Article Juliette Bourdin

Tous droits rservs CERVEPAS 2004 - http://www.univ-paris3.fr/recherche/sites/edea/cervepas/index.
htm
CERVEPAS
Centre dtudes et de recherches
sur la vie conomique
dans les pays anglo-saxons
Les relations sino-amricaines
sous le mandat de George W. Bush,
2001-2004
Communication prsente par Juliette Bourdin,
doctorante Paris III - Sorbonne Nouvelle
dans le cadre de la journe d`tude du CERVEPAS
consacre au bilan conomique du premier mandat de George W. Bush
19 novembre 2004
Comit de lecture :
http://www.univ-paris3.fr/recherche/sites/edea/cervepas/comite_de_lecture_fr.htm
Universit de Paris III - Sorbonne Nouvelle
Institut du Monde Anglophone
5 rue de lÈcole de Mdecine
75006 Paris
Pour tout commentaire ou question, contacter : cervepas@univ-paris3.fr
Juliette Bourdin, Les relations sino-amricaines sous le mandat de George W. Bush, 2001-2004
Tous droits rservs CERVEPAS 2004 -- http://www.univ-paris3.fr/recherche/sites/edea/cervepas/index.htm
2
Ds son arrive au pouvoir
1
, làdministration Bush a remplac la notion de strategic
partnership labore par Bill Clinton
2
par la notion de strategic competition
3
pour dfinir les relations
sino-amricaines. Que lòn songe la collision entre un avion-espion amricain et un chasseur
chinois ou aux discours peu diplomatiques adresss la Chine, tout semblait, jusqu` l`t 2001,
annoncer une nouvelle guerre froide, lorsque les attentats du 11-Septembre sont venus
bouleverser l`chiquier mondial, et notamment modifier la configuration des relations bilatrales
avec la Chine.
Dans lìmmdiat, la priorit amricaine nèst plus de livrer bataille au sein de
lÒrganisation mondiale du commerce (OMC), mais plutt de sàssurer le soutien de la Chine sur
de nombreux fronts - Core du Nord, Asie centrale, Proche-Orient - ou du moins sa neutralit
dans les guerres entreprises en Afghanistan, et surtout en Irak. Le discours de làdministration
Bush vis--vis de la Chine communiste a donc gliss de la concurrence stratgique vers làppel
une certaine coopration
4
.
Accapars par ces deux guerres, les Etats-Unis en sont rests au statu quo ante dans leurs
changes avec la Chine. Mme la question de Taiwan nà pas fait lòbjet de nouvelles controverses
et les relations entre Taipei, Pkin et Washington se sont rvles tonnamment calmes. Par
ailleurs, compte tenu des revendications de Pkin sur la gestion des conflits en Asie, on pourrait
s`tonner de la discrtion chinoise de ces trois dernires annes. Toutefois, la Chine nà pas
encore les moyens de ses ambitions et dpend bien trop du march amricain pour ses
exportations, clef de la croissance conomique chinoise. Sìl existe une guerre ou du moins une
relle comptition entre la Chine et les Etats-Unis, elle se manifeste avant tout au plan
3
conomique, ainsi quàu niveau du dveloppement du potentiel de leurs arsenaux militaires et
nuclaires respectifs.
Depuis lèntre de la Chine dans lÒMC, officialise quelques mois aprs lèntre en
fonction du nouveau prsident George W. Bush
5
, les mmes sujets de tension sont rests
dàctualit - le dficit commercial vis--vis de la Chine, les droits de la proprit intellectuelle, ou
encore le manque dòuverture du march chinois. Toutefois, plusieurs facteurs montrent une
volution sensible des relations entre les deux pays, dàbord parce que la Chine a dj port
plainte contre les Etats-Unis devant les tribunaux de lÒMC, ensuite parce que la Chine est en
passe de devenir le premier consommateur de ptrole au monde, ce qui peut clairer sous un jour
nouveau aussi bien làctualit au Proche-Orient que les relations entre la Chine et les Etats-Unis.
avant et laprs 11-Septembre dans les relations sino-amricaines
Il semble quìl y ait vritablement un avant et un aprs 11-Septembre dans les relations
entre Pkin et Washington. De manire frappante, les tensions entre la Chine et les Etats-Unis ne
font plus la une de làctualit depuis les attentats du World Trade Center, tandis que les premiers
mois du mandat de George W. Bush nàuguraient pas dùn apaisement des tensions mais plutt
dùne dangereuse tendance lèscalade.
avant 11-Septembre : les prmices dune nouvelle guerre froide
Ds lìnvestiture de George W. Bush lors de la Convention rpublicaine
6
, le candidat aux
lections prsidentielles se dmarqua donc de la politique chinoise de Bill Clinton en prsentant la
Chine non plus comme un partenaire stratgique (strategic partner) mais comme un adversaire
stratgique (stragetic competitor). Influenc par la dialectique reaganienne, George W. Bush donnait
4
aux relations sino-amricaines des allures de guerre froide et prsentait la Chine comme lÙRSS
du XXI
e
sicle. Le projet de bouclier anti-missiles qui remet en cause le trait de non-prolifration
nuclaire en est lèxemple le plus symbolique.
Les vnements du printemps 2001 semblrent avaliser et justifier ce retour une ligne
plus dure dans la politique chinoise des Etats-Unis. Le 22 mars, lòccasion de la visite aux Etats-
Unis du vice-Premier ministre Qian Qichen, les responsables amricains remirent lòrdre du
jour les traditionnelles controverses telles que les droits de l`homme, lèntre de la Chine
lÒMC, la dfense antimissile et la question de Taiwan. Mais cèst surtout dix jours plus tard, le 1
er
avril, quùn vnement vint aggraver la situation. La collision entre un avion-espion amricain et
un chasseur chinois prs de l`le de Hainan, qui se solda immdiatement par la dtention de
l`quipage amricain et lànalyse mticuleuse des technologies militaro-aronautiques amricaines,
rappela singulirement une autre poque et les dangers dùne escalade pouvant mener un
ventuel conflit arm. Les membres de l`quipage retenus par les autorits chinoises ne furent
librs que le 12 avril, aprs les excuses officielles formules par le gouvernement amricain.
En guise de reprsailles, les Etats-Unis annoncrent, le 23 avril, la vente dàrmements
Taiwan (quatre destroyers, huit sous-marins et douze avions de patrouille maritime), ce qui
provoqua immdiatement la colre de Pkin et finit dènvenimer le climat d`hostilit. Par ailleurs,
probablement en rponse au projet amricain de bouclier antimissile
7
, la Russie et la Chine
signrent, le 16 juillet, un trait dàmiti et de coopration - le premier depuis 1950 - et
rappelrent la ncessit de respecter les accords passs tels que le Trait de non-prolifration
nuclaire (TNP) de 1968 ou encore les accords SALT I et SALT II des annes 1970.
Paralllement ces dsaccords et ces problmes dòrdre politique et stratgique,
Washington accusait lÈmpire du Milieu de ne respecter ni ses engagements commerciaux
bilatraux, ni les rgles de lÒMC. Bref, làdministration Bush, appuye par des circonstances qui
poussaient la rupture du dialogue plutt qu` la coopration, prsentait de plus en plus la Chine
comme le nouvel ennemi de lÀmrique
8
.
5
aprs 11-Septembre : la ncessaire coopration
Les relations sino-amricaines faisaient donc, pour de nombreuses raisons, lòbjet de
toutes les attentions lorsque les attentats du 11-Septembre sont venus radicalement changer la
donne sur l`chiquier gostratgique mondial. L`heure n`tait plus aggraver les tensions avec la
Chine. Bien au contraire, sa coopration ou sa neutralit sàvraient essentielles pour la bonne
marche des dcisions de làdministration Bush. Dans un revirement frappant, la Chine tait
prsente, tout comme la Russie, comme un partenaire important dans la guerre contre le
terrorisme et, ds octobre 2001, George W. Bush exprimait le souhait des Etats-Unis d`tablir
avec la Chine une relation franche, constructive et cooprative
9
. Moscou et Pkin ont
dàilleurs profit de cette lutte antiterroriste pour justifier, ct russe, la guerre en Tchtchnie, et
ct chinois, la lutte contre les indpendantistes du Xinjiang et du Tibet
10
.
Alors que les Etats-Unis sàpprtaient attaquer le rgime taliban en Afghanistan - pays
aux frontires communes avec la Chine et avec les anciens pays rattachs lÙRSS -, une
opposition chinoise aurait fortement compliqu la tche. Par ailleurs, en incluant la Core du
Nord dans l` axe du mal , làdministration Bush sèst li les mains dans la mesure o elle ne peut
se passer de la mdiation du gouvernement chinois, le grand frre communiste, pour tenter de
rgler le problme de làrsenal nuclaire du rgime de Kim Jong-il
11
. Les runions qui ont eu lieu
entre avril 2003 et avril 2004 nònt pas permis de trouver de solution mais ont confirm la place
primordiale de la Chine dans les ngociations sur la dnuclarisation de la Core du Nord
12
.
Sur lìntervention en Irak, en revanche, le simplisme affich par la diplomatie amricaine -
ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous - avait le mrite d`tre sans quivoque, et si
la Chine a exprim un dsaccord de principe, assez discrtement dàilleurs, elle a rapidement fait
savoir quèlle sàbstiendrait si une rsolution devait tre vote par le Conseil de scurit aux
Nations unies. Fidle au principe de non-ingrence dans les affaires intrieures dùn pays, elle a,
6
de manire ambigu, rejoint le camp franais tout en souhaitant conserver une certaine
neutralit
13
. La Chine prfre en effet viter toute confrontation avec la superpuissance
amricaine, car son objectif premier est de prserver l`quilibre conomique de lÀsie si ncessaire
son effort de modernisation
14
.
Les facteurs de tension existent toujours, mais sont dlibrment laisss en l`tat pour le
moment
15
. Quoi quìl en soit, la politique amricaine et les guerres menes par làdministration
Bush en rponse aux attentats du 11-Septembre ont contribu modifier la place de la Chine en
Asie et dans le monde.
La stratgie de la diplomatie chinoise
Si la stratgie actuelle de la diplomatie chinoise nèst pas ne avec les attentats du 11-
Septembre, la nouvelle donne mondiale semble toutefois avoir renforc la conviction du
gouvernement chinois de normaliser ou de renforcer ses relations avec un certain nombre de pays
et sèst traduite par une intense activit diplomatique, en particulier sur la scne asiatique
16
.
En Asie centrale, la Chine commena, ds fvrier 2002, par rtablir officiellement ses
relations avec lÀfghanistan qui venait d`tre secou par la guerre mene par les Etats-Unis
17
.
Cette dmarche diplomatique fut suivie, le 22 dcembre 2002, par la dclaration de Kaboul
des dirigeants de six pays voisins de lÀfghanistan (Chine, Pakistan, Iran, Ouzbkistan,
Tadjikistan, et Turkmnistan) qui garantit la non-agression de lÀfghanistan par ses voisins. Outre
son intrt entretenir de bonnes relations avec les pays limitrophes dÀsie centrale, qui
pourraient servir de bases arrires aux indpendantistes du Xinjiang, Pkin cherche
indubitablement contrebalancer lìnfluence de la prsence amricaine dans la rgion.
Plus frappant encore, la Chine, qui a continu dèntretenir des relations avec le Pakistan,
dcida de renouer sur des bases plus saines avec lÌnde, ennemie de longue date de Pkin. Une
premire depuis dix ans, le Premier ministre indien, Atal Behari Vajpayee, se rendit pendant six
7
jours en Chine lors dùn voyage officiel, du 23 au 28 juin 2003. A cette occasion, New Delhi a
reconnu la souverainet de la Chine sur le Tibet et Pkin celle de lÌnde sur le Sikkim. L`heure
nèst plus, pour ces deux grandes nations asiatiques, aux conflits bilatraux mais plutt aux
intrts dùne coopration rgionale pour mieux faire face aux dfis de la mondialisation.
En Asie du Sud-Est enfin, la Chine a continu de dvelopper ses contacts et a souvent
russi ses ngociations. Malgr les craintes gnres par làscension conomique de la Chine, les
pays de lÀSEAN (Association of Southeast Asian Nations) ont exprim, lors de leur septime
sommet, en 2001, leur souhait dìntgrer la Chine dans une zone de libre-change asiatique et
lònt confirm au cours du sommet suivant qui sèst conclu sur le projet de cration dùne zone
de libre-change Chine-ASEAN pour 2010-2015
18
.
Si les relations avec le Japon ou la Russie restent toujours teintes dàmbigut, les gestes
symboliques se sont pourtant multiplis ces dernires annes avec, notamment, le rglement du
contentieux commercial sino-japonais (20 dcembre 2001)
19
, ou encore le sommet du Groupe de
Shanghai
20
consacr la lutte contre le terrorisme, le 29 mai 2003. Quant aux relations sino-
europennes, elles sont restes axes sur les changes commerciaux et se sont concrtises par
une srie dàccords, dans le cadre de lÒMC, sur la coopration douanire, le dveloppement du
tourisme, la lutte contre le piratage et la contrefaon, ou encore les accords maritimes.
Le dploiement de la diplomatie chinoise est moins anodin quìl n`y parat, car dfaut de
pouvoir exercer une puissance aussi forte que celle des Etats-Unis, la Chine peut au moins
travailler ne pas effrayer des pays qui voient dj en elle une autre puissance hgmonique
venir. On peut y voir galement la volont de Pkin de se prsenter comme un alli possible,
sinon souhaitable, aux yeux de certains dirigeants face la politique trangre amricaine. De
surcrot, si les relations conomiques dictent encore bien souvent les politiques des Etats, la
diplomatie peut sans conteste influer sur le dveloppement du commerce bilatral ou multilatral
et permettre de stimuler la croissance
21
. La question de Taiwan, quant elle, reste en suspens et
continue de peser sur les relations sino-amricaines, mais peut galement expliquer la diplomatie
8
chinoise actuelle qui, en servant de moteur et/ou de pivot la rgion Asie-Pacifique, bride toute
tentative de rapprochement entre Taiwan et d`hypothtiques allis. Quoi quìl en soit, au vu du
dploiement militaire amricain au Proche-Orient et en Asie centrale, Taipei nà aucun intrt
dclencher les hostilits dans le dtroit de Taiwan dans la mesure o le soutien logistique et
militaire des Etats-Unis ne leur serait peut-tre pas garanti. Du moins, le doute est assez fort pour
que les trois gouvernements prfrent en rester, pour le moment, au statu quo.
Une chose est sre, tandis que les guerres en Afghanistan puis en Irak ont monopolis,
depuis trois ans, toute làttention de Washington et des mdias, la Chine a, trs activement et avec
un certain succs, dvelopp ses contacts avec les autres nations
22
. Il est fort probable que ce
regain dèngagement diplomatique chinois ait galement pour objectif dèssayer de limiter
lìnfluence de la superpuissance amricaine en Asie
23
.
Le statu quo ante ?
Les suites du 11-Septembre ont donc men làdministration Bush adopter une politique
chinoise moins belliciste et se rapprocher un tant soit peu de celle de Bill Clinton, axe
principalement sur le dveloppement des relations conomiques. Les visites officielles se sont
multiplies et les mmes contentieux conomiques et commerciaux, quoique apaiss, ont
rapidement refait surface. Pour Washington, restent prioritaires le problme des droits de la
proprit intellectuelle que les Etats-Unis veulent absolument faire appliquer en Chine, le dficit
de la balance commerciale devenu chronique ces dernires annes, et le problme de la nature de
lèmploi.
Les droits de la proprit intellectuelle : le cheval de bataille des USTR
9
A lìnstar des prcdents Reprsentants au commerce de la Maison Blanche (USTR -
United States Trade Representative) Mickey Kantor et Charlene Barshefsky, làctuel USTR de
làdministration Bush, Robert B. Zoellick, livre bataille en Chine pour faire appliquer les droits
sur la proprit intellectuelle (ADPIC
24
). Làmpleur du piratage et de la contrefaon sur le sol
chinois sont tels que le manque gagner, quoique difficilement quantifiable, pousse les Etats-
Unis surveiller trs attentivement l`volution de làpplication des ADPIC en Chine
25
. Le
ministre du Commerce des Etats-Unis a mme labor une bote outils pour les droits de la
proprit intellectuelle (IPR Toolkit) destine informer et aider les industriels amricains qui
cherchent lutter contre les entraves aux ADPIC en Chine
26
.
Lènjeu est de taille. Si les Etats-Unis russissent faire respecter les droits de la proprit
intellectuelle en Chine, ils pourront asseoir leur puissance conomique inconteste et sans rivale
grce leur trs large avance technologique, et de ce fait, ils pourront peut-tre galement freiner
ou amoindrir un tant soit peu lèssor considrable de l`conomie chinoise. Car si la Chine
contribue largement entretenir la croissance mondiale, elle nèn effraie pas moins les puissances
actuelles qui voient en elle la seule nation capable de dtrner lÀmrique. Plus pragmatiquement
encore, une stricte application des ADPIC permettrait de rduire dans une certaine mesure le
dficit commercial bilatral que les Etats-Unis connaissent avec la Chine.
Malgr les efforts du gouvernement chinois pour respecter les accords de lÒMC, la
Chine est connue pour ses infractions aux rgles du droit international et pour ses discours
propagandistes qui ne font quàlimenter le scepticisme amricain. Pourtant, la Chine a entrepris
depuis 1989 une rforme juridique de fond, qui sèst mise au service du dveloppement
conomique
27
. L` inflation juridique qui en a dcoul ne semble pourtant pas avoir russi
lutter efficacement contre le piratage et la contrefaon endmiques, et ce malgr les engagements
pris par la Chine. Làttitude de Pkin vis--vis des droits de la proprit intellectuelle est, une fois
de plus, quelque peu ambigu : la Chine souhaite dùne part inspirer confiance afin de favoriser
ses changes avec ses partenaires commerciaux et dynamiser la croissance, mais elle craint
10
probablement, dàutre part, quùne stricte application des rgles du commerce mondial, dont le
respect des ADPIC si cher aux Amricains, ne vienne perturber lòbjectif affich de devenir lùne
des conomies et lùne des puissances les plus fortes du monde. Il nèn reste pas moins vrai que
les chiffres restent particulirement difficiles analyser : selon un institut de recherche chinois
(Development Research Center, State Council), le manque gagner pour les Etats-Unis
s`lverait 1,8 milliard de dollars par an
28
, tandis que dàutres sources rappellent que les royalties
et làchat de licences auraient tout de mme cot la Chine 35 milliards de dollars pour la seule
anne 2003
29
.
Dans un monde de plus en plus bas sur l` conomie du savoir , protger les droits de
la proprit intellectuelle devient une question de survie pour les conomies avances.
Dernirement, Bruce P. Mehlman, sous-secrtaire aux Affaires technologiques du ministre du
Commerce des Etats-Unis, sèst fait le porte-parole de cette volont politique amricaine de rester
la pointe de la recherche dans un monde de plus en plus comptitif : Au vu du rle crucial que
joue la production intellectuelle dans notre conomie, notre socit et dans la comptitivit
internationale, làdministration Bush conduit un programme sur les hautes technologies dont
lòbjectif est de maximiser la cration, la protection et la commercialisation de la proprit
intellectuelle
30
. Incontestablement, les droits de la proprit intellectuelle ne sont autres que la
manifestation dùne politique rsolument tourne vers lìnnovation et la recherche, moteurs
essentiels de la croissance conomique amricaine, et reprsentent lùne des batailles
conomiques les plus pres qui vont se jouer ces prochaines annes
31
.
Un dficit commercial qui se creuse et un march chinois toujours ferm
Le dficit de la balance commerciale qui nèn finit pas de se creuser dans les changes
avec la Chine nà pas bonne presse aux Etats-Unis et pose problme aux dirigeants amricains. Si
lÀmrique a connu un dficit commercial similaire avec le Japon pendant les annes 1980
32
, elle
11
admet encore plus difficilement la manifestation de la puissance commerciale du rival chinois que
celle de l` alli nippon. Depuis lànne 2000, la Chine est dornavant le premier pays avec
lequel les Etats-Unis subissent leur plus fort dficit commercial qui sèst lev en 2003 124
milliards de dollars
33
.
En juin 2004, le secrtaire au Commerce Donald Evans a effectu une visite de quatre
jours en Chine pour tenter de trouver une solution ce problme qui suscite de plus en plus de
plaintes de la part des industriels et des syndicats amricains
34
. Cela tant, ce dficit courant qui
est rgulirement point du doigt est un peu lìmage de làrbre qui cache la fort, car il ne fait
que masquer lènsemble de phnomnes complexes et interdpendants issus de la mondialisation.
Les premires explications du dsquilibre de la balance commerciale sont simples :
lèssor des entreprises chinoises spcialises dans lèxportation joue un rle vident dans le
creusement du dficit ; par ailleurs, non seulement la majorit des exportations chinoises ne
transitent plus par Hong Kong et Macao, mais un grand nombre de firmes de ces deux anciennes
colonies, rtrocdes en 1997 et 1999, sìmplantent sur le sol de la RPC et grossissent la part des
exportations de cette dernire, et il en est dàilleurs de mme avec Taiwan ; enfin, les
multinationales qui se sont implantes en Chine pour profiter de la main-dòuvre bon march
participent aussi cette inflation des capacits exportatrices chinoises
35
.
Ces dernires annes, Pkin a galement fait en sorte dàttirer un maximum
dìnvestissements directs trangers (IDE) afin de stimuler les capacits exportatrices du pays, ce
qui a donc contribu aggraver le dficit commercial avec les pays occidentaux. Malgr lòpacit
de la lgislation chinoise qui freine bien souvent les investisseurs trangers, les IDE se sont levs
au chiffre impressionnant de 53 milliards de dollars en 2003 et ont largement contribu
lèxpansion des exportations chinoise
36
.
Les craintes suscites par le dveloppement impressionnant de l`conomie chinoise
nourrissent le discours des investisseurs, voire des politiques amricains. Dàutre part, la nature
mme des exportations chinoises fait redouter aux dirigeants amricains une comptitivit
12
toujours plus forte de la Chine, car la part des produits de moyenne et de haute technologies dans
le total des exportations chinoises est en progression constante depuis une quinzaine dànnes. La
moiti des exportations chinoises restent toutefois assures par les filiales trangres, souvent des
multinationales implantes en Chine o sont effectus les assemblages des produits manufacturs,
tandis que ces mmes multinationales, notamment amricaines, continuent dìnvestir dans la
R&D (recherche & dveloppement) dans leur pays dòrigine. En se spcialisant dans
làssemblage, la Chine est ainsi devenue le dernier maillon de la chane de production asiatique :
lìntgration rgionale de la Chine est donc une explication essentielle au creusement du dficit
chronique que les Etats-Unis entretiennent non pas tant avec la Chine quàvec lÀsie dans son
ensemble
37
.
Dernirement, ce dsquilibre de la balance commerciale a galement men les Etats-Unis
livrer bataille contre la monnaie chinoise quìls estiment largement sous-value et qui
reprsente, selon eux, une forme de concurrence dloyale
38
. Ce dbat a occup le devant de la
scne en 2003 et Pkin sèst largement dfendu contre toute rvaluation
39
. Agns Bnassy-
Qur, Amina Lahrche-Rvil, et Franoise Lemoine expliquent que si le yuan parat survalu,
sous lèffet combin dùn solde courant fortement excdentaire, puisque la Chine attire
massivement les capitaux trangers, et dùne surchauffe conomique, une rvaluation nàurait
pourtant quùn impact assez marginal et ce pour plusieurs raisons :
1- Dàbord parce que lèxcdent commercial de la Chine se rduit du fait de làugmentation trs
rapide de ses importations - qui nourrissent les exportations et la demande intrieure
croissante - , et du fait de lòuverture du march chinois depuis son entre dans lÒMC.
2- Par ailleurs, un yuan faible permet dàttirer les dlocalisations dèntreprises trangres avant
tout grce au faible cot de la main-dòuvre chinoise, mais la Chine reprsente simplement le
dernier rouage de la chane de production asiatique, si bien que lèxcdent commercial
chinois nèst autre que lèxcdent commercial de lÀsie dans son ensemble.
3- Dàutre part, une rvaluation du yuan aurait peu dìmpact sur les cots de la main-dòuvre
qui resteraient extrmement bas, et serait mme pnalisante pour certaines rgions.
13
4- Enfin, les prix des exportations tant bien souvent fixs en dollars, une hausse ventuelle
des cots chinois (par rvaluation de sa monnaie) pourrait avoir comme consquence
davantage de compression des marges lèxportation (aujourd`hui trs importantes pour les
firmes multinationales implantes en Chine) que des pertes de marchs au profit des biens
produits dans les pays dvelopps.
40
Non seulement une rvaluation du yuan nàurait pas les effets escompts, mais plus
gnralement, le dficit courant des Etats-Unis nèst que le reflet dùne pargne prive trs faible
assortie dùn dficit public massif. Un changement de parit du yuan ne saurait rquilibrer
automatiquement ces dsquilibres internes
41
. En effet, plus encore que le dficit commercial,
cèst bel et bien la dette amricaine qui prsente un problme de plus en plus insoluble. Dàprs les
chiffres cits par Robert Sutter, la Chine dtiendrait 9 % des avoirs du gouvernement fdral
amricain, en particulier en bons du Trsor, et la dette amricaines vis--vis de la Chine s`lverait
150 milliards de dollars
42
. Ironiquement, làfflux bien trop massif de capitaux trangers en
Chine devient lui-mme un motif de proccupation, car l`conomie chinoise nèst peut-tre pas
en mesure dàbsorber tous ces capitaux, ce qui pourrait provoquer terme une bulle spculative
dangereuse
43
.
Malgr ces diffrents problmes, le dynamisme de l`conomie chinoise et làugmentation
de ses exportations vers les pays avancs permettent, et cèst l un avantage non ngligeable, de
baisser les prix et dàcclrer le dynamisme de l`conomie mondiale
44
en encourageant la
diffusion dùn certain nombre de biens manufacturs qui resteraient, sans une telle concurrence,
inaccessibles au plus grand nombre
45
. Par ailleurs, la demande chinoise augmente au fil des ans et
les Etats-Unis commencent eux aussi bnficier des bienfaits de cette demande quìl faut
satisfaire. Ainsi, la part des exportations amricaines est passe de 4,9 % 5,6 % sur le total des
exportations vers la Chine entre 2002 et 2003
46
, et les Etats-Unis ont gagn des parts de march
au dtriment de leurs concurrents pour des matires premires telles que le soja et le coton dont
14
les exportations respectives vers la Chine ont augment dènviron 800 % et 3270 % entre 1999 et
2003
47
.
Les changes commerciaux des Etats-Unis avec la Chine, 1993-2003
Exportations Importations Solde
2003 28 367,80 152 436,00 -124 068,20
2002 22 127,70 125 192,60 -103 064,90
2001 19 182,30 102 278,30 -83 096,00
2000 16 185,30 100 018,40 -83 833,10
1999 13 111,00 81 788,20 -68 677,20
1998 14 241,30 71 168,70 -56 927,40
1997 12 862,30 62 557,60 -49 695,30
1996 11 992,60 51 512,60 -39 520,00
1995 11 753,60 45 543,20 -33 789,60
1994 9 281,80 38 786,70 -29 504,90
Source : les chiffres, exprims en valeurs courantes, du
commerce sino-amricain sont disponibles sur le site du
Bureau des statistiques des Etats-Unis
<http://www.census.gov/foreign-trade/balance/c5700.html>
Le problme du chmage et de la nature de lemploi
Le problme du dficit commercial sino-amricain nèst pas sans lien avec le problme du
chmage puisquìl a servi dàrguments aux syndicats pour dnoncer la perte de millions dèmplois
aux Etats-Unis. Lors du dbat anim, au printemps 2000, sur le vote de la normalisation des
relations commerciales sino-amricaines, les syndicats s`taient dj fortement mobiliss contre
cette normalisation qui devait acclrer làcceptation de la demande chinoise dàdhrer lÒMC.
A lìnstar de la cration de lÀLENA (Accord de libre-change nord-amricain), les associations
syndicales craignaient des pertes dèmplois quùne plus forte intgration de la Chine dans les
15
instances symboles de la mondialisation menaait de provoquer aux Etats-Unis. Les
manifestations furent nombreuses pour retarder cette normalisation qui, aprs d`pres dbats,
finit par tre accepte et vote par la Chambre des reprsentants
48
.
En avril 2004, lÀFL-CIO a dpos une demande auprs de la Maison Blanche pour
ouvrir une enqute sur les pratiques chinoises concernant lèmploi et son non-respect des
conditions de travail selon les rgles tablies par lÒIT (Organisation internationale du travail).
Les syndicats accusent la Chine de baisser les salaires des ouvriers chinois pour augmenter la
comptitivit de ses produits destins lèxportation, et demandent galement làdministration
de taxer les importations chinoises afin de mieux protger les emplois aux Etats-Unis. Accepter
ces requtes, a rpondu Robert Zoellick, nous mnerait sur la voie de lìsolationnisme
conomique. Cèst un chemin que nous ne prendrons pas
49
. Làdministration Bush ne peut pas
non plus se permettre de prendre des mesures qui iraient lèncontre des rgles de lÒMC - une
organisation et un systme d`changes conomiques dont les Etats-Unis sont eux-mmes les
architectes
50
. Le quotidien The International Herald Tribune insiste sur le fait que la nouveaut dans
la dmarche des syndicats se trouve dans leur demande dùn renforcement du code du travail
(labor standards) non plus au niveau amricain mais au niveau international
51
.
Pourtant, la Chine elle-mme subit de plein fouet les effets de la mondialisation et de la
libralisation de son conomie. Le taux de chmage nèn finit pas dàugmenter et de nouvelles
formes de prcarit sont apparues dans ce pays qui nà plus de communiste que le nom. Les
manifestations, quand ce ne sont pas des meutes, se multiplient dans les villes et constituent une
menace sourde non seulement pour l`conomie chinoise mais aussi pour le gouvernement en
place
52
.
On peut observer que les trois lments cls que sont les ADPIC, le dficit commercial et
lèmploi sont totalement interactifs dans la mesure o ils rvlent une volution profonde des
conomies avances. Si les pays occidentaux nònt pas totalement abandonn la production
industrielle et manufacturire, ils tendent pourtant se spcialiser dans les domaines de haute
16
technologie et dans les domaines des services qui leur permettent de bnficier de gains de
productivit plus importants, et qui impliquent galement de forts investissements dans la
recherche et dveloppement (R&D)
53
. Les ADPIC sont devenus de ce fait un enjeu majeur de
l`volution du commerce international et donnent un nouveau visage la nature de lèmploi dans
les pays dvelopps.
Les nouvelles modalits de la guerre conomique
Dans leur ouvrage, La guerre hors limites, les deux militaires chinois, Qiao Liang et Wang
Xiangsui, dcrivent les nouveaux visages de la guerre en ce dbut de XXI
e
sicle. Parmi ces
nouvelles facettes, ils considrent que la guerre commerciale peut sàvrer aussi redoutable
quùne guerre militaire classique :
Si lèxpression guerre commerciale n`tait, il y a environ une dizaine dànnes, quùne
formulation descriptive, elle est aujourd`hui devenue un outil entre les mains de nombreux pays
pour faire la guerre par des moyens non militaires. Elle est en particulier utilise par les
Amricains avec beaucoup d`hostilit et de brio : recours la loi sur le commerce intrieur sur la
scne internationale, lvation ou suppression arbitraire de barrires douanires, recours des
sanctions commerciales rdiges la hte, embargo sur les exportations de technologies sensibles,
recours la loi Special section 301 , application du traitement accord la nation la plus
favorise, etc. Nìmporte lequel de ces moyens peut avoir des effets destructeurs quivalents
ceux dùne opration militaire. Lèmbargo global de huit ans impos lÌrak par les Etats-Unis est
le cas d`cole en ce domaine.
54
Sìls ne la mentionnent prcisment, il semble vident que les deux militaires chinois ont
pens la lutte conomique transpacifique qui se joue l`heure actuelle.
En ce sens, il nèst pas anodin que le Congrs ait fini par accorder au prsident Bush, le 6
aot 2002, la procdure du fast track, si farouchement refuse au prsident Clinton, et qui permet
au chef de lÈtat de conclure lui-mme des accords commerciaux avec des partenaires trangers.
OMC : dans larne dune guerre conomique
17
Les industriels amricains se plaignent de plus en plus du march chinois qui reste, selon
eux, largement ferm. Ils estiment que la Chine bloque dlibrment làccs son march
intrieur malgr ses engagements en vue de son adhsion lÒMC
55
. Il est ncessaire de prciser
que la Chine avait obtenu un certain nombre de dlais avant dàbaisser ses barrires douanires
afin de pouvoir mettre en place les rformes ncessaires une bonne adaptation de son conomie
aux effets de la libralisation. Lìndustrie automobile, làgriculture, ou encore la sidrurgie sont
concernes par ces mesures qui permettent la Chine dàttendre lànne 2005 avant que lÒMC
ne lui impose de se conformer aux tarifs douaniers en vigueur dans les autres pays membres. En
ce sens, donc, làccs au march chinois est effectivement rest en partie ferm ou limit.
Pourtant, ces critiques sont exagres, car afin de pouvoir profiter de lèssor du commerce
international et stimuler la croissance, la Chine avait dj progressivement revu la baisse ses
droits de douane. Par ailleurs, les effets de làdhsion de la Chine lÒrganisation mondiale du
commerce sont peut-tre dcevants aux yeux de ceux qui rvent du march du milliard mais
ils nèn sont pas moins manifestes, ne serait-ce quàu vu des bouleversements de la socit
chinoise
56
.
Pour le moment, seules deux plaintes ont t dposes auprs de lÒMC entre la Chine et
les Etats-Unis. Ds mars 2002, cèst--dire trois ou quatre mois seulement aprs son entre dans
lÒMC, la Chine a rejoint un certain nombre de pays pour porter plainte auprs des instances de
lÒrganisation mondiale du commerce au sujet du relvement des droits de douane sur les
importations dàcier dcid par les Etats-Unis pour protger leur march intrieur. Ils ont
dàilleurs t condamns par lÒMC le 11 juillet 2003 et ont fini par lever, le 4 dcembre 2003, les
surtaxes sur les importations dàcier. Quinze jours plus tard, le 26 dcembre, la Chine a elle aussi
supprim ses propres surtaxes sur les importations dàcier, non seulement parce quèlles ne sont
pas autorises par lÒMC, mais aussi parce quìl lui fallait viter de subir l`humiliation dùne
plainte dpose par les Etats-Unis sur un contentieux de nature identique.
18
Dernirement, en mars 2004, les Etats-Unis ont dpos une plainte auprs de lÒMC
contre les taxes imposes par la Chine aux importations de semi-conducteurs trangers
57
. Cette
plainte est conforme la ligne de la politique chinoise des Etats-Unis dont le ton sèst durci ces
derniers mois au sujet de la sous-valuation du yuan, du problme chronique du dficit
commercial, ou encore de la concurrence dloyale dùne main-dòuvre excessivement bon
march qui provoque des dlocalisations et une augmentation du chmage en Amrique.
La guerre avec la Chine se situe donc avant tout au niveau conomico-commercial, et
certains observateurs estiment que les Etats-Unis devraient justement profiter de leur poids
conomique et commercial pour inflchir la politique extrieure de Pkin considre comme
belliciste et dangereuse
58
, plutt que de prendre le risque de provoquer la Chine militairement.
Avec son assise conomique et financire encore trop fragile et sa dpendance grandissante
l`gard du march amricain pour ses exportations, la Chine est effectivement influence par la
politique conomique des Etats-Unis et voit surtout sa marge de manouvre se rduire chaque
anne.
enjeu du ptrole
La Chine est devenue tout dernirement le deuxime pays importateur de ptrole et sa
demande ne fait quàugmenter au fil des mois, autant pour nourrir les besoins de son industrie
lourde que pour satisfaire ceux des mnages qui bnficient dùne amlioration de leurs
conditions de vie, en particulier dans les zones urbaines
59
. Depuis plusieurs mois dj, il arrive de
plus en plus frquemment que les ressources nergtiques fassent dfaut, et les pnuries sont
parfois mme quotidiennes dans certaines provinces chinoises
60
.
Les rserves de ptrole du pays restent faibles (2,5 milliards de tonnes, soit 1,7 % des
rserves mondiales). Or, si la Chine veut pouvoir jouir du mme taux de croissance annuel que
ces quinze dernires annes, son approvisionnement en ptrole est ainsi devenu un enjeu capital.
19
Sa demande en ptrole, qui pse de faon croissante sur les cours mondiaux
61
, a augment au
point que les importations reprsentent dsormais un tiers de sa consommation et diverses
prospectives estiment que cette proportion passera 80 % dìci 2030
62
.
Le risque de voir son conomie sèssouffler inquite trs fortement les dirigeants chinois
qui cherchent des solutions ce problme crucial. Dùne part, le gouvernement chinois essaie de
dvelopper lèxploitation de diverses sources d`nergie, et cèst bien dans cette optique quìl a
entrepris le projet pharaonique du barrage des Trois Gorges qui vise bien plus rduire la
dpendance chinoise vis--vis de l`tranger qu` matriser un fleuve rput indomptable. Cèst
galement pour cette raison quìl rprime toute tentative de scission des indpendantistes du
Xinjiang - rgion dont le sous-sol est suppos riche en ptrole et o les prospections vont bon
train. Dàutre part, le gouvernement chinois a multipli ses changes et ses accords avec certains
pays trangers pour assurer son approvisionnement en ptrole. Ainsi, aprs une visite de trois
jours en France (27-30 janvier 2004), le prsident chinois Hu Jintao a fait escale en Afrique, plus
prcisment en Egypte (du 29 janvier au 1
er
fvrier), au Gabon (du 1
er
au 3 fvrier) et en Algrie
(les 3-4 fvrier) pour signer des accords, particulirement dans le domaine ptrolier
63
. Ainsi que
lìndique Jean-Pierre Angelier, la Chine contribue diversifier lòffre mondiale, n`hsitant pas
nouer des relations avec des pays qui sont en froid avec les Etats-Unis
64
, notamment lÌran,
lÌrak, le Soudan, et le Venezuela.
Nombreux sont les experts qui ont mis làccent sur les raisons caches de la guerre
mene par làdministration Bush en Irak. La prudence reste videmment de mise, toutefois le fait
que lÌrak possde lùne des plus importantes rserves de ptrole au monde nà srement pas
laiss indiffrente une administration troitement lie aux lobbies ptroliers. Scuriser et garantir
làcheminement du ptrole est un des facteurs essentiels pour assurer la croissance conomique
mondiale et, en investissant militairement, diplomatiquement et conomiquement le Moyen-
Orient, les Etats-Unis peuvent se rendre matres dùn des produits les plus convoits au monde et
matres galement du dveloppement conomique de certains pays. Dans ces conditions, il est
20
peu surprenant que la Chine essaie de dvelopper des relations privilgies avec dàutres pays
susceptibles de lui fournir les quantits ncessaires de ptrole.
Cet enjeu du ptrole semble, bien des gards, expliquer autant la politique de
làdministration Bush que la diplomatie chinoise de ces toutes dernires annes. Dùn point de
vue gostratgique, on comprend mieux la stratgie diplomatique de Pkin, analyse plus haut,
l`gard des pays dÀsie centrale, riches en hydrocarbures et autres matires nergtiques. La
prsence amricaine dans cette rgion stratgiquement trs importante ne fait que renforcer la
volont chinoise d`tablir des liens privilgis avec ces pays. Par ailleurs, les conflits territoriaux
en mer de Chine se poursuivent, car la Chine revendique, tout comme le Vietnam, la Malaisie, les
Philippines, Taiwan et lÌndonsie, lèxploitation des hydrocarbures
65
. Il sàgit bien l dùne
nouvelle guerre, sourde et peu visible laquelle vont dsormais se livrer les grandes puissances,
commencer par les Etats-Unis et la Chine.
Conclusion
Alors que tout semblait promettre, avant mme lìnvestiture de George W. Bush, des
relations particulirement tendues entre la Chine et les Etats-Unis, les attentats du 11 Septembre
sont venus bouleverser la donne sur l`chiquier mondial. Afin de lutter contre le terrorisme et
contre les organisations nbuleuses du type al Qaida, làdministration Bush a d renouer avec un
certain nombre de gouvernements quèlle avait pourtant fortement critiqus. Ainsi, la Chine sèst
soudain trouve aux cts des Etats-Unis dans cette nouvelle lutte et sèst garde dèntraver les
projets de guerre amricains en Afghanistan et en Irak.
Nanmoins, cette actuelle coopration masque peine la lutte qui sòpre entre les
deux pays. Tandis que làttention de Washington et des mdias est braque sur le Moyen-Orient,
la Chine a continu de dvelopper sa stratgie de rapprochement avec ses voisins asiatiques et
21
travaille dj gagner la lutte dìnfluence dans cette rgion quèlle estime tre sa chasse garde.
Devenue une puissance incontournable, la Chine prend donc une place grandissante sur la scne
rgionale asiatique et cherche se rapprocher de ses voisins qui finiront peut-tre par trouver
dans lÈmpire du Milieu un alli plus attirant que les Etats-Unis dàujourd`hui.
Jouissant de taux de croissance trs levs, la Chine pse toujours plus sur la bonne
marche de l`conomie mondiale, et cèst bien au niveau conomique et commercial que la guerre
sòpre de part et dàutre du Pacifique. Droits de la proprit intellectuelle, dficit commercial
abyssal, dlocalisations massives vers la Chine et crise de lèmploi aux Etats-Unis, nombreux sont
les motifs de tension qui ne facilitent pas le dialogue, et lèntre de la Chine dans lÒMC nà pas
adouci la lutte bilatrale entre Pkin et Washington. La domination conomique reste lòbjectif
premier des deux pays qui se battent dsormais via les instances de lÒMC plutt quèn face--
face. Reste lènjeu du ptrole - lòr noir - , toujours intimement li au dveloppement et la
croissance conomiques, qui va devenir particulirement dterminant pour les relations entre la
Chine et les Etats-Unis et nàugure pas, une fois de plus, un apaisement de leurs relations.
1
Les appels de note font rfrence aux sources indiques dans la bibliographie.
2
Bill Clinton orienta sa politique chinoise vers la coopration stratgique au cours de lanne 1997, et utilisa
notamment ce concept, conjointement avec le prsident chinois, Jiang Zemin, lors de la visite officielle de ce
dernier aux Etats-Unis (26 octobre-3 novembre 1997). Voir Joint Press Conference by President Clinton and
President Jiang Zemin , 29 octobre 1997.
3
Cette politique chinoise fit partie du programme lectoral de George W. Bush, alors candidat aux lections
prsidentielles de 2000. Voir notamment les extraits de son programme sur la politique trangre, George W.
Bush, China and Russia Powers in Transition , septembre 2000. Dailleurs, George W. Bush critiqua, ds
1999, la politique chinoise de Bill Clinton, voir larticle de Thomas W. Lippman.
4
Une politique confirme par les propos de Condoleeza Rice dans larticle China strongly urges US to
understand sensitivity of Taiwan issue , British Broadcasting Corporation, 8 juillet 2004.
5
La Chine est devenue le 143
e
membre de lOMC le 11 dcembre 2001.
6
George W. Bush remporta les primaires du Parti rpublicain en mars 2000, puis fut officiellement nomm
candidat pour les prsidentielles la Convention du Parti rpublicain qui se tint du 31 juillet au 3 aot 2000.
7
Ce projet amricain met en pril le pouvoir de dissuasion de la Chine vis--vis de Taiwan et reprsente, de fait,
un enjeu considrable. Voir notamment Daniel Sabbagh, pp.60-61.
8
Un certain nombre dobservateurs, tels que Bill Gertz, nhsitent pas prsenter la Chine comme la plus grave
menace venir pour les Etats-Unis et avalisent la politique chinoise initiale de ladministration Bush.
9
We seek a relationship [with China]that is candid, constructive and cooperative , confrence de presse lors
de la visite officielle de George W. Bush en Chine (Shanghai) U.S., China Stand Against Terrorism Remarks
by President Bush and President Jiang Zemin , 19 octobre 2001. Kurt Campbell formule la mme analyse ce
sujet : Au lieu dtre la menace la plus dangereuse pour les Etats-Unis, la Chine est devenue du jour au
lendemain le partenaire indispensable dans la guerre contre le terrorisme mene par les Etats-Unis (Instead of
being the biggest threat of the United States, China overnight became an indispensable partner in the U.S.-led
war on terrorism), in Kurt Campbell, pp.3-4.
22
10
A la demande de la Chine, les Etats-Unis ont fini par ajouter le Mouvement islamique du Turkestan oriental
(MITO) sur la liste des organisations terroristes lies al Qaida. Voir les extraits du Rapport sur le terrorisme
dans le monde en 2002 , rendu public par le dpartement dEtat des Etats-Unis le 30 avril 2003.
11
Voir notamment Rgine Serra, pp.55-56, ainsi que Robert Sutter, pp.75-89
12
Cest dailleurs linitiative de la Chine que plusieurs de ces runions ont eu lieu ces derniers mois.
13
Larticle de Shen Dingli, qui est directeur de lInstitut dtudes internationales et sous-directeur du centre
dtudes amricaines de luniversit de Fudan, Shanghai, paru dans le Monde diplomatique est cet gard
instructif. En effet, cet universitaire chinois insiste sur le fait que Pkin se trouvait dans une situation fort
dlicate dans la mesure o voter pour les Etats-Unis tait inconcevable, mais voter contre eux aurait eu des
consquences graves sur les relations bilatrales, un moment o leur stabilit tait vitale pour les deux pays .
Labstention, ajoute-t-il, aurait eu pour effet de discrditer la Chine, qui serait apparue timore face la
dmonstration de force amricaine . Et pourtant, cette troisime voie fut celle choisie et annonce par Pkin
avant mme quun vote ne ft dcid au sein du Conseil de scurit des Nations unies.
14
Voir Robert Sutter, pp.76-77 et 85-86.
15
Daniel Sabbagh se montre dailleurs peu optimiste : Si les attentats du 11 septembre 2001 ont quelque peu
modifi la donne en faisant apparatre le combat antiterroriste comme un domaine de coopration privilgi entre
les deux Etats combat auquel Pkin sest alors empress de rattacher la rpression du sparatisme islamique
au Xinjiang et son extension dans le cadre du groupe de Shanghai , ladministration Bush na pas pour autant
renou de manire explicite avec la politique dengagement constructif lgard de la Chine, dont le conseiller
pour la scurit nationale de Bill Clinton, Samuel Berger, avait t lun des principaux artisans. , p.60.
16
Nous renvoyons aux excellentes synthses sur ce sujet de Franois Godement, pp.39-49, plus prcisment
pp.40-41, ainsi que Robert Sutter, pp.75-89.
17
Le 6 fvrier 2002, le chef de ladministration intrimaire afghane, Hamid Karza, se rendit Pkin qui octroya
une aide de 150 millions de dollars lAfghanistan, et accepta la rouverture de son ambassade Kaboul.
18
Voir le texte de laccord Framework Agreement on Comprehensive Economic Cooperation Between the
Association of South East Asian Nations and the Peoples Republic of China , ASEAN, (Phnom Penh,
Cambodge), 4 novembre 2002. Voir galement le compte-rendu du 8
e
sommet de lASEAN, Press Statement
by the Chairman of the 8
th
Asian Summit, the 6
th
Asean + 3 Summit and the Asean-China Summit , ASEAN
(Phnom Penh, Cambodge), 4 novembre 2002.
19
Ce contentieux commercial portait sur les quotas japonais auxquels taient soumis les produits agricoles
chinois et sur les sanctions chinoises lencontre des biens de consommation nippons.
20
Le Groupe de Shanghai regroupe six pays : Chine, Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbkistan, Russie, et
Tadjikistan.
21
Franoise Nicolas voque juste titre linterdpendance accrue en Asie et les dfis que tous les pays de la
rgion doivent relever, et insiste sur la diplomatie conomique de la Chine en Asie orientale o Pkin
souhaiterait supplanter le Japon dans le rle de leader conomique rgional, pp.269-284.
22
Francesco Sisci voit probablement juste lorsquil affirme : La guerre contre le terrorisme sachvera tt ou
tard, ou du moins, les Etats-Unis la dcrteront termine. A ce moment-l, nous nous tournerons tous vers le
ur mme de la gopolitique mondiale : les relations entre la Chine et les Etats-Unis . (Sooner or later the war
against terrorism will end. Or rather the Americans will decree that it is over. At that point we will all return to
focus on the real core of global geopolitics: the relationship between China and the United States.)
23
Selon Joshua Kurlantzick, cette diplomatie chinoise est mensongre vis--vis des Etats-Unis, et lengagement
de principe formul par Pkin la suite des attentats du 11 septembre 2001 masquerait des objectifs bien
diffrents, pp.63-64. Voir aussi Ellen Bork, pp.52-58.
24
ADPIC : Aspect des droits de proprit intellectuelle qui touchent au commerce
25
A noter que la Chine est la seule, avec le Paraguay, subir des mesures de rtorsion de la Special 306 ,
spcialement conue pour les entraves aux droits de la proprit intellectuelle dans ces deux pays.
26
Voir U.S. Department of Commerce, International Trade Administration, IPR Toolkit , fvrier 2004.
27
Voir Gilles Guiheux, pp.14-16 : Plusieurs motifs expliquent cette inflation juridique. Cest dabord la
ncessit conomique qui impose le rle croissant de la loi dans la rgulation des relations entre personnes.
Linscurit croissante, la corruption des fonctionnaires, laugmentation du nombre des dlits conomiques qui
accompagnent la rforme rendent ncessaire cette volution , p.14.
28
Ces estimations sont reprises dans le bilan du Reprsentant au commerce des Etats-Unis (USTR) pour lanne
2004. Voir 2004 National Trade Estimate Report on Foreign Trade Barriers , 2004, pp.72-75.
29
Voir le rapport de la Mission conomique de lambassade de France en Chine, Une conomie du savoir
est-elle possible en Chine ? , DREE (Direction des relations conomiques extrieures), 7 juillet 2004.
30
With intellectual output playing such a critical role in our economy, society and global competitiveness, the
Bush Administration is pursuing a high tech agenda that seeks to maximize the creation, protection and
23
commercialization of intellectual property. , in Bruce Mehlman, The Changing Wealth of Nations :
Intellectual Property in the Age of Innovation , discours prononc le 3 mai 2002 Washington, D.C.
31
Le rapport de la DREE cit plus haut indique notamment que la Chine consacre elle aussi une part
grandissante de ses investissements aux activits de R&D et que son capital humain va en faire un concurrent
redoutable. Voir galement lanalyse de Frdrique Sachwald, p.254.
32
Frdrique Sachwald prcise ce sujet que la part du Japon dans les importations amricaines a atteint 22%
en 1986, alors que la part de la Chine atteint actuellement 11% et se dveloppe en partie au dtriment de celle
dautres pays asiatiques. [] Les inquitudes que suscitent [l]intgration [de la Chine] lconomie mondiale
sont en partie dues la taille de ce pays et lvolution de la division internationale du travail elle-mme, qui
fait peut-tre apparatre ce nouvel arrivant comme plus redoutable quil nest, dans llectronique notamment. ,
pp.254-255.
33
Voir les chiffres du commerce avec la Chine Trade (Imports, Exports and Trade Balance) with China , sur
le site Internet du Bureau des statistiques des Etats-Unis.
34
Limminence des lections prsidentielles est une des raisons pour lesquelles ladministration Bush parle de
nouveau du dficit commercial avec la Chine. En effet, la Chine sert toujours dargument lectoral aux Etats-
Unis, et le Parti rpublicain ne veut pas prendre le risque de laisser aux Dmocrates la possibilit de les critiquer
ce sujet et de les accuser davoir dlibrment laiss le dficit se creuser avec la Chine.
35
Voir Diana Hochraich, p.83, ainsi que Frdrique Sachwald, pp.253-267.
36
Selon Franoise Nicolas, les IDE constituent les principaux moteurs du dynamisme exportateur chinois :
65% de la croissance des exportations au cours de la dernire dcennie serait attribuable aux entreprises
trangres en Chine , p.275. Sur les IDE, voir Frdrique Sachwald, p.258, et Frdric Bobin.
37
Voir larticle trs clairant dAgns Bnassy-Qur, Amina Lahrche-Rvil, et Franoise Lemoine, pp.273-
275.
38
Il nest pas inutile de rappeler que Bill Clinton avait flicit et remerci la Chine qui, lors de la crise asiatique
de 1997-98, avait accept de ne pas dvaluer sa monnaie et permit ainsi denrayer la crise qui menaait le monde
entier.
39
loccasion du sommet de lAsia-Pacific Economic Cooperation (APEC) Bangkok en octobre 2003, le
prsident Hu Jintao a soulign que la stabilit du yuan tait de lintrt de son pays, mais aussi du
dveloppement du reste de lAsie et du monde. Avec une rvaluation, en effet, la Chine perdrait en
comptitivit, ce qui ferait baisser ses exportations et, de ce fait, ses importations en provenance dAsie.
Laltruisme affich par les dirigeants chinois ne doit cependant pas tromper : leur pays tant trs dpendant de
ses voisins asiatiques, il est de son intrt bien compris de les mnager. , in Franoise Nicolas, p.282.
40
Voir larticle trs complet consacr ce sujet dAgns Bnassy-Qur, Amina Lahrche-Rvil, et Franoise
Lemoine, pp.285-295, et particulirement pp.292-293.
41
Voir Agns Bnassy-Qur, Amina Lahrche-Rvil, et Franoise Lemoine, p.294.
42
Robert Sutter, p.79. A ce sujet, Barry Bosworth rappelle que le dficit commercial amricain est certes
important, mais les paiements courants ne sont en ralit que trs lgrement excdentaires, pp.299-315.
43
Voir Barry Bosworth, pp.299-315
44
Ce fut lun des arguments avancs par Colin Powell lors du dbat sur le renouvellement de loctroi de la clause
de la nation la plus favorise la Chine, en 2001. Voir Colin L. Powell, The Promise of China Trade , 1
er
juin
2001.
45
Voir Franoise Nicolas, pp.272-273, ainsi que Robert Sutter p.78.
46
Voir Frdrique Sachwald, p.265.
47
Pour le dtail des exportations amricaines vers la Chine, voir le U.S. Census Bureau, U.S. Exports to China
from 1999 to 2003 by 5-digit End-Use Code , 14 juin 2004. Voir galement lanalyse de Jean-Pierre Angelier,
pp.320-322.
48
Voir le mmoire de D.E.A. qui aborde cette question, Juliette Bourdin, Les Etats-Unis, la Chine et lOMC :
Analyse du dbat amricain sur le vote la Chambre des reprsentants de la normalisation des relations
commerciales avec la Chine, janvier-mai 2000 .
49
Voir Robert B. Zoellick.
50
Voir Edward Alden et James Harding, p.3.
51
Voir Elizabeth Becker, p.13.
52
Voir Gilles Guiheux, pp.20-22.
53
Frdrique Sachwald reprend ainsi lanalyse schumpterienne de la destruction cratrice pour analyser
linsertion de la Chine dans lconomie mondiale et les retombes sur les conomies des pays avancs. Elle
explique entre autres que, depuis les annes 1980, la mondialisation et la concurrence par linnovation sont de
puissants facteurs dacclration de ces volutions structurelles. Lorganisation en rseaux mondiaux de
24
production et les dlocalisations participent ainsi au mouvement de destruction cratrice de linnovation et de la
croissance.
Lenjeu pour les pays hauts revenus, dans lindustrie comme dans les services, est de soutenir la concurrence
par linnovation dans une large gamme dactivits , pp.262-264.
54
Voir Qiao Liang et Wang Xiangsui, p.90.
55
Pourtant, la baisse des droits de douane en Chine a t plus importante entre 1992 et 2001 que depuis son
adhsion lOMC. Voir Will Martin, pp.337-338.
56
Voir larticle de Will Martin, pp.331-346.
57
LExpansion, Les Etats-Unis attaquent la Chine lOMC , 19 mars 2004.
58
Cest entre autres lavis de Joshua Kurlantzick, p. 67.
59
Voir entre autres Jean-Pierre, Angelier, pp.323-325. A noter que lInde, autre grand pays dAsie dont la
population a galement atteint le seuil du milliard dhabitants, se trouve confronte au mme problme.
60
Voir Frdric Bobin. Le China Economic Quarterly prcise que les besoins nergtiques de 24 des 31
provinces chinoises souffrent dun manque chronique dnergie et que la Chine a prvu de construire 144
centrales lectriques pour rpondre cette demande croissante.
61
Voir Jean-Pierre Angelier, pp.324-325.
62
Frdric Bobin prcise que La Chine vient de ravir au Japon la position de deuxime consommateur mondial
de ptrole aprs les Etats-Unis. En 2003, ses importations de ptrole brut ont augment de 31 %. Elles
reprsentent aujourdhui plus du tiers de sa consommation, une part voue passer 80 % en 2030, selon
certaines estimations. Ce phnomne a des rpercussions gopolitiques majeures non seulement sur les cours
mondiaux des matires premires ptrole, acier, nickel , mais surtout sur la souverainet chinoise elle-mme,
qui sen trouverait rogne .
63
Le commerce entre la Chine et lAfrique sest lev, en 2002, 12,39 milliards de dollars, soit une
augmentation de 700% en dix ans. Voir le site de la Documentation franaise, et prcisment la page suivante :
<http://www.ladocfrancaise.gouv.fr/monde/macro_chrono/page_asie.shtml>
64
Voir Jean-Pierre Angelier, pp.324-325.
65
Voir Jean-Pierre Angelier, p.329.
Bibliographie
ALDEN, Edward & James HARDING, Bush Refuses Probe Into Claims Against China , Financial Times, 30 avril
2004, p.3.
ANGELIER, Jean-Pierre, Lìmpact de la croissance chinoise sur les marchs mondiaux de matires premires ,
Politique trangre, Dossier : La Chine dans l`conomie mondiale , IFRI (Institut franais des relations
internationales), n2, t 2004, pp.317-330.
ASEAN (Association of Southeast Asian Nations), Framework Agreement on Comprehensive Economic
Cooperation Between the Association of South East Asian Nations and the People`s Republic of China , (Phnom
Penh, Cambodge), 4 novembre 2002 (consult le 20 septembre 2004) <http://www.aseansec.org/13196.htm>.
ASEAN, Press Statement by the Chairman of the 8th Asian Summit, the 6th Asean + 3 Summit and the Asean-
China Summit , (Phnom Penh, Cambodge), 4 novembre 2002 (consult le 20 septembre 2004)
<http://www.aseansec.org/13188.htm>.
BECKER, Elizabeth, Bush officials spurn union complaint on China , The International Herald Tribune, 30 avril
2004, p.13.
BNASSY-QUR, Agns, Amina LAHRCHE-RVIL, et Franoise LEMOINE, Changement et continuit : le
rgime de change en Chine , Politique trangre, Dossier : La Chine dans l`conomie mondiale , IFRI (Institut
franais des relations internationales), n2, t 2004, pp.285-297.
BOBIN, Frdric, La Chine sìnquite de la surchauffe de son conomie , Le Monde, 26 janvier 2004, (consult le
12 fvrier 2004), <http://www.lemonde.fr>.
25
BORK, Ellen, Challenging the Establishment Image of China , in Carola McGiffert, ed., China in the American
Political Imagination, Washington, D.C., CSIS (Center for Strategic and International Studies), The CSIS Press, coll.
Significant Issues Series`, volume 25, n3, 2003, pp.52-58.
BOSWORTH, Barry, Grer làfflux de capitaux en Chine , Politique trangre, Dossier : La Chine dans l`conomie
mondiale , IFRI (Institut franais des relations internationales), n2, t 2004, pp.299-315.
BOURDIN, Juliette, Les Etats-Unis, la Chine et lÒMC : Analyse du dbat amricain sur le vote la Chambre des
reprsentants de la normalisation des relations commerciales avec la Chine, janvier-mai 2000 , mmoire de D.E.A.,
soutenu en juin 2003 lÙniversit de Paris III - Sorbonne Nouvelle.
BOV, Paul A., Rights Discourse in the Age of U.S./China Trade , New Literary History, volume 33, n 1, Winter
2002, pp.171-187.
BRITISH BROADCASTING CORPORATION, China strongly` urges US to understand sensitivity` of
Taiwan issue , 8 juillet 2004, (consult le 17 aot 2004 sur la base de donnes <http://muse.jhu.edu/>).
BUSH, George W., China and Russia - Powers in Transition , United States Department of State, Bureau of
International Information Programs, U.S. Foreign Policy Agenda, septembre 2000 (consult le 20 septembre 2004)
<http://usinfo.state.gov/journals/itps/0900/ijpe/pj52bush.htm>.
BUSH, George W. et JIANG Zemin, U.S., China Stand Against Terrorism - Remarks by President Bush and
President Jiang Zemin , The White House, Office of the Press Secretary, confrence de presse Shanghai, 19
octobre 2001 (consult le 20 septembre 2004) <http://www.whitehouse.gov/news/releases/2001/10/20011019-
4.html>.
CAMPBELL, Kurt, Images and U.S. Strategic Thinking on China , in Carola McGiffert, ed., China in the American
Political Imagination, Washington, D.C., CSIS (Center for Strategic and International Studies), The CSIS Press, coll.
Significant Issues Series`, volume 25, n3, 2003, pp.3-5.
CHINA ECONOMIC QUARTERLY, The Boom-Bust Cycle Trapping China`s Power`, Financial Times, 30 juillet
2004, (consult le 2 aot 2004, sur http://news.ft.com/
CLINTON, Bill, et JIANG Zemin, Joint Press Conference by President Clinton and President Jiang Zemin , The
White House, Office of the Press Secretary, 29 octobre 1997, archiv sur le site Internet Clinton Presidential
Center` (consult le 14 septembre 2004) <http://www.clintonpresidentialcenter.org/legacy/102997-joint-press-
conference-with-jiang-zemin.htm>.
DREE (Direction des relations conomiques extrieures) / Mission conomique de làmbassade de France en Chine,
Une conomie du savoir` est-elle possible en Chine ? , 7 juillet 2004, (consult le 2 septembre 2004)
<http://www.missioneco.org/chine/infopays.asp>.
EXPANSION, Les Etats-Unis attaquent la Chine lÒMC , 19 mars 2004, (consult le 25 mars 2004)
<http://www.lexpansion.com/>.
GERTZ, Bill, The China Threat : How the Peoples Republic Targets America, Washington, D.C., Regnery Publishing, 2002
(pp.xxiii-280).
GODEMENT, Franois, La politique extrieure : pragmatisme et intrts nationaux , Questions internationales,
Dossier : La Chine , La Documentation franaise, n6, mars-avril 2004, pp.39-49.
GUIHEUX, Gilles, Un rgime totalitaire en mutation , Questions internationales, Dossier : La Chine , La
Documentation franaise, n6, mars-avril 2004, pp.8-25.
HOCHRAICH, Diana, Croissance et contraintes de l`conomie chinoise , Questions internationales, Dossier : La
Chine , La Documentation franaise, n6, mars-avril 2004, pp.79-93.
KURLANTZICK, Joshua, China : Economic Power, Political Enigma , The Washington Quarterly, Summer 2002,
vol. 25, no. 3, pp.59-67.
26
LEMOINE, Franoise, Economie chinoise, Paris, La Dcouverte, coll. Repres , 2003 (123 pages).
LIPPMAN, Thomas W., Bush Makes Clinton`s China Policy an Issue , Washington Post, 20 aot 1999, p.A9
(galement consultable làdresse Internet suivante,
<http://www.washingtonpost.com/wp-srv/politics/campaigns/wh2000/stories/chiwan082099.htm>).
McGIFFERT, Carola, ed., China in the American Political Imagination, Washington, D.C., CSIS (Center for Strategic and
International Studies), The CSIS Press, coll. Significant Issues Series`, volume 25, n3, 2003, (xvii-130 pages).
MARTIN, Will, Làdhsion lÒMC et les rformes conomiques en Chine , Politique trangre, Dossier : La
Chine dans l`conomie mondiale , IFRI (Institut franais des relations internationales), n2, t 2004, pp.331-346.
MEHLMAN, Bruce, The Changing Wealth of Nations : Intellectual Property in the Age of Innovation , discours
prononc le 3 mai 2002 Washington, D.C., (consult le 9 juin 2004)
<http://www.technology.gov/Speeches/p_BPM_020503_Wealth.htm>.
NICOLAS, Franoise, Lìrrsistible ascension de la Chine en Asie orientale , Politique trangre, Dossier : La Chine
dans l`conomie mondiale , IFRI (Institut franais des relations internationales), n2, t 2004, pp.269-284.
OMC, Achvement des ngociations sur làccession de la Chine lÒMC , 17 septembre 2001, (consult le 16
juillet 2004) <http://www.wto.org/french/news_f/pres01_f/pr243_f.htm>.
Politique trangre, Dossier : La Chine dans l`conomie mondiale , IFRI (Institut franais des relations
internationales), n2, t 2004, pp.249-346.
POWELL, Colin L., The Promise of China Trade , The Washington Post, 1er juin 2001, (consult le 1er aot 2004)
disponible làdresse <http://usinfo.org/USIA/usinfo.state.gov/regional/ea/uschina/powell0601.htm>.
QIAO Liang et WANG Xiangsui, La Guerre hors limites, Paris, Payot & Rivages, coll. Bibliothque Rivages , 1999,
2003 pour la traduction franaise, 317 pages.
Questions internationales, Dossier : La Chine , La Documentation franaise, n6, mars-avril 2004, pp.4-93, (127
pages).
SABBAGH, Daniel, Les relations sino-amricaines depuis la fin de la guerre froide , Questions internationales,
Dossier : La Chine , La Documentation franaise, n6, mars-avril 2004, pp.59-69.
SACHWALD, Frdrique, L`mergence de la Chine, menace et opportunit pour les pays avancs , Politique
trangre, Dossier : La Chine dans l`conomie mondiale , IFRI (Institut franais des relations internationales), n2,
t 2004, pp.253-267.
SACHWALD, Frdrique, Concurrence par linnovation et droits de la proprit intellectuelle, Paris, IFRI (Institut franais des
relations internationales), coll. Les Notes de lÌFRI ; Srie transatlantique , n52, dcembre 2002.
SERRA, Regina, La Chine, puissance rgionale , Questions internationales, Dossier : La Chine , La Documentation
franaise, n6, mars-avril 2004, pp.50-58.
SISCI, Francesco, Land in the Middle - Another China: The Awakened Giant`, Asia Times Online, October 31,
2002, consult le 1er aot 2004, sur <http://www.atimes.com>.
SHEN Dingli, Emergence dùne diplomatie active , Le Monde diplomatique, Octobre 2004, pp.14-15.
SUTTER, Robert, Why Does China Matter ? , The Washington Quarterly, Volume 27, n 1, Winter 2003-04, pp.75-
89.
U.S. Census Bureau, Trade (Imports, Exports and Trade Balance) with China , (consult le 17 aot 2004)
<http://www.census.gov/foreign-trade/balance/c5700.html>.
U.S. Census Bureau, U.S. Exports to China from 1999 to 2003 by 5-digit End-Use Code , Foreign Trade Division,
14 juin 2004, (consult le 16 aot 2004)
<http://www.census.gov/foreign-trade/statistics/product/enduse/exports/c5700.html>
27
U.S. Department of Commerce, International Trade Administration, IPR Toolkit , fvrier 2004 (consult le 20
septembre 2004) <http://www.usembassy-china.org.cn/ipr/>.
U.S. Department of State, Rapport sur le terrorisme dans le monde en 2002 (extraits), rendu public par le
dpartement dÈtat des Etats-Unis le 30 avril 2003, (consult le 19 aot 2004)
<http://usinfo.state.gov/regional/af/security/french/f3050101.htm>.
U.S. Trade Representative, 2003 Report to Congress on China`s WTO Compliance , 11 dcembre 2003, (consult
le 3 septembre 2004)
<http://www.ustr.gov/assets/World_Regions/North_Asia/China/asset_upload_file425_4313.pdf>.
U.S. Trade Representative, 2004 National Trade Estimate Report on Foreign Trade Barriers , (consult le 14 aot
2004)
<http://www.ustr.gov/assets/Document_Library/Reports_Publications/2004/2004_National_Trade_Estimate/20
04_NTE_Report/asset_upload_file218_4743.pdf>.
ZOELLICK, Robert B., Statement of U.S. Trade Representative Robert B. Zoellick on U.S.-China Trade
Relations` , Office of the United States Trade Representative, 28 avril 2004 (consult le 16 aot 2004)
<http://www.ustr.gov/releases/2004/04/2004-04-28-statement-china.pdf>.

Article Juliette Bourdin

Diunggah oleh

Informasi Dokumen

Hak Cipta

Format Tersedia

Bagikan dokumen Ini

Bagikan atau Tanam Dokumen

Opsi Berbagi

Apakah menurut Anda dokumen ini bermanfaat?

Apakah konten ini tidak pantas?

Hak Cipta:

Format Tersedia

Article Juliette Bourdin

Diunggah oleh

Hak Cipta:

Format Tersedia

Tous droits rservs CERVEPAS 2004 - http://www.univ-paris3.fr/recherche/sites/edea/cervepas/index.

Anda mungkin juga menyukai