A) La mobilisation partisane
Le vote se développe à partir du 19ème, les masses deviennent centrales.
Au Moyen-âge, il y avait déjà des votes dans les villages mais différents de ceux
d’aujourd’hui, dieu était la source de légitimité du curé.
Le vote arrive avec l’apparition d’un citoyen neutre qui vote avec raison.
Création d’un espace politique qui diffuse une culture politique de la participation.
Les 1ers partis politiques appelés comités représentent un parlementaire, ils établissent
des programmes qu’ils soumettent à la population.
Essentiellement issus de la classe ouvrière à la base, pour toucher ensuite, l’ensemble de
la population = naissance d’un marché politique
- Marché politique censitaire : restreint au sens financier ou capacitaire. L’élu
connait presque personnellement tous ses électeurs.
- Marché politique élargi : 150 000 votants à 10 millions. Concurrence plus forte,
notoriété ne suffit plus, naissance d’une compétition politique de masse.
1848 : suffrage universel
L’action de l’Etat va jouer un rôle dans l’influence des voix. Certains états instaurent le
vote plural= plusieurs voix à certaines catégories de personnes.
Ex : vote intellectuel en UK
Principe un homme=une voix -> tardif
France :
1801 : vote public, censitaire, plural
1831 : public, censitaire, plural et égal
1848 : public, censitaire, masculin et égal
1914 : secret, censitaire, masculin et égal
1944 : secret, universel et égal
L’histoire du vote correspond à l’histoire de l’implication de l’Etat qui va individualiser la
pratique du vote.
Objectif : individu vote pour lui, non pour son clan ou sa famille.
Installer un citoyen rationnel
1857 : vote secret en Australie
1890 : USA
1913 : France (enveloppe & isoloir)
Le vote secret est recommandé par la CEDH. C’est devenu un principe de bonne
démocratie.
B) L’individualisation de l’opinion
La pratique du secret.
L’isoloir fait naitre le citoyen = création d’un espace privé au sein d’un espace public. Le
votant peut conserver son opinion. Outil de la démocratie.
Permet l’opinion individuelle, là où le marxisme préférait une opinion collective.
Le vote va permettre de se départir de la violence.
Le vote et la violence :
Le vote oppose une scénographie de l’opinion contre une scénographie de la violence.
Le vote serait le grand outil de la pacification.
1848 : période où beaucoup d’intellectuels vont penser que c’est la fin de la violence car
on peut s’exprimer par le biais d’un vote.
Se fonde une véritable civilité électorale.
Les femmes obtiennent le droit de vite en 1944, un siècle après les hommes.
1974 : Ecart du vote femme-homme à gauche est de 7 points.
1981 : 4-5, tendance qui se réduit.
Ce qui explique cette évolution sont les changements de la situation socio-éco des
femmes. 1962 : 34% population active, 1982 : 42 %
On s’aperçoit que parmi les étudiantes, les filles sont plus nombreuses que les hommes à
être allées voter. Aussi nombreuse que les hommes à avoir voté à gauche.
La distorsion continue pour les femmes plus âgées.
70-80’s : femmes presque aussi engagées que les hommes, encrage dans le monde du
travail.
Plus les femmes sont impliquées dans la vie socioprofessionnelle plus elles ont une
tendance à voter à gauche.
1978 : 54% des actives ont voté à gauche contre 46% des femmes au foyer. Engagement à
gauche et l’encadrement syndical est très fort.
Age est très important pour comprendre le vote des femmes.
La classe sociale :
Lorsqu’on analyse la classe sociale, il faut voir deux choses :
• Indépendant/salarié :
Plus on est indépendant, plus on vote à droite. Cela veut dire être propriétaire de
son outil de travail. Milieu social qui est très fortement à droite. Pareil depuis 1981.
Monde de l’indépendance qui est bien ancré à droite, quel que soit le type
d’élection. 1978 : sondage 75 % indépendants ne voulaient que de la droite.
Vote préférentiel peut s’expliquer par l’action d’autres variables comme l’âge, une
expérience professionnelle. Mêmes patrimoines, revenus… Du coup, orientation ne
change pas. On peut dire qu’être indépendant= vote de droite, même plus que la
religion.
Ce positionnement n’a pas toujours été. Ce qu’on appelait la boutique, le monde
des commerçants était plutôt un monde de gauche, a soutenu les sans-culottes au
moment de la révolution. Au moment où apparait la question ouvrière fin 19ème=
prolétariat industriel soutenu par certains partis de gauche. Rejet à droite.
Salariés :
Pas aussi homogène. Place hiérarchique du salarié commande l’orientation de son
vote. Cette logique de la hiérarchie sociale est tributaire de la hiérarchie de
comparaison.
Tout est affaire de représentation.
Ex : Employés de bureau, taux de vote de la gauche ceux qui s’occupent des
services + 70% à gauche. Dans le secteur des services, il est tout en bas de l’échelle
sociale alors que dans le milieu de l’industrie, il a en dessous de lui, le milieu
ouvrier donc plus haut.
• Secteur public/privé :
Clivage s’accentue à chaque fois qu’une remise en cause du service public est
envisagée. A chaque vague libérale, l’écart de vote pour la gauche entre
privé/public s’accentue : dernières élections = 23 points.
Clivage qui traverse tout un univers, milieu social et qui est attaché à la notion de
service public, d’intérêt général. Homogène puisque lorsqu’on est fonctionnaires,
enfants sont préparés à la fonction publique… Fréquence du vote de gauche
augmente avec le nombre d’attaches au service public.
• Religion :
Lien avec le catholicisme qui est la 1ère religion en France. Pratique nettement
réduite. Dans la société française, il y’a un poids important qui reste. On s’aperçoit
que parmi les catholiques pratiquants en 1995, -7% chez les fidèles. Il y’a des
évolutions spécifiques. Chez les non-pratiquants ou sans religion, la gauche subit
une érosion progressive. Avec Mitterrand, beaucoup de catholiques pratiquants vont
voter pour lui, figure d’un père rassembleur.
1995 : Lionel Jospin pas la même légitimité.
Le plus surprenant est que le parti qui ne perce pas chez les pratiquants est le FN.
Net recul. Chez les plus pratiquants que le Pen fait son plus mauvais score.
Idée que la force du discours catholique prémunit contre les extrémistes.
• Patrimoine :
Prédictif du vote, plus on a de patrimoine plus on vote à droite. Vote de gauche
décroit en fonction du nombre de biens.
A partir de 1983, gauche accepte la logique du marché= modification, plus de gens
avec un haut patrimoine attirés. 2ème évolution est qu’à l’inverse la droite modérée
va être plus présente dans les milieux populaires. Effet Chirac important, 2 fois plus
de votes que Balladur, pareil pour Sarkozy.
3ème changement : électorat FN va attirer un électorat de plus en plus populaire. La
variable de sexe, ou de l’âge sont faibles.
Section 3 :Vote FN :
Caractéristique très française, demeure entre 87-88 FN dépasse 10 %. Force électorale très
forte. Anachronisme en Europe, aucun autre pays n’a les mêmes résultats. Singularité
française.
Histoire de l’extrême droite française qui remonte à l’affaire Dreyfus qui synthétise tout
ce que le FN va adorer : trahison au sein de l’armée par un officier juif. Menace sur armée
et nation, altérité raciale et ethnique de l’étranger… Un grand moment d’activité
d’extrême droite qui va s’accentuer. Coup de maître avec Vichy. Baisse très forte du FN
mais qui va perdurer discrètement. Visage moins effrayant. « Annuler les différences, c’est
confusion, déplacer les vérités c’est erreur, changer l’ordre, c’est désordre. »,
emblématique de la pensée d’extrême droite. Il ne faut pas chercher à annuler les
différences, l’homme ne doit pas les nier. Pensée qui refuse tout ce qui peu menacer
l’ordre. On est très loin de l’anarchie. Pensée révolutionnaire qui veut remettre en place
une société de différenciation entre les êtres avec des principes. Dans la chapelle
traditionnaliste, on retrouve un culte de ces contre-révolutionnaires.
Ordre : Nécessaire pour éviter l’anarchie. Discours que l’on retrouve pour ce qu’il se passe
dans les banlieues… S’inscrit dans une tradition.
Nationalisme : Partagé par le FN, mais pas qu’à ce parti. Amour de la patrie qui doit
devenir une religion. La France est une nation historique : Jeanne D’arc, Vercingétorix…
Origine des temps. Nationalisme conservateur qui se retrouve dans le discours du FN pour
condamner la globalisation, l’Europe apatride. Oppose la nation française, que l’on rêve
enfermée par rapport aux institutions transnationales.
Refus migratoire : Etranger est suspect, pourquoi servirait-il nation ? Immigré est la
menace extérieure, nationale vécue sous une forme quasi-biologique. Devient une
immigration non-européenne. Méfiance vis-à-vis de ces immigrés déracinés, soupçonnés de
venir accentuer la crise en France.
80’s avec les 1ères émeutes de banlieues, menace sécuritaire. Immigré est le jeune de
banlieue qui met le feu aux voitures. Montée d’un ressort nouveau, assez actif.
La Singularité du FN en France :
• L’héritage historique, la France est le pays des lumières, de la république… Généré
un contre-courant s’opposant, anti moderne : FN.
• Mémoire algérienne : ce qui est frappant en France c’est que le bouc émissaire est
l’étranger. Particulièrement de l’immigré algérien ou d’Afrique de Nord.
Diabolisation économique et politique dans un pays qui est le seul en Europe qui
accueille une population qui a été en guerre pendant 7 ans.
• FN peut s’imposer comme une véritable alternative face à la cohabitation gauche
droit, un parti pas comme les autres. La scission du FN montrera que c’est un parti
comme les autres.
Violence instrumentale :
Destinée à un usage particulier. L’acteur qui use le plus de cette violence est l’Etat dans le
cadre interne la police, externe : l’armée. Objectif et violence mesurés. Police chargée du
maintien de l’ordre comme les CRS : marquer distance, éviter le coup. On la retrouve
également dans les associations syndicales, les associations de paysans (appuyer une
revendication précise, proportionnée). Organisations terroristes, hormis les islamistes,
mais les nationalistes etc...pratiquent une violence avec un objectif précis comme
l’indépendance…Violence adaptée à cet objectif. On a là une violence instrumentalisée.