Dicam Deo Susceptor meus es; quare oblitus es mei?
:
oublié ?
et pourquoi dois-je marcher attristé, tandis que l'ennemi m'afflige?
^^
Pendant que mes os sont brisés,
mes ennemis qui me persécutent m'accablent par leurs reproches,
me disant tous les jours Où est ton Dieu ? :
7-12. Ad me ijjsum... conturbata. Dans pour ainsi dire l'un l'autre. Ainsi' faisaient
,
l'hébreu: Mon âme est abattue (repliée) alors, pour David et ses fidèles amis, les
sur moi-même. —
Propterea menior... maux sans nombre qui se précipitaient sur
tui. Sentiment tout exquis plus le poète
: eux comme des masses inondantes. In —
est affligé, plus il se retourne vers Dieu, voce cataractarutn... Les cascades ne
comme vers son unique source de conso- manquent pas dans la région de l'Her-
lation. —
De terra Jordanis. D'après les mon, et, quand les orages amènent des
mots suivants, le pays situé à l'est et au pluies abondantes et soudaines, les tor-
nord -est du Jourdain. David alla chercher rents roulent avec fracas dans leurs lits
un abri dans ces régions, lorsque la ré- encaissés entraînant des fragments de roc
,
volte de son fils l'obligea de quitter Jéru- et tout ce qu'ils rencontrent. Omnia —
salem en toute hâte. Cf. II Reg. xvii, 22, excelsa... Hébr. toutes tes vagues.
: Jn —
24, 27, et V Atlas géogr., pi. vu. Her- — die mandavit... Plus haut, vers. 5, le
moniim. Ce pluriel, qui n'est employé poète s'encourageait, au souvenir de son
nulle part ailleurs désigne l'Hermon avec
, bonheur passé; il se console maintenant
tout son massif, tous ses contreforts. — à la pensée d'un avenir meilleur. Dieu
A monte modico. Hébr. du mont Miz'ar;
: ((commandera » (ainsi porte l'hébreu) à
car c'est là vraisemblablement un nom sa bonté de le sauver, et le psalmiste
propre, que portait une colline des alen- emploiera à chanter ce nouveau bienfait
tours de l'Hermon. —
Abyssus abyssum... toute la nuit qui suivra cet heureux jour
Image grandiose: les vagues de l'océan, {nocte canticum...). Il cite un fragment
les flots des cours d'eau se succèdent et de son futur cantique Dicayn..., susceptor
:
a.
Q
202 Ps. XLI, 12 — XLII, 2.
'^
Quare tristis es, anima mea?
et quare conturbas me ?
Spera in Deo, quoniam adhuc confitebor illi,
salutare vultus mei, et Deus meus.
PSAUME XLII
* Psalmus David.
Judica me, Deus, et discerne causam meam de gente non sancta ;
'
Psaume de David.
Jugez-moi ô Dieu et séparez ma cause de celle d'une nation qui
, ,
PSAUME XLIII
*
In finem, filiis Gore, ad intellectum.
aura été donne de rentrer à Jérusalem. — ctum. Psaume didactique des fils de Coré.
Ad altare : l'autel des holocaustes, sur Voyez le Ps. xli 1 et la note.
, , —
C'est un
lequel il otîrira des sacrifices d'action de poème national que nous avons ici. « Le
grâces. —
Ad Deimi, qui Ixtificat... Très peuple d'Israël est mis en scène, et c'est
belle pensée. Mais l'hébreu a une variante lui qui parle, ou du moins le psalmiste
qui ne manque pas non plus de beauté : parle en son nom... La matière du psaume
le Dieu de la joie de mon allégresse; est une affreuse calamité frappant la nation,
c.-à-d. la source unique et inépuisable et causée par ses ennemis... (Pour toucher
de tout mon saint bonheur. Deus, — davantage le cœur du Seigneur, dont on
Deus meus. Répétition pleine de force et implore la protection ), on met en paral-
de suavité. —
Quare tristis es...? Le re- lèle les maux présents dont Dieu afûige
frain, qui retentit maintenant avec une son peuple avec les biens opposés dont il
énergie nouvelle. Comme on l'a dit, « les l'avait comblé à une autre époque. »
deux voix ( celle du découragement et celle (Patrizi.) —
La date de la composition est
de la confiance) qui, au début, étaient difficile à déterminer, comme le démon-
presque en complet désaccord se trouvent, , trent les divergences étonnantes des cri-
à la fin en parfaite harmonie cela sans
,
; , tiques sous ce rapport. La place que ce
la moindre violence. » cantique occupe dans le Psautier prouve
qu'il appartient à une époque assez an-
Psaume XLIII cienne (voyez l'Introduction, p. 16-17), et
hraél, se souvenant des antiques bienfaits nous nous rangeons volontiers à l'opinion
de Jéhovah, invoque son secours dans d'après laquelle il devrait sa naissance à
un péril extrême. l'invasion sanglante des Iduméens sur le
territoire d'Israël, tandis que David com-
1° Le titre. Vers. 1. battait au loin les Syriens. Cf. Ps. ux, 1;
>s. XLIII. — 1. Filiis Core ad intelle- II Reg. vni, 13; I Par. xvni, 12. —Trois
204 Ps. XLIII, 2-4.
place ;
vous avez affligé les peuples, et vous les avez chassés.
^ Car ce n'est point par leur glaive qu'ils ont conquis ce pays,
et ce n'est pas leur bras qui les a sauvés
mais c'est votre droite et votre bras
et la lumière de votre visage, parce que vous les aimiez.
passé l'espoir d'être toujours vainqueurs crivaitformellement aux chefs des familles
de leurs ennemis; dans la seconde, vers. de raconter à leurs enfants les prodiges que
10-22, ils décrivent leurs calamités pré- Dieu avait accomplis pour son peuple. Cf.
sentes, en affirmant qu'ils ne les ont Ex. X, 2; xn, 26, etc. —
Opus: l'installa-
méritées par aucun crime spécial; la troi- tion de la race sainte en Palestine. —
sième, vers. 23-26, consiste en une ar- Manus tua... Grande emphase dans l'hé-
dente prière pour obtenir une délivrance breu Toi ta main tu as expulsé Vulg.
: , , ( :
immédiate. —
Sous le rapport littéraire, disperdidit) les nations {gentes, les nom-
admirable élégie, aux couleurs vives et breuses tribus chananéennes qui occu-
tragiques. —
Au temps des Machabées, paient primitivement la Palestine). Plan- —
les Juifs persécutés chantaient souvent ce tasti. Métaphore qui sera développée en
douloureux cantique (cf. I Mach. i, 66). un beau langage au Ps. lxxix, 9-13. Cf.
Saint Paul, Rom. viii, 36, cite le vers. 22, Ex. XV, 17. —
Au lieu de expulisti eos,
qu'il applique aux souffrances des premiers l'hébreu porte Tu les a étendus ( les Israé-
:
5-9. Seconde strophe: confiante que cette musique, pour souligner cette pensée.
antique protection du Seigneur inspire aux « Le psaume plane ici sur les joyeuses
Israélites actuels. —
Tu... ipse, in te, in cimes de la louange mais il en est préci-
;
nomine tuo. Tous ces mots sont fortement pité tout à coup pour tomber dans la plainte
accentués. —
Rex meus. Jéhovah était amère. »
réellement le roi d'Israël. Cf. Deut, xxxiii, 3° Seconde partie Israël quoique fidèle
:
— Mandas salutes.
,
belliqueuses, étroitement confédérées entre ler devant l'ennemi. Au lieu de post ini-
elles ? —
In Deo laudabimur. Ils ne se micos, les Septante ont uapà toÙ; ÈxOpo-jç
glorifieront donc qu'en Dieu, auquel ils (le Psautier romain et saint Augustin :
doivent tout, et non dans leurs propres « praeinimicis »), ce qui donne la même
forces. Cf. Ps. x, 3. —
Dans l'hébreu, à la pensée que le texte primitif. Diripie- —
fin du vers. 9, un sélah , ou forte de la bant sibi. [Pillage universel sur le terri-
206 Ps. XLIII, 14-18.
^'
Avertisti nos retrorsum post inimicos nostros,
et qui oderunt nos diripiebant sibi.
^"^
Dedisti nos tanquam oves escarum,
et in gentibus dispersisti nos.
^^ Vendidisti populum tuum sine pretio,
et non fuit multitudo in commutationibus eorum.
'^*
Posuisti nos opprobrium vicinis nostris,
subsannationem et derisum bis qui sunt in circuitu nostro.
^^ Posuisti nos in similitudinem 2:entibus;
commotionem capitis in populis.
*® Tota die verecundia mea contra me est,
et confusio faciei meae cooperuit me
''^
a voce exprobrantis et obloquentis,
a facie inimici et persequentis.
'^
Hsec omnia venerunt super nos, nec obbti sumus te,
toire Israélite, qui était alors complètement donc vendre à vil prix. L'hébreu est plus
dégarni de troupes. Tanquam oves — simple Tu n'as pas augmenté leur prix
:
;
—
,
de guerre, et vendus à l'étranger.— Ven- en mauvaise part. Cf. Job, xvii, 6. — Vici-
didisti: livrés par Jéhovah lui-même. Sur nis, his qui in circuitu... peuples
: les
cette locution énergique, voyez Deut. xxxii, hmitrophes, tels que les Phéniciens, les
30; Jud. n, 14; III, 8 IX, 2, 9, d'après ; Moabites, etc. —
Gentibus: les nations plus
l'hébreu. —
Sine pretio : sans rien rece- lointaines. —
Tota die... contra me. C.-à-d.,
voir en échange, comme il arrive pour les en face de moi, sous mes.yeux. A voce.— .
.
objets dont on veut absolument se défaire. a facie... Deux circonstances qui renouve-
— Et non fuit multitudo... C'est au fond laient constamment la confusion d'Israël :
faitqui excitât la colère de leur Dieu de dans les épaisses ténèbres du malheur. —
manière à leur attirer un tel châtiment.— Si obliti... Comparez Job, xxxi. Pour le
Hœc omnia : tous les détails douloureux fond et pour la forme, cette protestation
qui ont été mentionnés depuis le vers. 10. ressemble beaucoup à celles du saint pa-
— Nec obliti sutnus. Description touchante triarche. — Expandimus manus. Le geste
de l'innocence du peuple hébreu. Il est de la prière{Atlas arch., pi. xcv, fig. 3
—
;
bien peu d'époques de son histoire où il pi. xcvi, fig. 5-6). Ipse enim novit...
ait été en droit d'affirmer ainsi devant Malgré cette science infinie, les Israélites
Dieu sa parfaite intégrité religieuse et mo- ne redoutent pas le regard scrutateur de
rale. — Et inique... in testamento... Fidé- Jéhovah. —Quoniam... mortificamur...
lité du Sinaï d'une manière
à l'alliance Non seulement ils n'ont pas oublié leur
générale. —
Non recessit rétro cor... : pour Dieu mais pour défendre sa cause sacrée
,
,
lieu des chacals. G.-à-d. au désert, habité Éveille-toi. Expression hardie. Cf. Ps. vu
par ces animaux, et où ceux des Hébreux 6; XXXV, 23. La suivante, quare obdor-
qui avaient échappé au glaive de l'ennemi mis, Test davantage encore. Le Seigneur
avaient dû chercher un refuge. Coope-— est censé dormir quand, suspendant en
ruit nos... Dans l'hébreu Tu nous as
: apparence lesde son gouvernement
lois
couverts de l'ombre de la mort. Dieu les a providentiel permet que son peuple soit
, il
donc entièrement abandonnés et plongés humilié, affligé, et que les impies triom-
208 Ps. XLIII, 24 — XLIV, 1.
24
Quare faciem tuam avertis?
oblivisceris inopise nostrae et tribulationis nostrae ?
25
Quoniam humiliata est in pulvere anima nostra ;
PSAUME XLIV
^ In fînem, pro iis qui commutabuntur, fîliis Core, ad intellectum, can-
ticum pro dilecto.
phent. —
Quare faciem... avertis? Il se de choses aimables ou encore Chant des
; :
détourne comme pour ne pas voir la misère bien-aimés, c.-à-d. des fiancés. Le sujet, —
des Israélites. —
Humiliata... in pul- que ces mots du titre désignent déjà clai-
vere..., conglutinatus... Locutions éner- rement, ressort plus nettement encore du
giques pour marquer la plus profonde fond même du psaume le poète célèbre :
détresse : tout leur être, leur âme aussi les noces d'un roi remarquable par sa
bien que leur corps, est courbé jusqu'à beauté, sa bravoure, sa justice, et surtout
terre. Cf. Ps. cxviii, 25. — Exurge (vers. 26). par son caractère divin, avec une princesse
Ici, dans l'hébreu, qûniah , lève- toi. — royale, digne de cet auguste époux. Nous
Redime... propter nomen... G.-à-d. à avons donc vraiment ici un « épithalame
cause de son honneur, qui ne faisait qu'une en l'honneur d'un roi sans pareil », avec
seule chose avec celui de son peuple. L'hé- l'éloge accoutumé de l'époux et de l'épouse,
breu indique un autre motif A cause de : et des souhaits pour les fruits de leur cé-
ta bonté. leste union. —
Mais quel est ce roi, et
Psaume XLIV quelle est cette reine ? Trois opinions se
sont formées sur ce point comme au sujet ,
exactement l'hébreu {sir y^didôt) par ao-pia de Jézabel (cf. III Reg. xvi, 31); selon
TtpocrçiXcaç, ou chant d'amour mais on ; d'autres, celle de Joram et d'Athalie (comp.
doit entendre cette expression dans le sens IV Reg. VIII, 18) ; ou même, car on a osé
noble et saint que réclame le substantif aller jusque-là, celle du roi syrien Alexandre
yàdid, qui est toujours pris en bonne part. et de Cléopâtre, fille du
roi d'Egypte (cf.
Les LXX ont avec une nuance wSy) Ouàp
, : I Mach. X 57 et
, ss.) ; suivant l'opinion la
Tou àyaiiyiToO cantique au sujet du Bien-
, plus communément adoptée par cette ca-
aimé. D'autres traduisent Chant qui traite : tégorie d'interprètes, le mariage de Salo-
Ps. XLIV, 2. 209
- Enictavit cor meum verbum bonum ;
mon avec une princesse égyptienne (cf. festin des noces dans l'Évangile (Matth.
III Reg. III, 1). Mais qui ne voit déjà que XXII, 2-4), des vierges sages et des vierges
cette divergence étonnante d'applications folles (Matth. xxv, 1-13)..., qui n'expriment
démontre Textrème faiblesse d'une exé- point des faits réels , mais qui cachent une
gèse qui n'a d'ailleurs pas le moindre vérité morale sous le voile de l'allégorie »
chant n'était qu'un épithalame vulgaire, rité, c'est l'union intime du Messie avec
comprendrait- on son insertion dans la l'Église, union que les écrivains du Nou-
Bible, dont toutes les pages sont sacrées veau Testament, à la suite de Jésus-Christ
et se proposent une fin toute sainte ? De lui-même, représentent volontiers sous la
là cet aveu d'un autre rationaliste « Tout
: figure du mariage c.-à-d. de la plus étroite
,
le ton du psaume est prophétique les ; de toutes les alliances. Comp. Matth. ix, 15 ;
idées exprimées montrent jusqu'à l'évi- Joan, m, 29 (où le Précurseur dit du Christ
dence que le roi en question est le Messie. » et de l'Église « Celui à qui appartient
:
Et telle est, en effet, l'opinion unanime l'épouse, c'est l'époux »); II Cor. xi, 2;
de la tradition soit juive, soit chrétienne, Eph. V, 25. Impossible d'appliquer à Salo-
que nous pouvons résumer, d'une part mon, prince si pacifique, ce qui est raconté
dans cette traduction du vers. 3 par le Tar- (vers. 4-6) des conquêtes guerrières de
gum chaldéen « Ta beauté ô Roi Messie
: , l'Époux mystique. Impossible surtout, les
dépasse celle des enfants des hommes » ; partisans de l'autre système sont bien
d'autre part, dans cette citation de saint forcés d'en convenir, de lui appliquer les
Paul, Hebr. i, 8: « 11 (Dieu) a dit au Fils passages où il est affirmé qu'il est Dieu
(Notre-Seigneur Jésus-Christ) Ton trône,
: (vers. 7, 8 et 12), qu'il régnera éternelle-
ô Dieu, est éternel; le sceptre de ton ment (vers. 7), que ses fils seront rois de
règne est un sceptre d'équité, etc. » (Comp. toute la terre qu'il sera loué en tous lieux
,
les vers. 7 et 8 du psaume.) Mais dans et à jamais. Et alors, si les traits les plus
([uel sens ce poème est-il messianique? Se- importants du poème ne peuvent s'entendre
rait-ce d'une manière indirecte et typique? de Salomon, comment croire que l'en-
N'est-ce pas plutôt d'une manière directe semble le concerne premièrement et direc-
et exclusive? (Voyez l'explication de ces tement? Ce chant est donc purement pro-
termes dans l'Introduction au Psautier, phétique. —
La beauté de la forme est
p. 23.) Les exégètes croyants se sont de digne du sujet traité. « Tout le cantique
tout temps partagés entre ces deux senti- est d'un style fleuri élégant
gracieux ,
,
, tel
ments. Plusieurs reconnaissent ici « un qu'il l'épithalame d'un
convient... à si
double sens littéral le premier, historique
: grand Prince. » (Calmet.) On remarque un
et figuratif; c'est le mariage de Salomon art exquis dans les moindres détails. —
avec la fille du roi d'Egypte; et le second, Division un court prélude, vers. 2 ; le
:
plus sublime, qui contient la vérité dont corps du poème, qui se divise en deux
l'autre n'était que la figure, et qui s'exé- parties et fait tour à tour l'éloge de l'Époux,
cuta réellement dans l'union de Jésus- vers. 3-9, et de lÉpouse, vers. 10-16; la
Christ et de son Église » (Calmet, h. L). conclusion, vers. 17-18. Quant aux autres —
La plupart « entendent tellement (le Ps. mots du titre, jjro lis qui commutabuntur
XLiv) de cette alliance toute spirituelle, (LXX : ÛTcàp Ttbv àXXotw6Y]ao[ji£va)v), les
qu'ils en excluent tout autre sens, même Pères entendus de ceux qui auront
les ont
du mariage de Salomon ». Nous n'hési- le bonheur d"être moralement transformés
tons pas à adopter cette seconde opinion et , ici-bas par le Messie, et d'être glorifiés à
à voir dans l'admirable psaume Èruclavit, jamais avec lui dans le ciel. Mais ils n'ont
ainsi que dans le Cantique des cantiques, aucun rapport avec la formule hébraïque
(( une sorte de parabole comme celles du
, correspondante, *aZ-^oMnim (littéralement :
210 Ps. XLIV, 3.
Époux du poème; selon d'autres, instru- piter en foule à sa langue qu'il compare ,
ments de musique en forme de lis. Mais il pour ce motif au calame, ou style de ro-
est beaucoup plus probable que la prépo- seau, d'un scribe habile {scribsevelociter...;
comme en d'autres locu-
sition 'al signifie , LXX ypafjLfjLaTéo)!; ôluypàço'j, ou « tachy-
:
vit. En hébreu, bouillonner comme une en tête de toutes les autres. » Speciosus —
source jailhssante. Ce verbe exprime donc forma (LXX (Lpaioç xa>.>.£i). « Beau en
:
nmn. Des pensées excellentes, belles et directement le roi aussi longtemps qu'il
chante sa louange (vers. 3-9). Prœ filiis —
hominwn (hébr.: &^ne 'ac^awi; voyez le Ps.
VIII, 5, et la note). Beau entre tous, plus
que tous. « L'union personnelle de la
nature divine avec la nature humaine dans
le Messie l'a orné de charmes que ne pos-
sède aucune autre nature humaine. » Il
est, en effet, « la splendeur de la gloire
du Père » (Hebr. i, S). Cf. Joan. i, 14.
Comme s'exprime saint Augustin dans un
très gracieux langage, « pour ceux qui sont
éclairés des lumières de la foi, Jésus-Christ
apparaît beau en toutes choses et dans tous
ses états. Il est beau alors que, Verbe de
Dieu, il est en Dieu; il est beau dans le
Scribes ogyptieus ecnvaut sous la dictée.
{ Peinture antique. )
sein de la Vierge où sans perdre sa divi-
, ,
et veut s'en échapper avec force. Autre — ticulés mais les cieux parlent pour lui et
,
roi, et nous verrons bientôt quel est ce sur le sein de sa Mère, il est beau entre
roi. —Opéra inea : ses œuvres, son can- ses bras il est beau dans ses miracles
;
il ";
tique, qu'il voudrait digne du sujet chanté. est beau dans la flagellation, il est beau
Ps. XLIV, 4-5. 211
une marque des faveurs de Dieu, parce élance-toi vaillamment sur ton char ou ton
qu'on voyait en elle le symbole de qualités cheval de guerre, au milieu des rangs
plus relevées. Cf. I Ke%. xvi, 12; Hebr. ennemis. « Le roi s'avance, comme le so-
XI, 23, etc. Le psalmiste, admirant donc leil(Ps. XYiii, 4-6), en vainqueur et pour
la grâce incomparable et idéale du Christ, vaincre, selon la parole de l'Apocalypse,
« s'écrie que Dieu lui-même en quelque VI, 2. » — Propter veritatem... Le motif
façon s"en est épris, et que, pour cela, il et le but des valeureuses prouesses du
lui a départi des bénédictions éternelles. » héros, c'est de défendre les intérêts sans
(Patrizi.) Comme le dit encore un autre cesse menacés de la religion et du droit,
commentateur, « la beauté de ce roi est d'établir sur toute la terre le règne de la
donc, aux yeux du poêle, plus que ter- vérité, de la bonté, de la justice. Dedu- —
restre; elle lui apparaît à la lumière de la cet te tmrabiliter L'hébreu dit avec plus
. . .
transfiguration céleste, et, par là même, de clarté Ta droite t'enseignera des mer-
:
comme un don impérissable, dans lequel veilles; ou, suivant une autre traduction,
se manifeste une bc'nédiction sans limite des choses terribles. Personnification très
et sans fin » {in xternimi; comp. les vers. poétique. —
Sagittse tuœ... Voici mainte-
G et 17). nant que le combat commence. Le poète
4-6. Après avoir inauguré la louange de voit son héros sur le champ de bataille, et
l'Époux mystique en vantant sa beauté le , nous le montre en pleine action. Les flèches
212 Ps. XLIV, 6-8.
^ Sagittse tuse acutse , populi sub te cadent
in corda inimicorum régis.
Sedes tua , Deus in sseculum saeculi ;
' ,
nalistes et les interprètes qui veulent appli- c'est plutôt une effusion intime et abon-
quer le psaume entier à Salomon éprouvent dante de saintes délices métaphore qui :
Dieu (c.-à-d., qui vient de Dieu) est éter- Eccl. IX, 8; Matth. vi, 17, etc.). « Telle
nel. Mais "Elohim est certainement au est l'onction qui a fait le Christ. Ce n'est
vocatif, et ne peut désigner que le héros pas d'une huile matérielle qu'il a été oint,
auquel s'adresse le poète. Ce héros est comme Elisée et les prophètes, comme
donc Dieu dans le sens strict, en même David et les rois comme Aaron et les pon- ,
temps qu'il est homme. Ce titre convient tifes. Quoique roi, prophète et pontife, il
parfaitement, mais uniquement, à Notre- n'a pas été oint de cette onction, qui
Seigneur Jésus-Christ, à l'exclusion de tout n'était qu'une ombre de la sienne. Aussi
type ,
quel qu'il soit. — In sœculum sœculi. David a-t-il dit qu'il était oint d'une huile
Roi éternel , en vertu de sa divinité. La excellente au-dessus de tous ceux qui ont
,
214 Ps. XLIV, 9-10.
^ Myrrha, et gutta, et casia a vestimentis tuis,
a domibus eburneis ex quibus delectaverunt
; te
^^ filiae regum in
honore tuo.
Astitit regina a dextris tuis
in vestitu deaurato, circumdata varietate.
été nommés oints, parce qu'il est oint de Détails parfaitement appropriés à la cir-
la divinité et du Saint-Esprit, étant de constance. Jusqu'ici le poète a célébré
celte sorte le vrai Christ de Dieu. Christ, l'homme , le guerrier, le roi divin
; main-
vous êtes donc connu de tout temps sous tenant c'est le fiancé mystique, au jour
ce beau nom C'est sous ce nom que le
! même de son céleste mariage. L'hymne
parvient donc en cet en-
droit à son sommet glo-
rieux. — Myrrha, gutta,
casia. Trois parfums pré-
cieux lo la: myrrhe, sorte
de gomme -résine exsudée
par le Balsamodendron
myrrha {Atlas d'Iiist. nat.,
pi. XXXII, fi g. 7); 2o cette
même substance, ou quel-
que autre matière balsa-
mique recueillie « goutte à
,
psalmiste vous a vu lorsqu'il a chanté : casse, (sont) tous tes vêtements. » C.-à-d.
Votre Dieu vous a oint de l'huile d'allé- que les vêtements du divin fiancé sont
gresse. C'est vous que Salomon a célébré comme tissus de ces riches parfums tant ,
en disant : Votre nom est une huile, un ils en sont imprégnés à la manière luxueuse
baume répandu. » (Bossuet, Élévations des cours de l'Orient. Très significatif em-
sur les mystères, xnF semaine, !» et 2^ blème des perfections de la sainte huma-
Élév.) nité de Notre- Seigneur Jésus-Christ. A — ,
9-10*. La parure nmptiale de l'Époux, domibus eburneis : des palais tout ornés
ses richesses, la splendeur de sa cour. et incrustés d'ivoire (cf. 111 Reg. xxii, 39;
I
Ps. XLIV, 11-12. 215
'^
Audi, filia, et vide, et inclina aurem tuam,
et obliviscere populum tuiim, et domum patris tui.
12
Et concupiscet rex decorem tuum ;
« La myrrhe , l'aloès , la
casse, (parfument) tous tes
vêtements. (Retentissant) des
palais d'ivoire , les instru-
ments à cordes te réjouissent.
Des filles de rois sont parmi
tes bien -aimées. » Cela dit
bien plus que les versions
grecque et latine, et prépare
mieux la suite du cantique.
Nous voyons l'Époux allant,
accompagné du cortège nup-
tial et au son joyeux de lu
13
Et les filles de Tyr, avec des présents, vous ofïriront d'humbles prières,
amsi que tous les riches d'entre le peuple.
^^ Toute la gloire de la fille du roi est au dedans,
quand elle est ornée de franges d'or, ^^ et couverte de broderies.
fiancée du Christ est présentée, elle aussi, oubliant tout le reste que l'épouse sera
dans une riche parure nuptiale. In vestitu belle, et qu'elle plaira à l'époux par sa
deawato : dans For d'Ophir, dit le texte beauté. —
Quoniam... Le poète va relever
hébreu, c,-à-d. toute couverte et étince- du roi à l'amour entier et exclusif
les droits
lante de cet or, qui passait alors pour le de la reine. —
Ipse (pronom souligné)
plus précieux de tous. Cf. III Reg. ix, Dominus... tuus. En hébreu ton 'Ado- :
•26-28; I Par. xxix, 4; Job, xxvn, 16. Les naï , ou ton maître, ton seigneur, auquel
mots circwmdata varietate ne sont pas tu te dois complètement. Le mot Beus
ici dans l'hébreu; c'est probablement un manque cette fois dans l'hébreu. Ado- —
emprunt fait au verset 15. Audi... Le — rabunt euni. On l'adorera , on se proster-
poète interpelle tout à coup la fiancée de , nera devant lui puisqu'il est Dieu. Variante
,
même qu'il avait fait pour le fiancé vers. 3 ( dans riiébreu Prosterne -toi devant lui.
:
et ss.). En termes délicats et pressants Les reines elles-mêmes, quand elles sa-
(remarquez le triple appel qu'il lait à son luaient le roi, prenaient devant lui, fût -il
attention audi, vide, inclina aurem),
: leur époux ou leur lils cette attitude du
,
graves et familiers [filia, mot de gracieuse profond respect. Cf. III Reg. i, 16. Et —
et affectueuse bienvenue; il lui décrit ses , filise Ttjri. Seconde récompense de l'épouse
devoirs, et la manière dont elle pourra royale elle sera l'objet de la vénération
:
quitter au jour de son mariage, et aban- Caresseront ton visage; expression très
donner ce qu'elle a eu jusqu'alors de plus forle, qui désigne des hommages intimes,
cher, la patrie , la maison paternelle deux ( et l'ardeur avec laquelle on recherchera
traitstouchants, disposés en gradation la faveur de la nouvelle reine. In mu- —
ascendante) car elle n'a pas trop de tout
;
neribus. En
Orient, on ne saurait se pré-
son cœur pour aimer uniquement celui senter devant un grand personnage sans
qui l'a choisie, et pour lui plaire unique- lui apporter des présents. —
Omnes divites
ment. De même qu'elle quitte toutes plebis : les riches de Tyr ou des autres
choses à l'extérieur pour aller à lui, de nations païennes. La superbe cité phéni-
même^ doit -elle tout quitter intérieure- cienne et les riches magnats sont cités
ment, sens de la recomman-
et tel est le comme exemples : les hommages qu'ils
dation obliviscere. —
Et concupiscet rex. viennent rendre spontanément, eux si
Douce récompense de la nouvelle reine : fiers si indépendants à l'Éghse du Christ,
, ,
elle sera aimée autant qu'elle aimera elle- symbolisent leur future conversion, et
même. Le roi sera saintement épris de sa celle de tout le monde païen, à la vraie
beauté {decorem tuum), qui aura pour religion. Les petits et les pauvres accom-
lui un perpétuel et très noble attrait. Il y pagneront leurs maîtres, et souvent les
a ici un trait d'une grande délicatesse le roi : précéderont.
a choisi son épouse selon leur dignité 14-16. Magnifiquement parée, l'Épouse
commune, mais c'est surtout lorsqu'il se est conduite par ses amies au palais de
voit tendrement aimé d'elle qu'il devient son Époux. —
Omnis gloria... Hébr.: Toute
sensible à ses charmes ou comme le dit ; , resplendissante est la fille du roi. Le psàl-
saint Jean Chrysostome, ce n'est qu'en miste cesse de parler directement à la
ifiiiSilSilMIiil^^
Roi (l'Assyrie couvert de vêtements à franges, richement brodés. (Bas- relief de Ninivc.)
10
218 Ps. XLIV, 16-17.
Adducentur régi virgines post eam ;
reine, se bornant à décrire la scène qu'il auprès de renonçant pour lui à toutes
lui,
contemple. —
Ab intus. Hébr. p^nîniah, : choses. Heureuses âmes, qui suivent'
«
dans l'intérieur (du palais). Allusion à la l'Agneau dans ce chemin virginal (cf.
coutume orientale de présenter l'épouse Apoc. XIV, 3-4), en chantant le cantique
voilée à son époux [AU. arch.,
pi. xxv, nouveau,... et qui vont en le chantant
fig. 1). Quand on
enlève son voile, elle
lui jusqu'au temple du Roi, jusqu'au taber-
apparaît dans toute sa beauté. L'application nacle éternel. » (Bellarmin, h. l.) — In
est aisée quoique bien belle même exté-
: , Ixtitia et exuUatione : l'allégresse et les
rieurement, par sa sainteté, son unité et réjouissances nuptiales. — In templum.
ses autres splendeurs, l'Épouse du Christ, C.-à-d. le palais du roi.
l'Église, possède surtout une beauté inté- 5° Conclusion du poème. Vers. 17-18.
rieure incomparable, que connaît et dont 17-18. Les fruits de la céleste union du
jouit seul son divin Époux et qui ne nous , Christ et de l'Église. Gracieuses promesses,
sera manifestée complètement qu'au ciel. que le poète adresse directement au Messie.
— In fimbriis aurais. D'après la Vulgate, — Pro patribus... Il lui souhaite (car l'hé-
les franges riches et gracieuses qui ornaient breu emploie le futur, « seront, » au lieu
fréquemment les vêtements des Orientaux de natï sunt) « des fils dignes de lui, qui
{AU. arch., pi. ii , fig. 13, 15; pi. lii, soient à la place des pères, c.~à-d. dans
fig. 10; pi. Lxxx, fig. 2, 6, 7, 8, etc.). lesquels les ancêtres revivent avec leurs
L'hébreu dit plus : Son vêtement est tissu vertus et leur gloire ». Ces pères, ce sont
d'or. — Circwnamicta varielatibus : cou- Abraham, les autres patriarches, David,
verte d'habits brodés (hébr. : r''qâmôt), et et en général les ancêtres du Messie selon
même, selon la Vulgate, brodés en cou- la chair. Cf. Rom. ix, 3. — Fllii : le fruit
leurs, la façon orientale. Voyez VAU.
à bé]ii et désirédu mariage. C'était la cou-
arch., pi. Lxxxi, fig. 7, 8, 9; pi. lxxxii, tume de souhaiter aux nouveaux époux de
fig.3 , etc. — Adducentur régi. Dans Thé- nombreux enfants. Cf. Ruth, iv, 11-12.
breu, il s'agit encore directement de la Constitues eos principes. Ils formeront la
reine : Elle est conduite au roi. Le texte plus auguste des races royales, et leur
original dit ensuite, notre version comme père partagera naturellement entre eux le
latine Des vierges (viennent) à sa suite;
: gouvernement du monde puisque son ,
ses amies te sont amenées. Le poète inter- royaume est universel. Cf. Apoc. v, 6.
pelle de nouveau l'époux (tibi). Ces vierges, Prophétie de la catholicité de l'Église, qui
amies de l'Épouse, qui l'accompagnent s'est accomplie à la lettre. « Les apôtres
auprès du roi pour se donner elles-mêmes (ces fils du Christ) imposèrent la loi de
à lui, figurent, comme il a été dit plus l'Évangile... à toutes les nations. Leur foi
haut (note du vers. 10), les nations païennes, devint la foi de ces peuples; leurs mœurs
qui se convertirent au Christ à la suite de et leur discipline furent adoptées par tous
la synagogue, de manière à former une les chrétiens. » (S. Jean Chrysostome). —
seule et même Église avec elle. Mais elles Memores erunt... A savoir, tes fils; ou
représentent aussi au moral, ces milliers , bien, les hommes en général. D'après
d'âmes pures qui ne veulent d'autre époux l'hébreu Je rappellerai le souvenir de ton
:
que Jésus, et qui accourent sans cesse nom. Dans le texte original, le poète
j
Ps. XLIV, 18 — XLV, 2. 219
^^ Memores erunt nominis tui in omni generatione et generationem
Propterea populi confitebuntur tihi in icternum
et in syeculum siGCuli.
PSAUME XLV
*
In fmem, filiis Gore, pro arcanis, Psalmus.
^ Deus noster refugium et virtus,
adjutor in tribulationibus quce invenerunt nos nimis.
'
Pour la Cm, des fils de Goré, sur les mystères, Psaume.
^ Dieu est notre refuge et notre force
notre secours dans les tribulations qui nous ont trop saisis.
annonce donc ce qu'il se propose de faire le Talmud que les enfants des lévites
lui -môme : se regardant comme le membre chantaient avec leurs pères pour rendre
d'une Église qui n'aura jamais de fin, il plus harmonieuse la musique du temple.
veut louer toujours et toujours le divin Voyez YAtl. arch., pi. lxi, fig. 15. Au —
Époux. Mais il ne sera pas seul à le faire, lieu de psahnus , l'hébreu dit sir, can-
car tous les peuples l'imiteront populi : tique. Ce poème est, en effet, très lyrique.
confitebuntur... Le vers. 18 complète ainsi Il dans un magnifique langage, la
décrit,
le précédent là il était question de la
: confiance absolue d'Israël en son Dieu,
catholicité de l'Église du Christ; c'est même parmi les plus graves dangers. Il a
maintenant sa perpétuité qui est prophé- dû avoir pour occasion un secours mer-
tisée. Cf. Ps. Lxxi, 17. « C'est dans leurs veilleux et inopiné, accordé par le Sei-
successeurs que j'ai dit aux apôtres Je : gReur aux Hébreux en péril peut-être la
:
suis avec vous; des enfants naîtront au lieu ruine totale de l'armée de Sennachérib
des pères. Ils laisseront après eux des sous les murs de Jérusalem (cf. Is. xxxvi-
héritiers, ils ne cesseront de se substituer xxxvn); mieux encore, la défaite, au
des successeurs les uns aux autres et celte , temps de Josaphat, des Moabites, des
race ne finira jamais. » (Bossuet.) Ammonites et des Iduméens, confédérés
contre Israël (cf. II Par. xx, 1 et ss.). —
Psaume XLV Il se divise en trois strophes, marquées
met.) Comp. le Ps. ix, 1, et la note. Mais d'Israël, son peuple. Vers. 2-4.
l'hébreu 'al-'alâinôt a un tout autre sens; 2-4. Le thème du cantique, exprimé en
littéralement Pour des (voix de) jeunes
: termes généraux. —
Le poète, parlant au
filles. C'est donc, selon toute probabilité, nom de la nation entière, commence par
un terme musical, qui indique que ce dire ce que Jéhovah est pour elle refu-:
rappelant le passé, reconnaissent que le par son orgueil. Par suite de la fureur de
Seigneur a toujours été pour eux, dans l'océan. —
Un forte [sélah) de la musique
leurs angoisses, un auxiliaire infaillible, vient appuyer cet acte de confiance malgré :
garantit l'avenir. Pour mieux exprimer ment le refuge de la cité de Sion. "\'^ers.
leur confiance ils vont décrire par des
,
,
5-8.
métaphores hardies les plus graves périls
, 5-8. Variation sur le thème du cantique,
dans lesquels ils pourraient tomber cata- : qui est appliqué d'une manière plus intime
clysme universel, nouveau chaos, boule- à la capitale du royaume Israélite. — Flu-]
versement du monde entier; même alors minis impetus. Il résulte du contexte
ils ne craindraient rien, étant sûrs que {laetificat . .
.)
que le poète se représente
Jéhovah est avec eux. Le sens est un peu maintenant des vagues paisibles, quoique
moins clair dans la Vulgate, qui n"a pas abondantes. Contraste saisissant un lleuve
—
:
mis les verbes à leur temps exact. Dum qui roule tranquillement ses eaux au sein
turbabitur (lisez « turbaretur »)... Littéra- même de Jérusalem; les mers soulevées
lement dans l'hébreu serait changée. : convulsivement et menaçant de tout en-
C.-à-d., alors même que la terre serait sou- vahir. L'hébreu exprime mieux cette idée :
mise a des bouleversements qui la transfor- (11 est) un fleuve dont les courants ré-
meraient de fond en comble. Transfe- — jouissent... Allusion probable au fleuve de
rentur (pour « transferrentur »)... Hébr. : rÉden, dont les quatre bras portaient
Si les montagnes chancelaient au cœur partout la fraîcheur et la fertilité (cf.
des mers; c.-à-d. si, soulevées de leurs Gen. II, 10), et symbole des grâces mul-
bases, elles se précipitaient au cœur de tiples que Dieu répandait sur son peuple.
l'Océan. Belle et dramatique figure. Horace Cf. Ps. XXXV, 9; Apoc. xxii, \. Sancti- —
a dit de même : « Si fractus illabatur orbis, ficavit tabernaculum... Motif pour lequel
impavidum ferlent ruinae. «Mais quelle dif- Jéhovah protège et bénit ainsi Jérusalem :
parfaite confiance d'Israël! Sonuerunt, — Le vers. 6 développe cette pensée (cf. Lev.
turbatse sunt. Ce sont encore là des hypo- xxvi, 12; Is. XII, 6). Adjuvabit (ou —
thèses : Quand ses eaux mugiraient écu , plutôt «adjuvat », au présent) mane dilu-
meraient; quand les montagnes tremble- culo. Lorsque Sion éprouve quelque an-
raient... — Aqux eorum.
Il faudrait « ejus » goisse, sa délivrance ne tarde point à
au singulier, comme
portent à bon droit paraître, semblable à l'aurore qui luit
l'hébreu et le Psautier romain les eaux : toujours fidèlement , même après une nuit
Ps. XLV, 7-9. 221
' Conturbataî sunt gentes, et inclinata sunt régna;
dédit vocem suam, mota est terra.
'^
Dominus virtutum nobiscum ;
sombre. —
Conturhatae. gentes. Le poète . . complies pour les sauver. Au lieu de
arrive au fait historique qui avait servi prodigia, l'hébreu dit les ravages.
:
—
d'occasion à ce psaume, et il montre ce Super terram : à l'endroit où les ennemis
voulu représenter par les effrayantes
qu'il a avaient été anéantis. —
Auferens bella.
métaphores de la première strophe. D'après Par leur terrible défaite, la guerre avait
l'hébreu Les nations se sont
:
frain ,
qui motive la confiance
des Israélites en leur Dieu. Il est
le Jéhovah des armées (cf. Ps.
xxni , 10 ) ; ceux qu'il défend
n'ont donc rien à redouter, fus-
sent-ils entourés de myriades
d'ennemis. Il esten outre le rni?-
gab (Vulg. : susceptor), ou le
haut lieu, la citadelle de son
peuple (Jacob). Sélah, forte —
de la musique, d'après l'Iiébreu.
4^' Troisième slrophe
prodige :
Le psalmiste interpelle
concitoyens, ses les armes des agresseurs arcuni..., arma
:
et les invite à venir contempler, à quelque (hébr., la lance)..., scutum (hébr., les
distance de Jérusalem les merveilles , chars de guerre). Belle et rapide descrip-
{opéra) que leur Dieu a récomment ac- tion. — Vacate. C.-à-d. cessez, comme
222 Ps. XLV, 10 — XLVI, 2.
PSAUME XLVI
* In finem ,
pro filiis Core, Psalmus.
^ Omnes génies, plaudite manibus;
jubilate Deo in voce exultationis.
porte l'hébreu. C'est Dieu lui-même qui donc messianique, puisque ce n'est que
prend la parole, majestueux et terrible, par Notre- Seigneur Jésus -Christ que les
et qui donne ses ordres menaçants aux peuples païens devaient se convertir à la
ennemis d'Israël. —
Ego (pronom très religion du vrai Dieu. A cause du verset 6,
emphatique) sum Deus : le seul vrai la tradition chrétienne l'a souvent applique''
Dieu, auquel on ne saurait résister. — d'une manière spéciale à l'ascension d u Sau-
Exaltabor. 11 veut manifester sa puis- veur. Il est plein d'enthousiasme lyrique. On
sance et être obéi partout parmi les : suppose qu'il fut aussi composé à l'occasion
païens [in gentibus) , aussi bien qu'au de la victoire sans combat que les Israélites
milieu de son peuple (m terra, la Terre remportèrent sur les Moabites, les Ammo-
sainte). — Le refrain (vers. 12) retentit nites et les Iduméens, grâce à une écla-
avec une nouvelle force après cette scène tante intervention du Seigneur. Comp. le
grandiose, et le sélah le souligne encore. Ps. XLV, 1, et la note; II Par. xx, 1 et ss.
— Deux parties séparées par le sélah hé-
,
Ps. XLVI. 1. —
L'auteur un Coraïte : tous les peuples de la terre à louer Jého-
{pro filiis Core; hébr. des fils de Coré).: vah, le Dieu d'Israël. Vers. 2-5.
— Psalmus. Chant de victoire comme le , 2-3. Première strophe le thème du
:
psaume xlv. Il célèbre Jéhovah, qui vient cantique. —Omnes gentes. Toutes les na-
de subjuguer les ennemis de sa nation tions païennes et surtout celles des alen-
choisie, et il annonce que la terre entière tours de la Palestine, qui avaient été
acceptera un jour sa domination. Il est témoins de la délivrance miraculeuse des
Ps. XLVI, 3-G. 223
^ Quoniam Dominus excelsus terribilis ,
dans l'hébreu {hârVu désigne des accla- future conversion des païens. Vers. 6-10.
mations bruyantes; rinnah, des cris stri- 6-7. Troisième strophe Dieu remonte :
il peuple spécial du
est le
Seigneur, qui lui soumettra
toutes les nations. Subje-—
cit populos. Prétérit prophé-
tique, car les païens étaient
loin d'être alors soumis au Le roi Darius foule aux pieils un ennemi vaincu. (Sculpture antique.)
peuple hébreu; d'ailleurs,
la domination qui est ici promise aux Juifs au après son triomphe qu'on célèbre
ciel ;
PSAUME XLVII
^
Psalmus cantici, filiis Core, secunda sabbati.
'
Psaume cantique, des fils de Coré, pour le second jour de la semaine.
4e Jésus. Cf. Ps. Lxvii, 18; Eph. iv, 8-10. sement d'un célèbre oracle, Genèse, xn,
— In jubilo (hébr. hifrûa^) parmi les
: : 2-3, qui avait spécifié que tous les peuples
acclamations joyeuses des Juifs. Voyez la seraient bénis en Abraham. L'hébreu dit,
note du vers. 2''. —
In voce tubae. Cette avec une petite variante significative Les :
circonstance fut réalisée à la lettre après princes des peuples se sont rassemblés,
la défaite des Moabites et de leurs confé- peuple du Dieu d'Abraham. Les voilà donc
dérés, sous Josaphat. Cf. II Par. xx, 28. faisant à l'avenir partie intégrante de
— Psallite. Ce verbe est répété quatre fois l'Eglise de Jéhovah. —
L'expression dii
coup sur coup au verset 7, avec un admi- fortes terraR désigne ces mêmes princes
rable entrain. (comp. le Ps. Lxxxi, 1, 6, et la note), et
8-9. Quatrième strophe: Jéhovah est le le psalmiste ajoute que, par leur conver-
roi de tout l'univers. — Rex omnis (adjec- sion, ils ont été élevés à un très haut
tifaccentué) terrx. Les païens reconnais- degré de gloire {vehementer elevati...).
saient que leurs dieux nationaux nétaient L'hébreu diffère ici notablement de la
rois que sur leur territoire; le Dieu d'Is- Vulgate et des LXX Car à Dieu (appar-
:
raël est un roi universel. Psallite sa- — tiennent) les boucliers de la terre; il est
pienter : c- à.- d. dune manière digne de souverainement exalté. « Boucliers de la
ce Roi suprême. Cf. I Cor. xiv, 15; Eph. terre » est une locution métaphorique,
V, 13. —
Regnabit... L'hébreu signifie plu- également employée par Osée iv, 18 pour ,
,
tôt : il règne, il est roi. Deus sedet... désigner les grands, les puissants. Les
C.-à-d. qu'il est assis glorieusement sur derniers mots, « il est souverainement
son trône du ciel, d'où il donne à tout exalté, » servent de digne conclusion à ce
instant des preuves de son autorité royale. beau poème, qui a constamment chanté
10. Cinquième strophe gloire que les
: les grandeurs du Dieu -Roi.
pa'iens trouveront à se ranger sous les lois
du Seigneur. — Les principes populorum Psaume XLVII
sont mentionnés à part, comme représen-
Jéhovah protège merveilleusement Sion.
tant tous leurs sujets. Nous les voyons
désormais unis étroitement (congregati) 1» Le titre. Vers. 1.
à Jéhovah, le Dieu d'Abraham, l'adorant Ps. XLVII. — 1. Psalmus cantici. Hébr.:
et reconnaissant son empire. Accomplis- sir viizmor, cantique psaume. Le genre
Ps. XLVII, 2 5. 225
'^
Magnus Dominas et laudabilis nimis,
in civitate Dei nostri , in monte sancto ejus.
^ Fundatur exultatione universse terrai mons Sion ;
du psaume est ainsi doublement marqué : se traduire aussi par « loué ». Non seule-
c'est un beau chant lyrique. L'auteur — : ment Jéhovah est digne de louanges, mais
un Coraïte {pXïis Core). Voyez la note du il est béni et célébré en réalité par son
Ps. XLi, vers. 4. —
Les mots secunda sab- peuple reconnaissant. In civitate Dei. —
bâti, propres aux Septante et à la Vulgate, Jérusalem est vraiment sa cité sa capitale ,
remercie Jéhovah de ce bienfait. Ces dé- gracieuse colline), joie de toute la terre,
tails peuvent convenir soit à la défaite des le mont Sion. Cette sainte colline repré-
Moabites et de leurs alliés (II Par. xx), à sente ici la ville entière de Jérusalem , dont
laquelle on rattache également les Ps. xlv elle était une des Leparties principales.
et xLvi (voyez les notes des titres), soit à mont Sion n'était que du alors la joie
l'insuccès de Rasin, roi de Syrie, et de peuple juif mais il devait devenir un
;
Phacée, roi d'Israël, qui s'avançaient en- centre de paix et de délices pour tout
semble contre Jérusalem au temps d'Achaz. l'univers. Cf. Ps. xlvi ; Is. ii, 2 et ss. ;
Cf. IV Reg. XVI, 5; Is. vu, 1 etss. Divi- — Thren. ii, 15. — Les mots latera aquilonis
sion :un prologue, vers. 2-3, qui expose sont une apposition à « mons Sion. » L'an-
ridée principale du poème ;
puis deux par- cienne Jérusalem était en grande partie
ties égales, que sépare
sélah : 1" vers.
le construite sur le flanc septentrional de
4-9, le récit de la délivrance miraculeuse Sion. Voyez YAtl. géogr., pi. xiv et xv.
de Jérusalem, 2° vers. 10-15, l'action de Première partie récit de la récente
S^' :
Sion, sa résidence théocratique. Vers. 2-3. contre la cité de Jéhovah ont été dispersés
2-3. Première strophe Magnus Domi-
: comme une flotte que brise la tempête.
nus.,. Le psaume débute tout naturelle- Deus in doniibus... Hébr.: dans ses palais.
ment par un bel éloge de Celui qui vient Transition au grand événement qui forme
de sauver Jérusalem d'un très grave àdiii- le fond du poème. —
Cognoscetur. Mieux
^CY. — Laudabilis. L'hébreu nfhullàl peut vaut le temps présent est connu se ma- : ,
10^
226 Ps. XLVII, 6-9.
^ Ipsi videntes, sic admirati sunt,
conturbati sunt, commoti sunt.
' Tremor apprehendit eos ;
dolores ut parturientis.
ibi
^ In spiritu vehementi conteres naves Tharsis.
^ Sicut audivimus, sic vidimus
in civitate Domini virtutum, in civitate Dei nostri.
Deus fundavit eam in seternum.
ment contre la cité sainte. Ipsi videnles. — cette récente délivrance de Jérusalem aux
Hébr.: ils ont vu. De loin, ils ont contem- anciens prodiges accomplis par Jéhovah
plé Jérusalem mais c'est tout ce qu'ils
; en faveur des Hébreux. Sicut audivi-—
ont eu d'elle. —
L'effet produit par son mus. ont reçu de la bouche de leurs
Ils
seul aspect est raconté en un langage ancêtres la narration des éclatants rhiracles
admirable de concision et d'énergie. Sic dont se composait l'histoire d'Israël. Sic —
i
tE5î- I'tI
imMMMM
^m 'M
old
228 Ps. XLVII, 10-13.
*^ Suscepimus, Deus, misericordiam tuam
in medio templi tui.
^* Secundum nomen tuum, Deus,
sic et laus tua in fines terrae.
Justitia plena est dextera tua.
*^ Lœtetur mons Sion,
et exultent fîliaî Judœ,
propter judicia tua, Domine.
^^ Circumdate Sion, et complectimini eam;
narrate in turribus ejus.
(adverbe très accentué) vidinius. Ils formellement, II Par. xx, 5-19, que les
viennent eux-mêmes d'être témoins d'un Israélites se rassemblèrent ainsi dans le
prodige non moins magnifique, et cela temple avec leur roi Josaphat, quand Dieu
aux portes mêmes de leur cité in civi- : eut miraculeusement anéanti l'armée moa-
tate... (notez la répétition emphatique de bite. — Secundum nomen... sic et laus.
ces mots). —
Domini virlutum. En hé- Éloge gracieux et délicat. Le nom de
breu y^hovah fha'ût, Jéhovah des
: Jéhovah est répandu en tous lieux {in
armées. Voyez le Ps. xlv, 8, et la note.— fines...) ;, de même
sera sa louange.
le —
Fundavit... in seternutii. Jérusalem sub- Lxtetur... Sion,... filiae Judse (probable-
siste encore sous le nom de Ville sainte ment les villes du royaume de Juda).
{El-Qods en arabe), et elle ne paraît pas Belles personnifications à l'orientale.
sur le point de disparaîtie. Mais il est vrai 13-14. Cinquième strophe force éton-:
de dire que cet oracle ne s'est accompli à nante que Jérusalem reçoit de son Dieu.
la lettre que d'une manière mystique, — Circumdate... Le poète, s'adressant aux
« par la perpétuité de l'Église dont Jéru- , habitants de Jérusalem, les invite à con-
salem était le type. » —
Dans l'hébreu un , templer avec fierté la splendeur et la force
sélah ou forte significatif termine la pre- de leur cité glorieuse, à faire le tour de
mière partie du cantique. ses murs {complectimini eam,) pour tou
4" Deuxième partie l'action de grâces.
: voir et tout admirer. —
Narrate in turri-
Vers. 40-15. bus. Plus clairement dans l'hébreu Comp- :
10-12. Quatrième strophe louange à : tez ses tours. Elles étaient et sont encore
Dieu pour cet immense bienfait. Susce- — très nombreuses, et formaient un puissant
pimus misericordiam... L'hébreu dit plus moyen de défense. Voyez V Atlas géogr.,
clairement Nous nous sommes repré-
: pi. XIV et XV. —
Ponite corda... in virtute.
senté votre bonté au milieu de votre temple. Mettre son cœur sur une chose est un
C.-à-d. que, réunis dans l'enceinte du hébraïsme pittoresque qui signifie exa- :
tion, les différentes circonstances du pro- raconter à leurs enfants, l'état florissant
dige auquel ils devaient leur salut. Tel est dans lequel ils avaient vu la cité sainte,
donc le sens de suscepimus. 11 est raconté au sortir d'un si grand danger. Que- —
Ps. XLVII, 44 — XLVIII, 4. 229
'^ Ponite corda vestra in virtute ejus,
et distribuite domos ejus,
ut enarretis in progenie altéra.
^^ Quoniam hic est Deus,
Deus noster in seternum , et in saeculum sa^culi ;
PSAUME XLVIII
^
In fmem, filiis Core, Psalmus.
*
Pour la fin, des fils de Goré, Psaume.
niam hic est... « Conclusion sous tout Ps. XXXVI c'est de nouveau l'important
:
son peuple. —
In sxcula. On lit dans fient de leurs grandes richesses » (vers. 7):
Ihébreu actuel 'al -mut (littéralement
: : il voit que ces biens sont essentiellement
Vanité des biens de ce monde ; les impies ses versets sont obscurs dans les LXX et
seront à jamais punis, et les bons éter- la Yulgate (notamment les vers. 7 et ss.,
Coraïte {fdiis Core). Psalmus. Ici, G -13, les richesses de l'impie ne le dé-
psaume moral et didactique, composé de livrent point de la mort; 2» vers. 14-21,
sentences brèves et vigoureuses, à la ma- la gloire des méchants périra dans le
nière du livre des Proverbes. Le sujet — si\jour des morts, les justes vivront éter-
a beaucoup de ressemblance avec celui du nellement.
230 Ps. XLVIII, 2-6.
Et laborabit in œternum ,
^^
et vivet adhuc in fmem.
'
Ils se confient dans leur force
dans l'abondance de leurs richesses.
et ils se glorifient
^ Le ne rachète point, un homme rachètera-t-il?
frère
Il ne pourra pas donner à Dieu de quoi l'apaiser,
^ ni un prix capable de racheter son âme.
Il sera éternellement dans la peine,
^° et il vivra encore jusqu'à la fin.
besoin de se troubler outre mesure, car main tout entier, Ce qu'aucun autre homme
la puissance et la magnificence de leurs n'aurait pu faire. Cf. Petau, de Incarna-
oppresseurs se précipitent vers la ruine. » tione, II, XIII, 1. — Et laborabit... (vers. 9'').
« riniquité de mes ennemis » (la lâche nel Jamais un homme, alors même qu'il
:
malice de ceux qui attaquent quelqu'un vivrait un temps indéfini et qu'il travail-
,
par derrière, sans qu'il s'en doute). — lerait constamment à s'enrichir, ne saurait
Circumdabit fait image : la méchanceté acquérir des trésors assez considérables
de mes adversaires m'enveloppe de toutes pour payer une dispense de mort. Non —
parts. Môme alors, cependant, rien à videbit interitum (vers. 10). Ces mots ne
craindre pour le juste. Le vers. 7 continue peuvent présenter une signification conve-
de caractériser les persécuteurs des bons, nable que si on leur donne un tour excla-
dont il décrit l'orgueilleuse prospérité. matif Il ne verrait pas la mort, lorsque
:
Qui : ces hommes qui harcèlent le juste les sages eux-mêmes meurent sous ses
(vers. G''). Confidunt in virtute...: c.-à-d. yeux ! —
Non, tous mourront sans la
dans leurs richesses comme l'ajoute Je
, moindre exception à plus forte raison les
,
pas davantage fournir à Dieu une rançon sons qu'ils avaient bâties subsisteront long-
capable de prolonger sa vie {non dabit temps après eux, ainsi que leurs terres,
placationem ,... pretium... animx). La auxquelles ils avaient donné leurs noms
justice humaine accepte parfois une ran- {vocaverunt nomina sua...), dans l'espoir
çon de ce genre (cf. Num. xxxv, 31-32) ; de s'immortaliser ainsi. —
Telle est, pen-
mais Dieu jamais. Les saints Pères font sons-nous, l'interprétation la plus simple
une belle application spirituelle du verset 8* et la plus claire qu'on puisse donner briè-
à Notre- Seigneur Jésus-Christ, l'Homme vement de la Yulgate. "Voici maintenant la
par excellence, qui a racheté le genre hu- traduction de l'hébreu pour toute celte
232 Ps. XLVIII, 11-14.
** Non videbit interitum,
cum viderit sapientes morientes.
Simul insipiens et stultus peribunt,
et relinquent alienis divitias suas,
*^ et sepulcra eorum domus illorum in œternum
Tabernacula eorum in progenie et progenie ;
série de versets (6- 12) : elle achèvera de durée (saint Jérôme : « non commora-
d'expliquer ce qui aurait pu rester obscur: bitur »). — Comparatus est... Il s'abaisse
« 6 Pourquoi craindrais -je aux jours de lui-même au niveau de la brute, dont il
Tadversité, lorsque la méchanceté de mes imite les mœurs. —
L'hébreu présente
.
dans leur opulence, et ils se glorifient de l'égalité des riches impies et de la bête
la grandeur de leur richesse. ^JL'homme dans la mort « Mais l'homme dans sa
;
ne peut absolument pas racheter son frère, splendeur n'a pas de durée il est sem- ;
13. Le refrain. —
Homo cmn in honore... leur langage impie. Ou bien malgré leur :
Quoique placé à un si haut rang par le fin si misérable, il se trouve des hommes
Créateur. Cf Non in-
Ps. viii, 5 et ss. — assez insensés pour admirer les discours
tellexit. Les LXX
ont lu Zô' yâbîn : il ne qu'ils tenaient autrefois sur la terre. Cette
comprend pas sa grandeur, ses nobles dernière interprétation est plus conforme
privilèges. L'hébreu actuel porte lô' yâlîn, à Thébreu, qui parait signifier « Telle :
il ne passera pas la nuit, c.-à-d. il n'a pas est la voie (la destinée) de ceux qui se con-
Ps. XLVIII, 15-17. 233
^^ Sicut oves in inferno positi sunt;
mors depascet eos.
Et dominabimtur eorum justi in matutino,
et auxilium eorum veterascet in inferno a gloria eorum.
^^'
Verumtamen Deus redimet animam meam de manu infen
cum acceperit me.
^'
Ne timueris cum dives factus fuerit liomo,
etcum multiplicata fuerit gloria domus ejus;
^•'
Ils ont été mis dans l'enfer comme un troupeau de brebis;
la mort les dévorera.
Et, au matin, les justes auront l'empire sur eux,
et leur appui sera détruit dans l'enfer, après qu'ils auront été
dépouillés de leur gloire.
^^'
Mais Dieu rachètera mon âme de la puissance de l'enfer,
lorsqu'il m'aura pris auprès de lui.
*'
Ne crains pas, quand un homme sera devenu riche,
et quand la gloire de sa maison se sera agrandie ;
fienten eux-mêmes, et de ceux qui les — In inferno a gloria... Ellipse que l'Itala
suivent en admirant leurs paroles. » Un complète bien
fort « A gloria sua expulsi
:
devait accentuer cette grave réllexion. — Dans l'hébreu le séjour des morts est leur
:
Sicut oves (vers. 15)... « Verset très impor- demeure. —Verumtamen... (vers. 16).
tant au point de vue des fins dernières. » Grand contraste. Par opposition au mal-
Nous retrouvons, après la mort, les hommes heur éternel des méchants. Deus redi- —
partagés en deux catégories, celle des met. Ce qu'aucun homme ne peut faire
méchants et celle des bons ; mais que leur ici-bas pour l'impie, afin de le préserver
sort est ditrércnt ! — Jn inferno positi... de la mort (voyez les vers. 8-9), Dieu lui-
Description tragique les impies dans le : , même daigne l'opérer dans le ciel pour
.§*'ô/ ou séjour des morts, étendus l'un ses amis, les justes. — Animam meam.
près de l'autre (positi), comme des brebis Le psalmiste applique à tous les bons ce
qu'on a parquées. Mors depascet eos. — qu'il dit ici direclement de lui-même. —
Elle les dévore, les consume. Mais il est Cum acceperit me (sous-entendu « Deus ») :
terrestres aura pris fin. — Auxlliimi Pourquoi craindrais -je ? Non, ne redoute
eorum : ce qui faisait la force des impies. pas l'impie, fût -il riche et influent {curti
D'après Thébreu leur forme, ou leur
: dives... honw). — Quoniam... (vers. 18).
beauté (saint Jérôme « figura eorum »). : Raison de cette sécurité. Les oppresseurs
— Veterascet: se consumera, s'évanouira. iniques mourront bientôt, et tous les élé-
234 Ps. XLVIII, 18 — XLIX, 1
PSAUME XLIX
* Psalmus Asaph.
Deus deorum, Dominus, locutus est,
et vocavit terram a solis ortu usque ad occasum.
ments de leur puissance disparaîtront avec ilmourra, et ira rejoindre au tombeau ses
eux non sumet..., neque descendet...
:
— ancêtres, qui n'avaient pas mieux valu que
"Vers. 19-20 ces hommes méchants pa-
: lui. — In seternum non videbit... Les
raissent heureux sur la terre, où tout le ténèbres du s^'ôl, et nous pouvons bien
monde les loue; mais rien de moins du- dire ici, de l'enfer, seront leur part éter-
rable que leur prospérité. Anima... bene- nelle, tandis que les justes verront « la
dicetur : les riches quelque impies qu'ils
,
lumière à la lumière de Dieu » (Ps.
soient trouvent toujours de nombreux flat-
, XXXV, 10 )
teurs. Confitebitur tibi... : ils sont eux- 21. Le refrain. —
Homo... « Oh! semble
mêmes tout prêts à louer quiconque ajoute dire le poète pour conclure, si l'homme
à leur bonheur, les admire, etc., car aveugle pouvait comprendre ces choses,
régoïsme est leur unique règle de con- et ne pas vivre comme les bêtes » Non
!
—
duite. L'hébreu doit probablement se tra- intellexit. Il n'a pas compris le néant des
duire ainsi « Il aura beau se féliciter
: biens de ce monde, la nécessité de vivre
pendant sa vie, on aura beau te louer (ô saintement, pour se reposer plus tard à
impie !) de ce que tu te traites bien, il ira... » jamais en Dieu. L'hébreu a ici la même
Le changement de personnes au milieu du leçon que la Yulgate (voyez la note du
verset et l'apostrophe adressée directement vers. 13).
au riche sont dramatiques. Quel tableau éga- Psaume XLIX
lement que celui des autres hommes per-
Le seul culte qui puisse plaire à Dieu.
vers qui « font écho à sa propre satisfac-
tion, qui admirent son luxe, sa vie sen- 1« Le titre. Vers. 1».
suelle répètent ses axiomes »
, Mais tout ! Ps. XLIX. — 1». Psalmus. Poème
didac-
cela changera bientôt introibit usque...:
. tique par le sujet, mais très lyrique par
I
Ps. XLIX, 2-3. 235
^ Ex Sion species decoris ejus.
^ Deus manifeste veniet ;
^
De Sion apparaît l'éclat de sa beauté.
^ Dieu viendra visiblement;
lui, notre Dieu, et il ne se taira point.
Le feu s'enflammera en sa présence
et une tempête violente l'environnera.
d'entre eux, qui paraissent de date plus seconde, vers. 16-23, invectivant contre
récente ,aient été composés par ses les pécheurs hypocrites, il proclame qu'ils
descendants, que l'histoire juive signale ne sauraient olDtenir le pardon de leurs
parmi les ministres les plus importants du crimes par l'immolation de victimes san-
culte sacré longtemps après les règnes de glantes, s'ils ne se convertissent et n'obéis-
David et de Salomon. Cf. Il Par. xx, 14; sent à la loi.
XXIX, 13. Du moins, deux passages bibliques, Prélude le Seigneur descend du ciel
2» :
II Par. XXIX, 30, et Néhémie, xii, 46, pour juger Israël. Vers. 1^-6.
affirment nettement que le premier Asaph i^-6. Les Pères ont fréquemment ap-
composa des psaumes, et il n'y a pas à pliqué ce passage au jugement universel
douter que le XLix« ne soit de lui. Les do la fin des temps. Deus deorum. —
cantiques qui portent son nom se dis- Daprès la Vulgate, le Dieu des anges
tinguent par leur ton grave et solennel (comp. le Ps. VIII, 6, et la note, etc.),
par leur noble allure prophétique Dieu ; ou des juges terrestres (cf. Ps. lxxxi, 1),
y prend souvent la parole d'une manière ou des fausses divinilés païennes. Dans
directe. — L'idée more du Ps. xlix, c'est rhébreu 'El 'Elohim, deux noms du
:
l'inefficacité, l'inutilité d'un culte purement vrai Dieu {'El, le Dieu fort; 'Elohim, le
extérieur. D'autres passages nombreux de Dieu terrible), auquel le poète en ajoute
la Bible la mentionnent et la développent aussitôt un troisième : Y^'/wvah (Vulg. :
(comparez en particuhor les Ps. xxiii, 1-6; Doniinus) , Dieu do Talliancc, le Dieu
le
xxxix, 6, 8; Lxviii, 30, etc.); mais nulle d'Israël. Cette accumulation solennelle a
part elle n'est exposée d'une manière à la pour but de « marquer la gravité de la
fois si brillante et si complète qu'en cet circonstance et l'universalité du juge-
endroit du Psautier. Sous le rapport de la ment ». — Locutus est. PiH'térit prophé-
beauté littéraire, Fénelona dit que ce poème tique, qui a le sens du présent: Il parle.
« surpasse toute imagination humaine ». — Vocavit terram : la terre entière
Il est, en effet, extraordinairement dra- comme l'indiquent les mots suivants, a
matique. C'est une ode magnifique, qui solis ortu...Ce sont des assises générales
« porte toutes les marques de l'âge d'or que Seigneur va tenir, quoique le juge-
le
de la poésie hébraïque » « les pensées
; ment ne doive concerner directement que
sont ûussi majestueuses et profondes que le peuple Israélite. Les autres nations -ser-
dans les plus grands prophètes. » —
Divi- viront de témoins. Voyez le vers. 4. Ex —
sion. D'abord un prélude relativement long, Sion. « On suppose par fiction que Dieu
vers. 1-6 splendido mise en scène, où
: pour juger de la religion, de la piété, des
nous voyons Jéhovali apparaître en per- mœurs d'Israël, sort de Sion, » où il avait
sonne, pour juger la conduite d'Israël au sa résidence habituelle comme roi théo-
sujet du culte divin. Le Seigneur prononce cratique. Cf. Ps. II, 6; cix, 2, etc. —
236 Ps. XLIX, 4-7.
''
Advocavit cselum desursum , et terram
discernere populum suum.
^ Gongregate illi sanctos ejus,
qui ordinant testamentum ejus super sacrificia
^'
Et annuntiabunt caeli justitiam ejus,
quoniam Deus judex est.
^ Audi, populus meus, et loquar;
Israël, et testificabor tibi.
Deus, Deus tuus ego sum.
''
11 appellera d'en haut le ciel et la terre,
pour faire le discernement de son peuple.
^ Rassemblez devant lui ses saints,
qui scellent son alliance par des sacrifices.
^'
Et les cieux annonceront sa justice,
car c'est Dieu qui est juge.
^ Ecoute, mon peuple, et je parlerai,
Israël, et je te rendrai témoignage.
C'est moi qui suis Dieu , ton Dieu
Species decoris... C.-à-d. la splendeur de neur, qui désigne ici la plus grande partie
la beauté divine la glorieuse manifestation
, des Hébreux; car, malgré leurs défauts,
de Jéhovah. L'hébreu omet le pronom ejus, ils formaient toujours la « gens sancta »
Comp. le Ps. XLVii, 3, et la note; Thren, alliance par le sacrifice. Ces mots font
n, 15. —
Manifeste veniet : avec la magni- peut-être allusion aux sacrifices que les
ficence qui convient à sa grandeur. Dans Israélites avaient immolés au moment
l'hébreu Il a resplendi. Expression fré-
: même où fut contractée l'alUance du
quemment appliquée aux théophanies ou Sinaï, la ratifiant ainsi pour leur part
manifestations sensibles de la divine pré- (cf. Ex. XXIV, 5-8). Mais ils ont plutôt
sence; dès qu'il se montre, le Seigneur été écrits pour attester qu'en ofl'rant exté-
est comme un soleil éblouissant. Cf. Deut. rieurement à Jéhovah les sacrifices exigés
xxxni, 1; Ps. lxxix, 1. —
Non silehit. par la loi, les Juifs scellaient et renou-
Litote, pour signifier que cette apparition velaient à tout instant la sainte alliance.
est aussi accompagnée des bruyants éclats — Et annuntiabunt... (vers. G). Réponse
de la foudre, qui est la voix de Dieu des cieux à l'ordre de convocation qu'ils
d'après le langage figuré des saints Livres. ont reçu. Ils proclament hautement la
Cf. Ps. XVII, 13; xxviii; cvi, 2-5, etc. justice suprême de Celui qui va siéger sur
Jgnis , tempesias. Gomme
dans la pre- son divin tribunal pour juger Israël. —
mière partie du Ps. xvii, au cantique Sélali dans l'hébreu; la musique de la
d'Habacuc et ailleurs. Emblèmes de la terre est invitée à s'unir à la louange
colère du Seigneur, et des châtiments entonnée par les cieux.
terribles qu'il tient en réserve pour ses 'd^ Première partie Dieu rappelle à son
:
ennemis. —
Advocavit caslum..., terram. peuple que le culte extérieur est inutile,
Littéralement dans Ihébreu « Il crie aux : s'il n'est accompagné de la sainteté inté-
cieux... et à la terre, » leur ordonnant, rieure. Vers. 7-15.
comme le dit le verset 5, de rassembler 7-15. Le Seigneur prend la parole et
devant son tribunal les accusés et les prononce son accusation judiciaire. Il
témoins. Personnification dramatique. — commence par rappeler aux Hébreux, qui
Discernere. Le but de cette convocation. l'avaient oubliée dans la pratique la vraie ,
"^ moi
car toutes les bêtes des forêts sont à
oi7^si animaux des montagnes, et les bœufs.
que les
'^
Je connais tous les oiseaux du ciel,
et la beauté des champs est en ma présence.
^'^
Si j'ai faim, je ne te le dirai pas;
car l'univers est à moi, avec tout ce qu'il renferme.
DeuSy Deus tuus...), en lui rappelant ce causta...semper (hébr. '^ôlôt tàmid) fait
:
qu'il est pour Jéhovah et ce que Jéhovah probablement allusion à l'holocauste dit
est pour lui. Cf. Ex. xx, 2. Non in — perpétuel, qui était offert chaque jour,
sacrifîciis.... Vers. 8-11 Dieu n'a pas : matin et soir, et qui portait précisément
besoin des sacrifices , comme s'ils devaient ce nom. Cf. Ex. xxix, 38 et ss., etc. —
lui apporter un accroisse-
ment de richesse; il pos-
sède tout, et ce qu'on lui
offre lui appartient déjà.
Ainsi qu'il a été dit ail-
leurs, la loi exigeait for-
mellement l'immolation de
fréquentes et nombreuses
victimes, et Israël aurait
manqué à l'un de ses
principaux devoirs s'il s'é-
tait abstenu de cette partie
importante du culte exté-
rieur. Mais le Seigneur a
recours à ce langage très
expressif pour établir que
les sacrifices, sanglants ou
non, ne sont rion par eux-
mêmes, et qu'ils ne lui
Sacriflce d'un jeune taureau. (Peinture égyptienne.)
plaisent que par les dis-
positions saintes avec les-
quelles ils lui sont présentés. — Non... Vitulos , hircos : deux des animaux qui
arguam te. Pas de reproches à adresser servaient le plus souvent de victimes. —
aux Juifs touchant le fait même de l'obla- Meae Dieu possède à priori et abon-
siint...
tion des sacrifices
, attendu qu'ils y étaient damment, en tant que Créateur et domi-
fréquents holocaustes étaient
fidèles; leurs nateur universel, la matière des sacrilices;
constamment devant Dieu sous ses regards , c'est lui qui la donne aux hommes avant
(m conspectu meo). L'expression holo- qu'ils la lui offrent que lui importent
:
238 Ps. XLIX, 13-47.
*^ Numquid manducabo carnes taurorum?
aut sanguinem hircorum potabo?
^''
Immola Deo sacrificium laudis,
et redde Altissimo vota tua.
^^ Et invoca me in die tribulationis;
eruam te, et honorifîcabis me.
^^ Peccatori autem dixit Deus :
'^
Est-ce que je mangerai la chair des taureaux?
ou boirai -je le sang des boucs?
^^
Immole à Dieu un sacrifice de louange,
et rends tes vœux au Très -Haut.
15
Puis invoque-moi au jour de la tribulation
je te délivrerai , et tu me glorifieras.
IC
Mais Dieu a dit au pécheur
Pourquoi énumères-tu mes lois,
et as -tu constamment mon alliance à la bouche?
17
Toi qui hais la discipline
et qui as rejeté derrière toi mes paroles.
donc ces victimes, si Ton n'y ajoute rien? invoca me... Toute faveur demandée dans
— Junienta in montihus , et bovcs. Hébr. : ces conditions parfaites sera infailliblement
les bêtes des montagnes, par milliers. — exaucée. Voilà bien le prélude de l'adora-
Cognovi...: il les connaît individuellement, tion « en esprit et en vérité », qui n'aura
d'une science parfaite. Volatllia cœli. — lieu d'une manière complète que sous la
Hébr. les oiseaux des montagnes.
: Pid- — nouvelle Alliance lorsque l'unique et
,
chritudo agri. Sans doute le blé, qui divine Victime aura été substituée à tous
formait la matière des sacrifices non san- les sacrifices légaux. Aussi les Pères ont-
glants. L'hébreu ziz désignerait, selon ils vu à bon droit dans ce passage (vers.
bouche l'alliance théocratique et ses divers fecisti et tacui (vers. 21). «Dieu est pa-
préceptes, commeen eussent fait
s'ils tient, parce qu'il est éternel, » et il ne
leurs délices; mais leur conduite montrait punit pas toujours immédiatement les pé-
qu'ils en étaient les ennemis les plus dan- cheurs. —
Existimasti inique (adverbe
gereux. Aussi le Seigneur refuse -t-il cet omis dans l'hébreu)... De cette patience,
hommage apparent, qui était en réalité que Dieu nomme son « silence », les impies
une profanation Quare...? : Ta vero... — concluent parfois qu'il est indifférent au
Vers. 17-20, description très vivante de la mal protestation vigoureuse en sens
:
(19-20») et en œuvres (20'^). Notez les traits ne déchire. Comme un lion fait de sa
si pittoresques currebas (d'après Thé-
: proie (cf. Ps. vu, 2). Sacrificium lau- —
breu tu te plais avec lui ) sedens ( assis
: , dis. Comp. le vers. 14. C'est le mot le
à son aise, et se livrant longuement à la plus important du poème : le vrai culte,
calomnie ou à la médisance ) ponebas ,
non moins intérieur qu'extérieur; le cons-
scandalum (une pierre d'achoppement, tant etpur holocauste du cœur. Illic —
pour faire tomber). Au lieu de os tuum iter. Là (adverbe accentué) dans la solide ,
PSAUME L
route, je montrerai le salut de Dieu. Dis- reçu de Nathan une précieuse assurance
poser sa route, c'est bien agir, d'une de pardon, le royal coupable désirait
manière conforme au devoir ( Symmaque : obtenir une rémission plus parfaite encore
TÔ) eùfàxTcoç oSsûovTt). Les LXX ont lu de ses fautes de là le pressant appel qu'il
;
Mm, « là, » au lieu de sâm; de là leur adresse à la miséricorde divine. Les senti-
divergence et celle de la Vulgate, ments qu'il décrit sont admirables le :
ouvre une série de quinze psaumes (l-lxiv) vivement et exprimé plus fortement le
composés par David. Il porte visiblement, besoin d'obtenir le pardon de ses péchés ».
dans les détails comme dans l'ensemble, {Man. bibl., t. II, n. 722.) On y découvre
la signature de ce prince. Comparez, entre sans peine, comme on l'a dit encore, « un
autres traits frappants le verset 6 et II Reg.
, esprit et un caractère évangéliques. » Aussi
XII, 9, 13. —
L'occasion est déterminée ce cantique a-t-il toujours été particuliè-
avec la plus grande précision cuni venit... : rement goûté de l'Église et des saints. En
Nathan. Ce prophète était venu trouver outre, « il y a peu de pages de la Bible
David au nom du Seigneur, lui avait re- qui renferment autant de vérités dogma-
proché délicatement et fortement son tiques en si peu de lignes. Le péché souille
double crime et avait fait tomber le
, l'âme; c'est une offense directe faite à
bandeau que la passion maintenait depuis Dieu ; seul Dieu l'unique dispensateur
, ,
près d'un an sur ses yeux. Cf. II Reg. de la grâce, peut l'effacer...; le pardon
XII, 1 et ss. Le roi, touché jusqu'au fond est obtenu seulement par la contrition »
de l'âme, et comprenant combien il avait {Man. bibl., 1, c); le péché originel
offensé Dieu, donna un libre cours aux existe, etc. —
Deux parties la première, :
sentiments de regret qui s'agitaient en lui, vers. 3-14, contient la demande de par-
et écrivit alors les psaumes vi xxxi et l ,
;
don; la seconde, vers. 15-21, est une
celui-ci, selon toute vraisemblance, en promesse d'action de grâces. La suite des
second lieu (voyez le Ps. xxxi, 1, et la strophes est peu régulière, et assez diffi-
'
Lavez -moi de plus en plus de mon iniquité,
et purifiez -moi de mon péché.
••
Car je connais mon iniquité,
et mon péché est toujours devant moi.
sion qui sépare l'homme de son Dieu hât- ; bel effet Ayez pitié, Seigneur, car j'ai
:
tà'ah, la souillure ou l'égarement; 'àvah, grièvement péché. David sait qu'il n'a
la perversion des qualités morales. A de — aucune excuse à alléguer; du moins, pour
tels maux, qui ont atteint le plus intime toucher davantage l'infinie bonté qu'il
de l'être, il n'y a qu'un remède, l'infinie implore, il croit pouvoir dire humblement
miséricorde de Dieu c'est poui-quoi David
; qu'il accomplit la condition essentielle du
l'invoque avec instance: secundiim (ma- pardon: « La première science, c'est que
gnam n'est pas dans l'hébreu) misericor- tu te reconnaisses pécheur. » (Saint Au-
diam , ...niultitudinem miseralionum gustin.) 11reconnaît, en effet, et il con-
(hébr, : rahaméka;
à la lettre, « tes en- fesse toute l'étendue de sa culpabilité
trailles; » spécialement dos entrailles de ( i n i qui tatem cognosco )
. . . et il ne se ,
mère, si remplies de tendresse). Encore contente pas d'en avoir une connaissance
faut-il que le Seigneur ait recours, pour morte et inerte, mais il en a un senti-
ainsi dire, à des opérations multiples, ment très vif, très intime (cf. Is. lix, 12),
pour faire disparaître de l'àme des fautes qui produit constamment dans son âme
si grièves, comme l'indique fort bien aussi l'horreur et la détestation {peccatum...
le choix des verbes. Dele : en hébreu, contra me : c.-à-d. devant moi, sous
màhah qui signifie tantôt essuyer soi-
, mes yeux). —
l^ibi soll peccavi. Parole
gneusement un objet (cf. IV Reg. xxi d'une profonde vérité. Quoique grièv*"-
13), tantôt oblitérer une écriture (cf. Ps. ment coupable envers tant de personnes
11
242 Ps. L, 6-8.
qui avaient eu à souffrir de son péché Seigneur envers le roi, trouvant le châti-
(Bethsabée, Urie, les Israélites massacrés ment trop sévère etc. David veut donc dire
,
sous les murs de Rabbath-Amon; comp, qu'en avouant lui-même toute l'étendue
II Reg. XI, 14 et ss.), David sentait qu'il de son péché, il est le premier à recon-
avait surtout et avant tout offensé Dieu or
; naître la justice de la punition divine, et
qu'était le reste, à côté de cet outrage qu'il aide ainsi cette justice infinie à briller
infini, de ce crime de lèse -majesté divine? de tout son éclat devant ceux qui seraient
« L'injustice envers les créatures est une assez hardis pour l'accuser. Ainsi, ut ne
injustice envers Dieu, parce que c'est de porte pas sur les mots « J'ai fait le mal »,
Dieu qu'émane la dignité des créatures, mais sur l'aveu que David fait de son
et que la base de tous les devoirs a sa crime Je reconnais que je suis coupable,
:
racine dans la sainteté de Dieu. » Le royal afin que vous paraissiez tout à fait juste
suppliant ne veut donc rien pallier de sa et que personne n'ose vous blâmer. Saint
faute; il en reconnaît toute l'horreur. — Paul cite ce texte dans l'épître aux Ro-
Malum... feci. Les mots coratn te re- mains, m, 14.
tombent sur le substantif, et non sur le 7-8. La cause première des crimes de
verbe. J'ai fait ce qui est mal à vos yeux, David, et l'opposition qu'ils ont établie
ce que vous trouvez condamnable. — Ut entre son âme et la sainteté qui est si
justificeris... Autre pensée énergique, qui chère à Dieu. —
Ecce enim... conceptus
étonne à première vue mais dont il est
, sum. Hébr. J'ai été enfanté. Au lieu des
:
interprété. On admet du moins générale- David. Cl. Ps. VI, ô'; xxxi, 3.
Averle—
ment que sous sa forme latine et grecque,
, faciem...: de sorte que ses péché.s"soient
il contient aussi un motif de pardon ecce ( comme s'ils n'avaient jamais existé, car
eaim...). Vcritatem : ici, la vraie justice,
la vraie perfection , l'accomplissement
fidèle des
volontés divines. JDilexistl :
David le savait, et pourtant il n'en a pas
tenu compte. Incerta et occulta... rnani-
festasti: grâces et lumières extraordinaires
que le grand roi avait reçues de Jéhovah
durant toute sa vie, et qui aggravaient
naturellement l'énormité de son crime.
L'hébreu dit, avec quelques variantes :
12-14. David demande à Dieu une grâce digne d'un prince. Dans l'hébreu « un
;
Au plus intime de l'âme. Spiritum san- — en soi-même. On réparera ainsi les scan-
ctum... Au premier livre des Rois, xvi, dales qu'on a pu donner. — Libéra me de
13, il est raconté qu'aussitôt après l'onc- sanguinibus. Pluriel significatif, car David
tion royale de David l'Esprit du Seigneur
, n'avait pas seulement versé le sang d'Urie,
vint sur lui pour le conduire. Le roi cou- (voyez la note du vers. 6). Mais il continue
pable craint d'avoir été abandonné par de confesser ses crimes sans le moindre
ce divin Esprit comme autrefois Saùl
,
;
palliatif. —
Exultabit lingua... Ma langue;
il demande humblement qu'il lui soit célébrera avec allégresse. — Justitiam:'
conservé. —
Redde... laetltiam... : les Ici,justice toute miséricordieuse, et fidèle
pures délices les joies de la bonne cons-
, à ses promesses de pardon. —
Labia tnea
cience, que l'on goûte lorsqu'on est sûr aperies. Les lèvres de David avaient été,
d'être en grâce avec Dieu. David en avait pour ainsi dire, fermées par le- péché;
été privé depuis son péché. Spiritu — l'assurance du divin pardon les ouvrira
principali. C.-à-d. noble et magnanime, et elles pourront prier, chanter, louer
Ps. L, 18-21. 245
***
Quoniam si voluisses sacrificium, dedissem utique;
20
Seigneur, traitez favorablement Sion dans votre bonté,
afin que les murs de Jérusalem soient bâtis.
il
Alors vous agréerez un sacrifice de justice, les oblations et les holo-
caustes;
alors on offrira de jeunes taureaux sur votre autel.
comme autrefois {os meum... laudem rable, et nous suivons en cela le senti-
tuam ). ment de très gravescommentateurs, de
18-19. Promesse d'offrir à Dieu le sacri- ne pas distinguer entre cette dernière
ficed'un cœur contrit. Si.... sacrifi- — strophe et les précédentes, sous le rapport
cium. Hébr. zébah, les sacrifices san-
: de la composition. Pourquoi David, comme
glants.Pensée toute semblable à celle que en d'autres endroits, ne passerait-il pas
développe si admirablement le Ps. xlix, ici du particulier au général, de sa propre
13-14 (cf. Is. I, 11). Le sang et la chair personne à tout son peuple? Craignant
des victimes ne plaisent point à Dieu par qu'en sa qualité de roi il n'eût attiré par
eux-mêmes, mais uniquement par les dis- ses crimes la colère divine sur la nation
positions avec lesquelles
ils lui sont offerts. entière, il conjure le Seigneur de bénir
David peut immoler mieux que des brebis aimablement Sion; puis il exprime l'ar-
et des taureaux spiritus contribulatus
: dent désir de pouvoir achever la cons-
un esprit brisé par un repentir sincère, truction des murs de la ville. « Rien ne
les vibrations d'un cœur profondément peut être plus naturel que cette allusion
contrit. De là une humble prière cor : (faite par David) en dételles circonstances. »
contritxmi... Les mots non despicies sont Les idées se soudent d'ailleurs parfaite-
une litote pleine d'humilité, qui signifie: ment, et l'on a dit à bon droit que le
Vous accepterez volontiers. psaume d'une manière bien brusque
finirait
20-21. Prière pour Jérusalem et pro- avec le verset 19. —
Bénigne fac in bona
messe de sacrifices proprement dits. — voluntate... Expressions très délicates. —
De nombreux interprètes pensent que ces Utdedificentur... La prière continue d'être
deux versets n'ont pas été composés par directe dans l'hébreu Bâtis les murs...
:
David, mais ils les considèrent comme une Notez bien qu'il n'est pas question de
conclusion liturgique, ajoutée, suivant les reconstruire, de relever des ruines, mais
uns, au temps de Néhémie, quand les simplement de bâtir. Or nous apprenons
Juifs travaillaient péniblement à recon- d'une part, II Reg. v, 9, que David tra-
struire les murs de Jérusalem, ou, sui- vailla de toutes ses forces à entourer
vant d'autres pendant la captivité de Ba-
,
Jérusalem d'une enceinte de murailles ;
bylone, pour demander à Dieu le rétablis- d'autre part, III Reg. m, 1, que Salomon
sement de la théocratie, de la ville sainte acheva cette œuvre importante. Tune —
et du temple. Cette opinion, dont Théo- (adverbe accentué)... sacHficiumjustitiae:
doret est le principal patron dans l'anti- des sacrifices olferts avec les sentiments
quité, a aujourd'hui encore d'excellents d'une vraie piété. —
Oblationes et holo-
défenseurs parmi les interprètes catho- causta. Hébr. l'holocauste et le kâlil,
:
liques. Néanmoins il nous semble préfé- c.-à-d, le (sacrifice) complet; autre nom
246 Ps. LI, 1-5.
PSAUME LI
^
In finem, inlellectus David, - cum venit Doeg Idumaeus, et nuntiavit
Sauli Venit David in domum Achimelech.
:
*
Pour la fin, instruction de David, ^ lorsque Doëg l'Iduméen vint annoncer
cette nouvelle à Saûl : David est venu dans la maison d' Achimelech.
^ Pourquoi te glorifies -tu dans le mal,
qui es vaillant pour commettre l'iniquité?
toi
'*
Tout le jour ta langue a médité l'injustice;
comme un rasoir affilé tu pratiques la tromperie.
•'
Tu as plus aimé la malice que la bonté,
l'iniquité plus que les paroles de justice.
même dut accomplir l'horrible massacre. Barbier iDaniant la rasoir. (Peinture égyptienne.)
Abiathar, fils du grand prêtre, réussit à
s'échapper, et vint apporter cette affreuse — Quid gloriaris?... Doëg était fier de
nouvelle à David, qui composa le Ps. li son ignoble action; David lui en montre
sous la vive impression du moment. De toute l'horreur. — Potens... in iniquitate.
là l'émotion, l'indignation qui vibrent à Dans l'hébreu, le substantif grit^ôr est au
chaque ligne. —
Dans un langage pas- vocatif: héros. Sanglante ironie la bra- :
^ Voilà l'homme qui n'a point pris Dieu pour son protecteur,
mais qui s'est confié dans la multitude de ses richesses
et qui s'est prévalu de sa vanité.
variante dans le texte primitif; au lieu des lation de synonymes très énergiques. Hébr. :
Comparaison d'autant plus juste, que les châtiment produira sur les bons. D'une
méchants propos de Doëg avaient fait cou- part un sentiment de crainte respec-
,
tiatn.,.. Le traître avait agi par pure ma- D'autre part (vers. 8'^-9), la joie et une
lice, comme le met énergiquement en impression de soulagement ridebunt... :
relief toute cette première strophe. Un — Après avoir eu le cœur serré tandis que
sélah termine et accentue le vers. 5 dans les violateurs de la loi prédominaient (et
le texte hébreu. —
Verba prœcipita- ici le crime était particulièrement hor-
tionis... ; des paroles qui précipitent dans rible), ils se dilatent et laissent un libre
la ruine ceux contre qui elles sont pro- cours à leurs pensées {et dicent). Ecce —
férées. Hébr. : des paroles de destruc- homo. Voilà comment a été traité ce
tion. grand coupable. —
La conduite de cet
3» Seconde strophe prédiction de la: homme est ensuite brièvement décrite
ruine prochaine de Doëg. Vers. 7-9. dans trois propositions mises en gradation
7-9. L'émotion, quoique un peu calmée, ascendante. Non posuit Deum. adjuto-
est très vive encore dans ces versets. — rem...; d'après l'hébreu il n'a pas fait
:
Propterea (mot souligné). Le traître aura de Dieu son rempart. Speravit in multi-
son tour, et son crime ne demeurera pas tudine... : ce détail montre que Doëg était
impuni. —
Destruet te in finem : Dieu le riche et influent (cf. I Reg. xxi, 7;xxn,
« renversera » à jamais, suivant l'expres- 9). Prœvaluit in vanitate... : hébr., dans
sion métaphorique de l'hébreu, qui com- sa mahgnité.
pare ainsi le traître à un édifice que l'on 4° Troisième strophe : confiance iné-
abat pour toujours. — Evellet, emigra- branlable de David en Jéhovah, de qui il
bit (c.-à-d. « migrare faciet »). Accumu- attend le salut. Vers. 10-11.
248 Ps. LI, 10-41
^^
Ego autem, sicut oliva fructifera in domo Dei;
speravi in misericordia Dei in seternum et in sasculum sœculi.
**
Confitebor tibi in saeculum , quia fecisli,
et expectabo nomen tuum, quoniam bonum est,
in conspectu sanctoFum tuorum.
I
>s. LU, 1-4. 249
PSAUME LU
*
In fmem, pro Maeleth, intell igentise David.
Dixit insipiens in corde suo : Non est Deus.
^ Corrupti sunt, et abominabiles facti sunt in iniquitatibus,
non est qui faciat bonum.
^ Deus de ccelo prospexit super fîlios hominum
ut videat si est intelligens, aut requirens Deum.
^ Omnes declinaverunt , simul inutiles facti sunt;
non est qui faciat bonum
non est usque ad unum.
signe, comme d'habitude, un poème didac- le commentaire, voyez les pages 73 et 74;
tique. On retrouve la première en avant nous ne signalerons ici que les diver-
du Ps. Lxxxvii. Elle signifie probable- gences des deux poèmes.
ment que ces deux cantiques devaient être 2" Première partie : plainte qu'arrache
chantés sur un air mélancolique et plain- au poète la vue de la dépravation morale
tif (le mesto de la musique moderne). — du monde entier. Vers. \^-^.
Ainsi qu'il a été dit plus haut (p. 73), le l''-4. A part de très légers changements
Ps. LU est une reproduction presque lit- d'expressions et la variété des noms di-
,
'
Qui procurera de Sion le salut d'Israël?
Quand Dieu aura mis fm à la captivité de son peuple,
Jacob sera dans l'allégresse et Israël dans la joie.
PSAUME LUI
'
In finem, in carminibus, intellectus David, ^ cum venissent Ziphaei, et
dixissent ad Saul Nonne David absconditus est apud nos?
:
*
Pour la fm, parmi les cantiques, instruction de David, ^ lorsque les
habitants de Ziph vinrent dire à Saûl David n'est-il pas caché parmi nous?
:
gâte porte : « in studiis suis. » L'hébreu set, et avoir servi d'occasion au remanie-
a ici '^avel, Mniquité; au Ps. xni, ^alîlah, ment duPs. —
Dissipavit ossa
XIII. Ce
œuvre. détail suppose que les cadavres des enne-
3» Deuxième partie le comble de la
: mis étaient demeurés sans sépulture sur
malice, et son châtiment. Vers. 5-7. le champ de bataille grande humiliation,
:
.>)? Le mot « tous » manque ici dans qui campe contre toi. Le poète interpelle
l'hébreu. —
Quoniam Deus (vers. C'^j... la nation israélite et continue de lui pro-
Nous lisons au Ps. xin « Car le Sei- : mettre la victoire. —
Confusi sunt. Hébr. :
gneur est avec la race des justes; vous Tu les as couverts de honte. Motif de —
vous êtes moqués du dessein du pauvre; cette facile victoire Dominus sprevit :
•'
Dieu, sauvez -moi par votre nom,
et rendez -moi justice par votre puissance.
^ Dieu, exaucez ma prière;
prêtez l'oreille aux paroles de ma bouche.
^'
Car des étrangers se sont élevés contre moi
et des hommes puissants ont cherché à m'ôter la vie,
et ils n'ont point placé Dieu devant leurs yeux.
^ Mais voici que Dieu vient à mon aide
et que le Seigneur est le protecteur de ma vie.
note). — L'occasion : cuni venissent Zi- — Judica me. « Prends -moi justice »,
phœi... David, persécuté et serré de près comme souvent ailleurs. —
Motif de cette
{)ar Saiil, s'était caché dans le désert de pressante prière quoniam alieni... Ce
:
Ziph, au sud d'Hébron (Atlas géogr., sont les habitants de Ziph qui sont ainsi
pi. vu); mais, aperçu et dénoncé par les désignés. Ils faisaient cependant partie de
habitants du pays il courut un péril ex-
, la nation théocratique et de la tribu de
trême. Cette trahison se renouvela à deux Juda, tout aussi bien que David; mais,
reprises. Cf. I Reg. xxiii, 19 et ss. xxvi, ; par leur odieuse trahison, ils s'étaient eux-
1. irs'agit ici de la première, comme le mêmes assimilés à des étrangers, à des
montrent les paroles des Ziphéens insé- païens. — Fortes. Hébr. des hommes :
s'emparer de son rival, fut obligé d'aller vant son âme consolée la délivrance qu'il
leur tenir tète, et David put s'échapper demandait à Dieu. L'emploi du temps pré-
sain et sauf. —
Deux strophes, séparées sent {adjuvat, susceptor est) a le même
par un sélah : vers. 3-5, prière plaintive; sens. —
Averte mala... Anathème contre
vers. 6-9, sentiments de confiance et pro- ses ennemis. D'après l'hébreu simple ,
"^
Averte mala inimicis meis
et in veritate tua disperde illos.
^ Voluntarie sacrificabo libi,
et confitebor nomini tuo, Domine, quoniam bonum est.
® Quoniam ex omni tribulatione eripuisti me,
et super inimicos meos despexit oculus meus.
"^
Faites retomber les maux sur mes ennemis,
exterminez -les dans votre vérité.
et
^ Je vous offrirai volontairement des sacrifices,
et je célébrerai votre nom, Seigneur, parce qu'il est bon.
^ Car vous m'avez délivré de toute affliction,
et mon œil a regardé mes ennemis avec assurance.
PSAUME LIV
^
In finem, in carminibus, intellectus David.
*
Pour la fin, parmi les cantiques, instruction de David.
par votre fidélité, conformément à vos indications qu'au vers. 1 du Ps. lui. Voyez
promesses. Allusion aux saintes assurances la note. — On admet assez généralement
que le Seigneur avait données à David de que ce cantique fut composé pendant la
le protéger toujours. —
Volunlarle sacri- première période de la révolte d'Absalom,
ficabo : de grand cœur, avec joie. Le Lé- alors que tout semblait conspirer à la
vitique mentionne, vn, 16, et xxn, 21, 23, ruine d,e David. Les principaux détails
ces sacrifices spontanés ainsi nommés , s'harmonisent très bien avec cet événe-
par opposition aux oll'randes rigoureuse- ment douloureux, surtout celui qui con-
ment exigées par la loi. Et confite- — cerne la trahison d'un ami dévoué, c.-à-d.
bor... David promet aussi des sacrifices de d'Achitophel (vers. 14-15; cf. II Reg. xv,
louange à son divin libérateur. Quo- — 12, 31). Ainsi trahi, abandonné, menacé
oviani ex omni... (vers. 9). La confiance, dans sa vie non moins que dans sa dignité,
déjà fortement exprimée dans les ver- David s'adresse à Dieu, son unique se-
sets 6-7, éclate encore comme conclusion cours, et le conjure de le sauver. Comme
du psaume. —
Eripuisti. Le passé est motifs d'être promptement exaucé, il si-
pour David un sûr garant de l'avenir; gnale sa profonde détresse, la malice de
Dieu le tirera de ce nouveau danger aussi ses ennemis, la perfidie et l'ingratitude de
aisément qu'il l'avait sauvé d'autres pé- son ami, sa confiance parfaite en Jéhovah
rils. — Super inimicos... despexit... La malgré tout. « Beau psaume, qui émane
Vulgate exprime très bien la pensée con- : des profondeurs intimes du cœur de
fiant en Jéhovah, David regarde de haut David. » — Ici, comme plus haut (Ps. xl,
et avec fierté ses ennemis, dont il triom- 10), Achitophel est le type du traître Ju-
phera bientôt. das. — Trois parties appel à Dieu, basé
:
et volabo, et requiescam?
J'ai été rempli de tristesse dans mon épreuve, et le trouble m'a saisi
"^
à la voix de l'ennemi et devant l'oppression du pécheur.
,
sur l'extrême détresse du suppliant. Vers. ment encore Mon cœur tremble... — For-
:
tion vivante, douloureuse. Cor — meum {in solitudine). David, pressé par le dan-
conturbatum... L'hébreu dit plus forte- ger, ne tarda pas à exécuter ce dessein et
254 Ps. LIV, 8-10.
à se retirer au désert (ci. II Reg. xv, 28; 3° Seconde partie le roi outragé laisse
:
XVII, 16), mais par une marclie pénible et un libre cours à ses sentiments d'indigna-
lente, et non pas porté sur les ailes ra- tion contre ses ennemis. Vers. 10-16.
pides de la colombe. — Un douloureux 10-12. Quatrième strophe : David maudit
ses adversaires , qui
souillaient Jérusalem
par leurs crimes. Le
langage est très éner-
gique. — Prxcipita. Que
Dieu les précipite dans
la ruine. Hébr.: englou-
tis-les (cf. Num.xvi,32).
Comme autrefois Goré
et ses partisans impies.
— Divide linguas... :
des périls extérieurs parfois violents nuit ils ( les partisans d'Absalom ) en font
,
—
,
comme la tempête. Au vers. 9, variante le tour (de la ville) sur ses murs; l'ini-
assez considérable dans l'hébreu Je me : quité et la malice sont dans son sein. »
hâterais d'échapper à l'ouragan furieux, à Du haut des remparts, les rebelles regar-
la tempête. daient si leurs alliés du dehors se mon-
Ps. LIV, 11-16. 255
11
Die ac nocte circumdabit eam super muros ejus iniquitas
medio cjus, *^ et injustitia.
et labor in
Et non de plateis ejus usura et dolus.
defecit
13
Quoniam inimicus meus maledixisset mihi,
si
sustinuissem utique.
Et si is qui oderat me super me magna locutus fuisset
abscondissem me forsitan ab eo.
^''
Tu vero, bomo unanimis,
dux meus, et notus meus;
'^
qui simul mecum dulces capiebas cibos :
^'
Jour tour de ses murs;
et nuit l'iniquité fait le
*^ et l'injustice.
et au milieu d'elle sont le travail
L'usure et la tromperie ne quittent point ses places publiques.
13
Car, si mon ennemi m'avait maudit,
je l'aurais certainement supporté.
Et si celui qui me haïssait avait parlé de moi avec insolence,
peut-être me serais- je caché de lui.
1 'i
Mais toi, qui ne faisais qu'un avec moi,
mon conseiller et mon ami ;
^'
toiqui avec moi partageais de doux mets :
^^'
Que la mort fonde sur eux,
traient à distance pour venir les rejoindre. rait le roi et le sujet. — Dux meus
: son
— Non defecit
cité. de plateis... Plus confiance la plus entière. Cf. II Reg. xv,
d'ordre, plus de loi : les exactions et la 12 XVI 33.
; ,
—
Notus meus. Autre expres-
fraude se commettaient au grand jour. sion qui marque une très grande familia-
David était désormais impuissant à répri- rité. —Qui simul... Le comble de la bonté,
mer le désordre. surtout en Orient. —
Dulces... cibos : mets
13-15. Cinquième strophe l'ami per- : rendus plus délicieux par cette présence
fide. De ce tableau général le poète passe , aimée donc, mon hôte très suave. L'hé-
;
tout à coup à la description d'une trahison breu dit simplement Nous vivions en-
:
individuelle, extrêmement perfide, qui semble dans la plus grande intimité. « Quelle
l'avait blessé jusqu'au fond du cœur. Le signification plus poignante encore prend
portrait d'Achitophel est aisé à reconnaître cette parole sur les lèvres du second
dans ces lignes comme aussi, d'une ma-
; David, qui, quoique fils de Dieu, et Roi
nière typique, celui du traître Judas. Si — sans égal, était entré, en tant que Fils de
inimicus...: un ennemi quelconque. Hébr.: l'homme, dans les relations humaines les
Ce n'est pas un ennemi qui m'outrage. — plus intimes avec ses disciples, et, parmi
Sustinuissem... Il supporterait patiemment eux , avec Judas !»
le traître In domo —
cette injure, qui n'aurait rien que d'ordi- Dei... cum
consensu. Leur harmonie était
naire. —
Abscondissem me... Il échappe- parfaite, et concernait les choses de Dieu
rait, en se cachant, à cette haine vulgaire. comme toutes les affaires de l'État. Daprès
— Tu vero... Apostrophe directe à son l'hébreu, avec une nuance Nous allions :
ami ingrat et perfide, auquel il reproche à la maison de Dieu avec la foule; c.-à-d.
ouvertement son infamie. Homo una- — au milieu des rangs pressés des pieux
nimis... C'était un autre lui-môme. Hébr.- adorateurs.
homme selon ma c.-à-d. qu'il
dignité; lG-17. Sixième strophe imprécations :
sée analogue à celle qui précède Qu'ils : les Hébreux, le jour civil commençait et
meurent en pleine santé, subitement. Ce se terminait le soir ; nous avons donc ici
souhait s'accomplit à la lettre pour Achi- vingt-quatre heures complètes. Narrabo —
tophel. Cf. II Reg. xvii, 24. In infer- — et annuntiabo. Hébr. Je réfiéchis et je :
il jouira par la bonté de Dieu. — Ad dire que David avait un grand nombre
Deum... y et Dominus... Changement très d'amis et de défenseurs. L'hébreu porte,
remarquable dans les noms divins. David au contraire Car ils sont nombreux
:
invoque 'Elohim, et c'est Y^hovah, le contre moi ce qui désigne ses ennemis.
;
^^
Il main pour leur rendre ce qu'ils méritaient.
a étendu sa
ont souillé son alliance
Ils ;
comniutatio. Pas de changement moral, Prov. V, 3-4. C'est ce que répète la suite
pas d'amélioration dans leur cœur. — du vers. 22 : Molliti... super oleum...;
Extendit manum... D'après les LXX et la autre locution proverbiale. Au lieu de
Vulgate, ces mots dramatiques ne peuvent jacula, l'hébreu a : des glaives. Ces di-
guère se rapporter qu'à Dieu, qui étend verses comparaisons ne sont pas moins
enfin sa main pour châtier les coupables élégantes qu'énergiques.
{in retribuendo). Ce châtiment est justifié 23-24. Neuvième strophe. Conclusion :
de nouveau par le second hémistiche du Dieu délivrera les bons, et châtiera à jamais
vers. 21 contaminaverunt ; ils ont pro-
: les méchants. —
Jacta super Dominum...
fané la sainte alliance par leurs crimes. Pieuse et touchante exhortation que David
L'hébreu s'applique dans tout ce verset au s'adresse à lui-même, et qu'il adresse aussi
traître Achitophel, dont la pensée était à tous ceux qui souffraient injustement,
constamment présente au cœur de David. comme lui. Comp. la première cpître de
Littéralement Il porte la main sur ceux
: saint Pierre, v, 7,où il est fait allusion à
qui étaient en paix avec lui il viole son
; ce passage. —
Ipse te enutriet. Hébr. il :
PSAUME LV
* In finem, pro populo qui a sanctis longe factus est, David, in tituli
inscriptionem , cum tenuerunt eum Allophyli in Geth.
^ Miserere mei Deus, quoniam conculcavit me homo;
,
* Pour la fm, pour le peuple qui a été éloigné des saints, de David,
inscription du titre, lorsque les Philistins l'eurent arrêté à Geth.
^ Ayez de moi ô Dieu, car l'homme m'a foulé aux pieds;
pitié ,
en réalité des Ilots de sang. Non dhni- — tins, David avait été aussitôt reconnu à
diabimt. ..l\s mourront avant d'avoir atteint Geth comme
le vainqueur de Goliath fait
,
la moitié des années qu'ils auraient vécu prisonnier et conduit au roi de cette ville.
étaient demeurés fidèles à Dieu.
s'ils — Il courut alors un très grand danger. —
Ego autem... Sentiment plein de suavité, Le psalmiste se plaint à Dieu de la vio-
pour conclure ce beau cantique. lente persécution que lui font endurer de-
puis longtemps ses nombreux ennemis,
Psaume LV et, parmi eux, nous devons voir surtout
Saûl, le plus acharné de tous, qui était
Prière confiante, clans une très grande
la cause unique du péril actuel. Dans sa
détresse.
détresse, David a recours au Seigneur,
1° Le titre. Vers. 1. gémissant, priant, manifestant les senti-
Ps. LV. — 1. Psaume de David. — Les ments d'une très vive confiance. Ce poème
mots p7^o populo , qui... longe factus est est très mouvementé, comme dut l'être l'âme
ne peuvent désigner, d'après les LXX et du poète dans la circonstance qui lui donna
la Vulgate, que David et ses partisans, naissance. — Division. Deux parties iné-
qui avaient dû s'éloigner de Jérusalem et gales (marquées, vers. 5 et ss., par un
du sanctuaire, pour fuir la colère de Saûl. refrain analogue à celui des Ps. xli-xlii),
On lit dans l'hébreu 'Al-yônat "élem: et une conclusion. 1° Appel à Dieu motivé
,
r^hôqim ; ce qui signifie Sur la colombe : par la triste situation du poète, vers. 2-5;
muette du lointain. C'étaient là, très pro- 2° plainte et confiance, vers. 6-11 ; 3" con-
bablement, les premières paroles d'un clusion, ou action de grâces, vers. 12-13.
chant connu, dont on devait adapter l'air Première partie appel à Dieu, mo-
2» :
à ce psaume. —
In tituli inscriplionem. tivé par la douloureuse situation du poète.
L'hébreu a simplement miktam; de mémo Vers. 2-5.
aux quatre psaumes suivants. Cette expres- 2-5. Première strophe. — Vers. 2-3,
sion a été expliquée on tète du Ps. xv. — l'appel et son motif. La prière se fait jour
L'occasion cum tenuerunt... Allojjhyli.
: immédiatement mais elle ne consiste
,
Les Septante donnent souvent ce nom qu'en un seul mot Miserere. Toutefois,
:
''
La hauteur du jour m'inspirera de la crainte;
mais j'espérerai en vous.
•'
Je louerai en Dieu les paroles qu'il m'a fait entendre;
j'espère en Dieu;
je ne craindrai point ce que la chair peut me faire.
" Tout le jour ils avaient mes paroles en exécration ;
Ps. VIII, 5, et la note), dont Dieu aura rai- revient au même. — Caro : les hommes,
son sans peine. —
Tota die wipugnans... qui ne sont que chair et faiblesse.
Il s'acharne sans pitié contre sa victime. — 3» Deuxième partie : plainte et confiance.
Conculcaverunt me. Dans l'hébreu, comme Vers. 6-11.
au verset 2: Ils m'attendent avidement. 0-8. Seconde strophe : la conduite hai-
Ininiici niei. Hébr. ceux qui m'épient.
: neuse des ennemis de David imprécations ;
Cf. Ps. LUI, 7. Expression qui s'appHque contre eux. Passage dramatique. Tota —
fort bien aux Philistins, entre les mains die. Avec emphase, comme au verset 2 :
Beaucoup m'attaquent avec orgueil; au dent mon âme » (ils en voulaient à sa vie).
jour où je crains (c.-à-d. quand mon an- La Vulgate donne un meilleur sens Do :
goisse devient plus grande), en toi je me même (c.-à-d. parce) qu'ils cherchent à
confie. Sentiment tout admirable. Vers. 5.— m'ôter la vie, détruisez -les. Seigneur. —
Le refrain sorte de cri de ralliement pour
; Pro nihilo salvos... Qu'ils périssent irré-
l'àme désolée du poète. Les mots in Deo vocablement ne les sauvez à aucun prix.
;
sont mis en avant d'une manière solen- Autre variante dans l'hébreu : Dans leur
nelle par la grâce de Dieu, et par elle
: méchanceté échapperont-ils? Ce q.ui signi-
260 Ps. LV, 8-10.
^ pro nihilo salvos faciès illos;
in ira populos confringes.
Deus ® vitam meam annuntiavi tibi
,
;
de » et les souffrances
sa fuite,
multiples dont elles étaient accom-
pagnées. L'idée est fort belle : Dieu
tient un compteexact de tous ces
détails de récompenser géné-
, afin
reusement son serviteur fidèle. —
Posuisti lacrymas... C'est la même
pensée. Mais, au lieu de in con-
spectu tuo, l'hébreu dit avec une
hardiesse extraordinaire Tu as :
je t'invoque).
1
L'hébreu emploie l'impératif Précipite les:
— Deus meus es. Le pronom est fortement
peuples. souhgné mon Dieu à moi, mon propre
:
Ps. LV, 41 — LVI, 1. -261
**
In Deo laudabo verbum;
in Domino laudabo sermones.
In Deo speravi ;
**
Je louerai en Dieu la parole qu'il m'a donnée;
je louerai dans le Seigneur sa promesse.
J'espère en Dieu ;
je ne craindrai point ce que l'homme peut me faire.
^^
Je connais, ô Dieu, les vœux que je vous ai faits,
les louanges dont j'ai à m'acquitter envers vous.
*^
Car vous avez délivré mon âme de la mort,
et mes pieds de la chute
afin que je me rende agréable devant Dieu à la lumière des vivants.
PSAUME LVI
'
Pourla fin , n'exterminez pas , de David , inscription du titre , lorsqu'il
s'enfuit de devant Saûl dans une caverne.
dabo verbum est ajoutée ici à la sui- ; tion aux affreuses ténèbres du séjour des
vante nous lisons in Domino au lieu de morts. Cf. Job, xxxiiî, 30. Le sens est donc :
« in Deo », et sermones au lieu de « ser- (Tu m'as délivré...) pour que je vive long-
mones rneos » (le sens demeure entière- temps encore.
ment le même) plus loin }iom,o, à la place
;
Psaume LVI
de « caro ».
4° Conclusion action de grâces à Dieu Prière et action de grâces à l'occasion
pour sa bonté. Vers. 12-13 d'un grand péril.
12-13. Quatrième strophe. In me...— 1° Le titre. Vers. 1.
vota... : c.-à-d., les sacrifices que le sup- Ps. LVI. —
1. Psaume de David. In —
pliant avait fait vœu d'oiï'rir à Dieu et qui , tituli inscriptionem. En hébr., miktam,.
d'un côté, appartenaient dès lors au Sei- Voyez la note du Ps. xv, 1. Ne disper- —
gneur [tua)., de l'autre, formaient pour das. C'est la traduction littérale de l'hé-
David une rigoureuse obligation {in me ; breu 'al-tashet ; expression obscure, que
hébr., sur moi). — Quoniayyi eripuisti... Ton trouve également en tête des Ps. lvii,
Le poète signale en quelques mots bien Lviii et Lxxiv, et qui contient, selon les
sentis le motif de sa gratitude. — Pedes... uns, le thème général de ces psaumes
de lapsu. Métaphore qui équivaut à de (Seigneur, sauvez-moi) plus probablement,
morte. —
Ut placeam coram Deo. Hébr. :
;
Ce fait eut lieu à deux reprises à Adul- : que donne l'amour. Cf. Ps. xvi, 8; xxx,
lam, I Reg. xxii, 1 Engaddi,
et ss., et à 8; Ruth, n, 12, etc. —
Donec... iniquitas:
I Reg. XXIV, 1 et ss. On
suppose commu- la malice cruelle de Saùl et des autres en-
nément qu'il s'agit ici de l'incident d'En- nemis de David. Dans l'hébreu les cala- :
danger. —
Le sujet a beaucoup d'analogie Deum qui benefecit. Le passé est pour le
avec celui du Ps. lv, et s'harmonise par- psalmiste une garantie du présent et de
faitement avec la circonstance indiquée l'avenir. D'après l'hébreu Dieu qui exé-
:
dans le titre. Le psalmiste, animé d'une cute pour moi; c.-à-d. qui agit énergi-
très vive confiance en Dieu, qui l'a tou- quement en ma faveur.
jours merveilleusement délivré de toutes 4-6. Seconde strophe David a l'intime
:
ses angoisses, le conjure de lui venir en confiance d'être exaucé, malgré la puis-
aide dans ce nouveau péril ; puis il célèbre sance de ses ennemis. — Misit de cœlo :
d'avance sa délivrance par un cantique de savoir, son bras, comme au Ps. xvii, 7; ou
louange. Deux parlies, marquées par un simplement, le secours (comp. le vers. 4'^).
refrain qu'on a qualifié de « grandiose » L'hébreu emploie le futur Il enverra.
:
obtenir une prompte délivrance, vers. 2-6; Non content de sauver son ami, le
action de grâces anticipée, tant le succès Seigneur a pris soin de le venger dédit :
rons les vers. 8-12 au début du Ps. cvii. couvert d'opprobre celui qui était acharné
2o Première partie prière pressante
: après moi. Unsélah énergique met ensuite
pour obtenir la délivrance. Vers. 2-6. en relief ce sentiment de confiance. —
2-3.Première strophe appel à la bonté : Misit misericordiam... veritatem... La
divine contre des ennemis menaçants.
,
— faveur de Dieu et sa fidélité deux attri-:
Miserere... C'est le troisième des psaumes buts qui sont souvent mentionnés en-
qui commencent ainsi (cf. Ps. l et lv). La semble. Ils sont, pour ainsi dire, les
i<
répétition miserere mei montre combien deux bons esprits qui, descendant du ciel
la détresse du suppliant était grande. — en terre, accomplissent la délivrance. »
In te confidit. Hébr. : se réfugie en toi. — Les mots et eripuit (vers. 5) manquent
Expression très belle, et familière à David. dans le texte original ; ils rendent le sens
— Cette confiance du poète est encore plus clair. — De niedio catulorum.-..
mieux marquée par la toute suave image : David compare ses ennemis à la plus ter-
in umbra alarum... sperabo (l'hébreu a rible des bêtes fauves. Cf. Ps. vn, 3, etc.
264 Ps. LVI, 5-8.
dormivi conturbatus.
Filii hominum dentés eoriim arma et sagittae
et lingua eorum gladius acutus.
^ Exaltare super cselos Deus ,
je chanterai, et je psalmodierai.
soit lui-même glorifié, et se proposer c.-à-d. sans crainte, tout consolé, depuis
cette gloire divine comme but unique ou , que l'appréhension du danger a fait place
du moins comme but principal, dans les à la certitude du salut. Cantabo... : —
prières qu'on lui adresse pour obtenir le pour célébrer la divine bonté. Le poète —
bienfait. » (Patrizi. Et tel est bien le but
) vivement à chan-
s'excite aussitôt et très
de David, lorsqu'il souhaite avant tout que ter exurge... En hébreu Éveille-toi. Par j
: :
la gloire de Dieu soit procurée au ciel et gloria mea il désigne son âme. Cf. Ps.vii,
sur la terre, par la délivrance qu'il im- 6 XXIX, 13, etc.
;
—
Psalterium et cithara.
plore. Hébr. nébel et kinnor ; la lyre et une
:
7-9. Troisième strophe : quoique ses en- pour chanter les louanges divines. Cf.
Ps. LVI, 9 — LVII, 1. 2G5
" Exurge, gloria mea;
exurge, psalterium et cithara;
exLirgam diluculo.
^'^
Confitebor populis, Domine,
tibi in
et psalmum dicam tibi in genti^btis;
^ '
quoniam magnificata est usque ad cselos misericordia tua
et usque ad nubes veritas tua.
'^
Exaltare super cœlos, Deus,
et super omnem terrain gloria tua.
PSAUME LVII
Sap, XVI, 28. Mais l'hébreu offre un sens poète, s'adressant aux juges pervers, qui
encore plus poétique; littéralement Je : ne manquaient pas plus en Israël que chez
veux éveiller l'aurore. les autres peuples de l'Orient, leur re-
10-12. Quatrième strophe raison de : proche sévèrement leur conduite inique,
cette louange retentissante. —
In populis, et leur prédit qu'ils seront eux-mêmes
in gentïbus. Bien au delà des limites de jugés par Jéhovah avec la dernière rigueur.
la Terre sainte, jusque chez les peuples — Le titre est muet sur l'époque de la
païens. Les psaumes de David sont au- composition, au sujet de laquelle les cri-
jourd'hui chantés dans tout l'univers. — tiques ne sont pas d'accord. Les détails du
Quoniam magnificata... Le motif et en psaume peuvent également convenir au
même temps le thème de sa prédication temps de la persécution de Saûl et à celui
parmi les gentils. —
Exaltare. Le refrain de la révolte d'Absalom périodes de pro-
:
•'
Leur fureur est seaiblable à celle du serpent;
à celle de l'aspic sourd qui ferme ses oreilles
,
•^
qui n'entend pas la voix des enchanteurs
et du magicien qui use d'adresse pour le charmer.
^ Dieu brisera leurs dents dans leur bouche ;
le Seigneur mettra en pièces les mâchoires des lions.
" Ils seront réduits à rien , comme une eau qui s'écoule ;
volontaire de ces juges dans le mal. L'hé- fig. 2. L'aspic a la propriété d'élargir en
limace qui se fond en cheminant. Allusion vos chaudières sentent l'épine (ce qui
à la traînée de substance visqueuse que signifie : avant qu'elles aient été bien
la limace laisse derrière elle, et dont la chauffées par le feu d'épines allumé sous
perte semblerait devoir épuiser sa vie. Cet elles), lorsque c'est encore vivant (savoir,
animal {sablûJ) n'est pas mentionné ailleurs la viande placée dans la chaudière et qui
dans la Bible. —
Supercecidit ignis : le feu n'a pas encore eu le temps de cuire), la
de la colère divine, qui les a aussitôt colère (de Dieu) les enlèvera. 2o Avant
consumés, dévorés [non viderunt...). Aulre que vos chaudières sentent l'épine, qu'elle
variante considérable dans le texte pri- (l'épine) soit vivante (c.-à-d. verte) ou en-
mitif (Qu'ils soient) comme l'avorton de llammée, le tourbillon l'enlèvera. « Les
—
:
La principale difficulté vient du mot un chaudron puis enlevées par une tem-
,
hébreu sîr, qui sert à désigner tantôt les pête soudaine » n'ayant pas le temps de
,
épines, tantôt une chaudière. Les LXX, la faire bouillir le chaudron. Ainsi seront
Vulgate et les autres versions anciennes frustrés les desseins criminels des mé-
ont adopté le premier sens la plupart des ; chants qui forment le sujet de ce poème.
interprètes contemporains préfèrent le Cf. II Reg. XXIII, (3-7; Ps. cxvn, 12.
second. L'idée générale est en toute hy- , 11-12. Quatrième slrophe joie des :
pothèse, que le châtiment des juges per- justes lorsque les pervers auront été ré-
vers sera très rapide. D'après la Vulgate duits à l'impuissance. Pensée qui sert de
le poète, interpellant de nouveau ces conclusion à plusieurs psaumes. Beau
impies, leur annonce qu'avant que leurs contraste. —
Cum viderit vindictam : la
épines aient pu s'apercevoir {intelllge- vengeance exercée par le Seigneur contre
rent) de leur transformation en un vigou- les impies. —
Manus... lavabit in san-
reux buisson {rhamnum; sous -entendu, guine. D'après l'hébreu : il lavera ses
« se esse »), par conséquent dans un pieds. Métaphore empruntée à la guerre
prochain avenir, ils seront brûlés tout et usitée dans toutes les langues. Elle re-
vivants à l'improviste par l'ardeur de la
, ,
présente un champ de bataille sur lequel
divine colère [in ira absorbet) Au second . a lieu un horrible carnage de sorte que ,
hémistiche nous lisons eos au lieu de les pieds des guerriers trempent dans le
« vos » parce que le psalmiste cesse
,
sang elle marque donc de terribles châ-
;
brusquement de s'adresser aux mauvais timents delà part de Jéhovah. David n'ex-
juges. Les épines devenant buisson prime nullement ici un sentiment de ven-
figurent ces juges eux-mêmes, avec leur geance personnelle; mais il se borne à
force toujours croissante. L'hébreu est décrire les effets et les suites du jugement
interprété de bien des manières; nous ne divin qu'il a prédit plus haut. Voyez la
citerons que les deux traductions qui nous note du Ps. v, 11. On a fait observer à bon
paraissent les meilleures en donnant nos, droit que ce saint roi « ne versa pas le
préférences à la seconde. 1° Avant que sang de ses sujets, même rebelles, sans
Ps. LVII, 12 — LVIII, 2. 269
'^
Et dicet homo Si utique est fructus justo,
:
•^
Et les hommes Oui il y a une récompense pour
diront : , le juste ;
PSAUME LVIII
*
Pour la fin, n'exterminez pas, de David, pour l'inscription du titre,
quand Saûl envoya garder sa maison pour le tuer.
^ Sauvez -moi des mains de mes ennemis, ô mon Dieu,
la plus absolue nécessité, et que, sous ce sécution de Saûl; il est, par conséquent,
rapport, il pécha plutôt par excès de bonté l'un des plus anciens de la collection. —
que par excès de sévérité. » — Et dicet... Le sujet est en parfaite harmonie avec les
La morale de tout cela. Bonio : tous les — circonstances de la compo-
extérieures
témoins de la vengeance céleste. Si — sition. David plongé dans les plus vives
est
utique... Hébraïsme Oui, en vérité, il : angoisses, car sa vie même est en péril :
existe une récompense {fructus) pour le ses ennemis sont aux aguets pour s'em-
juste; ses souffrances ne sont que transi- parer de lui; ou bien, ils parcourent la
toires. —
Utique est Deus... Conclusion ville en tout sens, le cherchant, et profé-
d'un ordre encore plus relevé. Bien qu'il rant contre lui des menaces de mort.
y ait sur la terre tant de juges iniques il , Réduit à celte extrémité, il conjure le Sei-
existe un Juge suprême, infiniment juste, gneur de le secourir et de punir ses
qui venge Tinnocence opprimée. Douce agresseurs injustes. Il promet des can-
consolation. tiques d'action de grâces après sa déli-
Psaume LVIII vrance. —On remarque dans ce poème
une véhémence extraordinaire, un va-et-
Prière pour obtenir du secours contre
vient rapide des sentiments, des descrip-
de cruels ennemis.
tions pittoresques. On reconnaît qu'il y
1* Le titre. Vers. i. a beaucoup dans la division.
d'art Deux —
Ps. LVIII. — [. Ne disperdas. Gomp. le parties égales (vers. 2-10, 11-18), mar-
Ps. Lvi, 1, et le commentaire. — David quées par un refrain (vers. 10 et 13y.
in tituli inscriptionem. Ilébr. : )nihtani Chacune d'elles est partagée en deux
(poème didactique) de David. Voyez la strophes par le sélah hébreu (à la fin des
note du Ps. xv, 4. L'occasion histo- — versets 6 et 14). Dans chaque partie, la
rique quando misit Saul... Comp. I
: deuxième strophe commence d'une ma-
Reg. XIX, 9 et ss. Saûl, voulant à tout nière identique (comparez les vers. 7 et 15).
prix se débarrasser de son rival, fit cer- « La première partie peint le trouble et
ner un soir par ses gardes la maison qu'il l'inquiétude de David; la deuxième, ses
occupait, dans l'intention de le mettre à angoisses calmées, sa colère et ses espé-
mort le lendemain matin. David ne dut rances. » (F. Vigoureux.)
son salut qu'à l'affection ingénieuse de sa 2° Première partie le trouble et l'in-
:
chez le prophète Samuel. Ce psaume re- Seigneur de le délivrer des ennemis cruels
monte donc aux premiers temps de la per- qui menacent sa vie. — Eripe me...
270 Ps. LVIII, 3-7.
irruerunt in me fortes.
Neque iniqiiitas mea, neque peccatum meum, Domine:
sine iniquitate cucurri, et direxi.
^ Exurge in occursum meum, et vide.
et circuibunt civitatem.
Vers. 2-3, Tappel à Dieu. Libéra me. — lui et se mettre en position pour l'atta-
Hébr. :place-moi en haut lieu, c.-à-d. quer : les voilà tout prêts à le frapper. —
dans un abri sur, inaccessible. De — Exurge. Vers. 6, ardente prière pour que
viris sanguinum. Ils voulaient, en effet, Dieu le secoure au plus vite. Hébr. :
aux aguets pour (m'ôter) la vie. C'était accumulation de noms divins. Intende. —
vraiment le cas durant cette nuit d'an- L'hébreu signifie encore « Éveille -toi )>;
goisse. Cf. II Reg. XIX, 41-12. Irrue- — mais l'expression n'est pas la même que
runt in me (hébr. se rassemblent contre
: plus haut. —
Ad visitandas... : visite en
moi) fortes. David relève souvent, et à mauvaise part, pour châtier avec rigueur.
juste titre, la puissance de ses ennemis — Omnes gentes. « David généralise sa
d'alors. Cf. Ps. xvii, 18; xxxvii, 20, etc. prière. » 11 conjure Dieu de punir non
Sans la protection divine, que pouvait-il, seulement ses persécuteurs immédiats,
lui seul, contre eux tous, surtout si Ton se mais tous les impies qu'il désigne ici sous ,
souvient que le premier d'entre eux était le nom de païens (hébr., gomi), à cause
le roi? —
Neque iniquitas... Énergique de leurs sentiments criminels et parce ,
'''
confiance que le Seigneur déjouera les roi. Cf. IIReg. xix, 16. —
Fortitudinem...
perfides projets de ses ennemis. Con- — Refrain pour conclure la première partie
vertentur... Vers. 7-8, description drama- du psaume. Voyez la note du vers. 1. —
tique des manœuvres desagents de Saiil. Ad te custodiam. C.-à-d. je mettrai en toi
Dans l'hébreu Ils reviendront; savoir, à
: ma force, ma confiance. D'après l'hébreu :
la maison de David, pour le saisir, ne Quelle que soit leur force, c'est en toi que
l'ayant pas trouvé une première fois. — j'espère. — Susceptor meus. Hébr. mon :
Famem patlentur... Hébr. Ils poussent : haut lieu. Son refuge assuré.
des hurlements comme les chiens. Les Sep- 3" Deuxième partie les angoisses cal-
:
tante ont supposé que ces hurlements mées, la colère et les espérances de
étaient arrachés par la faim; de là leur David. Vers. 11-18.
traduction, imitée par la Vulgate. Cir- — 11-14. Troisième strophe le poète réi-
:
cuibunt civitateni : rôdant partout, pour tère sa prière contre ses ennemis. Il
trouver David et pour Tempècher de s'é- règne quelque obscurité dans ce passage.
chapper. —
Loquentur in ore... Littérale- — Misericordia ejus pracveniet... Délica-
ment dans l'hébreu Ils font jaillir de : tesse exquise de la bonté divine, qui vient
leur bouche. Le complément est sous- au-devant des besoins de David opprimé.
entendu des flots de méchantes paroles.
:
— Ostendet mihi super... Le Seigneur lui
— Gladius in labiis... Chacun de leurs fera contempler avec joie la ruine de ses
dires est un glaive acéré. — La réflexion adversaires {inimicos; d'après l'hébreu,
quis audivit n'est pas de David, mais de ceux qui m'épient). —
Ne occidas eos.
ses adversaires impies. C'est un afl'reu.x Cette demande n'est point en contradiction
blasphème Qu'importe que nous parlions
: avec celle du verset 14=^. Ici le suppliant
et agissions mal? Dieu s'inquiète bien de désire que ses ennemis ne soient pas
tout cela! — Et tu, Domine. . Réponse écrasés par Dieu tout d'un coup, mais
du psalmiste à cette provocation. Le pro- qu'après avoir été mis dans l'impuissance
nom est fortement accentué. — Deridebis de nuire ,ils vivent appauvris , errants , «
eos. Anthropomorphisme énergique. Com- humiliés, afin de servir ainsi d'exemple àB
parez le Ps. II, 4. — Ad nihilum... Hébr. ; tout Israël. L'hébreu exprime clairement
Tu te moqueras.
Michel fut dans cette cette pensée, en disant : De crainte que
occasion l'instrument dont Dieu se servit mon peuple n'oublie. La leçon de la Vul-
pour se moquer des ennemis du jeune gafe, nequando obliviscantur..., est très
Ps. LVm, 13-14. 273
n'oublie mon peuple »); elle est, au con- des crimes de leur bouche... La vraie tra-
traire, aussi netteque l'hébreu, si l'on duction de l'hébreu paraît être Les pa- :
traite ces mots comme le sujet du même roles de leurs lèvres (sont) le péché de
verbe. « un long sup-
Faites -lui souffrir leur bouche; c.-à-d. chacune de leurs pa-
plice, afin que mon
peuple n'oublie ja- roles est un crime; et telle est la leçon
mais les effets de votre vengeance, et qu'il de la plupart des Pères et des psautiers
apprenne à vous craindre à redouter vos
, latins « Delicta oris eorum, verba labio-
:
jugements, et à mettre en vous son espé- rum ipsorum. » Les courtisans de Saùl ou
rance. Car voilà à quoi servent les châti- d'Absalom avaient étrangement nui à David
mants que Dieu exerce contre les mé- par leurs paroles haineuses. —Compre-
chants dès cette vie. » (Calmet.) Les LXX hendantur in superbia... : comme dans
ont: ToO v6[xou crou, « ta loi, » au lieu de un filet. Énergique métaphore. — De exe-
populi mei, et nous trouvons cette va- cratione... annuntiabuntur Ils seront
.
riante dans la plupart des anciens psau- cités en tous lieux comme un exemple
tiers latins, comme aussi dans les écrits proverbial des justes vengeances du Sei-
de saint Hilairc et de saint Augustin (« Ne- gneur. L'hébreu dit, avec une nuance :
nière spirituelle et typique) comme une et qu'ils ne soient plus. —Non erunt :
prière contre les Juifs... (qui), dispersés c'est le résultat final, à la suite d'un châ-
par tout le monde, sont les témoins irré- timent prolongé. —
Et scient quia Deus...
prochables de la loi de Jésus -Christ, de Le Seigneur manifestera par ce traite-
l'établissement de son Église, et de la ment exemplaire sa toute -puissance sur
vengeance du Seigneur. » (Calmet.) — Israël et sur le monde entier (finium...).
Disperge illos... et depone... Hébr. Fais- : — Sélah, pour insister sur cette pensée,
les errer par ta puissance, et précipite-les. comme au verset 6.
— Protector meus. Dans l'hébreu, « notre
12='
274 Ps. LVIII, 15 — LIX, 1.
^•'
Convertenlur ad vesperam, et famem patientur ut canes,
et circuibunt civitatem.
^^'
Ipsi dispergentur ad manducandum;
vero non fuerint saturati, et murmurabunt.
si
17
Ego autem cantabo fortitudinem tiiam
et exultabo mane misericordiam tuam.
Quia factus es susceptor meus,
et refugium meum in die tribulationis mese.
18
Adjutor meus, tibi psallam,
quia Deus susceptor meus es,
Deus meus, misericordia mea.
^^ Ils reviendront le soir, et ils seront affamés comme des chiens,
et ils feront le tour de la ville.
IG
Ils sedisperseront pour manger;
mais, s'ils ne sont pas rassasiés, ils murmureront.
17
Mais moi je chanterai votre puissance,
et le matin je célébrerai avec joie votre miséricorde.
Car vous vous êtes fait mon protecteur,
et mon refuge au jour de ma tribulalion.
mon défenseur, je vous célébrerai,
parce que vous êtes le Dieu qui me protégez,
mon Dieu, ma miséricorde.
PSAUME LIX
^
In fmem, pro his qui immutabuntur, in tituli inscriptionem, ipsi David,
*
Pour la fin, pour ceux qui seront changés, inscription du titre, instruc-
développe ici la comparaison dans les meus, misericordia mea), il est identi-
termes les plus pittoresques. Disper- — quement le même, comme le montre l'hé-
gentur ad vnanducanduni. Ils errent çà breu : ma force, c'est toi que je chan-
et là dans la ville, pour s'emparer de terai ; car Dieu est mon haut lieu, le Dieu
David et pour le dévorer. —
Si non... sa' qui me traite avec bonté.
turati..., murmurabunt. C.-à-d. : s'ils ne
Psaume LIX
réussissent pas à le saisir, et à rassasier
leur faim cruelle en se repaissant de ses Prière nationale dans un très grave péril.
chairs ils font entendre des grognements
,
sont pas rassasiés, ils passent la nuit (à ment long se divise en deux parties, dont ^^ '
errer de tous côtés, en quête de nourri- l'une est technique (vers. 1), l'autre his-
ture). — Ego autem cantabo (vers. 17). torique (vers. 2). —
La dédicace, le genre
Saisissant contraste. Quoique ainsi pour- et l'auteur in finem (au maître de chœur),
:
chassé, David est sûr de sa prompte déli- in tituli inscriptionem (hébr. miktam, :
Ps. LIX, 2-3. 275
Joab revint et frappa l'Idumée dans la vallée des Salines, tuant douze mille
hommes.
^ Dieu, vous nous avez repoussés et vous nous avez détruits;
vous vous êtes irrité, et vous avez eu pitié de nous.
ou psaume didactique), ipsi David (le Tigre, et 'Aram Sùba/i (Vulg. : Sobal),
datif pour le génitif, comme en maint puissantroyaume vraisemblablement situé
autr'C titre). —
Pro his qui inimutabuntur. au nord de Damas. Voyez V Atlas géogr.,
Hébr. 'al-susan 'édut, « sur (l'air) Lis
: pi. vin. Tandis que David battait à plu-
du témoignage. » Les mots susan 'édut sieurs reprises ces terribles adversaires,
formaient, selon l'hypothèse la plus vrai- les Iduméens envahirent par le sud le
semblable, le début d'un chant dont on dégarni de soldats, et
territoire israélite
devait appliquer la mélodie à ce poème. le ravagèrent s;ms pitié. Alors David se
Comp. le Ps. XLiv, 1 et la note. In do-, — hâta de terminer son expédition syrienne,
ctrinaY)%. Hébr. : Vlammed,
ins- « pour et il envoya contre ces hardis agresseurs
truire. »Suivant la plupart des interprètes, une forte armée, commandée par Joab et
cette expression concerne l'enseignement Abisai (cf. I Par. xviii, 12). C'est dans
musical que le maître de chœur devait cette circonstance critique qu'il composa
donner aux chantres au sujet de ce poème. le psaume Deus repulisti nos, pour attirer
Selon d'autres, elle signifierait Pour l'ins- : les bénédictions de Dieu sur la nouvelle
truction de la postérité. D'après l'opinion campagne qui allait s'engager. Il les obtint
la plus probable, que paraît confirmer le pleinement, car ses généraux rempor-
passage II Reg. i, 18, elle assignerait au tèrent une éclatante victoire dans la vallée
Ps. LIX une destination toute spéciale, du Sel, aujourd'hui le Ghôr, au sud de la
celle de servir d'accompagnement aux mer Morte {Atlas géogr., pi. vu). Douze
exercices militaires; il respire, en effet, mille Iduméens restèrent sur le terrain.
un grand enthousiasme patriotique, et ne Les passages parallèles disent dix- huit
pouvait qu'enflammer l'ardeur belliqueuse mille y a une erreur de chiffres d'un
: il
David, pendant laquelle il eut à lutter l'oracle du Seigneur, vers. 8-10; la prière
contre les Ammonites et les Syriens confé- confiante, vers, 11-14. Nous retrouverons
dérés. Ces derniers sont mentionnés sous les vers. C>^-14 insérés dans le Ps. cvii,
deux noms différents 'Avaiii naharaïm, : vers. 7-li.
ou « la Syrie des deux fleuves », c.-à-d. 'io Première strophe : plainte désolée.
la Mésopotamie (Vulg. Mesopotamiam : Vers. 3-7.
Srjriae), qu'entourent fEiiplirale et le 3-7. Le poète va droit au fait, et il
276 Ps. LIX, 4-8.
^ Commovisti terram , et conturbasti eam ;
exhale immédiatement devant Dieu ses Du moins le désastre n'est pas absolu; il
sentiments de peine. —
Repulistl..., de- y a espoir de réparer l'honneur national.
struxisti... Ces terribles elTets sont attri- La preuve en est dans l'étendard [signifî-
bués directement à Dieu, au retrait de sa cationem, pour « signum, vexillum») que
paternelle faveur. Dans l'hébreu le second , Dieu a donné aux Israélites {metuentibus
verbe contient une métaphore pittoresque : te, locution synonyme de « populo tuo »,
Tu as fait une brèche en nous. Iratus es. — vers. 5), pour que, se ralliant alentour,
Cause qui avait produit d'aussi tristes ré- ils s'échappent d'abord par une promptc>
sultats. — La leçon r)iisertus es de la Vul- fuite et s'élancent ensuite victorieusement
,
gate ne peut se rapporter qu'aux récentes contre l'Idumée. Cet étendard moral, c'est
victoires du nord-est; ce qui rompt Ten- la protection aimable du Seigneur. Com-
chainement des pensées. L'hébreu a un parez l'Exode, XVII, 15, où le Dieu d'Israël
tout autre sens Tu nous rétabliras. C'est
: est appelé Y^hovah nissi, Jéhovah ma
un désir humblement exprimé par le psal- bannière. —
Au lieu de ut fugiant...,
miste, en attendant la prière proprement l'hébreu porte (Tu as donné... une ban-
:
dite. — Commovisti terram (le pays d'Is- nière) pour qu'elle s'élève en faveur de la
raël)...,cotnmota est. Comparaisons em- vérité; c.-à-d. en faveur du droit théocra-
prunt(''Os àun tremblement de terre, qui tique, gravement menacé par Édom.
i)ouleverse toutes choses. Sana... « Dieu— Sélah ou forte de la musique dans le
secoue la terre et la brise , et il guérit en un texte original. —
Ut liberentur... Ces mots
instant toutes ses brisures » [contritiones), commencent à bon droit le verset 7 dans
a dit Bossuet. —
Ostendisti... dura. La l'hébreu car c'est à lui et nullement aux
, ,
lugubre description continue sans pouvoir deux lignes précédentes, qu'ils sont rat-
s'épuiser. Grande emphase sur populo tachés par le sens. —
Dilecti tui. Les
tuo : le Seigneur a traité son propre bien-aimés de Jéhovah, ce sont les Israé-
peuple en ennemi. —
Potasti... vino com-
• lites , son peuple de prédilection. Menacés
punctionis. D'un vin de vertige, comme par l'Idumée, ils ne peuvent être sauvés
s'exprime l'hébreu; c.-à-d. d'un vin mé- que par Dieu, et, pour qu'ils le soient,
langé de drogues intoxiquantes, qui pro- David formule son ardente prière salvum :
reçu cet oiacle, comme une consolation ouvrent la glorieuse liste des contrées sou-
précieuse , dans la circonstance même qui mises à David; il régnera en maître sur
servit d'occasion au Ps. lix? ou bien, ne les provinces qu'elles représentent, c.-à-d.
donne-t-il ici qu'une reproduction dra- sur toute la Terre sainte. Voyez V Atlas
matique de la grande promesse que Dieu géogr.y pi. vu. —
C'est aussi la Terre pro-
lui avait faite plusieurs années auparavant, mise, telle que la possédaient alors les
touchant la perpétuité de son trône et de Israélites, qui est représentée au verset 9
sa race (cf. II Reg. vu, 4-16)? C'est ce par quatre expressions nouvelles dont les ,
qu'on ne saurait déterminer avec certi- deux premières désignent encore les pro-
tude. Néanmoins la première opinion vinces d'au delà du Jourdain [Galaad, les
paraît de beaucoup la plus probable, car tribus de Cad et de Ruben; Manasses, la
nous avons ici plusieurs détails nouveaux demi -tribu transjordanienne de ce nom),
et très précis. — In sancto suo : dans le et les deux dernières {Ephraim, Juda)
sanctuaire. L'hébreu signifie plutôt dans
: l'ensemble- des tribus cisjordaniennes.
sa sainteté, c.-à-d. par sa sainteté infinie, Ephraïm et Juda reçoivent à bon droit
que Dieu avait donnée comme garant in- des attributs louangeurs, car ces tribus
de l'accomplissement de ses pro-
faillible étaient les premières de toute la nation.
messes. — Lsetabor... Ici commence le Celle-là, qui était la plus peuplée et la
divin oracle, va jusqu'à la fin du
et il plus forte, est appelée d'après Thébreu
verset 10. 11 non sur les lèvres
est placé
du Seigneur lui-même, comme on l'a cru
parfois, mais sur celles de David, auquel
se rapportent directement les verbes Je
me réjouirai, je partagerai, etc. L'hébreu
ne connaît pas ce qu'on appelle le discours
indirect, et l'ensemble revient à la phrase
suivante Dieu a dit... que je me réjoui-
:
la vallée de Sukkôt Vulg. convallem Ta- ( : que devaient à jamais sortir les rois du
bernaculoruni) qui paraît^ avoir occupé
^ peuple de Dieu. —
David cite ensuite, au
une position analogue dans la Palestine vers. 10, trois nations païennes très belli-
transjordanienne, non loin du fleuve Jaboc queuses, qu'il devait soumettre à son
(cf. Gen. xxxni, 17 et ss.; Jos. xiii, empire. Moab, indépendant et superbe
27),
278 Ps. LIX, 10-42.
^^ Moab oUa spei mese.
(cf. Is. XVI, (j), sera réduit à l'égard du taines conjonctures, renoncer au droit de
roi d'Israël au rôle extrêmement humi- propriété (cf. Ruth, iv, 7-8). Ou, plus
liant de (v bassin à laver » (ainsi dit l'hé- simplement, David, après avoir enlevé sa
breu; olla spei mei, la cuvette que David chaussure pour se laver les pieds (vers. 10»),
espérait bientôt posséder pour l'employer la jettera aux Iduméens comme à des es-
claves. En effet, dit le Talmud, « l'es-
clave enlève les souliers ( de son maître )
et les lui remet. » Cf. Matth. ni, 19;
Marc. I, 7, et Y Atlas arch., pi. vi,
tîg. 10. — Mihi alienigense. Hébr. :
des rois abyssins; ôter sa sandale ou son armées, afin de les conduire à la victoire
soulier signifiait, au contraire, en cer- {et non egredieris : nous avons déjà
. . .
280 Ps. LIX, 13 — LX, 2.
*^
Donnez -nous du secours contre la tribulation,
car la protection de l'homme est vaine.
^^ Avec Dieu nous ferons des actes de courage,
et lui-même réduira à néant ceux qui nous persécutent.
PSAUME LX
^
In finem, in hymnis, David.
^ Exaudi , Deus deprecationem meam
,
;
^
Pour la fin, sur les cantiques, de David.
"^
Exaucez , ô Dieu , ma supplication ;
faciem,us... —
Virtutem : des actions d'é- conjure Jéhovah de le ramener bientôt
clat, de vaillantes prouesses. David est auprès du sanctuaire; 2" vers. 6-9, il lui
absolument certain du succès, puisque demande aussi de longs jours , promettant
c'est Dieu lui-même {ipse, avec emphase), de le remercier par ses chants sacrés. La
et lui seul, qui se chargera de dompter seconde partie est messianique, car elle
ridumée. Cf. Ps. xuv, 6-8. Ad nihi- — prédit l'éternelle durée de la dynastie de
lum, deducet. Hébr, il foulera aux pieds. : David , promesse qui ne s'est réalisée
Marque d'un asservissement complet. qu'en la personne de Notre - Seigneur
Jésus -Christ.
Psaume LX 2° Première partie David conjure le
:
gulier pour le pluriel); c.-à-d. avec miste se trouve dans une situation très
accompagnement d'instruments à cordes. douloureuse, et il espère que Dieu dai-
Gomp. le Ps. iv, 1 et la note. « Un roi, — gnera l'en tirer. A finibus terrae : David
(vers. 7) en proie à une amère tristesse, était alors de l'autre côté du Jourdain, à]
se trouvant alors dans une des parties Mahanaïm {Atlas géogr., pi. vn). Ce qui'
lointaines de son royaume, et en face de n'est pas, tant s'en faut, l'extrémité de.la^
l'ennemi ,
prie Dieu de le sauver : tel est terre, pas même de la terre juive; mais le
Ps. LX, 3-7. 281
"^
A finibus ternio ad te clamavi, dum anxiaretur cor meum;
in petra exaltasti me.
Deduxisti me, quia factus es spes mea,
'''
^ Des extrémités de la terre j'ai crié vers vous, quand mon cœur était
dans l'angoisse;
vous m'avez élevé sur la pierre.
Vous m'avez conduit, ^ parce que vous êtes devenu mon espérance,
une tour solide contre l'ennemi.
•^
J'habiterai à jamais dans votre tabernacle;
un abri à l'ombre de vos ailes.
je trouverai
^ Car vous, mon Dieu, vous avez exaucé ma prière;
vous avez donné un héritage à ceux qui craignent votre nom.
' Vous ajouterez des jours aux jours du roi;
vous étendrez ses années de génération en génération.
cœur ne se soucie pas des mesures rigou- tatif : Puisse -je habiter..., me réfugier...!
reusement exactes, car la distance lui — Sélah dans l'hébreu ,
pour souligner cet
paraît incommensurable, dès là qu'elle le acte de foi.
tient éloigné de l'objet aimé. Clamavl. — 3" Deuxième partie : le roi demande à
D'après la Vulgate, allusion à des déli- Dieu de lui accorder une longue vie, pro-
vrances antérieures qui sont des garanties
,
mettant de le remercier à jamais par ses
d'avenir pour le psalmiste. Mais Thébreu chants. Vers. 6-9.
emploie le présent Je crie vers toi dans
: , 6-9. Quoniam tu... David appuie sur
la défaillance de mon cœur. In petra — son expérience passée la certitude où il
exaltasti... Abri tout à fait assuré, où les est d'être toujours secouru par Dieu, et
ennemis de Dawd ne sauraient l'atteindre. délivré des attaques de' ses ennemis. —
— Deduxisti mue. L'hébreu coupe autre- Exaudisti orationem... Hébr. Tu as :
ment la phrase et emploie encore le temps exaucé mes vœux. Ses prières, accom-
présent , une variante assez
ce qui produit pagnées de saintes promesses. Dedisti —
importante Sur un rocher trop haut pour
: hereditatem... Dieu rend à ses fidèles
moi (c.-à-d, que je ne saurais atteindre serviteurs (timentibus...) leur légitime
par mes propres forces), conduis-moi. — héritage, quand ils en sont injustement
Spes tnea, turris fortitudinis. Hébr, un : dépossédés. Nuance dans Thébreu : Tu
refuge, une tour solide. —
Inhabitabo in (m') as accordé l'héritage de ceux qui
tabernaculo... L'acte de confiance accou- craignent ton nom; c.-à-d. les faveurs
tumé (vers. 5) David croit fermement
: que le Seigneur tient en réserve pour
que Dieu lui permettra de revenir à Jéru- ceux qui l'aiment. Évidemment David a
salem auprès du tabernacle, et d"y de- ici en vue le trône dont il venait d'être
meurer longuement {in saecula: expression renversé, et sur lequel il comptait que
qui dénote « une foi vive en un futur état Dieu le rétablirait
bientôt. —
Dies super
de bonheur » éternel). —
Protegar in ve- dies... Locution pittoresque, pour dési-
lamento (hébr. la cachette) alarum... :
: gner des jours nombreux, une longue vie.
la gracieuse expressive comparaison
et C'est de lui-même que le psalmiste parle
employée à plusieurs reprises par David. directement dans ce passage; mais, comme
Cf. Ps. XVI, 8, etc. Los deux futurs de la l'ont admis tour à tour les interprètes juifs
Yulgate seraient mieux traduits par l'op- et chrétiens, son langage va bien au delà
282 Ps. LX, 8 — LXI, 1.
PSAUME LXI
*
In finem, pro Idithun, Psalmus David.
^
Pour la fin, pour Idithun, Psaume de David.
jamais, aussi longtemps que dureront les cette situation, qui est humainement dé-
générations humaines. —
Permanet in sespérée, il s'excite encore et encore à la
asternum. Hébr. il sera assis (sur le
: confiance; car il sait que, protégé par
trône ) éternellement. —
In conspectu Dieu, il n'a rien à craindre, tandis que la
Dei : sous les divins regards et la divine protection des hommes est absolument
protection. — Misericordiam et verita- vaine. — Sous le rapport du fond et de la
tem... D'après la Vulgate Qui pourra : forme le Ps. lxi a une ressemblance
,
scruter, connaître à fond oes attributs remarquable avec le xxxviiie. Ils mettent
infinis de Jéhovah ? Suivant Thébreu Or- : l'un et l'autre parfaitement en relief la
donne que ta bonté et ta fidélité le gardent. vanité de tout secours humain. La parti-
Deux précieux anges gardiens. Cf. Ps. cule 'afe,((Oui, en vérité » (Vulg. veru7n- :
XLii, 3. —
Au vers. 9, le psalmiste con- tamen), souligne fréquemment dans les
clut par les promesses accoutumées. Sic : deux poèmes les idées principales (quatre
dans les conditions qu'il a indiquées, fois au Ps. xxxviii; six fois ici, d'après
lorsque son exil aura pris fin et qu'il aura l'hébreu). Le Ps. lxi mérite d'attirer l'at-
pu rentrer à Jérusalem. —
PsalniuTn... in tention par la gravité des pensées, la
((
j'aicouru altéré.
De leur bouche ils bénissaient,
et dans leur cœur ils maudissaient.
quelque méchants et puissants qu'ils soient. sans crainte les audacieux rebelles. — In-
Vers. 2-5. terficitis Tous, en grand
universi vos...
2-5. Tout d'abord, vers. 2-3, acte de nombre, ils se précipitent lâchement sur
confiance parfaite en Dieu; ensuite, vers. leur roi presque délaissé, pour lui donner
4-5, description de la conduite des enne- la mort. — Tanquam parieti... et niace-
mis du roi. —
Nonne Deo... Hébr... Oui : rise... Images qui peignent énergiquement
('a/e), c'est sur Dieu que mon âme se l'état de faiblesse auquel David avait été
repose {dunitaJi, la résignation patiente réduit : il ressemblait à un mur déjà pen-
et .silencieuse). Beau et touchant début. ché et à une clôture à demi renversée,
Ab ipso enim... Motif de cet abandon tout que le moindre choc jetterait complète-
filial (vers. 2'^ -S). —
JSlam (encore 'ak ment à bas. Cf. Is. XXX, 13. L'application
dans l'hébreu)... Deus..., salutaris..., sus- n'est cependant pas la même dans l'hé-
cepior. D'après Ihébreu mon rocher,
: breu, où muraille croulante représente
la
mon salut, mon haut lieu. Métaphores les ennemis du psalmiste, qui viennent se
que les Septante et la Vulgate négligent jeter sur lui pour l'écraser. Verumta- —
fréquemment. —
Conséquence des rela- men... (vers. 5). David continue de décrire
tions étroites qui existent entre Dieu et la conduite des révoltés. D'après l'hébreu :
et n'aboutira point à une ruine totale. Le tium meum, ma dignité (LXX, TifJLiQ).
texte porte littéralement Je ne serai pas
: C'est la même pensée. — Cucurri in siti.
beaucoup ébranlé. —
Quousque irruitis Passage très obscur dans notre version
(saint Jérôme « insidiamini, » dresser des
: latine, qui semble avoir été défigurée,
embîiches; le verbe hébreu peut avoir ce car saint Ambroise a lu comme les Sep- ,
sens, mais la traduction de la Vulgate, tante « Ils ont couru dans la soif. »
:
qui est aussi celle de plusieurs auti'es C.-à-d., ils se sont précipités sur moi,
versions anciennes, nous paraît préfé- altérés de mon sang. Si l'on s'en lient à
rable)... Plein de confiance en Jéhovah, la leçon de la Vulgate, le sens .sera que
David se redresse fièrement, malgré ses David s'est élancé vers Dieu dans le be- ,
L'hébreu est très clair et tout différent : sa confiance augmenter, nie absolument »
leur jeu. Absalom et ses partisans eurent force, mon refuge est en Dieu. Spe- —
recours à toute sorte d'artifices, afin de rate... (vers. 9). Le psalmiste exhorte tous
tromper le peuple et d'arriver plus facile- ses sujets demeurés fidèles à s'approprier
ment à leurs fins. Cf. II Reg. xv, 1 et ss. ses sentiments de confiance en Jéhovah.
— Sélah pour terminer la strophe. Ils avaient besoin réconfortés et
d'être
3° Seconde strophe David s'encourage
: encouragés dans les circonstances diffi-
à une confiance plus grande encore, et il ciles qu'ils traversaient tous. Omnis —
exhorte son peuple à partager avec lui ce congregatio populi. Hébr. (Confiez -vous :
contraste avec les manœuvres perfides qui cher son cœur et le consoler en Dieu, par
viennent d'être décrites. —
Vers. 6-7, re- de ferventes et confiantes prières. Cf. Ps.
frain par lequel commençait aussi la pre- XLI, 5. —
Deus adjutor... Hébr. notre :
son âme, comme aux Ps. xli et xlii. — appui humain, puissance et bonté de Dieu
Ab ipso... patientia... Hébr., mon espé- pour secourir ses amis. Vers. 10-12.
rance; au vers. 3, mon salut. Deus..., — 10-12. Verumtamen... Vers. 10-11 :
salvator... adjutor. Dans l'hébreu, comme David n'a confiance ni dans les hommes,
au verset 3 mon rocher, mon salut mon
: , ni dans la violence, ni dans les richesses.
haut lieu. — Non emigrabo. Hébr. Je ne : — Vani filii... L'hébreu emploie l'abstrait,
serai point ébranlé. Plus haut Je ne serai : qui est ici plus énergique Oui vanité les : ,
pas beaucoup ébranlé. Ici David « sentant , fils de l'homme {b^nè 'adam); mensonge|
Ps. LXI, 11-13. 285
mendaces filii hominum in stateris
ut decipiant ipsi de vanitate in idipsum.
^*
Nolite sperare in iniquitate,
et rapinas nolite concupiscere.
Divitise si affluant, nolite cor apponere.
''^
Semel locutus est Deus;
duo htec audivi :
sants. —
In stateris, ut deci-
piant... 11 règne quelque obscurité
dans la Vulgate. Le sens général est
que, si l'on met les hommes tous
ensemble dans une balance pour
les peser, ils trompent quiconque
aurait pour eux quelque estime, car
Ton voit alors quel est leur néant
complet {de vanitate) L'hébreu est .
vers. 12 relève, par une sorte de contraste, possède pas moins la bonté et misein-
:
deux motifs de n'avoir confiance qu'en coi'dia. Remarquez cette apostrophe em-
Dieu sa puissance et sa bonté infinies.
: preinte d'une grande délicatesse {tibi,
286 Ps. LXII, 1-2.
PSAUME LXII
^
Psalmus David, cum esset in deserto Idumaeae.
^ Deus, Deus meus, ad te de luce vigilo.
Sitivit in te anima mea ;
^
Psaume de David , lorsqu'il était dans le désert d'Idumée.
^ Dieu, mon Dieu, je veille aspirant à vous dès l'aurore.
Mon âme a soif de vous ;
les justes, il donne des marques de sa breuses, fortes, pittoresques. Pas de de-
bonté. mande explicite et formelle, et pourtant
Psaume LXII c'est tout du long une prière intime, quoique
tacite, pour obtenir la prompte délivrance
Prière du matin, remplie de saints désirs
de David et la ruine de ses ennemis. « Prière
et d'un ardent amour, malgré la situa-
du matin, » avons-nous dit c'est sous ce :
G.-à-d. fugitif au désert, par suite des l'office de Laudes, qui se récite à l'aube
menées de ses ennemis. Au lieu de Idu- du jour. —
Deux parties David donne un
:
mdese, l'hébreu dit: « de Juda » (de même libre cours à ses sentiments damoureuse
quelques manuscrits des Septante Tr,ç : confiance en Jéhovah, vers. 2-9; il prédit
'lo'jôacaç), et il n'y a pas de doute que la ruine de ses ennemis et son propre
cette leçon ne soit la vraie. Il s'agit donc triomphe, vers. 10-12.
du désert de Juda, situé entre Jérusalem 2° Première partie sentiments intimes
:
et la mer Morte {Atlas géogr., pi. vu). d'amour et de confiance. Vers. 2-9.
David dut plusieurs fois chercher un re- 2-3. Première strophe soupirs vers :
guère pu faire avant la mort de Saiil. Reste empressement. Le poète l'a sans doute
donc la seconde période, durant laquelle choisi à dessein, à cause de sa ressem-
David fut précisément obligé de s'enfuir blance avec le substantif sd/iar, aurore; il
loin de Jérusalem, et de se réfugier dans y a là un jeu de mots expressif, que la
le désert de Juda. Le passage II Reg. xvi, Vulgate a fort bien rendu d'après les Sep-
14, paraît convenir très exactement à la tante. —
Sitivit in te. Cf. Ps. xli, 2.
situation qui est ici décrite (comp. les « L'expression est métaphorique ; mais
vers. 2, 3, 7, 10-11).— Quoique David fût comme dans cet autre beau psaume, elle
alors dans un péril extrême , il est remar- est en harmonie avec les circonstances
Ps. LXII, 3-5. 287
•^
In terra déserta et invia et inaquosa
, , ,
•^
Dans et sans chemin et sans eau
cette terre déserte , ,
David avait généreusement refusé de se en effet qu'un bien naturel tandis que la
,
,
laisser accompagner dans sa fuite par grâce de Dieu lleur et fruit de sa miséri-
,
l'arche sainte, d'abord enlevée par les corde, est d'un ordre supérieur, d'une
prêtres, mais qu'il avait fait reporter à inappréciable valeur. —
Sic : puisque le
Jérusalem. Cf. II Reg. xv, 25. Apparui — Seigneur est si bon. —
Benedicam... tn
tibi: par la pensée. D'après l'hébreu Je : vita mea : durant toute sa vie. In —
t'aicontemplé. —
Ut viderem... Le but nomine tuo. C.-à-d., en invoquant ce nom
de ce long regard jeté par David sur le sacré ; ou bien se confiant en lui et en
,
que David désire s'attirer d'en haut par répond à l'amour de David. —
Quia fuisti
sa prière d'après l'hébreu, où le verbe
;
adjutor... Les délivrances sans nombre
est mis au présent, la sainte et exquise que le Seigneur lui avait accordées, tel
suavité qu'il ressent à louer son divin ami. était l'objet des longues méditations du
Quand je chante vos louanges, c'est, ô psalmiste. — Et in velamento... Les grâces
mon Dieu, comme si je me nourrissais de l'avenir ne seront pas inférieures à celles
des mets le plus succulents et les plus du passé. Sur la gracieuse métaphore
somptueux. En Orient, les parties grasses alarum... f comparez les Ps. xvi, 8; xxxv,
de la viande sont les plus estimées on ; 8; LVi, 2, etc. — Exultabo. Littéralement
en fait la part des hôtes distingués aussi : dans l'hébreu Je pousserai des cris de joie
:
ditations de l'âme. Cf. Ps. iv, 5; xv, 7, ruine prochaine de ses ennemis et son
etc. — In matutinis... Jusqu'au matin. propre triomphe. Vers. 10-12.
Suivant l'hébreu Pendant des veilles
: 10-12. Cinquième strophe. — Ipsivero...
(saint Jérôme « per singulas vigilias »).
: Expression dédaigneuse : ses ennemis évi-
Ainsi qu'il a été dit ailleurs, la nuit était demment, quoiqu'ils pas encore
n'aient
alors divisée chez les Hébreux en trois été mentionnés dans ce cantique. Remar-
a veilles » de quatre heures chacune (de quez le brusque changement du ton et
Ps. LXII, 11-42. 289
'^
tradentur in manus gladii ;
vulpium erunt.
partes
*^
Rex vero lyetabitur in Deo ;
*^
ilsseront livrés au pouvoir du glaive ;
deviendront la proie des renards.
ils
12
Mais le roi se réjouira en Dieu
tous ceux qui jurent par lui se féliciteront,
car la bouche de ceux qui profèrent l'iniquité a été fermée.
des pensées. —
In vanum qusesie)^unt... être demeurés fidèles et de s'être confiés
Leurs entreprises contre sa vie ont échoué en lui. —
Qui jurant in eo. Hébraïsme,
et ce sont eux-mêmes qui périront, comme pour désigner ceux qui reconnaissaient
il est dit immédiatement. In inferiora — Jéhovah comme le seul vrai Dieu. —
Mo-
terrx: le s^'ôl ou séjour
des morts que l'on sup-
,
13
290 Ps. LXIII, 1-5.
PSAUME LXIII
*
In finem , Psalmus David.
- Exaudi , Deus orationem, meam cum deprecor ;
ciser : les détails indiquent une époque L'énergique supplication d'une plainte ré-
d'angoisse pour David ; mais on hésite signée, qui s'élève vers le ciel, A timoré —
entre le temps de la persécution de Saïd inimici. Ce qui arrache au poète de doulou-
et celui de la révolte d'Absalom. Le — reux gémissements ses ennemis sont là, :
sujet est très simple. Le psalmiste, en- menaçants, et lui inspirent de vives an-
touré de méchants et injustes détracteurs, goisses. — Protexisti
me. Mieux, d'aprè*!
a recours à Dieu dans sa détresse il ; l'hébreu Garantissez -moi. C'est une con^
:
sur d'être exaucé, il prédit les justes châ- chants, A multitudine... Autre nuance!
timents qui attendent les coupalDles, et les dans l'hébreu de la troupe bruyante!
:
divine lorsqu'elle s'exercera contre eux. dation dans la pensée; d'abord une cor
Le style est vigoureux et animé les tran- ; piration secrète, puis les premiers éclat
sitions sont quelquefois abruptes. Les de la révolte. —
Quia... David passe main-
Pères ont souvent appliqué ce psaume tenant (vers. 4-5) à la partie principah
d'une manière spirituelle à Notre -Sei- de ses souffrances aux maux que lui eau
,
font endurer ses injustes détracteurs, vers. phores accoutumées. Cf. Ps. Li, 4; cxx
2 -7b; il prédit leur punition, à laquelle 3-4, etc. —
Rem amaram. Plutôt un :
Les blessures qu'ils font sont comme celle des flèches des petits enfants,
amara (Ovide).
» —
In ocultis : en ca- tout fiers de leur habileté « Nous avons :
ourdi contre David par ses adversaires. 3" Deuxième partie David prédit le
;
C'est pour eux une chose décidée, dont il châtiment de ces hommes méchants et la
n'y a pas à revenir {firmaverunt sibi), joie qu'en éprouveront les justes. Vers.
de toutes manières à l'exé-
et ils travaillent 7^-11.
cuter. —
Narraverunt. Échange d'idées 7c_9a. Troisième strophe : le jugement
entre eux pour arriver plus sûrement à divin. — Accedet
homo... La Vulgate met
leurs Ans, et pour mieux cacher leur jeu les ennemis de David et leurs cœurs
perfide {ut absconderent...). Qùis vide-— gonflés d'orgueil {cor altum) en opposi-
bit eos f C'est comme y avait « Ils
s'il : tion avec Dieu lui-même, qui, par sa
disent: Qui nous verra? » Le langage in- puissance, les renversera sans peine, et
direct poui- le direct , à la façon hébraïque. sera encore davantage exalté par leur
Ces impics supposent que Dieu est indif- ruine {et exaltabitur...). —
Sagittae par-
férent à leur conduite. Cf. Ps. LViii, 8. — vulorum... Ils espéraient (comp. les vers.
Scrutati sunt (saint Augustin, saint Hi- 4-6) percer David d'outre en outre par
laire et divers Psautiers latins ont « per- : leurs traits si bien ajustés mais ces ;
scrutati sunt »)... Ils sont à la recherche flèches perdent toute leur force en attei-
de nouvelles méchancetés {iniquitates) gnant le roi, comme si elles étaient lan-
épuisant toutes les ressources de leur cées par des mains d'enfants. Variante
esprit à combiner leurs projets homicides considérable dans Ihébreu pour ce ver-
{defecerunt scrutantes...). L'hébreu cite set 8 Et Dieu lancera contre eux des
:
leurs propres paroles, et nous les montre flèches soudainement ; les voilà frappés.
292 Ps. LXIII, 9 — LXIV, 1.
PSAUME LXIV «
*
In fmem , Psalmus David , canticum Jeremiœ et Ezechielis ,
populo
transmigrationis, cum inciperent exire.
Ils sont donc punis par où ils avaient le contexte). La terrible leçon passe de
péché. « Tandis qu'ils bandent leurs arcs, bouche en bouche. —
Facta... intellexe-
ajustent leurs flèches et visent, les traits runt. Ils comprennent enfni les vues de
divins les atteignent eux-mêmes. » — In- laProvidence, ils voient le doigt de Dieu
firmatae sunt... Même pensée, sans méta- dans ce qui s'est passé. — Lastabitur ju-
phore leurs langues malignes ont perdu
: stus. Résultat plus spécial et plus doux à
toute leur force; bien plus, elles sont la mentionner les justes se réjouissent de
:
cause directe de leur punition {contra eos). voir triompher le droit, et ils redoublent
L'hébreu dit plus simplement que leur de confiance en Dieu. —
Laudabuntur.
langue a elle-même occasionné leur chute. Dans le sens rétléchi comme au Ps. lxii
,
,
duits par un châtiment si juste. D'une des bontés du Seigneur envers eux.
part, vers. 9^^-10, un sentiment général
et très salutaire de crainte religieuse ;
Psaume LXIY
d'autre part, vers. 11, l'allégresse des
Action de grâces à Dieu pour louer ses
justes. —
Conturbati sunt... : émus jus-
bienfaits et surtout pour le remercier
qu'au fond de l'âme par cette vengeance
d'une récolte extraordinaire.
évidemment divine D'après l'hébreu Tous :
Dei, dans le sens restreint que marque David. On ne saurait fixer l'époque pré-
Ps. LXIV, 2-5. 293
^ Te decet hymnus, Deus, in Sion,
et tibi reddetur votum in Jérusalem.
^ Exaudi orationem meam ;
ont été ajoutés par la Vulgate et quelques que la parole. Cf. Hab.
ii, 20; Zach. ii,
manuscrits des Septante. Ils sont très pro- 13. D'autres traduisent Pour toi la sou-
:
bablement apocryphes. D'après les inter- mission (résignée et silencieuse) est une
prètes qui croient à leur authenticité, ils louange. —
In Sion: la colline sacrée sur
signifient que les prophètes Jérémie et laquelle était alors le tabernacle, palais de
Ézéchiel firent chanter ce psaume par Jéhovah. —
Votum: les saintes promesses
leurs concitoyens vers la fin de la capti- faites à Dieu en vue d'obtenir ses grâces.
vité, lorsque les Israélites exilés en Egypte Les mots in Jérusalem manquent dans le
ou déportés en Chaldée {populo transmi- texte original. —
Exaudi orationem...
grationis) commençaient à quitter la terre D'après l'hébreu toi qui écoutes la
:
pour célébrer en général les bienfaits ré- est prêt à accueillir toujours les supplica-
pandus par Seigneur sur son peuple de
le tions qui montent vers son trône. Om.- —
prédilection particulièrement pour
, et plus nis caro. C.-à-d. tous les hommes, et
remercier Dieu d'une récolte extraordinai- spécialement la foule des Israélites ras-
rement abondante. On loue tour à tour : semblés devant le sanctuaire de Sion. —
sa miséricorde et sa bonté (vers. 2-6=^), sa Ad te... veniet : pour louer, remercier,
puissance infinie (vers. &>-9), sa hbéralité implorer. —
Verba iniquorum... Humble
récemment manifestée par une riche ré- confession, el appel à la miséricorde de
colte (vers. 10-14). Dieu Les suppliants avouent qu'ils se
2" Première partie éloge de la miséri-
: sont laissé séduire {praevaluerunt...) par
corde et de la bonté du Seigneur. Vers. les paroles mensongères des impies. L'hé-
2 -6a. breu dit plus simplement Les iniquités :
louange est silencieuse {dumîah), ô Dieu, ris. — Beatus quem .. Ces mots s'ap-
294 Ps. LXIV, 6-8.
^ mirabile in œquitate.
Exaudi nos, Deus, salutaris noster,
spes omnium fmiumterrœ, et in mari longe.
' Praeparans montes in virtute tua
accinctus potentia ;
pliquent à toute la nation israclite, dont malgré les attaques réitérées des nations
le Seigneur avait spécialement choisi {ele- païennes. Vers. (J'^-9.
gisti) et aimablement « rapproché » de lui G''-9. Seconde strophe. Belle et drama-
(c'est le sens de Ihébreu; Vulgate, assum- tique description. —
Spes (hébr. niibtah,
:
Dieu qui daignait y résider sa sainteté : les masses gigantesques des montagnes,
et sa justice infinies. L'hébreu n'a pas de même il soulève aisément, jusqu'à leurs
la même ponctuation , ce qui établit extrêmes profondeurs, les masses égale-
quelques légères différences Nous se- : ment gigantesques de l'Océan. L'hébreu
rons rassasiés des biens de ta maison, exprime une autre pensée Il apaise le
:
de ton saint temple ( vers, b'^'^ ). Une mugissement des mers, le mugissement de
autre phrase commence avec le vers. 6, leurs Ilots. —
Le Seigneur ne manifeste
ouvrant une nouvelle strophe Par des : pas seulement sa puissance par des phé-
prodiges, dans ta bonté, tu nous as exau- nomènes matériels, dans l'ordre physique
cés (au lieu de la prière Exaudi nos). de l'univers; il la déploie davantage encore 2
Quand il Ta fallu, Jéhovah a opéré des dans l'ordre moral agitant et apaisant les
,
"*
miracles de tout genre pour venir en aide peuples à son gré; turbabuntur gentes.
à son peuple. Hébr. et (il apaise) le tumulte des na-
:
puissance divine, qui a maintenu Israël, est un frappant emblème. Cf. Is. xvil,
Ps. LXIV, 9-12. 295
^ et timebunt qui habitant termines a signis tuis
exitus matutini et vespere delectabis.
^^ Visitasti terram et inebriasti eam ;
,
12-14. — Twiebunt...
a signis tuis : pro- la fertilité. Ce fleuve avait été en quelque
diges accomplis pour sauver les Israclitos. sorte formé par Dieu dans les airs d'où ,
abondantes. —
Visitasti terram. Visite ses sillons (saint Jérôme traduit aussi par
tout aimable et miséricordieuse. La «terre » « sulcos »; de même les LXX), en rom-
en question est celle qu'habitaient les Hé- pant ses mottes, tu la détrempes par la
breux. —
Inebriasti. L'hébreu n'a pas pluie, tu bénis son germe. On voit mieux
cette métaphore, mais il signale dès cet les heureux résultats de la pluie.
endroit le résultat général de la visite 12-14. Quatrième slropiie description
:
13
Les gracieux pâturages du désert seront engraissés
et les collines seront ceintes d'allégresse.
^^ Les béliers des brebis se revêtiront,
et les vallées seront pleines de blé ;
PSAUME LXV
* In finem, canticum Psalmi resurrectionis.
pays: belle et utile parure. Anni beni- — diction, Ion y fait paître tous les trou-
gnitatis... La présente année reçoit cette peaux, qui sont pour elles comme un
noble appellation, à cause de ses récoltes blanc vêtement. —
Valles... frumento. Le
extraordinaires. L'hébreu est plus simple plus précieux des aliments de l'homme
pour ce passage Tu couronnes l'année
: n'est point oublié. —
Clamabunt. D'après
de ta bonté; c.-à-d. que Dieu l'a ornée l'hébreu Ils jubilent et ils chantent.
:
de ses dons comme d'une riche couronne. Trait plein de beauté, pour former une
— Campi tui... A la lettre dans le texte: digne conclusion de cet admirable can-
tes ornières. Les traces laissées par les tique. « L'homme apparaît enfin dans ce
roues du char divin. « Dans la poésie sa- charmant tableau, qui sans lui demeure-
crée, Dieu nous est représenté porté sur rait incomplet, puisque toutes ces béné-
un char. » Cf. Deut. xxxni, 26, etc. — dictions sont pour lui. »
Replebunlur Ce verbe et les suivants
. . .
ceinture des collines. Induti sunt arie- — tam, dans laquelle on aura vu une allu-
»
tes... Ils se sont revêtus de laine, ou sion à la résurrection des justes. Dans
d'embonpoint. L'hébreu exprime une pen- l'Église grecque, ce cantique est encore
sée beaucoup plus poétique Les pâturages : appelé le Psaume de la résurrection. —
se sont revêtus de brebis. Les prairies C'est un hymne d'action de grâces .com-
étant très grasses en cette année de béné- posé à l'occasion d'une délivrance insigne,
Ps. LXV, 2-5. 297
il est terrible dans ses desseins sur les enfants des hommes.
que le Seigneur venait d'accorder aux Dieu pour sauver son peuple avaient pres-
Israélites; mais il est impossible, faute de que tous, en effet, un caractère terrible.
données suffisantes de déterminer, môme , — In multitudine virtutis... A cause de
approximativement, quelle a été cette dé- sa toute -puissance infinie, ses ennemis
livrance. Du moins il est certain qu'il ne sont obligés de se soumettre humblement
s'agit point ici de la fin de la captivité et totalement devant lui. L'expression pit-
babylonienne, car aucun détail ne rap- toresque mentientur tibi désigne ici
pelle son souvenir. Deux parties dans — : comme au Ps. xvii, vers. 45 (voyez la
la première, vers. 11^-12, le psalmiste re- note), des hommages forcés, que les
mercie Dieu au nom de la nation entière; vaincus doivent rendre, bon gré mal gré,
dans la seconde, vers. 13-20, il parle en à leur conquérant. —
Adoret te. Hébr. se :
terminées en hébreu par le sélah. tous les peuples au vrai Dieu fait qui n'a :
2° Première partie action de grâces : été accompli que par le Christ et son
nationale, présentée à Dieu par le poète Église.
au nom de tout Israël. Vers. l''-12. 5-7. Seconde strophe: description abré-
l''-4. Première strophe: la terre entière gée des merveilles opérées par le Seigneur.
est invitée à louer le vrai Dieu. Beaux — Venite et videte... Invitation identique
élans lyriques dans ce prélude. — Jubi- à celle du Ps. xlv, 9. Terribilis. Le —
late. Hébr. : Poussez des cris de joie. — poète insiste de nouveau sur le côté majes-
Date gloriam laudi... Littéralement dans tueux et redoutable des œuvres divines.
l'hébreu : Mettez la gloire, sa louange. Comp. le vers. 3^. —
super In consiliis
G.-à-d. : glorifiez -le pour le louer; ou filios...: dans ses plans
aux enfants relatifs
bien, en le louant. — Dicile Deo. Le psal- des hommes. —
Qui convertit... Quelques
miste donne en quelque sorte le ton à détails empruntés à l'histoire de la sortie
,
vous nous avez fait passer par le feu, comme on y fait passer l'argent.
Posuit animam... ad
libérateur). Ce « nous » est remarquable, vitam. Cette locution suppose que l'on
car il une frappante solidarité entre
établit vient d'échapper à un péril extrême. Dieu
l'Israël antique, l'Israël de Moïse et de a remis en quelque sorte dans le domaine
Josué, et celui qui existait au temps où de la vie des âmes qui étaient sur le point
fut écrit le Ps. LXV. —
Qui dominatur... d'en sortir malgré elles. —
Non dédit in
Ce même Dieu, qui avait délivré les an- commotionem... Idée semblable, sous une
cêtres des Israélites contemporains du nouvelle image. Dieu a maintenu ses amis
psalmiste, continue de régner à jamais debout, ne permettant pas qu'on fît chan-
sur le monde, et sa force ne s'est point celer leurs pieds. — Quoniam... Vers.
affaiblie {in virtute sua). —
Oculi ejus 10-12'', tableau détaillé, dramatique, du
super gentes... « Sa providence attentive, misérable état auquel Israël avait été ré-
à laquelle rien n'échappe. » —
Qui exa- duit afin de mieux faire ressortir l'éten-
,
vah, et qui excitaient ainsi sa colère. notes. Symbole d'épreuves très vives mais ,
dorso,.. Hcbr. :un pesant fardeau sur nos compensation aux privations multiples que
reins. — Imposuisti homines... Dans les les Israélites avaient endurées.
LXX : Tu as fait monter les hommes... Deuxième
3° partie : action de grâces
D'une manière plus expressive encore dans personnelle du poète. Vers. 13-20.
l'hébreu Tu as fait chevaucher des hommes
: 13-15. Quatrième strophe promesses :
sur nos têtes. La Vulgate a supprimé la que le psalmiste a faites à Dieu au temps
parez les vers. 1 et ss., 8, 8. Omnes — Dieu ne m'aurait pas exaucé...; il m'a
qui timetis... : seulement les adorateurs exaucé, donc je suis réellement inno-
du vrai Dieu. —
Et narraho. Comme en cent. » (Patrizi.) — Propterea est très
d'autres circonstances semblables, le poète accentué. —
Benedictus Deus... Doxo-
veut donner la plus grande publicité à son logie qui s'échappe d'un cœur aimant, et
action de grâces, afin qu'elle soit moins qui résume tout. —
Non amovit oratio-
indigne de Dieu. —
Il se met aussitôt à nem... a me. Première faveur, qui était
raconter comment il a été exaucé au sein une garantie de la seconde. Dieu l'a laissé
de son angoisse. Ore meo clamavi : il prier; c'était l'exaucer par là même, car
avait prié à grands cris , comme on le fait « la prière et la grâce sont dans les mêmes
dans un très grave péril pour obtenir un relations qu'un cri et son écho ». C'est ce
prompt secours. dramatique.
Trait — qu'exprime fort délicatement saint Au-
Exaltavi (Itala « exultavi » ) suh lingua...
: gustin « Lorsque tu verras que la prière
:
I
Ps. LXVI, 4-4. 301
PSAUME LXVI
*
In finem, in hymnis, Psalmus cantici, David.
^ Deus misereatur nostri et Ijenedicat nobis
, ;
^
Pour la fin, parmi les hymnes, Psaume cantique de David.
^ Que Dieu de nous et nous bénisse
ait pitié ,
;
qu'il fasse briller son visage sur nous, et qu'il ait pitié de nous
^ afin que nous connaissions votre voie sur la terre,
et votre salut parmi toutes les nations.
"^
Que peuples vous glorifient, ô Dieu;
les
que tous les peuples vous glorifient.
Ps. LXVL — i. In hyninis. Hébr. : fasse luire sa face sur toi, et qu'il t'ac-
bin^ginôt; c.-à-d., avec accompagnement corde sa grâce! » —
Illuminet vultum...
d'instruments à cordes. Le genre — : L'admirable métaphore déjà signalée à
Psalmus cantici; d'après l'hébreu, psaume plusieurs reprises. Cf. Ps. iv, 7, etc. —
cantique. Vives eflusions lyriques dans ce Super nos. Dans l'hébreu avec nous. Ce :
poème.
petit —
L'auteur David. Ce nom : qui dit plus, et suppose un rayonnement
manque, il est vrai, dans l'hébreu; mais perpétuel de la face divine sur son peuple
sa présence dans la plupart des versions bien -aimé. —
Sélah ou forte de la mu-
anciennes paraît être une garantie suffi- sique à la fin du verset 2 comme écho à ,
sante d'authenticité. —
« La grande pensée la pressante prière qu'il contient. Ut —
(du cantique), c'est un ardent désir de la cognoscamus. Dans les Septante xoO :
Dieu brillera complètement sur son peuple, nous connaissions tous, Hébreux et Gen-
toutes les nations seront attirées et ga- tils. Trait bien remarquable, qui revient
gnées, et le règne de la justice sera rétabh. » assez fréquemment dans les Psaumes les :
Le Ps. LXVI est donc messianique, comme bienfaits accordés par le Seigneur à son
plusieurs passages du précédent, puisqu'il peuple aboutiront au salut du monde
prédit indirectement, lui aussi, la conver- entier. Cf. Ps. xcvii, 3; cxvi, 1-2. — Viam
sion de tous les peuples au vrai Dieu et la tuam : la conduite providentielle de Dieu
cathoHcité de TÉglise du Christ. La — envers les hommes, pour les amener à
division est très simple trois strophes : lui surtout la manifestation de son infinie
;
(vers. 2-3, 4-5, G-8), dont la seconde et la bonté. Salutare tuum : le résultat final
troisième commencent par un refrain iden- de la « via », c.-à-d. le salut de toute
tique (comp. les vers. 4 et 6). l'humanité.
2° Première strophe prière pour obtenir
: 3" Seconde strophe le psalmiste sou-
:
PSAUME LXVII
* In finem, Psalmus cantici, ipsi David.
de son Christ, où l'équité la plus parfaite fruit; Marie a enfanté Jésus. » (Pierre
servira de règle unique. La justice du Lombard.) Cf. Is. iv, 2. Benedicat —
règne messianique est fréquemment célé- nos...De nouveau (comp. le vers. 2), les
brée dans l'Ancien Testament. Cf. Ps. lxxi, faveurs divines implorées spécialement
12-13; Is. XI, 3-4, etc. —
Dirigis. Hébr. : pour les Israélites. — Et metuant (mot
tu conduiras (doucement). Expression très qui résume tous les devoirs du culte)...
délicate. Cf. Ps. xxii, 3; xxx, 4. Un — omnes fines... Encore la conversion des
sélah expressif met en relief cette suave païens, que le poète appelle de tous ses
pensée. vœux.
Troisième strophe
4° : récapitulation. Psaume LXVII
Vers. 6-8.
Ode triomphale pour célébrer les victoires
6-8. Le psalmiste réunit en une seule
du Dieu d'Israël.
les deux idées exprimées dans les strophes
précédentes. —
Confiteantur Vers. 6, . . . 1° Le titre. Vers. 1.
le refrain, ou la « joyeuse perspective de Ps. LXVII. — Le genre général et par-
la conversion des païens ». Comp. le ticulier : psalmus cantici ; ou mieux ,
Ps. LXVII, 2-3. 303
^ Exurgat Deus, et dissipentur inimici ejus,
et fugiant quioderunt eum a facie ejus.
^ Sicut déficit fumus, deficiant ;
sicut fïuit cera a facie ignis,
sic pereant peccatores a facie Dei.
psaume cantique, comme pour les deux est « abrupt, fragmentaire, rude (parfois),
poèmes qui précèdent. —
L'auteur ipsi : extraordinairement dramatique et éner-
David. Deux situations de la vie de ce gique », et « tellement spécial, que nous
prince s'harmonisent assez bien avec le ne trouvons pas moins de treize expres-
fond du cantique :la translation de l'arche sions qui n'apparaissent nulle part ailleurs».
sur la colline de Sion (cf. II Reg. vi, 1 et De là, et aussi à cause de l'élévation des
ss.), ou, mieux encore, le départ de David sentiments, de la rapidité de l'essor ly-
avec ses troupes, l'arche en tête, pour rique, de l'obscurité de quelques allusions
aller combattre contre les Ammonites (cf. historiques, de la hardiesse de certaines
II Reg. XI, 11 et ss. selon d'autres, ce qui
; métaphores, une difficulté extraordinaire
revient à peu près au même, le retour du d'interprétation, qui n'a pas peu contribué
roi victorieux). — Le thème autour duquel à ajouter à la célébrité du Ps. lxvii. Tou-
se groupent toutes les pensées, ce sont les tefois, quoique plusieurs passages soient
merveilleuses victoires du Dieu d'Israël « d'une obscurité exceptionnelle », l'intel-
sur le monde païen. A la tête de son ligence de l'ensemble n'a rien de bien
peuple, le Seigneur des armées renverse malaisé, et, même pour la plupart des dé-
tout, subjugue tout. Aussi rien de plus tails, on est venu à peu près entièrement
guerrier que ce cantique. Les couleurs du à bout de « se rendre maître de ce Titan ».
poète sont empruntées en partie à ce qui — Dans la liturgie de la synagogue
se passe généralement dans le triomphe comme dans celle de l'Église, le psaume
d'un roi conquérant, en partie à ce qui Lxvii fait partie des prières de la Pente-
avait réellement eu lieu dans l'histoire côte.
Israélite, tandis que Dieu conduisait les 2" Première partie glorieuse description
:
Christ. La fin du psaume prédit avec une elles étaient donc parfaitement appropriées
grande clarté la conversion des Gentils au à la circonstance pour laquelle fut com-
vrai Dieu, par conséquent, la catholicité posé ce cantique. Les verbes exurgat,
de l'Eglise. Cette ode aux grandes allures, dissipentur , fugiant, etc., sont au futur
que l'on regarde comme l'un des plus dans l'hébreu, et peuvent se traduire par
beaux poèmes du Psautier, a donc aussi le présent mais l'optatif des Septante et
;
^ Mais que les justes soient comme dans un festin, et qu'ils tressaillent
en la présence de Dieu
et qu'ils soient dans des transports de joie.
^ Chantez à Dieu célébrez son nom par un cantique
,
;
leur sens. — Sicut... fumus,... cera... : gate, ont corroboré l'idée au moyen d'une
deux images qui expriment avec beaucoup métaphore la joie des festins, partout et
:
de force l'anéantissement des impies, dès de tout temps proverbiale. Voyez le Ps.
que se montre Celui qu'ils attaquaient XLi, 5, et la note.-— In conspectu Dei. Le
avec une audace sacrilège. Deficiant.— visage de Dieu, dont le seul aspect suffit
pour mettre les méchants en
déroute (comp. les vers. 2-3),
devient au contraire pour les
bons un sujet de consolation.
Antithèse d'une grande déli-
catesse.
5-7. Seconde strophe éloge
:
se réjouissent. Les LXX, que suit la Vul- I travers les steppes {'arâbôt). Peut-être les
Ps. LXVII, 6-8. 305
^'
orphanorum et judicis viduarum.
patris ,
steppes de Moab, situés entre les royaumes (.( Il fait sortir (de prison) les captifs
dans
d'Israël et d'Ammon. — Quelques traits un de bien-être, » dit Thébreu; ou
état
pour caractériser le Dieu conquérant. Son pleins de vigueur {in fortitudine) selon ,
des qualités du Dieu d'Israël, vers. 6-7. la plupart périrent dans le désert sous les
Patris orphanorum,... viduarum : deux coups de la vengeance divine. Cf. Hebr,
catégories d'êtres faibles et souvent oppri- ni, 17, etc. Ce trait sert de transition à la
més, pour représenter tous les malheu- strophe suivante.
reux. Les titres patris et judicis ont été 8-11. Troisième strophe la marche glo-
:
trizi.) L'expression « ce Sinaï » est parti- de la Terre promise. Passage tout à fait
culièrement pittoresque. Pluviam vo- — obscur dans la Vulgate mais relativement
,
qui en disent autant qu'une longue des- breu, « l'habitante de la maison, » la mère
cription. —
Premier trait Dominus : de famille, partage les riches dépouilles
(hébr. 'Adonaï, le Tout-Puissant) dahit
: entre tous les siens. Cf. Jud. v, 24; II Reg.
verhutn (hébr. 'orner, une parole d'au-
: I, 24. —Le psalmiste dépeint ensuite,
début
torité). C'est le le Seigneur pro- : dans deux versets (14-15) qu'on a nommés
nonce une simple parole, un simple « Fiat », « le tourment des commentateurs », mais
et aussitôt un résultat pour ainsi dire sur la signification générale desquels on
—
,
victoires remportées par leurs pères, leurs au milieu des treillis, ou des parcs à bétail.
maris et leurs frères. Cf. Ex. xv, 20; Jud. Image d'une paix profonde, car ce n'est
V, 21, et XI, 34; I Reg. xvm, 6, etc. D'a- qu'en un temps de parfaite sécurité que
près les LXX et la Vulgate le sens est le , l'on parque ainsi les troupeaux et qu'on
,
même, quoique la construction soit diffé- se repose doucement auprès d'eux. Cf.
rente Dieu met un chant de victoire
: Gen, XLix, 14; Jud. v, 16. —
FennaR co-
[dahit verbuni) sur les lèvres des femmes lumbae... Sous -entendu « sunt, » ou
:
juives,pour qu'elles le fassent retentir par- « estis ». Israël est parfois appelé la co-
tout avec force {virtute multa). Troi- — lombe de Jéhovah. Cf. Ps. lv, 1; lxxiv,
sième trait : rexvirtutuni dilecti... C-k-à.^ 19; Os. vn, 11; xi, 11, etc. Son état de
suivant notre version latine, que le Sei- prospérité après la conquête est comparé
gneur a vaincu lui-même les ennemis, en ici au jeu chatoyant de couleurs qu'on ad-
conduisant au combat les armées de son mire sur les ailes d'une colombe exposée
bien-aimé, Israël. L'hébreu exprime une aux rayons du soleil. Elle est alors comme
pensée bien différente Les rois des ar- : recouverte tour à tour d'argent et d'un or
mées, ils fuient, ils fuient. Cette répétition aux reflets pâles et verdàtres ( in pallore
marque la fuite précipitée des armées auri; LXX: -/Xcopotr,;, l'or verdâtre; de
païennes et de leurs rois, qui sont ici même l'hébreu). Grâce au butin enlevé
mentionnés ironiquement. Quatrième — aux Chananéens, le peuple hébreu est
trait et speciei domus dividere... Les
: donc tout étincelant d'argent et d'or. —
Hébreux vainqueurs rentrent au foyer, Dum discernit cxlestis... Pendant que le
chargés de butin, et alors « la beauté de Seigneur exerce son jugement sur les rois
la maison », ou comme s'exprime l'hé-, païens, en faveur d'Israël. L'hébreu est
Ps. LXVII, 16-17, 309
^^ Mons Dei, mons pinguis ;
persa les rois dans le pays {super eam). qui regardent d'un air mécontent les
— Nive deaïbahuntur... Autre métaphore autres montagnes du pays, plus belles et
très hardie, qui représente également les plus riches extérieurement {montes coa-
heureuses suites de la victoire décrite plus gulatos), comme si Dieu avait dû les choisir
haut. Les Israélites, tout couverts des de préférence à Sion. Peine inutile, car
brillantes dépouilles de Fennemi, res- rhumble colline demeurera la montagne
semblèrent alors à la terre blanchie par préférée du Seigneur mons in quo bene-
:
une épaisse couche de neige. On retrouve placitum... Telle nous paraît être l'inter-
cette image chez les auteurs classiques prétation la plus naturelle de la Vulgate.
(comp. Homère, Iliade , xix, 357-361). Voici maintenant l'hébreu, qui nous offrira
D'après l'hébreu, avec une très légère va- un sens analogue, mais plus clair « Mon- :
^^ Le char de Dieu est environné de plus de dix mille ; ce sont des mil-
lions d'anges qui se réjouissent ;
mont Sion. Tout d'abord l'armée divine, dona... : les offrandes offertes au vain-
vers. 18. Currus Dei deceni millibus...: queur en guise de tribut. In homini-—
son char de guerre est accompagné de bus : parmi les hommes, c.-à-d. de la part
dix mille autres, ou plutôt de millions, des vaincus. —
Etenim, non credentes...
d'après le texte primitif, dont l'énergie et Ligne assez obscure, qui parait signifier,
la concision sont remarquables « Les : d'après la Vulgate, que le Dieu d'Israël a
chars de Dieu, (il y en a) des myriades, reçu les présents et les hommages de
mille fois mille. » Cf. IVReg. vi, 17; Dan. ceux-là même qui avaient d'abord refusé
vn, 10. Et ces chars ne sont autres que de croire qu'il avait fixé sa résidence à
les puissances angéliques. Lœtantium Sion. L'hébreu porte « Et même les re-
:
n'est pas dans l'hébreu. — Dominus in belles habiteront près du Seigneur Dieu. »
eis : au milieu de ces troupes innom- Après qu'ils lui auront fait leur sou-
brables d'esprits célestes qui forment sa mission, ses ennemis seront traités par
cour. Cf. Deut. xxxni, 2. In Sinai in— lui avec une grande condescendance, et
sancto. Dieu se manifeste donc avec la il leur permettra d'habiter auprès de son
même gloire et la même majesté dans le palais, de faire partie de son peuple. —
sanctuaire de Sion qu'autrefois au Sinaï. Saint Paul, Eph. iv, 8, applique la pre-
L'hébreu peut signifier C'est (le mont
: mière moitié du verset 19 à l'entrée glo-
Sion) un Sinaï en sainteté. Ou bien Le : rieuse de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans
Sinaï est dans le sanctuaire (de Sion). le ciel après son ascension ; mais il la cite
Quoi qu'il en soit, Sion est égal au Sinaï avec une variante considérable « Ascen- :
après son ascension, a envoyé aux hommes sélah, ou forte de la musique, vient con-
son Saint-Esprit, qui les a comblés de ses firmer cette espérance qui est répétée au
,
s'achève par cette grande pensée prophé- nous, un Dieu des délivrances. Domini —
tique le conquérant céleste qui s'avan-
: Domini. Le texte primitif emploie deux
çait, au début du poème, contre ses en- noms Y'^hovah 'Adonaï.
distincts : Exi- —
nemis nombreux trône maintenant à
, tus mortis. Expression pittoresque Dieu :
^amais, après avoir soumis le monde à son a des issues multiples pour faire échapper
empire. son peuple à la mort (cf. Eccl. vn, 18).
3<» Deuxième partie grandioses pers-
: Verumtamen (hébr.: 'ak, oui; joyeuse
pectives d'avenir sur le royaume théocra- assertion)... confringet... Jéhovah pro-
tique. Vers. 20-36. cure le salut de ses amis en ruinant leurs
20-24. Sixième strophe : la protection ennemis, qui sont aussi les siens. Deux
spécialeque Jéhovah sait accorder à son idées corrélatives. La seconde est expri-
peuple. Le poète jette d'abord un rapide mée avec une grande énergie au moyen ,
accordera une existence prospère. L'hé- Basan. Le Seigneur ira chercher ses en-
breu dit mieux encore Il porte notre : nemis jusque sur les sommets escarpés et
fardeau lui le Dieu de notre salut. 11
, , boisés de cette province lointaine (voyez
s'agit de l'oppression ennemie, qui pèse- la note du verset 16), et il les forcera de
rait lourdement sur Israël, si le Seigneur, quitter ce sur asile. —
Convertam inpro-
avec une infinie bonté, ne daignait se fundum... D'après laVulgate, il les ramè-
charger lui-même de ce fardeau. Un nera de Basan pour les précipiter dans la
312 Ps. LXVII, 24-27.
^^ ut intingatur pes tuus in sanguine
lingua canum tuorum ex inimicis, ab ipso.
^^ Viderimt ingressus tuos, Deus,
ingressus Dei mei, régis mei, qui est in sancto.
^^ Prœvenerunt principes conjuncti psallentibus
in medio juvencularum tympanistriarum.
'^^
In ecclesiis benedicite Deo;
Domino, de fontibus Israël.
-'
Bénissez Dieu dans les assemblées ;
par impossible, ils se seraient réfugiés les Septante ont lu sârim, princes; de là
jusque-là. Comp. Amos, ix, 2-3. Il saura l'expression principes dans la Vulgate) par ;
donc les trouver sans peine, dans quelque derrière (ainsi dit l'hébreu, au lieu de
direction qu'ils aient pris la fuite. Quelques conjuncti) viennent les joueurs d'instru-
commentateurs appliquent le verset 23 ments à cordes (psallentibus); au milieu
aux Israélites malheureux, que leur Dieu sont les jeunes filles battant du tambourin
devait ramener du lieu où ils étaient cap-
tifs, et, au besoin, du fond de l'abîme;
mais cette interprétation cadre moins bien
avec le verset 24. —
Vt intingatur pes
tuus... Le poète, interpellant ses compa-
triotes leur donne l'assurance d'une com-
,
d'après la traduction ordinaire des hébraï- départ pour les offrandes que toute la terre
sants modernes, comme « dominant » les y apportera, et que, de là, elle présentera
autres tribus (saint Jérôme « continens : au Seigneur. —
Increpa. Au verset 31 la ,
{in mienlis excessu) nous la montrent stu- le crocodile, ou l'hippopotame, ces em-'S
péfaite et hors d'elle-même par suite d'un blêmes célèbres de l'Egypte, dont ils peu-
si grand honneur. —
Celle de Juda est plaient le lleuve sacré. Cf. Is. xix, 6;
caractérisée comme duces eoruni, parce Ez. XXIX, 3-4, etc.; l'Atlas d'hist. nat.,
qu'elle était la tige royale et messianique. 3; pi. Lxxx, fig. 3. L'Egypte
pi. Lxxviii, fig.
L'équivalent hébreu de ce titre semble si- était l'unedes nations les plus dangereuses
gnifier plutôt leur foule; ou bien leurs
: : pour Israël; c'est pour cela que le poète
vêtements de diiférentes couleurs. Les presse le Seigneur de la réduire à l'obéis-
princes de Juda auraient assisté en grand sance. —
Congregatio taurorum in vaccis
f \
nombre à la procession, ou richement (hébr. avec les veaux)... Ces mots dé-
:
ornés. —
Les tribus de Zabulon et de Neph- pendent encore du verbe « increpa »; il
thali avaient été déjà chantées par Débora faudrait donc l'accusatif (« congregatio-
(Jud. v,18), à cause de leur patriotique nem »). Les taureaux figurent les rois
bravoure. païens, tandis que les veaux symbolisent
29-32. Huitième strophe la conversion : les peuples gouvernés par ces princes,
Hippopotames dans le îsil et sur ses bords.
316 Ps. LXVII, 31-33.
^^ Increpa feras arundinis ;
tous puissants et superbes, mais qui de- Ilébr. : les magnats. Ils viennent d'Egypte
vront se soumettre au vrai Dieu. Vt — à Jérusalem pour offrir à Jéhovah les
excludant... La Yulgate signale ce trait hommages de leur nation entière.
comme un argument pour exciter Jéhovah jElhiopla. Même la lointaine Ethiopie
à une plus prompte action : rois et peuples [Atlas géogr., pi. i, in, etc.). — Prœveniei
viennent chasser de leur héritage les Hé- manus ejus... Dans Ihébreu, dune ma-*
breux, qui sont purs comme de l'argent nière toute pittoresque : Elle fuit courir
passé au creuset; qu'il se hâte de secourir ses mains vers Dieu. Elle les tend vers lui
sa nation choisie. Nuance très heureuse avec empressement pour le mieux sup-
dans ritala et quelques Pères « ut non : plier.
excludantur ii qui... » (d'après le Cod. 33-36. Neuvième strophe David invite, :
précieuses richesses. Voyez V Atlas arcli., (littéralement: qui chevauche) super CX'
pi. Lxxxii, fig. 2; pi. Lxxxiii, fig. 1. — limi cseli. C.-à-d. au plus haut des cieux.
Dissipa gentes... Hébr. Il a dissipé les
: Cf. Deut. X, 4. —
Ad orientem : la région j
peuples qui aiment les combats. C'est la de la lumière, que Dieu est censé Jiabiter,
paix messianique universelle. Venient — et où il retourne après ses victoires. Mais!
(vers. 32). Le psalmiste assiste en esprit viiqqédem du texte correspond en cet en-
à la réalisation de sa prière. Legati. — droit à notre adjectif « antique » (les an-j
Ps. LXVII, 34 — LXVIII, 1. 317
'^'^
qui ascendit super cœlum cseli, ad orientem.
Ecce dabit voci suse vocem virtutis.
^^ Date gloriam Deo super Israël.
Magnificentia ejus, et virtus ejus in nubibus.
•"^^
Mirabilis Deus in sanctis suis ;
^'^
qui s'élève au plus haut des cieux, vers l'orient.
Voici qu'il va donner à sa voix un puissant éclat.
^^ Rendez gloire à Dieu au sujet d'Israël.
Sa magnificence et sa force paraissent dans les nuées.
^^ Dieu est admirable dans ses saints ;
PSAUME LXVIII
^
In fmem, pro iis qui commutabuntur, David.
^
Pour la fin, pour ceux qui seront changés. Psaume de David,
tiques cieux des cieux). Porté par les rieux tabernacle de Jérusalem. — Plebi
chérubins, son char mystérieux (cf. Ps. suas: à la nation théocratique , choisie et
XYii, 11, etc.), le Seigneur s'élance à tra- bénie entre toutes les autres.
vers les espaces immenses, inconnus de
nous. —
Dabit voci suœ... Mieux, d'après Psaume LXVIII
plusieurs Pères et Psautiers « Dabit vo- :
Prière plaintive , au sein d'une profonde
cem suam, vocem... » Hébr. Il fait en- :
détresse.
tendre sa voix, une voix puissante. Allu-
sion au tonnerre que les Israélites regar- ,
1° Le titre. Vers. 1.
daient comme la voix mystérieuse et Ps.LXVIII. —
4. La dédicace accou-
terrible du Seigneur. Comp. le Ps. xxviii, 1 tumée au maître de chœur in finetn. :
—
et la note. —
Date... super Israël. G.-à-d. La mélodie pro his qui...; hébr. 'al-
: :
louez Dieu, ô païens, de ses bienfaits à sôsannim. Comp. lePs. XLiv, 1, et la note.
l'égard d'Israël. Idée qu'on rencontre assez — L'auteur David. Cf. Rom. xi, 9. C'est
:
fréquemment dans les psaumes (cf. Ps. bien son genre et son style. Le héros —
XLViii, cxvi, etc.). L'hébreu coupe autre- du cantique est plongé dans une très
ment la phrase : Rendez gloire à Dieu; grande affliction; des ennemis violents et
sa majesté est sur Israël dans , et sa force puissants l'entourent et l'outragent; son
lesnues (dans Très beau rap-
les cieux). péril est extrême. Mais il sait, et cette
prochement le royaume de la grâce
: douce pensée le console, que c'est son zèle
(Israël) révèle la divine splendeur, tandis pour Dieu et pour les choses saintes qui
que celui de la nature manifeste la toute- lui attire tant de souffrances; il est sur
puissance divine. Mirabilis... C'est la — d'aimer le Seigneur et d'en être aimé. Il
réponse des peuples de la terre à l'invi- a donc la confiance intime que sa prière
tation que le psalmiste vient de leur sera exaucée, et que Dieu le vengera de
adresser ils louent le Seigneur par ce
: ses ennemis et bénira tout Israël. Ce —
ant joyeux. In sanctis suis. Dans — psaume est messianique à un très haut
(breu. Dieu est directement interpellé: degré. « Il prédit les souffrances de Notre-
i es terrible, ô Dieu, de tes sanctuaires. Seigneur Jésus-Christ dans sa passion, et
1 luriel d'excellence, pour désigner le glo- est le pendant, en même temps que le
II
318 Ps. LXVIIl, t2-4.
complément, du Ps. xxi; aussi est-il, avec importants et les plus nombreux de cette.
ce dernier, celui qui est le plus fréquem- magnifique élégie ne sauraient convenir à ]
ment cité dans le Nouveau Testament. David en aucune manière. Trois parties — :
raël est indiquée Ps. lxyiii, 23-24; cf. décrite par des images très expressives. —
Rom. XI, 9. è*' Le vinaigre donné sur la iiolvum me fac. La prière se fait jour
croix à Jésus -Christ est prophétisé, Ps. immédiatement, à travers toutes les an-
LXYIII, 22; cf. Joan. xix, 28, et Matth. goisses. —
Quoniam... La requête est
XXVII, 48. Aussi tous les Pères sont-ils longuement et fortement motivée. Le sup-
unanimes à voir dans ce psaume une pro- pliant insiste sur ses maux, pour mieux
phétie littérale de la résurrection de Notre- apitoyer le cœur de Dieu. Intraverunt —
Seigneur. » [Maiiuel biblique, t. Il, aguse. L'inondation, symbole d'un grave
n. 739.) Nous adoptons aussi l'interpré- péril. Cf. Ps. XYii, 5, 17; xxxi, 6; xlii,8;
tation directement messianique. Il est per- LxxxYii , 8, 18, etc. — Usque ad animam :
mis néanmoins, à la suite de quelques jusqu'à la vie, de manière à l'enlever
graves commentateurs catholiques, d'ap- bientôt. iv, 10; Jon. ii
Cf. Jer. 6. ,
—
pliquer tout d'abord ce psaume à David Infixus sum in limo profundi. Hébraïsme,
lui-même, qui l'aurait composé à l'occa- qui signifie dans une boue profonde.
:
sion soit de la persécution de Saul, soit Autre métaphore pour marquer un très
de la révolte d'Absalom périodes de sa vie
,
grand danger. Cf. Ps. xxxix, 3. Non est —
durant lesquelles il eut tant à souffrir. Le substantia (LXX ÙTioo-Taai:). G.-à-d. pas
:
saint roi serait alors le type et la figure du de base solide sur laquelle on puisse poser
« Christus patiens » mais il est certain
; le pied la victime s'enfonce donc de plus
;
il
I
Ps. LXVm, 5-7. 319
•^
Multiplicati sunt super capillos capitis mei
qui oderunt me gratis.
Confortati sunt qui persecuti sunt me,
inimici mei injuste ;
^
Ils sont devenus plus nombreux que les cheveux de ma tète,
ceux qui me haïssent sans cause.
Ils sont devenus forts, ceux qui me persécutent,
mes ennemis pleins d'injustice ;
j'ai dû payer ce que je n'avais pas pris.
^'
Dieu , vous connaissez ma folie
et mes péchés ne vous sont point
cachés.
' Que ceux qui espèrent en vous ne rougissent pas à cause de moi,
Seigneur, Seigneur des armées.
Qu'ils ne soient pas confondus à mon sujet, ceux qui vous cherchent,
ô Dieu d'Israël.
timent qu'il endure soit légitime en un mine (hébr., 'Adonaï], Domine virtutum.
sens, le héros demande que Dieu l'exauce (hébr., Y^hôvah .fbâ'ôt), Deus Israël. Le
320 Ps. LXVIII, 8-13.
théocratique. On a fort bien dit qu'il y a de tout genre que lui occasionne son zèle.
« tout un monde de promesses » dans ces — Operui in jejunio... La Vulgate est
appella lions sacrées. conforme, à la plupart des manuscrits
8-10. Quatrième strophe c'est pour : grecs, qui ont o-uv6xaXu'J;a , j'ai couvert
Dieu que souffre le héros du cantique. voilé.Mieux vaut la leçon du Codex Vati-
Motif très grave d'obtenir un prompt se- canus (7uvéxaix'|/a, j'ai humilié. Cf. Ps.
:
cours. —
Les mots propter te, mis en xxxiv, 13. L'hébreu actuel porte : Je
avant de la phrase, sont fortement accen- pleure, mon âme (est) dans le jeûne. —
tués. — Opprobrium, confusio. L'inno- Factus... in opprobrium,. Cette conduite
cente victime insiste sur les humiliations n'a faitqu'augmenter le mépris et les rail-
qu'elle a subies, et aussi sur l'abandon leries des méchants dont elle condamnait
,
12, et Job, XIX, 13. Comparez aussi Joan. ment grossier, que l'on portait en signe
I, 11, et VII, 7, pour l'application à Notre- de deuil ou de pénitence. Comp. Jonas,
Seigneur Jésus -Cln^ist. Zelus domus — III, 5, 6, 8, etc. —
Factus... in parabo-
tusB. Littéralement la jalousie pour ta
: lam. Hébr. Vmâsal, un objet proverbial
:
maison; c.-à-d. un amour ardent pour le de sarcasmes. Cf. Ps. xliii, 14, etc. —
sanctuaire et le culte divin. Comedit — Qui... in porta : aux portes de la ville, le
me. Métaphore qui peint au vif toute l'in- lieu des réunions populaires en Orient,
tensité de son zèle: elle le consume comme soit pour traiter d'affaires , soit pour tenir
ferait un Texte admirable-
feu brûlant. des conversations oiseuses. Cf. Job, v, 4;
ment réalisé par Notre -Seigneur Jésus- XXIX, 7; Ps. IX, 15, etc. —
Psallebant. On
Christ Cf. Joan. II, 13-17. Opprobria — le chantait ironiquement. Cf. Job, xxx, 9;
exprobrantium tibi... Le psalmiste se Thren. m, 14, 63. —
Qui bibebant... : les
sentait lui-même atteint par les blasphèmes compagnies joyeuses, qui, le verre en
dirigés contre Dieu, tant leurs deux cœurs main, se rient du prochain avec plus ou
étaient unis. moins d'esprit. Au lieu de vinum, l'hé-
Ps. LXVm, 44-19. 321
''
Ego vero orationem meam ad te, Domine.
Tempus beneplaciti , Deus , in multitudine misericordise tuse ;
breu a sékar , mot qui désigne toutes les les mêmes angoisses et les mêmes dan-
liqueurs enivrantes autres que le vin. gers. —
Urgeat... puteus os... Personni-
44-lG. Septième strophe : la sainte vic- lication hardie, expressive.
time revient maintenant à la prière pro- 17-19. Septième strophe la prière s'ap- :
prement dite, qu'elle avait simplement puie maintenant sur la bonté infinie de
ébauchée jusqu'ici (vers. 2 et 7), et qu'elle Dieu, et elle devient de plus en plus
développe assez longuement (vers. 14-19). pressante, comme le péril. Benigna... —
— Efjo vero. Contraste. « Au sarcasme misericordia tua. Très belle association
d£ ses ennemis, le suppliant oppose sa de mots synonymes, pour donner plus de
constance dans la prière. » —
Orationem relief à l'idée. La bonté du Seigneur est
meam. Ellipse énergique. Sous-entendu: bénigne, toute suave. Cf. Ps. lxii, 4. —
« dirige. » — Tempus
beneplaciti : le Secundum inultitiidinem miserationum...
temps voulu par Dieu, fixé par ses décrets Autre expression très forte. Cf. Ps.l, 3;
pleins de sagesse et de bonté. Cf. Ps. Thren. m, 32, —
Ne avertas faciem :
XXXI, 6; Is. XLix, 8; II Cor. vi, 2. Cette comme un indifférent , ou même comme ,
heure suit souvent celle des plus violentes un maître irrité (a puero... : de ton servi-
souffrances et du plus complet abandon. teur). — Propter inimicos... eripe. Cf. Ps.
— In veritate salutis... C.-à-d. conformé- v , 9 ; xxvi , 11 , et surtout xii , 5. II ré-
ment à la promesse que le Seigneur avait pugne que Dieu accorde aux méchants
faite de le délivrer. —
De luto, de pro- un triomphe final et définitif sur les
fundis aquarum, tempestas... Mêmes justes; or ce triomphe existerait, si les
images qu'aux versets 2 et 3 pour décrire
,
bons étaient constamment malheureux.
14*
322 Ps. LXVIII, 20-24.
^^ Tu scis improperium meum, et confusionem meam, et reverentiam
meam.
^^ In
conspectu tuo sunt omnes qui tribulant me.
Improperium expectavit cor meum et miseriam ;
et j'ai attendu que quelqu'un s'attristât avec moi mais nul ne , l'a
fait ;
connaît à fond et contemple toutes leurs tions. Elles sont parfaitement justifiées par
menées.— hnpi^oponumexpectavit.lléhr.: cette conduite cruelle (comparez le verset
l'opprobre a brisé mon cœur. D'après les 27). —Fiat mensa eorum... Cet anathème
LXX et la Vulgate, avec des ennemis si se rattache au crime qui a été mentionné en
acharnés à sa ruine, il ne peut que s'at- dernier lieu : les bourreaux ont servi du
tendre à des maux encore plus grands. — fiel et du vinaigre à leur victime; leur
Et miseriam. Dans l'hébreu Et je suis : propre table deviendra aussi un tourment
malade. —
Dans cette affreuse agonie il pour eux. — Coram ipsis. La table sera
est absolument seul, délaissé de tous, sans dressée devant eux , chargée de mets
consolation sustinui qui simul... Trait
: exquis. — In
retributiones , et in scan-
poignant. A Gethsémani et sur la croix, dalum. Variante dans l'hébreu Et ua :
Jésus endura ce cruel abandon. Dede- — filet dans leur sécurité. Le châtiment
runt in escam... Ses bourreaux prennent tombera donc sur eux à l'improviste, au
un malin plaisir à accroître ses souf- miUeu de leurs joies. Cf. I Thess. v, 3. —
frances. Au heu die fel (LXX : xo^)? l'^^é- Obscurentur oculi... Punition bien- légi-
Ps. LXVm, 25-28. 323
2^ Effunde super eos iram tuam
et l'uror irœ tuoc comprehendat eos.
^^ Fiat habitatio eorum déserta
et in tabernaculis eorum non sit qui inhabitet ;
27
quoniam quem tu percussisii persecuti sunt,
et super dolorem vulnerum meorum addiderunt.
28
Appone iniquitatem super iniquitatem eorum,
et non intrent in justitiam tuam.
lime de ces yeux qui s'étaient cruellement Cf. Gen. XXV, 16 (dans le texte original),
repus des souffrances du juste. Ces mots et VAtl. archéol., pi. xi, fig. 1, 8.
prophétisent l'aveuglement de la masse 27-29. Dixième strophe suite des ana-
:
des Juifs, et leur refus obstiné de recon- thèmes et indication de leur motif. —
Ce
naître le Messie. Cf. Matth. xiii, 14; Joan. motif est mis en avant avec une grande
XII, 35-40; Rom. xi, 8; II Cor. m, 14. vigueur quoniam... persecuti sunt. C'est
:
— Dorsuni... incurva : pour les con- l'horrible barbarie des persécuteurs. Dieu
traindre de marcher tout courbés , comme avait le droit de châtier son Christ (queni
tu percussisti ; cf. vers. 6-7); il n'en était
pas de même des hommes (comp. le
vers. 5), que les tourments déjà si af-
freux de la victime auraient dû, au con-
traire, apitoyer sur elle. Car « c'est le
dernier effet de la cruauté d'ajouter dou-
leur sur douleur à un aflligé. C'est un
ancien proverbe qu'un misérable est une
chose sacrée, et qu'il n'est permis ni
d'insulter à son malheur, ni d'ajouter à
ses peines », — Super dolorem... Nuance
dans l'hébreu :Ils racontent la douleur
de ceux que tu transperces. « Ils ra-
content, » en se moquant, en se réjouis-
Tente ronde. (Bas -relief assyrien.) sant. — Appone iniquitatem... « Dieu,
pour punir les grands pécheurs, les aban-
des esclaves chargés de lourds fardeaux donne quelquefois à eux-mêmes, et per-
{Atl. arch., pi. ui, fig. 7, 9). Dans l'hé- met qu'ils tombent de précipice en pré-
breu Fais continuellement chanceler leurs
: cipice, de crime en crime, et enfin dans
reins. De part et d'autre, emblème de mi- l'endurcissement et l'impénitence L'Écri-
sère , de faiblesse. — Effunde... iram : les ture s'exprime comme si Dieu lui-même
Ilots vengeurs de la colère divine. — Ha- les faisait tomber dans l'iniquité, qu'il
bitatio... déserta... de leur
L'extinction travaillât à leur faire combler la mesure
race; l'un des plus grands malheurs qui de leurs péchés non qu'il y concoure
;
bonté de Dieu par de saints cantiques. vivet... Vous qui cherchez Dieu,
Hébr. :
Ego surn. Contraste, comme au verset 14. votre àme vivra. Le héros du poème in-
Il se sépare des impies, qui seront mau- terpelle directement les malheureux pour
dits et condamnés. Cf. vers. 20 et ss. — leur annoncer cette bonne nouvelle. On
,
Pauper et dolens. Hébr. malheureux et : dirait une réminiscence du Ps. xxi, 27.
soufl'rant. 11 est encore dans une situation — Quoniam exaudivit... La cause de leur
douloureuse tandis que ses ennemis sont
, joie :le salut du Christ est pour eux le
tout - puissants ; néanmoins il est certain gage de leur propre délivrance. Vinctos —
de sa délivrance, qu'il contemple déjà suos. Nom délicatement choisi ceux qui :
comme un fait accompli salus... susce- : ont été chargés de chaînes, ou qui su-
pit me (le prétérit prophétique). Lau- — bissent d'autres tourments analogues par ,
Ps. LXVIII, 35 — LXIX, i. 325
PSAUME LXIX
*
In fînem, Psalmus David, in rememorationem quod salvum fecerit eum
Dominus.
'
Pour la fin, Psaume de David, en souvenir de ce que Dieu l'avait sauvé.
'^
Deus, in adjutorium meum intende;
Domine, ad adjuvandiim me festina.
^ Confundantur, et revereantur, qui quserunt animam meam.
^ Avertantur retrorsum, et erubescant, qui volunt mihi mala.
semper
et dicant : Magnificetur Dominus qui ,
diligunt salutare
tuum.
® Ego vero egenus et pauper sum ;
Domine, ne moreris.
'^
Dieu, venez à mon aide ;
veulent du mal.
Qu'ils reculent aussitôt, rougissant de honte, ceux qui me disent :
^
Va! va!
^ Mais que tous ceux qui vous cherchent tressaillent en vous d'allé-
gresse et de joie ;
et que ceux qui aiment votre salut disent sans cesse Que le Sei- :
ô Dieu, secourez-moi.
Vous êtes mon aide et mon libérateur ;
PSAUME LXX
* Psalmus David, filiorum Jonadab, et priorum captivorum.
pitié, vers.2-4; prière en faveur des bons en faveur des justes et pour lui-même.
et pour lui-même, vers. 5-6. Vers. 5-6.
2° Première strophe prière contre des : 5-6. Comparez le Ps. xxxix, 17-18, et
ennemis perfides. Vers, 2-4. les notes. —
Deus , adjuva me (vers. 6).
2-4. Comparez le Ps. xxxix, 14-16, et Hébr. hâte -toi en ma faveur. Au Ps.
:
les notes. —
Deus, in adjutorium... Au xxxix Jéhovah prend soin de moi.
:
puisé dans une ancienne tradition juive. soit si désolée. — Division. Deux parties :
— L'auteur : David. Au temps de sa vieil- vers. liJ-13, la prière et les motifs sur
lesse, d'après les versets 9 et 18; peut- lesquels elle s'appuie; vers. 14-24, senti-
être à l'époque de la révolte d'Absalom, ments de vive confiance et promesses de
où il eut tant à souffrir. — Les mots fiUo- louanges. Pas de strophes bien marquées.
rum Jonadab désignent les Réchabites, 2° Première partie la prière et les mo- :
ces célèbres ascètes israélites mentionnés tifssur lesquels elle s'appuie. Vers I^^-IS.
par le prophète Jérémie (chap. xxxv; cf. 1^-3. Prélude le psalmiste invoque le
:
IV Reg. X, 15, 23; I Par. ii, 55). Par secours de Dieu en termes pressants et
priorum captlvoruni il faut entendre ceux confiants. Ce début provient tout entier,
des Juifs qui furent déportés les premiers à part quelques légères variantes, du
en Chaldée, après la ruine de Jérusalem. Ps. xxx, vers. 2-4 (voyez les notes). —
Cette seconde moitié du titre signifie vrai- Libéra me, et eripe me. Le Ps. xxx
semblablement que le Ps. lxx « était a seulement Délivre -moi.
: Salva me. —
souvent chanté par les Piéchabites et les Ps. xxx Hâte -toi de me secourir.
:
—
premiers captifs. Cet appel à la protection Deum. protectorem, et... locum muni-
divine était alors tout à fait de circon- tum. Dans l'hébreu Un rocher d'habita- :
exaucé et secouru. Ce cantique abonde dont Dieu l'a comblé depuis sa naissance.
en réminiscences ou même en citations Passage admirable de sainte confiance. —
directes empruntées à des psaumes plus Eripe me de manu.. La requête est de nou- .
anciens, notamment aux Ps. xxi, xxx, veau proposée avant d'être motivée. PeC' —
XXXIV et xxxix; il débute comme le catoris , contra legem agentis, iniqui.
Ps. xxx et s'achève comme le Ps. xxxiv. Trois expressions synonymes. D'après
C'est un chant plein de suavité : la plainte l'hébreu: le méchant, l'homme inique et
y est à peine visible, quoique la situation violent. — Quoniam tu... Les versets 5 et
328 Ps. LXX, 5-10.
^ quoniam tu es patientia mea, Domine;
Domine, spes mea a juventute mea.
^ In te conflrmatus sum ex utero ;
et tu adjutor fortis.
^ Repleatur os meum laude,
ut cantem gloriam tuam
tota die magnitudinem tuam.
^ Ne projicias me in tempore senectutis ;
10
Car mes ennemis ont parlé contré moi
et ceux qui épiaient ma vie ont tenu conseil ensemble.
sujet d'étonnement, soit à cause de la pro- tout à coup, alors qu'il a un plus grand
tection merveilleuse dont il avait été si besoin de secours. —
Cum defecerit vir-
souvent l'objet de la part de Dieu, soit, tus... Ces mots sont synonymes de « in
selon d'autres, à cause de ses malheurs tempore senectutis ». Comparez le tableau
extraordinaires. Cette seconde interpréta- si touchant de l'Ecclésiaste , xii, 3-9. —
tion paraît être la meilleure. Cf. Is. viii, Quia dixerunt... Vers. 10-11 ses enne- :
18; Ez. III, 8, etc. Si on l'adopte, les mots mis répandent partout le bruit que le
suivants, et tu adjutor..., signitieront ; Seigneur Ta délaissé, et ils s'excitent à
Malgré cela je ne me décourage point, l'attaquer avecun redoublement de haine,
car ie Seigneur est mon auxiliaire tout- dans la pensée qu'ils n'ont rien à craindre ;
J
Ps. LXX, 11-16. 329
'^
dicentes : Deus dereliquit eum ;
que Dieu se hâte donc de le secourir, et de grâces sans cesse renouvelées. Justi- —
de les humilier ainsi. Qui cuslodiehant— tiam. tuam. « L'attribut duquel dépend
animam... L'hébreu dit avec une énergie toute espérance de salut. » Il est men-
dramatique Ceux qui guettent ma vie
:
tionné très fréquemment dans cette se-
(qui épient le moment favorable pour la conde moitié du psaume. —
Non cogyiovi
lui enlever). Persequimini et compre- litteraturam. La Vulgate a suivi la leçon
hendite... Paroles qui respirent une haine qu'on trouve dans la plupart des manus-
mortelle. —
Confundantur... Ce verset 13 crits des Septante (oùx eyvwv ypajjifxaTe^aç),
rappelle passages
divers Ps. xxi, 12; : ce qui donne le sens suivant S'il connais- :
XXXIV, 4, 26; xxxvii, 22-33; xxxix, 14-15. sait l'art d'écrire, le suppliant composerait
— Detrahentes anir)ise... Dans les Sep- un volume spécial pour célébrer la bonté
,
sperabo, et adjiciam... Les deux senti- negotiationes. » L'hébreu exprime une idée
ments qui formèrent comme le fond de toute différente Ma bouche publiera ta
:
l'âme et de toute la vie du saint roi David : justice, ton salut tout le jour, « car je n'en
l'espérance quand même, et des actions connais pas les bornes » (littéralement ;
330 Ps. LXX, 17-22.
^' Deus, docuisti me a juventute mea,
et usque nunc pronuntiabo mirabilia tua.
^^ Et usque in senectam et senium,
Deus, ne derelinquas me,
donec annuntiem brachium tuum generationi omni quse ventura est ;
Et conversus vivificasti me
et de abyssis terrse iterum reduxisti me.
21
Multiplicasti magnifîcentiam tuam,
et conversus consolatus es me.
23
Nam et ego confitebor tibi in vasis psalmi veritatem tuam, Deus;
psallam tibi in cithara, sanctus Israël.
jusqu'à ce que j'aie annoncé la force de votre bras à toutes les géné-
rations à venir ;
votre puissance *^ etvotre justice, qui atteint, ô Dieu, jusqu'aux cieux;
dans les grandes choses que vous avez faites, ô Dieu, qui est sem-
blable à vous ?
^^ Que de tribulations nombreuses et cruelles vous m'avez fait éprouver I
les nombres). David louera donc sans fin Quae fecisti. Hébr. Toi qui as fait de
:
les bontés innombrables de Dieu. Po- — grandes choses, ô Dieu, qui est comme
tentias : Hébr. g^bûrôt, les actions de
: toi? Bel élan lyrique. —
Tribulationes
puissance et d'éclat. — Justitiœ tuœ. solius. multas et m.alas. Épithètes expressives :
Ces mots sont au nominatif dans l'hébreu grandeur. Le poète, profondément humi-
et commencent une phrase nouvelle Votre : lié par ses ennemis, conjure le Seigneur
justice... (atteint) jusqu'au ciel {in altis- de le rétablir dans sa dignité royale. .
PSAUME LXXI
^ Psalmus in Salomonem.
^
Psaume sur Salomon.
de louanges et d'actions de grâces. Sur à teur du poème, et non pas son objet. Il y
l'avance du succès de sa prière, David a réellement dans ce psaume quelque
achève ce chant avec l'accent de la jubi- chose qui rappelle le genre de Salomon
lation et du triomphe. In vasis psalnii — comme écrivain par exemple sa manière
: ,
-
Dieu, donnez au roi votre jugement,
et votre justice au fils du roi ;
ne concerne nullement Salomon, mais le ment divin, qui convient entre tous à
Christ dansun sens immédiat et exclusif. quiconque est chargé de gouverner les
Comment appliquer à un autre roi que le hommes. — Régi, « Au roi -Messie, » dit
Messie les versets 5, 7-8, 10, 16-17, qui clairement la paraphrase chaldéenne. —
contiennent plusieurs des idées principales Filio régis. « Le roi et le fds du roi, c'est
du poème? Le ])salmiste trace donc ici « à tout un, » en vertu du parallélisme. Le
grands traits l'histoire du Christ, sa venue Messie était roi en tant que Dieu, fils de
sur la terre l'exercice de sa souveraineté
, roi en tant qu'homme. —Judicare équi-
dans le monde, la dilTusion de l'Évangile, vaut à « ut judicet ». L'hébreu a le futur:
la durée de l'Église et le rayonnement de Il jugera. Sur la justice propre au Messie,
la grâce au milieu des hommes jusqu'à la comp. Is. XI, 3-4; xxxii, 1; Joan. v, 22;
Un de ce monde visible ». (Ma»" Meignan.) Act. X, 42, etc. — Populum tuum. Le
— Cinq strophes inégales vers. 2-4, la
: peuple théocratique composé en premier
,
justice du roi -Messie; vers. 5-7, l'éternelle lieu des Israélites, puis de tous les païens
durée et la prospérité de son règne; vers. convertis au vrai Dieu. — Pauperes. ilébr.:
8-11, sa domination sur la terre entière; les affligés. Le Christ traitera les malheu-
vers. 12-15, sa conduite à l'égard des pe- reux et les pauvres avec la plus suave
tits et des pauvres; vers. 16-17, richesse bonté. Cf. Is. LXi, 1; Matth. xi, 4-6,
et gloire du rèrne messianique. Les ver- 28-30, etc. — Suscipiant. Ce verbe est
sets 18-19 ne font point partie du can- au futur dans l'hébreu Les montagnes
:
tique; ils forment la doxologie qui termine porteront, c.-à-d. produiront, la paix.
le second livre du Psautier. Le verset 20 Montes, colles. Les hauteurs représentent
est une conclusion plus générale encore. par synecdoque le pays tout entier, dont
2° Première strophe la parfaite équité
; elles sont les points culminants. Chacun
du roi- Messie. Vers. 2-4. sait que la Palestine, dont il est ques-
2-4. Prière à Dieu, pour que le héros tion tout d'abord, est par excellence un
du cantique possède l'esprit de justice dans pays de montagnes. "Voyez V Atlas géogr.,
tous ses actes, de sorte qu'il châtie les pi. VII, X, XII, XVIII. —
Pacem : l'heureux
oppresseurs, défende les opprimés, et résultat de la justice du roi. « A l'aide
procure ainsi la paix à tous ses sujets. — d'une élégante métaphore, on représente
Deus. Le nom
de Dieu n'est prononcé que la paix et la justice comme des produits
cette seule fois dans le psaume (hébr. : du pays sous un tel roi. » —
Pauperes...,
'Elôliim). —
Judicium... (l'hébreu em- filios pauperum. Locutions synonymes,
ploie le pluriel tes droits, c.-à-d. ta ma-
: comme « roi » et « fils de roi » au verset ,2.
nière de juger), justitiam. Attribut vrai- Dans l'hébreu les affligés du peuple et
:
Ps. LXXI, 5-8. 333
^ Et permanebit cum sole, et ante lunam,
in gênera tione et generationem.
^ Descendet sicut pluvia in vellus,
et sicut stillicidia stillantia super terram.
^ Orietur in diebus ejus justitia et abundantia pacis
donec auferatur iuna.
^ Et dominabitur a mari usque ad mare
et a flumine usque ad termines orbis terrarum.
de génération en génération.
''
Il descendra comme la pluie sur une toison
c.-à-d. aussi longtemps que durera le se répand dans le monde comme une
soleil, jusqu'à la fin des siècles {in gene- pluie qui tombe bruyamment et avec re-
ratione...). La locution ante lunam a le tentissement. » (S. Bernard, Senn. n
même sens. Nuance dans l'hébreu On te : super Missus est, 7.) Orietur (LXX: —
craindra ( ô Dieu ) tant que persistera le
, àvatelst). Dans l'hébreu Le juste ger- :
soleil. Le psalmiste prédit ainsi que, sous mera. C'est la continuation de l'image qui
le règne sans fin du Messie, Dieu sera précède la pluie fera germer les justes
:
toujours desséché. —
La locution in velliis royaume du Messie. Vers. 8-11.
de la Vulgate et des Septante (ètiI uûxov, 8-11. Cette pensée est dramatiquement
au lieu de l'hébreu « sur le gazon ») fait exposée. —
.4 mari, a /lumme. La mer
allusion sans doute à l'épisode bien connu et le fleuve qui sont pris ici comme point
de la vie de Gédéon. Cf. Jud. vi, 37 et ss. de départ sont la Méditerranée et l'Eu-
Cette toison représenterait ici, suivant phrate, qui étaient pour les Hébreux la
quelques interprètes anciens, le peuple mer et le lïeuve par antonomase. Les
israéhte, sur lequel les bienfaits du Mes- autres limites sont indéterminées , ou plu-
sie devaient tomber d'une manière toute tôt elles vont jusqu'aux extrémités du
merveilleuse. D'autres voient en elle monde : ad mare, ad terminas ùrbis.
d'après une interprétation mystique très Voyez V Atlas géogr., Za- pi. i, m, viii.
célèbre, le sein virginal de Marie, qui charie 10) renouvellera plus tard
(ix,
devait miraculeusement enfanter le Mes- cette prédiction. —
Coram illo .. Vers.
sie. « Jésus -Christ est descendu comme la 9-11, détails spéciaux, extrêmement pit-
334 Ps. LXXI, 9-13. 1
^ Coram illo procident .^thiopes,
et inimici ejusterram lingent.
^^ Resres Tharsis et insulse munera ofFerent ;
*^
et tous les rois de la terre l'adoreront,
toutes les nations lui seront assujetties.
'^
Car il délivrera le pauvre des mains du puissant
et l'indigent qui n'avait personne pour l'assister.
*^ Il aura compassion du pauvre et de l'indigent,
et il sauvera les âmes des pauvres.
toresques. —
Procident. Le geste de l'a- Au midi, les rois de S^bà' (Vulg. Ara- :
doration. Voyez V Atlas arch., pi. xcvi, bum) ,ou de l'Arabie heureuse (cf. III
fig. 7, etc. — jEthiopes. Hébr. Siyyim,
: Reg. V, 1 et ss.), et de S''bcV (Vulg. Sa- :
les plus lointaines lui seront soumises et (Il délivrera) le pauvre qui crie. Et —
lui payeront le tribut. A l'ouest, Tharsis pauperem. Hébr. Et l'affligé qui n'a point
:
I
I
s
u
IBIliiiliiii
336 Ps. LXXI, 14-16.
14
Ex usuris et iniquitate redimet animas eorum
honorabile nomen eorum coramjllo.
et
Et vivet, et dabitur ei de auro Arabise ;
^''
Ilaffranchira leurs âmes de l'usure et de l'iniquité,
et leur nom sera en honneur devant lui.
^^ Et il vivra, et on lui donnera de l'or d'Arabie ;
veillera soigneusement sur leur vie, les qui soutient la vie nous sommes ainsi
Ps. LXXI, 17-20. 337
superextolletur super Libaniim fructus ejus,
florebunt de civitate sicut fœniim terrse.
et
Sit nomen ejus henedictum in siccula ;
ante solem permanet nomen ejus.
Et benedicentur in ipso omnes tribus terrae ;
omnes gentes magnificabunt eum.
Benedictus Dominus, Deus Israël,
qui facit mirabilia solus.
19
Et benedictum nomen majestatis ejus in aîternum ,
-'^
Defecerunt laudes David , filii Jesse.
ramenés à l'hébreu. In summis mon- — ainsi la promesse faite par Dieu au pa-
tiuni. Figure d'une prodigieuse fertilité, tiiarche Abraham. Cf. Gen. xii, 3 et ss. ;
cerne le Messie lui - même. Benedi- — 8" Conclusion des deux premiers livres
ctum. D'après Ihébreu Son nom subsis- : du Psautier. Vers. 20.
tera à jamais. —
Ante solem. G.-à-d. en 20. Formule très ancienne, bien anté-
face du soleil, comme au vers. 5; par rieure à la formation du Psautier dans
conséquent, toujours. Benedicentur in — son intégrité. Voyez l'Introduction, p. 16.
ipso..-. Vers. 17»^ : la prophétie revient, Defecerunt. Hébr. kallu, (ici) finissent...
:
PSAUME LXXII
^ Psalmus Asaph.
Quam bonus Israël Deus,
his qui recto sunt corde !
^
Psaume d'Asaph.
Que Dieu est bon pour Israël
pour ceux qui ont le cœur droit !
l'un des noms des psaumes. Voyez la ainsi abjuré tous les sentiments de l'esprit,
p. 44. — David. La plupart des poèmes qui il ne sait plus qu'aimer. Il s'écrie Que :
composent les deux premiers livres du puis -je désirer dans le ciel? Que puis -je
Psautier appartiennent à ce prince. Au aimer sur la terre, excepté vous seul? Ma
troisième livre, un seul psaume lui est chair et mon sang se consument d'amour. »
attribué dans les titres du texte hébreu. {Soirées de Saint-Pétersbourg , 1822 t. II, ,
beau mouvement, il pourra avouer sans suscités dans l'âme du poète par la vue
peine d'anciennes inquiétudes J'étais : de la prospérité temporelle des impies.
scandalisé et je sentais presque ma foi Vers. 1^-14.
s'ébranler, lorsque je contemplais la tran- V'-3. Prélude malgré l'ineffable et si
:
nous dire que la vérité ne tarda pas à leur dont jouissent fréquemment les impies. —
imposer silence Mais je l'ai compris enfin,
: Quam bonus...! Cri du cœur, servant d'in-
ce mystère, lorsque je suis entré dans le troduction. Dans l'hébreu Oui ('a/c). Dieu
:
'^
Mais mes pieds ont été presque ébranlés,
mes pas ont failli glisser,
'
parce que j'ai porté envie aux méchants,
en voyant la paix des pécheurs.
''*
lions sur le sujet délicat dont il va traiter. de Vulgate a reçu des interprétations
la
Il a refoulé ses doutes, triomphé de ses diverses. Par exemple les impies ne :
tentations intimes. Son âme, pleinement pensent pas à la mort son souvenir ne ;
satisfaite, pousse celte exclamation en- les inquiète point au milieu de leurs joies
thousiaste Dieu est bon dans sa Provi-
: profanes. Ou bien Dieu ne songe pas à
:
dence, et les justes n'ont pas à se plaindre, les faire mourir; il les laisse vivre long-
même quand il leur arrive de souffrir en temps, malgré leurs crimes. Les anciens
cette vie à côté des méchants qui pros- Psautiers latins ont une variante calquée
pèrent. —
His qui recto.... corde. Hébr. : sur les LXX (àvàvs'jatç) « Non est de- :
ceux qui ont le cœur pur. C'est à cette clinatio morti eorum; » il leur est impos-
condition que Dieu manifeste aux hommes sible, quand même, d'échapper un jour
sa bonté. Comparez la béatitude évangé- à la mort. L'hébreu dit plus clairement :
hque: « Beati mundo corde... » Malth. v, 8. Il n'y a pas de tourments à leur mort ;
— Pêne moti... pedes. Hébr. Et moi : c.-à-d. qu'ils meurent doucement, sans
(nominatif absolu) mes pieds ont presque
, grandes soulTrances (cf. Job, xxi, 13, 23).
chancelé. —
Pêne effusi... Marque d'une Ou d'après une autre traduction qui nous
,
faiblesse extrême. 1^'hébreu emploie une parait encore meilleure « Rien ne les :
rieurement si heureux. Cf. Ps. xxxvi, 1. par conséquent, robuste. In labore ho-
Grande épreuve pour le juste, assuré- minum non sunt. On les dirait exempts
ment. des peines et des souffrances multiples
4 -G. Tableau de la félicité des imjiics. qui aflligenl le reste des hommes. —
— Non est respectus morti... Cette ligne Ideo...: à cause de cette exception éton-
340 Ps. LXXII, 7-11.
' Prodiit quasi ex adipe iniquitas eorum ;
nante que Dieu paraît faire en leur faveur. phèmes, dirigés contre Dieu lui-même.
L'hébreu dit, avec une image très éner- Comparez le vers. 11. —
Et lingua... in
gique Aussi l'orgueil leur sert- il de
: terra. Hébr. Et leur langue se promène
:
des impies. La description est de plus en lites. D'après l'hébreu Son peuple (le
:
Les imaginations de leur cœur débordent Sans doute encore les apostats du vers. 10,
(elles se font jour par des actes mauvais). essayant ainsi de justifier leur crime. Les
C'est au fond le même sens. Cogitave- —
•
versets 11 et 12 contiennent leur petit dis-;
runt, et locuti... Hébr. Ils raillent et : cours. —
Quomodo scit Deus? \oici qu'ils
parlent méchamment d'oppression. Ini- — nient ouvertement l'intervention au moins/, ,
quitatem in excelso... Mieux d'en haut; : pratique, de Dieu dans les affaires hu-
d'une manière hautaine, sans pudeur. maines. —
Si est une interrogation à la
Posuerunt in cselum os... : par leurs blas- façon hébraïque : Est-ce qu'il y a...?
i
Ps. LXXII, 12-16. 341
^ Ecce ipsi peccatores, et abundantes in sa2Culo :
obtinuerunt divitias.
^ Et dixi Ergo sine causa justificavi cor meum
:
,
^
Voyez ces pécheurs qui abondent de tout en ce monde :
Ecce... peccatores... Preuve que Dieu agit ficulté, ou explication de la prospérité des
comme s'il était indifférent à ce qui se méchants et consolation pour les bons.
passe sur la terre. Ces hommes {ipsi est Vers. 15-28.
pittoresque; les pécheurs dont il a été 15-17. Cette solution, le psalmiste a dû
question dans les versets 3-9), déjà si la chercher en Dieu. — Si dicebam. Au
riches ( abundantes in sdeculo ; hébr. milieu de ses doutes , il se disait par
« toujours heureux ») accroissent cons- , moments à lui-même, sur le point de
tamment leurs richesses, et partant leur succomber à la tentation Narrabo sic, Je
:
bonheur : Dieu, s'il était juste, pourrait-il veux proclamer publiquement ces faits et ,
permettre un tel état de choses? les pensées qu'ils me suggèrent. Mais une
13-14. Tentation de découragement que réflexion salutaire -sur les funestes résul-
la félicité des impies excite dans le cœur tats d'un pareil acte l'avait toujours em-
des bons. —
Les mots et clixi (j'ai pensé) pêché de mettre à exécution
le Ecce...
:
manquent dans l'hébreu. Ils forment une reprobavi. Ense conduisant ainsi, il au-
excellente transition. —
Ergo sine causa... rait pratiquement renié la foi d'Israël, race
Conséquence que le poète doit avoir été sacrée des enfants de Dieu {nationem
porté à tirer, en écoutant la voix de la filiorum...; hébr.: Je trahirais la race de
nature et de la chair, de tous les faits men- tes enfants). Le poète s'adresse directe-
tionnés depuis le vers. 4. C'est donc en vain ment à Dieu; de là le pronom tuorum. —
qu'il avait gardé son cœur pur {justificavi Existimabam,. Au temps de cette lutte
cor...), puisque Dieu semblait n'avoir pas intérieure, il avait pensé qu'il ferait bien
fait attention à lui, et avait, au contraire, d'examiner à fond le mystère et ses obscu-
paru fovoriser les impies. Lavi inter — rités {ut cognoscerem hoc). Hébr. Quand :
innocentes manus est une belle méta- j'ai réfléchi (le verbe hâsab dénote des
phore pour exprimer la sainteté de vie. réflexions graves et multiples) pour con-
Cf. Ps. XXV, G. L'hébreu emploie l'abstrait: naître cela, la difficulté fut grande à mes
J'ai lavé dans l'innocence. Fui fiageU — yeux. Par labor Asaph désigne le doulou-
latus. Pour lui, fidèle à Dieu, l'épreuve reux problème qu'il ne pouvait résoudre
incessante {tota die); chaque matin (m seul , malgré ses efforts persévérants. — Do-
matutinis), commençait cette flagellation nec... in sanctuarium... L'unique moyen
morale, qu'il devait subir tout le jour. qu'il eût de sortir d'embarras les forces
:
3" Deuxième partie : solution de la dif- de son esprit étant insuffisantes, aller
342 Ps. LXXII, 17-21.
^^ donec intrem in sanctuarium Dei
et intelligam in novissimis eorum.
^^ Verumtamen propter dolos posuisti eis;
dejecisti eos dum allevarentur.
^^ Quomodo simt in desolationem?
facti
Subito defecerunt ;
^"^
jusqu'à ce que je fusse entré dans le sanctuaire de Dieu,
et que j'eusse compris ce que sera leur fin.
^^ En vérité, ce sont des pièges que vous avez placés devant eux ;
Leur bonheur temporel n'est rien, en ef- réveil tu repousses leur image. Cette der-
fet, s'ils doivent être éternellement dam- nière expression est fort bien choisie pour
nés. marquer néant des impies et de leur
le
18-20. Divers qui démontrent que
traits bonheur Dieu se réveille quand,
fugitif.
le Seigneur tient des châtiments en ré- après avoir supporté les crimes des
serve pour les impies. Verumtamen — hommes avec patience, il se décide tout
propter dolos... A cause de leurs crimes, à coup à manifester les rigueurs de sa
et spécialement de leurs fourberies hypo- justice.
crites, Dieu leur a destiné des maux ter- 21-23^. Le juste qui se laisse foncière-
ribles ( posuisti eis ; plusieurs anciens ment troubler par la prospérité des mé-
Psautiers ajoutent « mala »). Variante
; chants démontre qu'il est dénué de la
dans l'hébreu Oui {'ak) tu les as placés
: , véritable intelligence. Le psalmiste revient
sur des lieux glissants. Métaphore qui ici de la façon la plus expresse sur ses
décrit d'une manière pittoresque leur premiers jugements, pour les répudier et
manque de sécurité. Dejecisti... dum— les condamner avec une grande vigueur.
allevarentur. D'après l'hébreu Tu les : — La conjonction quia doit être mise en
fais tomber en ruines. Dieu les renverse construction avec les mots et ego... du
donc un jour ou l'autre pour tout de bon, vers. 22 Parce que mon cœur s'est en-
:
ne permettant pas qu'ils se relèvent. — llammé..., (pour cela même) j'ai été ré-
Subito defecerunt. Leur ruine est ins- duit... — Inflammatum cor. Son cœur
tantanée, les saisissant en plein bonheur. s'était enflammé d'indignation et de colère
Ps. LXXII, 22-27. 343
-"-
et ego ad nihilum redactus sum, et nescivi.
-13
Ut jumentum factus sum apud te,
et ego semper tecum.
U Tenuisti manum dexteram meam,
et in voluntate tua deduxisti me,
et cum gloria suscepisti me.
'•'
Quid enim mihi est in ceelo?
et a te quid volui super terram?
"-"
Defecit caro mea et cor meum ;
Deus cordis mei, et pars mea, Deus, in aeternum.
•27
Quia ecce qui elongant se a te peribunt ;
à la vue de la félicité des impies. Comp. tions puis il l'admettra à tout jamais
;
les versets 2 et ss. Hébr.: Tandis que mon dans glorieux séjour du ciel {cum glo-
le
cœur s'aigrissait. Expression énergique, ria...). Hébr. Et ensuite lu me recevras
:
de la précédente. —
Ad nUiilum reda- Dieu de plus en plus par l'amour. Lé-
ctus...: anéanti sous le rapport intellec- gères variantes dans Ihébreu Quel autre :
tuel, d'après le contexte. C'est ce que dit que toi ai -je au ciel? Et en dehors de toi
plus clairement l'hébreu : J'étais stupide je ne désire rien sur la terre. Defecit —
et sans intelligence {et nescivi). — Ut ju- caro... et cor... Peu importe que son être
vientum factus sum : semblable à une extérieur soit consumé par la mort et par
brute sans raison. le tombeau; Dieu lui reste à jamais, il en
23'' -20. Les justes, si étroitement unis est parfaitement sur Deus cordis... et
:
et noble partage. —
Et ego semper.,. Dans On ne saurait aflirmer avec plus de net-
l'hébreu, ces mots commencent à bon teté ni avec plus de force la doctrine de
, ,
PSAUME LXXIII
*
Intellectus Asaph.
Ut quid, Deus, repulisti in finem?
iratus est furor tuus super oves pascuse tuae ?
^
Instruction d'Asaph.
Pourquoi, ô Dieu, nous avez-vous rejetés pour toujours?
poîtrquoi votre fureur s'est-elle allumée contre les brebis de votre
pâturage ?
L'union de l'âme avec Jéhovah est souvent ce nom, mais seulement un de ses des-
représentée dans la Bible sous la figure cendants, à cause de l'époque relativement
d'un mariage mystique la séparation pro- ; tardive de la composition du Ps. Lxxm. —
duite entre eux par le péché reçoit par En effet, selon l'opinion la plus probable,
conséquent les noms de fornication et il parait avoir été écrit presque immé-
d'adultère. Voyez surtout Osée, chap. i diatement après la prise de Jérusalem par
et n. —
Adhsurere Deo. Hébr. s'appro- : les Chaldéens, alors que tout, dans la
cher de Dieu par opposition à qui don- théocratie juive, était ruiné, renversé, à
— Bonum est:
,
Ps. LXXIII. —
Le genre du poème
1=^. : décrit les malheurs qui ont récemment
intellectus. Hébr. maskil, psaume didac-
: fondu sur Israël, et surtout la ruine du
tique (voyez la note du Ps. xxxi, 1). Il temple et du culte divin (vers. 3-9). Il
enseigne comment l'on doit se tourner rappelle ensuite à Dieu les miracles écla-
vers Dieu dans la souffrance. L'auteur — : tants par lesquels il avait autrefois établi
Asaph; non toutefois le célèbre lévite de et protégé la nation sainte (vers. 10-17)
^,
w
346 Ps. LXXIII, 2-4.
^ Memor esto congregationis tuse,
quam possedisti ab initio.
Redemisti virgam hereditatis tuée :
''
Et gloriati sunt qui oderunt te in medio solemnitatis tuse.
''
Ceux qui vous haïssent ont mis leur gloire à vous insulter au milieu
de votre solennité.
de venger son pauvre peuple, si éprouvé freux malheurs qui accablaient alors le
et si humilié (vers. 18-23). —Émouvante peuple de Dieu. Vers. 3-9.
élégie ;
plainte aussi vive que les malheurs 3-9. Leva manus... in superbias... D'a-
étaient grands. Il est beau de voir que le près la Vulgate, le psalmiste conjure le
cœur du poète était avant tout brisé par Seigneur d'humilier, par la force toute-
les maux dont souffrait la religion ce : puissante de son bras, l'arrogance impie,
sont eux qui lui arrachent le plus de effrénée, de l'ennemi. L'hébreu exprime
larmes. une autre pensée Porte tes pas vers les
:
abandonner à jamais son peuple si mal- Jérusalem, qui semble à jamais renversée,
heureux. Vers. li»-2. tant sa ruine actuelle est grande, et réta-
rf l'^-2. Ut quid...? Question bien natu- blis-la. —
Quanta malignatus... Hébr. :
initio, c.-à-d. d'autrefois, aux temps an- verselle, avaient déployé partout leurs
ciens , comme dit l'hébreu) 2° une seconde
; étendards à la place de ceux des Hé-
acquisition, lorsqu'il le délivra de la ser- breux. Voyez V Atlas arch. , pi. lxxxv,
vitude des Égyptiens [redimisti virgam...; fig. 12, 13; pi. Lxxxix, fig. 4. Et non co-^—
hébr., la tribu de ton héritage); 3° le gnoverunt... Passage obscur dans les LXI
choix de Sion comme capitale glorieuse et la Vulgate. Pour le rendre compréhen-
de la théocratie. Mons Sion est au nomi- sible, il est nécessaire de mettre entre
natif absolu. Hébr. : (souviens -toi) du parenthèses les mots « ils n'ont pas
mont Sion. connu », et de rattacher sicw^ in exitu..
Ps. LXXm, 5-6. 347
summum à « posuerunt signa... », comme montré comme celui qui lève bien haut...
il suit: Ils ont placé leurs étendards... (et la hache. Trait dramatique. Voyez V Atlas
ils n'ont pas compris ce qu'ils faisaient) arch., pi. XLV, fig. 4, 5; pi. xlvi fig. 2, 3;
,
épaisse. —
Exciderunt januas ejus : les
portes ville (à cause du féminin
de la
eam, à la ligne suivante). In idipsum.:
toutes ensemble. Dans l'hébreu il s'agit
certainement du temple Ils ont bri.sé
:
Faisons cesser dans le pays tous les jours de fête consacrés à Dieu.
^ Nous ne voyons plus nos étendards ;
I Mach. IV, 38. — In terra. Les Septante prophètes, qui lui avaient parlé au nom
ont el; TYiv yriv, à l'accusatif la renver- : de Jéhovah ce noble privilège semblait
:
sant à terre. Autre trait qui n'a pas eu lui être également enlevé. Comp. les
d'accomplissement sous Antiochus. Pol- — Thrènes, ii, 9, où Jérémie se désole à ce
luerunt : foulant aux pieds le sol sacré, et même sujet, immédiatement après la des-
le profanant de toutes manières. Taber- — truction de l'État juif par les Chaldéens.
naculum nominis tui. Tabernacle dans le Du reste, lorsque le Ps. lxxiii fut com-
sens large le temple dédié au nom divin.
: posé, ce célèbre prophète s'était peut-être
— Dixerunt... cognalio eorum... (vers. 8). déjà exilé en Egypte avec Baruch; Ézé-
La plupart des hébraïsants contemporains chiel avait été déporté en Chaldée. Nos —
adoptent cette autre traduction Ils ont : non cognoscet... Dieu lui-même ne con-
dit dans leur cœur: ïraitons-les tous avec naît plus son peuple; il l'a totalement ou-
violence. —
Quiescere... dies festos... Ils
•
blié. Dans l'hébreu, avec une aposiopèse
voulaient abolir le culte entier de Jéhovah, saisissante Personne parmi nous ne sait
:
les fêtes comme le sanctuaire. L'hébreu jusques à quand. Ils ignoraient combien
emploie de nouveau le substantif 7nô'ed, de temps devaient durer leurs malheurs
que la Vulgate a traduit au vers. 4 par n'ayant plus de prophète pour le leur ré-
«csolemnitas » (voyez la note). Le sens pa- véler. Sans doute l'oracle de Jérémie re-
,
'^
Pourquoi retirez-vous sans cesse votre main
et votre droite du milieu de votre sein '?
12
Cependant Dieu est notre roi depuis des siècles;
il a opéré notre salut au milieu de la terre.
13
C'est vous qui avez affermi la mer par votre puissance
qui avez brisé les têtes des dragons dans les eaux.
14
C'est vous qui avez écrasé les têtes du dragon
qui l'avez donné en nourriture aux peuples d'Ethiopie.
l'ennemi insulte et méprise (ainsi dit l'hé- les temps anciens, depuis longtemps), soit
breu, au lieu de irritât) grossièrement dans les actes de puissance et de bonté
son saint nom. —
Avertis manimi... et par lesquels il a déjà sauvé son peuple
dexteram... D'après la Vulgate, Dieu, qui [operatus est salutem). Les mots in me-
tenait Israël tendrement pressé sur son dio terras ne désignent pas seulement la
sein paternel retire tout à coup sa main
, Palestine, mais tous les lieux témoins de
et le laisse tomber. Cf. Num. xi, 12; Is. ces délivrances merveilleuses comme ,
^ .6'
inactive dans les replis que les vêtements C'est toi qui... — Mare : la mer Rouge,
forment sur la poitrine (cf. Prov. xix, 24, dont Dieu avait dressé et consolidé les
etVAtlas arch., pi. i, fig. 13-15; pl.n, eaux en forme de mur, au moment où les
fig. 2, G); le psalmiste conjure le Seigneur Hébreux la franchissaient à pied sec. Cf.
de s'en servir au plus tôt pour détruire les Ex. XIV, 22, et xv, 8. Dans l'hébreu Tu :
*^ C'est vous qui avez fait jaillir des fontaines et des torrents,
qui avez desséché les fleuves intarissables.
16
A vous est le jour, et à vous est la nuit ;
voyez Job, xli, 1, et Is. xxvii, 1). In — leçon du Targum et du Psautier romain
aquis. Littéralement sur Jes eaux. On: (« solem et lunam »). L'hébreu porte la :
brise la tête de ces monstres, juste au lumière et le soleil (LXX : ^auo-iv xal
moment où ils relevaient menaçante au- r,A'.ov). — JEstatem et ver. D'après l'hé-
dessus des Ilots. —
Escam populis jEtJiio- breu : l'été et l'hiver. — Ce Dieu, infi-
pwn. Plutôt, d'après l'hébreu, en nourri- niment puissant, comme il l'a montré de
ture au peuple du désert [Shjyim); c.-à-d., toutes manières, n'a donc qu'à vouloir
selon l'opinion la plus naturelle , aux ani- pour sauver son peuple si malheureux.
maux sauvages qui habitent le désert. 5° Troisième partie ardente prière, :
qui signifie « intarissable ». Tuus... — licate si Dieu laisse périr son peuple, qui
:
Aux vers. 16 et 17 le psalmiste, passant donc chantera désormais ses louanges? Cf.
du particulier au général, décrit quelques- Ps. VI, 6, etc. Mais l'hébreu porte l'âme :
^^
Ne livrez pas aux bêtes les âmes qui vous louent,
et n'oubliez pas pour toujours les âmes de vos pauvres.
'^^
Ayez égard à votre alliance,
car les lieux sombres du pays sont remplis de repaires d'iniquité.
-'
Que l'humble ne s'en retourne pas couvert de confusion ;
PSAUME LXXIV
^
In finem, Ne corrumpas, Psalmus cantici Asaph.
^
Pour la fin, Ne détruis pas. Psaume cantique d'Asaph.
triarches, puis au Sinaï. Dieu paraissait primé).., confusus : confus de n'avoir pas
l'oublier, puisqu'il permettait aux païens été exaucé par le Dieu de bonté, dans un
d'écraser Israël. — Quia repleti sunt... si affreux malheur. —
Pauper (hébr. le :
Passage difficile, surtout dans les an- malheureux) et inops laudabunt... Pro-
ciennes versions. Les mots qui obscurati messe d'actions de grâces. Judica cau- —
sunt doivent se rapporter aux hommes sam tuam. La cause de Jéhovah n'était
plongés dans les ténèbres morales aux , pas moins en question que celle d'Israël
impies, qui habitaient alors la Palestine, les deux parties étant solidaires. Me- —
où ils possédaient des maisons nom- mor... improperiorum... ; les blasphèmes
breuses, théâtre de leurs crimes {domibus outrageants de l'ennemi {ab insipiente;
iniquitatum ). L'hébreu dit un peu plus comp. le vers. 18).— Voces : les cla-
clairement Car les lieux ténébreux du
: meurs insolentes. — Superbia
ascendit ..
pays sont remplis d'habitations de vio- semper. Cet orgueil montait jusqu'au ciel
lence. Allusion au brigandage que les pour crier vengeance. Cf. Gen. iv, 10;
Chaldéens et d'autres avec eux
, pra- ,
xviii, 20, etc. Le psalmiste conclut brus-
tiquaient alors dans la contrée. Les lieux quement sur ce trait.
ténébreux, c.-à-d. les cachettes pouvant
Psaume LXXIV
servir de repaire aux hommes de violence,
ne manquent pas dans ce pays de mon- Menace des jugements divi)is contre les
'^
Nous vous louerons ô Dieu nous vous louerons
, ,
sacré fut composé à une époque où le est proche; c.-à-d. que le Seigneur a ma-
peuple de Dieu venait d'être menacé par nifesté d'une manière visible les attributs
des ennemis impies et puissants (voyez infinis dont son nom est l'expression et le
les vers. 5-C). ïhéodoret note qu'il avait gage. — Narrabhnus tnirabilia... : les
trouvé dans plusieurs manuscrits des LXX prodiges récemment opérés pour délivrer
les mots « contre l'Assyrien », ajoutés au Israël de Sennachérib. Dans l'hébreu On :
l'heureux instant où le saint roi Ézéchias, de ses terribles jugements contre les im-
après des jours d'angoisse terrible et de pies. Vers. 3-4.
péril extrême, fut tout à coup rassuré par 3-4. Cum accepero tempus : le temps
le prophète Isaïe contre les orgueilleuses que leSeigneur a fixé dans sa suprême sa-
menaces de Sennachérib. Cf. Is. xxxvii, gesse. Quand cette heure solennelle aura
33 et ss. —
Division. D'abord un court sonné, il la saisira pour l'utiliser suivant
prélude, vers. 2, dans lequel la nation en- ses intentions. —
Justitias judicabo. Hé-
tière offre à Dieu des louanges dignes de braïsme qui signifie Je jugerai avec
:
j>.iki
Ps. LXXIV, 5-9. 353
'
Dixi iniquis Nolite inique agere ; :
^'
Nolite extollere in altum cornu vestram ;
'
lever la tète avec orgueil (vers. 5-6), car à C.-à-d. de l'Arabie Pétrée et de l'Idumée,
Dieu seul appartient le gouvernement du au sud et au sud -est de la Palestine
monde il va bientôt user de
(vers. 7-8), et {Atlas géocjr., pi. v, vu). Le nord n'est
sa toute -puissance contre les méchants pas mentionné, et à dessein, puisque les
(vers. 9-10). Iniquis. Hébr.— hôl^lim, : Assyriens venaient de cette direction. —
ceux qui se glorifient, les impies superbes. Deus judex est. En cet endroit «juge » est
— Nolite inique agere. Hébr. 'al-tahôUu, : synonyme de roi suprême, car l'autorité
ne vous glorifiez pas. Exaltare cornu. — judiciaire était un des principaux attri-
Emblème, dans ce passage, de la force buts de la royauté. —
Hune... et hune.
insolente et hautaine, qui croit pouvoir se D'une part, les ennemis d'Israël [humi-
suffire et qui fait orgueilleusement parade liât); de l'autre, sa nation bien -aimée
d'elle-même. —
Loqui adversus Deum {exaltât) le tout à son gré, en vertu de
:
10
Pour moi, j'annoncerai ces choses à jamais ;
PSAUME LXXV
*
In finem, in laudibus, Psalmus Asaph, canticum ad Assyrios.
^ Pour la fin, parmi les louanges, Psaume d'Asaph, cantique sur les
Assyriens.
vin encore plus excitant, et produit plus il. Ce verset contient un parfait abrégé
facilement Tivresse. Cf. Hab. ii, 15-16. — de tout le psaume. —
Omnia cornua: toute
Inclinavit ex hoc. Dieu incline la coupe la puissance. Voyez les vers. 5-6. Par —
terrible, pour faire boire à chacun sa contre, exaltabuntur cornua... Heureux
part. Les mots in hoc ont été ajoutés par espoir pour le juste Israël {justi).
vient d'accorder à son peuple. — L'occa- alors cessé d'exister. Cf. Is. xxxvii, 4. —
sion historique est marquée dans la Vul- Factus in pace. D'après l'hébreu dans :
gate par les mots ad Assyrios (les LXX Salem; abréviation pour Jérusalem (cf.
emploient le singulier upbç xov 'Aaaû-
: Gen. XIV, 18; Hebr. vu, 1-2). La Vulgate
ptov), qui remontent certainement à une a suivi les Septante, qui ont lu h^sâlômi,
très ancienne tradition, quoiqu'ils soient èv eîprivir). —
Habitatio ejus. Hébr. sa :
omis par l'hébreu. « On ne saurait douter, tente. Allusion au tabernacle que David
en efl'et, que ce psaume ne se rapporte à avait établi sur le mont Sion. Cf. Ps. lxvii,
la destruction de l'armée de Sennachérib. 17, etc. —
Ibi est très accentué sous les :
Telle, est l'opinion des commentateurs an- murs mêmes de Jérusalem, sa résidence.
ciens et de la plupart des modernes. Il est — Potentias arcuum (LXX -/.parr, ). :
étroitement uni au précédent, qui avait été C.-à-d. les flèches, par lesquelles se mani-
composé, ce semble, avant le jugement feste la force de l'arc. Quelques manus-
divin dont nous voyons ici la consom- crits grecs ont zépa-ra, cornes, et de là
mation. » En d'autres termes, « le Ps. provient la leçon du Psautier romain,
Lxxiv nous annonçait la délivrance de « cornua arcuum L'hébreu emploie une
».
Juda ,menacé par Sennachérib le Ps. ; très belle figure de l'arc. Les
: les éclairs
Lxxv nous la montre accomplie et en re- flèches s'échappent de l'arc avec la promp-
mercie le Seigneur. » [Man. bibl.) Cf. titude et leclat de la foudre. Sélah —
IV Reg. xix; Il Par. xxxii; Is. xxxvii. — dans l'hébreu, pour mettre davantage en
La division est très régulière. Quatre relief l'idée dominante de cette première
strophes do trois vers chacune dont la , strophe c'est Dieu qui a mis fin à la
:
première et la troisième sont marquées guerre présente sans que son peuple eût
,
nière emphatique : tout à fait connu par les montagnes qui remontent aux temps
les manifestations antiques et récentes de lointains de la création. C'est sur elles que
ses prodiges. Magnum nomen ejus a le Dieu est censé poser d'abord le pied,
même —
In Judœa. Mieux dans
sens. : comme sur un escabeau quand il vient ,
lant et redoutable contre les Assyriens, forts n'ont pas trouvé leurs mains. Image
du haut des collines de Jérusalem, où le aussi vivante que hardie de leur impuis-
riche butin de l'ennemi avait été ensuite sance. Elle semble représenter une mort
((
partagé. D'autres traduisent, mais moins qui arrive soudain, mais après un inter-
r^
Cavaliers assyriens. (D'après un bas -relief antique.)
sous peu entre leurs mains. L'hébreu a une simple menace de Dieu a suffi pour
une autre leçon Ils ont été dépouillés,
: tout détruire. —
Omnes qui ascenderunt.
les héros vaillants. — Dormierunt som- Dans l'hébreu chars et chevaux.
:
Cf. Jer. Li, 39, 57, etc. — Et viri divitia- froyable et irrésistible de la colère de
rum... Encore les Assyriens, si désireux Jéhovah, quand il se lève pour défendre
d'accroître leurs richesses par la prise de ses amis et pour châtier ses ennemis.
Jérusalem; mais leur espoir fut cruelle- Vers. 8-10.
1
Ps. LXXV, 8-13. 357
Tu terribilis es, et quis resistet tibi ?
ex tune ira tua.
De cai'lo auditum fecisti judicium ;
8-10. Tu terribilis. L'hébreu répète deux restes de ces projets insensés; par consé-
fois le pronom d'une manière très expres-
, quent, les moindres desseins formés par
sive : 'Attah nôrah "attah, Tu es ter- l'homme. —
Diem festmn agent est ici
rible, toi. — Ex
tune ira tua. Traduction une locution synonyme de « confitebitur »,
servile de l'hébreu, qui signiiie (Qui peut : Grande divergence dans l'hébreu pour cal
te résister) au temps de ta colère? De — hémistiche Tu te ceins des restes de la
:
cselo... judicium : la sentence lancée du colère (des hommes). G.-à-d. qu'il s'en
haut des cieux contre les Assyriens. — pare comme d'un trophée. Selon d'autres
Terra treinuit, quievit. L'effroi, puis le interprètes, il s'agirait de la colère de
calme silencieux de la terre lorsque Dieu , Dieu lui-même, dont il est prêt à s'armer
promulgua l'arrêt des Assyriens. Vt — encore si ses ennemis renouvellent leurs
,
PSAUME LXXVI
* In fmem ,
pro Idithun, Psalmus Asaph.
- Voce mea ad Dominum clamavi ;
^
Pour la fin, à Idithun, Psaume d'Asaph.
'^
De ma voix j'ai crié vers le Seigneur;
de ma voix /ai crié vers Dieu, et il m'a entendu.
^ Au jour de ma tribulation, j'ai cherché Dieu ;
la nuit, j'ai tendu mes mains vers lui, et je n'ai pas été déçu.
Mon âme a refusé toute consolation ;
mité nationale qui semblait menacer l'exis- de douleur excitée au cœur du psalmiste
la
tence même des Israélites. D'abord vers. 2 , par les maHieurs de sa nation. Vers. 2-10.
et ss., il désespère presque d'obtenir du 2-4. Première strophe, servant de pré-
secours; puis tout à coup, vers. Il et ss.,
divinement éclairé et consolé, il s'aban-
lude prière anxieuse au milieu d'une
:
le faire encore? —
Quoique le sujet soit si Ma voix (monte) vers Dieu, et je crie;
clair, on ignore à quelle occasion précise ma voix (monte) vers Dieu, et il m'écou-
et à quelle époque le psaume lxxvi fut tera. —
Exquisivi. Je cherche de toutes
composé. Habacuc (ch. m) paraît lui avoir mes forces. —
Manibus meis nocte contra
fait plusieurs emprunts il serait donc
: (pour coram », devant)... Hébr.
(( Ma :
antérieur à ce prophète, et par conséquent main, la nuit, est étendue. Le geste qui
aux rois Josias ou Manassé (viP siècle avant accompagnait la prière. — Et non sum
J.-C). Peut-être a-t-il été inspiré, comme deceptus. Variante dans l'hébreu : Et elle
Ps. LXXVI, 4-7. 359
^ memor fui Dei , et delectatus sum ;
'*
je me suis souvenu de Dieu, et j'ai été ravi ;
trefois si près de lui, si bon pour lui, tiques pendant la nuit. G.-à-d. qu'il se
maintenant caché, irrité. Exercitatus — rappelait les joyeux chants de reconnais-
sum. pour réfléchir; puis
Efforts violents sance que lui inspiraient autrefois les di-
trouble et tristesse. L'hébreu dit simple- vins bienfaits; chants remplacés par les
ment Je médite; c.-à-d. qu'il songe
:
soupirs, les gémissements ou le morne
longuement à ses malheurs. Finalement, — silence, —Scopebam... Les LXX ont
defecit spiritus... Il se perd dans ses ré- ecrxaXAov, je scrutais (saint Augustin :
quia memor
ero ab initio mirabilium tuorum.
^^ Et meditabor in omnibus operibus tuis,
et in adinventionibus tuis exercebor.
jamais épuisée? —
A generatione in... La qui paraît signifier Mon désespoir pro-
:
fui operiim... Idée générale, qui annonce si visible au moment de la sortie d'Egypte.
ce que le poète se met à espérer. Me- — Cf. Ex. IX, 16; XV, 14. — Filios Jacob et
mor ero (hébr. je proclamerai)... 11 se
: Joseph. Joseph est mentionné à cause du
propose de remonter le cours des bontés rôle important qu'il avait joué dans l'his-
divines jusqu'aux temps antiques {ab ini- toire des Hébreux. —
Sélali à la fin du
tio), afin de les louer hautement. Trait verset 16. La musique retentit triomphante
Désormais Asaph
délicat, et prière tacite. et majestueuse.
s'adresse directement à Dieu jusqu'à la fin 17-21. Cinquième strophe « brillante » :
commence sa glorieuse proclamation des l'eau par torrents. C'est un orage terrible
prodiges du Très -Haut. In sancto via — qui éclate, comme dans la plupart des
tua. Mieux : dans la sainteté (LXX : èv théophanies bibliques, quand Dieu des-
àYcaajxcô). Hébraïsme ,
pour: Ta voie, ta cend sur la terre pour châtier ou pour
manière d'agir est toute parfaite. Cf. Ex. sauver. Comp. le Ps. xvii, 8 et la note.
XV, 11. Ce passage rappelle fortement le Ici, nous voyons toutes les forces de la
cantique composé par Moïse aussitôt après nature se mettre au service du Seigneur
le passage de la mer Rouge. Notani fe- — pour punir l'Egypte et d('divrer Israël. —
cisti... in populis. Les peuples païens Vocem dederunt... : la voix biuyante du
avaient appris au loin à connaître et à tonnerre. De même au verset 19. Sagittse
redouter la toute -puissance de Jéhovah, représente les éclairs. —
Vox tonitrui... in
16
362 Ps. LXXVI, 19 — LXXVII, 4.
^^ vox tonitrui
tui in rota.
Illuxerunt coruscationes tuse orbi terrai ;
*'^
voix de votre tonnerre tout autour.
Vos éclairs ont illuminé le monde ;
PSAUME LXXVII
^
Intellectus Asapli.
Attendite ,
popule meus , legem meam ;
* Instruction d'Asaph.
min à travers les Ilots de la mer. Vesti- — maskîl, poème didactique. C'est le plus
gia tua non cognoscentur. Après ce mira- long et peut-être le plus ancien des
culeux passage, les eaux, qui s'étaient psaumes historiques. — L'auteur : Asaph.
dressées comme un mur, retombèrent sur Sans doute le grand Asaph en personne
elles-mêmes, et toute trace des pas qui (voyez la note du Ps. xlix, ij; car ce
avaient foulé leur lit disparut à l'instant. psaume paraît avoir été composé sous le
— Deduxisti sicut oves... La marche des règne de David, peu de temps après la
Hébreux à travers le désert, toujours sous translation de l'arche à Sion. Sous le —
la conduite du Seigneur. —
Le trait final rapport du sujet traité, nous avons ici un.
in manu Moysi..., est emprunté au livre très beau résumé de l'histoire d'Israël,
des Nombres, xxxiii, 1. —
Le psalmiste depuis la sortie d'Egypte jusqu'à l'établis-
s'arrête tout à coup sa confiance est
: sement de la royauté de David sur toute
maintenant parfaite. Oubliant sa détresse la nation. Le poète raconte celte histoire
du début, il se repose complètement en à ses concitoyens dans un but tout n^oral,
Dieu. pour qu'ils y puisent des leçons d'obéis-
il
Ps. LXXVII, 2-4. 363
- Aperiam in paral)olis os meum ;
•'
quanta andivimus et cognovimus ea
et patres nostri narraverunt nobis.
''
-
Je vais ouvrir la boucbe pour parler en paraboles ;
ni à leur postérité.
Ils ont publié les louanges du Seigneur et les actes de sa puissance,
et les merveilles qu'il a accomplies.
se proposait donc évidemment, comme doit se prendre ici dans le sens large pour ,
que les superbes Ephraimites, si puis- Asaph ne se contentera pas de narrer les
sants au temps des Juges (cf. Jud. viii, 1 faits, mais il appliquera l'histoire ancienne
otss.), avaient été très légitimement re- à son temps, et ce sera bien là une com-
jetés à l'arrière -plan, et que l'on ne paraison. — Loquar. En hébreu, 'ab-
ilevait désormais demander des ordres bhfah; expression énergique, qui marque
>|u'au jeune élu de Jéhovah. Division. — une vibrante pression intérieure, et un
iDabord un long exorde, vers. 11^-8, dans saint enthousiasme pour prendre la parole.
equel le psalmiste réclame Vattention et A la lettre s'échapper en bouillonnant,
:
ja réflexion de ceux auxquels il s'adresse, comme les eaux dune fontaine. Pro- —
ensuite deux parties vers. 9-53, esquisse
: positiones. Hébr. hklôt (les Septante
: :
le riiistoire des Hébreux, depuis la sortie 7tpciÔXrj[j,aTa), des énigmes, des paroles au
l'Egypte jusqu'à la fin de leur voyage à sens profond. — Ab initio: les leçons de
ravers le désert; vers. 54-72, suite de temps anciens, à partir de la sortie d'Egypte,
ette histoire, depuis la conquête de Cha- qui avait été le premier pas du peuple hé-
laan jusqu'aux premières années du règne breu dans la vie nationale indépendante.
ie David. L'ordre chronologique n'est pas Saint Maltliieu, xiii 34-35, applique très
,
-'
Il a fait une ordonnance dans Jacob
et établi une loi dans Israël.
C'est ce qu'il a commandé à nos pères
de faire connaître à leurs enfants,
^ afin que la génération suivante l'apprît ;
— Quanta (le Psautier gallican a « quoe », et legem posuit sont deux expressions
comme Thébreu) audivimus... Dans les synonymes (comp. le Ps. xviii, 8 et la
versets 3-4, le psalmiste indique ses note), qui ne désignent pas la loi mo-
sources les traditions authentiques que
: saïque en général, mais le précepte par-
les Israélites s'étaient transmises de bouche ticulier qui ordonnait aux Hébreux con-
en bouche. Cf. Ps. xliii, 2. Cognovi- — temporains de jSIoïse de faire connaître
mus dit plus que « audivimus » ils n'ont : à leurs descendants les merveilles opérées
pas seulement entendu raconter les faits en leur faveur par Jéhovah. Cf. Ex. xiii.
mais ils en ont compris le sens. Dans 8, 14; Deut. iv, 9, 23; vi, 6 et ss. Au lieu
l'hébreu le verset 3 est rattaché au vers. 4
, de quanta, lisez de nouveau « quoe »
et non au vers, 2; il commence une nou- d'après l'hébreu; ce pronom désigne le
gratitude envers un Dieu si bon. Ne — mais ils ont lâchement tourné le dos (con-
fiant... : par les châtiments que
avertis versi sunt...) au moment décisif. Ces ex-
leurs pères s'étaient attirés en péchant. — pressions sont métaphoriques, comme
Gcneratio prava et exasperans. Hébr. : l'indiquent les versets 10-11, où la con-
une race indocile et rebelle. La suite du duite d'Épbraïm est dépeinte au propre.
psaume ne justifiera que
trop ce triste reproche. —
(QmcB non direxit cor...:
qui n'a pas rendu son cœur
droit; ou bien, qui ne l'a
par Jchovah après la sortie d'Kgypte. — 1-7, et de Gadès, Num. xx, 1 et ss. Velut —
Coram patribus... Asaph passe à la dé- in abysso... Les eaux coulèrent avec une
monstration de sa triste thèse, et il puise telle abondance des deux rochers, que lej
ses premiers arguments dans Thistoire peuple put boire aussi aisément qu'on le
des Hébreux au temps de TExode. In — ferait au bord d'une énorme masse d'eau.' I
campo Taneos (génitif de « Tanis »; en 17-20. L'ingrate conduite des Hébreux,
hébreu Sô'dn). Les Égyptiens disaient
: malgré ces éminents bienfaits. —
AppO'
de même: Sodiet Zoàn , le champ, c.-à-d. suerunt peccare. Hébraisme, pour dire
le district de Zoân. Ville antique (cf. Num. qu'ils continuèrent d'oiîenser Jéhovah de
XIII, 22) et importante de la basse Egypte, plus en plus, sans songer à tout ce qu'il
située sur un des bras du Nil {Allas venait de faire pour eux. —
Tn inaquoso:
géogr., pi. iv, v). YA\e servait de résidence dans le désert aride. —
Tentaverunt... in
au pharaon à Tépoque de la sortie d'E- cordibus... Ils doutèrent, au fond de leurs
gypte; Moïse et Aaron y accomplirent cœurs, de la puissance et de la bonté du
plusieurs de leurs prodiges, pour obtenir Seigneur. —
Ut peterent. Hébraïsme en :
Interrupit mare... Vers. 13, le passage ché Dieu. Cf. Ex. xvi, 3 et ss.; Num. xi,
de la mer Rouge. Cf. Ex. xiv, 21. Quasi — 4 et ss.; I Cor. x, 9. —
Escas est au plu-
in utre. Hébr. comme un monceau. Cf.
: riel parce que le psalmiste groupe ici les
Ex. XV, 8. —
In nube..., in illumina-
,
i
Ps. LXXVII, 19-24. 367
^^
Et maie locuti sunt de Deo ;
et torrentes inundaverunt.
Numquid et panem poterit dare,
aut parare mensam populo suo ?
21
Ideo audivit Dominus, et distulit,
et ignis accensus est in Jacob,
et ira ascendit in Israël ;
22
quia non crediderunt in Deo,
nec speraverunt in salutari ejus.
23
Et mandavit nubibus desuper,
et januas ceeli aperuit.
'^'*
Et pluit illis manna ad manducandum,
et panem cseli dédit eis.
^^
Et parlèrent mal de Dieu
ils ;
Asaph ne cite point à la lettre, mais quant dilîéra le châtiment, ou l'entrée dans la
au sens, les plaintes amères du peuple. Terre promise. D'après l'hébreu il s'ir-
:
Cf. Ex. XVI, 3; Num. xi, 4 et ss. Quo- — rita.— Ignis accensus. Allusion au ter-
niam percussit... Hébr. Voici, il a : rible incident que raconte le livre des
frappé... Réllexions très injurieuses pour Nombres, xi, 1-3. Et mandavit... Dieu
Jéhovah, que Ton défie, pour ainsi dire à , pardonne et continue de manifester sa
propos de ses autres miracles. Il nous a bonté généreuse. Belle description poé-
abreuvés, il est vrai; mais ne pouvait-il tique dans ce verset 23. Sur les portes du
pas nous fournir aussi des aliments? — ciel, comparez Gen. vu, il, et IV Reg.
Torrentes inundaverunt (vers. 20). Le VII, 2, etc. — Manna. Voyez l'Exode,
peuple mutiné sait pourtant mettre en XVI, 31. Admirables noms donnés à la
relief la richesse des dons divins, mais manne panem cscli (hébr. froment du
: :
pour se plaindre avec plus d'aigreur, et ciel), panem angelorum ;hébr. pain des
:
nullement pour remercier. Parare — forts; mais il s'agit également des anges,
mensam : une table chargée de mets. les vaillants soldats du Seigneur; cf. Ps.
Hébr. pour fournir de la chair.
: Les — cil, 20; Sap. xvi, 20; xix, 20, etc.). Pain
mots populo suo mettent le comble à l'i- du ciel, parce que c'était Dieu qui l'en-
ronie sacrilège. voyait de son céleste séjour; pain des
21-25. Le miracle de la manne. — Dis- anges, parce qu'il était, pour ainsi dire,
tulit : il rejeta son peuple (LXX: àvsoâ- apporté et distribué par eux. Notre-Sei-
Xeto, il mit de côté). Selon d'autres il : gneur Jésus-Christ a donné à l'Église par ,
368 Ps. LXXVII, 25-31
^^ Panem angelorum manducavit homo ;
26-31. Le miracle des cailles; la colère tique , est emprunté littéralement à l'his-
de Dieu éclate contre son peuple. — toire. Cf. Num. xi, 33. —
Ira Dei ascendit...:
Transtulit... de cœlo. Hébr. : il fit souffler sous la forme d'une peste qui fit de nom-
dans le ciel. — Austrum, africum. Expres- breuses victimes, ainsi qu'il est dit au
M
Ps. LXXVII, 32-37. 369
décrit fort bien l'état psychologique d'Israël exemple de ces conversions momenta-
durant toute cotte période. Ce fut une nées. —
Diluculo veniebant. Ils le cher-
alternative perpétuelle de fautes, que Dieu chaient dés l'aurore, c.-à-d, avec empres-
punissait avec une juste sévérité lors- sement. Cf. Ps. LXii, 2. —Adjutor eorum'
qu'elles faisaient déborder la coupe de sa (vers. 3o). D'après l'hébreu leur rocher.
:
colère, et d'améliorations produites par Cf. Deut. xxxii, 4; Ps. xvii, 3, et la note.
ces châtiments. Il fallut toute la bonté du — Cette résipiscence était toute superfi-
Seigneur pour supporter et sauver ces cielle, vers. 36-37. Dilexerunt... in ore,
ingrats. In omnibus his : malgré ces pu- tandis que le véritable amour se prouve
nitions sévères. 25; ix, 11,
Cf. Is. v, avant tout par des actes; lingua... mentiti
16, etc. —
Peccaverunt adhuc. Comparez sunt..., leurs belles protestations de fidé-
le verset 10. Il s'agit ici de la révolte qui lité étaient mensongères, hypocrites. —
eut lieu aussitôt après le retour des ex- Cor non rectum. D'après Thébreu leur :
plorateurs envoyés dans la Terre promise. cœur n'était pas ferme (comme au verset
Cf. Num. XIII, 25 et ss. — Motif de ces 8). C'est pour cela qu'ils étaient si in-
fautes réitérées : non crediderunt. — constants. — Ipse
autem... Frappant con-
Defecerunt in vanitate dies... « La géné- traste (vers. 38-39). Misericors et pro-
16^
370 Ps. LXXVII, 38-42.
^^ Ipse autem est misericors,
et propitius fîet peccatis eorum, et non disperdet eos.
Et abundavit ut averteret iram suam
et non accendit omnem iram suam.
^^ Et recordatus est quia caro sunt
spiritus vadens et non rediens.
^^ Quoties exacerbaverunt eum in deserto
in iram concitaverunt eum in inaquoso !
de l'offenser. Au lieu des futurs fi et, dis- 40-41. L'exclamation qui s'échappe dou-
'
retint souvent sa colère. Non accendit... tenter Dieu. Sanctum Israël : nom divin
iram. Omnem est fortement souligné, et qui est cité en guise de circonstance
exprime une pensée très délicate. La di- aggravante. Au lieu du second exacerba-
vine justice exigeait des châtiments; mais verunt (vers. 411j), l'hébreu dit littérale-
la divine bonté la retenait, l'empêchait ment ils limitèrent; c.-à-d. qu'ils préten-
:
d'éclater en toute rigueur. Cf. Is. xui, 13. dirent mettre des bornes à la puissance
— Recordatus quia caro... Motif qui ex- divine. —
Vers. 42-43, ces fautes prove-
citait la miséricorde du Seigneur les : naient de l'oubli {non sunt recordati), par
coupables n'étaient physiquement et mo-
,
conséquent d'une noire ingratitude. Manus
ralement, que des êtres fragiles, dont il ejus : main puissante et bonne qui avait ,
fallait avoir pitié. Cf. Job, vu, 7; x, 9; multiphé les bienfaits en faveur d'Israël
Ps. cil, 14, etc. —
Spiritus vadens... Un (comp. les vers. 43 et ss.). De manu tri-
léger soufile que la mort emporte en un bulantis : le pharaon et ses cruels Égyp-
clin d'œil et qui cesse à jamais d'exister
, tiens. Sur les mots in campo Taneos,
sous sa forme première (non. rediens; il voyez la note du vers. 12. Aux vers. —
ne revient plus sur la terre). 44-53, lepsalmiste, commentant lui-même
40-53. Nouvelle plainte du poète au par l'histoire les mots posuit in JEcjypto
sujet de l'ingratitude des Hébreux il leur : signa (vers. 43^^) énumère les principaux
,
reproche d'avoir oublié les prodiges accom- miracles que le Seigneur avait accomplis
plis par le Seigneur pour les délivrer du en Egypte, pour contraindre le pharaon
Ps. LXXVII, 43-48. 371
*^ sicut posuit in^gypto signa sua,
sua in campo Taneos
et prodigia ;
lancées au nom de Dieu par les anges exé- cieuse, aimée d'Asaph. Deduxit... in spe;
cuteurs de ses vengeances. Quoique choi- plutôt, d'après l'hébreu : « en sécurité, »
sis parmi les esprits célestes, et nullement écartant d'eux soigneusement toute crainte,
parmi les démons ces anges sont appelés
, tout péril.
mali à cause de leur mission terrible. — 3° Deuxième partie : les divins bienfaits
Cinquième plaie vers. 50 , la peste des
: et les ingratitudes d'Israël, depuis la con-
374 Ps. LXXVII, 54-57.
54
Et induxit eos in montem sanctificationis suse,
montem quem acquisivit dextera ejiis.
Et ejecit a facie eorum génies,
terram in funiculo distributionis
et sorte divisit eis ;
<
#rs ^\:
it,f''-i'
376 Ps. LXXVII, 58-63.
^^ In iram concitaverimt eum in collibus suis
et in sculptilibus suis eum provocaverunt.
ad semulationem
^^ Audivit Deus, et sprevit,
et ad nihilum redegit valde Israël.
60
Et repulit tabernacuJum Silo ,
verunt : jalousie terrible , excitée par les conduit de Jérusalem à Naplouse, à cinq
infidélités de la nation à laquelle Jéhovah heures de cette dernière ville. Cf. Jos.
avait daigné conférer le titre d'épouse. xviii, 1, et YAtl. géogr., pi. vn. — Tra-
59-64. Le Seigneur se venge encore de didit... virtutem eorum (vers. 61). Hébr.:
son peuple coupable. Il y a gradation dans sa force (de Dieu). De même plus bas,
la vengeance, comme dans les crimes qui « sa gloire » au lieu de pulchritudinem
,
lorsqu'il fit choix de Sion et de Jérusalem de leurs frères et de leurs fiancés. L'hé-
comme résidence définitive (cf. vers. 08). breu présente une variante intéressante :
La ville de Silo était sur le territoire d'É- Elles n'ont pas été célébrées ; à savoir,
1
Ps. LXXVII, 64-67. 377
^^ Sacerdotes eorum in gladio ceciderunt,
eorum non plorabantur.
et vidusc
^'^
Et excitatus est tanquam dormiens Dominus,
tanquam potens crapulatus a vino.
6C
Et percussit inimicos suos in posteriora,
opprobrium sempiternum dédit illis.
67
Et repulit tabernaculum Joseph
et tribiim Ephraim non elegit.
par de joyeux épithalames. Les jeunes vers. 67-69, le choix de la tribu de Juda
gens étant morts à la guerre, les jeunes et de Sion; vers. 70-72, l'élection de
filles n'avaient pu se marier, ce qui était David. —
Et excitatus est... Hébr.
-
: le
alors considéré comme un immense Seigneur s'éveilla. — Tanquam dor-
miens. Image hardie. Cf. Ps. xxxiv, 23;
XLiii, 24; Lxxiv, 20, etc. Mais la suivante
l'est beaucoup plus encore : tanquam po-
tens crapulatus... ; c.-à-d. comme un
guerrier que le vin a subjugué et qui est
plongé dans un sommeil très profond.
L'hébreu exprime une idée analogue, mais
plus noble Comme un héros qui pousse
:
pourtant si alfreuse, de leurs maris. Cet pas des coups écrasants que leur portèrent
abandon des rites funéraires, qui étaient tour à tour Samuel, Saûï et David. — Ta-
une chose toute sacrée, marque une déso- bernaculum Joseph (vers. 67). C.-à-d. le
lation extrême. tabernacle de Silo (vers. 60), construit sur
65-72. Dieu a de nouveau pitié de son le territoire de la tribu d'Ephraïm, laquelle
peuple, qu'il rétablit sur des bases so- était issue de Joseph. L'arche d'alliance,
lides,avec Sion pour centre religieux, Juda lorsque les Philistins l'eurent rendue
pour tj'ibu principale et David pour roi. malgré eux aux Israélites, ne retourna pas
Vers. G5-GG, la ruine des ennemis d'Israël; à Silo; mais, après divers séjours transi-
378 Ps. LXXVII, 68-70.
^^ Sed elegit tribum Juda ;
montem Sion ,
quem dilexit.
^^ Et sedifîcavit sicut unicornium sanctifîcium suum
in terra quam fundavit in sœcula.
"^^
Et elegit David , servum suum
et sustulit eum de gregibus ovium ;
^'^
Mais il choisit la tribu de Juda
la montagne de Sion qu'il a aimée.
60
Et il bâtit son sanctuaire pareil à la licorne
dans la terre qu'il a affermie pour toujours.
70
Et il choisit David son serviteur,
et il le tira du milieu des troupeaux de brebis ;
toires, elle fut installée pour toujours à de cet animal. Mais l'hébreu a un autre
Jérusalem. Cf. I Reg. vi, 1 et ss. vu, i-2; ; sens Il a bâti son sanctuaire comme les
:
tiques promesses. Cf. Gen. xlix, 8-12. — ou génisses qui viennent d'être mères
Montem Sion pour : remplacer Silo et les ont un plus grand besoin des soins du
autres sanctuaires. Motif de ce choix glo- berger. —
Le but de ce choix de Jého-
rieux: quem dilexit. Voyez, au Ps.lxxxvi, vah pascere Jacob... (vers. 71); autre
:
^^
pour de son serviteur Jacob,
qu'il fût le pasteur
son héritage.
et d'Israël
"^^
Et il les fit paître dans l'innocence de son cœur,
et les conduisit avec des mains intelligentes.
PSAUME LXXVIII
^
Psalmus Asaph.
Deus, venerunt gentes in hereditatem tuam ;
l'hébreu, dans riritëgrité de son cœur; et ss,). On voit sans peine combien ces
c.-à-d. avec un cœur droit et parfait. In divers détails cadrent avec la prise de Jé-
intellectibus nianumn est une expression rusalem par les Ghaldéens; aussi la plu-
tout hébraïque qui signifie avec des
,
: part des commentateurs pensent -ils que
mains intelhgentes. Admirable type du telle fut réellement l'occasion historique
second David qui devait être un pasteur
,
de cette belle élégie. D'autres reculent sa
infiniment plus parfait. composition, comme celle du Ps. lxxiii,
avec lequel il a une frappante ressem-
Psaume LXXVIII blance, jusqu'à l'époque des Machabées et
à la persécution d'Antiochus Épiphane.
Plainte et prière au sujet de la ruine de
Mais le fond même du poème contredit
Jérusalem et du temple.
cette opinion, car ici Jérusalem est com-
Le titre. Vers. 1».
1° plètement ruinée ce qui n'eut pas lieu
;
LXXVIII.
Ps. —
1^ L'auteur Asaph; : sous le tyran syrien. Déplus, l'auteur du
non toutefois le célèbre contemporain de premier livre des Machabées, vu, 16-17,
David, mais un de ses descendants, car ce cite les versets 2-3 de notre psaume comme
psaume est certainement postérieur à la une prophétie réalisée par Antiochus ce ;
destruction de Jérusalem par Nabuchodo- qui suppose qu'ils dataient d'une époque
nosor. —
Les plus grands malheurs ont plus ancienne. Enfin Jérémie, x, 25, semble
éclaté sur la nation théocratique le temple : reproduire le verset 6, qui existait par
a été profané, la ville sainte prise et sac- conséquent de son temps. —
Deux parties
cagée de nombreux Israélites ont été mis
, inégales : la plainte, vers, ii'-i; la prière,
à mort, ce qui reste du peuple de Dieu est vers. 5-13. Quatre strophes vers, l^-i-, :
humilié, réduit à l'impuissance (vers. 1'' 5-7, 8-10, 11-13. Les membres de vers
et ss.). Après avoir décrit ces calamités sont généralement plus longs que de cou-
affreuses, le poète passe à la prière, et tume.
conjure Jéhovah d'avoir pitié de ses ser- 2o Première partie la plainte. Vers.
:
même temps leurs cruels ennemis (vers. 4 malheurs de Jérusalem et du peuple juif.
380 Ps. LXXVIII, 2.
^ Elles ont exposé les cadavres de vos serviteurs en pâture aux oiseaux
du ciel,
les chairs de vos saints aux bêtes de la terre.
païens, ces impurs, dont la seule pré- d'abri aux gardiens des récoltes. Comp.
sence sur le sol sacré de la Palestine [in Is. I, 8, et Y Atlasarchéol., pi. xxxvi
iiereditatem tuam; cf. Lev. xxv, 23, etc.) fig. 4. La Vulgate a suivi la traduction
était une horrible profanation. —
Pollue- des Septante oTrwpocp'jXaxîov. L'hébreu dit
:
sainteté, à la présence du Dieu trois fois de ruines. Cf. Mich. m, 12. PoSue- —
saint dont il était le palais. —
Jérusalem, runt... Le poète insiste plus longuement,
Ps. LXXVIII, 3-8. 381
•'
EfTuderunt sanguinem eorum tamquam aquam in circuitu Jérusalem,
et non erat qui sepeliret.
^ Facti su mus opprobrium vicinis nostris ;
vers. 2-3, sur le traitement indigne que circonstances. Cf. Ps. vi, 4, etc. — Ira-
les vainqueurs avaient infligé aux Israé- sceris in pnem. Les maux étaient si af-
lites. Ceux-ci avaient été massacn^s sans freux, qu'il semblait que la colère divine
pitié, et leurs cadavres, demeurés sans n'aurait pas de fin et que les Juifs étaient
,
sépulture, étaient devenus la pâture des à jamais perdus. — Effunde iram comme :
bêtes. —
Servorum..., sanctorum. Cir- un feu brûlant, comme un fleuve qui dé-
constance aggravante ceux qu'on avait
: borde. Cf. Deut. XXXII, 22. — Le psalmiste
ainsi traités étaient, pour ainsi dire, des montre à Jéhovah un autre objet sur le-
personnes sacrées, à cause de leurs rela- quel il le prie de détourner ce fleuve ou
tions intimes avec le Seigneur. Escas — cet incendie in gentes... Il y a un argu-
:
volatilibus..., carnes... bestiis. Châtiment ment très fort dans les mots qux te non
depuis longtemps prédit aux Hébreux, noverunt,... non invocaverunt : pourquoi
s'ils abandonnaient leur Dieu. Cf. Deut. Dieu détruit-il son peuple, et semble-t-il
xxvni 26. ,
—
Sanguinem... tanquam favoriser ces étrangers? Quia comede-
aquam. Le sang avait coulé à flots. — runt Jacob. Autre argument, encore plus
Facti sumus... (vers. 4). Les survivants vigoureux. Les Ghaldéens sont comparés
étaient un objet d'opprobre et d'insulte à des bêtes fauves qui ont pénétré de vive
pour toutes les nations du voisinage : force dans le bercail du Seigneur, et qui
Moab, Ammon, et surtout le cruel Édom. l'ont ravagé. — Locum ejus. Hébr. : son
Cf. Ps. XLiii, 14. pâturage, c.-à-d. la Terre sainte.
7° Deuxième partie : la prière. Vers. 8-10. Troisième strophe que Dieu par- :
rite d'élre puni pour ses fautes anciennes connaissant lui offrira des louanges per-
et récentes {antiquarum : les crimes des pétuelles. — Introeat... gemitus... Pitié
ancêtres unis à ceux de la génération ac-
, pour malheureux (vers,
Israël, qui est si
tuelle; cf. Lev. XXVI, 39). —
Cito antici- îl). Cf. Ps. CI, 21.Pensée toute délicate:
pent... Expression très délicate, qui donne c'est pour les gémissements de sa nation
une juste idée de la bonté de Dieu, si que le poète demande à Dieu une audience
admirablement prévenante. —
Pauperes... favorable. — Compeditorum : les Juifs
nimis. D'après l'hébreu extrêmement af-
: faits prisonniers et déportés par les Chal-
lligés. —
Propter gloriam nominis... Le déens. —
Secundutn magnitudinem bra-
psalmiste fait maintenant appel à la fierté chii... Métaphore très significative ce bras :
de Dieu, au soin qu'il devait prendre de puissant, qui agit au loin. Posside. —
sa gloire. S'il laisse périr son peuple, les C.-à-d. adopte comme tiens (saint Au-
;
païens proclameront qu'il a été incapable gustin accipe in adoptionem »); par
: «
de le sauver. Cf. Ex. xxxn, 12; Num. xiv, conséquent, sauve et protège. Dans l'hé-
-13-17; Deut. ix, 28, etc. —
Ne forte di- breu Conserve.
:
—
Filios mortificatorxim :
cant... En d'après les idées païennes,
effet, les enfants, désormais orphelins, de ceux
triompher d'une nation, c'était par là que le glaive chaldéen avait égorgés (comp.
même vaincre ses dieux. Comp. Is. xxxvi, les vers. 2-3). D'après l'hébreu « les fils :
I
Ps. LXXIX, 1. 383
PSAUME LXXIX
^
In finem, pro iis qui commutabuntur, testimonium Asaph, Psalmus.
*
Pour la fin, pour ceux qui seront changés, témoignage d'Asaph, Psaume.
perfection, désigne une vengeance com- genre du psaume (une règle, une loi pour
plète, équivalente à l'offense (cf. Gen. iv, tous ceux qui souffrent). —
Psalmus. En-
17; Prov. vi, 3i, etc.). — In sinu eorum: core une élégie remarquable dans laquelle
,
'^
Vous qui conduisez Israël, prêtez l'oreille;
vous qui menez Joseph comme une brebis.
Vous qui êtes assis sur les chérubins, manifestez-vous
^ devant Ephraïm, Benjamin et Manassé.
2° Première strophe : prière servant de dont les ailes, étendues en avant, for-
prélude. Vers. 2-4. maient, pour ainsi dire, le trône du roi
2-4. Que le divin Pasteur d'Israël exauce théocratique. Cf. Ex. xxv, 18-20; I Reg.
son peuple malheureux. Qui régis. — IV, 4; II Reg. vi, 2, etc. {Atlas archéol.,
Hébr. toi qui fais paître (LXX
: 6 uoi- : pi. cii, fig. 5; pi. cm, fig. 1, 3, 6).
jxaîvwv). Dès les premières lignes du Manifestare. Parais dans ta splendeur,
dit l'hébreu avec plus de force.
— Coram Ephraim, Benjamin et
Manasse. Ces trois appellations,
délicatement groupées, équivalent
au nom de Joseph, cité un peu
plus haut. En effet, Éphraïm et
Manassé, c'est encore Joseph, dont
ces tribus descendaient, et les
deux frères enserrent amicalement
entre eux Benjamin, né de Rachel
comme leur père. Union antique;
car, dans le désert, les trois tribus
étaient déjà réunies, pour les
campements, du môme côté du
tabernacle. Cf. Num.
18-2i. ii,
après l'appel à sa bonté. — Super cheru- Hébr. Dieu, rétabhs-nous. Pour opérer
:
bim : les chérubins de l'arche d'alliance, ce rétablissement il suffit que Dieu daigne
,
Ps. LXXIX, 5-8. 383
Domine, Deus virtutum,
quousque irasceris super orationem servi lui ?
Cibabis nos pane lacrymarum
et potum dabis nobis in lacrymis in mensura ?
Posuisti nos in contradictionem vicinis nostris,
et inimici nostri subsannaverunt nos.
Deus virtutum , converte nos
et ostende faciem tuam, et salvi erimus,
montrer de nouveau à son peuple son pain et d'aliments. Cf. Ps. xu, 4. In —
visage, qu'il a tenu longtemps caché il : mensura. La Vulgate suit les LXX, qui
s'en échappera des rayons de lumière, qui ont èv jxsTpo). L'hébreu mentionne une
:
mettront fin aux ténèbres de l'infortune mesure spéciale, le salis, qui correspon-
[ostende,..; hébr. : fais briller). Cf. Ps. dait au tiers de V'éfah (38 lit. 88), et qui
IV, 7, etc. valait par conséquent 13 litres. « D'après
3° Seconde strophe description plain-
: Isaïe, XL, 12, c'est une bien petite mesure
tive. Vers. 5-8. pour la poussière de la terre; mais c'en
5-8. Israël est abreuvé de larmes et un est une grande pour des larmes. » Po- —
objet de mépris pour ses ennemis. Le suisti in contradictionem. Hébr. mâdôn, :
poète décrit les calamités que ses compa- un objet de querelles, d'attaques.— Vici-
triotes endurent par suite de la colère nis nostris : les peuples païens qui entou-
divine, et il en fait comme une nouvelle raient la Palestine, et qui en convoitaient
base de sa prière. —
Domine, Deus vir- la possession. —
Deus virtutum... Le re-
tutvm. Hébr. Y^hovah 'Elohim fhâ'ôt,
: frain, légèrement allongé. Comp. le ver-
comme au vers, 20. Nom très solennel. set 4, et la note du vers. 1.
Le Dieu des armées » cadre parfai-
titre « 4° Troisième strophe : la vigne de Jé-
tement avec la situation Israël a besoin
ici : hovah autrefois toute
, florissante. Vers
d'un puissant secours contre les ennemis 9-12.
nombreux qui l'accablent. Voyez la note que commence la partie prin-
C'est ici
du Ps. XXIII, 10. —
Irasceris super ora- cipaledu psaume (vers. 9-20), à laquelle
tionem. Mieux contre la prière (« in
: les deux premières strophes servent de
orationem », comme traduisent saint Au- préambule la prière et la plainte, sim-
:
gustin et d'anciens Psautiers). Dieu sem- plement esquissées jusqu'ici, sont main-
blait avoir cette prière à charge et s'irriter tenant développées et motivées. L'allé"-orie
contre elle, puisqu'il ne l'exauçait pas. est proposée en termes admirables.
L'hébreu emploie une métaphore extraor- 9-12. Vineam... translulisti. Figure que
dinairement hardie, qui rappelle celle du l'on trouve à plusieurs reprises dans les
Ps. XVII, 9 (voyez la note). Littéralement: écrits prophétiques (cf. Is. v, 1 et ss.
Jusques à quand ta colère fumera-t-elle...? xxvii, 2 et ss.; Jer. ii, 21; xii, 10), et
— Servi lui : le peuple d'Israël, pris col- que Notre -Seigneur Jésus -Clirist lui-
lectivement. —
Cibabis (il faudrait le pré- même a employée dans un sens analogue
sent; de même pour potum dabis) pane (Matth. XXI, 33). Israël est comparé à un
lacrymarum. Non pas un pain détrempé cep de vigne, qui, après avoir pris quel-
de larmes, c.-à-d. que l'on mange en que croissance en Egypte, avait été trans-
pleurant; mais des larmes en guise de planté par le Seigneur dans la Terre pro-
17
%A-
386 Ps. LXXIX, 9-12.
^ Vineam de yEgypto transtulisli
et ejecisti gentes, et plantasti eam.
10
Dux conspectu ejus
itineris fuisti in ;
^'
Son ombre a couvert les montagnes,
et ses rameaux les cèdres de Dieu.
*"-
Elle a étendu ses branches jusqu'à la mer,
et ses rejetons jusqu'au fleuve.
divin vigneron avait préparé, déblayé tout bientôt de ses pampres le pays tout entier
chananéens), cette vigne avait pris des solé, de la vigne de Jéhovah. Vers. 13-16.
Ps. LXXIX, 13-17. 387
^^ Ut quid destruxisti maceriam ejus,
et vindemiant eam omnes qui prietergrediuntur viam ?
^^ Exterminavit eam aper de silva,
et singularis férus depastus est eam.
'^ Deus virtutum, convertere;
respice de cœlo, et vide, et visita vineam istam ,
^^'
et perflce eam quam plantavit dextera tua,
et super filium hominis quem confirmasti tibi.
''^
Incensa igni et sufTossa ;
'13-16. « Quelle différence entre autre- protection s'étende également sur le fils...
le poète à Dieu, car le présent est une comme le voudrait la paraphrase chal-
énigme pour son esprit. » —
Destruxisti daïque, mais le peuple juif, qui vient
maceriam... Les murs qui entouraient et d'être représenté par la vigne symbolique,
protégeaient la vigne ont été renverses; et que Dieu avait adopté réellement pour
aussi chaque passant peut-il en
ravir les grappes {vindemiant
eam....)] bien plus, les bêtes
sauvages des forêts voisines
l'ont envahie et la ravagent à
fond [exterminavit). Aper. —
Les sangliers sont très redou-
tables aux vignes qu'ils sac- ,
Assur). — Deus..., convertere. Prière pres- aura rétabli son peuple, celui-ci lui sera
sante en faveur de la pauvre vigne presque plus que jamais fidèle, et l'honorera de
anéantie. —
Visita... : pour la rétablir. — toutes ses forces. Vers. 17-20.
Berfice...Hébr. protège- la.
: Et super — 17-20. L'image de la vigne, un instant
filium. La phrase est elliptique Que ta : abandonnée (vers. 16"^) pour faire place à
, ,
*^ Fiat manus
tua super virum dexterse tuse,
super filium hominis quem confîrmasti tibi.
et
*^ Et non discedimus a te ;
PSAUME LXXX
* In fmem, pro torcularibus , Psalmus ipsi Asaph.
* Pour la fin ,
pour les pressoirs, Psaume d'Asaph.
'-^
en Dieu notre protecteur;
Tressaillez d'allégresse
chantez avec transport en l'honneur du Dieu de Jacob.
^ Entonnez le cantique et faites résonner le tambourin
,
le corps (lu psaume, au genre épique, où pi. LXiii, fig. 1,5-10, 12, Buccinate... —
Jéhovah lui-même excite les Hébreux à tuba. Dans les cérémonies religieuses, les
n'avoir pas d'autre Dieu que lui (vers. Hébreux se servaient de deux espèces de
7-17). Cinq strophes vers. 2-4, 5-6,
: trompettes les hasôs^rôt, ou trompettes
:
Le chôfar.
et c'était le l^r
tïsH, ou jour de la fête
des Trompettes. Cf. Lev. xxiir, 24, et
Num. XXIX, 1. —
In neomenia: à la nou-
Joueurs de lyre, de cymbales et de tambounu. velle lune, c.-à-d. au premier jour du
(D'après un bas-relief assyrien.) mois (on dans les anciens Psautiers:
lit
ra. Le tambourin, le kinnôr (petite harpe) ne saurait convenir aussi qu'à la première
et le néhel (lyre) trois instruments dont
: lune de tisri, la seule qui eût un cachet
les Orientaux aiment à mélanger les sons. à part. Mais l'hébreu a ici une variante
Voyez y Atlas archéol., pi. lx, fig. 14, 16, importante, sur laquelle sont venues se
17;pl. Lxi,fig. 1,2,7, 9;pLLxn,fig.7; greffer les deux autres opinions mention-
,
de la terre d'Egypte
lorsqu'il sortait ;
Il
il entendit une langue qu'il ne connaissait pas.
nées plus haut (note du vers, i) A la : dicium et testimoniuni sont trois expres-
pleine lune (saint Jérôme « in medio : sions synonymes. Cf. Ps. XVIII, 8-1 Ojcxviii,
mense »), au jour de notre fête {hacj- 1. Le précepte dont il s'agit faisait partie
génu). Les fêtes des Tabernacles et de la du droit divin, et devait rendre témoignage
Pàque étaient les seules qui fussent célé- aux bienfaits du Seigneur. —
Joseph équi-
brées au milieu du mois on a donc tout ; vaut ici à Israël et à Jacob, pour désigner
naturellement pensé à elles. La première toute la nation juive. — Cum exiret...
avait lieu également le septième mois, Ces mois indiquent d'une manière géné-
quinze jours après celle des Trompettes,
et elle était souvent appelée « la fête »
rale l'époque à laquelle remontait le pré-
cepte. — Linguam quam, nonnoverat. I
(héhag) par excellence. Ce passage semble Selon divers interprètes la langue des
,
consiste dans les vers. 5- G, qui rattachent connaissais pas. Le sens est le même; seu-
intimement la sortie d'Egypte à la fête en lement c'est le poète qui fait cette réponse
question. Il est certain que ce trait s'a- au nom de son peuple.
dapte mieux à la Pâque qu'à tout autre 3" Le Seigneur prend la parole, pour
jour sacré car c'est à elle surtout qu'était
, exhorter les Hébreux à n'adorer que lui
lié le souvenir de la délivrance du joug et à demeurer fidèles à ses lois. Vers.
des Égyptiens (cf. Ex. xii, 1 et ss.; xiii, 7-17.
24, etc.). Mais la fête des Trompettes était, 7-8. Troisième strophe : Jéhovah rap-
elle aussi, un jour de « souvenir » (Lev. pelle à Israël les insignes bienfaits dont il
Seigneur à son peuple pendant toute la la première personne J'ai déchargé son
:
durée de l'exode; or les vers. 5 et ss. épaule du fardeau. Le discours d'une gra-
parlent non seulement de la sortie d'E- vité tout épique, par lequel Dieu lui-même
gypte, mais de tout le trajet à travers le explique la signification de la fête, com-
désert (comp. le verset^S). mence donc dès le verset 7. Ab one- —
5-0. Motif de cette invitation pressante : ribus dorsum... Allusion aux pénibles
la volonté formelle de Dieu, qui a lui- corvées dont les Égyptiens avaient écrasé
même institué la fête. —
Prsecejpium, ju- les Hébreux durant quelques années. Cf.
, ,
plebo...). —
Et non audivit... La désobéis- qui parle, quoiqu'il le fasse maintenant à
sance (vers. 12), suivie bientôt d'un légi- la troisième personne. Mentiti sunt ei —
time châtiment (vers. 13). —
Dimisi... (à Israël). Il faudrait encore le condi-
secundum desideria... Dieu les a aban- tionnel Ses ennemis lui mentiraient. Le
:
donnés à leurs désirs coupables à leurs , verbe « mentir » désigne ici une soumission
mauvais penchants {adinventionibus est forcée , des hommages purement exté-
pris en mauvaise part). rieurs, comme
peuples vaincus en
les
14-17. Cinquième strophe promesses
: présentent à leurs vainqueurs; ce qui
de bonheur, au cas où Israël serait dé- n'empêche pas la soumission d'être réelle.
sormais fidèle à son Dieu. D'après les LXX Comp. le Ps. XVII, 45, et la note. — Et
et la Vulgate ces versets contiennent des
, erit (lisez : et serait)... Seconde promesse,
réflexions douloureuses sur la conduite vers. \&> la durée perpétuelle de la
:
des Hébreux au temps passé; suivant le nation théocratique {tempus eorum in sœ-
texte primitif, ils concernent les Israélites cula). —
Et cibavit..., saturavit (lisez:
contemporains du psaume, et leur in- « cibaret, saturaret »)... Troisième pro-
diquent la condition à laquelle ils pour- messe, vers. 17 l'abondance de tous les
:
raient jouir des faveurs divines. Cette biens. L'hébreu reprend ici la première
condition est citée dès le début de la personne Je les nourrirais..., je les ras-
:
les ennemis d'Israël. Pt'o nihilo, c.-à-d. fois dans le désert. Comparez la promesse
gratuitement d'après l'hébreu
;
en un : de Moïse, Deut. xxxii 13-14. 11 est bien ,
instant. Forsitan a été ajouté par la V'ul- conforme au genre d'Asaph de terminer
gate. —Inimici Domini. C'est encore Dieu brusquement ses poèmes.
Ps. LXXXI, 1-4. 393
PSAUME LXXXI
Psalmus Asaph.
Deus stetit in synagoga deoriim ;
peccatorum sumitis
et faciès ?
^ Judicate egeno et pupillo ;
humilem pauperem
et justificate.
''
Eripite pauperem,
et egenum de manu peccatoris libertate.
^ Psaume d'Asaph.
Dieu s'est tenu dans l'assemblée des dieux ;
sont donc encadrées entre deux réflexions énergique conclut cette réprimande dans
du psalmiste. l'hébreu.— Judicate egeno... Exhortation
2° Prélude ou mise en scène. Vers. 1*^.
, (vers. 3-4) qui rappelle aux juges leurs
l''. Grandes assises dans lesquelles Dieu obligations principales. Il est touchant de
vient en personne accuser et condamner voir le Dieu de bonté défendre ainsi les
les mauvais juges de la terre. Deus — petits, qui étaient alors si souvent opprimés.
17*
, ,
in tenebris ambulant ;
5-7. Menace de châtiments. — Nes- l'employant pour démontrer aux Juifs in-
cierunt... Ils semblent ignorer leurs de- crédules son droit de se proclamer Fils de
voirs. D'assez nombreux interprètes re- Dieu. Cf Joan. x, 32-38. Son argumen-
gardent le vers. 5 comme une réflexion tation à fortiori fut si frappante, qu'il fut
personnelle du poète, intercalée par lui impossible à ses adversaires d'y répondre.
au milieu des discours de Dieu. Cela est — Filii
Excelsi... a le même sens que
peu naturel, et il n'y a aucune raison de « dii ». Chargés de représenter Dieu, les
ne pas attribuer la rc flexion au Seigneur juges israéUtes lui étaient intimement unis,
lui-même, qui, cessant un instant de comme un fils l'est à son père; mais ils
parler directement aux mauvais juges, dépendaient de lui par là même, et ils
exhale cette plainte douloureuse sur l'ini- étaient tenus d'observer les premiers sa
quité de leur conduite. In tenebris am- — loi. —
Vos autem... Malgré leur autorité
bulant. Ténèbres morales et spirituelles. presque divine, il n'y aura pas d'exception
Cf. Prov. II, 13, etc. Movebuntur — pour eux, s'ils continuent d'être prévari-
(mieux: « moventur, » au présent)... /iin- cateurs Dieu les punira comme de simples
;
dame^ila terrœ. Ce trait aussi doit se mortels {sicut homines...), ou comme des
prendre au figuré. Cf. Ps. x, 3. La justice chefs ordinaires {sicut unus...).
est le fondement de Tordre parmi les ¥
Conclusion. Vers. 8.
hommes; lorsqu'elle disparait, tout s'é- 8. Surge, Deus... Exclamation ardente
croule, et Israël était alors menacé d'un du psalmiste, qui conjure le Seigneur
pareil cataclysme, à cause de l'iniquité de ses d'exécuter ses desseins de Juge suprême,
magistrats. —
Ef/o (pronom très accentué) pour mettre fin à l'iniquité des magistrats.
dixi : Dii Comp. la note du vers. 1.
estis. — Judica... Qu'il vienne exercer la jus-
Dieu interpelle de nouveau les coupables. tice, puisque les juges terrestres le font si
Sa colère, un instant contenue, éclate tout mal. — Terram : le monde entier, et pas
à fait contre ces grands pécheurs qui pro- ,
seulement Israël. Dieu en a le droit, ajoute
fanaient la haute dignité dont il les avait le poète, puisque tous les peuples lui
lui-même investis. Notre-Seigneur Jésus- appartiennent {quoniam tu hereditabis...;
Christ a rendu ce passage célèbre, en ils sont à lui comme un héritage ).
, ,
PSAUME LXXXII
^
Cantique psaume d'Asaph.
- Dieu qui sera semblable à vous ?
,
Ps. LXXXII. —
1. Canticum psahni. pas inactif; ce qui fait, avec ne taceas,
Dans l'hébreu cantique psaume. Ce
: neque compescaris (mieux Ne te tais :
poème est très lyrique, et porte à bon pas et ne te repose pas), trois synonymes-
droit le nom de sîr. —
L'auteur Asaph. : pour exprimer plus fortement la même
C'est ici le dernier des douze psaumes pensée. Il est de toute nécessité que Dieu
attribués à cet illustre chantre ou à ses parle et agisse autrement
; Israël est ,
descendants. —
Description d'une coali- perdu sans ressource. —
Quoniam... Le
tion redoutable, formée contre le royaume suppliant motive longuement sa requête
théocratique par tous les peuples d'alen- si pressante (vers. '6-9). — Inimici tui.
tour, sous l'impulsion des Assyriens, pour Les ennemis de la nation théocratique
l'anéantir totalement, Le danger est énorme ; ennemis de Jéhovah
étaient toujours les
aussi la prière du psalmiste est-elle extrê- lui-même. lxxx, 15-16, etc.
Cf. Ps. So- —
mement pressante. —
Les meilleurs in- nuerunt : ils s'agitent d'une manière
terprètes ont toujours cru que cette coa- bruyante. —
Extulerunt caput : hautains
lition ne dilîère pas de la ligue qui eut et menaçants. Cf. Jud. viii 28, etc. ,
—
lieu contre le saint roi Josaphat, et qui Malignaverunt consilium. Les anciens
l'ut écrasée par un éclatant prodige. Cf. Psautiers latins disent plus clairement :
II Par. XX, 1 et ss. Dans ce cas, il n'y a (( astute cogitaverunt consilium. )> C"est la
rien d'impossible à ce que l'auteur du traduction presque littérale de l'hébreu :
cantique soit Jahaziel, « lévite des fils Ils forment des projets pleins de ruse. Le
d'Asaph » (II Par. xx, 14-17), qui, dans mot sôd désigne des plans ourdis en se-
cette circonstance mémorable, prophétisa cret. — Adversus sanctos : les Israélites,
au roi et à tout le peuple une prompte qui, par leur vocation, formaientune race
délivrance. — Deux séparées par
parties , sainte. avec une nuance
L'iiébreu dit :
matique du péril, vers. 2-9; la prière, ou « que tu caches » ( à l'ombre de tes ailes
—
;
analhèmes contre les ennemis, vers. 10-19. cf. Ps. xvi, 8; xxvi, 5, etc.). Diœe-
, , J
runt... Le poète cite les propres paroles la partie septentrionale de l'Arabie Pétrée.
des ennemis, pour mieux montrer jus- — Alienigenœ. Hébr. les Philistins. Ce
:
qu'où vont leurs intentions haineuses, — peuple est déjà mentionné par Amos,
Disperdamus eos de gente. Traduction
servile de l'hébreu migcjoy , locution très
expressive, qui signifie de manière à les:
Guerriers philistins.
«
Iduméens, qui étaient les chefs de la coa- (D'après une peinture égyptienne.)
lition. Cf. Il Par. xx, '1. Ismahelitœ. —
Tribus nomades issues d'Ismaël, qui habi- 1,6, 9, avec les Tyriens {habitantibus rt/-1
taient entre l'Arabie et l'Assyrie. Cf. Gen. runi) comme associé à Édom dans des
,
XXV, 18. —
Agareni. Autre peuplade expéditions guerrières contre Israël. —
arabe, domiciliée à l'est de Galaad. Cf. Assur... cum, illis : non pas d'une ma-^
I Par. V, 10, 18-22. —
Gebal était un dis- nière effective et immédiate mais encou- ,
les Ammonites, qui descendaient de Lot. In Endor. Petite ville de la plaine de Jes-
Cf. Gen. XIX, 30-38. —
Un sélah ou forte raël, rendue célèbre par la pythonisse de
très expressif termine dans l'hébreu cette Saûl. Cf. I Reg. xxviii, 7 et ss. Vt —
terrible liste. stercus terrse (les Septante ; x^ yr\ au
3» Deuxième partie : la prière, ou sou- datif pour la terre). Détail tragique, pour
:
haits véhéments contre les ennemis d'Is- mettre en relief la défaite terrible des
raël. Vers. 10-19. Chananéens. —
Pone... Dans les versets
10-13. Troisième strophe le psalmiste : 12 et 13, le poète revient sur la victoire
conjure Jéhovah de renouveler contre ces de Gédéon (cf. vers. 10^), pour en signaler
peuples les châtiments qu'il avait autre- aussi quelques traits caractéristiques.
ibis intligés à des ennemis non moins for- Principes eoruyn : les chefs de l'armée
midables de sa nation. —
Sicut Madian. alliée (cf. vers. 7 et ss.). Omnes prin- —
Premier exemple d'une grandiose déli- cipes eorum. D'après l'hébreu leurs oints, :
de Gédéon. Cf. Jud. vu, 1 et ss. Si- — mana, des rois du même peuple. Cf. Jud.
sarse,... Jabin. Second exemple, qui rap- VII, 25; VIII, 5 et ss. —
Hereditate possi-
pelle les noms glorieux de Débora et de deamus. Locution très significative Pos- :
Barac (cf. Jud. iv et v); mais le poète ne sédons à jamais pays d'Israël, comme
le
signale ici que les vaincus. Jabin était un un héritage que nous auraient transmis
—
|
puissant roi chananéen; Sisara comman- nos ancêtres. Cf. II Par. xx, 11. Les^
dait ses armées. —
In torrente Cisson. mots sanctuarium Dei ne représentent^
Cette rivière traverse la plaine de Jesraël, pas ici le temple de Jérusalem, mais la
qui avait servi de champ de bataille à Dé- Terre sainte.
bora et se jette dans la Méditerranée, au
,
14-16. Quatrième strophe continuation :
pied du mont Carmel {Atlas géogr., pi. de la prière et des anathèmes. Passage vi-
vu). Gonflée par un soudain orage, elle vant, dramatique. La ruine des ennemis
avait entraîné des milliers d'ennemis. — est maintenant décrite au moyen de
, ,
PSAUME LXXXIII
*
In finem, pro torcularibus , filiis Core, Psalmus.
'
Pour la fin, pour les pressoirs, Psaume des fils de Coré.
'gnis... silvam. Un de ces immenses in- le souhait qu'il avait simplement énoncé
cendies contre lesquels l'homme demeure au vers. 17*. —
Et cognoscant... Il déve-
tnpuissant. Cf. Is.x, 16-19. — Comburens loppe de même sa prédiction du verset 17^».
nontes : c.-à-d. les forêts dont les mon- La grâce atteindra donc les ennemis de
lagnes sont habituellement couvertes. — Jéhovah, s'ils consentent à la recevoir, au
|7a... in tempestate tua. Allusion aux sein même de leur infortune dans la ;
)rages qui accompagnent les théophanies ruine ils trouveront le salut. Dominus. —
lans la poésie hébraïque. Comp. le Ps. En hébreu, Y^hovah, le nom sacré du
LVii, 8, et la note. Dieu de la révélation. —
Tu solus Altis-
17-19.Cinquième strophe encore la : simus : Tunique vrai Dieu du monde en-
»rière ot les anathcmes. Le poète demande tier. Comp. II Par. xx, 6. Conclusion pleine
urtout ici que la honte vienne s'ajouter à de foi et de confiance.
i ruine des ennemis d'Israël. Impie... — PS.\UME LXXXIII
jnominia. C'est la pensée principale.
'^acies eorum un trait pittoresque.
est — Brûlante effusion d'amour pour les sacrés
hiaerent nomen tuum. Résultat final de jjarvis.
\ défaite
frappés de la victoire miracu-
: 1° Le titre. Vers. 1.
îuse du Seigneur, ceux des ennemis qui Ps. LXXXIII. — 1. L'accompagnement:
— , ,
bonheur de ceux qui habitent auprès du L'adjectif hébreu ifdldôt dénote une afTec-
sanctuaire. On lui a trouvé depuis long- tion tout à fait vive et tondre. Les pluriels
temps et à bon droit, de frappants rap-
, tabernacula, atria, font allusion aux dif-
ports de ressemblance avec le Ps. xli. Ils férentes parties du sanctuaire et à ses dif-
sont lun et l'autre l'expression intime d'un férentes cours. Cf. Ps. XLii, 3; xlv, 5, etc.
amour très vif pour les sacrés parvis. Com- — Concupiscit (LXX £7:t7ro6Ei), et dé-:
posés l'un et l'autre parmi de rudes épreuves, Expressions très énergiques. Hébr.
ficit... :
et loin du tabernacle (vers. 7-8), ils con- Mon àme soupire (littéralement pàUt) et :
ils ont l'un et l'autre un fils de Coré pour à sa manière , à ces saints transports cor :
auteur. Il est donc probable qu'ils auront et cai'o...exultaverunt... Wo^ez, aux Ps. xli,
été composés à la même occasion, c'est- 2-3, et lxii, 1 , des sentiments identiques.
à-dire au moment de la révolte d'Absalom, — In Deum vivum. Dieu lui-même étant
lorsque David, avec une poignée de servi- l'objet de l'amour du poète, il n'est pas
—
étonnant que cet amour soit si intense et le visiter dans son sanctuaire de Jérusa-
si profond. —
Etenim passer... Compa- lem. Vers. 6-9.
raison ravissante, qui exprime plus admi- 6-9. Cette strophe est assez obscure, Sur-
rablement encore les sentiments du psal- tout dans les Septante et la Vulgate. L'idée
miste à l'égard des divins parvis. Ce qu'est qu'elle développe est celle d'un pieux pèle-
un nid bien moelleux pour le modeste pas- rinage, dont le sanctuaire de Sion est le
sereau, pour la tourterelle craintive (ou, terme les obstacles ne manquent pas sur
:
d'après l'hébreu, pour l'hirondelle, d^rôr) la route; mais on est sur de les surmonter,
et pour leurs petits, le tabernacle l'était avec l'aide de Dieu et de la foi. L'applica-
pour lui. Voyez dans V Atlas d'hist. nat., tion des détails à la situation extérieure
pi. Lxvii-Lxx, les principales espèces de du poète est aisée (voyez la note du vers.l).
passereaux et d'hirondelles de l'Orient bi- — Beatus vir... On dirait un écho de la
blique.— Altariatua... Exclamation sou- strophe précédente (comp. le verset 5).
daine, d'une grande beauté. La suspension Cujus auxilium... Hébr. dont la force
:
de la phrase produit aussi un effet remar- est en toi; c.-à-d., qui met en Dieu seul
quable. Un verbe qui s'avançait pour
(( toute sa force, qui ne cherche du secours
exprimer la pensée (du poète) s'arrête sur qu'auprès de lui. —
Les mots ascensiones
ses lèvres et retombe sur son cœur; mais in corde... doivent être expliqués d'après
la piété le comprend lorsqu'il s'écrie Tes : l'hébreu, où nous hsons Des routes (sont)
:
autels, ô Dieu!... » (J. de Maistre.) Les oi- dans leur cœur. Ces routes ou montées ne
seaux les plus humbles ont leur refuge; désignent pas une marche morale et mys-
vos autels Seigneur, voilà mon abri tuté-
, tique, comme on l'a parfois pensé. Elles
—
laire. Domine virtutum (hébr. V^/iovah : représentent au propre l'ensemble des che-
ç^bâ'ôt), rex..., Deus... Accumulation ai- mins qui de tous les points de la Pales-
,
mante de plusieurs noms divins, qui ex- tine, conduisaient à Jérusalem. Les pieux
priment tous une vive confiance. Beati — Israélites, dévoués, comme le psalmiste,
qui habitant... Le pieux fils de Coré con- au sanctuaire de Jéhovah, avaient constam-
naissait par expérience ces pures délices, ment ces roules au cœur (Vulg. dispo- :
dont il était maintenant privé. In sm- — suit), avec leurs étapes diverses, attendant
cula... laudabunt te... D'après l'hébreu : riieure où il leur serait donné de les par-
Ils te loueront encore. Mais cet « encore » courir. —
Ce moment venu, ils s'élançaient
a réellement le sens de toujours. La — avec courage, sans se laisser arrêter par
musique retentit plus vigoureusement ici, les difficultés.C'est ce qu'exprime la lo-
comme l'indique le sélah, pour s'associer cution imagée in valle lacripiiarum de la
à cette douce pensée et la mettre en saillie. Vulgate et des Septante. D'après l'hébreu,
3" Seconde strophe bonheur et pros-
: la valléede Bàkà\ ou du Baumier; nom
périté de ceux qui ont confiance en Dieu ;
d'une région aride, inconnue, qu'il fallait
ils réussiront malgré tous les obstacles à
, , franchir avant d'arriver à Jérusalem. La
, ,
tent la plupart des anciens Psautiers la- clairement dans l'hébreu Ils apparaissent :
tins, à la suite des LXX (si; tôtiov). C'est devant Dieu dans Sion. Ils se présentent
le sanctuaire, l'heureux but du voyage, qui à lui dans son sanctuaire. Domine..,, —
est ainsi désigné. — Quem
Sanc- j)osuit. exaudi (vers. 9). Résumé de la prière qui
tuaire établi par Dieu lui-même; ou, se- s'échappe de leurs cœurs au moment où
lon d'autres, lieu béni que chacun des ils se prosternent à ses pieds, joyeux et
pèlerins était décidé à atteindre malgré reconnaissants. Ou bien, exclamation ar-
tout. Mais l'hébreu diffère notablement des dente du poète lui-même, pour obtenir
versions pour ce passage Passant par : que Dieu lui accorde bientôt une faveur
la vallée de Bûkâ' , ils la changent en un identique. —
Sélah dans l'hébreu, ou forte
lieu de fontaines la pluie la couvre aussi
; de la musique sacrée.
de bénédictions. Ce qui signifie, d'après le 4° Troisième strophe prière pour le roi, :
salem, et, par legislator, le Seigneur, qui l'oint du Seigneur d'une manière très réelle.
avait prescrit aux Hébreux de venir l'a- Que Dieu daigne regarder son visage hu-
dorer trois fois par an auprès du taber- milié, attristé, suppliant. Bien beau trait.
nacle. —
Ibunt de virtute... C.-à-d. de — Quia melior... Ces mots expliquent
force en force. Continuation de la pensée plus complètement ce que le poète enten-
qui précède. En de telles conditions, les dait par aspice, respice. Il voulait dire :
pèlerins bien loin de voir s'épuiser leurs
, Ramenez - nous dans votre tabernacle où ,
forces, selon les lois ordinaires de la na- l'on passe des jours si saints et si heureux.
ture, par des marches longues et pénibles, — Dies una super millia. Hébr. plus :
les sentent au contraire s'accroître à me- que mille (mille jours passés ailleurs,
sure qu'ils approchent de Sion; le voyage parmi les joies humaines). Elegi ah- —
les rend « de plus en plus dispos et allè- jectus esse... Admirable image dans l'hé-
— , ,
" Car un seul jour passé dans vos tabernacles vaut mieux que mille.
J'ai choisi d'être des derniers dans la maison de mon Dieu
plutôt que d'habiter dans les tentes des pécheurs.
^"^
Car Dieu aime la miséricorde et la vérité ;
PSAUME LXXXIV
^
In finem, filiis Core, Psalmus.
'
Pour la fin , Psaume des fils de Coré.
tecteur ; la gloire en tant que lumineux avait encore beaucoup à faire pour la res-
soleil.— Non privabit bonis. Litote ex- tauration de l'État théocratique, et c'est
pressive,pour dire qu'il donnera tous les pour hâter son heureux achèvement que
biens. — Condition à laquelle accordera il le pieux descendant de Coré adressa au
ses grâces : eos qui... in innocentia. Hébr. : Seigneur cette belle et fervente prière au ,
Douce et joyeuse conclusion (vers. i3'>) : une action de grâces pour les faveurs déjà
beatus... qui sperat in te. Or le psalmiste reçues, vers. 2-4; une prière pour de-
était plein d'espoir, quand même. mander le complet rétablissement de la
nation, vers. 5-8; une description pro-
Psaume LXXXIV
phétique de la future prospérité d'Israël,
Prière j^our obtenir le complet vers. 9-14. — La troisième partie a sou-
rétablissement d'Israël. vent été appliquée par les Pères à Notre-
1» Le titre. Vers. 1. Seigneur Jésus-Christ, qu'elle concerne, en
Ps. LXXXIV. — 1. L'auteur : filiis Core. elTet , dans le sens typique ( voyez les notes ).
-
troduction très délicate à la prière (vers. gement de pensées. Dieu a laissé son
5 et ss.) Dieu a commencé de bénir son
: œuvre imparfaite, comme s'il était encore
peuple; n"achèvera-t-il pas son œuvre? irrité contre Israël; qu'il daigne pardon-
— Benedixisti. Hébr. Tu as été favo- : ner de plus en plus.
et bénir —
Converte
rable. — Terram tuam : la Terre sainte, nos. Hébraïsme, pour Rétablis -nous.
:
dont Jéhovah s'était réservé la propriété. D'autres traduisent Reviens à nous. Les
:
manière spéciale Dieu avait béni la Pales- breux obstacles intérieurs et extérieurs,
tine. — Remisisti iniquitatem... La ruine pour que l'État juif fût vraiment recon-
du royaume et Texil avaient eu pour cause stitué sur de nouvelles bases. Avertè —
riniquité monstrueuse des Juifs; pour que iram : cette colère qui avait paru d'abord
le châtiment cessât, il fallait que les crimes entièrement éteinte (vers. 4), mais qui
fussent expiés et pardonnes. Sur la locution devait subsister encore ou qui s'était ral-
operuisti peccata, voyez le Ps. xxxi, 1, et lumée de nouveau, puisque les malheurs
la note.— Dans Ihébreu, un sélah placé d'Israël n'avaient pas pris fin. — Num-
à du vers. 3 accentue Tidée du gé-
la fin quid in seternuni...? Reau trait, plein
néreux pardon. — Avertisti ah ira. Hébr.: dune sainte hardiesse, et bien fait pour
Tu t'es détourné de l'ardeur de ta colère. toucher le cœur de Jéhovah. Extendes —
Ce qui signifie qu'il s'est aimablement iram: prolongeant à jamais son courroux,
calmé. sans vouloir pardonner les coupables,
3° Seconde partie : prière pour obtenir maintenant repentants. —
Deus, tu con-
I
I
, , , ,
versus... Hébr. : Ne nous rendras-tu pas qu'ilsne retournent pas à la folie (la folie
encore à la vie ? — El également à la joie, morale du péché, comme il est dit souvent
comme il est ajouté aussitôt: et plebs tua ailleurs). — Verumtamen. Dans l'hébreu:
(pronom souligné) Isetahitur in te (de 'ak, oui! Forte affirmation. — Prope ti-
même). —
Ostende nobis... Supplication mentes... salutare... Hébraïsme. Dieu ac-
pressante. corde volontiers son salut, ses grâces, à
4^ Troisième partie : tableau de la future ceux qui le craignent et qui lui sont fidèles.
prospérité d'Israël. Vers. 9-14. — Ut inhabitet... Résultat produit par le
Magnifique vision d'avenir, toute rem- retour de faveur divine
la la gloire de
:
PSAUME LXXXV
Oratio ipsi David.
*
InclinaDomine aurem tuam et exaudi me
, , ,
Prière de David.
^ Penchez, Seigneur, votre oreille, et exaucez -moi,
car je suis indigent et pauvre.
Veritas de terra orta...: germant avec au- très bien genre du psaume. Hébr.
le :
—
,
la terre, toute souriante et les mains rem- révolte d'Absalom. Le saint roi est
plies de bénédictions. Cf. Is. xlv, 8. Les plongé dans de vives angoisses; il court
bienfaits divins se répandent de partout à même un grand danger pour sa vie, tantj
profusion. —
Etenim (hébr. gam, aussi, : ses injustes et cruels ennemis le haïssent.
île plus)... Outre les grâces spirituelles, Mais il a confiance en Dieu, dont il im-
Dieu veut en accorder de temporelles à plore ardemment
secours. D.ivid ayant
le
son peuple {benignitatem; dans Thébreu, eu à exprimer à diverses reprises dans
hattôb, tout ce qui est bon et qui rend ses psaumes ces mômes sentiments de
heureux). —
Terra dabit fructum... : sous douleur, de crainte et d'espérance , il n'est
forme d'abondantes récoltes. D'après un pas étonnant qu'il le fasse ici en employant
sens spirituel qui nous ouvre les plus plusieurs formules dont il s'était déjà servi
beaux horizons messianiques allusion aux , ailleurs (voyez les notes). La division —
deux natures du Messie et à sa naissance n'est pas très nettement marquée. On peut
merveilleuse. « Lorsque Jésus -Christ a cependant admettre l'arrangement qui suit :
paru dans le monde, il est sorti comme 1° pressant appel à la bonté de Dieu,
un germe du sein de la terre, et comme vers. 1-7; 2° appel à son infinie puissance,
un pur don du ciel; il est sorti du sein vers. 8-10; 3° promesses d'actions de
de son Père, et il est né du sein virginal grâces, vers. 11-13; 4» plainte contre des
de Marie. » (Calmet, h. l.) 11 est venu ennemis injustes et nouvel appel à la di-
« plein de grâce et de vérité, et nous vine bonté, vers. 14-17. Le nom sacré
avons vu sa gloire » toute divine. Cf. Joan. 'Adonaï employé sept fois dans le
est
I, 14. —
Justitia ante eum... : devant le texte hébreu, et il est probable que cette
Seigneur, comme un héraut. Personni- circonstance a été intentionnelle de la part
fication dramatique. Cf. Is. lviii, 8. — du chantre sacré.
Ponet in via gressus...: pour lui frayer '2'^ Appel à la bonté de Dieu. Vers. 1-7.
les voies. 1-4. Demande pressante de secours in- :
Ps. LXXXV. — Oratio. Ce nom indique animam... (comp. le vers. 14). 11 rappelle
, , , ,
à Dieu qu'il est son hâsid {sanctus; voyez 3" Appel à la toute -puissance de Dieu.
la note du Ps. iv, 4), son serviteur animé Vers. 8-10.
d'une parfaite confiance {servum... spe- 8-10. Non est similis tui... Emprunt à
ranton...); or « la vie de ses saints est l'Exode XV, 11. Cf. Ps. lxx, 19; lxxvi
précieuse devant Dieu » (Ps. cxv, 15). 14, etc. —
Omnes gentes... venient et ado-
,
Ainsi donc, d'une part, il a besoin de rabunt. Douce vision prophétique. C'est
secours; de l'autre, il n'en est pas in- la catholicité future de l'Église, si sou-
digne. — Livtifica animam.. : en l'exau- vent prédite dans les psaumes et ailleurs.
çant et en le sauvant. — Quoniam ad te... Voyez en i)articulier le Ps. xxi 28 et ss. ;
,
Comp. le Ps. XXIV, 1. Jer. xvi, 19; Soph. i, 11; Zach. xiv, 9,
5-7. L'infinie bonté de Dieu excite le IG. Les mots quascumque fecisti con-
psahuiste à se confier en lui dans sa pro- tiennent un détail important quoiqu'elles :
fonde détresse. —
Suavis et mitis. D'après lui dussent leur origine, les nations
l'hébreu bon et pardonnant volonlàers.
:
— païennes avaient oublié le vrai Dieu mais ;
AiDHbus percipe... Des échos de plusieurs il saura bien les ramener un jour à lui par
tu esDeus solus.
*^ Deduc me, Domine, in via tua,
et ingrediar in veritate tua ;
ments de mon cœur aient le culte sacré xpaxoç). C'est là ce qu'il fallait à David
pour unique objet. —
Confitebor tibi... La pour résister à ses puissants ennemis. —
promesse (vers. 12) et son motif (vers. 13).
, Puero tuo et filium ancillse tuse sont des
— Ex inferno inferiori. Hébr. du s^'ôl : expressions synonymes; néanmoins la se-
au-dessous; c.-à-d. du séjour des morts, conde ajoute une circonstance d'une grande
que l'on croyait sous terre. Cf. Deut. xxxn, délicatesse, car le fils d'une esclave, né
22. dans la maison de son maître appartenait ,
—
PSAUME LXXXVI
^
Filiis Gore , Psalmus cantici.
*
Des fils de Coré, Psaume cantique.
Ses fondements sont sur les saintes montagnes.
Le Seigneur aime les portes de Sion
"^
Ps. LXXXVL — la. L'auteur : filiis Co- Notre -Seigneur Jésus -Christ et de toute
re. —
Le genre psalmus cantici. Hébr.
: : l'humanité régénérée. —
Deux strophes, ter-
psaume cantique. Ce poème est, en eflet, minées par le sélah (vers. l''-3, 4-6), et
d'un beau lyrisme. Les quelques traits dont une courte conclusion (vers. 7).
il se compose sont vigoureusement tracés. 2'' Première strophe Sion, la cité chère
:
Déjà Eusèbe le signalait comme « énigma- entre toutes à Jéhovah. Vers. \^-3.
tique et obscur » ; épithètes qu'il n'a pas l'^-S. Fundamenta... Le poète
est plongé
cessé de mériter, surtout dans la Vulgate. dans contemplation extatique d'une chose
la
L'idée qu'il exprime est cependant fort pleine de splendeurs, qu'il se met aussitôt
claire. Il chante les gloires passées et fu- à louer avec un saint enthousiasme, sans la
tures de Jérusalem prophétisant à la ville
,
nommer immédiatement. Le pronom ejus
18
, ,
est au masculin d'après les Septante et l'avenir. Et pourtant toutes les villes , tous
l'hébreu ; il se rapporte à Dominus (vers. 2). les villages d'Israël, étaient bien chers à
— Ce que Dieu a daigné fonder ainsi lui- Jéhovah. Cf. Num.xxiv, 5; Jer. xxx, 18.
même repose in montlbus sanctis : les — Gloriosa...de te. Le psalmiste a sans
collines de Sion et de Moriah, sur les- doute en vue les promesses solennelles qui
quelles Jérusalem était bâtie; montagnes concernaient la perpétuelle durée et la
z;vôTori.^^f^.^^îUi:ms^
w^^$i:^^^^^
ll^Z-fV^llC^l 0\m.^
Sâ4S
Le dieu Hor foulant aux pieds deux crocodiles. (Peinture égyptienne.)
tout à fait saintes, puisqu'elles avaient eu splendeur future de Jérusalem. Une de ces
l'une et l'autre la gloire de porter le sanc- promesses sera bientôt citée, et formera
tuaire du Seigneur. Voyez ÏAllas géogr., l'objet de la seconde strophe. —
Civitas
pi. XIV, XV, xvni. —
Portas Sion est une Dei. Belle apostrophe, qui résume toute la
synecdoque pour représenter la ville tout
,
gloire de Sion. Un joyeux sélaJi la souligne
entière. Voyez le Ps. ix , 15 et la note. Sion dans l'hébreu.
est plus chère à Dieu que toutes les autres S*^ Deuxième strophe Jérusalem, ber-
:
nifeste sa gloire et qu'il se propose d'y Rahab et Babylone parmi ceux qui me.
opérer de plus grandes choses encore dans connaissent. C'est le Seigneur lui-mêm»|j
, ,
la grande nouvelle dela conversion des que le poète reprend ici la parole ; mais
peuples païens. —
Rahab n'est autre que un écho du divin oracle.
ce qu'il dit est —
î'Kgypte, désignée en divers endroits de Homo homo. Hébraïsme pour désigner
et
la Bible par ce nom de « monstre marin », une multitude nombreuse mais une mul- ,
naissent maintenant Jéhovah et l'adorent, seul (ipse)^ qui pourra opérer un tel
humblement soumises à sa loi. Avec — changement. Le psalmiste aime à redire
elles, d'autres nations païennes, choisies que nul autre que lui n'a fondé Sion.
parmi les plus superbes, les plus indé- Fundavit eam... : solidement, à jamais.
pendantes les plus hostiles au vrai Dieu La perpétuité de l'Église en même temps ,
— Dominus narrabit...
,
lique. AlienïgensR : hébr., les Philistins les peuples: Celui-ci est né là. Bel an-
(cf. Is. XIV, 28-32). Tyrus: la cité si riche thropomorphisme. Dieu dresse, pour ainsi
et si orgueilleuse (cf. Is. xxiii). La loin- dire, le rôle de tous les peuples dans le
taine Ethiopie populus JEtkiopwn (cf.
: livre de vie, et il nomme un à un ceux
Is. xviii). Voyez Y Atlas géogr., pi. i, m, qui se sont convertis à la vraie religion.
V, vil. —
Hl (pronom souligné) fuerunt « Là, » c.-à-d. à Sion, comme au vers, 4.
illic. C.-à-d. qu'ils sont venus à Sion, C'est l'idée principale du psaume; aussi
pour y olfrir leurs hommages et leurs sa- est- elle répétée trois fois de suite à quel-
crifices au Dieu d'Israël. L'hébreu exprime ques lignes d'intervalle. Comp. les ver-
la même pensée, mais d'une manière encore sets 4 et Les LXX et la Yulgate se
5.
plus énergique Celui-ci (chacun de ces
: ramènent aisément à l'hébreu. Dans les
peuples) a été enfanté là. Jérusalem nous annales (in scripturis) des peuples et des
est ainsi présentée comme le lieu où les princes païens. Dieu racontera une mer-
nations païennes seront enfantées à la veille étonnante; à savoir, que ces princes
grâce, comme le centre et le berceau re- et ces peuples sont venus à Sion pour
ligieux du monde entier. C'est en elle et l'adorer [liorum qui...).
par elle que l'univers devait être régé- 4» Conclusion. Vers. 7.
néré. « Le salut vient des Juifs » (Joan. 7. Sicut lœlantium... Passage obscur
IV, 22). Cf. Is. Il, 2-4; Xi, 10, etc. Pas- dans les anciennes versions. L'Itala est
sage très remarquable parmi toutes les cependant plus claire « Sicut la^tantibus
:
PSAUME LXXXVII
*
Cantique psaume des fils de Coré, pour la fin, sur Maheleth, pour
répondre, instruction d'Eman l'Ezrahite.
de leur salut, de leur sainte allégresse. pas à croire que le titre du Ps. lxxxvii a
La prophétie contenue dans ce psaume subi de graves altérations rejetant la pre-
;
s'est réalisée à la lettre toutes les na- : mière partie, ils ne retiennent que les
tions du monde sont venues tour à tour derniers mots, intellectus Eman Ezra-
s'agréger à la Jérusalem spirituelle, TÉglise hilœ, et attribuent le poème à un des-
catholique du Messie. cendant d'Éman, fils de Zara, dont la
Bible vante l'étonnante sagesse (cf. III Reg.
Psaume LXXXVII IV, 31, et I Par. ii, 6). On a dit aussi
de David, un chantre célèljre du temple. donné naissance est inconnue. Les divi- —
, , ,
sions sont irrégulières et peu saillantes : (hébr. le ¥'ôl, ou séjour des morts). Mé-
:
c'est d'un bout à l'autre « la monotonie taphore qui sera développée jusqu'à la fin
de la plainte », un gémissement non inter- du vers. 7 le suppliant est à deux doigts
:
rompu. Voici pourtant quelques groupes de la tombe, il est dc\jà comme mort. —
de versets qui expriment la même pensée : JEstimatus... curn descendentibus... Em-
vers. 2-3, courte introduction; vers. 4-10, prunt au Ps. XXVII, 1. In lacum: dans —
description d'une extrême détresse ; vers. la fosse. —
Homo sine adjutorio : dénué
11-13, le psalmiste allègue un motif spé- de tout secours. Hébr. sans force. Il n'est
:
cial qu'il a d'être exaucé; vers. 14-19, plus qu'une ombre, toute sa fraîcheur vi-
encore la plainte. tale ayant disparu. —
Inter mortuos liber.
2° Court prélude appel à Dieu. Vers. 2-3.
: Dans son état de mort il se trouve par là ,
2-3. Deus salutis inese. C'est la seule même dégagé de toutes les charges de la
parole d'espoir que l'on trouve dans ce vie humaine. Cf. Job, m, 19. Les autres
cantique. Il est vrai qu'elle exprime une versions anciennes traduisent de la même
confiance très vive : quoi qu'il advienne au manière que la Vulgate. « Ces... paroles
suppliant, Jéhovah demeure le Dieu de nous portent naturellement à Jésus-Christ,
son salut. — In die... et nocte. Son cri qui se réduisit volontairement au rang des
d'angoisse est incessant. — Intret in con- morts, et qui permit que son corps fût
spectu... demande humblement audience
Il mis et scellé dans le tombeau mais ce- ;
pour sa prière plaintive. — Precem meam. pendant toujours libre, et toujours maître,
Hébr. rinnàti, mon cri perçant.
: comme il le dit lui-même (Joan. x, 18),
3° Description d'une extrême détresse. de vivre ou de mourir, de souffrir ou de
Vers. 4-10. se délivrer, de descendre dans le tombeau
4-7. Le poète compare son état désolé ou d'en sortir par la résurrection... C'est
a celui des habitants du tombeau. — dans ce sens que les Pères ont expliqué
Quia... Il va motiver sa requête, en expo- cet endroit, et on ne peut s'empêcher d'en
sant à Dieu, soit au figuré,. soit au propre, sentir l'évidence et le rapport merveilleux
,
toute l'étendue de ses souffrances. Re- — qu'il a avec l'état du Sauveur après sa
pleta malis. Pensée générale, qui est en- mort et avant sa résurrection. (Calmet, ))
suite développée. Hébr. Mon âme est : h. l.) L'hébreu signifie Ma couche est :
rassasiée de maux. Expression d'une grande parmi les morts ou bien J'ai été con-
; :
force (cf. Job, x, 15). Vita mea inferno gédié parmi les morts. Sicut vulne- —
,
es memor amplius,
quorum non
manu tua repulsi sunt.
et ipsi de
' Posuerunt me in lacu interiori,
in tenebrosis, et in mortis. umbra
^ Super me confirmatus est furor tuus,
et omnes fluctus tuos induxisti super me.
^ Longe fecisti notos meos a me ;
posuerunt me abominationem sibi.
Traditus sum , et non egrediebar ;
Jésus -Christ dans les limbes, Dieu sem- ensuite un séiah significatif. —
Longe fe-
blait les oublier dans ce triste séjour. Comp. cisti notos... L'isolement dans la souffrance,
le vers. 13. —
De manu tua repulsi... chose si affreuse. Cf. Job, xix, 13-14;
Cf. Ps. XXX, 23. D'après l'hébreu ils sont : Ps. XXX, 13, etc. —
Abominationem si-
retranchés. C.-à-d. séparés de la main bi... Trait plus douloureux encore. Cf.
aimante du Seigneur, qui ne les soutient Job, XXX, 10; Ps. XXX, 12. —
Traditus
et ne les bénit plus comme autrefois. — sum. Hébr. Je suis enfermé. Détail qui
:
et dans les abnnes. H s'agit toujours du la souffrance, déjà signalé plus haut. Cf.
tombeau. Cf. Thren. m, 6. Ps. VI, 8, et XXX, 10. —
Expandi... ma-
8-10. Malheur plus grand encore le : nus... Le geste habituel de la prière.-
suppliant est l'objet de la colère divine. 4" Le suppliant allègue un motif spécial
Ps. LXXXVII, 11-16. 415
^^ Numquid mortuis faciès mirabilia?
aut medici suscitabimt, et confitebuntur tibi?
12
Numquid narrabit aliquis in sepulcro misericordiam tuam
et veritatem tuam in perditione?
13
Numquid cognoscentur in tenebris mirabilia tua ,
et justitia tua in terra oblivionis ?
^^ Et ego ad te, Domine, clamavi,
et mane oratio mea prscveniet te.
15
Ut quid, Domine, repellis orationem meam?
avertis faciem a me ?
tuam
10
Pauper sum ego, et in laboribus a juventute mea ;
^*
Ferez-vous des miracles pour les morts?
ou les médecins les ressusciteront-ils, afin qu'ils vous louent?
^^ Quelqu'un racontera-t-il dans le sépulcre votre miséricorde,
et votre vérité dans le tombeau?
13
Vos merveilles seront-elles connues dans les ténèbres,
et votre justice dans la terre de l'oubli ?
14
Et moi, Seigneur, je crie vers vous,
et le matin ma prière va au-devant de vous.
Pourquoi, Seigneur, rejetez-vous ma prière,
et détournez -vous de moi votre visage?
IG
Je suis pauvre et dans les travaux depuis ma jeunesse ;
après avoir été exalté, j'ai été humilié et troublé.
xviu, 2G-27, et Daruch, ii, 17-18.— Jn moribond dès ma jeunesse. Ses perpé-
perditione. Autre synonyme du tombeau. tuelles et très vives angoisses ont de bonne
Cf. Job, XXVI, G; xxvin, 22; Prov. xv, 11 lu'ure transformé sa vie en une agonie
;
oubliés. Comp. le vers. 6, et lEcclésiaste, Dieu, puis humilié et jeté dans le trouble.
IX, 5. Hébr. : Je suis iliarg^ de tes terreurs (les
5» Nouvelle description des soullVances terreurs dont le Seigneur l'accable), je suis
, , ,
17
In me transierunt irae tuse
conturbaverunt me.
et terrores tui
Gircumdederunt me sicut aqua tota die ;
circumdederunt me simul.
19
Elongasti a me amicum et proximum
et notos meos a miseria.
PSAUME LXXXVIII
* Intellectus Ethan Ezrahitse.
troublé (le verbe *afûnah, que les LXX tra- tique. —L'auteur, Ethan, est, selon toute
duisent fort bien par £^r,7ropr;Ô7)v, marque vraisemblance, l'illustre lévite qui partagea
une terrible angoisse d'âme, produisant avec Asaph et Éman les fonctions de maître
l'épuisement et des embarras dans l'es- de chœur dans le temple sous le règne de
prit). —
Intne transierunt irse. tuœ. Hébr.: David. Cf. I Par. xv, 17. L'épithète Ezra-
tes fureurs. Lave brûlante qui a coulé sur hitx crée ici la même difficulté qu'au
tout son être. Voyez le vers. 8. Ter- — Ps. LXXXVII, 1 (voyez la note). De nouveau
rores... conturbaverunt.D'aiprès l'hébreu : les LXX la remplacent par le mot Israé-
m'ont anéanti. —
Circumdederunt one... lite.— Ce psaume contient un admirable
Les torrents dévastateurs de la colère di- développement poétique du grand oracle
vine l'ont submergé. —
Elongasti... Per- par lequel Dieu avait promis la perpétuelle
sonne n'est là pour lui tendre la main dans durée du trône de David. Cf. JI Reg. vil
sa détresse. Comp. le vers. 3. Notos — 8 et ss. Toutefois le psalmiste ne se borne
meos a miseria. L'étendue de sa misère pas à rappeler à Jéhovah sa magnifique
a effrayé et éloigné de lui ses amis. L'hé- promesse après l'avoir citée et brillam-
:
breu dit, avec une concision frappante : ment commentée, il y ajoute une plainte
Mes intimes, ténèbres. C.-à-d., je n'ai pas désolée sur les dangers qui menaçaient ce.
d'autres amis que les ténèbres du tombeau. trône autrefois si glorieux, et une prière
Comp. Job, XVII, 14. Ou, selon d'autres : ardente pour obtenir son prochain raffer-
Mes amis les plus intimes ont disparu. — ,
oracle. — On a
fait toutes sortes de suppo- à haute voix et publiquement. — Quoniam, .
sitions au sujet de l'époque où ce poème Éthan indique maintenant avec assez d'am-
fut composé. D'après le sentiment qui pa- pleur (vers. 3-5) le sujet sur lequel portera
raît le plus probable il daterait du règne
, spécialement son cantique ce sera l'im- :
de David fut alors très fortement ébranlé. dit, et l'apostrophe veritas tua prouve, en
— Trois parties 1° éloge du Dieu bon,
: effet que le verset 3 ne contient pas les
,
puissant et fidèle, qui tient admirablement paroles de Dieu, mais celles du poète, qui
toutes ses promesses, vers. 2-19; 2" l'oracle raconte comment il s'est décidé à prendre
grandiose par lequel Jéhovah avait autre- la plume, en méditant sur la bonté et la
fois garanti la perpétuelle stabilité du trône fidélité de Jéhovah. Misericordia scdi- —
de David, vers. 20-38; 3» tableau émou- ficahitur. La bonté divine est comparée à
vant des périls que courait le trône théo- un édifice éternel, immuable comme le
cratique, et ardent appel au divin secours, ciel même
dans lequel il est construit.
vers. 39-52. D'après la ponctuation de l'hébreu, les
2° Première partie éloge du Dieu bon,
: mots in cœlis sont rattachés au second
puissant et fidèle, qui tient admirablement hémistiche du vers. 3. Pra'parahitw —
ses promesses. Vers. 2-19. veritas... Hébr. Tu étabHs ta vérité.
:
—
2-5. Prélude et thème du cantique. Le — Disposui... Ici le psalmiste cite le langage
poète énonce d'abord en termes généraux de Dieu lui-même, pour appUquer son as-
le but qu'il se propose (vers. 2). Il veut sertion générale du vers. 3 au grand fait
chanter la bonté infinie du Seigneur {^nïse- historique qu'il avait particulièrement en
ricordias) et sa parfaite fidélité à accom- vue. —
Testa)nentiim : une alliance solide
plir tout ce qu'il a promis {veritatem et durable. —
Electis meis. L'hébreu em-
tuam). Ces deux attributs divins sont sou- ploie le singulier : mon élu, c.-à-d. David.
vent cités dans le cours du psaume, tan- Cf. III Reg. viir, 10: J'ai élu David pour
tôt isolément , tantôt réunis comme dans qu'il régnât sur mon peuple. D'après la
ce passage. Voyez les vers. 3, 6, 9, 15, 25, Vulgate, il s'agit de ce prince et de ses
29, 34, 50. Ils sont à la base de tout ce que descendants. —
Juravi. Ce serment divin
dira le psalmiste : leur mention dès le dé- est encore mentionné aux vers. 30 et 50.
but du poème est d'une très grande déli- Cf. Ps. cxxxi 11. Allusion à l'oracle
.
catesse. — Annuntiabo in ore meo. C.-à-d. apporté à David par le prophète Nathan,
18*^
— , ,
est plus grand et plus redoutable que tous ceux qui l'environnent.
^ Seigneur, Dieu des armées, qui est semblable à vous?
Vous êtes puissant. Seigneur, et votre vérité vous environne.
^^ Vous dominez sur la puissance de la mer,
et vous apaisez le mouvement de ses flots.
•II Reg. VII, 1 et ss. —Le verset 5 contient bitur...9 Môme dans le céleste séjour, per-
un excellent résumé de cet oracle. Les sonne n'oserait se comparer à Dieu à plus ;
mots in œternum et in generatïone... con- forte raison sur la terre. Il est donc un être
tiennent ici l'idée principale la race et le
: incomparablement parfait. —
Filiis Dei,
trône de David doivent jouir d'une éter- Hébr. les fils des forts. Cf. Ps. xxviii, 1.
:
nelle durée, grâce au Messie, Dans l'hé- — Ces deux expressions désignent pareille-
breu, un sélah ou forte de la musique, ment les anges. —
Glorificatur in con-
après cette brillante promesse. silio. Le mot sud marque le « conseil se-
6-9. Dieu est unique dans ses perfec- cret » que Dieu tient avec ses anges, et
tions infinies, que les cieux et leurs habi- où il leur révèle ses plans d'une suprême
tants ne cessent de glorifier. « Afin que la beauté, qui les transportent d'admiration
plainte qui éclate à la conclusion (vers. 50) et de crainte (l'hébreu dit Dieu est ter-
:
suite dans ce passage. Comp. Job, v, 1, et gueil de la mer; » ses élans superbes et
XV, 45, où ils portent aussi le nom de menaçants, que Dieu dompte en leur oppo-
saints, à cause de leuréminente perfection. sant les gi-ains de sable du rivage. Comp.
— Quis in nubibus (dans les cieux) œqua- Job, XXVI, 12; xxxviii, 10-11. Emblème
—
Ps. LXXXVm, 11-14. 419
*^ Tu Immiliasti, sicut vulneratum, superbum ;
'^
Vous avez humilié l'orgueilleux, comme un ])lessé ;
des grandes nations païennes qui avaient signalés dans la ligne qui précède. — Exul-
alorsThégémonie surlc monde. Cf. l^s. LXiv, tabunt est une belle personnification. Les
8, etc. —
Moium... fiuctuum... tumiligas: deux montagnes se réjouissent des mani-
d'un seul mot comme fît Jésus sur le lac
, festations glorieuses du nom divin, dont
de Tibériadc. —
Tu humiliasll. Vers. 10, elles étaient témoins depuis des siècles.
la toute -puissance de Dieu
sur rÉgypte, peuple si fier
et si redoutable. Super- —
bum. Hébr. râhàb ; nom
:
puissant. —
Tui svnt cseli...
Vers. 12-13, la toute -puis-
sauce de jéhovah sur le
inonde entier, à tJtie de créa-
teur et de maître. Cf. Ps. xxiii,
1; XLix, 12, etc. Aquilone/ïi —
et nuire. Hébr. le nord et le :
Vue de r Hermon.
midi {ydmhi, la droite, qui
marquait chez les Hébreux la direction du — Tuuni brachium cuni potentia. Autre
sud). — Thabor et Hennon : les deux plus hébraïsme, pour désigner encore le bras
belles montagnes de la Palestine propre- tout- puissant de Jéhovah. Les versets 14
ment dite, l'une au nord -ouest, l'autre et 15 généralisent les pensées qui précè-
au nord -est {Atlas géogr., pi. vu). Il est dent (vers. (5 et ss.). Les verbes qu'ils
possible (jue leurs noms servent à désigner renferment devraient être traduits au
ici les directions de l'ouest et de l'est, les temps présent Ta main est forte, ta droite
:
deux autres points cardinaux venant d'être est élevée. Justitia... prxparatio sedis...
*
rr "!'j. .rii"
.'
^ irtii!!,
a,
es
O
P.
O
a
,
15
La justice et l'équité sont l'appui de votre trône.
La miséricorde et la vérité marcheront devant votre face.
IG
Heureux le peuple qui connaît les acclamations joyeuses.
Seigneur,ils marcheront à la lumière de votre visage,
*' et ils se réjouiront tout le jour en votre nom,
et ils seront élevés par votre justice.
*^ Car vous êtes la gloire de leur force
et c'est sur votre bonté que s'élèvera notre puissance.
19
Car c'est le Seigneur qui nous soutient ;
peuple privilégié de ce grand Dieu, et les et notre roi au Saint d'Israël. Les deux
félicite de leur glorieuse destinée. Ju- — propositions expriment une seule et même
bilationem. D'après l'hébreu (t^nVah) le , pensée, et s'expliquent l'une par l'autre.
son des trompettes sacrées. Cf. Lev. xxiii, Ici comme au Ps. xlvi, 10 (voyez la note),
24 XXV, 9, etc. Allusion aux fêtes que ces
; le bouclier d'Israël, c'est son roi terrestre,
trompettes annonçaient joyeusement, et, et le psalmiste affirme coup sur coup que
par suite, à l'immense faveur dont jouis- ce roi appartient à Jéhovah, le « Saint
saient les Hébreux, de pouvoir célébrer, d'Israël » (cf. Ps. lxx, 22: lxxvii, 41, etc.),
seuls parmi tous les peuples, les cérémo- voulant attester ainsi qu'il est sous la pro-
nies du vrai Dieu. Scit : qui connaît par tection spéciale du Seigneur, et qu'il ne
expérience. —
In lumine... ambulabunt. saurait périr. A la suite des Septante, la
G.-à-d. que Dieu les bénira infaillible- Vulgate a supprimé la métaphore du bou
ment. Sur cette métaphore, voyez le Ps. iv, clier, et a fait de régis nostri une appo-
6, et la note. —
In nomine tuo exulta- sition à Sancti Israël , de manière à tout
bunt : commeThabor et THermon
le rapporter à Dieu et au peuple dans ce
(vers. 13). —
Gloria virtutis eorum. Hé- verset.
braïsme. Ce qui honore Israël et le rem- 3" Deuxième partie : splendides pro-
plit de vigueur, c'est d'avoir le Seigneur messes que leSeigneur avait faites à David
pour Dieu et pour roi. —
In beneplacito touchant la perpétuité de sa race et de
tuo : par ta faveur. —
Cornu nostrum : son trône. Vers. 20-38.
l'emblème de la force invincible. Comp. le Dès son exorde, le poète a cité briève-
vers. 25, et les Ps. xvii, 3; lxxiv, 5,6, ment ces promesses (comp. les vers. 3-4);
, , , , , , -
ily revient, pour les mieux mettre en re- de le choisir définitivement. Cf. I. Reg. xiii,
à cause de Timportance qu'elles avaient
lief, 14; XVI,, 1; A et. xiii, 22. — Oleo sancto...
pour sa prière. Dieu a la parole dans tout unxi... Cf. I Reg. ix, 16, etc. Ces divers
ce passage, à part la courte introduction détails contiennent un abrégé parfait de
du verset 20"''-. l'investiture royale que Dieu en .personne
20-21. L'élévation de David au trône avait conférée à David. Il importait de bien
théocratique. —
Tune... Adverbe très so- mettre ce fait en lumière c'est de par
:
than. Les LXX, la paraphrase chaldaïqre manus... mea auxiliabitur ei. En de telles
et le syriaque emploient aussi le pluriel, conditions, nul ennemi ne pourra nuire
qui désignerait Samuel avec Nathan. Cf. à David (vers. 23-24); sa puissance ira
I Reg. XVI, 1 et ss.; II Reg. vu, 1 et ss.; toujours grandissant (vers. 25-26). Les mots
I Par. xvjl, 3 et ss. —
In visione. Au se- filius iniquitatis... nocere ei sont enr
cond livre des Rois, vu, 4 et 17, nous lisons pruntés à l'oracle de Nathan, II Reg. vji,
que Nathan reçut le divin oracle pendant 10. Le psaume xvii a donné un parlait com-
la nuit, sous forme de vision. Posui... — mentaire lyrique des versets 23-24, mon-
in potentc. Hébr. J'ai donné du secours
: trant en détail la manière dont le Sei-
à un héros {gibbôr). Ce héros au cœur gneur avait rendu David victorieux de tous
vaillant, c'est David que Dieu avait muni
,
ses ennemis. — Ponam... nianum ejus
de force pour qu'il put gouverner Israël. (vers.26)... Locution pittoresque, pour
Cf. II Reg. XVII, 10. —
Inveni... Jéhovah exprimer l'autorité, la prise de possession.
l'avait donc, pour ainsi dire, cherché avant — In mari : la Méditerranée. In jhimi-
,, , ,
"^^^
Et j'étendrai sa main sur la mer,
et sa droite sur les fleuves.
-^
Ilm'invoquera Vous êtes mon Père, :
iLthus : TEuphrate et ses canaux. Les li- alliance sans lin, que rien ne pourra dé-
mites occidentale et orientale du royaume truire; Lv, 3; Act. xiii, 34. In sse-
cf. Is.
de David. Voyez V Allas géogr., pi. vu. cmZuw? ... sewien eyws ; race éternelle, comme
27-30. Alliance tout à fait intime du Sei- le Messie, qui en est le dernier rejeton.—
gneur avec David et sa postérité. C'est là Thronum... sicut dies cœli. Durer autant
un beau développement du texte célèbre que le ciel c'est durer jusqu'à la fin des
,
^'
Semen
ejus in seternum manebit.
38
Et thronus ejus sicut sol in conspectu meo,
et sicut luna perfecta in eeternum
et testis in ceelo fidelis.
39
Tu vero repulisti et despexisti ;
II Reg. vu, 14; non pas avec la rigoureuse d'autres passages analogues : Si je fais cela,
justice du Dieu offensé, mais à la façon que telle ou telle chose m'arrive. Cf. Ruth, i,
dont un père punit son fils. Cf. Prov. m, 17, etc. —
Seynen ejus... La promesse faite
11; XIII, 24; Hebr. xii, 4, etc. De plus, à David est répétée maintenant (vers. 37-38)
tout en châtiant, Dieu demeurera fidèle à pour la troisième fois. Comp. les versets 4-5,
ses promesses sacrées (vers. 34-35). Autre 20 et ss. —
Sicut... sol... luna. C.-à-d. à
accumulation énergique de propositions jamais, jusqu'à la fin du monde, comme
synonymes, comme dans les versets 31 au vers. 30. Dans la Yulgate et les Sep-
et 32. Nocebo in veritate... (pour « veritati tante, l'adjectif perfecta se rapporte à la
mese hébr.. Je ne trahirai pas ma fidé-
») : lune, qui a été organisée (y.arrjpttaixévTj),
lité. Neque profanabo testamentinn... : préparée par Dieu pour durer de longs
c'était une alliance sainte; la rompre eût siècles. L'hébreu dit avec une nuance :
été la profaner. Quse procedunt de la- Comme la lune, il (le trône) est établi pour
biis... : les promesses solennelles du Sei- toujours. —
Testis in caelo... Ce fidèle ga-
gneur. rant ne peut être que Dieu lui-même, ainsi
36-38. Le grand oracle est réitéré et que le pensent la plupart des interprètes.
confirmé par un serment. Le serment — — Le sélah termine cette seconde partie
est placé en tête, vers. 36. Semel juravi : dans l'hébreu.
une seule fois suffisait, à cause de l'immu- 4" Troisième partie description du dé-
:
tabilité divine. In sancto meo : hébr., par plorable état dans lequel se trouvait le
ma sainteté. —
Si David mentiar. Telle royaume israélite au temps où fut composé
était la formule abrégée du serment chez ce psaume, et prière pour sa prompte res-
les Hébreux. La phrase est suspendue; tauration. Vers. 39-52.
mais il est aisé de la compléter au moyen 39-46. Plainte désolée; saisissant con-
,
traste entre les divines promesses et l'état La métaphore déjà rencontrée au Ps. lxxix,
réel du trône de David. —
Bepulisti, de- 23. Elle désigne tous les abris tutélaires de
spexisti, profanasti... C'était tout l'opposé l'Etat juif. — Firmamentuni... formid'-
de l'oracle scellé et confirmé par le ser- nem. Hébr. : Tu as mis en ruines ses for-
ment de Jéhovah. — Distulisti... Hébr. : teresses. —
Diripue)^nt... transeuntes :
ainsi que Ton fait dans une vigne ou un
champ dont les clôtures ont disparu. L'en-
nemi avait envahi le territoire israélice et
y opérait de grands ravages. —
Oppro-
brium vicinis. Humiliations d'autant plus
amères, qu'elles provenaient de petits
peuples depuis longtemps soumis aux
Hébreux. Cf. Ps. xliii, 14. —
Exaltasti
dexteram... (vers. 43). Dieu venait ainsi
au secours des ennemis de son peuple, au
lieu de les anéantir comme il lavait promis
(vers. 22-24). —
Adjutorium gladii : le
Couronne orientale. ( D'après les monuments. ) puissant secours qu'un guerrier trouve
dans son glaive. D'après l'hébreu Tu as :
PSAUME LXXXIX
* Oratio Moysi, hominis Dei.
Domine, refugium factus es nobis
a generatione in generationem.
'
Prière de Moïse, homme de Dieu.
Seigneur, vous avez été pour nous un refuge
de génération en génération.
Opprobrii... quod continui... Éthan por- Ici elle est aussi brève que possible. —
tait constamment dans son cœur lamer Fiat, fiat. Dans l'hébreu ;'Amen, 'amen.
souvenir de rhumiliat'on à laquelle Israël
avait été iéduit. —
Les mots multarum Livre quatrième (Ps. LXXXIX — CV).
gentiuni indiquent la source de cet op-
probre il provenait des nations païennes
:
Psaume LXXXIX
qui avaient envahi le territoire de la Pa-
L'homme passe Dieu demeure.
lestine. — Commutationem christi tui.
et
blait ne plus aimer et protéger comme ffillah. Voyez page li, et la note du
la
autrefois. Dans l'hébreu (Souviens-toi de
: Ps. LXXI 20. , —
L'auteur Moysi. Au nom :
leurs outrages) contre les pas de ton oint. de ce saint et illustre personnage est ajouté
C,-à-d. qu'aucune démarche du roi n'était un t.'ire honorifique, hominis Dei (mieux :
à l'abri des insultes des ennemis. La répé- « viri Dei », 'is-hâ'Elôhim) qui relève ,
tition quod exprobraverunt est d'un elïet l'intimité des rapports de Moïse avec Dieu.
saisissant. Le poète s'arrête sur ce trait Cf. Deut. XXXIII, 1 ; Jos. xiv, 6. « Il existe
douloureux, laissant sous les divins re- à pei.:'e un écrit de
antiquité qui puisse1
gards, pour faire appel à sa pitié, limage jdslifier,d'une manière aussi brillante que
du roi théocratique vaincu, afiligé, profon- ce psaume, le témoignage de la tradition
dément humilié. relativement à son origine. Non seulement
5° Doxologie du troisième livre des au point de vue des idées qu'il renferme,
Psaumes. Vers. 53. mais aussi sous le rapport de la forme, il
53. Benedictus... Sur cette formule, convient parfaitement à Moïse. Il porte des
voyez lapage 10 (cf. Ps. xl, 14 ; lxxi, 18-19). traces manifestes de confraternité d"origine
, , ,
'^
Avant que les montagnes eussent été faites
ou que la terre et le monde eussent été formés,
vous êtes Dieu d'éternité en éternité.
^ Ne réduisez pas l'homme à l'abaissement,
vous qui avez dit Revenez, enfants des hommes.
:
avec le cantique « Audite cœli » (Deut. xxxii), vah, ne viendra qu'au vers. 13, au début
la bénédiction de Moïse (Deut. xxxiii), les de la prière. —
Refugiuni (hébr. wâ'ôn, :
et plaintive de la brièveté et des misères C.-à-d. que Dieu fait disparaître tour à
de la vie humaine. Vers. 1^-12. tour les générations, et qu'il les remplacÉÛJ
1^-6. Première strophe antithèse entre
: par des générations nouvelles. « Retour-^,]
l'éternité de Dieu et la fragilité de Thomme. nez en poussière Dieu l'a dit à tous les
!
I
—
430 Ps. LXXXIX, 5-8.
^ qu8e pro nihilo habentur eorum anni erunt.
^ Mane sicut herba transeat :
vers. 3, le flux et le reflux de la vie tin, cela germe comme le gazon; le matin,
humaine, contrastant avec Timmobilité, il fleurit et il germe le soir, on
; le coupe
l'éternité de Dieu (vers. 2). La conjonc- — et il se flétrit. On ne saurait le dire avec
tion quoniam rattache les vers. 4-5 au plus d'énergie, « nous ne sommes sur
verset 2.La preuve qu'Adonaï est Dieu de cette terre que des phénomènes éphé-
siècle en siècle, c'est que le temps n'a mères, des onabres fugitives. »
pas sur lui la monidre prise son être est : 7-42. Seconde strophe pourquoi les :
^eux de Thomme. Tanquam dies he- — qui se passait alors sous ses propres yeux,
sterna... : un jour rap'de, et un jour déjà par suite de la sentence terrible que Dieu
écoulé, dont il ne reste qu'un souvenir. avait prononcée contre les Israélites cons-
— Cuslodia in nocte. Gradation ascen- tamment rebelles. — Defecimus... Ils se
dante quatre heures au plus, choisies au
: consumaient et disparaissaient à vue d'œil
temps du sommeil n'ayant laissé par con-
, dans le désert, glacés d'eiïroi {turbati su-
séquent aucune trace. Voyez le Ps. lxii, 7, mus) par la divine colère. Cf. Num. xiv, 26
et la note. —
Qiise loro nihilo... Ce qui, et ss. Deut. vi, 35-38; Ps. vi, 1, et la
;
aux yeux de l'homme, n'est que néant, note. Et cette colère avait été excitée par
ce qui lui paraît s'enfuir comme une les péchés du peuple (vers. 8), qui ne
ombre, voilà sa vie et ses années. Va- pouvait s'en prendre de ses malheurs qu'à
riante toute dramatique dans l'hébreu Tu : Ini-mème. —
Posuisti.... in conspectu tuo...
les emportes (à la manière d'une inonda- Trait dramatique. Dieu a pris les crimes
tion); s'endorment (du sommeil de la
ils d'Israël et les a placés, pour ainsi dire,
mort ; ils deviennent som-
littéralement : un à un devant lui, les éclairant à la lu-
meil). Moïse était chaque jour témoin de mière qui s'échappe de son visage {in
ces scènes lugubres. Mais Dieu ne se pro- illuminatione...), et en constatant ainsi
posait pas d'anéantir Israël; aussi avait-il toute l'horreur. — Sœculum nostrum est
soin de combler par des naissances nom- pris en mauvaise part, et synonyme de
breuses les vides que la mort avait pro- iniquitates nostras. L'hébreu dit « nos :
I
, —
Ps. LXXXIX, 9-12. 431
^ Quoniam omnes dies nostri defecerunt,
et in ira tua defecimus.
Anni nostri sicut aranea meditabuntur.
10
Dies annorum nostrorum in ipsis septuaginta anni.
Siautem in potentatibus, octoginta anni,
et amplius eorum labor et dolor;
quoniam supervenit mansuétude, et corripiemur.
u Quis novit potestatem irse tuse
et prœ timoré tuo iram tuam
^^ dinumerare?
Dexteram tuam sic notam fac,
et eruditos corde in sapientia.
pour faire c'jrer nos jours ne sont pas de la v'e) a passé rapidement, et nous
plus solides qu'elle. Mais 1 image est toute nous sommes envolés. Très belle imaî?e :
diflerente dans Thébreu Nous avons con-: on ne saurait peindre plus au vif la rapi-
sumé nos jours comme un murmure {hé- dité avec laquelle disparaissent nos années
(jeh).La vie humaine ressemble donc à et « leur orgueil ». —
Quis... A'^ers. 11-12,
une plainte rapide, qui, à peine exhalée, utihté qu'il y a pour l'homme à méditer
a cessé de retentir. —
Dies annorimi... sur la caducité de sa vie, pour devenir
Cette vie, relativement longue,
fût -elle plus sage, et pour éviler ce qui est ca-
est bien peu de chose, comme le constate pable d'exciter la colère de Dieu. Mais
Moïse, non sans tiistesse. In ipsis (hé- — combien peu savent profiter de celte le-
braïsme, qui signifie tous ensemble, tous
: çon quis novit...?
: —
PrsB timoré tuo:
additionnés) septiiaginta... TeWc était alors sous l'impression de la frayeur salutaire
la moyenne de la vie chez les Hébreux. — que devrait inspirer la vue des châtiments
Si in potentatibus... Hébr. dans leur : divins. Iram tuam dinumerare. Réflé-
pleine mesure; c.-à-d. au maximum. — chir attentivement sur cette colère, pour
Amplius eorum : ce qui dépasse quatre- vivre d'après les enseignements qu'il est
vingts ans. Sur la description des misères facile d'y puiser. —
Dexteram... sic no-
de la vieillesse, voyez l'Ecclésiaste, xii, tam,... Puisque personne ne veut se laisser
1-10. D'après l'hébreu Leur orgueil est
: instruire, et reconnaître la vraie cause du
aflliction et néant (Vulg. labor et dolor). : céleste courroux, ([ue Dieu daigne des-
Le poète veut dire que ce qui fait l'orgueil siller les yeux aveugles, et manifester de
de nos années, les richesses, les hon- quelque façon éclatante que les maux des
neurs, la beauté, n'est au fond que cha- Israélites sont l'œuvre de sa main puis-
, , ,
santé. —
Les mois et eruditos corde... depuis longtemps privé des grâces cé-
dépendent encore du verbe fac. Va- — lestes en était véritablement affamé. « Le
,
riante considérable dans l'hébreu pour ce malin, » c.-à-d. bientôt il était nuit pen- :
verset 12 tout entier Apprends -nous: dant toute la durée des châtiments; l'au-
ainsi à compter nos jours, afin que nous rore reviendra avec les faveurs du Très-
obtenions un cœur sage. « Compter ses Haut. —
Laetati sumus... La prière continue
jours, » c'est en remarquer la brièveté, et dans l'hébreu Réjouis- nous selon les
:
tirer d'eux un excellent parti. « Ainsi : » jours... — Pro diebus quibus... humilia-
par lesgraves réflexions qui ont été re- sti. Trait délicat. Moïse voudrait que Dieu
commandées plus haut. « Un cœur sage » : dédommageât, pour ainsi dire, son peuple,
tel sera le résultat de ces considérations si en lui procurant une somme de bonheur
précieuses. égale à celle de ses souffrances. On n'a
3° Deuxième partie prière à Dieu pour
:
,
qu à se reporter aux livres de l'Exode, des
le conjurer d'avoir pitié des Hébreux et de Nombres et du Deutéronome, pour voir
leur rendre ses faveurs. Vers. 13-17. la liste effrayantedes afflictions qu'Israël
13-17. Troisième strophe. Après les qua- s'était attirées par ses perpétuelles rebel-
rante années d'épreuve passées au désert, lions contre Dieu. La fin de l'épreuve
une vie nouvelle s'ouvre pour Israël et , approchait, et déjà, on le voit, l'espé-
Moïse implore les grâces de Jéhovah pour rance renaissait dans les cœurs. Mais il
cet heureux temps. —
Gonvertere. Mieux: restait à foire de grandes choses, pour
Tourne -toi, reviens à noas. Usque- — prendre possession de Iheureux séjour de
quo...? L'apostrophe admirable de vigueur la Palestine; aussi Moïse conjure-t-il le
et de sainte hardiesse que nous avons déjà Seigneur d'aider puissamment la nation
rencontrée plusieurs fois. Cf. Ps. vi 4, etc. , sainte dans le difficile travail qu'elle avait
— Deprecabilis esto. Laisse -toi implorer, encore à accomplir (vers. 16 et 17). In —
sois accessible à ma demande. Dans l'hé- servos... et in opéra... : deux expressions
breu, à Repens-toi au sujet de
la lettre : synonymes qui représentent les Israélites.
,
tes serviteurs. Moïse prie Dieu d'éprouver Hébr. Que ton action se manifeste à tes
:
une sorte de regret d'avoir puni son peuple. serviteurs, et ta gloire sur leurs enfants.
— Repleti sunivs... Dans les Septante et C.-à-d. qu'il soit bien visible que Dieu
la Vulgate, allusion au passé, aux anciens aime les Israélites et les protège. — Et sit
près l'hébreu, prière relative à l'avenir: Jéhovah soit sur nous. Expression toute
Rassasie -nous, le matin, de ta misé- gracieuse. —
Et opéra manuum... Autre
ricorde. Expression énergique Israël, : nuance dans l'hébreu Et l'œuvre de nos :
I
à\
—
*''
Que lumière du Seigneur notre Dieu brille sur nous,
la
et dirigez d'enhaut les œuvres de nos mains;
oui, dirigez l'œuvre de nos mains.
PSAUME XG
^
Laus cantici David.
*
Cantique de louange, de David.
Celui qui habite sous l'assistance du Très -Haut
demeurera sous la protection du Dieu du ciel.
nains affermis -la sur nous, et l'œuvre de par l'élévation de la pensée, la vivacité
los mains affermis -la (fais -la réussir). des sentiments l'ardeur de la foi la sim-
, ,
colique, autant la seconde est confiante en nous, qui sera contre nous? » Il chante,
a miséricorde de Dieu, dont Moïse avait en effet, les grâces de protection et de
•ait si souvent l'expérience. Aussi a-t-on délivrance que trouvent, parmi toute sorte
comparé ce poème à la colonne de nuée de dangers ou de nécessités, les âmes
3t de feu qui conduisait les Hébreux dans fidèles qui se confient pleinement en Dieu.
le désert. Ilest sombre et lumineux tout Déjà le paraphraste chaldéen croyait y
ensemble : sombre quand il jette des re- apercevoir les traces d'un dialogue. Les
gards rétrospectifs sur leshommes et leur commentateurs modernes ratifient pour la
triste condition, lumineux lorsqu'il se plupart cette opinion antique, et ils par-
tourne avec foi vers le Seigneur. tagent le psaume entre deux voix humaines
(vers. li'-lS) et une voix divine qui leur
Psaume XG répond (vers. 14-16). G'est le changement
Sécw'ilé de l'homme qui met en Dieu brusque et réitéré des personnes qui a
toute sa confiance.
donné naissance à ce sentiment on dirait :
quels la Vulgate l'a emprunté, l'ont sans du cantique proposé alternativement par
doute puisé dans la tradition juive. Laus — les deux voix humaines; 2o vers. 3-13, le
cantici. Louange sous forme de cantique. développement du thème par ces deux
L'auteur David. Peut-être Ta-t-il composé,
: mômes voix; 3° vers. 14-16, la voix di-
comme le pensent de nombreux inter- vine confirme solennellement les admi-
prètes, à la suite de la terrible peste qui rables espérances exprimées par les voix
décima Israël vers la fin du règne de Da- humaines. — Suivant le ïalmud, les Juifs
vid. Gomp. les (surtout
vers. 3, 6-7 récitaient ce psaume toutes les fois qu'ils
d'après l'hébreu) et II Reg. xxiv, 15-17. se trouvaient en danger; ils le nommaient,
— Très beau psaume, qui « se distingue pour ce motif, un « psaume d'accidents ».
19
, , ,
'-^
Il dira au Seigneur : Vous êtes mon défenseur et mon refuge ;
il est mon Dieu, j'espérerai en lui.
^ Car c'est lui qui m'a délivré du piège des chasseurs,
et de la parole âpre et 'piquante.
^ Il te mettra à l'ombre sous ses épaules,
et sous ses ailes tu seras plein d'espoir.
^ Sa vérité t'environnera comme un bouclier;
tu ne craindras pas les frayeurs de la nuit,
C'est pour nous le principal psaume des cxxiii, 7; Eccl. ix, 12; Osée, ix, 8, etc.
Compiles. Saint Bernard l'a fort bien com- —A verbo aspero. C.-à-d. de toute pa-
menté dans sept homélies consécutives. role affligeante (médisance, calomnie, etc.)
2o Le thème du cantique Dieu est le : Dans l'hébreu: De la parole maligne (lit-
sûr refuge de ceux qui ont confiance en téralement : de malignités pluriel très ;
au futur (« liberabit »). De laqueo ve- — boucher et une cuirasse. Le mot jiwnoj
nantium. Dans l'hébreu du filet de l'oi- : est bien traduit par « scuto », car c'est, d
seleur. Image assez fréquente dans la part et d'autre , le nom du grand boucliej
Bible, pour désigner un péril d'autant plus qui couvrait tout le corps. Voyez VAtl^
à craindre qu'il est caché. Cf. Ps. xvii, 5; archéol., pi. lxxxiv, fig. 13, 21; Ps.
— , ,, ,
1, etc. —
Veritas: la fidélité de Dieu à — Cadent a latere tuo... : à gauche, d'a-
air ses promesses. —
A tirtiore nocturno. près contexte (a dextris...).
le Verum- —
îs dangers sont généralement plus à re- tamen. Dans l'hébreu, raq ,<l seulement: »
(uter la nuit que le jour. Cf. Cant. m , 8. Tu ne feras que voir le péril autour de toi,
•
A Quelque attaque
sagitta... in die. mais il ne t'atteindra point. Cf. Ex. xiv, 30.
udaine d'un ennemi en embuscade. Cf. — Retributionem peccatorum : leur juste
5.x, 2, etc. A negotio perambulante... salaire, leur châtiment.
hébreu dit plus simplement de la peste : 9*. La seconde voix. Elle ne prononce
léber; les LXX ont lu dâbâr, « chose »). qu'une simple et rapide parole, en guise
• Ah incursu et dœmonio... Pour « ab : de refrain (comp. le verset 2), pour con-
cursu daîmonii meridiani. » Voyez la firmer les promesses développées par la
aduction. De même le chaldéen, le sy- première voix. —
Quoniam tu es... Le
aque, Aquila. Idée tout orientale. «C'est pronom est très fortement accentué. —
le tradition ancienne des Hébreux que Spes mea. Hébr. ma cachette.
:
Heb , qui est ici dans le texte, signifie Qi'-lS. La première voix reprend et
1 des plus violents démons, qui ose nous poursuit le développement du beau thème
taquer en plein jour et à force ouverte... de ce cantique, continuant de s'adresser
lint Jérôme et ïhéodoret pensent que le à la seconde {posuisti, etc.). Les pro-
>almiste a parlé ici suivant l'opinion du messes deviennent de plus en plus magni-
ilgaiie, qui croit ((u'il y a certains dé- fiques. —
Malum , flagelhun : les divers
lons dangereux, surtout à midi. » (Cal- genres de calamités. —
Quoniam... (ver-
let, h. l.) Mais le mot qéteb semble sets 11-12). La manière dont Dieu écar-
lutôt désigner la contagion, qui opère tera de ses amis les maux qui pourraient
ïs ravages aussi bien le jour que la nuit. les menacer. —
Angelis suis mandavit...
,
PSAUME XCI
'
Psalmus cantici, in die sabbati.
(vers. 13). Ce que les justes pourront jours. D'abord sur la terre ; mais la pro-
faire, grâce à cette admirable protection messe va plus loin que la terre, et s'étem
des anges. Comparez la promesse sem- jusqu'à la bienheureuse éternité. — Osten
blable du Sauveur à ses disciples. Marc. dam illi salutare... Autre espérance bief
XVI, 18, et Luc. X, 19. Aspidem et ba-— douce. Cf. Ps. XLfX, 23. En vérité, «
siliscum. Deux espèces très dangereuses serait impossible d'enseigner la confiano
de serpents mais l'hébreu mentionne « le
; en Dieu avec plus de tendresse et d'abafl',
vient au divin langage. Quonimn in me — tïci. Vrai sir ou cantique, plein d'él
speravit. Hébr. Parce qu'il adhère à moi
: lyrique. L'auteur n'est pas nommé, et
>È\
,
3st pas possible de savoir quel il fut. — 2-4. Boyuun est confiteri... C'est une
!S mots in die sabhati marquent la des- chose bonne et douce tout ensemble. —
lalion liturgique du poème. Il devait être Ad annuntiandum... But sacré de cette
anté le jour du sabbat, pendant les cé- sainte louange. — Mane..., per noctem.
monics du culte public (d'après les in- Jour et nuit, en tout temps. —
Double
cations plus explicites du Talmud le , objet de la louange misericordiani. .. et
:
msée: vers. 2-4, 5-7, 8-10,''ii-'l3, 14-16. et ses desseins d'une profondeur inson-
'2" Première strophe il fait bon louer
: dable. Vers. 5-7.
ieu. Vers. 2-4. 5-7. La particule quia introduit cet exposé
, ,
"'
L'homme stupide ne les connaîtra pas
et l'insensé ne les comprendra pas.
^ Lorsque les pécheurs auront germé comme l'herbe
et que tous ceux qui commettent l'iniquité se seront manifestés,
ce sera pour périr à jamais.
^ Mais vous, Seigneur, vous êtes éternellement le Très -Haut.
des motifs, —
Delectasti me. Belle expres- parée ici à l'herbe des champs qui germe
,
sion, qui a autrefois servi de nom à tout proniptement, abondamment. « Dans les
ce psaume. « Une riante figure de femme, contrées orientales, le gazon, sous l'in-
qui représente la vie du ciel, dit, en cueil- fluence de pluies abondantes et d'un soleil
lant des fleurs, qu'elle est si heureuse brûlant, arrive très vite à la maturité. » —
parce qu'elle se réjouit, avec le psaume Apparuerint. L'hébreu continue l'image :
l'homme brute, dit énergiquement l'hé- seront plus tard dispersés, affaiblis, ren-
breu. dus impuissants à jamais.
4<> Troisième strophe. Autre raison de 5° Quatrième strophe. Encore un autre
louer Dieu la manière dont il châtie ses
: motif de louer le Seigneur sa conduite
:
cornu nieum : c.-à-d. ma force. Cf. Ps. montagne », de même que palmier est
le
xvn, 3; lxxiv, 5, 6, 11 , etc. — Sicut uni- le roi des arbres du désert archéoL,
{Atl.
cornis. Hébr. : comme celle du r'^'èm, ou pi. XIII, fig. 1 ). — Multijjlicabitur. Hébr. :
du bison. Voyez le Ps. xxi, 22 et la note. il grandit.
— Senectus mea (sous -entendu « erit ») Q° Cinquième strophe : encore la misé-
in tnisericordia uhevi Traduction obscure,
. ricordieuse conduite du Seigneur envers
dont le sens paraît être Grâce à la bonté : les justes. Vers. 14-16.
du cœur de Dieu, ma vieillesse est floris- 14-16. Plantati in domo Domini. Tous
sante. Mais l'hébreu n'a rien de semblable. les bons Israélites étaient, pour ainsi dire^
Je suis arrosé d'une huile fraîche, y lisons- plantés sur le sol sacré et fertile de la
nous. Métaphore qui dénote la vigueur maison de Dieu il n'était donc pas éton-
;
et le bien-être, car les onctions dhuile nant que leur état fût si florissant. Ad- —
d'olive, très en usage chez les anciens, huc multiplicabuntur... Le palmier et le
avaient une vertu fortifiante. Et despe- — cèdre que le poète vient de citer comme
,
Justus ut palma. Hébr. tâniâr, le pal- : Ils portent encore des fruits dans la vieil-
mier-dattier [Atl. d'hist. nat., pi. vu, lesse. —
Bene patientes... : dans le sens
fig. 2; pi. VIII, fig.6, etc.). Comparaison de bien portants. D'après l'hébreu Ils se- :
très expressive ; car rien de plus beau que ront gras (pleins de sève) et verdoyants.
cet arbre à la taille élancée, au feuillage La métaphore continue toujours. Ut —
gracieux perpétuellement vert, aux
et annuntient... En concluant, le psalmiste
fruits abondants et succulents. Sicut — nous ramène au début de son cantique
cedrus Libani. Ici, c'est la vigueur et la (comp. le vers. 3). —
Rectus correspond
masse gigantesque qui sont admirables. à « veritatem tuam )>, et no7i est iniquitas
Le cèdre est « le roi des arbres de la in eo à « misericordiam tuam ».
Ps. XGII, 1-2. 441
PSAUME XCII
Laiis cantici, ipsi David, in die ante sabbatum, quando fundata est terra.
^
Dominus regnavit, decorem indutus est;
indutus est Dominus fortitudinem et praîcinxit , se.
'-^
à la tradition juive. —
Le genre laus can- : Jéhovah. Vers. 1-2.
ticï. Comme au Ps. xc, 1. Beau cantique : 1-2. Dominus r egnavi t. Héhr.: Y^hovdh
« il est court, mais plein de force, de ma- mâlak, le Seigneur est roi. C'est l'idée do-
jesté et d'élan lyrique. » (F. Vigoureux.) minante, nettement exprimée en avant du
— L'auteur ipsi David. : La destination — poème. Enfin, s'écrie joyeusement le psal-
liturgique in die ante sabbatuvi. Le Tal-
: miste, contemplant l'avenir à la lumière
mud nous apprend également que Ton de la révélation, le règne du vrai Dieu est
ciiantait ce psaume chaque vendredi pen- ,
établi d'une manière définitive et univer-
dant le sacrifice du matin, et il encore
fait selle; tous les peuples sont à jamais sou-
partie des prières de la veille du sabbat mis à ses lois. —
De magnifiques images
chez les Juifs modernes. Le ïalmud ajoute, relèvent la splendeur de cette royauté :
comme les LXX et laVulgate, qu'on avait decorem indutus est... La gloire la plus
attribué au Ps. xcn cette place spéciale parfaite, tel est le vêtement royal de Jéhovah.
dans la liturgie, « parce que Dieu avait Mais il est nécessaire qu'un roi fasse res-
achevé (au si.xième jour, le vendredi) son pecter son autorité au dedans et au dehore
travail de Créateur, et qu'il commença dès de ses Étals et pour cela il doit posséder
,
lors à régner sur le monde. » Quando — les qualités d'un guerrier invincible. Le
fundata est: lorsque la création du monde Seigneur n'en est pas dépourvu il a un :
fui complète. D'après les Septante, o-i autre vêtement que son éclat sublime, la
•xaTo)x',aTai y) yr, « lorsque la terre fut
, force, dont il se ceint comme d'un glaive:
habitée; » cela revient au même, puisque indutus est... fortitudinem. ..Yo^ez V Atlas
la création ne prit fin qu'au moment où arch., pi. i.xxxi, fig. 7,8; pi. lxxxv, fig. 6;
la terre eut reçu ses premiers habitants, pi. Lxxxvii, fig. 14-, 17. etc. —
Etenim fir-
Adam et Eve. — Jéhovah est roi : tel est niavit... Hébr. : Aussi le monde est ferme,
le thème de ce poème, qui est très riche il ne chancelle pas. Heureux résultat qui
en pensées malgré sa brièveté, et qui ne manquera pas de se produire, dès que
« ouvre une série remarquable de psaumes Jéhovah aura inauguré son règne universel :
a sseculo tu es.
Elevaverunt flumina Domine ,
roi théocratique ne saurait être renversé, maris ; par conséquent, une complète unité
puisqu'il est éternel, comme Jéhovah lui- de fond et de forme au vers. 4 « Plus que
:
même. — Ex tune et a sœciilo sont des la voix des grandes, des puissantes eaux,
expressions synonymes de toute éternité,
: plus que les vagues de la mer, Jéhovah est
— Tu es. Concision énergique. L'hébreu puissant dans la hauteur. » Cette hauteur
se contente du simple pronom avec plus , est celle des cieux, où Dieu trône à ja-
de vigueur encore De tout temps, toi!
: mais, inébranlable et tout-puissant.
d° Seconde strophe la supériorité de ce
: 4» Conclusion l'œuvre de Dieu la plus
:
divin royaume sur tous les autres. Vers. 3-i. remarquable, c'est sa loi. Vers. 5.
3-4. Coup d'œil rétrospectif du poète. 5. De l'avenir et du passé, le psalmiste
Remontant en esprit le cours de Ihistoire, revient au temps présent, pour admirer
il se rappelle et décrit rapidement les la loi sainte, profondément vraie, et par
grands obstacles que le paganisme avait conséquent imprescriptible, que Dieu a
opposés à l'établissement du règne théo- donnée à sa nation privilégiée, Israël. —
cratique. 11 les représente sous la figure Sur le mot testimonia, voyez le Ps. cxviir,
de la mer en furie, de fleuves qui dé- 1, et la note. —
Au lieu de credibilia facta
bordent, menaçant de tout engloutir sur sunt, l'hébreu porte sont tout à fait véri-
:
PSAUME XCIII
Ps. XCIII. — Ce titre manque dans l'hé- les châtiera son heure, vers. 8-11; il con-
breu, et dans les versions anciennes autres solera au contraire les justes, vers. 12-15;
que les Septante et la Vulgate. Ipsi — le psalmiste cite sa propre expérience sur
David. De nombreux critiques ne croient ce point vers. 16 - 19
, récapitulation , ;
auteur, ce qui n'est pas absolument im- geances! Répétition très énergique, pour
possible, il aura pu écrire cette prière au mieux mettre en relief un des rôles prin-
moment de la révolte d'Absalom. Quarta — cipaux de la justice de Dieu. Libère erjit.
sabbati (le mercredi). Destination litur- L'expression corrélative des LXX {T.oi.ç>pr,-
gique, confirmée par le Talmud et par criiî^ô'.v) signifie Agis sans crainte, ainsi
:
l'usage actuel des Juifs. D'après la tradition qu'on le fait lorsqu'on est à la fois puis-
des rabbins, les lévites auraient chanté le sant et dans son droit. Le verbe hébreu
Ps. XCIII dans le temple, lorsque les Chal- esta l'impératif et a un autre sens; littéra-
déens de Nabuchodonosor s'emparèrent lement Piesplendis. C.-à-d,, manifeste-
:
'^
Se répandront -ils toujours en discours insolents, et proféreront - ils
l'iniquité,
tous ceux qui commettent l'injustice?
^ Ils ont humilié votre peuple. Seigneur,
et ils ont opprimé votre héritage.
^ Ils ont mis à mort la veuve et l'étranger,
et ils ont tué les orphelins.
'
Et ils ont dit Le Seigneur ne le verra pas,
:
tion pittoresque. Ce verbe et les deux sui- peuple. Comp. le Ps. xci, 7. — Qui plan-
vants dépendent encore de la conjonction tavit... Réfutation vigoureuse des blas-
(( usquequo », —
Iniquitatem. Ilébr. : phèmes des impies (vers. 7). Trois ques-
'âtâq, des choses arrogantes. Loquen- — tions posées coup sur coup relèvent la
tur omnes... Dans l'hébreu, se vanter, se vanité et l'absurdité de leur confiance.
prôner. —
Populum... huinillaverunt. Plu- Ce que possède l'homme, le Créateur de
tôt :ils écrasent. —
Hereditatem, est syno- l'homme doit le posséder a fortiori, d'une
nyme àe populum.— Viduam, advenam, manière éminente (vers. 9). Après cet ar-
puplllum des êtres faibles et sans dé-
: gument, tiré de la constitution physique
fense, qui excitent d'ordinaire la sympathie de l'homme, le poète en allègue un autre
universelle. —
Et dixerunt... (vers. 7). (vers. 10), qu'il emprunte au gouverne-
Dernier crime, qui met le comble à tout ment moral de Dieu et à sa science inlinie.
le reste ces impies vrais athées dans leur
: , — Qui corripit gentes... Celui dont la
conduite, se rient de Jéhovah et de ses main vengeresse apparaît dans tout le cours
châtiments. de l'histoire, châtiant les nations coupables,
4" Dieu les contemple et saura bien les ne se laissera pas arrêter par quelques pé-
punir. Vers. 8-11. cheurs insolents. — Quidocet... scientiam.
, ,
^'
Le Seigneur connaît les pensées des hommes;
il sait qu'elles sont vaines.
^'-
Heureux l'homme que vous avez vous-même instruit, Seigneur,
et à qui vous avez enseigné votre loi
13
pour lui adoucir les jours mauvais,
jusqu'à ce qu'on ait creusé une fosse pour le pécheur.
li
Car le Seigneur ne rejettera pas son peuple,
et il n'abandonnera pas son héritage,
^''
jusqu'à ce que la justice fasse éclater son jugement,
et que tous ceux qui ont le cœur droit se tiennent auprès d'elle.
^^'
Qui se lèvera pour moi contre les méchants?
ou qui se tiendra auprès de moi contre ceux qui commettent l'ini-
quité?
Il sait tout lui-même, par conséquent jus- rait tarder à venir, car non repeliet Do-
qu'aux pensées les plus secrètes de ceux minus... (vers. 14). Litote, pour dire que
qui Toffensent (vers. 11). le Seigneur aime son peuple et qu'il le bé-
5'» Le Seigneur consolera les justes parmi nira. — Quoadusque justitia... (vers. 15).
leurs souffrances. Vers. 12-15. Tout jugement sera conforme à la justice,
12-15. Beatus homo... Grand contraste. après la disparition des magistrats iniques
Le psalmiste a maintenant en vue les Israé- qui ne cessaient de renverser le droit. —
lites fidèles, qui acceptaient de bon cœur, Et qui juxta illam... Passage à expliquer
comme des enseignements précieux, les d'après l'hébreu Et tout homme droit de
:
soulîrances qu'il plaisait au Seigneur de cœur sera près d'elle (de la justice, pour
leur envoyer par l'intermédiaire des mé- l'accueillir avec amour). Le premier pro-
chants {quem /uerurfiem). Yoyezlevers.5. nom qui est de trop.
— De lege tua. La loi divine prise dans le 6° Le psalmiste cite sa propre expérience
sens large, telle que la contenaient tous touchant les consolations que Dieu accorde
les livres saints alors composés. Celte ré- aux justes dans l'aftliction. Vers. 1(3-19.
vélation consolante enseigne que la souf- 16-19. Quis consurget mihi (pour moi,
france est fréquemment une épreuve, et en ma faveur)...? Question (vers. 16) à
qu'on est récompensé après l'avoir sup- laquelle répondront les versets 17-19. Le
portée avec courage. Cf. Deut. viii, 5 et poète se donne ici comme le représentant
ss., etc. —
Ut mitigés ei... Hébr. pour : de tous les innocents, opprimés d'une ma-
le calmer. C.-à-d. pour adoucir ses peines, nière injuste. Qui donc lui viendra en aide
pour l'exciter à la patience. —
Douce fo- contre ses persécuteurs? Dieu, et Dieu
diatur... fovea. La ruine des tyrans im- seul. — Nisi quia Dominus adjuvit...
pies aura lieu infailliblement, et alors les D'après l'hébreu, il ne s'agit pas du passé,
justes qu'ils opprimaient jouiront de la mais du présent Si Dieu n'était pas un
:
paix et du bonheur. — Ce moment ne sau- aide pour moi, bientôt {paulo tninus) mon
—
446 Ps. XGIII, 47-22.
*' Nisi quia Dominus adjuvit me,
paulo minus habitasset in inferno anima mea.
*^ Si dicebam Motus est pes meus,
:
^"^
Si Dieu ne m'eût assisté,
il mon âme n'habitât le séjour des morts.
s'en serait peu fallu que
18
Si je disais Mon pied a été ébranlé,
:
âme habiterait la région du silence, c.-à-d de l'iniquité est ton allié? C.-à-d., est-ce
le séjour des morts, cemme dit la Vulgate que Dieu est l'intime ami et l'associé des
(in inferno). —
Si dicebam. A traduire méchants? Non, pas d'alliance possible
encore au temps présent Quand je dis...,: entre le Seigneur et les impies. L'emploi
ta bonté m'aide (au lieu de adjuvabat). — du mot « trône » indique d'une manière
Motus... pes meus. Cri de détresse Mon : figurée que les oppresseurs en question
pied chancelle Je vais tomber et périr.
! étaient puissants et haut placés. — Qui
Secundum multitudinem... Compensation pngis laborem... Comment pourrait-il être
magnifique. L'hébreu dit avec une légère l'aUié des pervers, lui qui exige l'obéis-
variante Quand les pensées anxieuses
: sance à sa loi au prix de pénibles sacri-
(Vulg. dolorum) se multiplient au dedans
: fices? Nuance dans l'hébreu, où les mots
de moi, tes consolations réjouissent mon « qui fin gis » retombent sur « sedes » et
âme. —Belle gradation dans ces ver- non sur « tibi » Le trône d'iniquité serait-il
:
PSAUME XCIV
illis...(vers. 23). Le châtiment des impies. pas abuser des grâces du Seigneur, mais
— In malilia eorum disperdet... Trait à obéir à ses ordres, vers. 8-11. — Chez les
frappant Dieu se servira de leur propre
: Juifs, ce psaume est chanté le vendredi
malice pour les punir; il les précipitera, soir, pour ouvrir le sabbat. Dans le bré-
comme il le dit ailleurs, dans la fosse viaire romain, il sert d' « invitatoire » et
qu'ils avaient eux-mêmes creusée pour y d'introduction à Matines, sous une forme
faire tomber les innocents. La répétition légèrement différente de celle de la Vul-
disperdet eos est très expressive et marque gate, parce que notre version latine suit le
une complète certitude. texte du Psautier dit gallican, tandis que le
bréviaire a conservé pour l'invitatoire le
Psaume XCIV texte du Psautier romain. Voyez l'Introdu-
ction, page 21.
Invitation à louer Dieu et à obéir à ses 2» Première partie exhortation à célé-
:
Ps. XCIV. —
Ce titre manque dans l'hé- tant les Israélites à la louange. Exul- —
breu. Il contient deux données, relatives, temus, jubilemus. Expressions très fortes,
l'une au genre du poème [laus cantici, surtout dans l'hébreu rânan, pousser des
:
où ce psaume est également attribué à de notre salut. Cf. Ps. xvn, 2, etc. C.-à-d.
David. —
Exhortation adressée au peuple « celui sur qui repose notre salut en toute
hébreu, pour le presser d'être fidèle à garantie et sécurité ^). (Patrizi.) — Prœoc-
Jéhovah et à se montrer docile à la divine
, cupemus in confessione. Hé-
faciem...
parole. —
Deux parties nettement tran- braisme énergique présentons -nous au
:
•^
Car Seigneur est le grand Dieu
le
et legrand roi au-dessus de tous les dieux.
^ Dans sa main sont tous les confins de la terre,
et les sommets des montagnes lui appartiennent.
^ La mer est à lui, et c'est lui qui l'a faite,
avec enthousiasme. —
Vers, 3, il est le spéciales du Seigneur avec les Israélites,
seul vrai Dieu, le seul vrai roi. Super omnes autre motif de le célébrer. —
Venile...
deos : supérieur à toutes les forces natu- Cette pensée nouvelle est introduite par
relles que les païens divinisaient et déco- du
l'invitation vers. 1, qui est répétée à la
raient du titre de roi. Cf. Ex. xviii, 11, etc. manière d'un refrain. — Adoj^emus: hébr.,
rrrr^ffl-4
lement, dans l'hébreu, « la pointe des mon- privilégié. Cf. Deut. xxxii, 15, 18. C'est
tagnes. » Donc la terre entière, depuis son le nouveau mofif de louange, commente
centre jusqu'à ses sommets les plus élevés. ensuite au vers. 7. — Pascuas ejus: la Pà-
, , ,
"^
car est le Seigneur notre Dieu
il
7 -IV, 13, l'admirable application que saint tant ils avaient vu à maintes reprises tout
Paul fait de ce passage aux chrétiens. ce que j'étais capable de faire pour eux.
Dans l'hébreu, les mots hodie si... audif- 10-11. Cinquième strophe menace tacite.
:
ritls paraissent former une proposition à — Offensus fui... Littéralement dans l'hé-
pari Oh! si aujourd'hui vous entendiez
: breu : J'éprouvai du dégoût. Et dixi. —
sa voix! Une nouvelle phrase commence Jugement que le Seigneur porta en lui-
ensuite. —
Nolite... C'est le Seigneur lui- même, et qu'il communiqua aussi aux Hé-
même qui prend tout à coup la parole en breux par des avertissements réitérés. —
cet endroit, répondant au souhait du psal- Semper hi errant... Hébr. Hs sont un :
miste, pour mieux encourager son peuple peuple d'hommes égarés de cœur. Vias —
à lui être fidèle. — Obdurare corda, c'est meas : la manière d'agir tout aimable du
êtrevolontairement insensible et par con- Seigneur à leur égard. —
Utjuravi. Dans
séquent rcDelle à la grâce et aux ordres le sens de :C'est pourquoi j'ai juré. Il
divins, ainsi qu'il n'était que trop arrivé s'agit du terrible serment et de la terrible
aux anciens Hébreux, dont les désobéis- sentence exposés tout au long au livre des
sances sont aussitôt mentionnées sommai- Nombres, xiv, 27 et ss., et cités en abrégé
,
**
Et isti non cognoverunt vias meas;
ut juravi in ira mea :
^^
Et n'ont pas connu mes voies;
ils
de sorte que j'ai juré dans ma colère :
PSAUME XGV
^
Ganticum ipsi David, quando domus sedificabatur post captivitatem.
Gantate Domino canticum novum ;
*
Gantique de David , lorsqu'on bâtissait la maison après la captivité.
Chantez au Seigneur un cantique nouveau ;
chantez au Seigneur, toute la terre.
"^
Ghantez au Seigneur, et bénissez son nom ;
dans les mots Si introibunt... (la formule tatem). Ils signifient que les Juifs aimaient
du serment chez les Hébreux, pour ils : alors à chanter ce psaume, en souvenir de
n'entreront pas). — Requiem meam: la la circonstance à laquelle il devait son ori- I
Terre sainte, lieu de repos et de bonheur gine. — C'est une invitation adressée tour
que Dieu leur avait promis depuis long- à tour aux Israélites, aux nations païennes
temps. Pour nous, d'après l'application de et même aux créatures inanimées, pour
saint Paul, type du ciel et de ses délices les presser de louer et de bénir sans fin
éternelles. Le psalmiste s'arrête brusque- l'unique vrai Dieu, si grand et si puissant.
ment sur cette menace, bien propre à Beau développement anticipé del'a Adve-
inspirer de saines réflexions et les graves niat regnum tuum »; prophétie qui annonce
retours de conscience. l'avènement du règne théocratique sur la
terre entière, grâce au Messie et à son
Psaume XCV Église. —
Trois parties, ainsi qu'il vient
d'être dit les Israélites (vers. 1^-6), les
:
Toutes les créatures sont invitées à louer
païens (vers. 7-10), les cieux et la terre
le Seigneur.
(vers. 11-13), sont invités à louer Jéhovah.
lo Le titre. Vers. i». Première partie que le peuple théo-
2° :
m
, , ,
bonne nouvelle, —
Motifs de cette louange verture du Ps. XXVIII (vers. 1-2). Patrise. —
perpétuelle et universelle (vers. 4-6) la : gentium : les familles, les races des na-
grandeur et la majesté infinies de Jéhovah, tions. — Gloriam et honorem. Hébr. :
tout-puissant. —
Confessio et pulchritudo. dans une sainte parure. Voyez la note du
La louange des anges et sa propre splen- Ps. XXVIII, 21^. —
Gommoveatur... Hébr,:
deur l'environnent {in conspectu ejus). Tremblez devant lui. Crainte respectueuse,
Hébr. la gloire et la splendeur,
: Sancti- — qui est si souvent mentionnée par les écri-
monia et magnificentia. Hébr. la force : vains de fancienne Alliance comme une
et l'éclat. —
In sanctificatione ejus : dans partie très importante du culte divin. —
son sanctuaire soit céleste, soit terrestre Dominus regnavit. Comp. le Ps. xcii, 1
(à Jérusalem). et la note. Plusieurs Pères (Tertullien,
3° Seconde partie les nations païennes
: Lactance, saint Augustin, saint Léon) et
sont aussi invitées à honorer de toutes ma- Psautiers latins lisent « regnavit a ligne »
nières le vrai Dieu. Vers. 7-10. (il a régné par le bois), et appliquent na-
PSAUME XCVI
Huic David, quando terra ejus restituta est.
Seigneur Jésus -Christ. Le Codex Vero- La nature, après avoir longtemps partagé
nensis des Septante a seul cette addition le châtiment de l'homme coupable, aura
parmi les manuscrits grecs; néanmoins part également à son bonheur sous le règne
saint Justin la connaît et la regarde comme théocra tique. Cf. Is. xxxv, 1; xui, 10;
authentique (cf. Dialog. cum Tryph.,r\. 73). XLiv, 23; XLV, 8, etc.; Rom. viii, 19 et ss.
11 n'est guère douteux qu'elle ne provienne — Venit judicare; judicabit... Comp. le
ée quelque copiste ou interprète. Elle a vers. 10.Le pauvre monde païen gémissait
passé dans plusieurs prières de FÉglise. sous tyrannie et l'injustice; il avait tout
la
Etenim correxit... Quand le Dieu-roi exer- à gagner au règne du Seigneur.
cera ses fonctions de juge suprême, ce
sera partout la paix [non commovebitur), Psaume XCVI
parce que ce sera partout la justice par-
Le Dieu -roi : sa puissance infinie, qu'il
faite.
faut adorer dans un esprit d'obéissance.
4» Troisième partie : les créatures ina-
nimées sont elles-mêmes invitées à louer io Le titre. Vers. 1».
Jéhovah. Vers. 11-13. Ps. XCVI. —
U. Ce titre est omis dans
11-13. Lœteiitur , exultet, gaudebunt le texte hébreu. —
L'auteur: huic David.
exultabunt... Transports d'allégresse uni- — L'occasion historique quando ten^a
:
verselle. —
Commoveatur mare. Joyeuse ejus restituta... C.-à-d., suivant l'opinion
agitation des vagues. —
Tune solennel : laplus probable, lorsque David fut reconnu
dans l'heureux temps où Dieu sera reconnu roipar toutes les tribus d'Israël, peu d'an-
comme roi du monde entier (g^^ia venit). nées après la mort de Saiil (cf. II ^ç^%. v,
, —
personnel de Jéhovah en tant que roi de le monde païen. Cf. Is. xui, 4. Nubes —
l'univers. Dieu fait son apparition au mi- et caligo... La description de la théophanie
lieu d'un ouragan terrible, comme en plu- ou apparition divine (vers. 3 et ss.) res-
sieurs autres cantiques sacrés ; ses ennemis, semble à celles de l'Exode (xix), du Ps. xvii,
les païens, sont consumés parles flammes du prophète Habacuc (ni ), etc. Corre- —
de sa colère; cieux proclament sa gran-
les ctio sedis... Hébr. base de son trône.
: la
deur, sa gloire est répandue par toute la Cf. Ps. Lxxxviii, 15. —
Ignis ante ipsum.
terre, le monde entier vient l'adorer, Sion Cf. Ps. XVII, 9, et surtout xlix, 3.
est au comble delà joie. Ces divers détails, 4-6. Les effets immédiats de la divin*^
on le voit, conviennent très bien à l'a- apparition. —Illuxerunt fulgura. ..: éclairs
vènement du Messie aussi saint Paul,
: brillants, qui illuminent toute la terre.
Hebr. i, 6, appliquc-t-il le verset? à Notre- Cf. Ps. Lxxvi, 19. —
Commota est. D'après
Seigneur Jésus -Christ. Deux parties:— l'hébreu, elle éprouve comme les convul-
vers. 4^-6, Dieu fait son apparition pour sions de l'enfantement. Image qui expi^ime
juger et punir les païens; vers. 7-12, résul- un violent effroi. Cf. Ps. lxxvi, 17. —
tats de cette théophanie. L'auteur a re-— Montes... fïuxerunt. Ilébr. se sont fon-
:
"'
Qu'ils soient confondus tous ceux qui adorent les images sculptées,
et qui se glorifient dans leurs idoles.
Adorez -le, vous tous ses anges.
^ Sion a entendu et s'est réjouie,
de Juda ont tressailli de joie,
et les filles
à cause de vos jugements Seigneur. ,
le culte des faux dieux; joie qu'en éprouve tua : les jugements exercés par Jéhovah
Sion. —
Gonfundantur. L'hébreu emploie contre les idoles. — Quoniam tu Domi-
le présent Ils sont confondus... Confusion
: nus... Cf. Ps. XLVi, 3, 10; 19. CeLxxxn,
causée par la ruine de leurs vaines idoles. jugement a de plus en plus attesté la gran-
— Adorate... angeli... D'après les LXX et deur du vrai Dieu de là une si grande
:
Dieu si puissant. Saint Paul adopte cette exhorte les justes à servir fidèlement le
version dans l'épître aux Hébreux, i, G, Seigneur.— Qui diligitis... Cf. Ps. xxxm,
lorsqu'il cite ce passage pour démontrer 22; xxxvi, 28. Belle promesse en échange
que Jésus -Christ, en tant que Verbe in- de la fidélité demandée custodit Domi-
:
carné, est infiniment supérieur aux anges. nus... — Lux orta est justo. Métaphore très
L'hébreu porte: Tous les dieux {'Elôhim) expressive. Le soleil de la grâce luira à
se prosternent devant lui. Admirable vic- jamais pour les justes.L'image n'est pas
toire de Jéhovah les faux dieux eux-
: tout à fait la même dans l'hébreu La lu- :
, , , ,
PSAUME XGVII
* Psalmus ipsi David.
Cantate Domino canticum novum
quia mirabilia fecit.
Salvavit sibi dextera ejus
et brachium sanctum ejus.
^ Notum salutare suum
fecit Dominus ;
*
Psaume de David.
Chantez au Seigneur un cantique nouveau
car il a opéré des merveilles.
Sa droite l'a fait triompher,
ainsi que son saint bras.
- Le Seigneur a fait connaître son salut ;
mière a été semée pour le juste; c.-à-d. loin de manquer d'élan lyrique. Il engage
répandue sur sa route, de manière à en le monde entier à reconnaître et à célébrer
écarter toutes les ténèbres. — Lœtamini le Dieu d'Israël , à cause des prodiges opé-
justi...Ce verset reproduit deux autres rés par sa toute -puissance en faveur de
passages du Psautier. Cf. Ps. xxxi, 41, son peuple. 11 est donc messianique dans
et xxix, 5 (voyez la note). lemême sens que tous les cantiques de la
même série, car il prédit la future con-
Psaume XCVII version des païens à Jéhovah. Trois —
strophes égales : vers. l^^-S, 4-6, 7-9.
Louange à Dieu, qui a opéré
2» Première strophe Dieu a merveil-
:
théocratique. Il a une grande ressemblance encore le Ps. xcv, 3^; mais il s'agit ici de
avec Ps. xcv, dont il
le emprunte presque prodiges plus spéciaux, comme l'indique
littéralement le début la conclusion. et le contexte. —
Salvavit sibi dextera... Sans
Comparez Ps. xcv, 1'», les
le vers. 1 et le autre secours que celui de son bras tout-
vers. 11-13 et le Ps. xcv, 7-8. Il reproduit puissant, le Seigneur a détruit les enne-
aussi divers passages d'autres psaumes plus mis de son peuple, les païens, qui étaient
anciens. Il présente donc encore moins ses propres adversaires. Recordatus... —
d'originalité que le poème précédent; mais misericordiœ... Cf. Luc. m, 6. Pensée
il n'est pas dépourvu de beauté, et il est touchante Dieu semblait avoir oublié
:
,
Israël; il montre tout à coup, et d'une Vite. Admirable entrain lyrique dans cette
—
l
messes : attribut que les auteurs des petite harpe), voce psalmi... Autre énu-
mération joyeuse. Tu' —
bis ductilibus. Hébr. :
ments ce divin libérateur. Vers. 4-6. mer retentisse. Joyeuse danse des vagues.
4-6. Jubilate y cantate, exultate, psal- — Flumina plaudent manu. Métaphore
, ,
PSAUME XGVIII
^
Psaume de David.
Le Seigneur règne : que les peuples s'irritent.
Il est assis sur les chérubins que la terre soit ébranlée.
:
très hardie. Sur ce geste usité de longue on célèbre la bonté avec laquelle il a tou-
date pour applaudir, comp. IV Reg. xi, 12; jours exaucé les prières de ceux qui l'invo-
Ps. XLVi, 2, etc. — Venit judicare... Et le quaient en toute confiance. Deux strophes
monde sera désormais heureux, sous la dans chaque partie (vers. l'^-3, 4-5, G-7,
conduite d'un tel roi, d'un tel juge. 8-9) la première, la seconde et la qua-
:
oi universel; dans la seconde, vers. 6-9, sent : La terre chancelle. Elle aussi, elle
20
.
, , ,
tremble comme ses habitants. — Dominus gneur, dont règne est un règne d'équité)
le
in Sion... Jéhovah avait établi sa résidence — Nouveau motif pour lequel on doit ce
sur cette sainte colline, et, de là, son règne lébrer Jéhovah honor régis , sa majesté^ :
allait envahir toutes les contrées du monde. sa dignité; d'après l'hébreu, sa force.
Judicium diligit. Un roi tel que le Se^
gneur jamais d'une manière arb|
n'agit
traire, à la façon des despotes païens
autres; la justice sert de règle perpétuelle
à ses actes c'est là sa gloire ou sa force.!
: ,
J
, ,, , ,
ivec laquelle le Dieu -roi a de tout temps analogue pour Samuel, I Reg. m
4 et ss. ,
îxaucé les prières de ceux qui l'invo- — Gustodiebant testimonia... : la loi di-
luaient avec confiance. Vers. G-9. vine, qu'ils maintinrent et firent observer
6-7. Troisième strophe : comment ce roi avec un zèle admirable.
;out-puissant a écouté les supplications 8-9. Quatrième strophe il faut, à
:
les saints aux anciens temps. Le poète l'exemple de ces saints personnages, ado-
ette un regard sur l'histoire des Hébreux, rer Jéhovah dans son sanctuaire. Le —
Dour montrer combien Dieu avait été juste verset 8 revient sur le fait qui a été déve-
ît bon à leur égard. —
Moyses et Aaron loppé dans la strophe précédente tu exau- :
lont les Israélites étaient justement fiers. mauvais {'alilôt). Plusieurs interprètes
— Le verbe invocant désigne ici l'inter- supposent qu'il est ici question des man-
:ession dans le sens strict. Invocabant... — quements de Moïse et d'Aaron eux-mêmes,
't ipse exaudiebat... Plusieurs fois , le Sei- qui leur attirèrent des châtiments sévères
meuT épargna son peuple à cause de leurs (cf. Ex. xxxii, 7-10; Num. xix, 15, etc.);
prières. Voyez, pour Moïse, Ex. xvii, iO mais cette idée ne semble pas pouvoir
It ss.; XXXIII, 11-14; et pour Samuel, s'harmoniser avec le contexte, sans comp-
Reg. VII, 1); XII, 13; Eccli. xlvi, 16 et ss. ter que la Bible ne mentionne pas une
aron intercédait sans cesse, par tous les seule faute commise par Samuel. Il est
étails du culte auquel il était préposé. donc préférable de toute manière de rap-
, ,
PSAUME XGIX
1
*
Psalmus in confessione.
^ Jubilate Deo, omnis terra;
*
Psaume pour la louange.
^ Acclamez Dieu, toute la terre;
servez le Seigneur avec joie.
Entrez en sa présence avec allégresse.
^ Sachez que c'est le Seigneur qui est Dieu;
c'est lui qui nous a faits, et non pas nous-mêmes.
Nous sommes son peuple, et les brebis de son pâturage.
ment, mais avec un saint enthousiasme. vrai Dieu {ipse... Deus), le Dieu qui a
Aussi ce poème sert -il de digne conclu- comblé Israël de ses faveurs {ipse fecit
sion à la suave et mélodieuse série « théo- nos...; populus ejus...). Cf. Ps. xciv, 6''-7.
cratique » qui a commencé avec le Ps. xcii. — Et non ipsi nos... La leçon primitive
Il est messianique, lui aussi, comme parait avoir été Et nous sommes à lui. •—
:
lexprime fort bien le titre que lui donne la Oves pascusR ejus. La gracieuse métaphore,
version syriaque Psaume pour la conver-
: si fréquente dans le Psautier à partir du
1
— , —
PSAUME G
*
Psaume de David.
Votre miséricorde et votre justice,
je les chanterai devant vous , Seigneur.
Ps. XXIV, 8; xxxm, 9, etc. Le « bon des engagements que David prend solen-
Dieu » , comme s'exprime le langage popu- nellement devant Dieu. Les Septante et la
laire. — Misericordia ejus veritas ejus :
, Vulgate emploient l'imparfait ou le pré-
encore les deux attributs inséparables. térit à partir du vers. 2^ : ce qui change
légèrement caractère du psaume et lui
le ,
sonne n'a songé à contester sérieusement par une césure harmonieuse, comme au
ce fait, car on trouve à chaque mot « l'es- Ps. xvni, vers. 8-11.
prit et le ton do David ». L'époque précise 2° Explication du psaume. Vers. l''-8.
de la composition est incertaine. On a l*'-2*. Comment le roi réglera ses rela-
cependant conjecturé avec quelque raison tions avec Dieu. — Misericordiam et ju-
que les belles résolutions formulées ici par dicium... : la bonté de Dieu et sa parfaite
— , , i
declinantem a me malignum
non cognoscebam.
justice, tel sera le thème perpétuel des mille, il veut être parfait aussi, commi
louanges de David. Ces deux qualités, qui au dehors. — Proponebam
ante oculos.
se complètent l'une l'autre, conviennent Trait pittoresque se mettre en quelqi :
parfaitement aussi à un roi terrestre, sur- sorte sous les yeux, par l'imaginatioi
tout à un roi chargé de gouverner le peuple une chose mauvaise, afin de s'exciter a
de Jéhovah. —
Intelligayn in via... L'hé- l'accomplir. —
Reni injustam. Hébr. une :
avait de son intime présence. elle ne s'attachera point à moi. Une nou-
2''-3''i. Personnellement, David se pro- velle phrase commence ensuite avec k
pose démener une vie tout irréprochable. verset 4 : Le cœur pervers s'éloignera de
Après ce soupir vers Dieu, le psalmiste moi; je ne connaîtrai pas le méchant (ou
reprend, suivant l'hébreu, la série de ses le mal). —
Declinantem... m.alignum.
nobles promesses ; selon les LXX et la C.-à-d., d'après les LXX et la Vulgate,
"Vulgate, il expose à Dieu, pour s'attirer que les méchants fuiront d'eux-mêmes
ses grâces, ce qu'a été jusque-là sa con- loin de David le redoutant.
, Betrahen- —
duite comme monarque. —
In innocen- tem secreto... calomniateur hypocrite
: le
tia... Hébr. dans la perfection (ou l'in-
: et perfide. —
Hune persequebar. L'hébreu
tégrité) de mon coeur. In medio domus... est plus énergique Je l'anéantirai. Su- :
—
Là même où il échappait aux regards perbo oculo : l'orgueilleux, qui jette sur
publics, dans l'intimité de la vie de fa- le prochain des regards méprisants. In- —
, , ,
himc persequebar.
Superbo oculo, et insatiabili corde,
cum hoc non edebam.
° Oculi mei ad fidèles terra3,
ut sedeant mecum ;
je le poursuivais.
Celui dont l'œil est superbe et le cœur insatiable
je ne mangeais pas avec lui.
^ Mes yeux se tournaient vers les hommes fidèles de la terre
pour les faire asseoir près de moi ;
celui qui marchait dans une voie innocente
était mon serviteur.
' Il n'habitera pas dans ma maison
satiabili corde: rambitieux dont aucune , la cour et le royaume. — Qui facit super-
richesse, aucun honneur ne peut rassasier biam. Hébr. celui qui pratique la fraude.
:
les désirs. —
Cimi hoc non edebam. Pas — Qui loquitur iniqua. Hébr. celui qui
:
de relation intime et cordiale avec lui. dit des mensonges. — Non direxit... Plus
Comp. le Ps. Liv, 15, et la note. L'hébreu clairement dans le texte original Il ne :
emploie une expression plus générale Je : subsistera pas devant mes yeux. —
In ma-
ne le supporterai pas. —
Vers. 6, ceux tutino. C.-à-d. chaque matin, chaque
dont le roi aura soin de s'entourer. Oculi jour. Manière d'exprimer son zèle parfait,
mai ad fidèles.., : il recherchera de tous ses efforts incessants pour exterminer le
côtés des amis sûrs, pour les placer dans mal et les méchants. — De civitate Do-
son conseil royal (ut sedeant...). — Non mini. Raison de ce zèle. Jérusalem est la
habitabit... Le saint monarque revient aux cité de Jéhovah, la cité sainte, que les
méchants , dont il veut délivrer à tout prix pervers n'ont pas le di-oit de profaner.
464 Ps. CI, 1-4.
PSAUME Gl
* Prière
du pauvre, lorsqu'il sera dans l'affliction, et qu'il répandra sa
supplication en présence du Seigneur.
^ Seigneur, exaucez ma prière,
et que mon
jusqu'à vous, cri aille
^ Ne détournez pas de moi votre visage ;
en quelque jour que je sois affligé, inclinez vers moi votre oreille.
En quelque jour que je vous invoque, exaucez -moi promptement.
^ Car mes jours se sont évanouis comme la fumée,
et mes os se sont desséchés comme le hoï^ du foyer.
Ps. CI. — 1. Titre d'une physionomie toute et plainte, vers. 2-12; 2» confiance et
la
particulière. —
Le genre du poème oratio : ses motifs, vers. 13-29. — Beaux élans
(hébr. ffUlah). Cette prière anxieuse fut
: poétiques traits délicats mais beaucoup
, ;
lement admise des versets 14 -15, 17, 21, tout des Ps. XXI, Lxvni et lxxviii.
29, vers la fin de la captivité de Babylone. 2- Première partie prière et plainte.
:
voir bientôt des jours meilleurs, glorieux calcinés comme un tison; selon d'autres,
même. Mais ce sont les idées sombres qui comme un àtre. Les anciens Psautiers la-
prédominent; aussi ce cantique a-t-il été tins ont la curieuse leçon « sicut in frixo-;
,
•'
J'ai été frappé comme l'herbe,
et mon cœur s'est desséché,
parce que j'ai oublié de manger mon pain.
^ A force de pousser des gémissements
mes os se sont attachés à ma peau.
' Je suis devenu semblable au pélican du désert;
je suis devenu comme le hibou des maisons.
rio frixa sunt ( ils ont été frits comme dans lavi : la douleur écartant de lui le som-
une poêle à frire) », qui se rapproche de meil. — Sicut passer solitarius. Les natu-
cette seconde interprétation du texte pri- ralistes signalent un passereau d'une espèce
mitif. —
Percussus...
Dans l'hébreu, ce verbe ^
a pour sujet les mots
cor meum : Mon cœur
est frappé et se dessèche
comme l'herbe. — Quia
oblitus sum... Mieux : de
sorte que j'oublie de
manger... Fait qui se
renouvelle fréquemment
pour les âmes plongées
dans Tangoisse. A —
voce gemitus... G.-à-d.
par suite de mes gémis-
sements. —
AcUnvsit os
meum... Cf. Job, xix, 20.
Ses souffrances ont tel-
ment amaigri son corps,
qu'il n'a plus que la peau
et les os. — Si^nilis
factus sum... (vers. 7).
Deux comparaisons qui
expriment d'une autre
manière toute l'étendue
de sa douleur il fuit la :
---^—
société, il gémit seul
loin des hommes. — Chat -huant (^Athene persica).
Pellicano solitudinis. Le
pélican se complaît dans la solitude. Cf. particulière (la grive bleue de Syrie; Atl.
Is. XXXIX, 11 {Atlas dliist. nat., pi. lxiii, d'hist. nat., pi. LXVii, fig. 9), qui, « lors-
fig. 5, 7). —
Nycticorax in domicilio. qu'il a été séparé de son compagnon par
Hébr. le chat -huant des ruines {Atl.
: quelque accident, se perche seul au som-
d'hist. nat., pi. lxxv, fig. 3). Autre oiseau met d'un toit, et se lamente durant des
solitaire, dont les cris lugubres reten- heures entières. » —
Tota die exprobra-
tissent au loin pendant la nuit. Vigi- — bant... La cause première de cet amer
20*
, ,
jurent par moi. Ils se servaient de son rapidité. Hébr. Mes jours (sont) comm^
:
nom comme d'une malédiction. Sois traité une ombre qui s'allonge; c.-à-d. qui es
comme lui, disaient -ils, lorsqu'ils vou- sur le point de disparaître dans la nuit
,, , , , ,
Cf. Ps. cxLin, 4; Job, vin, 9; Jer. vi, méritaient de rentrer à Jérusalem. Ils ai-
4, etc. maient la cité sainte malgré l'état misé-
3" Deuxième partie : espoir et motifs rable auquel elle était réduite, la préfé-
d'être exaucé. Vers. 13-29. rant aux splendeurs babyloniennes. Même
La plainte fait place maintenant à un vif les pierres de ses édifices ruinés ( lapides
sentiment de confiance. ejus) leur plaisaient, et ils en chérissaient
13-23. Raisons qui peuvent porter Dieu jusqu'à poussière, comme disent l'hé-
la
à secourir son peuple affligé. Tu autem... — breu et lesSeptante {terra ejus dans la
Transition. "Vers. 13-15 quoique Israël : Vulgate). —
Et timebunt... Vers. 16-18 :
dépérisse en exil, son Dieu demeure tou- la gloire de Jéhovah est intéressée au ré-
jours le même, prêt à secourir et à sauver, tablissement de son peuple. — Gentes...
quand le moment sera venu. In œter- — Les païens, frappés de la merveilleuse dé-
num permanes. L'hébreu a un sens plus livrance accomplie par le Seigneur en fa-
spécial Tu trônes à jamais. Jéhovah n'a
: veur des Hébreux, le reconnaîtront comme
donc pas cessé d'être le roi théocratique, l'unique vrai Dieu. —
Quia œcUficavit...
fidèle à l'alliance, malgré les circonstances Sur d'être exaucé, le psalmiste voit déj;i
extérieures (l'exil et ses souffrances). — par avance Sion reconstruite, et Jéhovah
Memoriale tuum. Son nom, gage de bonté régnant glorieusement, comme aux temps
et de fidélité sans fin. — Tu exurgens. anciens, au milieu de son peuple. — Ora-
Détail pittoresque : se levant de son trône tionem humilium. Littéralement dans l'hé-
pour délivrer la cité sainte [Sion). Quia — breu: la prière du dénudé (des misérables).
tempus..., venit tempus : le terme que les — So'ibantur... \ers.i9-'i3, heureux effets
divins oracles avaient fixé pour la fin de qui se produiront lorsque Dieu aura ré-
xxv, 11; xxix, 10.
la captivité. Cf. Jer. — tabli Jérusalem. —
Hœc : les bontés de
Quoniam... (vers. 15). Le suppliant veut Jéhovah pour Israël, prédites aux versets 17
démontrer à Dieu que les Israélites exilés et 18. Elles seront consignées par écrite
, , , , ,, , ,
19
Que ces choses soient écrites pour la génération future
et le peuple qui sera créé louera le Seigneur,
20
parce qu'il a regardé du haut de son lieu saint.
Le Seigneur a regardé du ciel sur la terre
21
pour entendre les gémissements des captifs
pour délivrer les fils de ceux qui avaient été tués,
22
afm qu'ils annoncent dans Sion le nom du Seigneur,
et sa louange dans Jérusalem
23
lorsque les peuples s'assembleront
avec les rois pour servir le Seigneur.
24
Il lui a dit dans toute sa force :
^^'
Dès le commencement, Seigneur, vous avez fondé la terre,
et les cieux sont l'œuvre de vos mains.
27
Us périront, mais vous, vous demeurez,
comme un vêtement.
et ils vieilliront tous
Vous changerez comme un manteau, et ils seront changés;
les
^^ mais vous, vous êtes toujours le même,
PSAUME CII
^ Ipsi David.
Benedic, anima mea. Domino,
et omnia quœ intra me sunt nomini sancto ejus.
*
De David lui-même.
Mon âme , bénis le Seigneur,
et que tout ce qui est au dedans de moi bénisse son saint nom.
gètes contemporains objectent que le style mais été célébrées d'-un ton plus sublime,
paraît accuser une époque beaucoup plus et jamais le sublime n'a été plus touchant. »]
Le psalmiste chante tout à la fois
ces miséricordes divines à un point
de vue personnel, en tant qu'il les
a lui-même ressenties, et à un poini
de vue national, entant qu'elles s(
sont répandues sur tout le peuple
hébreu. Son poème est d'une grandt
délicatesse, et « respire un esprit de
foi et d'espérance qui est presqui
évangéhque ». —
Trois parties iné-
gales un exorde, dans lequel h
:
sance qu'elle doit à Dieu. » — Qui propi- montrer bon, voilà sa nature essentielle et
tiatur... Résumé des principaux
(vers. 3-5) sa conduite incessante. — Judiciwni... in-
bienfaits accordés au psalmiste par le Sei- juriam patientibus. Par suite de sa bonté,
gneur. —
Omnibus (mot accentué) iniqui- il rend justice à tous ceux qui sont oppri-
tatibus. Il n'est pas une de ses fautes qui més iniquement. —
Notas fecit... Vers. 7-8,
n'ait reçu de Dieu un pardon complet. — l'histoire du peuple hébreu démontre la
Sanat... infirmitates... : le mal physique, vérité de l'assertion qui précède. Vias —
guéri comme le mal moral. Redimit de — suas Moysi. Le Seigneur révéla maintes
interitu. Hébr. de la fosse.
: Qui co- — fois à Moïse ses plans tout aimables à l'é-
ronat te.. Gracieuse expression.
. In mise- — gard d'Israël. Ce passage contient une allu-
rlcordia et miserationibus : les fleurs dont sion évidente à la prière que Moïse adressa
se composait cette couronne. Replet in — un jour à Jéhovah Fais-moi connaître tes
:
bonis de saint
desiderium... Ses désirs voies (Ex. xxxin, 13). —
Voluntates suas:
bonheur complètement assouvis. D'après ses desseins pleins de bonté. Dans l'hébreu :
quelques interprètes, l'hébreu signifierait : ses actes, c.-à-d. les prodiges opérés par
Lui qui remplit ta bouche de biens, — son amour de père. —
Miserator et mise-
Résultat de toutes ces faveurs renovabitur : ricors... Moïse avait écrit cette admirable
ut aquH;€...lléhr. : il te fait rajeunir comme définition sous la dictée du Seigneur lui-
l'aigle. Allusion soit à la mue qui renou- même. Cf. Ex. XXXIV, 6. Aussi était -elle
vellechaque année le plumage de l'aigle et devenue en Israël comme une formule na-
de beaucoup d'autres oiseaux soit môme, , tionale pour décrire l'essence divine. Voyez
peut-être, à la croyance populaire des an- lePs. Lxxxv, 15; Joël, ii, 13; Jonas, iv, 2;
ciens, d'après laquelle l'aigle reprenait de Néhémie, ix, 17, etc. —
Longanimis. Il
temjis en temps une vie toute fraîche et attend patiemment avant de s'irriter et de
rajeunie. (Calmet, h. l.) châtier. —
Non in perpetuum... Lorsqu'il
3° Les bontés et les miséricordes du Sei- est obligé de s'irriter, il ne le fait pas sans
gneur envisagées par rapport à tout le réserve; sa bonté calme et retient sa jus-
peuple d'Israël. Vers. 6-18. tice. — Non secundum peccata... (vers. 10).
6-10. Seconde strophe dès le temps de : Pas selon nos fautes mais selon sa misé-
,
Moïse, Dieu a prouvé qu'il est bon pour les ricorde; autrement, quel est Ihomme qui
miséricordieux pour les pécheurs.
affligés et pourrait subsister?
— Faciens misericordias. Être bon, se
, —
472 Ps. Cil, 11-17.
'
Quoniam secundum altitudinem caeli a terra,
corroboravit misericordiam suam super timentes se.
^ Quantum distat ortus ab occidente,
longe fecit a nobis iniquitates nostras.
^ Quomodo miseretur pater filiorum
misertus est Dominus timentibus se.
''
Quoniam ipse cognovit figmentum nostrum;
recordatus est quoniam pulvis sumus.
^ Homo, sicut fœnum dies ejus;
tanquam flos agri sic effïorebit.
® Quoniam spiritus pertransibit in illo, et non subsistet,
et non cognoscet amplius locum suum.
' Misericordia autem Domini ab aîterno,
et usque in seternum super timentes eum.
'
Car autant élevé au-dessus de la terre,
le ciel est
autant a affermi sa miséricorde sur ceux qui le craignent.
il
^ Autant l'orient est éloigné du couchant,
autant il a éloigné de nous nos iniquités.
^^
Comme un père a compassion de ses enfants,
ainsi le Seigneur a compassion de ceux qui le craignent.
* Car il saitde quoi nous sommes formés ;
qui font ressortir davantage encore cette et morale, et cette connaissance excite en
miséricorde de Jéhovah à l'égard des pé- lui une profonde pitié. Cf. Gen. viii, 21.
cheurs. —Secundum altitudinem cœli... Pulvis sumus : formés du limon de la
L'espace incommensurable qui sépare les terre et destinés à redevenir poussière.
cieux de la terre ne dépasse pas l'étendue Cf. Gen. Il 7 Job, vu, 7 Ps. lxxvii, 39, etc.
, ; ;
de la bonté divine, car elle est vraiment 15-18. Quatrième strophe la vie hu- :
infinie. Cf. Ps,xxxv, 6; lvi, 14. Quan- — maine ne dure qu'un jour, la miséricorde
tum distat ortus... Autre distance énorme, du Seigneur est éternelle. Contraste saisis-
et comparaison analogue. —
Longe fecit... sant, comme au Ps. ci, 24-28, et en d'au-
iniquitates... Manière énergique et pitto- tres endroits. Belle pensée, exprimée en
resque de dire qu'il pardonne entièrement un très beau langage. —
Homo, sicut fœ-
les fautes. —
Quomodo miseretur pater... num..., flos agri. Rien de plus éphémère
(vers. 13). Comparaison encore plus déli- qu'un brin d'herbe et qu'une fleur des
cate et plus expressive que les deux pré- champsj sous le soleil brûlant de l'Orient.
cédentes. Cf. Mal. III, 11. La parabole de Telle est la vie de l'homme. Cf. Ps. lxxxix,
l'enfant prodigue (Luc. xv, 11 et ss.) est 5 et ss. Is. xl, 6-8, etc.
; Spiritus per- —
un commentaire tout divin de cette parole. transibit... Dans les régions bibliques, le
— Quoniam... (vers. 14). Motif pour lequel vent, surtout lèvent d'est, transforme ra-
Dieu pardonne avec une bonté si pater- pidement une belle prairie, ou un jardin
nelle les péchés des hommes. —
Cognovit fertile, en un aride désert. Non co- —
figmentum... Lui {ipse, pronom souligné), gnoscet amplius... Hébr. et le lieu qu'elle:
ai
, , , ,
Job, VII, 10, emploie identiquement la est par conséquent inébranlable. Omni- —
même expression, l'appliquant aussi à une bus dominabitur. Écho des psaumes théo-
plante. Manière de dire que ces fleurs, et cratiques (voyez la note du Ps. xcii, 1) :
l'homme repri'senté par elles, ne laissent le règne de Jéhovah n'est donc pas moins
pas de traces de leur rapide passage sur universel qu'éternel. — Benedicite... L'in-
la terre. —
Ab œlerno..., in œtermwi. vitation , adressée aux esprits célestes
Locution d'une grande vigueur, pour mieux (vers. 20-21) et à toutes les autres créa-
marquer la durée sans fin de la bonté di- tures (vers. 22^')). 11 semble que le psal-
vine. —Super tinientes. La condition né- miste distingue ici deux catégories d'anges:
cessaire pour l'exercice de celte infinie l'une plus puissante (vers. 20, potentes
bonté. Elle est répétée jusqu'à quatre fois virtute...), l'autre plus nombreuse (vers. 21,
de suite (comp. les vers. 11'', '13'*, 18). — omnes virtutes: hébr., toutes ses armées).
In fVios filiorum : pendant une longue Les mots ad audiendam vocem... se rap-
série de générations. —
Servant testtinien- portent ii facienles , et relèvent la parfaite
tum : la sainte alliance théocratique. — obéissance des anges. Hébr. Vous qui :
PSAUME cm
* Ipsi David.
De David.
Mon âme bénis le Seigneur.
,
teur pour ses créatures, la bonté avec la- par lequel le psalmiste s'excite à louer le
quelle il s'intéresse à elles après les avoir Seigneur, comme au psaume cii. Il s'é-
tirées du néant. — La magnificence litté- lance ensuite tout droit au cœur de son
raire de ce cantique a été universellement sujet, s'adressant directement, d'après la
admirée. On l'a nommé à juste titre « un Vulgate, au Créateur, dont il chante les
chef-d'œuvre de la poésie biblique », « un œuvres. —
Domine... , magnificatus es...
des plus beaux psaumes de tout le recueil. » C'est le thème du cantique les grandeurs :
depuis le lever du soleil jusqu'au moment lum. Le second jour, avec le « Fiat firma-
où le soir met fin à ses travaux. Ce con- mentum » (Gen.i, 6). —
Sicut pellem : la
traste, ces vues générales sur l'action réci- peau qui sert souvent de couverture aux
proque des phénomènes, ce retour à la tentes. Il n'a pas été plus difficile à Dieu
Liv, % etc. — Qui tegis aquis superiora. ils agissent par lemouvement des vents,
Comp. Gen. i,Dieu fit le firmament,
7 : « et tantôt par l'action du feu. Ils se servent
et il sépara les eaux qui sont au-dessous de ces deux grands agents de la nature
du firmament d'avec les eaux qui sont au- pour exercer la justice ou la miséricorde
dessus du firmament. » —
Nubem ascen- de Dieu envers les hommes. Ils remuent
sum tuum. Hébr. il prend les nuées pour
: les vents ou ils les répriment ils excitent
, ;
son char. M('Maphore semblable à celle du ou ils arrêtent les tempêtes ». (Calmet, h. l.)
Ps. XVII, 10 et ss., etc. — Ambulas super Les anges deviennent donc vents rapides
pennas... Même pensée. Dieu, lorsqu'il et feu brûlant, « en ce sens qu'ils dirigent
descend sur la terre, pour y exécuter ses ces éléments pour le service de Dieu. »
desseins do justice ou de bonté, est censé Mais, quoicjue si puissants, ils ne sont en
prendre les nuages et les vents pour char réalité que des « messagers », comme leur
et pour coursiers rapides. Qui facis — nom l'indique, et que des serviteurs [tni-
angelos... C.-à-d. que Dieu « se sert de nistros tuos) voilà pourquoi saint Paul,
:
ses anges pour exécuter ses ordres. Ces llebr. 1,7, cite ce verset pour démontrer
esprits bienheureux ont toute la prompti- que les anges sont de beaucoup inférieurs
tude du vent et l'activité du feu. Ou bien à Notre-Seigneur Jésus-Christ. La Vulgate
(et cette interprétation est préférable) tantôt et saint Paul se sont conformés à la tra-
,
duclion des Septante. Cette version est par- plus claire, qui se rapproche de l'hébreu:
faitement justifiable sous le rapport gram- « sur ses fondements. » Comp. Job,xxvi,7.
matical. Néanmoins le contexte paraît fa- — Non inclinabitur... Hébr. elle ne sera
:
10-18. Leseaux des fleuves et des pluies, sauvages, dont le livre de Job, xxxix, 8-11,
et leur utilité pour les animaux et pour contient une si belle description. Yoyez
les plantes. —
Qui emittis... Yers. 10-12, VAtlas d'hist. nat., pi. lxxxii, fig. 1, 5;
les eaux des tleuves et leurs heureux effets. pi.Lxxxiii, fig. 5. —
Expectabunt... : ils
— In convallibus. Les Septante traduisent comptent sur ces sources pour s'y désal-
très exactement l'hébreu ev çapay^tv,
: térer. D'après l'hébreu : ils y étanchent
dans les vallées étroites des torrents; les leur soif. — Super ea volucres... Au-dessus
ouadis, comme les nomment les Arabes. de ces sources, perchés sur les arbres qui
— Inter niedhini niontiuni... Réunies de croissent auprès. C'est ce que dit plus net-
manière à former des ruisseaux, puis des tement l'hébreu, qui porte, au lieu de de
rivières, puisdes fleuves, les eaux se medio petrarum...: Ils font retentir leurs
frayent un chemin à travers le labyrinthe voix parmi les rameaux. —
Rigans mon-
des contrées les plus montagneuses. Trait tes... Vers. 13-18, les eaux des pluies et
pittoresque. Le mot acjuai manque dans leurs effets non moins précieux. Il est fait
l'hébreu et dans les anciens Psautiers la- mention assez longuement des plantes, qui
tins. — Potabunt... (vers. 11 et 12). Détails remontent, de même que la séparation
très gracieux, pour montrer le profit que des eaux, au troisième jour de la création.
les animaux retirent des eaux fluviales. — Cf. Gen. I, 9-13. —
De superioribus...
Bestise agri : les animaux sauvages de Hébr. :de ses chambres hautes {'aliyôt);
toute espèce. Petite nuance dans Thébreu : c.-à-d. des nuages, où Dieu a ses réser-
Elles (lessources) abreuvent toutes les voirs d'eau. —
De fructu operum... Le
bêtes des champs. —
Onagri. Les ânes poète nomme ainsi la pluie par laquelle
,
, , •
lisée {satiabitur...) Cf. Gen. ii, 5-6. IIIReg. xvn 12 etc. où ces trois sub-
, , ,
Herbam servituti... : les divers légumes stances sont groupées d'une manière ana-
qui servent de nourriture à l'homme. — logue. Les mots exhïlarei faciem in oleo
ne se rapportent pas aux
onctions tant aimées des
Orientaux, mais au bien-
être et à la joie que pro-
cure une bonne alimen-
tation. — Ligna campi.
Hébr. les arbres de
:
Jéhovah. —
Cedrl Libani.
Cf. Ps. xxYiii, 5; xci, 13
(voyez les notes). Illic —
imsseres... Autres détails
gracieux et vivants. —
Herodii domus dux...
C.-à-d. que le héron a
son nid haut placé, domi-
nant tous les autres. Va-
riante considérable dans
l'hébreu La cigogne a
:
21
482 Ps. cm, 19-24.
*^ Fecit lunam in tempora;
sol cognovit occasum suum.
^^ Posuisti tenebras, et facta est nox ;
in ipsa pertransibunt omnes bestiae silva3.
21
Gatuli leonum rugientes ut rapiant,
et quserant a Deo escam sibi.
22
Ortus est sol, et congregati sunt,
et in cubilibus suis coUocabuntur.
23
Exibit homo ad opus suum,
et ad operationem suam usque ad vesperum.
2i
Quam magnifîcata sunt opéra tua, Domine!
^^
Ila fait la lune pour marquer les temps ;
ï\^.(3, 7); mais c'est le daman, petit pa- cognovit occasum... Le soleil se lève et sej
chyderme timide, habitant des l'oehers, couche régulièrement chaque jour, et tel-j
que le texte original mentionne ici [Allas lement à point, qu'on dirait qu'il connaît]
d'hist. nat., pi. lxxxv, fig. 7). les moindres détails de sa carrière. Cf.i
Ps. xviii, G -7. —
Posuisti te-l
nebras... Les ténèbres se pré-
cipitent sur la terre aussitôt]
après le coucher du soleil, et
bientôt c'est la nuit complète.
— In ipsa... Quelques traits
pittoresques relativement à la
nuit. C'est letemps où les bêtes
fauves rôdent pour chercher
leur proie. —
Qumrant a Deo...
Toujours Dieu, dans les moin-
dres détails. Les animaux, créés
par lui, ont besoin de sa provi-
dence pour subsister, et c'est à
1
Ps. cm, 25-28. 483
Omnia in sapientia fecisti;
impleta est terra possessione tua.
25
Hoc mare magnum et spatiosum manibus :
qui ne frappe pas moins que la multitude Peut-être joueras -tu avec le crocodile?
I
et la variété des êtres créés par Dieu, c'est Divers interprètes ont pensé que le psal-
leur adaptation parfaite à leur fin. La sa- miste fait en cet endroit une supposition
gesse du Créateur brille partout. — Pos- poétique du môme genre. « Les grands
sessione tua. C.-à-d. les créatures, qui animaux marins, ces vastes et terribles
appartiennent naturellement à Celui qui masses, beaucoup plus grosses que n'im-
les a produites. D'anciens Psautiers latins porte quel animal terrestre, ne sont, pour
ont « crcatura tua ». —Roc (pronom pit- ainsi dire, que des jouets à l'égard de
oresque') mare 'magnum. On devient, en Dieu ;il se joue de leur force. » Mais
ïet, muet d'admiration en face de Tim- l'hébreu donne un sens plus simple Ce :
mensité de l'océan. Cf. Job, Xi, 9; Thren. léviathan que tu as formé pour qu'il s'y
1, 13. —Spatiosum nianibus. Les mains joue dans l'océan).
(
e la rner, ce sont ses golfes et ses enfon- 27-30. A tous ces animaux des mers,
ements profonds. —
Illic reptilia... Ex- comme à ceux de la terre, Dieu donne la
wession générale, qui désigne tous les nourriture nécessaire et il leur conserve
raimaux qui se meuvent dans l'océan. — la vie. —
Omnia a te expectant. Même
Quorum non est numerus. La faune ma- pensée qu'au verset 21''. —
Aperiente te
itime, quoique si merveilleuse par ce que manum. Détail pittoresque :cette main si
on connaît de ses espèces multiples, est puissante et si généreuse. — Implebuntur
tnn d'avoir livré tous ses secrets. —Illic bonitate. Mieux ils se rassasient de biens.
:
woes... Un des plus beaux traits de cette — Avertente... faciem...: si Dieu se dé-
<ïène si mouvementée. Pertransibunt : ils tourne d'eux et les abandonne. Auferes—
iUonnent en tous sens les plaines des spiritutn... : leur souffle vital, leur âme.
ïers. —
Draco iste... Dans l'hébreu ce : — Emittes spiritum tuum : l'esprit ctéS'
, ,
teur, vivifiant. Cf. Gen. ii , 7, etc. Ce ver- fin du sixième, son contentement fut plus
set 30 est appliqué d'une manière mystique, vif encore, l'harmonie de l'univers bril-
dans les prières de l'Église, au Saint-Es- lant alors dans tout son éclat « Dieu vit :
prit et aux merveilles de régénération tout ce qu'il avait fait et voici cela était , ,
morale qu'il produit dans les âmes. très bon » (Gen. i, 31 ). Cette satisfaction,
6° Conclusion gloire éternelle au Créa-
: il ne cesse pas de la ressentir. Respicit —
teur. Vers. 31-35. terrant. La puissance infinie de Dieu sur
31-35. Sit gloria... En contemplant ses œuvres d'un regard il fait trembler
:
toutes ces splendeurs, le poète ne peut la terre son attouchement suffit pour
;
contenir ses sentiments de pieuse admi- enilammer les montagnes. — Cantabo Do-
ration, et il les laisse s'échapper de son mino... Le psalmiste ne se lassera pas de
âme ravie. Ce passage correspond au divin célébrer ce Maître adorable. 11 ne désire
sabbat qui suivit la création primitive. Cf. qu'une chose : que ses humbles hommages
Gen. II, 1-3. —
Lsetahitur Dominus... Au lui plaisent {jucundum sit ei...); ce dont
soir de chacun des six premiers jours, le il est sur, c'est que le Seigneur seul fait
Gen. I, 4, 10, 12, 18, 21, 25); mais, à la set 35). Anathème aux pécheurs, qui pro-
^1
,
PSAUME CIV
Alléluia.
^ Confilemini Domino, et invocate nomen ejus,
annuntiate inter gentes opéra ejus.
Alléluia.
•
Célébrez le Seigneur et invoquez son nom ;
C'est comme une guirlande qui se referme. qui jouent le plus grand rôle. Dieu a par-
L'hébreu ajoute encore un « Alléluia » final, faitement tenu la promesse qu'il avait
que la Vulgate a transporté en tête du faite autrefois aux patriarches d'établir
Ps. CIV. leur postérité dans le pays de Chanaan,
Psaume CIV et pour ce motif les Hébreux doivent le
bénir et lui obéir telle est exactement
:
joyeux, qui a passé de la liturgie d'Israël louer le Seigneur à cause de ses bienfaits,
à celle de l'Église chrétienne, signifie : vers. 1-6; 2° Jéhovah s'est souvenu de la
Louez le Seigneur. Son orthographe hé- promesse qu'il avait faite aux ancêtres
braïque est hariu-Yah. Saint Augustin d'Israël ; soin qu'il a pris des patriarches,
nomme « Psalmi halleluiatici » les vingt lorsqu'ils n'étaient que des étrangers dans
cantiques du Psautier qui commencent par la terre de Chanaan, vers. 7-15; 3« faits
un Alléluia dans les LXX et la Vulgate. providentiels qui amenèrent les Hébreux
Ce sont les Ps. civ-cvi, cx-cxviii, cxxxiv, en Egypte, vers. 16-24; 4» la sortie d'E-
cxxxv, cxLV-CL. —
D'après I Par. xvi, 8, gypte, vers. 25-38; 5» les bontés de Dieu
les quinze premiers versets du Ps. civ pour son peuple dans le désert vers. 39-41 , ;
furent chantés par les lévites lorsque Da- , 6° Israël installé dans la terre promise,
vid fit transporter solennellement l'arche vers. 42-45. On le voit, c'est sur la pé-
d'alliance dans le tabernacle du mont Sion. riode égyptienne de l'histoire Israélite
Non que la suite du poème (vers. 16 et ss.) (vers. 16-38) que le poète insiste davan-
n'existât pas alors mais l'auteur des Pa-
; tage Elle lui fournissait des arguments
ralipomènes n'a voulu citer que le début, très forts pour sa thèse.
c.-à-d. l'introduction et le thème, et il 2" Prélude le psalmiste invite les Is-
:
haute voix et publiquement ce saint nom pour sauver son propre peuple. De mêm^
(Symmaque : y.r,p-j<yaixi ,
proclamez). — au verset 7. —
Les mots semen Abrahan
Annuntiate inter gentes... C'est la bonne filii Jacob et electi ejus sont au vocatif
nouvelle portée aux païens, pour les Servi est au génitif et se rapporte à Abra
amener, eux aussi, au vrai Dieu et à la ham.
vraie religion. Le Psautier revient sans 3" Jéhovah s'est souvenu de la promess
cesse sur ce brillant horizon de la catho- qu'il avait faite aux ancêtres d'Israël;
licité de l'Église. —
Opéra ejus : les pro- soin qu'il a pris d'eux lorsqu'ils erraient
diges opérés par Jéhovah en faveur d'Israël. faibles et étrangers, sur la terrede Gha
Comparez le verset 5. — Laudamini est à naan. Vers. 7-15.
la forme moyenne. Glorifiez - vous félici- , 7-11. La promesse du Seigneur à Abra-
tez-vous du privilège que vous avez de ham, Isaac et Jacob. —
Ipse Dominus...
connaître son nom ( in nomine...). Con- — Le poète entonne lui-même la divine
firmamini (vers. 4). C.-à-d. soyez fermes louange à laquelle il vient d'exhorter ses
et constants potir chercher Jéhovah ou ; compatriotes. —
In universa terra... La
bien, soyez forts après Tavoir trouvé. domination de Jéhovah s'étend sur toute
A'ariante dans Ihébreu Cherchez le Sei- : la terre, quoique Israël soit sa nation
gneur son appui.
et —
Qnœrite faciem... chérie. — Memor fuit... Il n'a jamais ou-
Gracieuse métaphore cherchez sa faveur.: blié, malgré les apparences extérieures,
— Judicia oris ejus : les décrets terribles l'alliance {testamenti) qu'il avait contractée
qu'avait lancés Jéhovah contre les nations avec les patriarches, la promesse sacrée
païennes, par exemple, contre les Égyp- (verbi) qu'il leur avait faite. Sa parole
tiens (vers. 25 et ss.), potir protéger et avait toute la force dune loi {quod man-
M
, ,, ,, , , , ,
davit), et devait s'accomplir à jamais. Cl". dramatique de cette pensée. Sur la vie per-
Deut. VII, 9. —
Quod disposuit... Voyez, pétuellement errante d'Abraham, d'Isaac
pour Abraham, Gcn. xii, 7; xiii, '14-17; et de Jacob à travers les tribus chana-
XV, 48-21, et xxn, 16; pour Isaac, Gen. néennes, chez les Philistins, en Arabie
XXVI, 2 et ss. pour Jacob, Gen. xxviii, '13, et en Egypte, voyez Gen. xii, 1,9; xiii,
—
;
et XXXV, 12, etc. Dicons... (vers. 11). 18 XX, 1 etc. Ucbr. xi, 9.
; , ; —
Non reli-
Le psalmiste promesse qu'il
cite enfin la quit hominem... Ils coururent parfois de
a si solennellement annoncée Tibi da- : très grands dangers; mais Dieu les délivra
bo... — Funiculum... : le cordeau avec promptement. —
Corripuit reges : le pha-
lequel on mesurait Théritage puis, au raon égyptien (Gen. xii, 17), et Abimélec,
figuré, l'héritage même. Cl".
;
4" Les faits providentiels qui condui- Gf. Gen. xxxix, 20, et VAtl. arch., pi. lxxi,^
sirent les Hébreux en Egypte. Vers. 16-24. fig. 8. — Ferrum pertransiit... Littérale-^
16-22. Joseph est envoyé d'avance, pour ment dans Son âme vint dans
l'hébreu :
puis pour les établir dans la terre de Ges- prétation que Joseph avait faite des songe?
sen, oîi ils devaient se multiplier libre- du grand échanson et du grand panetieij
ment. Joseph lui-même envisageait ses (Gen. XL, 5 9 et ss.).
et ss.; xli, EU —
malheurs à ce point de vue providentiel. quium Domini inflammavit... L'hébrei
Gf. Gen. xlv, 5. —
In serimni venundatus est plus clair La parole de Dieu l'éprouva]
:
est. Le psalmiste n'insiste pas sur le crime Dieu fit d'abord passer Joseph par le creu^
horrible des frères de Joseph, qui ne fai- set de la souffrance et de l'épreuve avant ,
sait point partie de son sujet; il se con- de l'élever aux plus grands honneurs. —
tente de signaler le fait. —
Humiliaverunt Misit rex, et solvit... Le récit devient très
( saint Jérôme « afllixerunt » ce qui est
: , rapide. G'est, en quelques lignes, l'abrégé
plus conforme à l'hébreu) in compedibus... de tout un chapitre (xli) de la Genèse.
— , , ,
doceret. Comp. Gen. xli, 38-39. Seigneur, pour punir les Israélites qui
23-24. Les Hébreux s'établissent en l'avaient abandonné anima contre eux les
,
breu emploie le verbe gûr, habiter comme la jalousie des Égyptiens et leur fournit
,
un hôte. —
In terra Cham : synonyme de l'occasion de faire éclater leur mauvais
in jEgyptum. Voyez le Ps. lxxvii, 5, et cœur et leur mauvaise volonté contre
la note. — Et auxit (scil. « Dominus ») Israël; il donc simplement, et il
prévit
populum... La famille de Jacob, qui ne permit, mais ne causa pas cette haine
il
se composait que de soixante- dix membres et cette jalousie. » (Calmet, h. l.) Ce der-
lorsqu'elle se fixa en Egypte s'accrut d'une
, nier sentiment nous paraît être le meilleur.
manière si prodigieuse, qu'en deux cent — Dolum facerent. Les Égyptiens eurent
quinze ans elle forma un peuple où l'on recours tout d'abord à la perfidie et à la
comptait six cent mille hommes capables ruse pour affaiblir les Hébreux. Cf. Ex. 1,
de porter les armes. Cf. Ex. i, 7; Num. 10 et ss. —Misit Moysen,... Aaron... : les
I, 44-46; Dent, xxvi, 5, etc. Firmavit — deux représentants de Dieu auprès du
emn super. « Le pharaon dit à son peuple
. . : pharaon. — Verba signorum suorum.
Voilà les enfants d'Israël qui forment un C.-à-d. que le Seigneur leur accorda le
peuple plus nombreux et plus puissant pouvoir d'opérer des prodiges en son
que nous. » (Ex. i, 9.) nom. Littéralement dans l'hébreu Ils ac- :
5o Les bienfaits de Jéhovah pour son complirent parmi eux (parmi les Égyp-
peuple au temps de la sortie d'Egypte. tiens ) les œuvres de ses signes ( les
Vers. 25-38. miracles que Dieu leur indiquait). Le
25-27. Préambule. —
Convertit cor..., ut psalmiste va citer tout au long les prin-
odirent... « 11 abandonna les Égyptiens à cipaux de ces prodiges.
leur libre arbitre, dit Théodoret, et sans
21'
, ,
28-36. Les plaies d'Egypte. Elles ne sont fois kinnim, l'équivalent hébreu de « ci-
pas mentionnées d"après Tordre chrono- niphes » par le mot poux. Cf. Ex. xv, 16.
—
,
Jérôme: « ebuUivit »). Détail dramatique : Les mots ignem comburentem font allu-
in penetralibus regum... Venit cœno- — sion aux éclairs qui accompagnèrent la
myia... La quatrième plaie, vers. 31^^: les grêle (Ex. ix, 24). Percussit vineas... :
mouches. Cf. Ex. viii, 20-32. Voyez aussi effets désastreux de ce lléau. Venit lo- —
la note du Ps. lxxvii, 45. Ciniphes. La — custa. La huitième plaie, vers. 34-35: les
troisième plaie les moustiques. Cf. Ex.
: sauterelles. Cf. Ex. x, 1-20. Et per^^ —
VIII, 16-19. C'est à tort qu'on traduit par- cussit... La dixième plaie, vers. 36
.->- ^
mort des premiers -nés des Égyptiens. Cf. — Non erat... infirmus. Tous purent donc
Ex. XI, 1 et ss. Sur l'expression primi- partir; ce qui n'eut pas lieu sans miracle,
tias... laboris eorum, voyez le Ps. lxxvii, 5, pour une masse d'hommes si considérable.
et la note. —
La cinquième et la sixième — Lxtala est jEgyptus... Cf. Ex. xii, 33.
Les Égyptiens étaient heureux |
PSAUME GV
Alléluia.
* Confitemini Domino quoniam bonus
,
Alléluia.
* Célébrez le Seigneur, parce qu'il est bon
et que sa miséricorde est éternelle.
L'eau miraculeuse, soit à Raphidim, soit Labores populorum. C.-à-d. les villes
à Cadès. Cf. Ex. xvii, 1 et ss.; Num. xx, bâties par les Chananéens les vignes , et les
2 et ss. —
Abierunt in sicco... Détail pit- arbres qu'ils avaient plantés, les champs
toresque, pour relever la grandeur du qu'ils avaient ensemencés. Cf. Deut. iv,
prodige les eaux furent tellement abon-
: 10-11. —
Ut custodiant. Le but de ces
dantes, qu'elles formèrent de vrais tor- bienfaits divins. La fidélité du Seigneur
rents, qui arrosèrent le désert voisin. réclamait la fidélité de la nation. Le psaume
7o Israël dans le pays de Chanaan. Vers. s'achève un peu brusquement par cette
42-45. importante leçon. — L'hébreu ajoute un
42-45. Conclusion. —
Quoniam memor joyeux halHu-Yah.
fuit. Motif pour lequel .Téhovah se montra
si bon et sigénéreux à l'égard d'Israël, — Psaume CV
Verbi sancti sui. Sa promesse sacrée.
Les prévarications perpétuelles des Hé-
Comp. les versets 8-11; Gen. xvii, 7
breux, la miséricordieuse clémence du
et ss. — Eduxit populum... La sortie
Seigneur.
d'Egypte, au milieu de la vive allégresse
des Hébreux {in exultatione). Dédit... — lo Introduction.
regiones gentium : tout le pays de Cha- Ps. CV. — Simple Alléluia servant de
naan, sur les doux rives du Jourdain. titre. Voyez la note du Ps. civ, l". —
494 Ps. CV, 2-4.
^ Quis loquetur potentias Domini?
auditas faciet omnes laudes ejus?
^ Beati qui custodiunt judicium,
et faciunt justitiam in omni tempore.
"*
Mémento nostri, Domine, in beneplacito populi tui ;
L'auteur des Paralipomènes (I, xvi, 34-36) par les faits dont se compose le récit que
cite le premier et les deux derniers versets par le mouvement lyrique 1° invitation :
de ce psaume, qu'il dit avoir étc'; chantés à louer le Seigneur, et humble prière,
lors de la translation de l'arche sur le mont vers. 1-5; 2» ingratitude des Hébreux
Sion, et qu'ii donne comme l'œuvre de auprès de la mer Rouge, vers. 6-12;
David d'où il paraît naturel de concluie
;
3° leurs crimes châtiments durant
et leurs
que le poème entier a été composé par ce leur trajet à travers le désert, vers. 13-33;
prince. Néanmoins de nombreux commen- 4" leurs fautes après leur installation dans
tateurs rejettent cette opinion, alléguant la Terre promise, vers. 34-46; 5» prière
que plusieurs passages du cantique, no- servant de conclusion, vers. 47; 6° doxo-
tamment les versets 4-6 et 47, se rap- logie du quatrième livre des psaumes,
portent à lexil de Babylone. Le problème vers. 48.
n'est pas sans difliculté mais il nous
;
2" Prélude. Vers. 1-5.
semble que l'objection n'est pas concluante, 1-3. Exhortation à louer Jéhovah. —é
attendu que les textes qui lui servent de Confitemini Domino. C'est le second d
base peuvent fort bien s'appliquer aux cinq psaumes qui s'ouvrent par cette sain
épreuves que les Israélites, au début du invitation. Cf. Ps. civ, 1; cvi, 1; cxvn,
règne de David endurèrent de la part des
, cxxxv; 1. — Quoniam bonus,
quoniam^i
Philistins. De plus, n'cst-il pas surprenant Formule très souvent chantée par les Ii
que le poète, dans son résumé de l'histoire raélites dans les cérémonies du culte,
juive, ne soit point allé au delà de la pé- avec un enthousiasme ardent. Cf. II Pa
riode des Juges, s'arrêtant juste à l'époque V, 13; Jer. xxxiii, 11; I Mach. iv, 24, et
de David ? —
Ce cantique a beaucoup d a- — Quis loquetur...? Aucun mortel n'ei
nalogie avec le précédent sous le rapport digne ou capable de célébrer conven
du sujet, car il contient également un blement le Seigneur, tant les prodiges
sommaire de l'histoire des Hébreux. Tou- qu'il a accomplis en faveur de son peuple
tefois, tandis que le Ps. civ relevait sur- sont admirables [potentias, des actiou>
tout les du Seigneur, celui-ci
bienfaits d'éclat) et nombreux [oynnes laudes; l'ad-
mentionne de préférence, à la façon du jectif est fortement accentué). Beati qui —
Ps. Lxxvn, les ingratitudes d'IsraiU envers custodiunt... Sur le point de signaler les
son Dieu et les châtiments qu'elles lui at- désobéissances multiples des Hébreux en-
tirèrent. Aussi le ton n'est -il « pas le vers Jéhovah, le poète félicite hautement
même dans les deux chants » ; ici c'est les âmes obéissantes et fidèles. La morale
« le ton de la pénitence », et là « le ton du psaume entier est contenue dans ce
de l'hymne », de la reconnaissance joyeuse. verset 3.
Le but que se proposait le psalmiste est 4-5. Humble prière ,
pour obtenir qul^
nettement marqué au .commencement et raël , délivré de ses afflictions puisse rev^
i
,
de la nation coupable. —
Comme au psaume toi de moi,... visite -moi. Mais la Vulgato
précédent, la division est plutôt marquée a bien rendu la pensée, car c'est au no
, , ,
mots hébreux. La vraie traduction serait ; Thren. m, 42; Dan. ix, 5, etc. Patres... —
Pour que je voie le bonheur de tes élus non intellexerunt. La longue série des
(de ton peuple choisi entre tous), pour fautes et des ingratitudes s'ouvrit avant
que je me réjouisse de la joie de ta nation. même que les Hébreux eussent quitté le
Le poète souhaite de pouvoir partager pro- sol de ^Ég^•pte. Et pourtant ils venaient
chainement la joie et la prospérité de ses d'être témoins d'éclatants prodiges, accom-
concitoyens, de même qu'il prend mainte- plis pour les sauver; mais témoins tout
nant sa part de leurs tristesses. Ut lau- — superficiels, qui ne voulurent pas com-
deris... Dieu exauce les Hébreux et
Si prendre. —
Irritaverunt ascendentes... :
les délivre, ils proclameront partout sa lorsqu'ils se dirigeaient du côté de la mer
louange. D'après l'hébreu Alin que je
: Rouge. Dans l'hébreu Ils se révoltèrent
:
me félicite avec ton héritage (c.-à-d. avec près de la mer, la mer des Roseaux. Répé-
ton p(>uple). tition poétique d'un bel effet. La mer
3» Les murmures
des Israélites auprès Rougo était ainsi nommée par les Hébreux
de la mer Rouge et
réponse miséricor-
la à cause des nombreux roseaux qui crois-
dieuse du Seigneur. Vers. G-l'-2. saient sur ses bords. Il s'agit icides mur-
6-12. Peccavimus... Transition, et thème mures de révolte que les Hébreux pous-
du psaume (vers. G). Sur le point de ra- sèrent contre Jéhovah, lorsqu'ils se virent
conter les ingratitudes grièves et multiples serrés entre la mer, les montagnes et Tar-
des anciens Hébreux, le psalmiste confesse mée égyptienne. Cf. Ex. xiv, 10 et ss.
,
nonien... : Dieu aurait pu abandonner ces déjà murmurer et se plaindre, parce qu'ils
ingrats ; mais il avait commencé l'œuvre manquaient d'eau. Cf. Ex. xv, 22 et ss.
de leur délivrance en face des païens, et Puis, « le quinzième jour du second mois
la gloire de son nom exigeait qu'il l'a- après leur sortie du pays d'Egypte,.., toute,
chevât. — Increpuit tnare... Vers. 9-12, l'assemblée des enfants d'Israël murmura
le passage miraculeux de la mer Rouge. dans le désert, » regrettant « les pots d(
Cf. Ex. XIV, 15 et ss. In abyssis sicut — viande « de l'Egypte (Ex. xvi, 1-3). Bientôt
in deserlo. Le peuple put marcher à pied encore, autre mouvement de révolte à Ra-
sec dans le Ht de la mer, ainsi qu'on le phidim (Ex. xvii, 1 et ss.) — Non susti-\
fait dans un désert aride. Cf. Ex. xiv, 29. nuerunt consilium... C'est leur défaut de
— Odientium, inimici : les Égyptiens qui foi qui occasionnait leurs rébellions inces-
poursuivaient Israël. Unus... non re-— santes manquant souvent de confiance ai
:
mansit {vers. 11''). Citation presque tex- Seigneur ils n'avaient pas la patience
,
tuelle de l'Exode , xiv , 28. — Et credide- d'attendre l'heure qu'il avait fixée poui
runt... (vers. 12). Heureux effet que pro- l'exécution de ses plans providentiels.
duisit ce glorieux miracle sur les Hébreux. Concupierunt concupiscentiam. Cf. Num.l
Leur louange (laudaverunt...) s'est pré- XI, 4. Désir tout brutal (comme l'exprlmt
servée littéralement jusqu'à nous dans le la formule même) de manger d'autres mets!
sublime cantique de Moïse, Ex. xv, 1 et ss. que la manne. —
Misit saturitatem (LXXa
4» Les ingratitudes d'Israël dans le dé- TÙa\(T\iù^r^) Ils furent rassasiés jusqu'au!
.
sert de l'Arabie Pétrée. Vers. 13-33. dégoût. Cf. Num. xi, 20, 31-33; Ps. lxxvii,}
13-15. Nouveaux murmures contre le 27 - 31 Le mot hébreu razôn a le sens de
.
Seigneur. —
Cito fecerunt, obliti sunt. consomption, dépérissement, et désigne laJ
Hébr. ils se hâtèrent et oublièrent. Ma-
: maladie qui emporta un grand nombre!
nière de dire qu'ils oublièrent immédiate- des coupables (Num. xi, 33-34).
ment. En effet, trois jours après le pas-
, ,
16-18. Révolte de Dathan et d' Abiron Cf. Ps. Lxxvii, 5, et civ,.23, 27.— Et
contre Moïse et Aaron. Cf. Num. xvi-xvii. dixit... (vers. 23). Décret d'anéantissement
— Irritaverunt. Hébr. ils portèrent envie
: que le Seigneur porta aussitôt contre son
à Moïse... C'est contre Aaron surtout que
s'étaient soulevés ces rebelles qui étaient ,
dire que Moïse, en venant implorer la mi- promesse que Dieu avait si souvent réi-
séricorde du Seigneur justement irrité, térée de leur donner ce pays. Voyez le
s'exposa à recevoir lui-même les premiers Ps. civ, vers. 8 et ss., et le commentaire.
coups de sa colère. Cf. Ex. xxxii, 1 1-14, 30. « S'ils avaient fermement ajouté foi à cette
A-insi fait un vaillant guerrier qui, voyant promesse, ils n'auraient pas redouté les
une brèche ouverte dans le rempart de la géants cbananéens. » —
Murmuraverunt
citadelle qu"il défend , s'y précipite pour in tabernacidis... Comp. le Deutéronome,
arrêter les assaillants. I. 27, où ce détail ( « dans leurs tentes »)
24-27. Révolte des Hébreux à l'occasion est aussi mentionné formellement. Ele- —
du retour de ceux d'entre eux qui étaient vavit manum. Le geste du serment. Cf.
allés explorer la Terre promise. Cf. Num. Num. XIV, 28. — Ut p)^osterneret... Le châ-
xni-xiv. — Pro nihilo habuerunt. Ils mé- timent. Cf. Num. XIV, 29, 32, 37, etc. —
prisèrent dédaignèrent cette contrée
et Ut dejiceret. ..Cette menace est empruntée
bénie, si enviable {lerram desiderabilem), au Lévitique xxvi. 33. Cf. Deut. xxviii, 64.
,
et pendant longtemps l'objet de leurs plus 28-31. Autre apostasie honteuse. Ini- —
vifs désirs, lorsque leur imagination, surex- tiati sunt. Hébr. ils se lièrent. Expres-
:
citée par les rapports exagérés de plusieurs sion qui marque une intime union. Beel- —
des explorateurs, eut étrangement grossi phegor. Hébr. Ba'al P^'ôr; le dieu Baal,
:
les difficultés et les dangers de la con- tel qu'il était adoré au mont Phogor, sur
quête. —
Non crediderunt verbo ejus : la le territoire de Moab {Atlas géogr., pi. vu
, , , , , ,
-•'
Et ils Seigneur par leurs œuvres criminelles
irritèrent le
s'accumula parmi eux.
et la ruine
^'^
Alors Phinées se leva et apaisa le Seigneur,
et le fléau cessa.
^^
Et ce zèle lui a été imputé à justice,
de génération en génération à jamais.
32
Ils irritèrent le Seigneur aux Eaux de contradiction
et Moïse fut affligé à cause d'eux
33
car ils aigrirent son esprit,
et il fit paraître de la défiance dans ses paroles.
34
Ils n'exterminèrent pas les peuples
que le Seigneur leur avait marqués ;
Culte honteux, auquel les Hébreux se lais- tradictionis. Hébr. aux eaux de M^ribah.
:
sèrent entraîner par les femmes du pays C'était à Cadèsbarné {Atlas géogr., pi. vi
sur l'instigation de Balaam. Voyez les et vn), la quarantième année depuis la
Nombres, xxv, 1 et ss. — Sacrificia rnor- sortie d'Egypte. —
Vexatus est Moyses...
tuorum. C.-à-d. des sacrifices offerts à C'est là que Dieu lança contre Moïse la
des divinités de néant, par opposition à sentence qui le condamnait à mourir sans
Tunique Dieu vivant etvrai. Cf. Ps. cxiv,3-5. entrer dans la Terre promise. Cf. Num.
— Multiplicata est. Hébr. fit irruption
: XX 12. ,
—
Propter eos. Tout le peuple fut
(comme un torrent qui déborde). Ce châ- cause de ce châtiment, ainsi que Moïse le
timent soudain (plaga) consista en un san- lui reprocha (Deut. i, 37; m, 26, etc.);
glant massacre des coupables. Cf. Num. xxv, car, intimidé et rendu hésitant dans sa foi
4-5, 9. —
Stetit Phinees. Épisode drama- par les doutes de la foule, le serviteur de
tiquement exposé. Cf. Num. xxv, C-8, 10-15. Dieu commit plusieurs imperfections, qu'il
Phinées, qui se leva avec tant de zèle pour eut ensuite à expier d'une manière pénible
venger l'honneur divin, était petit-fils d'Aa- pour son cœur. —
Distinxit in labiis... Il
ron et fils du grand -prêtre Éléazar. — fit paraître de la défiance dans ses paroles.
Placavit. En immolant deux des princi- En effet, lorsqu'il entendit murmurer les
paux coupables, il contribua à apaiser la Hébreux, il s'écria, même après avoir reçu
colère du Seigneur. D'après l'hébreu il : de Dieu l'ordre de frapper le rocher Pour- :
intervint. —
Reputatum est... in justitiam. rons-nous tirer de l'eau de ce rocher?
Sa foi fut récompensée comme celle d'A- L'hébreu paraît signifier Il parla avec lé- :
braham (Gen. XV, 6). Le souverain ponti- gèreté. Symmaque Stfxptvs il discerna,
: ,
ficat demeura dans sa famille jusqu'à la il ne commanda pas au rocher d'une ma-
mort du grand prêtre lïéli; puis, après nière absolue. C'est le même sens.
une interruption momentanée (de Samuel 5° Ingratitudes des Hébreux envers le
à la fin du règne de David), jusqu'à la Seigneur après leur entrée dans le pays de
ruine de l'État juif, Chanaan. Vers. 3^i;-iG.
32-33. Révolte auprès des Eaux de con- 34-39. Double désobéissance aux ordres
tradiction. Cf. Num. XX. —
Ad Aqiias con- divins ils n'exterminèrent point les tribus
:
, , , , , ,
plusieurs reprises. Cf. Ex. xxxiii, 31-32; terre fut profanée. Le Psautier romain etj
xxxiv, 11-15; Deut. vu, 16, etc. Et di- — saint Augustin ont « interfecta est », d'a-
dicei^nt... Ils imitèrent promptement les près une traduction trop servile des Sep-j
crimes de ces peuples, surtout leurs in- tante (le verbe IçovoxtovïÎOy) signifie ici :[
fâmes pratiques d'idolâtrie, comme il est fut souillée de meurtres). — Fornicatil
dit assez longuement aux vers. 36-39. — sunt : par l'idolâtrie. Voyez le Ps. LXXii, 27,j
In scandalum. Hébr. un piège. Méta- : et la note.
phore analogue une occasion de ruine
: 40-46. Indignation très vive du Seigneur,]
morale, de péché. —
Immolaverunt filios... et châtiment des Israélites coupables. Ce
Le comble de l'horreur et de la cruauté. passage correspond à la période des Juges.!
Sur ce rite horrible voyez Lev. xviii 21
, ,
;
— Iratus... furore, abominatus est. Expres-j
XX, 2 et ss. — Dxmoniis... D'ordinaire, sions très énergiques. Les effets de la co-|
c'étaient les démons qui, en fin de compte, 1ère divine ne sont pas moins fortement]
profitaient du culte idolâtrique. Cf. I Cor. décrits : tradidit... , tribulavetnint... Cf.
X, 20. — Et effudei^nt... (vers. 38). Détails Jud. II, 14; III, 12-13; x, 7, 9, etc. — Saepi
, ,
''"^
Leurs ennemis les tourmentèrent,
et ils furent humiliés sous leurs mains.
^^ Souvent Dieu les délivra;
mais ils l'irritèrent par Vimpiété de leurs desseins,
et ils furent humiliés par leurs iniquités mêmes.
^^ Et il les vit dans leur détresse,
et il écouta leur prière.
^^ Il se souvint de son alliance,
grandeur de sa miséricorde,
et se repentit selon la
^^ et d'eux l'objet de ses miséricordes,
il fit
liberavit eos. Vers. 43-40, beau résumé, s'est montrési souvent miséricordieux en-
qui rappelle celui du livre des Juges, ii, vers son peuple coupable; ne pardon-
40-23 alternatives de chutes, de châti-
: nera-t-il pas cette fois encore? —Salvos
ments, de pénitence et de pardon. Exa- — nos fac : conformément aux antiques pro-
cerbaverunt... in consilio suo. Ils sui- messes (Deut, XXX, 3-4, etc.). —
Congrega...
vaient, pour leur plus grand mal, leurs de nationibus : du milieu des nations
propres desseins, habituellement criminels. païennes parmi lesquelles les Israélites
au lieu d'obéir aux volontés divines. — ,
PSAUME GVI
Alléluia.
Confitemini Domino quoniam bonus,
quoniam sœculum misericordia ejus.
in
Dicant qui redempti sunt a Domino,
quos redemit de manu inimici,
etde regionibus congregavit eos,
Alléluia.
Célébrez le Seigneur parce qu'il est bon,
parce que sa miséricorde est éternelle.
Qu'ils le disent ceux qui ont été rachetés par le Seigneur,
ceux qu'il a rachetés de la main de l'ennemi,
et rassemblés de tous les pays
varie légèrement avec chaque livre. — Et lude (vers. 1-3) et d'une conclusion plus
dicet oninis 2oopulus... Sorte de rubrique brève encore (vers. 43), cinq tableaux très
propre à ce passage, et destinée à indiquer soignés : 1° exilés que Dieu protège et
au peuple la réponse qu'il devait faire à qu'il fait rentrer dans leur patrie, vers. 4-9;
la formule qui vient d'être citée, lorsqu'on 2° captifs auxquels il rend la liberté,
chantait le Ps. cv dans les cérémonies du vers. 10-16; 3" malades auxquels il ac-
culte. — Fiat, fiat. Ilébr. : 'Amen, hal'lu- corde la santé, vers. 17-22; 4» naufragés
Yah. qu'il conduit au port, vers. 23-32; 5" le
bonheur et le malheur sont entre les mains
Livre cinquième, (l^s. CVI-CL. ) de Dieu, vers. 33-42. Chacun des quatre
premiers tableaux contient deux refrains :
toire d'Israël, et parfois elle est allégo- de l'exil leur permit de quitter toutes ces
rique. Gomp. 17 et ss., 23 et ss.
les versets régions pour regagner la patrie. —
A salis
Ce poème, qui d'une grande beauté »,
est « ortu, et occasu... Dans les indications -de
contient, indépendamment d'un court pré- ce genre, l'expression mari désigne habi-
, , , ,
ab aquilone, et mari.
^ Erraverunt in solitudine, in inaquoso;
viam civitatis habitaculi non invenerunt.
•'•
Esurientes et sitientes,
anima eorum in ipsis defecit.
''
Et clamaverunt ad Dominiim cum tribularentur,
et de necessitatibus eorum eripuit eos,
et deduxit eos in viam rectam
'^
'
de l'orient et du couchant,
du nord et de la mer.
'*
Ils ont erré dans le désert, dans les lieux arides,
sans trouver une ville où ils pourraient habiter.
'
Souffrant de la faim et de la soif,
leur âme était tombée en défaillance.
^ Alors ils crièrent au Seigneur dans leur tribulation,
et il les tira de leurs nécessités,
'
et il les conduisit dans le droit chemin,
pour les faire arriver à une ville qu'ils pussent habiter.
^ Qu'ils célèbrent le Seigneur pour sa miséricorde,
et pour ses merveilles en faveur des enfants des hommes
^ car il a rassasié l'âme épuisée,
et il a rempli de biens l'âme aflamée.
pruntés au trajet des Hébreux à travers « misericordias ejus », ce qui est la vraie
le désert, après la sortie d'Egypte. Cf. traduction. — Qxiia satiavit... Autre partie
Ps. Lxvn, 7; Lxxvn, 40, etc. In solitu- — du opposé aux souffrances
bienfait divin,
dine, i)i inaquoso. Ilébr. dans le désert,
: qui ont été décrites dans le verset 5. —
dans la solitude sans roule. Civitatis — Aniniam inanem. Hébr. l'àme altérée.
:
*
quia exacerbaverunt eloquia Dei
et consilium Altissimi irritaverunt.
^ Et humiliatum est in laboribus cor eorum ;
^"^
Il de la voie de leur iniquité;
les a retirés
avaient été humiliés à cause de leurs injustices.
car ils
48
Leur âme avait en horreur toute nourriture,
et ils étaient près des portes de la mort.
10
Et ils crièrent au Seigneur dans leur tribulation;
et il les tira de leurs nécessités.
20
11 envoya sa parole , et il les guérit
et il les arracha à la mort.
21
Qu'ils louent le Seigneur pour sa miséricorde,
et pour ses merveilles en faveur des enfants des hommes.
22
Qu'ils lui oftrent un sacrifice de louange,
et qu'ils publient ses œuvres avec allégresse.
23
Ceux qui descendent sur la mer dans des navires,
et qui travaillent sur les vastes eaux
fit de Tombre de la
sortir des ténèbres et lement les malades. Détail très caracté-
mort. Comme dans
strophe précédente,
la ristique.— Portas mortis les portes du :
le divin bienfait est directement opposé séjour des morts, du Métaphore dra- s^'ôl.
aux maux qu'il faisait cesser de même ; matique. — Et clamaverunt... Le pre-
dans les deux tableaux qui suivent. Con- — mier refrain; comp. les versets 6 et 13.
fîteantur... Le second refrain. Comparez Aux vei's. 19 et 20, l'humble recours à
le verset 8 et la note. — Portas œncas, Dieu et le salut. —
Misit verbum suum :
vectes... portes de la prison, bardées
: les son ordre tout-puissant. Comp. Job, xxxiii,
de fei-, et les barres transversales qui ser- 18-22, oVi l'on trouve un beau commen-
vaient à les consolider et à les fermer. taire anticipé de ce passage. De interi- —
5" Troisième tableau malades auxquels: tionibus eonim. llébr. de leurs fosses.
:
Dieu rend la santé. Vers. 17-22. Le sépulcre s'ouvrait déjà tout béant pour
17-22. Suscepit eos... Vers. i7-i8, des- les recevoir. — Confîteantur... Vers. 21-22,
cription du châtiment. La Vulgate men- invitation remercier un Dieu
à bon. si
tionne immédiatement la délivrance, c.-à-d. Comp. les vers. 8 et 15. — Et sacrificent...
le pardon des crimes qui avaient causé la Au lieu d'insister, comme aux strophes
maladie. La leçon de l'hébreu est très dif- précédentes, sur les détails du bienfait di-
férente, et signale avec énergie la folie vin, le psalmiste développe son exhorta-
morale des hommes qui s'étaient attiré un tion à l'action de grâces.
(châtiment si grave « Insensés! par leur
: 0° Quatiième tableau naufragés que :
22
, , , , , ,
^''
ipsi viderunt opéra Domini
et mirabilia ejus in profundo.
-^ Dixit , et stetit spiritus procellse
et exaltati sunt lluctus ejus.
'^^
Ascendunt usque ad caelos,
et descendunt usque ad abyssos ;
tati... fluctns. —
Ascendunt...,
descendunt. Les redoutables
. .
In aquis mullis. Mieux sur les eaux im- : description du livre des Proverbes, xxiilj
menses. Par conséquent, au loin. Vide- — 3^ , où pour exprimer les sensatioi
,
runt opéra Domini. Ces mots sont expli- d'un homme ivre, on dit qu'il se crofi|
qués par les suivants mirabilia ejus, les
: agité par les vagues.— Omnis sapientia.
merveilles que Dieu opère au milieu de devorata : c.-à-d. anéantie. La sagesse
l'abîme des eaux [in profundo) soule- , humaine est impuissante devant de tels
, ,, , ,
PSAUME CVII
^
Canticum Psalmi, ipsi David.
^
Cantique psaume, de David.
sur les bons (recti) et sur les méchants Ps. CVII. — 1. Le genre du poème:
[iniquitas) par ces dispositions de la Pro- canticum psalmi (hébr. : «ù* mizmot
I
,
car votre miséricorde s'est élevée plus haut que les cieux
et votre vérité jusqu'aux nues.
Soyez exalté, ô Dieu, au-dessus des cieux,
et que votre gloire brille sur toute la terre.
Pour que vos bien -aimés soient délivrés,
sauvez-moi par votre droite et exaucez-moi.
Dieu a parlé dans son sanctuaire :
saint roi lui-même, de manière à former intime de son âme, et pas seulement du
I
|un chant nouveau. Les vers. 2-6 pro- bout des lèvres. Le Ps. lvi a simplement ;
Imande à Dieu un prompt secours contre 3" Deuxième partie : appuyé sur un divin
Ides ennemis puissants et redou tailles. — oracle, suppliant espère et demande
le
jDeux parties, qui correspondent aux deux un triomphe complet contre les ennemis
[fragments juxtaposés 1° action de grâces : d'Israël. Vers. 7-14.
jinticipée pour la victoire, vers. 2-6; 2" ap- 7-10. Seconde strophe l'oracle par le-
:
puyé sur un oracle divin le suppliant , quel Dieu avait promis la victoire. —
|îspèi\i et demande un triomphe complet, Susceptio capitis (vers. 9). Au Ps. lix,
rers. 7-14. —
Pour les notes, voyez les d'après la Vulgate, « fortiludo capitis, »
|i*s. LVi et Lix; nous ne signalerons ici que ce qui protège sa tète, ou son casque,
les principaux changements apportés par comme dit clairement l'hébreu. Lebes —
|e poêle à son œwvre primitive. spei (vers, 10). Au Ps. lix., « olla » dans
, , , ,
PSAUME GVIII
'
In fmem, Psalmus David.
*
Pour la fin, Psaume de David.
grand roi. — Le sujet est analogue à celui du malice des ennemis du psalmiste. Vers. 2-5.
Ps, i.xviii. Cf. Ps. XXXIV, 11 et ss. Le psal- 2-5. Deus, laudem meam ne tacueris.
misle endure de grandes souffrances de la Calomnié par ses ennemis, David conjure
part d'hommes ingrats qu'il avait comblés
,
le Seigneur de manifester son innocence.
de bienfaits, mais qui maintenant le mé- L'hébreu exprime un autre sens Dieu de :
ici par la bouche de David », c.-à-d. l'es- mon affection, ont été mes adversaires
ils
prit de l'Ancien Testament, lequel ne (littéralement ils ont agi en satan à mou
:
possédait pas encore la suavité de la nou- égard). Ils lui font la guerre, non seule-
velle Alliance. —
Le verset 8 a été appliqué ment sans motif, mais avec la plus noire in-
par saint Pierre, dans le sens spirituel, au gratitude. —
Ego autem orahain. Dans l'hé-
traître Judas. Cf. Act. i 20. , —
Division : breu Et moi prière. « Expression concise,
:
,
la malice des ennemis de David vers. 2-5; , il se plongeait dans la prière, son unique
^v-kJ
,
ingrats. condamné. —
Oratio ejus... La prière par
3° Les anathèmes. Vers. G -20. laquelle il essayerait de fléchir son juge.
Après avoir employé jusqu'ici le pluriel — Fiat in peccatum. Qu'elle aggrave par
pour désigner ses ennemis, David parle conséquent sa sentence. —
Dies ejus pauci.
maintenant d'eux au singulier, soit pour Une vie courte était d'ordinaire regardée
les mieux atteindre par des malédictions comme un châtiment du ciel. Cf. Ps. liv, 2i.
individuelles, soit parce qu'il avait plus — Episcopatum ejus : son office, son em-
particulièrement en vue le principal d'entre ploi, comme dit Thébreu. Sur l'application
eux, Saiil, l'instigateur véritable de tous laite de ce texte à Juda voyez le livre des
,
l'autorité d'un juge méchant, inique, qui vagabonds. Constamment errants, sans
le traite sans la moindre pitié. Les ver- pain et sans repos, à la façon de Caïn
sels (j^-1 continuent la métaphore, et (cf. Gen. IV, 12), et réduits à la mendi-
nous font assister à une vraie scène de cité.— Ejiciantur... D'après l'hébreu :
ji^gcment. —
Diabolus... a dextris. Hébr. : Qu'ils cherchent (du pain) loin de leur
Que salan se tienne... Mais, ici comme demeure en ruines.
en d'autres passages, ce mot est pris dans 11-15. Que le traître soit châtié dans
le sens général d'adversaire. Cf. I Rç^. ses biens, dans sa postérité, dans sa répu-
XXIX, 4; II Rcg. XIX, 2, etc. Le prophète tation.— Scrutetur fœnerator. Trait pitto-
Zacharie, m, 1, nous apprend que, dans resque. 11 s'agit d'un créancier avide, qui
tun procès criminel, le principal accusa- fait un rigoureux inventaire des biens de
teur se tenait à la di'oite de l'accusé. son débiteur, pour lui tout enlever. L'imago
22^
. , ,
514 /
Ps. GVIII, 12-18.
'^
Non sit illi adjutor,
nec sit qui misereatur pupillis ejus.
'^ Fiant nati ejus in interitum;
in generatione una deleatur nomen ejus.
14
In memoriam redeat iniquitas patrum ejus in conspectu Domini,
et peccatum matris ejus non deleatur.
Fiant contra Dominum semper,
et dispereat de terra memoria eorum;
16
pro eo quod non est recordatus facere misericordiam
'^
et persecutus est hominem inopem et mendicum,
et compunctum corde mortifîcare.
Et dilexit maledictionem , et veniet ei ;
l'expression ne soit pas moins énergique : de les pardonner. Fiant contra Domi-
Qu'on s'empare violemment, Alieni est — num...: à savoir, les crimes de ses ancêtres
fortement accentué Que ses biens passent
: et de sa mère. Qu'ils soient constamment
à des étrangers, à des inconnus, et point sous les yeux du souverain Juge, criant
à ses enfants. —
Non sit... adjutor. Hébr. : vengeance. — Et dispereat. Le résultat
Que nul ne continue d'avoir pour lui de final. Cf. Ps. xxxiii, 17; lxxxix, 8-9.
la miséricorde. —
Nati ejus ia interltum. Donc, « qu'il ne reste de souvenir ni de
Souhait de complet anéantissement pour lui ni des siens. »
la famille du coupable, à la suite des maux 46-20. Ce châtiment n'est que trop mé-
décrits au verset 10. Et cela bientôt in : rité ; c'est le « par pari refertur ». Le
generatione una; dès la génération sui- psalmiste justifie sa demande si extraordi-
vante, comme dit l'hébreu. — Inruemojnam naire {pro eo quod...). —
Non est recor-
redeat. . Qu'il ait à expier, outre ses propres datus... Tout cœur humain devrait cepen-
péchés toutes les iniquités de ses ancêtres,
, dant songer à être bon. —
Persecutus est...
conformément aux antiques menaces du inopem. Faute positive, plus grande en-
Seigneur. Cf. Ex. xx , 5. — Peccatum nia- core. —
Et compunctum... Le comble de
tris ejus... C'est la même pensée : qu'il la méchanceté : vouloir donner la mort
soit lui-même châtié pour les fautes de sa {mortificare) à un homme sans défense,
— , ,
emploie deux noms différents Y^hovah : .^uavis est... Comp. lxix, 17.
le Ps. Quia —
'Adonaï. —
Facmecwm. C.-à-d. agis pour egenus... De Dieu, le psalmiste passe à lui-
. ,
parts ; de là cette comparaison très expres- tu...; qu'importe, après tout, au psalmisteJ
sive. —
Genua... infirmata... a jejunio. que ses ennemis le maudissent, si le Seii
Son angoisse l'empêche de manger, et ses gneur le comble de ses grâces? Le second f
jeûnes réitérés lui ont enlevé toutes ses confundantur, servus tuus... livtabitur.
forces. — Caro... inimulata. Sa chair se — Induantur. operiantur. Même méta-
. , . .
flétrit, parce que, dans son deuil, il ne phore qu'aux versets 18 et 19. Diploide. —
fait plus ses onctions fortifiantes {propter Ample vêtement, qui pouvait faire deux
oleum). Variante dans l'hébreu Ma chair : fois le tour du corps {Atlas archéol., pi. m,
, ,
PSAUME GIX
'
Psalmus David.
Dixit Dominus Domino meo :
^
Psaume de David.
Le Seigneur a dit à mon Seigneur :
fig. 9). Ilébr. : m^'ïl, un grand manteau. des juges de son âme, c.-à-d. de ceux qui
Qu'ils soient couverts encore et encore de le condamnaient à mort malgré son inno-
confusion. cence.
Psaume CIX
Le Messie, roi et prêtre, victorieux
de ses ennemis.
i° Le titre. Vers. 1^.
Ps. CIX. —
1^. L'auteur David. « Nous
:
peu nombreux dont on peut affirmer avec le sacerdoce du Christ, sont énoncées
certitude quils sont exclusivement mes- d'une manière saisissante, sous forme de
sianiques (voyez l'Introduction, p. 23). deux oracles émanés de Jéhovah lui-même
Jésus -Christ se servit un jour du premier (vers. 1 et 4). Après chaque oracle, le
verset pour démontrer sa divinité aux pha- poète prend la parole, pour en faire l'ap-
risiens, et le silence forcé de ses adver- plication et en montrer l'accomplissement.
saires prouva que son argumentation était 2° Première partie le Messie, Dieu et
:
et ss.; I Cor, xv, 25; Hebr. i, 13; v, 6; Y^hovah à mon 'Adôn. Celui dont David
VIT, 17-21; x, 13, etc. La tradition chré- entend la parole dans son extase prophé-
tienne est à peu près unanime sur ce point. tique, c'est Jéhovah en personne, le Sei-
Quant aux rationalistes ils se donnent une
, gneur par excellence, et il s'adresse à
vraie « peine de Tantale » quand ils tra-
,
quelqu'un qui lui est soumis, il est vrai,
vaillent à éliminer le sens messianique. d'une certaine manière, mais qui n'en est
Les annales juives dans leur plus grande pas moins le Seigneur {'Adôn) de David
étendue, d'Abraham aux Machabées, sont lui-même. C'est au Verbe incarné que
insuffisantes pour leur fournir des person- parle ici Dieu le Père; au Messie, qui,
nages dont ils puissent faire convenable- quoique fils de David selon la chair, de-
ment le héros du Ps. cix. « C'est le Messie meure infiniment supérieur à son ancêtre
seulement, et point un roi terrestre, que par sa nature divine. Cf. Matth. xxii 41 ,
David pouvait appeler son Seigneur; du et ss. — Sede a dextris... Voici l'oracle
Messie seulement il pouvait attendre une annoncé avec tant de pompe. « De nul
victoire complète sur tous ses ennemis, autre on ne lit que Dieu lui ait jamais
et, par suite, l'établissement d'un royaume adressé une parole semblable... De même
où régnerait à jamais la paix à lui seul il
; que Salomon, faisant asseoir sa mère à sa
pouvait attribuer une participation à la droite, en fit son égale dans les honneurs
toute -puissance divine (l'action de siéger royaux, ainsi Dieu, en disant à son Fils,
à la droite du roi céleste, par conséquent Jésus-Christ Assieds -toi à ma droite, le
:
I
,
d'avance une limite à la céleste royauté du universelle {ex Sion). De Sion le Seigneur
Messie, puisqu' « il s'est assis pour tou- « enverra » donc (hébr. étendra), c.-à-d.
:
jours à la droite de Dieu » (llebr. x, 12), fera rayonner, fera reconnaître partout le
et que « son règne n'aura pas de fin » sceptre tout-puissant (c'est le sens du mot
(Luc. I, 33); elle a seulement pour but virçjam) de Notre -Seigneur Jésus -Christ.
d'indiquer que la soumission complète des Pas de bornes à cet empire; aussi le poète
ennemis du Sauveur est comme un point n'en mentionne-t-il aucune. Cf. Ps.ii,lxxi.
central dans l'histoire du salut, et qu'après — Dominare... (hébr. foule aux pieds).
:
'^
Juravit Dominas, et non pœnitebit eum :
'^
Le Seigneur a juré, et il ne s'en repentira point :
(dans les splendeurs des saints). » (Calmet.) de ces héros; volontiers ils se sacrifient
— Ex utero. Belle métaphore, pour signi- pour leur général, car ils ne sont pas de
fier que le Messie a été engendré de la vulgaires mercenaires. Ce n'est pas sans
substance même de Dieu le Père. « 11 l'a raison que le psalmiste les désigne par le
engendré de son sein, de sa nature, de nom de « jeunesse » il exprime de nou-
;
ses entrailles, de sa substance, de la moelle veau par là leur bravoure. 2° Cette milice
même de sa divinité » (saint Jérôme). est nombreuse; elle est même innom-
C'est ce qu'explique très bien aussi le car- brable, comme le montre la belle image
dinal de Bérulle Disc. sur l'état et les
, X de la rosée. Les gouttes de rosée jaillissent
grandeurs de Jésus : « C'est le propre du silencieusement, par myriades, du sein de
père d'engendrer, et c'est le propre de la l'aurore; l'armée du Christ apparaît tout à
mère de concevoir et de porter en son coup, elle aussi, en bataillons serrés (cf.
ventre l'enfant qu'elle a conçu du père; et II Reg. XVII, 11-12). 3° En allant au com-
l'un et l'autre convient au Père éternel, bat, la milice du Messie est parée comme
qui engendre, et engendre on soi-même, pour une ci-rémonie religieuse. En efi*et,
et qui porte en son sein son Fils unique, les mots h'iiadré-qôde'é dénotent les orne-
et l'yporte et l'y engendre éternellement. » ments liturgiques des prêtres et des lé-
— Ante luciferiim : avant qu'aucune au- vites. II Par. XX, 21, nous voyons les mi-
rore aucun astre n'existât; par consé-
, nistres sacrés, ainsi vêtus, s'avancer en
quent avant tous les siècles, éternellement. corps devant l'armée Israélite; ici, c'est
« Hoc est ante sidéra, et quod est ante , l'armée tout entière qui porte cette sainte
sidéra, hoc est ante tempora; si ergo ante parure. Cf. Apoc. xix, 14. On le voit, il—
tempera, ab ceternitate. » (S. Augustin.) n'est pas possible d'opérer une conciliation
— Genui te. Génération déjà mentionnée réelle entre ces données du texte hébreu
au Ps. n, 7. —
Telle est, à part des nuances et celles de la Vulgate, malgré les louables
sur un certain nombre de points secon- efforts de quelques savants catholiques.
daires l'interprétation assez générale de
, Au reste, « l'enchaînement des images fa-
l'antiquité chrétienne, et il est évident que vorise la leçon de l'hébreu » (Le Hir) la :
les Septante et la Vulgate ne pouvaient suite des pensées y est, en effet, plus claire
pas en recevoir d'autre. Mais le texte hé- et sans secousse. En outre, différentes ver-
breu réclame une traduction notablement sions anciennes favorisent aussi sur plu-
difTérente. Voici celle que donnent les sieurs points les variantes du texte primitif.
meilleurs hébraïsants contemporains « Ton : Par exemple, saint Jérôme traduit: « Populi
peuple accourt au jour de ton appel aux tui spontanei erunt in die fortitudinis tuœ,
armes , dans une sainte parure ; du sein in montibus sanctisquasi de vulva orie-
;
de l'aurore, comme
rosée, à toi vient
la tur tibi ros adolescentiœ tuœ. » Aquila et
ta jeunesse. » La liaison avec ce qui pré- Symmaque à peu près de même.
cède est très simple. Quoique sur du divin 3" Le Messie, prêtre et vainqueur de ses
concours et de la victoire finale sur ses ennemis. Vers. 4-7.
ennemis (vers. 1 et 2), le Messie devra se 4-7. Juravit Dominus... Le poète intro-
lancer lui -môme dans la mêlée; de plus, duit brièvement et solennellement ce se-
d'après le plan providentiel, il aura besoin cond oracle, comme il avait fait pour le
de valeureux soldats le poète indique: premier (cf. vers. \^); il relève ainsi l'im-
précisément ici ce que sera cette milice portance de cette révélation sublime, k 11
du roi de Sion. De toutes manières elle a vu (le Messie) dans les lumières des
est digne de son chef et de sa noble cause. saints,... pontife éternel et sans succes-
1° Elle est vaillante, et accourt autour de seur, ne succédant aussi à personne, créé
lui dès qu'il fait entendre son cri de guerre. extraordinairement, non selon l'ordre d'Aa-
L'expression n^dàhôt met en relief le gé- ron, mais selon l'ordre de Melchisedech,
Ps. GIX, 5-6. 521
^ Dominus a dextris tuis ;
confregit in die irai susc reges.
^ Judicabit in nationibus ;
implebit ruinas;
conquassabit capita in terra multorum.
[texte hébreu), prédira le caractère sacer- plein de cadavres, » mettant sous nos yeux
dotal du Messie. Zacharie nous montrera le champ de bataille jonché des cadavres
à son tour, vi, 12-13, les deux dignités de des ennemis. Cf. Is. lxvi, 24; Apoc. xix,
roi et de prêtre étroitement associées dans 17-18, 21. —
Capita i)i terra multonoii.
la personne du Messie « 11 portera, dit-il, : C.-à-d. « capita multorum in terra ». Mais
les insignes de la majesté, il s'asseoira et l'hébreu porte Je broie les têtes sur une
:
-dominera sur son trône, il sera prêtre sur vaste étendue. Le Christ est vainqueur de
son trône. » Mais à David revient l'hon- ses ennemis par toute la terre. De tor- —
neur d'avoir été premier éclairé d'en
le rente in via bibet. Ici le sujet change :
haut sur ce point important. Rien de plus ce n'est plus de Jéhovah qu'il est ques-
vtonnant, à première vue, que ce sacer- tion, comme aux versets 5-6, mais du
, —
522 Ps. GIX, 7 — ex, 1
PSAUME ex
Alléluia.
^
Confîtebor tibi , Domine , in toto corde meo
in consilio justorum, et congregatione.
Alléluia.
* Seigneur, je vous célébrerai de tout mon cœur
dans la réunion et dans l'assemblée des justes.
Messie. Le combat sera si chaud si rude, , CXI, à tel point qu'on les a nommés des
si grave par conséquent, que le Christ, à « frères jumeaux ». Au point de vue de la
la tète de ses bataillons, n'aura pas le forme, ils sont l'un et l'autre sentencieux
traîne en avant. Mais aussi, « pour cela » félicité des justes eux-mêmes, » ces fidèles
même (propterea), à cause de son indomp- amis de Jéhovah. Le parallélisme est peu
table courage et de ses fatigues héroïque- rigoureux la liaison dos pensées peu serrée ;
,
Ps. CX. —
Pas de titre proprement dit, tout son cœur, de toutes ses forces, et
mais seulement Y alléluia initial, que nous donner à sa louange toute la solennité,
retrouverons en tête des huit psaumes toute la publicité qu'elle mérite; pour cela,
suivants dans la Vulgate (seulement des la proclamer in consilio justorum..., au
deux suivants dans l'hébreu). L'auteur— milieu des assemblées religieuses de la
et l'époque de la composition sont in- nation entière. Magna opéra... (vers. 2).
connus. —
Il existe de frappants rapports Le poète se met aussitôt à réaliser sa pro-
de ressemblance entre les psaumes ex et messe et à célébrer les bienfaits divins,
, , , .
vrais prodiges de puissance et de bonté. avec une nuance les prodiges que chante
:
toutes les intentions que Dieu se propo- constamment fidèle {memor. in sœcuhim) . .
sait en les opérant. Ainsi donc, pour bien — Virtutem operum... annuntiabit...
comprendre les splendeurs des œuvres di- (vers. 6). La construction est restée tout
vines, il faut les considérer sans cesse, hébraïque dans les traductions grecque et
non seulement en elles-mêmes, mais sur- latine; c'est donc par le texte original
tout dans le plan de Jéhovah, qui montre qu'il expliquer ce verset. Littérale-
faut
leur vrai but et met en relief leur par- ment : annoncé la force de ses œuvres
Il a
faite beauté. —
Confessio et 'magnifi- à son peuple, en leur donnant {ut det est
centia... (vers. 3). Toutes les œuvres du pour « dando » ) l'héritage des nations.
Seigneur portent le cachet dune incom- Cela signifie qu'en livrant aux Israélites,
parable grandeur. La justice la plus par- selon son antique promesse, la terre de
faite les caractérise également {justitia Chanaan, occupée auparavant par les païens
ejus...). — Memoriam... (vers. 4). Ce mot {hereditateni gentium), Jéhovah proclama
désigne les iêtes instituées en Israël par et manifesta hautement sa toute-puissance.
— Opéra manuum ejus... (vers.
,
PSAUME CXI
mains divines sont vérité et justice, parce c'est perfection quand on aime, » a dit
qu'elles sont la réalisation du vrai, qui saint Augustin. —
Intellectus bonus...
persévère fidèlement, et du droit, qui se Ceux-là sont réellement intelligents qui
maintient victorieusement. Fidelia... — pratiquent les commandements divins {fa-
tnandata... (vers. 8). Allusion aux pré- cientibus eum : l'hébreu porte «. ea » au
ceptes imprescriptibles du Sinaï: Ils dure- pluriel; dans la Vulgate, le pronom re-
ront toujours {con/irmata in sœcubwi...), tombe sur « timorem »). Cf. Prov. xiii, 15.
parce qu'ils reposent sur des bases que — Laudatio ejus. La louange de Jéhovah
rien ne saurait détruire facta in veritate
: d'après le contexte. Excellente conclusion,
et œquitate. Cf. Ps. xviii, 8. — Bedem- qui résume tout le psaume.
ptionem misit... (vers. 9) : la délivrance
du joug des Égyptiens. — Mandavit... Psaume CXI
testamentum. Encore ralliance théocra- Le bonheur des justes.
tique, que le Seigneur avait établie comme
une loi sacrée. —
Sanctum et terribile 1° Le titre.
*
Heureux l'homme qui craint le Seigneur,
et qui met ses délices dans ses commandements.
- Sa race sera puissante sur la terre;
la postéritédes justes sera bénie.
•'
La gloire et les richesses sont dans sa maison,
et sa justice demeure dans tous les siècles.
''
Une lumière s'est levée dans les ténèbres pour les hommes- droits ;
'
Le souvenir du juste sera éternel;
il ne craindra pas d'entendre rien d'affligeant.
du cantique qui précède (p. 522). Bel éloge éternels, » a dit saint Grégoire le Grand.
du juste; excellence et récompense de ses Cf. Is. IX, 1-2; LX, 2; Mich. vn, S,— Exor-
œuvres. tiimest... (vers. 4). Cette lumière qui se
S*'Explication du psaume. Vers. 1-10. lève splendide pour éclairer les justes au
,
I-IO. Beatus viv... Comme au Ps. ex, milieu de leuis ténèbres, c.-à-d. de leurs
le premier verset contient le thème; les épreuves diverses, c"est le Seigneur lui-
développement du thème. Bonheur
autres, le même, caractérisé, comme au Ps. ex, 4'',
du juste pour le temps et pour réternité; par les épithètes misericors et miserator.
mais c'est surtout la l'écomponse tempo- — Jucundus homo... (vers. 5). Dans Ihé-
relle qui est envisagée ici. Jn man- — breu, tôb , bon, heureux (saint Ambroise :
datis... volet nimis. Hébraïsme, qui rqui- « beatus )i) Miseretur et commodat. Cha-
vaut à cette plirase plus claire « Im- : rité du juste envers ses frères malheureux.
plendis mandatis plurimum delectaltn\ » Le premier verbe exprime l'idée d'une
Voyez la traduction. — Potens... (vers. 2) : manière générale; le second i)articularise.
influent de toutes manières. Generatio — Disponet serrnones... D'après cette tra-
rectorum : la catégorie entière des justes. duction de la Vulgate, celui dont le psal-
— Gloria et divitiœ... (vers. Hébr. 3). : le miste ti ace l'éloge se montre sage et judi-
bien-être et ricliesse. Expressions syno-
la cieux dans ses paroles. L'hél)reu exprime
nymes. — Et justitia ejus... Écho du une autre pensée Il règle ses actions d'a-
:
PSAUME CXII
Alléluia.
^
Laudate, pueri, Dominum;
laudate nomen Domini.
Alléluia.
^
Louez le Seigneur, vous ses serviteurs ;
son nom seralongtemps béni. Cf. Prov. x, 7. pour conclure basse jalousie et rage des
:
^ Que le nom du
Seigneur soit béni,
dès maintenant et dans tous les siècles.
^ Du lever du soleil à son couchant,
le nom du Seigneur est digne de louange.
" Le Seigneur est élevé au-dessus de toutes les nations,
et sa gloire est au-dessus des cieux.
^ Qui est semblable au Seigneur notre Dieu
qui habite dans les hauteurs,
^ et qui regarde ce qui est humble au ciel et sur la terre ?
(Ps. cxii et cxiii jusqu'à «Non nobis, Do- signification de « serviteurs » , qu'il a sou-
mine ») avant le repas ; la seconde (Ps. cxiii vent, d'ailleurs, chez les classiques latins.
depuis « Non nobis... » cxiv-cxvm,) après — Dominum. Le texte hébreu met ce mot
le repas. Saint Matthieu fait donc allusion au génitif, et le rattache à « serviteur » :
afin d'élever les petits. Et comme cotte 3" Seconde strophe grandeur du sou-
:
humilité « atteint sa limite la plus extrême verain Maître de l'univers. Vers. 4-6.
dans l'Incarnation », il n'est pas surpre- 4-6. Le poète motive fortement son in-
nant que Mai'ie la célèbre, dans son Ma- vitation en montrant ce qui rend Jého-
,
gnificat, « sur le même ton » que ce vah si digne d'éloges. « L'universalité des
psaume. —
On ne sait rien de l'auteur, ni peuples forme quelque chose de bien
de lépoque de la composition. Trois — grand, mais Jéhovah la surpasse en gran-
strophes très régulières v la première : deur {excelsus super omnes gentes...); les
(vers. 1-3) forme l'exorde la seconde ; cieux sont magnifiques mais Jéhovah les ,
PSAUME CXIII
Alléluia.
'
In exitu Israël de ^gypto
domus Jacob de populo barbaro,
Alléluia.
'
Lorsque Israël sortit d'Egypte
et la maison de Jacob du milieu d'un peuple barbare,
les sublimes hauteurs des cieux. Humi- — genre), implorant pendant le jour la pitié
lia respicit. 11 abaisse ses regards sur les des passants, et s'enfonçant, la nuit, dans
êtres les plus pelits, pour les relever et la cendre chauffée par le soleil. » Cf. Job,
les soutenir. II, 8. —
Cutn principibus... Non point
4° Troisième strophe : détails sur la parmi des princes quelconques, mais au
condescendance admirable du Seigneur rang des princes de la nation théocratique
envers ce qui est humble et petit. Vers. 7-9. {populi tuï) ce qui est le comble de l'élé-
;
7-9. Suscitans.,. Cette strophe renferme vation , ils formaient la plus haute
car
le développement du verset G. En la com- noblesse du monde. —
Deuxième exemple :
posant, le psalmiste dut avoir présent à la la femme stérile devenant, grâce à Dieu,
pensée le cantique d'Anne mère de Samuel , la plus heureuse des mères (vers. 9). Petit
(I Reg. Il), comme le montre la ressem- tableau dramatique : on croirait voir l'é-
premier comprend les vers. 1-8, tandis psalmiste encourage les Israélites à la con-
que le second correspond aux dix -huit fiance, vers. 9-11 ; 4^ les bénédictions dont
versets suivants, à partir des mots Non le Seigneur a comblé son peuple dans le
nobis... Les Septante, les versions syriaque, passé garantissent celles de l'avenir, vers.
arabe et éthiopienne, réunissent aussi le 12-15; 5" les louanges des Hébreux offertes
tout en un seul cantique, comme la Vul- à Jéhovah en échange de ses bontés,
gate. Qui a raison, du texte ou des ver- vers. 1(3-18.
sions? C'est là une question qu'il est difficile 2'^ Première partie les prodiges accom-
:
férences très manifestes entre les deux et son but. Ce but était de faire d'Israël la
parties du Ps. cxiii, sous le rapport soit nation sainte de Jéhovah, un royaume
du sujet traité, soit du rythme. Aussi, théocratique. —
De populo barbaro. De
même dans la Vulgate, a-t-on recom- môme les LXX et la paraphrase chaldaïque.
mencé le numérotage des versets à Non Les Grecs et les Romains appelaient bar-
nobis, DoDiine. —
La première partie bares tous les peuples étrangers qui ne
(Ps. cxiv de la Bible hébraïque) est un poème parlaient pas leur langue. Mais « barbarus »
historique, qu'on a défini assez heureu- est synonyme de « balbus » un homme ,
sement « une miniature aussi majestueuse qui parle un autre idiome que le nôtre nous
que gracieuse des merveilles opérées par paraissant bégayer, prononcer des phrases
Dieu en faveur d'Israël, depuis la sortie incompréhensibles (cf. I Cor. xiv, 11) or ;
d'Egypte jusqu'à l'entrée en Palestine in- l'hébreu exprime précisément cette idée,
clusivement ». Dans le rituel juif, c'est le car il appelle les Égyptiens 'am Wez, un
ses métaphores, ses personnifications har- fut le premier but de la sortie d'Egypte :
dies. Le parallélisme des membres y est mettre Israël à part comme une nation
aussi parfait que possible. L'art du poète sainte, le centre de la vraie religion, le
y apparaît à tout instant et de toutes ma- dépositaire de la révélation. — Ejus : de
nières. Il se divise en quatre strophes égales : Dieu^ évidemment. Bien qu'il ne soit
lo la sortie d'Egypte et son but, vers. 1-2; nommé qu'au verset 7, l'amphibologie
2<' prodiges qui accompagnèrent l'établis- n'est pas possible. — Potestas ejus. Mieux:
sement de l'État théocratique, vers. 3-i-; son domaine. Ce fut le second but de la
3» et 4° la raison de ces prodiges vers. 5-G,
, sortie d'Egypte : isolci' du monde
Israël
7-8. — La deuxième partie (Ps. cxv dans païen, comme le peuple spécial de Jého-
l'hébreu) est une prière que les Israélites vah, comme la nation
théocratique, qui
adressent à leur Dieu pour implorer son appartenait à Dieu seul et ne dépendait
secours probablement en vue d'une expé-
,
que de lui. Cf. Ex, xix, 4-6; Deut. iv,
dition guerrière contre des ennemis païens. 20, etc.
Sa division est très irréguhère 1» demande
: 3-4. Seconde strophe prodiges qui ac- :
'''
Seigneur parmi des miracles éclatants et se transporte au milieu d'eux par la pen-
nombreux. Ne pouvant les citer tous, le sée, et les interroge sur les motifs de
psalmiste se contente d'en mentionner leurs mouvements prodigieux : Quid est
trois, choisis parmi les principaux le : tibi...? Cf. Ps. Lxvn, 16, etc. — Au ver-
miracle initial, qui eut lieu au temps set 6, la construction est elliptique : Pour-
même de la sortie d'Egypte ; miracle
le quoi, montagnes, avez -vous bondi?...
final, au moment où les Hébreux ache- 7-8. Quatrième strophe réponse à la
:
vaient leur long trajet à travers le désert question posée dans la strophe précédente.
et pénétraient dans la Terre promise un ; C'est le Seigneur lui-même qui a opéré
des miracles intermédiaires, au Sinaï. ces merveilles en vue de manifester sa
Partout c'est nature en convulsions.
la — puissance. —A facie Domini (hébr. :
Mare viclit...la mer Rouge qui
Voici "Adôn, le Tout -Puissant). Ces mots sont
s'entr'ouvrc pour permettre aux Israélites
,
mis en avant pour accentuer la pensée.
d'échapper aux Égyptiens. Le poète ne dit C'est donc Dieu lui-même, le Dieu de
pas ce qu'elle vit il se contente de mani-
; Jacob, qui a fait fuir la mer, reculer le
fester l'elTct produit par cette mystérieuse Jourdain, tressaillir les montagnes. —
vision fugit.: —
Jordanis conversus est. Mota est terra. Dans l'hébreu, avec une
Voyez le récit du livre de Josué, m, 1 singulière énergie :Tremble, terre. Cri
et ss. — Montes
exultaverunt... Il s'agit de commandement et de triomphe tout
des merveilleux phénomènes qui accom- ensemble. —
Pour rehausser davantage la
pagnèrent la conclusion de l'alliance tliéo- toute -puissance de Jéhovah, le psalmiste
cratique au Sinaï. « Tout le mont trem- signale encore deux autres miracles ,du
blait, » nous dit l'Exode, xix, 18 (d'après même ordre, opérés autrefois dans le dé-
l'hébreu). Les comparaisons ut arietes, sert de l'Arabie Pétrée. Qui convertit
sicut agni, ajoutent au caractère drama- petram: le rocher de l'Horeb, Ex. xvii, 6.
tique du récit. Rupem: le rocher de Cadès, Num. xx, il.
5-6. Troisième strophe pourquoi ces : La terre ne doit -elle pas trembler en face
prodiges ? —
La personnification de la na- de ce grand Dieu, qui transforme et ren-
ture continue, et plus forte encore qu'au- verse ses lois accoutumées? —
En vérité,
paravant, puisque le poète en vient à a dit La Harpe, à propos de ce psaume,
adresser tout à coup la parole à ces êtres « si ce n'est pas là de la poésie lyrique,
•inanimés, dont il avait d'abord simple- et du premier ordre, il n'y en eut jamais;
ment décrit les actes extraordinaiies. 11 et si je voulais donner un modèle de la
, , , ,
^
Notre Dieu est dans le ciel ;
manière dont l'ode doit procéder dans les sur lesquelles la prière d'Israël aimait à
grands sujets, je n'en choisirais pas un s'appuyer. —
Ubi est... Cf. Ps. xli, 4;
autre il n'y en a pas de plus accompli. »
: Lxx, 10. Sarcasme impie, extrêmement
3" Deuxième partie le vrai Dieu et les
: douloureux pour Israël. — Deus autem
faux dieux ou prière qu'Israël adresse à
, noster... A la question ironique des païens,
Jéhovah dans un grave péril. Vers. 1-18. le peuple hébreu répond en confessant avec
1-3. Pressant appel. —
Non nobis..., non une foi inébranlable la puissance infinie de
nobis. Début très délicat. La demande est son Dieu, qui trône à jamais dans le ciel,
plutôt insinuée que présentée directement. et qui accomplit toute sorte de merveilles
En outre, les suppliants commencent par {omnia qusacmnque...: ces deux mots sont
rc connaître humblement qu'ils ne méritent souhgnés fortement). Au lieu des prétérits
point par eux-mêmes la grâce demandée; voluit , fecit, lisez, au présent: Il fait tout
aussi bien, s'ils l'implorent, c'est moins ce qu'il veut.
pour eux que parce que la gloire de leur 4-8. Le néant des idoles. — Simulacra
Dieu est en cause nomini tuo da... Si
:
gentium... Non seulement Jéhovah est
la nation sainte était vaincue, anéantie, tout- puissant, mais les idoles des païens,
ne serait- il pas à craindre que sa honte œuvres mortelles d'hommes mortels , n'ont
retombât aux yeux des païens sur Jého-
, , pas même la vie et bien moins encore la
,
miste prédit que, pour avoir méconnu le dont Seigneur a comblé son peuple dans
le
seul vrai Dieu , ils deviendront semblables le passé sont un précieux garant pour
à leurs fausses divinités, et réduits comme l'avenir. —
Le poète continue de consoler
elles à l'impuissance (l'hébreu emploie le et de fortifier ses concitoyens par la pen-
,
domus Israël; à la race sacerdotale et lé- multiplie. Remarquez les fréquents chan-
vitique^ domus Aaron; aux prosélytes qui gements de pronoms eorum aux vers.
:
, ,
PSAUME CXIV
Alléluia.
* Dilexiquoniam exaudiet Dominus
,
Alléluia.
* J'aime le Seigneur, parce qu'il exaucera
la voix de ma prière.
9-11; nostri au
14-15. Ce poème
vers. 12; vos
est très mouvementé on
aux vers.
:
louanges de son peuple; mais, s'il lais&
périr ce peuple, c'en est fait du concert
i
dirait même, ainsi qu'on Ta fréquemment d'éloges qui retentit sans cesse en Israël
supposé, qu'il était chanté par plusieurs [non mortui laudabunt te...; sur ce rai-
chœurs qui se répondaient. Qui fecit— sonnement, voyez le Ps. vi, 6, et la note);
cœluni... Celui qui a tout créé n'aura pas au contraire s'il le délivre , la louange se
,
de peine à répandre des bénédictions effi- perpétuera d'âge en âge {sed nos qui vi-
caces sur Israël. vimus...; paroles très accentuées).
16-18. Les louanges des Hébreux offertes
au Seigneur en échange de ses bontés. — Psaumes CXIV et CXV
CsRluni cseli. C.-à-d. le ciel supérieur.
Action de grâces à Dieu après une insigne
D'après l'hébreu Les cieux sont les cieux
:
délivrance.
de Jéhovah. Ils forment sa résidence, par
opposition à la terre qu'il a livrée comme 1° Introduction.
,
l'hébreu semble avoir raison contre les bontés ineffables de Dieu à l'égard du
versions. Ici, en effet, c'est une pensée psalmiste. —
Exaudivit voceni... Hébr. :
unique qui est exprimée et développée le Seigneur entend (au présent, pour
dans les deux psaumes de la Vulgate un : exprimer un fait habituel) ma voix, mes
sentiment de profonde gratitude pour une supplications. — Inclinavit aurem...: dai-
délivrance récemment accordée par le Sei- gnant prêter une attention très intense. —
gneur à un Israélite qui courait un très In diebus mc'is : tous les jours de sa vie.
grave dangei'. C'est aussi le même style, Cf. Is. XXIX, 8; Baruch, iv, 20. Il ne ces-
coloré d'arainaïsmes et chargé d'orne- sera jamais d'invoquer avec confiance un
ments (dans le texte hébreu); le même Dieu si bon. —
Circumdederunt me...
rythme pareillement. Du reste, la Vulgate Description très vivante de la détresse dans
se ralHo de nouveau d'une manière très laquelle s'était trouvé le poète (vers. 3-4).
visible à la Bible hébraïque, réunissant Les détails en sont empruntés auPs. xvii,
les deux poèmes en un seul par le numé- vers. 5 et ss. —
Dolores mortis. Hébr. :
peu fondée attribue la composition du can- du 'é^\)l (du séjour des morts). Nomen —
tique au roi Ézéchias. —
Quatre strophes : Domini invocavi. Note dominante du can-
les deux premières racontent à quel péril tique. Comparez les versets 13 et 17. —
de moit a échappé le psalmiste (vers. 1-4, Domine, libéra... Cri d'angoisse poussé
5-9); les deux dernières remercient Dieu par le psalmiste, lorsqu'il était sur le
de cette délivrance (vers. 10-14, 15-19). point de périr.
— D'après l'hébreu Valleluia initial ap-
, 3<' Seconde strophe Dieu a aimablement
:
de laquelle le poète avait invoqué le Sei- comme les enfants incapables de se tirer
,
PSAUME GXV
Alléluia.
^^ Credidi , propter quod locutus sum ;
ego autem humiliatus sum nimis.
Alléluia.
*^ J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé
mais j'ai été dans une profonde humiliation,
Seigneur a spécialement accompli pour lieu sous le divin regard, c.-à-d. qu'il
lui. —
Merveilleusement sauvé, il se féli- sera digne du céleste libérateur.
cite lui-même, interpellant son âme d'une 4" Troisième strophe sentiments de vive
:
Dieu par une conduite toute parfaite. Dans psalmiste certifie donc qu'il n'a jamais
l'hébreu: Je marcherai (littéralement, Je douté de Dieu, même
lorsque sa détresse
me promènerai) devant Jéhovah dans la lui arrachait ce cride douleur Je n'en :
^'
J'ai dit dansmon abattement extrême :
tout de Dieu avec une ferme foi, il n'at- 5° Quatrième strophe : encore le senti-
tend absolument rien des hommes, qui ment de gratitude. CXV, 15-19.
désappointent perpétuellement les plus 15-19. Pretiosa... C'est-à-dire, d'après
légitimes espérances. Cf. Ps. cvii, 13; la Yulgate Dieu « récompense par une
:
Rom. III, 4.— Quid retribuam...? Sans gloire infinie la mort de ses martyrs ; il
s'arrêter davantage à cette triste pensée, couronne leurs travaux par ses dons les
il se demande de quelle manière il pourra plus précieux... Mais Ihébreu signifie plu-
manifester au Seigneur la reconnaissance tôt La vie des saints est trop précieuse
:
partie des chairs de la victime revenait au en tant qu'amis très intimes de Jéhovah)
donateur, qui les consommait avec sa fa- sont l'objet d'une providence toute spéciale
mille, ses amis et les pauvres, et, natu- de la part de Dieu leur mort n'est pas;
rellement, dans ce pieux festin la coupe quelque chose d'indilTérent à ses yeux, et
d'action de grâces ne manquait pas de il ne la permet pas sans de graves raisons.
circuler. Voyez la note du Ps. xxi, 27. — C'est pour cela que le psalmiste, hâsid
Vota mea reddam. Ces vœux consistaient lui-même, venait d'échapper à la mort
précisément à immoler des sacrifices à d'une manière merveilleuse. Domine. — .
Jéhovah. —
Coram omni populo : pour Hébr. « N'est-ce pas, Seigneur? » N'est-il
:
donner un caractère public à sa recon- pas vrai qu'il en est ainsi ? Servus tuus, —
naissance. et filius... Sur la légère différence qui
23*
,
PSAUME CXVI
Alléluia.
* Laudate Dominum omnes , gentes ;
Alléluia.
^
Nations louez toutes le Seigneur
,
;
existe entre ces deux expressions, voyez petitesse,il est un des témoignages les
le Ps. Lxxxv, 16, et le commentaire. — plus grandioses de la force avec laquelle,
Dirupistl vincula... Métaphore qui désigne en plein Ancien Testament, la vocation
le danger dont Dieu a récemment délivré du monde entier à la religion révélée
le poète. — Tibi sacrificaho... Vers. 17-19, vient secouer (pour les abattre) les limites
réitérationemphatique des promesses déjà nationales du judaïsme. L'apôtre saint
mentionnées plus haut (cf. vers. 14). — Paul, dans son épître aux Romains, xv, 11,
In atriis Domini. C'est dans lo principal en a fait un lieu classique pour prouver la
de ces parvis qu'était dressé l'autel des participation des païens, participation toute
holocaustes {Atlas arch., pi. xcix, fig. 1 miséricordieuse de la part de Dieu, au
et 2). salut qu'Israël attendait en vertu d'une
Psaume CXVI promesse ». Comparez le Ps. XCix, où
celte môme prophétie de la vocation des
Les Gentils sont invités à louer le Dieu
Gentils à la foi est plus longuement déve-
d'Israël.
loppée.
1° Introduction. 2° Explication du psaume. Vers. 1-2.
Ps. CXVI. —Pas
de titre. L'auteur et la 1-2. Que nations païennes
toutes les
date de la composition sont inconnus. louent Jéhovah. —
Laudate... Vers. 1,
D'après quelques interprètes, ce petit l'invitation. L'adjectif omnes est fortement
psaume aurait eu pour occasion quelque accentué à deux reprises. —
L'équivalent
insigne victoire remportée par les Israé- hébreu de populi est 'unimim, expression
lites. D'autres, en plus grand nombre, le qui ne se rencontre nulle part ailleurs sous
regardent comme un cantique liturgique, cette forme de sorte que ce tout petit
;
PSAUME GXVII
Alléluia.
*
Domino quoniam bonus,
Confîtemini
quoniam in sa3culum misericordia ejus.
Alléluia.
* Célébrez le Seigneur, parce qu'il est bon
parce que sa miséricorde est éternelle.
les plus fréquemment associés dans les des refrains. Voyez les vers. 1 et 2, 3-4,
psaumes. « La grâce (hébr. hésed, la
: 8-9, 10-12, 16. On dirait, comme le
bonté) et la vérité sont les deux puis- pensaient déjà les talmudistes, qu'il était
sances divines qui se dévoileront et se destiné à être chanté par plusieurs chœurs
déploieront un jour complètement en Is- qui se répondaient mutuellement. On a
raël, et qui, partant d'Israël, feront la même conjecturé, d'après la suite des
conquête du globe. » idées, qu'il aurait servi d'accompagne-
ment à une procession qui, formée de
Psaume CXVII tout le peuple, s'avançait vers le sanc-
tuaire les versets 1-4 auraient été chan-
:
tient, dans l'hébreu, au psaume précé- toute la nation sainte est invitée par le
dent. —
D'assez nombreux interprètes ont psalmiste à célébrer l'infinie bonté de
attribué ce beau poème à David ; mais ce Jéhovah, vers. 1-4; 2° une première par-
sentiment a peu de vraisemblance. Suivant tie, qui décrit la magnifique délivrance
l'opinion la plus commune, le Ps. cxvii accordée par le Seigneur aux Israélites,
n'aurait été composé qu'après de la la fin vers. 5-18; 3° une seconde partie, qui
captivité de Babylone, en quelque circons- renferme l'action de grâces du peuple
tance tout ensemble solennelle et joyeuse, pour cet immense bienfait, vers. 19-29.
telle que la fête des Tabernacles mention- — Notre -Seigneur Jésus -Christ s"est ap-
née au livre d'Esdras, m, 1-4, ou la pose phqué à lui-même les versets 22-23 (cf.
de la première pierre du second temple Matth. XXI, 42; Marc, xii, 10; Luc. xx, 17).
(Esdr. III, 8-13), ou, plus probablement Après lui, saint Pierre et saint Paul ont
encore, la dédicace de ce même temple également relevé la manière admirable
(Esdr. VI, 15-18; comp. les versets 19-21). dont ils s'étaient réalisés dans sa personne
C'est avant tout un cantique liturgique. — (cf. Act. IV, 11 ;
Rom. ix, 23; I Petr. ii, 7).
Le sujet est trèssimple les Israélites,
: Les rabbins regardaient tout le psaume
qui ont échappé à de graves dangers grâce comme messianique. Comp. S. Matth.
à la protection signalée du Seigneur, sont XXI, 9, où nous entendons la foule juive
invités à bénir et à remercier leur céleste chanter avec enthousiasme les vei^ets 25
bienfaiteur, et ils se mettent à chanter et 26, au moment de l'entrée triomphale
immédiatement ses louanges et à exprimer
, de Jésus à Jérusalem.
la plus parfaite confiance en sa bonté. — 2° Prélude tous les Israélites sont in-
:
toute générale (vers. 1). Sur ce refrain cé- fiance en Jéhovah, ce tout puissant auxi-
lèbre, voyez les Ps. cv, 1; cvi, 4, etc. — liaire de ceux qui l'invoquent. De tri- —
Aux vers. 2-4, trois catégories spéciales de bulatione invocavi... Fait général dans :
la nation sont exhortées tour à tour à toutes ses afflictions antérieures Israël a
louer le Seigneur Israël, la masse laïque
: eu recours à Jéhovah, qui Ta aimablement
du peuple; domus Aaron, les prêtres et exaucé et délivré. —
In latitudine. Mieux
les lévites; qui timent Dominum , proba- vaudrait l'accusatif, à la façon des LXX
blement les prosélytes (Voyez le Ps. cxiii, {lU 7r)-aTJcr(xov). Il m'a exaucé en me met-
deuxième partie, vers. 9-11, et la note). tant au large (par opposition à « tribulatio »
—
;
Nunc traduit imparfaitement l'hébreu hébr. , Tangoisse). Cf. Ps. iv, 2; xvii,
nâ\ qui signifie plutôt « quœso, ergo » 19 20, etc. —
Dominus mi/ii adjutor. \rai
(Sf, des Septante). —
Au vers. 2, les mots chant de triomphe et d'amour reconnais-
quoniam bonus manquent dans le texte sant (vers. 6 et ss.) Au vers. 6, l'hébreu
original; les LXX les ajoutent aussi aux dit avec une concision énergique Le Sei- :
avec un fier dédain. Cf. Ps. un, 9 ; cxi, 8, etc. péril.— Sicut apes. Les abeilles se jettent
— jBonwmes^..gMam...(vers.9).Hébraïsme, par troupes innombrables sur ceux qui
pour : « Melius est... quam... » les attaquent, et avec d'autant p'js d'opi-
10-13. Description du péril
dans lequel se trouvaient
les Juifs, et de leur merveil-
leuse délivrance. La pre-
mière partie de chaque verset
retrace le danger, la se-
conde expose la divine assis-
tance et le salut. Petit ta-
bleau très vivant. Omnes —
gentes circuierunt... : les
Samaritains et les peuples
païens du sud- est de la Pa-
lestine. Cf. Esdr. IV, 9-10. —
In nomine Domini quia...
Cette particule est redon-
dante, et traduit servilement
le ki hébreu. Saint Augustin
anciens Psautiers Tont
et les
supprimée. —
Ultus sum.
Dans les Septante» : r,a'jva[jLr|V,
pidité. Néanmoins il ne tarde pas à épuiser lage (cf. Lev.xxiii, 40etss.; Atlas archéol.^
sa rage, faute de combustible, et c'est ce 1); mais l'expression doit plutôt
pi. CI, fig.
que dit ici hébreu
le texte Ils se sont: s'entendre dans un sens général (les habi-
éteints (au lieu de exarserunt) comme un tations des justes), rien ne montrant qu'il
feu d'épines. Voyez la note du Ps. Lvn, 10. faut la particulariser ainsi. — Dextera Do-
— Impulsus eversus sum... Deux mouve- mini... L'auteur de cette grandiose déli-
ments successifs un coup violent, porté
: *"vrance (vers. 16). Répétition joyeuse et
par l'ennemi sous l'effet de ce coup, Israël
; dramatique, qui accentue la pensée. Autre
perd l'équilibre et va tomber, mais Dieu écho du cantique de Moïse, Ex. xv, 6, 12.
le retient dans ses bras [suscepit me). Dans — Fecit virtutem : il a opéré des actions
l'hébreu, avec quelques nuances Tu m'as : d'éclat, des prodiges. —
Dextera... exal-
poussé pour me faire tomber, mais le Sei- tavit me. D'après l'hébreu La droite de
:
gneur m'a secouru. Les Juifs interpellent Jéhovah est exaltée. Nonmoriar{\ei^s,.\l).
ici fièrement leurs ennemis. Soutenu par ce bras tout -puissant, Israël
14-18. Israël exalte son divin libérateur. est entièrement rassuré pour l'avenir,
— Fortitudo... et laus... Le verset 14 est quoique le péril n'ait pas tout à fait dis-
un écho du cantique composé par Moïse paru. — Narrabo... : marquant ainsi sa
après le passage de la mer Rouge (Ex. xv, 2). gratitude. —
Castigans castigavit.. .Uumhle
— Vox exultationis... L'allégresse la plus aveu (vers. 18). Les Juifs reconnaissent que
complète règne maintenant dans tout le Dieu les a châtiés pour leurs péchés; toi>-
pays, miraculeusement sauvé. In taber- — tefois ce n'était qu'une épreuve transitoire,
naculis justorum. Divers interprètes s'ap- car Jéhovah ne voulait point leur ruine to-
puient sur ce trait, pour supposer que le tale. Cf. Is. xxvii, 7; Jer. x, 24, etc. — '
Ps. CXVII fut écrit à l'occasion de la fête des « En chantant ces louanges du Seigneur,
dit. —
Justi. Autre expression soulignée, lui-même. « Ce divin Sauveur, rejeté des
qui représente tous les Israélites, comme Juifs, méprisé des mondains, mis à mort
au verset 15''. Les justes, et les seuls justes, par la malice de ses ennemis est devenu
,
pourront être admis dans le lieu saint. Cf. malgré eux la pierre angulaire, le fonde-
Ps. XIV, 2 et ss.; xxiii 4. , ment de l'édifice de l'Église, le lien des
21-25. Chant du peuple, en entrant dans deux peuples, du Juif et du Gentil, réunis
le temple. — Confitebor... tient sa pro- 11 dans la religion et dans la foi chrétienne. »
messe du verset 19. — Lapidem quem re- (Calmet, h. l.) —
A Domino factum est...
probaverunt... Sur haute portée mes-
la Une merveille (islud) n'a pu être
telle
sianique de ce passage, voyez la note qui opérée que par Jéhovah lui-même. Hœc —
ce psaume.
sert d'introduction à — Hic dies... : ce beau jour de fête (voyez l'in-
(avec emphase)... in caput anguli. On troduction), qui montrait aux Israélites
544 Ps. CXVII, 25-27.
^^ Domine salvum me fac
,
;
^^ Seigneur, sauvez-moi;
ô Seigneur, faites -nous prospérer.
^^ Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
Nous vous bénissons de la maison du Seigneur.
^' Le Seigneur est Dieu et il a fait briller sur nous la lumière.
,
Dieu leur avait permis de reconstruire le 26-27. Souhaits formulés par les mi-
temple. — Domine, salvum... fac (le nistres sacrés, en accueillant la procession
pronom me manque dans l'hébreu et dans dans rintérieur du temple. —
Benedictus
les LXX). Prière très naturelle dans les qui venit... D'après la ponctuation hé-
braïque, les mots in
nomine Domini retom-
bent sur le participe
benedictus ».
(( Bene- —
diximus... de domo...:
de cette maison sainte,
foyer de grâces mxû-
W'^Xqs. — Deus..., illuxit
nobis. Il leur a lui dans
leur malheur comme un
brillant soleil qui a
,
braïque est à citer ici textuellement : victimes, et tenez -les prêtes pour le mo-
^Anna, Y^hôvah, hô'sVah nâ\ « De grâce, ment où elles devront être immolées.
Jéhovah sauve donc
, Des deux derniers
! >> L'autel des holocaustes se terminait par
mots, réunis en un seul, vient Texpression quatre cornes, fixées à ses quatre angles,
liturgique hosanna. Cf. Matth. xxi, 9; et que l'on mouillait du sang de chaque
Joan. XII, 13. Nous avons rappelé plus victime. Cf. Ex. xxvii, 1 et ss. [Atla^
haut (p. 539) l'emploi qui fut fait de ce avchéol. pi, xcviii, fig. 6).
,
D'anciens
texte à Jérusalem en faveur de Notre-Sei- Psautiers traduisent « in con fréquenta»
:
, ,
PSAUME CXVIII
Alléluia.
Aleph. * Beati immaculati in via
qui ambulant in lege Domini.
Alléluia.
membres. Ces vers sont eux-mêmes réunis Depuis sa première ligne jusqu'à la der-
par groupes de huit (que les anciens appe- nière, il expose, avec une abondance iné-
laient oySoaSe;,ou « octonarii »), de ma- puisable d'expressions et d'images, ce que
nière à former vingt-deux strophes, com- cette sainte parole est pour l'homme, et la
posées chacune de huit distiques. De plus, manière dont l'homme doit se conduire
dans un même groupe, chaque vers com- envers elle; or, par la parole de Dieu, il
mence par une lettre identique, en sui- faut entendre la révélation en général, et
vant Tordre de l'alphabet hébreu ce qui : la loi théocratique en particulier. On peut
explique C2 nombre de vingt-deux strophes. donc ((dire qu'il n'y a au fond qu'une
,
seule et même pensée, qui revient sans verhum. Notre version latine emploie aussi
cesse sous de nouvelles formes... c'est : quelquefois les mots ordinatio eljustitia:
que le devoir suprême du pieux Israélite ce qui lui fait douze noms au lieu de dix.
consiste dans l'accomplissement rigoureux — Puisque c'est toujours la même pensée
de la loi » devoir qui a passé des Israé-
; qui revient dans ce long psaume, on com-
lites aux chrétiens. On a observé depuis prend qu'il ne doit pas beaucoup se faire
longtemps que sur les cent soixante-seize
, remarquer par son élan lyrique; en réalité,
versets de ce psaume, il en est un seul, il est purement didactique et moral. La
le 122^, qui ne mentionne pas expressé- forme alphabétique choisie par l'auteur
ment la parole de Dieu. Elle ne reçoit ce- indique assez d'avance que les idées ne
pendant pas toujours le môme nom le psal- ; sont pas groupées logiquement, avec une
miste emploie, dans le texte original, dix suite et un progrès bien accentués; quoique,
expressions distinctes, dont voici l'indi- vers la fin du poème il y ait un peu plus
,
en tant qu'elle impose aux sujets du Sei- frir (cap/?)? Sans la parole deDieu, si puis-
gneur les légitimes exigences de sa volonté sante et si stable, il se découragerait {la-
suprême. 6° Huqqini : les « limites » po- med); elle lui donne la sagesse dont il a
sées à notre volonté ou bien les lois ; , besoin dans sa situation difficile (mem);
« gravées » « inscrites » au code théocra-
, il lui a juré fidélité, et il tient son serment
tique. La Vulgate traduit ce mot par justi- malgré la persécution (nûn); il méprise et
ficationes, copiant le ôixatcoixara des Sep- il abhorre les apostats [samech). Il est
tante. 1'^ Mlsvôt (Vulg.: encore mandata): opprimé, mais Dieu ne le laissera pas
les divins statuts les règles par lesquelles, périr {'aïn) ce Dieu aimable ne permettra
;
Jéhovah conduit son peuple. 8° 'Emûnah pas que les violences impies, qui lui ar-
(Vulg. Veritas)
: la parole de Dieu est : rachent des larmes, l'emportent sur lui
toujours, en effet, l'expression de sa « vé- (p/ic), jeune encore et méprisé, mais que
contient des promesses
rité » essentielle, et consume le zèle contre ceux qui oublient
qui ne sauraient tromper. 9° et 10" 'Imrah, le Seigneur (tsadé). Que Dieu daigne en-
« dire », et dâhar , « parole » deux ex- : tendre ses cris, poussés nuit et jour (qoph),
pressions générales, que la Vulgate traduit le rafraîchir bientôt par sa miséricordieuse
indifféremment par eloquium , sermones, bonté [rêsch) car il demeure ferme malgré
;
,
Paisse
les persécutions des princes (sc/i?n). cet hymne vous ne pourriez pas le com-
,
tenir. Le Ps. cxvni est donc aussi une 1-8. Première strophe (aleph) bonheur :
prière, qui demande tout à la fois la per- de ceux qui pratiquent fidèlement la loi
sévérance parmi les tourments de la per- divine; le psalmiste désire faire partie de
sécution, et le secours d'en haut afin d'en leur nombre. —
Beatl. Le psaume com-
être bientôt libéré. —
L'époque de la com- mence par une béatitude répétée deux fois
position est incertaine ce fut peut-être de suite (cf. vers, 2). — hnmaculati. Hébr. :
—
:
Les saints Pères ont beaucoup affectionné via : là conduite morale, comparée à un
ce cantique. Saint Ambroise le nomme chemin sur lequel l'homme marche à tout
« la consommation dela perfection chré- instant. —
Qui scrutantur (vers. 2). L'hé-
tienne Gassiodore le compare à « un
t). breu dit simplement ceux qui observent. :
eaux ». Les interprètes du moyen âge le (Heureux ceux) qui ne commettent pas
trouvaient à bon droit « rempli d'une mo- l'iniquité et qui marchent... Vtinani —
rale sainte et l'un d'eux allait jusqu'à
)) , dirigantur (vers. 5) Que ma conduite soit
:
dire : « Quand même vous scruteriez jus- droite, bien réglée (Hébr. : ferme, ou
qu'à la fin de votre vie le sens profond de stable). — Non confundar (vers. 6). C.-à-d.,
548 Ps. CXVIII, 8-16.
^ Justificationes tuas custodiam ;
je ne serai pas désappointé dans mon pro- Hébr. : purifie sa voie, c.-à-d. la main-
pre cœur et couvert de confusion devant
, tient pure. —
repellas me (vers. 10):
Ne
mes ennemis. —Confitebor... in eo quod Ne me retirez pas votre grâce, sans la-
didici (vers. 7). Je louerai Dieu sans cesse quelle je ne saurais garder vos comman-
de m'avoir appris à connaître sa loi sainte. dements. Hébr. Ne me laisse pas errer
:
l'hébreu), et en les pratiquant. Consi~ — Sur la terre lointaine de son exil, la loi
derabo. Il aura toujours les commande- de Dieu est son unique consolation; aussi
ments du Seigneur sous les yeux. Medi- — en désire-t-il une connaissance de plus en
tabor (vers. 1G). Hébr, : Je fais mes dé- plus complète {non abscondas.. ) Con- —
lices. cupivit... desiderare (vers. 20). Expres-
i7-24. Troisième strophe [gJiimel) : l'ac- sion énergique, qui montre toute l'impuis-
complissement de la loi est le but de la vie sance de l'homme pour le bien il ne :
du psalmiste il y sera: fidèle , malgré les peut pas même achever un bon désir sans
persécutions. —
Rétribue..., vivifica me... l'aide de Dieu. Variante dans l'hébreu :
Saint emploi qu'il fera de ses jours divi- les impies superbes, qui refusent d'obéir
nement prolongés et custodiam...
: Ré- — à la loi, et que le Seigneur a châtiés pour
véla oculos... (vers. 18). Que le Seigneur — Aufer... opprobrium (vers. 22).
ce motif.
lui-même daigne l'éclairer, pour qu'il Que Dieu délivre des outrages que ses
le
puisse discerner à fond le sens mystérieux ennemis font subir. — Sederunt...
lui
et merveilleux de la loi {mirabilia de (vers, 23). Ces ennemis, puissants et in-
lege...). —
Incola... in terra (vers. 19). tluents {principes) sont réunis en assem-
j
,
Daleth. '^^
Adhœsit pavimento anima mea;
vivifica me secundum verbum tuum.
20
Vias meas enuntiavi, et exaudisti me;
doce me justificatioiies tuas.
27
Viam justificationum tuariim instrue me,
et exercebor in mirabilibus tuis.
28
Dormitavit anima mea prœ Iscdio;
confirma me in verbis tuis.
29
Viam iniquitatis amove a me,
et de lege tua miserere mei.
^^ Viam veritatis elegi ;
Daleth. '''
Mon âme est prosternée contre terre ;
blce et complotent contre lui ; pendant ce production du vers. 12'', sera encore ré-
temps il s'occupe tranquillement et sua-
, pété aux versets 6i, 68, 108 et Dor- m. —
vement à méditer la loi sainte (sei^vus... mitavit anima mea (vers. 28) tout en- :
tuus exercehatur... —
Consilium meum gourdie par la tristesse. D'après l'hébreu :
(vers. 24). L'hébreu emploie le concret : Mon âme pleure de chagrin. — Confirma
Tes préceptes sont mes conseillers. me. Ilébr. relève-moi! Il était étendu à
:
25-32. Quatrième strophe {daleth) plongé : terre, d'après verset 25. — Viam ini-
le
dans une profonde afiliction, il conjure quitatis (vers. 29) la voie ou conduite
: la
Jéhovah de le réconforter par sa loi sainte. opposée à celle de — De lege tua
la loi.
— Adlixsit pavimento... Hébr. Mon âme : miserere... Avoir pitié de quelqu'un au
adhère à la poussière. Métaphore qui marque sujet des commandements divins, c'est
un état d'humiliation et de souffrance. lui en donner rintelligence et la pratique.
Cf. Ps. xuii ,26. —Vias meas enuntiavi Hébr. Accorde-moi la grâce de (suivre)
:
(vers. 26). Chaque jour, dans ses prières ta loi. Saint Jérôme « Legem tuam doce
:
cwri (vers. 3'2). Belle image, qui désigne Tout ce qui peut solliciter au mal, ainsi
un accomplissement généreux et enthou- nommé à cause du vide et du néant qu'on
siaste de la volonté divine. Ciun dila- — y trouve. Slatuc... in timoré tuo [\crs.3S).
tasli... Un cœur triste et resserré manque Plus clairement dans Ihébreu Accomplis :
du pieux entrain qui rend l'obéissance envers Ion serviteur ta parole (c.-à-d. la
facile. promesse que tu as faite) à ceux qui te crai-
33-40. Cinquième strophe {hé) : le psal- gnent. —
Amputa opprobrium... (vers. 39).
miste demande encore d'être bien instruit D'après lliéljrou Eloigne l'opprobre que
:
dans la loi, afin d'éviter le péché. — Le- je redoute (,Vulg. quod suspicatus sum).
:
rai quelque chose à répondre à ceux qui désirs {quae dilexi), ainsi que l'on faisait
m'insultent. Verbum veritatis (vers.43j: pendant les prières. Cf. Ps. xxvii, 2;
une parole convaincante, écrasante, à la- Lxii, 5, etc.
quelle ses adversaires ne pourront rien 49-56. Septième strophe {zaïn) : la loi
^*
Les superbes agissaient constamment avec injustice ;
ror. » L'hébreu paraît désigner une colère partage est d'étudier et de pratiquer la
très vive.— Cantabiles mihi... (vers. 54). volonté de Dieu. —
Portio mea, Domine.
Dans l'hébreu : mon
chant; c.-à-d. le sujet D'après l'hébreu Jéhovah est ma portion.
:
de ses mélodieux et joyeux cantiques. In — Cf. Ps. XV, 6; Lxxii, 26, etc. — Dixi custo-
loco peregrinationis. Hébr. dans la mai-
: dire... Hébr. : J'ai dit que je garderais ta
24
: ,
60
Je suis prêt, sans que rien puisse me troubler,
à garder vos commandements.
^'^
Les filets des pécbeurs m'ont enveloppé,
mais je n'ai pas oublié votre loi.
^'^
Au milieu de la nuit je me levais pour vous louer
au sujet des jugements de votre justice.
^'^
Je suis l'associé de tous ceux qui vous craignent,
et qui gardent vos commandements.
^''*
La terre. Seigneur, est pleine de votre miséricorde;
enseignez -moi vos ordonnances.
65
Tetii. Seigneur, vous avez usé de bonté envers votre serviteur,
selon votre parole.
06
Enseignez -moi la bonté, la discipline et la science,
parce que j'ai cru à vos commandements.
67
Avant d'être humilié, j'ai péché;
c'est pour cela que j'ai gardé votre parole.
loi. C.-à-d. je m'y suis fermement résolu. l'ami... n n'a de relations intimes qu'avec
— Deprecatus... /"acicm... (vers. 58)Hébr.: . ceux qui se montrent fidèles au Seigneur.!
J'ai caressé ton visage. Locution figurée, 65-72. Neuvième strophe {teth) la pa- :
souvent sur sa conduite, pour voir si elle n'y voit de toutes parts que des manifes-3
était d'accord avec la loi du Seigneur. — tations de la bonté divine. —
Bonitatem,l
Paratus.. et non turbatus (vers. 60) Hébr.
. . et disciplinam, et scientiam (vers. 66)i
Je me hâte et je ne diffère point de garder Plus simplement dans l'hébreu Enseigne :
tes commandements. Sainte promptitude, moi le bon sens et la science (pour dis-ii
que rien n'arrête. — Funes loeccaloruni. cerner le bien du mal). Priusquam —
C.-à-d. des méchants. Comp. le
les pièges humiliarer... (vers. 67). Hébr. Avant :
vers. 110. Malgré ce péril, le suppliant ne d'avoir été afflige (c.-à-d. châtié), je m'é-
songe qu'à accomplir son devoir ( et le- garais (Vulg. : deliqui). — Propterea-..
—
gem tuam...). Media nocte surgebam... custodivi. Le châtiment lui a été salutaire;
(vers. 62). Preuve d'un ardent et géné- il l'a ramené dans la voie des commande-
reux amour. —
Particeps... timentium te ments divins. Hébr. Maintenant j'observe
:
(vers. G8). Dans riiébreu : ïu es bon et millions amoncelés (cf. Ps. xviii, 11; Prov.
bienfaisant. — Multiplicata est swper me... VIII, 11).
(vers. G9). Cette malice l'a comme écrasé. 73-80. Dixième strophe (iod) après avoir
:
des faussetés (des calomnies). Ego au- — conformément aux promesses contenues
tem... scrutabor...: sans se laisser troubler dans sa loi le psalmiste demande cette
;
par la baine de ses ennemis. Goagula- — consolation pour lui-même, afin d'être un
tum est... (vers. 70). Dans Thébreu : Leur exemple soit pour les bons, soit pour les
cœur est gras, c.-à-d. insensible. Sur cette —
méchants. Manus te fecerunt..., plasma-
métapbore, voyez les Ps. xvi, 10; lxxii, 7; verunt... Allusion aux soins délicats dont
Isaïe, VI, 10, etc. —
Bonum mihi quia... Dieu entoure la formation et la croissance
(vers. Comparez le verset 07. L'é-
71). dos hommes. Il est impossible qu'un Créa-
preuve est amèrc au moment où on l'en- teur si aimable abandonne son œuvre ;
dure; plus tard on en comprend tout Ta- aussi le poète s'appuie -t- il sur ce trait
vantage. Cf. Hcbr. xii, 11. —
Lex oris tui pour obtenir des dons supérieurs. — Qui
(vers. 72) la loi, proférée par la boucbc
: timent videbunt (vers. 7i). Ils verront
te,
de Dieu. —
Super millia... : plus que des que Ton ne compte pas en vain sur Dieu,
, . , ,
'•^
Que votre miséricorde soit ma consolation,
selon la parole que vous avez donnée à votre serviteur.
"'
Que vos compassions viennent sur moi, afin que je vive;
car votre loi est ma méditation.
78
Que les superbes soient confondus, pour m'avoir maltraité
injustement;
mais moi, je m'exercerai dans vos commandements.
Que ceux qui vous craignent se tournent vers moi
et ceux qui connaissent vos préceptes.
80
Que mon cœur soit pur envers vos lois,
afm que je ne sois pas confondu.
SI
Gapii. Mon âme languit dans l'attente de votre salut
et j'espère fermement en votre parole.
82
Mes yeux languissent après votre parole,
vous disant Quand me consolerez -vous?
:
dans le texte hébreu. Les anciens mettaient vant moi; ils n'agissent pas selon ta loi. »
souvent leur vin dans des outres de peau Des fosses pour y faire tomber et périr le
[Atlas archéolog., pi. xx, fig. iO, 13-15, 17), psalmiste; on prenait les animaux sauvages
qu'ils exposaient à la fumée de l'âtre, pour dans des pièges de ce genre (cf. Ex. xxi, 33;
le faire vieillir plus promptement. Les outres I Reg. XXIII, 20, etc.). — Mandata tua
devenaient ainsi toutes noires et desséchées. veritas (vers. 86). La parole divine ne
La métaphore est donc au fond la même. trompe pas comme la parole humaine. —
— Malgré ses cruelles souffrances, le héros Paulo minus consummaverunt.. .{sers. 87).
du poème ne se lasse pas de redire qu'il Ses ennemis l'ont presque anéanti.
est fidèle à son Dieu et à ses préceptes 89-96. Douzième strophe {lamed) : la
(justificationes tuas...). —
Quot sunt dies... parole de Dieu est éternelle; elle consolera
(vers. 84). Il a bien peu de temps à vivre; sans cesse les justes. — In eeternum..., in
il faut que la délivrance se hâte, pour qu'il caelo. Elle est hors de l'atteinte des hommes
en puisse jouir. —
Narraverunt... fabula- dans ce céleste séjour. — Fundasti terram
tiones (vers. S.")). Pour l'éloigner de l'aus- (vers. 90). La terre doit subsister jusqu'à
tère devoir, les impies lui ont fait de beaux la fin des temps (cf. Ps. cm, 5); la loi
discours, mais sans fond et sans consis- divine aura la même stabilité. — Ordina-
tance. Variante considérable dans l'hébreu : tione tua (vers. 91). La volonté du Sei-
« Des orgueilleux creusent des fosses de- gneur maintient dans leur ordre naturel
, , —
558 Ps. CXVIII, 91-99.
^* Ordinatione tua persévérât dies,
quoniam omnia serviunt tibi.
^- Nisi quod lex tua meditatio mea est, 1
tune forte periissem in humilitate mea.
^^ In œternum non obliviscar justifîcationes tuas,
quia in ipsis vivifîcasti me.
^^ Tuus sum ego; salvum me fac,
quoniam justifîcationes tuas exquisivi.
^^ Me expectaverunt peccatores ut perderent me ;
les jours et les années (cf. Jer. xxxi, expectaverunt...). — Omnis consumma-
35-36); toutes ses créatures lui obéissent tionis... (vers. 96). Plus clairement : J'ai
[oninia serviunt...) ses préceptes sont
: vu la fin de toute perfection. Tout ce qu'il
donc imprescriptibles. — Tune {forte n'est a vu de parfait sur la terre a pris fin seule ;
pas dans l'hébreu) periissem... (vers. 92). la loi de Dieu possède une durée intermi-
Le psalmiste reconnaît de nouveau qu'il nable, parce que rien ne limite sa perfec-
ne doit son salut qu'à la loi de Dieu sa ; tion en aucun sens {latum... nijnis).
reconnaissance consistera à lui demeurer 97-lOi. Treizième strophe {mem) la :
Super inimicos... (vers, 98). Plus sage non lement aux abîmes. Cf. Prov. vi,|23. —
seulement que ses ennemis, mais même
que les docteurs (vers. 99), et que les
vieillards (vers. 100), renommés les uns et
les autres pour leur science et leur expé-
rience. Cf. Job, xn, 20; xxxii, 7, Ab —
omni via mala... (vers. 101). Ainsi éclairé,
il n'a pas eu de peine à fuir le mal sous
toutes ses formes. —
Quia tu (pronom
souligné) legem... (vers. 102). Motif pour
lequel il est demeuré toujours fidèle. D'après
l'hébreu Car c'est toi-même qui m'as ins-
:
truit. — Dulcia...
super mel (vers. 103).
Comparaison identique à celle du Ps. xvin,
10. — A mandatis... intellexi (vers. lOi).
C.-à-d. : Par vos préceptes, je deviens intel-
ligent. — Odivi... viam iniquitatis. Hébr.:
la voie du mensonge.
105-112. Quatorzième strophe (nûn) :
Pour éclairer les chemins ténébreux et Juravi (vers. 106). Promesse solennelle.
glissants de la vie, qui conduisent si faci- 11 la tenue
: et statuit. Humiliatus sum—
560 Ps. GXVIII, 107-115.
^^^ Humiliatus sum usquequaque, Domine;
vivifîca me secundum verbum tuum.
*^^ Voluntaria oris mei beneplacita fac, Domine,
et judicia tua doce me.
*^^ Anima mea in manibus meis semper,
et legem tuam non sum oblitus.
^^^ Posuerunt peccatores laqueum mihi,
et de mandatis tuis non erravi.
***
Hereditate acquisivi testimonia tua in seternum,
quia exultatio cordis mei sunt.
^^^ Inclinavi cor meum ad faciendas justificationes tuas
in aeternum , propter retributionem.
Samech. ^^^ Iniquos odio habui,
et legem tuam dilexi.
*^^
Adjutor et meus es tu,
susceptor
et in verbum tuum supersperavi.
^*^ Declinate a me, maligni,
et scrutabor mandata Dei mei.
d'action de grâces (cf. Deut. xxni, 23), et 113-120. Quinzième strophe [samech)
qu'il conjure le Seigneur d'accepter avec tout son espoir repose sur la loi, que les
bonté {beneplacita fac) Cf. Ps. xliii, li.
. pécheurs ne l'empêcheront jamais d'obser-
— —
\
Anima... in manibus (vers. 109). Mé- ver. Iniquos. Hébr, les sceptiques; ou,
:
taphore pittoresque, pour indiquer que sa peut-être, les « indécis », qui oscillent entre
vie peut lui être facilement enlevée. Cf. Jud. Dieu et le mal. — Adjutor et susceptor...
XII, 3; I Reg. xix, 5; xxviii, 21 Job, xiii,
; (vers. 114). Ilébr. Mon asile et mon bou-
:
14. — Hereditate acquisivi... (vers. 111). clier. —Declinate a me (vers. 115). Cri
Il regarde la loi de Dieu comme son plus indigné, qui s'échappe des entrailles mêmes
précieux héritage, pour lequel il sacrifie- de son âme. —
Injusta cogitatio eorum
rait tout le reste. Aussi met-il en elle toute (vers. 118). Ilébr. Leur tromperie est
:
,
^'''
Soutenez-moi selon votre parole, et je vivrai;
ne permettez pas que je sois confondu dans mon attente.
^^' Aidez -moi, et je serai sauvé,
et je méditerai sans cesse vos lois.
118 Vous mépriserez tous ceux qui s'éloignent de vos jugements,
car leur pensée est injuste.
**° J'ai
regardé comme des prévaricateurs tous les pécheurs de la
terre ;
c'est pourquoi j'ai aimé vos témoignages.
*^^ Transpercez ma chair par votre crainte;
je redoute vos jugements.
*^^
AïN. J'ai accompli le droit et la justice,
ne me livrez pas à ceux qui me calomnient.
122 Prenez votre serviteur sous votre garde pour son bien;
que les superbes cessent de me calomnier.
^^^ Mes yeux languissent dans l'attente de votre salut,
et après les promesses de votre justice.
sans effet. —
Praevaricantes reputavi... — Non calumnientur... D'après l'hébreu
D'après l'hébreu, avec une forte
(vers. 119). pour qu'ils ne m'oppriment pas. Comparez
image Tu fais disparaître comme des
: lanote du verset 121. — Oculi mei defe-
scories. —
Confige timoré... (vers. 120). cerunt (vers. 123). Ses yeux s'épuisent à
C.-à-d. crucifie et dompte ma chair sen- regarder du côté du ciel, d'où il attend sa
suelle, portée au péché. Hébr. Ma chair : délivrance. Comp. levers. 82. — Eloquium
frissonne par suite de l'effroi que tu m'ins- justitiae tu3& : promesses du Dieu juste
les
pires. et bon. — Servus tuus sum (vers. 125).
121-128. Seizième strophe {'aïn) pres- : Comp. Le psalmiste insiste à
le vers. 9i.
sante prière pour que Dieu l'aide à garder plusieurs reprises sur ses relations intimes
sa loi, que tant d'autres hommes aban- avec le Seigneur, qui lui donnent un droit
donnent. —
Calumniantibus me (vers. 121). spécial au secours d'en haut. — Tempus
Hébr. à mes oppresseurs. Les anciens
: faciendi... (vers. 12G). Il temps que
est
Psautiers ont « nocentibus » ou « perse- , Dieu agisse enfin. Sainte hardiesse dans
quentibus ». —
Suscipe... in honum ce langage. L'hébreu, les Septante et
(vers. 122). Fais -toi caution pour
Ilébr. : d'anciens Psautiers latins ont « Domino »
ton serviteur, pour le bien (pour qu'il de- au datif, au lieu du vocatif Domine. Le
meure bon). Cf. Job, xvii, 3 ; Is. xxxviii, 14. motif de cette action prompte et décisive
24*
, , ,
*^^*
Traitez votre serviteur selon votre miséricorde,
et enseignez -moi vos préceptes.
^'^^
Je suis votre serviteur; donnez -moi l'intelligence,
afin que je connaisse vos témoignages.
*^^ Il temps que vous
est agissiez, Seigneur;
ils ont renversé votre loi.
^^^
C'est pourquoi j'ai aimé vos commandements
plus que l'or et la topaze.
*^^ C'est pourquoi je me suis conformé à tous vos commandements;
j'ai haï toute voie injuste.
^^^ Vos témoignages sont admirables;
Phé.
aussi mon âme les étudie avec soin.
^^^ L'explication de vos paroles éclaire
et donne l'intelligence aux petits.
*^* J'ai
ouvert la bouche, et j'ai attiré l'air,
parce que je désirais vos commandements.
132
Regardez - moi , et ayez pitié de moi;
c'est justice envers ceux qui aiment votre nom.
préceptes sont, en effet, d'une beauté in- nière habituelle d'agir) envers ceux qui
,
craignent ton nom. — Gressus... dirige... de l'offense faite à Dieu que de ses propres
(vers. 133) pour l'empêcher de s'écarter
: souffrances.
de la droite voie, et de tomber dans l'ini- 137-144. Dix-huitième strophe (tsadé):
quité [injustitia). Cf. vers. 101. —
Redinie malgré sa jeunesse et son aflliction person-
me a calumniis... (vers. 134). Hébr. de : nelle, le poète est embrasé de zèle pour
l'oppression des hommes. Gomp. les vers. la parole divine, qui manifeste si bien la
121 et 122. —Faciem... illiuniua... (vers. justice infinie du Seigneur. —
Justus es,
135). C.-à-d. jette un regard favorable sur Domine. Admirable parole, qu'il est bon
ton serviteur. Cf. Num. vi, 25; Ps. iv, 7, de redire dans l'épreuve à la suite du
,
Hébr. : éprouvé par le feu ( comme les 147). C.-à-d. de grand matin, au temps
métaux). Cf. Ps. xi, 7; xviii, d-iO. Ado- — qui se prête le mieux à la prière fervente.
lescentulus... (vers. 141). Hcbr. Je suis
: Hébr. Je devance Taurore
: et je crie. ,
petit. Comp. les vers. 9, 99 et 100, qui Cf. Ps. Lxxxvii, 11', etc. —
Prccvenerunt
parlent aussi de la jeunesse relative du oculi... (vers. liS). D'après Thébreu Je :
approchant de la fin de son chant, le poète m'attaquer) ceux qui poursuivent le crime.
s'échauffe, et ses demandes, comme ses — Prope es tu (vers. 151). Le psalmiste,
descriptions, deviennent de plus en plus rassuré par la divine présence, ne craint
ntenses. — Preeveni in maturitate (vers. rien de ses ennemis. —
Vi3& tux veritas.'
, ,, ,
Le Seigneur est toujours fidèle à accomplir se faire son avocat contre ses adversaires.
ses promesses. — Initio cognovi... (vers. Cf. Ps. XXXIV, 1; XLii, 1; lxxiii, 21. —
1.52).Depuis longtemps, le poète connaît L'expression vivifica me, si fréquente dans
tout ce qui concerne les préceptes de son le Ps. CXVIII, revient jusqu'à trois fois dans
Maître. cette strophe (comparez les vers. 15(5 et
153-160. Vingtième strophe (resch) : 159). — Longe a peccatoribus salus (vers.
Dieu ne saurait abandonner ceux qui sont 455). C'est leur faute quia non custodie-
:
fidèles à sa loi. —
Vide humilitatem... runt. — Multi qui persequuntur... (vers.
Hébr. Vois mon affliction.
: —
Judica judi- 157). Cf. Ps. III, 2-3. Malgré ce péril extrême,
cium (vers. 15i). Plutôt Plaide ma cause.
: il demeure fidèle à Dieu [non declinavi).
*^'
Mon âme a gardé vos témoignages,
et les a aimés ardemment.
^^^ J'ai observé vos commandements et vos témoignages,
car toutes mes voies sont devant vous.
« apostats », dit éiiergiquement l'hébreu. aux richesses les plus précieuses.— Septies
— Principium verborurti... (vers. 160). in die... (vers. 164). Il ne prie pas seule-
C'est la vérité qui est le fondement, ou, ment le matin et le soir, mais « sept fois »
selon d'autres, Tabrégé des commande- le jour, c.-à-d. très souvent. Sept était le
ments divins. chiffre de la perfection chez les Hébreux.
161-168. Vingt et unième strophe {schîn) : Cf. Ps. XII, 7; Lxxviii, 12, etc. —Pax
la parole de Dieu a été l'objet constant de multa... (vers. 165). L'obéissance à la loi
l'amour, de la joie et de l'espérance du est une source de joie inépuisable, comme
poète parmi ses tribulations. Persecuti... aussi d'entière sécurité {et non... scanda-
gratis : sans raison, d'une manière inique. lum; rien ne peut faire tomber ceux qui
—A verbis tuis formidavit... Sa crainte la pratiquent). —
Expectabam (vers. 166).
suprême, c'est d'enfreindre la loi du Sei- Écho de lagrande prophétie de Jacob Ge- (
1G9-17G. Vingt-deuxième strophe [thav] : ovis... (vers. 176) comme une pauvre
:
que Dieu exauce sa supplication, l'arrache brebis qui s'égare loin du troupeau, et
au malheur et le conserve fidèle à sa loi. qui court bientôt les plus grands dangers.
— Appropinquet deprecatio... (vers. 169). Mieux vaudrait employer la forme hypo-
Ilébr. : rinndfi , mon cri (d'angoisse). — thétique, puisque les moindres détails ont
I)a mihi intellectum : l'intelligence par- attesté l'entière fidéliti' du psalmiste. « Si
faite de —
Intret postulatio
la loi sainte. jeme suis égaré, cherche ton serviteur
(vers. 170). L'hébreu désigne encore une comme une brebis perdue. » L'hébreu se
prière inlimo et véhémente. Eructabunt — prête fort bien à cette traduction. —
Qusere
(vers. 171 dans le sens de publier avec
) : servum .. : pour le ramener au bercail. Le
enthousiasme. Hymnum : un cantique de psaume se termine par cette humble prière
louange. Cette pieuse promesse se continue adressée au bon Pasteur d'Israël.
dans les versets suivants. — Erravi sicut
, ,
PSAUME GXIX
* Canticum graduum.
Ad Dominum cum tribularer clamavi
et exaudivit me.
sivement de Chaldée en Palestine, après ils, auraient été chantés en cet endroit
que redit de Cyrus eut mis fin à l'exil. Les même. Ce sentiment parait peu vraisem-
psaumes graduels seraient donc des « chants blable. 4° D'après une opinion relativement
de retour », composés tout exprès pour être récente, mais qui est devenue à peu près
chantés dans cette joyeuse circonstance. commune de nos jours, la dénomination
Les partisans de cette opinion ne manquent dont il s'agit a un caractère avant tout lit-
pas d'alléguer l'expression haninia'alah téraire, et se rapporte à la structure des
mibBâbel, « la montée (pour revenir) de quinze poèmes, marquant un rythme gra-
Babylone, » employée par Esdras, vu, 9, dué et progressif des expressions et des
en vue de désigner l'un de ces heureux pensées. Ces psaumes seraient donc appelés
retours. Il fallait réellement « monter » « cantiques des degrés » parce qu'ils se
('ata/i), pour venir de Chaldée en Israël meuvent et s'avancent par des sortes d'as-
{Alas géogr., pi. i, viii). Plusieurs de ces censions, grâce à la répétition de certains
poèmes s'adaptent fort bien à l'occasion mots plus accentués. « Gradatim quasi pro-
indiquée (notamment les Ps. cxxi, cxxiii- greditur oratio, ita quidem ut antecedentis
cxxv, cxxviii); mais d'autres ne sauraient sententia^ pars ab initio subsequentis re-
s'y accommoder. 2" D'après une seconde peti, et passim novis verborum copiis au-
opinion ces « montées » ou degrés repré-
, geri, et quasi ascendere soleat. » (Gesenius.)
senteraient les pèlerinages que les Juifs Ce mouvement ascensionnel est très frap-
étaient tenus de faire trois fois par an à pant dans plusieurs des psaumes graduels,
Jérusalem, à l'occasion des trois principales et il n'en est aucun qui n'en contienne des
solennités rehgieuses (cf. Ex. xxxiv, 24; traces assez visibles. Nous l'indiquerons
III Reg. XII, 27, etc.) car, de tous côtés,
; pour chacun d'eux. —
Suavité et tendresse,
«
il fallait monter pour arriver à la ville ton triste et pathétique, brièveté, absence
de fait, le verbe ^alah sert très
sainte, et, habituelle du parallélisme dans le sens
souvent dans la Bible pour marquer un strict, rythme rapide » tels sont quelques-
:
voyage dont Jérusalem est le terme. uns des traits généraux que l'on rencontre
Ps. CXIX, 2-3. 569
2 Domine, libéra animam meam'a labiis iniquis
et a lingua dolosa.
^ Quid detur tibi, aut quid apponatur tibi
ad linguam dolosam ?
dans les cantiques des degrés. Ce sont des t-il (le Seigneur) et que t'ajoutera-t-il, ô
psaumes nationaux plutôt qu'individuels. langue maligne? Le verset 4 va répondre
Ils respirent une grande confiance en Dieu, à cette question ,en indiquant le double
une parfaite intimité avec lui. L'auteur — châtiment que Dieu tient en réserve pour
du Ps. CXIX vit « comme une brebis au les langues méchantes. —
Sagittse...acutse.
milieu des loups ». Dans sa détresse, il D'après divers passages bibliques, une
a recours à Jéhovah, qu'il conjure de le mauvaise langue est un glaive acéré (Ps.
délivrer des ennemis qui l'entourent et le Lvi, 6), une llèche aiguë (Jer. ix, 7), un
harcellent sans cesse. Ce cantique cadre- feu qui brûle comme celui de l'enfer (Jac.
rait assez bien avec les premiers temps III, 6). Sa punition correspondra adéqua-
qui .suivirent la fin de l'exil chaldéen et le tement à sa nature, car elle sera tour à
retour en Palestine alors que les Juifs
, tour transpercée et brûlée. Potentis. —
souffraient des menées hostiles des Sama- Ce « puissant » (hébr. gibbôr , héros)
:
ritains et des païens du voisinage. Trois — qui la châtiera n'est autre que Jéhovah
petites strophes prière à Jéhovah contre
: lui-même, car il est le héros par excel-
les langues malignes, vers. 'i''-2; accents lence, comme le faisaient remarquer les
indignés et menaces de châtiment, vers.
3-4; plainte plus calme, mais pleine de
tristesse, vers. 5-7. —
Le rythme de gra-
dation est très sensible dans ce poème :
labiis...
3° Seconde strophe le psalmiste inter-
:
plutôt du peuple juif qu'il représente. Dans bons de rotem, c.-à-d. de genêt. Cet ar-
l'hébreu, les mots « langue maligne » pa- buste, dont notre genêt d'Espagne est une
raissent être au vocatif Que te donnera- : variété, abonde dans la province de Ga-
570 Ps. GXIX, 4 — GXX, 4.
'^
Sagittse potentis acutse,
cum carbonibus desolatoriis.
^ Heu mihi quia incolatus meus prolongatus
,
est !
'^
Les flèches aiguës du puissant,
avec des charbons dévorants.
^ Hélas mon exil s'est prolongé.
!
PSAUME GXX
* Ganticum graduum.
Levavi oculos meos in montes,
unde veniet auxilium mihi.
laad et dans toute TArabie. Voyez VAtl. formaient une tribu nomade d'Arabes pil-
d'hist. nat., pi. xxx, fig. 5, 8, et comp. lards, qui allaient et venaient dans les dé-
I Reg. IX, 4; Job, xxx, 4. Le charbon qu'il serts compris entre l'Arabie Pélrée et la
fournit se consume lentement, et produit Babylonie. Gf. Is. lx, 7; Ez. xxvii, 21, etc.
une chaleur très intense c'est pour cela : Comme il était impossible dhabiter simul-
que le poète Fa choisi comme emblème. tanément chez ces deux peuples, leurs
4° Troisième strophe : plainte doulou- noms représentent ici toute sorte d'en-
reuse. Vers. 5-7. nemis cruels et sans pitié. Multum in- —
5-7. Le double châtiment qui vient d'être cola... Répétition qui montre combien le
prédit n'a pas encore éclaté, et, bien loin psalmiste est las d'habiter auprès de ces
d'être percée de traits, brûlée par des hordes sauvages. —
Cum his... Il relève,
charbons ardents la langue mahgne con-
, au verset 7 la maUce gratuite de ceux qui
,
reuse victime. Aussi le poète pousse-t-il relations avec eux, se montrer toujours
des cris de détresse Heu înihi! Il dé-
:
— aimable et pacifique, leur hostilité ne varie
crit ensuite souffrances
ses incolatus : pas {impugnabant...). Autre coupure et
meus...; il est obligé de séjourner longue- légère variante dans le texte hébreu, qui
ment chez des étrangers remplis d'acri- a plus de force et de beauté Depuis long- :
cantiques des degrés, nul ne favorise au- là qu'il attend sa délivrance. — Unde ve-
tant que celui-ci la quatrième opinion re- niet. Dans l'hébreu, avec un tourinterro-
lative à leur dénomination. Le « rythme gatif : De quel lieu me viendra le secours?
de gradation » y apparaît, en effet, presque A cette question,
poète répond sansle
à chaque ligne auxilium mihi, 1'', et
: hésiter : A Domino;
de Jéhovah, le Dieu
auxilimn meum, 1^] dormitet qui custo- créateur et tout -puissant, auquel toutes
dit, 3'% etdonnitabit... qui custodit, 4^'^; choses sont aisées {qui fecit...).
Doniinus custodit te, custodiat... Domi- 3° Développement du thème sentiments :
sa tristesse. — Le changement des per- que ton pied chancelle; que celui qui te
sonnes à partir du verset 3 {tuum, te..., garde ne sommeille pas Métaphores très !
au lieu de meum, mihi...) a suggéré à expressives. Cf. Ps.liv, 23; lxv, 9; lxxvii,
plusieurs commentateurs la pensée de deux 65, etc. —
Custodit. Ce verbe est employé
voix qui alternent; mais c'est plus proba- jusqu'à six fois dans la seconde partie du
blement le poète qui s'adresse lui-même psaume. C'est lui qui porte l'idée princi-
tour à tour la question et la réponse. — pale. — Ecce (ici, particule fortement affir-
Deux parties vers.li>-2, court prélude et
: mative) non dormitabit... Le poète est
thème du cantique; vers. 3-8, développe- parfaitement sûr que son souhait (vers. 3)
ment du thème, ou sentiments de con- sera réalisé aussi transforme-t-il déjà son
:
•^
Pendant le soleil ne te brûlera pas,
le jour
pendant la nuit.
ni la lune
' Le Seigneur te garde de tout mal ;
PSAUME GXXI
* Canticum graduum.
Lœtatus sum in his quse dicta sunt mihi :
présente ici le sud , et c'est précisément et de sorties » (Saint Jean Chrysost ). Cf.
du midi que vient la chaleur la plus pé- Deut. xxviii, 6; I Reg. xxix. G; IIReg. m,
nible. Au reste, dans la Bible, le protec- 25, etc.
teur se tient habituellement à la droite de Psaume CXXI
celui qu'il protège. Cf. Ps. xv, 8; cix, 5, etc.
— Per diem... A Tombre délicieuse du Chant de pèlerins en l'honneur de
Jérusalem.
Seigneur, Israël ne redoute pas les effets
pernicieux du soleil {sol non uret...)., par- Le titre. Vers. 1».
1"
ticulièrement terribles en Orient. Cf.IVReg. Ps.CXXI. —
lo Canticum graduum.
IV, 49; Judith, vin, 2-3; Jon. iv, 8. — Voyez la note du Ps. cxix, 1*. A la suite
Neque luna... Cet astre peut désigner ici de ces mots l'hébreu ajoute VDâvid, « de :
la froideur des nuits, qui est dangereuse David, » qui attribuent à ce grand roi la
dans tous les pays chauds. Mais il y a plus; composition du Ps. cxxi. Leur absence
car, d'après des expériences aussi sé- dans les Septante, la Vulgate, le chal-
rieuses que réitérées, la lune est réelle- déen etc. n'est pas une raison suffisante
, ,
ment dangereuse dans les contrées orien- pour que nous doutions de leur authenti-
tales, où elle produit, quand on demeure cité on ne peut apporter, du reste, contre
;
trop exposé à ses rayons, de cruelles la vérité du fait qu'ils énoncent, aucun ar-
ophtalmies et des inilammations de cer- gument concluant. David aura sans doute
veau parfois mortelles. Au reste, le soleil composé ce cantique après la translation
et lalune sont, dans ce passage, l'emblème de l'arche au mont Sion, alors que les
de toute sorte de périls. antiques prescriptions relatives aux trois
7-8. Quatrième strophe. Dominus — pèlerinages annuels des Israélites à Jéru-
custodit... , custodiat. D'après l'hébreu, salem avaient été remises en pleine vi-
tous les verbes devraient être au futur gueur. C'est, en effet, sous le rapport du
dans cette strophe. —
Introitum tuum. et sujet, un vrai psaume de pèlerinage à la
exitmn... C.-à-d. toutes ses démarches, ville sainte ; il semble destiné à une cara-
car « noire vie entière se compose d'entrées vane de pieux pèlerins qui arrivés aux ,
,
, , , ,
testimonium Israël
ad confitendum nomini Domini.
pèlerin se souvient des saintes délices qu'il une masse très compacte, une aggloméra-
avait éprouvées dans sa contrée lointaine , , les murs d'enceinte res-
ration saisissante
peut-être, lorsque avait retenti ce cri de serrant dans d'étroites limites l'espace où
ralliement: Nous allons partir pour la cité l'on avaitpu bâtir. Voyez V Atlas géogr.,
et le palais de Jéhovah ( in donium Do- XV, XYiii. Les voyageurs en ont de
pi. XIV,
mini...). Au lieu de in his quae dicta sunt tout temps reçu de vives et inoubhables
(au neutre) les LXX ont le masculin, impressions. —
Illuc enim... Second éloge,
comme l'hébreu (de même saint Augustin : qui porte sur des qualités d'un ordre su-
« in his qui dixcrunt mihi ») Je me suis : périeur Jérusalem est le centre religieux
:
réjoui quand on m'a dit... Stantes — de tout le pays. Les mots testimonium,
erant... Voici donc la caravane tout auprès Israël signifient C'est une loi pour Israël
:
de Jérusalem. « Nos pieds se tiennent à (cf.Ps. XVIII, 8; cxviii, 2, etc.). Ils for-
tes portes, » dit l'hébreu (au lieu de m ment une parenthèse, qui retombe sur la
atriis...). Les pèlerins se sont arrêtés pleins phrase précédente, pour la mieux préciser;
d'émotion, soit pour savourer le magni- ilsrappellent l'obligation stricte , imposée
fique spectacle qui s'offrait à leurs yeux, par le Seigneur à tous les Hébreux, d'aller
et que le psalmiste va aussitôt décrire, soit à Jérusalem à l'occasion des trois princi-
pour attendre, ajoute le ïalmud, qu'une pales fêtes religieuses. Cf. Ex. xxiii, 17;
, , , ,,
ad pacem... Hébraïsme qui revient à dire : Que la paix soit en toi Propter do-
! —
, , ,
PSAUME CXXII
Canticum graduum.
^
Ad te levavi oculos meos
qui habitas in cselis.
^ Ecce sicut oculi servorum
in manibus dominorum suorum
sicut oculi ancillae
in manibus dominée sua3,
ad Dominum
ita oculi nostri Deum nostrum
donec misereatur nostri.
ûiuni Domlni... Autre motif qui excite les ancillai, vers. 2; dominorum suorum et
saints désirs du poète envers Jérusalem; doïninse suse, vers. 2; tnisereatur, mise-
la charité fraternelle formait le premier rere, vers. 2 et 3; repletl sumus, repleta
(vers. 8); le zèle religieux forme le se- est, vers. 3 et 4; despectione , despectio,
cond (vers. 9). —
Quxsivl bona tibi... vers. 3 et 4.
Hébr. : Je cherche ce qui est bon pour toi. 2" Première strophe : le geste de con-
fiance. Vers. l''-2.
Psaume CXXII
l''-2. Ad te levavi oculos... Regard ai-
Israël opprimé invoque son Dieu avec le
mant, confiant, rempli de saints désirs et
sentiment d'une entière confiance. du sentiment d'une humble dépendance.
l» Le titre. Vers. l-'^. Le verset 1 énonce simplement ce fait :
Ps. CXXII. —
1*. Canticum graduum : Israël lève les yeux vers son Père céleste
le quatrième des psaumes graduels. Un {qui habitas...). Le verset 2 décrit encore
ancien auteur lui a donné le nom pitto- le même fait, mais en y ajoutant une
resque d' (( oculus sperans » l'œil qui , double comparaison, et en indiquant le
espère. C'est, en effet, un regard plein motif pour lequel les Juifs regardaient avec
d'espoir jeté sur Dieu en un temps de tant de persévérance du côté du ciel. —
grande souffrance, sous une oppression Sicut oculi... Rapprochement pittoresque
tyrannique. 11 est remarquable, au point et très expressif. En Orient, les serviteurs
de vue du fond par une vive intensité de
,
sont habituellement débouta quelque dis-
foi et de prière; sous celui de la forme, tance de leurs maîtres, les yeux fixés sur
par ses longs membres de vers à césure, eux, sur leurs mains « qui gouvernent
et, dans le texte hébreu, par des asso- toute la maison » et prêts à obéir au
,
nances réitérées qui ressemblent beaucoup moindre signal. Or Israël est le serviteur
à des rimes. Les circonstances de la com- de Jéhovah, et dans la main de Jéhovah
position sont inconnues. Deux strophes — : est l'avenir d'Israël est- il donc surpre-
:
les regards d'Israël sont constamment di- nant que ce dernier contemple son ^laître
rigés vers le Seigneur, vers. l'^-2; sa prière sans se lasser, jusqu'à ce qu'il voie les
aussi, vers. 3-4. —
Rythme de gradation : mains divines accomplissant la délivrance
oculos et oculi j vers. 1,2; servorum et et le salut {ita oculi nostri... donec...)'}
, ,
PSAUME CXXIII
*
Canticum graduum.
Nisi quia Dominus erat in nobis,
dicat nunc Israël
^
Cantique des degrés.
Si le Seigneur n'avait été avec nous,
qu'Israël maintenant le dise.
30 Seconde strophe : la prière non moins beaucoup plus récente. Le Ps. cxxni —
confiante. Vers. 3-4. dépeint en termes dramatiques et vivants,
3-4. Cette strophe « reprend comme un au moyen d'images aussi belles qui pitto-
écho » le misereatur nostri de la pre- resques, avec autant de rapidité que de
mière. Elle commence par un double vigueur, la manière merveilleuse dont le
(( Kyrie eleison » {miserere nostri), mo- Seigneur a arraché son peuple d'entre les
tivé en gradation ascendante quia mul- : mains des puissants et cruels ennemis qui
tum... (à deux reprises). Pour traduire — le menaçaient d'une ruine prochaine. —
exactement l'hébreu, la Yulgate aurait dû Deux parties vers. 'l''-5, sans le secours
:
nous, car nous sommes grandement ras- pas en avant, on en fait toujours la moitié
sasiés d'outrages; notre âme est grande- d'un en arriére. » Le rythme de gradation
ment rassasiée des mépris des arrogants est donc très visible : nisi quia Dominus,
et des outrages des despotes. » Peinture vers. 1^ et 2^; forte et forsitan, vers. 3,
d'une poignante détresse qui ajoute beau-,
4, 5''; aqua et aquam, vers. 4 et 5; per-
coup de force à la prière. transivit anima nostra, vers. 5* eto^; de
laqueo, laqueus, vers. 1^ et 7<=. Comparez
Psaume CXXIII aussi les versets S^^, 4^ et 5^.
2° Première strophe sans le secours
:
—
:
attribuant ainsi au grand roi la composi- C.-à-d. si Dieu ne nous eût protégés.
tion de ce poème. Les commentateurs ne Dicat nunc Israël. Sorte de parenthèse,
ratifient généralement pas cette donnée, qui contient une pressante invitation à la
car ils croient trouver dans le style des reconnaissance Qu'Israël répète sans
:
marques nombreuses d'une composition cesse qu'il doit tout son bonheur à Dieu.
, ,
de laqueo venantium;
laqueus contritus est,
et nos liberati sumus.
— Les adverbes forte et forsitan (vers. 3, 4, .5) l'en remercie avec amour, non sans dé-
ne traduisent pas exactement l'hébreu, qui crire encore, pour mieux exalter la déli-
alTirme au contraire énergiquement 'àz, : vrance les dangers dont elle avait été dé-
alors (LXX: — Cum
exurgerent...
apa). livrée. —
,
iiïimensam »).
3° Deuxième strophe sentiments de gra-
: Filet d'oiseleur. (.Peinture égyptienne.)
titude envers le divin libiirateur. Vers. 0-8.
0-8. Sans l'intervention divine, la nation pauvre oiseau avait été pris dans le piège;
théocratique aurait donc été anéantie; mais mais celui-ci se rompt tout à coup, et le
Jéhovah a daigné la sauver, et voici qu'elle captif s'enfuit à tire d'ailes. Image d'une
25
— . , ,
PSAUME CXXIV
^
Canticum graduum.
Qui confidunt in Domino sicut mons Sion. ,
in Jérusalem.
Montes in circuitu ejus;
etDominus in circuitu populi sui
ex hoc nunc et usque in sseculum.
*
Cantique des degrés.
Ceux qui se confient dans le Seigneur sont comme la montagne de
Sion.
Il ne sera jamais ébranlé, celui qui habite ^ dans Jérusalem.
Des montagnes sont autour d'elle ;
tine après la captivité de Babylone. Israël tique, que des montagnes entourent et
est opprimé par de cruels tyrans et sa foi , abritent réellement de tous côtés, à part
est mise à une rude épreuve; il y a même celui du nord. Voyez la figure ci -jointe
des apostats dans ses rangs; mais Jéhovah (p. 579} et y Atlas géogr., pi. xiv, xv, xvi,
protège sa chère nation, et ceux qui lui XVIII. — Dominus in circuitu populi...
demeureront fidèles sont sûrs de triompher Protection autrement solide. Cf. Zach. ii,
finalement. —
Deux strophes motifs de : 4-5. L'hébreu a une autre ponctuation; ce
confiance en Dieu, vers. l'^-S; prière en qui produit un sens légèrement diflérent,
faveur des Israéhtes fidèles, vers. 4-5. — et meilleur « Ceux qui se confient en
:
Rythme de gradation sicut mons et 7non-: Jéhovah sont comme la montagne de Sion:
tes, vers. 1 et 2 in œternum et in sseculum,
; elle ne chancelle pas, elle est affermie
vers. 1 et 2; in circuitu, vers. 2; justo- pour toujours. Des montagnes entourent
rum et justi, vers. 3; benefac et bonis, Jérusalem ainsi Jéhovah entoure son
;
Si l'épreuve était trop longue, trop vio- comme un prêtre, ses mains sur Israê
lente, les justes, que Dieu se proposait pour le bénir... Il invoque sur lui la paii
simplement d'éprouver manqueraient
, La paix, c'est la cessation de la tyrannie]
peut-être de courage pour la supporter, des inimitiés, des troubles, de l'angoisse;
et ils risqueraient d'être entraînés eux- la paix c'est la liberté l'harmonie l'uniléj
, , ,
PSAUME GXXV
* Canticum graduiim.
In convertendo Dominus captivitatem Sion,
facti su mus si eut consolati.
"-^
en Chaldée; une prière pour demander le ceux qui font un rêve (« quasi somnian-
rétablissement prochain et complet de la tes, » ainsi que traduit saint Jérôme).
nation. —
Deux strophes, qui commencent Locution toute classique. Ils n'osaient
par la môme expression la première : croire à leur bonheur, tant il était im-
concerne le passé, et la seconde l'avenir; mense, et il leur semblait tout d'abord
la première renferme l'action de grâces qu'il allait s'évanouir comme un beau
(vers. 1*^-3), la seconde la prière (vers. rêve. —
Tune repletum est... Rassurés
4-6). — Le rythme de gradation
con- : m bientôt sur la réalité de leurs impressions,
vertendo et couverte, vers. 1 et 4; nia- ils se livrèrent sans crainte à toute leur
gnijicavit Dominus faeere.,., vers. 2 et 3; joie Notre l)0uche fut remplie de rires
:
miltentes et portantes (le texte hébreu disent -ils d'après le texte hébreu (au lieu
emploie deux fois le même mot), vers. G. de gaudio). —
Tune dieent (pour « dice-
— Cantique gracieux et délicat. bant », à l'imparfait)... Les païens au
2" Première strophe le joyeux passé : milieu desquels ils vivaient, frappés de
ou action de grâces â Dieu pour la fin de cette attitude nouvelle, ne pouvaient s'em-
l'exil. Vers. 11^-3. pêcher d'y reconnaître l'œuvre de Jého-
l'J-â. La première ligne, in converten- vah, et ils s'écriaient avec admiration :
do Dominus captivitatem..., est un hé- Leur Dieu a vraiment fiut pour eux de
582 Ps. GXXV, 4-6.
"*
Converte, Domine, captivitatem nostram,
sicut torrens in austro.
^ Qui seminant in lacrymis,
in exullatione metent.
^'
Euntes ibant et fïebant,
miltentes semina sua.
Venientes autem venient cum exultatione,
portantes manipulos suos.
grandes choses {tnagnificavit... facere; est donc elhptique. C'est comme s'il y
hébraïsme, pour « magna fecit »). Pro- avait Ramenez nos captifs, de manière
:
pi. IV, V, vn, et comp. Jos. xv, 49; Jud. disette, le fellah ne peut guère ensemen-
I, 15, etc., dans le texte original. Durant cer son champ qu'à la condition d'arracher
l'été, cette contrée est toute desséchée et en quelque sorte le pain de la bouche de
ne présente presque aucune trace de vé- ses enfants mais quand la moisson est
; ,
PSAUME GXXVI
*
Ganticum graduum , Salomonis.
Nisi Dominus sedificaverit domum
in vanum laboraverunt qui œdificant eam.
Nisi Dominus custodierit civitatem,
frustra vigilat qui custodit eam.
-
Gantique des degrés, de Salomon.
Si le Seigneur ne bâtit la maison,
c'est en vain que travaillent ceux qui la bâtissent.
Si le Seigneur ne garde la cité
c'est en vain que veille celui qui la garde.
Voyez la note du Ps. cxix, 1^. L'auteur — : autant de choses qui dépendent de la bé-
Salomonis. Le fond et la forme du poème nédiction de Dieu, » et qu'aucun effort
confirment ce renseignement. Eu effet, le humain, quelque grand qu'il soit, n'est
Ps. CXXVI se compose presque unique- capable de procurer ou de conserver. —
ment de proverbes, qui rappellent beau- Deux parties 1° sans la protection de
:
coup ceux de Salomon par l'expression. Dieu, tous les efforts de l'homme de-
Les versets 1 et 2 ne font même que déve- meurent vains, vers. 1^-2^; 2° Dieu seul
lopper une parole de ce prince (cf. Prov. donne les enfants, qui font la force de la
X, 22, d'après l'hébreu). De plus, le nom famille, vers. 2^-b. — Rythme de grada-
de Y^didiah (vers. 2^, dans Thébreu) pa- tion : nisi Dominus, vers. 1''^^ sedifica-
raît contenir une allusion évidente à l'his- verit et sedificant, vers, l^c ; custodierit
toire de Salomon car Dieu lui donna
; et custodit, vers. l'^«; in vanum, frustra,
précisément ce gracieux nom par l'inter- ,
vanum surgere et sur-
est, vers, l^e et 2^;
médiaire du prophète Nathan (cf. II Reg. gite, vers. 2ab fdii, vers.3 et 4.
•
xn, 25). Enfin le trait qui termine le 2" Première strophe sans le concours :
même verset 2, dans le texte original, du Seigneur, tous les efforts de l'homme
semble rappeler aussi un incident de la demeurent vains. Vers. li^-2<=.
vie de Salomon. Voyez le commentaire, l'5-2'=. Des quatre exemples qu'emploie
et comp. III Reg. m, 5 et ss. Malgré ces le poète pour développer le thème indiqué
raisons, un certain nombre d'interprètes plus haut , trois sont renfermés dans cette
anciens et modernes rejettent l'authenti- strophe nous trouverons l'autre dans les
;
cité du mot Salomonis (hébr. US'^lo^noh) : versets 3-5. — Premier exemple, vers. !''<= :
'^
C'est en vain que vous vous levez avant le jour.
Levez -vous après vous être reposés,
vous qui mangez le pain de la douleur,
car c'est Dieu qui donne le sommeil à ses bien -aimés.
^ C'est un héritage du Seigneur que des enfants
;
nus custodierit... Combien de cités, soli- labeur de nouveau \ peine vous êtes-
!
dement et élégamment construites, rem- vous assis pour vous reposer ou pour
plies de gardiens qui veillent jour et nuit prendre votre repas, qu'il faut déjà vous
à leur préservation, deviennent en un lever pour vous mettre au travail.
instant la proie d'accidents sans nombre 30 Deuxième strophe de Dieu seul
:
matin, que vous retardez votre coucher, compense donnée par le Seigneur) cor-
mangeant le pain de douleur. Il (Dieu) respond à « hereditas » « fructus ventris »
;
PSAUME GXXVII
^
Canticum graduum.
Beati omnes qui timent Dominum
qui ambulant in viis ejus.
table; ainsi en est -il des fils qui entourent Quand le père de famille en question
leur père, tout préparés à le défendre si entouré de fils nombreux et vigoureux,
on venait l'attaquer. Dans la Vulgate, le devra discuter quelque affaire délicate avec
mot excussorum désigne les Israélites na- ses adversaires, aux portes de la ville, se-
guère chassés de leur patrie, et revenant lon la coutume de l'Orient (cf. Ruth, iv, 1 ;
à peine de leur lointain exil. L'hébreu a Job, XXIX, 7; Ps. lxviii, 13, etc.), il ne
une variante très expressive Ainsi les fils :
craindra rien des juges iniques, ni des
accusateurs injustes, ni des faux témoins :
Psaume CXXVII
Le bonheur du juste dans la vie
domestique.
plus robustes. —
Implevit desidevinm su- sources des saintes joies de l'homme juste :
um. D'après l'hébreu Heureux l'homme : Dieu, le travail, la famille (vers. li'-S).
qui en a rempli son carquois C'est la ! 2» Un souhait, relatif à la longue durée
continuation de la compaiaison de la flèche de ces joies (vers. 4-6). —
La version
(vers. 4). —
Non confundetur.,. in porta. syriaque attribue la composition de ce
25^
, ,
'^
Parce que tu te nourriras des travaux de tes mains
tu seras heureux et tu prospéreras.
^ Ta femme sera comme une vigne féconde
dans l'intérieur de ta maison.
Tes enfants seront comme de jeunes plants d'olivier
alentour de ta table.
gracieux poème à Zorobabel, après la fin vail est il honore son maître...
grand, car
de Texil. La date au moins paraît vrai- Que le (manuel) a de prix aux
travail
semblable. —
Rythme de gradation heatl : yeux de Dieu! » Voyez nos Essais d'exé-
et beatus es, vers. 1 et 2; qui timent et gèse, 1884, p. 239 et ss. Cf. I Thren. iv,
qui timet , vers. 1 et 4 benedicetur et ; 11, etc. —Uxor tua... Outre le bonheur
benedicat, vers. 4 et 5; videas, vers. 5 que procure le travail accompagné d'une
et 6. modeste aisance, le poète promet au fidèle
2" Première strophe : le bonheur domes- serviteur du Seigneur les douces joies de
tique de l'homme juste. Vers. l''-3. la famille, et, en quelques mots admira-
'l'^-3. Beati omnes... Le poète men- blement choisis, il peint la miniature
tionne d'abord d'une manière générale ce exquise d'un intérieur heureux et tran-
fait consolant, à savoir, que les fidèles quille. —
Sicut vitis abundans. L'épouse
serviteurs de Jéhovah sont habituellement est comparée, avec une parfaite justesse,
heureux. Il entre ensuite (vers. 2 et 3) à une vigne féconde. Cette plante ne peut
dans des détails du plus haut intérêt, se soutenir d'elle-même; il lui faut un
pour montrer en quoi surtout consistera appui surtout pour grandir et fructifier.
,
tuelle (« parce que »), car le psalmiste et elle a fait de la laine » c'est là tout
:
veut précisément dire que le juste dont il l'éloge d'une illustre Romaine. On sait
trace le portrait sera heureux parce qu'il qu'en Orient les femmes mènent une vie
travaille et que grâce à son noble labeur,
, très retirée et ne se produisent jamais
,
PSAUME CXXVIII
* Canticum graduum.
Ssepe expugnaverunt me a juventute mea,
dicat nunc Israël;
3° Deuxième stro])lie : souhaits pour que remercie son libérateur céleste avec les
cette prospérité soit durable. Vers. 4-6. sentiments de la plus vive gratitude. —
4-6. Ecce sic... Après ce charmant ta- Deux strophes : beaucoup souffert
Israël a
bleau, le poète répète que cette douce féli- de la part de cruels ennemis, mais Dieu
cité est réservée aux pieux amis de Jého- la secouru et sauvé, vers. \^-^; anathèmes
vah. Il ajoute ensuite une petite nomen- contre ces ennemis sans pitié, vers. 5-8.
clature, composée des souhaits les plus — Le rythme de gradation est assez peu
précieux: Benedicat... ex Sion... Bona — sensible ssepe expugnaverunt a juven-
:
—
•
Dans riiébreu, les mots pacem super malheurs de son peuple. Vers. l''-4.
Israël forment une proposition à part li>-4. Israël est invité à publier partout
comme au Ps. cxxiv, 5<= : Paix sur Israël ! avec reconnaissance {dicat nunc.) que,
par la miséricorde de son Dieu il n'a pas ,
runt mihi. » Ainsi donc, quelque violentes mant des traces douloureuses. Maïs le Sei-
et multiples qu'aient été les attaques diri- gneur est juste {Dominus..., vers. 4), et,
gées contre Israël, elles n'ont jamais réussi dans sa justice, il a coupé « les cordes »
à l'anéantir. — Supra dorsum meum... (ainsi dit l'hébreu) avec lesquelles ces
Image énergique pour représenter les per- ennemis sans cœur avaient lié son peuple
sécutions endurées par le peuple juif : ses comme un esclave. La Vulgate et les Sep-
tante vont beaucoup plus loin :
toutes sortes de rudes corvées ils ont la- ; tiges. Expression-^très délicate. —
De qvo
bouré son dos à coups de fouet, y impri- non... Le psalmiste continue de dévelop-
Ps. GXXVIII, 6 — GXXIX, 1. 589
^ Fiant sicut fœnum tcctorum,
quod priusquam evellatur exaruit;
'
(le quo non implevit manum suam qui metit,
PSAUME GXXIX
'
Ganticum graduum.
De profundis clamavi ad te , Domine ;
'
Gantique des degrés.
Du fond des abîmes je crie vers vous, Seigneur
per sa comparaison. On ne moissonne pas eux-mêmes répondant par une autre béné-
l'herbe des toits, car elle ne rapporte rien ;
dictionBenediximus vobis. Comp. Ruth,
:
PSAUME CXXX
^
Canticum graduum, David.
Domine, non est exaltatum cor meum,
neque elati sunt oculi mei.
heures chacune, qui commençaient à six iniquitatibus... Et, après avoir pardonné
heures du soir la veille du matin allait
: les fautes , il fera cesser les châtiments
donc de deux à six heures. L'hébreu pré- qu'elles avaient attirés.
sente ici quelques variantes d'une certaine
importance, qui ajoutent beaucoup de force
Psaume CXXX
à la pensée « J'espère en Jéhovah mon
: ,
Humble abandon entre les bras de Dieu.
âme espère je me repose sur sa parole.
;
1° Le titre. Vers. 1».
Mon âme (attend) Adonaï plus que les Ps. CXXX. — 1». Le genre : canticum
veilleurs (n'attendent) le matin, que les graduum. — L'auteur
David. L'hébreu :
soumission à ses desseins, la paix parmi hébreu, qui est beaucoup plus clair « En :
les circonstances qu'elle avait daigné choi- vérité, j'ai aplani et calmé mon âme; comme
sir pour lui, tels sont les traits de son noble un enfant sevré est auprès de sa mère
caractère. » Or ces traits nous sont pré- comme un enfant sevré mon âme est au-
sentés ici sous une charmante image, — près de moi. » Le psalmiste a donc ressenti,
Pas de division proprement dite. Les ver- à la façon des autres hommes, certaines
sets l'J-2 expriment l'idée mère du poème, tourmentes intérieures, produites par l'or-
sous une forme alternativement négative gueil; mais grâce à ses sentiments de pro-
et positive. Le verset 3 contient un cri d'en- fonde humilité il a réussi sans trop de
,
couragement adressé à Israël par son roi. peine à calmer, à « aplanir » son âme de ,
— Le rythme de gradation est nul dans la même qu'on aplanit une surface rugueuse
Vulgate; il consiste seulement, d'après le et ondulée. Aussi ressemble-t-il désormais
texte hébreu, dans la répétition des mots à un enfant sevré {sicut ablactatus), qui
« comme un enfant sevré » (voyez la note se tient tranquille entre les bras de sa mère,
du vers. 2'jc). sans demander à tout instant et à grands
Le psaume
2° sentiments d'une âme
: cris, comme autrefois, sa nourriture. Voilà
profondément humble, qui demeure tou- ce qu'est son âme apaisée par la grâce,
:
jours calme entre les bras de Dieu. Vers. elle attend sans trouble et sans impatience
Il- -3. les dons divins. —
La Vulgate exprime la
l''-2. Le poète n'a jamais aspiré d'une même pensée, mais avec un peu d'obscurité.
manière superbe à ce qu'il croyait plus Les mots si non... contiennent la formule
haut que lui. —
Domine... Doux épanche- abrégée du serment hébreu : Si, loin d'être
ment de son âme devant Dieu comme , humble, j'ai livré mon âme à l'orgueil, que
résultat d'un examen portant sur toute sa Dieu me traite selon toute sa justice. La
vie. Il peut se rendre le consolant témoi- proposition ita retributio... peut signifier :
gnage que son cœur est dénué d'ambition Moi aussi, comme l'enfant sevré, je rece-
{non eut exaltatuni...)., que ses yeux ne vrai la récompense de mon attitude paisible
sont point arrogants et superbes {neque et résignée.
elad...), que son esprit ne s'est jamais 3. Sperel Israël. -Ce verset élargit tout
occupé à combiner des plans gigantesques, à coup l'horizon, et donne un caractère
irréalisables {neque ambulavi...). Grada- général à ce petit psaume, qui était jus-
tion ascendante l'orgueil d'abord au cœur,
: qu'ici tout individuel. Les Israélites doivent,
puis dans l'attitude extérieure, enfin dans comme leur roi, écarter d'eux tout orgueil,
les démarches. —
Le verset 2 reproduit la et attendre en paix le secours du Seigneur,
même pensée en termes positifs, en y ajou- qui ne leur fera pas défaut, puisque, si
tant une comparaison aussi expressive que « Dieu résiste aux superbes il accorde sa
,
PSAUME GXXXI
'
Canticum gradimm.
Mémento, Domine, David,
et omnis mansuetudinis ejus.
^ Sicut juravit Domino
votum vovit Deo Jacob :
^
Cantique des degrés.
Souvenez -vous, Seigneur, de David,
et de toute sa douceur.
^ Souvenez -vous qu'il fait ce serment au Seigneur,
ce vœu au Dieu de Jacob :
versions. Comme il ne manque ni d'im- vers. 1^-5, 6-10, 11-13, 14-18. — Rythme
portance ni de beauté, les interprètes ont de gradation Deo Jacob, vers. 2 et 5; sa-
:
fait des recherches multiples pour décou- cerdotes tui induantur... , et sacerdotes
vrir son auteur, ou du moins l'époque de ejus induam... , vers. 9 et 16; hahilatio-
sa composition mais ils ont abouti ainsi
; , nem et hahitaho, vers. 13 et 14. Le nom
qu'il arrive d'ordinaire en pareil cas aux , de David revient une fois dans chacune
hypothèses les plus contradictoires, se dé- des quatre strophes (vers. 1, 10, 11, 17).
clarant tour à tour pour David Salomon ,
2o Première partie ce que David avait
:
Jéchonias, Zorobabel. Les vers. 8-10, que fait pour Jéhovah. Vers. X^-iO.
l'auteur des Paralipomènes II, vi, 41 et ss.)
( l'j-5. Première strophe projet du saint
:
place sur les lèvres de Salomon au moment roi d'élever un temple au Seigneur. Mé- —
de la dédicace du temple, semble fovoriser mento , Domine. Ces mots dominent le
le second sentiment. 11 en est de même du psaume entier. Souvenez- vous. Seigneur,
style. Mais cette conjecture ne dépasse pas soit de ce que David a généreusement
les bornes de la vraisemblance. En tout cas, accompli pour vous soit de ce que vous
,
il est certain que Lorigine du Ps. cxxxi re- avez promis de faire pour lui. David. —
monte à « une époque où le trône de David L'hébreu {VDàvid) doit se traduire ainsi:
subsistait encore, et où l'arche n'était pas Souviens-toi, Jéhovah, pour David; c.-à-d.
irrévocablement perdue pour Israël » C'est . en laveur de David, pour le récompenser.
le seul psaume qui fasse mention de l'arche. — Et... mansuetudinis ejus : de sa pa-
— x\ti nom de ce que David a fait pour tience, de son humilité pleine de dou-
Jéhovah, au nom de ce que Jéhovah lui- ceur. D'après l'hébreu de toutes ses fa-
:
« efforts » qu'il avaitdû faire pour réunir dire qu'elle avait séjourné à Ephrata, puis
les matériaux du futur temple. Sicut — « dans les champs des bois ». InEphrata.
juravit. Serment solennel dont les détails
, On sait que ce nom avait été primitive-
sont exposés poétiquement aux vers. 3-5, ment celui de Bethléem, la patrie de David
et qui fut exécuté fidèlement, toute la vie et du Christ Gen. xxxv, 19; Ruth,
(cf.
de David l'atteste. —
Deo Jacob. Hébr. : IV, 11 ; mais il n'est certaine-
Micli. v, 1 ) ;
le Fort de Jacob ['Abblr Ya'aqob). Nom ment pas question ici de celte bourgade,
divin emprunté à la Genèse, xlix, 24. Isaïe où l'arche ne résida jamais. « Ephrata »
l'emploie aussi çà et là (cf. Is. i, 24; xlix, est probablement synonyme d'Éphraïm, et
26, etc.). —
La particule si, trois fois ré- désignerait le village de Silo, qui était
pétée dans les versets 3 et 4, traduit un situé dans cette tribu, et où l'arche de-
peu servilement l'hébreu. C'est une for- meura pendant assez longtemps. Cf. Jos.
mule abrégée de serment : Que Dieu me xvni 1 I Reg. i 3 9 et iv 3 - 4 Ps.
, ; , , , , ;
châtie si... Elle équivaut à une forte néga- Lxxvii, 60, et le commentaire. Campis —
tion. — Tabernaculum domus niese. Péri- silvse. En hébreu S'^dé - Yà'ar ; nom :
phrase poétique pour « domus ». De même propre qui correspond selon toute vraisem-
l'expression lectutn strati. — Les mots blance à Qiriat-Y^'arim (« la ville des
requiem temporibus manquent dans l'hé- bois »), localité qui avait eu l'honneur
breu; la Yulgate les a ajoutés, à la suite de posséder l'arche pendant vingt ans.
des Septante. Cf. I Reg. VII, 1 et ss. Elle était située à
6-10. Seconde strophe translation de
: louest et à environ quinze kilomètres de
l'arche par David sur la colline de Sion. Jérusalem {Atlas géogr., pi. vu). Introi- —
—
•
Ecce : trait pittoresque. Le sujet des bimus... Grande allégresse du peuple, à
verbes audivimus, invenimus , etc., c'est la pensée que, désormais, c'est à Jéru-
toute la nation Israélite Le pronom eam salem qu'ils trouveront l'arche, dans un
se rapporte à l'arche, qui n'est mentionnée sanctuaire digne d'elle. In loco ubi ste- —
directement qu'au verset 8. Les Hébreux terunt... regardait cette arche comme
On
tracent en quelques mots émus Thistoire l'escabeau des pieds divins parce qu'elle ,
xxvm, 2; Ps. xcvni, 5, etc. [Atlas arch., parce qu'ils étaient chargés du culte sacré
pi. cm, fig. 6). —
Surge, Domine,.. Écho et qu'ils avaient des rapports plus intimes
des paroles que Moïse prononçait, durant avec le Seigneur, se revêtir de la justice,
lorsque
le trajet à travers l'Arabie Pëtrée, de la perfection, comme d'un magnifique
les lévites qui portaient l'arche se met- \ élément (induantur...) Puisse son peuple,
!
taient en mouvement pour gagner une désigné par le beau nom de hasldim ou de
station nouvelle. Cf. Num. x, 35-3G; saints (Vulg. : sancti lui...), se réjouir à
jamais en lui! Puisse surtout le roi, l'oint
de Jéhovah [christi iii(i), jouir toujours de
la faveur divine Car tel est le sens de la
!
vraiment le lieu de son repos. Cf. I Par. tuité sur le trône de David des rois issus
xxvm, 2. — Arca sancti ficallonis tusc. de ce prince. Voyez le texte complet de ce
G.-à-d. l'arche sanctifiée par la présence célèbre oracle au second livre des Rois,
de Dieu. D'après l'hébreu l'arche de ta
: VII, 12 et ss. Ce n'est que par le Christ,
majesté. —Saco'dotes tui... On conjure fils de David, qu'il a pu s'accomplir inté-
^-
Si tes fils gardent mon alliance
et les préceptes que je leur enseignerai,
à tout jamais aussi, leurs enfants
seront assis sur ton trône.
^^ Car le Seigneur a choisi Sion;
il l'a choisie pour sa demeure.
14
C'est là pour toujours le lieu de mon repos
j'y habiterai, car je l'ai choisie.
Je donnerai à sa veuve une bénédiction abondante ;
cas d'infidélité, le i'ond de la promesse aimée, il bénira les faibles et les pauvres
devait subsister, et Dieu ne devait châtier {viduain, pauperes) ses amis de prédi-
,
qu'à la façon d'un père. Cf. II Reg. vil, 14; lection, fournissant largement à tous leurs
Ps. LXXXYiii, 31. —
Quoniam elegit... besoins {saturabo.. ); il accordera aux
(vers. 13). Réflexion ajoutée par le poète prêtres et au peuple {sancti, les haslcUm)
aux paroles de Jéhovah. Si Dieu s'est en- les faveurs spéciales qui lui ont été de-
gagé à établir à jamais le trône théocra- mandées pour eux (comp. le vers. 9); il
tique dans la ville de Jérusalem, c'est à bénira la maison royale de David, en lui
cause de son amour pour cette sainte cité. concédant la puissance dont la corne est
Cf. Ps. Lxxvii, G7 et ss. l'emblème (co>'nuZ)at'id; cf. Ps.Lxxxviii,18;
14-18. Quatrième strophe suite des : CXI, 9, etc.), et la splendeur figurée par la
promesses du Seigneur à David. Haec... — lampe {paravi lucernani... ; cf. II Reg.
Dieu prend de nouveau la parole, pour XXI, 17; ïV Reg. xi, 36; xv, 4; Ps. xvii,
faire connaître en détail les grâces pré- 29, etc.); il bénira encore cette glorieuse
cieuses qu'il se propose de répandre sur maison, en couvrant ses ennemis de con-
sa ville de prédilection. 11 répond ainsi di- fusion, et en faisant lleurir sur elle sa
rectement au « Mémento » qui lui a été propre couronne comme s'exprime l'hé-
,
adressé dans les trois premières strophes breu (au lieu de sanctificatio mea), c.-à-d.
du psaume. —
Requies mea. Sa résidence en rendant prospère le gouvernement de
perpétuelle. Comparez le verset 8. Il n'a- ses rois. — Au vers. 15, au lieu de viduam
vait établi que d'une manière transitoire ejus... bencdica))i , l'hébreu porte Je bé- :
son séjour à Silo (Ps. lxxvii, GO), à Béthel nirai sa nourriture; c.-à-d. je fournirai à
(Jud. XX, 27), à Masplia (Jud. xxi, 5), à Jérusalem une nourriture excellente et
Cariathiarim (note du vers. 6), dans la abondante. Les Septante suivent exacte-
maison d'Obédédom (II Reg. vi, 12) il : ment cette leçon, car ils ont : tt.v 6r,pav
veut habiter à Jérusalem in sxculuni sae- aÙTTj;. Cependant Codex Alexandrin a
le
culi. Grande emphase dans la répétition Xripav, et c'est de là que vient la variante
hic liàbitabo. — De cette résidence bien- de la Yulgate, qui donne d'ailleurs un
,
**^
Là je ferai paraître la puissance de David ;
PSAUME GXXXII
*
Ganticum graduum, David.
Ecce quam bonum et quam jucundum
habitare fratres in unum !
*
Gantique des degrés, de David.
Ah qu'il est bon et agréable
!
excellent sens. —
Presque à lunanimité raient de toutes leurs provinces à l'occa-
les interprètes croyants appliquent au Mes- sion des trois grands pèlerinages annuels.
sie les vers. 17-48, qui ne lui conviennent Le roi -poète montre à ses sujets, privés
pas moins que les versets 11 et 12. Les sans doute de ces joies saintes pendant les
anciens Juifs y ont trouvé la base de cette troubles et les luttes intestines des années
belle prière Le rejeton de David, ton
: « antérieures à son règne, quels précieux
serviteur le Messie), fais-le promptement
( avantages ils pouvaient trouver à les goûter
germer, et que sa corne s'élève bien baut en Dieu. —
Pas de division proprement
en vertu de ton salut. » Et Zacharie, le dite. Le verset 1 contient l'idée mère du
père du Précurseur, en tira son admirable poème, qui est ensuite développée et
action de grâces: « Benedictus Dominus..., rendue sensible par deux belles compa-
quia... erexit cornu salutis. .. in domo raisons (vers. 2-3). —
Rythme de grada-
David pueri sui. » (Luc. i, 68 et 79.) tion: la répétition des mots quod descendit
et barbani, au vers. 2. Le chant est « simple,
Psaume CXXXII pittoresque, original », et « tout empreint
de l'esprit oriental ».
Les charmes de l'union fraternelle.
2° Explication du psaume. Vers. l^^-S.
1° Le titre. Vers. 1». 1^"= Ecce quam bonuni. L'idée mère
Ps. CXXXIL — 1».
Canticuru graduum : du poème est aussitôt exprimée très net-
le quatorzième de ces beaux cantiques. tement. Le mot fratres exprime tout à la
D'après l'hébreu, l'Itala, la Yulgate (non fois l'identité du sang et l'identité de l'es-
toutefois les LXX), il aurait été composé prit et du cœur; or Israël était vraiment
par David, et en réalité il respire complè- un peuple de frères, puisque tous ses
tement l'esprit de ce grand roi On dirait membres avaient un même père selon la
« un rejeton issu de son amitié fraternelle chair, une même patrie, les mêmes inté-
pour Jonathas ». David aura pu l'écrire à rêts, et surtout le même
Dieu. Ce dernier
peu près en même temps que le Ps. cxxi, centre était le plus intime; la religion for-
lorsqu'il eut restauré le culte divin. Il y mait le lien le plus robuste et le plus pur
chante, sous des images tout orientales, de leur fraternité. —
Quand des hommes
le bonheur qu'il y a pour des frères à se sont frères à tant de titres, il est pour eux
trouver réunis, ainsi que les Israélites Té- extrêmement bon et vraiment « déhcieux »
taient au sanctuaire, quand ils y accou- (c'est le sens de l'hébreu nà'im; Vulg. :
, , , ,
PSAUME GXXXIII
^ Ganticum graduum.
Ecce nunc benedicite Dominum
omnes servi Domini ;
traînées dans l'atmosphère par les rayons de bénédictions, car Dieu y envoie {man-
du soleil, retombent le soir en rosée
et davit) perpétuellement ses faveurs les plus
abondante sur les montagnes plus petites précieuses.
qui entourent ses contreforts. 11 faut avoir Psaume CXXXIII
vu l'Hermon, avec sa couronne d'or et
d'argent qui se dresse dans un ciel d'azur,
Les ministres sacrés sont invités à louer
pour comprendre parfaitement l'image. Jéhovah de tout leur cœur.
Nulle part, dans toute la contrée, il n existe Le litre. Vers. 1=*.
lo
une rosée aussi abondante que dans les CXXXIII.
Ps. —
la. Canticum graduum.
localités situées aux alentours de l'Hermon. » C'est le dernier des quinze psaumes gra-
Un autre voyageur écrit à propos du phé- duels. Ce petit poème consiste en une
nomène de la rosée, tel qu'il se produit pieuse invitation adressée aux prêtres et
,
26
— ,
PSAUME CXXXIV
* Alléluia.
Laudate nomen Domini;
laudate, servi, Dominum,
*
Alléluia.
Louez le nom du Seigneur;
louez le Seigneur, vous ses serviteurs.
tournait de son côté poui' prier. praut. 11 n'a presque rien d'original, et
3° Réponse des minista^es sacrés à lin- on ne la pas comparé sans raison à une
vitation du peuple. V'ers. 3. (c mosaïque », dont les fragments divers
Benedicat... Dominus. Formule de
3. ont été fournis par d'autres psaumes ou
la bénédiction sacerdotale aussi bien chez , par les écrits des prophètes. Comparer les
les Juifs que chez les chrétiens. Cf. Num. versets 1-2, et le Ps. caxxiii, 1; le ver-
VI, 2i, etc. La bénédiction s'adrcs.se au set 7, et Jer. x, 13; li, 15; les vei-sets 14,
peuple entier, envisagé comme formant et Deut. XXXII, 36; Les versets i6-2tV, et
une seule personne morale (te). Ex — le Ps. cxiii, 12 et ss. Etc. —
L'époque de
(Sion. Centre sacré des divines faveurs. la composition parait avoir été assez tar-
Cf.. Ps. cxxvii,, 5; cxxxu, 3 y etc. Qui — dive, et l'on ne se trompe probablement
fecit caclum... Celui qui a tout créé est pas beaucoup en la plaçant après la cap-
iniiniraent puissant pour bénir. Cf. Ps. tivité de Babylone. —
Quatice parties irré-
Gxiv, 15; Gxx, 2, etc. gulièrea : 1° invita LLoii à. louer Dieu, sel-
, ,
''
Car le Seigneur s'est choisi Jacob,
et Israël pour sa possession.
^ Pour moi, j'ai reconnu que le Seigneur est grand,
et que notre Dieu est au-dessus de tous les dieux.
^'
Tout ce qu'il a voulu, le Seigneur l'a fait,
au ciel et sur la terre
dans la mer et dans tous les abîmes.
fait venir les nuées de l'extrémité de la terre;
''
Il
il change les foudres en pluie.
vant de préambule, vers. 1-4; 2" les vers. 4 est un écho de Deut. vu, G. »
principaux motifs de louange, vers. 5-14; 3° Les principaux motifs qui excitent
3"* vanité des idoles, vers. 15-18; conclu- Israël à louer Jéhovah. Vers. 5-14.
sion, vers. 19 -'il. 5-7. Seconde strophe: le Seigneur est
2» Préambule : invitation à louer le Sei- digne de louange, à cause des merveilles
gneur. Vers. 1-4. qu'il produit dans le domaine de la nature.
1-4. Première strophe. —
Laudate no- Beau thème, très souvent et magnifique-
tnen Domini. Comparez le Ps. cxii, 1. ment développé dans les saints Livres. —
Les servi qu'interpelle le psalmiste sont Ego cognovi. Mots accentués Je sais de :
tout d'abord les ministres sacrés, comme science certaine par mon expérience per-
,
1 1
Sehon regem Amorrhseorum
,
et Og regem Basan ,
11
Séhon, roi des Amorrhéens,
et Og, roi de Basan,
et tous les royaumes de Chanaan.
'-
Et il a donné leur terre en héritage,
en héritage à Israël son peuple.
13
Seigneur, votre nom subsistera éternellement;
Seigneur, votre souvenir s'étendra de génération en génération.
Car le Seigneur jugera son peuple,
et il aura pitié de ses serviteurs.
Zach. X, 1. —
Ventos de thesauris. Sur IX, 1; XI, 23; Jos. xxiii, 29. —
Sehon, Og.
cette métaphore, voyez Job, xxxvm, 22, Les deux fameux rois amorrhéens de la
et le Ps. XXXII, 7. Palestine transjordanienne. Cf. Num. xxi,
Troisième strophe
8-9. Jéhovah est : 20-23, 33-34; Deut. ii, 30; Jos. xii, 2-4.
digne de louanges, parce qu'il a délivré — Regem Basan. Sur cette fertile pro-
les Hébreux de la tyrannie des Égyptiens. vince du nord- est de la Terre promise,
— Qui percussit... (vers. 8), misit signa... voyez Num. xx, 33; xxxii, 33; Ps. lxvii,
(vers. 9). Voyez le Ps. civ, 27, 30. Plia- — 16, et YAtl. géogr., pi. vu. —
Omnia ré-
t'aoneni (hébr. Far'oh). Titre commun à
: gna Chanaan. La Palestine occidentale ou
tous les rois d'Egypte, Les égyptologues ne cisjordanienne, conquise par Josué, tan-
sont pas d'accord sur son étymologie pi- : dis que lesprovinces orientales avaient
ouro, le roi, d'après Jablonski; ph-ra, été conquises par Moïse. —Dédit,., here-
le soleil, d'après Rosellini, Lepsius, etc.; ditatem : comme une propriété solide et
per-aa, la grande maison, d'après M. de permanente. Le mot hereditatem est ré-
Rougé (de môme Sublimeque l'on dit « la pété d'une manière emphatique, pour ac-
l^orte ))). — In medio
JEgypte. L'E- tui, centuer cette idée.
gypte est interpellée ironiquement. Cf. Ps. 13-14. Cinquième strophe ce Dieu si :
I
,
^'
Aures habent, et non audient;
neque enim est spiritus in ore ipsorum.
*^ Similes fiant qui faciunt ea,
illis
PSAUME CXXXV
* Alléluia.
Confitemini Domino, quoniam bonus,
quoniam in seternum misericordia ejus.
^ Confitemini Deo deorum
quoniam in seternum misericordia ej us.
^ Confitemini Domino dominorum,
quoniam in seternum misericordia ejus.
^ Qui facit mirabilia magna solus
quoniam in a^ternum misericordia ejus.
^ Qui fecit cselos in intellectu
quoniam in seternum misericordia ejus.
* Alléluia.
Célébrez le Seigneur, car il est bon
car sa miséricorde est éternelle.
^ Célébrez le Dieu des dieux
car sa miséricorde est éternelle.
^ Célébrez le Seigneur des seigneurs
car sa miséricorde est éternelle.
^ C'est lui qui fait seul de grands prodiges,
car sa miséricorde est éternelle.
^ Il a fait les cieux avec intelligence
car sa miséricorde est éternelle.
glorieuse énumération qui va suivre (ver- lunam... (vers. 9). /n- potestatem : c.-à-d,
set 5-25). Comp. le Ps. lxxi, 18 (et aussi pour dominer, pour gouverner. Cf. Gen.
le Ps.Lxxxv, iO), où la même pensée est 1, 16. Le poète rattache à la mention de la
exprimée en termes identiques. —
Fecit lune celle des étoiles, qui sont destinées,
Ccclos in intellectu (vers. 5). L'intelligence elles aussi, à éclairer la nuit.
du Créateur resplendit admirable-
infinie Second motif de louanges les bien-
4° :
ment dans les cieux. Cf. Job, x, t^ Ps. ; faitsdont le Seigneur a comblé son peuple.
cm, 24; Prov. m, 19. —
Firmavit ter- Vers. 10-25.
rain... Hébr.
(vers. 6), Il a étendu la
: 10-15. Israël délivré du joug des Égv'p-
terre sur les eaux. Voyez le Ps. xxin, 2, tiens. —
Qui percussit JEgyptum... Ce
et le commentaire. Cf. Is. xlii, 5; xliv, 24. trait et le suivant suivent de près le récit
— Luminaria iiiarjna. Cf. Gen. i, li-IG. poétique du Ps. cxxxiv, vers. 8 et ss. —
Ces deux grands luminaires sont aussitôt In manu jwtenti... (vers. 12). Emprunt
mentionnés nommément, avec l'indication à l'Exode, xni, 9, et au Deutéronome,
de leur principal rôle solem... (vei^. 8);
: IV, 3^4, et V, 15, etc. —
Bivisit... in divi-
, , ,, , , , ,
19
Séhon, des Amorrhéens,
roi
car sa miséricorde est éternelle ;
20
et Og, roi de Basan,
car sa miséricorde est éternelle.
"^^
Et il a donné leur terre en héritage
car sa miséricorde est éternelle
22
en héritage à Israël son serviteur,
car sa miséricorde est éternelle.
23
Il s'est souvenu de nous dans notre humiliation
siones (vers. 13). Expression très éner- VIII , 15. — Qui percussit... (vers. 17 et ss.).
gique, propre à ce psaume. Littéralement Emprunt presque littéral au Ps. cxxxiv,
dans l'hébreu Il coupa la mer Rouge en
: 10-12, avec la légère variante reges ma-
morceaux. —
Excussit Pharaonem (ver- gnos , au lieu de « gentes multas ».
set 15). Autre locution pittoresque Dieu : 23-25. Résumé général des bienfaits ré-
« secoua », pour ainsi dire, le pharaon et pandus par le Seigneur sur le peuple
son armée {virtutem ejus), pour s'en dé- hébreu. —
In humilitate nostra : lorsque
barrasser. Nous trouvons ce même verbe les Israélites furent humiliés tour à tour
dans TExode, xiv, 27 (d'après l'hébreu), par les Égyptiens, les Philistins, les Sy-
à l'occasion du même fait. riens, les Assyriens, les Chaldéens, etc.
16-22. Israël installé par Jéhovah dans Dans toutes ces circonstances doulou-
la Terre promise. —
Traduxit populum... reuses, Dieu se ressouvint d'eux et les
Le trajet de quarante années à travers le sauva. —
Qui dat escam... Trait délicat,
désert. La phrase est empruntée à Deut. qui relève la tendre et universelle bonté
, , , , , ,
PSAUME CXXXVI
Psalmus David Jeremise. ,
^
Super flumina Babylonis illic sedimus, et flevimus,
cum recordaremur Sion.
Ps. CXXXVL —
Pas de titre dans l'hé- ( Patrizi )
,
qui ne fut jamais captif des Chal-
breu celui que nous lisons dans la Vul-
: déens. Déjà Théodoret rejetait le titre des
gate vient des Septante. Les mots David LXX comme apocryphe. —
Élégie vrai-
Jeremise (le premier au datif, xCo Aa-jîô; le ment admirable. « Un des chefs-d'œuvre
second au génitif ispeaio-j) sont assez diffi- de la poésie lyrique des Hébreux... Le
ciles à expliquer. Ils signifieraient, d'après patriotisme et la religion ne peuvent pas
quelques interprètes : Psaume de Jérémie s'élever plus haut. » « La tristesse du dé-
26*
.,
but, l'émotion touchante des hgnes qui 1-4. Sedimus et flevimiis. Ces prétérits
suivent, et l'indignation qui éclate à la fin indiquent une action qui a complètement
en imprécations terribles, forment une pris fin, et, par suite, la cessation de
gradation du plus grand effet. » « Le rexil. C'est donc un simple souvenir que
rythme, qui est d'abord doucement élé- raconte le psalmiste. — Supev /lumina...
giaque, devient de plus en plus agité; ((Le bord des fleuves comme celui de la
,
accumulant les sons gutturaux et sifflants. mer, est la retraite favorite de tous ceux
qu'une affliction profonde
attire dans la solitude, loin
du tourbillon des hommes. .
Le clapotement monotone
des vagues entretient le
cours des pensées sombres
et mélancoliques, et en
même temps la vue des
ondes fraîches , agitées
produit une impression
adoucissante sur le cœur
affligé. » Les fleuves sont
mentionnés au pluriel, car
le poète avait en vue tous
ceux qui arrosent la Ba-
bylonie l'Euphrate
: le ,
tesses de l'exil, vers. 1-4; sentiment d'un daient leurs kinnôr, dit l'hébreu (leursJ
ardentamour pour Jérusalem, vers. 5-6; luths; au lieu de organa nostra). Ma-j
anathèmos contre les ennemis d'Israël, nière dramatique de dire que le temps de
vers. 7 -9. la joie était passé, que les douleurs de]
2" Première strophe les tristesses de l'exil étaient sans consolation. Cf. Eccli.
in die Jérusalem;
pour lequel les joyeux instruments à coi^des des littérateurs. met dans
Cette vigueur
des Israélites captifs étaient muets désor- un lumineux son amour pour Jéru-
relief
mais les vainqueurs, plutôt par curiosité
: salem, et son mépris profond pour Baby-
et par mode de passe- temps que par déri- lone. — Oblivioni detur. L'hébreu signifie
sion, demandaient aux déportés de leur plutôt : Que ma droite s'oublie. Une main
chanter hymnum... de canticis Sion (ex- qui s'oublie cesse d'agir, et devient para-
pression très spéciale, qui précise le sens lysée, inutile. La Vulgate a d'ailleurs une
des mots verba cantionum), c.-à-d. signification semblable. —
Adhxreat lin-
quelques-uns de leurs cantiques sacrés. gua... Que sa langue aussi perde le mou-
Comp. le verset 4. Mais c'eût été là vement, et la parole par là même. Si —
comme une profanation Quomodo can- : non proposuero... Saint Augustin et le
labinius... in terra aliéna? Assurément Psautier romain ont la variante « praepo-
les Hébreux durent chanter plus d'une suero » d'après les Septante ce qui se
, ;
fois des psaumes et d'autres saints can- rapproche davantage de l'hébreu (littéra-
tiques en Chaldée mais seulement entre
, lement si je ne fais pas monter Jérusa-
:
PSAUME CXXXVII
^
Ipsi David.
Gonfitebor tibi, Domine, in toto corde meo,
*
De David.
Je vous célébrerai , Seigneur, de tout mon cœur,
périls, s'étaient au contraire de tout temps petram. Isaie, xiir, 46-18, et xiv, 24, avait
associés aux ennemis d'Israël (cf. Amos, nettement prédit ce trait qui nous fait à ,
1,44; Abdias, 44-46), et naguère encore bon droit frémir, mais qui entrait alors
aux Chaldéens (cf. Ezech. xxv, 42-44; dans les coutumes de la guerre (cf. 1\ Reg.
XXXV, 3, 5, 40, etc.). Au jour de la ruine VIII, 42; Os. XIII, 46, etc.; Homère,
de Jérusalem {in die...), ils avaient bru- Iliade, xxii, 63, et xxiv, 734). Sur ces
talement excité les vainqueurs à anéantir malédictions, voyez le commentaire du
la capitale juive, en répétant Exinanile... : Ps. V, vcr.-\ 44. « Ce qui est le privilège
usque ad fundanienturu (de manière à ne et le bien particulier d'Israël, (les auteurs
pas laisser pierre sur pierre). Cf. Thren. des psaumes) souhaitent (souvent) de le
]v, 2'2. —
Filia Babylonis... « Des faux voir partagé entre le monde entier; mais,
frères, le psalmiste passe à Babylone, » pour cela même, ils désirent aussi voir
vers. 8-9. La fille de cette grande cité, c'est briser l'inimitié que le monde païen por-
sa population qui est représentée ici
,
tait au peuple de Dieu. » C'est donc avant
comme entièrement « dévastée » (c'est le tout la ruine de l'empire du mal que le
sens de l'hébrou; Vulg. misera), parce
: poète demande ici.
que le poèlo, confiant aux anciens oracles
(cf. Is. xiii-xiv; XXI, 4-40), sait que Babel Psaume CXXXVII
n'échappera pas au châtiment qu'elle a si
Action de grâces à Dieu pour ses bien-
bien mérité. Elle fut détruite en 540 avant
faits passés, sentiments de confiance
J.-C, par Darius, fils d'Hystaspe. Beatus — pour l'avenir.
qui retribuet... Envisageant ce châtiment
comme un juste salaire des crimes et des 4° Le titre. Vers. 4».
cruautés de Babylone envers le peuple de Ps. CXXXVII. — 4^ Seulement le nom
—
614 Ps. GXXXVII, 2-3.
quoniam audisti verba oris mei.
In conspectu angelorum psallam tibi;
^ adorabo ad templum sanctum tuum,
et le style, au
psalmiste exquis d'Israël ».
« iï'Elôhim. Évidemment ce nom ne sau-
11 le composa peut-être quelque temps rait conserver ici sa signification accou-
après la mort de Saûl, lorsque tout Israël tumée, et désigner le vrai Dieu. Les com-
se fut rangé sous son sceptre (cf. Il Reg. mentateurs anciens et modernes lui font
v, 1 et ss.); ou bien, un peu plus tard, représenter tantôt les dieux païens (saint
quand il eut reçu de Dieu la glorieuse Jérôme, Aquila, Symmaque les idoles :
S'ils sont authentiques, ils signifient que transporte par la pensée dans le temple
ces prophètes faisaient chanter fréquem- (vers. 2), devant Jéhovah qu'entourent ses
ment lo Ps. cxxxvii à Jérusalem, après la anges, et il veut s'unir à ces esprits bien-
fin de la captivité. —
Le cantique s'ouvre heureux, imiter leur ferveur. Ad tem- —
par une action de grâces toute délicate et plum : dans le sens large de sanctuaire,
aimante, pour les bienfaits sans nombre de tabernacle, comme au Ps. v, 8, etc.
que David avait reçus du Seigneur; il Motif de cette action de grâces privée et
souhaite ensuite que tous les princes de publique super misericordia tua (l'im-
:
la terre s'associent à cette pieuse louange mense bonté de Dieu envers David), et ve-
du roi israélite; il se termine par un san- ritate tua (sa fidélité à ses promesses). —
timent denticre confiance en Dieu. De là Quoniam magnificasti... L'adjeclif omne
trois stiophes vers. 'Ï^S, acfion de grâces
: est employé d'une manière absolue Vous :
pour le passé; vers. 4-G, souhait et pré- avez glorifié, exalté voire saint nom, au-
diction relativement aux païens vers. 7-8, ; dessus de tout. Variante dans l'hébreu :
''
Que tous les rois de la terre vous célèbrent. Seigneur,
parce qu'ils ont entendu toutes les paroles de votre bouche.
^ Et qu'ils chantent les voies du Seigneur,
car la gloire du Seigneur est grande.
^ Car le Seigneur est très élevé, et il regarde les choses basses,
et de loin il connaît les choses hautes.
' Si je marche au milieu de la tribulation, vous me rendrez la vie;
vous avez étendu votre main contre la fureur de mes ennemis
et votre droite m'a sauvé.
^ Le Seigneur me vengera.
Seigneur, votre miséricorde est éternelle;
ne méprisez pas les œuvres de vos mains.
des Rois, chap. vu, qui avait prédit à au sujet des voies du Seigneur, c.-à-d. au
David la perpétuité de sa race et de son sujet de sa conduite aimable envers David.
règne, grâce au Messie. Ce passage est — Quonia^n (vers. 5"^ et 6). Objet plus gé-
donc messianique dans le texte primitif. néral de la louange des rois païens d'une :
PSAUME CXXXVIII
*
In fînem, Psalmus David.
Domine, probasti me, et cognovisti me;
"^
tu cognovisti sessionem meam et resurrectionem meam.
^ Intellexisti cogitationes meas de longe ;
semitam meam et funiculum meum investigasti
Seigneur était pour le psalmiste une ga- riches en enseignements théologiques sur
rantie infaillible. — Opéra manuum tua- la nature de Dieu ». Quelques lignes sont
runi : à savoir, le jeune roi et sa cause. un peu obscures ,surtout dans la Vulgate.
Expression tros délicate (cf. Ps. [.xxxix,'i7) : — Deux parties, dont l'une est générale et
tout artiste aime l'œuvre de ses mains, et théorique, l'autre particulière et pratique:
ne l'abandonne pas aisément. 1° éloge de la science parfaite de Dieu, à
laquelle rien ne saurait échapper, vers.
PS.\UME CXXXVIII du poète envers
l''-18; 2° les sentiments
les ennemis du Seigneur et envers ce
Confiance en Dieu, qui voit et connaît
grand Dieu lui-même, vers. 19-24. Quatre
toutes choses.
strophes: vers. l^'-G, 7-12, 13-18, 19-24.
1» Le titre. Vers. 1». 2" Première partie la science infinie de
:
Ps. CXXXVIII. — i^ In finem. D'après Dieu, à laquelle rien n'échappe. Vers. 1''-18.
l'hébreu [lamnaséa/t), la dédicace au maître l''-0. Première strophe Dieu sait tout et :
de chœur. — L'auteur
David. La beauté: connaît l'homme à fond. Domine, pro- —
remarquable de ce cantique, son haut ly- basti me. Hébr. Tu m'as sondé. Le ré-
:
risme, sa majesté, son originalité, con- sultat de cette opération est aussitôt in-
viennent parfaitement à ce prince On a diqué cognovisti me (dans le sens du
:
objecté quelques expressions araméennes, temps présent; de même aux versets sui-
qui attesteraient, dit -on, une époque re- vants). —
Tu (pronom très accentué) co-
lativement récente mais cette raison est
; gnovisti .. Détails intimes, pittoresques,
loin d'être convaincante, car sait-on si ces pour dévoiler l'étendue de cette science
prétendus « aramaïsmes » n'existaient pas divine (vers. 2-5). —
Sessionem... et re-
déjà du temps de David? — Le psalmiste surrectionem... Plus clairement dans l'hé-
commence par décrire la science infinie breu Tu sais quand je m'assieds et quand
:
naissance que le Seigneur a de nous gneur connaît nos pensées dès leur nais-
(vers. 13-16). David expose ensuite sa sance, avant même qu'elles soient complè-
propre manière d'.igir soit avec les amis tement formées dans notre esprit. Semi- —
(vers. 17-18), soit avec les ennemis de Dieu tam meam : ses moindres démarches, les
(vers. 19-21). Il conclut par une ardente sentiers que foulent ses pas. Funiculum
prière (vers. 22-24). —
Grande beauté de est un synonyme de « semitam » et dé- ,
pensées, style admirable. Plus on lit ce signe la mesure dont on se servait pour
poème, plus on l'admire, et plus on y dé- calculer les distances. D'après l'hébreu :
couche. L'équivalent hébreu du verbe in- parole n'est pas sur ma langue, que déjà,
vestigasti a été très bien traduit par saint ô Seigneur, tu la connais entièrement. —
Jérôme ( « eventilasti »), car il semble dé- Novissima et antiqua. Absolument toutes
signer l'opération du vanneur pour séparer choses; ce qui est récent comme ce qui
est ancien et oublié des hommes. L'hé-
breu ici encore enchaîne autrement les
, ,
passe! —
Confortata est, et non potero...
Égyptiens vannant du blé. (Fresque antique.) Hébraïsme, pour dire que cette connais-
sance merveilleuse est au-dessus de la
la menue du bon grain. Métaphore
paille portée de l'homme.
très expressive pour marquer une connais- 7-12. Seconde strophe l'immensité de :
sance parfaite, — Omnes {mot souligné) Dieu, envisagée comme une des causes de
vias... prœvidisii. Hébr. Tu pénètres
: sa science infinie. —
Quo ibo... ? Vers. 7-10,
toutes mes voies. — Quia non est senno... pas de lieu où l'on puisse se dissimuler
Il faut compléter le sens en ajoutant : aux divins regards. Exclamation pleine de
« quem noncognoveris. » Tu connais abso- lyrisme elle n'exprime pas la terreur,
:
lument toutes mes paroles. Les LXX ont : mais l'étonnement, le respect de la créa-
\6yoz aôtxo;; il n'y a pas de paroles mau- ture en présence d'un Dieu si puissant.
vaises sur ma langue. Symmaque exprime Si ascendero... Vers. 8 et ss. Réponse à
une idée semblable en employant le mot la question que le poète vient de se poser
8(5)vOi;, que divers Psautiers anciens lui ont (vers. 7). Dieu est partout; cette idée
emprunté (« non est dolus »). L'hébreu abstraite est commentée, rendue sensible,
coupe beaucoup mieux la phrase, en rat- au moyen de figures poétiques d'une grande
tachant cette ligne à la suivante Car la : beauté. —
Trois hypothèses coup sur coup.
618 Ps. CXXXVm, 8-12.
(Patrizi.) Les mots in extremis maris autour de moi. C.-à-d., Dieu m'y contem-
désignent, en effet, l'occident, d'après le plera aussi facilement qu'en plein jour,
système d'orientation des Hébreux. En — comme l'explique le verset 12. D'après la
quelques parages lointains que s'élance le Yulgate, la nuit éclairera ses plaisirs, qu'il
poète, il est sur d'y retrouver Dieu, ainsi avait cru pouvoir cacher sous ses ombres.
qu'il l'affirme par trois fois avec une Cf. Rom. XIII, 12. — Non obscurabuntur
grande énergie tu illic es, ades, illuc
: a te. Les ténèbres ne sont pas obscures
manus tua... Et « même là », comme dit pour Dieu. —
Sicut tenebrse... ita... Le
l'hébreu (au lieu de etenim), le Seigneur premier ejus retombe sur nox, et le se-
continuera d'exercer sur lui sa toute-puis- cond sur dies. Ils manquent l'un et l'autre
sance tenebit me dextera... Comparez le
: dans l'hébreu : « Comme les ténèbres,
vers. 5"^. —
Vers. 11-12, pas de ténèbres ainsi la lumière. » Pour Dieu, les ténèbres
assez épaisses pour cacher Fhomme aux sont étincelantes comme la lumière.
regards de Dieu. Les mots et dixi équi-
,
de gratitude. —
Terribiliter r)iagni/lcalus dès le premier instant de leur vie, tous les
es. En tant que créateur de l'homme. Dieu êtres sont inscrits par lui au livre des vi-
est admirablement grand et puissant, et ce vants. Cf. Ex. XXXII, 33, etc. — Dies for-
côté de la question remplit d'un saint mabuntur. Ligne très difficile à interpréter
eCfroi ceux qui l'envisagent. L'hébreu dit, dans la Vulgate. D'après une explication
avec une nuance plus délicate Je te loue : qui paraît grammaticale et rationnelle, elle
de ce que j'ai été créé d'une façon prodi- signifie que les honmies sont formés len-
gieuse. —
Ajiitna mea cogrioscit... Elle tement, graduellement (« dies » est à l'ac-
reconnaît que les œuvres de Dieu sont cusatif, comme r^\).épol.:; dans les LXX, et
magnifiques (mirabilia...). Non est oc- — équivaut à « per dies ») ils réalisent ainsi
;
cullatum... (vers. 15). Les mots os meum peu à peu l'idéal que la pensée divine tra-
désignent les ossements, en tant qu'ils çait de chacun d'eux, de toute éternité,
sont le support et la charpente du corps alors que personne parmi eux n'existait
humain ; c'est la partie pour le tout (l'hé- encore {et nemo ineis). L'hébreu rattache
breu positivement
dit mon corps). Le
: très étroitement cette phrase à la précé-
sens est donc Tu connais tout ce qui con-
: dente, et fournit un sens beaucoup plus
cerne la formation de mon corps. Quod — simple ; Et sur ton livre étaient inscrits
fecisti in occulto : dans le secret du sein tous les jours qui m'étaient destinés, avant
.
qu'aucun d'eux n'existât. C.-à-d. avant : elles sont plus nombreuses que le sable. »
même que j'existasse, Dieu avait nette- — Exurrexi , Surpris par le
et adhuc...
ment déterminé la durée de ma vie. On sommeil tandis qu'il étudiait, bien avant
pourrait aussi ramener la Yulgate à cette dans la nuit, les pensées de Dieu (d'après
« Tous les hommes sont
interprétation : la Vulgate, pendant qu'il essayait de
marqués dans votre livre; leurs jours y compter les serviteurs fidèles du Seigneur),
sont marqués sans qu'il en manque un
, il poursuit sa contemplation, mêrrie en
seul. » (Calmet, h. l.) —
Mihi autem... dormant; à son réveil, il se trouve donc
Ici encore la Yulgate et les Septante offrent encore uni spirituellement à Jéhovah.
un sens très différent de celui du texte 4° Troisième partie contraste entre la
:
primitif. D'après leur traduction le psal- , malice des impies et l'innocence du psal-
miste, s'adressant au Dieu qui connaît miste. Vers. 19-24.
toutes choses, lui certifie quil a toujours 19-24. Quatrième strophe. Si occi-—
honoré comme méritaient les Israé-
ils le deris. Brusque L'hébreu serait
transition.
lites pieux et fidèles {amici tui), dont la mieux traduit par l'optatif Dieu, si
:
puissance, ajoute-t-il, est considérable dans vous faisiez mourir!... C.-à-d., puissiez-
le pays {niniis confortatus...). David est vous faire périr les méchants En voyant !
désireux de les compter [dinumerabo que son Seigneur tout admirable, dont il
eos); mais c'est une impossibilité, tant ils vient de tracer un brillant portrait « non ,
se sont multipliés {super arenam...). Il seulement n'est pas reconnu et aimé par
est très visible que ces idées s'harmonisent un grand nombre d'hommes, mais qu'il
mal avec le contexte. L'hébreu continue en est même haï et blasphémé, le poète se
très clairement la description qui a com- tourne maintenant contre les ennemis de
mencé au verset 13. Parlant toujours du Jéhovah avec une indignation profonde. »
plan divin dans la création de
réalisé — Viri sanguinum. Nom qui convenait à
l'homme , poète s'écrie « Que tes pen-
le : la lettre à un nombre considérable des
sées, ô Dieu, ont de prix pour moi que la ! grands pécheurs que David avait en vue.
somme en est grande! Si je les compte, — Declinate a me. Il ne veut pas avoir
,
^' Seigneur, n'ai -je pas haï ceux qui vous haïssaient,
et n'ai -je pas séché d'horreur à cause de vos ennemis?
-^ Je les haïssais d'une haine parfaite,
et ils sont devenus mes ennemis.
^^ Dieu, éprouvez -moi, et connaissez mon cœur;
interrogez- moi, et connaissez mes sentiers.
^^ Et voyez si la voie de l'iniquité se trouve en moi
et conduisez- moi dans la voie éternelle.
PSAUME CXXXIX
* In lînem, Psalmus David.
*
Pour la fin, psaume de David.
— Quia dicitis... Autre passage (vers. 20} moi. Comp. le vers. 1. En terminant ce
« cstraordinairement difficile surtout )) , beau cantique (vers. 23-24) David conjure ,
de sa sainte haine pour les impies. Ces de l'en récompenser à jamais manière :
Pour le moment ils dominent, nous ne du feu, comme un métal précieux). Via —
pouvons le nier; toutes les villes leur sont iniquitatis. Littéralement dans l'hébreu:
soumises [accipient... civïlales...)', vl\^\s la voie de la douleur, c.-à-d. du péché,
leur domination ne sera que passagère qui ne tarde pas à amener le malheur,
(invanitate), car notre triomphe est proche, comme juste châtiment. In via œterna: —
et nous saurons bien les déposséder. Cette le chemin qui conduit au bonheur éternel.
interprétation nous a paru la meilleure.
Quant à l'hébreu, on le traduit ainsi :
Psaume CXXXIX
« Eux (les pécheurs), qui parlent de toi
Prière confiante , pour obtenir le secours
d'une manière criminelle ils te prennent;
de Jéhovah contre d'odieux calomnia-
en vain, eux, tes ennemis. » Prendre Dieu, teurs.
c.-à-d. son saint nom, en vain, c'est le
blasphémer, l'injurier dune manière impie. 1" Le titre. Vers. l.
langues maliyaos. Selon d'autres, il aurait Iniquo : D'après l'hébreu, l'homme de vio-
été composé à l'occasion de la révolte d'Ab- lences. — Cogitaverunt iniquitates. Plutôt :
salom. —11 n'est pas sans analogie avec ils ont pensé, médité le mal (contre David).
les Ps. LVii et LXiii (leur conclusion est Premier degré de leur malice, qui était
la même pour la pensée). Il renferme une tout d'abord simplement in corde. Tota —
prière pressante, pour invoquer l'aide du die... prœlia. Hébr. Tout le jour (c.-à-d.
:
Seigneur contre des ennemis méchants et tous les jours, constamment) ils excitaient
puissants,, qui agissaient traîtreusement la guerre. Les voilà qui se préparent main-
contre lui, surtout en paroles. Le suppliant tenant à l'actian. —
Acuenint linguas :
espère être exaucé, comme il l'a été en comme on aiguise un glaive ou une tléche.
d'autres circonstances semblables. Il pré- Cf. Ps. Liv,22; Lxni, 4; cxix, 4. Sur les
dit la ruine de ses ennemis, qui permettra comparaisons sicut soyentis, venenum
aux bons de relever la tète. — Cinq pe- aspidum^ voyez les notes des Ps. ix, 7, et
tites strophes,, dont les trois premières Lvii, 7. —
Sélah dans l'hébreu, pour
sont marquées par le sélah hébreu (voyez appuyer sur cette pensée.
la note du Ps. m, 3) vers. 2-4, le psal-
: 3» Seconde strophe le poêle décrit les
:
niiisto se pkunt à Dieu des calomnies de embûches que lui tendent ses ennemis
ses ennemis ; vers. 5-6, il décrit leurs em- pour le perdre. Vers. 5-6.
bûches periides; vers. 7-9, prière con- 5-6. Cette strophe est entièrement « pa-
fiante; vers. 10-12, souhaits contre les rallèle à la première ». De nouveau une
coupables; vei's. 13, espoir en la justice prière rapide (vers, 5=ii»), puis la plainte
divine. (vers. — Ab hominibus iniquis. Dans
5'-'-6).
2-4. Exnpe me. Courte prière (vers. 2), tare gressus... Ils ont projeté de le ren-.
avant de commencer la plainte. Ab ho- — verser à terre. —
Absconderunt... la-^
mine tnalo , a viru... Expressions collec- queuni. Ils ont eu recoui^s aux ruses du
ti.ves. Compaiez, les versets 3, 4, etc. — chasseur (vers. 6). Fréquente métaphore;
, ,
cf. Ps. IX, 16; XXX, 5; cxui, 4, etc. — méchant. Désirs criminels, qui tendaient
Superbi. Epitliète qui caractérise souvent à la ruine du roi. Au fond, c'est la même
dans la Bible les ennemis de Dieu ou de pensée. —
Cogitaverunt contra me. Hébr. :
jure Jéhovah de le protéger contre ces miste contre ses ennemis impies. Vers.
hommes méchants. Vers. 7-9. 10-12.
7-9. C'est la prière proprement dite; 10-12. Les verbes sont à l'optatif dans
elle est faite avec un sentiment de con- l'hébreu jusqu'à la fin du vers. 11 : nous
fiance admirable. Dixi Domino. Ainsi — avons donc ici une vraie série d'anathèmes,
violemment attaqué David vient demander , que les LXX et la Vulgate ont transformés
des armes défensives au Seigneur, qui est en prédiction. —
Caput circuitus... Le ver-
« la force de son salut » {virtus...). — set 10 est assez obscur. L'hébreu paraît
Obumbrasti super caput... Ombre rafraî- signifier « La tête de ceux qui m'envi-
:
chissante, qui aide à supporter la chaleur ronnent, que l'iniquité de leurs lèvres les
du combat. Cf. Ps. xc, 4. Uhébreu n'a couvre !» Ceux qui environnent David
pas cette image « Tu couvres ma tète » : , ce sont ses ennemis. Le roi demande au
dit-il simplement. Dieu couvre d'un casque Dieu qui le protège (vers. S**) de faire
protecteur la tête de David consacrée par , retomber sur leurs têtes le juste châti-
l'onction royale. — Ne tradas... a deside- ment de leurs infâmes calomnies. La Vul-
rio meo. G.-à-d. contrairement à mes gate se ramène sans trop de difficulté à
désirs en n'exauçant pas ma prière. Dans
, cette interprétation [circuitus est au géni-
l'hébreu N'accomplis pas les désirs du
: tif). — Labor labiorum. Littéralement la :
Ps. GXXXIX, 12 — GXL, 1. 625
12
Vir linguosus non dirigetur in terra ;
PSAUME GXL
* Psalmus David.
* Psaume de David.
douleur de leurs lèvres; c.-à-d. la juste certaine que Dieu le vengera de ses enne-
punition que leurs lèvres malignes auront mis. —
Faciet judicium. Le Seigneur
méritée. —
Cadent... carbones : des char- soutiendra contre les méchants la cause
bons ardents, lances contre eux du haut de ceux qu'ils oppriment injustement.
du ciel, comme autrefois sur Sodome. David su désigne sans doute lui-même
Cf. Gen. XIX, 24 Ps. xvii, 13-14.
;
Jn — personnellement par le mot inopis; il
îniseriis non subsistent. Ils ne pourront généralise ensuite, et promet que Dieu
survivre aux tourments dont le Seigneur n'abandonnera pas non plus les autres
les accablera D'après l'hébreu (Qu'il les : affligés {vindictam pauperum). Gloire —
précipite dans le feu), dans des abîmes qui rejaillira de tout cela sur Dieu, vers. 14:
d'où ils ne se relèvent plus. Vir lin- — justi confîtebuntur... {verumtamen cor-
guosus. Locution très pittoresque, pour respond à la particule hébraïque 'ak, qui
désigner les vils calomniateurs. Le psal- exprime une forte affirmation). Bon- —
miste répète le motif principal du terrible heur dont jouiront ces justes habita- :
châtiment qui attend ses ennemis. Non — bunl... cum vultu tuo. Cf. Ps. xv, 11.
dirigetur in terra. Plus clairement dans Ils habiteront auprès du Seigneur, qui les
l'hébreu ne s'affermit pas sur la terre.
: contemplera et leur sourira avec amour.
Manière de dire qu'il ne tardera pas à pé- Sur la terre d'abord, puis au ciel à ja-
rir. — Virum injustum. Hébr. l'homme : mais.
violent; comme au vers. 2. Mala... in — Psaume CXL
interitu. Mieux vaudrait l'accusatif, « in
interitum, » ainsi qu'on lit dans plusieurs
Prière dans la persécution et l'angoisse.
et plongé dans une détresse profonde. 11 ment dit, il immole du moins le « sacrifice
conjure le Seigneur de le préserver de de ses lèvres ». —
Elevatio iiianuuvii... Le
toute participation à l'iniquité des pé- geste de la prière, mentionné si souvent
cheurs; tout en acceptant courageusement dans le Psautier. Cf. Ps. xxvii, 2; xun, 22;
l'épreuve que Dieu lui a envoyée, il en Lxn, 5; cxxxn,2,etc. —
Sacrificium. Le
demande la délivrance avec un sentiment substantif hébreu minhak désigne d'ordi-
de vive confiance. —
Quatre strophes iné- naire un sacrifice non sanglant; mais
gales: 1° prélude, ou appel à Dieu, vers. l'épithète vespertinum montre qu'il s'agit
lb-2; 2o prière pour obtenir d'être pré- ici tout à la fois et de l'agneau immolé
sente sa requête en quelques paroles ra- ligne et coupable comme celles de ses per-
pides, conjurant Dieu de le sauver. Les— sécuteurs. Cf. Ps. XXXIII, 14; xxxviii, 1,
mots exaudi me ne rendent qu'imparfai- etc. —Ostium circumstantiœ... « Une
tement l'hébreu. A la lettre liàle-toi
: porte d'enceinte » (LXX: Tzcpioyrtz) n'est
pour moi. Cf. Ps. xxi, 20; xxxvii, 23; autre chose qu'une porte solide, comme
XXXIX, 14. —Dirigatur (hébr. « stet,
: on en plaçait aux remparts des villes for-
sistat se ») oratio... Comparaison saisis- tifiées.Plus simplement dans l'hébreu :
sante. Le poète désire que sa prière Veille sur la porte de mes lèvres. Image
monte droit au ciel, comme l'encens que toute classique (Euripide: TcOXai axôij-a-o;,
Ton brûlait matin et soir sur l'autel des les portes de la bouche). —
Non déclines...
parfums (Lev. xxx, 7-8), et dont l'arôme Autre grâce que demande le psalmiste :
exquis symbolisait les supplications des celle d'éviter toute communion avec les
pieux adorateurs de Jéhovah. Cf. Luc, i,'10; impies. — In verba inalitise, ad excu-
Apoc. V, 8; vni, 3-4, etc. Éloigné du sandas... D'après la Vulgate, c'est encore
sanctuaire par la violence de ses ennemis, la continuation de la demande qui pré-
et ne pouvant offrir de. sacrifice propre- cède (vers. 3) : Ne permettez point que
,
mon cœur se laisse aller à des paroles de suivant les autres, Dieu lui-même, le
malice pour chercher des excuses à mes juste par excellence. Nous préférons ce
,
sions anciennes. Vers. 5: à la prospérité chez les pécheurs se faire parfumer ainsi.
des pécheurs David préfère une salutaire — Adhuc et oratio. Même actuellement,
épreuve; il ne leur porte nullement envie. dans sa situation désolée, s'il adresse
Vers. 6: ces impies périront, châtiés par quelque supplique à Dieu touchant la
Dieu. Vers. 7: en attendant, le psalmiste prospérité des impics (m beneplacitis eo-
et ses pieux amis sont dans une situation rum), c'est pour en être à jamais délivre.
périlleuse et misérable. —
Corripief ,... in — Telle est l'interprétation la plus simple
misericordia. Correction assurément, mais de laVulgate. L'hébreu aussi a ses dilTi-
faite avec bonté, avec mesure, de manière cultés. On en donne habituellement cette
à transformer celui qui la reç^oit, sans traduction « Que le juste me frappe,
:
l'aigrir. —
Les commentai eurs se divisent c'est une grâce ; qu'il me châtie , c'est de
au sujet du mot justus, qui représente- l'huile sur ma tête (c.-à-d. c'est égale-
rait, suivant les uns, les hommes justes; ment une faveur précieuse); ma tête ne
, ,
se détournera pas (pour éviter ce coup) ; charrue germe bientôt une riche récolte.
mais de nouveau une prière s'élèvera Les mots crassitudo terrée représentent
contre leur méchanceté (des pécheurs). » précisément la surface du sol, encore
La pensée est certainement plus claire et compacte et solide. —
Erupta est : les
plus coulante. —
Absorpti siint... (vers. 6). mottes se disjoignent et se dispersent
Ces impies doivent donc périr, « engloutis » quand on laboure. —
Dissipata sunt...
par l'abîme des châtiments divins. Jun-— De même les ossements du jeune roi et
cti petrœ : étroitement unis au rocher le de ses partisans, dispersés en quelque
long duquel ils tombent, précipités d'en sorte jusqu'au portique du sombre séjour
haut par la main vengeresse du Seigneur. par la violence de la persécution, repren-
Saint Jérôme traduit l'hébreu avec assez dront vie et fourniront une heureuse car-
d'exactitude: « Ablati sunt juxta petram. » rière.
— Judices eorum : les chefs de la bande 5°Quatrième strophe pressant et con-
:
« elles sont douces » (les paroles de David), ma vie. —Custodi me a laqueo..., a scan-
ce qui est conforme à l'hébreu. —
Sicut... dalis. Voyez le Ps. cxxxix, 6, et la note.
(vers. 7). Jusqu'à ce qu'ait été produit cet — Cadent in retiaculo ejus. Ils seront pris
heureux résultat, David est en péril, avec dans leurs propres filets. Cf. Ps. vn, 16:
ses amis demeurés fidèles. Voici l'hébreu, LVi 7 ; Prov. xxvi 27, etc.
, , —
Singulari-
qui faciUtera l'explication de notre version ter sum... Alors David sera libre et dégagé,
latine « Gomme quand on laboure, et
: en attendant que sa délivrance soit com-
qu'on fend la terre, ainsi nos ossements plète {donec transeam). L'hébreu est beau-
sont dispersés à l'entrée du s^'ôl (le séjour coup plus simple Les méchants tomberont
:
des morts). » La comparaison est emprun- dans leur filet, et moi j'échapperai au
tée à l'agriculture. Le labour est en appa- même instant (saint Jérôme: « simul au-
rence une opération cruelle pour la terre ; tem ego transibo »). Joyeuse conclusion.
mais des mottes brisées par le soc de la
,
PSAUME GXLI
* Intellectus David, cum esset in spelunca, oratio.
^ Voce mea ad Dominum clamavi ;
*
Instruction de David, lorsqu'il était dans la caverne, prière.
^ De ma voix j'ai crié vers le Seigneur ;
Le titre. Vers. 1.
1» vant Dieu. —
Tribulationem... pronuntio.
Ps. CXLI. 1. Le genre —intellectus. : Hébr. Je raconte devant lui ma détresse.
:
teur David.
: —
L'occasion est la même Hébr. Quand mon esprit est abattu (se
:
que pour le Ps. LVI (voyez la note du repliant) sur moi. Cf. Ps. lxxvi, 4. Et —
vers. 1) cum... in spelunca. La caverne
: (alors) tu cognovisti... Motif de confiance :
d'AdulIam, I Reg. xxii, 1, ou celle d'En- pressé par le malheur, le psalmiste trouve
gaddi, I Reg. xxiv, 1. David fuyait alors sa consolation non seulement à prier, mais
Saûl, qui voulait à tout prix lui arracher aussi à penser que Dieu connaît son état
la vie. — Encore
genre, mais d'une
le {semitas meas) et le regarde avec amour.
manière oratio. Hébr.
plus spéciale : : 3" Seconde strophe David est sans
:
ffdlah. Voyez la page 14 de ce volume. — espoir du côté de la terre. Vers. 4*= -5.
Poème très simple et très clair. Le psal- 4<=-5. Le suppliant entre plus avant dans
miste se trouve dans une situation qui est la description de sa misère. Les cruels en-
humainement désespérée et il insiste sur , nemis qui en veulent à sa vie lui tendent
son isolement douloureux du moins il ; partout des pièges in via hac... abscon-
:
sait qu'il peut compter sur Dieu, dont il derunt... Cf. Ps. cxxxix, 6. Au lieu de
invoque le secours avec confiance. Trois — ambulabam, lisez le temps présent dans :
2-4'\ Voce mea... clamavi. Mieux: Je vois! C.-à-d. vois à quel point je suis
:
630 ^
Ps. GXLI, 5-8.
In via hac qua ambulabam,
absconderunt laqueum mihi.
^ Gonsiderabam ad dexteram, et videbam,
et non erat qui cognosceret me.
Periit fuga a me,
et non est qui requirat animam meam.
^ Clamavi ad te , Domine ;
D'ailleurs, qu'était cette poignée d'hommes Lxxxvii, 16, etc. Libéra me..., quia con-
en face de l'armée de Saùl ? fortati... : cf. Ps. VI, 2; XVII, 18; xxx,
4<' Troisième strophe dans cet isole-
: 16, etc. — Educ de custodia... « La pri-
ment, le poète met tout son espoir en son » expression figurée pour désigner le
,
— l'u (pronom très fortement souhgné)... son bonheur et pour louer le Seigneur
spes mea. Hébr. mon refuge.
: —
Portio avec lui. Variante dans l'hébreu Les justes :
,
PSAUME GXLII
veau. On devine, tant le cri est éner- le suppliant a été réduit par ses ennemis,
gique, que la détresse est extrême et le — 11 va motiver sa prière {quia) en dé-
Il m'a placé dans les lieux obscurs , comme ceux qui sont morts
depuis longtemps.
^ Et mon esprit s'est replié sur moi dans son angoisse;
mon cœur a été troublé au dedans de moi.
^ Je me suis souvenu des jours anciens;
médité sur toutes vos œuvres;
j'ai
médité sur les ouvrages de vos mains.
j'ai
^ J'ai étendu mes mains vers vous;
mon âme est devant vous comme une terre sans eau.
'
Hâtez- vous, Seigneur, de m'exaucer;
mon esprit est tombé en défaillance.
Ne détournez pas de moi votre visage
de peur que je ne sois semblable à ceux qui descendent dans la fosse.
—
;
m'ont presque fait mourir. Mortuos sœ- poète veut dire que son âme est, relative-
culi. Hébraisme, qui revient à dire: des ment à Dieu, ce qu'est une terre dessé-
hommes morts depuis longtemps et aux- chée relativement à la pluie; il aspire de
quels personne ne pense plus. Jérémie a toutes ses forces à ce bienheureux rafraî-
cité ce passage (vers. 3<^) dans ses Lamen- chissement. —
Sélah dans l'hébreu; la
tations, m, 6. Anxiatus... super me... musique souligne cette pensée par un
Effets produits dans l'être intérieur du forte expressif.
poète par la cruauté de ses persécuteurs. 3° Deuxième partie : le psalmiste presse
L'hébreu emploie ici tout à fait les mêmes vivement le Seigneur de le délivrer de ses
expressions qu'au Ps. cxli, 4 (cf. lxxyi, ennemis, et de le diriger lui-même dans
4) :Mon esprit est abattu (se repliant) la voie de la perfection. Vers. 7-12.
sur moi. —
In me turbatum... cor.,. 7-8''. Quatrième strophe: que Dieu se
de moi. extrême. —
Velociter exaudi me... Hébr. :
5-6. Troisième strophe les bienfaits: Hâte -toi, réponds- moi. Après la descrip-
antérieurs de Jéhovah excitent la confiance tion plaintive de ses maux (vers. 3 et ss.),
du suppliant. —
Memor fui dierum... le poète se jette avec une nouvelle inten-
Écho évident du Ps. lxxvi, 6 et 12. — sité de ferveur dans la prière, non sans
Meditatus... in... operibus...: les merveilles pousser encore des gémissements doulou-
opérées par Dieu, soit en faveur de David, reux. —
Defecit spiritus meus. Voyez les
soit pour le peuple juif tout entier. — Ps. Lxxxni, 3, et Lxxxvn, 5. Non aver- —
Expandi manus... L'attitude de la prière. tas faciem... Comme au Ps. Lxvni, 18,
, , , , ,
et ailleurs. —
Similis... descendentibus... perfection. D'après l'hébreu, la contrée
On
trouve mot pour mot cette ligne au plane.
Ps. XXVII, 1 (d'après le texte hébreu). In 11-12. Sixième strophe que Dieu dé- :
PSAUME GXLIII
*
Psalmus David, ad versus Goliath.
Benedictus Dominus Deus meus ,
*
Psaume de David, contre Goliath.
Béni Seigneur mon Dieu
soit le
qui enseigne à mes mains le combat
et à mes doigts la guerre.
^ Il estma miséricorde et mon refuge,
mon défenseur et mon libérateur.
sang. » —
Conclusion d'une grande déli- que Jéhovah sauve car la victoire appar-
;
catesse , et motif suprême d'être exaucé : tient à Jéhovah. » C'est un beau mélange
quoniam ego servus tuus. d'action de grâces et de prière. Lorsque —
le Ps. CXLIII fut composé David était déjà
,
Les mots adversus Goliath, que nous li- à Dieu pour un premier triomphe, rem-
sons dans les Septante et la Vulgate (non porté grâce à son tout -puissant secours,
toutefois dans l'hébreu), ne signifient évi- vers, i^-2; éloge de la condescendance
demment pas que ce cantique fut composé aimable du Seigneur envers l'homme
par le jeune berger de Bethléem, au mo- vers. 3-4; prière pour demander une
ment où il s'élançait contre le géant phi- autre victoire, vers. 5-8; promesse de
listin mais simplement que David ayant
; , louanges et réitération de la prière, vers.
de nouveau à faire face à des ennemis 9-11 description de la vaine prospérité
;
redoutables (probablement encore les Phi- des ennemis d'Israël, vers. 12-15. Dans —
listins qui l'attaquèrent souvent aux pre-
, ce psaume encore, on retrouve d'assez
miers temps de son règne), voulut rap- nombreux passages qui paraissent être
peler à Dieu ce magnifique triomphe avec , des échos d'autres chants sacrés, ou.bien,
tout l'élan de la reconnaissance, pour que ces chants auront eux-mêmes em-
obtenir une victoire analogue. C'est a l'art pruntés, dans le cas où ils seraient de
de la prière » si admirable dans
, les date plus récente.
psaumes. De nombreux critiques rejettent, 2° Première strophe : action de grâces
il est vrai cette partie du titre
, mais son ; à Dieu pour un premier triomphe. Vers.
authenticité paraît suffisamment garantie lb-2.
par la tradition juive. D'ailleurs le poème , l''-2. Benedictus... « Les locutions em-
semble vraiment développer et commenter ployées dans ces deux versets sont répé-
la parole prononcée par David au moment tées presque mot à mot dans le Ps. xvii,
même de sa lutte avec Goliath. Cf. I Reg. vers. 2, 3, 35, 48. » — Dominus Deus
XVII, 47: « Toute cette multitude saura meus. Hébr. Jéhovah, mon rocher.
:
—
qùè ce n'est par l'épée rii par la lance Susceptor meus, protector meus. Hébr,:
,
ma citadelle, mon bouclier. — Qui subdit ce que l'homme) pour que tu le connaisses?
populum... Le verbe hébreu râdad si- C.-à-d. pour que tu daignes faire attention
gnifie assujettir par la force. En réalité
: à lui, comme il est aussitôt ajouté {repu-
David dut soumettre par les armes la plu- tas eum,). — Homo vanitati similis...
part des tribus dlsraël. Cf. II Reg. ii, 1 Hébr. semblable à un souffle. Pour le
:
avoir éniiméré les motifs qui le portent tenir le secours du Seigneur en vue d'une
à se confier en Dieu (vers. 2)..., et avant nouvelle victoire. Vers. 5-8.
la prière qu'il va bientôt y joindre (vers. 5-8. Ce passage contient plusieurs pen-
5 et ss), David interpose pieusement et sées et expressions qui rappellent le
à propos la considération de la bonté de Ps. XVII, vers. 10, 15, 17, 45. Mais il y a
Dieu dans le soin qu'il prend de l'homme, cette difierence qu'ici le psalmiste adresse
,
et de la misère do l'homme, qui ne peut à Dieu une prière qui concerne l'avenir,
rien, qui n'est rien sans Dieu. » (Patrizi.) tandis que là il le remercie de ses bien-
Humble confession qui met en relief la
,
faits passés. — Inclina cœlos,et descende.
grandeur des bienfaits divins. Le verset 3 Sur métaphore et les suivantes,
cette belle
contient une pensée toute semblable à celle voyez les notes du Ps. xvii, 8-15. -^
du Ps. Yiii, 5 (voyez la note). Innotui- — Tange montes... Comp. le Ps. cm, 32.
sti ei. D'après la Vulgate, Dieu s'est ma- Ces montagnes figurent les ennemis su-
nifesté à l'homme au moyen de ses faveurs perbes de David Dieu n'a qu'à les toucher
:
multiples. Variante dans l'hébreu: (Qu'est- du doigt, pour faire jaillir de leur soTnetic-i
,,
les traces du feu intérieur qui ne tardera XXI, 9, et voyez la note du vers. 1*. —
pas à les consumer entièrement Emitte — Eripe me, et erue...
manum... L'hébreu emploie le pluriel : Refrain , commun à
Étends tes mains d'en haut. De aquis— cette strophe; et à la
multis. Autre métaphore expressive, pour précédente Comparez
représenter les ennemis du suppliant. — les vers. 7* et 8.
Filiorum alienorum : les païens que Da- 6° Cinquième stro-
vid allait combattre et qui étaient comme
, phe : description de la
des étrangers pour le Dieu d'Israël. Il s'agit vaine prospérité des
probablement des Philistins. Quorum— ennemis de David de et
os... (vers. 8). Comp. les Ps. xi, 3, et son peuple. Vers. 12-15.
XL, 7. — Dextera iniquitatis. Hébr. : une 12-15. Telle est, en
droite de mensonge; c.-à-d. prête à se effet, d'après les LXX, la
parjurer, à violer les plus saintes pro- Vulgate et syriaque,le
messes. la signification générale
5° Quatrième strophe promesse de
: de ces derniers versets.
louanges à la suite de la victoire de- Le psalmiste trace un
mandée, et répétition de la prière. Vers. tableau élégant et vi-
9-11. vant du bonheur tem-
9-11. Canticum novum: un chant com- porel des païens qu'il
posé tout exprès pour remercier Jéhovah est sur le point de
de ce nouveau bienfait. Cf. Ps. xxxii, 3; combattre leur prospé-
:
XL, 4, etc. —
In psalterio decachordo. rité les rend arrogants
Sorte de petite harpe. Cf. Ps. xxxii, 2. — contre le Seigneur ;
Das salutem regibus. Cf. Ps. xxxii, 16, etc. n'est -il pas juste de la
— D'après le Targum et le Talmud , les
Colonne sculptée.
ruiner ? C'est donc là un ( Monuments égypt. )
mots de gladio maligno désigneraient le nouvel argument sur le-
glaive de Goliath Comp. I Reg. xvii 51 ,
;
quel David s'appuie pour implorer l'assis-
,
^^
leurs génisses sont grasses.
Il n'y a pas de brèche ni d'ouverture dans leurs murailles
tance divine. Tout ce qui fait la force dune Tout est en bon état; même les murs,
nation ces ennemis d'Israël le possèdent
, : où l'on n'aperçoit pas de fissures ou de
enfants robustes et gracieux (vers. 12), brèches {transitus). La pensée est plus
richesses considérables (vers. 13-141^), générale dans l'hébreu Pas de désastre, :
ni m n r^ n L
rwwYN
I I i I , m.
op Y ofc T DP Y -Dio Y
nn I nin . nn nin
-^^
Greniers égyptiens, avec des scribes qui inscrivent les récoltes, f Peinture anti-iue.)
jeunes et florissantes. —
Filiœ... compo- XXIV, 11 ; Jer. xiv, 2, etc. — Nous avons
sitsc. Hébr. comme des colonnes sculp-
: cité les divergences de détail que présente
tées. « Les fils sont fort bien comparés à le texte hébreu elles sont peu de chose
;
tellement pleins, que les récoltes s'en manifestes de la protection divine « Nos :
échappent de tous côtés. D'après l'hé- fils sont comme des plantes...; nos filles
PSAUME CXLIV
* Laudatio ipsi David.
Exaltabo te Deus meus rex
,
*
Louange de David.
Je vous exalterai , ô Dieu mon roi
et je bénirai votre nom à jamais, et dans les siècles des siècles.
- Chaque jour je vous bénirai
et je louerai votre nom à jamais, et dans les siècles des siècles.
" Le Seigneur est grand et très digne de louange
et sa grandeur n'a pas de bornes.
(vers. 15), au lieu de la forte antithèse vingt et un versets au lieu de vingt -deux.
que nous lisons dans la Vulgate [BeaUini Les Septante et la Vulgate contiennent
dixerunt populum...; beatiis populus...) : équivalemment le verset omis (vers. 13'^ :
de la bonté
de versets qui développent la même pen-
Éloge de la tnajesté et
sée.
du Seigneur.
2" Court prélude, et thème général du
Le titre. Vers. 1»,
1° cantique. Vers. i^-'H.
Ps. CXLIV. —
1^. Le genre du poème : l'»-2. Le poète annonce son dessein de
laudatio ; en hébr., t/hillah. C'est le seul louer Jéhovah de toute son âme. Vers. 1 —
endroit où l'on trouve cette expression (alepli). Exaltabo te. Comme au Ps. xxix,
dans le titre particulier dun psaume. Voyez 2, etc. —
Deus... rex. Les Ps. xix (vere. 10)
la page 14. —
L'auteur, ipsi David. On et xcvii (vers. (3) donnent aussi à Dieu ce
ignore à quelle date et à quelle occasion. tilre expressif de roi, qui acquiert une
— Admirable tableau de la toute-[iuissance nouvelle force sur les lèvres d'un poète
de Jéhovah, et surtout de sa bonté pater- royal. —Vers. 2 [beth). Per singulos dies.
nelle à l'égard de ses créatures. « Ode Comme au Ps. lxvii, 2. —
Laudabo... in
magnifique » sous ce rapport. Les anciens SR'cidvni... Comp. le Ps. xxxiii, 2.
rabbins la goûtaient dune manière extra- 3° La majesté et la splendeur de Jého-
ordinaire. « Quiconque, disaient-ils, ré- vah. Veis. 3-G.
citera ce psaume trois fois par jour est 3-6. La matière ne manque pas à la
sur d'être sauvé. » C'est un poème al-— louange lorsqu'il s'agit de Jéhovah. C'est
phabétique chaque verset commence
: d'abord sa grandeur infinie que David veut
donc par une lettre nouvelle, d'après chanter. —
Vers. 3 {gJiimel). Magnus .. et
l'ordre de l'alphabet hébreu. La lettre nûn laudabilis... Echo du Ps. XLVii, 2. — Ma-
n'est pas représentée dans le texte ori- gnitudinis... non est finis. Hébr. : sa gran-
ginal; voilà pourquoi le psaume n'a que deur est insondable. Cf. Job, xi, 7; Is.
, , ,, , , ,
'''
ration vante à Taulre tes œuvres. Pro- — manière d'une fontaine abondante, qui
nuntiabunt. Hébr. on racontera.
: Vers. 5 — bouillonne. —
Justitia... exultabunt : cé-
{lié). Magni/icentiam gloriœ... Hébr. la : lébrer avec allégresse la justice de Dieu,
gloire de la splendeur de ta majesté (au qui est toujours associée à sa bonté. —
lieu de sanctitatis tud'). —
Le mot lo- Vers. 8 (cheth). Miserator et misericors...
quentur manque dans l'hébreu, qui a C'est presque à la lettre le verset 8 du
ensuite « Je dirai
: » au lieu de narra-
, Ps. CIL —Vers. 9 (teth). Suavis... uni^
bunt. —
Vers. 6 [vav). Virtutem terribi- versis. Ce dernier mot est souligné. Pas
lium... : la puissance que Dieu manifeste d'exception Dieu est bon pour toutes ses
:
hasidim ; les fidèles amis de Jéhovah, que leur chute a brisés. D'après l'hébreu:
tous les pieux Israélites. — Vers. 11 {caph). Il redresse tous ceux qui sont courbés.
Gloriam regni tui... : la splendeur du Omnes : c'est à tout instant qu'on ren-
règne théocratique objet de louanges in-
, contre cet adjectif dans la série des versets
tarissables. —
Vers. 12 (lamed). Gloriam que nous étudions; il revient jusqu'à dix-
magnificentiw. regni. G.-à-d. la splendeur sept fois dans le psaume entier, le plus
glorieuse de ce règne. —
Vers. 13 (mem). souvent pour relever l'étendue de la bonté
Regnum omnium sœculoruni. Règne éter- du Seigneur. —
Vers. 15 {aïn). Oculi om-
nel et sans fin. Cf. I Tim. i, 17. Le pro- nium... : trait pittoresque. Dieu est le père
phète Daniel paraît avoir emprunté ce de la grande famille de tous les êtres ani-
verset. Cf. Dan. iv, 3 6134. —
Fidelis in... més et à chacun il fournit la nourriture
,
verbis suis : fidèle dans toutes ses pro- qui lui convient aussi leurs regards sont-
;
messes. Sanctus in... operibus...: parfait ils dirigés vers lui avec confiance. Compa-
dans toutes ses œuvres. Ainsi qu'il a été rez le Ps. cm, 27, où la même pensée est
dit à propos du titre, ces deux lignes exprimée presque dans les mêmes termes.
manquent entièrement dans l'hébreu. Dans les mots tu das escam illorum,
6° Description et louange plus complète l'ancienne Église aimait à voir le symbole
de la bonté de Dieu. Vers. 14-20, de la sainte Eucharistie, l'aliment divin
14-20. Beau passage. « Le poète chante par excellence. —
In tempore opportuno.
maintenant en détail les œuvres du roi Hébr. en son temps. C.-à-d. au temps
:
riche en bonté. » —
Vers. 14 {satnech). de leurs besoins. —
Vers. 16 (phé). Ape-
AUevat... qui corruunt : il se fait leur ris tu (pronom souligné, comme au ver-
appui, les retient quand ils sont sur le set précédent) manum... : trait identique
point de tomber. —
Erigit... elisos : ceux dans le Ps. cm, 28. —
Impies... benedi-
Ps. GXLIV, 17 — CXLV, 4 641
^'
Justus Dominus in omnibus viis suis,
et sanctus in omnibus operibus suis.
^^ Prope est Dominus omnibus invocantibus eum,
omnibus invocantibus eum in veritate.
^^ Voluntatem timentium se faciet,
et deprecationem eorum exaudiet, et salvos faciet eos.
*^ GustoditDominus omnes diligentes se,
et omnes peccatores disperdet.
'^'
Laudationem Domini loquetur os meum.
Et benedicat omnis caro nomini sancto ejus in sseculum , et in
sseculum ssecuii.
PSAUME CXLV
*
Alléluia, Aggaei, et Zacharise.
choses tout ce qui a vie. C'est à bon droit Dieu veille avec le plus grand soin sur
que les versets 15 et 16 ont été insérés ceux qui l'aiment (les diligentes ne dif-
dans la prière liturgique d'avant le repas. fèrent pas des timentes mentionnés au
— Vers. 17 [tsadé). Justus Dominus: vers. 19; dans le culte divin, la crainte
c.-à-d. parfait dans toute sa conduite respectueuse et le tendre amour se com-
{viis suis). —
Sanctus. Hébr. hâsid, : plètent); d'autre part, ce Dieu infiniment
pratiquant la bonté. —
Vers. 18 {qoph). bon traitera avec une juste rigueur les
Prope est... invocantibus .,: il leur est pécheurs contumaces.
présent par l'effusion de ses grâces. Pa- 7" Conclusion. Vers. 21.
role toute consolante. — Une condition, 21 (thav). En terminant, le poète re-
pourtant c'est que la prière soit faite en
: vient à l'idée de la louange, qui domine
droiture et sincérité de cœur, in veritate. tout ce cantique. Il promet de chanter à
— Vers. 19 {resch). Voluntatem... faciet: jamais l'éloge du Seigneur {laudationem...
étonnante pensée et développement du loquetur...), et il souhaite que tous les
vers. 18. « Vous servez Dieu, Dieu vous hommes {omnis caro) fassent de même
sert; vous faites sa volonté, et il fait la jusqu'à la fin des temps.
vôtre, pour vous apprendre que Dieu est
Psaume CXLV
un ami sincère, qu'étudiant les désirs
et
de ceux qui le craignent, il leur permet Hymne en l'honneur de Dieu , secours
d'user de ses biens avec une espèce d'em- de tous les affligés.
pire. » (Bossuet.) Résultat final salvos : 1» Le titre. Vers. 1.
faciet eos. —
Vers. 20 {schin). Saisissant Ps. CXLV. — 1. « Ce psaume et tous les
, ,
''
Exibit spiritus ejus, et revertetar in terram suam
in illa die peribunt omnes cogitationes eorum.
^ Beatus cujus Deus Jacob adjutor ejus,
spes ejus in Domino Deo ipsius,
"^
Leur àme se retirera, et ils retourneront à leur poussière;
en ce jour toutes leurs pensées périront.
^ Heureux celui dont le Dieu de Jacob est le protecteur,
et dont l'espérance est dans le Seigneur son Dieu
suivants jusqu'à la fin du Psautier com- fuero. Comp. le Ps. cin ,33, où Ton trouve
mencent par Alléluia. » Dans l'hébreu, ils identiquement cette phrase.
se terminent tous aussi par celte même 3" Le poète engage ses concitoyens à ne
invitation à la louange divine. Ils sont pas compter sur l'homme, mais seulement
réellement, par leur sujet, des hymnes de sur Dieu. Vers. 2<i-9.
louange. Ils forment une partie intégrante 2^-4. Ne pas mettre son appui dans les
de la prière du matin chez les Juifs. — hommes, qui sont impuissants et vains.
Les mots Aggxi et ZacharLx manquent — Nolite... in principibus. Variante du
dans l'hébreu. Ils signifient que ces pro- Ps. cxvd 8-9. Comp. aussi
, Ps. lix, le \3.
phètes firent fréquemment chanter le Ps. — In /mis honiinnm. L'hébreu au sin- dit
posé de leur temps, après la fin de l'exil que l'homme est tout à fait impuissant
babylonien. —
L'auteur de ce beau can- pour sauver, vers. 4 sa vie est de courte
:
tique exhorte ses concitoyens délivrés na- , durée {exibit spiritus..., l'âme, le prin-
guère du plus grand de leurs maux, mais cipe vital), et au jour de sa mort {in illa
qui avaient encore beaucoup à soull'rir de die) tous ses projets s'évanouissent {pein-
l'hostilité des Samaritains et des peuples bunt... cogitationes...). —
Les mots rever-
d'alentour, à mettre leur confiance uni- tctur in terram... font allusion à la ter-
quement en Dieu, dont la puissance, la rible sentence portée contre Adam et toute
fidélité et la bonté sont infinies, et non sa race. Cf Gen. m, 19; Ps. cm, 29. —
dans les hommes, fragiles et inconstants. Suam: sa terre, c.-à-d. la terre d'où il
Comparez lequi a beaucoup
Ps. cxlii, a été tiré. Ce retour au lieu d'origine ne
de pensées analogues.
et d'expressions — concerne, bien entendu, que le corps.
Un court prélude, vers. 2**»'=; le corps du 5-9. On peut compter sur Dieu, qui est
psaume, vers. 2''-9; une conclusion, ver- le secours de tous les affligés. Le verset 5
set 10. contient l'idée générale, qui est développée
2" Le prélude thème général du psaume.
: dans les ver.sets suivants. Beatus. On—
Vers. 2abc. a calculé que c'est ici la vingt -sixième et
2abc. Lauda, anima mea... Même début dernière fois que l'on rencontre dans le
qu'aux Ps. en et cm. Le psalmiste s'excite Psautier ce mot consolant (hébr. 'asré), :
à louer Jéhovah de tout son cœur, pro- par lequel s'ouvre le premier de tous les
mettant de se livrer toute sa vie à cette si psaumes. —
In... Deo ipsius. Pronom très
douce occupation. —
Psallam... quamdiu significatif Jéhovah était le propre Dieu
:
, , , , , ,
d'Israël. —
Preuve que le Dieu des Juifs cinq fois de suite mis en avant de la pen-
possède toutes les qualités nécessaires à sée, est d'un très bel effet, surtout dans
un sauveur la puissance (vers. 6), la
: le texte hébreu, dont le rythme est re-
fidélité (vers. 7^), la bonté (vers. 1^-^). marquable. —
Solvit compeditos : la liberté
Qui fecit cœlum... : formule qui revient rendue aux prisonniers. Cf. Ps. lxvii, 7;
assez fréquemment dans la dernière partie cvn, dO, 14. —
Illuminât ca.'cos. Soit au
du Psautier (cf. Ps. cxiv, 15; cxx, 2; propre, soit au figuré. Cf. Deut. xxvin, 29;
cxxiv, 8; cxxxiii, 3). « Souvent les Job, XII, 25; Is. xxix, 18, et xxxv, 5, etc.
hommes ne peuvent pas aider, alors — Erigit elisos. L'hébreu a la même va-
même qu'ils le voudraient; mais Dieu est riante qu'au Ps. CXLIV, 14 « il relève
:
— Facit judicium... Le psalmiste insiste fait dévier la voie des pécheurs » de telle
;
longuement sur la bonté de Jéhovah dont , sorte qu'elle les conduit aux abîmes.
il signale plusieurs traits caractéiistiques. Cf. Ps. I, 6. Juste sévérité; mais n'est-il
D'abord , Dieu fait rendre justice à ceux pas étonnant, ici encore, que les divines
qui étaient opprimés iniquement ( inja- vengeances soient énoncées si brièvement,
riam patientibus). Cf. Ps. en, 6. Dat — tandis que les divines bontés sont lon-
escam... Comp. le Ps. cxliv, 15'», et la guement décrites? C'est que v Dieu est
note. —
Dominus... (vers. 1'^). Nouvelle amour » avant tout.
série de divins bienfaits. Le mot Y'hôvah,
,
PSAUME GXLVI
Alléluia.
Laudate Dominum, quoniam bonus est psalmus;
Deo nostro sit jucunda, decoraque laudatio.
^ yEdificans Jérusalem Dominus ;
Alléluia.
Louez Seigneur, car il est bon de le chanter
le ;
ment unis par le fond (un sujet identique, brer la puissance et la bonté du grand Dieu
dont le développement va toujours crois- qui a rétabli Jérusalem. Ps. CXLVI, 1-6.
sant) et par la forme (un même rythme). Ps. CXLVI. —
1-6. Motif de louange
D'ailleurs, notre version latine fond elle- d'abord très général quoniam bonus...
:
Néhémie, alors que les Juifs venaient de de chanter notre Dieu car il est doux il
; ,
pris fin , l'État théocratique est rétabli et , de telles difficultés, qu'elle n'aurait pu être
, , , ,
accomplie sans le Seigneur; aussi lui est- clature (vers. 3 et 4).Sapientix... non —
elle directement attribuée. —
Dispersiones est numerus. C.-à-d. pas de limites.
Israelis. L'abstrait pour le concret, et le Comp. Is. XL, 26-29 beau passage auquel
:
futur [congregabît) au lieu du présent Il : le psalmiste a fait, dans ces derniers ver-
rassemble les exilés d'Israël. Allusion très sets, quelques emprunts manifestes. —
évidente à la fin de la captivité de Baby- Suscipiens mansuetos. Hébr. il soutient :
lone. —
Qui sanat... Énumération ana- les aflligés. —
Humilians autem.... Il
logue à celle du Ps. cxlv, 7 et ss. Sur abaisse jusqu'à terre les impies orgueil-
l'expression « guérir les brisés de cœur », leux. Contraste semblable à ceux des
voyez le Ps. xxxiii, 49, et Is. lxi, 1. Ici Ps. cxLiv, 20, et CXLV, 9.
elle se rapporte tout particulièrement au 3° Seconde strophe : éloge de la divine et
peuple juif. —
Alligat contritiones... Trait tout aimable Providence. Ps. CXLVI, 7-11.
touchant. Dieu avait, pour ainsi dire, bandé 7-11. Prœcinite Domino. Par cette invi-
suavement les plaies de sa nation bien- tation réitérée, le psaume « prend un
aimée. —
Qui nunierat... Après ces actes nouvel essor ». Comp. les versets 1 et 12.
de bonté, le poète mentioime quelques Lhébreu littéralement
dit Répondez ; :
œuvres de la puissance divine. Dieu seul c.-à-d. chantez en chœurs qui se répon-
peut compter la multitude immense des dent l'un à l'autre. —
Motifs spéciaux de
étoiles (cf. Gen. xv, 5). Le trait qui suit, louange, vers. 8 et ss. Le psalmiste se pro-
et omnibus... nomina..., décrit mieux en- pose surtout de montrer comment Dieu
core la science infinie de Dieu car il sup- ; procure à tous les animaux la nourriture
pose une connaissance intime, individuelle. qui leur convient. Gracieux détails. Sans
— Magnus Dominus... Exclamation bien pluie, terre stérile et famine générale.
naturelle à la suite de cette petite nomen- Aussi, premier soin de la Providence, ope-
— ,
PSAUME GXLVII
Alléluia.
'^
Lauda, Jérusalem, Dominum;
lauda Deum tuum, Sion.
'^ Quoniam confortavit seras portarum tuarum ;
Alléluia.
*^
Jérusalem^ loue le Seigneur;
loue ton Dieu, ô Sion.
*^ Car il a consolidé les verrous de tes portes ;
rit cselum..., parât... 'pluviam. Prompt en tant qu'il est le généreux bienfaiteur
résultat de la pluie montihus fœnum,
: ïn d'Israël, Ps. cxlvii ,
12-20.
et herham servituti (pour le service) ho- Ps. CXLVn. — 12-20. Encore un nouvel
Yiiinum. Ce dernier trait manque dans essor par l'invitation à la louange. Mais
l'hébreu c'est un emprunt fait au Ps. cm, 14.
; on voit dès l'abord, par les apostrophes
•
— Dat jumentis escam : satiété univer- Jérusalem, Sion, que cette dernière partie
selle. Cf. cm, 27-28; cxliv,. 15, etc.
Ps. du cantique a un caractère plus spécial
— Pullis corvorum. Trait délicat et dra- (comp. les vers. 12-14, 19-20), quoique les
matique. Voyez le Ps. cm, 21, et la note; traits généraux n'en soient pas absents
Job,xxxvm, 41 Luc. xii, 2i.
; L'homme — (cf. vers. 15 et ss.). —
Quoniam... (vers. 13
ne devrait s'appuyer que sur cette Provi- et ss.). Le poète motive pour la troisième
dence aimante et fidèle et point sur des , fois son exhortation. —
Confortavit seras
soutiens charnels, qui sont vains (vers. 10). portarwni... Les portes de Jérusalem ve-
Sur la pensée non in fortitudine equi..., naient d'être reconstruites, et munies de
voyez le Ps. xxxii, 16-17, et Prov. xxi, 31 : leurs barres protectrices. Cf. Neh. vn, 1-4.
un coursier agile ne suffit point pour — Benedixit filiis tuis... Les habitants de
assurer la victoire ou la fuite au guerrier la cité sainte avaient été bénis de toute
qui le monte. Nec in tibiis viri... : quelles manière, et surtout par une multiplication
que soient leur vigueur et leur célérité. rapide. — Posuit fines... piacem. Belle
Beneplacitum Domino (vers. 11). Ce qui expression la paix servant en quelque
:
plaît à Dieu de la part des hommes, c'est sorte de frontière, et protégeant ce terri-
qu'ils se confient uniquement en lui. toire qui avait tant souffert des guerres
4" Troisième strophe : éloge de Jéhovah antérieures.— Adipe frumenti, Comp. Je
, , ,
*^ Il
a établi la paix sur tes frontières
et il te rassasie de la fleur du froment.
^^ Il envoie ses ordres à la terre;
sa parole court avec vitesse.
*^
Il fait tomber la neige comme de la laine;
ilrépand la gelée blanche comme de la cendre.
17
Il lance sa glace par morceaux ;
Ps. Lxxx, 17, et la note. L'abondance est l'hébreu , comparaison est très
et alors la
revenue aussi, selon les divines promesses exacte. —
Crystallum. La glace (c'est la
des temps antiques. —
Qui emittit... Le leçon de l'hébreu), qui ressemble au cristal.
poète cite maintenant quelques traits gé- D'après le contexte, il s'agit de la grêle
néraux (vers. 15-18); mais il en particula- lancée par morceaux (Uttéralement « par :
risera plus loin le sens (vers. 19-20), en bouchées, » sicut buccellas). Ante fa- —
les rattachant à la conduite de Dieu envers ciem frigoris... Le froid est particulière-
Israël. —
Eloquium suum. Les ordres du ment pénible aux Orientaux ,
qui y sont
Seigneur, aussitôt exécutés que proférés. moins accoutumés. — Tout à coup, emittet
On les compare à un messager zélé qui ,
verbum... : un ordre en sens contraire,
fait en toute hâte les commissions dont il dont l'effet n'est pas moins rapide. Lique-
a été chargé velociter currit...
: Qui — faciet ea : tout se fond (la neige, le givre
dat... Exemple de l'exécution rapide des et la glace), au tiède souflle du printemps
volontés divines. Sur un mot de Dieu, c'est {flabit spiritus...). Le dégel est aussitôt
l'hiver, avec tout son cortège accoutumé complet, et les ruisseaux coulent à pleins
(vers. lG-17); sur un mot de lui, c'est le bords (fluent aquœ). —
Qui anmintiat...
printemps (vers. 18). Belle description de De nouveau, les glorieux privilèges d'Israël.
l'hiver. Comp. Job, xxxvii, G et ss.; xxxviii, — Verbum, justitias, judicia. Trois expres-
29-30. —Nivem sicut lanam. Par leur sions synonymes pour désigner la loi di-
blanclicur les llocons de laine ressemblent vine. Voyez l'introduction au Ps. cxvm,
à des llocons de neige. Cf. Is. i, 18; p. 546. — Non fecit Deut. iv,
taliter... Cf.
Ez. xxvii 18, etc.
, — Nebulam sicut ci- 7-8, 32 et ss. En
nations païennes
effet, les
nerem. Plutôt « le givre » , comme dit n'avaient reçu que la loi naturelle , et la
648 Ps. GXLVIII, 1-2.
PSAUME CXLVIII
Alléluia.
Laadate Dominum, de caelis;
eum in excelsis.
laudate
' Laudate eum omnes angeli , ejus ;
*
Alléluia.
révélation primitive, si prompjtement al- mour à toute la nature visible, afin qu'elle
térée par ridolàtrie. Si Israël avait reçu le aime en lui et par lui la beauté invisible
dépôt précieux d'une révélation plus com- de son Gréateur. » (2^ Sermon pour l'An-
plète , c'était pour le partager ensuite avec nonciation de la sainte Vierge.) Ou en-
les Gentils. Les psaumes et les autres par- core « L'invitation adressée aux créatures
:
ties de la Bible le redisent à tout instant. inanimées (ou privées de raison) de s'as-
socier au chœur universel de la louange
Psaume GXLVIII divine est une anticipation prophétique
de ce jour où la nature, qui maintenant
L'Alléluia de toutes les créatures du ciel
gémit tout entière et souffre les douleurs
et de la terre.
de l'enfantement sous l'iniluence de la
1" Introduction. malédiction primordiale (Gen. m, 17-18),
Ps. GXLVIII. — Ge
magnifique » can-
« sera affranchie de la servitude de la cor-
tique date, comme
précédent, de l'é-
le ruption pour avoir part à la glorieuse
,
poque de Néhémie. Il a pour objet de liberté des enfants de Dieu. » Gf. Rom. viii,
remercier Jéhovah d'une grande faveur 18 et ss. —
Deux parties 1» que les cieux,
:
accordée par lui à son peuple faveur qui ; avec tout ce qu'ils renferment, louent le
consistait très probablement dans « le ré- Seigneur, vers. 1-6; 2» que la terre, avec
tablissement de la nationalité juive » après tout ce qu'elle renferme, loue le Seigneur,
l'exil (voyez le vers. 14). Transporté de vers. 7-14.
joie au souvenir de ce bienfait, le poète 2° L'alleluia des cieux. Vers. 1-6.
invite toutes les créatures, soit du ciel, 1-6. L'invitation du psalmisîe {laudate
soit de la terre, à louer le divin libérateur Dominum) s'adresse en premier lieu aux
d'Israël. « G'est la même pensée qui se esprits célestes, qui forment la cour de
manifeste dans le cantique des trois jeunes Jéhovah au plus haut des cieux (vers. 1-2).
gens dans la fournaise (Dan. m, 51-90), — De cselis : de telle sorte que la louange,
et dans l'hymne au soleil (ou plutôt l'hymne chantée dans le ciel, retentisse jusque sur
au Gréateur) de saint François d'Assise. » la terre. —Virtutes est synonyme de
{Manuel biblique.) « Toute la nature, a angeli. D'après l'hébreu ses armées
:
dit Bossuet, veut honorer Dieu et adorer (.fbaôt). Gf. Jos. V, 14; III Reg. xxii, 9;
son principe, autant qu'elle en est capable. Job, xxxvni, 7, etc. De ces sphères les
Gomme elle est privée de raison tout ce , plus élevées du ciel, le psaume va main-
qu'elle peut, c'est de se présenter elle- tenant « descendre graduellement... sur
inême à nous, pour nous faire connaître la terre, pour s'arrêter à l'homme », en-
son divin auteur. G'est ainsi qu'imparfai- serrant ainsi toute la nature dénuée de
tement et à sa manière elle glorifie le vie ou de raison entre les deux catégories
Père céleste. Mais, afin qu'elle consomme suprêmes des êtres créés les anges et les
,
et le petit luminaire » (cf. Gen. i, 16). Par qui la régissent, et ces lois subsisteront
stellse, il comprend la masse innombrable jusqu'à la fin du monde. Cf. Job, xiv, 5;
des étoiles lixeset des planètes. Lumen: — XXVIII, 26; Ps. cm, 9; Jer. xxxi, 35-36, etc.
la lumière envisagée à part. L'hébreu unit Aucun des êtres créés (ou Dieu lui-même,
ce mot au précédent les étoiles de lu-
: selon la Vulgate et les Septante) ne les
mière, c.-à-d. lumineuses. Cseli cœlo- — violera jamais non prœteribit.
:
rum : les régions supérieures du ciel si- 3° L'alleluia de la terre. Vers. 7-13.
Deut.x, 11.; lil Ilcg. vm,27, etc.
déral. Cf. 7-13. Laudate... de terra. Formule qui
— Aquap... super csulos. Sur cette expres- correspond à « Laudate... de cœlis » du
sion, comp. Gon. i, 7. —
Quia... Le psal- verset 1. Descendant des hauteurs su-
miste molivc d'une manière générale son bUmes, le psalmiste invite aussi la terre,
invitation : tous ces êtres ont été eréés et tout ce qu'elle renferme, à louer le Dieu
par Dieu et dépendent de lui; ils lui créateur. — D'abord la mer {omnes abyssi)
doivent donc le tribut de leur reconnais- avec ses principaux habitants {dracones;
sance. Les mots ipse diocit et facta sunt hébr. tannlnirn , les grands monstres
:
fruits {ligna...) sont signalés par oppo- cornu jjopuli. C'est là une des idées prin-
sition aux arbres des forêts, dont le cèdre cipales du cantique, et même la plus im-
est ici représentant glorieux.
le Avec — portante api'ès celle de la louange. Sur la
le verset 10 nous atteignons le sol, sur métaphore delà corne, voyez le Ps. cxxxi,
lequel se meut le monde bigarré des ani- 17, et la note. Depuis la ruine de Jéru-
maux bestise, les bêles sauvages; pecora^
: salem, Israël avait perdu toute sa puis-
lesanimaux domestiques ;se/'joen^es(hébr. : sance; mais Dieu commençait à la lui
rémes), tout ce qui rampe; volucres..., les rendre visiblement. —
Ihjmnus. Hébr. ;
oiseaux, qui vivent sur la terre, quoiqu'ils t^hillah, une louange (c.-à-d. un objet de
puissent voler dans les airs. Voici enfin— louange^ Comp. le Ps. cxi.iv, 1, et la note.
l'homme, cet admirable « microcosme » — Omnibus sanctis ejus. Hébr. : pour tous
ou petit monde, cet étonnant abrégé de ses hasïclim. Ces chers amis de Jéhovah
toute la nature (vers. 11-12). Toute la race ne diffèrent pas des Israélites. —
Populo
humaine est invitée, dans quelques-unes appropinquanti. Autre beau nom de la
. .
de ses catégories les plus saillantes (rois, nation théocratique pour caractériser les
,
princes et peuples, hommes et femmes, relations intimes qu'elle avait avec son
enfants et vieillards), à chanter à son tour Dieu.
Ps. GXLIX, 1-3. 651
PSAUME GXLIX
*
Alléluia.
* Alléluia.
désir de triompher de ces cruels ennemis. Danse au son du tambouriu. (Peinture égypt.)
— Deux parties louange à Dieu, l'ai-
:
mable bienfaiteur d'Israël, vers. '1-5; exci- Ps. XXXII, 3; xcvii, 11, etc. Tel est le sen-
tation à la guerre sainte, vers. G-9. La se- timent qui anime tout d'abord le poète, et
conde strophe n'a été complètement réa- qu'il cherche à communiquer à ses frères.
lisée qu'à l'époque du Messie, car lui seul — In ecclesia sanclonwi. Cette église des
a vaincu et continue de vaincre tous les hasld'mi, ou des bien-aimés de Jéhovah,
peuples de la terre, les soumettant l'un n'est autre qu'Israël lui-même. Cf. Ps.
après l'autre à son joug divin. cxLViii, li'". —
Lœtetur,... exultent. Saint
2° Première strophe louange à Dieu,
: bonheur, délices ineffables d'avoir le Sei-
qui a comblé son peuple de bienfaits. gneur pour auteur {qui fecit...), pour
Vers. 1-5. soutien perpétuel et pour roi {in rege
, , , , ,
''
CarSeigneur se complaît dans son peuple,
le
exaltera ceux qui sont doux et les sauvera.
et il
^ Les saints tressailliront dans la gloire ;
suo; comp. Deut. xxxiii, 5; I Reg. xii, reux, de leurs larmes amères (cf. Ps. iv, 5;
12, etc.). Joie s'épanchant au dehors par VI, 7), le sont actuellement de leurs joyeux
des chœurs de danse et de beaux can- transports. Cf. Ps. xui, 9; Is. xxx, 29;
tiques laudent... in c/ioro, in lytnpano...
: Os. VII, 44, etc.
Ainsi s'accomplissait un bel oracle de Jô- 3' Deuxième strophe excitation ù la
:
rémie, xxxi, 4, relatif au retour de l'exil. guerre sainte contre les ennemis d'Israël,
Sur les danses religieuses chez les Hé- Vers. 6-9.
breux, voyez Ex xv, 20; I Reg. xvin, 0; 0-9. Dans cette seconde partie du psaume,
II Reg. VI, IG, etc. —
Sans doute Dieu a le regard du poète est dirigé vers l'avenir.
Malgré sa faiblesse présente,
le peuple juif a conscience du
grand rôle qui lui est réservé,
d'amener tous les peuples à
la vraie religion. Dans son zèle
de réaliser le plus prompte-
Menottes et entraves. (Bas-relief assyrien. ) ment possible cette haute des-
tinée, il s'élance par la pensée
sévèrement puni son peuple mais il l'aime
; à la conquête des païens. Cf. II Mach. xv,
quand même, et il met en lui son bon 27. Tout en louant Jéhovah de bouche {exal-
plaisir {beneplacitum est ei..., vers. 4). tationes... in çjutlure...), il désire le cé-
Maintenant que les péchés d'autrefois sont lébrer aussi par des actes. Voilà donc toute
expiés, il relève Israël et le glorifie : exal- la nation sainte, armée de glaives à deux
tabit mansuetos... D'après l'hébreu, « il tranchants {gladii ancipites...) vengeant
,
orne de salut les affligés; » il place la dé- l'honneur du vrai Dieu, châtiant les païens
livrance comme une glorieuse couronne {increpationes...), chargeant de chaînes et
sur la tête de ceux qu'il avait humilias ramenant captifs les rois et les princes
pour- un temps. A cette pensée, le psal- longtemps rebelles {compedibus , maniais;
miste mentionne de nouveau la joie des voyez l'Atlas archéol., pi. lxxi, fig. 1, (i,
hasidim (Vulg. sancti).
:
—
Lœtabuntur 8, 10; pi. xciv, lig. 1, 4, 8); en un mot,
in cubilibus... Leurs couches, après avoir accomplissant dans le monde païen .les
été témoins de leurs monologues doulou- jugements écrits à son sujet par les pro-
Ps. GXLIX, 9 — CL, 2. 653
ut faciant in eis judicium conscriptum.
Gloria h£ec est omnibus sanctis ejus.
Alléluia.
PSAUME GL
Alléluia.
'
Alléluia.
phètes, qui tous avaient annoncé sa future retentit bien au delà des limites du pays
défaite {judiciu7n conscriptum). — Gloria juif, concerne tout ce qui a
puisqu'elle
hœc est... Gloire immense pour les vrais vie (vers. 6). —
Vers. 1-2, prélude, qui
amis du Seigneur, d'avoir été chargés de indique les motifs de la louange; vers. 3-5,
cette grande œuvre. Ce qui
glorifie le souverain glorifie
en mémo temps les sujets.
— Sanctis ejus. Dans l'hé-
breu hasîdlni pour la
,
Psaume CL
Doxologie solennelle :
Louez Jéhovah!
l» Introduction.
Ps. CL. —
Les quatre
premiers livres du Psautier
se terminent tous par une
courte doxologie, ajoutée Concert associé à nue céroiuonie religieuse. ( Peinture égyptieuuc )
le nébel et le kinnôr ; deux instruments à tier. « Élevé, pour ainsi dire, sur cinq de-
cordes, la lyre et une petite harpe. Cf. grés, il plane, dans ce dernier cantique,
I Reg. X, 5, etc. [Atla^ archéol., pi. lxhi, sur hauteurs bienheureuses de la con-
les
divers noms
biblique, ses 14 son peuple 73
§ II. — Le nombre et la numération des Psaume XIV. A quelles conditions l'on mé-
Psaumes 15 ritera de pénétrer dans la maison de
§ III. — Division du Psautier 16 Dieu 76
§ IV. — Histoire de la collection des Psaume XV. Dieu, plus excellent héri-
le
Psaume? 16 tage, ici -bas et dans le ciel à jamais. . 78
§ V. — Le sujet des Psaumes leurs prin- , Psaume XVI. Ardente prière pour obtenir
cipales espèces 17 le secours de Dieu contre des ennemis
§ VI. — Les titres des Poaumes et leur puissants et menaçants 83
valeur. 18 Psaume XVII. Magnifique action de grâces
§ VII. — Les auteurs des Psaumes. . . 19 de David pour tous les bienfaits dont
§ VIII. — Notre traduction latine des Dieu l'avait comblé durant sa vie. ... 87
Psaumes 20 Psaume XVIII. Dieu dans la nature et
§ IX. — L'importance des Psaumes. . . 22 dans la révélation 98
§ X. — Beautés littéraires du Psautier. . 25 Psaume XIX. Prière d'Israël pour son roi,
qui allait entreprendre une expédition
COMMENTAIRE guerrière 102
Livre premier. — Ps. I-XL 27
Psaume XX. Action de grâces après la vic-
toire 105
Psaume I. Sort opposé du juste et de l'impie, 28 Psaume XXI. Eli, Eli, lamma sabacthani. 109
Psaume IL Vains efforts des l'oyaumes de Psaume XXII. Le bon Pasteur 118
la terre contre le royaume du Christ. . 30 Psaume XXIII. Hymne triomphal pour la
Psaume III. Tranquillité de la foi parmi translation de l'arche sur la coUine de
les assauts hostiles 34 Sion 120
Psaume IV. Entouré d'ennemis triom- Psaume XXIV. Prière pour obtenir la ré-
phants et d'amis découragés, David ma- mission des péchés et du secours dans
nifeste sa pleine confiance en Dieu. ... 38 l'affliction 123
Psaume V. Prière contre des ennemis per- Psaume XXV. Protestation d'innocence et
fides 41 appel â la divine justice 127
Psaume VI. Plainte, prière et triomphe. . 45 Psaume XXVI. Sentiments de parfaite con-
Psaume VII. Appel au Juge suprême contre fiance en Dieu , et ardente prière dans un
les calomnies et les embûches d'hommes grand péril 130
pervers 48 Psadme XXVII. Supplication dans un grand
Psaume VIII. Dieu si grand, et cependant danger, et action de grâces anticipée, en
si bon pour l'homme 55 prévision du divin secours 134
658 TABLE DES MATIERES
Psaume XXVIII. Dieu dans l'orage 13G Psaume LV. Prière confiante dans une très
,
Psaume LXXXVIII. Prière pour rappeler Psaume CXVI. Los Gentils sont invités à
à Dieu les magnifiques promesses qu'il louer le Dieu d'Israël 538
avait faites ti David et qu'il semblait Psaume CXVII. Cantique d'action de grâces,
avoir oubliées 416 à la suite d'une merveilleuse délivrance. 539
Psaume CXVIII. Éloge de la loi divine. . . 545
Livre quatrième. — Ps. LXXXIX-CV. . 427 Psaume CXIX. Contre les langues malignes. 668
demeure 427
Psaume CXXI. Chants de pèlerins en l'hon-
neur de Jérusalem 579
Psaume XC. Sécurité de l'homme qui met
en Dieu toute sa confiance 433
Psaume CXXII. Israël opprimé invoque son
Psaume XCI. Louange à Dieu, qui protège Dieu avec le sentiment d'une entière
confiance 575
les bons et châtie les méchants 436
Psau.me CXXIII. Louange au 1 ieu sauveur. 676
Psaume XCIL Le règne théocratiquo de
Jéhovah 441
Psaume CXXIV. Dieu protège les justes
qui ont confiance en lui 578
Psaume X'^lII. Prière contre les ennemis
impies d'Isiaël 443
Psaume CXXV. Joie du retour, après la
captivité de Babylone 681
Psaume XCIV. Invitation à louer Dieu et
à obéir à sos comraundements 447
Psaume CXXVI. L'homme ne peut rien
sans Dieu 583
Psaume XCV. Toutes les créatures sont
invitées à louer le Seigneur 450
Psaume CXXVII. Le bonheur du juste
dans la vie domestique 685
Psaume XCVI. Le Dieu -roi : sa puissance
infinie, qu'il faut adorer dans un esprit
Psaume CXXVI IL Que Dieu daigne affer-
d'obéissiUice
mir le bonheur d'Israël 587
452
Psaume XCVIT. Louange à Dieu, qui a Psaume CXXIX, Espoir en la miséricorde
opéré des merveilles en faveur divine 589
de son
peuple 455
Psaume CXXX. Humble abandon entre les
Psaume XCVIII. Louange au Dieu -roi, qui bras de Dieu 591
exauce toujours les prières de ses sujets
Psaume CXXXI. Prière pour la maison
royale de David 593
fidèles 457
Psaume XCIX. Invitation universelle à louer
Psaume CXXXII. Les charmes de l'union
i
TABLE DES PSAUMES
D'APRÈS L'ORDRE ALPHABÉTIQUE
Judica me, Domine, quoniam ego. XXV. . 127 Super llumina Babylonis. CXXXVI 609
Lœtatus sum in his quae dicta sunt mihi. Te decet hymnus, Deus, Jn Sion. LXIV. . 292
CXXI 572
Lauda, anima mea, Dominum. CXLV. . . 641 Usquequo, Domine, oblivisceris me. XII. . 71
Lauda, Jérusalem, Dominum. CXLVII. . . 644 Ut quid, Deus, repulstl in finem. LXXIII. 344
Laudate Dominum de ca3lis. CXLVIII. . . 64G
Laudate Dominum in sanctis ejus. CL. . . 651 Vcnite, cxuUemr.s Domino. XCIV 447
Laudate Dominum, omnes gentcs. CXVI. . 538 Verba mca auribus pcrcipe. V 41
Laudate Dominum, quoniam bonu.". CXLVI. 641 Voce mea ad Dominum clamavi ;... dcpre-
Laudate nomen Domini. CXXXIV 602 catus sum. CXLI «29
Laudate, puein, Dominum. CXIF 526 Voce mea ad Dominum clamavi;... et in-
Lcvavi oculos meos in montes. CXX. . . . 570 tendit. LXXVI 358
TABLE DES GRAVURES
Palmiers plantés au bord d'un cours d'eau. La teigne du drap dans son fourreau. . , . 187
(Fresque égyptienne.) 28 Volume des saintes Écritures enroulé dans
Roi d'Assyrie muni du sceptre. (Bas -relief un riche étui 190
de Nlnive.) 33 Lit égyptien. (Fresque antique.) 194
Prisonniers de guerre auxquels on arrache La biche commune 198
les dents et la barbe. (Bas-relief assyrien.). 37 Cascade du Liban. ( D'après une photogra-
Étendards égyptiens. ( Fresque antique.). . 40 phie.) 201
Assyriens jouant de la flûte double. (Antique Scribes égyptiens écrivant sous la dictée.
bas -relief.) 41 (Peinture antique.) 210
Prostration devant une divinité égyptienne. Roi d'Egypte lançant des flèches contre les
( Peinture antique.) 43 bataillons ennemis. (Ancienne peinture.). 213
Le grand et le petit bouclier. (Bas -relief Rameau fleuri du Laurus cassia 214
assyrien. ) 45 Branche et fleurs d'aloès. (Aquilaria agal-
Lion dévorant. (Bas -relief assyrien.). ... 49 locha.) 215
Pressoir égyptien. (Ancienne peinture.) . . 53 Roi d'Assyrie couvert de vêtements à franges
Filet pour la chasse aux oiseaux. ( Peinture richement brodés. (Bas-relief de Xinivc.). 217
égj'ptienne.) 64 Char de guerre. ( Peinture égyptienne.). 221 . .
Assyriens tirant des flèches sur des oi- Le roi Darius foule aux pieds un ennemi
seaux, etc. (Bas -relief de Ninive.). ... 67 vaincu. (Sculpture antique.) 223
Petite harpe à huit cordes. ( Fresque égyp- un bas-relief.). 226
Citadelle assyrienne. (D'après
tienne. ) 69 Grand navire égyptien en chargement. (Pein-
Tête et mâchoire d'aspic 74 ture de Thèbes.) 227
Coiipes égyptiennes. ( D'après les monu- Le jB.'inn6r.(D'après une fresque égyptienne.). 230
ments.) 80 Sacrifice d'un jeune taureau. (Sculpture
Libation aux dieux sur le corps de lions égyptienne.) 237
tués à la chasse. (Bas -relief de Ninive.). 81 Foulons égyptiens. (Peinture antique.). . . 241
Le char de Jéhovah d'après la vision d'Ézé- Rameaux fleuris de Vllyssopus officlnnlis. . 243
chiel 90 Barbier maniant le rasoir. ( Peinture égypt.) 246
Antiques lampes égyptiennes et assyriennes. Olivier du jardin de Geth.sémani. ( Daprés
( D'après les monuments.) 94 une photographie.) 248
Archers égyptiens. ( Peinture ancienne.). . 95 Colombes syriennes 254
Les douze heures du jour et de la nuit. Lacrymatoires de l'Orient 260
(Peinture de Thèbcs.) 99 Engaddi et ses alentours 263
Char de guerre assyrien. ( Antique bas- L'aspic 266
rcllef.) 104 Charmeur de serpents, sur un ancien vase
Ruines de Rabbath- Ammon 107 égyptien 267
Four de potier. (Peinture égyptienne.). . . 108 Chiens qui errent la nuit dans une ville
Meute de chiens qui se précipite sur un orientale 271
âne sauvage. (Bas relief assyrien.). 113 . . . Casques assyriens. (Bas -relief ninivite.). . 277
Le bison asiatique 115 Sandales égyptiennes. ( D'après les monu-
Berger de Palestine abreuvant ses brebis. . 119 ments.) 278
Creuset d'orfèvre. (Peinture égyptienne.). 128 Tombeaux creusés dans le roc, à Pctra. 279 .
Égyptien en prière. (Ancienne peinture.). . 134 Balances égyptiennes. (Ancienne peinture.). 285
Cabanes pour la fête des Tabernacles. (D'a- Égyptiens dans l'attitude de la prièi-e.
près Surenhusius. ) 137 (Fresque antique.) 287
Chasse au bison. (Bas -relief assyrien.). . . 139 Chacals déterrant un cadavre 289
Filet de chasseui's. ( Peinture égyptienne.). 145 Filet de chasseurs. ( Peinture égyptienne.). 299
Chevaux assyriens munis du mors et de la L'arche d'alliance. (Essai de reconstruction.). S04
bride.(Antique bas-i-ellef.) 151 Le Sinaï 307
Mulet chargé. (Bas -relief persan.) 152 Tympanistria phénicienne. ( D'après une
Harpe à dix cordes. (Fresque égyptienne.). 153 figurine en terre cuite.) 312
Une femme assyrienne fait boire son flls à Barque sacrée des Égyptiens portée en pro-
une outre. (Antique bas-relief.) 154 cession. (Peinture ancienne.) 313
Entrée de la grotte d'Adullam en Palestine.
, 167 Hippopotames dans le Xil et sur ses bords. 315
Haches de combat. (Monuments égyptiens.). 162 On apporte le tribut fi un roi d'Assyrie.
Cèdres du Liban 179 (Bas -relief antique.) 316
664 TABLE DES GRAVURES
Tente ronde. (Bas -relief assyrien.) 323 Les trompettes droites du temple de Jéru-
Luth égyptien. (Ancienne peinture.). 331 . . . salem. (Arc de triomphe de Titus.). . . 456
Égyptiens rendant hommage à un supé- Chérubins sculptés sur une arche égyptienne. 458
rieur. ( Fresque antique.). * . 334
. Le chat- huant. (Athene persica.) 465
Pyramides de Saba ou Méroé 335 La grive bleue. { Petrocossyphus cyar,eus.). 466
Paysage du Liban. (D'après une photogra- L'aigle royal 470
phie.) 336 Arabes dressant une tente 475
La porte de Jaffa, à Jérusalem, et la cita- Source dans l'Anti- Liban 477
delle 345 Chasse à l'onagre. (Bas-relief assj'ricn.). . 479
Étendard assj^rien 347 Le bouquetin. (Capra sinaltica.) 480
Haches chaldéennes. (D'après les monu- Cigognes nichant sur des arbres en Palestine. 481
ments.) 347 Le daman. (Hijrax syriacus.) 482
Lutte contre des crocodiles. (D'après un Moustique, grossi 490
papyrus égyptien.) 349 Invasion de sauterelles eu Orient 491
Eunuques assyriens remplissant des coupes. Vases précieux. (Ancienne Égj'pte.) 492
(Bas- relief antique.). 354 Le bxuf Apis. (Bronze du Louvre.). . . . 497
Cavaliers assyriens. (D'après un bas-relief.). 356 Portes munies de verrous. (D'après des
Captifs étrangers implorant un prince égyp- peintures égyptiennes.) 604
tien.(Peinture antique.) 359 Galerie phénicienne. (D'après un bas-relief.). 506
Ruines d'un temple, à Tanis 365 Vue prise dans l'Idumée 611
La caille 368 La sauterelle d'Orient 615
Paysage de la terre de Gessen 371 Diplois, ou manteau double. (Statue ro-
Troupe de dromadaires assaillis par des maine.) 517
mouches 373 Prisonniers de guerre servant d'escabeau à
Guerriers assyriens bandant un arc. (Bas- un roi d'Egypte. (Peinture de Thèbes.). 619
relief de Ninive.) 374 Une vue de la mer Rouge 629
Emplacement des ruines de Silo. (D'après Abeilles de Palestine 541
une photographie.) 375 L'autel des holocaustes 544
Scène de deuil auprès d'un moi't. ( Peinture Outres orientales 556
égyptienne.) 377 Antique lampe de verre trouvée à Jéru-
Berger de Palestine 378 salem 559
Oiseaux de proie dévorant des cadavres. Le roteni ou genêt d'Orient 669
(Bas-relief assyrien.) 380 Enceinte d'une ville fortifiée. ( Bas - relief de
Le sinus, flottant et relevé. (Statues ro- Niuive.) 674
maines.) 383 Filet d'oiseleur. (Peinture égyptienne.). .577.
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